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Full text of "Revue de gascogne : bulletin bimestrial de la société historique de Gascogne"

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REVUE 


GASCOGNE 


BULLKTIN    MKN8UEJL, 


SOCIETE  HISTORIQUE  DE  GASCOGNE 


Tome  XXXV. 


AUCH 


IMPRIMERIE    ET    LlTHOQRAPH^E    G,   FOIX,    RUE    8ALGUEftl£ 


1894 


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REVUE 


DE 


GASCOGNE 


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REVUE 


DE 


GASCOGNE 


BULLETIN    MKNSUEL 


SOCIETE  HISTORIQUE  DE  GASCOGNE 


TOJIE  XXXV. 


AUCH 

IMPRIMERIE  ET   LITHOQRAPHIE  G.    TOIX,   RUE   BAL6UERIE 
1894 


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FrziJ 


Harvard  College  Library 
SEP  29  1913 

Pipf.  A.  0.  Ouolidgo 

7"  ,(t>  ,'£iH4*tML^c*^'^ 


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LES  ORIGINES 


DE 


L'IMPRIMERIE  A  AUCH 


I 

LE  BREVIAIRE  DE  1533  ET  SON  IMPRIMEUR.  —  PREUVES  DE  l'eXISTENCE  d'UN 
P;,US  ANCIEN  BREVIAIRE.  —  LES  PEREGRINATIONS  DU  PREMIER  IMPRIMEUR 
D*AUCH.    -  SES  ANTECEDENTS. 


Le  br6viaire  de  la  cath6drale  d'Auch  de  1533  est  le 
premier  livre  qui  ait  6t6  imprini6  en  cette  ville.  II  est 
mentioiin6  dans  YHistoire  de  Vimprimerie  a  Auch,  par 
Prosper  Laforgue  [Revue  de  Gascogne,  tome  iii,  p.  262). 
D'un  autre  c6t6,  M.  L6once  Couture,  le  savant  directeur 
de  la  Revue  de  Gascogne,  en  a  fait  le  sujet  d'un  article 
dans  son  Esquisse  dune  liistoire  litUralre  de  la  Gas- 
cofjne  pendant  la  Renaissance,  6tude  ins6r6e  dans  le 
Bulletin  du  Comite  dliistoire  et  d'archdologie  de  la  pro- 
vince d'Auc/i  (Auch,  1861,  tome  ii,  p.  57  et  suiv.).  II 
terminait  en  disant  que  les  bibliophiles  «  feraient  bien 
de  s'occuper  un  peu  de  Claude  Garnier.  » 

Personne  n'a  encore  r6pondu  k  cet  appel  fait  il  y  a 
plus  de  trente  ans.  Nous  aliens  aujourd'hui  essayer  de 
combler  cette  lacune  en  retra^ant  ce  que  nous  avons  pu 
recueillir  de  la  vie  et  des  oeuvres  de  cet  habile  imprimeur, 
qui  a  exerc6  son  art  en  plusieurs  endroits  et  dont  le  nom 
m6rite  d'etre  tir6  d'un  injuste  oubli.  Avant  de  parler  de 


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—  6  — 

la  personne  du  typographe,  disons  quelques  mots  de  notre 
br6viaire  et  d'un  autre  qui  Ta  pr6c6d6. 

La  premiere  mention  que  Ton  trouve  du  br6viaire  de 
1533  se  rencontre  dans  le  catalogue  de  Baluze.  (Biblio- 
theca  Balusiana,  ii,  n"*  9524),  oil  il  est  simplement  indi- 
qu6  sous  la  designation  de  BiTviariwn  Auxitamim; 
Auxis,  1533;  in-S"*,  gothique  (sans  nom  d'imprimeur).  Le 
seul  exemplaire  que  Ton  connaisse  aujourd'hui  de  ce 
livre  est  conserve  a  la  Biblioth^que  de  la  ville  d'Auch, 
od  il  est  inventori6  sous  le  n^  300.  Dans  une  vieille 
reliure  du  xvi^  sifecle,  il  porte  a  Tint^rieur  de  la  couver- 
ture  Tex-libris  d'Augustin  Daignan  du  Sendat,  chanoine, 
vicaire-g6n6ral  et  oflBcial  d'Auch,  parent  de  Tauteur  de 
melanges  manuscrits  sur  I'histoire  de  la  region  bien  connus 
des  travailleurs.  Nous  ne  savons  oil  est  pass6  Texemplaire 
de  Baluze,  et  nous  ignoronsce  qullestdevenu.  Ce  biblio- 
phile mettait  au  commencement  de  tons  ses  livres  son 
nom  et  son  lieu  de  naissance  ainsi :  «  Stepha/tus  Baliulas 
Tutelensis  »,  particularity  qui  ne  se  retrouve  pas  dans 
Texemplaire  de  Daignan  du  Sendat. 

Nous  aliens  donner  une  description  bibliographique  du 
volume  plus  exacte  et  plus  complete  que  celles  qui  en 
ont  6t6  dress6es  jusqu'ici. 

Le  titre  est  imprim6  en  rouge,  sauf  la  premiere  ligne 
en  noir  que  nous  reproduisons  ci-dessous  en  lettres  majus- 
cules. En  voici  la  transcription  d6gag6e  des  abr6viations, 
pour  en  rendre  la  lecture  plus  facile :   . 

Breviarium  Metropolitaneum  ad  usum  insignia  ecclesie  bente 
Marie  Auxis,  Novissime  impressum  fussu  ac  aucioritate  Receren- 
dissimi  in  Christo  patris  et  dominie  domini  Francisci  de  Claro- 
monte  miseraiione  divina  sancte  Romane  ecclesie  cardinalis,  epis- 
copi  Tusculani,  legaii  Avinionensis  et  archiepiscopi  Auxitaniy 
recognitum  integritatique  restitutum,  ab  omnibus  pvesbi/teris  totius 
diocesis  tenendum  ac  observari  preceptum  et  monitum.  Et  per  ce- 
nerabile  (sic)  Auxitanensem  capitulum,  solerti  ingenio,  summaque 


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-   7  — 

opera  vigilantissime  castigatum  et  correcium,  nocis  officiis  aucium 
et  decoratum  etfolUs  suis  uhi  oporiet  et  adnoiatum  et  quoiatum. 

Apr^s  ce  libell6,  on  voit  les  armes  de  Tarchevfique, 
surmont6es  du  chapeau  de  cardinal,  grav6es  sur  bois  et 
tiroes  en  noir;  au-dessous  ce  distique  en  son  honneur : 

Salve  cardinen  fulgens  Francisce  tiara 
CkJus  purpureum  fulget  in  orbe  caput, 

Vient  ensuite  le  Calendrier  suivi  des  pieces  liminaires 
qui  forment  ensemble  avec  le  titre  12  ff.  en  2  cahiers,  le 
premier  dispos6  en  quatevnion,  par  4  ff .  doubles,  avec  le 
signe  -J*,  comme  signature  au  bas,  et  le  second  en  duev- 
inoii,  c'est-a-dire  par  2  ff.,  avec  le  m6me  signe  redou- 
ble -f*  -f*.  Le  roijistrc  qui  indique  le  nombre  de  cahiers 
ayec  leur  disposition,  est  plac6  au  redo  du  12®  feuil- 
let^  Au  verso  on  voit  une  gravure  de  TAnnonciation, 
suivie  de  vers  latins. 

Le  texte  proprement  dit  du  br6viairc  commence  au 
haut  du  feuillet  suivant,  portant  au  bas  la  signature  a, 
par  cet  intitule  imprim6  en  rouge : 

Incipit  Breviarium  secundum  usum  ecclesie  metropolitane  Auxis, 

Le  livre  est  divise  en  quatre  parties.  La  premiere  con- 
sacr6e  aux  offices  des  dimanches  (Domuu'cale)  se  compose 
de  cxliiij  ff.  chiffr6s;  la  seconde  qui  comprend  le  psautier 
(Psffltrrii//)i)  a  Ixxxvij  ff.  chiffr6s;  la  troisi6me  contient 
le  Sfuictoralr  ou  Lectionnaire  en  cxlvii  ff.,  plus  un  feuil- 

(I)  \'oici  ce  rogisire  nocessairc  pour  le  collalionnemciit.  iu  bri'viaire  complet. 
Les  passages  que  nous  avoiis  mis  en  italiqaas  soiit  imprimes  eu  rouge  : 

Reijltitrani  totlu.H  Brcfiiarij 
Et  prlmo  Kalcmiatiani  sin  s/f/natum  cum  rcpulU  sequontibus  ■[-■{-. 
"Dominitxilo  sir.  sif/natum.  a  b  c  d  e  f  g  h  i  k  1  ra  n  o 
p  q  r  s.  Psnltrrlum  sic  sirjiiatam  A  B  C-  D  E  F' 
(1  H  J  K  L.  Sanrtorulo  sic  signatum  aa  bb  cc  dd 
eo  tl  ^'^  hh  ii  kk  U  mm  nn  oo  pp  qq  rr  ss 
Commune  sic  signatum  A  B  C  D  E.  Omnes  sunt 
quatemi    preter    ss    qui    est   quaternus    et   C    qui    est    duernus. 


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—  8  - 

let  dont  le  verso  est  blanc  et  au  recto  duquel  on  voit  la 
m6ine  gravure  de  TAnnonciation  que  celle  plac6e  au 
commencement,  ensemble  148  fl.  Enfln,  la  quatrifeme  et 
dernifere  par  tie,  le  Commun  des  Saints  [Commune  Sanc- 
torum), n'aque  xxxiiij  ff.  chiffr6s.  Le  xxv^  f.  qui  man- 
quait  a  6t6  recopi6  en  manuscrit  au  commencement  du 
XVII®  ou  a  la  fin  du  xvi®  si^cle.  On  trouve  ensuite  2  flf. 
non  chiffr6s  (ensemble  36  ff.  pour  cette  partie).  Ces  deux 
derniers  feuillets  contiennent  un  avis  ou  avertissement 
du  Chapitre  d'Auch  aux  pr6tres  du  diocese  sur  les  chan- 
gements  et  ameliorations  apport6es  dans  Tarrangement 
et  la  redaction  de  ce  nouveau  br6viaire,  qui  a  6t6  ordonn6 
et  corrig6  avec  un  soin  minutieux  [ad  amussim  retjala' 
turn  et  castiyatum),  S'il  y  est  rest6  des  f antes,  est-il  dit, 
11  faut  s'en  prendre  aux  compositeurs  typographes  qui  se 
trompent  facilement  [calcographorum  etiam  delinquendi 
facilitatem  animadvertite)  et  dont  la  main  a  bien  vite 
commis  des  erreurs,  malgr6  une  surveillance  d'Argus 
(quorum  manus  etiam  si  Argus  adessetj  in  errorem  cito 
labuntur^). 


(1)  Nous  ne  croyons  pouvoir  mieux  faire  que  de  donner  ici  un  extrait  de  ce 
xnorceau  interessani : 

VenerabUis  Auwitani  capituli  ad  sacerdotes  deoota  admonitlo. 

Admonet  nos  divinus  psaltes,  sacratissimi  sacerdotes,  quod  Deo  sapienter 
psallamus  non  sola  scilicet  nude  verba  ore  proferentes,  sed  et  piam  eorum  in- 
telligentiam  ac  sensum  mente  in  Deum  excitata  meditantes,  quam  plane  non 
tantum  ad  psalmodiam  et  sacram  psalmofum  decantationem  acconnpodandam 
putamus,  verum  etiam  et  ad  omnem  que  Deo  rite  exhibetur  laudationem  ac 

orationem 

Id  sane  solicito  revolventes  animo,  zelo 

officii  divlni  succensi  (ut  metropolitaneum  decet  capitulum)  breviarium  nostrum 
Auxitanum  duximus  reformandum,  et  in  melius  regulandum  quod  plane  erat 
confusum  (ut  rari  admodum  qui  in  divinis  persolvendis  officiis  quin  aut  non 
trepidarent  atque  hesitarent  invenircntur).  Porro  huic  gravi  morbo  tam  late 
grassanti  et  totam  pene  occupanti  Auxitanam  diocesim  pro  viribus  occurrere 
mederique  rati  sumus.  Ceterura  Breviarium  ad  amussim  castigatum  et  regula- 
tum  a  superfluis  elimatum  a  supressis  elucidaium  novisque  offlciis  insignitum  et 
decoratum,  id  profuturum  cunctis  sacerdotibus  conducibileque  fore  arbitrati 
sumus  si  in  lucem  ederetur  profereturque  in  publicum.  Illud  igitur,  o  dcvoti  sji- 
cerdotes,  hylari  vultu  exporrecta^iue  fronte  accipite.  Si  tamen  quod  noncredimus 
(ni  [allamur)  in  seusu,  dictione  syllabave  aliquid  repreheusione  diguum  compe- 


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—  9  — 

L'achev6  d'imprimer  se  lit  au  dernier  feuillet  recto.  II 
estainsi  con^u: 

Absolutum  est  hoc  insigne  ecclesie  Auxitane  Breviarium  novo 
typo  excu88um  de  mandato  Domini  Beverendissimi  ac  permissu 
venerabilium  canonicorum  in  lucem  emissunij  mendis  quibus  sea- 
iebat  elimatuniy  nocis  regulis  regulatum  et  declaratum  novisque 
officiis  videlicet  sanctorum  Gabrielis,  Joachim  et  Joseph  insigni- 
tum  et  decoratum.  Auxis  novissime  impressum  industria  Claudii 
Garnier  chalcotypi.  Anno  Domini  trigesimo  tertio  supra  mille- 
simum  quingentesimum.  Die  vero  pridie  Kalendas  Maias, 

Au-dessous,  on  voit  une  petite  vignette  sur  bois  de  la 
Vierge  tenant  dans  ses  bras  Tenlant  J6sus.  Le  verso  de 
ce  feuillet  final  est  enti^rement  blanc.  L'ensemble  du 
volume  se  compose  de  424  ff .  imprim6s  en  rouge  et  noir, 
caracteres  gothiques,  36  lignes  par  page  pleine,  avec  de 
petites  figures  sur  bois  dans  le  texte. 

On  remarquera  dans  la  souscription  finale  les  mots : 
NOVO  TYPO  ExcussuM  qui  s'appliquent,  selon  nous,  'a  la 
nouvelle  fonte  de  caract6res  avec  lesquels  le  br6viaire  a 
6t6  imprim6  par  Claude  Garnier  qui,  dans  son  amour- 
propre  de  typographe,  avait  int6r6t  a  vanter  le  labeur  de 
longue  haleine  quil  venait  de  mener  a  bonne  fin. 

Un  liturgiste  distingu6,  M.  rabb6  Cazauran,  est  d'un 
avis  different.  Voici  ce  qull  dit  dans  son  travail  sur  la 
Liturgie  du  diocdse  d'Auch;A\ichj  1861,  page  7  : 

«  On  a  cru  longtemps,  on  croit  peut-^tre  encore,  que  le  br^viaire 
d'Auch  public  en  1533  et  dont  on  voit  un  exemplaire  dans  la  Biblio- 
theque  munieipale  d'Auch,  6tait  le  premier  de  notre  diocese  sorti  des 
presses  de  rimprimerie.  C'est  une  erreur.  La  mention  k  la  fin  du  vo- 


ritis,  non  eis  ascribite  in  vitium  qui  huic  noTissime  recognitioni  ordinationique 
operam  dederunt,  sed  humanis  ingeniis  condonate  quorum  proprium  est  errare. 
Nam  solius  Dei  et  non  hominura  perfecta  sunt  opera. Calcographorum  etiam  delin- 
quendi  facilitatem  animadvertite,  quorum  manus  eiiamsi  (Argus  adesset)  in  erro- 
rem  cilo  labuntur.  Hoc  solum  rogatos  vos  volumus,  ut  diligenti  studio  singulis 
diebus  laudes  Deo  persolvere  conemini,potiusquam  calchotypis  et  hujus  Breviarii 
ordinatoribus  detrahere  imaginemini.  Valete  lelices. 


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—  10  — 

lume  indique  formellemeiit  que  le  livre  est  une  nouvelle  ^ition  :  Novo 
TYPO  excussuniy  etc...  D*ailleui*s,  Mgr  de  Montillet  ne  laisse  subsister 
aucun  doute  k  net  ^gard  lorsque  parlant  dans  soa  ordonnance  du  5 
noverabre  1752  (en  t^te  du  br^viaire  d'Auch)  d'offices  propres  k  la  pro- 
vince d'Auch,  cel^br^s  dans  Tancienne  liturgie,  il  invoque  rautorite 
d'ouvrages  plus  anciens.  > 

Nous  avons  eu  la  curiosity  de  rechercher  le  texte  invo- 
qu6,  dont  M.  rabb6  Cazauran  n'a  donn6  qu'un  extrait 
traduit  librement  en  fran^ais :  «  comme  on  le  voit,  dit-il. 
par  les  antiques  br6viaires  de  notre  6glise  dont  il  nous 
reste  divers  exemplaires  (ainsi  que  de  Tancien  Missel)  du 
QuiNzifiME  etdu  seizifeme  siecles  int6gralement  imprim6s.» 
Void  maintenant  le  passage  en  question,  dans  son  int6- 
grit6 : 

Jam  dudum,  fratres  carissimi,  Brcviarium  Metropolilanae  nostra3 
totique  huic  dioeccsi  proprium  exoptabatis  quod  resliUUo  Ecclesiae 
noslrse  antiquo  usu  in  persolvendis  llorariis  precibus  adhiberelur... 
Officia  propria  Sanctorum  hujus  provinciae  multis  retro  seculis  in  ea 
recoli  solitorum  uti  liquet  exanliquis  Ecclesiae  nostra  Bre via ri is  quorum 
varia  nobis  supersunt  (sicut  et  veleris  Missal  is)  exemplaria  decimo 

QUfNTO  ET  SEXTO  DECIMO  SECULIS    DE  INTEGRO  TYPIS  MANDATA  (1). 

«  II  y  eut  done  plusieurs  Editions  du  br^viaire  gothique  d'Auch, 
ajoute  M.  Tabb^  Cazauran,  soit  au  quinzi6me,  soit  an  seizi^me  siccle, 
et  Ton  se  trompe  lorsqu'on  ecrit  que  ce  livre  liturgique  ne  parut  qu'en 
1533.  La  publication  faite  a  cette  dale  fut  une  simple  reimpression.  » 

Nous  sommes  parfaitement  d'accord  sur  ce  point;  mais 
cela  ne  contredit  pas  notre  opinion,  que  la  phrase  novo 
TYPO  iMPREssuM  signitte  que  le  livre  a  6t6  imprime  avee 
des  types  nouvellemcnt  fondus.  Aux  yeux  de  quiconque 
est  au  courant  des  formules  usit6es  dans  Tancienne  typo- 
graphie,  Tinterpr^tation  de  notre  honorable  contradictcur 

(1)  Brcclarium  Ausritannm  illuslrissimi  ao  roverendissimi  in  Christo  Patris 
D.  D.  Joannis  Francisci  de  Montillet,  archiepiscopi  Auxitani,  Noveiupopulaniic 
ct  lUriusque  Na.arr<T  priinatis,  jossu  ei  aiictoritato  ac  venerabilis  cjusdcni 
Kcclesiiu  capiluli  conseusu  editurii.  ParlsUs,  J.-B.  Garnt<*r  et  P.Alex.lc  Pricnr, 
1753.  Ia-12,  pag.  3-4. 


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—  11  — 
pourra  paraitre  subtile.  Si  Ton  eilt  voulu  prater  a  ces 
mots  le  sens  qu'il  leur  a  donn6,  rimprimeur  eUt  mis  de 
NOVO  ou  NOviTER  iMPREssuM,  comme  on  en  a  de  nombreux 
exemples  a  cette  6poque,  et  n'eiit  pas  ajout6  le  mot 
CARACTERE  qui  pr6cise  davantage.  L'existence  d'un  plus 
ancien  br6viaire  est  simplement  constat6e  et  ce  fait  a  lui 
seul  est  d'une  importance  capitale. 

On  connait  deux  Editions  du  Missel  d'Auch  imprim6es 
au  XV*  sifecle,  qui  font  toutes  deux  partie  de  la  biblioth^que 
du  Grand  S6minaire  d'Auch.  La  plus  ancienne,  achev6e 
d'imprimer  le  14  avril  1491  (1492,  nouv.  style)  aux  frais 
de  noble  Hugues  Du  Cos  ou  De  Cos  (cle  Cossio),  mar- 
chand  de  Toulouse,  a  6t6  d6crite  par  le  docteur  Desbar- 
reaux-Bernard,  dans  YImprinierio  a  Toulouse  au  xv® 
sii^de  (Toulouse,  1868,  pag.  116-117)  *;  Tautre  dat6e  de 
1495  a  6t6  imprim^e  a  Pavie  en  Italie*  par  Francesco 

(1)  Nous  en  reproduisons  le  co/oyo/io/i  imprime  en  rouge,  que  nous  avons 
relevd  sur  Toriginal.  Les  barres  indiquent  Tendroit  oii  finissent  les  lignes: 
Liber  Miasalis  ad  usum  erclesie  b  meiropoUtane  beate  marie  au  b  atis.  ductu 
et  impensa  nobiUs  ci'^  u  ri  Hugonis  de  cossio,  mercatoris  d  Tholosani. 
Impressus  a  ad  lawlem  dei  eiusdemgue  inte  n  merate  cirginis  marie felici 
sy=  I  dere  explicit.  Anno  domini.  Af,  u  cccc  xcj,  r^w  cero  xiiiJ.mensiH  aprilia, 

(2)  Comme  cette  Edition  n'est  pas  signalee  dans  la  Bibliographla  Uturgica  de 
M.  Veale,  nous  en  donnons  la  description  bibliographique  : 

Le  litre  imprimd  en  rouge  est  en  une  seule  ligne  i  la  premiere  page : 

Missale  secundum  ecclesiam  auxitanam 

Au-dessous,  la  marque  de  I'imprimeur  tirc^e  en  rouge.  Kile  diff^ro  de  celle 
donn^e  dans  le  recueil  de  P.  Kristeller  {Die  Italienischen  Buchdruckcr-Ufid 
Vertegcrieichea-y  Strassburg.  1893,  in-fol.,  n"  130).  ~  A  la  ftn,  au  verso  du  der- 
nier feuillet,  le  titre  d'impression  et  le  nom  du  typographe  sont  en  rouge 
et  en  une  seule  ligne  :  Papie,  per  Franci^cum  Girardengum.  Au-dessous  la 
date :  m.  cccc.  xc  v.  —  Le  volume  se  compose  de  8  ft.  non  cbifi[r<^'S  au  com- 
mencement pour  le  titre  et  le  calendrier,  de  cc  xin  ff.  chiilres,  et  d'une  autre 
partie  oomprenant  xiu  ff.  chiff.  et  3  fif.  non  chiffres  pour  la  table.  Un  feuillet  de 
table  nous  a  paru  manquer.  Nous  n'avons  pu  verifier  sur  un  autre  exemplairo 
qui  est  a  la  Biblioth^que  de  la  ville  de  Tarbes.  Le  format  est  in-4",  gothique  ^ 
2  colon nes,  impression  en  rouge  et  noir. 

On  a  pr^tendu  que  ce  Missel  etait  imprime  i\  Pavie,  petite  locality  de  Tancien 
Armagnac,  k  4  kilometres  d'Auch.  Nous  n'aurons  pas  de  peine  ii  d^montrer  qu'il 
aete  exdcui&k  Pavle,ville  de  Tltalie,  voisine  de  Venise,  ou  Francesco  Girardengo 
6tail  ^tabli  imprimeur  et  y  exer^a  de  1480  k  1498  (Voy.  Si  no  Comi;  Tipogra/ia 
Paoese;  Pavia,  1807,  page  123). 

Cette  Edition  du  Missel  d'Auch  est  rest^'e  absolument  inconnue  des  bibliogra- 
phes.  On  ue  doit  pas  s'^touuer  outre  mesure  de  voir  le  Missel  d*un  diocese 


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—  12  — 

Girardengo.  Mais  on  ne  connait  aucun  exemplaire  du 
br6viaire  du  xv®  si6cle,  dont  Texistence  a  6t6  of  flciellement 
constat6e,ainsi  qu'on  Ta  vu,au  sifecle  dernier  par  Monsei- 
gneur  de  Montillet. 

Nous  aliens  produire  au  d6bat  un  document  qui  nous 
flxera  sur  la  date  du  premier  br6viaire  d'Auch  aujour- 
d'hui  disparu  et  nous  fera  connaitre  exactement  le  nombre 
d'exemplaires  auquel  il  fut  tir6.  Par  acte  pass6  a  Bordeaux 
devant  M®  Du  Bois  [de  Bosco),  notaire,  le  7  juin  1487, 
Michel  Svierler,  libraire  [vendedor  de  libres),  declare 
avoir  exp6di6  a  Auch  T^dition  tir6e  k  700  exemplaires 
d'un  br6viaire  qu'il  venait  de  faire  imprimer  a  Poitiers. 
Citons,  suivant  notre  habitude,  le  texte  original  de  Tins- 
trument  notari6  relatif  a  cette  impression  : 

«  ....  Maistre  Micheau  a  dit  et  confess^  qu'il  avoit  baiU6  et  pai^  k 

Maistres  Estienne  Sauveteau  et   Guillaume  (1)  imprimeurs  k 

Poiciiers,  la  somrae  de  cent  francs  tournois,  ainsi  qu'il  appert  par 
cedules  et  quictances  fetes  k  causa  de  ung  certain  march6  fait  entre 
lesdits  imprimeur  et  Micheau  par  le  nombre  et  quantity  de  sept  centz 
BREviAiREs  DE  l'ordre  d'Aux  alnsi  que  dudit  pacte  et  march^  entre 
eulx  fait,  appert  par  instrument  regeu  par  main  de  notaire  ainsi  qu'il 
dit...  » 

Le  libraire  bordelais  avait  a  rendre  compte  a  Nolot  de 
Guiton  son  commanditaire  d'une  somme  de  a  huyt  vings 
francs  bordelois  »  que  ce  dernier  lui  avait  avanc6s.  II  dit 
avoir  d6pens6  le  reste  de  Fargent  en  f rais  de  voyages  et 
de  transport  et  s'engage  a  le  rembourser  sur  la  vente  des 
exemplaires  dont  le  b6n6fice  sera  partag6  par  moiti6. 

«  Et  le  demourant  de  la  dite  somme  de  huyt  vings  francs,  le  dit  Maistre 
Micheu  a  dit  et  confess^  quil  avoit  despendu  et  miz  k  la  poursuite  et 


de  Gasoogne,  imprim4  en  Italie.  Nous  pouvons  citer  d*autres  livres  do  lilurgie 
fraa^se   iraprimes  avant  celui-ci.  h   Venise,   noram(^ment   le   Breviaire  de 
I'abbaye  de  Cluny,  en  1478;  celui  de  Bourges,  en  1481;  le  Missel  de  Nantes,  en 
1482,  etc. 
(1)  Ce  nom  est  rest^  en  blanc  dans  I'original. 


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—  13  - 

diligence  pour  avoir  et  recouvrer  lesdits  breviaires  et  les  menner  et 
conduire  k  Aux.  De  lesquelles  sommes  dessus  dicles  ledit  Maistre 
Micheau  S vierler  d'Oriiie  veul  et  se  consent  que  du  premier  argent  qui 
adviendraetsortiradesdits  breviaires  ledit  Maistre  Nolotde  Guiton  ou 
son  commis,  soyt  premi^rement  payd  et  satisfaict  bien  et  entierement 
et  puisse  prendre  Targent  des  dits  breviaires  entro  (1)  au  paiement  de 
cette  somme.  Et  au  inoyen  du  dit  argent  et  sommes  sus  dictes  ainsi 
par  le  dit  Maistre  Nolot  bailie,  ledit  Maistre  Micbeau  a  accuilly,  as- 
socie  el  accompaigne  led.  Maistre  Nolot  de  Guiton  en  la  moitii  du 
gaing  qui  se  fera  et  adviendra  desdils  sept  centz  breviaires  du  dit 
ordre  d'Aux,  sans  aucune  difficult^.  »  (Archives  de  la  Gironde,  Mi- 
nutes du  noiaire  de  BoscOy  cote  170-171)  (2). 

D*aprfes  ces  donn6es,  le  Br6viaire  d'Auch  su8-mentionn6 
a  dd  6tre  impriin6  d6s  1486  et  termin6  dans  les  prenaiers 
mois  de.  1487  au  plus  tard. 

Dans  les  premieres  ann6es  du  xvi®  si6cle,  peut-6tre 
mfemeavant,  un  pr6bendier  d'Auch  6taitcharg6de  vendre 
des  exemplaires  du  Br6viaire,  pour  le  compte  d'un  libraire 
de  Toulouse.  C'6tait  probablement  le  solde  de  Timpression 
de  Poitiers  acquis  par  ce  dernier  de  Nolot  de  Guiton  ou 
de  ses  ayant-droit. 

Nous  devons  itrextrfeme  obligeance  de  M.  lechanoine 
de  Carsalade  du  Pont,  secretaire  de  rarchev6ch6  d'Auch, 
communication  d'une  pi6ce  qui  vient  h  Tappui  de  ce  que 
nous  venons  d'avancer.  II  s'agit  d'une  reconnaissance  de 
dette  en  faveur  du  libraire  de  Tarquiis^  dat^e  du  18  avril 
1520  (v.  style).  Vital  Cahuzac,  pr6tre  et  pr6bendier  de 
r^glise  m6tropolitaine  de  Sainte-Marie  d'Auch,  meurt, 
laissant  tons  ses  biens  k  son  fr6re  Jean  Cahuzac,  habitant 
de  Roquelaure.  Celui-ci,  en  sa  qualit6  d'h6ritier,  reconnait 
devoir  «  Hieronymo  de  TurquiiSy  librario  Tholose,  »  la 


(1)  Entro,  jusque,  mot  gascon. 

(2)  Pour  le  texte  entier  de  cette  pi^ce,  voir  Ern.  Gaullieur;  VImprimerie  d 
Bordeauw  en  1486,  Bordeaux,  1869,  page  37,  et  J.  Delpit,  Originea  de  VImpri- 
merie en  Guyenne;  Bordeaux,  1869,  pag.  100-101. 


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—  14  — 

somme  de  29  livres  et  quinze  sous  tournois  dfls  on  fin  de 
compte,  par  ledit  feu  Vital  son  f r6re  : 

a  Quia  dicius  de  Turquiis  iradiderat  predicto  domino  Vitali 
Cahuzaco,  dum  vioehat  in  humanis,  certam  guantitatem  lihrorum 
videlicet  Breviarioram^  Missalium  ei  Maiutinarum  ordinis  auxiiani 
pro  vendendo  et  ex  finali  computo,  »  (Minutes  de  Jean  Labedan, 
notaire  a  Saiut-Sauvy,  prfes  d'Auch,  etude  de  M^  Barallh^). 

L'existence  d'une  et  peut-6tre  de  deux  Editions  du  br6- 
viaire  d'Auch  ant^rieures  a  celle  de  1533  est  done  bien 
6tablie.  D'apr6s  une  conversation  que  nous  avons  eue 
avec  M.  rabb6  Cazauran,  nous  n'avons  pas  renonc6  a 
Fespoir  de  les  retrouver  t6t  ou  tard. 

Revenons  maintenant  a  notre  imprimeur. 

Claude  Gamier  n'6tait  pas  un  enfant  du  pays.  C'6tait 
un  nomade  qui  arrival t  de  Bazas,  oti  11  avait  6t6  appel6 
par  r6v6que  Foucauld  de  Bonneval  pour  imprimer  le  br6- 
viaire  de  son  dioc6se.  Le  seul  exemplaire  connu  du  br6- 
viaire  de  Bazas  imprim6  par  Garnier  se  trouve  a  la  Bi- 
bliotheque  de  Bordeaux  sous  le  n^  31,715.  C'est  un  petit 
in-8^  de  452  if.,  imprim6  en  rouge  et  noir,  a  2  colonnes, 
caract^res  gothiques.  Le  titre  est  dispos6  comme  celui 
du  br6viaire  d'Auch,  avec  les  armes  du  pr61at  sous  le 
patronage  duquel  il  fut  ex6cut6.  Le  nom  de  rimprimeur 
et  le  lieu  de  Timpression  sont  indiqu6s  dans  les  derni6res 
lignes  du  colophon  ou  libell6  final : 

Impressi'm  industria  et  opera  MAGiSTRj  Claudii  Garnerii  calco- 
CRAPHi  Vasati,  anno  ah  Incarnatione  domini  millesimo  ccccc  :  xxx, 
die  cero  xc  mensis  Januarii. 

Cette  date  d'ach^vement  au  15  Janvier  1530  (vieux 
style),  correspond  a  Janvier  1531  (nouveau  style). 

Les  chanoines  de  Bazas  profit6rent  de  la  presence  de 
Claude  Garnier  pour  lui  faire  imprimer  un  vieux  manus- 
crit  de  la  vie  ou  16gende  de  saint  Jean-Baptiste,  patron 


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^  15  - 

de  la  cath^drale,  qui  se  conservait  alors  dans  la  biblio- 
theque  du  Chapitre.  L'un  d'eux,  Jean  Dibarola,  qui  6tait 
en  m6me  temps  conseiller  au  parlement  de  Bordeaux,  fut 
charg6  par  ses  collogues  de  revoir  le  texte  et  de  Tanno- 
ter.  Le  titre  que  nous  transcrivons,  moins  les  abr6via- 
tions,  est  imprim6  en  rouge. 

Opus  quod  Baptisia  Salvatorls  nitncupaiur  in  suum  ordinem  et 
debitam  fomiam  redactuniy  suadentibus  dominia  canonicis  et  capi- 
tulo  insiffnis  ecclesie  Basatensis,  cam  rubricis  acjideli  emendatione 
tam  marginali  cdlecjationum  (juotailone  et  aliorum  nuper  acces- 
sione  per/ecium, 

Au-dessous,  on  voit  une  petite  vignette  en  noir  du 
Christ  crucifix  avec  les  deux  saintes  femmes  au  pied  de 
la  croix  et  ces  deux  lignes  6galement  en  noir  : 

Impressum  Vasati,  per  Claudium  Garn^ier,  anno  Domini 
M.  ccccc.  XXX. 

Ce  titre,  qui  fait  un  trfes  bel  effet,  est  encastr6  dans  une 
bordure  histori6e  grav6e  sur  bois  en  forme  de  portique, 
avec  colonnes  de  cariatides  soutenues  par  des  enfants 
nus.  Dans  le  soubassement  un  chiflfre  entrelac6  form6  des 
lettres  C.  G.,  initiates  de  Claude  Gamier,  retenu  par 
des  lacs  ou  noeuds  d'amour,  est  plac6  au  milieu  d'une 
targe  ou  6cu. 

La  vie  de  saint  Jean-Baptiste  imprim6e  sur  v61in  est 
un  fort  beau  livre,  d6cor6  de  lettres  orn6es  sur  fond  cri- 
bl6.  C'est  un  chef-d*oeuvre  d'impression.  Le  seul  exem- 
plaire  que  Ton  en  connaisse  est  dans  un  merveilleux 
6tat  de  conservation,  sous  une  ancienne  couverture  de 
parchemin.  II  a  successivement  fait  partie  des  biblio- 
thfeques  de  Ballesdens  et  de  Le  Tellier,  archev6que  de 
Reims.  On  le  conserve  actuellement  a  la  Bibliothfeque 
Sainte-Genevi6ve,  a  Paris,  sous  la  cote  OE,  290  ^ 

Le  volume  se  compose  de  12  cahiers  avec  signatures 


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-  le  — 

de  A  it  M  inclus,  disposes  en  duernions,  par  2.  C'est  un 
petit  in-4^,  gothique,  a  longues  lignes,  au  nombre  de  31 
par  page  pleine.  La  preface  du  chanoine  Jean  Dibarola 
plac6e  imm6diatement  aprds  le  titre  6tant  dat6e  de  la 
veille  des  calendes  de  f6vrier  (31  Janvier),  Timpression 
de  la  vie  de  saint  Jean-Baptiste  n'a  pu  6tre  commenc6e 
qu'apr6s  celle  du  br6viaire  et  a  dti  6tre  termin6e  avant  le 
25  mars  1530  (1531,  nouveau  style)  K  Claude  Gamier 
quitta  Bazas  peu  de  temps  aprfes  et  se  rendit  ensuite  k 
Auch,  oil  il  devait  6tre  install^  dfes  1532,  comme  le  dit 
M.  Prosper  Laforgue  {Hist,  de  Vimprimerie  a  Auch; 
Auch,  1862,  page  3.). 

Avant  de  venir  exercer  son  art  h  Bazas,  Claude  Gar- 
nier  6tait  d6jitconnu  du  haut  clerg6  du  Midi.  Leonard  de 
la  Rov6re,  6v6que  d'Agen,  lui  avait  confl6  Timpression 
de  son  br6viaire  qui  fut  achev6  en  1526.  Ce  livre  raris- 
sime,  dont  on  ne  connait  plus  aujourd'hui  qu'un  seul  exem- 
plaire  qu'on  peut  voir  &.  la  Biblioth6que  de  la  ville  d'Agen, 
fut  imprim6  k  Limoges.  C'est  en  cette  ville  que  Garnier 
avait  d6but6.  Nous  aliens  rappeler  brifevement  ses  ant6- 
c6dents. 

En  1520,  il  6tait  associ6  avee  Martin  Berton,  que  nous 
croyons  6tre  Tun  des  flls  ou  le  neveu  de  Jean  Berton,  le 
proto-typographe  de  Limoges.  lis  impriment  ensemble  le 
br6viaire  de  Saint-Martial  en  un  volume  petit  in-8^, 
gothique  k  2  colonnes,  aux  frais  de  Tabbaye  du  m6me 
nom*. 

En  1522,  il  imprime  seul,  cette  fois,  un  Coustumier 
du  Poitou,  petit  in-8**,  gothique,  pour  Pierre  Gachon, 
dit  Mirebeau,  libraire  k  Poitiers.  En  1523,  il  execute  un 


(1)  L'ann^  commengait  uniformSment  dans  le  Midi  au  25  mars,  selon  le 
calcul  aquitanique. 

(2)  Voir  Leymarie,  le  Limotiain  hiatoriquo;  Limoges,  1838,  tome  i",  page  70; 
PoYBT,  Essai  de  bibliographie  limousine;  Limoges,  1862,  page  26,  et  le  Biblio- 
phile limouain,  liTraison  de  f^vrier  1893,  pages  36-37. 


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-  17  — 

Missel  de  Saintes,  in-4®  gothique  k  2  colonnes,  pour  le 
compte  d'Enguilbert  de  Marnef  et  de  Jacques  Bouchet, 
imprimeurs-libraires  k  Poitiers.  La  m6me  anii6e,  il  ter- 
mine  un  br6viaire  d'Angoul6me  qu'il  tire  k  800  exem- 
plaires  \  pour  le  compte  d'Andr6  Chauvin,  ancien  impri- 
meur  k  Angoul6me.  L'6dition  fut  partag6e  entre  un  autre 
confrere  de  Limoges,  Richard  de  la  Nouailhe,  suivant 
contrat  du  4  d6cembre  1523,  par  devant  M*  Jehan  P6ni- 
caud  rain6,  notaire  audit  Limoges. 

En  1524,  il  imprime  pour  de  Marnef  la  syntaxe  latine 
de  Despaut6re,  petit  in-4^  gothique  a  2  colonnes.  Le  11 
Janvier  1524  (1525,  nouveau  style),  ilmet  au  jour  encore 
pour  le  compte  des  6diteurs  de  Poitiers,  Enguilbert  de 
Marnef  et  Jacques  Bouchet,  un  Missel  de  Poitiers,  in-4® 
gothique.  Un  peu  plus  de  six  semaine8apr6s,aux  Calendes 
de  mars  1524  (l®'^  mars  1525,  nouv.  style),  il  achevait  un 
magnifique  Missel  de  T^glise  d'Angoulfeme,  le  plus  beau 
livre  peut-6tre  qui  soit  sorti  de  ses  presses.  L'impression 
en  avait  6t6  commenc6e  d6s  1523,  ainsi  que  le  constate 
Facte  cit6  plus  haut  pour  le  br6viaire.L'6dition  du  Missel 
d'Angoul6me  fut  tir6e  k  400  exemplaires  pour  le  compte 
de  Chauvin,  6diteur  du  br6viaire  du  mfeme  diocfese,  et 
partag6e  encore  avec  le  libraire  limousin  Richard  de  la 
Nouailhe.  Le  br6viaire  d'Agen,  dont  nous  avons  parl6 
plus  haut,  vient  ensuite  avec  la  date  de  1526,  donn6e  par 
le  Gallia  Christiana. 

En  1528,  Gamier  public  le  recueil  des  sermons  d'un 
p^re  dominicain  :  Opus  moralitatum  patris  Jacohi  de 
Lusanna,  ordinis  Sancti  Dominiciy  in-8**  gothique.  Le 
titre  est  entour6  d'une  bordure  grav6e  sur  bois,  avec  le 
chifEre  de  Claude  Garnier,  dans  le  bas,  comme  dans  la 


(1)  Voir  le  texte  de  oe  contrat  dans  Texcellent  trayai]  que  vient  de  publier 
M.  Louis  Guibert  sur  Lea  premiers  imprimeurs  de  Limoges;  Limoges,  1893| 
pag.  25-27. 

Tome  XXXV.  —  Janvier  1894.  2 


1 


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-  18  - 

Ifeg^Bde  d8  sAint  Jeari,  ddl6e  dfe  feazas,  1530  (v.  df\e). 
Pen  dd  tferiips  ap^^6s,  il  fait  paraitre  uh  nianuel  de  m6di- 
tatibns  d^Votes  :  Ordinurmm  devoidram  meditatiohum, 
compost  d*extrjaits  de  livres  pieiix;  petit  iii-8%  gothique. 
li  ^  indique  I'Adresse  de  son  atelier  k  Limoges,  auprfes  de 
Saint-Martial,  eti  face  db  i'^glise,  designation  qiii  corres- 
pGhd  tt  soit  ttti  bas  de  M  rue  du  Clocher  actuelle,  soit  a 
reiitr6e  de  la  rtle  t^ont-H6risson,  w  suivatit  M.  Louis 
Guibert*.  II  quitte  ensuite  Limoges  pour  aller  a  Bazas, 
t)Uis  k  AucH.  Tel  fut  sbn  itin^raire. 

Dans  le  t)l:^ochain  chapitre  nbiis  6tudierons  les  Heures 
gfdthiquiss  k  Tus^e  d'Auch,  nous  suivrons  les  traces  de 
Cladde  ferariiier,  et  noils  continui^rons  en  rappelant  les 
ildniis  de  ceux  qui  siiccessivement  etablirent  des  presses 
flans  k  vieille  liietropole  duscitaine,  apt*6s  le  depart  de 
ftbtl^  fjremiet  ty{)Dgraplie. 

A.  CLAUDIN. 


NOTES  DIVERSES 


CCCXIV.  Etat  civU  et  •  cuniotdum  vitao  >  du  F.  MongaiUard 

Oil  ih*Bnvoie  de  nos  archives,  m'dcflt  le  R.  P.  C.  Sommfervogelj  le6 
notes  suivantes  sur  Thistorien  gascon  Mongaillard  : 

«  h6  i  Aubifet  le  29  avril  1561.  Entr6  au  noviciat  le  I"  Janvier  1584.  l\ 
pklfeftiA  tin  ati  la  gramraaire,  un  aii  la  philosophie;  fit  fees  voeux  de  profte 
le  20  avril  1607,  fut  quatre  ans  procureur  de  province,  neuf  ans  procureur 
de  maisons,  six  ans  ministre,  deux  ans  recteur,  trois  ans  secretaire  du  pro- 
vincial-, cinq  ans  prMicatienr;  il  mourut  h  Toulouse,  le  iO  mars  1626.  » 

Cela  d6tmit  compl^tement  certaines  donnees  des  P6res  de  Backer,  no- 
tamment  eh  ce  qui  regarde  le  s6jour  en  1580  h  Auch.  Du  reste,  Sotwol 
avait  dl9j&  id^Tl^tati^  que  Thistorien  Mongaillard  mourut  en  1626,  apr^s 
quarante-deux  ans  de  compagnie .  T.  de  L. 

—  Plusieurs  de  ces  dates  *et  autres  precisions  se  trouvent  d6jk  dans 
Tarticle  du  venerable  cur6  d'Aubiet  sur  leP,  A,  Mongaillard  et  safamille 
(R.  de  G.  1890,  xxxi,  289);  je  pourrai  donner  moi-meme  quelque  jour  un 
l^er  supplement  h  ces  donnees  biographiques.  —  L.  C. 

(1)  Lea  premiers  imprimears  de  Limoges;  Limoges,  1893,  page  19. 


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CHRONIQUES   LANDAISES 


LA    FRONDE 


(164t8-16S3)   O 


II 

Le  regiment  de  Ncwailles.  —  De  graves  6v6nement8 
se  pass^rent  alors  k  Paris.  Bless6e  de  Tattitude  arro- 
gante  du  prince  de  Cond6,  la  r^gente  le  fit  arr6ter  avec . 
son  frfere  le  prince  de  Conti  et  son  beau-frfit*  le  due  de 
Longueville  (18  Janvier  1650).  Les  vieux  frondeurs  ap- 
plaudirent  d'abord  k  cet  acte  d'autorit6  centre  leur  vain- 
queur;  mais  le  remnant  coadjut6ur  sut  r6veiller.leur  haine 
centre  le  cardinal  et  r6ussit  k  ainener  la  fusion  entre  la 
Fronde  parlementaire  et  celle  des  princes.  La  reine  ne  se 
laissa  pas  6branler  par  cette  coalition  et  tint  hardiment 
tfete  k  Forage,  tandis  que  la  princesse  de  Cond6  essayait 
de  soulever  la  province  en  favour  de  son  mari.  La  Cour 
fut  done  oblig6e  de  fortifier  les  garnisons,  ce  qui  amena 
des  conflits,  car  le  due  d'Epernon  mandait  k  Mazarin  : 

Ceux  de  Dax  ayant  cy-devant  refus6  la  moiti6  de  ma  compagnie  de 
gendarmes  que  j*y  avois  envoife,  et  le  Roy  ayant  treuv6  bon  que  pour 
chastier  ceste  d^soWissance  j'y  envoiasse  d'autres  trouppes  en  vertu 
des  ordres  que  Sa  Majesty  m'adressa  pour  cet  eflEet,  je  iSs  advancer  le 
raiment  de  Navailles  auquel  qilelques  s6ditieux  firent  fehner  fes  flortes 
au  commencement;  mais  luy  ont  6t6  ouvertes  du  depuis  et  j'en  ai  faict 
desloger  ce  regiment  pour  faire  cognoistre  que  le  Roy  ne  demande  quiB 

(•)  Voir  la  livraisou  de  septembre-octobre  1^93,  page  385. 


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—  so- 
cle ToWissance,  oe  qui  sera  de  trfes-bon  exemple  k  lout  le  reste  du  gou- 
vernemem  dont  1^  principalles  villes  avoient  desjasur  cerefus  conceu 
Tesp^rance  qu'il  ne  falloit  qu'en  faire  autant  pour  se  raettre  a  couvert 
du  logement  des  trouppes  (8  avril)  (1). 

La  le^on  fut  en  eflfet  bien  rude  pour  tout  le  pays,  et 
le  chroniqueur  chalossais  exhale  ainsi  sa  plainte : 

Au  mois  d'avril  1650  le  regiment  de  Navailles  passa  h  Montaut  et 
en  plusieurs  paroisses  de  Chalosse,  et  alia  demeurer  k  Dax  et  aux  en- 
virons dans  le  siege  de  Dax  un  espace  de  20  jours  et  firent  de  grands 
domages  :  ceux  de  Mpntaut  furent  contrains  de  quitter  la  paroisse  (2). 

Le  regiment  comptait  trente  compagnies  formant 
1,200  hommes.  Sa  presence  avait  r6duit  les  dacquois  k 
emprunter  k  Bayonne  30,000  livres  *;  k  force  de  d-mar- 
ches, ils  obtinrent  «  le  deslogement  »  de  dix  compagnies 
qui,  par  ordre  de  d'Epernon,  furent  dispers6es  dans  les 
bourgs  et  villages  des  environs  *.  Plus  tard,  lorsque  Dax 
vqiilut  demander  aux  paroisses  du  Marensin  et  du  pays 
Ae  Born,  comprises  dans  son  gouvernement,  le  rembour- 
sement  d'une  partie  des  d6penses  que  la  ville  avait  dA 
faire  «  durant  dix-sept  jours  »  (16695  livres,  plus  600 
livres  de  frais),  cette  reclamation  fut  la  source  de  nom- 
breux  proc6s. 

La  princesse  de  Cond^  d  Bordeauoc.  —  Les  circons- 
tances  devenant  de  plus  en  plus  graves,  le  due  d'Epernon 
dut  songer  k  prendre  des  mesures  6nergiques  pour 'main- 
tenir  la  tranquillity  dans  la  province  qui  lui  6tait  confine; 
mais  les  conventions  du  trait6  de  Bordeaux  le  mettaient 
dans  un  grand  embarras  en  Tobligeant  a  tenir  ses  sol- 
dats  61oign68  de  cette  ville,  qui  demeurait  ainsi  expos6e 
k  toutes  les  entreprises  de  ses  adversaires.  II  ne  voulait 

(1)  Arch,  nat.,  K.  K.  1218,  ^  257. 

(2)  Laborde-P^bou6,  op.  cit.  (Armorial  des  Landea,  ui,  p.  462). 

(3)  Arch,  de  Bayonne,  E.  E.  91,  n*  65. 

(4)  Arch,  de  Dax,  B.  B.  3,  f  20  V  et  ^  24. 


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—  21  — 

leur  oflfrir  aucun  pr6texte  de  reprendre  les  armes.  «  Ce- 
»  pendant,  6crivait-il  a  Mazarin,  Madame  la  princesse 
»  et  son  filz  nous  viennent  faire  la  guerre.  Nous  ne  pou- 
»  vons  pas  nous  passer  d'envoyer  et  de  mettre  des  trou- 
»  pes  dans  TAlbret  et  dans  le  Bordelois  et  le  Bazadois, 
))  oti  il  fauldra  pr6venir  et  dissiper  leurs  assemblies  et 
))  les  suivre  »  (17  mai)  K  L'un  de  leurs  partisans,  Saint-Si- 
mon, gouverneur  de  Blaye,  avait  harangu6  les  habitants 
et  les  jurats  de  cette  ville,  leur  annongant  que  dans  peu 
de  jours  la  princesse  de  Cond6  et  le  due  d'Enghien  de- 
vaient  arriver  parmi  eux;  «  leur  diet  de  plus  que  le  Roy 
»  d'Espagne  luy  avoit  envoi6  offrir  quatre  cens  mil  escus 
»  et  que  TEspagnol  qui  Ten  avoit  averty  Tavoit  aussy 
))  asseur6  que  Ton  armoit  dix  grands  gallons  k  Saint- 
»  S6bastien,  sur  lesquels  devoient  monter  sept  mil  hom- 
»  mes  pour  venir  en  Guienne  »  (24  mai)  *.  Au  mois  de 
juin  1650,  la  princesse  de  Cond6  se  pr6sentait  en  eflfet  k 
Bordeaux  pour  placer  sa  cause  sous  la  protection  du  par- 
lement  de  cette  ville. 

Les  nouvelles  arrivferent  que  MM.  de  Bouillon  et  de  La  Rochefou- 
cault  avoient  faict  entrer  dans  Bourdeaux  Madame  la  princess^  et 
M.  le  due  (3),  que  le  cardinal  avoit  laiss^  entre  les  mains  de  Madame 
sa  m6re  au  lieu  de  le  faire  nourrir  aupr^  du  roi,  comme  Servien  (4)  le 
lui  avoit  conseill6.  Ce  parlement  dont  le  plus  sage  et  le  plus  vieux  en 
ce  temps  \h  jouoit  gaiment  tout  son  bien  en  un  soir  sans  faire  tort  k  sa 
reputation,  cut  deux  spectacles  en  une  m6me  annfe  extraordinaires. 
II  vit  un  prince  et  une  princesse  du  sang,  k  genoux  au  bureau,  lui 
demandant  justice,  et  il  fut  assez  fou,  si  I'on  pent  parler  ainsi  d*une 
compagnie  en  corps,  pour  faire  apporter  sur  le  m^me  bureau  une  hos- 
tie  consacr^  que  des  soldals  des  troupes  de  M.  d'Epernon  avoient 
laiss^  lomber  d'un  ciboire  qui  avoit  ^le  vol6.  Le  parlement  de  Bour- 
deaux ne  fut  pas  fAche  de  ce  que  le  peu  pie  eut  donn6  entrte  ^  M.  le 


(1)  Arch,  nat,  K.  K.  1218.  f»  260. 

(2)  Arch.  nat.  K.  K.  1J518,  ^  272. 

(3)  Le  due  d'Enghien,  fils  du  prince  de  Cond^. 

(4)  Servien  ^tait  un  des  secretaires  d'Etat  avec  Uonne,  Le  Tellier  et  Mazarm. 


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—  22  — 

^p^ :  m^  \\  g^rpU^  pourtant  b^ucoup  plus  de  uiesure  qull  n'apparte- 
T^Q\\  a^\k  cjim^t  e^  h  Y\i\kmeur  oii  il  ^oit  contre  M.  d'Epernon.  II  or- 
donnaque  Ms^c^arae  la  princesse,  M.  le  due,  MM.  de  Bouillon  etde  La 
Rochefoucault  auroient  la  liberty  de  demeurer  dans  Bordeaux,  k  con- 
dition qu'ils  donneroient  leur  parole  de  ne  rien  entreprendre  contre  le 
service  da  roi  et  que  cependant  la  requite  de  Madame  la  princesse 
^DQU  eoYpyte  k  §.  M.  et  que  triis-humhles  remontrances  lui  seroient 
|ait^  sue  la  4^^tioa  de  MM.  les  princes  (1!. 

Hesitation  du  Parlement.  —  Le  parlement  avait  done 
6vit6  d'embrasser  ouvertement  la  cause  des  r6volt6s,  mais 
en  accueillant  leur  requite  il  s'6tait  engag6  dans  une  voie 
bien  p6rilleuse;  toutefois,  on  pouvait  peut-6tre  encore  le 
retenir  dans  le  devoir. 

Le  president  de  Gourgues  (2),  qui  dtoit  un  des  principaux  du  corps 
et  qui  eut  souhait^  que  Ton  eul  6vit6  les  extremities,  d^p^ha  un  cour- 
rier  k  Senneterre  qui  dtoit  son  ami,  avec  une  lettre  de  treize  pages,  de 
chiffres,  par  laquelle  il  lui  mandoit  que  son  parlement  n'^toit  pas  si 
emport6  que  si  le  roi  vouloit  r^voquer  M.  d'Epernon  il  ne  demeur^t 
c(ans  I^  fidelity,  qu'il  Ipi  en  donnoit  sa  parole;  que  ce  qu'il  avoit  fait 
jusques  1^  n'6toit  qu'a  cette  intention;  mais  que  si  Ton  differoit  il  ne 
r^pondoit  plus  de  la  compagnie  et  beaucoup  moins  du  peuple,  qui  m^- 
nagd  ^t  appuyi  comme  il  T^toit  par  le  parti  de  MM.  les  Princes,  sc 
rendroit  m^me  dans  peu  maitre  du  Parlement  (3). 

Ce  ne  fut  pas  de  la  part  de  ce  magistral  une  vaine 
promesse,  car  il  ne  d6pendit  pas  de  lui  que  ses'  collogues 
demeurassent  fiddles  a  leur  souverain. 

La  populace  ayant  entrepris  de  les  faire  opiner  de  force  pour  Tunion 
avec  les  princes,  il  arma  les  jurats  qui  la  firent  retirer  du  palais  k 
coups  de  mousquets...  Celte  r&islante  du  parlement  de  Bordeaux  que 
tout  le  monde  presque  a  traits  de  simul^e,  m*a  6l^  confirm^  pour  veri- 
table et  m^mepour  sincere  par  M.  de  Bouillon,  qui  m'a  dit  plusieurs 
fois  depuis,  que  si  la  Coar  n'eut  point  pouss^  les  choses.  Ton  eut  eu 
bien  de  la  peine  k  \es  porter  k  rextr6mit6.  Ce  qui  est  certain  c'est  que 


(1)  Mint,  du  cardinal  do  Retz,  1. 1,  p.  327. 

(2)  Seigneur  de  Saint-Julien  de  Gabarret. 
(3>  ^4m.  d(A,  ^f'4ina\  d^  ReU,  1. 1,  p.  3^. 


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V-  33   rr- 

I'on  croii  ou  que  Ton  voulqt  croire  k  }a  Cour  que  to^t  ce  qv^e  faf^t  ^ 
parlement  n'^toit  que  grimace  (1). 

Sous  une  telle  impression,  lareine  ne  voulut  pas  ailtenr 
dre  parler  de  concessions  et,  malgr6  les  remolitrance^ 
qui  lui  furent1adress6es  sur  Teflfet  de  ce  voyage,  il  fut 
d6cid6  qu'a  son  retour  de  Compi^gne,  ot  il  6tait  alops,  1^ 
roi  se  rendrait  en  Guyenne*  De  plus,  «  quand  Monsieur 
s'offrit  d'aller  lui-m6me  travailler  k  raccotnodement, 
pourvu  qu*on  lui  donnAt  parole  de  r6voquer  M.  d'Eper^r 
non,  on  lui  dit,  pour  r6ponse,  qu'il  6toit  de  Thonneup  du 
roi  de  le  maintenir  dans  son  gouvernement  •  ». 

Recrutement   —  Tout  espoir  de  conciliation  6tant 
perdu,  la  princesse  de  Cond6  chercha  k  se  procurer  des 
alliances  dans  les  Landes.  EUe  essay  a  vainement  de 
gagner  a  sa  cause  le  comte  de  Gramont,  qui  se  trouvait 
alors  en  B6arn,  et  son  flls  le  comte  de  Toulongeon,  gou- 
verneur  de  Bayonne.  Saint- Agoulin,  6missaire  de  la  prin- 
cesse, vint  trouver  ce  dernier  k  Bidache,  sans  r6ussir  h, 
6branler  sa  fid61it6;  car  Toulongeon  lui  fit  r6pondre 
((  qu'il  n'y  avoit  salut  ni  pour  elle  ni  pour  les  princes 
))  que  dans  la  soumission  au  roi  et  a  ses  ministres  •  ».  II 
refusa  done  de  laisser  passer  en  Espagne  celui  de  leurs 
partisans  que  les  Frondeurs  envoyaient  en  ce  pavs  pour 
s'informer  du  succfes  des  n6gociations  quils  y  avaient 
entreprises.  Gramont  ne  se  montra  pas  moins  inflexible. 
II  r^pondit  qu'il  d6plorait  le  malheur  de  la  princessef  il 
voudrait  bien  la  servir,  ainsi  que  le  prince  son  mari, 
qu'il  aimait,  s'il  Tosait  dire,  avec  toute  la  tencjresse  de 
son  coeur;  mais  il  avait  les  mains  li6es,  6tant  domesr- 
tique  du  roi  et  ayant  la  principale  garde  de  sapersojine. 
Comme  son  flls,  il  eut  done  soin  d'emp6cher  toute  com-r 

(1)  Mem.  du  cardinal  de  RcU,  1. 1,  p.  328. 

(2)  Id. 

(3)  M6m.  de  Lenet,  avocat,  secretaire  de  Cond^,  p.  295. 


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«   ^4  — 

munication  entre  TEspagne  et  les  Frondeurs  *.  Ceux-ci 
n'en  continuferent  pas  moins  k  n6gocier  avec  les  Espa- 
gnols^  grftce  a  la  connivence  d'un  Portugais,  nomm6 
Othon  Sabaria,  qui  avait  une  correspondance  secrete 
avec  les  ministres  de  son  pays  et,  par  ce  moyen,  faisait 
passer  tous  les  paquets  des  r6volt6s. 

D6?ue  dans  ses  esp6rances,  la  princesse  voulut  du 
moins  utiliser  les  services  des  seigneurs  qui  s'6taient 
montr6s  plus  dociles  k  son  appel.  EUe  donna  done  com- 
mission au  baron  de  Belhade  de  lever,  sur  les  tailles  de 
Tartas,  une  compagnie  de  fusiliers  «  pour  garder  sa  mai- 
))  son  qui  est  assez  bonne  »  *.  EUe  en  envoy  a  une  autre 
au  baron  de  Roquetaillade,  prfes  de  Bazas,  pour  organiser 
une  compagnie  de  gendarmes  sous  le  nom  d'Albret  et 
un  regiment  d'infanterie.  Le  baron  de  Marsan,  seigneur 
de  Roquefort,  re§ut  aussi  de  Targent,  quelques  patentes 
et  quelques  assignations  pour  former  un  regiment  de 
quatre  compagnies  de  cavalerie.  Ces  auxiliaires  n'6taient 
gufere  en  puissance  de  faire  pencher  la  balance  en  faveur 
des  rebelles;  mais  «  on  se  sert  en  semblables  affaires  de 
toutes  sortes  de  personnes,  moins  avec  intention  d'en 
fortifier  un  parti  que  pour  empfecher  qu'ils  ne  passent 
dans  celui  qui  est  oppos6,  particuli6rement  quand  ils  ont 
des  chateaux  k  la  faveur  desquels  on  pent  faire  quelques 
lev6es  de  troupes  ou  d'argent  sur  leplat  pays  '  ». 

Complot  de  Dax. — Dax  6tait  toujours,  apr^s  Bayonne, 
la  ville  la  plus  importante  de  notre  region;  a  ce  titre, 
elle  ne  pouvait  manquer  d'exciter  les  convoitises  des 
Frondeurs.  Le  marquis  de  Poyanne,  qui  gouvernait  cette 
place,  administrait  avec  trop  de  fermet6  pour  n'avoir  pas 
autour  de  lui  de  nombreux  ennemis;  un  avocat  du  roi, 

(1)  M6m.  d€  Lenet,  p.  302. 
{%)  M6m,  de  Lenet,  p.  303. 
(8)  Id. 


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—  25  — 

M.  Compaigne,  se  faisait  remarquer  parmi  les  plus  ar- 
dents.  D'accord  avec  le  vicomte  d'Horte,  Armand  d'As- 
premont,  et  mettant  k  profit. Tabsence  du  gouverneur, 
qui  avait  6t6  appel6  h  Paris,  Compaigne  forma  le  projet 
de  s'emparer  de  la  ville  et  du  chateau  pour  les  livrer  aux 
rebelles  *.  II  crut  bient6t  avoir  trouv6  une  occasion  favo- 
rable. 

Le  7  juillet,  on  sut  {k  Bordeaux)  qu'il  y  avait  une  grande  sedition  k 
Dax  au  sujet  d'an  gentilhomme,  nomm6  Hanix,  fort  aira6  dans  la  ville 
et  que  Sainl-P6  (2)  avoit  mis  en  prison,  parcequ'il  avoit  fait  unappel, 
et  que  le  peuple,  par  KafiFection  qu'il  lui  portoit,  autant  que  par  la  haine 
qu'il  avoit  conlre  Poyanne  et  contre  tout  ce  qui  6toit  dans  sa  d^pen- 
dance,  Tavoit  tir6  de  prison  k  main  armte  ct  ensuite  fofci  ceux  qui 
^loient  dans  la  eitadelle  de  remettre  dans  la  ville  tout  le  canon  et  toutes 
les  munitions  (3). 

Les  intrigants  se  mirent  aussit6t  en  course  pour  tirer 
profit  des  circonstances^  et  Pierre  Lenet  dit  dans  ses 
M6moires  : 

Un  nomm6  Garros  vint  me  proposer  encore  de  surprendre  Dax  par 
le  moyen  d'un  conseiller  de  ce  lieu-1^,  qui  ^toit  ennemi  mortel  de 
Poyanne  qui  en  etoit  le  gouverneur.  Les  dues  lui  dirent  la  m6me  chose 
qu'ils  avoienl  dite  au  sujet  d'Aiguillon.  Tons  ces  faiseurs  de  proposi- 
tions commencent  en  faisant  parade  de  leur  z^le  au  service  de  ceux 
auxquels  ils  s'adressent  et  finissent  en  Icur  demandant  quelque  chose 
qui  leur  est  propre  (4). 

Quoique  le  n6gociateur  parut  un  peu  suspect,  on  ne 
pouvait  cependant  n6gliger  une  occasion  qui  semblaij;  favo- 
rable pour  s'emparer  d'une  ville  si  importante.  La  prin- 
cesse  de  Cond6  se  hata  done  d'6crire  aux  consuls  de  Dax, 
a  plusieurs  gentilshommes  des  environs,  k  Harrix  lui- 

(1)  Arch,  nat.,  K.  K.  1,218,  ^•  355  et  446.  (Lettre  de  Poyanne,  baron  de  La- 
miusansau  due  d'Epemon.  Dax,  !•'  juillet  1650). 

(2)  Charles  d'Antin,  sieur  de  Saint-P^  et  du  Hon,  en  Albret,  lieutenant  pour  le 
roi  au  gouvemement  de  Dax  et  Saint-Sever,  qui  rempla^t  Poyanne  pendant 
son  absence. 

(3)  M6m.  de  Lenet,  p.  310. 

(4)  M6m.  de  Lenet,  p.  307-308. 


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^  26  — 

mSine,  pour  les  mettre  dans  ses  int6r6ts.  EUe  oflrit  d'en:- 
voyer  des  troupes  pour  prater  main-forte  aux  consuls  et 
engagea  les  seigneurs  qui  lui  6taient  d6vou6s  h  se  jeter 
dans  la  place  pour  s*en  rendre  maitres. 

Le  8,  elle  terivit  au  baron  ***  qui  lui  avoit  oflfert  ses  services  qu'il 
ne  pouvoit  lui  en  rendre  un  plus  grand  que  de  fomenter  ceUe  affaire; 
et  sur  ce  qu'un  conseiller,  d^put6  dupr^sidial,  vint  me  Irouver  pour  me 
dire  que  sa  compagnie  s'emploieroit  volontiers  pour  faire  declarer  cette 
ville-lk  pour  les  princes,  si  Ton  vouloit  lui  promettre  que  lorsqu'on 
feroit  la  paix  on  leur  feroit  rendre  la  juridiction  de  Tartas,  qui  en  avoit 
^t6  distraite  pour  la  domier  k  celui  de  N6rac,  quand  on  le  cr6a,  la  prin- 
cesse,  ^quije  le  pr6sentai,  apr^s  lui  avoir  fait  beaucoup  d'amiti^,  le 
reuvoya  avec  une  lettre  au  pr^sidial,  par  laquelle  elle  les  assura  de 
s'employer  en  temps  et  lieu  pour  cela,  ce  qu'ellc  feroit  d'autant  plus 
volontiers  qn'en  leur  faisant  plaisir  elle  d^sobligeroit  les  habitans  de 
N^rac  qui  avoient  regu  les  troupes  du  due  d'Epernon  et  refuse  les 
siennes  (1). 

D^couverte  du  complot.  —  Tout  semblait  marcher  au 
gr6  des  conspirateurs  lorsque  le  complot  fut  d6couvert. 
Le  vicomte  d'Horte,  qui  en  demeuraitT^me,  6tait  en  rela- 
tions constantes  avec  laprincessede  Cond6  et  recevait  ses 
6missaires.  Tous  n'eurent  pas  sa  discretion  :  un  nomm6 
Desgrands,  garde  du  due  d'Enghien,  charg6  d'une  lettre 
du  vicomte  pour  la  princesse,  communiqua  h.  Jean  de 
Biaudos,  marquis  de  Cast6ja,  le  plan  des  conjures;  il  lui 
fit  part  du  danger  que  courait  la  place  convoit6e,  et  des 
esp6rances  de  d'Aspremont :  a  car  les  M"  d'Acqs  lui  ont 
donn6  parolle  asseur6e  de  lui  rendre  le  chateau  en  main 
pour  en  faire  a  sa  disposition  *.  »  Jean  de  Biaudos  eut 
soin  d'avertir  Poyanne  et  Tentreprise  6choua  grdce  a  la 
fermet6  du  gouverneur,  d6j&,  revenu  a  son  poste.  Comme 
toujours,  la  colfere  des  frondeurs  retomba  sur  le  malheu- 
reux  comparse  cause  de  leur  insucc^s.  Lenet,  pr6venu 

(1)  Mim.  de  Lenet,  p.  310. 

(2)  Arcb.  nat.,  K.  K.  1,218,  f  435. 


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—  27  — 

par  un  expr6s  que  le  vicomte  d'Horte  lui  avait  exp6di6, 
se  fit  rex6cuteurde  leur  vengeance.  «  J'envoyai  en  mfeme 
temps  ce  garde  nomm6  Desgrands,  qui  se  trouva  pour 
lors  en  mon  logis,  prisonnier  au  cMteau  de  Habi  »  (10 
aoM)  *.  Les  habitants  de  Dax,  revenus  k  de  meilleurs  sen- 
timents, et  redoutant  sans  doute  les  repr6sailles  que 
Poyanne  ne  manquerait  pas  d'exercer,  jur^rent  de  de- 
meurer  unis,  a  car  la  guerre  civile  est  le  plus  grand  des 
maux  et  le  plus  dangereux  en  une  r6publique^  »  Le  due 
d'Epernon  vint  les  visiter  pour  les  confirmer  dans  ces 
bonnes  dispositions.  lis  pr6t6rent  serment  entre  ses  mains 
et  d61ib6r6rent  sur  les  moyens  a  prendre  pour  mettre  la 
ville  a  Tabri  de  toute  attaquede  la  part  des  rebelles  ^  On 
r6solut  de  faire  le  guet  la  nuit,  de  moudre  du  bl6  d'avance 
en  cas  de  si6ge,  de  r6parer  les  fortifications  et  de  trans- 
porter des  canons  du  chMeau  sur  les  remparts.  Apr6s 
avoir  ramen6  les  Dacquois  dans  la  bonne  voie,  d'Epernon 
envoya  des  felicitations  aux  Bayonnais  pour  leurs  mar- 
ques de  fld61it6  a  la  cause  royale  *. 

Le  roi  en  Guyenne,  —  La  Cour,  r6solue  d'en  finir  avec 
la  rebellion,  s'6tait  enfin  mise  en  marche. 

Le  roi  partit  pour  son  voyage  de  Guienne  dang  les  premiers  jours  de 
juillet,  et  M.  le  cardinal  Mazarin  eut  la  satisfaction  d'apprendre  un 
peu  devant  son  depart  que  le  bruit  de  ce  voyage  avoit  produit  par 
avance  tout  ce  que  Ton  lui  en  avoit  pr6dit  :  que  le  parlement  de  Bor- 
deaux avoit  accord^  Tunion  avec  MM.  les  princes  et  qu'il  avoit  d6pul6 
vers  le  parlement  de  Paris;  que  ce  depute  (5),  qui  s  etoit  trouv6  tout 
porl6  k  Paris,  avoit  ordre  de  ne  voir  ni  le  roi,  ni  les  minisires;  que 
MM.  de  la  Force  et  Saint-Simon  ^toient  sur  le  point  de  se  declarer  (ils 
ne  persist^rent  pas)  et  que  toute  la  province  6toit  prete  k  se  soulever.  La 
consternation  du  cardinal  fut  extreme  (6). 

(1)  M6m.  deLenct,  p.  336. 

(2)  Arch.  nat.  K.  K.  1,218,  f*  446. 
{Z)  Arch,  de  Dax,  B.  B.  3. 

(4)  Arch,  de  Bayonne,  E.  E.  91.  n»  59. 

(5)  C*4tait  Voisin.  conseiJler  au  Parlement. 

(6)  Af^m.  du  card,  de  ReU,  t.  i,  p.  330, 


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—  28  - 

Les  provisions  malheureuses  du  malin  coadjuteur  fu- 
rent  loin  de  se  r6aliser  de  tout  point :  La  Force  demeura 
dans  rinaction  et  le  gouverneur  de  Blaye,  Saint-Simon, 
vint  k  la  Cour  aussitdt  que  le  roi  se  fut  rapproch6  de  la 
place  quilui  6tait  confi6e.  D6sson  arriv6e  k  Libourne,  le 
monarque  somma  le  parlement  de  Bordeaux  d'envoyer 
des  d6put6s  pour  recevoir  ses  ordres.  Au  lieu  d'ob6ir  k 
cette  injonction,  les  factieux,  qui  songeaient  d  se  r6pu- 
bliquer^,  port6rent  un  arr6t  disant  que  le  «  cardinal 
Mazarin  ne  serait  pas  re§u  dans  la  ville.  »  Le  conflit  ne 
pouvait  plus  6tre  vid6  que  par  les  armes;  la  soumission 
de  la  Bourgogne  et  de  la  Normandie  n'avait  6t6  «  qu'un 
))  passage,  tandis  que  I'invasion  de  la  Guienne  fut  une 
))  v6ritable  conqufete  »  *.  Pour  laisser  libre  champ  a  ses 
g6n6raux,  le  jeune  roi  se  retira  chez  le  due  d'Epernon,  k 
Cadillac,  et  c'est  la  qu'il  regut  les  hommages  des  villes 
de  la  province.  Dax  lui  envoya  une  deputation  compos6e 
de  MM.  de  Borda,  maire,  de  Josses,  sous-maire,  de  Sa- 
phore,  syndic ';  Tartas  d616gua  aupr^s  de  lui  MM.  de 
Chambre,  lieutenant  g6n6ral,  de  M6rignac  et  du  Camp, 
avocat  du  roi  (15  aoM  1650)  *. 

Armements  divers.  —  Toutes  les  troupes  dispers6es 
dans  les  Landes  furent  aussit6t  appel6es  pour  rejoindre 
au  camp  6tabli  devant  Bordeaux  celles  que  commandait 
le  mar6chal  de  la  Meilleraye.  Quoiqu'on  dtit  encore 
fournir  de  grandes  sommes  pour  leur  entretien,  ce  depart 
fut  une  d61ivrance  pour  nos  malheureuses  populations. 
Les  villes  et  les  bourgs  6taient  a  chaque  instant  grev6s 
de  nouvelles  impositions  et  r6duits  k  recourir  a  des  em- 
prunts  ruineux  pour  payer  leur  part  de  «  regalement,  » 


(1)  M4m,  da  P,  Berthod,  collect.  Petitot,  vol.  xlviii. 

(2)  Capeflgue,  Richelieu,  Mazarin  et  la  Fronde,  t.  ii,  p.  268. 

(3)  Arch,  de  Dax,  B.  B.  3. 

(4)  Arch,  de  Tartas,  B.  B.  3,  ^  62. 


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—  29  — 

ou  bien  obtenir  r61oignement  des  garnisons  qui  leur 
6taient  impos6es*.  En  mfeme  temps  que  Ton  concen trait 
les  troupes  de  terre,  on  fit  appel  au  concours  de  nos 
marins.  Capbreton  eut  ordre  d'armer  dix  pinasses  et  de 
les  envoyer  contre  les  r6volt6s  «  avec  les  soldats  et  les 
mariniers  »  (30  juillet).  Maubecq,  sieur  de  Peillicq,  avait 
6t6  nomm6  g6n6ral  des  pinasses,  et  Pierre  de  Caulongue 
commandait  «   Tadmyral.  »  Une  patache  portait  «  le 


(1)  Le  Gomple  suivant,  pris  dans  les  archives  de  Saint-Justin  (fonds  Duclerc, 
n^  5)  et  que  nous  transcrivous  dans  toute  sa  naivete,  nous  donnera  une  id^e  des 
d^penses  qu'entixiinaient  pour  les  plus  humbles  villes  ces  mouveraents  continuels 
de  troupes.  Mais  si  nous  demeurons  ^mus  des  souffrances  que  nos  p^res  eurent 
&  endurer  de  ce  chef,  un  regard  jete  sur  la  colonne  des  sommes  par  eux  allou6es 
nous  montrera  combien  ils  s'eniendaient  ^  d^fendre  leurs  interets  et  k  r^uire 
les  notes  qui  leur  semblaient  exagerees.  Nous  sommes  loin  de  la  servility  des 
soci^tes  moder.nes;aujourd'hui  tout  courbesans  reclamations  devant  les  exigences 
arbitraires  d'uu  pouvoir  c^ntralisateur. 

«  RoUe  des  despands  et  autres  charges  aportees  au  s'  Leglizcno"  royal  du  Freixo 
(Le  Fr^clie,  commune  de  Villeneuve  de-Marsan),par  six  soldats  de  la  C'  du  s'  de 
Rabastenx,  capitaine  au  raiment  d'Anjou,  durant  I'espace  qu'ilz  ont  demeur^ 
k  son  logis  h.  compter  du  24  juillet  qu'ils  y  entrairentet  n'en  sont  sortis  et  quitt^ 
son  d*  logis  jusques  au  neufi^me  aoust  1650,  etduquel  rolle  de  frais  il  estdemand^ 
Talouement  k  messieure  les  jurats  et  ceux  du  oonseil  dud*  Freixo  afftn  de  luy 
faire  raison  allonge  et  despars  sur  toule  lad.  communaut6  pour  6tre  pave  aud. 
Leglize. 

AUoue        30'  Les  six  soldats  lui  ont  mang6  deux  pains  noirs 2' 

Allou^    5'  12*  Plus  ung  carti4  de  lart  du  poidz  d'environ 12' 

Allou6    2'        Pius  troix  pintes  de  gresse 3'  12* 

Allou4    2'  19*  Huict  pas  (paircs)  de  volaille 5' 

N6ant  Plus  d'environ  ung  sac  de  febe  de  la  Rouge  avecq  d*au- 

tres  soldatz  qui  estoient  log^s  aud.  lieu 8' 

Allou^  14'        Plus  lui  beurent  environ  diz  cruches  de  vin 18' 

Allou^  2*  Plus  deux  pugn^res  de  sel 4' 

Allou6         5'  Faict  brusl6  environ  trois....  de  chandelle  de  rousine —  12' 

N^ant  Luy  rompeu  veselle  de  terre  environ  quatorze  solz. ....  14' 

N6ant  'Plus  deux  berres 4' 

Allou6        20*  Luy  mang^  d'oignons  d'environ  dix  coroles 2' 

Allou^        20*  Luy  faict  brusler  environ  ung  charet  de  bois 1'  10' 

Allou^    3'         Plus  lui  ont  emport(S  deux  linceulz  de  lin  autres  destoupe    IT 

Alloud        10'  Plus  deux  servaittes  de*lin 1'    4' 

AUoue  9'  Et  ausquelz  susd.  soldatz  il  feust  countraint  peyer  leurs 
ustancilles...  i  raison  de  deux  solz  six  demiers  par 

cha[culn  d'iceux 12'  15- 

AUou^  6'  Plus  tantles  susd.  six  soldatz  de  lad.compaine  que  plusieurs 
d'autres  d'icelles  du  susd.  regiment  danjou  qui  vien- 
dreint  loger  aud.  lieu  par  deux  autres  fois  soit  en  allant 
au  pays  de  hault  que  revenues  pour  aler  a  Bourdeaux 
luy  avoict  faict  mang6  a  leurs  chevalz  du  segle  environ 
trois  mesures  valant  au  prix  de  3'  13'  8' 12'  » 


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—  30  — 

grand  canon,  »  et  il  y  avait  en  tout  six  pieces  d'artille- 
rie  \  On  voit  que  cMte  escadre  n'avait  rien  de  Men  for- 
midable; elle  rendit  cependant  des  services  assez  impor- 
tants  pour  lui  m6riter  les  compliments  du  roiV  Le  comte 
de  Toulongeon  donna  ordre  aux  jurats  de  Bayonne  de  lui 
envoyer  «  les  deux  piesses  de  canon  de  Dax  qui  sont  & 
Bayonne  »  (2  aodt) ';  car  la  cour  avait  mand6  aux  Dac- 
quois  d'exp6dier  Fartillerie  dont  ils  disposaient  et  les 
jurats  assuraient  Mazarin  qu'ils  avaient  pri6  le  lieute- 
nant du  roi,  Saint-P6,  de  n'en  point  retarder  le  trans- 
port et  quils  avaient  fait  arrfeter  tons  les  bateaux  n6ces- 
saires  pour  cela  *. 
{A  suivre.)  J.-J.-C.  TAUZIN, 

Curi^  de  Saint-Justin  de  Marsan. 


QUESTION 

289.  Brant6ine  est-U  n6  en  Oascogne  ? 

Je  croyais  que  le  c61ebre  chroniqueur  6tait  incontestablement  p6rigour- 
din;  mais  un  homme  bien  informe,  qui  appartient  i  la  faoiille  de  notre 
tr6s  et  parfois  trop  gaulois  Plutarque,  est  fort  tent6  de  voir  en  lui  un 
enfant  de  la  Gascogne.  Void  ce  que  je  lis  dans  une  Notice  sur  Pierre  de 
BourdeillCj  abbe  et  seigneur  de  Brantosnie  (sic),  par  le  marquis  de  Bour- 
deille,  raembre  do  plusiours  soci6t6s  savantes  (2*  edition,  revue,  corrig^e  et 
augmentcc,  Troyes,  1893,  p.  9) :  «  No,  peut-^tre  en  Perigord  (5)  ou  etait  le 
berceau  de  sa  famille,  peut-^tre  et,  suivant  nous,  tr^s  probablement  en 
Navarre,  oil  sa  grand'mere,  Louise  de  Daillon,  douairiere  de  Vivonne, 
6tait  dame  d*honneur,  et  st  m^re  dame  de  corps  de  la  reine  Marguerite;  ce 
qui  est  certain,  du  moins,  c'est  que  Brantosme  passa  sa  jeunesse  k  la  cour 
de  Navarre,  et  ne  revint  en  France  qu'apr6s  la  mort  de  la  reine,  en  1549.  » 
Trouverait-on  k  Pau  ou  ailleurs  quelque  document  qui  conflrmerait 
ou  inflrmerait  siirement  I'opinion  exprimde  par  rarrl6re-petit-neveu  de 
«  Reverend  P6re  en  Dieu  messyr  Pitrre  de  Bourdeille,  abb6  de  Bran  - 
tosme,  »  comme  il  est  nomm6  dans  le  testament  de  sa  m6re  (du  26  mai 
1557)?  T.  DE  L. 

(1)  Arch,  de  Bayonne,  E.  E.  56,  n«  18, 19,  22,  24,  27.—  B.  B.  24,  f  147, 157. 

(2)  Arch,  de  Bayonne,  EE  91,  n*  78. 

(3)  Arch,  de  Bayonne,  EE  91,  n»  68. 

(4)  Arch,  nation.,  KK  1218.  f»  446. 

(5)  C*est,  remarque  le  noble  biographe,  I'opinion  de  M^rimee  (Vie  de  Bran- 
tdme.  Edition  Janet,  1858,  t.  i,  p.  6).  On  pent  ajouter  que  c'est  I'opinion  d'ii  peu 
pr^s  tout  le  monde,  et  notamment  celle  du  dernier  et  excellent  6diteur  des 
CEuores  compUten  de  Pierre  de  Bourdeille,  M.  Ludovic  Lalanne. 


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LES  £CRIVAINS  GASCONS  DE  L'ORDRE  DES  CAPUCINS 


BiBUOTHECA  FRATRtIM  MINORUM  CAPUCCINORUM   prOVinciarUIU  OcCITANIiB  et 

AguiTANiiE,  auctore  P.  Apollinare  a  Valentia  Segalaunorum  ejusdem 
ordinis.  Nimes,  Gercais-Bedot,  1894.  In-f  de  [iv]-176  pp.  a  2  col. 

On  croit  trop  commun6inent  que  I'ordre  des  Capucins  n'a  gufere 
brill6  que  par  le  zele  6vang6lique  et  par  la  saintet6  et  qu'il  n'a  presque 
rien  de  commun  avec  la  litt^rature,  m^me  religieuse.  C'est  une  grande 
erreur.  Quoique  vou6  surtout  aux  oeuvres  apostoliques  et  particuli^re- 
meut  k  la  pr^dicarion  populaire,  cette  humble  braiiche  de  Tordre  de 
saint  Frangois  a  fait  bonne  figure  dans  les  Etudes  sacr6es  d^  ses  ori- 
gines;  c'est  m^me  pnkjisement  k  T^poque  h^roique  ou  les  Capucins  de 
nos  bonnes  villes  se  d^vouaient  constamment  aqx  besognes  les  plus 
rudes  et  en  particulier  au  service  des  pestiter^s,  qu'ils  comptferent  en 
grand  nombre  des  pr6dicateurs,  des  controversistes,  des  ex^gfetes  de 
marque;  et  si  la  science  fut  moins  cultivte  parmi  eux  au  cours  du  der- 
nier sitele,  on  Ty  vit,  vers  le  milieu  de  cette  p^riode  de  decadence  rela- 
tive, refleurir  et  prosp^rer,  surtout  par  Tinfluence  des  savants  cx6g^tes 
et  orientalistes  du  convent  de  Paris  et  du  plus  gout6  des  ^xjrivains  asc6- 
tiques  de  Tordre,  notre  c^lfebre  P.  Ambix)ise  de  Lombez. 

Les  families  religieuses  ont  eu  g6n6ralement  le  pieux  et  louable 
souci  de  consacrer  des  bibliographies  aussi  completes  que  possible  a 
leurs  ^rivains.  Tons  les  6rudits  connaissent  la  Bibliothfeque  de  la  Com- 
pagnie  de  J6sus,  de  Sotwel  et  Alegambe  (d<^pass6s  de  nos  jours  par  les 
PP.  de  Backer  et  le  P.  Sommervogel),  et  celle  des  Scripiores  ordinis 
Prcedicaiorum  de  Qu6tif  et  Echard.  C'est  k  ces  sources  abondantes,  et 
k  d'autres  plus  ou  moins  semblables,  que  nous  aliens  piliser,  quand  il 
nous  prend  envie  de  retroiiver  le  nom  et  les  titres  des  religieux  nos 
compatriotes  qui  se  firent  jadis  honneur  par  leurs  talents,  ou  du  moins 
exerc^rent  bien  ou  mal  le  p6rilleux  metier  d'auteur. 

II  y  a  longtemps,  par  exemple,  que  je  m'^tais  pr^occup^,  pour  ma 
part,  de  dresser,  entre  autres  catalogues  litt^raires,  la  liste  des  Capu- 
cins gascons  6crivains,  et  qu'^  cet  effet  j'avais  d6pouill6,  sans  y  trou- 
ver  tous  les  secours  que  j'attendais,  la  bibliographic  spfeiale  de  Tordre: 
Bihliotheca  scriptorum  ordinis  Minorum  S.  Francisci  Capucci- 
norum  (Venet.  1747,  in-f*').  Mais  quoi  d'6tonnantt  Tauteur  ou  plutdt 
les  deuxauteurs,  Tun  ayant  public  un  premier  essai  en  1691,  Tautre 


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^-  32  — 

Tayant  compl^t^  de  son  mieux,  6taient  des  italiens  :  frfere  Denis  de 
G^nes,  fr.  Bernard  de  Bologne,  pouvaient-ils  de  si  loin  se  mettre  au 
courant  des  moindres  opuscules  publi6s  chez  nous?  Encore  faut-il  re- 
connaitre,  k  leur  61oge,  que  sur  plusieui's  de  nos  Capucins  gascons 
6crivains  nous  savons  aujourd'hui  mftme  tout  juste  ce  qu'ils  nous  en 
ont  appris. 

Voici  pourtant  un  travail  qui  depasse  de  beaucoup  leur  m6ritoire 
recueil  bibliographique.  Non  seulement  ie  P.  ApolUnaire  de  Valence 
a  eu  soin  de  mettre  k  jour  la  s6rie  inaugurte  par  ses  deux  confreres 
italiens  ■—  et  ce  n'6tait  pas  peu  de  chose,  par  le  temps  de  publicity  d^ 
bordante  oil  nous  vivons  —  mais  encore  ses  recherches  se  sont  port^es 
tout  de  nouveau  sur  les  vieux  noms  et  les  vieux  li vres,  ei  il  est  aU6  les 
chasser  en  tout  pays,  les  d^terreir  dans  toutes  les  biblioth^ues,  sans 
^pargner  ni  correspondances,  ni  veilles,  ni  voyages.  II  a  mis,  de  plus, 
dans  ses  descriptions  bibliographiques,  au  lieu  de  cette  exactitude  som- 
maire  qui  suffisait  k  ses  devanciers  et  qu'ils  n'avaient  m6me  pas  tou- 
jours,  la  minutie  des  plus  exigeants  bibliophiles  d'aujourd'hui,  rele- 
vant avec  scrupule  tons  les  details  typographiques  et,  le  cas  6ch6ant, 
prenant  note  des  accessoires  et  citant  les  textes  qui  int^ressent  Fhistoire 
de  Tauteur  ou  de  Tordre. 

Son  ouvrage  doit  embrasser  peu  k  peu,  province  par  province,  tout 
le  domaine  de  Tordre,  autant  dire  presque  tout  Tunivers.  Je  n'en  con- 
nais  jusqu'^  ce  jour  que  le  fascicule  concernant  la  province  de  Naples 
et  celui  dont  on  a  vu  le  tilre  en  t^le  de  cet  article  et  qui  r^unit  les  deux 
anciennes  provinces  de  Languedoc  et  de  Guyenne.  II  se  divise  en  trois 
parties  :  1**  BibUoth^que  historique :  indication  de  ce  qui  a  6t6  publi6 
sur  rhistoire  des  deux  provinces,  de  leurs  convents,  de  leurs  hommes 
illustres;  2*>  Bibliographie  des  ecrivains  capucins  de  ces  deux  pro- 
vinces, ranges  par  ordre  alphab^tique;  3^  Biblioth^que  sp^ciale  :  rap- 
pel  des  titres  d'ouvrages,  ranges  cette  fois  par  ordre  de  matiferes.  Sui- 
vent  des .  appendices  fort  int^ressants  sur  quelques  sujets  curieux 
d'histoire  et  de  biographic  (1).  —  Jetons  un  rapide  coup  d'oeil  sur  la 
premiere  partie,  pour  nous  en  tenir  ensuite  k  la  seconde  et  y  prendre 
Tessentiel  d'une  notice  d'ensemble  sur  les  6crivains  capucins  de  la 
Gascogne. 

On  sait  que  les  Capucins,  qui  ne  p^n^trerent  en  France  qu'k  partir 

(1)  Signalons  au  moins,  parmi  les  morceaux  les  plus  curieux,  des  notices 
trfes  foiiill6es  sur  deux  apostats :  le  conventionnel  Chabot  et  le  po^te  Venance 
Dougados;  et  k  notre  point  de  vue  provincial,  une  relation  de  la  mission  pr^h6e 
k  Tarbes  en  1682  par  le  P.  Honors  de  Cannes  et  trois  autres  capucins. 


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^  33  - 

de  1575,  y  multipliferent  bientdt  leurs  6tablissements,  grftce  k  la  popu- 
larity de  bon  aloi  que  conquirent  partoutleur  zfele  charitable  et  leur  fer- 
veur.  lis  sont  k  Agen  en  1600  (1),  k  Bordeaux  en  1601.  Pour  nous  en 
tenir  k  la  Gascogne  et  au  B&irn,  la  fondation  du  couvent  de  Gimont 
est  de  1604;  oelui  d'Auch  date  de  1607.  Les  Capucins  s'6tablirent 
ensuite  k  Condom  en  1611,  k  Bazas  et^  Saint-Girons  en  1613,  k  Dax 
en  1614,  k  Bayonne  et  k  Nogaro  en  1615,  k  MWoux  (Ast6,  prfes  Ba- 
gn^res-de-Bigorre)en  1616,  k  Saint-Sever  et  k  Pau  en  1620,  k  Orthez 
en  1621,  k  Oloron  en  1623,  k  Lectoure  en  1627  (2),  k  N^rac  en  1640, 
k  Grenade-sur-FAdour  en  1642.  k  Navarrenx  en  1656,  k  Tarbes  en 
1661,  k  Lombez  en  1667,  k  Maul6on-de-Soule  en  1669^  k  Eauze  en 
1692,  k  Garlin  en  1596,  k  Castillon^  en  1724;  a  Vic-Fezensac,  date 
inconnue  du  P.  ApoUinaire,  mais  c'est  1737,  oomme  on  Ta  vu  demi^re- 
ment  icimtoie  (3). 

Les  travaux  historiques  jusqu'ici  consacrts  S(Ht  k  la  provinoe  d'Aqui- 
taine(4),  soit  k  ses  divers  convents,  sont  en  petit  nombre  et  d'habitude 
assez  minces.  11  y  aurait  pourtant  un  grand  int^r^t  d'Mification  et 
m6me  d'instruction  historique  dans  le  r6cit  exact  et  d4taill6  des  fonda- 
tions  et  des  4v6nements  principaux  de  la  vie  religieuse  deces  commu- 
naut^s  surtout  k  leurs  d6buts.  Je  cite,  k  titre  d'exemple,  un  court 
passage  extrait  d'un  petit  m^moire  mutii.6  sur  les  Capucins  d'Auch,que 
j'ai  6ik  heureux  de  communiquer  au  P.  ApoUinaire,  et  qui  est  publi* 
pour  la  premiere  fois  dans  ce  fascicule  (p.  12-14) : 

«  En  Tannic  de  1653,  la  ville  et  le  voisinage  estant  frappfe  depeste, 
MM.  les  consuls  vindrent  prier  le  V.  P.  Polycarpe  de  Saint-Sever, 
gardien  [d'Auch],  de  leur  donner  des  religieux  pour  assister  lea  pesti- 
fer^s.  Ledict  P^re  assembla  la  famille,  et  leur  ayant  represent*  la 
necessity  pressante,ils  s'oflfrirent  d'abord  tons,  et  puis  chacun  d'eux  en 
particulier  le  vindrent  trou ver  dans  sa  chambre,  affin  que  le  sort  tombast 
surun  chascun.Pour  lors,le  V.  P. gardien,  de  Tavis  du  V.  P.  Frangois 
de  Bourdeaux,  lecteur  en  philosophic,  choisit  les  W.  PP.  Pladde  de 


(1)  Nous  retrouverons  bient6t  cette  fondation  en  rendant  compte  du  bel  ou- 
vrage  de  M.  Ph.  Lauzun  sur  les  CouoenU  ctAgen,  dont  le  second  volume  vieat 
de  paraitre. 

(2)  Sur  cette  fondation,  voir  un  article  de  M.  E.  Camoreyt  dans  la  Reoue  de 
Gasc.  de  1884  (t.  xxv,  p.  226). 

(3)  Rcouo  do  Gasc.  de  novembre  dernier  (xxxiv,  498). 

(4)  La  principale  source  est  le  Recueil  chronologigue...  du  F.  Gabriel  de 
Saint-Nazaire,  manuscrit  des  Archives  de  la  Haute-Garonne,  cit6  et  utilise  par 
M.  C.  Douais  dans  son  int^ressante  notice  sur  le  P.  Polycarpe  de  Marciac(R, 
de  G.,  xxv,  489). 

Tome  XXXV.  3 


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—  34  — 

Villefranche  et  Joachim  d'Arsac...,  lesquels...  s'allerent  exposer  et 
servifent  avec  grand  exemple  et  Edification,  tant  las  blessfe  que  ceux 
qui  estoient  en  santE;  mais  leurs  services  ne  furent  pas  longs,  puis- 
qu'ils  furent  frappEs  tons  deux,  et  moururent  fort  religieusement  quel- 
ques  jours  Tun  aprfes  Tautre,  et  furent  enterr^s  sous  la  Porte-Neuve 
prfes  le  couvent  des  Cordeliers,  ou  assisterent  deux  de  nos  religieux  et 
deux  PP.  Cordeliers,  qui  chanterent  un  Libera  me  Domine,  accom- 
pagnfe  de  MM.  de  Falaga  et  Arsac,  consuls,  et  de  quelques  autres 
babitans  qui  ne  ies  abandonnerent  jamais,  tandis  que  les  religieux  es- 
toient au  convent  dans  leurz  exercices  ordinaires  des  messes,  psalmodie 
et  oraison  mentale,  ou  lesdicts  sieurs  consuls  fournissoient  a  leurs  ne- 
cessitEs  temporelles,  assist^s  de  MM.  les  religieux  de  S.  Benoist  de 
Pessan,  qui  ne  se  lassereat  jamais  de  nous  departir  de  leurs  biens,  par 
une  attache  particuliere  qu'ils  ont  en  tout  pour  nostre  convent  en  par- 
ticulier  et  pour  tout  Tordre  en  general...  » 

La  s6rie  de  nos  icrivains  de  Tordre  des  Capucins  ne  peut  mieux 
s'ouvrir  que  par  le  nom  du  v6n6rable  Leonard  de  Trapes,  archev^que 
d'Auch.  C'est  la  tradition  constante  des  Auscitains  que  cet  austere 
pr61at,  non  content  de  favoriser  de  tout  son  pouvoir  ses  religieux  voi- 
sins  de  Tautre  c6tE  de  Teau,  se  rendait  souvent  cbez  eux,  qu'il  sortait 
m6mQ  alors  pour  Echapper  aux  regards  par  Tescalier  souterrain  4es 
jardins  de  Tarchev^hE,  et  qu'enfin  il  fit  profession  de  leur  r^le.  Le 
P.  Apollinaire  constate  qu'il  est  rest6  quelque  doute  sur  ce  dernier  point 
parmi  le  clergE  d'Auch;  mais  il  repousse  aisEmenl  ce  doute  par  le 
t^moignage  exprfes  du  mtoe  petit  m^moire  que  je  viens  de  citer  et  d'a- 
prfes  lequel  le  V.  Leonard,  apr^  avoir  consacr6  la  chapelle  des  Capu- 
cins d'Aucb  sous  rinvocation  de  saint  Anloine  de  Padoue,  le  12  octo- 
bre  1617,  «  y  prit  Thabit  en  secret  et  y  fit  profession  entre  les  mains  du 
V.  P.  Leonard  de  Limoges,  gardien  du  convent,  aprfes  en  avoir  obtenu 
la  licence  de  Sa  Saintet6.  II  venoit  par  temps,  ajoute  le  m6me  auteur, 
au  r6fectoire  dire  la  coulpecomme  un  simple  religieux,  portant  I'habit, 
corde,  sandale.  Parfois,  les  huit  jours  entiers  il  se  retiroit  en  une  petite 
chambrette  qu'il  fit  bastir  entre  la  sacristie  et  le  courroir  de  la  chapelle 
respondante  sur  le  maistre  autel...  »  —  Le  P.  Apollinaire  ne  connait 
pas  d'autre  production  litt^raire  du  saint  archev^que-capucin  que  ses 
remarquables  D^creis  synodaux,  imprimis  en  1624  en  latin  et  en 
frangais  (1).  Mais  il  nous  r^vMe,  d'aprfes  un  manuscrit  de  la  collection 

(1)  Une  l^^re  inexactitude  s'est  giiss^e  dans  la  description  bibliographique 
de  C6S  importants  statuts :  texte  et  traduction  y  sent  sur  la  m6me  page  (k  2  colon- 
nes),  et  non  sur  les  pages  oppos^es. 


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^  35  — 

Peiresc,  k  la  Bibliothfeque  Inguimbert  de  Carpentras,  une  cotirte  el 
vigoureuse  r^ponse  qu'il  opposa,  le  7  mai  1626,  au  nom  de  Tassembl^e 
gen^rale  du  clerg6  qu'il  pr&idait,  aux  pretentions  de  certains  parle- 
mentaires  et  qui  vaut  bien  le  plus  Eloquent  discours. 

A  cette  p^riode  de  leur  histoire  que  j'appelais  tout  k  Theure  h^ro'i- 
que,  et  qui  remplit  et  d^passe  la  premiere  moiti6  du  dix-septi6me 
si^e,  les  Capucins  frangais  et  particuliferement  les  Capucins  gascons, 
tout  en  se  d6vouant  par  6tat  aux  plus  rudes  travaux  et  surtout  au  mar- 
tyre  per  pestem  (1),  trouvaient  le  temps  de  disputer  savamment  avec 
les  ministres  protestants  et  d'enrichir  la  litt^rature  eccl6siastique.  — 
Parmi  les  controversistes,  nommons  le  P.  Pascal  de  Tarbes,  mort 
en  odeur  de  saintet^,  k  85  ans,  k  Montauban  (1663  ou  1664),  apr6s 
avoir  6t6,  dans  sa  jeunesse,  le  roi  des  ^tudiants  bigourdans  k  TUniver- 
sit6  de  Toulouse  et,  dans  sa  carrifere  religieuse,  Toracle  et  le  module  de 
ses  confreres.  A  son  s^jour  k  Saint-Antonin  (il  fut  depuis  gardien  du 
couvent  de  Caz^res  en  1630,  de  celui  de  Condom  en  1632...)  se  rap- 
porte  la  Conference  de  Saint-Antonin  entre  Pierre  Oilier^  pasteur 
de  Montauban,  et  Pascal^  gardien  des  Capucins  (Montauban,  1624, 
in-8«). 

II  laut  placer  beaucoup  plus  haut  un  controversistequi  a  eu  soin  de 
nous  transmettre  lui-m6me  le  souvenir  de  ses  luttes  avec  les  calvi- 
nistes,  etqui  d'ailleurs  avait,  en  ce  temps  de  fortes  Etudes,  peu  d'^aux 
dans  la  science  sacr6e :  Daniel  de  Saint-Sever  (2),  k  la  fois  lecteur 
de  thtelogie  et  gardien  k  Agen  de  1607  k  1610,  gardien  de  Montpel- 
lier,  oil  il  fut  appel6  en  1612  pour  y  enseigner  Th^breu,  gardien  de 
Condom  en  1616,  puis  provincial  (1617)  et  chargd  par  le  Souverain- 
Pontife  des  missions  du  B6arn,  puis  successivement  gardien  des  con- 
vents de  Cabors,  de  Dax,  de  Bayonne,  de  Montauban,  mort  dans  un 
naufrage  sur  la  Garonne,  le  14  mai  1630,  aprfes  avoir  assist6  tons  ses 
compagnons  d'infortune.  Le  premier  monument  de  son  thle  et  de  sa 
science  est  le  volume  intitule :  La  Christomachie  combattuCj  oA  sont 
contenus  les  actes  de  la  conference faicte  d  Lectoure  entre,..  [lui]  et 

(1)  J'ai  cit6  tout  k  Theure  le  d^vouement  des  Capucins  d'Auch  pendant  la 
peste  de  1653;  M.  Douais  nous  araoont6  en  1884 (toe.  clt.)  celui  du  P.  Polycarpe 
de  Marciac  k  Bordeaux  en  1605;  M.  E.  Camoreyt  a  rappei6  aussi  celui  des  Capu- 
cins de  Lectoure  en  1653.  L'histpire  de  Tordre  est  pleine  de  ces  exemples  pen- 
dant plus  d'un  demi-si^cle. 

(2)  Son  nom  de  famille  4tait  Campet.  On  salt  qu'en  entrant  dans  Tordre,  les 
Capucins  quittent  leur  nom  de  famille,  et  m^me  leur  nom  de  bapt^me,  pour 
prendre  un  nom  de  saint  qu'on  fait  suivre  de  celui  du  lieu  d'origine.  Aussi  le 
nom  s^culier  de  la  plupart  des  ^cnyains  de  son  ordre  a-t-il  ^chapp6  aux  recher* 
(dies  du  P.  Apollinaire. 


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—  36  — 

Savojfdf  ministre  de  la  dicie  mllCy  touchant  la  descente  de  Jesus- 
Chriat  aux  enfers...  (Lyon,  Pillehotle/1611,  in-8<>  de  560  pp.)  (1).  II 
devait  y  avoir  une  seconde  partie,  qui  probablement  n'a  jamais  paru; 
mais  le  livre,  malgr^  la  surcharge  d'^rudition  qui  ^tait  alors  de  mode, 
ripoiid  bien  k  la  reputation  que  le  docte  capucin  s'acquit  k  Lectoure, 
oil  Tun  des  plus  savants  ministres  protestants  du  temps,  Bernard  de 
Sonis  (2),  le  d^lara  «  un  jeune  homme  des  plus  versus  dans  les  Ian- 
gues  et  dans  la  thtelogie  qu'il  eut  encore  vus  ».  —  Une  autre  contro- 
verse  publique,  qui  ne  lui  fit  gu^re  moins  d'honneur,  eut  lieu  a  Pau  en 
Janvier  1620  entre  lui  et  le  savant  mauvesinois  Paul  Charles  (3),  pas- 
teur  et  professeur  de  thtologie  k  Orthez.  II  en  publia  ^alement  les 
Actes  (Tolose,  R.  Colomiez,  1620,  in-S*^  de  476  pp.  chiffrfes  et  an- 
nexes) (4). 

(1)  Le  P.  ApoUinaire  a  d^ciit  ce  livre  d'aprfes  mon  exemplalre,  qui  est  d^fec- 
tueux  ^  la  fin.  Mais  j'ai  eu  sous  la  main,  d^s  1857,  un  exemplaire  bien  complet, 
alert propri^td  de  M.  Malus,  aujourd'hui  d4pos6,  je  crois,  k  la  Bibliothfeque  com- 
munale  de  Lectoure.  C'est  avec  ce  volume  que  je  r^digeai  la  premiere  partie 
d'une  modeste  ^tudc  intitul^e :  Deux  controoerses  retlgiouses  d  Lectoure  au 
commencement  du  XVII"  si^cle  (Reoued'Aquitaine,  t.  n,p.  240).— A  la  suite  de 
I'exemplaire  eu  question  est  relive  une  plaquette  tr^s  int^ressante,  relative  ^  la 
conference  du  P.  Daniel  avec  le  ministre  Savois.  Je  donne  ici  le  titre  decet 
opuscule  que  Je  P.  ApoUinaire  n*a  pas  connu  :  Recrimination  auay  faussetds 
et  impostures  de  la  response  du  ministre  de  Lectoure,  42  pp.  in-8»  dat^es  «  de 
N^rac,  20  avril  1610,  »  et  sign^es  Andrd  de  la  Croias,  unprotestant  conA^ertipar 
le  P.  Daniel. 

(2)  Sur  la  biographie  et  la  bibliographic  de  Bern,  do  Sonis,  voir  Michel 
Nicolas,  Hist,  de  I' Acad,  protestante  de  Montauban.  Parmi  les  ouvrages  de  cet 
^criyain,  M.  Nicolas  a  cite  mais  n*a  pu  d^crire,  faute  de  Tavoir  vu,  le  suivant 
que  j'ai  sous  les  yeux :  Response  a  la  declaration  de  lean  de  Sponde  touchant 
les  causes  et  raisons  de  sapretendue  conoersion.  Par  M.  Bernard  Sonis,  pas- 
teur  de  I'Eglise  de  Letoure.  A  la  Rochelle,  par  Hietosme  Haultin,  15%,  in-8  de 
680  pp.  —  Dedicace(p.  3-7)  a  A  Madame  soeur  unique  du  roy  »,  sign^e  Bernard 
de  Sonis. 

(3)  Sur  Paul  Charles,  je  ne  puis  que  renvoyer  au  m^me  ouvrage  de  feu 
M.  Michel  Nicolas,  dont  je  ne  cite  pas  la  p.,  faute  deTavoir  actuellement  sous 
la  main. 

(4)  Le  P.  ApoUinaire  d^crit  tr^s  bien  ce  vol.,  mais  je  crois  devoir  indiquer 
avec  quelque  detail  les  pieces  satiriques  ou  laudatives  plac^es  ^  la  fin,  qu'il  n'a 
signaiees  qu'en  gros  :  Deux  morceaux  latins  en  prose  et  une  epigramme  en 
4  distiques  centre  le  mddecin  Gassion,  sign^e  «  Cloche  a  S.  Sever  »;  stances 
fran^ses  centre  le  m^me,  par  Z.  de  Cloche;  une  pi6ce  en  vers  phaleuques  et 
deux  epigr.  latinos,  sign^es  «  Petrus  Largede  San  Seueranus  »;  deux  epigr.  lat., 
toujeurs  sur  le  m^me  siijet,  de  I.  Marreins;  stances  au  H.  P.  Daniel  sur  la  dispute, 
signees  a  Sebastien  de  Pague,  doct.  et  advocat  au  Pari,  de  Thoulouse  »;  epigr. 
grecque,epigr.  latine,  distique  fran^ais,  quatrain  frauQ.  et  sonnet  centre  Gassion, 
de  «  Lafite  religieux  bened.  9;  stances...  6n/aoear  de  Charles  (ironiquem.), 
signees  Cloche,  sieur  de  la  Hitte;  quatre  epigrammes  latinos,  deux  quatrains 
frangais,  treis  epigrammes  grecques  et  un  sennet  de  S.  de  Pague;  un  ana- 
gramme  avec  deux  dist.  latins,  sign^s  F.  £.;  un  sennet  et  un  quatrain  fr.  de 
P,  S.  Scribe;  un  sennet  de  S.  de  Pague;  une  epigr.  latine  et  une  en  grec  par 


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—  87  — 

J'ai  sous  les  yeux  ces  deux  gros  bouquins,  ou  s'italent  une  connais- 
sancedestexteset  unevigueurd*argumentation  bienfeites  poureflfrayer 
leslecteursdenotresitele.  Mais  je  ne  connais  que  par  le  P.ApolUnaire 
(qui  lui-m6me  se  r6f6re  k  Bernard  de  Bologne)  une  lettre  latine  i  Yiv^ 
que  de  Carpentras  sur  une  conference  publique  faite  k  Nimes  (Aven., 
1625,  in-8«).  Les  Annales  de  Tordre  citent  encore  un  travail  bien  plus 
considerable  du  savant  P.  Daniel :  des  commentaires  sur  Ezfehiel, 
qui.restferent  manuscrits,  faute  d'argent  pour  en  procurer  Timpression. 

La  science  des  saintes  Eoritures  et  de  la  langue  h^braique  ne  p^rit 
pas  avecluicheznosCapucins.Le  P.  C6lestin  de  Mont-de-Marsan, 
sucoessivement  professeur  de  philosophic  k  Bfeiers  (1620-1623)  et  de 
thtelogie  k  Bordeaux  (1623-1628),  maltre  des  novices  k  Toulouse  (1629- 
1633),  gardi;en  k  Villefranche  (1632-1635)  et  k  Condom  (1633-1638), 
mort  k  Bordeaux  en  1650,  s'est  fait  un  nom  dans  Tex^gtee  par  sa 
Clavis  Daoid  sive  Arcana  Scripturce  aacrce  (Lugd.,  1639,  in-f®), 
repertoire  fort  savant  et  fort  bien  ordonndde  tout  ce  qui  conoeme  Tdru- 
dition  biblique  (1).  Le  P.  Apollinaire  n'a  pu  renconlrer  jusqu'iciaiicun 
des  six  autres  ouvrages  de  ce  docte  et  pieux  Capucin,non  pasmftme 
son  Cursus  theologicus  (en  2  vol.  in-fol.),  ou  6tait  d^montre  Taccord 
de  saint  Thomas  et  de  saint  Bona  venture,  II  n'a  pu  en  citer  que  le  titre 
d'apr6s  les  bibliographes  de  Tordre,  ses  pr6d6cesseurs  (2). 

Ces  grands  travaux  et  ces  gros  volumes,qui  d^concertent  notre  16gfe- 
ret6,  ne  concernaient  pas  toujours  la  pure  th6ologie.  Ainsi  I'histoire 
religieuse  n'a  pas  a  d6daigner  la  belle  Deacriptio  chorographica  om-^ 
nium  provinciarum  et  conventuum  religionis  capuccinorum  (in-4® 
oblong),publi6  k  Rome  en  1643,avecderemarquablesgravures,et  dont 
les  auteurs,  le  P.  Bernard  de  Bordeaux  et  le  P.  Maxime  de  Guerchin, 
furent  aid6s  par  notre  compatriote  le  P.  Louis  de  Montreal.  A  oette 
epoque,  malgr6  le  z^le  apostolique  qui  pou^sait  au  loin  nos  Capucins 
missionnaires,  ils  avaient  toujours  souci  de  leurs  annales  et  de  This- 

P.  Sabatier;  des  stances  au  P.  Daniel,  de  D.  S.  Laflte,  religieui  b6n6diotin; 
deux  poesies  latines  adress^es  au  meme,  par  R.  Cloche,  et  un  anagranune  avec 
deux  quatrains  sign 6s  F.  E.  centre  Paul  Charle  [Parle  cheoal],  —  Tout  cela 
est  loin  d'etre  bon,  mais  indique  pourtant,  dans  un  milieu  provincial,  une  culture 
litt^raire  bien  remarquable. 

(1)  On  me  permettra  de  dire  ici  que  le  savant  professeur  d'Ecriture  salnte 
dont  rinstitut  catholique  de  Toulouse  ddplore  la  perte  r^cente,  Tabb^  Jacques 
Thomas,  h  qui  j'avais  eu  le  plaisir  de  communiquer  mon  exemplaire  de  la  Cla- 
ols  Dacid,  ^prouvait  une  vraie  admiration  pour  T^rudition  orientale  et  sp^cia- 
lement  thalmudique  et  rabbinique  de  cetouvrage  trop  oubli6. 

(2)  Comme  il  n*y  a  pas  de  date  indiqu^e  dans  Bern .  de  Bologne  pour  le 
Cursus  theologicus,  je  me  demande  si  ces  deux  volumes  n*auraient  pas  €t€  seu- 
lement  pr6par<§s  pour  Timpression,  sans  avoir  ^t6  public. 


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—  38  — 

toire  de  chaeon  de  leurs  oouvents :  t&noin  ce  brave  P.  B^nigne  ou 
Bening  de  Condom  qui,  suocessivement  gardien  du  couvent  d'Auch  et 
de  celui  de  M6doux,  a  laiss6  sur  le  premier  quelques  notes  prMeuses 
et  sur  les  miracles  de  N.-D.  de  MMoux  un  registre  int^ressant;  deux 
vraies  reliques  qui  sont  aujourd'hni  entre  mes  mains  (1). 

Dans  le  dernier  tiers  du  dix-septifeme  sitele,  c'est  surtout  la  predica- 
tion qui  absorbe  Tactivit^  des  meilleurs  sujets  de  I'ordre;  alors,  par 
exemple,  Tun  des  plus  f^nds  orateurs  capucins,  le  P .  Augustin  de 
Narbonne,6vaDg6lisa  avecsucc6s  les  nouveaux  convertis  de  LaBastide 
d'Armagnac  (2).  Voici  cependant  des  capucins  gascons  de  cette  6poque 
qui  nous  ont  laiss6  d'autres  travaux  de  littirature  sacrte :  Anselme  de 
Larrazet,  gardien  et  professeur  dans  plusieurs  convents,  mort  k  Foix 
vers  la  fin  de  1684,  auteur  d'un  grand  trait6  de  la  vie  spirituelle  en 
forme  de  dialogue  (la  Deoote  Olympie,  Tolose,  J.  Pech,  1682, 2  vol. 
in^®;  mais  le  P.  Apollinaire  n'a  pu  voir  que  le  premier);  —  F^licien 
de  Mirande  :  Exercice  spiriiuel  pour  toutes  les  actions  de  lajournAe^ 
propre  aux  novices  Capucins  (1690,  vol.  ktrouver!);  —  Franqois 
de  Maul^on  (de  Soule),  grand  linguiste,  et  inventeur  d'un  systfeme 
d^orthographe  universelle  par  un  seul  caracUre,  c'est-k-dire  d'un 
syst^me  typograpbique  aujourd'hui  inconnu,  auteur  de  quatre  opuscules 
frangais  d'instruction  chr6tienne  et  de  pi6t6,  dont  le  P.  Apollinaire 
n'a  pu  donner  que  les  titres.  — 11  seraitbien  plus  int^ressant  de  retrou- 
ver  Touvrage  f ran^ais  sur  les  enqu^tes  centre  les  sorciers  et  sorci^res, 
public  par  ordre  du  premier  president  du  Parlement  de  Navarre  par  le 
P.  Anselme  d'Oloron,  en  1673,  et  dont  on  ne  connatt  pas  un  seul 
exemplaire. 

II  faut  placer  au-dessus  de  ces  auteurs  d'occasion  le  P.  Calixte  de 
Saint-Sever,  qui  sembla  h^riter  des  gouts  studieux  du  P.  Daniel  son 
compatriote.  Mais  ce  f ut  la  predication  et  I'enseignement  de  la  th^ologie 
qui  eurent  ses  preferences  et  I'absorbferent  tout  entier.  II  mourut 
en  prechant  le  careme  en  1672  k  Vic-Fezensac,  laissant  apr^s  lui, 
comme  souvenir  de  son  enseignement  theologique,  trois  in-f^  sous  le 
titre  de  Pastor  apostolicus  sive  theologia  pastoralis  (Lugd.,  Ph. 
Bordes,  1658)  et  deux  traites  moins  volumineux :  De  prceceptis  Decor- 
logi  et  EcclesicBy  Depeccatis  septem  mortalibus  (ibid.  1669). 

(1)  J*ai  cit^,  presque  au  d^but  de  cet  article,  deux  fragments  du  m^.moire  sur 
le  couvent  d'Auch.  Quant  aux  notices  sur  M6doux,  j'en  ai  parl^  dans  la  R.  de 
Gasc.  de  1887  (t.  xxmii,  p.  471;,  en  rendant  compte  d'une  monograpbie  de 
M.  I'abb^  Tb4as. 

(2)  Voir  la  dddicace  de  J^sus-Christ  dans  VEucharistie  (Toulouse,  1689). 
Cf.  R.  de  G..  1880,  xxi,  167-8. 


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—  39  — 

L'activit61itt6raire  et  religieuse  de  Tordre  dimmuesensiblementdans 
la  premiere  moitid  du  dix-huiti6me  sitele.  On  cite  seulement  comme 
dcrivainsde  oette^poque  parmi  nos  compatriotes  :  Iren^ie  du  Brouilh, 
mort  saintement  k  Bordeaux  en  1740,  auteur  d'une  Dissertation  (k 
retrouver)  oil  il  prouvait  que  la  sainte  communion  ne  devait  pas  ^tre 
refuse  aux  condamnfe  k  mort;  —  Antoine  de  Laguian,  mort  plus 
qu'octoginaire  k  Marmande  en  1731, auteur  d'un  livrede  devotion  dont 
on  ne  connait  m^me  pa&  le  titre,  —  et  celui  qui  nous  a  transmis  les 
noms  de  ces  deux  saints  religieux,  le  P.  Louis  de  Miradoux,  6crivain 
in6dit  et  pourlant  plus  heureux,  puisque  son  Abr6g6  de  I'histoire  de 
la  province  des  Capucins  d'Aquiiaine  recueilli  Van  1745^  subsists 
en  bon  lieu,  chez  M.  Osmin  Massias,  k  Longueyille»  pr6s  Marmande; 
malheureusement  cet  essai, dont  le  P.  Apollinaire  a  pris  une  copie  pour 
la  Biblioth^ue  des  Capucins  de  Paris,  est  bien  maigre,  soit  dans  la 
partie  historique  proprement  dite,  soit  dans  les  biographies. 

Nous  voici  arriv6  au  plus  connu,  au  seul  populaire  des  toivains 
capucins  de  notre  pays.  Le  nom  du  P.  Ambroise  de  Lombez  rappelle 
aux  personnes  pieuses  les  legons  les  plus  solides,  les  plus  sens^  et 
les  plus  rassurantes  pour  les  6preuves  de  la  vie  spirituelle.  Le  doux  et 
sage  auteur  des  deux  trait^s  dela  Paix  ini^rieure  {17b7)  et  de  la  Joie 
de  Vdme  chr^tienne  (1779)  a  6t6  assur^ment  un  des  grands  bienfaiteurs 
des  &mes  k  la  fin  du  dernier  si6cle  et  encore  dans  celui-ci;  il  a  temp6r6 
la  rigueur,  Taust^rit^  attristante  qui  de  Ticole  du  Port-Royal  s'6tait 
plus  ou  moins  insinute  dans  presque  toutes  les  regions  de  la  piit6 
frangaise;  il  a  &i&  pour  nous  le  Doctor  consolatorius  que  fut  Gerson 
pour  d'autres  temps  non  moins  6prouv6s.  Pour  connaltre  k  fond 
Tesprit  el  les  tendances  de  son  saint  ordre  dont  il  fut  Tinterprfete  le  plus 
autoris6,  il  faut  surtout  lire  ses  Lettres  spirituelles  (1766),  ou  il  dit  leur 
fait  aux  divers  pr6jug6s  de  son  sifecle  en  mati^re  de  pi^ti  et  mfeme  de 
doctrine.  Mais  je  n^insiste  pas,  precis^ment.  parce  qu'il  y  aurait  trop  k 
dire;  que^  d'ailleurs,  le  P.  de  Lombez  a  itA  prfeent6  aux  lecteurs  de  la 
Revue  par  M.  Jules  Frayssinet  avec  son  charme  ordinaire  (1),  etqu'on 
leur  a  recommandd  Tddition  complete  de  ses  (Euvres  donn6e  par  le 
P.  Frangois  de  B6n^jac,  avec  une  6tude  pr6liminaire  approfondie  (2), 

(1)  Voir  Reoua  de  Gasc,  de  1882  (xxiii,  539). 

(2)  Malgr6  le  soin  tout  particulier  apport4  h  Tart,  du  P.  Ambroise  par  sou 
savant  confrere,  je  constate  qu'il  n*a  pas  vu  les  deux  premieres  Editions  de  la 
Paiw  inUrleurCy  que  je  possMe  Tune  et  Tautre  et  dont  voici  la  description :  — 
«  Traits  de  la  paix  interieure  en  quatre  parties.  Par  le  P.  Ambroise  de  Lombez, 
capucin,  ancien  lectcur  de  th^ologie.  Paris,  CI.  H^rissant  fils,  1757  ».  In-12  de 
4  ft.  11.  non  cbiflr^s :  titre,  ^pitre  d^dicatoirea^  la  Reine»  (2  pp.),  preface  (4  pp.); 


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—  40  — 

8a  Viey  qui  miriterait  peut-^tre  d'Atre  reprise  k  nouveaux  frais,  d'toe 
au  moins  compl^t6e  sur  plusieurs  points,  a  ^i  pourtant  relrac6e,  non 
sans  mirite  ni  sans  difant.  par  le  P.  Leonard  d'Auch  (Toulouse, 
Desclassan,  1782),  dont  le  P.  ApoUinaire  n'a  pu  retrouver  ni  le  nom 
civil (il me sembleque  leP.  FranQoisdeB6n6jacmeradit  dans  le  temps), 
niunouvragequi  pr6c6da  de  plusieurs ana6es  la  Viedu  B. P.  AmbroUe 
deLombeZf  savoir  la  R6gle  du  troisidme  ordre  de  saint  Francois 
(Paris,  Lottin,  1769,  in-12). 

Au  P.  Ambroise  se  rattache  aussi  Philippe  de  Madiran,  simple 
frfere  lai,  qui  6criyit  sur  oe  maitre  de  la  vie  intirieure  une  notice 
encore  inidite  (1)  etipublia  ou  laissa  publier  pour  son  propre  compte 
le  Triomphe  de  la  grdce  dans  une  dme  qui  Vat/ant  perdue  la 
recouvre  dans  la  retraiie,  ou  histoire  de  soeur  Pdagie, . .  par  M.  I'abb^ 
J.  D.  C.  (Jean  Dousseau,  clerc,  neveu  et  homonyme  du  veritable 
auteur),  Montauban,  V.  Teuli^res,  1786,  in-12.  La  doctrine  de  celivre 
est  bien  d'un  disciple  du  P.  Ambroise,  mais  qui  n'a  pas  h6rit6  du 
gout  litt^raire  de  son  maitre,  t^moin  cette  recetie  spirituelle,,,  pourse 
preserver  despieges  de  Satan :  «  Prenez  quatre  livres  d'humilit4,que 
vous  infuserez  dans  trois  livres  de  mortification;  deux  livres  de  soli- 
tude et  autant  de  silence,  que  vous  distillerez  avec  quintessence  de 
patience  et  de  m6pris  de  vous-m6me,  y  joignant  une  decoction  de 
conformity  i  la  volenti  de  Dieu,  et  quatre  livres  de  douceur  d'esprit, 
que  vous  puiserez  dans  votre  fonds  (?);  k  quoi  vous  ajouterez  une 
bouteille  de  diligence,  >  etc.  etc.  (p.  173)  (2). 

—  et  505  pp.  cbifEr^es,  plus  4  fl.  contenant  la  suite  des  approbations,  le  privily 
et  2  pp.  d'errata  fort  remplies.  Cette  Edition,  quoique  moins  (Stendue  que  les 
suivantes.  compte  plus  dechapitres,laplupart  tres  courts :  la  V*  partie  a  11  chap, 
au  lieu  de  8;  la  2%  8  au  lieu  de  7;  la  3«.  19  au  lieu  de  14.  —  «  Traits...  seoonde 
Edition,  revue,  corrig^e  et  augment^eparTauteuret  mise  dans  un  meilleur  ordre. 
Paris,  CI.  H^rissantflls,  1758. » In-12  de  4  ff.  11.  (comme  k  la  1"  M.,  sauf  unAcer- 
tUaem,  sur  cette  2«  M.  k  la  fln  du  dernier  verso)  et  451  pp.  chifih'des,  plus  4  pp. 
non  ch.  pour  le  restant  des  approbations,  la  table  et  un  errata  de  4  lignes.  —  Le 
P.  ApoUinaire  rapporte  des  plaintes  relatives  aux  contrefaQons  de  ce  livre.  J'en 
ai  une,  presque  en  tout  semblable  k  la  vraie  2*  (Edition  que  je  viens  de  ddcrire, 
sauf  qu'elle  est  moins  bien  imprimde  (probablement  k  Toulouse)  et  qu'elle  ne 
pr^sente  ni  Verrata  final,  ni,  h.  la  suite  de  VAoertissement,  la  signature  manus- 
crite  «  fr.  Louis  de  Poix.  » 

(1)  M.  I'abb^  Th^as  a  parl^  dans  sa  monographie  de  N.-D.  de  M6douw  (p. 
147-148)  de  cette  notice,  dont  le  P.  ApoUinaire  ne  ditrien;  il  nous  apprend  qu'elle 
existe  encore  chez  un  des  membres  de  la  famille  de  Tauteur,  M.  Daries,  cur6 
d'Artagnan. 

(2)  Ces  m^taphores  bizarres  6iaient  regard^es  par  les  mauvais  plaisants 
comme  caraot^ristiques  de  la  litt6rature  des  capucins.  Voyez,  k  Tappui,  une 
charge  burlesque,  invent^e  ou  recueillie  par  le  b^n^dictin  Donj  Jacques  Boyer 
(cit^  pzx  M.  T.  de  L.,  Reoue  de  Gasc,  de  1887,  t.  xxvui,  p.  237).  U  n'y  a  gu6re  de 


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Le  mauvais  gout  est  malheureusement  peu  compensi  par  la  soliditi 
de  la  doctrine  dans  les  ceuvres  d'un  auteur  capucin  qui  ^rivit  davan- 
tage  et  fit  plus  de  bruit,  le  P.  Fiddle  de  Pau,  dont  les  ouvrages  d'apolo- 
g^tique,  le  Chretien  par  le  sentiment  {1764, i  vol.  in-12),  Ze  Philosophe 
ditht/rambique  (1765),  Caraci^res  ou  religion  de  ce  sidcle  (Bordeaux, 
1768)  et  I*  Homme  enrichidu  tr^sorde  la  v^rit^  (1778,2  v.), off  rent  plus  de 
declamations  que  d'arguments  solides.  Quant  k  son  Oraison  funebre 
du  Dauphin  (1766),  elle  eut  un  succ^s  de  fou  lire  dont  on  trouve  le 
t^moignage  dans  les  recueils  du  temps  et  qui  obligea  de  la  supprimer, 
ce  qui  ne  I'emp^ha  pas  d'avoir  quatre  ^itious  au  lieu  d'une  !  —  II 
serait  d'ailleurs  fort  injuste  de  juger  par  cet  excentrique  la  predication 
des  capucins  du  temps.  Le  grand  orateur  sacr^  de  nos  provinces  etait 
alors  le  P.  Cl^iment  d'Ascain,  plusieurs  fois  provincial  d'Aquitaine, 
mort  en  1781  apres  avoir  prftch^  ime  cinquantaine  d'anndes  avec  un 
succte  sans  d6faillance.  «  On  Tavait  vainement  press6,  dit  un  de  ses 
contemporains,  de  publier  ses  sermons  :  on  ne  put  jamais  fl6chir  sa 
modestie.  » 

La  p^riode  r6volutionnaire,  qui  porta  la  desolation  dans  tons  les 
cloltres,  nous  fournit  un  seul  nom  d'ecrivain  :  frfere  Joseph  de 
LAHiTTE-ToupiifeRE,  qui  continua  ses  Iravaux  de  missionnaire  pen- 
dant les  plus  mauvais  jours  et  desservit  deux  ou  Irois  paroisses  des 
Basses-Pyrenees  sous  le  nom  de  Jean  Sempe.  II  avait  fait  imprimer  k 
Auch,  dbs  le  26  octobre  1791,  une  Lettre,..  sur  plusieurs  points 
de  dogme  et  de  discipline;  ses  publications  posterieures,  faites  &  Les- 
car  et  k  Pau,  interessent  directement  Thistoire  religieuse  de  la  revo- 
lution dans  cette  conlree,  histoire  que  nous  laisserons  retracer  par  les 
consciencieux  redacteurs  des  Etudes  du  diocese  de  Bayonne. 

Je  ne  suivrai  pas  au-del^  de  ce  terme  douloureux  le  travail  du  P.  Apol- 
linaire,  qui  ne  fournit  d'ailleurs  aucun  nom  d'ecrivain  gascon  p<5ur  la 
periode  contemporaine.  Je  ne  m'elendrai  pas  non  plus  sur  les  m6rites  de 
cet  ouvrage  capital. 11  offre  des  lacunes  nombreuses  mais  pour  la  plupart 
inevitables  (1),  soit  dans  la  bibliographic,  soit  dans  la  biographic;  il  n'en 

doate  que  le  «  P.  Abacuc  de  Lombez  *  et  ses  ^tranges  m6tapbores  ne  soient  une 
pure  fiction.  Apr^s  cela,  si  le  gout  des  pointes  a  dur^  peut-dtre  plus  longtemps 
qu'ailleurs  cbez  les  orateurs  capucins,  cela  pourrait  tenir  ^  leur  aitachement  aux 
anciens  auteurs  de  leur  ordre;  c'est,  en  tout  cas,  unelouable  fid^lit6  k  leurs  tra- 
ditions domestiques  qui  les  a  prdserv^s  k  peu  pres  completement,  dans  les  deux 
derniers  siecles,  de  nouveaut^s  religieuses  funestes  ou  suspectes. 

(1)  Parmi  celles  qui  seraient  aisles  h  combler,  je  signalerai  Tabsence  des 
Recueils  de  cantiques  frangais  et  palois,  publics  par  les  capucins,  pour  leurs 
missions,  dans  diflerents  diocej^es  du  Midi.  On  trouvera  les  tilres  de  deux  dans 


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—  42  — 

r^unit  pas  moins  sous  une  forme  tr6s  m^thodique  une  masse  ^orme 
de  renseignements  rares,  presque  toujours  trfes  dispersfe  et  malaisfe 
k  atteindre.  Les  descriptions  bibliographiques  en  sont  parfaites  et  les 
notices  k  la  fois  substantielles  et  6l6gantes,  sauf  quelques  incorrections 
faciles  k  corriger  (1).  C'est  aux  chercheurs  de  province,  en  s'aidant 
des  secours  que  leur  fournissent  les  recherches  du  savant  religieux,  de 
lui  procurer  k  leur  tour  les  notions  <iui  lui  ont  6chapp6  sur  T^tat  civil 
et  sur  la  vie  religieuse  desterivains  capucins  de  leur  pays,et  avant  tout 
les  livres  de  ces  raodestes  auteurs  sur  lesquels  il  n'a  pu  encore  mettre 
la  main,  mais  qui  peuvent,  un  jourou  Tautre,  se  renoontrer  dans  quel- 
que  vieille  biblioth^ue  et  m6me  dans  les  lots  de  rebut  des  bouquinistes 
et  des  chifiEonniers. 

Leonce  couture. 


Origifie  de  TAsile  de  dbiI  de  la  cath^drale  d'Auch 

A  propos  de  la  r&ente  et  int4ressante  communication  de  M.  Tabbi 
de  Carsalade  sur  un  asile  de  nuit  k  la  cath6drale  d'Auch  en  1444  (tome 
XXXIV,  p.  470),  nous  croyons  devoir  citer  quelques  faits  qui  permet- 
tent,  pensons-nous,  de  consiater  Torigine  de  cet  asile. 

Vers  le  milieu  du  xi®  sifecle,  et  k  r6poque  de  saint  Austinde  (1050- 
1068),  vivait  dans  le  diocese  d'Auch  un  noble  et  puissant  chevalier, 
G6raud,  seigneur  de  Tlsle-d'Arbeissan  (plus  connue  aujourd'hui  sous 
le  nom  de  risle-de-No6).  II  avait  6pous4  Aziuelle  de  Lomagne,  fille 
d'Othon  de  Lomagne  et  propre  ni^ce  de  Bernard  Tumapaler,  comte 
d'Armagnac  (2).  On  le  retrouve  en  1060  signant,  en  presence  de  saint 
Austinde,  une  charte  relative  au  monast^re  de  Pessan(3).  II  mourut 

VAppendice  bibliographique  de  VEssai  sur  VhistoLrc  lUUrairo  des  patois  du 
mldi  do  la  France  au  XVIII'  sldcle,  par  le  D'  Noulet  (Paris,  Maisonneuve, 
1877,  in-8»),  nn.  302  et  309;  et  j'en  ai  rencoiitr6  d*autres. 

(1)  Celles  qui  peuvent  offrir  de  vrais  inconv^nients  concernent  les  denomi- 
nations g6ographiques.  Le  savant  religieux  traduit  Tarbespar  Aquce  tarbellicas, 
qui  est  le  nom  de  Dax  (p.  99;  A  la  p.  45,  il  a  cent  Doo?  sous  la  forme  fran^aise); 
Tarbes  est  Tarba,  dontl'adjectif  est  tarbensis.  11  est  vrai  qu*au  xvi«  si6cle,  plu- 
sieurs  latinistes,  entre  autres  le  toulousain  Pierre  Bunel,  ont  fait  cette  confu- 
sion, mais  leur  erreur  est  ind^niable.  —  A  la  p.  81,  Tauteur  s'^tonne  de  Tadjectif 
mausolensis  employ^  par  Bern,  de  Bolognepour  «  de  Maul^on;  »  il  fallait  sans 
doute  Mauleosolensis;  c'est  le  titre  d'origine  qu*a  joint  k  son  nom  en  t^te  de 
son  Homere  Jean  de  Sponde,  de  Maul(^on  de  Soule.  (En  tete  de  Tabr^g^  de 
Baronius  par  Henri  de  Sponde,  «^v6que  de  Pamiers,  frere  du  pr^c^dent,  il  est 
qualifl6  Mauleonenscs.) 

(2)  Cartul.  jns.  de  Saint-Mont,  x,de  Correntiano. 

(3)  Chron.  de  dom  Brug^les,  Preuves  de  la  2"  p.  p.  38. 


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—  43  — 

peu  de  temps  aprte;  car  Azinelle  de  Lomagne  ^pousa  dans  la  suite,  en 
2es  Qi  368  noces,  Bernard,  seigneur  de  Fourc&s  en  Condomois,  son 
cousin;  puis  G^raud  II,  fils  de  Bernard  Tumapaler  et  oomte  d'Arma- 
^ac  (1070-1090  environ),  son  autre  cousin  (1).  Quelque  temps  avant 
sa  mort,  il  avait  6tabli  une  fondation  pieuse  destine  k  fournir  les  frais 
de  rhuile  qui  bruiait,  durant  toute  la  nuit^  dans  une  lampe  ^lairant  le 
dortoir  des  chanoines  d'Auch.  Le  fait  est  attest^  par  une  cbarte  du 
2*  cartulaire  Wane  d'Auch,  rMigte  sous  TarcbevAque  Hispan  de  Massas 
(1245-1261),  laquelle  rappelle  la  donation  ancienne  de  G6raud  d'Ar- 
beissan  et  loue  sa  m^moire.  Voici  ce  texte  qui  est  in^it : 

Cum  Geraldua  de  Arbeiasano,  miles y  bone  memorie,,,^  coniulerit 
Vsolidos  morlanorum  annuatim  super  decimam  ecclesie  de  Bicnau 
(Vicnau,  annexe  de  Miramont,  canton  de  Mirande,  prfes  I'lsle-d'Ar- 
beissan  ou  de  Noi)  Capitulo  Axixitano  presenti  eijuturo  ad  hoc  ut 
semper  arderet  de  node  lampas  in  dormiiorio  canonicorum  auxita- 
norum,  tandem  verd post  elapsum  multorum  annorum,  etc...  Factum 
est  hoc  domino  Ispano  archiepiscopo  auxitano  (2). 

Or,  la  maison  et  le.cloltre  des  cbanoines  d'Auch,  dont  les  premiers 
fondements  avaient  6t6  jetfe  par  le  prM6cesseur  de  saint  Austinde, 
Tarchev^que  Raymond  Coppa,  furent  continues  et  menis  k  bon  terme 
sous  r^piscopat  du  saint  pontile  et  par  ses  soins.  Le  dortoir  des 
chanoines,  avec  la  lampe  de  G6raud  d'Arbeissan,  date  done  du  temps 
de  saint  Austinde,  c'est-i-dire  de  la  fondation  m6me. 

Ce  dortoir  est  mentionn^  de  nouveau  dans  un  acte  des  environs  de 
Tan  1200,  rappelant  les  ravages  qu'avait  causfe  k  Auch,  dans  les 
maisons  archi^piscoj^les  et  canoniales,le  comte  d' Armagnac  Bernard  IV 
(1160-1180).  II  y  est  dit  que  les  gens  d'armes  du  terrible  comte  enle- 
vferent  du  dortoir  et  de  Tinfirmerie  des  chanoines  vingtHjuatre  lils. 

Plus  tard,  et  peu  k  peu,  les  cbanoines  abandonnferent  leur  dortoir  et 
pr61ud^rent  k  leur  s&ularisetion  en  se  logeant  plus  commod6ment  dans 
des  chambres  ou  des  cellules  particuliferes.  Le  vieux  dortoir  devint 
sans  doute  alors  un  lieu  d'hospitalit^  pour  les  pelerins  et  les  passants 
pauvres,  d'aprfes  le  document  rappel6  par  M.  I'abb^  de  Carsalade. 

A-  BREUILS. 


(1)  Cartul.  de  Saint-Mont. 

(2)  2*  cartul.  blanc,  aux  Archives  depart,  du  Gers. 

(3)  Monlezun,  HisU  de  la  Gasc,  t.  vi,  p.  408. 


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SOIREES  ARCHEOLOGIQUES 

AUX    ARCHIVES    d6pARTEMENTALES 


Suite  de  la  Seance  du  4  Septembre  1893 


Int^rieur  d*un  chateau  gascon  au  xni«  si^cle 

M.  de  Carsalade  fait  ensuile  la  communication  suivante : 
Les  quelques  chateaux  gascons  du  xui®  si6cle  qui  ont  r6sist6  au 
temps  et  k  la  main  des  hommes,  nous  apparaissent  aujourd'hui  comme 
des  forteresses  n'ayant  eu  d'autre  destination  que  celle  d'abriter  une 
garnison.  L'id6e  qu'une  famille  ait  pu  vivre  dans  ces  murs,  s'y  perp6- 
tuer,  y  ressentir  ces  sentiments  qui  s'appellent  ramour,le  d6vouement, 
la  paternity,  Taffection  filiale,  na!t  avec  peine  dans  Tesprit  du  touriste 
moderne.  Ces  cMteaux  sont  g^n^ralement  construits  sur  un  plan 
rectangulaire,  ayant  une  tour  k  deux  de  leurs  angles.  L'acc^s  en  est 
difficile,  l6s  ouvertures  rares,  6troites  et  mal  perc^s  laissent  p6n6trer 
un  jour  douteux,  les  divisions  int^rieures  peu  nombreuses  se  rMuisent 
souvent  k  une  grande  salle,  oil  le  personnel  du  chateau,  maltres  et 
valets,  vit  en  comroun.  Dans  ce  temps  ou  la  condition  militaire  6tait 
celle  du  possesseur  de  fief,ou  Ton  vivait  pour  ainsi  dire  k  main  arm^, 
beaucoup  plus  aux  champs  quechez  soi,legentilhomme  ne  connaissait 
gufere  ce  que  Ton  appela  plus  tard  le  confort  de  la  vie.  Tout  6tait 
simple,  austere,  autour  de  lui;  rint6rieur  de  son  habitation  ne  difif^rait 
gu6re  de  celui  de  la  maison  de  son  vassal,  fut-il  m6me  un  haut  et 
puissant  seigneur.Le  document  que  je  vais  (*iter  nous  en  est  une  preuve. 
Odon  de  Franx,  seigneur  de  Castelnau-d'Arbieu,  coseigneur  de 
Biv^,  de  Cadelhan,  de  Sdran,  de  Miramont,  de  Gavarret,  de  Tlsle- 
de-Lomagne,  etc.,  mourut  en  1289,  laissant  la  tutelle  de  ses  six 
enfants,  Arbieu,  Odon,  Guillaume,  Arnaud,  Aymeric  et  Aynard,  ^un 
des  plus  grands  seigneurs  d'Armagnac,  Aymeric,  baron  de  Montes- 
quieu. Le  3  juin  1289,  le  baron,  apres  avoir  fait  le  signe  de  la  croix, 
precede  k  Tinvenlaire  des  biens  de  ses  pupilles.Le  mobilier  du  chateau 
est  trfes  simple  :  Sept  tables,  deux  bancs,  six  arches,  deux  coffres,  deux 
tr^pieds,  un  blutoir,  trois  tamis,  trois  muids,  quatre  chaudiferes,  trois 
chaudrons,  dix-huit  tkjuelles,  douze  assiettes,  cinq  bouteilles,  deux 


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—  45  — 

bassines,  quatre  couettes,  sept  coussins,  neuf  draps  de  lils,  cinq  couver- 
lures,  trois  nappes. 

Voici  maintenant  les  hamais  de  guerre :  Un  chapeau  de  fer,  trois 
pourpoints,  un  haubert,  trois  boucliers,  six  arbal^tes,  deux  paires  de 
bousses  de  cheval,  six  courroies  d'arbal^tes,  cent  carreaux^  une  6p6e. 
Nous  laissons  de  c6t6  la  basse-cour,  la  cave. 

Si  Ton  rapproche  de  ce  mobilier  si  simple,  je  dirai  m6me  si  paysan,  la 
longue  Enumeration  des  seigneuries,  des  fiefs,  des  redevances  ftedales 
qui  termine  Tinventaire  des  biens  du  gentilhomme  d^funt,  on  reste 
Etonn6  de  tant  de  simplicity  k  c6t(^  d'une  si  grande  richesse. 

In  nomine  Domini  nostri  Jhesus  Christi.  Cum,  ob  doli  maculam 
evitandam,  omnisqiie  fraudis  suspicionem  tollendam  et  ne  bona  mino- 
rum,  elapsu  temporis,  depereant,  idcirco  tutores  et  curatores  de  bonis 
et  rebus  eorum  inventarium  sive  repertorium  facere  teneantur secundum 
legilimas  sanctiones.  Ideo,  in  Dei  nomine,  dominus  Aymericus  de 
Montesquivo,  miles,  tutor  Arbiy,  Hodonis,  Guillelmi,  Arnardi,  Aymerici 
et  Aymardi,  filiorum  quondam  Hodonis  de  Franx,  domicelli,  facto  a 
sua  propria  manu  signo  venerabilis  sancte  crucis,  infra,  tempus  legiti- 
mum  de  bonis  et  rebus  dictorum  filiorum  repertorium  sive  inventarium 
facere  procuravit  in  hunc  modum  : 

In  primis,  prenominatus  dominus  tutor  manifestavit  se  invenisse  in 
bonis  dictorum  filiorum  domini  Hodonis  quondam  decern  conquas  fru- 
menti,  quinque  conquas  de  milio... 

Item,  septem  tonellos  sive  dolios,  sine  vino. 

Item,  quingentos  solidos  tolosanos,  in  quibus  dominus  Guillelmus 
Arnardus  de  Labatud,  canonicus  in  ecclesia  Auxitana,  dictis  pupillis 
solvere  tenebitur,  pro  quodam  equo  qui  fuerat  dicti  Hodonis  de  Fran- 
quiis  quondam;  quem  equum  dictus  canonicus  vendiderat,  ut  ibi  dictum 
fuit. 

Item,  duodecim  inter  porcos  et  sues. 

Item,  septem  pulvinaria,  quatuor  culcitras,  novem  linteamina,  tres 
banoas,  quinque  flaciatos,  duos  bancos. 

Item,  unum  capellum  de  ferro. 

Item,  tres  perpuntos,  unas  camberias  et  unas  cuseyras,  de  quibus 
perpuntis  impignoraverat  unum  Guillelmus  de  Montealto,  nuncius 
domine  vicecomitisse  Fezensaguelli. 

Item,  unum  ausberg,  quod  Guillelmus  de  Duroforte  dictis  pupillis 
ex  causa  mutui  resiituere  tenebatur,  ut  ibi  dictum  fuit. 

Item,  manifestavit  dictus  dominus  tutor  se  invenisse  in  bonis  dic- 
torum pupillorum  tres  clipeos  sive  scutos,  sex  arcos  balistos. 


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—  48  — 

Item,  tres  oves,  tres  agnos,  decern  capras. 

Item,  duodecim  inter  gallinas  et  galinatos. 

Item,  quatuor  calderias  et  tres  payros  et  unam  cosam. 

Item,  sex  areas  et  duas  caysas. 

Item,  X  et  viii  scutellas  et  xii  inter  discos  et  grasaletos. 

Item^  duos  tripodes. 

Item,  duo  paria  cubertarum  equi  de  panno. 

Item,  duo  cocenallos  et  unas  molas. 

Item,  sex  corigias  balistarum  et  c.  cayretz. 

Item,  unam  graziliam,  septem  tabulas,  duo  ponderia  seu  saumata 
lini  et  unam  petram  lane  et  unum  agracerium,  tres  cedasos,  unumbaru- 
tellum,  tres  mayts,  unam  patellam  de  crupo,  duos  portaderios,  duos 
barillos,  v  bocellos,  unam  ensem,  tres  mappas,  vii  anceres. 

Preterea,  prenominatus  dominus  tutor  recognovit  se  invenisse  in 
bonis  dictorum  filiorum  Hodonis,  apud  Castrum  novum  de  Narbiu, 
quamdam  aulam  de  lapide  et  partem  quam  habebant  in  diclo  castro  et 
in  pertinenciis  ejus. 

Item,  duas  vineas,  quarum  unam  esse  asseruit  in  terratorio  dicti 
castri,  inter  vineam  Geraldi  de  Sanctio  et  vineam  Garsie  de  Elisone  et 
carrieras  publicas;  et  aliam  inter  vineam  Ramundi  de  Rangerds  et 
vineam  Ramundi  de  Petra. 

Item,  medietatem  unius  prati,  quod  est  inter  campum  Amardi  de 
Bruhemonte  et  oarreria  publica,  quod  pratum  habebant  per  indiviso 
cum  domina  Albapar  (1). 

Item,  XXX*  solidos  quos  habebant  dicti  pupilli  de  feodis  apud  dictum 
Castrum,  vel  in  eis  pertinenciis. 

Item,  medietatem  terre  culte  et  inculte  quam  habent  per  indiviso 
cum  dicta  domina  Albapar;  que  terra  est  in  loco  vocato  terra  del  Bos, 
que  terra  est  inter  terram  dicte  domine  et  pratum  dictorum  pupillorum 
et  carreria  publica  et  terram  Amardi  de  Bruhemonte. 

Item,  quamdam  peciam  terre  que  est  ad  locum  appellatum  «  a  las 
fontas  » inter  terram  Amardi  Elisonis  et  terram  deu  Calyesa  et  fratnim 
suorum. 

Item,  CL  conquas  Lactorenses  de  agrariis  in  terratorio  dicti  castri. 

Item,  ad  locum  qui  appellatur  Dirt6,  sexta  parte  de  agrariis  et  de 
decima  ex  una  parte  et  ex  alia  parte  quartum,  una  cum  domina 
Albapar. 

Item,  apud  Sanctmn  Clarum,  medietatem  in  terris,  et  de  feodis  xv 

(1)  Albapar  de  Franx  de  Labatut,  dame  en  pftrtle  de  Castelnau-d'Axbieu,  avait 
^pous6  Gaiin  de  Montaut,  seigneur  de  Gramont. 


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—  47  - 

solidos  morlanos;  dixit  tatnen  dictus  tutor  quod  hoc  de  dicto  Sancto 
Clario  erat  impignoratum  monasterio  et  fratribus  de  Figareda  (1). 

Item,  ad  locum  de  Comaolla,  cl  solidos  morlanos  de  feodis  et  xl 
conquas  bladi,  ad  mensuram  Altivillaris;  dixit  tamen  dictus  tutor 
quod  hoc  erat  impignoratum  domine  Aysie,  sorori  quondam  dicti 
Hodonis. 

Item,  apud  castrum  de  Viveriis  (2),  duos  mayzonados  hominum 
questalium  et  feoda  et  decimas;  dixit  tamen  quod  nesciebat  quot.  Dixit 
insuper  dictus  tutor  quod  hoc  et  alios  reditus  quod  habebant  sen  habere 
debebant  dicti  pupilli  apud  Cadelhanum,  erat  impignoratum  monas- 
terio de  Figareda, 

Item,  dixit  se  invenisse  in  bonis  predictis  duos  solidos  et  dimidium, 
quod  habebant  de  serviciis  sen  de  feodis  dicti  pupilli,  apud  Malum- 
viciuum  et  quosdam  agrarios.  Dixit  insuper  quod  dominus  Hodo  hos 
impignoraverat  magistro  Petro  Tarii. 

Item,  dixit  se  invenisse  in  bonis  predictis  quod  dicti  pupilli  habe- 
bant apud  castrum  de  Labana,  in  reditibus,  unam  oonquam  bladi  et 
quosdam  agrarios  et  nemora  et  terras  cultas  et  incultas. 

Item,  apud  Seranum,  unam  conquam  bladi  de  agrariis  et  plures 
terras. 

Item,  apud  Miromontem,  unam  conquam  Auxitanam  de  agrariis. 

Item,  apud  Gavarretum,  annuatim,  unam  comestionem  in  domo  de 
Carsia? 

Item,  apud  castrum  de  Miradors,  duos  solidos  et  dimidium. 

Item,  apud  Insulam  de  Lomenha,quatuorde  serviciis  quolibet  anno. 

Item,  ad  locum  appellatum  de  Franx,  duas  conquas  de  blado. 

Item,  quartam  partem  in  molendino  de  Labalere. 

Dixit  se  etiam  invenisse  dictus  tutor  in  bonis  predictis  unum  instru- 
mentum  de  vhicl  solidos  morlanos,  quos  dominus  Hodo  de  Montealto 
debet  dicto  Hodoni  vel  ejus  ordinio,  quam  cartam  scripserat  Guillel- 
mus  de  Canoas. 

Item,  quoddam  instrumentum  donatipnis  et  solutionis  factum  per 

dominum notarium  Altivillaris,  in  quo  instrumento  continebatur 

quod  Guiraudus  de  Espieto  solverat  Hodoni  de  Franquiis  et  Aynardo 
fratri  suo,  totam  illam  ....,  quod  possidebat  in  terratorio  sancti  Mi- 
chaelisde  Cast... 

Post  quod  predictus  tutor  protestatus  fuit  quod  quocies  tocies  magis 

(1)  J'lgnore  la  position  g^ographique  de  ce  monast^re.  Je  ne  connais  aucun 
lieu  en  Lomagne  portant  ce  nom. 

(2)  Biv^. 


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-^  48  — 

de  rebus  dictorum  pupillorum  ad  noticiam  suam  pervenerit  ilia  omnia 
et  singula  palam  manifestabit  et  inventarium  fieri  curabit.  Quibus  ita 
peractis,  discretus  vir  dominus  niagister  Durandus  de  Bauro,  judex 
Fezensaguelli,  presenti  inventario  signum  suum  posuit,  pariter  et  as- 
seasum  et  legitimam  aministracionem  dicto  domino  tutori  concessit. 

Actum  fuit  hoc  tercia  die  mensis  junii.  regnante  Philippo  francorum 
rege  et  Hugono  episcopo  Tholosano,  anno  incarnationis  Domini  m<^  go** 
Lxxx°  nono,  etc. 

(Archives  de  M.  le  marquis  de  Galard-Magnas,  chateau  de  Magnas, 
Gers.) 

La  liste  des  communications  6tant  termin6e,  la  Soci6t6  s'ajourne  au 
2  octobre,  date  de  sa  prochaine  reunion. 

IX 
Stance  du  2  Octobre  1893 


Pr^sideiice   de   M.   le  PRl^FET   DU   GERS 


Presents  :  MM.  Balas,  Cocharaux,  Colonieu,  Daudoux,  Bellas, 
Despaux,  Dorbe,  Lagarde,  Lozes,  a.  Lozes,  Nazaries,  D**  Sama- 
LENs,  et  DE  Carsalade,  Secretaire. 

La  stance  est  ouverte  k  8  heures  li2  aux  Archives  d^partementales. 
Un  plat  •  de  la  suite  de  Palissy  • 

M.  le  Pr^fet  dit  que  M.  Delias  lui  a  montr^  dernierement  un  plat 
trouv6  par  lui  au  chateau  d'Arcamont,  en  le  priant  d'en  faire  Tobjet 
d'une  communication  k  la  prochaine  reunion  de  la  Socidt6. 

«  Je  vais  done,  si  vous  le  voulez,  dit  M.  le  Pr^fet,  tacher  de  vous 
faire  une  description  aussi  exacte  que  possible.de  sa  deration  qui 
nous  fournira  des  renseignements  utiles  sur  son  origine  probable  et 
sur  I'usage  auquel  il  6tait  destine. 

»  Ce  plat  est  en  terre  cuite  verniss^e;  le  fond  est  colore  en  brun 
violet  16g^rement  marbr6,  les  dessins  en  relief  sont  bleu,  jaune  et 
blanc.  Nous  avons  dans  cette  coloration  une  premiere  indication  pour 
croire  qiie  nous  ne  sommes  pas  en  presence  d'un  Palissy;  en  effet,  le 
vert  est  la  (iouleur  dominante  dans  les  oeuvre^  de  Palissy. 

9  Examinez  main  tenant  son  ornementation  :  vous  voyez  au  centre 
un  lion  ayant  une  ^p6e  entre  ses  pattes  de  devant;  il  est  de  couleur 
bleu  sur  fond  ^galement  d'azur;  il  Emerge  d'un  medallion  festonne  de 
couleur  brune  comme  le  fond  du  plat.  Ce  sont  sans  doute  des  armoi- 
ries.  Autour  de  ce  lion  Ton  remarque  trois  m^daillons  ronds,  au  centre 
desquels  se  trouvent  des  quartiers  de  lune,  et,  dans  Tint^rieur  du  crois- 


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—  49  — 

sant,  on  distingue  parfaitement  une  figure  humaine.  Ces  trois  mWail- 
lons  sont  siparis  par  des  niches,  dans  lesquelles  on  distingue  des  per- 
sonnages  nus  assez  mal  dessin^s  et  qui  sont  probablement  des  saints; 
ces  niches  reposent  sur  des  rosaces  ou  fleurs  k  sept  feuilles. 

»  La  bordure  du  plat,  qui  est  festonnte,  est  d'une  ornementation 
encore  plus  riche;  elle  a  vingt-quatre  festons,  douze  grands  et  douze 
petits.  Dans  les  douze  grands  se  d^tachent  douze  figures  blanches 
entourfes  d'aurfoles  alternativement  bleues  ou  jaunes  et  enchiss^ 
dans  un  m6daillon  de  forme  ovale  et  de  couleur  brune  :  ce  sont  peut- 
6tre  les  figures  des  douze  ap6tres.  Les  douze  petits  festons,  qui  s6pa- 
rent  les  grands,  sont  formfe  par  des  rosaces  ayant  un  pen  la  forme  de 
limaQon  et  au-dessus  se  trouve  Une  ornemeniation  assez  difficile  k 
distinguer,  mais  qui  ressemble  k  des  fleurs  ou  k  des  fruits  surmontfe 
de  flammes.  Nous  trouvons  dans  les  details  de  cette  ornementation 
une  nouvelle  indication  pour  ne  pas  attribuer  notre  plat  k  Palissy.  II 
paralt  en  effet  6tabli  que  Palissy  a  surtout  reproduit  des  reptiles,  des 
coquillages,  des  poissons,  et  que  c'est  k  tort  que  de  nombreux  plats  k 
personnages  lui  ont  &i&  attribufe.  Nous  devons,  je  crois,  classer  le 
plat  de  M.  Delias  dans  ce  qu'on  appelle  la  suite  de  Palissy ^  vers  la 
fin  du  XVI®  sifecle  ou  le  commencement  du  xvii®.  Sa  coloration,  ou  le 
bran  violet  domine  et  ou  figurent  exclusivement  le  jaune,  le  bleu  et  le 
blanc,  paralt  indiquer  une  origine  m6ridionale,  peut-fttre  espagnole. 
Son  ornementation  indique  qu'il  ^tait  destine  k  Tusage  d'une  ^lise, 
ou  encore  d'une  chapelle  de  chateau;  dans  ce  cas,  le  lion  tenant  une 
6pee,  repr^senterait  les  armoiries  d'un  ch4telain,  peut-^tre  de  la  famille 
d'Arcamont^  dans  les  armes  de  laquelle  on  voit  figurer  un  lion.  > 

M.  le  Pr^fet  fail  ensuite  passer  sous  les  yeux  des  membres  de  la 
Sociit6  deux  grands  plats  d'^tain  de  T^poque  de  Louis  XIV,  qui  ont 
appartenu  k  la  famille  d'Arcamont  et  ou  se  trouvent  les  armoiries  de 
cette  famille. 

La  famille  d*Aroamont  et  ses  aroliiyet 

M.  deCarsaladedit  que  la  famille  du  Chicd'Arcamont,dontle  dernier 
repr^nlant  vient  de  mourir,  s'est  implantte  dans  ce  domaine  au  xv« 
si^le  par  une  alliance  avec  la  maison  de  La  Fitte,  une  des  plus  anoien- 
nes  d'Acmagnac. 

Sa  seigneurie  s'6tendait  sur  Arcamont,  Roquaing,  la  Roque-Fimar- 
con,  Aumensan,  Gaudoux,|Saint-Martin-Vinagre,  la  Batut  fes-Pujos, 
le  Trens,  le  Longard^  partie  de  Roquelaure;  ils  6taient,  en  outre, 
barons  de  Torrebren,  etc. 

M.  Delias  rappelle  que  c'est  k  la  famille  d'Arcamont  que  les  Ar- 
Tome  XXXV.  4 


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—  50  — 

chives  d^partementales  doivent  les  cartulaires  du  Chapitre  d'Auch, 
dfcrits  et  analyst  par  M.  Parfouru  (1).  M.  Delias  fournit  ensuite 
sur  cette  famille  et  ses  curieuses  archives  les  renseignements  suivants  : 

«  Noble  Pierre  du  Chic,  seigneur  de  Boulin,  vers  1420,  baron  de 
Torrebren,  avait  du  bien  dans  la  juridiction  de  la  ville  de  Montreal;  il 
y  avait  dans  cette  ville  une  porte  appel6e  la  porie  du  Chic,  oil  Ton 
voit  encore,  quoique  un  peu  eflPac6es,  les  annes  de  la  famille  de  Chic. 

1  Un  des  derniers  seigneurs,  Jean-FranQois-Joseph-Claude  du 
Chic  d'Arcamont,  n6  en  1728,  cut  une  lieutenance  au  regiment  Royal- 
Comtois  et  6pousa,  6tant  veuf,  demoiselle  Marie-Claire  Popon  de 
Maucune. 

>  Lors  de  T^tablissement  du  haras  au  Rieutort,  par  arrfet  du  Con- 
seil  du  13  juillet  1758,  il  fut  nomm6  commissaire  inspecleur. 

1  II  dut  k  ses  relations  avec  les  personnages  les  plus  en  renom,  k 
son  s^jour  k  Versailles,  k  la  beauty  et  k  Tesprit  de  sa  seconde  femme, 
une  situation  exceptionnelle  que  revile  toute  une  correspondance  in- 
time,  sauv6e  r^mment  de  la  destruction  et  de  Toubli. 

1  Cette  correspondance,  qui  jette  un  jour  tout  nouveau  sur  la  haute 
soci^t^  du  rfegne  de  Louis  XV,  sera  publi6e  en  son  temps.  EUe  est  si- 
gn6e  des  Maurepas,  des  d'Argenson,  du  due  de  la  Valli^re  et,  ce  qui 
int^resse  particuliferement  notre  conti*^,  des  6v6ques  de  Condom,  de 
Lectoure,  de  Lombez,  de  Mgr  de  Montillet,  archev6que  d'Auch,  et  de 
dames  appartenant  k  la  plus  haute  noblesse  du  pays,  h6tes  habituels 
des  chateaux  de  Cassagne  et  de  Maz^res. 

»  En  venant  k  la  Cour,  en  1764,  le  seigneur  d'Arcamont  prit  le 
titre  de  marquis;  il  n'avait  jusqu'i  ce  moment-Ik  que  le  titre  d'teuyer 
commissaire  inspecleur  des  haras;  mais  personne  ne  lui  contesta  son 
litre,  ainsi  que  Tatteste  une  correspondance  avec  les  premiers  person- 
nages  de  la  Cour. 

>  Le  marquis  d'Arcamont  dut  i  son  brevet  de  franc-ma^n  de  ne  pas 
fetre  inqui^ti  lors  de  la  Revolution;  il  adressa  un  m^moire  sur  sa  vie 
politique,  dress6  en  conformity  de  Tarrfet^  du  reprisentant  du  peuple 
Dartigoeyte,  du  14  germinal  an  ii,  et  regut  un  oertificat  de  civisme. 

>  II  put  done  conserver  tons  ses  papiers  domestiques,  les  archives  et 
les  registres  de  la  communaut^  d'Arcamont,  tons  les  comptes  oonsu- 
laires  et  des  archives  du  Chapitre  d'Auch  que  son  frfere,  chanoine,  syn- 
dic de  la  cathWrale,  lui  avait  confi^s  (2). 

(1)  Annuaire  da  Gera,  ann^e  1879,  3*  partie,  et  Arch,  depart.  G,  n»'  13, 14  et 
15.  Le  Cartulaire  qui  figure  sous  le  n«  16  n'ayait  pas  Ai6  emport^  d'Auch. 

(2)  Dom  Brug^es,  Chroniques  ecoUaiastiqueB  du  dioe^  d'Auoh,  p.  4.et  5. 


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—  51  — 

»  Les  papiers  d'Arcamont,  dit  en  lerminantM.  Delias,  oomprennent 
de  nombreux  documents  sur  les  revenus  de  Sainte-Marie  avant  la 
Revolution;  ils  pennettront  de  faire  Thislorique  des  anciens  canoni- 
cats  et  benefices  de  notre-^lise  oatbMrale.  » 

Un  oartulaire  retrouv^ :  «  Le  Tieux  lAvre  yert  >  du  Ohapitre  d'Auoh 

M.  de  Carsalade  du  Pont  fait  sous  ce  titre  la  oommunication  sui- 
vante: 

«  M.  Delias  vient  de  vous  rappeler  que  les  cartulaires  du  Chapitre 
d'Auch,  remis  au  chanoine  d'Arcamont  par  la  famille  de  Montes- 
quiou-Fezensac,  avaient  6x6  restitufe  au  d^partement  pM  Th^ritier  du 
cbanoine.  Malbeureusement,  cette  restitution  ne  fut  pas  complete.  II  a 
fallu  la  mort  du  dernier  repr^ntant  de  cette  maison  pour  faire  tomber 
entre  mes  mains  les  feuilles  ^parses  d'un  de  ces  cartulaires,  feuilles 
v6n6rables  que  n*ont  respectfes  ni  rbumidili  des  greniers,  ni  la  dent 
des  rats,  ni  les  mains  de  Tbomme  —  edacior  homo,  Ce  cartukuxe 
etait  intact  quand  il  fut  confix  par  le  Cbapitre  &  la  famille  de  Montes- 
quieu, et  par  elle  remis  au  cbanoine  d'Arcamont.  II  y  a  prte  d'un 

sifecle  de  cela,  etdepuis voyez  plut6t :  le  carlulaire,  icrit  sur  papier 

in-folioj  renfermait  au  moins  217  pages.  La  demise  porte  ce  num^ro 
et  elle  se  termine  parunacte  dont  la  conclusion  manque.  Or  je  n'en  ai 
retrouv^  que  cinquante-cinq,  et  dans  quel  ^tat  I  T^criture  ^tait  telle- 
ment  efiPac^,  que  ces  pages  paraissaient  n'avoir  pas  6\&  Writes.  II  a 
fallu  user  de  la  teinture  de  noix  de  galle  pour  leur  rendre  la  vie.  EUes 
embrassent une  p^riode decent  ans,  de  1384 &  1484. 

»  Ce  cartulaire  portait  dans  les  archives  du  chapitre  le  nom  de 
Vieux  Livre  vert,  sans  doute  parce  qu'il  6tait  reconvert  d'une  basane 
verte.  Ce  nom  m'a  it6  r6v616  par  la  G4n^alogie  de  la  Maison  de 
Montesquiou-Fezensac,  public  par  ChMn^  en  1784.  Le  savant  g6- 
nfelogiste  a  emprunt^  k  ce  cartulaire  deux  actes  qu'il  reproduit  dans 
les  preuves  de  son  travail,  avec  cette  mention  :  «  Original  du  cactur- 
laire  en  papier  in-folio  de  l%lise  m^tropolitaine  d'Aucb,  intitule : 
Vieux  Livre  vert,  cot^n**  111.  »  Ces  deux  actes  se  retrouvant  dans 
les  feuilles  que  j'ai  sauvto,  il  n'y  a  aucun  doute  sur  le  nom  du  cadu- 
laire  auquel  elles  appartenaient. 

»  Les  premieres  feuilles,  qui  sont  4galement  les  premieres  du  car- 
tulaire (la  pagination  suit  sans  interruption  de  1  ^  16)^  renfarment 
I'acte  des  fondations  faites,  dans  la  cath^draled'Auch,  par  noble  Mau- 
-rin^  Biran,  sdgneur  <le  Puys^r  etde  Roquefort.  Ce  gi»iilhomme 


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—  52  — 

fut  UD  personnage  famepx  en  son  temps.  II  ^tait  oonseiller  du  comte 
d'Armagnac,  c'est-i-dire  son  chargi  d'affaires.  Son  nom  revient  dans 
tons  les  actes  publics  pass^  par  la  maison  d'Annagnac  durant  la  der- 
nifere  moiti6  du  xiv«  sitele.  II  y  est  appel6  t  Maurin  die  Biran  alias  de 
Bemardias.  »  C'^tait  un  bourgeois  d'Auch  enrichi  par  les  lib^ralit^  de 
ses  maitres  et  Texercice  des  charges  publiques.  Le  comte  d^Armagnac 
lui  donna,  en  1367,  la  terre  de  Puysigur  (canton  de  Fleurance);  il 
acquit  lui-m6me  Roquefort  et  Casteljaloux  et  des  fiefs  dans  la  ville 
d*Aucb.  C'est  de  lui  que  descendent  oes  Biran-Gohas  qui  ont  fait  si 
giande  figure  dans  les  guerres  du  xvi*  et  du  xvii*  sitele..  Devenus 
bauts  et  puissants  seigneurs,  ces  Biran-Gohas  eurent,  au  sitele  der- 
nier, la  pretention  de  descendre  des  comtes  d'Annagnac,  et  en  prirent 
le  noxix.  Je  ne  sais  si  Maurin  de  Biran  ^tait  du  sang  du  comte^  son 
maitre,  mais  il  est  sur  que  dans  la  plupart  des  actes  que  j'ai  vus,  il  est 
qualifie  de  c  bourgeois  de  la  cit^  d'Auch.  » 

»  Je  reviens  au  cartulaire.  En  1384,  Maurin  de  Biran  avait  perdu 
son  fils  Jean  et  Tavait  fait  ensevelir  dans  la  cathMrale  d'Auch.  II 
Youlut  avoir  une  sepulture  sp^ciale,  dans  un  emplacement  honorable 
pour  son  fils  et  pour  sa  famille  k  perp^tuit^.  II  fit  don  au  Chapitre  de 
la  somme  6norme  de  500  florins  d'or,  et  les  chanoines  en  retour  lui 
accordferentle  droit  de  sepulture  dans  lachapellede  Saint- Jean.  Maurin 
y  fonda  trois  obits  perp6tuels.  Tons  les  jours,  trois  chapelains  devaient 
c^l^brertrois  messes  dans  cette  chapelle,  pour  les  vivants,  pour  les 
morts  eten  I'honneur  de  la  Sainte-Croix.  II  fonda,  en  outre,  une  messe 
matutinale  qui  devait  ^tre  cil^br^  tous  les  jours,  au  grand  autel  de 
Notre-Dame^  et  exigea  qu'elle  fut  sonn^  «  d  bande  »  et  pendant  le 
temps  d'un  Ave  Maria,  pour  que  le  peuple  put  s'y  rendre.  II  ajouta  k 
ses  fondations  trois  nouveaux  obits :  un  pour  son  pfere  et  sa  m^re, 
ensevelis  dans  T^lise  des  Cordeliers  d'Auch^  un  pour  lui  et  un'pour 
les  membres  d^oddte  de  sa  famille.  Chacune  de  ces  fondations  fut 
fortement  rentte.  Tous  ces  details  sont  renferm^  dans  les  pre^i&res 
feuilles  de  notre  cartulaire. 

»  Le  document  qui  suit  celui-d  est  imprim^  dans  la  G^nialogie  de 
la  maison  de  Montesquiou.  C'est  le  droit  de  sepulture  accord^  dans 
I'int^eur  de  la  cathMrale  k  Arzieu, baron  de  Montesquieu.  Le  nomde 
la  chapelle  concMfe  au  baron  n'est  pas  indiqu6  dans  Facte.  C'est  dans 
cette  chapelle,  qui  s'appela  la  Chapelle  de  Moniesguiou,  que  fut  poste 
en  1487  la  premiere  pierre  de  la  cath6drale  actuelle.  (Voyez  Hist,  de 
Gascognsy  t.  vi,  p.  434.) 

»  Viennent  k  la  suite  des  oontrats  d'inftodadon  de  terre,  de  consti- 


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tution  de  rentes,  de  donations.  En  1386,  le  26  d^cembre,  Fortaner  de 
Marestaing,  seigneur  de  Lagarde,  fiis  du  seigneur  d'Esparsac,  fonde 
un  obit  pour  le  repos  de  I'&me  de  son  pfere.  Le  seigneur  de  Lomagne- 
Fimarcon  fait  Element  des  donations  au  Chapitre,  etc.  Citons  encore 
une  bulie  de  1453  r^glant  un  diff^rend  entre  le  Chapitre  et  rArchev6que 
au  sujet  de  la  nomination  des  chanoines,  des  transactions  avec  les  habi- 
tants de  risle-d'Arbeichan  et  de  Barran,des  proete-verbaux  de  nomi- 
nations de  chanoines,  et  enfin  la  prise  de  possession  de  rarchevftch^ 
d'Auch,  par  Philippe  de  Savoie  en  1484. 

>  J'ai  remis  ces  pr&ieux  fragments  du  Vieux  Livre  vert  aux 
Archives  d^partementales,  pour  completer  la  sirie  si  importante  de  nos 
cartulaires.  Qu*il  est  regrettable  que  ce  prteieux  document  ait  6t^ainsi 
mutil4 !  Le  temps  est,  dit-on,  un  grand  destruct^ur,  mais  combien  plus 
le  sont  les  hommes  !  Tempus  edax,  edaeior  homo. 

Ck>mmunloation8  diTerses 

M.  Despaux  montre  k  la  Soci^t^  un  amorQoir  du  xvi^  sitele  en  ivoire 
et  qui  a  du  appartenir  &  quelque  chasseur  ou  gueriier  gascon.  C'est  un 
r^pient  en  forme  de  gourde  aplatie  et  k  goulot  trfes  6troit;  les  deux 
parties  plates  sont  tr^  finement  sculpt^,  Tune  pr^nte  une  chasseau 
sanglier;  sur  I'autre  un  m^daillon  avec  le  portrait  de  Francois  I®''  et 
les  armes  accol6es  de  France  et  de  Navarre. 

Ce  fait  porterait^  croire,  dit  M.de  Carsalade,que  Tobjet  en  question 
est  du  xvii«  siecle  et  post6rieur  i  la  reunion  de  la  Navarre  i  la 
France  (1621.) 

Viennent  ensuite  les  communicatious  suivantes :  de  M.  le  Pr6fet, 
sur  une  pierre  irfes  curieuse  conserv6e  k  Duran  et  sur  la  police  des  cime- 
ti6res  avant  1789;  de  M.  Despaux,  sur  une  plaque  de  ceinturon  qui 
parait  avoir  6t6  une  parure  m^rovingienne;  de  M.  Delias,  sur  un  plan 
de  Fancien  S4n6chal  d'Auch;  de  M.  Daudoux,  sur  des  vues  photogra- 
phiques  prises  dans  les  valines  d'Aure  et  du  Louron;  de  M.  de  Carsa- 
lade,  sur  les  peintures  murales  de  T^lise  de  Gouaux-en-Aure. 

La  Soci^t^  s'ajourne  au  6  novembre  date  de  sa  prochaine  reunion. 


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ddanoe  du  6  Novembre  1893 


PrSmidLGixce  de  M.  le  General  GRILLON 
Direotexxr  d.\a  G^nle  aia  Minist^re  do  la  Qiaerro 


Pr^ents :  MM.  Cabrol,  Calcat,  de  Carsaladb,  Chavet,  Colo- 
HiEux,  Daudoux,  Bellas,  Des^^aux,  Journet,  Joseph  Lacomme, 
Herman  Lacomme,  Lagarde,  Lozes,  Albert  Lozes,  M6tivier,  Que- 
Nioux,  D''  Samalens  et  Tierny,  secretaire. 

Exourslon  A  Montaut  et  au  Rieutort 

M.  Adrien  Lavergne,  vice-pr6sident.  de  la  Soci6t6  historique  de 
Gascogne,  s'excuse  de  ne  pouvoirassister  k  la  reunion  et  communique 
le  compte-rendu  suivant  dont  il  est  donn6  lecture : 

€  Messieurs, 

»  Le  jeudi  8  juin,  par  une  joum6e  claire  et  chaude,  nous  avons 
accompli  noire  excursion  k  Montaut  et  au  Rieutort. 

»  Sortis  d'Auch  par  la  route  d'Agen,  nous  avons  laiss6k  notre  droite 
Le  Seillan,  qui  fut  la  propri6t6  du  c616bre  intendant  d'Etigny,  et  k  notre 
gauche  le  manoir  du  Coulourmi. 

»  Le  Couloum6est  Tun  des  plus  curieux  deces  petils  chateaux  b&tis 
au  XVI®  et  au  xvii®  siMes  par  les  riches  bourgeois  ou  nobles  citoyens 
d'Auch  autour  de  leur  ville.  Cette  int^ressante  construction  se  compose 
de  deux  corps  de  logis  en  6querre,  formant  les  deux  c6t6s  d'une  cour. 
La  facade  du  couchant  est  munie  k  ses  encoignures  de  tours  rondes  a 
Text^rieur  et  carries  k  rint^rieur.  Une  belle  tour  carree  eommande 
rentrte  au  levant;  elle  est  couronn^e  de  consoles  qui  portent  d'une 
fagon  trfes  pittoresque  les  bords  de  la  toiture  au-deUi  de  Taplomb  des 


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murs.  Les  fenfetres  sont  h  menaux  verlicaux  ou  croisds;  des  trous  ont 
6t/&  ^tablis  daas  les  murs  pour  se  d^fendre  avec  des  armes  k  feu.  Deux 
portes  dans  la  cour  sont  dignes  d'etre  remarqufes :  Tune  seulement 
parce  que  dans  ses  pieds-droits  on  peul  voir  un  chapiteau  romain  en 
marbre  blanc,  i'autre  a  cause  de  son  ornementation.  Celle-ci  s'ouvre 
entre  deux  belles  eolonnes  qui  supportent  un  entablement  orn6  d'un 
masque  grima^nt  et  surmont^  d*un  fronton-  II  reste  encore  une  partie 
des  foss&  qui  entouraient  ce  manoir  et  qui  contribuaient  i  le  prot^er 
contie  un  coup  de  main.  Ce  petit  cMteau  appartenait  avant  la  Revo- 
lution k  la  famine  de  Labarthe  du  Couloum^  [Voir,  sur  Tancienne 
maison  qu'elle  habitait  k  Auch  et  sur  les  droits  honorifiques  dont  elle 
jouissait  k  Toccasion  de  la  procession  de  Saint-Orens  le  jour  de  la  F6te- 
Dieu,  Dom  BrugMes,  p.  338;  P.  Lafiforgud,  Hist,  de  la  ville  d'Auch, 
11,  p.  158;  Can^to,  Le  PrieuH  de  Saini-OrenSy  p.  137]. 

»  Plus  loin,  La  Bordeneuve^  propri^t^  de  la  famille  d'Aignan  du 
Sendat  [Dom  Brug^es,  p.  373],  nous  pr&ente  dans  des  jardins  et  des 
bosquets  une  oonstruction  carr^e,  couronn6e  de  balustrades. 

>  En  face  de  La  Bordeneuve,  nous  avons  traverse  TAr^on  et  quitt6 
la  route  nationale  pour  prendre  le  chemin  de  Montaut,  situ6  sur  Tune 
des  plus  hautes  collines  qui  dominent  la  rive  droite  du  Gers.  La  mon- 
tde  est  longue  et  rude.  Perches  sur  les  omnibus,  les  excursionnistes  se 
montraient  k  gauche  Preignan,  ou  Ton  a  dteouvert  des  mosaiques 
romaines;  k  droite,  la  hauteur  ou  fut,  dit-on,  le  temple  d'Apollon  ou 
Moni  Neroeva;  et  plus  pr6s  de  nous  le  chateau  de  Malartic.  En  1748, 
la  terre  noble  de  Malartic  fut  6rig6e  en  comt6  de  Tournemire  en  faveur 
de  Pierre^Joseph-Hector  de  Tournemire,  ancien  capitaine  de  dragons, 
d'une  famille  venue  d'Auvergne  [Archives  du  GerSy  C.  433). 

>  Nous  voici  k  Montaut.  Nous  sommes  tout  d'abord  frapp^s  par 
Tensemble  que  forment  le  chateau,  T^lise  et  le  prieur6,  situfe  au  levant 
du  village,  sur  un  emplacement  plus  61ev6,  d^fendus  par  une  enceinte 
de  murailles  dans  laquelle  on  p6n6trait  par  une  porte  ogivale  placte 
sous  une  tour  carrte  qui  conserve  la  rainure  dans  laquelle  montait  et 
descendait  la  herse. 

»  L'^glise  est  romane  et  Mtie  sur  un  plan  basilical.  Elle  a  trois  nefs^ 
point  de  transept,  une  seule  toiture  la  recouvre;  ^  la  nef  principale 
correspond  un  sanctuaire  form6  par  unetravte  de  choeur  et  une  abside; 
k  chacune  des  nefs  lat^rales  une  absidiole;  abside  et .  absidioles  sont 
voutfes  en  cul  de  four.  Les  nefs  ont  quatre  trav^es  s6par6es  par  des 
piliers.  Sur  une  base  cylindrique  comme  eux  s'dl^vent  ces  piliers  ac- 
cost6s  de  quatre  pilastres  rectangulaires  qui  supportent  les  doubleaux 


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—  56  — 

et  les  arcatures  et  qui  font  oommuniquer  les  nefs.  Tous  ces  arcs  sent 
en  tiers  point.  Leurs  sommiers  reposent  sur  une  bande  saiilante  de 
piwre  qui  pr^senle  la  forme  d'un  tailloir  biseaut6.  Les  voutes  sont  k 
croisdes  d'ogives  sans  clef.  Les  nervures  sont  prismatiques  et  naissent 
tant6t  entre  les  sommiers  des  arcs,  tant6t  sur  la  bande  biseaut^,  tant6t 
sur  de  petits  culots  coniques.  II  semble  que  Tarchitecte  ait  employ^  la 
crois^e  d'ogive  sans  bien  connaltre  ce  proc6d6  nouveau  pour  la  cons- 
truction des  voutes  et  qu'il  ait  t&tonnA. 

»  La  porte  s'ouvre  au  midi  sous  trois  archivoltes  k  plein  cintre  et  k 
vive  arfete,  supporttes  par  des  pieds  droits  de  mfeme  sorte.  Les  fenfetres 
sont  petites  et  6troites;  Tune  d'elles,  placie  dans  le  mur  septentrional  de 
Tabsidiole  du  nord,  est  dispos6e  de  fagon  k  projeter  lalumi^re  sur  TauteL 

»  A  Text^rieur  on  remarque  autour  de  Tabside  les  restes  d'une  s6rie 
d'arcalures  reposant  sur  des  corbeaux  qui  devaient  supporter  la  corni- 
che  de  la  toiture.  MM.  Benouville  et  Lauzun  ont  signal^  une  arcature 
de  cette  esp^  k  I'abside  de  Fiaran.  C'est  la  seule  ornementation  de 
Montaut  ou  il  nous  a  6ii>  impossible  de  trouver  la  moindre  trace  de 
sculpture. 

»  Deux  tourelles  plactes  aux  deux  cAt^s  de  la  facade  occidentale 
permettent  de  monter  sur  les  voutes,  ou  Ton  pouvait  se  difendre  en  cas 
d'attaque;  les  murs  goutterots  ont  conserve  leurs  merlons. 

»  L'eglise  possMe  deux  tables  d'autel  romanes  en  marbre;  elles  sont 
rectangulaire^  et  forment  comme  des  plateaux;  la  partie  centrale  l^re- 
ment  approfondie  est  encadrte  d'une  moulure  qu'entoure  une  bande 
large  et  plate. 

»  Je  ne  saurais  passer  sous  silence  le  clocher  roman  construit  par 
notre  collfegue  M.  Francou  sur  la  trav6e  occidentale  de  la  maltresse 
nef .  Cette  blanche  construction  signale  au  loin  T^glise  et  le  village  de 
Montaut. 

»  M.  Tabbi  Canito  a  dfcrit  le  monument  dont  je  viens  de  parler 
dans  la  Reoue  de  Gascogne,  xi  (1870),  p.  533.  On  retrouvera  cette 
etude  dans  les  Eglises  romanes  de  la  Gascogne  du  m6me  archto- 
logue,  p.  71 . 

>  Aprfes  la  visite  de  son  6glise,  M.  le  cure  de  Montaut  a  eu  la  bontd 
de  nous  oflfrir,  dans  Tancien  prieurd  qui  lui  sert  de  presbytfere,  une 
collation  qui  a  6i6  fort  appr^cife  paries  excursionnistes  unpen  fatigues 
par  la  grande  chaleur. 

»  Nous  nous  somraes  rendus  ensuite  au  chateau,  dont  le  propri^taire, 
M.  le  baron  de  Rouilhan,  descendant  direct  des  derniers  barons  de 
Montaut  nous  a  fort  gracieusement  fait  les  honneurs. 


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»  Le  donjon,  quoique  bien  inf^eur  k  celui  de  Bassoues,  nous  a 
paru  Tun  des  plus  importants  du  Gers.  II  a,  en  eSet,  de  plus  ^mples 
proportions  que  la  plupart  des  tours  de  nos  ch&teaux  6troits  comme  des 
puits.  Carr6  comme  il  est  d'usage  en  Gascogne  [je  ne  connais  dans 
notre  d^partement  que  celui  de  Castelnau-sur-rAuvignon  qui  soit 
rond],  il  se  compose :  d'une  basse  fosse  qui  constitue  le  rez-de-chaussdei 
d*un  premier  6tage  voutd^d'un  second  ^tageet  d*une  plateforme  cr^nelte 
d'ou  la  vue  s'itend  de  tons  c6t6s  sur  un  trfes  vaste  horizon.  Trois  meur- 
triferes,  qui  mesurent  k  Text^rieur  0,10  c.  de  large  et  0,30  c.  de  long, 
telairent  cette  tour.  L^entrte  estau  deuxi&me  ^tage;  c'est  aussi  k  partir 
du  deuxifeme  6tage  qu'a  4t^  m^nag^  dans  I'^paisseur  du  mur  un  trfes 
curieux  escalier,  dont  le  couloir  pr&sente  k  sa  partie  sup^rieure  une 
s^ne  de  retraites  correspondant  aux  saillies  des  marches;  mais  Tarchi- 
tecte,soit  pour  rWuire  le  plus  possible  le  passage,soit  qu'il  ait  considiri 
les  liteaux  comme  susceptibles  de  rupture  sous  le  poids  de  la  magon- 
nerie,  a  dispose  les  pierres  de  taille  en  angle,  afin  de  porter  le  poids 
surlesc6t^. 

»  Une  cour  voisine  de  T^glise  conserve  encore  des  arcatures  ogi  vales 
et  un  puits  contemporain  des  plus  anciennes  constructions.  Par  une 
ouverture  qu'on  aper^oit  k  une  certaine  hauteur  au  nord  de  T^glise,  on 
pouvait  du  cMteau  p^n^trer  au-dessus  des  voutes  oil  tout  6tait  dispose 
pour  la  defense.  M.  le  baron  de  Rooilhan  nous  a  montrd  une  trte  belle 
chemin6e  en  pierre,  de  la  Renaissance. 

»  A  la  salle  k  manger  nous  attendait  un  th^  auquel  nous  avons  tous 
fait  honneur,  et  M.  le  chanoine  de  Carsalade  s'est  fait  Tinterprfete  de 
tous  en  t^moignant  &  M.  le  baron  de  Rouillan  notre  reconnaissance 
pour  son  gracieux  accueil. 

»  M.  Bonassies,  maire  de  Montaut  et  avocat  au  barreau  d'Auch, 
dont  la  science,  Texp^rienceet  le  talent  sont  justement  estim^s,  a  voulu 
nousrecevoir  chez  lui,  et  notre  visited  Montaut  s'est  terming  au  bruit 
joyeux  des  detonations  du  champagne. 

>  Chacun  prit  place  de  nouveau  dans  les  voitures.  Descendus  leste- 
menl  dans  la  plaine,  nous  pumes  apercevoir  k  travers  les  peupliers  le 
donjon  isol6  de  Tancien  chateau  d'Arcamont,  qui  a  ^t^  reconstruit  un 
peu  plus  loin,  et  nous  arrivAmes  au  Bieuiorty  le  ch&teau  de  plaisance 
des  dues  de  Roquelaure.  Jusqu'ici  la  campagne  brul^  par  le  soleil  ne 
nous  avait  montr6  que  de  pauvres  rteoltes,  des  terres  6puis4es  par  de 
longs  jours  de  s63heresse.  Nous  ^tions  dans  une  oasis  fraiche  et  verte  et 
nos  yeux  fatigu^  se  reposaient  agr^ablement  sur  i'herbe  des  prairies, 
le  feuillage  et  les  fleurs. 


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—  58  — 

»  Nous  avons  admiri  la  belle  et  grandiose  ordonnanoe  des  bAti- 
ments,  des  avenues,  des  promenades,  des  bosquets,  des  pr6s  et  d^ 
eaux.  L'entr6e  prinoipale  est  une  magnifique  porte  percte  dans  les 
b&timents  du  couchant  du  c6t*  de  Roquelaure.  Elle  donne  entree  dans 
une  grande  et  belle  cour  carr6e.  A  I'ouest,  au  nord  et  au  midi  sontdes 
d6cbarges,des  4curie8,des  caves  vouties  avec  ouverturesen  penetration 
dans  les  voiites,  comme  au  chateau  de  Beaumont  en  Condomois, 
(construction  de  Tarchitecte  auscitain  Pierre  Souflfron,  au  commence- 
ment du  xvii*  sifecle). 

»  Le  bfttiment  d'habitation  tient  tout  le  c6te  oriental  de  la  oour,  celui 
qui  fait  face  k  la  grande  porte.  C'est  un  b&timentsans  etage,fort  ample, 
fort  correct,  remarquable  par  les  ^normes  modillons  en  pierre  de  taille 
qui  siipportent  la  toiture. 

»  Cependant  le  soleil  descendait  rapidement  k  Thorizon,  la  belle 
verdure  commen^ait  k  prendre  des  teintes  plus  sombres;il  a  fallu  nous 
arracher  aux  cbarmes  de  ces  lieux  embellis  par  les  arcbitectes  et  les 
jardiniers  paysagistes  du  grand  sifecle,  et  nous  avons  repris  la  route 
poudreuse.  Quand  nous  sommes  arrives  k  Aucb  il  etait  nuit.  » 

La  comddie  bourgeoise  &  Fleurance 

M.  de  Carsalade  du  Pont  fait  la  communication  suivante  : 

<c  Se  divertir,  c'est  se  d^tourner  de  soi,  s*en  d^prendre,  en  sortir;  et 
pour  en  bien  sortir,  il  faut  se  transporter  dans  autrui,  se  mettre  k  la 
place  d'un  autre,  prendre  son  masque,  jouer  son  r61e.  Yoilk  pourquoi 
le  plus  vif  des  divertissements  est  la  com^die  ou  Ton  est  acteur.  » 
M.  Taineouvre  par  cette  reflexion  le  chapitre  de  son  etude  sur  Tancien 
regime,  dans  lequel  il  a  peint  avec  des  couleurs  si  vraies  cette  society 
de  la  fin  du  xviii®  sifecle  emportee  vers  Tabime  par  une  force  irresis- 
tible et  y  courant  au  milieu  de  ffetes  et  de  plaisirs  sans  cesse  renouveies. 
La  passion  de  jouir  avait  remplace  chez  elle  les  soucis  virils  et  fait 
naltre  ce  gout  exagere  pour  le  theatre  que  furent  impuissants  k  satis- 
faire  les  acteurs  gages,  et  qui  fit  passer  la  comedie  du  the&tre  officiel 
dans  les  maisons  particuliferes. 

La  comedie  de  societe  devint  alors  le  grand  divertissement.  On  la 
jouait  chez  les  princes,  chez  les  grands  seigneurs,  dans  les  chateaux 
de  province,  chez  les  magistrats,  voire  mfeme  dans  les  convents;  la 
maison  bourgeoise  elle-mfeme,  qui  jusque-lk  avait  paru  fetre  le  dernier 
asile  des  moeurs  austferes,  lui  ouvrit  largement  ses  portes.  Ce  fut  un 
entralnemeut  general,  la  comedie  k  domicile. 

A  Auch,  le  theatre  etait  en  permanence  chez  M.  Tlntendant.  Les 


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—  59  — 

rAles^taient  tenns  par  le  grave  magistrat  et  les  personnes  dela  soci^td. 
On  a  vu,  dans  la  lettre  adresste  par  Madame  de  Fitte  k  la  marquise 
d'Aicamont^  que  les  salons  du  palais  de  Tintendance  s'emplissaient 
chaque  soir  d'acteurs  et  de  spectateurs.  Le  president  d'Orbessan  avail 
install^,  k  grand  frais,  un  th^fttre  dans  son  chAteau  d'Orbessan  et  y 
faisait  jouer  par  la  sociit^  des  environs  les  tragedies  de  Voltaire  et  les 
comMies  grivoises  de  Colli.  II  me  souvient  d'avoir  lu,  dans  les  Mtooi- 
res  manuscrits  du  chevalier  d'Antras,  des  details  curieux  sur  la  com^ 
die  bourgeoise  k  Mirande.  Le  th6&tre  6tait  dress6  chez  la  marquise  de 
Vandomois;  les  dames  et  les  jeunes  messieurs  de  la  ville  s'itudiaient 
chez  elle  k  jouer  les  personnages  tragiques,  sous  la  direction  du  che- 
valier, dont  le  talent  scinique  itait  remarquable. 

II  semble  que  les  graves  ivtoements  de  93  auraient  du  iteindreoette 
passion  de  oom6die,  ou  du  moins  en  diminuer  Tardeur.  Ce  fut  tout  le 
oontraire.  On  ne  joua  jamais  tantla  comddie  que  sous  la  Terreur.  Les 
Brutus  et  les  Sc^vola  parad^rent  sur  tons  les  th^tres  et  jusque  dans 
les  assemblies  publiques.  M.  Binitrix  a  citi,  dans  une  de  ses  itudes 
sur  la  Revolution  dans  le  Gers,  un  arriti  de  Dartigoeyte  qui  enjoi- 
gnait  aux  filles  d'aristocrates,  sous  peine  de  mort,  de  tenir  des  r6les 
dans  les  comidies  que  Ton  jouait  k  Auch  pour  amuser  le  peuple. 

II  est  surprenant  qu'au  milieu  de  cet  entralnement  giniral  la  ville  de 
Fleuranceait  attendu  la  fin  de  Tan  xi  pour  se  donner  le  plaisir  de  la 
comidie  bourgeoise.  L'occasion  lui  ^vaitmanqui,  comma  on  va  le  voir. 
Ce  fut  le  passage  d'une  troupe  de  comidiens  qui  rivila  aux  Messieurs 
de  la  ville  leurs  aptitudes  sciniques;  pour  leurs  dibuts,  ils  s'essayferent 
k  la  tragidie  et  jouirent  Mahomet,  de  Voltaire.  Mais  laissons  la  parole 
au  directeur  de  la  troupe,  M.  Antoine  de  Percin;  il  a  tenu  pre^que 
jour  par  jour  le  Journal  de  la  ComMefleuraniine.  Ce  curieux  docu- 
ment occupe  plusieurs  pages  de  son  livre  de  raison  (1) : 

€  Le  passage  de  quelques  comidiens  qui  jou^rent  trois  ou  quatre 
fois  dans  la  salle  du  conseil  de  la  commune,  donna  lieu  k  ce  que  nos 
jeunes  gens  se  dicidirent  k  jouer  mime  une  tragidie.  Mahomet,  de 
Voltaire,  fut  la  piice  que  Ton  mit  k  Titude  et  qui,  vers  la  fin  de  Tan 

(1)  Ce  liyre  de  raison  fait  partie  des  archives  de  famille  de  Mme  I^zian,  de 
Fleurance.  Outre  le  journal  d'Antoine  de  Percin,  il  renferme  encore  une  volu- 
mineuse  et  pr^cieuse  histoire  de  la  maison  de  Percin,  6crite  par  M.  Gr^goire  de 
Percin  p^e,  avec  documents  ^  Tappui.  On  y  voit  rorigine|commune  des  Per- 
cin, marquis  de  Mongaillard,  des  seigneurs  de  Lauret,  etc.,  et  des  Percin  de 
Fleurance.  Je  piie  Mme  L^zian,  qui  a  eu  la  bont6  de  me  communiquer  ce  pr6- 
cieux  manuscrit,  de  me  permettre  de  lui  offnr  ici  Tliommage  public  de  ma  re- 
ppnuaissance. 


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—  60  — 

onze,  fut  ex^t^  par  MM.  Dulong  d'Astafort,  DutaxU,  Dubosc, 
Poydebat,  Denjoy  le  cadet,  de  Fleurancse.  Le  Me  de  Palmyre  fut 
rempli  par  la  femme  d'un  acteur  qui  se  trouvait  alors  ici  depuis  quel- 
que  temps. 

»  Le  l***  mai  dfcida  nos  Messieurs  k  remonter  sur  les  planches;  et 
comme  la  salle  de  la  commune  n'Stait  pas  assez  grande,  ils  rfeolurent 
de  s'itablir  dans  le  grenier  de  Mom6jan  et  le  firent  embellir  d*une  de- 
coration en  toile  peinte  repr^entant  le  Capitole  et  extent^  par  Patris, 
artiste  de  Fleuranoe.  G'est  \k  que  fut  donn6e  la  tragic  de  la  Mort  de 
C^ar.  M.  Dulong  d'Astafort  jouait  Brutus  et  Percin  remplissait  le 
r61e  d'Antoine;  Pouydebat,  celui  de  Cassius;  Dubosc,  celui  de  C&ar; 
Cimber  ^tait  jou6  par  le  cadet  Denjoy;  Dfcimus,  par  Laffitte  Talni,  et 
Lucius  (?),  par  L6b6  TalnA.  Dolabella  fut  confi6  k  Denjoy  le  dernier. 

»  Cette  pi6ce,  dont  la  representation  eut  lieu  le  5  messidor  an  xn; 
eut  assez  de  succ6s.  EUe  fut  suivie  de  Janot  ou  les  bailus  payent 
Vamendey  com6die  dans  laquelle  M.  Sentex  joua  le  r6le  de  Janot;  Du- 
long d'Astafort  celui  de  Ragot,  etc.  Mme  S6nat  remplit  le  r6le  de 
Mme  Ragot  et  Mile  Dulong  celui  de  Suzeite.  L^ex^cution  de  cette 
pi^  riussit,  et  Ton  se  retira  content  des  efiEorts  de  ces  artistes. 

•  Rien  n'exalte  comme  le  succfes  et  les  encouragements  que  Ton 
regoit :  aussi,  au  sortir  du  grenier  ou  Ton  venait  de  jouer,  il  fut  dteid^ 
qu'il  6tait  impossible  d*ex6cuter  1^-dedans  comme  il  faut  une  pitee  de 
theatre.  Cela  fut  bien  prouv6  dans  un  superbe  ambigu  que  donna  alors 
k  quelques  amateurs  M.  Denjoy  le  p^re.  Pouydebat,  le  lendemain,^ 
rassembla  quelques  amis  et  leur  fit  sentir  la  necessity  d*avoir  une  salle 
de  spectacle  pour  se  r6cr6er  quelques  soirs  d'une  mani^re  agr6able. 
Ses  observations  furent  gout6es.  On  proposa  de  suite  plusieurs  en- 
droits,  mais  chacun  ofiErait  trop  d'inconvtoients. 

»  Enfin,  M.  Percin  proposa  la  chapelle  de  ThApital.  On  s'y  rendit 
sur  le  champ,  el  il  fut  reconnu  qu'en  joignant  k  la  chapelle  la  sacris- 
tie  avec  la  chambre  qui  se  trouvait  sur  le  haut,  on  aurait  un  local 
assez  commode  pour  r^tablissement  qu'on  voulait  faire.  M.  Percin  fut 
charge  de  s'arranger  avec  Carbonau,  le  tuilier,  qui  avait  afferme  ce 
local,  de  faire  lever  le  plan  et  de  rex6cuter  ensuite  le  plus  t6t  possible, 
avec  Tagrement  des  administrateurs  de  Thospice. 

I  M.  Percin  remplit  Tattente  de  ses  camarades  impatients,  car  dans 
un  mois,  a  compter  du  jour  ou  Ton  fut  visiter  ce  local,  le  theatre  que 
Ton  voit  aujourd'hui  fut  execute  dans  son  entier  par  Dilas,  cbarpen- 
tier;  Rigal,  peintre  d'Astafort,  allongea  la  decoration  du  palais  qui  se 
trouvait  trop  courte.  C'est  sur  ce  the&tre  que  le  23  thermidor  an  xii,  on 


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—  61  — 

donna  la  tragMie  de  Brutus.  Cette  pifece  fut  exicutte  d'une  manifere 
avantageuse;  chaque  r61e  fut  beaucoup  mieux  rempli  que  Ton  ne  s'y 
attendait.  Beaucoup  d'^trangers  vinrent  ce  jour-l&,  qui  se  trouvait 
^ire  aussi  la  f^te  locale,  et  Ton  vit  qu'ils  se  retir^rent  trfes  contents. 
M.  Dulong  jouait  Titus,  Poydebat  Brutus,  etc.  Madame  S6nat  eut  la 
complaisance  de  jouer  le  rAle  de  TuUie.  Cette  pifece  fut  suivie  du 
Iksespoir  de  Jocrisse,  comWie  qui  fut  6galement  oouverte  d'applau- 
dissements.  M.  Sentex  joua  le  premier  r61e.  M.  LebS  y  joua  aussi;  et 
]h  encore  Mademoiselle  Laval  la  cadette  voulut  bicn  prendre  un  r61e 
avec  Madame  Dulong. 

«  Depuis.  le  23  vend^miaire  de  Fan  xiii,  Ton  joua  Vlndigent^ 
drame.  M.  Cortade,  de  Bordeaux,  qui  se  trouvait  alors  k  Fleurance, 
prit  le  r61e  de  Petit-Maltre.  Les  autres  furent  remplis  par  les  amateurs 
qui  avaient  paru,  k  Texception  de  celui  de  I'lntendant  que  mon  beau- 
fr^re  Carr^re  avait  occupy.  Cette  pi^  r^ussit  mieux  que  les  amateurs 
ne  Tesp^raient.  Dans  les  repetitions  on  se  d^fiait  de  Tuco;  cependant, 
sans  effort  ni  etude,  on  fut  tr^  content.  Cette  pi^  eut  pour  suite 
VIntendant  com^dien  malgr^  lui,  C'est  \k  oil  M.  Denjoy  Taine  etonna 
tout  le  monde;  il  remplit  tout  le  r61e  de  travestissement  d'une  manifere 
la  plus  agreable;  mais  celui  de  pemiquier-gargon  fut  execute  comme 
11  ne  Ta  peut-^tre  jamais  ete  sur  les  meilleurs  theatres.  La  salle  etait 
dans  Tenthousiasme.  Ce  fut  un  coup  de  maltre;  Timpression  qu'il  fit 
fut  etonnante.  > 

A  partir  de  ce  moment,  les  representations  se  succfedent  presque 
sans  interruption;  reian  est  donne,  I'entralnement  est  general.  Les 
dames,  qui  jusque-1^  s'etaient  tenues  k  recaxt  ou  n'avaient  accepte  que 
timidement  de  paraitre  sur  la  sc6ne,  montent  sur  les  planches  et  don- 
nent  la  replique  aux  messieurs  avec  un  entrain,  une  grftce,  un  naturel 
qui  soul^vent  les  applaudissements. 

BientAt,  le  sucote  grandissant,  il  fallut  creer  une  sodete  d'action- 
naires  pour  Texploitation  du  the&tre.  Citons  le  journal  du  directeur : 

c(  Le  soin  que  M.  Percin  se  donna  pour  Texeeution  des  projets  de 
ses  amis,  Factivite  qu*il  y  mit  lui  merita  la  direction  de  leurs  affaires. 
En  consequence,  la  caisse  des  recettes  lui  fut  remise  et  Ton  s'en  rap- 
porta  encore  a  lui  pour  les  embellissements  de  la  salle,  dont  les  frais 
cependant  durent  6tre  proportionnes  aux  recouvrements  et  cela  pour 
ne  pas  augmenter  le  prix  des  actions  qu'il  fallut  faire  pour  le  contrat 
du  the&tre.  II  y  eut  vingt  actionnaires,  dont  Fun  a  avance  1,500  livres 
au  denier  dix,  pendant  trois  ans,  epoque  qu'il  devra  toe  rembourse.  Ce 
monsieur  est  J.-M.  Garac.  » 


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-  62  — 

Cette  soci6t6  assurait  Tavenir  financier  du  thMtre.  Nos  acleurs,  sti- 
muli par  le  gout  de  plus  en  plus  prononc6  des  Fleurantins  pour  la 
com^die,  enivres  d'ailleurs  par  le  succ^s,  se  donn^ent  sans  mesure  k 
leur  vocation  nouvelle.  Ce  fut  alors  dans  cette  petite  ville  de  Gascogne 
comme  une  fi^vre  th^trale  que  renouvelaient  chaque  jour  T^tude  et  la 
r6p6tition  des  r^les,  les  preoccupations  avant  la  lev6e  du  rideau,  Teni- 
vrement  du  succfes  aprfes,  les  louanges  ou  les  critiques  d'un  public  qui 
ne  se  composait  pas  seulement  des  habitants  de  la  ville  mais  de  ceux 
qu'attirait  des  citds  voisines  la  reputation  des  artistes;  et  que  dire  encore 
des  costumes  et  des  travestissements,  question  capitale  pour  des  acteurs 
provinciaux  obliges  de  s'habiller  tant6t  en  dieux,  en  vertus,  en  abstrac- 
tions mythologiques,en  grands  seigneurs,  en  turcs,  en  polonais  d'op6ra, 
et,  pareils  k  ces  figures  qui  oment  les  frontispices  des  livres,  tant6t  en 
costume  depaysans,  de  magisters,  demarchands  forains,  de  soubreltes, 
de  laiti^res,  de  rosi^res,  etc.  A  Venise,  le  camaval  durait  six  mois;  k 
Fleurance,  sous  une  autre  forme,  il  durait  toute  rann^e. 

Voici  le  repertoire  des  pi^s  jouees  par  nos  acteurs  Fleurantins  : 
rEiourdij  de  Molifere,  Ricco,  I'Avocat  Patelirty  Genevieve  de  Bra- 
bantj  le  Sourd  ou  VAuherge  pleiney  le  Soldat  prussien^  Crispin 
rival  de  son  maitre,  VOrphelin  anglais,  VAuberge  de  Calais,  le 
Mariage  du  Capucin,  le  D^sespoir  de  Jocrisse,  M,  de  Pourceaw 
gnaCj  la  File  de  campagne,  la  Mori  de  C^sar,  Janot  ou  les  battas 
pay  entr  amende,  Mahomet ,  Brutus,  V  Indigent,  VIntendant  com^dien 
malgr^  lui,  le  Barbier  de  Seville,  M.  de  Crac,  les  Pr^cieuses  ridi- 
cules, Robert  chef  de  brigands,  le  Retour  impr^ou,  le  M^decin 
malgr^  lui,  le  L^gataire  universel,  Athalie. 

Les  acteurs  habituels  etaient :  MM.  Dulong,  Dutaut,  Dubosc,  de 
Percin,  Denjoy  Talne,  Denjoy  le  cadet,  Sentex,  Pouydebat,  Carr^re- 
Lagarrifere,  L^be,  Castad^re,  Cortade,  Margoet,  Lafitte,  Laborde;  et 
Mesdames  de  Percin,  Dulong,  Laval  ralnfe,  Laval  la  cadette,  Brebat, 
Pouydebat,  Senat. 

Voici  quelques  extraits  du  journal  deM.de  Percin  : 

«  Le  9  flor&il  an  xin,  on  donna  une  representation  de  Genevieve  de 
Brabant,  tragedie,  dans  laquelle  M.  Dubosc  fut  tr6s  applaudi;  il  avait 
le  r6le  de  Syfrey.  M.  Dutaut  jouait  dans  celui  de  Gaulo,  duquel  il  se 
tira  fort  bien.  Madame  Senat  eut  la  bonte  de  se  charger  du  r6le  de 
Genevifeve.  Elle  le  remplit  beaucoup  mieux  que  ne  permettait  de  Tes- 
perer  retat  dans  lequel  ^lle  se  trouvait  alors. 

»  Cette  pifecefut  suiviedu  Sourd  ou  raubergepleine. J amaisGomiiie 
n'avait  plu  comme  le  fit  alors  celle-l&.  Mademoiselle  Laval  fut  trte 


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applaudie,  Elle  montre  toujours  de  nouveaux  progrfes  dans  Temploi  de 
soubrette.  Mesdames  Dulong  et  Brebat  parurent  plus  ais^s  etavecplus 
d'avantage  que  dans  les  pr^dentes  repr^^sentations.  La  difficult^  d'a- 
voir  une  quatrifeme  dame  forga  Madame  Percin  k  jouer  le  Maitre  d'au- 
berge.  La  journ^e  fut  termin^e  par  un  bal. 

>  Le  23  thermidor  an  xni^  jour  de  la  f6le  de  sainl  Laurent,  fut  jou6e 
la  pifece  de  Mahomet ,  tragMie.  M.  Dulong  avait  le  r6le  de  Mahomet; 
les  aulres  r6les  6taient  remplis  par  Pouydebat,  Denjoyle  cadet,  Dubosc 
et  Lafitte.  Cette  pifece  eut  beaucoup  de  succ^  et  fut  bien  applaudie.  La 
personne  qui  plut  d'a vantage  fut  Mademoiselle  Laval,  qui  voulut  bien 
se  charger  du  r61e  de  Palmire.  Accoutum6  a  la  voir  dans  les  sou- 
brettes,  le  public  fut  agr^blement  surpris  en  la  voyant  dans  ce  nouvel 
emploiy  duquel  elle  se  tira  beaucoup  mieux  qu'on  aurait  du  s'y  attendre. 
J'ajoute  qu*elle  fit  plus  de  sensation  sur  la  sc^ne  que  pas  un  de  nos 
amateurs.  Jamais  f^te  locale  ne  fut  plus  brillante  par  le  concours 
d'^trangers  qui  s'y  rendirent  et  par  le  bal  qui  suivit  le  spectacle.  Pour 
seconde  pifeoe  on  donna  VAvocat  Paieliriy  dont  on  fut  tr^s  content.^ 

»  Le  mardi-gras  1796,  Ton  a  jou^  PourceaugnaCy  avec  beaucoup 
d'avantagepour  les  amateurs.  M.  Sent  ex  remplit  le  r61e  du  gentilhomme 
limousin.  Sbrigani  fut  jou6  par  M.  Percin;  les  mMecins  par  L6b6  et 
Margoet;  le  premier  apothicaire,  par  Tuco-Cortade;  Laborde  6tait 
Eraste,  et  Cortade  le  cadet  s'^tait  charg6  du  r61e  de  Suisse. Les  paysans 
furent  remplis  ^n  travestissement,  par  MM.  Denjoy  et  Cortade  cadet. 
Mile  Brebat  joua  Julie,  et  Mile  Dulong,  N6rine.  Cette  pi^  fut 
pr6cid6e  d'une  reprise  de  La  F^te  de  Campagne,  pr6sent^  par 
M.  Denjoy,  qui  fit  k  son  ordinaire  le  plus  grand  plaisir. 

»  La douzi6me  representation  eut  lieu  le  1®**  juin  1806.  On  s'est  rendu 
au  d&ir  de  quelques  dames  de  la  ville  et  Ton  a,i  cet  effet,  jou6  Athalie. 
Cette  pifece  a  eu  plus  de  auccte  qu'on  ne  devait  s'y  attendre;  chacun 
fut  accompli  dans  son  rdle.  La  sc^ne  ^tait  orn6e  d'un  choeur  compost 
des  jeunes  demoiselles  de  la  ville.  Au  milieu  de  toutes,  celle  qui  int6- 
ressa  le  plus  fut  Mme  Pouydebat,  qui  6tonna  tout  le  monde  par  la 
manifere  sup^rieure  dont  elle  d^bita  et  rendit  le  r61e  de  Josabeth.  Sou 
mari  avait  celui  du  grand  pr^tre.  Mme  S6nat  remplit  le  r6le  d'Atbalie; 
Percin  celui  de  Baal  (Mathan);  le  cadet  Denjoy  celui  d'Abner,  et 
Lafitte  TaSn^,  celui  de  confident. 

»  On  donnapourlatreizi^merepr&entation,lejourdela  saint  Laurent 
1806,  le  Barbier  de  Simile.  Mme  S6nat  s'acquitta  avec  beaucoup 
d'intelligence  du  r61e  de  Rosine.  Bartholo  fut  jou6  avec  sucote  par 
M.  Cortade^de  Bordeaux,  qui  se  trouvant  k  Fleurance  dans  ce  moment 


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remplaga  M.  Sentex,  qui  tomba  malade  neuf  jours  avant  la  repr&en- 
tation  de  cette  pi^.  Le  r61e  du  comte  fut  rempli  par  M.  Carrfere  le 
cadet:  ilfut  tr^  gout6.  M.  Den  joy  Tain^  fut  applaudi  beaucoup  dans 
le  r61e  de  Figaro,  qu'il  remplit  parfaitement  bien.  M.  Basant  joua 
Bazile. 

»  Cette  pi^ce  fut  suivie  d'une  reprise  de  VAuberge  de  Calais,  dans 
laquelle  M.  Denjoy  I'aln^  brilla  on  ne  pent  plus. 

»  La  quinzi^me  repr^ntation  a  eu  lieu  le  dimanche  gras  de  cette 
annde  1808,  On  a  donn6  Robert  chef  de  Brigands^  commie,  et  le 
Reiour  impr^u,  de  Regnard.  M.  Dulong,  d'Astafort,  joua  avec  beau- 
coup  d'avantage  le  r61e  de  Robert  et  fut  dans  plus  d'un  endroit  sup^ 
rieur  k  ce  qu'il  s'6tait  montr^  jusqu'ici.  Cette  pifece,  dans  laquelle 
Mme  S^nat  d^ploya  beaucoup  de  sensibility  dans  le  r61e  de  Sophie^ 
eut  plus  de  succfes  qu'on  ne  Tesp^rait  d'abord,  parce  que  T^loignement 
de  Tacteur  principal  ne  permit  que  de  faire  trois  repetitions. 

»  Le  Reiour  impr^u  fut  jou^  superieurement.  Jamais  pifece  n'a  iti 
mieux  ex&utfe.  Mme  Percin,  qui  d^buta  ce  jour-1^  dans  le  r61e  de 
Lisette,  channa  toute  Tassemblee  par  son  aisance  et  sa  franche  galte. 
M.  Percin  avait  le  r61e  de  L&indre. 

»  Le  mardi  gras  suivant,  M.  Denjoy  et  Mile  Dulong  charmferent 
tons  les  spectateurs.  Tun  dans  le  r61e  de  Sganarelle,  I'autre  dans  celui 
de  Martine  du  M^decin  malgr6  luu  Mme  Percin  eut  Temploi  de  la 
nourrice.  II  faut  rapporter  ici  une  anecdote  qui  prouve  que  cette 
agr6able  debutante  ne  s'intimide  ni  ne  se  d^concerte  pas  trop  ais^ment. 
Pendant  que  c'est  k  elle  k  parler,et  n'entendantpas  le  mot  du  souffleur, 
elle  s'adresse  directement  k  lui  pour  le  demander  et  Tayant  entendu, 
elle  bailie  ce  dialogue  avec  tant  de  grftceet  degalte,qu'elleest  applaudie 
par  la  salle  tout  enti&re.  > 

Le  journal  de  M.  de  Percin  s*arr6te  au  14  aout  1808. 

Couvent  des  Ckurdeliers  d'Auoh 

M.  Delias,  poursuivant  ses  recherches  sur  les  communautis  et  oon- 
fr^ries  d'Auch  avant  la  R6yolution,  est  amen^  k  s'occuper  des  Corde- 
liers. 

€  C'est  de  1255  que  date  T^tablissement  dans  notre  ville  de  €  ces 
>  chevaliers  de  la  pauvret6  que  saint  Francois  d' Assise  avait  envoy& 
»  de  toute  part  chercher  tournois  spirituels  pour  y  vaincre  les  Ames  en 
»  champ  clos.  » 

»  Hispan  de  Massas  pourvut  k  leur  6tablissement,  que  G^raud  V, 
oomte  d^Armagnac,  rendit  dSfinitif^  en  leur  donnant^  k  cette  fin^  une 


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petite  propri^t^  confrontant  aux  fosses  de  la  ville,  prfes  de  la  Porte- 
Neuve. 

»  Une  bulle  du  pape  Alexandre  IV  confirme,  en  1259,  la  donation 
faile  aux  Cordeliers  par  les  consuls  et  la  communaut6  d'Auch  de  Tem- 
placement  de  leur  convent  et  de  leur  ^^lise. 

»  Le  couvent  prospera  rapidement  et  T^glise  et  le  cloitre  recueil- 
lirent  les  cendres  des  personnes  les  plus  riches  de  la  ville,  ainsi  que 
r^tablissaient  le  mausol^e  en  pierre  dans  T^glise,  du  c6t6  de  T^pltre, 
de  R6gine  de  Goth,  femme  de  Jean  I®'',  comte  d*Armagnac  et  de  Ro- 
dez,  et  des  plaques  de  marbre  aujoiird'hui  disparues  (1). 

»  La  maison  conventuelle,  T^lise,  une  chapelle,  des  cloUres,  des 
jardins  occupaient,  en  1790,  Tespace  compris  entre  la  place  d'Armes, 
la  rue  de  Flntendance,  la  Halle  aux  grains  actuelle,  la  rue  Saint- 
Fmn^ois  et  le  Foirail. 

»  A  la  Revolution,  le  couvent  comptait,  avec  le  P.  Alexis  Dascot, 
provincial,  8  religieux  et  3  fr6res  proffes  (2). 

>  Par  suitedelamain-mise  par  la  Nationsur  les  biens  immeubles  des 
Cordeliers,  une  partie  des  bAtiments  furent  vendus  k  des  particuliers, 
savoir :  la  chapelle,  au  citoyen  Segrestan,  par  acte  administratif  du  26 
prairial  an  iv  (14  juin  1796);  une  maison,  k  Augustin  Druilhet,  le  25 
mars  1791;  une  maison,  au  citoyen  Dansos,  par  acte  administratif  du 
l*"-  fevrier  1793. 

»  Dterann^l792,  le  couvent  proprement  dit,  T^lise  et  leurs  d6pen- 
dances  furent  affect^es  au  d^partement  de  la  Guerre,  suivant  arr^t6  de 
TAdministration  centrale.  lis  servirent  k  Tadministration  militaire  de 
magasins  de  subsistances  en  tout  genre  et  d'atelier  d'armes  qui  occu- 
pait  trente  ouvriers. 

»  Cette  affectation  fut  confirm^  par  arrftt^  de  TAdministration  cen- 
trale du  d^partement  du  Gers,  du  23  prairial  an  iv  (11  juin  1796). 

fl)  Manuscrits  d'Aignan,  pieces  justiflcatives,  vol.  86,  pages  1429  &  1445. 

A.  Lavergne,  Compte-rendu  des  excursions  de  la  Soci4t4  frangaiso  d'ar^ 
chdologie  dans  lo  Gers,  in-8%  p.  31.  Auch,  Foix,  imp.,  1883. 

(2)  Journal  VAppel  au  Peuple  du  15  juilletl882.  —  Labiblioth^que  du  couvent 
des  Cordeliers  comprenait,  lors  de  la  mainmise  de  la  Nation,  en  1791,  800  volu- 
mes et  la  bibliotheque  particuUere  de  I'abb^  d'Aignan  du  Sendat,  mort  en  1764, 
qui  la  lui  avail  l^gu^e  par  testament  avec  ses  manuscrits  celebres,  si  importants 
pour  rhisioire  locale  el  le  diocese  (V.  B6n6lrix,  le  Vandalisme  r6oolutionnaire 
dans  le  Gers.) 

Ces  manuscrits  el  les  livres  transport's,  en  1791,  au  collie  d'Auoh,  font 
aujourd'bui  partie  de  la  biblioth^ue  de  la  ville  install6e  dans  Tancienne  dglise 
des  Carmelites. 

Tome  XXXV.  5 


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—  66  — 

»  Le  g^nie  militaire  en  cMa,  cependant  une  partie  au  d^partement  du 
Gers,  en  1820,  pour  le  casernement  de  la  gendarmerie.  La  cession  en 
fut  consentie,  aprte  une  resistance  de  plusieurs  ann^,  h  la  charge 
par  rAdministration  civile  de  supporter  k  concurrence  d'une  somme  de 
6,000  fr.  les  frais  relatifs  au  d^placement  que  devait  subir  la  manu- 
tention  des  vivres  et  de  faire  Tabandon  pour  le  service  des  lits  mili- 
taires  d'une  partie  des  dcuries  de  la  Prefecture  (1). 

»  Les  travaux  de  construction  de  la  caserne  de  gendarmerie  s'^levferent 
au  cbiflEre  de  34,900  fr.  et  furent  dirigds  par  Tarchitecte  Lodoyer,  de 
1820  k  1828. 

»  Le  cloltre  ne  f ut  d6moH  qu'en  1843;  on  construisit  alors,  sur  son 
emplacement,  une  chaussde  pavde  en  revers  pour  ^carter  les  eaux  plu- 
viales  et  preserver  les  ^curies  de  Thumidite. 

»  Les  debris  gothiques  du  clottre  provenant  de  sa  demolition,  laisses 
dans  la  cour  de  la  gendarmerie,  furent  abandonnes  k  la  merci  de  tout 
le  monde  et  se  trouvent  ainsi  disperses  (2). 

»  Les  degres  du  porche  de  reglise  ont  ete  supprimes  et  le  vandalishie 
revolutionnaireoucontemporainn'ontepargneque  lelambris,  les  murs 
exterieurs  de  I'eglise  et  la  sallecapitulaire.  Le  maltre-autel,  la  chapcUe 
de  Saint-Crepin,  trois  autres  chapelles  avec  leurs  retables,  le  grand 
choeur,  la  chaire,  Tantique  lutrin,  les  statues  des  quatre  evangeiistes, 
les  mausoiees,  les  plaques  de  marbre,  les  reliquaires,  les  omements, 
tout  a  disparu,  et  ce  passe  religieux  se  trouve  aujourd'hui  remplace  par 
les  fourgons  de  notre  armee. 

»  L'eglise  des  Cordeliers  d'Auch  a  cependant  sonhistoire.  On  y  ffeta, 
le  9  juin  1731,  la  canonisation  des  bienheureux  Jacques  de  la  Marche 
et  Frangois  Solan,  religieux  de  TOrdre  de  Saint- Frangois.  Les  fetes 
dur6rent  huit  jours. 

»  II  existe  une  relation  de  cette  ceremonie,  in-4°  de  10  pages,  im- 
primee  k  Toulouse  chez  la  veuve  Renault,  1731. 

€  Cette  relation  donne  des  details  circonstanciesdes  ffctes  et  de  Tome- 
mentation  de  reglise  des  Cordeliers  : 

«  Les  assortiments  du  maltre-autel  consistaient  en  six  grands  chan- 
»  deliers  d'argent,  avec  leurs  derges  et  un  crucifix  en  mftme  met^l.  Le 


(1)  Lettre  du  ministre  de  la  guerre  au  pr^fet  du  Gers,  du  29  f^vrier  1820  (Arch, 
depart.). 

(2)  A.  Lavergne.  Ewcursions  de  la  SocUU /ran^ise  d*arch4ologie  dans  le 
Gera  en  1881  (Auch,  Foix,  impr.),  pages  30,  31.  —  Une  partie  de  ce  cloitre  a  6te 
reconstituee  dans  une  des  salles  du  mus^e  de  la  Soci^te  historique  de  Gascogne. 


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—  67  — 

»  devant  de  Tautel,  avec  les  credences,  6tait  k  fond  d^argent,  en  relief 
»  d'or,  le  lout  accompagn6  de  plusieurs  reliquaires  et  de  tableaux  de 
»  prix.  » 

«  Le  chapitre  de  la  m^tropole  ouvrit  ensuite  son  tr6sor  et  offrit  ses 
»  plus  riches  ornements,  ses  vases  sacr^s  et  son  argenterie  la  plus  pr6- 
»  cieuse.  La  sacristie  du  convent  se  trouva  tout  k  coup  enrichie  de 
»  plus  de  quarante  mille  livres  d'ornements  d'aulel  ou  de  choeur,  tivis 

>  des  trois  fameuses  chapelles  de  feu  M.  le  cardinal  de  la  Tr6mouille, 

>  de  M.  de  Trapes,  et  deM.  de  Vic,  archev^ques  d'Auch;  ensemble  de 

>  Tornement  noir  glac6  d'argent  relev6  en  bosse  d'or  (deux  6cussons 
»  de  France  k  chaque  pi^),  donn6  par  feue  la  reine-m^re  k  M.  de  la 

>  Molhe-d'Houdancourt;  de  six  batons  de  chantre,  dedeux  encensoirs 

>  avec  leurs  navettes,  dedeux  grands  calices  et  delamaltressecroix,  le 
#  tout  en  argent,  mais  plus  riche  par  la  main  de  Touvrier  que  par  la 
»  matifere.  » 

>  Une  ordonnance  du  grand  s6ndchal  (1),  du  12  mars  1789,  d&igna 
r^lise  des  Cordeliers  pour  la  tenue  de  TAssemblte  des  trois  Etats  fixte 
au  20  mars  de  la  m^me  ann6e. 

>  C'est  6galement  dans  cette  6glisequefutpr6t6,  le  22  Janvier  1791, 
le  serment  civique  (2).  > 

M.  Tierny  dit  qn'k  la  s^rie  des  destinations  successives  qu'a  cues  le 
convent  des  Cordeliers,  il  faut  ajouter  que  le  Conseil  g6n6ral  a  dfcidi 
d'y  installer  les  Archives  d^partementales.  Ce  sera  une  excellente 
mesure;  le  convent  des  Cordeliers  renferme,  en  effet,  d'importants  ves- 
tiges de  son  passe  religieux,  I'ancienne  salle  capitulaire  notanmient, 
avec  ses  belles  voutes  du  xiv«  sitele  et  ses  peintures  murales  (celles-ci 
n'ont  pas  ^t4  sans  souftrir  de  la  transformation  de  la  salle  en  magasin 
k  fourrages).  Sur  un  des  c6t6s  de  la  cour,  on  voit  encore  les  arcatures 
416gantes  du  cloitre;  ces  restes  arch6ologiques,  qu*on  pouvait  croire 
vou6s  k  I'oubli  et  k  la  destruction,  m6riteraient  d'Mre  mis  en  lumifere 
par  une  restauration  intelligente.  lis  seront  du  moins  soustraits  k  toutes 
les  causes  de  deterioration  qui  les  menagaient. 

La  devotion  ik  saint  Martin  en  Qa8cog:ne 
M,  Despaux  met  sous  les  yeux  des  membres  presents  k  la  reunion 

.  (1)  Ordonnance  du  grand  s^ndchal  d'Auch  (k  Auch,  chez  J.-P.  Duprat,  impri- 
meur  du  roi),  in-folio. 
(2)  Monlteur  du  25  Janvier  1791,  n«  25. 


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—  68  — 

une  trfes  ancienne  statue  en  bois  representant  saint  Martin  et  dont  il 
fait  donau  musde  de  la  Soci(ite  historique  de  Gascogne;  cette  statue  a 
6t6  trouv^e  k  Antras  et  provient  de  l*^lise  de  ce  lieu. 

M.  Despaux  rappelle  k  ce  sujet  que  saint  Martin,  dont  le  culte  fut 
toujours  si  r^pandu  dans  le  nord  de  la  Gaule,  dut  6tre  k  T^poque 
gallo-romaine  un  des  saints  les  plus  populaires  de  la  Gascogne.  La 
premiere  ^lise  d'Auch,  situ6e  sur  les  bords  du  Gers,  k  Tendroit  oii  est 
le  moulin  qui  porte  encore  son  nom,  lui  6tait  d6di^;  on  pourrait  citer, 
outre  r^glise  d' Antras,  une  foule  d'autres  6glises  dans  le  dioc^e. 

M.  de  Carsalade  fait  observer  que  cette  devotion  ne  s'explique  pas 
seulement  par  le  souvenir  profond  qu'on  gardaen  Gaule  de  cette  grande 
figure  d'ap6tre^  si  propre  k  frapper  Timagination  des  foules,  mais  que 
le  nom  m^me  du  saint  fut  pour  quelque  chose  dans  sa  popularity. 
Martinua  est  en  eflfet  un  d6riv6  de  MarSy  et  d'aprfes  la  pratique 
constante  des  premiers  ^p6tres  du  ehristianisme,  des  ^lises  d^i^s  k 
notre  saint  (qui  est  du  reste  le  patron  des  guerriers)  durent  souvent 
prendre  la  place  de  temples  6rig6s  autrefois  au  Dieu  de  la  guerre. 

L'ordre  du  jour  6tant  6puis6,  M.  de  Carsalade,  au  nom  de  toute  la 
Soci6t6  adresse  ses  felicitations  k  M.  le  g^n^ral  Grillon,  appeli  k  remplir 
au  ministfere  de  la  guerre  le  poste  ^lev^  de  directeur  du  g6nie. 

€  M.  le  g6n6ral  Grillon,  dit-il,  a  6t4  un  des  premiers,  avec  M.  le 
Pr^fet  du  Gers,  k  r^pondre  k  I'appel  que  nous  avons  adress6,  il  y  a  un 
an,^  tons  ceux  qu'int^resse  Thistoire  de  notre  pass6.Cehaut  patronage 
a  6t6  pour  beaucoup  dans  le  succfes  de  nos  Soirees  arch^ologiquea 
auxquelles,  de  son  c6t6,  M.  L6once  Couture  a  donni  dans  la  Revue 
de  Gascogne  une  hospitality  si  large  et  si  empress^. 

>  Non  content  d'etre  des  plus  exacts  k  nos  stances,  M.  le  gtoiral 
Grillon  a  tenu  k  prendre  part  k  nos  excursions  archtologiques  et  il 
s'est  montr6  \k  ce  qu'il  est  toujours,  bon,  aimable,  accueillant,  oubliant 
qu'il  nous  6tait  sup^rieur  et  par  la  position  et  par  le  talent  et  se  m^lant 
k  nous  avec  une  simplicity  charmante.  Ces  souvenirs  sont  inoubliables 
et  le  g6n6ral  restera  parmi  nous  comme  le  vrai  modfele  du  parfait 
archtologue  et  du  sympathique.confr^re.  * 

M.  le  g6n6ral  Grillon  remercie  M.  de  Carsalade  de  ses  felicitations; 
il  ne  m6rite  pas,  dit-il,  les  61oges  qui  viennent  de  lui  6tre  donnas  pour 
son  exactitude  aux  stances  et  aux  excursions  de  la  Society  qui  ont 
toujours  6t6  pleines  d'int&*t.  En  adressant  lui-mfeme  ses  adieux  aux. 
membres  de  la  Soci6t6,  il  dit  que  de  loin  comme  de  prte  il  suivra  leurs 


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travaux  et  aussi  leurs  excursions,  auxquelles  il  prendra  part  dans  la 
mesure  du  possible. 

I-a  Soci6t6  s'ajourne  au  4  d^cembre. 


XI 
Stance  du  4  D^oembre  1893 


Pr^sidenee  de  M.  le  PR^FST  DU  GBRS 


Presents  :  MM.  Ballas,  Calcat,  de  Carsalade  du  Pont, 
Chavet,  Cocharaux,  DartigueSj  Daudoux,  Bellas,  Lacoste, 
J.  Lacomme,  Lagarde,  Le  Bret,  Lozes,  Albert  Lozes,  Mi&tivier, 
D"*  Samalens  et  Tierny,  s6cr6taire. 

Faience  trouT6e  A  Arcamont 

M.  le  Pr6fet  met  sous  les  yeux  des  membres  de  la  Soci^t^  un  16gu- 
mier  en  faience  d6cor6e  provenant  du  cMteau  d'Arcamont.  C'est  une 
tr^s  belle  pifece  de  collection  dont  la  date  n'est  pas  douteuse;  sa  forme 
nous  montre,en  efIet,qu'eUe  est  absolument  du  style  Louis  XV.Quant 
k  Torigine,  elle  est  plus  difficile  k  determiner;  d'abord  est-K*^  un  produit 
de  Marseille  ou  de  Strasbourg?  Les  couleurs  et  les  motifs  de  d6coration 
sont  presque  identiques  h  Marseille  et  k  Strasbourg;  c'est  au  toucher 
seulement  qu'on  pent  les  diff^rencier,  le  Marseille  ayant  habituellement 
plus  de  relief. 

M.  de  Carsalade  fait  remarquer  que  sur  le  l^umier  en  question 
figurent  des  papillons  et  que  c'est  un  motif  de  decoration  qui  a  6\i  trfes 
souvent  employ^  k  Marseille. 

M.  le  Pr6fet  dit  que  c'est  surtout  le  coloris  qui  doit  nous  guider  pour 


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—  70  — 

la  determination  d'origine;  or,  dans  la  pitee  en  question,  le  rouge  est 
moins  intense  que  dans  les  produits  de  Marseille  et  de  Strasbourg; 
aussi  en  la  rapprochant  d'autres  pieces  dont  Torigine  est  certaine,  il 
croit  que  le  16gumier  provenant  de  la  famille  d'Arcamont  faisait  partie 
d'un  service  sorti  des  fabriques  d'Aprey,  lesquelles  ont  joui  d'une 
grande  vogue  au  xviii«  si6cle. 

M.  de  Cai'salade  dit  que  Fexistence  dans  la  famille  d'Arcamont  d'un 
service  de  table  d'une  provenance  6trang^re  k  notre  pays  n'est  pas  pour 
nous  surprendre;  la  marquise  d'Arcamont,  bien  que  d'origine  dauphi- 
noise,  6tait  avant  tout  parisienne  et  tr6s  m616e  k  la  vie  de  la  cour  de 
Louis  XV;  c'est  d'elle  ^videmmentque  provenait  le  service  dont  M.  le 
Pr^fet  possMe  une  6pave. 


La  Noblesse  etla  S^n^chauss^e  d'Auoh  aux  Assemblies  dlectorales  de  1789 

M.  Blade,  indiquait  jadis  rint^r^t  qui  s'attacherait  k  la  publication 
des  catalogues  officiels  dela  noblesse  de  nos  contrtes  en  1789;  en  m^me 
temps  M.  L6once  Couture  recommandait  de  signaler  les  proc^-ver- 
baux  et  les  cahiers  manuscrits  ou  imprimis  de  toutes  les  senechauss^es 
comprises  dans  Tintendance  d'Auch  (1). 

Ce  sont,  en  eflfet,  des  documents  de  premier  ordre  qu'il  est  int^res- 
sant  de  faire  connaltre.  L'appel  de  nos  savants  compatriotes  a  ^t^ 
entendu  en  ce  qui  concerne  la  senechauss6e  d'Auch,  dit  M.  Delias,  et 
il  rappelle  k  ce  sujet  les  travaux  de  M.  de  Bastard  d'Estang,  AmMfe 
Tarbouriech  et  autres. 

II  n'en  reste  pas  moins  de  regrettables  lacunes  k  combler;  par 
exemple  on  ne  poss^dait  jusqu'aujourd'hui  aucune  liste  des  nobles  de 
la  senechaussfe  d'Auch.  Mais,  si  Iesd6p6ts  publics  (archives  nationales 
et  d6partementales)  n'ont  pas  ce  document,  il  n'en  est  pas  de  m6me 
des  archives  privies.  C'est  ainsi  que  M.  Delias  donne  lectui^e  des 
noms  des  geniilshommes  de  la  s^n^chauss^e  d'Auch  presents  a 
V Assemble  des  ^tats  du  20  mars  1789.  Cette  liste  ofire  tons  les 
caractferes  voulus  d'authenticil6,  puisqu'elle  est  6crite  de  la  main  du 
marquis  d'Arcamont  qui  faisait  lui-m6me  partie  de  TAssemblde.  II  y 
avait  161  membres  presents  qui  dtaient  eux-m6mes  porteurs  de  87 
procurations  (2). 

(1)  Reoue  de  Gascogne,  1864,  pp.  481  et  suiv. 

(2)  Cette  liste  serJi  publi^e  dans  VAnnuaire  du  Gars  de  1894,  3«  partie. 


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—  71  — 

La  noblesse  61ut  M.  de  Lupp*  pour  son  repr&entant  aux  Etats- 
G^n^raux  et  elle  r6suma  ensuite  les  diflf^rents  points  qui  devaient  6tre 
pr^sentfe  k  la  discussion  des  Etats.  Ce  Cahier  des  doUancea  de  la 
noblesse  (1)  r^unie  en  assemhUe  pr^aratoire  ^tonnerait  par  lahar- 
diesse  des  r6formes  demand^s,  si  Ton  ne  savait  que  presque  partout 
les  gentilshommes  furent  les  promoteurs  du  mouvemenl  del789:il 
contient  en  r&um6  les  riformes  que  la  noblesse  formula  ensuite  difini- 
tivement  dans  les  Cahiersde  la  noblesse  ei  des  s^n^chauss^es  d*Auch 
et  de  Leeioure,  publics  par  M.  de  Bastard  d'Estang. 


La  TiUe  d'Auoh  en  1575 


M.  de  Carsalade  du  Pont  fait  la  communication  suivante : 

Lorsque  Catherine  de  M6dicis  vint  k  Auch,  en  1578,  pour  son 
enlrevue  avec  son  gendre,  le  roi  de  Navarre,  elle  fut  suivie  par  la  fleur 
de  la  noblesse  de  France.  Parmi  les  gentilshommes  de  sa  suite  se 
trouvait  le  due  de  Bouillon.  J'ai  6t6  curieux  de  rechercher  dans  les 
M6moires  du  duo  Timpression  que  lui  avait  produite  notre  capitale  de 
Gascogne.  «  Auch,  dit-il,  est  une  petite  villo  presque  peuplde  de  prfe- 
tres.  »  —  J'avoue  que  mon  amour-propre  se  trouva  bless^  decette  qua- 
lification Aq  petite  ville  doun&k  Tantique  Augusta  Auscorum,  k  la 
capitale  de  la  Novempopulanie. 

Je  me  souvins  alors  que  notre  compatriote  Belleforest  avait  pu- 
blic, en  1575,  trois  ans  avant  que  notre  ville  n'eiit  Thonneur  de  re- 
cevoir  M.  le  ducde  Bouillon,  un  gros  ouvrage  intitule :  Cosmogra- 
phie  universellej  dans  lequel  il  donnait  une  vue  cavali^re  de  la  ville 
d'Auch. 

Je  pris  le  gros  volume^  et  il  me  fut  h^las  I  trop  facile  de  me  con- 
vaincre  que  le  due  avait  raison.  Notre  bonne  ville,  qui  s'^tale  aujour- 
d'hui  si  largement  sur  le  coteau  et  dans  la  plaine,  enserr6e  alors  dans 
ses  remparts  de  pierre,  6tait  en  efiEet  une  petite  ville.  Mais  quelle  petite 
ville  !  et  que  j*en  connais  de  grandes,  voire  m6me  Sedan,  ou  M.  le  due 
entretenait  garnison,  qui  eussent  voulu  lui  ressembler !  11  y  avait  un 
archev^ue  dans  un  magnifique  palais,  un  chapitre  m6tropolitain  com- 
post de  vingt  chanoines  et  parmi  eux  le  cil^bre  historien  Catel,  des 

(1)  C'est  un  cahier  de  10  feuillets,  sans  nom  d'imphmeur. 


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-  72  — 

pr^bendiers  k  leur  suite,  tous  gens  de  bien,  des  moines  de  tous  les 
ordres,  B^n^iclins,  Dominicains,  Franciscaias,  un  collie  celfebre  k 
cent  lieues  k  la  ronde,  un  corps  de  ville  que  M.  de  Monluc  prisait  tr6s 
fort,  un  s6n6chal,  des  magistrals  qui  savaient  leur  droit  comme  pas 
un,  une  cath^ale  sans  rivale  avec  dix  ^lises  suffragantes,  enfin  une 
petite  ville  qui  subit  bien  des  assauts  et  ne  fut  jamais  prise,  Auch  la 
la  pucelle,  la  bonne  ville  du  roi  de  Navarre ! 

La  Cosmographie  de  Belleforest  est  un  ouvrage  rare,  connu  de 
pen  de  gens.  On  ne  le  rencontre  "gufere  que  dans  les  grandes  biblio- 
thfeques  publiques,  et  encore  (1)...  Jesuis  persuade  qu'en  vulgarisant  la 
vue  de  la  ville  d'Auch  qu'il  renferme,  je  fais  une  ceuvre  utile  et  patrio- 
tique.  Voici  cette  vue  avec  le  commentaire  de  Belleforest,  moins  bref 
et  moins  d^daigneux  que  celui  du  due  de  Bouillon  : 

a  L'Armaignac  est  de  grande  estendue,  ayant  en  soy  et  de  belles 
»  cit6s,  entre  lesquelles  est  Aucbs,  appel^ Auguste,  Novempopulanie  et 
»  colonic  des  Ausciens,  laquelle  estant  poste  sur  le  Gers'est  bastie  sur 
»  une  rochevivede  difficile  accez,  sinon  du  cost^  qu'on  va  a  Vic  Fasen- 
»  sac,  et  est  sa  figure  vague  du  cost6  nomm6  la  Treille;  mais  au  bault 
»  qui  fait  le  corps  de  la  cit6,  elle  est  trfes  bien  peuplee  et  remplie,  ainsi 
»  que  vous  en  pourra  faire  foy  le  present  pourtraict,  duquel  nous  a  ac- 
»  comodez  le  sieur  de  Tlsle,  gentilhomme  natif  de  la  dti  d'Auchs,  et 
»  affectionn6  grandement  k  sa  ville,  et  gloire  de  sa  patrie,  comme  il  a 
»  aussi  du  coustumier  d'Auch  et  de  sa  police  y  observ^e. 

»  En  ceste  ville  vous  voiez  I'Esglise  de  Sainte  Marie,  estim6e  entre 
»  les  plus  beaux  et  magnifiques  temples  de  TEurope,  veu  la  superbe  de 
»  sa  structure,  les  marbres  et  antiquailles  y  dress6es,  etla  grandeur  de 
»  r^difice  :  auquel  a  pr6sidd  jadis  St-Orens,  au  nom  duquel  est  fond6 
»  un  beau  et  riche  prieur6  de  moynes  de  St-Benoist  qui  depend  de 
»  Clugny. 

»  J'ose  dire  que  TEsglise  cath^drale  d'Auchs  est  la  mieux  ser- 

»  vie  de  tant  qu'il  y  en  a  en  Aquitaine,  y  ayant  si  grand  nombre  de 
»  chanoines,  prebendiers,  chapellains,chantres  et  choristes;  qu'ilsem- 
»  ble  que  ceux-cy  seuls  suffisent  pour  emplir  une  esglise  (2)  et  tous 

(1)  Les  gravures  renferm^^es  dans  la  Cosmographie  ne  contribuent  pas  pen  ^ 
rendre  cet  ouvrage  de  plus  en  plus  rare.  Les  marchands  d'estampes  en  out  dotniit 
et  en  d^truisent  chaqne  jour  nombre  d'exemplaires  pour  en  vendre  au  detail,  et 
fort  Cher,  les  gravures. 

(2)  Cette  remarque  semble  j  ustifler  Taf firmation  dn  due  de  Bouillon,  ^savoir 
que  Auch  est  une  ville  «  presque  peupl6e  de  pr6tres.  » 


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—  73  — 

>  aiant  revenus  suffisants  pour  vivre...  Les  autres  esglises  d'Auchs 

>  peuvent  par  vous  estre  k  plein  consid^rtesau  plant,  comme  aussiles 

>  portes  et  les  Edifices  plus  rares  qui  sont  en  icelle  cit6  fidelle  au  Roy, 
»  et  laquelle  s'est  conserv6e  durant  les  troubles  par  la  sage  conduite 
»  des  citoiens,  quoique  Tennemi  ait  voltig6  i  Tentour  des  finages 
»  d'icelle.  » 


Un  m6decin  du  XVI*  sidole,  ^ean  Rizot,  oculi8te»  de  Toumeooupe 

Communication  de  M.  Tierny  : 

«  En  vous  pr^sentant  Jean  Rizot  comme  une  c6l6brit6  m6dicale  du 
XVI®  si6cle,  je  craindrais  d'etre  accus6d'exag6ration;  admettons,  si  vous 
le  voulez,  qu'il  s'agit  d'une  c616bril6  locale,  r^gionale,  disons  gasconney 
k  condition  de  ne  pas  prendre  le  mot  dans  son  sens  figur6.  R6duite  k 
ces  termes^  ma  proposition  vous  paraitra  sans  doute  acceptable.  Jugez- 
en  d'ailleurs  par  la  fagon  dont  parlent  de  Rizot  ses  contemporains, 
les  magistrals  du  S6n6clial  de  Lectoure,  gens  trfes  graves  assur6- 
ment : 

€  II  n'est,  disent-ils,  personne  plus  utile  en  la  province;  il  a  pour 
»  gu^rir  les  yeux  des  Iraitements  souverains,  t^moin  M.  Sonis, 
»  homme  de  lettres  (1),  dont  il  a  sauv6  la  vue.  Celte  reputation  bien 
»  6lablie  Tamfene  k  faire  de  frequents  voyages  pour  aller  au  loin  soi- 
»  gner  les  malades.  » 

€  Mais,  sans  doute  a  cause  de  ses  occupations  nombreuses,  Jean 
Rizot  avait  oublU  de  payer  les  deniers  royaux  et  municipaux  (nous 
dirions  aujourd'hui  ses  impositions).  C'etait  bien  dangereux,  surtout  k 
une  dpoque  ou  les  cr^anciers  usaient  couramment  du  droit  redoutable 
de  la  contrainle  par  corps.  Aussi,  un  jour  qu'il  6tait  venu  a  Lectoure, 
Francis  Bilhferes,  marchand  et  fermier  des  deniers  royaux,  le  fit-il  jeter 
en  prison  comme  un  vulgaire  debiteur. 

»  Aussit6t,  grand  6moi  dans  la  ville;  que  va-t-on  devenir  si  un 
homme  si  utile  k  ses  concitoyens  est  k  la  merci  du  premier  cr6ancier 


(1^  Dans  le  document  ici analyst  on  alaiss^  en  blanc  le  prdnom  de  M.  Sonis. 
II  s'agit  sans  doute  de  Bernard,  pasteurprotestant  que  sesouvrages  peuvent  faire 
qualifier  homme  de  lettres  et  dont  le  plus  rare  est  la  Reponse  a  la  declaration 
do  Jean  de  Sponde.  II  avait  im  frere,  Jean,  qui  etait  medecin.  (Renseignement 
foumi  par  M.  Ad.  Lavergne). 


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—  74  - 

venu?  S'il  demeure  prisonnier,  queldfeastre  «  pour  les  pauvres  mala- 
»  des;  ils  peuvent  tomber  au  grand  inconvenient  de  leurs  yeux  k  faulte 
»  de  secours  et  de  prompte  m6decine !  » 

»  Jean  Rizot  avait  adress6  k  la  cour  une  requite  tendant  k  son  ^lar- 
gissement,  on  y  fit  droit;  et  pour  parer  aux  incertitudes  deravenir,on 
se  hdta  de  lui  donner  une  sauvegarde  du  roi.  C'^tait  faire  de  lui  un  pri- 
vil^ie,  c'6tait  le  soustraire  k  la  juridiction  des  justices  ordinaires;  plus 
de  prison  preventive,  plus  de  prison  pour  dettes,  on  lui  assurait,  comme 
on  disait  alors,  la  complete  r^gence  de  sa  personne. 

»  Void  d'ailleurs  le  jugement  rendu  k  cet  eflfet  par  la  cour  du  sini- 
chal  d'Annagnac : 

•  Du  second  jour  de  septembre  1591,  pardevant  M.  Labarthe,  iieu- 
»  tenant  particulier,  acistans  Cane^  Lescuraing,  Garros,  Lavenier  et 
»  Boudet,  assesseurs. 

»  Par  Marcilly  aussi  conseiller,  a  est6  rappourte  le  proc6s  d'entre 
»  M®  Jean  Rizot,  m^decin  occuliste,  suppliant  et  demandeur  en  cassa- 
»  tion  d'euiprisonement  et  autres  fais  contenus  en  sa  requeste,  d'une 

>  part,  Frangois  Bill)6res  marchant  de  la  presante  ville  de  Lectoure 
»  deffandeur  d'aultre,  cloz  en  droict,  les  pieces  veues, 

»  Ledict  Marcilly,  par  plusieurs  raisons  de  droict,  a  diet  led.  Rizot 
»  estre  personne  tr^s  privilegi6e  et  non  subjecte  k  estre  arrestee  ouem- 

>  prisonnte  pour  aulcuns  deniers  royaulx  ou  municipaulx  deubz  par 
»  la  communaulte  du  lieu  oii  il  seroict  habitant,  d'aultant  qu'il  est 
»  notoire  qu'il  n'y  a  personne  en  ceste  province  plus  necessaire  et  utille 
»  que  ted.  Rizot,  qui  est  en  reputation  d'estre  souverain  medecin  occu- 
»  liste  et  estre  fort  expert  en  la  guerison  des  yeulx;  k  raison  de  quoy  il 
»  est  appelie  souvent  en  divers  lieux,  principallement  en  la  presante 
»  ville  lorsqu'il  se  trouve  quelcun  qui  soicljj'en  danger  de  perdre  la 
»  veue,  ce  que  le  de£Fandeur  mesmene  peult  ignoreretd'ailheursordi- 
»  nerement  et  presque  chasque  jour,  du  lieu  de  Tournecouppe  d'oii  est 
»  led.  Rizot,  viennent  plusieurs  personnes  riches  et  bien  soulvables, 
»  ausquelles  se  pourroict  et  peult  encore  led.  deflfandeur  mieulx  adresser 
»  qu'aud.  Rizot,  lequel  sy  demeure  prisonier,  beau  coup  de  pouvres 
»  malades  peuvent  tomber  en  grand  inconveniant  de  leurs  yeulx  k 
»  faulte  de  secours  et  prompte  medecine. 

»  A  raison  de  quoy  et  pour  la  conservation  de  I'utillite  pnblicque  et 
»  coustume  de  tout  temps  observ^e  en  lad.  ville,  entherinant  lad. 
w  recqueste,  casseroict  Temprisonement  dont  en  icelle,  concederoict 
»  aud.  Rizot  plainement  la  rejeance  desa  personne,  en  mectant  icelluy, 

>  conmie  medecin  susdict,  en  la  protection  et  sauvegarde  du  Roy  et 


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—  75  — 

»  nostre,  luy  permectroict  aller,  venir  et  sesjourner  par  toute  la  presente 
»  seneschauc^,  en  la  quality  susdicle  et  pour  rutillil^  publieque,  en 
»  toute  liberty,  de  sa  personne;  faisant  inhibition  et  deflfence  k  toutes 
B  personnes,  de  quelle  quallil^  et  condition  qu'elles  soient,  arrester  ou 
»  faive  arrester  cy  apr^sled.  Rizot  vacquantice  dessus,sans  prejudice 
»  des  deniers  royaufx  et  aud.  Bilh^res  et  aultres  de  leurs  actions  k 
»  poursuivre  contre  qui  appartiendra  et  sans  despens  de  la  presente 
I  instance. 
>  Cane,  de  Tadvis  dud.  Marcilly,  sauf  que  diroict  que  la  quality  dud. 

>  Rizot  debvroict  estre  par  ung  prealable  veriffi6e. 

»  Lescuraing  a  diet  n'estre  pas  besoing  de  veriffier  par  ung  prte- 
»  lable  la  quallite  dud.  Rizot  k  cause  de  la  notori6t6  d'icelluy  et  pour 
»  ce  que  led.  Rizot  avoict  esii  expressement  appel^  ces  jours  demiere- 

>  ment  passes  en  la  presante  ville  pour  medicamanter  les  yeux  de 
»  M^  (un  blanc)  Sonis,  homme  de  lettres,  et  qui  peut  servir  beaulcoup 
^  k\a  republique  k  Fadvenir  et  par  plusieurs  aultres  raisons  de  Tad- 
»  vis  dud.  Marcilly  rappourteur. 

»  Garros,  Levenier  et  Boudet,  de  Tadvis  dud.  Marcilly,  comme 
»  aussi  led.  sieur  Labarthe  et  Ta  conclud  et  arrest^  avec  la  plus  grand 
»  opfrinion. 

»  Taux6  le  rapport  ung  escu  sol  (1).  » 

»  II  faut  bien  avouer  pourtant  que  celui  que  Ton  considirait  alors 
k  Lectoure  comme  un  bienfaiteur  de  Thumanitfi  nous  est  k  peu  prfes 
inconnu.  En  dehors  de  ce  qui  nous  est  Tiv6l&  par  le  proc^  que  je  vous 
signale,  nous  ignorons  tout  de  lui :  T^poque  de  sa  naissance,  la  date 
de  sa  mort,  ses  travaux,  sa  famille,  son  lieu  de  naissance  (sans  doute 
Tournecoupe);  ses  grades,  ses  dipl6mes;  en  avait-il?  Je  seraia  port6  k 
croire  que  non;  je  remarque  en  efifet  que  dans  le  procte  pr6cit6,  un  des 
conseillers  hasarde  timidement  qu'il  serait  peut-6tre  bon  de  verifier  la 
quality  de  m6decin  du  demandeur.  Les  autres  aussit6t  de  se  r6crier . 
quelle  raison  d'aller  demander  k  cet  habile  homme  en  vertu  de  quel 
droit  et  k  quel  titre  il  gu6rit  ses  malades ! 

»  Je  suis  tent6  de  supposer  d'ailleurs  qu'il  ne  se  contentait  pas  de 
m^icamenter  les  yeux  et  qu'il  dut  pratiquer  surtout  la  m^decine  op^ 
ratoire.  Notez  que  nous  sommes  k  la  fin  du  xvi«  sitele,  c'est-^-dire  k 
une  ^poque  oil  la  science  chirurgicale  a  fait  un  pas  immense  gr&ce  aux 
travaux  d'Ambroise  Par6,  qui  lui  non  plus  n'avait  pas  ^es  grades  ou 

(1)  Arch.  d^p.  du  Gers,  B.  22,  f«  131,  v. 


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—  76  — 

du  moins  ne  les  eut  que  fort  tard  parce  qu'il  ignorait  le  latin,  non  erai 
dignus  intrare  in  dodo  corpore. 

>  On  pent,  je  crois  (sans  aller  trop  loin  dans  le  champ  de  Thypo- 
th^>se),  supposer  que  Jean  Rizot  f ut  lui-m6me  un  61feve  de  Par6.  Cette 
opinion  vous  paraltra  plus  probable  si  vous  vous  rappelez  qu'avant  de 
devenir  chirurgien  ordinaire  du  roi  Henri  11,  Ambroise  Par6  fut  atta- 
chi  au  service  du  roi  de  Navarre,  Antoine  de  Bourbon^  qu'il  le  suivil 
dans  ses  expeditions  et  fut  done  appel6  k  r^sider  souvent  en  Gascogne. 
Or  il  signalait  partout  son  passage,  moins  peut-^tre  par  ses  operations 
que  par  ses  enseignements.  II  n'6tait  pas  seulement  chirurgien  habile, 
mais  avant  tout  professeur;  c'6tait  un  maltre^  un  docteur,  dans  le  sens 
rigoureux  dii  mot. 

