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JOAN OF ARC
HARVARD COl-LEGE UBRARY
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REVUE
GASCOGNE
BULLKTIN MKN8UEJL,
SOCIETE HISTORIQUE DE GASCOGNE
Tome XXXV.
AUCH
IMPRIMERIE ET LlTHOQRAPH^E G, FOIX, RUE 8ALGUEftl£
1894
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REVUE
DE
GASCOGNE
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REVUE
DE
GASCOGNE
BULLETIN MKNSUEL
SOCIETE HISTORIQUE DE GASCOGNE
TOJIE XXXV.
AUCH
IMPRIMERIE ET LITHOQRAPHIE G. TOIX, RUE BAL6UERIE
1894
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FrziJ
Harvard College Library
SEP 29 1913
Pipf. A. 0. Ouolidgo
7" ,(t> ,'£iH4*tML^c*^'^
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LES ORIGINES
DE
L'IMPRIMERIE A AUCH
I
LE BREVIAIRE DE 1533 ET SON IMPRIMEUR. — PREUVES DE l'eXISTENCE d'UN
P;,US ANCIEN BREVIAIRE. — LES PEREGRINATIONS DU PREMIER IMPRIMEUR
D*AUCH. - SES ANTECEDENTS.
Le br6viaire de la cath6drale d'Auch de 1533 est le
premier livre qui ait 6t6 imprini6 en cette ville. II est
mentioiin6 dans YHistoire de Vimprimerie a Auch, par
Prosper Laforgue [Revue de Gascogne, tome iii, p. 262).
D'un autre c6t6, M. L6once Couture, le savant directeur
de la Revue de Gascogne, en a fait le sujet d'un article
dans son Esquisse dune liistoire litUralre de la Gas-
cofjne pendant la Renaissance, 6tude ins6r6e dans le
Bulletin du Comite dliistoire et d'archdologie de la pro-
vince d'Auc/i (Auch, 1861, tome ii, p. 57 et suiv.). II
terminait en disant que les bibliophiles « feraient bien
de s'occuper un peu de Claude Garnier. »
Personne n'a encore r6pondu k cet appel fait il y a
plus de trente ans. Nous aliens aujourd'hui essayer de
combler cette lacune en retra^ant ce que nous avons pu
recueillir de la vie et des oeuvres de cet habile imprimeur,
qui a exerc6 son art en plusieurs endroits et dont le nom
m6rite d'etre tir6 d'un injuste oubli. Avant de parler de
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— 6 —
la personne du typographe, disons quelques mots de notre
br6viaire et d'un autre qui Ta pr6c6d6.
La premiere mention que Ton trouve du br6viaire de
1533 se rencontre dans le catalogue de Baluze. (Biblio-
theca Balusiana, ii, n"* 9524), oil il est simplement indi-
qu6 sous la designation de BiTviariwn Auxitamim;
Auxis, 1533; in-S"*, gothique (sans nom d'imprimeur). Le
seul exemplaire que Ton connaisse aujourd'hui de ce
livre est conserve a la Biblioth^que de la ville d'Auch,
od il est inventori6 sous le n^ 300. Dans une vieille
reliure du xvi^ sifecle, il porte a Tint^rieur de la couver-
ture Tex-libris d'Augustin Daignan du Sendat, chanoine,
vicaire-g6n6ral et oflBcial d'Auch, parent de Tauteur de
melanges manuscrits sur I'histoire de la region bien connus
des travailleurs. Nous ne savons oil est pass6 Texemplaire
de Baluze, et nous ignoronsce qullestdevenu. Ce biblio-
phile mettait au commencement de tons ses livres son
nom et son lieu de naissance ainsi : « Stepha/tus Baliulas
Tutelensis », particularity qui ne se retrouve pas dans
Texemplaire de Daignan du Sendat.
Nous aliens donner une description bibliographique du
volume plus exacte et plus complete que celles qui en
ont 6t6 dress6es jusqu'ici.
Le titre est imprim6 en rouge, sauf la premiere ligne
en noir que nous reproduisons ci-dessous en lettres majus-
cules. En voici la transcription d6gag6e des abr6viations,
pour en rendre la lecture plus facile : .
Breviarium Metropolitaneum ad usum insignia ecclesie bente
Marie Auxis, Novissime impressum fussu ac aucioritate Receren-
dissimi in Christo patris et dominie domini Francisci de Claro-
monte miseraiione divina sancte Romane ecclesie cardinalis, epis-
copi Tusculani, legaii Avinionensis et archiepiscopi Auxitaniy
recognitum integritatique restitutum, ab omnibus pvesbi/teris totius
diocesis tenendum ac observari preceptum et monitum. Et per ce-
nerabile (sic) Auxitanensem capitulum, solerti ingenio, summaque
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- 7 —
opera vigilantissime castigatum et correcium, nocis officiis aucium
et decoratum etfolUs suis uhi oporiet et adnoiatum et quoiatum.
Apr^s ce libell6, on voit les armes de Tarchevfique,
surmont6es du chapeau de cardinal, grav6es sur bois et
tiroes en noir; au-dessous ce distique en son honneur :
Salve cardinen fulgens Francisce tiara
CkJus purpureum fulget in orbe caput,
Vient ensuite le Calendrier suivi des pieces liminaires
qui forment ensemble avec le titre 12 ff. en 2 cahiers, le
premier dispos6 en quatevnion, par 4 ff . doubles, avec le
signe -J*, comme signature au bas, et le second en duev-
inoii, c'est-a-dire par 2 ff., avec le m6me signe redou-
ble -f* -f*. Le roijistrc qui indique le nombre de cahiers
ayec leur disposition, est plac6 au redo du 12® feuil-
let^ Au verso on voit une gravure de TAnnonciation,
suivie de vers latins.
Le texte proprement dit du br6viairc commence au
haut du feuillet suivant, portant au bas la signature a,
par cet intitule imprim6 en rouge :
Incipit Breviarium secundum usum ecclesie metropolitane Auxis,
Le livre est divise en quatre parties. La premiere con-
sacr6e aux offices des dimanches (Domuu'cale) se compose
de cxliiij ff. chiffr6s; la seconde qui comprend le psautier
(Psffltrrii//)i) a Ixxxvij ff. chiffr6s; la troisi6me contient
le Sfuictoralr ou Lectionnaire en cxlvii ff., plus un feuil-
(I) \'oici ce rogisire nocessairc pour le collalionnemciit. iu bri'viaire complet.
Les passages que nous avoiis mis en italiqaas soiit imprimes eu rouge :
Reijltitrani totlu.H Brcfiiarij
Et prlmo Kalcmiatiani sin s/f/natum cum rcpulU sequontibus ■[-■{-.
"Dominitxilo sir. sif/natum. a b c d e f g h i k 1 ra n o
p q r s. Psnltrrlum sic sirjiiatam A B C- D E F'
(1 H J K L. Sanrtorulo sic signatum aa bb cc dd
eo tl ^'^ hh ii kk U mm nn oo pp qq rr ss
Commune sic signatum A B C D E. Omnes sunt
quatemi preter ss qui est quaternus et C qui est duernus.
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— 8 -
let dont le verso est blanc et au recto duquel on voit la
m6ine gravure de TAnnonciation que celle plac6e au
commencement, ensemble 148 fl. Enfln, la quatrifeme et
dernifere par tie, le Commun des Saints [Commune Sanc-
torum), n'aque xxxiiij ff. chiffr6s. Le xxv^ f. qui man-
quait a 6t6 recopi6 en manuscrit au commencement du
XVII® ou a la fin du xvi® si^cle. On trouve ensuite 2 flf.
non chiffr6s (ensemble 36 ff. pour cette partie). Ces deux
derniers feuillets contiennent un avis ou avertissement
du Chapitre d'Auch aux pr6tres du diocese sur les chan-
gements et ameliorations apport6es dans Tarrangement
et la redaction de ce nouveau br6viaire, qui a 6t6 ordonn6
et corrig6 avec un soin minutieux [ad amussim retjala'
turn et castiyatum), S'il y est rest6 des f antes, est-il dit,
11 faut s'en prendre aux compositeurs typographes qui se
trompent facilement [calcographorum etiam delinquendi
facilitatem animadvertite) et dont la main a bien vite
commis des erreurs, malgr6 une surveillance d'Argus
(quorum manus etiam si Argus adessetj in errorem cito
labuntur^).
(1) Nous ne croyons pouvoir mieux faire que de donner ici un extrait de ce
xnorceau interessani :
VenerabUis Auwitani capituli ad sacerdotes deoota admonitlo.
Admonet nos divinus psaltes, sacratissimi sacerdotes, quod Deo sapienter
psallamus non sola scilicet nude verba ore proferentes, sed et piam eorum in-
telligentiam ac sensum mente in Deum excitata meditantes, quam plane non
tantum ad psalmodiam et sacram psalmofum decantationem acconnpodandam
putamus, verum etiam et ad omnem que Deo rite exhibetur laudationem ac
orationem
Id sane solicito revolventes animo, zelo
officii divlni succensi (ut metropolitaneum decet capitulum) breviarium nostrum
Auxitanum duximus reformandum, et in melius regulandum quod plane erat
confusum (ut rari admodum qui in divinis persolvendis officiis quin aut non
trepidarent atque hesitarent invenircntur). Porro huic gravi morbo tam late
grassanti et totam pene occupanti Auxitanam diocesim pro viribus occurrere
mederique rati sumus. Ceterura Breviarium ad amussim castigatum et regula-
tum a superfluis elimatum a supressis elucidaium novisque offlciis insignitum et
decoratum, id profuturum cunctis sacerdotibus conducibileque fore arbitrati
sumus si in lucem ederetur profereturque in publicum. Illud igitur, o dcvoti sji-
cerdotes, hylari vultu exporrecta^iue fronte accipite. Si tamen quod noncredimus
(ni [allamur) in seusu, dictione syllabave aliquid repreheusione diguum compe-
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— 9 —
L'achev6 d'imprimer se lit au dernier feuillet recto. II
estainsi con^u:
Absolutum est hoc insigne ecclesie Auxitane Breviarium novo
typo excu88um de mandato Domini Beverendissimi ac permissu
venerabilium canonicorum in lucem emissunij mendis quibus sea-
iebat elimatuniy nocis regulis regulatum et declaratum novisque
officiis videlicet sanctorum Gabrielis, Joachim et Joseph insigni-
tum et decoratum. Auxis novissime impressum industria Claudii
Garnier chalcotypi. Anno Domini trigesimo tertio supra mille-
simum quingentesimum. Die vero pridie Kalendas Maias,
Au-dessous, on voit une petite vignette sur bois de la
Vierge tenant dans ses bras Tenlant J6sus. Le verso de
ce feuillet final est enti^rement blanc. L'ensemble du
volume se compose de 424 ff . imprim6s en rouge et noir,
caracteres gothiques, 36 lignes par page pleine, avec de
petites figures sur bois dans le texte.
On remarquera dans la souscription finale les mots :
NOVO TYPO ExcussuM qui s'appliquent, selon nous, 'a la
nouvelle fonte de caract6res avec lesquels le br6viaire a
6t6 imprim6 par Claude Garnier qui, dans son amour-
propre de typographe, avait int6r6t a vanter le labeur de
longue haleine quil venait de mener a bonne fin.