•  »  Quoi  qu'il  en  soit,  eifeve  ou  non  de  Par^,  Jean  Rizot  me  semble 
avoir  6t6  dans  son  pays  et  dans  son  temps  un  illustre  (inconnu  aujour- 
d'hui,  h6las  I)  et  qui  m6ritait  Thonneur  de  vous  fetre  signal^.  » 


La  culture  de  la  vigne  dans  le  Fezensaguet  au  ZV*  si^ole 


M.de  Carsaladedu  Pont  cite  certains  articles  des  comptes  de  manage 
de  Charles  d'Armagnac,  vicomte  de  Fezensaguet  (1),  desquels  il  lui 
semble,  dit-il,qu'on  pent  d^duire  quelques  renseignements  sur  lafagon 
dont  on  cultivait  la  vigne  dans  le  Fezensaguet  au  xv®  si^le.  Ces 
comptes  embrassent  une  p^riode  de  dix  ans,  de  1460  k  1470.  Chaque 
annte^  au  mois  de  mars,  on  y  lit  la  mention  suivante  : 

«  Item.  Per  mandament  de  Mossenhor,  son  stadas  obradas  las  binhas 
de  Maubessin,  de  poda,  fosse,  eysermenta,  parbaioa,  payssera,  plega, 
bia,  payssetz,  lias,  com  apar  per  him  rogle,  monta  vi  scutz  v  ardi<z. 

*  Item.Plusfocobradalabinhade  Brunhenxde  Mossenhor,de  poda, 
eysermenta,  fosse,  parboioa,  plega,  lias,  paysetz,  bia,  despensa  de 
conpanage  dels  homes  qui  an  obrada  la  dita  binha,  aysi  com  apar  per 
hun  rogle,  que  monta  la  soma  de  xiii  scutz  xiii  sos  iiii  arditz. 
•  »  Item.  Plus  fon  obradas  las  binhas  de  Mossenhor,  de  Toget,  poda, 
eysermenta,  fosse,  parbaioa,  plega,  lias,  paysetz,  bia  et  conpanage  per 
las  personas  qui  an  feytas  las  ditas  obras,  monta  v  scutz.  » 

D'aprfes  ces  textes,  le  travail  de  la  vigne  consistait  dans  la  taille 

(1)  Arch.  d^p.  des  Basses-Pyr6n6es,  E.  n"... 


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—  77  — 

{poda)y  la  mise  des  sarments  en  fagots  {eysermenia)^  le  d&jhaussage 
(fo8se)y  r^bourgeonnement  (parbaioa),  la  plantation  des  6chalas 
(paysera)y\e  raltachementdes  sarments  aux^halas  (plega)y\e  rechaus- 
sage  (6ia),puis  vient  la  d^pense  des  liens  et  des  echalas  {lias^paysets), 

Les  mois  payseruy  pleguy  lias,  pay  sets,  indiquent  que  les  vignesdu 
vicomte  de  Fezensaguet  6tait  des  vignes  d  hautainsj  genre  de  culture 
abandonn6  depuis  bien  longtemps,  mais  auquel  on  parait  vouloir 
revenir  comme  plus  favorable  k  la  vitality  de  la  vigne  et  plus  productif . 
L'^bourgeonnement  6tait  6galement  abandonn^,  mais  les  viticulteurs 
modernes  en  ont  reconnu  Futility  et  I'on  recommence  k  le  mettre  en 
pratique.  Tant  il  est  vrai  qu'en  fait  de  culture,  les  vieilles  formules 
sont  souvent  les  meilleures  et  que  nos  p^res  en  savaient  autant  sinon 
plus  que  nous  pour  faire  rendre  k  la  terre  tout  ce  qu'elle  etait  suscep- 
tible dedonner.  Je  dois  ajouter  que  les  vignobles  du  vicomte  de  Fezen- 
saguet ne  produisaient  que  du  vin  rouge.  II  est  souvent  fait  mention 
de  vin  blanc  dans  ces  comptes  de  manage,  ma^s  c'est  toujours  pour  en 
indiquer  Tachat  fait  k  Lectoure,  k  Beaumont,  k  Saint-Clar,  etc. 

M.  Lacoste  ajoute  que  des  termes  de Tacte cit6 par  M.  de  Carsalade,  il 
r^ulte  tr6s  clairement  que  la  taille  longue  6tait  alors  usit^e  dans  les 
environs  de  Mauvezin;  on  ne  s'expliquerait  pas  autrement  les  termes 
paysera,  plega,  liaSy  paysets.  Or,  c'est  1^  un  fait  qu'il  importe  de 
remarquer.  La  taille  longue,  usit6e  encore  aujourd'hui  dans  certains 
cantons  du  sud  et  du  sud-ouest  de  notre  d^partement,  avait  disparu 
depuis  longtemps  dans  les  environs  de  Mauvezin;  en  Temployant  de 
nouveau  aujourd'hui,  on  ne  ferait  done  que  revenir  k  unproc6d6  autre- 
fois usit6. 

L'ordre  du  jour  6tant  6puis6,  la  Soci^t^  fixe  au  8  Janvier  la  date  de 
de  sa  prochaine  reunion. 


QUESTIONS  ET  RfiPONSES 


290.  Sur  quelques  points  de  I'histoire  litt^raire  du  patois  dans  le 
d6partement  du  Oers. 

RipONSE  (Voyez  la  Question  et  une  premiere  R^ponnet  au  tome  prdo^dent,  p.  527  et  528). 

L'auteur  du  De  Profundis  gascon,  «  M.  Cotis,  archiprestre  de  Miranda  », 
que  le  P .  AmUha  a  fait  connaitre,  n*est  autre  que  M*  Pierre  Cotis  ou  de 
Cotis,  recteur  et  archipr^tre  de  T^lise  paroissiale  N.-D.  de  Mirande.  II 


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—  78  — 

figure  avec  ces  demiers  titres  dans  on  acte  du  22  octobre  1645  (1 ).  Le  Pouill6 
du  dioc^  d*Auch,  dress6  en  1672  par  Mgr  de  la  Mothe-Houdancourt, 
nous  apprend  (2)  qu*il  6tait  encore  k  cette  epoque  cur6  de  Mirande,  et  qu'il 
avait  72  ans.  II  etait  done  n6  avec  le  si^cle  lui-m6me»  en  1600. 

II  appartenait  k  une  famille  des  plus  honorables  de  Mirande.  Un  acte  da 
3  aoAt  1602  nomme  Bernard  Cotis,  «  bourgeois  de  Mirande  »,  lequel  avait 
6pou86  une  jeune  fille  d'une  des  meilleures  maisons  de  Vic-Fezensac,  de- 
moiselle FranQoise  de  Relongue,  qui  fit  son  testament  k  Mirande,  le  6  f^vrier 
1603  (3).  Ce  sent  sans  doute  les  parents  de  notre  cure-po^te.  On  trouve 
aussi :  le  4  octobre  1644,  Charles  Cotis,  docteur  en  droit  et>vocat  au  Par- 
lement  de  Toulouse,  «  juge  de  la  ville  de  Mirande  »;  le  9  novembre  1645, 
Bertrand  Cotis,  avocat  au  pr^sidial  de  Toulouse.  II  faut  voir  en  eux  pro- 
bablement  les  fr^ree  de  I'archipr^tre.  (Minutes  de  Capdan  et  Falgoux,  en 
r^tude  Gouzenne,  k  Mirande;. 

Quant  aui  livres  patois  public  «  k  Tinstigation  du,  cardinal  de  Poli- 
gnac,  »  je  n'en  ai  pas  trouv6  trace  authentique  et  siire,  malgr6  de  nom- 
breuses  recherches  en  plusieurs  de  uos  vieilles  maisons  rurales.  Cependant, 
dans  le  cours  de  cette  enqu^te,  j'ai  pu  mettre  la  main  sur  un  recueil  de 
a  Cantiques  spirituels  pour  les  Missions  a  V usage  des  Rdodrends  Pdres 
Missionnaires  Capucins  de  laproeince  de  Guienne^  augments  dans  cette 

demise  Edition de  quuntite  de  cantiques  nouveaux  tant  FranQais 

que  Gascons.  A  Condom,  chez  Pierre  Jacques  Larroire,  itnprimeur- 
libraire,  1751,  »  On  y  trouve  seulement  quatre  cantiques  patois.  Mais 
si  la  a  quantity  »  faisait  un  peu  d6faut  —  ce  qui  prouve  qu*il  ne  faut  pas 

(1)  A  cette  date,  M«  Pierre  Cotis  regut,  dans  T^glise  meme  de  Mirande,  de  la 
part  de  M*  Jean  Dufourc,  conseiller  du  Roi  et  premier  61u  de  T^leciion  d'Arma- 
gnac,  habitant  de  Mirande,  une  sommation  formelle  d'avoir  k  publier  imm^ 
diatement  les  bans  du  prochain  mariage  de  M«  Pierre  Seissan,  docteur  en  droit 
et  avocat  au  Parlement  de  Toulouse,  habitant  Mirande,  avec  demoiselle  Anne 
Dufourc  de  Loran  (•),  fille  de  i'^lu  susdit.  Mais  Tarchipr^lre  refusa  d'obtempdrer 
k  la  sommation.  Sur  quo!  notre  61u  courut  aussit6t  au  pied  de  la  chaire  de 
r^lise  dans  laquelle  M«  Jean  Ferris,  vicaire  de  Mirande,  6tait  en  train  de  pr6- 
cher,  et  interpella  le  pr^dicateur  pour  qu*il  proc^d^t  k  cette  publication  k  Tins- 
tant  m^me,  lui  tendant  en  meme  temps  le  papier  ou  les  bans  ^taient  Merits.  Ii 
^houa  ^galement  dans  cette  nouvelle  tentative.  Nous  ignorons  d'ailleurs  quelle 
hit  la  suite  de  I'affaire. 

(2)  Archives  de  Tarchev^ch^  d'Auoh. 

(3j  EUe  ^tait  sceur  de  Charles  de  Relongue,  juge  de  Fezensac.  Leur  p^e, 
Francois  de  Relongue,  docteur  en  droit,  est  mentionn^  dans  le  testament  d'un 
m^decin  protestant  de  Vic-Fezensac  du  6  septembre  1571,  qui  est  bien  une 
piece  des  plus  curieuses  que  je  connaisse  et  que  je  publierai  peut-^tre  ici  pro- 
chainement.  Francois  et  tons  les  siens  ^taient  catholiques. 

(*)  Lioran,  anoien  flef  noble,  pr^s  Mirande,  qai  appartenait  en  1602  k  Jean  Abadie,  mar- 
chand  de  Mirande,  et  6tait  depois  passd  entre  les  mains  des  Dofoorc.  II  est  aojoord'hoi  la 
propri^td  de  M.  Alphonse  Mieussens,  anoien  offioier  de  marine  et  anoien  maire  de  Mirande. 
Ces  Dnfoorc  dtaient  une  anoienne  famille  mirandaLse  qui  oomptait  alors  de  nombreox  mem- 
bres,  marohands,  hommes  de  loi,  militaires,  pr6tres  et  apothioaires. 


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—  79  — 

toujours  accepter  de  confiance  les  annonces  de  la  converture  —  la  quality 
en  fut  des  plus  prisees.  Les  contemporains  transmirent  ces  cantiques  a 
leurs  successeurs,  lesquels  n'eurent  garde  de  ne  pas  les  transraettre  aussi  k 
leurs  onfants.  Et  je  connais  ea  Armagnac  des  personnes  pas  tr6s  dg^es, 
Dieu  merci,  qui  chantent  encore  tr^  volontiers  quelques  couplets  de  Tun 
de  ces  cantiques : 

Debpei  que  nostre  premid  pajre 
Pequeo  per  un  bonsai  fatal  (1),  etc. 

Certains  de  ces  chants,  fran^ais  ou  patois,  sont  dits  Mre  sur  Tair  de : 

«  O  peccadou  miserable  »,  cantique  qui  nous  parait  ^tre  de  facture  assez 

r^cente  aussi.  Si  maintenant  on  se  rappelle  que  le  cardinal  de  Polignac 

mourut  le  20  novembre  1741,  ne  serait-ce  point  \ky  en  partie  du  moins, 

les  cantiques  gaseous  public,  non  pas  peut-^tre  «  k  son  instigation  », 

comme  le  dit  Abadie,  ni  pour  son  diocese,  mais  du  moins  k  son  6poque  et 

pour  un  dioc^  tout  voisin? 

A.  BREUILS. 

—  Dans  un  livre  de  comptes  de  B^tharram  (Arch,  des  B.-P.,  E.  912) 
il  est  question  d'un  proo^  entre  la  communaute  et  M.  de  Tlsle  sur  la 
possession  de  la  cure  de  Lestelle.  M.  Cotis  fut  choisi  comme  arbitre  par 
B6tharram  et  le  fameux  P^re  Cloche,  futur  g^n^ral  des  Dominicains,  par 
M.  de  risla  Voici  ces  deux  extraits  : 

Novembre  1650. 

«  Plus  estant  al^  avec  Monsieur  Cotis  et  Monsieur  de  Labastide,  sur 
Tarbitrage  que  nous  avions  fait  avec  Monsieur  de  Flsle  qui  avoit  pris  le 
R.  Pere  Cloche  et  Monsieur  le  juge  Tisnes,  et  nous  mond.  sieur  de  Cotis 
et  Monsieur  de  Salefranque.  D6pendismes  dans  quatre  jours  cheval  et 
valet  de  Monsieur  Cotis  vingt  et  cinq  livres  six  sols.  »  FoL  19,  r\ 

7  novembre.—  «  Plus  estant  al6  avec  Monsieur  de  Cottis  et  Monsieur  de 
Labastide  k  Pan  sur  les  arbitres  que  nous  prismes  avec  Monsieur  de  Tlsle 
qui  print  le  R.  Pere  Cloche  et  Monsieur  le  juge  Tisnes,  et  nous  led.  sieur 
de  Cottis,  archyprestre  de  Mirando  et  Monsieur  de  Salefranque.  Dans 
quatre  jours  nous  despandismes  avec  le  cheval  et  valet  dud.  sieur  de  Cotis 
vingt  et  cinq  livres  six  sous.  »  FoL  21,  r\ 

«  Plus  pour  avoir  envoye  k  Tholose  mon  nepveu  I'aysn^  par  Tordre  de 
mond.  sieur  de  Cotis  et  de  la  communaute,  afln  de  consulter  sur  les  ordo- 
nences  de  mond .  seigneur  [de  Lescar]  et  sur  Tordre  que  nous  devons  pren- 
dre sur  Funion  de  la  cure  de  Lestele  de  laquele  led.  sieur  de  Lisle  auroit 
eu  titre,  taut  pour  le  voyage  que  pour  la  consulte  qui  en  fut  faicte  par 
quatre  advocats  je  fournis  trente  livres,  30  1.  » 

(1)  Ces  vers  n*en  sont  pas  moins  languedociens,  et  non  gascons.  —  L.  C. 


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—  80  — 

«  Plus  envoy6  mond.  nepveu  k  Mirando  pour  porter  letre  et  parler  k 
Monsieur  Cotis  archyprestre,  4  1.  »  Fol.  21  y  v\ 

Ces  comptes  sont  sign6s  par  M.  Bequel^  Tun  des  premiers  chapelains  de 

Betharram.  Labastide,  le  po6te  bien  connu  (1),  figure  assez  souvent  dans 

oe  proofs,  soumis  inutilement  d'ailleurs  k  Tarbitrage  du  P .  Cloche  et  de 

M.  de  Cotis. 

V.  DUBARAT. 


291.  Sur  doux  bons  mots  du  mar^ohal  do  Gramont. 

Tout  le  monde  sait  —  surtout  en  Gascogne  —  que  le  marechal  de  Gra- 
mont  fut  un  des  hommes  les  plus  spirituels  de  la  oour  de  Louis  XIV. 
Plusieurs  de  ses  jolis  mots  sont  c^lebres;  mais  ne  lui  en  a-t-on  pas  attribue 
quelques-uns  qui  ne  sont  pas  authentiques  ?  C'est  le  cas  ou  jamais  de  rap- 
peler  qu'on  ne  pr^te  qu'aux  riches.  J'ai  souvent  lu  que  le  grand  roi  se 
plaignant,  un  jour,  devant  le  marechal  de  Gramont,  d'avoir  soixante  ans, 
le  fin  courtisan  s'empressa  de  r^pondre :  Ah  I  Sircy  qui  est-ce  qui  n*a  pas 
soixante  ans  f  Quel  est  le  garant  de  cette  vive  saillie  ?  N'aurait-on  pas  con- 
fondu  la  riposte  susdite  avec  oette  autre  riposte  qui  lui  ressemble  tant  et 
qui  aurait  6t6  faite  au  m^me  roi  se  plaignant  de  n'avoir  plus  de  dents  : 
Ah  I  Sire,  qui  done  a  des  dents  a  notre  dge  f  Les  deux  anecdotes  sont 
soeurs,  soeurs  jumelles,  et  probablement  aucune  des  deux  ne  m^rite  con- 
fiance. 

Si  j'enl6ve  k  notre  brillant  compatriote  un  mot  qui  ne  doit  pas  dtre  de 
lui,  je  vais,  en  revanche,  citer  un  mot  qui  semble  bien  lui  appartenir  et 
qui  est  beaucoup  moins  connu  que  Tautre.  D'apr^s  une  tradition  de  fa- 
mille,  Louis  XIV  ayant  rencontre  le^  marechal  de  Gramont  dans  la  grande 
cour  du  palais  de  Versailles,  par  un  jour  de  bise  glaciale,  Fhonora  d*un 
assez  long  entretien  et  tout  a  coup,  lui  montrant  I'admirable  monument, 
s'^ria  :  «  Quand  on  pense  qu'it  y  aoait  Id  de  simples  moulins  d  vent  /  — 
Sire,  »  r^pondit  le  marechal,  dont  la  tete  d6couverte  subissait,  comme  di- 
saient  les  romantiques  de  1830,  ks  dpres  baisers  de  la  bise,  «  les  moulins 
n*y  sont  plus y  il  est  vrai,  mais  le  vent  y  est  diantrement  restL  »  Le  roi 
se  mit  k  rire  et  il  invita  le  marechal  k  se  couvrir.  L'historiette  m'a  6t6 
racont6e  k  Versailles  m^me,  dans  une  des  allies  du  plus  beau  de  tons  les 
pares,  par  un  causeur  charmant,  feu  M.  le  marquis  Du  Prat,  lequel  avait 
6pous6  une  demoiselle  de  Gramont 

Je  demande  si  quelque  contemporain  de  Louis  XIV  nous  a  conserve  le 
souvenir  des  deux  bons  mots  que  je  viens  de  rapporter.    , 

t.   DE  L. 
(1)  Voir  Reoue  de  Gascogne,  t.  in,  p.  102;  iv,  611;  x,  110. 


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I 


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CHATEAUX   GASCONS 

DB  LA  FIN  DU  XIIP  SIlfilOIiB  (•) 


LE  CHATEAU  DE  LA  &ARDERE 

I 

Des  quelques  chateaux  gascons  construits  a  la  fin  du  xiir 
siecle  dont  nous  avons  entrepris  de  retracer  ici  Thistoire,  le 
chateau  de  La  Gardere  est  certainement  celui  qui,  par  son 
etal  acluel,  fait  comprendre  le  mieux  IMdee  premiere  qui  a 
preside  a  son  elevation. 

Rien,  en  effet,  depuis  six  cents  ans,  n'est  venu  detruire,  ni 
m6me  modifier,  ses  dispositions  primitives.  Aucunemain  bar- 
bare,  si  ce  n'esirinevilable  maindu  temps,  nes'est  appesantie 
surleslignes  si  correcleset  si  hardies  de  ses  courtines.  Aucune 
fantaisie  de  ses  seigneurs,  aucun  caprice  de  ses  chatelaines, 
n'a  cherche,  comme  a  Massencfime  ou  au  Tauzia,  k  eventrer 
ses  murailles  vierges  pour  ajourer  ses  tristessalles,  ni  seule- 
ment  a  y  adosser  une  tourelle,  dont  Tescalier  put  conduire 
plus  commodement  aux  etages  superieurs.  Tel  ii  fut  construit, 
en  4280,  par  les  moines  de  Condom,  sur  Tordre  du  comte 
d'Armagnac,  tel  il  est  demeure  jusqu'a  nos  jours. 

Cesl  done  une  bonne  fortune  pour  nous  que  de  pouvoir  le 
presenter  ainsi  a  nos  lecteurs,  dans  les  deux  heliogravures 
que  nous  donnons  a  Tappui  de  notre  texte,  aussi  imposant, 
aussi  pittoresque,  qu'al'heure  ou  ilsurgit  tout  a  coup  en  vue 
des  imperieuxbesoins  de  la  defense  nationale. 

Car  pour  lui,  plus  encore  qiie  pour  ses  voisins,  nul  doute 

(•;  Voir  la  livraison  de  septembre-octobre  1893,  page  404. 

Tome  XXXV.  —  F6vrier  1894.  6 


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—  85  — 

sur  r^poque  de  son  origine;  plus  de  controverse  possible  sur 
le  but  qui  lui  a  ete  assigne  par  ses  conslructeurs.  Ainsi  qu'on 
ie  verra'par  le  tres  impoiianl  document  qui  relatera  lous  les 
details  defsa  fondation  et  que  nous  donnerons  in  exlemo,  le 
chateau  de  LaGardere  est  date.  Et  Tepoque  qui  le  vit  s'ele- 
ver,  comme  aussi  la  nationalite  de  son  genereux  bienfalteur, 
viennenten  lous  points  conflrmer,  arguments  irrefu tables,  la 
these  que  nous  ne  ccssons  de  soutenir  ici  au  sujet  de  la  crea- 
tion et  du  mode  d'emploi  de  ces  interessanles  forteresses 
gasconnes. 

Si  done  par  ses  proportions,  relalivcment  restreintes,  le 
ch&teau  de  La  Gardere  semble,  au  premier  abord,  presenter 
moins  d'interet  que  les  deux  chateaux  precedents,  il  ofTre 
neanmoins,  au  poini  de  vue  archeologique,  celteparticularile 
remarquable  que,  parsonetat  de  conservation,  il  permetde 
saisir  sur  le  vif  le  but  que  s'etait  propose  son  architecle,  en 
meme  temps  qu'il  nous  laisse  voir  les  dispositions  prises  par 
lui,  aussi  bien  pour  Pattaque  que  pour  la  defense. 

En  cette  ruineimposante,  quorienn'est  venu  modifier,  se 
reveledans  louteson  originalitect  sa  veritable  grandeur  le  genie 
gascondu  xm'siecle,  qui  snlsiintelligemment  mettre  a  profit 
les  defenses  nalu  relies,  et,  avec  les  procedes  les  moins  com - 
pliques,  les  rendre  le  plus  souvent  imprenables. 

Rien  de  plus  simple,  en  effet,  que  le  chateau  de  La  Gar- 
dere. Un  parallclogramme,  a  pen  pres  regulier,  de  vingt-huit 
metres  de  long  sur  dix  et  douze  de  large.  Pour  defense,  dcs 
murs  de  4  m.  50  d'epaisseur;  deux  tours  carrees,  non  plus 
opposees  diagoAalement  comme  a  Massenc6me  etau  Tauzia, 
mais  elevees  a  chaque  coin  de  la  fagade  nord;  enfin,  a  Tangle 
sud-est,  une  petite  echauguette  en  porle-a-faux,  dont  il  ne 
reste  plus  que  Felegant  encorbellement.  Pas  d'enceinte  exte- 
rieure,  pas  de  barbacane,  pas  meme  le  moindre  foss6.  Sa 
hauteur  constitue  son  principal  moyen  defensif. 


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PUnche  H-^l 


n!i 


ARMES   DES   MAN  IB  AN 

N*2 


N 


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r-'Ela^c 


l^ez  dc-chaus5cc. 


«     i     «      '     ■     * 

0  5 


iO  M  20  25 


P.B(mouvi]Ie;dcI. 


CHATEAU  DE  LA  GARDERE 


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-  83  — 

Sis  sur  un  des  points  ciilminants  de  la  rive  droile  de  TOsse 
(198  metres  au-dessus  da  niveau  de  la  mer),  le  chateau  de 
La  Gardere  domine  toute  la contree.  Au  nord  et  au  nord-ouest, 
en  eCfet,  il  commande  celte  vallee  jusqu'au-dela  du  village  de 
Cassagne,  ainsi  que  la  vallee  plus  petite  qui  se  deroule  a  ses 
pieds.  Au  nord-est,  il  se  relie  avec  les  tours  de  Massencdme, 
qui,  de  ce  cOte,  lui  ferment  Thorizon.  A  peine  une  echappee 
de  vue  s'ouvre-t-elie  dans  la  direction  dWmpeils,  de  Seridoset 
de  la  vallee  de  la  Baise.  A  Test  et  au  sud,  il  est  domine  par 
deux  coteaux  un  peu  plus  eleves  que  lui.  Au  sud-ouest,  en 
revanche,  elaTouest,  le  regard  s'etend  a  perte  de  vuejus- 
qu'aux  villages  de  Caslillon-de-Batz,  de  Lannepax,  deNou- 
lens,  et  meme  jusqu'ala  ville  d'Eauze,  donton  voit  a  Thorizon 
se  profiler  la  fleche  du  clocher. 

Le  r61e  du  chateau  de  La  Gardere  est  done  d'avoir  a  surveil- 
ler  le  pays  ducdte  du  nord-ouest  et  du  nord,  c'esta-dire  du 
c6te  anglais.  Poste  admirable d'observation,  ilpermet,  comme 
le  Guardes  et  Massencdme,  aux  sentinelles  qui  montent  la 
garde  sur  ses  chemins  de  ronde,  de  fouiller  en  tous  sens  les 
pli&  et  les  replis  du  terrain.  Ses  tours  sent  des  tours  de  garde, 
comme  leur  nom  de  La  Gardere  Tindique  d'ailleurs  suffi- 
samment. 

La  siraplicile  du  plan  de  ce  chateau,  ainsi  que  le  delabre- 
ment  absolU  de  son  interieur,  en  rendent  la  description  tech- 
nique des  plus  faciles.  (Voir  le  n'^  2  de  la  Planche  1.) 

A  Texterieur,  sa  fagade  orientale,  qui  mesure  vingt-cinq 
metres  de  long,  ne  presenle  que  deux  meurtrieres  verticales 
Ires  etroites  et  deux  autres  ovales,  aujourd'hui  mur6es,  ou- 
verles  poslerieurement  au  xni*  siecle,  et  destinees  sans  doute  a 
recevoir  des  bouches  i\  feu  de  petit  calibre.  La  porte  A,  prece- 
dee  d'une  sorte  de  terrasse  B,  laquelle  pourrail  passer  pour 
un  petit  ravelin  comme  au  Tauzia,  charge  de  la  d6fendre, 
est  dedate  posterieure  et  n'exist'ait  certainement  pas  au  mo- 
ment de  la  construction  du  chateau,  dont  le  rez-de-chaussee. 


j 
i 


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-  84  - 

hermetiquement  clos  de  ce  c6t6,  ne  recevait  le  jour  que  par 
les  meurlrieres  precitees. 

Tres  peu  ajoureegalement,  le  premier  etage  de  celle  fagade 
n'est  eclaire  que  par  deux  arbaletrieres  en  croix  patlee  el 
deux  autres  meurlrieres  reclangulaires  que  I'on  a  percees 
plus  tard. 

Seul  est  franchemenl6c1aire  le  deuxieme  etage.  Bien  qu'une 
l)rfeche  enorme  se  soil  produile  vers  le  milieu  dela  fagade,  on 
distingue  encore,  d'abord,  ases  deux  exlremites,  deuxouver- 
lures  reclangulaires,  et  a  c6l6  de  i'une  d'elles  une  meurtriere 
en  croix  palleeaujourd'hui  muree,  puis  au  milieu  de  la  facade, 
correspondant  sans  doule  autrefois  avec  la  grande  salle, 
deux  fenfires  gem inees,  dont  I'une  montre  encore  sesjolies 
arcatures  trilobees,  contemporaines  des  dernieres  annees  du 
xm*  siecle,  landis  que  I'aulre,  un  peu  plus  grande,  mais 
presque  enlierement  detruite,  n'a  conserve  que  Tun  de  ses 
pieds  droits. 

II  ne  reste  plus  qu'un  pan  de  mur  du  troisieme  et  dernier 
etage,  celui  contre  lequel  est  adossee  dans  Tangle  sud-est 
celle  gracieuse  echauguetle  en  encorbellement  sur  trois 
corbeaux,  que  soutient  une  assise  en  porte-a-faux,  et  qui  se 
defend  des  deux  cOles  par  deux  machicoulis.  Ces  corbeaux 
encore  intacls,  fort  bien  appareilles,  et  qui  ne  manquent  pas 
d'elegance,  caracterisentbien  egalement  Tepoque  de  lafonda- 
tion  du  chateau.  La  perspective  que  nous  donnons  ci-jointe 
de  celle  curieuse  facade,  nous  dispense  d'entrer  dans  de  plus 
longs  details.  (Heliogr.  Planche  n**  4). 

Hen  sera  de  meme  pour  la  facade  sud,  visible  egalement 
sur  la  planche  n**  1,  et  dont  la  longueur  ne  mesure  que  dix 
metres  Irente.  On  ne  distingue  a  son  rez-de-chaussee  aucune 
ouverture;  au  premier  elage  seulement  une  arbaletriere;  au 
second  une  ouverture  plus  vaste,  fortement  endommagee  et 
dont  il  est  difficile  de  definir  la  disposition. 

Plus  s6v^re  peut-etre  encore  que  celle  du    levant  est 


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—  85  — 

demeuree  telle  qu'aux  premiers  jours  PimposaDte  facade 
occidentale.  Ainsi  qu'on  peut  le  voir  sur  notre  heliogravure 
(Planche  n**  2),  une  porte  cinlree  el  fort  basse,  c'est  la  seule 
ouverture  qui,  au  rez-de-chaussee  comme  au  premier  etage, 
ajoure  celte  sombre  muraille.  A  premiere  vue  elle  sembie 
contemporaine  de  Tepoque  primitive,  et  elle  jurerait  ainsi 
avec  les  dispositions  generalement  adoptees  parlesarchitectes 
du  moment,  qui  etaient  de  garder  hermeliquement  clos  les 
rez-de-chaussee  de  tons  ces  chateaux.  Par  quoi,  d'un  autre 
c6te,  celte  porle  aurait-elle  6le  protegee  ?  On  ne  distingue  au- 
dessusd'elle  nulle  trace  de  machicoulis  ni  de  defense  quel- 
conque.  Ne  pourrail-on  pas  admeltre  que  cette  porte  aurait  6te 
descendue  posterieurementde  quelque6tage  superieur  et  ap- 
pliquee  la,  plus  tard,  pour  les  besoins  du  service  ?  Quoi  quil 
en  soil,  une  seule  meurtriere  rectangulaire  est  percee  au  rez- 
de-chaussee  sur  cette  par  tie  de  chateau;  tandisqu'au  premier 
etage  on  en  aper^oit  quatre,  dont  trois  oblongues^  aujour- 
d'hui  en  partie  murees,  et  une  en  croix  pattee.Seul  le  deuxieme 
6tage,  dont  il  ne  reste  plus  qu'un  pan  de  mur  a  rextremit6 
iii6ridionale,  recevait,  comme  de  Tautre  c6te,  le  jour  d'une 
jolie  fenetre  gemineeet  trilobee,  dont  la  colonnette  m6diane  a 
egalementdisparu. 

La  facade  nor  J  ne  mesure  que  huit  metres  de  long.  Mais 
celte  etroite  courtine  est  encastree  dans  deux  tours  carrees 
qui  la  lerminent  a  ehaque  extremite.  Chacune  presenle  des 
dimensions  inegales,la  lour  du  nord-esl  mesurant  vingt-cinq 
centimetres  de  plus  que  celle  du  nord-ouest.Le  rez-de-chaussee 
de  cette  facade  est  eclaire  par  deux  meurtrieres  longues  et 
etroites;  le  premier,  par  une  espece  de  breche  en  cul-de-four, 
ouverle  posterieurement.  Demantele  dans  la  suite.le  deuxi&me 
etage  n'existe  plus  de  ce  cOte. 

Le  rez-de-chaussee  de  ehaque  tour  est  hermeliquement 
ferme  de  tous  cOtes.  Au  premier  etage,  la  lour  nord-esl  est 
eclairee  par  une  unique  meurtriere  en  croix,  tourn6e  vers  le 


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—  86  — 

nord.  Sur  sa  face  occidentale  et  faisant  le  coiq  du  murdu 
corps  de  logis,  est  encore  adosse  un  corbeau  de  grande  dimen- 
sion, destine  a  supporter  plutdt  des  latrines  qu'un  machi- 
coulis, aucune  porte  ne  s'ouvrant  au-dessous.  La  tour  nord- 
ouest  au  contraire  est  percee  au  premier  6tage  d'une  arbaie- 
triere  sur  chacune  de  ses  faces.  Actuellement  une  charpente, 
couverte  de  briques  a  crochets,  recouvre  la  tour  du  levant  el 
lui  permet  de  servir  de  colombier. 

L'interieur  du  ch&teau  de  La  Gardere  contient  au  rez-de- 
chaussee  trois  grandes  salles  D,  E  et  F,  a  peu  pres  egales  el 
carrees,  separees  entreelles  par  deux  murs  de  refend  (Plan- 
che  4,  n**  2).  Le  mur  M,  plus  epais  que  Fautre,  supporte  sur 
chacun  de  ses  cdtes  une  rangee  de  corbeaux  destines  a  rece- 
voir  les  fermes  des  planchers  superieurs.  Chacune  de  ces 
salles  est  eclairee  a  ses  divers  etages  soil  par  lesarbaletrieres, 
soil  par  les  fenetres  geminees  que  nous  avons  precedemment 
indiquees.  Toute  trace  d'escalier,  en  supposant  qu'il  en 
existat  un,  a  disparu,  aussi  bien  dans  le  corps  de  logis  prin- 
cipal que  dans  les  deux  lours  du  nord.  Les  etages  superieurs 
n'etaient,  la  comme  ailleurs,  desservis  primitivement  que  par 
des  trappes  et  des  cchelles  mobiles.  II  en  est  de  m6me  des 
planchers,  des  cheminees,  de  la  toiture  et  des  creneaux  qui 
tout  autour  devaiont  denteler  le  chateau.  L'herbe  et  quelques 
plan tes  parasites  recouvrent  seules  tout  le  sol  decetteancienne 
demeure.  En  revanche,  a  Textremite  superieure  du  mur  de 
refend  M,  on  voit  encore,  sur  le  pan  de  mur  reste  deboul,  la 
base  dejPancien  chemin  de  ronde,  sur  laquelle  venait  s'amortir 
le  comble  de  la  toiture.  Une  corniche  de  pierre  en  indiqne  le 
niveau.  On  doit  done  en  conclure  que  la  partie  superieure  de 
la  facade  du  levant  atteint  de  nos  jours  la  hauteur  primitive 
du  chateau.  Qiiant  aux  deux  tours,  elles  etaient  plus  elevees, 
leur  but  elant  de  surveiller  aussi  loin  que  possible,  du  c6te 
du  nord,  toute  la  contree. 

A  quelques  pas,  a  Fouest  du  chateau  et  un  peu  en  contre- 


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—  87  — 

bas,  reste,  comme  au  lemps  du  moyen-Age,  enveloppee  dans 
une  oasis  d'ormes  et  de  chines,  Thumble  chapelle  de  La  Gar- 
dere.  Desservie  par  un  pr6lre  d'ane  des  paroisses  voisioes, 
elle  esl  le  seul  ediflce  qui  avoisine  Tanlique  manoir. 

De  quelque  cOte,  a  distance,  que  i'cBil  s'arrele  sur  les  ruines 
du  chateau  de  La  Gardere,  il  est  melancoliquement  impres- 
sionne  par  celte  construction  d'un  autre  temps.  Mais  c'est 
principalement  a  Tautomne,  sous  les  rayons  fauves  du  soleil 
couchant,  que  ses  pierres  aux  tons  chauds  rev^tent  les 
teintes  les  plus  artistiques.  Mors  principalement  se  profllent, 
plus  pures  et  plus  majestueuses  encore,  ses  grandes  lignes 
droites,  que  rien  n'interrompt,  dans  Tazur  immacul6  du  beau 
ciel  deGascogne,  verslequelelles  semblents'elancer,  dominant 
de  toute  leur  hauteur  Timmense  horizon  qui  se  deroule  k 
leurs  pieds,  et  qui  embrasse  la  presque  totalite  de  Tancien 
comte  de  Fezensac. 

{A  suivre.)  Philippe  LAUZUN. 

NOTES  DIVERSES 

CCCXV.  lios  ooutumes  de  la  R^ole  et  I'^vdque  OombaucU 

Je  lis  dans  la  chronique  da  Bulletin  critique  (n«  du  15  Janvier,  p.  88) 
et  je  m'empresse  de  transcrire,  pour  les  lecteurs  da  la  Revue  de  Gascogne, 
la  nouvelle  suivanto,  qui  no  saurait  les  laisser  indifierents.  —  L.  C. 

«  Dans  les  Annates  de  la  Faculty  des  lettres  de  Bordeaux^  M.  Imbart 
de  La  Tour  publie  un  m6moire  intitule :  Les  Coutumes  de  la  RMe.  Ses 
conclusions  sont  que  lesdites  coutumes,  au  lieu  d'avoir  6t6  r^dig^es  au 
x«  siecle,  Tont  et^deux  cents  ans  plus  tard,  et  que,  par  suite,  dans  leur 
forme  actuelle  el  les  representent  un  faux.  Fausses  aussi  sont  d^clar^es  trois 
lettres  ponti Scales  (Jaffe.  3803,  3872,  4708);  fausses  encore  les  chartes  soi- 
disant  du  x'  siecle,  attributes  k  I'eveque  de  Bazas  Gombaud  et  au  due  do 
Gascogne  Guillaumc  Sanche.  Ce  massacre  ne  sera  pas  sans  consequences 
pour  Thistoire  des  institutions  feodales,  qui  doit  tant  k  ces  fameuses  coutu- 
mes, et  pour  rhistoire  ecclesiastique  de  la  Gascogne,  qui  voit  disparaitre, 
avec  la  charte  de  Gombaud,  un  de  ses  documents  les  plus  importants.  » 


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CHRONIQUES   LANDAISES 


LA    FRONDE 

(164k8-16B3)   (•) 


Second  sidge  de  Bordeaux.  —  Ces  armements  ne 
purent  se  faire  sans  que  les  frondeurs  en  fussent  pr6venu8. 
«  On  eut  avis  qu'on  6quipoit  quelques  fr6gates  h  Bayonne, 
k  Saint-Jean-de-Luz,  a  La  Rochelle  et  sur  la  c6te  de 
Poitou^  »  Une  circonstance  particulifere  fournit  m6me 
aux  rebelles  des  renseignements  pr6cis  sur  ce  qui  se  pas- 
sait  parmi  nous.  «  L'on  intercepta,  dans  les  Landes,  les 
lettres  de  d'Artagnan,  lieutenant  au  gouverneur  de 
Bayonne,  qui  donnait  avis  k  La  Vrillifere,  secretaire  d'Etat, 
du  canon  qu'il  avoit  fait  monter  sur  les  pinasses  qu'il 
envoyoit  k  la  cour  par  ses  ordres  et  s'excusoit  de  ce  qu'il 
n'envoyoit  ni  poudres,  ni  hommes*.  »  Si  les  royalistes 
d6ployaient  une  telle  activity,  leurs  adversaires  6taient 
loin  de  demeurer  en  repos.  Le  si6ge  de  Bordeaux  se 
poursuivait  avec  grande  opiniMret6  de  part  et  d'autre;  la 
princesse  de  Cond6  et  le  jeune  due  d'Enghien  travail- 
laient  aux  remparts,  tandis  que  six  mille  femmes  en 
armes  faisaient  faction  a  leur  tour  et  combattaient  coura- 
geusement  les  assaillants.  Mais  abandonn6e  k  elle-mfeme, 
la  ville  devait  finir  par  succomber,  et  les  n6gociations 
avec  TEspagne  n'amenaient  aucun  r6sultat.  Vatteville, 
charg6  des  int6r6ts  du  parti  en  ce  pays,  leurrait  les  siens 

(•)  Voir  la  liyraisou  de  Janvier  1894,  page  19. 

(1)  Mint,  de  Lenet,  p.  329. 

(2)  Id.,  p.  334. 


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—  89  — 

de  belles  paroles  suivies  toujours  des  plus  am^res  d6cep- 
tions.  Enfin,  le  6  septembre,  les  nouvelles  semblaient 
meilleures.  «  Je  re^us  ce  jour-1^,  dit  Lenet,  un  paquet  de 
Saint-S6bastieii  par  un  valet  du  baron  d'Orte*.  »  Ces 
lettres,  dat6es  du  28  aotlt,  annouQaient  aux  assi6g6s  que 
Baas,  Sillery,  Vatteville  et  Mazerolles  partiraient  le  len- 
domain  avec  quatre  grands  vaisseaux  et  quatre  frigates 
cliarg6es  d'hommes,  de  munitions  et  de  vivres. 

Secondepaix  de  Bordeaux.  —  Cette  promesse  si  for- 
melle  nedevait  pas  plus  se  r6aliser  que  les  pr6c6dentes. 
Apr^s  tant  d'appels  r6it6r6s, 

Le  parlement  et  le  peuple  ne  voyant  point  paroitre  le  secours  d'Es- 
pagne,  qui  t^moigna  en  cette  occasion  beaucoup  de  foiblesse,  oblige 
rent  les  gens  de  guerre  k  capituler,  ou  pour  mieux  dire  k  faire  une  paix 
plut6t  qu'une  capitulation,  corame  vous  Tallez  voir.  Gourville,  qui 
alia  trouver  de  la  part  des  assi^g^s  la  cour  quis'^toit  avanc^  k  Bourg, 
et  les  deputes  du  parlement  convinrent  de  ces  conditions  :  que  Tam- 
nistie  g^nerale  seroit  accord^e  k  tous  ceux  qui  avoient  pris  les  armes  et 
n^goci^  avec  TEspagne,  sans  exception;  que  tous  les  gens  de  guerre 
seroieut  licenci^s  k  Texception  de  ceux  qu*il  plairoit  au  roi  de  prendre  k 
sa  solde;  que  Madame  la  princesse  et  M.  le  due  demeureroient  ou  en 
Anjou,  en  Tune  de  ses  maisons,  ou  k  Montron,  k  son  choix,  k  condi- 
tion que  si  ellechoisissoit  Montron,  qui  etoit  fortifi^,  elle  n'y  pourroit 
pas  tenir  plus  de  deux  cents  hommes  de  pied  et  soixante  chevaux  et 
que  M.  d'Epernon  seroit  r^voque  de  son  gouvemement  de  Guienne  et 
un  gouverneur  mis  k  sa  place  (5  octobre.)  (2). 

Bordeaux  ouvrit  alors  ses  portes  a  Louis  XIV,  qui  fut 
regu  tr6s  froidement;  le  cardinal  Mazarin  ne  voulut  point 
entrer  dans  la  ville.  Effray6  de  la  roideur  du  parlement 
et  de  Tattitude  menagante  du  peuple,  la  paix  conclue,  il 
avait  repris  entouteh^te  le  chemin  dela  capitale,  oiiragi- 
tation  6tait  extreme  et  rendait  sa  presence  indispensable; 
car  «  les  coups  de  canon  que  Ton  tira  a  Bordeaux  avoient 

(1)  M^m.  de  Lenot,  p.  372. 

(2)  M4m,  du  card,  de  Retz,  p.  331. 


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—  90  — 

port6  jusqu'^  Paris  devant  m^me  qu'on  y  mit  lefeu*,  » 
et  le  parlement  de  cette  derni^re  ville  semblait  pr6t  k 
f aire  cause  commune  aveccelui  de  Bordeaux;  c'estce  qui 
avait  contraint  Mazarin  k  se  montrer  si  conciliant.  Notre 
chroniqueur  chalossais  resume  ainsi  les  6v6neraents  que 
nous  venons  de  raconter : 

Lesdits  Bordelois  avoient  encore  grande  guerre  avec  M.  d'Epernon, 
et  y  mourut  plusieurs  personne  de  toute  part.  Le  d^sordre  6toil  si  grand, 
que  le  roi  Louis  XIV^  ^g6  de  douze  ans,  ful  conlraint  d'aller  k  Bor- 
deaux en  personne,  pour  faire  lapaix,  etledit  M.  d'Epernon  ne  futpas 
depuis  gouvenieur  de  Guienne  (2), 

Quartiers  d'hiver.  —  Conform6ment  a  la  capitulation 
qui  venait  d'6tre  sign6e,  les  troupes  royales  furent  aussit6t 
dispers6es  pour  prendre  leurs  quartiers  d'hiver.  Ce  fut 
Toccasion  de  nouvelles  souffrances  pour  nos  contr6es; 
jusqu'alors  6pargn6es  par  la  guerre,  elles  furent  ruin6es 
par  Tentretien  des  soldats  can  tonnes  parmi  nous.  Les 
charges  des  campagnes  et  des  bourgades  6taient  d'autant 
plus  grandes,  que  les  offlciers  et  jurats  des  places  les  plus 
importantes,  comme  Dax,  Tartas  et  Mont-de-Marsan, 
avaient  trop  souvent  le  triste  courage  de  les  d6partir  avec 
une  partialit6  d6plorable  entre  les  di verses  paroisses.  Les 
chefs  de  corps,  sur  lesquels  le  pouvoir  central  se  d6char- 
geait  du  soin  de  pourvoir  a  Fentretien  de  leurs  soldats, 
se  montraient  intraitables  et  les  ofHciers  subalternes  pla- 
ces sous  leurs  ordres  imitaient  leur  rigueur.  Le  regiment 
de  la  reine,  commands  par  le  capitaine  du  Tilleul,  re?ut 
ordre  de  prendre  logement  a  Tartas  (20  octobre)^;  et 
comme  le  pays,  complfetement  6puis6  de  ressources,  n'a- 
vait  plus  d'argent  a  fournir,  bientdt  les  soldats  «  ne  peu- 
vent  subsister  et  se  portent  a  plusieurs  violences  et  actions 

(1)  Mem.  du  card,  dj  Retz,  p.  332. 
,     (2)  l^borde-Pebou^,  op.  cit.  (Arm.  des  Landes^t  in,  p.  462.) 
(3)  Arch,  de  Tartas,  B.  B.  3,  !•  64,  recto. 


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1 

—  »1  — 

extraordinaires  ^  »  II  n'y  eut  plus  de  r6pit  jusqu'au  jour 
oii  ce  regiment  quitta  la  ville  pour  finir  de  prendre  ail- 
leurs  ses  quartiers  d'hiver  (3  mars  1651);  quatre  de  ses 
compagnies  all^rent  alors  tenir  garnison  k  La  Bastide- 
d'Armagnac  et  deux  au  Houga*.  Autour  de  Tartas,  le 
pays  d6vast6  demeurait  k  moiti6  abandonn6,  k  tel  point 
qu'on  dut  recourir  au  roi  pour  ramener  les  habitants  dans 
les  paroisses  qui  formaient  la  banlieue  de  la  ville  \  II 
fallait  songer  a  se  d6fendre  contre  le  retour  de  pareilles 
calamit6s;  aussitoute  la  noblesse  d'Albret  fut  convoqu6e 
k  Tartas,  si6ge  de  cette  Election,  pour  d61ib6rer  sur  la 
situation*.  Mais  cette  d-marche  fut  vuede  mauvais  oeil, 
et  la  cour,  avertie  sans  doute  des  plaintes  et  des  r6clama- 
tions  que  Ton  exhalait  de  toute  part,  envoya  dans  le  pays 
des  troupes  en  grand  nombre  pour  pr6venir  et  disperser 
ces  assembl6es  de  factieux  qui  levaient  si  haut  la  t6te\ 
Les  populations  affol6es  s'ing6ni6rent  a  Eloigner  d'elles 
les  compagnies  qui  devaient  venir  loger  dans  les  villages; 
par  des  sacrifices  p6cuniaires  ou  des  presents  en  nature 
elles  tachaient  de  gagner  k  leur  cause  les  hauts  fonction- 
naires  charges  de  determiner  les  divers  cantonnements. 

Intervention  enfaveur  des  princes,  —  Le  d6sordre  et 
Foppression  ne  faisaient  que  grandir,  lorsque  survinrent 
a  Paris  et  dans  le  nord  de  la  France  des  6v6nements  qui 
devaient  porter  k  son  comble  laconfusion  g6n6rale.  Depuis 
la  paix  de  Bordeaux  (5  octobre  1650),  le  mar6chal  de 
Gramont  n6gociait  avec  le  premier  president,  Mathieu 
Mol6,  pour  obtenir  la  liberty  des  princes.  Avecune  fatuit6 
bien  gasconne,  lorsque  la  cour  eut  c6d6,  le  mar6chal  osa 

(1)  Arch,  de  Tartas,  B.  B.  3.  ^  66,  verso. 

(2)  Arch,  de  Tartas,  B.  B.  3,  ^  86-87. 

(3)  S.  J.  B.  Gabarra:  Les  gugrres  de  la  Fronde  d  Pontonx-sar-V Adour  et 
dans  les  Landes  (Rcoue  de  Gasc,  xix,  mars  et  avril  1878). 

(4)  Armorial  des  Landes,  ii,  p.  164. 

(5)  Arch.  hist,  de  la  Gironde,  ui,  p.  424. 


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—  92  — 

revendiquerpour  luiseultout  le  m^ritede  Theureuse  issue 
decette  affaire  *;mais  tous  les  historiens  sont  unanimes 
h  dire  que  dans  cette  rencontre,  Gramont  et  le  president 
furent  les  jouets  des  frondeurs,  trop  int6ress6s  k  maintenir 
les  princes  dans  leurs  rangs  pour  les  livrer  k  Tinfluence 
des  partisans  du  cardinal,  Aussi,  dans  une  lettre  anti- 
dat6e  de  Limours,  oH  il  allait  souvent,  Gaston  d'0rl6ans 
6crivant  au  cardinal  de  Retz,  «  lui  faisoit  des  railleries 
m6me  fort  plaisantes  des  n6gociations*quele  mar6chal 
de  Gramont  pr6tendoit  avoir  avec  lui  *.  »  Par  son 
adresse,  le  coadjuteur  r6ussit  a  les  rompre  et  il  avoue 
qu'il  entra  lui  aussi  «  dans  la  raillerie  et  de  ce  jour  le 
mar6chal  de  Gramont  et  le  premier  president  furent  jou6s, 
jusques  k  celui  de  la  liberty  de  MM.  les  princes,  d'une 
maniferequi  en  conscience  me  faisoit  quelquefoispiti6'.  w 
II  poursuivait  du  reste  le  m6me  but  que  ces  deux  person- 
nages,  mais  dans  rint6r6t  de  la  Fronde. 

Leurddlivrance, — Pourmettre  fin  aux  troubles  publics, 
la  Cour  r6solut  de  c6der  devant  les  supplications  qui  lui 
arrivaient  de  toute  part.  Les  Princes  avaient  6t6  trans- 
f6r6s  au  Havre,  dfes  le  15  novembre  1650.  M.  de  la  Vril- 
lifere,  secretaire  d'Etat,  partit  le  11  f6vrieravec  touted  les 
pieces  n6cessaires  pour  les  faire  mettre  en  liberty.  Lel3, 
on  vit  arriver  le  cardinal  Mazarin,  sorti  de  Paris  quatre 
ou  cinq  jours  auparavant.  II  venait  d^livrer  lui-m6me  les 
Princes  et  tocher  de  calmer  leur  col6re.  Gramont  afflr- 
mait  hardiment  que  «  leur  abord  fut  tout  plain  de  civilit6 
et  de  douceur  *  (18  f6v.)  »;  et  le  correspondant  des  bay on- 
nais,  Dollins,  leur  mandait  que  le  cardinal  «  leur  bailla 
))  ensuite  a  disner  qui  fut  bien  court*.  »  Mais  les  princi- 

(1)  Arch.  hist,  do  laGascogne,  fasc.  i,  p.  36-38. 

(2)  Af^m.  du  cardinal  do  Retz,  p.  381. 

(3)  Mim,  du  card,  de  Retz,  p.  383. 

(4)  Arch.  hist,  do  la  Gascogne,  faso.  i,  p.  38  (Lettre  k  Poyanne). 

(5)  Arch,  de  Bayonne,  E.  E.  91,  n«  104. 


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-^  93  — 

paux  m6moires  du  temps  rappellent  avec  quelle  hauteur 
et  quelle  fine  raillerie  Cond6  r6pondit  aux  civilit6s  du 
Cardinal,qui,au  dire  de  M"**  de  Montpensier,  aurait  pouss6 
rhumilit6  «  jusqu'^  lui  baiser  la  botte.  »  Le  coadjuteur 
affirme  que  Mazarin  «  fit  toutes  les  bassesses  imaginables 
Jt  M.  le  Prince  qui  le  traita  avec  beaucoup  de  hauteur 
et  ne  lui  fit  pas  le  moindre  remerciment  de  la  liberty 
qu'il  lui  donna  apr^s  avoir  dm6  avec  luiV  ))Malgr6cet 
accueil  peu  encourageant  les  pourparlers  continu^rent  et 
((  nous  fimes  si  bien,  dit  Gramont,  qu'au  boutde  deuxou 
trois  heures  de  conferences  ils  sortirent  de  la  prison  sans 
que  nous  eussions  besoin  des  ordres  de  la  Cour,  pour  leur 
liberty,  qui  estoient  en  chemin  et  que  nous  rencontr&mes 
k  la  premiere  couch6e*.  »  Avant  de  quitter  le  Havre, 
Gramont  se  plut  k  placer  sous  les  yeux  de  M.  Debat,  qui 
avait  6t6  charg6  de  la  garde  des  prisonniers,  les  billets 
nombreux  qui  leur  avaient  6t6  envoy6s  «  dans  des  poires 
de  bon  chr6tien  et  dans  des  pierres  creuses '.  » 

Retour  cl  Paris.  —  Une  fois  encore  la  Cour  avait  6t6 
vaincue  et  la  d61ivrance  des  Princes  fut  «  suivie  pendant 
le  voiage  d'une  acclamation  et  d'une  joie  universelle 
des  peuples  * .  »  Leurs  amis  6taient  venus  en  .  grand 
nombre  les  attendre  k  Grosm6nil,^quatre  lieues  du  Havre. 
Arriv6s  k  Paris,  ils  se  rendirent  d'abord  chez  la  reine,  au 
Palais  Royal  (16  f6vrier).  L'entrevue  avec  Anne  d'Au- 
triche  fut  froide  et  de  peu  de  dur6e.  «  L'on  ne  parla  de 
rien  et  la  conversation  fut  courte*.  »  Gaston  d'0rl6ans, 
qui  s'6tait  port6  k  la  rencontre  des  Princes  jusqu'^  Saint- 
Denis,  leur  donna  ensuite  k  souper.  ((  La  sant6  du  roi  fut 
hue  avec  refrain  de  :  Point  de  Mazarin  I  Et  le  pauvre 

(1)  M^m.  da  cardinal  do  RaU,  p.  416. 

(2)  Arch,  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  38.  (Lettre  h.  Poyanne,  18  f^vrier). 

(3)  Arch,  de  Bayonne,  E.  E.  91,  n»  106. 

(4)  Arch.  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  38. 

(5)  Arch,  de  Bayonne,  E.  E.  91,  n»  104. 


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-»    94  — 

mar^chal  de  Gramont  et  M.  Danville  furent  forces  a 
faire  comme  les  autres  *.  »  Le  lendemain  les  Princes  se 
pr6sent6rent  au  Parlement  «  oti  ils  rendirent  seulement 
leurs  compliments  a  cette  compagnie  *  »  et  se  conten- 
t^rent  de  la  remercier  «  du  soing  qu'elle  avoit  eu  de  leur 
procurer  la  liberty '.  »  Ces  politesses  forc^es  ne  trompaient 
personne  et  Ton  savait  que  la  reconciliation  n'6tait  qu'ap- 
parente.  Au  milieu  de  ce  qu'il  pr^sentait  comme  un 
triomphe  personnel,  Gramont  lui-mfeme  ne  se  montrait 
gufere  rassur6  sur  Tavenir  et  conflait  ainsi  ses  craintes  k 
Poyanne :  «  Cependant  parmi  un  si  grand  bonheur,  vous 
jugez  bien  qu'il  en  pourra  naitre  beaucoup  d'affaires  k  la 
cour  et  que  dans  la  diversity  des  int6r6ts  on  aura  besoin 
de  travailler  k  mettre  les  choses  dans  le  repos  et  former 
cette  union  de  laquelle  depend  entiferement  le  repos  de 
TEstat*.  »  Les  coeurs  6taient  trop  ulc6r6s  pour  esp6rer 
que  le  pass6  serait  oubli6!  Mazarin  s'6tait  retir6  dans 
reiectorat  de  Cologne,  laissant  le  champ  libre  a  ses  adver- 
saires  et  se  disposant  a  profiter  des  fautes  qu'ils  ne 
manqueraient  pas  de  commettre. 

Daa^  mis  en  (^tat  de  defense,  —  Les  ambitions  inas- 
souvies  r6clam6rent  bient6t  leur  pleine  satisfaction  et 
chacun  se  disposait  a  recommencer  la  guerre  k  Theure 
m6me  oil  Ton  proclamait  la  pacification  du  royaume.  Les 
Espagnols,  alli6s  des  Frondeurs,  faisaient  de  grar\ds  pr6pa- 
ratifs  a  Saint-S6bastien.  Pour  demeurer  k  Tabri  de  toute 
surprise,  Poyanne  regut  Tordre  de  mettre  Navarrenx  et 
Dax  sur  pied  de  guerre  (26  f6vrier,  6  mars)  \  II  se  plai- 
gnit  du  mauvais  6tat  de  ces  deux  places  et  r6clama  les 

(1)  M^m.  du  cardinal  do  Retz,  p.  417. 

(2)  Arch.  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  38. 

(3)  Arch,  de  Bayonne,  E.  E.  91,  n*  105. 

(4)  Arch.  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  38. 

(5)  Arch,  hist,  de  la  Gascogne^  fasc.  i,  p.  39-40.  (Lettres  de  Saiut-Luc). 


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.-  95  - 

secours  n6cessaires  pour  y  rein6dier.  Mais  la  Cour  avait 
des  affaires  trop  urgentes  pour  s'occuper  alors  de  la 
Gascogne  et  le  marquis  de  Saint-Luc  r^pondit  de  Sainte- 
Foy  aux  soUicitations  du  gouverneur  de  Dax :  a  N'ayant 
icy  aucun  magazin  public,  je  ne  puis  vous  assister  en  ce 
besoin  que  des  troupes  que  le  Roy  m'a  laiss6es  dans  la 
province  et  vous  asseurer  que  je  marcheray  en  toute 
diligence  k  votre  secours  sy  vous  estes  attaqu6*.  »  Ainsi 
livr6  a  lui-m6me,  Poyanne  appela  a  Dax  «  quelques 
gentilshommes  voisins  habitu6s  aux  combats,  pour  aider 
les  habitants  k  conserver  la  place  au  service  de  Sa 
Majest6  *.  »  Car,  disait  en  plein  conseil  le  syndic  de 
Moras,  «  les  mouvements  de  la  province  augmentent  tous 
les  jours  et  Dax  est  envi6  et  menac6  comme  estant  un 
poste  tr6s  avantageux  pour  les  ennemis  du  Roy  et  de 
TEstat.  ))  Chaque  quartier  (presque  chaque  rue)  fut 
done  confi6  a  un  capitaine  experiments  et  valeureux  qui, 
encasd'attaque,  6tait  charg6  de  veiller  a  sa  conservation. 
Ce  plan  de  d6fense,  propos6  par  le  syndic,  fut  adopts  par 
le  gouverneur.  Les  autres  places  de  la  region  imit^rent 
ces  precautions  devenues  d'autant  plus  urgentes  qu'une 
conspiration,  heureusement  d6couverte  k  temps,  venait 
d'etre  ourdie  par  Pedro,  Mugnes,  Manticla,  pour  livrer 
Bayonne  aux  Espagnols'.  (Avril  1651). 

Condd,  gouverneur  de  Guyenne.  —  Le  danger  pour 
notre  pays  venait  surtout  des  nouvelles  mesures  prises 
par  la  Cour.  Celle-ci  s'6tait  pr6occup6e  avant  toutd'6loi- 
gner  les  principaux  f rondeurs  des  Strangers  avec  lesquels 
ils  ne  cessaient  de  conspirei  centre  la  tranquillitS  publi- 
que.  C'est  ainsi  que  le  due  de  Bouillon,  Fr6d6ric  Maurice 
de  La  Tour  d'Auvergne,  avait  dti  Schanger  avec  le  roi  sa 

(1)  Arch,  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  40. 

(2)  Arch,  de  Dax,  B.  B.  3,  f*  32.  recto. 

(3)  Arch,  de  Bayonne,  E.  E.  91,  n»  123 


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—  96  —  . 

principaut6  de  Sedan  et  de  Raucourt,  trop  rapproch6e  de 
la  fronti^re*  des  Pays-Bas,  contre  le  duch6  d'Albret  et 
la  baronnie  de  Durance  (20  mars  1651)  *.  D68  ce  moment, 
Tartas,  capitale  de  TAlbret,  devint  pour  les  frondeurs, 
qui  de  Ih  menagaient  les  autres  places  landaises,  le  centre 
de  leur  action  dans  la  region  tout  entifere.  Toutefois 
Tinfluence  du  nouveau  due  ne  fut  pas  aussi  grande  qu'il 
Tetit  souhait6,  parce  que  «  la  Justice  se  rend  dansTAlbret 
au  nom  du  Roy,  Son  Altesse  n'ayant  que  la  nomination 
des  offices;  les  hommages  des  vassaux  dudit  ducli6  se 
rendent  k  Sa  Majest6  *.  » 

Mais  il  est  une  autre  nomination  qui  devait  exercer 
plus  d'influence  encore  sur  les  destinies  de  notre  pays. 
Le  parlement  de  Bordeaux,  ne  voulant  a  aucun  prix  que 
d'Epernon  reprit  sesfonctions  de  gouverneur,  obtint  dela 
reine  que  le  due  cfederait  sa  province  au  Prince  de  Cond6, 
et  prendraiten  ^change  celle  de  Bourgogne  (17mail651) 
((  et  ledit  M.  d'Epernon  ne  fut  pas  depnis  gouverneur  de 
Guienne '.  »  Cond6  n'avait  pas  tard6  k  se  mettre  en  riva- 
lit6  avec  les  chefs  de  la  Fronde  parlementaire,  particu- 
li^rement  avec  le  bouillant  coadjuteur  qui  lui  disputait 
le  pav6  et  refusait  de  c6der  le  pas  k  tout  autre  que  le  roi. 
D'autre  part,  il  6tait  loin  d'etre  rassur6  sur  les  intentions 
que  la  Cour  nourrissait  k  son  6gard;  craignant  done,  avec 
quelque  raison,  d'6tre  arr6t6  une  seconde  fois,  il  quitta 
Paris  pour  se  retirer  k  Saint-Maur  suivi  du  prince  de 
Conti,  de  madame  de  Longueville,  de  M.  de  La  Roche- 
foucault,  de  Bouteville  etde  Bouillon  (6  juillet)  *.  Ce  depart 
pr6cipit6  alarma  la  reine  qui,  d6s  le  lendemain,  chargea 
Gramont  de  porter  au  prince  des  paroles  de  paix  et  de  le 
ramener  dans  la  capitale.  Le  mar6chal  6choua  dans  cette 

(1)  Arch,  des  Landes,  A.  23. 

(2)  Afdm.  de  Lenet,  p.  297. 

(3)  Laborde-P6bou6,  Relation  o^ritable  (Arm,  des  Landea,  in,  p.  462). 

(4)  Arch,  de  Bayonne,  B.  B.  92,  n»  12. 


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—  97  — 

entreprise  et  d6go<it6  par  cet  insuccSs,  ne  voulant  pas  se 
mettre  centre  le  Prince  sous  les  ordres  duquel  il  avait 
vaillamment  combattu  k  Fribourg  (1644)  et  A  Nordlingen 
(1645),  il  r6solut  de  rentrer  dans  ses  terres  de  B6arn.  Le 
7  septembre  1651,  le  roi  fut  d6clar6  majeur  en  s6ance  du 
Parlement.  Rompant  ouvertement  avec  la  Cour,  Cond6 
refusa  d'assister  a  la  c6r6monie  et  partit  pour  son  gouver- 
nement  de  Guyenne,  o\i  allait  6clater  une  guerre  plus 
longue  et  plus  d6sastreuse  que  la  premiere,  a  Souvenez- 
vous  que  je  tire  r6p6e  malgr6  moi,  dit-il  k  madame  de 
Longueville,  sa  sceur,  et  que  je  serai  le  dernier  k  la 
remettre  au  fourreau.  »  En  arrivant  k  Bordeaux  (22 
septembre)  quelques  membres  du  Parlement  vinrent  lui 
proposer  de  se  d6clarer  due  de  Guyentie;  mais  effray6  de 
leur  audace  et  craignant  que  sa  cause  n'eM  k  en  soufiErir, 
«  il  les  rebuta  avec  quelque  marque  de  colore*.  » 

Mdsaventure  de  Gramont.  —  La  Cour  ne  pouvait 
laisser  au  Prince  le  temps  d'organiser  la  r6volte.  Le 
mar6chal  de  Gramont  regut  Tordre  de  revenir  en  B6arn. 
((  II  devait  prendre  la  poste  et  se  rendre  k  Bayonne  en 
toute  diligence,  puisque  c'6toit  la  clef  du  royaume  et  que 
de  la  seul  d6pendoit  le  salut  de  la  monarchic  et  de  la  ma- 
jest6  royale*. »  Comme  il  approchait  de  Bordeaux,  il  faillit 
6treenlev6  par  les  frondeurs  de  cette  ville,  qui  voulaient 
le  Jeter  dans  la  Garonne.  «  II  s'en  plaignit  hautement  et 
disoit :  Cela  ne  se  feroit  pas  chez  les  cannibales;  je  ne 
suis  point  arm6  centre  eux;  je  vais  planter  mes  choux 
tout  doucement'.  »  II  fit  alors  un  d6tour  et  passa  par 
Langon  et  les  petites  Landes  pour  regagner  son  poste. 
«  D6s  qu'il  y  fut  arriv6,  il  rassura  toute  la  fronti^re  qui 

(1)  M^m.  de  Lenet,  p.  527. 

(2)  M6m.  du  marshal  de  Gramont  (4d.  Michaud,  1854,  !'•  partie),  p.  281. 

(3)  Tallemant  des  R^ux,  Historiottes  (mar^chal  de  Gramont),  t.  n,  p.  343 
(6d.  Momnerqu^,  1834). 

Tome  XXXV.  7 


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6to]fi  foari  dsraDil^e  et  coDtini  la  nobiesse  du  B^sm,  ks 
peapies  de  cette  province,  les  Bayoanois  et  les  Basques 
dans  I«  M61dt6  quife  devoient  au  Roi;  ce  qui  renversa 
tout  k  fait  les  pro  jets  que  M.  le  Prince  avoit  concertos 
avec  les  Espagnols,  lesquels  ne  le  pouvant  pas  secourir 
par  tcrre,  toute  communication  leur  ayant  6t6  6tte, 
Bssyoime  et  le  B6arn  restant  fiddles,  n'avoienrt  plus  qw 
lib,  vpie  de  met  p«ur  venir  k  Bordeaux,  qui  en  6toit  une 
trtfifc  ineertaine  et  d'lane  d6pense  ruineuse  pour  eux*-  » 
SM»,atteiidre  udl  concours  aussi  pr6caire^  Coad6  prit  se» 
dispositions  pour  dieter  ses  volont6s  et  d^cbainef  pour* 
IteAgtemips  sur  notre  malbeureux  paystoutes  les  boFreurs 
de  la^  guerre  civile. 

{A  mmre.)  J.-J;-C.  TAUZIN, 

€ar6  de  Saint-Justin  de  Nfiarsaa. 

NOTES  DIVERSES 

CCCXVr.  dur  le  ehiitofglett  Biennsifle 

n  ittrtdt  <)tie  nons  ne  sommea  pas  assez  flers  de  notve  quasi-compatriofa 
Biennaise,  d'apj^s  ce  que  declare  le  D'  Chavernac  (d'Aix)  dans  son  6tude 
sur  Daciel  en  Provence  (Aix,  1893,  p.  28) :  «  Une  centaine  d'ann^es  avant 
lui  [avant  Daviel],  deux  homines^  places  au  premier  rang  par  uno  estime 
genlrale,  mais  dont  le  merite  a  et6  quelque  peu  neglige  par  la  renomm^, 
Bieimaiae  et  Roberdeau,  avaient  fait  construire  k  Paris,^  de  lears  proprea 
deniers,  un  amphitheatre  anatomique  destin6  aux  instructions  gratuites; 
mais  les  fonds  consacr^  k  un  si  important  ouvrage  f urent  foientdt  6paisM. 
Lf^  l^Q^ms  cess^rent  et  la  maligne  envie  ^rivit  sur  la  porte : 

Amphitheatre  a  Locier 

PFny  feareux  que  celui  de  ces  raodestes  et  vaiUants  deraneiers,  I'amphf  * 
th64tre  de  Daviel  ne  subit  pas  le  meme  sort.  » 

Le  I>'  Chavernac  dit  en  note :  «  Biennaise,  n6  en  1601  k  Maz6i^  dans 
le  oomt^de  Foix,  fut  un  anatomiste  distingue.  U  osa  remettreen  usage  la^ 
suture  des  tendons  que  plusieurs  chirurgiens  de  son  temps  avaient  pros- 
cidte  et  que  d'autres  ant  condamn^  dans  ce  si^cle,  mais  qui  a  ^t6  adopts 
par  d'habiles  operateurs;  il  inventa  un  bistouri  k  lame  cach6e  qui  a  du 
mspirer  le  lithotome  cach6  du  f  r6re  Cosme  (2),  et  qu'on  d^signait  sous  le 
nom  d'attrape-lourdaud.  Biennaise  avait  gu6ri  d'un  an6vrisme  au  bras, 
survenu  k  la  suite  d'une  saignee  mal  ex6cut6e,  le  c^l^bre  Frangois  de 
Harlay,  alors  archeveque  de  Rouen.  »  T.  de  L, 

(1)  Mim.  du  mardchal  de  Gramont,  p.  282. 

(2)  Celui-ci  est  un  pur  gascon.  On  sail  que  Jean  Bazeilhac,  si  connu  dans  les 
annales  de  la  chirurgie  sous  son  nom  de  religieux  feuillant «  fr^re  Cosme  »,  6tait 
n6  en  1703  k  Pouy-Astruc  (Hautes-Pyr^n^es).  —  L.  C. 


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OBJETS  ANTIQUES 

AVEC  MARQUES   DE  FABRIC  ANT 

INSCRIPTIONS  OU  AUTRES  SIGNES 

TROUVES  A  LECTOURE  EN   1890>    tA91    BT   1893  (*) 


III 

LAMPES  EN  TERRE  CUITE 

La  terre  de  ces  lampes,  leur  forme  dans  les  details  et  leur  fagon 
oflfrent  plusieurs  differences.  Les  plus  fines,  rondes  et  sans  anses,  sont 
en  terre  jaune  p^le,  presque  blanche,  mince  et  pen  cuite;  si  bien  qu'on 
aurail  peine  k  croire  qu'elles  aient  jamais  pu  servir  s'il  n'^tait  rest6  des 
traces  de  suie,  non  ^uivoques,  k  leurs  bees.  Les  cx)uvertes  ^taient 
anssi  varies  de  teinte;  on  trouve  le  jaune  chamois,  rouge  clair, 
rouge  vineux,  violet,  marron,  vert  bronz6,  etc. 

Parmi  les  sujets  ornant  le  disque  sup^rieur  des  lampes,  toujours 
creus6  en  cu vetle  et  perc6  pour  Tintroduction  de  Fhuile  et  le  passage  de 
J'air,  nous  noterons  : 

—  Petit  g^nie  ail^  assis  devant  une  colonne  k  chapiteau  (..). 

—  Personnage  difforme,  nu,  dansantsur  un  crocodile  qui^  lagneule 
ouverte,  tourne  sa  t^te  vers  lui. 

—  Mercure,  coiff6  du  p^tase,  en  course,  la  bourse  k  la  main  droite^ 
le  caducie  k  la  main  gauche  (..). 

—  Petit  g6nie  ail6  portant  sur  T^paule  un  bSlton :  un  vase  k  anse 
pass^  k  chaque  bout  (..).  —  «  Eros,  porteur  d'eau,  »  signal^  dons 
une  vente  k  Rome  en  1884. 

—  Lion  le  pied  sur  une  proie. 

—  Grande  t6te  imberbe,  de  profil,  couronn^e  de  laurier. 

—  Taureau,  k  gauche  (..). 

—  Le  berger  Appulus^  change  en  Olivier  sauvage? 

—  Monstre  marin,  la  t6te  tournte  k  gauche,  sonnant  de  la  conque; 

(*)  Voir  la  livraison  de  novembre  1893,  page  503. 


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—  100  — 

argile  rougeitre,  couverte  rouge  clair.  — M6me  sujet  k  Lyon,  en  argile 
jaune  verdAtre,  couverte  brune. 

—  Chien  dans  la  pose  des  lions  heraldiques  du  moyen  age. 

—  Dragon  aux  ailes  ^ployfes. 

—  Singe  ithyphallique,  accroupi  sur  une  montagne,  jouant  de  la 
lyre;  argile  jaune  rouge&tre,  couverte  rougedtre.  —  M6me  sujet  i 
Lyon,  en  terre  grise  et  couverte  brune,  et  k  Texposition,  k  Paris,  en 
1881,  des  fouilles  dites  d'Utique. 

—  Petit  g^nie  ail6,  dans  Tattitude  de  la  lutte. 

11  manque  la  moiti^  du  disque  k  ce  dernier  et  dilicieux  petit  sujet. 
Parmi  les  autres,  plusieurs,  tr^s  probablement,  dtaient  de  petites  rdpli- 
ques  ou  des  parodies  de  grandes  oeuvres  de  Tantiquit^;  nous  citerons 
surtout,  parmi  ces  r^pliques  probables,  le  berger  Appulus  (Ovide, 
Metamorphoses  J  xiv,  5),  ci-dessus,  qui  a  encore  une  allure  superbe. 
Des  fragments  moins  importants  accusent  encore  ici :  un  griffon;  Jupi  * 
ter,  avec  la  foudre;  une  course  de  chars  dans  un  cirque;  un  gladiateur 
casqu^;  un  gladiateur  renvers^;  une  assez  grande  t6te  de  profil  k  che- 
veux  boucles;  unetAte  de  femme,  de  profil,  cheveux  an  vent,  se  d^ta- 
chantsur  une  coquille  —  du  sujet  dit  <  toilette  de  V^nus  »?^  Parmi 
les  motifs  non  histories,  notons  :  couronne  de  laurier;  ^toiles  a  quatre 
branches,  ou  k  branches  plus  nombreuses,  creus^es  en  gorge;  bordures 
d'oves;  etc. 

Les  marques  sont,  k  Tordinaire,  au-dessous  et  en  creux  ou  en 
relief;  elles  sont,  dans  les  deux  cas,  produites  par  le  moule  et  non 
par  un  cachet  particulier.  Comme  dans  la  suite  de  la  poterie  fine  & 
couverte  rouge  lustrfe,  de  fort  belles  lampes  ou  des  lampes  m^diocres 
n'avaient  aucune  marque. 

169^  —  Fragment  d'une  lampe,  avec  restes  du  sujet  qui  derail  sa 
cuvette  sup6rieure;  terre  tendre,  jaune  clair,  couverte  brun  verdAtre. 
Au-dessous,  sur  le  disque  inferieur,  en  creux  : 

CIV 

LetCres  de  3  mill,  de  kaut. 

C{aiu8)  Ju[n](ius)  [Drac]{onis)  ?  —  La  marque  compl6te  avait  environ 
huit  lettres;  ce  qui  en  reste  est  un  peu  fruste  et,  peut-^tre,  il  y  avait  un 
point  apr6s  le  C,  oil  Tintervalle  est  relativement  grand.  La  marque : 
CIVNDRAC,  d!ot  notre  lecture,  signal6e  dans  Tancienne  Narbonnaise  et 
k  HenschiivTin^  (Afrique). 

170  (839,3).  —  1.  Lampe  incomplete  d'une  partie  du  bee  et  du 
dessus;  terre  orang6  clair,  couverte  de  mfemecouleur  avec  larges  taches 


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—  101  — 

brunes  (..).  2.  Lampe  semblable  et  incomplfele  de  la  m6me  manifere. 
3.  Fragment  de  fond  et  de  parois;  mfeme  terre  et  couverte.  En  creux, 
sous  le  fond : 

C.OPPI-RES 

Lettrea  de  4  mill. 

Ciaius)  Oppiius)  Resititutus).  —  La  marque,  avec  points,  signal6e  k 
Bordeaux,  mais  incomplete  du  dernier  point  et  de  sa  suite;  en  Afrique,  avec 
les  points,  mais  sans  TI  (?).  Commune  un  pen  partout  dans  le  monde 
romain^  mais  ordinairement  sans  les  points,  semble-t-il.  Sur  le  n*  2,  qui  est 
an  mus6e,  la  marque  est  absolument  mal  venue;  sur  le  n*  3,  aussi  aumus6e, 
elle  est  incomplete  des  quatre  premieres  lettres,  mais  ce  qui  reste  est  bien 
mieux  imprimd  que  sur  les  deux  antres  :  le  point  y  parait  d6gag6  en  relief, 
ne  d^passant  pas  le  champ,  par  une  ligne  circulaire  en  creux.  Les  Oppu, 
paraissent  avoir  eu  une  grande  exploitation  figuline;  «  ils  ont  signd  des 
briques  vers  lesann6es  123-125,  »  dit  C.  Jullian  (I,  c). 

171.  —1.  Lampe  incomplete  d'une  partie  du  bee  et  d'une  partie 
du  dessous.  Terre  fine  jaune  orang6  clair,  couverte  orang6e,  tach6  de 
brun :  imitant  les  reflets  du  feu.  Dans  la  cuvette  ou  disque  sup6rieur, 
un  dragon  aux  ailes  ^ploy^es;  la  t^te  k  droite  avec  le  dard  cordiforme 
tres  grand;  le  corps  squammeux;  la  queue  enroulte  autour  du  trou 
par  lequel  on  introduisait  Thuile.  C'est  un  exemple  des  formes  h6ral- 
diques  du  moyen  Age  d^ji  produites  par  Tantiquit^.  2.  Fragment  de 
fond.  Sur  le  fond  ou  disque  inf6rieur,  en  creux,  et  en  relief  pour  Tap- 
pendice  : 

LMAMIG 


Lettrea  de  4  mill.;  VX,  en  relief,  a  20  mill. 
L(uciu8)  M(..dus)  Amic{u8).  —  «  Le  cognomen  Amicus  n'est  pas  trds 
oommun,  mais  on  en  a  plusieurs  exemples,  dont  quatre  ou  cinq  en 
Afrique  et  un  dans  la  Narbonnaise  »  (communication  de  M.  le  capitaine 
Esperandieu).  Lalampe,  presque  complete,  venantd'unmouledont  les  deux 
parties  6taient  un  pen  us^es  et  la  couverte  6tant  tr6s  rugueuse  et  tachee 
en  dessous,  ilfaut  un  estampageen  papier  d'6tain  pour  distinguer  Tinscrip- 
tion;  sur  le  deuxi^me  fragment,  Tinscription  est  plus  nette,  mais  elle  est 
incomplete  des  trois  dernieres  lettres  et  de  X  en  relief. 

172  (839,4).  —  Deux  tiers  d'un  fond  en  terre,  jaune  clair,  mince  et 
tendi»e,  couverte  rouge  orang6.  Au  centre  du  disque,  en  relief : 


M 


Lettre  de  9  mill. 

Cette  lettre  avait  k  gauche  et  k  droite  un  omement  en  forme  de  G  xen- 


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—  102  — 

ver86,  Touverture  en  dehors;  il  ne  reste  que  celui  de  gauche  au  complet. 

173  (839,1).  —  Lampe  ou  il  ne  manque  qu'une  partie  de  I'anneau 
qui  servait  d  anse.  Terre  6paisse,  jaune  clair,  couverte  jaune  orang^ 
marbr6  de  brun.  Sur  le  disque,  en  cuveUe,  un  chiendans  la  pose  des 
lions  hiraldiques  du  moyen  ^e.  En  dessous,  en  creux : 

MVNTRFPT 

Lettres  de  4  mill. 

Mun(atiits)  Trept{u8).  —  Cette  marque  est  bien  connue;  elle  a  6te  signa- 
16e,  notaminent,  k  Narbonne  eten  Alg^rie;  elle  figurait,  a  rexposition  dite 
des  fouilles  d'Utique,  sur  une  lampe  ou  I'on  voyait  Hercule  assis  uneeoupe 
k  la  main;  le  Corpus  de  la  Narbonnaise  donne  la  variante  M VN  TREPT, 
k  Aix  en  Provence.  Notre  exemplaire  semble  porter  R  et  non  N  pour  troi- 
sitoe  lettre,  et  il  porte,  s^ement,  F  au  lieu  de  E  pour  la  sixi^me.  Le  sujet 
d6corant  la  lampe  oflfre  undeuxi^me  exemple,  ici,  des  formes  h^raldiques 
du  moyen  fige  d6j&  modelees  dans  I'antiquit^. 

174.  —  Fragment  d'une  petite  lampe.  Terre  jaune  clair,  couverte 
de  mtoe  couleur  avec  taches  brunes.  La  cuvetle  sup6rieure  manque; 
k  I'anse,  de  forme  ordinaire,  est  accol6  un  croissant  de  grandes  dimen- 
sions, les  pointes  en  dehors.  Sous  le  fond,  trfes  petit,  un  rectangle 
creux  aux  petits  c6t6s  arrondis  duquel  se  d6tache  en  relief : 

MYROF 

Lettres  de  3  mill.  2/3 

Myrofiecit).  —  Les  lettres  sont  gr^les,  mais  bien  venues;  TO,  un  pen 
incomplet  par  le  bas;  le  F,  incomplet  des  deux  tiers  inf^rieurs  de  sa  haste 
et  de  sa  traverse  mddiane.  Cette  marque  est  par  exception  mat^riellement 
semblable  k  celles  de  la  poterie  rouge  lustr6e  et  autres  sur  amphores,  mais 
elle  n*a  pas,  certainement,  6t6  obtenue,  comme  colles-lk,  par  un  cachet  par- 
ticulier  qui  aurait,  ici,  ^ras^  le  fond  sous  la  pression  :  un  rectangle  en 
relief  avec  les  lettres  en  creux  6tait  done  dispose  dans  le  moule  de  la  lampe 
et  en  faisait  partie.  Une  lampe  marquee  au  m^me  nom,  avec  O  poinl6  et 
sans  le  F  final,  flgurait  dans  une  vente  faite  k  Rome  en  1884;  une  autre 
signal^  &  Pompei,  avec  TO  non  points  et  sans  F  ^  la  fin. 

175.  —  La  plus  grande  partie  d'une  lampe,  sans  anse,  en  terre 
rougeHtre,  couverte  rouge  orang6  (..).  Sur  le  disque  sup^rieur  en 
cuvette,  au-  dessus  du  sujet  qui  le  d^corait : 

N 

Lettre  de  6  mill. 

Peut-^tre  la  marque  ou  inscription  n*est  pas  complete  telle  que  nous  la 
donngns,  11  y  a  traces  tres  vagues  k  gauche  d'un  I ;  si  cette  derni^re  lettre 


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—  105  — 

a  exi^  n^eHwnl,  il  y  avait  IN,  sans  pirn,  k  imIiis  qttll  ii*y  9(tt  emU- 
uaation  au-dessous  du  sujet  qui  maB^oe  presque  totalement 

176  (839,5).  —  Fragment  de  lampe  avec  partie  du  fond.  Terre 
lendre,  jaune  clair,  converts  jaune  orangi.  En  dessous  du  tend,  en 
relief : 

PHOETA-.- 

Lettrea  de  6  milL 

Phoeta[spi] .  —  Caract6re8  k  traits  larges,  les  deux  premiers  et  le  dernier 
incomplets  par  le  haut.  La  meme  marque,  ou  du  moins  des  marques  au 
meme  nom,  signalde  k  Lyon,  Aries,  Birgelstein,  Leiibach,  Mayence, 
Nimes,  Salzbourg,  Yienne,  Orange,  Vaison,  Chamb^ry,  Gen^r^,  B^ers, 
Narbonne. 

177.  —  Fragment  de  fond  et  de  parois.  Terre  jaune  clair,  couverte 
jaune  orang^  lustr^e.  En  dessous,  au  centre  du  disque  inf^rieur,  trac6 
h  la  pointe  avant  la  cuisson  ou  imprim^  en  creux  avecun  cachet  "parti- 
culler  : 

V 

Lettre  de  5  mill. 

dette  lettre,  bien  conserv6e  k  droite,  n'a  plus,  k  gauche,  qu*une  petite 
partie  inferieure  de  sa  barre;  mais  on  s'est  repris  pour  la  marque,  k  cause 
d'nn  d6faut,en  tournant  un  pen,  ee  qui  laisse  voir  le  has  fin  V  du  pr^toier 
trfto6  ou  empreinte.  Signal6e  k  Lyon. 

178.  —  Fragmant  d'une  petite  lampe  sur  pied  &\ev&  nonivid6,  sans 
anse.  Terre  rouge^tre  grossi^re,  sans  couverte  (..).  Sur  la  paroi,  vers 
le  pied,  trace  k  la  pointe  avant  la  cuisson  : 


f'A 


Lettres  de  8i  6  et  13  mill. 

Fiiglina)  A( )?  —  Malbeureusement,  la  premie  lettre  est  inoerlidne; 

la  cassure  k  gauche,  qui  emp^che  aussi  de  savoir  si  c'6toit  bien  nrntiale^ 
n'a  laiss6  que  le  bas  de  la  haste  et  la  partie  de  droite  de  la  traverse  sup6- 
rieure;  un  dclat  emp^che  de  savoir  si  I'A  6tait  barr^  mais  cette  lettre  ter- 
minait  certainement  la  marque  et  son  6cartement  des  autres  donne  k  croire 
qu*elle  etait  seulepour  le  nom  du  fabricant. 

179.  —  Fragment  de  la  partie  sup^rieure  d'une  lampe  au  disque  en 
cuvette  uni,  mais  €ncadj?6  d'une  bordures  droves.  Terre  fiwe>  jaune 


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-  104  — 

clair,  oouverte  jaune  orang*,  lustrde.  Vers  les  bords  du  disque,  tracAa 
la  pointe  a^jant  la  cuisson  : 

TT 

LettreB  de  6  et  4  mill. 

La  cassure  k  gauche  emp^he  de  savoir  si  nous  avons  rinscription  com- 
plete ou  non.  Le  T  n'aurait  eu  que  la  moiti6  de  gauche  de  sa  traverse;  un 
accident  sur  la  terre  fraiche,  post^rieur  au  trac6,  a  coup6  les  caract^res  tout 
au  haut,  et  il  se  pourrait  qu'au  lieu  de  F,  archalque,  nous  devious  enten- 
dre P,  archalque,  d'abord,  ensuite  I.  Une  marque  de  cette  derniere  mani^re 
est  signal^e  k  Bordeaux,  sur  le  disque  sup6rieur  d'une  lampe  fine  orne- 
ment6e  d*un  lion^  mais  en  relief  et  non  en  creax. 

180  (839,2).  —  Fragment  de  fond  et  de  parois.  Terre  6paisse  jaune 
clair,  couverte  jaune  orang6  avec  taches  brunes.  En  creux  : 

HRE 

LettreB  de  4  mill.  1^2 

Comme  ce  reste  de  marque  arrive  k  rextr6mit6  de  droite  du  disque  ou 
fond,  qui  est  ordinairement  pour  le  pied,  sans  que  le  nom  paraisse  achevd, 
il  esti  croirequela  marque  6tait  unede  celles,  bien  connues,  des  Chresimi 
avec  abr^viations  des  prenom,  gentilice  et  surnom.  On  les  trouve  surtout 
sur  la  poterie  k  couverte  rouge  lustree;  du  moins  nous  ne  savons  de  signa- 
16e,  sur  lampe,  que  celle  CHRESIMI,  k  Bordeaux,  avec  ligature  de  C, 
H  et  R. 

181.  —  Lampe,  sur  pied  en  relief  non  6vid6,  incomplete  du  bee  et 
de  la  plus  grande  partie  de  I'anse  qui  6tait  longueet  cylindrique  comme 
k  certains  bougeoirs  modernes.  Terre  rougefttre,  non  fine,  sans  orna- 
ments et  sans  couverte.  Sous  le  pied,  iraci  k  la  pointe  avant  la  cuisson  : 


X 


Haut.  23  mill. 

Nous  avons  olass6  apr^s  une  marque  incomplete  oe  signe  bien  complet 
le  prenant,  peut-^tre  bien  k  tort,  pour  une  indication  num^rale.  Voyez  la 
marque  suivante. 

182.  —  Lampe,  de  48  millimetres  de  diam^tre  surun  pied  en  relief 
non  6vid6,  incomplete  de  Tanse  et  d'une  petite  partie  attenante.  Terre 
brun  clair,  non  fine,  sans  ornements  et  sans  couverte.  Sous  le  pied, 
trac6  k  la  pointe  avant  la  cuisson  : 


Xi 


.1 

Hatit.  21  et  15  mill, 

Le  X  est  bien  au  centre  du  pied  dont  il  occupe  presque  tout  le  diamdtre 


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—  105  — 

par  sa  hauteur,  tout  comme  sur  la  lampe  pr^cMente  qui,  au  reste,  sauf  la 
couleur  de  la  terre,  oflre  les  plus  grandes  analogies  de  forme  et  de  fabrica- 
tion avec  celle-ci;  I'l  est  oblique  de  droite  k  gauche  et  de  haut  en  has  et 
coupe  X  sur  le  bas  li  droite. 

183.  —  Grand  fragment  de  la  moiti6  sup6rieure  d'un  moule  de 
lampes  communes,  unieset  allong^,  terre  rougeAtre.  Au  revers,  trac6 
ou  imprimS  en  creux  d'une  manifere  trfes  r^ulifere  et  trte  nette  : 


Haut   10  miU. 

Le  crochet  de  ce  1,  descend  tr^  bas  en  devenant  de  plus  en  plus  mince. 
Le  m^me  signe  devait  ^tre  r^p^t6  sur  Tautre  moiti^  du  moule. 


IV 

TUILES  A  REBORD 

Les  fouiUes  de  Pradoulin,  ont  mis  au  jour  d'6normes  quantity  de 
tuiies  k  rebord  et  des  briques  de  diff^rentes  formes  en  diverses  natures 
de  terre  et,  par  le  fait,  de  diverses  provenances  sans  doute;  malgr6  tout 
nous  ne  sommes  pas  parvenu  k  trouver  le  moindre  vestige  de  ces  belles 
marques  imprim^  sur  tuiies  ou  briques,  communes  en  Italic,  sinon 
ailleurs.Les  deux  num^ros  qui  suivent  ne  concernent  que  des  grafitti, 
presque  douteux,  trfes  pen  explicites  dans  tous  les  cas. 

184.  —  Fragment  de  tuile  k  rebord  en  terre  dure  rouge  violac4.  Au 
revers^  trac6  avec  un  bout  de  bois^semble-t-il^  avant  la  cuisson  : 


B 


Haut.  92  mill, \  larg .  des  traits,  2  mill. 

La  boucle  inf^rieure  de  ce  B  est  du  double  plus  grande  que  Tautre.  Cette 
lettre  a  ^t^  tracee,  Men  visiblement^  sens  dessus  dessous,  en  commen^nt 
par  la  grande  boucle  et  continuant  par  la  petite,  ensuite  par  la  haste.  Avec 
une  grande  marge  a  gauche  et  une  assez  large  a  droite  vers  le  bas,  cette 
particularity  singuli^re  indique  que,  probablement,  le  signe  est  complet, 
sauf  que  la  cassure  oblique  a  emport6  une  tr^  petite  partie,  k  droite,  de  la 
boucle  sup^rieure. 

185.  — Tuile  k  rebord  presque  complete,  mais  bris6e  et  dont  le  frag- 
ment 6crit  a  seul  6t^  recueilU.  Terre  rougefttre,  non  trfes  dure,  fabrica- 


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^ 


—  10ft  — 

Hon  grossifere.  Au-dessus,  imprim^  comme  avec  des  pailles  bris^  et 
applaties  et  retouch^  k  la  poiate  avant  la  cuisson,  pour  la  premifere 
moiti6,  ou  pour  la  seconde  si  on  relourne  le  fragment : 


XX 


Hauteur  moj/enne,  SO  mill,;  larg,  moyenne  des  traits,  2  mill.  1^2. 

Ces  deux  X,  normalement  6cart6s,  se  trouvent  chacun  dans  une  petit© 
concavity;  si  ce  n'6tait  que  Tun  d'eux  a  6t6,  tr^s  visiblement,  refait  k  la 
pointe,  il  y  aurait  lieu  de  prendre  Tensemble  pour  un  effet  de  hasard. 

V 
PYRAMIDES  TRONQUfiES 

Les  pyramides  tronqutes  sont  en  terre  cuite  grossifere,  rouge4tre, 
quelquefois  blanch^tre,  assez  peu  cuite  parfois.  On  en  trouve  par- 
tout  oil  il  y  a  eu  des  habitations  romaines.  Leurs  dimensions  en 
hauteur  varient  entre  5  et  20  centimetres,  les  largeurs  sont  moitii 
moindres;leur  plan  est  presque  toujours  reclangulaire,  c'est-^-dire  sur 
carr6  allong^;  toutes  sont  perches,  d'une  face  k  la  face  parall^le,  d'un 
trou  rond  situ^  vers  rextr6mit6  sup^rieure.  Celles  qui  sont  marquees 
ou  sign^s  sont  assez  rares. 

Etudites,  sans  doute  exclusivement  dans  les  muste,  sur  des  Ajhan- 
tillons  de  choix,  aucune  des  opinions  ^mises,  k  notre  connaissance,  sur 
leur  utility  ou  usage  ne  nous  parall  acceptable,  d'aprfesune  centaine  de 
ces  monuments  que  nous  avons  pu  <^tudier  k  Lecloure,  sur  le  champ 
m6me  des  fouilles. 

L'id^  la  plus  accr^ditte  aujourd'hui,  qui  en  fait  des  poids  de 
tisserand  pour  des  metiers  verticaux,  a  centre  elle,  au  minimum,  les 
dimensions  toujours  diverses  des  pyramides  trouvtes  sur  un  m6me 
point;  la  profonde  usure  dans  tous  les  sens  de  bon  nombre  d'entre 
elles;  la  non  usure  du  trou,  qui  est  constante  etabsolue,  mftme  sur  les 
bords  si  fragiles.  L'id^  qui  en  faisait  des  poids  pour  les  lignes  ou  les 
filets  de  p^he  a  centre  elle  cette  non  usure  des  trous  et  les  commen- 
cements de  Tusure,  par  ailleurs,  qui  6pargnent  le  dessous,  partie  qui, 
dans  Thypoth^se,  aurait  ^t6  la  plus  sujelte  aux  frottements  et  aux 
chocs.  Celle,  enfin,  qui  en  faisait  de  v^ritables  poids  de  balance  ou  des 
surpoids  de  romaine  a  centre  elle,  toujours  directement  et  au  minimum, 
les  divers  dtats  de  Tusure  qui,  d^s  les  premiers,  aurait  fait  rejeler  ces 


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—  107  — 

pr^Cendus  poids;  ensuite  le  poids  rtel  des  pyramides  k  I'^tat  de  nexit  ou 
de  conservation  passable,  ne  rtpond  k  rien  de  connu :  nous  avons 
trouv6  en  grammes,  pour  diverses,  490,  210, 1,080,  295,  615,  360, 
366  et  ainsi  de  suite,  chiflfres,  on  le  voit,  n^tivemeat  concluante;  la 
livre  romaine,  oomme  on  salt,  6quivalait  k  environ  330  grammes. 

Le  veritable  usage  doit  6tre  devin^  d'apr^s  la  nature  de  la  terre  cuite 
qui,  mouill6e,s'use  souvent  dans  les  doigts  comme  une  sorte  de  savon; 
par  la  forme  en  pyramide  tronqu^e  et  les  divers  itats  de  Tusure  qui 
donnent  d'abord  :  les  aretes  rampantes  arrondies  et  lisses,  surtout  vers 
le  bas;  ensuite  cette  usure  continu^e,  vers  le  bas,  jusqu'Ji  r^duire  le 
gros  bout  aux  dimensions  du  petit,  faisant  de  la  forme  pyramidale  une 
forme  cylindrique;  puis  le  petit  bout  demeure  le  plus  grand,  celui  du 
bas,  de  plus  en  plus  r6duit,  est  arrondi  et  la  pyramide  tronqu6e  n'a 
plus,  k  rinverse,  que  la  forme  d'un  ^pi  de  mais;  puis  encore,  le  gros 
bout  est  devenu  pointu  et  la  forme  g^n^rale  conique,  en  sens  inverse; 
enfin,  cette  pointe  et  ce  c6ne  sont  us6s  et  il  ne  reste  qu'une  partie  mal 
arrondie  de  la  grosseur  d*une  noix  ayant  seulement  conserv6  le  trou 
qui  6tait  pr6s  du  sommet.  Pour  la  non  usure  de  ce  trou  il  faut  croire 
qu'il  ^tait  f^t,  en  principe,  pour  suspendre  Tobjet  k  des  cbevilles  ou  k 
des  clous,  aprte  le  service,  et  qu'on  n^ligeait  toujours  ou  presque 
toujours  de  prendre  ce  soin.  Nous  tenons  de  M.  L.  Audiat  qu'il  a 
trouvi  une  de  oes  pyramides  ou  6tait  demeurfe  pass^  une  petite  tige 
de  fer.; 

La  forme  pyramidale  allongte  itait,  k  n'en  pas  douter,  pour'tenir  faci- 
lement  Tobjet  par  le  haut,  couch^  dans  la  paume  de  la  main;  de  la  sorte, 
on  s'explique  clairement  les  premiers  ^tats  de  Tusure  et  il  devient  abso- 
lument  Evident  qu'il  y  avait  lA,  tout  simplement,  un  outil  pour  frolter, 
soit  de  la  toile,  du  drap,  du  cuir,  des  toisons  ou  quelque  chose  d*ana- 
logue,  manipul6  journellement  ou  fr^quemment. 

186.  —  Pyramide  tronqute,  de  20  centimetres  de  baut,  k  deux 
larges  faces,  c'est-A-dire  sur  plan  rectangulaire»  Sur  Tune  de  ces  deux 
faces,  trac6  avec  une  grosse  pointe  avanl  la  cuisson  : 

Du  trou  au  bas,  une  ligne  verticale  mediane  qui  coupe  en 
baut,  le  milieu  de  la  traverse  d'un  H,  traverse  qui  d^passe 
les  hastes  et  est  plac^e  un  peu  bas,  et  qui  coupe,  vers  le 
bas.  une  ligne  oblique  tracee  sur  toute  la  largeur. 

La  hauteur  totale  de  cette  marque  ou  signe,  qui  ressemble  assez^  pur  le 
baut,  a  un  trident,  est  de  15  centimetres.  Sur  le  plan  sap^riear,  presque 
enU^ment  ddtruit,  reste  d'une  ligne  qui  partageaitoe  planendiagonale.Ce 


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—  108  — 

dernier  signe  a  6t6  signal^  ailleurs  sor  des  pyramides  tronqnSes.  La  n6lre 
est  a  r^tat  de  neuf  aveo  oonverte,  sauf  une  cassure  k  la  droite  de  la  partie 
sap6rieure.  La  terre  est  rougefttre  et  la  couverte  jaune  chamois. 

187.  —  Pyramide  tronqu6e,de  17  centimetres  dehaut,i  deuxlarges 
faces.  Sur  Tune  d'elles,  trac^  d'une  grosse  pointe  avant  la  cuisson  : 

Une  figure  contourn^e  ressemblant  k  un  lizard,  va    en 
dessus,  ou,  mieux,  a  un  t^tard. 

Un  point  est  au  milieu  de  ce  qui  semble  toe  la  tete;  peut-^tre  une  barre 
verticale  au  centre  de  ce  qui  iigurerait  le  corps.  Hauteur  totale  de  la  figure, 
qui  commence  pres  du  trou,  10  centim^treis. 

188.  —  Pyramide  tronqufe,  de  15  centimetres  de  haut,  k  deux 
larges  faces.  Sur  le  plan  sup^rieur : 

Une  rosace. 

Cette  rosacCyde  21  millimetres  de  diamMre^est  composee  de  huit  triangles 
mixtilignes,  imprimis  en  creux,  formant  en  epai^ne,  ou  relief  ne  d^passant 
pas  le  champ,  une  rouei  huitrais,  sans  jantes. 

189.  —  1,  Pyramide  tronqufe,  de  9  centimetres  ll2  dehaut,  k  deux 
larges  faces.  2,  Pyramide  tronqu6e,  plus  grande,  incomplete  sur  le 
haut.  3,  Pyramide  tronqu6e,  de  10  centimetres  li2  de  haut,  sur  plan 
presque  carr6.  Sur  une  des  larges  faces  des  deux  premiers  numiros  et 
sur  le  plan  sup6rieur  du  dernier,  trac6  avant  la  cuisson  avec  une  tres 
grosse  pointe : 


I 


Le  signe,  d'une  longueur  moyenne  de  2  centimetres,  reesemble  k  la  partie 
superieure  de !,  sur  le  n'  2.  La  terre  est  rougefttre  sur  les  trois  pyramides, 
qui  semblent  bien  etre  du  m^me  fabricant. 

190.  —  Pyramide tronquee,de  12  centimetres  dehaut,k  deuxlarges 
faces.  Sur  Tune  de  ces  faces  lrac6  d'nne  grosse  pointe  avaiit  la  cuisson: 


II 


Ces  deux  barres,  qui  out  5  centimetres  de  long,  partent  en  haut  du 
niveau  superieur  de  la  circonference  du  trou;  la  premiere  k  peine 
visible,  moins  le  quart  infeHeur,  qui  est  encore  bien  marque,  tandis 
que  le  quart  inferieur,  seulement,  de  la  seconde  se  voit  k  peine:  ces  rap- 
ports en  sens  inverse  sont  simplement  produits  par  le  commencement 
d'usure  qu*a  subi  la  pyramide,  dans  son  usage  ordinaire,  Sur  le  plan  8up6- 


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—  109  — 

rieur :  grosse  llgne  ond^  models  k  la  main,  en  relief;  le  m^me  signe,  en 
relief,  se  volt,  a  la  mtoe  place,  sur  plusieurs  de  nos  pyramides.  Sur  leplan 
inf^rieur,  en  relief:  tr^s  grosses  lignes  forraant  comme  un  F,  qui  aurait  sa 
traverse  mMiane  k  gauche. 

191.  —  Pyramide  tronqute,  de  10  centimMres  de  haut.  Sur  le  plan 
inf6rieur,  trac6  avec  une  grosse  pointe  avant  la  cuisson  : 


IV 


Haut.  32  mill. 


Le  Y  a  son  jambage  de  gauche  vertical,  le  jambage  de  droite  k  peine 
marqu^  par  une  ligne  relativement  fine. 

192.  —  Pyramide  tronqufejde  16  oenfimfetres  de  haut,  i  deux  larges 
faces  (..).  Sur  le  milieu  du  plan  supArieur  : 


Ces  points,  de  3  millimetres  de  diam^tre,  imprimis  en  creux,  tiennent 
nne  surface  de  45  millimetres  de  large  sur  20  de  haut. 

193.  —  Pyramide  tronqu6e,de  17  centimetres  dehaut,{i  deuxlarges 
faces.  Sur  Tune  de  ces  faces,  touchant  presque  au  has  de  la  circonf^- 
rence  du  trou,  trac6  avec  une  grosse  pointe  avant  la  cuisson  : 


X 


Ce  signe  a  20  millimetres  de  large. 

194.  —  1,  Fragment  de  pyramide  tronqute,  de  11  centimfetres  de 
haut,  k  deux  larges  faces.  2,  Fragment  de  pyramide  tronqute  de  16 
centimetres  dehaut,  k  deux  larges  faces.  Avant  la  cuisson,  sur  une  des 
petites  faces  du  n®  1,  avec  une  tres  grosse  pointe;  sur  les  deux  lai^;es 
faces  du  n°  2,  avec  une  pointe  fine : 


X 


Sur  ces  deux  pyramides,  incompletes  par  le  haut,  le  signe  a  3  centime- 
tres li2  de  haut,  sur  la  premiere,  et  n'a  pas  moins  de  12  centimetres,  aussi 
de  haut,  sur  la  seconde,  oil  il  est  en  double. 

195.  —  Pyramide  tronqu6e,  de  9  centimetres  de  haut,  sur  plan 


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—  110  - 

I 

carrt.   SuT  le  plan  sup^rieur,  trao6  avec  une  poinle  fine  avant  la 


cmsson*: 


X 


Haut.  et  larg.  28  mill. 

Le  signe  forme  lea  diagonales   du  carr6.  II  a  et6  signale  sur  plosieuw 
pyramides  comme  la  notre. 

196.  —  Pyramide  tronqufe,de  16  centimetres  de  haut, k  deux  larges 
faces  (. .).  Sur  Tune  d'elles,  trac6  avec  une  grosse  pointe  avant  la  cuisson : 


X^ 


Sur  ce  signe,  plus  cursif  qu'k  Tordinaire,  qui  a  8  oentim^tifes  de  hauteur 
totale,  I  coupe,  en  la  croisant,  la  parlie  de  droite,  superieure,  de  X.  Le 
trou  de  la  pyramide  se  trouve  au  milieu  de  la  fourche  superieure  form6e 
par  le  signe. 

197.  —  Pyramide  tronqu6e,  de  9  centimetres  de  haut*.  Sur  le  plan 
sup^rieur,  trac^  sur  la  terre  molle  en  frottant  avec  une  baguette  cylin- 
drique,  la  m6me,  probablement,  qui  avait  servi  ^  perforer  la  pyramide : 


X 


Cette  marque,  qui  tend  k  la  forme  de  X,  est  assez  souvent  signal^©  ail- 
leurs  sur  les  memes  objets.  Elle  est  ici  sur  une  pyramide  tronqu6e,  tres 
grossi^re,  trouv^e  i  Lectoure  meme  et|non  k  Pradoulin,  avec  une  autre  sur 
plan  parfaitement  carr6,  bien  faite  et  en  une  terre  plus  fine  et  mieux  cuite 
qu'ii  Tordinaire. 

VI 
DISQUES  EN  TERRE  CUITE 

Aucun  recueil  d*antiquit^s,  que  nous  sachions,  ne  signale  rien  de 
semblable  h  nos  disques,  de  12  millimetres  de  diam^tre  en  moyenne, 
en  terre  rouge^tre  non  fine.  Ces  disques  ^taient  obtenus  au  moyen 
d'une  petite  boule  de  terre  molle,  presste  contre  un  sujet  en  inlaille  ou 
en  relief;  ils  6taient  ainsi,  vraisemblablement,  une  sorte  de  bons,  des 
reconnaissances  6manfes  du  possesseur  du  cachet  matrice  :  sans  doute 
oette  monnaie  romaine,  en  terre  cuite,  menlionn^  par  Suidas. 


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-  Ill  - 

198.  —  Disque  unpeu  elUptique.  Au  milieu  de  Tune  des  faces,  en 
aire  16gferement  creuse,  se  d^tache  en  relief : 

Mercure  coiffe  du  petase,  assis  sur  un  cippe,  les  jambes 
croisees,  le  caducee  k  la  main  droite,  la  bourse  4  la  main 
gauche. 

Hauteur  totale  de  la  figure,  7  millim6tres.  Au  revers,  traces  du  doigt  qui 
a  presse  la  terre.  Usure  aux  parties  saillantes,  comme  sur  les  monnaies. 

199.  —  Disque  un  peu  irr^gulier,  gered  sur  les  bords,  parTefFet  de 
la  pression  opdree  avec  quelque  chose  de  plat.  Un  peu  sur  le  c6t6  d'une 
des  faces,  imprimde  en  creux  : 

Figure  nue,  k  mi-corps,  posant  sur  un  objet  courbe  ind^ter- 
mine :  tSte  de  profll.  attitude  d'un  triompbateur. 

Hauteur  totale  da  sujct,  6  millim^res. 

200.  —  Deux  disques  atleignant,run  14  millim^tres,rautre  9  milli- 
metres de  diamtoe;  maximum  et  minimum  de  ce  que  nous  avons 
dans  ce  genre.  Sur  le  plus  grand  : 

Empreinte  du  chaton  elliptique  d'une  bague;  le  sujet  en 
relief  est  meconnaissable,  par  suite  de  gerQures  surve- 
nues  durant  la  cuisson. 

Le  revers  est  Men  models  en  bosse  avec  cdte  mediane;  un  grafltto  (?)  en 
G  majuscule  de  Tecriture  cursive  actuelle  paralt  de  ce  c6t6.  Sur  le  plus 
petit  des  deux  disques,  Tempreinte,  sous  une  couverte  jaune  orang6, 
forme  une  demi-sphere  creuse;  le  sujet  a  preaque  enti^rement  disparu  par 
suite  de  plusieurs  tolats  de  la  terre  cuite :  on  distingue  seulemeftt,  vevs  le9 
bords,  comme  une  sorte  de  ruban,  en  relief. 

VII 

INTAILLES  SUft  PIERRES  PINES 

Les  intailles  sur  pienres  fines,  months  presquc  toujours  sur  des 
bagues  ou  des  anneaux  en  or,  n'ont  pas  d'autre  raison  d'etre  que  leur 
usage  pour  signer  ou  marquer  sur  des  matiferes  pr^par^s  moUes, 
comme  nous  venons  de  le  voir  aux  terres  cuites  qui  prudent;  autre- 
ment,  comme  ornement  de  bijoux,  on  eut  grav6  des  camtes  et  non  des 
intailles.  Ces  monuments  rentrent  done  dans  notre  programme.  Les 
demiferes  fouilles  n'ont  donn6  qu'une  seule  intaille^  les  trois  autres  que 
nous  aliens  y  joindre  ont  6t6  trouv6es :  une  k  Pr^ulin  m6me,.  il  y  a 


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—  112  — 

une  quaranlaine  d'ann^s,  les  deux  autres  k  trois  ou  quatre  kilomfetres 
au  loin,  mais,  par  consequent,  sur  Tanden'territoire  de  la  cit6. 

201.  —  Agathe-onyx,  taill^e  en  ellipse  et  montte  sur  une  bague  en 
or,  d'un  poids  equivalant  k  15  francs  : 

Oanymede  (?)  debout,  k  gauclie,  nu,  couronn6,  le  bras  droit 
eleve  et  tendu  en  avant,  un  vase  (?)  globulaire  k  la  main; 
le  bras  gauche  pendant  avec  un  autre  vase  (?)  k  la  main, 
plus  grand  que  le  premier,  mais  de  mdme  forme. 

Haut.  6  millimHres 

L'enfant  ou  T^ph^be  semble  oflrir  k  boire.  L'intailie  est  la  moins  fine  de 
cellos  qui  nous  restent  k  voir,  mais  sa  monture  est  remarquable.  Elle  est 
compos^e  de  quatre  pieces  principales  :  la  premiere,  en  forme  deT>oite,  est 
pour  le  chaton  et  porte  Tintaille,  les  autres  consistent  en  trois  fils  d'or  o6te 
k  c6te  dont  deux  s'^panouissent  en  volutes,  soud6es  au  chaton  avec  bouton 
lenticulaire  80ud6  k  leur  centre,  apres  avoir  bord6,  en  s'y  unissant  par  la 
soudure,  le  troisiemo  oti  est  enroul6  et  soud6  un  double  fll  d'or  extr^mement 
fin.  Cest  ainsi  un  de  ses  bijoux  antiques  dont  les  omements  n'6taient  ni 
fondus  ni  cisel^,  comme  ils  le  seraient  aujourd'hui,  mais  soud6s  piece  k 
pi6ce,  ne  formant  plus  qu'un  seul  corps,  selon  des  proced6s  dont  Tantiquit^ 
a  gard6  le  secret.  Meme  ici,  le  precede  n*a  pas  compl6tement  r^ussi,  et  on 
voit  k  Tint^rieur  une  petite  partie  ou  le  double  fll  d'or,  enroul6,  s'estfondu. 
A  Text^rieur,  la  decoration,  par  ce  double  fi.l'd'or,  est  un  pen  Iruste,  soit 
que  reparation  n'ait  pas  bien  r6ussi  non  plus  de  ce  c6t6,  soit  que  la  bague, 
longtemps  portee,  se  trouve  us6e. 

202. — Agathe-cornaline  rouge,  taill^e  en  ellipse,  sans  monture  (..) : 

Un  cbeval,  k  droite,  paissant,  la  jambe  gauche  de  devant 

fl^chie 

Long.,  12  mill.;  haut.y  8  Iji 

Cette  intaille,  d*un  tr6s  beau  travail,  a  6t6  trouv^e  aussi  k  Pradoulin, 
mais  il  y  a  une  quarantaine  d'annees.  Plusieurs  autres  intailles  semblables, 
aussi  sans  montures,  auraient  ete  trouv^es  depuis  au  m^melieu;  nous  ne 
les  avons  pas  vues,  mais  n'avons  pas  d'autre  raison  d'en  douter.  II  faudrait 
en  conclure  qu'un  artiste  special  des  plus  habiles  6tait  6tabli  k  Lectoure 
m^e;  le  fait  n'aurait  absolument  rien  de  surprenant,  6tant  donn^  la  diffu- 
sion de  Tart  dans  les  Gaules  durant  la  domination  romaine.  II  y  a  une  par- 
ticularity qui  vient  appuyer  la  conjecture,  tout  en  6tant  fort  curieuse  par 
elle-m6me  :  le  cheval  est  du  type  d'une  race  que  Ton  voyait  naguere  encore 
k  Lectoure  et  aux  environs  (avant  les  choix  exclusifs  des  ^talons  de  TEtat) 
et  qui  6tait  caract6ris6e  par  un  corps  un  pen  gros  avec  une  t^te  fine  en 
courbe  concave,  de  profll.  Nous  avons  le  m6me  type  sur  un  petit  cheval 
de  plomb  trouv6  dans  nos  fouiUes  en  1892. 


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—  113  — 

203.  —  Lapis-lazuli,  tailW  en  ellipse  et  monti  sur  une  b^igue  en 
or,  de  forme  dite  chevali^re,  d'un  poids  ^uivalent  k  45  francs  (..) : 

Un  16vrier  k  oreilles  un  peu  courtes,  un  collier  au  cou; 
semblant  jouer  avec  un  oison  ou  une  perdrix  qui  fuit. 

Long,,  7  mill.;  haut.,  3  7;5 
Le  travail  de  cette  intaillc  est  beau,  surtout  en  ce  qui  est  du  chien,  qui 
seulement,  bien  qu*avec  un  museau  long,  a  la  t^te  un  peu  globuleuse.  EUe 
fut  trouv6o  en  1875,  en  labourant,  au  lieu  dit  Cassaignau  ou  le  Verrier, 
commune  de  Lectoure. 

204.  —  Agatft-on}^,  taillte  en  ellipse  et  mont6e  sur  une  bague  ou 
anneau  en  or,  d'un  poids  Equivalent  k  125  francs  (..) : 

Un  personnage  nu,  excepts  le  bas- ventre  oti  passe  une  tr6s 
mince  draperie,jouant  de  la  lyre,  assis,  un  peu  renversd 
en  arriere,  sur  une  chaise  k  haut  dossier,  les  pieds 
poses  sur  une  sorte  de  tabouret  ou  marche-pied;  devant 
lui,  un  genou  4  terre,  les  bras  tendus  et  les  mains  sup- 
pliantes,  un  vieillard  k  barbe  longue  et  ^paisse,  vdtu 
d'une  robe  k  plis  et  coiff6  d'une  sorte  de  tiare  en  forme  de 
cdne  tronqu^  avec  petit  bourrelet  ou  bords  sur  le  bas. 

La  pierre  a  sur  sa  face  plane  11  millimetres  2/3  de  long  sur  9  de  haut; 
le  sujet  k  8  millimetres  1/2  de  large  sur  7  1/2  de  haut.   Cette  tr^s  curieuse 
etmagnifique  intaille  et  son  6tonnant6  monture  furent  trouv^es  en  1867, 
en  labourant,  sur  une  partie  r6cemment  d^frich^e  de  la  foret  du  Ramier, 
autrefois  ^r^^  de  Par  tag  Ion,  situ^e  dans  la  commune  dePauilhac,  surun 
point  eloign^  de  3  kilometres  de  Pradoulin.  Dans  la  m^me  for^t  ou  dans  ses 
anciennes  li  mites  ont6t6  trouv^s,  en  outre,  des  bijoux  barbares  en  or,  des 
pieces  romaines  du  m^me  metal,  des  poteries  et  des  bronzes  antiques. 
Pour  notre  intaille,  elle  a  dejk  ete  publiee  dans  la  Reoue  des  Soci^Us  savan- 
tes  (T  serie,  1. 1, 1879)  d'une  maniere  non  tres  exacte  quoique  avec  une  gra- 
vure.  L'editeur ,  M.  Jules  Quicherat,  a  vu  dans  le  sujet  Priam  aux  pieds  d'A- 
chiUe  qui  joue  de  la  lyre;  explication  faite  pour  etonner  au  premier  abord, 
maia  ou  et  comment  en  trouver  une  meilleure  ?  M.  Tholin  avait  era  recon- 
naitreApollondan8lecitharedequi,au  reste,  a  les  cheveux  ramenes  enavant 
Gomme  par  un  diademe;  mais  que  faire  du  second  personnage  vetu  et  sou- 
mis  a  la  mode  asiatique  f  Peut-etre  en  favour  du  Priam,  sans  bonnet  phry- 
gien,  faut-il  rapprocher  sa  coifEure  de  celle  un  peu  semblable  du  berger 
Faustulus  sur  le  denier .  remain  de  la  famille   Pompela.  Autrement, 
contrairement  k  Tidee  de  M.   Quicherat,  nous  ne  savons  voir  aucune 
trace  d'arohalsme  dans  la  gravure  de  Tintaille  qui,  merveilleusement, 
donnela  masse  en  fort  relief  aux  endroits  necessaires  et  tons  les  details  des 
figures :  les  cheveux,  la  barbe,  les  yeux,  les  nez,  les  benches,  etc.,  avec 
Tome  XXXV.  8 


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—  114  — 

beauts,  selon  les  regies  de  Tart  et  sans  aucune  s6cheresso.  Et  dire  que  lout 
cela,  si  r^duit,  est  grav6  en  creux  sur  une  pierretr^  dure!  Des  details 
(en  rondelles,  grosses  boules,  etc.)  analogues  k  ceux  des  pieds  de  la  chaise 
se  retrouvent  sur  ceux  d'un  trone  de  bronze  du  raus6e  de  Naples.  Lamon- 
ture  de  la  pierre,  avec  son  6norme  barreau  cylindrique  pour  I'anneau,  et 
r^norme  6panouissementoti  elleest  sertie,  ach^ve  biend'en  faire  un  monu- 
ment  tout  exceptionnel. 

{A  suiore.)  Eugene  CAMOREYT. 


QUESTIONS  ET  RfiPONSES 


291*.  Combien  rapportait  r6v6ch6  de  Condom? 

L*abbe  Le  Dieu,  dans  ses  M^moii'es  sur  Bossuet,  afflrme  que  I'dv^h^  de 
Condom  6tait  de  plus  de  40,000  livres  de  rente.  N'eslHje  pas  exager^  ?  Je 
ne  puis  me  decider  k  croire  que  le  revenu  de  ce  petit  ^vech6  ait  jamais  et6 
aussi  considerable.  Je  demande  k  nos  chers  savants  du  Condomois  s'il  ne 
faut  pas  rabattre  quelque  chose  du  gros  chiffre  avanc6  par  le  biograplie  de 
Bossuet.  Je  le  demande  surtout  k  celui  d'entre  eux  qui,  ea  6crivant  This- 
toire  de  sa  vieille  amie  —  une  amie  de  toute  sa  vie !  —  la  cath^rale  de 
Condom,  a  si  consciencieusement  pr6par6  toute  Thistoire  du  diocese  meme. 

T.   DE  L. 

On  lit  dans  VHistoire  religieuse  et  monumentale  du  diocdse  d'Agcn  de 
Tabbe  Barr^re,  sous  la  date  de  la  fondation  de  r6v^h6  de  Condom  (1317, 
t.  II,  p.  94)  :  «  L'^glise  de  Condom,  si  longtemps  fille  aln^e  de  la  notre, 
devint,  sous  le  rapport  temporel,  plus  florissante  que  sa  m6re,  si  bien  qu'on 
avait  coutume,  dit  Labrunie,  de  lui  appliquer  ce  vers  si  connu  d'Horace 
(od.  XIX,  1. 1)  : 

O  martre  pulchra  illia  pulchriorl  » 

On  disait  commun6ment  parmi  nous  que  Condom  6tait  le  plus  riche 
des  6v6ch6sde  France,  comme  Auch  un  des  plus  riches  archev^h^s.  (II 
faut  mettre  hors  decompte  les  dioceses  annexes  :  celui  de  Strasbourg  avait 
300,000  livres  de  revenu !)  —  La  France  eccldsiastique  de  1769  attribue  k 
Auch  120,000  1.  (Paris  en  avait  180,000),  &  Agen  35,000,  et  i  Condom 
60,000  (1).  On  voit  que  ce  chifEre  est  sup^rieur  k  celui  de  Tabb^  Le  Dieu, 
qui  6tonne  M.  T.  de  L,  —  Au  reste,  revaluation  des  revenus  eocl^siastiques 
sous  Tancien  regime  est  particuli^rement  delicate,  on  le  salt,  a  cause  du 
nombre  et  de  la  variete  des  charges  qui  pesaient  sur  les  divers  benefices. 
Mais  ce  n*est  Ik  qu'une  raison  de  plus  d'appeler  sur  ce  sujet  des  eclaircisse- 
ments  topiques  et  de  les  demander,  avec  M.  T.  de  L. ,  &  celui  de  nos  chers 
collaborateurs  qui  est  le  mieux  prepare  et  le  plus  autoris6  sur  I'histoire  de 
Condom.  L.  C. 

(•)  Ce  nombre  a  6i6  mis  par  erreur  en  16te  de  la  demi^re  Question  (n»  de  Jan- 
vier, p.  80J,  qui  devait  6lre  chiffr^e  290.  —  A  la  p.  77  du  meme  nuraero,  ]a 
Quest  lonmpotiso  cot^e  290  devait  porter  le  chiffre  287. 

(1^  Bayeux  y  est  cot^plus  haut  que  Condom  :  70,000 1. 


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LIDIOME  GASCON  A  LA  SORBONNE 


De  l'INFLUENCE  DU  DIALECTE  GASCON  SUR  LA  LAXOUE  FRANQAISE  de  la  fin  du 

XV*  si^cle  k  la  seconde  moiti6  du  xvii*.  These  pr^nt6e  k  la  Faculty  des 
lettres  de  Paris,  par  Maxime  Lanusse,  professeur  au  lyc6e  de  Grenoble. 
Grenoble,  impr,  F.  Allier.  1893.  —  1  vol.  in-8*  de  xvi-470  p.  (1)    • 

Je  regrette  de  n'avoir  pas  la  date  praise  du  jour  ou  hit  soutenue 
cette  thfese.  Ce  fut  assur^ment  i»n  beau  jour  pour  la  Gascogne  et  pour 
son  idiome.  Nos  compatriotes  habitants  de  Paris  —  etla  colonic  est 
nombreuse  —  en  avaient  eu  vent.  J'ignore  si  le  printemps  (c'6tait,  je 
crois,  en  avril  1893)  les  invitait  par  un  clair  soleil  k  prendre  le  chemin 
de  la  nouvelle  Sorbonne,  ou  s'ils  eurent  k  braver  pour  s'y  rendre  le 
vent  et  la  pluie  :  lefait  est  qu'ils  fournirent  un  bon  contingent  k  la  foule 
qui  se  pressait  dans  la  salle  de  Doctoral  r^nunent  inaugur6e  k  la  Fa- 
culty des  lettres.  Un  jeune  professeur  de  rUniversit^,  larbais  d'origine, 
M.  Maxime  Lanusse,  devait,  dans  cette  passe  d'armes  pacifique  —  je 
dirais,  si  Feuphonie  le  permettait,  «  pas  si  pacifique  »  —  soutenir, 
devant  la  France  et  les  <  Francimans,  »  Thonneur  et  les  droits  de  la 
langue  de  Gascogne.  Oserai-je  ajouter  que  le  docte  et  vaillant  maltre 
6tait  quelque  pen  aussi  le  reprfeentant  de  la  Revue  de  Gascogne  f  Je 
Foserai,  parce  qu'il  a  bien  voulu  m'6crire  lui-mtoe  peu  aprfes  son 
triomphe :  «  Ma  Ih^  appartient  plus  encore  k  la  Revue  de  Gascogne 
qa'h  votre  serviteur;  sans  la  Revue,  jamais  il  ne  m'eut  ii&  possible  de 
la  mener  k  bien.  J'ai  d'ailleurs  cit6  continuellement  ce  continuel  auxi- 
liaiiede  n^^n  travail,  i  Ce  dernier  point  est  facile  k  verifier  de  visu; 
retranchez  du  reste  la  part  qu'il  convient  de  faire  k  la  politesse  et  aux 
bons  sentiments  de  I'auteur,  k  Fexag^ration  m6me  desa  reconnaissance 
—  et  j'avoue  que  cette  part  est  trte  considerable  — ;  il  en  reste  assez 
pour  honorer  grandement  notre  modesle  publication  provinciale. 

J'ai  parl6  de  triomphe,  en  eflfet,  et  je  ne  m'eu  d^is  pas.  La  littdra- 
lure  oflScielle  6tait  representee  \k  par  huit  proiesseurs  assembles  sinon 
pour  battre  le  r^cipiendaire,  au  moins  pour  lui  rendre  le  succ^s  aussi 

(1)  J'ai  oubli4  de  dire,  dans  rarticle  qui  suit,  que  ce  beau  volume  est  mat6- 
rieUement  lr6s  bien  ^tabli  —  sauf  un  certain  nombre  de  negligences  typo- 
graphiques  —  et  qu'il  est  d^di^  k  la  memoire  du  tr6s  savant  et  tr6s  regrette 
romaoiste  Ars^ne  Darmesteter  et,  en  m^me  temps,  k  notre  tr^  vivant  et  tr^ 
actil  collaborateur,  M.  Ph.  Tamizey  de  Larroque,  vraie  providence  de  tous  les 
travailieurs  du  Midi,  sans  parler  de  bien  d'autres. 


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—  no  — 

miritoire  que  possible.  lis  n'y  ont  pas  manqui.  lis  lui  ont  oppos^, 
paraSt-il,  toutes  les  diflScultfe  que  pouvaient  sugg^rer  la  science  la  plus 
ilendue  et  le  gout  le  plus  difficile.  On  m'assure  m^qje,  k  tort  sans 
doute,  que  tel  maltre  des  plus  frangais  s'est  permis  de  lui  chercher  de 
vraies  querelles  d'allemand.  Mais  il  a  eu  r^ponse  k  tout,  de  fagon  k 
oontenter.ses  juges  les  plus  s4vferes,  sinon  k  les  convaincre;  car  il  a  6t^ 
proclami  docteur  a  l'unanimit6  des  suffrages.  On  doit  savoir  ce  que 
vaut  ce  detail":  que  tons  les  membres  du  jury  universitaire  s'accordent 
au  fond  k  laisser  passer  le  candidat  au  doctorat,  apr^  sa  soutenance^ 
c'est  Tordinaire  peut-6tre;  mais  pour  pen  que  Tun  ou  Tautre  Tait  jug6 
faible  sur  un  point  de  quelque  importance,  il  ne  permet  point  Templo^ 
de  cette  triomphante  formule. 

.  Tout  va  bien  qui  finit  bien  et  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'inqui^ter  des  diflS- 
cultfe  qui  ont  6t6  oppos6es  au  nouveau  docteur  autrement  que  pour  en 
faire  son  profit  en  y  prenant  la  part  de  yinii  qu'elles  devaient  contenir. 
A  mon  vif  regret,  je  n'assistais  pas  k  la  soutenance,  et  je  n'en  ai  vu 
d'autre  compte-rendu  que  deux  pages  d'apparence  un  peu  l^gfere  de  la 
Revue  de  Venaeignement  du  libraire  Paul  Dupont.  Sans  faire  grand 
fond  sur  oette  fagon  de  chronique,  je  lui  emprunte  quelques-unes  des 
critiques  *nonc6es  k  la  Sorbonne  (J). 

D'abord,  M.  Lanusse  n'aurait  pas  <  trac6  avec  assez  de  rigueur  les 
limites  g^raphiques  des  pays  ou  Ton  parle  gascon.  > — Mais,  au  con- 
traire,  il  les  a  trac6es  avec  auiant  de  precision  que  d'exactitude,  d'aprfes 
M.  Luchaire  (pp.  9  et  10),  et  je  ne  puis  croire  que  « tons  ses  juges  »  aient 
pu  s'accorder  k  lui  faire  un  reprocheaussipeum^rit^.  S'ils  ont  cru  que, 
dans  la  suite  de  son  travail,  il  lui  est  arriv^  de  franchir  les  borpes 
fix^s  au  d6but,  c'est  encore  avec  peu  de  justice,  me  paralt-il,  quoique 
la  parent^  et  les  ressemblances  des  parlers  du  midi  pr6tent  ais^ment  k 
ces  confusions;  en  tout  cas,  on  verra  bient^t  ce  qu'a  fait  M.  Lanusse 
pour  s'en  pr&erver.  —  Apr^s  cela,  que  M.  Larroumet,  qui  est  querci- 
nois,  ce  me  semble,  veuille  annexer  k  la  Gascogne  les  dSpartements  du 
Lot  et  de  la  Corrfeze,  cette  erreur  de  la  part  d'un  esprit  si  distingu6  n'est 
pas  pour  nous  chagriner,  au  contraire  I  mais  enfin,  c'est  une  erreur 
en  linguistique,  comme  en  gdographie»  en  ethnographic  et  en  histoire. 

Une  faute  encore  plus  essentielle,  si  M.  Lanusse  I'avait  r6ellement 
commise,  ce  serait  «  d'avoir  vu  partout  des  gasconismes,  »  d'avoir 

(1)  Quand  j'ai  r^dig^  cet  article,  je  n'avais  pas  encore  regu  le  compte-rendu 
que  M.  A.  Thomas  a  consacr6^  la  th^se  de  M.  Lanusse  dans  les  Annates  du 
Midi  de  Janvier  1894  (vi,  94).  Je  suis  tout  heureux  d'y  lire  que,  selon  mes  justes 
pr^somptions,  «  des  revues  universitaires  ont  relev^  surtout  les  objections  (laites 
en  Sorbonne)  en  les  grossissant,  comme  il  arrive  toujours.  » 


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—  117  — 

attribui  aa  parler  gascon  une  foule  de  mots  et  de  tours  qui  apparte- 
naient  aussi  bien  au  vieux  frangais  et  k  ses  divers  dialecjtes.  Cette  cri- 
tique consid^rablement  restreinte  —  il  est  probable  qu'eile  a  6t6  trfts 
exagirte  par  le  r^dacteur  du  compte-rendu  —  6tait  k  certains  6gards 
inevitable;  nous  verrons  que  M.  Lanusse  s'estmontri  tout  particulife- 
rement  habile  et  prudent  pour  s'en  garer. 

Voici  une  observation  qui  mirite  de  nous  arrfeter  dfes  k  present  un 
peu  davantage.  Elle  ne  concerne,  il  est  vrai,  que  la  <  composition  » 
du  livre  que  je  pr^ente  aux  lecteurs  de  la  Reoue  et  n'en  diminue  pas 
la  valeur  scientifique  proprement  dite.  Mais  elle  n'est  pas  non  plus 
simplement  litt^raire,  au  sens  superficiel  du  mot :  car  elle  intSresse  la 
m^thode,  qui  tient  de  si  prfes  au  fond  m6me  de  la  doctrine.  Elle  vient 
d*ailleurs  de  M.  Petit  de  JuUeville^  qui  n'est  peut-6tre  pas  pass6  maltre 
en  linguistique  gasconne,  mais  qui  certes  est  bon  juge  en  fait  de 
or  composition  litt^raire.  »  Or,  d'apr^  lui,  la  thkse  de  M.  Lanusse 
manque  d'unit^;  elle  est  formte  de  trois  moreeaux  qui  ne  font  pas  un 
tout  organique,  dont  cbacun  subsiste  k  part  et  se  suffit :  Tinfluenoe  du 
gascon  sur  le  fran^ais,  qui  a  foumi  le  titre  de  la  thfese,  est  un  de  ces 
niorceaux;  les  deux  autres  sont  —  une  phon^tique  gasoonne  —  et  une 
6tude  sur  les  dcrivains  frangais  de  la  Gascogne  au  xvl*  sifecle. 

Je  suppose  que  M.  Lanusse  aura  r^pondu  en  Sorbonue  comme  il 
Tavait  fait  d'avance  dans  cette  page  excellente  de  son  Avant-propoSy 
que  je  veux  citer  tout  enti^re,  parce  qu*elle  donne  Tid^  la  plus  juste  du 
plan  de  son  travail : 

«  Tout  d'abord,  puisqu'il  s'agit  de  rechercher  Tinfluence  d'un  dia- 
lecte  sur  la  langue  frangaise,  il  nous  a  paru  int^ressant  de  savoir  au 
juste  ce  qu'on  pensait  au  xvi«  sitele  des  dialectes  en  g^nSral,  de  leur 
r6le  et  de  leur  importance  dans  le  d^veloppement  de  la  langue  fran- 
gaise  (1).  Nous  ^tudierons  ensuite  le  parler  gascon  en  lui-mfeme;  car 
pour  retrouoer  les  traces  de  V influence  qu'il  a  exercie^  n'esi'il  pas 
Evident  qu'il  faut  en  connaiire  les  caracUres  phoMtiques  ei  syn- 
taxiquesf 

»  Mais  cette  influence  qui,  somme  toute,  n'est  autre  chose  que  le 
melange  des  formes  gasconnes  et  des  formes  frangaisesdans  le  langage 
parl6  ou  6critj  cette  influence  n'aurait  pu  exisier  si  la  langue  fran- 

(1)  Ce  sujet  est  traits  dans  le  premier  ch^tre,qui  tient  plus  de  viugt-oinq 
pages  et  sur  lequel  je  ne  reviendrai  pas;  mais  je  liens  d'autantplus  k  le  signaler 
comme  une  ^tude  tr^s  fouill^e  ettres  judicieuse,  comme  un  fragment  important 
et  presque  entierement  neu(  de  Thistoi^e  des  doctrines  et  de  la  critique  gram- 
maticales  et  litt^rairos  en  France  au  \\v  si6cle. 


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—  118  — 

gaise  n'avaii  d'ahord  p^n^ir^  en  Gascogne,  si  elle  ne  s'y  ^it  peu  k 
peu  diveloppfe,  si  les  Gascons,  enfin,  ne  Tavaient  apprise  assez  pour 
s'en  servir,  trop  peu  cependant  pour  Temployer  toujours  avee  correc- 
tion; nous  sommes  ainsi  logiquement  amen6  k  retracer  k  grands  trails 
rhistoire  de  la  langue  et  de  la  litt^rature  fran^ise  en  Gascogne : 
histoire  int^ressante  en  soi,  et  pour  nous  d'autant  plus  pr^cieuse  qu^elle 
nous  fait  connattre  les  auteurs  et  les  ouvrages  auxquels  est  due,  pour 
une  grandepart,  V extension  de  V influence  gasconne. 

%  Quelles  6taient  enfin  ces  expressions  et  ces  tournures  gasconnes 
que  les  auteurs  gascons,  par  leurs  tents,  comme  les  courlisans  et  les 
soldats  par  leurs  paroles,  r^pandaient  et  propageaient  en  si  grand 
nombref  —  D'une  manifere  g6n6rale,  comment  les  Gascons  ont-ils 
modifii  la  languo  franQaisef  —  La  r^ponse  k  cette  question  forme  le 
point  capital  et  le  centre  m^me  de  cette  6tude. 

»  D'ou  cette  triple  division  :  —  Livre  i.  Le  parler  gascon.  —  Livre 
n.  La  langue  fran^aise  en  Gascogne.  —  Livre  in.  Le  gascon  dans 
la  langue  frangaise.  » 

Ce  dernier  livre  formant  le  «  point  capital  »,  Tobjet  propre  de  la 
thtee,  comme  il  remplit  la  plus  grande  partie  du  volume  (p.  197-447), 
les  deux  premiers  s'y  rattachent-ils  iutimement  comme  une  preparation 
nteessaire,  comme  une  exposition  des  donntes  mtoes  du  problfemef 
—  Pour  la  phon6tique,  objet  du  premier  livre,  on  ne  pent  lenier;  qu'on 
relise  au  besoin  les  premieres  lignes  soulign6es  dans  la  citation  prte6- 
dente.  —  Pour  Thistoire  de  la  langue  et  de  la  littdrature  fran^ise  en 
Gascogne,  objet  du  second  livre,  le  lien  est  un  peu  moins  n6cessaire 
a  priori;  mais  en  fait,  si  noire  fran^is  provincial  et  nos  auteurs 
gascons  ont  contribu6  efficacement  k  modifier  le  fran^is,  comme  on 
ne  peut  en  douter,  cette  histoire  constitue  encore  une  preparation 
indispensable  k  la  th^se  proprement  dite. 

S'ensuit-il  qu'il  ne  subsiste  rien  du  reprocbe  exprim6  par  M.  Petit 
de  Jullevillef  Je  ne  vais  pas  jusque-1^,  d'autant  qu'aprfes  avoir  moi- 
m6me  parcouru  les  trois  livres  sans  en  avoir  lu  les  pr^liminaires,  j'ai 
eprouve  une  impression  presque  serablable,  et  qu'il  m'est  arrive  de 
recommander  le  travail  de  M.  Lanusse  comme  une  triple  contribution 
k  nos  etudes  provinciales  plut6t  que  comme  un  livre  tout  d'une  pi^ 
et  d'une  venue.  Voici  peut-etre  la  solution  de  cette  antinomic :  oui, 
sans  doute,  il  fallail,  avant  d'etablir  et  de  determiner  Tinfluence  du 
gascon  sur  le  frangais,  exposer  les  lois  grammaticales  da  gascon  et  les 
caract^res  du  frangais  en  Gascogne,  mais  tout  juste  dans  la  mesure  de 
leur  action  positive  sur  le  frangais;  et  M.  Lanusse  Ta  compris  et  Ta 


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—  119  — 

dit  trfes  Wen  lui-m6me  (par  ex.,  p.  49-50).  Mais  s'est-il  tenu  rigouteu- 
sement  dans  eette  mesure  ?  J'en  doute;  je  ne  crois  pas  mfeme  que  ce  fut 
possible  :  ear,  d'une  part,  il  y  a  dans  le  problfeme  examine  dans  sa 
thfese  une  portion  notable  de  points  plus  ou  moins  ind^terminds  en 
r6tat  actuel  de  la  science;  d'autre  part,  il  ne  pouvait  gufere  6tre  intelli- 
gible et  utile  sans  une  certaine  largeur  dans  Texposition  desfaits  gram- 
maticaux  et  litt6raires  plus  ou  moins  adherents  k  son  sujet. 

En  somme,  la  t  composition  littdraire  »  de  sa  thfese  eut  gagn^  peut- 
toe  k  une  concentration  plus  ferme  de  Tensemble  et  k  une  redaction 
plus  sommaire  des  pr6Uminaires.  Mais  cet  avantage  purement  artisti- 
que  ne  pouvait  gufere  6tre  obtenu  qu'aux  depens  de  la  solidity  doctri- 
nale  et  surtout  de  Tint^r^t  et  de  la  clart6.  Je  ne  crois  done  pas  que  ce 
d^laut  presque  n6cessaire  soit  reprochable;  il  n'y  a  vraiment  pas  de 
faute;  ou,  s'il  y  en  a  une^  elle  est  moins  que  v6nielle,  et  nous  Gascons 
surtQut,  qui  trouverons  encore  plus  de  plaisir  et  de  pro§t  dans  les 
deux  premiers  livres  que  dans  le  troisifeme,  nous  devons  nous, en  Kli- 
citer,  en  savoirgr^iTauteuret  la  qualifier,  dans  toute  la  force  du  terme, 
d'heureuse  faute,  felix  culpa. 

•  # 

Abordons  maintenant  les  trois  €  morceaux  »  successifs,  qui,  tout 
en  formant  un  veritable  ensemble,  comporteraient  et  m6riteraient  bien 
une  triple  ^tude  analytique  et  critique,  complete  et  approfondie.  Qu'on 
ne  s'attende  pourtant  k  rien  de  pareil.  Les  limiles  imposes  k  mon 
travail  sont  trop  ^troites ;  du  reste,  je  ne  pretends  pas  dispenser,  par 
une  reduction  ra^thodique,  d'une  dtude  k  m6me  le  livre ;  cette  6tude 
s'impose  k  tous  les  amateurs  de  linguistique  m^ridionale  :  il  doit 
suffire  de  donner  quelque  id6e  du  conlenuetde  Tint^r^tdes  trois  parties 
de  la  th^se  de  M.  Lanusse,  pr6cis6ment  pour  lui  procurer  des  lecteurs. 

I.  Avant  lout  la  phon^tique  du  gascon.  Elle  ne  se  trouve  nulle  part 
trait^e  d'unefagonsatisfaisante;  icim^me,  elle  ne  pent  6tre  complete, 
vu  le  but  spikiial  de  I'auteur;  mais  elle  constitue  un  tout  qui  se  tient  k 
nierveille  et  s'impose  par  la  neltel6  lumineuse  des  6nono6s  et  par  le 
choix  des  exemples.  Sur  la  valeur  de  ce  morceau  si  pr&ieux  pour 
nous,  je  n'ai  qu'un  mot  a  dire  :  M.  A.  Thomas,  «  le  mattre  de  ceux 
qui  savent  *,  en  a  6t6  pjeinement  satisfait.  Ce  que  nous  avons  k  faire 
maintenant,  c'est  de  Tdtudier,  pour  connaitre  avec  une  certitude  et 
une  precision  vraiment  scientifiques  lesorigines  de  notre  parlermater- 
nel,  sur  lesquelles  il  se  d^bite  encore  tant  de  sornettes. 

Je  n'ai  done  garde  de  r&umer  ce  qu'il  faut  lire  et  relire  d'un  bout  k 


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—  120  — 

Tautre.  Je  sigaale  seulement  certains  points  qui  m'ont  paru  m^riter 
une  attention  particulifere  ou  amener  quelque  observation  utile. 

M.  Lanusse  emprunte  k  M.  Luchaire  T^num^ration  des  sept  carac- 
tferes  propres  qui  di£f6rencient  le  gascon  des  autres  parlers  du  midi  de 
la  France.  On  ne  sera  pas  fftch6  que  je  les  rappelle  ici,  parce  qu'ils 
devraient  toujours  nous  6tre  prfeents  : 

1*  Absence  de  r :  —  vitellum,  bet^t  ou  bed6t  (1); 

2'  Repugnance  pour  /:  —  femina^  hemne;  fatay  hade; 

3'  Repugnance  pour  r  initial :  — -  rivum,  arriu; 

4'  Chute  de  /i  entre  deux  voyelles :  -—  luna,  lue;  minarey  mia  (2); 

5*  Changement  de  II  m6dial  en  r :  —  capelluy  cap^re;  ilia,  ^re; 

6*  Changement  de  il  final  en  ^:  —  castell(um)y  cast^t;  ilium,  et; 

7'  Changement  de  I  final  en  u  (ou) :  —  cel(um)y  c6u;  missaley  messau  (3). 

M.  Lanusse  n'a  pas  voulu  d^passer  express^ment  la  doctrine  de 
M.  Luchaire  sur  la  simple  repugnance  du  gascon  pour/;  mais  il 
incline  evidemment  vers  cette  id6e,  que  tout  mot  ga«con  primilif  ignore 
1/ latine,  femplac^  chez  nous  par  Taspiration.  II  ne  se  laisserait  pas 
arr^ter,  ai-je  besoin  de  le  dire  ?  par  les  nombreux  mots  de  notre  patois 
actuel  oil  sonne  iy;il  sait  que  les  mots  emprunt^s  ne  doivent  pas  entrer 
en  ligne  avec  les  mots  derives  (4).  II  r^pond  aussi  fort  bien,  et  mieux 
peut-^tre  qu'on  ne  Tavait  fait  encore,  k  ceu  x  qui  s'appuient  su  r  la  graphic 

(1)  Ce  trait  est  le  seul  des  sept,  oil  k  peu  pr^s,  qui  soit  commun  au  gascon  et 
au  languedocien. 

(2)  Je  citerai  rimp^ratif  pluriel  bietz  (au  lieu  de  bienetz  ou  plut6t  beneU,Yenez), 
pour  avoir  Toccasion  de  rappeler  que  c'6tait  le  cri  de  guerre  attribu^  aux  Gas- 
cons. M.  Meyer  n'a  pas  accepts  cette  explication  (R.  de  Case,  xiv,  300;  Girart 
de  RoussUloiiy  83,  84);  U  me  semble  toujours  qu'elle  s'impose,  d'autant  que  Tex- 
pressiongasconneen  question  dcvaitparaitreabsolumentetrange  aux  autres  m^ri- 
dionaux  :  on  sait  ce  que  veut  dire  le  mot  blet.  Voyez  dans  cette  th^se  m^me  le 
termefJwiora«c(p.367),que  M.  Lanusse,  il  est  vrai,  s'abstient  d'expliquer  k  fond. 

(3)  On  pourrait  bienajout^r  quelques  autres  caract^res,  aumoinsoe  huiti^me: 
nd  r^duit  k  n  (comme  en  Catalan) :  bene  (vendere),  etc.  (Voy  p.  77).  —  La 
chute  de  b  apr^s  m  (p.  86)  est  ^galement  caraot^ristique,  mais  les  exemples  n'en 
sont  pas  aussi  nombreux. 

(4)  Peut-^tre  M.  Lanusse  n*a-t-il  pas  ^t4  toujours  assez  attentif  ft  mettre  ft  part 
les  mots  plus  ou  moins  adventices  et  d'origine  ^trangfere  au  gascon  :  c'est  le  cas, 
pares.,  des  mots  escandale,  estatuOy  ospeciau,  cstil^  esca/)wte,  entassds  ft  la 
p.  83.  —  Un  mot  que  je  crois  de  bonne  souche,  iou^n  {dejuocnem),  m'a  donn^ 
un  moment  de  peine :  il  parait  avoir  d^plac6  I'accent  (c^mme  si  le  latin  6tait 
Juo^nem).  M.  l.anusse  fait  remarquer  fort  ft  propos  (p.  89)  que  les  deux  u  cons^ 
cutifs  (iuuonem)  n'ont  donn^  qu'un  m6me  son  ou\  mais  ce  n'est  pas  tout  ft  fait 
assez  pour  expliquer  le  changement  d'accent.  Voici,  sauf  meilleur  avis,  Texplica- 
tion  complete  :  dans  le  latin  populaire  *iuenem  (pour  iuuenem),  ue  formant  une 
sorte  de  diphtongue  ascendante,  Taccent  passait  de  Yu  devenu  glissant  ft  la 
voyelle  suivante  e;  par  la  meme  loi  que  lepeuple  accentuait  bdttuere  pour  bat  - 
tuere,Jilydlum  pour  filiolurn  (accentu6  sur  le  secoud  0* 


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—  121  — 

des  anciens  litres  pour  dire  que  h  s'est  substitu6  tard  kf\  il  montrepar 
des  examples  concluants,  quoique  pr^sent^s  aveo  une  discretion  trop 
timide,  que  l/des  mss.  gascons  peut  repr&enter  une  A  aspir6e.  Les 
Comptes  consulaires  de  Riscle^  par  exemple,  portent  fala  (halle)  et 
faui  (haut),  mots  oil  i'on  n'a  certainement  jamais  prononc6/:  n'est-ce 
pas  suffisant  pour  montrer  la  valeur  de/  gasconne,  prononcte  A?  Et 
oette  graphie  ne  me  paralt  m6me  pas  Strange,  comme  k  M.  Lanusse; 
car  enfin  les  scribes  gascons^  ^tant  plus  ou  moins  imbus  degrammaire, 
c'est-i-dire  de  latin,  terivaient  h  pour  TA  latine  itymologique,  qui  ^tait 
devenue  muette;  et  ils  ^rivaient/  la  forte  aspiration  gasconne  qui  r^ 
pondait  k  l'/ latine  :  rien  neme  semble  plus  logiqueetplus  nature! . 

M.  Lanusse  mbntre  encore  trts  bien  la  pr6fixation  ordinaire  de  a  ou 
ar  devant  initiate  (arram  de  ram(um),  arr6  de  re/nj,en  notant  la  perte 
de  la  voyelle  suivante  dans  certains  mots  :  arnega  (renegare),  arcebe 
(recipcre),  etc.  De  \k  vient,  pour  le  dire  en  passant,  le  nom  du  droit 
d'arciut  {recepiuniy  droit  primitif  de  t  reception  »  ),  dont  on  a  fait  en 
frangais  archif.  Une  autre  modification  nominate  assez  Strange  en 
apparence^qui  se  rattache  k  cette  r^le  et  qui  n'a  pas  encore  it6  signal6e, 
je  crois,  c'est  celle  du  nom  de  Renaud,si  cher  au  moyen  4ge;  Renaud 
devient  en  gascon  Arnaud.  Ce  n'est  pas  pour  rien  que  Rabelais  fait 
jurer  son  soldat  de  Saint-Sever  deacap  de  sainct  Arnaud  »,  encore  bien 
qu'il  n'y  ait  pas  de  saint  Arnaud  dans  la  l^ende  gasconne. 

Les  remarques  se  multiplieraient  ais^ment,  sans  sortir  de  T^tude  des 
consonnes  ;  car  on  peut  observer  que  les  traits  caract6ristiques  de  notre 
idiome  appartiennent  surtout  au  «  consonantisme  »,  comme  parlent  les 
linguistes.  Le  «  vocalisme  »  a  beaucoup  moins  d*importance  (1);  mais 
I'un  et  Tautre  sont  trait^s  par  Tauteur  avec  le  mftme  soin.  Le  seul 
nnage  qui  alt^re  un  pen  la  nettet6  de  cette  tbtorie  phon6tique,  c'est  la 
r^uction,  n^cessaire  ici,  mais  au  fond  arbitraire,  de  toutes  les  formes 
k  un  seul  type,  tandis  que  le  gascon  renferme  r6ellement  plusieurs 
parlers  plus  ou  moins  divers  malgr^  les  traits  cx)ramuns.Inconsciemment 
peut-6tre,  M.  Lanusse  a  un  peu  Tair  de  prendre  le  tarbais  pour  norme. 
II  reproche,  non  sans  quelque  raison,  k  M.  Meyer-Liibke  d'avoir 
donn6  comme  gascons,  sans  autre  explication,  des  mots  qui  semblent 

(1)  11  est  bon  de  noter  cependant  Ya  tonique  du  suffixe  arium,  devenu 
i  sans  pr^flxation  de  i  :  operarium  devient  oubri  en  Gascogne,  tandis  que  la 
Provence  et  le  Languedoc  disent  oubrU.  11  est  vrai  qu'aujourd'hui  oubrid  a  en- 
vahi  le  Haut-Armagnac ;  mais  le  Bas-Armagnac,  la  Lande^  le  B^arn,  disent 
toujours  oubrd,  qui  est  dans  Garros,  le  po6te  lectourois  du  xvi'  si6cle.  Get 
d  pour  (d  est  encore  une  des  caract^ristiques  qui  pourraient  s*ajouter  k  celles  de 
Lucbaire«  en  notant  qu'elle  rapprocbe  le  gascon  du  Catalan  et  du  castillan. 


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—  122  - 

eKcentriques,  mais  il  se  contente  de  noter  qu'ils  sont  «  tout  k  fait 
inconnus  k  Tarbes  »  (p.  48).  A-t-il  remarqu6  que,  de  ces  mots,  trois 
au  moins,  habe  (f^.ve),  nabe  (nouvelle),  Ube  (l^ve),  sont  d'excellent 
gascon,  tr^s  vivant,  et  mtoe  peut-^tre  du  plus  vrai  gascon,  j'enlends 
celui  qui  se  parle  dans  toute  la  parlie  occidentale  de  notre  domaine 
provincial  du  c6t6  de  I'Oe^n  ?  II  me  semble  que  ce  traitement 
du  V  latin  intervocalique  change  en  6  (tandis  que  dans  le  Feste  de 
la  Gascogne  il  devient  to)  devait  entrer  de  plein  droit  dans  une  pho- 
nAtique  destin^e  k  montrer  Tinfluence  du  gascon  sur  le  francais  (1). 

II.  On  pourra  multiplier  les  reraarques  de  detail  sans  enlever  k  ce 
premier  livre  «  phon^tique  gasconne  »,  ni  sa  solidity  scientifique  ni 
son  m^rite  d  exposition.  S'lln'estpas  complet,  c*est  quil  ne  devait  pas 
rfetre,  et  tel  quel  il  n'en  constilue  pas  moins  un  programme  et  un 
module  qui  ^pargneront  aux  linguistes  gaseous  k  venir  la  moiti6  de 
leur  besogne  et  leur  faciliteront  le  reste. 

Disons  la  m^me  chose,  ou  k  peu  pr^s,  des  trois  chapitres  qui  torment 
le  deuxi^me  livre  :Za  langue  frangaise  en  Gascogney  savoir  :  I.  Le 
frangais  en  Gascogne  jusqu'en  1539  ;  II.  La  Renaissance  en  Gascogne; 
III.  Les  auteurs  gaseous. — On  se  rappelle  T^-proposdecette  ^lude  au 
moins  aussi  litt^raire  que  grammaticale  :  I'influence  du  gascon  surle 
francais  ne  s'exerc^ra  pas  seulement  par  Tidiome  gascon  proprement 
dit,  mais  surtout  par  Tadaptation  provinciale  du  frauQais  accomplie 
d^]k  chez  nous,  et,  de  plus,  elle  dependra  pour  une  large  part  du  succ6s 
des  auteurs  gascons  «  en  France  ».  Les  dates  qui  limitent  cette  ^lude 
s'imposaient  d'elles-m^mes,  et  M.  Lanusse  a  eu  soin,  d6s  sou  Acani- 
propoSy  de  determiner  dans  le  temps  aussi  bien  que  dans  Tespace  les 
borues  ualurelles  de  sou  sujet.  Le  gascon,  dit-il  tr6s  justement,  «  n'a 
guferepu  agirsurlalanguefrauQaiseavantles  premieres guerres  d'ltalie: 
alors,eneffet,  pour  la  premiere  fois,  des  milliersde  Gascons  se  trouvent 
m^l^s  k  des  milliers  de  Frangais  dans  les  m^mes  armees;  d*un  autre 
c6i^y  la  foudation  de  TAcademie  frauQaise  nous  semble  marquer  la  fin  de  . 
rinfluence  gasconne.  A  la raortd'Henri  IV,  cette  influence  est  sans  doute 
bien  com  promise,  ellen'estpourtant  pasd^truile.  Les  Gascons  ne  rfegnent 
plus,  mais  ils  coutinuent  de  vivre  k  la  cour  et  d'exercer  leurs  charges 
comme  sous  Henri  IV;  tr^s  amoindrie  si  Ton  veut,  leur  influence 
persists  encore.  Elle  est  ddfinitivement  condamn^e  le  jour  ou  est  cons- 

(1)  Je  dois  dire  pourtant  que  ce  b  intervocalique  est  signal6  par  M.  I^nusse, 
mais  seulement  comme  bearnais,  et  daus  deux  petites  notes,  aux  pp.  87 
et89. 


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-  123  — 

titu*  tin  tribunal  chargi  d'assurer  runiti  et  la  puret^  de  la  langue 
fran^aise  et  de  servir  de  digue  conire  le  torrent  du  mauvais  usage 
(Vaugelas).  »  On  me  pardonnera  cette  citation,  qui  justifie  le  oadre 
chronologique  ou  Tauteur  a  dA  renfermer  ses  recherches  dans  ce 
second  livre  et  dans  le  suivant. 

II  itait  bien  plus  d^licat  de  resserrer  dans  la  mesure  vraiment  utile 
['exposition  des  faits  dans  les  Irois  chapitres  dont  j'ai  d6j^  citi  les 
sujets.  II  me  semWe  que  M.  Lanusse  a  ii^  g^n^ralement  bien  inspire, 
soit  dans  le  choix  des  faits,  soit  dans  r6tendue  relative  qu'il 
aocorde  k  leur  exposition;  mais  ^videmment  il  ne  faut  pas  toujours 
exigerdes  prdcisions  absolument  arrfet6eset  rigoureusement  scientiB- 
ques  dans  une  matifere  qui  n'admet  que  des  appreciations  larges,  et 
qui,  d'ailleurs,  n'a  pas  6ti  encore  s^rieusement  pr^parte.  Ce  qui  est 
certain,  c'est  ^ue  voil^  dans  nos  mains  trois  chapitres  de  I'histoire 
linguistique  et  littiraire  de  la  Gascogne,  non  pas  faits  et  parfaits,  mais 
traces  avec  autant  d'habilai6  que  de  science  et  i&]k  munis  d'une  pr6- 
cieuse  provision  de  faits  caracl6ristiques. 

Cela  soit  dit  avant  tout  et  surtout  de  la  plus  neuve  de  ees  trois 
Etudes :  «  la  langue  franijaise  en  Gascogne  jusqu'en  1539  »,  c'est-k- 
dire  jusqu'i  Tordonnance  de  Viliers-Cotterets,  qui  imposa,  sinon  au 
«  pays  souverain  de  B&rn  »,  au  moins  k  la  Gascogne  proprement  dite, 
comme  au  resfe  de  la  France,  Tusage  exclusif  du  fran^ais  dans  les 
actes  officiels.  Rien  n'est  plus  curieux  que  le  frangais  provincial  em- 
ployi  chez  nous  bien  avant  cette  date,  d^s  le  commencement  du  xiv« 
si^le,dans  beaucoupde  pi^sadministrativeset  decontrats  pardevant 
notaires.  Les  causes  historiques  de  cette  infiltration  linguistique  sont 
trfes  heureusement  d6m616es  par  M.  Lanusse  qui,  de  plus,  en  a  cberchi 
personnellement  la  preuve  et  les  exemples,  non  seulement  dans  les 
textes  imprimis,  mais  aussi  dans  quelques  d6p6ts  d'archives.  II  n'a  pu 
donner  une  grande  6tendue  k  cette  enqu^te;  mais  il  en  a  trfes  bien  indi- 
qu6  les  rdsultats  g^n^raux;  et  comme  cette  mati^re  est  presque  absolu- 
ment  neuve,  n'ayant  6t6  touchte  qu'en  passant  par  tel  ou  tel  travail- 
leur,  n'ayant  pas  m^me  fourni,  k  ma  connaissance,  un  seul  article  de 
revue,  les  vingt-cinq  excellentes  pages  (107-131)  qu'y  a  consacrtes 
M.  Lanusse  nous  resteront  comme  un  guide  des  plus  prteieux  pour 
des  recherches  ult6rieures  (1). 

(1)  Ici  surlout,  je  suis  particuli^rement  heureui  de  m'dtre  rencontre  aveo  M. A. 
Thomas,  qui  d<5clare  avoir  tir6  «  plaisir  et  profit  »  de  ce  chapitre.  «  Ce  n'est 
qu'iine  esquisse,  ajoute-t-il,  mais  fort  int^ressante.  Elle  le  serait  Men  plus  si 
Tauteur  avait  pu  utiliser  tous  les  mat^riaux  qu'il  faudraitpour  ^rire  une  6tude 


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—  124  — 

Les  deux  autres  chapitres  du  second  livre  sont  moins  originaux;  Us 
out  aussi  peut-^tre,  je  ne  dirai  pas  le  d^faut  (il  n'y  a  d^faut  que  \k  ou 
manque  le  n^cessaire),  mais  Tinconv^nient  de  ne  toucher  que  quelques 
points  d'un  sujet  aussi  vaste  qu'int^ressant.  Les  «  auteurs  gaseous  » 
6numir6s  et  plus  ou  moins  caract6ris6s  par  M.  Lanusse  ne  repr&en- 
tent  pas  assez  la  production  litt^raire  du  xvi«  sifecle  dans  notre  pays 
pour  satisfaire  noire  ardente  curiosil6,  et  en  m6me  temps  plusieurs  de 
ces  indications  sontd'une  utility  pen  ^videntepour  le  but  poursuivi  (1). 
Etait-ii  m^.me  bien  n^cessaire^  k  cet  ^ard^  de  s'engager  dans  une  sorte 
de  discussion  sup  Toriginalite  d'un  de  nos  pontes,  du  plus  cilfebre  de 
tons,  il  est  vrai,  de  Du  Bartas  ?  Je  n*en  suis  pas  absolument  sur;  mais 
je  serais  bien  f4ch6  que  Tauteur  n'eut  pas  c6d6,  sur  ce  point,  k  Tattrait 
qui  le  dominait.  Seulement,  ses  idfes  sur  Du  Bartas  ayant  6td  assez 
vivement  combattues,  me  voili  oblig6  d'y  insister  k  mon  tour. 

Leonce  couture. 
{La  Jin  auprochain  num^ro.) 

LA  GASCOGNE  DANS  UN  RECENT  CATALOGIE  DE  LIVRES 


J'extrais  du  tome  iii  du  splendide  autant  que  savant  Catalogue  des 
litres  composant  la  hiblioth^que  de  feu  M,  le.  baron  James  de 
Rotschild,  public  par  M.  Emile  Picot  (2)  (Paris,  1893,  grand  in-8»),' 
quelques  indications  d'autant  plus  dignes  d'un  bon  accueil  que  Tou- 
vrage  est  moins  accessible : 

2163.  Recueil  des  choses  notables,  qui  ont  est^faites  d  Bayonne, 
d  Ventremue  du  Roy  Tres  chresiien  Charles  neufieme  de  ce  nom, 
la  Roine  sa  tres  honoree  mere,  avec  la  Roine  catholique  sa  sceur. 

complete  sur  ce  sujet  pariiculier,  qui,  k  lui  seul,poupraitfaire  Tobjet  d'une  thdse. 
Parmi  ces  mat^riaux,  il  faut  mettre  en  premiere  ligne  les  nombreuses  lettres  de 
remission  relatives  d  la  Gascogne  contenues  dens  les  registres  du  Tr^sor  des 
Charles,  pour  la  plupart  r^dig^es  en  fran^is  dans  le  pays  meme.  La  vaillante 
SocUtd  des  Archices  historiques  de  la  Gascogne  ne  songera-l-elle  pas  quelque 
jour  k  faire  un  recueil  de  ces  lettres  comme  sont  en  train  de  le  faire  des  socict^s 
voisines  pour  la  Sainlonge  et  le  Poitou?  »  L'indication  vient  de  trop  bon  lieu 
pour  n*6tre  pas  prise  en  consideration  tr6s  s^rieuse. 

(1)  II  a  pu  lui  6chapper  ^  et  Id  quelque  d6faillance  ou  quelque  inexaoUtude 
dans  ces  nombreuses  «  nominations  »  et  r^f^rences.  Ainsi  Tauteur  du  Voyage  d 
Jerusalem  de  Ph.  de  Vols  ins  (p.  175),  n'est  pas  ce  seigneur  lui-m6me,  mais  son 
compagnon,  Jean  de  Belesta,  seigneur  de  Lupvielle  (R.  de  G.,  xxmi,  533). 

(2)  On  sait  que  M.  E.  Picot  est  parmi  les  bibliographes  civils  ce  qu'est  le 
R.  P.  C.  Sommervogel  parmi  les  bibliographes  religieux,  je  veux  dire  un  roi, 
ce  qui  me  permet  de  crier  joyeusement,  en  ce  temps  d'Epiphanie,  pour  Tun 
comme  pour  Tautre :  Vioe  le  Roi  I 


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—  125  — 

A  Paris,  par  Vascozan  imprimeur  du  Roy.  1566.  In-8°  de  89  fif.  non 
chiffrfe. 

L'6dit  de  pacification  permit  i  Charles  IX  d'entreprendre  une  grande 
toum^e  en  France.  Au  mois  de  Janvier  1564,  il  se  mit  en  route  pour 
ce  voyage,  dont  Abel  Jouan  nous  a  laiss6  une  relation  ddtaillie  (voy. 
BOtre  tome  n,  n°  2095).  Aprfes  avoir  s6journ6  k  Fontainebleau,  par- 
couru  la  Champagne,  la  Bourgogne,  le  Lyonnais,  la  Provence  et  le 
Languedoc,  il  arriva  k  Bayonne  le  30  mai  1565.  Catherine  de  M6di- 
cis  y  avait  mtoag6  une  entrevue  avec  sa  fille,  Elisabeth  de  Valois, 
reine  d'Espagne.  Le  roi  alia  au  devant  de  sa  soeur  jusqu'ii  Irun,  et  la 
ramena  k  Bayonne,  ou  eurent  lieu  des  f^tes  somptueuses.  Comme  le 
rapporte  Brantdme  (6d.  Lalanne,  vn,  370),  la  reine-mfere  voulait 
prouver  aux  Strangers  que  letr&or  royal  n'6lait  pas  aussi  6puis4  qu'on 
le  disait.  On  trouve  dans  notre  relation  la  description  d6taill6e  de  tous 
les  costumes  portfe  par  le  roi^et  les  grands  personnages  de  la  Cour,  le 
rteit  de  loutes  les  tetes  oflfertes  k  la  rf  irie  d'Espagne,  le  texte  des  vers 
r6cit6s  dans  les  carrousels  et  les  ballets,  enfin  le  dessin  des  bijoux  que 
les  chevaliers  qui  prirent  part  k  ces  r^jouissances  prfeentferent  k  leurs 
dames.  Ces  bijoux  se  composaient  de  grands  mMaillons  all^goriques 
suspendus  a  des  chalnes  d'or;  ils  sont  tous  ici  finement  grav6s^  au 
nombre  de  18.  Les  mascarades  et  cartels  ins6r6s  dans  la  relation  pour-- 
raient  bien  6tre  de  Ronsard^  quoiqu'ils  ne  figurent  pas  dans  le  recueil 
de  ses  oeuvres. 

2169.  Remonstrances  de  Monsieur  de  Monluc  d  la  MaiesU  du 
jRot/f  sur  son  gouvemement  de  Guienne,  Ou  est  contenu  une  grande 
partie  de  ses  faicts  et  de  plusieurs  autres  Seigneurs  et  Capitaines 
de  ce  Boyaume.  Envoys  (comme  il  appert  par  la  lecture  d'icelles)  un 
peu  apres  les  demiers  troubles  Ab70.  S.  L,  In-8^dell  ff.  non  chi£fr6s. 

Monluc  a  reproduit  lui-m6me  ces  Remonstrances  dans  le  livre  vii 
de  ses  Commentaires,  M.  de  Ruble^  le  dernier  6diteur  de  notre  histo- 
rien,  ne  semble  pas  avoir  connu  ration  que  nous  venons  de  dterire; 
il  ne  cite  (t.  ni,  p.  449)  que  T^dition  donn^e  par  Michel  Jove,  k  Lyon, 
en  1571^  avec  la  r6ponse  du  roi.  L'imprimeur  lyonnais  donne  aux 
Remonstrances  la  date  du  25  novembre  1570;  elles  portent,  au  ox)n- 
traire,  celle  du  10  novembre  dans  une  copie  qui  fait  partie  du  fonds 
Gaigniferes  (vol.  2793,  fol.  67).  Notre  Wition  anonyme  ne  donne 
aucune'^date. 

2170.  Brief  Discours  sur  la  mort  de  la  Boyne  de  Navarre ^  adve- 
nue  d  Paris  le  IX  jour  dejuin  1572,  Pseaulme  116. 15.  La  mort 


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—  126  ^ 

des  debonnaires  du  Seigneur  est  en  estime  envers  luy.  1572.  S.  L. 
In-8<»  de  71  pp. 

Les  pp.  2  et  3  sont  occupies  par  une  6pltre  «  A  tres  haute,  et  tres 
excellente  princesse,  madame  la  princesse  de  Navarre,  »  ep!tre  dat6e 
de  Paris,  le28  juin  1572,  Le  Discours  occupe  les  pp.  4-46;  il  est  suivi 
du  testament  de  la  reine,  re^u  par  Jean  Gaudicher  et  Eustace  Go- 
guyer,  notaires  k  Paris,  le  8  juin  1572  (pp.  47-55).  Le  reste  du  vo- 
lume est  occupy  par  deux  ^pitapbes  en  prose  latine,  sign^  J.  L.  H.\ 
une^pitaphe  en  distiques  grecs,  signte  J.  A,  B,  (Jean  Antoine  de 
Baif?);  une6pitaphe  en  vers  latins,  sign6e  J.  A.  L.  P.  Br,  un  son- 
net de  /.  -4.  D.  B.  (Jean  Antoine  de  Baif  ?);  une  pi6ce  espagnole  de 
/.  L.  H.\  deux  ipigrammes  latinos  de  H.  D.  Tr,  un  quatrain  frauQais 
anonyme;  une  6l6gielatined'O.F.;  deux  sonnets  fran^aisde  C.B.D.  C; 
quatre  distiques  latins  de  P.  B.;  un  sonnet  italien  de  M.  P.  D.  A.; 
un  double  sonnet  italien  anonyme;  une416gie  latine  de  5.  P.;  une6pi- 
gramme  latine  d'O.  F.  et  deux  6l6gies  latinos  de  C.  B,  Z>.  C.  (1). 

2185.  Harangue /aide  et  prononcee  de  la  part  du  Roy  Tres^' 
Chrestieriy  le  10  iour  du  moia  d'Aoril  1573,  par  Tres  Reverend 
et  Illustre  Seigneur  lean  de  Monluc  (sic),  Evesque  et  conte  de  Va- 
lenoe  et  Dye,  ConHeiller  de  Sa  Maiest^,  etc.  [J'abr^e  ce  titre  inter- 
minable, que  j'ai  d'ailleurs  jadis  reproduit  tout  au  long  ici]..  A  Paris^ 
Chez  Jean  Richer  ..  1573,  in-8°  de  69  ff.  chiflfr6s. 

.  Le  v^  du  titre  est  om^  d'un  grand  teusson  aux  armes  du  nouveau 
roi  de  Pologne.  Le  dernier  f.  contient,  au  r°,  le  texte  du  privilege 
accord6  pour  trois  ans  i  Jean  Richer,  le  14  juin  1573.  Jean  de  Mont- 
luc,  Mre  cadet  de  Tauteur  des  Commentaires,  fut  Tun  des  diplomates 
les  plus  habiles  du  xvi«  sitele.  Le  discours  prononc6  par  lui  k  la  difete 
de  Vareovie,  le  10  avril  1573,  eut  pour  r6sultat  Flection  du  due  d'Au- 
jou  au  trAne  de  Pologne.  Montluc  avait  eu  la  premifere  id6e  de  la  can- 
didature du  prince,  et,  pour  la  faire  r^ussir,  il  ne  craignit  pas  de  tra- 
vestir  itrangement  la  v6rit6.  Le  passage  le  plus  c^lfebre  de  sa  harangue 
est  celui  ou  il  prdtend  pouver  que  le  roi  et  son  frfere  sont  rest&  Stran- 
gers au  massacre  de  la  Saint-BarthSlemy  (pp.  42-48). 

(1)  Sous  le  !!•  2172,  M.  E.  Picot  demerit  une  Mition  s^par^e  du  testament  de 
Jeanne  d'Albret :  Copple  du  testament  de  dcfuncte  Tres-haute,  oertueuse  Dame 
et  Princesse  leane,  par  la  grace  de  Dleu  Royne  de  Naoarre,  dame  souoeraine 
de  Beam,  duchesse  d'Albret,  etc.  Mourir  pour  oiore.  1572.  S.  1.  in-8»  de  8  flf. 
non  chiflrds.  A  propos  de  la  devise  de  T^diteur  inconnu  {Mourir  pour  oiore), 
M.  Picot  rappelle  une  foule  de  formules  semblables  employees  par  des  hommes 
distingu^s  du  xvi"  si^ie  pour  t^moigner  de  leur  foi  en  l*immortalit4 :  il  cite 
notamment  la  devise  de  notre  compatnote  Jean  de  La  Jess^ :  Vita  dellm  morU, 


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—  127  — 

2224.  Le  Fleau  de  Henry  soy  disani  Roy  de  Navarre  par  lequel 
avec  vives  raisons  il  est  chased  de  la  couronne  de  France,  quHm- 
piemeni  et  tyranniquement  il  se  vent  usurper.  Projecit  eum  Domi- 
nus  ne  regnet  super  Israel  [avec  deux  aulres  ^pigraphes  bibliques]. 
A  Paris,  chez  Guillaume  Chaudiere,  1589.  Avec  permission.  In-8°  de 
44  pp.  et  2  flE. 

Ce  factum,  fcrit  peu  de  temps  aprte  Tassassinat  de  Henri  III,  est 
un  des  plus  violents  qu'ait  enfant^s  la  rage  des  Ligueurs.  Non  seule- 
ment  Tauteur  pr^he  I'extermination  des  huguenots  (1),  mais  il  sou- 
tient  que  le  roi  de  Navarre  est  un  fils  adult^rin,  et  que  le  cardinal  de 
Bourbon  (Charles  X)  est  le  roi  l^time.  Le  Fleau  n'est  cit6  ni  dans 
la  Biblioth^que  du  P.  Lelong,  ni  dans  le  Catalogue  de  la  Bihlio- 
thdque  nationale. 

2607.  Chant  funebre  sur  la  mort  et  trespas  de  Tres  haul  et 
Illusire  seigneur  Messire  Sehastien  de  Luxembourg^  comte  de 
Martigues,  gouverneur  et  lieutenant  pour  Sa  Majestd  au  pats  et 
duch6  de  Bretaigne,  Chevalier  de  Vordre,  et  capitaine  de  cin- 
quante  hommes  d'armes,  A  Paris  par  lean  Hulpeau,  libraire.  1569. 
Avec  privilege.  In-8®  de  15  ff.  non  ch.  et  1  f.  blanc. 

Le  Chant  funebre  comple  509  vers  alexandrins  (il  y  a  au  5®  f.  trois 
vers  de  suite  termines  par  la  m6me  rime)  (2);  il  est  suivi  d'un  Voeu 
aux  cendres  et  memoirs  de  tres  hault  seigneur  Sebastien  de 
Luxembourg;  d'un  sonnet  de  Laurens  de  Bourg,  et  d'un  sonnet  de 
Jac.  Ballonfeau,  Xaintongeois.  L'intitul6  de  cette  demifere  pi^oe  nous 
apprend  que  Tauteur  du  Chant  Junebre  est  Frangois  de  Belleforest  (3) : 
Sonnet  en  forme  de  dialogue  sur  la  mort  de  monsieur  de  Marti-- 
gues  deplor^epar  le  seigneur  de  Belleforest  (4). 

Philippe  TAMIZEY  DE  LARROQUE. 

(1)  Une  ^pigramme  du  dernier  feuillet  (in  cauda  oenenum)  d^passe  encore  en 

sauvage  6nergie  la  prose  de  T^nergum^ne : 

Plas  one  tons  les  saints  dont  la  feste  Dont  jadis  Malohus  il  blessa. 

On  solennizoit  en  ce  mois,  A  an  jacobin  Faddressa 

Sainct  Barthelemy  j'estimois,  Pour  tuer  le  tyran  de  France. 

Dont  le  cousteau  trancha  la  teste  Craignez  done,  o  ]>erfides  rois, 

An  chef  des  traistres  hngaenots;  De  ce  coustean  la  jaste  peine, 

Mais  Sainct^Pierre,  enviant  ce  los,  Car  Jesns  ne  va  pins  en  oroix 

Da  couteaa  ayant  soavenance  Pour  commander  qu'on  le  rengaine. 

M.  Picot  decrit  plus  de  cent  pieces  rares  relatives  k  notre  cher  Henri  IV 
(p.  73-92).  Voir  surtout  les  articles  2240,  2241,  2242,  2243,  2257  k  2261. 

(2)  Le  P^gase  de  notre  compatriote  faisait  bien  d'autres  bronchadoa  ! 

(3)  C'est  ce  que  n'avait  pas  ignore  Guillaume  CoUetet.  Voir  Vies  des  podtes 
gascons,  1866,  p.  59. 

(4)  Belleforest  ^lait  aussi  pauvre  seigneur  que  pauvre  po^te.  CoUetet  a  eu  bien 
raisou  de  dire  (p.  49)  que  «  ceste  maison  touie  ancienne  et  toute  noble  qu'elle 
esioit  demeura  fort  incommod^e.  »  Belleforest,  fidde  k  la  tradition,  ne  mt  pas 
moins  Incommode,  toute  sa  vie,  que  ses  illustres  aleux.  M.  Picot  s'6tait,  un  peu 
avaui  (p.  161,  article  2371),  occup6  du  prosateur  en  Belleforest,  k  propos  de 
V Innocence  de  Madame  Mario  Royne  cTEcosse,  rappelant  que  «  La  Croix  du 
Maine  a  consacr^  k  Belleforest  un  article  tr^  d^tailie  et  tr^s  pr6cis.  • 


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BIBLIOGRAPHIE 

Carte  du  B^iarn,  de  la  Bioorre,  de  l'Armagnac  et  des  pays  voisins, 
par  Guillaume  Delisle,  premier  g6ographe  du  Roy,  de  TAcad^mie  royale 
des  sciences.  Paris,  17l2.  (Autographiee  par  J.  Mendousse,  aide-archi- 
viste  d6partemental  k  Auch,  1893.  —En  vente  chez  I'auteur.  Prix  :  2 fr.) 

M.  Mendousse  vient  de  mettre  k  la  port6e  de  tout  le  monde,  parune 
nouvelle  Wition,  une  vieille  carte  de  noire  sud-ouest  qui  jouit  d  une 
reputation  m^ritte. 

Au  premier  abord  on  se  sent  quelque  peu  effray^  par  Tabondance 
des  indications  et  des  noms  inscrits.  Si  le  nouvel  6diteur  n'avait  tenu 
k  reproduire  scrupuleusement  Touvrage  primitif,  il  aurait  pu  accentuer 
les  divisions  pointillfes  par  des  lignes  en  couleur.  L'oeil  pourrait  ainsi 
mieux  saisir  T^tendue  et  la  position  relatives  des  diverses  circonscrip- 
tions,  et  se  porter  plus  facilement  sur  le  point  qui  Tint^resse. 

Le  territoire  du  d^partement  du  Gers  occupe  k  peu  prte  le  centre  de 
cette  carte.  C'esl  d'abord  TArmagnac,  que  Delisle  divise  a  tort  en  trois 
parties,  en  er&int  un  comt6  de  Vic-Fezensac  complfetement  inconnu 
de  rhistoire.  Malgr6  le  vieux  gtographe,  il  faut  continuer  i  diviser  ce 
pays  en  Bas-Armagnac  ou  Armagnac  proprement  dit,  et  Haut-Arma- 
gnac  ou  Fezensac.  Tout;autour  se  rangent  TEuzan,  le  Gabardan  (qui 
appartenait  k  Tancien  archevteh6  d'Auch),  le  Condomois,  le  comtd  de 
Gaure,  la  Lomagne,  le  Fezensaguet,  le  Bas-Comminges  (ou  se  trouve 
r^v^cM  de  Lombez),  I'Astarac,  le  Pardiac  (qui  n'est  pas  indiqu^  sur 
la  carte),  le  Magnoac  (qui  faisait  encore  partie  de  Tancien  dioc^ 
d'Auch),  et  le  pays  de  Rivifere-Basse.  A  cela  il  faut  ajouter  les  d6pen- 
dances  de  Riviere- Verdun. 

Le  pays  de  Riviere- Verdun,  situ6  presque  en  entier  dans  le  d^parte- 
ment  acluel  de  Tarn-et-Garonne,  longe  la  rive  gauche  du  fleuve,  depuis 
quelque  peu  au-dessus  de  Grenade  jusqu'au-dessous  du  confluent  du 
Tarn.  Un  grand  nombre  de  petites  villes,  de  communautfe  et  de  lerri- 
toires  disperses  et  enclaves  k  travers  plusieurs  contrdes  de  la  Gascogne 
lui  appartenaient. 

Ainsi,  dans  le  Gers  :  Beaumarchez,  avec  La  Caze-Dieu  et  Marciac; 
—  Mi61an  et  Sainte-Dode;  —  Monties  (que  la  carte  appelle  Monac);  — 
Mazerettes  (prfes  Mirande);  —  Simorre,  avec  Tachoires;  —  Gimont, 
avec  Aurimont,  Escorneboeuf,  Giscaro,  Maurens,  Mongauzy,  Monti- 
ron,  Polastron  et  Tirent;  —  Aurad6  et  Endoufielle  (ou  Delisle  a  omis 
indication  R.V.);— Cologne,  avec  Solomiac  etSarrant;— Urdens(prfes 
Fleurance). 

En  dehors  du  d^partemenlj  du  Gers,  on  pourrait  dresser  une  liste 
plus  longue  et  plus  importante  de  ces  enclaves  bizarres,  principalement 
dans  le  Comminges  et  j  usque  dans  les  gorges  les  plus  recultes  des 
Pyr6n6e8.  Jen'aiparW  que  de  la  r^on  que  je  connais  le  mieux;  mais 
cette  carte  s'^tend  k  toutela  Gascogne,  depuis  la  Garonne  jusqu'k  TEs- 
pagne  et  k  rOc&m.  Elle  int^resseldonc  tous  les  amateurs  d'^tudes  his- 
oriques  dans  le  sud*ouest.  A.  Lavergne. 


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LES  ORIGINES 


DE 


L'IMPRIMERIE  A  AUCH 


II 

LES  HEURES  d'aUCH.  —  QUEL  EN  EST  L'IMPRIMEUR?  —  DATE  APPROXIMATIVE 
ET  LIEU  PROBABLE  d'IMPRESSION.  —  RETOUR  DE  CLAUDE  GARNIER  A  UMOGES. 
—  DERNIERS  RENSEIGNEMENTS  SUR  CET  IMPRIMEUR.  —  UN  UVRE  DE  1597 
FAUSSEMENT  DATE  d'aUCH  .  —  LES  IMPRIMEURS  JEAN  SAINT  -  MARTIN , 
ARNAULD  DE  SAlNT-BONNET  ET  REN^:  LAVOIR^  P.  FRANCOIS,  FRANgOIS  DAURIO, 
JACQUES  DESTADENS .  —  LES  DUPRAT. 

La  bibliothfeque  de  la  ville  d'Auch  possfede  un  petit 
livre  d'heures  ^Tusage  de  la  cath6drale  d'Auch,  imprim6 
en  lettres  gothiques,  avec  vignettes  grav6es  sur  bois, 
qui  provient,  comme  le  Br6viaire,  de  la  bibliothfeque 
du  chanoine  Daignan  du  Sendat.  Le  volume  est  de  format 
trfes  petit  in-8^  ou  plut6t  in-lG*'.  Le  titre  manque  ainsi 
que  les  premiers  feuillets.  Le  texte  de  Texemplaire  com- 
mence seulement  au  milieu  du  calendrier  de  mai,  par  le 
feuillet  qui  porte  au  bas  de  la  page  la  signature  A  iiij. 
L'intitul6  imprim6  en  rouge  qu'on  lit  au  bas  du  8®  feuillet 
verso  du  cahier  G  nous  renseigne  d'une  fa^on  precise  sur 
le  nom  de  r6glise  h  laquelle  il  6tait  destin6 :  «  Incipiunt 
matutine  secundum  usum  et  consuetudinem  ecclesie 
Metropolitane  beate  Afane  Auxis  ».  Le  livre,  tout 
incomplet  qu'il  est,  se  compose  encore  de  390  pages 
d'apr^s  la  num6rotation  manuscrite  de  Daignan  du  Sen- 
dat. Outre  les  trois  feuillets  de  commencement,  il  y 
manque  encore  le  feuillet  CC  I  du  dernier  cahier,  ainsi 
que  le  correspondant.  L'alin6a  final  commence  par  cette 
phrase :  «  Si  hac  vadds  via;  semper  dicas  Ave  Maria  », 
Tome  XXXV.  —  Mars  1894.  9 


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—  130  — 

et  se  termine  par  la  formule  Amen,  au  bas  de  la  page. 
Nous  donnons  ci-dessous  le  fac-simil6  de  la  page  cit6e 
plus  haut  o\i  se  trouve  rintitul6  de  ces  heures. 

babQifli  in  ilia  bota  qttando  concepitti  od 
minum  noftrumiefum  cbiifium  fiUO  tuns 
vt  letificed  cat  meum^t  in  boia  oefunctio 
tiiemeefubuentflsmibitanilncozpoic^ 
tn  amma^t  no  oimirtad  me  pcrdi  ptopter 
nimiapeccatamearfedrubueniad  mibi  in 
ommbasneafTttanbus  meis^amen* 

C  Ct  mondc  neft  que  vanite 

31  eft  Dfcco  qui  i^atanti 
SeuneiTe  fozce  t  beautc 
;  CepafTeplnftoft  que  levant 
Ibelaa  pourquoj?  af  mes  voua  tant 

Ibonn  Atr  ricbeffcs  t  plaifirs 
2i>ounrvou9£mIt 

Ctnefcaocd  quant 
3itm9  vertoaidifTe^  oefir0# 


C^nct^fnof  maiiitine  frcondiim  vAim  k 
coiifoctodiiiemecclefie2tt>ctro#    ' 
jiol)t9itcbti  2IDiric  airl^# 

Dans  la  notice  historique  qui  pr6c6de  le  Catalogue  des 
Incunables  de  la  Bibliothdqtie d'Auch  r6dig6parM.  Par- 
fouru,  ce  livre  est  signal6  avee  raison  comme  une  raret6 
bibliographique  de  premier  ordre.  II  est  ainsi  d6crit  : 
«  Heures  anciennes  d'Auch  (n^302),  sans  lieu  ni  date, 
commencement  du  xvi®  si6cle,  in-18,  de  195  flf.,caract6res 
gothiques.  » 

D'apr^s  cette  description,  on  pourrait  croire  que  les 
Heures  d'Auch  sont  de  T^poque  des  Simon  Vostre,  des 
Pigouchet,  des  Kerver,  des  Hardouin  et  autres  impri- 
meurs  c616bres  qui  avaient  la  8p6cialit6  d'6diterces  beaux 
livres  d'heures  k  Tusage  des  divers  diocfeses  de  France, 
illu8tr6s  de  bordures  histori6es  et  de  gravures  de  grand 
style,  qui  ornent  les  cabinets  des  curieux. 


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-  131  — 

n  n'en  est  rien.  Le  volume  que  nous  avons  examine, 
ne  remonte  gufereavant  1540  ou  1550.  Lescaract§resque 
nous  avons  compares  sont  de  la  m6me  famille  que  ceux 
qui  composent  les  douze  lignes  en  rouge  du  titre  du  br6- 
viaire  de  1533,  sauf  cependant  la  premiere  ligne  qui  est 
ex6cut6e  avec  un  caract6re  beaucoup  plus  gros.  Les 
cahiers /f  jusqu'^  Viyinclusivement  sont  imprimis  avec 
des  types  un  peu  plus  forts,  h  angles  moins  arrondis, 
appel6s  commun6ment  h  cette  6poque,  lettres  de  somme, 
comme  on  pent  s'en  rendre  compte  par  le  fao-8imil6 
suivant : 

titce«C52)tf  atomate  ^plene  fcttp^ 
ttmeJostClltinco^ianwais^ecnii^ 
UcureJMtofo  Dt$«iaec5tneOatto« 

B^Si^oitasBicanonicaiei  cu  Heuos 
Nae«)aecolottl>frpepiatattos 
ite«tB}tqui|^  mepaffujifejai  atnojiljer 
mm*  ^tjBinn^tfolatia  (nmo^t^ 
flgone,an.3l)oiam9»  eiojiapti* 
?v3frtcfpttomri6D««ttofljtrtnu 

iw^^^mmdas 

X/litaima  a^ 
pedtjer.  fftojEt- 
mm  annucMt 
laubetiia^e' 
maHiuto^^Qne 
adatiu*  ^%in 
pff,an.i»tnfran 


X> 


Nous  les  avons  minutieusement  compares  lettre  par 
lettre  et,  malgr6  leur  6crasement  en  quelques  endroits, 


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—  132  — 

nous  les  avons  trouv6s  semblables  comme  forme  et  con- 
tours au  caractfere  employe  dans  la  dernifere  page  du 
m6me  br6viaire  ainsi  que  dans  les  premieres  lignes  du 
titre  de  VOpas  Moralitatum  Jacobi  de  Lusanna,  im- 
prim6  en  1528  a  Limoges.  On  remarque  dans  les  Heures 
d'Auch  quelques  lettres  orn6es  sur  fond  noir  cribl6, 
notamment  une  lettre  I  avec  deux  oiseaux  a  droite  et  a 
gauche  (page  11,  cahier  B  i),  et  une  lettre  D  avec  une 
rose  dans  le  fond  (page  193,  cahier  N  iiij),  Ces  lettres  tr6s 
caract6ristiques  font  partie  du  materiel  de  Claude  Gar- 
nier.  La  lettre  I  aux  deux  oiseaux  se  retrouve  aux  folios 
xxiiij  verso y  jcli  et  cLiiiide  VOpus  moralitatum  d6j^  cit6, 
et  la  lettre  D,  fol.  xxxviij  du  m6me  livre. 

II  r6sulte  de  ces  confrontations  que  les  Heures 
anciennes  d'Auch  sont  incontestablementunproduit,  peu 
ou  mal  connu  jusqu'ici,  de  Tindustrie  de  Claude  Gamier. 
Le  for;nat  n'est  pas  Hn-lS;  ce  format  n'existait  pas  alors 
et  n'q,  6t6  cr66  qu'au  xviii*  si^cle.  La  collation  des  cahiers 
nou?  donne  la  preuve  que  le  livre  est  de  format  tr6s  petit 
in-8,  ou  plut6t  in-16,  la  justification  typographique  6tant 
moins  longue  et  plus  6troite  que  celle  du  br6viaire*. 

Les  caractferes  sont  visiblement  fatigu6s.  On  ne  pent 
plus  dire  comme  pour  le  pr6c6dent  que  le  livre  a  6t6  im- 
prim6  avec  une  fonte  neuve  (novo  typo  excussum).  Les 
gravures  sur  bois,  ainsi  que  les  lettres  tourneures  du  com- 
mencement des  alin6as,  t6moignent  de  tirages  ant6rieurs 
et  r6p6t6s.  La  date  etj  le  lieu  d'impression  se  trouvaient 
sans  aucun  doute  mentionn6s,  soit  sur  le  titre,  soit  au 
dernier  feuillet,  qui  sont  absents  dans  Texemplaire  de  la 
Bibliothfeque  d'Auch,  le  seul  connu. 

Ces  Heures  ont-elles  6t6  imprim6es  a  Auch  comme  le 
br6viaire?  Nous  en  doutons.  Les  cahiers  portent  a  c6t6 

(1)  Voici  la  collation  des  cahiers :  A  par  4;  B  par  3;  C  ^  Y  par  4;  AA  k  CO 
par  4. 


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—  133  — 

des  signatures  par  lettres  de  Talphabet,  le  mot  aux., 
imprim6  au  bas  des  feuilles  pour  les  distinguer  d'Heures 
ad'autres  usages  qui  devaient  s'imprimer  concurremment 
dans  le  m6me  atelier,  aiin  d'6viter  une  confusion  dans 
Tassemblage  des  feuillets.  Les  br6viaires  de  fiazas  et 
d' Auch  ne  portent  aucun  signe  ou  r(^clame  typographique 
de  ce  genre.  Nous  en  concluons  que  Gamier  n'a  pas 
imprim6  ces  Heures  h.  Auch,  mais  dans  une  autre  ville, 
qui  n'est  autre  que  Limoges  oil  il  6tait  retourn6  apr6s 
ses  p6r6grination§. 

Les  Heures  d'A  uch  sent  semblables  comme  typographie 
h,  des  livrets  de  devotion  portant  le  nom  de  Garnier 
imprimis  vers  1550,  peut-fetre  m6me  plus  tard,  h  Limoges 
avec  des  caractferes  de  forme  gothique  et  des  gravures 
tr6s  us6s*.  Ces  impressions  sont :  1^  Les  anciennes  (sic)  et 
oraisons  des  sainctz  et  sainctes  selon  les  moys  de 
Vann^,e.  On  les  vend  a  Lymoges,  par  Claude  Gamier;' 
2"^  Extraicts  de  plusieurs  saincts  docteurs,  etc.  Imprim4 
a  Lymoges  par  Claude  Garnier;  3^  Meditations  sur  la 
Passion  de  NotreSeigneur  et  voyage  et  oraisons  du 
Mont'de-Calvaire]  4^  La  manidre  de  se  conduire  d'une 
femme  seculiere.  Ces  pieces  petit  in-S*"  sont  reli6es  k 
la  suite  des  Heures  de  Notre-Dame  ct  Vusage  de  Lymoges y 
imprim6es  h  Limoges  par  Hugues  Barbou  en  1589.  EUes 
font  partie  d'un  recueil  de  la  Bibliothfeque  de  TArsenal 
(T  2,996),  qui  nous  a  6t6  obligeamment  signals  par 
M.  Paul  Bonnefon,  biblioth6caire  de  cet  6tablissement. 

Tout  porte  a  croire  que  Garnier  avait  quitt6  Auch, 
lorsque  le  cardinal  Frangois  de  Clermont-Lodfeve,  son 
protecteur,  r6signason  si^eenl538.  S'arr6ta-t-il  ensuite 

(1)  Pour  plus  amples  details,  voir  noire  article  sur  Claude  Gamier  dans  le 
BlbUophUo  Umotisln  (livraison  de  Janvier  1894).  On  y  Irouvera  des  fac-simil^s 
de  quelques-uns  de  ces  livrets.  CeJui  de  la  derniere  page  des  Antientxes  ot 
Oraisons  est  d'uue  identitt^  frappante  avec  lesgros  caract^res  des  Heures  d'Auch 
dont  nous  avons  reproduit  plus  haut  une  page  accompagn^e  d'une  gravure. 


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—  134  — 

dans  quelque  autre  ville  du  Midi?  Les  recherches  que 
nous  avons  faites  k  ce  sujet  sont  resides  infructueuses. 
Nous  ne  retrouvons  sa  trace  qu'a  partir  de  1550.  A  cette 
date  (( Claude  Granier  (sic),  imprimeur  »,  tenait  del'abbaye 
Saint-Martial,  k  Limoges,  une  vigne  qu'avait  pr6c6dem- 
ment  poss6d6e  Gilles  Berthon  *. 

Nous  avons  ensuite  connaissance  d'un  Missel  de  Limo- 
ges, imprim6  a  Limoges,  par  Claude  Garnier  et  qui  fut 
achev6  le  10  f6vrier  1553  (1554nouveau  style)*.  Garnier 
ne  demeurait  plus  devant  Saint-Martial.  Le  local  oil  il 
avait  r6install6  son  imprimerie  et  oix  il  exer§ait  la  librairie 
6tait  situ6  plus  haut  dans  la  ville,  auprfes  de  T^glise  Saint- 
Michel.  Sa  demeure  est  ainsi  d6sign6e :  «  In  cedibus 
Claudii  Garnier y  commorantis  prope  divum  Michaelem. » 

Garnier  6tait  en  m6me  temps  relieur.  Un  6rudit  de 
Limoges,  M.  Fray-Fournier,  auteur  M'articles  fort  remar- 
qu6s  dans  le  Bibliophile  Limousin,  a  d6couvert  dans  le 
fonds  d'ancienne  th6ologie,  non  encore  enti^rement 
inventori6,  dela  Bibliothfeque  de  Limoges,  des  volumes  sur 
le  plat  desquels  se  trouveappos6e  la  marque  de  Garnier  et 
nous  a  envoy 6  le  frottis  de  Tun  d'eux. 

Le  dernier  labetir  de  Claude  Garnier  qui  sbit  dat6  est 
un  Br6viaire  de  T^glise  de  Limoges,  de  1555-1557.  II 
porte  h,  la  fin  la  date  des  Ides  d'avril  (13  avril)  1555  et 
sur  le  titre  on  lit  celle  del557.  Cette  difference  de  nota- 
tion d'ann6e  doit  consister  dans  Thabitude  que  Ton  a 
g6n6ralement  d'imprimer  le  titre  et  la  preface  d'un  livre 
en  dernier  lieu,  aprfes  le  texte  qui  forme  le  corps  du 

(1)  JFonds  de  Saint-Martial,  aux  Archives  de  la  Haute- Vieniie.  Voir  rexcellent 
travail  de  M.  Louis  Guibert  intitule :  Les  premiers  imprimeurs  de  Limoges; 
Limoges,  Ducourtieux,  1893,  in-8,  pages  17  et  20. 

(2)  Missale  percelebris  Lemovicensis  ecclesie  accuratissime  recognitum  ac 
permultis  missis  incertis  illuslratus,  recenter  Lemovicis  excussum  in  offlcina 
Claudii  Garnier  calcographi.  Anno  ab  incarnatioue  Domini  millesimo  quingen- 
tesimo  tertio,  die  decimamensis  februarii,  in-8.  CM  par  M.  Paul  Ducourtieux 
dans  sa  notice  sur  les  Mcuiuscrits  et  imprimis  do  I  Exposition  de  Limoges  en 
1886,  page  62. 


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—  135  — 

volume.  C6sar  de  Borgognonibus,  6v6que  de  Limoges, 
6tait  alors  en  Italie.  II  n'autorisa  la  mise  en  vente  du 
nouveau  br6viaire,  dont  le  texte  avait  6t6  revu  et  modifl6, 
qu'aprfes  avoir  soumis  ces  changements  k  la  censure  de 
la  Sorbonne,  ainsi  qu'il  le  dit  express^ment  dans  un  avis 
plac6  en  t6te  du  volume.  De  Ik,  de  longs  et  inevitables 
d61ais  qui  se  prolong^rent  jusqu'en  1557,  date  veritable 
de  remission  du  livre  indiqu6e  sur  le  titre  dudit  brtviaire. 
Le  br6viaire  de  Limoges  diff6re  desautres  impressions 
de  Gamier.  Le  titre  en  rouge  et  noir,  ainsi  que  la  preface 
ou  avis  pastoral  de  C6sar  de  Borgognonibus,  sont  en  lettres 
rondes  ou  caract6res  remains.  Le  calendrier  et  le  texte  du 
br^viaire  sont  imprimis  en  caract^res  gothiques  tout  k 
fait  us6s.  On  ne  trouve  plus  dans  le  volume  de  grandes 
figures  sur  bois  comme  Garnier  avait  Thabitude  d'en 
mettredansses  Editions  liturgiques.  On  y  voit  lar6clame 
Lemovic,  au  bas  des  cahiers,  comme  dans  les  Heures 
d'Auch  et  dans  le  livret  de  la  Manidre  de  se  conduire 
d'une  femme  seculiere.  La  marque  typographique  de 
Garnier  n'est  plus  du  tout  la  m6me.  Lorsqu'il  avait  son 
atelier  devant  Saint-Martial,  il  avait  mis  dans  une  petite 
vignette  Timage  de  saint  Claude,  son  patron,  et  celle  de 
saint  Martin,  patron  de  son  associ6  Martin  Berton,  avec 
son  monogramme  au-dessous,  pour  marque.  II  plaga 
ensuite  le  m6me  chiffre  dans  une  targe  o\i6c\i  au  milieu 
d'un  soubassement  grav6  sur  bois.  Dans.le  volume  de 
1557,  on  voit,  au  milieu  du  titre,  deux  cigognes  qui  se 
disputent  un  os  et  un  poisson  dans  les  airs,  au-dessus 
d'une  sphere  ou  globe  du  monde;  k  droite  et  k  gauche  les 
initiales  (C.  G.)  de  Claude  Garnier  et  autour  cette  devise : 
HoNORAPATREMETMATREM.  Eooo.  OCX.  Cot  embl6me  des 
deux  cigognes,  qui  a  6t6  adopts  vers  la  m6me  6poque  par 
S6bastien  Nivelle,  imprimeur  k  Paris,  beaucoup  plus 
tard  par  les  Cramoisy  et  ensuite  par  les  Barbou,  se  retrouve 


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—  136  — 

sur  les  plats  des  livres  reli6s  par  Claude  Garnieret  mar- 
que les  derni^res  ann6es  de  son  exercice. 

Dans  les  Heures  d'Auch,  on  trouve  le  signe  de  pono- 
tuation  de  la  virgule,  qui  n'existedansaucune  des  impres- 
sions ant6rieures  de  Gamier  et  qui  coincide  avec  Tappa- 
rition  du  caractfere  remain  dans  son  imprimerie  de  Limo- 
ges*. De  plus,  les  petites  gravures  sur  bois  qu'on  y  voit 
sont  d'un  style  tout  k  fait  different  de  celui  de  ses  autres 
livres  de  liturgie.  Le  dessin  est  plus  fin,  plus  souple  et 
plus  d6gag6.  Le  style  de  la  Renaissance  a  remplac6  Tart 
gothique.  Ces  illustrations,  dues  a  des  artistes  limousins, 
sont  semblables  a  celles  qui  ornent  les  petits  trait6s  de 
devotion  imprimis  par  Claude  Garnier,  que  nous  avons 
signal6s  plus  haut  et  qui  sont  joints  aux  Heures  de 
Limoges  parues  quelques  ann6es  aprfes,  en  1589,  chez 
Hugues  Barbou,  lequel  avait  probablement  acquis  une 
partie  du  fonds  de  librairie  de  Garnier. 

Aprfes  le  depart  de  Claude  Garnier,  Auch  fut  priv6 
d'imprimeurs  pendant  tout  le  reste  du  xvi®  sifecle.  En 
1551,  Bernard  Dupoey  6tait  oblig6  de  recourir  aux  presses 
deGuyonBoudeville,  imprimeur  a  Toulouse,  pour  mettre 
au  jour  un  recueil  de  vers  qu'il  avait  compos6  sous  ce 
titre :  De  collegio  Auscitano  Bernardi  Podii  Lucensis 
carmen  ad posteritatem;  ejusdem  aliquot  epigrammata; 
ToLOSiE,  in  ofjicina  Guidonis  Boudevilley  1551,  petit 
in-8. 

On  cite  le  livre  suivant  comme  ayant  6t6  imprim6  k 
Auch  en  1597.  On  Tattribue  k  un  typographe  du  nom  de 


(1)  On  sail  que  la  virgule  ne  fut  appliqu^e  qu'apr^s  la  r^forme  orthographique 
de  Geofroy  Tory,  et  que  son  usage  ne  fut  adopte  que  lentement  et  peu  k  peu 
dans  les  imprimeries  de  province,  k  mesure  que  les  caract6res  roniaius  se  subs- 
titu^rent  aux  caract^res  gothiqucs.  Seuls,  les  livres  liturgiques  conserv6rent 
encore  longtemps  leurs  types  de  forme  archaique  jusqu'i  la  fin  du  xvi«  si6cle  et 
mSme  j usque  dans  les  premieres  annees  du  xvu*  siecle,  mais  on  les  adapia  au 
nouveau  syst^me  en  y  introduisant  les  signes  de  ponctuation  de  la  virgule  et  du 
point  et  virgule. 


^ 


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—  137  — 

Scdnt-Martin,  dorit  on  ne  connait  aucune  impression  dat6e, 
mais  qu'on  sait  avoir  6t6  consul  de  la  ville  en  1646.  Nous 
aliens  reproduire  exactement,  avec  sa  disposition  typo- 
graphique,  le  titre  de  ce  livre  dont  nous  avons  en  ce 
moment  m6me  un  exemplaire  sous  les  yeux  : 

TRAITE 

PA  R^ENETIQVE. 

o'est  k  dire 

EXHORTATOIRE, 

Auquel  ae  montre  par  bonnes  ot  oloes  raisona, 
argumens  ir\falUhle8,  hiatoirea  tres  certainea  et 
remarquablca  exomploa,  le  droit  chemin  et 
orais  moyena  de  reaister  a  Veffort  du  Caatillan^ 
rompre  la  trace  de  aea  de88ein8,abbaiaaer  aon  or- 
guell,  et  ruiner  aa  puiaaance. 

D^di(^.  aux  Roys,  Princes,   Potentats,   et 

R^publiques  de  TEurope,  particu- 

lierement  au  Roy  Tres- 

chrestien 

Par  un  Pelorin  Eapagnol,  battu  du  temps  et 
peraecutd  de  la  fortune 

Traduict  de  langue  CastiUanne  en  langue 

Fran^ise.  Par  I.  D.  Dralymont 

seigneur  de  Yarleme 


Imprim6  k  Aux. 
M  .  D  .  X  C  V  I  I  . 

Volume  in-12,  de  12  ff.  pr61iminaires  non  chiffr6s  et 
120  fl.  chiflr6s. 

Le  Pelerin  espagnol  battu  du  temps  et  persecute  de  la 

fortune  n*est  autre  qu'Antonio  Perez,  ancien  conseiller 

du  roi  d'Espagne  Philippe  II,  alors  attache  k  la  Cour 

d'Henri  IV.  L'ouvrage,  d6di6au  roide  France,  estdat6de 


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—  138  — 

Pau,  le  I*'  octobre  1597.  Dralymont,  sieur  de  Yarleme, 
est  un  nom  anagrammatique  sous  lequel  s'est  cach6  Jean 
de  Montlyard,  sieur  de  Melleray.  Suivant  Prosper  Mar- 
chand,  le  P.Joseph  Texeira^  Portugais,  serait  le  v6ritable 
auteur  du  livre. 

L'attribution  que  Ton  a  faite  de  ce  livre  aux  presses 
auscitaines  est  erron6e.  11  n'y  avait  pas  d'imprimeur  k 
Auch  a  ce  moment.  M.  Prosper  Lafforgue,  dans  son  Histoire 
de  Uimprimerie  cl  Auch,  dit  que  Timprimeur  Jean  Saint- 
Martin  vint  s'6tablir  a  Auch  dans  les  premieres  ann6es  du 
dix-septifeme  si6cle.  Mfeme  en  admettant  cette  date  qui 
est  loin  d'etre  prouv6e,  car  on  n'a  pas  de  traces  certaines 
de  cet  imprimeur  avant  1646,  comme  nous  Tavons  dit 
plus  haut,  Jean  Saint-Martin  ne  pent  avoir  imprim6  ce 
livre.  Le  volume  que  nous  avons  examin6  attentivement 
ne  ressemble  ni  par  les  caract6res,  ni  par  les  fleurons  aux 
impressions  de  la  region.  Le  livre  n'a  pas  non  plus  6t6 
imprim6  a  Pau,  od  depuis  longtemps  rimprimerie  avait 
cess6  d'etre  exerc6e.  Une  seconde  Edition  porte  sur  le 
titre :  Agen,  comme  nom  de  ville. 

Aux  et  Agen  sont  des  lieux  supposes,  imagines  k  plaisir 
pour  d6pister  les  agents  de  TEspagne  etcacher  la  person- 
nalit6  de  Tauteur,  «  meilleur  Frangois  qu'Espagnol... 
formel  ennemi  de  toute  ligue  et  faction  »,  dit  TEstoile. 
Le  Traict6  parmnetique  n'a  pas  davantage  6t6  imprim6 
h  Toulouse  ou  a  Bordeaux,  od  Ton  aurait  pu  s'adresser. 
•Ce  livre  n'est  point  sorti  de  presses  m6ridionales.  II  a  6t6 
imprim6  k  Paris,  od  se  trouvait  alors  le  P.  Texeira,  qui  y 
a  publi6  ses  autres  ouvrages  avec  la  collaboration  de  son 
traducteur  attitr6,  Jean  de  Montlyard. 

Apr6s  Jean  Saint-Martin,  Arnauld  de  Saint-Bonnet, 
originaire  de  Lyon,  vient  s'6tablir  k  Auch.  Le  24  Janvier 
1647,  Arnauld  de  Saint-Bonnet,  «  imprimeur  de  Tarche- 
vesque  d*Auch,  »  entre  en  soci6t6  avec  Ren6  Lavoir, 


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—  139  - 

imprimeur  et  graveur,  originaire  de  la  F16che.  M.  Em. 
Foresti6,  de  Montauban,  a  retrac6  dans  la  Revue  de 
Gascogne  (aiin6e  1891)  Thistorique  des  p6r6grinations  de 
ces  deux  imprimeurs  et  donn6  une  liste  des  livres  sortis 
de  leurs  presses.  Nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  d'y 
renvoyer  nos  lecteurs.  Arnauld  de  Saintr-Bonnet  mourut 
entre  lee  ann6es  1652  et  1655. 

En  1650,  on  voit,  d'aprfes  M.  P.  Lafforgue,  un  nouvel 
imprimeur  du  nom  de  P.  Francois,  lequel  n'imprime 
gu6re  que  des  placards  et  des  arrets  du  Conseil. 

La  veuve  de  Saint-Bonnet,  Marguerite  Rivi6re,convole 
en  secondes  noces  avec  Francois  Daurio,  de  Toulouse, 
qui  continue  rimprimerie.  M.  Lafforgue  mentionne  divers 
produits  des  presses  de  ce  dernier,  qui  ne  sont  pas  sans 
m6rite.  II  mourut  en  1691. 

Marguerite  Riviere,  veuve  Daurio,  vendit  en  1695  son 
imprimerie  a  Jacques  Destadens,  flls  d'Ambroise  Desta- 
dens,  libraire  k  Bordeaux.  Destadens  avait  achet6  le 
materiel  pour  le  transporter  a  Bordeaux; «  mais  comme  il 
6tait  tr^s  ban  latiniste  et  connaissait  les  caract^res  grecs, 
la  haute  soci6t6  auscitaine  et  les  autorit6s  finirent  par 
le  retenir  h  Auch.  ))  (Revue  de  Gascogne,  1878,  article 
deM.  rabb6  L6once  Couture).  II  exer^a  jusqu'en  1747, 
date  de  sa  mort. 

Enfln  les  fr6res  Duprat,  Francois  et  Jean,  s'6tablirent 
k  Auch  «  imprimeurs  et  ^  libraires,  vis-Si-vis  le  College 
des  R6v6rends  p6res  J6suites.  »  M.  Lafforgue  cite  d'eux 
un  opuscule  dat6  de  1707 :  «  Canticjm  ou  la  Naissance 
de  Notre-Seigneur,  mis  en  musique  par  M.  Mousnier, 
qui  sera  chani4  dans  Vdglise  m^iropolitaine  Sainte- 
Marie  d' Auch.  »  Jean  Duprat,  demeur6  seijl,  publie  en 
1714  la  «  Lettre  patente  portant  confirmation  de  V^ta- 
blissement  de  I'hdpital  g4n6ral  Saint-Augustin  d'Auch, 
etc.,  ))  brochure  in-12,  tr6s  bien  imprim6e,  comme  le  fait 


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—  140  — 

remarquer  M.  Lafforgue.  II  fut  la  souche  d'une  famille 
d'imprimeurs  qui  s'est  continu6e  avec  distinction  pendant 
plus  d'un  si6cle  a  Auch. 

Lors  de  la  r6glementation  definitive  de  rimprimerie  au 
XVIII®  si6cle,  une  seule  imprimerie  fut  maintenue  a  Auch. 
Ce  fut  celle  d'Etienne  Duprat,  fils  de  Jean.  D'apr^  les 
rapports  de  1764,  de  Sartines,  Etienne  Duprat  avait  6t6 
re?u  maitre  en  1742  et  poss6dait  deux  presses. 

Nous  nous  arrfeterons  1^,  renvoyant  pour  plus  de  details 
surles  Duprat  au  travail  d6]k  cit6  deM.  Lafforgue.  «  Les 
Duprat  ont  6t6  relativement  pour  Auch  ce  que  les  Didot 
ont  6t6  pour  Paris.  lis  furent  contemporains  et  les  Duprat, 
on  pent  le  dire,  furent  les  6mules  des  Didot;  ils  en  furent 
aussi  les  amis.  »  [Histoire  de  V imprimerie  a  Auch, 
page  18.) 

Ajoutons  que  rimprimerie  fond6e  dans  la  ville  d'Auch, 
il  y  a  pr6s  de  deux  si6cles,  par  les  Duprat,  existe  encore 
de  nos  jours.  EUe  est  continu6e  par  M.  G.  Foix,  Timpri- 
meur  de  la  Revue  de  Gascogne,  qui  tient  k  honneur  de 
perp6tuer  les  bonnes  traditions  de  Tart  typographique 
transmises  par  ses  pr6d6cesseurs  :  «  Honneur  oblige.  » 

A.  CLAUDIN. 


NOTE  COMPLfiMENTAIRE 


Notre  article  6tait  d6ja  compos6,  lorsque  nous  avons 
re?u  communication  d'une  note  de  M.  rabb6  Ulysse 
Chevalier,  de  Romans,  adress6e  h  M.  rabb6  Couture, 
directeur  de  \di  Revue  de  Gascogne.  Le  Br6viaire  d'Auch 
de  1533  6tait  connu  depuis  longtemps  de  ce  savant  infa- 
tigable. 


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—  141  — 

11  Ta  cit6  'dans  son  Thesaurus  hymnologicus  d'aprSs 
un  exemplaire  qull  avait  vu  autrefois  k  la  BibliothSque 
Saii4e-Genevi6ve,  h  Paris. 

Sur  cette  indication,  nous  avons  fait  rechercher  le 
volume.  Nous  avons  eu  la  satisfaction  de  retrouver 
Fexemplaire  m6me  de  la  Bibliotheca  Baluziana  dont 
nousavions  trouv6  trace,  mais  dont  nous  ignorions  le  sort 
et  qui,  d'aprfes  notre  conjecture,  devait  exister  en  outre 
de  TeXemplaire  du  chanoine  Daignan  du  Sendat. 

L'exemplairede  la  Biblioth^que  Sainte-Genevifeve,  que 
nous  d6clarons  maintenant  avoir  vu  et  tenu  entre  nos 
mains,  est  dans  un  parfait  6tat  de  conservation.  Au  bas 
du  titre,  se  trouve  la  signature  d'Etienne  Baluze,  de 
Tulle  :  a  StephanuSj  BalusiuSj  Tutelensis:  » 

Le  volume  6tait  jadis  reconvert  d'une  vieille  reliure  du 
XVI®  si6cle,  en  veau  brun,  avec  cartouche  en  forme  de 
m6daillon  au  milieu  des  filets.  La  reliure  6tant  par  trop 
d61abr6e,  on  Ta  fait  recouvrir  d'un  cuir  de  veau  fauve 
moderne,  en  ayant  soin  de  conserver  et  d'appliquer  a 
rint6rieur  de  la  couverture  les  anciens  m6daillons  dor6s; 
on  a  respect6  scrupuleusement  les  marges  en  laissant 
subsister  Tancienne  tranche  dor6e  du  xvi®  sifecle.  A  la 
marge  sup6rieure  du  titre,  on  lit  la  signature  d'un  ancien 
possesseur  :  Tartanac,  pr,  (presbyter?)  et  au  folio  ij  du 
calendrier,  au  milieu  de  la  page,  entre  les  lignes,  cette 
inscription  manuscrite  :  «  Ex  libris  Sanctce-Genovefce 
Parisiensis,  1752.  »  Le  livre  6tait  done  en  possession 
des  G6nov6fains  depuis  1752  au  moins.  II  porte  aujour- 
d'hui  la  cote  :  BE,  842,  Reserve,  k  la  Bibliothfeque 
Sainte-Gene  vi6  ve . 

L'exemplaire  de  la  Biblioth6que  d'Auch  avait  appar- 
tenu  au  xvi®  si6cle  k  un  nomm6  Loys  Dargul,  dont  le 
nom  est  6crit  dans  le  rebord  int6rieur  du  chapeau  de 
cardinal  au  haut  de  la  gravure  sur  bois  du  titre.  Sa 


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—  142  — 

signature  avec  paraphe  se  trouve  encore  sur  les  Heures 
d'Auch,  au  bas  du  8®  feuille.t  ver^so  du  cahier  G,  apr^ 
rintitul6  du  commencement  desMatinesf/Aicyom/i^  matu- 
tine  secundum  usum  et  consicetudinem  ecclesie  Metropo- 
litane  beate  Marie  Auxis.) 

Nous  donnons  ci-dessous  un  fac-simil6  du    titre  du 
Br6viaire  d'Auch: 


C©  Wiand  il^etropoUtaneil 

advfum  infienl^rcclefie  bt?SU>ar(e  %^x%i9.1^o 
uifTime  impzcirum/iufTu  ac  3uctoatateiReuer2 
diffimi  in  jcpo  pf  is  et ofli/ Diii/racifci  or  Claro# 
mSte/miferarione  Diuina  fcteiRomaneecclerie 
cardtnali0/  €^(  iTufculani.  Ueoat  iaumionen. 
et  arcbiept  aujeitati.iKecognitum  tntegrttativ 
reftitutu.  Sb  omnib^  p:efbftert0totiua  viocp 
(10  tenSdum  ac  obferuart  pxeceptuetmonitum. 
£t  per  venerabile  aujcitanen.  capitulQ/  folerti 
ingento/fummaq}  opera  vigUStilnme  cafligatii 
et  co2rectu«'noui0  officij0  auctu  et  oeccnatu/et 
foItj0fut0vbiopo:tetadnotatum  t  quotatum. 


1      <£ 

•^j^^;7y^x            y/j 

^^p 

onL.        >^^^ri 

I  ^Mj             /w/>i  H^X 

w^K^ 

Aaiur  carOmea  fulfiene  iFcaiu^fce  tiata 
Cufoiaptttpurefinileet  ino;tbe  caput* 


Souhaitons  qu'on  retrouve  quelque  part  un  exemplaire 
complet  des  Heures  d'Auch  imprim6es  par  Claude  Gar- 


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—  143  — 

nier.  Cette  d6couverte,  si  elle  se  realise  «n  jour,  16vera 
toute  incertitude  sur  le  lieu  d'impression  du  livre. 

En  attendant  nous  ne  pouvons  mieux  faire  que  de  repro- 
duire  ci-dessous  en  fac-simil6  la  derni^re  page  du 
Br6viaire,  qui  atteste  d'une  manifere  authentique  la  pr6- 
sence  du  typographe  limousin  Claude  Gamier  k  Auch, 
en  1533.  A.  C. 


Caibfolutumed  fjocinftQnijeKccIefteUlu 
jCttaneB^ieuianum  nouotppo  t%m(bim/ 
de  manDato  tiniiaeuerentrt(riini/a(per« 
ntiirubenerabtUutncanontco^um  mUici 
emiflum  mimquihu^UstOssAdimBtS 
nout!8(re9uU0  tegulatumdtiedaratum; 
iBoutfq^  ofifict)j0biDel3CamCQ!tO  <i5ab;ie« 
lijBf/J|oac^tm/(i3)ofepi|  inftgnitumetOes 
co;iatum.3uia0  noutOime  tmp;»(Iunvttis 
duftrta  clauDtf  d^amter  diatcotvpUlti* 
noDtliCrtoefimotmio  fup^mtueliimfi 
quih9ente(imu.39te  tieropM^ie  balSDajS 


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LES  SEIGNEURS  DE  FIMARCON 


DB  LA 


MAISON  DE  LOMAGNE  (Suite)  (1) 


III.  —  Othon  II  (1250-1314). 

Ce  fut  vers  1250  que  mourut  Othon  P"*;  son  petit-fils 
Othon  II  lui  succ6da.  C'6tait  un  homme  remarquable  et 
son  nom  se  trouve  m616  a  un  grand  nombre  des  affaires 
importantes  de  son  pays.  Quelques-uns  lui  reprocheront 
peut-6tre  son  d6vouement  a  la  cause  anglaise  dans  le 
midi  dela  France;  mais  il  ne  faut  pas  juger  du  patriotisme 
h  cette  6poque  recul6e  par  ce  qu'il  est  de  nos  jours.  Au 
temps  oH  Othon  II  r6gnait  sur  le  Fimarcon,  les  rois  d'An- 
gleterre,  comme  h6ritiers  d*E16onore  d'Aquitaine  et 
d'Henri  Plantagenet,  second  6poux  de  cette  princesse, 
6taient  suzerains  16gitimes  de  la  Gascogne,  et  le  sei- 
gneur de  Fimarcon  pouvait  a  juste  titre  consid6rer 
comme  un  devoir  d'fetre  pour  eux  un  vassal  fidfele.  Dans 
la  r6alit6  aucun  gentilhomme  gascon  ne  leur  fut  plus 
d6vou6  que  lui. 

Nous  ne  connaissons  pas  d'actes  d'Othon  II  avant  le 
10  aotit  1260.  A  cette  date  on  le  rencontre  faisant, 
avec  son  6pouse  G6raude  de  Marmande  «  la  Daurade  »  et 
Guillaume  Astanove,  son  fils,  une  donation  pieuse  aux' 

(1)  Voir  la  livraison  de  juiUet-aout  1893,ou  nous  prions  nos  lecteurs  deoorriger 
les  errata  sulvants : 

P.  324,  ligne  6,  au  lieu  de  1080,  lisez:  1082. 

P.  324,  ligne  32,  au  lieu  de  page  150,  lisez:  oharte  150. 

P.  325,  ligne  20,  au  lieu  de  Reinaud,  lisez :  Bernard. 

P.  326,  ligne  1,  au  lieu  de  I^aage,  lisez:  Sage. 

P.  333,  ligne  derni6re,aa  lieu  de  Pierre  de  Buffi^re,  lisez:  de  Pierre  Buffi^e. 

P.  335,  supprimez  deux  phrases  depuis :  Notons  etc.  k  la  ligne  17,  jusqu'^ : 
Ce  prince...  k  la  ligne  25. 

P.  336,  ligne  17,  au  lieu  de  Ibalias;  lisez :  Halias. 


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—  145  — 

Templiers d'Argenteins  etkG.  B.  d'Aspet,  leur  comman- 
deur :  il  leur  c6dait  le  fief  de  LaGardfere  ainsi  qu'un  droit 
de  d6paissance  sur  toutes  ses  terres  K 

Si  nous  en  croyons  certains  documents  mentionn6s 
par  les  Archives  historiqttes  de  la  Gironde,  les  posses- 
sions seigneuriales  d'Othon  II  s'augment^rent  en  1268  du 
cMteau  de  Lagarde,  du  quart  de  Montcrabeau,  du  quart 
de  Sainte-Bazeille,  dela  moiti6  de  Coulogne(Calignac?), 
du  cinqui^me  de  Gazaupouy,  de  tout  Ligardes  et  de  quel- 
ques  autres  terres.  Mais  les  pieces  qui  nous  apprennent 
ce  fait  ne  sont  point  originales;  ce  sont  des  copies  si 
((  fautives  »  que  nous  ne  savons  au  juste  quelle  confiance 
on  pent  leur  accorder*.  Cependant  Lagarde  appartint 

(1)  InvenUiire  des  archives  de  Lagarde,  i. 

(2)  Voioi  ce  que  nous  lisons  au  tome  xi  des  Archioea  klstorlques  du  ddpar- 
tement  de  la  Gironde,  dans  la  liste  des  documents  dont  la  Soci4t6  a  ajoum^ 
rimpression : 

A  la  page  187  :  «  1739,  mai.  Copies  collationn^es  des  actes  relatifs  k  des  biens 
nobles  situ^s  dans  les  paroisses  de  Gazaupouy  et  de  Saint-Martin-de-Goeyne, 
juridiction  de  Moncrabeau  en  Agenais,  en  date  des  8  mars  1200,  24  aout 
1268,  8  mai  1300,  8  juillet  1634  et  30  novcmbre  1695,  d61ivr6es  sur  la  demande  de 
noble  Andr6  de  Saint-Germ6,  6cuyer,  seigneur  d'Arconques.  Ces  copies  sont 
tenement  fautives,  quoique  authentiques,  qu'il  a  6t6  impossible  d'en  publierle 
texte  et  que  nous  nous  sommes  bom6s  k  en  donner  I'analyse.  Archives  d^par- 
tementales  C.  » 

Uacte  du  24  aout  1268  est  analyst  k  la  page  138  du  m6me  volume :  «  Nooerint 
ttn(oe/'d&...  que  hautet  puissant  seigneur  Monseigneur  Salomon  de  Lomagne, 
roi  de  Navarre,  sire  d'Albret,  donne  k  Monseigneur  le  prince  Marcon  de  Loma- 
gne,  son  cousin,  pour  tous  ses  droits  successifs :  le  chateau  de  Lagarde,  le  quart 
de  Montcrabeau,  le  quart  de  Sainte«Bazeille,la  moiti6  de  Coulogne,  le  cinqui^me 
de  Gazaupouy,  tout  Ligardes,  etc.,  etc.;  k  commencer  par  Gueisa,  comme  il  est 
eipliqu6  dans  Thommage  rendu  le  7  mars  1200  par  Isaac  de  Filartigue  au  roi  de 
Navarre.  » 

Analyse  de  I'hommage  d'Isaac  de  Filartigue,  k  la  page  138 :  «  Notum  sit... que 
lo  noble  Isaac  de  Filartigua,  seignor  de  Gueysa  et  d'Astrapouy...  ten...  nobla- 
ment...  de  monseignor  Abdon,  rey  de  Nabarra,  sire  d'Albret...  la  maison  noble 
de  Gueiza,  etc.  Archives  d^partementales  de  la  Gironde  :  C.  Tr^soriers.  » 

Enfin,  k  la  page  139,  nous  trouvons  indiqu^  du  8  mai  1300  un  «  Hommage  et 
d^nombrement  fait  k  monseigneur  Marcon  de  Lomagne,  par  le  noble  seigneur^ 
Charles  de  Filartigue,  fils  d'lsaao  de  Filartigue,  pour  le  chateau  de  Gueyse  et  la 
tour  d'Astrapouy,  dependants  du  chateau  de  Gazaupouy.  »  Parmi  les  articles  du 
d^nombrement se  trouve  celui-ci, fort curieux,  que  citent  les  Archives:  «  Item, 
es  a  saber,  quan  lo  seignor  Marques,  per  acciden,  aura  presa  moller,  la  moller 
diu  esta  renduda  el  loc  de  Gasapouy;  en  accoustiunat  et  utsage  («tc);  e  Tseignor 
de  Gueisa  la  met  dins  lo  castet  de  Gasaupouy,  et  la  d^pouiUa  et  la  caualgadura 
de  la  dita  dona  es  piura  de  Tostal  d'Astrapouy. » 

L'inventaire  des  archives  de  Lagarde  dress6  en  1760  par  M*  P^lauque  signale 
Tome  XXXIV.  10 


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1^  146  ~ 

#teP6Tffl«it  «t  Ot!itoto>  te  *ut  lui  qM  «*  tt«i«er  ^n  xAeMn 
r^guMer  <entre  ^e  vill«ge  et  celtii  de'CteteinAu  pcmr  relier 
entre  elles  ses  deux  principates  demettres  f6o^ales.  ll  >en 
Art  sans  doute  <3te  m6me  de  la  moiti6  de  Calignac  et  du 
-qpMtrt^dfe  Montcrabeau;  car  nous  rencontrons  dans  la  suite 
*ti<i6s  fikd'Othon  n> 06ra\id Trencal^n,  av^  leis  titres 
d6  baron  ile  Montcrabeau  et  coseiglieur  de  Calignac. 
Ajoutoas  enfln  xju'aucun  d6s  documents  post^rieurs  que 
nous  avons  pu  consulter  ne  s'oppose  k  ce  que  les  flels 
6num6r6s  plus  haut  aieiit  appartenn  a  Othon  II. 

^uelques  anti6es  apr^  (1273),  le  sire  de  Fhnarcon  fit 
hommage  au  roi  d'Angleterre  et  Itii  fournit  acte  d'aveu 
eft  de  wconnatesance  pour  tout  ce  quil  pos86dait  dans  le 
pays  de  Fimarcon. 

II  reconnait  lui  devoir,  en  retour  de  tous  les  fiefs  et 
arrifere-fiefs  quil  tenait  de  lui,  le  service  de  deux 
hommes  d'armes  et  se  d6clarait  en  mfeme  temps  son 
vassal,  pour  ses  possessions  f6odales  dans  le  Fezensa- 
guet*. 

Le  roi  de  France,  qui  6tait  alors  en  paix  avec  Edouard 

Bussi  «  une  coppie  informe  en  papier  blauc  d^lne  donation  feite  par  Salomon  de 
•  Lomagne,  roy  de  Navarre  en  faveur  de  Marcon  de  Lomagne  son  cousin  germain, 
du  20  aotit  126S,  et  de  deux  hommages,  I'un  du  7  mars  1200  et  Tautre  du  7  may 
1900.  » 

Nous  ne  pouvons  diseuter  ces  pi^es  ici  ii  fond.  Les  donn^es  historiques  nous 
tnanquent  pottt  cela.  On  saii  oependant  qu^aucun  Lomagne  ne  fiit  sire  d'Albrel 
ni  roi  de  NaTarre  et  que  tes  d'Albret  n*arriv^rent  au  tr6ne  de  Navarre  que  dans 
les  premieres  anodes  du  xvi«  si^cle.  Le  nom  de  Salomon  ne  fut  jamais  port6  par 
UB  Lomagne,  ni  par  un  d*Albret,  ni  par  aucun  roi  de  Navarre. 

En  supposant,  et  c'est  Thypothese  la  moins  t^m^raire,  que  les  deux  partis 
oOAtractaotes  de  1268aient  6t6  le  sire  de  Fimarcon  (Marcon  de  Loma^e)  etle 
sire  d'Albret  Amanieu  VI,  dont  un  copiste  ignorant  aurait  &it  un  Salomon  et  un 
roi  de  Navarre  par  dessus  le  marcb^,il  resterait  encore  une  difficult^  k  cxpKquer : 
/comment  le  sired'Albret,  qui  avait  des  h^ritiers  directs,  a-t-il  pu  Mre  en  faveur 
d'Othon  II  donation  pure  et  simple  des  terres  nombreuses  et  importantes  ^non- 
e^es  plus  bautt  Sans  doute  ils  ^taient  quelque  peu  parents:  Hose  d*Albret,s<Bur 
d^Amanieu  IV,  avait  4pous^  un  oocle  de  Guillaume,  premier  seigneur  de  Fimar- 
t^ott.  Maiiscela  ne  sufflt  points  expliquer  la  g^n^rosit^  du  sire  d'Albret.Le  cqsisle 
n'atira-t-'il  pas  transform^  une  vente  en  donation?  Nous  laissons  aux^nidits 
qu'intii^esse  Thistoire  du  (Imarcon  ce  multiple  probi^me  k  r^sondre. 

(1)  Bureau  des  finances  de  Bordeaux,  rsgistre  C>  folio  107.  Archires  du  ddpar 
tement  d€  hi  GitondCi 


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—  147  — 

d'Angleterre,  he  vit  psls  d'un  mauvais  ceil  Othon  de 
Lomagne  accomplir  ses  devoirs  de  vassal  en  vers  ce  der- 
nier, mais  il  n'en  fut  pas  de  m6me  des  offlciers  de  la  cou- 
ronne.  Ceux-ci  voulurent  d6pouiller  le  seigneur  de 
Fimarcon  de  ses  droits  f6odaux  sur  La  Romieu.  La  cou- 
ronne  de  France  dut  Intervenir  centre  ses  propres  oflB- 
ciers,  et,  le  15  novembre  1278,  une  ordonnance  de  Vil- 
lota*,  s6n6chal  d'Agenais,  «  enjoignait  au  bayle  de  ne 
prendre  que  les  droits  qui  appartenaient  au  roy  et  de  ne 
pas  inqui6ter  Othon  de  Lomagne  dans  la  perception  des 
siens^  »  Parmi  ces  droits  se  trouvait  au  moins  une  par- 
tie  du  droit  de  justice. 

En  1258,  le  seigneur  de  Fimarcon  eut  des  contestations 
au  sujet  de  ce  droit  avec  Etienne,  abb6  de  Saint- Victor 
de  Marseille  *.  Ce  dernier,  pour  se  d61ivrer  de  tout  embar- 
ras,  d6nna,  par  une  charte  dat6e  du  xvi  des  calendes 
d'octobre  1258,  Fentifere  seigneurie  de  La  Romieu  au 
comte  de  Poitiers  et  de  Toulouse,  Alphonse,  frfere  du  roi 
saint  Louis.  Afin  de  mieux  combattre  les  pretentions  de 
soli  rival  dans  le  present  et  dans  Tavenir,  il  stipula  que 
que  les  comtes  de  Toulouse  ne  pourraient  c6der  h  qui  que 
ce  soit  un  droit  quelconque  sur  La  Romieu  ^ 

Cependant,  Tan  1279,  le  comt6  d'Agenais  passait  sous 
la  domination  du  roi  d'Angleterre.  Un  trait6  de  paix 

(1)  Archives  du  d^partement  de  la  Gironde,  liasse  B,  285. 

(2)  Inventaire  des  archives  de  Lagarde,  iett.  35,  Y. 

(3)  Dans  son  article  si  int^ressant  sur  la  charte  de  I^  Romieu  (Reoue  de  Gas- 
cogne,  tome  xvi,  page  201,  mai  1875),  M.  Paul  La  Plagne-Barns  n'a-t-il  pas 
confondu  Othon  11  de  Lomagne-Fimarcon  avec  le  vicomte  de  Lomagne  alors 
regnant  qui  s'appelait  aussi  Oddo,  Eudes.  Odon  ou  Othon  f  Les  vicomtes  de  Lo- 
magne paraissent  ne  s'6tre  r6serv6  aucun  droit  seigneurial  sur  les  terres  et  sei- 
gneuries  du  Fimarcon  qulls  donn^rent  en  apanage,  pas  m^me  le  droit  de  suze- 
rainet^,  puisque  nous  venous  de  voir  Othon  faire  directement  hommage  au  roi 
d'Angleterre.  La  charte  de  1258  estconserv^e  ^la  Biblioth^ue  nationale,  fonds 
latin,  n»  12,772,  page  27. 

(4)  Prsedictam  autem  donationem  facimus  subtalibus  conditionibus,quodvos, 
dictus  comes  et  uxor  vestra  et  successores  vestri,  non  possitis  ea  quse  in  prsB- 
dicta  donatione  continentur,  in  aliamvel  in  alias  personas  translerre,sed  tantum 
illi  qui  pro  tempore  comes  Tolosse  fuerit  prsedicta  donatis  reservetur.  —  (Charte 
de  1258). 


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—  148  — 

conclu  entre  saint  Louis  et  le  roi  Henri  III,  Iel2mail259, 
assurait,  si  la  comtesse  Jeanne  de  Toulouse  mourait  sans 
enfant,  le  comt6  d'Agen  et  le  Condbmois  k  la  couronne 
britannique.  Jeanne  6tait  morte  en  1272,  et  cependant 
cette  clause  n'6tait  pas  encore  ex6cut6e.  Enfin,  en  1279, 
Philippe  le  Hardi,  d6gageant  la  parole  de  son  pfere,  mit 
au  pouvoir  du  roi  d'Angleterre  les  possessions  et  les 
droits  que  lui  assuraient  les  trait6s. 

La  part  de  justice  que  les  rois  de  France,  h^ritiers 
d'Alphonse  de  Toulouse,  avaient  en  La  Romieu  fut  com- 
prise dans  cette  cession,  comme  le  prouve  une  reconnais- 
sance fournie  par  les  consuls  devant  le  s6n6chal  d'Age- 
nais  pour  le  roi  d'Angleterre,  le  15  novembre  1286*. 

Les  pretentions  de  rabb6  de  Saint- Victor,  interpr6tant 
en  1258  le  mot  honor  de  la  charte  de  1082  par  un  domaine 
absolu  avec  tout  droit  de  justice,  paraissaient  justifl6es 
par  les  termes  mfemes  de  cette  premiere  donation  *.  Etait- 
il  survenu  dans  Tintervalle  de  Tune  k  Tautre  d'autres 
actes  souverains  modifiant  T^tat  des  choses?  Nous  n'a- 
vons  pu  le  d6couvrir;  mais  il  est  certain  que  les  consuls 
de  La  Romieu,  le  15  novembre  1286,  reconnaissaient  au 
sire  de  Fimarcon  des  droits  de  seigneurie  dans  leur  ville 
et  ses  d6pendances.  II  a,  disaient-ils,  medietatem  juris- 
dictionis  in  tribus  casibus,  scilicet :  homicidii,  furti  et 
sanguinis  effusionis.  II  est  6galement  certain  que  le  s6n6- 
chal  d' Agenais  pour  le  roi  de  France,  par  son  ordonnance 
du  15  novembre  1278,  reconnaissait  k  Othon  de  Loma- 

(1)  «  Joannes  de  Capet  et  Petrus  de  Tunica  alba,consules  villsB  de  Romevo,pro 
se  et  universiiate  dicti  loci,  recognoscunt  quod  dictus  dominus  rex  habetet  tenet 
in  dicta  villa  de  Romevo  et  pertinentiis  ejus  jurisdictionem  al tarn  et  ba&sam, 
excepto  quod  dominus  Oddo  de  Leomania  habet  ibi  medietatem  psdagii  et 
medietatem  jurtsdictionis  in  tribus  casibus,  scilicet  :  homicidii  furti  et 
sanguinis  qff'usionis.  (Pancharta,  recognitiones  feudorum  et  homagiorum,  etc 
facta  Edoardo  Anglix  regi  tanquam  Aquitanioe  duci. 

(2)  Charte  de  La  Romieu,  traduite  par  M.  L6once  Couture  sur  le  texte  du 
Cartulaire  de  Saint- Victor,  6dit.  Gu6rard,  Reoue  de  Gaacogne,  tomexvi,  pages 
216  et  SUIT. 


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—  149  — 

gne  des  droits  f6odaux  sur  La  Romieu.  Nous  verronsplus 
tard  cette  moiti6  de  la  justice  haute  en  la  mfeine  ville  et 
ses  d^pendances  revendiqu6e  sans  aucune  contestation 
par  Alemanne  de  Cazenove  en  favour  de  Jean  de  Loma- 
gne-Fimarcon,  son  flls  mineur. 

A  la  suite  de  la  cession  dont  nous  venons  de  parlor, 
Edouard  d'Angleterre  se  fit  passer  des  reconnaissances 
f6odales  par  la  plupart  des  seigneurs  et  des  villes  du 
Condomois  et  de  TAgenais.  Othon  de  Lomagne  fut  un 
des  premiers  parmi  les  seigneurs  qui  accordSrent  ces 
reconnaissances.  II  y  dit  tenir  du  roi  d'Angleterre  tout 
ce  qu'il  possMe  dans  le  Fimarcon,  avec  les  fiefs,  arri^re- 
flefs  et  justices. 

Edouard,  qui  jusqu'a  ce  jour  avait  saisi  toutes  les  occa- 
sions de  t6moigner  au  seigneur  de  Fimarcon  son  amiti6, 
voulut  le  combler  de  nouveaux  bienfaits.  Durant  un 
s6jour  qu'il  fit  a  Condom  vers  cette  6poque,  le  roi  d'An- 
gleterre  vint  au  secours  de  son  ami  et  fit  rentrer  dans  le 
devoir  les  vassaux  de  ce  dernier  qui  disputaient  k  leur 
suzerain  son  droit  de  haute  justice  sur  leurs  chateaux*. 
Un  peu  plus  tard,  28  mai  1289,  Edouard  accordait  comme 
nouvelle  favour  au  seigneur  de  Fimarcon  le  droit  def aire 
lachasse  au  sanglier  dans  ses  forfets  royales  de  Gascogne. 

Vers  cette  m6me  6poque,  Othon  donna  la  main  d'Agnfes 
de  Lomagne,  sa  fiUe,  a  Pons,  fils  d'un  seigneur  borde- 
lais  nomm6  Gaucem  de  Castillon.  Dans  le  contrat  de 
mariage,  il  promit  a  la  jeune  princesseune  terre  pouvant 
donner  un  revenu  de  vingt-cinq  livres,  et  les  mandataires 
de  Pons  d6clar6rent  avoir  rcQu  deux  mille  sols  bordelais. 
Or,  cette  dernifere  clause  6tait  Active;  en  1292,  la  dot 
d'Agnfes  n'6tait  pas  encore  pay6e.  EUe  fit  Fobjet  d'une 
transaction  pass6e  le  5  juillet  de  cette  mfeme  ann6e. 
G6raud  d'Escatalens,  constitu6  procureur  d'Othon   de 

(1)  Br^quigny,  tome  xv,  page  89. 


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—  150  — 

Lomftgue  et  de  si^  deux  fik  Bernard  et  G^raud  Trenca- 
16on,  pour  le  r^glement  de  cette  affaire,  mit  en  leur  nom 
8^  signature  au  bas  d'un  acte  pass6  en  pr6sence  de 
M«  Pierre  Gombaud,  notaire.  Othon  II  y  abandonnait  h 
sa  fllle,pourpaiement  de  sa  dot,  tous  les  droits  qu'il  tenait 
d'iVl^Is  de  Blanquefort  sur  le  chateau  de  Tlsle-de-Saint- 
Greorge,  en  M6doc.  Quelle  6tait  cette  Alals  de  Blanque- 
fort ?  Peut-6tre  r6pouse  d'Othon  I**,  dont  nous  avons 
d6clar6  ne  pas  savoir  le  nom.  II  6tait  de  plus  sp6cifl6  dans 
rSfCte  qu'en  cas  de  d6c6s  d'Agn^s  de  Lomagne,  Pons  de 
Castillon  pouvait  jpetenir  sur  la  seigneurie  de  Flsle-de- 
Sa,int-George  les  mille  livres  constitutes  k  son  6pouse; 
si  Pons  mourait  le  premier,  sa  veuve  devait  reprendre 
cettie  somme  sur  la  m6me  seigneurie,  et  si  Agn^s  mou- 
rait sans  enfants  ou  ses  enfants  sans  descendants,  le  tout 
devait  revenir  k  Othon  de  Lomagne.  A  ces  conditions, 
Agnfes  ronon§ait  k  tous  ses  droits  sur  la  succession  de 
son  p6re  et  de  sa  m6re.  EUe  en  donna  quittance,  mais  se 
r6serva  son  oscle  ou  don  de  mariage  montant  a  douze 
mille  sols  bordelais^ 

Peut-6tre  trouverions-nous  dans  ce  que  nous  avons  6crit 
plus  haut  relativement  aux  pretentions  des  vassaux  de 
Fimarcon  centre  les  droits  de  leur  suzerain,  Texplication 
de  la  p^nurie  d'argent,  cause  probable  du  retard  d'Othon 
k  payer  la  dot  de  sa  fiUe.  Ces  flers  ch&telains  ne  s'6taient 
soumis  qu'avec  peine  k  la  sentence  royale  qui  leur  impo- 
sait  la  suzerainet6  de  la  maison  de  Lomagne  ^t  surtout 
ses  droits  de  justice  et  de  redevance  f^odale  sur  leurs 
chateaux;  aussi  ne  tard6rent-ils  pas  k  contester  de 
nouveau  le  tout,  k  s'attribuer  sur  leurs  propres  vassaux 
un  droit  de  justice  qui  appartenait  au  suzerain  et  a  refuser 
les  redevances.  lis  furent  d^ailleurs  encourages  dans  leur 

(1)  Archioes  historiques  du  d^partemcnt  de  la  Gironde,  tome  iv,  pages  39  i 
42.  Archly es  de  M.  le  marquis  de  Verthamon. 


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r^beUio^i  par  les  i^acideate  de  la  guwye  entr©  1*  Fyouo^ 
et  FAngleterre  dont  nous  parleronsplus  loin.  Leseigneuif 
de  ^•'imarcon  eut  une  seconde  fois  recours  au  monarqiA^ 
anglais  son  suzerain,  et,  comme  il  avait  fait  lors  de  son 
s6jour  k  Condom,  Edouardl"  prithautementlesint6r6ts 
de  son  vassal.  Les  archives  du  chateau  de  Lagarde  conser- 
vaient  un  rescrit  dat6  du  2  mars  1303,  dans  lequel  le  vo\ 
d'Angleterre  restituait  k  Othon  de  Lomagne  ses  titres 
et  ses  privileges  sur  les  nobles  du  marquisat  et  leur 
enjoignait  de  ne  reconnaltre  personne  autre  que  lui  pour 
leur  legitime  suzerain. 

L'ann6e  suivante,  avril  1304,  le  roi  d'Angleterre, 
8p6ciflant  dans  un  nouveau  rescrit  le  sens  de  celui  qu'H 
avait  donn6  en  1303,  rendait  au  seigneur  de  Fimarcon, 
dans  toute  T^tendue  de  son  marquisaty  la  justice  sur  les 
gentilshommes  haut  justiciers  et  le  droit  de  ressort  sur 
leurs  justiciables*.  Cela  ne  sufflt  pas  encore,  et  en  1308 
Edouard  II,  qui  venait  d'etre  couronn6  roi  d'Angleterre, 
dut  parfaire  Foeuvre  de  son  pr6d6cesseur.  II  envoya  des 
lettres  patentes  au  s6n6chal  de  Gascogne,  lui  enjoignaixt 
de  mettre  Othon  de  Lomagne  en  possession  de  la  juri- 
diction  et  du  ressort  qu'il  avstit  sur  les  terres  de  Berrac, 
Saint-M6zard  et  autres  lieux,  en  presence  des  seigneurs 
de  ces  terres  et  sans  qu'aucun  acte  d'opposition  fut  permis 
a  cesdemiers*. 

Les  rois  d'Angleterre  avaient  d'ailleurs  tout  int6r6t  k 
favoriser  les  seigneurs  gascons,  parmi  lesquels  les 
Fimarcon  6taient  au  premier  rang,  et  k  se  les  attacher. 
lis  avaient  besoin  de  leur  stide  pour  combattre,  soit 
les  ennemis  du  dehors,  soit  m6me  leurs  propres 
sujets. 

Ainsi,  la  guerre  presque  incessante  que  se  faisaient 

fl)  Archives  du  chateau  de  Lagarde-Fimarcon. 
(2)  Ibidem. 


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—  152  — 

Edouard  P^  et  Philippe-le-Bel  et  qui  avait  pour  th6atre 
la  Guyenne  et  la  Gascogne,  ayant  6clat6  de  nouveau  en 
1294,  Edouard  6crivait  en  ces  termes  aux  gentilshom- 
naes  gascons : 

Vous  avez  appris  et  vous  savez  bien  le  differend  qui  s'est  elevd  entre 
le  roi  de  France  et  Nous,  comme  ce  roi  nous  a  malicieusement  tromp6, 
chass6  de  notre  Gascogne  et  priv6  de  notre  bon  peuple.  C'est  pourquoi 
Nous  vous  requ6rons  aussi  instamment  que  possible  et  Nous  vous 
conjurons  de  Nous  aider  k  reconqu6rir  et  k  d6fendienosterres,  comme 
vous  et  vos  anc6tres  Tavez  fait  de  tout  temps  pour  Nous  et  nos  pr^^ 
cesseups.  Nous  esp^rons  que  vous  et  les  vdtres  vous  conduirez  en  cette 
occasion  de  telle  manifere  que  Nous  et  les  n6tres  vous  devrons  de  la 
reconnaissance,  comme  Nous  vous  en  devons  d6j^  pour  les  services 
que  vous  Nous  avez  rendus  jusqu'^  ce  jour  (1). 

Othon  II  et  les  seigneurs  de  Gascogne  r6pondirent  k 
Fappel  du  roi  d'Angleterre  *;  mais  la  fortune  des  armes 
ne  fut  pas  favorable  h  ce  monarque;  et  les  Fran^ais,  sous 
la  conduite  du  comte  de  Valois,  remportferent  sur  les 
Anglais  plusieurs  avantages.  Cependant  Valois,  rappel6 
dans  le  nord,  dut  y  amener  une  partie  de  son  arm6e, 
Edouard  sentit  alors  se  ranimer  ses  esp6rances.Il6crivit 
une  seconde  fois  aux  seigneurs  gascons,  les  exhortant  a 
lui  demeurer  fiddles  et  a  lui  prater  secours  pour  venger 
rinjure  faite  a  sa  couronne\  II  leur  ordonnait  en  mfeme 
temps  d'ob6ir  au  comte  de  Lancastre  quil  envoy  ait  en 
Aquitaine,  comme  ils  Tauraient  fait  k  lui-mfeme.  Cette 
fois  encore,  les  armes  d'Angleterre  ne  furent  pas  heureu- 
ses,  et  le  comte  Robert  d'Artois  qui  avait  remplac6  le 
comte  de  Valois  a  la  t^te  des  arm6es  frangaises,  remporta 
sur  Lancastre  une  victoire  complete*. 

Quelques  seigneurs  gascons    avaient  abandonn^    le 


(1)  Rymer,  tome  xix,  pars  tertia,  pages  183  et  suivantes. 

(2)  Monlezun,  HUtoire  de  la  Gascogne^  tome  iii,  page  65. 

(3)  Rymer,  pars  tertia,  page  151.  —  Monlezun,  op.  cit.  tome  ui,page  ( 

(4)  Monlezun,  id.,  tome  m,  page  71. 


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—  153  — 

parti  d'Edouard  dfes  les  premiers  6checs,  d'autres  lui 
demeurferent  fiddles  mfeme  aprfes  la  d6faite  du  corate  de 
Lancastre.  Le  seigneur  de  Firaarcon  6tait  au  nombre  de 
ces  derniers,  qui  pay6rent  leur  fld61il6  de  la  perte  de  leurs 
biens. 

Edouard  lui  6crivait  le  3  mai  1297*.  Le  roi  d' Angle- 
terre  avait  appris  tout  ce  que  les  seigneurs  gascons 
avaient  souffert  pour  lui  et  les  en  remerciait  vivement. 
Dans  sa  reconnaissance  il  s'empresserait  de  leur  faire 
passer  tout  ce  qui  serait  en  son  pouvoir  pour  les  indem- 
niser. 

Une  tr^ve  conclue  en  1297  entre  les  deux  couronnes, 
sous  les  auspices  du  pape  Boniface  VIII,  vint  suspendre 
les  hostilit6s  et  la  paix  fut  conclue  en  1298  *.  Ce  que  nous 
avons  dit  touchant  les  rescrits  des  deux  Edouard  en  favour 
d'Othon  tie  Lomagne  et  centre  ses  vassaux  nous  prouve 
que  cette  paix  r6int6gra  les  seigneurs  gascons  dans  la 
possession  de  leurs  domaines. 

Quelques  ann6es  aprfes,  la  guerre  civile  6clatait  en 
Angleterre.  Les  barons,  humili6s  deTempireque  le  gascon 
Gaveston,  favori  du  roi  Edouard  II,  avait  pris  sur  Fesprit 
de  ce  prince,  irrit6s  d'ailleurs  par  les  insolences  de  ce 
ministre,  se  r6volt6rent.  En  presence  de  cette  rebellion, 
Edouard  se  retourna  vers  les  seigneurs  de  Gascogne.  II 
6crivit  a  un  grand  nombre  d'entre  eux,  parmi  lesquels  se 
trouvait  le  seigneur  deFimarcon,  unelettredat6e  d'York, 
le  6  avril  1312 ',  et  dans  laquelle  il  ordonnait  aux  gen- 
tilshommes  ses  correspondants  de  se  tenir  pr6ts  a  mar- 
cher a  sa  defense.  On  ne  leur  en  donna  pas  le  temps. 
Dfes  le  13  juin,  la  t6te  de  Gaveston  *  tombait  sous  la  hache 
du  bourreau. 

(1)  Rymer,  tome  in,  pars  tertia. 

(2)  Monlezun,  tome  ni,  page  74. 

(3)  Monlezun,  tome  iii,  pages  131,132. 

(4)  Monlezun,  tome  m,  page  132. 


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avfvit,  (I6clar61a  guerre  ^  TEcosse  et  paryiftt  k  la^  c<?nqu6-= 
ri^>  m^  elje  ne  tarda,  pas  ^  secouer  son  joug.  Ywwu, 
(i«ypi3-  plustQvirs  comt)ats,  Edouarcl  s'?^iresse  aux  sei-- 
gneurs  gascons  et  r6clame  leurs  6p6es.  II  6crit  en  in,6??^e 
temps  aux  villes  et  aux  pours  du  Bordelais,  d§  VAg^ 
ns^is^  du  Ba^adais  et  des  Ljandes  pour  soUic^ter  4es  subr- 
si^es*, 

Les  cours  se  r^unirent  dans  FAgenai^.  Fleuranc^  oflEriif 
500.  Uvres,  La  Montjoie  100,  La  Romievi  200,  Frances- 
cas  400,  Montreal  300,  les  autres  selon  leurs  moyen^j 
mais  tou^  ces  secours  ne  ramen^rent  pas  la  fortune  $ous 
les,  drapeaux  d'Edouard  et  FEcosse  fut  perdue  pour  lui 
saiji^retour. 

Pour  ne  pas  interrompre  le  cours  de  notre  r6cit,  nous 
avons  dft  passer  sous  silence  un  fait  important  qui 
eut  lieu  en  1297 :  ce  fut  Fannexion  de  la  terre  de  Bla- 
ziert  a  la  seigneurie  de  Fimarcon.  L'histpire  de  cet  6v6- 
nement  va  nous  forcer  k  revenir  sur  nos  pas  pour  en 
presenter  les  causes  au  lecteur. 

Vers  la  fin  du  xii®  sifecle,  Blaziert  fut  donn6  en  apanage 
par  le  vicomte  Othon  de  Lomagne  k  G6raud  Trencal6on, 
le  dernier  de  ses  fils.  Celui-ci  eut  quatre  enfants :  Gaston, 
B6zian  ou  Vezian,  G6raud  et  Escarronne.  Les  trois 
frferes  portferent  ensemble  le  titre  de  seigneur  de  Blaziert, 
et  Gaston,  Fain6,  y  joignit  celui  de  seigneur'  de  Monta- 
gnac  qu'il  partagea  un  pen  plus  tard  avec  son  frSre 
B6zian.  Les  deux  fr^res  donn^rent  ensemble  les  coutumes 
de  Montagnac. 