Un liturgiste distingu6, M. rabb6 Cazauran, est d'un
avis different. Voici ce qull dit dans son travail sur la
Liturgie du diocdse d'Auch;A\ichj 1861, page 7 :
« On a cru longtemps, on croit peut-^tre encore, que le br^viaire
d'Auch public en 1533 et dont on voit un exemplaire dans la Biblio-
theque munieipale d'Auch, 6tait le premier de notre diocese sorti des
presses de rimprimerie. C'est une erreur. La mention k la fin du vo-
ritis, non eis ascribite in vitium qui huic noTissime recognitioni ordinationique
operam dederunt, sed humanis ingeniis condonate quorum proprium est errare.
Nam solius Dei et non hominura perfecta sunt opera. Calcographorum etiam delin-
quendi facilitatem animadvertite, quorum manus eiiamsi (Argus adesset) in erro-
rem cilo labuntur. Hoc solum rogatos vos volumus, ut diligenti studio singulis
diebus laudes Deo persolvere conemini,potiusquam calchotypis et hujus Breviarii
ordinatoribus detrahere imaginemini. Valete lelices.
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— 10 —
lume indique formellemeiit que le livre est une nouvelle ^ition : Novo
TYPO excussuniy etc... D*ailleui*s, Mgr de Montillet ne laisse subsister
aucun doute k net ^gard lorsque parlant dans soa ordonnance du 5
noverabre 1752 (en t^te du br^viaire d'Auch) d'offices propres k la pro-
vince d'Auch, cel^br^s dans Tancienne liturgie, il invoque rautorite
d'ouvrages plus anciens. >
Nous avons eu la curiosity de rechercher le texte invo-
qu6, dont M. rabb6 Cazauran n'a donn6 qu'un extrait
traduit librement en fran^ais : « comme on le voit, dit-il.
par les antiques br6viaires de notre 6glise dont il nous
reste divers exemplaires (ainsi que de Tancien Missel) du
QuiNzifiME etdu seizifeme siecles int6gralement imprim6s.»
Void maintenant le passage en question, dans son int6-
grit6 :
Jam dudum, fratres carissimi, Brcviarium Metropolilanae nostra3
totique huic dioeccsi proprium exoptabatis quod resliUUo Ecclesiae
noslrse antiquo usu in persolvendis llorariis precibus adhiberelur...
Officia propria Sanctorum hujus provinciae multis retro seculis in ea
recoli solitorum uti liquet exanliquis Ecclesiae nostra Bre via ri is quorum
varia nobis supersunt (sicut et veleris Missal is) exemplaria decimo
QUfNTO ET SEXTO DECIMO SECULIS DE INTEGRO TYPIS MANDATA (1).
« II y eut done plusieurs Editions du br^viaire gothique d'Auch,
ajoute M. Tabb^ Cazauran, soit au quinzi6me, soit an seizi^me siccle,
et Ton se trompe lorsqu'on ecrit que ce livre liturgique ne parut qu'en
1533. La publication faite a cette dale fut une simple reimpression. »
Nous sommes parfaitement d'accord sur ce point; mais
cela ne contredit pas notre opinion, que la phrase novo
TYPO iMPREssuM signitte que le livre a 6t6 imprime avee
des types nouvellemcnt fondus. Aux yeux de quiconque
est au courant des formules usit6es dans Tancienne typo-
graphie, Tinterpr^tation de notre honorable contradictcur
(1) Brcclarium Ausritannm illuslrissimi ao roverendissimi in Christo Patris
D. D. Joannis Francisci de Montillet, archiepiscopi Auxitani, Noveiupopulaniic
ct lUriusque Na.arr<T priinatis, jossu ei aiictoritato ac venerabilis cjusdcni
Kcclesiiu capiluli conseusu editurii. ParlsUs, J.-B. Garnt<*r et P.Alex.lc Pricnr,
1753. Ia-12, pag. 3-4.
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— 11 —
pourra paraitre subtile. Si Ton eilt voulu prater a ces
mots le sens qu'il leur a donn6, rimprimeur eUt mis de
NOVO ou NOviTER iMPREssuM, comme on en a de nombreux
exemples a cette 6poque, et n'eiit pas ajout6 le mot
CARACTERE qui pr6cise davantage. L'existence d'un plus
ancien br6viaire est simplement constat6e et ce fait a lui
seul est d'une importance capitale.
On connait deux Editions du Missel d'Auch imprim6es
au XV* sifecle, qui font toutes deux partie de la biblioth^que
du Grand S6minaire d'Auch. La plus ancienne, achev6e
d'imprimer le 14 avril 1491 (1492, nouv. style) aux frais
de noble Hugues Du Cos ou De Cos (cle Cossio), mar-
chand de Toulouse, a 6t6 d6crite par le docteur Desbar-
reaux-Bernard, dans YImprinierio a Toulouse au xv®
sii^de (Toulouse, 1868, pag. 116-117) *; Tautre dat6e de
1495 a 6t6 imprim^e a Pavie en Italie* par Francesco
(1) Nous en reproduisons le co/oyo/io/i imprime en rouge, que nous avons
relevd sur Toriginal. Les barres indiquent Tendroit oii finissent les lignes:
Liber Miasalis ad usum erclesie b meiropoUtane beate marie au b atis. ductu
et impensa nobiUs ci'^ u ri Hugonis de cossio, mercatoris d Tholosani.
Impressus a ad lawlem dei eiusdemgue inte n merate cirginis marie felici
sy= I dere explicit. Anno domini. Af, u cccc xcj, r^w cero xiiiJ.mensiH aprilia,
(2) Comme cette Edition n'est pas signalee dans la Bibliographla Uturgica de
M. Veale, nous en donnons la description bibliographique :
Le litre imprimd en rouge est en une seule ligne i la premiere page :
Missale secundum ecclesiam auxitanam
Au-dessous, la marque de I'imprimeur tirc^e en rouge. Kile diff^ro de celle
donn^e dans le recueil de P. Kristeller {Die Italienischen Buchdruckcr-Ufid
Vertegcrieichea-y Strassburg. 1893, in-fol., n" 130). ~ A la ftn, au verso du der-
nier feuillet, le titre d'impression et le nom du typographe sont en rouge
et en une seule ligne : Papie, per Franci^cum Girardengum. Au-dessous la
date : m. cccc. xc v. — Le volume se compose de 8 ft. non cbifi[r<^'S au com-
mencement pour le titre et le calendrier, de cc xin ff. chiilres, et d'une autre
partie oomprenant xiu ff. chiff. et 3 fif. non chiffres pour la table. Un feuillet de
table nous a paru manquer. Nous n'avons pu verifier sur un autre exemplairo
qui est a la Biblioth^que de la ville de Tarbes. Le format est in-4", gothique ^
2 colon nes, impression en rouge et noir.
On a pr^tendu que ce Missel etait imprime i\ Pavie, petite locality de Tancien
Armagnac, k 4 kilometres d'Auch. Nous n'aurons pas de peine ii d^montrer qu'il
aete exdcui&k Pavle,ville de Tltalie, voisine de Venise, ou Francesco Girardengo
6tail ^tabli imprimeur et y exer^a de 1480 k 1498 (Voy. Si no Comi; Tipogra/ia
Paoese; Pavia, 1807, page 123).
Cette Edition du Missel d'Auch est rest^'e absolument inconnue des bibliogra-
phes. On ue doit pas s'^touuer outre mesure de voir le Missel d*un diocese
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— 12 —
Girardengo. Mais on ne connait aucun exemplaire du
br6viaire du xv® si6cle, dont Texistence a 6t6 of flciellement
constat6e,ainsi qu'on Ta vu,au sifecle dernier par Monsei-
gneur de Montillet.
Nous aliens produire au d6bat un document qui nous
flxera sur la date du premier br6viaire d'Auch aujour-
d'hui disparu et nous fera connaitre exactement le nombre
d'exemplaires auquel il fut tir6. Par acte pass6 a Bordeaux
devant M® Du Bois [de Bosco), notaire, le 7 juin 1487,
Michel Svierler, libraire [vendedor de libres), declare
avoir exp6di6 a Auch T^dition tir6e k 700 exemplaires
d'un br6viaire qu'il venait de faire imprimer a Poitiers.
Citons, suivant notre habitude, le texte original de Tins-
trument notari6 relatif a cette impression :
« .... Maistre Micheau a dit et confess^ qu'il avoit baiU6 et pai^ k
Maistres Estienne Sauveteau et Guillaume (1) imprimeurs k
Poiciiers, la somrae de cent francs tournois, ainsi qu'il appert par
cedules et quictances fetes k causa de ung certain march6 fait entre
lesdits imprimeur et Micheau par le nombre et quantity de sept centz
BREviAiREs DE l'ordre d'Aux alnsi que dudit pacte et march^ entre
eulx fait, appert par instrument regeu par main de notaire ainsi qu'il
dit... »
Le libraire bordelais avait a rendre compte a Nolot de
Guiton son commanditaire d'une somme de a huyt vings
francs bordelois » que ce dernier lui avait avanc6s. II dit
avoir d6pens6 le reste de Fargent en f rais de voyages et
de transport et s'engage a le rembourser sur la vente des
exemplaires dont le b6n6fice sera partag6 par moiti6.
« Et le demourant de la dite somme de huyt vings francs, le dit Maistre
Micheu a dit et confess^ quil avoit despendu et miz k la poursuite et
de Gasoogne, imprim4 en Italie. Nous pouvons citer d*autres livres do lilurgie
fraa^se iraprimes avant celui-ci. h Venise, noram(^ment le Breviaire de
I'abbaye de Cluny, en 1478; celui de Bourges, en 1481; le Missel de Nantes, en
1482, etc.
(1) Ce nom est rest^ en blanc dans I'original.
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— 13 -
diligence pour avoir et recouvrer lesdits breviaires et les menner et
conduire k Aux. De lesquelles sommes dessus dicles ledit Maistre
Micheau S vierler d'Oriiie veul et se consent que du premier argent qui
adviendraetsortiradesdits breviaires ledit Maistre Nolotde Guiton ou
son commis, soyt premi^rement payd et satisfaict bien et entierement
et puisse prendre Targent des dits breviaires entro (1) au paiement de
cette somme. Et au inoyen du dit argent et sommes sus dictes ainsi
par le dit Maistre Nolot bailie, ledit Maistre Micbeau a accuilly, as-
socie el accompaigne led. Maistre Nolot de Guiton en la moitii du
gaing qui se fera et adviendra desdils sept centz breviaires du dit
ordre d'Aux, sans aucune difficult^. » (Archives de la Gironde, Mi-
nutes du noiaire de BoscOy cote 170-171) (2).
D*aprfes ces donn6es, le Br6viaire d'Auch su8-mentionn6
a dd 6tre impriin6 d6s 1486 et termin6 dans les prenaiers
mois de. 1487 au plus tard.
Dans les premieres ann6es du xvi® si6cle, peut-6tre
mfemeavant, un pr6bendier d'Auch 6taitcharg6de vendre
des exemplaires du Br6viaire, pour le compte d'un libraire
de Toulouse. C'6tait probablement le solde de Timpression
de Poitiers acquis par ce dernier de Nolot de Guiton ou
de ses ayant-droit.
Nous devons itrextrfeme obligeance de M. lechanoine
de Carsalade du Pont, secretaire de rarchev6ch6 d'Auch,
communication d'une pi6ce qui vient h Tappui de ce que
nous venons d'avancer. II s'agit d'une reconnaissance de
dette en faveur du libraire de Tarquiis^ dat^e du 18 avril
1520 (v. style). Vital Cahuzac, pr6tre et pr6bendier de
r^glise m6tropolitaine de Sainte-Marie d'Auch, meurt,
laissant tons ses biens k son fr6re Jean Cahuzac, habitant
de Roquelaure. Celui-ci, en sa qualit6 d'h6ritier, reconnait
devoir « Hieronymo de TurquiiSy librario Tholose, » la
(1) Entro, jusque, mot gascon.
(2) Pour le texte entier de cette pi^ce, voir Ern. Gaullieur; VImprimerie d
Bordeauw en 1486, Bordeaux, 1869, page 37, et J. Delpit, Originea de VImpri-
merie en Guyenne; Bordeaux, 1869, pag. 100-101.
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— 14 —
somme de 29 livres et quinze sous tournois dfls on fin de
compte, par ledit feu Vital son f r6re :
a Quia dicius de Turquiis iradiderat predicto domino Vitali
Cahuzaco, dum vioehat in humanis, certam guantitatem lihrorum
videlicet Breviarioram^ Missalium ei Maiutinarum ordinis auxiiani
pro vendendo et ex finali computo, » (Minutes de Jean Labedan,
notaire a Saiut-Sauvy, prfes d'Auch, etude de M^ Barallh^).
L'existence d'une et peut-6tre de deux Editions du br6-
viaire d'Auch ant^rieures a celle de 1533 est done bien
6tablie. D'apr6s une conversation que nous avons eue
avec M. rabb6 Cazauran, nous n'avons pas renonc6 a
Fespoir de les retrouver t6t ou tard.
Revenons maintenant a notre imprimeur.
Claude Gamier n'6tait pas un enfant du pays. C'6tait
un nomade qui arrival t de Bazas, oti 11 avait 6t6 appel6
par r6v6que Foucauld de Bonneval pour imprimer le br6-
viaire de son dioc6se. Le seul exemplaire connu du br6-
viaire de Bazas imprim6 par Garnier se trouve a la Bi-
bliotheque de Bordeaux sous le n^ 31,715. C'est un petit
in-8^ de 452 if., imprim6 en rouge et noir, a 2 colonnes,
caract^res gothiques. Le titre est dispos6 comme celui
du br6viaire d'Auch, avec les armes du pr61at sous le
patronage duquel il fut ex6cut6. Le nom de rimprimeur
et le lieu de Timpression sont indiqu6s dans les derni6res
lignes du colophon ou libell6 final :
Impressi'm industria et opera MAGiSTRj Claudii Garnerii calco-
CRAPHi Vasati, anno ah Incarnatione domini millesimo ccccc : xxx,
die cero xc mensis Januarii.
Cette date d'ach^vement au 15 Janvier 1530 (vieux
style), correspond a Janvier 1531 (nouveau style).
Les chanoines de Bazas profit6rent de la presence de
Claude Garnier pour lui faire imprimer un vieux manus-
crit de la vie ou 16gende de saint Jean-Baptiste, patron
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^ 15 -
de la cath^drale, qui se conservait alors dans la biblio-
theque du Chapitre. L'un d'eux, Jean Dibarola, qui 6tait
en m6me temps conseiller au parlement de Bordeaux, fut
charg6 par ses collogues de revoir le texte et de Tanno-
ter. Le titre que nous transcrivons, moins les abr6via-
tions, est imprim6 en rouge.
Opus quod Baptisia Salvatorls nitncupaiur in suum ordinem et
debitam fomiam redactuniy suadentibus dominia canonicis et capi-
tulo insiffnis ecclesie Basatensis, cam rubricis acjideli emendatione
tam marginali cdlecjationum (juotailone et aliorum nuper acces-
sione per/ecium,
Au-dessous, on voit une petite vignette en noir du
Christ crucifix avec les deux saintes femmes au pied de
la croix et ces deux lignes 6galement en noir :
Impressum Vasati, per Claudium Garn^ier, anno Domini
M. ccccc. XXX.
Ce titre, qui fait un trfes bel effet, est encastr6 dans une
bordure histori6e grav6e sur bois en forme de portique,
avec colonnes de cariatides soutenues par des enfants
nus. Dans le soubassement un chiflfre entrelac6 form6 des
lettres C. G., initiates de Claude Gamier, retenu par
des lacs ou noeuds d'amour, est plac6 au milieu d'une
targe ou 6cu.
La vie de saint Jean-Baptiste imprim6e sur v61in est
un fort beau livre, d6cor6 de lettres orn6es sur fond cri-
bl6. C'est un chef-d*oeuvre d'impression. Le seul exem-
plaire que Ton en connaisse est dans un merveilleux
6tat de conservation, sous une ancienne couverture de
parchemin. II a successivement fait partie des biblio-
thfeques de Ballesdens et de Le Tellier, archev6que de
Reims. On le conserve actuellement a la Bibliothfeque
Sainte-Genevi6ve, a Paris, sous la cote OE, 290 ^
Le volume se compose de 12 cahiers avec signatures
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- le —
de A it M inclus, disposes en duernions, par 2. C'est un
petit in-4^, gothique, a longues lignes, au nombre de 31
par page pleine. La preface du chanoine Jean Dibarola
plac6e imm6diatement aprds le titre 6tant dat6e de la
veille des calendes de f6vrier (31 Janvier), Timpression
de la vie de saint Jean-Baptiste n'a pu 6tre commenc6e
qu'apr6s celle du br6viaire et a dti 6tre termin6e avant le
25 mars 1530 (1531, nouveau style) K Claude Gamier
quitta Bazas peu de temps aprfes et se rendit ensuite k
Auch, oil il devait 6tre install^ dfes 1532, comme le dit
M. Prosper Laforgue {Hist, de Vimprimerie a Auch;
Auch, 1862, page 3.).
Avant de venir exercer son art h Bazas, Claude Gar-
nier 6tait d6jitconnu du haut clerg6 du Midi. Leonard de
la Rov6re, 6v6que d'Agen, lui avait confl6 Timpression
de son br6viaire qui fut achev6 en 1526. Ce livre raris-
sime, dont on ne connait plus aujourd'hui qu'un seul exem-
plaire qu'on peut voir &. la Biblioth6que de la ville d'Agen,
fut imprim6 k Limoges. C'est en cette ville que Garnier
avait d6but6. Nous aliens rappeler brifevement ses ant6-
c6dents.
En 1520, il 6tait associ6 avee Martin Berton, que nous
croyons 6tre Tun des flls ou le neveu de Jean Berton, le
proto-typographe de Limoges. lis impriment ensemble le
br6viaire de Saint-Martial en un volume petit in-8^,
gothique k 2 colonnes, aux frais de Tabbaye du m6me
nom*.
En 1522, il imprime seul, cette fois, un Coustumier
du Poitou, petit in-8**, gothique, pour Pierre Gachon,
dit Mirebeau, libraire k Poitiers. En 1523, il execute un
(1) L'ann^ commengait uniformSment dans le Midi au 25 mars, selon le
calcul aquitanique.
(2) Voir Leymarie, le Limotiain hiatoriquo; Limoges, 1838, tome i", page 70;
PoYBT, Essai de bibliographie limousine; Limoges, 1862, page 26, et le Biblio-
phile limouain, liTraison de f^vrier 1893, pages 36-37.
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- 17 —
Missel de Saintes, in-4® gothique k 2 colonnes, pour le
compte d'Enguilbert de Marnef et de Jacques Bouchet,
imprimeurs-libraires k Poitiers. La m6me anii6e, il ter-
mine un br6viaire d'Angoul6me qu'il tire k 800 exem-
plaires \ pour le compte d'Andr6 Chauvin, ancien impri-
meur k Angoul6me. L'6dition fut partag6e entre un autre
confrere de Limoges, Richard de la Nouailhe, suivant
contrat du 4 d6cembre 1523, par devant M* Jehan P6ni-
caud rain6, notaire audit Limoges.
En 1524, il imprime pour de Marnef la syntaxe latine
de Despaut6re, petit in-4^ gothique a 2 colonnes. Le 11
Janvier 1524 (1525, nouveau style), ilmet au jour encore
pour le compte des 6diteurs de Poitiers, Enguilbert de
Marnef et Jacques Bouchet, un Missel de Poitiers, in-4®
gothique. Un peu plus de six semaine8apr6s,aux Calendes
de mars 1524 (l®'^ mars 1525, nouv. style), il achevait un
magnifique Missel de T^glise d'Angoulfeme, le plus beau
livre peut-6tre qui soit sorti de ses presses. L'impression
en avait 6t6 commenc6e d6s 1523, ainsi que le constate
Facte cit6 plus haut pour le br6viaire.L'6dition du Missel
d'Angoul6me fut tir6e k 400 exemplaires pour le compte
de Chauvin, 6diteur du br6viaire du mfeme diocfese, et
partag6e encore avec le libraire limousin Richard de la
Nouailhe. Le br6viaire d'Agen, dont nous avons parl6
plus haut, vient ensuite avec la date de 1526, donn6e par
le Gallia Christiana.
En 1528, Gamier public le recueil des sermons d'un
p^re dominicain : Opus moralitatum patris Jacohi de
Lusanna, ordinis Sancti Dominiciy in-8** gothique. Le
titre est entour6 d'une bordure grav6e sur bois, avec le
chifEre de Claude Garnier, dans le bas, comme dans la
(1) Voir le texte de oe contrat dans Texcellent trayai] que vient de publier
M. Louis Guibert sur Lea premiers imprimeurs de Limoges; Limoges, 1893|
pag. 25-27.
Tome XXXV. — Janvier 1894. 2
1
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- 18 -
Ifeg^Bde d8 sAint Jeari, ddl6e dfe feazas, 1530 (v. df\e).
Pen dd tferiips ap^^6s, il fait paraitre uh nianuel de m6di-
tatibns d^Votes : Ordinurmm devoidram meditatiohum,
compost d*extrjaits de livres pieiix; petit iii-8% gothique.
li ^ indique I'Adresse de son atelier k Limoges, auprfes de
Saint-Martial, eti face db i'^glise, designation qiii corres-
pGhd tt soit ttti bas de M rue du Clocher actuelle, soit a
reiitr6e de la rtle t^ont-H6risson, w suivatit M. Louis
Guibert*. II quitte ensuite Limoges pour aller a Bazas,
t)Uis k AucH. Tel fut sbn itin^raire.
Dans le t)l:^ochain chapitre nbiis 6tudierons les Heures
gfdthiquiss k Tus^e d'Auch, nous suivrons les traces de
Cladde ferariiier, et noils continui^rons en rappelant les
ildniis de ceux qui siiccessivement etablirent des presses
flans k vieille liietropole duscitaine, apt*6s le depart de
ftbtl^ fjremiet ty{)Dgraplie.