Mais  il  leur  survint  des  difficult6s  avec  de  puissants 
personngaes.  Gaston  fut  accus6  par  Edouard  P"*,  roi 
d'Angleterre,  de  s'6tre  rendu  coupable  de  mal6fljces  centre 

(1)  Monlezun,  tome  ui,  pages  150  et  152  (notes). 


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li4,  Ke  oftftsfiquence,  \e  monarque  fu^lws  <iwwv0i  ordi;©  ^ 
Foytaner  de  Cazenove,  s^u6chal  de  Gaacogne^  de  le  |air© 
jugej;'  par  ses  pairs. 

En  vertu  de  cet  prdre,  Ama»ieu,  archevfeque  d'Auch, 
Q^rs^ud  de  Monlezun,  6v$que  de  Lectoure,  frfere  Amaud* 
abb6  de  Bouillas,  Gr6raud,  comte  d'Armagnac,  Othoxi, 
seigneur  de  Fimarcon,  et  plusieurs  autres  grands  person- 
nages,  (?onvoq\i68  parFortaner,  se  r6unirent  dans  T^glise 
Sainte-Marie-Madeleine  de  Pradoulin  (Pratolongo),  dans 
la,  juridiction  de  Lectoure. 

Cit6  a  comparaitre  devant  cette  assembl6e,  Gaston 
de  Lomagne  se  reconnut  coupable,  et  le  s6n6chal  du  roi 
d'Angleterre  le  somma  de  Uvrer  k  son  maitre  la  terre  et 
le  chateau  de  Blaziert.  «  Je  tiens  m,a  seigneurie  de  mes- 
sire  Othon  de  Lomagne,  r6pondit  Gaston;  je  ne  suis  done 
justiciable  que  de  lui;  c'est  devant  lui  seul  que  je  dois 
r6pondre  des  faits  qui  me  sont  imputes.  »  L'assewbl6e 
reconnut  et  proclama  les  droits  d'Othon,  et  ce  dernier  se 
levantasontours'exprimaen  ces  termes :  «  Messeigneurs,^ 
on  implore  ici  ma  protection  de  suzerain  et  yous  m,e  reoon- 
nai^sez  le  droit  de  Taccorder;  je  la  donnersti  done;  et  si 
le  sire  s6n6chal  ou  tout  autre  en  son  nom  tente  quelque 
chose  centre  la  personne  ou  les  Wens  de  Gaston  de 
Lomagne,  mon  vassal,  j'en  appelle  au  roi  d'Angleterre, 
n^otre  commun  seigneur,  dont  je  serai  toujours  le  f6al;  et 
si  monseigneur  le  roi  ne  me  protege,  j'en  appelle  k  la 
poiflte  de  mon  6p6e.  » 

Gaston  et  ses  fr^res  pureAt,  en  consequence,  yivre  en 
paix  dans  leurs  domaines  sous  la  protection  de  leur 
suxerain. 

B6zian,  le  puin6,  mourut  k  une  d§tt$  qui  nous  est  incon- 
nu^  et  sa  part  de  seigneurie  en  Blaziert  6chut  k  G6raud 
de  Lomagne,  son  fils.  Ce  dernier  fut  bien  loin,  tout 
d'abord,  de  t6moigner  au  bienfaiteur  de  sa  famille  la 


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—  156  — 

reconnaissance  quil  lui  devait.  En  eflfet,  le  3  mars  1296, 
G6raud  dut  comparaitre  au  Gueysa,  dans  la  juridiction 
de  Gazaupouy ,  devant  son  suzerain  Othon  de  Lomagne : 
il  6tait  accus6  d'exc^s  graves  commis  par  lui  ou  par  ses 
serviteurs  centre  le  seigneur  de  Fimarcon  et  centre  ses 
gens.  G6raud  se  reconnut  coupable  et  mit&  la  disposition 
d^Othon  sa  personne  et  ses  biens. 

En  consequence,  Tann^e  suivante  (octobre  1297),  par 
acte  public  et  solennel,G6raud  se  reconnait  vassal  d'Othon 
de  Lomagne  et  se  met  en  sonentifere  d6pendance.De  plus, 
dans  le  cas  oft  il  mourra  sans  legitime  h6ritier,  il  cMe 
d'une  manifere  absolue  a  Othon  et  h  ses  descendants  la 
seigneurie  et  le  chateau  de  Blaziert  avec  tous  leurs  droits 
et  leur  juridiction.  G6raud  motive  cette  derni^re  partie 
de  son  acte  par  une  reconnaissance  tardive  et  forc6e. 
Othon,  dit-il,  lui  a  g6n6reusement  donn6  des  sommes 
d'argent  considerables,  des  chevaux,  des  palefrois  et 
autres  choses  pr6cieuses;  ilTa  d61ivr6  de  plusieurs  guerres 
avec  ses  voisins,  lui  a  conserve  le  chateau  de  Blaziert, 
a  sauv6  sa  personne,  ses  gens,  ses  biens  :  en  un  mot,  il 
s'estmontre  entoute  occasion  bon  et  bienveillant  pour  lui. 

L'ann6e  suivante,  le  mercredi,  jour  aprfes  Foctave  de 
la  Purification,  Gaston  de  Blaziert,  k  son  tour,  faisait 
entre  les  mains  d'Othon  de  Lomagne  abandon  de  sa  part 
de  la  seigneurie.  G6raud,  frfere  de  Gaston,  devait  fetre  k 
cette  6poque  mort  sans  laisser  de  post6rit6,  car  nous  ne 
le  voyons  ni  par  lui-m6me,  ni  par  ses  enfants  intervenir 
dans  cette  transaction.  Le  roi  Philippe-le-Bel,  parlettres 
patentes  du  mois  de  mars  suivant,  approuva  Taccord 
entre  Othon  de  Lomagne  et  Gaston  de  Blaziert  et  le 
conflrma.  Le  seigneur  de  Blaziert  c6dait  a  celui  de 
Fimarcon  sa  part  de  seigneurie  moyennant  la  somme  de 
mille  livres*. 

(1)  Archives  du  oh&teau  de  Lagarde-Fimarcon. 


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—  157  — 

On  congoit  qu'Othon  II,  devenu  par  ses  acquisitions  et 
par  la  f aveur  du  roid' Angleterre,  un  des  plus  puissants  sei- 
gneurs du  midi,  ait  6t6  souvent  pris  pour  arbitre  ou  pour 
t6moin  par  les  seigneurs  ses  voisins  dans  les  difi6rends 
qui  s'61evaient  entre  eux.  C'est  ainsi  que  nous  le  voyons 
choisi  pour  arbitre  dans  le  d6m616  survenu  entre  Bernard 
d'Astarac,  IV®  du  nom,  Tarchevfeque  d'Auch  Amanieu  II 
d'Armagnac,  les  abb6s  de  Pessan  et  de  Paget  et  le  com- 
mandeur  militaire  de  Foi*.  L'archev6que  et  les  abb6sque 
nous  venons  de  citer  poss6daient  des  biens  nobles  dans 
TAstarac,  et  le  comte  Bernard  voulait  les  emp6cher  d'en 
jouir.  L'archevfeque  surtout  eut  k  se  plaindre  de  ses  vexa- 
tions. II  se  d^fendit  avec  les  armes  spirituelles  et  frappa 
Bernard  des  foudres  eccl6siastiques.  Le  comte  s'en  6mut. 
II  s'empressa  d'accepter  une  transaction  et  les  parties 
s'en  remirent  au  jugementd'Othon  de  Lomagne,  seigneur 
de  Fimarcon,  et  d'Arnaud  Othon  de  Lomagne,  abb6  de 
Condom,  oncle  de  ce  dernier;  mais  Bernard,  se  voyantprfes 
d'6tre  condamn6,  n'accepta  plbs  Tarbitrage  et  continua 
ses  violences.  Lamort  le  surprit  au  milieu  de  ces  d6m616s. 
Son  fils  Centule,  qui  lui  succ6da,  ne  voulut  pas  Timiter 
dans  sa  lutte  centre  TEglise  :  il  reprit  les  n6gociations  et 
accepta  Tautorit^  des  arbitres  qui  d6cid6rent  comme  il 
suit :  «  Les  deux  parties  se  tiendront  mutuellement  quittes 
des  dommages  essuy6s.  L'archevfeque  Ifevera  les  censures. 
Le  commandeur  de  la  Foi  abandonnera  P^darieux  et 
quelques   chateaux  moins  importants  h    Centule  :    en 
6change  il  recevra  le  chateau  de  Samazan  en  toute  jus- 
tice, sous  la  reserve  que  ce  chateau  ne  pourra  jamais  6tre 
distrait  de  TOrdre.  Le  comte  d'Astarac  reconnaitra  tenir 
en  flef  noble  de  Tarchevfeque  tout  ce  quil  poss6de  dans  le 
terroir  des  Affiles,  et,  en  signe  de  vasselage,  lui  et  ses 

(1)  P^re  Anselme,  Les  grandz  qfflciers  de  la  couronne. 


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—  158  — 

succ6sseurs  dohneront  k  chaque  noiivel  archev^que  une 
paire  de  gants  blancs.  Le  comte  rendra  au  clerg6  toutes 
les  dimes  dont  il  s'est  empar6  et  lui  fera  restituer  celles 
qu'ont  saisies  les  seigneurs  de  son  comt6.  Enfln,  pour 
d6dommager  Tarchevfeque  de  tons  les  d6g&ts  support^s 
par  le  chateau  de  Lamagufere,  il  lui  paiera  6,000  sols  tou- 
lousains.  w  Get  accoi'd  fut  pass6  dans  T^glise  de  Gimont, 
le  29  novembre  1291  *. 

L'archev6que  d'Auch,  satisfait  de  la  sentence  des  deux 
arbitres,  leur  con'fia  Fannie  suivante  le  jugement  de  ses 
d6m616s  avec  le  seigneur  de  Pouy-Petit,  Hector  de  Poli- 
gnac.  Lepr61atr6clamait  une  dime  eccl6siastique  qu'Hec- 
tor  prenait,  parce  que,  disait-il,  cette  dime  appartenait  h 
ga  maison  La  dime  6tait  par  sa  nature  m6me  un  bien  de 
TEglise  et  Thistoire  ne  pent  justifler  Tusurpation  qu'eii 
faisaient  les  seigneurs.  Cependant,  ne  pouvait-il  pas  y 
avoir  quelquefois  k  Torigine  cession  de  la  part  des  auto- 
rit6s  eccl6siastiques  pour  recompense  d'un  service  rendu, 
cession  de  telle  nature  qu'elle  constituait  un  contrat 
irr6ductible  sans  le  consentement  des  deux  parties  ?  II 
semblerait  qu'il  en  fOt  ainsi  dans  le  cas  qui  nous  occupe. 
II  ne  parait  pas,  en  effet,  que  rabb6  de  Condom,  oncle 
du  seigneur  de  Fimarcon  et  pris  avec  lui  pour  arbitre, 
ait  jamais  failli  aux  saints  devoirs  que  lui  imposait  son 
caractfere  de  pr6tre  et  de  religieux,  et  pourtant,  d'accqrd 
avec  Othon  de  Lomagne,  il  donna,  dans  cette  circons- 
tance,  droit  a  Hector  de  Polignac  centre  Tarchevfeque 
d'Auch.  II  existait  d'ailleurs  dans  le  m6me  sens  deux 
sentences  arbitrales  port6es  Tune  en  1095,  et  Tautre  en 
1192  V 

Quelques  ann6e8  plus  tard,  1299,  nos  deux  arbitres 

(1)  Monlezun,  tome  in,  pages  31  et  32. 

(2)  Archiyes  de  la  maison  de  Polignac  de  Pouy-Petit.  ~  Bulletin  du  Co- 
mity d'hiatoire  et  d'arcMologie  de  la  prooince  d^Auch,  tome  iv,  5*  liy.  25  juin 
1863. 


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^  169  ~ 

s'interposaient  entre  Centule  d'Astarac  etson  fils  Bernard 
et  emp6chaient  une  guerre  parricide  qui  allait  6clater 
entre  ces  deux  princes.  Centule  avait  mari6  son  fils  avec 
Marthe,  flUe  ain6e  de  Roger,  comte*de  Foix,  et  lui  avait 
abandonn6  son  comt6,  ne  se  r^servant  que  Miramont, 
Lab6jan,  Saint-Jean  et  Castillon,  avec  20,000  livres  tour- 
nois  de  rente  (dimanche  avant  la  Toussaint  1295);  mais 
il  ne  tarda  pas  h  se  repentir  d'avoir  renonc6  k  TAstarac : 
sa  tendresse,  disait-il,  Tavait  6gar6.  Pensant  ne  pouvoir 
obtenir  de  son  fils  la  r6trocession  du  comt6,  il  voulut  le 
recouvrer  les  armes  k  la  main.  Othon  II  et  rabb6  son 
oncle,  appuy6s  par  plusieurs  gentilshommes  de  Gascogne, 
arrdtferent  d6s  le  commencement  cette  lutte centre  nature. 
Sur  leur  d6ci8ion,  Bernard  dut  ajouter  aux  terres  d6jJL 
pos86d6es  par  Centule  les  chateaux  de  Castelnau-Barba- 
rens,  de  Durban^  de  Pavie  et  unenouvelle  rente  de  2,000 
livres  petit  tournois.  Ainsi  fut-il  conclu  le  12  aoftt  1292 
au  chateau  de  Castelnau-Barbarens. 

Othon  II  de  Lomagne  mourut  dans  Tannic  1317.  Son 
fils  ain6,GuillaumeAstanove,  dut  le  pr6c6der  autombeau, 
mais  il  Istissstit  encore  quatre  fils :  Bernard  Trencal6on, 
qui  lui  succ6da;  Bertrand,  qui  fut  chanoine  d'Auch  et  de 
Chartres;  Guillaume  Trencal6on  et  G6raud  Trencal6on, 
que  des  actes  de  1328  nous  montrent  en  cette  ann6e  baron 
de  Montcrabeau  et  coseigneur  de  Calignac.  II  laissait  de 
plus  une  fiUe,  Agnfes  de  Lomagne,  dont  nous  avons  dit 
plus  haut  le  mariage  avec  Pons  de  Castillon  avec  les  diffl- 
cult6s  qui  le  suivirent. 

(A  suivre.)  UAbb6  MAUOtJlfi, 

Cur6  de  Caussens. 


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,  —  160  — 

LE  TESTAMENT  DU  CARDINAL  JEAN  DE  LA  TRfiNOILLE 

•  ARCHBVliQUE  D'aUCH 


Ce  document  vient  d'etre  public  dans  un  magnifique  recueil  intitule 
Les  La  Tr^moille pendant  cinq  sidcles  (Nantes,  Emile  Grimaud,  1892, 
in-4<».  Tome  second,  1431-1525,  p.  153-155).  J'en  extrais  les  princi- 
paux  passages  : 

Ou  nom  du  P6re  et  du  Filz  et  du  benoist  Sainct-Esperit. 

S'ensuyt  le  testament  et  derniere  volonte  de  tr6s  reverend  p^reen  Dieu 
mens'  Jean,  cardinal  de  la  Tr6moille,  par  permission  divine,  arcevesque 
d'Aux  et  evesque  de  Poictiers,  faict  par  le  diet  tr^  r6verend  malade  en  son 
lict,  et  ce  quant  an  corps,  mais  sain  de  son  entendemont,  le  seizi^me  jour 
de  juign,  mil  cinq  cens  et  sept,  en  la  ville  de  Millan,  en  la  maison  de 
honneste  femme,  dame  Darie  de  Pusterre,  vefve  de  feu  noble  homme 
Bourgonce  Botte,  en  laquelle  maison  estoit  log6  le  dit  seigneur,  en  la  forme 
qui  s'ensuit. 

Et  premi6rement,  le  diet  tr6s  reverend,  cognoissant  qu'il  n'est  rien  si 
certain  que  la  mort,  ne  si  incertain  que  Theure,  voulant  vivre  et  mourir 
en  la  foi  de  saincte  Eglise,  et  comme  bon  et  vray  catholicque,  pr6allable- 
ment«  a  donn6  son  d.me  a  Dieu,  son  cr^ateur,  et  icelle  recommandto  k  la 
glorieuse  Vierge  Marie  et  k  tous  les  saincts  et  sainctes  de  Paradis. 

Segondement,  ledict  trte  reverend  testateur  a  donn6  son  corps  k  la  terre 
et  volu  estre  inhum6  et  sepulture  en  I'dglise  des  fr^res  Mineurs  de  Sainct- 
Frangois,  pr6s  le  castel  dudict  Millan,  devant  Tautel  de  la  chappelle  que 
on  dit  de  Saint-Bernardin,  ou  quel  lieu  ledit  testateur  avoit  acoustumS  de 
ouyr  messe. 

Item,  le  diet  tr6s  reverend  a  ordonn6  que  le  service  et  solenmit6  de  sa 
sepulture  et  f  un^railles  soient  faitz  k  la  discretion  de  ses  ex^cuteurs,  cy 
apr^  nomm^s  (1)^  et  de  deux  de  mess"  ses  fr6res,  auxquels  a  donnd  la 
superintendence  de  son  diet  testament  (2). 

Item,  le  diet  testateur  a  voulu  et  ordonn6  en  g^n^ral  et  particulier  toutes 
ses  doibtes  et  forfaictz  estre  pr6allablement  payez  et  devant  toutes  autres 
chouses. 

Item,  a  voulu  et  ordonn^  estre  distribu^  par  mani^re  de  don  et  bienlaict 

(1)  «  Maistre  Adam  Le  Comte,  prebtre,  chappelain  et  aulmosnier  dudict  tr^ 
reverend,  et  Hugues  Le  Masie,  vicomte  de  Mortain,  serviteurs  domesticques 
dudict  seigneur.  » 

(2)  <(Tr^  haulx  et  tr^  puissans  seigneurs,  monseigneur  Loys  de  la  Tr^oille, 
et  mens'  Jacques  de  la  Tr^moille,  seigneur  de  Bommiers.  » 


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—  161  — 

ktoxxB  ses  serviteurs,  domestiques,  oultre  lean  gaiges  ordinaiies  et  anltres 
doibtes  si  aucunes  lenr  sont  deuz,  k  nnq  chacun  de  iceulx,  depuis  le 
moindre  jnsqaes  au  plus  grant,  soient  prebtres,  benefici^  ou  non,  gentilz- 
hommes  et  autres  serviteurs,  de  qnelque  condition  qu*ilz  soient,  certaine 
quantity  et  portion  des  Mens  que  Dieu  luy  a  donn^,  et  ce  apr^  son  trespass 
k  la  discretion  et  conscience  de  ses  ex6cuteurs. . . 

[Parmi  les  t^moins,  on  remarque]  R6verend  p6re  en  Dieu,  mens'  Claude 
de  Tonnerre,  evesque  de  S6es,  nepveu  dudict  tr^  reverend  testateur  et 
Messire  Bartholomy  de  Gavaston,  chanoine  de  T^ise  mMropolitaine 
d'Aux.  (Chartrier  de  Thouars). 

M.  le  due  de  La  Trtmoille  rappelle,  dans  une  notice  sur  le  cardinal 

Jean  de  La  Tr^moille;  que  c'6tait  le  second  fils  de  Louis  I  et  de 

Marguerite  d'Amboise,  qu'il  fut  d'abord  protonolaire  du  Saint-Sifege^ 

qu'il  devint   archevftque  d'Auch  en  1490  malgr6  son'jeune  Age  et 

6v6que  de  Poitiers  en  1505,  qu'il  fut  nommi  cardinal  par  Jules  II  le 

4  Janvier  1546,  qu'il  possMa  une  foule  de  b6n^fices,  parmi  lesquels  je 

citerai  la  moiti6  des  revenus  de  r^vfechi  d'Agen  (2,500  livres)  pendant 

deux  anndes  avant  d'etre  pourvu  de  rarchev6ch6  d*Auch  (1).  Le  noble 

et  savant  dditeur  rappelle  encore  (p.  xiv)  qu'en  1514,  Louis  II  de 

La  Tremoille^  fr^  du  pr^lat;  ^tait  en  proc^  au  sujet  des  biens  de 

rarcbev6ch6  d'Auch,  centre  «  trte  r6v6rend  p6re  en  Dieu  messire 

FranQois  de  Clermont,  archevesque  d'Aulx,  »  successeur  du  cardinal 

Jean. 

Ph.  TAMIZEY  de  LARROQUE. 


DOCUMENTS    INEDITS 

Une  lettre  d'Henri  IV 

J'ai  acquis  r6cemment  dans  une  vente  une  lettre  de 
Henry  IV  que  je  crois  in^dite  et  qui  m'aparu  assez  int6- 
ressante  pour  6tre  pr6sent6e  aux  lecteurs  de  la  Reoue  de 
Gascogne. 

Le  sieur  de  Maravat  dont  il  y  est  parl6  est  Jean  III  de 

(1)  Ces  Dombreux  Wn^fices  (plus  d'une  douzadne  de  grasses  abbayes,  dont 
line  de  3,000  livres,  une  autre  de  2,000,  une  troisi^me  de  1,500,  une  quatri^me 
de  1,200,  une  cinqui^me  de  800,  etc.,  eta)  permirent  au  cardinal  d'avoir  dans  ses 
Juries  jusqu'^  cinquante  cheyauz  (documents  du  Chartrier  de  Thouars).  Ces 
50  cheyaux  nous  m^nent  bien  loin  de  I'&ne  de  N.  S.  J.  C. 

Tome  XXXV.  11 


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—  162  — 

Lupp6,  seigneur  de   Maravat,  capitaine  de  50  hommes 
d'armes,  puis  mar6chal  de  camp  et  d6put6  de  la  noblesse 
;  d'Armagnac  et  Tlsle-Jourdain  aux  Etats  de  1614. 

j  Le  marquis  de  LUPPfi. 

Mons''  de  Savaillan,  j'ay  pourveu  le  s""  de  Maravat  des  gouveme- 
ment  (1)  et  capitainerie  que  le  feu  cap'*^  La  Taulfere  tenoit,  men  ayant 
donn^  le  pr&ent  advis  et  le[s]  mayant  demandez.  Mon  iiiteD[ti]oo  et 
resolu[ti]on  est  quil  en  jouisse,  car  je  nay  acoustum^  de  remarquer  ce 
que  j'ay  ordonn^.  Sil  survient  quelque  oca[sijon  an  quoy  je  vous  puisse 
gratiffier  je  le  feray  tres  volontiers,  ainsi  que  mes  esforts  le  vous  feront 
paroistre.  Cependant  je  vous  prie  de  lenir  la  main  a  lexecu[ti]on  de 
mes  mandem.  et  ordonnan.  en  estant  asseur^  tousiours  de  ma  bonne 
volont^.  Surce  jeprierayle  Maistre  (sic)  vo[us]  tenir,Mons^  de  Savail- 
lan, en  sa  saincte  et  digne  garde.  A  la  Rochelle,  le  xxv°>«  octobre  1586. 

Vtre  byen  afectioni  amy,  HENRY. 

Ne  varietur, 

Rahastens,  com*^  (t) 


BIBLIOGRAPHIE 


La  Petite  Eguse,  essai  historique  sur  le  schisme  anticonoordataire, 
avec  cartes  et  portraits,  par  le  R.  P.  J.  Emm.  B.  Drochon,  des  Angus- 
tins  de  TAssomption.  Paris,  maison  de  la  Bonne  Presse,  1894.  Petit 
in-8'  dexv-416  p.  Prix  :  3  fr. 

Ce  livre,  fort  int^ressant  et  fort  bien  fait,  vise,  sans  pr6tendre  la 
combler,  une  lacune  grave  de  noire  histoire  religieuse  conlemporaine. 
II  s'agit  du  schisme  produit  par  les  opposants  au  concordat  de  1801, 
schisme  aujourd'hui  bien  aflEaibli,  mais  qui  subsisle  pen  ou  prou  en 
Belgique  et  dans  quelques  d^partements  de  Touest  et  du  sud-est  de  la 
France  (2).  Ses  adherents  ont  port6  diflE^rents  noms  suivant  les  pays. 
En  Gascogne,  d'ou  ils  ont  disparu  depuis  une  quarantaine  d'annfes, 

(1)  Ce  gouvernement  doit  6tre  celui  du  Fezensaguet  et  de  Mauvesin. 

(2)  Parmi  leslivres^consulter  sur  le  schisme  anticoncordataire,  je  signalerai  le 
joman  historique  de  M.  Gilbert  Aug.-Thierry,  le  Capitaine  Sans-fagon  (Paris, 
Arm.  Colin,  1890),  dont  le  livre  in  (p.  131-214)  a  pour  titre :  la  Petite  Egliae,  et 
dont  les  «  annexes  documentaires  »  renferment  des  extraits  de  correspondances 
officielles  sur  le  m^me  sujet.  II  est  bien  entendu  que  je  ne  garantis  en  aucune 
ia^n  les  parties  personnelles  du  r^it,  ni  les  appr^iations  de  M.  Thierry. 


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—  163  — 

on  les  d&ignait  sous  celui  dHllumin^s.  Le  travail  du  R.  P.  Drochon 
est  une  oeuvre  de  recherche  historique  trfes  attentive  et  de  zfele  aussi 
charitable  qu'6clair6  :  il  secondera  une  r^nte  lettre  de  Lton  XIII 
adresste  k  T^v^que  de  Poitiers  dans  Tint^rfet  de  ces  pauvres  6gar68% 
Dans  une  premiferepartie  (1801-1814),  d'un  int6r6t  g6n6ral  et  d'autani 
plus  vif  que  I'auteur  a  utilise  beaucoup  de  pieces  incites,  on  saisit 
Torigine  du  schisme,  les  causes  de  Topposition  au  concordat  et  les 
men^  des  chefs  du  parti  jusqu'k  la  Restauration,  qui  amena  la  r^n- 
ciliation  avec  le  Saint-Sifege  de  presque  tous  les  6vfeques  anticoncor- 
dataires  encore  vivants.  La  seconde  poursuit  les  vicissitudes  du  schisme 
jusqu'a  nos  jours;  elle  est  encore  plus  vivante  que  la  premiere,  mais 
par  malheur,  elle  n'est  complete  que  pour  le  Poitou.  La  troisiime 
comprend  des  biographies  d6tach6es  et  un  Voyage  d  iravers  les  dio- 
ceses. II  y  a  1^  trois  pages  bien  curieuses  sur  celui  d^Agen,  ou  subsiste 
encore  un  reste  d'illuminisme,  et  une  seule  page  sur  celui  d'Auch, 
page  insuffisante  de  I'aveu  de  Tauteur,  qui  n'a  mftme  pas  signal^ 
Torigine  dela dissidence  dans  Topposiliondu dernier  6v6que  de  Lombez, 
retir6  k  Londres.  Ne  lui  adressons  pas  pour  cela  un  reproche  qui  retom- 
berait  sur  nous  :  car  il  a  fait  de  son  mieux  pour  obtenirles  renseigne- 
mentsquilui  manquaient.  II  y  a  lieu  d'esp^rer  que  les  souvenirs  encore 
vivants  du  schisme  anticoncordataire  dans  Tancien  diocfese  de  Lombez 
seront  bientbt  recueillis  par  un  de  nos  collaborateurs.  Mais  le  livre  du 
P.  Drochon  n'en  i^stera  pas  moins  une  source  abondante  et  sure  pour 
rensemble  de  cette  histoire. 

Annuaire  du  PETTT-SiMiNAiRE  DE  SxiNT-Pi:.  20«  ann6e,  1894.  Bagndres, 
P^d.  In-18  de  150  p.  (1  fr.  50;  abonnement  pour  cinq  ans,  7  fr.) 

L'abondance  des  travaux  de  la  Reoue  m'oblige  k  la  concision,  mais 
je  dois  declarer  que  cet  Annuaire  n'a  jamais  6ii  ni  plus  ni  mieux 
rempli  que  cette  ann^.  L'indication  presque  s6ohe  des  parties  qui  nous 
touchent  suffira,  du  reste,  k  le  d^montrer.  —  Dans  tout  ce  qui  tient  k 
la  vie  des  deux  institutions  de  Saint-P6  etd'Argelfes,  je  me  contentede 
signaler  une  representation  en  anglais,  au  Petit-S6minaire,  de  la 
commie  Old  Poz  de  miss  Edgeworth.  —  Dans  la  nfcrologie,  une 
notice  ^tendue  et  fort  attachante  sur  rabb6  Michel  Fontan,  curd  de 
Saint-Jean  de  Tarbes^  et  d'int^ressants  details  sur  Julien  Mariote, 
«  inventeur  du  fusil  k  aiguille  »,  mort  k  Pau  le  17  juin  1892  k  I'&ge 
de  69  ans.  —  Comme  contribution  au  folk-lore  regional,  il  y  a  d'abord 
quatre  formules  de  prifere  en  gascon  bigorrais  (p.  32-33),  dont  trois 


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-  164  — 

sont  rim4es.  La  seconde  €  en  entrant  au  cimetifere  »  ne  m'a  rien 
rappeli  de  connu;  les  autres  ont  qa.  et  \k  des  Univalents  plus  ou 
moins  rapprocMs ;  toutes  sont  bonnes  k  noter.  Je  recommande  au 
mfeme  titre  la  notice  sur  «  la  chasse  au  Mousqui  »  (le  Mousqu*  est 
un  poste  de  chasse  appartenant  ^12  propri^taires,  dont  le  Petit- 
Siminaire  de  Saint- P6);  il  y  a  li  une  synonymic  importante  pour  les 
esptees  de  pigeons  dits  rouquets  (notre  d'Astros  dit  arrouquets]  ou 
couloumsy  paloiitnes,  etc.  —  Les  linguistes  seront  heureux  de  trouver 
plus  bas  la  suite  de  V Etude  sur  la  langue  bigorraise,  qui  constituera 
toute  une  grammaire  de  ce  patois  ;  on  nous  donnecette  annte  les  deux 
chapitres  de  Tadjectif  et  du  pronom ;  il  faut  louer  le  soin  de  la  reaction 
et  se  ttliciter  que  Tabsence  des  vrais  principes  phon^tiques  ne  se  fasse , 
presque  plus  sentir  (1).  —  Comme  histoire,  le  grand  morceau  porle  le 
titre :  •  Benac  et  son  prieur6  dependant  de  Saint-Pi  (p.  313-404).  > 
L'auteur,  M.  Tabbi  Cazauran,  y  donne,  d'aprte  plusieurs  sources 
et  surtout  d'aprfes  les  archives  du  s6minaire  d'Auch,  des  details  sur 
rillustre  fiamille  Montaut-Binac,  sur  la  fondation  de  la  ville  de  Lanne 
en  Benaquoia  (1377),  sur  le  fief  de  Saint-Sivi6,  etc.  On  ne  lira  pas 
avec  moins  d'int^t  de  longs  details  moins  graves  sur  le  mobilier  du 
chateau  baronal  d'aprfes  un  inventaire  de  1654.  —  Les  Documents 
historiques  (p.  405-455)  ont  6t6  foumis,  conmie  par  le  passi,  par  deux 
pal6ographes  consomm&,  M.  Vabhi  L.  Gu^rard  et  M.  Gaston  Balencie. 
L'apport  du  premier  consiste  en  deux  bulles  pontificales  (Clement  V  et 
Jean  XXII)  touchant  Tabbi  de  Saint-P6,  et  un  mandement  du  roi 
Philippe  VI  (1332)  concernant  les  dettes  contractus  par  Tabbaye.  M. 
Balencie  n*a  fourni  que  deux  pieces ;  mais  la  premiere  a  beaucoup 
d'itendue  (le  parchemin,  ddposd  aux  archives  de  Saint-P6,  est  compost 
de  quatre  peaux),  et  non  moins  d'int^r^t,  soit  historique,  soit  philolo- 
gique,  i  cause  des  parties  6crites  en  gascon;  c'est  la  confirmation 
(21  juillet  1452)  par  Tabb^  de  Larreule,  d6ldgu6  du  Pape,  d'une  tran- 
saction passfe  le  21  juillet  1450  entreTabb^  etles  religieuxde  Saint-P6, 
d'une  part,  et  la  ville,  de  Tautre  (p.  452-454).  On  voit  que  VAnnuaire 
continue  k  rendre  de  vrais  services  k  Thistoire  r^gionale  :  souhaitons- 
iui  done  une  fois  de  plus  vie  et  succ^s  ad  multos  annos  ! 

0  L.  G. 

(1)  Je  signalerai  Temploi  du  mot  atone  k  contresens  On  lit,  par  exemple 
(p.  476):  «  Lorsque  Tadj.  est  termini  au  masc.  par  un  e  ferm^,  cet  e  ferm^  devient 
atone  au  f^m. :  aymabl4,  m.;  aymable-a-o,  f .  »  Dans  aymable,  soit  masc.  soit 
f^m.,  la  Toyelle  a  m^diane  est  seule  tonique,  les  autres  sont  atones ^  m^me  !*« 


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SOIREES  ARCHfiOLOGIQUES 

AUX   ARCHIVES   D^PARTEMENTALES 


I 

Sdanoe  du  8  Janvier  1894 


Pr^sidence  de  M.  de  CARSALAt>B  DU  PONT 


Presents :  MM.  Arr^s-Lapoque,  Aurbilhan,  Balas  pfere,  Louis 
Balas,  Biard,  le  Bret,  Cabrol,  Calcat,  Chavet,  Cocharaux, 
Daudoux,  Bellas,  Despaux,  Diziain,  Journet,  Laborie,  A.Lacomme, 
Joseph  Lacomme,  Lacoste,  Lapeyri^re,  Albert  Lozes,  Monlaur, 
Quenioux,  Samalens,  Sansot  et  Tierny,  secretaire. 

La  s^nce  est  ouverte  k  8  heures  li2  aux  Archives  dipartementales. 

Un  moraliste  gasoon  :  Le  Pdre  Ambroise  de  Lombez 
M.  Le  Bret  fait,  sous  ce  titre,  une  communication  fort  intAressante 
et  fort  goutte  sur  la  vie,  le  caractfere  et  les  oeuvres  de  ce  pieux  terivain. 
Malheureusement  T^tendue  de  cette  belle  6tude  litt^raire  et  morale 
ne  permet  pas  de  Tinsirer  dans  la  Reoue  de  Gascogne. 

Le  donjon  de  Bassoues 

M.  de  Carsalade  fait  la  communication  suivante  : 

Le  donjon  de  Bassoues  est  un  des  plus  beaux  types  de  Farchitecture 
mililaii*e  du  xiv«  sifecle  dans  lesud-ouest.  On  en  jugera  par  la  gravure 
que  nous  donnons.  II  est  rare,  eneffet,  detrouver  des  monuments  de 
cette  importance  et  de  cette  6poque  daus  un  6lat  de  conservation  aussi 
complet.  Le  temps  et  les  hommes  les  ont  g^n^ralement  ddtruits  ou 
d^figurfe.  A  Bassoues,  pas  une  bi'tehe,  pas  unepierre  dispinte  n'ac- 
cusent  les  ravages  du  temps;  c'est  k  peine  si  les  gran4es  salles  vides 
et  les  tourelles  d6coiflf6es  de  leurs  chaperons  indiquent  que  I'arche- 
v6que  d'Auch  n'habite  plus  le  donjon  et  que  ses  archers  et  ses 
hommes  d'armes  ny  font  plus  la  ronde.  On  dirait,  k  le  voir  ainsi, 
dans  sa  robe  de  pierre  quasi-neuve,  que  celui  qui  Ta  b&ti  vivait  encore 


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—  167  — 

il  y  a  cent  ans,  et  pourtant  il  y  a  plus  de  cinq  siteles  que  son  corps 
repose  sous  les  dalles  de  T^glise  de  la  Chartreuse  de  ViUeneuve-lfes- 
Avignon. 

Arnaud  Aubert,  archev6que  d'Auch,  fut  le  constructeur  du  chAteau 
de  Bassoues.  Ce  fait  nous  est  riviU  par  la  notice  que  consacre  k  ce 
pr^lat  le  cartulaire  noir  du  chapitre  m^tropolitain^  notice  prSoieuse  qui 
assigne  un  hgt  certain  au  donjon;  nous  la  citons  en  entier. 

«  Amaldus  Alberti,  nepos  domini  Innocentii  pape  VI,  oriundus 
9  loco  de  Montibus,  prope  Pompederium,  Lemovicensis  diocesis,  fuit 

*  primo  episcopus  Agatensis,  deinde  Carcassonensis,  posteafuit  trans- 
9  latus  ad  ecclesiam  Auxitanam,  videlicet  die  xvi  Januarii,  anno  a 
9  NativitaleDominimillesimoccc*Lv«,etfuit  camerarius domini  Pape, 
»  et  incepit  rehedificare  ecclesiam  metropolitanam  Auxitanam  et  fundavit 

*  in  eadem  decern  prebendarids...  Item,  hedificavitcastnim  de  Bassoa 

*  cum  magna  turri,  et  fecit  claudere  totum  locum.Qui  obiit  xi*  die  junii, 
9  anno  m°  ccc°  lxxi°,  in  loco  deBorbonio  Avinionensis  diocesis,  et  est 

*  sepultus  in  domo  Carlusiensium  in  Villanova,  ejusdem  diocesis;  et 
9  fecit  ecclesie  Auxitane  multa  bona.  Ejus  anima  requiescat  in  pace. 
9  Amen.  » 

M.  A.  Lavergne  a  sommairement  dterit  le  donjon  de  Bassoues  dans 
son  Compte  rendu  de  V excursion  de  la  Soci^U  franQaise  d'archdolo^ 
gie  dans  le  Gere,  en  1883.  II  a  cependant  omis  de  signaler  une  clef  de 
voute  de  la  premiere  salle  du  donjon,  d'un  trfes  beau  travail  et  d'un 
grand  intirftt  iconographique.  Cette  clef  de  voute,  dont  nous  donnerons 
le  dessin,  represenle  un  6v6que,  qui  nous  paralt  ^tre  Arnaud  Aubert  lui- 
m^me.  II  semble,  en  effet,  assez  naturel  que  Tartiste  ait  voulu  fixer 
sur  la  pierre,  dans  la  salle  principale  du  donjon,  les  traits  du  maltre  du 
chateau.  Cette  clef  de  voute  est  d'ailleurs  la  seule  qui  soit  sculptfe. 
Faute  de  terme  de  comparaison  il  est  difficile  de  juger  de  la  ressem- 
blance  du  portrait,  mais  tout  au  moins  faut-il  croire  que  I'ext^rieur, 
Vhabitus  de  T^v^que  a  6tA  fidelement  copi^  par  Tartiste. 

Les  Jacobins  k  Auoh  (1). 

Communication  de  M.  Delias. 

Les  Frferes  de  Tordre  de  Saint-Dominique  s'^tablirent  k  Auch,  dans 
le  pajrsan  du  Prieur6,  vers  Tannic  1390.  Jean  III,  comte  d'Armagnac, 

(1)  AbW  Monlezun,  Histoire  de  la  Gascogne,  tome  iv,  p.  27.  Manuscrits 
d'A%nan,  preuoea,  pieces  justiflcatives,  pages  1,419,  1,420,  1,423,  1,428.  Dom 
Brugfeles,  Chroniques,  page  372, 


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—  168  — 

leUr  donna  un  petit  enclos  qu'il  avait  acquis  d'unefamille  de  Lapujade, 
k  Touest  de  la  rue  du  Prieur6.  Get  enclos  6tait  limits  k  Test  par  cette 
mtoe  rue,  et  au  nord,  par  la  place  de  Saint-Orens.  On  voit  encore, 
s'ouvrant  sur  I'escalier  des  Grazes,  une  porte  ogivale,  k  large  baie,  qui 
donnait  entree  au  nouveau  convent.  La  maison,  rue  de  TEcole,  n®  1, 
insulfisante  pour  conteuir  une  communaut^,  fut  vendue  en  1409,  k  la 
famille  de  Labarthe  du  Golom6  qui  la  conserva  jusqu'en  1782. 

Les  Dominicains  ou  Jacobins  se  fix^rent,  alors,  k  c6t/i  du  monastfere 
de  Saint-Orens  dans  la  rue  qui  a  conserve  le  nom  de  Jacobins.  Leur 
ancienne  6glise,  d^dide  k  saint  Laurent,  etait  situee  hors  la  cit6.  De 
cette  ancienne  6glise,  il  ue  subsiste  que  deux  voutes  au  nord  et  une 
chapelle  au  sud;  ce  sont  des  constructions  de  la  fin  du  xiv«  sitele  (1). 
La  fagade  et  la  nef  principale  furent  refaites  vers  la  seconde  moiti^  du 
xvn«  sifecle,  par  les  soins  et  sur  les  dessins  d'un  frfere  de  ce  convent, 
le  Pfere  Podensan. 

En  1790,  au  moment  de  la  mainmise  par  la  Nadon  sur  le  couvent 
des  Jacobins,  les  omements  et  les  vases  sacr&  6taient  tellement 
modestes  que  Tinventaire  n'en  fait  pas  mention.  La  biblioth^que 
renfermait  environ  400  volumes. 

La  petite  communaut6  se  composait  de  quatre  pr^tres  et  un  fr^re, 
savoir : 

Des  pferes,  Jean  Punero,  prieur  (45  ans);  Louis  Bertrand,  religieux, 
(71  ans);  Jean  Gast6ra,  religieux,  (41  ans);  Jean  Beylin,  religieux, 
129  ans)  et  le  frfere  Gayet,  professeur,  (56  ans).  Les  revenus  du  couvent 
s'ilevaient  k  1,632  livres  (2). 

En  f6vrier  1792,  le  service  militaire  prit  possession  du  couvent  des 

Jacobins.  /tU^^ta^^c^ 

D'aprte  un  6tat  du  Conoiotoire  du  25  octobre  1793,  k  cette  epoque 
r^lise  6tait  occup6e  par  des  ouvriers  armuriers. 

Le  couvent  servait  d'6curie  pour  les  chevaux  du  gouvemement. 

L'iglise  fut  rendue  au  culte  aprfes  le  9  thermidor  an  n  (27  juillet 
(1794),  en  vertu  d'un  arr^t6  du  pr6fet  du  d^partement  du  Gers,  en 
date  du  27  mars  1795,  qui  la  mit  en  possession,  sur  leur  demande,  des 
citoyens  Marignan,  Noel,  Chassard,  Debats,  Fins,  Abadie,  Paget, 
Larivifere-Gourg,  pour  y  exercer  leur  culte,  k  charge  par  eux  des  repa- 
rations, de  Tentretien  de  Teglise  et  du  loyer  k  payer  au  service  des 
Domaines. 


(1)  p.  Lafforgue,  Hist,  de  la  oille  d'Auch,  tome  2,  p.  222. 

(2)  Journal  YAppel  au  Peuple  n"  23,  du  27  juin  1882  et  Arch.  d^p.  G,  240. 


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ARNAUD    AUBERT 

AROHKvtQUB  d'auch,  1356-1371 
0>APldbS  UNB  CLBP  DS  VOUTS  DU  DONJON  DB  BASSOUES  (lUdaoUon^a  qntrt)  , 

Ses  Armw,  d'aprts  une  pienre  sculpt^e  du  m^me  doiyon     ^OOglC 


I 


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—  169  — 

Gette  affectation  ne  fut  pas  maintenue  et  les  immeubles  dependant 
du  oouvent  des  Jacobins  fui^nt  vendus  par  voie administrative  en  trois 
lots,  savoir : 

l**  Un  premier  lot,  le  13  pluvidse  'an  ix  (2  f^vrier  1801) :  adjudica- 
tion devant  le  prdfet  du  Gers,  1**  de  I'^glise  des  ci-devant  Jacobins, 
comprenant  le  clocher,  les  chapelles,  la  sacristie  et  tons  les  vieux  bdti- 
ments,  en  faveur  d'Antoine  Oustalot,  menuisier  k  Auch,  moyennant 
32,100  francs  en  bons  deux  tiers,  exjgibles  en  18  mois; 

29  Un  autre  lot,  comprenant  la  porte  d'entr^e,  Tancien  parloir,  le 
r^fectoire,  la  cave^  Ffcurie,  les  chambres  au-dessus  et  la  partie  de 
jardin  correspondante,  en  faveur  de  Bernard  Dupetit,  menuisier  k 
Auch,  moyennant  32,100  fr.,en  bons  deux  tiers,  exigibles  en  18  mois; 

3**  Un  troisi^me  lot,  comprenant  partie  de  maison  et  terrasse  au 
nord,  en  faveur  de  Jean -Leonard  Dupetit  k  Auch,  moyennant  35,000 
francs,  en  bons  deux  tiers,  exigibles  en  18  mois. 

Les  anciennes  Ursulines  expuls^es  des  convents  en  1792  se  recons- 
tituferent  en  congregation  et  s*6tablirent  vers  1820  k  Tancien  convent 
des  Jacobins. 

EUes  6taient  au  nombre  de  22  lorsqu'elles  s'install^rent  le  jour  de  la 
Toussaint  de  Tannee  1821  dans  la  partie  non  d^truite  du  monast^ 
du  Prieur6. 

L'abb^  Fenasse  avait  6chang6  celte  partie  du  Prieur6  centre  les  bftti- 
ments  des  Jacobins  qui  devinrent  en  1822,1a  propri6t6  de  M.  Ducuron, 
pr^tre.  Ce  dernier  parait  avoir  fond6  les  Missionnaires,  qu'il  dota. 

L'^tablissement  actuel  des  Jacobins,  par  suite  d*acquisitions  succes- 
sives  au  nom  des  Missionnaires,  appartient  k  la  caisse  dioc6saine  des 
relraites  pour  les  pr^tres  infirmes  du  d^partement. 

L'^lise  des  Jacobins  d'Auch,  devenu  bien  national,  servit  de  lieu  de 
reunion  aux  promoteurs  du  mouvementr^volutionnaire.  lis  avaient,  en 
cela,  imit6  les  Jacobins  dont  le  club,  qui  avail  pour  chef  effectif  Robes- 
pierre, fut  preside,  dans  Tancien  convent  des  Dominicains  de  la  rue 
Saint- Jacques,  par  le  Conventionnel  du  Gers  Maribon-Montaut. 

Les  Jacobins  d'Auch,  d6sign6s  sous  ce  litre  dfes  1792  dans  deux 
documents  officiels(l),  s'organisferent  en  soci6t6  en  1793  :  La  SocUi6 
des  amis  de  la  LiherU  ei  de  VEgaliU, 

lis  redigferent  un  r^glement  (2)  en  t^te  duquel  se  lit  leur  programme : 

(1)  Reoue  de  Gascogne,  tome  34,  ann^e  1893,  p.  181.  Soirees  archdologiques 
du  Gers,  1893,  p.  17. 

(2)  Rdglemcnt  de  la  SocUU  des  Amis  de  la  LiberU  et  de  VEgaliU  sdanie  d 
Auch.  —  A  Auch,  che;5  le  citoyen  J.  P.  Duprat,  imprimeur  r^publicain  1793. 
In.l8, 12  pages,  r  r  v 


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—  170  — 

«  Inspirer  Thoneur  de  la  tyrannie  et  Tamour  de  la  libertS;maintemr 
»  rindivisibiliti  de  la  Ripublique  et  la  haine  du  despotisme;  d^jouer 
»  les  cabales  des  factieux  et  seconder  les  efforts  des  amis  de  Tordre; 
»  instruire  le  peuple  sur  ses  devoirs,  sur  Tob^issance  aux  lois  et  aux 
9  autorit^s  constitutes;  le  pr^munir  contre  les  manoBuvres  des  agita- 
»  teurs;  tels  sont  ceux  des  Amis  de  la  Libert^  et  de  rEgalili,  stente  k 
»  Auch;  et  c'est  sur  ces  bases  qu'elle  a  fond6  le  r^lement  suivant :  > 
suit  le  r^lement  en  neuf  articles. 

La  Soci4t^  des  Amis  de  la  Libert^  et  de  TEgalit^  eut  pour  chefs 
Lantrac,  Delisle  et  Constantin;  une  chanson,  c6l6bre  k  Auch,  les  dte 
comme  «  trois  meneurs  des  Jacobins.  » 

EUe  si^gea  sous  le  r^me  de  la  Terreur  prindpalement  au  th^fttre 
d'Auch  et  fut  pr6sid6e  et  dirig6e  par  le  repr6senlant  du  peuple 
Dartigoeyte  (1). 

A  Toccasion  de  Tattentat  contre  ce  dernier,  le  17  germinal  an  2 
(6  avril  1794),  elle  demanda  et  obtint  la  commission  extra<Mrdinairede 
Bayonne;  elle  p^mit  ainsi  k  son  president  Dartigoeyte,  d'organiser 
dans  Auch  f  une  boucherie  de  chair  humaine  en  permettant  qu'une 
»  commission  militaire  condamn^t,  dans  Tespaoe  de  48  heures,  neu£ 
>  citoyens  k  la  peine  de  mort;  elle  lui  permit  enfin,  de  faire  livrer  k 
»  Texdcuteur  le  citoyen  Delong,de  Marciac,sans  jugement  prtelable.  » 
(S&mce  de  la  Convention  Nationale  du  13  prairial  an  iii  (l*""  iuinl795). 
Moniieur  du  17  prairial  an  ni  (5  juin  1795),  pages  1,037,  1,038, 
d6nonciation  de  P6rez,  d6put6  du  Gers  et  rapport.) 

Les  Jacobins  doivent  done  6tre  confondus  k  Auch  avec  la  Soci6t6  des 
Amis  de  la  Libert^  et  de  TEgalit^,  plus  connue  sous  le  nom  de  SocUii 
populaire  et  qui  prit  le  4  aout  1793,  sur  la  proposition  de  Lantrac,  le 
nom  de  Soci6i6  moniagnarde  ainsi  qu'on  Pa  dit  d^j^  (2). 

M  AmWte  Tarbouriech  (3)  cite  cependant  deux  adresses  des... 
Iructidor  an  ii  (aout  1794)  et...  vend^miaire  an  in  (octobre  1794)  dans 
lesquelles  la  Soci6t6  a  conserve  son  nom  de  €  Soci6t6  des  Amis  de  la 
Liberte  et  de  TEgalitfi.  » 

C'est  Element  sous  ce  titre  qu'elle  est  citte  dans  le  Moniieur  du 
20  germinal  an  ii  (9  avril  1794)  (4). 

Cette  socidt6  fut  dissoute  le  27  Janvier  1795  par  le  reprfcentant  du 
peuple  Bouillerot. 

(1)  Reoue  de  Gascogne,  ann4e  1863,  page  502.  —  A.  Tarbouriech,  Bibliogra- 
phie  politiquQ  du  Gers,  p.  47.  —  Fabry,  Les  Missionnaires  de  93,  page  84. 

(2)  Reoue  de  Gascogne.  Soirees  arch^ologiques,  1893,  p.  140. 
(8)  Blbliographie  politique  du  Gere,  p.  47. 

(4)  Fabry.  Les  Missionnaires  de  93,  p.  155. 


^ 


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—  171  — 


Une  cBuvre  de  OervaU  Drou^t  k  retrourer 

M.  de  Carsalade  fait  la  communication  suivante  : 

Le  groupe  des  quatre  ^vangSlistes  et  les  quatre  statues  de  prophitds 
qui  omaient  autrefois  le  jub^  de  la  cath^rale  d'Auch,  et  que  Ton  a 
plac6eSy  depuis  la  demolition  du  juM^  au-dessus  de  Tautel  du  grand 
chcaur  des  chanoines,  ne  sont  pas  les  seules  oeuvres  dont  grand 
artiste  sculpteur  ait  enrichi  la  ville  d'Auch.  Un  acte  retenu  le  12 
septembre  1671^  par  M.  Dupuy,  notaire  k  Auch,  nous  apprend  qu'il 
sculpta  encore,  pour  la  chapelle  des  Jacobins,  une  statue  de  Notre-Dame 
du  Rosaire.  €  Ledit  image  de  la  Sainte-Vierge  representee  assise  sur 
»  une  croupe  de  nuages,  tenant  I'image  du  petit  J^sus  entre  ses  bras, 
»  en  action  de  presenter  un  chapelet  au  peuple.  » 

Cette  statue  avait  ete  commandee  k  Drouet  par  messire  Guillaume 
de  Lalo,  juge-criminel  au  senechal  d'Auch;  la  mort  dece magistral 
survenue  peu  aprte  fut  cause  que  la  statue  resta  entre  les  mains  de 
Drouet,  qui  ne  crut  mieux  faire  que  de  Toflfrir  k  la  chapelle  des  Jaco- 
bins d'Auch. Un  contrat  intervint  entre  Vartiste  et  les  religieux;  ceux-ci 
s'engagferent,  en  retour  de  cette  donation,  k  dire  quatre  messes  par  an 
k  rintention  du  donateur,  sa  vie  durant,  et  une  messe  de  Requiem 
aprte  sa  mori.  A  noter  encore  ces  deux  clauses  du  contrat :  «  1°  Et 
»  parce  que  ledit  image  a  este  mis  en  plusieurs  pi^es  pour  le  porter 
»  plus  commodement  en  ceste  ville,  de  celle  de  Tholose  ou  il  a  este 
>  travailie,  ledit  Drouet  promet  de  rejoindre  lesdites  pi^s  et  les  mettre 
»  ensemble,  comme  ledit  image  doit  estre  sur  place,  dans  deux  mois 
»  prochains.  —  2°  Veut  aussi  ledit  Drouet  que  les  armes  de  Lalo  qui 
»  sont  sculptees  en  bas-relief  au  pied  dudit  image  y  demeurent.  » 

Quel  fut  le  sort  pendant  la  tourmente  revolutionnaire  de  <  Timage  » 
sculptee  par  Gervais  Drouet  t  Cetait  un  marbre :  elle  n'a  done  pu  etre 
bruiee;  elle  a  disparu  de  reglise  des  Jacobins  sans  que  nul  ait  pu  nous 
dire  ce  qu'elle  est  devenue. 

Stathm^tique.  —  Folds  insorits  de  Condom 

M.  Calcat  donne  lecture  de  la  communication  suivante  envoyee  par 
M.'  Daignestous,  de  Gondrin : 

M.  Barry  avait  en  1858  fait  appel  aux  archeologues  pour  obtenir 
d'eux  des  renseignements  sur  les  poids  de  chaque  contree.  Voici  un 
extrait  de  sa  brochure:  <  Dans  le  Bordelais,  leQuercy,  leRouergue,  la 


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—  172  — 

»  Gasoogne,  le  B&rn  et  le  Haut-Languedoc,  les  poids  affectent  la 

>  forme  de  disques  r^uliers  plus  ou  moins  6pais;  ils  portent  k  Tavers 

>  les  armoiries  de  la  ville  adossies  au  revers  k  eelles  du  seigneur  f^oda 
»  dont  la  ville  relevait,  6v6que,  abW,  comte,  roi,  et  entourfes  d'une 

>  l^ende  latine  ou  romane  qui  contient  la  d^ignation  de  leur  calibre 
»  (livra,  libra;  meia  liura;  cartarOj  carto;  coarto;  mieg  cartaro; 
»  oma;  mieia  onaa),  le  nom  de  la  ville  et  la  date  de  leur  Amission.  » 

En  1884,  le  regrett^  et  savant  numismate,  M.  Taillebois,  a  fait  de 
nombreuses  recherches  et  public  une  grande  quantity  de  poids.  II  a 
dterit  ceux  de  Lectoure,  Fleurance,  d'Auch  et  de  Condom. 

Depuis  cette  6poque  M.  Blanchet,  dans  son  Manuel  du  numisma- 
iique  du  Moyen-Age^  1890,  a  donni  la  description  d'un  grand  nombre 
de  ces  petits  monuments. 

Les  poids  de  Condom  ne  sont  pas  in^dits.  M.  Tailleboisa  signali 
les  series  de  1,334, 1,368  et  1,373,  qui  «  semblent,  dit-il,  indiquer  le 
systfeme  de  Bordeaux,  c*est-ir-dire  la  livre  de  490  grammes.  » 

Voici  ceux  de  ma  collection : 

1 hi.  CARTARO.  DE.  CONDOM,  deux  cl6s  adosstes. 

+  ANNO.  DOMINI ,porte  de  ville  flanqu^e  de  deux  tours 

cr6nel6es.  —  Cartaron  ou  quart  de  livre  —  poids  106 
grammes  —  mauvaise  conservation. 
2 h  MEIG :  CARTARO  :  DE  :  LIVRA,  deux  cl&  adossfes. 

Revers:  +  ANNO:  DOMINI ,  porte   de    ville  bien 

conserve  —  demi-quart  de  livre,  poids  74  gram. :  50.  Si 

c'^tait  un  demi-quart  de  la  livre  de  Bordeaux  (490  gr.),  il 

ne  devrait  peser  que  61  gr.  25. 
3 h  ONSA :  DE  :  LIVRA,  porte  de  ville. 

Revers:  -[•    DE  :  CONDOM,  deux  cles  adosstes —  once, 

poids  29  gr.  50. 
4 h  MEIA :  ONSA  :  DE  :  LIVRA,  m^me  type. 

Revers:   +  DE :  CONDOM,  mtoe  type  —  demi-once  de 

livre,  poids  15  gr.  trfes  bien  conserve. 

Comme  complement  de  cc  travail,  dit  M.  Calcat,  il  est  int^ressant 
de  donner  la  description  du  poids  de  la  m^me  ville  qu'a  prdsenti 
M.  Tabb^  de  Carsalade  dans  une  de  nos  derni^res  stances.  II  appar- 
tient,  ce  me  semble,i  une  s^rie  in^dite.  Son  poids  estde  254  grammes; 
(l^^re  usure). 

D'un  c6t6on  lit  +  MEIA  DE  LIVRA  CONDOM  —  au  centre  deux 
clefs  adosstes. 

Dc  Tautre  +  ANNO  DOMINI  MCCC  XVIII,  la  partie  m6diane 
de  cette  derniere  16gende  presque  eflEacfe. 


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—  173  — 

Dans  le  champ.  Ce  ne  serait  pas  une  porte  de  ville,  croyons-nous, 
mais  bien  un  pont  k  trois  arches  £[anqu6  aux  extr^mites  d'une  tour 
cr6nel6e.  Ces  arches  sont  d'in^ale  hauteur  et  grandeur;celle  du  milieu 
est  la  plus  haute  et  la  troisi^me  k  gauche  est  la  plus  large. 

La  partiedu  pont  libre  entre  les  deux  tours  est  surmontde  d'un 
parapet.  A  premiere  vue  il  semblait  que  le  pont  lui-mtoe  6tait  crineW. 
II  n'en  est  rien,  c*est  un  parapet  form6  de  piliers  qu'une  voute  k  plein 
cintre  r^unit. 

Sur  le  sceau  auxarmes  de  Condom,  plus  recent,  reproduit  ci-apr6s, 
onretrouvelepontfortifi6quif]guredans  le  poids  que  je  viensde  d^rire. 


La  Soci6t6  fixe  au  12  f^vrier  la  date  de  sa  prochaine  reunion. 


NOTES  DIVERSES 


CGCXV.  Cours  de  litt^rature  ^trangrdre  &  llnstitut  oatholique  de  Toulouse 

Professeur  :  M.  L6once  Couture.  —  Mansoniy  poHe  et  tfUoricien  drama- 
tique;  le  romantisme  au  thddtre.  —  F6vrier-mars,  le  mardi  k  quatre 
heares  et  demie. 

Dans  les  conferences  de  Tan  dernier,  la  monographic  de  Manzoni  consi- 
d6r6  comme  le  moteur  principal  de  la  Renaissance  litt6raire  de  Tltalie  an 
dix-neuvidme  siMe  est  loin  d'avoir  6t6  achev6e.  Aprds  Thomme  et  le 


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—  174  — 

Chretien,  le  po^te  lyriqne  seal  a  pu  ^tre  ^tadi^.  Restent  le  po^  dTamatlqae. 
le  romancier,  I'apologiste,  le  critique  lltt^raire.  Les  conferences  de  cette 
ann6e  se  bemeront  k  «  Manzoni  po^te  et  th^oricien  dramatique.  » 

Cette  6tude  s'oavrira  naturellement  par  le  tableau  du  th^tre  serieux  en 
Italic  et  en  France  au  d6but  de  ce  si^le.  Suivra  I'analyse  des  deux  trage- 
dies de  Manzoni,  Adelghis  et  le  comte  de  Carmaynole^  oil  le  professeur 
essaierade  montrer  la  part  de  Tinnovation  et  celle  de  la  tradition  dans  la 
composition  et  dans  le  style,  et  surtout  de  faire  ressortir  les  sentiments 
humains,  patriotiques  et  religieux  qui  sent,  ici  encore,  la  yraie  marque  et 
le  triomphe  du  po^te  milanais. 

Avec  encore  plusde  soin  et  d'insistance,  il  analysera  et  discutera  la  lettre 
de  Manzoni  k  Chaiivet  sur  les  uniUSy  qui  constitue  un  des  manifestes  les 
plus  ceiebres  du  romantisme  dramatique  et  qui,  d'elle-mSme,  se  rapproche 
^*un  autre  manifeste  plus  bruyant,  la  pr6face  de  Cromwell. 

Comme  conclusion,  le  professeur  t&chera  de  d6mMer,  en  les  s^parant 
des  elements  faux  et  caducs,  les  conquetes  legitimes  et  durables  de  cette 
revolution  dramatique  qui  promettait  tant  et  qui  est  si  loin  d'avoir  tenu 
ses  promesses. 


QUESTIONS  ET  RfiPONSES 

44.  Sur  un  quatrain  ImproTise  par  Jeanne  d*Albret 

R^pONSB.  Voyex  la  Question,  t.  xii,  1871,  p.  190. 

A  ma  question  sur  ce  quatrain,  posee  depuis  si  longtemps,  notre  compa- 
triote  M.  de  Ruble  repond  aussi  bien  qu'il  avait  repondu.  Tan  dernier,  k 
ma  question  sur  Anne  de  Cambefort  et  le  roi  de  Navarre,  Voici  ce  que  je 
lis  dans  un  remarquable  recneil  intitule :  Mdmoires  et  poSsies  de  Jeanne 
cPAlbret  publics  par  le  baron  de  Ruble  (Paris,  1893,  grand  in-S",  p.  139- 
141): 

«  Le  21  mai  1566,  Jeanne  d'Albret  visita  Timprimerie  de  Henri  Estienne. 
Le  grand  artiste  re^ut  comme  elle  le  meritait  sa  noble  visiteuse  et,  pendant 
qu'elle  oonsiderait  curieusement  le  fonctionnement  des  presses,  lui  proposa 
de  composer  sous  ses  yeux  une  piece  k  son  choiz.  Au8sit6t  la  reine  de 
Navarre  improvisa  le  quatrain  suivant : 

Art  singulier,  d'ioj  tax  dernlen  ans 
Representex  tux  enfans  de  ma  raoe 
Que  j'aj  sm-vy  des  oraignana  Dien  la  trace, 
Afln  qa'ilf  soyent  lea  mesmea  pas  sniTantx. 

a  Pendant  que  les  ouvriers  alignaient  les  lettres  et  les  mots,  Henri 
Estienneecrivait  le  sonnet  suivant  que  Ton  composa^  la  suite  du  quatrain. .. » 


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—  175  — 

[Je  ne  reproduls  pas  le  sonnet,  d'abord  parce  qu'il  n'est  pas  merveilleax, 
ensuito  parce  qu'il  tiendrait  trep  de.  place  dans  un  recueil  ou  la  place 
manque  de  plus  en  plus^tant  les  exoellents  coUaborateurs  abondent,surtout 
les  coUaborateurs  auscitains  groupesautour  du  moins endormi  des  chanol- 
nes,  enfln  parce  que  je  voudrais  qu'on  le  cherchAt  dans  I'^l^gant  volume  oil 
M.  de  Ruble  a  rSuni  tant  de  curieux  documents  et  de  curleuses  notes.] 

«  Les  deux  petits  po^mes,  qui  f urent  le  r^sultat  de  cette  joute  liit^raire, 
furent  imprim^  en  placards  et  probablement  distribu^s  aux  seigneurs  de 
la  suite  de  la  princesse.  Ces  placards  sont  fort  rares.  Nous  n*en  avons  vu 
qu'un  exemplaire,  actuellement  conserve  dans  un  recueil  factice  de  la 
collection  Dupuy  (vol.  843,  f .  143).  Le  Laboureur  les  a  reproduits,  sans  en 
indiquer  la  provenance,  dans  les  Mdmoires  de  Castelnau,  1731, 1. 1,  p.  858. 

»  De  nos  jours  un  [ici  une  6pith^te  que  je  supprime  parce  qu'elle  n'est 
pas  m^rit^e  et  que  je  supplie  M.  de  Ruble  de  garder  pour  lui,  car  il  la 
m6rite,  lui.  autant  que  qui  que  ce  soit]  critique,  M.  T.  de  L.,  a  pos6  la 
question  de  Tauthenticit^  de  ces  vers  (Reoue  de  Gascogne,  avril  1871,  p. 
190).  Nous  lui  signalons  le  placard  de  Henri  Estienne  comme  un  certiflcat 
d'authenticit6  indiscutable.  » 

Sans  doute,  r6pondrai-je  k  mon  aimable  confrere,  les  vers  de  Jeann^ 
d'Albret  et  de  Henri  Estienne  ont  6t6  incontestablement  imprimis  en  mai 
1566  et  sont  parlaitementauthentiques.  Mais  n*avaient-ils  pas  6t&  lesuns  et 
les  autres  pr6par6s  un  peu  k  I'avance  et,  en  ce  cas,  ne  suis-je  pas  autoris6 
il  garder  mon  doute  en  ce  qui  regarde  V improvisation  f  Jeme  persuade  que 
tout  6tait  concerts,  au  point  de  vue  po^tique^  entre  la  future  visiteuse  de 
Tatelier  du  grand  imprimeur  et  ce  grand  imprimeur  lui-mtoe,comme  tout 
est  concerts,  au  point  de  vue  oratoire,  entre  Tacad^micien  qui  va  6tre  regu 
et  Facad^micien  qui  va  le  recevoir.  T.  de  L. 


291.  Oombien  rapportait  P^vdch^  de  Ck>ndom? 
IUponsbs.  Voir  la  Question  au  nnmdro  pr6o6d6nt,  page  114. 

II  existe  dans  les  archives  de  M.  H.  de  Moncade^  au  chateau  de  Malliac, 
pr^  Condom,  un  manuscrit  intitule  «  Pouill^  g^n6ral  des  B^n^fices  da 
dioc6ze  de  Ck)ndom  ».  Ce  Pouill6  n'est  pas  dat6.  Mais  T^criture  etquelques 
details  d'orthographe  nous  paraissent  le  faire  remonter  a  la  premiere  moiti6 
du  xvin*  si^cle. 

En  regard  de  chaque  b^n^fice^  sur  trois  colonnes  distinctes,  sont  raen- 
tionn^ :  1*  le  revenu  de  ce  b^n^flce;  2*  les  charges  ou  impositions  dont  ce 
revenu  est  affect6;  3*  la  proportion  du  revenu  aux  impositions. 

Voici  maintenant  les  donn6es  de  ce  Pouill6  sur  les  revenus  de  I'EvAch^ 
de  Condom  : 

Revenu  Impositions 

Ey6ch6  62,000  livres  8,509 1.  16  s.  II  d.  PrAs  du  7- 

On  remarquera  la  difference  entre  les  40,000  1.  du  temps  deBossuet  vers 
1670 et  les  62,000  I.  du  xviii*  si6cle.  Cette  difference  s'explique,  non  pas 
par  Taugmentation  des  biens  de  I'^veche,  mais  uniquement  par  la  variation 
du  pouvoir  de  Targent  et  Tabondance  du  numeraire  plus  grande  au  xvm' 
si^cle  qu'au  xvd*. 


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-   176  — 

II  faut  aussi  se  souvenir  que  le  dioc^  de  Condom  s'^tendait  principa- 
lement  en  deux  des  plus  fertiles  plaines  de  France,  les  plaines  de  la 
Garonne  et  de  son  affluent  la  Balse.  C'est  ce  qui  fait  comprendre  que  la 
dime  ^piscopale,  source  principale  de  cerevenu,produi8lt  un  total  si  elev6, 

A.  BREUILS. 

—  Le  directeur  de  la  Reoue  a  dit  admirablement  que  I'doaluation  des 
revenus  eccUsiastiques  sous  I'ancien  regime  est  particulidment  ddlicate  d 
cause  du  nombre  et  de  la  tiarUU  des  charges  qui  pesaient  sur  les  dicers 
h^nifices',  sans  compter  que  ces  charges  ont  pu  ne  pas  ^tre  les  memos  k 
toutes  les  6poques.  Je  ne  puis  done  fournir  des  6claircissement8  Men  precis. 

Lorsque  Marre  voulut  faire  reb&tir  son  ^lise  cath6drale,  il  offrit  d'y 
consacrer  la  3*  partie  des  revenus  de  son  6v^hS  et  il  fit  homologuer  sa 
promesse  par  le  Parlement  de  Bordeaux  Dans  la  requite  qu'il  adressa  k 
ce  sujet  au  Parlement,  laquelle  a  6t^  public  par  la  Recue  de  Gascogne 
(tome  xni,  p.  293),  Jean  Marre  nous  dit  «  qu'il  a  compt6  la  recepte  de  son 
dit  evesch^  montant  par  chascun  an  k  la  somme  de  six  mille  licres  tour^ 
nois.  »  (II  ne  parle  pas  des  charges). 

Je  donnerai  moi-mSme  le  texte  de  cette  requete  dans  mon  ^tude  sur 
Saint-Pierre,  d'od  j'extrais  aujourd'hui  ma  note  au  sujet  de  ce  revenu  de 
six  mille  licres  tournois, 

«  Par  une  progression  croissante  r^ultant  de  la  d^pr^iation  de  Targent 
et  peut-^tre  aussi  de  la  plus-value  des  dimes,  ce  revenu  de  r6vech6  de 
Condom,  qui  6tait  de  6,000  livres  tournois  d'apr^  Marre,  en  1507,  se  trou- 
vait  Mre  en  1598  de  8,707  ^us  petits,  9  sous,  9  deniers  et  502  sacs  avoine 
(Larcher,  archives  com.  de  Condom).  II  ^tait  6valu6  un  pen  plus  tard(1612) 
par  les  consuls  de  Condom  k  45,000  livres,  mais  il  est  Evident  qu*ils  exag6- 
raient  (cette  Evaluation  se  trouve  dans  leur  mSmoire  de  procedure  centre 
Mgr  Duchemin).  11  Etait  ports  k  34,254  fr.,  505  sacs  avoine,  6  sacs  et  18 
oartaux  de  bl6,  256  paires  de  chapons,  10  paires  de  perdrix,  28  paires  de 
palombes  et  une  douzaine  de  serviettes,  dans  un  6tat  dresse  en  1658  (archives 
communales);  il  s'Elevait  k  70,000  fr.  suivant  un  tableau  manuscrit  des 
dioceses  du  rojaume  au  dernier  siScle  etatteignait  d'apr^s  Testimation  Ute 
par  Larcber  en  1774  (Archives  communales)  le  chiflre  enorme  de  134,(XX) 
livres.  Ce  chiffre  devait  Etre  encore  plus  61ev6  en  1790.  » 

J'ajoute :  Naturellement  les  charges,  qui  6taient  assez  considerables,  n'^ 
talent  pas  deduites  de  ces  Evaluations . 

Entre  autres  charges,  TEvEque  de  Condom  payait  en  1646  pour  les  «  d6ci- 
mes  tant  ordinaires  qu'extraordinaires  »  la  somme  de  3,664  francs  6  sous, 
4  deniers  (savoir  2,658  fr.  3  sous,  10  deniers  pour  «  Tancien  despartement  » 
et  1,006  fr.  2  sous,  6  deniers  pour  Textraordinaire)  plus  4,000  livres  pour 
le  tiers  du  don  fait  k  Sa  MajestE. 

Ces  mEmes  charges  paraissent  exister  en  1680  (Arch.  cons.).  L'Ev^ue 
en  avait  d'ailleurs  d'autres.  II  payait  en  1650  715  livres  pour  les  prEdica- 
teurs  et  pour  certains  curEs  n'ayant  pas  «  la  congrue  »  (Manuscrit  Larcher, 
Archives  dEpartemontales).  Les  communaut6s  religieuses  recevaient  6gale- 
ment  des  secours  annuels.  En  1648,  les  C^pucins  de  (Ik>ndom  recevaient 
36  1.;  pareille  somme  Etait  donnEe  aux  trois  autres  convents  d'hommes  de 
Condom.  (Compte  du  revenu  de  TEvtehE  de  Condom  en  1648.  Archives 
oommonales.)  J.  GARD^IRE. 


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CHATEAUX  DES  GOMTES  D'ARMA&NiC 

DANS  QUBLQITBS  VIIXBS  DB  lAUR  GOBCnfe 


On  a  lu  ici  m6me  avec  le  plus  vif  mt6r6t  une  longue 
lettre  deB.de  GrossoUes  au  c616bre  comte  Bernard  VII, 
en  1402*.  Une  des  notes  dont  le  savant  6diteur,  M.  E. 
Cabi6,  a  enrichi  cette  publication  concerne  Fantique 
chateau  comtal  de  Vic.  Un  suppl6ment  d'informations 
sur  ce  cMteau  sera  peut-6tre  bien  accueilli.  Du  mfeme 
coup,  nous  dirons  quelques  mots  de  certains  autres  cha- 
teaux peu  connus,  ou  m6me  inconnus  tout  k  fait,  que  les 
comtes  d'Armagnac  pos86daient  dans  les  lieux  de  Jegun, 
Ordan,  Eauze,  Nogaro,  Estang,  Riscle  et  Castelnau- 
d'Auzan. 

I.  Chateau  comtal  de  Vic-Fezensac.  —  L'existence 
de  ce  cMteau  au  moyen  ftge  6tait  d6j^  connue.  On  apprend 
par  le  texte  de  M.  Cabi6  qu'il  poss6dait  des  tours  et  que 
Tune  d'elles  6tait,  en  1402,  toute  neuve  et  m6me  inache- 
v6e.  EUe  s'61evait  k  c6t6  d'autres  tours  plus  anciennes  et 
d6j^  mena§ant  ruine  et  remplagait  sans  doute  une  tour 
ant6rieure,  que  son  6tat  de  v6tust6  avait  fait  disparaitre. 
Ainsi,  d6s  1402,  des  travaux  de  restauration  avaient  en 
partie  remis  sur  pied  le  vieux  ch^eau  de  Vic^  Nous  ne 
tarderonspasSi  voir  que,  peu  d'ann6es  apr^s,  ces  travaux, 
continues  avec  soin,  Tavaient  k  peu  pr6s  enti6rement 
renouvel6. 

II  occupait  au  midi  de  la  ville  et  k  3  ou  400  metres  des 

(1)  Voir  le  n*  de  septembre-octobre  1893,  page  434. 

Tome  XXXV.  —  Avril  1894.  12 


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—  178  — 

foss6s  et  remparts  remplacement  m6me  de  la  caserne 
actuelle  de  gendarmerie,  sur  la  route  de  Bassoues.  Un 
modeste  ruisseau,  dit  de  la  Hoan-Grossey  coulait  tout 
auprfes,  et  divers  petits  chemins  ou  carrerotz  y  condui- 
saient.  Le  lieu  d'ailleurs  6tait  plein  d'ombre  et  de  frd- 
cheur.  Entour6  de  nombreux  jardins  qui  appartenaient  k 
divers  habitants  de  la  ville,  il  se  cachait  dans  les  arbres 
au  pied  des  hauteurs  que  couroilnaient  le  convent  et  la 
tour  des  Cordeliers.  Des  vignes,  des  champs,  des  prairies 
Fencadraient  de  tons  c6t6s.  Et  la  porte  de  la  ville  qui 
en  6tait  la  plus  voisine  avait  pris  de  ce  chef  le  nom  de 
Porte  du  Chateau^, 

Le  textedu  11  f6vrier  1482,  que  nous  venons  de  citer 
en  note,  en  nous  parlant  du  Castet  Nau  de  Vic,  nous 
r6v61e  que  le  vieux  castel  avait  6t6  restaur^  assez  bien  et 
reprenaitalorsun  air  dejeunesse.Mais  de  ces  reparations 
pjus  ou  moins  importantesle  temps  eut  aussi  raison.  Vers 
le  milieu  du  xvii®  si^cle  la  tour  s'efEondra,  et,  nulle  main 
ne  Tayant  relev6e,  bientdt  les  mines  s'accumul6rent. 
Battues  des  vents  et  des  pluies,  les  pier  res  pen  k  peu 
s'eflEritaient  et  allaient  joncher  le  sol  environnant. 

Quand,  en  1760,  les  Capucins  voulurent  b&tir  k  Vic  un 
de  leurs  convents,  il  s'adressferent  k  Tlntendant  et  lui 
demandferent  de  leur  c6der,  pour  les  constructions  qu'ils 
projetaient,  toutes  les  pierres  du  vieux  chateau  qui 
seraient  jug6es  propres  k  ce  but.  Voici  le  portrait  qu'ils 

(1)  Nous  analysons  ici  siinplemeut  les  actes  in^dits  des  notaires  ancieus  de 
Vic  auxquels  nous  avons  emprunt^  les  traits  de  notre  description.  16  octobre 
1669,  vente  d'une  pi^ce  de  terre  sise  dans  la  juridiction  de  Vic,  appelee  au 
Camp  deu  Castet,  confrontant  avec  chemin  public,  les  fosses  de  ladite  ville,  et 
ruisseau  dit  de  la  Houn-Grosse  (Laffargue,  notaire,  chez  M«  Dupuy,  notaire  k 
Vic). —  26  dccembre  1483,  Fortaner  de  Cassagne,  marchand  de  Vic,  reoonnail 
tenir  en  fief  de  Bertrand  de  Rouede,  marchand  de  Vic,  scilicet  quoddam  suum 
caaale  scitum  intus  oillam  Vice  et  prope  portam  castri  confr.  cum  casali  G€tr^ 
sia  do  Mollendino  ex  una,  cum  casali  Garsia  de  Soto  cos  alia,  et  cum  carre- 
roto  publico  (Ponsan,  notaire  de  Vic,  chez  M«  Auxion,  notaire  k  Vic).  — 11 
f^yrier  1482,  acte  mentionnant  unam  pessam  oinee  rubee  scitam  in  pertinen- 
tiis  Vici  loco  dicto  au  Castet  Nau,  (Id.,  ibid.) 


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—  179  — 

tracent  de  TMat  oA  6tait  alors  r6duite   Faatlque  fartcK 
resse : 

Ce  ch&teau,  disaient-ils,  avoh  ^t^  baty  par  les  comtes  (f  Annagna(^ 
et  actuellement  il  appartient  au  Roy  qui  les  repr^nte.  II  est  situ4  k 
detix  ou  trois  cents  toises  de  la  ville  de  Vic  et  il  paroit  avoir  6h&  d^moly 
jusques  k  une  oertaine  hauteur.  Depuis  plus  de  cent  ans,  qu'il  a  ibi 
d^couvert,  les  murailles  se  sont  toutes  d^grad^s,  et  sucoessivement  ce 
qui  en  resie  de  bon  s'Acroulera  (1). 

La  demande  fut  agr66e  et  les  pierres  du  chftteau  all6- 
rent  former  les  nouveaux  murs  des  Capucins.  II  faut  croire 
qu'il  en  restait  beaucoup,  car  les  constructions  aux- 
quelles  elles  servirent  ont  une  assez  grande  6tendue;  elles 
longent  encore  la  place  de  la  Bascule  et  un  petit  chemin 
parallfele  h  rentr6e  de  la  route  d'Eauze.  Toutes  ces  pier- 
res  sont  de  moyen  appareiL 

Ajoutons  que  la  tour  neuve  du  ch&teau  n'^tait  pas  au 
XV*  si^cle  la  seule  prison  qui  se  trouvftt  k  Vic.  On  y 
voyait  aussi  la  prison  consulaire  ou  municipale,  situ6e 
prfes  d'une  des  plus  vieilles  portes  de  la  ville.  Le  fait 
nous  est  attest6  par  un  acte  du  24  juin  1491  rappelant 
que  Bertrandus  de  Villas,  pro  certis  criminibus  sibi 
tmpositiSy  detentus  fait  in  carceribus  Vici,  in  portali 
antique  dicte  ville  prope  domum  Fortaneri  de  Fraxino. 
(Reg.  de  Ponsan,  d6j^  cit6.) 

II.  Chateau  comtal  de  Jegun.  —  Bernard  IV,  comte 
d'Armagnac  (1160-1180),  durant  une  lutte  des  plus  vives 
qu'il  engagea  centre  TarchevSque  d'Auch,  G6raudde  La- 
barthe,  se  saisit  de  T^glise  et  du  cimetifere  de  Jegun,  ainsi 
que  de  plusieurs  autres  biens  eccl6siastiques,  et,  avec  le 
fruit  de  ses  rapines,  construisit  dans  le  cimetifere,  k  c6t6 
de  r6glise,  le  ch&teau  de  Jegun.  De  la  m6mB  manifere  et 
grAce  k  des  ressources  de  semblable  provenance,  il  y 

a)  Arok.  d^park  4«  Oet«,  C  reg.  loL  148. 


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—  180  — 

61eva  une  tour  que  le  document  contemporain  par  lequel 
le  souvenir  de  ces  faits  nous  a  6t6  transmis  appelle  «  la 
tour  de  Jegun  »  turris  de  J  eg  an  *. 

Ce  chateau  servit  parfois,  comme  celui  de  Vic,  de  pri- 
son, comtale.  Et,  comme  a  Vic  encore,  les  consuls  de 
Jegun  eurent  aussi  leur  prison  distincte  dans  une  des 
tours  des  remparts  appel6e  «  la  tour  de  Thomas ,  »  et 
dont  la  cl6  leur  6tait  toujours  fldfelement  remise.  Voici,  ^ 
ce  sujet,  un  acte  in6dit  oil  Ton  voit  quelles  formalit6s  il 
fallait  subir  pour  obtenir  livraison  momentan6e  de  cette 
fameuse  cl6  : 

Eodem  anno  (1484)  et  die  xi*  Martii  personaliter  constitutus  Domi- 
nicus  de  Castro,  bajulus  Jeguni,  coram  Johanne  Molieri,  Petro  de 
Melhand,  JobaAne  Daubas  et  Johanne  de  Lespieto,  consulibus  died 
loci,  supplicavit  eisdem  ut  sibiclavemcujusdam  tilrris  vocdtam  la  tor 
de  Thoqias,  in  qua  prisotiarii  et  malefactores  detineri  consueverunt, 
accommodarent  et  sibi  tradere  vellent  per  manun:^,  quum  expresse  ilia, 
causis  particularibus,  indigeret.  Qui  quidem  consules  ibidem  dixerunt 
super  hoc  habuisse  deliberationem  consilii  majoris  partis  habitatorum 
dicti  loci  in  quo  appunctalund  et  deliberatum  fuerat  de  ilia  sibi  tradenda, 
obqUe  illild  ibidem  eidem  bajulo  tradidei^unt.  Testes  G"^»*«  Coxian, 
Gmua  (Je  Campo,  Johannes  de  Podio  et  plures  alii  Jeguni  habita- 
tores(2).  ,    . 

II  ne  reste  d'ailleursplus  vestige  ^  Jegiin  ni  du  cMteau 
ni  m6me  de  a  la  tour  de  Thomas.  » 

III.  Chateau  comtal  d'Ordan.  —  Ordan,  dans  Tan- 
cienne  barofinie  de  ce  ilom,  dbnt  les  comtes  d'Armagnac 
s'emparferent  vers  la  fin  du  xiv®  siScle,  ne  doit  pas  6tre 
confondu  avec  La  Roque-Ordan,  siriiple  seigiieurie  toute 
voisine.  Ce  petit  bburg  poss6dait  dahs  son  enceinte  liii 
chateau  qui,  vers  le  milieu  du  xvi®  si6cle,  6tait  d6j^  bien 
d6chu  de'  sa  primitive  splendeur.  Un  acte  du  19  mai  1567 

(I)  Gall.  Christ,  et  Monlezun,  t,  vi,  p.  407  et  408. 

{2)  Reg.  de  Jean  de  Porte,  notaire  de  Jegun,  chez  M*  Auxion,  k  Vio. 


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—  ISl  — 

lui  donne  simplement  le  nom  de  <(  maison  appel6e  aii 
Castet.  ))  II  confrontait  avec  deux  raaisbhs  voisines  6t 
detixrues*.  '  •      -     : 

■      ■  '    '   ..•  :  •   •         » '     . 

ly.  Chateau  comtal  d'Eauzb.—  Au  midi.de  la  ville 

d'Eauze,et  non  loin  des  foss6s  sur  rempHcement  desquels 
s'6tend  aujourd'hui  la  place  de  Saint-C6rat,  s^61evaitjadis 
le  chateau  comtal  d'Eauze.  II  6tait  assisdaus  celui  des 
quartiers  de.  la  ville  qu'ou  appelait  le  quartier  ou  parsan 
de  la  Porte  du  Lac.  Comme  k  Yic  et  a.  Jegi^ii,  d.eB  tours 
dominaient  ses  6paisses  murailles,  Un.  petit  ^uissea^u  ou 
^owr^t^e  passait  aussi  dans  son  yoisinage,  et  divers  jar- 
dins  Tentouraient.  -      ,    ... 

Lapreuve  de  ces  faits  nous  est  fonrnie  par  les  te:!fite8 
suivants  que  nous  analyserons  sommairement ,:      , 

21  mars  1521,  Isabelte  de  la  Forest;  d-Eauz^,  achate  quoddam 
frustum  hortiaite  casalis  scitum  infra  Elisonam  et  iu'  portalide 
Lacu  loco  vocato  au  casau  de  la  tor  deu  Castet  totum  acl  longum  de 
muralha  dicte  ville  usque  ad  carrerotum publicum jConfroriians  cum 
muralha  dicte  ville ^  cum  casali..,  et  cum  horto  Joannis  de...(2); 
—  V^  Janvier  1573,  acte  mentionnaht  une  maison'de  la  ville  d'Eauze 
sise  au  portail  du  Lac  et  coiifrontaiit  <  aVec  diemin  tirantide  la  maison 
de  Jean  de  Beiloc  k  la  gorgua  deu  Castet  (3). ,»  '   '  ; 

II  ne  reste  plus  rien  actuellejnent  de  Tantiqiie  dhateaii 
d'Eauze.  .       , 

V.  Chateau  gomtal  de  Nogaro.  —  Les  textes  les  plus 
anciens  que  nous  connaissions  concernant  le  cMteau 
comtal  de  Nogaro  remontent  seulement  au  xv®  sifecle.  Le 
13  f6vrier  1454,  on  trouve  Vidalon  de  Laflorgue,  «  ch&te- 
lain  de  Nogaro  »,  c'est-a-^ire  gouverneur  du  chateau  de 
Nogaro  *.  Dans  les  Comptes  de  Riscle,  le  18  d^cembre 

(1)  Reg.  de  Francois  Vergne,  notaire  de  Vic.  chez  M«  Dupuy,  k  Vic. 

(2)  Reg.  de  Jean  Ricali,  n'«  royal  d'Eauze,  chez  M*  Lahire,  notaire.  ^  Eauze* 

(3)  Reg,de  Etienne  Ricali,  n"  royal d'Eauze,  chez  M«  Lahire,  notaire,  k  Eauze. 

(4)  Armorial  des  Landes^  par  M.  le  baron  de  Cauna,  1. 1,  p.  104. 


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^  IBS  — 
1474;  figure  a  la  casteia  de  Nogaro  n/  le  efafttelam  4e 
Nogaro^  EBfin,  on  a  un  adte  pass6  le  20  f6vrie^  14ffi 
«  dans  le  chateau  de  Nogaro  »;  Hugues  de  Blay,  marchand 
de  Toulouse,  receveur  d'Armagnac  pour  le  sire  d'Albret, 
y  6tait  alors  d6tenu  prisonnier  a  la  requfete  de  M®  Denis 
Andr6,  tr6sorier  g6n6ral  ^ 

Certaines  deliberations  municipales  de  Nogaro  au  xvii* 
si6cle  nous  apprennent  la  position  exacte  de  ce  chateau. 
II  6tait  situ6  au  midi  de  la  ville/  comme  tons  les  autres, 
entre  cette  partie  des  anciens  foss6s  qu'on  appelle  encore 
le  Foss6-Neuf  ou  Barat-NaUy  et  une  place  publique 
qu'on  d6signe  tantdt  sous  le  nom  de  «  Darr6  au  Hour  » 
tantdt  sous  celui  de  «  a  VEspitau.  »  L^,  en  eflet,  se  trou- 
vaient  autrefois  le  four  banal  et  rh6pital.  Ce  dernier 
6tablissement  y  est  mfeme  rest6  jusque  vers  1837,  6poque 
oil  il  fut  annex6  k  la  Maison  des  Soeurs  de  Nevers  qui 
Tadministrent  encore. 

Rappelons  maintenant  les  deliberations  qui  prouvent 
la  chose. 

l^e  registre  le  plus  ancien  des  jurades  nogaroliennes, 
qui  va  de  1631  a  1635,  contient  une  decision  muni- 
cipale  ordonnant  que  Tecole  de  la  ville  se  tiendrait 
desormais  «  dans  la  maison  construite  sur  Templacement 
de  Tancien  chateau.  »  Peu  aprds,  les  consuls  et  jurats 
arreterent  que  « les  mines  de  la  tour  du  chateau  »  seraient 
vendues  aux  Capucins  et  que  Targent  provenant  de  cette 
vente  serait  employe  k  la  reparation  de  la  maison  d'ecole 
((  batie  en  partie  dans  ladite  tour.  »  Enfln,  par  le3*r^s- 
tre,  qui  va  de  1640  a  1651,  nous  apprenons  que  Thdpital 
Saint-Jacques,  situe  dans  la  grande  rue  presque  en  face 
de  reglise  coliegiale  de  Nogaro,  fut  alors  transporte  en 
la  maison  d'ecole  c  sise  pr^s  des  fosses  dans  Tancien 

(1)  CompUs  de  Riaele,  1. 1,  p.  190. 

(2)  Archives  du  cb&teau  de  La  Plagne^  dossier  Nogaro. 


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—  183  - 

oh&teau  »  etr6ciproquement.  Ainsi  F^coleclevintl'hdpital 
et  rh6pitair6cole*. 

Observons  aussi  que  le  chateau  6tait  muni,  comme  tous 
les  autres,  d'une  tour  tout  au  moins.  Quelques  ruines 
6parses  sur  son  ancien  emplacement  parmi  les  jardins 
attestent  que  les  constructions  6taient  en  briques  larges 
at  6paisses.  II  existe  des  documents  du  xv®  sifecle  consta- 
tant  le  m6me  fait  pour  les  remparts.  Ce  qui  s'explique 
tr6s  bien  par  T^loignement  des  carridres  de  pierre. 

VI.  Chateau  comtal  d'Estang.  —Dans  la  charteuv 
du  cartulaire  de  Saint-Mont,  intitul6e  carta  SegtUni  de 
Asian,  est  cit6  le  castrum  de  Astan.  Cette  charte  est 
d'un  lundi  du  mois  de  juillet  sous  le  r6gne  de  Philippe  I, 
Guillaume,  comte  de  Poitiers,  6tant  due  de  Gascogne, 
Guillaume  de  Montaut,  archev6que  d'Auch,  et  G6raud, 
fils  de  Bernard  Tumapaler,  comte  d'Armagnac.  EUe 
remonte  par  consequent  h  la  seconde  moiti6  du  xi*  si6cle. 

Pendant  la  Guerre  de  Cent  ans,  ce  chateau,  ainsi  que 
tous  les  autres  tenant  lieu  de  citadelle  dans  les  villes,  eut 
un  gouverneur.  D'apr6s  un  acte  du  mois  de  juin  1432, 
noble  Jean  de  Ferragut,  chevalier,  seigneur  du  Cos,  prfes 
Vic-Fezensac,  6tait «  chatelain  d'Estang*.  » 


(1)  APDbives  de  Nogaro,  B.  B.  —  L'^cole  se  fait  encore  aujourdliui  dans  la 
m^me  maison  ou  elle  fut  6tablie  au  xvii«  siMe  et  ou  se  trouvait  auparavant 
Vhdpital.  Get  h6pital,  de  fondation  trfes  ancienne,  remontait  aux  engines  meme 
de  la  ville,c'estrii-dire  k  la  fin  du  xi«  si^cle.  En  1566,  comme  il  tombait  en  ruines, 
la  ville  I'avait  fait  reslaurer  et  y  avait  notamment  6tabli  une  petite  chapelle 
d^di^e  au  patron  de  I'hdpital,  saint  Jac^ques.  (Cartulaire  de  rh6pital  de  Nogaro 
aux  archives  de  Nogaro).  On  remarque  encore  —  ou  du  moins  on  remarquait 
autrefois,  helas!  c'est-^-dire  en  notre  jeune  temps,  —  dans  la  maison  d'^cole  de 
Nogaro,  quelques  pans  de  vieux  murs  en  brique  au  fond  de  certain  recoin  ou 
plus  d'un  amateur  de  I'dcole  buissonni^re  d6vora  jadis  tant  bien  que  mal  ses  lar- 
raes  et  son  pain  sec.  11  est,  croyons-nous,  question  actuellement  dc  transporter 
ailleurs  T^cole.  Esp^rons  cependant  que  ce  vieux  toit  hospitalier,  ou  s'abrit6rent 
pendant  des  sidles  et  des  si^cles  tant  de  generations  de  pauvres,  de  p^lerins  et 
d'enfants,  et  qui  lut  toujours  le  bien  de  la  ville,  sera  sauvegard^  et  continuera  k 
rester  la  propriety  des  «  bonnes  geiis  »  de  Nogaro. 

(2)  X...,  notaire  de  Vio,  chez  M*  Auxion,  notaire  h  Vic. 


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—  184  — 

Nou8  ignorons  en  quel  endroit  pr6cis  de  la  viUe  6tait 
situ6  le  chftteau. 

VII.  Chateau  comtal  de  Riscle.  —  Ce  chateau  est 
mentionn6  dans  une  charte  de  1319.  Navarre,  seigneur 
de  Corneillan  (canton  de  Riscle), y  renditalors  hommage 
au  comte  d'Armagnac  pour  sa  terre  de  Corneillan  *.  Les 
Comptes  de  Riscle  relatent  aussi  quelques  faits  relatifs 
k  cet  6diflce  au  xv®  sifecle.  II  dressait  sa  masse  imposante 
au  midi  de  la  ville,  sur  un  plateau  61ev6  couronnant  des 
pentes  abruptes,  et  formait,  avec  son  enceinte  sp6ciale,  un 
barry  ou  quartier  s6par6.  Son  emplacement  est  aujour- 
d'hui  occup6  par  la  caserne  de  gendarmerie. 

VIII.  Chateau  comtal  de  Castelnau-d'Auzan.  —  Le 
nom  m6me  de  cette  localit6  nous  r6v61e  qu'un  chateau  y 
fut  construit  k  r6poque  oil  naquirent  tons  nos  Castelnau 
du  Midi,  c'est-ii-dire  au  xi*  ou  xn*  sifecle,  comme  nous  le 
dirons  tout  k  Theure*. 

Les  comtes  d'Armagnac  recueillirent  aux  xn®  et  xin® 
si^cles,  dans  la  succession  des  comtes  de  Fezensac  et  des 
vicomtes  de  B6arn,  le  pays  ou  archidiacon6  d'Auzan. 
Castelnau  entra  alors  dans  leurs  domaines,  mais  n'y 
demeura  pas  longtemps.  lis  le  c6dferent  a  quelques-uns 
de  leurs  chevaliers  sous  Tobligation  de  Thommage  f6odal 
accoutum6.  D6s  la  fin  du  xiv®  si6cle,  la  Maison  de  Lupp6 
et  celle  de  Castillon  poss6daient  la  seigneurie  de  Castel- 
nau-d'Auzan  *. 

(1)  Monlezun,  t.  ui,  p.  484. 

(2)  Dans  une  r^cente  brochure  que  M.  TabW  Cazauran  a  publi^e  sur  CasUU 
naurd'Awtan  et  N,-D,  de  PlHque,  Auch,  1893,  le  savant  auteur  croit  que  Cas- 
telnau «  naquit  k  la  vie  l6odale  vers  le  xiv*  si6cle.  «  Et  11  base  uniquement  son 
opinion  sur  ce  que  la  peiite  cit^,  «  avec  sa  place  k  cloitre  (enbans  et  cornUres), 
porte  tous  les  caract^res  des  villes  neuves  du  Moy en-Age  »,  c*est-^-dire  proba- 
blement  du  xiv*  si6cle.  Mais  ces  enbans  et  cor  nitres  sont  fort  loin  de  consti- 
tuer,  k  eux  seuls,  une  date  certaine  de  londation;  on  les  retrouve  en  effet  dans 
bon  nombre  de  villes  bien  ant^rieures  au  xiv*  siMe. 

(3)  La  Chesnaye  des  Bois,  Pans,  1868,  t.  xii,  art.  de  Lup4,  et  Monlezun,  t.  lu, 
p.  488. 


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—  185  — 

Durant  la  Guerre  de  Cent  Ans,  en  1412,  le  ch&teau  et 
la  ville  6taient  au  pouvoir  d'une  garnison  anglaise  sous 
le  commandement  d'Arnaud  de  Baylenx,  seigneur  de 
Poyanne  (Landes).  Celui-ci  6tait  d'ailleurs,  parait-il, 
d'humeur  assez  accommodante  et  entretenait  des  rela- 
tions de  bon  voisinage  avec  Montr6al,  rille  armagna- 
geoise,  ainsi  que  nous  Tapprennent  les  Comptes  in6dits 
des  consuls  de  Montreal. 

Au  XVI®  sifecle,  le  chateau  et  la  seigneurie  de  Castelnau 
appartenaient  aux  Pardailhan-Panjas.  II  furent  ensuitQ 
et  tour  h  tour  la  propri6t6  des  Maisons  de  Souillac,  de 
Maniban  et  de  Gilet  de  La  Caze.  Ces  derniers  s'y  main- 
tinrent  jusqu'Ji  laR6volution.  Lech&teau  existait  encore 
k  cette  derni^re  6poque,  ainsi  qull  est  constat6  en  quel- 
ques  actes  des  environs  de  1780  que  nous  avons  pu  voir 
nagu6re*.  II  n'en  reste  plus  vestige  aujourd'hui. 

Si  maintenant  nous  recherchons  k  quelle  6poque  furent 
construits  ces  chateaux,  11  faut,  pensons-nous,  les  faire 
remonter  k  r6poque  romane,  c'est-k-dire  aux  xi®  et  xii* 
sifecles.  La  chose  est  certaine  pour  Estang,  Castelnau- 
d'Auzan  et  Jegun  et  quasi-certaine  pour  Nogaro.  Car,  en 
ce  qui  touche  cette  derni^re  locality,  il  y  a  une  charte  de 
Saint-Mont  et  une  autre  du  cartulaire  noir  d'AuchMe  la 
fin  du  XI®  si^cle  constatant  I'existence  des  portes,  remparts 
et  foss6s  de  la  ville.  On  ne  saurait  gudre  douter  que  le 
chateau,  faisantpartie  importante  de  Tensemble  des  forti- 
flcjations,  n'ait  6t6  aussi  construit  durant  la  m6me  p6riode. 
Les  villes  de  Vic,  d'Eauze  et  de  Riscle  datant  aussi  de 
r6poque  romane,  leurs  chateaux  furent  tr6s  probablement 

(1)  Papiers  de  M.  S.  Duces  de  Lartigue,  au  chateau  de  La  Mothe-Gondrin. 

(2)  Of.  dans  led.  cartulaire  noir  un  actc  de  donation  ^  T^glise  de  Nogaro  d'une 
terre  voisine  situ^e  « in  cirvuitu  barad  »  et,  dans  celui  de  Saint-Mont,  viii, 
carta  de  Nogariolo,  vers  1096  ou  1100,  le  passage  de  cette  charte  rappelant  les 
marchandises  mises  en  vente  k  Nogaro  pour  les  foires  if\/ra  et  ewtra  omnium 
portarum. 


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—  186  — 

61ev6s  ou  en  m^e  temps  que  ces  viUes  elles-i]ft6Dieou  peu 
apr6s.  Ordan,  qui  6tait  d6ja  le  centre  d'une  baronnie  pui^^ 
sante,  doit  avoir  construit  alors  aussi  son  chateau 
comtal. 

Du  reste,  il  est  certain  que  ce  fut  principalement  au 
XI®  si^cle  et  dans  le  si6cle  suivant  que  les  vieux  chateaux 
f6odaux  en  pierre  ou  en  brique  couvrirent  notre  vieux  sol 
de  Gascogne  et  remplac6rent  partout  les  antiques  maisons 
f6odales  en  bois  *.  Divers  documents  contemporains,  en 
particulier  la  Coutume  de  Bigorre  *,  nous  font  assister  k 
la  construction  de  ces  castra  du  xi®  si6cle.  On  y  voit 
que  nul  chevalier  ne  pouvait  6difier  un  chateau  neu/en 
pierrasans  ragr6ment  du  comte  suzerain;  autrement,  il 
s'exposait  a  ce  que  celui-ci  fit  d6molir  le  nouveau  bAti- 
ment.  Plusieurs  chartes  de  cette  6poque  mentionnent :  le 
castrum  de  Corneillan '  en  Armagnac,  ceux  de  Fourcfes  *, 
de  Moncrabeau  et  de  Buzet*  en  Agenais,  ceux  de  Bas- 
soues  *  et  de  Marambat  ^  en  Fezensac,  et  celui  de  Lourdes 
en  Bigorre  *.  Une  charte  de  1165  signale  6galement  le 
ch&teau  de  Juliac  en  Betbez6,  pr6s  La  Bastide  d'Arma- 
gnac  (Landes),  et  nous  apprend  qull  avait  6t6  construit 
par  Fortaner,  seigneur  de  Mauvezin  (Landes),  en  Tannic 
1040  •.  On  salt  d'ailleurs  que  plusieurs  de  ces  chateaux 
neu/s  devinrentle  noyau  de  villes  ou  bourgadesnouvelles, 
qui  naquirent  k  Tombre  de  leurs  murs.  C'est  h  eux  que 


(1)  CI.  Hiat.  do  Langucdoc,  M.  Privat,  t.  vii,  p.  140. 

(2)  Cf.  MarcA,  HUt.  de  B6arn,  p.  813. 

(3)  Cartul.  de  Saint-Mont,  xxxin. 

(4)  Ibidem...  xiii. 

(5)  Cartul.  de  Condom,  passim, 

(6)  Chroniques  eccUs.  d'Auch,  Pr.  de  la  f  p.,  cartul.  de  Pessan. 

(7)  Cartul.  de  Saint-Mont,  xiv. 

(8)  Chr,  de  la  cille  et  da  chateau  de  Lourdes,  Tarbes,  1872,  p.  51. 

(9)  Archives  de  la  Tour  de  Londres,  actes  de  Westminster- .\bbaye,  ad  annum 
1165.  Nous  deyons  la  connaissance  de  ce  fait^  M.  Maurice  Romieu,  au  chliteau 
de  Juliac,  qui  citera  le  texte  lui-meme  dans  Thistoire  trfes  int^ressante  de  la 
vicomt6  de  Juliac  qu'il  a  pr^par^e  et  ^  laquelle  nous  souhaitons  vivement  de 
voir  bient6t  le  jour. 


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—  187  — 

doivent  leur  origine  tous  les  lieux  d6nomm68  Castetnau 
ou  CastelnaUj  si  nombreux  eu  Gascogne. 

Tout  done  Concorde  pour  6tablir  sans  conteste  les 
conclusions  pr6o6dente8,  savoir  que  les  chMeaux  des 
TiUes  pr6cit6e8  furent  construits  it  peu  pr6s  en  m6me 
temps  qu'ellas,  c'est-i-dire  au  xi®  ou  xii®  si6cle. 

A.  BREUILS. 


QUESTIONS  ET  RfiPONSES 


29S*  LiO  liTre  de  prices  de  Oaston  Phdbus 

On  lit  dans  le  Bulletin  bibliograpkique  de  la  livraison  du  1"  f^vrier 
1894  de  la  Reoue  des  Deux-MondeSy  r6dig6,  dit-on,  par  le  nouveau  directeur 
du  c616bre  recueil,  M.  F.  Bruneti^re,  les  lignes  suirantes  qui  ont  fort  piqu6 
ma  curiosity:  «  Livre  de  prices,  par  Gaston  Ph^bus,  comtede  Foix,t385, 
pabli6  par  M.  L.  de  La  Bri^re.  1  vol.  ia-8'.  Ernest  Kolb.—-  Le  manuscrit 
de  ces  oraisons  qu'^crivit  il  y  a  cinq  cents  ans  le  comte  Gaston  de  Foix,au 
soir  d'une  vie  fort  accidentee,  a  6t6  r^emment  d^ouvert.  Ecrits  en  un 
vieux  langage  qu'a  tr6s  discr^tement  amende  M.  de  La  Bri^re  pour  la 
compiodit^  du  lecteur  moderne,  ces  appels  du  pecheur  k  la  misericorde 
divine  offriront,  dans  leur  naivete  d'antan  et  dans  leur  grice  6mue,  un 
pr^ieux  r6gal  aux  lettr^s  et  aux  croyants.  »  Je  voudrais  bien  savoir  si 
I'authenticitd  du  Liore  deprUres  est  incontestable.  Je  demanderais  encore 
oti  a  6t^  trouv^  le  manuscrit.  A  Thistoire  de  la  d^oouverte,  pourrait-on 
joindre  Thistoire  du  manuscrit  m^me  ?  Enfln,  k  c6t^  de  Tappr^iation  faite 
par  un  des  quarante  du  pieux  livret  de  Gaston  Phebus,  je  d^sirerais  voir 
Vappr^ciation  d'un  critique  dont  tout  lemonde  ici  a  d^]k  donn^  le  nom. 

T.  DE  L. 

—  Je  ne  connais  pas  encore  la  publication  de  M.  L.  de  La  Bri^re;  je 
ferai  remarquer  seulement  que  les  devotes  oraisons  de  Gaston  Phebus  ont 
M6  public  en  m^me  temps  ou  k  peu  pr^  par  un  savant  pr^tre  bdarnais, 
du  clerg6  de  Paris^  M.  fabb^  de  Madaune,  dans  les  Etudes  de  MM.  Duba- 
rat  et  Haristoy,  et  aussi,  je  crois,  en  brochure  tir^e  k  part.  —  L.  C. 


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OBJETS  ANTIQUES 

AVEC  MARQUES  DE  PABRICANT 

INSCRIPTIONS  OU  AUTRES  SIGNES 

TROUVES  A  LECTOURE  EN   1890,    1891   BT   1893  C) 


VIII 
VERRE 


Les  fragments  de  verre  trouvfe  k  Pradoulin  spnt  innombrables;  ils 
proviennent  de  vases  communs,  plus  ou  moins  grossiers  ou  plus  ou 
moins  fins,  et  de  vases  plus  rares  d'un  travail  beaucoup  plus  d^licat.  Les 
vari4t&  de  Tun  et  deTautre  genre  sontde  couleur  blanche,  jaune  d'am- 
bre,  jaune  citron,  jaune  fonc6  avec  taches  blanches  imitant  I'onyx, 
vert  clair  et  vert  fonc6,  bleu  clair  et  bleu  lapis  fonc6,  etc.  Le  verre 
Wane  a  des  ^chantillons  nombreux  tr^s  fins  et  excessivement  minces, 
d'autres  d^cor^s  de  globules  int^rieurs  ou  de  fines  ^raillures  superfi- 
cielles  ou  encore  de  tilets  ou  ornements  tallies  k  la  meule,  etc.  Les  vases 
c6teles  soufflfe  dans  un  moule  dtaient  trfes  nombreux;  des  flacons  gros- 
siers avaient  en  relief  des  ornements  gtom^triques;  des  ^bantillons 
plus  fins,  en  verre  bleu  clair  et  vert  clair,  offrent  en  relief  des  filets 
minces  en^mail  blanc  opaque,  etc.,  etc.  Des  anses  de  vases  fins  ont 
fourni :  une  t^te  de  verre  bleu  en  ronde  bosse  couronn^  de  pampres; 
la  moiti6  sup6rieure  du  corps  d'un  oiseau,  en  ronde  bosse,  de  couleur 
bleue,  ddcor6e  de  filets  d'6mail  blanc,  avec  le  m^me  6mail  pour  les  yeux; 
un  lion,  en  bas-relief,  sur  une  anse,  de  verre  jaune^  en  forme  de 
disque.  La  texture,  e'est  le  mot,  la  plus  remarquable  des  autres  vases 
fins  consistait :  1°  sur  un  vase  c6tel6,  en  une  sorte  de  nougat  opaque 
compost  de  perles  tordues,  vertes,  bleues,  blanches  et  jaunes;  2«  sur 
une  coupe,  en  forme  d'ellipse,  de  rubans,  composes  de  fils  tordus  de. 
diverses  eouleurs^  tiss^  en  se  croisant  comme  des  lisi^res  d'^toflfe, 
les  bords  dujjvase  composes  d'une  corde  de  fils  de  couleur  tor- 
dus; 3®  dans  une  p^te  bleu  rompu  ou  vieux  bleu,  une  sorte  de  nou- 
gat, formant  dans  T^paisseur  et  k  la  surface  des  fleurs  jaunes  ciselto 

(•)  Voir  la  livraison  de  f^vrier  1894,  page  99. 


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—  189  — 

ressemblant  k  des  tulipes,  des  fleurs  blanches  au  coeur  jaune  cisel^, 
des  fleurs  rouges,  des  raisins  jaunes,  des  feuilles  vertes,  le  tout  avec 
des  contours  trfes  purs  ou  16g6rement  estomp6s;  k  Tint^rieur,  sur  une 
^paisseur  de  1  ou  2  millimetres,  tous  ces  motifs  etaient  brouill6s  ou 
tordus  de  mani^re  k  former  une  jaspure  de  toutes  leurs  coaleurs;  le 
vase,  ainsi  omement^,  parait  avoir  eu  d'assez  grandes  dimensions.  — 
Aucun  de  ces  fchantillons  ne  porte  la  marque  du  fabricant  et  nous 
n'auribns  pas  eu  k  en  parler  sans  le  fragment  qui  suit. 

205  — '  Petit,  fragment  d'un  vase  en  verre,  couleur  d'ambre  clair 
(..).  Au-dessus  et  k  gauche  de  T^paule  droite  d'un  gladiateur,  en 
relief,  arm6  d'un  glaive— incomplet  de  la  t^te,  des  pieds  et  du  bras  gau- 
che, qui  ne  pouyait  6tre  que  lev6  — ,  en  creux : 

...RM(  ).... 

Lettres  d'environ  i  milU 

C'est  un  fragment  du  nom  du  gladiateur;  ce  nom  ^tait  inscrit  partie  k 
gauche  de  sa  t^te  et  partie  k  droite.  II  pent  manquer^  sealement,  une  ou 
deux  lettres  avant  R;  cette  le^re  est  incomplete  de  sa  haste;  M  un  peu 
incomplet  en  haut.  Plusieurs  vases  de  verre  avec  gladiateurs  ont6t6  signa- 
les  en  divers  lieux,  ils  sont  tous  k  peu  pr^s  pareils.  Sur  oelui  qui  figure  aux 
pages  363  et364de  VEpigraphie  romaine  du  Poitou  et  de  laSaintonge,  par 
M.  le  capitaine  Esp^randieu,  le  gladiateur,  dont  la  pose  correspond  k  celle 
du  notre,  a  un  casque  k  cimier,  le  bras  gauche  lev6,  son  bouclier  k  ses 
pieds;  mais  son  nom  est  PRVDElS,  et  ce  nom  est  inscrit  au-dessus  de  sa 
t^te  et  au-dessus  d'un  demi-oordon  torique;  aucune  partie  du  nom  des  autres 
—  lis  sont  huiten  tout  —  ne  correspond  non  plus  k  notre  fragment.  Les 
similitudes  sont  autrement  f rappantes :  en  outre  de  la  pose,  les  dimensions 
sont  les  meme8;le  demi-cordon  torique,  qui  se  r6pete  sous  les  pieds  des  gla- 
diateurs, existe  ici  sur  une  petite  longueur;  enfin  la  couleur  du  verre  est  la 
m^me.  Nofre  vase  avait  ete  souffle  dans  un  moule,  aussi  la  figure  s'est 
reproduite  en  creux  ^Tinterieur. 


IX 
BRONZES 

Inddpendamment  des  monnaies,  dont  au  reste  nous  allons  nous 
occuper  incidemment,  les  objets  en  bronze  decouverts  k  Pradoulin  sont 
tr^  nombreux;  Tusage  de  la  plupart  d'entre  eux  est  pour  nous  6nigma- 
tique.  Un  petit  nombre  porte  des  marques  de  fabricant  ou  autres  signes. 


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—  190  — 

1°   MONNAIES  AVEC  CONTREMARQUES 

Les  monnaies  de  bronze,  troiivfes  ici  en  tr6s  grand  nombre,  ne 
peuvent  renlrer  dans  notre  programme,  mais  il  nous  a  sembl6  qu'il  n'en 
4tait  pas  de  m^me  pour  celles  qui  portent  des  contremarques. 

Ces  contremarques,  mat6riellement  analogues  aux  marques  ordi- 
naires  de  poller,  semblent  ne  figurer,  gte^ralement,  que  sur  des  pieces 
anciennes.  Pour  leur  ^xjonomie  ou  raison  d'etre,  nous  serious  port6  k 
croire  qu'elles  donnaient  aux  pieces  qui  en  ^taient  frappfeg  une  valeur 
fictive  plus  ou  moins  61ev6e. 

206.  —  Moyen  bronze  d'Emporiae.  A  Tayers,  t^le  de  Pallas,  k 
droite,  dans  un  fort  gr^netis  k  larges  intervalles;  collier  fait  d'un 
gr6netis  semblable.  Sur  le  casque,  dans  un  cercle : 

Un  dauphin  dans  un  grdnetis. 

DiamHre,  8  mill. 

Au  devant  du  cou,  dans  un  rectangle : 

DD 

Lettrea  de  3  mill, 
Diecreto)  d(ecurionum),  —  Cette  contremarque  se  trouve  assez  comma- 
ndment sur  des  pi^s  di  verses.  La  notre,  fraste  au  re  vers,  a  6t^  trouv6e  k 
Lectoure  meme  et  non  k  Pradoulin  (I). 

207.  —  Moyen  bronze  d'Auguste.  A  Tavers,  t6te  d'Auguste,  k  drwle; 
CAESAR...  en  legende,  de  haut  en  bas  (.. ).  Au  devant  du  cou,  dans 
un  cercle : 

Lettres  de  S  et  9  mill. 
La  premiere  lettre  a  sa  traverse  sup^rieure  outrepass6e  k  gauche;  1© 
jambage  de  gauche  de  V  part,  11^,  de  Tangle  InfMeur  formd  par  la  traveffte 
mMiane  de  F;  les  deux  points  de  la  fin  sent  peut^tre  les  rested  d'tme  hMIe 
unie  &  y .  La  pi^,  qui  6tait  f ruste,  venait  de  Pradoulin,  mais  de  fouiiles 
ant^rieures  aux  notres. 

208.  —  Moyen  bronze  d'Augusle.   Au  revers,  Taulel  de   Lyon, 

(1)  L'emplacement  actual  dela  villeet  unepartie  attenante,  plus  considerable, 
avaient  6t6  habitus  avant  I'^dification  du  camp  avec  muraiUes  dont  nous  avons 
parl6  dans  une  note  du  commencement  de  ce  recueil,  et  avant  r^diflcation  de  la 
ville  dans  la  plaine.  Les  monnaies  recaeillies  sur  cet  emplacement  primitif 
viennent  ie  conftrmer :  en  plus  de  ceUe  dont  U  est  question  id,  elles  comprafr- 
nent  la  pi^ce  des  Sotiates  ^  la  louve,  denier  r^publicain  de  la  famille  Hosidia, 
bronzes  de  la  colonie  de  Nimes,  denier  d'Auguste;  ensuite  on  saute  k  Maxi- 
mien,  Magnence,  les  Constantins,  etc. 


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—  191  — 

ROMETAVG,  en  exergue.  Entre  les  deux  victoires,  au-dessus  de 
Tautel,  dans  une  ellipse  : 

TIB.C 

LeUres  de  4  mill,  /??  H  da  3  1i2. 

Tib(erius)  C{aesar).  —  II  y  a  de  graads  rapports  de  composition  et 
identity  de  forme  du  B  de  cette  contremarque,  avec  la  marque  d'amphore 
n'  13;  le  point  est  rond.  La  pi6ce  et  la  contremarque  sent  assez  frustes,  mais 
la  contremarque  est,  n^anmoins,  bien  visible  encore  telle  que  nous  la 
dterivons;  elle  est  d'aiUeurs  dej&  connue. 

209.  —  Bronze  de  Trajan,  au-dessous  de  la  moyenne.  A  Tavers, 
tfttede  Trajan,  i  droite,  avec  la  couronne  radi^e;  IMPCAESNER... 
en  l^ende(..).  Au-devant  du  cou,  dans  un  rectangle  en  hauteur: 

Un  rameau  de  laurier. 

Haut.  5  mill. 

Ce  rameau  est  compos6  de  la  tige,  bouletee  en  haut,  et  de  deux  feuilles  k 
gauche  et  deux  autres  a  droite .  La  piece  est  assez  f ruste;  au  revers  le  S  C 
se  trouve  dans  une  couronne  au  dehors  de  laquelle  est  une  l^gende. 

2°    ObJETS   avec  marque   du   BRONZIER 

G6n6ralement  les  marques  des  bronziers  sent  mat^riellement  analo- 
gues k  celles  des  potiers  et  mieux,  par  la  nature  du  poingon,  aux 
conlremarques  mon^taires. 

210.  —  Fibule  d'une  seule  pi^ :  6pingle,  ressort  k  boudin,  corps 
ou  devant.  Ce  devant  courbe,  en  avant,  renfld  sur  sa  largeur  et 
c6tel6  (..).  Sur  une  petite  lame  rapportie  k  la  partie  moyenne  du  devant 
et  relournte  en  dessous  : 

IRAC 

Lettres  de  3  mill,  et  dc  2  mill.  1(2 

Ces  lettrea  en  relief ,  de  forme  allongee  et  un  peu  cursive,  sent  entre  des 
lignes  parall^lee  aussi  en  relief.  Deux  de  ces  lignes  ont^  laiss^  des  traces  sur 
le  haut,  presque  enti^rement  d6truit  par  des  eclats  de  Toxide,  trois  autres 
sent  encore  bien  visibles  sur  le  has  :  Tinferieure  sert  de  cordon  k  six  perles, 
la  moyenne  s'interrompt  au  droit  de  ces  perles,  la  superieure  est  de  forme 
ordinaire.  Toutes  les  lettres  paraissent  avoir  eu  la  ligne  inferieure  du  haut 
pour  limite  commune,  tandis  que  sur  le  has  la  premiere  lettre  descend 
jusqu'k  la  ligne  interrompue,  la  seconde  seulement  jusqu'^  la  ligne 
eontinae  qui  eet  au-dessus,  la  troisi^me  au  mSme  niveau  que  la  premiere 
et  la  quatri^me  au  mdme  niveau  que  la  seconde.  11  y  avait  evidemment 
dam  tout  cela  parti-pris  pour  une  decoration,  k  roccasion  de  la  marque  qui 
oocupe  eflectivement  une  place  souvent  omement^  sur  les  flbulee.  II  ne 


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—  192  — 

reste  que  le  quart  inf^rieur  de  la  premiere  lettre,  la  seoonde  a  peida  la 
patine  k  gauche  sur  son  angle  sup^rieur,  la  troisi^me  complete,  la  quatri^me 
a  perdu  sa  patine  excepts  sur  son  tiers  inf^rieur.  Le  recueil  des  marques 
de  bronziers  de  M.  R.  Mowat  ne  donne  que  la  marque  DRACCl  VS.F^qui 
ait  quelques  rapports  avec  la  n6tre;  mais  ici  il  n'y  avait  pas  probablement, 
d'aprte  le  reste  inf^rieur  de  haste,  un  D  pour  initiale;  c'^tait  un  I,  selon 
toute  apparenoe. 

211.  —  Fragment  courbe,  k  facettes,  qui,  probablement,  faisait 
partie  d'une  ansa  de  vase.  Sur  un  c6t6,  frappi  profondiment  avec  un 
poin^n  rectangulaire  ou  les  lettres  6taient  graves  en  creux,  mais  sans 
6tre  encadrfes,  ni  en  haut  ni  en  bas,  par  les  grands  c6t6s  du  rectangle: 

VKO 

Lettres  de  2  mill.  1/S. 

Le  K  est  form6  de  la  barre  verticale  ordinaire  ou  haste  et  de  deux  lignes 
parallMes,  perpendiculalres  k  cette  haste  et  la  joignant  vers  le  milieu  de  la 
hauteur.  C'est  ainsi  la  forme  d'un  K  des  plus  anciennes  Inscriptions 
latines,  d'apr^s  le  tome  I  du  Corpus  de  Berlin.  L'O  est  incomplet  k 
droite  par  suite  de  la  cassure  et  de  la  perte  d*un  deuxieme  fragment  qu^ 
portait  la  fin  de  cette  curieuse  marque.  Cedeuxitoe  fragment,  non  retrouv6 
parmi  une  infinite  de  debris  recueillis^  avait  cinq  ou  six  lettres,  si  nos 
\         souvenirs  sont  exacts. 

3^  Instruments  de  pesage 

212.  —  Fragment  du  fl&iu  cylindrique  d'une  balance  avec  Tanneau 
qui  servait^  r^unir  les  cbaines  de  Tun  des  plateaux.  En  creux: 

)IoIoIoIoIoIo 

Ces  divisions  tiennent  toute  la  longueur  qui  est  de  17  centimetres  ii2, 
de  la  cassure  au  dernier  O,  qui  touche  k  la  partie  aplatie  ou  est  pass6 
Tanneau  de  reunion  des  chalnes;  le  diam^tre  est  de  5  millimetres.  Une 
balance,  complete,  avec  la  moitiedu  fieau  cylindrique  portant  des  divisions 
analogues,  a  ^te  trouv^e  k  Pompei;on  pent  la  voir  flgnr^e  dans  le  Diction- 
naire  de  Rich  et  mieux  dans  le  Magasin  Pittoresque  (1840,  p.  72).  Ces 
sortes  de  balances  portaient,  du  c6te  gradue  du  fieau,  un  poids  curseur, 
comme  les  romaines  proprement  dites,  qui  servait  k  trouver  les  surplus  de 
poids  sans  qu'on  eiit  besoin,  comme  aujourd'hui,  de  charger  le  plateau 
d'une  foule  de  poids  divisionnaires.  Nous  ne  pouvons  comprendre,  au 
juste,  la  valeur  des  divisions  de  notre  fragment;  encore  moins  Tinegalitd 
de  ces  divisions :  les  deux  premieres,  en  partant  de  la  gauche,  mesureiit 
25  millimetres  li2  chacune;  la  troisieme,  261i2;  la  quatrieme,  341i2;  la 
cinquieme,  28  li2;  enfin  les  O,  qui  sembleraient  devoir  etre  juste  au  nuliea 
des  grandes  divisions,  ne  s'y  trouvent  pas  exaotement. 


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—  193  - 

213.  —  Fragment  du  fl&tu  prismatique,  en  losange^  d'une  tr^ 
petite  romaine,  avec  le  bouton  conique  qui  le  tenninait  du  c6t6  oppose 
aux  anneaux  et  au  crochet.  Sur  Tune  des  faces,  en  creux  : 

I I I I I •!( 

§ur  la  face  oppos6e,  aus^i  en  creux : 

IIIIK-III( 

Haut.  2  mill.  112, 

Le  bouton  est  k  gauche;  11  forme  la  fin  des  divisions  pour  le  petit  poids, 
tandis  que  la  derni^re  ligne  des  divisions  pour  le  grand  poids  se  trouve 
61oign6e  de5  millimetres  dece  bouton.  Les  divisions  respeotives,  pour  Tun 
et  Tautre  poids,  ne  sent  pas  ^uidistantes,  autant  qu'on  pent  en  juger  en 
Tetat  actuel  du  fl^au,  tordu  et  fau8s6;  on  trouve  d'abord,  en  miUlm^res,  en 
partant  de  la  gauche :  16, 171i2, 17,  I81i2, 161i2;  en  second  lieu;  101i2, 
11  li2. 10  li2, 10, 12, 11  li2, 11  li2.  Cee  irr6gularit6s  ne  s'observent  pas  sur 
les  romaines  modernes  et  nous  ne  savons  pas  au  juste  ce  qu'il  faut  en 
penser.  Quoi  qu'il  en  soit^  les  divisons  pour  le  petit  poids  sent  subdivisto 
en  six  chacune,  ce  qui  permet  de  coniprendre  que  Tunit^  qu'elles  repr^* 
sentent  est  un  quart  d'once :  Sicilicusy  et  les  subdivisions,  des  tiers  de 
drachme  ou  scrupules;  d'oti  il  suit  que  pour  le  grand  poids  les  subdivisions 
repr^ntent  des  huiti^mes  d'once  ou  drachmes.  Le  K,  suivi  d'un  point 
plus  gros  que  les  autres,  est  ^videmment  pour  Caput,  dont  il  est  la  sigle 
d*apres  d'autres  monuments;  il  s'^nsuit,  en  s'aidant  de  la  compandson 
avec  les  romaines  modernes  et  avec  la  romaine  antique  figure  au  Diction- 
naire  deRich  et  au  Magasin  Pittoresque  (L  c),  joignant  les  petites  dimen- 
sions certaines  de  la  n6tre,  que  son  fI6au  n'est  incomplet  k  droite  que  d'une 
deegrandes  divisions  pour  le  petit  poids  et  qu'ainsi,jusqu'au  point  marqu6 
K(aput),  elle  6tait  r6gl6e  pour  peser  un  quart  de  livre :  Quadrans,  ou  trois 
onces,  divis^es  en  12  sicilicus,  subdivis^  en  drachmes  et  en  scrupules.  Le 
poids  curseur  glissait  ici  sur  les  aretes  k  angle  aigu,  resultant  de  la  coupe 
en  losange,  et  n'6tait  pas  arr6t6  par  des  coches  au  droit  des  divisions, 
comme  sur  les  romaines  modernes.  II  n'estpeut-4tre  pas  tout  k  fait  hors  de 
propos  de  noter  ici  que,  de  nos  jours  encore,  les  ouvriers  surbcrfsmarquent 
d'un  K  la  limite  commune  de  ce  qui  doit  6tre  conserve  et  de  ce  qui  doit  Atre 
retranch6  par  la  scie.  Que  ce  ftlt  \k  une  tradition  antique,  ce  ne  serait  gu^re 
plus  extraordinaire  que  la  tradition  qui  nous  a  conserve  la  romaine,  d'un 
mtomisme  si  particulier. 

214  (841).   —  Poids  en  forme  d'un  court  cylindre  trfes  renfl6  (..). 
Sur  une  des  deux  faces  planes,  grav6  ou  frapp^  en  creux  : 

BI 

Lettrea  de  5  mill. 

Sur  Toriginal,  B  n*est  formd  que  par  un  faible  abattement,  k  rint^cLeuTy 
Tome  XXXV.  13 


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—  194  — 

des  quatre  angles  de  droite  fonn^  par  un  rectangle  en  hantenr  divis^  en 
deux  parties  ^les  par  une  horizon  tale :  c'est  ainsi,  suivant  une  remarque 
de  M.  A.  Allmer,  c  un  th^ta  carr^  barre  k  moiti6  plutot  qu'un  B.  »  Le 
bronze  p^se  actuellement  13  grammes  50  centigrammes;  son  alteration  par 
Toxide  a  d(l  lui  enlever  quelques  centigrammes.  L'once  romaine  ^uival^it 
k  27  grammes  27  centigrammes  environ;  c'est  done  le  poids  d'une  demi- 
once :  semunciay  que  nous  avons  ici;  mais  que  signifient  les  signes  dont  11 
e6tmarqu6?  Nous  trouvons  figure  dans  les  Annotations  de  Blaise  de 
Vigeoere  sur  Tite-Live  (col.  1503, 1504, 1505;  Mit.   de  1617)  huit  poids 
remains  de  bronze  ou  de  pierre  aiyant  tous  la  meme  forme  que  le  n6tre :  la 
livre  est  marqu^  L,  la  demi-livre  S,  le  quintal  P-C  (poHcU>  centum),  les 
30  livres  XXX,  les  10  livres  X.  Toutes  ces  marques  et  leurs  syst^mes  sent 
bien  faciles  k  oomprendre;  dans  la  m^me  suite,  un  autre  syst^me  marque  de 
quatre  points,  dispose  en  carr^,  un  poids  de  quatre  livres,  et  des  subdivi- 
sions de  la  livre  autres  que  la  demie  :  S(emis),ne  portent  point  de  marque. 
C'est  dans  les  Inscriptions  romaines  de  Bordeaux  (i,  p.  597)  que  Ton 
trouve  une  de  ces  subdivisions  frapp^d'une  marque  dem^me  syst^mequ^ 
la  n6tre,  tr^s  ^videmment;  mais  sans  6claircir  pour  nous  le  vMtable  sena 
de  Tune  et  de  Tautre :  le  poids  de  Bordeaux  est  une  once,  du  poids  faible  da 
26  grammes,  marqu6e  V-X,  sur  le  cercle  sup^rieur,  comme  toujours;  la 
premiere  sigle  s'expliquerait  bien  par  Vincia),  mais  que  faire  alors  de  X  f 
comme  Fa  bienremarqu^  M.  C.  Jullian.  Ici,  pareiUem^at,  il  ne  serait  pat 
impossible  d'admettre  que  le  premier  signe  est  pour  S(emuncia)t  mais  que 
faire  alors  de  I^  qui,  d'ailleurs»  est  si  6ioign6  du  X  de  Bordeaux^  si  lei 
deux  signes  sont  des  chiif  res  ? 

4^  Bagues  ou  Anneaux 

215.  —  Anneau  avec  un  cachet  rectangulaire  de  30  millimfetres  de 
large  sur  16  de  haut.  Sur  ce  rectangle  ou  cachet,  en  creux ; 


AYIT 


LetCres  de  10  mill. 

T(itus)  J(ulius)  Vai...us) ?  —  Les  lettres  sont  un  pen  grftles  et  de  forme 
un  pen  cursive.  Nous  donnons  Tinscription  telle  qu'elle  se  pr^sente  sur  le 
cachet,  mais  Tempreinte  donne,  en  relief:  TIVa,  d'oCi  notre  lecture,  oe 
sceau  etant,  au  reste,  analogue  k  ceux  qui  dtaient  appose  sur  les  amphores 
et  sur  la  poterie  k  couverte  rouge  lustr^e.  S'il  fallait  entendre  Tinseription 
telle  qu'elle  se  prtoente  ^r  le  cachet,  elle  eiit  donn^  k  Tempreinte  Ati^us\ 
retrograde;  cette  interpretation  serait  done  bien  moins  probable.  Seulement 
Thesitation  est  permise,]es  lettres  se  rencontrant^tre  telles  querien  n'avertit 
de  leur  veritable  sens.  L'anneau  etait  dispose  pour  etre  porte  aux  doigts 
de  la  main;  11  va  bien,  surtout^  k  ia  deuxitaie  phalange  de  rawnulaire. 


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—  195  — 

216.  —  Petite  bague  de  la  fonne  dite  chevali^re.  Gravte  en  creux 
sur  le  chaton : 

line  palme 

Longueur  IS  milUnUtrea 

Souvent  ane  palme  fait  partie  des  marques  de  potier^  on  mSme  oonstitne 
une  marque  k  elie  seule.  Voyez  n*  144. 

217.  —  Anneau  ou  bague,  de  la  forme  dite  chetalUre,  grosse  et 
lourde(..).  Sur  le  chaton,  dans  un  cercle,  frapp*  ou  couW  avec  la 
bague,  en  relief : 

p 

X 

Haut.  6  mm.  environ  Le  P  coupe  H  d  eon  milieu, 

Les  traits  de  ce  monogramme  du  Christ,  larges.  La  bague  fut  trouv6e> 
vers  1840,  dans  un  sarcophage  de  plerre  d'un  grand  dmeti^re,  situA,  It 
Torient  et  non  loin  de  nos  fouilles,  entre  les  voies  romaines  d*Auch  et  de 
Toulouse,  qui  aboutissaient,  en  angle  aigu,  au  centre  de  Pradoulin.  Dans 
une  note  de  la  page  24  de  ses  Notices  hUtoriquea  sur  la  mile  de  Lectoure, 
F.  Cassassoles  dit  possMer  une  bague  en  or»  trouv^  au  m^me  endroit,  «  sur 
le  chaton  de  laquelle  se  trouvent  les  deux  lettres  X.  P.,  monogramme  du 
Christ  ».  Nous  ignorons  ce  qu'est  devenue  cette  bague  en  or.  Celle  de 
bronze  est  perdue;  nous  Tavons  eue  seulement  quelque  temps  entre  les 


mains. 


EugAne  CAMOREYT. 


NOTES  DIVERSES 


CCCXVIII.  Les  papiers  de  fomiUe  des  Polastron 

J'ai  aohet^  nagu^re  k  la  vente  du  brie  k  brae  de  Breil,  antiquaire  k  Pan, 
une  quantity  considerable  de  parchemins  relatifs  k  la  famille  de  Polastron. 
II  y  en  a  depuis  le  xv*  8i6cle  jusqu'au  xix*.  J'en  donne  avis  k  ceux  que 
pareille  nouvelle  pent  int^resser  :  quelque  g^n^alogiste  pourra  y  trouver 
des  noms  et  des  alliances  qu'il  ne  soup^nne  pas;  le  chroniqueur  lui-m6me 
y  glanera  des  notes  pour  Fhistoire  du  Gers  et  en  particulier  de  Lombez. 
Inutile  de  donner  ici  un  inventaire  de  plus  de  60  pieces.  Je  les  communi- 
querai  volontiers  aux  travailleurs.  V.  D. 


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L'IDIOME  GASCON  A  LA  SORBONNE 


De  l'influence  du  dialects  GASCON  suR  LA  LANGUE  FRAN^AiSE  de  la  fin  da 
XV*  si^le  k  la  seoonde  moiti^  du  xvn',  par  Maxime  Lanusse,  professeur 
[au  lyc6e  Charlemagne].  Paris,  Maisonneuve  (quai  Voltaire,  25).  — 
1  vol.  in-8*  de  xvi-470  p. 

{Suite  etjin*) 

M.  Lanusse  a  trouv^  chez  nos  critiques  litt^raires  ce  double  juge- 
ment  sur  Du  Bartas  passi,  ou  peu  s'en  faut,  k  T^tat  d'axiome :  «  L'au- 
teur  de  la  Semaine  est  un  disciple  de  Ronsard;  il  emploie  les  m6mes 
procM^  poStiques  avec  exag^ration  et  abus.  »  A  ce  double  arr^t,  le 
jeune  professeur  oppose  ces  deux  assertions  :  Du  Bartas  se  distingue 
absolument  de  Ronsard  par  Tinspiration  chr^tienne  et  m^me  par  la 
thtorie  po^tique;  il  a  d'ailleurs  dans  la  langue  et  le  style  des  quality 
et  des  d^fauts  tout  diff^rents.  Plusieurs  pages  sont  employees  k  justifier 
cette  opinion;  je  me  contente  de  les  recommander  comme  fort  instruc- 
tives  aux  lecteurs  gascons  et,  pour  abr^r,  je  me  bite  d'indiquer,  en 
aussi  peu  de  mots  que  possible,  comment  elles  n'ont  pu  gagner  Tassen- . 
timent  absdu  des  professeurs  de  Sorbonne,  ni  m6me  satisfaire  pleinement 
un  critique  k  demi  converti  d6ji  —  c'est  de  moi  que  je  parle.  — 

Des  dissidences  thtoriques,  m6me  graves,  des  differences  de  g6nie, 
m^me  profondes,  n'emp^hent  pas  de  classer  un  terivain  parmi  les 
disciples  d'un  maitre  qui  lui  a  incalqu6  au  moins  une  partie  notable 
de  ses  procedfe.  A  son  tour,  il  est  vrai,  ce  disciple  pent  passer  chef 
d'teole  par  une  forte  originality  personnelleetun  hautdegrfi  d'influenoe 
propre. 

A  mon  humble  avis,  du  premier  chef,  Du  Bartas  reste  c  disciple  de 
Ronsard  »  beaucoup  plus  que  M.  Lanusse  ne  voudrait  I'avouer;  mais 
sur  le  second,  je  plaiderais  volontiers  avec  lui  la  cause  de  notre  vieux 
po6te  huguenot. 

M.  Faguet  a  trte  bien  r&sum^  la  revolution  po^tique  op^r^e  ou  du 

(•)  Voir  cidessus,  Uvr.  de  f^vrier,  p.  117.  —  Dans  ce  premier  article,  il  est 
rest^  quelques  fautes  d'impression,  dont  deux  me  semblent  ^  corriger  id.  P.  121. 
alin^commengaDt  par«  M.  Lanusse...  »,  ligne  2,  decant  initialed  lisez :  devant 
une  r  initiale;  —  ligne  10,  effacez  de  avant  <x  cap  de  Saint- Amaud  ».  —  A  la 
p.  120,  note  (4X  demises  lignes,  j'aurais  du  remarquer  que  le  ddplacement  de 
I'aocent  ob^issait  dans  les  deux  exemples  cites  k  des  lois  diHerentes. 


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—  197  — 

moins  esssyie  par  Ronsard  en  oes  trois  points  (1) :  imitation  des  anciens^ 
plus  p6n6trante  et  plus  savante  qu'auparavant;  —  culture  des  genres 
nobles,  au  lieu  des  petits  potoes  de  tradition  indigene; — cr^tiond'un 
style  et  d'une  langue  poitiques,  ilev6s  au-dessus  de  la  prose  par  la 
richesse  (au  besoin  inventive),  par  Timage,  par  la  force  et  la  majesty,  etc. 
Or  ce  sont  \k  les  caractferes  de  Du  Bartas,  il  n'y  a  pas  &  s'y  tromper. 
Tout  au  plus  y  a-t-il  une  nuance  importante  sur  le  premier  point,  les 
pontes  de  la  Pldiade  imitant  en  vrais  paiens  Tantiquit^  profane,  tandis 
que  Du  Bartas  est  tout  biblique  et  ennemi  prononoS  des  sujets  fabuleux 
ou  passionnte.  Mais  la  couleur  antique  ne  subsiste  pas  moins  dans  la 
po^sie  bartassienne.  Je  prends  au  hasard  dans  un  vieux  recueil  (2)  la 
liste  des  periphrases  par  lesquelles  le  soleil  est  d&sign^  dans  les  deux 
Semainea.  J'en  trouve  beaucoupqui  impliquent  des  comparaisons 
tir^  plus  ou  moins  heureusement  de  la  r^alit^ :  «  L'oeil  du  monde,  le 
prince  des  flambeaux,  la  charrette  flambante  du  ciel,  la  lampe  du  jour, 

Le  courrier  flamboyant  dent  la  perruque  blonde 
Redore  ohasqae  jour  or'  Tun,  or*  Tautre  monde; 

le  postilion 

...  qui  jamais  ne  void  fin  it  sa  course; 

...  qui  d'un  flamboyant  tour 

Tout  ce  grand  univers  postillonne  en  ud  jour.  » 

Mais  j'en  remarque  un  presque  aussi  grand  nombre  qui  sont  mytho- 
logiques  :  €  Titan  chaleureux,  fils  tire-traits  de  la  belle  Latone,  flam- 
beau latonien,  torche  delphique,  Ph6bus  aux  cheveux  d'or,  ApoUon 
donne-honneurs,  etc.  »  Je  sais  bien  que  sous  ce  jargon  mythologique 
ridto  et  Tesprit  sont  Chretiens;  mais  la  po^sie  n'en  garde  pas  moins  la 
marque  ind616bile  de  la  P16iade. 

Je  n'insiste  pas  sur  les  questions  de  «  genres  »  et  de  <  langue  et  style 
po^tiques  ».  Ici,  pourvu  qu'on  ne  confonde  pas  les  notes  et  tendances 
personnelles  avec  le  train  g^n^ral  de  Tart  et  du  metier,  il  n'y  a  gu&re 
lieu  de  disputer  s6rieusement.  N'y  eut-il  que  cet  usage  exclusif  de 
Talexandrin  chez  notre  po^tegascon,  il  est  jonsardien;  carc'est  Ronsard 
qui  le  premier  et  k  Tencontre  d'une  tradition  s6culaire  a  remis  ce  grand 
vers  en  honneur  et  a  terit :  <  Les  alexandrins  tiennent  la  place,  en 
notre  langue,  telle  que  les  vers  h^roiquesentre  les  Grecs  et  les  Latins... 
La  composition  des  alexandrins  doit  ^tre  grave,  hautaine  et  s'il  faut 
ainsi  parler  altiloque,  d'autant  qu'ils  sont  plus  longs  que  les  autres  et 

(1)  Selziimo  sidcle,  etudes  UtUraires  (Pans,  1S94),  p.  229. 

(2)  Le  grand  Dictionnaire  des  rimes  franeolses  [renfermant]  Us  Eplth^tes 
tiris  des  cpuores  de  GuilL  de  Salluste  s'  du  Bartas.  Gon^ve,  1624. 


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•^  198  -^ 

sentiraient  la  prose  s'ils  n'^ient  compost  de  mots  ^us^  graves  el 
r&sonnants.  »  Cette  citation^  que  j'empnmte  sans  fa^n  k  M.  Faguet, 
ne  semble-t-^lle  pas  le  programme  que  Du  Bartas  aurait  tenu  k  ooeor 
de  suivre  dans  cbaque  page  de  ses  <  graves  et  rfeonnants  »  po^mes  t 
Si  M*  Lanusse  j  oppose,  en  faveur  de  Toriginalit^  de  Du  Bartas,  le 
retour  de  la  Franciade  au  vieux  d6easyllabe  6pique,  M.  Faguet  r6pond 
tr^s  bien  k  cette  objection;  d'aiUeurs  sptoieuse.  Et  je  ne  crms  pas  que, 
tout  en  att^nuant  ce  qu'il  dit  avec  bien  d'autres  de  V  «  exag&^tioii  » 
Mcheuse  des  audaces  de  Ronsard  dans  Du  Bartas,  on  puisse  la  nier 
absolument.  L'usage  du  redoublement,  par  exemple,  reste  k  son  actif, 
comme  im  progrfes  malheureux  dans  la  voie  du  n^ologisme  par  provi- 
gnement,  ouverte  par  Ronsard. 

Du  Bartas  pent  done  rester  inscrit  dans  Thistoire  litt^raire  avec  ce 
titre  de  disciple  de  Ronsard  que  M.  Lanusse  voudrait  effacer;  mais  la 
plupart  des  remarques  de  ce  dernier  n'en  subsistent  pas  moins,  assu- 
rant  au  pofete  huguenot  une  vraie  originality  dans  Tinspiration  et 
m6me,  quoique  k  un  moindre  degr^,  dans  I'art  et  dans  le  ton.  Au  reste, 
cette  initiative  de  renovation  po^tique  a  ii6  constat^  et  soigneusement 
6tudi6e  depuis  longtemps,  dans  Toeuvre  de  Du  Bartas,  par  un  grave 
toivain  qu'on  oublie  trop  de  consulter,  surtout  en  mati^re  litt^raire. 
Je  veux  parler  de  M.  Aug.  Poirson  et  de  son  Histoire  du  r^gne  de 
Henri  IV  (1856),  dont  le  neuvifeme  et  dernier  livre  est  consacre  lout 
entieraux  sciences,  lettres  et  beaux-arts  pendant  la  p6riode  de  1589  k 
1610.  Lk,  Du  Bartas  est  hardiment  class6  sous  la  rubrique  «  nouvelle 
^le  B,  par  opposition  aux  deux  ^les  ant^rieures  de  Marot  et  de 
Ronsard.  Aucun  critique  n'a  autant  fait  valoir  les  hautes  parties  du 
g6nie  de  Du  Bartas  et  surtout  la  portte  profond6ment  humaine  et  reli- 
gieuse  de  ses  po^mes  et  de  leur  succ6s.  Je  renvoie  k  ce  travail  trop  peu 
connu  et  qui  me  parait,  au  point  de  vue  des  idtes  morales,  absolument 
digne  d'un  historien  aussi  judicieux  dans  ses  conclusions  que  cons- 
ciencieux  dans  ses  recherches.  Malheureusement  le  criterium  propre- 
ment  litt^raire  de  M.  Poirsgn  n*avait  pas  tout  k  fait  la  m6me  surety 
que  son  coup  d'oeil  philosopbique,  et  par  la  m6me  son  magnifique 
61oge  de  Du  Bartas  pent  avoir  plus  d'une  retouche  k  subir. 

On  n'est  d'ailleurs  vraiment  chef  d*^le  que  par  les  disciples  qu'on 
s'attache,  et  c'est  par  le  nombre,  la  valeur,  Tactivit^  de  ces  imitateurs 
et  par  la  durde  de  leur  vogue  que  ce  titre  «  d'teole  »  prend  place  dans 
rhistoire.  Or,  il  faut  bien  avouer  que  Timitation  de  Du  Bartas  n'a  pas 
produit  d'oBuvres  durables.  Si  Malherbe,  en  «  biflEant  »  Ronsard,  a 
marqu^avec  autant  de  surety  que  d'injustice  la  fin  du  «  ronsardisme^  » 


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—  199  — 

il  a  du  Qidme  ooup  poresque  effaoS  la  trace  de  Du  Bartaa  et  de  aes  disdh 
pies.  Toutefois  une  itude  intelligeate  et  attentive  de  notre  ivolutioii 
poMque  au  xvi«  et  au  xvii^  sitele  doit,  nou  seulement  reconstituer  la 
grande  6cole  de  Ronsard,  qui  est  le  vrai  point  de  depart  de  toute  notie 
po&sie  classique,  mais  encore  distinguer  le  groupe  des  bartassiens,  qui 
a  eu  son  action  particulifere  etoriginale  en  France  et  h  T^tranger.  Cette 
itude  spteiale  est  surtout  int6ressante  pour  les  gascons^  parce  que  I'^le 
de  Du  Bartas  ^  eu  naturellement  dans  notre  province  une  fortune  trfes 
marquee  et  y  a  comptS  m6me,  malgr6  la  stdrilit^  ordinaire  de  notre  sol 
po^tique^  plusieurs  ^h^rents  de  quelque  renom.  Le  plus  en  vue  de 
tous  est  Joseph  Duchesne,  lectourois,  mMecin  d'Henri  IV^  dont  le 
Grand  miroir  du  monde  (Lyon,  1593)  est  le  v^table  compltoient  de 
la  grande  Semaine.  M.  Lanusse  ne  I'a  pas  oubli6^  non  plus  que  Jean 
Gaston,  Wamais  {(Euvrea  poHiquea  et  chrMe/ineSy  Ortbez,  1633);  il 
faut  leur  adjoindre  Etienne  de  Sanguinet,  «  gentiihomme  gascon^  » 
auteur  de  la  Dod^cade  de  VEvangile  (Bergerac,  1614)  (1),  et  un 
neveu  de  Du  Bartas,  Jean  d'Escorbiac,  seigneur  de  Ba}onnette,  auteur 
de  la  Chrisiiade  (Paris,  1613). 

On  le  voit :  si  M.  Lanusse  est  all4  «  un  peu  trop  avant  dans  toa 
opinion  »  favorable  k  Du  Bartas,  comme  Tavoue  un  des  critiques  les 
plus  sympathiquea  k  sa  th^  (2),  il  n'en  a  pas  moins  produit  au  procte 
des  fails  et  des  raisons  tr6s  notables  et  dont  il  faut  absolument  tenir 
compte  pour  le  yrai  classement  des  pontes  et  des  ^les.  Et  maintenant 
je  ne  puis  comme  je  le  voudrais  m'arr^ter  sur  les  belles  pages,  el  tout 
k  fait  judicieuses  non  sans  nouveaut^,  qu'il  consacre  k  Montaigne 
considiri  prMs&oient  comme  terivain  gascon  (3),  et  k  Monluo,  ohes 

(1)  Ce  lourd  po^me,  qui  ne  renferme  pas  moins  de  douze  chants  (Fauteur  a 

mieux  aim^,  non  sans  raison,  le^  appeler  <f  traictez  » ),  se  distingue  par  une 

ezag^ration  invraisemblable  des  d^fauts  de  gout  qu'on  reproche  k  Du  Bartas,  et 

surtout  par  une  f  ureur  de  poldmique  anti-cathobque  tout  k  fait  4trang6re  h  son 

module.  Je  veux  en  citer  les  demiers  vers  (p.  565-6),  qui  ne  donneront  pas 

grande  envie  de  lire  les  autres : 

Poisqae  fay  d'un  fort  ton  et  d'un  penible  style  —oh/  oail  — 

Celebrd  un  Sftnvenr  retemel  Evftngilej 

Parfait  ma  Dodecade  et  le  mienx  <ine  j'ay  pen 

Au  Dieu  Omnipotent  rendu  mon  divin  vcen 

Ez  ans  de  Jesus  n6  qu'au  calcnl  hebralqne 

Le  prophete  Germain  compute  en  sa  chronique 

Milie  six  cens  et  cinq,  milte  six  oens  et  six. 

En  moins  de  deux  cens  jours  (don  de  celeste  gr&ce) 

Ceste  oeuvre  oonsommant  que  temps  ny  mort  n'eflaoe, 

Quand  elle  voudra  done  vienne  i  moy  oeste  mort 

Toute  afEreuse  qu'elle  est  et  de  face  et  de  port. 

(2)  M.  S.  Rocheblave,  Reoue  internat.  de  Venaeignemeni,  15  nov.  1893. 

(3)  M.  Lanusse  cite  (p.  177)  le  dicton  gascon  du  chapitre  xxv  (1.  i)  des  Essais  : 
«  Bouha  prou  bouba,  mas  a  remuda  lous  dits  qu'em, »  en  ajoutani  que  le  sens 
en  est  «  tr^  controversy.  »  Le  sens  littoral  ne  pent  gu^re  ^tre  mis  en  discussion, 


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—  200  ^ 

lequel  il  signale  surtout  les  deux  traits  distinctifs  de  la  race  gasconne : 
«  rimaginationffeondeet  rinsouciance,  voulue  ou  non,  des  rfeglesetde 
Tart.  »  Encore  id  pourtant,  j'aurais  une  reserve  k  faire,  moins  pour 
Monluc  lui-mfeme  que  pour  sa  race  :  Tesprit  pratique,  le  sens  prompt, 
aiguis6,  mais  au  besoin  tout  aussi  r^tehi,  me  paralt  le  caractfere  le  plus 
marqu6  du  gascon;  quant  k  Timagination  qui  brille  chez  lui,  ce  n'est 
pas  prfcis&nent  oelle  qui  est  invention  litt^raire,  creation  poitique,  c'est 
celle  qui  s'appelle,  d'une  part,  verve  ou  sentiment  personnel  trfes  vif  et 
trfes  expansif,  et  de  Tautre  f^ndit6  de  moyens  d'action.  Et  par  li,  me 
semble-t-il,  se  trouve  r&olue,  pour  le  dire  en  passant,  une  demi-contra- 
diction  que  quelques-uns  ont  cru  trouver  dans  une  rteente  leQon  tr^s 
remarqu6e  de  M.  Bourciez  sur  «  Tesprit  gascon  (1).  » 

III.  En  m'6tendant  au-deli  du  n^cessaire,  mais  non  peut-Atre  sans 
quelque  int^rfet  s^rieux,  sur  des  parties  relativement  accessoires  de  la 
th^  de  M.  Lanusse,  je  me  suis  condanm^  k  glisser  l^g^ment  sur 
Tessentiel  de  ce  travail,  sur  le  livre  troisi^me  <  le  gascon  dans  la 
langue  frangaise.  t  Au  fond,  je  n'en  ai  pas  grand  regret.  II  faut  que  les 

puisque  Montaigne  lui-mdme,  qui  devait  savoir  ce  qu'il  6criyait,  a  traduit  ainsi : 
«  Souffler  prou,  soulfler;  mais  ^  remuerles  doigts,  nous  en  sommes  1^.  »  Qu'em 
yeut  done  dire  ici  nous  sommes  et  non  pas  nous  aoons.  —  II  y  a  eu  de  plus 
discussion,  il  est  vrai,  sur  la  m^taphore  qui  est  Tdme  de  ce  dicton.  J'ai  cm  et 
soutenu,  dans  le  Bulletin  de  I'lnstitut  cathoUque  de  Toulouse  de  1890,  qu'il 
fallait  entendre  probablement :  «  Souffler  sur  ses  doigts,  c'est  bon;  mais  il  s'agit 
ensuite  de  faire  oeuyre  de  ses  doigts  1 »  C'^tait  un  contresens.  Montaigne  lui- 
m6me  nous  dit  que  ce  proverbe  est  «  tir4  d'une  chalemie,  »  c'est-^-dire  que  la 
figure  qui  le  constitue  est  emprunt^e  k  Tid^e  d'un  chalumeau.  II  faut  done  enten- 
dre :  «  Souffler  est  facile;  mettre  les  doigts  oil  il  faut,  voil^  la  grande  affaire  I  » 
C'est  pour  n'avoir  pas  compns  d'abord  le  mot  chalemie,  et  pour  ayoir  trop  tabid 
ensuitesurune  interpretation  toute  faite,  que  j'ai  chopp6  assez  lourdement.  J'^tais 
depuis  longtemps  revenu  de  mon  erreur,  quand  M.  rabb6  Dulac,  quiaurait  pu  me 
redresser  en  vingt  lignes,  a  eu  la  complaisance  vraiment  excessive  de  me  faire 
la  le^n  dans  toute  une  brochure  ad  hoc :  Un  dicton  gascon  dans  Montaigne, 
Tarbes,  1891.  Prix :  10  fr.  Les  amateurs  qui  seraient  curieux  de  la  lire  doivent 
s'adresser  k  Tauteur  lui-m^me,  qui  leur  fera,  je  suppose,  une  notable  rMucdon 
sur  ce  prix  fabuleux. 

(1)  Cette  belle  legon  d'ouyerture  a  paru  dans  \q  Bulletin  municipal  qfflciel  de 
la  oille  de  Bordeaux  du  16  d^cembre  1893.  La  formule  suivante,  d^d^ment 
excessive,  se  lit  ^la  fin  de  la  p.  157 :  «  Chez  tons  (les  ^rivains  gascons),  ^xidcm- 
ment,  Timagination  est  la  quality  maitresse,  dominante,  et  elle  rompt  T^quilibre 
au  detriment  de  la  raison...  »  Chez  tons  I  et  nos  grands  diplomates,  Gabriel  de 
Gramont,  Jean  de  Monluc,  Arnaud  d'Ossatt  et  ce  que  vous  avez  dit  vous- 
m^me,  et  si  bien,  de  la  perseverance,  du  savoir-faire  et  de  Youeil  de  gat  de  la 
race  ?  —  Sauf  ce  dissentiment,  plut6t  de  surface  que  de  fond,  on  me  permettra 
de  me  feiiciter  d'avoir,  ily  a  tant6t  treize  ans  (Reoue  de  Gascogne,  xxiii,  297), 
signaie  dans  le  «  genie  gascon  »  presque  les  memes  traits  que  M.  Bourciez;  mais 
ceux  qui  reliront  mon  discours  de  1882  apr^s  son  eiegante  et  spirituelle  le^n 
ne  m'acouseront  pas  d'avoir  donne  ioi  cette  indication  au  profit  de  mon  amour- 
propre. 


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—  201  — 

amatears  de  oes  Etudes  prennent  directement  connaissance  de  oes  deux 
cent  cinquaute  pages,  pleines  de  faits  linguistiques  aussi  bien  olasste 
que  solidement  expliqu^.  Je  me  contente  done  d'une  analyse  som- 
maire,  en  vue  surtout  de  bien  montrer  la  sagesse,  la  prudence  presque 
excessive  de  I'auteur  dans  ses  inductions^  en  m^me  temps  que  I'heu- 
leuse  disposition  de  ses  riches  matdriaux. 

Un  premier  cbapitre,  qu'on  aurait  grand  tort  de  n^gliger,  donne  sa 
vraie  signification  k  tout  ce  qui  s'appellera  dans  le  reste  du  livre 
c  influence  du  gascon  »,  et  met  au  point  juste,  autant  que  la  chose  est 
possible,  la  part  respective,  si  souvent  ind6cise,  de  divers  idiomes  en 
rapport  commun  et  simultan6  avec  notre  languenationale.il  se  resume 
dans  les  trois  points  suivants  : 

1°  L'influence  gasconne  « introduit  dans  la  langue  un  certain  nombre 
d'expressions  ou  de  toumures,  les  imes  franchement  gasconnes,  les 
autres  gasconnes  et  m^ridionales;  —  2°  Elle  aide  puissamment  k  la 
fortune  de  la  plupart  des  mots  empnmtds  k  Titalien  ou  k  Tespagnol;  — 
3°  Elle  ramfene  ou  contribue  k  maintenir,  au  moins  pour  quelque  temps, 
des  termes  et  des  tours  connus  de  Tancien  fran^ais,  mais  tomb6s  dans 
Toubli  ou  dMaignfe  de  la  langue  du  xvi«  et  du  xvii^  sitele.  • 

Viennent  ensuite  les  trois  chapitres  entre  lesquels  se  partagent  tons 
les  faits  qui  6tablissent  rinfluence,directe  ou  indirecte^du  gascon  sur  le 
frangais,  dansces  trois  domaines  :  prononciation,vocabulaire,  syntaxe. 

1.  L'influence  du  gascon  sur  la  prononciation  fran^ise  est  tr^ 
delicate  k  determiner,  d'autant  que  Thistoire  de  cette  prononciation, 
m6me  aprte  les  beaux  travaux  de  Ch.  Thurot,  est  sur  plus  d'un  point 
obscure  et  douteuse.  Les  remarques  de  M.  Lanusse  sur  la  valeur 
compar6e  soit  des  voyelles  et  des  diphtongues,  soit  des  consonnes,dans 
le  gascon  et  dans  le  fran^ais  de  Tile  de  France  au  commencement  des 
temps  modemes,  sent  fort  utiles  et  donnent  lieu  k  des  rapprochements 
int^ressants  (1).  II  n'en  ressort  pas  de  conclusion  g6n6rale  bien  6tablie 
sur  Tinfluence  de  notre  patois.  Le  fait  le  plus  notable  en  oe  genre  est 

(1)  Voici  quelques  meuues  observations,  saus  portde  d'ailleurs  pour  Ja  valeur 
g^ndrale  des  inductions  de  M.  lanusse.  —  Sur  la  distinction  des  braves  et  des 
longues  (absolument  identiques  pour  les  gascons),  la  liberty  po^tique  relative 
signal^e  chez  nos  pontes  classiques  ne  doit-eUe  pas  etre  imput^e  surtout  aux 
Normands  ?  —  A  la  p.  268,  on  nous  accuse  aveo  raison  de  prononcer  anguile 
pour  anguUle;  mais  c'est  par  distraction  qu'on  nous  reproche  notre  prononcia- 
tion distcle,  qui  est  la  bonne.  —  Ce  qui  ooncerne  rr  (p.  271-272)  est  incomplet. 
Le  frangais  actuel  n'a  qu'une  meme  prononciation  pour  /•  et  rr;  le  gascon  en  a 
deux  (dont  aucune  n'esi  la  vraie  /•  del'lle  de  France).  On  pent  prouver,  je  crois, 
par  les  grammairiens  d'autrefois  que  la  prononciation  Irangaise  s'est  modifi^e 
et  8impU/l6e  sur  ce  point. 


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—  9«  — 

peut-4tre  eelui  que  I'auteur  a  placd  le  dernier  dans  oe  obapitre :  <  On 
doit  expliqner,  d'une  mani^re  p^ndrale,  par  Tinfluenoe  dea  Fian^^is  du 
Midi,  oomme  leremarque  fort  justement  M.  Crousl^  (Gramm.fHin^.\ 
mais  en  particulier,  ajouterons-nons,  par  I'influenee  des  Gascons,  la 
tendance  de  la  langue  frangaise  k  faire  sonner  les  consonnes  finales 
assourdies  dans  Xefran^ais  du  Nord,  le  veritable  frangais,  »  Notes 
que  par  ce  detail  l*influenoe  m^ridionale  va  k  I'encontre  de  la  recherche 
du  a  moindre  eflfort  »  et  de  la  douceur  de  la  prononciation,  qui  est  la 
principale  cause  des  changements  en  cette  matifere. 

2.  L'influence  sur  le  vocabulaire  est  dtablie  par  un  rdevi  alphaM- 
tique  fort  dtendu  (p.  277-368)  des  mots  gaseous,  ou  signal^  oomme 
tels,  qui  se  trouvent  dans  les  auteurs  frangais.  II  y  aurait  peut-fetre  eu 
quelque  avantage  k  s^parer  des  mots  vraiment  frauds^,  lee  mots 
gascons  qui  figurent  dans  les  textes  par  pure  n^oessit^,  comme  en 
oertains  actes  et  m^moires  de  notre  pays,  ou  par  barbarisme  touIu, 
comme  dans  le  Baron  de  Fcanesie,  Mais,  comme  chaque  article  donne 
lieu  k  un  commentaire  ou  tout  est  soigneusement  discut^,  Tinconv^ 
nient  n'est  pas  grave  et  un  vrai  profit  est  toujours  assurd  au  leeteur, 
avec  ragr6ment  par  surcrolt.  Car  il  est  difficile  de  trouver  en  pareille 
matifere  un  choix  aussi  vari^et  aussi  curieux  de  citations  topique8,avec 
tant  d'aisance  et  de  sagesse  dans  le  commentaire.  Dans  sa  conclusion, 
Tauteur  n'admet  que  quatre  mots  foumis  directement  au  dictionnaire 
frangais  par  notre  parler  provincial,  savoir :  cadei  {capdei=oapiiellum), 
dont  M.  Paul  Meyer  a  d6montr6  Torigine  gasconne;  oapulei,  vAtement 
pyr4n^n  dont  les  lexicographes  ont  not^  la  provenance;  goujat  et 
gouge,  dont  j'ai  moi-mftme  propose  Tdtymologie  gaudium,  cit^  dans 
le  Dictionnaire  de  Littr6(qui,  k  cette  occasion,  a  feourt*  mon  petit  nom). 
M.  Lanusse  aurait  du  ajouter  au  moins  cachalot;  il  plaide  modeste- 
,ment  pour  Torigine  gasconne  de  ce  mot,  aux  pp.  301-2;  mais  la  phon*- 
tique  parle  avec  une  parfaite  clart^  :  caissaly  grosse  dent,  est  provengal 
et  languedocien;  le  gascon,  seul  des  idiomes  frangais  m^ridionaux, 
remplace  tssaprfes  unevoyellepar  le  son  chuintant  ch(cai880=cacho, 
haissel  =  hachHy  etc.),  et  dit,  en  consequence,  cachau  au  lieu  de 
caissaL  II  est  vrai  que  ce  chuintement  se  retrouve  en  Catalan, ainsi  que 
tant  d'autres  caract&res  du  gascon;  mais  on  dit  en  Catalan  quichal(l)f 

(1)  Je  m'aperQois  un  peu  tard  qu'au  lieu  de  la  forme  guickal,  indiqu^e  par 
lAXMf  le  Dictionnaire  Catalan  donne  (h  Tezclusion  de  toute  autre  forme)  casoal, 
C'est  done  le  vrai  mot,  iden tique,  sauf  la  vocalisation  r6guli6re  de  I  final,  au 
gascon  cachau;  ce  qui  diminue  un  peu,  mais  ne  d^truit  pas,  je  orois,  la  valeur 
de  r^tymologie  gasconne  que  j'ai  soutenue  dans  mon  texte. 


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-  908  -^ 

oomme  en  espagnol  quijal  ou  quyar  et  en  partagais  gueixul.  C'est 
done  viaiment  le  gascon  qui  aura  nommi  le  cachalot,  «  animal  arm^ 
de  grosses  dents  ».  Et  cette  induction  est  fortifi^  parcette  remarque  de 
M.  Lanusse,  que  c  les  Gascons  du  littoral,  les  Bayonnais  surtout,  ont 
6i6  de  tout  temps  de  hardis  et  intr^pides  marins.  » 

Parmi  les  mots  qu'il  faut  regarder  oomme  purement  patois,  quoique 
fourr^  une  fois  ou  autre  dans  un  texte  francs,  je  citerai :  1^  ramelei, 
qui  a  Youlu  dire  suooessivement  petit  rameau,  bouquet,  fto  locale, 
ballet.  M.  Lanusse  m*a  renvoy^  Thonneur  de  cette  explication,  que 
j'avais  fournie  dans  le  temps  aux  Miteurs  de  d^Antras,  mais  que  je 
teoais  de  feu  M.  le  D^  Noulet,  je  me  fais  un  devoir  de  le  dMarer  ici; 
au  reste,  ce  mot  est  languedocien  et  non  gasoon  (on  dirait  en  gascon 
ramerei);  —  2*^  esolop  est  donn6  par  Borel  pour  languedocien,  non 
pas  pour  gascon,  puisqu'il  attribue  le  mot  k  Toulouse;  mais  il  doit 
appartenir  aux  deux  dialectes.  L'^tyroologie  est  prohablement  aoceuluSy 
ital.  zoccoloy  qui  pr^te  k  la  m6tath^  ^ioj  e$olOf  esclop,  p.-6.  pour 
escloc;  —  3**  bouasin  (rac  lat.  buccal  donni  pour  gascon  par 
Cotgrave,  est  encore  trte  U8it6  surtout  dans  une  des  parties  les  plus 
€  gasconnes  »  de  notre  province,  en  Bas-Armagnac;  ailleurs  on  a 
pr6f6r6  r^quivalent  moa  (moram);  mo9  de  pafiy  boucin  de  patty  mor- 
ceau  de  pain;  ^^  4^  care  ne  peut  pas  6tre  frangaisd'origine :  la  phon^* 
tique  frangaise  exige  eh^re  (faire  bonne  chfere,  c'est-k-dire  bonne  figure 
k  quelqu'un);  care  est  assur^ment  meridional,  sinon  express^ment 
gascon;  —  5^  iuppiuy  qui  n*est  plus  du  frangais  correct,  est  encore  trte 
usit^  dans  lefrangais  de  plusieurs  provinces,  k  Lyon  par  exemple;  le 
gascon  correspondant  est  toupin;  —  6^  milloquej  milloc  :  ce  dernier 
est  le  nom  actuel  du  mais  (concurremment  avec  turguet)  en  Arpia- 
gnac  et  ailleurs;  on  y  reserve  le  nom  de  milloque  k  une  esp^  de 
sorgho,  trfes  voisine  du  mais  par  le  port,  mais  qui  ne  foumit  que  la 
feuille  utilise  comme  fourrage  et  des  6pis  dont  on  fait  les  balais.  II  est 
possible  que  cette  synonymie  ne  vaille  pas  pour  tous  les  lieux;  ce  que 
je  tiens  k  dire,  c'est  que  millocy  dans  un  texte  de  1546,  d^ignait  sans 
doute  le  gros  millet,  non  le  mais,  qui  ne  devait  pas  6tre  encore  cultiv^ 
chez  nous. 

Deux  mots  qui  me paraissent  purement  latins,  saLutVhabitua  gascon 
ou  frangais  que  leur  donnaient  les  tabellions  et  praticiens  du  vieux 
temps  :  multa,  multer  (mulctare);  legat  {legatum)^  remplac6  par  le 
barbarisme  leg  a  (le  bon  frangais  serait  laia,  de  laiaaer),  —  En  revan- 
che, aaturey  quoique  tr6s  employ^  par  Henri  IV,  est  purement  frangais 
(a  &fheure),  M.  Lanusse  a  raison  de  Tassurer;  mais  il  aurait  iik  noter 


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—  204  — 

que  le  mot  gascon  —  ou  plutfit,  je  crois,  languedoden  —  biei-^aze 
est  encore  aujourd'hui,  sous  la  forme  franciste  m^dase,  dans  le  Diction- 
naire  de  TAcadtoie. 

3.  L'influence  du  gascon  sur  la  syntaxe  fran^aise  est  poursuivie  k 
travers  toute  la  s4rie  des  parties  du  discours;  etchemin  faisant,  que  de 
gasconismes  relev^  dans  tel  oU  tel  de  nos  auteurs  fran^ais,  particuli^ 
rement  dans  Montaigne  (1)1  Sur  Tarticle :  «  dea  grandes  mules,  »  au 
lieu  de  la  simple  particule  de  (remarquez  bien  qu'aujourd'hui  Tusage 
parisien  semble  se  prononcer  dans  ce  sens).  —  Sur  le  substantif : 
genre  masculindonn6auxmols  cuiller,  deiie,  doty  huile^  imager  ren^ 
centre,  etc.  —  Sur  Tadjectif :  le  possessif  remplaci  par  I'article  (le  p^ 
m'a^dit...;  la  femme  est  sortie);  Tabus  du  mot  autrea  dans«  nous 
autres,  vous  autres,  »  qui  me  paraissent  pourtant  de  vrais  gallicismes, 
mais  pouss6s  Irop  loin  chez  nous.  —  Sur  le  pronom  :  Tabus  du  verbe 
pronominal :  «  je  me  la  garde;  »  en  pour  le  :  €  gascon,  yen  suis  et  je 
m'cnappelle.  » —  Sur  le  verbe:  enirer,  soriir^pardonner,  iomber...y 
devenus  transitifs.  En  revanche,  le  compl^ent  direct  des  vrais  verbes 
transitifs  se  trouve,  dans  les  auteurs  qui  ont  subi  Tinfluence  gasoonne, 
surtoul  dans  Monluc  et  parfois  dans  Montaigne,  pr6c6d6  de  la  propo- 
sition d :  «  II  nous  trouva,  k  M.  de  Salc^e  et  k  moi.  »  C'estungasco- 
nisme,  et  aussi  bien  un  bispanisme,  si  Ton  veut.  Toutefois,  tandis 
qu'en  espagnol  cette  construction  est  toujours  imposOe  avec  les  noms 
de  personne,  en  gascx)n, ^alement  restreinte  aux  noms  de  personne,  elle 
ne  s'emploie  rOguliferement  que  dans  les  tournures  pl^nastiques  ou 
elliptiques  :  «  L'an  tuat,  ad  et  —  on  Ta  tu6,  d  lui.  »  J'ai  entendu  cent 
fois,  d^s  le  collie,  des  dialogues  comme  celui-ci :  «  On  vous  demande. 
—  A  qui?  —  A  vous.  »  Et  quand  on  essale  de  corriger  ces  famous  de 
parler,  on  se  beurte^  cette  objection  :-<  Si  jedis  qui?  au  lieu  de  A  quif 
on  me  rOpondra  ce  que  je  ne  demande  pas,  on  m'apprendra  qui 
demande  et  non  qui  Von  demande,  »  M.  A.  Thomas  a  eu  raison  de 
reprocher  k  M .  Lanusse  trop  peu  de  precision  au  sujet  de  ce  gasconisme; 
mais  il  faut  ajouter  k  sa  dfeharge  que,  parmi  les  exemples  citOs  dans 
sa  thfese,  quelques-uns  d6passent  les  limites  rOguliferes. 

II  y  aurait  bien  d'autres  remarques  k  glaner  dans  ces  pages  sur  les 

(1)  Les  Etudes  sur  Montaigne,  il  faut  le  dire  ici,  et  il  y  aurait  eu  lieu  de  le 
remarquer  d(5j^  dans  d'autres  parlies  du  travail  de  M.  Lanusse,  lui  devront 
beaucoup,  parce  qu'il  a  mis  k  leur  vrai  point  les  nombreux  «  idiotismes  »  des 
Essais,  en  y  faisant  la  juste  part  du  gasconisme,  k  Tencontre  d*un  livre  sp^cial^ 
ou  ce  point,  sans  parler  de  bien  d'autres,  avait  et^  absolument  mal  traits  {Etude 
sur  la  langue  de  Montaigne,  th^se  de  doctorat,  par  Eug.  Voizard.  Paris,  L6op. 
Cerf,  1885.) 


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—  205  — 

toumures  franQaises  plus  ou  moins  empreintes  de  gasconisme.  II  est 
curieux  que  quelques-unes  des  plus  usit6es  parmi  nous  nese  trouvent 
pas  m^ine  dans  les  auteurs  de  notre  pays :  «  Ne  dises  pas,  n'ailles 
pas.,.  »,  par  exemple,  ont  6t6  cherchfe  en  vain  dans  leurs  livres  par 
noire  laborieux  et  attentif  compatriote.  II  y  a  trouv6  €  s'en  faire  cent 
pistoles  »,  pour  d^penser  ou  perdre...;  €  faire  k  qui...  »,  pour  dispuler 
k  qui  (par  exemple, arrivera  le  premier).  A-t-il  cherch6  «  faire  aux  cartes, 
faire  k  la  balle,  etc.  ?  »  Les  deux  Monluc  lui  ont  foumi  «  faire  de 
moins  »,  encore  si  usit6  chez  nous.  «  Faire  du  honteux  »,  et  phrases 
semblables,  ont  iii  employes  mtoe  par  des  auteurs  Strangers  a  notre 
pays,  sinon  i  notre  influence  (l).Celle-ci,  du  reste,  ^ne  consid^rer 
que  ce  qui  est  rest6  de  gascon  dans  la  vraie  syntaxe  frangaise,  est 
presque  nulle,  et  M.  Lanusse  en  convient  et  ne  s'en  plaint  pas  (2).  II 
fioit  son  beau  travail  en  f^Iicitant  Malberbe  d'avoir  a  degasconn^  »  la 
cour  d'Henri  IV,  se  montrant  ainsi  non  moins  soucieux  de  la  puret4  de 
notre  langue  nationale  qu'il  a  4l6  scrupuleux  a  relever  et  k  saisir,  dans 
leur  v^rit^,  en  dehors  de  toute  exag^ration,  les  influences  directes  ou 
indirectes,  accidentelles  ou  durables,  du  parler  gascon  sur  la  pronon- 
ciatioA,  le  vocabulaire  et  la  construction  du  frangais. 

L60NCE  COUTURE. 

QUESTIONS   ET   RfiPONSES 


298.  Hubert  Gharpentier  dans  le  dlocdse  d'Auch 

Hubert  Gharpentier,  restaurateur  de  B6tharram,  se  trouve  k  Graraison, 
dependant  alors  du  diocfese  d'Auch,  en  1611  et  1617,  avec  Pierre  Geoffrey. 
Pourrait-on  me  dire  s'il  possMa  auparavant  quel^ue  b^n^flce  dans  ce  dio- 
c^e?  II  est  k  Saint-Sever  en  1595;  depuis  lors,  je  perds  sa  trace  pendant 
plus  de  quinze  ans.  Je  soupQonne  qu'il  aura  pas8^  tout  ce  temps  k  Bordeaux 
et  aussi  dans  le  dioc^e  d'Auch:  mais  impossible  de  le  prouver. 

V.  D. 

(1)  Ce  malheureuz  verbe/atre  joue  bien  des  tours,  non  seulement  aux  Gas- 
cons, mais  en  general  aux  m^ridionauz.  On  connait  rhistoire  de  La  Viscl6de, 
secretaire  de  I'Acad^mie  de  Marseille,  qui  sortant  un  soir  de  chez  Fontenelle, 
criait  k  la  domestique :  «  Faites-moi  lumi^re,  je  n'y  vois  pas  dans  les  escaliers.  » 
Faire  lumUre  pour  4clairer,  les  escaliers  pour  I'oscalier,  sent  toujours  en 
pleine  vigueur  chez  nous,  et  plus  d'un  gascon  s'attirerait  encore  aujourd*hui  la 
piquante  observation  de  FonteneUe :  «  Pardon,  monsieur,  ma  cuisini^re  n'entend 
que  le  fraUQais.  » 

(2)  Une  des  toumures  entries  un  peu  tard  dans  la  langue  frangaise,  «  il  m'a  dit 
de  faire  »  au  lieu  de  «  que  je  fisse  »,  est  rapport^e  par  Vaugelas  et  Manage  ^ 
rinfluence  gasconne.  Je  n'y  contredis  pas;  seulement,  ces  sortes  d'attributions  et 
la  designation  m6me  de  gascon,  M.  Lanusse  le  salt  mieux  que  personne,  ont 
bien  souvent  une  port^e  trop  large  et  trop  vague  dans  les  auteurs  du  xvn*  si^le 
et  m^me  aujourd'hui. 


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LETTRES  INtDITES  DU  CARDINAL  D'OSSAT 


Lee  onze  lettres  que'nous  avons  la  bonne  fortune  de 
publier  pour  la  premiere  f  ois  f  eront  encore  mieux  connaitre 
et  appr6cier  Thabile  n6gociateur  de  Tabsolution  d'Henri  IV 
k  Rome.  Ignor6es  jusqu'ici  et  complfetement  in6dites  S 
elles  ne  le  cfedent  ni  en  importance  ni  en  int6r6t  k  celles 
qui  ont  a8sur6  la  r6putation  du  cardinal  d'Oseat. 

Celles  qui  sont  adress6e8  au  due  de  Nevers,  le  premier 
reprfesentant  d'Henri  IV  k  Rome,  6clairent  d*un  jour  tout 
k  fait  nouveau  un  des  principaux  6pisodes  des  n6gocia- 
tions  tent6es  pour  r6concilier,  aprfes  la  ligue,  la  France 
royaliste  et  le  Saint-Si6ge.  II  6tait  admis  jusqu'^  pr6sent 
que  r6chec  du  noble  diplomate  provenait,  en  grande 
partie,  de  son  d6dain  pour  les  conseils  d'Arnaud  d'Ossat, 
k  qui  Henri  IV  Favait  pourtant  adres86.  Cette  opinion 
ne  pourra  plus  se  soutenir. 

Quelques  lettres  de  d'Ossat  au  due  de  Nevers,  signal6e8 
dans  les  ventes  publiques*,  avaient  sans  doute  fait  soup- 
fonner  qu'il  avait  cependant  exists  quelques  relations 
entre  ces  deux  personnages;  mais,  ces  lettres  n'ayant  pas 
6t6  publi6es,  il  6tait  impossible  de  pr6ciser  la  nature  de 
ces  relations.  Notre  publication  permetr  aujourd'hui  de 
r68oudre  cette  question. 

La  dernifere  des  lettres  que  nous  publions  pr^sente  un 
int6r6t  tout  particulier.  EUe  est  adress6e  au  chapitre  de 

(1)  Nous  croyons  qu'il  suffit  de  rappeler  ici  que  la  meilleure  Edition  das 
lettres  de  d'Ossat  a  6i6  donn^e  par  Amelot  de  la  Houssaie  (Amsterdam,  1708, 
5  vol.  in-12),  et  que  M.  Tamizey  de  Larroque  a  publi6  dans  ]a  Reoue  de  GoB^ 
oogne,  t.  xin,  dix-huit  lettres  in^dites  de  d'Ossat. 

(2)  lyi^r^  M.  E.  Charavay,  il  aurait  ^t6  veiidu  dans  oes  demi^res  ann^es 
deux  lettres  autogra^hes  de  d'Ossat  au  duo  de  Nivemais,  dat^es  Tune  du  SO 
aotit  1595, 1'autre  du  17  septembre  1595.  V.  Polybiblion,  ann^  li68,  p.  M86U4C 


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—  207  — 

Bayeux,  dont  d'Ossat  6tait  6v6que;  il  n'y  en  a  aucune 
autre  du  mfeme  genre,  ni  surtout  du  m6me  ton,  dans 
toute  sa  correspondance.  EUe  nous  r6v61e  un  des  c6t68 
les  moins  connus  de  son  caractdre;  on  n'ose  pas  dire 
qu'elle  nous  montre  l'6v6que  dans  ses  rapports  habituels 
avec  son  clerg6. 

On  nous  dispensera  dinsister  plus  longtemps'sur  des 
lettres  extraites  en  grande  partie  de  la  collection  des 
papiers  du  due  de  Nevers  k  la  Bibliothfeque  nationale. 
EUes  ne  sent  en  quelque  sorte  que  Tappendice  d'un 
ouvrage  que  nous  sommes  k  la  veille  de  faire  paraitre 
sur  le  Cardinal  d'Ossat,  sa  vie  et  ses  n4gociations  d 
Rome.  Nous  demandons  la  permission  de  renvoyer  h  cet 
ouvrage  ceux  de  nos  lecteurs  qui  d6sireraient  d'autres 
renseignements  sur  les  circonstances  ou  les  r6sultats  de 
ces  lettres.  Pour  la  mfeme  raison,  nous  avons  cru  pouvoir 
nous  dispenser  de  tout  compentaire  et  nous  montrer 
tr^  sobre  d'annotations  historiques. 

A.  DEGERT. 

I 

L«ttrd  au  duo  de  Neyers  (1) 

Monseigneur, 
Je  n'ai  receu  la  lettrequ'il  vousplustm'escrire  de  Bologne  (2)  qu'hier 
au  soir  a  2  heures  de  nuict,  et  ce  matin  j'ay  rendu  le  paquet  k  qui  il 
s'adressoit,  et  par  vostre  cmlinaire  de  Lion  je  vous  envoie  les  deux 
escrits  qu'il  vous  ha  plu  me  demander  sur  I'estat  des  villes  que  vous 
me  baillastesy  et  n'ayant  pu  encore  mettre  au  net  ce  qu'il  vous  plust 
m'en  dieter,  je  vous  les  enverrai  k  la  premifere  commodity.  Je  vous 
envoye  aussi  la  lettre  de  Monsieur  de  Sobolle  et  en  retiens  le  m6moire 
et  la  procuration  qui  I'accompagnoient,  pour  queTonobtienneau  moins 
Tun  des  deux  points  qu'on  demande.  On  demande  premi^rement,  que 

(1)  Cette  lettre  est  adress^e  k  «  Monseigneur  le  duo  <!•  Nivomois  ».  EUe  M 
trouve  en  original,  Bib.  Nat.  Mss.  F.  fr.  3,622.  f«  25  et  s. 

(2)  Le  due  de  Nevers,  aprto  F^cheo  de  sa  mission,  rentrait  en  France  par 
Veni«e.Pour  rhistoire  de  cette  mission  voir  notre  ouvrage :  Im  cardinal  4t09Mti 
p.73ett. 


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—  208  — 

frfere  Jehan  Humbert,  pr^tre  k  Tabbaye  de  Saint- Vincent  de  Metz^  et 
excommuni6  par  Tofficial  de  Verdun  k  la  requests  de  Monsieur  le 
cardinal  de  Lorraine,  qui  ha  obtenu  ladite  abbaye  en  commende,  soil 
absous  pour  pouvoir  agir;  et  secondement,  que  la  cause  soit  suivie  k 
Tofficial  de  Metz.  Quant  au  dernier  point,  c'est  trop  sur  que  Ton  ue 
connoltra  point  la  cause  sans  ordonner  que  la  partie  soit  appel6e,  et 
pensant  que  c'est  un  cardinal,  et  un  cardinal  prince  et  favoris6  en  ce 
temps  mesmement.  Mais  on  m'ha  bien  donn6  assurance  que  Tabso- 
lution  ad  effectum  agendi  qu'on  appelle,  s'obtiendra  sans  qu*on  fasse 
appeler  la  partie.  C'est  pourquoi  [j'ai  veu]  la  n6cessit6  d'ordonner  de 
s^parer  ces  deux  demandes,  afin  que  la  premiere  ne  fust  attaqufe  k 
I'occasion  de  la  seconde,  et  de  demander  pr6alablement  et  s^par^ment 
lad.  absolution,  et  j'ay  donn6  ordre  qu'on  en  dressast  la  supplication; 
et  quand  j'en  aurai  TexpMtion  en  mains,  alors  je  feray  demander  lad. 
commission,  et  cependant  vous  impartirai  lad.  absolution,  et  sera  que 
ce  pourra  estre,  pour  quand  vous  serez  k  Venise.  Je  ne  voy  pas  grande 
esp6rance  d'oblenir  lad.  commission,  tant  pour  la  r&i stance  que  les 
docteurs  dudit  seigneur  cardinal  y  feront,  que  pour  aussi  (?)nous;  comme 
il  n'est  raisonnable  que  Monsieur  le  Cardinal  fasse  juger  son  proems 
par  les  siens  serviteurs  et  cr&itures  en  la  ville  command6e  par  luy  et 
ennemis  de  ceux  de  Metz,  aussi  il  sera  trouv6  trfes  raisonnable  que 
lad.  cause  soit  traitte  en  une  ville  contraire  au  parti  que  ledit  seigneur 
cardinal  tient,  combien  qu'il  y  auroit  plus  de  raison  qu'elle  fust 
trait^e  en  la  ville  de  Metz,  d'autant  que  Tabbaye  dont  est  question  y 
est  situte  et  que  ledit  seigneur  cardinal  y  est  mesmement  evesque. 
Si  on  eust  pr^vu  par  dela  ceste  difficult^,  et  qu'on  vous  eust  escrit 
quelle  autre  ville  non  suspecte  k  ajicune  des  parties  on  eust  trouv6 
bonne, nous  Teussions  pu  demander  ici  el  si  possible  robtenir,qui  est  ce 
que  j'estime  que  vous  en  puissiez  escrire  audit  sieur  de  Sobolles.  Au 
demeurant  je  n'ai  la  m6moire  si  bonne,  que  je  puisse  vous  donner  sur 
cet  escrit  Tadvis  qu'il  vous  plait  m'en  demander,  dont  il  me  desplait 
grandement. 

Monsieur  Olivier  Levesque  dit  qu'il  n*ha  toucW  rien  pour  ses  peines 
concernant  le  priori  de  la  Charity  qu'il  ha  baill6es  au  sieur  Granet,  mais 
il  d^sireroit  bien  que  les  h^ritiers  de  feu  Monsieur  le  cardinal  de  Lor- 
raine le  payassent  d'environ  60  1.  qu'il  ha  payfes  k  diverses  fois  par 
mandement  dudit  seigneur  cardinal. 

Je  tiens  k  grande  favour  et  honneur  la  declaration  qu'il  vous  plait 
me  faire  de  votre  bonne  volenti,  et  j'en  suis  trte  obligi  k  votre  huma- 
nity et  bonti,  en  vous  suppliant  trte  humblement  de  m'en  t&noigner 


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.       _  209  — 

la  continuation  en  m'h^norant  de  vos  commandements  auxquels 
j'oMirai  toute  ma  vie  de  toute  ma  puissance  et  afiEection. 

A  tant  je  prie  Dieu  qu'il  vous  donne,  Monseigaeur,  bon  voyage  et 
une  parfaite  sant6,  trte  longue  et  tr^s  heureuse  vie. 

De  Rome,  le  lundi  17  Janvier  1594. 

Votre  trfes  humble  et  trfes  obAissant  serviteur.  A.  d'Ossat. 

Le  Mantouan,  qui  s'estoit  offert  k  vos  services,  et  qui  est  alW  k 
Naples,  pourra  retourner  un  de  ces  jours,  et  vous  demander  si  vous 
m'avez  command*  que  je  lui  dise  quelque  chose  k  son  retour.  Je  n'ai 
achevi  qu'un  sommaire.de  quelques  feuilles  qu'il  m'alaissfes,  les- 
quelles  je  vous  enverrai  avec  celles  qu'il  vous  aura  bailie. 

(A  auivre.) 


QUESTIONS  ET  RfiPONSES 


S94. 8ur  deux  mots  ftttrlbu^s  A  Salvandy 

Le  comte  de  Salvandy,  qui  a  6t6  un  romancier  fort  ennuyeax  (voir  ou 
plutot  ne  pas  voir  Don  Alonzo)y  a  ^t6,  au  oontraire,  unoauseur  fort  spiri- 
t^eL  Tout  le  inonde  connaitsonmothistorique,  pr^curseur  des  joum^  de 
Juillet,  adres86  au  due  d'Orltons  donnant^  dans  les  salons  du  Palais-Royal, 
une  f^te  magniflque  ^u  roi  de  Naples :  «  Monseigneur,  c'est  une  vraie  f^te 
napolitaine :  notts  dansons  sur  im  tsolcan.  »  On  cite  de  lui  d'autres  jolis 
mots^  mais  sont-ils  autant  de  lui  que  la  m6taphorique  pr^ction  de  1830? 
Je  viens  demander  k  ses  compatriotes  ce  qu'ils  pensent  de  Fauthenticit*  de 
sa  vive  r^ponse  k  Charles  X  et  de  sa  piquante  6pigramme  centre  Chateau- 
briand. Les  voici : 

A  Tav^nement  du  prince  de  Polignac,  le  roi  ayant  diti  Salvandy:  «  Je 
ne  reculerai  pas  d'une  semelle,  »  celui-ci  aurait  r6ponda  :  Plaiae  d  Dieu 
que  V.  M,  ne  soil  pas  obligee  de  reculer  d'une  Jronti^re  1  —  Chateaubriand 
6tait  si  amoareux  de  la  solitude^  dans  les  derni^res  ann^es  de  sa  vie,  qu'on 
Tavait  sumomm6  le  Sty  lite.  Maisoomme  il  oontinuait&^proaver  lebesoin 
d'occuper  de  lui  les  cent  benches  de  la  renomm^,  Salvandy  sb  serait 
6cri6  :  II  ne  lui /out  qu'une  cellule,,,  sur  un  thMtre  (1). 

T.  DE  L. 

(1)  Le  mot  a  ^16  repris  tout  r^cemment,  dans  un  des  grands  joumauz  de 
Paris,  par  un  de  nos  critiques  les  plus  renomm^,  et  je  crois  —  Dieu  me  par- 
donne  I  —  que  ce  critique  a  oubU6  de  citer  son  auteur. 

Tome  XXXV.  14 


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SOIREES  ARCHEOLOGIQUES 

AUX    ARCHIVES    DfiPARTEMENTALES 


II 

Stance  du  12  Fdvrier  1894 


Pr^sidonce   de   M.    DB  CARSALADB  DU  PONT 


Presents:  MM.  Aureillan,  Balas  p^re,  Balas  (Louis),  Barada, 
BiARD,  BousQUET,  Branet,  Calcat,  Cocharaux,  Colonieu,  Coustau, 
Daudoux,  Debats,  Bellas,  Despaux,  DorbE;  Journet,  Lapeyrere, 
LozES,  Lozes  (Albert),  Nazaries,  Solirene  et  Tierny,  secretaire. 

Itindraire  de  Gldment  V  en  Oasoogne        / 

M.  de  Carsalade  du  Pont  fait  la  comraunieation  suivante : 

Durant  les  premieres  ann^es  de  son  pontiBcat  C!6ment  V  voyagea 
beaucoup.  Il  off rit  k  une  partie  de  la  France  le  spectacle  extraordinaire 
d'une  Papaute  nomade,  tralnant  apr^s  elle  un  long  cort^  de  cardi- 
naux  et  de  pr^lats,  de  moines  et  de  clercs,  d'officiers  de  tous  ordres  et 
d'innombrables  serviteurs.  La  Gascogne  eut  Thonneur  de  recevoir  sa 
visite,  il  devait  d'ailleurs  ce  t<^moignage  d'afiEection  k  sa  province 
natale(l). 

Les  B^nddictins  du  Mont-Cassin  ont  public  en  sept  volumes  in-folio 
les  actes  du  pontificat  de  Clement  V.  Grice  h.  cette  pr^ieuse  collection 
de  documents^  qui   a  pour  titre :  Regestum  ClemerUia  papce  F,  ou 

(1)  Est-il  besoin  de  rappeler  que  Bertrand  de  Goth,  d'abord  dv^ue  de  Com- 
minges,  puis  archeveque  de  Bordeaux,  61u  pape  en  1305  sous  le  nom  de 
Clement  V,  ^tait  n6  k  ViUandraud  dans  le  diocese  de  Bazas,  et  que  le  dioc^  de 
Bazas  appartenait  k  la  province  d'Auch  ? 


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—  211  — 

peut  suivre  jour  par  jour  les  peregrinations  de  la  Cour  pontificale.  11 
m'a  paru  interessant  de  dresser^  Taide  de  ces  documents  Vltin^raire 
de  Clement  V  en  Gascogne, 

Le  s^jour  d'un  pape  dans  nos  contr^es,  son  passage  presque  aux 
portes  de  notre  cil6  d' Auch  sont  des  fails  uniques  dans  notre  histoire  pro- 
vinciale  et  qui  n'ont  jamais  6te  signal^s.  Peut-^tre  quelque  Aruditaura- 
t-il  la  pens^e,  k  la  suite  de  eette  communication,  de  rechercher  dans  les 
documents  contemporains  les  ^chos  de  Timpression  profonde  que  dut 
produire  sur  nos  populations  gasconnes  la  vue  du  premier  sou- 
verain  du  monde,  de  cette  «  moiti6  de  Dieu  »,  comme  I'a  appeW  le 
pofele. 

CWment  V  passa  la  plus  grande  partie  de  r'ann^e  1308  k  Poitiers.  II 
quitia  cette  ville  k  la  fin  du  mois  d'aout  pour  venir  en  Guyenne  et  en 
Gascogne  et  de  1^  se  rendre  k  Avignon.  II  entra  en  Guyenne  le  18 
septembre  et  y  sejourna  deux  mois,  tant6t  k  Lormont,  tant6t  k  Tabbaye 
de  la  SauVe-Majeure. 

C'est  le  18  novembre  qu'il  prit  la  route  de  la  Gascogne.  II  se  rendit 
ce  jour-1^  k  Villandraud,  dans  sa  terre  de  famille,  au  diocese  de  Bazas, 
et  y  s6joama  jusqu'au  22.  II  arriva  k  Bazas  le  23  et  en  repartit  le  24 
pour  Lavardac.  Le  26  il  est  k  GrueriiSy  le  27  k  Damazan;  le  28  il 
revient  k  Grueriisy  le  29  k  Lavardac  et  le  lendemain  30  novembre  il 

ENTRE  A  LeCTOURE. 

Son  fr^  aln6  Amaud-Garcie  de  Goth,  vicomte  de  Lomagneet 
d'Auvillars,  tenait  cour  pl^ni^re  k  Lectoure,  capitale  de  la  vicomt^  de 
Lomagne.  II  y  a  lout  lieu  de  croire  que  le  Pape  fut  regu  par  son  frfere 
au  chateau  vicomtal,  et  que  son  s^jour  dans  celte  ville,  avec  toute  la 
Cour  pontificale  —  il  avail  avec  lui  sept  cardinaux  —  dut  y  attirer  une 
affluence  extraordinaire  et  donner  lieu  k  de  grandes  manifestations. 
Malheureusement  la  plus  grande  partie  des  archives  de  Lectoure  ont 
p^ri  dans  le  sac  et  Tincendie  de  1473,  et  nous  devons  maudire  une  fois 
de  plus,  a  notre  point  de  vue  provincial,  la  politique  de  Louis  XI  qui, 
en  an^ntissanl  la  maison  d'Armagnac^  nous  a  privds  de  connaitre  les 
particularit^s  du  s^jour  du  Pape  k  Lectoure. 

Clement  V  quitta  Lectoure  le  4  d^cembre  pour  aller  prendre  gtte  au 
prieurA  de  Sainte-Rose  prfes  de  Miradoux.  II  revint  k  Lectoure  le  6;  y 
s^journa  le  7  et  rentra  k  Sainte-Rose  le  8,  pour  y  demeurer  jusqu'au 
12.  II  se  rendit  cejour-1^^  Auvillars,  ou  il  passa  deux  jours.  II  Ataitde 
retour  k  Sainte-Rose  le  13  au  soir. 

Le  Regestam  ne  foumit  aucune  indication  pour  les  dates  du  14  et 


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—  212  — 

du  15.  Le  Pape  dut  quitter  Sainte-Rose  le  15  pour  prendre  la  route  de 
Toulouse.  Le  16  au  soir  il  arrive  avec  sa  Cour  et  sept  cardinaux  a  la 
grange  de  Vieilaigue  (Grenade-sur-Garonne)  (1),  d^pendante  de  Tabbaye 
de  Grandselve.  Le  17  il  est  k  Grandselve;  il  y  s^journe  le  18;  le  19 
il  couche  k  Amatey  le  20  au  chateau  de  Balma,  residence  des  arche- 
v6ques  de  Toulouse.  Le  Regeatum  ne  renferme  pas  de  bulles  dat^ 
des  21,  22  et  23.  C'est  Tun  de  ces  trois  jours  qu'il  fit  son  entrfe 
solennelle  k  Toulouse.  Notons  en  passant  que  les  auteurs  de  VHiaioire 
de  Languedoc  ont  par  erreur  assign^  k  cette  entrte  la  date  du  17  [2), 
le  Pape  arrivait  ce  jour-1^  k  Grandselve. 

C16ment  V  quitta  Toulouse  le  8  Janvier  pour  aller  coucher  k  Muret, 
oil  il  s'^journa  jusqu'au  10.  II  arriva  ce  mtoe  jour  k  Carbonne,  y 
s^journa  le  11,  en  repartit  le  12  pour  se  rendre  k  Tabbaye  de  Bonne- 
font  en  Comminges  ;  se  rendit  le  13  k  Saint*  Gaudens  et  de  \k  k  Gom- 
minges,  oil  il  pr^sida,  le  16  et  le  17,  les  grandes  f^tes  de  la  translation 
des  reliques  de  saint  Bertrand. 

II  traversa  de  nouveau  Saint-Gaudens  le  18,  pour  aller  coucher  le 
soir  k  Tabbaye  de  Bonnefont,  ou  il  s'^journa  jusqu'au  22.  II  s'arr^ta  k 
Cazferes  le  23;  coucha  le  soir  k  Carbonne,  en  repartit  le  25  pour 
Tabbaye  de  L6zat;  se  rendit  le  26  ^  Tabbaye  de  Boulbonne,  le  27  k 
Gaudies  et  arriva  ce  jour  m^meau  monastfere  de  Prouilh.  II  repartit 
de  Prouilh  le  30  Janvier  pour  continuer  sa  route  vers  Avignon. 

Dans  le  cours  de  ces  deux  mois  Clement  V  avait  traverse  deux  fois 
la  province  d'Auch ;  les  diocfeses  de  Bazas  et  de  Lectoure  d'abord,  puis 
le  diocfese  de  Comminges. 

La  Oom^die  bourgeoise  &  Fleuranoe.  —  Post-soiiptum 

Communication  de  M.  VabM  Lagleise. 

Dans  le  tr6s  int^ressant  article  de  M.  Tabbe  de  Carsalade  sur  la 
com^die  bourgeoise  k  Fleurance  au  commencement  de  ce  siMe,  on  a 
vu  le  repertoire  des  differentes  pieces  joutes  par  les  acteurs  fleurantins. 
II  en  est  une  parmi  celles-ci,  tr^  leste,  le  Mariage  du  Capucin^  qui 
ne  fut  donnte  qu'aprfes  une  vive  resistance  des  dames  qui  composaient 

(1)  Lo  passage  de  Clement  V  k  Vieilaigue  est  attests  par  une  note  oontempo- 
raine  qui  se  trouve  dans  un  missel  de  la  grange  de  Vieilaigue,  conserve  k  la 
Biblloth^que  nationale  (Mss.  lat.  9,444)  au  folio  108;  la  voici :  «  Anno  Domini 
M*  ccc*  vin%  sewto  decimo  die  decemhris,  dominus  Clemens  papa  V/uit  in 
monaster io  Grandissiloe  et  in  grangia  Veterisaque  cum  cardinalibus  VII  ^ 
inibi  pernoctaoit.  »  (Hist,  de  Languedoc,  ddit.  Privat,  t.  x,  p.  67.) 

(2)  Hist,  de  Languedoc,  ^dit.  Privat,  t.  ix,  page  310,  note  6. 


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—  213  — 

la  sodiiA  dramatique,  et  si  on  la  joua  plus  tard^  comme  en  fait  foi  le 
journal  de  M.  de  Percin,  ce  ne  fut  assur6ment  qu'aveo  des  corrections 
imposfes  par  rhonn6tet6. 

Voici  une  lettre  qui  nous  6difie  complfetement.  EUe  est  adressAe  par 
M.  de  Percin,  directeur  de  la  troupe,  k  M.  Denjoy  TainA,  qui  remplis- 
sait  d'ordinaire,  et  avec  grand  succfes,  les  premiers  rdles  : 

«  Nos  amis  me  chargentde  te  dire,  mon  cher  Denjoy,  que  les  dames 
de  notre  soci6t6  dramatique  ne  veulent  pas  absolument  entendre  parler 
ni  de  C^phize^  ni  du  Manage  du  Capucin;  tons  nos  efforts  et  notre 
Eloquence  n'ont  pu  vaincre  leur  ridicule  pr^jug^  :  il  n'y  faut  plus 
penser. 

>  Cependant,  comme  toute  la  ville  d&ire  ardemment  te  voir  avant 
de  partir,  nous  avons  fait  choix  de  deux  autres  pieces  qu'il  sera  trfes 
Bis6  de  monter.  La  premifere,  Le  sourd  ou  VAuberge  pleine;  la 
seconde,  M.  de  Crac  dans  son  castel.  On  assure  que  ton  caract^re 
promet  que  tu  rempliras  parfaitement  le  r61e  de  M.  de  Crac  pdre. 
Celte  pi6ce  est  trfes  amusante,  et  nous  te  prions  de  t'en  occuper.  Si 
dans  le  Sourd  tu  irouves  un  rdle  k  ta  fantaisie,  mande-nous  celui  que 
tu  desires,  et  nous  te  ferons  passer  la  pifece  avec  celle  de  Crac.  Point 
de  rancune,  mon  cher,  centre  nos  belles.  Ta  courtoisie  saura  sacrifier, 
nous  Tesp^rons,  tout  le  plaisir  que  tu  te  promettais  des  deux'pitees 
qu'elles  n'ont  pas  agr^  (sic). 

>  J'&ris  par  le  m6me  courrier  au  d&xorateur,  afin  qu'il  vienne  de 
suite  rendre  la  salle  digne  de  notre  aimable  d^buttant.  Je  t'embrasse. 
Percin.  »  —  Sans  date. 

J'imagine  que  M.  Denjoy  dut  se  venger  de  cet  6chec.  ChargA  des 
in(ermMes  et  dou6  d'une  belle  voix^  il  chanta  dans  les  entr'actes  des 
chansons  comiques  tout  aussi  poivrfes,  sinon  plus,  que  le  Mariage  du 
Capuciny  et...  il  fut  applaudi,  sans  doute. 

Nous  avons  trouvA  la  collection  de  divers  inlermMes  donn^  au 
\hiktve  fleurantin ;  si  quelques-uns  sent  anodins,  le  titre  du  plus  grand 
nombre  les  range  dans  la  cat^orie  de  la  pifece  raise  k  Findex  par  les 
dames  de  Fleurance.  Voici  cette  nomenclature :  Cataugan  perruquier 
gascon,  une  Habilleuse  de  troupe,  M.  et  Af°«  Denis^  VApologie  des 
femmes,  le  p^re  Bonaventure,  Point  de  plaisir  sans  mariage,  les 
Fendeurs,  Alexis y  Roger-Bontemps^  V Aimable  Glyc^re,  le  Coup 
dumilieuy  V Aimable  folic ^  le  Cordonnier,  la  Patoise,  la  Pastou 
rd^iOj  etc.,  etc.  Quelques-unes  de  ces  chansons  comiques  portent  Tem- 
preinte  du  terroir  gascon;  elles  ont  6t6  composes  probablement  par 
quelque  po^te  fleurantin  qui  faisait  partie  de  la  troupe.  Nous  osons 


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—  214  - 

raffirmer  pour  les  pi&ces  patoises  et  pour  Point  de  plaiair  sans  ma- 
nage, celle-ci  composte  a  roccasion  de  la  noce  de  M.  Pouydebat, 

Nous  avons  lu  dans  le  journal  de  M.  de  Percin,  si  bien  analyst  par 
M.  de  Carsalade,  que  lal3«  representation  d\x  Barbier  de  Seville ^ 
donnte  le  jour  de  la  Saint-Laurent  en  1806,  fut  un  triomphe  pour  M« 
Denjoy,  qui  remplissait  le  r61e  de  Figaro, 

Ce  n'6tait  pas  seulement  Fleurance,  mais  encore  Auch,  Lectoure, 
Condom,  Saint-Clar  qui  avaient,  foumi  un  nombreux  contingent  de 
spectateurs  k  cette  pifece,  dont  le  succfes  fut  tel  que  ni  les  cris  d'all6- 
gresse  des  victoires  napol^onienes,  ni  le  chant  du  Te  Deum  ne  purent 
le  dominer.  Qu'on  en  juge  par  la  lettre  suivante  6crite  d'Auch,  le  soir 
du  15  aout  de  cette  m6me  annde  1806  : 

«  Rien  ne  nouveau  k  vous  mander,  mon  bien  cher  ami.  On  craint, 
on  esp^re.  Quelques  personnes,  sans  doute  mal  inform^,  disent  que 
les  n^gociations  sent  rompues.  D'autres  assurent  que  la  paix  a  du 
6tre  publico  aujourd*hui  k  Paris.  Que  croire  apr^  tant  de  versions  ? 

»  Ce  qu'il  y  a  de  bien  certain,  c'est  que  j'ai  entendu  la  plus  mau- 
vaise  musique  qui  jamais  ait  iiXi  arrachte  k  des  instruments  discords 
pour  la  faire  cadrer  avec  les  sons  lamentables  de  8  k  10  voix  fausses  et 
criardes.  On  chantait  devant  le  Saint-Sacrement,  et  moi  je  faisais 
mentalement  une  pri^re  au  dieu  du  silence,  pour  le  supplier  de  venir 
rassurer  mes  oreilles  d6sol6es.  Jamais,  non  jamais  je  ne  me  suis 
trouv6  k  pareil  charivari.  Plus  heureux,  pendant  le  sermon,  je  n'ai 
pas  entendu  le  pr^dicateur.  Dis  de  ma  part  k  Tavocat,  qu'il  a  la  voix 
d'un  ange,  en  comparaison  de  celles  qui  m'ont  si  maltrait6  dans  la  cath6- 
drale  d'Auch.  Dites-vous  aussi  qu'il  n'est  question  dans  le  chef-lieu 
que  du  Figaro  de  Fleurance.  Tout  le  monde  m'en  parle,  c'est  un 
crescendo  public,  un  chorus  universel  d'6loges  et  de  felicitations.  La 
troupe  de  Fleurance  est  illustr6e  k  jamais,  vivent  nos  camarades  ! !  I 

»  Votre  tout  devou6,  Castari^de  fils. 

»  Auch^  15  aout,  8  h.  du  soir. 

»  P.'S.  —  Je  n'ai  entendu  parler  que  de  la  mauvaise  execution  du 
Te  Deum,  et  non  du  talent  du  compositeur.  Ce  morceau  est  de 
Fremery.  » 

Tons  les  documents  qui  pr^cfedent  sont  pris  dans  les  vieux  papiers 
de  feu  M.  Denjoy  aln^,  mis  k  ma  disposition  par  Madame  Justin 
Denjoy  avec  une  bienveillance  toute  particulifere,  klaquelle  je  dois 
I'hommage  public  de  ma  reconnaisance. 


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—  215  — 

Inscription  tmnolaire  trouT6e  antra  la  Rlb^ra  at  la  Oarroa,  prda  Auoh 

M.  M^tivier  communique  k  la  Soci4t6  une  inscription  en  marbre 
Wane,  trouv6e  parM.  Omer  Labat  dans  la  plaine  du  Gers,  entre  le 
moulin  de  la  Rib^re  et  le  Garros. 

Cetle  inscription,  malheureusement  bris6e  par  la  pioche  du  terras- 
sier,  a  6t^  trouv6e  k  environ  0°*  50  de  profondeur,  parmides  fragments 
de  ciment,  d'apparence  romaine,  ayant  pu  servir  de  rev6tement  ou  de 
pavement.  Les  moreeaux,  soud^  ensemble  pei^mettent  de  la  reoonstituer 
ainsi  (1) : 


L  ^  IVLI  ►.  HELI 
CONIS^-IVLIA^ 
ONESIME  >•  MA 
RITOxCARIS 
SIMO 


M.  M^tivier  dit  qu'il  a  it6  frapp^  par  le  mot  Oneaime,  ^videnmient 
d'origine  gi^ue  et  nominatif  f^minin,  partant  sumom  de  Julia;  ce 
qui  semble  imposer  la  traduction  suivante  : 

AUX   DIEUX   MANES 

DE  LUCIUS    JULIUS   HELICON 

JULIA   ON^SIME   A   SON   TRES  CHER  MARI 

M.  M^tivier  offre  cette  pierre  lumulaire  k  la  Soci6t6.  II  croit  qu'elle 
6tait  plutdt  incrust^  dans  une  muraille  que  dans  une  sorte  de  stifle  de 
forme  taurobolique,  constituent  un  petit  monument  isol^.  L'endroit  ou 
elle  a  6t^  trouv6e,  qui  n'est  pas  tr^  61oign^  de  Taqueduc  remain  mis  k 
jour  dans  une  sabli^re  des  environs,  est  assez  distant  de  Tagglom^ra- 
tion  de  Tancienne  ville  romaine  pour  qu*on  puisse  admettre  qu'elle 
avail  6t6  plao6e  dans  une  villa  suburbaine,  k  moins  toutefois  qu'il  ne 
s'agisse  d'un  debris  de  demolition  transporte,  ce  qui  parait  peu  pro- 
bable. 

(1)  En  repixxluisaQt  cette  inscriptiou  on  n'a  pas  tenu  compte  de  la  cassure. 


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—  216  — 

Staluettas  romalnes  en  bronie  trouv^es  dans  le  Oen 

M .  de  Garsalade  donne  lecture  de  la  notice  suivante  qui  lui  a  M 
adress6e  par  M.  Ph.  Lauzun. 

Que  de  surprises  archtologiques  nous  reserve  la  reconstitution  denos 
pauvres  vignobles  de  TArmagnac  I 

Les  d^oncements  du  sol,  n^ssit^  par  la  plantation  des  vignes 
am^ricaines,  et  op^rfe  i^ouvent  jusqu'i  une  profondeur  de  80  centimft- 
tres,  amfenent  chaque  jour,  en  eflfet,  de  nouvelles  d&ouvertes,  qui 
certes  seraient  rest^  rebelles  aux  fouilles  ordinaires.  L'an  dernier 
c'^tait  un  buste  en  marbre  blanc^  grandeur  naturelle,  d'un  C^aar 
romcdn  de  la  bonne  ipoque  que  nous  d6couvrions  dans  notre  champ 
du  GlAsia,  si  riche  en  souvenirs,  prfes  de  Beaucaire  (Gers).  Aujourd'hui 
c'est  une  ravissante  statuette  en  bronze,  trouv^  de  I'autre  c6t^  de  la 
Baise,  au  heu  de  Las  Lanes,  commune  deBezoUes,  canton  de  Valence, 
etle  longdu  cours  de  la  petite  riviere,  k  I'ombre  des  majestueuses  mines 
de  Tantique  ch&teau  de  Pardaillan. 

Gette  statuette,  de  15  cettim^tres  de  hauteur,  repr^sente  une  jeune 
femme  d'une  iligance  de  formes  extrfime,  admirablement  drapfe  k 
Tantique.  Les  traits  du  visage  offrent  une  puret4  remarquable.  Le  nez 
droit,  k  la  grecque;  les  yeux  bien  fendus;  les  joues  et  le  menton  un 
pen  forts;  le  front  bas  comme  celui  des  femmes  de  Tlonie;  les  cheveux 
s^parte  sur  le  front,  ondul6s  en  bandeaux  ^pais  jusqu'aux  oreilles  et 
retombant  en  deux  grandes  boucles  de  chaque  c6t4  du  cou.  Un  premier 
chignon  trte  bas  en  r6unit  une  partie  au-dessous  de  la  t^te,  tandis  que 
la  plus  grande  masse  est  relev^,  droite,  sur  la  nuque,  ou  elle  estnou^ 
et  retenue  par  un  large  ruban  qui  forme  comme  une  sorte  de  tiare 
cylindrique  du  plus  curieux  effet.  *Un  riche  diad^me  ceint  la  t6te  au- 
dessus  du  front. 

En  revanche,  le  reste  du  v6tement  est  de  la  plus  pure  6poque 
romaine.  Une  simple  tunique  en  effet,  recou vre  le  corps,  admirablement 
mouW,  et  le  bas  de  la  poitrine,ou  les  deux  seins,  d'une  rigidity  marmo- 
r^nne,  en  soutiennent  sen  Is  les  plis  onduleux.  L'^paule  gauche  est 
nue.  La  droite  est  recouverte  par  la  seule  chemise,  dont  les  plis  trte 
serr6s  viennent  dessiner  les  purs  contours  de  la  cuisse  et  de  la  jambe 
droite,  alors  qu'ils  retombent,  harmonieusement  flottants  sur  le  bras 
gauche,  jusqu'i  la  hauteur  du  genou.  Vue  de  dos,  on  ne  pent  s'emp^ 
Cher  de  comparer  Til^nce  et  la  distinction  de  cette  draperie  h  celle 
de  la  Polymnie. 


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p, 


/!)  /^^ 


FORTUNE  TROUVEEaBEZOLLES  (Gers) 

(    Grandeur  Nature     j 


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FORTUNE 


(  du  AAusee  de 


Berlin  \ 


FORTUNE 
I  Trcuvee  aAaen  ) 


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DEESSE   PANTHEE 

Trouvee  a  S*^*Mere  (Oers)  Grandeur  0,135"^ 


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—  217  — 

La  mam  gaache,  entr'ouverto,  letient  encore  rcxtrimit*  d'un  objet 
conique^  qui  ne  peut  6tre,  quoique  eass^,  qu'une  come  d'abondaiiee.  La 
droite,  en  partie  mutilte,  offre  une  attitude  plus  ^nigmatique. 

Longtemps,  en  ppfeence  de  cette  lacune,  nous  avons  WsitA  k  donner 
k  cette  statue  un  attribut  quelconque.  Sa  ressemblance  avec  une  statue 
antique  du  musfe  royal  de  Berlin,  que  M.  de  Clarac  a  reproduite  dans 
son  Atlas  du  mus6e  de  sculpture  antique  (planche  455,  n®  833),  a 
fait  disparaltre  nos  bteitations.  Cette  statue,  dont  nous  donnons  le 
dessin,  repr6sente  les  traits  de  la  Fortune.  La  d^esse  est  v^tue  d'un 
cbiton  retenu  par  une  ceinture  et  retrouss^;  ses  ^paules  sont  recou- 
vertes  d'un  long  pepluniy  qui  cacbe  le  derri^re  de  sa  tfete  comme  ferai 
im  voile.  Un  modius  ou  calathoa^  symbole  de  la  fertility,  lui  sert  de 
coifiEure;  de  la  main  gaucbe  elle  tient  une  come  d'abondance  et  de  la 
main  droite  un  gouvernail.  Cette  description,  k  part  quelques  details 
du  costume,  convient  parfaitement  k  la  siatue  de  Bezolles,  qui  serait 
done  une  Fortune. 

Si  nous  pouvions  avoir  encore  quelques  doutes  sur  cette  attribution, 
ils  seraient  lev6s  par  la  ressemblance  plus  frappante  encore  de  la  statue 
de  Bezolles  avec  une  statuette,  plus  petite  il  est  vrai,  mais  de  v^tement 
et  de  coiflfure  absolument  identiques,  trouv^e  il  y  a  longtemps  d^j^  dans 
les  mines  du  vieil  Agen,  mais  trfes  bien  dterite  et  dessin^e  d'abord  par 
Beaumesnil,  puis  pai*  Saint- Amans. 

Voici  en  eflfet,  comment  Beaumesnil  d^crit,  k  la  page  vii  de  son 
manuscrit  si  pr^ieux  sur  les  antiquit6s  d'Agen,  et'reproduit  k  la  page 
VI  du  mtoe  cahier,  la  statuette  qu'il  avait  sous  les  yeux,  en  Tannfe 
1773: 

«  On  d^couvrit  ea  1768  un  monument  singulier,  en  creusant  le  putts  de 
la  manufacture  k  voiles,  ^tablie  sur  les  ruines  d'Agennum  : 

»  C'est  une  Fortune  Panihie,  avec  le  boisseau  en  corbeille  d'Isis  sur  la 
t^te,  qui  est  couverte  d'un  voile,  tenant  de  la  main  droite  un  timon  ou 
gouvernail  avec  un  dauphin,  et  dela  gauche  une  come  d'abondance  qu'elle 
appuie  sar  son  6paule.  Elle  est  rev^tue  d*une  longue  robe  pliss^e  quj 
descend  jusqu'aux  pieds  et-  recouverte  d'un  ornement  terming  en  pointe 
au-dessus  des  genoux.  » 

La  statue  de  Bezolles  pr6sente  bien  ces  trois  attribute.  Sa  coiflfure  k 
r^yptienne  est  semblable  a  celle  de  la  statuette  d'Agen.  Comme  elle, 
sa  main  gauche  tient  la  come  d'abondance;  et  rien  n'emp^he  de 
supposer  que  de  la  droite  elle  soutenait  un  gouvernail.  Enfin,  son 
v^tement  est  identique,  sauf  le  peplum  en  pointe  qu'elle  ne  porte  point. 


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—  218  — 

De  tout  cela  nous  pouvons  done  conclure  que  la  statue  de  Bezolles  est 
bien  une  statue  de  La  Fortune. 

Trouvte  siir  sa  propri^t^,  par  M,  Cadtet,  ce  remarquable  objet  d'art 
a  6t6  donn6  par  lui  k  M.  Bi^nes,  instituteur  k  Bezolles,  qui  le  ddtient 
actuellement.  Puisse-t-il,  ou  le  garder  pr6cieusement,  ou  en  faire 
g^n^reusement  don  k  notre  Mus6e  arch^ologique  d'Auch  !  II  n'en 
d6parerait  pas  les  vitrines. 

M.  Calcatsoumet  k  la  Soci6t^  une  autre  statuette  qui  lui  appartient, 
trouv6e  dans  le  d^partement  du  Gers,  commune  de  Sainte-M6re,  vers 
la  fin  de  Tann^e  1888.  Elle  est  en  bronze  aussi  avec  une  belle  patine 
verte  et  mesure  135  millimetres  de  hauteur.  Mais,  contrairement  k  la 
Fortune  qui  vient  d'etre  d^crite  et  qui  est  debout,  celle-ci  est  assise. 

Elle  tient  de  la  main  gauche  un  sceptrje  (^.^ut-Atre  un  autre  objet 
qu'il  est  difficile  de  determiner  parce  que  Textr^mite  sup^rieure  en  est 
cassee\  de  la  droite  une  pat^re  eraplie  de  fruits.  Le  bras  est  allongd  et 
son  mouvement  semble  indiquer  que  les  fruits  sont  pr^nt^s  pour 
6tre  pris  ou  manges. 

Elle  a  sur  son  genou  droit  un  oiseau,  qui  paralt  6tre  une  colombe, 
pos^  en  profil  par  rapport  k  la  statue.  Les  draperies  sont  bien  agencies 
devantet  derri^re.  Elle  est  diad^mte;  les  cheveux  s'enroulent  d'abord 
autour  du  diadtoe  pour  retomber  en  natte  tress6e  sur  chaque  6puule. 
La  figure  est  majestueuse,  le  nez  ne  formant  avec  le  front  qu'une  ligne 
droite,  ce  qui  accuse  une  engine  grecque. 

M.  Calcat  voit  dans  cet  ensemble  une  figure  imp^riale.  Mais  quelle 
est  rimp^ratrice  ainsi  repr^sent^et  pourquoi  ces  divers  attributs  ?  Ila 
soumis  le  probl^me  a  M.  Feuardent  en  lui  envoyant  une  photographic, 
et  ce  numismate  aussi  savant  que  complaisant,  a  ^t^  d'avis  que  la  sta- 
tuette repr^sentaitpeul-^tre  Li  vie,  femme  d'Auguste,  ou  Julie  safille  sous 
les  traits  d'une  diviuMpanthiie;  c'est-^-dire  d*uae  idole  r^unissant  les 
attributs  deplusieursdivinit^s,  savoir:  la  colombe  pourVdnus;  la  main 
dtendue  tenant  une  pat6re  pour  Hygie  nourrissant  un  serpent ;  Tobjet 
qu'elle  tient  de  la  main  gauche,  torche  ou  flambeau,  pour  Vesta  ou 
Cdr^s.  Du  reste  M.  Feuardentayantmanifest6  le  ddsir  de  voir  cette  sta- 
tuette, la  communication  qui  lui  en  sera  faite  nous  permettra  d'arriver 
k  une  attribution  definitive. 

Le  Chaperon  Consulaire 

Communication  de  M.  de  Carsalade. 

Le  chaperon  consulaire  n'dtait  pas  seulemenl  un  signe  distinctif  de 
Tautorite  municipale,  il  emporlait  gdneralement  avec  lui  des  privileges 


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sp^iaux,  juridictionnels.  Aussi  n'y  avait-il  dans  le  principe  que  ]6s 
consuls  des  villes  hautes  justici^res  qui  eussent  le  droit  de  le 
porter. 

II  est  k  remarquer  cependant  que  dans  la  dernifere  moiti6  du  xv«  sife- 
cle,  une  foule  de  villes  et  de  bourgs  des  terres  d'Armagnac  deman- 
dftrent  etobtinrentrautorisation  de  porter  le  chaperon.  Citons  au  hasard, 
Nogaro  en  1440,  Riscle  en  1497,  Terraube  en  1499,  S^rignac  en 
Bruilhois  en  1503,  Aucamville,  dans  le  comt^  de  Tlsle,  en  1507,  etc.. 
II  semble  qu'&  mesure  que  le  pouvoircomtal  s'effondrait  sous  les  coups 
que  lui  portait  la  royaut^,  celui  des  communes  tendit  k  s'agrandir, 
ou  du  moins  k  se  donner  les  apparences  de  cet  agrandissement.  Les 
motifs  all6gu6s  pour  obtenir  la  concession  du  chaperon  f urent  en  eflFet 
Strangers  k  cette  augmentation  des  pouvoirs  judiciaires.  Ce  fut  plut6t 
la  vanity,  Tamour  du  galon  jet  de  la  parade  et,  disons-le  aussi,  un  peu 
de  fiert6  bourgeoise^  qui  poussferent  les  communes  k  donner  la  ioge  k 
leurs  consuls.  Ces  sentiments  n'6taient  pas  avou^s,  mais  ils  se  tradui- 
saient  dans  les  querelles  sans  nombre  et  toujours  mesquines  aux- 
quelles  donna  lieu  le  port  du  chaperon  et  dont  les  traces  se  retrou- 
vent  dans  les  deliberations  consulaires.  Les  raisons  mises  en  avant 
etaient  d'un  ordre  sup^rieur,  telles  par  exemple,  celles  donn6es  par 
les  consuls  de  Terraube,  le  12  juillet  1499.  k  leur  seigneur  Arsieu  de 
Galard  :  «  La  justice  est  une  chose  si  noble,  si  recommandable  qu'il 
»  importe  que  ceux  qui  sont  rev^tus  du  pouvoir  judiciaire,  soient  dis- 
»  tingu^^  du  commun  des  hommes  par  des  insignes  particuliers  et 
»  m6me  des  armes,  afin  d'inspirer  le  respect  et  la  crainte  (1).  » 

Ajoutons  aussi,  pour  6tre  juste,  que  la  vanity  des  seigneurs  se 
trouvaflatt6epar  les  chaperons  de  leurs  consuls.  La  vie  f6odale  etablis- 
sait  entreeux  des  rapports  frequents  et  sou  vent  solennels.  Dans  certai- 
nes  circx)nstances  le  seigneur  paraissait  devant  le  peupleentour^de  ses 
consuls,  sur  la  place  publique  et  k  r^glise;  la  robe  rouge  et  noire  de  ces 
demiers  donnait  alors  au  cortege  seigneurial  un  aspect  imposant  de 
nature  k  impressionner  la  foule.  Cette  vanity,  bien  naturelle  d'ailleurs, 
se  fait  jour  dans  les  termes  de  plusieurs  de  ces  concessions.  En  1507, 
Bernard  Jourdain  de  Tlsle,  seigneur  de  Merville,  dans  le  comt6  de 
risle-Jourdain,  accorde  le  chaperon  aux  consuls  de  Merville,  k  condi- 
tion qu'ils  ne  porteront  pas,  dans  Texercice  de  leurs  fonctions,  des  cha- 
perons grossiers,  des  sabots  et  des  garnaches  (cappas,  galopodia 
fustea  et  garamachias),  mais  des  habits  convenables,  des  chausses  et 

(I)  Noulens,  Documents  sur  la  maison  de  Galard, 


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des  souliers  [sed    habeani  vesiem  honestam^  galiguam  et  soiu- 
lares)  (1), 

Citons  encore  la  concession  faite  aux  consuls  de  C6zan  en  1577,  par 
Jean  de  Maignaut,  et  H6rard  de  Pins,  coseigneurs  du  lieu  :  «  Jusque 
»  l^,  y  est-il  dit,  les  consuls  n'avaient  que  leurs  simples  cappes  de 
»  B6am  pour  lever  les  tailles;  ils  poursuyvirent  devers  les  susdits  de 
»  Maignaut  et  de  Pins  qu'ils  leur  donassent  permission  de  pourter 
>  livr^es  consulaires,  en  quoy  ils  disoient  que  les  dits  vilaiges  et 
»  seigneurs  seroyent  beaucoup  d6cor^.  »  (2)  C'est  la  seule  raison 
qu'ils  firent  valoir,  elle  parut  sufflsante  aux  deux  coseigneurs  pour 
accorder  le  port  du  chaperon. 

L'habit  convenable,  les  chausses  et  les  souliers  qu'exigeaient  le  sei- 
gneur de  Merville  6tait  le  moins  qu'il  put  demander  aux  paysans  de 
ses  terres  pour  sauvegarder  I'honneur  consulaire.  C'^tait  cependant 
ouvrir  la  porte  auxabus.  Cette  primitive  d^cence  d^4n6ra  bient6t,dans 
la  plus  part  des  localit^s,  en  un  luxe  ruineux  pour  les  budgets  munici- 
paux.  Les  draps  de  laine  du  pays,  le  bruneiei  le  roge  ne  suffirent  plus 
k  la  vanit6  consulaire,  ii  lui  fallut  des  draps  pr^cieux,  de  la  soie  et  des 
fourrures.  Les  registres  municipaux  sont  remplis  de  recriminations  k 
ce  sujet,  d'ordonnances  et  de  r6formes,  et  le  Parlement  de  Toulouse  dut 
mfeme  intervenir  pour  d^fendre  aux  consuls  de  porter  «  des  chaperons 
»  et  robes  fourr6s  de  satin  ou  autres  estofiFes  (3).  » 

J'ai  dit  que  primitivemenl  le  chaperon  4tait  Temblfeme  de  la  juridic- 
tion.  Les  demandes  nombreuses  de  concessions  qui  se  produisirent  k 
la  fin  du  xv«  si^le  et  dans  la  suite  ne  laiss^rent  pas  pour  ce  motif  que 
d'^veiller  les  susceptibilit^s  des  seigneurs  hauts  justiciers  si  jaloux  de 
leurs  droits.  Aussi  prirent-ils  bien  soin  d'inscrire  dans  les  chartes  de 
concession  que  les  consuls  ne  s'attribueraient  du  port  du  chaperon 
aucun  droit  de  justice  ou  de  preeminence.  Toutes  les  concessions  que 
j'ai  vues  porteni  cette  restriction,  et  elle  ne  paraltra  pas  inutile  si  Ton 
veut  bien  se  rappeler  Topposition  qui  deja  se  manifestait  entre  la 
noblesse  et  le  tiers,  et  la  tendance  du  pouvoir  royal  k  favoriser  les 
empifetements  de  ce  dernier. 

Cette  precaution  prise  par  les  seigneurs  f ut  m^me  souvent  impuis- 
sante  k  maintenir  les  consuls  chaperonn^s  dans  les  limites  de  leurs 
devoirs;  temoin  ce  qui  arriva  k  Cezan  Tannee  mfeme  de  la  concession 

(1)  Cartulaire  [de  Merville,  cit6  par  I'abb^  Galabert  dans  sa  Monographic 
(TAucamDille,  p.  21. 

(2)  Archiveside  ;M.  le  comte  Odet  de  La  Hitte,  au  chateau  de  La  Hitte. 

(3)  La  Roche- Flavin,  Arrets  notables  du  Parlement  de  Toulouse,  p.  68. 


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du  chaperon.  Les  deux  coseigneurs  avaient  fait  les  nouveaux  consuls 
le  jour  de  la  f6te  de  Noel  1579.  Ceux-ci  k  peine  entr^s  en  fonction 
«  charg^rent  les  livr^  consulaires  avec  telle  arroganse  et  superbeque 
9  dte  lors  ils  voulurent  entreprendre  sur  la  jurisdiction,  fayre  impost 
9  de  deniers,  fayre  des  proclamations  en  leui-s  noms  et  pass^rent 
»  oultre,  car  M.  Jehan  JazM6,  conseul,  ung  jour,  assist^  des  aultres 
»  conseuls  ses  compaignons,  avec  leurs  livrtes  sur  le  col,  criant  : 
9  Ayde  au  Roy!  empoigna  par  le  colet ledit de  Maignaut  son  seigneur 
»  et,  avec  Tayde  des  aultres,  Tadmena  jusques  k  la  prison  lui  criant : 

>  Je  te  fays  prisonnier  de  par  le  Boy,  mesmes  jusques  a  le  ruer  de 

>  coups  de  poing  (1).  > 

Get  appel  au  Roi  est  k  noter.  II  caract6rise  foien  cette  opposition  dont 
je  viens  de  parler  et  ce  mouvement  d'toancipation  qui  travaillait  les 
communes  et  qu'entretenaient  presque  ouvertement  les  officiers  royaux. 

Le  droit  de  concWer  le  chaperon  n'appartenait  pas  k  tout  possesseur 
de  fief;  ceux-l&  seuls  qui  exergaient  dans  leurs  terres  la  haute  justice 
jouissaient  de  ce  privilege.  Le  moyen  et  has  justicier  ne  pouvait  en 
user  qu'avec  Tagr^ment  de  son  suzerain.  Cette  doctrine  avait  itA 
confirm^  par  plusieurs  arrets  des  Parlements  et  notamment  par  un 
arr^t  du  Parlement  de  Toulouse,  rendu  le  12  avril  1603,  en  faveur  du 
baron  de  Montesquieu,  seigneur  haut  justicier  de  Monclar,  centre 
Francis  de  Lasseran  Massenc6me,  seigneur  moyen  et  has, «  qui 
9  avait  donne  ladite  permission  aux  consuls  dudit  Monclar,  sans  avoir 
»  ^rd  k  laquelle  fut  prohiM  aux  consuls  porter  ladite  livrto  sans  la 
»  permission  dudit  haut  justicier  (2).  > 

Quelles  6taient  la  forme  et  les  couleurs  de  ce  v6tement  consulaire 
objet  de  tant  d'ambitions  et  cause  de  tant  de  querelles  ?  Le  mot  de 
ehcqperon  ne  doit  pas  s'entendre  au  sens  qu'on  lui  donne  g6n6ralement 
aujourd'hui;  ce  n'6tait  pas  un  v6tement  de  t^te,  mais  une  longue  et 
ample  chape  qui  descendait  jusqu'aux  pieds  et  enveloppait  le  person- 
nage  comme  dans  une  robe,  de  \k  ce  nom  de  robe  donn6  souvent  k  la 
livr6e  consulaire.  Peut-^tre  dans  le  principe  un  veritable  chaperon  ou 
capuce,  attach^  au  collet  de  la  chape  et  ramen^  sur  la  tftte,  servait-il 
de  coiffure  :  c'est  assez  probable;  mais  d^jk  dte  le  xvi«  sifecle,  les  consuls 
portaient  la  toque  ou  bonnet  carr^,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  dans  les 
gravures  du  temps. 

La  couleur  du  chaperon  6tait  rouge  et  noire  mi-partie.  Ces  deux 


(1)  Archives  de  M.  le  comte  Odet  de  La  Hitte. 

(2)  Arrits  notables  du  Parlement  de  Toulouse,  par  La  Roche-Flavin,  p.  602. 


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couleurs  sont  marques  dans  toutes  les  concessions  faites  aans  nos 
contr^es.  Celle  de  Terraube  en  1499  est  m^me  trfes  explicite,  elle 
aifirme  que  la  coutume  6tait  en  Gascogne,  que  les  chaperons  consu- 
laires  fussent  rouges  et  noirs :  t  Capucia  bipartita  videlicet  de  bruneto 
et  rubeo  panni,  juxta  pairie  consueiudinem  (1).  »  Les  consuls  de 
Riscle  achfetent  en  1500  «  dotze  paums  de  roge  e  dotze  de  bruneta  per 
far  los  capayros,  anxi  que  es  acostumat  (2).  »  Le  bailli  de  Bruillois, 
dans  la  concession  faite  aux  consuls  de  Stognac  en  1503,  declare  que 
les  chaperons  seront  «  entaylh^s  la  moyti6  de  drap  rouge  et  Tautre 
moyti^  de  brunet(3).  >  Les  consuls  de  Miradoux,  en  1493,  reconnais- 
sent  devoir  k  Garcie  Foyssin,  marchand  de  Lectoure,  la  somme  de 
14  tens  27  sols  tournois,  pour  achat  de  draps  brun  et  rouge  pour  faire 
les  chaperons  con8ulaires(4).  On  pourrait  multiplier  les  citation^  ^ 
rinfini.  II  est  certain  d'ailleurs  que  ces  couleurs  n'^taient  pas  particu- 
li^res  k  la  Gascogne,  elles  semblent  avoir  6t6  g^n^rales  k  toute  la 
France.  Elles  avaient  du  reste  au  point  de  vue  judiciaire  une  signifi- 
cation que  M.  Tierny  vanous  dire. 

Communication  de  M.  Tierny  : 

On  vient  de  voir,  par  ce  qu'a  dit  M.  de  Carsalade,  les  nombreuses 
prerogatives  dont  jouissaient  les  consuls  de  nos  villes  du  Midi.  Le  plus 
souvent  administrateurs  de  juges,  ils  portaient  dans  Texerdoe  de  leurs 
fonctions  un  chaperon  noir  et  rouge, 

Le  choix  de  ces  couleurs,  encore  aujourd'hui  consid^r^  comme 
I'attribut  de  la  justice  dans  ce  qu'elle  a  de  plus  ^lev^  (au  grand  criminel 
nos  juges  en  sont  rev^tus),  le  choix  de  ces  couleurs,  dis-je,  6tait-il 
indifferent?  N'y  faut-il  pas  voir  plut6t  la  marque  de  prerogatives  judi- 
ciaires?  Cette  derni^re  opinion  me  parait  plus  probable.  Toutefois,  la 
question  que  je  me  pose  n'est  pas  des  plus  faciles  k  resoudre;  en  eftet, 
les  consuls  ayant  le  plus  souvent  droit  de  justice  portaient  le  chaperon. 
Mais  lorsqu'ils  n'6taient  pas  juges  pouvaient-ils  rev^tirla  livreeconsu- 
laire  noire  et  rouge  ?  Telle  est  la  diflSculte  que  le  sentehal  d'Armagnac 
fut  appeie  k  r^soudre  en  1594  (5)  k  propos  de  la  communaute  de 
Crastes. 

A  Crastes,  les  deux  consuls  n'avaient  aucune  attribution  judiciaire 


(1)  Noulens,  Documents  aur  la  Maison  de  Galard. 

(2)  Comptes  conaulairea  de  Riscle,  p.  542. 

(3)  Arch,  de  Pau,  E,  286. 

(4)  Arch,  du  Gers,  E,  166,  p.  39. 

(5)  10  mars.  —  Arch.  d6p.  du  Gers,  B.  23,  ^  321  v». 


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proprement  dite,  ils  ne  poiivaient  connaitre  que  des  d^lits  de  p^.he  et 
antres  derivant  de  leur  droit  de  police;  la  haute  et  la  moyenne  justice 
apparlenait  au  roi  comme  comte  d'Armagnac,  la  basse  justice  au  sei- 
gneur, M.  de  Bezolles.  Celui-ci  pouvait  s'emparer  d*un  malfa^iteur  et 
le  garddt  un  jour  en  prison,  apr^s  quoi  il  devait  le  remettre  k  Auch 
entre  les  mains  des  gens  du  roi. 

Dans  ces  conditions^  les  consuls  de  Crastes  avaient-ils  le  droit  de 
porter  le  chaperon  conime  ils  le  pr^tendaient?  Sur  cette  question,  les 
conseillers  du  sen6chal  furent  d'opinion  diff^rente. 

D'apr^  Tun  d'eux,  M.  Foyssin,  «  veu  que  la  livr^  noire  el  rouge 
»  estant  proprement  pour  remarquer  la  justice,  fairoict  inhibition  et 
»  deffence  ausd.  consulz  de  pourter  aulcune  livrte  consulaire.  » 

Un  autre,  M.  Lucas,  «  accorderoict  le  port  du  chaperon  ausd. 
»  consulz,  mais  pour  c«  qu'ilz  n'ont  aulcune  esp^  de  justice,  pour 
»  marque  de  ce  deffault  au  lieu  de  la  coUeur  rouge  seroict  d'avis  qu'ilz 
»  pourtassent  la  blanche  (1).  > 

Cependant,  la  majority  se  rangea  k  I'avis  du  rapporteur,  M.  Boysset, 
et  Ton  d6cida  que  les  consuls  ds  Crastes,  bien  que  n'6tant  pas  juges, 
auraient  le  droit  de  porter  le  chaperon  noir  et  rouge.  Mais  cette  dteision 
fut  eotour^e  de  telles  reticences  qu'elle  ne  fait,  suivant  moi,  que 
confirmer  Topinion  que  j'^raeltais*  tout  k  Pheure. 

D'abord,  les  gens  du  roi  d6clarent  se  d^sint^resser  de  la  question;  or, 
le  roi  etant  seigneur  haut  justicier  de  Crastes,  son  opposition  seule  eut 
6t6  recevable.  Ensuite  on  a  soin  de  mander  les  consuls  k  la  barre  du 
tribunal  et  de  leur  faire  declarer  qu'ils  n'ont  et  ne  pr^tendent  avoir  k 
i'avenir  aucune  juridiction;  la  concession  qu'on  leur  fait  n'entralnera 
pour  eux  la  jouissance  d'aucun  droit  nouveau;  le  chaperon  ne  sera  pas 
pour  eux  un  insigne,  mais  seulcment  une  marque  ext^rieure  qui  les 
distinguera  du  peuple  dans  I'exercice  de  leurs  charges  et  fonctions 
publiques.  On  fait  observer  en  outre  que  la  lev^  des  deniers  royaux 
«  leur  appourte  souvent  grand  hazart  et  difficult^.  »  N'est-il  pas  juste 
de  leur  donner  en  Change  la  petite  satisfaction  morale  qu'ils  deman- 
dent  t  C'est  k  ce  titre  aussi  qu'on  leur  accorde  d'avoir  un  banc  dans 
r^lise. 

Je  note,  pour  finir,  les  dispositions  suivantes,  qui  prouvent  que 
I'achat  des  livr6es  consulaires  6tait  consid6r6  comme  une  charge  assez 
on6reuse  pour  la  conamunaut^ :  «  Lesd.  chaperons  serviront  quatre 


(1)  Dans  quelques  villes,  k  Agen,  notamment,  le  chaperon  des  consuls  4tait 
noir  et  blanc. 


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»  ann^,  i  la  fin  desquelles  seront  vendues  aux  enchferes  publiques, 
»  pour  Targent  provenant  de  lad.  vante  estre  employ^  h  Tachapt  de 

>  drap  necessaire  pour  faire  aultres  nouveaux  chaperons;  »  en  cas 
d'insufisance,  les  consuls  devaient  pourvoir  au  complement  de  cette 
somme  au  moyen  de  dons  volontaires  ou  en  «  prenant  sur  les  esmolu- 
»  mens  dud.  lieu,  sy  point  eny  a,  sans  qu'ilz  puissent  faire  imposition 

>  pour  raisonde  ce,  ny  poqr  salaire  de  la  lev6e  des  tailhes  ny  aultres 
»  royales  impositions.  » 

La  Socii6t6  fixe  au  5  mars  la  date  de  sa  prochaine  reunion. 


NOTES  DIVERSES 


CCCXIX.  Un  oentenaire  gasoon 

Notre  honors  et  cher  directeur  a  souvent  mentionn6  lei,  d'aprte  des 
documents  anciens,  Textrdme  long^-vit^  de  plusieurs  de  nos  compatriotes. 
A  tous  ces  encourageants  exemples  d'autrefois,  je  suis  heureux  de  joindre 
un  exemple  contemporain,  ce  qui  sera  encore  plus  encourageant  pour  nous. 
Je  lis  dans  le  Soleil  du  19  mars  cette  d6p^he  t^legraphique  exp6di6e  de 
Toulouse :  «  Au  n*  9  de  la  rue  de  Nazareth  habite  un  centenaire  en  parMte 
sant6,  M.  Druilhet,  n6  le  11  juin  1792,  h  La  Sauvetat  (Grers).  »  Souhai- 
tons  k  ce  v^n^rable  patriarche,  k  tous  les  habitants  de  Toulouse  nte  en 
Gascogne  —  inter  quos  primus  Leontius  noster  —  et  k  tous  les  gaseous 
plus  ou  moins  gasconnants  r6pandus  dans  le  monde  entier  (on  salt  que 
c*est  une  bonne  graine  qui  prend  partout),  T&ge  de  cent  dix  ans  r6volu8, 
sans  compter  les  mois  de  nourrice  (1). 

T.   DE  L. 

(1)  On  lit  dans  la  Voiw  dupeuple  d'Auch  du  23  mars  : 

«  Dans  la  nuit  du  17  au  18  courant,  est  d^c^d^,  dans  la  commune  de  Laujuzaa 
(Gers),  la  dame  Paule-Marie  Ricau,  n^e  k  Salespisse  (Basses -Pyr^n^es),  au 
mois  d'aout  1789.  Elle  allait  done  avoir,  dans  cinq  mois,  105  ans. 

»  Cetle  plus  que  centenaire  6tait  veuve  de  Jean  Vignau-Sansot,  n^,  luiaussi, 
k  Salespisse,  le  30  aotit  1793.  Ce  dernier  est  mort  k  Laujuzan,  le  9  avril  1891.  Les 
deux  6poux  laisaient  done  k  eux  dexix,  k  cette  6poque,  200  ans. 

»  Ces  deux  respectables  vieillards  ont  conserve  leurs  facult^s  jusqu'au  der- 
nier moment. 

»  La  veuve  Ricau  ^tait  seulement  devenue  un  peu  sourde  depuis  environ 
deux  ans.  Mais  elle  enfllait  une  aiguile,  cousait  et  tricotait  sans  lunettes  i'ann^ 
demi^re.  » 


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CHATEAUX   GASCONS 

DB  LA  FIN  DU  XIH«  SIECLB  (•) 


LE  CHATEAU  DE  LA  GARDtlRE 
II 

L'acle  le  plus  ancien,  concernant  le  chateau  ou  plutdt^avant 
lui^  le  lerritoire  de  La  Gardere,  acte  d'importance  capitate, 
est  ladonalioQ  decelte  localite  par  G6raud  V,  comte  d'Arma- 
gnac,  aux  moines  de  Condom,  en  I'annee  1270. 

II  ressort,'  ea  effet,  de  la  compilation  que  fit  Larcher  a 
Condom,  au  sieple  dernier,  dans  les  divers  manuscrits  des 
archives  de  cette  ville,  et  parliculierement  de  ses  Extraits  des 
Liwes  Mane  et  rouge  {I),  que  dans  les  premiers  jours  de 
Tannee  1270,  le  comte  d'Armagnac,  Geraud  V,  maftre  de 
toute  la  partie  de  Tancien  comte  de  Fezensac  comprise  entre 
la  vallee  de  TOsse  et  celle  de  la  Baise,  c6da  k  Tabbe  de 
Condom,  Auger,  ainsi  qu'a  ses  religieux,  et  cela  moyennant 
xn  sols  morlas  annuels,  tout  le  territoire  qu'il  poss^dait 
«  au  Heu  de  La  Gard^re,  dans  la  paroisse  de  Saint- Laurent 
et  de  Saint-Martin  dudit  lieu,  en  Fezensac. » 

Par  cet  acte  solennel  il  permit  audit  abbe  et  k  ses  succes- 
seurs  d'elever  en  ce  lieu,  soit  une  forteresse,  soit.m6me  une 
bastide,  se  reservant  dans  ce  cas  de  Toccuper,  si  jamais  le 
besoin  s'en  faisait  senlir...  Nous  croyons  utile  de  reproduire 
ici  m  extenso  cet  acte  fondament^l : 

€  Noverint  universi  presentes  pariter  et  futuri  quod  nos  Gerardus, 

(•)  Voir  la  livraison  de  16vrier  1894,  page  83. 

(1)  Arobives  commuDales  de  Condom.  Manuscrit  Larcher,  page  145. 

Tome  XXXV.  —  Mai  1894.  15 


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—  226  ^ 

Dei  gratia  comes  Armaniaci  et  Fezensiaci,   damus  et  concedimus 

donadone  perfect^  inter  vivos  et  in  veram  et  puram  helemosinam 

religiosis  viris  Angerio,  divina  miseratione  abbati  monasferii  Condo- 

miensis,  pro  se  et  successoribus  suis,  etconventui  monasterii  ejusdem, 

qui  pro  tempore  fuerint,  dominiumet  jurisdictionemmajoremetminorem, 

altam  et  bassam,  merum  et  mixtum  imperium,  et  omnia  quaBCumque 

nos  habemus  vel  habere  debemus  et  possidemus,et  alius  nomine  nostri, 

et  habere  et  tenere  et  possidere  debeamus  in  loco  et  territorio  vocato  de 

La  Guardera,  et  in  tota  parrochia  Sancti-Laurentii  et  Sancii-Mar- 

tini  de  La  Guardera  cum  omnibus  pertinenliis   suis  in  Fezensiaco, 

et  ipsum  abbatem  pro  se  et  successoribus  suis  et  monasterio  et  con-^ 

ventu  praedictis  in  veram  ac  etiam  corporalem  possessionem  omnium 

praedictorum  accipere  vel  accepisse,  retentis  tamen  nobis  xii  morlanis 

censualibus  tantum  annua tim  solvendis  k  praediclo  abbate,  vel   ejus 

nuncio,  nobis  vel  locum  nostrum  tenenti  apud  Vicum  in  feslo  beati 

Laurentii,  martiris.  Quam  dQuationem  et  omnia  et  singula  praadicta 

perfecta  ratificamus,  laudamus,  concedimus  et  confirmamus  pro  nobis 

et  successoribus  nostris.Volumus  insuper  et  concedimus  quod  praddicti 

abbas  et  conventus  vel  eorum  successores  possent  construerey  hedi- 

ficare  etfacere  consiruere  muniiionem,  fortaliiium\  et  alia  quoBcum" 

que  hcedijicia^  seu  baaUdaSy  ubicumque  eisdem  abbati  et  conventui  et 

successoribus  suis  placuerit  in  uno  loco,  vel  in  pluribus,  in  dicto  loco 

et  territorio  vocato  de  La  Guardera  et  in  totA  parrochid  ecdesiae 

Sancti-Laurentii  et  Sancti-Martini  de  La  Guardera,  cum  pertinentiis 

suis.  Concedentes  et  promittentes  pro  nobis  et  successoribus  nosiris, 

dictis  abbati  et  conventui  et  eorum  successoribus  per  veram  legi- 

timam  stipulationem,  quod  omnia  et  singula  praedicta  perpetuo  ser- 

vabimus  et  tenebimus  et  nunquam  contra  faciemus  nee  veniemus  in 

toto  nee  in  parte  per  nos  nee  per  alium.  Renuntiantes  expresse  omni 

auxilio  et  beneficio  juris  et  coosuetudinis  per  quod  contra  possemus 

facere  seu  venire,  et  quod  haec  generalis  renunciatio  valeat  perinde    ac 

si  omnes  casus  juris  et   consuetudinis    exprimerentur,    de   quibus 

specialem  et  expressam  oporteret  fieri  mentionem.  Retinentes  etiam 

nobis,g'aod  si,  in  loco prcediciOy  fiat  castrum  vel  habitatio  hominunt, 

quod  nos  et  successores  nostri  possimus  ibi  expletam  (possessionem) 

habere,  si  tunc  habemus  in  aliis  locis  similibus  de  FezensicLCO,  qui 

sunt  militum  et  baronum,  subditorum  nostrorum.  Et  haec  omnia 

praedicta  concedimus,  salvo  jure  in  omnibus  alieno,  et  in  testimonium 

praedictorum   nos  Geraldus,  comes  praedictus,   abbati  et   conventui 

praedictis  et  eorum  successoribus  has  praesentes  patentes  litteras  conoe- 


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—  227  — 

dimus,  sigillo  nostro  propria  sigillatas.  Datum  apud  Cassaneam,  die 
luDse  ante  Epiphaniam,  anno  Domini  mcclxx.  > 

Le  lerritoire  une  fois  concede,  les  /noines  de  Condom, 
pousses  sans  doute  par  le  comte  d'Armagnac,  s^empresserent 
de  metlre  a  execution  Tordre  que  ce  dernier  leur  avail  trans- 
mis  sous  forme  d'invilation;  et,  moins  de  dix  ans  apres,  lis 
elevaient  sur  le  poinl  culminant  de  ce  plateau  de  Lagardere 
la  construction  fortiflee  qui  subsisle  encore  aujourd'hui.  Le 
passage  suivant  du  Spicilege  de  dom  Luc  d'Achery  {Hisloire 
de  I'abbaye  de  Condom)  en  fail  foi: 

i  Item,  religiosus  vir  Guillelmus  de  Neriaco^  dim  cellarius  hujus 
monasterii,  fecit  fieri  clausuram  lapideam  molendinorum  cum  molen- 
dinislapideisinBaysia...  Item,  duas  demos  cum  magna  borda  apud 
Marlinum  sanctum.  Item,  inccepit  Castrum  de  Guardera^  in  Fezen- 
siaco.  Item,  instituit  anniversarium  pro  se,  et  plura  alia  bona  fecit  et 
procuravit,  etc.  (1)  » 

Or,  ce  Guillaume  de  Nerac,  moine  de  Condom,  vivait, 
d'apres  le  carlulaire  de  Tabbaye,  en  1280.  C'est  done  a  celle 
date,  et  aulour  de  celte  annee,  que  commenga  de  s'elever  le 
Chilean  de  La  Gardere. 

—  Quelles  furent  ses  destinees  durant  le  cours  deFoc- 
CDpation  anglaise?  Seuls  peut-6tre  pourraient  nous  ledire 
les  documents  conserves  a  la  lour  de  Londres  et  emportes, 
on  le  sail, par  les  anciens  conqu6ranls  de  laGuyenne,  a^Pheure 
de  leurs  revers.  Eut-il  des  sieges  a  soutenir?  Fut-il  habile,  non 
seulemenl  par  une  garnison,  mais  par  une  famille  puissante? 
Passa-tril  mainteset  mainlesfois,  encesheures  troublees,  des 
mains  des  Armagnacs  dans  celles  des  Anglais?  Un  silence 
absolu  s'est  fait  durant  celte  longue  epoque  sur  cette  myst6- 
rieuse  demeure,  que,  malgre  nos  plus  actives  recherches, 
nous  n'avons  pu  rompre.  Un  seul  document  nous  est  restfe 
sur  le  differend  qui  s'elevaen  i517  entre  le  chapilre  et  TabbS 

(1)  L.  d'Achery,  Spicilegmm.  (1723,  3  v.  in-^),  t.  i. 


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—  2f  8  — 

de  Condom,  au  sujet  de  rentifere  propriete  du  fief  de  Lagar- 
dere,  reveodique  par  cbacune  des  deux  parties,  comme  etant 
sa  propri6l6  particuliere.  Ge  ne  fut  qu'apres  d^intermioables 
procedures  qu'il  fuf  defiQilivemeat  altribue  au  chapitre  de 
TegUse  de  Condom,  au  detriment  et  malgre  la  col&rede  Tabbe* 
Dans  saprecieuse  compilalion  Larcber  nous  dit,  en  effet,  que: 

€  Le  ch&teau  et  territoire  de  Lagardfere  demeurferent,  k  partir  de 
1317,  en  la  possession  directe  du  cbapitre  de  Condom,  qui,  dans  la 
suite  les  affenna  et  en  toucha  les  revenus,  TabW  de  Condom,  devenu 
cette  ann6e-l^  le  premier  6v^ue  du  dioc^e  nouvellement  cr66,  ne 
pouvant  sur  ce  domaine  exercer  aucun  droit  (1).  » 

Eloigne  de  I'abbaye  de  plus  de  seize  kilometres,  sis  sur  un 
roc  desert  que  n'egayait  nul  village  voisin,  entoure  de  bois 
sauvages,  ne  presentant  par  suite  a  ses  possesseurs  aucun 
attrait  qui  p6t  les  y  atlirer  et  les  y  retenir  longtemps,  le 
ch&teau  de  La  Gardere,  en  dehors  de  sa  mission  militaire, 
etail  destine  a  rester  inhabiteet  a  ne  recevoir,  par  suite,  dans 
ses  divert  amenagements  aucune  de  ces  modifications  archi- 
tecturales  apportees  par  les  exigences  ou  les  modes  des  siecles 
suivants. 

Les  xiv*  et  xv*  siecles  se  passent  sans  que  nous  sachions 
quelles  peripetles  il  eut  a  subir.  Quand  nous  le  retrouvons, 
c'est  a  la  fin  du  xvi*  siecle,  el  toujours  en  la  possession  des 
moines.de  Condom. 

Par  un  premier  traite  reiatif  a  la  secularisation  du  chapitre 
de  Condom,  qui  fut  passe  le4  mars  1546  k  Rambouillet  entre 
Feveque  de  Condom,  Charles  de  Pisseleu,  el  son  chapitre, 
reprteente  par  Bernard  de  Ferrabouc,  prieur  clauslral,  celui-ci 
cede  a  TevSque  les  maison,  terres,  pr6s,  dimes  et  autres 
droits  lui  appartenant  sur  le  domaine  de  Charrin. 

Par  un  nouveau  traits,  pass6  cette  fois  a  Condom  le  15 
juin  1549,  toujours  en  Ire  Tevfique  et  le  chapitre,  celui-ci 
cede  a  Tev^que,  en  lieu  et  place  du  domaine  de  Charriu, 

(1)  Archives  communales  de  Condom,  Mss.  Lardier. 


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—  229  — 

«  locum,  domos,  terras,  nemora,  prata,  decimas,  jurisdic- 
tionem  altam  et  bassam,  merum  et  miitum  imperium,  et 
omnia  alia  jura  et  pertinentias  loci  et  jurisdictionis  de  La 
Gardela,  diocoBsis  Auxitanensisetvice-comifatus  Fezensacii;  » 
ce  qu'un  arr6t  du  21  mai  1556  traduit  par  la  barannie  de 
La  Gard^e. 

L'ev^que  de  Condom  en  jouissail  done  k  celte  6poq.ue;  mais 
il  dut  peu  apres  la  relrocederau  chapilre;  car  c'est  ce  dernier 
qui  la  poss^dait  loujours,  lors  des  m^morables  6venemenls 
des  guerres  de  religion  que  nous  allons  retracer  sommaire- 
ment  et  qui  motiverent  son  alienation  definitive. 

—  Le  terrible  lieutenant  de  Jeanne  d'Albrel,  Mongonmery, 
venait,  en  1569,  de  ravager  toute  la  Gascogne.  L'abbaye  de 
Condom,  pas  plus  que  les  autres  monasteres  de  la  region, 
n'avait  trouve  gr&ce  devant  lui.  On  sait  les  deg&ts  et  les  ruines 
qu'amoncelerent,  durantles  moisde  novembreet  de  decembre 
de  cetle  annee,  dans  les  valines  de  TOsse  et  de  la  Baise,  les 
troupes  huguenotes,  et  quels  sacrifices  durent  sMmposer  les 
habitants  de  Condom  pour  sauver  leur  catbedrale  et  leurs 
maisous.  lis  ne  purent  malbeureusement  conserver  ni  Teglise 
du  Pradeau,  ni  celles  des  Cordeliers,  des  Carmes,  desClarisses; 
et  ce  n'esl  qu'a  force  d'argent  qu'ils  arrachferent  le  marteau 
aui  farouches  demolisseurs  qui  avaient  commence  sur  les 
cloitres  deTabbaye  leuroeuvredehaineet  de  devastation  (1). 

Les  maisons  des  chanoines  ne  furent  pas  epargnees;  et 
toules  celles  qui  etaient  altenantes  soit  au  clottre,  soit  a  la 
catbedrale,  furent  pillees,  violees  et  demolies  par  les  Hugue- 
nots. Le  document  suivant  en  fait  foi.  Aussi,  quand  Torage 
fat  passe,  quand  sur  cet  amas  de  ruines  les  membres  du 
chapitre,  malgrfeleur  pauvrete,  eurent  resolu  de  rfeedifier  tant 
bien  que  mal  leurs  propres  habitations,  ils  durent  sMmposer 
de  lourds  sacrifices  et  mettre  en  vente  leurs  plus  lointaines 

(1)  Archives  commuaales  de  Condom. Li vre  des  JuradesA'oir  aussi  Monlezun, 
Hiatoirc  de  la  Qascogne,  etc.,  etc. 


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—  230  — 

proprietes.  Le  fief  de  La  Gardere,  comme  le  plus  eloigDe,  fut 
UD  des  premiers  designes. 

A  cet  efifet,  le  chapitre  s'adressa  au  roi>  afio  qu  il  lui  fut 
permis  de  Taliener;  et  le  roi  lui  envoya,  presque  aussltdt 
apres^  en  1371,  les  letlres  patenles  suivantes^  qui  donneot 
satisfaction  aux  chanoines  et  dont  les  consideranls  r^suroenl 
en  m^me  temps  toute  cette  afifaire  : 

€  Charles,  par  lagr^x3e  de  Dieu,  roi  de  France,  au  s6n6chal  d'Agenois 
et  de  Gascoigne  ou  son  lieutenant  k  Condom,  salut.  Les  chanoines 
et  chapitre  de  TEglise  Catedralle  dudit  Condom  nous  ont  fait  remons- 
trer  que,  durant  les  derniers  troubles,  ceux  qui  portoient  les  armes  pour 
le  fait  de  la  R.  P.  R.  se  saisirent  par  force  de  la  ville  dudit  Condom, 
ou  ils  demeurferent  plus  de  Irois  mois,  pendant  lesquels  ils  auroient 
entierement  ruin6  et  d6moly  les  maisons  appartenantes  audit  chapitre, 
qui  6toient  au  cloltre  d'iceluy,  oil  lesdits  chanoines  faisoient  leur  resi- 
dence, pour  ^tpe  prez  de  ladite  ^lise,  afin  d'etre  plus  prez  pour  fairele 
service  divin,  en  sorte  que,  k  cause  desdites  ruines,  iceux  chanoines 
sont  k  present  contraincts  loner  k  grands  prix  des  maisons  en  la  ville 
pour  demeurer,  d'autant  qu'ils  n'en  ont  plus  aucune  k  eux  apartenans, 
lesquelles  maisons  qu'ils  tiennent  k  louage  sont  loiutaines  de  ladite 
^glise,  tenement  que  par  ce  moyen  ils  n'y  peuvent  aller  de  nuil  pour 
faire  le  service  divin  sans  danger  de  leurs  personnes.  —  A  cette  cause, 
ils  ont  avisi  faire  r6difier  lesdites  maisons  qui  ^toient  audit  cloltre,  et 
parceque,  k  cause  des  pertes  qu'ils  ont  souffertes  durant  lesdits  troubles 
en  leurs  benefices  et  autres  biens  k  eux  apartenans,  ils  n'ont  aucun 
moyen  de  faire  la  reWification  sans  vendre  le  moins  utile  des  biens 
dudit  chapitre;  au  moyen  de  quoi  ils  ont  fait  mettre  en  cri6e  une  leur 
maison  et  lieu  appel^  La  GarddrCySes  appartenances  et  dependances, 
qui  est  assis  eii  la  sentehauss6e  d'Armaignac,  et  fort  lointaine  dudit 
Condom,  qui  par  ce  moyen  est  la  moins  commode  piece  d'icelles  qui 
appartiennent  audit  chapitre;  ne  leur  revenant  sinon  80  livres  toumois 
de  rente  chacun  an,  dont  ils  pourroient  tirer  environ  8,000  livres  pour 
faire  lesdites  ratifications  qui  leur  porteront  plus  de  commodites  et 
leur  ^pargneront  plus  chacun  an  que  ne  vaut  le  revenu  du  susditjieu; 
laquelle  maison  et  lieu  ils  n'ont  os6  et  n'oseront  vendre  sans  nos  conge 
et  permission,  qu'ils  nous  ont  tr^s  humblement  supli4  et  requis  leur 
octroyer  et  sur  ce  leur  pourvoir : 

»  Nous,  a  ces  causes,  consider^  ce  que  dit  est,d6sirant  que  les  expO' 


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—  231  — 

sans  soient  accomod&s  d'autres  logis  prez  ladite  ^lise,  afin  qu'ils  aient 
meilleur  moyen  de  faire  le  service  divin  en  icelle,  leur  avons  en  tant 
qu'a  nous  est  permis,  et  de  notre  certaine  science,  pleine  puissance  et 
autorit6  royale,  permettons  vendre  icelle  maison  et  lieu  de  La  Gar- 
ddrcy  ses  appartenances  et  d^pendances,  comme  6tant  la  moins  commode 
piece  dudit  chapitre,  au  plus  oflfrant  et  dernier  encherisseur,  pour  les 
deniers  qui  en  proviendront  ^tre  emploi^s  k  la  r66dification  des  maisons 
dudit  chapitre  que  ont  it&  d6molies  comme  dit  est,  et  non  ailleurs,  ne 
en  autres  effets  ne  k  faire  k  peine  de  r^pondre  par  les  exposans.  Si  vous 
mandons,  commettons  et  en  joignons  par  ces  pr6sentes,  etc. 

9  Dona6  k  Fontainebleau,  le  xvii®  jour  de  juillet,  Tandegrftce  1571 
et  de  noire  r^gne  le  onzieme  (1).  » 

Les  lemps  etaienl  durs.  L'offre  resta  saos  effet.  Ce  ne  fut 
que  sept  ans  apres  que  les  chanoines  trouverent  enQn  ua 
acquereur.  Encore  est-ce  par  voie  d'echange  qu'ils  purenl  a 
grand'peine  se  debarrasser  de  leur  domaine  de  I^a  Gardere. 

Le  28  mail578,  par  devanlM*  Bertrand  Laflfargue,  notaire 
de  Condom,  le  syndic  du  chapitre  de  Condom, 

a  Cfede  audit  noble  Pierre  de  LavardaCy  seigneur  de  Lian,  la 
maison  noble  de  La  Gardere,  avec  toute  sa  justice,  droits  et  apparte- 
nances, ainsi  que  la  m^tairie,  sans  se  rien  r^server  de  ladite  terre  et 
seigneurie,  et  ledit  de  Lavardac  bailie  en  centre  ^change  audit  chapitre 
certains  biens  ruraux  situ6s  en  la  juridiction  de  Gondrin  et  de  Lagraulet, 
limit^s  et  confront6s  ainsi  qu'il  suit,  etc.;  —  plus  la  somme  de  1,142 
^us,'deux  tiers,  quatre  sols,  six  deniers,  qui  furent  employes  imm^ 
diatement  par  ledit  chapitre  au  rachat  de  la  grande  dime  de  la  clef,  du 
molin  de  Grasiac,  et  au  paiement  d'autres  dettes  et  affaires  urgentes  du 
chapitre  (2).  » 

La  terre  et  le  chateau  de  La  Gardere  passerent  done,  a  partir 
de  cette  epoque,  dans  les  mains  du  seigneur  Pierre  de 
Lavardac,  qui  en  resta  paisible  possesseur  jusqu'ason  deces. 
Dans  les  minutes  du  notariat  de  Valence,  nous  voyoas,  entre 
aulres  actes,  qu'a  la  date  du  25  mars  1580  (c  noble  Alexandre 
de  Lasseran,  seigneur  de  Massencdme,  accepte  un  aveu  de 

(1)  Archives  communales  de  Condom.  Manuscrit  Larcher,  page  220. 

(2)  Idem,  page  221. 


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deltes  de  459  fecus  sols,  deux  tiers,  consenti  par  noble  Pierre 
de  Lavardac,  seigneur  de  LaGardere,  envers  messire  Francois 
de  Cassagnet,  chevalier  de  Tordre  du  roi,  capitaine  de 
cinquante  lances^  sieur  de  Saint-Orens^  el  senechal  du 
fiazadois(l).  » 

Celte  famille  de  Lavardac  etait  originaire  de  TAslarac.  On 
trouve  son  nom  m61e  a  la  plupart  des  affaires  des  xv*  et  xvi* 
siecles.  Lorsque  le  nouveau  proprifelaire  du  chateau  de  La 
Gardere  fut  mort,  son  QlsArnaud  de  Ijwardac  rendit  hom- 
mage  pour  les  recentes  acquisitions  de  sa  famille,  et  il  passa 
notamment  un  accord,  le  18  mai  1595,  avec  les  consuls  du 
lieu  de  La  Gardere  et  le  sieur  Jean  Laffargue,  maitre  arpen« 
teur  de  Francescas,  pour  la  revision  du  cadastre  de  la  commu- 
naute(2).  Mais  il  euta  soutenir  un  important  proces  contre 
le  chapitre  de  Condom,  qui  revendiquait  le  droit  de  dime  sur 
laterrede  La  Gardere,  que  s'elait  appropriee  injustement  son 
pere  Pierre  de  Lavardac  a  la  suite  de  Techange  du  28  mai 
1578,  et  dont  les  nouveaux  seigneurs  avaient  joui  depuis 
celte  epoque.  Par  suite,  le  chapitre,  revenant  sur  ce  central 
d'echange,  en  demandail  la  rescission,  prelendant  inalienable 
ce  droit  de  dime  et  considerant  les  biens  ruraux  pris  en 
echange,  comme  une  charge  pluldt  que  comme  un  beneQce. 

Une  transaction  intervint^  |e  18  mars  1609,  moyennant 
laquelle  «  le  sieur  de  Lavardac  cede  ladite  dime  sur  la  terre 
de  La  Gardere  au  chapitre  de  Condom  avec  la  ^mme  de  600 
livres  pour  Tindue  jouissance  et  la  restilution  des  fruits,mais 
demeure  neanmoins  seul  et  unique  proprlelaire  et  seigneur 
dudil  fief  (3).  ^ 

Arnaud  de  Lavardac,  seigneur  de  La  Gardere,  mourul 
en  septembre  1615.  Sa  succession  provoqua  divers  incidents 
que  nous  aliens  resumer. 


(1)  Notariat  de  Valence.  lUg.  pour  1580.  Marignac,  notaire. 

(2)  Notarial  de  Gondrin.  R^.  pour  1595.  Lasserre,  notaire. 

(3)  Archives  communales  de  Condom.  Mss.  Larcber.  Larti^ue,  notaire  royal- 


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—  233  — 

Aiissit6t  apres  sa  sepulture,  nous  dit  un  acte  notarie  (1), 
les  P^res  Antoioe  Garsin  et  Jean  Bordes,  de  laCompagnie  de 
Jesus,  du  college  d'Auch,  furent  envoyes  par  le  R.  Pere  rec- 
teur,  afin  de  faire  connattre  aux  h6ritiers  naturels,  qu'ils 
etaienl  inslitues  h^ritiers  du  defunt  seigneur  de  La  Gardere. 
par  disposition  testamentaire  en  date  du  9  septembrecourant, 
declarant  vouloir  accepter  rheritage  sous  benefice  dMnventaire. 

Arnaud  de  Lavardac  ne  laissait  pas  d'enfants.  Ses  h^riliers 
naturels  etaient  sa  soeur  Alix  de  Lavardac,  mariee  a  noble 
Jean-Pierre  de  Caulet,  et  ses  deux  Biles  naturelles  Charlotte  et 
Alix.  Ces  derniers  ayant  declare  quMIs  ne  feraient  pas  d'op- 
position  aux  reclamations  des  P^res  Jesuites,  pourvu  toutefois 
que  leurs  droits  fussent  respectes,  on  d6cida  de  part  et  d'autre 
de  proceder  a  Pinventaire  des  biens  du  d6funt.  Ce  premier 
acte  est  signe  de  noble  Pierre  de  Caulet,  noble  de  Saint-Gresse, 
seigneur  de  S6ridos,  Devic,  notaire  royal,  Jean  Axio,  apothi- 
caire  de  Condom,  le  Pere  Carsin,  Brusault,  cure  de  Roques  et 
de  La  Gardere,  el  Lanavic,  cure  de  Bezolles. 

On  se  milaussitdta  ToBUvre,  et  ce  raeme  jour  42  septembre 
1615  fut  commence  Tinventaire  des  biens  du  seigneur  de 
La  Gardere,  en  presence  desdits  tfemoins.  LMnventaire  se 
poursuivant,  le  21  septembre  du  meme  mois,  le  recteur  de 
la  Compagnie  de  J^sus  du  college  d'Auch  est  present  et 
appose  son  nom,  Jean  Solanet,  au  bas  de  Tacte. 

Le  domaine  de  La  Gardere  se  composait  a  cetle  epoque  du 
chateau  proprement  dit  avec  ses  appartenances  et  depen- 
dances  et  de  phisieurs  metairies  avoisinantes,  dont  la  plus 
importanle  etait  celle  de  Laboiirdette,  «d'un  labourage,  dit 
Tacte,  de  trois  a  quatre  paires  de  boeufs.  »  Noble  Jean  de 
Caulet,  seigneur  de  Lian,  et  M*  Pierre  Bordes,  procureur 
juridictionnel  de  la  baronnie  dePardaillan,  prirent  en  aCferme 
tons  les  biens  dependants  de  la  succession  d'Arnaud  de 
Lavardac. 

(1)  Nojariat  de  BezoUes.  R^.  pour  1615.  J. -H.  Day  rem,  notaire. 


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—  234  — 

Notons,  parmi  les  papiers  inveDtoiies  ce  jour-la^  une  piece 
assez  curiease  qui  vient  conflrmer  la  possession  du  domaine 
de  La  Gardere  par  les  moines  de  Condom  et  ainsi  decrite  : 
«  Lm  de  Vhomaige  rendu  par  les  religieux  du  chapitre  de 
Peglm  cathedrale  de  Cmdam,  de  la  salle  de  La  Gardere,  ses 
appartenances  et  dependances,  tenues  de  Charles,  due 
d'Alenfon,  comte  d'Armagnac,  du  xiui  mat  de  tan  i52i,  por- 
tant  main  levee  de  la  saisie  qui  en  avail  ite  faile,  faulte  de  la 
rendp'e{l).  » 

Lss  Jesuites  du  college  d'Auch  ne  resterent  pas  longtemps 
proprietaires  de  La  Gardere,  si  tant  est  quMIs  I'aienl  possedfee 
quelques  instants.  lis  durent  s'enteudre  inimediatement  avec 
les  heritiers  naturels  d'Arnaud  de  Lavardac,  et,  raoyennanl 
des  echanges  oudes  compensations  deraeurees  ignorees,  leur 
abandonner  deQnitivement  ce  domaine.  Un  an  apres  Tinven- 
tairedesbiens  du  dernier  seigneur,  nous  voyons,  en  effet,  que 
le  ch&teau  de  La  Gardere  se  trouve  entre  les  mains  d'Alix  de 
Lavardac,  soeur  d'Arnaud,  qui,  malgre  son  mari  el  ses  mau- 
vais  traitemenls,  persiste  a  ne  pas  vouloir  mettre  en  venle 
celte  terre. 

«  Le  3  d&embre  161  Sedans  la  salle  noble  de  La  Gardere,  demoiselle 
Allys  de  Lavardac,  femmede  noble  Jean-Pierre  deCaulet,  declare  que, 
soUicit^e  par  son  mari  de  vendre  les  droitz  qu'elle  possfede  sur  lamaison, 
terre  et  seigneurie  de  La  Gardere,  soit  par  le  d^ces  de  son  frfere  Arnaud 
de  Lavardac,  soit  par  suite  du  d^s  de  ses  p6re  et  mere,  elle  se  refuse 
a  ce  faire,  et  k  ceste  fin  elle  va  trouver  noble  de  Pustolle,  seigneur  de 
Fieulx,  au  chateau  de  Podenas,  son  parent,  k  qui  elle  maintient  son 
dire  que  la  venle  ne  s'op^rera  pas,  malgr^  les  mauvais  traitements  de 
son  6poux,  M.  de  Caulet,  qui  la  demande,  et  qu'elle  ne  c^dera  quk  la 
violence  (2).  « 

Alix  de  Lavardac  dut  cependant  ceder  a  son  mari,  ou  tout 
au  moins  comprendre  qu'elle  ne  pouvail,  faule  de  moyens 

(1>  Notarial  de  BezoUes.  Rc^g.  pour  1615.  Deayrem,  notaire.  (Notes  communi  • 
quees  par  M.  Tabbc  Hroconat). 
(2)  Notarial  de  Koqucs.  Rc^g.  pour  1616,  fol.  68-69.  Deaiyiem,  notaire. 


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—  S36  — 

sufQsants,  garder  iotfegralement  la  succession  de  son  frere, 
ober6e  de  dettes^  et  qui  constituait  pour  elle  une  charge 
plutdt  qu'un  avanlage.  Le  4"  aviil  suivant  de  Tannee  1617, 

«  Noble  Jean-Pierre  de  Caulet,  ^uyer,  sieur  de  Lian,  consid^rant 
comme  trfes  on^reux  Theritage  que  sa  femme  Alix  de  Lavardac  est  en 
m^me  de  recueillir  d'Arnaud  de  Lavardac,  seigneur  de  La  Gard^re, 
son  fr&re,  et  cela  k  cause  des  dettes,  legs  et  charges  di verses  qui  le 
gr^vent;  attendu  que  lui  et  sa  femme  n'ont  pour  payer  d'autre  moyen 
que  celui  de  vendre..,,  donne  k  Alix  de  Lavardac,  sa  femme,  plein 
pouvoir  d'ali^ner  ledit  heritage,  de  telle  mani^re  et  k  teUes  conditions 
qu'elle  voudra..,,  ne  Tautorisant  n^anmoins  en  aucunefa^n  k  vendre 
ou  obUger  la  salle  de  Lian,  ni  ses  d^pendances,  que  ladite  Alix  lui  a 
apport6e  comme  garantie  de  ses  biens  dotaux,  etc.  (1)  » 

Mademoiselle  de  Lavardac  se  resigna,  et  la  lerre  de  La 
Gardere  fut  mise  en  vente  quelques  jours  plus  tard.  Nean- 
mois,  nous  devons  constaler  qu'a  cette  epoque  Tancienne 
forleressedesmoinesde  Condom  ful  momenlanement  habilee, 
ou  que  lout  au  moins  c'esl  dans  ses  vastes  salles  que  furent 
signes  les  acles  imporlants  que  nous  venons*  de  signaler. 

Celle  meme  annee  1617,  et  le  30  octobre,  furent  conclus, 
dans  la  salle  de  La  Gardere,  les  pactes  de  mariage  entre  noble 
Blaise  de  Grisonis>  seigneur  de  Pimbat,  homme  d'armes  de 
la  compagnie  de  monseigneur  le  marechal  de  Roquelaure,  et 
demoiselle  Louise  de  Lavardac,  fille  de  feu  noble  Jehan 
Bertrand  de  Lavardac,  quand  vivait  seigneur  d'Ayssieu,  et  de 
dame  Louise  de  Lavardac.  Sa  mere  lui  constitue  1,800  livres 
tournois,  et,  pour  garantie  de  cette  somme,  elle  lui  donne 
immediatement  la  melairie  de  Riviere,  sise  en  la  juridiction 
de  la  ville  d'Eauze.  La  fiancee  se  constitue  en  meme  temps 
les  biens  pa^ternels  qui  lui  sont  echus  par  le  deces  de  son 
pere  (2). 

Ce  contrat  fut  un  des  derniers  que  nous  trouvons  avoir  ete 

(1)  Notarial  de  Roques.  R^g.  p.  1617,  folio  24,  verso.  (Note  de  M.  Vz,hh6  Bro- 
conat). 

(2)  Notariat  de  Beasolles,  H^,  pour  1617,  f»  85,  Day  rem,  not^ure, 


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—  236  — 

sigoes  dans  la  salle  de  La  Garderepar  la  famille  de  Lavardac. 

Quatre  ans  apres,  Tan  1621,  la  terre  et  seigneurie  de  La 
Gardere  passaient  en  de  nouvelles  mains.  L'acqa6reur  elait 
un  homme  de  robe,  nouvellement  venu  dans  la  contree, 
proprielaire  de  Timportant  domaine  du  Busca,  sis  a  quatre 
kilometres  a  peine  ao  nord  de  La  Gardfere.  II  se  nommait 
messire  Jean  de  Maniban,  chevalier,  conseiller  du  Roi  au 
grand  Conseil,  ancien  maftre  des  requites  au  parlement  de 
Bordeaux,  lieutenant-general  en  la  meme  senechaussee,  et 
depuis  sept  ans  president  au  Parlement  de  Toulouse.  Mais 
ce  personnage,  sur  lequel  nous  allons  revenir,  n'en  prit  pas 
immedialemenl  possession.  II  dut,  par  acte  du  Smai  1621, 
emprunter  a  un  de  ses  voisins,  noble  Philippe  de  Pins, 
seigneur  d'Aulagneres,  pres  Valence,  lasommede  3,200  livres 
pour  desinleresser  Mix  de  Lavardac;  moyennant  quoi,  ledil 
seigneur  de  Pins  garda,  jusqu'au  complet  remboursement  de 
cetle  somme,  Tentiere  possession  et  jouissance  de  la  terre  de 
La  Gardere. 

C'est  ainsi  que  nous  voyons  noble  Philippe  de  Pins,qualiOe 
seigneur  de  La  Gardere,  donner  quittance,  le  24  mars  1627, 
^-  par  acte  passe  au  ch&teau  de  La  Gardere,  en  Fezensac, 
diocese  d'Aux  (1).  » 

La  meme  annee,  «  noble  Philippe  de  Pins,  seigneur  de  La 
Gardere,  estant  dans  Thostellerie  de  Bezolles,  demaude  au 
tuilier  de  La  Gardere  qui  Fa  autorise  a  couper  des  arbres 
dans  les  hois  de  ladite  seigneurie.  A  quoi  ce  tuilier  repond 
que  c'est  monsieur  de  Maniban,  seigneur  du  Busca,  ou  plut6l 
son  homme  d'affaires,  frere  Salles,  a  qui  il  a  engage  la 
tuilerie(2). » 

Enfln,  le  18  juin  1629,  le  meme  seigneur  accepte  un  aveu 
de  detle,  par  acte  passe  au  chateau  de  La  Gardere  (3). 


(1)  Notariat  de  Valence.  R6g.  pour  1627,  ^  59.  Bartharez,  notaire. 

(2)  Notarial  de  Bezolles,  P  2.  Dea>rera,  notaire. 

(3)  Notarial  de  Valence.  R6g.  pour  1629,  f»  247.  Bartharez,  notaire. 


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—  237  — 

Get  elat  de  choses  dura  jusqu'a  Tannfee  suivante  1650, 
epoque  a  laquelle  le  seigneur  du  Busca  remboursa  a  Philippe 
de  Pins  la  somme  quMl  lui  avail  pr^lee  pour  lui  faciliter 
Tachat  de  La  Gardere,  et  ou  ladile  seigneurie  rentra  d6flniti- 
vement  en'rentiere  propri^le  de  la  famille  de  Maniban.  II 
ressort,en  eCfel,de  Facte  notarie  suivant,du  28 juin  1630,  que, 

«  Noble  Thomas  de  Maniban,  baron  de  Larroque,  conseiller  du 
Roy  en  sa  court  du  Parlement  de  Bordeaux,  ayant  dtelar6  avoir  regu 
en  apanage  de  son  pfere  messire  Jean  de  Maniban,  chevalier,  conseiller 
du  Roy,  president  en  la  court  du  Parlement  de  Toulouse,  la  terre, 
seigneurie  et  ckdieau  de  La  Gardere,  sous  la  condition  qu'il  rembour- 
serait  la  somme  de  3,200  livres  avec  les  int6r6ts,  empruntfe  k  noble 
Philippe  de  Pins,  seigneur  d'Aulagn^res,  par  acle  du  5  mai  1621,  et 
en  vertu  duquel  acte,  le  seigneur  de  Pius  se  r^servoit  de  jouir  de  ladite 
terre  jusqu'au  complet  remboursement  de  ladite  somme...,  ce  jour-ci, 
28  juin  1630,  noble  Thomas  de  Maniban  oflEre  de  rembourser  ladite 
somme  avec  les  int6r6ts,  et  il  somme  ledit  seigneur  de  Pins  de  la 
recevoir.  Monsieur  de  Maniban  proteste  en  m6me  temps  centre  les 
ruynes  et  deteriorations  de  toutes  sortes  qui  se  trouvent  au  chateau  et 
domaine  de  La  Gardfere(l).  » 

Le  remboursement  fut  acceple.  Noble  Philippe  de  Pins  se 
declara  enlierement  quilte  de  toute  obligation  envers  Thomas 
de  Maniban,  et,  de  ce  fait,  it  lui  abandonna  la  totalite  du 
domaine  de  La  Gardere. 

Le  vieux  manoir  passa  done  encore  en  de  nouvelles  mains. 
Mais,  cette  fois,  ce  fut  pendant  plus  d'un  siecle  et  demi  qu'il 
demeura  la  propriete  de  cette  grande  famille  des  Maniban, 
dont  rhistoire,  si  curieuse  a  tant  de  litres,  merite  d'etre  ici 
longuement  racontee. 

{Asuivre.)  Philippe  LAUZUN. 

(1)  Notarial  de  Valence.  R4g.  pour  1603,  ^  155,  verso.  Bartharez,  notaire. 


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UH  Episode  de  la  licde  er  gasgogre 


J1,E 


PILLAGE  DII  CHATlill  DE  S^-CHRISTIE 

EN     1890 


L'av6nement  de  Henri  de  Navarre  au  trdne  de  France 
aurait  dti  ramener  le  calme  et  la  tranquillity,  que  le  pays 
r6clamait  depuis  si  longtemps  et  dont  il  avait  si  grand 
besoin.  Mais  la  Ligue  ne  pouvait  voir  sans  horreur  la 
couronnesurlat^te  d'un  prince  huguenot;  aussi,  laluttese 
ranima-t-elle  plus  ardente  que  jamais,  et,  chose  curieuse, 
la  noblessegasconne,  jusqu'alorsfidfeleala  fortune  du  B6ar- 
nais,  sembla  changer  de  parti :  beaucoup  de  nos  gentils- 
hommes  mirent  au  dernier  moment  leur  6p6e  au  service 
de  Mayenne.  La  paix,  que  bourgeois  et  paysans  appelaient 
a  grands  cris,  6tant  pour  eux  le  pire  des  maux,  la  defec- 
tion leur  semblait  toute  naturelle.  lis  redoutaient  de  voir 
disparaitre  ce  bon  temps  d^aventures  et  de  pillage,  oil 
entre  deux  escarmouches  on  mettait  k  sac  villes  et  cha- 
teaux. Pen  leur  importait  d'6tre  aujourd'hui  Navarrais, 
demain  Guisards  ou  Ligueurs.  Ce  qu'il  leur  fallait,  c'6tait, 
apr6s  de  beaux  coups  d'6p6e,  des  gites  de  bonne  prise  oil 
ils  pouvaient  non  seulement  faire  ripaille...  et  le  reste, 
mais  aussi  garnir  leur  escarcelle. 

L'histoire  est  pleine  de  ces  souvenirs.  Mais  beaucoup 
de  faits  isol6s,  qui  ne  durent  pas  6chapper  k  Tattention 
des  chroniqueurs  contemporains,  leur  parurent  sans  doute 
avoir  si  peu  d'importance  qulls  furent  laiss6s  de  c6t6. 

Ainsi,  en  parcourant  le  dossier  d'un  tr6s  long  et  tr6s 


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—  239  — 

curieux  proems  de  succession,  des  r^cits  de  braves  gens 
cit68  en  t6moignage  ^  nous  ontr6v616  le  pillage,  tout  h  fait 
in6dit,  d'un  opulent  chateau,  situ6  aux  portes  d'Auch.  La 
Basoche,  on  le  sait,  fut  toujours  prodigue  de  paperasses; 
pourune  fois,  rendonsgr&ces  a  laprolixit6deses  plumitifs. 

En  1590,  Hercule  de  L6aumont  6tait  seigneur  de  Sainte- 
Christie  et  de  Mirepoix.  II  avait  pour  p6re  Philippe  de 
L6aumont,  issu  de  cette  noble  famille  qui  eut  Thonneur 
de  compter  parmi  les  siens  le  fameux  capitaine  Puygail- 
lard*.  Possesseur  d'une  belle  fortune,  il  s'unit  vers  1553 
avec  Anne-Olympe  de  Laval.  Veuf  et  sans  enfants,  I'es- 
poir  de  donner  un  h^ritier  k  sa  race  lui  fit  contractor  un 
second  mariage  avec  une  noble  damoiselle  du  comt6 
d'Astarac,  Germaine  de  Sariac. 

Cette  derni6re  joignait  a  un  nom  illustre  Thonneur 
d'6tre  la  flUe  de  Tun  des  quarante-cinq.  Aymeric  de 
Sariac,  son  p6re,  6tait  de  cette  phalange  d'61ite  oil  la 
noblesse  de  Gascogne  avait  ses  plus  illustres  et  ses  plus 
braves  repr^sentants. 

L'union  du  seigneur  de  Sainte-Christie  et  de  la  demoi- 
selle de  Sariac  ne  fut  pas  plus  heureuse  que  son  premier 
mariage.  Aussi,  sans  enfants,  accabl6  par  Vkge  et  la 
tristesse,  vivait-il  solitaire  en  son  chateau  de  Sainte- 
Christie,  au  milieu  du  luxe  et  du  confort  que  sa  fortune 
lui  permettait  et  qui  convenaient  a  un  gentilhomme  de 
haut  lignage. 

(1)  Enqueste  faicte  d'aathorild  de  la  souveraine  court  du  Parlement  de  Tholose 
pour  la  partie  de  damoiselle  Germaine  de  Sariac,  dame  de  Mirapoix,  de  et  surle 
contenu  de  son  articulat  par  elle  contre  Manault  de  Batz,  sieur  dud.  lieu... 
(Arch,  depart,  du  Gers,  Fonds  des  J^suites,  anciennement  archives  de  la  ville 
d'Auch.) 

(2)  Jean  de  L^umont,  seigneur  de  Puygaillard,  baron  de  Brou  et  de  Mor^, 
capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes,  chevalier  de  TOrdre,  mar^chal  de  camp 
g^n^ral,  charge  remplie  plus  tard  par*  le  grand  g^n^ral  Turenne,  des  arrases  du 
roi,  gouvemeur  d'Anjou  en  1584,  chevalier  du  Saint-Esprit  h  la  promotion  du 
31  d^cembre  1580.  II  mourut  de  la  peste,  le  6  juilletl584,  gouvemeur  de  Cam- 
brai.  II  ^tait  fils  de  Charles  de  L^umont,  seigneur  de  Puygaiilard,  et  d'Anne  de 
Nogaret  de  la  Valette. 


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—  240  — 

II  semblait  reporter  son  affection  sur  un  fils  de  sa 
soeur,  porteur  d'un  nom  c616bre,  Manaud  de  Batz*,  qu'il 
devait  faire  son  h6ritier  en  lui  laissant  son  chateau  de 
Sainte-Christie,  tandis  que  sa  veuve  avait  pour  elle  la 
seigneurie  et  terres  de  Mirepoix. 

En  ce  temps-Ik,  Emmanuel  de  Savoie  *,  marquis  de 
Villars,  lieutenant  du  roi  en  Guyenne,  et  plus  tard  lieu- 
tenant g6n6ral  pour  la  Ligue  en  Gascogne,  parcourait  le 
comt6  d'Armagnac,  trainant  k  sa  suite  les  bandes  qui 
jadis  avaient  guerroy6  pour  le  B6arnais. 

A  ses  c6t6s,  il  avait  les  capitaines  Dossy  et  Sardac', 
faroiiches  partisans,  connus  et  redout6s  de  tons,  et  aussi 
le  baron  de  Mondenard  *,  lieutenant  d'Urbain  de  Saint- 
Gelais*,  6v6que  de  Comminges,  bouillant  ligueur  que 
la  chronique  nous  repr6sente  comme  le  Turpin  de  cette 
6poque,  beaucoup  plus  habitu6  k  porter  la  cuirasse  et 
r6p6e  que  la  chape  et  la  crosse. 

La  discipline  ne  devait  pas  6tre  la  premiere  quality  de 
ces  soldats.  Sou  vent  «  trouppes  faisoient  d6sordres,  » 
disent  les  vieux  documents,  le  pillage  6tait  fort  k  la  mode, 
capitaines  et  soldats  y  trouvaient  leur  profit. 

Au  mois  de  septembre  1590,  Villars  campait  avec  du 

(1)  Manaud,  baron  de  Batz,  fils  de  Pierre  et  de  Marguerite  de  L^umont, 
6tait  du  petit  nombre  des  gentilshommes  catholiques  d'Armagnac  qui  surent 
rester  fiddles  ^la  fois  k.  leur  religion  et  k  leur  souverain.  (Ch.  de  Batz-Trenquel- 
16on,  Henri  IV  en  Gascogne,  p.  305.) 

(2)  Emmanuel  de  Savoie,  marquis  de  Villars,  comte  de  Tende,  Sommerive, 
etc.,  <^tait  le  fils  d'Honoratde  Savoie,  connu  sous  le  nom  d'amiral  de  Villars, 
qui  succ^da  k  Monluc  dans  le  commandement  des  troupes  catholiques. 

(3)  Francois  de  Lacaze,  seigneur  de  Sardac,  plus  connu  sous  le  nom  de  capi- 
taine  Sardac,  ^pousa  en  1592  Pauline  de  Couperose,  veuve  d'Amaud  de  Gout, 
capitaine  Mont.  Nous  n'avons  aucun  renseignement  sur  le  capitaine  Dossy. 

(4)  Antoine,  baron  de  Mondenard,  en  Quercy,  de  son  mariage  avec  Margue- 
rite du  Bouzet  n'eut  qu'une  fille,  H61ene  de  Mondenard,  marine  on  1593  k  Jean 
de  Bern^de,  vicomte  de  Comeillan,  en  Armagnac. 

(5)  Urbain  de  Lusignan  Saint-Gelais,  ^veque  de  Comminges,  se  fit  remarquer 
k  Toulouse  par  la  violence  de  ses  discours  centre  Henri  IV.  En  1580,  il  fut 
envoys  par  la  reine-mere  en  Portugal.  Six  ans  plus  tard,  11  assi^gea  dans  Saint- 
Bertrand  de  Conmiinges,  le  farouche  capitaine  Suz  et  I'obligea  k  quitter  la  ville 
aprfes  un  si6ge  de  quarante-huit  jours  et  k  se  r61ugier  au  ch&teau  de  Mauvezin. 
II  mourut  en  1613. 


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—  241  — 

canon  k  Montaut,  o\l  il  avait  6tabli  son  quartier  g6n6ral. 
C'est  Ik  qu'il  recevait  ses  visites,  entre  autres  celle  de 
Messieurs  du  Chapitre  de  Sainte-Marie  d'Auch  *. 

Mondenard,  Sardac  et  Dossy  s'6tablirent  k  Sainte- 
Christie,  le  dimanche  6  septembre  1590.  Les  troupes  se 
logferent  jusque  dans  T^glise^  et  bient6t  Sainte-Christie 
fut  trait6e  en  ville  conquise  par  ces  gens  de  sac  et  de 
corde.  ((  Coqs,  dindes,  polhailles,  vins,  »  passent  de  chez 
rhabitant  chezlessoldats;  les  livres  brftlent  dans  Tenclos 
du  village,  et  le  linge  sert  k  renouveler  la  garde-robe  des 
gens  de  guerre. 

Tout  en  jetant  des  regards  de  convoitise  vers  le  chft- 
teau,  les  chefs  h6sitaient  cependant  encore.  La  tentation 
finitpar  devenir  trop  forte.  On  savait  que  le  seigneur 
6tait  riche,  que  les  habitants  du  village  avaient  trans- 
port6  au  chateau  le  meilleur  de  leur  avoir.  II  n'en  fallait 
pas  tant  pour  faire  oublier  la  parole  donn6e. 

Le  mardi  8  septembre,  Mondenard,  aprfes  avoir  caus6 
quelques  instants  avec  Sainte-Christie  sous  le  o  rebe- 
lin*  ))  du  chMeau,  y  laissa  p6n6trer  quelques  gens  de 
guerre,  qui  s'empar6rent  du  malheureux  L6aumont  et 
Tenfermferent  pendant  trois  jours  dans  une  chambre  du 
ch§,teau,  dont  ils  emport6rent  les  clefs.  Avec  lui  se  trou- 
vaient  son  cousin,  le  seigneur  de  Labrifife,  et  Dominique 
Chaubeyre,  pr6tre,  recteur  de  r6glise  de  Montlezun,  en 
Pardiac,  vicaire  deMirepoix';  c'est  ce  dernier  qui  va  nous 
raconter  la  sc6ne  du  pillage. 

(1)  Deposition  d'Edme  Bolepin,  pr^tre,  pr^bendier  de  Sainte-Marie  d'Auch. 

(2)  Le  rebelin  ou  ravelin  du  cMteau,  c'est-^-dire  les  fosses. 

(3)  Dominique  Chaubeyre,  au  d^but  de  sa  deposition,  explique  sa  presence  k 
Sainte-Cbristie  :  «  A  la  feste  de  Monsieur  St  Jehan  Baptiste,  de  Tann^e  1590, 
dit-il,  M«  Pierre  Ferris,  pr^tre,  alors  recteur  de  Mirapoix,  Tarreta  vicaire  pour 
servir  I'^glise  dud.  lieu  de  Mirapoii  ung  an  entier,  auquel  lieu,  d'accord  qu'ils 
feurent,  s'achemina,  et  servit  le  temps  porte  par  leurs  conventions,  pendant 
lequel  et  k  Toccasion  des  guerres  civilles,  les  trouppes  de  ceulx  de  la  pr^tendue 
r^formee  religion,  faisoient  d^sordres  aux  environs  dud.  Mirapoix,  il  se  retirait 
le  soir  dans  le  cbasteau  de  Saincte  Christie. » 

Tome  XXXV.  16 


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—  242  — 

De  laquelje  chambre  advant,  il  qui  deppose,  et  led.  feusieurde 
Saincte  Christie  et  Labriflfe  entendoyeat  commeron  forgoit  les  coflres, 
cabinets  de  la  maisoD,  et  des  fenestrcs  advant  voyoient  comme  les  sol- 
darts  s'en  portoient  lits,  meubles,  les  ungs  sur  lecol,  lesautressur 
des  chevaulx,  dans  les  sacs,  et  en  emportoient  enlre  aultres  choses, 
tout  le  linge  de  Flandre  qui  estoit  dans  lad.  maison  enferm^  dans  trois 
coffres,  quelques  guarnitures  de  lit  de  soye,  ung  eguiere  et  ung  gou- 
biau  d'argent,  qu*ils  prindrent  dans  le  chay  oiion  avait  men6  le  deppo- 
sant  pour  en  montrer  le  bon  vin.  Non  content  dud.  pilhaige  rangonne- 
n^rent  led.  sieur  en  lui  en  admenant  sept  ou  huict  polains  qu'il  avoit 
retir^  de  ses  m6tairies,  ou  ung  chevaulx  d'Espaigne  qu'il  estimoit  mil 
ou  quinzecens  escuts,  soixante  ou  quatre  vingts  motons,  sept  ou  huict 
porceaulx  gras,  de  maniere  qu'il  n'a  jamais  veu  un  pareil  et  semblable 
desordre  (1)... 

((  Gouaire,  Briuat,  »  disait  le  malheureux  seigneur  h 
un  des  habitants  de  Mirepoix,  venu  pour  le  voir,  «  en 
quin  estat  aqaiesta  gent  me  tenguent^  (sic). 

Quelques  soldarts  charges  de  toilles  et  linsuls  des  plus  d61i6s  qu'on 
eust  veu  longtemps  auparavant,  s'en  firent  coupper  chemises,  les  autres 
porterent  vendre  leur  part  en  Aux.  D'aultres  aussy  sortoient  du  chas- 
teau  charges  de  beau  linge  de  table  parmi  lequel  en  y  avoit  de 
Flandre  (3)...  Un  honneste  homme  desd.  trouppes  avoit  pli^  un  garnie- 
ment  de  lit,  desoye,  le  plus  beau  et  Temporta  (4)... 

Et  le  s**  de  Mondanard,  entre  autres  choses,  avoit  faict  remplir  deux 
coiSEres  bahutz  pour  les  en  emporter,  qu'il  laissa  neanmoins  k  la  priere 
des  sieurs  du  Laur  (5)  et  de  Navarron  (6).  Mais  le  reste  fut  enleve  par 
les  gens  de  guerre,  jusqu'au  drageoir  de  la  dame  (de  Saincte  Christie) 
qu'il  vit  entre  les  mains  du  capitaine  Sardac  (7)... 

(1)  Deposition  de  Dominique  Chaubeyre. 

(2)  Deposition  de  Bertrand  Peralo,  dit  Privat,  tisseur  de  lin,  natif  et  habitant 
dulieude  Mirepoix. 

<3)  Deposition  de  Edme  Bolepin,  pr^tre  prebendier  de  Teglise  Sainte -Marie 
d'Auch.  C'est  sans  doute  ce  pavilion  de  lit  tani  regrette  de  Sainte-Christie,  au 
dire  d'un  autre  t^moin,  Jehan  Pom^s  de  Gavarret. 

(4)  Id.,  ibid. 

(5)  Jacques  de  Lau  ou  du  Lau,  seigneur  et  baron  du  Lau,  etaii  fils  de  Carbon 
de  Lau  et  de  Fran^ise  de  Gondrin,  capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes, 
chevalier  des  ordres  du  roi.  Apres  I'abjuration  d'Henri  I V  il  quitta  le  parti  de  la 
Ligue,  et,  dit  du  Pleix,  il  fut  un  des  seigneurs  gascons  «  qui  se  rang^rent  au 
devoir  et  par  leur  reduction  apport^reut  un  grand  repos  k  la  Gascogne.  » 

(6)  Oger  de  Sariac,  seigneur  de  Navarron,  connu  sous  le  nom  de  capitaine 
Navarron,  etait  proche  parent  de  la  dame  de  Sainte-Christie.  11 6tait  lieutenant 
d'une  compagnie  de  cinquante  hommes  d'armes  des  Ordonnances. 

(7)  Deposition  de  Bertrand  Lanusse,  pretre  recteur,  de  Nolenx,  au  diocese 
d'Aux  (auj.  Noulens,  canton  d'Eauze).  «  11  fust  pryepar  mademoiseUe  de  Sariac> 
damede  Mirapoix,  de  donner  un  coup  d'esperon  jusques  k  Saincte -Christie,  ce 
qu'U  fist.  » 


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—  2 13  — 

En  somme,  c'estoit  une  misere  et  n'y  laisserent  aucune  sortede  meu- 
bles  qui  vallust  un  escu  par  maniere  de  dire;  et  a  depuis  entendu  dire 
de  la  propre  bouche  dudit  seigneur,  qu'on  Tavoit  enlierement  ruyn6. 
Lesd.  trouppes  ne  luy  avoyent  pas  Iaiss6  une  serviette  pour  essuyer 
ses  mains,  et  s'en  estoient  prinz  jusqu'k  ses  livres,  et  craignoit  de  se 
voir  en  necessity  en  raison  de  ce  (1). 

Non  content  d'avoir  pill6  le  cMteau,  Mondenard  exi- 
gea  encore  une  rangon  du  seigneur  de  Sainte-Christie.  Ce 
dernier  n'ayant  plus  un  sou  vaillant  et  enti^rement  ruin6, 
dut  avoir  recours  a  un  ami.  II  s'adressa  au  seigneur  de 
Puys6gur,  Joseph  de  Chastenet  *^  qui  lui  pr6ta  une  fois 
cent  doubles  ducats,  valant  « trois  cenz  trois  escutz  ung 
tiers.  ))  Ce  fut  insuflBsant;  les  rentiers  exig^rent  davan- 
tage,  et  Puys6gur  dut  encore  envoyer  par  un  de  ses 
serviteurs  cent  cinquante  6cus,  ce  qui  porta  la  rangon  k 
pr6s  de  cinq  cents  6cus'. 

Ce  qui  6tonnera,  c'est  que  parmi  ces  pillards  il  y  en  eut 
un  qui  s'indigna  du  proc6d6  de  ses  compagnons.  C'est  du 
moins  ce  que  nous  apprend  Blaise  Meilhan,  marchand  de 
laine,  habitant  de  Sainte-Christie:  «  M.  de  Paulo*, 
homme  d'armes,  qui  estoit  log6  a  la  maison  du  recteur, 
o\i  le  depposant  estoit  present,  diet  k  celui  qui  pourtoit 
lad.  rangonqu'il  n'envouloit  poinct,  et  n'enavoict affaire, 
car  on  faisoit  ung  grand  tort  et  lasche  tour  aud.  sieur  (de 
Sainte-Christie),  feignansestresesamys  et  leruynant.  » 

(1)  Deposition  de  Jehan  Pomes,  de  Gavarret. 

(2)  Joseph  de  Castenefc  ou  Chastenet,  seigneur  de  Puys6gur,  en  Fezensac,  flls 
de  Nicolas  et  de  G<5raude  de  Foissin.  II  eut  dix-sept  enfants  de  son  union  avec 
une  jeune  fille  de  la  maison  de  Pins,  parmi  lesquels  le  c616bre  Jacques  de 
Chastenet,  auteur  des  M^moirea. 

(3)  Selon  Dominique  Chaubeyre,  la  rangon  fut  de  dix-huit  cents  4cus. 

(4)  Nous  n'avons  aucun  renseignement  precis  sur  ce  M.  de  Paulo.  II  appar- 
tenait  sans  doute  ^  la  maison  toulousaine  de  Paulo,  «  seigneurs  de  Grandval, 
Lataurie,  la  Salvetat,  Escalquens,  Rouix,  Gratentour,  depuis  vicomtes  de  Cal- 
mon,  divises  en  deux  branches  par  les  enfans  d'Estienne  de  Paulo,  capitoui  en 
1512,  »  dont  utf  petit-fils  fut  grand-maitre  de  Malte.  (Lafaille,  TraiU  de  la 
noblesse  des  capltouls,  p.  156,  157.) 

MobIuc  {Commentaires,  livre  V)  parleaussi  d*un  M.  de  Paulo,  president  au 
parlement  de  Toulouse,  dont  la  maison  «  cuyda  estre  saccag^e  »  parce  qu'un 
^tudianl  huguenot  s*y  6tait  r^f  ugie.  Le  mar^chal  dut  monter  k  chevai  pour  r^ta- 
blir  I'ordre. 


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—  244  — 

Ruin6,  Sainte-Christie  le  fut  entiferemei\t;  «  il  en  avoit 
grand  mal  de  cueur  et  s'en  plaignoit  k  tons  ceux  qui 
Talloient  veoir^  »  Sereleva-t-:il  jamais?  Cen'est  pas  pro- 
bable; car  lorsque  Manaud  de  Batz,  son  neveu  et  h6ritier, 
recueillit  son  h6ritage,  ce  fut  pour  lui  une  d6ception.  II 
se  crut  fru8tr6  par  la  dame  de  Mirepoix  et  lui  intenta  ce 
proc6s  f ameux  qui  fut  plaid6  devant  le  Parlement  de  Tou- 
louse et  plus  tard  devant  celui  de  Grenoble  *.  C'est  k  Ten- 
qufete  ordonn6e  par  Messieurs  du  Parlement  que  nous 
devons  le  curieux  document  dont  nous  avons  cit6  quelques 
passages.  On  avait  charg6  de  ce  soin  Jehan  de  Mascaras, 
licenci6en  droit,  magistrat,  lieutenant  principal  du  bailli 
royal  de  la  ville  de  Pavie '.  Ce  dernier  assist6  d'un  certain 
Jehan  Bris,  docteur,  recueillit  les  souvenirs  des  gens  du 
pays,  neuf  ans  aprfes  le  passage  des  troupes  du  marquis 
de  Villars. 

Si  les  bandes  de  la  Ligue  se  conduisaient  ainsi  en  vers 
les  catholiques,  qu'6tait-ce  done  en  vers  ceux  de  la  reli- 
gion r6form6e?  LeB6arnais,  en  se  laissant  dire  que  Paris 
valait  bien  une  messe,  disons  mieux,  en  revenant  d'un 
coeur  loyal  k  la  foi  de  ses  p^res,  fit  cesser  cette  lutte  fratri- 
cide, que  tormina  bient6t  d^flnitivement  la  mort  de  ce  roi 
6ph6mfere,  le  cardinal  de  Bourbon,  qu'on  avait  essay6 

d'appeler  Charles  X. 

Ch.  PALANQUE. 

(1)  Deposition  de  Bertrand  Lanusse. 

(2)  Dans  le  proofs  que  Germaine  de  Sariac,  veuve  et  h^ti^re  d'Hercule  de 
L^umont,  sontint  contre  Manaud  de  Batz,  qui  lui  disputait  rh^ritage,  celui-ci 
6voqua  le  proc^  devant  le  Parlement  de  Grenoble,  sous  pr^texte  que  Germaine 
de  Sariac  comptait  une  foule  de  parents  et  allies  devant  le  Parlement  de  Tou- 
louse. II  pr^tendait  que  Gabriel  de  Barth^lemy,  seigneur  de  Grammont,  presi- 
dent au  Parlement  de  Toulouse,  etait  parent  de  M.  de  Bruy^res,  seigneur 
d'Estampes,  neveu  de  Germaine  de  Sariac.  Celle-ci  r^pondit  k  cette  allegation 
qu'il  s'agitde  Bruy^res  Chalabre,  «  qui  sont  d'autre  famiUe  et  ames  que  n'est  le 
sieur  d'Estampes,  neveu  de  ladite  Sariac.  » 

(3)  Ce  magistrat  eut  plus  tard  I'ambition  de  prendre  rangparmi  les  pontes  latins 
modemes :  temoin  sa  brochure  de  30  pages  in-4*  dedi^e  au  cardinal  de  Riche- 
lieu, avec  ce  titre  :  loannis  de  Mascaras,  au8cLtani,consiliarii  et  procurator  is 
regli  in  Electione  Armaniaca,  Delphinus  triumphans,  Tolosse,  Am.  Colo- 
miez.  1640. 


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LETTRES  INfiDITES  DU  CARDINAL  D'OSSAT' 

(Suite) 


II 
Au  mdme  (1) 


II  vous  plust  me  commander  k  voire  partement  de  ceste  ville  que  je 
misse  par  ^rit  comment  il  me  sembleroit  que  le  Roi  auroit  k  se  com- 
porter  en  ce  refus  que  le  Pape  lui  ha  fait  de  toutes  choses  et  en  Tindi- 
gnation  que  Sa  M**  et  tons  les  princes  et  seigneurs  de  son  parti  en 
concep vront,  et  que  je  le  vous  envoyasse  k  Venise.  Et  ja  soit  que  dfes  lors 
j'eusse  voulu  et  deu  m'en  excuser,  pour  estre  chose  trop  chatouilleuse 
et  au  dessus  de  ma  capacite,  si  est-ce  que  pour  une  facility  de  nature 
que  j'ai  et  pour  la  reverence  que  je  porte  k  un  si  grand  prince  que  vous 
estes,  je  ne  m'en  feus  excus6  sur  le  champ,  et  k  present  il  seroit  trop 
tard.  Mais  j'esp^re  que  quelque  indiscretion  que  je  commette  en  vous 
ob6issant,vous  pardonnerez  k  vous  mesme,  qui  par  votre  commande- 
ment  m'aurez  induit  k  faire  une  chose  k  laquelle  je  ne  me  f usse  jamais 
ing^r*  de  moi-mesme. 

A  la  v6rit6  comme  Tindignit^  ha  est6  ici  fort  grande,  aussi  crois-je 
que  rindignation  ne  sera  de  rien  moindre  par  deli;  et  qu'on  y  pourroit 
venir  k  quelque  resolution  violente  et  extreme.  Je  sens  moi-mesme, 
qui  ne  suis  rien,  combien  je  m'en  trouve  esmeu  et  irrit6  en  mon  cueur. 
Mais  apr^  que  nous  nous  serons  tons  bien  fort  courroucfe,  il  faudra 
n6antmoins  recognoistre  que  c'est  un  trfes  mauvais  conseiller  que  le 
courroux,  en  I'ardeur  duquel  toutes  violences  et  extr6mitfe,  pour  deshon- 
nestes  et  dommageables  qu'elles  soient,  semblent  licites  et  permises;  et 
des  torts  regus  par  autrui  on  se  venge  souvent  sur  soi-mesme.  Aussi 
est-ce  une  brief vefureur que  Tire,  commeont trfes  bien  dit  les  anciens(2). 
C'est  pourquoy  j'estime  qu*il  sera  bon  de  donner  k  cette  furieuse  pas- 
sion du  temps  pour  se  rasseoir  et  refroidir  avant  que  d'entreprendre  ou 
de  r6soudre  centre  la  cour  de  Rome  rien  qui  puisse  blesser  la  conscience 
et  rhonneur  du  Roy  et  des  siens,  empirer  ses  affaires  et  affaiblir  son 

(•)  Voir  la  livraison  d'avril  1894,  p.  206. 

(1)  L'original  se  Irouve  Bibl.  Nat.  Mss.  F.  f.  3988-71.  L'adresse  porta :  «  Mon- 
^eigneur  le  due  de  Niyemols,  pair  de  France,  a 

(2)  Ira  furor  breyis  est.  !Hoe.  I  Epist.,  u,  63. 


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—  246  — 

parti,  et  qui  apprestast  k  rire  aux  Espagnols  et  aux  autres  ennemis  de 
Sa  M^  et  de  la  France  et  les  accreust  et  les  renfopQast  d'autant. 

Non  que  je  craigne  comme  font  ici  quelques-uns  que  pour  ceste  indi- 
gnit6  le  Roy  tourneen  arrifere,  ou  chemine  de  rien  plus  lentement  en 
la  voie  ou  il  est  entr6  depuis  six  mois.  Ains  je  suis  toutasseur^  que  Sa 
M*^  vivra  et  mourra  en  la  profession  qu*il  ha  faite  de  la  Religion 
catholique,  Apostolique  et  Romaine,  et  ira  loujours  de  bien  en  mieux, 
premi^rement  et  principalement  pour  ce  qu'en  Vkge  d'environ  40  ans, 
aprfes  une  longue  instruction  et  meure  deliberation,  il  ha  recongneu  que 
c'esloit  la  vraie  et  la  bonne  religion  et  la  seule  voye  de  salut;  seconde- 
ment  et  accessoirement  pour  son  honneur  et  reputation,  et  pour  se 
montrer  prince  veritable  et  constant  en  son  serment  et  en  ses  promesses, 
et  pour  ne  donner  au  monde  occasion  de  penser  qu'il  ait  este  induict  k 
se  declarer  catholique  k  ox)ndilion  ou  sous  esperance  que  le  Pape  le 
recepvroit  incontinent  en  sa  bonne  grdccou  par  craintede  ses  ennemis, 
ou  pour  ambition  de  regner,  ou  pour  quelque  leg^rete  ou  inconstance. 
Et  voudra  Sa  M*^  donner  par  toutes  ses  actions  un  continuel  e) 
perpetuel  desmenti  k  ses  dits  ennemis  et  k  tons  ceux  qui  ont  dit  et  vont 
encore  disant  qu'il  n'est  point  vrayment  converti  et  qu*il  ne  durera  pas 
mesme  en  telle  fiction  et  retournera  dans  peu  de  temps  k  faire  comme 
auparavant.  Et  comme  toutes  choses  lournent  k  bien  k  ceux  qui  aiment 
Dieu,  j'ay  grande  esperance  que  les  indignites  qn'on  vient  de  faire  au 
Roy  rendront  la  conversion  de  Sa  M'^^  plus  certaine  et  asseuree  et 
sa  Constance  et  perseverance  plus  remarquable  et  memorable  :  et  en  fin 
de  compte  auront  servi  k  la  piete  et  devotion  de  sa  dite  M^  de  cela 
mesme  de  quoi  servent  au  vray  or  la  touche,  le  feu  et  autres  epreuves, 
et  adviendra  de  ceci,  comme  de  tant  d'autres  que  ses  ennemis  ont 
machine  centre  lui,  que  en  lui  pensant  faire  grand  mal  ils  lui  auront 
fait  un  grand  bien. 

Bien  craindrois-je  que  pour  la  manifere  et  indigne  traitement  qu'on 
lui  ha  fait  et  ensemble  a  tons  les  catholiques  qui  le  suivent,  il  pourroit 
se  laisser  aller  k  faii-e  des  declarations  et  r^glements  centre  la  cour  de 
Rome.  Et  mesme  qu'il  n*y  aura  que  trop  de  conseillers,  qui  seroni 
offenses  autant  ou  plus  que  Sa  M^^  mesme,  qui  le  lui  pourront  conseil- 
ler.  Mais  en  cela  mesme  je  veux  esperer  que  quand  le  Roy  et  les 
Seigneurs  de  son  Conseil  y  auront  bien  pense,  ils  y  iront  fort  retenus 
et  y  proc^deront  avec  grand  maturite  et  moderation,  regardant  non  k 
ce  que  meriteroient  les  indignites  receues,  raais  plus  tost  k  ce  que 
requiert  Testat  present  de  France  et  le  bien  des  affaires  du  Roy  et  de 
tout  son  parti,  et  destremperont  les  conseils  genereux  et  magnanimes 


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—  247  — 

avec  les  utiles  etexp&liens,  se  souvenant  que  la  vraie  magnanimity  ne 
gist  point  k  faire  de  grands  ressentiments  k  son  propre  dommage  et 
ruine,  mais  plus  tost  k  n^gliger  et  m^priser  la  faulte  d'autrui  pour  son 
grand  bien,  honneuret  exaltation. 

Ce  n'est  point  que  je  veuille  dire  que  pour  crainte  de  Rome  ni  de  qui 
que  ce  soit  on  doibve  laisser  de  faire.  rien  de  ce  qui  appartiendra  k  la 
dignity  et  autorit^  royale  et  k  Testa blissement  de  Sa  M**  ei  k  Tagran- 
dissement  et  conforlement  de  tout  son  parti :  ains  aprfes  Thonneur  de 
Dieu  et  le  bien  de  la  religion  catholique,  je  r^fere  le  tout  au  diet  esta- 
blissement  comme  estant  aujourd*hui  le  seul  moyen  de  conserver  Testat 
et  de  remetti-e  la  France  en  paix  et  repos,  et  estime  qu'il  faut  mesurer 
tons  les  conseils  k  cette  mesure  et  les  diriger  a  ceste  seule  r^le.  Et 
c'est  aussi  ce  qui  me  fait  dire  lout  ce  que  j'ay  dit  jusqu'ici,  et  encore  oe 
que  je  diray  cy-aprfes.  Par  ainsi  en  ceste  mati6re  des  choses  qui  pour- 
roient  desplaireli  Rome,  il  me  sembleroit  que  le  Roy  pourroit  user  de 
ceste  distinction  et  precaution  :  k  s^voir,  faire  librement  et  hardiment 
celles  qui  se  trouveroient  necessaires  ou  utiles  k  son  establissement  et 
au  bien  de  ses  affaires  et  de  son  parti  sans  se  soucier  k  qui  elles  deplai- 
roient,  et  au  reste  ne  toucher  en  sorte  du  monde  k  pas  una  des  autres 
qui  ne  lui  porieroient  aucune  insigne  utility. 

Pour  exemple  je  mettrai  en  premier  rang  des  choses  que  j'estime  se 
debvoir  ou  se  pouvoir  faire  comme  necessaires  ou  utiles,  se  dire  bien 
et  suffisammentabsous  paries  Evesques  deson  royaumeetn^ntmoins 
avoir  d&ir6  d'abondant,  pour  plus  grande  surety  de  sa  conscience,  et 
continuer  k  d&irer  absolution  du  Pape;non  seulementcontinuer  d'aller 
a  la  messe,  mais  aussi  communier  et  se  faire  sacrer,  nommer  aux  6ves- 
ch6s  et.abbayes  et  autres  benefices  dlectifs* suivant  les  concordats; 
retenir  pour  le  regard  du  temporel  de  I'Estat  toutes  les  alliances,  consi- 
derations et  intelligences  que  les  Roys  ses  pr6d6cesseurs  lui  ont  laiss^ 
ou  qu'il  s*est  acquis,  garder  paix  avec  tons  ses  sujets  qui  lui  seront 
ob^issauts;  se  deffendre  tr^s  bien  quand  Toccasion  en  viendroit,  non 
seulement  des  armes  du  Pape,  mais  aussi  de  ses  bulles  en  la  faQon  que 
oat  fait  les  autres  Roys  tpfes  Chretiens  et  trfes  calholiques,  voire  les 
moindres  princes  d'ltalieet  vassaux  mesmesdu  Saint-Sifege,  quand  les 
Papes  leur  ont  fait  la  guen*e;  et  n^nlmoins  quant  au  dernier  point  en 
laisser  juges  pour  plusieurs  bons  respects  les  courts  de  Parlement 
chascune  en  son  ressort,  plus  lost  qu'en  faire  lui-mesme  publication 
en  son  nom. 

Au  second  rang  des  choses  que  j'estime  ne  debvoir  estre  faictes,  je 
mets  le  reglemcnt  quiavoit  est^  dresseau  temps  dupape  Gr^goireXlV 


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—  248  — 

toucbant  la  provision  des  iveschfe  et  abbayes,  appel  k  ua  Condle 
futur(l);  se  s^parer  de  la  personne  du  Pape  et  cependant  se  dire  uni 
au  Saint-Siege;  iriger  un  patriarche,et  telles  autreschoses  qui  seroient 
de  nul  profit  au  Roy  et  n^ntmoins  de  grand  scandale  et  de  p^rilleuse 
cons^uence  k  toute  TEglise  catbolique  et  prinses  pour  attentats  de 
prince  non  bien  converti  et  mesme  pour  recheutes,  dont  oultre  le 
p6ch4  quant  &r&me,  s'ensuivroientplusieurs  dommages  au  Royetii 
tout  son  parti. 

Premi^rement,  le  Pape  et  ses  successeurs  et  toute  la  cour  de  Rome, 
qui  pourra  changer  par  la  prospirit^  que  Dieu  envoyera  au  Roy,  s'en 
rendroient  plus  durs  centre  Sa  M^  et  contre  tous  ceux  de  son  parti.  Et 
non  seulement  s'obstineroient  d'advantage  k  ne  le  recognoistre  point, 
mais  aussi  pourroient  venir  ^  nouvelle  dtelaration  et  excommunication 
contre  Sa  M**  et  contre  tous  les  siens. 

Secondement,  quoy  que  le  Pape  feist  ou  ne  feist  point  en  r^lutions 
violences,  ces  resolutions  violentes  que  le  Rpy  feroit  contre  Sa  Saintet^,. 
serviroient  au  Roi  d'Espagne  et  aux  chefs  de  la  Ligue  de  pr6texte  de 
lui  continuer  la  guerre  et  de  s'opposer  k  Testablissement  et  k  la  reco- 
gnoissance  de  Sa  M^;  et  tiercementcauseroient  scrupules  et  difficultes 
aux  villes  de  la  Ligue  qui  auroient  inclination  k  se  ranger  au  debvoir 
et  k  recognoistre  Sa  M^ . 

Quartement,  estant  le  monde  compost  d'une  infinite  d'humeurs  et  de 
complexions  d'hommes,  il  y  en  pourroit  mesme  avoir  parmi  les  catho- 
liques  royauxqui  entreroient  en  scrupulede  conscience  et  branleroient. 
et  les  malins  se  pourroient  servir  de  ceste  occasion  pour  les  surprendre 
et  desbaucher. 

Quintement,  les  prince^  et  peuples  Strangers  catholiques  qui-favori- 
sent  aux  affaires  du  Roy,  partie  pour  quelque  inclination  qu'ils  y  ont, 
partie  pour  craintc  et  haine  de  Thespagnol,  seroient  moins  hardis  et  se 
rendroient  plus  f roids  k  se  declarer  pour  Sa  M^  et  k  lui  aider,  soit 
d'hommes  ou  d'argent  ou  de  conseil  ou  d'autres  bons  offices,  comme 
les  princes  et  r^publiques  d'ltalie,  les  princes  catholiques  d'Allemaigne, 
les  cantons  catholiques  des  Suisses  et  tels  autres  potenlats  catholiques; 
1^  ou,sile  Roy  et  les  siens  se  comportent  avec la  moderation  requise,  il 
en  recepvra  tous  les  profils  et  utilit^s  contraires  aux  dommages  et 
dangers  qui  ont  est*  cott^s  cy-dessus,  que  pour  briefvet^  je  ne  sp^ci- 
fieray  point. 

(1)  Nous  avons  expose  dans  notre  ouvrage  les  diverses  mesures  de  repr^- 
sailles  prises  par  les  Farlemeqts  de  Tours  ^\  de  Ct^^lons  ooQtre  l^s  Bulles  de 
Gr^oire  XIV, 


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—  249  — 

Et  pour  ce!qu'il  s'en  pourra  trouver  qui  diront  que  ses  prW&esseurs 
Roys  out  autrefois  mis]  la  main  k  telles  choses  sans  qu'il  leur  en  soit 
mal  prins,  je  les  prieray  de  considdrer  que  )e  Roy  k  present  regnant 
ne  peut  faire  avec  si  peu  de  danger  beaucoup  de  choses  que  ses  pr6d6- 
cesseurs  peuvent  avoir  faites.  Car  ses  pr6d6cesseurs  Roys  estant  et 
ayant  toujours  estS  tellement  catholiques  qu'il  n'y  avoit  lieu  de  douter 
de  leur  religion,  ne  sembloient  s'attaquer  k  TEglise  ou  au  S*-Si6ge 
plus  tost  qu'^  la  personne  du  Pape  qui  les  avoit  offenses.  D'advanlage 
les  autres  rois  qui  avoient  noise  avec  les  Papes  n'avoient  leur  royaume 
divis^  et  mi-parti,  ni  tant  de  puissants  ennemis  hors  la  France,  et 
estoient  ja  tons  establis,  r^nant  pleinement  et  paisiblement,  sans 
aucune  resistance  ni  contradiction,  et  pari  ant  ils  oni  peu  faire  seurement 
beaucoup  de  choses  que  cestui-cy  ne  peult  faire  sans  miner  les 
affaires  de  son  parti. 

Oui,  mais  que  deviendront  tant  d'^ veschfe  et  d'abbayesqui  vaquentt 
Qui  pourvoyera  au  salut  de  tant  d'&mes  qui  se  perdent  et  se  perdront  k 
faulte  de  pasteurs?  Et  puis  comment  aura-t-on  raison  du  Pape  et  de 
tant  d'indignit6s  qu'il  ha  faites  au  Roy  et  k  tons  les  princes  et  sei- 
gneurs catholiques  qui  le  suivent?  Comment  lui  fera-t-on  sentir  la 
faulte  qu'il  ha  fedcte  t  Fault-il  que  C/Cla  demeure  ainsi  sans  qu'il  en  soit 
fait  aucun  ressentiment  t 

Premiferement,  quant  aux  ^veschis  et  abbayes  vacantes,  les  Roys  de 
Erance  depuis  Frangois  I*''  n'ont  point  accoustumd  d'y  faire  autre  chose 
que  d'y  nommer,  faisant  expAdier  les  brevets  aux  parties  et  les  lettres 
de  nomination  du  Pape  et  les  lettres  d'^conomat  pour  r6gir,  en  atten- 
dant les  provisions  de  Rome.  Sa  M^  n'est  aujourd'hui  tenue  k  autre 
chose  qu'^  cela  et  k  cboisir  des  personnes  dignes  en  qui  ces  charges 
soient  bien  colloquies.  Au  reste,  si  le  Pape  ne  veult  faire  exp^dier  les 
provisions,  c'est  k  lui  k  en  r^pondre  devant  Dieu;  et  Sa  M^  sera  toujours 
excuste,  si  elle  n'ha  point  plus  de  soin  des  6vesch6s  et  des  abbayes  e 
du  salut  des  Ames  que  le  Pape  mesme.  Bien  accord6-je  que  tout  prince 
souverain  doibt  lenir  la  main  k  ce  que  les  choses  de  la  Religion  aillent 
comme  elles  doibvent  et  que  les  saints  dterets  soient  gardes  et  que 
Sa  M^  est  aussi  obligee  a  ce  mesme  debvoir  en  tant  que  cela  pourra 
estre  bien  prins  de  lui.  Mais  au  I'este  pour  les  choses  pass^es  et  pour  le 
mauvais  mesnage  en  quoi  il  est  avec  le  Pape,  il  ha  plus  d'occasion  et 
de  besoin  de  se  garder  de  rien  entreprendre  sur  les  choses  spirituelles 
et  eccl^siastiques  qu'un  autre  prince  souverain  qui  fust  jamais,  et  fera, 
k  mon  avis,  trfes  sagement  et  trfes  utilement  de  s'en  mesler  le  moins 
qu'il  pourra^  et  en  laisser  faire  les  eccl6siastiques  entre  eux. 


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—  250  — 

Quant  k  Tautre  point,  k  sgavoiroe  que  Sa  M"  fera  done  et  comment 
elleaura  raison  du  Pape  et  lui  fera  sentir  la  faulte  qu'il  ha  faicte,  j'ai 
estim^  dfes  le  commencement  de  ceste  lettre  qu'il  estoit  plus  de  besoin 
de  dire  ce  qu'il  ne  debvoit  point  faire  que  non  pas  ce  qu'il  debvroit 
faire,  me  semblant  qu'il  y  avoit  danger  qu'en  la  cholfere  il  ne  fust 
dispose  et  conseill6  de  prendre  des  resolutions  plus  courageuses  qu'utiles 
et  exp^dientes;  mais  s'il  m'appartenoit  de  passer  encore  plus  oultre,  de 
dire  mon  advis  sur  ce  que  Sa  M^  auroit  k  faire  pour  avoir  raison  des 
indignit^s  qui  lui  ont  est6  faictes  etk  tons  les  siens,  je  pourrois  dire 
qu'il  n'est  pas  ainsi  du  Pape  corame  des  Princes  temporels  (1)  et  que 
tout  Roy  Chretien  et  catholique  peult  et  doibt  endurer  patiemnient  de 
lui  coinme  de  notre  P6re  commun  en  J6sus-Christ  beaucoup  de  choses 
qu'bn  ne  souffriroit  d'un  Prince  s^culier,  et  que  Sa  M^  particuli^rement, 
qui  ne  fait  que  venir  a  I'Eglise  catholique  et  k  4'obeissance  du  Sainl- 
Sifege,  ne  doibt  pourchasser  autre  revenche  ni  victoire  sur  N.-S.  P^re 
que  par  la  patience  et  modestie  et  mesmenient  en  matifere  de  penitence 
et  d'absolution.  Mais  en  ceste  mienne  lettre  je  n'ai  voulu  et  ne  veux 
me  fonder  autrement  en  devotion  ni  en  religion.  II  se  pr6sentera  assez 
d'autres  occasions  esquelles  je  pourrai  monstrer  combien  je  suis  bon 
catholique  etdevot,zel6au  Saint- Siege,et  pense  Tavoir  assez  tesmoignS 
et  le  tesmoigne  tous  les  jours  par  mes  actions  et  par  la  tenue  de  toute 
ma  vie. 

Pour  ceste  heure  je  suis  content  de  ne  mettre  autre  chose  en  consi- 
deration que  le  seul  profit  et  ulilit6  du  Roy  et  de  tout  son  parti  et 
condescens  mesme  k  ce  qu'on  se  revenche  jusques  k  user  de  ces  mots 
(qui  ne  sonnent  gu^re  bien  en  la  bouche  d*un  chr6iien)  de  venger  et  de 
vengeance,  pourvu  que  la  vengeance  que  nous  prendrons  soit  licite  et 
a  notre  profit  et  non  k  Tadvantage  de  nos  ennemis.  Je  dis  done  que 
pour  bien  nous  venger,  le  Roy  et  les  princes  et  seigneurs  qui  lui  assis- 
tent  doibvenl  d'un  cost6  monlrer  au  monde  tout  le  contraire  de  ce  que 
le  Pape  dit  d'eux,  et  d'autre  cost6  employer  toutes  leurs  pens^es  et 
toutes  leurs  forces  et  moyens  a  c^  que  des  refus  que  le  Pape  leur  ha 
faicts  r^uscisse  tout  le  contraire  de  ce  qu'il  s'en  est  propose  et  qu'il  en 
ha  esp^re. 

En  premier  lieu  le  Pape  dit  que  le  Roy  n'est  point  vraiment  con verti 
et  qu'il  n'en  monstre  aucun  signe,  etque  les  c^tholiques  qui  le  suivent 
ne  sont  point  bons  catholiques. 

Si  on  faisoit  coutre  le  Pape  quelque  resolution  violente  et  scanda- 

(1)  D'Ussat  exprime  la  meme  idee  presque  dans  les  memos  terraes  dans  sa 
leitre  au  marquis  de  Pisaiiy :  Lett  res  de  d'Ossat^  M,  Amelot,  i,  p.  231. 


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—  251  — 

leuse,  ce  ne  seroit  point  lui  faire  sentir  la  faulte,  ains  plus  tost  donner 
4  croire  &  lui  et  au  monde  qu'il  auroit  bieu  diet  et  bien  faict,  et  justifier 
ses  propres  actions  et  donner  occasion  aux  hommes  de  dire  que  Dieu 
auroit  bien  inspire  Sa  S^*  de  dire  et  faire  comme  elle  ha  faict.  Mais  si 
le  Roy  va  toujours  en  augmentant  et  prend  garde  k  soi  diligemment 
qu'il  n'aye  en  son  ^me  aucune  pensfe,  ni  en  ses  propos  aucun  mot,  ni 
en  ses  faicts  aucune  action,  contenance,  ni  geste  qui  ne  soit  d*un  bon 
et  parfait  catliolique,  et  si  les  princes  et  seigneurs  de  son  conseil  en  font 
de  mesme  et  s'abstenans  de  conseils  violents  et  scandalous,  lui  conseil- 
lent  pour  le  regard  des  aflEaires  de  Rome  et  autres  eccl6siastiques  toutes 
choses  douces  et  mod^r^s,  par  ce  moyen,  oultre  les  profits  qui  ont  6t6 
diets  tantost,  Sa  M'*  et  tons  les  diets  princes  et  seigneurs  auront  raison 
du  Pape,  faisant  voir^chascun  qu'il  a  mal  parl6  et  mal  faict  en  bias- 
mant  et  rejetant  la  conversion  d'unsi  bon  Roy,  si  d^vot  et  si  pers6v6-  . 
rant  et  Tintercession  et  pri^res  tr6s  humbles,  de  si  bons  princes  et 
seigneurs  si  catholiques  et  si  z616s  que  mesme  quand  ils  sont  si  mal  et 
si  indignement  trait^s  et  qu'on  leur  donne  tant  d'occasions  de  s'aigrir 
et  de  se  despiter,  n&mimoins  ils  se  contiennent  en  leur  debvoir  et 
s'abstiennent  de  ce  ^  quoi  la  juste  douleur  pousseroit  beaucoup  d'autres 
de  nation  et  de  complexion  plus  patiente  et  plus  froide  que  n'est  ordi- 
nairement  celle  des  Francois. 

En  second  lieu,  le  Pape.  par  lesdits  propos,  par  ses  refuset  par  toutes 
ses  rigueurs  ha  voulu  deservir  le  Roy  et  tout  son  parti,  et  lui  oster  tout 
credit  et  autorit^  et  le  miner  de  reputation  et  de  force  et  de  moyens,non 
seulement  en  empeschant  que  nul  de  la  Ligue  ne  se  rangeast  du  cost6 
de  Sa  M^,  mais  aussi  procuranl  que  les  catholiques  qui  le  suivent  le 
laissassent  et  abandonnassent.  Le  moyen  de  frustrer  le  Pape  de  cette 
sienne  esp^rance  et  de  rendre  vaine  toute  ceste  sienne  procedure  n'est 
point  de  publier  des  dtelarations  et  6dits  contre  lui  et  centre  la  cour  de 
Rome  (ains  cela  aideroit  plus  tost  k  son  intention),  mais  bien  de  se 
d^larer  et  monstrer  par  bons  effets  plus  devot  en  vers  Dieu  et  en  vers 
le  S'-Si6ge  que  ceux-lk  mesme,  qui  regoipvent  toutes  faveurs  de  Sa 
*Sw,  et  au  reste  tacher  par  toutes  voies  hcites  et  g^n^reuses  non  seule- 
ment de  conserver  ce  que  Sa  M^*^  ha  conquis,  mais  aussi  de  conquesler 
oe  qui  lui  reste,  et  estre  d'autant  plus  soigneux  de  Tun  et  de  Tautre 
qu'il  voit  d'artifices  et  forces  dresses  contre  lui.Excitez  plus  que  jamais 
son  incomparable  valeur  et  prouesse  et  sa  vigilance  et  vistesse  et  les 
temp^rez  n^antmoins  par  sa  prudence  et  son  bon  conseil  dont  il  usera 
en  la  conduite  de  tous  ses  affaires  tant  civiles  que  militaires.  Accom- 
paguez  aussi,  corroborez  la  generosity  et  haultesse  de  ses  entreprises 


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—  252  — 

par  la  temperance  et  abstinence  des  volupt&i  qui  dirobent  le  temps, 
destournent  des  affaires,  font  perdre  de  belles  occasions,  diminuent  la 
vigueur  du  corps  et  la  vivacity  de  I'esprit,  donnent  mauvais  nom, 
causent  haine  et  mespris  et  bien  souvent  offrent  aux  ennemis  la  com- 
modity et  moyen  de  venir  k  bout  de  Tassassinat  dfes  longtemps  projetfi 
et  par  autres  voies  en  vain  recherche  et  attent^. 

Accompagnez  encore  la  force  avec  Tart  en  entretenant  et  augmentant 
les  soupQons  et  deffiances  qui  sont  parmi  les  choses  de  la  Ligue  et  y  en 
semant  de  nouvelles  et  leur  soustrayant  ce  peu  de  noblesse  qu'ils  ont 
de  leur  cost^,  les  uns  apr^s  les  autres,  et  continuant  cependant  a  leur 
offrir  tousjours  la  paix  et  en  g^n^ral  k  tons  et  en  particulier  k  chascun, 
pour  entre  autres  fins  les  descrier  avec  leurs  villes  et  peuples  qui  se 
sont  laiss^s  s6duire  par  eux  et  qui  en  temps  de  guerre  endurent  toutes 
.  sortes  de  n6cessit6s;  et,  pour  faire  voir  de  plus  en  plus  auxdictes  villes 
et  peuples  que  ce  sont  lesdicts  chefs  de  la  Ligue  qui  les  tiennent  en 
guerre  et  en  ndcessit^  et  mis^re  et  que  Sa  M*^  au  contraire,  s'estant 
mise  en  tons  les  debvoirs  du  monde  envers  Dieu  et  envers  les  hommes 
ne  demande  que  paix  et  les  mettre  tous  k  leur  aise,  faire  aussi  exhorter 
et  sommer  les  dictes  villes  et  peuples  tant  par  lettres  que  par  bommes 
exprfes,  gens  d'entendement,  bien  disans  et  agr&ibles  aux  communautes 
de  recognoislre  qu'ils  doibvent  se  ranger  k  la  raison  et  se  d61ivrer  de 
calamity  et  mis^res^  oflrant  k  celles  qui  reviendront  sans  force  de  les 
exempter  de  garnisons  et  de  toutes  charges  extraordinaires  impost 
pendant  cette  guerre  et  de  se  contenter  d'estre  recongneu  pour  Roy  et  de 
recepvoir  les  droicts  royaux  qu'on  payoit  au  Roy  ddfunt  avant  oes  der- 
niers  troubles,  et  de  moins  encore  si  faire  se  peult  et  si  la  seuret^  et 
Tentretfenement  de  TEstat  le  comporte,  promettant  encore  aux  dictes 
villes  que  celles  qui  seront  les  premieres  k  se  ranger  k  rob^issance  du 
Roy  seront  aussi  les  mieux  trait6es  et  les  mieux  recongneues,et  sp^a- 
lement  privil6gi6es.  Aussi  penserai-je  que  la  pacification  du  Royaurae 
par  accords  particuliers  de  chacune  ville  et  de  chacun  seigneur  ou  de 
peu  de  villes  et  de  seigneurs  k  part  seroit  plus  profitable  au  Roy  et  de 
moindre  prejudice  k  la  couronne  que  par  bon  accord  g6n6ral  de  toute  la 
Ligue  ensemble,  pour  ce  que,  entre  autres  raisons,  ce  parti  Ik  en 
demeureroit  moins  entier  et  plus  descousu  et  d&uni,  et  la  rteidive  et 
le  contrepoids  en  seroit  moins  k  craindre;  comme  aussi  me  sembleroit- 
il  qu'il  ne  faudroit  pasais^ment  rentrer  en  confidence  de  paix  g6n^ale, 
si  Sa  M^  n'avoit  assurance  que  Taccord  se  concluerait  en  peu  de  jours 
et  jamais  en  tresve  pour  ne  remettre  les  villes  de  la  Ligue  en  esp6- 
rance  de  paix  et  hors  de  necessity,  et  par  ce  moyen  mesme  retarder 


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—  253  — 

d'autant  leur  reduction  et  pour  ne  dormer  aux  choses  de  ladite  Ligue 
temps  et  commoditds  de  faire  leur  brigue  et  complots  tant  dedans  que 
dehors  le  royaume  et  d'attendre  le  secours  d'Hespagne. 

Et  pour  ce  qu'il  reste  taut  et  tant  k  conqu^rir.  qu*il  ne  seroit  possible 
de  venir  k  bout  de  tout  par  pointe  de  lance,  de  quelque  art  mesme 
qu'on  puisse  accompagner  la  force,  il  est  nteessaire  de  trouver  moyen 
d'en  abr^ger  le  chemin  en  attirant  et  faisant  venir  les  peuples  k  Tob^is- 
sance  du  Roy  de  leur  bon  gr^  et  franche  volont^  et  de  leur  propre 
mouvement.  Ce  moyen  pourra  estre  estim6  grossier  quand  je  Taurai 
propose.  Aussi  d'un  bomme  grossier  et  simple  ne  peuvent  sortir  que 
choses  gi'ossi^res^  oultre  que  des  choses  de  la  voie  humaine  et  qui 
consistent  en  essays  et  doivent  estre  mises  en  pratique,  il  ne  s'en  peult 
ni  doibt  dire  rien  de  nouveau  et  inusit6.  Et  en  tout  ce  que  j*ay  diet 
jusqu*ici  et  que  je  diray  cy-apr^s,  je  n'ay  pens^  qu'^  vous  obiir  et  non 
k  direKjhoses  obscures  et  myst6rieuses  et  qui  ne  feussent  trop  mieux 
sceues  non  seulement  de  vous,  Monseigneur,  qui  exoellez  en  toutes 
choses  d'Estat  et  de  gouvernement  comme  en  toutes  autres  dignes  d'un 
grand  prince,  mais  aussi  de  toutes  person nes  m^diocres.  Ce  moyen 
done  que,  nonobstant  sa  simplicity,  j'estime  de  tr6s  grande  importance 
et  quasi  seul  et  unique,  pour  ne  vous  le  faire  plus  attendre,  est  d'estre 
bon  Roy  envers  ceux  qui  ob6issent  desj^,  pourvoyant  k  leur  seuret^  et 
conmiodit^,  les  traitant  au  mieux  que  le  malheur  du  temps  pourra 
comporter  et  leur  diminuant  les  calamit6s  de  la  gueri'e  en  tant  qu'il 
sera  possible  et  les  rendant  en  tout  et  partout  de  meilleure  condition 
que  ne  sont  ceux  qui  ob^issent  aux  chefs  de  la  Ligue :  et  ce  par  la 
bonne  discipline  militaire  que  le  Roy  fera  garder  en  ses  armees  autant 
que  la  nature  des  guerres  civiles  en  est  capable,  et  par  la  juste  distri- 
bution des  charges  et  offices  qu'il  fera  proportionn^s  aux  m^rites  et  k 
la  dignity  des  personnes  qu'il  estimera  debvoir  commander  (comme  il 
appartiendroit  k  tons  magistrats)  pour  le  bien  du  peuple  plus  que  pour 
leur  profit  particulier,  par  la  bonne  justice  qu'il  fera  rendre  k  tous  ses 
subjels  en  public  et  en  privi,  par  Thumanit^  et  bont6  dont  il  usera  tant 
envers  les  nouveaux  venus  k  son  ob^issance  qu'envers  ceux  qui  sont 
toujours  demeur6s  en  leur  debvoir,  par  le  bon  ordre  et  police  qu'il  fera 
garder  en  toutes  ses  villes,  par  Tabondance  des  vivres  et  de  toutes 
choses  n6cessaires  et  commodity  k  la  vie  humaine  qu'il  y  fera  procurer 
et  par  toutes  les  autres  choses  qui  pourront  rendre  ses  subjets  aises, 
commodes,  contents,  g6n6reux  :  tant  pource  qu'il  se  doit  toujours  faire 
ainsi  (quand  bien  un  Prince  souverain  n'auroit  aucune  resistance  k 
son  establissement  ni  rien  k  conqu^rir,  et  que  c'est  la  fin  pour  laquelle 


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-  454  - 

les  Roys  et  tous  les  magistrals  ont  est^  institu^s,  que  aussi  afin  que 
les  peuples  des  villes  de  la  Ligue  sgachent  qu'ils  seront  sous  Sa  M^* 
non  seulement  plus  justement  ei  plus  l^gilimement,  mais  aussi  plus 
seurementjplus  commod^raent  et  plus  heureusement,que  quand  bien  il 
seroit  loisibie  d'eslire  et  d'establir  un  Roy  en  France  a  leur  plaisir, 
ils  n'en  sauroient  choisir  un  plus  digne  ni  meilleur  que  cehii-lk  mesme 
que  le  droict  d'ainesse  du  sang  royal  et  les  lois  et  coustumes  du  Royaume 
appellent  k  estre  coronn^. 

Les  peuples  sont  ordinairement  si  amateurs  de  leur  aise  et  si  d^sireux 
de  bon  traitement,  d'ailleurs  les  Francois  sont  pour  le  jourd'hui  si  las 
de  guerre  et  si  mal  contents  de  ceux  qui  leur  ont  command^,  qu'ils  se 
donneront  volontiers  k  celui  de  qui  ils  penseront  estre  mieux  trait^, 
quand  bien  au  reste  il  n'auroit  la  raeilleure  cause;  mais  ils  s'y  range- 
ront  bien  tant  plus  volontiers  quand  le  droit  sera  encore  de  son  coste. 

Par  tous  ces  moyens  done,  les  intentions  et  espefances  de  cevfs.  qui 
ont  voulu  m^liorer  la  condition  de  la  Ligue,  empirer  celle  du  Roy, 
seront  du  tout  f  rustrees  et,  qui  plus  est,ils  seront  eux-mesmes  conlraincts 
d  accorder  k  Sa  M^^  toui  ce  qu'elle  voudra  d'eux  et  mesme  k  luy  faire 
offrir  sous  main  un  jour  ce  qu'ils  viennent  de  luy  refuser  si  ouverte- 
ment  etsi  publiquemeni;  c^r  il  doibt  tenir  pour  certain  que  comme  ses 
affaires  iront  en  France,  ainsi  iront-ils  k  Rome;  et  que  quand  il  seroit 
le  meilleur  catholique  du  monde  jusqu  a  faire  des  miracles  tous  les 
jours  et  a  toule  heure,  si  toutesfois  il  estoit  peu  heureux  au  faict  de  la 
guerre  et  de  ses  conqu^tes,  il  ne  seroit  jamais  recongneu  pour  Roy  k 
Rome;  comme  au  conlraire,il  ne  seroit  que  tolerable  catholique,  comme 
il  doibt  aspirer  k  estre  le  meilleur  de  tous,  si  toutesfois  par  la  force  et 
par  sa  bonne  conduile  il  vient  au-dessus  de  ses  affaires  en  France,  on 
lui  offrira  du  cost6  de  Rome  ce  qu'on  lui  ha  si  indignement  refuse. 

Et  ainsi  sera-t-il  bien  veng6  du  Pape,  des  Hespagnols  et  de  toute  la 
Ligue  et  veng^  d'une  vengeance  licite,  chr^tienne  et  catholique  et  la 
plus  utile  et  honorable  qui  puisse  estre,  1^  oil  Tautre  fagon  de  se  venger 
par  dtelaration,  6dits  et  r^lements  centre  le  Pape  et  centre  la  cout  de 
Rome  n'auroit  en  soy  nul  de  tous  ces  biens,ains  auroit  tous  les  maux 
contraires,et  pour  cela  m^me  est  d^sir6  et  attendu  des  Hespagnols  etde 
leurs  adh^rans. 

Ouy,  mais  c'est  une  vengeance  trop  douce  quine  pique  point,  et  les 
hommes  griefvement  offensds  veulent  une  vengeance  qui  poigne  bien 
advant.  Quand  ainsi  seroit  qu'elle  ne  seroit  trop  cuisante,  nous  serions 
assez  r^compens^  par  tant  d  autres  biens  qu'elle  ha  et  par  tant  de 
maux  et  d'inconv^niens  que  par  ce  moyen  nous  ^viterions,  oultre  la 


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S 


—  255  -• 

consideration  du  Pape  qui  nous  est  a  tous  P6re  commun,  encore  que 
pour  ceste  heure  il  ne  nous  traite  gu6res  en  enfants,  en  laquelle  j*ay 
deja  diet  ne  vouloir  pas  entrer.  Mais  la  veril6  est  que  ceste  sorte  de 
vengeance  n*ha  point  faulto  de  poinle;  ains  commc  elle  est  permise 
contre  qui  que  ce  soit,aussi  est -elle  la  plus  poignante  et  la  plus  doulou- 
reuse  qui  puisse  estre,  si  celui  qui  ha  fait  le  tort  ha  eu  mauvaise  inten- 
tion et  s'il  ha  tant  soit  peu  de  cueur  et  de  sentiment,  chascun  de  nous 
le  peult  concepvoir  en  soy  mesme,  car  quel  cr^vecueur  plus  grand  nous 
pourroit  advenir  que  de  veoir  que  celui  que  nous  avons  pers6cut6, 
descrie,  mesprise  et  vilipend^  comme  le  dernier  de  tous  les  hommes  et 
voulu  faire  pers^uler,  descrier,  mespriser  et  vilipender  par  tout  le  monde 
et  le  r^uire  en  extresme  ruine  et  calamity,  ha  par  cest  effort  nostre  et 
par  nostre  injure  propre  accru  et  redouble  son  premier  soin  et  vigilance, 
son  courage,  sa  prouesse,  sa  temperance,  sa  prudence,  sa  pi6te  et 
devotion,  sa  justice  et  ses  autres  vertuset,  nonobstant  nostre  detraction, 
nos  empescheraents  et  notre  persecution  ait  augmente  sa  premiere 
reputation  et  Famour  des  peuples  envers  luy  et  non  seulement  retenu 
oeux  qui  luy  ja  obeissoient,  mais  aussi  partie  par  doulx  moyens,  partie 
par  force,  reduict  k  soy  leur  desobeissance  et,  malgre  nous  (qu'il  avoit 
en  toute  humilite  recorcbes),  soit  venu  au  bout  de  ses  affaires  et 
reconnu  Roy  du  premier  et  du  plus  puissant  Royaurae  de  chrestiente 
et  nous  ait  contraincls  nous  mesmes  k  lui  presenter  ce  que  nous  luy 
avions  refuse  avec  toutes  les  indignites  du  monde.  Quant  ^  moy  j'estirae 
qu'il  n'y  ha  rien  de  plus  pesant  et  oultrant  que  cela* 

C*est  done  cette  vengeance,  de  par  Dieu,  h  laquelle  il  nous  fault 
tendre.  Quant  k  ceste  autre  precipiteuse  et  furieuse,  illicite  et  impie  et 
qui  apporte  infamie,  ruine  et  desolation  k  qui  en  use,  et  aux  ennemis 
honneur  et  gloire,  profict  et  grandeur,  joie  et  liesse,  il  ne  nous  y  fault 
pas  seulement  penser,  et  je  m'asseure  dej^  que  le  Roy  prendra  ceste-cy 
rassise  et  sage,  pie  et  sainte,  honorable,  salulaire  et  combiee  de  tout 
plaisir  et  joye  et  de  tout  bonheur,  k  son  plein  et  entier  establissement 
et  exaltation  et  k  la  confusion  et  ruine  de  ses  ennemis.  Je  prie  Dieu 
qu'il  lui  en  fasse  la  gr^ce  et  k  tous  les  princes  et  seigneurs  de  son  parti 
de  le  lui  conseiller  et  la  prendre  aussi  eux-mesmes  tous  ensemble  et 
chascun  k  part  soy,  et  qu'il  vous  doint  k  vous,  Monseigneur,  en  parfaite 
sante  tr6s  longue  et  tr^s  heureuse  vie. 

De  Rome,  ce  5  fevrier  1594. 

Votre  tr6s  humble  et  trfes  obeissant  serviteur.  A.  d'Ossat. 

{Aauivre.)  A.  DEGERT. 


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m  fiLOGE  DE  GASTON  IV.  CONTE  DE  FOIX 


M.  Henri  Courteault  vient  de  publier  pour  la  Soci6l6  de  I'Histoire 
de  France  le  tome  premier  de  VHistoire  de  Gaston  IV,  comte  de 
FoiXy  par  Guillaume  Leseur,  Chronique  fram^aise  in^dite  du  xv« 
Steele.  (Paris,  1893,  grand  in-8<».)  J  en  extrais  quelques  lignes  sur  le 
prince  qui  en  est  le  h6ros  :  t  Aussy  luy  sceurent  bien  dire  comme 
c'estoit  ung  jeune  et  beau  prince,  grand  et  puissant  de  corps,  hault  et 
droit,  crois6  d'espaules  et  bien  fendu  de  bras  et  de  jambes,  bel  en  robe, 
plus  bel  en  arme,  trfes  bel  et  asseur6  chevaucheur,  ayant  bonne  main, 
bon  esperon  et  bien  domptant  un  cheval,  pour  estourdy  ou  rude  qu'il 
pent  estre;  et  ne  se  peurent  taire  que,  arm6  et  k  cheval,  ils  luy  avoient 
veu  manier  une  grosse  lance  d'armes  et  la  courir  le  long  d'un  gueret 
en  s'esbatant  et  s'essayant  avec  un  tas  de  jeunes  seigneurs  et  gentils- 
hommes  de  sa  maison,  et  louoient  fort  sa  puissance  et  belle  fa^n  de 
courir  et  de  bien  manier  son  boays,  disant  qu'en  luy  avoit  un  puis- 
sant, bel  et  adroit  gendarme,  bon  et  seilr  coureur  et  fort  aysi^  en  son 
harnoys;  ne  taisoint  pas  aussy  son  trfes  bel  et  s4igaeurial  maintien, 
Tasseuree,  fiere  et  audacieuse  contenance  qu'il  avoit,  tenant  couraigeux 
et  fauls  termes  k  ses  ennemis  et  \k  oii  faire  le  devoit  (1). ...  »  (p.  62-63). 

(I)  Ce  naif  lyrisme  fournit  k  T^diteur  Toccasion  de  cette  remarque  spirituelle 
(Introduction,  p.  xvii):  a  Ce  n'^tait  pas  (Guillaume  Leseur)  un  meridional, 
quoique  parfois  ses  41ans  d'enthousiasme  le  rendraient  digne  de  Tetre.  »  Du 
reste,  ce  n'esl  pas  seulement  Leseur  qui  exalte  la  «  belle  estature,  force  et  puis- 
sance »  de  Gaston  :  c'est  aussi,  comme  le  remarque  M.  Courteault  (note  1,  p.  63), 
un  autre  chroniqueur  contemporain,  Michel  du  Bemis  (Edition  Buchon,  Pan- 
theon litteraire,  1841,  p.  598).  Combien  je  voudrais  que  notre  ch6re  Society  des 
Archiyes  historiques  de  Gascogne  pubMt,  d'apr^s  le  manuscrit  original  conserve 
aux  archives  des  Basses-  Pyrenees,  la  trfes  interessante  Chronique  des  comte^ 
de  FoiWy  mise  sons  le  nom  de  Miguel  del  Verms !  Buchon  avait  maX  lu  le  uom  du 
chroniqueur :  il  n'a  pas  moins  mal  lu  le  texte  de  sa  Chronique.  Une  nouvelle 
edition  s'impose,  richement  annotee.  et  j'espere  que  les  erudits  pourront  bient6 
la  rapprocher  de  la  chronique  de  Guillaume  Leseur  et  de  celle  d'un  autre  contem- 
porain.Arnaud  Esquerrier,  tresorier  du  comte  de  Foix,si  heureusement  retrouvee 
par  M.  E.  Pasquier,  actif  archiviste  de  I'Arifege,  qui  va  la  mettre  entre  nos 
mains  avec  tout  Tappareil  d'erudition  qu'on  peut  attendre  de  lui. 

[On  me  permettra  d'aj  outer  ici,— A  Tadresse  d'un  des  meilleurs  collaborateurs 
de  nos  oheres  Archives,  —  que  la  Reoue  historique  du  mois  d'avril  1880  expri- 
mait  en  ces  termes  un  voeu  encore  inexauce  au  bout  de  quatorze  ans :  «  Nous 
Toudrions  que  M.  Cable  nous  donn&t  une  edition  correcte  et  annotee  de  Miquel 
del  Verms  pour  remplacer  redition  incorrecte  de  Buchon.  »  —  L.  C] 


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—  257  — 

Non  content  d'avoir  donn6  un  tel  coup  de  pinceau,  Guillaume 
Leseur  revient  complaisamment  sur  le  portrait  physique  de  son  maltre 
(p.  110-111) :  «  Nostre  dit  prince,  duquel  la  monstre  et  representacion 
estoit  indiciblement  agreable  et  plaisante  aux  yeux  de  ses  beneur^s 
subgets  et  de  tous  ceux  qui  le  voyoint.  Car  il  estoit  grand  homme, 
hault  et  droit,  fendu  dc  bras  et  de  jambes,  il  avoit  seure  main,  bon 
esperon,  et  si  estoit  bon  et  asseure  chevaucheur  et  le  plus  beau  gen- 
darme que  on  sceut  voir  et  regarder;  et,  soubs  sa  trfes  riche  salade, 
monsiroit  un  trte  bel,  plaisant,  jeune  et  froys  visage,  joyeux  et  tout 
amoureux,  k  ungs  beaux  yeux  voers  et  rians,  ung  regard  fier  et  eveill^, 
un  sourris  voultis  (1),  ung  hault  et  large  front  blanc  et  luysant  soubs 
son  beau  chief,  un  n^  droit  et  align6,  unes  joes  vermeilles  et  sa  face 
d'un  teint  si  bien  compos6  que  oertes,  k  veoir  sa  tr^  belle  figure  ame- 
surement  proportionnte,  tout  oeil  humain  se  delectoit,  et  le  povoit-on 
bien  juger  assouvy  de  toultes  les  beautes  que  on  scauroit  ne  pourroit 
sou  baiter  en  homme  parfait  et  tout  acomply.  » 

T.  DE  L. 


(1)  Rappelons,  pour  quelques-uns  seulement  de  nos  lecteurs,  que/roys  veut 
dire  frais,  ooers,  nuances,  varies,  et  oouUis,  arrondi,  offrant  des  courbes  gra- 
cieuses. 

(2;  L*6diteur  met  en  note  :  «  II  nous  reste  de  Gaston  IV  un  portrait  qu'on  peut 
rapprocher  de  cette  description  de  Leseur,il  nous  a  6t6  conserve  par  Montfaucon 
dans  ses  Monumens  de  la  monarch ie  frangoise  (Paris,  1731,  in-f%  t.  in,  p.  278, 
plancbe  lviu),  d'apr^s  une  miniature  d'un  manViscrit  de  Berry.  Gaston  est 
repr^sent^  en  armes,  k  cheval,  T^cu  au  bras  et  sur  T^cu  les  armes  de  Foix  et  de 
B^am.  » 

»  Je  vais  citer  une  autre  note  de  M.  Courteault  qui  montre  Timportance 
des  recits  de  son  auteur  pour  Thistoire  de  la  Gascogne  (p.  97) :  «  Get  episode  de 
la  guerre  de  Guyenne  (premiers  mois  de  1450),auquel  Guillaume  Leseur  consacre 
tout  un  chapitre,  ne  nous  est  connu  que  par  lui;  tous  les  autres  chroniqueurs 
n*en  disent  rien.  Ce  chapitre  de  Leseur  est  done  tr^s  pr6cieux,  puisqu'il  donne 
des  details  int^ressants  et  absolument  inconnus  jusqu'li  ce  jour  sur  un  Episode 
de  la  repri.se  de  la  Guyenne  sur  les  Anglais.  On  ne  savait  gu^re  comment  tout 
le  pays  compris  entre  le  golfe  de  Gascogne,  Bayonne,  Dax,  le  B^arn  et  la 
Soule,  ^taitrentr6  sous  Tautorit^  frangaise;  G.  Leseur  nous  Tapprend  dans  ces 
quelques  pages.  Ajoutons  que  son  r^cit  si  neuf  n'a  encore  ^t^  utilise  par  aucun 
historien.  » 


Tome  XXXV.  17 


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M.  AD.  MAGEN 


Ph.  Tamieey  de  Larroque. — Adolphe  Maobn  (1818*1893).  Agen^  o*  Lomy. 

1894.  In-4-  de  23  p. 
G.  Tholin  .  — Adolphe  Magen.  Notes  biographiques.  Discours  prononces 

i  Toccasion  de  ses  fun^railles.  Auchy  impr,  L^once  Cockaraux.  i894. 

In-8*  de  33  p. 

Notre  excellent  collaborateur,  M.  Tamizey  de  Larroque,  d^ait 
nagu6re  les  Lettres  in^ditea  de  Ramond: «  A  Adolphe  Magen,  —  qui 
pendant  plus  d'un  demi-sifecle,  —  se  consacra  tout  entier  ~  k  noire 
cher  Agenais.  »  Or,  quand  j'ai  eu  le  plaisir  de  parler  ici,  en  d^mbre 
dernier,  de  cette  int6ressante  publication,  Ad.  Magen  n'^tait  plus  et  les 
demi^res  pages  qu'il  ait  ferites  avaient  pr6cis6ment  ces  lettres  pour 
objet.  II  s'est  6teint  au  comn^encement  d'octobreet  toutes  sortes  d'hom- 
mages  ont  dte  rendus  k  sa  m6moire.  Les  plus  int^ressants  et  les  plus 
durables  sont  sans  doute  les  deux  notices  dont  je  Wens  de  transcrire  les 
titres  :  oelle  de  M.T.de  L,,in86r6ed'aborddanslai?eoae  del* Agenais, 
que  M.  Magen  dirigeait  depuis  Torigine;  celle  de  M.  Tholin,  destiniei 
servir  d'introduction  k  un  ouvrage  posthume  du  savant  regrett6 :  ie 
Seffistredeajurade^  d'Agen  de  1S44  d  1354.  Cest  surtout  en  emprun* 
tant  quelques  traits  k  ces  deux  t^moignages,  6galement  recommandis 
par  I'amour  et  la  pratique  des  mftmes  travaux  et  par  Tintindt^  d'une 
longueet  constante  amiti^,  que  je  voudrais  &mon  tour  payer  un  humble 
tribut  de  bon  souvenir  k  la  m^moire  d'Ad.  Magen.  Vou6  presque  sans 
reserve  k  FAgenais^  il  n'a  fourni,  oe  me  semhle,  qu'un  seul  article  k  la 
Revue  de  Gascogne  (1);  mais  peu  de  savants  ont  t^moignd  en  toute 
occasion  autant  d'int^r^  k  cette  oeuvre  modeste  et^  surtout  dans  les 
moments  difficiles,  ont  su  encourager  avec  autant  de  cordiality  notre 
Sod^t^  historique  et  son  trfes  indigne  president. 

II  ^lait  hA  it  Agen  le  19  octobre  1818,  d'une  famille  <  que  reeom- 
mandaient  ses  traditions  de  probity,  lafermet^  de  ses  principes  religieux 
et  de  ses  convictions  politiques  et  cette  d^licatesse  de  sentiment  d'ou 
derive  une  courtoisie  naturelle  (G.  T.).  >  II  n'est  ni  le  seul  id  le  pre- 
mier de  cette  famille  qui  ait  attach^  k  son  nom  des  titres  litt^raires  : 
son  cousin  Eugene,  ancien  capitaine  de  fr^te,  a  public  d'int^ressants 

(1)  Tome  xin,  p.  541.  Cast  une  6tude  sur  la  nouvelle  Edition  de  D.  Vaiss^te, 
8i  vaillamment  entreprise  par  un  ami  d'Ad.  Magen,  le  libraire  Ed,  Privat. 


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*-  259  — 

travaux  gtographiques,  et  son  fr^re  aln6  Hippolyte,  lanc6  dcJ  bonne 
heure  dans  la  politique  la  plus  avanc^e  et  la  plus  militante,  a  produit 
une  quantity  d'oeuvres  historiques  et  litt^raires  qui  contraslent  par  les 
id^es  et  par  la  forme  avec  les  travaux  du  cadet.  Celui-ci  resta  toujours 
fiddle  aux  traditions  religieuses  de  son  foyer  et  aux  lemons  de  sa  mfere; 
ce  fut  Tun  des  chagrins  de  sa  laborieuse  jeunesse  de  n'avoir  pu  arriver 
k  temps  de  Paris  pour  recevoir  le  dernier  soupir  de  cette  femme  excel* 
lente.  II  6tudiait  alors  en  pharmacie,  aprfes  avoir  fait'ses  classes  en  bon 
6colier  dans  sa  ville  natale.  Appliqu^  en  toute  conscience  k  ses  cours 
professionnels^ou  il  acquit  des  connaissances  scientifiques  qui  devaient 
lui  assurer  une  notoridt^  tout  k  fait  hors  ligne  dans  son  milieu  provin- 
cial, il  sut  pourtant  trouver  le  temps  et  les  moyens  de  se  faire  en  bouqui- 
nant  im  premier  fonds  de  biblioth^ue  historique.  Passionn^  pour  les 
lettres,  il  osa  se  presenter  chez  les  (k^rivains  les  plus  renomm^  d'alors, 
Chateaubriand,  Aug.  Thierry,  Charles  Nodier  surtout.  Enfin  il  fr6- 
quenta  trfes  assidument  le  cours  de  Michelet,  dont  il  citait  encore  de 
m^oire^  ^  la  fin  de  sa  vie,  des  vues  originales  et  des  traits  saillants. 

Malgr6  sa  predilection  pour  Thistoire,  il  s'appliqua  constamment, 
depuis  son  retour  k  Agen  comme  pendant  son  s^jour  k  Paris,  k  suivre 
le  mouvement  scientifique  et  k  se  perfectionner  dans  ses  Etudes  spfciales. 
Des  articles  publics  dans  divers  recueils  (1)  en  feraient  foi  an  besoin,et 
surtout  les  nombreux  procfes-verbaux  qu'il  a  r^digfe  et  imprim68, 
comme  secretaire  g6n6ral  de  deux  Soci^tfe  agenaises  :  le  Conseil 
d'hygi^ne  publique  et  le  Conseil  d'^tude  et  de  vigilance  centre  le  phyl- 
loxera. Pourtant  c'est  surtout  k  I'histoire  de  TAgenais  qu'il  consacra 
ses  veilles  et  sa  plume.  Mais  ce  ne  fut  gufere  qu'aprfes  quinze  ans  de 
preparation  qu'il  fit  son  debut  serieux  dans  oes  etudes  deiicates,  en 
publiant  avec  des  annotations  critiques  les  deux  preraiferes  dissertations 
d'Argenton  :  les  Nitiobriges  {18^6);  les  Litres  liiurgiques  de  V^glise 
d'Agen  (1861).  La  Revue  de  Chscogne  en  parladte  lors  (2)et  telle  fut 
entre  lui  et  moi  Torigine  de  relations  litteraires  tr^  affectueuses,  qui 
n'ont  ete  interrompues  que  par  sa  mort. 

Ses  publications  historiques  se  sont  succede  depuis  sans  interruption. 
La  plupart  sont  pen  volumineuses,  mais  toutes  ajoutent  qudque  chose 

(1)  La  plupart  de  ses  premiers  essais  furemt  poortant  litteraires.  M.  Tholiii 
signale  un  portrait  du  Pharmacien,  6cni  pendant  le  s^jour  ^  Paris  pour  le  recueil 
des  Frangais  peintspar  euas-mSmes,  qui  ne  Tins^ra  pas,  quoiqu'il  ne  fut  poini 
pour  «  d^parer  la  galerie.  » 

(2)  Tome  iv  (1863),  p.  380-384.  Une  r^cente  publication  d«  M.  A.  Claudia 
m'am^nera,  sous  peu,  k  revenir  sur  un  detail  de  ma  critique  des  Liores  littir^i- 
quea  d*Agen. 


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~  260  — 

k  la  connaissance  du  pass^  provincial  qui  captivait  si  puissamment  la 
sympathie  et  Tactivit^  de  rexoellent  travailleur.  J'en  signale  quelques- 
unes  parmi  celles  qui  m'ont  paru  particuli^rement  neuves  ou  atla- 
chantes :  la  Ville  d*Agen  sous  le  s^n^chalat  de  Pierre  de  Peyro- 
nenc,  seigneur  de  Saint"  Chamarand  {1588-1591),  cuheux  mdmoire 
sur  la  Ligue  en  province,  lu  k  la  Sorbonne  en  1865; — Documents  sur 
Jules-Cdsar  Scaliger  et  safamille  (1872),  contribution  importante  k 
Tune  des  plus  notables  biographies  litt^raires  du  seizifeme  si^le; 
—  Archives  municipales  d'Agen.  Chartes  de  1189  d  1S28  (Ville- 
neuve-sur-L'ot,  1876.  In-4°),  premifere  sine,  qui,  malheureusement, 
n'a  pas  eu  de  suite,  mais  qui  renferme  les  textes  les  plus  anciens  et  les 
plus  importants  de  I'histoire  communale  d'Agen;  —  la  Troupe  de 
Moli^re  d,  Agen,  d'apr^s  un  document  in^dit  (1878),  plaquette  de  40 
pages  que  les  Moliiristes  rangent  parmi  leurs  curiositis  provinciales  les 
plus  fouillies;  —  Faits  d'armes  de  Geoffroy  de  Vivant  (Agen,  Len- 
thiric,  1878),  Mition  trfes  bien  priparAe  de  ces  int6ressants  m6moires 
du  seizi^me  si6cle,  que  M.  Magen  a  sauv^  de  Toubli.  J'omets  une 
foulepresque  innombrable  de  titres  alltehants,  qu'on  pent  trouver  dans 
la  prfeieuse  Bibliographic  g^n^rale  de  VAgenais  de  M.  J.  Andrieu 
(ii,  97-102;  ni,  24);  j'appelle  surtout  Tattention  sur  les  notices 
biographiques  et  sur  les  comptes-rendus  developp6s,  consacr6s  en 
si  grand  nombre  aux  bommes  et  aux  oeuvres  de  la  r^on  par  un 
critique  qui  sut  toujours  unir  sans  effort  Faccent  d'un  cobutn  chaud  et 
d'une  large  sympathie  avec  le  sentiment  tr6s  vif  du  gout  et  de  la 
justice. 

Essaierai-je,  k  ce  propos,  de  caractiriser  Tterivain  que  nous  avons 
perdu?  La  chose  est  faite  et  je  ne  puis  que  renvoyer  aux  deux  notices 
qui  se  compl^tent  it  merveille,  parce  que,  si  NV  T.  de  L.  a  prodigui 
avec  charme  les  anecdotes  caractiristiques,  M.  G.  Tholin  a  marquiles 
grands  traits  d'un  crayon  trfes  souple  et  tr^s  ferme.  M.  Magen  s'itait 
formi  lui-mftme  aux  travaux  pal^raphiques  et  archtologiques,  et  dans 
une  ville  de  province  aux  ressources  limif^s,  et  encore,  pour  ainsi 
dire  (il  ne  manquait  pas  de  le  declarer  k  I'occasion),  k  ses  moments 
perdus :  son  Erudition  ne  pouvait  6tre  absolument  sure  et  compl^; 
mais  sa  finesse  native,  sa  conscience  scrupuleuse,  sa  parfaite  modestie, 
ses  instincts  et  ses  habitudes  de  prudence  et  de  travail  persivirant  Tout 
presque  toujours  mis  k  Tabri  de  Terreur.  Quant  k  sa  fagon  de  mettre 
en  OBuvre  les  risultats  de  ses  recherches,  s'il  y  avait  quelque  chose  k 
reprendre  dan^sa  mdthode,  c'itait  un  exc6s  de  soin  et  un  souci  exagdri 
du  fini  dans  la  forme. 


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-  261  — 

. .  •  Une  seale  qaestion  a  pa  nous  diviser,  ^rit  k  ce  propos  M.  T.  de  L. , 
roais  une  question  d'ordre  purement  litt^raire.  Magen,  qui  souhaitait  plus 
de  8ucc6s  k  mes  travaux  qu'i  ses  propres  travaux,  me  reprochait  d'6crire 
trop  vite  et  insistait  pour  qu'une  sage  lenteur  succMAt  d6flnitivement  a 
une  fougueusepr^ipitation. . .  II  m'identiflait  ^  un  train-^lair,  et  je  Tao- 
cusais  de  ne  monter  qu'en  un  train  de  petite  vitesse.  II  d6olarait  que  je  ne 
lechais  pas  assez  mes  oursons,  et  moi  je  pr^tendais  qu'il  tailiaii  ses  ifs  aveo 
la  trop  minutieuse  r^ularit^ des  jardins  de  Versailles. . .  CStait  un  perpd- 
tuel  assaut  de  plaisanteries  et  de  m6taphores  et  jamais  qtierelles  n'ont  ^i&  k 
la  fois  plus  persistantes  et  plus  amicales. 

Ce  beau  d^faut  venait  de  deux  qualilfe  bien  estimables  :  la  conscience, 
qui  itmt  aussi  delicate  chez  Tterivain  que  cbez  le  professionnel  et 
chez  rhomme  priv6;  le  gout  litt^raire,  qu*il  avait  aussi  sdr  que  pas- 
sionn6.  Ce  gout  ne  va  pas  sans  Tamour  du  beau  en  tout  genre,  en 
particulier  sans  Tamour  de  Tart.  M.  Magen  fut  noramfi  par  acclama- 
tion president  de  la  Soci^t4  du  Mus^  d'Agen,  d^  la  fondation,  et  il  a 
contribu6  plus  que  personne,  h  travers  des  pAripities  souvent  difficiles 
et  p^nibles,  k  enrichir  et  a  organiser  cetle  collection,  «  qui  honore  aujour- 
d'hui  sa  ville  natale.  » 

Sans  avoir  beaucoup  voyage,  M.  Magen  dtait  unconnaisseuren  peinture 
et  en  estampes.  Tout  ce  qui  etait  beau,  original  le  sMuisait;  il  ne  pouvait 
supporter  en  rien  le  laid  et  le  mediocre.  II  souffrait  r^ellement  de  feuilleter 
un  livre  mal  imprim6;  il  ne  Tadmetlait  que  forc6  et  contraint,  k  prendre 
place  sur  les  rayons  de  sa  biblioth^ue  parmi  tant  d'autres  qu'il  proposait 
comme  modMeauxediteurs  assez  avis^  pour  soUiciter  ses  oonseils.  (G.  Th.) 

Son  action  absolument  pr^pond^rante  dans  toutes  les  Soci^tte  de  sa 
ville  natale  marque  k  la  fois  la  valeur  du  savant  et  celle  de  Thomme. 
Je  n'ai  pas  encore  nomm^  la  plus  importanie  de  toutes,  la  Soci^tA 
d'agriculture,  sciences  et  arts  d*Agen,  dont  il  fut  secretaire  perp^tuel 
depuis  1857  jusqu'^  sa  mort.  Cette  compagnie  public  chaque  ann^e  un 
recueil  important  et  JHStement  estim^,  pr^s  duquel  s'est  plac^  depuis 
longues  ann6es  un  periodique  semi-mensuel,  la  Revue  de  VAgenaia, 
Or,  M.  Magen  6tait  TAme,  et  pour  parler  plus  nettement,  le  directeur, 
le  correcteur  et  Tarbitre  de  ces  deux  publications.  Je  n'ose  pas  dire, 
quoique  j'eu^se  peut-^tre  quelque  raison  personnelle  d*y  insister,  ce  que 
suppose  de  Constance  et  de  d^vouement  une  double  tAche  de  cet  ordre. 

Lui  seul  avait  le  choix  des  memoires  on  des  articles  k  insurer  dans  le 
Recueil  et  dans  la  Recue.  11  n'eliminait  qw'k  bon  escient;  il  retouchait  un 
bon  nombre  de  travaux  destines  k  Mre  publies.  Nul  —  je  tiens  de  lui  ce 
detail  — ne  s'est  jamais  plaint  d'une  revision  aussi  intelligente  qu'amicale, 
un  seal  excepts  qui  de  cinquante  corrections  proposees  ne  vouluten  admettre 
ancune.  Mais  aussi  c*etait  un  po^te...  (G.  ThO 

Et  n^anmoins  cest  peut-6tre  en  revoyant  des  vers  qu'il  faisait 


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~  2e2  — 

le  mieux  appr^er  la  surety  de  son  gout  et  la  souplesse  de  son 
esprit.  Mais  s'il  imposa  si  pleinement  et  si  constamment  son  autorit^ 
litt^raire,  il  faut  Taltribuer,  autant  qu*^  T^tendue  de  son  savoir  et  k  la 
droiture  de  son  jugement,  k  ses  rares  qualit^s  morales :  modestie, 
abnegation,  cordiality,  courtoisie  irr^prochable  unie  k  la  simplicity  et  k 
la  franchise.  On  ne  rfeistait  pas  k  ces  dons  heureux,  que  je  crois  lire 
encore  dans  Texcellent  portrait  que  M.  Tholin  a  joint  k  sa  notice.  Ses 
deux  biographes  ont  racont6  Tun  et  Tautre  (T.  de  L.,  4;  G.  Th.,  11) 
leur  premifere  entrevue  avec  celui  qui  devint  tout  de  suite  leur  collabo- 
rateur  et  leur  ami.  Je  pourrais  dire  k  mon  tour  combien  je  me  senlis 
gagn6  la  pr^miferefois  qu'il  me  reQut  chez  lui,  parmi  ses  livres  et  ses 
papiers  trop  iucompl^tement  sauv^s  d'une  funeste  inondation.  Plus  sa 
parole  6tait  modeste,  plus  son  charme  agissait;  ses  compliments  polis 
d^passaient  assur^ment  la  justice  rigoureuse,  mais  des  restrictions 
dquitables  s*y  joignaient  avec  un  surcroitd'int6r6taffectueux;  le  biblio- 
phile passionn6  se  trahissait  en  me  montrant  quelques  perles  de  son 
tr^sor,  et  la  g^n^rosit^  de  Thomme  en  m'obligeant  k  eraporter,  comme 
souvenir,  un  petit  livre  rare  que  j'avais  jusqu'alors  inutilement  cherche. 
Je  ne  veux  pas  insister  aprfes  deux  t^moins  plus  comp^tents  et  mieux 
places  que  moi.  Mais,  quoique  je  dispose  de  bien  peu  d'espace,  je  tieDS 
k  donner  ici  un  sonnet  ou  Ad.Magen  mesemble  avoir  mis  le  meilleur, 
je  ne  dis  pas  de  son  talent^  mais  de  son  kme  : 

Danse  macabre 

Jeunes  ou  vieux,  ayons  tou jours  en  la  pens^ 
Qu'un  spectre  have  et  nu,  sans  pourpre  ni  paillon, 
La  mort,  cette  danseuse  dpre  et  jamais  lass6e, 
Du  bal  universel  m6ne  le  cotillon. 

Elle  pousse  sans  bruit  Theureuse  flanc6e 
Et  le  vieillard  morose  au  m6me  tourbillon; 
On  la  volt  tour  k  tour,  froldement  empress^e, 
Arracher  Tun  du  trone  et  Tautre  du  siUon. 

Que  m'importent  k  moi  tes  faciles  victoires, 

O  mort?  quand  nous  ferons,  k  deux,  les  noces  noires, 

Cet  hymen  inf^cond  de  deux  coeurs  sans  ampur, 

Presse-moi  sur  ton  sein  une  heure,  une  seconde, 
Moins  encor,  je  m'en  ris.  Fuyant  ta  nuit  immonde, 
Mon  ame  s'en  ira,  plus  rapide,  au  grand  jour. 

«  11  appartient  aux  &mes  fortes,  dit  tr^s  bien  1^-dessus  M.  Georges 

Tholin,  k  ceux  dont  la  conscience  est  droite  et  dont  la  vie  est  pure,  de 

r6p6ter  avec  les  livres  saints  :  0  mors  I  ubi  est  stimulus  tuusf  0  mors! 

ubi  est  victoria  tua  f  » 

UoNCE  COUTURE, 


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SOIREES  ARCHEOLOGIQUES 

AUX    ARCHIVES   d6PARTEMENTALES 


III 

Stance  du  5  Mars  1894 


Pr^sidexice  de  M.  de  CARSALADG  DU  PONT 


Presents:  MM.  Arb^s-Lapoque,  Aureilhan,  Balas,  Barada, 
BiARD^  Branet,  Cabrol,  Calcat,  Cocharaux,  Golonibu,  Daudoqx, 
Bellas,  Despaux,  Francou,  de  Fretard  d'Ecoyeux,  Lacomme^ 
Lagarde,  Larroux,  Lozes,  Albert  Lozbs,  P^rj^,  Joseph  Sansot, 
Sentoux  et  TiERNY,  secretaire. 

Lea  Consuls  d'Auoh  et  Monseigneur  de  Montillet 

M.  Delias  rappelle  qu'il  a  entretenu  d^jk  la  Soci^  des  difficult^s  qui 
surgirent  entre  Mgr  de  Montillet  et  M.  d'Etigny.  De  son  c6ti, 
M.  Lagarde  a  retract  toutes  les  perip^ties  de  la  lutte  de  TArchev^ue 
contre  le  Pr^idial  d'Auch.  II  s'agit  aujourd'hui  des  d^^lte  qu'eut  le 
belliqueux  prAlat  avec  les  consuls  de  sa  ville  6piscopale. 

Mgr  de  Montillet  pr^tendait  que,  d'aprfes  la  charle  de  Tannie  1301  (1), 
rarchev^que  d'Auch  et  le  roi  comme  comte  d'Armagnac  avaient  le 
droit  de  se  faire  repr^senter  par  un  procureur  dans  les  assemble 
communales,  k  titre  de  seigneurs  en  par^e.  Quand  il  prit  possession 
de  son  si^e,  il  rdclama  le  droit  de  nommer  et  confirmer  les  offioiers 
municipaux  k  Auch. 

11  voulut  obliger  les  consuls  k  pr^r^  k  ravenir,  entre  les  mains  du 
juge  temporel  de  Tarchev^ch^,  le  serment  aocoulumi  pour  le  service 
de  la  justice. 

II  demanda  dans  un  mimoire  imprim6 :  1<>  que  le  procureur  juridio- 
tionnel  de  Tarchev^ch^  continu^t  k  exercer  les  fonctions  de  ministfere 
public  dans  les  proc^urescriminelles  contre  les  justiciablesde  Tarche- 

(1)  Monlezun,  Histoire  de  la  Gascogne,  t.  in,  p.  86.  — P.  LAflorgue,  Hiatoirt 
de  la  oille  d'Auoh,  1. 1,  p.  303.  —  Arch.  d^p.  du  Gers,  s^e  C.  12. 


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—  264  — 

v6ch6;  2^  que  dans  le  nombre  des  conseillers  politiques  il  y  eut  toajours 
un  oflScier  de  la  justice  de  rarchevfich^,  avec  voix  d^liWrative:  3<»  que 
les  consuls  et  conseillers  politiques  de  la  ville  d'Auch  fussent  pris,  en 
nombre  ^gal^  dans  les  parsans  du  roi  et  de  rarchev^ue. 

C'est  en  vain  qu'on  lui  objecta  que  depuis  plus  de  400  ans  que  les 
coutumes  d'Auch  avaient  6ti  publics,  Tarchev^ue  n'avait  jamais  fait 
un  seul  acte  de  possession  relatif  an  droit  de  nomination  ou  confirma- 
tion dont  il  s'agit; 

Que  notamment  son  pr^dcesseur,  le  cardinal  de  Polignac,  nommi 
archev^ue  d'Auch  en  1725,  n'avait  pris  possession  de  son  si^  que 
par  procureur,  n'dtait  jamais  venu  k  Auch,  et  ne  s'dtait  en  rien  immisce 
dans  les  afiFaires  de  la  conmiune; 

Que  la  ville  d'Auch  ayant  acquis,  moyennant  finance  ethomme 
vivant  et  mourant,  la  mairie  et  autres  offices  municipaux,  en  conse- 
quence d'un  arr^t  du  conseil  du  10  novembre  1750,  rendu  pour  les 
villesd*Auch  et  de  Pau,  il  dtait  Evident  que  la  ville  d'Auch,  inddpen- 
damment  de  ses  titres  particuliers,  avait  incontestablement  acquis  le 
droit  de  nommer  ses  officiers,  a  Texclusion  des  seigneurs,  k  qui  ce  droit 
6tait  devenu  Stranger.  Le  roi,  en  effet,  par  la  cr^tion  des  charges  muni- 
cipales  et  par  leur  reunion  aux  communautds,  avait  donnd  aux  villes 
le  droit  d'dlire  elles-m6mes  les  officiers  qui  leur  conviendraient  pour 
faire  les  fonctions  des  offices  par  eux  acquis,  comme  porte  Tarticle  12 
de  rarr6t  du  conseil  du  29  d^mbre  1733  (1). 

Tout  en  contestant  k  Mgr  de  Montillet  son  droit  de  s'immiscer  dans 
les  affaires  de  la  citd,  les  consuls  continu^rent,  cependant,  k  prater 
sermentlors  de  leur  entree  en  fonctions  entre  les  mains  de  Tarchev^ue 
dans  son  palais  archidpiscopal. 

Le  registre  des  insinuations  ecclesiastiques  donne  le  detail  du  cdr6- 
monial  et  la  formule  du  serment :  1°  le  23  juillet  1745,  pour  le  serment 
de  Jean-Joseph-Thomas  Serein,  nomm6  k  Toffice  de  maire  ancien  et 
triennal  de  la  ville  d'Auch;  2^*  le  16  f6vrier  1746,  pour  le  serment  du 
sieur  Degages,  consul  ou  ^hevin. 

Mgr  de  Montillet  produisit,  pendant  le  proc6s  avec  les  consuls,  ses 
titres  au  greffe  de  la  grand'chambre  et  obtint  arr^t  le  2  Janvier  1766, 
confirmant  ses  droits.  De  plus  il  se  fit  oclroyer  le  17  deoembre  17C9  des 
lettres  patentes,  interprdtatives  de  T^it  de  mai  1765  (2). 

(1)  Archives  d^partementales  du  Gers,  sdrie  C  12,  fol.  134, 135  et  139. 

(2)  Voici  le  texte  de  ces  lettres  patentes  du  roi  Louis  XV  : 
Art.  1".  —  Le  maire  de  la  ville  d'Auch  sera  notnm^  k  ralternative  par  nous 

etpar  le  sieur  archeveque  d'Auch... 
1  Art,  2.  —  Le  brevet  de  aominatiou  du  maire,  soit  que  oette  nomination  soil 


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-•  265  -- 

Le  diff^cend  entre  les  consuls  d'Auch  et  Mgr  de  Montillet  ne  se  ter- 
mina  pas  ainsi. 

La  municipality  avail  soumis  k  Tautorit^  judiciaire  son  opposition 
aux  pretentions  de  i'archev^ue. 

Un  arr^t  du  conseil  du  l***  mai  1762  condamna  contradictoirement 
certaines  pretentions  de  Mgr  de  Montillet;  mais  celui-ci  obtint  un  arr6t 
de  la  cour,  sur  pied  de  requ6te,  le  27  Janvier  1766^  qui  lui  accorda  tout 
ce  qu'il  voulut. 

On  attaquacetarrfet  par  la  voiede  Topposition;  la  surprise  fut  bient6t 
reconnue,  et  par  un  second  arr^t  du  30  mai  1766,  la  cour  renvoya 
I'opposition  en  jugement  et  ordonna  qu'il  serait  sursis  k  rexteution  de 
celui  du  2  Janvier  1766. 

Apr^s  une  nouvelle  s^rie  de  procedures,  Mgr  de  Montillet  ne  put 
obtenir  de  faire  enregistrer  les  letlres  patentes  du  19  d^cembre  1769, 
et  malgre  ses  instances  aupr^s  du  minislre,  M.  de  Courteille,  il  dut, 
en  definitive,  renoncer  k  ses  pretentions  et  ne  plus  s*immisoer  dans  les 
affaires  de  la  commune  d'Auch  (1). 

M.  de  Carsalade  fait  observer  que  les  nombreuses  difficultes  qu'eut 

faite  par  nous  ou  par  le  sieur  archev^que  d'Auch,  sera  enregistrd  au  grefle  de 
la  juridiction  royale  et  k  celui  de  la  justice  de  Tarcheveque;  etle  maire,  avant 
d'entrer  en  exercice,  pr^tera  le  serment  entre  les  mains  de  Tune  et  de  Tautre 
juridiction. 

Art.  3.  —  Les  echevins,  apr^s  avoir  pret^  senneni  entre  les  mains  du  maire, 
conform^ment  aux  dispositions  de  r(§dit  du  mois  de  mai  1765,  le  preteront  aussi 
entre  les  mains  du  sieur  archev^que,  et  en  son  absence  entre  les  mains  du  pre- 
mier offlcier  de  sa  justice. 

Art.  4.  —  Le  receveur  ou  tr^sorior  de  la  \'iUe,  apr^s  avoir  fait  recevoir  par  le 
lieutenant-g^n^ral  de  la  s6n6chauss6e,  la  caution  qu'il  est  oblige  de  donner, 
sera  tenu  de  ^re  enregistrer  I'acte  de  reception  au  greffe  de  la  juridiction  epis^ 
Gopale. 

Art.  5.  —  Les  contestations  qui  pourront  naitre  au  sujet  des  bieus  patrimo- 
niaux  et  communaux  de  la  viile  seront  port^es,  comme  par  le  pass^,  devant  le 
juge  dans  le  ressort  duquel  les  biens  qui  feroient  Tobjet  de  la  contestation  seront 
situ6s,  et  Tinstruction  des  affaires  criminelles  qui  seront  jugt^es  par  les  maires 
et  Echevins,  pour  les  cas  arrives  dans  le  quartier  du  sieur  archeveque,  se  fera 
dans  la  forme  accoutum^e.  (D'apr^s  un  placard  qui  est  maintenant  entre  les 
mains  de  M.  Adrien  Lavergne.) 

(1)  La  formality  du  serment  avait  4t6  supprim^e  et  abolie  par  arr^t  du  conseil 
d'Etat  du  roi,  en  date  du  16  juin  1759,  dont  voici  le  preambule  : 

«  Le  roi  6tant  en  son  conseil  a  ordonn^  et  ordonne  que  les  6dits  des  mois  de 
mai  1702,  decern bre  1706  et  novembre  1733,  ensemble  les  arrets  des  9  mai  1747 
et  10  novembre  1750,  seront  ex6cut6s  selon  leur  forme  et  teneur;  en  consequence, 
sans  aooir  ^gard  d  la  transaction  do  ISOI.passee  entre  le  eomte  d'Armagnac, 
et  les  habitans  de  la  ollle  d'Auch,  et  sans  s'arr6ter  a  Tarret  du  conseil  du  10 
Janvier  1750,  aux  chefs  qui  sont  contraires  auxdiis  <^'dits  et  arrets,  et  sans  pareil- 
lement  avoir  egard  h  ladite  deliberation  du  27  decembre  1757  ni  ^  Tarret  du 
parlement  de  Toulouse  du  19  Janvier  1758  qui  I'a  horaologuee : 

»  Ordonne  Sa  Majesty,  que  conformement  a  I'article  XIV  dudit  edit  du  mois 


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—  266  — 

Mgr  de  Montillet  durant  son  long  6pisoopat,  venaient  de  oe  que  beau- 
coup  de  ses  pr^^sseurs  n'avaient  pas  r6sid6.  Le  cardinal  de  Poli- 
gnac,  son  prdd^cesseur  imm^diat,  n'^tait  mtoe  jamais  venu  k  Auch; 
ambassadeur  de  France  prfes  du  Saint  Si^e,  il  profita  de  son  s6jour  k 
Rome  pour  s'occuper  de  fouilles  arch^ologiques.  II  fit,  dit-on,  d6toumer 
le  cours  du  Tibre  afin  de  fouiller  le  lit  du  fleuve;  ses  trouvailles  figu- 
rent  avec  honneur  au  mus6e  de  Rome.  Mais  on  comprend  que  son 
absence  d'Auch  ait  pu  ^tre  la  cause  de  nombreux  abi  s;  du  moins  son 
successeur  eut  lieu  de  le  supposer;  il  put  croire  qu'on  avait  profit^ 
de  cette  longue  absence  pour  empi^ter  sur  les  droits  de  TEglise;  de  Ik, 
sans  doute,  ses  proems  avec  le  presidial,  avec  Tintendant  et  avec  les 
consuls. 

Dom  Brugfdles  Jugd  par  ses  contemporains 

M.  Delias  ajoute  qull  lui  a  paru  interessant  de  signaler  en  terminant 
Topinion  des  consuls  sur  les  Chroniques  d'Auch  de  Dom  Brugfeles. 
L'archev^que  s^^tait  appuy^  pour  justifier  ses  pretentions  sur  Tautorit^ 
de  ce  chroniqueur;  on  verra  que  Topinion  des  consuls  ne  diff^re  pas 
de  celle  qui  est  g^n^ralement  admise  aujourd'hui,  ce  qui  ne  diminue 
pas  la  haute  valeur  documentaire  de  cet  ouvrage  : 

«  Les  exposants  n'entendent  pas  sans  doute  donner  par  lit,  au  livre 
que  Ton  vient  de  citer,  une  authenticity  qu'il  ne  m6rite  pas,  Tinexacti- 
tude  qui  y  r^gne  et  les  erreurs  dont  il  est  rempli,  lui  ont  acquis  depuis 
longtemps  le  m^pris  et  Toubli;  mais,  enfin,  les  agens  du  sieur  adver- 
saire  all^guant  k  tout  propos  un  ancien  pareage  sans  le  justifier  et  qu'ils 
n'onl  sans  doute  puis^que  dans  ce  mauvais  livre,  il  doit  6tre  loisible 
aux  exposans  d'en  prendre  tel  avantage  que  de  droit  (1).  » 

Un  compUce  de  Louis  XI  —  Antoine  de  Toumemire.  (Erection  de  la  terre 
de  Malartic  en  oomt^.) 

Communication  de  M.  de  Carsalade  du  Pont : 

Le  petit  village  de  Malartic,  pr6s  Auch,  possfede  un  gros  chateau 
b^ti  en  pierre  de  taille,  flanqu6  de  quatre  tours  surmont6es  de  toits  k  la 
frangaise,  avec  ouvertures  a  croisillons,  meurtri^res  et  moucbarabis. 
Bien  qu'il  soit  habit(5  par  des  fermiers  qui  ont  am6nag6  les  alentours 

de  d^cembre  1706,  les  consuls  de  la  ville  d'Auch,  apr^  leur  Election,  pr^teront 
le  serraent  entre  les  mains  du  maire  seulement.  Fait,  Sa  Majesty,  defense  au 
dit  archeveque  d'Auch  d'exiger  le  serment  desdits  consuls  et  k  ses  officiers  de 
les  recevoir,  nonobstant  tons  usages  et  possessions,  transactions  et  autres  actes 
contraires...  »  (V.  Recueil  des  4dUs,  ni.) 
(1)  M^moire  pour  les  consuls  d'Auch  oontre  Mgr  de  Montillet. 


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—  267  — 

pour  les  besoins  d'une  exploitation  agricole,  oe  cMfeau  n'en  conserve 
pas  moins  Taspect  imposant  de  ces  demeures  confortables  on  vivaient 
aux  sidles  passes  les  gentilshommes.  Les  details  m6me  de  rarchi tec- 
tare,  r^paisseur  des  murailles,  Tampleur  de  la  maison,  accusent  un 
^tat  social  considerable  et  Ton  devine  k  premiere  vue  que  les  anciens 
propri^taires  de  oe  manoir  n'6taient  pas  des  gens  ordinaires.  Les  pre- 
miers seigneurs  de  Malartic  appartenaient  k  cette  puissante  famille  de 
Massas  qui  a  donn6  k  T^glise  d'Auch  Tarchev^que  Hispan  de  Massas 
et  de  nombroux  dignitaires  eccl^iastiques,  chanoines,  abb6s  et  prieurs. 
Les  comtes  d'Armagnac  prirent  dans  cette  famille  des  s^ntehaux  de 
leur  comt6  et  de  nombreux  officiers  de  leur  couronne. 

A  la  famille  de  Massas  succ6derent,  par  alliance,  dans  le  ox)urant 
du  XVI®  si6cle,  des  cadets  de  la  maison  ducale  de  Montaut- 
Navailles,  qui  figurferent  avec  honueur,  dans  les  camps  et  k  la  cour,  k 
c6i6  de  leurs  ain6s. 

Au  xvni®  si6cle,  Malartic  subit  une  transformation,  qui  me  fut  r6v61te 
pour  la  premiere  fois  par  la  carte  de  Cassini.  Je  ne  fus  pas  peu  surpris, 
en  cherchant  la  position  g^ographique  de  ce  village,  de  le  trouver 
inscrit  sur  la  carte  sous  le  nom  de  Tournemire.  Que  voulait  dire  ce 
nbm  qui  apparaissait  tout  d'un  coup  usurpant  la  place  de  celui  de 
Malartic?  Poser  la  question,  c'6(ait  chercher  k  la  r^soudre.  La  passion 
de  voir  et  de  savoir  a  quelquefois  des  chances  heureuses;  je  dois  un 
cierge  au  bon  g6ographe  Cassini  qui  m'afait  retrouverune  pageoubli^ 
de  noire  histoire  et  qui  a  mis  sur  mon  chemin  ce  personnage  que  j'ai 
appel6  dans  mon  titre  :  Un  Complice  de  Louis  XL 

Ce  complice  de  Louis  XI  ^tait  un  gentilhomme  auvergnat.  II  rem- 
plit  un  des  principaux  r61es  dans  le  terrible  drame  qui  se  joua^  Lectoure 
k  la  fin  du  xv*  sitele  et  dont  le  d(^nouement  fut  Tassassinat  du  comte 
d'Armagnac  au  mois  de  mars  1473.  II  se  nommait  Antoine  de  Tour- 
nemire,  seigneur  de  La  Roque-Vieille,  et  remplissait  pr^s  de  Louis  XI 
les  fonctions  de  pannetier  et  de  chambellan. 

L'invasion  de  TArmagnac  par  les  troupes  royales  Tamena  dans  nos 
contr^  et  ceux  d'entre  mes  lecteurs  qui  ont  feuillel^  les  Compies 
consulaires  de  la  viile  de  Riscle,  auront  pu  voir  quel  z^le  impitoyable 
il  d^ploya  centre  nos  malheureux  compatrioles.  Pendant  que  Tarmte 
royale  assi^eait Lectoure,  Tournemire  parcourut  le  plat  pays,  rangonna 
les  habitants,  brula  les  chateaux  des  seigneurs  fideles  k  leur  comte, 
pilla  les  communaut^s  :  il  ny  cut  pas  jusqu'au  mobilierdes  ^glises, 
calices  et  encensoirs  d  argent,  quine  devinrent  sa  proie.  11  avait  inspire 
une  telle  terreur  aux  habitants  de  nos  oontrtes  <]ue  les  consuls  de  Riscle 


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—  268  — 

ne  le  d^ignent  dans  leurs  registres  qu'en  termes  m^prisants  c  k> 
Tornamira  ». 

Aprfes  le  meurtre  de  Jean  V,  Tournemire  regut,  comme  tons  les 
autres  complices,  une  part  des  biens  d'Armagnac.  Louis  XI  lui  donna 
des  terres  aux  environs  d'Auch.  Cette  liWralit^  fut  pour  lui  une  occasion 
nouvelle  de  tyrannic;  et  cette  fois,  c'est  aux  consuls  d'Auch  qu'il  s'en 
prit.  Ceux-ci  ayant  k  dresser  le  r61e  de  la  taxe  en  1473,  imposferent 
quelques  terres  roturi^res  appartenant  k  Tournemire.  C'^tait  bien  os6 
de  leur  part.  Le  gentilhomme  en  appela  au  s^ntehal  d'Armagnac  qui 
le  d6bouta  de  sa  plainte,  puis  k  Tofficial  d'Auch  qui  refusa  de  s^vir,  ei 
enfin  au  l^at  du  Pape  k  Avignon  qui,  mal  inform^,  excommunia  les 
consuls  et  les  habitants  de  la  ville.  Nos  ^iles,  forts  de  la  justice  de 
leur  cause,  ne  se  tinrent  pas  pour  baltus;  ils  en  appelferent  au  Parle- 
ment  de  Toulouse,  qui  cassa  la  sentence  du  L^t  et  condamna  Tour- 
nemire kfaire  absoudre  les  habitants  d'Auch  dans  le  d61ai  d'un  mois  (1). 
II  quitta  notre  pays  k  la  suite  dece  jugement  et  fut  se  fixer  a  Toulouse, 
oil  Tappelait  d'ailleurs  le  mariage  qu'il  avaifccontractd  avec  la  fiUe  d'un 
gentilhomme  de  ce  pays,  Catherine  de  Pagfese. 

Deux  si^cles  plus  tard,  un  descendant  d'Antoine  de  Tournemire  fut 
ramen^  par  un  mariage  aux  environs  d'Auch.  Les  vieilles  querelles 
6taient  oublites,  Thistoire  en  6tait  ensevelie  sous  la  poussifere  v^n^rable 
des  archives.  Henri  de  Tournemire  6pousa,  en  1707,  Marie-Josephe  de 
Montaut-Saint-Sivier,  fille  de  Frangois-Auguste  de  Montaut-Saint- 
Sivier,  seigneur  de  Malartic  et  de  Roquetaillade,  et  de  Jeanne-Marthe 
de  Tersac-Montberaut.  La  fiancee  apportait  en  dot  la  terre  de  Malartic. 

De  cette  union  naquit  un  fils,  Pierre-Joseph-Hector  de  Tournemire, 
seigneur  de  Malartic.  C'est  lui  qui  fut  Tauteur  du  changement  dont 
j'ai  parl6  en  commen^ant.  II  obtint  en  mai  1765  T^rection  de  la  terre 
de  Malartic  en  comt6,  sous  le  nom  de  Tournemire.  Les  lettres  d'6rec- 
tion,  conserves  aux  archives  d^partementales  du  Gers,  sont  pleines 
d'int^r^t;  elles  relatent  les  services  rendus  a  la  couronne  par  la  maison 
de  Tournemire,  et  en  particulier,  mais  a  un  point  de  vue  different  du 
n6tre,  par  le  t  Complice  de  Louis  XL  »  Voici  ces  lettres ; 

«  Louis,  par  la  gr^ce  de  Dieu,  etc.  Notre  cher  et  bien  aim6  Pierre- 
Joseph-Hector  de  Tournemire,  ancien  capitaine  de  dragons,  nous  a  fail 
exposer  que  la  maison  de  Tournemire  a  tenu  en  Auvergne  un  rang 
distingu6  d^s  le  xi®  siecle,  comme  d'anciens  cartulaires  et  VEtat  de  la 
France  en  font  mention;  qu'Antoine  de  Tournemire  6tablit  une  branche 

(1)  Archives  de  la  vtille  d'Auch, 


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—  269  — 

de  sa  maison  en  Languedoc,  ou  il  6pousa,  en  1468,  Catherine  de 
Pag&e,  d'une  des  plus  anciennes  maisons  de  cette  province;  qu'il  fiit 
cbambellan  et  pannelierdes  rois  Charles  VII,  Louis  XI  et  Charles  VIII; 
qu'il  fut  6lu  premier  eapitoul  de  Toulouse  en  1472,  temps  auquel  les 
plus  anciennes  maisons  se  faisoient  honneurde  cette  magistrature;  que 
ses  enfants  le  furent  aussi;  et  que  Henri  de  Tournemire,  son  peiit-fils, 
commandoit  au  si^gede  Montauban  les  troupes  que  la  ville  de  Toulouse 
fournit  au  roi  Louis  XIII,  auquel  il  rendit  hommage  de  douze  terres; 
que  ses  descendants  ont  toujours  servi  dans  les  armte;   que  sous 
Louis  XIV,  Henri  de  Tournemire  fut  mar^chal  de  camp,  gouvemeur 
de  la  ville  et  duch6  de  R^gio,  en  Italic,  et  que  Pierre,  son  Mre,  fut 
brigadier  inspecteur  d'infanterie  et  gouvemeur  de  Queyras  en  Dau- 
phin6;  qu'ils  eurent  cinq  neveux  tu6s  au  service,  tons  les  cinq  enfants 
de  Francois  de  Tournemire,  major  d'infanterie,  qui,  outre  ces  cinq 
enfants,  eut  encore  un  fils,  Henri  de  Tournemire,  mort  chez  lui  de  ses 
blessures,  apr^s  30  ans  de  service;  que  Texposant^   fils  unique  de 
Henri,  a  lui-m^me  servi  jjendant  dixanntes,  et  que  des  deux  enfants 
qu'il  avoit,  raln6,  enseigne  de  nos  vaisseaux,  est  mort  sur  meril  y  a 
quelques  mois,  et  le  cadet,  aprfes  avoir  6t6  officier  de  cavalerie  et  avoir 
6t6  r6form6  k  la  derniere  paix,  sert  actuellement  en  quality  de  garde 
marine;  que  Texposant  possMe  en  toute  propri6t6  la  terre  et  seigneurie 
de  Malartic,  mouvante  et  relevante  de  Nous  k  cause  de  notre  comt6 
d'Armagnac;  que  cette  terre,  situte  prfes  de  la  ville  d'Auch,  est  du 
revenu  d'environ  cinq  d  six  mille  livres;  qu'elle  a  un  gros  chftteau  et 
un  trte  grand  nombred'habitants;  et  que  Texposant  y  possMe  la  justice 
haute,  moyenne  et  basse. 

»  Sur  quoi  ledit  sieur  de  Tournemire  nous  a  trfes  humblement  fait 
supplier  d'^riger  sa  dite  terre  de  Malartic  en  comt^  sous  le  nom  de 
Tournemire  et  de  lui  accorder  nos  lettres  sur  ce  n^cessaires. 

»  A  ces  causes,  etc.  (Suit  la  formule  d*6rection  de  la  terre  de  Malartic 
en  comt^  sous  le  nom  de  Tournemire.)  Donn6  k  Versailles  au  mois  de 
mai  de  Tan  de  gr&ce  1765,  de  notre  rfegne  le  cinquantifeme  (1).  » 

Ohartes  du  monast^re  de  Pessan  (Xm*  sldole) 

Communication  de  M.  Despaux: 

A  quelques  kilomfetres  d'Auch,  sur  la  route  de  Castelnau-Barbarens, 
se  trouve  txhs  gracieusement  assis  au  flanc  d'un  coteau,  le  pittoresque 
Tillage  de  Pessan. 

(1)  Arch,  du  Gers,  C.  432,  p.  401. 


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—  270  — 

Le  voyageur  qui  le  contoume^  en  voyant  la  portb  de  ville  si  bien 
conserv6e  {k  iaquelle  il  ne  manque  que  le  pont-levis),  les  fossds  etles 
remparts  de  defense  qui  existent  encore  en  partie,  se  ireporte  malgr^  lui 
k  cette  6poque  du  moyen  ^e,  ou  les  petits  bourgs  isol6s.  si  souvent 
envabis  par  les  bordes  ^trang^res,ou  attaquds  par  de  puissants  voisins, 
n'avaient  d'autre  cspoir  de  salut  que  dans  la  solidity  de  leurs  murailles 
et  le  courage  de  leurs  peu  nombreux  habitants. 

Les  ruelles  sont  resserr^es  dans  un  etroit  espace  et  bien  des  maisons 
ont  conserve  leur  physionomie  d'autrefois,  surtout  dans  la  partie  lat^rale 
au  foss^  du  midi. 

Get  ensemble  de  maisons,  en  g^n^ral  peu  importantes,  estcouronn^ 
par  une  ^glise  fort  ancieune,  mais  dont  les  reparations  successives  ont 
denature  le  caractfere  primitif . 

Les  ouvertures  de  la  fa^de  orientale,  avec  leurs  dentelures  si  fines, 
appartiennent  sans  doute  au  xiv«  si^cle;  la  fagade  septentrionale  paralt 
plus  ancienne;  des  restes  d'anciennes  constructions  et  m&ne  des  traces 
d'incendie  y  sont  encore  visibles. 

Au  midi  etkTouest,  adoss^  k  T^glise,  setrouvaitl'abbaye  des  Bto^ 
dictins,  fondle  au  commencement  du  rx«  si^le  (en  817).  Elle  6tail 
placfe  avec  son  ^^lise  sous  le  vocable  de  Tarchange  saint  Michel. 
D6truit  pendant  lesguerres  des  Sarrazins  etdes  Normands,  le  monas- 
t^re  de  Pessan  fut  r^fabli  par  Arnaud-Guillaume,  comte  d'Astarac,  et 
Forton,  abb6  de  Simorre^  k  la  fin  du  x«  sitele  (en  988). 

Les  documents  bistoriques  concernant  le  monasl^re  de  Pessan  sont 
aujourd'hui  peu  nombreux  et  pourtant  Tin ventaire  dress6  par  les  offi- 
ciersmunicipaux  de  Pessan  le  30  novembre  1790(1),  nous  montre  que 
les  archives  du  monast^re  6taient  alors  tr^s  riches;  on  y  mentionne  des 
litres  qui  remontent  au  xn«  sitele.  Get  inventaire  est  malheureusement 
par  trop  sommaire.Le  hasard  m'a  fait  dteouvrir  derniferement,  dans  les 
papiers  de  M.  d'Arcamont,  une  pi^e  du  xviu®  sitele  intitule :  Titres 
concernant  la  dime  de  Pessan  et  contenant  Tanalyse  d'actes  du  xni*, 
du  XVI®  et  du  xvin®  si^le.  Gette  analyse  fut  faite  en  1783,  comme  pifece 
k  produire  pour  le  chapitre  de  Pessan  lors  du  proems  avec  la  commu- 
naut6  au  sujet  des  dimes. 

Je  me  bornerai  k  copier  telle  qu'elle  nous  a  4t6  donnie  Tanalyse  des 
acles  du  xin®  si^le  : 

<  S'ensuit  un  litre  sans  datte  en  parchemin  qui  contient  les  limites 


(1)  Publi6  par  M.  Tabb^  Paul  Gabent,  cur6  de  Pessan.  Reoue  de  Gascogne, 
xxxiv,  1893,  p.  171. 


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—  271  — 

des  dixmes,  agriers  k  prendre  en  Roquetaillade  et  k  Saint-Jean-Debats 
sur  les  terres  cultiv6es,  sur  les  hermes,  sur  les  lerres  redoubles,  et  sur 
les  pr6s,  partant  du  ruisseau  de  Mont6gul  k  la  Rousagnet,  aux  Garias 
et  aux  plans  de  Martres. 

»  Mois  de  may.  Sentence  arbitrale  de  Tofficial  d'Auch  de  1258,  qui 
d^lare  que  la  dixme  et  agriers  du  plan  de  Martres,  de  La  Rochepet 
seront  k  TAbb^  et  maison  de  Pessan,  de  mtoe  qu'ils  jouiront  en  en  tiers 
les  dixmes  et  agriers  et  touts  les  droits  qui  sont  dans  le  territoire  de 
Bats;  lequel  territoire  va  vers  le  midi  jusques  k  la  fondri^re  qui  est 
appellee  t  la  Comme  de  Raymond  »  et  de  cette  fondrifere  terminant  le 
territoire  de  Mont^gut  d'un  cost6  et  de  Tautre  celui  de  Saint-Michel 
de  Pessan,  et  semblablement  termine  ledit  plan  de  Martres  et  La 
Rochepet  par  le  sommet  de  la  Serre  vers  Torient  et  va  jusques  k  un 
pain  de  sucre  qui  est  entre  ledit  plan  de  Martres  et  le  plan  de  Garias; 
et  de  I^,  descendant  vers  Torient,  va  de  m^me  entre  ledit  territoire  de 
Garias  et  ledit  territoire  de  La  Rochepet  jusques  au  ruisseau  de  TArou- 
sagnet.  Et  ledit  official  d^ide  que  les  dixmes,  agriers  et  tons  les  droits 
de  tout  le  territoire  de  Bats  et  du  plan  de  Martres,  de  La  Rochepet  qui 
est  enclave  entre  lesdits  limites  doivenl  eslre  jouis  et  possM^s  paisi- 
blement  sans  aucune  contradiction,  et  que  les  "chevaliers  (1)  ou  leurs 
successeurs  ne  fairont  aucune  querelle,  moyennant  la  somme  de  cent 
sols  morlas  pour  lesdits  Olivier  et  Arnaud,  laquelle  somme  lesdits 
chevaliers  avouent  avoir  regeu . 

»  Au  mois  de  septembre  1258.  Donation  par  Pelegrin  Guiscarol, 
damoiseau,  et  dame  Longue,  femme  de  Guilhem  de  Montpezat,  et 
Gaillarde  sa  soeur  et  dame  Asste  leur  mfere,  de  la  terre  de  Bats  avec 
tous  les  honneurs,  droits,  censives,  oublies,  allodiaux,  agriers,  servi- 
tudes, moyennant  le  prix  de  cent  sols  morlas  qui  furent  pay6s  par  le 
seigneur  abb6  de  Pessan. 

»  Au  mois  de  septembre  1258.  Declaration  faitte  par  Bernard  d'Au- 
bian,  fils  d'Ispan  d'Aubian,  qui  prouve  que  toute  la  dixme  du  territoire 
du- champ  de  Saint-Pierre  appartenoit  au  monastferede  Saint-Michel; 
de  m6me  il  reconnoit  que  dans  Gaussan  et  dans  la  terre  que  poss^dent 
le  seigneur  Arnaud,  fils  de  Guilhem  de  Panassac,  chevalier,  et  le  sei- 
gneur de  la  Fitte  et  Pierre  de  la  Fitte,  damoiseaux,  et  Aisieu  de  Mont- 
pesat  et  Bernard  son  fr6re,  damoiseaux,  toute  la  dixme  appartient  k 
Pessan;  il  reconnoit  que  toute  la  dixme  du  plan  de  Martres  et  de  La 

(1)  On  a  reproduit  ici  I'analyse  telle  qu'elle  a  6t6  donn^e  par  le  moine  de 
Pessan;  la  sentence  arbitrale  a  ii6  rendue  entre  Tabbaye.  d'unepart,  et  les  che- 
valiers Olivier  et  Arnaud,  mentionn^s  plus  bas. 


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—  272  — 

Rochepety  k  raison  de  i'^lise  de  Saint- Jean  de  Bats,  appartient  au 
monast^re  de  Pessan. 

»  V  aoust  1260.  Reconnaissance  faitte  par  Guilhaume  de  Mont- 
pesat,  par  laquelleil  reconnoit  que  toutes  les  terres  culles,  hemies, 
dixmes  et  les  teremerids  (t)  et  les  agriers  de  l'6glise  et  territoire  de 
Bals  et  d'Albaian,  de  La  Rochepet,  du  plan  de  Martres  appartiennent 
k  Saint-Michel  de  Pessan,  et  que  du  terns  pass6  il  les  a  pris  et  les  a  fait 
apporter  dans  la  maison  de  Pessan,  et  dans  laquellerecoraioissanoe 
tous  les  laboureurs,  qui  sont  aupr^  d'line  trent^ne,  reconnoissent  la 
vMt6  ei  ne  reconnoissent  d'autre  seigneur. 

^  13  septembre  1265.  Declaration  que  fait  Hugues  et  Guilhaume, 
fils  de  son  frfere  (1)  Bernard  de  la  Fitte,  damoiseaux,  comme  les  dixmes 
et  6glises  de  Saint-Marlin  d'Auriac,  pres  le  village  ou  chateau  de  la 
Fitte,  ont  &ii  donn^es.  il  nV  a  m^moired'home,  par  ses  prM^cesseurs. 

»  1258.  Donation  faite  par  dame  Longue,  femme  de  Guilhaume  de 
Montpesat  et  par  Gaillarde  sa  soeur  et  par  Assin  leur  mfere,  de  tout  ce 
qu'elles  ont  dans  la  terre  de  Bats,  avec  tous  les  agriers,  honneurs, 
allodiaux. 

»  Avril  1223,  de  la  lune  le  26.  Donnation  faitte  par  Bernard  de 
Montaut  du  terroir  deXasserre,  avec  touts  ses  droits  sur  la  terre  de 
Lasserre.  > 

Aroh6ologie  oisteroienne 

,A  propos  des  details  arch6ologiques  signal^s  par  M.  Despaux,  M.  de 
Carsalade  rappelle  que  l%lise  de  Pessan,  comme  celle  de  Simorre,  est 
une  ^lise  cistercienne;  Timportance  de  I'^cole  cistercienne  au  moyen 
kge  a  6te  admirablement  mise  en  lumi^  dans  un  ouvrage  r^nt  (2); 
ces  moines  constructeurs  portferent  par  loute  TEurope  au  moyen  llge 
le  renom  des  architectes  frangais.  Leurs  ^lises  pr6sentent  partout  les 
m6mes  dispositions  et  la  m6me  architecture;  telles  on  les  a  vues  en 
Espagne  ou  en  Italic,  telles  on  les  retrouve  en  Danemarck  ou  en  Nor- 
v^e;  il|  est  done  important  de  signaler  les  deux  seuls  exemples  que 
nous  ayons  dans  le  Gers  de  ce  genre  de  constructions. 

La  Society  fixe  au  2  avril  la  date  de  sa  prochaine  reunion. 


(1)  C'est-ftrdire  frfere  de  Hugues. 

(2)  Camille  Enlart^  r Architecture  gothique  en  Italic  {Reoue  arch6ologiqua^ 
1893.) 


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CHRONIQUES  LANDAISES 


LA    FRONDE 


III 

Condd  en  Guyenne.  —  Le  mar6chal  de  Gramont  avait 
quitt6  la  Cour  au  moment  des  plus  graves  complications, 
et  sa  presence  en  Guyenne  ne  devait  pas  suflBre  h,  main- 
tenir  la  paix  dans  la  province.  L'orage  qui  la  mena§ait 
depuis  si  longtemps  allaitenfin  6clater  sur  elle,  sans  que 
rien  pftt  6chapper  k  la  devastation.  Le  nouveau  gouver- 
neur,  Cond6,  6tait  d6ja  installs  parmi  nous.  Pourgagner 
les  gens  k  sa  cause,  il  avait  promis  d'avance  de  prendre 
«  un  soin  tout  particulier  de  soulager  son  gouvernement 
»  lorsqu'on  donnera  les  quartiers  d'hy ver  aux  trouppes  * 
))  (3  septembre).  »  NuUe  promesse  ne  pouvait  le  rendre 
plus  populaire;  aussi  son  apparition  parmi  nous  fut-elle 
con8id6r6e  comme  un  bienfait  pour  la  province  6pui86ede 
ressources;  mais  les  illusions  furent  vite  dissip6es :  « tout 
»  le  monde  d6siroit  la  venue  de  Monsieur  le  Prince, 
»  croyant  6tre  k  la  fin  de  la  guerre,  mais  ce  fut  bien  le 
»  contraire,  car  Mohsieur  le  Prince  se  fit  payer  les 
))  tallies  par  force  et  envoya  grand  nombre  de  cavaliers 
»  en  Chalosse...  Le  commandant  de  Monseigneur  le 
))  Prince  se  tenoit  a  Tartas,  et  le  receveur  des  tallies,  et 
»  quand  on  manquoit  de  porter  les  tallies  k  Tartas,  11 
»  envoy oit  les  cavaliers  par  les  paroisses.  La  ville  de 

(•)  Voir  la  livraisou  de  £4vrier  1894,  page  88. 

(1)  A/-c/(.  hiaton  do  la  Gaaoogno,  fosc.  i,  p.  45,  lettre  it  Poyanne. 

Tome  XXXV.  -  Juin  1894.  18 


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—  S74  — 

))  Tartas  se  tenoient  tous  pour  le  Prince*.  »  Celui-ci 
avait  d6jar6ussifi  placer  k  Mont-de-Marsan  eta  Grenade 
des  garnisons  qui  lui  6taient  d6vou6es;  de  plus,  les  villes 
et  cominunaut6s  d'Albret  s'6taieiit  empress6es  de  lui 
prodiguer  les  marq^ues  de  leur  respect  et  de  leur  d^vou- 
ment.  Dax  et  Saint-Sever  d616guerent  aussi  auprfes  de 
lui  des  d6put6s  «  pour  donner  les  assurances  des  bons 
))  desseina  du  corps  de  ville  et  du  peuple  *;  »  mais  en 
m^me  temps  ces  deux  cit6s  avaient  soin  de  «  protester 
))  de  leur  fid61it6  au  service  du  Roy  ^.  » 

Poyanne  pr(}pare  la  d&fense  da  pays.  —  Ce  dernier 
point  n'6tait  pas  ce  qui  pouvait  le  mieux  sourire  a  Cond^; 
car  par  leur  importance  ces  deux  places  devaient  avant 
toutes  les  autres  tenter  son  ambition  et,  si  leurs  habitants 
montraient  des  dispositions  si  peu  favorables  a  ses  pro- 
jets,  il  savait  par  experience  combien  6tait  in6branlable 
la  fid61it6  du  gouverneur  charg6  de  veiller  sur  elles.  D6ja, 
eneffet,  pour  pr6venir  les  mauvaises  intentions  du  Prince, 
le  marquis  de  Poyanne  s'6tait  pr6occup6  de  completer 
Tarmement  et  Tapprovisionnement  de  la  ville  de  Dax.  II 
avait  done  r6clam6  a  Bayonne  les  deux  pieces  de  canon 
et  les  deux  cents  boulets  qu'il  avait  dil  y  envoyer  pr6c6- 
demment  par  ordre  du  roi  (17  aoilt)  *.  Chacun  se  tenait 
en  6veil  et  Gramont  6crivait  de  Bidache  aux  bayonnais : 
((  Voici  un  temps '  oti  il  ne  faut  pas  s'endormir  et  0(1  il 
))  faut  user  a  bon  escient  de  toutes  les  precautions  qui 
))  seront  possibles,  a  moins  que  Ton  se  veuille  perdre 
»  (5  octobre)  *.  »  Aussi  Poyanne  re§ut-il  commission  de 
lever  un  regiment  de  douze  compagnies  (100  hommes 


(1)  Laborde  Peboue,  Relation  cirltable...  {Arm,  doa  Landos,  iii,  p.  463. 

(2)  Arch,  de  Dax,  B.  B.  3.  f«  60. 

(3)  Arch,  de  Saint-Sever,  B.  B.  2,  f<»  270. 

(4)  Arch,  de  Bayonne,  E.  E.  92,  n"  19. 

(5)  Arch,  de  Bayonne,  E.  E.  92,  n'  27. 


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—  275  — 

par  compagnie)  et  im  regiment  de  cavalerie  16g6re,  afln 
de  pourvoir  k  la  conservation  de  Dax  et  de  garantir  les 
terres  de  son  gouvernement  «  des  violences  et  pilleries 
))  des  troupes  de  M.  le  Prince.  »  II  luifut  allou6  en  m6me 
temps  quatre  mille  livres  «  pour  remonter  le  canon  de 
))  Dacqz.  »  (24  novembre)*. 

Deiuridme  rapture.  —  Tous  ces  pr6paratifs  engagfe- 
rent  Cond6  a  redoubler  lui-mfeme  d*activit6.  En  sa 
quality  de  gouverneur  de  Guyenne,  d6s  le  mois  d'octo- 
bre,  il  avait  port6  une  ordonnance  par  laquelle  il  d6fen- 
dait  aux  coUecteurs  des  tallies  de  remet'tre  h.  Tavenir  le 
produit  de  ces  impositions  autrement  que  par  son  ordre 
et  a  d'autres  personnes  que  celles  qui  seraient  d6sign6es 
par  lui-m6me,  sous  peine  d'etre  contraints  a  payer  une 
seconde  fois.  Guyonnet,  membre  influent  du  Parlement 
de  Bordeaux  et  tout  d6vou6  k  la  cause  du  Prince,  avait 
6t6  nomm6  intendant,  et  a  ce  titre  prenait  des  mesures 
pour  f aire  rentrerles  arr6rages  des  impdts.  Comme  avant 
tout  il  fallait  de  Targent,  les  cavaliers  recommencferent 
leurs  terribles  incursions  a  travers  la  province  et  r.6re 
des  grands  d^sastres  f  ut  rouverte  pour  nos  malheureuses 
populations. 

tt  Les  diets  cabaliers  de  Monseigneur  le  Prince  arrivferent&  Doazit 
en  decembre  1G51...  demeurant  deux  jours  et  firent  de  grands  dom- 
mages,  ct  entr'autrcs  allcrent  de  nuit  voler  la  maison  d'Espaunicjmais 
M.  de  Doazit  de  tout  son  pouvoir  ^pargna  fort  Doazit,  car  autrement  il 
s'y  en  fut  fait  beaucoup  plus  de  maux...  et  y  furent  retourn^s  s'il  n'eut 
6t6  M.  de  Doazit,  lequel  travailla  fort  pour  Doazit.  M.  de  Justes, 
arehipr^lre  de  Doazit,fit  tirer  un  monitoire,  disant  que  les  dits  cavaliers 
Tavoient  pris  argent,  papiers  et  linge  et  un  cheval  et  autres  meubles. 
Les  dits  cavaliers  demeurant  longtemps  sur  le  pays  fesant  de  grands 
ravages  (2).  > 

En  m6me  temps,  ^  Tappel  du  prince  de  Cond6,  Marsin, 

(1)  Arch,  hist,  tie  la  Gascognc,  fasc.  i,  p.  49.  (Lettre  deM.de  la  Vrillifere). 
^2)  Labordo  Pebou^,  Relation  oirltablo..,  (Arm.  des  Landcs,  t.  in,  p.  463.) 


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—  276  — 

qui  commandait  pour  le  roi  en  Catalogue,  repassa  les 
Pyr6u6es  sans  attendre  les  ordres  de  la  R6gente  qui, 
pour  le  maintenir  fiddle,  lui  envoyait  les  lettres  de  Vice- 
Roi^  II  se  jeta  dans  le  Languedoc  avec  Balton,  Lussan, 
Mont-Pouillan,  La  Marcousse,  et  ce  qu'il  put  d6baucher 
des  troupes  plac6es  sous  son  commandement.  Cette  defec- 
tion fit  perdre  la  Catalogne  h  la  France,  au  moment  oil 
le  prince  de  Conti  et  M"*®  de  Longueville  arrivaient  a 
Bordeaux  avec  le  due  de  Nemours  et  od  tous  ces  m^con- 
tents  se  d6terminaient  k  recommencer  la  lutte.  Les  pre- 
miers soldats  que  leur  amena  Marsin  furent  d'abord 
lanc6s  sur  la  Garonne  et  la  Dordogne,  oil  ils  combattirent 
avec  de  grandes  alternatives  de  succ6s  et  de  revers.  La 
Cour,  sans  se  laisser  d6concerter  par  cette  nouvelle  lev6e 
de  boucliers,  r6sistait  6nergiquement  aux  r6volt^. 
Turbine,  rentr6  dans  le  devoir,  avait  pris  dans  le  nord  la 
dir/5ction  des  troupes  royales  et  le  cardinal  Mazarin, 
r^venu  de  Cologne,  oil  il  s'6tait  retir6  pendant  quelque 
temps,  lui  conduisait  plusieurs  regiments  de  renfort. 

Saint-Sever  demeure  Jiddle.  —  Avant  de  reprendre  les 
hostilit6s,  Anne  d'Autriche  fit  declarer  rebelles  tous  ceux 
qui  adhfereraient  k  la  Fronde  et  le  roi  envoya  (24  et  29 
d6cembre)  k  ses  procureurs  de  Dax,  Saint-Sever,  Mont- 
de-Marsan  et  Tartas  le  commandement  de  faire  enregis- 
tverk  leurs  sieges  respectifs  les  declaration^  port6es  a  tant 
))  contre  M.  le  Prince  que  contre  le  Parlement,  ville  de 
»  Bordeaux  et  autres  qui  se  sont  unies  a  elles*.  »  Ainsi 
la  guerre  6tait  d6clar6e.  Tandis  que  Tartas,  Mont-de- 
Marsan  et  Grenade  accueillaient  dans  leurs  murs  les 
garnisons  des  frondeurs  *,  Saint-Sever  r6sista  k  toutes 

(t)  Mim.  du  card,  de  Rets,  t.  ii,  p.  84-86. 

(2)  Arch,  hisU  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  54 (Lettre  de  La  Vrillifere  k  Poyanne, 
19  janv.  1652). 

(3)  Laborde-P^bou^,  Relation  veritable..,  (Arm.  dea  Landes,  t.  in,  p.  464). 


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—  «77  — 

les  sollicitations  des  rebelles.  Pour  essayer  de  gagner  k 
sa  cause  les  jurats  de  cette  ville,  le  prince  de  Conti, 
fr6re  de  Cond6,  leur  6crivait  d'Agen  que  c'6tait  avec 
beaucoup  de  peine  qu'il  avait  appris  « la  mauvaise  conduite 
»  de  ses  gens  de  guerre  a  leur  6gard.  »  lis  avaient  agi 
au  m6pris  de  ses  ordres  et  de  ceux  de  son  fr6re;  car  tous 
les  deux  n'avaient  pour  objet  que  «  le  soulagement  des 
))  peuples  et  la  protection  du  gouvernement  centre  les 
))  entreprises  tiraniques  du  cardinal  Mazarin  et  de  ses 
))  partisans.  »  II  compte  done  tou jours  sur  leurs  bons 
sentiments  et  il  va  leur  «  envoier  rabb6  de  Ci^ssac 
))  pour  s'en  assurer  et  pour  leur  communiquer  en  mfeme 
»  temps  un  escript  qui  coiltient  les  propositions  d'acco- 
»  modement  faites  kM.de  Poyanne  afln  de  donner  du 
))  calme  au  pays.  »  (3  Janvier  1652)*.  Malgr6  des  pro- 
messes  si  s6duisantes,  les  jurats  refusferent  d'entrer  dans 
le  mouvement  soulev6  centre  Mazarin  et  ils  r6pondirent 
au  prince  de  Conti  quils  6taient  d6sol6s  de  ne  pouvoir 
donner  pleine  satisfaction  a  ses  d6sirs. 

Essai  de  conference.  —  Sans  attendre  plus  longtemps, 
le  marquis  de  Poyanne  se  mit  en  campagne  pour  r6primer 
les  exc6s  des  frondeurs.  II  attaqua  les  gens  du  Prince  h. 
Arengosse,  leur  tua  dix  hommes  et  emfeiena  cinquante 
prisonniers  k  Dax :  «  ce  f  ut  bien  cause  de  plusieurs  maux 
»  par  depuis  en  Chalose*.  »  (5  Janvier).  Les  frondeurs  ne 
furent  d6courag6s  ni  par  ce  premier  6chec,  ni  par  le 
refus  que  venaient  de  leur  adresser  les  jurats  de  Saint- 
Sever,  lis  d6put6rent  un  «  bourgeois  de  Mont-de-Marsan  », 
nomm6  de  TArtigue,  pour  annoncer  aux  Saint-S6verins 
que  le  repr6sentant  du  prince  de  Conti  venait  d'arriver : 
c'6tait  rabb6  de  Cosnac.  Cet  6missaire  avait  ordre  de 
rappeler  imm6diatement  de  la  Chalosse  les  troupes  du 

(1)  Arch,  de  Saint-Sever,  BB.  1. 

(2)  Laborde  P6bou4,  relation  oiritable..,  {Arm*  dea  Landes)  t.  in,  p,  464. 


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—  278  — 

prince  de  C!oiid6,  si  le  marquis  de  Poyanne  retirait  les 
siennes.  II  demandait  done  k  ce  sujet  une  conference  a 
laquelle  Mont-de-,Marsan  et  Tartas  enverraient  leurs 
d6put6s.  Les  populations  6taient  trop .  accabl6es  par  les 
mis6res  de  la  guerre  pour  qu'une  pareille  proposition  ne 
fdt  pas  accueillie  avec  reconnaissance.  Le  conseiller  Dupin, 
de  Saint-Sever,  se  rendit  aussitdt  auprfes  du  gouverneur 
de  Dax,  pour  le  supplier  d*accorder  cette  conference  qui 
devait  decider  de  la  pacification  du  pays.  Poyanne,  mieux 
au  courant  que  tout  autre  de  ce  qui  se  passait,  ne  voulait 
pas  se  laisser  amuser  par  ces  n6gociations  et  songeait 
plut6t  k  combattre.  Aussi,  malgr6  Tintervention  de  r6- 
v6que  de  Dax  [Jacques  Desdaux,  de  Mugron],  que  Ton 
avait  pri6  de  vouloir  bien  s'employer  en  cette  circons- 
tance  et  intervenir  auprfes  du  gouverneur,  la  conference 
n'eut  pas  lieu,  ou  du  moins,  si  elle  se  r6unit,  n'aboutit  a 
aucun  r6sultat  et  les  hostilit6s  furent  continu6es  avec 
une  nouvelle  ardeur. 

Poyanne  fortijie  Saint-Sever.  —  A  la  suite  de  son 
succ6s  d'Arengosse,  Poyanne  fut*  autoris6  k  donner  un 
emploi  dans  ses  troupes  aux  prisonniers  qu'il  avait  faits 
dans  cette  premiere  rencontre,  ou  bien  a  en  user  a  leur 
6gard  comme  il  jugerait  prudent.  Pour  faire  face  au 
peril  qui  mena^ait  alors  son  gouvernement,  il  re?ut  aussi 
le  pouvoir  de  lever,  comme  il  le  demandait,  trois  nou- 
velles  compagnies  de  cavalerie  et  une  d'infanterie,  s'il 
pouvait  trouver  les  fonds  necessaires  k  leur  entretien* 
(19  Janvier).  Les  forces  lui  parurent  insufiisarites  pour 
defendre  la  Chalosse,  il  dut  y  ajouter  douze  compagnies 
d'infanterie  et  trois  de  cavalerie*.  En  m^me  temps  il 
re^ut  ordre  de  traiter  comme  des  rebelles  tous  les  parti- 
sans de  M.  le  Prince  et,  ainsi  qu'il  6tait  porte  dans  la 

(1)  Arch,  hist,  cle  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  54.  (Lcttre  de  La  VrilUfere). 

(2)  Arch.  hist,  do  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  55. 


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—  ^"9  — . 
declaration  du  8  octobre  1651,  de  faire  loger  les  troupes 
chez  eux,  pour  soulager  les  serviteurs  de  Sa  Majest6, 
«  tout  autant  qu'il  sera  possible,  pour  faire  voir  le  soing 
))  que  Ton  veut  prendre  de  ceux  qui  sont  dans  leur 
))  deb  voir  et  obliger  les  autres  a  s'y  mettre  ^  »  Dte  lors,  les 
pr6paratifs  militaires  furent  pouss6s  activement.  Ren6 
du  Plessis,  comte  de  Jarz6,  que  Mazarin  avait  chass6  de 
la  Cour,  commandait  k  Mont-de-Marsan  au  nom  du 
prince  de  Cond6.,  et  inspirait  de  vivos  inquietudes  k  tons 
les  voisins  de  cette  ville.  Pour  se  mettre  a  Tabri  des  entre- 
prises  de  ce  chef,  Saint-Sever  envoya  demander  des 
secours  au  mar6chal  de  Gramont  et  a  Poyanne  *.  On  vit 
aussitdt  accourir  dans  la  ville  menac6e  une  compagnie  de 
gendarmes  de  Monseigneur  le  due  d'Epernon,  conduite 
par  le  vicomte  de  Poudenx,  puis  six  compagnies  d'infan- 
terie  du  regiment  de  Poyanne,  commandoes  par  le  mar- 
quis de  Saint-Luc.  On  construisit  une  barriere  k  laporte 
de  Ponticqz;  les  autres  portes  d'une  place  si  importante 
furent  Ogalement  fortifi6es  et  mur6es.  On  6tablit  «  des 
magasins  de  poudre,  plomb,  mesches,  )>  et  des  d6p6ts 
d'armes;  en  un  mot  on  n'oublia  rien  pour  assurer  la 
defense  de  la  ville  et  la  conservation  du  chateau. 

Echec  de  Poyanne.  —  Les  garnisons  6tablies  par  les 
frondeurs  dansquelques'cites  landaises  continuaientleurs 
excursions  et  par  leurs  pillages[achevaient  de  ruiner  les 
populations.  «  Le  19  de  fevrier  les  cavaliers  de  Tartas 
))  alloienta  Singresse  et  firent  plusieurs  ravages  etm6me 
))  aux  metayers  de  M.  de  Poyanne  et  porterent  tout  a 
))  Tartas  \  »  Pour  mettre  fin  &,ces  entreprises,  le  gouver- 
neur  de  Dax  songeait  a  frapper  un  coup  d'edat.  II  avait 
donne  rendez-vous  a  ses  troupes  k  Saint-Sever,  pour  le 

(1)  Arch.  hist,  de  la  Gascojne,  fasc.  i,  p.  55. 

(2)  Arch,  dc  Saint-Sever,  BB.  3. 

(3)  Laborde-P6boud,  Relation  oiritablo,.,  (Arm,  des  Laadcs,  t.  iii,  p.  464). 


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—  280  — 

mardi  20,f6vrier  et  il  apparut  lui-mfeme  au  milieu  d'elles 
au  jour  flx6.  Malgr^  ses  protestations  de  fld61it6  au  roi, 
depuis  longtemps  Mont-de-Marsan  6tait  suspect.  Afln  de 
mieux  connaitre  ses  sentiments,  Poyanne  se  pr6senta 
devant  cette  place,  le  mercredi  21  f6vrier;  il  avait  amen6 
avec  lui  300  chevaux,  deux  mille  hommes  *  appuy6s  par 
quatre  pieces  de  canon,  et  demandait  k  6tre  re?u  dans  la 
ville  avec  son  escorte.  Sous  Tinspiration  de  Joseph  de 
Prugues,  lieutenant  particulier  au  si6ge  de  Mont-de- 
Marsan  et  ardent  partisan  de  Cond6 ",  les  montois  refu- 
sferent  d'acc6der  k  cette  demande.  lis  essay6rent  d'abord 
de  d6tourner  Poyanne  de  son  projet,  lui  repr6sentant 
«  qu'il  n'y  avoit  rien  qui  Fobligeasta  venir  k  main  arra6e 
»  centre  nous,  disaient-ils,  d'autantque  nos  actions  avoient 
))  tousiours  est6  conformes  au  service  du  Roy  et  nos 
))  volontez  ne  respiroient  que  Tobeyssance  pour  Sa 
»  Majesty  et  pour  monseigneur  le  Prince.  »  lis  persis- 
t6rent  k  lui  interdire  Taccfes  de  la  place,  alors  m6me  quil 
((  fit  ofifre  de  n'entrer  dans  la  ville  que  comme  amy  et 
»  avec  sa  maison  seulement.  »  Bien  plus,  dans  une 
seconde  assembl^e  des  habitants,  convoqu6s  par  le  maire 
et  les  jurats,  « il  fut  conclu  d'une  commune  voix  qu'on  ne 
))  pouvoit,  ny  devoit,  ny  vouloit  luy  donner  entr6e  en 
»  aucune  fa^on  *.  »  Poyanne  n'6tait  pas  homme  a  se  retirer 
sur  une  simple  menace.  II  voulutdonc  tenter  Tassautdu 
faubourg  du  Port,  mais  il  vit  ses  troupes  repouss6es  par 
Iesassi6g6s.  A  dix  heures  du  soir,son  lieutenant-colonel, 

(1)  C'est  le  cbiffredonn6  par  la  Relation  do  la  di/aite  do  Varmicdu  marguif 
de  Saint-Luc  aoec  la  looia  du  sidge  de  la  oille  do  Mondemarsan,  Jowrte  la 
coppixi  imprimde  d  Bourdeaux  (\PsLris,  chpz  Jean  Brunei,  rue  Sainte-Anne» 
1652,  8  p.  Bayonne,  bibi.  A.  Dc^troyat).  D*apr^s  une  autre  plaquette  (R6eit  ciri- 
table  de  cc  qui  a'est  paasd  au  Mont-d^-Maraan  contre  lea  trouppca  du  marquis 
de  Poyanne,  Jean  Brunei,  1652),  le  chef  royaliste  n'avait  que  800  hommes. 

(2)  Pour  le  punir  de  son  intervention,  le  marquis  de  Saint-Luc  d^fendit  plus 
tard  aux  consuls  de  la  ville  de  I'^tablir  comme  maire  de  la  cit^  (21  novembre 
1682).  Arch.  hist,  do  la  Gascoync,  fasc.  i,  p.  104. 

(3)  RicU  veritable  de  ce  qui  a'ostpc^sai  au  Mont-de-Maraan.,.,  p.  4. 


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—  281  — 

Daniel  de  Bourbon,  seigneur  de  RoUie  et  de  Pontenx, 
fut  tu6  en  visitant  les  bless6s  et  en  faisant  une  recon- 
naissance de  la  place  ^  Poyanne,  douloureusement  aflEect6 
de  cette  perte",  s'61oigna  le  lendemain  (jeudi  22  f6vrier), 
laissant  sur  le  terrain  a  quantit6  des  assi6geants  tu6s*  et 
»  les  canons  pris.  »  II  se  contenta  d'exiger  qu'une  d6pu- 
tation  de  la  ville  vint  «  pour  luy  rendre  quelques  civi- 
))  litez  * ))  et  ce  t6moignage  de  respect  lui  fut  accord^  sans 
plus  de  difflcult6s.  En  apprenant  que  Mont-de-Marsan 
6tait  menac6,  Cond6  avait  donn6  ordre  au  sieur  de  Maze- 
roUes  de  venir  au  secours  de  la  ville  avec  les  regiments 
de  Bordeaux  et  de  Lusignan;  mais  quand  ce  capitaine  se 
pr6sentale  si6ge  6tait  d6jii  lev6  •.  Du  reste,  cet  6v6nement 
avait  profond6ment  6mu  les  populations,  et  les  commu- 
naut6s  qui  se  trouvaient  aux  environs  de  Mont-de-Marsan 
envoyaient  des  messagers  pour  se  tenir  au  courant  des 
nouvelles  •. 

Sidge  de  Miradoux.  —  Cet  6chec,  un  peu  humiliant 
pour  Tamour-propre  de  Poyanne,  n'6tait  pas  le  plus 
sensible  de  ceux  qui  6taient  r6serv6s  aux  troupes  royales. 
Ce  m6me  jour  (jeudi  22  f^vrier),  le  prince  de  Cond6  avait 
mis  en  d6route,  a  Miradoux,  pr6s  de  Lectoure,  «  trois 
))  mil  hommes  de  pied,  leur  cavalerie  en  tout  faible  et 
»  mal  arm6e',  »  que  commandait  le  marquis  d'Epinay 
de  Saint-Luc.  Ce  fut  une  surprise  que  le  capitaine  malheu- 

(1)  Laborde-P6bou6,  Relation  c4ritable,,,  {Arm.  des  Landes,  p.  464). 

(t)  Daniel  de  Bourbon  6tait  fils  de  Marie  de  Castehiau  et  petit-fils  de  Jacques 
de  Castelnau;  il  dtait  par  consequent  cousin-germain  de  la  marquise  de  Poyanne, 
Jeanne-Marie  de  Castelnau,  flUe  d'Antonin  et  aussi  petite-iille  de  Jacques  de 
Castelnau. 

(3)  D'aprfes  certains,  Poyanne  eut  25  ou  30  hommes  tu4s;  un  autre  cbroniqueur 
dit  4  &  500  tu^s  et  autant  de  blesses;  mais  ces  demiers  chiffres  sont  ^videmment 
exag^r^s,  car  Tarm^e  royaliste  aurait  M  an^antie. 

(4)  R6cU  o^ritable  de  ve  quis'est  paesd  au  Mont-de-Marsan.,, y  p.  7. 

(5)  Relation  de  la  d^alte  de  VarnUe  da  marquis  de  Saint-Luc,,,,  p.  8. 
(Bayonne,  bibl.  A.  D^troyat.) 

(6)  Arch,  de  ViUeneuve-de-Marsan,  CC.  9,  n«  1. 

(7)  Relation  de  la  d^faite,,,,  p.  7.  D'autres  diseatcinq  &  six  mille  hommes. 


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reux  voulut  expliquer  en  s'excusant  sur  son  manque  de 
cavalerie  (25  f6vrier)^  Du  reste,  une  d6route  dans 
laquelle  il  n'y  a  pas  eu  quarante  «  hommes  tu6s  » •  ne 
f ut  pas  aussi  complfete  que  les  f rondeurs  voulaient  le  faire 
supposer.  Ceux-ci  pr6tendaient  avoir  poursuivi  «  les 
))  f  uyards  jusqu'a  Lectoure,  oil  Ton  ne  pense  pas  qu'il  en 
»  soit  arriv6,  aiant  est6  tous  presque  tuez  ou  faits  pri- 
))  sonniers  ^  »  Quelque  profond  que  fCit  le  d6sastre,  il  ne 
tarda  pas  a  6tre  r6par6,  a  la  suite  d*une  faute  commise 
par  le  prince  de  Cond6.  Au  lieu  de  profiter  du  d6sarroi  de 
ses  adversaires,  ceg6n6ral  immobilisa  ses  troupes  devant 
la  miserable  bicoque  de  Miradoux,  a  oil  le  sieur  de  Marin, 
»  mareschal  de  camp,  ce  qui  reste  des  offlciers  et  des 
»  soldats  du  regiment  de  Champagne  et  de  Lorraine 
»  sont  enferm6s  *,  »  et  il  entreprit  d'en  faire  le  si^e.  Le 
27  f6vrier,  la  br^che  6tait  praticable  et  les  frondeurs  se 
pr6cipit6rent  a  Tassaut.  Mais  ((.au  moment  de  p6n6trer 
dans  la  place,  un  spectacle  et  une  barri6re  inattendus  les 
arr6tent :  un  second  foss6,fournaise  ardente,  s'ouvresous 
leurs  pieds.  Celle  des  maisons  adoss(ies  a  la  muraille,  a 
travers  laquelle  le  canon  avait  ouvert  un  passage,  s'6tant 
(^croul6e  dans  ses  caves  avec  ses  boiseries  et  ses  char- 
pentes,  les  assi6g6s  y  avaient  misle  feu.  Pendant  que  les 
assaillants  sont  obliges  de  suspendre  Tassaut,  les  assi(3g6s 
construisirent  en  arrierede  nouvelles  defenses*.  »  Cond6 
ne  so  d6couragea  pas;  il  fit  pousser  les  travaux  avec  plus 
de  vigueur,  et  la  ville,  r6duite  a  rextr6mit6,  craignant 
de  tomber  entre  les  mains  des  soldats  qui  6taient  des 
((  forsenats  do  rage  et  avides  de  sang  *,  »  promit  de  faire 

(1)  Arcli.  di  Minist{;re  do  la  guerre,  vol.  cxxxuu  f'  217. 

(2)  Arcli.  Naft..  K\.  1219, 1'  231  (Lettre  de  Tracy  a  Mazariu,  16  mars). 

(3)  Rf'latlon  do  la  dejaito...,  p.  7. 

(4)  Id.,  ibid. 

(5)  Cpmte  de  Cosnac,  Souconirs  du  rdgne  de  Louis  XIV,  t.  i,  p.  410. 

(6)  Arch,  de  Miradoux,  Hcg.  paioissiaux.  (Arch.  hist,  do  la  Gascogne^  fasc. 
I,  p.  60.; 


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oflfrir  chaque  ann6e,  par  chacun  de  ses  quatre  consuls, 
•un  cierge  Wane  du  poids  de  quatre  livres,  le  jour  de  la 
f6te  de  saint  Joseph  (19  mars),  si  par  Tintercession  de  ce 
bienheureux  patriarche  elle  obtenait  sa  d61ivrance.  Ce 
vceu  fut  exauc6,  et  le  6  mars  Cond6  dut  se  retirer  devant 
le  conxte  d'Harcourt*  qui  arrivait  a  la  t^te  de  dix  mille 
hommes.  Le  nouveau  chef  des  troupes  royales  pouvait, 
en  poursuivant  activement  le  prince,  le  contraindre  a 
mettre  bas  les  armes  et  terminer  ainsi  la  guerre  civile; 
mais  il  semble  qu'il  ait  eu  a  coeur  de  manager  cet  adver- 
saire,  car  il  permit  a  son  arm6e  de  se  disperser  pour  piller 
les  campagnes,  et  alors  qu'il  lui  suflHsait  de  quatre  heures 
de  marche  k  travers  le  territoire  de  Miradoux  pour  se 
rendre  a  Astaflort  oil  Cond6  s'6tait  retir6,  il  mit  huit  jours 
k  gagner  cette  place.  A  son  arriv^e,  le  Prince  n'y  6tait 
plus;  d6courag6  par  les6checs  qu'il  venait  de  subir,  apr6s 
avoir  6tabli  ses  troupes  en  silret6  derrifere  la  Garoftne,  il 
avait  quitt6  la  Guyenne  pour  se  rendre  k  Paris  oil  Tappe- 
laient  les  int6r6ts  de  sa  cause. 

Combat  de  Poyale.  —  En  s'61oignant  de  notre  pays, 
Cond6  avait  laiss6  le  commtindement  sup6rieur  des 
rebelles  a  son  fr6re  le  prince  de  Conti,  qui  avait  sous  ses 
ordres  Marsin  comme  capitaine.  C'est  parmi  nous  que 
la  guerre  allait  maintenant  exercer  ses  ravages.  Appre- 
nant  la  d6faite  de  Saint-Luc  a  Miradoux,  sans  attendre 
les  ordres  qui  ne  pouvaient  manquer  de  lui  parvenir  plus 
tard,  Poyanne  avait  r6uni  tout  ce  qu'il  avait  alors  de 
soldats  sous  la  main  et  s'6tait  mis  en  route  pour  rejoindre 
le  comte  d'Harcourt  (24  f^vrier).  L'un  des  lieutenants  de 
Cond6,  nomm6  Darricau,  sortit  aussit6t  de  Grenade,  et 

(I)  II  avait  acheUi  la  vicomt^  de  Marsan,Tursan  etOabardan  le  16 mars  1643; 
mais  le  roi  s'etait  reserve  «  les  justices  et  domaines  des  villes  et  lieux  dela 
»  baronnie  de  Ferquie,  Saint-Justin,  Cazeres,  le  Vigneau,  Pimbo,  Villeneuve, 
»  le  Frdche,  Aire,  le  Mas-d'Aire,  »  c6d6s,  nousl'avonsdit,  ii  d'autres  acqu^reurs, 
(Voir  Hoom  de  Gasoognc,  septembre  1893,  p.  387.) 


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—  284  — 

vint  k  sa  rencontre  pour  lui  barrer  le  passage.  «  Le  2  mars 
»  1652,  une  compagnie  de  cabaliers  de  monseigneur  le 
»  Prince  arrivSrent  a  Doazit^  »  Les  deux  troupes  se 
heurtferent  k  Tombre  du  vieux  donjon  de  Poyal6  (Saint- 
Aubin,  canton  de  Mugron);  Darricaufut  battu  «  et  undes 
))  plus  grands  de  monseigneur  le  Prince  y  demeura  mort 
»  sur  la  place,  devant  le  chateau  de  Puyoll6,  et  les  gens 
))  de  monseigneur  le  Prince  s'en  retournferent  droit  a 
»  Grenade,  du  lieu  d'oil  ils  6taient  venus,  et  en  passant 
»  dinferent  a  Doazit.  »  Les  habitants  de  ce  village  comp- 
tferent  a  Darricau  «  700  livres,  sur  la  promesse  qu'il  leur 
»  fit  de  n'y  retourner  plus,  et  le  lendemain  ils  passferent 
»  le  cavalier  mort  par  Doazit  et  le  port6rent  k  Grenade.  » 
Ce  petit  succes  eut  pour  r6sultat  de  d6gager  la  route  et  permit 
k  Poyanne  d'arriver  aupr6s  du  comte  d'Harcourt  qu'il  re- 
joignitaux  environs  d'Astaffort"  dans  les  premiers  jours  de 
mars;  nous  le  trouvons  k  Gondrin,  le  22  du  m6me  mois  \ 

Les  frondeurs  quittent  les  Landes.  —  D.61ivr6s  du 
prince  de  Cond6,  que  nous  avons  vu  s'61oigner  de  la 
Guyenne,  les  deux  chefs  royalistes  se  dirigftrent  vers  les 
Landes,  oil  les  heureux  d6buts  de  la  campagne  avaient 
mis  le  d6sarroi  parmi^  les^frondeurs.  Cette  nouvelle  jeta 
la  consternation  parmi  les  populations,  effray6es  k  la 
pens6e  des  d6penses  qu'allaient  entrainer  pour  elles  le 
logement  et  Tentretien  de  tons  ces  gens  de  guerre.  Les 
jurats  de  Villeneuve  envoy6rent  un  messager  a  M.  de 
Poyanne,  revenu  k  Dax,  afln  de  soUiciter  une  lettre  de 
protection  pour  le  comte  d'Harcourt  et  d'obtenir  ainsi 
d'etre  exempt6s  de  la  presence  de  ses  troupes.  lis  slnfor- 
maient  en  m^me  temps  si  les  cavaliers  du  comte  6taient 
d6ja  install6s  a  Gaube  (19  mars)  *.  A  Tapproche  de  ces 

(1)  Laborde-P^boui',  Relation  o^ritable,.,  (Arm.  des  Landes,  iii,  p.  464). 

(2)  Cosnac,  Souoenirs  du  rdg/us  de  Louis  xiv,  1. 1,  p.  416. 

(3)  Arch,  de  Villeneuve-de-Marsan,  C.  C.  9,  n*  2. 

(4)  Arch,  de  Villeneuve-de-Marsan,  C.  C.  9,  n«  3. 


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-  285  — 

forces  imposantes,  les  frondeurs  eurent  h&te  de  se  disper- 
ser.  Tartas,  qui  avait  6t6  une  des  premieres  places 
landaises  a  se  declarer  pour  eux,  c6dant  k  la  crainte 
qu'inspiraient  les  royalistes,  fit  une  soumission  qui  ne 
devait  pas  6tre  de  longue  dur6e,  car  nous  retrouverons 
bientdt  cette  ville  en  pleine  r6 volte.  Poyanne  prit  sa 
revanche  de  r6qhec  qu'il  avait  subi  le  mois  de  f6vrier 
pr6c6dent  devant  Mont-de-Marsan  :  les  partisans  de 
Cond6.durent  abandonner  cette  position  importante  etle 
comte  de  Vaillac  S  Iieutenant-g6n6ral  du  comte  d'Har- 
court,  en  prit  possession.  Les  habitants  s'engagferent  a 
demeurer  fiddles  au  roi*;  aussi  d'Harcourt  pria  Poyanne 
de  leur  envoyer  les  prisonniers  qu'il  leur  avait  faits,  au 
moment  oil  leurs  d6put6s  n6gociaient  avec  lui '.  En  ce 
moment  done  la  cause  royaliste  triomphait  partout  dans 
les  Landes,  d'od  les  frondeurs  avaient  disparu  complfete- 
ment  pour  se  grouper  sur  la  rive  droite  de  la  Garonne. 
((  Sur  la  fin  de  mars  1652,  ledits  cavaliers  de  M.  le  Prince 
))  se  retirferent  tons  vers  Bordeaux,  k  cause  que  M.  le 
))  comte  d'Harcourt  qui  6toitpour  le  roi  et  fort  puissant, 
))  arriva  sur  le  pays;  lesdits  cavaliers  de  M.  le  Prince  se 
))  retirferent  *.  »  lis  ne  devaient  pas  tarder  k  revenir. 

Cantonnement  des  troupes  royales. — Tel  6tait  Tachar- 
nement  de  ces  guerresciviles  que,  contrairement  a  Tusage 
6tabli  par  un  consentement  unanime  et  universel,  les 
hostilit6s  n'avaient  pas  6t6  suspendues  pendant  la  saison 
rigoureuse.  II  f  allait  done  avant  tout  profiter  de  ce  moment 
de  r6pit  pour  donner  aux  soldats  des  cantonnements  oil 
ils  pourraient  se  refaire  de  leurs  longues  fatigues;  et 
comme  nos  Landes  avaient  jusqu'alors  k  peu  pr6s  6chapp6 

(1)  Jean  Paul  de  Gourdon  de  Genouillac,  comte  de  VaiUac  «  un  des  homines 
»  de  France  les  mieux  faits  et  dela  meilleure  mine,brayeetfortgaIant  homme. » 
(A/dm.  de  Saint-Simon,  t.  v,  p.  294,  M.  Cli^ruel  et  Regnier). 

(2)  Arch,  de  Mont-de-Marsan,  BB  1. 

(3)  Arch.  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  78. 

(4)  Laborde  P4bou6,  Relation  veritable...  {Arm.  des  Landes,  in,  p.  464). 


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-  986  — 

aux  ravages  de  la  guerre,  c'est  dans  ces  contr6es  que  les 
divers  capitaines  songeaient  k  disperser  leurs  bataillons. 
Le  chevalier  d'Aubeterre  (L6on  d'Esparbfes  de  Lussan), 
dont  nous  aurons  bient6t  a  conter  les  exploits,  mandait  a 
Mazarin  :  «  L'Albret  estant  un  fort  bon  pays.  Ton  peut 
»  s'en  servir  a  faire  toucher  quelque  chose  aux  troupes 
))  sur  ce  qu'on  leur  a  fait  esp6rer.  Nous  marchons  demain 
»  pour  nous  poster  le  plus  pr^s  des  ennemis  qu'il  nous 
))  sera  possible.  Je  m'asseure  quails  ne  seront  pas  sans 
»  embarras  w  (10  mars)  ^  Apr^s  le  succfes  des  royalistes, 
les  amis  surtout  eurent  k  souffrir  de  leur  presence,  car 
pour  subvenir  k  I'entretien  de  leurs  milices  on  levait  de 
tout  c6t6  les  imp6ts  les  plus  on^reux.  Mont-de-Marsan 
composamoyennant  22,000  livres  *.  La  moiti6  des  sommes 
pereues  de  la  sorte  6tait  tenue  en  compte  pour  ce  qui  restait 
a  payer  des  tailles  des  ann6es  pr6c6dentes;  Tautre  passait 
pour  don  gratuit  ou  pour  amende  (25  mars)*.  Poyanne 
re?ut  Tordre  de  s'61oigner  de  Tartas,  oil  le  comte  d'Har- 
court  avait  Tintention  de  placer  unegarnison  (26  mars)  *. 
La  plupart  des  soldats  de  ce  g6n6ral  n'avaient  pas  pris  de 
repos  depuis  quatorze  mois.  Pour  leur  faire  place,  le 
gouverneur  de  Dax  dut  done  retirer  ses  troupes  des  s6n6- 
chauss6es  de  Saint-Sever  et  de  Tartas,  avec  d6fense  de 
prendre  dans  ces  contr6es  «  aucune  subsistance  ny  aucun 
»  argent  pour  en  sortir  %  »  puisque  c'6taient  des  quar- 
tiers  que  le  roi  assignait  a  Farm^e  du  comte  (26  avril). 
La  venue  prochaine  de  ces  nouvelles  garnisons  6mut  les 
populations  chalossaises;  M.  de  Doazit  vint  trouver 
d'Harcourt  a  Agen,  et  apr^s  dix-neuf  jours  de  n6gocia- 
tions,  il  entra  en  composition  avec  lui  pour  le  siege  de 

(1)  Arch.  nat..  K.  K.  1219,  f«  242. 

(2)  Arch,  nat.,  K.  K.  1219,  f  264.  (Leltre  de  Pontac  h  Mazarin). 

(3)  Arch.  hist,  do  la  Gironcle,  t.  vi,  p.  321. 

(4)  Arch.  hist,  do  la  Gascognc,  fasc.  i,  p.  77. 

(5)  Ardi.  hist,  do  la  Gascogno,  fasc.  i,  p.  80. 


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—  5>87  — 

Saint-Sever.  II  fut  convenu  que  le  comte  n'y  viendrait 
pas  avec  ses  gens,  a  k  condition  que  ledit  siege  de  Saint- 
))  Sever  lui  baillera  45  mille  livres*.  »  De  son  c6t6,  le 
duch6  d*Albret  otfrit  150,000  livres,  pour  se  soustraire  k 
Tobligation  de  recevoir  ces  redou tables  garnisaires. 

Les  troupes  de  Poyanne.  —  Au  lieu  d'ob^ir  k  Tordre 
qui  leur  avait  6t6  donn6  et  qui  leur  fut  renouvel6  a  deux 
reprises  dift6rentes  (23  avril  et  9  mai),  les  troupes  de 
Poyanne  s'attarderent  a  ravager  la  vicomt6  de  JuUiac  et 
la  Chalosse.  La  presence  de  ces  pillards  jeta  Talarme  dans 
toutes  les  petites  cit6s  du  Marsan.  A  Roquefort,  les 
jurats  d^fendirent  de  sortir  de  la  ville  avec  des  armes 
sous  peine  de  100  francs  d'amende,  tant  ils  craignaient 
d'attirer  sur  euxla  vengeance  des  maraudeurs  (21  avril)  *. 
lis  firent  garder  les  portes  par  huit  escouades  de  mili- 
ciens,  quise  succ6daient  jour  et  nuit  dans  Taccomplisse- 
ment  de  ce  devoir,  etla  communaut6  nomma  quatre 
commandants  quifurent  responsables  de  ces  troupes.  On 
choisit  6galement  huit  fusiliers  charges  avec  ceux  de 
Mont-de-Marsan  et  de  Saint-Justin  d'escorter  Targent 
que  Ton  faisait  passer  au  comte  d'Harcourt  et  Ton  acheta 
de  la  poudre  en  provision  des  6v6nements.  Le  d6sordre 
devint  si  grand  dans  toute  la  region  que  le  comte  de 
Vaillac  eut  mission  d'y  porter  remMe  (10  mai)^  Les 
d6put6s  des  bastilles  se  r6unirent  aussit6t  a  Villeneuve, 
pour  r6diger  leurs  reclamations  (12  mai)  *,  puis  Tassem- 
bl6e  g6n6rale  se  tint  a  Mont-de-Marsan  poiir  prater  ser- 
mentau  roi  entre  les  mains  du  comte  de  Vaillac  (15  mai)  *. 
On  fit  constater  les  ravages  caus6s  par  les  troupes  de 
Poyanne  dans  les  s6n6chauss6es  de  Saint-Sever  et  de 

(1)  Laborde  P6bou6,  Relation  o6rltablo...  {Arm,  des  Landcs,  in,  p.  465). 

(2)  Arch,  de  Roquefort,  B.  B.  2,  n«  4. 

(3)  Arch.  hist,  de  la  Gascogne,  faso.  i,  p.  62. 

(4)  Arcb.  de  Roquefort,  B.  B.  2,  n«  5. 

(5)  Arch,  de  Roquefort,  B.  B.  2,  n"  6. 


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—  288  — 

Tartas,  ainsi  que  dans  la  vicomt6  de  JuUiac,  et  Ton  attira 
h  ce  capitaine  les  reproches  les  plus  s6v6res,  mais 
les  mieux  m6rit6s  (7  juillet)  K  Efifray6es  de  ces  devasta- 
tions, les  communaut6s  ne  recul6rent  devant  aucun  sacri- 
fice pour  se  d61ivrer  de  la  presence  des  gens  de  guerre. 
Le  comte  d'Harcourt,  pressant  la  rentr6e  des  subsides  qui 
lui  6taient  promis,  fit  partir  de  Saint-Sever  et  de  Tartas 
les  commissaires  charges  de  les  recueillir;  en  m6me  temps 
il  imposait  aux  jurats  des  diverses  bastilles  Tabligation 
de  leur  fournir  une  escorte "  afln  de  les  mettre  k  Tabri  des 
entreprises  des  voleurs.  Car  le  tr6sor  royal  6tant  plus 
que  jamais  impuissant  a  solder  les  troupes,  et  les  popula- 
tions au  milieu  desquelles  les  miliciens  venaient  sojourner 
n'arrivant  pas  a  les  satisfaire,  ceux-ci  demandaient  trop 
sou  vent  au  pillage  et  leur  soldo  et  leur  entretien.  Tous 
les  efforts  des  communaut6s  tendaient  done  a  se  preserver 
de  la  visite  de  ces  hdtes  peu  commodes;  mais  les  n6ces- 
sit6s  du  moment  obligeaient  les  chefs  de  corps  a  se  mon- 
trer  insensibles  a  toutes  les  soUicitations.  Nous  avons  vu 
les  precautions  prises  par  les  roquefortais  pour  mettre 
leur  ville  k  Tabri  de  toute  surprise :  pendant  le  jour,  les 
gens  de  toute  quality  6taient  astreints^  la  garde  des  portes. 
Ce  z61e  patriotique  ne  devait  pas  sauver  cette  petitecit6  de 
toute  contribution  de  guerre,  car  malgr6  les  privil^es  dont 
lepaysaurait  d<l  jouir,  oufutcontraintdeloger  des  cavaliers 
dans  r^tendue  de  la  juridiction  de  cette  place  (2  juin)  •. 

Le  comte  d'Harcourt.  —  La  tranquillit6  relative  dont 
jouissaient  encore  nos  contr6es  n'allait  plus6tre  de  longue 
dur6e.  Poyanne  avait  re^u  Tordre  de  faire  de  nouvelles 
lev6es  et  apr6s  avoir  laiss6  des  garnisons  suf fisantes  dans 
les  places  landaises,  de  les  faire  partir  de  Tartas,  de 

(1)  Arch.  hlat.  do  la  Gascogno,  fasc.  i,  p.  91. 

(2)  Arch,  de  Villeneuve-de-Marsan,  C.  C.  9,  n»  3. 

(3)  Arch,  de  Roquefort,  B.  B.  i,  n«  4. 


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—  28d  — 
Saint-Sever  et  des  environs  pour  venir  loger  k  Caz^res 
et  de  la  se  diriger  sur  Castex  (10  mai)^  A  leur  approche 
on  fit  redoubler  la  garde  aux  portes  des  villes  (20  juillet), 
Toutefois,  en  consideration  deM.de  Poyanne,  les  jurats 
de  Roquefort  consentirent  k  laisser  passer  ses  soldats 
vingt  par  vingt  dans  Tint^rieur  de  leurs  murs;  mais  ils 
eurent  soin  de  rappeler  k  cette  occasion  que  le  Marsan 
6tait  exempt  du  logement  des  gens  de  guerre  (20  juillet)  *. 
Ces  nouveaux  bataillons  allaient  rejoindre  le  comte 
d'Harcourt,  qui  «  commandait  les  armies  du  roi  en 
»  Guyenne  et  il  y  avaitles  troupes  de  TEurope  les  mieux 
))  aguerries '.  »  EUes  faisaient  Tadmiration  du  mar6chal 
de  Gramont  qui  mandait  plus  tard  k  Poyanne :  «  Je  n'ay 
»  jamays  ouy  parler  d'une  affayre  si  extraordinayre  que 
»  d'avoir  veu  quelles  arm6es  a  M.  d'Harcourt.  w  (30 
aoftt)  *.  On  avait  esp6r6  qu'avec  de  pareilles  forces  ce 
g6n6ral  arrfiterait  les  mouvements  des  rebelles  et  main- 
tiendrait  les  frondeurs  loin  de  la  province.  On  apprit 
done  avec  6tonnement  que,  sans  prendre  cong6  de  per- 
sonne,  le  comte  6tait  parti  de  Montflanquin,  petite  ville 
de  TAgenais,  dans  la  nuit  du  15  au  16  aoftt,  pour  ne  plus 
reparaitre  en  Guyenne.  II  fut  remplac6  k  la  t6te  de  Tarm^e 
par  le  due  de  Candalle,  fils  du  due  d'Epernon,  qui  ne 
devait  pas  garder  loiigtemps  le  commandement.  Le  depart 
pr6cipit6  du  comte  d'Harcourt  livrait  le  pays  aux  entre- 
prises  des  frondeurs.  Le  prince  de  Cond6  donna  aussitdt 
le  pays  de  Marsan  k  ses  troupes  pour  s'y  refaire;  Roque- 
fort envoya  un  d6put6  k  Bordeaux  pour  protester  contre 
une  decision  qui  violait  les  privileges  (19  aoftt)  ^ 
(A  suivre.)  J.-J.-C.  TAUZIN, 

Cur6  de  Saint-Justin  de  Marsan. 

(1)  Arch,  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  81. 

(2)  Arch,  de  Roquefort,  B.  B.  i,  n*  6. 

(3)  M4m,  du  cardinal  do  Rots,  p.  34,  (6d.  Miohaud-Poujoulat). 

(4)  Arch,  hist,  de  la  Gascogne,  laso.  i,  p.  98. 

(5)  Arch,  de  Roquefort,  B.  B.  i,  n«  8. 

Tome  XXXV.  19 


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LES  SEIGNEURS  DE  FIMARCON 


DK  LA 


b  MAISON  DE  LOMAGNE  {Suite)  (•) 


Bernard  Trencal6on  (1314-1337). 

Bernard  Trencal6on  de  Lomagne  dwint  seigneur  de 
Fimarcon  trois  ans  avant  la  mort  de  son  pfere,  vers  Tan 
1314  :  les  actes  publics  de  cette  6poque  nous  prouvent, 
en  effet,  qu'Othon  II,  tr6s  avanc6  en  kge,  remit  entre  les 
mains  de  son  fils  le  gouvernement  de  la  seigneurie.  C'est 
Bernard  que  nous  voyons  si6ger  en  quality  de  seigneur 
de  Fimarcon  dans  Tassembl^e  des  seigneurs  convoqu6s 
par  Edouard  d' Angleterre  pour  obtenir  des  subsides  centre 
TEcosse.  La  date  de  cette  assembl6e  n'est  pas  connue 
bien  exactement :  elle  dut  avoir  lieu  entre  1312  et  1314; 
mais  ce  qui  n'est  pas  douteux,  c'est  qu'en  cette  derniere 
ann6e  Bernard  rendait  hommage  au  roi  d'Angleterre 
comme  seigneur  de  Fimarcon. 

Longtemps  avant  de  succ6der  a  son  pere,  dans  Tannic 
1291,  Bernard  Trencal6on  avait  6pous6  Mathe  d'Arma- 
gnac,  fiUe  du  comte  G6raud  V  et  de  Mathe  de  B6arn, 
qui  lui  apporta  en  dot  les  chateaux  de  Sainte-Christie  et 
d'Arblade-le-Comtal  avec  haute  et  basse  justice  et  tous 
autres  droits  ^  Mathe  d'Armagnac  ne  porta  jamais  le 
titre  de  dame  de  Fimarcon;  elle  mourut  vers  Tan  1313. 
Othon,  le  flls  unique  qu'elle  avait  donn6  a  son  6poux, 
mourut  peut-6tre  avant  sa  m^re;  au  moins  disparut-il 
sans  laisser  de  post6rit6. 

(•)  Voir  la  livraisoii  de  mars  1894,  page  144. 

(1)  P.  Anselme,  Grands  qfflciers  de  la  couronne,  tome  ii.  —  Voir  k  I'Appett- 
dice  du  present  article  les  pactes  de  ce  manage. 


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—  291  - 

Peu  de  temps  apr^s,  Bernard  6pousait  en  secondes 
noces  Allemanne  ou  Allemande,  fiUe  d'Othon  de  Cazenove, 
seigneur  de  Montagnac,  d'une  des  plus  nobles  maisons  de 
Gascogne.  En  1030,  Guillaume  de  Cazenove,  Tun  des 
anc6tres  de  cette  dame,  6tait  un  seigneur  marquant  du 
Fezensac  et  Thistoire  nous  a  montr6  son  grand-p^re 
Fortaner  convoquant  au  nom  du  roi  d'Angleterre,  dont 
il  6tait  le  s6n6chal,  les  seigneurs  de  Gascogne  pour  juger 
Othon  de  Blaziert. 

Les  premieres  ann6es  qui  suivirent  Tav^nement  de 
Bernard  k  la  seigneurie  de  Fimarcon  furent  marquees 
par  deux  faits  importants.  Le  premier  fut  la  transfor- 
mation de  Tabbaye  de  Condom  en  6v6ch6  en  faveur  de 
Raymond  de  Galard,  son  dernier  abb6,  transformation 
qui  fut  accomplie  par  un  bref  du  Pape  Jean  XXII  en 
date  du  13  aoftt  1317.  Nous  raconterons  le  second  fait 
avec  plus  de  details  parce  qu'il  eut  pour  th6Atre  La 
Romieu,  Tune  des  places  les  plus  importantes  du  pays. 

Vers  Tan  1312,  Arnaud  d'Aux,  issu  d'une  famille  noWe 
de  La  Romieu,  successivement  chanoine  de  Coutances, 
vicaire-g6n6ral  de  rarchev6que  de  Bordeaux  qui  devint 
plus  tard  le  Pape  C16ment  V,  6v6que  de  Poitiers,  chape- 
lain  du  Souverain-Pontife,  et  enfin  cardinal-6v6que 
d'Albano,  acheta  aux  consuls  et  aux  habitants  de  La 
Romieu  un  terrain  s'appuyant  aux  f oss6s  de  la  ville  et  la 
partie  correspondante  de  ces  foss6s  qu'il  fit  dess6cher 
pour  en  creuser  de  nouveaux  plus  loin.  Sur  cet  empla- 
cement, il  batit  une  belle  6glise  k  une  seule  nef ,  flanqu6e 
de  deux  magnifiques  tours.  Tune  carr6e,  Tautre  octogone, 
destin6es  k  servir,  la  premiere  de  clocher,  la  seconde  de 
sacristie.  L'6glise  et  surtout  les  deux  tours  comptent 
parmi  les  beaux  monuments  d'architecture  de  notre 
region.  Arnaud  d'Aux  fit  encore  construire  k  c6t6  un 
vaste  cloitre  form6  de  fortes  murailles  presque  6gales  en 


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—  2&2  — 

hauteur  a  celles  de  T^glise.  et,  pour  son  habitation,  un 
palais  au  couchant. 

Le  cardinal  avait  pour  but  de  fonder  k  La  Romieu  un 
chapitre  coll6gial  important  et  disposait  pour  cette  fonda- 
tion  de  biens  considerables.  Pr6s  de  sa  nouvelle  6glise 
6tait  un  prieur6  de  b6n6dictins  dependant  de  Tabbaye 
Saint- Victor  de  Marseille  et  f  ond6  en  1082  sur  un  empla- 
cement donn6  par  le  vicomte  Odon  de  Lomagne :  la . 
possession  de  ce  prieur6  et  sa  reunion  a  T^glise  r6cem- 
ment  construite  devenaient  indispensables  au  cardinal, 
soit  par  la  proximity  des  deux  6glises,  soit  a  cause  des 
conflits  d'int6r6ts  qui  auraient  pu  les  diviser.  II  Tacheta 
pour  la  somme  de  deux  mille  florins  de  Florence.  Le 
Pape  Jean  XXII,  par  sa  bulle  du  22d6cembre  1317,  auto- 
risa  cette  vente  et  pronon§a  la  secularisation  du  prieur6 
de  Notre-Dame  de  La  Romieu  et  son  union  a  r^glise 
61ev6e  par  r6v6que  d'Albano. 

Toutes  choses  6tant  ainsi  pr6par6es,  Arnaud  d'Aux 
data  d' Avignon,  le  30  juillet  1318,  son  acte  de  fondation 
dont  voici  les  dispositions  principales  : 

Le  cardinal  fonde  dans  r^glise  Saint-Pierre  de  La 
Romieu  un  chapitre  coll6gial  compose  d'un  doyen  digni- 
taire,  d-un  sous-doyen,  d'un  chantre,  d'un  sacriste,  d'un 
ouvrier  et  de  dix-huit  chanoines.  Tons  ces  b6n6ftciers 
vivront  en  commun  jusqu'&,  ce  que,  par  les  secours  de  la 
divine  Providence,  les  revenus  soient  suffisants  pour  les 
faire  vivre  decemment  chacun  en  particulier  du  fruit  de 
sa  prebende,  sous  le  bon  plaisir  et  avec  le  consentement 
du  patron  et  du  doyen.  Pour  occuper  ces  benefices,  le 
fondateur  exige  que  les  sujets  soient  prStres  ou  se  f assent 
ordonner  dans  le  courant  de  Tannee.  II  veut  aussi  que  le 
nombre  en  puisse  etre  augmente  par  les  patrons  lalques 
ses  successeurs,  si  les  richesses  du  chapitre  viennent  a 
s'accroitre.  Le  cardinal  donne  en  dot  k  son  eglise  tou^ 


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—  293  — 

ses  Mens  patrimoniaux  meubles  et  immeubles,  n'en  r6ser- 
vant  qu'une  petite  partie  aux  patrons  lalques  ses  succes- 
seurs;  de  plus,  ceux  qu'il  tient  des  parents  lalques  de  son 
nom  par  le  puissant  secours  desquels  il  est  parvenu  h 
mettre  la  derni^re  main  k  son  oeuvre.  II  donne  encore  h 
cette  m^me  6glise  tons  les  biens  acquis  par  lui,  de  quelque 
nature  qu'ils  soient  et  quelque  part  qu'ils  se  trouvent 
8itu6s.  Arnaud  d'Aux  joint  k  tons  ces  dons  le  prieur6  de 
Notre-Dame  de  La  Romieu  achet6  par  lui  et  s6cularis6 
par  le  Souverain-Pontife,  avec  toutes  ses  appartenances 
et  tous  ses  droits  tant  spirituels  que  temporels.  Pour 
faciliter  le  service  divin,  il  pourvoit  son  6glise  de  toutes 
les  choses  n6cessaires  dont  il  fait  une  longue  Enumera- 
tion :  croix  d'argent  et  de  vermeil,  calicos  d'argent  et  de 
vermeil,  grand  nombre  de  reliques  contemles  dans  des 
cMsses  d'argent,  ornements  sacr6s,  livres  cantoraux, 
cloches,  etc.  II  se  r6serve,  sa  vie  durant,  les  droits  de 
patronage  et  de  nomination  a  tous  les  b6n6flces  de  son 
6glise  et  rend  le  premier  de  ces  droits  reversible  aprfes  sa 
mort  a  ses  h6ritiers  lalques  de  son  nom  et  a  leurs 
descendants. 

Cette  fondation  f ut  conflrm6e  par  Raymond  de  Galard, 
premier  6v6que  de  Condom,  le  2  octobre  1318*. 

Mais  la  mort  emp6cha  le  cardinal  d'Aux  de  r6aliser 
entiferement  son  projet.  Ses  h6ritiers  modiflferent  sa  pens6e 
et  r6duisirent  la  fondation  k  un  doyen,  dix  chanoines  et 
douze  pr6bend6s. 

Arnaud  d'Aux  mourut  a  Avignon  le  24ao<!it  1321.  Son 
corps,  suivant  une  des  clauses  de  son  testament,  fut  port6 
a  La  Romieu,  oil  il  fut  enseveli.  Son  tombeau  est  creus6 
dans  la  muraille  de  TEglise,  a  la  droite  du  maitre-autel,  en 
face  de  la  tombede  Fort  d' Aux,  son  neveu  et  son  succes- 
seur  a  Poitiers.  Un  peu  plus  bas   reposaient  Pierre- 

(1)  Memolre  geneahgique  de  la  maison  d'Auas-Leacout^  1728. 


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—  294  — 

Raymond  et  Gr6raud  d'Aux,  sesautres  neveux.  Ces  monu- 
ments furent  d6grad6s  pendant  les  guerres  de  religion. 
Montgommery  s'emparade  LaRomieu,  pillal'^glise,  brisa 
les  sculptures  et  les  bas-reliefs  des  tombeaux,  d6vasta  le 
cloitre,  enleva  les  ornements  sacr6s  et  fit  p6rir  la  plupart 
des  pretres  dans  les  flammes.  La  revolution  frauQaise 
acheva  Toeuvre  des  religionnaires.  Mais,  sous  la  Restau- 
ration,  le  marquis  de  Lally-ToUendal,  qui  avait  donn6  sa 
fiUe  en  mariage  au  chef  de  la  branche  ain6e  de  la  maison 
d'Aux,  fit  rebatir  les  tombeaux  qu'il  surmonta  de  leurs 
6cussons. 

Pendant  que  le  plus  illustre  parmi  les  filsde  ses  vassaux 
se  distinguait  par  ces  fondations  pieuses,  le  seigneur  de 
Fimarcon  se  pr6occupait  du  service  de  son  suzerain,  non 
sans  lui  faire  subir  parfois  les  eflets  de  son  caractere 
ambitieux  et  tracassier.  Malgr6  les  soins  d'Edouard  et  de 
ses  ministres,  malgr6  les  peines  qu'ils  se  donnaient  pour 
faire  disparaitre  les  abus  et  les  d6sordres,  les  coeurs,  dans 
la  Gascogne,  se  d6tachaient  de  plus  en  plus  de  TAngle- 
terre.  On  murmurait  centre  les  vexations  tou jours  crois- 
santes  des  of ficiers  royaux,  qui  profitaient  de  r^loignement 
de  la  Cour  pour  pressurer  les  peuples.  A  Toccasion  de  ces 
plaintes  devenues  g6n6rales,  Edouard  confia  la  mission 
de  se  rendre  en  Gascogne  a  Barth61emy  de  Baltomere  et 
a  Hugues  Spencer,  son  nouveau  favori.  lis  devaient 
recueillir  sous  la  foi  du  serment  les  depositions  d'hommes 
graves  et  non  suspects  et  statuer  ensuite  avec  pleine 
autorite.  Leur  presence  apaisa  les  murmures  pour  quelque 
temps.  ^ 

Au  milieu  de  ces  troubles,  Bernard  Trencal6on  crut  le 
moment  favorable  pour  etablir  de  nouveaux  phages  sur 
ses  terres  du  Fimarcon;  mais  les  consuls  de  Condom 
porterent  leurs  plaintes  au  roi  d'Angleterre.  Celui-ci, 
faisant  droit  a  leur  requite,  donna  Tordre  aux  s6n6chaux 


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de  Gascogne  et  d'Agenais  d'abolir  les  phages  6tablis  par 
Bernard  sans  sa  permission.  Les  lettres  royales  aK)nt 
dat6esde  Shelf  ort  la  treizifeme  ann6edu  r^ned'Edouard  II 
(1320).  En  void  la  traduction  : 

Edouard,  par  la  gvkce  de  Dieu  roi  d'Angleterre,  seigneur  de  THibernie 
et  due  d'Aquitaine,  aux  s^ndchaux  de  Gascogne  et  d'Agenais,  salut. 
Sur  les  priferes  que  nous  ont  adresstes  les  coie^iUs  de  jiotre  ville  de 
Condom,  nous  vous  enjoignons  d'abolir  les  phages  et  les  imp6ts  6tablis 
recemment  par  Bernard  TrencaWon  dans  sa  terre  de  Fimarcon  sans 
avoir  oblenu  de  nous  licence  de  le  faire.  Procidez  juridiquement  i  celte 
annulation  selon  le  droit  et  la  coutume  et  dans  les  formes  usitto  en 
celle  seigneurie. 

Cependant  les  murmures,  un  instant  apais6s  par  la 
presence  des  envoy6s  du  roi  d'Angleterre,  ne  tardferent 
pas  k  recommencer.  lis  prirent  une  violence  exception- 
nelle  lorsque  Edouard,  oblig6de  lutter  a  la  fois  centre  les 
Ecossais  et  centre  la  plupart  de  ses  lords,  voulut  tirer 
de  la  Gascogne  des  secours  en  hommes  et  en  argent  (1322). 
Plusieurs  gentilshommes  de  ce  pays  ref usferent  de  r6pon- 
dre  a  Tappel  du  monarque  anglais;  mais,  au  milieu  de 
toutes  ces  defections,  le  seigneur  de  Fimarcon  demeura 
fidMe  a  son  suzerain.  II  lui  fit  un  nouvel  hommage  pour 
la  terre  de  Fimarcon,  le  chateau  de  Courrensan,  la  moiti6 
de  la  ville  de  Vic,  et  reconnut  avoir  re^u  de  lui  des  sub- 
sides pour  mettre  le  chateau  de  cette  place  en  6tat  de 
defense.  Le  s6n6clial  de  Toulouse,  d6vou6  aux  int6r6ts 
de  la  France,  pour  insulter  k  la  fois  au  monarque  anglais 
et  a  son  vassal,  attaqua  les  termes  de  cet  hommage  rela- 
tivement  h  Vic  et  a  Courrensan,  qui  6taient  en  sa  juridic- 
tion,  fit  ciier  devant  lui  Bernard  Trencal6on,  et,  sur  son 
refus  de  comparaitre,  le  fit  arrfeter.  Le  proc6s  s'instruisit, 
et  Bernard,  condamn6  h  une  forte  amende,  fut  jet6  dans 
une  prison  oil  il  languit  durant  plusieurs  mois. 

Quelque  temps  aprfes,  la  guerre  6clatade  nouveauentre 
la  France  et  TAngleterre :  elle  eut  pour  theatre  la  Bour- 


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—  396  — 

gogne,  mais  il  y  eut  aussi  quelques  combats  dans  le  midi 
de  la  France.  La  plupart  des  seigneurs  gascons  s'enrdlfe- 
rent  sous  les  drapeaux  fran§ais,  et  Bernard,  cette  fois, 
ne  crut  pouvoir  mieux  faire  que  de  suivre  leur  exemple. 
Dans  le  cours  de  Tann^e  1324,  le  comte  de  Valois  ayant 
oblig6  le  prince  Edmond  d' Angleterre  a  capituler  dans  La 
R6ole,  la  paix  fut  aussit6t  conclue. 

Trois  ans  plus  tard  (1327),  Edouafd  II,  renvers6  du 
tr6ne  et  jet6  en  prison  par  son  6pouse,  Isabelle  de  France, 
r6volt6e  centre  lui,  futfemplac6  par  son  flls  Edouard  III. 
Le  premier  acte  du  nouveau  roifut  d'oflfrir  son  pardon  a 
tous  les  seigneurs  de  Gascogne  qui  avaient  port6  les  armes 
centre  son  pfere  :  il  avait  besoin  d'etre  d6gag6  d'embarras 
dans  le  midi  de  la  France  pour  apaiser  les  derniers  mou- 
vements  de  la  temp^te  qui  Tavait  port6  au  pouvoir. 
Lorsqull  y  eut  r6ussi,  il  voulut  multiplier  en  Gascogne 
ses  partisans.  Pierre  de  Galiciac*,  chanoine  d'Agen,  fut 
charg6d'agiren  son  nom  dans  cette  province,  oix  il  devait 
circonvenir  les  seigneurs,  leur  faire  de  belles  promesses, 
soutenir  leur  fid61it6  et  ranimer  leur  d6vouement  au  roi 
d'Angleterre.  Mais  tous  les  regards,  dans  les  provinces 
du  midi,  se  portaient  sur  le  nouveau  roi  de  France,  qui, 
a  peine  assis  sur  le  trdne,  entrainait  sa  noblesse  vers  la 
Flandre  et  remportait  a  sa  t6te  la  c616bre  victoire  de 
Cassel  (12  aoM  1328)  \ 

Bernard  Trencal6on,  instruit  par  ses  revers  et  d'ail- 
leurs  avanc6  en  age,  semble  avoir  a  cette  6poque  pens6 
particulierement  au  salut  de  son  ^me.  C'est  ainsi  que 
nous  le  voyons,  le  8  Janvier  1330,  fonder  la  chapellenie 
appel6e  Dujac  dans  I'^glise  d'Abrin'. 

Outre  la  part  qu'il  prit  aux  6v6nements  dans  le  midi 
de  la  France,  Bernard  eut  des  contestations  avec  ses  voi- 

(1)  Collection  Br^quigny.  —  Rymer. 

(2)  Monlczun,  in,  page  495. 

(3)  laventaire  des  archives  de  Lagarde,  RRR, 


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^  297  — 

sins,  soit  en  son  propre  nom,  soit  au  nom  de  sa  ni^ce 
Agn6sie  de  Lomagne,  baronne  de  Montcrabeau  et  dame 
de  Calignac,  dont  il  6tait  le  tuteur.  Ce  fut  d'abord  des 
int6r6ts  de  cette  derni^re  qu'il  eut  h  s'occuper. 

Le  pfere  d'Agn6sie,  G6raud  Trencal6on,  faisant  revivre 
des  pretentions  plus  anciennes,  revendiquait  la  juridic- 
tion  sur  les  paroisses  de  Saint-Pierre  de  Vicnau,  de 
Saint-Avit  de  Gauran,  Sainte-Ruflne  de  G61embert,  et 
Saint-Saturnin,  que  les  consuls  de  Condom  lui  dispu- 
taient.  Au  nom  de  sa  pupille,  Bernard  poursuivit  cette 
revendication,  mais  la  sentence  des  arbitres  ne  fut  pas 
en  faveur  d'Agn6sie.  Elle  dut  renoncer  k  tout  droit  sur 
ces  paroisses,  qui  furent  d6flnitivement  constitutes  dans 
la  juridiction  de  Condom*. 

Bernard  ne  fut  pas  plus  heureux  pour  lui-m6me  qu'il 
ne  Favait  6t6  pour  sa  nifece.  D'accord  avec  Gaillardin  de 
La  Roque,  son  vassal,  il  disputait  k  Raymond  de  Galard, 
6v6que  de  Condom,  et  k  la  communaut6  de  cette  ville, 
les  territoires  de  Saint-Orens,  de  Saint-Pierre  de  Bolin, 
de  Sainte-Marie  de  Bordferes  et  de  Saint-Sulpice  des 
Camisats.  Le  23  f6vrier  1534,  le  procureur  du  roi  au 
s6n6chal  d'Agenais  adjugea  ces  territoires  k  r6v6que  et 
aux  consuls  de  Condom  et  n'accorda  au  seigneur  de 
Fimarcon  et  k  son  vassal  que  les  gages  de  cinq  sols  et  vingt 
deniers  morlans*  pour  leurs  droits  sur  ces  paroisses. 

L'ann^e  suivante,  une  sentence  arbitrale  mettait  fin  a 
des  contestations  61ev6es  pour  limites  de  territoire  entre 
Bernard  de  Fimarcon  et  le  seigneur  de  Terraube'. 

Le  23  Janvier  1336,  un  acte  de  rescission  volontaire 
annulait  le  contrat  pass6  entre  Jean,  fills  du  comte  d'Ar- 
magnac,  et  Jeanne,  premiere  fille  du  seigneur  de  Fimarcon 

(1)  Archives  munlcipales  de  Condom,  FF.  25. 

(2)  Archives  municipales  de  Condom,  FF.  26. 

(3)  Inventaire  des  archives  de  Lagarde,  35  V. 


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—  SOS  — 

et  d'AUemanne  de  Cazenove*.  Si  la  rupture  de  cette  belle 
alliance  causa  quelque  tristesse  an  sire  de  Fimarcon,  le 
14  mars  de  cette  m6me  anii6e  dut  iui  apporter  une  com- 
pensation. En  eflet,  les  archives  du  chateau  de  Lagarde 
nous  oflrent  k  cette  date  un  proc^s-verbal  des  ravenus 
que  le  roi  tirait  de  la  ville  et  juridiction  de  La  Romieu, 
portant  donation  faite  au  seigneur  de  Fimarcon  de  quinze 
sols  morlans  sur  la  maison  de  Saint-Aignan  *. 

Dans  la  m6me  ann6e,  le  mercredi  avant  la  f6te  de  saint 
Pierre,  une  transaction  6tait  pass^e  entre  Bernard  Tren- 
cal6on  et  le  seigneur  de  Terraube  au  sujet  des  juridictions 
et  territoires  de  Terraube,  Doazan  et  Le  Mas  *. 

Enfln,  le  19  juin  1337,  intervenait  une  transaction 
entre  Bernard  Trencal6on,  seigneur  de  Fimarcon,  et  les 
habitants  du  Mas  pour  raison  des  droits  seigneuriaux. 

La  mort  de  Bernard  suivit  de  pr6s  cette  derni6re  date. 
II  laissait  de  son  mariage  avec  AUemanne  de  Cazenove  un 
fils  en  bas  &ge,  Jean  de  Lomagne,  qui  Iui  succ6da,  et  trois 
fiUes,  Jeanne,  Thal6rie  et  G6raude,  dont  les  alliances 
sont  rest6es  inconnues. 

(A  saivre.)  VAhU  MAUQUlfi, 

Curd  de  Caussens. 

APPENDICE 


Paotes  de  mariage  de  Bernard  Trencal^on  de  Lomagne,  seigneur  de 
Fimarcon,  aveo  Mate  d'Armagnac,  du  Jeudl  avant  la  Nativity  de  Notre- 
Dame,  1891.  (Vidim^)  (4). 

Noveiint  universi  quod  nos  Petrus  de  Mirimanda  miles,  senescallus 
Agenesii  et  lerre  Vasconie  domino  nostro  regi  Francorum  noviler 
acquisite,  vidimus,  inspeximus  palpavimus  et  [legere  fe-]cimus  quoddam 
inslrumentum  publicum  manu  magislri  Guilhelmi  Bee  condara  notarii 

(1)  Archives  du  cMteau  de  lagarde,  33  A. 

(2)  Ibideoi,  33  Q. 

(3)  Ibidem,  26  N. 

(4)  Archives  d^partemen tales  di?  Gers,  fonds  Fimarcon. 


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Condomiensi^t  oonfectum^  ut  prima  facie  apparebat  non  viciatum,  non 
cancellatum  nee  aliqua  parte  sua  abolitum,  [eujus]  tenor  talis  est : 

Conoguda  causa  sia  qu'  en  Bemart  Trenchaleon  dauseds,  fils  del 
noble  baron  senh''  Nod  deLomanha  cauoer  senhor  del  Fieumarcon, 
dens  lo  castet  de  Maubezin  [de  Fezenjsaguet  personalment  establits,  en 
presencia  del  ondrat  pay  in  X»^  senh*"  Amanieu  per  la  divinal  gracia 
arcebesque  d'Aus  e  de  molts  autres  prelats  e  baros  e  cauoers  e  autras 
personas  e  de  mi  notari  e  dels  testimonis  dejus  nomnadors,  fe  matri- 
moni  per  palaura  de  present  ab  na  Mata  d'Armanhac^  seror  paternal  e 
maternal  del  noble  baron   senher  en  Berna[rd  per]  la  gracia  Dieu 
corapte  d'Armanhac  e  de  Fezensach,  dizens  en  questa  maneyra  :  Eu 
en  Bernard  Terncaleon  arcebi  vos  naMata  d'Armanhac  en  niolhermia 
segont  la  lei  romana.  E  la  na  Mata  dis  autresi  aqui  present  en  questa 
maneyra  :  Eu  na  Mata  d'Armanhac  recebi  vos  en  B.  Trencaleon  ea 
mon  marit  segont  la  lei  romana.  E  aqui  mesis,  apres  lodit  matrimoni 
celebrat  e  autreiat,  lo  predit  senh**  comte,  per  si  e  per  son  heret  et  per 
son  orden  e  per  tos  sos  successors  de  si  enant  perpetualment  venidors, 
donet  e  autreiet  e  assignet  e  liuret,  de  palaura  e  de  diet,  ab  auctoritat 
d'aquesla  present  carta,  en  dot  e  per  nom  de  dot  de  la  dita  na  Mata 
sua  seror,  al  dit  en  B.  Trencaleon  aqui  present  e  aisso  recebent  per  si 
e  per  son  hered  venient  e  descendent  de  si  e  de  la  dita  sa  molher,  lo 
castet  de  Santa  Chrestia  el  castet  d'Arblada  la  contau,  qui  son  en  lo 
contat  d'Armanhac,  ab  totas  lors  pertinencias  e  distredbs  e  juridiction 
auta  e  bassa  e  mer  e  mix  in  peri  e  rendas  e  drets  e  doners  e  senhorias  e 
mandaments  e  leis  e  gatges  e  incorrements  apertenens  e   apertenir 
debens  aus  mesis  castets,  tot  francament  e  ses  tot  autre  retenement 
d'algun  dret  e  de  servilut  que  no  i  fe  de  part  senhoria,  aissi  cum  al 
mesis  compte,  al  dia  e  bora  en  que  aquesta  present  carta  fo  requerida  e 
autreiada^  apertenian  e  apertenir  deuian  en  los  mesis  casteds  e  en  lors 
pertinencias  per  nom  et  per  causa  del  comptat  d'Armanhac  o  en  antra 
maneyra.  E  sen  establi  lo  mesis  senhor  comte  de  qui  enant  possedir, 
per  nom  e  en  loc  del  mesis  en  B.  Trencaleon,  dels  dils  castets  e  de  lors 
pertinencias,  entro  lo  mesis  en  B.  Trencaleon  o  autre  per  nom  de  lui 
aiha  possecion  corporal  recebuda  dels  mesis  castets  e  de  lors  pertinen- 
cias, de  laqual  arceber  e  retenir  de  si  enant  lo  det  licencia  e  poder  e 
franca  auctoritat  totas  begadas  quel  playra  cum  de  las  suas  proprias 
causas  dotals.  E  si  los  dits  castets  ab  lors  pertinencias  no  valiau  L 
libras  de  Morlas  cascun  an  d'arrenda,  lo  mesis  senhor  comte  promes 
al  dit  B.  complir  e  assignar,  ses  tota  dilation,  en  autres  Iocs  circum- 
vesis  e  plus  probdas  als  preditz  castets,  suficens  (?)  tanta  d'arrenda 


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—  30Q  — 

annual  ab  justida  autia  e  bassa  e  mer  e  mix  inperi  que  ab  Tautra  renda 
deus  dits  castets  valha  L  libras  de  Morlascascun  an  d'arrenda.  Promes 
autresi  lo  dit  senh.  comle  que  donara  al  predit  B.  Trencaleon  per  nom 
de  la  dita  na  Mata  sa  seror  en  dot  e  per  nom  de  dot  D  libras  de  Morlas 
per  las  quals  donaderas  e  paguaderas  promes  liurar  ades  al  predit  en 
B.  Trencaleon  los  castets  de  Castilhon  e  de  Lupiac  e  la  bastida  de 
Belmont,  qui  son  en  lo  contat  de  Fesensach,  ab  tolas  lors  pertinencias 
e  ab  tota  lor  juridiction  auta  e  bassa,  adauer  e  tenir  e  usar  et  possedir 
e  recebre  e  culhir  per  si  mesis  o  per  autre  o  autres  per  nom  de  si  mesis 
los  fruyts  els  provenimens  e  las  rendas  et  las  eissidas  e  gausenssas  e 
escasensas  dels  predits  castels  de  qui  en  dret  proveniens  continuada- 
mens  persebedors  e  culhidore  entro  de  las  D  libras  de  Morlas  al  dit  B. 
Trenchaleon  sia  satisfeyt.  E  Ten  mes  de  dret  en  plenera  e  pasibla  et 
veraiaeentegra  quays  corporal  possecion  ab  auctoritat  de  questa  present 
carta.  E  totas  aquestas  causas  preditas  e  sengles  lo  predit  senh.compte 
fe  e  donet  e  liuretet promes  far  e  liurar,  present  la  nobla  dona  madona 
Mata  per  la  gracia  Dieu  comtessa  d'Armanhac  e  de  Fesensach  sa  dona 
maire.  I.asquals  causas  totas  e  sengles  de  sus  ditas  contengudas  en 
aquesta  present  carta  la  predita  dona  comtessa  lausecb  e  aproet  per  sie 
per  lot  son  ordenh;  e,  primerament,  certana  de  feit  per  si  mesissa  e  ben 
certiorada  de  son  dret  per  mi  notari  de  jus  escriut,  son  autrei  e  son 
assentiment  donet  e  autreyet  en  las  preditas  causas  en  renuncia  de  son 
bon  grat,  primerament  certiorada  de  son  bon  dret,  a  tot  dret  deus  f  rutz 
e  autre  dret,  si  algun  n'auia  o  auer  podia  o  debia  per  dot  o  per  layssa 
0  en  antra  maneyra  en  las  preditas  causas  o  alguna  d'aqueras.  Los 
quaus  castets  de  Castilhon  e  de  Lupiac  predits  e  bastida  deuandita  lo 
dit  en  B.  Trencaleon  ab  autrei  e  assentiment  del  dit  senher  son  pai 
aqui  present  promes  redre  e  reslituir  al  dit  senh**  comte  o  a  son  manda- 
ment,  dels  fruitz  e  de  las  rendas  e  dels  provenimens  dels  dits  castets 
feilas  despensas  etcomptefeit  d  aqueras  leialment.  Apres  d  aisso  e  aqui 
mesis  lo  prenomnat  en  B.  Trencaleon,  ab  auctoritat  e  expres  assenti- 
ment del  dit  senh''  Nod  son  pai,  promes  e  autrega  per  ferma  e  per 
leial  stipulacion  a  la  prenomnada  na  Mata  sa  molher  aqui  present,  per 
si  e  per  los  sos  aisso  recebent,  redre  e  restituir  la  dita  dot,  si  hered  no 
auia,  0  a  eon  hered  en  cas  o  en  cais  en  lo  qual  o  en  los  quals  restitucion 
sere  de  dret  fazedora.  En  aissi  empero  que  las  causas  no  moblas  reda  e 
restituisca  dens  I  mes  apres  qu'en  sia  requcrit,el  dit  moble  dens  V  ans, 
0  cascun  an  C  libras  de  qui  enant  continuadament  contadors.  Apres 
d'aisso  e  aqui  mesis  lo  predit  senh''  Nod  de  Lomanha  promes  e  donet 
per  donacion  per  nossas  apres  sa  mort  al  dit  en  B.  son  filh  e  a  son 


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—  301  — 

hered  procreat  de  si  e  de  leial  matrimoni  tot  quant  ha  e  auer  deu  en 
Fiumarcon  e  en  Fesensach  per  succession  paternal.  Las  quals  eausas 
totas  e  sengles  contengudas  en  aquesla  present  carta  lo  senh.  en  B. 
comlepredit  eu  dit  senh**  Nod,  tant  cum  cadaun  de  lor  tocara,  deuon 
e  an  promes  tenir  e  complir  e  gardar  et  observar  ferm  c  estable  per  tos 
temps  e  no  venir  en  contra  per  lor  ui  per  autra  persona  en  nulh  loc  ni 
en  nulh  temps.  El  dit  comte  promes  e  autreia  per  si  e  per  los  sos  al 
predit  B.  Trencaleon  ea  son  ordenh  far  e  portarbona  e  ferma  gurentia 
de  si  mesis  e  de  totas  autras  personas  homes  o  femnas,  clergues  o 
laics,  qui  en  cort  o  foras  cort,  en  jutjament  o  foras  jutjament,  deuant 
senh.  maior  o  loc  tenent  de  senher  o  deuant  judie  delegat  o  subdelegat 
ordenari  v^l  [sic)  extraordenari  o  deuant  qualque  autre  senher  temporal 
0  esperital  o  deuant  qualque  autra  persona,  demanda  o  contest  o  questio 
0  algun  embargament  Ten  fessan  o  moguessan  en  alguna  maneyra  oen 
algun  temps,  en  obligament  de  si  e  de  son  hered  e  de  son  orden  e  de 
tots  SOS  bes  mobles  e  no  mobles  presentze  avieders,on  que  sian,  luenh 
0  pres,  per  tos  Iocs. 

E  per  tot  aysso  tenir  e  gardar  e  observar  ferm  e  estable  per  los  temps 
e  no  venir  en  contra,  jura  lo  predit  senh*"  comte  de  son  bon  grat  sobre 
sans  Euangelis  de  Diu  tocats  corporalment  ab  sa  propria  man  dextra. 

Actum,  requisitum  et  concessum  fuit  hoc  apud  Malum  vicinam 
supradictunj  die  jovis  proxima  ante  festum  nativitatis  beate  Virginis 
Marie  mensis  septembris  presentibus  testibus  domino  Augerio  de  Tilhelo 
officiali  Auxitano,  domino  Rogerio  de  Montefalcone,  domino  Guilhelmo 
Arnaldi  de  Montaldo  canonicis  Auxitanis,  domino  Raymundo  Arnaldi 
de  Larrama  canonico  Vasatensi,  domino  Guilhelmo  Arnaldi  de  Lamota 
archidiacono  Gavaldensi  in  ecclesia  Vasatensi,  domino  Elia  Talai- 
raridi  vicecomite  Leomanie,  domino  Arnaldo  de  Marmanda,  domino 
Augerio  de  Podio  Bardac,  domino  Bertrando  de  Galardo,  domino 
Bernardo  de  Forcesio^  domino  Vilale  de  Filartiga  militibus,  Arsivo 
de  Galardo,  Vitale  de  Filartiga  domicellis,  et  pluribus  aliis  nobilibus  et 
bonis  personis  et  me  Guilhelmo  Bee  canonico  (?)  et  publico  notario 
Condomiensi  qui  ab  omnibus  prediclis  partibus  hoc  presens  negocium 
et  factum  tangentibus  ad  hoc  et  super  hoc  ex  meo  officio  fui  vocatus  et 
cum  instancia  rogatus  et  de  mandato  et  volunlaleque  (sic)  assensu 
utriusque  partis  ad  instanciam  et  requisicionem  earumdem  parcium 
predicta  omnia  et  singula  in  publicamformam  redegi  et  de  eisdem  unius 
ejusdemque  substancie  (?)  duo  publica  inslrumenta  recepi,  feciet  scripsi 
et  signo  meosignaviin  testimonium  premissorum anno  domini  M.  CO. 
nonagesimo  primo,  regnantibus  illustrissimo  domino  Philippe,  rege 


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-  303  - 

Francorum,  domino  Eduardo  rege  Anglie  duceque  Aquitanie,  et 
religioso  vii;o  domino  Amaldo  Othone  abbate  Condomii  existente. 

In  cujus  visionis  et  inspeccionis  in  (sic)  testimonium  et  ad  majorem 
roborem,  firmitatem  omnium  premissorum,  nos  senescallus  predictus, 
sigillum  quo  utimur  in  senesealUa  nostra  predicta,  autentice  buic 
presenti  Vidimus  apponi  fecimus  et  appendi.  Actum  et  datum  et  sub 
sigillo  nostro  sigillatum  fuit  hoc  apud  Condomium  IX  die  mensis 
januarii,  anno  domini  M*'  CCC*'  XXX  p°. 

Facta  est  collacio  cum  originali  per  me  Raymundum  de  la  Cassanhola 
notarium  Aginnensem. 

Facta  est  collacio  per  me  Martinum  (?)  de  Benela  notarium. 


NOTES  DIVERSES 


CCCXX.  Un  fragment  de  saroophage  Chretien  trouv^  4  Oacarens 

Tous  nos  lecteurs  apprScieront,  par  les  dorniers  mots  surtoat,  Textr^e 
importance  de  la  communication  suivante,  faite  i  F Academic  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres  dans  sa  seance  du  13  avril  dernier  : 

«  M.  Le  Blant  fait  une  communication  sur  un  monument  que,  grace  k 
I'indication  de  M.  Lavergne,  vice-pr6sident  de  la  Soci6te  historique  de 
Gascogne,  il  a  trouve  chez  M"  Cournet,  h  Cacarens,  arrondissement  de 
Condom.  C'est  une  plaque  ^paisse  de  marbre  blanc;  au  revers  de  cette  pi^, 
qui  a  et^  taill^e,  est  trac^  au  trait  une  grande  croix  pattde.  Le  bas-relief 
qui  occupe  la  face  paralt  provenir  d'un  saroophage  Chretien.  II  represente 
Orphee  assis,  v^tu  de  la  tunique,  da  manteau^  des  anaxyrides,  coilt^  da 
pileus  phrygien  et  jouaut  de  la  lyre.  Pr^s  de  lui,  devant  un  palmier,  sent 
deux  moutons.  La  partie  gauche  du  sujet  manque. 

»  On  salt,  ajoute  M.  Le  Blant,  que  les  premiers  Chretiens  voyaient  dans 
la  fable  d'Orphee  attiraiit  k  lui  les  anlmaux  une  allegoric  du  Christ  appe- 
lant tous  les  peuples  a  la  foi  nouvelle.  Les  ^rits  des  P^res  et  les  artistes 
popularisaient  cette  pens^  corame  le  prouvent  les  reproductions  qui  se 
Irouvent  dans  les  catacombes  deRome.  Si,  comme  il  est  probable,  ce frag- 
ment provient  d'un  saroophage^  ce  serait  la  premiere  representation  de  ce 
sujet  que  nous  aurions  en  Gaule  (1).  » 

(1)  Journal  ojflciel  du  15  avril  1894. 


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NOTES  BIBLIOGRAPHIOUeS  SllR  LA  LITURGIE  D'41'CH 

A    LA    PIN    DU    XV    SIBOLE 


En  regard  du  ni(5raoire  de  M.  Claudin  sur  les  Origines  de 
Vimprimerie  a  Auch,  dont  les  lecleurs  de  la  Revue  de  Gascogne  ont 
pu  nagufere  (1)  gouter  la  pr6cieuse  Erudition,  et  bien  au-dessous  de  ce 
beau  Iravail,  nous  croyons  devoir  placer  les  notes  suivantes,  extraites 
de  documents  tous  in^dits,  sauf  un  seul. 

Dans  son  testament  du  21  mai  1482,  M«  Fortanier  du  Chemin, 
pr^bendier  du  chapitre  de  Saint-Pierre  de  Vic-Fezensac,  ^tablit,  en 
faveur  de  la  chapellenie  de  Coquuty  dont  il  6tait  titulaire,  le  legs  que 
voici  :  «  Item  legavii  dicte  capellanie  (de  Coquut)  unum  breviarium 
munitum  diversarum  scripturarum  pro  deseroiendo  capellano  dicte 
capellanie.  »  Un  codicille  du  m^me  jour  reproduit  le  m^me  legs  dans 
ces  termes  l^g^rement  differents  :  «  Item  legavit  dictce  capellanice 
unum  breviarium  scriptum  diversarum  linearum,  » 

Pen  de  temps  apr^s^  le  17  aout  1482,  M«  Guillaume  de  Aug6,  6ga- 
lement  pr^bendier  de  Vic-Fezensac,  institue  cet  autre  legs  :  «  Item 
legavit  dno  Bertrando  de  Cotene,  presbitero  Vici,  quemdam  librum 
suum  nuncupatum  specialem  Misse  quem  impignoravit  dno  Arnaldo 
de  Bono  pro  medio  scuio,  » 

Ces  deux  testaments  portent  encore  les  mentions  suivantes  :  «  Item 
legavit  (G.  de  Aug6)  Petro  clerico  et  servitori  auo  unum  psalterium 
pergamini  grossum  quod  habet.  »  —  «  Item  plus  legavit  (F.  du 
Chemin)  dnis  canonicis  Ecclesice  collegiatce  B^^  Petri  de  Vico  unum 
psalterium  novum  quod  erat  a  dno  Sancio  de  Blandino  presbitero 
Vici  habitatore.  » 

Ces  divers  lextes  font  au  moins  presumer  que  nos  livres  liturgiques 
imprimfe  n'^taient  pas  encore  connus  en  1482  :  ce  qui  confirme  les 
donn(5es  des  documents  cit6s  par  M.  Claudin,  d'apr^s  lesquels  ces  livres 
n'auraient  i\&  livres  k  Timpression  que  vers  la  fin  de  1486  ou  le  com- 
mencement de  1487. 