A. CLAUDIN.
NOTES DIVERSES
CCCXIV. Etat civU et • cuniotdum vitao > du F. MongaiUard
Oil ih*Bnvoie de nos archives, m'dcflt le R. P. C. Sommfervogelj le6
notes suivantes sur Thistorien gascon Mongaillard :
« h6 i Aubifet le 29 avril 1561. Entr6 au noviciat le I" Janvier 1584. l\
pklfeftiA tin ati la gramraaire, un aii la philosophie; fit fees voeux de profte
le 20 avril 1607, fut quatre ans procureur de province, neuf ans procureur
de maisons, six ans ministre, deux ans recteur, trois ans secretaire du pro-
vincial-, cinq ans prMicatienr; il mourut h Toulouse, le iO mars 1626. »
Cela d6tmit compl^tement certaines donnees des P6res de Backer, no-
tamment eh ce qui regarde le s6jour en 1580 h Auch. Du reste, Sotwol
avait dl9j& id^Tl^tati^ que Thistorien Mongaillard mourut en 1626, apr^s
quarante-deux ans de compagnie . T. de L.
— Plusieurs de ces dates *et autres precisions se trouvent d6jk dans
Tarticle du venerable cur6 d'Aubiet sur leP, A, Mongaillard et safamille
(R. de G. 1890, xxxi, 289); je pourrai donner moi-meme quelque jour un
l^er supplement h ces donnees biographiques. — L. C.
(1) Lea premiers imprimears de Limoges; Limoges, 1893, page 19.
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CHRONIQUES LANDAISES
LA FRONDE
(164t8-16S3) O
II
Le regiment de Ncwailles. — De graves 6v6nement8
se pass^rent alors k Paris. Bless6e de Tattitude arro-
gante du prince de Cond6, la r^gente le fit arr6ter avec .
son frfere le prince de Conti et son beau-frfit* le due de
Longueville (18 Janvier 1650). Les vieux frondeurs ap-
plaudirent d'abord k cet acte d'autorit6 centre leur vain-
queur; mais le remnant coadjut6ur sut r6veiller.leur haine
centre le cardinal et r6ussit k ainener la fusion entre la
Fronde parlementaire et celle des princes. La reine ne se
laissa pas 6branler par cette coalition et tint hardiment
tfete k Forage, tandis que la princesse de Cond6 essayait
de soulever la province en favour de son mari. La Cour
fut done oblig6e de fortifier les garnisons, ce qui amena
des conflits, car le due d'Epernon mandait k Mazarin :
Ceux de Dax ayant cy-devant refus6 la moiti6 de ma compagnie de
gendarmes que j*y avois envoife, et le Roy ayant treuv6 bon que pour
chastier ceste d^soWissance j'y envoiasse d'autres trouppes en vertu
des ordres que Sa Majesty m'adressa pour cet eflEet, je iSs advancer le
raiment de Navailles auquel qilelques s6ditieux firent fehner fes flortes
au commencement; mais luy ont 6t6 ouvertes du depuis et j'en ai faict
desloger ce regiment pour faire cognoistre que le Roy ne demande quiB
(•) Voir la livraisou de septembre-octobre 1^93, page 385.
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— so-
cle ToWissance, oe qui sera de trfes-bon exemple k lout le reste du gou-
vernemem dont 1^ principalles villes avoient desjasur cerefus conceu
Tesp^rance qu'il ne falloit qu'en faire autant pour se raettre a couvert
du logement des trouppes (8 avril) (1).
La le^on fut en eflfet bien rude pour tout le pays, et
le chroniqueur chalossais exhale ainsi sa plainte :
Au mois d'avril 1650 le regiment de Navailles passa h Montaut et
en plusieurs paroisses de Chalosse, et alia demeurer k Dax et aux en-
virons dans le siege de Dax un espace de 20 jours et firent de grands
domages : ceux de Mpntaut furent contrains de quitter la paroisse (2).
Le regiment comptait trente compagnies formant
1,200 hommes. Sa presence avait r6duit les dacquois k
emprunter k Bayonne 30,000 livres *; k force de d-mar-
ches, ils obtinrent « le deslogement » de dix compagnies
qui, par ordre de d'Epernon, furent dispers6es dans les
bourgs et villages des environs *. Plus tard, lorsque Dax
vqiilut demander aux paroisses du Marensin et du pays
Ae Born, comprises dans son gouvernement, le rembour-
sement d'une partie des d6penses que la ville avait dA
faire « durant dix-sept jours » (16695 livres, plus 600
livres de frais), cette reclamation fut la source de nom-
breux proc6s.
La princesse de Cond^ d Bordeauoc. — Les circons-
tances devenant de plus en plus graves, le due d'Epernon
dut songer k prendre des mesures 6nergiques pour 'main-
tenir la tranquillity dans la province qui lui 6tait confine;
mais les conventions du trait6 de Bordeaux le mettaient
dans un grand embarras en Tobligeant a tenir ses sol-
dats 61oign68 de cette ville, qui demeurait ainsi expos6e
k toutes les entreprises de ses adversaires. II ne voulait
(1) Arch, nat., K. K. 1218, ^ 257.
(2) Laborde-P^bou6, op. cit. (Armorial des Landea, ui, p. 462).
(3) Arch, de Bayonne, E. E. 91, n* 65.
(4) Arch, de Dax, B. B. 3, f 20 V et ^ 24.
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— 21 —
leur oflfrir aucun pr6texte de reprendre les armes. « Ce-
» pendant, 6crivait-il a Mazarin, Madame la princesse
» et son filz nous viennent faire la guerre. Nous ne pou-
» vons pas nous passer d'envoyer et de mettre des trou-
» pes dans TAlbret et dans le Bordelois et le Bazadois,
)) oti il fauldra pr6venir et dissiper leurs assemblies et
)) les suivre » (17 mai) K L'un de leurs partisans, Saint-Si-
mon, gouverneur de Blaye, avait harangu6 les habitants
et les jurats de cette ville, leur annongant que dans peu
de jours la princesse de Cond6 et le due d'Enghien de-
vaient arriver parmi eux; « leur diet de plus que le Roy
» d'Espagne luy avoit envoi6 offrir quatre cens mil escus
» et que TEspagnol qui Ten avoit averty Tavoit aussy
)) asseur6 que Ton armoit dix grands gallons k Saint-
» S6bastien, sur lesquels devoient monter sept mil hom-
» mes pour venir en Guienne » (24 mai) *. Au mois de
juin 1650, la princesse de Cond6 se pr6sentait en eflfet k
Bordeaux pour placer sa cause sous la protection du par-
lement de cette ville.
Les nouvelles arrivferent que MM. de Bouillon et de La Rochefou-
cault avoient faict entrer dans Bourdeaux Madame la princess^ et
M. le due (3), que le cardinal avoit laiss^ entre les mains de Madame
sa m6re au lieu de le faire nourrir aupr^ du roi, comme Servien (4) le
lui avoit conseill6. Ce parlement dont le plus sage et le plus vieux en
ce temps \h jouoit gaiment tout son bien en un soir sans faire tort k sa
reputation, cut deux spectacles en une m6me annfe extraordinaires.
II vit un prince et une princesse du sang, k genoux au bureau, lui
demandant justice, et il fut assez fou, si I'on pent parler ainsi d*une
compagnie en corps, pour faire apporter sur le m^me bureau une hos-
tie consacr^ que des soldals des troupes de M. d'Epernon avoient
laiss^ lomber d'un ciboire qui avoit ^le vol6. Le parlement de Bour-
deaux ne fut pas fAche de ce que le peu pie eut donn6 entrte ^ M. le
(1) Arch, nat, K. K. 1218. f» 260.
(2) Arch. nat. K. K. 1J518, ^ 272.
(3) Le due d'Enghien, fils du prince de Cond^.
(4) Servien ^tait un des secretaires d'Etat avec Uonne, Le Tellier et Mazarm.
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— 22 —
^p^ : m^ \\ g^rpU^ pourtant b^ucoup plus de uiesure qull n'apparte-
T^Q\\ a^\k cjim^t e^ h Y\i\kmeur oii il ^oit contre M. d'Epernon. II or-
donnaque Ms^c^arae la princesse, M. le due, MM. de Bouillon etde La
Rochefoucault auroient la liberty de demeurer dans Bordeaux, k con-
dition qu'ils donneroient leur parole de ne rien entreprendre contre le
service da roi et que cependant la requite de Madame la princesse
^DQU eoYpyte k §. M. et que triis-humhles remontrances lui seroient
|ait^ sue la 4^^tioa de MM. les princes (1!.
Hesitation du Parlement. — Le parlement avait done
6vit6 d'embrasser ouvertement la cause des r6volt6s, mais
en accueillant leur requite il s'6tait engag6 dans une voie
bien p6rilleuse; toutefois, on pouvait peut-6tre encore le
retenir dans le devoir.
Le president de Gourgues (2), qui dtoit un des principaux du corps
et qui eut souhait^ que Ton eul 6vit6 les extremities, d^p^ha un cour-
rier k Senneterre qui dtoit son ami, avec une lettre de treize pages, de
chiffres, par laquelle il lui mandoit que son parlement n'^toit pas si
emport6 que si le roi vouloit r^voquer M. d'Epernon il ne demeur^t
c(ans I^ fidelity, qu'il Ipi en donnoit sa parole; que ce qu'il avoit fait
jusques 1^ n'6toit qu'a cette intention; mais que si Ton differoit il ne
r^pondoit plus de la compagnie et beaucoup moins du peuple, qui m^-
nagd ^t appuyi comme il T^toit par le parti de MM. les Princes, sc
rendroit m^me dans peu maitre du Parlement (3).
Ce ne fut pas de la part de ce magistral une vaine
promesse, car il ne d6pendit pas de lui que ses' collogues
demeurassent fiddles a leur souverain.
La populace ayant entrepris de les faire opiner de force pour Tunion
avec les princes, il arma les jurats qui la firent retirer du palais k
coups de mousquets... Celte r&islante du parlement de Bordeaux que
tout le monde presque a traits de simul^e, m*a 6l^ confirm^ pour veri-
table et m^mepour sincere par M. de Bouillon, qui m'a dit plusieurs
fois depuis, que si la Coar n'eut point pouss^ les choses. Ton eut eu
bien de la peine k \es porter k rextr6mit6. Ce qui est certain c'est que
(1) Mint, du cardinal do Retz, 1. 1, p. 327.
(2) Seigneur de Saint-Julien de Gabarret.
(3> ^4m. d(A, ^f'4ina\ d^ ReU, 1. 1, p. 3^.
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V- 33 rr-
I'on croii ou que Ton voulqt croire k }a Cour que to^t ce qv^e faf^t ^
parlement n'^toit que grimace (1).
Sous une telle impression, lareine ne voulut pas ailtenr
dre parler de concessions et, malgr6 les remolitrance^
qui lui furent1adress6es sur Teflfet de ce voyage, il fut
d6cid6 qu'a son retour de Compi^gne, ot il 6tait alops, 1^
roi se rendrait en Guyenne* De plus, « quand Monsieur
s'offrit d'aller lui-m6me travailler k raccotnodement,
pourvu qu*on lui donnAt parole de r6voquer M. d'Eper^r
non, on lui dit, pour r6ponse, qu'il 6toit de Thonneup du
roi de le maintenir dans son gouvernement • ».