En  ce  qui  touche  le  Specialis  Misse,  Special  ou  Propre  de  la  Messe, 
qui  6tait  sans  doute  une  r^uction  du  Missel  proprement  dit  ne  conte- 

(1)  Reoue  de  Gaseogne,  Janvier  1894,  p.  5  et  suiv. 


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—  304  ^ 

nant  que  TOrdinaire  de  la  Messe  et  peut-6lre  le  Propre  du  Temp8y  le 
texte  ne  dit  pas  qu*il  fut  manuscrit.  Faudrail-il  voir  dans  ce  SpecialU 
Misse  un  premier  essai  d'impression  de  Missel?  Nous  nous  con- 
tentons  de  .poser  la  question,  n'ayant  aucune  competence  pour  la 
trancher. 

Quant  au  Psalterium  ou  Vesp^ral,  il  est  Evident  qu'il  faut  itablir 
une  difference  enli'e  le  psalterium  pergamini  grossum  de  M*  G.  de 
Auge  et  le  psalieruim  novum  de  M*^  P.  du  Chemin.  Le  premier  etait 
^videmment  un  manuscrit  sur  parchemin  et  d'un  assez  grand  volume. 
Nous  poss^dons  nous-m6me  quelques  feuillets  in-f<^  d'unlivrede chant 
manuscrit  qui  appartint  jadis  au  Chapitre  de  Vic  et  qui  dut,  en  son 
temps,  voisiner  de  trfes  pr^s  avec  \t  psalterium  grossum  de  M®de 
Auge.  Mais,  sur  le  second,  il  nous  semble  bien  que  la  question  se  pose 
de  savoir  s'il  etait  imprim^  ou  non.  Car  le  texte  dit :  psalterium 
novum,  et,  par  ce  dernier  qualificatif,  note  soigneusement  Topposition 
avec  les  psalterium  anciens  ou  vieux.  Novum  signifie-t-il  neufoxi 
nouveauf  Si  Ton  adopte  cetle  seconde  acception,  et  rien,  croyons-nous, 
ne  rinterdit,  on  peut  reconnaltre  alors  dans  ce  psalterium  novum 
une  oeuvre  de  Tart  nouveau  de  Timprimerie.  Nous  aurions  done 
retrouv6  ici  des  livres  auscitains  de  chant  liturgique  imprimfe  avant 
1482. 

Mais  continuous  k  lire  le  testament  de  M*'  Fortanier  du  Chemin : 
«  Item  plus  legavit  dictis  dominis  canonicis  Vici  Expositiones 
Evangeliorum  et  alios  pios  libros  quos  habet,  ut  dicti  domini  cano- 
nici  teneantur  celebrare  unum  obitum  pro  anima  sua  parentumque 
suorum  et  omnium  Christijidelium  defunctorum  ac  unam  missam 
altam  cum  diacono  et  subdiacono  et  officium  defunctorum  cum 
pulsatione  campanarum  et  aliorum  in  similibus  fieri  consuetorum, 
et  in  die  vigilice  B^^  Bartholomcei,  apostoli.  Voluit  et  ordinavit 
predictus  testator,  qudd  si  dicti  domini  canonici  de  iis  non  conten- 
tentur,  qudd  non  habeant  libros  (1).  » 

Quels  etaient  au  juste  ces  livres,  et  surtout  ces  Expositiones 
Evangeliorum,  nous  Tignorons.  Mais,  si  ce  dernier  ouvrage  est  un 
incunable  d'avant  1482,  le  fait  serait  int^ressant  i  noter.Ennous  mon- 
trant  des  livres  imprimis  dans  la  biblioth^que  de  notre  pr^bendier  de 
Vic,  il  marquerait  certainement  un  des  premiers  pas  de  riinprimerie 
dans  notre  region. 


(1)  Tous  ces  textes  sont  du  reglstre  de  Ponsan,  notaire  de  Vic-Fezensac,  en 
r^tude  de  M'  Auxion,  k  Vic-Fezensac. 


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—  305  — 

Un  point  sur  iequel  les  renseignements  font  ddfaut  dans  le  travailj 
d'ailleurs  si  complet,  de  M.  A.  Claudin,  c'est  le  prix  de  ces  antiqites 
volumes  liturgiques,  et  leur  diffusion.  Le  texte  suivant,  qui  a  6chapp6 
aux  investigations  du  savant  bibliophile,  nous  foumit  k  cet  6gard  des 
renseignements  surs.  Nous  I'empruntons  k  un  compte  de  la  Fabrique 
de  r^glise  Saint-VincentdeBagnferes-de-Bigorreen  1495  :  €  Item  plus 
compran  loa  obres  (les  marguilliers-oarr/crs)  de  la  glUia  (Saint- 
Vincent  de  Bagnires)  Van  mil  \m^  xc  vii  (1497)  ires  missals  de  pape 
en  empressura  de  la  orde  de  Auxs  e  de  Roma,  lo  hun  costan  la 
soma  de  vii  escuts  petiis  (1).  > 

Le  Missel  d'Auch  en  1497,  trfes  pen  de  temps  apr^s  sa  publication, 
coutait  done  7  6cus  petits.  Or,  k  cette  6poque,  sept  tens  petits  n'itaient 
point  une  mince  affaire.  L'teu  petit  valant  26  sols,  celafaisait  212  sols^ 
lesquels  multipli^  par  30  (2)  et  rMuits  ensuite  en  livres  ou  francs 
donnent  318  francs  de  notre  monnaie. 

Nous  apprenons  encore  par  ce  document  qud  le  Missel  d'Auch  s'itait 
Ai\k  r6pandu  dans  le  diocese  de  Tarbes  et,  probablement  aussi,  dans 
toute  la  province. 

Enfin,  il  est  k  observer  que  le  Compte  pr&iti  de  Bagnferes-de- 
Bigorre  parte  de  Missels  d'Auch  imprimfe  t  en  pape  ».  Rapprochons 
maintenant  de  oe  texte  celui  dont  a  parl^  M.  TabbA  Dubarat  dans  sa 
belle  Introduction  du  Br^tiaire  de  Lesear  de  1541  et  ou  est  mentionnA 
le  Missel  de  Dax  imprim^  avant  1506  sur  papier  et  sur  parchemin.  Les 
exemplaires  de  ce  dernier  ouvrage  liturgique  tir6s  sur  parchemin  itaient 
beaucoup  moins  nombreux  et  beaucoup  plus  chers  que  ceux  sur  papier. 
L'attention  que  les  marguilliers  de  Bagnferes  mettent  k  mentionner  que 
les  Missels  d'Auch  achetfe  par  eux  itaient  imprimis  sur  papier,  nous 
parait  marquer  d'une  fa^on  certaine  qu'il  y  eut  aussi  des  exemplaires 
de  notre  missel  tir6s  sur  parchemin,  ainsi  qu'ii  Dax.  Mais,  jusqu'k  ce 
jour,  aucun  de  ces  exemplaires  n'a  6t6  signal*. 

A.  BREUILS. 


(1)  Soucenir  de  la  Bigorre,  1885,  p.  291. 

(2)  On  salt,  en  eflet«  que  d'apr^  Festunatlon  flx^e  par  M.  Luchaire,  pour 
r^poque  indiqu6e,  dans  son  savant  ouvrage  Alain-le-Grand,  sire  d^Albrct 
(Paris,  1877),  c'est  le  multiplicateur  30  que  Ton  doit  adopter  afin  d'^valuer  les 
prix  de  la  fin  du  xv«  si^cle  d'apr^s  les  mdmes  prix  de  nos  jours. 


Tome  XXXV.  19 


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LETTRES  IN£DITES  DU  CARDINAL  D'OSSAT* 

(Suiie) 


III 
An  m8me  (1) 


MoQseigneur, 
Je  receus  hier  au  soir  la  letlre  qull  vous  pleust  m'escrire  de  la 
Scarpr6e  (?)  le  28  Janvier  et  ice  matin  ay  rendu  en  main  propre le petit 
paquet  qui  Taocompagnait  et  le  seigneur  k  qui  il  s'adressoit  m'ha  dit  que 
je  retoumasse  pour  la  response  sur  YAve  Maria,  ce  que  je  ferai  Dieu 
aidant.  Et  s'il  me  la  bailie,  je  vous  la  remettray  avec  la  pr^nte. 
.  Je  vous  envoie  en  une  lettre  k  part  ce  qu'il  vous  pleust  me  demander(2) 
quand  je  prins  cong^  de  vous  envotre  cabinet  le  jour  que  vous  partistes 
de  ceste  ville,  ainsi  que  vous  vouliez  aller  k  table  pour  disner.  Je  ne 
I'ai  pu  faire  faire  en  ceste  lettre,  pour  ce  que  je  ne  me  suis  voulu  fier 
d'un  autre  qui  eust  eu  meilleure  main,  mais  ce  seroit  peu  de  chose  que 
la  main,  si  le  contenu  valoit  quelque  chose.  Conmie  je  comprins  que 
cet  ^rit  seroit  mis  devant  vos  yeux,  je  me  f usse  tr^s  bien  gardi  de 
pr&umer  cette  chose  si  vous  ne  me  Teussiez  express6ment  command^ 
Je  n'ai  encore  pu  faire  le  d^partement  des  villes  et  places :  je  suis  bien 
aise  que  je  pourray  meltre  du  bon  cost6  Meaux  et  avant  Aix  en  Provence 
quand  le  Parlement  dtelara  Sa  Majesty  Roy  de  France  par  arrest,  le 
septifeme  jour  de  Janvier,  qui  f ut  la  premiere  s&moe  aprfes  les  festes  de 
Noel.  L'Evesque  d'AvignonTha  ainsi  escritau  Papeet  vous  le  pourpez 
avoir  entendu  d'ailleurs. 

Celui  qui  sollicite  Taffaire,  dont  M.  de  SoboUes  vous  ha  escrit,  vous 
escrit  que  s'il  n'eust  6t6  aujourd'hui,  jour  de  Chandeleur,  comme  il 
eust  6t6  sans  la  feste  de  sainle  Agalhe  qui  s'y  est  rencontrfe :  je  vous 
en  eusse  pu  envoyer  Texp^dition  ce  soir,  ce  que  je  ferai  la  semaine 

(•)  Voir  la  livraison  de  mai  1894,  p.  245. 

(1)  Bib.  Nat.  Mss.  F.  fr.  3,622,  f  47  et  s. 

(2)  II  s'agit  ici  de  la  lettre  pr^c^dente  ou  peut-Stre  d'un  M^moire  italien  qui 
devait  6tre  prdsent^  au  Pape  par  le  due  de  Nevers.  Ce  m^moire,  donl  rorigioal 
86  trouve  aujourd'hui  k  la  Bib.  Nat.  Mss.  F.fr.  3,989,  £•  108  aurait  ^t^  r^ig^  par 
d'Ossat;  11  est  dat^  de  f^vrier  1594.  Voir  notre  ouvrage,  p.  92. 


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—  307  — 

prochaine.  Quant  k  rbomologation  du  contract  d'eschange  fait  pour  la 
justice  de  Saint-Estienne,  TexpWitionnairequi  Tha  autresfois  soUicit^e 
appel^  Loirenot  est  all^  en  Lorraine,  et  je  suis  aprfes  k  sgavoir  d'un  qui 
estoit  son  substitut,appel6  Frangois  Dassimon,  k  quoi  il  tint  qu'on  ne 
la  peust  obtenir,et  aprfes  cela  voir  les  moyens  delesver  rempescheraent 
ou  de  poursuivre  les  deniers  arri6r6s  selon  que  je  trouverai  Atre  plus 
expedient  et  je  vous  en  fcriray  ce  que  j'en  auray  apprins,  par  toute  la 
semaine  prochaine,  et  vous  aurez  la  fagon  comme  le  Pape  ha  permis  k 
M.  le  cardinal  de  Gondy  de  venir  k  Rome.  Et  y  en  ha  qui  croyent  que 
ceux  (1)  qui  arrivferent  ici  le  jour  que  vous  en  partites  ayent  aid6  k 
ceste  permission,  pour  le  d^ir    qu'ils  ont   d*attacher  ici   prte  du 
Pape  quelque  machination  touchant  les  choses  de  France  par  le 
moyen  dudict  Seigneur  Cardinal,  lequel  est  trop  ami  et  trop  bien  zi\i 
au  bien  du  royaume  pour  se  laisser  tromper  par  eux,et  trouvera  encore 
id  quelqu'un  qui  lui  en  dira  son  avis,  qui  sera  en  somme  qu'il  fault 
croire  qu'ils  ne  font  rien  k  bonne  fin  et  qu'il  se  fault  douter  de  tout  ce 
qu'ils  font  et  disent.  Je  pense  ne  me  tromper  point  en  croyant,  comme 
je  fais,  qu'ils  voudroient  en  apparence  ordir  une  n^ociation  d'un 
accord  ginfiral  en  Rome  avec  une  personne  qui  futconfidente  du  Roy, 
sous  couleur  d'escrire  quelles  formules  le  Pape  debvra  demander  pour 
la  religion  catholique  et  pour  les  choses  de  la  Ligue,  et  faire  durer  ceste 
fraische  n^ociation  le  plus  qu'ils  pourroient  pour  plusieurs  leurs 
intentions :  premiirement  pour,  sous  le  manteau  et  apparence  de  ceste 
n^gociation,  couvrir  leurs  longs  services  prfes  du  Pape  et  leur  vraye 
B^ociation  avec  Sa  Saintet^  et  avec  les  Hespagnols,  touchant  I'^lection 
de  Monsieur  de  Mayenne  et  le  manage  de  I'lnfante  d'Espaigne  avec 
son  fils,  et  les  grands  secours  qu'ils  attendent  d'ici  et  de  Ik;  seoonde- 
ment  sous  ce  bon  pourparler  de  paix  k  dresser  k  Rome^  endormir  les 
deux  partis  en  France  et  obtenir  sous  I'autorit^  du  Pape  et  par  la  per- 
suasion de  la  personne  confidente  du  Roy  qui  vint  ici  tresve  de  Sa 
Majeste  et  puis  continuation  autant  qu'il  leur  plaira;  et  empescher  les 
villes  de  leur  parti  par  ceste  vaine  assurance  de  paix  de  s'accomoder 
avec  Sa  Majeste;  tiercement  faire  cependant  tout  k  leur  aise  leurs  bri- 
gues,  entrelenant  toujours  les  ivesques  de  ceste  fraische  n^ociation  et 
donner  temps  k  la  longueur  espagnole  de  se  reprendre  et  de  dresser  son 
arm6e  tout  k  loisir  et  i  sa  mode  accoustumte,  et  cela  pour  avoir  deux 
cordes  en  Tare,  et  si  enfin  les  Hespagnols  ne  vouloient  bailler  lad. 
infante,  ni  les  villes  de  la  Ligue  attendre  que  I'ambition  de  leurs  chefs 

(1)  Le  cardinal  de  Joyeuse  et  le  baron  de  Senecey.  Voir  notreouvpage,p.  104. 


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—  308  — 

fust  assouvie,  en  ce  eas  se  servir  du  feint  pourparler  d'accord  comme 
s'ils  n'avoient  pas  pens6  k  autres  choses  et  le  continuer  et  poursuivresi 
bon  escient,  et  pour  Tautorit^  de  Sa  Saintete,  qui  est  partie  comme  eux, 
faire  les  conditions  de  Taccord,  aussi  longues  et  larges  et  grasses  qa'ils 
vouldroient  et  les  plus  courtes  et  restives  et  maigres  pour  le  parti  du 
Roy  que  faire  se  pourroit.  En  somme  M.  de  Mayenne,  qui  ha  confirm^ 
tous  ces  artifices  en  France,  n'y  pou  vant  plus  tirer  les  choses  en  longueur 
de  soy  mesme  a  insist^  et  machine  icy  pour  y  parvenir  par  le  moyen  et 
soubz  Tautorite  du  Pape :  sachant  combien  le  Roy  et  les  catholiques 
qui  assisteut  Sa  Ma jeste  ont  du  d^sir  de  s'accomraoder  avec  Sa  Sainteti. 
Mais  je  m'asseure  que  quand  il  n'y  auroit  que  vous,  Monseigneur,  et 
vous  seul  a  empescher  ces  desseins  vous  ferez  aller  en  fumfe  toutes 
cesfaQons  defrondeurs  et  procedures  cauteleuses,  exhortant  Sa  Majesty  A 
continuer  i  bon  escient  la  guerre  sans  aucun  tresveet  k  donner  luy-mtoe 
la  paix  k  ses  gubjets,  qui  la  vouldront,  k  conditions  raisonnables  et  bien 
nettes,et  adyant  que  monsieur  le  cardinal  de  Gondy  arrive  k  Rome,  il 
SQaura,  Dieu  aidant,  ce  que  dessus  et  sera  en  luy  d'adviser  s'il  debvra 
exclurCiCes  Messieurs  icy  dfes  les  premiers  propos  qu'ils  luy  viendront, 
en  lejir  disant  que  comme  il  n'ha  nulle  charge,  aussi  il  ne  s'en  veult 
nuHement  mesler;  ou  s'il  debvra  feindre  comme  eux  et  montrer  de  les 
croire,  et  cependant  faire  ce  qui  sera  du  debvoir  d'un  bon  Francis. 

A  tant  je  vous  supplie  tr^s  humblement  d'excuser  ceste  mesme 
indiscretion  du  z^le  que  j'ay  au  bien  de  ma  Patrie  et  au  service  de  mon 
Roy  et  k  ce  que  vous  soyez  Addlement  averti  des  intentions  de  ceux  de 
par  icy  que  j'ay  obliges  parde  bonnes  conjectures  qui  seront  Irop  longues 
k  racompter,  et  prie  Dieu  qu'il  vous  doint,  Monseigneur,  en  parfaile 
sante  trfes  longue  et  tr6s  heureuse  vie. 

De  Rome,  ce  7  f^bvrier  1594. 

Votretr&s  humble  ettres  obeissant  serviteur.  A.  d'Ossat. 


IV 

Au  m3me(l) 

Monseigneur, 
Par  une  autre  lettre  k  part,  que  je  viens  de  vous  faire,  vous  verrcz 
comme  Taffaire  dont  M.  de  Sobolles  vous  avoit  escrit  est  r^ussi.  J*esp^re 
sous  peu  donner  advis  pour  Tautre  partie  k  M,  Francois  Dassimon 

(1)  Bib.  Nat.  Mss.  F.  Ir.  n«  3,622,  ^54  et  s. 


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—  309  — 

qui  a  est6  substitut  de  monsieur  Loirenot,  duquel  Dassimon  je  n'ay  rien 
pu  apprendre  de  ce  que  je  d^sirois  touchant  rhomologation  du  contract 
d'eschange  que  vous  avez  fait  avec  les  prieur,  religieux  et  convent  de 
Saint- Estienne;  k  sgavoir  i  qui  il  avoit  tenu  qu'elle  n'avoit  est6  exp6- 
di^  k  la  sollicitation  dudit  Loirenot  qui  en  avoit  charge;  pensant  que 
led.  Dassimon  s'estoit  j&  parti  d'avec  led.  aultre  moyen  et  ]e  feray  du 
mieux  qu'il  me  sera  possible.  Cependant  il  vous  envoye  le  dinombre- 
ment  des  villes  et  places  que  je  debvois  vous  envoyer.  Au  demeurant 
Monsieur  le  cardinal  de  Gondy  est  arriv6  aujourd'huy  en  ceste  ville, 
ecavoir  le  22  Janvier^  et  est  allS  baiser  les  pieds  du  Pape  le  24.  II  est 
bien  loin  de  se  laisser  tromper  par  ceulx  dont  je  vous  escrivois  par  le 
dernier  ordinaire,  car  il  en  ba  aussi  mauvaise  opinion  et  s*en  deffie 
autant  qu'un  aultre :  quant  k  moy  je  me  confirme  tousjours  en  ceste 
opinion,  que  apr6s  qu'ils  auront  tAch6  en  vain  d'assouvir  Tambitionde 
celuy  qui  les  ha  envoy^s,  si  ils  voyent  qu'il  buste  mal  en  France  pour 
eux,  et  qu'il  faille  parler  i  bon  escient  d'accord,  corame  d6s  ceste  heure 
ils  voudroient  commencer  d'en  parler  pour  la  fin  dont  je  parlois  en  ma 
demifere  lettre,  ils  s'attendent  k  traiter  ledit  accord  auprfes  du  Pape  et 
faire  demander  par  Sa  Saintel^  ce  que  en  frferes  et  confreres,  de  diput^s 
k  dipuiis  ils  n'oseroient  ou  auroient  honte  de  demander :  tant  pour 
les  conditions  que  pour  \es  secrets  dudit  accord.  Mais  le  pis  est  que  par 
cette  interposition  du  Pape  (pour  le  moyen  duquel  ils  vouldroient 
encore  faire  entrer  en  Taccord  le  Roy  d'Espaigne)  et  par  la  conclusion 
d'un  accord  g6n(5ral,  ils  tendent  k  deux  choses,  qui  seroient  de  grand 
prejudice  k  la  couronne  et  au  Roy  et  a  toute  ^a  maison  royale;  Tune  k 
tenir  debout  et  en  son  enlier  le  parti  de  la  Ligue,  voire  aprfes  la  paix 
faicte  et  par  ce  moyen  le  royaume  divise  et  mi-parti;  Taultre  k  maintenir 
la  personne  de  monsieur  de  Mayenne  en  la  bonne  grace  et  en  la  bonne 
opinion  du  Pape  et  du  Roy  d'Espaignie  et  lui  continuer  tousjours  les 
intelligences  qu'il  ha  preseutement  avec  eulx,  afin  que  aussi  bien  en 
temps  de  paix  comme  de  guerre  il  demeure  chef  du  parti  et  puisse 
interposer  la  puissance  et  autorit6  royale  et  s'y  opposer  quand  bon  luy 
semblera,  soubs  les  beaux  pr^textes  et  par  les  mesmes  appuis  et  faveurs 
qu'on  ha  pris  par  cy  devant. 

Ainsi  luy  voudroit-on  par  mesme  moyen  conserver  entiferes  les  provi- 
sions qu'il  avoit  faites  pour  son  exaltation,  afin  que  si  par  la  mort  du 
Roy  ou  par  quelque  aultre  faict,  il  se  pr6sentoit  occasion  de  monter 
plus  hault,  il  n'aye  rien  perdu  et  setrouve  autant  de  moyens  toutpr^ts 
et  pour  agir  de  longue  main.  C'est  pourquoy,  Monseigneur^  je  propose 
icy  plusieurs  accords  particuliers  comme  plus  expWiens  au  Roy  et  ila 


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—  310  — 

couronne  et  au  bien  et  au  repos  de  tout  le  Royaulme;  et  s'il  faDoitfaire 
un  trait*  d*accord  g^niral,  qu'il  le  fault  faire  en  France  et  pas  i  Rome, 
et  qu'il  sera  meilleur  qu'il  se  fasse  par  monsieur  de  Mayenne  pardelli, 
sans  le  Pape  ni  le  Roy  d'Espagne.  Ce  vous  saurez  trop  mieux  disoerner 
plus  habilement  que  moy  ne  sgaurois  penser;  mais  le  zfele  que  j'ay  an 
bien  public  me  pousse  ainsi  souvent  k  cette  indiscretion  que  votre 
humanity  et  bont6  excusera. 

Et  jeprierai  Dieuqu'il  vous  doint,  Monseigneur,  en  parfaicle  sanle 
trfes  longue  et  trfes  heureuse  vie. 

De  Rome,  ce  12  fivrier  1594. 

Votre  trfes  humble  et  trfes  obdissant  serviteur.  A.  d'Ossat. 


Au  memo  (1) 

Monseigneur, 

Je  vous  escrivis  samedy,  12  jour  de  ce  mois,  par  la  voie  de  Venise  et 
vous  envoyai  Texp^ition  dont  Monsieur  de  Sobolles  vous  avoit  escrit, 
et  le  dtoombrement  des  villes  qui  tiennent  en  France  pour  le  Roy  d'un 
cost6  et  pour  la  Ligue  d'un  aultre. 

Maintenant,  je  vous  envoye  par  la  voye  de  Mantoue  les  deux  passe- 
ports  que  Giacomo  Mandolo  vous  avoit  bailies  et  un  troisiesme  qu'il  me 
layssa  quand  il  partit  de  ceste  ville  pour  Naples.  Je  les  ay  pli6s  k  part 
et  les  ay  cottfe,  le  premier  de  la  letlre  A,  le  second  de  la  lettre  B  et  le 
troisifeme  de  la  lettre  C.  Et  i  present  de  ce  qu'il  vous  avoit  pleu  me 
demander,  il  ne  me  resle  plus  que  le  contract  d'eschange  fait  avec  les 
prieur,  religieux  et  couvent  de  S.-Estienne  de  Nevers  qui  est  un  affaire 
de  plusieurs  jours,  et  comptez  que  j'y  feray  tout  ce  qui  sera  en  ma 
puissance,  comme  en  toute  aultre  chose  qui  appartiendra  a  votre 
service. 

A  tant  je  prie  Dieu  qu'il  vous  doint,  Monseigneur,  en  parfaicte  santi 
trte  longue  ettrfes  heureuse  vie. 

De  Rome,  ce  16  febvrier  1594. 

Votre  trfes  humble  et  trfes  ob^issant  serviteur.  A.  d*Ossat. 

(1)  Bibl.  Nat..  F.  Fr.,  ».  3^22,  p  6Q. 


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VI 
Au  mdme  (1) 

Monseigneur, 

Je  receus  bier.au  soir  la  leltre  qu'il  vous  pleust  m'escrire  d'Isco  le 
17  de  ce  mois  et  vous  baise  tres  humblement  les  mains  de  la  souve- 
nance  et  bonne  affection  dont  il  vous  plait  m'honorer  sans  aultre  m^te 
que  de  vous  estre  trfes  bumble  et  trfes  d6vou6  serviteur  que  je  seray 
toute  ma  vie.  J'ay  parl6  ce  m^tin  au  seigneur  dont  vous  me  faictes 
mention  et  luy  ay  dit  ce  qu'il  vous  avoit  plu  me  mander.  II  s'en  est 
tenu  fort  honor6  et  vous  en  remercie  trfes  humblement  et  m'ba  faict 
redire  par  deux  fois  la  date  de  votre  lettre  que  je  tenois  en  ma  main 
quand  je  luy  parlois^  et  s'estant  enquis  dans  combien  de  temps  vous 
pourriez  arriver  vers  le  Roy,  il  m'ha  dit  que  s'il  luy  venoit  occasion 
de  vous  escrire,  il  m'envoyeroit  ses  lettres;  et  que  cependant  je  vous 
escrivisse  que  vous  n'aviez  point  en  Italic  ni  ailleurs  serviteur  plus 
bumble  ni  plus  zili  qu'il  est  vostre.  Au  demeurant,  les  envoy^s  qui  sont 
icy  pour  la  Ligue,  aprfes  avoir  vu  le  cours  que  les  choses  de  France 
prennent,  ont  chang6  de  ton  et  supplii  le  Pape  de  s'inlerposer  pour 
faire  une  paix.  Et  Sa  Saintete  leur  ayant  demand^  leur  dire  parescrit^ 
lis  le  luy  ont  envoys  de  la  teneur  que  M.  d'Elbfene  (2)  vous  Tenvoye. 

II  y  ha  cela  de  bon :  premiferement  qu'ils  y  disent  leur  Conjiteor, 
recognoissant  certaines  choses  qu*on  n'ha  jamais  voulu  croire  k  Rome 
quand  ceux  du  cost6  du  Roy  les  y  ont  dictes,  k  sgavoir  que  Ja  France 
ne  peult  plus  durer  au  present  estat  auquel  lesguerres  I'ont  rWuicteet 
qu'il  est  ndcessaire  de  pourvoir  &ce  quelesd.  guerres  finissent  pour 
ce  que  nos  seditions  n'ont  servi  jusques  ici  et  ne  servent  encore  aujour- 
d'huy  que  de  miner  la  Reh'gion  catholique  et  TEstat :  qu'il  n'y  ha  plus 
moyen  de  venir  k  bout  du  Roy,  n'y  d'empescher  qu'il  ne  rfegne  :  quel- 
que  efifort  que  le  Pape  et  le  Roy  d'Espagne  voulussent  faire,  et  que  le 
seul  moyen  de  mettre  fin  ^  nos  troubles  et  k  tant  de  maux  et  calamity 
c'est  la  paix.  Secondement,  leurs  fins  et  intentions  d'amuser  les  villes 
et  seigneurs  qui  se  ddclarent  mettre  du  costidu  Roy,  d'obtenirde  grands 

(1)  Bibl.  Nat.  Mss.  F.  Fr,  n»  3622,  ^  169  et  s. 

(2)  AJexandre  d'Elb^ne  ou  del  Bene,  gentilbomme  fran^ais,  issu  d'une  famille 
d'origine  italienne,  r^sida  quelque  temps  ^  Rome  (1589-1595)  comme  agent  de 
Nevers  et  s'y  employa,  de  concert  avec  d'Ossat,  k  disposer  les  esprits  en  laveur 
de  Tabsolution.  Voir  lettre  suivante. 


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—  313  — 

tr^TS  de  Sa  Majesty,  d'avoir  par  le  moyen  du  Pape  toutes  sortes  d'ad- 
vantages^  de  maintenir  puissant  aprte  la  paix  ie  parti  de  la  Ligue  vive 
et  active  avec  toutes  ses  intelligences  avec  les  Strangers,  et  telles  autres 
y  sent  insirtes  si  clairement  que  Sa  Majesl6  et  ses  bons  serviteurs  n'au- 
ront  point  besoin  de  commentaire  pour  les  entendre. 

Et  vous  trouverez  que  je  ne  me  suis  point  trompi  en  ce  que  j'avois 
conjecture  de  leurs  desseins  et  que  Tantidote  en  avoit  ^t^  propose  advant 
qu'ils  n'eussent  diveloppd  leurs  escrits,  car  ils  ne  tinrent  led.  propos 
an  Pape  que  le  14  de  ce  mois  et  le  lui  impos^rent  par  escrit  le  19. 

A  tant  je  prie  Dieu  qu*il  vous  doint^  Monseigneur^^n  parfaicte  sant6 
trts  longue  et  trfes  heureuse  vie. 

De  Rome,  ce  26  mars  1594.  * 

Votre  trfes  humble  et  trte  obeissant  serviteur.  A.  d'Ossat. 

Avant  votre  dernifere  lettre  de  Mantoue,  je  vous  demandois  les  cinq 
sols  que  j'avois  payez  pour  Texp^tion  de  M.  de  SoboUes. 


VII 
Au  mdme(l) 

Monseigneur, 

La  lettre  qu'il  vous  pleust  de  m'escrire  du  camp  devant  Laon,  le 
!24juillet,  m'batesmoign^deplus  en  plus  rhumanit6etbont6dontvous 
temp6rez  votre  grandeur.  Je  recognois  en  moy  n'avoir  m6rit6  en  sorte 
du  monde  que  un  si  grand  prince  feist  aucune  mention  de  moy  au  Roy 
ni  k  personne  de  Messieurs  de  son  conseil,  et  moins  qu'il  me  moyenast 
aucun  bien  et  honneur  envers  eux.  Mais  puisque,  de  votre  grace, 
comme  je  voye  par  ladicte  lettre,  il  vous  hapleu  user  de  ceste  surabon- 
dance  de  bonti,  je  ne  puis  sinon  que,  avec  toute  humilit6  et  gratitude, 
recognoistre  celle  obligation,  et  desire  quelque  bonne  occasion  de  vous 
en  rendre  tr^  humble  service  comme  sans  cela  j'y  estois  desj^  ivhs 
affectionnS  et  oblige  et  m'y  efforceray  do  tout  mon  pouvoir,  toute  ma  vie, 

Le  persounage  auquel  vous  me  commandiez  de  bailler  le  billet  cy 
inclus  est  depuis  environ  un  mois  ou  six  sepmaines  alle  en  Hongrie  & 
la  guerre  centre  le  Turc,  en  compagnie  du  seigneur  don  Virginio 
Crisino  et  je  n'ay  pas  estim6  debvoir  fier  ledict  billet  k  personne  pour 
le  luyenvoyer,  non  pas  mesme  h  son  frfere,et  partant  je  vous  renvoye 

(1)  Bib.  Nat.  Mss.  F.  fr.  »•  3,991,  !•  179  et  s. 


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—  313  — 

ledict  billet.  Quant  aux  occurrences  de  degSt,  le  sieur  Alexandre  d'Elbfene 
qui  va  et  pratique  gi  et  Ik  plus  que  je  ne  fais,  vous  en  pourra  aussi  trop 
mieux  escrire  que  moy.  Aussi  ne  sont-ce  la  pluspart  que  mauvais 
offices  que  les  Hespagnols  font  par  degk  au  Roy,  choses  qu'on  ne  peult 
empescher  et  qui  n&ntmoins  sont  rendues  vaines  par  la  perseverance 
de  Sa  Majesty  en  la  religion  catholique  et  en  la  reduction  de  ses  subjects 
k  son  ob^issance,  dont  aprfes  Dieu  depend  tout  ce  que  sa  dicte  Majestd 
pourroit  desirer  d'icy  et  d'ailleurs. 

A  tant  je  prie  Dieuqu'il  vous  doint,  Monseigneur^en  parfaicte  sant6 
trfes  longue  et  trfes  heureuse  vie. 

De  Rome,  ce  5  septembre  1594. 

Votre  trfes  humble  et  trfes  obSissant  serviteur.  A.  d'Ossat. 


Vlll 

Att  mdme  (1) 

Monseigneur, 
.  Le  seigneur  Virginio  della  Mentana  (2)  auquel  j'ay  faict  la  response 
qu'il  vous  avoit  pleu  me  commander  dit  que  Thomme  ne  veult  point 
estre  congneu  en  sorte  du  monde  et  che  a  questo  non  occorre  pensarci. 
Et  quant  aux  advis  ils  seront  mis  fes  mains  de  qui  il  Vous  plaira 
ordonner,  non  par  ledict  homme,  mais  par  main  tierce,  qui  ne  sgaura 
rien  du  contenu,ni  pour  qui  ce  sera.  Et  quant  k  luy  Virginio,  qu'il  vous 
ha  propose  cecy  pour  le  zfele  qu'il  ha  k  votre  service  comme  une  chose 
de  trfes  grande  importance  et  une  trfes  belle  occasion  qu'il  ne  fauldroit 
se  laisser  eschapper  des  mains  et  qu'il  d^siroit  sgavoir  advant  que 
partir  demain  si  il  vous  plaira  d'y  entendre. 

A  tant  je  prie  Dieu  qu'il  vous  doint,  Monseigneur,  le  bon  soir  et  en 
parfaicte  sant6  trfes  longue  et  trfes  heureuse  vie. 

Votre  trfes  humble  et  trfes  ob^issant  serviteur.  A.  d'Ossat. 

28  d^cembre  1594. 

(1)  Bib.  Nat.  Mss.  F.  fr.  n»  3,991,  f  196  et  s. 
"  (2)  D'Ossat  parle  encore  de  ce  personiuige  dans  une  lettre  h  Villeroy  du  28 
f^vrier  1596;  k  cette  ^poque  cct  Italien  servait  en  France  comme  g^n^ral  de  la 
cavalerie  ^trang^re.  Virginio  della  Mentana  —  Amelot  ecrit  di  Lamcntana  — 
^tait  fils  de  Latino  Orsino,  qui  avait  pass^,  dit  Amelot,  pour  un  des  plus  grands 
capitaines  de  son  si^cle. 


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—  314  ~ 

IX 

Att  m6me  (1) 

Monseigneur, 
Par  la  letlre  qu'il  vous  pleust  m'escrire  par  le  courrier  Valerio  da 
dernier  de  febvrier,  j'ay  veu  comme  la  fa^on  dont  je  m'eslois  comporte 
en  Taffaire  qu'il  avoit  pleu  au  Roy  me  commettre  ne  vous  avoit  point 
despleu;  ce  que  je  prends  d'un  si  grand  et  si  digne  prince  i  grand 
consolation  et  honneur  et  en  loue  Dieu  de  tout  men  coeur,  me  senlant 
en  oultre  grandement  honor6  et  oblige  k  vostre  bontd  de  la  faveur  et 
protection  qu'il  vous  plait  me  d^partir  par  del^  et  priant  Dieu  qu'il  luy 
plaise  m'en  rend  re  digne  et  me  donner  moyen  de  vous  rendre  une 
partie  du  tr^s  humble  service  que  je  vous  doibs.  Nostre  Sainl-Pfere  ha 
est6  trfes  aisede  la  r&olution  que  le  Roy  ha  prinse  d'envoyer  en  brief 
monsieur  du  Perron,  et  larde  beaucoup  k  tous  les  siens  qu'il  ne  soit 
icy,  et  j'ai  entendu  que  monsieur  le  cardinal  Toleto  ha  diet  que  lorsque 
vous  estiez  icy,  il  vous  dist  que  le  melon  n'estoit  point  encore  meur, 
mais  qu'il  est  meur  k  present.  J'ay  dicti  celuy  qui  me  Ta  rapport6  que 
j'ay  opinion  que  le  melon  soit  meshuy  trop  faict  et  qu'il  eust  est6  meil- 
leur  pour  eux  qu'ils  Teussent  prins  en  sa  vraye  saison  comme  vous 
le  leur  pr&entiez.  Quand  les  lettres  que  le  courrier  Val6rio  ha  portfes 
arriverent  icy,  nostre  diet  Sainct-P^re  e«Jtoit  indispose  des  goutes,  qui 
fust  cause  que  je  dis  k  monsieur  le  cardinal  Aldobrandin  ce  que  j'avois 
en  charge.  Et  aprte  que  Sa  Saintei6  ha  est6  garie,  j'ay  eu  audience 
d'Elle(2),  le  12  de  ce  mois,  ou,  apr^s  luy  avoir  parl6  de  la  part  du 
Roy,  je  lui  baisay  les  pieds  de  vostre  part,  et  luy  dis  que  vostre  zfeleau 
bien  du  Sainct-Si^e  et  de  la  France  estoit  si  grand  qu 'encore  que  vous 
eussiez  ordonn«^au  sieur  Alexandre  d'Elbfene  de  parler^  Sa  Sainctet^, 
toutesfois,  sur  quelque  occasion  que  vous  en  aviez  eue,  en  respondant 
k  mes  lettres,  vous  m'aviez  encores  commande  k  moy  de  la  supplier 
trfes  hurablement  de  vouloir  acc616rep  la  reconciliation  du  Roy  avec 
Elle,autant  comme  elledesiroil  Tadvancement  de  la  Religion  et  lapaix 
et  conservation  de  la  chrestient^.  Et  sur  cb  je  luy  exposay  ce  qui,  avec 
tant  de  prudence,  est  deduict  en  vostre  dicte  leltre  de  la  faiblesse  du 
Roy  d'Hespagne;  de  Teslat  auquel  sont  r^duicts  les  princes  de  la  Ligue; 
de  rimpossibilit6  de  faire  ce  que  aulresfois  on  s'estoit  propos6;  des 

(1)  Bibl  Nat.  Mss.  F.  n-  3,992,  t>  94  et  s. 

(2)  D'Ossat  fait  le  r^cit  d^taill^  de  celte  audience  dans  sa  lettre  au  Hoi  du 
14  jtvril  1595. 


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-.  315  — 

maux  qui  sont  adveaug  d'avoir  retard^  ladicte  reconciliation,  comme 
vous  lui  aviez  predict,  et  de  ceux  qui  pourroient  encores  advenir  si  Elle 
diff^it  d'advantage  et  k  la  fin  je  luy  dis  que  vous  suppliye2  Sa 
Saintet^  de  prendre  le  tout  en  bonne  part  et  en  exteution  du  comman- 
dement  qu'il  vous  avoit  faict  de  lui  escrire.  Toutes  lesquelles  choses 
nostre  diet  Sainct-P6ie  escouta  fort  atteutivement  et  me  respondit  qu'il 
se  souvenoit  que  vous  luy  aviez  autresfois  escrit  et  fait  dire  choses 
semblables,  qu'il  les  avoit  bien  nottes  et  faisoit  grande  estime  de  votre 
prudence  et  z6\e,  qu'il  estoit  trfes  dispose  k  faire  tout  ce  qu'il  falloit 
faire  et  en  moins  de  temps  que  faire  se  pourroit  et  que  I9  retardement 
estoit  venu  de  l^,  depuis  le  mois  de  septembre.  C'est4out  ce  qu'il  me 
respondit,  en  quoy  j'estirae  qu'il  fust  plus  brief  qu'il  n'eust  ii&  parce 
qu'il  m'avoit  ji  declare  sa  bonne  volenti  en  respondant  k  ce  que  je  luy 
avois  diet  de  la  part  du  Roy.  Au  demeurant  les  Hespagnols  se  sont  si 
fort  oflfensfe  de  ce  que  le  personnage  du  billet  est  alW  en  France  qu'ils 
out  fait  saisir  le  bien  que  sa  femme  ha  au  royaume  de  Naples. 

A  tant  je  prie  Dieu  qu'il  vous  doint,  Monseigneur,  en  parfaicte  sant6^ 
trte  loDgue  et  trfes  heureuse  vie. 

De  Rome,  ce  15  d'apvril  1595. 

Votre  trfes  humble  et  tr^s  obiissant  serviteur.  A.  d'Ossat. 

{A  suivre.)  A.  D^IGERT. 


FOLK-LORE  ET  LITTERATURE  GASCONNE 


Almanac  PAT0ui:s  de  l'Ariejo  per  Tannado  1894,  countenen  fieiros,  courses 
de  la  luno,  tout  so  que  cal  per  ferire  a  acountenta  las  gens  de  nostre  tant 
aimable  pays,  coumo  proberbis,  cansous,  countes,  istorios.  farsos,  etc. 
Foix,  imp.  Gadrat.  64  pp.  in-16.  —  Arthur  Poydenot.  Gascouneries, 
couronnees  aux  jeux  f^libr^ens  de  Montpellier  et  k  TAcademie  de  Bor- 
deaux. 2*  6dition,  augm.  et  annot^e.  Bordeaux,  imp.  A,  Bellicr,  1891. 
64  pp.  pet.  in-8*.  —  Statuts  et  liste  g^n^rale  des  membres  de  la  Gar- 
bare,  Society  Amicale  des  Gascons  du  Gers  k  Paris.  Ann6e  1893.  Auchy 
imp.  G.  Foix.  1894.  —  52  p.  in-8\ 

L'almanach  patois  de  Foix,  d^ji  pr^scnt^  aux  lecleurs  do  la  Revue^ 
nous  apporte  cette  annte  une  provision  encore  plus  riche  de  litt6rature 
populaire,  mais  ou  le  gascon  a  pourtant  une  part  plus  petite  que  Tan 
dernier.  Ce  qui,  au  fond,  n'importe  pas  beaucoup  k  nos  folk-loristes ; 


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—  316  — 

ils  savent  bien  que  pro\erbes,  contes  et  chansons  ne  s'arrfelent  pas 
d'ordinaire^  une  frontifere  gtographique  qnelconque,  et  sont  ou  devien- 
nent  le  patrimoine  commun  des  provinces  et  pays  d'une  m^me  r^on. 
Pourtant,  en  recommandant  toutes  les  series  du  nouvel  almanach,  je 
ne  m'arrfeterai  gu^re  qu'aux  pi^s  signal6es  par  le  caractfere  gascon  de 
ridiome.  —  Le  recueil  s'ouvre  pr6cisement  par  soixanle-dix  ou  quatre- 
vingt  proverbes,  souvent  rimfe,  recueillis  par  M.  Castet,  cur6  d'Uchen- 
tein,  dans  la  valine  de  Biros,  et  di]k  publife  avec  preface  de  M.  Pas- 
quier  dans  le  Bulletin  de  la  SocUU  ari^geoise  de  sciences,  lettres  ei 
arts.  Tous  ces  dictons  pr&entent,  outre  leur  int^rfit  philologique  et 
«  d(5mographique  »,  une  vraie  utility  morale  pour  les  lecteurs  du  petit 
livret  populaire;  ils  sont  rangfe  sous  deux  chefs  :  1*^  Travail,  paresse; 
2°  Fortune,  ambition.  On  lit,  par  exemple,  sous  le  premier :  Et  mano- 
brOj  qu'a  part  a'ra  obro  (rouvrier  a  part  k  Toeuvre);  —  Era  oubli- 
gatiu,  Abant  era  ^eboutiu;  —  Et  pa  dur,  Que  teng  etg  housian 
segur  (Le  pain  dur  fait  la  maison  sure);  —  Bau  mes  proujit  que 
glorio;  —  Bau  mes  suda  Que  trembla,  etc.  Sous  le  second :  Et  qu'a 
or  Qu'a  cor;  —  Que  dejunou  ourgulhous  Que  soupo  bergounhous; 

—  Et  qu'ac  bouto  tout  en  ung  toupi  Qu'ac  perd  tout  en  ung  mayii; 

—  Dus  brasses  e  santatg  Que  soun  era  richesso  d'era  praubetaig;-^ 
Et  que  canto  Soung  mau  espanio.  Ce  dernier  dicton,  sauf  la  marque 
du  dialecte,  est  identique  k  celui  dont  Aubanel  fit  sa  devise  d6s  la 
publication  de  son  premier  recueil :  Quau  canto  Soun  mau  encanto. 
C'est  un  exemple  entre  mille  de  cette  difiFusion  des  formules  populaires 
que  j'afRrmais  tout  k  Theure. 

On  en  Irouverait  d'autres  preuves  dans  les  6nigmes  (pp.  14-16), 
prises  pour  la  plupartdans  le  Lauraguais,  et  appel^  en  Ari6ge  bisco- 
biscausos  (comme  en  Armagnac  cau^e  berdiuse-berdause),  Ainsi : 
Qu*es  acdf  qu*es  ac6f  Soun  loungo  et  bianco, en  serbin  moun  mesire 
me  soun  desfeito  —  correspond  tr^s  exactement  k  Tenigrae  frangaise 
fort  r^pandue  :  «  Belle  blanche  que  je  suis,  En  vous  servant  je  me 
detruis.  >  Le  mot  est  a  chandelle  ».  Je  ne  puis  m'emp^her  deciter 
encore,  k  cause  de  leur  r&ilisme  pittoresque  et  malgr^  leur  provenance 
languedocienne,  les  deux  6nigmes  sur  les  «  ciseaux  >  et  la  c  lampe  k 
trois  bees  » [calhel,  en  gascon  careil) :  Tamilho,  mamlho,  cabilho  de 
fer^  soun  cinq  que  la  menon,  n'an  que  dous  elhs;  —  Beu  soun  sang 
e  manjo  sas  tripos, 

Aucune  des  treize  chansons  (pp.  17-31)  n'appartient  k  notre  dialecte 
gascon;  mais  plusieurs  ont  leur  equivalent  dans  notre  province :  une 
note  de  I'Ahnanach  (p.  30)  lefait  remarquer  pour  une  sorte  de  romance 


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—  317  — 

que  C^nac-Moncaut  avail  trouvte  en  B&m;  mais  le  m6me  auteur 
avait  entendu  en  A^tarac  VAse  de  Mariouriy  et  m^me  dans  une  legon 
meilleure,  ce  semble,  que  celle  de  TAri^ge  (p.  21);  il  est  vrai  que  la 
leQon  mirandaise  elle-m6me  porte  des  signes  6vidents  d'une  origine 
languedocienne. 

Parmi  les  contes,  il  y  en  a  deux  en  patois  saint  gironnais,  commu- 
nique par  M.  TabW  Cau-Durban.  Le  c  Petit  Turluret  t  est  une  ver- 
sion assez  curieuse  d'un  th^rae  bien  connu :  desobjets  enchantes  donnes 
k  un  brave  gargon  qui  en  perd  le  b^ndfice  par  des  indiscretions  de 
langage.  L'autre  conle  est  une  de  ces  l^gendes  oil  saint  Pierre  et  NotrlJ- 
Seigneur  voyagent  ensemble,  et  oil  Tap^tre  apprend  de  son  maltre 
quelques  secrets  des  voies  de  la  Providence :  dans  ce  rteit,  recueilli  a 
Castelnau-Durban,  le  gascon  est  fortement  m616  de  formes  langue- 
dociennes. 

—  C'est  encore  aux  folk-loristes  que  plaira  surtout  le  petit  recueil 
po^tique  de  M.  Arthur  Poydenot,  intituli6  Gascouneries.  Ce  titre  rap- 
pelle  assez  oelui  du  dernier  recueil  de  M.  Isidore  Salles  et  les  deux 
auteurs  sont,  je  crois,  quelque  pen  cousins.  Mais  si  le  pofete  de  Gosse 
parcourt  k  peu  prfes  toutes  les  cordes  de  la  lyre,  le  ch4telain  de  Prous- 
Montgaillard  se  contente  d'ordinaire,  comme  le  fait  pressentir  ce  joli 
mot  Gascouneries,  de  nous  offrir  les  bonnes  farces,  les  piquants  traits 
de  moeurs,  les  scenes  joyeuses,  les  figures  caract^ristiques  du  pays  de 
Chalosse,  dans  le  patois  local,  qui  n'est  pas  tout  k  faitaussi  eloign^du 
n6tre  que  le  parler  bayonnais.  Comme  tableaux  rustiques,  je  signalerai 
lou  mes  mourt  (mois  mort,  d6cembre),  las  bregnes  (vendanges), 
las  mud^res  (le  d6m6nagement  k  la  Saint-Martin),  Comme  por- 
traits, la  GarfouUre  ^marchande  de  gateaux  ambulante),  lou  bH 
mouli^,  lou  casse-can  (celui  qui  invite  pour  les  noces,  et  qui  lire 
son  nom  de  la  caime  surmonl6e  d'lme  pique  enrubannte  qu'on  lui 
offre),  lou  benazit  (le  «  benoit  »  ou  sacristain),  lou  bioulounayre, 
lou  fraier  (le  barbier),  enfin  lou  sourci^y  que  je  Irancris,  pour 
donncr  quelque  id6e,  k  la  fois  de  la  po6sie  aimable  el  facile  de 
M.  Poydenot  et  de  la  richesse  des  donn6es  de  moeurS  locales  qu'il 
sail  y  condenser. 

Bastart  d'an  mouli6  de  Morgans 
E  de  Daunine  la  crab^re, 
Dap  la  sou  may  touts  dus  bagans  (vagabonds), 
SouTci6  qu*6re  et,  ere  pouso^re ! 

Crouchit,  fort  bil6n,  yuste  p6c, 
Mau  bestit  d'u  bielhe  chamarre  (blouse  a  capuchoh), 


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^  di8  - 

S'espian  de  tnibfes,  taWy  m^  {bdgue), 
Simple  d'esprit  e  de  cors  charre  [maigre);  * 

Mks  qu'ab^be  un  mecban  poud^ 
A  defaut  de  ta  grane  science^ 
E  lou  sort  dous  souns  oelhs  cad6 
Se  Tabisen  chens  mesMence ! 

Lou  can  qu'e  h6,  lou  pore  malau, 
La  16yt  que's  goaste  k  la  coasine; 
Se  h6  trop  de  calou,  se  plau, 
Qu'6  la  faate  aa  hilb  de  Daunlne  t 

Remedis  qu'an  loas  medecins 
Countre  las  malausis  dou  mounde; 
Per  bira  lou  sortf  lous  m6y  fins 
Qu'an  biste  perdut  lou  soun  counde  1 

Lou  Daunin,  lou  hilh  dou  mouliS 
Qu'^  basut  chens  trop  de  malice; 
Cramp6(l),  se  moureich  k  Thospice, 
Qu'aura  chance ! . . .  Praube  sourci6 ! 

Le  pofete  landais  ne  se  depart  gufere  de  oe  rythme  modeste  ni  de  ces 
humbles  dimensions,  si  convenables  apr6s  tout  aux  tableaux  de 
genre  qui  Tout  tent6  et  qui  sans  effort  nous  s6duisent.  II  aurait  pour- 
tant  au  besoin  d'autres  tons  que  celui  de  la  pochade  la  mieux  enlev^, 
t^moin  —  j'allais  dire  sa  belle  pifece  sur  lou  Nosie  Henric,  mais  elle 
est  encore,  comme  elle  devait  6tre,  dans  la  note  la  plus  famili^re  — 
citons  plut6t  ce  joli  conte,  la  Yane  dou  Yan,  qui  unit  k  la  naivete 
rustique  un  sincere  accent  du  coeur,  et  surtout  ces  boutades  de  saine 
philosophic  pratique:  lou  Destiny  Coentes  e plasms j  A  nouste. 

—  Les  pontes  vivants  sont  habitues  k  ddev  ici  toute  la  place  aux 
morls,  k  ceux  que  les  6rudits  et  les  bibliophiles  vont  d^terrer  de  loin  en 
loin  dans  la  poussifere  des  bibliolhfeques.  Le  livret  annuel  de  la  Gar- 
bure  nous  entretient  cette  ann^e  d*un  de  ces  pontes  gascons,  du  plus 
int^ressant  de  tons  peut-^tre  et  du  plus  oublie.  Je  n'ai  pas  le  temps  de 
parler  de  la  Garbure  elle-m6me  et  du  rang  trfes  honorable  qu'elle  tient 
parmi  les  «  t)iners  artisliques  et  litt^pires  de  Paris  (2);  »  il  suffit  de 
dire,  ce  que  peu  de  mes  lecteurs  ignorent,  que  cette  amicale  association 


(1)  «  Habitant  une  chambre  au  loyer,  miserable.  »  J'emprunte,  et  pour  cause, 
cette  explication  aux  notos  que  M.  Poydenot  a  eu  la  bonne  pens^e  d'ajouter  k 
la  fin  de  son  liyre  (p.  53-61)  et  qui  en  doublent  le  prix  pour  les  philologues  et  les 
folk-loristes. 

(2)  Voir,  sous  ce  titre,  un  livre  curieux  d'Auguste  Lepage  (Paris,  Frinzine, 
1884);  mais  la  Garbure  k  peine  stabile  ue  put  y  flgurer. 


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—  3id  - 

est  fond^  depuis  plus  de  dix  ans  etquechaque  ann^  nous  Fa  montr^ 
plus  nombreuse  et  plus  florissante.  Ce  qui  nous  importe,  c  est  que,  uon 
contents  de  cultiver,  malgrt  Tdloignement  de  la  petite  patrie,  le  senti- 
ment provincial,  nos  «  garburiers  »  de  Paris  s'appliquent  k  ressusciter 
les  vieux  t^moins  de  la  langueetde  Tinspiration  des  aieux.  II  y  a  deux 
ans,  c'^tait  Jean  Guiraud  d'Astros,  le  chapelain  de  Saint-Clar  de 
Lomagne,  Tauteur  des  Quatre  saisons  gasconnes,  qui  obtenait  une 
notice  bien  plus  pr&ise  et  plus  d^taillte  que  ses  devanciires,  malgr6 
quelques  points  encore  douteux  (1).  Cette  ann6e,  c*est  le  tour  du  pofele 
plus  ancien  et  «  plus  oubliA  >  que  j'indiquais  lout  k  Theure,  Pierre  de 
Garros,  leyiourda,  II  y  a  bien,  bien  longtemps — quelque  chose,  hilasi 
comnie  trente-trois  ans  r^volus  —  que  je  publiais  sur  lui  une  6tude  en 
dix  articles  (I)  dans  un  journal  dont  peu  de  personnes  peut-6tre  se  sou- 
viennent,  le  Lectourois.  La  s6rie  de  ces  articles  n'existe  sans  doute 
nuUe  part,  except^  pr^is^ment  ou  elle  avait  le  plus  de  chances  de  se 
perdre,  chez  moi !  II  est  vrai  qu'elle  y  est  parce  que  Texcellent  docteur 
Noulet,  k  qui  je  I'avais  communiqute  depuis  toute  une  g^n^ration,  a 
eu  la  bonne  id^  de  me  la  letourner  presque  k  ses  demiers  moments. 
J'ai  done  eu  le  m6rite,  si  e'en  est  un,  de  sonner  le  premier  la  cloche 
pour  ce  mort  d^laiss^,  et  je  pourrai  bien  avoir  Timprudente  coquetterie 
de  r^^iter  cet  essai  de  jeunesse  k  Toccasion  que  je  vais  dire  dans  un 
instant.  Mais  comme  il  faudra  la  corrigeret  surtout,  malgr^  sa  lon- 
gueur, la  completer!  En  1861  je  n'avais  presque  pas  de  renseigne- 
ments  biographiques  sur  le  pofete  lectourois,  et  je  ne  connaissais  que 
par  les  biographies  sa  traduction  des  Psaumes;  les  Poesias  gasconas 
m'occupferent  done  presque  exclusivement :  il  est  vrai  qu'il  y  avait  ]k 
de  quoi  s'itendre  sans  trop  risquer  d'ennuyer  les  vrais  gascons;  on  ne 
trouverait  pas  ailleurs  que  dans  les  €  Eglogues,  »  qui  sont  la  meilleure 
partie  de  ce  vieux  recueil,  une  peinture  plus  vivante  et  plus  varite  du 
pays  gascon  dans  la  p^riode  la  plus  curieuse  et  la  plus  troublde  du 
seizifeme  sitele. 

Le  rapport  de  M.  Michelet  sur  la  situation  actuelle  de  la  Soci^ 
dont  il  est  tr&orier  renferme  sur  le  pofete  lectourois  une  longue  et  int^ 
ressante  ^tude  ou,  gr&ce  k  des  recherches  pers6v6rantes— dont  le  m^rite 
principal  revient,  je  crois,  k  notre  savant  et  consciencioux  coUabora- 
leur,  M.  Eugfene  Camoreyt, — la  biographic  positive  du  fils  aln6  de  Ber- 

(1)  Je  voulais  dire  quelque  chose  ici  —  trop  tard  d^jk  —  de  cet  iDt^ressant  tra- 
vaU  de  M.  Michelet;  mats  je  ne  le  retrouve  pas  sous  ma  main,  et  il  sera 
rheure  d'en  parler  ew  pro/esso  quand  viendra  la  f^tepr6par6e  k  Saint-Clar  pour 
rinauguration  d'un  buste  en  llionneur  du  vieux  po^te-ca/)eran. 


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—  320  — 

nard  de  Garros^  marchand  lectoupois,  del'avocat  toulousain,  du  laurdat 
des  jeux-floraux,  du  huguenot  qui  f ut  avocat-g^niral  k  la  cour  souve- 
raine  de  B&irn,  se  ddgage  enfin  de  la  p^nombre  cr6pusculaire  des 
notices  jusqu'iei  publi^es.  Toutefois,  Tanalyse  trfes  attentive  des  oeuvres 
est  encore  I'attrait  principal  de  ces  pages,  qyi  se  ferment  sur  Tannonee 
d'une  prochaine  r^ition  des  Psaumea  virats  en  rhyime  gascoun 
(IbQS)  ei  des  Poesias  gasconas  {lb&7)f  accompagnte  de  la  Pasiou- 
rade  gascoue  (1611)  sur  la  mort  d'Henri  IV,  par  Jean  de  Garros,  frfere 
cadet  de  Pierre.  II  s'agit  de  tr&ors  litt^raires  et  philologiques  de  pre- 
mier ordre  pour  la  Gascogne^  et  de  curiosity  absolument  inabordables 
pour  les  amateurs :  il  n'existe  probablement  en  France  qu'un  seal 
exemplaire  de  chacun  des  trois  ouvrages,  et  je  suppose  que  peu  de 
personnes  ont  eu,  comme  M,  F.  Taillade  et  moi,  la  patience  d'en 
faire  ou  d'en  obtenir  des  copies. 

M.  Alcfe  Durrieux,  dont  on  connalt  le  zfele  pour  la  langue  et  la  litt6- 
rature  de  son  pays,  ra  les  mettre  k  notre  port^  dans  une  Edition  de 
vrai  luxe,  sur  laquelle  je  n*ai  pas  besoin  d'insister,  puisque  le  pros- 
pectus en  a  ^t£  adress4  k  tons  les  abounds  de  la  Revue  de  Gascogne. 
Tous  les  bibliophiles  gascons  voudront  souscrire  k  cette  superbe  et 
capitale  publication.  Quelques-uns  pourront  bien  ddsirer  une  Mition 
plus  accessible  aux  petites  bourses.  D6jk  M.  Mari^ton,  dans  la  livraison 
de  la  Revue  fdibr^enne  qui  a  termini  Tannie  1893,  r6clamait  une 
Mition  populaire  des  Psaumes;  chez  nous,  on  ferait  peut-6tre  de  pr6te- 
rence  une  demande  pareille  pour  les  Poesies  gasconnes,  ou  du  moins 
pour  les  Eglogas  dont  j'ai  Ak\k  signal^  le  caract&re  si  profondiment 
provincial.  Mais  il  s'agit  pour  Theure  d'aider  M.  Durrieux  dans  sa 
belle  et  patriotique  entreprise,  tout  en  s'assurant  la  possession  et  la 
jouissance  du  plus  pr^ieux  monument  poitique  de  notre  passi  gascon. 
H4tons-nous  done  de  souscrire  aux  trois  volumes  qui  honoreront  si 
hautement  notre  pays  et,  en  particulier,  les  presses  du  successeur  des 
Duprat,  de  Timprimeur  de  la  Revue  de  Gascogne^  dont  le  plus  savant 
des  libraires  parisiens  saluait  demiferement  ici  lafidilitiauxmeilleures 
traditions  de  son  art.  L^once  COUTURE. 


L'abondance  des  mati^res  nous  oblige  k  renvoyer  k  la  liyraison  prochaine, 
qui  sera  doable,  d'importants  articles  de  bibliog;raphie  historique.  —  Mais  nous 
deyons  au  moins  annonoer  d^  aujourd'hui  la  r^cente  distribution  d'un  nouveau 
fascicule  des  Archiees  historiques  de  la  Gaacogno,  depuis  V>ngtemps  attendu 
et  qui  excitera  vivement  Tint^r^tdes  amis  de  notre histoire :  Audijos.laGabelle 
en  Gascogne,  documents  pubU6s  par  M.  Communay.  !'•  partie  (xv-240  pp.  grand 
in-8v  Auch,  L^once  Cocharaux).  Prix  :  7  francs. 


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CHATEAUX   GASCONS 

DJE  LA  FIN  DU  XIIP  SIBCLB  (•) 


III 

LE   CHATEAU   DU  BUSCA 

Les  personnages  dontnous  noussommesoccup6jus(}Q'ici, 
aiissi  bien  daas  celle  monographie  du  cMteau  de  La  Gardere 
que  dans  les  precedenles,  appartiennenl  tous  a  la  noblesse, 
a  la  gent  d'epee,  a  qui  la  France  dut  pendant des  siecles  son 
eclat  et  sa  grandeur.  Groupes  autour  de  leur  glorieux  maitre, 
Henri  IV,  en  qui  s'incarne  le  genie  de  leur  race,  Thistoire  des 
Cadels  de  Gascogne  n'est  plus  a  faire. 

Les  hasards  de  nos  recherches  nous  metlent  aujourd'hui 
en  presence  d'un  tout  autre  type  degenlilshommes,  ni  moins 
fiers,  ni  moins  ruses  que  les  precedents,  raais  cherchanlleur 
avantage  en  dehors  du  melier  des  armes  el  ne  reculant  devant 
aucun  scrupule  pour  alleindre  le  but  propose.  Dedaignant  la 
vie  peu  intellectuelle  des  camps,  preferant  s'adonner  aux  choses 
de  respril,  comprenant  surtout  que,  dans  Tencombrement 
de  la  cour,  Theure  est  passee  pour  se  faire  jour  au  milieu 
des  nobles  et  des  liommes  de  guerre,  les  Maniban  arrivent 
sur  la  scene  au  moment  ou  un  avenir  glorieux  s'ouvre  aux 
hommes  de  loi,  et  ils  n'hesitent  pas  a  se  donner  tout  enliers 
a  ia  magistrature  qui  les  menera  a  une  extreme  puissance  et 
aux  honneurs  les  plus  eleves. 

Cesl  done  avec  une  rare  perspicacite  qu'ils  s'enrdlent  dans 
les  Parlemenls,  sentantbien  que  Tavenirest  a  ces  puissantes 
compagnies  qui  peu  a  peu  tendent  a  se  subsliluer  a  la  no- 

(•)  Voir  la  livraison  d^  mai  1894,  page  225. 

Tome  XXXV.  —  Juillet-Aodt  1894.  21 


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—  322  — 

blesse,  et  dont  la  pluparl  des  membres,  par  leur  origine  pres- 
que  toujours  plebeienne^  leur  tenue  irr6prochabIe,  leur  amour 
de  r6quit6,  attirent  a  eux  Tinteret  etla  sympalhie  de  la  nalioo. 
Les  Maniban  font  partie  integrante^  pendant  deux  siecles,  de 
cette  caste  nouvelle  qu'on  nomme  les  Parlementaires  et  qui 
constitue  une  sorte  dintermediaire  entre  la  noblesse  et  la 
bourgeoisie.  Soutenus  par  le  peuple,  d'ou  lis  sont  sortis  et 
qui  Yoit  d6ja  en  eux  les  precurseurs  de  son  avenement  aux 
afifaires,  ils  servent  d'arbitres  entre  lui  et  les  grands  seigneurs 
et  s'interposent  toujours  entre  ses  reclamations  et  celies  de 
de  la  royaute.  Leur  prestige,  leur  faveur  augmentenl  avec 
leur  fortune,  et  ils  deviennent  les  maitres  aussi  bien  des  plus 
beaux  domaines  que  de  Topinion  publique. 

Aussi  revetentjls  pendant  quatre  generations  success! ?es, 
et  avec  la  plus  hautaine  fierte,  la  robe  de  magistrate  lis  sont 
de  robe,  s*en  font  gloire,  et  exigent,  sous  peine  de  les  deshe- 
riter,  que  leurs  descendants  soient  de  robe.  Leurs  volontes 
dernieres,  comme  nous  le  verrons,  sont  formelles  a  cet  egard; 
et  cet  amour  de  la  robe  n'est  pas  une  des  moindres  curio- 
sites  que  nous  reserve  leur  histoire.  lis  ont,  de  pere  en 
fils,  du  sang  de  magistral  dans  les  veines,  comme  les  Las- 
seran,  les  Monluc,  les  Barbazan  et  les  Leberon  ont  du  sang 
de  soldat.  Et  cette  difiference  de  race  et  d'aptitude  se  fera 
sentir  dans  des  rivalites,  dont  les  archives  de  leur  famille  nous 
ont  conserve  toutes  les  peripeties.  lis  chercheront,  en  eflfet, 
a  amoindrir,  autour  d'eux,  Tinfluence  de  ces  anciens  seigneurs, 
leurs  voisins,  k  s'agrandir  a  leurs  depens,  et  lorsque  Tbeure 
de  la  g^ne  et  de  Texpropriation  aura  sonne  pour  toute  cette 
noblesse  de  province  aux  abois,  les  Maniban,  devenus  plus 
riches  et  plus  puissants  qu'euxtous,  viendront  juste  a  temps 
pour  se  faire  adjuger  leurs  domaines  et  leurs  litres,  et  les  rem- 
placer  a  la  veille  de  la  Revolution. 

On  a  dit,  avec  raison,  que  duranl  les  deux  derniers  siedes, 
la  noblesse  de  robe  n'eul  d'autre  but  que  de  dominer  la 


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—  323  — 

noblesse  d'fepee  el  de  chercher  par  I'heredite  des  charges  a 
etabiir  avec  elle  une  rivalite  que  le  savoir,  la  dignite  des 
caraclcres  el  rindependaiice  d'esprit  Iransformferent  bien  vile 
en  superiorile*  Nalie  pari  celle  v6ril6  ne  se  fait  mieux  senlir 
que  dans  ce  coin  de  rArmagoac,  ou,  pendant  deux  si6cles> 
en  eflfet,  ies  Maniban  ne  perdirent  aucune  occasion  de  se  subs- 
tiluer  aux  anciens  possesseurs  des  grands  fiefs^  apportant 
tontefoisdans  leurs  relations  avec  leurs  vassaux  uneurbanite, 
une  philanthropies  une  politesse  nouveUes,  auxqueiles  cesder- 
niers  n'etaient  cerles  pas  habitues. 

Les  Maniban  sont,  avec  ies  Fieubet,  Ies  Bertier,  Ies 
Resseguier,  les  Bastard,  etc.,  la  gloire  et  Thonneur  du  Parle- 
ment  de  Toulouse,  ce  second  Parlement  de  France,  dont 
Texistence  si  mouvementee  se  relie  intimement  k  toutes  Ies 
phases  de  Thistoire  du  pays.  Tout  en  partageant  les  passions 
et  souvent  m6me  les  prejuges  de  leur  epoque,  ils  savent  sans 
cesse  faire  prevaloir  la  verite,  et,  par  la  dignity  de  leurcarac- 
tere  comme  par  Telfevation  de  leur  esprit,  ils  prennent  une 
des  places  les  plus  considerables  dans  lesrangset  a  la  tSle  de 
rillustre  compagnie.  Reunissant  toutes  les  connaissances, 
pourlant  si  multiples,  necessaires  a  cette  epoque  a  tout  bon 
parlementaire,  qu'ils  soient  simples  conseillers,  ou  avocats 
generaux,  ou  presidents  a  morlier,  voire  m6me  premiers  pre- 
sidents, ils  occupent  leur  siege  entoures  de  la  consideration 
publique,  et  la  vigueur  comme  Tequite  de  leurs  arrets,  ainsi 
que  leur  imparlialile,  leur  assurent  a  certains  moments  diffi- 
ciles  une  veritable  popularite.  Hommes  d'action  et  de  science, 
fins  poliliques,  administrateurs  int^gres,  ne  d6daignant  pas 
de  demander  en  m^me  temps  aux  belles-lettres  de  douces  et 
fructueuses  jouissances,  ils  mettent  au-d?ssus  de  toutes  choses 
leurs  devoirs  de  magistral,  et  ils  laissent  a  la  posterite  une 
memoire  qu'aucune  faiblesse,  en  ces  heures  troublees,  n'a  pu 
ternir. 

Nous  allons  les  prendre  k  leurs  debuts,  alors  que  simples 


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bourgeois  de  Maoledn,  ils  ne  portent  pas  encore  le  nom  que 
plus  tard  ils  illustreront.  Nous  ies  accompagnerons  ensuite 
dans  leur  longue  carrifere  publique,  Ies  voyant  peu  a  peu 
grandir,  se  mdler  aclivement  a  tous  Ies  evenemenls  politiques 
et  judiciaires^  d'abord  de  la  Guienne,  puis  du  Languedoc,  et 
de  generation  en  generation  s'61ever  au-dessus  de  leurs  colle- 
gues,  finissant  par  occupcr  ie  plus  haut  siege  du  Parlemenl 
de  Toulouse.  Nous  Ies  suivrons  en  m£me  temps  dans  leurs 
afifaires  privees,  assistant  a  Taccroissement  successif  de  leur 
fortune  territoriale,  a  leurs  riches  manages,  a  la  construction 
de  leurs  grandioses  residences  et  notamment  du  vaste  chateau 
du  Busca,  qui  englobera  bientOtdans  sa  justice  la  plupart 
des  chateaux  voisins,  comme  ceux  de  Massencdme  et  de  La 
Gardere,  Nous  Ies  verrons  enfin,  Thiver  aux  jeux  floraux,  Tele 
sous  leurs  beaux  ombrages  de  TArmagnac,  se  delasser  dans 
la  culture  des  lettres  et  Ies  joies  de  Tesprit  de  leui's  rudes 
labeurs  de  magistrats. 

L'origine  des  Maniban  est  des  plus  plebeiennes.  Sortis  du 
village  de  Mauleon,  dans  le  Bas-Armagnac,  leur  premier  nom 
est  La  Bassa  ou  de  La  Bassa.  C'est  sous  cetle  denomination 
que  nous  Ies  Irouvons  durant  la  premiere  moitie  du  xvrsiecle, 
et  c'est  comme  bourgeois  etsouvent  meme  comme  marohands 
qu'ilssontdesignes  dans  Ies  actes,  assez  rares  du  reste,  de 
cetle  epoque. 

Le  H  Janvier  1489,  Jean  de  La  Filere,  originaire  de 
Mauleon,  dans  la  baronnie  d'Armagnac,  fait  vente  a  discret 
homme  Michel  de  La  Bassa,  pretre,  bachelier  in  deactis  et 
habitant  de  Mauleon,  lequel  est  represente  par  son  frereCi/iY- 
laume  de  La  Bassa,  d'une  partie  de  forge,  « cum  barquinis, 
incudine,  comuta,  marlellis  elaliis  arlificiisnecessariis,  pour 
la  somme  d'un  ecu,  comptant  18  sols  par  ecu  (1). » 

Lances  dans  Ies  afifaires,  on  Ies  voil  au  milieu  de  ce  siecle 

(1)  Notariat  de  Nogaro.  Chastenet,  not.  Archives  du  Grand  S^rainaire  d'Auch. 


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—  325  — 

inlenler  de  nombreux  proc6s  aux  petites  gens  d'Eaaze  et  de 
Maaleon.  C'est  d'abord,  a  la  dale  da  3  aoAt  154i,  un  Jean 
de  Labassa,  «  rfi7  de  Maniban,  »  qui  instrumente  conire  un 
certain  Bernard  Dartigues,  marchand  dela  ville  d'Eauze.  Puis, 
sepl  ans  apres,  le  43  aoul  4551,  le  m6me  Jean  de  Labassa, 
dit  celle  fols  «  de  Maniban,  seigneur  de  Lusson, »  se  prend 
de  querelle  avec  Antoine  Dupuy,  marchand  d'Eauze.  Le  juge- 
niage  ordonne  que  iedit  La  Bassa  jurera  sur  les  reliques  et 
TauteJ  de  saint  Frix,  de  Bassoues,  «  apres  quoi  il  sera  oui 
sur  la  cause  (1). » 

Le  6  juin  1558,  le  23  mai  1559  et  le  18  novembre  1563, 
ce  sont  trois  nouveaux  proces  devant  le  senechal  d'Armagnac, 
intentespar  un  PUnre  de  La  Bassa  de  Maniban,  seigneur 
de  La  Cauzanne,  pres  Mauleon,  centre  plusieurs  marchands 
de  La  Bastide  d'Armagnac  (2). 

Autre  proces,  le  22  novembre  1561,  entre  Bone,  veuve  de 
feu  Jean  de  Maniban,  se  presentant  comme  «  mere  et  legi- 
time administreresse  desbiens  dudit  feu  Maniban  » ,  el  Jeanne 
Peyraube,  a  propos  d'injures  echangees  enlre  elles. 

Enflo,  le  3  decembre  1563,  nouvelles  difficulles  survenues 
enlre  Jean  Romat  elRaymond  deSainle-Fauste,  de  Cazaubon, 
tuleurs  des  herillers  de  feu  Amanieu  de  Labassa,  el  Piene 
de  3/aniban,  leur  oncle,  seigneur  de  La  Cauzanne  (3). 

Ces  quelques  indications,  pour  aussi  sommaires  qu'elles 
soient,  suffisent  pour  nous  reveler  Torigine  fort  modeste  des 
Maniban,  ainsi  que  leurs  premiers  pas  sur  la  route  de  la  fortune. 
«  Mane  ibam  el  flebam,  miltens  semina  j»  ,  disaienl  d'eux  les 
gens  de  Cazaubon,  leur  appliquant  ainsi  ironiquement  les 
paroles  de  TEcrilure.  Ce  qui  ne  les  empfiche  pas  de  devenir, 
en  Ires  pen  de  temps,,  successivemenl  seigneurs  des  terres 
de  La  Cauzanne,  de  Lusson,  loules  deux  autour  de  Mau- 

(1)  Archives  departementales.  Registre  des  iusinuations, 

(2)  Idem. 

(3)  Idemr 


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—  326  — 

leon,  et  aussi  de  celle  de  Maniban,  sitaee  a  deux  kilometres 
au  sud  de  cette  petite  ville,  et  dont  ils  prirent  le  nom  aa  lieu 
et  place  de  celui  de  La  Bassa.  lis  oblinreut  mSnie,  dit-on^  vers 
cette  epoque,  sans  doute  pour  quelque  service  signal^,  dout 
rhistoire  ne  nous  a  pas  conserve  le  souvenir,  des  leltres 
d'anoblissement. 

Cast  en  effet  vers  1560  qu'un  seigneur  de  Maniban,  Pierre, 
dit  Lachesnaye  des  Bois  sans  autres  indications,  eleva  consi* 
derablement  sa  maison,  en  epousant  une  noble  heritiere  du 
Haut-Armagnac,  Frangoise  de  Bousty,  dame  du  Busca  et 
d'Ampeils,  et  qu'il  devint  ainsi  le  chef  de  la  famille  qui  va 
nous  occuper. 

Sis  entre  les  viUes  de  Valeace  a  Test,  de  Gondrin  a  Touest, 
et  au  nord  des  deux  petits  villages  de  Mouchan  et  de  Cassaigne, 
le  domaine  tr^s  considerable  du  Busca  s'elend  sur  les  plus 
hauts  contreforts  de  la  rive  droite  de  TOsse,  et  il  n'est  separe 
du  ch&teau  de  MassencOme,  a  Test,  que  par  deux  kilometres 
a  peine.  Des  les  commencements  du  xvi*siecle,nous  le  voyons 
habite  par  la  famille  de  Bousty,  dont  un  des  membres  exerce 
la  profession  de  medecin. 

Le29  mars  1559,  «  honorable  homme,M*  Nicolas  de  Bously, 
seigneur  du  Busca  en  la  senechaussee  d'Armagnac  et  docleur 
en  medecine,  achete  une  piece  de  terre  siluee  en  la  juridiclioa 
de  Gondrin,  pres  de  Villeneuve(l).  »  Le  meme,  qualiOe  tou- 
jours  de  seigneur  du  lieu  du  Busca  et  d'Ampeils  et  du  tilre 
de  docteur  en  mfedecine,  donne  le  29  mars  4546  procuration 
a  M'  Jehan  Saregis  pour  le  representer  dans  Tadministration 
de  ses  biens  et  le  reglement  de  ses  affaires  (2). 

Nicolas  de  Bousty  meurt  peu  de  temps  apres  et  laisse 
deux  enfants :  Tun,  Frangois  de  Bousty,  lui  succede  comme 
seigneur  du  Busca  et  d'Ampeils,  et  intenle,  au  lendemain  de 

(1)  Notarial  de  Condom.  Bourret,  not.  Note  commuuiqu^e  par  M.  Calcat,  juge 
au  tribunal  d'Auch. 

(2)  Notarial  de  Valence.  Liard,  not.  de  Masseno6me.  Couverture  du  registre 
pour  I'ann^e  1601-1602. 


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—  327  — 

la  mort  de  son  pere,  le  5  avril  1555^  an  long  proces  devant 
le  senechal  d'Armagnac  contre  un  certain  marchand  d'Ay- 
guetinte,  Guillaume  Bousenx,  a  qui  son  pere  avait  afferme 
de  nombreuses  terres  dans  ies  dislricts  de  Pardaillan,  Beau- 
caire,  Verduzan,  Lamazere,  Ayguelinte  et  Caslera-Vivent(l). 
L'aulre,  une  flUc,  Francoise  de  Boasty,  epouSe,  vers  celte 
annee  1560,  le  seigneur  de  Maniban,  en  a  un  fils,  Jean,  et 
devient  bienUJt  veuve.  Nous  la  voyons,  en  efifet,  des  4574, 
gerer  et  administrer,  avec  une  rare  habilete  et  une  fermete 
peu  commune  pour  une  femme,  Ies  biens  de  son  enfant 
mineuw  Jean  de  itfan»&an  dutnaitre  vers  1566. 

Jean  de  Maniban.  —  Occupant  dans  la  hierarcbie  sociale 
de  Tepoque  un  rang  plus  distingue  que  la  famille  bourgeoise 
des  Maniban,  Ies  de  Bousty,  seigneurs  de  riches  el  importants 
domaines,tinrent  a  honneur,  dansleur  nouvelle  alliance,  a  ne 
pas  deroger;  et  c'est  a  leur  influence,  a  leurs  relations,  a  la 
consideration  dentils  jouissaientdeja  que  Ies  Maniban  durent 
leur  premiere  elevation.  On  ne  saurait  trop  admirer  en  meme 
temps  avec  quel  soin  jaloux  Francoise  de  Bousty  surveilla 
Teducation  de  son  flls  mineur,  et  quel  zele  intelligent  elleap- 
porta  dans  Tadministration  deses  biens.  Les  notariats  voisins 
de  la  lerre  du  Busca  sent  pleins  de  ses  actes  de  gestion,  et  ils 
nous  font  voir  en  elle,  non  pas,  comme  on  pourrait  le  croire, 
une  altiere  et  capricieuse  ch&telaine,  mais  une  femme  supe- 
rieure,  imbue  de  ses  devoirs  de  mere,  et  compatissant  a  toutes 
les  infortunes  de  ses  vassaux.  Qu'on  en  juge  plutdt  par  les 
actes  suivants  que  nous  relevons  dans  lepele-m^le  des  minutes 
de  cetle  epoque,  et  qui  contrastent  si  vivement  avec  les  faits 
de  plus  en  plus  rares,  il  faut  le  reconnaitre,  d'omnipotence  et 
de  brutalile  seigneuriales.  En  TanneelSSO, 

«  Demoiselle  Frangoise  de  Bousty  du  Busca,  dame  de  Maniban, 
mue  de  piti^  et  de  commiseration  de  la  povrete  de  Frangoyse  Dumail, 

(1)  Archives  d^partementales  du  Gers.  Beg.  des  insiuuatioiis. 


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—  328  - 

dont  le  fils  Arnaud  Dupoy  a  m  condamn^  k  60  escus  sols  d'amende 
et  18  escus  sols  de  depens,  pour  certains  delicts  commis  frauduleuse- 
ment  sur  les  terres  dudit  seigneur  de  Maniban...,  fait  don  et  abandon 
k  ladite  Dumail  de  la  maison  qu'elle  occupe  et  de  diverses  pifec^  de 
terres  alentour  (1).  » 

La  m^me  aiwee  1580,  ladite  dame  de  Maniban  rcgoit,  tant 
pour  elle  que  pour  son  flls  Jean  de  Maniban,  ie  sermenl  de 
fldelite  des  consuls  de  Larroque-Fources,  lesquels  recon- 
naissent 

€  Que  iceluy  Jean  de  Maniban  est  leur  vray,  nalurel,  foncier  et 
direct  et  en  toute  espfece  de  justice,  haute,  moyenne  et  basse,  qu'k  luy 
seul  appartient,  k  cause  de  ce,  la  cr&ition  du  juge  bayle,  greffiers, 
procureurs  et  tel  autre  officier  qu'il  voudra...,  que  ses  droits  pour  \t% 
lods  et  ventes  sont  le  dixi6me  denier  du  prix  pour  lequel  la  vente  a  6t^ 
faite...,  et  que  les  droits  de  fiefs  sont :  2  sols  par  cartelade  de  terre  pred, 
8  deniers  par  cartelade  de  toute  autre  condition  de  terre,  et  12  deniers 
par  place  de  maison  ou  place  sise  dans  le  barry  et  enclos  d'iceluy,  etc.  > 

Ladile  dame  de  Maniban,  tant  en  son  nom  qu'au  nom  de 
son  flls,  seigneur  de  Larroque-Fources,  s'engage  en  echange 

<x  A  maintenir  les  susdits  habitants  de  La  Roque  dans  leurs  droits 
et  libert^s,  k  les  traiter  humainement  comme  il  appartient  k  bons, 
obeyssans  et  loyaux  subjects;  k  les  deffendre  de  son  pouvoir  d'oppres- 
sion  et  ruyne  envers  et  centre  tous  ceux  qui  les  molesteroient  sans 
raison  de  leurs  biens  et  personnes;  k  faire  administrer  bonne  justice 
par  ses  officiers,  et  leur  6tre  fermegarant  poUr  le  regard  de  la  seigneurie 
ftodale  envers  et  centre  tous  ceux  qui  voudroient  prendre  droit  de 
seigneurie  et  juridiciion  et  domination  f^odale  et  directe,  etc.  > 

Les  acles  de  charity,  accomplis  par  la  dame  de  Maniban 
dans  Telendue  des  ses  domaines  du  Haul  comme  du  Bas 
Armagnac,  ne  se  complent  pas.  Elle  meritala  reconnaissance 
publique  et  elle  acquit,  tant  pour  elle  que  pour  son  flls,  une 
juste  popularite.  C'est  avec  une  sage  autorite  qu'elle  admi- 
nislrait  ses  terres  dc  Maniban,  de  La  Couzanne,  de  Larroque- 

(1)  Notarwtt  de  Roqiies.  Loy&Codic,  not.  (}e  Vaupillon.  Reg.  pour  Tanu^e  1$80, 
tol  284, 


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—  329  — 

Fources,  deGondrin,  duBusca,  d'Ampeils,  de  Polignac,  etc.  (1), 
et  que,  sur^eillant  de  Xvhs  prte  reducation  de  son  fils,  ^lle 
lui  donnait  comme  exemple  son  frere  FranQois  de  Busty, 
conseiller  du  Roi  en  son  grand  conseil,  lui  inculquait  Tamour 
du  droil  et  le  preparait  a  embrasser  la  carriere  de  magistrate 
Ses  derniersacles  de  gestion,  avantla  reddition  de  ses  comptes 
de  tutelle,  furent,  le  l*'  juillet  1592,  le  bail  en  aflfermepour 
Irois  ans  de  la  lerre  etseigneurie  de  Larroque-Fources,  pour 
la  somme  de  500  escus  sols  par  an  (2),  et  la  donation,  de 
concert  avec  son  frere  Frangois  de  Bousty,  seigneur  du  Busca 
et  conseiller  au  grand  conseil  du  Roi,  de  la  somme  de  2,000 
6cus  sols  a  sa  niece  demoiselle  FrauQoise  de  Tarrissan,  a 
Toccasion  de  son  manage  «  dans  le  chateau  nable  de  Maniban, 
juridiction  de  Mauleon  en  Armagnac,  avec  noble  Guillaume 
de  Saint-Pe,  fils  atne  du  seigneur  de  Sainl-Pe  et  de  la  demoi- 
selle Frise  deBalz(3).  » 

Le  3  aout  1594,  Jean  efe  iVamfrrm,  seigneur  de  Maniban, 
de  Lusson,  de  Larroque-Fources  et  aulres  lieux,  fut  re^u 
conseiller  au  grand  conseil  du  Roi.  L'annee  suivante,  il  fut 
nomme  lieutenant-general  en  la  senechaussee  de  Bordeaux  (4). 
Jean  de  Maniban  n'avait  pas  encore  trente  ans. 

Sa  vasle  erudition,  son  extreme  prudence  dans  le  regle- 
ment  des  affaires  publiques,  el  son  entier  devouement  a  la 
royaute,  lui  valurent  de  bonne  heure  la  confiance  de  ses 
chefs,  tant  au  Parlement,  qu'il  semble  cependant  avoir  mo- 
menlanemenl  delaiss6  durant  les  premiers  temps,  qu'au  Se- 
n6chalat  ou  il  joua  uu  r61e  important,  et  dans  Pexercice  de 
ses  fonclions  administralives.  Nous  en  avons  pour  preuve  la 
lettre  suivanledumarechald'Ornano,  gouverneurdeOuyenne, 
au  roi  Henri  IV  : 

«  Sire^  j'ay  pri6  le  sieur  de  Maniban,  lieutenant-gin^ral  de  cesle 

(1)  Voir  notariat  de  Roques.  Reg.  pour  1574, 1575,  1581, 1582,  1586,  etc. 

(2)  Voir  notariat  de  Roques.  Reg.  1592,  fol.  205. 

(3)  Arch,  d^partementales  du  Gers.  Reg.  des  iusinuationSt 

(4)  Lachesnaye  des  Bois.  Art*  Maniban. 


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—  330  — 

ville,  qui  s'en  va  k  Paris,  de  rendre  cestuy  k  Votre  Majesty  et  lui  fire 

entendre  Testat  des  afiE^res  de  ses  quartiers.  II  en  est  si  bien  instruict 

que  j'estimerois  fere  tort  k  sa  sufiisance  et  k  Taffection  qu'il  a  k  son 

service,  sy  je  ne  m'en  remectois  du  tout  k  luy.  Je  la  supplye  tr^  hum- 

blement  de  croire  ce  qu'il  luy  en  dira  et  Tavoir  pour  recommand^ 

afin  de  Tobliger  k  continuer  la  fidelity  qu'il  doit  k  Votre  Majesty. 

J'ay  sceu  aujourd'huy  qu'il  s'est  faict  une  grande  assamblie  k  Biron 

soubz  pretexte  d'y  fere  les  obsfeques  de  feu  M.  de  Biron.  J'y  ay  aus- 

sytost  depesch^  pour  en  apprendre  les  particularitez  et  quelles  gens  y 

ont  assist^,  J'en  donneray  advis  k  V.  M.  par  la  premiere  depesche. 

Elle  peult  cependant  demeurer  asseur^e  qu'il  ne  se  passera  ny  fera 

rien  de  dega  au  prejudice  de  son  service,  que  je  n'y  courre  et  y  porte 

ma  vye  pour  ruyner  et  dissiper  les  mauvais  desseings  de  ceulx  qui 

auroient  la  volenti  d'estre  autres  que  bons  et  fidelles  subjectz  de  V.  M. 

k  laquelle  je  suis  et  seray  toute  ma  vye.  Sire,  vostre  tr^  humble, 

trfes  ob^issant  et  fidelle  serviteur  et  subject. 

Alphonse  d'Ornano. 
A  Bourdeaux,  ce  xxvi  aout  1602.  »  (1). 

L'annee  suivante,  le  3  mars  4605,  sans  doule  pour 
recompenser  le  zele  avec  lequel  le  sieur  de  Manibaa  avail 
rempU  sa  mission,  le  roi  le  nomma  maitre  des  requites  ordi- 
naires  de  son  hdlel,  fonclions  quMI  exerga  conjointemenlavec 
les  precedentes.  II  avail  epouse  quelques  annees  auparavant, 
le  6  mai  1595,  Jeanne  de  Ram,  fllle  de  Thomas  de  Ram,  lieu- 
tenant general  en  la  senechaassee  de  Bordeaux,  qui  proba- 
blemenl  se  d6mit  alors  de  sa  charge  en  faveur  de  son  gendre. 

Jean  de  Maniban  demeura  dans  la  capilale  de  la  Guyenne 
jusqu'en  4614,  se  partageant  entre  ses  diverseset  delicates 
fonclions.  II  ne  dedaignait  pas  neanmoins  d'aller  chaque 
anneesurveillersesdomainesderArmagnac  qu'il  agrandissail 
a  vue  d'oeil.  Nous  le  voyons,  en  efifet,  des  Pannee  1600, 
donner  en  afiferme  chaque  fois  de  nouvelles  lerres  autour  de 
la  seigneurie  du  Busca,  el  nolamment  celles  de  Labit,  de 
Lebe,  juridiction  de  Bonas,  de  Mesples  au  Castera,  de  la 

(I)  Bibl.  nat.  Mss.  Missions  ^trang^res.  Vol.  175.  Pi^ce  commuDiqu^ 
par  M.  Ph.  Tamizey  de  Larroque  aux  Archioes  historiquea  de  la  Gironde, 
t.  XIV,  p.  367. 


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—  331  — 

Courtade  en  Beaucaire^  la  taverne,  le  inazel>  le  p6age  et  le 
bayled'Ampeils,  denombreux  biens  en  Roz&s,  acheter,  le 
5  fevrier  1608,  pour  600  livres  tourDois,  la  inoiti6  de  la 
m6tairie  de  Mora,  sise  dans  la  joridictioD  de  La  Roqae,  etc., 
el  devenir  ainsi  un  des  plus  puissants  proprietaires  fonciers 
du  Haut-Armagnac  (1). 

A  celte  epoque,  Jean  de  Maniban  dat  quitter  Bordeaux  pour 
aller  a  Toulouse,  ou  Pappelait  a  un  poste  des  plus  considera- 
bles la  conQance  du  roi.  II  etait,  en  effet,  nomm6  president 
au  Parlement  en  remplacement  du  president  Poller  de  La 
Terrasse,  el  «  en  consideration  des  services,  disent  ses  lettres 
de  provision,  rendus  par  son  pdre  comme  ambassadeur  en 
Suisse,  et  pour  avoir  servi  lui-meme  a  la  satisfaction  du  roi 
dans  les  affaires  d'Etat  {%. »  Jean  de  Maniban  se  demit  aus- 
sitdt  de  toutes  les  fonctions  qu'il  remplissait  en  Guyenne,  et 
c'est  avec  empressemenl  qu'il  accepla  celte  nouvelle  charge 
que  ie  premier  il  illustra  et  qui,  pendant  quatre  generations, 
allail  devenir  beredilaire  dans  sa  famille. 

Se  consid6rant  a  juste  litre  comme  un  des  corps  les  plus 
importanls  du  royaume,  le  Parlement  de  Toulouse  jouissait  a 
celte  epoqued'une  veritable  renommee,  basee  sur  Tintfegrite 
desmoeurs  de  ses  magistrals,  le  souffle  de  liberie  etde  palrio- 
tlsme  qui  regnait  dans  leurs  arrets,  leur  ardente  foi  catho- 
lique,  et,  malgre  quelques  revolles  plut6l  apparentes  que 
reelles,  leur  fidelite  inebranlable  a  la  cause  de  laroyaute. 
Autour  de  ses  graves  conseillers  a  la  robe  rouge,  au  bonnet  a 
mortier,  au  chaperon  fourre  d'hermine,  se  groupait  louleune 
legion  de  magistrals  subalternes,  procureurs,  avocats,  gref- 
fiers,  huissiers,  clercs,  officiers  minisleriels,  qui,  avides  de 
chicane  en  m^me  temps  que  d'argent,  loujours  amoureux  de 


(1)  Xotariat  de  Valence.  Liard,  not.  t.  Massenc6me.  Reg.  pour  1597  k  1608. 

(2)  Archives  du  Parlement  de  Toulouse.  Malgre  nos  plus  actives  recherches, 
nous  n'avons  pu  d^couvrir  quel  r61e  diplomatique  avait  jou^  au  xvi*  si^cle,  eu 
Suisse,  ce  seigneur  do  Maniban,  p^re  du  nouveau  pr^ident. 


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-  332  — 

la  forme  et  fervents  disciples  du  bel  esprit,  eclairaient  par 
leurs  travaax  la  grande  compagnie  d'un  jour  tout  particulier 
et  lui  donnait  un  relief  et  un  eclat  qu'on  ne  retrouve  pas 
ailleurs.  En  ces  annfees  du  commencement  du  xva*  siecle,  les 
pariementaires  de  Toulouse  sont  profondement  imbus  des 
devoirs  de  leur  charge,  et  jamais  les  mesquines  questions  de 
preseance  ou  leur  inlerfit  particulier,  qui  cependant  les  preoc- 
cupkent  fort,  ne  les  font  devier  de  la  grande  voie  de  Tequite 
et  de  rhonneur.  Entre  tons  se  distingue  le  president  de 
Maniban.  Les  difflcultes  qui  surgirent,  en  1615,  a  Toccasion 
du  remplacement  du  premier  president  Francois  de  Clary, 
nous  le  montrent  deja,  quelques  jours  seulement  apres  son 
arrivee  a  Toulouse,  ne  transigeant  ni  avec  les  principes,  ni 
avec  sa  dignite  de  magistrate 

Le  9  novembre,  en  efifet,  le  premier  president  de  Clai7, 
accable  par  Tage,  se  demet  de  sa  charge  en  faveur  de  son 
fulur  gendre  Gilles  Le  Masuyer,  et  il  presente  a  la  cour,  reunie 
en  audience  solennelle,  les  lettres  de  provision  qui  lui  sont 
accordees  par  le  roi.  Le  president  de  Paulo,  organe  du  Parle- 
ment,  manifeste  au  nom  de  la  compagnie  les  regrets  qu'elle 
eprouve  de  son  depart;  mais  il  ne  pent  neanmoins  s'emp6- 
cher  de  lui  infliger  un  blame  de  ce  que,  {)our  la  somme  de 
50,000  ecus,  il  a  vendu  sa  charge  au  flanc6  de  sa  fllle.  La 
dignile  du  Parlement  est  atteinte,  et  la  premiere  charge  de  la 
cour  pent,  en  verlu  de  ce  precedent,  devenir  la  proie  de 
n'importe  quel  acquereur.  Frangois  de  Clary  replique  qu'il 
acceple  d'autant  moins  cette  mercuriale  qu'elle  est  prononcee 
par  un  homme  qui  a  dejimaintes  fois  brigue,  et  par  tons  les 
moyens,  la  place  qu'il  occupe,  el  il  se  retire  sans  vouloir 
conlinuer  a  assister  a  Taudience.  La  sfeance  devient  tumul- 
lueuse.Les  avis  sont  partages.  Les  quatre  presidents,  MM.  de 
Paulo,  de  Caminade,  de  Berlier  et  de  Maniban,  le  procureur 
general  de  Saint-Felix  el  les  deux  avocats  generaux  censu- 
rent  energiquement  la  forme  des  provisions,  exigent  que  le 


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-    --  333  — 

nouveau  premier  president  fasse  rayer  la  clause  relative  a  son 
mariage,  et  demandent  a  la  Cour  que  la  deliberation  soit 
renvoyee  au  lendemain.  Les  conseillers  favorables  a  Le 
Masuyer  votent  pour  la  continuation  de  Taudicnce.  Les 
presidents  se  retirent.  La  Cour  passe  outre  et  va  deliberer 
sans  eux,  quand  les  trois  premiers  se  ravisent  el  rentrent  en 
seance,  Seul  le  president  de  Maniban  croit  de  sa  dignite  de 
perseverer  dans  son  attitude,  et  il  sort  du  Palais,  La  majorite 
se  prononce  en  faveur  de  Le  Masuyer,  qui,  apres  avoir  fait  sa 
profession  de  foi  catholique,  est  installe  defmilivementcomme 
premier  president  (1). 

Jean  de  Maniban  prit  une  part  active  aux  principaux 
travaux  du  Parlement  de  Toulouse,  Son  nom  reste  attache  k 
tons  les  proces  retentissants  de  cette  epoque.  Imbu  de  senti- 
ments ullra-calholiques,  ii  suivit  son  premier  president  dans 
la  repression  quelquefois  trop  severe  des  exces  du  protestan- 
tisme  et  ii  sut  faire  rentrer  dans  les  limites  de  leurs  altri* 
butions  les  diflferents  corps  constilues,  notamment  la  Cour 
des  Aides,  trop  enclins  a  les  depasser.  Si  nous  ne  le  voyons 
pas  sieger  aux  longues  et  penibles  audiences  de  la  fameuse 
afifaire  de  Taventurier  Vanini,  qui  passionnaen  1619  si  pro- 
fondement  la  population  Toulousaine,  nous  le  trouvons,  deux 
ans  apres,  en  pieine  guerre  religieuse,  envoye  par  ie  Parle- 
ment en  deputation  aupres  du  due  de  Mayenne,  gouvernenr 
du  pays.  On  sait,  en  effet,  qu'en  1621  leflls  du  fameux  chef 
de  la  Ligue,  apres  s'etre  empare  de  Nerac,  marcha  contre  la 
viile  rebelle  de  Montauban  pour  en  faire  le  siege.  Beaucoup 
de  villes  de  Gascogne  avaient  leve,  a  son  instar,  Tetendard 
de  la  revoUe,  notamment  les  villes  de  Mauvezin,  de  Tlsle-en- 
Jourdain  et  du  Mas- Verdun.  Le  Parlement  de  Toulouse,  dans 
le  ressort  duquel  ces  cites  se  trouvaient,  decida  qu'il  fallait 
envoyer  trois  de  ses  magistrats  aupres  du  due  pour  le  prier 

(1)  Archives  du  Parlement  de  Toulouse.  Journal  du  pere  Lombard  et  du  gref- 
flerMalenfant.  VoiraussirHwJtofVc  du  Parlement  de  Toulouse.j^SLT  M.Dubt^dat. 


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—  334  - 

de  reduire  ces  villes  a  Tobeissance  royale.  Ce  fut  le  presideot 
Jean  de  Maniban  et  les  deux  conseillers  Barlhelemy  et  Masnau 
qui  furent  charges  d'aller  trouver  le  due.  lis  le  rencontrerent 
prfes  de  risle-en-Jourdain,  et  ils  rapporterent  de  leur  entrevae 
avec  lui  Tordre  de  faire  demolir  les  fortiOcations  de  cette  ville 
et  celles  du  Mas-Verdun.  Ce  qui  fut  aussitdt  present  par 
le  Parlement(l). 

Profondement  devoue  a  la  cause  royale,  le  Parlement  de 
Toulouse  alia,  a  deux  reprises  differenles,  en  grand  cortege, 
ses  presidents  en  t6te,  saluer  solennellement  le  Roi  a  Tarche- 
veche,  lorsque  Louis  XIII  vint  se  reposer  a  Toulouse  en  1621 
et  en  1622  de  ses  fatigues  du  siege  de  Montauban.  Tons  les 
parlementaires  flechirent  le  genou  devant  lui  et  luibaisferent 
la  jambe  ainsi  que  le  bord  de  son  manteau,  et  ils  protesterent 
hautement  de  leur  fid^lite  et  de  leur  obeissance  (2). 

C^est  6galement  Tepoque  ou  la  Chambre  de  Tedit,  6tablie 
k  Beziers,  ne  cessait,  pour  conserver  ses  priyileges  et  assurer 
son  existence,  de  rendre  bonne  et  loyale  justice  et  de  prodl- 
guer  ses  flatteries  a  Richelieu.  Bien  que  la  plupart  de  ses 
membres  fussent  des  magistrats  du  Parlement  de  Toulouse^ 
cette  compagnie  ne  la  voyait  que  d'un  ceil  jaloux  et  reclamait 
a  hauts  cris  sa  suppression.  Le  president  de  Maniban  y  fut 
envoye  durant  quelque  temps;  et  son  nom  se  retrouve  a  c6l6 
de  ceux  de  sescollegues  de  Candiac,  deMontcalm  et  deBertier. 

Jean  de  Maniban  continuaitkadministrersesdomaines  de 
TArmagnac  avec  la  m^me  habilete  qu'avait  montr6e  sa  mere 
Franfoise  de  Bousty.  Des  Tannee  1614,  il  achetait  a  Francois 
d'Aubijoux,  fils  de  Louis  d'Amboise  et  de  Blanche  de  Levis, 
rimportante  baronnie  de  Gazaubon  et  d'Auzan  pour  la  somme 
de  86,000  livres  (3).  Cequi  lui  suscita  dans  la  suite  de  nom- 

(1)  Archives  du  Parlement  de  Toulouse.  Cf .  Dub^dat,  Histoire  du  Parlement 
de  Touloxise,  t.  ii. 

(2)  Idem. 

(3)  M.  rabb6  B.  Ducruc,  cur^-doyen  de  Cazaubon,  dans  sa  monographie  des 
baronnies  de  Cazaubon  et  d'Auxan  (Revue  do  Gascogne.  Tome  xxi),  s^esX 
6tendu,  durant  quelques  pages,  sur  Thistoiredes  Maniban;  mais  il  n'6tudie  cette 


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breuK  embarras,  les  consuls  el  habitants  de  ces  localites  Se 
refusant  a  lui  fournir  certaines  redevances,  sous  prfetexte  que 
le  Roi  seul  etait  le  veritable  heritier  et  seigneur  desdites 
baronnies.  Apres  un  interminable  proces,  Jean  de  Maniban 
resta  mattre  de  ses  acquisitions  et  il  conquit  meme  des  ce 
moment^  par  sa  bonhomie  et  Fafifabilite  de  ses  manieres,  la 
sympathiede  sesnouveaux  vassaux. 

C'est  vers  cette  epoque  qu'ii  dut  laire  rebitlr,  pres  de 
MaulSon  et  presque  dans  son  enlier,  le  chateau:  de  Maniban^ 
dont  it  portait  le  nom,  au  moins  si  Ton  en  juge  par  les 
caracleres  architectoniques  du  commencement  du  xvn"  sifecle 
que  presente  cette  imposante  construction. 

L'annee  1621  est  celle  ou,  comme  nous  Tavons  dit  pr6c6- 
demment^  Jean  de  Maniban  acheta  egalement^  dans  le  Haat- 
Armagnac^  aux  heriliers  du  seigneur  de  Lavardac,  la  terre 
et  le  chateau  de  Lagard^e.  Mais  il  dut  momentanement  en 
abandonneria  jouissance  ason  voisin  noble  Philippe  de  Pins, 
seigneur  d'Aulagneres,  jusqu'au  remboursement  integral  des 
3,200  livres  que  ce  dernier  lui  avait  pr6tees,  dans  le  but  de 
lui  faciliter  cette  operation.  Ce  ne  fut  qu'en  1630  que  le 
seigneur  du  Busca  s'acquitta  deson  obligation  et  que  le  vieux 
flef  du  chapitre  de  Condom  entra  deflnitivement  en  sa  pos- 
session. Ce  fut  le  fils  de  Jean  de  Maniban,  Thomas,  qui  avait 
recu  de  son  pere  en  apanage  la  seigneurie  de  Lagardere,  qui 
remboursa  celte  ann6e-la  la  delte  de  son  pere  (1).  Ce  dernier 
vivait  neanmoins  encore  a  cette  epoque,  puisque  nous  trou- 


famillc  qu'au  point  de  vue  de  la  gestion  desdites  baronnies  et  des  droits  que  ses 
membres  pouvaient  pr^tendre  sur  elles.  II  laisse  enti^rement  de  c6t6  et  la  vie 
privde  des  quatre  seigneurs  de  Maniban  et  le  r61e  si  important  qu'ils  jou^rent 
durant  deux  si^clesau  Parlementde  Toulouse  et  meme  T^num^ration  et  Tadmi- 
nistration  de  leurs  domaines  du  Haut-Armagnac,  qui  nous  int^ressent  ici  tout 
particuli^rement.  Le  travail,  entrepris  par  nous,  restait  done  k  fcdre  en  son 
entier.  Nous  n'h^siterons  pas  neanmoins  ^  reproduire  les  quelques  indications 
nouvelles  que  nous  foumissent  les  pages  de  M.  Tabb^  Ducruc,  6crites  unique- 
ment  d'apr^s  les  archives  municipales  de  Cazaubon,  sauf  k  rectifier  quelques 
erreiurs  qui  se  sont  gliss^es  dans  sa  n^daction. 
(1)  Notariat  de  Valence.  Reg.  pour  1630,  f«  155.  Barthar^s,  notaire. 


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^  336  -*- 

vons,  a  la  date  du  15  fevrier  1630,  un  acle  d'afferme  de  la 
seigneurie  de  Maniban  «  passe  pour  Monsieur  le  president 
Jean  de  Maniban,  seigneur  et  baron  dudit  lieu  de  labaronnie 
d'Auzan,  Larroque,  le  Busca,  Ampeils,  Lagardere  et  autres 
lieux,  dans  le  chateau  noble  du  Busca,  pour  la  somme  de 
16,000  livres  (2),  »  Mais  il  dut  mourir  peu  de  temps  apres. 
Son  corps  fut  inhume  dans  la  chapelle  du  chdteau  du  Busca. 
Jean  de  Maniban  laissait  quatre  enfants :  !•  Thomas,  qui 
suit;  2°  Gwy,d'abord  conseiller-commissaire  aux  requites  da 
Parleraent  de  Bordeaux,  puis  president  a  la  Cour  des  Aides 
de  Guyenne  en  1633.  Nous  le  voyonscite  comme  tel  en  1643 
devant  le  Parlement  de  Bordeaux,  qui  ordonna  meme  una 
prise  de  corps  conlrelui,  dansles  demfilessi  nombreux  qu'eu- 
renl  a  celle  epoque  ces  deux  compagnies  (2).  II  epousa  en 
1634  Marie  de  Lavie,  dont  il  eul  un  flls,  Alphonse,  qui  lui 
succeda  dans  sa  charge,  el  il  mourul  en  1689;  3*  N.  de  Ram, 
du  nom  de  sa  mere  Jeanne  de  Ram;  4''  Frangois  Lancelot. 

{Asuivre.)  Philippe  LAUZUN. 

NOTES  DIVERSES 

CCCXXI.  Deux  oentenaires  gasoons  de  Pan  1740. 

L'article  necrologique  da  Journal  de  Verdun  de  mai  4740  se  termine 
ainsi  (p.  399) :  «  J'oubliais  dans  le  nombre  des  personnes  mortcs  dans  nn 
grand  &ge  la  nomm^e  Jeanne  Faudois,  qui  a  termini  sa  carri^re  a  120  ans 
accomplis,  pros  de  Roquefort  de  Marsan.  »  Le  cas  n'etait  pas  a  ouhlier,  ce 
serable.  11  est  vrai  quo  le  num6ro  precedent  du  m^me  journal  (avrll,  p.  317) 
avait  signale  un  cas  encore  plus  fort :  «  Le  nonim6  Jean  Roger  est  mort  le 
19  de  Janvier  [1740],  dg6  de  129  ans, en  la  paroisse  de  Bize,  dioc6sede  Com- 
minges.  »  L.  C. 

(1)  Notarial  de  Valence.  Reg.  pour  1630,  f"  155.  Barthar^s  notaire. 

(2)  Histoire  du  Parlement  de  Bordeaux,  par  Boscheron  des  Porlcs.  T.  i.  Dans 
la  remarquable  plaquette  de  noire  regrell6  ami  M.  Ad.  Magen  {La  Troupe  de 
MolUre  a  Agon,  1887),  nous  voyons,  ^la  page  26,  que  M.  de  Maniban,  president 
k  la  Cour  des  Aides  de  Bordeaux,  qui  en  cetle  annde  1650  si^geail  k  Agen,  dtait 
log6  dans  celle  ville  «  au  prieur<S  de  Sainl-Caprais.  v 


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CHRONIOUES  LANDAISES 


LA    FRONDE 


(16-^8-16^3)  (•) 


Le  Parlement  a  Dace.  —  Aprfes  avoir  organise  la 
Fronde  dans  la  capitale  de  la  Guyenne,  le  parlement  de 
Bordeaux  en  vint  bientdt  a  regretter  son  oeuvre.  Les  arti- 
sans, les  petits,  bourgeois,  les  gentilshommes  obscurs 
rallies  a  cette  cause  n'avaient  pas  tard6  h,  prendre  la  t6te 
du  mouvejnent,  et,  forts  de  leur  nombre,  ils  parvinrent 
bientdt  k  opprimer  la  haute  bourgeoisie  et  les  magistrats, 
qui  se  trouvferent  d6bord6s  par  la  populace.  Celle-ci  se 
r^unissait  en  armes  et  en  plein  vent  sous  des  ormeaux  et 
avaitainsi  form6  la  faction  de  rOrm6e.  Le  Parlement,  ne 
se  sentant  pas  libre,  cessa  de  se  r6unir  et  commenga  de 
conspirer  en  favour  de  rautorit6  legitime.  Alors,  neuf 
presidents  et  conseillers  furent  chassis  de  la  ville  par 
les  s6ditieux,  et  Poyanne  s'empressa  de  leur  oflfrir  un  asile 
a  Dax  *.  Quatre  d'entre  eux  acceptferent  sa  proposition  et 
se  r6fugi6rent  aupr^s  de  T^nergique  gouverneur.  Connais- 
sant  la  fid61it6  de  la  population  et  la  vigueur  du  chef 
plac6  h  sa  t6te,  la  Cour  songeait  h  transferer  a  Dax  le 
Parlement  tout  entier.  Les  frondeurs  prirent  Talarme  et 
Cond6  mandait  h  son  fid61e  Lenet :  «  Empeschez  surtout 
))  et  a  quelque  prix  que  ce  puisse  estre  Testablissement 
»  de  ce  Parlement  de  Dax...  car  cela  nous  seroit  du  plus 

(*)  Voir  la  livraisou  de  join  1894,  page  273, 

(1)  D.  Devienne,  HLst.  de  Bordeaux^  1. 1,  p.  45 U 

Tome  XXXV.  22 


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—  338  — 

))  grand  prejudice du  monde...  II  faut  pour  cet  eflet  faire 
))  parler  M.  de  Bardes  k  M.  le  president  Pichon.  » 
(22  aoCit  1652.  *)  Les  craintes  de  M.  le  Prince  ne  se  r6a- 
lis6rent  point,  et  c'est  hors  des  Landes  que  le  Parlement 
de  Bordeaux  devait  6tre  reconstitu6  : 

De  dix  ou  douze  de  messieurs  qui  daspuys  six  mois  estoient  k  Dacs 
oil  d6s  loi*s  restablisseraent  eust  pu  se  faire,  6crivait  k  Mazarin  le 
president  La  Vie,  la  mortqui  en  a  enlevedeux,  le  d^goust  de  se  voir 
inutiles,  le  d^sir  de  revoir  leurs  families,  les  despenses  excessives  et  le 
chagrin  qui  en  a  rebuts  d'autres  n'en  j^avoit  laiss6  que  Irois,  qui  sonl 
messieurs  de  Pomi^s,  doyen  du  Parlement;  de  Sabanin,  grand  ebam- 
brier,'etde  Monnin,  avauc6  dans  la  grand'chambre.  Les  revolutions 
de  la  Fronde,  qui  de  jour  en  jour  continue  k  s'attaquer  k  ses  premiers 
formatours^  y  ont  ajoutd  M.  le  president  Pichon  (30  Janvier  1653)  (2). 

Sur  Tordre  de  la  Cour,  ces  quatre  magistrats  s'6taient 
rendus  a  Pau  pour  prendre. le  pr6sident  La  Vie  et  avec 
lui  avaient  gagn6  Agen,  ofi  le  Parlement  s'6tablit  jusqu'i 
la  fin  des  troubles.  (28  Janvier  1653.) 

Armements  divers.  —  Chacun  prenait  ses  dispositions 
en  provision  des  hostilit^s  prfetes  k  recommencer.  L'as- 
sembl6e  des  bastilles  se  tint  a  Mont-de-Marsan  pour 
avieer  ala  situation  (3  sept.)  Roquefort  envoya  une  d6pu- 
tation  a  Poyanne  pour  obtenir  le  retrait  des  troupes 
camp6es  dans  ses  murs  (6  octobre) '.  Les  autres  petites 
cites  et  le  Marsan  tout  entier  se  recommandferent  du 
comte  d'Harcourt,  leur  maitre,  de  leur  fid61it6  au  roi, 
de  leur  exactitude  a  payer  les  taxes  qui  leur  6taient 
impos6es,  pour  voir  respecter  leurs  privileges  et  6tre 
exempt6s  du  logement  de  ces  terribles  garnisaires  (9  oc- 
tobre)*. Le  due  de  Noailles,  seigneur  de  Cauna  et  de 

(1)  Mini,  do  Lonet,  p.  563  (4d.  Michaud-Poujoulat). 

(2)  Arch,  nat.,  KK,  1217.  f«  547. 

(3)  Arch,  de  Roquefort,  BB.  1,  n-  8. 

(4)  Arch,  hist,  de  la  Gaacogne,  fasc.  i,  p.  99.  (Leltrcs  de  du  Plessis  Bellierc 
h  Poyanne.) 


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—  338  — 

Poyal6,  craignant  pour  ces  deux  ch&teaux,  avait  pri6 
Poyanne  d'y  mettr6  «  bonne  gamy  son...  car  les  aby- 
))  tens  ont  de  quoy  la  payer.  »  II  lui  demandait  en  m6me 
temps  de  a  comender  a  ceux  que  vous  metr6s  dans  mes 
»  mesons,  qu'ils  donnent  asystance  et  myn  forte  k  mes 
))  procureurs,  de  jouyr  de  mon  by  en  et  qu'ils  puissent 
))  f6re  la  reseste  »  (12  octobre)  *.  II  ne  tarda  pas  k  regret- 
ter  cette  d6marche;  car,  apprenant  que  ceux  de  Cauna 
6taient  si  pauvres  qu'ils  ne  pouvaient  nourrir  aucun 
homme  et  qu'ainsi  toute^  la  charge  retomberait  sur 
Poyal6,  Mugron  et  Lourquen,  il  demanda  qu'on  retire 
les  troupes  pour  soulager  ces  mis6rables  (24  octobre)  *. 
Mais  il  6tait  plus  facile  d'obtenir  des  garnisons  que  de 
s'en  d6barrasser,  et  dans  une  troisi^me  missive  le  due 
fut  oblig6  d'insister  pour  que  Cauna  fCit  gard6  par  les 
habitants  de  ce  village.  lis  s'6taient  offerts  pour  cela,  car 
ils  redoutaient  les  soldats  de  Poyanne  qui  «  y  ont  fest 
»  tant  de  d6sordre.  Pour  ceux  de  Poyal6,  ajoutait-il,  si 
»  la  garnison  n'est  pas  ac6s  forte,  (vous)  leur  y  aumen- 
))  ter6s,  car  ce  sont  des  gens  a  quy  Tons  ne  ce  pent  fier  » 
(nov.  1652)  \  Ainsi  tout  se  pr6parait  pour  la  lutte,  et  de 
toute  part  retentissaient  les  plaintes  des  populations 
enti^rement  ruin6es.  «  En  novembre  1652,  les  cavaliers 
))  de  M.  de  Poyanne  vinrent  en  Chalosse  et  firent  de 
))  grands  ravages  en  Chalosse*.  »  Ce  n'6tait  pas  le  seul 
pays  qui  diit  alors  g6mir  de  ces  exactions.  Rien  n'allait 
6chapper  a  la  devastation,  car  la  guerre,  qui  jusqu'Ji 
present  s'6tait  faite  en  dehors  de  nos  f rontiferes,  exercera 
d6sormais  ses  ravages  en  cent  endroits  divers. 

Balthcuar.  —  Marsin,  qui  avait  le  commandement 

(1)  Arch,  hist,  tie  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  100. 

(2)  Id.,  p.  101  et  102. 

(3)  Id.,  p.  105. 

(4)  Laborde-P^bou^,  Relation  oSrltable..,  (Arm,  dea  Landoa,  ut,  p.  465). 


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des  troupes  de  la  Fronde,  se  disposait  en  ce  moment  a 
mettre  le  si^ge  devant  Sarlat.  Quelques-uns  de  ses  offi- 
ciers  6taient  d'avis  de  concentrer  tons  leurs  efforts  dans 
les  Landes,  afin  de  s*y  6tablir  fortenient*;  mais,  sansse 
pr6occuper  de  leur  opinion,  Marsin  divisa  les  forces  dont 
il  disposait.  La  partie  destin6e  a  guerroyer  parmi  nous 
f ut  confine  k  Tun  de  ses  lieutenants  nomm6  Balthazar— 

Si  puissant  et  si  cruel  que  tout  le  moude  le  craint;  il  est  allemand  et 
non  point  noble  sinon  par  les  armes;  il  n'a  point  aucune  religion  de 
bonne.  On  dit  qull  est  magicien;  il  ne  parle  jamais  famili^rement  il 
personne,  mais  parle  tou jours  delueretde  pendre,  ilesl  grand  homrac 
fort  farouche  el  a  environ  quarante-cinq  ans  k  ce  qu'on  ma  dit.  Ledit 
Balthazar  ne  cesse  de  faire  tous  les  maux  incroyables,  car  tous  les  jours 
il  fait  des  prisonniers  et  de  grands  ravages  lant  en  la  Lande  qu'eii 
dega  TAdour,  et  tout  le  monde  le  redoutefort...  II  me  serait  impossible 
d'terire  tous  les  grands  ravages  que  les  gens  de  Balthazar  font  tousles 
jours^  car  il  est  le  plus  cruel  qui  fut  venu  en  ce  pays  depuis  80  ans. 
Ses  prisonniers  disent  qu'il  vaudrait  mieux  ^tre  en  purgatoire  (2). 

Le  lecteur  ne  sera  sans  doute  pas  Mch6  de  connaitre 
le  personnage  dont  le  chroniqueur  chalossais  fait  un 
portrait  si  pen  flatt6.  II  se  nommait  Jacques  de  la  Croix. 
N6  dans  le  Palatinat,  d'une  famille  originaire  de  Bohfeme, 
il  6tait  fils  de  Guches,  capitaine  des  gardes  du  corps  de 
Fr6d6ric  V,  roi  de  BohSme  et  comte  palatin  du  Rhin; 
Guches  futtu6  k  la  bataille  de  Prague  (8  no  v.  1630).  A 
seize  ans,  Balthazar  servait  sous  Gustave-Adolphe  et  il 
6tait  pres  du  due  de  Weymar  a  la  bataille  de  Norlindgen 
(1635).  Son  grand-pere,  mar6chal  de  camp  au  service  de 
la  France,  avait  trouv6  la  mort  a  Ivry,  en  1590.  II  entra 
lui-m6medans  les  arm6es  fran^aises  a  la  paix  de  Prague 
(1635)  et  fut  d'abord  employ6  par  le  mar6chal  Gassion. 
II  obtint  le  grade  de  colonel  et  conserva  toujours  ce  titre 
quoiqull  parvint  plus  tard  a  une  position  bien  sup6rieure. 

(1)  Mem.  de  Choappca,  p.  175-177  (^d.  Moreau). 

(2)  Laborde-P^bou^,  Relation  cMtable  (Arm*  dee  Landes,  iii,  p.  465). 


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—  341  — 

Habile  capitaine,  intr^pide  soldat^  prompt  k  la  r^raite^  impitoyable 
dans  le  siiccte^  il  6ta\i  un  des  types  de  ces  reitres  allemands  que  les 
guerres  incessantes  du  sitele  jetaient  tour  a  tour  daus  cbaque  parti. 
Cesgeas-li,  quandilg  netrouvaieat  pas  la  mort  dans  rtehauflFour6e> 
se  retiraient  invariablement  les  poches  pleines  et  dictaient  leurs 
m^moires.  C'est  ce  que  devait  faire  Balthazar.  En  1657  il  regagna 
Berne  et  raconta  la  guerre  de  Guyenne  (1). 

II  entre  dans  les  Landes.  — Pourr6sister  a  ce  redou- 
table  partisan,  les  troupes  royales  avaient  a  leur  t6te  le 
due  de  Caridalle,  le  marquis  de  Poyanne  et  le  chevalier 
d'Aubeterre,  «  lequel  est  assez  courageux  centre  Baltha- 
»  zar...  On  dit  qu'il  est  aussi  puissant  et  davantage  que 
))  Balthazar*.  »  II  s'agissait  d'abord  d'empfecher  une 
nouvelle  invasion  des  frondeurs  et  d'61oigner  leurs  sol- 
dats  de  nos  fronti^res.  Les  arm6es  royales  eurent  done 
ordre  de  se  r6unir  pour  leur  barrer  le  passage.  A  Tap- 
proche  de  leurs  d6fenseurs,  Ips  d616gu6s  des  bastilles 
tinrent  leur  assembl6e  a  Mont-de-Marsan  et,  pour  6chap- 
per  aux  garnisons,  traitferent  a  raison  de  120  livres  par 
jour.  Ceux  de  Roquelort  se  ligu6rent  avec  les  gens  de 
Saint-Justin  pour  se  d61ivrer  du  quartier  d'hiver,  et  avec 
les  repr6sentants  de  Mont-de-Marsan  pour  obtenir  de 
M.  de  Candalle  que  le  pays  tout  entier,  mais  surtout  la 
cit6  dont  ils  d6fendaient  les  int6r6ts,  ne  f ussent  pas  as- 
treints  au  logement  des  troupes  (5  novembre)'.  Le 
moment  6tait  peu  favorable  pour  faire  bon  accueil  a 
pareille  demande,  et  ces  m6mes  d616gu6s  eurent  bient6t 
a  se  pr6occuper  des  faits  de  guerre  dont  la  region  allait 
devenir  le  theatre  (13  d6cembre)  *;  car,  serr6  de  prfes  par 
le  due  de  Candalle,  Balthazar  venait  de  descendre  de 
La  R6ole  sur  Bazas  (19  d6c.)  et  arrivait  h  Roquefort 

(1)  J.  Bonhomme,  Quolques  llgnes  de  I'histoire  dc  la  Fronde  dans  les  Lan- 
des (Reetie  de  Gascofjne,  t.  x\\  1873,  p.  240), 

{%)  I^bordc-P^bou^,  Relation  ocritablo..,  (Arm.  des  Landes^  ni,  p.  471), 

(3)  Arch,  de  Roquefort,  BB.  1,  n"  8. 

(4)  Id.,  n«  9. 


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—  342  — 

(21  d6c.),  destine  k  devenir  avec  Tartas  le  centre  de  la 
resistance.  Sans  faire  long  s^jour  dans  cette  ville,  il  s'em- 
para  du  chateau  de  Pujo  S  oii  il  laissa  son  lieutenant  La 
Serre  avec  une  garnison  de  soixante  fantassins  et  vint 
coucher  a  Saint-Maurice  (23  d6c.)  *.  Candalle,  qui  suivait 
sa  trace,  parvenait  Je  m6me  jour  a  Villeneuve,  oii  il  fit 
reposer  son  arm6e  de  une  heure  k  neuf  heures  du  soir*. 
Averti  par  Gaston,  Tun  de  ses  offlciers,  de  Tapproche  de 
son  adversaire,  Balthazar  avait  cantonn6  sa  cavalerie  a 
Grenade,  oii  se  trouvaient  d6ja  cent  vingt  hommes  du 
regiment  de  Conti.  II  y  pla^a  a  les  regiments  de  Guitaut, 
»  Leran,  La  Marcousseetquatre  compagnies  de  son  r6gi- 
))  ment  *.  »  Ces  troupes  6taient  entries  en  ennemies,  pil- 
lant  et  incendiant  tout  sur  leur  passage '.  Pour  les  arre- 
ter,  le  pont  de  Grenade  avait  6t6  rompu  et  Balthazar  f ut 
ainsi  emp6ch6  de  placer  une  partie  de'  sa  cavalerie  a  La 
Riviere*,  ce  qui  allait  Texposer  k  une  surprise  et  amener 
pour  lui  un  premier  6chec. 

Combat  de  Saint-Maurice.  —  Les  jurats  de  Mont- 
de-Marsan,  bien  disposes  en  sa  favour,  lui  avaient  fait 
dire  de  venir  en  leur  ville.  Heureux  de  cette  proposition, 
il  se  pr6senta  k  Tentr^e  de  la  nuit  (25  d6c.)  et  regut  fort 
bon  accueil;  mais  sa  tranquillity  devait  6tre  vite  troubl^e. 

(1)  Monlezun  {Hist,  cle  la  GasrognCf  suppl.,  p.  505),  dit  Pujolo,  et  apr6s  lui 
quelques-uns  ont  cru  qu'il  s'agissait  du  chateau  de  Bt^roy  en  Julliac  (Betbezer). 
qui  appartenait  k  Olivier  de  PujoU^.  Les  archives  de  Villeneuve  ne  laissent 
aucun  doute  sur  ce  point :  c*est  le  chateau  de  Pujo-le-Plan  qui  fut  alors  pour 
quelques  jours  au  pouvoir  des  frondeurs. 

(2)  Balthazar,  Hist,  do  la  guerre  en  Guyennc^  p.  91  (6d.  Ch.  Barry). 

(3)  Arch,  de  Villeneuve,  CC.  9.  n«  4. 

(4)  Arch.nat.,  KK.  1219,  f»  541-542  (Vivers  a  Mazarin,  8 Janvier  1653). 

(5)  Cf.  Dompnier  de  Sauviac,  Chroniques  de  la  cit4  et  du  diocdse  {TAcqs, 
liv.  VI. 

(6)  «  On  ne  trouve  aucune  locality  de  ce  nom  dans  la  region  ou  opcrait  alors 
»  Balthazar,  »^crit  M.  Ch.  Barry  (Hist,  do  la  gucrro  de  Guyenne,  p.  92,  note  2). 
qui  croit  devoir  lire  ici :  La  Glorieuse.  Cost  une  erreur  excusable  chez  un  4di- 
teur  Stranger  au  pays,  mais  que  nous  devons  cependant  relever.  La  Rivi6re, 
aujourd'hui  r^unle  h  Saint-Savin  (Saint-Savin  La  Riviere),  est  pr^is^ment  a 
re.\tr<Jmite  du  pont  de  Grenade,  sur  la  rive  gauche  de  I'Adour. 


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—  ?43  — 

Candalle  avait  a  peine  donn6  k  ses  troupes  quelques 
heures  de  repos  k  Villeneuve,  oti  k  la  pri6re  de  M.  de 
Ravignaa  ^  il  accorda  k  cette  ville  rexemption  du  loge- 
ment  des  gens  de  guerre*.  Le  lendemain  il  se  rendit 
devant  le  chateau  de  Pujo,  que  La  Serre  lui  rendit  sans 
resistance.  Poursuivant  alors  sa  course  avec  toute  sa 
cavalerie,  il  marcha  jour  et  nuit  afin  de  surprendre  les 
soldats  de  Balthazar  disperses  dans  les  villages  oil  ils 
avaient  dd  camper.  II  rencontra,  en  effet,  k  Saint-Mau- 
rice, les  regiments  de  Guitaut  et  de  Ley  ran,  qui  n'avait 
pas  voulu  s'enfermer  dans  Grenade  avec  les  autres,  pour 
&tre  plus  au  large  dans  leurs  quartiers.  II  tomba  sur  eux 
a  rimproviste  et  les  mit  en  pleine  d6route;  puis,  il  conti- 
nuasamarchesur  Mont-de-Marsan  oil  il  esp6rait  s'empa- 
rer  de  son  adversaire.  II «  envoya  [ordre]  auxditzjuratz 
»  de  retenir  Balthazar,,  qu'ils  laiss6rent  [8'6vader].  M.  le 
))  due  de  Candalle  arriva  k  quatre  heures  aprfts  minuit 
»  audit  Mont-de-Marsan,  od,  demandant  Balthazar,  Tons 
»  luy  dit  qu'il  avoit  pris  sa  route  vers  Tartas*  »  (26 
d6cembre)^  Sans  perdre  une  minute,  Candalle  se  mit  a 
sapoursuite,  mais,  parvenu  a  Tartas,  «  il  le  trouva  barri- 
»  cad6  a  la  ville  haute.  Tons  ne  m'escript  pas  avec  com- 
))  bien  de  monde.  Les  jurats  dudit  Mont-de-Marsan  sont 
))  pris  prisonniers  et  d'autres  sont  a  leur  place  *.  »  Can- 
dalle avait  done  perdu  le  principal  fruit  de  sa  journ6e; 
sa  victoire  n'en  6tait  pas  moins  importante  puisque,  pour 
le  moment,  elle  sauvait  la  ville  de  Mont-de-Marsan,  a  oil 
»  estoit  desja  la  personne  de  Balthazar,  qui  avoit  desja 
»  une  bonne  partie  des  habitans  de  son  cost6^  »  Aussi, 

(1)  Pour  r^compenser  M.  de  Ravignan  de  son  heureuse  iatervenlion,  la  com- 
munaut^  de  Villeneuve  lui  vota  2,000  livres  (24  d^c).  Arch,  de  ViUeaeuve,  CO. 
9,  n"  6. 

(2)  Arch,  de  Villeneuve,  CO.  9,  n»  4. 

(3)  Arch,  nat.,  KK.  1219,  t*  541  (Lettrcs  de  Vivers  ii  Mazarin,  8  janv.  1653). 

(4)  Arch,  nat.,  KK.  1219,  ^  542. 

(5)  Arch,  hist,  de  la  Gironde,  t.  viii,  p.  434. 


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—  344  — 

dans  sa  Mtise  historique,  Loret  n'oublia  pas  de  c616brer 
le  succ6s  du  nouveau  g6n6ral  des  troupes  royales  S  et 
d'Aubeterre,  appel6  a  lui  succ6dep  quelques  jours  apres 
ces  6v6iiements,  faisait  ainsi  ressortir  aupr^  de  Mazarin 
le  m6rite  de  son  chef : 

Mgr,  je  m'asseure  que  Voslre  Eminence  aura  d6jk  apris  oomme 
M.  de  Candale  a  fait  plus  de  vint  lieues  de  Gascogne  pour  tomber 
dans  les  cartiers  de  Balthasar  et  la  d^faite  entifere  des  regiments  de 
Guitaut  et  de  C^ran  et  une  compagnie  franche  (2). 

Aprfes  avoir  fait  remarquer  que  cette  victoire  avait 
sauv6  Mont-de-Marsan,  il  ajoutait : 

Si  ceste  ville  lui  fut  demeurde  [k  Balthazar),  nous  pouvions  dire 
adieu  a  nos  cartiers,  driver  dumoins  k  cete  contr^e  ouM.de  Tracy  a 
destine  60  cometes  de  cavalerie  et  six  regiments  d'infanterie.  Sans 
perdre  un  moment  de  temps,  M.  de  Candale  avoit  suivi  les  ennemis 
jusqu'i  Tartasqui  les  repceut,  sans  cela  ils  ne  nous  pouvoient  eschaper 
ayant  plus  de  seize  lieues  de  retraicte,  sur  les  advis  qu'il  regut  que 
Marsin  avait  dessein  de  reprendre  Dax  (3), 

Premiers  ravages  de  Balthazar.  — Balthazar  neparait 
pas  avoir  6t6  fort  trouble  par  cet  6chec;  en  tout  cas,  il  fut 
vite  remis  de  son  Amotion.  «  D'abord  qu'il  fut  a  Tartas, 
»  il  alia  au  Sabla  de  Dax  mettre  le  feu  a  la  maison  de 
))  M.  dePoyanneet  fit  de  grands  ravages  ets'en  retourna 
))  a  Tartas  *.  »  II  faut  convenir  qu'on  ne  pouvait  plus 
hardiment  narguer.  un  adversaire.  En  mtoie  temps  que 
la  maison  de  Poyanne,  le  colonel  avait  brtil6  TentrepCt 
de  la  r6sine,  «  une  grande  maison  audit  lieu  du  Sablar, 
))  fauxbourg  de  ladite   ville,  dans  laquelle  estoient  les 

(1)  Peu  s'en  est  IfaUu  que  Candalle  I«e  colonel  craignant  la  louche, 
N'ait  trouss^  Balthazar  en  malle,  Encor  qu*il  soit  fler  et  farouche. 
Pour  le  moins  flt-il  de  grands  tas            Touma  dos  au  victorieux, 

De  ses  gens  morts  pr^  de  Tartas.  £t  jamais  on  ne  piqua  mieux. 

(2)  Arch,  nat.,  K.K.  1,219,  ^  535.  (Lettre  dc  d'Aubeterre  ^  Mazarin^  1«' Janvier 
1053). 

(3)  Arch,  nat.,  K.  K.  1,219,  f  536. 

(4)  Lal^rde-P6l?ou^,  Halation  c4rCtalfle,„  (Arm,  cUfs  l^andes,  iii,  p.  465), 


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—  345  — 

))  poix  desdites  resines  et  d'autres  marchandises  *.  »  Tout 
f ut  d6vor6  par  les  flammes  et  plus  tard  la  ville  de  Dax 
r6clama  une  indemnity  pour  la  perte  qu'elle  venait  de 
subir*.  Poyanne,  d6concert6  sans  doute  par  Taudace  de 
Balthazar,  ri'osa  pas  sortir  de  la  place  dont  la  garde  lui 
6tait  confine.  Aussi,  aprfes  Tavoir  inutilement  attendu 
devant  Tartas,  Candalle  dut  rentrer  h  Mont-de-Marsan, 
pour  ne  pas  demeurer  en  rase  campagne  expos6  seul  aux 
entreprises  desennemis  (28  d6cembre) '.  Du  reste,  il  avait 
re?u  Tordre  de  se  diriger  sur  la  Garonne;  mais  il  arriva 
trop  tard  pour  emp6cher  Sarlat  de  tomber  entre  les  mains 
de  Marsin  (1*^  Janvier  1653).  Balthazar  ne  le  laissa  pas 
s'61oigner  sans  le  poursuivre,  afin  d'essayer  de  prendre 
sa  revanche.  II  r6ussit  a  lui  enlever  quelques  fantassins, 
quatre-vingt  cavaliers  et  a  s'emparer  du  chftteau  'de  Cauna. 
qui  devait,  avec  Tartas,  lui  servir  de  refuge  pour  entasser 
son  butin;  poursuivant  sa  course,  il  vint  audacieusement 
loger  en  face  des  troupes  royales  dans  les  faubourgs  de 
Mont-de-Marsan.  Les  populations  6taient  dans  Tan- 
goisse. 

Le  commencement  de  Tannte  1653  est  fort  k  craindre...  nous  som- 
mes  k  la  grande  faim.  Encore  de  plus  ce  que  nous  avons  n*est  pas 
ndtre.  L'un  d6robe  le  pain,  Fautre  la  chair,  Tautre  les  choux  et  d'autres 
les  meubles,  Tautre  le  prend  d'autorit^;  il  y  'a  tant  de  voleurs  qu'il  n'y 
a  personne  qui  n'ose  aller  au  march6,  ni  n^gocier  les  aflfaires  k  cause 
des  voleurs  et  des  gens  de  guerre  qui  prennent  tout  (4). 

Royalistes  et  frondeurs  se  conduisaient  avec  une  6gale 
rapacity  et  leurs  exactions  6taient  telles  que  toute  s6cu- 
rit6  avait  disparu :  a  Celui  qui  a  quelque  chose  n'ose  pas 
))  demeurer  en  sa  maison  qu'avec  grande  crainte  *  »  et  le 

(1)  Laborde-P6bou6,  Relation  o^ritable,..  (Arm,  dos  Landcs,  lu,  p.  466). 

(2)  Arch,  de  Dax,  C.  C.  3. 

(3)  Arch,  de  Dax,  B.  B.  3,  f»  83  v. 

(4)  Laborde-P6boud,  Relation  oeritable...  (Arm.  des  Landes,  iii,  p.  466). 

(5)  Labonle-Pebou6,  Relation  oeritable.,,  (Arm,  des  Landes^  in,  p.  467). 


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—  346  — 

voyageur  le  plus  inoffensif  n'6tait  pas  k  Fabri  des  plus 
d6sagr6ables  surprises. 

Le  baron  de  Marsan.  — Apr6s  avoir  fait  uned6mons- 
tration  inutile  aux  portes  de  Mont-de-Marsan,  Balhazar 
6tait  revenu  k  Tartas,  centre  de  ses  op6ration8.  Msdtre 
de  Sarlat,  Marsin  lui  envoyait  alors  une  partie  de  ses 
troupes  pour  renforcer  ses  premiers  r6giments,  et  il 
s'agissait  de  leur  faire  traverser  les  Landes  pour  arriver 
a  Tartas.  La  population  de  Roquefort  6tait  sympathique 
aux  frondeurs;  mais  le  seigneur  de  cette  ville,  Bertrand 
de  Galard,  baron  de  Marsan,  qui  se  trouvait  en  guerre 
avec  les  habitants,  6tait  suspect  aux  rebelles.  La  Cour 
lui  avait  envoye  Pensens  pour  Tengager  a  refuser  le 
passage  aux  ennemis  du  roi;  Balthazar  pssaya  de  le  gagner 
a  sa  cause  en  lui  6crivant  la  lettre  insinuante  qui  suit : 

Sachant  reslimeque  leurs  Altesses  font  de  voslre  personneet  de  vos 
m^rittes,  j'ay  creu  estre  obligA  de  vous  faire  ses  lignes  pour  vous  dire 
que  j'ay  appris  que  Pensens  avait  exig^  des  choses  de  rostre  viUe  et 
gouveraement  qui  m'a  un  peu  surpris,  d'autant  que  je  ne  puis  eroire 
que  vous  y  estant  vouUiez  escouter  en  fagon  quelconque  la  moindre 
proposition  des  ennemis,  et  que  pour  cet  effet  je  vous  ay  envoy^  le 
sieur  de  Prugues  pour  y  demander  de  faire  passer  les  trouppes  en 
dega  que  M.  de  Marsin  m*envoy  par  M.  de  S.  Micaud.  Je  vous  prie 
doncq  d'y  contribuer  de  v6s  soings.  Gardez  avecq  vous  le  monde  que 
vous  jugerez  avoir  besoing,  cavalierie  ou  infanterie,  et  me  faictes  la 
grAce  de  vous  servir  de  moy  et  de  mes  gens  come  une  chose  qui  vous 
est  tr^s  enti^rement  acquise.  Honore  moy  de  vos  nouvelles  et  me 
croyez,  monsieur,  votre  tr^s  humble  et  tres  obeyssant  servileur, 

Balthazar. 

A  Tartas,  le  3  Janvier  1653  k  minuit. 

Le  porleur  vous  dira  comme  nous  avons  deffaict  un  parti  h  Mont- 
de -Marsan  (1). 

D'Aubeterre.  —  Ce  n'est  pas  sans  raison  quele  hardi 

(1)  Arch,  iiat.;  Archives  du  Liu-Marsan. 


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—  347  — 

partisan  essayait  de  rassurer  le  baron  de  Marsan  sur  les 
consequences  de  sa  complaisance  k  son  6gard,  en  lui  par- 
lant  des  succfes  qu'il  pr6tendait  avoir  obtenus.  En  quit- 
tant  les  Landes,  le  flue  de  Candalle  avait  laiss6  au  cheva- 
lier d'Aubeterre,  charg6  de  le  remplacer,  un  renfort  de 
quatre  regiments  de  cavalerie,  avec  lesquels  il  devait 
d6fendre  le  Marsan  et  la  Chalosse,  tandis  que  le  marquis 
de  Poyanne  continuerait  h  prot6ger  Dax  avec  deux  regi- 
ments*. D'Aubeterre  commenQa  par  6tablir  h  Mont-de- 
Marsan  une  forte  garnison  dont  il  imposa  Tentretien  aux 
bastilles  *.  II  avait  r6solu  avec  Poyanne  de  r6unir  toutes 
les  forces  royales  pour  tomber  sur  les  ennemis  s'ils  demeu- 
raient  disperses;  mais  Balthazar,  pressentant  le  danger 
qui  le  mena?ait,  groupait  aussi  ses  troupes  et  avait  appel6 
a  lui  ((  mesmes  Gaston  qui  estoit  march6  du  cost6  de 
))  Dax*  »  (4  Janvier).  Poyanne  offrit  alors  deTattaquer 
avec  la  garnison  de  Saint-Sever;  pour  cela,  il  demandait 
a  son  compagnon  d'armes  de  venir  se  placer  entre  Tartas 
et  Hinx  avec  les  troupes  de  Mont-de-Marsan.  Tout  en 
reconnaissant  lahardiesse  de  cetteentreprise,d'Aubeterre 
ne  crut  pas  devoir  s'y  associer.  II  ne  lui  6tait  pas  possible 
de  d6garnir  la  ville  de  Mont-de-Marsan  k  cause  du  peu 
de  confiance  qu'elle  lui  inspirait;  du  reste,  il  ne  pouvait 
disposer  que  de  300  chevaux.  II  demanda  done  k  Poyanne 
de  lui  indiquer  un  autre  rendez-vous;  il  offrait  de  s'y 
transporter  en  toute  diligence  et  de  suivre  pour  cela  le 
chemin  qui  lui  serait  indiqu6  (6  Janvier)  *. 

Combat  de  Saint- Justin.  —  Balthazar   n'6tait  pas 
d'humeur  a  laisser  a  ses  adversaires  le  loisir  de  se  concerter 


(1)  Arch.  nat.  K.  K.  1,219.  f  535-536. 

(2)  Pour  sa  part  de  contribution,  Roquefort  eut  ^  payer  une  cotlise  de  3,000 
livres  (3  janv.)-  Arch,  de  Roquefort,  B.  B.  i,  n*  9. 

(3)  Arch,  hist,  da   la  Gascogno,  fasc.  i,  p.  107.  (Lettre  de  d'Aubeterre  ^ 
Poyanne. 

(4)  Arch,  hist,  do  la  Gascognc,  ibid. 


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—  348  — 
pour  r^craser.  II  reparut  done  a  Tiinproviste  a  Magescq, 
a  Nerbis,  k  Montaut.  II  surprit  k  Onard  les  gens  de 
Poyanne  venus  en  ce  lieu  pour  Tempfecher  de  traverser 
TAdour,  que  les  pluies  d'hiver  avaient  gross!  et  qu'il 
n'6tait  pas  possible  de  passer  k  gu6;  il  leur  tua  trois 
hommes  et  emmena  vingt-trois  prisonniers  (9  Janvier)  ^ 
Ce  16ger  succ6s  fut  largement  compens6  par  la  d6faite 
inflig6e  deux  jours  apr^s  k  ses  lieutenants.  Les  trois  regi- 
ments de  Leyran,  Guitaut  et  Labatut,  d6ja  si  maltrait6s 
k  Grenade,  6taient  camp6s  k  Saint-Justin  *.  Les  royalistes 
vinrent  les  y  surprendre.  Suivant  le  plan  arr6t6  par 
Poyanne,  la  garnison  de  Saint-Sever  fit  Tattaque;  les 
frondeurs  furent  taill6s  en  pifece  et  on  enleva  tout  ce  qui 
6tait  au  quartier  (11  Janvier).  «  Un  commandant  de 
))  Balthazar,  nomm6  Gaston,  y  demeura  mort  sur  place, 
»  encore  y  demeura  des  gens  de  Balthazar  morts  et 
))  prisonniers  jusqu'au  nombre  de  trois  cents  \  »  Rendu 
furieux  par  cette  double  d6faite,  le  colonel  refusa  de  rien 
faire  pour  ces  trois  malheureux  regiments  et  ne  voulut 
pas  mfeme  r6clamer  les  captifs  pour  les  6changer  *.  II  so 
pr6occupa  seulement  de  sauvegarder  Roquefort,  oil  il  avait 
nomm6  gouverneur  le  baron  de  Batz,  venu  de  Bordeaux 
dans  les  Landes  au  commencement  de  Janvier.  Celui-<5i 
taxa  les  habitants  a  trente-un  pains  par  jour,  k  partir  du 
6  Janvier  (14  Janvier)  etla  jurade  emprunta  3,000 livres, 
du  grain  et  autres  provisions  pour  Tentretien  des  troupes 
qui  occupaient  la  ville^  De  retour  a  Tartas,  Balthazar 
poussa  une  pointe  sur  Mugron  pour  piller  cette  locality 

(1;  Laborde  P^bou^,  Relation  c^ritablo...  (Arm.  des  Landes,  t.  in,  p.  468.) 

(2)  Quelques  auteurs  placent  le  combat  k  La  Bastide;  mais  Laborde-P6bou6 
dit  k  Saint-Justin.  II  est  vrai  que  ce  chroniqueur  le  lait  dinger  par  M.  de  Can- 
dalle,qui  «e/i  eat  da  bon  ».  11  est  probable  que  les  trois  regiments  ^taieutrepartis 
entre  ces  deux  petites  villes,  distantes  Tune  de  I'autre  de  quatre  kilometres 
seulement, 

(3)  Laborde-P^bou4,  Relation  cdritahlo...  (Arm.  des  Landes,  i.  in,  p.  468). 

(4)  F.  Cosnac.  Souoenirs  du  regne  de  Louis  XiV,  t.  vi,  p.  3L 

(5)  Arch,  de  Roquefort,  B.  B.  1,  n'  11. 


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et  faire  des  prisonniers;  a  mais  ceux  de  Mugron  se  d6fen- 
))  dirent  et  en  flrent  tomber  un  tout  mort  sur  la  place  et 
))  un  autre  mourut  en  chemin  et  le  port^rent  mort  a 
))  Tartas.  »  (16  Janvier)  *. 

Roquefort.  —  Ainsi  les  troupes  royales  demeuraient 
maitresses  de  la  campagne,  et  les  frondeurs,  traqu6s  de 
toute  part,  n'occupaient  plus  k  cette  heure  que  Tartas 
et  Roquefort.  Cette  dernifere  place  n'6tait  m6me  pas  en 
s(iret6,  puisque,  si  les  habitants  6taient  favorables  a  la 
Fronde,  le  baron  de  Marsan,  leur  seigneur,  que  nous 
avons  vu  vivre  en  assez  mauvais  termes  avec  eux,  6tait 
soup5onn6  de  vouloir  la  livrer  aux  partisans  du  roi.  Pour 
la  conserver,  Balthazar  y  appela  en  toute  hate  le  reste 
du  regiment  de  Conti,  qui  campait  a  Bazas,  et  Saint- 
Micaut  fut  charg6  de  conduire  ce  renfort.  La  ville  de 
Roquefort,  b&tie  au  confluent  de  la  Doulouze  et  de  TEs- 
tampon,  et  prot6g6e  par  une  enceinte  perc6e  de  quatre 
portes  fortifi6es,  6tait  une  des  six  bastilles  urbaines  du 
Marsan-Gabardan  *  et  n'6tait  guere  abordable  que  du  c6t6 
du  sud.  C'est  par  la  que  Saint-Micaut  esp6rait  p6n6trer 
dans  la  place;  mais  arriv6  a  Saint-Justin,  il  se  heurta 
centre  d'Aubeterre,  qui  6tait  venu  do  Saint-Sever  avec 
cinq  cents  chevaux  du  regiment  de  Saint-Mesmes  et 
rinfanterie  de  Saint-Luc.  II  s'^langa  aussitdt  par  Saint- 
Martin-de-Noet  et,  se  d6robant  a  la  poursuite  de  ses 
adversaires,  il  put  gagner  Roquefort.  Les  portes  de  cette 
ville  lui  f urent  ferm6es,  mais  il  s'6tablit  dans  les  faubourgs 
(du  Puyjorin  arEstampon),tandis  que  les  troupes  royales, 
qui  avaient  suivi  la  rive  gauche  de  la  Doulouze,  par 
Douzevielle  et  Sarbazan,  prenaient  position  sous  les  murs 
de  la  place  au  faubourg  de  Penecadet.  La  nuit  venue,  les 

(1)  Laborde-P^bou^,  Relation o^r liable >  {Arm.  dea  Landes,X,  ni,  p.  468.) 

(2)  Les  ciuq  autres  ^talent  Grenade,  Caz^res,  Villeneuve,  Saint-Justin  et 
Gabarret. 


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—  350  — 

soldats  de  d'Aubeterre  regagn6rent  leurs  campements  de 
Saint-Justin  et  de  La  Bastide.  Averti  dece  qui  venait  de 
se  passer,  Balthazar  partit  la  nuit  mfeme  de  Tartas,  avec 
Henry  de  Prugues,  son  lieutenant,  et  vingt  autres  de  ses 
gensacheval  (17  Janvier).  II  arriva  devant  Roquefort  a 
neuf  heures  du  matin  et  malgr6  les  efforts  du  baron  de 
Marsan  il  parvint  a  sintroduire  dans  la  petite  cit6.  II 
r6ussit  a  se  rendre  maitre  du  chateau  et  de  T^glise,  solide 
6diftce  couronn6  de  parapets  cr6nel6s,  qui  en  font  une 
v6ritablecitadelle,etflanqu6  d'un  donjon  du  ix®  siecle,  qui 
sert  de  clocher.  II  fit  alors  entrer  Saint-Micaut  avec  les 
soldats  du  regiment  de  Conti  quil  amenait  k  sa  suite  *. 

Saint' Justin.  —  Les  troupes  royales  ne  tarderent  pas 
k  reparaitre  et  vinrent  reprendre  les  positions  qu'elles 
occupaient  la  veille.  Alors,  pour  d6gager  la  place,  Bal- 
thazar, prenant  avec  lui  les  vingt  chevaux  qu'il  avait 
amends  de  Tartas  et  deux  mille  hommes  de  pied,  fit  une 
6nergique  sortie  par  le  pont  de  Penecadet.  Sa  tentative 
fut  couronn6e  d'un  plein  succ6s  et  d'Aubeterre,  surpris 
par  la  vigueur  decette  attaque,  se  retira  sur  Villeneuveet 
Saint-Sever,  en  ayant  soin  de  placer  au  chateau  de  Saint- 
Justin  trente  hommes  charges  d'occuper  les  ennemis.  Ce 
petit  fort,  situ6  sur  un  mamelon  isol6  en  dehors  des 
remparts  et  surplombant  la  Doulouze,  n'6tait  pas  du  reste 
la  seule  defense  de  cette  cit6.  «  Estant  d&]k  environn6e 
»  de  trois  parts  de  la  Douze  qui  coule  au  pied  de  son 
))  tertre*  »,  une  ceinture  de  solides  murailles,  coup6es  de 
distance  en  distance  de  tours  octogonales  %  en  faisait  une 
place  capable  d'arrfeter  pendant  quelques  jours  les  troupes 

(1)  Cf .  Balthazar,  Guerre  de  Guyenne,  p.  359-360. 

(2)  Duval,  Abr^gd  du  monde,  p.  437  (1641). 

(3)  II  en  reste  encore  trois,  qui  contribuent  singuli^rement  ^  donner  k  cette 
petite  ville  cet  air  pittoresque  qui  surprend,  au  premier  abord,  le  voyageur  qui  la 
visite. 


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-  351  - 

peu  nombreuses  qui  manoeuvraient  alors  dans  cette  partie 
du  Marsan.  «  Pour  la  conservation  de  ce  poste  Monsieur 
»  le  chevalier  d'Aubeterre  auroit  mids  une  garnison  dans 
»  leur  ville  et  baill6  le  commandement  au  sieur  de  Rifau- 
»  dau,  lieutenant  dans  le  regiment  de  Saint-Mesmes*.  » 
(18  Janvier.)  Cette  precaution  fut  inutile,  car  d6s  le  lende- 
main,  le  terrible  colonel  libre  de  ses  mouvements  repre- 
nait  Toffensive  et  sedirigeaitsur  Saint-Justin,  a  laquelle 
))  ville  et  fort  dlcelle  auroit  est6  atacqu6  et  prins  par 
))  monsieur  Balthazar,  les  biens  meubles  des  habitans 
»  pill6s  et  leurs  personnes  mises  a  rangon,  dans  laquelle 
»  ville  monsieur  Balthazar  auroit  laiss6  une  forte  garnison 
))  tant  de  cavalerie  que  dlnfanterie  irlandoise  *.  »  Elle  ne 
devait  pas  6tre  plus  heureuse  que  les  f oyalistes  et  comma 
eux  allait  6tre  bient6t  expuls6e  d'une  place  si  facilement 
conquise. 

La  Bastidc.  -^  Maitres  de  Saint-Justin,  les  frondeurs 
continuferent  leur  course  et  remontant  le  cours  de  la 
Doulouze,  pousserent  jusqu'a  La  Bastide,  oil  ilsen  trerent 
sans  6prouver  la  moindre  resistance.  Balthazar  y  plaga 
soixante  hommes  du  regiment  de  Conti  et  les  d6bris  de 
ceux  de  Guitaut  et  de  Leyran,  qu'il  supposait  avides  de 
venger  leur  d6faite.  Comme  cette  ville  n'avait  pas  de 
retranchements,  il  leur  recommanda  de  se  barricader 
dans  les  rues  et  surtout  dans  Teglise  qui,  par  sa  masse, 
pouvait  tenir  lieu  de  citadelle.  II  crut  alors  pouvoir  s'61oi- 
gner  en  toute  s6curit6  et  regagner  Roquefort;  mais  d6s 
qu'il  fut  parti,  d'Aubeterre  se  pr6senta  devant  la  place, 
II  n'eut  pas  de  peine  k  forcer  les  barricades  qu'on  venait 

(1)  Archives  des  Landcs,  H  33. 

(2^  Un  capitaine  royaliste  de  SainWusUn,  Charles  de  Batz,  sieur  de  Laubidat, 
fut  une  des  victimes  de  cette  invasion;  car  plus  tard  (22  septembre  1657)  il  faisait 
certifier  par  ses  concitoyens  que  la  maison  qu'il  «  avoit  dans  ladite  ville  et  qui 
)>  appartenoit  alors  ^  feue  damoiselle  Rachel  de  Vacqu^  sa  m^re  avoit  6%&  prise  et 
»  pill4e  par  les  troupes  du  colonnel  Balthazar.  »  (D'Hozier,  BaU-Trenquel^n), 


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d'6lever  a  la  h&te*  et  les  frondeurs,((  bien  qu'ils  fussent 
))  dans  r6glise,  se  rendirent  trfes-lachement.  Aussi  Bal- 
))  thazar  ne  les  regretta  point,  ne  lui  ayant  pas  donn6  le 
»  temps  depuis  la  minuit  jusqu'a  neuf  heures  du  matin 
»  qu'il  se  rendit  de  Roquefort  a  Labastide  avec  cavalerie 
))  et  infanterie  pour  les  secourir;  mais  les  troupes  du  roi 
»  6toient  d6jgt  a  Villeneuve  et  Mont-de-Marsan  *.  »  On 
voit  que  cette  guerre  n'6tait  qu'une  suite  de  surprises; 
aussi  en  apprenant  la  defection  de  ses  soldats,  Balthazar, 
qui  d6j^  revenait  sur  ses  pas  pour  leur  tendre  la  main, 
se  replia  sur  Roquefort  et  se  pr6occupa  de  pourvoir  a  la 
stiret6  de  cette  place.  II  avait  d6ja  d6pouill6  de  ses  meu- 
bles,  de  ses  papiers  et  de  tons  ses  effets  le  baron  de  Marsan, 
qui  ne  se  ralliait  pas  a  sa  cause '.  La  presence  de  ce 
seigneur  paraissant  encore  fetre  un  danger  pour  les  fron- 
deurs,  le  prince  de  Conti  Tautorisa  a  sortir  de  la  ville 
pour  se  retirer  avec  sa  f  emme  et  sa  f amille  dans  sa  maison 
de  Saint-Martin-de-Noet  * ;  mais  en  mfeme  temps,  pour 
6viter  de  le  pousser  a  bout,  il  d6fendit  a  ses  troupes  de  rien 
prendre  sur  les  terres  qui  lui  appartenaient  (9  f6vrier) '. 
Le  baron  de  Batz  fut  des  ce  moment  seul  maitre  de 
Roquefort  et,  persuad6  du  danger  qui  mena^ait  chaque 
jour  cette  ville,  il  r6clama  des  armes  pour  la  mettre  en 
6tat  de  defense*. 

Le  Tampoy.  —  Plein  de  confiance  en  son  lieutenant, 
Balthazar  s'61oigna  de  cette  region  et  regagna  Tartas, 

(1)  Le  15  Janvier  1667,  il  certiflait  que  le  sieur  Jean  de  Batz  et  le  sieur  de 
I^ubidat,  son  frere  (qu*il  ne  faut  pas  oonfondre  avec  le  baron  de  Batz,  aur 
ordres  de  Balthazar),  «  Tavoient  accompagnd  ^  I'atacque  des  retranchements  de 
»  Labastide,  ou  ils  s'etoient  cumport^s  en  gens  de  coeur.  »  (D'Hozicr :  Batz- 
Trenquel^on.) 

(2)  Balthazar,  Guerre  de  Guycnne,  p.  360. 

(3)  Gdn6alogie  manuscrite  de  la  maison  du  Lin-Marsan. 

(4)  Paroisse  k  cinq  kilometres  et  demi  de  Roquefort,  aujourd'hui  commune 
de  Saint-Justin  de  Marsan. 

(5)  Arch.  nat.  Arch,  du  Lin-Marsan,  n*  262. 

(6)  Arch,  nat.,  fonds  fr.,  papiers  de  Lenet,  6713,  ^  89. 


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-353  - 

centre  de  ses  operations,  laissant  k.ses  partisans  le  soin 
de  continuer  k  ravager  le  Marsan.  Pour  mettre  fin  a 
leurs  d6pr6dations,  d'Aubeterre,  qui  avait  dft  cantonner 
ses  troupes  k  Saint-Sever,  Montaut,  Mugron  et  GaujacqS 
c'est-^-dire  en  pleine  Chalosse,  donna  ordre  aux  jurats 
et  habitants  de  la  juridiction  du  Fr6che  de  fournir  des 
gens  au  sieur  Gabriel  de  Brocas,  seigneur  de  Tampoy  *, 
pour  ((  fortifier  sa  maison  et  Taduortir  »  (12  f6vrier) '. 

(1)  Laborde-P(?boue,  Relation  Writable  (Arm.  dea  Landes,  ni,  p.  470). 

(2)  Tampoy,  siir  les  bords  du  Midou,  au  quartier  de  Goussies  (Le  Fr^che),  est 
aujourd'hui  une  simple  ferme,  dependant  du  domaine  d'Ognoas  et  appartenant 
au  Grand  Seminaire  d'Aire.  Elle  est  compos^e  de  deux  corps  de  logis  r^uuis  par 
une  tour  en  briques.  S'appuyant  sur  une  vaine  consonnance  de  mots,  de  hardis 
^tymologistes  ont  fait  de  Tampoy  une  maison  de  Templiers.  Cette  assertion 
demauderait  k  6tre  appuy^e  de  bonnes  preuves,  car  nous  voyons  Elisabetb  de 
Comminges,  tulrice  de  Gaston  Phoebus  (1343-1349),  conc^der  k  Arnaud  Guilhem 
de  Labartbe,  seigneur  de  Carder,  «  donzel,  » Ja  permission  de  «  far  ostau  ou 
»  salle  en  la  terre  de  Gard^res  et  de  Tampoy  en  ladite  vicomt^  de  Marsan  et  de 
»  enfourlir  acquet  ostau  ou  salle  et  far  forteresse  segond  et  par  la  maneyre  que 
»  los  homis  gentius  deudit  viscomtat  de  Marsan  podin  et  debin  iar  ostau  ou  salle 
»  et  forteresse.  »  (Arch,  des  Landes,  E  78.)  Telle  f ut  done  Torigine  de  ce  petit 
casteldontlenom  devaitplus  tard  figurer  dans rhistoire; car  une  inscription,  main- 
tenant  ef!ac6e,  a  longtemps  d^sign6  aux  touristes  la  chambre  que  Frangois  1** 
occupa  dans  cette  demeure.,  la  veille  de  son  mariage  ayec  Elisabeth  d'Autriche 
(6Tjuillet  1530).  A  ce  sujet,  quelques  auteurs,  peu  habitues  i\  contrdler  les  afflr- 
mations  de  leurs  devanciers  et  trop  prompts  k  les  reproduire  de  conflance,  ajou- 
tent  que  pour  facilitor  le  passage  du  monarque  on  jeta  sur  le  Midou  un  pont 
qui  porte  encore  le  nom  de  «Poun  dou  Rey  ».  Nous  ferons  observer  d'abord  que 
pour  se  rend  re  de  Tampoy  k  Beyries,  oil  eut  lieu  la  c^r^monie,  le  roi  n'avait 
pas  besoin  de  traverser  le  Midou,  puisque  les  deux  habitations  sont  situ4es  sur 
la  rive  droite  de  cette  riviere.  En  second  lieu,  c'est  en  1484  que  Lubat  d'Aydie, 
seigneur  d'Ognoas,  obtint  de  Madeleine  de  France,  tutrice  de  Catherine  de 
Navarre,  Tautorisation  derebatirlepont  situ^  au  uord  de  son  manoir,  c'est-^-dire 
aupres  de  Tampoy  (Arch,  du  Grand  S^minaire  d'Auch,  n»  18^),  tandis  que  ie 
Poun  dou  Rey,  situe  au  bois  de  Bedat,  est  k  une  grande  distance  de  cette  maison 
let  dans  une  direction  tout  oppos^e  k  Beyries.  Un  ^rudit  contcmporain(M.  I'abb^ 
Cazauran,  Etudo  sur  MonguUhem,  p.  87)  avance  que  cepont  aurait  6te  cons- 
truit^a  Toccasion  du  voyage  de  Charles  IX,  en  1565.  C'est  une  supposition  gra- 
tuile,  car  I'itineraire  suivi  par  la  cour  estparfaitementconnu.  Entr6  dans  les  4tats 
de  la reine  de  Na\arre  par  Captieux,  Roquefort,  Mont-de-Marsan,  Tartas  et 
Bayonne,  le  roi  de  France  en  sortit  par  Mont-de-Marsan,  Caz^res,  Nogaro, 
Eauze,  Montreal,  Condom  et  N^rac.  (Rocueil  et  dUcours  du  ooyage  de  Char- 
les IX..,  faict  et  recueilly  par  Abel  Jouan,  Vun  des  seroiteurs  do  S.  M. 
Paris,  pour  Jean  Bonfons,  libraire,  en  la  rue  Neuve-Nostre-Dame.  A  Tenseigne 
S,  Nicolas.  M.D.Lvi.  P.  42.)  11  n'y  a  done  pas  la  moindre  probability  que  pour 
se  rendre  de  Cazeres  (23  juillet)  k  Nogaro  (24  juillel),  le  cortfege  royal  ait  fait  le 
detour  qu'exigerait  son  passage  dans  la  petite  bastide  de  Monguilhem,  et  par 
suite  qu'on  ait  construit  alors  le  pont  dont  il  s'agit.  Ainsi  finissent  les  l^gendes  I 

(3)  Arch,  de  Saint-Justin,  fonds  Duclerc,  n"  19.  (Attestation  pour  M.  de  Brocas, 
seigneur  de  Tampoy,  copie  faite  le  7  Janvier  1664.) 

Tome  XXXV.  23 


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—  354  — 

Gabriel  de  Brocas  avait  pour  mission  de  s*opposer  aiix 
courses  des  ennemis  du  roi  dans  cette  region.  Pour  y 
parvenir,  il  r6unit  autour  de  lui  des  hommes,  «  les  ungs 
»  sesamis,  les^autressoldoy6s. ))  Confiants  dans  sa  valeur, 
les  gens  de  la  juridiction  du  Frfeche  conduisirent  leurs 
troupeaux  dans  les  foss6s  qui  environnaient  Tampoy,  afln 
de  les  mettre  k  Tabri  des  maraudeurs.  Or,  il  advintqu'un 
jour  les  ennemis,  ayant  pris  une  quantity  de  gros  b6tail 
au-delk  du  Midou,  lui  firent  traverser  cette  rivifere  sur  le 
pont  d'Ognoas,  pour  I'amener  k  leur  quartier  de  Roque- 
fort. Averti  de  leur  passage,  Gabriel  de  Brocas  sortit 
avec  ses  gens,  dispersa  Tescorte  et  s'empara  de  ces  trou- 
peaux, qu'il  r6unit  k  ceux  des  gens  du  Fr6che  dans  les 
foss6s  de  son  chAteau.  Les  frondeurs,  furieux  de  cette 
surprise  et  de  la  perte  qui  en  6tait  la  suite,  revinrent  en 
force  sous  la  conduite  de  Grenier,  Tun  des  lieutenants  de 
Balthazar;  mais  tons  leurs  efforts  furent  inutiles.  Le  sieur 
de  Tampoy  r6ussit  k  garder  sa  capture  et  rendit  ensuite 
k  chacun  des  perdants  ce  qui  lui  avait  6t6  enlev6. 

(A  suwre.)  J.-J.-C.  TAUZIN, 

Cur^  de  Saint-Justin  de  Marsan. 

NOiTES  DIVERSES 

CCCXXII.  Les  armoirles  d'Arn.  Aubert  et  du  pape  Innoeent  VI. 

Arnaitd  Aubert,  archev^ue  d'Auch  (1355-1371),  fit  graver  surunepierre 
du  donjon  de  Bassoues  ses  armes,  dont  on  a  vu  le  dessin  dans  notre  nu- 
m^ro  de  mars  dernier,  vis-i-vis  de  la  page  168:  De,..  au  lion  passant 
de,,,  aocc  une  bandc  de. , ,  au  cliej  de,,.  charge  de  trots  coquillcs  dc, ,. 
—  Ces  memes  armoirles,  somm^es  de  la  tiare  et  de  deux  clefs,  ont  cte  pu- 
bli^es  nagu^re  par  M.  de  Lahond^s  {Bulletin  de  la  Soc,  arch^ol,  du  Midi 
de  la  Fr,y  n'  13,  p.  63),  qui  les  arelevees  au-dessus  d'une  ported'escalier, 
dans  unecour  do  rHotel  du  Midi,  jadis  college  Saint-Martial.  Elles  rappc- 
laient,  a  cette  place,  le  pape  Innocent  VI,  oncle  de  notre  archevequc, 
ancien  professeur  de  droit  k  Toulouse  et  fondateur  de  ce  college. 

(1)  Parmi  eeux  qui  r^pondirent^  cetappel,on  signala  Jean  RenazeiUes,  sieur 
d'Aubaignan,  Charles  de  Batz,  ^cuyer,  sieur  de  Laubidat,  Dufour,  ^cuyer,  sieur 
de  Labadie,  Jean  L^glize,  Pierre  Dusan,  Jean  de  Gaube  dit  de  Brisquadleu, 
Jean  Dubenque,  Jean  Glize  dit  Chinanin  et  d'autres  bourgeois  du  Frdche. 


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OBJETS  ANTIQUES 

AVEC  MARQUES  DE  FABRICANT 

INSCRIPTIONS  OU  AUTRES  SIGNES 

TROUVES  A  LBCTOURB  BN  1890,  1891  BT  189S  (*)  . 


SUPPLEMENT 

Pendant  les  derniers  mois  de  TannSe  1892  et  les  premiers 
de  Tannee  1893,  Fachevement  des  fouilles,  au  chanller  prin- 
cipal, a  fourni  un  certain  nombre  d'objels  avec  inscriptions 
on  marques  nouvelles.  Nous  croyons  bien  faire  eiv  ajoutant 
ici  celte  suite  dans  laquelle  la  proportion  des  marques 
curieuses  et  rares  est  plus  grande  encore  que  precedemment. 

Pour  la  comparaison,  outre  les  ouvrages  que  nous  avons 
cit6s  en  commen^ant,  nous  avons  vu  personnellement,  en  fait 
de  publications  nouvelles,  les  tomes  iv  et  v  des  Inscriptions 
antiques  da  Musie  de  Lyon,  par  MM.  Allmer  et  Dissard,  ou 
flgurent  bien  pres  de  deux  mllle  marques  flgulines,  relevees 
par  M.  Dissard,  et  le  tome  xv  de  la  nouvelle  edition  de  VHis- 
Urire  de  Languedoc,  ou  M.  Lebegue  a  insere  bon  nombre  de 
marques  trouvees  en  divers  temps  dans  la  moili6  occidentale 
de  cette  province.  > 

Pour  les  divisions  de  ce  complement  nous  suivons  Tordre 
deja  adopte,  sauf  a  intercaler  ou  aj outer  deux  ou  trois  cate- 
gories d'objets  ou  varietes  non  encore  vues. 

AMPHORES 

218.  —  Fragment  d'une  ansa  d'amphore  de  grandeur  moyenne.  De 
haul  en  bas  dans  un  rectangle  incomplet  k  gauche  et  au  has  : 


MCP 


0 


Lettrea  d'enoiron  11  millimetres. 
Lea  lottres  sonti  ncompl^tes  deleur  moiti6  inf6rieur,eexcept6  la  demi^re 

•  Voir  la  livraison  de  f^vrier  1894,  page  99. 


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—  356  — 

qui  est  complete;  la  premiere  est  emp4t^  et  incomplete  encore  k  gauche; 
les  points,  incomplets,  6taient  triangulaires,  le  premier  touchant  ^  M  et  i 
C,  et  le  second  dans  C;  P  ^tait  peut-etre  B,  la  boucle  existante  se  confond 
snr  un  point  avec  la  circonf6renoe  de  O.  Dans  ces  marqaes  d'amphores, 
aux  noms  de  citoyens  romains,  il  n'y  a  que  le  prenom  qui  n'ofire  aucune 
difficuU6  de  lecture.  \ 

219.  —  Culot  d'amphore  du  m6me  genre  etde  la  mftme  terre  que 
celui  n°  7  (..)•  Dans  un  rectangle,  iraprimi  horizonlaleraent  Tamphore 
^tant  pos^  sens  dessus  dessous  : 


lo3 


Lett  res  de  IS  et  7  mill.  fj2 

Cette  marque  se  trouve  an  has  et  entire  les  jambages  d*un  tres  grand  a 
(15  cent,  de  haut)  points  comme  s'il  s'agissait  d'un  A,  fait  avec  ledoigt  quand 
la  terre  ^tait  fraiche.  La  forme  da  C,  retrograde,  est  bien  nette  sror  le  haut, 
mais  vers  le  has  on  distingue  vaguement  upe  barre  oblique  comme  poor 
un  P,  k  haste  penchee,  n'arrivant  pas  au  haut  de  la  boucle  :  2) 'On  peat 
ainsi  lir^  Modiestus),  IjSl  lecture  Comimiinis)^  retrograde,  serait  moins 
justiflee.  Au  reste,  la  forme  du  D,  que  nous  soupQonnons  ici,  est  donnde, 
presque  pareille,  tres  nettement,  par  une  inscription  de  Lectoure,  mal 
reproduite  par  les  photogravures  du  capitaine  Esp^rartdieu. 

220.  —  Anse  de  grandeur  moyenne  (..),  De  haut  en  has,  dans  un 
rectangle  : 


QFC 

Lett  res  de  71  mill. 


L'initialo  bien  circulaire;  les  points  ronds;  la  traverse  da  milieu  de  la 
seconde  lettre  boulet6e  et  courbde  vers  le  bas  k  son  extremity,  le  point  est 
entre  les  deux  traverses;  le  C  presque  carre.  Signalee  a  Sninte-Colombc- 
16s-Viennc. 

221.  —  Anse  de  grandeur  moyenne  (..).  De  haut  en  bas,  dans  un 
rectangle : 

TAArA 

Lettres  de  10  mill. 

Lettres  k  traits  larges;  points  triangulaires.  L*avant-derni6re  lettro  est 
peut-^tre  un  C,  dont  la  forme  la  plus  ancienne  ^tait  en  angle  obtus  au  lien 
d'etre  en  courbe. 


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222.  —  Anse  de  grandeur  moyenne.  Dans  an  carre>  mal  venu  k 
gauche : 


Q 


Haut.  14  mill. 

Ce  signe  avait  a  gauche  un  appendioe  comme  celui  de  droite,  qui  est  bou- 
let6  k  son  exMmit^,  il  en  reste  tonte  la  partie  sup^rieure,  la  seule  qui  ait 
marqu^;  un  nceud  entre  deux  k  lear  naissance.  C'^tait  ainsi  probablement 
rimage  d'une  couronne. 

Nos  marques  sur  araphore  se  termlnent  par  une  r6plique  du  no  1, 
A'l  S,  plus  fluetteetplus  pure,  mats  incomplete  de  la  moitie  inttrieure 
demeur^  sur  la  pause  de  I'amphore,  dont  nous  n'avons  trouv^  que  I'anse 
qui  a  garde,  horizontalement  au  bas,  I'autre  moitie. 

POTERIE  ORISE  OU  NOIRE 

La  poterie  grise  ou  noire  a  laiss^  peut-£tre  plus  d^ecbantillons  anti- 
ques et  du  haut  moyen-^ge  (?)  sur  le  sol  de  Tancienne  Gaule  que  tous 
las  autres  genres  antiques  r^unis.  Ant^rieure  sans  doute  k  T^poque 
gallo^romaine,  sa  fabrication  se  continua  pendant  cette  pdriode  et  plus 
ou  moins  longtemps  apr^s  ? 

Les  teintes  de  cette  int^ressante  poterie,  la  vraie  et  seule  poterie  gaii- 
loise  nationale  vraisemblabiement,  vont  du  gris  cendr^  au  noir;  une 
variety  plus  rare  offre  la  teinte  hrun  chaudj  c'est-Ji-dire  brun  rou- 
ge&tre.  Dans  la  p4te  sont  quelquelois  de  petits  cailloux  blancs  et  tou- 
jours  des  grains  de  mica  blancs  et  brillants.  La  duret^  de  la  terre  cuite 
pr^nte  plusieurs  degr^  jusqu'k  celui  d'une  extreme  duret^.  L^ 
formes  avec  panse  6taient  les  plus  communes,  avec  les  autres  elles 
diff^raient  toutes,  ou  k  peu  prfes,  de  celles  de  la  poterie  fine  k  couverte 
rouge  lustr^e.  La  beaut6  ou  la  finesse  des  produits  ^galaient  parfois  ce 
dernier  genre  sur  des  vases  avec  des  ornements  pimples  imprimis  en 
creux  et  ou  la  couleur  de  la  terre,  rouge  quelquefois  au  centre^  ^tait 
accentufe  par  une  belle  et  fine  couverte  noire.  La  decoration  la  plus 
commune  ici,  sur  les  vases  les  moins  fins,  consistait  en  empreintes 
du  bout  d'un  petit  roseau  ou,  sur  des  anses,  en  des  trous  faits  avec  une 
petite  baguette,  mais  principalement,  sur  des  produits  de  finesse 
moyenne,  en  de  larges  traits  hachur&r,  m^andreux,  etc.^  obtenus  en 
lissant  tvhs  reguli^rement  et  l^g^rement  la  terre  fralche  au  moyen  de 
rebauchoir. 

La  poterie  grise  ou  noire  demeure  rouge  apr^s  avoit  iti  ohauffte  k 


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—  958  ^ 

blanc;  sa  coloration  £tait  done  obtenue  principalement,  sinon  exclusi- 
vement,  par  une  cuisson  oporto  ou  acbev^  au  milieu  d'une  tumie 
plus  ou  moins  noire;  et,  entre  autres,  le  procM^  affirm^  par  Bron- 
gniart  {Traits  des  Aria  c^ramiques)  :  du  charbon pulv^ria^  iniro- 
duit  dans  la  pdie,  parait  impossible.  La  haute  antiquity  des  vases 
gris,  noirs  et  bruns,  obtenus  par  un  m6me  proc6d6,  s'induit  de  leur 
pr&ence  dans  les  dolmens  et  ici,  sur  le  plateau  de  la  ville  actuelle  de 
Lectoure  et  de  son  faubourg,  d*un  certain  nombre  d'echantillons  qui 
semblent  venir  de  vases  fails  sans  le  secours  du  tour;  enfin,  pour  notre 
r^on,  de  ce  que  le  vase  trouv^  k  Laujuzan  (Gers),  contenant  prfes  de 
mille  deniers  d'argent  des  Sotiates,  tons  ant^rieurs  k  la  conqu^ 
romaine  et  caches  sans  doute  au  premier  moment  de  la  venue  des 
Romains,  ^tait  en  ierre  grise,  participants  qu*entre  autres  soins 
d'exaclitude  et  de  critique  ont  oubliS  de  noter  tons  ceux  qui  ont  fcrit 
sur  cette  trouvaille.  Nous  tenons  le  renseignement  de  M.  H.  de  Cours, 
propriStaire  du  fonds  oil  le  tr&or  fut  dScouvert. 

Nous  abr^erons  en  disant  que  les  marques  sur  poteries  grises  ou 
noires,  imprimis  sur  des  produils  de  Tipoque  romaine  sans  doute, 
sont  rares  un  peu  partout  sur  le  sol  de  Tancienne  Gaule,  et  nous  n'a- 
vons  encore  rencontrS  ici  que  deux  grafitti  faits  aprfes  la  cuisson  des 
vases. 

223.  —  Fond  plat  d'un  vase  assez  grossier,  teinte  d'ardoise.  Vers 
le  centre,  en  dessous,  d'une  pointe  assez  fine : 


BC 


Lettres  de  17  mill, 

*  La  barre  de  la  premiere  lettre^  ou  des  deux  premieres  car  il  faut  peut- 
^tre  entendre  I  et  D  1168,  est  courbe :  la  convexity  vers  Tint^rieur.  Un  trait 
plus  long  que  la  marque  n*fst  large  coupe  les  deux  caract^res  vers  le  haut; 
un  second  trait,  plus  court,  coupe  le  premier  au  bas.  Ces  deux  traits  parais- 
sent  relativement  modernes  et  sont  peut-^tre  accidentels. 

224.  —  Fragments  du  rebord  torique  et  des  parois  d*un  vase  demi- 
fin  —  un  peu  plus  fonc6  k  Texterieur  que  le  pr6c6dent  —  qui  avait  13 
centimetres  de  diamfelrei  Torifice.  Ilorizontalement,  sur  le  col  vertical 
et  se  continuant  sur  la  panse^  d'une  pointe  fine : 


N..RIT 


Lettres  de  40  mill. 

II  ne  reste  de  la  premiere  lettre  qu*un  peu  plus  de  sa  moiti6  inf^rieure 


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—  359  — 

de  droite  sur  un  fragment  qui  ne  se  racoordepas  aveo  Tanlre,  m&is  qui  en 
^tait  ^rt^  k  pen  prds  de  la  largeur  d'une  lettre,  manqnante,  d'aprte  one 
progression  des  traces  des  doigts  da  potier  k  Tint^ieur  du  vase;  il  manque 
encore  la  haste  de  E;  le  T  a  sa  traverse  tr^s  conrte  k  gaojohe  et  tr^s  allongto 
k  droite;  apr^s  cette  lettre  la  marge  n*a  pas  moins  de  5  centimetres,  elle 
etait  done  la  derni^re  da  grafitto  qui  nous  donnait  peut-^tre  un  nom  aqui- 
tain.  Toute  strange  que  puisseparaltre  eette  terminaison  rit,  on  la  retrouve 
dans  un  des  plus  curleux  noms  d'une  des  4^vinit^  de  TAquitaine,  si  on 
le  decompose  en  Herans-CorrU-Seke,  qui  ainsi  est  peut-^tre  la  bonne 
interpretation  de  ce  nom  au  lieu  de  nombre  d'autres  plus  ou  moins  inad- 
missibles,  Desdivinites  k  trois  personnes  se  trouvalent  en  Aquitaine  comme 
dans  le  reste  de  la  Gaule. 

POTERIE  FINE  A  COUVERTE  ROUGE  LUSTRl^B 

225.  «-  Fragment  du  fond  d'un  grand  plateau  omementd  k  Tinti- 
rieur  d'une  large  circonference,  stride  perpendiculairement  aux  deux 
courbes  qui  la  limitent.  La  forme  de  ces  grands  plateaux  ddrivait  de 
oelle  des  pat6res  ou  vice-versa.  A  la  place  ordinaire  dans  un  rectangle : 

ANDOCAM 

Lettr€8  de  2  mill,  i/2 

Le  premier  A,  non  barrd;  le  second,  un  pea  fruste,  semble  barrd  k  la 
mani^re  ordinaire;  ND,  li^s :  le  troisieme  jambage  de  N  sert  de  baste  k  D. 
Le  nom  du  potier  etait  peut-^tre  une  variante  du  nom  gaulois  Andeca^ 
mulos  qui  semble  pourtant  n'avoir  et6  qu'un  nom  de  divinity  (inscription 
de  Nevers),  d'od  un  ethnique  par  derivation  toatenaturelle  (inscription  de 
Rancon,  dans  le  Limousin)  ?  La  marque  ANDOCA,  signaiee  k  Poitiers. 

226.  —  Fragment  du  fond  d'une  pat^re.  Dans  la  partie  de  droite 
d'un  rectangle  : 

.....OCAM 

LtfUres  de  2  mill.  2i3 

II  ne  reste  qu'une  faiblo  partie  de  la  droite  de  TO;  AM  lies  :  barre  hori« 
zontale  dans  le  premier  angle  de  M;  Textremite  des  lettres  est  bouletee.  La 
marque  etait,  tres  probablement^  une  variante  de  la  precedente. 

227.  —  Fragment  du  fond  d'une  patfere  qui  avait  15  centimetres  de 
diametre  (..).  Dans  la  partie  de  gauche  d'un  cartouche  rectangulaire 
qui  6tait  termine  en  c  o  : 

AQV.*.. 

Lettres  de  2  mill, 

Aqu[ti\,  —  Signaiee  complete  k  Bordeaux,  aux  memos  dimensions  et 
aussi  «  dans  an  cartouche  »;  de  meme^  incomplete  de  Finitiale,  k  Martres- 


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.  —  360  — 

Tolosaned;  aumdme  nom  et  orthographe  ^Bordeaux,  Poitiers,  Vienne.  La 
marque  AQVITANI^  beauooup  plus  r^pandue,  n'est  pas  admissible  id 
d'aprte  la  sym^trie. 

228.  —  1.  Petit  fragment  d'un  fond  de  patfere.  2.  Petit  fragment  de 
fond.  Dans  un  rectangle  aux  coins  arrondis : 

BOLLI 

Lettrea  de  3  mill.  ij3 

Lettres  aux  extr^mit^s  boulet^s;  O,  de  m^me  forme  qu'au  n*98;I, 
incomplet  de  sa  moiti6  inf6rieure.  11  ne  reste  que  Tinitiale  au  n*  2,  bien 
reconnaissable,  surtout  par  la  petitesse  de  la  boucle  sup^rieure;  au  contraire 
il  n'y  a  aucun  rapport  de  forme  avec  le  fragment  du  n*  32.  La  nouvelle 
marque  est  1^6rement  imprim^e  mais  tr^s  nette  et  tr^  belle.  La  variante 
BOIII  MAN.  EClT,  signal^e  k  Sagonte,  aveo  inobservation,  trte  probable- 
ment^  des  traverses  des  L. 

229.  —  Fragment  du  fond  d'une  pat^re  qui  avait  16  centimfetres  de 
diamfetre  (..].  Dans  un  rectangle  aux  petits  c6t&  arrondis : 

CLOGOI 

Lettrea  de  8  mill.  IjS. 

Lettres  aux  extr6mit6s  pointues;  L,  a  deux  traverses  rapproch^,  Tune 
sur  Tautre,  et  plus  fines  que  les  autres  traits;  les  O  bien  circulaires.  Nous 
ne  connaissons  personnellement  que  des  lampes  ob.  deux  fois  se  trouve 
indiqu6  le  gentilice  Clodius:  C.  CLO.  SVC,  CLO.  HELL  Pour  le  cognomen 
qui  serait  en  Coi,  id,  nous  ne  connaissons  que  la  marque  COI,  signal4e  a 
Bordeaux,  et  pas  d'exemple  pour  le  completer. 

230.  —  Fragment  du  fond  d'une  pat^re  qui  avait  16  centimetres  de 
diamitre  (..).  Dans  un  rectangle : 

GBNER 

Lettres   de  3   mill. 

C(o)bn€r(tu8).  —  Variante,  non  signalee  dans  les*ouvrages  consultes, 
des  n**  42,  43,  44.  Cette  marque  est  bien  venue  et  11  n'y  parait  point  trace 
de  O. 

231.  —  Fond  creux  d'un  petit  vase.  Dans  un  rectangle : 

ESVATPI 

Lettrea  de  2  mill.  112. 

Les  lettres  ont  leurs  extr^mit^  bouletees;  le  P,  avec  moitiS  sup^rieure 
de  boucle.  La  marque  est  mal  venue  vers  la  gauche  et  est  toute  gerc^e; 
n^nmoins  toutes  les  lettres  sent  certaines,  sauf  que  pour  distinguer  It 
troisi^e  U  iaut  une  forte  loupe,  Cette  lettre,  d'aillenrs^  ainsi  que  la  marque 


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—  361  — 

tout  enti^pe,  confirmees  par  la  variante  ESVAT,  signals  au  Mas-d'Age- 
nais.  n  s'agit  d*un  nom  celtique  sans  doute.  Voyez  la  marque  suivante. 

232.  —  Moiti^  du  fond  creux  d*un  petit  vase.  Dans  la  partie  do 
gauche  d'un  rectangle  au  petit  c6t6  en  segment  de  cercle : 

ESV.... 

Lettrea  de  2  mill.  t/2. 

Lettres  d'une  nettetS  parfaite  et  k  extr^mit^  boulet^;  la  haste  de  Tini- 
tiale  d^passe  un  pen  le  niveau  de  la  traverse  sup^rieure.  II  y  a  peut-^tre  k 
droite  les  restes  d'un  point  sur  le  bas  et  siirement  cenx  d'une  quatri^me 
lettre  k  jambages  obliques  qui  ne  pouvait  ^tre  qu'un  A^  ou  un  M.  On  pour- 
rait  penser  k  la  marque  ESV.MFE,  signal6e  k  Auch,  mais  elle  est  trop 
longue  et  il  J  aurait  eu  grand  et  anormal  d^ut  de  sym^trie  sur  notre  vase 
qui  6tait  des  plus  fins;  les  lettres  et  le  rectangle  ont  aussi  des  differences 
avec  la  marque  pr6cedente;  seule  celle  ESVAT,  mentionn^e  ci-dessus,. 
coiiviendrait  bien  ici.  Ces  trois  marques  en  Esu,  ne  constituant  probable- 
ment  que  des  variantes  au  nouveau  (?)  nom  celtique  EsuatpuSy  font  penser 
au  fameux  dieu  gaulois  Esus,  qui,  de  nos  jours,  a  provoqu6  tant  de  folles 
imaginations  et  qui,d'apres  les  monuments,  n'^tait  surement  qu'un  6bran- 
cheur,  plutot  qu'un  bflcheron,  comme  Vulcain,  avec  lequel  il  est  associ6 
sur  le  ceiebre  autel  de  Paris,  etait  un  forgeron . 

233.  —  Fragment  du  fond  et  des  parois  d'un  bol.  Dans  un  rectangle 
incomplet  k  droite  au  petit  cdt^  de  gauche  arrondi : 

ILVM... 

Lettres  de  2  mill.  Ij2, 

Le  cachet  fut  mal  applique  sur  le  vase,  qui  n'etaitpas  bien  fin iau  centre, 
et  ce  n*est  qu'en  dclairant  de  gauche  k  droite  ou  bien  de  droite  k  gauche 
que  Ton  pent  dechiffrer  ce  que  nous  donnons  avec,  en  plus,  I'amorce  infe- 
rieure  d'une  cinqui^me  lettre  qui  ne  pouvait  guere  etre  qu'un  A;  une 
sixieme  lettre  devait  terminer  la  marque.  Nous  ne  connaissons  que  celle 
ILIOMA....  signaiee  k  Sainte-Colombe-ies-Vienne,  oil  Ton  a  trouv6  tant 
de  monuments  figulins,  qui  se  rapproche  un  peu  de  la  n6tre,  qui  semble- 
rait  neanmoins  assez  avoir  ete  un  nom  aquitain,  tandis  que  Ilioma(rus)y 
ou  lUiomaruSy  connu  d'autre  part,  semble  bien  etre  un  nom  celtique. 

234.  —  Fond  avec  restes  des  parois  d'un  trfes  petit  bol.  Dans  un 
rectangle  aux  coins  largement  arrondis  : 


IND 


Lettres  de  1  mill.  2}3. 

Jnd(crcillus)?  ^H^Tq}xe  leg^rement  imprimee  et  mal  venue  mais 


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—  362  — 

oertaiuej  les  lignes  d'encadrement  en  relief  touchent  presque  aux  caract^res 
et  se  prolongent  en  se  coupant  jusqu'aux  c6t68  du  rectangle.  La  marqne, 
au  nom  gaulois  INDERCILLVSF,  signal^e  k  Lyon  et  k  Orleans.  Etant 
donn^  le  systdme  bien  connu,  et  sur  lequel  nous  avons  dej^  plnsieurs  fols 
insists,  des  marques  avec  le  nom  complet  ou  blen  de  plus  en  plus  abrcge, 
11  n'y  a  presque  pas  k  douter  que  nous  n'ayons  ici  one  varianto  de  oette 
marque  de  Lyon  et  Orl6ans. 

235.  —  Fond  creux  d'un  petit  vase  (..).  Dans  une  ellipse  : 

I  vcv 

Lettres  de  2  mill. 

Jucu{ndu8),  —  Le  premier  V  est  point6  au  milieu  de  son  niveau  supe- 
rieur^  le  troisi^me  point  est  dans  le  C.  Voyez  la  marque  suivante. 

236.  —  1 .  Fragment  du  fond  et  des  parois  d'un  bol  des  plus  grands, 
c'est-k-dire  de  12  centimetres  de  diam^tre  environ.  2.  Fragment  de 
bol  (.,).  Dans  un  rectangle  aux  pelits  c6t^s  arrondis  : 

IVCVN 

Lettres  de  2  mill.  J/3. 

Jucun(dus).  ~  Lettres  aux  extremites  bouletees.  Voy.  les  marques  pr6c6- 
dente  et  suivante. 

237.  —  Fond  creux  d'un  vase  de  grandeur  moyenne  (..).  Dans  un 
cartouche  rectangulaire,  termini  en  c    o  : 

ivcvNai 

Lettres  de  SmiU.faibles 

Les  deux  V  sent  points  au  milieu  de  leur  niveau  superieur;  le  D,  retro- 
grade. Cette  marque  et  les  deux  qui  pr^cMent  sont  des  variantes  de  celles 
des  n"  63,  64,  65,  ci-dessus,  variantes  non  signal^es  dans  les  ouvrages 
consults,  excepte  la  seconde. 

238.  —  Fond  creux  d'un  petit  vase.  Dans  un  rectangle  aux  coins 
arrondis  et  aux  grands  c6tfe  renfl^s  vers  leur  milieu  : 

laPRon 

Lettres  de  3  mill.  1/2,  4  1(2,  2  tjB  et  3  J/2 

L(uclus)  Apron(iu8).  —  La  premiei*e  jambe  de  A,  pose  sur  la  traverse 
de  L;  les  lettres  sont  k  traits  larges  et  k  extrdmit6s  pointues;  les  deux 
premieres  plus  petites  que  les  deux  suivantes  et  de  m^me  taille  que  la 
derniere.  La  marque  LAPRON,  signalee  k  Bordeaux,  en  lettres  dgalesde 
3  millimetres  et  «  de  forme  ancienne  »;  une  troisi^me  variante  LAPR.O.N, 
gignalee  k  Auch,  Voyez  notre  n*  25. 


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—  863  — 
289.  — Bol  k  double  courbe,  presque  complet,  de  7  centimetres  de 
diam^tre  (..)•  Dans  un  rectangle  aux  petits  c6t^  arrondis ; 

MACARI 

Leitrea  de  2  mill, 

Variante  da  n*  85,  en  caract^res  p^guliers  aux  extr6mit6s  l^g^rement 
bouletees;  MA,  Ute  :  travOTse  d'A,  dans  le  troisitoe  angle  de  M. 

840.  —  Pelit  fond  creux.  Dans  un  rectangle: 

MARTI 

Letlrei  de  3  mill. 
Marti(i).  —  Variante  du  n*  90,  en  caract^res  plus  r^guliers  et  plus 
beaux  ayant  leurs  extr6mit6s  boulet^s;  MA,  lies  :  traverse  d*A,  dans  le 
deuxi^me  angle  de  M  ouvert  en  bas.  Au  revers^dans  lefond  de  I'^videraent 
du  piedi  trace  avec  une  grosse  pointe  apres  la  cuisson : 


Ce  signe  a  deux  centimetres  4e  haut;  il  a  dans  son  angle  inf^rieur  un  signe 
semblable  beaucoup  plus  petit  et  trac6d*une  pointe  plus  fine. 

241.  —  Pelit  fond  creux.  Dans  une  forme  de  pied  humain  : 

M®v 

Lettrea  de  6,4et5  mill* 
Cette  eurieuse  marque,  qui  semble  avoir  6te  dans  une  forme  de  pied 
humain,  parait  ^tre  des  plus  anciennes.  Les  traits  des  lettres  sent  plut6t 
flns  que  gros;  TO,  avait  et6  tr6s  visiblement  fait  au  compas  sur  le  cachet 
matrice :  il  a  un  gros  point  au  centre  et  ses  traits,  en  ruban  d*6gale  largeur, 
ne  se  raccordent  pas  bien,  au  bas,  comme  il  arrive  presque  toujours  au 
trace  des  petites  circonf^rences;  il  se  confond  sur  deux  points,  k  gauche  et 
k  droite,  avec  les  traits  de  M  et  de  V.  La  marque  parait  nettement  telle 
que  nous  la  donnons  et  d^crivons  mais  il  y  avait  pcut-^tre  un  point  pour 
A,  dans  le  premier  angle  de  M,  od  I'outil  avec  lequel  on  a  use  la  marque 
semble  avoir  ete  gene  vers  le  bas  par  un  petit  trait  ou  par  un  point?  Cette 
mysterieuse  usure  des  marques,  faite  toujours  gradnellement  avec  legerete 
sur  un  certain  nombre  de  vases,  se  presente  en  trois  etats  principaux : 
1'  Les  lettres  et  les  bords  du  rectangle  sent  flnement  uses  jusqu'a  moitie  de 
leur  relief.  2*  Les  lettres  sent  usees,  toujours  flnement,  jusqu'au  niveau  du 
fond;  et  sur  la  premiere,  k  la  gauche,  est  creusee  une  petite  cuvette  repetee 
sur  la  derniere,  k  la  droite,  d'une  maniere  beaucoup  plus  accentuee  —  6tat 
de  la  presente  marque  et  de  nombre  d'autres.  3*  Les  lettres  sont  complete- 
ment  usees  et  la  cuvette  k  droite,  deji  la  plus  profonde,  est  devenue  un 
trou  rond  qui  perfore  presque  le  vase  de  part  en  part.  Nous  ne  voyons  que 
dee  pratiques  religieuses  ou  superstitieuses  pour  expli^uer  ces  singularitea^ 


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1 


—  864  — 

que  Ton  avait  n6glig6  de  signaler  jusqu'ici  de  m4me  qu'one  foole  d'aatres 
particularit^s  ourieuses.  La  forme  d'un  pied  humain  n'6tait  pas  trds  rare 
p^ur  les  marques  flgulines,  c*6tait  14,  croyons-nous,  le  souvenir  de  ce  qui 
a  donn6  la  premiere  id6e  de  rimprimerie :  rempreinteaocidentelle  des  pieds 
sur  la  terre  glaise. 

242.  —  Fond  creux.  Dans  un  cartouche  rectangulaire  aux  petits 
c6t&  en  queue  d'aronde  creuse : 

M...  CA 

Lettreade  2  miV. 
M[er]ca(tor)f  —  La  marque  et  la  cartouche  avaieitt  6te  us6s  r6gullere- 
ment;  la  gouje  ou  ciseau,  au  tranchant  en  eventail  comme  toujours,  avait 
encore  servi  k  creuser  deux  cuvettes  dans  le  champ  du  fond.  La  pioche  k 
port6  au  centre  de  la  marque  lors  de  la  decouverte  et  un  nettoyage  a  enleve 
toute  trace  du  C,  qui  6tait  peu  courb^.  La  marque  MERCa>  signal6e  en 
divers  lieux  ainsi  que  plusieurs  variantes  avec  I'A,  ordinaire. 

243.  —  Petit  fragment  de  fond.  Dans  un  rectangle  un  peu  irr^ 
gulier : 


TJToOM 


Grandeur  de  Voriginal 

Nepotcs,  —  Nous  avons  grave  cette  marque  retrograde  pour  donner  une 
idee  de  la  forme  des  lettres  sur  les  marques  au  nom  de  Nepos.  Variante  des 
n"  92  et  93  et  la  meme^  probablement,  dont  nous  avons  parle  comme  dejii 
signalee  k  Bordeaux  et  k  Agen. 

244.  —  Fragment  de  fond  creusi  en  c6ne.  Dans  un  rectangle  aux 
coins  arrondis : 

PRIMI 

Lettres  de  4  mUUmHres 

Replique,  avec  vaiiante  des  dimensions,  du  n*  103  et  en  caracteres  de 
forme  ancienne,  presque  aussi  mal  venus  que  sur  ce  numero;  le  P,  avec 
moitic  sup^rieure  de  boucle;  le  R,  archalque  aussi. 

245.  —  1.  Fond  et  partie  des  parois  d'un  grand  vase  qui  itait  ome- 
ment6(..).  2.  Fragment  d'un  bol  k  double  courbe  qui  avait  11  centi- 
mfetres  de  diamfetre.  Dans  un  rectangle  aux  petits  c6t&  arrondis  : 

QVINT 

Lettres  de  S  mill.  tjB. 

Qulnt(us).  —  Les  lettres  sontd  extremites  boulet^.  m4me  rinitiale  qui 
a  un  point  en  haut  sur  sa  courbe  et  un  en  bas,  k  la  naissance  de  Tappen- 
dice  caudal.  Cest  une  variante  deja  signalee  k  Bordeaux  des  n-  105, 106, 
107.  Sur  le  n*  2,  mal  fabriqu6  par  places,  la  marque  est  mal  venue  ou  a 


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—  365  — 

ete  alteree  avant  la  cuisson  et  on  n'y  distingue  que  CVINI.  M.  Allnier 
penso  avec  nous  qu'il  devait  y  avoir  QVINT. 

246.  —  Fragment  du  fond  d'une  patere  qui  avait  13  centimetres  de 
diamfetre.  Dans  un  cartouche  rectangulaire  termini  en  o    o  : 

OPRED 

Lcttres  cle  2  mill,   IjS. 

Ofijicina)  Rcd(itl),  —  L'O,  est  en  ellipse  \x  grand  axe  horizontal.  Les 
marques  REDITI.M  et  REDITVS,  signalees:  la  premiere  k  Lyon,  Douai, 
Londres,  Torgros;  la  seconde  a  Bavai. 

247.  —  Petit  fragment  d'unfond  de  patere.  Dans  un  rectangle  aux 
l)etits  c6les  formes  de  trois  minuscules  demi-cercles  creux  et  saillants, 
le  plus  grand  au  milieu : 

SAL  VI 

LetCrcs  de  3  mill. 

SalcL  —  Lettres  de  forme  allongce;  la  premiere  k  peine  contoum6e;  la 
deuxieme  sans  traverse.  La  m^me  marque  signal6e  h  Bordeaux;  au  meme 
nom,  avec  plusieurs  variantes,  k  Lyon,  Autun,  Murviedro,  Tarragone, 
Windisch,  Naples,  Calatayud,  Londres,  P^rigueux,  Augst,  B&le,  Vienne. 

248.  —  Fragment  d'un  bol  k  double  courbe  qui  avait  environ 
7  centimetres  de  diam^tre  (..).  Dans  un  rectangle  : 

SCAP. 

Lettres  de  2  mill.  2i3. 

Marque  en  fort  relief  et  tr^s  nette.  Le  P,  i  moitid  superieure  de  boucle; 
le  point  rond.  La  variante  SCAP,  signal^o  k  Poitiers. 

249.  —  Fond  d'un  petit  bol  (..).  Dans  un  rectangle  aux  coins  trfes 
1^6rement  arrondis  ; 

SCIPl 

Lettrea  de  2  mill.  112. 

Le  C,  sans  la  courbe  du  bas;  le  P,  k  moiti6  superieure  de  boucle.  Voyez 
la  marque  suivante. 

[A  auivre.)  E.  CAMOREYT. 


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LA    GASCOGNE 

dans  rinventaire  des  Archives  dipartemefttales  de  Bordean 


I 

L'annte  1893  a  \u  parallre  trois  volumes  de  VInventaire  sommaire 
des  archives  du  d^pariement  de  la  Gironde: 

Archiees  ciciles.  S6rie  C.  Tome  n,  redig6  par  MM.  Alexandre  Gouget 
et  Jean-Auguste  Brutails,  archivistes  du  d^partement.  Bordeaux,  impri- 
merie  Gounouilhou^  m-4'  de  434  p. 

Archives  cioiles.  Serie  C.  Tome  iii.  Tnventaire  du  fonds  de  la  chambre 
de  commerce  de  Guienne,  r6dig6  par  M.  J. -A.  Brutails,  archiviste  du 
d^partement.  Public  aux  frais  de  la  chatnbre  de  commerce  de  Bordeaux 
(meme  vllle,  meme  imprimerie),  in-4*  de  xLvni-268  p. 

Archives  ecclesiastiques.  S^rie  G.  Inventaire  des  fonds  de  Varcheodche 
et  du  chapitre  nUtropolitain  de  Bordeaux y  r6dlg6  par  M.  Gouget,  archi- 
viste du  d^partement,  M.  Ducannes-Duval,  sous-archiviste,  et  M.  le 
chanoine  Allain,  archiviste  de  Tarchev^h^  (m^me  ville,  m^me  impri- 
merie), in-4*  de  xxxni-596  p. 

Je  tiens  tout  d'abord  k  saluer  Tadmirable  activity  du  successeur  de 
M.  Gouget :  M.  Brutails  est  un  travaiUeur  hors  ligne,  et  sa  direction 
des  Archives  d^partementales  de  Bordeaux,  d6ji  trfes  fdconde,  promet 
les  fruits  les  plus  abondants.  Un  de  ses  anciens  maitres  disait  nagu^res 
de  lui :  «  C'est  un  de  nos  plus  jeunes  et  de  nos  meilleurs  archivistes.  » 
M,  Brutails  ne  se  contente  pas  de  beaucoup  travailler :  il  sait  aussi 
tr^a  bien  travailler,  comme  le  prouvent  ses  belles  6tudes  sur  le  Rous- 
sillon  si  fort  loufes  par  les  juges  comp6tents,  si  brillamment  r&om- 
pens^es  par  Tlnstilut.  Son  Inventaire  du  fonds  de  la  chambre  de 
commerce  de  Guienne  est  une  oeuvre  excellente  qui  fait  honneur  k  la 
fois  au  pal6ographe  et  au  critique.  V Introduction  est  un  morceau 
magistral  contenant  en  quelques  pages  qui  sont  pleines  —  que  dis-je? 
—  qui  dibordent  de  renseignements  pen  connus,  Thistoire  des  archives 
de  la  Chambre,  Thistoire  m6me  de  la  Chambre.  et  aussi  celle  du 
commerce  et  de  la  navigation  k  Bordeaux,  et  qui,  k  cet  egard.  forme 
un  supplement  pi*6cieux  aux  livres  sp6ciaux  de  Frandsque  Michel  et 
de  Th.  Malvezin. 

Non  content  d'avoir  utilise,  en  cette  Introduction,  un  trfes  grand 
nombre  de  documents  in^dits,  M.  Brutails  a  reproduit  in  extenso,  k 
la  fin  du  volume  (p.  208-268)  une  soixantaine  de  pifeces  justificatives. 


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—  367  - 

comprises  entre  les  ann^s  1705-1791,  parmi  lesquplles  on  remarque  t 
Felicitations  d  LatOy  au  avjet  de  sa  nomination  au  Miniature  (Jan- 
vier 1720);  Proems-verbal  de  la  reception  de  Vintendant  de  Toumy 
ei  d^Helv^tius  par  la  Chambre  (20  septembre  1747);  CondoUances  d 
Maurepas  sur  sa  disgrdce  (10  mai  1749);  Ddibdraiion  sur  les  Jui/s 
avignonais  (27  aout  1750);  Letire  de  la  Chambre  d  Vabb6  Coyer, 
auteur  de  la  Noblesse  commergante  (16  juillet  1757);  Deside- 
rata de  la  Chambre  de  Bayonne  en  mati^re  de  tarifs  douaniers 
(18  juillet  1761);  Protestation  de  la  Chambre  de  Bordeaux  adress^e 
au  due  de  Choiseul  contre  la  cession  du  Canada  (22  d6cembre  1761); 
Avis  ddfavorable  de  la  meme  Chambre  touchant  le  projet  de  cons- 
truction d'unpont  sur  la  Garonne  [entre  la  Bastide  et  le  quai  de  la 
porte  Bourgogne]  (9  aout  1776);  Extrait  du  testament  du  ir6sorier 
Beaujonyfaisant  connaitre  les  legs  par  lui  institu^s  au  profit  de  la 
Chambre  (13  septembre  1786);  DMb^ration  de  la  Chambre  pour 
qu'il soitfait  un portrait  de  ce  bienfaiteur  (1^^  mars  1787);  Remised 
la  Chambre  des  tableaux  signdspar  Beavjon  (2  juillet  1787);  Lettre 
du  commissaire  ordonnateur,  exposant  les  travaux  nicessaires  d 
Cordouan  (18  dteembre  1787)  (1);  Lettre  de  la  Chambre  de  La 
Rochelle,  touchant  lesmoyens  deprot^ger  la  traite  contre  les  entre- 
prises  du  roi  de  Dahomey  (4  avril  1788)  (2). 

L  an  dernier,  j'ai  public  ici  m^me  (juillet-aout,  p.  365-371)  un 
article  intitul6 :  La  Gascogne  dans  VJnventaire  des  Archives  de 
Varchev^che  de  Bordeaux.  Je  voudrais  completer  cet  article  en  ajou- 
tant  aux  indications  qui  me  furent  alors  foumies  par  le  travail  de  M.le 
chanoine  Allain,  les  indications  que  me  fournit  aujourd'hui  le  travail 
de  MM.  Gouget  et  Ducaunfes-Duval  (3).  Je  complfeterai  ensuite  ce 
nouvel  article  par  diverses  citations  tiroes  du  tome  ii  de  Tlnventaire 
des  Archives  civiles,  de  fagon  h  mettre  sous  les  yeux  du  lecteur  ce  qui 
me  semblera  pouvoir  leplus  Tint^resserdans  le  recueil  profane,  comme 
dans  le  recueil  sacr6. 

De  1645  k  1648.  Fondation  d'un  convent  d'Ursulines  k  Nirac. 

(1)  Les  documents  relatifs  ^  mon  ancienne  heroine,  la  tour  de  Cordouan,  sont 
innombrables  dans  les  Archives  d^partementales  de  Bordeaux.  Voir  notamment 
dans  le  tomeiide  Ylnoentairc  les  pages  126,  142, 143, 188,  200,  206,  211,  231,  262, 
263,  264,  272,  284,  285,  286,  287,  368,  431,  434,  etc.  On  pourrait,  k  Talde  de  tant  de 
documents,  dont  plusieurs  seraient  enti^jrement  nouveaux,  beaucoup  ajouter  aux 
recherobes  de  feu  Gaullieur  et  de  son  humble  devancier. 

(2)  C'est  de  V actuality  ou  je  ne  m'y  connais  pas. 

(3)  Dans  le  volume  consacr^  aux  Archives  eccl^siastiques,  la  part  du  docte 
chanoine  est  celle-ci:  xxxiii  pages  d* Introduction  et  215  pages  d'lnocntairo.  La 
part  de  ses  collaborateurs  est  de  380  pages.  Les  trois  ^rudits  ont  rivalisd  de  zele, 
de  soin,  d'exactitude  et  de  nettet^.  Rappelons  que  M.  le  chanoine  Allain  a  donnd 
aux  travaux  de  MM.  Brutails,  Ducaun^s-Duval  et  Gouget  les  61oges  si  bien 
m^rit^s  par  son  propre  travail. 


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—  368  — 

Etablissement  d*un  monast^re  des  religieuses  de  Notre-Dame  k  Saint- 
Lizier,  diocfese  de  Couserans.  —  D6liMration  de  la  Cour  du  Parlement 
de  Bordeaux  sur  Tentree  de  Tarchev^que  Charles  de  Gramont  le  12 
juillet  1530.  Relation  do  Tentrte  du  cardinal  de  Gramont,  archev^ue 
de  Toulouse,  en  1533.  —  Remontrances  du  clerg^  de  France  pronon- 
c6es  devant  le  Roi  [Henri  III]  par  r6v6que  de  Bazas  [Arnaud  de 
Pontac],  le  3  juillet  1579.  —  1567.  Ordounance  de  Blaise  de  Monluc, 
lieutenant-g^ndral  pour  le  roi  en  Guyenne,  en  Tabsence  du  prince  de 
Navarre,  relative  au  recouvrement  des  sommes  dues  au  Roi  par  le 
clerg^  du  diocese  de  Bordeaux.  Remontrances  du  clerg^  de  Bordeaux  k 
Blaise  de  Monluc,  portant  que  Tentr^e  du  Palais  sera  d^fendue  aux 
membres  de  la  Cour  faisant  profession  de  la  religion  prdtendue  r^for- 
m6e;  que  tous  ceux  de  ladite  religion  devront  payer  les  frais  de  la 
pr6sente  guerre;  que  Texercice  de  ladite  religion  devra  6fre  interdit;  que 
le  premier  president  qui  a  fui  en  cachetic  depuis  le  28  septembre  sera 
revoqu^;  que  le  capitaine  du  chateau  de  Blaye  sera  remplac6.  Lettres  de 
Monluc  au  Roi  pour  lui  transmettre  les  plaintes  du  clerg6  et  demandcr 
le  d^mantellement  des  places  de  Bergerac,  Mussidan,  Sainte-Foy  et 
Montauban  comme  servant  de  refuges  i  ceux  de  la  religion  p.  r.  Autres 
lettres  de  Monluc  aux  jurats  de  Bordeaux  pour  faire  loger  les  gens  de 
guerre  chez  ceux  de  ladite  religion  et  non  chez  les  catholiques  et  gens 
d'^glise,  avec  defense  de  laisser  rentrer  dans  la  ville  les  conseillers  au 
Parlement  et  autres  de  la  religion  p.  r.  qui  en  sont  sortis  et  de  prendre 
part  aux  deliberations  de  la  Jurade.  Autres  lettres  de  Monluc  au  Parle- 
ment de  Bordeaux,  ordonnant  que  les  conseillers  de  ladite  religion  nc 
sifegeront  plus  k  la  Cour  et  m6me  ne  devront  plus  rentrer  dans  la  ville. 
Requ6te  de  Tarchev^que  et  du  clerg6  de  Bordeaux  pour  que  les  conseil- 
lers au  Parlement  faisant  profession  de  lanouvelle  religion  et  ceux  qui 
I'auront  ouvertement  favoris^e  ne  puissent  plus  diliberer  dans  les 
affaires  int^ressantes  le  service  du  Roi  et  la  religion  oatholique,  comme 
etant  suspects.  —  11  avril  1569.  Mandement  de  Charles,  caixiinal  de 
Lorraine,  Charles,  cardinal  de  Bourbon,  et  Fabius,  ^v^que  de  Cajazzo, 
nonce  du  Pape,  adress^  ^  I'archev^ue  de  Bordeaux,  Tevfequede  Sarlat, 
Loys  de  La  Ferri^re,  president  au  Parlement  de  Bordeaux,  et  Jean 
d'Alesme,  autrefois  conseiller  k  la  Cour,  k  Teffet  de  proc^der  k  la  vente 
de  50,000  6cus  d'or  de  rentes  du  revenu  temporel  des  biens  eocl&ias- 

(1)  Voir  Arnaud  clc  Pontac.  Pieces  dicerses  rccuoilUcs  et  publics  par  celui 
qui  6crit  ces  lignes  (Bordeaux,  1883,  petit  in-40.  J'ai  eu  le  plaisir  de  retrouver 
dans  les  deux  inventaires  plusieurs  de  mes  cieux  amis  gascons,  notamment 
Fi-au^is  de  Foix-Candalle,  ev6que  d'Aire,  Blaise  de  Monluc,  Scipion  Du  Pleix. 
Au  sujet  de  ce  dernier,  j'aurai  k  grouper  dans  mon  second  article,  en  guise  de 
bouquet,  une  demi-douzaine  d'indications  curieuses. 


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—  3e&  — 

tiques  situ^s  dans  les  diocfeses  de  Bordeaux,  Bayonne,  Dax,  Aire, 
Bazas,  Sarlat,  Condom,  Agen,  Pdrigueux.  — 1746  et  anntes  suivantes. 
Proces  de  Jean  de  Lafiteau,  pr^tre,  cur6  de  Morlaas,  syndic  du  diocfese 
de  Lescar,  contre  Jacques  de  Curia,  cur6  de  Berrenx,  depute  du  clerg6 
de  Dax;  de  Dominique  d*Etcheverry,  cure  de  Haxe  et  syndic  du  clergi 
de  la  Navarre-Bayonnaise,  centre  Duprat,  prfitre,  syndic  du  clergi 
d'Oloron;  du  syndic  du  chapitre  coll^al  Saint-Pierre  de  La  Roumieu 
contre  le  syndic  du  chapitre  du  Mas-d'Agenais. —  1651.  Enqufetefaite 
par  J6r6me  de  Cahuzac^  lieutenant  principal  en  la  ville  de  Saint-Sever, 
a  la  requite  du  clerg6  du  diocese  d'Auch,  concemant  les  vols  et  les 
meurlres  dont  les  eccl&iastiques  ont  eu  k  souffrir  de  la  part  des  gens 
de  guerre,  soit  ennemis  de  TEtat,  soit  des  troupes  m6mes  du  Roi,  pen- 
dant les  derniers  troubles  (1);  mention  du  colonel  Baltazar.  —  1400. 
L'6v6que  nomm6  de  Conserans,  Sicard  (de  Bourguerol),  est  autorisi  k 
se  fairesacrer par  Tarchev^quequ'il  aura  choisi,  et  Ji  f aire  entre  ses  mains 
son  serment  k  TEglise  romaine.  —  1409.  Transcription  d'un  pouvoir 
donn^  k  G.  de  Lorhit,  chanoine  de  Dax,  comte  du  palais  de  Latran  et 
chapelain  imperial,  par  Wenceslas,  roi  des  Remains  et  de  Bohime, 
pour  instituer  dans  toutes  les  terres  de  co  prince  des  tabellions 
et  des  notaires.  —  1419.  Nomination  par  le  Pape  Martin  V,  datte  de 
Florence,  Tan  2®  du  pontificat,  le  7  des  ides  de  mar8,d'Arnaud  d'Abadie, 
chanoine  d'Oloron^  conseiller  de  J.  comte  de  Foix  (2),  k  Tabbaye  de 
Pimbo  {de  Pendulo),  actuellement  vacante  par  la  demission  qu'en  a* 
du  faire,aprfes  son  Election  k  r6v^h6  d'Aire,  Roger  (de  Castelbon),  qui 
n'avait  &t&  autoris^  k  la  conserver  que  pendant  Tann^e  qui  suivrait  sa 
prise  de  possession  dudit  6v6ch6;  le  nouveau  possesseur  est  autoris6  de 
m6rae  k  conserver  pendant  deux  ans  les  autres  prebendeset  canonicats 
qu'ila  k  Marmant(?),  Orthez,  Salies  et  Oloron.— 1285.  Arnaud  Odon, 
abbe  de  Condom,  donne  k  Guillaume  III,  archev^ue  de  Bordeaux,  la 
moiti6  de  T^glise  de  Caudrot  avec  ses  d^pendances;  entre  autres  condi- 
tions, Tarchev^que  devra  payer  vingt  sols  de  cens;  il  ne  pourra  rien 

(1)  Recommand^  h  notre  v^n^r^'  coUaborateur,  M.  I'abbd  Tauzin,  le  savant 
historien  de  La  Fronde  dans  les  Landos. 

(2)  Ce  chanoine  appartient-il  k  la  famille  qui,  de  nos  jours,  a  produit  deux  si 
intrepides  et  si  c^lebres  voyageurs,  les  fr^res  Antoine  et  Arnaud  d'Abbadiel  Nul 
d'entre  nous  n'ignore  que  Taiu^  des  deux  fr^res,  membre  de  TAcad^mie  des 
Sciences  et  du  Bureau  des  longitudes,  vient  de  donner  ^  Tlnstitut  une  somme 
considerable  pour  la  londation  d'un  observatoire  dans  le  d^partement  d'oii  sa 
famille  est  originaire.  11  faut  honorer  en  M.  Antoine  d'Abbadie  un  grand  savant 
et  un  grand  Chretien.  Un  6rudit  de  Bajronne,  M.  Charles  Bernadou,  vient  de  lui 
d^dier  une  curieuse  brochure :  Azpoitia.  Les/^tes  euskarlenncs  de  septembre 
1893  (Bayonne,  ]894,  in-8").  Un  autre  hominage  vient  d'etre  rendu  dans  la 
Rccue  des  Pyrenees  (dernier  fascicule  de  1893,  p.  621)au  g6ndreux  fondateur  du 
futur  observatoire  des  pays  basques,  de  T^tablissement  qui  portera  glorieusemeiit 
et  t  jamais  le  nom  di*Abbadla, 

Tome  XXXV.  24 


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—  370  — 

aligner  des  biens  donn^,  si  ce  n'est  en  faveur  de  I'^Iise  de  Condom; 
iidevraJises  frais  en vironner  demurs  laville  de  Caudrot;dans  les  trois 
mois  de  son  av6nement  an  trflne,  chaque  archev6que  devra  renouveler 
les  prtsentes  conventions,  De  son  c6(6,  Tabbaye  de  Condom  nommera 
le  chapelain  de  Caudrot,  etc.  Le  convent  de  Condom  tenait  ces  posses- 
sions de  noble  Bernard  de  Taiirignac,  chevalier,  qui,  voyant  en  ruines 
ce  lieu  autrefois  couvert  d'Wifices  royaux,  regalibus  ruinis  insigm- 
turn  (1],  et  conservant  encore  les  rentes  de  deux  ^lises,  en  avait  ^t 
don  k  ce  couvent.  —  Aribeyre,  moine,  prieur  de  Condom,  est  men- 
tionn^  dans  un  document  de  1299.  Paul  Dusault,  prfetre,  grand-chantre 
de  r^lise  cathWralede  Condom,  figure  comme  prieur  de  Caudrot  dans 
un  dossier  de  1774.  —  De  1601  k  1614.  Extrails  des  reconnaissances 
en  faveur  de  Francois,  cardinal  de  Sourdis,  archev^ue  de  Bordeaux, 
et  de  Frangois  Descous  (aec),  chanoine,ehantre  de  Condom,  seigneurs, 
par  indivis,  de  la  ville  et  juridiction  de  Caudrot.  —  De  1763  k  1769. 
R^istre  terrier  des  reconnaissances  en  faveur  de  Louis-Jacques  d'Au- 
dibert  de  Lussan,  archevfeque  de  Bordeaux,  et  de  Jean  Daguilhe,  pr^tre, 
grand-chantre  de  T^lise  cath^rale  Saint- Pierre  de  Condom,  prieur 
de  Caudrot,  seigneurs,  par  indivis,  de  la  ville  et  juridiction  de  Cau- 
drot. —  De  1527  k  1537.  Terre  et  seigneurie  de  Coutures,  en  Baza- 
dais  (Lot-el-Garonne).  Proc^s-verbal  du  lieutenant  du  s^ntehal  de 
Bazas,  avec  sentence,  en  faveur  de  Tarchev^ue  de  Bordeaux,  centre 
le  roi  de  Navarre,  seigneur  de  Meillan,  pour  raison  du  droit  de  p^che 
dans  la  rivifere  de  Garonne,  depuis  le  milieu  du  lit  de  ladite  rivifere  et 
tout  le  long  da  territoire  de  Coutures  (2).  Sentences,  ajoumements, 
enquAles  et  procWures  diverses,  devant  le  sen6chal  de  Bazas,  relati- 
vement  aux  diflE^rends  entre  Tarchev^ue  de  Bordeaux,  seigneur  de 
Coutures,  et  Henry,  roi  de  Navarre,  seigneur  d'Albret  et  de  Meillan, 
au  sujet  des  graviers,  sabliferes  et  vacants  de  la  Garonne,  devant 
Coutures  (3).  —  Ann6e  1357.  Enumeration  des  principales  Stapes  du 
voyage  de  Tarchev^que  de  Bordeaux,  Amanieu  des  Cases,  depuis 
Avignon  jusqu'a  Bazas  et  au  chateau  de  Roquelaillade :  Nimes,  Mont- 
pellier,  Villefranche-de-Lauraguais,  Toulouse,  Grenade,   Beaumont, 

(1)  On  pounait,  s'il  en  6tait  besoin,  tirer  de  ce  texte  un  nouvel  argument  eu 
faveur  de  Texistence  aupr^  de  Caudrot  {d  Casseuil)  du  Cassinogilum  de 
Charlemagne. 

(2)  Notons,  pour  I'ann^e  1537,  un  bail  k  ferme  du  droit  de  p6che  devant  Cou- 
tures, k.  raison  de  50  francs  bourdelois  et  de  18  colacs  (alozes). 

(3)  Les  recettes  du  p6age  et  de  la  terre  de  Caudrot  furent  abandonndes  pour 
cine  ans,  de  1456  k  1461,  par  Tarchev^que  de  Bordeaux  k  «  Madame  la  mares- 
cbsule  de  Xainctrailles,  »  femme  de  notre  illustre  compalriote  Pothou.  Le  redac- 
teur  de  I'Inoentaire  fait  observer  que  le  contrat  avait  ^t^  pass^  k  T^poque  de  la 
conqu6te  du  pays  par  les  Franks  et  que  c'^tait  I^  une  imposition  de  guerre. 


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—  371  — 

Castet,  Saint-Clar,  Lectoure,  N6rac(l),  Lavardac  et  Casteljaloux.  — 
1297, 12  juin.  Quittance  donnte  k  Benrand  des  Gots  (sic),  ^v^ue  de 
Conserans.  —  1457,  1'*"  d^mbre.  D6claratioa  des  vicaires  g6n6raux 
en  faveur  de  Berlrand  de  Bourregie,  lequel  ayant  est^  esleu  6vesque 
de  Condom  —  [r^v^lation  d'un  nom  qui  n'a  pas  &ii  inscrit  dans  la 
liste  des  dv^ques  de  Condom  par  les  auteurs  du  Gallia  Christiana]  — 
demandait  la  confirmation  de  son  Election  k  rarchevdque  de  Bordeaux. 

—  1526, 1*^^  avril.  Gabriel  de  Gramont,  6v6que  de  Tarbes,  est  nommi 
chanoine  pr^bend^  (chapitre  mdtropolitain  de  Saint-Andr^)  et  ensuite 
pourvu  de  la  dignity  de  doyen. 

Ce  doyen  obtient,  en  quality  d'dv6que  et  de  conseiller  du  Roi  au 
grand  conseil,  d'etre  dispense  de  faire  sa  residence.  Henry,  roi  de 
Navarre,  dtant  k  Bordeaux  avec  son  frfere,  fait  c616brer,  le  &1 
juillet  1526,  un  service  pour  le  prince  de  Navarre  enseveli  devatit 
le  grand  autel  de  la  cathidrale.  — 1529.  Reception  de  Charles  de 
Gramont,  6v6que  d'Aire,  en  quality  de  chanoine  pr6bend6,  — 1539, 
29  septembre.  Election  de  Roger  d'Aspremont  en  quality  de  doyen 
k  la  place  d'Antoine  de  Castelnau,  6v^ue  de  Tarbes,  d&Mi.  — 
1544,  le  mercredi,  15  octobre,  d  6  heures  du  matin,  au  lieu  de  Sorde, 
diocese  de  Dax,mourut  Charles  de  Gramont,  archev^ue  de  Bordeaux. 

—  1556.  Le  chapitre  depute,  pour  le  repr6senter  auxitats  de  Condom, 

Tarchidiacre  de  Blaye  et  M.  du  Hart,  chanoine.  —  1557.  Arriv^e  k 

Bordeaux  du  roi  de  Navarre,  lieutenant  du  roi  de  France;  il  est  accom- 

pagn6  de  Tarchevfeque  de  Bordeaux  et  de  M.  de  Candale.  II  demande 

300  6cus  au  chapitre  pour  les  armes.  — 1568.  Il  est  d6cid6  que  Tarchi- 

diacre  de  M6doc  et  autres  iront  faire  la  rivirence  it  M.  de  Monluc, 

lieutenant  du  Roi,  et  lui  offriront  de  la  part  du  chapitre  une  pipe  de 

vin  vieux  et  une  de  vin  nouveau.  —  En  1578,  le  chapitre  alia  saluer 

le  marshal  de  Biron  et  lui  offrit  une  pipe  de  vin.  L'annte  suivante, 

les  chanoines  offrirent  au  m6me  personnage  une  barrique  de  vin  blanc 

et  une  de  vin  clairet.  —  1573.  Visite  de  TivAque  de  Bazas,  Arnaud  de 

Pontac;  il  annonce  au  chapitre  qu'il  se  d^met  de  sa  pr6bende  en  cour 

de  Rome  en  faveur  de  quelqu'un  de  digne. — 1578.  Autorisation  donn6e 

par  le  chapitre  k  M.  Francois  de  Foix,comte  de  Candale,  de  Benauges 

et  d'Estrac,  de  se  faire  sacrer  6v6que  d'Aire  dans  la  cath^drale.  — 

1579.  Le  chapitre  accorde  une  sepulture  dans  la  nef  de  Tiglise  au  p^re 

de  r6v^ue  de  Condom.  — 1229.  Sentence  arbitrate  rendue  par  Arnaud 

de  Pins,  6v^ue  de  Bazas,  Tabb^  de  Sainte-Croix  et  Tabb^  de  Saint- 

(l)  «c  f^  mercredi,  veille  de  Saint-Laurent,  arrive  h  N6rac.  Donn^  h  un  jon- 
gleur par  ordre  de  rarchev^que  douze  sterlings.  » 


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Sauveur  de  Blaye. — 1662.  Requite  du  chapitre,demandeur  en  criie  et 
interposition  du  d&ret  des  biens  de  noble  Pierre  de  Raymond,  ecuyer, 
heritier  de  Floriraond  de  Raymond,  conseiller  du  Roi,  etc.,  pour^tre 
colldqu6  k  raison  des  sommes  qui  lui  sont  dues.  —  1646.  Don  fait  k  la 
cbapelle  de  Notre-Dame  de  la  Nef  «  par  M.  Pcrricault,  lieutenant 
criminel  du  presidial  de  Condom,  en  action  de  graces  de  ce  que  M.  son 
fils,  qui  estoit  pourvu  de  sa  charge,  ayant  e^t^  affligi  d'une  paralysie 
de  tout  le  corps,  et  spfcialement  de  la  langue,  prfes  de  trois  mois,  a 
recouvrA  la  sant6  par  Tinterc^sion  de  la  Vierge.  »  —  1759.  Arr^t  du 
Conseil  ordonnant  au  chapitre  de  T^glise  collegiale  d'Auch  de  restituer 
au  sieur  Bfezian  de  Saint- Paul,  chanoine,les  revenus  de  son  canonicat, 
bien  qu'on  lui  eut  interdit  Tentrfe  du  choeur.  —  1611.  16  octobre.  Le 
chapitre  envoie  saluer  Tarehev^ue  d'Auch,  Ltonard  de  Trapes,  k  son 
anrivee.  —  1703.  L'archev^que  d'Auch  se  plaint  au  Roi  que  Tarche- 
v^ue  de  Bordeaux  voulait  exercer  la  primatie  sur  la  province  d'Auch. 
Le  marquis  de  la  Vrillifere,  secretaire  d'Etat,  ecrit  k  ce  sujet  k  Tarehe- 
v6que  de  Bordeaux,  qui  communique  la  lettreau  chapitre  et  lui  dcmande 
son  avis. 

[A  auivre.)  Ph.  TAMIZEY  de  LARROQUE. 


PUBLICATIONS  HISTORIQUES 


L  La  seconde  partie  du «  Repertoire  »  de  M.  Ulysse  Chevalier 

Rdpcrtoirc  des  sources  historiques  du  moyen-dge^  par  Ulysse  Chevalier. 
Topobibliographie.  V  fascicule  :  A-B.  Montbieliard,  Paul  HoffuianD, 
irapr.-dditeur.  ln-4*  de  528  colonnes. 

II  faut  plaindre  les  travailleurs  qui  ne  connaissent  pas  le  Repertoire 
des  sources  de  M.  TabW  U.  Chevah*er,ou  qui,  le  connaissant,  ne  Tont 
pas  sous  la  main  comme  un  guide  indispensable  et  k  tout  moment 
consult^.  Un  de  nos  meillleurs  arfiis  et  correspondants,  M.  Tabbe 
Dubarat,  exprimait  nagu6re  dans  ses  Etudes  historiques  du  diocese 
de  Bayonne,  son  profond  regret  de  n'avoir  pas  acquis  quand  il  ai 
^lait  temps  la  premiere  partie  de  ce  merveilleux  lr6sor  d'^rudition 
bibliographique.  Pour  moi,  qui  ai  M  plus  avis6,  je  puis  dire  qu'il  m'a 
ei&  fait  nagufere  des  propositions  t  avantageuses  »,  au  nom  de  certaine 
biblioth^ue  officielle,  pour  Tenlever  de  ma  modeste  collection.  Mais 
quelle  apparence  de  se  priver  de  lanterne,  quand  on  veut  marcher  im 
peu  surement  dans  les  t6n6bres  du  passi !  Cela  soit  dit,  au  moins,  pour 
que  les  beureux  possesseurs  du  premier  Repertoire,  el  aussi  les  ama* 
teurs  condamn^  k  s'en  passer,  se  hdteni  de  souscrire  au  second. 


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—  378  - 

Celui-ci  comme  I'autre  sera  6puis^  peut-^tre  aussitAt  qa'achev^;6ntout 
cas^  il  est  moins  on^reux  et  plus  sage  de  souscrire  d6s  la  premiere 
heure  que  de  s'exposer  k  chercher  plus  tard  laborieusement  et  k  sur- 
payer  Touvrage  complet. 

La  premiere  partie  du  Repertoire  est  achev^  depuis  moins  de  dix 
ans.  Elle  a  pour  titre  special :  Bio-bibliographie  e\  ne  comprend  pas 
moins  de  2,846  colonnes  d'un  texte  trfes  compact.  C'est  un  inventaire 
alphaWtique  de  noms  propres  de  personnes,  de  Tan  1  i  Tan  1500,  avec 
notices  trfes  sommaires  et  indication  prfeise  des  livres,m6moires,disser- 
tations,  articles,  qui  ont  iii  consacrfes  k  chaque  personnage. 

La  geconde  partie,  dont  j'annonce  le  premier  fascicule,  a  pour  butde 
T^pondre  k  cette  question  :  Quels  sont  les  travaux  k  consulter,  non  plus 
sur  tel  ou  tel  personnage,  mais  sur  telle  localit^^  telle  institution,  tel 
fait  historique  ?  —  Une  troisifeme  partie  sera  consacrte  plus  tard  k  la 
bibliographieldes  oeuvres  historiques :  manuscrits,  Mitions,  traductions. 
Sans  diminuer  la  portte  de  cette  dernifere,  destinde  k  prendre  sans 
doute  un  rang  trfes  61ev6  dans  T^rudition  sp6ciale,  il  me  semble  que  les 
deux  premieres  garderont  une  importance  et  seront  d'une  utility  plus 
g^n^rales.  Elles  resterontle  guide  indispensable  —  je  Tai  di]k  dit — des 
chercheurs  dans  tout  le  domaine  de  Thistoire.  Chacune  d'elles  ne  sera 
pas  moins  n^ssaire  que  Tautre;  car,  dans  nos  recherches  de  chaque 
jour,  avec  notre  constant  souci  d'exactitude  et  de  surety,  nous  n'avons 
pas  moins  souvent  besoin  d'etre  Mifi6s  sur  les  notices  politiques,  reli- 
gieuses,  litt^raires, relatives  k  une  province, i  une  localit^^  iune  insti- 
tution^ que  sur  les  biographies  qui  ont  pu  6tre  consacr^s  k  tel  ou  tel 
personnage. 

Je  devrais  peut-6tte  appr&ier  Tex^cution  dece  grand  travail.  Mais  la 
premiere  partie  a  iii  d6ji  mise  k  sa  place,  k  une  place  absolument 
privil6gite,  par  les  meilleurs  juges,  et  elle  a  surtout  gagn6,  elle  gagn^ 
tons  les  jours  «  k  Tuser  »,  auprfes  de  tons  les  hommes  d'^tude.  J'era- 
prunte  k  un  prospectus  de  T^diteur  quelques  citations  caract6ristiques  : 

En  France,  le  savant  le  plus  apte  a  appr^ier  un  pareil  travail, 
M.  Lipoid  Delisle,  pr6dlt,  k  rapparition  du  1"  fascicule,  qu'il  devien- 
drait  «  an  livre  classique,  auquel  les  historiens  deviant  journcllement 
recourir  »;  11  le  d^clarait  naga^re  «  inappr^iable  »  et  «  Fun  des  duvrages 
le  plus  fr6(]^uemmeQt  consult^s  dans  nos  bibliotb^aes  ».  Le  directeur  de 
la  Reoue  historique,  M.  G.  Monod,  voulut  bien  y  reconnaitre  d^  I'abord 
le  «  fruit  d'an  travail  vraiment  colossal  »;  tres  utile,  11  faciliterait  la  t&che 
des  ^rudits  et  leur  ^pargnerait  an  temps  pr^ieox.Poar  M.  Lton  Gautier, 
ce  fut  «  le  plus  ^tonnant.  le  plus  prodigieax  travail  de  blbliographie  » 
qull  lui  eiit «  6t6  ici-bas  (I )  donn6  de  lire,  ou  plat6t  de  consulter.  »  En 
AUemaffne,  VHistorische  Zeitschrift  de  M.  de  Svbel  d6clara,  par  Torgarie 
de  M.  Krusch,  Touvrage  sans  pr^c6dent,  d'une  importance  capitale  et 
d'ane  immense  utility,  tr^  complet  pour  les  p6riodique8;il  approuva  mSme 
la  disposition  materielle  da  livre  pt  le  syst^me  d'abr^viations  adopts.  En 

(1)  Get «  ici-bas  »  est  une  perle.  Les  r<^pertoires  bien  laits  sont  un  avant-gont 
du  paradis  pour  un  travailleur  chr^tien  comme  L^n  Gautier.  Mais  le:^  meilleurs , 
sont  cribl^s  de  lacunes  et  c'est  « 1^-haut  »  qu'il  compte  trouver  enfin  des  infor^ 
mations  completes! -*L.  C.  •       <  ... 


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—  374  — 

Angleterre,  M.  Gustave  Masson  fat  iNsppS  d'admiration  par  la  somme  de 
travail  repr^sent^  par  ce  volame  et  son  immense  Yalear  pour  I'^tndede 
I'histoire,  de  la  thtologie  et  de  la  litt^rature  du  moyon  J^  En  italie,  k 
bibliotb^caire  de  Saint-Marc,  TabM  Valentinelli;  en  Aatriche,  te  P. 
Janauschek  lui  reconnarent  un  mSrite  extraordinaire.  Co  meriteaett 
officiellement  reconnu  par  notreAcadtoiedes  Inscriptions  et  Belles-litres: 
en  lui  attribuant  le  prix  Brunet  (1888),  le  president  d^clara  que  le  Reper- 
toire rendait «  d6s  i  present  de  nopbreux  et  tres  appr^ciables  services  ». 

La  seconde  partie  ne  sera  pas  moins  appr^ci^  que  la  prenai^re.  Elle 
^tait  encore  plus  difficile  k  mener  k  bien.  Car,  au  dire  de  Tauteur  lui- 
mfeme,  t  le  premier  volume  n'^tait  pas  sans  pr&Ment  »,  mais  cle 
deuxifeme  est  entiferement  original :  on  n'en  retrouvera  pas  facilement 
deux  litres  de  suite  dans  une  bibliographic  quelconque.  Son  litre, 
Topo-bibiiographiey  n'a  6t6  adopts  quefaute  d'un  terme  plus  compre- 
hensif  pour  designer  tout  ce  qui  n'est  pas  personnage :  il  oflfre  la 
bibliographic  de  Tuniversalil^  des  sujets  sous  lesquels  pent  fttre  classee 
alphabetiquement  Thistoire  mddi^vale  dans  ses  moindres  details.  Pour 
certains  points,  il  constiluera  mfeme  la  bibliographic  de  tous  les  temps... » 

Tant  de  difficult^  excuserait  d'avance  bien  des  imperfections,  des 
lacuues,  des  embarras.  M.  U.  Chevalier  ne  me  laisserait  pas  direqu'il 
a  su  les  ^viter  tous.  On  peut  assurer  pourtant  que  son  «  information  > 
atteint  ici  encore  plus  loin  que  dans  son  premier  travail,  et  de  plus  que 
sa  m^thode  s*est  vraiment  perfectionn^. 

Sur  le  premier  point,  je  n'essaie  pas  de  fournir  des  preuves;  il  faut 
ouvrir  le  volume  et  lire  :  tolle,  lege.  Combien  de  fois  ai-je  mis  le  pre- 
mier repertoire  aux  mains  de  quelque  chercheur,  par  exemple  d'un 
candidal  au  doctoral  te-lettres  qui  voulait  s'^difier  avant  lout  sur  la 
«  litt^rature  »  de  ses  sujets  de  th^se  I  Chaque  fois  j'ai  6t6  t6moin  du 
m^me  ^bahissement  profond  et  prolong^.  Comment  un  seul  homme 
a-t-il  pu  prendre  connaissance  de  ces  millions  de  publications  diverses, 
depuis  les  plus  gros  volumes  jusqu'aux  m^moires  perdus  dans  les 
recueils  qu'on  ne  lit  pas,  jusqu'aux  articles  oubli^s  dans  les  revues  les 
moins  r^pandues  de  tous  les  pays  du  mondc?  Et  lorsque,pour  raonlrer 
comment  cette  moisson  avail  pu  ^tre  cueillie,  lite  el  engrangte  par  un 
seul  travailleur  solide  et  infatigable,  je  mettaissous  les  yeux  du  Iccteur 
la  lisle  des  ouvrages  d^pouilles  par  M.  Chevalier,  telle  qu'on  la  trouve 
au  d6but  de  son  premier  volume,  je  n'atteignais  gu^re  mon  but.  Si 
Toeuvre  en  effet  n'^tait  pas  Ik  sous  nos  yeux  et  dans  nos  mains,  loujours 
prodigue  d'indicalions  k  propos  de  toules  les  questions  qu'on  lui  pose, 
on  continuerait  de  croire  qu'un  tel  programme  ne  pouvail  ^tre  rempli 
que  par  plusieurs  generations  de  bibliographes  attenlifs  et  constants 
jusqu'i  rheroisme. 

Quant  k  la  m^lhode,  on  pouvail  se  plaiadre  de  I  elendue  presque 
immense  de  tel  ou  tel  article  de  la  Bio-bibliographie,  remplissant  une 
longue  serie  de  colonnesextr^mement  compactes  sans  la  moindre divi- 
sion^ sans  autre  fil  d'Ariane  que  Tordre  alphabeiique  des  noms  d'au- 
teurs  :  mince  secours  daus  le  cas  ou  le  chercheur  n'a  aucun  nom 


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-  375  — 

d'auteur  dans  la  m^moire.  Ce  n'est  pas  un  reproche  adressd  au  savant 
bibliographe;  c*^tait  sans  doute  une  n^cessit^  de  son  sujet  et,  pour  ma 
part,  je  ne  vols  pas  comment  il  eut  pu  s'y  d^rober.  Dans  son  second 
recueil;  jl  en  est  autrement.  Des  divisions  m^thodiques  ont  pu  6tre  Sta- 
biles dans  les  articles  de  quelque  Stendue,  et  la  facility  des  rocherches  y 
gagne  notablement;  on  en  jugera  tout  k  Theure. 

Car,  puisque  j'ai  sur  ma  table  de  travail,  depuis  plusieurs  mois  di]k 
—  et  li-dessus  j'adresse  k  M.  Tabbd  Chevalier  mes  meilleurs  remer- 
ciements  avec  mes  excuses  —  le  premier  fascicule  du  Repertoire  topo- 
bibliographique,  et  que  d'ailleurs  je  ne  puis,  ce  qui  serait  le  mieux 
assurSment,  le  faire  passer  sous  les  yeux  de  mes  lecteurs,  je  veux  au 
moins  en  citer  ici  quelque  chose.  Ce  sera  un  peu  le  procMS  de  Poll- 
chinelle  apportant  au  marchS  une  tuile  commeSchantillon  d'une  maison 
k  vendre;  mais,  iaute  de  Tensemble  ou  de  la  simple  vue  d'une  page 
quelconque,  la  seule  analyse  sommaire  de  deux  ou  trois  articles  don- 
nera  quelque  idte  de  la  valeur  et  de  I'usage  du  Repertoire. 

Ouvert  au  hasard,  il  m'oflfre  (aux  cc.  21-22) ;  dix  noms  de  lieux, 
tons  assez  obscurs  (Agimont,  Agli6,  Agneaux,  etc.),  avec  indication 
des  travaux  qui  leur  ont  ixk  consacr6s;  Tart.  Agnus  Deiy  avec  r^S- 
rence  a.une  vingtaine  de  dissertations  sur  cet  objet  de  devotion;  Tart. 
Agriculture,  avec  indication  du  m6me  nombre  de  travaux  sur  les 
classes  agricoles  au  moyen  ^e  (j'y  relfeve  le  nom  de  notre  confrere 
Ed.  ForestiS);de  plus,  un  art.  sur  les  b6r6tiques  Agno^tes,  plusieurs 
noms  de  families  fSodales,  etc.,  etc. 

Mais  apr^  I'Spreuve  du  hasard,  venons-en  au  choix.  Je  vais  natu- 
rellementi  TarticlCilacA  (cc.  251-252),  que  je  n'ai  garde  de  copier 
pour  ne  pas  trop  dSpasser  les  justes  homes.  Je  me  contenle  d'en  par- 
courir  loutes  les  divisions  :  1®  academies  (on  ne  cite  que  notre  Comity, 
devenu  SociStS  historique  de  Gascogne,  titre  que  Tauteur  eut  bien  fait 
de  noter);  2*^  archfologie  :  15  travaux  de  divers  dcrivains,  par  ordre 
alphab6tique,  depuis  F.  Caneto  jusqu'i  P.  Sentetz,^2P  bibliothfeque  : 
sept  mentions;  4®  conciles :  une  vingtaine  deriterences;  5®  documents : 
trois  mentions;  6*^  histoire  ecclesiastique  et  profane :  quinze  titres;  j'y 
trouve  mon  nom  parmi  des  noms  plus  illustres;  7<*  imprimerie :  Tessai 
de  P.  Lafforgueenl862;  8^  liturgie  :  sept  ou  huit  indications.  —  Et, 
par  surcroU,  renvoi  k  Tart.  Saini-Orens  d'Auch,  qui  paraltra  k  son 
rang  alphabStique,  et  mention  d'un  travail  bibliographique  de  Dav. 
Laing  dans  un  recueil  anglais,  travail  qui  doit  6tre  fort  intSressant  pour 
nous,  mais  que  je  ne  connais  pas  autrement. 

Les  articles  Agen^AgenaiSy  Aire-sur-V Adour,  AquitaineyArma- 
gnacy  Bayonney  Pays  basque,  B^arriy  Bigorre...  ne  sont  pas  moins 
riches.  Pour  donner  une  citation  textuelle,  je  m  arr^te  k  trois  articles 
des  plus  courts  et  qui  se  suivent  ^  la  col.  241  dont  ils  ne  font  pas  la 
dixitoe  partie : 

Astajorty  arr.  d'Agen  (Lot-et-Garonne). 


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Baraoat  db  Lacazb  (C),  A-t  en  Agenais,  notice  historique  et  coutomes; 
Paris,  1886,  8%  226  p.  Cf.  Couturb  (L.),  dans  Reoue  de  Goscogne  (1886),  xxvii, 
428-31. 

AstaraCy  pays  de  Gasoogne,  oomtd^  x*  sidcle. 

Anselme,  GirUaL  mats.  France  (1626),  ii,  615-70;  iii,  381-6.  —  Art.  e4r{f. 
dates  (1818).  ix,  337-55.  Mas-Latrib,  Trie,  chron.  (1889),  1542-3.  —  Sacaze 
(FranQ.),  Observations  historiques  et  critiques  sur  un  acte  de  proc^ore  de  la 
fin  du  xiu*  sitele,  dans  Rec.  acad.  UgisL  Toulouee  (1855),  iv,  28  (1> 

AaUy  arr.  Bagntoes-de-Bigorre  (Hautes-Pyr^n^es). 

Frossard  (Ch.  L.),  Esquisse  de  l'6pigraphie  d'A8t6,  dans  Bull,  Soc,  Ramond 
(1883),  xvm,  129-76. 

II  faut  manier  par  soi-m6m6  ce  gros  fascicule  ou  tout  le  volume  pr^ 
cMent,  pour  se  faire  quelque  id^  de  oe  que  Tauteur  a  su  faire  pour 
resserrer  le  plus  de  renseignements  dans  le  plus  petit  espace  possible. 
Ce  r^ultat  a  iH  obtenu,  sans  prejudice  de  la  clart^,  au  moyen  d'un 
systime  d'abr^viations  et  d'ellipses  qui  pent  paraitre  compliqu^  au 
premier  abord,  mais  avec  lequel  on  ne  tarde  pas  k  se  familiariser. 
M.  Chevalier  a  fait  tenir  ainsi  danschaque  colonne  la  valeur  mat^elle 
de  quatre  ou  cinq  bonnes  pages  d'un  in-8®  ordinaire,  au  grand  bin^ce 
de  Tacheteur.  Cet  avantage  est  surtout  notable  dans  les  articles  de  trte 
grande  ^tendue,  qui,  parfois,  auraient  du  former  ce  qu'on  nommait 
jadisun  «  juste  volume.  »  Exemple,  I'article  Angleierre  qui,  tip6a 
part,  de  format  in-18,  avec  la  composition  du  R^pertoirOy  constitue 
une  brochure  de  80  pages^  qui  en  feraient  bien  150  ou  200  n'^fait  le 
systfeme  abrAviatif.  que  je  viens  d'indiquer. 

Que  Ton  n'aille  pas  croire  Ik-dessus,  en  particulier  parmi  nos 
confreres  gaseous,  que  les  grands  articles,  ne  touchant  pas  d'ordinaire 
directenient  i  notre  programme  provincial,  nous  sont  indiflfirents  par 
\k  m6me,  et  que  les  noms  et  les  faits  gaseous,  relativement  dairsem^s 
dans  oes  incommensurables  colonnes,  sont  les  seuls  k  nous  intiresser. 
Sans  doute  Touvrage,  4tant  k  la  fois  Irfes  analytique  et  absolument 
universel,  contient  une  foule  d'arlicles  d'un  intir^taussi  particulier  que 
possible;  mais,  en  dehors  de  la  nomenclature  provinciale,  nous  devons 
bien  compter  aussi  sur  les  innombrables  articles,  souvent  trfes  chargfa, 
qui  touchent  k  Thistoire  de  France,  k  celle  des  institutions  religieuses, 
civiles,  militaires,  aux  moeurs^  aux  arts,  aux  faits  gin^raux,  etc.  Je 
signale  dans  ce  seul  fascicule,  enlre  cent  autres  morceaux  importanis, 
ceux  qui  out  pour  titres  :  Arch^ologie  (198-200),  Architecture  (201- 
203),  Armoiries  (219),  Arts  (232-3),  B^nMctins  (364-7),  Biens 
eccl^iastiques  (405),  etc.,  etc. 

II  ne  me  resle  qu'i  conclure.  Le  Repertoire  n'est  pas  pour  les  sim- 
ples amateurs  du  moyen  ^e,  mais  il  s'adresse  k  tons  ceux  qui  t  travail- 
lent  »  rhistoire  de  cette  p^riode  si  6tudi6e,  et  pourtant  si  pleine  encore 
demystires  et  d'obscuritis.  Et  tons  sonld'autant  plus  inl6ress6sksous- 

(1)  Notons  une  lacunc:  Cknac-Moncaut,  Voyage  archdol.  et  historique  dans 
les  anciens  comt^s  d'Astarac  et  de  Pardiac.  Paris  (Didron)  et  Miraude,  1856.  8*, 
252  p.  11  est  vrai  que  c'est  le  plus  rare  et  le  moins  connu  des  Voyage  archiolo^ 
giguee  de  Tauteur. 


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crire  immidiatement  k  la  partie  iopo-^bibliographiquey  que  leurs 
d^bours  seront  rendus  presque  iasensibles  par  la  n^cessaire  lenteur  de 
la  publication,  qui  doit  se  faire  en  six  fascicules  sucoessifs  (1).  Rappe- 
lons  que  les  4  fascicule  du  Repertoire  bio^bibliographique  rempli- 
rent  tout  Tintervalle  de  1876  k  1883, sans  compter  lesuppl^ment  de  1886. 

II.  Ouvrages  snr  TAgenais 

Unc province  d  tracers  les  sidcles.Histoire  de  VAgenaiSypSiT  Julea  Andrieu. 

Paris,  A.  Picard;  Agen,  Ferran  fr.  1893.  2  vol.  gr.  in-S"  de  x-306  et 

346  p.  Prix  :  14  fr. 
Les  coucents  de  la  mile  d'Agen  avant  1789,  par  Philippe  Lauzun.  T.  i, 

Couvents  d'hommes.  T.  n,  Couvents  de  femmes.  Agen,  Michel  et  Medan, 

1889, 1893.  2  v.  in-8'  de  467  et  521  p. 

II  n'est  pas  trop  difficile  de  deviner  comment  M.  Jules  Andrieu  a 
iti  amen6  k  se  faire  I'historien  de  TAgenais  et  quels  doivent  6tre,  soit 
le  caractire  particulier,  soit  le  m^rite  et  T  utility  propres  de  ce  travail 
venu  apr^  tant  d'autres  travaux  analogues.  L'auteur  est  bien  connu, 
bien  apprtei^,  j'allais  dire  bien  «  cot6  >  comme  bibliophile.  Cette  pas- 
sion, ce  p^h^  mignon  ^tait  d^jk  mis  k  son  actif  d^s  1872,  quand  il 
habilait  encore  Paris.  Depuis  longues  ann6e»  la  vie  provinciale  n'a  fait 
que  donner  une  direction  et  une  activity  plus  ^troites,  mais  aussi  plus 
rSgl^  et  plus  utiles,^  cette  tendance  native.  M.J.  Andrieu  s'est  faitle 
bibliographedeTAgenais;  avec  quelle  curiosity  universelle,  avec  quelle 
recherche  infatigable,  avec  quel  souci  de  Texaclitude,  les  lecteurs  de  la 
Revue  de  Gascogne  lesavent,surtout  slls  ont  abord^  pareux-mtoes, 
selon  ses  conseils,  les  trois  gros  volumes  de  la  Biblioyraphie  de  VA^ 
genaia. 