Recrutement — Tout espoir de conciliation 6tant
perdu, la princesse de Cond6 chercha k se procurer des
alliances dans les Landes. EUe essay a vainement de
gagner a sa cause le comte de Gramont, qui se trouvait
alors en B6arn, et son flls le comte de Toulongeon, gou-
verneur de Bayonne. Saint- Agoulin, 6missaire de la prin-
cesse, vint trouver ce dernier k Bidache, sans r6ussir h,
6branler sa fid61it6; car Toulongeon lui fit r6pondre
(( qu'il n'y avoit salut ni pour elle ni pour les princes
)) que dans la soumission au roi et a ses ministres • ». II
refusa done de laisser passer en Espagne celui de leurs
partisans que les Frondeurs envoyaient en ce pavs pour
s'informer du succfes des n6gociations quils y avaient
entreprises. Gramont ne se montra pas moins inflexible.
II r^pondit qu'il d6plorait le malheur de la princessef il
voudrait bien la servir, ainsi que le prince son mari,
qu'il aimait, s'il Tosait dire, avec toute la tencjresse de
son coeur; mais il avait les mains li6es, 6tant domesr-
tique du roi et ayant la principale garde de sapersojine.
Comme son flls, il eut done soin d'emp6cher toute com-r
(1) Mem. du cardinal de RcU, 1. 1, p. 328.
(2) Id.
(3) M6m. de Lenet, avocat, secretaire de Cond^, p. 295.
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« ^4 —
munication entre TEspagne et les Frondeurs *. Ceux-ci
n'en continuferent pas moins k n6gocier avec les Espa-
gnols^ grftce a la connivence d'un Portugais, nomm6
Othon Sabaria, qui avait une correspondance secrete
avec les ministres de son pays et, par ce moyen, faisait
passer tous les paquets des r6volt6s.
D6?ue dans ses esp6rances, la princesse voulut du
moins utiliser les services des seigneurs qui s'6taient
montr6s plus dociles k son appel. EUe donna done com-
mission au baron de Belhade de lever, sur les tailles de
Tartas, une compagnie de fusiliers « pour garder sa mai-
)) son qui est assez bonne » *. EUe en envoy a une autre
au baron de Roquetaillade, prfes de Bazas, pour organiser
une compagnie de gendarmes sous le nom d'Albret et
un regiment d'infanterie. Le baron de Marsan, seigneur
de Roquefort, re§ut aussi de Targent, quelques patentes
et quelques assignations pour former un regiment de
quatre compagnies de cavalerie. Ces auxiliaires n'6taient
gufere en puissance de faire pencher la balance en faveur
des rebelles; mais « on se sert en semblables affaires de
toutes sortes de personnes, moins avec intention d'en
fortifier un parti que pour empfecher qu'ils ne passent
dans celui qui est oppos6, particuli6rement quand ils ont
des chateaux k la faveur desquels on pent faire quelques
lev6es de troupes ou d'argent sur leplat pays ' ».
Complot de Dax. — Dax 6tait toujours, apr^s Bayonne,
la ville la plus importante de notre region; a ce titre,
elle ne pouvait manquer d'exciter les convoitises des
Frondeurs. Le marquis de Poyanne, qui gouvernait cette
place, administrait avec trop de fermet6 pour n'avoir pas
autour de lui de nombreux ennemis; un avocat du roi,
(1) M6m. d€ Lenet, p. 302.
{%) M6m, de Lenet, p. 303.
(8) Id.
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— 25 —
M. Compaigne, se faisait remarquer parmi les plus ar-
dents. D'accord avec le vicomte d'Horte, Armand d'As-
premont, et mettant k profit. Tabsence du gouverneur,
qui avait 6t6 appel6 h Paris, Compaigne forma le projet
de s'emparer de la ville et du chateau pour les livrer aux
rebelles *. II crut bient6t avoir trouv6 une occasion favo-
rable.
Le 7 juillet, on sut {k Bordeaux) qu'il y avait une grande sedition k
Dax au sujet d'an gentilhomme, nomm6 Hanix, fort aira6 dans la ville
et que Sainl-P6 (2) avoit mis en prison, parcequ'il avoit fait unappel,
et que le peuple, par KafiFection qu'il lui portoit, autant que par la haine
qu'il avoit conlre Poyanne et contre tout ce qui 6toit dans sa d^pen-
dance, Tavoit tir6 de prison k main armte ct ensuite fofci ceux qui
^loient dans la eitadelle de remettre dans la ville tout le canon et toutes
les munitions (3).
Les intrigants se mirent aussit6t en course pour tirer
profit des circonstances^ et Pierre Lenet dit dans ses
M6moires :
Un nomm6 Garros vint me proposer encore de surprendre Dax par
le moyen d'un conseiller de ce lieu-1^, qui ^toit ennemi mortel de
Poyanne qui en etoit le gouverneur. Les dues lui dirent la m6me chose
qu'ils avoienl dite au sujet d'Aiguillon. Tons ces faiseurs de proposi-
tions commencent en faisant parade de leur z^le au service de ceux
auxquels ils s'adressent et finissent en Icur demandant quelque chose
qui leur est propre (4).
Quoique le n6gociateur parut un peu suspect, on ne
pouvait cependant n6gliger une occasion qui semblaij; favo-
rable pour s'emparer d'une ville si importante. La prin-
cesse de Cond6 se hata done d'6crire aux consuls de Dax,
a plusieurs gentilshommes des environs, k Harrix lui-
(1) Arch, nat., K. K. 1,218, ^• 355 et 446. (Lettre de Poyanne, baron de La-
miusansau due d'Epemon. Dax, !•' juillet 1650).
(2) Charles d'Antin, sieur de Saint-P^ et du Hon, en Albret, lieutenant pour le
roi au gouvemement de Dax et Saint-Sever, qui rempla^t Poyanne pendant
son absence.
(3) M6m. de Lenet, p. 310.
(4) M6m. de Lenet, p. 307-308.
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^ 26 —
mSine, pour les mettre dans ses int6r6ts. EUe oflrit d'en:-
voyer des troupes pour prater main-forte aux consuls et
engagea les seigneurs qui lui 6taient d6vou6s h se jeter
dans la place pour s*en rendre maitres.
Le 8, elle terivit au baron *** qui lui avoit oflfert ses services qu'il
ne pouvoit lui en rendre un plus grand que de fomenter ceUe affaire;
et sur ce qu'un conseiller, d^put6 dupr^sidial, vint me Irouver pour me
dire que sa compagnie s'emploieroit volontiers pour faire declarer cette
ville-lk pour les princes, si Ton vouloit lui promettre que lorsqu'on
feroit la paix on leur feroit rendre la juridiction de Tartas, qui en avoit
^t6 distraite pour la domier k celui de N6rac, quand on le cr6a, la prin-
cesse, ^quije le pr6sentai, apr^s lui avoir fait beaucoup d'amiti^, le
reuvoya avec une lettre au pr^sidial, par laquelle elle les assura de
s'employer en temps et lieu pour cela, ce qu'ellc feroit d'autant plus
volontiers qn'en leur faisant plaisir elle d^sobligeroit les habitans de
N^rac qui avoient regu les troupes du due d'Epernon et refuse les
siennes (1).
D^couverte du complot. — Tout semblait marcher au
gr6 des conspirateurs lorsque le complot fut d6couvert.
Le vicomte d'Horte, qui en demeuraitT^me, 6tait en rela-
tions constantes avec laprincessede Cond6 et recevait ses
6missaires. Tous n'eurent pas sa discretion : un nomm6
Desgrands, garde du due d'Enghien, charg6 d'une lettre
du vicomte pour la princesse, communiqua h. Jean de
Biaudos, marquis de Cast6ja, le plan des conjures; il lui
fit part du danger que courait la place convoit6e, et des
esp6rances de d'Aspremont : a car les M" d'Acqs lui ont
donn6 parolle asseur6e de lui rendre le chateau en main
pour en faire a sa disposition *. » Jean de Biaudos eut
soin d'avertir Poyanne et Tentreprise 6choua grdce a la
fermet6 du gouverneur, d6j&, revenu a son poste. Comme
toujours, la colfere des frondeurs retomba sur le malheu-
reux comparse cause de leur insucc^s. Lenet, pr6venu
(1) Mim. de Lenet, p. 310.
(2) Arcb. nat., K. K. 1,218, f 435.
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— 27 —
par un expr6s que le vicomte d'Horte lui avait exp6di6,
se fit rex6cuteurde leur vengeance. « J'envoyai en mfeme
temps ce garde nomm6 Desgrands, qui se trouva pour
lors en mon logis, prisonnier au cMteau de Habi » (10
aoM) *. Les habitants de Dax, revenus k de meilleurs sen-
timents, et redoutant sans doute les repr6sailles que
Poyanne ne manquerait pas d'exercer, jur^rent de de-
meurer unis, a car la guerre civile est le plus grand des
maux et le plus dangereux en une r6publique^ » Le due
d'Epernon vint les visiter pour les confirmer dans ces
bonnes dispositions. lis pr6t6rent serment entre ses mains
et d61ib6r6rent sur les moyens a prendre pour mettre la
ville a Tabri de toute attaquede la part des rebelles ^ On
r6solut de faire le guet la nuit, de moudre du bl6 d'avance
en cas de si6ge, de r6parer les fortifications et de trans-
porter des canons du chMeau sur les remparts. Apr6s
avoir ramen6 les Dacquois dans la bonne voie, d'Epernon
envoya des felicitations aux Bayonnais pour leurs mar-
ques de fld61it6 a la cause royale *.
Le roi en Guyenne, — La Cour, r6solue d'en finir avec
la rebellion, s'6tait enfin mise en marche.
Le roi partit pour son voyage de Guienne dang les premiers jours de
juillet, et M. le cardinal Mazarin eut la satisfaction d'apprendre un
peu devant son depart que le bruit de ce voyage avoit produit par
avance tout ce que Ton lui en avoit pr6dit : que le parlement de Bor-
deaux avoit accord^ Tunion avec MM. les princes et qu'il avoit d6pul6
vers le parlement de Paris; que ce depute (5), qui s etoit trouv6 tout
porl6 k Paris, avoit ordre de ne voir ni le roi, ni les minisires; que
MM. de la Force et Saint-Simon ^toient sur le point de se declarer (ils
ne persist^rent pas) et que toute la province 6toit prete k se soulever. La
consternation du cardinal fut extreme (6).
(1) M6m. deLenct, p. 336.
(2) Arch. nat. K. K. 1,218, f* 446.
{Z) Arch, de Dax, B. B. 3.
(4) Arch, de Bayonne, E. E. 91. n» 59.
(5) C*4tait Voisin. conseiJler au Parlement.
(6) Af^m. du card, de ReU, t. i, p. 330,
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— 28 -
Les provisions malheureuses du malin coadjuteur fu-
rent loin de se r6aliser de tout point : La Force demeura
dans rinaction et le gouverneur de Blaye, Saint-Simon,
vint k la Cour aussitdt que le roi se fut rapproch6 de la
place quilui 6tait confi6e. D6sson arriv6e k Libourne, le
monarque somma le parlement de Bordeaux d'envoyer
des d6put6s pour recevoir ses ordres. Au lieu d'ob6ir k
cette injonction, les factieux, qui songeaient d se r6pu-
bliquer^, port6rent un arr6t disant que le « cardinal
Mazarin ne serait pas re§u dans la ville. » Le conflit ne
pouvait plus 6tre vid6 que par les armes; la soumission
de la Bourgogne et de la Normandie n'avait 6t6 « qu'un
)) passage, tandis que I'invasion de la Guienne fut une
)) v6ritable conqufete » *. Pour laisser libre champ a ses
g6n6raux, le jeune roi se retira chez le due d'Epernon, k
Cadillac, et c'est la qu'il regut les hommages des villes
de la province. Dax lui envoya une deputation compos6e
de MM. de Borda, maire, de Josses, sous-maire, de Sa-
phore, syndic '; Tartas d616gua aupr^s de lui MM. de
Chambre, lieutenant g6n6ral, de M6rignac et du Camp,
avocat du roi (15 aoM 1650) *.
Armements divers. — Toutes les troupes dispers6es
dans les Landes furent aussit6t appel6es pour rejoindre
au camp 6tabli devant Bordeaux celles que commandait
le mar6chal de la Meilleraye. Quoiqu'on dtit encore
fournir de grandes sommes pour leur entretien, ce depart
fut une d61ivrance pour nos malheureuses populations.
Les villes et les bourgs 6taient a chaque instant grev6s
de nouvelles impositions et r6duits k recourir a des em-
prunts ruineux pour payer leur part de « regalement, »
(1) M4m, da P, Berthod, collect. Petitot, vol. xlviii.
(2) Capeflgue, Richelieu, Mazarin et la Fronde, t. ii, p. 268.
(3) Arch, de Dax, B. B. 3.
(4) Arch, de Tartas, B. B. 3, ^ 62.
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— 29 —
ou bien obtenir r61oignement des garnisons qui leur
6taient impos6es*. En mfeme temps que Ton concen trait
les troupes de terre, on fit appel au concours de nos
marins. Capbreton eut ordre d'armer dix pinasses et de
les envoyer contre les r6volt6s « avec les soldats et les
mariniers » (30 juillet). Maubecq, sieur de Peillicq, avait
6t6 nomm6 g6n6ral des pinasses, et Pierre de Caulongue
commandait « Tadmyral. » Une patache portait « le
(1) Le Gomple suivant, pris dans les archives de Saint-Justin (fonds Duclerc,
n^ 5) et que nous transcrivous dans toute sa naivete, nous donnera une id^e des
d^penses qu'entixiinaient pour les plus humbles villes ces mouveraents continuels
de troupes. Mais si nous demeurons ^mus des souffrances que nos p^res eurent
& endurer de ce chef, un regard jete sur la colonne des sommes par eux allou6es
nous montrera combien ils s'eniendaient ^ d^fendre leurs interets et k r^uire
les notes qui leur semblaient exagerees. Nous sommes loin de la servility des
soci^tes moder.nes;aujourd'hui tout courbesans reclamations devant les exigences
arbitraires d'uu pouvoir c^ntralisateur.
« RoUe des despands et autres charges aportees au s' Leglizcno" royal du Freixo
(Le Fr^clie, commune de Villeneuve de-Marsan),par six soldats de la C' du s' de
Rabastenx, capitaine au raiment d'Anjou, durant I'espace qu'ilz ont demeur^
k son logis h. compter du 24 juillet qu'ils y entrairentet n'en sont sortis et quitt^
son d* logis jusques au neufi^me aoust 1650, etduquel rolle de frais il estdemand^
Talouement k messieure les jurats et ceux du oonseil dud* Freixo afftn de luy
faire raison allonge et despars sur toule lad. communaut6 pour 6tre pave aud.
Leglize.
AUoue 30' Les six soldats lui ont mang6 deux pains noirs 2'
Allou^ 5' 12* Plus ung carti4 de lart du poidz d'environ 12'
Allou6 2' Pius troix pintes de gresse 3' 12*
Allou4 2' 19* Huict pas (paircs) de volaille 5'
N6ant Plus d'environ ung sac de febe de la Rouge avecq d*au-
tres soldatz qui estoient log^s aud. lieu 8'
Allou^ 14' Plus lui beurent environ diz cruches de vin 18'
Allou^ 2* Plus deux pugn^res de sel 4'
Allou6 5' Faict brusl6 environ trois.... de chandelle de rousine — 12'
N^ant Luy rompeu veselle de terre environ quatorze solz. .... 14'
N6ant 'Plus deux berres 4'
Allou6 20* Luy mang^ d'oignons d'environ dix coroles 2'
Allou^ 20* Luy faict brusler environ ung charet de bois 1' 10'
Allou^ 3' Plus lui ont emport(S deux linceulz de lin autres destoupe IT
Alloud 10' Plus deux servaittes de*lin 1' 4'
AUoue 9' Et ausquelz susd. soldatz il feust countraint peyer leurs
ustancilles... i raison de deux solz six demiers par
cha[culn d'iceux 12' 15-
AUou^ 6' Plus tantles susd. six soldatz de lad.compaine que plusieurs
d'autres d'icelles du susd. regiment danjou qui vien-
dreint loger aud. lieu par deux autres fois soit en allant
au pays de hault que revenues pour aler a Bourdeaux
luy avoict faict mang6 a leurs chevalz du segle environ
trois mesures valant au prix de 3' 13' 8' 12' »
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— 30 —
grand canon, » et il y avait en tout six pieces d'artille-
rie \ On voit que cMte escadre n'avait rien de Men for-
midable; elle rendit cependant des services assez impor-
tants pour lui m6riter les compliments du roiV Le comte
de Toulongeon donna ordre aux jurats de Bayonne de lui
envoyer « les deux piesses de canon de Dax qui sont &
Bayonne » (2 aodt) '; car la cour avait mand6 aux Dac-
quois d'exp6dier Fartillerie dont ils disposaient et les
jurats assuraient Mazarin qu'ils avaient pri6 le lieute-
nant du roi, Saint-P6, de n'en point retarder le trans-
port et quils avaient fait arrfeter tons les bateaux n6ces-
saires pour cela *.
{A suivre.) J.-J.-C. TAUZIN,
Curi^ de Saint-Justin de Marsan.
QUESTION
289. Brant6ine est-U n6 en Oascogne ?
Je croyais que le c61ebre chroniqueur 6tait incontestablement p6rigour-
din; mais un homme bien informe, qui appartient i la faoiille de notre
tr6s et parfois trop gaulois Plutarque, est fort tent6 de voir en lui un
enfant de la Gascogne. Void ce que je lis dans une Notice sur Pierre de
BourdeillCj abbe et seigneur de Brantosnie (sic), par le marquis de Bour-
deille, raembre do plusiours soci6t6s savantes (2* edition, revue, corrig^e et
augmentcc, Troyes, 1893, p. 9) : « No, peut-^tre en Perigord (5) ou etait le
berceau de sa famille, peut-^tre et, suivant nous, tr^s probablement en
Navarre, oil sa grand'mere, Louise de Daillon, douairiere de Vivonne,
6tait dame d*honneur, et st m^re dame de corps de la reine Marguerite; ce
qui est certain, du moins, c'est que Brantosme passa sa jeunesse k la cour
de Navarre, et ne revint en France qu'apr6s la mort de la reine, en 1549. »
Trouverait-on k Pau ou ailleurs quelque document qui conflrmerait
ou inflrmerait siirement I'opinion exprimde par rarrl6re-petit-neveu de
« Reverend P6re en Dieu messyr Pitrre de Bourdeille, abb6 de Bran -
tosme, » comme il est nomm6 dans le testament de sa m6re (du 26 mai
1557)? T. DE L.
(1) Arch, de Bayonne, E. E. 56, n« 18, 19, 22, 24, 27.— B. B. 24, f 147, 157.
(2) Arch, de Bayonne, EE 91, n* 78.
(3) Arch, de Bayonne, EE 91, n» 68.
(4) Arch, nation., KK 1218. f» 446.
(5) C*est, remarque le noble biographe, I'opinion de M^rimee (Vie de Bran-
tdme. Edition Janet, 1858, t. i, p. 6). On pent ajouter que c'est I'opinion d'ii peu
pr^s tout le monde, et notamment celle du dernier et excellent 6diteur des
CEuores compUten de Pierre de Bourdeille, M. Ludovic Lalanne.
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LES £CRIVAINS GASCONS DE L'ORDRE DES CAPUCINS
BiBUOTHECA FRATRtIM MINORUM CAPUCCINORUM prOVinciarUIU OcCITANIiB et
AguiTANiiE, auctore P. Apollinare a Valentia Segalaunorum ejusdem
ordinis. Nimes, Gercais-Bedot, 1894. In-f de [iv]-176 pp. a 2 col.
On croit trop commun6inent que I'ordre des Capucins n'a gufere
brill6 que par le zele 6vang6lique et par la saintet6 et qu'il n'a presque
rien de commun avec la litt^rature, m^me religieuse. C'est une grande
erreur. Quoique vou6 surtout aux oeuvres apostoliques et particuli^re-
meut k la pr^dicarion populaire, cette humble braiiche de Tordre de
saint Frangois a fait bonne figure dans les Etudes sacr6es d^ ses ori-
gines; c'est m^me pnkjisement k T^poque h^roique ou les Capucins de
nos bonnes villes se d^vouaient constamment aqx besognes les plus
rudes et en particulier au service des pestiter^s, qu'ils comptferent en
grand nombre des pr6dicateurs, des controversistes, des ex^gfetes de
marque; et si la science fut moins cultivte parmi eux au cours du der-
nier sitele, on Ty vit, vers le milieu de cette p^riode de decadence rela-
tive, refleurir et prosp^rer, surtout par Tinfluence des savants cx6g^tes
et orientalistes du convent de Paris et du plus gout6 des ^xjrivains asc6-
tiques de Tordre, notre c^lfebre P. Ambix)ise de Lombez.
Les families religieuses ont eu g6n6ralement le pieux et louable
souci de consacrer des bibliographies aussi completes que possible a
leurs ^rivains. Tons les 6rudits connaissent la Bibliothfeque de la Com-
pagnie de J6sus, de Sotwel et Alegambe (d<^pass6s de nos jours par les
PP. de Backer et le P. Sommervogel), et celle des Scripiores ordinis
Prcedicaiorum de Qu6tif et Echard. C'est k ces sources abondantes, et
k d'autres plus ou moins semblables, que nous aliens piliser, quand il
nous prend envie de retroiiver le nom et les titres des religieux nos
compatriotes qui se firent jadis honneur par leurs talents, ou du moins
exerc^rent bien ou mal le p6rilleux metier d'auteur.
II y a longtemps, par exemple, que je m'^tais pr^occup^, pour ma
part, de dresser, entre autres catalogues litt^raires, la liste des Capu-
cins gascons 6crivains, et qu'^ cet effet j'avais d6pouill6, sans y trou-
ver tous les secours que j'attendais, la bibliographic spfeiale de Tordre:
Bihliotheca scriptorum ordinis Minorum S. Francisci Capucci-
norum (Venet. 1747, in-f*'). Mais quoi d'6tonnantt Tauteur ou plutdt
les deuxauteurs, Tun ayant public un premier essai en 1691, Tautre
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^- 32 —
Tayant compl^t^ de son mieux, 6taient des italiens : frfere Denis de
G^nes, fr. Bernard de Bologne, pouvaient-ils de si loin se mettre au
courant des moindres opuscules publi6s chez nous? Encore faut-il re-
connaitre, k leur 61oge, que sur plusieui's de nos Capucins gascons
6crivains nous savons aujourd'hui mftme tout juste ce qu'ils nous en
ont appris.