Un  j&uile  napolitain,  k  quj  je  faisais  I'^loge  de  ses  confreres,  les 
PP.  de  Backer,  leshabiles  bibliographes  de  la  Compagnie  de  J^us, 
me  r^pondait  avec  une  aimable  ironic  :  «  Personne,  en  effet^  neconnalt 
plus  de  litres  de  livres.  »  Pour  lui,  les  livres  lui  semblaient  k  ^tudier 
autrement  qu'au  frontispizio,  Le  fait  est  que  la  bibliographic  loute  nue 
rend  de  bien  grands  services,  mais  aussi  qu'un  bibliographe  intelligent, 
surtout  dans  les  limites  d'un  sujet  plus  ou  moins  restreint,  ne  pent  se 
d^int^resser  longtemps  des  Etudes  que  ses  recherches  doivent  servir. 
On  peut  done  se  figurer  que  M.  Andrieu  fut  bienl6t  aux  prises  avec  le 
«  contenu  i  de  ses  livres  agenais,  surtout,  naturellement,  de  ceux  qui 
r6vfelent  ou  ^claircissent  peu  ou  prou  le  passd  de  son  pays.  D'ail- 
leurs,  aprfes  avoir  vu  publier  tout  prfes  de  lui  les  derniers  annalistes 

(1)  Le  nouveau  volume  formera  plus  de  200  feuilles  in-4'  &  2colonnes;  il  sera 
partag6  en  six  fascicules,  mis  en  souscription  au  prix  de  7  fr.  50  payables,  le 
1«'  lerme  au  moment  de  la  souscription,  les  autres  termes  h  rapparilion  de 
chaque  fascicule.  II  sera  tir^  cinquanie  exemplaires  sur  papier  de  flollande,  au 
prix  de  12  fr.  le  fascicule,  payables,  le  !•'  terme  au  moment  de  la  souscription, 
les  autres  termes  k  Tappantion  de  chaque  fascicule. 

Le  prix  total  sera  rMuit  ii  35  fr.  en  papier  v^lin  teint^,  b.  60  fr.  en  papier  do 
Hollande,  pour  ceux  aui  se  lib^reront  nit^graleroent  en  souscrivant. 

S'adresser  ^  M.  P.  Hoffmaun,  &  Monlb^Uard. 


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agenais  de  Tancien  regime,  les  LaWnazie,  les  Labrunie,  les  Prochi; 
aprfes  avoir  inventori^  dans  son  repertoire  les  travaux  et  les  disserta- 
tions qui  ont  renouveW  cette  histoire  depuis  une  treataine  d  annfes,  il 
devail  sentir  le  besoin  d'en  laire  la  synthase  et  de  «  meltre  au  point,  > 
comme  on  dit,  les  r^sullats  acquis  de  ces  innombrables  publications  oil 
le  bon  public  ne  voit  gu6re  que  du  bleu,  ou  les  travailleurs  sp^-ianx 
eux-m^mes  risquent  de  se  perdre.  L'enlreprise^tait  opportune,  ^videm- 
ment;  la  question  est  de  savoir  comment  Tauteur  Ta  con^ue  et  surtout 
ex6cutte. 

Ses  vistes  n'ont  pas  sembl6  trop  ambitieuses.  Elles  sont  d'un  vul- 
garisateur,  non  d'un  chercheur  original.  II  a  voulu,  non  pas  ajouteri 
la  science,  mais  montrer  ce  que  la  science  a  mis  au  clair  dans  le 
domaine  de  Thistoire  agenaise  depuis  les  origines,  j'entends  depuis 
C6sar,  jusqu'^  notre  siMe  exclusivement;  le  moatrer,  dis-je,  dans  un 
tableau  d'ensemble,  sans  minutie  de  detail  et  sans  appareil  de  discus- 
sions critiques.  Trois  ou  quatre  cents  bonnes  pages  pouvaiwit  y  suffire. 
Mais  voici  qui  a  doubl6  le  chiflfre.  Comme  souvent  un  menu  faitpeut 
offrir  un  int^r^t  sp^ial,  comme  la  curiosite  pent  6lre  excitte  k  propos 
d'une  opinion  controvers6e,  d'un  personnage6pisodiqne,d'un  synchro- 
nisme  d'histoire  nationale  ou  m^me  g^nerale,  le  t  ctirieux  torivain  >  a 
cru  devoir,  presque  ^chaquepage,  prodiguer  en  note  au  «  curieuxlec- 
teur  »  les  renseignements  accessoires  et  surtout  les  references  aux 
ouvrages  generauxou  particuliers. 

Un  texte  historique  suivi  etcomplct,  maisrapide,  propre^  int^resser 
tout  esprit  un  pen  cultive;  un  appareil  de  renvois  fait  ponrencourager 
k  des  etudes  ulterieures,  ou  du  moins  pour  edifier  sommairement  sur 
la  «  litierature  »  de  chaque  sujet :  voil^  done  le  programme  que  M.  J. 
Andrieu  s'est  trace.  II  Ta  execute,  on  pent  le  dire,  avec  une  grande 
netlele  de  composition  et  de  style,  et  son  livre  merite  de  servir  de 
manuel,  de  guide  ordinaire  k  ses  compatriotes  voues  aux  recherches 
historiques  ou  simplement  amis  de  leur  passe  provincial. 

Faut-il  pour  cela  croire  que  ce  manuel  est  definitift  II  suflSt  de 
songer  a  ce  quechaque  jour  nous  apporte  de  trouvailles  pour  n'attendre 
ricn  de  pareil.  Est-il  seulement  tout  k  fait  et  pariout  «  au  courant »  de 
retat  actuel  de  la  science?  Non.  sans  doute,  malgre  les  efforts  vraiment 
meritoires  et  habituellement  heureux  de  Thistorien.  II  y  a,  soil  dans 
la  partie  purement  locale  d*une  histoire  de  ce  genre,  soit  et  encore  plus 
dans  les  parties  qui  touchent  aux  evenementsgeneraux  et  aux  institu- 
tions civileset  politiques,  des  conqu^tes  dejii  faiies,mais  encore  plusou 
moins  disputees,  en  lout  cas  peu  vulgarisees  etrestees  pour  ainsi  dire 
la  part  priviiegiee  des  «  specialistes.  »  II  esik  peu  pr^  impossible  au 
travailleur  le  plus  consciencieux  d'embrasser  tout  cet  «  acquis  »  etde 
ne  pas  trahir  ^a  et  l^  quelque  defaut  de  competence  topique,  quelque 
lacune  dans  Tinformation,  quelque  habitude  arrieree  dans  le  dessin  ou 
la  couleur  de  tel  fait,  de  tel  ou  telle  institution  du  passe. 

A  cet  egard,  la  partie  la  mqinssure  de  V Histoire  de  I' Agenais,  c'est 


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-.87^  — 

Tantiquiti  et  le  haut  moyen  ftge.  Ainsi,  Tipoquo  mirovingienne  de 
netoahifiloire  du  sud-ouest  a  ilk  laasste  par  un  document  apocryphe 
fameux,  la  charte  d'Alaon.  M.  J.  Andrieu  n'ignore  pas  que  cettecharte 
«st  aujourd'hui  re^t^  par  la  critique,  et  que  les  efforts  de  son  dernier 
d^fenseur,  M*  de  Bourrousse  de  Laffore,  ne  Tout  pas  rdhabilitfe.  (Voir 
sa  note  de  la  p.  21,  note  excellente,  si  ce  n'est  qu'il  ne  devait  pas  citer 
le  mdmoire  afferent  de  M.  Bladi  comme  un  «  r6sum6  du  dibat.  >)  Mais 
d6s  lors,  11  ne  fallait  pas  donner  place  dans  son  tableau  historique 
k  Boggis,  f rfere  de  Caribert  et «  auteur  de  la  maison  d'Armagnac,  >  et 
k  d'autres  details  g^n^logiques,  historiques  et  f^aux  qui  n'ont  de 
fondement  que  ce  faux  gigantesque,  sorte  de  cheval  de  Troie  bourr6  de 
noms  et  details  apocryphes. 

Les  inexactitudes  de  ce  genre  sont  assur^ment  fort  rares  dans  le 
consciencieux  travail  de  M.  Andrieu.  On  y  trouverait  peut-6lre  plus 
souvent  des  vues  contestables  ou  incoraplfeles  sur  les  fails  g^n^raux. 
Sa  caractiristique  de  la  po&ie  des  troubadours  est  arri^r^.  II  nous  fait 
bien  connaitre  les  villes  neuves  du  bas  moyen  ftge  et  les  coutumes 
communales  de  la  m6me  6poque;  mais  c*est  plus  par  Text^rieur  que 
par  Tesprit  et  la  vie  intimes;  aussi  a-t-il  vise  le  beau  travail  de  Curie- 
Seimbres  sur  nos  bastides,  mais  non  la  critique  lout  k  fait  essendelle 
(quoique  trop  rigoureuse)  qu'en  a  faite  M.  A.  Giry.  Ses  vues  sur  le 
droit  communal  et  sur  la  f6odalil6  auraient  6galement  gagn^  qk  et  Ik 
en  exactitude  et  en  nettet6  moyennant  T^tude  de  cerlains  travaux 
contemporains,  comme  Touvrage  capital  de  M.  Luchaire  sur  les  Insti- 
tutions cap6tiennes. 

Mais  lout  cela  soil  dit  sans  enlever,  m^me  k  ce  premier  quart  ou 
environ  de  VHisioire  de  I'Agenais,  sa  valeur  de  r^um6  pr^is,  m6tho- 
dique  ei  facile  it  lire  et  k  consuller.  A  proportion  que  les  Iravaux  moder- 
nes  etsurtoutlooaux  qui  lui  serveutde  guide  gagnent  en  nombre,  en 
6tendue,  en  solidilt^,  Texposition  de  M.  J.  Andrieu  devient  aussi  plus 
sure  et  plus  pleine.  Aussi  le  xvi®  sitele,  qui  occupepr^s  d'une  moiti6  du 
premier  volume  et  qui  d^borde  encore  notablement  sur  le  second,  est-il, 
je  crois,  la  parlie  la  plus  r6ussie  de  ce  long  travail,  comme  il  en  est  la 
plus  inl^ressanle  par  le  nombre  et  le  caract^re  des  fails  et  par  la  valeur 
des  renseignements.  Sans  diminuer  eu  rien  le  m^rile  de  Thistorien,  il 
faut  le  f^liciler  d'avoir  eu  pour  ceile  periode  des  guides  particuli^rement 
siirs^et  avant  tout  les  belles  recherches  de  M.  G.  Tholin  sur  les  guerres 
de  religion  en  Agenais,  qui  devraient  bien  paraltrc  sous  forme  de 
volumes. 

Au  xvn«,  au  xviii®  sitele,  sauf  lesderniersreslesdes  guerres  civiles, 
c'est  Tanecdote  qui  doraine  pour  ainsi  dire,  parce  la  province  a  presque 
perdu  sa  vie  propre  et  sa  belle  part  d'initialive.  Mais  M.  J.  Andrieu 
excelle  k  recueillir,  k  conler  et  k  coordonner  ces  menus  fails,  qui  ont 
encore  leur  valeur  et  leur  inl^ret  pour  Thistoire  la  plus  digne  de  ce 
nom.  11  faut  Element  lui  lenir  grand  compte  des  nglices  §ommaires 

(1)  Reoue  de  VAgcnaU  de  nov.-d^c.  1893,  p.  555-562, 


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—  380  — 

d'ecrivains  et  hommes  illuslres  qu'il  a  distributes  k  la  fin  de  ses  divers 
chapitres,  des  nomenclatures  d'6v6ques,  de  sin6chaux,  etc.,  qu'il  a 
soigneusement  tenues  au  courant  et  mtoae  (pour  les  s6ntehaux)  enri- 
chies  de  quelques  prteisions  nouvelles;  enfin,  de  Tabondante  table 
alpbab6tique  qui  termine  Touvrage  et  qui  en  rendra  Tusage  infiniment 
plus  facile  et  plus  fr^quant,  autant  dire  qu'elle  en  dteuple  TutilitA. 

On  le  voit  done,  cctte  histoire  est  vraiment  recommandable  oomme 
tableau  g6n6ralement  trfes  exact  et  toujours  clair  et  m^thodique  des 
6v6nements  de  TAgenais.  C'est  ce  que  Tauteura  voulu  faire,  etil  serait 
injuste  de  lui  demander  autre  chose,  par  exemple  une  6tude  suivie  de 
r^tat  des  hommes  et  des  choses  de  ce  pays  k  chaque  sitele.  M.  Tholin 
a  marqu6  ce  desideratum  avec  un  grand  sentiment  de  la  vie  populaire 
•et  du  sens  profond  et  r6v61ateur  des  monuments  Merits  et  non  Merits 
qde chaque  g^n6ration  a  laiss^  apr^s  el]e[l).  11  a  bien  eu  soin  de  ne  pas 
en  faire  un  sujet  de  reproche  k  ladresse  de  son  confrere;  ce  n'en  est 
pas  moins  une  sorte  d'  t  invite  »,  pour  parler  le  frauQais  du  moment 
Si  M.  Andrieu  voulait  y  r^pondre,  ce  serait  k  merveille.  Mais  si  ses 
gouts  et  ses  habitudes  d'esprit  et  de  travail  le  portent  ailleurs,  commeil 
aura  beau  jeu  de  dire  it  M.  Tholin  :  «  Le  troisi^me  volume  que  vous 
r6vez  est  k  faire;  mais  qui  done  est  dfeign6  pour  cette  t^che  nouvellel 
L'habile  et  fin  critique  qui  a  su  tracer  en  sept  pages  une  esquisse  si 
vivante  et  si  vigoureuse  nous  doit  le  tableau  complet,  qui,  en  rfeu- 
mant  les  doubles  recherches  de  Tarchiviste  et  de  Tarchtelogue,  r^v^lera 
une  fois  de  plus  le  coup  d'oeil  p4n6trant  du  penseur  et  la  main  sure 
de  Tartiste.  » 

Apr^  un  large  tableau  historique,  aprfes  une  ceuvre  d'ensemble  etde 
vulgarisation,  il  est  tout  naturel  de  placer  un  travail  6tendu  sur  une 
fraction  restreinte  du  m6me  domaine;  travail  presque  enti^rement 
original,  c'est-k-dire  directement  extrait  des  documents  authenliques 
pour  la  plupart  in6dits.  Telle  est  bien  la  s6rie  de  monographies  monas- 
liques  agenaises  publite  en  deux  gros  volumes  par  M.  Ph.  Lauzun, 
avec  cesouci  de  la  v6rit6,  cette  infatigable  recherche  des  vieux  titres  et 
ces  pr&isions  de  topographic  et  d'arch^ologie  qu'il  est  inutile  de  louer 
ici  dans  notre  excellent  collaborateur.  II  connalt  Agen,  TAgen  de  tons 
les  ^ges,  dans  ses  moindres  recoins,  aussi  bien  que  ces  chateaux  gas- 
cons  dont  il  nous  rend  si  fidfelement  la  physionomie  et  Thisloire.  Voyez 
Tesquisse  sur  laquelle  s'ouvre  son  histoire  des  convents  agenais : 

L'etranger  qui,  au  xvu'  si6cle,  passant  par  Agen,  gravissait  le  coteau  de 
Saint- Vincent  pour  aller  d^poser  ses  pieux  hommages  h,  la  grotte  du  saint, 
iouissait,  de  la  terrasse  de  cet  ermita^e,  d'un  coup  aoeil  vraiment  merveil- 
leux.  A  ses  pieds  se  deroulait  Tenceinte  nord  de  la  ville,  depuis  la  porte 
Saint-Georges  k  droite,  jusqu'^  la  tour  Cornaliere  a  I'extreme  gauche,  en 
passant  successivement  par  le  boulevard  des  Augustins,  la  tour  du  moulin 
de  Saint-Caprais  dite  tour  SaintnCome,  la  tour  Sainte-Foy  derri^re  le 
chevet  de  cette  eglise... 

Et  plusieurs  autres  tours  d'enceinte,  pour  la  plupart  assez  mal  en 
point.  Dans  Tint^rieur  m^e  de  la  ville,  «  c'^tait  comme  une  for^t 


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-.381  - 

d'aiguilles  dressant  vers  le  ciel  leurs  pointes  effiltes.  »  Outre  la  cath^- 
drale  Saint-Elienne,  aujourd'hui  disparue,  et  la  coll^ale  romane  de 
Saint-Caprais,  que  de  clochers  de  couvents ! 

...  A  droite  les  deux  clochers  en  briques  rouges  du  couvent  des  Augus- 
tins  et  de  Tantique  eglise  Saint-Hilaire;  tout  k  fait  au  coin  de  la  ville  et 
pr6sde  la  porte  Saint-Georges,  les  deux  tours  des  Cordeliers,  Tune  carr6e, 
dite  le  clocher,  sur  la  face  sud  de  T^glise,  Tautre  ronde,  svelte  et  elanc^e,  a 
rextr6mit6  orientale  de  la  nef.  A  Touest,  le  long  du  raur  do  ville,  la  masse 
imposante  des  Jacobins,  dont  les  deux  neft*  ^gales  et  parall^les  6crascnt  le 
clocher  octogonal  trop  maigre  pour  une  si  enorme  construction .  Derri6re, 
r6glise  et  le  clocheton  des  Capucins.  Puis,  dans  la  partie  m6ridionale,  la 
fl^he  et  la  charpente  fort  61ev^  des  Annonciades;tout  a  cotOj  plus  humble 
et  plus  has,  le  clocher  des  Carmelites;  et  derridre  Saint-Etienne,  la  tour 
carree  de  la  Visitation,  la  fa^de  triangulaire  de  la  chapelle  Notre-Dame 
du  Bourg,  et  les  hautes  et  6paisses  murailles  de  I'eglise  des  religieuses  do 
Paulin.  Enftn,  tout  k  fait  k  gauche,  dans  le  quartier  oriental  et  desh^rite 
de  la  Porte  du  Pin,  la  vaste  nef  des  grands  Carmes  k  la  il6che  61^gantc  et 
hardie... 

II  est  clair  que  le  vieil  Agen  subsisle  tout  eniier,  dessin  et  couleur, 
dans  le  cerveau  de  rhistorien  artiste.  Aussi  tes  lecteurs,  s'il  pouvait  en 
exister  aujourd'hui,  qui  regarderaient  comrae  absolument  n^gligeable 
rhistoire  des  moines,  des  hbTes  mendiants  et  des  religieuses  qui  ont 
«  6difi6  »  en  tantde  maniferes  la  vieille  eapitaledesNitiobriges,  ceux-li 
m^mes  auraient  absolument  besoin  d*y  recourir  pour  la  topographie  et 
rarch^ologie  de  la  ville  k  diverses  dpoques  du  moyen  kge  et  de  Tdge 
moderne.  Je  me  h&te  de  signaler  une  fois  pour  toutes  ce  m^rite  tres 
marqui  d'un  ouvrage  qui  a  tant  d'autres  m^rites.  L'histoire  et  les 
caract^res  des  constructions  y  sont  toujours  not6s  avec  autant  de  preci- 
sion que  d'exactitude;  de  plus  il  n'est  gufere  d'Wifice  conventuel  donl 
rhistorien  ne  nous  donne  un  plan  par  terre  nettement  dessin6  avec  ses 
confronts  bien  marqu6s,le  tout  accompagn6  de  l^gendes  explicatives.  Je 
ne  connais  pas  d'exemple  pareil  de  t  reconstruction  >  pour  toute  une 
s^rie  d'^tablissements,  dont  la  plupart  ont  disparu  du  sol  ou  se  sont 
.prodigieusement  transformSs  (1). 

11  y  a  pourtant  en  tout  cela  un  intirfet  sup^rieur  k  celui  de  la  gto- 
graphie  et  de  Tarchitecture.  II  y  a  Thisloii^e  de  celte  61ite  privil<^6e 
d'une  population  urbaine  :  les  religieuxl  Cette  histoire  tient  essentiei- 
lement  k  celle  de  TEglise,  de  la  civilisation,  de  la  vie  populaire,  des 
moeurs  et  des  lettres.  Elle  est  ^minemment  instructive  k  toutes  ses 
pages,  edifiante  k  presque  toutes.  Un  t6moin  curieux  et  impartial 
autant  que  respectueux,  —  c'est  bien  le  cas  de  M.  Lauzun,—  dira  tout 
avec  lam^me  rondeur,  d'apres  les  documents  originaux  qui  ne  cessent 
de  le  guider.  Les  scandales,  les  querelles  et  les  jalousies  sont  soigneu- 
sement  notes.  Mais  que  sont  cos  quelques  ombres  dans  le  vaste  tableau 
des  bienfaits  des  couvents?  Voici  Timpression  dernitre  de  leur  historien : 

(1)  Tous  ces  dessins  particuliers  sont  fld^lement  extraits  du  m^niAque  plan 
ineoit  d'Agen,  par  le  baron  Lomet  (1759-1826),  petit-neveu  de  La  Fontaine,  vrai 
chef-d'oeuvre,  communique  iM.  Lauzunpar  Nf.  Payen,  architecte  du  d^parte- 
ment  de  Lot-et-Garonne. 


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-  384- 

[L^  religieux]  se  montr^rent  toujours  k  la  })autenr  de  lear  t&che,  et  par 
leurzeleetleurs  vertus  ilss'attirerentla  sympathle  des  Agenais,  aussibien 
du  peuple  auquel  ils  appartenaient  pour  la  plunart,  que  des  classes  riches 
qui  les  combl4rent  de  leurs  bienfaits...  C'est  k  chaque  instant  que  nous 
relaterons  les  tr6s  grands  services  rendus  par  Ics  communaut^  religleuses 
a  la  population  de  notre  ville  et  principalement  les  admirables  exemples 
de  courage  et  de  sacrifice  donnas  par  elles,  h  I'heure  des  terribles  6pid6inies 
qui  s'abattaient  com  me  p^riodiquement  sur  Agen.  Cest  avee  joie  enfln  que 
nous  constaterons  qu'^  I'epoque  od  les  grandes  abbayes  benMictines  tom- 
baient  par  la  commende  en  complete  decadence...,  les  modestes  commu- 
naut^s  agenaises  ne  perdaient  rien  de  ce  qui  avait  fait  leur  premiere  force 
et  continuaient  leur  oeuvre  d'enseignement  populaire,  de  charity  envers 
les  pauvres,  de  devouement  k  Tegard  des  malades. 

On  ne  saurait  dire  mieux,  j'entends  plus  noblement  et  plus  exacte- 
ment  k  la  fois.  C'est  bien  \k  ce  qui  ressort  d'une  histoire  d'aiileurs  inal- 
taquable  parce  qu'elle  est  directement  emprunt^e  aux  litres  les  plus 
siirSjfid^lement  extraits.  Mais  telle  est  la  richesse  et  la  vari6t6  de  cette 
trentaine  de  monographies,  diverses  d'inaportance  et  d'dtendue,  mais 
toules  ^alement' ^tudi^es,  qu'il  vaut  mieux  ne  pas  aller  ici  au-delk 
d'unc  simple  Enumeration.  La  moindre  analyse  d^passerait  de  beau- 
coup  Tespace  dont  je  dispose  sans  arriver  k  donner  une  id6e  suifisante 
de  rint6r6t  du  sujet  et  de  la  valeur  du  travail.  Tous  les  amis  de  notre 
histoire  religieuse,et  m6me  de  notre  histoire  provincial^au  sens  le  plus 
large,  ont  k  Etudier  directement  surtout  le  volume  des  «  convents 
d'hommes.  »  Les  religieux  de  saint  Antoine  du  Viennois  installfe  vers 
le  X®  siecle,  les  BEn^dictins  Etablis  k  leur  place  vers  la  fin  du  xi*  sifecle 
par  saint  Gerard,  fondateur  de  la  Sauve  et  du  couvent  de  Gabarret, 
n'ont  pas  laiss6  de  bien  fortes  traces.  Les  Templiers  et  les  Hospitaliers 
exciteront  plus  de  curiosity.  Mais  rien  n'^ale  en  importance  les  quatre 
chapitres  (iii-vi^  p.  47-190)  consacrfe  aux  quatre  ordres  mendiants, 
dont  le  souvenir  est  encore  identifiE,  pour  ainsi  dire,  k,  la  toponymie 
d'Agen  comme  de  la  plupart  de  nos  villes.  Les  Dominicains  ou  Jaco- 
bins, les  Franciscains  ou  Cordeliers,  les  Carmes,  les  Augustins,  par 
leur  saluiaire  activity  depuis  leurs  origines  h^roiques  jusqu'i  leur 
extinction  r^volutionnaire,  fournissent  des  Elements  importants  k  nos 
annales  :leur  fondation,  leurs  constructions,  les  services  qu'ils  rendent, 
les  bienfaits  qu'ils  re^oivent,  les  6v6nements  publics  auxquels  ils 
prennent  part^  leur  attitude  dans  la  prosp6rit6  comme  dans  la  pers^u- 
tion  supreme,  ne  peuvent  laisser  indiflf^rents  ni  un  esprit  curieux  ui 
une  kme  honn^te.  L'historien  a  recueilli  avec  soin  tous  les  souvenirs 
qui  Etaient  k  sa  portfe.  Evidemment,  comme  il  est  inevitable  en 
pareille  matifere,  I'avenir  en  r6vfelera  d'autres  et  ce  tableau,  deji  si 
plein,  s'enrichira  de  nouveaux  details:  Pour  ma  part,  je  crois  y  voir 
une  lacune  assez  grave  et  qu'il  seraitpeut^^tre  aussi  ais6  qu'important 
de  combler :  il  s'agit  des  travaux  de  la  commission  des  R^liers. 

On  appelle  Commission  des  Reguliers,  dans  notre  histoire  eoclesiastique, 
une  commission  composee  de  cinq  ^veques  et  de  cinq  conseillers  d'Etat,  qui 
rcQut  de  Louis  XV,  en  1766,  le  pouvoir  strange  de  reformer  toutes  les 
communaut^s  d'hommes  du  royaume;  qui  fut  dissoute  en  apparence,  le 


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19  mai  1780,  par  Louis  XVI,  mais  qui  fut  reconstitu^,  le  m^me  jour,  sous 
un  autre  ndm  etqui  fonctionnait  encore  a  la  veille  desEtatsg6n6raux(l)... 
La  commission  des  R^guliers  ne  se  donna  point  de  relAche  dans  Taccom- 
plissement  de  son  oeuvre.  Elled^peuplait  les  monast^res  en  les  empechant 
de  se  reformer,  et  les  fermait  ensuite  parce  qu'ils  n'etaient  pas  assez  peu- 
pl6s.  Elle  fit  si  bien  que  les  Jacobins,  [par  exemple,]  qui  6taient  mille 
quatre  cent  trente-deux  vers  1770,  n'etaient  plus  que  mille  un  en  1790  (2)... 

J'emprunte  ces  deux  citations  a  Tecrivain  qui  a  seul  jusqu'ici  expos6 
avee  quelque  ^tendue  ce  curieux  Episode  de  notre  histoire  monastique. 
Ce  qui  int^resse  particuliferement  ici  les  chercheurs  de  province,  c'est 
que  les  tra  vaux  de  la  commission  portent  en  detail  sur  tous  les  ^tablisse- 
ments  r^guliers  de  France;  d'oii  les  renseignements  les  plus  pr^cieux  sur 
r^latactuel  du  personnel  et  des  ressources  de  ces  maisons  et  sur  leur 
utility,  souvent  constat^  par  des  attestations  ^piscopales,  des  requites 
motiv6es  des  bonnes  villes,  etc.  Je  vois,  par  exemple,  que  le  convent 
des  Augustins  d*Agen  est  donn6  comme  t  fort  inutile  d'aprfes  T^v^- 
que  (3).  »  Mais,  comme  M.  G^rina  craint  d'etre  ennuyeux  en  parcou- 
rant  toutes  les  listes  des  convents  vis&  par  la  commission,  nous,  tra- 
vailleurs  provinciaux,  nous  avons  it  le  supplier,  chacun  dans  notre 
domaine.  Le  peu  que  je  viens  de  dire  r^pond  d^jk  clairement  k  un  point 
d'interrogation  pos6  par  M.  Lauzun  (i,  185) :  «  Quel  assez  grand 
danger  menaga  le  couvent  des  Augustins  d'Agen,  en  1767,  pour  que  le 
R.  P.  Laharrage,  [leur]  provincial...,  terivit  auxconsulsune  lettre  fort 
pres<?ante,  oil  il  les  suppliait  d'intervenir  pour  la  conservation  du 
couvent  d'Agen?  »  II  est  i  peu  prfes  certain  que  les  papiers  de  la  com- 
mission fourniraient  quantity  de  renseignements  priScis  sur  T^tat  des 
convents  d'hommes  6tudi6s  par  M.  Lauzun,  k  T^poque  de  leur  deca- 
dence relative  (4). 

J'ai  signal6  les  quatre  chapitres  les  plus  importants  de  cette  s^rie. 
Au  risque  deme  contredire,  je  recommande  comme  tout  aussi  int6res- 
sant,  au  moins,  le  chapitresuivant(vn,  191-292),  qui  r^unitles  Jdsuites 
et  les  Oratoriens,  plus  Thisloire  de  TEcole  centrale  et  du  collie  com- 
munal depuis  lyc^  d'Agen.  Mais  la  Revue  de  Gascogne  a  parl^  dans 
le  temps  (xxix,530)  de  cette  excellente  monographic  publi6e  k  part.  Elle 
se  dispense  d'y  revenir;  elle  se  privera  m6me,  pour  faire  court,  d'em- 
prunter  le  moindre  trait  aux  chapitres  si  curieux  des  Capucins,  des 
Penitents  bleus,  Wanes  et  gris,  des  Carmes  d^hauss^s  (fondation 
1657),  des  Minimes  (1658),  des  Lazaristes  charges  du  Grand  S6minaire 
en  1657,  des  Tiergaires  de  Bon-Encontre,  des  Erraites  de  Saint- Vin- 
cent, dont  les  Carmes  ontpris  la  place  dans  notre  si6cle.  Notre  regrett^ 

(1)  Ch.  G6rin,  lea  MonasUres  franclscalns  et  la  commission  des  r^guliers, 
dans  la  Recue  des  quest,  histor.  de  juillet  1875  (t.  xviu,  p.  76). 

(2)  Id.,  les  Augustins  et  les  Dominicalna  en  France  aoant  1789,  dans  la 
i?.  des  q.  hist,  de  Janvier  1877  (t.  xxi,  p.  96). 

(3)  Id.  Op.  cit.,  p.  61. 

(4)  A  roccasion  de  i'enquete  ordonn^e  par  Louis  XV,  «  les  consuls  de  Mar- 
mande  plaid^rent,  aupr^s  do  Tlntendant,  la  cause  des  Cordeliers,  qui  rendaient, 
disaient-ils,  les  plus  grands  services  dans  leur  ville.  Les  consuls  de  Casteljaloux 
agirent  de  mSme.  .  »  G.  Tholin,  Reotie  de  I'Agenais  de  janv.-f^v.  1894,  p.  95. 


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collaborateur,  Tabb^  Barrfere,  avait  fait  I'histoire  de  rErmilage,  que 
M .  Lauzun  a  naturellement  fort  abrade;  aussi  ne  lui  reprocherai  je 
pas  d*avoir  omis,  comme  son  devancier,  les  rapports  du  fanatique  La- 
badie  avec  les  pieux  solitaires. 

Le  d^faut  de  place  m'oblige  k  la  infeme  reserve  en  face  du  second 
volume,  consacr^  aux  couvents  de  femmes  et  qui  a  peut-^tre,  en  g6n6ral, 
moins  d'importance  historique,  mais  qui  n'offre  pourtant  gu^re  moins 
d'inl^r^t.  Le  premier  monast^re  de  femmes  d'Agen  f ut  celui  des  Bene- 
dictines de  Renand,  fond6  en  1142,  mais  qui  ne  survecut  pas  long- 
temps  aux  guerres  des  Anglais.  Huit  autres  couvents  subsistaient 
encore  en  1790  :  celui  des  Annonciades,  fond^  en  1533  et  dont 
M.  Lauzun  a  utilis6  un  regislre  manuscrit  fort  instnictif;  celui  des 
Dominicaines  du  Chapelet,  venues  do  Lectoure  et  instances  en  1576; 
celui  des  Dames  de  Notre-Dame  pour  Tinstruction  des  filles  (1619); 
celui  des  Carmelites,  colonie  de  Lectoure  (1628)etdontila  ete  souveot 
question  dans  Thistoire  de  ce  dernier  convent  retrace  ici  m^me  par 
M.  Am.  Plieux;  celui  des  Tiercierettes,  colonie  de  Toulouse  (1640); 
celui  des  soeur^  de  Saint-Joseph  (1641),  dont  Mgr  Hebrard  a  retrace 
rhistoire  (Agen,  veuve  Lamy,  1886);  colui  de  la  Visitation  (1642),  dont 
les  annales  ont  egalement  ete  redigees  de  nos  jours  (par  feu  I'abbe 
Tournie),  mais  sont  encore  inedites;  enfin  le  Refuge  ou  maison  du 
Bon-Pasteur  pour  les  filles  repenties  (1512),  devenue  depuis  «  maison 
de  force.  »  Tous  ces  etablissements  sont  6tudies  avec  le  mtoe  soin, 
d'aprfes  les  documents  authentiques,dans  leur  gouvemement  interieur, 
dans  leurs  residences  souvent  chang6es  ou  renouveiees,  dans  leurs 
phases  de  prosperite  et  de  declin  jusqu'au  cf^taclisme  r6volutionnaire; 
et  aussi  dans  leurs  frequents  rapports  avec  les  administrations  locales, 
les  families  notables,  les  fieaux  publics,  etc. 

Reste  le  grand  chapitre  des  «  h6pitaux  »,sous  neuf  ou  dix  titres  diflfe- 
rents,  que  je  ne  veux  pas  m^me  enoncer  (p.  365-519).  C'est,  pour 
ainsi  dire,  un  ouvrage  special,  du  plus  vif  inter^t,  et  qui  suffirait  k 
temoigner  de  la  curiosite  et  de  Texactitude  historiques  de  recrivain. 
Sauf  une  erreur  sur  Torigine  de  nos  leproseries,  erreur  tr^  excusable 
parce  qu'elle  se  trouve  k  pen  pr6s  partout  (1),  je  n'ai  rien  apergu  de 
suspect  dans  ces  longues  et  instructives  chroniques  des  souff ranees 

(1)  «  Depuis  Michelet,  pour  qui  la  l^pre  est,  le  sale  rdsidu  des  croUculea,  jusr 
qu'il  M.  Alfred  Hambaud,  qui  6cni  avec  serdnit^ :  La  lepra  commen^a  accc  les 
premieres  croisades,  je  ne  connais  pas  un  historien  de  France  qui  n'ait  repel^  la 
m^me  erreur.  »  Ainsi  s*exprime  M.  G.  Kurth  au  d^but  d*un  savant  travail  inti- 
tule :  La  Uprc  en  Occident  acant  les  croisades,  ou  il  a  d^montr^  avec  des  textes 
authentiques  dont  Tabondauce  et  la  precision  ne  soufifrent  aucune  r^plique : 
!•  «  (^ue  les  croisades  n'ont  pas  apport6  la  Ifepre  en  Occident,  puisqu'elle  y 
T^gnait  de  temps  immemorial  et  que  nous  en  rencontrons  des  traces  nombreuses 
depuis  les  jours  de  I'Empire  remain  jusqu'au  depart  des  premiers  croises  pour 
la  I'erre  Sainte;  »  2"  «  Qu'elle  n'etait  nullement  dans  nos  pays  une  triste  excep- 
tion, mais  qu*eile  avait  tous  les  caract^res  d'une  maladie  fort  r^pandue,  puis- 
qu'elle  ^tait  partout  Tobjet  de  precautions  hygi^niques  et  de  soins  chantables  et 
qu'elle  avait  de  bonne  heure  attire  Tattention  de  la  legislation  civile  et  ecciesias- 
tique...  »  Compte-rendu  du  Con^rds  scientifique...  tenu  k  Paris  du  !•'  au  6  avril 
1891.  5«  section :  Sciences  historiques  (Paris,  A.  Pic^U'd,  1891,  in-8«),  p.  125. 


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humaines  et  des  asiles  que  la  charit6  caiholique  avait  multiplies  pout 
elles.  Une  etude  directe,  d'ailleurs  pleine  de  charme,  est  indispensable 
pour  donner  quelqueidte,  soil  de  Tactivit^  secourable  des  vieux  agenais, 
soit  de  Tattention  et  de  I'exactitude  de  leur  hislorien.  Ce  qui  touchera 
plus  profond^ment  encore  les  dmes  chr^tiennes,  c'est  son  admiration,, 
par  le  «  vent  d'orage  qui  souffle  en  ce  moment  sur  notre  pauvre  Franco, 
pour  les  Soeurs  de  charity,  qu'il  b6nit,  en  finissant  son  livre,  tau  nom 
de  tons  ceux  ici-bas  qui  soufiFrent  et  qui  espferentl  » 

{A  suivre.)  L6once  COUTURE. 

BROCHURES^RECENTES 

Les  correspondanis  de  Peiresc.  xix.  Le  P.  Marin  Mersenne, 
Leilres  in^dites  (1633-1637),  publ.  et  ann.  par  Ph.  Tamizey  de  Lar- 
ROQUE  (Paris,  A.  Picard,  1894;  gr.  in-8°  de  171  p.).  —  xx.  Leitres 
in^dites  da  D^  A,  Novel,  ^cHtes  d  Peiresc  et  dt,  Valav^Sy  publ.  et 
ann.  par  le  mAme.  (Aix- en-Provence,  1894,  in-8°  de  147  p.).  —  Tout 
en  publiant  la  correspondance  de  Peiresc,  dont  je  viens  de  recevoir  le 
cinqui6me  volume,  notre  infatigable  coUaborateur  exp6die  peu  k  peu 
la  s6rie  des  correspondants  de  Tillustre  provengal,  compWtant  ainsi  de 
son  mieux  cette  sorte  de  journal  universel  d'une  6poque  ivbs  active, 
mais  qui  n'avait  pour  ainsi  dire  pas  de  joumaux.  Void  le  dix-neuvitoe 
et  le  vingtifeme  de  ces  correspondants,  qui  m^ritaient  bien  Tun  et  Tautre 
de  ne  pas  rester  perdus  pour  nous,  quoique  leurs  lettres  n'aient  pas 
obtenu  Thonneur  de  figurer  avec  celles  de  leur  patron  dans  les  magni- 
fiques  volumes  de  Timprimerie  nationale.  Comme  la  plupart  de  leurs 
pr6d6cesseurs,  ils  sont  absolument  Strangers  k  la  Gascogne  et  ne  figu- 
rent  ici  que  pour  tenir  k  jour  la  bibliographic  du  savant  gontaudais  qui 
a  bien  voulu  s'identifiei',  pour  ainsi  dire,  avec  notre  oeuvre  gasconne. 
Notons  seulementqueleP.  Mersenne  est  un  des  plus  grands  noms  de 
r^rudition  frangaise  k  son  6poque  et  que  M.  T.  de  L.,  non  content  de 
publier  et  d'annoter  avec  sa  science  et  sa  conscience  bien  connues 
vingt-quatre  de  ses  lettres,  pleines  denomsetde  fails  curieux,  y  a  joint 
sa  pr^ieuse  biographic  r^igte  par  son  confrere  Hilarion  de  Coste  et 
imprim^e  en  1649,  mais  de  venue  fort  rare.  Indiquons  encore  le  portrait 
trfes  parlant  de  Mersenne,  grav6  par  Duflos  et  dont  nous  avons  ici  une 
excellente  reproduction.  —  Novel  est  aussi  peu  connu  que  Mersenne 
est  c6l^bre;  il  n'en  fut  pas  moins  un  tr^s  savant  m^decin  provengal  et 
un  tr^s  pittoresque  6crivain;  de  plus,  ses  lettres,  dat^s  successivement 
d'Espagne,de  Paris,  de  Bretagne,  ont  toute  la  vari^t^  que  peuventfaire 
pr^sager  ces  habitudes  de  voyageur;  elles  font  d'aillenrs  connaltre  et 
aimer  un  homme  ou  plut6t  deux  hommes  encore  plus  estimables  par 
les  qualitfe  du  coeur  que  par  le  m^rite  scientifique. 

Le  bien  ducal,  po^me  de  la  fin   du  quinzi^me  sidcle,  par  Jean 
Tome  XXXV.  25 


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Guillochej  public  pour  la  premiere  fois  d'aprfes  le  manuscrit  unique 
de  la  biblioth^que  de  Turin  avec  le  portrait  in^dit  du  po6te  borddais 
(Bordeaux,  1893.  In-8°  de  48  p.).  —  Encore  une  publication  de  M.  T. 
de  L,.  et  qui  a  tons  les  m^rites  en  fait  de  nouveaut6.  C'est  Tddilion 
princeps  de  ce  po6me,  et  Ton  apprend  pour  la  premifere  fois  le  nora  de 
son  auteur.  II  est  vrai  que  cet  auteur  6tait  connu  di]k  par  un  autre  do 
ses  Merits  (Prophecie  du  rot/  Charles  huiUesme)^  public  en  1869  par 
le  marquis  de  La  Grange;  mais  M.  T.  de  L.  a  Tiotablement  augments 
la  notice  biographique  essaytepar  ce  dernier.  A-t-il  eu  raison  de  nous 
donner  du  manuscrit  turinois  une  Edition  t  diplomatique  »,  sans  pone- 
luation  ?  Je  ne  sais;  en  tout  cas  on  ne  pent  lui  refuser  les  meilleures 
excuses  possibles,  oelle-ci  surtout  que  le  texte  du  pauvre  versificateur 
bordelais  est  le  plus  souvent  presque  incomprehensible.  Encore  M.  T. 
de  L.  aidera-t-il  puissamment  les  interprfetes  futurs  de  ce  texte,  par  le 
pr6cieux  glossaire  final  dont  il  laccompagne. 

Les  ceuvres  po^tique  de  Gui  du  Faur  de  Pibrac.  (Brochure  signfe 
J.  DE  Lahond^s,  p.  105-116  de  la  Revue  des  Pyr6rUes  de  1894, 
Toulouse,  Ed.  Privat).  —  M.  de  Lahond^s  avait  lu  k  undes  vendredis 
de  I'Acadimie  des  Jeux-Floraux  une  Vie  de  Pibrac,  dont  ces  quelques 
pages  ne  livrent  au  public  que  la  partie  littSraire.  G*est  vraiment  nous 
faire  trop  regretter  le  reste :  car,  si  Thistoire  de  Tauteur  des  Quatrains 
est  conaue,  en  ce  sens  que  peu  de  details  ont  fichapp^  k  ses  divers 
biographes  depuis  P.  Paschal  jusqu'ii  M.  Tamizey  de  Larroquc,  il 
n'est  pas  si  ais6  d'en  avoir  une  vue  d*ensemble  k  la  fois  nette  et 
complete,  eomme  M.  de  L.  nous  Taurait  donn^e.  11  juge  ici  en  toute 
^uite  le  talent  po6tique  de  son  auteur.  Les  vers  de  Pibrac,  il  a  bien 
raison  de  le  dire,  ressemblferent  k  sa  vie,  toujours  c  sage  et  mesurfe  » : 
ilsfurent  «  dict^  beaucoup  plus  par  lesens  droit,  Tesprit  d*observation, 
la  suret6  de  vue  que  par  Tenvolte  de  Timagination  ou  Tivresse  des 
Amotions  tendres.  Leur  concision  rigide,  sans  images  et  sans  fleurs, 
r^vfele  un  esprit  exact  plutdt  qu'une  toe  ardente.  » 

La  Reformation  de  la  commanderie  de  Juzet'de-Luchon  et 
Fronted,  en  1266 ^  par  Paul  de  CASTERAN.(Saiut-Gaudens,  Abadie, 
1894;  22  p.  gr.  in-8",  extr.  de  la  Recue  de  Comminges).  —  Addition 
int^ressante  au  bel  ouvrage  de  M.  Ant.  du  Bourg  sur  le  Grand- 
Prieuri  de  Toulouse.  M.  de  Cast^ran,  dont  Tattention  a  6t6  attiree 
par  la  petite  commanderie  de  Juzet  pr6s  Luchon,  qui  fut  depuis  r^unie 
k  celle  de  Poucharramet  (diocfese  deLombez),  public  le  texte  latin  d'un 
acte  de  reformation  de  1266  qui  la  conceme.  II  y  a  joint  sa  iraduoiion 
frangaise,  et  de  plus  un  ancien  texte  roman  un  peu  abr6ge,  qui  lui 
parait  6tre  une  version  authentique,  destin^e  aux  lecteurs  peu  lettrfe. 
L'idiome  de  ce  morceau  semble  une  sorte  de  languedocien  m6ie  de 
mots  gaseous  {libe^  livre;  hat,  valine,  etc.).  Les  Observations  placfes 
k  la  suite  renfermenl  de  bonnes  donn^es  de  g^ographie  et  d'hisloire 
locales,  surtout  d'aprte  le  fond  de  Malte  des  Archives  d^partementales 


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de  la  Haute-Garonne.  Jueu,  Gavarnie,  Saint-Jean  de  Loroas,  Artigue, 
Fronts,  Montauban,  Juzet,  figurent  tour  k  tour  dans  ce  tableau,  ou 
6clate  la  dekjadencft  progressive  de  Tordre  de  Sainl-Jean  de  Jerusalem 
jusqu'aux  destructions  de  la  Revolution  fran^aise. 

La  D6treBse  de  Vahhaye  des  Salenques  au  comU  de  Foix  en  1483, 
d'apr^s  des  documents  in^dits  (Foix,  veuve  Pom'ifes,  1894.  27  p. 
in-4**).  —  Un  trfes  curieux  acte  de  vente  redig6  en  latin  et  accompagn6 
de  la  ratification  de  Madeleine  de  B*rance  (fiUe  de  Louis  XI,  femme 
de  Gaston  prince  de  Viane),  rddig^e  en  gascon,  forme  la  base  de 
cette  publication.  Les  nombreuses  notes  gtographiques  et  la  savante 
introduction  de  M.  F.  Pasquier,  utile  complement  du  Gallia  chris- 
tiana,  doublent  encore  Tint^r^t  du  vieux  document,  qui  est  pour  nous 
une  revelation  eloquente  desembarras  financiers  ou  pouvait  sed^batltre 
une  abbaye  corame  celle  des  Salenques  ou  d*Abondance-Dieu  (nom 
vraiment  ironique);  c'eiait  un  monast^re  de  femmes  du  diocfese  de 
Rieux,  qui  p^rit  enti6rement  dans  les  guerres  religieuses  du  xvi«  sifecle. 
L'objet  de  la  vente  eiait  un  fief  situe  pr^s  de  Foix.  Nous  sommes  done 
un  peu  hors  des  limites  de  la  Gascogne;  mais  il  est  bon  de  noter  que 
cette  brochure  se  pr6sente  comme  t6le  d'une  s6rie  de  Documents  pour 
servir  d  Vhistoire  du  d^partement  de  VAri^ge,  publics  par  MM.  Pas- 
quier et  Lafont  de  Sentenac.  Quod  felixj  faustum  fortunatumque  sit! 

Journal  du  si6ge  du  Mas-d'Azil  en  1625,  6crit  par  J.  de  Saint- 
Blancard^  defenseur  de  la  place  contre  le  mar^cbal  de  Thymines, 
publie  par  C.  Barriere-Flavy  (Foix,  typ.  veuve  Pomifes,  1894,  32  p. 
in-8®).  —  Ce  si^ge  «  constitue  un  des  Episodes  les  plus  importants  des 
luttes  religieuses  du  xvn«  sitele  en  Languedoc.  »  II  a  M  assez  mal 
raconte  par  divers  ecrivains,  en  particulier  par  ce  pauvre  Napoleon 
Peyrat,qui  fut  po^,te  k  ses  heures,  mais  qui  n'a  jamais  su  faire  oeuvre 
dliistorien.  Dom  Vaissfete  a  i\&  plus  exact.  N^anmoins  Thistoire  de  ce 
fait  militaire  gagnera  notablement^  la  publication  du  journal  deSaint- 
Blancard,  defenseur  de  la  place.  M.  Barrifere-Flavy,  qui  Ta  edititrfes 
fid^lement  d'api'^s  un  manuscrit  de  la  Biblioth6que  nationale  (F. 
Fr.,  4102),  a  eu  soin  de  Taccompagner  d'une  bonne  carte  et  d'excellents 
(Sclaircissements.  Remercions-le  sans  insister  sur  un  sujet  Stranger  k 
notre  domaine.  L'auieur  m6me  du  journal  n'etait  probablement  pas 
vrai  gascon;  M.  Tabbe  Duclos  I'a  rattach6  k  la  famille  de  Lingua  de 
Saint'Blancat,  du  Couserans;  maisM.  Barrifere-F'lavy  lecroitplut6t 
ned'une  branche  des  Saint- Blancard  fix^e  dans  le  Bas-Languedoc. 
A  vrai  dire,  ces  deux  opinions  ne  sont  pas  inconciliables;  car  Saint- 
Blancat  ou  Plancat  est  une  forme  gasconne  de  Saint-Blancard  (en 
latin  S.  Pancratius). 

La  r^volte  des  croquants  de  1637,  Madaillan  (de  la  Sauvetat)  et 
les  dues  d*Epernon,  par  Jules  Andrieu  (Agen,  imp.  veuve  Lenth6ric, 
1894.  44  p.  gr.  in-8°).  —  Cette  jolie  plaquette  forme  une  sorte  d'appen- 
dice,  et  ce  ne  sera  certainement  pas  le  dernier,  k  VHistoire  de  I'Age^ 


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ftais  dii  mfeme  auteur.  II  ne  s'dgit  que  d'un  fait  curieux,  d'une  t  cause 
c^l^bre,  »  dont  M.  J.  Andrieu  republie  les  deux  pieces  essentielles, 
aujourd'hui  introuvables :  le  Factum  pour  le  due  d'Epernon,  gouver- 
neur  de  Guyenne,  «  centre  Leon  de  Laval,  dit  de  Madaillan,  el  Jeanne 
de  Laval,  safille,  d^fendeurs  et  accuses,  »  et  celui  des  accuses  centre 
le  due.  L'affaireeut  une  fin  sinislre  :  condamn^  pour  crime  d'inceste, 
Madaillan  fut  decapit6  en  1644.  Les  charges  toanges  port^es  contre 
lui  inspirent  toulefois  k  T^diteur  quelques  reserves  raisonnables,  fon- 
d^s  sur  les  exag6rations  traditionnelles  de  la  litt^ralure  des  factums. 
Mais  ce  qu'il  y  a  de  plus  int(5ressant  dans  les  commen(aires  de  M.  An- 
drieu, ce  sent  les  details  quil  fournit  sui;  la  r6volte  des  croquants  en 
Guyenne  et  aussi  une  mention  fugitive  du  premier  livre  imprimc^  k 
Agen.  M.  Claudin,qui  Ta  trouv6  naguere  k  la  Bibliotheque  de  la  villc 
de  Toulouse  et  qui  a  bien  voulu  me  le  communiquer,  ne  tardera  pas  a 
le  faire  oonnaltre,  probablement  dans  la  Revue  de  VAgenais;  mais  la 
Revue  de  Gascogne  devra  bien  en  dire  aussi  quelque  chose,  car  Tau- 
teur  6tait  chanoine  de  Lectoure. 

La  noblesse  de  la  8(^n^chauss^e  d'Auch  aux  assemblies  prepara- 
ioires  de  1789,  par  Emile  Bellas,  receveur  des  domaines  (Auch, 
impr.  L6once  Cocharaux,  1894;  23  p.  gr.  in-8°).  —  Un  mot  suffii  pour 
montrer  Tinter^t  de  cette  publication,  faite  d'ailleurs  avec  le  soin  scru- 
puleux  qui  caract^rise  Texcellent  chercheur.  Le  catalogue  officicl  des 
membres  de  la  noblesse  de  la  s^ntehaussde  d^Auch  presents  k  TAs- 
semblteprovincialequi  pr^para  les  Etatsg^n^raux  del789n'existe  plus 
dans  les  d6p6ts  publics,  k  conraiencer  par  les  Archives  nationales.  Mais 
cette  liste  s'e^t  retrouv^dans  lespa piers  de  la  familled'Arcaraont,  etavec 
de  surs  cyacleres  d'authenticit^.  «  Elle  est  ecrite,  en  effet,  dit  M.  Em. 
Dellasyde  la  main  du  marquis  d' Arcamont,  qtii  faisait  partie  de  TAssem- 
bl^.Ily  avaitcent  soixante  el  un  membre  pr^sents,qui^taienteux-m6mes 
porteursde  quatre-vingt-sept  proc.urations.  >  Ce  nombre  ne  doit  pas  trop 
surprendre;  la  sen6chauss6e  d'Auch  avait  une grande  dtendue :  elle  com- 
prenait,  d'apr6s  un  6dit  du  roi  de  1G39,  t  la  ville  d'Auch  et  sa  juridic- 
tion,  les  quatre  vallees  d'Aure,  Magnoac,  Neste  et  Barousse,  la  comi^  de 
Pardiac,  les  comtes  de  Fezensac  et  dc  Fezensaguet,  ensemble  les  deux 
valines  de  Larboust  et  d*Oleron,  Fittes-Affittes,  la  comte  d'Astarac 
et  lieux  abbatiaux,  la  ville  de  Mirande  et  sa  perche,  la  comt^  de  Gaure 
el  le  lemporel  du  sieur  archev6que  de  la  ville  d'Auch.  »  M.  Delias, 
apres  avoir  donn6   une   idte  generate  des  «  dol6ances  »  de  notre 
noblesse,  public  les  noms  des  volants  en  ayant  soin  d'ajouter  k  presque 
tons  des  renseignements  personnels  tr6s  sommaires,  mais  trfes  precis, 
qu'il  declare  tenir  de  notre  Eminent « feudiste,  »  M.  Tabbd  J.  de  Carsa- 
lade  du  Pont. 

Notice  sur  Uenri-FranQois  Marquet,  chanoine,  cur^archiprelre 
de  la  m^tropole  [d'Auch],  etc.  (Auch,  imp,  L.  Cocharaux,  1894; 
30  pp.  in-8^,  plus  un  portr.  pbotogr,).  —  La  Revue  de  Gascogne  doit 


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—  389  — 

au  moins  un  pieux  souvenir  k  Texcellent  prttre,  i  rterivain  distingu^, 
qui  lui  confia  quelques  travaux  rem&rquables.  Je  rappellerai  deux 
Etudes  assez  6tendues  :  Les  premises  Feuillantines  (t.  xiv);  laM^re- 
Sainie,  fondatrice  du  Carmel  d'Auch  (xii-xiv),  et  un  morceau  plus 
court,  mais  encore  plus  fini :  Mme  la  baronne  de  Saint^Gdry,  quel- 
ques souvenirs  de  la  Revolution  (x).  En  accueillant  ce  r6cit  vraiment 
exquis,  je  me  rappelai  malgrd  moi  avec  quel  charme  Henri  Marquet, 
encore  ^leve  de  seconde,avait  tout^les  meilleures  pages  de  Colombay 
que  je  lisais  dans  ma  classe  au  college  de  Lectoure,  et  je  me  dis  que  de 
telles  lectures  pouvaient  bien  contribuer  k  preparer  de  vrais  talents 
d'ecrivains.  Ici  pourtant  T^crivain,  malgr6  son  solide  m^rite,  trop  rare- 
ment  montr^  au  public,  est  eflfacA  par  Thomme  au  ooeur  excellent,  par 
le  prfetre  d6vou6  de  toute  son  kme  k  Tenseignement  et  aux  oeuvres.  Sur 
le  professeur  de  sciences  et  d'Ecriture  Sainte  du  Grand  S/Jminaire 
d'Auch,  sur  le  fondateur  de  la  Semaine  religieuse  du  dioc^e,  sur  le 
sup^rieur  du  Petit  S^minaire,  sur  Tarchipr^tre  de  Sainte-Marie,  il  faut 
lire  la  modeste  et  substantielle  notice  dont  j'ai  transcrit  le  titre.  Jene 
loderai  pas  autrement  ces  pages  anonymes  qu'en  les  signalant  comme 
un  tableau  trte  simple  et  tr^  fiddle  d'une  vie  utilement  et  saintement 
remplie;  on  y  ti^ouvera,  par  surcrolt,  deux  allocutions  funfebres,  divei*- 
sement  mais  ^aleraentremarquablespar  T^l^vation  morale  et  le  pathd- 
tique  penetrant.  II  n'est  pas  jusqu'au  portrait  joint  k  cette  brochure  qui 
ne  la  complete  k  merveille,  en  nous  rendant  la  physionomie  si  intelli- 
gente  du  prfetre  Eminent  dont  Auch  et  Lectoure  ont  si  vivement  ressenti 
la  perte.  L.  C. 

SOIREES  ARCHfeOLOGIQUfiS 

AUX   ARCHIVES 'D6paRTEMENTA LES 
VI 

Sdanoe  du  2  Avril  1894 


Pr^sidence   de   M.  LB  PRfiFBT  DU  GERS 


Presents:  MM.  Aureillan,  Balas  p^re,  Balas  (Louis),  Branet, 
Cabrol,  Calcat,  de  Carsalade,  Cocharaux,  Coustau,  Daudoux, 
Dellas,  Despaux,  Dorbe,  d'Esparb^s,  Journet,  Lacomme  (Joseph), 
Lacomme  (Augusie),  Lacoste,  Lagarde,  Larroux,  Lozes,  Lozes 
(Albert),  MoLLiE,  Palanque,  Peres  (Paul),  Sansot  (Alfred),  Sentoux, 
Solirene  et  TiERNY,  secretaire, 

Un  ooUaborateur  de  M.  d'Etigny :  rarohiieote  Albert  du  Limbeau 
M.  Charles  Palanque  fait  passer  sous  les  yeux  des  membres  de  la 
Society  des  albums  de  dessin,  carnets  de  notes  et  cartons  d'Albert  du 


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—  390  — 

Limbeau.  On  trouve  dans  ces  divers  documents  des  renseignemcnte 
int&essants  sur  las  travaux  d'architecture  dont  il  eut  la  direction :  les 
dessins'laiss6s  par  lui  d^notent  une  grande  habilet^  en  mftme  temps 
qu'un  sens  artistique  ddvelopp^.  M.  Palanque  a  fait  ensuite  la  biogra- 
phie  du  collaborateur  connu  de  Tlntendant  d'Etigny. 

Frangois  Albert  du  Limbeau  naquitk  La  Rochefoucauld,  en  Angou- 
mois,  vers  1736.  Ilavait  pour  pfere  Jean- Isaac  Albert,  receveurg6n&al 
des  Domaines  du  Roi;  sa  mfere  s'appelait  Jacquelte  Magnen. 

Ce  fut,  comme  sous-ing4nieur  des  ponts  et  chauss^  qu'il  vint  k 
Auch;  le  l®**  juillet  1778,  il  regut  du  Roi,  sa  nomination  d'iAspecteur 
aveo  1,800  livres  d'appointement^,  «  pour  avoir  conduit,  avec  beaucoup 
»  d 'intelligence et  d'activit^  les  diff^rents  travaux  qui  lui  out  eii  confix, 
»  et  rempli  les  fonclions  de  sous-ing6nieur  avec  un  zele  et  une  exacii- 
»  tude  qui  m6ritent  cette  marque  de  distinction  k  titre  de  rteompense 
»  de  ses  services  (1).  » 

Dix  ans  plus  tard,  le  29  avril  1788,  il  dpousa  demoiselle  Louise 
PioAult,  fiUe  de  Louis- Francois  Picault  et  de  dame  Marie-Anne  Bazin, 
et  soBur  du  sieur  Jean- Louis- Francois  Picault  des  Dorides  (2),  aide- 
major  au  regiment  de  la  Couronne,  exempt  des  Suisses  de  la  Garde  de 
Monsieur.  Picault  6tait  ing^nieur  du  Roi  des  ponts  et  chaussees  en 
chef,  ports  maritimes  et  visileur  g^n^ral  des  riviferes  navigables  et 
flottables  des  g6n6ralit&  d'Auch  et  de  Bayonne. 

Plus  que  songendre,  Picault  m^rile  d'etre  connu  par  les  Auscitains. 
On  lui  doH  les  plans  de  THdtel  de  rintendance(3),  du  rez-de-chaussie 
de  rH6tel-de-Ville,  1  elevation  de  la  fac^ade  du  c6t6  de  la  Porte-Neuve, 
les  plans  de  la  salle  de  spectacle  ex&ut6e  en  1759  et  des  changements 
fails  par  ordre  de  M.  d'Eligny  en  1761.  —  Plan  de  I'^tage  des  premieres 
logeset  du  th6^tre  de  la  salle  de  spectacled  Auch,  pour  6tre  ex&ut6 
sous  le  bon  plaisir  de  M.  Tlntendant.  —  Enfin  un  projet  de  monument 
k  ex^cuter  sur  le  Ch^teau-d'Eau  it  Textr^mit^  de  la  Promenade  (4). 

On  connalt  les  importants  travaux  que  M.  d'Eligny  fit  exfcuter  pour 

(1)  Extrait  des  registres  du  Conseil  d'Etat.  Commission  d'inspecteiur  du  sieur 
Aloertdu  Limbeau.  La  commission  est  dat^e  du  !•' juillet  1778,  la  deliberation 
du  Conseil  d'Etat  est  du  23  juiu  de  la  meme  annee.  (ArcJiives  d^parteidentales. 
E.  Ponts  et  chaussees). 

(2)  Chevalier  de  Saint-Louis,  mestre  de  camp  d'infanterie,  gouverceur  du 
chateau  de  Saint-Malo,  Picault  des  Dorides  donna  pouvoir  special  k  M"  de 
Laclaverie  de  Soupets,  pour  le  repr^senter  dans  la  succession  patenielle  et 
maternelle.  II  est  dit  dans  I'acte  de  partage  (Th^odolin,  notaire  k  Auch),  que  le 
domaine  de  l^hire  et  la  maison  des  Dorides  ^tait  situ^e  prds  la  ville  de  Samatan 
et  servait  de  couvent  aux  religieux  Minimes. 

(3)  Mention  estfaitc,  lors  ae  la  succession,  d'une  cn'ance  de  quatre  mille 
livres,  due  ii  titre  d'houoraires  pour  ia  construction  de  TbOtel  de  i'inteudance  k 
Auch. 

(4)  Archives  d^partomentaies,  s^rie  C. 


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—  391  — 

le  bien  du  pays.  Par  ses  fonctions,  du  Limbeau  fut  appel^  k  en  avoir 
la  surveillance  at  la  direction.  En  effet^  k  partir  de  Pan,  ou  il  nivelle 
«  le  grand  Pont-Neuf,  depuis  Textr&nit^  de  Faille  du  Pare  jusques 
»  dans  la  rue  k  Tautre  extr^mitfi,  »  nous  le  voyons  lour  k  tour  conduire 
les  travaux  des  aqueducs  de  la  Mothe,  du  Pont  de  la  Vergogne  (?)  ou 
d'Aiguetinte,  celui  de  Mesplfes,  un  autre  au  levant  de  Garbic,  etc.  Le 
17  oclobre  1766,  il  v^rifie  le  dallage  du  pont  du  petit  canal  de  la  Save, 
et  il  travaille  au  grand  pont  de  Gimont. 

Mais  si  du  Limbeau  fut  un  excellent  conducteur  de  travaux  et  un 
pr6cieux  auxiliaire  de  M.  d'Etigny,  ii  fut  aussi  un  dessinateur  de  talent. 
Beaucoup  de  ses  dessins  sont  dans  les  cartons  de  M.  Desponts; 
quelques-uns  dus  k  son  obligeance,  vont  passer  sous  les  yeux  de  la 
soci^t6.  Ge  ne  sont  que  de  simples  croquis,  des  types  d'ouvriers  (bien 
campus,  ma  foi),  qu'il  avait  chaque  jour  sous  les  yeux.  Ailleurs,  le 
crayon  a  suivi  Timagination  et  le  gout  de  Tartiste.  Mais  ce  qu'il  y  ade 
plus  curieux,ce  sont  les  vues  des  chateaux  de  Saint-Cricq  et  de  Mont6- 
gut,  et  surtout  une  vue  prise  en  aval  du  pont  de  la  Treiile,  montrant 
dans  le  lointain  une  vue  cavalifere  du  prieur6  de  Saint-Orens  et  de  ses 
alentours,  malheureusement  trfes  l^ferementcrayonn6e. 

.  A  signaler  aussi  quelques  dessins  d'ornementation;  entr'aulres,  un 
amour  soutenant  le  m6daillon  armori^  de  M.  d'Etigny,  accold  k  un 
autre,  sans  doute  celui  de  sa  femme,  n6e  de  Pange. 

Du  Limbeau  ^tait  disgr&ci^  de  la  nature  :il  6tait  bossu,  mais  son 
infirmity,  loin  de  nuire  k  son  intelligence,  n'aurait  fait  que  Taugmenter, 
s*il  faut  en  croire  le  proverbe.  Sa  figure  se  ressentait  pen  de  la  diflFor- 
mit6  de  son  dos,  k  en  juger  par  son  portrait  fait  par  lui-m6me,  qu'il  a 
laissd  k  plusieurs  exemplaires  dans  ses  cartons. 

II  traversa  sans  inquietudes  la  p^riode  r^volutionnaire  et  mourut 
trfes  &g^,  k  86  ans,  le  1^^  mars  1821,  rue  Dessoles,  dans  la  maison  de 
M.  Laffargue.  Son  acte  de  ddcfes  mentionne  qu'il  ^tait  ingtoieur  ordi- 
naire des  ponts  et  chauss6es  en  retraite.  Sa  femme  Tavait  pr6c6d6  dans 
la  tombe  depuis  le  5  germinal  an  vii.  lis  ne  laissferent  pas  de  post^rit^. 

L.e  Carmel  d*Auch  —  Ses  debuts  —  Proofs  aveo  les  Ptoes  J^suiies. 
Construction  du  Monastdre 

M.  Em.  Delias,  rappelle  d'aprfes  des  documents  contemporains  pour 
la  plupart  in^dits,  Torigine  et  les  premieres  difficult^s  du  Garmel 
d'Auch. 

«  Le  2«  jour  de  mars  1630,les  relligieuses  Carmelites  arrivirent  en  la 
»  prfeente  villeen  carrosse,six  en  nombre,de  Toulouse  avant^et  feurent 
»  descendre  devant  TesgUse  Sainte-Marie.  Et  ]k  devant,  M.  de  Roche-' 


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»  fort,vicaire-g6n6ral,leur  bailla  de  Teau  Wniste,  lesembrassant  Tune 

>  aprfes  Taultre,  et  les  fist  entrer  dans  le  coeur  pour  prier  Dieu.  Ea 
»  apprfes  s'en  all&rent  pareillement  en  Tesglise  M.  Saint-Orens  et  puis 

>  se  retirferent  en  la  maison  de  madame  la  mareschalle  de  Roquelauie 
»  scitu6e  k  La  Trdihe  (1).  » 

Elles  rest^rent  six  ann^s  en  cette  maison  t  par  emprunt,  sans  avoir 
»  pu  trouver  lieu  commode  pour  y  bastir  leur  couvent  jusqu'au  mois 
»  de  mai  1635  :  elles  acquirent,  k  cette  6poque^  du  sieur  Secousse  une 
»  maison  sise  rue  dite  de  Camarade(2).  » 

Elle  ne  prirent  possession  de  cet  immeuble  qu'au  mois  de  novembre 
163p,  un  an  et  demi  aprfes  la  passation  du  contrat  avec  Secousse.  Les 
J&uites  convoitaient  cette  maison  qui  avoisinait  leur  college  dont  elle 
n'^tait  s6parfe  que  par  la  rue. 

Avant  qu'ils  eussent  acbev6  de  bdtir  leur  coUfege,  ils  avaient  6tabli 
une  classe  sur  le  portail  de  la  premifere  cl6ture  de  la  ville,  au-dessus 
de  la  porte  du  Caillou  (prfes  la  tour  de  la  Rayrie)  «  k  charge  de  la 
»  rendre  aprfes.  » 

lis  entr6rent  en  procfes  avec  les  religieuses  Carmelites  pare?  qu*elles 
avaient  achetfi  la  maison  Secousse  «  disant  qu'elles  sont  trop  proches 

>  d'eux  et  que  c'est  centre  la  biens&mce  (3).  » 

Dans  un  m^moire  vers6  au  procfes,  au  nom  des  dames  Carmelites,  il 
estexpliqu6  que  «  la  proximity  des  deux  maisons  que  lesdits  J&uites 
»  prennent  pour  pr6texte  n'est  pas  leur  douleur;  c'est  qu'ils  avoient 
»  fait  dessein  depuis  longtemps  d'avoir  ladite  maison  que  lesdites  reli- 

>  gieuses  ont  acquise,  pour  de  lit  passer  hors  de  la  ville,  k  des  jardins 
»  qu'ils  vouloient  enclore;  et  de  faict,  en  bastissant  ils  ont  laiss6  une 
»  attente  pour  passer  k  ladicte  maison,  par  dessus  ledict  portal,  laquelle 
»  est  visible  et  fait  connoitre  le  dessein.  » 

«  Ce  que  lesdits  j^suites  d^sireroient  avoir  ladite  maison  n'est  pas 
»  qu'elle  leur  soit  n^cessaire,  parce  que  le  collie  est  bien  basti,  pourvu 
»  en  6glise,  classes,  logis,  cours,  jardins  et  tout  ce  qui  est  nteessaire, 
»  etant  Tun  des  plus  beaux  collies  de  la  province,  mais  ils  ne  sont 
»  jamais  contents  et  veulent  toujours  s'agrandir  (4).  » 

€  Le  moyen  de  feire  cesser  ledit  proofs  et  mettre  ces  bonnes  reli- 
»  gieuses  en  paix,  seroit  qu'il  plut  k  M.  le  gouverneur  commander 

>  aux  consuls  d'Auch  de  faire  fermer  la  porte  qui  va  dudit  coU^  sur 
»  ledit  portal  et  loger  dans  iceluy  quelqu'un  pour  hausser  et  abaisser 

(1)  De  Carsalade  du  Pont.  Journal  de  M*  Jean  de  Solle,  pp.  39  et  40. 

(2)  Archives  de  M.  de  Carsalade  du  Pout. 

(3)  Idem. 

(4)  Idem. 


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-^  393  -- 

y  le  ratelier  qui  est  en  cas  de  nfeessit6  et  en  temps  de  guerre^  chose 
»  qui  seroit  bien  n6cessaire  au  temps  ou  nous  sommes.  » 

Le  due  d'Epemon,  gouverneur  et  lieutenant-g^nSral  en  Guyenne, 
saisi  du  diS^rend,  le  soumit  h  des  arbitres  : 

Leur  sentence  fut  rendue  le  15  juillet  1637;  en  voici  le  texte : 

L'an  1637  et  le  15*  joordu  mois  de  juillet,  dans  la  ville  et  cit6  d'Aux  et 
maison  commune  d'icelle,  se  sont  assembles  MM.  Jacques  Cast^ra,  Jean 
Ducros,  Pierre  Lasdonnes  et  Vital  Espiau,  consuls,  Bernard  Sancet,  procu- 
reurdu  Roy,  Claude  Lavacassetz,  procureur  juridictionnel  de  Mon seigneur 
TArchev^ue,  Estienne  Chavailhe,  Guillaurae  Laburguier,  docteur,  Jean 
Mariol,  Jean  Duverdier,  Jean  Verdun,  docteur,  Jacques  Davoye,  Guillaume 
Cinqfrais,  Guillaume  Ducros,  docteur,  Jean  Mascaras,  docteur,  Bemalrd 
Laffont,  docteur,  Jacques  Lafforcade,  docteur,  Jean  Cast^ra,  Francois 
Branet,  Guillaume  Larroque,  Francois  S6pet,  JeanTapie,  bourgeois  consu- 
laires,  et  Dominique  Lafitte,  docteur  6z  droictz,  pour  d61ib6rer  sur  la  sui- 
vante  proposition. 

Sur  la  proposition  k  nous  faite  par  le  seigneur  dePuysegur,  commissaire 
general  destrouppes  de  Tarm^ede  Guienne,  de  la  part  de  Monseigneur  le 
due  d'Espemon,  pair  et  colonel  g6n6ral  de  France,  gouverneur  et  lieute- 
nant g6n6ral  pour  le  Roy  en  Guienne,  qu'ayant  eu  de  grandes  cognois- 
sances  des  proems  et  diff^rends  muz  entre  les  Reverends  P^res  J^suistes  du 
CoUeige  de  ceste  villes  et  les  d,evotes  M6res  Carmelites,  il  auroit  desir6  entre 
lesdictes  parties  un  accommodement,  lequel  ne  pouvant  sortir  k  effet  sans 
Tassistance  de  nostre  ville,  sur  la  necessity  qu'il  y  avoit  d'oster  la  conti- 
guity des  toitz  qui  sont  entre  leurs  maisons,  k  cause  de  la  tour  de  La 
Rayrie  construite  sur  le  portal  qui  va  au  Caillau,  ledit  sieur  nous  auroit 
propose  de  vouloir  donner  consentement  k  ce  qu'on  trouv&t  expMiant  pour 
oster  cest  obstacle  k  condition  que  cella  ne  diminuat  la  surety  de  la  place 
ni  choquat  les  espritz  des  habitants. 

Nous,  d^sirantz  ob^yr  et  plaire  absolument  k  la  volonte  de  nostre  dit 
seigneur  d'Espemon,  avec  le  respect  que  nous  luy  devons,  avons  offertque 
8*il  estoit  n6ce8saire  d'abattre  toute  ladicte  tour  que  nous  estions  pretz  k  y 
satisfaire;  k  quoi  le  dit  sieur  de  Puysegu  auroit  respondeu  que  I'intention 
dudict  seigneur  n'estoit  pas  que  cella  diminuat  la  defEence  de  nostre  ville, 
qu'aussy  il  jugeoit  qu'il  importoit  que  la  dicte  tour  subsistat,  qu'il  suflBzoit 
de  murer  les  portes  du  cost6  du  Colleige,  hausser  une  murailhe  k  prandre 
sur  la  voute  du  portal,  jusques  au  plancher  tant  du  couste  dudict  colleige 
que  de  la  maison  des  M6res  Carmelites  et  despuis  le  plancher  jusques  au 
toict,  laisser  une  separation  de  Vespace  et  largeur  de  ladicte  murailhe  de 
chasque  coste  et  par  aussy  laisser  en  ladicte  tour  un  corps  de  garde  pour 
la  deffence  de  nostre  derniere  encainte  et  faire  I'entree  ailheur  ou  il  sera 
jug6  k  propos  par  la  dicte  ville,dont  les  frais  des  dictes  murailhes  se  fairont 
aux  despens  desdictes  M^res  Carmelites. 

Ce  que  par  nous  ayant  est6  represente  en  notre  maison  de  ville  auroit 
este  unanimement  approuve  desirant  temoigner  Taifection,  obeissance  et 
fideiite  par  nous  voue  k  I'authorite  de  mon  diet  seigneur  d'Espemon;  et 
aussy  a  este  conclud  et  deiibere,lesdictz  sieurs  assistantz  et  oppinantz  s'es- 
tantz  signesiToriginal  delapresente  deiiberaiion  duquel  le  present  extraict 


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i 

J 


—  394  — 

a  est^  iM  et  duement  ooUationnd  par  moy  notaire  royal  et  secretaire  de  la 
maison  de  ville  du  diet  Xux. 

Ea  foy  de  quoy  me  suis  soubzsign6  les  an  et  jour  sosdictz.  —  Ybrdier, 
notaire  royal.  {Sign^,) 

Un  arr6t  du  Parlement  de  Toulouse  du  15  novembre  1638  donna 
gain  de  cause  aux  Carmelites.  II  condaranales  P6res  J6suites  t  i  vider 
»  la  possession  de  cette  classe  et  k  fermer  la  porte  qui  va  du  coll^ 
»  sur  ledit  portail.  » 

Le  procfes  termini,  les  Carmelites  songferent  k  la  fondation  definitive 
de  leur  couvent  et  occuperent  successivement  «  kTouest  du  college  des 
»  Jesuites  un  immense  corps  de  logis,  dont  les  dependances  s*etendaient 
w  au  midi  jusqu'k  I'hdpital  Saint-Jacques.  Cetait  Tancien  cMteau  des 
»  corates  d'Armagnac.  Elles  achetferent  en  outre,  le  26  Janvier  1738, 
»  du  sieur  Jacques  Doat,  avocat,  une  maison  sise  sur  la  place  des 
1  Espalats,  en  dehors  de  la  fortification  (1).  • 

€  La  maison  fut  dedi^e  k  la  Sainte-Trinite  sous  Tin  vocation  de 
»  Notre-Dame  de  la  Victoire  (2).  » 

Elle  eut  pour  fondatrice  Mme  du  Coudray,  fille  du  president  Sevin, 
«  la  m^re  sainte  »,  dont  la  vie  a  ete  racontte  dans  la  Reoue  de  Gascogne, 
par  M.  Tabbe  Marquet.  Les  dots  que  pertferent  les  demoiselles  le 
Mazuyer  (3)  permirent  de  construire  le  monastfere  et  de  commencer 
reglise  (aujourd'hui  biblioth^que  de  la  ville  d'Auch). 

La  M^re  de  la  Trinite  passa  les  vingt-six  derniferes  ann^es  de  sa  vie 
au  Carmel  d'Auch,  ou  elle  mourut  le  26  d^cembre  1656.  Elle  put  done 
diriger  les  travaux  de  construction  de  reglise  et  du  couvent  qui  furent 
confies  k  Jean  Caillon,  architected  suivant  contrat  du'6  Janvier  1640, 
Bourdonie^  notaire  k  Auch. 

C  est  ce  contrat  que  nous  reproduisons  in  exienso  d'aprfes  une  copie 
que  M.  Parfouru,ancien  archiviste  du  Gers,  avait  prise  dans  les  minutes 
de  Lagardfere,  notaire  k  Auch  (4). 

Bailh  a  hastir  le  monastalre  des  dames  Relig leases  Carmelites, 
a  Jean  Caillon,  m'  architecte  (5). 

Le  6  Janvier  1640,  dans  la  ville  et  citte  d'Aux  et  au  devant  le  parloir  du 
couvantdes  dames  Religieuses  Carmelites  de  ladite  ville,  etc.,  establi  en 

(1)  L'abb6  Marquet.  La  M6re  Sainte,  Recue  de  Ga8cogne,ld7Z,  tome  xiv.  Voir 
aussi  les  tomes  mi  et  xni. 

(2)  Archives  du  Gers.  C.  2,  f"  195. 

(3)  Registre  des  insinuations  lalques  au  s6n4cbal  d'Aucb,  1648-1652,  p.  114,  v». 

(4)  C*est  aussi  CaiJIon,  venu  de  Paris  q^u'on  avait  charge  (suivant  traits  du 
16  juin  1629)  de  la  construction  de  la  partie  inachev6e  de  r^glise  Sain t<*- Marie, 
le  texte  de  ce  lrait6  en  cinquante-deux  articles  estdonn^  k  Tappendice  de  Saiute- 
Marie  d'AuchT  par  l'abb6  F.  On^lo,  pp.  279  et  suiv.  (1  vol.  in-18,  Auch,  Foix, 
imp.  1864). 

(5;  Minutes  de  M«  Lagard^re,  notaire  2i  Auch,  r^.  de  1639-1641,  fol.7,  v  (1640). 


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—  395  — 

sa  porsonne  Jean  Calllon,  m'  arohitecte  da  Hoy,  dudit  Aux  habitant,  lequel 
promet  et  s'oblige  en  faveur  desdites  dames  Carmelites,  pour  icelles  pre- 
santes  et  acceptantes  Marie  de  Tlncarnation,  prieure,  Magdelaine  de  Jesus, 
soubs-prieure,  Marguerite  de  rincarnation  et  Marie  de  la  Saincte-Trinit^, 
deppositaires,  scavoir  de  bastir  dans  le  temps  et  terme  de  deux  ans  le 
monastaire  desdites  dames,  selon  les  membres  et  parties  dont  au  dessain  et 
oonformement  k  icellui  parafle  et  sign^  desdites  dame  et  (dudit)  s'  Caillon, 
qui  est  demeur6  au  pouvolrde  chascune  desdites  parties;  pour  lequel  basti- 
mant  les  articles  suivantz  sont  convenus  et  accord6s  comme  s'ensuit : 

Et  premi^reroent  les  massoneries  de  toutes  les  tranches  et  rigolles  de 
fondations  seront  fouill^cs  jusques  au  vif  fons  et  sur  icelles  fond6s  les 
meurs  dudit  bastiment;  auquel  bastimant  sera  fait  en  I'estaige  bas  sur  Tes- 
tandue  du  reffectoire  et  proviserie  une  voulte  partie  servant  de  cave  et 
Tautre  de  bolangerie,  de  douze  canes  de  long,  en  y  comprenant  les  deux 
meurs  de  sepparation,  sur  trois  canes  de  large;  les  deux  meurs  qui  porte- 
rent  ladite  voulte,  TuQe  servant  i  porter  le  meur  au  dessus  qui  fera  face 
vers  Tesglise  aura  quatre  paulms  et  demy  d'espesseur  jusques  au  couron^ 
nement  de  la  voulte,  et  Tautre  qui  servira  k  porter  le  meur  qui  sepparera 
le  reffectoire  et  proviserie  d'avec  le  cloitre,  aura  trois  pamls  et  demy  d*es- 
pesseur;  dans  laquelle  voulte  seront  faicts  les  meurs  de  sepparation  et  les 
portes,  jours  et  dessante  en  icelle,  ainsin  qu*ilz  sont  marques  sur  ledit  des- 
saing;  et  sera  ladite  voulte  surbaiss6e  de  quatre  pamls,  qui  aura  de  haul- 
teur  jusques  soubz  la  clef  doutze  pamls>»i  prandre  du  rais  de  chauss^e  eii 
nivau  du  pav6  de  la  court  proche  le  jardrin  qu'est  entre  Tesglise  et  le  refec- 
toire;  et  tons  les  susdits  jours,  mesme  leurs  appuis,  voulseures,  portes  et 
marches  pour  les  dessantes  seront  de  bonne  pierre  de  tailhe,  le  tout  bien 
masson6  de  bonne  massonerie  et  de  bone  chaux  et  sable,  taut  les  voultes 
que  les  meurs;  I'aire  de  la  boulangerie  et  celle  des  caves  suivantes  seront 
deterre  seulement;  de  Taultre  cost6  dudit  logis  sera  basti  ung  meur  fonde 
sur  le  vif  fons  qui  servira  a  porter  les  piliers,  arcades  et  meurs  au-dessus 
faisant  face  sur  le  preau,  icellui  meur  de  quatre  pamls  d'espesseur  et  eslevA 
aussi  hault  que  le  dessus  de  ladite  voulte  qui  marquera  la  haulteur  dudit 
preau;  sur  lequel  meur  seront  faicts  et  eslev^s  cinq  piliers  et  desmi  pour 
porter  cinq  arcades  et  entre  iceux  pilliers  sera  eslev6  le  meur  de  trois  pamls 
au  dessus  du  pav6  avec  ung  appuy  de  pierre  tailhte;  les  piliers  auront  en 
longueur  trois  pamls  et  demi,  d'espesseur  trois  pamls  et  quart;  les  arcades 
basties  sur  lesdits  piliers  auront  dix  pamls  ou  environ  do  large;  et  au 
commanoemant  de  la  naissance  des  voultes  desdites  arcades  seront  faictes 
plinthes  pour  servir  d'imposte;  les  voulseures  desdites  arcades  seront  faictes 
de  diverses  pieces  appellees  voussoires  estredossees  par  le  dessus  d'un  paml 
trois  quartz,  lesdites  arcades  arras6es  qu*elles  soint  fairont  la  juste  haulteur 
du  premier  plancher,  qui  sera  de  deux  canes  de  hault  despuis  le  dessus  du 
pav6  descloistres  jusques  au  dessus  du  pav6  des  all6es  des  dortoirs;  et  au- 
dessus  seront  continues  les  meurs  bastis  sur  lesdites  arcades  d'espesseur  de 
deux  pamls  trois  quartz  jusques  a  la  haulteur  du  deuxiesme  plancher,  qui 
sera  de  quatorze  pamls,  comprins  Tespesseur  dudit  plancher;  dansle  susdit 
estage  et  sur  ledit  meur  seront  faictz  six  jours  qui  seront  dans  les  cellulles 
cy  appr^  k  expeciflBer,  qui  auront  trois  pamls  de  large  et  cinq  de  hault, 
bastis  de  pierre  de  tailhe  avec  leurs  appuis  et  eouvertures;  oultre  les  sus" 
dites  haulteurs  sera  encore  eslev6  ledit  meur  de  huict  pamls  de  hault,  qui 


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sera  Tenti^re  liaulteur  du  galatas,  sans  en  ce  comprandre  Tespesseor  de 
saviviers  (?);  dans  icelle  haulteur  sera  faict  sur  chasqne  arcade  ung  jour  de 
quatre  pamls  et  demi  de  large  sur  la  haulteur  qu'ilz  pourront  monter;  les 
Jambages  d'iceux,  appuis  et  fermeture  qui  seront  de  pier  rede  tailhe  oomme 
les  autres.  Plus  I'aultre  meurqui  sera  port6  sur  oellui  duquel  il  est  cy- 
devant  parl6,  soustenant  la  susdite  boulangerie  et  cave,  qdi  est  du  coste  de 
I'esglise,  sera  de  mesme  espesseur  et  haulteur  que  le  precedant;  dans  lequel 
meur  seront  faictz  deux  jours  pour  esclairer  dans  ladite  boulangerie,  et 
ung  dans  la  cave,  deux  portes  deux  jours  au  dessus  et  aulx  endroictz  ou  le 
tout  est  marqu6  audit  dessaing,  de  quatre  pamls  de  large  et  six  de  hault, 
pour  esclairer  dans  le  reffaictoire,  et  trois  aultres  jours  k  servir  et  esclairer 
dans  la  proviserie,  qui  seront  de  pareilhe  haulteur  et  largeur  que  les  autres; 
comme  aussi  toutes  les  portes  et  croisees,  appuis  et  volseures  d'icelles  ou 
platebandes  seront  de  pierre  de  tailhe;  et  les  passaiges  pour  aller  et  entrer 
dans  le  cloistre  seront  fermes  en  arcades;  la  porte  pour  entrer  dans  lerefec- 
toire  et  celle  pour  entrer  dans  la  proviserie  seront  poshes  suivant  ledit  des- 
saing, sans  aulcun  jour  dans  le  susdit  meur  par  le  hault,  ains  tout  plain; 
les  meurs  de  reffan  qui  sent  dans  oeuvre  marqu6s  sur  ledit  dessaing,  comme 
aussi  ceux  qui  ferment  les  allies  des  cloistreset  qui  sepparent  le  reffectoire 
et  proviserie,  seront  de  deux  pamls  et  demi  d'espesseur  jusques  k  la  super- 
flciedela  cave;  et  le  dessus,  jusques  au  premier  plancher  qui  faira  Tentiere 
haulteur  desdits  meurs,  sera  de  deux  pamls  et  quart  d'espesseur;  et  les 
portes  et  croisees  dans  icelles  seront  de  la  largeur  et  k  Tendroit  marqu^sur 
ledit  dessaing;  lesquels  portes  et  croisees  seront  basties  de  pierre  de  tailhe 
et  masson^es  comme  dessus.  Les  deux  autres  meurs  servant  k  clorre  les 
loges  aulx  re  tours,  qui  seront  Tun  du  cost6  du  carrelot  et  Tautre  du  cost6 
oil  estoitle  logisde  Mascaras,  qui  doibvcnt  estre  fondes  jusques  au  vif  fons, 
espes  en  leur  fondationde  quatre  pamls  jusques  au  rez  dechausseeet  de 
trois  pamls  et  quart  jusques  au  premier  plancher,  seront  continues  en  Tes- 
pesseur  de  deux  pamls  etdemi  jusques  au  deuxiesme  plancher,  et  audessus 
jusques  k  I'entiere  hauteur  dudit  bastimant,  de  deux  pamls  et  quart.  En 
I'estage  des  cellules  seront  laissees  trois  croisees  de  six  pamls  de  large  chas 
cune  et  de  sept  paml^  de  hault  pour  esclairer  dans  les  all^  des  dortroirs 
aulx  endroictz  marques  sur  ledit  dessaing,  sans  autre  jour,  ains  tout  plain, 
le  tout  massone  comme  dit  est.  Les  deux  autres  meurs  formant  deux 
angles  du  cloistre  et  faisant  face  sur  le  preau  seront  fondes  de  mesme  que 
les  precedans  et  d'espesseur,  haulteur,  forme  et  estructure,  avec  pilliers, 
arcades,  fenestres  et  semblables  materiaulx.  Et  quand  aux  meurs  qui  sep- 
pareront  les  all6es  des  cloistres  d'avec  le  chappitre  (?),  roberie  et  bucher, 
qui  seront  ausdits  restours,  seront  faictz  de  longueur  convenable  et  scelon 
ledit  dessaing,  fondes  jusques  au  vif  fons  et  de  largeur  de  deux  pamls  et 
demi,  et  au  dessus  de  deux  pamls  et  quart;  dans  les  susdits  meurs  seront 
laissees  et  fabriquees  de  pierre  de  tailhe  les  portes  et  jours  y  marques,  de 
largeur  et  haulteur  convenable. 

Les  cellules  des  dames  en  nombre  de  vingt  cinq  seront  basties  de  la 
largeur  et  longueur  dudit  dessaing  et  sepparees  d'une  cloison  de  bois> 
massonees  entre  deux  pouteaux  de  masse  canal,  chaux  et  sable;  les  portes 
d'icelles  auront  trois  pamls  et  quart  de  large  et  sept  et  demi  de  hault. 

Le  reffectoire,  les  all6es  des  cloistres,  les  corroirs  des  dortoirs  et  le  plan- 
cher au  dessus  desdites  celluUes  appele  le  galatas,  seront  pav^e  de  carreaa 


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de  terre  cuite,  sanf  le  pourtour  de  la  table  dudit  reffectoire  qui  sera  garni 
d'aix  de  courau  et  le  tuyeau  de  la  chemin^e  de  la  cuisine  sera  lev6  de  bar- 
rens jusques  k  quatre  pamls  au  dessus  du  feste;  ledit  tuyeau  sera  de  sept 
pamls  de  long  et  ung  et  demi  d'ouverture,  le  tout  masson6  comme  dit  est. 
Davantaige  sera  faict  I'escallier  pour  monter  au  reffectoire,  proviserie  et 
autres  estaiges,  dortoirs  et  galatas,  et  pour  ce  seront  fond^s  les  meurs  dudit 
escalli^  jusques  au  vif  et  aux  endroictz  ou  il  est  marque  sur  ledit  dessaing, 
le  tout  d'espesseur  convenable,  qui  porteront  les  marches  dudit  escallier 
jusques  kl&  haulteur  des  planchors  du  dortoir,  qui  seront  de  pierre  detail  he 
et  au  dessus  de  bois;  et  les  deux  testes  du  noyoau  dudit  escallier  seront 
basties  de  pierre;  dans  lequel  escalier  les  portes  et  crois^es  marquees  audit 
dessaing  seront  fabriquees  de  pierre  de  tailhe  et  massonees  comme  dit  est. 

De  plus  sera  faict  le  sieige  et  tuyeau  des  lieux  communs  et  conduit  dans 
le  canal  de  ladite  ville  qui  passe  dans  lo  carrelot,  aveo  la  vantouse  qui  sera 
conduite  aussi  hault  que  la  couverteure,  et  C6  k  Tendroit  ou  il  est  marqu6 
sur  ledit  dessaing. 

D'abondant  sera  faicte  entre  Tcscallieret  le  logis  proche  dei'esgliseune 
gallerie  pour  conduire  lesdites  dames  religieuses  du  dortoir  au  coeur  en 
passant  dans  et  k  travers  Tescallier;  pour  ce  faire  sera  fondd  le  meur  entre 
la  maison  desdites  Dames  et  le  jardrin  de  M.  Dastarac  aussi  bas  fondd  que  . 
les  autres  cy  devant  desclair^s,  esleve  de  trois  canes  ou  environ  au  dessus 
du  rez  de  chaussee^  la  couverture  au  dessus;  et  du  coste  desdites  Dames 
Rcligieuses  seront  mis  trois  pilliers  de  bois  pour  porter  ladite  gallerie  et 
plancher  d'icelle  avec  trois  petits  daix  (des)  de  pierre  de  tailhe,  ung  sur 
chasque  piUier,  et  la  fondation  au  dessoubz;  au  dessus  desdits  pilliers  sera 
faict  ung  petit  pan  de  bois  pour  former  ladite  gallerie  avec  deux  jours  do 
haulteur  et  de  grandeur  pareilles  k  celle  desdites  cellules;  laquelle  gallerie 
sera  lambriss6e  d'aix  de  sapin  attache  aux  chevrons  de  la  couverture; 
laquelle  sera  de  tuillei  canal,  comme  celles  qui  sont  k  exprimer  cy  appr^s. 

Plus  sera  faict  dans  une  place  appartenante  k  ladite  ville  proche  la  tour 
desdites  Dames  Religieuses,  contenant  quatve  canes  sur  trois  ou  environ, 
qu'elles  acquerront  de  ladite  ville  k  leui*s  despans,  une  voulte,  ung  four, 
une  cheminee,  la  platebande  et  les  jambages  de  pierre  de  taille;  et  au  dessus 
de  ladite  voulte,  une  cuisine,  et  sur  icelle  encore  une  chambre;  les  meurz 
sur  ladite  place  et  la  couverture  seront  leves  aussi  hault  que  le  corps  de 
logis  oil  seront  les  dortoirs;  en  la  premiere  et  deuxiesme  estaige  sera 
laissee  une  crois6e  ichascune  d'icellesde  trois  pamls  et  demi  de  large  sur 
la  haulteur  convenable;  une  cheminee  en  ladite  cuisiino  avec  les  jam- 
bages et  platabande  de  pierre,  une  porte  k  chascune  pour  y  entrer, 
le  plancher  garni  d'une  poultre  st  solive  au  dessus,  avec  des  aix  de  sapin 
ou  coureau,  comme  les  autres,  pav6s  de  carreaux  de  terre  cuite.  La 
charpanterie  duquel  bastimant  sera  faicte  ainsin  que  s'ensuit.  Premie- 
rement  seront  mises  au  premier  et  second  plancher  toutes  les  poultres 
necessaires,  espassees  de  doutze  pamls  les  unes  des  autres,  qui  seront  de 
courau  ou  de  sapin;  sur  lesquelles  poultres  seront  mises  des  solives  de 
quatre  et  de  cinq  poulces  de  gros  espacees  les  unes  des  autres  d'ung  paml 
et  demi,  pour  le  premier  estage;  et  au  second  plancher  les  solives  n*auront 
que  quatre  poulces  de  gros,  espassees  comme  les  autres,  le  tout  garni  d'aix 
de  sapin  ou  de  courau,  reboutees  dessus  et  dessoubz  k  I'endroit  desdites 
cellules,  Wen  jointes  ensemble,  clouees  aux  solives  sans  aulcune  chose  au 


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—  398  — 

N  dessus  sinon  aux  endroitz  des  all6os  et  planchei*  suppeiieur  desdites  cellules 
oil  il  sera  mis  de  la  terrc  et  pave  de  carreau,  commedit  est.  Le^  cloisonsde 
colombage  qui  foriueront  Ics  all6es  des  dortoirs  et  seppareront  Icsditea 
en  nombre  de  vingt-cinq,  conformement  aadit  dessaing,  seront  de  trois  et 
quatre  poulces  de  gros.  Et  pour  la  charpanterie  de  la  couverteure  du  grand 
logis,  sera  construictes  de  forme  sur  chascua  ung  tiran  et  seront  espasses 
Tun  de  I'autre  com  me  les  po nitres,  lesdites  fernies  gamies  de  feste,  deox 
arcbalestrics,  ung  pongon,  deux  soubardes,  avec  deux  cours  de  pane(?)  on 
ventri^re  de  chasque  coste;  les  chevrons  de  trois  k  .quatre  poulces  de  gros, 
espaces  de  quatre  ii  la  latte,  seront  de  sapin  ou  coureau,  et  sur  les  tirans  il 
n'i  aura  auculne  solive  ni  porte,  ains  tout  vuide.  Et  quant  aux  autres 
couvertures,  il  iaura  sur  chascune  poultre  une  fcrme  garnie  chascuncd'on 
tiran,  feste  et  poinQon,  deux  arcbalestres  et  soubarbes  et  ung  cour  de 
ventri6re  dechascun. coste,  les  chevrons  de  mesme  bois  et  espasses  comme 
dessus.  Toutes  lesquelles  couvertures  seront  de  tuillo  i  canal,  tant  de  Tun 
comble  que  des  deux  autres,  et  seront  les  dictes  couverteures  k  deux  eaux, 
avec  latte  clouee  aux  chevrons.  Plus  pour  la  menuserie,  en  la  premiere 
estaige  ou  sera  la  boulangerie,  seront  mises  des  portes  de  grandeur  conve- 
nable  aux  bayes  de  bois  de  courau,  ferrees  de  gondz  et  panteures  sans 
aulcune  serreure  sinon  de  loquetes;  ensemble  les  fenestres  de  mesme  bois 
de  courau,  ferrees  avec  verroillet  et  targettes,  flches  ot  pates,  le  tout  pour 
servir^  I'estaige  basse;  seront  aussi  faictes,  dans  le  refectoire  deux  croisees 
bastardes,  trois  dans  la  proviserie,  avec  chassis  et  voUetz  garnis  de  fiches  et 
targettes  et  verroilletz  comme  les  autres  cy-dessus.  Et  pour  Touverteure 
qui  doibt  estre  faicte  pour  servir  les  vivres  de  la  cuisine  au  reffaictoire  sera 
icelle  garnie  d'une  porte  coupp^e  en  deux,  construite  de  bois  de  sapin  ou 
courau,  ferree  de  gondz  de  pantures,  targettes  et  verroilhs.  Les  fenestras 
qui  serviront  dans  lechappitre(?)roberie-et  bucherie  seront  faictes  de  postes 
de  sapin  avec  deux  barres  par  derriere  et  ung  verroillot  pour  les  tenir  fer- 
m6es. 

Et  quand  aux  portes  des  dites  celluUes,  en  nombre  de  vingt-dnq 
comme  dit  est,  elles  seront  basties  de  bois  de  sapin  ou  courau,  avec  gonds 
ou  pantures  et  une  loquette  de  bois  k  chascune  celluUe,  et  la  fenestre  de 
bois  de  courau  avec  ung  chassis  et  vollet,  ferrde  de  deux  pantures  et  une 
targette.  D'abondant  seront  faictes  trois  croisees  dans  lesdits  dortoirs  aveo 
chassis  et  volletz,  ferries  comme  celles  durefEectolre.  Sur  Tescallier  dessus 
mentionne  sera  mise  fenestre  de  mesme  bois  et  ferrure  ainsin  que  oelle  du 
reffectoire;  et  encore  sera  faicte  une  fenestre  et  porte  aux  lieux  comuns, 
ainsin  qu'aux  celluUes;  plus  seront  mises  des  vitres  aux  susdites  fenestres 
de  la  cuisine,  reffaictoire,  celluUes^  lieux  comuns,  des  alldes  des  dortoirs,  de 
Tescalier  et  gallerie  qui  conduiraau  coeur,et  non  ailheurs.  Enftncn  I'estaige 
du  galatas  sera  mis  a  chascun  jour  une  fenestre  d'aix  de  sapin,  barree  par 
derriere  avec  ung  verroillet  pour  la  fermer. 

Lequel  susdit  bastimant,  comme  dessus  expecifft^,  ledit  sieur  Caillou 
randra  faict  et  parfaict  avec  la  clef  k  la  main  aux  dites  Dames,  au  dire  de 
maistres  expertz  et  k  ce  cognoissans,  scelon  les  susdits  articles  et  autres 
particuliers,  desquels  parties  sont  demeurees  d'acord,  rediges  par  escript  et 
par  elles  respectivement  signes,  qui  sont  demeures  au  pouvoir  de  chas- 
cune; et  ce  moyenant  le  prix  et  somme  de  unze  mille  sept  cens  livrcs, 
payables  aux  conditions  suivantes  par  lesdites  Dames,  sQavoir  la  somme  de 


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—  399  - 

dix  mille  livres  qu'elles  bailhent  presantement  en  cession  audit  sieui* 
Caillon  k  prandre  sur  dame  Frangoise  de  Clari,  vefve  k  feu  Monsieur  de 
Mazuyer,  quand  vivoit,  premier  presidant  au  parlement  de  Tholose,  sur  et 
tant  moins  de  dix-huit  mille  livres  que  ladite  dame  doibt  au  dit  couvant 
par  deux  contratz  du  8*  d'aoust  1638,  rettenus  par  M"  Frangois  Branet,' 
notaire  de  oeste  ville^  pour  icelle  somme  recepvoir  par  ledit  sieur  Caillon 
aux  termes  portos  par  lesdits  contratz  et  d'icelle  fornir  bonne  ct  valiable 
quittance,  et  cependant  jouir  des  interetz  tels  qu'ils  sont  stipules  par  les 
dits  contractz,  k  concurrance  de  la  somme  de  dix  mil  livres,  promettantles 
dites  dames  Religieuses  audit  offaict  de  fournir  audit  Caillon  toutes  procu- 
rations n^cessaires,  ensemble  de  repprandre  k  elles  la  dite  cession  en  deffault 
de  payoment  de  ladite  somme  aux  termes  escheus,  passes  lesquels  ledit 
sieur  Caillon  faira  toutes  poursuites  nccessaircs,  centre  ladite  dame  de 
Mazuyer,  aux  despons  toutes  fois  desdites  Religieuses  et  en  leurs  noms;  ct 
au  cas  oil  il  n*en  peult  retirer  payement^  elles  seront  tenues  ung  an  aprds 
de  repprendre  ladite  cession  et  faire  payement  audit  Caillon  de  ladite 
somme>de  10,000  livres  sans  qu*il  soit  tenu  de  discuter  centre  ladite  dame 
de  Mazuyer  ou  autre  en  vertu  de  ladite  cession;  et  k  deffault  dudit  paye- 
ment se  reserve  ledit  Caillon  de  pouvoir  agir  centre  M.  Jean  Castaing, 
presbtre  et  protonotaire  du  Saint-Si^e,  en  vertu  d'une  proniesse  priv6e 
randue  en  favour  dudit  Caillon  le  24*  juillet  dernier,  sans  prejudice  n^nt- 
moins  audit  cas  de  pouvoir  aussi  agir  centre  lesdites  dames  Religieuses 
en  leurs  biens  que  centre  ledit  sieur  Castaing,  conjoinctement  ou  seppa- 
rement  comme  bon  semblera  audit  Caillon . 

Et  pour  le  surplus  des  dites  11,700  livres,  qui  est  1,700,  lesdites  dames 
Religieuses  promettent  le  payer  audit  Caillon  dans  le  temps  et  terme  de  la 
feste  de  Pasques  procliaines. 

Oultre  laquelle  somme  de  11,700  livres  lesdites  Dames  Religieuses  bail- 
hent audit  Caillon  touts  les  materiaulx  des  maisons  k  desmolir  pour  la  place 
dudit  bastimant,  appartenants  aux  dites  Dames,  fors  et  excepts  la  maison 
dans  laquelle  elles  habitent  k  present,  acquise  par  elles  de  M.  M'  Francois 
Secousse,  conseiller  du  Roy  et  president  en  I'eslection  d'Armaignac;  des 
quels  dits  materiaulx,  bois.pierre,  fer  et  autre  mati^re  des  dites  maisons  k 
desmolir  demeureront  aquises  audit  Caillon  pour  en  faire  ^  ses  plaisirs  et 
voloutd.  Et  pour  ce  dessus  observer  lesdites  parties  Tout  promis  k  Tobli- 
gation  de  leurs  biens,  etc.  Presants  M"  Jacques  Pruni6res,  secretaire  de 
Mgr  TArchevesque,  et  Jean-Pierre  Verdier,  docteur  en  droit  du  dit  Aux 
habitants,  soubsign^s  avec  parties. 

J.  Caillon; 

Soeur  Marie  de  l'Incarnation.  superieure; 
Soeur  Magdelene  de  Jesus; 
Sceur  Marguerite  de  L'iNCARNAaoN; 
Soeur  Marie  de  la  Tres  Sainte-Trinit^. 
Pruniees,  present.  —  Verdier,  present, 

Lagardere,  notaire  royal. 

Contreroll6  le  12  mai  1640,  3  s.  6  d. 

Deneyts. 


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-  400  - 

(En  marge  du  folio  13  verso  se  trouve  la  quittance  suivante  ecrite  de  la 
main  de  Caillon:) 

Je  soussignc  confaisse  avoir  sy  devant  reseu  desdicttes  dame(s)  Reli- 
tgieuse(s)  Carmelite(s)  la  somme  de  1,700  livres  par  les  mains  du  sieur 
Broqueville  de  Montfort,  pi*ovenant  do  la  dotation  de  Blanche  Broqueville, 
religieuse  audit  couvant,  pour  laquelle  somme  le  contra  de  depte  d'icelle 
retenu  par  Baron,  notaire,  a  ete  cansele  moihianent  ladicte  some  par  moy 
reseu  en  tenmoins  du  pris  de  la  besogne  dont  au  present  contra;  de  laquella 
some  de  1,700  livres  en  quicte  lesdicttes  dame[s]  religieuse[s] . 

Faicti  Aux,  le  18  novembre  1641.  J.  Caillon  (1), 

Communications  diverses 

M.  Calcat  communique  una  inscription  en  marbre  noir  trouvee  par 
lui  sur  les  bords  du  ruisseau  d'Embaqafes  et  qui  nous  donne  le  nom 
des  quatre  consuls  d'Auch  pour  Tann^e  1691. 

M.    DE    BlERE   SEIGNEUR  DU    L.... 

M«  B.  Dencouton  ad.  e 

F.  Baron. 

P.  Larouviere. 

Baron  n'est  pas  cit6  dans  laliste  des  maires  et  consuls  d'Auch  publi6e 
par  Prosper  Laforgue^  c'est  une  lacune  que  vient  heureusement  com- 
bler  notre  inscription.  Nous  ne  savons  de  quel  lieu  Gilles  de  Bifere  ^tait 
seigneur;  cetle  famille  avait  dejk  fourni  des  consuls  k  la  ville  d'Auch 
en  1381  et  1386. 

M.  Bousquet  fait  don  k  M.  de  Carsalade  pour  le  mus6edela  Soci^t^ 
d'une  ep6e  wallone  trouvee  k  Castelnau-Barbarens  et  de  divers  objets 
de  ferronerie  d'art  du  xvii^  si^cle^  provenant  du  chateau  de  Puysegur. 

M.  Delias  fait  don  aux  Archives  d^partementales  :  1°  des  r61es  de  la 
taille  de  la  communaut^  d'Arcamont  (1678-1791,  lacunes);  2?  d'un 
cadastre  de  la  m6me  communaut^  malheureusement  incomplet  (xvi® 
si6cle);  3^  d'un  6lat  du  recensement  g6n6ral  des  chevaux  du  comt6 
d'Armagnac  (17  septembre  1736)  proveuant  sans  doute  du  haras  du 
Rieutort. 

La  Sociel6  fixe  au  7  mai  la  date  de  sa  procb^ne  reunion. 

(1)  Les  immeubles  de  la  communaut^  mis  sous  la  main  de  la  Nation  en  vertu 
de  la  ioi  du  27  brumaire  an  vn  (16  ddcembre  1798)  furent  vendus  en  vingt-un 
lots,  suivant  adjudication  devant  le  pr^fet  du  Gers  du  27  messidor  an  ix  (16 
juillet  1801),  aux  sieurs  P^r6,  Destieux,  Molli^re,  Lagrange,  Branet,  Mollard, 
Cassagnard,  Falanque,  Rey,  G6ze,  Bajon  et  Pardiac. 

L'eglise,  affectee  au  Bureau  de  bienlaisance  d'Auch  par  Tart.  7  de  la  Ioi  du 
9  sepiembre  1807,  f  ut  concedce  ^  la  ville  pour  Tinstallation  actuelle  de  la 
Bibliotlieque. 


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HOHSEIGREUR  IRME  TVES  DE  SOUE 

PREMIER  ARCHEVfeQUE  DE  CHAMBERY 
(1744-1824) 


Pendant  r6t6  de  1868  nous  traversions  avec  un  de  nos 
amis  la  ville  de  Chamb6ry.  Oblig6s  de  passer  au  secr6ta- 
riat  de  rarchev6ch6  pour  y  faire  viser  nos  lettres  testi- 
moniales,  nous  y  trouvfi-mes  un  excellent  accueil  et  on 
nous  invita  a  voir  le  cardinal,  qui  aimait  beaucoup,  nous 
dit-on,  a  causer  avec  des  strangers.  Nous  n'aurions  pas 
os6  solliciter  cet  honneur;  mais  la  proposition  allant  au- 
devant  de  nos  d6sirs,  nous  Tacceptftmes  avec  empresse- 
ment.  Nous  fdmes  tr6s  heureux  de  voir  de  pr6s  Son  Em. 
Mgr  Billiet,  un  des  princes  de  TEglise  dont  on  parlait  le 
plus  a  cette  6poque.  Nous  savions  qu'^  vingt  ans  il  6tait 
encore  pMre  dans  les  montagnes  de  laTarentaise,  et  qu'Jt 
vingt-deux  ans,  apr6s  avoir  6tonn6  par  son  intelligence 
ses  condisciples  et  ses  maitres  et  fait  toutes  ses  6tudes 
comme  en  se  jouant,  il  s'asseyait  5.  son  tour  sur  les  chaires 
de  philosophic  et  Me  th6ologie,  qu'il  occupa  successive- 
ment  avec  une  rare  distinction.  Mgr  Billiet  n'6tait  pas 
seulement  un  savant  distingu6,  dont  la  Savoie  pent  fetre 
fi6re;  c'6tait  encore  un  charmant  causeur.  Ag6  dequatre- 
vingt-cinq  ans  d^j^  quand  nous  le  vimes,  ce  v6n6rable 
vieillard  v6cut  cinq  ans  encore.  II  est  mort  a  Tftge  de 
quatre-vingt-dix  ans,  le  30  avril  1873. 

Mgr  Billiet  nous  re§ut  avec  une  touchante  simplicity, 

et  des  qu'il  sut  que  nous  6tions  du  diocfese  d'Auch,  il  nous 

parla  avec  un  plaisir  marqu6  de  Mgr  de  SoUe,  un  de  ses 

pr6d6cesseurs,  qui  Tavait  ordonn6  prfetre  et  dont  il  avait 

Tome  XXXV.  —  Septembre-Octobre  1894.  26 


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—  402  — 

6t6  le  vicaire-g6n6ral.  Les  souvenirs  de  cette  causerie 
nous  sont  encore  presents  aprfes  vingt-cinq  ans,  et  d'ail- 
leurs  nous  les  retrouvons  en  partie  dans  nos  notes  de 
voyage.  Ce  sont  les  details  biographiques  recueillis  de 
la  bouche  mfime  de  son  Eminent  successeur,  compl6t68 
par  d'autres  renseignements  venus  ensuite,  que  nous 
voudrions  faire  connaitre  a  Thonneur  d'un  excellent  6v6- 
que,  qui  fut  notre  compatriote. 


I 


Ir6n6e-Yves  de  Solle  naquit  k  Auch  le  19  mai  1744  et 
fut  le  dernier  des  sept  enfants  de  messire  Jean  de  Solle, 
avocat  au  Parlement,  conseiller  et  secretaire  du  roi,  maison 
et  couronne  de  France,  et  de  dame  Jeanne  de  Seissan  de 
Marignan.  II  fut  baptis6  le  20  mai  dans  T^glise  de  Saint- 
Orens  par  son  oncle  paternel,  Joseph  de  Solle,  chanoine 
de  cette  coll6giale.  II outpour  parrain  son  oncle maternel, 
messire  Ir6n6e  de  Seissan  de  Marignan,  prieur  de  D6mu, 
repr6sent6  par  Joseph-Marie  de  Solle,  fr6re  ain6  du 
baptist,  ^6  de  treize  ans,  qui  le  tint  sur  les  fonts  avee 
demoiselle  Fran?oise  de  Solle,  sa  sceur,  &g6e  de  seize  ans  *. 
Trois  ans  apr^s,  en  1747,  cette  jeune  marraine  entrait 
au  Carmel. 

C'6tait  sous  r6piscopat  deM.de  Montillet.  Un  fait 
extrait  du  journal  de  maitre  Jean  de  Solle,  publi6  ici 
mfeme  en  1877  par  M.  de  Carsalade,  montre  bien  Testime 
que  ce  pr61at  professait  pour  cette  maison.  Mademoiselle 
Franeoise  de  Solle  prit  le  voile  Wane  le  8  d6cembre  de 
cette  ann6e  1747;  Tarchevfeque  fit  la  c6r6monie,  et  puis, 
sans  6tre  attendu,  il  vint  par  une  marque  de  consideration 
prendre  place  au  repas  de  la  famille.  En  1749,  lorsque  la 


(1) 


ReglsUres  de  la  paroisse  SaintrOrens,  h  la  mairie  d'Aucb. 


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—  403  — 

novice  fut  appel6e  a  prononcer  ses  grands  vceux,  M.  de 
Montillet  voulut  encore  pr6sider  la  c6r6monie.  Une  autre 
soeur  d'Ir6n6e-Yxes,  Madeleine,  prit  le  voile  dans  le 
couvent  des  Ursulines  de  la  ville  d'Auch  sous  le  nom  de 
soeur  Sainte-Croix. 

La  famille  de  Marignan,  d'oii  sortait  Mme  de  SoUe, 
occupait  et  occupe  encore  un  des  premiers  rangs  dans 
Faristocratie  de  la  contr6e. 

Les  de  Solle  appartenaient  a  cette  noblesse  de  robe  qui, 
sous  Tancien  regime  peuplait  les  cours  et  les  Parlements 
de  magistrats  pour  qui,  malgr6  Taccroissement  incessant 
de  la  fortune,  la  foi  et  Thonneur  6taient  encore  la  meil- 
leure  part  de  Th^ritage  transmis  des  p6res  aux  enfants. 
Cette  famille  s*est  6teinte  en  donnant  un  saint  6v6que  k 
I'Eglise  et  un  vaillant  soldat  a  la  patrie. 

Avant  de  continuer  Thistoire  du  premier,  quelques 
mots  sur  le  neveu  qui  lui  fit  tant  d'honneur  ne  paraitront 
peut-6tre  pas  d6plac6s. 

Le  g6n6ral  Augustin  de  Solle  est  bien  le  personnage 
qui  a  jet6  le  plus  d'6clat  sur  cette  maison.  N6  k  Auch  le 
3  juillet  1767,  Jean-Joseph-Paul-Augustin  6tait  fils  de 
Joseph-Marie  de  Solle,  fr6re  ain6  d'Ir6n6e-Yves,  celui-lii 
m^me  qui  lui  avait  servi  de  parrain  en  l^bsence  du  prieur 
de  D6mu.  Sa  m^re  6tait  dame  H616ne  de  Cambefort,  une 
vraie  femme  forte,  sur  le  compte  de  laquelle  nos  archives 
r6volutionnaires  fournissent  un  renseignement  int^res- 
sant.  Incarc6r6e  a  Lectoure  le  2  mai  de  Tan  ii  de  la  r6pu- 
blique,  parordredu  sinistreDartigoeyte,  parce  que  a  par 
son  ascendant,  ses  mani6res,  ses  insinuations  elle  avait 
entrain6  des  administrateurs  et  des  personnes  k  talents 
dans  le  parti  f6d6raliste  »,  elle  ne  recouvrasa  liberty  aprfes 
troismoisde  detention  que  graces  aux  nombreuses  d-mar- 
ches et  aux  soUicitations  de  son  fils.  Celui-ci  6tait  k  cette 
6poque  adjudant-major.  Sa  pi6t6  filiale  autant  que  son 


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—  404  — 

nom  faillirent  alors  compromettre  soil  avenir  etbriser  sa 
carrifere.  Une  loi  ayant  d6fendu  aux  ci-devant  nobles  de 
faire  partie  de  Tarm^e,  il  en  fut  exclu  et  n'obtint  sa  r6in- 
t6gration  qu'en  juin  1795.  C'est  dans  ces  circonstances 
qull  commen^a  k  signer  Dessolles  *  pour  enlever  h  son 
nom  toute  apparence  aristocratique. 

A  partir  de  ce  moment,  Augustin  Dessolles  fit  admira- 
blement  son  chemin  et  devint  un  des  g6n6raux  les  plus 
distingu6s  de  FEmpire.  Nous  trouvons  dans  le  journal 
d'une  anglaise  *  d'esprit  et  de  gotit,  quelques  lignes  qui 
d6peignent  la  physionomie  du  g6n6ral  de  Solle.  Miss 
Berry  raconte  que,  se  trouvant  k  Paris  en  1802,  au  moment 
de  la  paix  d 'Amiens,  elle  fut  invit6e  k  diner  chez  Mmede 
Stael. 

Par  bonheur,  dit-elle,  je  fas  k  c6t^  du  g^n^ral  de  Solle.  II  itait  chef 
d'^tat-major  de  Moreau,  et  c  est  lui  qui  a  fcrit  ce  fameux  r&it  de  la 
bataille  de  Hohenlinden,  que  i'on  regarde  k  Paris  comnie  le  modMe 
des  dep^ches  militaires.  11  a  une  physionomie  fort  douce  et  des  mani^res 
exquises.  Notre  conversation  a  roul6  sur  les  beaux  climats  pour  les- 
quels  je  partage  sa  predilection.  Par  hasard  nous  vlnmes  k  parler  de 
la  Suisse.  11  regrette  les  ^v^nements  qui  se  sont  passfe  dans  ce  pays  et 
qui  ont^  dit-il,  fait  grand  tort  aux  Frangais. 

Le  g6n6ral  de  Solle  6tait  homme  d'esprit,  et  le  juge- 
ment  de  miss  Berry  ne  fait  que  confirmer  sa  r6putation 
k  cet  6gard.  II  n'6tait  pas  moins  homme  de  coeur.  II  montra 
toute  sa  d61icatesse  au  moment  du  proems  de  Moreau.  Par 
un  sentiment  g6n6reux  il  crut  indigne  de  lui  de  paraitre 
abandonner  un  ami  dans  le  malheur.  Napol6on  ne  le  lui 
pardonna  pas.  Le  g6n6ral  fut  ray6  du  Conseil  d'Etat  et 
perdit  le  gouvernement  de  Versailles.  II  se  retira  alors 
sur  une  terre  qull  poss6dait  aux  environs  d'Auch,  et  il 
s'y  occupait  d'agriculture  lorsque  Fempereur,  en  passant 

(1)  C'est  ce  qui  explique  la  variante  qui  peut  6tonner  dans  rorthographe  du 
nom  decette  famille.  Cette  explication  a  ^Ui  donnde  ^  M.  de  Carsalade  par  le 
cousin  du  g^n^ral,  M.  Hubert  de  Marignan. 

(2)  Public  dans  la  Rocue  en  1867  par  M.  Massott. 


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y  •  405  — 

dans  cette  ville  en  1808,  lui  donna  Fordre  de  se  rendre 
en  Espagne.  Apr6s  s'y  6tre  distingu6  dans  plusieurs 
batailles.  il  revint  dans  ses  foyers  jusqu'en  1812 :  cette 
anh6e,  comme  chef  d'6tat-major  du  prince  Eugene,  il  le 
suivit  en  Pologne  et  jusqu'a  Smolensk;  mais  forc6  au 
repos  par  le  d61abrement  de  sa  sant6,  il  resta  6tranger 
aux  derniers  6v6nements  militaires  de  TEmpire.  Apr6s 
avoir  contribu6  ati  r6tablissement  des  Bourbons  par  son 
61oquente  intervention  pr6s  de  Tempereur  Alexandre,  il 
cut  toutes  les  favours  du  gouvernement  de  la  Restaura- 
tion.  Comte  en  1814,  marquis  en  1817  en  vertu  de  lettres- 
patentes  de  Louis  XVIII,  ministre  d*Etat,  pair  de  France, 
major-g6n6ral  des  gardes  du  royaume,  chevalier  de 
Saint-Louis,  grand  cordon  de  la  Legion  d'honneur,  com- 
mandeur  de  FOrdre  du  Saint-Esprit,  son  plus  beau  titre 
de  gloire  est  d'avoir  conserve  jusque  dans  la  licence  des 
camps  et  les  enivrements  de  la  fortune  les  sentiments  de 
foi  qu'il  avait  puis6s  k  T^cole  de  sa  pieuse  m6re  et  de  son 
v6n6rable  oncle.  Le  g6n6ral  marquis  de  Solle  mourut  en 
1828  sur  sa  terre  de  Monluchet,  prfes  de  Paris,  ne  lais- 
sant  de  son  mariage  avec  mademoiselle  de  Dampierre, 
fllle  du  g6n6ral  Picot  de  Dampierre,  qu'une  fiUe  H61fene- 
Charlotte-Pauline  de  Solle,  mari6e  en  1821  au  due  Jules 
de  La  Rochefoucault  d'Estissac,  pair  de  France.  C'est  elle 
qui  donna  k  la  ville  d'Auch  en  1864  le  portrait  de  son 
p6re,  plac6  a  rh6tel-de-ville  dans  la  galerie  des  hommes 
c6l6bres  du  d6partement.  Nous  savons  que  les  traditions 
d'honneur  et  de  vertu  des  de  Solle  revivent  dans  les 
enfants  de  Mme  de  La  Rochefoucault,  et  que  si  le  nom 
est  perdu,  son  6clat  s'est  pour  ainsi  dire  confondu  avec 
celui  des  grands  noms  de  S6gur,  de  Greflulhe,  de 
Montbel,  de  Borghfese,  que  portent  aujourd'hui  les  descen- 
dants du  g6n6ral. 

Apr^s  cet  aper^u  sur  la  famrlle  et  son  dernier  repr6- 


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—  406  — 

sentant,  il  est  temps  de  revenir  a  celui  qui  est  Tobjet  de 
cette  6tude. 

Elev6  par  une  sainte  m6re  dans  une  maison  pleine  de 
pr6tres  et  de  religieuses,  il  ne  faut  pas  s'6tonner  que  le 
jeune  Yvon  (c'est  ainsi  que  dans  sa  famille  Ir6n6e-Yves 
a  toujours  6t6  appel6)  ait  senti  de  bonne  heure  un  \if 
attraitpour  T^tat  eccl6siastique.Le26mars  1757,  a  peine 
ag6  de  treize  ans,  il  recevait  la  tonsure  des  mains  de 
M.  de  Montillet.  Le  9  novembre  suivant,  son  oncle  Marc- 
Antoine  de  SoUe,  chanoine  de  la  M6tropole,  r6signait 
son  canonicat  en  sa  faveur.  Selon  les  prescriptions  du 
Concile  de  Trente,  il  fallait  avoir  au  moins  quatorze  ans 
pour  poss6der  un  b6n6flce.  On  obtint  du  Pape  Bepoit  XIV 
en  date  du  4  des  calendes  de  d6cembre  1757  une  buUe  ac- 
cordant au  jeune  chanoine  la  dispense  des  sept  mois  qui 
lui  manquaient.  Pourvu  de  son  canonicat,  Yvon  reprit  ses 
6tudes  chez  les  J6suites  de  Toulouse,  et  se  rendit  ensuite  a 
Paris  pour  faire  sa  th6ologie  au  s6minaire  de  Saint-Sul- 
pice.  Rentr6  &.  Auch  en  1766,  il  fut  ordonn6  sous-diacre  le 
24mai  de  cette  ann6e,  diacre  le  13  juin  1767,  prfetre  le 
20  mai  1769.  Nous  trouvons  dans  les  archives  du  chapitre 
des  traces  d'une  vive  contestation  qui  s'61eva  alors  parmi 
les  chanoines  au  sujet  de  la  place  que  M.  de  SoUe  devait 
occuper.  Sept  nouveaux  chanoines  avaient  6t6  nomm6s 
depuis  1757,  la  plupart  sans  doute  plus  ag6s  que  lui,  et 
qui,  6tant  prMres  ou  du  moins  dans  les  ordres  sacr6s, 
avaient  dCi  avant  lui  entrer  en  possession  de  leur  cano- 
nicat et  remplir  leurs  fonctions.  lis  croyaient  avoir  la 
pr6s6ance  sur  le  nouveau  venu.  II  parait  que  Fautorit^ 
comp6tente  en  jugea  autrement;  M.  de  Solle  prit  rang 
suivant  la  date  de  sa  promotion,  et  occupa  en  arrivant  la 
treizifeme  des  vingt  stalles  r6serv6es  aux  chanoines  de 
Sainte-Marie. 

En  1776,  M.  d'Apchon,  successeur  de  M.  de  Montillet, 


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—  407  — 

le  nommait  vice-g6rant  de  rofflcialit6.  Nous  avons  cherch6 
inutilement  dans  les  ann6es  suivantes  quelques  traits 
relatifs  ^  M.  le  chanoine  de  Solle;  son  nom  ne  se  rattache 
pour  nous  k  aucun  fait  qui  m6rite  d'etre  not6.  II  donnait 
a  cette  6poque  tous  ses  soins  a  r6ducation  de  son  cher 
neveu  Augustin,  dontil  ne  cessa  de  surveiller les  etudes*; 
il  faut  convenir  que  ce  labour  ne  futpas  s|;6rile  et  qu'un 
tel  616ve  fait  grand  honneur  a  son  maitre. 

II  s'adonna  avec  z61e  aux  travaux  du  saint  minist^re,  et 
il  fut  avantageusement  connu  comme  pr6dicateur.  Dans 
les  pr61iminaires  dont  il  fait  pr6c6der  le  livre  de  raison 
de  maitre  Jean  de  Solle,  son  aleul,  M.  de  Carsalade  nous 
apprend  qu'on  a  conserve  du  pieux  chanoine  un  recueil  de 
sermons  assez  estim6s.  Cost  peut-6tre  par  suite  de  ses 
predications  que  sa  reputation  avait  frauchi  les  limites 
de  ce  diocese.  Nous  tenons  du  cardinal  Billiet  que  son 
pr6d6cesseur  avait  6t6  vicaire-g6n6ral  des  deux  derniers 
6v6ques  de  Lombez,  L6on  de  Salignac  de  la  Mothe- 
F6nelon  *  et  Alexandre-Henri  de  Chauvigny  de  Blot  •. 

II  6tait  un  des  membres  les  plus  estim6s  du  chapitre. 
Aussi  fut-il  choisi  par  ses  confreres  pour  aller  h  Paris 
suivre  un  proc6s  important  que  les  chanoines  avaient 
port6  en  appel  au  conseil  du  roi  *.  Ce  proems  venait  d'etre 
jug6  en  faveur  du  chapitre,  gr^ce  sans  doute  k  Tintelli- 
gence  de  son  mandataire,  lorsque  la  revolution  6clata.  A 
Texempie  de  son  archevfeque,  M.  de  la  Tour  du  Pin- 
Montauban,  et  de  la  majorite  de  ses  confreres,  M.  de 
Solle  ne  voulait  pr6ter  aucun  des  serments  exig6s  des 
ecciesiastiques  acette  fatale  6poque.  II  se  retira  dans  les 
Pays-Bas,  et  il  y  v6cut  dans  les  plus  p6nibles  privations 
jusqu'a  ce  que  Forage  fut  apais6. 

(1)  Le  r6Ie  de  Toncle  qui  eut  line  si  heureuse  influence  sur  la  vie  du  g^n^ral 
esl  menlionnd  par  tons  les  biographes. 

(2)  UecMiS  k  Bagneres-<le-Bigorie  en  1787. 

(3)  D^cM6  h  Londres  en  1805. 

(4)  Nous  n'avons  pas  pu  d^couvrir  quel  6tait  Tobjet  de  oe  proems. 


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—  408  — 

n 

Rentr6  en  France  au  moment  du  concordat,  par  la 
protection  peut-6tre  de  son  neveu,  qui  6tait  alors  g6n6ral 
de  division,  membre  du  Conseil  d'Etat  et  gouverneur  du 
ch&teau  de  Versailles,  Tancien  chanoine  d' Auch  fut  nomm6 
6v6que  *  de  Digne,  le  20  avril  1802.  Sa  premiere  pens6e 
en  apprenant  cette  nomination,  qu'il  n'avait  ni  brigu6e 
ni  d6sir6e,  fut  d'y  r6pondre  par  un  refus.  II  ne  Taccepta 
qu'k  lapri^re  de  quelques  amis,  principalement  M.  Emery, 
son  ancien  directeur  de  Saint-Sulpice,  qui  lui  en  firent 
un  devoir  de  conscience.  Pr6conis6  le  6  mai  1802,  il  fut 
sacr6  k  Paris  le  11  juillet  suivant,  dans  T^glise  des  Car- 
mes,  encore  rougie,  pour  ainsi  dire,  du  sang  des  martyrs 
qui,  dix  ans  auparavant,  le  2  septembre  1792,  y  avaient 
6t6  6gorg6s  en  haine  de  la  foi.  Huit  jours  aprfes,  dans 
cette  m6me6glise  des  Carmes,  6tait  sacr6  a  son  tour,  avec 
plusieurs  autres  6v6ques,  Jean  Jacoupy,  6v6que  d'Agen, 
appel6  k  gouverner  aussi  T^glise  d'Auch  dontle  siege 
6tait  supprim6,  et  le  nouvel  6v6que  de  Digne,  en  sa  qua- 
lit6  d'Auscitain  sans  doute,  fut  Tun  de  ses  pr61ats  assis- 
tants. Mgr  Xavier  de  Maynard  de  Pancemont,  6v6que  de 
Vannes,  ancien  cur6  de  Saint-Sulpice,  6tait  le  cons6cra- 
teur.  L'autre  pr61at  assistant  6tait  Mgr  de  Colonne  d'ls- 
tria,  6v6que  de  Vicence. 

Le  nouvel  6v6que  de  Digne  justifia  son  616vation  par  le 
zfele,  la  douceur  et  la  prudence  qu'il  montra  dans  Tadmi- 
nistration  de  son  diocese.  L'6v6ch6  de  Digne  comprenait 
alors,  outre  les  paroisses  qui  le  composaient  autrefois,  les 
circonscriptions  de  six  anciens  dioceses  :  rarchevSchfe 

(1)  Nous  constatons  avec  regret  que  M.  de  Solle  est  —  si  Ton  neglige  Mgr  de 
MorlhoD,  6v6que  du  Puy,  Stranger  k  notre  pays  par  sa  naissance  —  le  denuer 
^v^que  donn6  k  TEglise  par  le  chapitre  d'Auch,  qui  fut  de  tout  temps  compost 
d'hommes  ^minents.  Nous  faisous  des  vobux  pour  que  le  siMe  ne  finisse  pas 
sans  qu'on  viejiae  de  nouyeau  chercher  des  ^y^ques  daAs  ses  rangs. 


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—  409  — 

d'Embrun,  les  6v6ch6s  de  Gap,  de  Sisteron  et  de  Senez, 
en  entier;  r6vfech6  de  Glandfeves*  en  grande  partie,  — 
r6v6ch6  de  Riez,  a  Texception  de  la  partie  du  midi,  situ6e 
au-delSt  du  Verdon,  —  enfin  plusieurs  poroisses  des  an- 
ciens  dioceses  d'Aix  et  Apt.  Aussi  peut-on  dire  que  Mgr 
de  SoUe  eut  k  porter  tout  le  fardeau  que  partageaient 
avant  la  r6volution  six  6v6ques  et  un  archevfeque.  Mgr 
de  Leyssin,  archevfeque  d'Embrun,  Mgr  de  Ville-Dieu, 
6v6que  de  Digne,  et  Mgr  Hachette  des  Portes,  6v6que  de 
Glandfeves,  6taientmorts  avant  le  concordat.  Mgr  Ruffo  de 
Bonneval,  6v6que  de  Senez,  n'avaitpas  h6sit6,  sur  la  de- 
mandedu  Souverain-Pontife,  k  donner  sa  d6mission.Mgr 
de  Clugny,  6v6que  de  Riez,  Mgr  de  la  Broue  de  Vareilles, 
6v6que  de  Gap,  et  Mgr  de  Bovet,  6v6que  de  Sisteron, 
avaient  refus6  leurs  d6missions  et  compt^rent  quelque 
temps  parmi  les  anticoncordataires. 

Les  qualit6s  maitresses  dont  il  fit  preuve  dans  Torga- 
nisation  de  ce  vaste  dioc6se  le  d6sign6rent  bientdt  pour 
un  plus  vaste  encore.  Le  25  Janvier  1805,  r6v6que  de 
Digne  6tait  transf6r6  a  Chamb6ry,  le  seul  de  tons  les 
sieges  de  Savoiequi  fOt  relev6.  Ne  coihptait-on  pas  aussi 
sur  le  patriotisme  6clair6  de  Mgr  de  SoUe  pour  faire 
aimer  la  France  de  cet  int6ressant  pays  qui  lui  appartenait 
depuis  peu  de  temps  et  qui  devait  lui  6chapper  de  nouveau  ? 
Son  pr6d6cesseur,  Mgr  Ren6  des  Moustiers  de  M6rinville, 
pr6t  k  succomber  k  la  t&che,  avait  donn6  sa  demission. 

Le  nouvel  6v6que  de  Chamb6ry  eut  la  bonne  fortune  de 
trouver  dans  son  diocese  une  admirable  reunion  de  pr6- 
tres  tremp6s  comme  lui  au  feu  de  la  persecution  et  qui 
unissaient  la  science  k  la  pi6t6  :  les  Bigez,  les  de  ThioUaz, 
les  Rey,  les  Andr6  de  Maistre,  les  de  La  Palme,  les 
Martinet,  etc. 

(1)  L'^v^ue  de  Glandeves,  depuis  la  destrucUoQ  de  sa  ville  i^piscopale,  r4si- 
^%  k  EDtrevaux, 


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—  410  — 

M.  Bigex,  vicaire-g6n6ral  jusqu'en  1817,  jfut  nomm6i 
cette  6poque  a  r6v6ch6  d'Aire,  en  m6ine  temps  que  son 
collogue,  M.  de  Thiollaz,  6tait  nomm6  k  r6v6ch6  de  Cas- 
tres.  Mais,  outre  que  ces  deux  si6ges  ne  furent  pas  alors 
r6tablis  comme  on  Tavait  esp6r6,  le  roi  de  Sardaigne 
Victor-Emmanuel  I,  qui  venait  de  reprendre  possession 
de  la  Savoie,  jaloux  de  conserver  dans  son  royaumedes 
hommes  d'un  tel  m6rite,  retint  ses  deux  sujets  et  nomma 
M.  Bigex  a  r6v6ch6  de  Pignerol,  d'oO  il  fut  transf6r6  a 
rarchev6ch6  de  Chamb6ry  aprfes  la  demission  de  Mgr  de 
SoUe  en  18^.  II  y  mourut  le  19  f6vrier  1827.  M.  de 
Thiollaz,  nomm6  6v6que  d'Annecy  en  1832,  mourut  dans 
cette  ville  le  14  mars  1832. 

M.  Rey,  qui  s'est  fait  une  place  honorable  parmi  les 
orateurssacr6s  du  commencement  de  ce  sifecle,  fut  6v6que 
de  Pignerol  en  1824.  Transf6r6  a  Annecy  en  1832,  il  y 
mourut  le  31  Janvier  1842. 

M.  Andr6  de  Maistre,  fr6re  de  Tillustre  comte  Joseph 
de  Maistre,  mourut  a  Turin  le  18  juillet  1818  6v6que 
nomm6  d'Aoste. 

M.  Aubriot  de  La  Palme  fut  nomm6  6v6que  d'Aoste 
apr6s  Mgr  de  Maistre,  et  mourut  a  Chamb6ry  le  7  f6vrier 
1826. 

M.  Martinet,  nomm6  6veque  de  Tarentaise  en  1825, 
revint  occuper  rarchev6ch6  de  Chamb6ry  en  1828,  apres 
la  mort  de  Mgr  Bigez. 

Tons  ces  hommes  6minents  firent  partie  de  Tadminis- 
tration  de  Mgr  de  SoUe,  et  Chamb6ry  fut  a  cette  6poque 
comme  une  p6piniere  d'6veques.  Et  nous  n'avons  pas 
encore  parl6  des  Billiet,  des  Charvaz,  des  Turinaz,  des 
Vibert  et  autres  qui,  sortis  du  mfeme  dioc6se  et  de  la 
m6me  6cole,  vinrent  eux  aussi  peu  de  temps  apr6s  pren- 
dre un  rang  distingu6  dans  T^piseopat.  Nous  connaissons 
(i6ja  celui  qui  fut  plus  tard  Tillustre  cardinal  Billiet. 


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^  411  — 

M.  Charvaz,  ancien  pr6cepteur  du  roi  Victor-Emmanuel, 
est  mort  archev6que  de  G6nes.  M.  Turinaz,  oncle  de  Mgr 
r6v6que  actuel  de  Nancy,  fut  6v6que  de  Tarentaise. 
M.Vibert  est  mort  6v6que  de  Saint- Jean  de  Maurienne. 

L'ancien  archev6ch6  de  Tarentaise,  les  anciens  6v6ch6s 
de  Geneve  (Annecy)  et  de  Saint-Jean  de  Maurienne,  qui 
jfurent  relev68  plus  tard,  6taient  alors  compris  dans  celui 
de  Chamb6ry.  Le  dernier  archev6que  de  Tarentaise,  a  la 
fin  du  XVIII*  si6cle,  fut  Mgr  de  Montfalcon  du  Cengle. 
Ce  si6ge  n'a  6t6  r6tabli  qne  comme  6v6ch6,  et  la  resi- 
dence de  r6v6que  est  a  Moutiers.  Le  dernier  6v6que  de 
Geneve,  avec  residence  k  Annecy,  fut  Mgr  Paget.  Depuis 
1822,  Annecy  a  un  titre  Episcopal.  Le  dernier  6vfeque  de 
Saint-Jean  de  Maurienne,  dont  le  si^ge  fut  aussi  relev6 
parlesrois  de  Sardaigne,  avait  6t6Mgr  de  Brichauteau. 

Dfes  son  arriv6e  k  Chamb6ry,  Mgr  de  Solle  commen?a 
la  visite  de  cet  immense  diocfese.  II  6tait  accompagn6  de 
M.  Bigex,  son  grand  vicaire,  et  de  M.  Rey,  son  secre- 
taire. M.  Bigex  6tait  d'une  haute  stature,  et  sa  voix  avait 
une  ampleur  extraordinaire.  C'6tait  lui  habituellement 
qui  portait  la  parole,  et  ses  discours  pleins  de  force  et 
d'onction  faisaient  la  plus  vive  impression  sur  les  audi- 
teurs.  Chez  M.  Rey,  aux  sentiments  d'une  tendre  piet6 
s'ajoutait  un  esprit  fin  et  aimable.  Sous  le  titre  de  Let- 
tres  aun  ami,  il  alivr6  au  public  de  charmantes  relations 
de  ces  tourn6es  pastorales  faites  a  travers  les  montagnes 
de  la  Savoie,  encore  embaum6es  des  souvenirs  de  saint 
Francois  de  Salles,  et  dans  la  compagnie  d'un  6v6que 
qui  semblait  le  faire  revivre. 

Pendant  dix-neuf  ans,  le  pieux  6v6que  s'occupa  sans 
relftche  des  moyens  de  faire  refleurir  la  religion,  de  r6ta- 
blir  la  discipline,  de  multiplier  les  maisons  d'6ducation 
chr6tienne.  Douze  petits  s6minaires  furent  6tablis  sous 
son  administration;  on  en  trouvait  dans  toutesles  r6gion§ 


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—  412  -- 

de  cette  religieuse  contr6e,  et  on  en  vit  sortir  des  16gions 
de  bons  pr^tres.  Mgr  de  SoUe  s'applaudissait  d'en  avoir 
ordonn6  quatre  cent  cinquante  pour  son  seul  diocese. 

Frfere  de  deux  religieuses,  il  favorisait  de  tout  son  pou- 
voir  les  fondations  de  cou vents.  On  vit  s'61ever  k  Cham- 
b6ry  un  monastfere  de  la  Visitation,  une  maison  des 
Sceurs  de  Saint -Joseph,  dont  la  congregation  s'estpro- 
pag6e  dans  plusieurs  dioceses  et  jusque  dans  les  missions 
du  Danemarket  de  laNorw6ge^  un  couvent  de  Capucins, 
un  6tablissement  de  Freres  des  Ecoles  chr6tiennes,  une 
maison  de  Dames  du  Sacr6-Coeur  de  J6sus. 

Mais  ce  qui  causa  au  bon  6v6que  le  plus  de  consolations 
fut  la  fondation  d'un  college  de  J6suites.  II  les  avait  vus 
k  Auch,  il  avait  6t6  leur  616ve  k  Toulouse;  et  plein  d'ad- 
miration  pour  leurs  lumi^res  et  leurs  vertus,  on  Tavait 
souvent  entendu  dire  qu'il  n'aurait  plus  rien  k  d6sirer  sll 
lui  6tait  donn6  de  voir  les  J6suites  k  Chamb6ry,  Ses 
voeux  furent  combl6s;  d6s  Tann^e  1823,  aussitdt  que  le 
Souverain  Pontife  Pie  VII  eut  permis  k  la  Compagnie  de 
J6sus  de  se  reconstituer,  r6v6que  de  Chamb6ry  fut  des 
premiers  k  leur  tendre  les  bras  et  a  leur  ouvrir  les  portes 
de  sondioc6se*. 

II  avait  puis6  k  leur  6cole  un  profond  attachement  au 
Saint-Si6ge,  qui  se  montra  avec  6clat  au  pr6tendu  concile 
de  1811. 

C'est  lui  qui,  au  milieu  de  cette  assembl6e  d'6v6ques, 
dans  un'61an  d'amour  pour  le  Souverain  Pontife  alors 
prisonnier  k  Savone,  interrompant  tout  k  coup  un  flot 


(1)  Les  renseigDements  qui  pr6c6dent  ou  qui  suivent  sur  les  actes  de  T^pis- 
copat  de  Mgr  de  Solle,  l*6tat  de  son  diocese,  les  bommes  qui  flrent  partie  de  son 
administraiion,  sout  tires  en  grande  partie  du  Personnel  orcUsiastigtic  du 
dlocdse  de  Chambiry  de  1802  d  1893,  public  &  Cbambdry  (imprimerie  Savoi- 
sienne,  1893),  par  M.  L.  Morand,  de  TAcad^mie  de  Savoie,  cbevalier  des  saints 
Maurice  et  Lazare.  Dans  ce  livre  une  courte  notice  est  oonsacr^e  k  Mgr  de  Solle, 
et  on  rend  bommage  k  cette  grande  m6moire;  mais  nous  avons  eu  le  regret  de 
n'y  trouver  que  fort  pen  de  details  particuliers  sur  lapersonne  de  ce  pieuxpr^t. 


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-  413  — 

de  discussions  qui  lui  paraissaient  bien  st6riles,  s'6cria 
avec  Amotion  :  «  Pour  moi,  Messeigneurs,  je  ne  vois 
qu'une  chose  k  faire,  la  seule  qui  k  cette  heure  me  pa- 
raisse  digne  de  T^piscopat,  c'est  de  nous  rendre  tous  k 
Saint-Cloud  et  de  nous  jeter  aux  pieds  de  TEmpereur  pour 
r6clamer  avant  tout  la  liberty  de  Notre  Saint-P6re  le 
Pape.  ))  Que  n'a-t-on  vu  se  produire  cette  magnifique 
protestation  centre  la  violence  et  Tinjustice  que  voulait 
notre  magnanime  Pr61at !  N'aurait-elle  pas  d6sarm6  le 
despote?  Malheureusement  cette  proposition,  qui  fait  tant 
d'honneur  k  r6v6que  de  Chamb6ry,  appuy6e  seulement 
par  deux  ou  trois  de  ses  collfegues,  fut  rejet6e  par  le  pre- 
sident lui-mfeme,  le  cardinal  Fesch,  qui  craignait  d'irriter 
Bonaparte  par  une  manifestation  si  6clatante.  On  r6pon- 
dit  qu'il  valait  mieux  s'abstenir  de  toute  reclamation 
publique,  qu'on  r6ussirait  plus  stirement  en  agissant  en 
secret  et  en  attendant  un  moment  plus  favorable;  et  ces 
timides  calculs  d'une  prudence  humaine  Temporterent 
sur  des  considerations  plus  dignes  peut-etre  d'une  assem- 
bl6e  d'evfiques. 

En  novembre  1814,  r6v6que  de  Chamb6ry  fut  nomm6 
par  le  roi  de  France  membre  d'une  commission  charg6e 
des  affaires  eccl6siastiques  pour  arriver  au  nouveau 
Concordat.  Par  ordonnance  du  17  f6vrier  1815,  il  fut 
nomm6  conseiller  de  Finstruction  publique.  Mais  les  eve- 
nements  des  Cent-Jours  empecherent  Fexecution  de  cette 
ordonnance.  Peu  aprfes,  la  Savoie  fut  detachee  de  France 
et  replacee  sous  le  sceptre  des  rois  de  Sardaigne.  L'eve- 
que  de  Chambery  se  vit  sans  doute  avec  peine  gepare  de 
sa  patrie  d'origine;  mais  k  Tencontre  de  ses  sentiments 
humains,  ev6que  avant  tout,  il  trouva  la  rfegle  de  sa 
conduite  dans  rentier  accomplissement  de  ses  devoirs,  et 
il  voua  k  la  Maison  de  Savoie,  dont  il  devenait  le  sujet, 
la  plus  sincere  obeissance. 


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—  414  — 

Une  buUe  du  17  juillet  18176rigea  Chamb6ry  en  m^tro- 
pole.  Devenu  archeveque,  Mgr  de  SoUe  continua  de  gou- 
verner  son  diocese  et  de  s'y  faire  ch6rir  par  les  plus  aima- 
bles  vertus.  On  voit  bien  qu'il  avait  s6rieusement  pris 
pour  module  le  grand  saint  Savoyard,  le  saint  6v6que  de 
Geneve,  patron  de  son  6glise  m6tropolitaine. 

Mgr  de  SoUe  f ut  le  contemporain  du  comte  Joseph  de 
et  r6v6que  de  son  diocese  natal.  Sans  doute  le  grand 
homme  6tait  alors  loin  de  sa  patrie :  il  fut  jusqu'en  1817, 
a  Saint-P6tersbourg,  ministre  pl6nipotentiaire  de  S.  M. 
le  roi  de  Sardaigne.  Mais  lui,  qui  aimait  tant  la  Savoie 
((  quil  aurait  pr6f6r6  k  tons  ses  titres  un  bon  petit  manage 
allobroge,  tel  qu'il  se  I'imaginait »,  se  tenait  certainement 
au  courant  des  affaires  de  son  pays;  sa  famille  continuait 
d'habiter  Chamb^ry;  son  frere  Andr6,  avant  sa  promo- 
tion a  r6v6ch6  d'Aoste,  y  6tait  doyen  du  chapitre.  Lors- 
qu'il  revint  de  Russie  en  1817,  ayant  6t6  nomm6  chef  de 
la  grande  chancellerie  du  royaume  avec  le  titre  de  minis- 
tre d'Etat,  il  fut  oblige  de  se  fixer  a  Turin,  et  <(  les  Alpes 
le  s6par6rent  encore  du  bonheur  »;  mais  ses  relations  avec 
la  Savoie  6taient  fr^quentes,  et  il  nous  a  paru  int^res- 
sant,  dans  une  6tude  sur  Mgr  de  SoUe,  de  rechercher  si 
ces  deux  hommes  s'6taient  connus  et  quel  jugement  le 
gfand  6crivain  portait  de  notre  6v6que. 

Un  des  vicaires-g6n6raux  de  Mgr  de  SoUe  avait  avec 
le  cbmte  de  Maistre  et  sa  famille  les  rapports  les  plus 
intimes.  Quand  parut  le  livre  DuPape,  le  futur  6vfeque 
d'Annecy  adressa  a  Tauteur,  a  la  date  du  5  f6vrier  1820, 
une  lettre  oil  6clate  son  admiration.  En  disant  qu'autour 
de  lui  tout  le  monde  ne  partage  pas  son  enthousiasme 
pour  ce  livre,  fait-il  allusion  a  son  archev6que  ou  sim- 
plement  aux  autres  vicaires  g6n6raux,  MM.  de  ThioUaz 
et  Billiet?  Dans  sa  r6ponse  du  9  f6vrier,  le  comte  de 
Maistre  dit  a  M.  Rey  :  «  Soutenez-moi  de  toutes  vos 


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forces,  mon  cher  abb6,  car  il  faut  que  j'aie  au  moins  un 
grand  vicairepour  moi.  »  II  peut  biensefaire  que  le  pieux 
archevfeque,  61ev6  dans  les  doctrines  gallicanes,  et  a  qui 
une  vie  tout  apostolique  n'avait  pas  permis  de  consacrer 
beaucoup  de  temps  a  de  nouvelles  6tudes,  n'ait  pas  accepts 
tout  d'abord  les  id6es  hardies  du  vaillant  champion  de  la 
papaut6,  et  que  celui-ci  lui  ait  fait  comme  a  d'autres 
quelquepeu  Teffetd'un  esprit  excessif  et  paradoxal.  Quoi 
qu'il  en  soit  des  opinions  du  pr61at  k  cet  6gard,  un  mot 
flatteur^son  adresse,  que  nous  tirons  de  cette  m6me  lettre 
du  9  f6vrier  1820,  semble  bien  indiquer  que  Mgr  de  Solle 
n'en  poss6dait  pas  moins  Testime  du  grand  philosophe. 
((  Quant  a  la  lettre  imprim6e  de  votre  excellent  arche- 
v6que  que  vous  m'avez  envoy^e,  ajoute  le  comte  de 
Maistre  6crivant  a  M.  Rey,  c'est  un  chef-d'oeuvre  de 
bont6,  d'attachement  et  de  douleur  6touff6e.  »  Ces  mots 
nous  font  regretter  de  n'avoir  pu  d6couvrir  quel  est  le 
sujet  de  cette  lettre  episcopale.  Nous  ne  croyons  pas  qu'il 
soit  question  une  autre  fois  de  I'archev^que  de  Chamb^ry 
dans  toute  la  correspondance  connue  du  comte  Joseph  de 
Maistre. 

Au  z61e  et  a  la  charit6  d'un  6v6que,  Mgr  de  Solle  joi- 
gnait  une  finesse  d  esprit,  une  d61icatesse  de  sentiments, 
une  bont6  de  coeur  qui  Tavaient  rendu  extr^mement 
populaire.  Aussi  les  regrets  furent  universels  lorsque, 
ses  inflrmit6s  augmentant  et  sa  vue  faiblissant  tons  les 
jours  davantage,  il  crut  devoir  donner  la  demission  de 
son  si6ge.  EUe  fut  accept6e  par  le  Saint-P6re  le  11  no- 
vembre  1823;  il  partit  aussit6t  pour  Paris  se  jeter  dans 
les  bras  de  son  neveu,  Ieg6n6ral  marquis  de  Solle,  devenu 
pair  de  France,  ne  songeant  plus,  disait-il,  qu'^  se  pre- 
parer a  mourir. 

Aussitdt  apr6s  le  depart  du  v6n6r6  pr6lat,  d6s  le  26 
novembre  1823,  les  vicaires  capitulaires  de  Chamb6ry, 


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-  416  -- 

MM.  Rey,  Billietet  Martinet,  traduisaient  dans  une  lettre 
au  clerg6  les  sentiments  de  tout  le  diocese  k  r6gard  de 
leur  ancien  6v6que : 

Dix-neuf  ans  d'une  administration  douce  et  patemelle  avaient 
accoutum^  le  clerg6  de  Savoie  k  vivre  sous  la  direction  de  son  ^v^ue 
comme  une  nombreuse  famille  sous  un  chef  v^n^r^.  Sa  bont^  adoo- 
cissait  toutes  les  peines  attacbees  k  noire  ^tat,  et  les  nombreuses 
inquietudes  d'un  minist^re  aussi  difficile  que  celui  des  pasteurs  dispa- 
raissaient  quand  on  les  avait  vers^es  dans  son  sein.  Son  coeur  aimait  k 
encourager,  a  consoler  les  n6lres,  et'savait  rendre  faciles  les  plus  dou- 
loureux sacrifices.  La  s^v^rit^  des  r^les  eccl6siastiques  qui  regissent 
ce  diocese  6tait  si  sagement  temp4r6e  par  ses  tendres  invitations  ou  par 
sa  touchante  indulgence,  que  rien  ne  coutait  pour  lui  plaire,  et  que 
Ton  pourrait  dire  que,  sous  son  gouvernement,  la  foi-ce  de  notre  disci- 
pline 6tait  lout  entifere  dans  notre  amour. 

Le  roi  Charles-F61ix  lui  avait  envoy6  avec  ses  regrets 
la  grand'croix  de  Tordre  des  Saints  Maurice  et  Lazare. 
Le  roi  Louis  XVIII,  le  consid6rant  toujours  comme  6v6que 
frangais,  Tavait  nomm6  chanoine  de  premier  ordre  du 
chapitre  de  Saint-Denis. 

Parmi  ses  collogues  de  cet  illustre  corps,  Tancien  ar- 
chev6quede  Chamb6ry  retrouvason  compatriote,  Tancien 
6v6que  de  Meaux.  II  est  k  remarquer  que  ces  deux  pr6- 
lats,  sortis  du  m6me  diocese,  et  si  ressemblants  par  le 
caract^re  et  une  extreme  bont6  de  coeur,  eurent  aussi  une 
carri^re  assez  pareille.  Mgr  de  SoUe  jfut  61ev6  k  T^pis- 
copat  trois  ans  avant  Mgr  de  Faudoas,  et  il  occupait  le 
si6ge  de  Digne  tandis  que  son  confrere  n'6tait  encore  que 
cur6  de  Pessan.  Mais  en  Janvier  1805,  par  deux  d6crets 
dat6s  de  la  m6me  semaine,  ils  furent  nomm6s  Tun  k 
Chamb6ry  et  Tautre  k  Meaux.  Ils  se  d6mirent  6galement, 
Tun  en  1819  et  Tautre  en  1823,  et  k  cause  des  m6mes 
infirmit6s :  ils  6taient  Tun  et  Tautre  devenus  aveugles, 
Apr6s  s'6tre  retrouv6s  dans  leur  retraite  r6unis  au  cha- 
pitre de  Saint-Denis,  ils  moururent  tons   les  deux  k 


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—  417  — 

Paris  dans  la  mfeme  ann6e;  Mgr  de  Faudoas,  quoique 
plus  jeune  de  six  ans,  mourut  le  premier  le  3  avril  1824 
k  rage  de  74  ans,  et  Mgr  de  Solle  le  30  d6cembre  suivant 
k  rage  de  80  ans. 

La  nouvelle  de  la  mort  de  Mgr  de  Solle  eut  un  dou- 
loureux retentissement  dans  le  coeur  de  ses  anciens  dio- 
c6sains  et  de  tons  ceux  qui  avaient  pu  le  connaitre  et  Tap- 
pr6cier.  Le  journal  des  D4bats  lui  consacra  k  la  date  du 
3  Janvier  1825  un  article  fort  61ogieux,  que  nous  nous 
permettrons  de  citer  en  finissant. 

Mgr  Farchev^ue  de  Ghamb^ry  vient  de  terminer  sa  longue  et  sainte 
carri6re.  Sa  mort  enl^ve  un  module  k  I'Eglise,  unappui  auxmalheureux, 
un  tendre  ami  k  toute  une  famille  en  pleurs.  Jamais  homme  ne  ful 
plus  digne  d'etre  aim^;  jamais  homme  ne  le  fut  peut-6tre  davantage. 
Aux  vertus  d'un  ap6tre  il  joignait  la  dignity  d'un  6v6que  et  cette  aima* 
ble  familiarity  qui  sait  rapprocher  les  distances  sans  les  confondre. 

Ghikn  de  tout  son  diocese  (1),  il  fut  oblig6  dele  quitter  aprfes  avoir  6t< 
frapp4  de  la  plus  triste  infirmity.  II  avait  tout  perdu  en  perdant  les 
yeux :  son  caractfere  aimable  et  si  expansif  devint  rfiveur;  il  ne  pouvait 
plus  sans  t^oins  se  rendre  dans  les  taudis  des  malheureux;  e'en  dtail 
assez  pour  d6soler  son  coeur. 

Dans  rimpossibilit^  de  continuer  ses  fonctions,  il  vintk  Paris,  ou  il 
a  trouv6  comme  partout  de  nombreux  amis;  il  y  fut  attir6  surtout  par 
un  coeur  dans  lequel  il  aimait  k  ^pancher  le  sien,  celui  de  son  neveu, 
M.  le  marquis  Augustin  de  Solle.  C'est  dans  ses  bras  que  s'est  ^teint 
le  saint  archev^ue  au  milieu  de  son  honorable  famille  qui  le  pleure 
conmie  un  p6re. 

L'Abb6  Paul  GABENT. 


(1)  Du  vivant  m6|iie  de  Mgr  de  Solle,  voici  oomment  il  ^tait  caract^ris^  dans 
un  recueU  biograptaique  justement  estim6 :  «  Ce  pr^lat  respectable  s'est  aUir6 
ramour  de  ses  dioo^sains  par  sa  bienfaisance  et  par  I'am^nit^  de  son  caract^re*  » 
(JBiogr,  des  hommes  oioants,  Paris,  Mioband,  1817,  t.  u.  p.  390.) 


Tome  XXXV-  27 


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LES  SEIGNEURS  DE  FIMARCON 


DB  LA 


MAI80N  DE  LOMAGNE  {Suite)  (•) 


V.  —  Jean  i  (1337-1365) 

Devenu  seigneur  de  Fimarcon  par  la  mort  de  son  pSre, 
Jean*  de  Lomagne,  encore  en  bas  kge,  fut  mis  sous  la 
tutelle  de  sa  m6re  Alemanne  de  Cazenove,  qui  parait 
avoir  6t6  une  femme  du  plus  grand  m6rite.  EUe  sut  se 
rendre  favorables  le  roi  de  France  et  ses  agents,  et 
d'abord  Jean  roi  de  Bohfeme  et  lieutenant  du  roi  dans  la 
province  de  Guyenne,  qui  intervint  en  favour  de  la  m6re 
et  du  fils  centre  les  empi^tements  du  bayle  royal.  Les 
seigneurs  de  Fimarcon  poss6daient  depuis  longtemps  le 
droit  de  haute  justice  dans  La  Romieu  en  par6age  avec 
la  couronne.  Othon  de  Lomagne  jouissait  de  ce  droit 
d6s  Tannic  1278  et  ses  successeurs  en  jouirent  comme  lui; 
Alemanne  de  Cazenove  elle-mfeme  mentionne  ce  droit 
dans  rinventaire  des  biens  laiss^s  par  Bernard  de  Fimar- 
con, qu'elle  fit  dresser  dans  le  cours  de  juillet  1338.  Par 
cette  mention  elle  voulut  surtout  assurer  Tavenir  centre 
les  pretentions  des  officiers  royaux.  Cette  ann6e  m6me, 
en  effet,  le  bayle  du  roi  contesta  k  Jean  de  Lomagne  son 
droit  de  haute  justice  en  La  Romieu;  mais  Jean  de 
Bohfeme,  averti  par  Alemanne  de  Cazenove,  manda,  par 
lettres  patentes  du  15  Janvier  et  14  f6vrier  1338, 

Au  s^D^al  d'Agenais  et  de  Gascogne,  de  ftdre  que  le  bayle  du  roi 
qui  voulait  s'ing^nier  de  faire  tout  seul  la  justice  criminelle  de  La 
Romieu,  n'emp^he  plus  dor^navant  Jebau  de  Lomagne^  sieur  de 
Fimarcon,  en  la  dite  instance  criminelle  laquelle  lui  appartient  par 

(•)  Voir  la  liyraison  de  juin  1894,  page  290. 


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—  419  — 

par^age  avec  le  roy;  de  faire  en  sorte  que  les  prisons  sdent  communes 
et  que  les  requites  et  informations  et  causes  criminelles  ne  se  fassent 
point  par  le  bayle  du  roi  sans  appeler  le  bayle  dudit  de  Lomaigne 
sieur  de  Fieumarcon  suivant  la  forme  du  par6age  (1). 

C'est  la  premifere  fois  que  nous  trouvons  une  mention 
de  ce  par6age,  dont  la  date  nous  est  inconnue.  . 

Quelques  ann6es  plus  tard  (novembre  1345),  Jean,  fils 
ain6  du  roi  de  France,  due  de  Normandie  et  lieutenant 
pour  le  roi  dans  la  province  de  Guyenne,  donnait  an 
seigneur  de  Fimarcon  la  moiti6  de  la  justice  haute  dans 
La  Romieu  qui  appartenait  k  la  couronne.  II  motivait 
cette  donation  par  les  services  que  rendit  au  royaume  de 
France  Bernard  Trencal6on,  p6re  de  Jean  de  Lomagne, 
lorsqull  eut  quitt6  la  cause  de  TAngleterre;  il  y  mettait 
pour  condition  que  Jean,  suivant  les  exemples  de  son 
p6re,  gouvernerait  paternellement  La  Romieu  et  d6fen- 
drait  cette  ville  centre  les  ennemis  de  la  France  et  du  roi  *. 

Cependant  Alemanne,  pour  assurer  k  son  fils,  qui  allait 
devenir  majeur,  un  pouvoir  solide  et  un  gouvernement 
prospdre,  le  mettait  de  plus  en  plus  sous  la  protection  du 
roi  de  France  par  un  nouvel  hommage  de  ses  terres,  et 
recevait  comme  privilege  de  ce  prince  Tassurance  que 
les  causes  de  la  seigneurie  de  Fimarcon  ressortiraient  au 
86n6chal  d'Agen  (juin  1347). D6s  Tannic  mfeme  de  lamort 
de  son  p6re,  Jean  de  Lomagne  avait  une  premiere  fois 
re^u  cette  favour  de  Philippe  de  Valois.  Mais  peut-6tre 
lesofficiers  de  la  couronne  dans  le  Condomois  entenaient* 
ils  pen  de  compte.  En  tout  cas,  si  Ton  songe  aux  querelles 
nombreuses  que  nous  avons  d6ja  vu  surgir  entre  les 
seigneurs  de  Fimarcon  et  les  offlciers  du  roi  dans  le 

(1)  Inventaire  des  archives  de  La  Garde,  31  V,  35  V. 

(2)  Idem.  33  C,  33  P.  —  Dans  un  acte  du  21  d^cembre  1354  mentionn^  par  le 
m6me  inventaire,  Jean  de  Lomagne  declare  que  si  les  habitaoto  de  La  Romieu 
lui  ont  foumi  les  choses  n^cessaires  k  sa  nourriture  et  ^  celle  des  gens  de  sa 
suite,  ce  n'a  ^t^  que  par  amour  et  non  par  obligation. 


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—  430  — 

Condomois  faisant  presque  toujours  cause  commune  avec 
les  consuls  de  Condom,  on  con?oit  qu'Alemanne  et  son 
fils  aient  regard6  comme  une  v6ritable  faveur  de  ressortir 
au  s6n6chald'Agen.  En  m6me  temps,  Alemanne  de  Caze- 
nove  se  faisait  pr6ter  au  nom  de  son  fils  un  nouveau  ser- 
ment  de  f  oi  et  hommage  par  les  vassaux  de  ce  dernier. 

Jean  de  Lomagne  nous  apparait  aim^  de  ses  sujets 
et  surtout  fidMe  k  son  suzerain.  AinsiJe  voyons-nous, 
le4  septembre  1359,  former  une  ligue  avec  Jean  d'Arma- 
gnac,  comte  de  Fezensaguet  et  de  Bruilhois,  Arnaud- 
Guilhem,  comte  de  Pardiac,  et  Jean  de  la  Riviere,  seigneur 
d'Aure,  pour  combattre  k  rint6rieur  et  dans  le  voisinage 
les  ennemis  de  la  couronne.  A  cette  6poque,  Jean  II,  roi 
de  France,  pris  par  le  Prince  Noir  sur  le  champ  de  bataille 
de  Poitiers,  6tait  captif  k  Londres;  la  France  6tait  d6sol6e 
par  Tambition  du  roi  de  Navarre  Charles  le  Mauvais  et 
par  ses  luttes  centre  le  Dauphin;  dans  les  provinces^  les 
guerres  de  seigneur  k  seigneur  et  de  chateau  k  ch&teau  re- 
commengaient  comme  aux  premiers  temps  de  la  f  6odalit6. 
On  6tait,  en  outre,  en  pleine  jacquerie  et  la  r6volte  du  peu- 
ple,  jointe  ^Tanarchie  dans  les  rangs  de  la  noblesse,  place 
ces  ann6es  parmi  les  plus  sombres  de  notre  histoire.  La 
ligue  des  quatre  seigneurs  gascons  6tait  done  de  la  plus 
grande  utilit6.  D6vou6s  avant  tout  aux  int6r6ts  du  roi  de 
France  et  de  Jean  d'Armagnac,  gouverneur  du  Langue- 
doc,ilsdevaientfaireconnaitre  les  clauses  deleur  alliance 
aux  autres  seigneurs  qui  voudraient  en  faire  partie*.  lis 
prirent  leurs  engagements  la  main  droite  sur  T^vangile, 
et  y  ajout6rent  celui  de  se  pr6ter  en  toutes  circonstances 
un  mutuel  secours. 

L'ann6e  suivante  (1360),  Jean  de  Lomagne  guerroyait 
dans  le  Languedoc  et  dans  la  Guyenne  et  la  couronne  de 
France  lui  payait  cent  6cus  par  mois  pour  entretenir  sa 

(1)  Pfere  Anselme,  Hist  des  grands  qfflciers  de  la  couronne. 


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—  421  — 

compagnie,  garder  les  possessions  royales  et  faire  la 
guerre  aux  ennemis  de  TEtat.  Mais  cette  ann6e  mfeme 
fut  sign6  le  funeste  trait6  de  Br6tigny  qui  livrait  la  moiti6 
de  la  France  k  Tentifere  souverainet6  du  roi  d'Angleterre. 
Jean  de  Lomagne  dut  bien  k  regret  d6poser  les  armes 
jusqu'au  moment  oii  le  comte  d'Armagnac  lui  demanda 
secours  (1362). 

La  guerre  venait  d'6clater  entre  ce  dernier  et  Gaston 
Ph6bus,  comte  de  Foix,  vicomtede  B6arn.  Presquetoute 
la  noblesse  de  Gascogne,  enr616e  sous  les  drapeaux  des 
deux  partis,  prit  part  a  cette  lutte.  Les  deux  arm6es  se 
rencontrferent  k  Launac  le  5  d6cembre  1362.  Le  comte 
d'Armagnac  avait  pour  lui  le  nombre;  aussi  Gaston  se 
retrancha-t-il  sur  une  Eminence  et  r6solut-il  de  se  tenir 
sur  la  defensive.  Armagnac  aurait  dfl  se  souvenir  du  sort 
du  roi  de  France  k  la  bataille  de  Poitiers;  mais,  comme 
ce  monarque,  il  n'6couta  que  sa  fougue  et  se  pr6cipita 
centre  les  retranchements  du  comte  de  Foix.  On  com- 
battit  longtemps  de  part  et  d'autre  avec  m6me  valeur; 
mais  enftn,  la  victoire  se  d6clara  pour  Gaston  Ph6bus. 
Elle  fut  complete  ^  Le  comte  d' Armagnac  et  neuf  cents 
gentilshommes  de  son  arm6e  demeurferent  prisonniers. 
Jean  de  Lomagne  se  trouva  parmi  les  captifs. 

Gaston  les  fit  conduire  au  chateau  de  Foix;  mais  quel- 
ques  jours  apr6s,  il  les  rassembla  dans  la  cour  de  ce 
chateau  et  leur  dit  quil  voulait  bien  ne  pas  leur  infliger 
les  tortures  de  la  prison  et  les  traitor  en  v6ritables  gen- 
tilshommes. II  assigna  pour  s6jour  pendant  trois  mois, 
aux  uns  la  ville  de  Mazferes,  aux  autres  celle  de  Pamiers, 
et  leur  permit  de  se  promener  dans  les  environs,  mais  it 
condition  de  venir  toujours  passer  la  nuit  dans  la  place 
qui  leur  6tait  assignee  pour  residence.  Les  prisonniers 
s'engag6rent  a  ce  qui  leur  6tait  demand6  sous  peine  de 

/(I)  MoulezuB,  tome  lu,  p.  360, 


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—  422  — 

payer  des  sommes  considerables,  et  prirent  pour  caution 
les  comtes  d'Armagnac  et  de  Comminges. 

Nous  ne  trouvons  pas  Jean  de  Lomagne  parmi  lesgen- 
tilshommes  qui  prirent  ces  engagements;  peut-6tre  avait-il 
d6j^  pay6  sa  ran^on  et  recouvr6  sa  liberty.  Ses  compa- 
gnons  de  captivit6  ne  tardferent  pas  non  plus  a  recevoir 
la  leur.  D'aprSs  une  ancienne  chronique,  toutes  ces  ran- 
?ons  valurent  au  comte  de  Foix  un  million  de  livres  tour- 
nois,  quinze  millions  de  notre  monnaie  \ 

Jean  de  Lomagne  mourut  en  Turquie  vers  la  fin  de 
rann6e  1365.  Par  son  testament  fait  cette  mfeme  ann6e 
k  Casteluau  des  Loubferes,  il  d6signait  pour  sa  sepulture 
r6glise  d'Abrin,  tombeau  de  sa  famille.  Nous  ne  «avons 
pas  au  juste  ce  qull  en  fut  de  sa  dernifere  volont6,  mais 
11  est  pen  probable  que  Ton  ait  lais86  reposer  les  restes 
mortels  du  seigneur  de  Fimarcon  dans  une  terre  infidfele; 
on  dut  les  ramener  de  cette  region  lointainealadernifere 
demeure  qull  leur  avait  lui-m6me  choisie. 

Jean  P*^  avait  epous6  G6raude,  flUe  d'Arnaud-Guil- 
hem  III  de  Monlezun,  comte  de  Pardiac.  De  ce  mariage 
naquirent  i  Odet,  seigneur  de  Fimarcon,  qui  lui  succ6da; 
Jean,  seigneur  de  Montagnac;  Jacques,  seigneur  de  La 
Mothe  et  de  Maul6on;  Guillaume  et  G6raud,  tons  quatre 
morts  sans  po8t6rit6;  Marguerite,  marine  a  B6raut  d'Al- 
bret,  seigneur  de  Verteuil  et  de  V6gres;  Panthfere  dont 
Talliance  nous  est  inconnue. 

VI.  —  Odet  (1365-1378) 

Au  moment  oH  Odet  de  Lomagne  devint  seigneur  de 
Fimarcon,  le  prince  de  Galles,  moins  heureux  dans  le 
gouvOTuement  que  le  roi  son  p6re  lui  avait  confi6  que  sur 
les  champs  de  bataille,  s'6tait  ali6n6  le  plus  grand  nom- 
bre  des  seigneurs  gascons.  Odet  fut  au  nombre  des  m6- 

(1)  Monlezua,  ui,  p.  366,  367  et  368.  —  Olhagaray,  Hist  de  Foia. 


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—  423  — 

contents  qui  all6rent  trouver  le  roi  de  France  et  lui 
demandferent  justice  contrp  les  vexations  du  Prince  Noir. 
Le  droit  f6odal  semblait  justifler  cette  d-marche,  car  le 
roi  d'Angleterre,  n'ayant  pas  ex6cut6  les  clauses  du  traits 
de  Br6tigny,  demeurait  par  cela  m6me  vassal  du  roi  de 
France  pour  ses  possessions  du  sud-ouest. 

Charles  V,  fiddle  h  cette  habile  politique  qui  lui  servit 
autant  que  la  force  des  armes  a  chasser  les  Anglais  de 
France,  accueillit  les  plaignants  avec  favour,  et,  pour 
leur  donner  Toccasion  de  se  venger  du  roi  d'Angleterre 
et  du  Prince  Noir.,  il  les  prit  k  son  service.  Mais  avant 
de  les  faire  marcher  centre  les  troupes  anglaises,  Charles 
donna  Tordre  aux  s6n6chaux  du  Languedoc  de  prot6ger 
leurs  terres  et  leurs  chateaux  quil  prenait  sous  sa  royale 
sauvegarde  ^  Les  lettres  du  roi  de  France  sent  dat6esdu 
31octobrel368*. 

Odet,  en  cette  occasion,  n'avait  accompagn6  les  m6con- 
tents  que  pour  fortijfier  leurs  plaintes  de  ses  t6moignages; 
car,  d6s  rann6e  pr6c6dente,  il  s*6tait  mis  k  la  soldo  de 
Charles  V.  Par  accord  du  28  mai  1367,  le  roi  de  France 
s'engageait  k  lui  payer  la  soldo  de  soixante  hommes  d*ar- 
mes  pour  servir  en  Guyenne  centre  les  Anglais,  et  de  plus 
six  cents  livres  de  rente  jusqu'i  la  jBn  de  ses  jours. 

Afin  de  parfaire  cette  somme,  Odet  regut  en  jouissance 
le  p6age  de  Marmande,  Thommage  de  Roquelaure  et,  en 
toute  propri6t6  seigneuriale,  la  terre  de  Torrebren,  dont 
le  prince  Louis,  fils  du  roi  de  France,  lui  fit  don  lors- 
qu'elle  fut  conquise  sur  les  Anglais  (6  juillet  1370)  •.  Ce 
futi  Paris,  oti  il  6tait  all6  demander  au  tr6sor  royal  le 
paiement  d'une  somme  de  cinq  cents  livres,  qu'Odet  re^ut 
en  don  la  terre  de  Torrebren. 


(1)  Dom  Vaiss6te,  tome  ix,p.  337.  —  Monlezun,  tome  m,  p.  410. 

(2)  Inventaire  de  Lagarde-Fimarcon,  lettre  K. 

(3)  Inyentaire  de  Lagarde-Fimarcon,  P.  L. 


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—  424  — 

II  continua  jusqu'en  1372  de  guerroyer  contre  les  An- 
glais pour  le  compte  du  roi  de  France;  mais  en  cette 
mfeme  ann6e,  comme  Favait  fait  quelque  temps  aupara- 
vant  son  pfere  Jean  de  Lomagne,  Odet  quitta  momenta- 
n6ment  le  service  du  roi  pour  combattre  pendant  quatre 
ans  le  comte  de  Foix  *  dans  Tarm^e  du  comte  d'Arma- 
gnac.  Apr6s  une  lutte  m616e  de  succes  et  de  revers,  ces 
deux  seigneurs  pr61ud6rent  en  1377  k  leur  complete 
reconciliation  par  une  convention  dont  Odet  de  Lomagne 
fut  Tun  des  t6moin.  Les  divers  articles  en  furent  jur6s 
sur  la  croix  et  sur  les  saints  6vangiles,  du  c6t6  du  comte 
de  Foix,  par  Gaston  lui-m6me,  par  les  comtes  de  Tlsle- 
Jourdain  et  d'Astarac,  le  vicomte  de  Castelbon^  le  s6n6- 
chal  de  Gascogne,  le  s6n6chal  des  Landes,  le  sire  de  Mau- 
16on,  messire  Pierroton  d'Ornezan  et  messire  Jean  de 
Lantac;  et  au  nom  du  comte  d'Armagnac  et  de  la  com- 
tesse  de  Comminges,  par  le  seigneur  de  Fimarcon,  le 
comte  de  Pardiac,  le  sire  d'Albret,  le  seigneur  de  Lan- 
goyran,  Bertrand  de  Fossat  et  quelques  autres  *. 

Ces  preoccupations  n'empfechaient  pas  Odet  de  Loma- 
gne de  donner  ses  soins  aux  int6r6ts  de  ses  possessions 
territoriales.  Des  contestations  existaient  depuis  long- 
temps  entre  les  seigneurs  de  Fimarcon  et  la  communaut6 
de  Condom  au  sujet  de  leur  juridiction  respective.  D6s  le 
principe,  il  paraissait  convenu  que  la  juridiction  de 
Condom  devait  confronter  du  levant  au  ruisseau  de  FAu- 
vignon/du  midi  aux  terres  du  Sempuy  et  k  celles  du 
comt6  d'Armagnac,  du  couchant  a  la  riviere  de  I'Osse,  et 
du  nord  aux  terres  du  chateau  et  ville  de  Montcrabeau '. 
Le  ruiss6au  de  TAuvignon  6tait  done  consid6r6  comme 
limite  naturelle  et  legale  entre  les  deux  juridictions 


(1)  Monlezun,  tome  iii,  page  425. 

(2)  Dom  Vaiss^te,  tome  iv,  preuves.  —  Monlezun,  tome  in,  p.  451, 

(3)  Archives  municipales  de  Condom,  FF,  29, 


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—  426  — 

en  avant  de  Blaziert,  de  Castelnau  et  de  Gazaupouy. 

N6anmoin8,  les  seigneurs  de  Fimarcon  se  crurent  en 
droit,  pendant  deux  cent  cinquante  ans  environ,  de  s'at- 
tribuer  des  territoires  en  def  a  de  cette  limite  et  d'y  exer- 
cer  la  justice.  Un  proc6s- verbal  de  placement  de  bornes 
et  de  martres  *  en  diflf6rents  endroits  le  long  de  T Auvi- 
gnon,  dat6  de  Tannfee  1279,  nous  r6vfele  un  empifetement 
de  ce  genre  tent6  k  cette  6poque  par  Othon  II  *.  C'est  sans 
doute  pour  pr6venir  de  nouvelles  entreprises  de  sa  part 
que  dans  le  par6age  de  1286,  pass6  par  Edouard  P*",  roi 
d'Angleterre  et  due  de  Guyenne,  et  rabb6  Auger  d'Andi- 
ran*,  ou  d6signa  comme  limites  de  la  juridiction  de 
Condom  celles  qui  avaient  6t6  marqu6es  en  1227  et  dans 
les  mfemes  termes  qu'k  cette  6poque. 

Mais  le  14  aoftt  1340,  Philippe,  roi  de  France,  ayant 
accord6  k  Jean  de  Lomagne  des  lettres  patentes  touchant 
les  limites  des  trois  paroisses  mentionn6es  plus  haut  *, 
celui-ci,  s'autorisant  de  ces  lettres  et  de  Fexemple  de  son 
aleul,  entreprit  k  son  tour  sur  le  m6me  territoire.  Les 
consuls  de  Condom  formulferent  des  plaintes  k  la  suite 
desquelles  les  bornes  des  deux  juridictions  furent,  en 
1358,  remises  k  la  place  qu'on  leur  avait  flx6e  en  1279. 
On  porta  de  nouveau  a  inhibition  et  d6fense  »  de  faire 
de  nouvelles  tentatives*,  et  des  panonceaux  furent  6ta- 
blis  de  distance  en  distance  •. 

Odet  de  Lomagne  ne  se  crut  pas  oblig6  de  les  respecter; 
11  s'empara  des  lieux  revendiqu6s  par  ses  anc6tres  au- 
delk  de  FAuvignon  et  y  fit  61ever  des  fourches  patibu- 

(1)  Ces  martres  (mardelles  ou  margelles)  pouvaient  ^tre  de  petits  murs  ou 
parquets,  construits  de  distance  en  distance  et  dont  on  pourrait  retrouver  encore 
quelques  vestiges. 

(2)  Inventaire  de  M«  P^lauque,  595. 

(3)  Archives  municipales  de  Condom,  livre  cadenas,  page  36. 

(4)  Inventaire  des  archives  de  Lagarde,  lett.  59  P. 

(5)  Archives  municipales  de  Condom,  FF.  29. 

(6)  Ces  panonceaux  ^taient  des  homes  plant^es  le  long  du  ruisseau  et  portant 
les  armes  du  roi,  les  armes  de  T^v^que  de  Condom  et  oelles  de  cette  ville. 


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—  4*6  — 
li^eis  ^  (11372),  On  ne  Bait  pas  au  juste  quels  6taient  ces 
)|qux,  i^^is  il  est  probable  que  Sainte^Germaine  6tait  du 
Dombre^  at  dans  ce  cas^  la  pretention  d'Odet  paraissait 
jiwtifl6e  par  cette  consideration  que  cette  paroisse  et  les 
territoires  environnants,  La  Courtade,  Gensac  et  autres, 
^trait^nt^  pour  le  spirituel,  dans  la  d^pendanoe  de  Castel- 
jaau,  Quoi  quil  en  Idt,  le  seigneur  dp  Fimarcon  afflrmait 
par  un  acte  hardi  ses  droits  de  haute  justice  sur  tons  ces 
lieux.  A  cette  nouvelle,  Condom  fut  en  6nioi.  Le  procu- 
feur  g6n6ral  du  roi,  les  procureurs  de  r6v6que  et  des 
consuls  firent  entendre  les  plaintes  les  plus  vivos.  L'eflfet 
s'en  fit  attendre  pendant  quelque  temps,  et  ce  ne  fut  que 
Je?l  juillet  1378  que  des  lettres  6manant  de  la  chancel- 
lerie  ordonnferent  d'abattre  les  fourches  patibulaires;  elles 
renouvelferent  en  m6me  temps  les  inhibitions  et  defenses 
des  arrets  precedents  *. 

A  cette  epoque,  Odet  de  Lomagne  n'etait  peut-etre 
pjus  de  ce  monde;  il  avait  fait  son  testament  le  16  du 
plftme  mois  et  dut  mourir  pen  apres.  Certains  chroni- 
queurs,  cependant,  fixent  la  date  de  son  deces  k  1381.  II 
avait  epouse  Catherine,  fiUe  unique  de  G6raud  de  Ven- 
tadour,  seigneur  de  Douzenac  et  Boussac,  qui  lui  donna 
quatre  enfants  :  Jean,  qui  lui  succeda,  Geraud,  Berard  et 
Jeani^e.  Tons  les  quatre  etaient  mineurs  et  furent  mis 
sous  la  tutelle  de  Geraude  de  Monlezun,  leur  aieule,  et 
de  leur  mere  Catherine  de  Ventadour. 

(A  suiore.)  L'Abbe  MAUQUlfi, 

Cur^  de  Caiissens. 


(1)  Arohives  municipales  de  Condom,  FF.  29. 

(2)  Idem,  ibid. 


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OBJETS  ANTIQUES 

AVEC  MARQUES  DB  FABRICANT 

INSCRIPTIONS  OU  AUTRES  SIGNES 

TROUYES  A  LBCTOURE  BN   1890,   1891   ET   1893  O 


260.  —  Fragment  du  fond  d'une  patfere  qui  avait  12  centimMres  de 
diamfetre.  Dans  un  rectangle  incomplet  k  gauche,  aux  coins  trfes  l^fere- 
ment  arrondis  h  droite : 

SCIPIV 

Lettres  de  2  miU.  1/2, 

Lettres  k  extremity  boulet^s;  la  premiere  incomplMe  de  son  quart  inf6- 
rieur;  le  bas  de  la  boacle  du  P  ne  touche  pas  &  la  haste.  Yariante  de  la 
marque  pr^cMente,  signal^e  k  Agen.  Le  gentilice  Scipius  ^tant  inoonno, 
M.  A.  Allmer  a  pens6  que  peut-^tre  11  fallait  entendre  Scipio,  avec  V  pour 
O.  La  mdme  remarque  pent  s'appliquer  k  notre  n*  83 :  Lucriu  pour  Lucrio  f 

251 .  —  Petit  fragment  de  fond  creux  (..).  Dans  un  rectangle  incom- 
plet k  droite  et  k  gauche  : 

8ECVND 

Lettres  de  3  mill.  /;P. 

Secundius)*  —  Les  marques  a  ee  nom,  avec  toutes  sortes  de  variantey, 

6talent  des  plus  repandues.  Nous  ne  pouvons  savoir  si  notre  exemplaire 

6tait  tel  que  nous  le  donnons,  d'apr^s  cequi  reste  et  plusieurs  exemples,ou 

^tait  moins  abr^6  ou  complet  au  g6nitif;  il  y  manque  le  quart  i&i^rieurde 

.  S,  et  la  boucle  du  D. 

252.  —  La  plus  grande  partie  d'un  bol  k  double  courbe  qui  avait 
7  centimetres  li2  de  diamfetre.  Dans  un  rectangle  aux  petits  c6t6s  en 
segment  de  cercle : 

SVRD 

Lettret  de  2  mill. 

Surd(inus).  —  Variants  des  n"  120, 121,  122.  Les  lettres,  qui  ont  subi 
un  commencement  d'usure  intentionnelle  ainsi  que  le  rectangle,  sont  tr^ 
greles  et  plus  espacees  qu'i  Tordinaire. 

*  Voir  lalivnison  de  juiUet-aotit  1884»  page  355, 


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—  428  — 

258.  —  Grand  fragment  de  bol  i  double  courbe  (..)•  Dans  un  rec- 
tangle tendant  k  la  forme  eliiptique : 

VALER 

Letlres  de  2  mill. 
Valer(ius).  —  Variante,  signal^e  k  Bordeaux,  du  n*  126;  VA,  lite :  le 
deuxl6me  jambage  de  V  forme  le  premier  jamhage  de  A. 

254.  —  Fragment  du  fond  d'une  grande  pat6re(..).  Dans  un  rec- 
tangle aux  petits  c6t6s  arrondis  : 

VEREGV 

LetCres  de  3  mill. 
Verecu(ndus),  —  Variante  du  n*  127;  deji  signalee  b.  Bordeaux  et  k 
Auch.  Voyez  la  marque  suivante. 

255.  —  Petit  fragment  de  fond(..).  Dans  un  rectangle  aux  petits 
c6t^s  arrondis: 

VIRECV 

Lettres  de  2  mill.  1/4 
Verccu{ndus)»  —  Variante  de  la  marque  precedente  et  du  n'  127;  deji 
signalee  k  Bordeaux.  Pas  plus  quo  dans  cette  ville,  sans  doute^  il  n'y 
a  trace  ici  de  traverses  k  I. 

266.  —  Fragment  de  fond  %ferement  creux.  Dans  la  partie  de 
droite  d'un  rectangle  aux  coins  arrondis  : 

...AN 

Lettres  de  3  mill.  1/2 
[Am]an(dus)f  -^  II  ne  reste  que  la  partie  inf^rieure  de  la  seoonde  jambe 
de  A;  ^alit6  de  hauteur  et  largeur  k  N.  Si  notre  restitution  est  juste, 
rinitiale  ne  pouvait  etre  qu'en  ligature  dans  le  premier  angle  de  M,d'aprte 
la  sym^trie^  et  cette  variante  des  marques  au  nom  d'Amandus  est  connue. 
Ce  qui  reste  accuse  des  lettres  de  forme  bien  diffdrente  de  celles  du  fragment 
n*  134^  oty  neanmoins,  A  ^tait  pr6ced6  de  M,  sans  doute^  d'aprtela  largeur 
et  I'obliquite  dece  qui  reste  du  fond^  gauche,  et  c'^tait  encore  probaUement 
une  autre  variante  des  nombreuses  marques  au  m^me  nom.  Voyez  aussi 
notre  n'  2. 

257  et  257  bis.  —  Petit  fragment  d'un  fond  de  patfere.  Dans  ce 
qui  reste  d'un  rectangle  qui  avait  son  grand  cbx&  sup^rieur  en  segment 
de  cercle  tr^s  grand  : 

....IVM 

Lettres  de  3  mill. 
Caract6res  de  forme  cursive  et  penchte;  I  a  un  filet  au  bas;  sa  partie 
superieure  manquant,  c'6tait  peut-^tre  un  T,  et  la  marque  une  r6plique  du 


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—  4^  — 

n*  98.  Un  autre  fragment  de  fond  plat  porte.M..MV,  dans  an  veste  de  rec- 
tangle et  6tait  probablement  aussi  Tune  des  marques  au  nom  de  Poatumus, 
si  communes  &  Lectoure. 

258.  —  Petit  fragment  d'un  fond  de  patfere.  Dans  ce  qui  reste  d'un 
rectangle :  « 

....VT 

Lettres  de  2  mill.  2j3 

Le  premier  signe  du  fragment  semble  ^tre  le  reste  d'un  N  penoh^;  le  T  a 
sa  haste  contourn^  k  droite,  sur  le  bas. 

259.  —  Fragment  d'un  vase  moyen,  k  fond  conique,  qui  itait 
omement*.  Dans  ce  qui  reste  d'un  rectangle  irr^gulier  au  petit  cA\&  de 
droite  arrondi : 

....RVS 

Lettres  grandisaant  de  2  d  3  mill. 

[Seve]rti3f  -^  Reste  d'une  variante  assez  probable  du  n*  117;  il  manque 
Men  trois  on  quatre  lettres,  d'apr^s  la  place  de  ce  qui  reste. 

260.  —  Moiti6  d'un  vase  en  fornae  de  jatte,  de  7  centunfttres  de 
diamfetre  sur  2  centimetres  de  hauteur  totale,  ayant  ext^rieurement  k 
moiti6  hauteur  une  baguette  torique  au  bas  d'un  revers  ou  rebord  ver- 
tical. Cette  forme,  que  Ton  retrouve  en  grand  sur  la  grosse  poterie,  6tait 
trfes  rare  pour  les  vases  fins.  Dans  ce  qui  reste  d'un  cartouche  rectan- 
gulaire  a  queues  d'aronde  creuses  : 

...VI 

Leltrea  de  2  mill,  tft 

n  ne  pent  gu^re  manquer  que  deux  lettres  k  cette  marque,  d'apr6s  la 
place  de  ce  qui  reste,  et  nous  ne  voyons  pas  quel  nom  elle  pouvait  donner 
ainsi. 

261.  —  Moiti^d'un  petit  fond  plat.  Dans  la  partie  de  droite  d'un 
rectangle  qui  avait  les  petits  c6t^  avec  un  demi  cercle  creux  k  moiti^ 
hauteur,  la  convexity  vers  Text^rieur : 

Lettres  de  3  mill.  1i2 

.....fec(it),  —  Lettres  de  la  plus  belle  forme;  le  point,  qui  est  dans  le  C, 
est  rond.  II  ne  pouvait  y  avoir  plus  de  trois  lettres  poar  le  nom  du  fabri- 
cant  dans  la  marque  complete,  d*apr6s  la  sym^trie  ordinaire. 

D'autres  fragments,  ne  difl^rant  pas  d'une  mani^re  notable  de  oeux 
que  nous  avons  d6j&  vus,  ont  donn6  dpigraphiquement  de  nouveauz 
exempUdres  au  n-  :  52,  DONICATi  (..)  -  69,  IVLVS  -  74,  LEPID  — 


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—  4&0  — 

7B,  LBPIDV(..)  -  86,  MALCIO  -  98,  POSTVM  - 107,  QVINTI  (rttro- 
grade)  —  110,  SABI  (..)  -  118,  seX.  IV.PR  -  426,  VALERI  - 

Les  fragments  avee  marques  an^pigraphes  ont  donnd  des  doables  anx 
n"  i43,  uncoquillage  (..),  —  147,  une  rosace,  —  et  encore  one  rosace  nou- 
velle : 

262.  —  Moiti6  de  fond  creux  :  une  fleur  de  sept  pdtales  sur  une 
tige,  ayant,  le  tout,  9  millimetres  de  diamfetre. 

Les  fragments  noureaux  avec  inscriptions  faites  k  la  pointe  apr^  la 
cuisson,  toujoiurs  sur  les  m6mes  vases  fins,  sont  les  suirants  : 

268.  —  Fragment  du  fond  et  des  parois  d'un  grand  vase  (..).  En 
dehors  sur  la  paroi  et  horizontalement  : 


AY 


Lettres  de  14  mill. 

Rien  n'indique  dans  quel  sens  ont  6tS  trac^  ces  lettres  :  A  non  barr^  et 
V,  sans  doute;  leur  pied  6tait  oppose  k  celoi  du  vase  ou  non.  L'inscription 
est  sClrement  complete  k  gauche  dans  ce  dernier  cas. 

264.  —  Moiti6  d'un  baquet  qui  avait  9  centimetres  de  diam&tre  (..). 
En  dessous,  le  has  des  lettres  vers  la  baguette  torique : 


ID 


Lettrei  de  5  mill. 

La  boucle  du  D  ne  rejoint  pas  tout  k  fait  la  haste  par  le  bas,  comme  anx 
n"  112  et  164.  L'inscription  est  probablement  complete  d'apr^s  la  largeor 
des  marges,  qui  sont  de  6  centimetres  k  gauche  et  de  1  centimetre  k  droite. 

265.  —  Fragment  du  fond  et  des  parois  d'un  grand  vase  qui  etait 
ornemente.  A  Text^rieur,  s'etendant  sur  le  cercle  d'encadrement  d'une 
flsur,  la  gorge  s^parant  les  ornements  d'avec  le  fond  et  une  paiiie 
de  ce  fond  : 


lY 


Lettres  de  IS  milL 

Le  bas  des  lettres  est  vers  le  pied  du  vase.  Les  marges  ont  5  centimetres 
&  gauche  et  4  centimetres  &  droite.  Nous  ne  crojons  pas  qu'il  s'agissed'one 
indication  numerale,  on  aurait  ecrit  IIII  (?),  et  les  grafltti  k  deux  lettres 
seulement  ne  sont  pas  rares  sur  nos  vases. 

20tf .  ^  Fragment  du  fond  d'un  baquet  qui  avait  de  5  &  6  6etitiffift^ 


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—  481  — 

tres  *9  diamitre.  En  dessons,  t3rao6  en  cercle  d'une  main  siJreet  ferme 
avec  une  pointe  assez  fine  : 

MAR 

Lettres  de  8  milL  en  moyenne 

Ces  lettres  sont  dispos6es  comme  aux  trois  sommets  d'an  triangle  ^ui- 
lat^ral,  leurs  pieds  vers  le  centre  du  triangle;  les  deux  premieres  sont  hb 
pen  incompletes  par  le  haut.  Nous  ne  voyons  pas  que  I'lnscription  doive 
se  lire  dans  aucun  cas  si  ce  n'est  en  commehgant  plnt6t  par  M  que  par  A 
non  par  R.  M.  Allmep  avait  pens^  k  la  lecture  AMoR  en  prenant  pour  un  o 
le  point  central  du  cercle,  mais  ce  point  central  n'est  pas  rond  ici  et  il  n'a 
pas  6te  rectifi6  ni  touchy  par  la  pointe.  MAR,  signal^  k  Douai  mais  non 
dispose  comme  ici. 

267.  —  Petit  fragment  du  haut  d'un  grand  vase  qui  fetait  d6cor6 
sur  son  rebord  de  feuilles  aquatiques  —  cordiformes  allonges  avec 
tiges  —  faites  h  la  barbotine.  Au  revers  pr^  et  parallMement  k  ce  qui 
reste  du  rebord : 


SoTE 


Lettres  de  10  et  8  mill 

Sote[richus\y  plut6t  que  Sote[r\,  d'apr6s  M.  AUmer.  Les  lettres  ont  leur 
pied  vers  I'exterieur  du  vase  et  leur  trace,  avec  une  pointe  assez  fine, 
accuse  une  main  peu  exercee.  Les  vases  decerns  de  feuilles  cordiformes,  sur 
leur  rebord  large  et  courbe  dans  le  sens  horizontal  et  k  convexite  sup^- 
rieure,  etaient  nombreux  et  tr^s  beaux;  ils  n'etaient  jamais  marques  k  la 
place  et  a  la  maniere  ordinaires;  leurs  dimensions  allaient  de  6  a  20  centi- 
metres de  diametre  environ;  leur  forme,  pareille  k  celle  des  bols  ordinaires, 
sauf  le  rebord,  sur  les  plus  petits  de  ces  vases,  allait  en  s'applatissant  de 
plus  en  plus  en  proportion  de  la  grandeur. 

268. —Fragment  du  fond  et  du  pied  d'une  petite  pat^.  En  dessons, 
entre  le  pied  et  Tangle  forme  par  les  parois : 


\>i\ 


Grandeur  de  V original 

Nous  avons  grave  ce  grafitto,  qui  est  complet,  en  fac-simiie,  et  nous  le 
presentons,  crojons-nous,  dans  le  sens  oh  il  a  ete  trace :  dans  Tautre  sens, 
le  pied  du  vase  aurait  gdneia  main,  qui  etait  ferme  et  si^*  On  doit  pedt- 
dtreMxiBPut. 


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—  432  — 

269.  —  Fragment  d'un  petit  baquet.  Ea  dessous  du  fond,  trac^avec 
une  pointe  trfes  fine,  prts  de  ia  baguette  torique  : 


X 


Haut.f  10  mill. 

M.  Allmer  pense  que  ces  X,  si  multiplies  en  grafitti,  ^taient  peut-^tte, 
oomme  de  nos  jours,  la  signature  des  illettr^.  En  travers  de  la  baguette 
torique  de  notre  fragment  est  une  autre  marque  en  formedecoche  faite  aprds 
la  cuisson,  oomme  par  une  lime  en  forme  de  lame  de  oouteau.  Plusieurs 
autres  de  ces  signes  etaient  disposes  de  m^me  sur  des  vases  pareils  et  sur 
la  tranohe  du  pied  de  quelques-uns  des  autres  qui  avaient  eu  leurs  asp6- 
ritito  us^^  Gomme  nous  avons  dit.  Ces  si^es  se  trouvent  isol^,  ou  deux 
ensemble,  ou  en  plus  grand  nombre,  et  notre  n*  33  en  a  sept  en  deux  grou- 
pes  :  mil  et  II. 

270.  —  Fragment  d'un  grand  vase  qui  Stait  ornement^.  En  des- 
sous, entre  le  pied  et  la  ligne  separative  des  ornements : 

.....LLIJN..,.. 

Lettres  de  IS  mill, 

[Ju]llin[i[  ?  —  «  Plut6t  Paullini  ou  ApollinariSy  »  a  not6  M.  Allmer. 
Les  deux  premieres  lettres  de  oe  qui  reste  sent  k  traverses  tombantes,  nais- 
sant,  safls  y  ^tre  unies,  en  contrehaut  du  bas  des  hastes,  ce  qui  est  une  forme 
commune  sur  les  marques  flgulines.  Le  haut  des  lettres  6tait  vers  le  pied 
du  vase. 

VASES  A  BOIRE 

Nous  avons  Ai]k  mentionn^  ces  vases  vers  la  fin  de  notre  pr&mbule 
de  la  poterie  fine  k  couverte  rouge  lustrfe.  Nous  avons  seulement 
oubli6  de  dire  qu'il  y  en  avait  de  deux  formes  :  celle  dont  nous  avons 
parie  est  en  hauteur  avec  fond  de  bol  et  parois  verticales,  et  celle  que 
nous  avons  omise  en  largeur  avec  fond  moins  sph6rique  et  les  parois 
un  peu  renfL^s.  Les  petits  pieds  plats  sans  relief,  les  parois  minces^  le 
rebord  mince  et  vertical  avec  deux  ou  trois  petits  filets  en  gorge,  itaient 
communs  aux  deux  genres.  Ces  vases,  sans  pied  k  vrai  dire,  se  tenaient 
dans  le  creux  de  la  main  par  le  bas,  comme  on  peut  le  voir  sur  plu- 
sieurs monuments  antiques.  Nous  ne  savons  pas  que  des  marques 
aient  ^ii  encore  signal^  sur  ces  vases,  dont  m6me  on  n'a  peut-6tre 
jamais  pari*  depuis  Pline  {I.  c). 

271.  —  Fragment  de  la  partie  supArieure  d'un  vase  k  boire,  du 
deuxi&xie  genre  ci-dessus^  en  terre  et  couverte  rouges,  et  qui  AtaitdfoorS 


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—  433  — 

de  feuilles  sur  tiges  trte  longues  et  trfes  contoum^  en  rmceaux  sem^ 
d'^toiles  (..).  En  dehors,  touchant  presque  ^  la demiire  gorge du  rebord 
et  en  relief,  comme  les  omements  : 

ALBI 

Lettres  de  8  mill. 

La  marque  est  bien  compl^te^  les  caraoteres  rollers  et  assez  beaux.  La 
traverse  de  TA  est  oblique  et  forme  un  petit  a  avec  la  moiti^  inf^rieure  du 
deuxi^me  jambage  de  droite.  ALBI,  signal6  h  Vaison.  Voyez  le  n*  22. 

LAMPES  EN  TERRE  CUITE 

Les  sujets  sur  la  cuvette  des  nouveaux  fragments  de  lampes  sont  ou 
6taient,  car  aucun  ne  nous  est  arrive  tout  k  fait  entier  : 

—  Une  femme  assise,  les  bras  nus,  un  vase  k  anse  i  la  main  gau- 
che, un  vase  k  boire,  de  la  forme  de  celui  du  num^ro  pr6c6dent,  i  la 
main  droite. 

—  Une  r^plique  de  la  danseuse  ou  m^nade  du  Vase  Borghfese,  qui 
joue  des  crotales. 

—  Un  personnage  aiW,  v6tu  d'une  robe  k  plis  nombreux,  barbu  (t), 
les  cheveux  hdrissfe  ou  bien  avec  un  diad^me  ou  couronne  radite,  la 
face  anguleuse;  volant  i  gauche,  soutenant  d'une  main,  k  la  hauteur 
de  sa  t6te  et  en  avant,  une  lourde  et  ^paisse  draperie. 

— -  Un  chien  de  chasse  courant  (..). 

—  Un  lifevre  en  course  (..). 

Le  troisi^me  sujet,  si  Strange  au  premier  abord,  est  sans  doute  une 
personnification  de  Tun  des  Vents.  Nous  ne  connaissons  dans  le  m6me 
genre  que  les  bas-reliefs  de  la  cilfebre  Tour-des- Vents  k  Athfenes.  Sur 
d'autres  representations  des  Vents,  consistant  en  t^tesailfesaux  oreilles 
pointues,  k  Nimes  et  en  Belgique,  voir  la  lumineuse  dissertation  de 
M.  A.  Alhner  aux  pages  755  et  756  du  tome  xv  de  la  nouvelle  Mition 
de  VHisioire  de  Languedoc, 

Comme  marques,  nous  n'avons  qu'un  nouvel  exemplaire  du  n**  170, 
C*OPPLres  (..),  un  autre  exemplaire  du  n*'  181,  X  (..),  et  la  marque 
an^pigraphe  suivante  : 

272.  —  Fragment  du  fond  et  des  parois  d'une  lampe  en  terre  fineet 
couverte  jaune  marbr^  de  brun.  En  dessous,  enreiief ,  au  centre  du  fond : 


Grandeur  de  t original 

Nous  ne  savons  pas  comprendre  oe  que  repr6sente  ce  signe  que  nous 
Tome  XXXV.  28 


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—  454  — 

avons  giavd  potur  oette  raison;  il  pent  ^tre^yifiag^  dans  trois  antres  posi- 
tions que  oelle  que  nous  avons  adopt6e  k  Taventure.  Parmi  les  marques 
an^pigraphes  on  a  signal^  celle  d'un  fer  A  cheocU  sur  des  lampes  trouv^es 
en  Afrique. 

PYRAMIDES  TRONQUfiES 

278.  —  Pyramide  tronqutesur  plan  rectangulaire^  haute  de  15  oen- 
timfetres  et  plus  large  et  massive  qu*&  Tordinaire.  Sur  le  plan  sup6- 
rieur^  trao6  en  creux  avant  la  cuisson  : 

Denx  points  rapprocb68  formant  comme  le  fllet  inf6rieur 
d'une  grosse  haste  dn  boat  de  laquelle  part  une  oblique 
h  droite  plus  fine  et  plus  longrue. 

Hauteur  totaled  50  mill, 

Ce  signe  est  dans  le  sens  de  la  longueur  du  rectangle  du  plan  sup^rieur 
et  en  occupe  les  deux  tiers  environ.  La  haste  a  6t6  tracte  en  lissantavec 
une  baguette,  la  ligne  oblique  avec  une  pointe. 

274.  —  Moiti6  ini^rieure,  fortement  us6e  et  anondie,  d'une  pyra- 
mide tronqufe  de  grandeur  moyenne  qui  6tait  sur  plan  carr6.  Sur  le 
plan  inferieur,  imprim^  en  creux  : 


Haut.,  25  mill. 

Cette  marque  est  k  rapprocher  de  celle  du  n*  492^  comme  nombre  de 
points.  Ces  points  ^talent  ici  triangulaires;  les  cinq  du  pourtour  sont  k  demi 
effaces  par  I'usure.  La  pyramide  a  6t6  cass6e  au  moment  de  la  d^couverie 
et  sa  cassure  est  nette,  en  deux  plans,  tandis  que  bon  nombre  d'autres  sont 
ici  incompletes  par  un  6clat  anclen  ot  irr^lier  selon  les  parties  faibles  de 
la  terre  cuite,  6clat  qui  a  eu  toujours  le  trou  pour  centre.  Nous  croyons 
aujourd'hui  que  cela  vient  de  Toxide  des  chevilles  de  fer  ou  ^taient  suspen- 
dues  les  pyramides  que  nous  trouvons  bris^  de  cette  mani^re;  car  Tobser- 
vation  faite  par  M.  L.  Audiat,  en  Saintonge,  n'est  pas  celle  d'un  fait  isol^ : 
M.  Cakat  nous  a  inform^  qu'il'  y  avait  au  mus6e  de  rarchev^h6  d'Auch 
ou  dans  sa  collection  deux  ou  trois  pyramides  tronqu^^  trouv^  k  Auch, 
ayant  encore  une  cheville  de  fer  pass6e  dans  leur  trou. 

Nous  avons  encore  trouv6  un  nouvel  exemplaire  du  n*  1^.2,  de  18  oenti* 
metres  de  haut  et  k  I'^tat  de  neuf,  avec  un  X  de  12  centimetres  de  haut 
BUT  chacune  deses  deux  larges  faces. 


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-•  435  — 

DISQUES  EN  TERRE  CUITE 

Nous  avons  trouv6  un  autre  de  ces  petits  disques  porlant  un  sujet 
bien  simple  mais  des  mieux  conserves  : 

275.  —  Disque  en  terre  cuite  rouge&tre  de  13  millimitres  de  dia- 
m6tre,  la  tranche  gercte  par  Tapposition  du  cachet  matrioe,  la  boulette 
de  terre  glaise  ^tant  posee  sur  quelque  chose  de  plat.  Le  sujet  consiste, 
partant  du  centre,  en  : 

Un  bouton  plat,  une  gorge,  un  demi-tore,  un  fllet  en  relief 
entre  deux  filets  creuz;  le  tout  concentrique. 

Ce  sujet  a  10  millimetres  de  diam^tre. 

MOULES  EN  TERRE  CUITE 

276.  —  Moule  de  forme  ronde  et  en  fort  mamelon  au  revers.  Ce 
moule,  en  terre  cuite  rouge^tre  et  poreuse,  donne  en  6preuve  un  mufle 
de  lion  de  34  millimetres  de  largeur  sur  33  de  hauteur.  Sur  la  tranche 
de  bordure,  avec  continuation  au  revers,  est  profond^ment  grav6  en 
creux : 


Ce  signe,  de  17  millimetres  de  longueur,  dont  les  deux  tiers  sent  rabattos 
au  revers  du  moule,  est  juste  au-dessus  du  milieu  de  la  tete.  Cetait  done, 
simplement,  un  guidon  pour  appliquer  le  moule,  comme  un  sceau,  dans 
son  vrai  sens.  Dans  les  substructions  de  la  maison  ot  ce  moule  a  et6  ddooa- 
vert,  nous  avons  trouve  quatre  ou  cinq  fragments  de  grands  et  forts  vases 
—  en  terre  grossiere  pareille  k  celle  du  moule  —  de  la  forme  de  notre  vase 
fin  n'  260,  oh  etaient  des  mufles  de  lion,  comme  anses  ou  comme  ddver- 
soirs,  diflerents  de  celui  que  donne  notre  moule^  mais  de  m^me  taille  et  dis- 
position. Nous  croyons  qu'une  foule  d'objets  usuels  etaient  fabriqu^s  dans 
les  maisons  mdmes  od  on  les  trouve;  d'od  notre  moule^  les  ^preuves  dont 
nous  venous  de  parler  et  le  fragment  de  moule  pour  lampes,  n*  183,  trouve 
dans  les  mines  d'une  autre  maison.  Les  petits  disques  que  nous  avons 
donnes  ne  se  comprennent  guere  non  plus  que  comme  fabriques  et  cults 
dans  les  maisons  qui  les  emettaient.  L'industrie  domestique  de  la  maison 
gallo-romaine  s'est  affirmee  encore  dans  nos  fouilles  par  des  bronzes,  des 
clefs  notamment,  qui  n'etaient  qne  forges  et  attendaient  lefinide  la  lime; 
et  par  un  grand  nombre  d'objets  en  os,  surtout  des  epingles  &  cheveux,  qui 
n'etaient  encore  que  debites,  d'autres  &  peine  ebauches. 


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—  436  — 

Comme  moules  en  terre  cuite  f  rappto  probablement  de  signes  ou  guidons 
et  trouv^  8ur  un  autre  point  de  Pradoulin,  signalons,  pour  m^moire,  un 
moule  double,  d'environ  7  centimetres  de  large,  qui  donnait,  en  bas-relief, 
d'un  o6t6  un  lion,  de  I'autre  un  li^vre  en  course.  Nous  n'avons  pas  vu  oe 
moule,  qui  a  6t6  distrait  fort  mal  k  propos  de  son  lieu  d'origine  pour  aller 
se  perdre  on  ne  sait  oti. 

BRONZES 

277.  —  1.  Garniture  de  Tun  des  bouts  d'une  petite  rfegle  plate  qui 
6taitpeut-6treune  mesare  de  longueur.  2.  Garniture  k  peu  pr^  pareille 
d'un  objet  semblable.  Sur  le  haut^  oil  le  devant  des  garnitures  forme 
un  rectangle  un  peu  plus  Eminent  que  le  reste,  lrac6  en  creux  comme 
avec  une  lime  fine  en  forme  de  lame  de  couteau : 


rS 


Largeur  moyenne  IS  mill. 

Ces  signes,  aux  traits  6pais  d'un  derai  millimetre,  ont  la  meme  largeur 
que  les  rectangles  susdits.  On  pent  comprendre  par  la  fagon  d^  bronzes 
que  les  regies  ou  mesures  qu'ils  garantissaient  se  posaient  k  plat,  comme 
nos  doubles  decimetres;  le  signe  se  presentait  alors  en  hauteur :  X.  De  la 
sorte  on  ne  pent  guere  y  voir  un  simple  ornement;  le  n*  2,  au  reste,  ^t  plus 
artistlque  que  le  n*  1,  avec  un  eiargissement  vers  sa  base  et  deux  filets 
ooncentriques  encadrant  chacun  des  trois  clous  qui  fixaient  le  bronze  —  au 
lieu  du  simple  clou  du  n*  1  —  et  on  e^t  encore  distingue  par  un  sujet  plus 
riche,  d'autant  mieux  que  les  anciens  ne  se  repetaient  jamais  exactement 
dans  les  oeuvres  d'art.  Ce  sent  done  Men  des  signes  sans  doute :  un  signe 
numeral  ou  bien  la  signature  du  meme  illettre  qui  avait  fabrique  les  deux 
bronzes  ?  Cette  derniere  conjecture  nous  semble  etre  celle  qui  offre  lemoins 
de  probabilites,  quoique  dans  Fautre  nous  ignorions  fort  k  quelle  unite  de 
mesure  aurait  repondu  le  chiffre  X.  Les  deux  garnitures  ou  armatures 
avaient  en  moyenne  10  millimetres  de  hauteur  au  revers  et  50  millimetres 
sur  le  devant :  non  compris,  en  tete  du  n*  1,  un  appendice  de  trois  boutons 
globulaires  superposes  et,  en  tete  du  n*  2,  un  seul  bouton  de  meme  forme 
que  les  autres,  mais  beaucoup  plus  gros.  Ces  appendices  etaient  sans  doute 
pour  deplacer  facilement  la  petite  regie  et  pour  preserver  ses  bouts  si  elle 
venait  k  tomber. 

278.  —  Deux  variantes  du  fl^au  de  balance  gradu6  n**  212  : 

1*  Moitie  complete  graduee  d*un  fleau  de  balance,  de  fa^n  fine  et  artis- 
tlque, en  une  tige  rondeallant  s'amincissant  duc^tederextremitemouluree 
od  est  Tceillet  qui  portait  Tanneau  de  suspension  des  chaine8(..).  Sur  la 


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—  437  — 

longueur,  qui  est  del3  centimetres  li2,  sent  grav^  en  creux  onze  points 
dquidistants. 

2*  Fragment  de  la  moiti^  graduee  d*un  fl6au  de  balance  de  mSme  forme 
et  fa^n  que  le  pr^cMent.  La  partie  qui  manque  ici  est  celle  qui  aboutissait 
au  centre.  Sur  la  longueur  restante,  qui  est  de  7  centimetres  li2,  sent  grav^ 
en  creux  quatorze  points  k  pen  pr^s  ecart^s  entre  eux  de  5  millimetres^ 
sauf  les  cinquieme  et  sixieme,  en  partant  de  FoeiUet,  qui  n'ontquel  milli^ 
metre  ii2  d'intervalle.  Ces  points  creux  semblent  avoir  remplace,  par 
rectification,  douze  oU  treize  points,  ou  petits  boutons  plats,  en  relief,  qui 
avaient  ete  forges  et  ciseies  avec  le  Heau  et  qui  etaient  equidistants. 

Ainsi  trois  fieaux  de  balances  trouves  brises  k  Pradoulin,  oh  etait 
I'ancienne  Lactoruy  avaient  ete  gradues  selon  trois  systemes  differents. 

INSCRIPTIONS  LAPIDAIRES 

Nous  pla^ons  k  la  fin,  comme  bors  cadre,  quelques  fragments  d'ins* 
eriptions  lapidaires  encore  in^dits  en  partie.  Ce  ne  sent  pas  pr6cis5ment 
les  fouilles  qui  nous  ont  donn6  la  presque  totality  des  objets  ci-dessus 
qui  les  ont  fournis;  elles  n'ont  produit  qu'un  infime  fragment,  malgri 
la  mise  au  jour  de  grandes  quantites  de  plaques  de  marbre  blanc^ 
moului*es  de  diverses  formes  et  grandeurs,  bas-reliefs,  vases,  etc.,  du 
mtoe  marbre,  et  des  plaques  plus  minces  de  toutes  sortes  de  marbres 
de  couleur.  Aucun  ou  presque  aucun  deces  fragments  n'6tait  sur  place 
ici,  et  il  en  est  de  m^me  sur  tous  les  points  encore  explores  des  mines 
de  Tancienne  ville  de  la  plaine,  oil  on  les  trouve  r^pandus  de  la  sorte 
sans  qu'ils  se  compietent  jamais  les  uns  les  autres.  C'est  que  cette 
plaine  a  ii6  habitfe  k  trois  epoques  diff^rentes  qu'il  nous  faut  fixer  en 
quelques  mots  pour  expliquer  ces  d6bris  ^pars  et  la  pr^ence  sur  deux 
ou  trois  points  de  Pradoulin  et  sur  un  ou  deux  points  de  la  ville 
actuelle  des  quatre  ou  cinq  fragments  inscrits  en  question. 

Premierement,  T^poque  Aut6-romaine,  qui  s'est  affirm^e  pour  nous, 
aux  niveaux  les  plus  bas,  par  des  lits  de  cailloux^  transportfe  de  main 
d'honime,  au-dessus  desquels  11  a  &ii  trouv6  des  baches,  des  percu- 
teurs,  broyeurs,  raolettes,  lissoirs,  disques,  etc.,  en  pierres  dures,  en 
nioindre  quantity,  seulement  pour  les  baches,  que  sur  le  plateau  ou 
est  la  ville  actuelle.  Aux  mtoes  niveaux  ont  ^i&  trouvees  une  piece 
incite  des  Sotiates,  touchant  de  bien  pr^s  au  prototype,  qui  n*6tait  pas 
bien  entendu  celui  que  Ton  a  dit,  et  la  pifece  an^pigraphe  (I)  si  com- 
mune du  meme  peuple,  dite  des  Elusates  par  plusieurs  spteialistes 
inodemes,  parce  que  depuis  une  cinquantaine  d'ann^es  seulement  deux 
trouvailles  de  ces  pieces,  en  nombre,  ont  &ti  faites  sur  Tancien  terri- 


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—  438  — 

toire  (t)  de  ce  dernier  peuple.  Mais  on  en  a  trouv^  aussi  en  nombrenon 
loin  de  la  ville  des  Lactorates,  seu  Sotiaies,  qui  les  6mirent  toutes,  ei 
en  nombre  ou  ^parses  non  seulement  dans  cette  ville  ou  cbez  les 
Elusates,  mais  encore  le  long  des  Pyr6n^,  k  Vieille-Toulouse,  aox 
environs  d'Albi  et  jusques  en  Normandie :  ce  sont  les  types  et  ThiB- 
toire  qui  peuvent  determiner  rationnellement  la  nationality  des  monu- 
ments monitaires  et  non  pas  un  systfeme  d'6tiquettes  pour  coUectionneurs 
k  court  d'informations. 

Seoondement^  Tipoque  Romaine  s'est  absolument  affirmfe  par  une 
infinite  de  monuments  de  toute  nature. 

Enfin,  troisifemement,  k  T^poque  Barbare  on  acheva^  semble-t-il,  de 
disperser  k  Pradoulin,  les  moins  lourds  des  restes  de  monuments 
qu'avaient  laiss^s  sur  place  les  constructeurs  des  remparts  du  camp  de 
la  hauteur  dont  nous  avons  parie^  en  reconstruisant  la  ville  au  m^e 
endroit  que  pricedemment.  Ce  fait  qui  etait  ignor6  et  qui  dut  se  repro- 
duire  peut-^tre,  au  moins  k  Aire,  Auch^  Eauze,  Saint-Bertrand,  Saint- 
Lizier,  sans  nouvelle  destruction  pour  la  premifere  et  la  demifere  de  ces 
villes  (?),  s'est  affirm6  ici  par  les  substructions  de  ladite  reconstruction 
faite  avec  toute  sorte  de  mat^riaux  ayant  d^ji  servi.  Les  maisons 
nouvelles,  sur  plan  special  (?)  —  beaucoup  de  piliers  —  s'^levirent 
fondles  k  un  niveau  sup^rieur  et  au-dessus  des  substructions  recou* 
vertes  de  charbons,  de  cendre  et  de  terre  de  la  ville  des  premiers  siMes 
de  notre  fere,  si  bien  que,  par  aventure,  certains  des  murs  nouveaux 
furent  bfttis,  un  pen  en  porte-a-faux  seulement,  sur  lam6meligneque 
certains  des  anciens  murs :  une  couche  separative  de  20  oentimfetres, 
environ,  de  charbons,  cendre  et  terre  entre  deux.  C'est  ce  que  Ton  a  pu 
voir  pendant  ces  deux  ou  tiois  derniferes  ann^es  sur  le  champ  m&ne  de 
nos  fouilles.  Ce  qui  donne  surement  aux  Barbares,  au  moins  pour 
demeure,  ces  constructions  nouvelles,  c'est  la  trouvaille  k  leurs  niveaux 
d'une  nombreuse  suite  Sparse  de  petites  monnaies  de  bronze,  d'^pais- 
seur  vari^e  et  plus  ou  moins  barbares,  presque  toules  imit^es  des  pedts 
bronzes  des  deux  Tetricus.  Quelques-unes  de  ces  pieces,  oil  la  divinity 
feminine  du  revers  ressemble  k  des  branches,  ou  k  un  oiseau,  ou, 
s6rieusement,  k  un  moulin-k-vent,  portent  bien  encore  le  nom  de 
Tetricus,  plus  ou  moins  incomplet,  mais  les  autres,  au  droit  et  au 
revers  encore  plus  degen^r^s,  n'ont  que  des  lettres  parfois  k  rebours  ou 
de  forme  inconnue,  avec   lesquelles  aucun  mot,  si  ce  n'est  peut-fttre 
AVC,  pour  Augustus,  ne  se  trouve  compost.  Aux  m&mes  populations 
appartenaient  sans  doute  des  bijoux,  trouv6s  avec  les  pieces,  d6cor6s 
de  tfetes  barbares,  de  mosaiques,  ou  bien,  d'oruements  en  creux  fort 


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—  439  — 

bizarres  et  sans  rapports  avec  oenx  des  bijoux  dits  francs  ou  m^ro- 
vingiens. 

279.  —  1.  Fragment  d*une  plaque  de  marbre  Wane  de  Saint-B&it, 
ayant  17  centimetres  de  large  sur  12  de  haut  et  3  li2  d'^paisseur. 
Trouv6  k  Pradoulin,  loin  des  fouilles,  dans  le  mur  d'une  des  maisons 
du  hameau,  par  M.  J.  Lucante  el  donnte  par  lui  au  mus^  de  Lectoure. 
—  2.  Fragment  de  la  mAme  plaque  —  trfes  visiblement  par  la  nature 
du  marbre,  son  6paisseur,  sa  fa^n  et  la  forme  des  lettres  —  ayant 
7  centimetres  de  large  sur  12  de  haut.  Trouv6  par  nous,  prfts  des 
fouilles,  au  bord  d'un  champ  nouvellementlabour^et  donn^  6galement 
au  mus6e : 


Lettres  de  64  et  74  mill,  environ 


Lettres  de  56  mill. 

Le  crochet  qui  reste  k  gauche  de  la  premiere  ligne  du  fragment  n*  1, 
indique  un  C  ou,  plus  probablement,  un  E;  les  restes  de  lettres^  k  la 
deuxi^me  ligne  indiquent  un  I  ou  un  N,  un  A^  qui  6tait  suivi  d*un  point, 
et  un  I  ou  un  L. 

II  y  avait  done  ainsi  k  pen  pres  siirement  ENrF* ....  i  la  pre- 
miere ligne  de  ce  fragment, et  IA*I....  k  la  seconde;  au  fragment 

n*  2,  qui  est  le  m^me  qu'a  publi6  M.  le  capitaine  Esp^randieu  (Inscrip- 
tions antiques  de  Lectoure,  Ta9  38),  ii  y  a  ...  .RE. ...  et  au  bas  les  restes 
d'une  moulure  en  baguette  creuse  qui  montre  que  ces  lettres  faisaient  partie 
de  la  derni^re  ligne :  la  seconde  ou  la  troisi^me  du  fragment  n*  1  ?  L'en- 
semble  se  rencontre  etretel  que  le  sens  general  et  la  nature  du  monument 
ne  laissent  gu^re  de  doutes :  c'6taitsans  doutela  plaque  inscrite  d'un  grand 
tombeau  61ev6  k  un  tel  ou  k  une  telle,  flls  ou  fille  d'un  individu  non  citoyen 
remain,  dont  le  nom  etait  en  onus;  ensuite  venaient  les  noms  et  peut-^tre 
aussi  la  quality  de  celui  ou  de  ceux  qui  avaient  fait  Clever  le  tombeau  : 
rheritler  ou  les  h^ritiers  [Ae]r(?[5]  ou  {he]re[des]  ?  Les  lettres  sonttr^s  beUes 
et  le  monument  ^tait  probablement  du  premier  si^cle. 

Les  grands  tombeau  x  avaient  dans  la  contr^diverses  formes,  ils  avaient 


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—  440  — 

tous,  TTaiflemblAblementy  la  statue  en  pied  du  d^font  ou  de  la  d^funte  pla-  * 
oto  le  plus  souvent  dans  nne  niche  ou  contre  une  muraille.  C'est  k  ces 
monuments  fun^raires,  dont  il  existe  encore  surtout  une  foule  de  diminu- 
tifs,  qu'appartenaient  presque  tous  ces  corps  drapes  de  pierre  ou  de  marbre, 
sans  t^te,  mais  pr6par6s  pour  la  recevoir  par  un  creux  entre  les  deux 
^paules.  Les  t^tes,  qui  ^taient  des  portraits,  6taient  sculptees  eu  marbre, 
aprte  le  d^cks,  avec  un  appendice  conique  au  bas  du  cou  pour  mieux  1^ 
assuj^tir  sur  les  corps  qu*il  y  avait  k  choisir.  De  telles  statues,  au  corps 
quelquefois  tr6s  allonge  parce  qu'elles  se  trouvaient  dans  une  partie  trcs 
61ev6e  du  tombeau,  se  troiivent  un  pen  partout,  dans  le  midi  de  Fancienne 
Gaule  du  moins,  tant  dans  les  villes  que  dans  les  campagnes.  C'est  k  tort 
que  certains  veulent  y  voir  des  portraits  d'empereurs  ou  d'imperatric^, 
avec  des  thtories  que  nous  passons.  De  fait,  sans  doute,  nous  ne  nous  figu- 
rons  pas  Men  aujourd*hui  la  grande  richesse  en  oeuvres  d'art  de  tous 
m6rites  de  la  moindre  de  nos  anciennes  capitales  de  cites;  mtoe  la  raison 
tant  cherch^  des  monuments  ^tonnants  decouverts  k  Martres-Tolosanes, 
n'est,  vraisemblablement,  que  des  debris  incomplets  encore  des  temples, 
des  tombeaux,  du  mobilier  des  maisons  et  des  statues  publiques  d'un  sim- 
ple bourg,  n'ayant  pas,  par  exception  fortuite,  trouve  d'emploi  avant  leur 
enfouissement,  pr^c6de,  comme  partout  ailleurs,  d*affreuses  mutilations, 
sauf  peut-etre  les  portraits  officiels. 

A  la  ville  romaine  de  Lectoure,  c'6tait,  comme  nous  Tavons  de]k  dit 
(n'  217),  entre  les  voiesde  Toulouse  et  d'Auch,  jusqu'^  Fancienne  abbaye 
de  Saint-G6ny,  inclusivement,  que  se  trouvaient  les  tombeaux  de  toute 
sorte.  D6truits  comme  monuments  religieux,  la  plupart  de  leurs  debris 
servirent  pour  les  remparts  du  camp  de  la  hauteur  voisine  oti  est  la  ville 
actuelle.  Certainement,  un  tr6s  petit  nombre  de  ces  debris,  comme  oeux  que 
nous  venous  de  voir,  furent  transport's  k  Pradoulin,  si  rapproche  pour- 
tant,  et  nos  fouilles,  proprement  dites,  si  riches  en  tant  de  choses  diverses, 
n*ont  produit  qu*un  fragment  insignifiant  qui  a  pu  leur  appartenir :  un  I 
ouun  L,  de  m^ocres  dimensions,  grav6  sur  un  petit  morceaud*une  mince 
plaque  de  marbre ! 

280.  —  Fragment  du  panneau  ant6rieur  encadr6  de  moulures  d'un 
bloc  ou  d'une  plaque  en  pierre  commune  du  pays,  cass6  en  diagonale 
k  25  centimetres  k  droite  et  25  centimetres  en  bas  de  Tangle  sup^rieur 
de  gauche : 


T 


Lettre  de  60  mill,  environ 
Ce  T,  qui  commen^it  un  texte  compris  dans  le  cadre  de  moulures,  est 
de  tr^s  belle  forme;  les  filets  de  la  traverse  depassent  cette  traverse  en  haut 
oomme  en  bas;  le  bfts  d^  }a  haste  pianque.  Ce  fragment  |ut  dessine  par 


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—  441  — 

nous  en  1881,  au  faubourg  de  Leotoure,  rue  du  Campardin6,  dansune 
grange  aux  murs  de  laquelle  il  6tait  encastr^.  Malgr6  Tencadrement  de 
moulures  et  la  forme  de  la  pierre  en  panneau  saillant,  nous  sommes  port6 
a  croire  aujourd'hul  qu'il  a  fait  partie  d*un  bloc  de  pierre  de  mtoe  nature 
et  inscrit,  qui  fut  d^couvert  en  avril  1891  dans  les  jardins  de  la  sous- 
prefecture  (anclen  6vech6),  tout  pr^s  du  mur  remain  dont  nous  avons  plu- 
sieurs  fois  parle,  et  tout  pr6s  de  Tendroit  ou  ont  6i6  trouv^es  en  divers 
temps  presque  toutes  les  inscriptions  antiques  de  Lectoure  Ce  bloc,  il  est 
vraiy  cass^  sur  le  c6t6  gauche  seulement,  est  sans  moulures  et  parait  com- 
plet  de  trois c6tes,  maispeut  Mre  une  retaille  a  ^pargne  les lettres et  enlev6 
avec  les  moulures  la  partie  de  parement  taill6  en  courbe.  En  rMuisant 
r^chelle  adoptee  pour  Tunique  lettre  du  premier  fragment,  nous  donnons 
de  nouveau  Tinscription  de  ce  bloc  —  qui  a  actuellement  44  centimetres  de 
large  sur  30  de  haut  —  publi6e  par  M.  Allmer  (Rocue  dpigr,  du  Midi  de 
la  France,  in,  p.  US),  mais  avec  omission  d'un  point  k  la  fln  dela  troi- 
sieme  ligne,  et  des  restes  d'une  lettre  au  debut  de  la  demiere,  et  par  M.  Ic 
capitaine  Esperandieu  (Inscriptions  antiques  de  Lectoure,  n*  37)  avee 
inexacte  position  des  lettres,  une  lettre  en  trop  au  commencement  de  la 
troisieme  ligne  et  omission  du  point  etdu  fragment  de  lettre  susdits. 

VLLAE-FA 

CAMVLI-FIL 

....VRAVIT-ET. 
HER 

Lettres  de  62,  60,  50  et  54  mill. 

Les  lettres  sent  de  tr^s  belle  forme;  ies  points  triangulaires  et  tr^s 
forts.  Toutes  ces  lettres  sont  bien  lisibles  quoique  alter^es,  ou  m^me  quel- 
ques-unes  incompletes,  par  des  eclats  de  la  pierre.  Parmi  celles  qui  ne  sont 
pas  entieres  notons  la  premiere  de  la  troisierae  ligne  qui  n*a  plus  que  le 
.  tiers  superieur  de  son  deuxieme  jambage  et  la  premiere  de  la  quatrieme 
ligne  qui  n*a  plus  que  le  quart  superieur  de  sa  deuxieme  haste.  A  gauche 
de  llnitiale  de  la  premiere  ligne  la  marge  est  assez  grande  sur  un  point 
pour  montrer  qu*il  y  avait  un  T,  avant  cette  initiale  actuelle.  Le  premier 
mot  etait  done  [Tert]ullacj  sans  doute,  et  on  voit  que  le  fragment  dessine 
au  faubourg  pent  tres  bien  porter  le  commencement  de  notre  texte;  la  dis- 
persion des  deux  fragments  k  demi  kilometre  de  distance  n'aurait,  encore 
ici,  rien  de  surprenant  :  k  Tepoque  revolutionnaire  une  autre  inscription 
antique,  complete,  fut  prise  au  palais  episcopal  et  entra  dans  une  construc- 
tion du  meme  faubourg.  Le  premier  mot  ainsi  restitue,  on  voit  qu'il  ne  pent 
manquer  que  trois  ou  quatre  lettres  et  un  point  a  la  deuxieme  ligne,  avant 
CAMVLI,  et  trois  lettres  et  un  point  k  la  troisieme,  avant  [CJVRAVIT, 
et  alors^  les  4eu;x  fragments  reunis,  on  peut  es9ayer  la  resritutlon  et  lecture 


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—  442  — 

suivantes  :  T[ert]ullae  Fa\  ...  f  Camuli  JUiiae)  \  \pat](fir){f)  [c]ur(UiU 
et  I  her(e$),  Mais,  si  de  la  sorte  nous  ne  nous  totrtons  pas  absolument  da 
sens  et  de  la  teneur  ancienne,  quel  serait  le  mot,  oommenQant  par  FA,  qui 
smvait  le  nom  de  Turtulla  ?,  Serait-ce  un  deuxi^me  sumom,  dont  poor 
notre  part  nous  ne  cpnnaissons  aucun  autre  exemple  dans  Tesp^ce  (car  il 
8*agit  ici  de  non  citoyens  remains),  ou  un  sobriquet  intime  de  famille,  on  le 
nom  d'une  fonction  feminine  locale  et  particuli^re,  inconnue  d'autre  part? 
Cette  dif  ficult6  ne  rend  le  monument  que  plus  interessant.  II  date  probable- 
mentdu  premier  si^cle,  tant  par  sa  concision  que  par  la  beaute  des  caracte- 
res,  etil  afait  partie  sans  doute  encore  d*un  deces  grands  tombeaux  de  gens 
riches.  Enfln,  le  nom  du  p^re,  Camtlus^  qui  est  un  nom  celtique  des  plus 
certains,  nous  montre  que  TAqultaine  primitive  etait  aussi  habitee  par  des 
Celtes.  D'ailleurs,  d'apr^  d'autres  documents  que  nous  n'avons  pas  k  exa- 
miner ici,  les  Celtes  ^taient  assez  nombreux  dans  ce  pays,  surtont  aux 
endroits  oix  on  le  soup^nne  le  moins  aujourd'hui. 

EuGifeNE  CAMOREYT. 


QUESTIONS   ET   RfiPONSES 


196.  Sur  le  romanoier  Loubaystln  de  Lamarque 

M.  T.  de  L.  demandait,  il  y  a  douze  ans,  ici  mtoe  (t.  xxiii,  p.  200) :  «  Que 
sait-on  de  Francis  Loubayssin  de  Lamarque,  gentilhomme  gascon  etau- 
teur  dedeux  romans  espagnols  publics  k  Paris  en  1615  et  1617?  » 

J'ai  trouv6,  je  crois,  un  commencement  de  r^ponse  a  cette  question  dans 
le  «  Testament  de  damoiselle  Naudine  Lamarque^  femme  de  Geraud  Lou- 
bayssin marant  (i)^  »  dont  voici  Pextrait  : 

«  L'an  1617  et  le  16*  jour  du  mois  de  may  ....  dans  la  maison  de 

sieur  Geraud  Loubayssin,  bourgeois  d'Astaffort,  fut  personnellement  esta- 

blie  dameiio  Naudine  Lamarque  femme  audit  Loubayssin.  »  Elledit 

avoir  eu  quantity  de  biens  meubles  et  immeubles  de  la  succession  de  son 

p6re  Pierre  Lamarque,  «  desquels  ledit  Loubayssin  son  mari  sesaisit  etpour 

la  reconnaissance  desquels  y  a  proces  devant  le  senechal  et  pr^idial  de 

Condom  »  ;  desh6rite  Jean  Loubayssin,  son  flls  aisn6 ,  «icause 

qu'elle  n*a  jamais  re<ju  d'assistance  de  son  fils  aisn6  qui  lui  a  est6  fort  ingrat 

ne  Tayant  vue  depuis  quatorze  ans  qu'il  s'est  retire  et  mary6  k  Salamanque 

en  Espaigne  »;  nomme  ses  autres  enfants :  Dominique,  auquel  elle  l^e 

par  preciput  450  livres  pour  avoir  entretenu  de  ses  deniers  son  f r^re  Jean- 

Anthoine,  6tudiant  k  Toulouse;  Fran^ise,  marieeaM.  Francis  Gharri^, 

docteuren  medecine,  mil  livres;  FRANgois  Loubayssin,  son  tils,  150  livr^; 

Jean-Anthoine,  400  livres,  quand  il  aura  25  ans;  Ague,  Catherine,  Antoi- 

gnette  et  Jeanne  Loubayssin,  ses  filles,  k  chacune  300  livres;  institue  son 

h6ritier  universel  ledit  Dominique,  etc. 

Un  Cuercheur 

(1)  Registres  de  Sentou,  notaire  k  Astaffort,  ann^e  1617,  ^  105  v,  106.107, 108. 


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NOTAlRESrOfiTES  ET  REPRESENTATIONS  DRAMATI(fVES 

DANS  LS  PARDIAC  BT  L'ARMAQNAC  AUX  XVI*  ET  XVU*  SISCLBS 


II  n'est  point  aussi  rare  que  Ton  pourrait  le  supposer  de  voir  un 
notaire,  bomme  g^n^ralement  grave  par  nature  et  par  dlat,  et  en  appa- 
rence  le  moius  po^tique  du  monde^  se  livrer  au  commerce  des  muses^ 
comme  pour  se  dtiasser  de  I'ariditd  et  de  la  s6cheresse  de  ses  occupa- 
tions habituelles. 

II  en  est  d'autrefois^  il  ou  est  d*aaJourd*hui  I 

En  voici  un  de  la  fin  du  xvi«  sifecle,  maltre  J.  Camicas,  notaire  a 
Mardac^  dont  le  recueil  des  minutes  pour  Tan  1593  s'ouvre  par  les  vers 
suivants  (1)  : 

Maistre,  o  J^us,  roi  doox  [et  d^ectaUe,] 
Diea  trte  element  et  juge  pitoyable, 
Pais  qu'en  mes  ans  ta  hautesse  me  don[ne] 
Pour  te  servir  saine  pens^  et  b[onne.] 
Ne  fixe  rien  qu!h  ton  honnear  et  g[loire] 
Tea  mandements  oulr,  garder  et  cr[oire,] 
Avee  soupirs,  regretz  et  [repentance]  * 
De  t'avoir  Met  par  tant  [d'ceuvres  ofiEense.] 
Puis  quand  la  vie  i  mortdonnera  lieu, 
Las !  tire  moi,  men  RMempteur  et  Dieu, 
Lit  haut  ot  joye  indicible  sentist 
Celluy  larron  qui  tard  se  repentist, 
Pour  et  afln  (2)  qu'en  laissant  tout  moleste 
Je  soys  remply  de  liesse  celeste. 

Ces  vers  du  vieux  tabellion  ne  sont-ils  pas  charmants  t  Et  n'est-elle 
pas  surtout  piquante,  la  bonhomie  avec  laquelle  il  reclame  Tindul- 
gence  dont  b6n6ficia  le  larron  «  qui  tard  se  repentist  »  f 

Malheureusement,  la  marge  exl6rieure  du  feuillet  est  fort  endom- 
magte  et  plusieurs  rimes  manquent.  Pour  quatre  d'entre  elles,  le  com- 
mencement des  mots  6tant  demeur^,  ils  se  complfetent  d'eux-mfemes; 
trois  ont  entiferement  disparu  et  n'ont  pu  6tre  suppl6fe  que  par  conjec- 
ture plus  ou  moins  douteuse.  La  lacune  est  regrettable  sans  doute, 
mais  peu  importante,  et  le  morceau  n'en  conserve  pas  moins  toute  sa 
saveur. 

Les  notaires-po^tes  ne  florissaient  pas  seulement  i  Mardac.  Nous 

(1)  Etude  de  M*  Rigaud,  k  Marciac. 

(2)  Style  4^  potaire  et  qiarque  de  fabrique,ce  n^e  semble, 


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—  444  — 

en  signalerons  deux  autres,  qui  vivaient  aux  xvi«  et  xvii*  sifecles  k 
Nogaro  et  k  (Jondrin. 

Celui  de  Nogaro  ^tait,  croyons-nous,  un  jeune  clerc  de  M*  Bilhau, 
notaire  royal  dudit  lieu  vers  1650  et  1670.  Nous  augurons  la  chose  de 
l*6criture  m6me  qui,  vive  et  alerte,  dlSbre  beaucoup  de  celledu  respec- 
table propri^taire  de  Tetude.  Comme  nous  parcourions  un  deses  regis- 
tres,  il  y  a  quelques  annfes,  une  feuille  volante,  d'aspect  bien  jauni, 
s'offrit  k  nous  couverte  de  lignes  menues  et  61anc^  qui  tenaient  seu- 
lement  le  milieu  de  la  page.  Nous  eumes  t6t  fait  de  reconnattre  des 
vers.  Mais  la  malheureuse  feuille  a  depuis  lors  si  bien  ou  si  mal  vole 
qu'elle  se  d6robe  actuellement  k  toutes  nos  recherches. 

Cependant  nous  nous  souvenons  parfaitement  que  le  morceau  ^tait 
assez  court,  et  que  Tauteur  Tavait  repris  k  plusieurs  fois  avant  d'arri- 
ver  au  bout.  Les  ratures  et  les  surcharges  y  abondaient,  plus  encore 
que  les  vers  faux  et  d'allure  bizarre,  et  ce  n'est  pas  peu  dire.  Lld6e 
gin6rale  proc6dait  de  la  litt^rature  amoureuse  et  se  rattachait  k  ce 
genre  poitrinaire  etclair  de  lune  qui  en  ade  tout  temps  enfant^  par  dou- 
zaines.  Aussi  ne  pensons-nous  pas  que  cette  perte  soit  autrement  i 
d^plorer.  Mais  peut-^tre  6tait-il  bon  de  noter  sommairement  le  fait. 

Nous  arrivons  k  Gondrin.  Dans  le  registre  de  M«  Antoine-Amaud 
Camarade  de  1636  (1)  est  transcrite  tout  au  long  une  'sorte  de  com6die 
ou  €  farce  »  dont  Ten-tfete  parait  annoncer  plusieurs  actes,  mais  qui, 
en  r6alit6,  ne  sortit  pas  des  ^troites  limites  de  Facte  I•^  Personne, 
j'imagine,  ne  s*en  plaindra,  surtout  si  Ton  considfere  les  nombreux  cas 
oil  la  muse  de  Tauleura  montrd  plus  de  bonne  volenti  que  d'exp^rience 
et  de  talent. 

On  remarquera  que  le  dernier  vers  expire  sur  la  promessed'un  ballet 
en  compagnie,  nombreuse  sans  doute.  Notre  €  Farce  »  a  doncit^  jou^ 
devant  une  ceriaine  assistance,  k  titre  de  prologue  de  ce  ballet.  Ces  sortes 
de  r6jouissances,  de  caract^re  plus  ou  moins  litt^raire,  itaient  en  eflfet 
trfes  gout^es  des  Gondrinois.  lis  apprenaient  de  bonne  heure  k  s*y  livrer. 
Sur  les  bancs  de  T^cole,  le  regent  dressait  ses  6l^ves  k  des  exercices 
acaddmiques,  notamment  k  la  representation  de  tragedies  ou  comedies. 
Le  carnaval  les  provoquait  et  le  beau  mois  de  mai  les  ramenait.  Le 
public  etait  la  en  foule,  et  la  municipality,  entralnfe  et  ravie  cx)mme 
tout  le  monde^  acquittait  la  note  k  payer  ou  distribuait  des  cadeaux  aux 
jeunes  acteurs.  C'est  ce  qui  r^sulte  du  passage  suivant  des  comptes  des 
.consuls  de  Gondrin  en  1656  (2)  : 

(1)  Etude  Castay,  i  Gondrin. 

(2)  Archives  delamairie  de  Gondrin. 


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—  446  — 

«  A  M.  Arnauld  Dupleix,  regent,  pour  sonquartier  de  x  1.  qu'il  fust 
deliber6  de  luy  donner  pour  les  enfants  quy  repr^sentent  une  com^die 
au  moys  de  may  :  x'.  xV 

»  Plus  a  pay6  la  somme  de  sinq  livres  au  s^  Dupleix  (1)  lorsqu*il  fit 
jouer  la  trag6die  au  devent  T^lize,  par  ordre  de  la  communaut6.  > 

Mais  revenons  k  notre  po&ie.  Elle  n'est  pas  sign^.  N&tnmoins,  11 
n'est  pas  douteux  qu'on  ne  doive  Tattribuer  k  M*  Camarade  lui-m6me. 
II  se  fait  ainsi  reconnaltre  comme  ayant  fait  partie  decette  petite  pl6iade 
de  pontes  gondrinois  dans  laquelle  nous  avons  ii]k  noti  le  cur6  de  la 
paroisse,  M*  Jean  Martres,  et  un  religieux  du  convent  des  RecoUets, 
le  P.  Silvestre  (2).  Peut-^tre  mtoe  fut-il  aussi  Tauteur  d'une  com- 
plainte  que  nous  avons  trouvte  dans  un  autre  de  ses  registres  et  qui 
accompagne  le  r6cit  d'un  prodige  diabolique  arrivi  aux  environs  de 
Montauban  (3). 

Quoi  qu'il  en  soit,  voici  toujours  le  morceau  en  question  : 

^         FARCE   DE   MARDI   GRAS 

ACTE  PREMIER 

CARESME 

Tout  beau,  tout  beau,  petit  voluptueux, 

Et  cesse  d  amuser  par  danses  et  par  jeux 

Mil  pauvres  aveugles  et  pescheurs  quy  peut-estre 

Tant  de  pech^s  comis  pourroient  bien  recognoistre. 

MARDI    GRAS 

Va-t'en,  vieille  Molue  (4),  vilain  haran  soret. 
Si  tu  ne  sors  d*ici,  tu  auras  un  souffiet. 

CARESME 

Ne  t'en  moque  pas  tant,  car  le  temps  est  bien  proche 
Oil  Ton  ne  parle  plus  de  viande  k  la  broche. 

ACTE  I  -  SCfiNE  2 

Careamey  Mardi  gras  et  deux  Amis 

CARESME 

Quoy !  est-il  bien  possible  que  ce  que  je  t*ay  dit 
N'aye  dutout  rien  peu  gagner  sur  ton  esprit, 

(1)  Get  Amaud  Dupleix  ^tail  un  homme  de  loi,  rompu  aux  affaires,  que  Ton 
rencontre  presqiie  &  chaque  page  dans  les  registres  des  notaires  gondrinois  de 
cette  ^poque.  A  son  titre  de  praticien  et  d'avocat  consultant,  il  unit  pendant  de 


loneues  ann^es  celui  de  regent  de  Gondrin. 
^2)  Cf .  Reoue  de  Gascognef  f^vrier  et  avril  iwa :  swot 
(3)  Citons  ici  le  premier  couplet  de  cette  complainto : 


Venez  tons,  petits  et  ffrands, 

Oulr  rtustoire  deplorable 

Arriv^e  pres  Montauban. 

Cas  quy  est  trds  veritable. 
Nous  avons  public  le  r^cit  et  la  complainte  dans  le  Courrier  de  Tarn'^t- 
Garonne  du  8  mai  1893. 
(4)  On  dit  en  patois :  molue  pour  morue. 


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—  446  — 

0  goinfre  irk»  vilain  et  mille  fois  plus  sale 
Que  Tarquin  le  Superbe  et  que  Sardanapale  ? 

MARDi  GRAS  attaqtte  le  Caresme 

C'est  done  comme  cela,  vieux  reistre,  vieux  pele, 
Que  tu  veux  achever  ce  que  tu  as  commanc6  ? 

UN  AMY 

Qu'est-oe  que  ces  Messieurs. .. 

UN  AULTRE 

Ha!  Messieurs,  je  vous  prie 
d'apaiser  tant  soit  peu  vostre  grande  f  urie. 

ACTE  I  —  SCfiNE  3 
CARESME,  parlant  a  un  Amy 

Que  je  vou3 


Messieurs,  je  vous  supplie  de  dire  k  Mardi  gras 
tidrois  le  veoir  Tesp^  sur  le  bras. 


MARDI  GRAS 

Que  voulez-vous  de  moy  ?  J*aporte  mon  esp6e. 

CARESME 

Et  moy  je  Tay  aussi  tout  de  mesme  aport6e. 

{lis  sehattent.) 
AllonSy  achevons  done  ce  quy  est  commanee. 

MARDI  GRAS 

Prenez  bien  garden  vous... 

{Caresme  le  couchepar  terre,) 

MARDI  GRAS 

Je  demande  quartier. 

UN  AMY 

De  grace,  accordez-luy. 

CARESME 

Non,  non,  je  veux  quy  meure ! 

UN  AMY 

Quoy  I  ne  voulez-vous  pas  encore  qu'il  demeure? 

CARESME 

Bien,  pour  Tamour  de  vous,  il  n'aura  pas  la  mort. 

UN   AMY 

O  homme  incomparable,  que  je  b^nis  son  sort ! 

CARESME 

Mais  aussy  il  faut  bien  que  luy  donnant  la  vie 
II  sorte  pour  un  an  de  toute  compagnie. 

MARDI  GRAS 

Je  vous  dis  done  adieu,  vous,  messieurs  de  Gondrin. 
De  mon  exil  d'un  an  ne  soyez  en  chagrin. 

UN   AMY 

Messieurs,  voicy  la  fin  de  ceste  faoetie, 
Et,  apr^  un  balet,  adieu  la  compagnie. 


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—  447  — 

Ajoutons  que  dans  le  registre  de  1595  du  m6ine  Gamarade  nous 
avons  rencontr6  line  courte  production  po4tique,  bien  diff^rente  d'allure 
et  de  ton  de  celle  qui  prtefede.  Nous  la  donnons  ici  pour  mieux 
tenniner  le  pr^selit  m^moire : 

M^re  de  Dieu,  en  ma  mort  sols  pr^sente 

£t  me  gardes  de  tribulation 
Men  cur,  men  oors,  men  &me  te  pr6sante. 
M6re  de  Dieu,  en  ma  mort  sois  pr^sente 

Et  me  gardes  de  tribulation. 
Mais  s'ii  advient  que  Fennemy  me  tente 

Pour  me  mener  en  desperation, 
M6re  de  Dieu,  en  ma  mort  sois  pr^sente 

Et  me  gardes  de  tribolation. 

Henri  CARRfiREetA.  BREUILS. 


NOTES  SUR  LE  POlTE  GASCON  PIERRE  DE  GARROS 

AVOCAT  G^NilRAL  AU   CONSEIL  SOUVERAIN   DE   PAU 


Dans  un  Recueil  manuscrit  que  je  possfede,  intitul6  :  «  Extrait 
des  choses  principales  qui  se  Irouvent  sur  le  registre  des  enregistre- 
ments  du  Parlement,  soil  lorsqu'il  n'6toit  que  Conseil,  soit  depuis  qu'il 
a  ivi  ing6  en  Parlement,  »  il  est  fait  mention  d'un  Livre  rouge  /^'  ou 
Ton  enregistrait  les  provisions  d'offices.  Aux  folios  108,  109,  110 
6taient  les  «  Provisions  d'un  office  d'avocat  g^n^ral  en  faveur  de 
Pierre  de  Garros,  k  la  place  de  Guilhaume  Dareau,  d6c6d6,  du  12 
octobre  1571,  regu  le  16«.  »  II  y  avait  aussi  un  registre  appeW  jLirre 
blanc,  oil  ^taient  insinu6es  les  «  Provisions  de  Toffice  d'avocat 
g^n^ral  en  faveur  de  Jean  de  Lendresse,  d  la  place  de  Pierre  de 
Garros f  A6(M&,  du  19«  septembre  1583,  regu  le  21.  »  Pp.  17  et  33  de 
mon  Recueil. 

Dans  un  autre  manuscrit,  je  trouve  un  m^moire  sur  les  origines  et 
la  composition  des  diff6rents  tribunaux  qui  formaient  Tancien  Conseil 
et  Parlement.  Voici  la  liste  des  avocats  g^n^raux  qui  s'y  sont  succ6d6 
de  1519  k  1759 :  «  1519,  Lamothe;  G°*  Dareau;  16  octobre  1571, 
Pierre  de  Garros;  21  septembre  1583,  J»  de  Lendresse;  31  octobre 
1584,  Pierre  Dupont;  31  octobre  1619,  Charles  Dupont,  fils  du  pr6- 
c6dent;  23  mars  1683,  Paul-Joseph  Desclaux-Mespl6s;  15  juillet  1718, 
Dominique  de  Mespl^s,  son  fils;  4  fSvrier  1737,  N.  de  Montengou; 
3  septembre  1759,  Bertrand  de  Faget.  » 

Pierre  de  Garros  6tait  un  fervent  huguenot.  C'est  peut-6tre  k  ce  titre 
qu*aprte  les  fameuses  ordonnances  de  Jeanne  d'Albre^,  du  26  novem- 


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—  448  — 

bre  1571,  «  les  lettres  patentes  contenaot  l*ordre  de  la  publication  ^  de 
I'enregistrement  f urent  pr6sent6es  au  conseil  par  Garros,  avocat  g6n6- 
ral,  qui,  le  9  Janvier  1572,  en  fit  la  requisition.  >  (Poeydavant,  t.  ii, 
p.  42.  Histoire  des  troubles.) 

Le  25  juin  1574,  Garros  r6pondit  k  la  requite  de  Jeanne  de  La 
Torte,  veuve  du  pr&ident  d^Etchart,  pour  lui  demander  un  compte 
exact  des  d^penses  faites  par  son  mari.  C'est  un  original  ^rit  de  la 
main  de  Garros.  {Arch.  B.-P.y  B.  2216.] 

Enfin,  ayant  &ti  k  Orthez,  pour  y  proc^der  k  une  information  sur 
certains  exc^,  Garros  regut  une  indemnity  de  dix  livres  dont  il  donna 
quittance,*  le  26  Janvier  1576,  en  ces  termes  :  «  Be[ce]bui  ay  lad. 
somme  lod.jour.  Garros,  adv.  gen,  susd.  >  Ibid.  B.  2231.  Je  feral 
remarquer  que  les  originaux  bternais  de  nos  Archives  disent  toujours 
Pierre  et  non  Pey  de  Garros.  V.  DUBARAT. 

P.'S.  M.  T.  de  Larroque  demande  dans  le  num^ro  de  juillet-aout 

de  la  R.  de  G.  (p.  369,  note  2)  si  Arnaud  d'Abbadie,  chanoine  d'Olo- 

ron  en  1419,  appartenait  k  la  famille  qui  a  produit  de  nos  jours  les 

fr^res  Antoine  et  Arnaud  d'Abbadie.  La  r^ponse  est  difficile,  car,  disait 

Tabb^  de  Puyoo,  dans  son  fameux  Beoe  : 

Lous  Abbadies  soun  d'u  nombre  ta  supreme 
Que  tails  counta  calou  lou  secoars  de  Bar^me. 

Je  crois  cependant,  sans  pouvoir  le  prouver,que  le  chanoine  d'Oloron 
etait  de  la  famille  d' Abbadie  de  Jurangon  qui,  au  x v«  si6cle,  entre  autres 
personnages,  produisit  Bernard  d'Abbadie,  6v6que  d'Aire.  {Arch.  B.- 
jP.,E.  1972.)  Lesfrferes  d'Abbadie  sont  originaires  d'une  vieille  famille 
d'Arrast,  prfes  Maulton.  V.  D. 

NOTES  DIVERSES 

CCCXXIII.  Gentenairet  des  Landet 

A  Magescq,  29  d6cembre  1715,  mort  de  «  Domenge  de  La  Sale,  4g6e  de 
»  cent  ans  ou  environ  et  devenue  comme  imbecile.  »  (Arch,  de  Magescq). 

A  Mugron  :  «  Jean  Barr^re,  vigneron,  aage  de  centquatre  ans  oa environ, 
»  mourust  dans  la  maison  du  Jot,  le  8*  de  Janvier  1653.  »  (Arch,  de  Mugron.) 