Voici pourtant un travail qui depasse de beaucoup leur m6ritoire
recueil bibliographique. Non seulement ie P. ApolUnaire de Valence
a eu soin de mettre k jour la s6rie inaugurte par ses deux confreres
italiens ■— et ce n'6tait pas peu de chose, par le temps de publicity d^
bordante oil nous vivons — mais encore ses recherches se sont port^es
tout de nouveau sur les vieux noms et les vieux li vres, ei il est aU6 les
chasser en tout pays, les d^terreir dans toutes les biblioth^ues, sans
^pargner ni correspondances, ni veilles, ni voyages. II a mis, de plus,
dans ses descriptions bibliographiques, au lieu de cette exactitude som-
maire qui suffisait k ses devanciers et qu'ils n'avaient m6me pas tou-
jours, la minutie des plus exigeants bibliophiles d'aujourd'hui, rele-
vant avec scrupule tons les details typographiques et, le cas 6ch6ant,
prenant note des accessoires et citant les textes qui int^ressent Fhistoire
de Tauteur ou de Tordre.
Son ouvrage doit embrasser peu k peu, province par province, tout
le domaine de Tordre, autant dire presque tout Tunivers. Je n'en con-
nais jusqu'^ ce jour que le fascicule concernant la province de Naples
et celui dont on a vu le tilre en t^le de cet article et qui r^unit les deux
anciennes provinces de Languedoc et de Guyenne. II se divise en trois
parties : 1** BibUoth^que historique : indication de ce qui a 6t6 publi6
sur rhistoire des deux provinces, de leurs convents, de leurs hommes
illustres; 2*> Bibliographie des ecrivains capucins de ces deux pro-
vinces, ranges par ordre alphab^tique; 3^ Biblioth^que sp^ciale : rap-
pel des titres d'ouvrages, ranges cette fois par ordre de matiferes. Sui-
vent des . appendices fort int^ressants sur quelques sujets curieux
d'histoire et de biographic (1). — Jetons un rapide coup d'oeil sur la
premiere partie, pour nous en tenir ensuite k la seconde et y prendre
Tessentiel d'une notice d'ensemble sur les 6crivains capucins de la
Gascogne.
On sait que les Capucins, qui ne p^n^trerent en France qu'k partir
(1) Signalons au moins, parmi les morceaux les plus curieux, des notices
trfes foiiill6es sur deux apostats : le conventionnel Chabot et le po^te Venance
Dougados; et k notre point de vue provincial, une relation de la mission pr^h6e
k Tarbes en 1682 par le P. Honors de Cannes et trois autres capucins.
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^ 33 -
de 1575, y multipliferent bientdt leurs 6tablissements, grftce k la popu-
larity de bon aloi que conquirent partoutleur zfele charitable et leur fer-
veur. lis sont k Agen en 1600 (1), k Bordeaux en 1601. Pour nous en
tenir k la Gascogne et au B&irn, la fondation du couvent de Gimont
est de 1604; oelui d'Auch date de 1607. Les Capucins s'6tablirent
ensuite k Condom en 1611, k Bazas et^ Saint-Girons en 1613, k Dax
en 1614, k Bayonne et k Nogaro en 1615, k MWoux (Ast6, prfes Ba-
gn^res-de-Bigorre)en 1616, k Saint-Sever et k Pau en 1620, k Orthez
en 1621, k Oloron en 1623, k Lectoure en 1627 (2), k N^rac en 1640,
k Grenade-sur-FAdour en 1642. k Navarrenx en 1656, k Tarbes en
1661, k Lombez en 1667, k Maul6on-de-Soule en 1669^ k Eauze en
1692, k Garlin en 1596, k Castillon^ en 1724; a Vic-Fezensac, date
inconnue du P. ApoUinaire, mais c'est 1737, oomme on Ta vu demi^re-
ment icimtoie (3).
Les travaux historiques jusqu'ici consacrts S(Ht k la provinoe d'Aqui-
taine(4), soit k ses divers convents, sont en petit nombre et d'habitude
assez minces. 11 y aurait pourtant un grand int^r^t d'Mification et
m6me d'instruction historique dans le r6cit exact et d4taill6 des fonda-
tions et des 4v6nements principaux de la vie religieuse deces commu-
naut^s surtout k leurs d6buts. Je cite, k titre d'exemple, un court
passage extrait d'un petit m^moire mutii.6 sur les Capucins d'Auch,que
j'ai 6ik heureux de communiquer au P. ApoUinaire, et qui est publi*
pour la premiere fois dans ce fascicule (p. 12-14) :
« En Tannic de 1653, la ville et le voisinage estant frappfe depeste,
MM. les consuls vindrent prier le V. P. Polycarpe de Saint-Sever,
gardien [d'Auch], de leur donner des religieux pour assister lea pesti-
fer^s. Ledict P^re assembla la famille, et leur ayant represent* la
necessity pressante,ils s'oflfrirent d'abord tons, et puis chacun d'eux en
particulier le vindrent trou ver dans sa chambre, affin que le sort tombast
surun chascun.Pour lors,le V. P. gardien, de Tavis du V. P. Frangois
de Bourdeaux, lecteur en philosophic, choisit les W. PP. Pladde de
(1) Nous retrouverons bient6t cette fondation en rendant compte du bel ou-
vrage de M. Ph. Lauzun sur les CouoenU ctAgen, dont le second volume vieat
de paraitre.
(2) Sur cette fondation, voir un article de M. E. Camoreyt dans la Reoue de
Gasc. de 1884 (t. xxv, p. 226).
(3) Rcouo do Gasc. de novembre dernier (xxxiv, 498).
(4) La principale source est le Recueil chronologigue... du F. Gabriel de
Saint-Nazaire, manuscrit des Archives de la Haute-Garonne, cit6 et utilise par
M. C. Douais dans son int^ressante notice sur le P. Polycarpe de Marciac(R,
de G., xxv, 489).
Tome XXXV. 3
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— 34 —
Villefranche et Joachim d'Arsac..., lesquels... s'allerent exposer et
servifent avec grand exemple et Edification, tant las blessfe que ceux
qui estoient en santE; mais leurs services ne furent pas longs, puis-
qu'ils furent frappEs tons deux, et moururent fort religieusement quel-
ques jours Tun aprfes Tautre, et furent enterr^s sous la Porte-Neuve
prfes le couvent des Cordeliers, ou assisterent deux de nos religieux et
deux PP. Cordeliers, qui chanterent un Libera me Domine, accom-
pagnfe de MM. de Falaga et Arsac, consuls, et de quelques autres
babitans qui ne ies abandonnerent jamais, tandis que les religieux es-
toient au convent dans leurz exercices ordinaires des messes, psalmodie
et oraison mentale, ou lesdicts sieurs consuls fournissoient a leurs ne-
cessitEs temporelles, assist^s de MM. les religieux de S. Benoist de
Pessan, qui ne se lassereat jamais de nous departir de leurs biens, par
une attache particuliere qu'ils ont en tout pour nostre convent en par-
ticulier et pour tout Tordre en general... »
La s6rie de nos icrivains de Tordre des Capucins ne peut mieux
s'ouvrir que par le nom du v6n6rable Leonard de Trapes, archev^que
d'Auch. C'est la tradition constante des Auscitains que cet austere
pr61at, non content de favoriser de tout son pouvoir ses religieux voi-
sins de Tautre c6tE de Teau, se rendait souvent cbez eux, qu'il sortait
m6mQ alors pour Echapper aux regards par Tescalier souterrain 4es
jardins de Tarchev^hE, et qu'enfin il fit profession de leur r^le. Le
P. Apollinaire constate qu'il est rest6 quelque doute sur ce dernier point
parmi le clergE d'Auch; mais il repousse aisEmenl ce doute par le
t^moignage exprfes du mtoe petit m^moire que je viens de citer et d'a-
prfes lequel le V. Leonard, apr^ avoir consacr6 la chapelle des Capu-
cins d'Aucb sous rinvocation de saint Anloine de Padoue, le 12 octo-
bre 1617, « y prit Thabit en secret et y fit profession entre les mains du
V. P. Leonard de Limoges, gardien du convent, aprfes en avoir obtenu
la licence de Sa Saintet6. II venoit par temps, ajoute le m6me auteur,
au r6fectoire dire la coulpecomme un simple religieux, portant I'habit,
corde, sandale. Parfois, les huit jours entiers il se retiroit en une petite
chambrette qu'il fit bastir entre la sacristie et le courroir de la chapelle
respondante sur le maistre autel... » — Le P. Apollinaire ne connait
pas d'autre production litt^raire du saint archev^que-capucin que ses
remarquables D^creis synodaux, imprimis en 1624 en latin et en
frangais (1). Mais il nous r^vMe, d'aprfes un manuscrit de la collection
(1) Une l^^re inexactitude s'est giiss^e dans la description bibliographique
de C6S importants statuts : texte et traduction y sent sur la m6me page (k 2 colon-
nes), et non sur les pages oppos^es.
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^ 35 —
Peiresc, k la Bibliothfeque Inguimbert de Carpentras, une cotirte el
vigoureuse r^ponse qu'il opposa, le 7 mai 1626, au nom de Tassembl^e
gen^rale du clerg6 qu'il pr&idait, aux pretentions de certains parle-
mentaires et qui vaut bien le plus Eloquent discours.
A cette p^riode de leur histoire que j'appelais tout k Theure h^ro'i-
que, et qui remplit et d^passe la premiere moiti6 du dix-septi6me
si^e, les Capucins frangais et particuliferement les Capucins gascons,
tout en se d6vouant par 6tat aux plus rudes travaux et surtout au mar-
tyre per pestem (1), trouvaient le temps de disputer savamment avec
les ministres protestants et d'enrichir la litt^rature eccl6siastique. —
Parmi les controversistes, nommons le P. Pascal de Tarbes, mort
en odeur de saintet^, k 85 ans, k Montauban (1663 ou 1664), apr6s
avoir 6t6, dans sa jeunesse, le roi des ^tudiants bigourdans k TUniver-
sit6 de Toulouse et, dans sa carrifere religieuse, Toracle et le module de
ses confreres. A son s^jour k Saint-Antonin (il fut depuis gardien du
couvent de Caz^res en 1630, de celui de Condom en 1632...) se rap-
porte la Conference de Saint-Antonin entre Pierre Oilier^ pasteur
de Montauban, et Pascal^ gardien des Capucins (Montauban, 1624,
in-8«).