A  Saint-Julien-en-Born  :  «  Andr6  Tr^net,  4g6  de  cent  ans,  est  d6o6dd  le 
»  28  novembre  1743.  »  (Arch,  de  Saint-Julien.) 

A  Vicq  :  «  Jeanne  de  Marimpoy,  4g6e  de  cent  cincq  ans,  d^c6da  le  29  d6- 
»  cembre  1094.  »  (Arch,  de  Vicq.) 

A  Vieux-Boucau  :  «  Gabrielle  Duboscq,  &g6e  de  cent  ans  ou  environ, 
»  d6ceda  le  14  f6vrier  1773  et  fut  inhum^  au  convent  des  Cordeliers.  » 
(Arch,  de  Vieux-Boucau). 

A  Saint-Jean-de-Lier,  mort  «  de  Jeanne  de  Lamaign^re,  dg6e  de  cent  ans 
»  ou  environ,  inhum6e  au  cimeti^re  de  Saint-Jean  »  44  octobre  1702. 
(Arch,  de  Saint-Jean-de-Lier). 

Pascal  Langlade,  vieillard  de  106  ans,  habite  Saint^Sever,  en  1820. 
(Extrait  de  la  Gazette  des  Landes). 

V.  FOIX, 
oar6  de  LAurdde. 


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\  — 


LETTRES  INiDITES  DU  CARDINAL  D'OSSAT 

Suite  eifin  (1) 


A  I'archevdque  d' Aries  (2) 

Molto  lll"«>  e  R°»°  S"».  Ringrazio  V.  S.  molto  111"*  et  R»»  deirawiso 
datomi  colla  sua  delta  senteutia  pronontiata  in  quel  medesimo  giomo 
supra  la  dissolutione  del  matrimonio  del  Re  e  della  Regina  Mai^faretli. 
II  quale  avviso  tengo  a  favore  ed  honore.  Ma  ho  ancora  a  rendergli 
gratie  maggiore  della  cosa  istessa,  cio^  d'es$ersi  cosi  bene  adoperata 
nel  processo  e  nella  deliberatione  della  sudetta  sententia  che  ne  dia 
seguito  un  giudicio  tanto  importante  e  salutare  a  tutto  quel  Regno^e 
per  consequentia  alia  Xtianitii.  Sperando  che  V.  S.  in  particulare  ne 
receverk,  un  giomo,  frutto  degno  della  sua  giustitia  e  del  zelo  che  ha 
mostrato  alia  salute  della  Francia.  E  oltra  il  desiderio  che  io  havea 
gia  di  servirla,  io  ho  aggiunto  quanlo  merita  questo  recente  obligo.  * 
Per6,  V.  S.  molto  111*"*  e  R™*  sia  secura  che  non  lasciar6  mai  passare 
occasione  nissuna  ch6  il  tempo  mi  puosse  porgere,  di  servirla.  In  tanto 
mi  raceommando  nella  sua  bona  gratia  elprego  Iddio  che  U  dia  ogni 
prosperity  e  contenti  suoi. 

Di  Roma,  alii  3  di  Marte  1600. 

Di  V.  S.  molto  111™*  et  R°^  afiEettionatissimo  fratello  perserviria. 

A.  card.  d'OsSat  (3). 

(1)  Voir  la  livraison  de  juin  1894,  p.  306. 

[Ce  petit  recueil  de  letires  in6dites  parait  en  brochure  de  37  p.  (i  Pads, 
Chez  Lecoffre)  et  sert  de  complement  k  la  belle  thfese  fran^se  de  M.  I'abb^  A. 
Degert,  docteur  6s-ieitres,  professeur  au  collie  de  Dax  :  Le  cardinal  ctOasdt, 
io^guc  de  Rennes  et  de  Bayeux  {1537-1604),  sa  cio,  ses  rUgociationa  d  Rome 
(1894,  in-8»  de  xiii-403  pp.),  dont  la  Reoue  ne  manquera  pas  de  rendre  compte.] 

(2)  L'archey6que  d'Arles  k  qui  cette  lettre  est  adress^e  est  Horatio  del  Monle 
(1545-1603),  un  pr6l4i  Italien  que  Henri  IV  venait  de  nommer  k  oe  si^  en  1599. 
II  fut  un  des  trois  oommissaires  charges  de  juger,  au  point  de  vue  des  (aits, 
le  proc^  en  annulation  du  manage  de  Henri  IV  et  de  Marguerite.  D'Ossatparle 
k  plusieurs  reprises  de  ce  pr^lat  tr6s  sympathique  k  Henri  IV.  Voir  ses  lettres,  ii, 
p.  185,  409  et  s. 

(3)  Ddp6t  des  affaires  ^trang^es.  Documents  hiatoriques.  Vol.  27,  ^  12. ' 

Tome  XXXV.  29 


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—  450  — 

XI 
Aqz  ohanoines  da  BayauzCS) 

Messieurs, 

La  lettre  que  vous  m'escrivistes  au  mois  de  mars  dernier  contient 
plusieurs  choses  qui  m'ont  est^  fort  agr&ibles,  du  nombre  desquelles 
est  la  bonne  affection  que  vous  me  desclarez  quasi  tout  le  long  devotre 
dicte  lettre,  dont  je  vous  remercie  tr6s  affectueusement  et  vous  assure 
que  je  m'efforceray  toute  ma  vie  de  vous  donner  occasion  de  Taug- 
menter;  premierement  en  correspondant  de  tout  mon  cueur  k  votre 
bonne  volenti,  puis  en  vous  faisant  tous  les  plaisirs  et  gratifications, 
qui  seront  en  ma  puissance. 

Et  aprfes  j'ay  prins  grand  plaisir  au  disir  que  vous  monstrez  avoir 
que  j'aille  r^sider  par  del^,  et  que  la  pi^t6  et  discipline  eocl^astique 
soit  restablie,  Tind^votion  abolie,  les  aumosnes  continue,  les  ruines 
r6|>ar^2  ^^  pauvre  peuple  des  champs  console  par  bons  pr6dicateurs, 
un  s^minaire  6rig^  et  toutes  autres  oeuvres  pies  et  charitables  bien  et 
deuement  exerc^.  Toutes  lesquelles  choses  sent  non  seulement  bonnes 
et  sainctes,  mais  du  tout  conformes  k  mes  intentions^  et  k  rinstruction 
que  j*envoyay  k  monsieur  le  prudent  Ruell^  avec  mon  vicanat,  en 
laquelle  sont  contenues  toutes  les  choses  susdictes  et  plusieurs  autres, 
dont  votre  dicte,  ni  la  premiere  que  je  receu  de  vous  ne  sont  point  char- 
ge. Et  n^antmoins  je  vous  remercie  bien  fort  de  ce  que  vous  m'en 
avez  escrit  et  vous  prie  de  continuer  aux  occasions  et  vous  assure  que 
je  prendray  toujours  en  fort  bonne  part  d'estre  admonest^  de  nun 
debvoir  non  seulement  par  une  si  honorable  compaignie,  conmie  est  la 
votre,  mais  aussi  par  moindre  homme  du  monde. 

Cependant  j'escris  &  M .de  Money,  k  qui  je  baillay  une  copie  de  lad. 
instruction,  qu'il  travaille  k  la  mettre  k  ex6cution^  autant  que  faire  se 
pourra  et  particuliferement  pour  le  regard  des  choses  que  vous  m'avez 
cott^  en  votre  demifere  lettre,  en  laquelle  aussi  m'ha  pleu  que  vous 
voulez  rendre  tesmoignage  aud.  sieur  de  Money,  qu'il  vous  est  cher, 
venant  de  ma  part,  et  vous  estant  reconmiand^  par  moy;comme  je  luy 
ay  aussi  enjoint  de  vous  honorer  et  respecter  tous,  en  g^niral  et  en 
particulier,  et  ce  je  vous  prie  k  present,  de  monstrer  ceste  votre  chariti 
envers  luy,  principalement  luy  aidant  de  vos  bon^  advis,  et  de  votre 
faveur,  k  faire  les  susd.  bonnes  oeuvres  que  vous  m'avez  ramentues. 

(1)  L'original  de  cette  lettre  se  trouve  dans  les  papiers  du  Chapitre  de  Bayeux. 
EUe  m'a  4t6  gracieusement  oommuniqu^e  par  MM.  les  chanoines  Duvelleroy  et 
Niquet.  Qu'ils  reQoivent  ici  mes  remerciements. 


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—  461  — 

Jusques  id,  Messieurs,  j'ai  trouvS  en  votre  lettre  toutes  cboses  fort 
agr^bles  et  dignes  des  doyen,  chanoines  et  chapitre  de  T^lise  de 
Bayeux.  Mais  sur  le  propos  dud.  sieur  de  Money  vous  recommeneez 
k  changer  et  dites  que  vous  n'avez  peu  homologuer  ni  publier  en  votre 
chapitre  le  vicariat  que  je  luy  ay  pass^  et  me  requ^rez  de  vous  en 
excuser.  Sur  quoy  je  veux  vous  dire  que  je  seray  tousjours  bien  aise 
que  ce  qui  procMera  de  moy,  soil  trouvi  bon  de  vous.  Mais  mon 
vicariat  n'ha  point  besoin  de  votre  approbation  ni  homologation.  Aussi 
n'ay-je  point  donn6  charge  audit  sieur  de  Money,  ni  k  autre  de  vous 
requ6rir  de  Thomologuer.  Bien  luy  dis^je  qu'il  vous  le  montrast,  afin 
que  vous  cogneussiez  mieux  sa  mission,  oultre  les  letties  que  je  vous 
escrivois  par  luy.  Et  au  reste  ce  m'est  tout  un  que  vous  enregistriez 
led.  vicariat,  ou  ne  Tenregistriez  point,  puisqu'ilsuffitqu'il  soit  insinu^ 
au  grefiFe  des  Insinuations  eccl&iastiques  de  Fiveschi.  Et  en  celi,  et 
en  toutes  autres  choses,  auxquelles  vous  ne  soyez  tenus,  je  me  conten- 
teray  tousjours,  que  vous  en  faciez  comme  il  vous  plaira. 

Au  demeurant  vous  n*all^ez  aucune  cause,  pour  laquelle  ce  vica- 
riat vous  desplaise,  sinon  que  je  me  suis  r6serv6  la  disposition  des 
b&idfices,  qui  sont  k  ma  pleni^re  collation,  et  k  ma  pr^ntation.  Jeme 
pourrois  passer  de  vous  rendre  compte,  pour  quoyj'ay  faict  lad.  reser- 
vation. Toutesfois  je  m'y  veux  assubj^tir  pour  ceste  fois. 

Premiferement  done  j'ay  est*  men  k  ce  faire  pour  ce  que  la  collation 
des  b6n6fices  estant  chose  tr^  importante  de  laquelle  tons  coUateurs 
ont  k  rendre  compte  k  Dieu,  j'ay  estim^  que  je  debvois  estre  bien 
inform^  des  quality  et  mMtes  de  ceux,  qui  de  mon  temps,  auroyent  k 
estre  pourveus  desd.  b6n6fices  et  charges  eccl6siastiques.  De  quoy  je  ne 
pouvois  mieux  estre  esclair^,  ni  mieux  en  descharger  ma  conscience, 
qu'en  me  r^servant  k  moy  lad.  disposition. 

Secondement  j'ay  estim^  que  je  debvois  cela  au  bien  de  rSvesch^  et 
de  mes  affaires  que  ceux  qui  seroyent  gratifi^  des  b^ndfices  de  ma 
pl^nifere  collation  ou  de  ma  pr^ntation  m'en  sceussent  k  moy  le  gr& 
et  m'en  eussent  Tobligation  plustost  que  k  mon  vicaire. 

Tiercement,  j'y  ay  6t6  invito,  parce  que  Tindult  que  j*ay,  comme 
cardinal^  de  ne  pouvoir  estre  pr6venu  par  le  Pape  mesme,  en  la  colla- 
tion desd.  bin^fices^  me  donne  tout  loysir  et  commodity  d'y  pour  voir  k 
mon  aise,  sans  que  je  soye  constraint  de  me  haster,  comme  ceux  qui 
craignent  la  prevention  de  Rome. 

Quartement,  j'ay  voulu  espargner  led.  S""  de  Money,  mon  vicaire,  et 
le  garantir  de  plusieurs  demandes  et  presses  importunes  et  abusives, 
qu'on  luy  eust  faictes  centre  les  saincts  ddcrets  et  centre  toute  bonne 


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bonscienoe^  en  luy  fouraissant  une  response  brief  ve  et  pfiremptoire  :  Je 
ne  puis,  laquelle  est  sans  r^plique. 

Quintement,  en  nedonnant  point  ceste  faculty  k  ce  mien  vicaire,  qui 
partoit  d'auprfes  de  moy  et  duquel  Tinl^grit^  m'est  connue,  j'ay  voulu 
oster  aux  autres  que  je  ne  vis  jamais,  Toccasion  de  se  plaindre  et  de 
s'esmerveiller  de  ce  que  je  ne  la  leur  ay  point  donn^e. 

Voili  une  partie  des  raisons  que  j'ay  eues  d'en  user  ainsi.  Voyons 
maintenantce  que  vons  all^uez  au  eontraire. 

Vous  dites  en  premier  lieu  que  ceste  reservation  est  <  eontraire  au 
»  nom  que  ledict  S**  de  Money  portede  vicaire  g6n6ral  qui  doibt  faire 
>  rteidencesur  les  iieux  et  ressorts  de  mon  ^vesch^,  que  vous  ni  mes 
»  dioc&ains  ne  pouvez  rechercher  hors,  non  seulement  de  la  province, 
»  nmis  du  diocfeze.  > 

Quant  k  ce  qui  conoerne  la  personne  dud.  S^  de  Money,  je  necroy 
point  qull  se  plaigne  de  son  vicariat,  ni  de  lad.  reservation,  laquelle, 
comme  j*ay  dit  cy-dessus,  toume  k  son  grand  soulagement,  et  moins 
croy-je  qu'il  vous  aye  requis  de  m'en  escryre  pour  luy. 

Puis  done  que  luy  et  moy  en  sommes  d'acoord,  personne  n'ha  que 
faire  de  s'entremettre  entre  nous  deux  pour  ce  regard.  Au  reste, 
ceste  r&ervation  n'empesche  point  qu'il  ne  soit  vicaire  g^n^ral,  et 
moins  qu'il  ne  face  r&idence'sur  les  Iieux,  et  qu'il  ne  pourvoye  k  tout 
le  reste,  et  qu'il  ne  me  puisse  informer,  advenant  vacation,  qui  seront  les 
plus  dignes  d'estre  gratifies.  Quant  k  ce  que  vous  adjoutez  que  vous  ni 
mes  autres  dioc^sains,  ne  pouvez  aller  chercher  hors  le  dioctee,  je  ne 
scay  de  quoy  vous  entendez  parler,  et  a  la  virite  vous  parlez  trop  obscu- 
r6ment  en  cet  endroit,  ou  je  ne  trouve  aucune  s^ntaxe  ni  construction. 
11  faut,  de  deux  choses  I'une,  ou  que  vostre  secretaire  aye  omis  quel- 
ques  paroles,  ou  que  vous  ayez  entendeu  quelque  chose  pen  canonique 
que  vous  ayez  eu  honte  d'exprimer.  La  collation  des  benefices  vacans 
n'est  pas  une  chose  si  pressie,  comme  Tadministration  des  sacrements 
•  ou  dela  justice,  et  se  peult  diff^rer  pour  quelque  temps  moder6.  Le  droit 
commun  donne  six  mois  k  Tordinaire  pour  y  pourvoir,  et  vous  sgavez 
votre  coustume  de  Normandie  touchant  les  dep6ts  es  eglizes  mesmes 
parrochiales,  qui  importent  le  plus  pour  la  cure  des  ftmes.  Oultre  que 
de  tout  le  royaume  de  France,  ains  de  toute  la  chrestiente,  on  envoye, 
et  est-on  constraint  d'envoyer,  non-seulement  hors  le  diocfese,  mais 
jusques  k  Rome,  pour  les  resignations  in  /aoorem^  qu'aultre  que  le 
Pape  ne  peult  admettre. 

En  second  lieu,  vous  dites  que  jamais  une  telle  clause  reservatoire 
n'ha  este  apposee  aux  vicariats  expediez  par  tant  d'hommes  illustres 


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—  453  — 

qui  ont  possM6  cest  ^veschS  et  les  autres  de  la  France.  Mesaieurs/ 
quand  ainsi  seroit,  encore  ne  faudroit-il  point  condamner  pour  oda 
eeste  clause,  laquelle  necontient  aucun  mal  en  soy,  et  ha  est^  adjout^ 
pour  les  bonnes  considerations  que  je  vous  ay  mises  cy-dessus.  Mais 
vous  asseurez  une  chose  que  vous  ne  pouvez  sgavoir,  n'ayant  point 
veu  tous  les  vicariats  qui  furent  jamais  passez  en  France.  D'advantage, 
ceste  clause  que  vous  abhorez  si  fort,  est  si  favorable  et  si  priviligife 
de  droit,  qu'elle  est  tousjours  surentendue  en  tous  vicariats,  esquels  ne 
se  parle  point  de  la  collation  des  benefices.  Car  si  la  faculty  de  confirer 
n'y  est  donn6e  nomm^ment  et  express^ment,  le  droict  entend  que  le 
vicaire  ne  Tha  point,  et  que  Tivesque  ou  autre  coUateur  ordinaire  se 
Test  reserve.  Et  pour  celk  il  n'est  pas  mesme  ndcessaire  d'exprimer  lad. 
r^rvation,  comme  je  pouvais  me  passer  de  la  mettre  et  Veuase  omise 
neuai  eaU  la  cinquieame  consideration  que  je  vous  ay  touch^e  cy- 
devant. 

D'advantage,  vous  ne  pouvez  ignorer  que  quelque  faculty  de 
conf^rer  que  les  ^vesques  de  France  donnent  en  apparence  k  leurs 
vicaires,  si  est-ce  que,  en  efifet,  ils  la  leur  limitent  par  des  secrets 
mdmoires,  instructions  et  listes  qn'ils  leur  donnent  k  part^  hors  leurs 
vicariats,  et  veulent  estre  maistres  des  collations  eux-mesmes,de  fagon 
que  en  celk  les  vicaires  loyaux  et  fidfeles  ne  sont  que  exteuteurs  de  la 
volont6  des  ^vesques,  et  chacun  de  vous  en  ce  qui  vous  touche  et  en  oe 
que  vousavez^  donner  avez  accoustumi  de  le  faire  vous-mesmes,  et 
ne  voulez  pas  qu'on  sgache  le  gr6  k  un  autre  plus  tost  que  k  vous 
mesmes.  Pourquoi  done  trouvez-vous  si  mauvais  en  moy,  une  chose 
qui  est  bonne  en  soy  et  que  le  droict  surentend  en  tous  vicariats  quand 
il  n'y  est  point  parl^  des  collations,  et  que  tous  les  autres  ^vesquesfont 
en  effet,  sinon  en  apparences,  et  que  vous-mesmes  faictes  en  vosa&ires 
propres,  k  loutes  les  occasions  qui  s'en  pr^sentent? 

En  troisiesme  lieu,  vous  dites,  Messieurs,  que  ceste  clause  r^serva- 
toire  est  contraire  k  la  manutention  de  mon  nom,  de  TEglise,  de  votre 
chapitre  et  de  mes  officiers. 

Ce  serait  une  puissante  objection  si  elle  estoit  vraye,  mais  soubs 
correction,  il  est  tout  autrement.  Car  cette  clause  est  borme  k  maintenir 
'  mon  nom,  et  TEglise,  et  le  chapitre,  et  mes  officiers.  Et  je  m'en  vay 
vous  le  monstrer  en  tous  ces  chefs,  Tun  aprfes  I'autre. 

Quant  k  mon  nom,  il  s'en  mainliendra  mieux  envers  toutes  sortes  de 
gens.  Car,  d*un  cost^,  les  gens  de  bien,  qui  regardent  principalement  k 
rhonneur  de  Dieu  et  k  I'ddification  de  I'Eglise,  diront  queerest  bien 
faict  k  moy  d'avoir  soin  de  bien  coUoquer  moy-mesme  les  benefices  et 


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—  454  — 

les  charges  ecclAsiastiques  en  personnes  que  je  sgauray  estre  dignes,  et 
mesmement  en  un  temps  si  desbauch6  et  corrompu  que  cestuy-cy,  et 
dene  m'en  remettre  point  k  la  discretion  d'autruy,  Ik  ou,  si  je  faisois 
autrement,  ils  diroyent  que  j'aurois  pen  de  soin  de  mon  debvoir,  et  de 
ma  conscience,  et  de  TMification  de  TEglise. 

D'un  autre  cost^,  les  hommes  du  monde,  qui  regardent  plus  k  I'uti- 
liti  et  k  rhonneur  mondain,  diront  (encore  qu'il  n'en  soit  rien)  que  je 
suis  un  habile  homme  et  que  j'entends  bien  le  pair,  en  ce  que  je  veux 
sgavoir  k  qui  je  donne  les  b6n6fices  de  ma  collation  ou  pr&entation,  et 
dime  mieux  qu'on  m'en  sache  le  gr6  k  moy  que  k  mes  vicaires.  Et  si  jp 
faisois  autrement  ils  diroient  que  je  serois  un  sot. 

Quant  k  TEglise^  elle  se  maintient  aussi  quand  les  pr^lats  ont  soin 
de  leur  debvoir  et  qu'ils  advancent  aux  charges  eccl^iastiques  gens  de 
Wen  et  sgavans.  Comme  au  contraire  elle  se  deslruict  et  mine  par  la 
mauvaise  vie  et  ignorance  de  ceux  qui  debvroyent  r^gir  et  gouvem» 
les  autres  par  leur  vie  exemplaire  et  par  leur  doctrine  et  bonnes  et 
saintes  instructions. 

Aussi  ne  me  nierez-vous  point  que  Thonneur  et  reputation  des  chapi- 
tres  ne  soit  maintenu  quand  les  6vesques  conferent  les  canonicats  et  les 
dignitis  a  personnes  de  m6rite.  Mais  sur  ce  poinct  de  chapitre,  vous 
adjoustez  que  vous  serez  not6s  k  la  posterity  d'imbecillit6  de  n'avoir  peu 
garder  Thonneur  qui  vous  a  este  acquis  par  tant  d'annfes  d'estre  Ton 
des  premiers  chapitres  de  France.  Messieurs,  ja  ne  plaise  k  Dieu  que 
je  diminue  jamais  un  seul  point  de  votre  honneur.  Au  contraire,  je 
disire  Taccroistre  et  augmenter.  Mais  je  ne  puis  comprendre  (et  vous 
ne  le  dites  point  aussi)  comment  et  pourquoy  votre  honneur  diminuera 
si  je  pourvois  moy-mesmes  aux  benefices  qui  sont  de  ma  pleine  colla- 
tion ou  de  ma  presentation.  Aussi  n'y  ha-t-il  aucune  apparence  en  cela. 

Et  toutesfois  vous  redoublez  et  dites  que  ce  seront  les  premiers  ser- 
ments  que  vous  requerrez  de  moy,  lorsque  Dieu  me  fera  la  grace  de 
faire  mon  entree.  Et  un  peu  plus  bas  vous  adjoustez  que  votre  resolu- 
tion de  n'homologuer  mon  vicariat  est  fondle  sur  les  serments  que  vous 
avez  prestez  k  I'Eglise  d*en  conserver  les  droicts  et  libertes.  Mais  est-ii 
possible,  Messieurs,  que  vous  ayez  privilege  et  preste  serment  de  n'en- 
durer  point  que  T^vesque  de  Bayeux  pourvoye  luy-mesmes  aux  bene- 
fices de  sa  pleine  collation  ou  de  sa  presentation,  ains  qu'il  sera  cons- 
trainct  d'en  donner  la  facuUe  k  un  vicaire  qui  disposera  des  benefices 
de  revesque  comme  il  plaira  and.  vicaire?  Cela  est-il  des  droits  et 
libertes  dcTEglise  de  Bayeux?  Et,  kmon  entree,  vous  me  presenterez 
celi k  jurer  avant  toules  choses ?  Et  il  faudra  que  je  le  jure?  Non,  non. 


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-  455  — 

Vous  y  aurez  mieux  pensd  entre  cy  et  %  et  aurez  trouv4  que  vous 
n'avez  aucun  tel  privil^e,  et  que  les  droits  et  libertez  de  I'^lise  de 
Bayeux  ne  portent  point  que  T^vesque,  qui  en  est  ie  chef ,  soit  despouill^ 
du  premier  de  ses  droicts  et  libertez,  et  par  ses  chanoines  r^uiot  en  ser- 
vitude de  ses  vicaires,  qu'il  ha  droict  de  mettre  et  desmettre,  selon  qu'il 
jugera  estre  expedient  en  Dieu  et  conscience.  Aussi  trouverez-vous 
apr6sy  avoir  bien  pens4  que  vos  majeurs  n'ont  point  acquis  I'honneur 
que  vous  dites  d*estre  Tun  des  premiers  chapitres  de  France  en  pr6ten- 
dant  des  choses  si  desraisonnables  et  extravagantes;  ains  plus  tost  ense 
contentant  du  leur  et  conservant  k  leur  6vesque  le  sien,  et  vivant  en 
bonne  intelligence  et  amitii  avec  luy  et  s'accordant  ensemble  eux  et 
luy  k  bien  servir  Dieu  et  k  ^'fier  son  Eglise.  Et  apr^s  tout  cel^^  vous 
trouverez  encore  que  vous  ne  serez  jamais  not^s  d'imbedllit^  pour 
vous  estre  content6s  de  la  raison  etn'avoir  oultrepass^  votre  debvoir, 
et  que  imbeciles  sont  ceux  qui  se  laissent  emporter  k  des  disirs  et  pre- 
tentions injustes  et  k  des  app^tits  desraisonnables^  et  que  ce  seroit 
moy  qui  serois  justement  not6  d'imbdcillite  si  je  m'estonnois  et  me 
dSpartois  de  mes  bonnes  et  sainctes  r^olutions  pour  des  paroles  si  mal 
fondtes  et  si  pen  considirtes. 

A  ce  poinct  du  chapitre  se  peuvent  r^f^rer  encore  quelques  autres 
mots  qui  ensuivent  en  votre  lettre,  k  sgavoir :  qu'il  semble  que  je  ne 
veuilie  user  d'aucune  gratification  envers  vos  particuliers  comme  out 
faict  mes  devanciers;  et  plus  bas,  que  au  lieu  de  vousencourager  aprfes 
avoir  est^  par  vous  despendeu  k  r^parer  les  mines  de  l%lise  depuis  12 
ou  15  ans  en  <^  plus  de  douze  mille  escus,  on  me  veult  persuader  de 
vous  traicter  comme  gens  indignes  d'aucune  recommandation  et  me 
requerez  de  vous  faire  ressentir  la  mesme  bienveillance  delaquelle  mes 
pr^&esseurs  vous  ont  obliges.  Sur  quoy  je  vousprie  de  vous  souvenir 
de  ce  que  je  vous  ay  mis  au  commencement  de  la  pr6sente,  que  jeseray 
tousjours  prest  k  vous  faire  tous  les  plaisirs  et  gratifications  qui  seront 
en  ma  puissance.  A  quoy  j'adjousteray  maintenant  que  je  ne  cMerai 
jamais  k  personne  Tadvantage  d'estre  plus  dispose  et  prompt  a  vous 
gralifier,  que  je  suis  et  seray  toute  ma  vie,  de  tout  ce  que  je  pourray,  et 
que  nul  n'ha  jamais  tkch6  k  me  persuader  le  contraire,  comme  je  ne 
suis  non  plus  homme  qu'on  peust  destourner  de  la  bonne  inclination 
et  affection  que  je  doibs  k  ceux  que  Dieu  ha  conjoints  aveomoy  d'un 
particulier  lien  de  charit6  et  de  f raternit6.  Aussi  ne  debvez-vous  point 
vous  laisser  persuader  que  je  ne  veuilie  gratifier  vous  et  les  vostres. 
parce  que  je  me  reserve  la  provision  des  benefices  dema  libre  collation 
et  de  ma  pr^ntation.  Car  une  des  occasions  pour  lesquelles  j'ay  faict 


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-^456  -^ 

ceste  r&ervation  ha  est^  pour  avoir  de  quoy  gratifier  et  vous  et  tes 
vostres  el  autres  que  je  cognoistray  le  m^riter.  Mais  pourquoy  aimez- 
vous  mieul  estre  gratifi&  du  mien  par  mes  vicaires  que  par  moy- 
mesme  t  Pourquoi  voulez-vous  leur  avoir  obligation  du  mien  plus 
to^t  que  k  moyt  II  faut  qu'il  y  aye  quelques  mystferes  que  je  ne  puis 
pin^trer.  Laissez-vous  entendre,  je  vous  prie,  et  je  vous  respondray 
avec  la  mesme  franchise  et  rondeur  que  j'ay  faict  jusques  id.  Mais 
c'estassez  parl6  de  ce  qui  touche  au  chapitre. 

Quant  k  mes  vicaires  et  officiers,  vous  dites  qu'au  lieu  de  les  auto- 
riser  parmi  le  pays,  ils  seront,  par  ceste  r&ervation,  rendus  ridicules. 
A  quoy  je  vous  responds  que  si  la  provision  des  Wn^fices  autorise  parmy 
le  pays,  vous,  ni  mes  vicaires,  ni  autres  ne  debvez  trouver  estrange 
que  je  relienne  ceste  autorit^  pour  moy,  puisque  Dieu  me  I'ha  donn^e. 
Aussi  ne  doibs-je  poinct  me  d^sautoriser  moy-mesme  pour  autoriser 
mes  vicaires.  Au  demeurant  personne  n'est  rendu  ridicule  pour  n'avoir 
plus  de  puissance  sur  le  bien  d'autruy  que  le  maistre  ne  luy  en  bailie, 
mais  bien  sont  ridicules  ceux  qui  convoictent  et  mendient  plus  de  pou- 
voir  sur  Tautruy  qu'on  ne  leur  en  veult  donner.  Et  possible  encore 
plus  ridicules  ceux  qui  par  importunity  de  tels  a\tiris  se  despouillent  du 
leur  pour  en  revestir  et  embellir  autruy.  Et  veux  que  vous  s^achiez  que 
la  grande  convoitise  que  j^ay  aperceue  en  quelques-uns  de  conterer  mes 
binifices  m'y  ha  faict  aller  plus  retenu  et  me  donne  aujourd'huy  k 
croire  que  j'ay  faict  encore  mieux  que  je  ne  pensois.  Car  si  ils  trouvent 
mauvais  que  je  conffere  les  btJn^fices  que  Dieu  ha  mis  k  ma  collation  et 
veulent  les  conf^rer  eux,  comment  pourrois-je  trouver  bon  qu'ils  ayent 
si  grande  enviede  les  conf6rer,  eux,  qui  n'y  ont  rien  ? 

En  quatriesme  lieu  vous  me  remonstrez  que  ceste  reservation  pr^ju- 
diciera  par  delJi  au  bien  de  mes  afifaires  et  que  j'y  doibs  bien  penser, 
avant  que  les  choses  soyent  plus  recongneues  et  divulguees.  A  vous 
ouir,  Messieurs,  il  sembleroit  que  j'eusse  faict  chose  fort  honteuse  et 
dommageable,  qui  eust  grand  besoin  d'estre  cachte.  Et  si  je  ne  sgavois 
comme  le  monde  va,  vous  me  donneriez  quelque  scrupule. 

Mais  je  scay  trop,  que  nous  sommes  en  un  monde  et  un  sifecle, 
auquel  on  tient  plus  de  compte  de  ceux  qui  ont  le  plus  k  donner  et  sert 
on  plus  volontiers  ceux,  de  qui  on  attend  plus  de  bien  et  de  profit. 
Tenement  que  si  mes  vicaires  confdroyent  mes  benefices,  chacunseroit 
plus  soigneux  de  faire  les  affaires  de  mes  vicaires  que  les  miennes. 
Mais  quand  je  feray  moy-mesmes  les  gratifications  qui  ddpcndront  de 
moy,  chascun  sera  plus  soigneux  de  s'employer  pour  moy^  et  de  se 
garder  de  m'offenser,  voire  vous  mesmes  qui  en  parlez  si  advant.  Et 


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—  457  — 

mes  a£Faires  en  iront  mieux.  Parainsi  je  ne  crains  point  que  lad.  clause 
soil  divulgu^e,  et  me  contente  que  si  on  veut,  on  fasse  imprimer  mon 
vicariat  et  encore  ceste  leltre  au  bout.  Voulant  en  oultre  que  chacun 
sgache  que  je  distribueray  esgalement  k  tous,  tant  mauvais  que  bons, 
ce  qui  sera  de  justice;  mais  ce  qui  sera  de  grdce  et  de  Iib6ralit6  sera  par 
moy  d^parti  aux  bons  et  modestes^  selon  qu'ils  auront  bien  mintA  de 
FEglise  et  de  moy. 

Ouy  mais,  me  direz-vous,  il  se  pourra  trouver  quelques  particuliers 
inl&ressez  qui,  en  haine  de  ceste  reservation,  traverseront  vos  affaires 
en  autres  choses.  A  la  v6rit6,  Messieurs,  il  pourroit  bien  estre  que 
quelques-uns  ayant  faict  des  desseins  sur  la  faculty  de  conf^rer  de  mes 
vicaires,  fussent  fasch^s  de  ceste  r^ervation.  Et  quand  je  considfere  de 
plus  prte  ceste qu^rimonie,  k  laquelle  je  responds*  il  me  semble  qu'elle 
soit  plus  tost  leur  que  v6tre,  et  que  en  ceste  partie  de  votre  lettre,  vous 
n'ayez  faict  que  leur  presler  votre  nom,  sans  y  avoir  assez  bien  pens6. 
Mais  quant  k  la  traverse  de  mes  affaires,  asseurez-vous  que  nul  homme 
de  bien  ne  les  traversera,  puisque  en  voulant  faire  bien  moy-mesme, 
de  ce  que  Dieu  m'ha  mis  en  main,  je  ne  fais  tort  k  personne.  Que  si  il 
se  trouve  quelque  kme  meschante,  qui  entreprenne  de  les  traverser,  je 
lui  rendray  guerre  juste  pour  guerre  injuste,  et  luy  feray  sentir  que 
je  scay  comment  il  faut  se  deffendre  de  tels  gens  et  encore  comment  et 
par  oil  il  les  faut  attaquer  et  les  d^sarmer  et  humilier  et  les  r^duire  au 
petit  pied. 

Et  grftce  k  Dieu  les  moyens  ne  m'en  manqueront  point.  J'enlends 
tousjours  avec  raison  et  justice  et  sans  menasser  personne,  sinon  qui 
me  fera  tort.  Je  vous  prie  done,  Messieurs,  ne  craindre  point  ces 
traverses  pr6tendues,  et  en  mettre  votre  esprit  en  repos;  et  quant  et 
quant  croire  que  par  crainte  ni  importunity,  on  n'aura  jamais  rien  de 
moy,  mais  amiablement  et  de  bonne  volenti,  je  feray  tousjours  pour 
vous  et  pour  les  vostres  en  g6n6ral  et  en  particulierr  tout  ce  que  un 
homme  de  bien  et  bon  ^vesque  pent  faire  pour  ses  chanoines  et  chapitre. 

A  tant  je  prie  Dieu  qu'il  vous  doint.  Messieurs,  accroissement  de  ses 
sainctes  graces  et  b^n^ictious. 

DeRome,  ce  17.juin  1602. 

A  Messieurs,  Messieurs  les  doyen,  chanoines  et  chapitre  de  T^glise 
de  Bayeux.  L+S 

Le  sceau,  de  forme  elliptique,  est  entour^  de  la  l^ende :  arnaldus. 

CARD.  OSSATUS.  EPS.  BAJOCEN. 


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LA    GASCOGNE 

dans  rinventaire  des  Archives  dipartemeBtales  de  Bordeaix 


II 

1778-1779.  Arrestation  des  maire  et  jurats  de  la  paroisse  de  Bidard 
(Hautes-Pyr6n6es).  —  1775-1778.  Ordonnances  de  Tintendant  pour 
auioriser  la  communaul^  de  Mimbaste  (Landes),  h  suivre,  au  parie- 
ment  de  Bordeaux,  un  proofs  pour  droit  de  p^turage  contre  la  commu- 
naut6  de  Saugnac;  la  communaut^  de  Seignanx  (Landes)  k  s'imposer 
pour  avoir  un  regent;  la  communaut6  de  Poyartin  (Landes)  k  s'im- 
poser  pour  payer  les  frais  d'homologation  au  parlement  des  statute 
qu'elle  vient  de  faire  sur  ses  communaux,  landes  et  bois.  Restriciion 
de  la  vaine  p^ture  dans  les  pays  de  Labour  et  de  Marsan  :  projet  d'Mit 
par  M.  d'Aine,  intendant  de  Bayonne,  sur  la  cl6ture  des  heritages  et 
I'abolition  du  parcours,  k  6tablir  dans  Tilection  des  Landes.  Requites : 
de  la  noblesse  de  Labour  sur  ce  qu  elle  acquitte  le  huiti^me  des  impo- 
sitions totales,  ne  poss^ant  pas,  k  beaucoup  pr^,  le  huiti^e  des 
biens;  des  quatre  pays  d'Etats  de  la  G6neralite,  repr&ent^s  par  celui 
de  Marsan,  defendant  contre  le  ministre  Necker  leur  privil^e,  fond^ 
sur  la  nature  du  pays  et  sa  culture,  de  ne  payer  leurs  imp6ts,  ainsi 
que  le  Beam,  que  vers  le  milieu  de  la  premiere  ann6e,  etc.  — 1768. 
M^moire  sur  les  frais  de  conlrainte  dans  les  Elections  d'Agen,  Sarlatet 
Condom.  Projet  de  rfeglement  en  soixante  articles  pour  les  Elections  de 
Condom  et  d'Agen.  —  1747.  Comptes  de  la  capitation  et  du  dixi^me 
des  61ections  de  Sarlat,  Agen  et  Condom.  —1771.  Elections  de  Condom 
et  d'Agen.  Dteharges  aocordtes  k  la  suite  du  d^bordement  d'avril  1770, 
et  6tats  des  particuliers  atteints  par  le  fl&iu.  Dteharges  d'impositious 
aux  pferes  de  dix  enfants  (1).  —  Etats  de  com paraison  pour  1750  et 
1751  des  r6les  du  vingtifeme  dans  les  Elections  d'Agen  et  de  Condom. 
1701.  Tableau  des  charges  du  comt^  de  Bigorre  (2).  —  Plans  visuels 
des  mesures  de  biens  de  T^lection  de  Condom,  distribute  par  les  com- 
raunautfe  oil  elles  sont  en  usage,  et  nomenclature  des  bourgs  et  pa- 
roisses  auxquels  s'applique  chaquc  mesure.  —  1768.  Tableaux  et  etats 

•  Voir  la  livraison  de  juillet-aout  1894,  p.  366. 

(1)  Signalons,  en!773,  un  Etatdes  moins  imposes  personnels  aocord6s  aux 
p6res  de  dix  enfants,  nombreux  dans  I'Agenais.  Des  p6res  de  dix  en£ants,  si 
nombreux  alors,  ou  en  trouve-t-on  aujourd'bui,  ublnam  aunt  t 

(2)  Voir  (p.  13)  I'^tat  des  feux  taillables  du  pays  :  Tarbes,  114:  Bagneres,  63; 
ArgelSs,  12;  Lourdes,  65;  Luz,  26,  etc.  Total,  2,041  feux  pourle  Bigprrcet  11,000 
pour  le  B^ara. 


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—  459  — 

de  comparaison  de  la  taiUe  dans  les  Elections  de  Condom  et  d'Agen.  — 
1767-1776.  Impositions  de  T^lection  des  Lannes  et  pays  de  Marsan, 
Labour,  etc.,  et  sp^ialement  des  villes  de  Dax,  Bayonne,  etc,  —  1684* 
1754.  Ville  et  banlieue  de  Casteljaloux  (Lot-et-Garonne).  ImpAt  dit 
Souchet  de  3  livres  par  barrique  de  vin  vendu  au  detail,  autoris6  par 
arr^t  du  conseil  de  novembre  1661  d'abord  pour  le  paiement  des  dettes 
oontract^es  par  la  ville  pendant  les  guerres  de  religion;  affect^  en  1684 
par  un  autre  arr6t  du  conseil,  obtenu  sur  la  demande  du  chapitre,  k  la 
reconstruction  de  T^lise  Notre-Dame  6rigte  en  coll^giale  par  Alain 
d'Albret  en  1521,  ruinte  et  rasee  en  septembre  1568  par  I'armte  pro- 
testante  du  sieur  de  Montemat  (t),  les  tombeaux  des  Albret  ouverts,  les 
titres  et  les  livres  brul6s;  pergu  directement  par  le  chapitre  sans  la  par- 
ticipation de  la  ville,  depuis  1684  jusqu'en  1759  et  aprte  50,000  dcus 
de  perception,  les  ouvrages  toujours  commences  et  jamais  finis;  pro- 
rogi  de  vingt-trois  ans,  sur  les  instances  du  chapitre,  pour  le  produit 
6tre  afifect6  au  remboursement  d'avances  que  Tadjudicataire  aurait 
faites  :  la  ville  demande  enfin  la  justification  des  sommes  pergues  et  la 
preuvede  leuremploi  (1).  —  1764.  Chaire  de  physique  exp^rimentale 
et  de  math^matiques^  Bordeaux,  projet^e  par  Tourny  et  le  mar6chal  de 
Richelieu,  dont  le  plan  est  donn6  par  Romas,  lieutenant  assesseur  au 
si^  de  N6rac  (2),  dans  lequel  celui-ci  inum^re  ses  experiences  sur 
r6lectricit6,  sa  m^thode  pour  relever  la  latitude  en  mer  par  un  temps 
n^buleux  au  moyen  de  I'inclinaison  de  Taiguille  aimantte,  son  proc6d6 
pour  accourcir  de  prfes  de  moiti6,  et  ensuite  des  deu?  tiers,  le  telescope 
k  reflexion  de  Newton,  et  sa  m6canique  dite  du  cadran  universel,  appli- 
cable surtout  k  Tastronomie  et  k  la  marine;  originality  de  son  plan  de 
cours  de  physique,  en  ce  qu'il  ne  sera  fait  qu'en  frangais,  etclairement, 
en  opposition  k  la  physique  latine  des  collies,  oii  les  phrases  rempla- 
cent  les  instruments  et  les  machines;  il  se  propose,  au  contraire,  de 
n'admettre  que  les  consequences  resultant  directement  des  experiences 
et  des  observations  (3).  —  1730-1777,  Imprimeries  dans  les  villes  de 


(1)  Voir  d*autres  documents  qui  permeltront  de  completer  la  Monographie  de 
Caateljalotuo  par  Samazeuilh,  par  exemple  (p.  59,  apr^  1775)  sur  le  retard  et 
le  refus  de  la  Cour  des  Aides,  exil^e  en  cette  ville,  en  punilion  de  son  opposition 
aiix  ordres  du  roi,  de  recevoir  son  premier  president,  le  sieur  Duroy,  et  (p.  lEO, 
en  1781)  sur  le  projet  de  dessdcher  un  marais  qui  louche  aux  murs  de  Castel- 
jaloux. 

(2)  Je  reclame  un  buste  pour  le  grand  physicien  sur  le  cours  Romas,  ^  N^rao, 
avec  cette  inscription  fournie  par  deux  pontes  de  Tantiquitd,  cbacun  d'eux  y 
aUant  de  son  hexam^tre  : 

Eripuit  coelo  falmen;  tulit  alter  honores. 

(3)  Bravo,  Flomas!  VoilJi  bieu  la  vraie  m^thode  :  res,  non  oerba,  Je  constaterai 
seulement  que,  dans  ces  sages  id^es,  Romas  a  M  devanc6  par  un  de  ses  plus 
illustres  compatriotes,  Bernard  Palissy,  auquel,  si  je  ne  craignais  d'abuser  des 
latinades,  j'appliquerais  I'^loge  donn6  a  spa  saint  bomonyme  :  Bernardus  nur{» 
quam  satis  laudatus. 


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—  460  — 

la  g6n6ralit6 :  Agen,  Bayonne,  Condom,  Libourneet  Sarlat.  —  1594. 
Maison  de  Foix  de  Candalle.  Testament  de  niessire  Fr.  de  Foix  de 
Candalle,  chevalier  de  Tordre  du  Sainl-Esprit,  6v^ue  d'Aire,  conseil- 
ler  du  roi  en  son  Conseil  d'Etat,  seigneur  de  Puy-Paulin,  de  Cas- 
telnau  en  M6doc,  etc.  (1).  —  1735-1746.  La  demoiselle  de  Monluc- 
Montesquiou,  en  proc&s  d'argent  centre  un  genlilhomme,  demande 
I'envoi,  pour  terminer  les  contestations  pendantes,  d'un  lieutenant  des 
mar^chaux  de  France.  — - 1652.  ProcMure  criminelle  dress^e  d'abord 
par  le  premier  consul  de  la  ville  de  La  Bastide  d'Armagnac,  k  la 
requite  du  sieur  Prugnes,  vicaire-g^n^ral  de  T^v^que  d'Aire,  el  conti- 
nu6e  ensuite  par  devant  le  lieutenant  criminel  de  Marsan,  de  ce  charge 
par  rintendant  d'Aguesseau,  centre  Mallide,  ministre  deLaBastide,et- 
autres  anciens  du  consistoire,  au  sujet  de  Texercice  de  la  religion  p.  r. 
—  1675.  Lettre  adress^e  k  Tintendant  par  TabW  de  Macaye,  deman- 
dant, au  soutiend'une  ordonnance  provoqute  par  lui  centre  le  s^n^chal 
de  Saint-Palais,  renvoi  de  gens  de  guerre;  ledit  s6n6chal,  J.  d'Oyb^ 
nart,  voulant  int^resser  le  mar^chal  de  Gramont  centre  TautoritS  de 
rintendant  en  Basse-Navarre.  —  1672.  Les  sieurs  de  la  Brouthe, 
Mothes  et  Martial,  au  nom  de  la  communaute  de  Buzet  (Lot-et- 
Garonne),  centre  la  dame  dudit  lieu  [ma  chfere  marquise  de  Flamarens], 
au  sujet  de  la  mobility  de  certains  fonds;  cahiers  des  tailles  de  cette 
paroisse  pour  les  anntes  1617,  1620,  1631,  1635.  —1669-1676.  Les 
bayle  et  jurats  He  Saint-Jean  de  Luz  centre  le  syndic  du  chapitre  Notre- 
Dame  de  ladite  ville,  au  sujet  du  remboursement  des  sommes  dues 
audit  chapitre,  k  raison  de  la  vente  faite  k  ladite  communaute  de  la  sei- 
gneurie  et  droits  honorifiques  dudit  Saint- Jean  de  Luz.  —  1737.  Etats 
et  pieces  justificatives  des  dettes  de  la  communaut6  de  Vielle,  ste^ 
chausste  des  Lannes,  juridiction  de  Saint-Sever,  la  verification  des- 
quelles  avait  ^t^  ordonn^e  par  I'intendant  de  Besons.  —  1698.  La 
dame  veuve  d'Ossun,  centre  les  Etats  deBigorre,  au  sujet d'une  sc«nme 
de  8886  livres  restant  d'une  plus  forte  somme  emprunt6e  par  feu 
M.  d'Ossun,  par  deliberation  des  Etats  de  Bigorre,  pour  obtenir  la 
suppression  d'un  presidial  etabli  k  Tarbes.  —  1717.  Les  consuls  de  la 
ville  de  Laromieu,  comme  capitale  du  mar^^uisat  de  Fimarcon.  — 1671. 
Les  consuls  de  la  ville  de  Condom,  tant  anciens  que  nouveaux,  centre 
le  procureur  du  roi  an  si6ge,  et  un  soi-disant  syndic  de  la  communaute 
de  la  meme  ville,  au  sujet  de  reiection  des  nouveaux  consuls  dent  il  y 
avait  deux  listes  discordantes,  k  raison  de  quoi  ledit  procureur  du  roi  et  le 
syndic  s'etaient  portes  appelants.  — 1673.  Les  conseillers  magistrals  de 
Bayonne  et  les  echevins,  au  sujet  du  droit  respectivement  pretendu  sur 
la  course  des  boeufs  qui  devaient  dive  tues  par  la  boucherie,  lequel  droit 
avait  ete  exerce  en  fait  par  les  echevins,  k  Texclusion  du  magistral  qui 

(1)  Document  analyst  dans  Notes  et  documents  Mdits  pour  scroir  d  la  bio- 
graphic  de  Chrlstophe  et  de  Francois  de  Foiw  do  Candalle,  ^oiques  dAlre, 
pubUes  ici  meme  (1877).  Voir  tirage  k  part,  pp.  24-30. 


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—  461  ^ 

Ataiten  police,  ce  qui  avait  occasionn6  certains  excfes.  —  Titreset  docu- 
ments de  la  maison  de  Foix  de  Candalle  conserves  au  d6p6t  de  Tinten- 
dance  (1773),  la  seigneurie  ayant6l6  achet^  par  Louis  XIV  en  1707. 
—  1777.  Sedition  populaire  arriv^e  dans  les  Landes,  oil  les  paroisses 
de  Poyanne,  Saint-Geours  et  Laurfede  s'^tant  assemblies  en  armes,  le 
mar^al  de  Mouchy  avait  donn^  ordre  au  lieutenant  des  martehaux  k 
P^rigueux  de  se  transporter  sur  les  lieux,  assist^  du  nombre  de  briga- 
des qu'il  jugerait  nteessairep  —  1776.  Procedure  faite  au  pr&idial  de 
Dax  centre  vingt-sept  particuliers  de  Bayonne,  voleurset  falsificateurs 
de  vins  qui  se  sont  tons  expatri6s  pour  ^viter  condamnation,  et  deux 
cent  quarante  autres  complices,  ou  fauteurs  de  la  fraude,  bateliers,  bou- 
viers,  charroyeurs,  etc.,  poursuivis  k  la  requite  du  syndic  des  mar- 
chands  de  vin  de  Mugron  (Landes).  —  1777.  Le  sieur  Duburg^,  de  la 
paroisse  de  Nousse  (Landes),  a  bien  m6rit4  du  gouvernement  et  du 
public  par  la  ressource  dont  il  a  6ii  pour  les  grains  de  subsistance  pen- 
dant la  disette  de  1777.  —  1780.  A  propos  de  la  banqueroute  du  sieur 
Caron  (de  Beaumarchais),  mention  de  son  projet  de  d^richement  dans 
les  Landes.  —  1784.  L'abb6  de  Polignac,  vicaire-g6n6ral  de  Metz,  en 
residence  k  Condom,  recommande  un  d^biteur  de  Tonneins,  pour  un 
arr^t  de  surs6ance  (1).  —  1788.  Mention  de  Verdier,  ancien  maire  de 
Bayonne,  ruin6  par  son  fond6  de  pouvoirs  dans  les  affaires  commer- 
ciales,  pendant  qu'il  6tait  k  Paris  k  Tassemblte  des  notables,  et  de  Les- 
seps,  de  Bayonne  (2),  ancien  consul  gdn^ral  de  France  en  Russie.  — 

1788.  Les  sieurs  Castets  et  Testelin,  marcbands  de  Dax,  sont  cbarg6s 
par  leurs  concitoyens  de  presenter  k  Tintendant  un  placet  en  forme  de 
remerclment  au  roi  pour  Tinstitution  d'un  grand  bailiiage  k  Dax.  — 

1789.  Surs^ance  pour  le  sieur  de  Feuillide,  ancien  capitaine  de  dra- 
gons, ayant  obtenu,  en  1782,  la  concession  des  marais  de  Gabarret, 
Barbottan,  Cr^on  et  Herr6,  d'une  contenance  de  cinq  mille  arpents,  et, 
au  moyen  de  canaux  et  travaux  d'art,  dessech6  une  partie  considerable, 
k  Tavantage  de  la  sant6  publique,  de  Tagriculture  et  de  tout  le  pays 
environnant,  mais  ruin6  par  ces  entreprises.  —  1770-1771.  Inonda- 
tions.  Etat  des  pertes  et  des  secours  :  la  subdil^ation  de  Bordeaux  a 
perdu  1,147,000  livres;  les  subd^l^ations  de  La  R6ole,  Marmande, 
N6rac,  Condom,  Bazas  et  Casteljaloux,  ensemble  ont  perdu  deux  mil- 
lions; TEtat  accorde  cent  mille  livres  de  deniers  comptant,  en  forme  de 
premier  secours;  on  dresse,  en  outre,  des  tableaux  de  proposition  de 
d^charges  sur  les  vingtifemes.  —  1769.  Envoi  par  le  gouvernement  de 

(1)  Voir  (p.  85)  une  attestation  d^livr^e,  k  la  meme  date,  par  le  m^.me  vicaire- 
g^n^ral  au  sieur  Labarre,  n<^gociant  de  Bordeaux,  pour  services  rendus  pendant 
la  disette. 

(2)  Au  commencement  du  m^me  si^cle  nous  trouvons  un  M*  Lesaeps,  notaire, 
mentionn^  (1719)  comme  gardant  en  son  6tude  les  minutes  des  statuts  des  ton- 
neliers  de  Bayonne,  statuts  dont  Tanalyse  remplit  en  entier  une  des  colonnes  de 
la  page  139  de  rinventaii'e.  Faut*il  Tidenti&er  avec  le  «  Lesseps,  maire  de 
Bayonne, »  mentionn6  en  un  dossier  de  17^  et  ann^es  suivantes  (p.  254)  ? 


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—  4®  — 

graines  de  pin  et  de  pommes  de  terre  pour  planter  dans  les  landes. 
Cette  demifere,  6crit  Tintendant  Fargfes  au  sujet  des  pommes  de  terre, 
€  a  6t6  regue  avec  plaisir,  et  comme  il  s'est  trouvi  dans  quelques  pa- 
roisses  des  cur&  originaires  des  provinces  ou  cette  plante  est  cultivfe, 
j'ai  lieu  d'esp6rer  beaucoup  de  succ^  de  leurs  encouragements;  j'ai  fait 
faire  du  pain  avec  des  pommes  de  terre  dans  les  proportions  indiqu6es 
par  lemimoire  imprim6  (1).» — 1731, Mention  de  Malvin,gentilhomme 
de  N^rac  [un  Malvin  de  Montazet]  dont  les  bois  de  pins  et  ch^nes- 
lifeges  ont  6t6  incendi6s  k  Lausseignan  en  Albret,  dans  Tilection  de 
Condom.  — 1761  etanntes  suivantes.  Proems  de  Tabbaye  Sainte-Claire 
de  Mont-de-Marsan  centre  les  jurats  de  Gabardan  sur  Texemption  de 
toute  imposition  royale.  Procte  contre  Tev^ue  de  Condom  et  son  cha- 
pitre  sur  des  biens  que  Tilection  vient  de  declarer  roturiers,  et  par 
cons^uent  taillables.  Demandepar  la  ville  de  Tartas  du  r^tablissement 
en  safaveur  de  Fusage  ancien  selon  lequel  les  vins  des  habitants  ^taient 
vendus  au  detail  dans  les  Mtelleries,  par  pr^Krence  aux  vins  des  fer- 
miers;  Tintendant  repousse  cette  demande  en  s'appuyant  sur  ViAii 
d'avril  1776  qui  a  ^tabli  la  liberty  et  la  concurrence  du  vin  dans  toutes 
les  provinces.  —  1777-1778.  Compte  des  impositions  du  pays  de  La- 
bourtet  des  bastilles  de  Tursan,  Marsan  et  Gabardan,  demandepar  le 
directeur  g6n6ral  des  iSnances  Necker.  — 1779.  Projet  de  b^tir  une 
nouvelle  ville  pour  remplacer  celle  de  Saint- Jean  de  Luz,  et  les  eiemp- 
tions  demand^s  par  les  sieurs  Lemit,  entrepreneurs  de  cette  crdalion. 
—  1780.  Demande  par  le  ministfere  qu*il  soit  dress6  dans  les  subd^l^- 
gations  de  Casteljaloux,  Thiviers,  Monflanquin,  Villeneuve,  P6ri- 
gueux,  Sarlat,  N6rac,  un  6tat  des  usines  (2),  forges  et  bouches  k  feu 
qui  y  existent,^ ainsi  que  verreries  et  faienceries.  —  1783-1787.  Preten- 
tion de  la  ville  de  Condom  d'etre  un  franc-aller  roturier,  en  vertu  d'un 
arr^t  du  conseil  de  1693,  qui  Taurait  reconnu  en  cette  quality.  Excfes  de 
z^le  d'un  pasteur  protestant  de  N^rac  qui  y  tient  des  pr^ches  publics  et 
qui  est  engage  k  la  reserve  et  k  la  circonspection.  — 1783.  Protestation 
des  Etats  de  Bretagne  contre  Tintroduction  dans  le  Labour  et  le  pays 
de  Bayonne,  par  le  port  de  Saint-Jean  de  Luz,  des  sardines  d'Es- 
pagne.  (C'est  la  lutte  entre  la  sardine  bretonne  et  la  sardine  etrangfere.) 
Correjspondance  de  Tintendant  avec  le  directeur  general,  justifiant  le 
retard  du  versement  des  impositions  du  pays  de  Labour;  trente-cinq 
paroisses,  un  sol  infertile,  Tabandon  de  la  p6che  de  la  morue  par  la 
levte  pour  la  flotte  royale  de  tons  les  marins  du  pays,  I'emigration  eu 

(1)  C'est  I'occasioa  de  rappeler  que  le  o^l6bre  agronome  Parmentier  n'a  pas 
acclimate  la  pomme  de  terre  en  France,  mais  qu*il  a  eu  le  m^te  d'en  propager 
la  culture.  Le  pr^cieux  tubercule  ^tait  connu  et  gout^  bien  avant  le  rdgne  de 
Louis  XVL  Voir  divers  t^moignages  ^  cet  6gard  dans  Deaof  Liores  de  raison  de 
VAgenais,  (Auch,  1893.)  II  est  question  de  Parmentier  et  de  son  traits  sur  les 
D^taux  nourriasanU  Ouin  1781)  h  la  page  120. 

(2)  Observation  philologique  :  les  subd61^gu4s  demandent  tous  ce  que  signifle 
le  mot  XMine,  Ce  n'^tait  pourtant  pas  un  neologisme. 


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—  463  — 

Espagne  de  ceux  qui  peuvent  se  sauver;  d'aill^urs  les  impositions  fran- 
ijaises  n'y  datent  que  de  trfes  peu  de  temps.  — 1782-1786.  Echaiige 
entre  le  domaine  et  le  sieur  Ducrot  de  Betbdder,  d'un  droit  de  p^cherie 
sur  TAdour,  dans  la  paroisse  de  Saubusse,  utile  k  d6lruire  comme 
6tant  un  obstacle  k  la  navigation.  —  1769-1780.  Autorisation  k  donner 
k  la  ville  de  Condom  de  lever  sur  elle-mftme  une  imposition  deslin^  k 
subvenir  aux  frais  d'un  proems  auquel  elle  veut  se  rendre  partie  avec 
quelques  particuliers,  sur  quoi  Necker  s'informe  si  cette  communauti 
est  vraiment  int6ress6e  k  le  faire.  —  1779.  Projet  formi  par  M.  de 
I'Horte,  n^ociant  k  Bordeaux,  et  travail  fait  sur  ce  projet  par  le  baron 
de  Villers,  d'6tablir  un  port  de  guerre  dans  le  bassin  d'Arcachon, 
devant  communiquer  par  un  canal,  d'un  c6t6  avec  Bordeaux  et  de 
Tautre  avec  Bayonne;  les  consequences  de  ces  travaux  devant  fetre  la 
fixation  des  dunes  de  sable  au  moyen  propose  d'un  syst^me  de  clayon- 
nage  partant  d'abord  de  la  mer,  au  point  ou  les  hautes  martes  ne  vont 
pas,  pour  continuer  de  proche  en  proche  jusqu'aux  terrains  habitus, 
aprfes  quoi  le  sable  fix6  pourrait  recevoir  des  semences  d'arbres.  — 
1784.  Lettre  des  officiers  municipaux  de  Bayonne  et  une  du  maire  de 
la  ville  d'Aire,  adress6es  ^Fintendantsurleschangements  qui  viennent 
d'etre  faits  dans  la  g6n6ralit6  de  Bordeaux  et  dans  ceUe  d'Auch.  — 
1695.  Pension  accord6e  au  pr&ident  de  Gourgues,  pour  r6compenser 
en  sa  personne  une  famille  ayant  servi  honorablement  sous  quatre 
rois,et  dont  un  des  membres,  Dominique  de  Gourgues,  avait  conquis  k 
ses  frais  et  d6pens  la  Floride  au  temps  de  Charles  IX.  —  1779.  Pro- 
position par  le  due  d'Aiguillon  de  T^tablissement  d'une  maltrise  des 
Eaux-et-For6ts  k  Aiguillon  pour  les  s6n6chauss6es  d'Agen  ,et  de  Con- 
dom. —  1745.  Passage  de  Madame  la  Dauphine  (infante  Marie-Th6- 
rfese).  Etablissement  du  gite  k  la  cure  de  Captieux,  crois6es  k  vitrer  et 
cbemin^e  k  faire  dans  la  chambre  ou  couchera  la  Dauphine.  Plantation 
improviste,  par  ordre  de  I'intendant  Tourny,  sur  une  itendue  de  800 
toises  k  Tentr^e  de  la  g6n6ralit6,  dans  l^s  landes  de  Bazas  et  Captieux, 
d'une  all6e  de  pins,  bien  choisis,  et  bien  align^s  k  24  pieds  de  distance, 
devant  presenter  Tillusion  d'arbres  depuis  longtemps  plant^s  (1).  Precis 
verbal  de  la  reception  faite  a  Bayonne  k  la  princesse.  — 1774.  M6- 
moire  au  sujet  de  trois  eglises  de  N6rac,  capitale  du  duch^  d'Albret, 
toutes  trois  ruintespar  les  troubles.  — 1769.  Correspondance  des  inten- 
dants  de  Bordeaux  et  d'Auch,  concemant  les  proems  intent6s  k  la  ville 
de  Peyrehorade  (Landes),  par  le  seigneur  du  lieu,  baron  vicomte 
d'Orthe,  et  par  sa  fille,  la  comtesse  d'Aspremont  de  Montreal,  sur  tout 
Tensemble  des  droits  de  jurade :  la  sonnerie  k  deuil  lors  de  la  mort  d'un 


(1)  Cela  laitpenser  au  prince  Potemkine  improvisant  des  d6cors  d'op^raen  Cri- 
m6e  partout  ou  devait  passer  Catherine  et  persuadant  ainsi  k  la  princesse  dont  il 
^tait  le  iavori,  que  le  voyage  triomphal  s'accomplissait  en  une  province  des  plus 
riches  et  des  plus  prosp^res.  J'aimemieux  les  pins  de  Tourny  que  les  villages  et 
les  arbres  de  carton  de  Potemkine.  C'^tait  plus  nature. 


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—  464  -^ 

jurat,  le  port  du  chaperon,  Texercioe  de  la  police  en  gdn&ral  (pmds  et 
mesures,  vin,  boucherie,  souchet,feu  de  la  Saint-Jean),  la  pr&entation 
au  seigneur  des  magistrals  6lus  en  assemblde,  la  possession  d'une  mai- 
son  commune,  tous  ddnife  ou  contest6s  par  le  seigneur  (1);  k  rocca- 
sion  de  quoi  Tintendant  de  Bordeaux  6crit  k  celui  d'Auch  qu'il  a 
«  reconnu  dans  les  pretentions  de  M"»®  de  Montniial  le  systfeme  oppressif 
du  plus  dur  des  seigneurs  sur  ses  vassaux.  »  —  1745.  Consultations 
de  m^decins  :  Descamps  k  Lectoure,  Daubon  en  B&im,  Sarramea  k 
Leyrac,  Bordeu  k  Pau,  relativement  k  une  6pid6mie  qui  a  r^gnA  en 
Gascogne  en  celte  annde  1745;  elle  terrorise  Fleurance,  Lectoure, 
Auch;  on  fait  la  garde  k  Condom  et  Ton  a  arbori  le  drapeau  noir  aux 
clochers  des  ^lises.  * 

(A  suivre.)  Ph.  TAMIZEY  de  LARROQUE. 

QUESTIONS  ET  RfiPONSES 


296.  Sur  une  Idgende  de  Oasoogne 

On  lit  dans  le  compte-rendu  du  banquet  oftert  par  la  presse  k  I'Hdtel 
Continental,  le  19  juillet  1894,  aud6put6italien  Bonghi :  «  M.  Hebrard  clot 
la  sdrie  des  toasts  par  un  speech  tr^  suggestif  dans  lequel,  faisant  allusion 
k  une  l^ende  de  Gascogne,  ilmontre  Tltalie  et  la  France  d^vor^es  du  plus 
ardent  dteir  de  s'embrasser.  M.  H6brard  boit  au  philosophe  et  k  I'^crivain 
Eminent  qui  est  M.  Bonghi.  »  Quelle  est  done  la  Ugende  de  Gascogne  k 
laquelle  a  fait  allusion  M.  H6brard  ?  T.  de  L. 

P,'S.  Me  sera-t-il  permis  de  proflter  de  r6cca8ion  pour  reconmiander  k 
la  sympathie  de  nos  lecteurs  la  SocUU  d'dtudes  italiennes,  rdcemment 
fondle  par  men  cher  confrere,  M.  Charles  Dejob,  docteur  6s  lettres,  profe»- 
seur  de  rh^torique  au  coll^  Stani»las,  et  presid6e  par  M.  Jules  Simon? 
Naturellement,  je  ne  me  place  pas  ici  au  point  de  vue  politique,  Dieu  m'oi 
garde !  mais  uniquement  au  point  de  vue  litt^raire.  Ce  n'est  pas  dans  une 
Revue  qui  a  Thonneur  d'etre  dirig^e  par  un  des  hommes  de  France  qoi 
connaissent  le  mieux,  qui  aiment  le  mieux  les  lettres  italiennes^  qu'on 
pourra  s'^tonner  de  voir  Tediteur  de  la  correspondance  de  Peiresc,  ce  fervent 
ami  des  Italiens  de  son  temps,  d'Aleandro,  des  Barberini,  de  Cralil^^  de 
Gualdo,  de  Piqueria,  de  Pinelli,  du  cavalier  del  Pozzo  et  de  tant  d'autres 
illustres  personnages,  insister  pour  que  les  deux  plus  admirables  filles  de  la 
civilisation  latine  marchent^  comme  deux  g^n^reuses  sceurs,  toujoon 
d6vou6e8  Tune  a  Tautre,  tou jours  la  main  dans  la  main. 

(1)  D^cid^ment,  ces  descendants  du  vicomte  Adrien  d'Aspremont  ^talent  par 
leurs  tyranniques  exigences  trop  dignes  du  terrible  genUUiomme  dont  le  maa- 
vais  caraci^re  donna  tant  de  fil  ^retordre  aux  magistrats  municipaux  de  la  bonne 
viUe  de  Bayonne. 


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PUBLICATIONS  HISTORIQUES^ 


III.  Ouvrages  snr  le  B6am 

Histoire  de  Bdarn  par  Pierre  de  Marca.  Nouoelle  Edition  ornde  du 
portrait  de  Vautcur  et  de  plusieurs  graoures  aoec  la  me  de  Marca, 
une  gdn^alogie,  la  Bibliographic  de  ses  ceuores  et  des  Documents  irU- 
dits  sur  sajamilley  par  M.  Tabb^  V.  Dubarat^  aum6nier  du  lyc6e  de 
Pau.  Tome  i.  Pau,  impr.  Garet;  v«  Ribaut,  Lafon,  libraires-^teors. 
Magniflque  vol.  in-4*  de  cccvij-[viijl-xvj-452  pp.  —  Prix  des  deux  vol., 
30  fr.;  pour  les  souscripteurs,  25  fr. 

Armorial  de  Biarn  (1696-1701), jowt^t^  d'apr^s  les  manuscrits  de  la  Bi- 
bliothdque  nationale  et  accompagnd  de  notes  hiogPaphiqueSy  hisioriques 
et  gdndalogiqueSy  par  A.  de  Dufau  de  Maluquer.  Tome  ii  (et  dernier). 
Pau,  v®  Ribaut.  1893.  Gr.  in-8'  de  vj-593  pp.,  plus  trois  planches  de 
dessins  d'armoiries.  —  Prix  de  ce  vol.,  16  fr.  (le  t.  i,  12  fr.) 

Le  magnifique  volume  qui  vient  de  sortir  des  presses  de  M.  Garet  et 
qui  ne  leur  fait  pas  moins  d'honneur  que  la  splendide  r66dition  du 
«  Br6viaire  de  Lescar  de  1541  »,  nous  apporte  k  la  fois  un  travail  trfes 
Stendu  sur  la  vie  du  savant  bistorien  Marca  et  la  reproduction  de  la 
moiti6  de  son  Histoire  de  B^arn,  C'est  assur^ment  le  premier  mor- 
ceau  qui,  k  titre  de  nouveaut^,  sans  compter  ses  tr^s  s^rieux  mantes, 
devrait  attirer  avant  tout  Tattention  de  la  Revue  de  Gaacogne,  Mais, 
pr6cis6ment  parce  que  cette  copieuse  biographie,  trfes  fouillde  et  trte 
€  document^  »,  exigerait  une  longue  6tude  qui  ne  pent  se  faire  au 
pied  lev6,  je  vais  tout  droit  k  Tobjet  essentiel  de  la  publication,  k  la 
nouvelle  Mition  du  vieux  chef-d'oBuvre,  quitte  k  placer  ensuite  quel- 
ques  notes  rapides  sur  la  premifere  impression  que  j'ai  regue  en  feuil- 
letant  le  long  travail  de  M.  Vabhi  Dubarat. 

U Histoire  de  B^arn,  ce  modfele  de  recherche  et  de  discussion  his- 
toriques,  est  indispensable  aux  travailleurs  qui  s'oocupent  soit  de  cette 
region  mfeme,  soit  des  comt^  de  Foix  et  de  Bigorre,  et  en  giniral  de 
toute  notre  chfere  Gascogne.  lis  le  savent  d^s  longtemps,  certes,  et  on 
pent  en  juger  soit  par  Testime  scientifique  qui  s'est  attachie  de  plus  en 
plus  k  ce  gros  ouvrage,  soit  par  le  prix  v^nal  qu'on  I'a  vu  atteindre. 
Nagufere  encore,  il  d^passait  quelquefois  100  fr.  dans  les  ventes  publi- 
ques  et  mfeme  tel  exemplaire,  des  plus  beaux  sans  doute,  est  arrivi  k 
200»  Depuis  que  la  nouvelle  Wition  est  annoncte,  rin-foUo  de  1640  a 
du  baisser  de  prix,  mais  il  ne  s'est  pas  vendu  moins  de  60  fr.  Les  6di- 
teurs  actuels  n'ont  rien  oubli^  pour  remplacer  avantageusement  oe 
voliune  si  difficile  k  saisir,  surtout  pour  les  bourses  modestes. 

(1)  Voir  au  num^o  pr^o^dent,  p.  373, 

Tome  XXXV.  80 


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—  466  — 

lis  ont  voulu  en  faire,  d'abord,  un  chef-d'oeuvre  typographique,  ^ 
ils  y  ont  r^ussi.  Sans  dire  le  moindre  mal  du  vieux  in-folio  parisien, 
qui  avait  6t6  trfes  couveuablement  ^tabli  par  la  «  veuve  Jean  Camusat  », 
il  faut  bien  convenir  que  Taspect  de  rin-4°  de  M.  CJaret  est  plus  agr6a- 
ble,  plus  sympathique  k  Toeil,  sans  prejudice  des  quality  solides.  Le 
prospectus  n'a  pas  tort  de  vanter  «  les  t^tes  de  chapitre,  les  rinceaux  et 
les  culs-de-lampe  dessin6s  tout  exprfes  pour  ce  travail,  les  lettres  or- 
n6es  rouge  et  Wane,  un  trfes  beau  papier  teinte  parchemin6  fabriqui 
pour  cptte  Edition...  »  Tel  detail  pourra  paraltre  un  peu  trop  m^6val 
(j'entends  surtout  les  lettres  color6es);  mais  I'oeil  ne  s'en  oflEense  pas, 
aucoatraire;  et  quant  aux  fleurons,  qui  n'ont  pas  pr6cis6ment  la  d^- 
catesse  de  motif  et  de  trait  de  la  belle  ^poque,  ils  r^pondent  fort  hien 
au  style  artistique  du  temps  de  Louis  XIIL 

Le  format  adopts  est  encore  une  raison  de  pr4f6rence.  Je  ne  sais  qui 
a  prAtendu  trouver  dans  les  formats  les  plus  usit^s  aux  diverses  6po- 
ques  un  symbole  de  leur  caract^re  scientifique  respectif  :  Tin-folio  de 
nos  aieux|r6pondait  au  poids  et  k  la  solidity  de  leur  instruction,  comme 
nos  «  charpen tiers  >  expriment  la  mesquinerie  et  la  I^eret6delan6tre. 
Je  le  veux  bien;  mais  il  faut  aussi  que  nos  muscles  aient  perdu  les 
trois  quarts  de  la  vigueur  de  jadis  :  soulever  un  in-folio  est  pour  noos 
ch^ifs  une  fatigue  notable;  pour  ma  part,  combien  de  fois  me  suis-je 
dispense  dQ  consulter,  par  exemple,  tel  ou  tel  des  dix  in-folio  de  Mo- 
r^,  p{^*  management  pour  mon  poignet,  mais  peut-^tre,  h^las!  aa 
detriment  de  mon  «  information  ».  Merci  done  aux  Miteursde  Pau 
d'avoir  choisi  le  format  in-4°,  qui  n'a  d'ailleurs  rien  de  mesquin,  qui 
m6me,  vu  la  dimension  et  la  force  du  papier,  pourra  paraltre  tout  autre 
que  l^er  aux  lecteurs  et  travailleurs  contemporains. 

Signalons  encore  ces  heureuses  additions  mat^rielles :  \me  fiddle 
reproduction  du  portrait  de  Marca,  grav6  par  Van-Schuppen  d'apr^ 
une  peinture  de  Van  Loo  et  mis  en  t6te  du  De  concordia  en  1669;  — 
un  beai^  titre  initial,  pleine  page,  du  m^me  Schuppen,  qui  convient 
assez  bien  k  I'ouvrage,  malgr6  la  surabondance  des  motifs  po^ques; 
-*  le  fac-simil^  du  titre  de  Tddition  originale,  qui  apaisera  les  regrets 
des  bibliophiles  exclusivement  s6duits  par  ce  qui  est  primilif . 

C'est  trop  parler  de  Text^rieur  du  li vre,  quoique  ce  ne  soit  jamais  on 
c6t6  n^gligeable;  venpns-en  au  contenu.  Ici  tout  semble  dit;  car  il  ne 
saurait  6tre  question  d'analyser  ou  d'apprfcier  le  chef-d'oeuvre  de 
Maicai  dont  les  ^teurs  n'ont  voulu  que  reproduirele  texte,  t  scrupu- 
leuseiE^eatiespecte.  »  Tel  n'^taitpas  I'avis  personnel  de  M.  I'abb^  V. 
IMibar^t.  <  II  n'a  pas  tenu  k  nous,  dit-il^  que  les  imperfections  et  les 
desiderata  de  YHiatoire  de  B^arn  disparussent.  Nous  aurions  vouhi 
qu'on  imit&t  ici  ce  que  Ton  a  fait  k  Toulouse  pour  la  r^^tion  de 
VBi$toire  de  Languedoc  de  Dom  Vaiss&te;  mais  nous  nous  sommes 
heurt^  k  des  difficult^  qui  auraient  compromis  jusqu'k  la  r^impression 
de  I'ouvrage  de  Marca  (p.  Ivij)...  »  Certes,  nous  sommes  tout  heureux 


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—  467* 

aujourd'hui  de  jouir  du  chef-d'oeuvre  des  BinMiotins  notaUement 
enriehi,  dans  Tddition  Edouard  Privat,  des  conquAtes  de  r6raditi(m 
contemporaine.  Mais,  en  Wnissant  d'autant  plus  la  m6moipe  de  I'h^ 
ro'ique  6diteur,  songeons  bien  qu'il  a  fallu  pour  mener  k  fin  son  entre- 
prise  vingt-dnq  terribles  ann^es,  et  des  sacrifices  d'argent  plus  terri- 
bles  encore.  Gardons-nous  done  d'engager  en  pareille  voie  les  6di- 
teurs  de  province,  m6me  les  plus  z616s.  En  ce  qui  conoeme  VHisioire 
de  B6am^  ttlicitons-nous  d'en  avoir  dfes  aujourd'hui  dans  les  mains 
les  qnatre  premiers  livres,  avec  la  ferme  confiance  de  ne  pas  trop 
altendre  les  cinq  demiers.  Apr6s  cela,  sans  trop  presser  le  mot  du 
prospectus^  «  la  critique  moderne  n'a  pas  pu  trouver  de  s^rieux  d^aut 
^notre  histoire  nationale,  »  sans  m^nnaitre  les  d^aillances  de  detail 
qu'il  y  aurait  k  relever  dans  cette  oeuvre,  souhaitons,  mais  n^esp6ron» 
pas  k  bref  d^lai,  t  un  troisifeme  volume  de  notes  »  destinies  t  k  gov- 
riger  ce  qu'il  y  a  de  d6fectueux  dans  V Histoire  de  B^arn.  »  C*est  le 
voeu  de  M,  Dubarat;  mais  si  un  «  intr^pide  travailleur  »  qu'il  connah 
bien  n'existait  pas,  j'aurais  quelque  peine  k  m'y  assoder. 

Done  il  y  a  lieu  d'accorder  sans  scrupule  ni  restriction  un  aatisfecH 
aux  editeurs  de  Pau,  pourvu  qu'ils  nous  rendent,  avec  le  respect 
absolu  qu'ils  professent,  le  texte  du  volume  de  1640.  Dans  le  tome  r 
que  nous  tenons  dejk,  il  y  a,  en  plus,  une  table  des  mati^res,  chapitre 
par  chapitre,  quifaisait  complfetementd^faut  k  T^dition  originate.  Celle- 
ci  se  terminait  bien,  comme  c'6tait  dans  le  bon  temps  Tusage  inva- 
riable pour  les  publications  de  ce  genre,  par  une  table  alphab^tique 
6tendue;  encore  M.  Dubarat  la  trouve-t-il  insuffisante  et  nous  fait-il 
esp^rer,  sauf  les  convenances  des  Editeurs,  un  repertoire  plus  complet 
k  la  fin  du  nouveau  Marca.  Quoi  qu'il  en  soit,  I'absence  de  la  table 
proprement  dite  ^tait  jusqu'ici  une  lacune  f^cheuse,  et  saprfeencedans 
cette  ^ition  est  un  vrai  service  rendu  aux  chercheurs;  ce  service  serait 
m^me  plus  appreciable  encore,  si  Ton  n'avait  pas  jug6  k  propos  d*a- 
br^ger  les  sommaires  des  chapitres.  Ces  sommaires,  dans  le  corps  de 
Touvrage,  sont  souvent  trfes  analytiques  et  assez  etendus,  parce  que 
Marca  discute  beaucoup  et  partant  divise  et  subdivise  voiontiers  les 
problfemes  historiques  et  geographiques;  mais  ne  serait-il  pas  commode 
de  saisir  d'un  coup  d'oeil,  k  la  fin  du  volume,  toute  la  s6rie  de  ces  par- 
celles  d'un  grand  ensemble,  et  d'y  retrouver  jusqu'au  menu  detail 
dont,  k  un  moment  ou  k  un  autre,  on  peut  ^tre  prfoccupe  ? 

Puisque  voil^  d^jk  une  fa^n  de  reproche  greflE6  sur  un  eioge,  nc 
craignons  pas  de  deconsid6rer  le  texte  de  Marca  reproduit  dans  ce 
volume  en  y  signalant  quelques  d^fauts.  Dans  ma  vive  reconnaissance 
pour  le  travail  6videmment  tr^s  atlentif  des  correeteurs  palois,  j'aimerais- 
k  passer  sous  silence  ces  taches  l^g^res  et  peu  nombreuses,  dont  i! 
serait  injuste  de  leur  garder  rancune  :  non  ego  paucis  Offendar  ma- 
culls...  Mais  il  faut  songer  aussi  k  Tinter^t  des  lecteurs,  que  des  fautesr 
relativement  tr^  l^g^res  peuvent  qudquefois  induire  en  embarras  otr 


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—  468  — 

en  erreur,  et  surtout  k  Futility  des  6diteurs  eux-mftmes,  qui  sont  encore 
k  temps  pour  redoubler  de  vigilance  dans  la  correction  du  second 
v(dume  que  nous  attendons. 

i\  ne  s*agit  que  de  quelques  f antes  d'impression,  bien  entendu,  mais 
qui  ont  toujours  leur  importance,  surtout  quand  il  s'agit  de  noms 
propres  on  de  citations  de  textes.  Que  les  6diteurs  aient  conserve  Tan- 
denne  orthographe  frangaise  de  Marca  (ce  qui  est  pour  le  mieux)  et 
qu'en  m6me  temps  ils  aient  modernist  son  accentuation,  de  sorte  que, 
par  exemple,  dfes  les  quatre  premieres  lignes  de  son  6pitre  dfidicatoire 
an  chancelier  Seguier,  ils  nous  font  lire  matt^re,  estrang^res,  pous- 
si^re,  avec  des  accents  graves  que  le  xvii®  si6cle  ne  mit  jamais,  oette 
disparate  pent  chequer  —  leg^rement  —  un  professeur  de  grammaire 
historique  comme  moi,  elle  est  absolument  sans  cons^uence  pour 
rimmense  majorite  des  lecteurs  mfeme  les  plus  diflBciles,  Mais  quand, 
klaseconde  page  de  Tavis  Au  Lecteur,  le  nom  du  grand  historien 
Catel  est  imprim6  Casiely  ce  n'est  presque  rien  en  apparence,  c'est 
pourtant  un  lapsus  regrettable,  d*autant  plus  que  ce  nom  ne  revient 
pas  dans  le  contexte.  Je  dois  dire  que  je  n'ai  pas  rencontr6  d'autre  faute 
de  ce  genre  dans  le  texte  de  Marca  dont  j'ai  d&jk  parcouru  une  bonne 
portion.  Mais  il  faut  examiner  aussi  les  textes  historiques  qu'il  dte  en 
si  grand  nombre  k  la  fin  de  ses  chapitres  et  dont  on  sait  Timportanoe, 
souvent  capitale  pour  les  travailleurs  s6rieux.  On  comprend  que  la 
correction  de  ces  textes,  rapport^  dans  leur  langue  originale  et  avec 
des  r6f6rences  compliquees  d'abr6viations  et  de  chiffres,  offrait  de  vraies 
difficult^,  Disons  franchement  que,  pour  les  textes  grecs,  heureuse- 
ment  en  petit  nombre,  les  correcteurs  de  la  typographic  Garet  ont  ^^ 
au-dessous  de  leur  tdche.  II  y  a  (^  et  Ik  des  lettres  chang6es  (J  pour 
0,  par  exemple)  et  presque  constamment  Taccentuation  est  ou  abseate 
(ce  qui  est  un  moindre  mal),  ou  fautive.  Les  textes  latins  ont  6t6  sur- 
veillfe  avec  plus  d'attention  et  de  competence;  mais  certain  genre  de 
faute  s'y  produit  de  temps  en  temps,  non  sans  p^ril  pour  la  clart6  da 
sens.  Ainsi  (p.  145)  dans  un  fragment  de  la  vie  de  saint  Philibert,  on 
lit  {k  la  4®  ligne)  les  deux  mots  eadem  causa,  qui  n'ont  laaucun  sens; 
dans  le  texte  original  et  dans  le  Marca  de  1640  il  y  avait  ea  de  causa, 
.  ce  qui  dit  quelque  chose :  k  telles  enseignes  que  j'en  ai  profit^,  bien  ou 
mal  k  propos,  p6ur  combattre  une  th^e  aturaine  sur  la  patrie  du  saint 
fondateur  de  Jumi^e.  Cette  addition  d'un  m  final  revient  ailleurs;  j'en 
ai  trouve  la  cause,  je  crois,  k  la  p.  339  du  volume,  toujours  dans  les 
cqlonnes  de  textes.  A  Tavant-dernifere  ligne,  on  y  lit  erudiiem  pour 
erudite;  d^  la  2«  ligne*  on  avait  em  scriniis  pour  e  scriniis.  Si  Ton 
fait  attention  que  Ton  6crivait  du  temps  de  Marca  erudite,  ^,  et  queoet 
accent  grave  a  pu  facilement  ^tre  pris  par  un  ouvrier  typographe  pour 
la  tilde  supplant  un  m^  on  a  Texplication  de  cette  facheuse  coquille. 
Si  le  prote  y  6tait  passiS  avec  une  s^rieuse  attention,  il  aurait  ilimin^ 
la  lettre  parasite^  suppl^^  une  virgule  omise  entre  deux  noms  de  rivieres 


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-.  469  — 

(au  second  distique  cit^  au  m&me  endroit),  enfin  restitui,  encore  ]k, 
au  P.  Sirmond  un  r  dont  Tabsence  d^figure  son  nom. 

Tout  cela  n'est  pas  indifiE6rent,  mais  il  faut  6tre  k  pen  prfes  Stranger 
aux  difficult^s  d'une  entreprise  typographique  comme  celle-ci  pour  y 
trouver  sujet  de  s^rieux  reproche.  D'aulant  plus  qu'aux  simples  ama- 
teurs ces  sphalmaia  sont  indiflE^rents  et  qu'auxlecteursinstruits  ils 
sont  ordinairement  de  correction  facile 

U Armorial  de  B^arn  a  6t6  pr6sent6  aux  lecteurs  de  la  Reoue  en 
1889  (xxx,  470),  date  de  son  premier  volume.  Dfes  lors,  en  rendant 
homraage  k  la  competence  sp^ciale  et  aux  recherches  tr6^  approfondie« 
dont  t6moignait  Touvrage,  je  fis  connaitre  sommairement  TMit  royal 
de  1696  qui  ordonna  Tenregistrement  de  toutes  sortes  d'armoiries, 
Topposition  que  cette  mesure  fiscale  rencontra  spteialement  en  B&im, 
et  finalement  le  partage  des  blasons  b^arnais  alors  enregistr6s  en  deux 
classes  :  armes  d€pos6es  par  les  int^ress^s,  armes  impos^es  d'office  k 
«  quantity  de  seigneurs  et  de  fonctionnaires,  et  de  plus  k  141  pr^tres, 
chanoines  ou  curds,  qui  se  seraient  bien  passds  de  ce  couteux  hon- 
neur.  »  Le  volume  public  en  1889  renfermait  les  «  armes  d6pos6es  »; 
celui-ci  est  consacr6  surtout  aux  «  armoiries  d'office.  »  Mais  le  texte 
officiel  est,  dans  Tun  comme  dans  Tautre,  ce  qu'il  y  a  de  moins  intdres- 
sant  pour  les  chercheurs.  L'essentiel,  ce  sont  les  plantureuses  notices 
gdndalogiques  et  biographiques,  avec  documents  k  Tappui,  sur  les 
families  notables  du  B6arn;  c'est  par  \k  surtout  que  le  savant  et  labo- 
rieux  auteur  a  hautement  mdrit6  notre  reconnaissance.  Je  dis  «  I'au- 
teur  >  au  singulier,  parce  que  M.  de  Dufau  de  Maluquer  a  seul,  ou 
peu  s'en  faut,  prdpard  et  rddig6  ce  volume  si  6pais  et  si  rempli;  je  ne 
dois  pas  pourtant  oublier  la  collaboration  d'un  feudiste  dmdrite,  M.  de 
Jaurgain.  Au  reste^  M.  de  Dufau,  qui  a  toujours  port6  le  poids  prin- 
cipal de  Tentreprise,  fait  connaitre  exactement  la  part  propre  deM.de 
Jaurgain  dans  la  premiere  partie  de  ce  grand  travail  et  mtoe  dans 
deuxou  trois  notices  de  ce  second  volume  (p.  xj). 

Une  des  curiositds  qu'offre  k  la  science  hdraldique  la  creation  des 
armes  impos6es  k  des  Bdarnais  k  la  fin  du  xvn«  sifecle,  c'est  la  simpli- 
city des  proc6d6s  de  d'Hozier,  leur  inventeur^  Cette  composition,  par 
exemple,  c  losang6  de...  et  de...  flanqu6  de...  (ou  k  la  fascede...)  »  a 
foumi  120  blasons  diffdrents;  il  a  suffi  de  varier  chaque  fois  m6taux  ou 
couleurs,  jusqu'^  6puisement  des  combinaisons  possibles.  Voici  pour- 
tant oil  d'Hozier  s'est  montr6  plus  inventif,  sinon  plus  raisonnable  :  il 
s'agil  d'armes  parlantes  ou  prdtendues  telles,carilest  difficile  de  pousser 
plus  loin  Tabus  du  calembour  par  k  peu  pr6s.  En  fait  de  «  pieces 
honorables  >,  le  chanoine  d'Esquille  voit  briller  dans  son  blason  une 
quille  d'azur;  Thdrfese  du  Pla,  un  plat  d'argent;  Jean  de  Saint-Mdiion, 
cinq  melons  d'or  mis  en  croix,  et,  ce  qui  depasse  tout,  Mile  de  For- 
taner,  une  t^te  6'dne  d'argent !  Je  comprends  que  M.  Paul  Labrouche 
se  soit  attach^  k  montrer  que,  tout  en  ayant  le  droit  d'adopter  ces  blasons 


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—  470  — 

d'offioe,  les  nobles  b^mais  n'ont  pas  perdu  la  faculty  de  oonflenrer 
ieurs  blasons  traditionnels. 

Parmi  les  blasons  dessinc^  dans  les  trois  planches  annex^  k  oe 
volume,  les  deux  tiers  ont  ^t^  «  choisis  ou  d^pos^  par  les  families  » 
dont  les  noms  suivent :  Boyrie,  Pas  de  Feuqui^re,  Abbadie  de  Livron, 
Jausiondy,  Navailles-Mirepeix,  Marrenx-Sus,  Sorberio,  Besiade  d'A- 
veran,  Mesplfes,  Alon,  Montesquiou  d'Arlagnan,  Saletles,  Peyre, 
Dejean,  Perpigna,  Castelnau-Laloubfere,  Espalungue  d'Arros.  Au 
contraire,  e'est  parmi  les  blasons  imposes  que  se  classent  ceux  de  : 
Poeymiro,  Balsalle,  Majendie,  Lafargue  d'Artix,  Medolon,  Parage  de 
Romas,  Vignau  d'Incamps  (une  feuille  de  vigne  !),  Duplaa  de  Garat, 
Curtan.  Plusieurs  de  ces  noms  sont  plus  ou  moins  connus  des  tra- 
vailleurs  qui  ont  touchi  une  fois  ou  Tautre  k  nos  annales  r^onales 
surtout  pour  la  fin  de  I'ancien  regime.  II  n'est  pas  toujours  indifferent, 
on  le  sait,  k  propos  d*un  personnage  historique,  mfeme  de  second  ou 
de  troisifeme  ordre,  de  retrouver  son  ^tat  civil  complet  et  des  renseigne- 
ments  prdcis  sur  ses  ascendants  et  ses  allies. 

Mais  il  y  a  de  plus  dans  ce  volume  bon  nombre  de  notices  qui  ont 
par  elles-mfemes  une  trfes  s^rieuse  valeur  pour  Thistoire.  Je  n'en  citerai 
qu'une,  la  plus  longue  et  la  plus  int6ressante,  ce  me  semble,  celle  des 
Majendie  (p.  252-239),  signal^s  d6s  le  quatorzifeme  sitele,  et  dont  la 
ligne  filiative  se  d^roule  trfes  nettement  depuis  la  seconde  moiti6  du 
xvi*  sifecle.  Une  branche  de  cette  famille  habite  TAngleterre  depuis  la 
revocation  de  I'^dit  de  Nantes,  et  un  membre  de  cette  branche,  M- 
Lewis-Ashurst  Majendie  a  public,  en  1878  un  m^moire  historique  e' 
gAnialogique  important,  qui  a  beaucoup  servi  k  M.  de  Dufau.  Des 
incidents  de  tout  ordre  et  suriout  des  notes  familiales  et  des  fragments 
de  correspondance  font  de  tout  cet  ensemble  un  morceau  des  plus 
curieux  pour  Thistoire  du  protestantisme,  j'entends  Thistoiresoit  inlime, 
5oit  exierieure,  soit  m6me  lilt6raire.  A  ce  dernier  point  de  vue,  il  faut 
signaler  au  moins  un  nom  presque  c^lfebre,  celui  d'Andr6  Majendie 
(1601-1680),  dont  le  principal  ouvrage  (AntibaroniuSy  Lugd.  Batav. 
1675,  in-f*),  public  dans  Texil,  est  devenu  fort  rare;  il  avait  donn^, 
etant  ministre  de  Saint-Gladie  en  Bdam,  deux  opuscules  que  possMe 
la  Bibliothfeque  de  Pau  :  Deffence  de  I' Union  des  reformez  (1651)  et 
t Enfant  Jlottant  (1661),  Je  possfede  la  refutation  qui  fut  oppos^e  k  ce 
prtehe,  dirige  centre  la  r^gle  de  foi  catholique;  c'est  un  in-4^de  240  pp. 
(sans  les  ff .  11.)  portant  ce  titre :  Le  Vieillard  noy6  ou  response^  etc. 
par  le  R.  P.  Jacqu^  Boireau  de  la  C.  de  J.  (Pau,  veuve  Pierre  Des- 
baratz,  et  Jean  Desbaratz,  1662)  et  d^die,  en  t^te,  k  r^v^que  d'Oloron 
par  une  epltre  pleine  de  details  historiques,  et  k  la  fin,  par  une  longue 
ode  latine,  k  Notre-Dame  de  Sarrance,  de  Sauvelade  et  de  Betharam, 
optimce  Benearnensium  patronce, 

J'aurais  bien  d'autres  indications  interessantes  k  fournir.  Mais  il 
suffit  d'avoir  signaie  Y Armorial  de  B^arn  comme  une  oeuvre  des 


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—  471  — 

pliis  completes  et  des  plus  sures  en  ce  genre.  Si  le  chef-d'oenvre  de 
Marea  esf  le  guide  indispensable  des  travailleurs  Mamdis  pour  Tanti- 
quit^  et  le  moyen  kge,  la  belle  publication  h^raldique  de  M.  de  Dufau 
de  Maluquer  est  destinde  h  leur  lendre  mille  services  de  d^ail  pour  ta 
p^riode  moderne. 

UoNCE  COUTURE. 


BROCHURES  RECENTES 


La86n6chau88^ed'Armagnac.  Lectourey  si^ge  de  Ia8^n^chau884e; 
—  La  justice  au  xvi«  sUcle  dans  la  s^n^chauss^Cy  par  Paul  Tierny, 
archiviste  du  Gers  (2  brochures  in-8<^  de  15  pp.  chacune.  Auch, 
Cocbaraux.  1893  et  1894).  —  Par  lettres  patentes  du  23  d&emlwe 
1473,  Louis  XI  est  cens6  avoir  6tabli  k  Auch  le  si^e  de  la  s6n6chaus- 
s6e  d'Armagnac^  dont  on  sait  T^tendue  et  Timportance;  mais  M.  'Paul 
Druilhet,  si  competent  dans  tout  ce  qui  conoerne  Thistoire  de  sa  ville 
natale,  croit  qu'il  y  eut  erreur  sur  le  nom  et  qu'une  rectification  authen- 
tique  assura  d6s  lors  la  possession  du  si^  k  Lectoure.  Cette  posses- 
sion est  d'ailleurs  un  ^it  certain.  M.  Paul  Tierny  nous  rAvile  les 
constants  efforts  des  Lectourois  pour  la  garder  etdes  Auscitainspour  la 
leurenlever;  il  rappelle,  entre  autres,  le  curieux  voyage  de  deux  boui^ 
geois  d'Auch  k  la  couren  1528  et  1529,  public  ici  ni6me  par  M.  Par- 
fouru  en  1889  (xxx,  p.  485).  On  sait  que  cette  rivalit6  aboutit,  en  Jan- 
vier 1639,  k  une  cote  bien  ou  mal  taill6e :  la  s^n^hauss^  d'Annagnac 
fut  d^membrte,  et  les  deux  villes  eurent  chacune  leur  sdn^chal.  II  faut 
voir  dans  la  premiere  brochure  de  M.  Tierny  de  prteieux  details  sur  la 
vie,  les  charges  et  les  privil^es  des  magistrals  lectourois. — Sa  seconde 
brochure  pr^sente,  sous  une  forme  k  la  fois  plus  rapide  et  plus  lumi- 
neuse  encore,  «  Torganisation  judiciaire  dans  la  s6n^hauss6e  d'Ar- 
magnac  et  plus  particuli^rement  dans  les  vicomtfe  d'Auvillar  et  de 
Lomagne  »  en  plein  xvi«  si^cle,  d'apr^  les  registres  jusqu'ici  non 
consult^s  du  s^n&hal  de  Lectoure.  Ce  m^moire  a  6ti  lu  en  stance 
publique  k  Montauban,  k  la  demifere  reunion  des  deux  Soci6t6s  archte- 
logiques  de  Tarn-et-Garonne  et  du  Gers,  et  il  est  difficile  de  mieux 
concilier  la  solidity  scientifique  exig6e  par  Thistoire  s^rieuse,  et  c6tte 
aisance,  cet  agr6ment  dans  Texposition  que  reclame  toujours  urie 
assembl6e  nombreuse. 

Deux  allocutions  au  sujet  de  PeiresCy  par  Ph.  Tamizey  de  Lar- 
ROQUE.  —  Lettre  au  directeur  de  /'Echo  des  Bouches-du-Rh6ne  au 
sujet  d'unesouscription  peiresciennCy  par  le  m^me.  (2  plaquettes  in-12 
de  14  et4  p.  Aix-en-Provence,  Ach.  Makaire.  1894.)  —  C'est  bien 
plus  loin  que  lepays  mental banais,  c'est  en  pleine  Provence  que  notre 


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^    —  472  — 

cber  collaborateur  emportait,  au  printemps  dernier,  «  non  pas  sa  lyre 
mais  sa  tire-lire.  »  On  comprend  le  sel  de  ce  calembour  aixois.  M.  T. 
de  L.  se  ddfendait  d'etre  po^te  et  se  pr^entait  comme  qu^ur  pour  le 
monument  de  son  cher  Peiresc.  A  vrai  dire,  sur  le  premier  point,  peu 
8*en  faut  qu'il  ne  se  soit  donni  k  lui-m6me  un  d^enti  formel,  tant  il 
y  a  de  po&iedans  le  toast  en  prose  gontaudaise,  qu'il  a  prononc^  le 
9  mai,  au  banquet  de  bienvenue  oflfert  au  majoral  de  TEcole  d'Aquitaine 
par  ses  confreres  les  Mibres  de  I'Ecole  d'Aix  {Escolo  de  Lar).  Citons- 
en  au moins les demi^res lignes  :  «  ...  Bibo  Peiresc,  lou  rei  daus sab^ns 
dau  mitjourl  Bibo  bosto  terro,  ^a  rfeino  ensoulelhado  et  perfumado  de 
loutos  las  terros  de  nosto  dougo  Franco!  Bibo  TEscolo  de  Lar,  ounte 
fan  de  ta  beroio  musico  et  de  ta  beroio  pouesio,  e  ounte  i  a  tant  d'ai- 
mables  omes,  que  touto  aquelo  armounio  e  touto  aquelo  bountat  fan 
pensa  k  Toustau  dou  boun  Diou,  que  bous  souh^ti  d'ana  tons  abita, 
quand  auras  atrapa  lous  ans  dau  Matusalfen !  »  —  Mais  c'est  en  bon 
frauQais  que  le  t  qu^teur  »  a  parl6  le  surlendemain,  k  la  premiere  stance 
du  comit6  pour  T^rection  du  monument  Peiresc,  devant  toutes  les  aufo- 
rit6s  aixoises,  k  commencer  par  Tillustre  et  g^n^reux  archev6que.  II  y 
a  des  accents  varies  dans  cette  ^loquente  et  pressante  exhortation,  et 
les  dol^nces  m^mes  n'y  manquent  pas,  toujours  pour  aider  au  succfes 
qui,  en  somme  n'a  pas  fait  d^faut,  bien  que  Tambilion  de  Tiditeur  de 
Peiresc  ne  soit  pas  encore  combl^.  Qu'on  se  le  disc,  en  se  rappelant 
une  page  de  la  Revue  de  d^cembre  dernier  (xxxiv,  575)  et  en  mAiitant 
le  petit  trait  qui  suit  et  que  M.  T.  de  L.  nous  raconte  lui-mfeme  dans 
une  plaquette  ad  hoc  ;  •  ...  Pas  plus  tard  que  dans  la  journ^e  d'hier, 
j'avais  un  bon  paysan,  de  ces  paysans  dont  M"*«  de  S6vign4  admirait 
I'Ame  droite,  qui  travaiilait  au  jardin  dont  le  Pavilion  Peiresc  est  en- 
tour6,  jardin  moins  vasteet  moins  beau  que  celui  de  Belgentier,  mais 
oil  pourtant  abondent  les  arbres  verdoyants  et  oil  s'^panouissent  sur 
plus  de  cinq  cents  rosiers  de  magnifiques  fleurs  de  toute  nuance  et  de 
tout  parfum.  Quand  j*ai  voulu  payer  au  brave  homme  ses  heures  de 
travail,  ilm*a  dit  avec  un  cordial  sourire  :  Monsieur,  je  vous  prie  de 
garder  mes  quarante  sous  pour  votre  monument.  J'esp^re  que  la  sous- 
cription  d'un  pauvre  jardinier  fera  plaisir  k  celui  qui,  m'avez-vous  dit, 
aimait  tant  son  jardin.  » 

Augnax.  Notice  historique,,,,  par  le  D*"  Edguard  Dupouy,  mWecin 
principal  des  colonies,  etc.  (In-8*»  de  32  p.  Paris,  Aug.  Challamel. 
1894.)  ^  Le  D^  Dupouy,  qui  fut  jadis  un  de  mes  bons  6l6ves  et  qui 
depuis  s'est  fait  un  nom  dans  la  litt^rature  m6dicale  par  sa  Monogra- 
phie  du  Soudan  (Paris,  Berger  Levrault,  2  vol.)  et  par  d'autres 
savantes  publications,  a  voulu  devenir  historien  par  amour  pour  sa 
€  chfere  petite  patrie.  »  II  lui  a  consacr^  une  brochure  6crite  «  entre 
deux  campagnes,  »  il  le  d6clare  lui-m^me,  mais  pr^parfe  avec  soin, 
non  sans  recberches  dans  les  papiers  locaux  et  dans  les  biblioth^ues 
parisienneS;  non  sans  recours  utile  aux  chercheurs  patentes,  surtout 


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—  473  — 

k  notre  trfes  Arudit  feudisteTabW  de  Carsaladedu  Pont.  «  Ecrire  This- 
loire  antique  d'Augnax...  n'est  pas  chose  facile,  »  avoue  M.  Dupouy. 
Aussi  n'oserai-je  donnercomme  sures,  ni  mtoe  comme  sdrieusement 
probables,  les  inductions  sur  lesquelles  il  appuie  Texistence  c  celtique  » 
d*Augnax,  Tetablissement  tout  voisin  d'une  colonic  romaine,  la  fonda- 
tion  de  la  paroisse  d6s  le  quatri^me  si6cle^.  En  revanche  les  p^riodes 
ftodale  et  modeme  sont  retract  avec  une  precision  irr^prochable  et 
abondent  en  donn^  pr^cieuses.  Quelques  lecteurs  contemporains  pour- 
ront  voir  avec  surprise  (I'histoire  vraie  donne  souvent  ces  surprises-Ik) 
que,  pendant  la  r  volution,  c  la  terre  seigneuriale  f ut  laiss^  intacte  et 
sans  acqu^reurs  par  affection  et  reconnaissance  pour  le  comte  de 
Fezensac.  >  La  commune  n'y  perdit  rien.  RentrA  en  possession  du 
chateau  d'Augnax,  €  cet  homme  g6n6reux,  qui  avait  d6jk  fait  Wttir  un 
pont  enpierre  sur  TOrbe,  en  Enherr6,  pour  rendre  plus  facile  I'aocis 
du  village,  restaura  k  ses  frais  le  clocher  et  la  vieille  6glise  qui  tom- 
baient  de  v6tust6.  II  construisit  un  presbyt^re  (1805)  et  la  Hount- 
bastido  (1816),  »  etc.,  etc.  De  telle  sorte  que  le  conseil  municipal 
«d'Augnax  (deliberations  de  1818)  finit  par  le  proclamer  p^re  de  la 
commune  et  dea  pauvres.  La  reconnaissance  est  evidemment  une  des 
vertus  caractiristiques  des  Augnacquois;  et  le  D''  Dupouy  le  prouve 
pour  sa  bonne  part  en  payant  par  cette  belle  notice  sa  dette  de  gratitude 
au  village  natal  qui,  dans  les  intervalles  d'une  laborieuse  carrifere 
m^dicale  sur  mer  et  aux  colonies,  «  n'a  cessi  de  r6lablir,  avec  son  air 
pur  et  son  calme,  une  sante  fortement  ebranl6e  par  de  longues  et  pini- 
bles  campagnes.  » 

U^ducation  du  grand  Cond^  d'aprda  des  documents  in^dits.  1. 
Le  college:,  Bourges  (1630-1632).  —  //.  Le  college,  Le  lendemain 
du  college (1632-1635), par  le  P.Henri  Ch^rot,  dela  C*«  de  J&us.— 
Lejils  du  grand  Cond^,  Henri- Jules  de  Bourbon,  due  d^Enghien, 
son  education  en  France  et  en  Belgique  d'apr^s  des  documents  in^- 
ditSy  par  le  m^me.  I  (seul  paru).  (3  brochures  gr.  in-8°  de  32,  32  et 
46  pp.  1894.  •—  L'histoire  des  Cond6s  semble  completement  et  d^fini- 
tivement  fix^e  par  les  beaux  travaux  du  due  d'Aumale.  Mais  la  biogra- 
phic exacte  de  chacun  d'eux  reste,  sinon  k  faire,  au  moins  h  enrichir  et 
h.  documentor  pour  ces  curieux  qui  veulent  retrouver  jusqu'au  dernier 
detail  des  grandes  existences.  Or  ces  curieux  se  multiplient  tons  les 
jours  et  il  ne  faut  pas  trop  s'en  plaindre;  car,  si  la  minutie,  ecueil  de  toute 
curiosite,  peut  egarer  ou  annuler  le  jugement,  la  recherche  complete  du 
vrai  peut  seule  nous  preserver  ou  nous  deiivrer  du  redoutable  flieau 
de  rhistoire  artificielle.  Et  puis,  telle  trouvaille  qui  ne  semble  riveier 
qu'un  menu  fait  biographique,  eclaire  en  mtoe  temps  Thistoire  des 
moeurs,  des  institutions,  de  la  religion,  des  lettres  et  des  arts.  On  en 
trouverait  vingt  preuves  dclatantes  dans  ces  pages  sur  reducation  du 
grand  Conde  et  de  son  fils;  Tauteur  a  puis^  aux  sources  les  plus  riches 
et  les  plus  inexplorees  des  Archives  de  Tancienne  Compagnie  de  Wsus, 


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—  414  — 

dans  compter  tous  les  autres  Aliments  d'infonnation  historique  pour  le 
ivn*  sitele;  peu  d*6radits  savent  se  dinger  dans  ce  fouillis,  silva  rerum 
ei  lihrofimiy  avec  la  parfaite  surety  du  P.  Ch^rot,  bien  appr6ci6  des 
connaisseurs  par  son  beau  livre  sur  le  P.  Lemot/ne{PanSy  A.  Picard, 
1887).  Mais  en  le  remerciant  de  renvoi  de  ces  excellentes  Etudes,  je 
doiSj  malgr6  mon  coeur,  ltd  rappelerque  la  Revue  de  Gaseogne  a  poor 
loi  absolue  de  ne  jamais  sortir  de  son  domaine.  A  ce  litre  je  ne  pais 
gufere  que  signaler  les  annfes  de  coll^  de  Henri- Jules  due  d'Enghien 
k  Bordeaux  en  pleine  Fronde,  et  nommer,  parmi  les  j6suites  qui  ont 
pris  quelque  part  k  I'^ducation  de  son  pfere,  un  pofete  latin  qui  a  ter- 
mini au  college  d'Auch  sa  longue  et  productive  carrifere,  le  P.  Henri 
Aubery.  11  y  a  m^me  de  ce  dernier,  k  la  Biblioth^ue  municipale 
d*Auch,  un  po^,nie  latin  manuscrit  relatif  k  Montrond,  le  chateau  des 
Cond6s  (Mons  Rotundas  apud  Boios),  et  qui  n'est  pas  sans  toucher 
k  I'histoire  de  cette  Education.  Malheureusement  le  P.  Cb^rot  n'a  pu 
jusqu'ici,  malgr^  sesdfeirs,  en  obtenir  une  copie.  Qu'il  ne  perde  pour- 
tant  pas  tout  espoir.  Je  sais  que  celte  copie,  par  la  faute  surtout  d'un 
relieur  fdroce,  n'est  pas  facile  k  faire.  Mais  nous  avons  k  Auch  de 
jeunes  travailleurs  si  intelligents  et  si  divou6s  I  L,  C. 


SOIREES  ARCHfiOLOGIQUES 

AUX   ARCHIVES    D^PARTEMENTALBS 


V 

Stance  da  7  mal  1894 


Pr6sidence  de  M.  le  PRiJ^FET  DU  GERS 


Pr^enta:  MM.  Balas  p^re,  L.  Balas,  Barada,  Biard,  Calcat, 
Ck>cHARAux,  Daureillan,  Dellas,  Despaux,  Francou,  Journet, 
Lacomme,  Lapeyr^re,  Larroux,  Lavergne,  L^glise,  A.  Lozes, 
Metivier,  M0LL16,  Sansot,  Seigland  et  Tierny,  secretaire. 

Avant  d'ouvrir  la  stence,  M.  le  Pr^fet  exprime  les  regrets  qii'il 
iprouve  de  ne  pas  voir  ici  M.  de  CarsaladCy  qui  dirige  les  travaux  de  la 
Society  avec  autant  de  zfele  que  de  competence;  il  se  fait  Tinterprfete  de 
tous  en  souhaitant  uueprompte  gu^rison  k  notre  savant  etsympathique 
president. 


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—  476  — 


Vieux  TXoilB 


(Communication  de  M.  Adrien  Lavergne^  vice-pr6sident  dela  Soci^ti 
historique  de  Gascogne.) 

M.  Blad^  m'a  fait  cadeau  d'un  petit  recueil  de  noels,  manuscrit  qui 
porte  la  date  de  1596,  et  qui  m*a  paru  int^ressant. 

Deux  notes  inscrites  au  verso  du  dernier  feuillet  me  font  attribuer  ce 
recueil  au  diocfese  de  Lectoure :  la  premiere  constate  une  dette  en 
favour  d'un  habitant  de  Bayonnette  (1)  (Bajonnette,  dans  Tancien 
diocfese  de  Lectoure,  canton  de  Mauvezin);  la  seconde  parle  d'une 
affaire  k  Lectoure.  Ces  deux  notes,  sign6es  Lahartej  sont  de  la  m6me 
feriture  que  les  cantiques. 

Ce  sont  des  noels  suivis  d'une  complainte  de  la  Vierge  au  pied  de  la 
Croix.  Tons  ces  cantiques  sont  en  fran^ais,  sauf  un  seul  qui  est  le  vieux 
noel  Reheillaia  bona  mainado. 

Nous  aliens  passer  en  revue  aujourd'hui  les  cantiques  frangais  de 
ce  recueil : 

1.  —  Le  premier  cantique  est  intitule :  c  Translation  dudit  conrfiVor 
(sic)  en  frangais  sur  le  mftme  chant.  » 

C'est  la  traduction  de  Thymne  de  FA  vent  Creator  almesiderum,  II 
est  probable  qu'il  existait  jadis  un  feuillet  initial  qui  manque  et  qu'au 
verso,  c'est-&-dire  en  face,  ^taittranscriteFhymne  latine.  Cette  traduction 
est  faile  en  autant  de  strophes  et  sur  la  mtoe  mesure,  en  sorte  qu'on 
la  chantait  sur  le  m6me  air. 

2.  —  Le  deuxi^me :  «  A  la  venue  de  Noil,  etc.  »  a  6t6  publiA  par 
M.  Blad^  dans  ses  Poesies  populaires  en  langue  fran^aise  (1879), 
p.  10.  On  en  a  fait  'quelques  parodies;  Tune  d'elles  a  6t6  inserfe  par 
M.  Blad6  dans  ses  Poesies  populaires  de  la  Gascogne  (i,  p.  160). 

Dans  les  Noels  nouveaux  frangois  et  gaseous  composes  par  un 
cur6  du  diocese  de  Lectoure  (CEuvres  de  d'Astros  publics  par  M.  Tail- 
lade,  11,  p.  292)  on  trouve  un  noel  gascon  sur  Tair  ^  A  la  venue  de 
Noil.  » 

Cet  air,  dit  t  Fair  des  Bergers,  »  est,  dans  Tusage  auscitain,  celui  de 
rhymne  des  deuxifemes  v6pres  de  Noel,  Jesu  redemptor  omnium. 
(Rev.  de  Gasc,  xi  (1870),  p.  368,  note). 

3.  —  Letroisi^me  a  pour  titre:  Noel  sur  le  chant:  «  Trahison, 

(1)  M.  L^once  Couture  me  fait  remarquer  que  Jean  d'Escorbiac,  autcur  de  la 
Christiade  et  neveu  de  Du  Bartas,  dtait  seigneur  cle  Bajonnette,  et  que  d'AstrQS 
dont  11  ^tait  ypisin  lui  adressa|t  des  vers. 


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—  476  — 

Dieu  ie  maudie.  »  II  commence  ainsi  :  «  Noel  pour  Pamour  de 
Marie,  » 

M.  Blad6  Ta  ins6r6  dans  ses  Poesies  populaires  enlanguefran- 
Caise,  p.  8.  «  II  est  dans  la  Grande  bible  des  noels  nouveaux  avec 
indication  de  Fair :  Fausse  irahison  (prononcez  traison),  Dieu  ie 
maudie^  »  dit  M.  Couture  dans  la  Revue  de  Gascogne, 

Ce  noel  a  6t6  imit6  librement,  avec  Ie  refrain  et  les  couplets  de  mknt 
mesure  pour  6tre  chant6  sur  Ie  mtoe  air,  par  d' Astros.  Voyez,  dans 
lou  trimphe  des  nov^la  gaseous,  celui  qui  est  intitul6 :  Louprume 
nouel  es  sur  Vayre :  Noel  pour  V amour  de  Marie,  etc.  D' Astros,  6d. 
Taillade,  i,  p.  201. 

Laissez-moi  noel,  noel  II  y  avait  un  messager 

Laissez-moi  noel  chanter.  Portant  blanche  livr6e. 

Lautrier  quand  je  m'en  venais  Laissez-moi  noel,  noel 

Tout  droit  de  Gallic,  Laissez-moi  noel  chanter. 

En  chemin  je  rencontrai 

XT  1  uii  II  y  avait  un  messager 

Une  grande  assembl^e.  ^  •',       ^,      ,    ,.™ 

•  Portant  blanche  livree, 

Laissez-moi  noel,  noel  q^j  ^^^^^  ambassador 

Laissez-moi  noel  chanter.  La  royne  de  Jud6e. 

En  chemin  jo  rencontrai  Laissez-moi  noel,  noel 

Une  grande  assemble,  Laissez-moi  noel  chanter. 

5.  —  No^l  en  Vhonneur  de  la  Nativity  de  Jesus-Christ,  Sous  oe 
titre,  Ie  petit  manuscrit  nous  donne  un  cantique  d'un  rythme  tout 
aussi  curieux  que  Ie  pr&^dent.  Voici  Ie  premier  couplet  avec  Ie  re- 
frain. 

Marie  en  Bethleem  s'en  va  {his)  Et  nau,  Marie  ma  mie, 

Le  fils  de  Dieu  elle  enfanta  (Jbis)  Vous  etes  tant  belle  et  jolie 

Ce  f  ut  une  grand  m61odie.  Que  chacun  pour  vous  chante  nau 

Marie  ma  mie,  Nau  nau, 

D'ouir  chanter  la  chelemine  Que  chacun  pour  vous  chante  nau. 
Des  bergers  et  des  pastoureaus. 

6,  7,  8,  9  et  10.  —  II  me  paralt  inutile  de  parler  des  6%  7%  8«  et  ^ 
noels.  Je  donne  le  refrain  du  10*  parce  que  Fezed6,  cur6  de  Flamarens 
au  diocfese  de  Lectoure  au  xvii®  si^cle,  a  fait  un  cantique  sur  le  mtoe 
air  [Revue  de  Gascogne,  xi  (1870),  p.  375]. 

Elevez  I'entendement 
Pasturs  je  vous  prie^ 
Ecoutez  I'advenement 
Du  £ds  de  Marie. 


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—  477  — 

11.  -^  Ici  se  trouve  le  noel  gascon  Rebeillats  hoxis  maynado,  qui 
fera  I'objet  d'une  HuAe  spdciale. 

12,  13,  14  et  15.  —  Le  12*  est  intituW :  No^l  aur  la  brebis  more.  — 
Le  13®,  No^l  nouveau  sur  le  chant  «  0  que  le  ciel  m'accable  de 
malgueur».—Lel4*,No^l  sur  le  chant:  « lis  aont  en  grant  penser,  » 

Enfin  le  15"  et  dernier,  Autre  No^l  sur  le  chant  «  a  solis  ortu 
cardine  »,  clot  la  s^rie  des  noels  par  une  traduction  de  i'hymne  des 
premieres  vfepres  de  noel,  faite  strophe  par  strophe  et  siur  la  m6me 
mesure.  Comme  on  le  voit,  le  recueil  commence  par  Thymne  de 
Tavent,  et  finit  par  celle  de  la  f6te.  Ces  hynmes  sont  celles  du  rit 
romain  non  r^ormtes. 

16.  —  Le  petit  manuscrit  se  termine  par  La  complainte  de  la 
glorieuse  Vierge  Marie  toy  ant  son  doulsjils  Jesu  Christ  pendu  en 
larbre  de  la  saincte  crois  laquelle  se  chante  sur  le  chant  de  Vexilla 
regis  prodeunt, 

C*est  un  dialogue  entre  la  Vierge  et  saint  Jean.  lis  altement  et 
disent  cbacun  leur  couplet  de  quatre  vers  jusqu'au  vingt-septifeme.  Au 
vingt-huitifeme  J&us-Christ  sur  la  croix  prend  lui-mtoe  la  parole 
pour  r^conforter  sa  m6re  et  il  alteme  avec  elle  k  la  place  de  saint  Jean 
jusqu'^  la  fin;  cependant  le  trente-septi^me  et  dernier  couplet  est  une 
oraison  que  dit  toute  Tassistance. 

Cette  complainte  est  bien  du  xvi"  sitele,  ^poqueouser^pand  le  culte 
de  Notre-Dame  de  Piti6. 

M.  Lavergnedit  qu'il  complfetera  cette  itude  en  s'oocupant  prochai- 
nement  du  noel  gascon  Rebeillats  bous  maynado,  et  en  Iraitant,  dans 
une  3«  partie  suppWmentaire,  de  La  Pastorale  de  Noel. 

L'Hdpital  de  llgle-d'Arbeiggan  (1)  (Igle-de-No4) 

Communication  de  M.  Delias. 

Le  chapitre  de  la  m6tropole  d'Auch  poss6dait,  depuis  un  temps  imm^ 
morialy  des  immeubles  importants  dans  la  baronnie  de  I'lsle-d'Ar- 
beissan  et  dans  la  juridiction  de  Barran.  Ces  biens  provenant  de 
donations  ou  d'acquisitions  dtaient  connus  sous  les  noms  de  dimes  de 
VJslCj  m^tairies  de  Sallegrand,  Saleneuve  ou  Capitou,  Gaspons  et 
LaturraquCy  qui  figurent,  en  son  nom,  sur  les  cadastres  de  1458  k 
FannfelTOl. 

La  r^e  de  ces  biens  ^tait  confine  k  des  chanoines  qui  allaient  y 
rdsider  pendant  un  certain  temps  de  I'ann^;  ce  fut  pour  loger  ces 
chanoines  que  le  chapitre  fit  construire  une  sorte  d'HospicCy  assez  pris 

0)  Ajpch.  cl6p.  du  Gers,  G.  29  et  35. 


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—  4T8  — 

du  grand  ohemm  suivi  par  les  p^lerins  (1)  qui  se  rendaieot  k  Samt- 
Jacques  de  Galice.  t 

Dte  rann6e  1278,  il  y  avait  Ik  un  Hdpital  dot*,  ainsi  que  le  prouve 
une  donation  d'Odon  d'Arbeissan  (2),  on  y  reoevait  les  pauvres,  et  les 
revenus  en  6taient  administrfe  par  des  frferes  hospitallers  qui,  en  1278, 
avaient  pour  prieur  ou  sup6rieur  Vital  de  Boos,  frater  Viialis  de 
Boos,  Prior  dicti  ffoapitalis. 

En  1661,  le  chapitre  m6tropoUtain  de  Sainte-Marie  d'Auch  fit  b&tir, 
k  trente  pas  de  I'hdpital  de  I'Isle,  une  petite  infirmerie  pour  soulager  le 
b&timent  principal  et  un  nouv^au  cimeti^re  k  la  place  de  I'ancien  qui 
fut  supprim6.  L'infirmerie  elle-m^me  fut  d^molie  en  1727  et  le  service 
des  malades  pen  k  pen  supprimd  jusqu'en  1734.  Le  ChapiJre  r^duisit 
alors  tout  le  service  a  une  messe  les  jours  de  tttes  et  dimandies,  et  k 
une  petite  aum6ne  le  jour  des  Morts. 

La  baronnie  de  Tlsle  avait  6t6  cM6e  le  3  septembre  1443  par  Jean 
d'Armagnac,  k  Manaud  de  Gaillardet  f3),  et  elle  se  trouvait  en  la 
possession  de  la  marquise  de  No6,  en  1734. 

Celle-ci  d6non^  le  Chapitre  de  Sainte-Marie  au  procureur  g6n&al 
qui,  prenantfait  et  cause  des  pauvres  seulement,  assigna  par  exploit  du 
20  Janvier  1740,  le  Chapitre,  «  pour  se  voir  condamner  d  r^tablir  et 
»  meubler  Vhdpital  de  VIsle-de-No^y  y  recevoir  les  pauvres  malades 
^  dela  paroisse,  etc.  » 

Le  procureur  g^n^ral  produisit  deux  extraits  de  la  donation  d'Odon 
d'Arbeissan  de  i278  et  d'une  sentence  arbitrate  de  1298. 

L^  chapitre  contesta  la  validity  des  deux  extraits  produits  et  un 
arr^t  qui  intervint  le  28  juin  1741  ne  fut  pas  favorable  au  procureur 
g^u^ral;  enfin,  le  22  octobre  1741,  la  Cour  rendit  un  arr6t  «  vidant 

(1)  L*oii  n'ignore  pas  qu'autrefois  les  pMermages  6taient  tr^  fr^uents.  Les 
pMerins  qui  venaient  de  Toulouse,  s'arretaient  h  Thdpital  Saint-Jacques,^  Auch, 
se  dingeaient  sur  Barran,  s^journaient  k  ]a  maison  de  Serregrand  et  trouTaient, 
ensuite,  k  une  lieue  et  demie,  dans  la  seigneurie  de  Tlsle,  avant  d'arriTer  k  la 
petite  yille,  I'hdpUal  de  VAhiletc  ou  Vlslotte  dans  Vlale  d'Arbeissan,  (A. 
Lavergne.  tea  chemins  de  Saint-Jacques  en  Gascogne,  pp.  12,  13  et  73  {Cartu- 
laire  de  Berdoues  de  1257,  cit6  en  note);  dom  Brug^les.  Chroniques,  p.  439  et  71 
et  73  des  preuoes), 

(2)  En  Tann^e  1278^  Odon  d'Arbeissan^  chevalier,  fit  don  et  aum6ne  k  Dieu  ^ 
k  Thdpital  de  Tlsle  d'Arbeissan,  et  ce  «  pour  la  nourriture  des  pauvres  malades 
»  qui  7  ^toient  re^us,  et  aui  frferes  qui  en  prenoient  soin,  de  quinze  setiers  de- 
»  froment  de  rente  annuelle,  que  le  donateur  percevoil  dans  certains  parsaos  de 
»  sa  terre  de  I'Isle,  dedit  in  perpetuum  in  oeram  etpuram  eleemosinam  Deo  et 
»  HospUali  dictce  insulce  Arbeissani,fratribu8  et  habitoribus  ejusdem  loci 
»  ad  paaperes  iqflrmos  educandos  in  dicto  hospitali  dsgentes,  qtUndmim 
»  sewtarios /rumenti,  »  etc. 

(3)  Monlezun,  Histoire  de  la  Gascogne,  tome  vi,  pp.  %l,  3^. 


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>  I'iotaricioutoire  oi^nn^  par  sou  prio^ent  axt6i,  et  faute  par  M-  to 
9  procureur  g^n^ral  d'avoir  justifi^  plus  suffisamment  rela^  le  cha- 
»  pitre  avec  d^pens.  »  ^ 

Le  Chapitre  avait  done  gagn4  son  proc6s. 

II  avait  contests  rauthenticit6  de  la  donation  d'Odop  d'Arbeissfin,  de 
1278]  ayant  eu  gain  de  cause,  il  fit  un  acte  au  procureur  g^n^ral  le 
ler  avril  1745,  pour  qu'il  eut  k  nommer  son  dinonciateur. 

Le  procureur  g^n^ral  nommaen  rSponse  la  dame  de  Colbert  mar- 
quise de  No^. 

Le  Chapitre  poursuivit  oette  dame  et  obtint,  le  3  septembrel746,  un 
arr6t  qui  la  condamna,  en  quality  de  d^nonciatrice,  k  payer  au  Chapitre 
le  montant  des  ex^cutoires  des  arrets  pr^dents  des  28  juin  et  22 
d&embre  1741  et  le  montant  de  tons  les  d6pens. 

La  marquise  de  Noi  se  fit  carm^lite  et  le  marquis  de  No6  continua 
le  procte  avec  le  Chapitre. 

D?ms  rintervalle  dom  Brug^les  fit  imprimer  les  Chroniques  eccU^ 
siasiigues  du  diocese  d'Auch  et  ins^ra  h,  la  3®  partie  des  preuves, 
pp.  71  et  72,  la  donation  d'Odon  del278,  commeextraite  des  Archivei 
du  Chapitre  d*Auch. 

Le  Chapitre  contesta  cette  assertion;  la  donation  de  1278,  en  eflet,  n'a 
jamais  figure  dans  les  Cartulaires  de  Sainte-Marie. 

L'arr^t  du  21  juin  1741  avait  rejet^  Textrait  de  cette  donation,  comme 
irr^lier  en  la  forme;  un  autre  arr^t,  rendu  aux  enqu^tes  le  30  aout 
1740,  avait  confirm^ce  premier  jugement;  enfin  «  une  attestation  solen- 
»  nelledu  Chapitre  m6tropolilain  de  Sainte-Marie,  en  corps,  etdeonze 
»  chanoines  en  particulier,  assura  n'en  avoir  aucune  connaissance  (1).  » 

Le  Chapitre  contesta  Tauthenticit^  que  voulait  donner  k  la  donation 
de  1278  rimpression  des  Chroniques  de  dom  Brug^es  et  le  compul- 
soire  du  9  septembre  1769,  k  la  requite  du  marquis  de  No6,  sur  cemftme 
livre  vidim^  d'autorit^  du  Parlement  de  Pau  avec  les  cartulaires  du 
Chapitre. 

Le  procte  continua;  mais  le  Chapitre  cessa  de  recevoir  les  p^lerins; 
en  1746  ilcondanma  tout  k  fait  la  porte  de  |fur  chambre  k  coucher,  la 
grande  salle  de  Vhdpitaly  de  laquelle  il  fit  pour  son  vin  un  trte  beau 
cellier. 

Le  sieur  Camoyen  reprit  Tinstance  par  voie  de  requite  civile j  suivant 
lettres  de  16  juin  1773  et  15  juin  1774,  pour  dol  personnel. 

II  agissait  comme  syndic  des  administraieurs  n^s  du,  bureau  de 

(1)  Mdmoire  imprim^  h  Toulouse  chez  Desclassan  en  1773,  in-fol.,  page  37, 
pour  le  olU4>itre  m^tropolitain  contre  le  sieur  Camoyen. 


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—  480  — 

Vhdpital  ei  lea  pauvres  de  VIsle-d'ArbeUBan  de  No6;  il  demandait  le 
rStablissement  de  rinfinnerie  dudit  hdpital  et  Tacquit  des  autreschaiges 
de  la  donation  de  1278. 

Le  Chapitre  soutint  cet  interminable  procfes;  sa  thfese  d'aprte  plu- 
sieurs  m^moires  imprimis  fut  la  suivante : 

«  Les  Chanoines  pr^pos^  k  la  r^e  des  biens  de  I'lsle  n^avaient  pas 
»  cru  devoir  refuser  Thospitalit^  aux  p^lerins;  cette  oeuvre  de  charil6, 
»  librement  exerc^  dans  leur  maison,  avait  donn6  lieu  k  la  d6nomi- 
»  nation  d'hopitaly  dont  on  avait  cherch^  dans  la  suite  h,  abuser,  pour 
»  convertir  en  un  droit  ce  qui  ne  fut  dans  tons  les  temps  qu'un  effet 
>  de  la  pi6t6  et  de  la  munificence  du  Chapitre.  » 

L'instance  6tait  encore  pendante  en  1789  et  les  demiers  actes  de  la 
procedure  furent  signifife  le  28  Janvier  de  cette  m6me  ann6e.  La 
Revolution  mit  fin  aux  d^bats.  Les  biens  du  Chapitre  fut  mis  sous  la 
main  de  la  Nation  en  ex^ution  de  la  loi  du  2  novembre  1789. 

II  paralt  ^bli  par  les  diverses  pieces  du  proces  commence  en  1738 
et  non  termini  en  1789  que  la  donation  de  1278  d'une  partie  de  la 
seigneurie  de  Tlsle  par  Odon  d'Arbeissan  n'a  jamais  eu  Tauthenticit^ 
que  semblent  lui  donner  les  manuscrits  d' Aignan  du  Sendat  (tome  85, 
p.  627)  et  les  Chroniques  de  dom  Brugfeles,  que  les  p61erins  qui  se 
rendaient  k  Saint- Jacques  de  Galice  ne  trouvferent  plus  dfes  1746  le 
logement  dans  rh6pital  de  TIsle-d'Arbeissan  les  soins  et  la  sepulture 
que  la  donation  devait  leur  assurer. 

Numismatique.  —  Monnaie  romaine  trouvde  dans  le  Oers;  varidt^  in^dite 

M.  Calcat  donne  la  description  d'une  monnaie  trouv6e  par  lui  sur  le 
tenitoire  d'Auch,au  Garros.  Elle  porte  k  Tavers  Tinscription  suivante  : 

IMP.  C.  FVL.  QVIETVS.P.F.AVG 

(Imperator  Caius  Fulvius  Quietus  pius  felix  Augustus) 

entourant  en  exergue  le  buste  de  Tempereur  radi^  et  drap^  k  droite. 

Au  revers  Apollon,  nu, debout  k  gauche,  avec  le  manteau  sur  I'^paule 
droite,  tenant  une  branche  de  laurier  de  la  main  droite  et  appuy6  de  la 
main  gauche  sur  sa  lyre,  avec  Tinscription  : 

APOLNI  CONSERVA 

C'est  un  bronze  k  fleur  de  coin,  reconvert  (surtout  au  revers)  d'une 
belle  patine  et  dont  le  module  est  de  23  millimetres. 

Les  monnaies  de  Quietus  sont  toujours  rares;  il  n'a  r6gn6  que  quel- 
ques  mois  vers  Tan  260  de  notre  fere.  Le   reoueil  des   Monnaies 


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—  481  — 

Romaines  de  Coken  (2*  6dit.  p.  M,  Feuardent)  en  reproduit  plusieurs^ 
vari6t6s;  toutes  portent  au  revws :  Apollmi,  ow  bieii  Apoliniy  jamais 
Apolni.  Le  retranchement  de  deux  lettres  est  done  ce  qui  earact^rise 
la  monnaie  trouv6e  au  Garros. 

Et  qu'il  ne  paraisse  pas  pu6ril  de  s'attacbear  h  d'aussi  minimes  diffe- 
rences; en  numismatique  le  moindre  detail  a  son  importance,  car  on 
comprend  qa'il  a  falla  un  coin  grav6  sp^cialement  pour  donner  dans 
I'esp^e  Apolni  au  lieu  A'Apollini;  de  li  vient  rint^rfet  de  la  monnaie 
ici  d^rite. 

M.  Colonieu  ajouie  que,  d'apr^s  lui,  la  trouvaille  de  M.  Calcat  est 
surtout  int^ressante  en  ee  qu'eUe  vient  k  Tencontre  d'une  opinion  ^mise 
par  Cohen.  D'apr^  cet  auteur  toutes  les  monnaies  de  Quietus  auraient 
6t6  frapptes  en  Orient;  or  il  est  peu  probable  que  la  monnaie  qui  vient 
d'etre  d6crite  ait  i\&  frapp^e  en  Orient  et  apport^e  ensuite  ici.  Nous 
serious  alors  en  presence  d'une  vari^t^  in^dite,  d'un  type  nouveau, 
lepr&ecitant  les  monnaies  romaines  de  Quietus  frapp^es  en  Occident. 

Communications  diverses 

M.  le  Prifet  met  sous  les  yeux  des  membres  de  la  Soci6t6  un  coffxet 
sculpt6  en  plein  bois  qui,  d'aprfes  le  genre  d'ornementation  qui  le  recou- 
vre,  paralt  remonter  au  xvi«  si^cle. 

M.  Tiemy  dit  qu'au  Congr^  des  Soci6t6s  savantes  (section  dear 
sciences  6conomiques  et  sociales;  28  mars  1894),  M.  Marion,  maltre 
de  conferences  k  la  Faculte  des  lettres  de  Toulouse,  a  6tudid  T^tat  de» 
campagnes  dans  le  pays  toulousain  k  la  fin  de  Tancien  i^gime  et  qu'il 
a  signal^  rextrfime  jEo;roeUement  de  la  propri^t^  dans  cette  partie  de  la 
France.  M.  Tiemy  croit  qu'on  doit  6tendre  k  toute  notre  region  les 
conclusions  du  travail  de  M.  Mariom.  En  parcourant  les  nombfeux 
cadastres  des  xvn®  et  xvin^  sidles  conserves  dans  les  archives  da 
dSpartement  et  des  communes,  on  est  frapp^  du  notnbre  de  propri^- 
taires  de  biens-fonds;  Arcamont,  par  exemple,  comptait  cinquante-cinq 
propri^taires  k  la  fin  du  xvi«  si^Ie  et  la  population  n*y  devait  pas  6tre 
considerable;  (il  y  a  aujourd'hui  dans  la  commune  soixante-neuf  habi- 
tants). Le  moroellwQftent  de  la  propriety  ne  date  done  pas  de  la  Revo- 
lution, comme  on  est  trop  souvent  porte  k  le  eroire. 

M.  Bousquet  soumet  k  la  Society  un  specimen  de  faience  du  xvui® 
sitele,  qu'il  attribue  k  Barbizet,  potierd'art  qui  avait  sa  fal;»rique  place 
du  Tr6ne  vers  le  commencement  du  siMe :  on  ne  connalt  pas  de 
fahnque  qui  ait  su  mieux  imiter  le  Palissy^ 

La  Society  fixe  au  4  juin  la  date  de  sa  prochaine  reunion. 
Tome  XXXV.  31 


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—  482  — 


NOTES  DIVERSES 


CCCXXIV .  Un  volume  ezceptionnel  des  « Archives  historiques  »  de  Bordeaux 

Le  tome  xxviii  des  Archioes  historiques  vient  d'etre  mis  en  distiibntion 
(juillet  1894)  avec  le  mill^sime  1893(1).  Le  tome  xxix  est  sous  presse  et 
repr^sentera  I'exercice  1894  (2).  On  prepare  avec  activite  le  tome  xxx,  qui 
paraltra  en  1895.  Nous  rentrons  ainsi  dans  les  conditions  normales,  r^- 
li^res,  dont  la  maladie,  puis  la  mort  du  v6n6r6  Jules  Delpit  avaient  tire  les 
publications  jadis  annuelles  de  la  Soci^t6.  A  Toccasion  de  la  mise  en 
lumiere  de  ce  tome  xxx,  colncidant  avec  I'Exposition  univereelle  de  Bor- 
deaux en  1895,  les  membres  du  Bureau  et,  k  leup  t^te,  un  homme  d'un 
z^le  et  d'une  initiative  admirables,  M.  le  president  Fr.  Habasque,  le  veri- 
table r^rganisateur  de  !la  Society,  ont  pens6  «  qu'une  circonstance  tout 
indiqu^e  se  pr6sentait  de  marquer  par  une  oeuvre  exceptionnelle  un  pareil 
anuiversaire.  Au  lieu  de  publier  simplement  cette  fois  des  documents 
imprimis,  on  se  propose  de  r6unir  en  un  seul  corps  et  suivant  Tordre 
chronologique,  des  Autographes  des  personnages  de  Bordeaux  et  de  la 
Guyenne  qui,  de  1088  k  1800,  ont  brills  dans  les  sciences,  les  arts,  lei 
lettres,  le  n^goce,  la  politique,  Tadministration,  T^lise,  la  justice  etTarm^ 
Ces  autographes,  comprenant  plus  de  cent  specimens  d'^riture  et  de  trois 
cents  signatures,  seront  reproduits  en  facsimile  d'apr^  lee  meilleurs 
precedes  etformeront  cent  planches  (3).  En  outre,  chaque  document  photo- 
graphie  en  tout  ou  en  partie  sera  imprim^  in  extenso  dans  le  volume.  Le 
texte  comprendra  enfln  une  notice  biographique  sur  tons  les  personnages 
port6s  dans  les  planches  (4).  Ce  sera  la  un  monument  unique  de  paldogra- 

(1)  On  y  remarqiie  surtout  une  longue  s6rie  de  documents  relatifs  k  la  tour  de 
Cordouan.  Qui  done  disait  q\i*k  force  d'imprimer  des  pieces  sur  la  fameuse  tour, 
on  arriverait  k  former  de  tant  de  papiers  noircis  une  masse  de  presque  autant  de 
hauteur  f  Et  encore  combien  d'autres  communications  du  mSme  genie  rayenir 
nous  reserve  I  Mon  ami  M.  Gustave  Saige,  directeur  des  archives  de  la  princi- 
paut^  de  Monaco,  m*a  communique  jadis  un  registre  de  la  correspondance  du 
mar^chal  de  Matignon  ou  sont  conserv<^es  plusieurs  lettres  de  Lonis  de  Foix.  La 
pubhcation  de  cette  inappreciable  correspondance  est  prochaine. 

(2)  Notre  cher  et  savant  confrere  et  collaborateur,  M.  I'abb^  Breuil§,  a  found 
k  ce  tome  xxix  un  document  de  grande  valeur  et  de  grande  dtendue.  Nous  nous 
en  r^galerons  Tann^e  prochaine. 

(3)  J'ai  pu,  dans  un  recent  voyage  k  Bordeaux,  admirer  quelques-imes  de  oes 
planches.  Elles  sont  vraiment  splendides.  Ewperto  erode,,  Philippo. 

(4)  Parmi  les  personnages  dont  les  autographes  illumineront  le  volume, 
contentons-nous  de  citer  Pey-Berland,  Elie  Vinet,  Fabri  de  Peiresc,  oonsidM 
comme  abb6  de  Guitres,  saint  Vincent-de-Paul,  Florimond  de  Raymond,  le  roi 
Henri  de  Navarre,  Thistorien  du  Haillan,  les  princes  Louis  ei  Henri  de  Cond^„ 
Michel  de  Montaigne,  le  cardinal  de  Sourdis,  le  due  d*Epemon,leschroniqucurs 
Delurbe  et  Damal,  Dom  Devienne,  Tarchev^que-amiral  Henri  de    Sourdis, 


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—  4^3  — 

phie  et  d'histoire  provinciales,  et  la  Ville  de  Bordeaux  Ta  bien  compris 
lorsqu'elle  a,  par  un  votedu  conseil  municipal  du  14  novembre  1893,  soas- 
orit  k  150  exemplaires  do  ce  volume  qui,  aux  termes  du  m^me  vote,  sera 
public  sous  ses  auspices.  Malgr6  les  formes  difficult^s  de  preparation  d'une 
pareille  ceuvre,  recherche  des  pi^s,  reproduction  et  texte,  la  Soci6t6  est 
fort  avanc^  dans  la  p^riode  d*ex^ution.  Mais  elle  a  besoin  d^  mainte- 
nant,  pour  fixer  son  tirage,  de  savoir  combien  de  lettr6s  et  de  curieux 
voudront  s'assurer  la  possession  d'un  travail  destin6  k  devenir  une  raretd 
hibliographique,  Le  tirage  en  eflet  sera  r6gl6  d'apr^s  le  nombre  des  sous- 
cripteurs  auxquels  la  Society  est,  malgr6  les  subventions  qu'elle  re^it, 
amende  k  faire  appel  k  raison  des  frais  considerables  qu'elle  expose/ Le  prix 
de  souscription  est  etabli  n^anmoins  au  plus  bas  possible,  soit  k  20  francs; 
mais,  apr^s  la  cldture  de  la  souscription,  les  exemplaires  demeur^s  k  la 
Society  seront  port^s  k  30  francs.  Le  volume  d'ailleurs  ne  sera  pas  mis  dans 
le  commerce.  »  A  ces  assertions  tr^s  s^rieuses  d'un  prospectus  qui  ne  res- 
semble  en  rien  aux  boniments  chariatanesquee  de  tels  et  tels  editeurs  je 
n'ajouterai  qu'un  mot  :  L'ouvrage  sera  tellement  beau  et  se  fera  telle- 
ment  rare  que  les  exemplaires  de  1895  k  20  francs  deviendront,  comme  les 
exemplaires  de  la  Guienne  militaire  de  L6o  Drouyn,  des  exemplaires  k 
200  tones.  Qu'on  se  le  dise !  Et  qu'on  se  h^te  de  souscrire. 

T.  DE  L. 


QUESTIONS  ET  RfiPONSES 


296.  A  qui  appartenait  Longuetille  en  1621  ? 

Chacun  de  nos  lecteurs  salt  que  le  ch&teau  de  Longuetille  ^tait  situ6 
dans  le  Condomois,  pr^s  de  Monheurt  (arrondissement  de  N^rac,  canton 
de  Damazan)  (1),  et  que  le  odnn^table  de  Luynes  y  mourut  (15  d^oembre 

I'acad^micien  Priezac,  Tambassadeur  de  Guilleragues,  les  presidents  Lage- 
baton,  Leberthon  et  Dupaty,  Montesquieu,  Br^montier,  I'abb^  Sicard,  le  ministre 
d'Etat  Bertin,  le  due  de  Richelieu,  le  cardinal  de  Rohan,  Berquin,  l'abb6  Bau- 
rein,  Tintendant  de  Tourny,  les  maires  de  Fumel  et  No6,  Tavocat  Desfeze,  le 
girondin  Vergniaud.  J'en  passe  et  des  metlleurs.  On  aura  encore,  et  par  dessus 
le  march^,  une  bulle  du  grand  pape  gascon  C16ment  V,  une  charte  d'El^onore 
de  Guienne^  un  sauf- conduit  de  Gaillard  Colomb,  et,  pour  sauter  brusquement 
du  moyen-^e^  la  fin  du  xviu'sifede,  une  pifece  sign^e  de  tous  les  d6put<^s 
bordelais  du  tiers  aux  Etats  g^n^raux,  etc.,  etc. 

(1)  On  I'a  souvent  confondu,  mSme  dans  I'excellent  Dlctionnaire  historique 
de  la  France  de  M.  Ludovic  Lalanne,  avec  le  ch&teau  de  Longueoille,  pr^s  de 
Marmande,  poss6d6  par  M.  Osmin  Massias,  dont  unmanuscrita  6t6ici  (janv.  1894, 
p.  39),  mentionn^  par  M.  L^once  Couture  dans  son  savant  article  sur  la  bibliogra- 
phie  des  Capucins  due  au  R.  P.  ApoUinaire,  mon  collaborateur  bs  choses 
peiresciennes. 


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—  484  — 

1621)  du  chagrin  d'avoir  etS  oblige  de  lever  le  si^  deMontaabati,  clogBa 
compliqued'une  fi^vre  Eruptive  (1).  Je  voudrais  connaltrelenoiixdi.  genJkil- 
homme  qui  avait  mis  ce  chateau  k  la  disposition  da  favori  de  Louis  XIU. 
Aujourd'hui  le  ch^tekdn  est  M.  de  Bridiers  de  ViUemor.  Plusieuis  mem- 
bres  de  cette  famille  ont  successivement  possed6  Longuetille;  mais  en  1621 
les  Bridiers  de  ViUemor,  au  dire  de  tous  les  g^n^alggistes,  vivaient  en 
Armagnac,  oil  ils  6taient  venjis  du  Berry,  et  noWe  Jacob  de  Bddien, 
^cuyer,  seigneur  de  ViUemor  et  autres  iieux,  habitait  la  maison  noble  de 
La  Mothe  (en  Fezen^aguet),  quand  il  4pousa  (1629)  Mile  Mai:guerii»- 
Catherine  Du  Puy.  C'est  seulement  dans  la  seconde  moitie  du  xvn'  sitela 
qu' Alexandre  de  Bridiers,  tils  de  Jacob,  devient  seigneur  de  Longuetille.  U 
s'agit  done  de  chercher  qui  tuXjk  LonguetiUe,  le  pred^cesseor  de'cet 
Alexandre. 

Puisque  nous  sommes  k  LonguetiUe,  je  demanderai  ce  qu'U  laut  penaer 
du  r6cit  dramatique  que  Ton  a  fait  des  circonstunces  qui  suivirent  la  m0r4 
du  connctable.  Si  nous  en  croyons  la  tradition,  dlt  Samazeuilh  (Hisioire 
de  VAgenais,  du  Condomois,  etc., n,  373), «  les  valets  dece grand  seigneuf 
se  disput^rent  ses  dSpouilles  qu'ils  joo^rent  aux  d6s  sur  son  cadavoe.  » 
Mary  Lafon,  dans  sa  trop  romanesque  Hisioire  du  Midi  de  la  France,  ft 
donn^  d'autres  details,  af  flrmant  qu'il  n'y  eut  pas  m^nae  de  quoi  payer  k» 
femmes  qui  lav^rent  les  linges  ensanglant6s  du  d6f unt  et  qu'un  pauvre 
batelier,  touch6  de  compassion,  dut  les  indemniser  de  leur  peine  en  leur 
abandonnantle  poisson  qu'U  venait  de  prendre.  Mais  cen'est  pas  seulement 
la  tradition  qui  nous  a  conserve  le  souvenir  de  la  nois^resuoeMant  bras- 
quement  k  la  prospdrit6  d'un  des  pins  puissants  personnages  du  royaume, 
c'est  aussi  certain  historien  contemporain  que  j'ai  lu  autrefois  et  dont  j'ai 
oubli^  le  nom  (ma  m^moire  faibUt,  les  ans  en  sont  la  cause).  Que  Ton 
retrouve  done  mon  historien,  dont  la  narration  6tait  en  langue  latine  (c'est 
peut-^tre  le  president  touJoufliin  fiaothdkmy  *de  OsaimDond)  et  que  Ton 
reyproduise  son  texte  en  le  disentant !  T.  de  L. 


(1)  En  sa  quality  d'homme  trfes  spirituel.  M.  Ed.  Herv6,  de  l' Academic  frangaise^ 
a  eu  une  assez  forte  distractioiL  daos  la  Reoue  idM  Deux-^Mondea  du  !&  maw 
dernier,  ou,  rendant  comf  te  du  bel  oirvnige  de  M.  G.  Fagniez  sur  le  P.  Joseph 
et  Richelieu,  11  a  montr^  le  connctable  «  Ux6  au  si^  de  Moutauban.  »  {L'imi^ 
nence  Grise,  p.  365).  L'acadCmioiea-oritique  n'auiait-il  pas  voulu  dire  que  Luynes 
mourut  du  si^ge  de  Montauban?  Je  note  que  le  -boa  ^neux  Uoniri,  qaiioiiniil 
tout  (Edition  de  1759),  dit'(au  mot  Albart)  que.le*ceiui^bleHluc  mourut «  4am» 
le  chiiteau  de  LonguetiUe,  k  une-  lieoe  de  €ondomv(il.yaiaitpe«i;plaflO,  la  maitte 
14  au  15  dCcembre  1621,  scat  d'une'fl^vFe  jouqpr^  aoit  duipoiflon.  » 


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CHRONIQUES  LANDIISES 


LA    FRONDE 


(±e^e'±G&3)  (•) 


IV 

Exploits  des  Frondeurs.  —  Les  incidents  que  nous 
venons  de  signaler  nous  permettent  d'appr6cier  la  triste 
situation  h  laquelle  se  trouvaient  r6duits  les  Landais. 
Bien  qu'elles  eussent  rejoint  pour  quelque  temps  leurs 
quartiers  d'hiver,  les  troupes  n'en  continuaient  pas  moins 
leurs  excursions  journaliferes  pour  sufflre  h  leur  subsis- 
tance  et  toucher  leur  soldo.  Aussi  les  esprits  s'aigrissaient, 
laquerelleloin  de  se  calmer  s'envenimait  de  plus  en  plus, 
et  le  due  de  Saint-Simon  donnait  avis  h  la  cour  qu'Jt 
Bordeaux  la  r6solution  6tait  prise  de  former  une  r6pu- 
blique  (f6v.  1653)  *.  II  6tait  done  urgent  de  presser  par 
tous  les  moyens  le  si6ge  de  la  ville  rebelle  et,  pour  hMer 
rheure  oil  elle  serait  obligee  de  se  soumettre,  Poyanne 
veillait  attentivement  afin  d'emp6cher  le  transport  des 
bl6s  qui  devaient  servir  k  la  ravitailler  (4  f6vrier)  *.  Mais 
les  Bordelais  ne  paraissaient  pas  encore  dispos6s  a  n6go- 
cier,  et  en  attendant  une  solution,  pour  entretenir  see 
soldats,  Balthazar  ne  cessait  de  rangonner  la  Lande, 
poussant  des  pointes  audacieuses  jusqu'aux  portes  de 
Dax.  C'est  alors  que  ses   gens  pill6rent  le  chateau  de 

(•)  Voir  la  livraisou  de  juillet-aout  1894,  page  337. 

(1)  Arch.  nat.  KK.  1219,  f  553. 

iZ)  Arch,  de  Bayonne,  EE.  92,  n»  80. 

Tome  XXXV.  —  Novembre  1894.  32 


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—  486  — 

Castillon  (Arengosse)  ainsi  que  la  maison  seigneuriale 
deLa  Sale  (Th6tieu),  qui  appartenait  au  baron  de  Cauna; 
comme  toujours,  ils  emportferent  k  Tartas  le  butin 
recueilli  au  cours  de  cette  exp6dition^  Les  Frondeurs 
parurent  ensuite  a  Grenade,  oH  ils  tuferent  quatre  hom- 
mes  et  incendi^rent  quelques  maisons  (27  f6vrier).  Ces  pil- 
lages r6p6t6s  si  f r6quemment  avaient  enlev6  aux  malheu- 
reux  habitants  leurs  dernieres  ressources  et  la  famine 
s6vissait  dans  la  contr6e. 

II  n*y  a  plus  rien  k  manger;  car  si  un  homme  va  au  march^avecde 
Targent,  il  est  dangereux  d'etre  vol6,  et  s'il  a  un  boncheval  ou  un  bon 
habit,  ou  lui  6tera,  et  s'il  fait  porter  du  grain  ou  d'autres  marchan- 
discs,  on  lui  prend  tout  et  encore  est-il  dangereux  d  y  perdre  sa  vie,  et 
celui  qui  a  quelque  chose  en  sa  maison  ne  I'a  pas  assnr^;  s'il  a  nne 
bonne  maison,  il  y  a  toujours  quatre- vingt-dix  pauvres  devant  la  porte 
demandant  le  pain  (3). 

Combat  de  Mtigron.  —  Les  chefs  royalistes  nepou- 
vaient  rester  inactifs  en  face  de  tant  de  d6sastres.  D'Au- 
beterre  se  rendit  done  k  Dax  et  combina  avec  Poyanne 
tout  un  plan  de  campagne  pour  faire  expier  k  Balthaz^u* 
son  triomphe  passager.  Or,  aprfes  avoir  ravag6  le  chftteau 
deLamothe,  le  colonel  6taitvenu  diner  k  Cauna  (I®' mars). 
Au  lieu  de  regagner  directement  Tartas,  il  passa  TAdour 
au  gu6  de  TAiguilloun,  entre  Souprosse  et  Nerbis,  gagna 
la  chapelle  de  Cazaliou  et  suivit  ensuite  le  grand  chemin 
jusqu'^  rhdpital  de  Mugron.  Mais  ses  adversaires  ne  le 
perdaient  pas  de  vue  et  se  tenaient  en  6veil  afin  d'ftviter 
de  nouvelles  surprises.  Press6  par  les  Mugronais  aux- 
quels  les  gens  de  Nerbis  s'6taient  joints  pour  Eloigner 
les  maraudeurs,  il  dut  s'avancer  k  travers  landes  et  des- 
cendre  dans  la  plaine  de  TAdour.  C'est  Ik  que  d'Aubeterre 
et  Poyanne  Tattendaient,  pr^  du  moulin  de  Castetmerle. 

(1)  Arch,  nat.,  fonds  fr.,  6703  et  6704.  (Papiers  de  Lenet.) 

(2)  Laborde-P6bou6,  Relation  veritable.  *»  (Arm.  dee  Landes,  ni,  p.  471.) 


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—  487  — 

L'embuscade  avait  6t6  bien  pr6par6e  et  Balthazar  donna 
pleinement  dans  le  pi6ge.  Brusquement  assailli  par  les 
royalistes,  il  fut  mis  en  complete  d6route.  Dans  cette  ren- 
contre malheureuse,  il  perdit  un  grand  nombre  de  ses 
partisans  «  et  un  fort  bon  cheval  que  Ton  lui  a  pris;  on 
))  m'a  dit  que  Balthazar  avait  donn6  nom  a  ce  cheval 
))  Demi-diable  ^  »  De  son  c6t6,  Poyanne  vit  tomber  dans 
ce  combat  Tun  de  ses  capitaines,  Lanoyaa,  de  Montfort, 
«  lequel  ne  fut  pas  fort  regrett6  des  paroisses  de  la  Cha- 
))  losse,  k  cause  des  grands  ravages  et  voleries  qull  y 
))  avait  fait  auparavant  (9  mars)  *.  »  Le  coup  fut  un  peu 
rude  pour  les  Frondeurs,  et  d6s  le  lendemain  de  cette 
affaire  d'Aubeterre  en  rendait  compte  en  ces  termes  au 
cardinal  Mazarin  : 

II  y  a  deux  mois  que  je  suis  d^tach^  avec  des  trouppes  dans  le  pays 
de  Marsan,  Saint-Sever  et  Chalosse  pour  empescher  les  desseins  de 
Balthazar,  lequel,  sans  faire  le  gascon,  j^envoye  souvent  aux  recrues. 
II  voulut  attaquer  il  y  a  deux  jours  deux  compagnies  de  mon  regiment 
k  Mugron,  avec  irois  cens  chevaux  et  cent  mousquetaires;  il  fut  bien 
battu  et  contraint  de  se  relirer  quoique  le  lieu  soit  presque  tout  ouvert. 
Je  luy  dispute  la  Chalosse  oil  il  veut  entrer;  j'ai  avec  moy  encore  prfes 
de  cent  hommes  de  pied;  il  luy  en  coustera  bon  s'il  s'y  veut  obstiner  (3). 

Tout  se  pr6parait  done  pour  une  lutte  plus  s6rieuse  et, 
par  suite,  de  nouvelles  6preuves  allaient  fondre  sur  nos 
populations.  D6ja  la  mis6re  6tait  telle  que  plusieurs  mou- 
rurent  de  faim  et  que  T^vfeque  d'Aire  autorisa  pendant  le 
car6me  Fusage  de  la  viande,  en  r6servant  les  mercredi, 
vendredi  et  samedi  de  chaque  semaine. 

Toutes  les  paroisses  sont  ravag^,  except^  les  terras  de  monseigneur 
de  Gramont  qui  nV  a  point  eu  logement;  mais  ils  payent  imposition 
aussi  bien  que  les  autres  paroisses  et  partout  le  pays  a  grande  pau- 
vret6.  II  y  a  une  garnison  k  Mugron  et  une  autre  k  Saint-Sever  et  une 


(1)  Laborde-PAbou6,  op.  cit,,  p.  472. 

(2)  Laborde-P6bou^,  op.  cit.,  p.  471. 

(3)  Arch,  nat.,  KK.  1220,  f  24  r. 


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autre  k  Gaujacq;  il  faut  que  les  paroisses  du  siege  de  Saint- Sever 
'  entretiennent  toutes  ces  gamisons  et  se  font  bien  payer  k  leurs  discus- 
sions (discretions)  et  si  les  paroisses  manquent  au  payement  au  jour 
qu'ils  mandent,  ils  s'en  y  vont  les  miner  tout  ifait;  il  ya  encore  d'au- 
tres  gamisons  lesquelles  s'entretiennent  par  les  habitants  de  ce  lieu, 
comme  est  k  Hagetmau,  k  Doazit^  k  Nerbis,  k  Poyal^  (1). 

Combat  de  Grenade.  —  Malgr6  son  6chec,  Balthazar 
n'6taitpas  pr6t  k  renoncer  i  la  guerre.  II  re$ut  en  ce  mo- 
ment un  renfort  de  huit  cents  Irlandais,  ce  qui  lui  permit 
aussitdt  de  prendre  la  revanche;  maiscette  fois  encore  la 
victoiredevaitlui6chapper  (10  mars).  Nous  empruntons 
k  son  heureux  adversaire  le  r6cit  de  cette  journ6e  : 

Balthazar,  aprfes  avoir  est^  battu  k  Mugron  par  deux  compagnies  de 
mon  regiment,  fit  rassembler  tout  ce  qu'il  avoit  de  trouppes  et  les  en- 
voya  se  poster  k  Grenade,  petite  ville  k  demi  fermde,  au  nombre  de  six 
cents  honunes  de  pied  et  de  deux  cents  chevos  avec  ordre  au  sieur  de 
Bas  (de  Batz)  de  passer  la  riviere  de  TAdou  et  se  poster  dans  la  Cha- 
losse.  Ce  qu'ayant  sceu  je  rassembl^  tout  ce  que  je  pens  de  troupes  et 
qui  feust  au  nombre  de  trois  cens  chevos  et  quarante  mousqueteres  et 
les  ayant  trouv^i  demi  passes,  je  les  charge  et  en  fis  beaucoup  de  pri- 
sonniers  et  de  tu&  dans  cette  rencontre;  mais  la  cavallerie  s'estant 
ralito  au-del&  du  ddfil6  et  de  Teau  avec  un  r^ment  irlandois,  nostre 
cavallerie  passa  cette  riviere  avec  si  grand  vigueur  et  d'une  manifere 
qui  espouvanta  la  cavallerie  des  ennemis  qui  se  retirant  en  d^rdre 
abandonna  un  r^ment  irlandois,  qui  s'estant  mis  dans  un  bois  fort 
espais  se  d^fendirent  autant  qu'ils  peurent,  mais  enfin  ils  furent  quasi 
tous  tu6s  ou  pris.  Nous  avons  pris  dans  cette  occasion  plus  de  six  vint 
soldats  irlandois,  huit  ou  neuf  capitaines  lieu(tenants)  ou  enseignes 
et  plus  de  soixante  de  tu^s;  un  capitaine  de  Balthasar  (Darosin)  pris  et 
fort  bless6  et  les  cavalliers  qui  voulurent  faire  ferme  (2).  [Au  camp 
devant  Mugron,  15  mars.J 

La  d6faite  des  irlandais  fut  d'autant  plus  complete 
que,  d'aprfes  une  lettre  adress6e  k  Poyanne  par  d'Aube- 
terre,  la  cavalerie  de  Balthazar  ne  s'61oigna  pas  des  portes 

(1)  Laborde-P^bou^,  Relation  c4ritablc„.  (Arm,  des  Landes,  m,  p,  572.) 

(2)  Arcb.nat.,  KK.  1220,  f«  27.  (Lettre  de  d'Aubeteire  ii  Mazarin.) 


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deGreDade,  tandis  que  les  royalistes  d6truisaient  ce  mal- 
heureux  r6giment^  (Saint-Sever,  12  mars  1653.)  Les 
Frondeurs  vaincus  proflt6rent  de  la  nuit  pour  quitter  la 
ville  et  regagner  Tartas.  Comme  leurs  forces  consistaient 
surtout  en  cavalerie,  d'Aubeterre,  averti  trop  tard  de  leur 
fuite,  ne  putr6ussir  k  les  rejoindre.  Ses  cavaliers  s'6ta- 
^  blirent  k  Montaut  et  saccagferent  tout  autour  d'eux,  parce 
que  les  habitants  de  ce  village  avaient  pris  la  fuite  k  leur 
approche*.  Au  milieu  detant  demis^res,  le  grain  arri- 
vait  en  abondance  de  Bayonne  (15  mars)  et  la  belle  appa- 
rence  des  r6coltes  faisait  esp6rer  de  r6parer  les  d6sastres 
du  moment  si  les  gens  de  guerre  venaient  k  disparaitre 
avant  la  moisson. 

Rencontre  au  CatiMrd.  —  Balthazar,  ne  se  sentant 
pas  poursuivi,  voulut  tenter  un  coup  de  main  hardi  pour 
r6tablir  sa  fortune.  Mont-de-Marsan  n'6tait  pas  trop 
61oign6  de  son  lieu  de  refuge  et  Tenlever  aux  ennemis  ne 
lui  paraissait  point  impossible.  D'autre  part,  le  r6giment 
de  Saint-Mesmes,  cantonn6  a  Saint-Sever,  6tait  loin  de 
viyre  en  bonne  intelligence  avec  les  habitants  de  cette 
ville;  on  pouvait  done  mettre  k  profit  les  sentiments  hos- 
tiles  de  la  population  pour  se  d6barrasser  de  lui.  Ces 
deux  entreprises  6chou6rent  et  Viven  mandait  d'un  air 
triomphant  au  cardinal  Mazarin  :  «  Les  ennemis  ont 
))  manqu6  le  Mont-de-Marsan.  Le  regiment  de  Saint- 
»  Mesmes  a  couru  belle  fortune  d'estre  esgourg6  »  (15 
mars) '.  Aprfes  ce  double  6chec,  ne  disposant  plus  que  de 
5,000  hommes,  Balthazar  dut  se  contenter  de  faire  des 
excursions  autour  de  Tartas*.  La  Chalosse  lui  6tait  fer- 
rate; par  suite,  il  se  trouvait  r6duit  k  errer  dans  la  Lande, 

(1)  Arch.  hUt.  do  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  119. 

(2)  Laborde-P6bou^,  Relation  oMtable...  (Arm,  des  Landes,  in,  p.  473.) 

(3)  Arch,  nat.,  KK.  1219.  ^  39, 

(4)  Laborde-P^bou^,  Relation  o4ritable,..  (Arm.  des  Landes,  iii^  p.  475.) 


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—  490  — 

le  Marensin  et  le  pays  de  Born,  regions  d6sertes  et  nues, 
sans  fourrages  pour  entretenir  sa  cavalerie.  D'Aubeterre, 
au  contraire,  voyait  chaque  jour  augmenter  ses  forces. 
Les  irlandais  battus  a  Grenade  avaient  demand^  a  passer 
dans  les  rangs  de  ses  soldats  et  il  en  avait  form6  six 
compagnies.  II  serrait  done  de  pr6s  son  adversaire.  Pour 
Tatteindre,  il  franchit  TAdour  et  lui  livra  en  pleine  lande, 
au  Cailt6r6,  un  combat  dont  Tissue  demeura  incertaine^ 
(17  mars)  \  Balthazar  y  perdit  Faget  de  Salies,  Tun  de 
ses  lieutenants;  mais  d'Aubeterre  et  Poyanne  se  virent 
obliges  de  repasser  TAdour  pour  se  retirer  a  Montaut, 
puis  k  Gaujacq,  a  Segarret  (Saint-Cricq-Chalosse)  et  a 
Sault  de  Nav allies.  Les  6v6nements  dont  les  bords  de  la 
Garonne  6taient  alors  le  theatre  faillirent  nous  enlever 
Tun  de  ces  vaillants  capitaines.  Marsin  assi6geait  alors 
Belves  :  «  c'est  ung  lieu  de  M.  Tarchev^que  de  Bour- 
))  deaux*.  wDe  leur  c6t6,  pour  6craserla  tMe  de  la  sedi- 
tion, les  royalistes  voulaient  a  tout  prix  r6duire  la  capi- 
tale  de  la  Guyenne;  mais  les  Espagnols  profitaient  du  port 
de  la  Teste  pour  introduire  des  secours  dans  cette  ville, 
et  cette  situation  compliqu6e  faisait  que  les  hostilit^s  se 
prolongeaient  sans  espoir  de  succ6s.  «  On  n'y  pent  rem6- 
))  dier  qu'en  fesant  passer  de  la  cavallerie  dans  le  M6doc, 
»  mandait  a  Mazarin  Guron,  6v6que  de  Tulle,  ou  bien 
))  que  M.  de  Candale  envoiat  le  chevalier  d'Aubeterre  qui 
»  est  au  Mont-de-Marsan '  »  (17  mars). 

Exactions  de  Balthasar.  —  Irrit6  des  6checs  cons6- 
cutifs  qu'il  venait  de  subir,  Balthazar  tourna  sa  colore 
centre  les  bourgeois  de  Tartas.  II  fit  arr6ter  les  plus  im- 
portants  et  pour  leur  extorquer  de  Targent  les  traita 
comme  ennemis  de  sa  cause.  C'est  ainsi  qu'il  s'empara 

(1)  Laborde-Pebou^,  Relation  c^ritablc...  (Arm.  des  Landes,  ui,  p.  474.) 
(8)  Arch,  nat.,  KK.  1220,  f"  19. 
(3)  Arch,  nat.,  KK.  1220,  ^  43. 


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—  491  — 

des  enfants  de  M.  de  Vidart,  et  sous  menace  de  njort 
leur  fit  compter  une  ran^on  de  5,000  livres  (20  mars)  *. 
Les  regions  situ6es  sur  la  rive  droite  de  I'Adour  ne  lui 
offraient  plus  de  ressources;  il  voulut  cependant  essayer 
de  leur  arracher  encore  quelques  subsides.  II  envoy  a  done 
des  passeports  aux  repr6sentants  des  communaut6s  de 
ces  pays,  les  engageant  k  se  r6unir  pour  traiter  avec  lui 
et  mettre  un  terme  aux  depredations  de  ses  soldats  *.  Les 
populations,  fatigu6es  de  vivre  en  decontinuelles  alarmes, 
etaient  assez  dispos6es  k  pr6ter  Toreille  k  ces  proposi- 
tions; mais  d'Aubeterre  d6savoua  hautement  toute  tran- 
saction et  pour  accentuer  sa  resistance  il  refusa  les  saufs- 
conduits  que  soUicitaient  les  d616gues  des  environs  de 
Tartas  (20  mars).  Quoiqu'il  nedisposat  que  de  cinq  mille 
hommes,  tant  cavaliers  que  fan tassins,  Balthazar  recom- 
menga  done  ses  rapides  excursions  et  par  Taudace  de  ses 
entreprises  continua  d'inspirer  une  grande  frayeur  k  ses 
adversaires.  Ses  cavaliers,  poussant  jusqu'aux  portes  de 
Dax,  arrfeterent  les  paisibles  habitants  qui  se  rendaient 
au  marche  de  cette  ville;  ils  en  tuferent  deux  ou  trois  et 
conduisirent  k  Tartas  cent  trente  prisonniers  si  mal- 
traites  qu'ils  disaient  a  quil  vaudrait  mieux  6tre  en  pur- 
))  gatoire  (22  mars) '  ».  L'agitation  6tait  grande  dans  la 
petite  cite  landaise.  On  n'ignorait  pas  que  les  frondeurs, 
voyant  que  leurs  affaires  prenaient  une  tournure  defavora- 
ble,negociaient  depuis  longtemps  avec  TEspagne  pour  obte- 
nir  son  intervention  enleurfaveur.  Le  marquis  Aimard  de 
Chouppes  etait  parti  de  Bordeaux  pour  Madrid,  le  15 
fevrier,  muni  des  instructions  du  prince  de  Conti.  II  etait 
charge  de  proposer  aux  espagnols  une  double  diversion, 
Tune  du  c6te  de  Narbonne,  Tautre  sur  Bayonne  et  sur 


(1)  I^borde-P6bou4,  Relation  cMtable...  (Arm.  des  Landes^  iii,  p.  474). 

(2)  Arch.  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  122. 

(3)  I^borde-P6bou^,  Relation  c6ritable.,.  (Arm.  des  Landes,  lu,  p.  475.) 


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—  492  — 

Dax*.  Celle-ci  avait  pour  but  d'ouvrir  k  leurs  troupes  le 
chemin  de  Bordeaux  et  ne  devait  pas  offrir  de  grandes 
difflcult6s,  car  «  est  k  notter  qu'il  est  ais^SiM.  de  Baltha- 
zard,  qui  est  en  quartier  d'hiver  dans  Roquefort  et  Tartas, 
de  se  saisir  d'un  passage  dans  la  montagneet  de  se  joindre 
k  ses  troupes  par  terre  *.  »  On  devait  done  redouter  une 
attaque  centre  Dax,  dont  la  conservation  importait  si 
grandement  k  la  cause  royale.  Or,  en  cas  de  si6ge,  la 
Ville  n'avait  pas  de  ressources  suffisantes  et  Viven  signa- 
lait  cette  situation  a  la  pr6voyance  de  Mazarin :  «  La 
ville  de  Dax  oil  commando  M.  le  marquis  de  Poiane  est 
mal  pourveu  de  bled  et  de  munitions  de  guerre.  Ce  poste 
est  la  garde  de  Baione.  V.  E.  y  fera  prendre  garde,  s'il 
luy  plaict.  »  (22  mars)'.  Averti  par   les  6chevins  de 
Bayonne  des  projets  form6s  par  les  frondeurs  centre  la 
place  dont  la  garde  lui  6tait  confine,  Poyanne,  ne  se  sen- 
tant  pas  assez  fort  pour  r6sister  k  ces  entreprises,  en 
r6f6ra  k  d'Aubeterre  et  luiexposa  en  mfeme  temps  le  plan 
qull  avait  form6  pour   se  d6barrasser  des  dangereux 
voisinsque  les  circonstances  lui  imposaient*  (23  mars). 
S*agissait-il  d'enlever  Tartas  par  surprise  ou  d'acculer 
Balthazar  k  la  mer  ?  Rien  dans  la  correspondance  des 
deux  g6n6raux  ne  permet  de  le  deviner.  Nous  savons 
seulement  que  d'Aubeterre  approuva  pleinement  les  pro- 
jets  de  son  coll6gue*.  II  avouait  que  a  d'emp6cher  que  les 
ennemis  ne  r6usise  dans  le  dessaing  qu'ils  font,  ce  seroit 
couper  la  gorge  aux  Bordelais  et  par  consequent  a  Tarmte 
de  M.  le  Prince*.  »  (24  mars).  Mais  iln'osait  prendre  sur 
lui  d'autoriser  pareille  entreprise  et  vainement  il  d6p6chait 

(1)  M^m.  de  Lenet,  p.  596. 

(2)  Instructions  donnees  par  M.  le  prince  de  Conty  d  M.  de  Chouppes  allant 
en  Espagne. 

(3)  Arch.  nat.  KK.  1220,  (•  60. 

(4)  Arch,  hist,  de  la  Gascogno,  lasc.  i,  p.  123. 

(5)  Arch,  de  Bayonne.  EE.  92,  n»  81. 

(6)  ArM  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  124. 


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_  493  — 

courrier  sur  courrier  k  M.  de  Candalle  pour  obtenir  son 
assentiment :  les  ordres  qu'on  lui  faisait  esp6rer  de  jour 
en  jour  ne  lui  parvenaient  jamais. 

M.  de  Vidart.  —  Toutes  ces  hesitations  rendaientplus 
lourdes  encore  les  charges  qui  pesaient  sur  nos  malheu- 
reuses  populations,  en  prolongeant  le  s6jour  des  troupes 
qu'elles  6taient  oblig6es  d'entretenir.  Loin  de  se  pr6oc- 
cuper  de  les  all6ger,  les  soldats  semblaient  prendre  plaisir 
k  les  aggraver  encore  par  le  mauvais  usage  qu'ils  faisaient 
des  approvisionnements  qu'on  6tait  contraint  de  leur 
fournir.  Les  jurats  de  Villeneuve,  dont  la  garnison  6tait 
command6epar  P.  Laurens,  ordonnaient  de  ramasserle 
foin  abandonn6  par  la  troupe  et  de  surveiller  la  route  que 
prenait  Candalle  afin  de  voir  si  leurs  administr6s  6taient 
d61ivr6s  de  ses  terribles  miliciens.  On  apprit  done  avec 
bonheur  dans  cette  ville  que  lechftteau  dePujo  avait  6t6 
remis  sous  Fob^issance  du  roi,  ce  qui  permettait  enfin 
aux  soldats  de  s'61oigner  (24  mars)  *.  Si  le  Marsan  obte- 
nait  alors  un  peu  de  r6pit,  d'autres  regions  6taient  loin 
d'offrir  la  mfeme  s6curit6.  Effray6  de  ce  qui  6tait  advenu 
k  ses  enfants,  M.  de  Vidart  avait  r6ussi  k  se  r6fugier  pr6s 
de  son  ami,  M.  de  Doazit;  mais  il  n'avait  6vit6  un  p6ril 
que  pour  6tre  expos6  k  un  second  non  moins  pressant. 
Averti  de  sa  presence  a  Doazit j  le  chevalier  d'Aubeterre 
le  traita  comme  un  partisan  de  Balthazar,  parce "  qu'il 
venait  de  Tartas,  et  se  rendit  niaitre  de  sa  personne  (27 
mars).  IlFemmenaSi  Saint-Sever  etne  le  remit  en  libert6 
que  sur  la  parole  deM.de  Doazit.  Le  malheureux  gentil- 
homme,  ainsi  traqu6de toutes  parts,  demeura  auprfes  de  son 
ami,  qui  refusa  de  le  ramener  k  Tartas,  malgr6  les  menaces 
r6it6r6es  de  Balthazar*.  La  garnison  que  Gramout  entre- 

(1)  Arch,  de  Villeneuve,  CO.  9,  n«  4. 

(2)  Laborde-P^bou^,  Relation  oir liable,,,  (Arm.  dee  Landee,  in,  p.  475-476). 


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-  494  - 

tenait  k  Hagetmau  ^tait  accourue  au  cMteau  de  Doazit. 
EUe  86  retira,  voyant  qu'elle  avait  affaire  non  aux  fron- 
deurs,  mais  aux  gens  de  d'Aubeterre. 

Balthazar  au  pays  de  Born.  —  Les  chefs  royalistes 
attendaient  toujours  les  ordres  de  Candalle  pour  ex6cuter 
le  projet  qu'ils  avaient  form6  centre  les  rebelles.  Mettant 
k  profit  ce  retard,  Balthazar  incendia  Hinx  (27  mars), 
puis,  s'enfongant  dans  les  Landes,  gagna  les  bords  de  la 
mer.  L'impatience  6tait  grande  parmi  ses  adversaires  et 
si  les  commandements  qu'il  esp6rait  n'arrivaient  pas, 
d'Aubeterre,  qui  n'y  tenait  plus,  6tait  r6solu  aagir  de  son 
chef,  afin  d'enlever  Tennemi,  si  toutefois  celui-ci  6tait 
encore  dans  le  pays  de  Born;  mais  pour  cela  il  avait  besoin 
que  Poyanne  mitson  regiment  a  sa  disposition  (31  mars)  \ 
Les  deux  chefs  r6unirent  en  effet  leurs  troupes  pour  tenter 
ce  coup  de  main.  lis  6chou6rent  dans  leur  entrepriseet 
d*Aubeterre,  qui  ne  pouvait  se  consoler  d'avoir  manqu6 
les  ennemis  de  si  pr6s  et  «  estant  impossible  que  nous 
»  les  manquassions  »,  expliquait  ainsi  sa  m6sa venture : 

Un  ireste  de  guide,  nous  estant  mis  sur  leur  marche,  nous  mena 
dans  un  marais,  nous  lusmes  plus  dune  heure k  en  sqrtir.  Cependant 
m*eslant  mis  en  campague  je  mesuis  r^solu  de  les  incommoder  autant 
que  je  pourray  (2)  (5  avril). 

II  se  posta  done  k  Castillon  (Arengosse)  pour  leur 
couper  les  vivres  et  les  emp6cher  de  pr61ever  des  imposi- 
tions; car  «  Balthazar  a  tax6  toutes  les  paroisses  de  la 
))  lande  a  sa  boulount6  et  les  cur6s  particuliferement  et 
))  se  fait  bien  payer*.  »  Malgr6  la  disapprobation  de 
d'Aubeterre  et  m6me  celle  de  la  Cour,  les  populations  de 
la  rive  droite  de  TAdour,  que  rien  ne  prot6gait  centre  ses 
rapines,  avaient  dCi,  en  effet,  entrer  en  composition  avee 

(1)  Arr.fi.  hist,  da  la  Gascogno,  fasc.  i,  p.  128. 

(2)  Arch.  hist,  do  la  GascogriCf  fasc.  i,  p.  127. 

(3)  Laborde-P^bou^,  Relation  ceritable,..  (Arm.  des  Landes,  lu,  p.  477). 


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—  495  — 

lui  et  avaient  conclu  un  trait6  auquel  Poyanne  refusa  de 
donnerson  consentement*  (6  avril). 

Incidents  de  guerre.  —  Les  frondeurs  demeuraient 
done  maitres  sur  la  rive  droite,  mais  d'Aubeterre  d6cla- 
rait  qu'il  ne  eraignait  rien  pour  les  pays  situfe  sur  la 
rive  gauche  et  places  sur  la  sauvegarde  de  Poyanne : 
«  Si  les  ennemis  sont  assez  foux  d'entrer  dans  vostre 
gouvernement  ou  dans  la  Chalosce,  mandait-il  k  ce  der- 
nier, nous  les  suivrons  de  si  pr6s  que  assur6ment  ils  ne 
s'en  retourneront  pas  tous  *.  »  (5  avril).  Ces  belles  paroles 
n'emp6ch6rent  pas  Balthazar  d'enlever  deux  charrettes 
de  froment  au  Cap  de  Pouy  (Saint-Sever)  et  de  les  em- 
porter  k  Cauna  qui  lui  servait  de  refuge  (6  avril).  II  fit 
aussi  une  razzia  de  b6tail  au  Greil  (7  avril)  et  coupa  le 
bl6  danslalande  pour,  nourrir  ses  chevaux*.  Malgr61e 
succ^s  de  ces  coups  de  main,  les  affaires  du  hardi  partisan 
ne  se  r^tablissaient  pas.  Comme  ses  soldats  avaient  6t6 
d61og6s  du  ch&teau  de  Castillon,  il  ne  lui  restait  plus  h 
cette  heure  que  Tartas,  Roquefort,  Saint-Justin  et  le 
chateau  de  Cauna;  encore  d'Aubeterre  r6ussit-il  k  lui 
faire  des  prisonniers  dans  cette  derni6re  place  (8  avril). 
Les  royalistes  d6vast6rent  Serreslous  et  les  environs  de 
Hagetmau.  Une  compagnie  de  trois  cent  quarante  irlan- 
lais,  que  le  prince  de  Cond6  envoyait  en  Espagne,  avait 
6t6  ar  r6t6e  k  Bay  onne  par  le  comte  de  Toulon  j  eon  et  en  voy  6e 
en  Chalosse.  Ces  strangers,  cantonn6s  d'abord  k  Saint- 
Cricq,  se  rendirent  ensuite  k  Montaut,  que  ses  habitants 
avaient  abandonn6.  Ne  trouvant  pas  de  vivres  dans  ce 
village,  ils  imposaient  force  requisitions  k  Doazit  (11-23 
avril),  en  attendant  quils  pussent  s'6tablir&,  Saint-Sever*. 

(1)  Arch,  hist  do  la  Gascognc,  fasc.  i,  p.  128. 

(2)  Arch.  hist,  do  la  Gascogne,  fasc.  i.  p.  127. 

(3)  Laborde-Peboud,  Relation  o6ritable...  {Arm.  dos  Landes,  in,  p.  477). 

(4)  Laborde-P^bou^,  Relation  o^ritable,.,  (Arm,  dee  Landea,  iii,  p.  478, 


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—  496  — 

Lee  gens  de  Poyanne  ravagferent  aussi  Serreslous  et  les 
environs;  sans  les  grains  exp6(ii6s  de  Bayonne  n  la  plus 
grande  partie  du  monde  serait  d6j8i  mort.  » 

Pdnurie  du  tr4sor.  —  II  n*y  a  pas  lieu  de  s'6tonner  en 
voyant  les  royalistes  pressurer  les  populations  tout  autant 
que  les  frondeurs.  Le  pouvoir  central  se  d6chargeait  sur 
les  chefs  secondaires  du  soin  de  fournir  a  Tentretien  des 
troupes  et  les  obligait  ainsi  k  vivre  aux  d^pens  des  habi- 
tants. 11:  y  eut  sans  nul  doute  des  exc^s  commis  par  la 
soldatesque;  mais  il  serait  prof  ond6ment  in  juste  de  rejeter 
sur  les  capitaines  qui  commandaient  au  milieu  de  nous 
tout  Todieux  de  la  situation,  car  ils  agissaient  conform^- 
ment  aux  ordres  de  la  Cour.  Celle-ci  demeure  ainsi  res- 
ponsable  des  d6pr6dations  dont  souflfrait  le  pays  tout 
entier;  par  suite,  le  peuple  devenait  assez  indifferent  h 
des  6v6nements  qui  tournaient  toujours  centre  lui.  Cette 
disposition  des  esprits  ne  pouvait  qu'fetre  favorable  aux 
rebelles  qui,  ne  trouvant  pas  de  resistance  locale,  renou- 
velaient  chaque  jour  leurs  audacieiix  exploits.  C'est  ainsi 
que  Jean  de  Lespfes,  surnomm6  Le  Bet,  marchand,  fut 
tu6  par  les  gens  de  Balthazar  «  proche  le  moulin  de  Cas- 
tetmerle  et  enseveli  k  Nerbis*.  »  (!•'  mai).  Pour  r6duire 
les  frondeurs  k  Fimpuissance,  Candalle  se  disposait  k 
assi6ger  Roquefort  et  Tartas  avec  2,800  hommes  d'infan- 
terie  et  800  chevaux.  Poyanne  re?ut  Tordre  de  r6unir  les 
provisions  et  les  munitions  n6cessaires  k  ce  corps  d'arm6e 
(1*^  mai).  Mais  pour  tenter  cette  entreprise  Candalle  avait 
besoin  de  subsides  et  a  la  demande  qu'il  lui  adressa  le 
cardinal  Mazarin  n'h6sita  pas  k  r6pondre : 

A  vous  parler  franchement  vous  ne  devez  pas  vous  attendre  qu'on 
vous  envoie  de  Targent  d'ici,  tandis  qu'on  D*a  pas  seulement  de  qaoi 
pourvoir  aux  d^penses  ordinaires  de  la  maison  du  rol  et  aux  choses 

(1)  Arch,  muoicipales  de  Nerbis,  GG.  1. 


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absolument  Q^oessaires  pour  soutenir  Teffoit  des  ennemis  du  c6t^  des 
Flandres,  c'est  pourquoi  il  faut  que  vous  tachiez  k  trouver  des  fonds  k 
vivre  dans  la  province  mAme  et  que  vous  fassiez  en  sorte  qu'elle  four- 
nisse  k  I'avenir  les  moyens  de  faire  la  guerre  (1)  (4  raai). 

Pour  faire  un  aveu  si  p6nible,  il  fallait  Men  que  le  tr6- 
sor  fut  absolument  sans  ressources.  En  effet,  le  cardinal- 
ministre  n'ignorait  pas  les  dangers  que  courait  alors  la 
Gascogne,  car  il  pr6venait  Candalle,  toujours  occup6  au 
blocus  de  Bordeaux,  que  les  Espagnols  avaient  promis  de 
venir  par  mer  au  secours  de  cette  ville,  et  s'ils  ne  pou- 
vaient  r6ussir  de  la  sorte  «  ils  tacheroient  de  pousser  par 
))  diversion  en  attaqnant  une  place  k  la  teste  des  Lan- 
))  des,  sur  le  grand  chemin  d'Espagne  k  Bordeaux, 
))  laquelle  k  mon  advis,  disait-il,  ne  pent  6tre  que 
»  Dacqs  »  (4  mai)  •. 

Marsin  dans  les  Landes.  —  Pleine  de  confiance  dans 
les  g6n6raux  qu'elle  avait  en  cette  region,  la  Cour  ne  se 
pr6occupait  pas  outre  mesure  des  projets  des  Espagnols 
ligu6s  avec  les  Frondeurs.  Le  due  de  Candalle  devait 
venir  prendre  la  direction  des  op6rations  militaires,  et  d6s 
son  arriv6e  k  Mont-de-Marsan  il  saurait  s'opposer  k  la 
descente  des  ennemis  (8  mai) '.  On  avait  en  ce  moment 
Jiregretter  un  accident  assez  grave :  les  pinasses  envoy6es 
de  Bayonne  pour  empftcher  le  ravitaillement  de  Bordeaux 
avaient  6chou6  k  Arcachon,  et  ceux  qui  les  commandaient 
paraissaient  m6riter  chfttiment,  car  deux  navires  seule- 
ment  6chapp6rent  au  d6sastre.  Malgr6  ce  contre-temps, 
on  n'avait  pas  d'inqui6tude;  pour  r6ussir  dans  son  entre- 
pri§e,  Fennemi  devait  encore  passer  k  travers  quarante 
brdlots,  bon  nombre  de  vaisseaux  de  guerre,  de  frigates, 

(1)  D^ptehe  cit^e  par  E.  Desponts,  Un  oUkige  <U  Gascogne  pendant  la  guerre 
lie  la  Fronde,  (Reoue  de  Gascogne,  viii,  p.  412, 1867.) 

(2)  Arch.nat.,  KK.  1221,  ^  37. 

'  (S)  Aroh.  de  Bayonne,  EB.  92,  n*  82. 


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—  498  — 
de  galferes,  de  galiotes  et  autres  bfttiments  k  rame*. 
C'est  de  ce  c6t6  que  se  eoneentraient  tous  les  efforts,  et 
les  secours  promis  par  Candalle  pour  d61ivrer  les  Landes 
ne  paraissaient  pas.  Balthazar  se  tenait  toujours  a  Tartas. 
Marsin  vint  Ty  rejoindre  avec  300  chevaux  pour  coiif6rer 
avec  lui  sur  le  mauvais  6tat  des  affaires  de  Bordeaux.  Se 
trouvant  en  force,  les  Frondeurs  reprirent  leurs  excur- 
sions et  r6ussirent  k  enlever  les  grains  que  Ton  portait  a 
Saint-Sever.  Mais  en  revenant  de  Hagetmau,  oH  la 
noblesse  du  pays  s'6tait  assembl6e  aftn  de  d61ib6rer  sur 
les  mesures  k  prendre  pour  mettre  fin  a  ces  ravages,  1^ 
gens  du  chevalier  d'Aubeterre  rencontr6rent  k  Toulou- 
zette  les  cavaliers  de  Balthazar  et  leur  infligferent  una 
rude  d6faite,  qui  n*emp6cha  pas  leur  chef  de  piller  Doazit, 
Aul6s,  Bancs  et  Montaut  (7  mai)  %  car  il  avait  gard6  prfes 
de  lui  «  les  vingt  compagnies  de  ca valeric  et  les  trente 
))  dlnfanterie  quil  avoit  pour  lors  k  Tartas  et  Roque- 
))  fort'. ))  Le  due  de  Candalle  6tait  enftn  parti  avec  une 
petite  troupe  «  pour  aller  vers  le  MonWe-Marsan  et 
))  attaquer  Roquefort  et  Tartas  oti  est  Balthazar  avec 
))  quatre  cents  chevaux  et  cinq  cents  hommes  de  pied  *.  » 
Mais  souspr6texte  qu'il  ne  trouvait  rien  de  s6rieux  a  faire 
de  ce  c6t6,  il  remit  le  commandement  de  ce  corps  au  che- 
valier d'Aubeterre  a  ne  pouvant  le  confler  k  une  personne 
»  plus  intelligente  et  plus  affectionn6e  au  service  du 
»  roi"  ))  (10  mai).  II  promit  k  son  lieutenant  de  hii  en- 
voyer  de  nouveaux  secours  et  se  h&ta  de  revenir  devant 
Bordeaux,  dont  il  pressait  de  plus  en  plus  le  si6ge.  Aprte 
son  depart,  d'Aubeterre  proposa  a  Poyanne  d'unir  leurs 
forces  pour  surprendre  Marsin  du  c6t6  de  Mugron  •  (11 

(1)  Arch,  de  Bayonne,  EE.  92,  n«  86. 

(2)  Laborde-P6bou6,  Relation  oiritable...  (Arm.  des  Landes,  Ui,  p.  499.) 

(3)  Balthazar,  Hist,  de  la  guerre  de  Gugenne,  p.  115. 

(4)  Arch.  hist,  de  la  Gironde,  viu,  p.  146. 

(5)  Arch,  nat,  KK.  1220,  ^  252  v. 

(6)  Arch.  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  134. 


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—  4«  — 

mai).  Le  redoutable  frondeur,  qui  ne  devait  ainsi  passer 
que  quelques  jours  dans  les  Landes,  parvint  k  se  d6rober 
k  toutes  les  embuches  de  ses  adversaires  et  regagna  Bor- 
deaux oil  les  6v6nements  rendaient  sa  pr6sence  n^essaire 
k  son  parti. 

Concentration  de  troupes. — Comptant  sur  les  secours 
que  Candalle  devait  lui  envoyer,  d'Aubeterre  activait  la 
concentration  des  troupes  royales  sur  les  bords  de  TAdour, 
afln  de  venir  assi6ger  Balthazar  dans  Tartas  Ji  la  t6te  de 
10,000  hommes.  Les  cavaliers  cantonn6s  k  Gauj&cq  et  les 
irlandais  qui  occupaient  Saint-Sever  demeurfei^ent  trois 
jours  k  Sainir-Aubin  et  Poyal6  (19-22  mai)  avant  de  ga- 
gnerMugron,  Souprosse,  Nerbis,  Toulouzette,  quifurent 
encombri6s  de  gens  deguerre.  Ily  avait  d6]k  «  quatre  a  cinq 
mille  hommes  tant  k  cheval  qu'Jt  pied,  tout  le  monde 
croit  qu'ils  veuillent  assi6ger  Balthazar  k  Tartas,  mais 
avant  que  de  commencer  ils  ont  ruin6  tout  le  pays  *.  » 
Les  populations  affol6es  n'osaient  plus  garder  dans  leur 
demeure  «  aucune  chose  bonne  k  manger,  ni  linge,  ni 
grain,  »  car  les  cavaliers  r6unis  sur  les  bords  de  TAdour 
venaient  jusqu'Si  Doazit  pour  ravager  les  campagnes  et 
piller  les  maisons.  En  face  de  tant  de  maux  qui  se  succ6- 
daient  coup  sur  coup  et  qui  lui  rappelaient  les  multiples 
6preuves  de  Job,  le  chroniqueur  chalossais  s'6criait 
douloureusement : 

0  glorieuse  Vierge  Marie !  je  m'adresse  k  vous  comme  itant  la  plus 
favoridede  la  Cour  celeste;  jamais personne  qui  vous  ait  rfclamSn'a 
M  esconduit.  Mfere  de  J.-C,  je  vous  prie  trfes-humblementqu'il  vous 
plaise  intercMer  pour  tout  le  peuple  qui  tant  p&tit  (2). 

Une  grfele  terrible,  qui  s*6tait  abattue  sur  le  Tursan, 
Hagetmau,  Momuy  et  le  B6arn,  avait  enlev6  tout  espoir 

(1)  Laborde-P6bou6«  Relation  oMtable,,.  (Arm.  des  Landes,  Ui,  p.  482,) 

(2)  Laborde-P^bou^,  Relation  veritable,..  (Arm.  des  Landes,  iii,  p.  481.) 


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—  600  — 

de  recite  (11  mai).  La  Chalosse,  parcourue  en  tout  sens 
par  les  soldats  des  deux  partis,  6tait  compl6tement  ruin6e 
et  pour  sauver  quelques  restes  de  meubles,  on  6tait  oblig6 
de  transporter  chaque  jour  les  lits  et  tout  ce  qui  6taitdan8 
les  maisons  dans  les  taillis,  en  des  endroits  41oign6s  du 
passage  des  troupes.  Heureusement  qu'il  y  avait  tou jours 
grande  abondance  de  grains  du  cdt6  de  Bayonne.  Sans 
le  secours  de  la  municipality  de  cette  ville,  la  Chalosse, 
incapable  de  f ournir  le  pain  qu'on  lui  r6clamait,  se  voyait 
perdue,  parce  que  les  gens  de  guerre  allaient  vivre  k 
discr6tion  dans  le  pays.  Pour  6viter  pareil  d6sastre, 
d'Aubeterre  et  le  corps  de  ville  de  Saint-Sever  ^upplife- 
rent  les  6chevins,  jurats  et  consuls  de  Bayonne  de  per- 
mettre  au  sieur  de  Saint-Genfes,  munitionnaire  du  si6ge 
de  Saint-Sever,  de  prendre  sur  les  navires  de  leur  port 
mille  sacs  de  seigle  et  cinq  cents  sacs  de  froment  que 
leur  communaut6  devait  fournir  «  pour  le  sifege  de  la 
»  ville  de  Tartas,  la  rebellion  de  laquelle  rend  tout  ce 
»  pays  esclave  et  les  habitans  miz6rables  et  r6duits  k 
))  telle  extremitt6  que  la  pluspart  meurent  de  faim*.  » 
(11  mai.) 

(A  suivre.)  J.-J.-C.  TAUZIN, 

Cur^  de  Saint-JusUi^  de  Marsan 

NOTES  DIVERSES 


CCCXXV.  Le  P.  Jacques  Boireau 

Dans  la  Reoue  de  septembre-octobre  (p.  470),  M.  L.  Couture  rappelle  la 
r6futation  de  Touvrage  du  pastcur  Majendie  de  Saint-Gladie  par  le  P. 
Boireau.  I'^loquent  j^uite  qui  plus  tard  pr^hera  le  pan^rique  d'Anne 
d'Autriche  a  Pau.  Mais  l^uvrage  n'est  complet  qu'en  trois  parties  :  la 
seconde  et  la  trolsidme,  que  je  possMe,  sortent  des  presses  de  Rouyer,  rim- 
primeur  orth^zien,  ^  qui  Desbaratz  en  avait  fait  la  concession.  Eiles  para- 
rent  en  1663  et  on  1664^  aussi  en  un  in-4*  de  6  ft.  non  paging  et  de  512 
pages,  dedi^  k  I'dv^ue  d'Oloron.  I  a  seconde  partie  s'ach6y6(p.  367)  par 
une  ode  votive  k  la  Vierge,  et  la  troisi^me  par  une  «  Marice  Maris  stellcB 
ut  Ministro  Naufraganti  suboeniat,  —  Ode  Proseuchica,  » 

L.  Batcavb. 
(1)  Arch,  de  Bayonne,  6B.  92,  n**  83,  84. 


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PIERRE-PAUL  DE  FAUDOAS 

CHANOINE     ET     CURE     DE     PESSAN ,     EYEQUE     DE    MEAUX 


NOTES  gompl:ementaires 

Depuis  la  publication  dans  la  Revue  de  Gascogne  (tome  xxxiv, 
avril  etmai  1893)  de  notre  petit  travail  sur  M,  deFaudoas,  nous  avons 
d^uvert  de  nouveaux  renseignements  qui  compl6tent  un  peu  ce  que 
nous  avons  dit  sur  les  premieres  ann6es  de  ce  pr^lat. 

Le  cahierdes  Insinuations  eccl^siastiques  dudiocfese,  trouv6dans  les 
archives  du  chateau  d'Arcamont  et  dont  nous  avon^  eu  connaissance 
gr^e  k  lobligeance  de  M.  Tabb^  de  Carsala'de,  nous  apprend  que 
Pierre-Paul  de  Faudoas  regut  la  tonsure  k  Ykgt  de  quatorze  ans,  dans 
la  chapelle  du  cb&teau  de  Maz^res,  des  mains  de  M.  de  Montillet^  le 
6  octobre  1764.  Trois  jours  aprte,  son  fr^re  aln6,  Joseph,  se  dtoettait 
en  sa  faveur  de  VeccUsiaste  de  Peyret  en  Magnoac,  qui  lui  fut  aussit6t 
canoniquement  conf6r6  par  Tarchev^ue.  Joseph  de  Faudoas  mourut 
peu  de  temps  apr6s,  kg6  seulement  de  20  ans,  k  Miramont.  II  r&sulte 
des  actes  de  T^tat  civil  de  cette  paroisse  qu'il  fut  inhum6  dans  la  cha- 
pelle des  Tertiaires  de  Saint- Frangois,  dont  il  avait  6x6  T^lfeve.  Nous 
ignorons  si,  en  abandonnant  Peyret,  il  fut  pourvu  d'un  autre  benefice 
ou  s'il  renonga  k  la  carrifere  eccl^siastique.  Quant  k  Pierre-Paul,  il  prit 
possession,  des  le  19  octobre,  du  b^n^fice  que  venait  de  lui  c6der  son 
frfere. 

L'hurable  ^lise  de  Peyret  en  Magnoac  est  encore  debout;  elle  6tait 
alors  dans  le  diocese  d'Auch  et  appartient  aujourd'hui  k  celui  de  Tar- 
bes  et  k  la  paroisse  de  Larroque  (canton  Ae  Castelnau-Magnoac),  ou 
naquit,  en  1536,  le  cardinal  Arnaud  d'Ossat.  Ce  fut  done  le  premier 
b6n6fice  du  futur  6v6que  de  Meaux  et  le  seul  qu'il  possida  pendant  huit 
ans,  jusqu'au  30  avril  1772. 

C'est  k  cette  date  qu'il  obtint  un  canonicat  k  ia  coll6giale  de  Pessan, 
dont  il  se  hftta  de  prendre  possession  le  l®""  mai.  Ainsi,  M.  de  Faudoas 
a  6i6  attach^  k  cette  ^glise,  soit  conune  chanoine,  soit  comme  cur6, 
pendant  trente-trois  ans,  du  30  avril  1772  au  30  Janvier  1805,  date  de 
son  6l6vation  k  I'^piscopat.  L'eccl&iaste  de  Peyret  n'avait  pu  sans 
doute  lui  foumir  les  ressources  sufGsantes  pour  parer  aux  frais  de  ses 
Tome  XXXV.  33 


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—  502  — 

Atudes;  car  ce'  n*est  qu'aprfes  avoir  Hi  pourvu  de  son  canonical  de 
Pessan  qu'il  parlit  pour  le  seminaire  de  Saint-Sulpice,  k  Vkge  de 
22  ans.  Son  tilre  clerical,  uniquement  dtabli  sur  le  canonical  donl  i! 
6tait  litulaire,  retrouv6  aussi  dans  le  registre  des  Insinuations,  porte  la 
date  du  26  tevrier  1774.  Mais  il  n'y  est  pas  question  de  ses  demi^res 
ordinations,  qui  durent  avoir  lieu  k  Paris,  d'ou  il  ne  revint  que  vers 
1775  pour  s'installer  enfin  k  Pessan.  II  f ut  probablement  ordonn^  pr^tre 
par  Christophe  de  Beaumont,  le  vaillant  archev^ue  qui  occupait 
alors  le  si^e  de  la  capitale,  et  qui,  malgr6  les  eflforts  acharnfe  des 
ennemis  de  TEglise,  Toccupa  jusqu'^  sa  mort  arrivte  le  12  decembre 
1783. 

Dans  les  pifeces  qui  nous  ont  eti  si  gracieusement  communiques, 
nous  retrouvons  les  noms  et  qualit^s  des  parents  de  notre  pr^lat  lels 
que  nous  les  avons  nous-m^me  donnas  dans  sa  biographie.  Nous 
remarquons  seulement  que,  dans  le  litre  clerical,  le  pfere  de  Pierre-Paul 
estappel6  noble  Charles  de  Faudoas  de  S^uenville,  seigneur  de  Saint- 
Sulpice,  Nous  ne  lui  connaissions  pas  ce  litre  et  nous  ne  saurions 
Texpliquer.  Quel  est  ce  Saint-Sulpice  dont  M.  Charles  de  Faudoas  a 
et^  le  seigneur?  II  y  a  en  France  plusieurs  lieux  de  ce  nom.  Le  plus 
rapproch6  de  nous,  et  celui  qui  paratt  le  mieux  se  prater  k  une  hypo- 
thfese,  c'est  Saint-Sulpice-Lezadois,  k  quatre  lieues  de  Toulouse,  dans 
Tancien  diocese  de  Rieux.  Quoi  qu'il  en  soil,  ce  litre  de  seigneur  n'avait 
pas  enrichi  M.  Charles  de  Faudoas-S6guenville,  et  sa  trfes  noble  famille 
6tait  bien  dtehue,  comme  nous  Tavons  di^k  dit,  et  comme  le  t6moigne 
assez  la  pauvre  masure  qu'habil^rent  sa  veuve  et  ses  enfants  dans  le 
village  de  Lalanne.  P.  G. 

Dans  des  notes  historiques  que  nous  avail  transmises  dans  le  temps 
notre  ami  et  ancien  condisciple,  M.  Lafforgue,  cur^  de  Lalanne,  nous 
relevons  la  petite  anecdote  qui  suit  sur  r6v6que  de  Meaux  originaire 
de  cette  paroisse.  —  L.  C.  ^ 

€  ...  Aprfes  sa  demission,  Mgr  de  Faudoas  v6cut  dans  unegrande 
retraite...  Une  lettre  venue  de  Lalanne  lui  foumit  Toccasion  de  penser 
au  moins  une  fois  d'une  manifere  eflPective  k  son  lieu  natal.  L'acqud- 
reur  d'un  de  ses  champs  lui  demandait  k  qui  des  deux,  de  lui  ou  de  son 
voisin,  apparlenait,  k  son  avis,  un  noyer  plants  dans  la  haie  qui  s6pa- 
rait  les  deux  heritages.  Le  pr^lat  qui  6lait  essentiellement  pacifique,  lui 
fit  uner^ponse  digned'un  6v^ue  selon  lecoeurde  saint  Jean  :  t  Quand 
j'^tais  i  Lalanne  le  noyer  existait  d^jk,  et  dans  les  mtoes  conditions; 
il  6tait  trfes  beau.  Pour  ne  pas  Tarracher  et  pour  ne  pas  plaider,  nous 


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avions  pris  le  parti,  le  voisin  et  nous,  de  nous  en  partager  les  branches 
et  les  fruits.  Et  je  vous  exhorte  k  faire  de  m6me.  »  On  s'en  tint  en 
efFet  ici  k  ce  petit  jugement  de  Salomon,  jusqu'au  jour  oil  ledit  noyer 
mourut  de  vieillesse.  Apr6s  quoi  encore  de  la  moiti^  des  restes  chacun 
se  chauffa,  non  sans  redire  au  foyer  le  nom  de  Mgr  de  Faudoas.  » 


NOTES  DIVERSES 


CCCXXVI.  L.8  O&rtulaire  g6n6ral  des  hospitallers  de  Saint-Jean 
de  Jerusalem 

Un  des  plus  actifs  et  des  meilleurs  travailleurs  de  notre  temps,  M.  !• 
Delaville  Le  Roux,  docteur  6s  lettres,  archiviste  pal6ographe,  nous  fait 
Fhonneur  de  nous  demander  une  mention  du  magnifique  ouvrage  qu'il 
publie  sous  ce  titre :  Cartulaire  g^ndral  des  hospitallers  de  Saint-Jean 
de  Jdrusalem  (1100-1310),  quatre  forts  volumes in-f olio,  format  des  Histo- 
riens  des  Croisades,  contenant  au  moins  900  feuilies  de  texte,  avec  intro- 
duction, notes  et  index  general.  Le  prix  est  de  400  fr.,  payables  k  ralson 
dc  100  fr.  le  volume.  Les  cinquante  premiers  souscripteurs  auront  droit  au 
prix  net  de  300  f r.,  payables  k  raison  de  75  fr.  le  volume.  L'ouvrage  est  tir6 
k  trois  cents  exemplaires,  dont  deux  cent  quarante  sont  mis  en  vente.  Le 
premier  volume  vieut  de  paraitre  (Ernest  Leroux,  ^iteur,  Paris,  rue  Bona- 
parte, 28).  La  souscription  k  300  fr.  sera  close  le  31  octobre  1894.  —  Nous 
rocommandons  d'autant  plus  I'oeuvre  de  M.  Delaville  Le  Roux,  que  cette 
oeuvre  interesse  davantage  la  Gascogne,  qui  a  fourni  un  grand  nombre  de 
ses  gentilshommes  k  FOrdre  de  THopital.  On  admii'era  dans  ce  beau  recueil 
une  prodigieuse  floraison  de  chevaliers  gascons,  com  me  au  xvi'  siecle  on 
admire  dans  les  memoires  do  Monluc  et  de  ses  contemporains  une  non 
moins  prodigieuse  floraison  de  heros  de  la  meme  region.  Sans  vouloir 
insister  sur  le  merite  d'un  ouvrage  oti  I'art  et  la  science  ont  noblement 
rivalis6,  nous  dirons  que  c'est  le  fruit  bien  m^ri,  heureusement  dore,  de 
pecherches  qui  ont  dure  pr^s  de  vingt  ans,  qui  ont  porte  sur  plus  de  deux 
cents  d6p6ts,  qui  ont  6puise,  pour  ainsi  dire,  les  Archives  et  les  Biblioth^ 
ques  de  toute  1' Europe.  Depuis  bien  longtemps  n'a  vu  le  jour  aucun 
ouvrage  aussi  important  pour  Thistoire  du  moyen  dge.  Aussi  ne  doutons- 
nous  pas  de  I'immense  succ^s  de  volumes  d'un  inter^t  universel.  Sans 
doute  300  fr.  constituent  une  redoutable  somme,  surtout  par  le  temps  de 
prosp6rit6  dont  nous  jouissons;  mais  si  Ton  tient  compte  des  triors  de 
science  accumules  en  ces  volumes,  si  beaux  k  tons  les  points  de  vue,  on 
finit  par  reconnal^re  que  les  livrer  a  300  fr.,  c'est  les  donner  pour  rien. 

T.  DE  L. 


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LA    GASCOGNE 

dans  rinveotaire  des  Archives  d^partemeHtales  de  Bordeux 


1772.  M6moire  sur  Tagriculture  et  le  commerce,  signi  Dubemet, 
de  N6rac,  tendant  k  d^montrer  que  la  depopulation  des  campagnes 
tient  k  de  tout  autres  causes  que  la  revocation  de  TEdit  de  Nan- 
tes, et,  au  contraire^  pour  les  trois  quarts,  k  la  milice  et  k  I'absen- 
teisme  des  nobles  et  des  bourgeois  (1).  —  1755.  Lettre  de  Tintendant 
d'Auch  au  contr61eur  g^n^ral  sur  les  nombreux  incendies  occasionn^ 
par  les  charbonniers  et  r6siniers  dans  lapartie  des  Landes  qui  ftvoisine 
la  g6n6ralit6  de  Bordeaux.  — 1718.  Arr6t  du  conseil  ordonnant  rex6- 
cution  des  r^glements  faits  en  1672  par  I'intendant  d'Aguesseau  pour 
la  conservation  des  pignadas  des  Landes. — 1724.  Ordonnance  de  Tin- 
tendant  Boucher,  portant  condamnation  centre  un  rfeinier  coupable 
d'avoir  mis  le  feu  par  imprudence  dans  la  paroisse  de  La  Canau  (2). 
—  Ordonnance  de  Dupr6  Saint-Maur  pour  le  r6tablissement  des  clayon- 
nages  construits  sur  la  dune  la  plus  proche  de  r^glise  de  Mimizan, 
qu'un  ouragan  de  mai  1782  avait  absolument  d6truits,  el  dont  la  dis- 
parition  laisse  sans  defense  r^glise  et  le  bourg.  —  Etat  des  terres 
incultes  ou  abandonn^es  de  la  subd^l^gation  de  Bazas  en  1719  :  Thiver 
pr6c6dent  a  geie  tons  les  pins.  ^  1759.  Les  travaux  d^entretien  de  la 
Baise  sont  faits  par  les  propri^taires  des  moulins,  les  seigneurs  de 
Flamarens  et  le  roi.  — 1762-1782.  Arrets  divers  de  r6glement  pour  la 
navigation  des  rivieres  de  la  gen6ralit6  d'Auch  et  d^parlement  de  Pau. 
— 1789.  Projet  d'un  canal  de  communication  entre  la  G^lize  et  la 
Douze  par  Gabarret,  devant  servir  au  r6tablissement  du  commerce  de 
Bayonne.  — 1680.  Lisle  des  interess^s  k  Tindemnite  des  maisons  pri- 
ses k  Bayonne,  sur  la  hauteur  du  bourg  Saint- Esprit,  pour  la  construc- 
tion du  fort  Royal.  — -  1604.  Dans  la  terre  et  baronnie  de  Captieux, 
appartqnantau  roi  comme  seigneur,  la  corvte  consiste  en  une  joumfe 
k  boeufs  ou  k  bras,  par  an  et  par  habitant,  pour  aller  faucher  les  foins 
du  seigneur  (3).  — 1779.  Requite  du  pr^sidial  de  Dax^  dont  la  juridic- 

•  Voir  la  livraison  de  septembre-octobre  1894,  p.  458. 

(1)  Dubernet  raconte,  ^i  I'appui  de  sa  th^se  sur  les  inconv^nients  de  Tabsen- 
t^isme,  cetle  piquante  anecdote :  «  Un  seigneur  de  la  Cour,  M .  le  marquis  de 
Chazeron,  elaut  venu,  il  y  a  quelques  annees,  dans  une  de  ses  terres,  n'eul  pas 
besoin  qu'on  lui  indiqu^t  ses  possessions;  il  les  connut  loutes  en  s'aperccTant 
qu'elles  dtaient  plus  mal  cultiv^es  que  les  voisines.  » 

(2)  Jeanne  Lalesque,  la  plus  fort  tax6e  de  la  paroisse  de  Parentis,  demande 
(p.  118)  i  I'intendant  de  Tourny  T^lablissement  d'un  pare-feu  dans  la  lande  le 
long  des  pignadas,  afin  de  laprot^ger  contre  les  feux  qu'ailument  joomellement 
les  pasteurs. 

(3)  Ce  regime  6tait  plus  doux  que  celui  de  nos  trois  journ^es  de  prestations.  Et 
pourtant  que  de  tirades  ^chevel^es  contre  cette  pauvre  comic! 


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tion  avait  Hi  d&nembr6e  lors  de  la  creation  en  1629  de  oelui  de  Nirac 
et  qui  demande  qu'en  exfcution  de  Tarr^t  du  conseil  (1619),  les  appels 
du  sto6chal  de  Tartas  soient  enfin  port^s  devant  lui.  — 1770-1776.  La 
communaul6  et  juridiction  de  Condom  prfeente,  dans  la  vue  d'un 
d^rfevement,  le  proofs-verbal  du  maavais  6tat  et  des  usurpations  sur 
les  chemins  anciens  et  actuels  qui  aboutissent  k  Condom;  il  serait 
n^cessaire  de  r^parer  au  moins  ceux  qui  vont  de  ville  k  ville  et  aux 
chefS'lieux  des  paroisses;  la  juridiction  devient  par  cet  isolement  hors 
d'etat  d'acquitter  les  imp6ts.  —  1768.  La  g^n^ralit^  d'Auch  a  1,900 
lieues  superficielles  (la  lieue  ^tant  de  2,400  toises).  —  1774.  La  prieure 
de  Prouillan-en-Condomois,  madame  d'Esparbfes  de  Lussan,  demande 
au  bureau  des  communaut^s  religieuses  des  dconomats,  des  secours 
extraordinaires  pour  son  couvent,  et  les  obtient.  —  13  Janvier  1676. 
Dtelaration  du  roi  pour  la  translation  du  parlement  de  Guyenne  s^nt 
k  Condom,  en  la  ville  de  Marmande.  —  1716.  Edit  portant  6tablisse- 
mentd'une  g6n6ralit6  et  d*un  bureau  des  finances  k  Auch  par  distrac- 
tion et  disunion  de  la  ville  de  Bayonne,  pays  de  Labour,  pays  de 
Soule,  Election  des  Lannes,  pays  de  Marsan  et  Bigorre,  de  Iag6n6ralit6 
de  Bordeaux,  et  des  Quatre-vall^,  le  N6bouzan,  les  Elections  d'As- 
tarac,  d'Armagnac,  de  Comminges,  de  Riviere- Verdun  et  de  Lomagne, 
de  la  g^n^ralit^  de  Montauban.  —  9  juillet  1703.  Arr^t  du  parlement 
de  Bordeaux  faisant  defense  k  toute  personne  du  pays  de  Labour  d'in- 
jurier  aucuns  particuliei*s  comme  pr6tendus  descendants  de  la  race  de 
Giezy,  et  de  les  traiter  d'Agots,  Cagots,  Gahets  ni  Ladres,  k  peine  de 
500  livres  d'amende,  ordonnant  qu'ils  seront  admis  dans  les  assemblies 
g6n6rales  et  particuli^res,  aux  charges  municipales  et  honneurs  deT^ 
glise,  m^me  pourront  se  placer  aussi  aux  galeries  et  autres  lieux  de 
ladite  ^lise,  ou  ils  seront  trait6s  et  reconnus  comme  les  autres  habi- 
tants, sans  aucune  distinction;  comme  aussi  que  leurs  enfants  seront 
regus  dans  les  to)les  et  colleges,  et  seront  admis  dans  toutes  les  ins- 
tructions chr^tiennes  indistinctement.  —  1591-1692.  Pension  k  J. 
Imbert,  d^put^  de  Condom^  prise  sur  la  confiscation  des  biens  des 
rebelles.  —  1593.  Le  vicomte  d'Uza  nomm6  capitaine  du  chdteau  de 
Bayonne,  le  sieur  de  Belsunce  nomm6  gouverneurde  Maul6on  (1). 
Letlres  patentes  k  la  ville  de  Bayonne  pour  la  reparation  de  ses  mu- 
railles,  aux  habitants  de  Maul6on-de-Soule  pour  confirmation  de  leurs 

(1)  Voir  (p.  188)  un  autre  document  du  4  d6cembre  1589,' accordant  au  sieur  de 
Belsunce,  en  consideration  de  ses  services,  la  jouissance  enti^re  pour  neuf  ans 
—  reduils  ensuite  k  cinq  ans  seulement  —  des  revenus  de  la  terre  de  Maul^n- 
de- 'Soule.  Voir  (meme  page)  divorses  mentions  de  J.  de  Secondat  de  Roques,  du 
tr^sorier-g^n^ral  Ogier  de  Gourgue  et  de  son  fits  I^erre;  de  Lavauguyon,  cheva- 
lier des  ordres  du  roi.  auquel  Henri  IV  accorde  (Janvier  1595)  un  laissez-passer 
pour  sa  maison  de  Lavauguyon  de  dix-huit  tonneaux,  quittes  de  tons  droits,  du 
cru  «  de  nostre  pais  de  Gascogne  »,  et  (p.  189,  f  190)  diverses  mentions  de  Pierre 
d'Ango,  procureur  du  roi  k  Cap-Breton,  de  Marabat  de  Lupp6  (pour  entretien 
de  ses  iroup^s  en  la  ville  de  Mauvezin).  de  Du  Bourg,  commandant  de  Tlle- 
Jourdain,  du  capitaine  J .  de  Fabas,  gouverneur  du  bas  pays  d'Albret,  obtenant, 
malgr6  I'oppositiou  des  jurats  de  Bordeaux,  12,000  ecus  d'i'ndemnit^  pour  la  des- 
truction de  sa  maison  de  Castets  par  Tarmee  du  due  de  Mayenne,  etc. 


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privileges,  k  la  ville  de  Riscle  pour  d^charge  d'impositions.  —  1594- 
1595.  Les  habitants  de  Saint-Jean-de-Luz  sont  aulorisds,  pour  r^parer 
le  pont  de  bois  deleur  ville,  k  lever  un  droit  de  passage  sur  toules  mar- 
chandises,  ainsi  qu'il  avait  ii6  permis  pour  le  pont  de  Bayonne.  Permis 
de  licence  accord^  k  Antoine  de  Gramont,  comle  de  Guiche,  pour 
introduire  et  mener  par  la  riviere  de  Garonne  50,000  balles  de  pastel, 
franches  du  droit  de  douane  de  45  sous  par  balle  pris  par  le  Roi  pour 
le  transit  entre  Langon  et  Bordeaux  (1).  Letlres  palentes  pour  le  pays 
de  Labourt,  maint^nant  Texemption  de  toute  taille,  laillon  et  subsides, 
reconnue  de  tout  temps  par  les  precedents  rois.  —  Nomination  du 
contr61eur  des  deniers  et  subventions  du  clerg6  dans  le  diocese  d'Auch, 
office  crM  en  execution  de  T^it  de  f^vrier  1588,  par  lequel  le  clerg^  de 
France  avait  promis  k  Henri  III  une  lev6e  d'argent  de  500  mille  ^us 
pour  soutenir  la  guerre  centre  les  h^r^tiques.  —  1610,  25  septembre. 
Autorisation  au  pays  de  Condomois  de  s'imposer  pour  d^int^resser  la 
famille  d'un  receveur  des  tailles  de  ses  avances  faites  k  la  ville  pour 
Tentrctien  de  la  compagnie  du  s6n6chal  Causemaran,  sans  laquelle 
Condom  aurait  6\i  soustrait  ^  Tob^issance  du  Roi.  —  1611,  5  mars. 
Commission  pour  informer  de  commodo  sur  le  projet  de  rendre  navi- 
gable la  riviere  de  Ba'ise  qui  traverse  Condom  et  Nerac.  —  1612-1613. 
Leitres  pour  les  habitants  de  Capbreton  aux  fins  dcfaire  une  ouverture 
en  la  rivifere  pour  le  passage  des  navires  el  autres  vaisseaux;  la  creation 
d'un  havre  neuf  h  Bayonne  ayant  eu  pour  consdquencQ  de  d^tourner 
Tembouchure  de  TAdour  du  boucau  vieux  de  Capbreton,  et  de  faireii 
la  place  un  grand  lac  d'eau  stagnante  et  sans  comnnmication  avec  le 
nouveau  cours  de  la  rivifere;  ils  demandent  une  imposition  de  20,000 
livres  afin  de  construire  un  canal  qui  la  rejoindrait.  Ordonnance  des 
Tr^soriers  pour  Tex^cution  du  canal  demand^  par  les  gens  de  Capbreton, 
devantaller  du  c^t6  du  boucau  vieux  en  Marensin,  prenant  depuis  le 
bout  du  lac  de  Capbreton  jusqu'au  lieu  de  Haussegord.  Mandement  des 
Tr6soriers  de  France  au  sieurde  Gourgues,  Tun  d'eux,d'aller  k  Nerac 
en  conformity  de  lettres  du  Roi,  dresser  proems- verbal  des  pertes  occa- 
sionn^es  par  Tembrasement  de  ThOtel  de  ville,  et  constater  le  chifl"re 
auquel  pourrait  monter  Tabandon  demand6  par  les  habitants,  de  12  ou 
15  ann6es  de  taille.  —  1618,  octobre.  Imposition  autoris^e  sur  la  juri- 
diction  de  La  Romieu  pour  rembourser  k  T^v^que  de  Condom  et  au 
sieur  de  Lartigue  un  pr^t  de  3,000  livres  a  eux  consenti  pendant  les 
troubles;  m6me  rcquete  des  habitants  sollicitant  la  remise  de  5  ans  de 
tailles  et  impositions,  vu  les  mines  des  villes  et  maisons,  Tabandon 
des  terres  et  propri^t^s,  la  dispersion  de  la  population  qui  besace  par 
les  autres  provinces,  le  manque  de  bras  et  de  grains  pour  semences,  et 
n&inraoins  ils  ont  maintenu  leur  bourgen  Tobi^issance  du  Roi  malgre 
les  tentatives  armies  de  plusieurs  seigneurs  tenant  le  parti  du  prince 

(1)  Voir  encore  sur  divers  membres  de  la  famille  de  Gramont  les  pages  197, 
200,  208,  224,  228,  238,  357,  358,  etc. 


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de  Cond6.  —  1624,  24  Janvier.  Arr^t  du  Conseil  contenant  decharge 
aux  receveurs  du  taillon  et  des  tailles  du  Condomois,  d'une  somme  de 
30,000  livres  vol6e  en  plein  midi  sur  le  grand  chemin  de  N^rac  k 
Casteljaloux  avec  assassinat  des  commis  de  Teseorte  pendant  le  trans- 
port des  fonds  des  recettes  parliculi^res  k  la  caisse  des  Tr^soriers  de 
France  k  Bordeaux  (1).  —  1647.  Don  aux  sieurs  de  Labadie  et  de 
Castelmore,  chevau-16gers  de  la  garde  du  Roi,  du  droit  de  souchet  et 
boucheries  des  villes  d' Astarac,  Castelj^aloux  et  Tartas.  — 1622.  Ordon- 
nanoe  d'imposiiion  pour  rte)mpenser  le  sieur  de  Marabat  de  la  demo- 
lition du  chftteau  de  Mauvezin  en  Armagnac  qu'il  tenait.  —  1611. 
Arr^t  du  Conseil,  en  conformity  des  requites  des  d^putfe  du  pays  de 
Gaseogne,  pour  faire  dresser  le  procte-verbal  de  la  riviere  de  Baise  en 
vue  de  la  rendre  navigable  et  capable  de  porter  les  grains  et  denrfes  de 
Condom,  N(^rac,  Moncrabeau,  Viane;  elle  porte  d'ailleurs  bateaux 
presque  touterann^,depuis  le  port  de  Pascault.  —  1615.  Soumission 
par  Gratian  Capot,  habitant  de  N6rac,  d'entreprendre  pour  90,000 
livres  la  reparation  de  la  rivifere  de  Bayse  (sic)  afin  d'en  assurer  la 
navigability  de  Viane  k  Condom.  —  1618.  Ordonnance  sur  requite 
de  messire  Antoine  de  Canet  [sic  pour  de  Cous)  (2),  portant  libre  pas- 
sage et  exemption  pour  un  lot  de  verres  et  vitres  destinies  k  la  cath^- 
drale,  et  un  coffre  contenant  de  la  vaisselle  d'6tain  k  Tusage  dudit 
seigneur.  —  1620.  Renvoi  k  se  pourvoir  devant  S.  M.  de  Tarchevfeque 
d'Auoh  annouQant  le  pillage  de  la  caisse  des  dfeimes  de  son  diocfese. 
— .1633.  Les.officiers  de  TElection  des  Lannes  adressent  au  Bureau  le 
proc^s-verbal  des  violences  commises  contre  eux  pendant  r^motioa 
populaire  de  Dax,leur  president  r^fugie  k  grand'peine  dans  le  chateau, 
eux  disperses  et  17  jours  de  saccagement;  ils  supplient  le  Bureau  dene 
pas  plus  accorder  que  le  due  d'Epernon  la  surs&ance  demand6e  par  les 
rebelles,  de  Tiraposition  de  100,000  livres  mise  sur  eux  en  reparation 
de  leurs  excfes.  —  1621.  Ordonuance  pour  accorder  aux  ben(^ficiers  du 
dioc^e  de  Lectoureune  surseance  de  troismoisdu  paiement  de  la  taxe 
qui  lui  a  ete  attribuee  dans  TAssembiee  du  Clerge,  laquelle  (taxe)  est 

(1)  Ces  aventures-Ii  se  renouvelaient  fr^qucmment.commeleprouvent  divers 
documents  analvs^s  dans  I'Incentairo.  Je  n'euciterai  qu'un  (p.  274,  ann<^e  1610) : 
(3rdre  d'inforraer  sur  le  vol  des  deniers  de  la  recelte  de  Navarre  ex4cut6  h  main 
arm^e  et  avec  masques  entre  Kisclc  et  Nogaro  pendant  le  trajet  des  fonds  entre 
Pau  et  Bordeaux,  le  vol  etant  de  20,000  livres. 

(2)  Un  autre  nom  (Episcopal  et  menie  archi^piscopal  est  estropi^  k  la  page  199 
oil  Mgr  Leonard  do  Trapes  devient  «  N.  De«trappes.  »  II  est  question  1^  d'un 
mandement  —  non  de  I'archeveque  —  mais  contre  I'archevdque  —  mandement 
adpessi^  aux  trc^soriers  de  Franco  k  Bordeaux  pour  faire  acquitter,  m^me  par 
saisie,  les  arrerages  de  la  pension  de  8,000  ecus  consentie  au  due  de  Nemours 
sur  les  revenus  de  I'arcbovech^  d'Auch,  en  execution  d'un  contrat  trfes  particu- 
lier  intervenu  a  Toccasion  de  son  elevation  a  ce  sidge  entre  le  pr^lat  et  le  due, ^ 
la  date  du  5  avril  1597.  Le  saint  arehev6que  ne  payait  pas  ses  dettes,  sans  doute 
parce  qu'il  donnait  tout  aux  pauvres.  II  faut  le  rapprocher  de  cet  autre  saint, 
diiment  canonis^^eelui-lii,  qui,  pour  pouvoir  faire  de  plus  abondantes  aum6nes,  se 
pormetiait,  dit-on,  de  tricher  au  jeu.  N'a-t-on  pas  connu,plus  tard,un  venerable 
cure  <le  I'aris  qui  colait  pour  son  t^glise  le  convert  d'arjjent  qu'on  plaQait  devant 
liu  quand  il  dinait  en  ville?  Voir  une  anecdote  k  ce  snjet  dans  VInocntaire  des 
nicuOles  du  chateau  de  Nerac  (Agen,  1867,  p.  19). 


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mfeme  r6duite  de  moiti6  sur  la  dtelaration  de  sept  t^moiiis  que,  dte  le 
commeneement  d'aout  1620,1a  province  avail  i{&  pillee  parsongouver- 
neur  Fontrailles. —  1607.  Bureau  des  finances.  L'intcnsil6  de  la  conta- 
gion dte  le  commencement  de  Tann^  a  fait  deserter  la  ville  de  Con- 
dom (1],  en  sorte  que  personne  des  paroisses  et  villages  circonvoisins 
n'y  osait  aborder;  m6me  on  mettait  en  quarantaine  tout  ce  qui  sortait 
de  Condom;  k  cause  de  quoi  la  recette  est  transKrte  k  M&in.  —  1608. 
Remboursement  k  noble  Diane  Luzignan,  dame  de  Terraube,  d'une 
somme  pr6t4e  aux  consuls  de  Condom,  pour  les  frais  d*un  «  certain  ■ 
voyage  par  eux  fait  en  Cour.  —  1610.  Imposition  de  4,200  livres  sur 
le  Bazadais,  en  faveur  de  la  ville  et  pr6v6t6  de  Sauveterre.  —  1611. 
D^peuses  d'une  d6putation  envoy^e  k  la  Cour,  compost  du  sieur  de 
Lussan,  d6put6  g^n^ral  de  la  province,  Nicolas  de  Saige,  depute  du 
Condomois,  Tauzin,  ^uyer,  habitant  de  Montreal.  Imposition  de4,000 
livres  en  faveur  des  sieurs  de  Montespan  et  de  La  Roche  Dupuy,  pour 
indemnity  de  la  demolition  de  la  citadelle  de  Condom.  ~ 

J'aurais  encore  beaucoup  d*indications  gasconnes  k  puiser  dans 
rinventaire,  surtout  en  ce  qui  concerne  les  deux  villes  de  Dax  el  de 
Bayonne,  mais  k  trop  puiser  on  risque  de  tout  inonder.  Je  ne  veuxpas 
que  mes  chers  lecteurs  orient^  la  noyade.  Je  m'arr^te  done,  meconlen- 
tant  de  signaler,  en  ces  demi^res  lignes,  ce  qui  regarde  notre  vieil  histo- 
rien  Scipion  Dupleix,  auquel  je  voudrais  bien  qu'un  de  nos  jeunes 
travailleurs  consacrit  une  monographic  tr^s  d^laill^,  corame  celle  que 
je  r^lamais  rteemment  ici  pour  lepolygraphe  Frangois  de  Belleforest. 

1606.  Imposition  sur  la  s6n6chau8s6e  de  Condom  d*une  somme  de 
2,500  livres  pour  les  frais  et  vacations  exposes  par  M«  Scipion  Dupleix, 
avocat  du  roi  au  si6ge  de  Condom,  pour  les  affaires  du  pays  et  le 
procfes  d'entre  la  noblesse  et  le  Tiers-Etat,  soutenu  en  la  Cour  des 
Aides  de  Paris,  sur  le  diff^rend  du  paiement  des  tail  les.  —  1635. 
Lettres  de  pension  de  3,600  par  an  (douze  mille  francs  actuels)  en 
faveur  de  Scipion  Dupleix,  historiographe  du  Roi,  pour  lui  donner 
moyen  de  vacquer  k  la  continuation  de  VHistoire  de  France,  etrecon- 
naitre  les  services  qu'il  a  rendus  k  S.  M.  taut  en  cet  exercice  qu'aux 
autres  charges,  offices  et  commissions  importantes,  mesmes  k  cause 
de  ce  qu'il  a  fait  beaucoup  de  frais  et  despence,  k  composer  et  faire 
imprimer  lesdites  oeuvres  :  celte  pension  est  assign^  sur  les  deniers 
de'la  Recette  g^n^rale  des  finances  de  Guyenne,  k  commencer  du 
l^**  Janvier  1635(2)  :  «  Louis,  par  la  grdce  de  Dieu,  etc.  Nostreamdet 
f&il  conseiller  en  nostre  Conseil  d'Estat  et  historiographe  de  France 

(1)  Notre  oher  collaborateur  M.  J.  Gard^re  m'a  dit,  dans  le  temps,  qu'il  avail 
le  projet  de  publier  un  travail  special  sur  la  peste  de  Condom.  Puisse  la  publi- 
cation de  ce  travaU  suivre  de  pr^  la  prochaine  publication  de  la  monc^raphie 
de  la  cath^drale  de  Condom  1 

(2)  Dupleix  jouissait  d^j^  en  1620  d'une  pension  nioins  considerable.  Je  ne 
relrouve  pas  le  passage  de  Vlncentaire  relatif  k  cetie  pension,  pas  plus  qu'un 
autre  passage  ou  mention  est  faite  de  la  proposition  de  Dupleix  tendant  k  frapper 
d'une  imposition  particuli^re  tout  pigeonnier.  On  m'excusera  de  u'avoir  pas 
ebercb^  plus  longtemps  uno  espUngo  den  uno  mole  de  hen. 


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M'  Scipion  Dupleix,  nous  a  naguferes  pr^nti  VHisioire  de  noaire 
reigne  ensuite  de  celle  de  tous  les  autres  Roys  nos  prM^sseurs,  avec 
les  M^moirea  et  Ms  curieuaea  recherchea  dea  antiquit^.a  dea  Gaulea 
deapuia  le  dealuge  juaquea  d  V^tabliaaemeni  de  la  monarchie  fran^ 
coiae,  par  luy  escriptes  avec  un  grand  labeur,  soin,  diligence  de  vdriti 
qui  ont  donn^  k  ses  oeuvres  Taprobation  tant  de  nos  subjects  que  des 
nations  estrangeres...  Pour  ces  causes  k  ce  nous  mouvant,  et  mesmes 
que  le  sieur  Dupleix  a  employ^  les  meilieures  ann^s  de  sa  vie  k  faire 
imprimer  lesdites  ceuvres  d  VutiliU  et  d  la  gloire  de  la  France^  etc. 
A  Saint-Germain-en- Laye,  2  avril  1635;  i  enregistr^  au  Bureau  des 
finances  k  Bordeaux,  7  d6cembrede  la  mfeme  ann6e.  —  1636.  Presen- 
tation k  la  Compagnie(Tr6sorerie)  par  le  sieur  Dupleix,  historiographe 
du  Roi,  d'un  exemplaire  de  son  Hiaioire  de  France :  il  est  introduit 
pour  faire  son  compliment  et  prend  place,  comme  conseiller  d'Etat,  sur 
iesi^e  du  sous-doyen.  —  1748.  Juin.  Nomination  de  G6rard  Dupleix 
en  quality  de  lieutenant-g^n^ral  de  robe  et  d'^pfe  en  la  s&i6chaussde 
de  Condom,  en  recompense  des  services  de  son  pfere  «  et  en  souvenir 
de  son  aieul  Scipion  Dupleix  qui,  dans  la  composition  de  THistoire 
g^n^rale  de  France,  s'est  acquis  une  reputation  d'exactitude  et  de 
sincerite  qui  passera  k  la  posterity  (1).  » 

Philippe  TAMIZEY  DE  LARROQUE. 


La  «  Notice  biographique  sur  Pierre  de  Marca, »  de  M.  I'abbe 
V.  DuBARAT,  en  tfite  de  la  nouvelle  Edition  de  VHisioire 
de  B6arn. 


A  la  p.  469  de  la  derni^re  livralson  de  la  ReouSy  men  article  sur  VHis- 
ioire de  Beam  reeditde  k  Pau  chez  Garet,  se  terminait  on  plut6t  s'inter- 
rompait  brusquement  par  une  demi-ligne  de  points.  II  y  avait  Ik  une 
lacune  que  je  laissai  subsister  pour  ne  pas  retarder  remission  du  numero; 
trols  feulllets  de  ma  copie  s'etaient  ^gar^s  k  la  poste  et  n'ont  pas  ete  retrou- 
ves.  J'y  supply  ici  de  men  mieux.  Les  lecteurs  qui  seraient  peu  satisfaits 
de  ce  morceau  sent  pri^s  de  croire  —  et  vraiment  11  me  semble  que  c'est 
la  v^rite—  qu'il  6tait  un  peu  moins  mal  dans  sa  redaction  premiere.  II  est 
vrai  que  celle-ci  est  plus  courte,  ce  qui  pent  Mre  une  compensation. 

...  II  serait  done  souverainement  injuste,  pour  ces  quelques  taches, 
de  meltre  cette  edition  au-dessous  de  la  premiere,  surtout  si  Ton  tient 
compte  du  travail  neuf  et  vraiment  complet  sur  la  vie  de  Marca  que 
la  nouvel'e  nous  apporte  et  qui  vaut  bien,  k  lui  seul,  —  je  parle  com- 
merce, —  au  moins  la  moitie  du  prix  qu'on  nous  demande  pour  ces 
deux  magnifiques  volumes. 

L'etendue  m6me  de  ce  travail  pourra  paraltre  un  defaut  aux  epilo- 

(1)  En  1751,  veute  fut  consentie  h  ce  m^me  G6rard  Dupleix,  «  chevalier,  lieu- 
tenant general  de  robe  etd'^p^e  de  la  s6n^chauss6e  de  Condom, »  de  la  seigneurie 
de  Courensan  en  Condomois,  par  Je  comte  de  Kochechouart  et  la  marquise  de 
Cardaillac. 


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—  510  — 

gueurs.  Aufond,le  d^fautn'est  quo  dans  le  titre :  Notice  biographique 
8ur  Pierre  de  Mar ca.  }[  aurait  fallu  6crire:  Vie  de  Marca.  Mais 
quoi !  Tauteur  avait  entrepris  une  «  notice  »;  et  puis  la  matifere  s'est 
enfl6e  entre  ses  mains;  les  pieces  et  les  faits  les  plus  curieux,  les  plus 
int^ressants,  qu'il  eut  6i&  cruel  de  n^liger,  se  sont  multipli^  au-deli 
de  toute  esp^rance.  D6s  lors  M.  Dubarat  ne  s'est  plus  g6n6.  II  a  6t* 
long,  pour  6tre  complet.Les  vraisamisdes  recherches  locales,  et  m^e 
de  la  grande  histoire,  eccl^siastique  et  nationale,  Ten  remercieront  tons. 

Ne  Toublions  pas,  en  efifet,  Marca  n'est  pas  simplement  Thistorien 
du  B6arn,  c*est  un  important  personnage  eccl&iastique  et  politique,  len 
m6rae  temps  qu'un  des  plus  solides  ^rudits  d'un  temps  qui  fut  Vig^ 
d'or  de  T^rudition.  Son  suffrage  pesa  dans  plus  d'une  discussion 
savante;  son  r6le  fut  plus  preponderant  encore  dans  les  plus  graves 
affaires  religieuses  et  politiques  de  son  temps.  Je  songe  tout  d'abordau 
jans^nisme,  dont  les  premiers  malheurs  se  rattachent  si  intimementi 
son  intervention;  puis,  aux  troubles  de  Catalogue,  ou  il  g^ra  si  habile- 
ment  les  int^r^ts  de  la  couronne  de  France. 

Comment  done  ce  gros  personnage,  ce  presque  grand  homme,  n  a- 
t-il  pas  eu  jusqu'ici  le  monument  biographique  du  ^  sa  m^moire  ?  II 
est  certain  que,  sauf  les  articles  sommaires  des  Dictionnaires  histori- 
pues,  aucun  travail  sdrieux  n'a  paru  encore  sur  la  vie  de  Marca.  Est-ce 
son  caract6re,  jug6  s^v^rement  par  plus  d'un  arbitre  notable,  qui  a  ^t^ 
cause  de  ce  long  silence  de  Thistoire  biographique?  Peut-6tre.  En  lout 
oas,  quelque  jugement  moral  qu'on  porte  sur  Thomme,  il  est  Evident 
que  le  sujet  n'en  garde  pas  moins  son  int6r6t  pour  Thistoire  et  pour  la 
critique. 

Un  de  nos  plus  distinguescompatriotes,  Mgr  Puyol,  quand  il  6tait 
encore  professeur  de  Sorbonne,  avait  song^  h  combler  cette  lacune.  Son 
travail  d^jk  pr6t  k  imprimer,  m'assure-t-on,  n'aurait  pas  form^  moins 
de  quaire  volumes  in-S*".  Tout  a  p^ri  dans  les  affreux  dfeastres  de  la 
Commune.  On  n'en  pent  juger  que  par  un  excellent  chapitre  sur  Ten- 
fance  de  Marca,  public  dans  la  Revue  de  B^arn^  de  M.  P.  Labrouche, 
et  surtout  par  le  bel  ouvrage,  analogue  k  quelques  ^gards,  que  Mgr 
Puyol  a  consacre  k  Edmond  Richer.  S'il  n'est  plus  permis  d'esp^rer 
que  Tauten r  se  remette  k  cette  grosse  besogne,  il  faut  assur^raent 
regretler  une  oeuvre  ou  Taction  poh'tique  et  religieuse  de  Marca  ainsi 
que  ses  ouvrages  auraient  ^t^  jug^s  de  haut,  avec  autant  de  compe- 
tence sp^ciale  que  de  talent  litieraire. 

M.Tabbe  Dubarat, qui  s'^tait  mis  en  train  pourunesimple  x notices, 
a  garde  les  precedes  du  genre,  lout  en  depassant  debeauooup  les  homes 
qu'on  a  coutume  de  lui  assignor.  II  suit  tout  simplement  Tordre  des 
faits  et  ne  craint  pas  d'ouvrir,  partout  oil  besoin  est,  une  discussion 
critique,  d'inserer  m^me  en  enlier  dans  son  texte  de  longues  citations 
et  surtout  des  documents  qui  ont  une  portee  serieuse  pour  la  vie  de 
son  heros.  II  n'a  pas  de  preoccupation  litteraire  proprement  dite,  et  jc 
me  permets  de  croire  que  c'est  un  titre  de  recommandation,  dans  un 


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—  511  — 

sujet  si  ^tendu^  si  multiple  et^  pour  beaucoup  de  details,  si  sujet  k 
contradiction.  En  tout  cas,  malgr^  sa  bienveillanoe  ^minemment  natu- 
relle  et  l^time  pour  Marca,  le  biographe  n'a  jamais  pris  le  ton  ni  suivi 
la  m6thode  des  pan^yrisles.  La  v6rit^  est  sa  premiere  preoccupation 
et  il  lui  sacrifie  au  besoin...  Marca  lui-m6me.  Dfes  ses  premiers  chapi- 
tres,  il  faut  voir  comme  il  d6moIit  pi^s  en  main,  et  sans  qu'il  en 
subsiste  un  debris  quelconque,  )a  g^n^alogie  qui  rattacbait  Thonn^te 
bourgeois  de  Gan  k  un  hidalgo  du  xi*  si6cle.  Les  annes  de  la  famille 
n'ont  gu^r9  plus  de  sucote  aux  yeux  du  critique.  Mais  qui  done  avait  * 
commis  ces  faux?  N'en  disons  rien;  ce  sera  le  cas  d'y  revenir  en 
jugeant  Marca  d'aprfes  cette  vie  ni6me.  Je  ne  le  ferai  pas  encore.  Je  n'ai 
promis  que  mes  «  impressions  »  apr^s  une  premiere  course  a  travers  le 
grand  travail  de  M.  Dubarat,  et  son  jugement  moral,  k  lui,  ne  m'apas 
encore  laiss6  une  «  impression  »  absolument  claire :  ce  qui,  en  mati^re 
aussi  complexe,  n'est  pas  du  tout  une  critique. 

Ses  jugemenls  d'6rudit  sur  les  divers  ouvrages  de  Tillustre  terivain 
m'arr^teraient  davanlage,  s*il  n  y  avait  pas  lieu  de  les  r^server  aussi. 
Je  note,  en  passant,  que  son  opinion  sur  le  pr^tendu  «  second  volume  t 
de  VHistoire  de  B^am  est  k  peu  pr^s  la  m^me  que  j'ai  soulenue  ici, 
sauf  que  M.  Dubarat  est  presque  absolument  sur  que  ce  volume  a 
exists,  en  manuscrit  bien  enlendu.  Sur  certaines  oeuvres  de  th<k)logie, 
il  est  peut-6lre  un  peu  dur.  Le  De  concordia  mcerdotii  et  imperii 
lui-mtoe,  qui  causa  tant  de  peines  k  son  auteur,  est  sur  plusieurs 
points  beaucoup  moins  gallican  que  nombred'ouvrages  analogues.  Les 
j6suites  n'ont  jamais  pass6  pour  des  gallicans  forcen&;or,ala  premifere 
entree  de  Marca  k  leur  collie  de  Toulouse,  il  fut  salu6  par  une  ode 
laudative,  ou  ce  livre  est  ainsi  caract6ris6: 

At  quantus  dicina  doces  humanaque  summa 
Summd  slmul  concordia     • 
Consoclasse  Deum! 

Et  le  poete  (le  P.  Lous  Belleau)  ne  craint  pas  d'ajouter  que  c*est  la 
reconnaissance  de  saint  Pierre  qui ,  rendant  k  Marca  service  pour  service, 
Ta  61ev6  aux  honneurs  de  TEglise. 

Enfin,  pour  en  finir  avec  mes  «  impressions,  »  je  dirai  que,  sans 
doute  en  quality  de  perp^tuel  correcteur  d'^preuves,  j'ai  eu  Toeil  bless6 
par  I'absence  de  ravant-dernifere  letlre  du  nom  d'Arnauld;  une  distrac- 
tion plus  grave  est  celle  qui  a  confondu,  quant  au  nora  s'entend,  avec 
Arnauld  d'Andilly,  le  cel^bre  docteur  Anioine  Arnauld,  qui  n*6tait  que 
son  dix-neuvi^me  cadet. 

Et  maintenanl  je  me  contente  de  reoommander  k  tons  mes  lecteurs, 
avec  cette  vie  si  fouill6e,  les  quatre-vingt-deux  «  pitees  justificatives 
et  documents  »  qui  la  suivent  et  dont  je  n'ai  rien  dit  ici.  Mais  je  dois 
surtout  les  pr^venir  qu'ils  seront  loin  de  trouver,  dans  ces  305  p.  in-4<* 
d*un  caractere  presque  menu,  tout  le  travail  de  M.  Dubarat  sur  This- 
rien  du  B6arn  et  sa  famille.  En  ifeie  du  second  volume  de  celte  nouvelle 


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—  512  — 

Mition  doivent  parattre  xineB^n^alogieoomplkXe  et  une  Gibliographie 
raisoiiQ^e  de  Marca,  oomprenant  ses  6crils  imprimis  et  inddits,  qui 
nous  r&ervent  assur<6ment  plus  d'une  heureuse  surprise  (1).     L.  C. 

CORRESPONDANCE 

Une  note  de  notre  dernifere  livraison  (p.  464),  oil  notre  assidu  collabo- 
rateur,  M.  Tamizey  de  Larroque,  recommandait  k  bien  juste  litre  la 
Soci^t6d'6tudes  italiennes,  a  valu  au  directeur  de  la  Revue  de  Gascogne 
une  excellente  lettre  du  fondateur  m^me  de  cette  Soci^t*.  Cette  lettre 
fait  trop  d'bonneur  k  notre  modeste  publication  provinciale  pour  n'^tre 
pas  mise  sous  les  yeux  de  tons  nos  lecteurs.  —  L.  C. 
Monsieur  le  Directeur, 

La  Revue  de  Gascogne  a  bien  voulu  s'occuper  de  notre  Soci^ti  • 
nous  en  sommes,  si  l*on  veut  bien  nous  permettre  cette  expression > 
plus  reconnaissants  que  surpris.  Comment  une  oeuvre  litt^raire  et 
patriotique  pourrait-elle  tebapper  k  la  connaissance  et  k  la  bien  veil  lance 
d'une  Revue  que  vous  dirigez  et  ou  M.  Tamizey  de  Larroque  ^ritt 
Mais  cette  bienveillance  ne  nous  en  est  pas  moins  particuliferement 
pr^cieuse.  I^  Sorbonne,  le  College  de  France,  TAcad^mie  Frangaise 
elle-m6me,  nous  ont  accords  leurs  suffrages;  des  conMrenciers,  dont 
quelques-uns  illustres,  se  sont  gracieusement  inscrits  sur  nos  listes. 
Pourtant,  nous  ne  le  dissimulons  pas,  nous  attachons  un  prix  special 
k  Tadh^sion  du  Midi.  La  Gascogne,  le  Languedoc,  la  Provence,  le 
Dauphin^,  ou  avec  si  pen  d'eflForts  on  parie  I'italien  avec  une  puret6 
que  dans  le  Nord  de  la  France  on  acquierl  malais6ment,  doivent  nous 
fournir  une  legion  d'auxiliaires.  Si,  dans  chacune  des  soci6t6s  savantes 
qui  sont  Thonneur  des  provinces  que  je  viens  de  citer,  deux  ou  trois 
^rudits  seulement  voulaient  bien  tourner  quelquefois  leur  attention  vers 
riiistoire,  les  arts,  la  litt^rature  de  I'ltalie,  si  ces  hommes  distingu^, 
surs  d'etre  ^ut^  ou  lus,  faisaient  part  au  public,  sous  forme  de  confe- 
rences, de  lectures,  d'ariicles,  de  leurs  recherches  sur  une  civilisation 
qu'ils  sont  bien  places  pour  comprendre,  quel  profit  notre  oeuvre  n'en 
recueillerait-elle  pas!  Pour  ne  parler  que  de  Tint^r^tdu  Midi,  Dieu 
me  garde  d*6lre  indiscret !  mais  je  crois  savoir  qu^en  baut  lieu  on  se 
demande  pourquoi  nos  jeunes  m^ridionaux  seraieut  eternellement 
condamn^s  k  mal  savoir  Tallemand  au  lieu  d'etre  autoris^s  k  bien 
savoir  lalangue  des  peuples  avec  qui,  pourparler  en  style  commercial, 
il  y  a  plus  d'affaires  k  faire  parce  que  leurrichesseest  surtout  agricole. 
Vous  connaissez.  Monsieur  le  Directeur,  Jes  esp^rances  que  notre 
Soci6t6  fonde  sur  vous.  Comment  Ten  bl4mer,  puisqne,  de  par  votre 
competence  et  votre  aulorit6,  vous  lui  apparteniez  avant  qu'elleexistAlT 
Vous  savez  Taccueil  que  Tltalie  lui  a  fait;  les  circonstances  sont  favo 
rabies :  que  les  hommes  de  bonne  volont6  se  montrent,  s'entendent,  et 
Ton  verra  que  nous  n'aurons  pas  perdu  notre  temps. 

Croyez,  je  vous  prie,  Monsieur  le  Directeur,  imes  sentiments  d^voufe. 

C.  Dejob. 

(1)  Void  pleinement  delaill^es  les  conditions  de  veute  de  ce  bel  ouvrage  : 
30  fr.  les  2  vol ,  payables  par  moiti<^  i^i  la  reception  de  chaque  volume. 
40  fr.  les  2  vol.,  pour  ceux  qui  ootuiront  se  IMrer  en  payant  3  fr.  par  moU. 
II  y  a  25  excmplaires  sur  papier  simili-japon,  avec  couverture  parcbemin 
nature!,  ^  80  fr.  les  2  vol. 
75  ewemplaires  nunUrot^s  sur  papier  de  Hollande,  k  70  fr. 


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SOIREES  ARCHEOLOGIQUES 

AUX    ARCHIVES    D^PARTEMENTALES 


VI 

Stance  du  11  Juin  1894 


Pr^sidence  de  M.  de  CARSALADB  DU  PONT 


Presents :  MM.  Aureilhan,  Balas,  Louis  Balas,  Biard,  Branet, 
Cabrol,  Cocharaux,  Colonieu,  Coustau,  Daudoux,  Debats,  Dellas, 
Despaux,  Journet,  Lacomme,  Lagarde,  Larroux,  L^glise,  Lozes, 
Albert  Lozes,  Sansot,  Sentoux,  Solirene  et  Tierny,  secretaire. 

Le  Commandeur  de  Polastron 

M.  TabW  de  Carsalade  du  Pont  ouvre  la  stance  par  la  communi- 
cation  suivante : 

Roger  de  Polastron,  commandeur  de  Boudrac,  appartient  k  cette 
pl6iade  d'hommes  de  mer  gascons  qui,  k  la  fin|du  xv®  si^le  et  au  com- 
mencement du  XVI*,  portferent  avec  tant  d'audace  et  d'honneur  le 
pavilion  frangais  sur  les  mers  du  Levant  et  du  Ponant.  La  liste  de  ces 
braves  marins  serait  longue  k  publier,  citons  cependant  les  noms  des 
plus  c61^bres :  Pr^genl  de  Bidos,  g6n6ral  des  galferes  de  France,  Pierre 
de  Bidos,  son  neveu,  seigneur  de  Lartigue  en  Astarac,  amiral  des  mers 
de  Bretagne(l),  Francois  du  Boutet^  seigneur  de  Caussens,  amiral  des 
mers  de  Guyenne,  Bertrand  d'Omfean,  seigneur  de  Saint-Blancard, 
amiral  des  mers  du  Levant^  Mathurin  de  Lescout  de  Rom^s,  grand 

(1)  Je  ne  sals  pourquoi  quelques  auteurs  modemes,  ayant  k  citer  le  nom  de 
ramiral  de  Lartigue,  Tont  appel6  Charles  de  Lartigue,  seigneur  de  Lartigue, 
pr^s  Mezin  en  Condomois.  Mordri  est  le  premier  qui  ait  commis  cette  erreur. 
Apr^s  lui  des  ^ciivains  de  grand  m^rite,  et  parmi  eux  M.  L^nce  Couture, 
ont  donn^  k  cette  erreur  toute  Tautorit^  de  leur  Erudition  ordinairement  si 
sure.  II  est  temps  de  protester  et  de  r6tablir  la  v6rit6.  Nous  le  ferons  prochaine- 
ment  dans  un  article  special  consacr6  k  Pr^gent  et  k  son  neveu  Pierre.  Que  Ton 
veuille  Men  en  attendant  nous  croire  sur  parole :  Pr^gent,  ou  mieux  P6-Jean  de 
Bidos,  et  Pierre  de  Bidos  (de  Vidoaaio)^  seigneurs  de  Lartigue,  ^taient  des  gas- 
cons  gasconnants,  des  gentilshommes  du  comt^  d' Astarac,  des  voisins  de  ramiral 
d'Om^zan,  qui  tr6s  probablement  leiir  dut  aussi  sa  vocation  de  maiin. 


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—  614  — 

prieur  de  Saint-Gilles,  g6n6ralissirae  des  galferes  de  la    Religion. 

Roger  de  Polastron  6tait  le  second  fils  d'un  gentilhomme  des  envi- 
rons de  Saramon.  Sonp^re,  Jean,  seigneur  de  PoIaslron-le-Bas,avait 
corame  tons  les  siens,  endoss6  le  harnais,  au  sortir  de  Tenfance,  et 
gagn6  ses  6perons  au  hazard  de  sa  vie,  dans  les  champs  de  bataille.  En 
Tannee  1443,  son  compatriote  Galobie  de  Panassac,  s^n&hal  de 
Toulouse,  Tavait  nomm6  gouverneur  de  la  ville  et  ch&leau  de  I'lsle- 
en-Dodon  (1),  mais  il  avail  auparavant  fait  campagne  en  Normandie 
k  la  t^le  d'une  compagnie  de  gens  de  pied,  et,  Tamour  allant  ais^ment 
de  compagnie  avec  la  guerre,  il  avait  pris  femme  en  ce  pays,  entre 
deux  batailles^  au  village  de  Saint- Pierre  et  Saint-Just,  dans  la  pr6v6t6 
de  Vernon. 

De  cette  union  naquit  une  couvde  de  gascons  m4tin&  de  normand, 
qui  firent  tons  bravement  leur  chemin.  L*aln6,  Mathieu,  fut  homme 
d'armes  et  puis  capitaine,  comme  il  le  devalt  puisqu'il  tenait  fief  mou- 
vant  du  Roi.  Le  cadet,  Roger,  resta  au  manoir  familial  pour  faire  valoir 
les  terres  et  lever  les  fiefs.  II  semblait  destin6  pour  lereste  de  ses  jours 
k  Hre  un  gentilhomme  campagnard,  lorsque  un  6v6nement  quelque 
peu  tragique  6veilla  chez  lui  la  passion  h6r6ditaire  des  armes  el  le  jeta 
dans  les  aventures.  L'histoire  de  sa  vocation  est  curieuse;  j'en  emprunle 
le  rteit  k  un  document  original,  h  des  lettres  de  grAce  qui  lui  furent 
accord^es  par  le  Roi,  en  1498. 

Un  jour  du  mois  d'avril  1478^  la  taverne  du  village  de  Polastron 
6tait  trfes  animfe  par  le  bruit  d'une  querelle.  Quatre  homme  assis  k  une 
table,  les  cartes  k  la  main^  ^hangeaient  des  paroles  violenles.  lis 
jouaient«La  Rn6c6e(2).»L*un  d'eux  6tait  Roger  de  Polastron,  les  trois 
autres  des  vassaux  de  son  pfere,  dont  un  nonim6  Domenges  Pujos. 
Celui-ci  peu  favoris6  par  les  cartes  jurait,  sacrait  le  nom  de  Dieu 
faisait  un  lapage  du  diable  et  adressait  a  son  parlenaire  «  des  paroles 
grandement  injurieuses  ».  Le  gentilhomme  pria  le  manant  de  se  taire 
et  de  jouer  «  gracieusement  »;  «  i  quoy  luy  respondit  le  Pujos  qu'il  le 
jeleroit  plus  tost  en  son  retraict  qu'il  se  teust  ».  La  col^  prit  le  gentil- 
homme; il  lira  sa  dague  et  en  frappa  sur  la  tfete  Tinsulteur,  c  lequel 
incontinent  se  partit  et  alia  qu6rir  un  gros  coustau,  et,  ayant  ledit 
coustau,  retourna  devers  ledit  Roger  et  d'icelluy  luy  donna  un  grand 
coup  sur  la  teste,  dont  yssil  grande  effusion  de  sang;  et  le  dit  coup 
donn6,  s'en  fouyt.  » 

(1)  Titre  original,  archives  de  M.  Tabb^  Dubarat,  aumdnier  du  lyc^e  de  Pau., 

(2)  On  pent  6galement  lire  la  Ra4c^.  J*ignore  en  quoi  consistait  ce  jeu  de 
cartes. 


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—  515  — 

Roger,  ramen6  chez  lui  et  pans6,  n'eut  qu'un  d&ir,  se  venger.  L*in- 
Solent  vassal  paierait  cher  son  coup  de  eouteau,  inl^r^t  et  principal. 
Son  p^re  d'ailleurs  avait  aussi  h  se  plaindre  de  ce  Pujos,  qui  lui  avait 
•tir^deux  coups  d'arbal6te  h  propos  d'une  affaire  defemme,  affaire  assez 
scandaleuse  racont^e  tout  au  long  dans  le  document.  «  Si  lu  ne  me 
venges^  disait  le  vieux  gentilhomme  k  son  fils,  je  te  deshavoue  et  ne  te 
tiens  point  pour  mon  fils,  ny  jamais  ne  auras  aucun  bien  de  moi.  »^ 
Dfes  qu'il  fut  gu^ri,  le  gentilhomme  provoqua  en  duel  Domenges  Pujos. 
Celui-ci,  en  bourgeois  avis6qu'il  6tait,  peu  au  fait  d'ailleurs  du  manie- 
ment  de  la  dague  et  de  r<Sp6e,  s'adressa  au  Parlement  de  Toulouse  «  et 
obtint  de  la  chancellerie  inhibition  et  fit  inhiber  audit  Roger  qu'il  ne 
Teust  k  toucher  ni  en  corps  ni  en  bien.  » 

«  Aucun  temps  apr6s  laquelle  inhibition,  et  le  samedi  vingt-sep- 
tiesme  jour  d*avril  Tan  mil  cccc  soixante  et  seize,  icelluy  Roger  estant 
aux  champs  et  ayant  deux  serviteurs  avec  luy,  vit  ledit  Domenges 
Pujos  labourant  en  sa  vigne  et  lors  luy  souvint  desdits  oultraiges  que 
luy  avoit  faict  et  k  son  dit  pere.  De  ce  deplaisant,  et  memoratif  des 
paroles  k  luy  dites  par  son  dit  p^re,  c'est  assavoir  que  s'il  ne  le  ven- 
geoit  desdits  oultraiges  qii'il  le  renonQoit  k  fils  et  que  jamais  n'auroit 
aucuns  biens  de  luy,  dit  k  ses  serviteurs  : 

—  Vella  celluy  qui  m'a  oultraig^  et  mon  dit  p^re,  alez  k  lui  et  le 
botez  bien,  mais  gardez  de  le  tuer,  combien  qu'il  est  mauvais  garson,  et 
vous  contregardez,  car  j'aimerois  mieux  qu'il  feust  tu6,  qu'il  vous 
tuast.  » 

«  Et  tost  apres  lesdits  serviteurs  chascuns  veslus  d'une  fcharpe,  en 
abbit  dissimul6  affin  qu'ils  ne  feussent  cogneus,  s'en  allerent  vers  ledit 
Domenges,  et  ledit  Roger  se  despartit  d'eulx  et  s'en  alia  en  un  lieu 
nomme  La  Fas  (Lahas)  distant  du  lieu  de  Pohxstron  de  demy  lieue  et 
disna  avec  le  seigneur  dudit  lieu  de  La  Fas.  Et  apr^s  disner  s'en 
retourna  audit  lieu  de  Polastron  et  trouva  sur  le  chemin  le  vicaire  dudit 
lieu  de  Polastron,  lequel  luy  dit  que  Domenges  Pujos  estoit  mort.  » 

Le  cas  6tait  grave,  il  y  avait  mort  d'homme.  Le  Parlement  informa 
centre  les  meurtriers  et  langa  centre  eux  un  mandat  de  prise  de  corps. 
Roger  quitta  prudenmient  le  pays,  mais  il  ne  put  aller  si  vite  et  si  loin 
qu'il  ne  fut  devanc6  par  les  soldats  de  ia  pr6v6t6,  arr6t4  et  mis  en 
prison  k  Saint~Sever-de-Rustan,  «  ou  il  fut  baill6  en  garde  au  bayle 
dudit  lieu.  »  Heureusement  pour  le  futur  commandeur^  le  bailli  de 
Saint-Sever-de-Rustan  6tait  un  brave  homme.  II  eut  piti6.de  la  jeu- 
nesse  de  son  prisonnier,  du  sort  qui  lui  6tait  r6serv6  k  Toulouse,  car  il 
avait  it&  averti  «  que  la  justice  le  viendroit  querir  pour  le  meuer  audit 


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—  516  — 

Tholose  et  luy  fair©  oultraige  en  sa  personne  »;  il  lui  consdlla  de  s'en- 
fuir  et  secrfetement  lui  en  fournit  les  moyens. 

Le  prisonnier  s'^vada,  courut  loDgteinps  .les  chemins  et  finalement 
«  s'en  alia  en  Tisle  de  Rode  en  laquelle  il  prinst  la  croix  et  se  fist  de 
Tordre  de  Saint-Jehan  de  Jherusalem,  et  despuis  se  est  bicn  et  honnes- 
tement  conduit  Tespace  de  unze  ou  douze  ans.  » 

Et  voili  comment  messire  Roger  de  Polastron  devint  chevalier  de 
Saint-Jehan,  capitaine  des  galores  de  la  Religion,  commandeur  de 
Boudrac,  de  Saint-Clar  et  de  Poucharamet,  seigneur  de  Sabaillan, 
Cabas,  Lalanne-Arqu6,  Montcassin,  Maulfen,  Luz^  GMre^  Ga- 
varni,  etc.,  un  grand  seigneur,  comme  on  voit.  —  A  quoi  tiennent 
souvent  les  destines  d'un  homme ! 

C'est  en  1498,  quand  il  voulut  rentrer  en  France  et  prendre  posses- 
sion de  sa  commanderie,  qu'il  demanda  et  obtint  des  lettres  de  grAce 
pour  le  meurtre  commis  vingt-deux  ans  auparavant.  Elle  lui  furent 
accord6es  en  consideration  des  services  qu'il  avait  rendus  k  la  Religion 
et  k  TEtat.  11  dut  toutefois,  pour  expier  son  crime,  donner  vingt  livres 
tournois  k  chacune  des  communautfe  suivantes  :  aux  Filles  repenties 
de  Paris,  aux  Cordeliers  de  Blois,  k  la  Madeleine  d'Orleans,  aux 
Jacobins  de  Blois,  aux  Cannes  de  Saumur,  aux  Cannes  de  Melun.  II 
dut  encore  verser  entre  les  mains  du  cur6  de  Polastron  quarante  livres 
tournois  pour  faire  c^l^brer  quatre  trentenaires  (120  messes)  pour  le 
repos  de  Vkme  de  Domenges  Pujos,  dont  le  corps  avait  iii  enseveli 
dans  r^lise  de  Polastron  (1). 

Reoonnaissanoes  f^odales  des  oonsiils  de  Fleur&nce 

M.  Delias  donne  communication  a  la  Societd  du  «  livre  des  recon- 
naissances des  consuls  et  habitants  de  Fleurance  »  au  roi,  le  14  mai 
1610,  dont  il  fait  hommage  aux  Archives  d^partementales  (2).  On  a 
annex6  k  ce  volume  un  m^moire  qui  renferme  les  renseignements  sui- 
vants  : 

€  La  ville  de  Fleurance,  chef-lieu  de  la  comt^  de  Gaure,  donnte  par 
le  roi  Charles  VII  k  la  maison  d'Albret,  r6unie  k  la  Couronne  par 
Henri  IV  et  donnte  en  engagement  par  Louis  XIV  k  M.  le  due  de 
Roquelaure,  jouie  par  la  Maison  de  Rohan  et  M.  le  marquis  de  Miran, 
fut  enfin  r^unie  k  la  Couronne  depuis  le  1«^  juillet  1785. 

(1)  Ces  lettres  de  grace  font  partie  des  archives  de  M.  Tabb^  Dubarat,  fonds 
Polastron. 

(2)  Petit  in-^,  78  feuillets,  papier,  reliure  parohemin,  (Arch.  dep.  du  Gers, 
s^rie  C,  supplement.) 


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—  617  — 

»  La  comt6  de  Gaure  auroit  eu  ses  comtes  qui  octroyferent  k  leurs 
vasseaux  des  beaux  et  utilles  privileges  que  nos  Rois  ont  confirm^  et 
ont  loujours  garde  la  justice  qui  s'est  rendue  en  leur  nom  et  fait  reco- 
noitre  les  babitans. 

»  En  1525,  il  y  a  une  reconnoissance  g^n^rale  k  la  t6te  de  laquelle, 
quoique  les  premieres  feuilles  soint  dtehir^s,  Ion  decouvre  les  droits 
que  la  comt6  jouit  et  que  le  Roi  a  droit  de  percevoirl 

»  II  seroit  utille  d'en  avoir  un  expedi^sulementdeceuxdeux  objets. 

»  En  1610,  par  devant  M.  de  Gineste,  juge  mage  de  Toulouse, 
firent  une  reconnoissance,  la  comt6  la  possede  et  acte  expedi6  des 
archives  de  MM.  les  Tresoriers  de  Montauban,  en  presance  de 
M.  Marc  de  Mericde  Vivens  (t),  president  diidit  Bureau  par  Brun, 
commis  au  greffe.  »  (C'est  le  livre  de  M.  Delias.) 

»  Enfin,  en  1671,  il  fut  fait  une  reconnoissance  par  leshabitans 
d*autbaurit6  de  M.  de  Sere,  alors  commissaire  departi  k  Montauban, 
qui  comit  M.  Le  Clerc,  avocat,  pour  comisaire,  et  pour  procureur  du 
Roi  Maitre  Jacques  de  Monts,  avocat,  substitut. 

»  Le  30  septembre  1688,  la  comt6  de  Fleurance  obtint  jugement  de 
maintenue  en  tous  ses  droits  et  privileges  quils  denombreront  devant 
M.  rintendant  de  Languedoc  et  autres  commissaires  reformateurs  du 
Domaine  de  la  Generalitt^  de  Montpellier.  Si  ce  jugement  de  main- 
tenue est  aux  Archives  de  Montauban  il  en  faut  une  expWition  (1). 

»  Le  20  juillet  1707,  Moyset  lors  maire  raporta  k  la  comt6  qu'il 
auroit  6t6  k  Montauban  retirer  le  d6nombrement  et  auroit  pay6  pour 
retirer  ledit  denombrement  lOlivres  13  sols  et  7  livres  2  sols  pour 
Touverture  des  archives.  Cette  pi^  essentielle  manque  k  la  comt6 
pour  d^nombrer  et  homager  devant  MM.  du  Bureau  des  Finances 
d'Auch. 

»  L'arr^t  du  Conseil  du  mois  de  juillet  1667  maintient  la  comt^  en 
grande  et  petite  boucherie,  quatre  tavernes,  aux  poids  et  mesures,  avec 
la  sortie  des  grains,  mesure  du  sol,  au  greffe  civil  et  criminel,  k  la 
thuilerie,  au  banc  du  pourseau. 

»  En  1723,  lacomt^rendit  hommage  devant  MM.  les  Tresoriers  de 
Toulouse. 

>  En  1727,  la  comt^  paya  une  finanse  ou  confirmation  de  ses  pri- 
vil^es.  » 

(1)  En  marge  :  «  Sur  un  des  litres  et  pieces  remani6es  audit  jugement,  la 
deliberation  de  la  comt6  du  8  juin  1690  fait  mention  de  tous  les  droits.  » 

Tome  XXXV.  34 


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—  518  — 
tTn  ohapltre  de  l*hi8toire  de  la  rivalitd  :  Leotoure  contre  Fleurance 

Communication  de  M.  Tierny  : 

Dans  le  journal  de  M.  de  Percin  (1),  qui  est  un  des  documents  les 
plus  importants  pour  Thistoire  de  Fleurance  au  xvni^  sitele,  on  lit  (au 
folio  83)  la  note  suivante  : 

«  L'an  1787,  le  Roy  a  ordonn6  les  assemblees  provinciales,  il  devoit 
9  y  avoir  des  assemblies  d'^lection  qui  devoient  se  tenir  dans  le  chef- 
»  lieu  desdites  Elections.  M.  l'6v^ue  de  Lectoure,  president  de  T^lec- 
>  tion  de  Lomaigne,  a  pr^tendeu  que  Fleurance  n'avoit  point  les  com- 
»  modit6s  n6cessaires  pour  la  tenue  de  cette  assembl^e;  il  6loit  favorisi 
»  par  M.  Tarchev^ue  d*Auch;  il  a  fait  agir  Tassemblte  provinciale;  il 
»  a  teneu  (malgr6  les  r^lamations  et  Tacte  que  luy  a  fait  signiBer  la 
»  communaut6)  Tassembl^e  h  Lectoure,  et  nous  n'avons  encore  pu 
»  avoir  reponse  de  M.  Tarchev^que  de  Toulouse,  principal  minis- 
»  tre  (2).  » 

La  creation  des  Assemblees  provinciates  en  1787  fut  une  rtectioQ 
contre  le  regime  des  intendants.  Elle  impUquait  la  r^forme  radicale  de 
Tadministration;  k  c6t6  de  Tintendant  r6duit  par  1^  m^me  a  Timpuis- 
sance,  on  plagait  une  Assemblde  provinciale  qui  devenait  un  veritable 
administrateur  du  pays.  Ce  qu'on  fit  pour  Tintendant,  on  le  fit  ^ale- 
ment  pour  son  subd6l6gu6,  qui  eut  lui  aussi  son  conseil  de  subd616ga- 
tion  ou  d'6lection.  Enfin,  dans  chaque  ville  un  corps  municipal  ^lu 
prit  la  place  des  anciennes  assemblies  de  paroisse  et  du  syndic  (3), 

Je  ne  veux  m'occuper  aujourd'hui  que  des  Assembles  d'^lection  ou 
de  subd^l^gation,  et  parmi  celles-ci  une  seule,  celle  de  Lomagne,  me 
servira  d*exemple  pour  prouver  combien  de  difiicult^s  souleva  Porga- 
nisation  nouvelle. 

Une  premiere  question  se  posait :  ou  devait  se  tenir  TAssemblfe  de 
r^lection  de  LomagneT  (4)  Le  r^lement  du  12  juillet  1787  ^tait  formel, 

(1)  Sur  ce  Livre  de  raison,  qui  appartient  k  Madame  L^zian,  de  Fleurance, 
voir  la  note  de  M.  de  Carsalade  du  Pont  :  Solrdes  arch^ologiques,  s^nce  du 
6  novembre  1893,  Roo.  do  Gascogna,  xxxv,  1894,  p.  59. 

(2)  Ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin,  la  reponse  est  postdrieure  au  24  septembre 
1787  et  ant^rieure  au  9  mars  1788,  date  de  la  rtSponse  definitive  du  contr61eur 
g^ndral  des  finances,  «  premier  ministre.  » 

(3)  Marquis  de  Galard,  Stances  de  I' Administration  prooinciale  d'Auch 
(Agen,  veuve  Lenth^ric,  1887).  A.  de  Tocqueville,  VAncien  Regime  et  la  R^oo- 
lution,  p.  303  et  suiv.  L.  Couture,  i?eo.  d<i  Gascogne,  xxxii,  280.  P.  B^n^irix 
les  Conoentionnels  du  Gers;  Introduction  par  M.  I'iemy,  p.  xxii  et  suiv.  (Aucb, 
Capin,  1894.) 

(4)  Proc^s-oerbal  des  stances  de  V Assemble  prooinciale  de  la  g4n^raUt4 
d'Auch.  (Arch,  d^p.,  C.  637,  p.  149.) 


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—  519  -► 

il  d&idait  que  chacune  des  Assemblies  d'^lection  se  tiendrait  au  chef- 
lieu  mfeme  de  r^leclion.  C'6tait  done  k  Fleurance  (1)  que  devait  se 
tenir  ladite  Asseiiibl6e.  Aussi  fut-on  trfes  6mu  dans  cette  ville  quand  on 
apprit  que  TAssembl^e  avait  d^cid^  de  se  tenir  k  Lecloure.  Aussit6t  on 
eerivit  k  T^v^ue  de  Lecloure,  president  de  TAssemblte  de  Lomagne, 
pour  le  rappeler  k  Tex^ution  du  r^glement  du  12  juilletl787.  L'6v6que 
ayant  r^pondu  le  24  septembre  qu'en  tenant  le  lendemain  chez  lui  la 
premiere  Assemble  d'61ection,  il  ne  faisait  que  se  conformer  aux  ins- 
tructions deTarchev^ue  d'Auch,  pr^ident  de  TAssemblte  provinciale, 
on  d^ida  de  s'adresser  k  Tarchev^ue,  k  Tintendant  etiM.de  Brienne, 
«  principal  ministre.  »  (2) 

Ces  premieres  d-marches  des  Fleurantins  n'eurentpas  grand  succ&s; 
le  28  octobre  on  donnait  lecture  k  la  comraunaut^  de  Fleurance  d'une 
letlre  de  Uarchev^que  d'Auch  «  les  informant  que  TAssemblte  provin- 
ciale  avait  cru  pouvoir  prendre  sur  elle  de  laisser  aux  presidents  des 
Assemblies  des  Elections  le  choix  du  lieu  ou  ils  tiendraient  leur  pre- 
miere Assemble  preparatoire;  cette  faculty,  ajoutait-il,  ne  contredit 
point  Tesprit  du  r^glement  et  ne  pr^judicie  en  rien  aux  droits  des  lieux 
quisont  lesifege  de  T^lection  »  (3).  C'est  que  Tarchevfeque  d'Auch  avait 
lui  aussi  demand^  la  d^ision  du  contr^leur  g6n6ral  «  principal  minis- 
tre  )»  vers  la  fin  du  mois  de  septembre,  et  voici  la  r6ponse  qu'il  avait 
regue,  dat6e  du  1 1  octobre :  . 

«  Rien  ne  me  paroit  s'opposer  k  ce  que  TAssemblte  de  TElection  de 
»  Lomagne  se  tienne  a  Lectoure,  si  cette  ville  oflEre  plus  de  commodity 
»  et  d'avantages  que  celle  de  Fleurance  et  si  d'ailleurs  elle  est  dans  une 
»  position  k  pouvoir  ^Ire  le  centre  de  ce  d^partement.  Je  vous  prie 
»  d'instruire  Mgr  Tev^ue  de  Lecloure  de  ce  que  j'ai  honneur  de  vous 
«  marquer  a  ce  sujet;  mais  il  seroit  convenable  que  cette  convocation  Ji 
>  Lectoure  ne  fut  regardde  que  corame  provisoire,  jusqu*^  ce  qu'il  en 
i>  eut  6t6  d^lib^r^  par  TAssemblte  provinciate  complete  et  que  le  Roi 
»  eut  explique  ses  intentions  definitives  sur  cette  deliberation.  » 

Ce  premier  echec  ne  decouragea  pas  la  municipalite  Fleurantine  :  elle 
chargea  M.  Delort,  professeur  de  droit  frangais  k  Toulouse,  derediger 
un  memoire  pour  Tenvoyer  iM.de  Brienne  (21  octobre);  elle  envoya  un 

(1)  L'^lection  de  Lomagne  avait  M  ^tablie  k  Fleurance  en  1623,  transf6r6e  k 
Launacle  17  septembre  1640  et  retablie  k  Fleurance  le  21  mars  1667,  malgr6 
I'opposUion  dos  cillea  de  Lectoure  et  de  Vlsle-Jourdain.  (Journal  de  M.  de 
Percin,  t  83.) 

(2)  Arch.  mun.  de  Fleurance,  BB.  12.  (Inventaire  manuscrit  r^dig^  par 
M.  Parfouru  et  dopos^  ti  la  mairie  de  Fleurance). 

(3).  Id.,  ibid. 


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—  520  — 

expris  aux  officiers  municipaux  de  Muret  pour  savoir  quels  moyens  ils 
avaient  employes  pour  avoir  I'assemblte  d'^lection  dans  leur  ville 
(28  octobre),  et  le  2  novembre  elle  signifiait  k  l'ev6que  de  Lectoure 
un  acte  d'opposition  k  la  tenue  de  TAssembltek  Lectoure. 

L'Assembl6e  provinciale  d'Auch  fut  appelee  k  donner,  elle  aussi, 
son  avis  sur  la  question,  comme  le  lui  avait  present  la  lettre  du  contr6- 
leur  g6n6ral  cit6e  plus  haut.  Le  17  d6cembre,  le  bureau  du  r^lement 
de  cette  assemble  d^posait  les  conclusions  suivantes  : 

«  Aprfes  avoir  pris  en  consideration,  messieurs,  cette  lettre  de  M.  le 
p  contr61eur  g6n6ral,  le  proems- verbal  de  TAssemblte  de  Telection  de 
»  Lomagne  en  la  stance  du  14  novembre  1787,  la  position  gtegra- 
»  phique  des  deux  villes  de  Fleurance  et  de  Lectoure  et  les  diverse 
»  commodity  et  a  vantages  qu'elles  offrent,  le  Bureau  a  pens^  qu'il 

>  parolt  Evident  que  la  ville  de  Lectoure  est  bien  plus  considerable  que 

>  celle  de  Fleurance,  dont  les  rues  ne  sont  mtoe  pas  pavfes(l);  qu'on 

>  trouve  dans  Lectoure  plus  de  ressources  en  tout  genre;  que  cette 
»  ville  est  d'ailleurs  plus  rapprochte  de  la  plus  grande  partie  des  com- 

>  munautfe  qui  composent  TElection  d'Armagnac,  et  par  consequent  la 
»  dernifcre  paroisse  de  celle  de  Lomagne,  et  qu'ainsi  TAssembiee  de 
»  cette  demifere  election  ayant  arrete  que  son  voeu  general  est  que  ses 
»  seances  soient  fixees  dans  la  ville  de  Lectoure,  il  parolt  convenabte 
»  que  vous  vous  rendiez  k  ses  d6sirs  en  vous  interessant  k  lui  faire 

>  >obtenir  de  Sa  Majeste  qu'k  Tavenir  les  seances  de  Tassembiee  de 
p  Lomagne  soient  etablies  et  fixees  dans  la  ville  de  Lectoure.  » 


(1)  Fleurance,  parait-il,  m<^ritait  bien  le  i-eproche  qu'on  lui  adressait;  le  18  aoui 
1787,  la  communaut6  recevait  notification  de  TOrdonnance  du  Bureau  des 
Finances  d'Auch,  portant  que  les  principales  rues  de  Fleurance  «  la  seule  ville 
»  qui  demeure  ii  paver  dans  la  g^n^ralitd  d'Auch,  quoique  une  des  principales 
»  et  des  plus  fr6quant6es  »,  seront  payees  dans  le  d^lai  ^d'un  mois.  Ces  rues 
^taient  la  grande  rue,  le  tour  de  la  place  et  celles  par  ou  passe  le  Saint-Sacre- 
ment.  «  Comme  son  enseinte  est  tr^s  grande,  qu'il  y  a  meme  plusieurs  rues 
»  inhabit^es,  il  seroit  tr^s  inutiUe  d'en  faire  paver  la  totality;  on  ne  pent  meme 
»  encore  faire  paver  dans  les  rues  dittes  de  Castelnau  et  de  Marcadet,  puisqu'ou 
»  ne  pent  m^me  encore  fixer  le  niveau  de  pente,  jusques  ^  ce  queries  nouvelles 
»  routes  commanc6es  et  qui  aboutissent  aux  deux  dittes  rues  soient  parache- 
»  v^es  »,  la  communaute  declare  doncqu'il  lui  est  moralement  impossible  d*ex6- 
cuter  ladite  Ordonnance,  avec  le  manque  de  cailloux  et  les  charges  formes 
qui  r^sulteraient  de  I'entretien  dudit  pav6  «  par  la  grande  quantity  de  roulliers 
»  qui  vont  k  la  riviere,  charges  extraordinairement.  »  Le  29  aout,  la  commu- 
naute recevait  notification  d'une  autre  Ordonnance  modifiant  la  pr^c^dente^et 
portant  que  les  propri^taires  de  maisons  situ^es  sur.  les  rues  dont  il  est  fai* 
mention  seraient  tenus  de  faire  paver  « le  revers  des  rues  (trottoir)  y  compris  les 
»  rigolles  sur  la  largeur  d'une  toise  ».  Le  3  septembre,  la  conmiunaute  d^clarait 
s'opposer  k  ces  deux  Ordonnances.  (Arch,  commun.  de  Fleurance,  BB.  12). 


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—  521  — 

Apres  d61iWration  les  conclusions  du  rapport  furent  adopt^s  par 
TAssembl^.  provinciale. 

Le  9  mars  de  Tannte  suivante  1788,  on  notifia  k  la  municipality  de 
Fleurancela  dteision  du  contr6leur  g^n^ral  des  finances  en  tous  points 
conforme  aux  conclusions  de  TAssemblte  provinciale.  La  cause  ^tait 
jug^;  on  eut  beau  a  Fleurance  decider  que  de  nouvelles  tentatives 
seraient  faites,  on  eut  beau  faire  observer  que  la  ville  de  Lectoure  6tant 
abonnte  se  trouvait  dfes  lors  6trangfere  a  T^lection  de  Lomagne  et  ne 
confribuait  en  rien  aux  charges  imposfes  h  ladite  61ection  (5  octobre), 
Lectoure  Temportait  dteid^ment  sur  la  ville  rivale,  elle  devenait  iry^ 
vocablement  le  si^e  de  TAssembl^e  de  Lomagne.  Di]k  une  premiere 
fois,  k  la  mort  du  subd616gu6  M.  de  Bastard,  le  si6ge  de  la  subd6l6ga- 
tion  ^tablie  k  Fleurance  depuis  1716  avait  6t6  transf6r6e  k  Lectoure.  A 
la  fin  de  Tancien  regime  Fleurance  r^clamait  encore,  mais  sans  succfes 
contre  cette  d^possession.  En  1790,  Lectoure  avait  encore  son  subd6- 
ligu&y  elle  avait  son  Assemble  d'^lection  et  le  nouveau  regime  consa- 
crait  ces  droits  acquis  en  faisant  de  cette  ville  un  chel-lieu  de  district 
et  plus  tard  une  sous-pr6fecture. 

jLes  origines  de  la  rivaUU  entre  Fleurance  et  Lectoure 

M.  rabb6  Lagleize,  qui  avait  eu  communication  du  travail  de 
M.  Tierny,  donne  des  details  compWmentaires  sur  la  rivalit^  des 
deux  villes. 

Une  ordonnance  de  M.  le  Chancelier,  intendant  de  Guyenne^  en 
date  du  26  juin  1623,  confirmee  le  8  juillet  par  lettres  patentes  et  arrAt 
du  conseil  et  par  la  cour  des  aydes  de  Cahors,  6lablissait  le  bureau  des 
officiers  de  reflection  et  larecette  des  tallies  de  Lomagne  dans  la  ville 
de  Fleurance  «  comme  eslant  la  plus  grande  de  Telection,  capitale  du 
corat^  de  Gaure,  et  la  plus  commode.  »  Copie  et  enregistrement  de 
I'ordonnance  et  des  leftres  patentes  confirmatives  fut  faite  en  la  cour 
des  aydes  de  Montpellier  et  au  bureau  des  finances  de  la  gto6ralit6  de 
Bordeaux,  les  12  et  15  novembre  1624  (1).  " 

L'inslallation  des  officiers  de  T^lection  eut  lieu  tr6s  solennellementle 
4  Janvier  1624,  dans  la  maison  de  ville  de  Fleurance.  L'^tablissement 
du  bureau  de  Telection  et  de  la  recette  g6n6rale  donnait  k  la  ville  de 
Fleurance,  avec  le  titre  de  chef-lieu,  une  preponderance  marquee  sur 
toutes  les  villes  de  la  Lomagne.  Cette  preponderance,  qui  lesait  les 

(1)  Extrait  des  registres  de  Conseil  d'Etat.  Dossier  portant  pour  litre  :  «  H6ta- 
bJissement  dans  la  ville  de  Fleurance  du  bureau  de  IVMection  de  Lomagne. 
1667.  » (Archives  de  I'auleur.) 


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—  522  — 

int^r^ts  des  villes  de  Lectoure  et  de  Tlsle-Jourdain,  surexcila  leurs 
jalousies,  ^veill^es  depuis  longtemps  d6j^  par  la  prosp^rit^  toujours 
croissante  de  Fleurance. 

Pour  bien  comprendre  et  l^gilimor  dans  une  certaine  mesure  cetie 
jalousie,  il  importe  de  se  rendre  compte  de  loute  Timportance  que  don- 
nait  k  Fleurance  son  litre  de  chef -lieu  d'61ection. 

Sous  Tancien  regime,  le  pays  d*6lection  et  le  pays  d'Etal  formaienl 
la  grande  division  administrative  de  la  France. 

Les  pays  d'Etals  dtaient  les  provinces  qui  avaient  conserv6  le  droit 
de  tenir  des  assemblies  p6riodiques,  leurs  anciennes  immunii^sprovin- 
ciales.  On  en  comptait  huit,  places  aux  fronti^res  de  la  France  et 
Tentourant  comme  d'un  r6seau  de  liberie.  C'^taient  :  la  FJandre, 
TArtois,  le  Cambrdsis,  le  B6arn  (Navarre  et  Bigorrc),  le  Languedoc, 
la  Bourgogne  et  la  Provence. 

Le  reste  de  la  France  6tait  divisd  en  trente-une  g6n6ralites  adniinis- 
trtes  par  des  intendants  investis  d'un  pouvoir  sans  limite.  La  gene- 
rality se  subdivisait  en  deciions,  qui  comprenaient  une  certaine  ^tendue 
territoriale  dont  les  comraunaut^s  ou  paroisses  d^pendaient  pour  la 
justice  et  les  imp6ls. 

Dans  chaque  ville  chef-lieu  d'^lection,  Tintendant  avail  un  subde- 
fe^a^,  lequel  tenait  sous  ses  ordres  un  procureur,  un  lieutenant,  un 
receveur  des  tailles^  des  officierscontr6leurs  et  des  conseillers.  Le  sub- 
dMgue  repr6sentait  le  gouvernement  lout  entier  dans  la  circonscrip  - 
tion  qui  lui  6tait  assignee;  il  nerelevait  quedeTintendant,  lequel  avail 
tQus  les  pouvoirs  n^cessaires  k  rassiette  de  rirap^t  et  a  sa  repartition 
entre  les  paroisses.  La  lev^  de  la  railice  6tait  aussi  une  operation  confix 
k  ses  soins.  Le  conseil  du  roi  fixait  le  contingent  g^n^ral  61  la  part  de 
la  province,  Tintendant  r^glait  lenombred'horames  k  lever  dans  chaque 
paroisse.  Le  subd^legu^  presidait  au  lirage  au  sort,  jugeail  des  cas 
d'exemption,  d6signait  les  miliciens  qui  pourraient  r&ider  dans  leurs 
foyers  et  ceux  qui  seraient  aslreints  k  un  service  aclif  sous  les  drapeaux. 
Outre  ces  grands  pouvoirs,  rintcndantcxerQaiten  pi^mier  ressort  la 
juridiction  administrative  et  conlenlieuse  sur  toutes  les  mati^res  non 
express6mentr6serv4es.  Tons  leslravaux  publics  sans  exception  etaient 
sous  sa  direction,  aprfes  approbation  des  plans  par  le  conseil  du  roi.  II 
Atail  de  plus  charg6  de  la  police  de  la  province.  Le  corps  de  la  mare- 
chausste  6tait  plac^  sous  ses  ordres,  au  besoin  m^me larm^ luidevait 
son  concours  pour  la  repression  des  ^meutes  (1). 
Enfin,  Tadministralion  tout  emigre  dans  ses  difierenles  spheres  dac- 

(1)  Cf.  Flandrin,  Des  AssembUos  prooinciales. 


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—  523  — 

tion,  de  surveillance,  de  tutelle,  de  juridiction,  de  dteisions  p^remp- 
toires^  ^tait  concentrte  entre  les  mains  des  intendants  et  de  leurs  subd6- 
l^u^s.  Law  exprimait  lous  les  dangers  decette  puissance  excessive 
des  intendants  lorsqu'il  ecrivait  au  marquis  d'Argenson  :  «  Sachezque 
le  royaume  de  Finance  est  gouvern6  par  30  intendants.  Vous  n'avez  ni 
parlements,  ni  6tals,  ni  gouverneurs;  ce  sont  trente  maltres  de  requites 
commis  aux  provinces,  de  qui  dependent  le  bonheup  de  ces  provinces, 
leur  abondance  ou  leur  st6rilit6  (1).  »  Nous  n'avons  pas  k  juger  ici  les 
consequences  d*un  pouvoir  si  absolu  conf6r6  k  un  horn  me  sur  un  terri- 
toire  comprenant  le  plus  souvent  en  6tendue  plusieurs  de  nos  d6par- 
tements  actueis;  u6anmoins,  pour  ^tre  complet  dans  cette  digression, 
nous  dirons  avec  un  de  ceux  qui  ont  le  mieux  6tudi6  Tancien  regime  : 
€  Les  provinces  livrdes  k  Tarbilraire  des  intendants  6taient  presque 
toujours  6puis(ies  d'hommes  et  d  argent.  La  rentrte  des  imp6ts  y  6tait 
ptJnible,  les  poursuites  fr^quentes.  Les  travaux  publics ^taientn^lig^s, 
les  moyens  de  communication  k  peu  pr^s  nuls.  La  vie  semblait  s'en 
fetre  retiree.  La  population  allait  toujours  en  d^croissant.  La  noblesse, 
tenue  k  Teoart  des  int^H^ts  de  la  province,  affluait  k  la  cour;  la  bour- 
geoisie avait  quitt^  lacampagne  pour  habiter  la  ville,  oil  elle  6tait  mieux 
d6fendue  centre  les  vexations  de  toute  nature.  Le  peuple  rest6  seul  sans 
protection,  accable  de  taxes,  souffrait  et  murmurait  >  (2). 

On  coraprend  maintenant  I'importance  que  donnait  k  une  ville  le 
si^e  du  subddegu^y  avec  les  prerogatives  exceptionnelles  attaches  k 
cette  charge,  el  les  nombreux  officiers  ou  conseillers  qui  ^taient  n^ces- 
saires  pour  lagestion  des  affaires  d^volucs  ice  magistral. 

Noqs  avons  vu  plus  baut  que  le  subdel6gu6  ^lait  assist^  d'un  pro- 
cureur,  d'un  lieutenant,  de  quatre  conseillers  ou  officiers  de  justice, 
d'un  greffier,  etc.  C'^tait  comme  un  petit  parlement. 

Tout  d'abord,  Fleurance  n'eut  qu'un  president  d'6lection,  dont  les 
attributions  ^taient  k  peu  pvhs  les  mtoes  que  celles  d'un  subd616gu6. 
Mais  son  titre  de  chef-lieu  lui  donnait  droit  au  subdeiegu^;  et  lorsque 
en  17161a  generality  d'Auch  fut  creee,  Tintendant  nomma  un  subd6- 
legue  k  Fleurance. 

Ajoutons  encore  que  Feleclion  de  Lomagne  etait  la  plus  etendue  de 
lageneralite.  Elle  comprenait  167  communautes  ou  paroisses  formant 
quatre  subdivisions  chacune  sous  la  surveillance  d'un  officier  de 
justice. 

Nous  avons  la  bonne  fortune  de  posseder  le  d^artement  des  com- 

(1)  De  Tocqueville,  L'Anclen  Regime  et  la  Rdoolution. 

(2)  A.  Chavaune,  Administration  des  prooinces  de  I'anoien  regime. 


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—  5S4  — 

munaut^  de  I'^lection  de  Lomagne.  Cette  pi^,  trouv6e  dans  les  vieux 
papiers  d'un  ancien  conseiller  de  r^Iection  (1),  offre  un  tableau  geo- 
graphique  trts  int^ressant  que  nous  plains  sous  les  yeux  du  leoteur  : 

d6partement  des  communaut^s  de  l'election  de  lomagne, 

CHEF-LIEU   FLEURANCE,    POUR  CHAQUE   OFFIC1ER 
V  2-  $•  4* 


Flenrance 

S^rignao  baronie 

Isle-Jourdain 

Auvillar 

Salnt-Lary 

Larraxet 

Leguevin 

Cast^ra-Bouzct 

R6jaamont 

Labourgade 

Pnjondran 

Bonzet 

Pauilbao 

MonUin 

L6vignac 

Mansonville 

La  Sanvetat 

Escazanx 

Bellegarde 

Peyrecave 

Le  Seinpny 

Faudonas 

Menyille 

La  Cbapelle 

Pouy-Petit 

Auterrive 

Lias 

Bordigues 

CagWra-Leotourois 

S^gnenville 

Monlerran 

Saint-Antoine 

Saint-Avit 

Cabanao 

Caraman 

Canmont 

Le  Frandat 

Lamothe-Cabanac 

Loubenz 

Pin 

Saint-Pesserre 

Gari^s 

Maurenville 

Gachanes 

Sainte-Mere 

Vigaron 

Caubiec 

Doazac 

Lasmartres 

Betb«z6 

Francarville 

Balignac 

Le  Pergain 

Brive-Castet 

Bendure 

Lagruo 

Sainte-Colombe 

Saint-Sau%'y 

Masoarville 

Arques 

Montesquieu 

Combenougd 

S6guenyille 

Saintr-Arrounecq 

Taillac 

St-Jean  de  Coqaesac 

Albtac 

Gensao 

Batx 

Lagraulet 

La  Salvetat 

Coutures 

Banlens 

Cox 

Caragoudes 

Lanmont 

Le  Saamon 

Saint-C6rd 

Saune 

Gimbrede 

Moncaat 

Puiss^gur 

Morvilles-Basses 

Moulet 

Laplume 

Mauvers 

Prunes  et  Las  Bordes 

Flamarens 

Daabdze 

Saint-Paul 

Sauxens 

Isie-Bouzon 

Aubiao 

Launac 

Lacastre 

Saint-Clar 

BlfaU 

Montagu  t 

Lasserre 

Plieux 

Estilhao 

Drudos 

M^renviUe 

Mauroux 

Roquefort 

Garac 

S6goufieIle 

Poupas 

SAgougnac 

Pelleport 

Sainie-Livrade 

Saint-L6onard 

Buscon 

Legres 

Cassemartin 

Cadeilhan 

Moirax 

Caubiao 

Clemiont 

Saint-Martin 

Nondieu 

Maubec 

CasUlhon 

Ayezan 

Layrao 

Avonsao 

Mareslan 

Gramont 

HaiU 

La  R^olle 

Ayguebere 

Estraraiac 

Cuq 

Thil 

Frdgourvielle 

Pessoulens 

Caudoooste 

Esparsac 

Louberville 

Marsac 

Doniao 

Gimat 

Castelmayran 

Miradouz 

Poumarel 

Viv^s 

Lamothe-Goas 

Danx 

Honips 

SOrignao-Bruillois 

Belleserre 

Puissentut 

Rouihao 

Glattens 

Lavit 

Terranbe 

Gonas 

Pordiac 

Castet-Arrouy 

Casteron 

Tournenoupe 

Goudonville 

Ppygaillard 
Mongaillard 

II  n*est  point  difficile  d'imaginer  racrimonie  des  plaintes  et  des  pro- 
testations que  firent  entendre  Lectoure  et  Tlsle-Jourdain.  Lcctoure, 
cependant,  n'avaitpas  droit  h  protester.  Sa  qualile  de  ville  abonnee  la 
soustrayait  k  la  juridiction  du  bureau  de  T^lection  et  la  mettait  a  Tabri 

du  contr61e  de  la  cour  des  aides  au  sujet  des  tailles,  des  gabellese 
t  t 

(2)  M.  Jun,  offlcier  de  justice,  conseiller  en  T^lection  de  Lomagne. 


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—  626  — 

autres  droits  de  subside  (1).  Aussi  ne  pouvait-elle  pritendre  en  bonne 
justice  au  titre  de  chef-lieu  d'une  Election  dont  elle  ne  partageait  aucune 
des  charges  onireuses.  Tout  au  plus  pouvait-elle  invoquer  son  titre  de 
capitale  de  la  Lomagne  et  d'autres  raisons  de  convenance  telles  que 
son  antiquity,  ses  anciens  privileges,  son  &vMiL 

Les  protestations  des  habitants  de  Tlsle-Jourdain  ^taient  mieux  fon- 
d^,  car  elles  s'^tayaient  sur  les  difficult^s  de  la  distance  qui  les  s4pa- 
rait  du  chef-lieu  de  T^lection.  La  loi  elle-m6me  leur  prfetait  son  autoriti. 
Une  ordonnance  du  mois  d*aout  1452  portait  que  les  Elections  ne 
devaient  pas  avoir  plus  de  5  &  6  lieues  d*6tendue,  afin  que  ceux  qui 
6laient  appel^  devant  les  dlus  pussent  y  comparaitre  et  retourner  chez 
eux  le  m6me  jour.  Or,  pour  faire  k  cette  6poque,  comme  aujourd'hui 
d'ailleurs,  le  voyage  de  Tlsle-Jourdain  k  Fleurance,  il  fallait  bien  plus 
d'une  journ^.Pour  calmerlesespritsetdonnersatisfactionaux  protesta- 
tions des  deux  villes  sans  r^veiller  les  susceptibilit&i  d'aucune,  on  r&olut 
de  transporter  le  bureau  de  T^lection  et  la  recette  des  tailles  dans  un  ^adroit 
plus  central,  sans  se  pr^occuper  de  Timportance  du  lieu,  et  cefut  un 
tout  petit  village,  compost  de  quelques  chaumi6res,  perdu  dans  les 
terres  des  baronnies  de  Rivifere- Verdun,  Launac,  qui  eut  Thonneur  de 
devenir  chef-lieu  d'dlection.  Un  dteret  royal  du  17  septembre  1640  y 
dtablissait  le  bureau  des  ofRciers  et  la  recette  g^n^rale  des  tailles  pour 
toute  la  Lomagne  (2). 

Comme  on  le  pense  bien,  personne  ne  fut  content,  et  les  Fleurantins 
fruslr^s  le  furent  encore  moins  que  les  autres. 

On  s'aperQut  bien  vite  qu'il  ^tait  impossible  de  trouver  dans  les 
masures  du  village  de  Launac  les  choses  iodispensables  aux  officiers 
de  r^lection  pour  Texercice  de  leurs  charges.  Comme  nous  le  verrons 
plus  has,  il  fallut  sou  vent  recourir  k  Thospitalitd  du  seigneur  du  lieu. 
Les  officiers  firent  entendre  des  reclamations.  C  est  pourquoi  un  arr^t 
de  la  cour  des  aydes  de  Cahors  du  l***  avril  1651  permettait  auxdits 
officiers  de  T^lection  de  Lomagne,  sous  le  bon  plaisir  de  Sa  Majestd, 
de  se  transporter  dans  la  ville  de  Fleurance  pour  Texercice  de  la 
justice  (3).  C'^tait  un  premier  acheminement  vers  le  r^tablissement 
du  bureau  dans  cette  ville. 

(1)  Layillede  I.ectoure,  voulant^viterles  vexations  si  fr^quentes.  sous  rancien 
regime,  pour  la  perception  des  imp6ls,  prit  la  determination  de  s*abonner  pour 
une  certaine  ouotit^.  «  1^  ville  de  Lectoure,  dit  M.  Ferd.  Cassassoles,  ^tait 
abonn^e  pour  le  20*.  Jalouse  de  ses  privileges,  elle  ne  laisse  <^chapper  aucune 
occasion  pour  faire  reconnaitre,  approuver,  ratifler  el  quelquefois  ^tendre  meme 
ses  droits.  »  Ferd.  Cassassoles,  Notlr.es  htatoriquos  sur  la  oillc  de  Lectoure. 

(2)  R^tablisseraent  dans  la  ville  de  Fleurance  du  bureau  de  T^lection.  Extrait 
du  registre  du  Conseil  d'Etat.  (Archives  de  Tauteur.) 

(4)  Id. 


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—  526  — • 

Lectoure  et  lisle* Jourdain  le  oomprirent  et  firent  entendre  de  nou- 
velles  et  bruyantes  protestations.  Quelques  meneurs  vinrent  ^  Flen- 
rance  et  essayferent  de  troubler  les  ofRciei^s  dans  leurs  fonctions.  Ceux-ci 
ayant  adress6  leurs  plaintes  au  roi,  un  arr6t  du  Conseil  fut  rendu  le 
8  aout  1652  portant  que,  «  conform^ment  k  Tordonnance  du  26  juin 
1623  et  les  lettres  patentes  confirmatives  du  8  juillet  1624,  le  bureau  de 
r^lection  et  recette  de  Lomagne  serait  dtabli  dans  la  ville  de  Fleuranoe 
pour  y  faire  les  fonctions  de  leurs  charges  avec  deffences  k  toutes  per- 
sonnes  de  les  y  troubler  k  peine  de  mille  livres  d'amende,  et  ce,  ajoutait 
le  d^cret,  nonobslant  Tarr^t  dudit  Conseil  du  17  septembre  1540  qui  a 
ordonn^  de  faire  Texercice  audit  Launac  »  (1). 

C'etait  un  nouveau  succ^s  pour  les  Fleurantins  et  un  encouragement 
pour  de  nou  velles  instances.  Aussi^  le  16  octobre  1666  la  communaut^ 
de  Fleurance  demandait-elle  au  roi,  dans  une  jurade  solennelle,  le 
r^tablissement  du  bureau  et  de  la  recette  g^n^rale  de  T^lection  de 
Lomagne. 

De  son  c6t6,  le  procureur  g^n^ral  en  la  cour  des  aides  de  Montauban 
adressait  une  requite  aux  fins  «  qu'il  soit  enjoint  auxdits  officiers  de 
Lomagne  de  s'assembler  pourchoisir  un  lieu  commode  pour  la  tenue 
de  leur  bureau  autre  que  la  maison  du  sieur  Gondrin,  prfeidenl  de 
ladite  Election,  n'y  d'aucun  autre  officier,  k  peine  de  500  livres  et  de 
cassation  de  toutes  les  procedures  »  (2). 

A  Tappui  de  cette  requite  et  sur  la  demande  du  syndic  de  la  noblesse 
du  pays  et  desofficiers  de  r^lection,  M.  Pellot,  intendant  de  Guyenne, 
rendait  une  ordonnance  en  date  du  3  dfcembre  1666  par  laquelle  «  les- 
dits  ofRciers  devaient  se  pour  voir  devant  Sa  Majesty  pour  leur  6tre 
assign^  le  lieu  pour  les  fonctions  de  leurs  charges,  et  cependant  par 
mani^re  de  provision,  qu'ils  en  feroient  Texercice  dans  la  ville  de  Fleu- 
rance en  attendant  que  Sa  Majesty  statu^t  »  (3). 

Ce  fut  le  21  mars  1667  qu'un  d^cret  royal,  fortement  motive  par  un 
arr6t  du  Conseil,  r^tablissait  dans  la  ville  de  Fleurance  le  bureau  de 
rdlection.Parmiles  consid(?!rants  invoques  danscetarr6t,le  premier  nous 
parait  devoir  ^Jre  sp^ialement  mentionn6  :  t  Le  Roy  ayant  ^16  inform^ 
que  les  ofiiciers  de  T^lection  de  Lomagne  ne  peuvent  faire  les  fonctions 
de  leurs  charges  et  rendre  la  justice  dans  le  lieu  de  Launac,  qui  n'est 
qu'un  village  k  rextr6mit6  de  Telection  et  ou  lesdits  oiRciers  n'ont  pen 
trouver  des  maisons  pour  leur  habitation,  encre  ny  papier  ni  m6me  des 

II)  Id. 
(2)  Id. 
(3;  Id. 


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—  527  — 

vivires  n*y  ayantqu'un  seui  d6s  officiers  qui  aye  maison,  et  le  reoeveur 
des  failles  de  ladite  Election  6tant  oblige  d'en  faire  la  recepte  dans  le 
chAteau  du  seigneur  du  lieu  pour  ny  avoir  aucon  endroit  dans  ledit 
village  commode  ny  propre  pour  la  surett6  des  deniers i  (1). 

«  Louis,  par  la  gr&ce  de  Dieu  roy  de  France  et  de  Navarre  aux  offi- 
ciers de  r^lection  de  Lomagne  et  commis  k  la  recepte  des  tailles  dudit 
lieu,  salut.  Par  Tarr^t  dont  Textrait  est  cy  attach^,  sous  le  contre  seel 
de  notre  chancellerie  ce  jourd'huy  donu6  k  notre  Conseil  d'Estat,  Nous 
y  estant^  nous  avous  ordonn^  que  conform^ment  k  notre  ordonnance 
du  26«  juin  1623,  letlres  patentes  du  8«  juillet  ou  suivant,  arrest  de 
notre  Conseil  et  de  notre  cour  des  aydes  de  Caors  du  !«'  avril  et  8«  aoust 
1651,  et  ordonnance  du  sieur  Pellot  du  31  dfeembre  dernier  y  men- 
tionn^es,  le  bureau  de  lad.  Election  de  la  Recette  des  tailles  aud. 
Lomagne  sera  incessament  r^tabli  en  la  ville  de  Fleurance  nonobs- 
tant  Tarrest  de  notre  dit  Conseil  du  17  septembre  1640  et  tons  autres  k 
ce  contraires  oppositions  ou  appellations  quelconques.  A  ces  causes 
nous  vous  mandons  et  enjoignons  par  ces  pr^sentes  signtes  de  notre 
main,  de  vous  y  transporter  pour  y  r&ider  et  continuer  Texercice  et 
fonclion  de  vos  cJharges.  Commandons  au  premier  notre  huissier  ou 
sergent  sur  ce  requis  de  signifier  led.  arrest  k  tons  qu'il  appartiendra  k 
ce  qu'ils  n'en  pr6tendent  cause  d'ignorance,  faire  les  deffenoes  y  conte- 
nues  sur  les  peines  y  port^s  et  tons  autres  actes  el  exploits  n^cessaires 
sans  autre  permission  pour  i'enti^re  ex^ution  d'yceluy.  Voulons 
que  foy  soit  adjoutee  k  ces  eoppies  des  pnksentes  collationn^  par  un 
de  nos  am^s  et  f&iux  Couseillers  et  secretaires  comme  aux  originaux, 
car  tel  est  notre  plaisir.  Donn6  a  Versailles  le  21®  jour  de  mars,  Tan  de 
grace  1667  et  de  notre  r^ne  le  24%  Louis,  sign6.  —  Par  led.  roy 
Philippeaux  scell6(2).  » 

En  suite  du  pr6cWent  d^ret,  une  ordonnance  de  M.  Claude  Pellot, 
seigneur  deSandarset  Port-David, intendantdelag^n^ralit^deGuyenne, 
dat6e  d'Agen  le  2  mai  de  la  ra^me  ann^e,  rendait  imm^diatement 
ex^cutoires  les  ordres  royaux  et  coraraettait  le  sieur  de  Fondelin.  pre- 
sident en  reiection  de  Condom,  pour  les  faire  enregistrer  aux  archives 
de  la  Maison  de  Ville  et  installer  les  officiers  de  Telection  dans  la  ville 
de  Fleurance  (3). 

Cette  installation  se  fit  avec  graijd  apparat,  ainsi  que  le  constate  le 
procfes-verbal  suivant : 

(1)  Idem. 
(2;  Idem. 
(3)  Idem, 


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—  528  — 

«  L'an  1667  et  le  14«  jour  du  mois  de  juin,  Nous,  Robert  de  Meiet 
de  Fondelin,  pr&ident  et  commissaire  susdit,  6tant  dans  la  maison 
commune  de  la  ville  de  Fleurance  avec  M«  Gabriel  Leb^et  Dominique 
Pouydebat  consuls  et  plusieurs  jurats,  bourgeois  et  autres  notables 
habitants  de  lad.  ville,  aprfes  que  maltre  Dominique  Dedon  notre  gref- 
fier  a  fait  lecteure  et  publication  dudit  arrest  du  Conseil,  Lettres  pat- 
tantes  et  ordonnance  dudit  seigneur  intendant,  et  que  ledit  Lebe,  pre- 
mier Consul  pour  tous  les  habitants  a  trfes  humblement  rendu  grAces 
au  roy  dudit  establissement,  et  protest^  au  nom  de  tous  les  habitants 
qu'ils  lui  seront  inoessament  tr^s  fidfeles  sujets.  Nous  president  et 
commissaire  susdits  avons  donn6  acte  de  ladite  lecture  et  publication 
dud.  arrest  du  Conseil,  Lettres  patantes  et  Ordonnance  dud.  seigneur 
intendant,  et  ordonn^  qu'ils  seront  enregistrfe.  Melet  Fondelin,  prfei- 
dent  et  commissaire,  Leb6,  consul,  Poydebat,  consul,  Arquier,  Leb6, 
Larrieu,  Brfehan,  Dupuy,  F.  Leb6,  Lormand,  Bastard,  Garac,  Nogu6s, 
syndic,  Mellin,  Nogu^s,  Dutaut,  Lauze,  Labit,  signfe.  Par  mondit 
seigneur,  Dedon,  sign6  (1).  » 

En  ce  jour,  14  juin  1667,  Fleurance  triomphait  I 

Epilogue 

L'Assemblfenationale,  par  la  loi  du  22  d6cembre  1789,  avail  partage 
la  France  en  dipartements  et  supprim6  les  anciennes  divisions  admi- 
nistratives.  G^niralitis,  Elections,  pays  d'6tats  disparaissaient  Leo- 
toure  perdait  le  titre  de  capilale  de  la  Loraagne  dont  elle  6tait  si  fifere, 
mais  devenait  cheMieu  de  district. 

LelGaoutde  Tanndesuivante,  und6cret6manant  de  la  mftmeAssem  - 
bide  dtablissait  une  organistation  nouvelle  de  la  justice  et  criaii  dans 
chaque  district  un  tribunal. 

Fleurance,  ddpossedee  de  tout  ce  qui  constituait  son  importance, 
demanda  k  TAssemblde  comme  une  juste  compensation  Tdtablissement 
dans  ses  murs  du  tribunal  du  district.  De^  petitions  furent  organises 
dans  ce  but,  la  municipality  prit  des  deliberations  analogues  et  chai^ea 
M.  Delort,  dcuyer,  professeur  de  droit  frangais  de  TUniversite  de 
Toulouse,  un  Fleurantin,  de  rddiger  un  mdmoire  fortement  motiv6 
pour  Tenvoyer  k  Tappui  des  deliberations  du  Conseil  municipal  et  des 
diverses  petitions  adressees  k  TAssembiee  nationale.  Le  mdmoire  de 
M«  Delort  fut  imprime  dans  une  petite  brochure,  aujourd'hui  introu- 
vable,  de  14  pages  petit  in-8°  (2),  qui  a  pour  titre  :  M6moire  pour  la 
commune  de  Fleurance,  Dans  une  argumentation  serrde,  congue  en 

(1)  Extrait  du  registre  du  Conseil  d'Etat.  Id.  Archives  municipales  de  Fleu- 
rance. 

(2)  Sans  nom  d'imprimeur.  Inc. :  La  oilledc  Fleurance.,.  Desin:  de  ne  laU- 
ser  aucun  regret  sur  ses  operations.  Archives  de  I'auteur. 


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—  529_— 

un  style  trfes  clair,  le  savant  auteur  du  mimoire  expose  les  droits  de 
Fleurance^  possMer  le  tribunal  et  mentionne  les  injustices  dont  cette 
ville  a  &t6  victime  par  les  fails  si  bien  pr6sent6s  par  M.  Tiemy  dans 
le  Chapitre  de  rhisioire  (Tune  rivaliU.  M«  Delort  commence  ainsi 
son  plaidoyer : 

«  La  ville  de  Fleurance,  chef -lieu  du  comtide  Gaure,quoique  assise 
sur  un  sol  aride  et  ingrat,  est  n&mmoins  par  sa  position  avantageuse, 
le  centre  d'une  6tendue  de  pays  considerable.  Nombre  de  foires  pendant 
Tannte^  deux  marches  par  semaine,  une  jurisdiction  Royale  (2),  une 
jurisdiction  des  eaux  et  for^ts,  le  sifege  du  Bureau  de  I'Election  de 
Lomagne,  une  subd^l^ation  trfes  6tendue,  deux  communaut^s  de 
Religieux  (3),  un  couvent  de  Religieuses  (4),  ou  les  jeunes  demoiselles 
viennent  de  dix  lieues  k  la  ronde  puiser  TMucation  la  plus  pure,  un 
H6pital  sagement  administr6,  une  recette  des  tailles,  enfin  un  bureau 
de  Contr6le,  et  une  recette  des  Fermes;  tels  sont  les  ^tablissements 
formes  dans  son  sein  depuis  un  temps  immemorial  et  qui  lai  ont  k\& 
accord^s  pour  la  d6dommager,  de  mani^re  k  y  trouver  sa  subsistance^ 
quelque  facilil6  de  commerce,  et  les  moyens  de  payer  les  impdts  ^nor- 
mes  dont  elle  est  surcharge.  » 

Habitue  aux  exag^rations  des  plaids,  M*  Delort  manie  avec  art 
rhyperbole.  C'en  est  fait  de  Fleurance  si  elle  nobtient  le  tribunal : 
€  Cette  subversion  terrible,  ecrit-il,  amfenera  necessairement  la  ruine 
totale  de  la  contree...  privera  le  pays  des  ressources  qui  le  vivifient  et  ne 
permettra  de  former  aucun  espoir  d'echapper  k  une  mis6ie  absolue...  > 

A  Tappui  de  sa  thfese,  Texcellent  avocat  etablit  entre  les  deux  villes 
un  paranoic  tr^  suggestif  et  fort  eloquent: 

«  L'Assembiee  nationale,  dans  ses  operations  sur  la  division  du 
royaume  et  de  ses  provinces,  a  decrete  que  la  ville  de  Lectoure  serait 
chef-lieu  de  district.  La  ville  de  Fleurance,  enti6rement  soumise  k  un 
decret  aussi  respectable,  ne  se  permettra  point  des  plaintes  sur  le  succ^ 
de  sa  rivale;  mais  elle  ose  soumettre  a  TAssembiee  un  parallfele  des 
deux  villes,  dont  le  contraste  frappant,  s'il  eut  eie  connu,  n'eut  cer- 
tainement  pas  permis  de  laisser  dans  Toubli  celle  de  Fleurance. 

€  Lectoure,  k  la  verite,  est  une  ville  episcopale,  et  renferme  dans  son 
sein  un  presidial,  mais  son  site  sur  une  montagne  trfes  eievee  et  eioignee 
des  grandes  routes,  en  rend  Tabord  trfes  difficile.  Deux  classes  distin- 
guent  ses  habitants :  beaucoup  de  nobles,  beaucoup  de  bourgeois,  peu 
d'ouvriers;  presque  tons  riches  en  biens  territoriaux.  Livres  k  un  esprit 
d'independance,  suite  naturelle  de  la  richesse,  ils  ont  souvent  secoue  le 
joug  de  I'impdt,  ou  n'en  ont  jamais  supporte  qu'une  bien  faible  partie; 

(1)  Le  dernier  titulaire  de  cette  charge  fut  M.  Soubdes,  juge  en  chef  ducomte 
de  Faure. 

(2)  Les  Augustins  et  les  Recollets. 

(3)  Les  Ursulines. 


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—  630  — 

et  quelque  tentative  qu'ils  aient  faite  pour  ^tablir  chez  eiix  un  com- 
merce, leurs  efforts  ont  toujours  6t6  vaias,  soit  par  la  difficult<^  d'y 
transporter  les  denr6es  et  marchandises,  soit  peui-dire  par  le  manque 
de  leur  caracidre  qui  n  a  jamais  pass^  pour  bien  liant, 

*  La  ville  de  Fleurance,  au  contraire,  est  situ^  sur  une  tr^s  belle 
plaine;  ses  murs  sont  baign^  par  la  rivifere  du  Gere.  D'un  cdt^,  sa^tie 
se  perd  dans  des  terres  immenses,  de  Taulre  elle  se  r^jouit  sur  1^ 
c6teaux  riants,  cultivfe  et  habitus  du  voisinage.  Huit  grandes  routes 
enti*etenues  avec  soin  y  am^nent  habituellenient  un  concours  de  monde 
et  de  denrtes.  Douze  foires  par  an  et  deux  marches  par  semaine,  en 
ont  fait  un  entrepdt  considerable  de  grains,  ou  viennent  s'approW- 
sionner  tons  ses  environs.  Trois  jurisdictions  surtout,  ainsi  que  la 
recette  des  tailles,  ont  toujours  fourni  des  moyens  de  subsistance  d  ses 
habitants  dont  /'ami^nit^  d^ailleurs  a  toujours  su  rendre  son  s4jour 
agr^able  aux  strangers,  Enfin,  sa  situation  a  paru  tellement  avan- 
tageuse  pour  tout  ce  qui  Tentoure,  que  de  tous  l^  temps,  le  bureau  de 
la  poste  aux  lettres  y  est  ^tabli... 

>  Qu'oa  juge  maintenant,  d'aprfes  ce  tableau  fiddle,  laquelle  des  deux 
villes  eut  m^rit^  la  preference  et  Teut  obtenue,  si,  lors  de  la  division, 
Fleurance  avait  eu  aupres  de  TAssemblte  quelqu'un  charg6  particu- 
liferement  de  ses  int^r^ts... 

»  Mais  respectant  le  dteret  qui  a  kik  rendu  k  son  detriment,  Fleu- 
rance sait  faire  le  sacrifice  de  ses  droits  :  heureuse  si  ce  sacrifice  peut 
devenir  pour  elle  un  titre  nouveau  et  lui  m^riter  des  droits  k  Tequit^  de 
rAssembl6e  nationale.  i 

Fleurance  abandonne  k  sa  rivale  le  chef-lieu,  mais  elle  reclame  de 
la  bonte  de  TAssemblde  le  Tribunal  de  district^  qui  compensera  la  perte 
des  trois  tribunaux  dont  elle  est  en  possession  depuis  un  temps  imme- 
morial. Les  arguments  abondent  sous  la  plume  du  savant  professeur; 
nous  les  analysons : 

1°  L'Assembiee  nationale  s'est  reserve  la  faculty  de  repartir  les  tri- 
bunaux de  la  maniere  la  plus  sage  et  la  plus  utile.  Or,  nulle  ville  du 
district  n'off re  comme  Fleurance  les  avantages  d'une  position  heureuse, 
centrale  et  commode.  Lectoure  est  certes  deji  bien  gratifiee  en  ayant 
obtenu  le  chef-lieu.  Pourquoi  lui  donnerait-on  encore  le  tribunal 
puisque  sa  situation  n'est  rien  moins  qu'avantageuse  T  on  ne  peut  y 
aborder,  elle  est  plac^e  k  la  Umite  du  d^partement,  consequenmient  du 
district  nouvellement  etabli; 

2®  La  raison  de  commune  ne  saurait  6tre  invoqu^e  pour  Lectoure : 
le  titre  de  chef-Ueu  ne  lui  donne  aucun  droit  de  pr^tendre  au  tribunal. 
Un  exemple  recent  d'exception  milite  en  favour  de  Fleurance :  la  \ille 
de  Beaumont- de-Lomagne  et  celle  de  Grenade  ont  rivalisi  pour  ^lr9 
chef-lieu  de  district.  L'Assembl^e  nationale  a  jugS  dans  sa  sagesse  de 


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—  631  — 

les  favoriser  toutes  les  deux;  elle  a  en  consequence  accord^  le  district  k 
celle  de  Grenade  et  le  tribunal  de  district  k  celle  de  Beaumont. 

M*  Deiort  pr^voit  les  objections;  il  les  ^num^re  et  les  refute  avec  talent : 
C'esten  vain  que  la  ville  de  Lectoure  voudrait  sepr^valoirde  possWer 
d^j^  un  pr^sidial  offrant  une  cour  toute  form6e,  etdeplus  les  b^tiinents 
nAcessaires  pour  le  tribunal  a  etablir. 

Le  pr^sidial  a  ^t^  supprim^  et  aujourd'ui  une  partie  de  son  ressort 
se  trouv6  enclave  dans  le  district  de  Nogaro  Au  contraire,  la  juris- 
diction royale  de  Fleumnce  s'etendait  jusqu'aux  portes  mtoe  de 
Fleurance.  II  n'est  pas  dit  dans  le  decret  que  les  juges,  avocats,  etc., 
seront  pris  dans  la  ville  m^me  oil  seront  etablis  les  tribunaux.  Les 
principes  d'^alit6  consacr6s  par  TAssembl^e  natiouale  portent  k  croire 
qu'elle  decr^lera  que  ious  les  sujets  qui  ont  des  talents  et  des  oertus 
seront  admis  a  concourir  pour  les  places  dans  les  tribunaux.  Done 
la  ville  de  Lectoure  ne  saurait  se  pr^valoir  du  fr^le  avantage  de  son 
pr^sidial  d^j^  existant. 

En  admettant  m^me  que  les  sujets  qui  doivent  composer  le  tribunal 
du  district,  dussent  6tre  pris  dans  la  ville  m6me  ou  serait  ce  tribunal, 
la  ville  de  Fleurance  ne  serait  point  embarrass6e  pour  cela :  «  Trois 
dififerentes  jurisdictions  qu'elle  r^unit,  ont  toujours  mis  cette  ville  k 
m6me  de  fournir  des  sujets  propres  k  T^tude  des  lois,  et  Ton  pent  dire 
sans  craindre  de  franchir  les  bornes  de  la  modestie,  qu'elle  en  r^unitr 
aujourd'hui  beaucoup,  qui  sont  capables  de  faire  briller  leurs  talents 
dans  cette  carri^re  honorable.  Enfin,  si  quelque  raison  imp^rieuse 
ndcessitajt  une  concurrence  entre  les  deux  villes  k  cet  6gard,  celle  de 
F^leurance,  sans  trop  se  livrer  k  Tamonr-propre,  ne  se  croirait  pas 
oblige  aux  plus  grands  eflforts,  pour  n'6tre  pas  en  reste  avec  celle  de 
Lectoure.  » 

L'objection  des  b&timents  est  r^solue.  Fleurance  venait  de  faire 
conslruire  une  irhs  belle  maison  «  compos6e  de  six  grandes  pifeces,  de 
plein  pied,  avec  les  prisons  attenantes.  » 

La  p^roraison  m^rite  d'6tre  citde,  car  elle  est  un  r^sum^  solide  de 
tout  ce  qui  pr6cMe  et  Texpression  de  toutes  les  rancunes :  t  Enfin,  la 
ville  de  Lectoure  voudrait-elle  se  pr^valoir  de  ce  que  sous  Tadminis- 
iration  minist^rielle,  Fassemblte  d'dlection  lui  fut  d^volue  ?  Dans  ce 
cas,  il  faudrait  qu'elle  pass^t  sous  silence  les  ressorts  qui  furentmis  en 
mouvement.  Mais  la  ville  de  Fleurance,  qui  a  un  int^r^t  r6el  k  faire 
connaltre  cet  acle  d'injustice,  ne  taira  pas  les  astuces  qui  Tout  produit, 
et  dont  elle  a  ^t^  la  victime.  11  est  temps  que  ces  maux  finissent. 

«  Le  Roi  ayant  jug6  k  propos  d*ordonner  des  assemblies  adminis- 
tratives,  il  ^tait  tout  naturel  de  fixer  celles  d'^lection  dans  les  chefs- 
lieux  d'61ection  m^me.  En  consequence,  Fleurance  chef-lieu  de  T^lec- 
lion  de  Lomagne,  fut  choisie  et  d&ignde  par  un  arr^t  du  conseil.  Par 


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—  632  — 

line  suite  de  rintrigue  habituelle  de  ce  que  I'on  appelait  alors  la  Fronde, 
ee  furent  eux  qui  envahirent  les  places  dominantes  dans  ces  sortes 
d'assembldes.  M.  T^v^ue  de  Lectoure  (1),  jaloux  d'y  figurer,  se  fit 
nommer  pr&ident  de  celle  de  I'election  de  Lomagne;  premifere  injus- 
tice^ puisque  Leotoure  etant  une  ville  privil^6e  pour  les  impositions 
et  totalement  ^trangfere  k  Tdlection,  son  pr61at  n  avait  nul  droit  de  pr^ 
sider  k  Fleurance.  Mais  ce  qui  paraltrait  incroyable  si  on  n'en  avait  la 
preuve,  c'est  que  ce  ni6me  prelat,  ne  voulant  pas  s'astreindre  k  se  rendre 
k  Fleurance  les  jours  d'assembl^e,  jsoar,  disait-il,  ne  point  d^placer 
sa  vaissellt,  trouve  plus  commode  de  faire  convoquer  Tassembl^e  k 
Lectoure,  et  d'assujettir  les  diff6rents  membres  k  s'y  rendre.  Riai 
n'^tait  difficile,  pas  m6me  douteux  aux  seigneurs  de  ce  temps-Ik.  En 
effet,  un  arcbev^ue  de  cruelle  m^moire  (2),  6tait  ministre  principal, 
un  archev*que  (3)  6tait president  de  TAssemblte  provinciate  k  Auch,  et 
un  6v^ue  Tetait  de  Tassembl^e  de  Telection  de  Fleurance.  Get  enchai- 
nement  de  confraternity  ne  pouvait  manquer  de  lui  assurer  le  succ^. 
II  sollicita  des  ordres,  il  les  obtint,  et  chacun  fut  forc4  d'y  souscrire  en 
silence,  tant  il  6tait  dangereux  de  braver  un  ^v6que.  Telle  est  la  mons- 
truosit6  de  cette  intrigue  sous  le  poids  de  laquelle  la  ville  de  Fleurance 
a  g6mi  et  dont  elle  ne  pense  pas  que  celle  de  Lectoure  voulut  se  faire 
un  titre. 

»  Tout  concourt  done  k  ranimer  les  esp^rances  de  la  ville  de  Fleu- 
rance et  k  determiner  TAssembl^  nationale  k  accueillir  sa  demande ! 
Son  site  central,  la  beaut6  des  grandes  routes  qui  y  conduisent,  Taf- 
fluence  habituelle  de  quarante  communaut6s  qui  Tentourent,  Tam^nit^ 
et  le  civisme  de  ses  habitants,  les  perles  immenses  qu'elle  est  sur  le 
point  d'essuyer;  enfin,  et  sur  toutes  choses,  le  droit  qu'elle  a  comme 
toutes  les  autres  villes,  de  parliciper  aux  bienfaits  de  TAssemblfe 
nationale,  dont  le  voeu  manifeste  est  de  ne  laisser  aucun  regret  sur  ses 
operations.  » 

Malgre  toute  r^loquence  de  M.  Delort  et  les  influences  qui  furent 
mises  en  jeu  par  les  Fleurantins,  le  tribunal  du  district  fut  itabli  dans 
la  ville  de  Lectoure. 

C'itait  la  revanche  du  14  juin  1667 1 

(1)  Mgr  de  Cugnac. 

(2)  Lom^nie  de  Biiennd. 

(3)  Mgr  de  La-Tour-Pupin. 


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CHRONIQUES   LANDAISES 


LA    FRONDE 


(13^8-16^3)    O 


Pr^paratifs  de  sidge.  —  Candalle  avait  promis  que  les 
secours  qu'il  devait  envoyer  seraientkMont-de-Marsan  le 
12  mai;cette  date  6tait  pass6e  etron  ne  voy  ait  encore  rien 
paraitre.  Les  royalistes  pressaient  de  plus  en  plus  le  si6ge 
de  Bordeaux  et  ne  pouvaient  gu6re  en  ce  moment  d6ta- 
cher  une  partie  des  troupes  concentr6es  devant  une  place 
si  importante.  Les  frondeurs  aux  abois  attendaient  tou- 
jours  rintervention  des  Espagnols,  leurs  alli6s,  qui,  c6dant 
k  leurs  pressantes  sollicitations,  se  dirigerent  enfln  vers 
la  fronti^re  pour  tenter  la  diversion  annonc6e  depuis  si 
longtemps.  Le  comte  de  Gramont  pr6vint  les  Bayonnais 
de  cette  decision  en  leur  demandant  de  ne  reculer  devant 
aucune  d6pense  pour  mettre  leiir  ville  en  6tat  de  defense 
(14  mai)  *.  Les  mouvements  signal6s  par  le  comte  ne  tar- 
d^rent  pas  a  s'accentuer.  Les  6chevins  de  Bayonne  firent 
savoir  k  Poyanne  qu'une  flotte  compos6e  de  huit  vais- 
seaux,  six  grandes  frigates,  cinq  autres  plus  petites  et 
dix-huit  brCilots,  6tait  rassembl6e  au  Passage,  oil  elle 
attendait  encore  un  grand  navire,  six  galores  et  quatre 
petits  vaisseaux.  Le  sieur  de  Longchamp,  lieutenant  g6n6- 
ral  de  rarm6e  des  princes,  surveillait  et  pressait  a  Saint- 
S6bastien  ces  armements  maritimes.  Le  plan  de  campa- 
gne  6tait  ainsi  arr6t6  :  pendant  que  1,200  chevaux  et 

(•)  Voir  la  livraisou  pr^c^dente,  page  485. 
(1)  Arch,  de  Bayonnei  EE.  92,  n'  87, 

Tome  XXXV.  —  D^cembre  1894.  35 


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—  534  — 

4,000  fantassins  s'avanceraient  par  terre,  cette  flotte 
devait  d6barquer  k  Arcachon  un  corps  d'arm6e  que  le 
baron  de  Wateville  avait  mission  d'introduire  k  Bor- 
deaux ^  II  importait  de  ne  pas  laisser  aux  ennemis  le 
temps  de  venir  au  secours  de  la  ville  rebelle  et  pour  cela 
de  hater  le  d6notiment  dans  nos  Landes;  et  le  17  d'Aube- 
terre  se  plaignait  h  Poyanne  que  les  troupes  esp6r6es 
depuis  si  longtemps  n'avaient  pas  encore  paru;  seul  le 
regiment  de  Roquelaure  allait  arriver  k  Bougue  le  lende- 
main*.  D'Aubeterre  continua  de  concentrer  les  soldats 
diss6min6s  sur  divers  points  de  la  Chalosse,  et  le  30  mai 
ses  cavaliers  commenc6rent  k  franchir  FAdour,  ne  lais- 
sant  at)r6s  eux  que  des  mines  k  Doazit,  Maylis  et  Saints 
Aubin.  D6s  le  lendemain,  ils  marquaient  leur  presence 
sur  la  rive  droite  en  pillant,  sur  la  lande  de  Hinx,  les 
gens  qui  se  rendaient  au  march6  de  Dax.  Rien  n'6cliap- 
pait  k  leur  rapacity,  car  a  Tune  des  victmes  ils  enlevferent 
((  son  poulain  et  les  souliers  des  pieds  et  esperons,  et  la 
bride  de  son  cheval;  tellement  qu'ils  ontvol6ce  jour  Ik 
plus  de  5000  livres*.  »  Le  manque  d'eau  et  de  fourrages 
n'avait  pas  permis  k  d'Aubeterre  de  venir  s'6tablir  k  Sou- 
prosse  (30  mai)  *.  II  se  contenta  de  placer  a  ce  poste  le 
regiment  de  Saint-Luc,  qu'il  fit  venir  de  Villeneuve  :  les 
cavaliers  partirent  de  cette  ville  le  l*"*  juin,  f6te  de  la 
Pentec6te  *,  et  le  2  les  troupes  royalistes  furent  toutes 
transport6es  au-delJt  deTAdour*.  En  attendant  qu'il  eOt 
sond6  les  gu6s  de  la  Midouze  et  reconnu  si  Pontonx  6tait 
un  endroit  commode  pour  y  sojourner,  le  commandant 
en  chef  vint  camper  dans  les  prairies  de  Pouy  et  se 
rapprocha  de  Tartas.  Pour  faire  vivre  ses  soldats,  il  leur 

(1)  Arch.  hist,  de  la  Gfxscogne,  taso.  i,  p.  145. 

(2)  Arch.  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  140. 

(3)  Laborde-P6bou6,  Relation  veritable.,.  (Arm.  des  Landes,  m.  p.  483). 

(4)  Arch.  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  167. 

(5)  Arch,  de  Villeneuve,  CC.  9,  n»  4. 

(6)  Laborbe-Pebou6,  Relation  Writable..,  (Arm...  dea  Landes,  in,  p.  481). 


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—  635  — 

permit  de  piller  les  campagnes  environnantes;  mais  il 
eut  soin  de  ne  pas  laisser  d6truire  les  moulins,  car  ils 
devaient  lui  fetre  n6cessaires  pour  le  si6ge  qu'il  allait 
entreprendre.  II  envoya  k  Dax,  pour  fortifier  la  garnison 
de  cette  place  importante,  les  trois  cents  irlandais  pass6s 
du  service  des  frondeurs  dans  les  rangs  de  leurs  adver- 
saires^ 

Tartas.  —  Tartas  autour  de  laquelle  se  groupaient  les 
forces  royales  est  une  charmante  petite  ville  que  la 
Midouze  partage  en  deux  parties.  L'une  est  situ6e  sur 
une  Eminence  qui  domine  la  rive  gauche  de  la  riviere  et 
porte  le  nom  de  ville  haute. 

[Lk  se  trouvait]  un  chasteau  qui  a  autrefois  est^  desmoly,  lequel 
commandoit  aux  deux  villes  et  dont  les  fondemens  restent  encore.  De 
Tautre  cosl6  de  la  rivifere,  ii  y  a  une  autre  ville  qu'ils  appellent  la  ville 
basse,  laquelle  est  bien  nomm^,  car  elle  est  si  basse  que  sans  les  murs 
de  la  ville,  lorsque  la  rivifere  se  d^borde,  elle  inonderoit  ladite  ville.  II 
y  avoit  de  beaux  fauxbourgs,  joignant  Tune  el  Tautre  ville.  Ceux  qui 
s'estendent  du  cost^  de  la  ville  haute ontest6  d^molis  par  Balthazar,  pour 
y  faire  des  fortifications,  ceux  qui  estoient  joignant  la  ville  basse 
restent  encore  et  n'y  a  nulle  fortification  autour  de  la  dite  ville  basse. 
Ces  deux  villes  sont  petiles  et  n'y  a  pas  plus  de  soixante  ou  quatre- 
vings  maisons  dans  Tenceinte,  mais  les  bastiniens  y  sont  beaux  et 
logeables  et  les  habitans  y  sont  accomod^s  tant  k  cauze  du  s6n6chal 
que  du  commerce.  II  y  a  trois  grosses  tours  quarries  sur  les  portes, 
dont  Tune  sert  de  cloch6,  qui  sont  belles^  mais  qui  ne  flanquent  point, 
et  les  murs  ne  sont  qu'une  simple  cloizon  sans  y  avoir  ny  flanc  ny 
courtine  et  lesdits  murs  sont  d'une  hauteur  et  largeur  fort  mMiocre  et 
le  circuit  en  est  petit  particuli^rement  de  la  muraille  ou  il  n*y  a  point 
de  maisons  qui  y  soient  attaches.  Les  fortifications  que  Balthazar  a 
faites  sont  toutes  de  terre,  hormis  de  quelque  muuaille  qu'il  avoit  faite 
autour  du  chasteau,  mais  elle  n'est  pas  encore  montte  plus  de  huit  ou 
dix  pieds  (2). 

Telle  6tait  la  place  que  d'Aubeterre  venait  attaquer, 

(1)  Arch,  nat.,  KK.  1,120,  ^  203. 

(2)  Arch.  nat. ,  R.  299,  papiers  Bouillon,  carton  27  (M6moire  du  due  de  Bouillon). 


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—  536  — 
Son  investissement  devait  cotiter  60,000  livres;  mais 
rempressement  pour  finir  cette  guerre  6tait  si  g^n^ral 
que  le  marquis  de  Poyanne  avanga  10,000  livres  pour  la 
ville  de  Dax*. 

Affaires  de  Catena.  —  Avant  d'entreprendre  ce  si6ge 
r6soludepuis  longtemps,  on  d6cida  de  s'emparer  des  petits 
postes  qui  tenaient  encore  pour  les  frondeurs,  afin  de  leur 
porter  ensuite  par  cette  capture  le  coup  qui  devait  les 
abattre.  Le  due  de  Candalle  ordonna  done  a  Poyanne  de 
fournir  a  d'Aubeterre  les  canons  n6cessaires  pour  r6duire 
Cauna  et  Saint-Justin  *  (1®^  juin).  Les  gens  de  guerre  de 
cette  ville  et  ceux  de  Roquefort  accablaient  les  popula- 
tions environnantes  de  requisitions  continuelles.  lis  mena- 
?aient  de  couper  les  bl6s  et  les  seigles  en  herbe,  si  on  ne 
leur  donnait  sans  cesse  de  nouvelles  cotisations  *  (4  juin). 
II  importait  de  venir  les  r6primer.  Un  «  grand  comman- 
dant deM.de  Candalle,  nomm6  le  Grand-Mai tre  *  »,  avait 
amen6  a  d'Aubeterre  les  secours  promis  depuis  si  long- 
temps;  1,700  de  ses  cavaliers,  qu'on  r6ussit  a  6carter  de 
Doazit  (5  juin),  dont  les  habitants  avaient  «  tout  vid6  et 
quitt6  leur  maison  de  grande  peur  qu'ils  avaient »,  passe- 
rent  une  nuit  seulement  k  Montaut;  ils  achev^rent  de 
miner  ce  village  et  les  environs*  (6  juin).  Les  paroisses 
de  la  Chalosse  furent  alors  «  mand6es  d'emmener  de 
bonnes  paires  de  boeufs  pour  aller  tirer  le  canon  qui 
6toit  parti  de  Dax,  qui  venoit  par  Goust  »  (8  juin).  II 
fallut  quatre  jours  pour  conduire  cette  artillerie  k  Saint- 
Sever,  oil  6taient  concentr6es  les  troupes  de  M.  le  Grand- 
Maitre,  de  d'Aubeterre,  de  Poyanne  et  les  Irlandais; 
elles  ne  laissaient  rien  autour  d'elles  (12  juin).  «  II  y  a 

(1)  Arch,  de  Dax,  BB.  f*  138,  v»  (Livre  des  resolutions). 

(2)  Arch.  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  148. 

(3)  Arch,  de  Saint-Justin,  fonds  Duclerc.  n"  5. 

(4)  C'^tait  le  mar^chal  de  la  Meilleraye  que  Ton  d^signait  de  la  sorte. 

(5)  Laborde-Peboud,  Relation  oMtable..,  {Arm,  dea  Landes,  m,  p.  483). 


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—  537  — 

environ  dix  mille  hommes  qui  ruinent  tout  le  pays.  A  une 
lieue  de  chemin  d'oil  le  canon  passe,  n'y  demeure  rien 
de  bon  S  »  Le  maire  de  Saint-Sever,  Jean  de  Laborde, 
rann6e  pr6c6dente  avait  montr6  son  z61e  pour  la  cause 
royale  en  relevant  dans  cette  ville  les  murailles  qui  torn- 
baient  en  mines.  II  suivit  le  corps  exp6ditionnaire  en 
qualit6  de  commissaire  de  Tartillerie,  lorsqu'au  point  du 
jour  rarm6e  se  mit  en  marche  vers  Cauna*  (13  juin). 
Parvenu  k  port6e  de  canon,  d'Aubeterre  fit  sommer  la 
place  de  se  rendre  et  fut  bien  surpris  d'apprendre  que 
toutes  les  portes  6taient  ouvertes.  A  Tapproche  de  leurs 
adversaires,  les  soldats  de  Balthazar  avaient  regagn6 
Tartas,  oil  les  habitants  de  Cauna  avaient  aussi  cherch6 
un  refuge.  Eraste  de  Camon  Talence  fut  charg6  degarder 
le  chateau  enlev6  aux  frondeurs,  tandis  que  Tarm^e  se 
dirigeait  vers  Villeneuve,  pour  se  porter  ensuite  centre 
Saint-Justin.  Les  gens  de  Balthazar  6taient  aux  aguets 
etsit6tque  ces  troupes  eurent  disparu,  Lartot  deBascons, 
Tun  des  lieutenants  du  colonel,  revenant  avec  des  forces 
imposantes,  reprit  la  place  perdue  depuis  quelques  heures 
et  s'y  6tablit  avec  une  forte  garnison  :  Camon  vint 
rejoindre  d'Aubeterre  entre  Villeneuve  et  Saint-Justin 
(13  juin). 

Prise  de  Saitit-Justin,  —  Le  succfes  6ph6m6re  des 
royalistes  a  Cauna  avait  6t6  largement  compens6  par  les 
6checs  qui  leur  furent  inflig6s  le  m6me  jour.  Au  moment 
oil  rarm6e  sortait  de  Saint-Sever,  quelques  capitaines 
6tant  rest6s  en  arri6re,  furent  surpris  par  les  frondeurs 
qui  les  emmenferent  prisonniers  a  Tartas.  Les  cavaliers 
de  Balthazar  se  rendirent  d'Onard  au  port  de  Pontonx. 
lis  brtilerent  deux  chaloupes  sur  le  bord  de  la  rivifere, 

(1)  Idem. 

(2)  Armorial  dee  Landes,  u,  p.  211. 


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—  588  — 

s'empar^pent  du  vin  que  Ton  voulait  embarquer  etobligS- 
rent  les  bouviers  a  traverser  TAdour  a  la  nage,  avec  les 
boeufs  qu'ils  conduisaient.  Quelques-uns  se  noySrent  et  le 
reste  fut  retenu  k  Tartas  (13  juin)  ^  La  prise  de  Saint- 
Justin  devait  faire  oublier  ces  incidents  d6favorables.  Le 
sieur  de  Labadie,  capitaine  au  r6giment  de  Marsin,  com- 
mandait  cette  place.  Gabriel  de  Brocas,  seigneur  de 
Tampoy,  dont  on  a  vu  plus  haut  le  d6vouement  a  la 
cause  royale,  entra  en  n6gociations  avec  lui  et  Tamena 
bientdt  a  capituler.  Comme  d'Aubeterre  arrivait  k  Ville- 
neuve,  on  lui  apporta  done  les  clefs  de  Saint-Justin.  «  La 
place  fut  remise  sous  Tobeissance  du  Roy  et  randue  aud. 
s^  chevallier  Daubeterre  le  quinze  juin  de  ladite  ann6e 
cinquante  trois  et  la  compagnie  dudit  sieur  Labadie,  aussi 
ses  officiers,  feust  mize  dans  les  trouppes  du  roy  oil  elle 
servit  jusques  a  ce  que  la  paix  feust  faicte*.  »  D'Aube- 
terre  pla§a  aussit6t  k  Saint-Justin  une  garnison  sur  la 
fld61it6  de  laquelle  il  pouvait  pleinement  compter,  mais 
qui  ne  devait  pas  garder  longtemps  ce  poste  (15  juin). 

Combat  du  Greil.  —  Une  ville  bien  plus  considerable 
fut  sur  le  point  de  tomber  entre  les  mains  des  frondeurs. 
Le  r6giment  de  Saint-Mesmes,  en  garnison  a  Saint- 
Sever,  6tait  ((  au  coupe  gorge  »  avec  les  habitants  (31 
mai)  ^  Le  chevalier  d'Aubeterre,  qui  les  avait  «  accom- 
mod6s  pour  quatre  jours,  »  6tait  venu  le  V^  juin  essayer 
de  r6tablir  enfin  la  bonne  entente,  mais  tous  ses  efforts 
avaient  6t6  inutiles.  Le  regiment  reparut  devant  la  cit6, 
se  logea  dans  le  faubourg  «  et  demandoit  au  si6ge  de 
Saint-Sever  20,000  livres  avant  de  partir  dudit  Saint- 
Sever*.  ))  L'occasion  6tait  trop  belle  pour  lalaisser  passer 

(1)  Laborde  P^bou^,  Relation  o4r liable, ..(Arm.  des  LandeSy  m,  p.  484.) 

(2)  Arch,  de  Saint-Justin,  fonds  Duclerc,  n"  12.  (Enqu^le  faite  le  9  Janvier 
1644  par  TEglize  proc.  M.  le  juge  absent,  dans  le  lieu  du  Freixo.) 

(3)  Arch.  hist,  de  la  Gascogae^  fasc.  i,  p.  148. 

(4)  Laborde-P6bou6,  ut  supra. 


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~  689  — 

sans  tftcher  d'en  tirer  parti.  A  la  laveur  de  ces  discordes, 
Lartot,  sorti  de  Cauna,  voulut  essayer  de  s'emparer  d'une 
place  si  importante;  mais  il  fut  repouss6  et  fut  m6me 
•bless6  au  bord  de  TAdour^  (16  juin).  Toutefois  r6veil 
6tait  donn6;  aussi  a  Balthazar  en  personne  se  leva  de 
grand  matin  et  passa  T Adour  a  Toulouzette  et  arriva  deux 
heures  avant  le  jour  k  Saint-Sever  et  attaqua  ledit  regi- 
ment de  Saint-Mesmes  *  ».  II  lui  tua  trente  hommes  et 
lui  fit  cinquante  prisonniers  qu'il  se  disposa  k  conduire  k 
Tartas.  On  ne  lui  en  laissa  point  le  loisir;  car  avertis  de 
8onapproche,Jes  habitants  de  Saint-Sever,  oubliant  leurs 
ressentiments,  avaient  en  toute  h^te  envoy6  pr6venir 
d'Aubeterre,  qui  se  trouvait  avec  ses  gens  A  Saint-Justin 
et  k  Villeneuve.  Apprenant  que  Balthazar  passait  T Adour, 
il  ordonna  k  ses  troupes  de  le  suivre  et  prit  le  devant  avec 
cinq  cents  cavaliers  d'61ite.  Parvenu  k  Saint-Sever,  il 
fut  ((  doulent  »  d'apprendre  que  son  adversaire  venait 
d'en  repartir.  Sans  donner  Jt  ses  soldats  le  moindre  repos, 
il  se  lan^a  k  la  poursuite  des  frondeurs  et  les  rejoignit  au 
Greil.  En  le  voyant  venir,  Balthazar,  qui  ne  se  sentait 
pas  assez  fort  pour  lui  r6sister,  pritlafuite  avec  cinquante 
cavaliers;  le  chevalier  d'Aubeterre  tomba  sur  le  gros  de 
ses  soldats  qui,  priv6s  de  leur  chef,  ne  devaient  pas 
opposer  une  longue  resistance.  Les  prisonniers  quils  ame- 
naient  de  Saint-Sever  se  mirent  avec  ses  gens  pour 
achever  la  d6faite  des  vainqueurs  du  matin.  Ceux-ci 
eurent  environ  cinquante  morts  et  de  plus  laiss6rent 
cinquante-trois  prisonniers  entre  les  mains  des  royalistes. 
(17  juin.) 

Ruihe  de  Saint-Justin.  —  Cette  guerre  n'6tait  ainsi 
qu'une  suite  de  surprises  et  de  hardis  coups  de  main.  A 
la  nouvelle  que  Saint-Justin  lui  avait  6t6  enlev6,  Bal- 

(1)  Laborde-Pebou6,  Relation  cdritable...  (Arm.  des  Landes,  lu,  p.  484.) 

(2)  Laborde-P6bou6,  Relation  o^ritablc,.,  (Arm.  des  Landes,  iii,  p.  485.) 


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—  640  — 

thazar  avait  donn6  ordre  k  Henri  de  Prugues,  gouver- 
neur  de  Roquefort,  de  reprendre  cette  place  (15  juin).  Le 
commandement  du  chef  fut  ex6cut6  sans  retard,  et  avant 
quarante-huit  heures  cette  petite  ville  6tait  replac6e  sous 
son  ob6issance.  Le  chevalier  d'Aubeterre,  «  ayant  appris 
qu'on  Tattaquoit,  y  accourut  avec  six  escadrons;  etquand 
il  fut  au  Mont-de-Marsan  on  lui  annon?a  la  prised  »  La 
garnison,  sur  laquelle  il  croyait  pouvoir  compter,  ne  put 
r6sister  h  Tassaut  des  frondeurs;  elle  a  auroit  6t6  forc6e 
par  les  troupes  de  mons.  le  prince  de  Cond6  qui  auroient 
ravag6  toutes  leurs  campagnes,  briil6  partie  des  maisons 
de  ladite  ville  a  tel  point  qu'ils  Font  rendue  inhabitable 
et  aprfes  se  retirferent*  »  (17  juin).  Le  proc6s-verbal  des 
commissaires-enquMeurs  envoy6s  Tannic  suivante  pour 
constater  les  d6gats  nous  permet  de  mesurer  T^tendue 
du  d6sastre.  lis  trouv6rent  la  ville  «  quasi  d6serte  et 
inhabitable,  » 

Et  avons  remarqu^  le  chasteau  et  toutes  les  maysons  de  ladile  ville 
ont  6l6  rompues  et  deslabr^es  par  lesdits  gens  de  guerre,  k  tel  point  qu'il 
est  impossible  d'y  habiter,  k  la  reserve  toutesfois  de  celles  du  sieur  de 
Commedema,  de  la  demoiselle  du  Faure,  maistre  Jean  Cauchen,  chi- 
rurgien,  Jacob  Soubab^re  maistre  chiiurgien  et  Hellie  Badiolle  et  de 
la  damoyselle  Darroya,  lesquelles  nous  avons  trouv^  en  assez  bon 
eslat. 

Le  faubourg  n'avait  pas  6t6  plus  6pargn6  que  Tenceinte 
fortifi6e. 

Les  maysonnettes  qui  estoient  dans  Textr^mite  dudit  faux-bourgont 
6t6  aussi  antierement  demoulies  au  lyeu  que  avant  lesdicts  troubles  la 
dicte  ville  estoit  fort  publteet  lesd.  maysons  d'ieellefort  belles  et  en  bon 
estat,  comme  nous  avions  remarqu^  souventes  fois  que  nous  etions 
passes  dans  icelle  (3). 

Ainsi  la  mine  6tait  complete;  gr^ce  k  de  hauts  patro- 

(1)  Balthazar,  Hist,  de  la  guorro  de  Guyenne,  p.  117. 

(2)  Arch,  des  Lancles,  H.  33.  (Enquete  du  8  juin  1654.) 

(3)  Les  t^moius  cites  eii  cette  occasion  furcnt  Jean- Louis  de^lalartic,  sieur  de 
Larroque,  Jean  Vigneau,  pretre  et  cure  de  Labastide,  Bernard  Lauhodes,  Saiut- 
Marc. 


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—  541  — 
nages,  quelques  bourgeois  obtinrent  plus  tard  une  com- 
pensation de  pertes  6prouv6es;  Jean  de  Lafargue,  seigneur 
de  Saint-Gein,  se  plaignit  (4  mars  1656)  que  sa  maison 
avait  6t6  pill6e  et  demanda  k  reprendre  ses  biens  chez 
ceux  qui  s'en  6taient  empar6s  * ;  mais  la  ville  ne  devait 
pas  recouvrer  son  ancienne  prosp6rit6. 

Sidge  de  Cauna.  —  Pendant  que  Saint-Justin  6tait 
ainsi  d^truit,  d'Aubeterre  entreprenaitlesifegede  Cauna. 
Depuis  la  blessure  re^ue  par  Lartot,  le  commandement  de 
ce  poste  avait  6t6  confi6  a  Lacroix.  Avec  cechef  intr6pide, 
Balthazar  avait  mis  dans  cette  petite  place  une  vingtaine 
de  fusiliers  irlandais.  Une  par  tie  de  Tarm^e  royale, 
6valu6e  k  10,000  hommes,  6tait  arriv6e  k  Saint-Sever 
(18  juin)  et  fut  prfete  a  marcher  avec  le  canon  centre  ce 
fort  depuis  si  longtemps  au  pouvoir  desfrondeurs  (19  juin). 
On  le  bombarda  pendant  deux  jours  (21-22  juin)  sans 
autre  r6sultat  que  de  briser  les  portes  du  chateau  et 
d'abattre  le  haut  des  tourelles.  La  tour  ne  souffrit  aucun 
mal.  On  attendait  la  venue  des  derniers  renforts  qui  ne 
pouvaient  tarder  a  paraitre.  Les  jurats  de  Villeneuve 
pr6vinrent  en  effet  ceux  de  Mont-de-Marsan  que  les  trou- 
pes royales  qui  se  trouvaient  chez  eux  se  mettaient  en 
route*  (23  juin).  Leur  arriv6e  jeta  le  d6sarroi  parmi  les 
assi6g6s  et  au  moment  oil  les  gens  de  Poyanne  allaient 
tenter  Tassaut,  Lacroix  fut  livr6  par  ses  propres  soldats, 
qui  ouvrirent  les  portes  aux  royalistes  (24  juin).  La  cap- 
ture 6tait  bonne,  car  avec  le  chateau  d'Aubeterre  vit 
tomber  en  son  pouvoir  les  provisions  nombreuses  que 
les  frondeurs  avaient  entass6es  dans  ce  repaire.  Tandis 
que  ces  6v6nements  se  passaient  aux  portes  de  Saint- 
Sever,  Balthazar,  qui  6tait  all6  arr^ter  et  piller  les  gens 
qui  se  rendaient  au  march6  de  Dax  (21  juin),  envoya 

(1)  Arch,  de  Saint-Justin,  fonds  Duclerc,  u?  17. 

(2)  Arch,  de  Villeneuve,  CO.  9,  n"  4. 


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—  542  — 

encore  ses  cavaliers  au-(Jeli  de  TAdour.  lis  parurent  done 
une  fois  de  plus  k  Mugron,  k  Montaut,  puis  ils  se  rabat- 
tirent  vers  Lahosse,  ravageant  tout  sur  leur  passage  et 
faisant  de  nombreux  prisonniers  qu'ils  «  menferent  k 
Tartas  avant  que  les  gens  de  M.  d'Aubeterre  le  puissent 
savoir".  »  (25  juin).  Malgr6  ces  heureuses  excursions,  les 
affaires  des  frondeurs  ne  se  r6tablissaient  pas  et  les  d6fec- 
tions  commen§aient  k  se  produire.  Lartot,  qui  s'6tait 
distingu6  dans  cette  guerre  des  razzias,  sortit  de  Tartas 
et  vint  k  Saint-Sever  mfeme  faire  sa  soumission  entre  les 
mains  ded'Aubeterreet  demandant  a  de  le  bouloir  sauber 
la  bie  »  : 

Ledit  d'Aubeterre  lui  a  sauW  la  vie,  avec  promesse  de  ne  porter 
jamais  les  armes,  sinon  au  service  du  roi.  Ledit  Lartot  est  demeur^ 
quelques  jours  dans  le  comban  des  p^res  capucins  et  puis  s'est  ietir6; 
je  ne  sais  ou  il  est  all^,  mais  il  me  semble  qu'il  lui  falloit  faire  reodre 
compte  des  grands  maux  et  bouleries  qu'il  a  fait  et  fait  faire  au  si^e  de 
Saint-Sever,  caril  est  la  cause  que  plusieurs  personnes  sont  mortes,  et 
m6me  crains  qu'il  soit  aussi  la  cause  de  la  perte  de  plusieurs  ^mes  et  a 
caus^  la  ruine  de  plusieurs.  maisons  :  il  est  fils  de  Bascons  (2).  (27 
juin.") 

Sidge  de  Tartas.  —  Les  troupes  royales  se  portferent 
toutes  aux  environs  de  Tartas  et  y  «  ont  fait  de  grands 
ravages,  jusques  k  mettre  le  feu  aux  m6des  (meules)  et 
prins  le  b6tail  et  ce  quils  ont  troub6  de  bon '.  »  Le  quar- 
tier  g6n6ral  fut  6tabli  k  Pontonx.  Comme  Balthazar  se 
trouvait  d6ja  fort  afifaibli*,  Poyanne  et  d'Aubeterre 
demand^rent  k  Candalle  de  vouloir  Men  soulager  le  pays 
en  le  d61ivrant  d'une  partie  des  gens  de  guerre,  dont  Fen- 
tretien  achevait  de  miner  les  populations'.  En  voyant 
ses  adversaires  prendre  leurs   dispositions  pour  com- 

(1)  Laborde-P6bou6,  Rotation  o^ritable,,.  (Arm.  des  Landes,  in,  p.  4S6.) 

(2)  Laborde-P6bou6,  Relation  (Writable.,.  (Arm.  des  Landes,  in,  p.  486.) 

(3)  Laborde-P6bou^,  ibid.,  p.  487. 

(4>  Eu  fait  de  places  de  guerre  il  n'avait  plus  que  Koquefort  et  Tartas. 
(5)  Bibl.  nat.^  fonOs  ir.,  uol.  30429,^  201. 


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-  543  — 

mencer  le  si6ge,  Balthazar  se  pr6parait  aussi  &  une  de- 
fense des  plus  6nergiques.  II  pr6vint  d'abord  ses  allies  de 
la  situation  critique  dans  laquelle  il  allait  se  trouver  et 
manda  aux  espagnols  que  «  si  on  ne  luy  donnoit  secours 
dans  trois  semaines  et  huit  jours  il  prendroit  son  parti 
comme  il  adviseroit  bon  estre*.  »  Sans  compter  absolu- 
ment  sur  cette  intervention,  il  n'oubliait  rien  pour  faire 
face  k  ses  ennemis.  Le  chevalier  d'Aubeterre  n'avait  pas 
assez  de  troupes  pour  garder  les  deux  rives  de  la  Midouze 
et  empficher  les  excursions  journali^res  des  f rondeurs  qui 
vinrent  Tattaquer  dans  ses  propres  quartiers.  Cette  sortie 
ne  futpas  heureuse  poureux;  a  k  la  fin,  M.  d'Aubeterre 
en  eut  du  bon,  car  il  fit  bonnombredeprisonnierskceux 
de  Balthazar,  et  ledit  Balthazar  fut  bless6  k  la  couisse*  » 
(2  juillet).  Mais  il  6tait  de  ces  hommes  que  les  6checs  ne 
d6couragent  pas;  ses  cavaliers  ravag6rent  et  pill6rent  les 
m6tairies  de  M.  de  Poyanne  (5  juillet),  et  traversant 
TAdour,  pouss^rent  jusqu'aux  faubourgs  de  Saint-Sever, 
oil  ils  firent  de  nombreux  prisonniers  (8  juillet).  N'osant 
tenter  Tassaut  de  Tartas,  d'Aubeterre  s'6tait  fortifi6  k 
Pontonx  et  Poyanne  6tait  venu  Ty  rejoindre.  Pour  ne 
marcher  qu'^  coup  stir,  les  deux  lieutenants  de  Candalle 
demand^rent  a  leurs  chefs  un  renfort  d'infanterie,  qui  fut 
longtemps  a  venir,  et « ils  se  morf ondaient  a  Pontonx  sans 
y  faire  autre  chose*.  »  Plus  heureux,  le  due  de  Candalle, 
avec  le  concours  de  Venddme,  avait  d6j^  remport6  des 
succ6s  importants.  II  venait  de  s'emparer  de  Bourg  et 
d'enfermer  dans  Bordeaux  lecapitaine  Marsin,  qui  appela 
Balthazar  k  son  secours.  Celui-ci  sortit  de  Tartas  a  la 
t6te  de  cent  cinquante  cavaliers,  comme  pour  une  de  ses 
courtes   expeditions,  etse  lan§a  hardiment  a  travers 


(1)  Bibl.  nat.,  fonds  fr.,  vol.  20479,  P  313. 

(2)  Laborde-P^bou6,  ut  suprd,  p.  487. 

(3)  Balthazar,  fjist,  de  la  guerre  de  Guyenne,  p.  122. 


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—  544  — 

la  Lande  (13  juillet).  Averti  de  son  approche,  Candalle 
essaya  vainement  de  lui  barrer  le  passage  avec  quatre 
cents  chevaux;  malgr^tous  ses  efforts,  Balthazar  entrait 
dans  Bordeaux,  en  plein  midi.  D'Aubeterre  crut  le  noioment 
favorable  pour  attaquer  Tartas  k  la  t6te  de  toutes  ses 
troupes.  La  garnison  sortit  k  sa  rencontre  a  et  y  en 
mourut  plusieurs  d'une  part  et  d'autre  et  demeur6rent 
toujours  dans  leslandes  et  ruin6rent  enti6rement  lepays  K  » 
Repousses  avec  de  grandes  pertes,  les  royalistes  rega- 
gn6rent  Pontonx.  Alors,  pour  plaire  a  Candalle  qui  d6si- 
rait  que  Poyanne  eixt  sa  part  de  commandement, 
d'Aubeterre  consentit  a  partager  avec  son  lieutenant  la 
responsabilit6  du  si6ge;  mais  avant  de  tenter  un  nouvel 
assaut,  il  r6solut  d'attendre  les  renforts  qu'il  avait 
plusieurs  fois  r6clam6s  sans  jamais  les  voir  venir  (23 
juillet). 

Rcwages  de  guerre,  —  Son  attente  devait  6tre  inutile, 
car  les  frondeurs  serr6s  de  prfes  6taient  d6ja  entr6s  en 
n6gociation  dt  le  baron  de  Batz,  mar6chal  de  camp  de 
rarm6e  des  Princes,  avait  6t6  envoy6  k  Candalle  pour 
traiter  de  la  reddition  de  Bordeaux*  (23  juillet).  Tandis 
qu'on  d^battait  les  conditions  de  la  paix,  les  soidats 
royalistes  achevaient  de  miner  la  Chalosse.  Une  compa- 
gnie  de  «  cabaliers  qui  sont  a  M.  de  Poyanne  »,  vint  a 
Montaut,  se  barricada  dans  T^glise  de  Brocas  et  de  la 
promena  chaque  jour  la  d6vastation  sur  les  contr6es 
environnantes  (25  juillet). 

Les  gens  de  guerre  et  bouleurs  pi-ennent  tout  ce  qu'ils  troubent;  il 
n'y  a  point  de  justice,  ils  out  mang6  la  plupart.de  Wt ail.  La  lerre 
demeurant  sans  labourer  font  que  le  pauvre  monde  |)erisscni.  Ces 
gens  onl  ainsi  mange  les  moutons  et  agneaux  et  chapons  et  poules, 
tenement  qu'il  ne  s'y  trouberien  pour  les  pauvres  malades  (3). 

(1)  Laborde-P(5bou<5,  Relation  o4rUablo...  (Arm.  des  Landes,  p.  488.) 

(2)  Arch,  nat.,  1220,  f*  346. 

(3)  Laborde-P^bou^,  ut  supra. 


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—  545  — 

Alors  fut  br<116e  la  maison  de  Lestage  a  Larbey  et  le 
spectacle  de  desolation  qui  se  d6roulait  sous  ses  yeux 
arrachait  au  naif  chroniqueur  de  Doazit  cette  touchante 
supplication : 

Le  monde  est  perdu  et  \outk  fait  ruini  sans  esp^rance,  sinon  celle 
du  bon  Dieu  auquel  nous  faut  avoir  recours.  0  bon  Dieu !  je  sais  bien 
que  bous  .^tes  tout-puissant  et  que  rien  ne  bous  est  impossible;  et  c'est 
pdurquoi  je  m'adresse  k  bous  pour  bous  prier  trfes  hurablement^  mon 
bon  Dieu,  qu'il  bous  plaise  avoir  piti^  de  boustre  paubrepuble,  etqu'il 
vous  plaise  de  bos  gr^es  nous  envoyer  la  paix  en  France,  et  principa- 
lementez  pauvres  pays  de  Cbalosse  (1). 

On  apprit  enfln  que  «  la  ville  de  Bourdeaux  s'est 
rendue  k  Tobeissance  du  roy  et  que  M.  de  Candalle  y 
6tait  dedans,  ce  qui  est  une  bonne  nouvelle  »  (26  juillet). 
Balthazar  qui  avait  lui-m6me  opin6  pour  la  soumission, 
eut  soin  de  se  faire  comprendre  dans  cette  capitulation 
(27  juillet)*.  La  convention  fut  sign6e  parGuiron,  6v6que 
de  Tulle  (30  juillet),  qui  mandait  a  Mazarin :  «  Nous 
esp6rons  bientost  estre  maistres  de  Tartas  et  Roquefort 
par  le  trait6  qu'il  (Candalle)  a  fait  avec  Balthazar*.  » 
L'aventurier  arrivait  en  effet  k  Tartas  dans  les  demiers 
jours  de  juillet;  il  confirmait «  que  ledit  Bourdeaux  s'6toit 
rendu  et  que  la  bille  de  Tartas  6toit  aussi  comprinse 
dedans  le  trait6  dudit  Bourdeaux*.  »  Cette  nouvelle 
n'arrfeta  pas  les  d6pr6dations  des  gens  de  guerre.  Les 
cavaliers  de  d'Aubeterre  continuaient  de  ravager  la 
Landeet  le  Maransin.  lis  s'avanc6rent  ensuite  k  travers 
la  Marenne,  le  pays  de  Gosse  et  le  'pays  d'Horte,  entre 
Daxet  Bayonne,  et  flrent  invasion  sur  les  terres  de  M.  de 
Gramont,  vers  Guiche  et  Bidache.  Mais  les  paysans  de 
ces  contr6es  qui,  lors  de  la  conqu^te  fran?aise  (1442), 

(1)  Laborde-P^bou^,  Relation  oMtable.,.  (Arm.  des  Landea,  ui,p.  488-489). 

(2)  Arch,  nat.,  KK.  1220,  f  354. 

(3)  Arch,  nat.,  KK.  1320,  f  386. 

(4)  Laborde-P6bou6,  Relatioa  cMtable,,.  {Arm,  des  Landes,  m,  p.  489.) 


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—  646  — 

avaient  rainen6  jusque  sous  les  murs  de  Dax  les  routiers 
de  Charles  Vll  S  ne  se  montrferent  pas  plus  endurants  en 
cette  circonstance.  lis  se  lev^rent  en  masse,  attaquerent 
hardiment  les  cavaliers  et  en  tu^rent  un  bon  nombre. 

Contributions  de  giierre.  —  Balthazar  avait  promis  de 
livrer  aux  armies  royales,  moyennant  le  commandement 
d'un  corps  de  troupes  et  une  forte  remuneration,  les  deux 
places  dont  il  6tait  encore  maitre  dans  les  Landes.  Le 
marquis  de  Saint-Germain  d'Apchon  fut  charg6  par 
Candalle  de  recevoir  cette  soumission.  On  se  pr6occupait 
avant  tout  de  d6barrasser  le  pays  des  gens  de  guerre  dont 
la  presence  6tait  si  on6reuse.  M.  de  Bagy  avait  d6ja 
conseilie  h  Mazarin  d'envoyer  du  c6t6  de  Fontarabie  ou 
en  Navarre  les  huit  mille  hommes  de  pied  et  les  deux 
mille  cinq  cents  chevaux  que  Candalle  avait  sous  ses 
ordres  et  que  la  paix  de  Bordeaux  laissait  maintenant 
sans  emploi*  (1*^  aotit).  On  d6cida  que  ces  troupes  avec 
celles  de  Poyanne  et  de  Balthazar  iraient  en  Catalogne, 
tandis  que  celles  de  d'Aubeterre  seraient  dirig^es  sur  la 
Flandre.  Mais  si  les  royalistes  6taient  prfets  k  ob6ir  aux 
ordres  qu'ils  avaient  regus,  le  chef  des  frondeurs  ne  se 
montrait  pas  d'humeur  k  s'61oigner  avant  d'avoir  touche 
Targent  qui  lui  revenait.  II  en  coAta  done  encore  aux 
landais  quarante  mille  ecus  pour  se  debarrasser  des  sol- 
dats  qui  les  epuisaient  depuis  si  longtemps;  et  sur  cette 
somme  Candalle  avait  promis  k  Balthazar  soixante  mille 
livres,  qui  devaient  etre  levees  sur  les  quatre  sieges  de 
Mont-de-Marsan,  Saint-Sever,  Dax  et  Tartas*.  Les 
paroisses  de  cette  derniere  senechaussee,  si  rudement 
eprouvees  pendant  Tinvestissement  de  la  place,  avaient 

(1)  Berry,  Chron,  de  Charles  Vll,  p.  420  (6d.  Godefroy). 

(2)  Arch,  nat.,  KK.  1220,  ^  392. 

(3)  Arch,  des  Uuides,  H.  33.  —  Arch,  de  Dax,  BB.  8,  !•  138  v«.  —Arch,  de 
Tartas,  BB.  2,  ^  108. 

(4)  Ak^.  des  Landes,  H.  35. 


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—  547  — 

esp6r6  6tre  Iib6r6es  de  cette  nouvelle  contribution;  mais 
elles  se  virent  condamn6es  k  payer  leur  quote-part.  II 
s'agissait  avant  tout  de  r6unir  la  ran§on  demand6e;  car 
«  M.  d'Aubeterre  et  ledit  Balthazar  sont  demeur6s  avec 
une  partie  de  leurs  gens  pour  prendre  ladite  somme  de 
quarante  mille  6cus,  c'est  qui  est  cause  que  le  public  est 
f atigu6  pour  truber  cette  somme  et  ne  bulent  pas  partir 
qulls  n'ayent  ladite  partie*.  » 

Depart  de  Balthazar.  —  Au  lendemain  de  la  signature 
du  trait6  de  Bordeaux,  Roquefort,  qui  jusqu'^  la  dernifere 
heure  avait  persists  dans  sa  rebellion,  envoyait  une  depu- 
tation k  Candalle  pour  invoquer  sa  protection  et  obtenir 
Tamnistie  (2  aoM)  *.  Sur  les  conseils  de  Henri  de  Prugues 
qui  commandait  la  garnison,  cette  ville  exp6dia  mille 
livres  k  Tartas  pour  6tre  donn6es  en  k-compte  k  Balthazar 
(6  aoAt).  C'est  le  6  aoAt  que,  dans  T^glise  de  SainWac- 
ques,  Tartas  fut  solennellement  remis  entre  les  mains  des 
royalistes',  et  le  lendemain  les  frondeurs,  ayant  a  leur 
t6te  Balthazar,  ouvrirent  les  portes  de  Roquefort,  mais 
sans  consentir  encore  k  s'61oigner.  En  attendant  que  la 
contribution  de  guerre  ttd  pay6e,  Candalle  avait  ordonn6 
k  d'Aubeterre  de  retirer  ses  soldats  de  ce  quartier  pour 
n'y  laisser  que  ceux  de  Balthazar;  et  Poyanne  fit  imm6- 
diatement  observer  combien  il  serait  fftcheux  qu'un 
6tranger  restftt  seul  «  avec  des  troupes  dans  une  ville 
fortifl6e  sans  qu'il  y  aye  rien  qui  s'oppose^  ses  desseins*.  » 
On  suspendit  done  le  depart  des  soldats  royalistes,  car 
on  6prouvait  de  s6rieusesdifflcult6s  pour  trouver  la  somme 
r6clam6e.  Les  d6put6s  des  quatre  sieges,  r6unis  k  Hinx 
pour  faire  la  repartition  entre  les  diverses  communaut6s, 
n'arrivaient  pas  k  s'entendre.  Mont-de-Marsan,  dont  la 

(1)  Laborde-P^bou^,  Relation  o4ritable,.,  (Arm.  dea  Landes,  ui,  p.  489.) 

(2)  Arcb.  de  Roquefort,  BB.  1,  n«  4. 

(3)  Arcb.  de  Tartas,  BB.  3.  ^  108,  r». 

(4)  Arcb.  nat.,  fonds  fr.,  toL  30429,  ^  345. 


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_  548  — 

cotisation  avait  6t6  d'abord  flx6e  k  sept  mille  livres,  dut 
en  fournir  quinze  mille  et,  non  plus  que  les  autres  villes, 
apr6s  tant  d'exactions,  elle  ne  fut  pas  a  m6me  de  payer 
imm6diatement  cette  somme :  trois  ans  plus  tard  elle 
devait  trois  mille  sept  cent  cinquante  livres  *.  Roquefort 
dut  emprunter  deux  mille  .seize  .  livres  quatre  sols  neuf 
deniers  pour  cette  douloureuse  liquidation  (15  aoiit)  *. 
Gr^lce  a  Tintervention  de  Candalle  cette  petite  cit6  avait 
obtenu  Tamnistie  de  sa  longue  r6volte;  elle  ne  manqua 
pas  d'envoyer  une  deputation  k  Bordeaux  pour  remercier 
feon  protecteur  (16  aoM)  et,  selon  Tusage  de  tons  les 
temps,  elle  vota  une  gratification  de  deux  cent  quarante 
livres  destin6e  k  r6compenserBertrandi, secretaire  du  due, 
des  soins  qu'il  avait  donn6s  a  cette  affaire  (14  septembre). 
Du  reste,  elle  ne  devait  pas  tarder  a  6tre  soulag6e  des 
charges  qui  Taccablaient;  car  k  mesure  que  Targent  lui 
arrivait  Balthazar  devenait  plus  trai table.  II  envoyadonc 
une  partie  de  ses  gens  loger  a  Nogaro,  sous  la  conduite 
de  M.  de  Prugues'  (10  aotit).  Aussi  avis6  que  son  chef, 
celui-ci  exigea  six  mille  dix  livres  avant  de  quitter  Roque- 
fort et  la  communaut6  fit  un  nouvel  emprunt  de  mille 
cinq  cents  livres  pour  6tre  d61ivr6e  de  sa  presence  *.  Goi^6 
d'oretcombl6d'honneurs,  Balthazar  consentit  enfin  apar- 
tir  (26  aotit),  ne  laissanta  Tartas,  pour  quelques  jours, que 
deux  compagnies  de  fantassins.  En  s'61oignant  de  nous  il 
osa  6crire  k  Mazarin  pour  protester  de  son  inviolable  fide- 
lity a  sa  cause  * .  Quelques  seigneurs  landais  s'associ^rent  a  sa 
fortune  :  Alexandre  de  Benquet  accepta  une  compagnie  de 
cent  hommes  dans  son  regiment  de  ca valeric  16gere*. 

(Lafinprochainemeni,)  J.-J.-C.   TAUZIN, 

Cur6  de  Saint-Justin  de  Marsan. 

(1)  Arch,  hist,  de  la  Gascogne,  fasc.  i,  p.  158. 

(2)  Arch,  de  Roquefort,  BB.  1,  n^  4. 

(3)  Arch,  de  Nogaro,  BB.  4. 

(4)  Arch,  de  Roquelort,  BB.  1,  n«  4. 

(5)  Arch,  nat.,  KK.  1220,  f  520-521. 

(6)  Armorial  dee  Landes,  i,  p.  109. 


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LE « LIM  DE  U  mm  -  ET  LE « LIM  DES 

DE  GASTON -PHCEBUS  (1) 


Dans  la  Revue  d'avril  dernier  (Question  282,  p.  186),  M.  Tamizey 
de  Larroque,  k  Toccasion  de  la  publication  de  M.  de  La  Brifere,  deman- 
dait  des  renseignements  sur  Fauthenticite  du  Livre  d&prUreSy  sur  le 
lieu  de  la  dfeouverte  et  sur  le  manuscrit  lui-m6me;  enfin,  il  dfeirait 
avoir^  sur  ce  livre,  Tapprteiation  du  savant  critique  qui  dirige  ce 
recueil. 

L^-dessus,  M.  L.  Couture,  sans  aborder  encore  cette  tftche,  faisait 
observer  que  «  les  devotes  oraisons  de  Gaston- Phoebus  avaient  6t6 

>  publi6es  en  mfeme  temps  ou  k  peu  prfes  par  un  savant  prfetre  b&mais, 

>  du  clerg6  de  Paris,  M.  Tabb^  de  Madaune  (2)...  » 

M.  Tamizey  de  Larroque  a  rendu  tant  de  signals  services  k  toute 
notre  histoire  provinciale  que  nous  aurions  regret  k  laisser  la  partie 
bibliographique  de  sa  question  sans  r6ponse. ,—  Cette  r^ponse  pourra 
paraltre  un  peu  longue,  il  est  vrai;  mais,  nous  lesp^rons,  cet infati- 
gable  chercheur^  et  peut-^tre  aussi  les  autres  lecteurs  de  la  Revue  de 
Gascogne,  s'int^re^sant  au  t  gentil  »  comte  de  Foix,  voudront  bien  en 
excuser  T^teridue.  Au  prialable,  je  dois  declarer  que  je  laisse  toute  la 
question  litteraire^  la  haute  competence  invoqute  par  le  savant  ques- 
tionneur,  non  sans  rappeler  qu'ici  m^me  (septembre  1866,  p.  405) 
notre  r6dacteur  en  chef  parlait  fort  pertinemment  de  Toeuvre  principale 
de  Gaston-Phoebus,  dont  il  signalait  un  exemplaire  en  la  possession  de 
M.  le  comte  de  Gontaut-Biron-Saint-Blancard  (3). 

Tout  rteemment  j'ai  pu  acqu^rir  chez  Kolh  la  n**  1385  du  Livre  de 

(1)  Notre  savant  collaborateur  nous  adresse  de  Paris  cette  communication, 
comme  une  simple  R^ponse  k  ime  question  pos^e  ici  m^me  il  y  a  queiques 
mois.  Mais  r<^tendue  et  rint^r^tdecemorceau  luiassignaient  naturellement  une 
autre  place  dans  la  Reoiui,  —  L.  C. 

(2)  On  m'a  affirm^  depuis  que  M.  de  la  Bri^re,  en  se  permettant  de  rajeunir 
le  texte  de  Gastou-Phccbus,  avait  utilise  surtout  T^dition  deM.de  Madaune, 
et  que  celle-ci  avait  elle-mome  quelque  besoin  d'etre  coUationn^e  avec  le  ma- 
nuscrit. Tout  cela  soit  dit  sauf  verification  ultdrieure.  —  L.  C. 

(3)  Je  crois  pouvoir  assurer  que  ce  boau  manuscrit,  qui  m^riterait  yae  6tude 
particuli^re,  a  heureusement  echapp<S  h  I'incendie  du  cMteau  de  Saint-Blan- 
card  et  subsiste  encore.  —  L.  C. 

Tome  XXXV.  36 


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—  550  — 

Pri^res  deM.de  la  Brifere,  qui  en  a  mis  200  exemplaires  seulement 
dans  le  commerce.  11  a  6t6  edit6  en  1893,  alors  que  dfes  septerabre  1892 
M.  Tabb^  de  Madaune  avail  commenci^  la  publication  du  Liare  des 
Oraisons  —  c'est  le  vrai  litre  —  dans  les  Etudes  hisioriques  ei  reli- 
gieusea  du  dioc^ne  de  Bayonne  (1). 

La  priority  ainsi  ^lablie  en  faveur  de  noire  compalriote,  je  pourrais 
dire  qu'il  ne  serait  pas  6lonnant  de  voir  parailre  prochainemenl  une 
nouvelle  Edition  du  Liore  de  la  Chasse. 

Dijk,  en  1886^  j'avais  pris  diversfes  notes  k  la  Biblioth^ue  Natio- 
nale  sur  le  manuserit  du  fonds  fran^ais  616,  om6  de  vignettes  du 
temps,  d'une  vivacii^  el  d'une  minulie  naJves,  conservanl  encore  loute 
leur  fralcheur  de  colons,  el  commentant  presque  k  cbaque  page  le  texie 
de  faQon  k  le  faire  parler  aux  yeux.  Madame  de  Will  en  a  public  plu- 
sieurs  dans  ses  Chroniques  de  Froissart  (2),  el  le  bibliophile  Jacob 
dans  sa  grande  oeuvre  lui  a  aussi,  ce  me  semble,  fail  divers  emprunls 
pour  ce  qui  concerne  la  chasse. 

La  Bibliolh^ue  possMe  seize  manuscrils  de  la  Chasae,  el  non  qua- 
torze  comme  Ta  dil  M.  de  Madaune  :  616  (ancien  7097),  617  (7097  I), 
618  (7097  2),  619  (7098),  620  (7099),  1289  (47455),  1290  (7456),  1291 
(7457),  1292(7457  5,  Colbert  1227),  1293  (7468),  1294  (7448  2),  1295 
(7458  4,  Colbert  588),  12397  (in-fol^,  Suppl^F^s  4833),  12398  (in^^, 
Suppl^  Fqs  1076),  24271  (Saint- Victor  326),  24272  (Sorbonne  376).  11 
en  existe  deux  au  Vatican  (Migne,  Did.  des  ms^^,  t.  ii,  un  k  Cam 
bridge  el  un,  sur  v6hn,  k  Copenhague. 

Le  Liore  des  Oraisons  se  trouve  dans  deux  manuscrils  de  la  Biblio- 
Ih^ue  Nalionale  :  le  616  et  le  1292.  Le  616  appartient  bien  au  xiv« 
sitele,  la  pal&)graphie  ne  laisse  aucun  doute  sur  ce  point,  croyons- 
nous;  le  1292  est  du  xvi«  sifecle.  Comment  done  le  919,  datant  du  xiv* 
si6cle  lui  aussi,  et  la  plupart  des  autres  manuscrils  transcrils  au  xvi« 
si^cle  ne  contiennenl-ils  pas  lea  oraisons?  Nous  ne  le  saurions  dire, 
mais  il  paralt  cependant  assez  simple  d'estimer  que  ce  recueil  en  a  et6 
exclu  parce  qu'il  ne  pr^sentait  pas  aux  amateurs  de  chasse  un  inl^r^t 
^1  au  hvre  trailant  de  cet  art.  Toujours  resle-t-il  que  Ttoiture  du 
616  se  Tiikve  bien  k  T^poque  de  Gaston-Phoebus,  et  qu'une  tradition 
constante  lui  a  attribu6  ces  pri^res.  Peut-6tre  encore  ne  sera-t-il  pas 
trop  t^m^raire  de  leur  appliquer  ce  mot  de  Froissarl :  «  II  disoit  beau- 
coup  d'oraisons;  »  notez  que  le  grand  chroniqueur  visitait  Gaston  au 

(1)  Pau,  veuve  Ribaut;  Paris,  Picard,  1893. 

(2)  Paris,  Hachette,  1881,  pp.  541,  725,  771. 


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moment  ou  le  traits  venait  d'etre  compost  —  on  le  verra  plus  loin.  — 
Tels  sent  les  seuls  t^moignages  k  invoquer,  faute  de  preuve  litt^rale. 
Encore  faiit-il  avouer  que  la  tradition  s'est  egar^,  mais  pour  6tre  recti- 
fi^  depuis,  en  attribuant  maintes  fois  au  m6me  auteur  la  troisifeme 
partie  du  616,  «  les  DHuiiz  de  la  chasse,  »  qui  est  de  Gace  de  la 
Buigne  ou  de  la  Vigne  (Cfr.  F.  Fqs  1395).  Au  contraire,  on  a  tou- 
jours  d6clar6  les  priferes,  connues  ~  sinon  publics  —  depuis  long- 
temps,  Toeuvre  de  Gaston-Phoebus  dont  le  manuscrit  est  contemporain. 
Les  feuilles  de  paichemin  ajouttes  au  commencement  de  ce  manus- 
crit jusqu'au  folio  11  contiennent  diverses  indications  du  xvii®  sitele 
instructives  pour'son  histoire;  c'est  ainsi  qu'on  lit,  folio  3 :  «  Je  sous- 

>  sign6  Leonard  de  Bongard,  fcuyer,  sieur  Ducambard,  capitaine  des 
»  chasses  et  maitre  particulier  des  eaux  et  for^ts  du  duche  et  pairie  de 
»  Rambouillet.  Cerlifie  avoir  enlendu  dire  plusieurs  fois  k  S.  A.  S. 
»  Mgr  le  comte  de  Toulouse,  grand  veneur  de  France,  que  Louis  XIV 
»  lui  avoit  donn^et  qu'il  tenoit  des  mains  de  S.  M.  le  present  volume 

>  manuscrit  compost  par  Gaston-Phoebus,  comte  de  Foix,  en  1387, 

>  sur  la  cbasse.  Fait  au  cbAteau  de  Rambouillet,  ce  15  f^vrier  1769. 

>  (Sign^)  :  Ducambard.  > 

II  s'est  gliss6  au  folio  5  une  erreur  assez  grave :  on  y  lit,  en  effet, 
que  Gaston-Phoebus  monrut  k  Orlhez  kgi  de  72  ans  en  1391,  tandis 
que  ce  prince,  on  le  sait  bien,  mourut  prte  de  Sauveterre  k  Tftge  de 
66  ans,  6tant  n&  en  1319;  or,  est-il  dit  au  debut,  <  fut  commence  ce 
»  livre  le  premier  jour  de  may.  Tan  de  gr^cedeT Incarnation  de  Notre- 

>  Seigneur  que  Ton  comptoit  1387  et  ce  livre  j'ai  commence  k  cette  fin. . . » 
II  nous  sera  facile  de  dire  brifevement  Thistoire  de  la  dteouverte,  de 

la  perte  etde  la  recuperation  de  ce  manuscrit,  avec  les  indications  tiroes 
de  la  dernifere  Edition  connue  de  Toeuvre  du  comte  de  Foix  (toujours 
appel^e,  notons-le,  Liore  de  la  chasse  ou  de  la  chasoe),  Edition  due  k 
M.  Lavall6e  :  «  La  chasse  de  Gaston-Phoebus,   comte  de  Foix, 

>  collationn6e  sur  un  manuscrit  ayant  appartenu  k  Jean  P**  de  Foix 
»  avec  des  notes  et  )a  vie  de  Gaston-Phoebus,  par  Joseph  Lavall^e. 

>  Paris,  au  bureau  du  Journal  des  chasseurs,  37,  rue  Vivienne, 
»  maison  Lefaucheux,  1854.  > 

Ce  livre,  rare  aujourd'hui,  et  que  M.  de  Madaune  d&larait  en  1861 
€  vrai  tresor  de  bibliophile,  et  comme  tel  ayant  place,  non  dans  les 

>  rayons  des  bibliothfeques,  mais  dans  les  tiroirs  secrets  avec  les 

>  manuscrits  »,  mal  imprim6  pourtant  et  destine  plut6t  aux  chasseurs 
qu'aux  bibliophiles, est  venu  en  notre  possession  gr^ce  k  une  indication 
du  catalogue  mensuel  de  la  librairie  Marpon  et  Flammarion.  II  a  figur6 


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—  552  — 

k  TExposition  des  arts  rdtrospectifs  tenue  k  Pau  en  1891,  sous  le 
n®  1403,  avec  de  nombreuses  notes  manuscrites  prises  dans  les 
originaux  ou  copies  anciennes,  les  noms  du  personnel  de  chasse  et  des 
chiens. 

D'aprfes  M.  Lavallte,  qui  en  loue  «  la  finesse  inexprimable  »,  le 
manuscrit  616,  portantles  armes  de  Saint- Vallier  et  du  due  d'Orlfans, 
aurait  6t6  copi6  pour  Aymar  de  Poitiers,  seigneur  de  Saint-Vallier, 
lequel  avait  Spouse  Marie,  fille  naturelle  de  Louis  XI  etde  Marguerite 
de  Sassenage,  ou  pour  leur  fils  Jean  de  Poitiers,  grand  amateur  de 
vfenerie. 

Jean  de  Poitiers  fut  arr^t^  a  Lyon  en  1523,  lors  de  la  conspiration 
du  conn6table  de  Bourbon,  et  condamn^  k  raort  par  arr^t  du  Parlement 
de  Paris  en  date  du  16  Janvier  1523.  Conduit  k  rtehafaud,il  allait  toe 
ex6cut6  lorsque  arriva  sa  gr^ce,  obtenue  par  Diane  de  Poitiers,  sa  fille. 
Mais  la  confiscation  des  biens  n'en  eut  pas  moins  son  cours  et  le 
manuscrit  vint  ainsiaux  mains  de  Frangois  P'*,qui  le  perdit  au  pillage 
de  son  bagage  k  la  bataille  de  Pavie.  L'heureux  soldat  qui  sut  le 
recueillir  le  vendit  k  Bernard,  6v^ue  de  Trente,  lequel  en  fit  hommage 
k  Ferdinand,  infant  d'Espagne,  archiducd'Autriche  et  frfere  de  Charles- 
Quint. 

Comme  le  sort  des  armes  avait  61oign6de  France  Toeuvre  de  Gaston- 
Phoebus,  il  devait  plus  lard  Vy  ramener.  Pendant  la  campagne  de 
Turenne  aux  Pays-Bas,  le  Iieutenant-g6n6ral  marquis  de  Vigneau 
s'empara  du  manuscrit,  qu'il  offrit  k  Louis  XIV,  ainsi  que  le  constate 
une  mention  inscrite  au  bas  du  f**  13  v^,  le  22  juillet  1661,  par  La 
Mesnardifere,  lecteur  ordinaire  de  la  Chambre. 

Louis  XIV  d6posa  le  traits  k  la  Bibliothfeque,  ou  il  fut  inscrit  sous  le 
n*^  7097  et  marqu6  de  Testampille  de  la  Biblioth^que  du  roi,  au  bas  de 
la  premiere  page  de  la  table.  Quelque  temps  apr^  il  le  reprit  pour  le 
donner  au  comte  de  Toulouse  et  le  remplaga  par  une  copie  du  xvi« 
sifecle,  achette  k  un  habitant  de  Nevers. 

Ce  manuscrit  passa  ensuite  k  la  maison  d'Orl&ns  dans  la  biblio- 
th^ue  particulifere  de  Louis-Philippe  —  c'est  pourquoi  il  porte  Tindi- 
cation  de  la  «  biblioth^ue  du  due  d'0rl6ans  »  —  et  il  allait  ^tre  brul6 
en  1848,  dans  Tincendie  de  Neuilly.  Heureusement  M.  Lavallteen 
avait  obtenu  communication  par  Tinterm^diaire  de  M.  Brenot,  biblio- 
th^caire  du  Palais-Royal,  et  ayant  pr^venu  k  temps  les  conservateurs 
de  la  bibliothfeque,  il  parvint,  porteur  d'une  recommandation  de 
M.  Naudet,  k  le  restituer  k  notre  grand  d6p6t.  Seule  la  reliure  6tait 
endommag6e,les  angles  dcorn6s,une  garde  maculae  de  sang.  La  dorure 


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—  553  — 

paralt  encore  avoir  souffert,  mais  les  miniatures  sont  en  parfait  ^tat  de 
conservation. 

Les  dix  premiers  feuillets  sont  en  parchemin  contenant  des  indica- 
^ons  du  xvii®  et  du  xviii«  sifecles;  le  corps  du  manuscrit  est  en  v6lin,  a 
miniatures  et  h  letlres  omtes  :  k  la  page  109  se  trouve  la  dMicace  k 
Philippe  de  France,  due  de  Bourgogne.  Les  priferesoccupentlesf°^122- 
138;  en  t6te  on  admire  une  miniature  repr6sentant  le  comte  de  Foix  a 
genoux  devant  le  Seigneur  dans  ses  attributs  de  maltre  du  monde. 

Dans  les  feuillets  pr^liminaires  (P  6)  on  a  ins6r6  Tindication  des 
Editions  donndes  au  commencement  du  xvi®  sifecle  (1507),  par  V^rard, 
dont,  selon  Brunet,  un  exemplaire  appartenant  au  baron  Pichon  est 
mont6  aux  enchferes  k  9,905  francs,  et  par  le  Noir  (vendu  640  francs, 
vente  Chedeau.) 

Jehan  Treperel  en  publiait  aussi  une  edition  aprfes  1505;  vendue 
5,600  francs  (Potier). 

Nous  n  avons  aucun  renseignement  sur  le  manuscrit  de  TEscurial 
mentionn6  par  Argote  de  Molina,  pass6  entre  les  mains  de  Philippe  II 
et  om^  a  d'enluminures  du  plus  grand  prix  ».  II  a  disparu  en  1809  de 
TEscurial  et  nous  n'en  avons  trouv6  nulle  trace  dans  d'anciens  cata- 
logues de  cette  bibliothfeque.  Cependant  il  aurait  iii  curieux  k  ^tudier, 
comme  aussi  ceux  de  Copenhague,  du  Vatican  et  de  Cambridge,  pour 
dteouvrir  T^poque  k  laquelle  ils  avaient  6t6  Merits  et  pour  s'assurer  s'ils 
contenaient  le  Liore  des  Oraisons. 

La  biblioth^ue  Mazarine  d^tient  aussi  un  exemplaire  n?  3,717, 
p 
ancien  —  ,  que  M.  Lavallte  attribuait  k  tort  au  xvi®  sifecle;  il  est  des 

premiers  tiers  du  xv®  sitele,  en  v61in,  de  106  feuillets.  On  y  relfeve  la 
trace  de  la  suscription  de  Jacques,  due  de  Nemours,  et  il  est  reli6  en 
maroquin  rouge  aux  armes  de  France.  Sur  le  premier  feuillet  ont  6t6 
ajout6es,  au  xvi«  si^le,  les  armes  de  son  propri6taire,  Pot  de  Rodes, 
ambassadeur  k  Rome,  k  Vienne  et  en  Angleterre,  qui  se  maria  le 
10  mars  1538  en  presence  de  la  reine  de  Navarre  et  du  conii6table  de 
Montmorency. 

Enfin  (on  n'avait  pas  encore  song6  a  recueillir  cette  mention),  Fon- 
tette  et  Lelong  signalent  (n°  35,790) :  «  La  Venerie  de  Jacques  du 
»  Fovilloux,  avec  quelques  additions  :  SQavoir,  le  Traits  de  Gaston- 
»  Phoebus,  comte  de  Foix,  de  la  chasse  des  Bestes  sauvages,  revu  et 

>  corrig6;  et  plusieurs  trait6s  de  chasse  du  Loup,  du  Connil  (lapin), 

>  du  Lievre  et  quelques  remMes  pour  les  maladies  des  chiens,  etc. 
j>  Paris,  1606, 1628  et  1640;  Rouen,  1650;  Paris,  1653;  Rouen,  1656; 
»  Poitiers,  1661,  in-4o.  » 


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—  554  — 

La  publication  de  Lavall6e  a  6\i,  croyons-nous,  la  demi^re.  M.  de 
Madaune  all6gue  bien  que  Rivarfes  et  Emile  Vignancour  Witferent  ce 
trait6  «  vers  1840  ».  Nnlle  part  nous  n'en  avons  lrouv6  Tindication,  et 
le  catalogue  m6me  de  rimprimerie  Vignancour  n'en  porte  pas  la  trace. 
Bien  plus  —  et  il  ne  nous  d6plaU  pas  de  le  rappeler  —  lorsque  M.  de 
Madaune,  professeur  k  notre  collie  Moncade^  k  Orthez,  publiait  sa 
premifere  oeuvre  sur  Thistoire  du  B6arn  :  «  Gaston- Phoebus  comie  de 
Foix  et  Soucerain  de  B6arn.  Pau,  Vignancour,  1864  >,  il  emprun- 
tait  ses  citations  k  T^dition  de  Lavallfe  (p.  173). 

Nous  ne  pouvons  en  terminant  qu'exprimer  des  voeux  pour  qu'ap  - 
paraisse  une  belle  et  bonne  ^ition  critique,  conforme  au  manuscrit. 

II  nous  faut  de  plus  nous  excuser  de  nous  6tre  laiss^  entralner  a  une 
communication  si  longue,  d^passant  le  cadre  ordinaire  des  r^ponses 
de  la  RevuCj  trop  courte  cependant  s'il  avait  fallu  tout  dire.  Mais 
M.  Tamizey  de  Larroque  au  moins  sera  port6  k  nous  pardonner,  et  la 
satisfaction  procure  ^  un  honnete  homme,  comrae  on  disait  en  ce 
si^cle  dont  il  nous  a  tant  fait  aimer  et  les  choses  et  les  hommes,  nous 
sera  un  d^dommagement  suffisant  au  regret  d'avoir  abus6  d'une  trop 
aimable  hospitality.  Louis  BATCAVE. 

QUESTIONS  ET  RfiPONSES 

297.  Sur  le  gasoon  Btienne  du  Junca 

M.  Fr.  Funck-Brentano  vient  de  publier,  dans  la  Revue  historique 
(livraisonde  novembre-d6cembre  1894),  un  tres  i*emarquable  article  sur 
V  Homme  an  masque  de  Velours  No  try  dit  le  Masque  de  for.  On  y  trouve 
(p.  256)  cette  petite  notice  sur  le  personnage  dont  le  Journal  contient  le 
texte  qui  est,  k  la  foiSjl'origine  et  le  fondeinent  de  tous  les  travaux  relatifs 
k  la  question  du  Masque  de  Jer  :  «  Nomme,  le  10  octobre  1690,  lieutenant 
de  roi  k  la  Bastille,  ou  il  entra  en  fonctions  d6s  le  11,  Etienne  du  Junca 
mourut  le  20  septembre  1706.  Ses  registres  s'arretent  au  26  aout  1705. 
Renneville,  qui,  durant  sa  detention,  lut  dans  les  meilleurs  termes  avec 
lui,  nous  apprendque  Du  Junca  6tait  gentilhomme,  issu  d'une  famiUe  de 
Gascogne,  et  qu'il  6tait  exempt  des  gardes  lorsqu'il  entra  of  ftcier  k  la  Bas- 
tille. Autant  que  nous  en  pouvons  juger  par  les  notices  que  nous  avons 
conserv6es  de  lui,  Du  Junca  fut  un  caractere  scrupuleux,  s*acquittant  de 
ses  fonctions  avec  une  conscience  extreme,  mais,d'autre  part,  ombrageux  et 
ne  paraissant  pas  avoir  vecu  dans  une  intelligence  parfaite  avec  les  deux 
gouverneurs  de  la  Bastille,  Francois  de  Montlesun  de  Besmaux  (1),  puis 
Benigne  d'Auvergne  de  Saint-Mars,  sous  les  ordros  desquels  il  sc  trouva 
successivement  plac6.  Malgre  le  peu  de  culture  litteraire  dont  temoigne  le 
journal  qu'il  a  r6dig6,  et  qui  n'etonnera  pas  chez  un  soldat,  Du  Junca 
appartenait  k  la  meilleure  society;  nous  en  avons  pour  preuve,  outre  le  rang 
m^mede  lieutenant  de  roi  a  la  Bastille  qu'il  occupait,  la  correspondance  de 
Mme  de  Coulanges  avec  Mme  de  Grignan,  ou  Du  Junca  estcit^  comme  un 
ami  de  ces  dames.  »  Que  pourrait-on  ajoutcr  k  ces  renscignements,  surtout 
en  ce  qui  regarde  le  lieu  et  la  date  de  la  naissance  du  gascon  du  Junca? 

T.  DE  L. 

(1)  Je  n'aipas  besoin  de  rappeler  que  ce  gouverneur  etait  lui  aussi  un  gascon. 


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SOIREES  ARCHEOLOGIQUES 

AUX    ARCHIVES    d6pARTEMENTALES 


VII 

Stance  du  3  Septembre  1894 


Pr^sidence  de  M.  DE  CARSALADB  DU  PONT 


Presents  :  MM.'  Arr^s-Lapoque,  Aureillan,  Balas,  Balas, 
architecte,  Branet,  Cabrol,  Calcat,  Chavet,  Colonieu,  de  Cor- 
tade,  Coustau,  Daudoux,  Bellas,  Bespaux,  Biziain,  Journet, 
Lagarde,  Larroux,  Lavergne  (Adrien),  L^glise,  Per^S;  Samalens, 
Sansot  (Victor),  Sansot  (Joseph). 

La  s^nce  s'ouvre  k  8  beures  1/2  aux  Archives  d^parlementales. 

M,  le  President  fait  observer  que  Texcursion  faite  les  6,  7,  8  et  9 
aoiit  dans  le  B6arn,  le  Labourd,  le  pays  Basque  et  les  Lannes,  a  rem- 
plac6  la  reunion  mensuelle  d'aout.  Les  quarante  membres  qui  ont  pris 
part  k  cette  excursion  forraaient  une  academic  qui  a  tenu  ses  s&uices 
solennelles  k  Orthez,  k  Bidache,  k  Bayonne,  k  Fontarabie,  k  Bax. 
M.  de  Carsalade  remercie  publiquement  M.  Adrien  Plants,  maire 
d'Orthez;  lecapitainede  vaisseau  Coffini^res  de  Nordech,  commandant 
le  stationnaire  frangais  aTembouchure  de  la  Bidassoa,  et  M.  Bufourcet, 
president  de  la  Soci6l6  de  Borda,  a  Bax,  qui  ont  fait  aux  excursion- 
nistes  gascons  un  accueil  si  empress^  et  si  aimable. 

M.  Baudoux  fait  une  distribution  des  diverts  vues  qu'il  a  prises  au 
cours  de  I'excursion.  Cinq  grandes  photographies  m-jwar^o,  faites  par 
M.  Joseph  Sansot,  repr^entant  Tarrivte  k  Orthez,  le  chateau  de 
Guiche,  le  chateau  de  Bidache,  le  bateau  k  vapeur  V Eclair  aveo  les 
excursiounistes  sur  le  pont  du  bateau,  et  la  rue  des  seigneurs  k  Fon- 
tarabie, sont  ^galement  distributes  k  chaque  excursionniste. 

Un  gentUhomme  bourgeois  d'Auch  au  XV*  sidole 
Communication  de  M.  Branet  : 
La  question  qui  m'occupe  n'est  point  banale  ;  notre  grand  Molifere 


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—  656  — 

a  immortalise  ce  «  bourgeois  gentilhomme  »  si  vrai  que  vous  devei 
tous  en  connaltre  Toriginal.  Je  vais  vous  presenter  ce  soir  une  espfece 
moins  commune  :  s'il  y  a  des  bourgeois  qui  s'enflent  pour  devenir 
gentilsliommes,  voici  un  gentilhomme  qui  aspire  au  litre  de  bourgeois 
—  bourgeois  de  la  ville  d'Auch,  il  est  vrai !  dirais-je,  si  je  n'dcoutais 
que  mon  patriotisme  gascon. 

BertranddePreignan  (c'est  le  nom  de  noire  gentilhomme)  vivait  au 
xv«  si6cle  et  6tait  seigneur  de  ce  lieu  de  Preignan,  que  vous  connaissez 
lous,  puisqu'il  n'esl  qu'^quelque  distance  de  notre  ville.  Nous  ne  dis- 
cuterons  pas  sa  noblesse  fort  ancienne,  mais,  hdlas !  sa  fortune  ne 
r^pondait  pas  k  ranliquit6  de  sa  maison.  Nous  le  voyoiis,  d^  1443, 
convert  de  detles,  el  pour  ce  motif  frapp6  d'excommunication,  peine 
terrible  k  cette  6poque  de  foi.  C'6tait  une  barri^re  infranchissable  entre 
Fexcommuni^  el  tous  ceux  qui  Tenlouraient,  ses  amis,  ses  parents,  sa 
femme  mtoe.  D6fense  absolue  de  le  frequenter,  de  manger  avec  lui,  de 
lui  adresser  la  parole,  telle  dtait  lacons^uencedeTanath^me  prononoe 
centre  lui.  C'estdecesnombreusesprohibiiions,  bien  dures  pour  une 
6pouse,  que  nous  voyons  dame  B61ieltede  Manas  demander  une  dis- 
pense lui  permettant  de  mener  vie  commune  avec  son  mari,  Berlrand 
de  Preinhan.  La  cause  qui  avail  amen6  Texcommunication,  les  detles, 
ne  dut  pas  mettre  grand  obstacle  k  Tobtenlion  de  cette  dispense  qui  f  ut 
accord^  par  le  cardinal  grand  penitencier  en  1443  (1). 

Je  crois  ne  pas  m'61oigner  beaucoup  de  la  v6ril6  en  pensant  que  la 
m6me  cause  dut  amener  le  seigneur  de  Preinhan  k  demander  aux  con- 
suls d*Auch  le  litre  de  bourgeois  de  cette  ville.  Certains  avantages 
^taient  en  effet  aocordds  aux  citoyens.  Les  coutumes  leur  permetlaienl 
de  faire  pacager  et  de  chasser  sur  tout  le  lerritoire  du  comt6  de  Vic- 
Fezensac,  de  couper  du  bois  et  m6me  d'en  faire  une  provision  suffisanle 
pour  tous  les  besoins  de  leur  maison  dans  le  bois  r6serv6  (sans  doute 
le  bois  d'Auch  actuel),  de  refuser  de  loger  les  militaires  ou  telles  gens 
qu'il  plaisait  au  comte  d'envoyer^  enfin  de  faire  moudre  leur  bl6  sans 
que  le  meunier  puisse  exiger  plus  de  la  trenti^me  partie  du  grain. 

Ces  divers  avantages  peuvent  nous  paraitre  assea- minces,  mais  k 
celte  6poque  ils  devaient  avoir  leur  importance  pour  un  gentilhomme 
ob6r6,  r6duit^  vivre  sur  ses  terresde  leur  seul  revenu.  Ce  sotrteux 
qui  durent  decider  Bertrandde  Preinhan  i  demander  le  droit  de  bour- 
geoisie^ Auch.  Pour  obtenir  ce  titre,Prosper  Lafforgue,  historien gascon, 
lesmauvaises  languesajoutent«  plus  gascon  qu'historien,»  dit  qu'il  suf- 

(1)  Original.  Archives  de  M.  de  Carsalade  du  Pout. 


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_  557  — 

sail  de  produire  un  certifical  de  bonne  vie  et  moeurs.  La  pifece  que  m'a 
communique  M.  TabW  de  Carsalade,  Facte  accordant  le  droit  de  bour- 
geoisie, constate  en  eflfet  la  «  sabieza,  noblessa  e  bonafama'»  de  Ber- 
trand  de  Preinhan;  cela  pourrait  mfeme  faire  supposer  quil  avait  enfin 
r6ussi  k  payer  ses  dettes;  Tacte  ajoute  que  c'est  un  «  home  johen 
qui  en  diversas  maneyras  pot  servir  a  ladita  ciutat.  t 

Bref,  les  consuls  font  droit  k  la  demande  qui  leur  est  adress^e  :  «  Et 
nosagutayci  metich  conselh,  deliberat  sus  go  al  gran  recort  de  la  bonas 
gens  de  aqueste  ciutat,  per  qo,  de  lor  boier  e  consentiment  e  de  nostra 
special  gracia,  lodit  noble  Bertran  de  Preinhan  aben  retenut  e  recebut 
besin  et  habitant  de  ladita  ciutat  e  per  tenor  de  la  presentas  Ion  retenem 
e  recebem  (1).  » 

Le  litre  de  citoyen  de  la  ville  d'Auch  6tait  done  donn6  par  une  assem- 
bl6e  oil  si^eaient  les  huit  consuls  de  ranndeetleursconseillers,et  cela 
publiquement,  devant  un  grand  concours  de  citoyens.  L'acte  de  recep- 
tion 6lait  ecrit  sur  un  parchemin  que  Ton  dSlivrait  au  nouveau  bour- 
geois. Get  acte  ne  suffisait  pas,  d'aprfes  Lafforgue;  on  y  ajoutait  une 
c^r^monie  qui  donnait  un  uouvel  6clat  k  I'admission  et  qui  dtait  sans 
doute  relate  dans  la  partie  d^hirte  de  la  pi6ce  dont  je  parle :  «  A  Tins- 
tant,  y  6tait-il  dit  probablement,  ledit  Bertran  de  Preignan  s'estant  mis 
h  genoux  teste  nue,  les  Saints  Evangiles  de  Dieu  en  nos  mains  tou- 
ches, a  promis  et  ]ur6  d'estre  bon  citoyen,  d'observer  les  coustumes  de 
la  ville.  » 

Voil^  done  notrehomme  bourgeois  d'Auch.  Cela  neparaitpas  avoir 

(1)  Arch.  deM.de  Carsalade.  L'acte  dont  nous  venons  de  donner  un  extrait 
n'a  pas  de  date.  La  partie  du  parchemin  qui  portait  le  mill^sime  est  devenue 
la  proie  d'un  rat...  d'archives.  Mais  voici  quelques  indications  ^ Taide desqucUes 
on  pent  lui  assignor  une  dale  approximative.  Dans  le  cours  de  Tacte  Bertrand 
est  qualifl6  d*home  johen,  nous  avons  parl6  d'une  dispense  accordde  h  sa  femme 
en  1443  et  nous  le  retrouvons  en  1494  r^ciamant  la  tutelle  de  sa  peiite-flUe 
Audine.  II  faut  choisir,  entre  ces  deux  dates,  une  troisi^me  date  qui  r^ponde  & 
cette  qualification  d*hommeJeunc  donn^e  par  les  consuls,  c'est-ii-dire  vers  1450. 

Les  noms  des  consuls  d'Auch,  cit^s  en  t^te  du  document,  eussent  6i6  une 
indication  pr6cieuse,  mais  ils  ne  flgurent  point  dans  la  liste,  d'ailleurs  fort  incom- 
plete, publico  par  Prosper  LafiEorgue.  Voici  la  partie  du  document  qui  renferme 
leurs  noms : 

«  Sapian  totz  que  nos  Arnaut  Sabale  leicentiat  en  leys,  Steve  de  Faurola«, 
»  Johan  de  Montaut,  Pey  de  Meruilh,  Bernard  d'Encaston  (?),  Ramon  de 
»  Bruilhs,  Domenge  deus  Vignhaus  et  Johan  d'Alesias,  cossheils  en  la  present 
»  ciutat  d'Aux,  a  totz  aquetz  qui  las  ptas  lettras  beyran,  salut.  Saber  fem  et 
»  notifftcam  que  com  lo  noble  Bertran  de  Preuhan,  senhor  deu  loc  de  Prenhau, 
»  scudier,  familiar  et  servidor  deu  Reverend  Pay  en  Diu,  TArcevesque  d'Aux, 
»  vuilha  esser  vesin  e  habitan  de  ladita  ciutat  d'Aux  e  aquiu  fer  perpetuua  resi- 
le densa  e  per  go  nos  aya  humilmen  supplicat  que  nos  e  las  bonas  gens  de  que- 
»  la  de  nostra  benigna  gracia  lo  bolossami  etc.  » 


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—  558  — 

waieni  Topulence  sous  son  toit  et  d'autant  moins  qu'il  avail  eu  plu- 
sieurs  enfants  de  cette  B^iellede  Manas  que  nous  avons  vue  se  rappro- 
cher  de  lui  malgr6  rexcommunication.  Una  de  oes  filles,  Esclar- 
monde  de  Preignan,  6pousa  Carbonel  de  Lup^,  seigneur  de  La- 
lanne,  et  fut  la  grand'mfere  de  ce  cardinal  d'Armagnac  dont  M.  TabM 
de  Carsalade  nous  a  entretenus  dans  une  stance  de  Tan  dernier. 

Le  fils  unique  de  Bertrand,  nomm6  Nicolas,  6pousa  Galiane  de 
Pardailhan,  delamaison  des  vicomtesde  Juliac.  Tousdeux  mounirent 
jeunes,  laissant  une  fille,  Audine,  qui  fut  leur  h6riti6re,  mais  surlout 
ceile  de  sa  m^ve,  car  il  est  permis  de  croire  que  Bertrand  n'avait  pas 
convert  son  fils  d'or,  lors  de  son  mariage.  Bertrand  vit  sans  doute  dans 
sapetite-fille  Audine  cette  fortune  apr^s  laquelle  il  avait  toujourscouru. 
En  sa  quality  de  grand-p^re,  il  pouvait  en  effet  r^clamer  la  garde  de 
cette  enfant  et  par  suite  Tadministration  de  sa  fortune.  Malheureuse- 
raent,  Audine  etait  reside  aux  mains  des  parents  de  sa  mfere  qui,  peut- 
6tre  pour  les  mtoes  raisous,  peut-6tre  par  amour  pour  elle,  ne  tenaient 
pas  k  s'en  s6parer.  Le  sire  d'Albret  leur  avait  m6m6  donn6  raison  et 
d&iendu sous degrandespeines,  dit  unacteder6poque,delivrer  Tenfant 
k  son  grand-p^re  (1).  Celui-ci,  fort  du  droit  que  lui  donnait  son  litre 
dVieul  et  de  Tenvie  qu'il  avait  d'administrer  une  fortune  qu'il  n'avait 
jamais  pu  esp^rer,  puisquec'^taitcelledesabelle-fille,  intenta  un  proofes 
k  Bernard  de  Pardailhan,  vicomte  de  Juliac.  C'est  une  pi^  datee  du 
14  novembre  1494  qui  nous  a  appris  ces  details.  Nous  ne  connaissons 
point  Tissue  de  ce  proces.  Quoi  qu'il  en  soit, Audine  futmarite  a  Pierre 
de  Preissac-Esclignac,  qui  forma  la  deuxifeme  maison  de  Preignan. 

Que  devint  Bertrand  de  Preignan?  On  n'en  sait  rien.  II  dut  triste- 
ment  finir  ses  jours  k  Proignan,  dans  cette  demeure  de  la  familledont 
il  ^tait  le  dernier  repr^sentant. 

Auoh.  Atelier  mondtaire  au  moyen-Age,  denier  d*argent  d'Aatanove  !•«» 
oomte  de  Fezensao 

Communication  de  M.  Calcat,  juge  d'instrution  : 

II  est  toujours  vrai  de  dire  que  le  Garros  est  une  mine  in^puisable 
pour  Tarch^ologue.  Cette  fois  la  d^couverte  a  port6  sur  une  monnaiedu 
raoyen-age  rarissime,  d'autant  plus  prteieuse  pour  nous  qu'ellesort 
d'un  atelier  mon6taii*e  auscitain. 

II  s'agit  d*un  denir  d'argent,  fleur  de  coin,  au  nom  d'Astanove^ 
comte  de  Fezensac  (1032-1052). 

(1)  Arch,  de  M.  de  Carsalade. 


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—  569  — 

t  ASTANOVA.  Croix  cantonn6e  au  deuxifeme  de  trois  points  en 
forme  de  V. 

t  AVSCIO  CIV,  dans  le  champ  Talpha  et  Tom^ga  attach^  par  un 
trait  allonge  k  deux  esp^ces  d'^ussons. 

Dans  Poey  d'Avant  (2«  volume,  page  148)  se  trouve  la  description 
d'une  monnaie  identique. 

Une  l^^re  difference  existerait  pourtanl  en  certains  details  entre 
Texemplaire  grav6  dans  Touvrage  du  savant  numismate  m6di6viste  et 
Texemplaire  que  je  possMe.  Sur  celui-ci  de  16gers  traits  rattaohent  les 
^ussons  k  un  point  au-dessus;  ils  font  d^faut  dans  celui-lS.  De  plus 
le  trait  reliant  les  lettres  A  et  &>  aux  dcussons  est  filiforme  dans  ma 
pifece,  tandis  que  sur  la  pitee  grav^  ces  traits  sent  ivhs  forts  el  de  la 
grosseur  des  jambages  de  TA. 

Des  chercheurs  avaient  mis  en  doute  que  la  monnaie  d'Astanove  I®** 
eut  ii&  frapp^e  h  Auch;  mais  la  designation  de  Tatelier  d*Auch  est 
patente,  comme  le  dit  Poey  d'Avant,  et  le  nom  de  cette  ville  inscrit  sur 
la  monnaie  est  suffisant  pour  en  donner  la  preuve. 

Les  comles  de  Fezensac  n'avaient  cess6  d'habiter  Auch,  centre  du 
comte  au  point  de  vue  politique  alors  que  Vic-Fezensac  n'6tait  que  le 
chef-lieu  judiciaire.  II  6tait  done  naturel  qu'ils  fissent  battre  monnaie 
k  Auch. 

D'autres  monnaies  d'ailleurs  y  ont  6i6  frapp^es.  Notamment  un 
denier  d'argent  d*Aynceri  II  dit  Forton,  comte  de  Fezensac,  trouvfi  par 
M.  Degrange-Touzin  et  d^critdansla  Revue  de  Gascogne,  annie  1871, 
page  234. 

J  ai  dit  plus  haut  que  la  monnaie  comlale  que  je  viens  de  d6crire  au 
nom  d'Astanove  P»'  etait  tres  rare.  En  effel,  Poey  d'Avant,  qu'il  faut 
toujours  citer  en  pareille  mati^re,  en  mentionne  trois  exemplaires 
dependant  des  collections  Colson,  Casteigner  a  Bordeaux  el  Rousseau. 

Un  quatri^me  exemplaire,figurantdans  la  collection  c^lfebredeJarry, 
d'Orl6ans^aet6  venduaux  ench6res  en  1878.  Je  viens  de  vous  raontrer 
le  cinqui^me.  En  existait-il  quelque  autre  dans  certaines  collections 
particuliferes  ignores?  C'est  possible.  Le  denier  d'argent  d'Asianove 
n'en  resterait  pas  moins  une  tr^s  grande  raret6. 

Une  trait  de  llUstoire  locale  d'Auch  vers  1381 

M.  Despaux  fait  la  communication  suivante  : 

Le  V^  aout  1381,  les  consuls  de  la  ville  d'Auch  serendirent  en  grande 
pompe  a  Teglise^Saint-Pierre  pour  y  faire  une  oflfr^tnde  de  cierges  et 


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—  560  — 

assister  k  une  c4r6monie  pour  remercier  Dieu  d'avoir  ddlivr6  la  ville 
des  ennemis  qui  voulaienl  s'en  emparer. 

lis  eurent  soin  d'ajouter  au  proc^s-verbal  qui  nous  est  rest^  de  cette 
c^r^monie,  que  c'6tait  de  leur  bon  vouloir  qu'ils  agissaient  ainsi 
et  par  leur  propre  ddvotion,  au  nomde  la  ville  d'Aucb,pour  remercier 
saint  Pierre  de  son  intercession. 

Quels  6taient  les  ennemis  qui  voulaient  occuper  ou  prendre  la  ville 
de  vive  force  k  ce  moment? 

Etait-ce  les  Anglais,  ou  bien  quelqu'une  de  ces  compagnies  de  ren- 
tiers qui  travaillaient  pour  leur  propre  comple^  pillant  de  tons  c6tds  et 
rangonnant  les  villes  et  chateaux  qu'elles  rencontraient  dans  leurs 
courses  V    ' 

Nos  histoires  locales  sont  muettes  sur  cet  6v6nement.  Monlezun, 
dom  Vaissete,  Prosper  LafEorgue^  etc.,  ont  ii&  inutilement  feuiilelfe 
par  nous. 

Notre  cbauvinisme  et  notre  amour-propre  d'Auscitains  sont  d'autant 
plus  flatt^s  de  cette  victoire,  que  nous  avions  tout  d'abord  6t4  tent^  de 
croire  que  nos  anc^tres  s'6taient  d^barrassds  de  leurs  ennemis  k  prix 
d'argent  comme  firent  d'autres  villes  beaucoup  plus  importantes  (1). 

Quelques  mois  plus  tard  en  1382,  un  accord  fut  conclu  entre  les 
communaut&  des  trois  s6n6chauss6es  du  Languedoc  k  Avignon,  ou 
Ton  avait  6gaiement  convoqu6  les  principaux  chefs  des  compagnies,  et 
k  Taide  du  pape  Clement  VII  Taflfaire  fut  bient6t  r6gl6e;  moyennant  la 
somme  de  40,000  francs  d'or  pay6s  par  les  communautfe  du  Langue- 
doc, les  chefs  des  grandes  compagnies  s'engag^rent  k  quitter  le  payset 
k  n'y  point  revenir. 

Voici  les  termes  m^mes  de  Tun  des  principaux  articles  du  trait6 : 
€  Et  aussi  jurent  les  dits  capitaines  que  eulxs  ne  leurs  dites  compagnies 
ne  iront  devers  le  comle  d'Armagnac  ne  celui  de  Foix  sans  le  faire 
savoir  quinze  jours  devant,  ne  qu'ils  ne  retourneront  point  ez  dites 
s6n6chauss6es  pour  faire  mal  ne  dommage.  » 

J'ai  tout  lieu  de  croire  que  les  ennemis  que  vainquirent  les  Ausci- 
tains  devaient  appartenir  aux  grandes  compagnies,  car  k  pen  prte  ii  la 
mfeme  6poque  les  Anglais  chevauchaient  librement  dans  les  pays 
environnants  et  ^taient  fort  bien  regns  partout  «  par  tons  les  lieux 
appatissids  et  les  Frangais  refusi^s  en  la  plus  grant  partie  des  dits 
lieux.  »  Dom  Vaissete  rapporteun  combat  qui  eut  lieu  enoctobre  1383 
entre  les  habitants  de  Tarbes  et  les  Anglais  qui  occupaient  le  pays  de 

(1)  Voir  dom  Vaissete.  Histoire  de  Languedoc, 


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—  561  — 

Bigorre;  mais  dans  le  document  qui  nous  pr^occupe,  les  assi^eants 
ne  sont  d^sign^s  que  par  le  mot  inimici. 

J'ai  Tespoir  qu'un  chercheur  plus  heureux  que  moi  fixera  un  jour 
ee  point  obscur  de  notre  histoire  locale.  Pour  mon  compte  j'ai  &tA 
heureux  de  constater,  d'apr^  les  termes  mfemes  de  Facte  dress6  par  le 
notaire  Joannes  Rigaldiy  que  c'6lait  par  un  combat  heureux  plut6t  que 
par  une  rangon  humiliante  que  les  Auscitains  du  xiv®  sifecle  se  d6bar- 
rassferent  de  leurs  ennemis  quels  qu'ils  fussent  Anglais  ou  routiers. 

Oblaiio  facia  per  consules  de  quibusdam  cereia  in  ecclesia  beati 
Petri  Auxcitani,  pro  gratiarum  actione  accepti  beneficii  a  ChristOj 
die  prima  Augusti,  1381. 

Noverint  universi,  quod  venerabiles  viri  domini  Amardus  de  Cossio 
alias  de  Duroforti,  magister  Jaufredus  Gu6eelini,  Johannes  de  Salis, 
Raymondus  Donati,  Magister  Raymondus  de  Teneto,  Magister  Petrus 
de  Biema,  Magister  D.  d'En  Audiart,  Robinus  de  Finibus,  consules 
civitatis  et  ville  Auxis,  conslituti  in  ecclesia  beati  Petri  de  Auxio, 
genibus  flexis,  coram  altare  beati  Petri,  die  festi  Sancti  Petri-ad- 
Vincula,  audientes  missam  devote  prout  debuerunt,  non  de  consuetu- 
dine  nee  ex  deberio,  sed  eorum  propria  devotione,  fesserunt  oblationem 
ad  honorem  Dei  et  dicti  sancti,  de  duobus  torticiis  unius  hbre  eerie. 
Qui  quidem  domini  consules  superius  nominati,  audita  et  celebrata 
missa,  protestati  fuerunt  coram  me  notario  et  testibus  infrascriplis, 
antequamdictam  oblationem  fecissent,  quod  ipsieamdem  oblationem  non 
faciebantnec  facere  intendebant  ex  consuetudine  et  deberio  sed  propter 
eorum  devotionem,  quam  ipsi  et  tota  universitas  Auxis  erga  dictum 
sanctum  habebant  et  haberent,  et  propter  gratiam  et  victoriam  quam 
Dominus  noster  Jesus -Christus  ad  precis  dicti  sancti,diu  est  (1)  civitati 
et  ville  predicte  fesserant  deinimicisquidictam  civitatem  et  villam  vole- 
bant  occupare.  Et  de  hiis  requisierunt  me  notarium  infrascriptum,  ut 
eis  retinerem  publicum  instrumentum.  Actum  fuit  hoc  Auxi,  dicta 
die  festi  sancti  Petri,  que  fuit  prima  mensis  Augusti,  anno  Domini 
M<»CCC°LXXX  primo,  in  presencia  et  testimonio  Amardi  Pelliporcii, 
Guilhemi  de  Monte,  Guillelmi  Dominici,  Petri  de  sancto  Micaele  et 
plurium  aliorum.  Et  mei  Joannis  Rigaldi  qui  de  premicis  presens 
instrumentum  retinui,  scripsi  et  signavi  (2). 

(1)  «  II  y  a  longtemps  ».  Cette  phrase  indique  6videmment  qu'il  faut  reporter 
avant  Tann^e  1381  T^v^nement  auquel  fait  allusion  le  present  document.  Les 
grandes  compagnies,  aussi  bien  que  les  Ang\9is,appati8drent  nos  contr^es  pen- 
dant toute  cette  seconde  moiti6  du  xiv*  si^cle. 

(2)  Archives  municipales  d'Auch,  cartulaire  vert. 


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—  562  — 

Les  doldances  de  la  ville  de  Gimont  &  Pocoasion  des  Etats  g6n6rauz  de  1789 

Communicalion  de  M.  Fiite,  rcceveurde  lenregistromentaGimont. 

Les  lettres  du  roi  donnfes  k  Versailles  les  24  Janvier  et  19  fevrier 
1789,  pour  la  convocation  et  la  tenue  des  Etats  g^n^raux  du  royaume, 
ainsi  que  «  les  rfeglements  et  ordonnance  y  relatifs  »  de  M.  le  marquis 
de  Chalvet,  faisant  les  fonctions  de  s6nechaldans  le  pays  et  jugerie  de 
Riviere-de- Verdun,  Gaure,  baronnie  de  Launac  et  de  Marestaing, 
furent  signifies  aux  officiers  municipaux  de  la  ville  de  Gimont,  par 
exploit  de  Dubois,  huissier  dudit  Gimont,  le  27  mars  1789,  i  la  requite 
de  M.  Joseph- Alexandre-Victor  Lamagdelaine,  procureuret  avocat  da 
roi  au  pays  de  Rivifere-de-Verdun.  En  consequence,  les  habitants  de 
la  communaute  et  des  treize  paroisses  qui  d^pendaient  du  consulat  de 
Gimont  furent  convoqu6s  en  assemblee  g^n^rale,  pour  le  jeudi  suivant, 
2  avril,  k  Teffet  de  dresser  leur  cahier  des  dol6ances,  plaintes  et 
remontrances. 

Dans  cette  reunion  du  2  avril,  furent  nommfe  cinq  commissaires, 
charges  de  rMiger  ledit  cahier  pour  le  7  avril  suivant.  Les  commissaires 
nommfe  sont : 

MM.  Guillaume  Deylies,  conseillerdu  roi,  lieutenant  par- 
liculier  en  la  justice  royale  dudit  Gimont;  Jean- 
Joseph  Bacon,  avocat  au  Parlement,  syndic  de  la 
municipality;  Simeon -Thomas  So6,  avocat  au 
Parlement;  Dominique  Lamothe,  n^ociant,  mem- 
bre  de  la  municipality;  Dominique  Destouet, 
bourgeois. 

L'assemblte  tenue  k  Gimont  le  7  avril,  se  composait  des  habitants 
&g6s  de  25  ans  et  figurant  au  r61e  des  impositions,  tant  dans  la  com- 
munaute  que  dans  letendue  du  consulat,  ne  formant  qu'un  seul  et 
m6me  corps  electoral  avec  la  ville  de  Gimont. 

Aprfes  avoir  arr6t6  le  cahier  des  dol&mces  qui  lui.  fut  soumis  par  les 
cinq  commissaires  susnonMnfe,  cette  assemblee  d&igna  trois  d'entre 
eux^  MM.  Deylies,  Destouet  et  Lamothe,  et  leur  adjoignit  M.  Lacas- 
saigne,  docteur  en  m^decine,  soit,  en  totality,  quatre  deputes  qu'elle 
avait  droit  d'^lire  en  vertu  de  Tarticle  31  du  r^lement  du  24  Janvier, 
pour  prendre  part  k  la  nomination  des  deputes  aux  Etats  g^n^raux  de 
Mection  de  Rivi^re-de- Verdun,  dans  Tassembiee  g^nerale  qui  devait 
86  tenir  audit  lieu  le  16  avril,  et  remettre  ledit  cahier  des  dol6ances 
aux  deputes  eius. 

U  ne  me  parait  pas  inutile  de  rappeler  les  reconunaudations  faites 


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—  563  — 

aux  quatre  d6put6s  du  premier  degr6  par  leurs  61ecteurs  et  consign^s 
en  ces  termes  dans  le  proems- verbal  du  mtoe  jour : 

«  Ladite  nomination  des  ddputes  ainsi  faite,  lesdits  habitants  ont,  en 
»  nptre  presence,  remis  aux(Jits  sieurs  leurs  d6put6s,  ledit  cahier,  afin 
»  de  le  porter  k  Tassembl^e  qui  se  tiendra  le  16  du  courant,  devant 
»  M.  le  marquis  de  Chalvet,  en  la  ville  de  Verdun,  et  leur  ont  donn6 

>  tons  pouvoirs  requis  -et  n^cessaires  k  Teffet  de  les  repr^senter  en 
»  ladite  assemblte  pour  toules  les  operations  prescrites  par  Tordon- 
»  nance  du  sieur  le  marquis  de  Chalvet  fesant  les  fonctions  de  s^nd- 
»  ehal  dans  le  pays  et  jugerie  de  Rivifere- Verdun,  du  21  mars  dernier, 
t  oil  ils  ne  s*6earteront  point  des  principes  dtablis  dans  le  cahier  de 
»  cette  communaut6,  et  ou  ils  feront  tons  leurs  efforts  pour  engager 
»  les  trois  ordres  k  se  rdunir  et  k  marcher  ensemble  dans  toutes  le<? 
«  operations,  et  k  ne  nommer  ou  donner  leur  suffrage  pour  la  nomi- 
»  nation  des  ddputfe  aux  Elats  g6n6raux,  qu'^  des  personnes  qui 
»  seront  votantes  dans  Tassembiee  gendrale,  et  qui  soient  de  la  classe 
»  du  tiers-dtat. 

»  Comme  aussi,  de  donner  aux  d6put6s  qui  seront  nommds  aux 
»  Etats-gdndraux,  les  pouvoirs  gdndraux  et  suffisants  de  proposer, 
*>  remontrer^  aviser  et  consentir  tout  ce  qui  pent  consommer  le  bien 
»  de  TEtat,  la  rdforme  des  abus,  Tdtablissement  d'un  ordre  fixe  et 

>  durable  dans  toutes  les  parties  de  Tadministration,  la  prospdritd 
»  gdndrale  du  royaume,  et  le  bien  de  tons  et  chacun  les  sujets  de  Sa 

>  Majestd,  leur  enjoignant  toutefois  et  par  clause  expresse  de  ne  pas 
»  s'dcarter  aux  Etats-gdndraux  de  Tesprit  des  remon trances  qui  leur 
»  ontdtdbailldes,  et  particuli^rement  de  ne  jamais  consentir  ^  aucun 
»  imp6t  que  la  constitution  de  VEtat  ne  soit  pr^alablement  ^iablie, 
»  et  qu*il  ne  soit  arr^td  solennellement  que  c'est  k  la  nation,  avec  le 
»  concours,  du  souverain  k  faire  les  lois,  et  au  souverain  k  les  faire 

>  exdcuter;  qu'autrement  leurs  consentements  quelconques  ne  lieront 

>  jamais  le  tiers-dtat,  et  que  leurs  personnes  seront  avilies  et  ddclardes 
»  indignes  de  la  confiance  publique,  si  elles  passent  outre. 

>  Et  les  ddlibdrants  ont  ajoutd  que  si  Ton  refusait;  dans  Tassemblde 
»  gdndrale,  de  laisser  insdrer  dans  son  cahier  le  voeu  que  cette  assem- 
»  bide  a  formd  dans  son  dit  cahier,  concernant  la  constitution  fonda- 
»  mentale  de  VEtaty  qu'alors  les  ddputds  de  cette  communautd  sont 

>  chargds  expressdment  de  protester  par  acte  k  Tassemblde  gdndrale  et 
»  aux  ddputds  qui  y  seront  nommds,  contre  ce  qui  y  sera  fait  de 
»  icontraire. 

»  Et  de   leur  part,  lesdits  sieurs  Guillaume  Deylies,   Francois 


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—  564  — 

»  Lacassaigne,  Dominique  Destouet  et  Dominique  Lamothe,  d^put^s 
>  par  la  pr6sente  assembl^e,  se  sont  k  Tinstant  chargfe  du  cahier  des 
»  doldances  de  cette  ville,  paroisse  el  communaut^  de  Gimont,  et  ont 
»  promis  de  le  porter  k  ladite  assembl6e,  et  de  se  conformer  k  tout  oe 
»  qui  est  present  et  ordonn6  par  lesdites  lettres  du  roy,  r^^lements  y 
»  annexes,  ordonnance  susdatte,  et  recommandations  susdiles  de  la 
»  part  de  Tassemblte.  Desquelles  nomination  des  d^putfe,  reraise  de 
»  cahier,  pouvoirs  et  d&larations,  nous  avons  k  tons  les  susdits 
9  comparants  donn6  acte,  et  avons  sign^  avec  ceux  desdits  habitants 
»  qui  savent  signer,  et  avec  lesdils  d6put&  notre  present  procfes -verbal, 
»  ainsi  que  le  duplicata  que  nous  en  avons  remis  auxdits  d^put^  pour 
»  constaler  leur  pouvoir;  et  le  present  sera  d6pos6  aux  archives  ou 
»  secretariat  de  cette  communaut^,  aprfes  avoir  6t6  inscrit  et  registry  en. 
»  registres  des  deliberations  de  cette  communaute  par  le  secretaire 
»  d'icelle,  pour  en  eviter  T^arement.  Fait  lesdits  jour  et  an,  ecrivant 
»  le  sieur  Jacques  Messine,  secretaire  dela  communaute,  ainsi  signe.» 

J'ai  pense,  que  le  cahier  des  doieances  de  la  communaute  de  Gimont 
pouvait  faire  Tobjet  d'une  communication  interessante  aux  habituds 
des  soirees  archeologiques.  Je  crois  aussi  que  ce  document  est  assez 
suggestil,  comme  Ton  dit  aujourd'hui,  pour  meriter  d'etre  mis  en 
lumifere. 

Je  ne  pense  pas  qu'il  y  ait  lieu  de  faire  suivre  la  publication  de  ce 
document  d'aucune  appreciation  Ce  n'est  pas  que  je  dedaigne  les 
enseignements  de  Thistoire  et  que  je  fasse  beaucoup  de  cas  d'une  etude 
qui  ne  nous  procurerait  que  des  sensations  d*humanite  anUrieure. 
Assurement,  la  recherche  de  la  verite  historique  ne  meriterail  pas  de 
nous  captiver  s'il  n'en  devait  rien  sortir  de  profitable  k  la  nouvelle 
generation,  et  je  comprends  que  le  commun  des  lecteurs  ne  se  contente 
pas,  en  iiistoire,  d'un  simple  expose  chronologique,  accompagne  du 
texte  de  documents  primitifs. 

Ce  n'est  pas  ici  notre  cas.  Les  membres  des  soirees  archeologiques  et 
les  lecteurs  de  la  Revue  de  Gascogne  representent  .une  elite  intellec- 
luelle,  bien  capable  de  se  faire  une  opinion  sur  le  document  publie,  et 
k  qui  il  convient  de  laisser  le  soin  de  degager  les  conclusions  et  ensei- 
gnements que  ce  document  pent  comporler. 

Exirait  du  cahier  des  doUanceSy  plaintes  et  remonstrances 
de  la  ville  et  communaute  de  Gimont 

Puisque  le  sifecle  d*or  va  enfin  renaltre,  et  qu'il  etait  reserve  au  sage 
monarque  qui  nous  gouverne  de  le  ramener;  puisque  la  France,  ce 


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—  565  — 

royaume  fait  pour  6tre  le  plus  heureux  et  le  plus  florissant  de  Punivers, 
va  enfin  reprendre  sa  premifere  splendeur;  puisque  la  tendresse  vrai- 
ment  paternelle  qui  caract6rise  notre  souverain  nous  invite  k  porter  nos 
plaintes  et  nos  doltences  au  pied  de  son  tr6ne,  la  ville  de  Gimont, 
p6n6tr^  de  la  plus  vive  et  de  la  plus  respeclueuse  reconnaissance^ 
remercie  trte  humblement  le  roi  des  avantages  qu'il  luiprometdela 
tenue  des  Etats  gen6raux;  et  pour  r^pondre  k  ses  intentions  bienfai- 
santes,  elle  expose  aujourd'hui  le  tableau  des  maux  qui  Taffligent 
depuis  longtemps^  et  elle  propose  les  moyens  qui  lui  paraissent  les 
plus  propres  k  procurer  le  bien  g^n^ral  et  k  reformer  les  principaux 
abus  qui  d^solent  la  France  et  qui  d^concertent  la  nation. 

Suivant  les  privil^es  accord6s  k  la  ville  de  Gimont  par  le  roi  Phi- 
lippe le  Bel,  dans  sa  charte  de  1?80,  elle  devait  6tre  exempte  de  taille, 
de  queste  et  d'albergue;  cependant  elle  a  6t6  imposte  k  la  taille  depuis 
son  ^tablissement,  et  le  taux  de  cette  imposition  a  &\j&  toujours  plus 
fort  dans  Gimont  que  dans  les  communaut^s  voisines,  m6me  dans 
toutes  les  autres  villes  de  r61ection,  quoique  leur  terroir  ne  fut  point 
d*une  quality  inf^rieure. 

Les  biens  de  Tabb^  et  religieux,  formant  k  pen  prfes  un  trentifeme  de 
ceux  de  la  comm\inaut6,  n'y  ont  jamais  contribu4,  quoique  leur  pr6- 
tendu  privil^e  de  nobilit^  n'eut  &\6  jamais  aussi  formel  que  celui  qui 
avait  ^t&  accord^  k  la  ville  de  Gimont  par  le  roi  Philippe. 

Cette  malheureuse  communaul6  essuye  tous  les  ans  des  gr^les,  des 
geldes,  des  abats  d'eau,  et  tant  d'autres  cas  fortuits  qui  en  ravagent  et 
moissonnent  les  fruits^  sans  que  jamais^  ou  bien  rarement,  elle  regoive 
des  soulagements  sur  ses  tailles  et  accessoires  qui,  encore  cette  annfe, 
malgr4  la  st6rilit6  qu'elle  a  souffert  et  qui  consume  le  coeur  de  ses  habi- 
tants, montent,  comme  les  ann^  pr^cMentes,  k  la  somme  de  31,490 1. 

Sa  capitation  est  excessive,  et  elle  Test  devenue  par  une  augmenta- 
tion arbitraire  d'uno  somme  de  2^400  1.  dont  elle  fut  surchargfe  il  y  a 
environ  25  ou  30  ans;  d'un  autre  c6te,  T^migration  des  nobles  de  la 
capitation  roturifere  au  r61e  des  privil6gife  de  T^lection,  sans  que  le 
principal  de  la  capitation  roturi^re  ait  diminu6,  en  a  rendu  la  cote  trte 
on^reuse  au  tiers  ^tat  de  la  communaut^.  Ce  rdle  se  porte  cette  annte 
k  9,457  1. 17  s.  5  d. 

Les  vingtifemes  et  sols  pour  livre  qui  devaient  itre  diminu^  depuis 
longtemps,  et  qui  ont  eu,  au  contraire,  une  marche  progressive  dont 
Tordre  a  6t6  inconnu,  se  portent  encore  aujourd'hui  dans  cette  commu- 
naut6  k  7,595  1.  8  s.  1  d.,  somme  si  excessive  que  les  contrdleurs  dans 
oette  partie  n'ont  jamais  trouv6  k  propos  de  verifier. 


Tome  XXXV.  37 


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—  566  — 

Les  droits  r6serv6s  substitu^s  au  don  gratuit,  monlent  aussi  cette 
annte  k  4,819  1. 6  s.  2  d.  quoique  cette  ville  ne  dut  ^tre  tax6e  que  800  I. 
comme  toutes  celles  de  la  derni^re  classe,  et  de  m6me  qu'elle  le  fut  la 
premiere  ann6e  de  cet  impdt.  L'arbitraire  s'y  introduisit  dte  la  seconde 
ann^e  oil  la communaut6  fut  comprised  3,000  fr.  Ses  plainles  parvin- 
rent  alors  au  gouvemement  qui  la  remit  h  800 1.;  mais  quatre  ou  cinq 
ans  api6s  les  gens  du  fisc  de  cette  province  la  forc^rent  k  payer  cette 
m^me  somme  de  4,819  1.  6  s.  2  d.,  qu'elle  paie  aujourd'hui,  et  k  la 
r6partir  sur  les  habitants  de  la  campagne,  centre  Tesprit  de  cet  impAt. 

La  corv6e  en  nature  a  affaiss6  la  communaut^  de  Gimont  qui  depuis 
1740  n'a  cess6  d'etre  accabl^  par  des  tAches  qui  6taient  au-dessus  de 
ses  forces  et  que  Toppression  des  ing^nieurs  du  canton  dirigeait;corv^ 
d'autant  plus  iujuste  qu'il  n'y  avait  que  le  tiers-^tat  qui  en  supportA^ 
^out  lefardeau;  et  Teffro;  de  la  communaut^  a  6t^  encore  bien  plus 
grand  quand  elle  s'est  vue  menace  d'une  prestation  en  argent  pour  cet 
objet,  k  imposer  seulement  sur  sa  capitation  roturi^re;  quel  d6faut 
d'6quit6  n'y  aurait-il  pas  eu  dans  celte  imposition  dont  le  motif  est 
int6ressant  k  tons  les  individus  sans  distinction. 

Les  dimes  sont  encore  d'une  grande  surcharge  dans  lacommunaut^, 
ou  le  gros  d^cimateur  les  prend  dans  certains  cannons  de  plus  de  dix 
un,  c'est-k-dire  de  trentre-quatre,  quatre,  et  ou  illes  pergoit  encore  par 
un  usage  abusif  sui  les  semences  et  les  fourrages  n^cessaires  pour 
nourrir  les  bestiaux  de  travail. 

Le  fruits- prenant  continuellement  absent  tourne  k  son  profit  la  por- 
l-ion  de  ses  revenus  destines  aux  aum6nes  par  les  ordonnances.  11 
cherche  k  chaque  instant  k  se  r^dimer  de  bien  des  droits  par  lui  dus  k 
la  communaut6  en  qualite  de  seigneur  direct,  et  notamment,  dans  le 
moment  present,  de  la  d^paissance  qu'elle  a  sur  ses  pres,  en  Tintimi- 
dant  par  des  proems  qu'il  lui  intente  et  pour  la  defense  desquels  il  la 
menace  de  la  traduire  au  Ch^telet  en  vertu  de  ses  privil^es  dont  Tat- 
tribution  est  odieuse. 

La  ville  de  Gimont  a  un  college  auquel  elle  a  fourni  lors  de  son 
institution,  et  a  I'augraentation  de  la  dotation  duquel  le  clerg6  du  dio- 
cese se  refuse,  au  m^pris  de  Tinjonction  que  lui  en  a  fait  Tordonnance 
de  Blois,  refus  qui  cause  depuis  plusieurs  anntes  la  p6nurie  des  insti- 
tuieurs  ordinaires  et  absolument  n^ssaires. 

Cette  ville,  qui  a  pay6  au  roi  en  plusieurs  reprises  le  droit  d'ilire 
gcs  consuls  en  est  aujourd'hui  injustement  priv6e.  Le  fisc  la  force  aussi 
injustement  de  payer  les  dix  sols  pour  livre  sur  les  revenus  patrimo- 
niaux  dont  elle  a  pay6  la  propri6t6  dans  le  principe,  ce  qui  diminu  e  se 


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—  567  — 

facult6s  et  lui  rend  plus  on6reusela  surcharge  que  hii  impose  la  somme 
de  4,600  1.  des  charges  locales. 

Toutes  ces  impositions,  qui  joinles  ensemble  se  porte  a  la  somme 
totale  de  57,962  1.  13  s.  9  d.,  sans  y  comprendre  celle  de  300  1.  impo- 
st poiTT  les  gages  de  T^crivain,  sont  si  excessives  qu'elles  absorbent 
jusques  aux  besoins  absolus  des  habitants  de  la  communaul^. 

La  communaute  est,  en  outre,  opprimee  par  son  assujettissement  k 
payer  annuellement  plus  de  20  1.  pour  la  taxe  de  la  reddition  de  ses 
comptes  h  la  cour  des  aides;  elle  Test  encore  par  les  sommes  qu'on 
Toblige  de  payer  aussi  annuellement  pour  la  verification  de  ses  r61es. 

Elle  se  trouve  aussi  trfes  grev6e  par  la  leude  qui  est  exig6e  dans  la 
ville  et  qui  y  g^ne  le  commerce  de  ses  foires  et  marches,  malgr6  que 
Tobjet  soit  de  pen  d'importance.  Cette  communaute  est  enfin  ecraste* 
par  toutes  sortes  de  vexations  fiscales,  les  contraintes  de  tout  genre, 
les  privil^es  exclusifs  el  r^normitedes  droits  du  centifeme  denier  d*in- 
sinuation,  d'ensaisissement  et  de  tant  d'autres  que  Tarbitraiie  des  com- 
mis  dirige  k  son  gr6. 

Pour  rem^dier  k  tant  de  maux  particuliers  qui  deviennent  g^n^raux 
dans  toutes  provinces  du  royaume,  et  pour  reformer  les  principaux  abus 
qui  s'y  sont  introduits,  la  ville  et  communaute  de  Gimont  proposent  les 
moyens  suivants  : 

fiTATS  GfiNfiRAUX 

l^^gislatiorL 

Article  premier.  —  On  opinera  par  t^te  aux  Etats  gdneraux. 

Arts  2.  —  II  y  sera  statu6  que  le  pouvoir  l^gislatif  est  k  la  Nation 
avec  le  concours  du  souverain  au  sein  des  Etats  g^n^raux,  et  que  le 
pouvoir  executif  est  au  roi;  qu'ainsi,  la  Nation  seuleaie  droit  de  s'im- 
poser,  d*accorder  et  de  refuser  le  subside,  d'en  r^gler  Tetendue,  Tem- 
ploi,  la  repartition,  la  dur6e,  et  d'ouvrir  Temprunt,  et  que  toute  autre 
mani^re  d'imposer  et  d'emprunter  est  iliegale,  inconstitutionnelle  et  de 
nul  effet. 

Art.  3.  —  Le  retour  periodique  des  Etats  generaux  tous  les  cinq 
ans,  et  dans  le  cas  de  regence  ou  de  nouveau  rfegne,  ils  seront  convo- 
ques  par  extraordinaire,  et  k  defaut  de  convocation^  cessation  d'imp6ts. 

Art.  4.  —  Les  Etats  generaux  regleronten  quel  nombre  et  en  quelle 
forme  ils  doivent  s'assembler  k  Tavenir. 

Art.  5.  —  II  sera  forme  dans  toutes  les  provinces  du  royaume  des 
etats  sur  le  regime  de  ceux  du  Dauphine,  sauf  les  considerations  locales. 


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—  568  - 

Liber  t6 

Article  premier.  —  Libert^  individuelle  dans  les  suffrages  aux 
Etats  g6n6raux,  et  les  d^putds  sous  la  sauvegarde  de  la  Nation. 

Art.  2.  —  Abolition  de  toutes  lettres  closes  ou  autres  ordres  arW- 
traires  contre  la  liberty  des  Frangais;  que  toute  personne  qui  sera  em- 
prisonnfe  provisoirement  soit  remise  dans  les  vingt-quatre  heures 
entre  les  mains  de  ses  juges  naturels  et  que  T^largissement  provisoire 
lui  soit  toujours  accord^  en  fournissant  caution,  except^  pour  le  cri- 
minel  tendant  k  peine  afflictive  ou  infamanle. 

Art.  3.  —  Rappel  de  tous  les  citoyens  exil^  ou  detenus  prisonniers 
par  des  ordres  arbitraires. 

Art.  4.  —  La  liberty  ind^.finie  de  la  presse.  L'auteur,  rimpnmeur 
ou  ^iteur  apposeront  ieur  nom  k  Touvrage  imprim^  pour  en  r^pondre. 

Art.  5.  —  La  libertd  du  commerce  et  de  Tindustrie,  liberty  d'impor- 
tation  et  d'exportation. 

Art.  6.  —  Le  respect  le  plus  absolu  pour  toutes  lettres  confites  k  la 
poste. 

Propri6t6 

Toute  propri6t6  sacr6e,  sauf  la  contribution  aux  imp6ts. 
Liois  civiles  et  crimitielles 

Article  premier.  —  Formation  d'un  nouveau  code  civil  et  cri- 
minel;  rapprocher  les  justices;  deux  seuls  degrfe  de  juridiction,  abr^er 
les  formes;  que  jamais  le  droit  ne  soit  sacrifid  k  la  forme;  les  jugements 
rendus  dans  un  temps  limit6;  et  les  premieres  juridictions  souveraines 
jusqu'^  cent  cinquante  livres  en  principal,  et  jusqu'^  deux  cents  livres 
par  provision,  et  i'6tendue  des  ressorts  des  parlements  maintenue. 

Art.  2.  —  Point  de  privilege  personnel  qui  distraise  le  justiciable 
de  son  ressort.  Connaissance  de  toutes  raati^res  aux  premieres  juri- 
dictions auxquelles  sera  6x6  un  arrondissement  d'environ  trois  lieues, 
et  les  juges  de  Tarrondissememt  rendront  la  justice  au  nom  des  sei- 
gneurs k  leurs  justiciables. 

Art.  3.  —  Attribution  aux  juges  de  police,  des  rixes,  petits  larcins, 
degradation  d'arbres,  dommages  causes  par  les  bestiaux  et  demandes 
civiles  jnsqu'k  douze  livres  sans  appel  et  sans  frais. 

Art.  4.  —  La  r6forme  des  eaux  et  forfets  et  la  connaissance  de  ces 
mati^res  aux  juges  ordinaires. 

Art.  5.  —  An&intissement  du  retrait  lignager. 

Art.  6.  —  Autorisation  du  prfet  k  jour  au  taux  de  Tordonnmce. 


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Art.  7. — R6formesurlesmauvaischirurgiensetsurles  accoucheurs. 

Art.  8.  —  Un  cours  d'accouchement  dans  les  villes  pour  Tinstruc- 
tion  des  sage-femmes. 

Art.  9.  —  R^iorme  sur  les  colleges  et  universit6s. 

Art.  10.  —  On  cberchera  les  moyens  d'assurer  Tex^cution  des  lois 
du  royaume,  de  mani^re  qu'aucunene  puisse  6tre  enfreinte  sans  que 
quelqu*un  en  soil  responsable. 

Im.p6t 

Article  premier.  —  Ces  lois  constilutives  dtablies  sur  des  fonde- 
menls  in6branlables^  les  d^putSs  pourront  voter  pour  TimpAt,  et  alors 
ils  exigeront :  l®  le  tableau  exact  et  d6taill6  de  T^lat  des  finances;  2^  la 
connaissance  approfondie  du  d4ficit  et  les  causes  de  ce  d^sordre  afin 
de  pr6venir  par  des  lois  sages  mais  s6v^res  les  d^pr&lations  qu'on 
pourrait  commettre  d^sormais  dans  cette  branche  de  Tadministration. 

Art.  2.  —  Plus  que  deux  impAts,  Tun  territorial  pris  ea  nature 
g6n6ralement  et  egalement  r6parti  sur  toutes  les  propridtfe  fonciferes  du 
royaume,  sans  distinction  ni  des  biens  nobles,  ni  des  biens  eccl6siasti- 
ques;  et  Tautre  personnel  sur  toutes  les  propri6t6s  mobiliferes  aussi 
sans  distinction,  dans  lequel  seront  compris  Tindustrie  et  le  commerce. 

En  consequence,  les  capiialistes  seront  ten  us  de  dtelarer  au  greffe 
de  leur  arrondissement  le  placement  de  leurs  capitaux,  tant  en  billets 
priv6s  que  centrals,  sous  peine  de  ne  pouvoir  actionner  leurs  d6bi- 
teurs;  et  quant  k  Tindustrie  et  commerce,  Timposition  sera  r^partie  sur 
la  notoriety  publique  du  n^goce  de  cbaque  individu. 

Art.  3.  —  La  somme  de  ces  deux  impAts  et  des  revenus  domaniaux 
surpassera  d'un  dixifeme  le  montant  des  d^penses.  Ce  dixifeme  servira 
k  amonir  la  dette  nationale  et  cet  objet  rempli,  il  sera  conserve  pour 
subvenir  aux  besoins  impr^vus  de  TEtat. 

Art.  4.  —  Les  d^penses  arr6t6s,  le  montant  en  sera  divis6  avec 
^lit^  sur  chaque  province  en  proportion  de  ses  forces  et  Tadminis- 
iration  de  chaque  province  r^partira  dans  ses  6tats  particuliers  sa 
quote-part,  sur  les  individus  de  son  lerritoire,  en  proportion  de  conve- 
nanre  relative  k  ses  locality. 

Art.  5.  —  Dans  les  deux  impAts  ci-dessus  sera  comprise  la  d^pense 
que  Tentretien  des  routes,  leur  construction,  les  ponts  et  chauss^es 
n^cessitent  annuellement,  afin  quo  tons  ces  ouvrages  soient  faits^  prix 
d'argent  sans  assujellissement  :'i  la  corvee  en  nature  qui  sera  abolie,  et 
les  troupes  en  temps  de  paix  seront  employes  aux  travaux  desdites 
routes  en  leur  payant  une  demie  solde  en  sus. 


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—  570  — 

Art.  6.  —  Les  tots  de  chaque  province  feront  la  perception  deleurs 
imp6ts;  ils  en  compteront  avec  radministration  g6n^rale.  Leur  compte 
sera  rendu  public  dans  la  province,  mais  la  part  des  impositions  qui 
devra  s'y  employer  ne  sera  point  envoys  au  Ir^sor  royal,  eta  cet  effet, 
11  sera  6tabli  une  caisse  provinciale  qui  servira  egalement  au  paiement 
des  troupes  qui  doivent  y  6tre  distributes. 

Art.  7.  —  Les  ministres  seront  paiement  comptables  personnelle- 
ment  de  leur  administration  et  its  rendront  compte  public  par  pieces 
justificatives  k  chaque  tenue  des  6tats,  apr6s  Tavoir  pr^sente  annuelle- 
ment  aux  6tats  de  province. 

Art.  8.  —  Les  comptes  de  chaque  communaut^  seront  aussi  rendus 
devant  les  commissaires  qu'elle  nommera,  et  seront  ensuite  verifife 
par  les  6tats  de  la  province  sans  frais. 

Art.  9.  —  Une  capitation  d6termin6e  et  non  arbitraire  de  six  livres 
par  chaque  b^neficier  ou  religieux  s^culier  et  par  chaque  chef  noble  on 
privil^i6;  quatre  livres  pour  chaque  chef  du  tiers-dtat  au-dessus  du 
laboureur  et  de  Partisan;  deux  livres  par  chaque  chef  d'artisan  ou 
laboureur,  et  une  livre  par  chaque  chef  de  brassier. 

AcLministration 

Article  premier.  —  Les  apouages  ne  pourront  ^Ire  donn6s  aux 
princes  que  du  consentement  des  Etatsg6n6raux. 

Art.  2.  —  R^gleront  les  Etats  gdndraux  le  montant  de  toutes  les 
ddpenses  de  TEtat  et  de  la  Couronne,  elles  seront  fixdes  avec  precision 
motivees  par  deparlement,  el  ne  pourront  avoir  d'autre  destination. 

Art.  3.  —  N'entreront  point  dans  les  ddpenses  ci-dessus  une  foule 
d*objets  inutiles  et  indiff6rents  h  la  Nation,  tels  que  sont  les  gros 
appointements  ci-  devant  fixds  par  les  grands  gouvernements. 

Art.  4.  —  Suppression  des  gouvernements  suballernes,  des  places 
militaires,  des  dtats-majors  dans  rintdrienr  du  royaume. 

Art.  5.  —  Suppression  des  compagnies  fiscales,  des  employes  aux 
ponts  et  chauss6es,  et  de  tons  autres  de  ce  genre,  comme  administra- 
teurs  et  receveurs  gdnfciux  et  particuliers. 

Art.  6.  —  Abolition  des  survivances  auxemplois. 

Art.  7.  —  Se  feront  reprdsenler  les  Etats  gdneraux  Ttot  des  pen- 
sions et  des  faveurs  accordees  pour  y  slatuer. 

Art.  8.  —  Abolition  de  tout  droit  et  privilege  exclusif  de  roulage, 
hjftras,  et  autres  objets  de  cette  esp6ce. 

Art.  9.  —  Proscription  des  droits  dc  douane,  p6age,  d'equivalent 
et   de   tons    autres   dtablissements   qui   g^nent  le  commerce  iutt^ 


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—  571  — 

rieur  du  royaume.  Les  douanes  et  gabelles  reoultes  aux  frontiferes. 

Art.  10,  —  Les  domaines  du  roi  inali^nables  et  les  biens  engag6s 
ou  dchang^s  par  la  eouronne  rappelt^. 

Art.  11.  —  Exemption  de  la  milice  en  faveur  des  laboureurs  et 
encouragement  de  ragriculture;  secours-  gratuit  des  m^decins  et  chi- 
rurgiens  pour  les  pauvres  de  la  campagne. 

Art.  12.  —  Suppression  du  franc  fief  et  des  banalii^s. 

Art.  13.  —  II  sera  fait  un  nouveau  tarif  net  et  prdds  pour  que  les 
droits  du  contr61e  et  du  sceau  ne  soient  plus  arbitraires.  Connaissance 
aux  parlements  de  toutes  contestations  sur  ces  objets,  avec  condamna^ 
tion  aux  d^pens  contre  les  commis  s'ils  succombent.  Les  droits  r&ervfe^ 
sols  pour  livre  et  tous  autres  de  pareille  nature  supprimds. 

Art.  14.  —  D6bit  du  tabac  en  carotte  ou  rapp6,  et  non  moulu,  et 
liberty  d'en  faire  venir  et  cultiver  dans  son  fonds,  moyennant  une  taxe 
fixe  et  mod^r^e.  * 

Art.  15.  —  Le  droit  d'^lire  des  consuls  rendu  k  chaque  ville. 

Art.  16.  —  Que  le  m6rite  dans  tous  les  ordres  trouveun  moyen 
d'encouragement.  Que  le  tiers-6tat  puisse  aspirer  aux  charges  de  la 
haute  magistralure,  aux  emplois  militaires,  et  aux  places  gratuites  des 
te)les  Stabiles  pour  la  noblesse  ou  autres  qui  seront  form^es  pour  le 
tiers-6tat  dans  chaque  province;  comme  aussi  k  toutes  les  places  et 
dignit^s  eccl<^siastiques,  m^me  aux  b^n^fices  consistoriaux. 

Clerg6 

Article  premier.  —  L'ordonnance  de  Blois  sera  de  plus  fort  exe- 
cute quant  a  la  r6sidence  des  b^n^fices,  k  leur  obligation  aux  dotations 
des  colleges,  aux  fournitures  des  effets  n^essaires  au  culte  divin,  et 
aux  constructions  et  rtiparations  des  6glises  et  presbyt^res,  et  pour  cet 
effet  Tedit  de  1695  sera  abrog6. 

Art.  2.  —  Le  quart  des  revenus  du  clerg6  aux  bureaux  de  charity, 
et  le  syndic  des  pauvres  autoris6  k  saisir  le  temporel  des  b^n^ficiers 
sans  autre  forme  de  justice  pour  en  procurer  le  paiement. 

Art.  3.  —  Fixation  des  dimes  au  douzi6me  en  consideration  des 
scmenccs  sur  lesquelles  les  fruits-prenants  les  perQoivent;  et  les  four- 
rages  en  seront  exempts  ainsi  que  les  jardins  formes  sans  fraude,  et 
toute  esp^ce  de  menus  grains. 

Art.  4.  —  Suppression  de  tout  casuel. 

Art.  5.  —  L'honoraire  des  cur6s  congruistes  et  des  vicaires  sera 
aiigmenle,de  maniferequc  les  cur^s  aient  quinze  cents  livres  qui  seront 
payees  par  les  gros  decimateurs. 


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—  572    — 

Art.  6.  —  Ne  pourront  les  patrons  eccl^siastiques  conf&er  les 
Wn^fices  qu'i  des  eccl^siastiques  domicilifejcux  ou  leur  famille  depuis 
cinq  ans  dans  leurs  dioceses. 

Art.  7.  —  Le  m^me  eccl6siastique  ne  pourra  jouir  en  m^me  temps 
deux  b4n6fices,  k  moins  que  le  premier  ne  lui  rende  pas  quinze  cents 
livres. 

Art.  8.  —  Point  de  prevention  en  Cour  de  Rome. 

Art.  9.  —  Suppression  des  abbayes  et  prieur6s  en  commande  au 
profit  de  la  Nation,  k  mesure  de  Textinction  des  pouvoirs,et  ce  jusqu'^ 
Tan&ntissement  de  la  dette  nationale. 

Art.  10.  —  Les  religieux  rentes  tenus  de  pourvoir  aux  besoins  des 
religieux  mendiants. 

Art.  11.  —  Abolition  du  Concordat;  r^tablissement  de  la  prag:ma- 
tique  sanction  pour  emp^her  la  sortie  deplusieurs  millions  qui  passent 
k  Rome.  * 

Art.  12.  —  Que  les  droits  de  regale  toument  au  profit  de  la  Nation. 

Art.  13.  —  D^ision  des  Etats  g^n^raux  surla  dette  du  clerg^et  lui 
fixer  un  d(^lai  pour  Tacquitter. 

Art.  14.  —  On  doit  observer  que  le  clerg6  doit  contribuer  conmie 
les  autres  ordres  aux  besoins  de  d'Etat,  sans  pouvoir  dans  aucun  cas 
6tre  charge  des  affaires  temporelles  et  politiques,  ses  fonctions  devant 
6tre  circonscrites  dans  le  spirituel. 

Tels  sontles  voeux  de  laville  et  communaut6deGimont;et  le  present 
eahier  a  616  arr6t6  et  sign6  en  assembl6e  g6n6rale^  de  ce  jourd'hui  sept 
avril  mil  sept  cent  quatre-vingt-neuf ,  par  tons  les  d61ib6Dants  qui  ontsu 
signer  avec  le  president  et  le  secretaire. 

Daylies,  lieulenant  particulier,  president  acceptant;  Peres, 
maire;  Lacoste,  lieutenant  de  maire  et  premier  consul; 
GiNORis,  consul;  Castaing,  docteur-medecin;  Bacon, 
syndic  de  lamunicipalite;  Cabanis;  Lacassaigne,  docteur- 
medecin  acceptant,  Destouet,  acceptant;  Lamothe,  accep- 
So6;  Douau;  Marmoyet;  Boub^e;  Bacquier;  Daran; 
Touatre,  chirurgien;  Courtin;  Boas;  Frangois  Caubet; 
Vitrac;  Touron;  Lanavit;  Labat;  Bordes;  Dumesthe; 
Larrieu;  Larrieu;  Fourcade;  Ducasse;  Idrac;  Bar- 
GuissAu;  CuGNo;  Auvernic;  Missiny;  Lasvignes;  Dau- 
bi^ze;  Decans;  Aubernie;  Bouss^s;  Lasserre;  Lassave; 
Messine,  greffier,  ainsi  signes  k  Toriginal. 

Collationnc:  Messine,  greffier ^  signe. 


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BIBLIOGRAPHIE  HISTORIQUE 


UzESTE  ET  Clement  V,  par  MM.  Tabb^  Brun,  cur6  d'Uzeste,  membre  de  la 
Soci61;6  Areh6ologique  de  Bordeaux,  Berchon  et  Brutails,  membres  de 
TAcad^mie  des  Scienoes,  Belles-Lettres  et  Arts  et  de  la  Soci^t6  Arch^lo- 
gique  de  Bordeaux.  Bordeaux,  imprimerie  oeuve  Cadoret,  1894.  Grand 
in-8"  de  159  p.,  orn6  de  sept  planches  (1). 

On  a  souvent  parl6  de  deux  tAles  dans  un  bonnet.  Saluons  ici  trois 
excel  lentes  et  savanles  t^tes  dans  un  bonnet  1  Chacun  des  collaborateurs 
nous  a  donn6  des  pages  instructives  et  int6ressantes,  et  il  faut  6gale- 
ment  les  f^liciter  et  les  remercier.  Le  m6moire  de  M.  Tabbi  Brun  est 
rhistoire  d'Uzeste,  de  la  coll6giale  et  du  cbapitre,  et  enfin  de  la  sepul- 
ture pontificale;  le  m^moire  de  M.  le  docteur  Berchon  renferme  des 
notes  biographiques  et  iconographiques  sur  Clement  V;  le  m^moire  de 
M.  Tarchiviste  Brutails  contient  une  6tude  archtologique  sur  T^glise 
coll^giale  d'Uzeste. 

M.  le  cur6  d'Uzeste  ne  s'occupe  pas  seulement  de  Thistoire  de  sa 
paroisse,  mais  aussi  de  Thistoire  de  Clement  V  et  de  la  famille  du 
pape,  se  rencontrant  ainsi  avec  M.  le  docteur  Berchon  sur  un  terrain 
que  chacun  d'eux  a  soigneusement  etudi(^,  double  profit  pour  le  lec- 
teur!  Signalons  (p.  4-5)  un  tableau  g6n6alogique  de  la  famille  de  Goth 
ou  mieux  du  Got  (^  partir  de  Rostaing  du  Got,  1142),  tableau  qui  n'est 
peut-6tre  pas  irr6prochable,  comme  en  convient  (p.  3)  la  modestie  de 
I'auteur,  mais  qui  est  le  meilleur  que  Ton  ait  donn6  jusqu'^  ce  jour. 
Les  recherches  de  M.  Tabb^  Brunmontrent  queToriginebazadaisedes 
du  Got  est  incontestable,  quoi  qu'en  aient  pens6  deux  prfttres  qui. 
Tun  autrefois,  Tautre  de  nos  jours,  ont  parfois  manqu6  de  critique  (2). 
Ces  recherches  ont  6t6  si  s6rieusement  faites,  qu'elles  lui  ont  permis 
de  rectifier  force  erreurs,  notamment  (p.  6,  note  1)  une  erreur  d'un 
maltre  tel  que  Jules  Quicherat,au  sujet  de  Rodrigue  de  Villandandro,le 

(1)  Ces  planches  reprt^sentent  une  oue  de  la  colUgtaUi  d'Uzeste,  la  porte  aud 
de  l'4glise  d'Uzeste,  la  statue  de  Notre-Dame  d'Uzeste,  le  tombeau  de  CUment  V, 
I'ipitaphe  de  CUment  V,  le  tombeau  d'un  seigneur  de  Grailly,  le  portrait  de 
CUment  V  (d'apr^  le  recueil  de  Fr.  du  Chesne.  1670),  le  portrait  du  meme 
pape  (d'apr^s  Taddeo  liaddi,  £i  Horence;,  la  statue  dite  de  CUment  V,  d  Saint- 
Andr6  de  Bordeaux.  Les  deux  premieres  sent  des  phototypies  de  la  maison 
Berthaud,  de  Paris  Dans  la  planche  vi,  ^  c6t6  du  portrait  du  grand  pape  gascon, 
on  tiouve  ses  armoiries,  ses  monnaies,  son  sceau  et  (en  petit)  son  tombeau. 

(2)  Je  veux  parler  de  Lab(5nazie  et  de  I'abbe  Barrore,  lesquels  ont  admis  avec 
la  plus  robuste  confiance  I'origine  agenaise  des  de  Goth,  en  general,  de  Clement  V, 
en  particulier.  J'ai  rccemment  eu  1  occasion  de  rappeler  cette  erreur  en  rendant 
compte,  dans  la  Reouo  Catholique  de  Bordeaux  (livraison  du  25  aout  1894, 
p.  491),  de  la  remarquable  publication  de  M.  I'abb^  Durengues,  cur6  de  M^rens : 
PouilU  historique  du  diocdse  dAgen.  Puisque  i*ai  nommQ  le  recueil  p^Tiodique 
si  bien  dirig(5  par  M.  le  chanoine  Allain  et  M.  le  cure  Lafargue,  je  signalerai  le 
m^rite  des  articles  qu'y  public  sur  Clement  V  M.  I'abbe  Lacoste,cur6  de  Saint- 
Pardon,  lequel  pourraii,  plus  tard,  devenir,  ^  Taide  de  nouveaux  efforts  qui  lui 
permettraient  d  approfondir  uu  difflcile  et  beau  sujet,  Thistorien  d^flnitif  de  notre 
glorieux  ccmpatnote. 


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—  574  — 

fameux  routier  (1).  Ajoutons  que  divers  documents  pr6cieux  out  6t6 
ench^ss^s  dans  le  texte,  comme  la  g^n^logie  des  Sarran  de  La  Lanne, 
barons,  puis  marquis  d^Uzeste,  originaires  du  paysde  Marsan  (Landesi 
(p.  14-15),  la  lisle,  de  1313  k  1791,  des  doyens  successifs  du  chapitre 
d'Uzeste  (p.  21-22),  la  liste  de  1530  k  1791,  des  cur6s,  vicaires  perp6- 
tuels  d*Uzesie  (p.  22-23),  prolong6e»  depuis  la  Revolution  jusqu'^  nos 
jours  (p.  24).  Dans  le  chapitre  special  sur  la  sepulture  pontificale  sont 
relev6es  plusieurs  inexactitudes  de  deux  ^minents  arch6ologues,  MM. 
de  Lauri^re  et  Miintz,  Tun  et  Tautre  membres  de  la  Soci6l6  nationale 
des  anfiquaires  de  France,  et,  de  plus,  le  premier,  secretaire  g^n^ral  de 
la  Society  franoaise  d'arch^ologie,  le  second,  membre  de  Tlnstitut 
(p.  31,  note  2;  p.  32,  note  1;  p.  33,  note  1). 

Le  travail  du  docteur  Ernest  Berchon  debute  d'une  fagon  piquante : 
«  Aucun  pape  n'a  &i&  plus  discut^  que  Bertrand  du  Got  ou  du  Guot'(2), 
souverain  pontife  sous  le  nom  de  Clement  V  et  dont  le  tombeau,  mu- 
lil6,  existe  encore  dans  la  gracieuse  dglise  d'Uzeste  (Gironde),  bien  que 
Malte  Brun  ait  commis  Terreur,  grave  surtout  pour  lui,  de  le  placer  k 
Uzerche  (Creuse).  »  Le  secretaire  g^n^ral  de  la  Soci^t^  archtelogique  de 
Bordeaux,  adoptant  Texpos^  chronologique  des  faits,  ce  qui  est  une 
excellente  methode,  d^j^  suivie  par  lui  dans  ses  Etudes  sur  Varche- 
vique  de  Bordeaux ,  Pey  Berland,  a  r^uni  une  foule  de  choses  sur  le 
pape  et  sur  les  du  Got,  tir6es  de  Ciaconius,  Fr.  du  Chesne,  Baluze, 
Pierre  Louvet  de  Beauvais,  Dom  Devienne,  de  Lurbe,  O'Reilly  (3), 
L6o  Drouyn,  Jules  Quicherat,  Renan  (4),  F^ret,  Fisquet,  Lopfes,  Ra- 
banis,  Fillari,  le  P.  Berthier,  le  P.  Theiner,  le  P.  Anselme,  le  cheva- 
lier de  Courcelle,  le  chanoine  Jean  Tarde,  les  Bollandistes,  Jouannet, 
Lamothe,  Francisque  Michel,  le  marquis  d'Essenaut,  Tabb^  Lacurie, 
Tabbe  Souiry,  Boutaric  (5),  et,  pour  finir  par  une  citation  trfes  actuelle, 

(1)  Le  pieux  auteur  s'amuse  (m6me  page)  aux  deepens  d'nn  autre  <!^rudiiqui 
fut  par  trop  ondoyant  at  diocrs,  l^enan,  lequcl,  dans  son  article  sur  Clement  V 
(Rcoue  (ics  Deux-Mondc8  du  1''  mars  1880j,  «  declare  tr^s  caU'igoriquement,  des 
les  premieres  pages,  que  Bertrand  de  Goth  est  n4  k  Viliandraud  ct  affirme  non 
moins  categoriquement,  aux  dcrni^res  pages,  qu'il  etait  natif  d'Uzeste.  C'est  la 
assur^ment  un  syst**me  de  critique  fort  ingrnieux...  » 

(2)  Le  docleur'expliquc  ainsi  (p.  41)  la  pr(^f(^rence  qu'il  accorde  h  la  forme  du 
Got :  «  Le  Goty  lo  Go^,<5iait  le  nom  d'une  petite  paroisse  du  diocese  de  Bordeaux, 
placoe  sons  le  vocable  de  Saint- Martin  :  Erclesia  sancti  Martini  de  ipso  loco 
dcu  Got,  infra  castrum  de  Villandraut  (Gallia  Christiana,  xi,  Inst.  col.  30?). 
Qiiolques  actes  portent  aussi  doii  Guot.  C'est  le  vrai  nom  de  la  famille,  deflgure, 
selon  les  auteurs,  en  du  Gout,  de  Gouth,  de  Goth,  et  meme  Angous,  Agout  et 
Agouth.  » 

(3)  Cet  historien,  dont  j'ai  eu  souvent  j\  contester  les  inexactes  assertions,  a  et^ 
assez  malmen(>  par  le  I)'  Berchon  (pp.  78,  875).  Dcj:^  M.  Tabb*!*  Bnm  avail  dit 
avcc  une  juste  sevorit*;  (p.  31):  «  On  sait  que  le  travail  (Essai  sur  I'histoire  de 
Basas)  manque  absolum^nt  de  critique,  et  que  rimagmalion  de  I'auteur  y  a  une 
trop  grande  part.  Pour  tout  ce  qui  regarde  Uzeste,on  pent  dire  qu*il  y  a  presque 
aulant  de  erreurs  quo  de  mots.  » 

(4)  Le  D'  Berchon  iiivotiuc  uu  memoire  de  Kenan  beaucoup  plus  (^tendu  que 
I'article  de  la  Rnrue  des  Doux-Mondea  et  q\ii  n'est  jamais  cit(*.  \ oxr  Hi stoire 
littrrairc  dj>  la  France,  x.wiu,  1884.  I/abbi^  Brun  et  le  D'  Berchon  s*accordent 
a  noter  que  Kenan  est  un  des  apologistes  de  Clrment  V. 

(5)  Comme  on  oublie  toujours  quelqu'un,  meme  dans  les  enqu6les  le  plus 
ponsciencieusement  poursuivies,  ou  a  oubli<^,  dans  ce  long  d^dombrement,  un 


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—  575  — 

M.  L6on-Gustave  Schlumberger,  membre  de  rAcad^mie  des  Inscrip- 
tions et  Belles-Lettres,  qui,  dans  le  Journal  des  Debate  du  27  avril 
1893,  a  ^rit  sous  le  litre  de  :  le  Tombeau  d'un  papefranQaiSy  un 
article  qui  est  un  petit  chef-d'oeuvre  (1).  Ces  informations  abondanles 
et  si  varies  feront  Wnir  par  tons  les  curieux  T&'udition  d'un  des  plus 
z616s  chercheurs  qu'il  y  ait  en  tout  le  sud-ouest  (2). 

Les  Notes  arch^ologiques  de  M.  Brutails  sont  la  prfeision  m6me. 
On  n*avait  jamais  encore  si  bien  mis  en  lumifere  la  grande  valeyr 
architecturale  de  T^lise  d'Uzeste.  Aprfes  avoir  lu  cette  description, 
aussi  minutieuse  que  lumineuse,  on  connaltla  belle  ^gliseaussi  bien... 
que  disje?  mieux  encore  que  si  on  ^taitall6  la  visiter,  car  certainement 
la  visite  r6elle  la  plus  attentive  ne  vaut  pas  celle  que  Ton  pent  faire, 
sans  quitter  son  fauteuil,  k  Tint^rieur  et  h  Tex^^rieur  du  monument, 
en  compagnie  d*un  guide  tel  que  M.  Brutails.  T.  de  L. 


Un  homme  de  bien  qui  est,  de  plus,  un  excellent  travailleur, 
M.  Charles  Bemadou,  vient  de  publier  un  petit  volume  que  Ton  ne 
saurait  trop  recommander  :  Azpeitia,  Les  f^ies  euskariennes  de 
septembre  1893  suivi  de  la  Marche  de  saint  Ignace  et  autres  poesies 
basques  avec  musique.  Se  vend  au  bdn6fice  des  Ecoles  chr^liennes 
libres.  (Bayonne,  imprimerie-librairie  L.  Lasserre,  1894,  in-8°  de  120 

auteur  du  xvi*  sifecle,  Florimond  de  Raymond  (voir  la  PapesAc  Jeanne,  p.  155). 
sur  r^lection  de  Clement  V,  siir  la  pancarte  autographe  con  tenant  le  proc^- 
verbal  de  I'election  trouvee  dans  une  maison  pres  d  uzeste,  enfin  sur  le  riche 
tombeau,  «  eslabour^  de  marbre  blanc»,  oii  le  corps  de  ce  grand  pape  reposait  et 
que  «  ceux  qui  n'ont  pardounc  aux  pierres  et  aux  os  des  trepasses,  ont  barbare- 
mentmis  en  pieces.  »  On  aurait  encore  pu  citer  Tesiiraable  ouvrage  de  I'abb^ 
Christophe  sur  les  Papes  d'Aoignotiy  ou  la  part  de  notre  Clement  V  est  tr^s 
^quitablement  faite . 

(1)  On  croit  rever,  dit  le  docte  numismate  i\  la  fin  de  son  article,  ou  Ton  trouve, 
avec  deux  descriptions  prestement  enlev^es  du  chateau  de  Villandraut  «  ruine 
f^odale  splendide  •>  et  de  « I'exquise  »  ^glise  d'Uzeste,  I'eloge  de  Clt^ment  V,  de 
M.  Iecur6  Brun,  de  MM.  de  Lauri^re  ot  Muni,  «  on  croit  r^ver  en  constatant 
qu'un  tel  monument  (le  tombeau  du  pape  Clement)  puisse  eire,  en  Franc-e, 
abandonn(^  en  pareil  ^tat  k  I'^poque  ou  nous  sommes.  11  sufflrait  de  quelques 
milliers  de  francs  pourreplacer  le  monument  en  face  de  Tautel  dans  son  cadre 
priraitif,  et  pour  restituer,  sinon  restaurer,  ce  qui  reste  de  ce  beau  vestijje  d'au- 
irefois.  Fuisseni  ces  quelques  lignes  attirer  sur  la  tombe  de  Bertrand  de  Goth, 
perdue  au  milieu  des  pins  des  Landes,  un  regard  favorable  des  membres  de  la 
Commission  des  monuments  historiques !  »  Nous  nous  associons  tons  au  voeu 
de  r(5minent  archeologue  et  nous  esperons  bien  que  Bordeaux  et  Paris,  noble- 
ment  associos  pour  accomplir  cette  oeuvre  de  reparation,  ne  tarderont  pas  inous 
rendre  «  ce  tombeau  d'un  des  rares  papes  frangais,  ce  tombeau  presque  unique 
dans  notre  pays,  puisque  a  peine  quelques  Souverains  poniifes  ont  ete  ensevelis 
sur  la  terre  des  Gaules,  ce  tombeau  si  procieux.  » 

(2)  Ce  si  beau  zele  a  (5te  recompense  par  une  dc^couverte  (voir  k  la  fin  de  la 
brochure,  Appendlno,  avant  la  Tabic  des  matidres)  qui  tranche  enfln  la  question 
tant  d(^baituc  du  lieu  de  naissance  de  Clement  V  :  le  D'  Berchon  a  eu  la  bonne 
fortune  de  trouver  dans  les  Fcedera  de  Hymer(La  Haye,  1745,  in-f",  t.  i,  partie 
IV,  p.  67)  une  lettre  de  Clement  V  au  roi  d*Anglcterre.  ecrite  le  22  d^cembre 
1306,  de  Villandraut.  locum  natlcUatls  nostre.  Jamais  ohercheur  ne  m^rita  plus 
que  le  D'  Berchon  la  joie  de  mettre  la  main  sur  un  document  aussi  drcisif. 
Diverses  indications  relatives  aux  polcmiques  engagces  en  1866  et  continu6es 
jusqu'en  la  presente  annee  1894  ontet^  donnC'Cs  pai*  M.  I'abbe  Brun  (p.  7,  note), 


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—  576  — 

XXIII  p.).  Le  recueil  est  AMi6  au  grand  chritien  et  au  grand  savant 
M.  Antoine  d'Abbadie,  Torganisateur  depuis  40  ans  des  tttes  euska- 
riennes,  et  cette  d^dicace  doit  porter  bonheur  k  sa  trfes  int6ressante 
publication  ou  Ton  trouve  d'agr6ables  r6cits  de  voyage  (de  Bayonne  k 
Azpeitia,  d'Azpeitia  k  Hendaye),  la  description  de  la  valine  d'Yraurgui 
et  des  jeux  qui  y  ont  M  c616br6s  k  la  mode  antique,  la  description  dela 
ville  de  Loyola  et  en  particulier  de  la  Casa  Santa,  lamaison  oil  naquit 
saint  Ignace,  etc.  M.  Bernadou  fait  aimer  le  pays  aussi  pieux  que 
pittoresque  qu'il  ddcrit  si  bien,  et  chacun  de  ses  lecteurs  redira  avec  lui 
(p.  63) :  Comment  Dieu  ne  b6nirait-il  pas  ce  pays  privil^dt 

T.  DE  L. 

Facade  et  cloitre  de  I'^gliae  Saint-Laurent  de  Fleurance  auant 
1772,  par  le  D*"  Desponts  (Auch,  Cocharaux.  In-8°  de  22  p.)  —  Cette 
brochure  vient  k  propos,  lorsqu  on  songe  k  restaurer  la  fa^de  et  le 
clocher  de  la  belle  ^lise  de  Fleurance.  Le  d^labrement  de  cette  facade 
vient  en  partie  de  la  destruction,  accomplie  d'autorit^  en  1771,  d'un 
beau  cloitre  qui  la  compl^tait  et  dont  M.  Desponts  a  si  bien  retrouv6 
les  dimensions  et  le  detail,  qu'il  a  pu  nous  en  oflfrir  un  beau  dessin,  k 
comparer  avec  le  dessin  de  Tetat  actuel,  6galement  renferm^  dans  cette 
jolie  plaquette.  Pourquoi  s'avisa-t-on  de  cette  mesure  deplorable?  La 
cheste  de  la  rosace  plac6e  au-dessus,  et  doi^t  les  mat^riaux  6taient 
mauvais  autant  que  le  travail  en  6tait  d^licat,  avait  notablement 
endommag^  le  cloitre,  et  Ton  trouva  plus  simple  de  d^truire  que  de 
r^parer.  Tout  cela  est  d^duit  par  1  auteur,  avec  force  details  sur  la 
paroisse  de  Fleurance,  qui  feront  d^sirer  la  publication,  revue  par  lui, 
des  Annates  paroissiates  jadis  r^igtes  par  un  de  ses  frferes.  — 
N'oublions  pas  de  dire  que  ce  \ravail  est  englob6  dans  une  allocution 
touchante  adresste  au  v6n6rable  doyen  de  Fleurance  k  Toccasion  des 
noces  d'or  et  d'argent :  cinquantenaire  de  sacerdoce,  vingt-cinqui^me 
annde  de  decanat. 

Grand  orgue  de  ta  cath^drale  d'Auch,  notice  historiqueet  descrip- 
tive, par  J.  SoLiR^NE  (27  p.  gr.  in-8°).  —  C'est  le  travail  dun  specia- 
liste  consomm^,  et  ^  ce  titre  il  se  recommande  de  lui-m^me  aux  amis 
de  la  musique  sacr6e  et  aux  facteurs  d'orgues.  Mais  il  touche  k  des 
points  d'histoire  qu'il  faut  au  moins  noter  ici.  On  savait  que  le  grand 
orgue  de  Sainte-Marie  passa  jadis  pour  le  chef-d'oeuvre  du  «  fameux 
Joyeuse  >,  mais  sans  connallre  la  date  de  sa  cx)nfection  ni  m^me,  je 
crois,  le  moindre  fait  relalif  ^  son  auteur.  Gr^ce^  des  dto)uvertes  d'un 
jeune  notaire  auscitairf,  M,  Embazaygues,  et  aux  explications  de 
M.  Solir^ne,  nous  avons  maintenant  le  trait^.  de  Mgr  de  Suze  avec 
Jean  Joyeuse  (1688),  la  datede  la  r^^^ption  (1695)  et  I'exacte  description 
de  ce  bel  instrument.  M.  Solirene  y  ajoute  les  faits  ult^rieurs  qui  le 
concernent  jusqu'^  ce  jour  et  terraine  par  les  voeux  les  plus  ardcnls 
pour  la  parfaile  restauration  de  ce  pr6cieux  monument  de  Tart 
frangais.  L.  C. 


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TABLE 

DES  ARTICLES  DE  FONDS  ET  DES  DOCUMENTS  IN^DITS 

RENFERMfiS  DANS  LES  TOMES  XXXI-XXXV 


Dans  cette  table  i  ^quivaut  h  xxxi,  ii-xxxii,  iii-xxxiu,  iv-.xzxiv,  v«xzxv. 

On  nous  pardonnera  d'avoir  exclu,  nonseulement  les  Notes  et  Quoationset 
R^ponsea,  mais  encore  la  Bibliographie  et  les  Soir6ea  archiologiquea.  Nous 
gagnons  ainsi  beaucoup  de  place.  Du  reste,  les  lecteurs  qu'affligefaient  cette 
lacune  apprendront  du  moins  avec  plaisir  qu'une  table  absolument  g<Sn^rale  de 
la  Reoue  est  en  preparation. 

Celle-ci  ^tant  alphab^tique,  nous  avons  ticli6  de  mettre  en  vedette  le  mot  le 
plus  significatif  des  titres  d'article,  qui  est  presque  toujours  un  nom  propre. 

Aire  et  Dax,  Diocfeses,  pend.  le  gr.  schisme  (Tauzin),  iii,  245,  327. 

AlbreL  Lettresi  un  sired'  —  (V.  Dubarat,  E.  C,  L.  C),  iv,  349. 

Armagnac,  Eglises  d* —  et  pays  voisins  au  xvi®  sifecle  (A.  Breuils), 
I,  115,  380,  457;  ii,  81, 167,  254,  434;  iii,  172. 

—  La  culture  de  la  vigne  en  —  (A.  Br.),  i.  96. 

—  Culture  des  c^r^ales  en  —  (B.  Ducrue),  i,  142. 

—  CMteaux  comtaux  dans  pi.  villes  de  V  —  (A.  B.),  v,  177. 

—  Les  maisons  d'habitation  dans  V  —  (B.  Ducrue),  iv,  293. 

—  Le  v^tement  dans  V  —  (Id.),  iii,  520. 

Auch.  Origines  de  rimprimerie  k  —  (A.  Claudin),  v,  5, 129. 
Arros  d'Argelos,  biographie  maritime  (A.  Communay),  ii,  58. 
Baas  (J.  Charles  de),  biogr.  maritime  (A.  Communay),  i,  221. 
Bagn^res.  Henri  de  Transtamare  a  —  (L.  Cazaubon),  iv,  581. 
Bq/ole.  Une  lettre  du  P.  —  (T.  de  L.),  iii,  240. 
Barrisj  cur6  de  Cazaux-Pardiac  (C.  La  Plagne),  ii,  76. 

Bartas  (Guill.  de  Saluste  du).  Notes  sur  son  oeuvre  (L.  Cazaubon), 

I,  393,  519,  545. 

—  Une  lettre  de  —  (T.  de  L.),  ii,  86. 

Belsunce  (Arm.  de),  biographie  maritime  (A.  Communay),  n^  389. 

Bigorre.  La  cit6  de  — ,  6tude  critique  (G.  Balencie),  iii,  502. 

Busca.  Le  chateau  du  —  et  les  Maniban  (Ph.  Lauzun),  v,  321. 

Capucins  gascons  6crivains  (L.  C),  v,  31. 

Cauasena.  Les  seigneurs  de  —  (Mauqui6),  i,  357,  573. 

Chateaux  gascons  du  xiii®  sifecle,  preface  (Ph.  L.)  et  introduction  (G. 
Tholin),  HI,  197,  260.  (Voir  Tauzia,  Massencdme,  La  Garddre.) 

Corrensaguet.  L'archipr6tr6  de  —  au  xiv«  sitele  (R.  Dubord),  i,  349; 

II,  115. 


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—  578  — 
Dax.  Voyez  Aire. 

Dudrot  de  Capdebosc.  Livre  de  raison  de  la  famille  —  (T.  de  L),  n, 

224,  269,  331. 

Dulioier,  biogr.  maritime  (A.  Comraunay),  i,  70,  105. 

Eawse.  Leitre  de  Richelieu  aux  consuls  d'  —  (A.  Br.),  i,  24. 

Echaus.  Lettre  de  T^v^ue  B.  d'  -  (L.  C),  i,  236. 

Emigrants  gaseous  sous  les  dern.  Valois  (A.  Br.),  iii,  568. 

Epernon.  Leltres  de  deux  dues  d'  —  (0.  de  la  HitteetT.  de  L.),  i,  236. 

Faudoas,  Notice  sur  Mgr  de  — ,  6v.  de  Meaux  (P.  Gabent),  iv,   149, 
209;  V,  501. 

Fimarcon.  Les  seigneurs  de  —  de  la  maison  de  Lomagne  (Mauqui^), 
IV,  483;  V,  144,  390,  418. 

Flaran.  L'abbaye  de  —  (P.  Benonville,  P.  L),  i,  57,  167,  308. 

Fleurance.   Une  f^te  aux  Augustins  de  —  en  1627  (E.  De^ponts), 

in,  586. 
FontraiLles.  Lettre  du  vicomte  de  —  (T.  de  L.),  ii,  183. 
Fromenti^reSy  (Jvkjue  d'Aire(L.  C),  iv,  101,  533. 
Gard^re  (le  cMt.  de  la),  descrip.  et  histoire  (Ph.  Lauzun),  v,  81,225. 
Garros  (Pierre  de),  pofele  gascon,  notes  (V.  D.),  v,  447. 
Gascogne  (Histoire  de  la),  preface  (Blad6),  in,  29,  53,  166,  267. 
Gascon  fridiome)  h  la  Sorbonne(L.  C),  ni,  115, 196. 
Got  (Bertr.  de),  vie.  de  Lomagne.  Son  procfes  (L.  Gu^rard),  ii,  6. 
Grossoles  (B.  de).  Lettre  au  comte  d'Armagnac  (E.  Cabi6j,  rv,  434. 
Henri  IV.  Lettre  in6dite  (marquis  de  Lupp6),  v,  161. 
Imprimerie,  Voyez  Auch  eiPau, 

—  Anciens  livres  liturgiques  (A.  Breuils),  v,  308. 

Lactoraies.  Epigraphie  des  —  (Esp^randieu),  in,  5,  70,  117,  182, 

225,  367,  458, 526. 

Landes.  La  Fronde  dans  les  —  (Tauzin),  iv,  385;  v,  19,  88,  273, 
317,  485,  533. 

Lannes  (le  marechal),  elude  (L.  Cazaubon),  ii»  458. 

Larressingle  en  Condomois.  Notice  hist.  (J.  Gardfere);  ii,  293;  not. 
archtol.  (G.  Tholin),  iii,  101. 

L^gende  carolingienne  en  Gascogne  (Blad6),  i,  29. 

Lectoure.  L'instruction  publique  k  —  (A.  Plieux),  i,  84,  129,  181, 
224,  249. 

—  Obiets  antiques  inscrits  trouvds  k  —  (Camoreyt),  iv,  5, 127, 
251,  413,  503;  v,  99,  188,  355,  427. 

Lescar.  Le  Br6viaire  de  —  de  1541  (V.  Dubarat),  i,  408,  489. 

Magen  (Ad.),  notice  (L.  C),  v,  258. 

Maniban.  Voyez  Busca. 

Marca  (Pierre  de).  Lettres  inedites  (L.  C.  et  L.  Batcave),  i,  144; 
IV,  553. 


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—  579  — 

Marina  basques  et  h^arnais,  Voy.  Didivier^    Saint- Cric,   Baas, 
Arroa,  Belsunce,  Salha, 

Massencome  (le  chateau  de),  description  et  hist.  (Ph.  Lauzun),  iv, 
245,  305,  404.  . 

Mongaillard  (le  P.  A.  de)  et  sa  famille  (R.  Dubord),  i,  376. 

Montesquiou  (Am.  de),  son  testament  (Barri^re-Flavy),  in,  136. 

Noels  et  cantiques  frangais  et  patois  (A.  Br.),  iv,  62,  ^44. 

Notaires  po6tes  et  representations  dram.  (H.  Carr^re  et  A.  Breuils), 
V,  443. 

Ossat  (le  cardinal  d').  Lettres  incites  (A.    Degert),  v,  206,  245, 
306,  449. 

Panjas.  Peintures  de  P^lise  de  —  (A.  Br.),  ni,  440. 

Pau,  Premiers  imprimeurs  de  —  (A.  Claudin),  iv,  548. 

Phoebus  (Gaston).  La  Chasse  et  les  Oraisons  (L.  Batcave),  v,  549. 

Pr^maux,  6v,  de  P^rigueux.  Fragments  de  lettres  (A.  de  Lantenay, 
HI,  538. 

Raynaud  (le  P.  Th6oph.).  LettrekTarchev.  d*Auch(T.  deL,),  n,  130. 

Rouillan,  baron  de  Montaut,  notice,  i,  5. 

Saint-Bonnet  (A.  de),  imprimeur.  Ses   peregrinations    (Forestie), 
n,  485. 

Saint-Cricq  (Jacq.  de),  biogr.  maritime  (A.  Communay),  i,  201. 

Saint-Savin.  Lar^forme  de  Saint- Maur  aumonast.  de — (C.  Douais), 
I,  437;  n,  21. 

Sainte-Christie  (Jean  d'Armagnac,  sgr  de),  notice  (de  Carsalade), 
I,  257,  458. 

—    Prise  du  chAteau  de  —  (Ch.  Palanque),  v,  238. 

Salha  (Val.  de),  ministrede  Weslphalie  (A.  Communay),  n,  533. 

S^n^chaux  anglais  en  Guyenne  (Tauzin),  ii,  149,  197,  353. 

Silvie  (sainte),  vierge  eiusate  (L.  C),  ii,  213. 

Solle  'Jr.  Yves  de),  archev.  de  Chambery  (P.  Gabent),  v,  401. 

Taillebois  (Em.),  notice  n^crologique  (A.  Lavergne),  ni,  547. 

Tauzia  (chateau  du),  description  et  histoire  (Ph.  Lauzun),  ni,  313, 553; 
IV,  22,  53. 

T^narr^se  (la),  etude  gtegraphique  (A.  Br.),  ii,  548. 

Toulouse.  Parlementaires  gasc.  de— ',executes  k  Paris  (Palanque),i,153. 

Tour-du-Pin  (M.  de  la),  archev.  d'Auch  (R.  P.  Delbrel),  iii,  149,210, 

340,  505. 
Vascome (la) espagnole  sous  les  Romains  (Blade),  ii,  101, 245, 315, 408. 
Vic-Fejsensac.  Anecdotes  sur  —  au  xiv«  sifecle  (C.  La  Plagne,  iv,  197, 

338,  485. 
Vincent  de  Paul  (saint).  Lieu  de  sa  premifere  messe  (T.  de  L.),  i,  197. 


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TABLE  M£TH0DIQUE 

DES  MATlftRES  CONTENUES  DANS  LE  TOME  TRENTE-CINQUIEME 


ARCHEOLOGIE 

Areh^ologle  SAll«*roiii«lBe 

Objets  antiques  avec  marques,  inscriptions^  etc.,  trouv6s  k  Lectoure 
(E.  Camoreyt)  : 

III.  Lampes  en  terre  cuite,  99. 
IV-Vl.  Tulles  k  rebord,  pyramides  tronqu^es,  disques,  105. 
VII.  Intailles  sur  pierres  fines,  111. 
VIII-IX.  Verre,  bronzes,  188. 
Supplement,  355.  427. 

Areh^oloslc  mllltalre  da  uioyeB  Age 

Le  chateau  de  La  Gardfere,  6tude  descriptive  (Ph.  Lauzun),  81. 

Les  cMteaux  des  comtes   d'Armagnac   dans  plusieurs    villes    (A, 
Breuils),  177. 

Areh^olosie  rellsleiuie 

Uzeste  ei  Clement  V,  par  MM.  Brun,  Berchon  et  Brutaiis  (T.  deL.), 
573. 

Fagade  et  cloitre  de  Veglisede  Fleurance^  p.  le  D*"  Desponts,  576. 

Le  grand  orgue  de  la  cath^drale  d' Auch,  p.  par  J.  Solirfene,  576. 

HISTOIRE 

fiTUDES  PRfiLIMINAIRES 

Carte  du  B^arn^  etc.,  par  Guill.  Delisle,  Mit.  Mendousse,  autogra- 
phite  (A.  Lavergne),  128. 

HISTOIRE  CIVILE  ET  POLITIQUE 

■Uloire  proTlaelale 

La  Fronde  dans  les  Landes  (abb6  Tauzin),  19,  88,  273, 327, 485,  533, 
Hiatoire  de  B^arriy  par  P.  de  Marca,  nouv.  6dit.,  465. 
Histoire  de  VAgenaiSy  par  Jules  Andrieu,  377. 

■UCoiro  ol  blosraphle  f^odale*    ■ 

Les  seigneurs  de  Fimarconde  la  maison  de  Lomagne  (Mauqui^),  144, 
290,  418. 

Le  cMteau  de  La  Gardfere,  4tude  historique  (Ph.  Lauzun),  225. 


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—  581  — 

Le  cMteau  du  Busca  et  la  famille  de  Maniban  (id.),  321. 

Un  portrait  de  Gaston  IV  de  Foix  (T.  de  L.),  256. 

La  noblesse  de  la  s^n^chauss^e  (TAuch,  par  E.  Delias,  388. 


locales 


AugnaXy  notice  hisiorique,  par  le  D"^  Dupouy,  472. 
Azpeititty  par  T.  Bemadou  (T.  de  L.),  576. 

HUCoIre  Jadlelalre 

La  8^n^chau886e  cfArmagnac...  La  justice  au  XVI^  sidcle,  par  P. 
Tierny,  471. 

Hlflloire  miliuilre 

Le  pillage  du  chateau  de  Sainte-Christie  (Ch,.  Palanque),  238. 

Lardvolte  des  croquants  de  1637,  par  J.  Andrieu,  387. 

Journal  du  si^ge  du  Mas-d'Azil  en  1625,  p.  p.  Barri^re-Flavy,  387» 

HISTOIRE  ECCLESIASTIQUE 

HIsloIre  provlneiale 

La  Petite-Eglisey  par  le  P.  Drochon,  162. 

■Ifllolre  monasClqiie 

Lescouvenis  d'Agen,  par  Ph.  Lauzun,  372. 

Annuaire  de  Saint-P^.  163. 

La  d^tresse  de  Vabbaye  des  Salenques  en  1483 y  387. 

Commanderie  de  Juzet  et  Frontds,  par  P.  de  Casteran,  386. 

BlosMiylile  eeel^slMilMiae 

Ir^n^Yves  de  Solle,  arch,  de  Chamb^ry  (P.  Gabent),  401. 
Pierre-Paul  de  Faudoas,  6v^ue  de  Meaux  (id.),  501. 
Notice  sur  Marca,  par  M.  Tabb^  Dubarat,  509. 
Notice  sur  I'abb^  Marquety  388. 
CUment  y...  Voir  ci-dessus  Arch^ologie  religieuse, 

HUCoIre  hosrltAli^re 

Origines  de  Tasile  de  nuit  k  Sainte-Marie  d'Auch  (A.  Breuils),  42. 
HISTOIRE  LITTERAIRB 

LlnsaUllqae  et  llll^ratare  popalAlre 

Le  gascon  k  la  Sorbonne  et  la  th^se  de  M.  Lanusse  (L.  C),  115, 196. 
Almanac  patou^s  de  I'ArieJo,  315. 

Tome  XXXV.  38 


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HUloire  do  la  typ«sraphie 

Origines  de  rim,priinerie  i  Auch  (A-  Claudin),  5,  129. 
Notes  sur  divers  livres  liturgiques  (A.  Breuils),  303. 

JioUees  eC  bl04|riuphiefl  IllC^ralre* 

Le  livre  de  la  Chasse  et  les  oraisdos  de  Oaston  Pboebus  (L.  Batcave), 
550. 

Les  ^crivains  gascons  capucins,  d'apr^  te  P.  Apollinaire  (L.  C],  31. 

Notaires-po^tes  et  repr^sentatioos  dramatiques  aux  xvi«  et  xvii«  gitefes 
(H.  Carrfere  et  A.  Breuils),  443. 

Notes  sur  le  poete  gascon  Pierre  de  Garros  (V.  Dubarat),  447. 

Les  centres  po6tiques  de  Pihrac\  par  M.  de  Labondfes,  386. 

La  Gascogne  dans  le  catalogue  Rotschild  (T.  de  L.],  124. 

Ad.  Magen,  d'apr^  MM.  G.  .Tholinet  T.  de  L.  (L.  C],  258. 

Bibllosraptaie  lllt^ralre 

Gascouneries,  par  Arthur  Poydenot,  317. 

Siatuts  et  lisie  des  membres  de  la  t  Garbure^  »  318. 

Publications  de  M.  T.  de  L.,  385,  471. 

DOCUMEJ^TS  HISTORIQUES 

ilpelilvai 

La  Gascogne  dans  Tlnventaire  des  Archives  dela  OirondefT.  deL.), 
366,  458,  504. 

Le  testament  du  card,  de  la  TremoHle  (T.  de  L.),  160. 

■.ettres  mlsslTes 

Lettre  de  Henri  IV  (marquis  de  Lupp6},  161. 

Lettres  du  cardinal  d'Ossat  (A.  Degert),  206,  245,  306,  449. 

APPENDICE 

SfflttES  iRCH^OLOGIQUES  DES  IRGHITES  D£PARTQKITALES 

S&ince  du  4  septembre  1893. 

Int^rieur  d'un  chdteau  gasc. ,  xni*  si^cle  (de  Carsalade),  44. 

Stance  du  2  octobre  1893. 

Un  plat,  suite  de  Palissy  (Boudet),  48. 

Archives  dArcamont,  Livre  Vert  (de  Carsalade),  49. 


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-  683  ~ 

Stance  du  6  novembre  1893. 

Excursion  k  Montaut  et  an  Rieutort  (A.  Lavergne),  54. 
La  com6die  bourgeoise  k  Flenrance  (de  Carsalade),  58. 
Convent  des  Cordeliers  d'Anch  (E.  Delias),  64. 
Devotion  k  saint  Martin  (Despanx),  67. 

Stance  du  4  d6cembre  1893. 

Faience  tromvee  k  Arcamont  (Boudet),  69. 

As8einbl6es  61ectorales  de  89  (E.  Delias),  70. 

La  ville  d'Auch  en  1575  (de  Carsalade),  71. 

Jean  Rizot,  oculiste  de  Tournecoupe  an  xvi*  si^le  (Tierny),  73. 

Culture  de  la  vigne  en  Fezensaguet,  xvi*  si^cle  (de  Carsalade),  76. 

S&ince  du  8  Janvier  1894. 

Le  donjon  de  Bassoues  (de  Carsalade^,  165. 

Les  Jacobins  k  Auch  (E.  Delias),  167. 

Une  oeuvre  de  G.  Drouet  k  retrouver  (de  Carsalade),  171. 

Stathm^tiqne,  poids  de  Condom  (Calcat),  17i. 

S&ince  du  12  tevrier  1894. 

Itindrairede  Clement  V  en  Gascogne  (de  Carsalade),  210. 
Inscription  tumulaire  trouv6e  pr^s  d'Auch  (M6tivier),  215. 
Statuettes  romaines  en  bronze  (Ph.  Lauzun),  216. 
Le  chaperon  consulaire  (de  Carsalade  et  Tierny),  218. 

S^noe  du  5  mars  1894. 

Les  consuls  d'Auch  et  M.  de  Montillet  (E.  Delias),  262. 
Ant.  de  Tournemire,  comt6  de  Malartic  (de  Carsalade),  266. 
Chartes  du  monast.  de  Pessan,  xui*  si^de  (Despanx),  269. 

Stance  du  2  avril  1894. 

Uarchitecte  Alb.  du  Limbeau  (Palanque),  389. 
Le  oarmel  d'Auch,  construction  (E.  Delias),  391. 

Stance  du  7  mai  1894. 

Un  recueil  de  noels  de  1596  (A.  Lavergne),  475. 
Uh6pital  de  risle-de-No6  (E.  Delias),  477. 
Monnaie  rom.  :  vari6t6  in6dite  (Calcat),  480. 

Stance  du  11  juin  1894. 

Le  commandeur  de  Polastron  (de  Carsalade),  513. 
Reconnaissances  f6od.  des  consuls  deFleurance  (Delias),  616. 
Rivalit6  entre  Fleurance  et  Lectoure  (Tierny  et  Lagleize),  520. 


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Seance  du  3  septembre  1894. 

Un  gentilhomme  gascon  du  xv*  sidcle  (Branet),  555. 
L'atelier  monetaire  d'Auch  au  moyen-Age  (Calcat),  558. 
Un  trait  deThistoire  locale  d'Auch  vers  1381  (Despaux),  559. 
Les  DoUancesde  la  villede  Gimont  en  l789(Fitte),  562. 

NOTES  DIVER SES 

CCCXIV.  Curriculum  vitce  du  P.  Mongaillard  (T.  de  L.),  18. 
CCCXV.  Les  coutumes  de  La  R&oXe  et  Tev.  Gombaud  (L.  C),  87. 
CCCXVL  Le  chirurgien  Biennaise  (T.  de  L.),  90. 
CCCXVIL  Cours  de  Utt.  toang^re  de  M.  L.  C,  173. 
CCCXVIIL  Papiers  des  Polastron  (V.  Dubarat),  195. 
CCCXIX.  Un  centenaire  gascon  (T.  de  L.),  224. 
CCCXX.  Fragm,  de  sarcoph.  chr6t.  k  Cacarens  (A.  L.),  302. 
CCCXXI.  Deux  centenairesgascons(L.  C),  336. 
CCCXXIL  Les  armoiries  d'Arnaud  Aubert  (L.  C),  354. 
CCCXXIIL  Centenaires  des  Landes  (V.  Foix),  448. 
CCCXXIV .  Un  volume  exceptionnel  des  arch,  de  la  Gir.  (T.  de  L.),482, 
CCCXXV.  Le  P.  Jacques  Boireau  (L.  Batcave),  500. 
CCCXXVl.  Le  cartul.  des  Hospit.  de  Saint-Jean  (T.  de  L.),  503. 

QUESTIONS  ET  R6P0NSES 

44.  Sur  un  quatrain  de  Jeanne  d'Albret.  Rifep.  (T.  de  L.),  174. 
196.  Le  romancier  Loubayssin  de  Lamarque.  Ri:p.,  442, 
287.  Sur  rhist.  litt.  du  patois  du  Gers.  Rep.  (A.  Br.,  V.  D.l,  77. 

290.  Sur  deux  bons  mots  du  mar.  de  Gramont  (T.  de  L.),  80. 

291.  Combien  rapportait  r6v6ch6  de  Condom?  (T.  de  L.,  L.  C),  114. 

R6p.  (A.  Br.,  J.  Gard^re),  175. 

292.  Le  livre  de  pri^res  de  G.  Phoebus  (T.  de  L.),  187. 

293.  H.  Charpentier,  dans  le  diocfese  d'Auch  (V.  D.),  205. 

294.  Deux  mots  attribu6s  k  Salvandy  (T.  de  L.),  209. 

295.  Sur  une  l^gende  gasconne  (T.  de  L.),  464. 

296.  Le  chateau  de  Longuetille  (T.  de  L.),  483. 

297.  Sur  le  gascon  Et.  du  Junca  (T.  de  L.),  554. 

CORRESPONDANCE 
Lettre  de  M .  Dejob  k  M.  L.  Couture,  512. 


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