II laut placer beaucoup plus haut un controversistequi a eu soin de
nous transmettre lui-m6me le souvenir de ses luttes avec les calvi-
nistes, etqui d'ailleurs avait, en ce temps de fortes Etudes, peu d'^aux
dans la science sacr6e : Daniel de Saint-Sever (2), k la fois lecteur
de thtelogie et gardien k Agen de 1607 k 1610, gardien de Montpel-
lier, oil il fut appel6 en 1612 pour y enseigner Th^breu, gardien de
Condom en 1616, puis provincial (1617) et chargd par le Souverain-
Pontife des missions du B6arn, puis successivement gardien des con-
vents de Cabors, de Dax, de Bayonne, de Montauban, mort dans un
naufrage sur la Garonne, le 14 mai 1630, aprfes avoir assist6 tons ses
compagnons d'infortune. Le premier monument de son thle et de sa
science est le volume intitule : La Christomachie combattuCj oA sont
contenus les actes de la conference faicte d Lectoure entre,.. [lui] et
(1) J'ai cit6 tout k Theure le d^vouement des Capucins d'Auch pendant la
peste de 1653; M. Douais nous araoont6 en 1884 (toe. clt.) celui du P. Polycarpe
de Marciac k Bordeaux en 1605; M. E. Camoreyt a rappei6 aussi celui des Capu-
cins de Lectoure en 1653. L'histpire de Tordre est pleine de ces exemples pen-
dant plus d'un demi-si^cle.
(2) Son nom de famille 4tait Campet. On salt qu'en entrant dans Tordre, les
Capucins quittent leur nom de famille, et m^me leur nom de bapt^me, pour
prendre un nom de saint qu'on fait suivre de celui du lieu d'origine. Aussi le
nom s^culier de la plupart des ^cnyains de son ordre a-t-il ^chapp6 aux recher*
(dies du P. Apollinaire.
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— 36 —
Savojfdf ministre de la dicie mllCy touchant la descente de Jesus-
Chriat aux enfers... (Lyon, Pillehotle/1611, in-8<> de 560 pp.) (1). II
devait y avoir une seconde partie, qui probablement n'a jamais paru;
mais le livre, malgr^ la surcharge d'^rudition qui ^tait alors de mode,
ripoiid bien k la reputation que le docte capucin s'acquit k Lectoure,
oil Tun des plus savants ministres protestants du temps, Bernard de
Sonis (2), le d^lara « un jeune homme des plus versus dans les Ian-
gues et dans la thtelogie qu'il eut encore vus ». — Une autre contro-
verse publique, qui ne lui fit gu^re moins d'honneur, eut lieu a Pau en
Janvier 1620 entre lui et le savant mauvesinois Paul Charles (3), pas-
teur et professeur de thtologie k Orthez. II en publia ^alement les
Actes (Tolose, R. Colomiez, 1620, in-S*^ de 476 pp. chiffrfes et an-
nexes) (4).
(1) Le P. ApoUinaire a d^ciit ce livre d'aprfes mon exemplalre, qui est d^fec-
tueux ^ la fin. Mais j'ai eu sous la main, d^s 1857, un exemplaire bien complet,
alert propri^td de M. Malus, aujourd'hui d4pos6, je crois, k la Bibliothfeque com-
munale de Lectoure. C'est avec ce volume que je r^digeai la premiere partie
d'une modeste ^tudc intitul^e : Deux controoerses retlgiouses d Lectoure au
commencement du XVII" si^cle (Reoued'Aquitaine, t. n,p. 240).— A la suite de
I'exemplaire eu question est relive une plaquette tr^s int^ressante, relative ^ la
conference du P. Daniel avec le ministre Savois. Je donne ici le titre decet
opuscule que Je P. ApoUinaire n*a pas connu : Recrimination auay faussetds
et impostures de la response du ministre de Lectoure, 42 pp. in-8» dat^es « de
N^rac, 20 avril 1610, » et sign^es Andrd de la Croias, unprotestant conA^ertipar
le P. Daniel.
(2) Sur la biographie et la bibliographic de Bern, do Sonis, voir Michel
Nicolas, Hist, de I' Acad, protestante de Montauban. Parmi les ouvrages de cet
^criyain, M. Nicolas a cite mais n*a pu d^crire, faute de Tavoir vu, le suivant
que j'ai sous les yeux : Response a la declaration de lean de Sponde touchant
les causes et raisons de sapretendue conoersion. Par M. Bernard Sonis, pas-
teur de I'Eglise de Letoure. A la Rochelle, par Hietosme Haultin, 15%, in-8 de
680 pp. — Dedicace(p. 3-7) a A Madame soeur unique du roy », sign^e Bernard
de Sonis.
(3) Sur Paul Charles, je ne puis que renvoyer au m^me ouvrage de feu
M. Michel Nicolas, dont je ne cite pas la p., faute deTavoir actuellement sous
la main.
(4) Le P. ApoUinaire d^crit tr^s bien ce vol., mais je crois devoir indiquer
avec quelque detail les pieces satiriques ou laudatives plac^es ^ la fin, qu'il n'a
signaiees qu'en gros : Deux morceaux latins en prose et une epigramme en
4 distiques centre le mddecin Gassion, sign^e « Cloche a S. Sever »; stances
fran^ses centre le m^me, par Z. de Cloche; une pi6ce en vers phaleuques et
deux epigr. latinos, sign^es « Petrus Largede San Seueranus »; deux epigr. lat.,
toujeurs sur le m^me siijet, de I. Marreins; stances au H. P. Daniel sur la dispute,
signees a Sebastien de Pague, doct. et advocat au Pari, de Thoulouse »; epigr.
grecque,epigr. latine, distique fran^ais, quatrain frauQ. et sonnet centre Gassion,
de « Lafite religieux bened. 9; stances... 6n/aoear de Charles (ironiquem.),
signees Cloche, sieur de la Hitte; quatre epigrammes latinos, deux quatrains
frangais, treis epigrammes grecques et un sennet de S. de Pague; un ana-
gramme avec deux dist. latins, sign^s F. £.; un sennet et un quatrain fr. de
P, S. Scribe; un sennet de S. de Pague; une epigr. latine et une en grec par
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— 87 —
J'ai sous les yeux ces deux gros bouquins, ou s'italent une connais-
sancedestexteset unevigueurd*argumentation bienfeites poureflfrayer
leslecteursdenotresitele. Mais je ne connais que par le P.ApolUnaire
(qui lui-m6me se r6f6re k Bernard de Bologne) une lettre latine i Yiv^
que de Carpentras sur une conference publique faite k Nimes (Aven.,
1625, in-8«). Les Annales de Tordre citent encore un travail bien plus
considerable du savant P. Daniel : des commentaires sur Ezfehiel,
qui.restferent manuscrits, faute d'argent pour en procurer Timpression.
La science des saintes Eoritures et de la langue h^braique ne p^rit
pas avecluicheznosCapucins.Le P. C6lestin de Mont-de-Marsan,
sucoessivement professeur de philosophic k Bfeiers (1620-1623) et de
thtelogie k Bordeaux (1623-1628), maltre des novices k Toulouse (1629-
1633), gardi;en k Villefranche (1632-1635) et k Condom (1633-1638),
mort k Bordeaux en 1650, s'est fait un nom dans Tex^gtee par sa
Clavis Daoid sive Arcana Scripturce aacrce (Lugd., 1639, in-f®),
repertoire fort savant et fort bien ordonndde tout ce qui conoeme Tdru-
dition biblique (1). Le P. Apollinaire n'a pu renconlrer jusqu'iciaiicun
des six autres ouvrages de ce docte et pieux Capucin,non pasmftme
son Cursus theologicus (en 2 vol. in-fol.), ou 6tait d^montre Taccord
de saint Thomas et de saint Bona venture, II n'a pu en citer que le titre
d'apr6s les bibliographes de Tordre, ses pr6d6cesseurs (2).
Ces grands travaux et ces gros volumes,qui d^concertent notre 16gfe-
ret6, ne concernaient pas toujours la pure th6ologie. Ainsi I'histoire
religieuse n'a pas a d6daigner la belle Deacriptio chorographica om-^
nium provinciarum et conventuum religionis capuccinorum (in-4®
oblong),publi6 k Rome en 1643,avecderemarquablesgravures,et dont
les auteurs, le P. Bernard de Bordeaux et le P. Maxime de Guerchin,
furent aid6s par notre compatriote le P. Louis de Montreal. A oette
epoque, malgr6 le z^le apostolique qui pou^sait au loin nos Capucins
missionnaires, ils avaient toujours souci de leurs annales et de This-
P. Sabatier; des stances au P. Daniel, de D. S. Laflte, religieui b6n6diotin;
deux poesies latines adress^es au meme, par R. Cloche, et un anagranune avec
deux quatrains sign 6s F. E. centre Paul Charle [Parle cheoal], — Tout cela
est loin d'etre bon, mais indique pourtant, dans un milieu provincial, une culture
litt^raire bien remarquable.
(1) On me permettra de dire ici que le savant professeur d'Ecriture salnte
dont rinstitut catholique de Toulouse ddplore la perte r^cente, Tabb^ Jacques
Thomas, h qui j'avais eu le plaisir de communiquer mon exemplaire de la Cla-
ols Dacid, ^prouvait une vraie admiration pour T^rudition orientale et sp^cia-
lement thalmudique et rabbinique de cetouvrage trop oubli6.
(2) Comme il n*y a pas de date indiqu^e dans Bern . de Bologne pour le
Cursus theologicus, je me demande si ces deux volumes n*auraient pas €t€ seu-
lement pr6par<§s pour Timpression, sans avoir ^t6 public.
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— 38 —
toire de chaeon de leurs oouvents : t&noin ce brave P. B^nigne ou
Bening de Condom qui, suocessivement gardien du couvent d'Auch et
de celui de M6doux, a laiss6 sur le premier quelques notes prMeuses
et sur les miracles de N.-D. de MMoux un registre int^ressant; deux
vraies reliques qui sont aujourd'hni entre mes mains (1).
Dans le dernier tiers du dix-septifeme sitele, c'est surtout la predica-
tion qui absorbe Tactivit^ des meilleurs sujets de I'ordre; alors, par
exemple, Tun des plus f^nds orateurs capucins, le P . Augustin de
Narbonne,6vaDg6lisa avecsucc6s les nouveaux convertis de LaBastide
d'Armagnac (2). Voici cependant des capucins gascons de cette 6poque
qui nous ont laiss6 d'autres travaux de littirature sacrte : Anselme de
Larrazet, gardien et professeur dans plusieurs convents, mort k Foix
vers la fin de 1684, auteur d'un grand trait6 de la vie spirituelle en
forme de dialogue (la Deoote Olympie, Tolose, J. Pech, 1682, 2 vol.
in^®; mais le P. Apollinaire n'a pu voir que le premier); — F^licien
de Mirande : Exercice spiriiuel pour toutes les actions de lajournAe^
propre aux novices Capucins (1690, vol. ktrouver!); — Franqois
de Maul^on (de Soule), grand linguiste, et inventeur d'un systfeme
d^orthographe universelle par un seul caracUre, c'est-k-dire d'un
syst^me typograpbique aujourd'hui inconnu, auteur de quatre opuscules
frangais d'instruction chr6tienne et de pi6t6, dont le P. Apollinaire
n'a pu donner que les titres. — 11 seraitbien plus int^ressant de retrou-
ver Touvrage f ran^ais sur les enqu^tes centre les sorciers et sorci^res,
public par ordre du premier president du Parlement de Navarre par le
P. Anselme d'Oloron, en 1673, et dont on ne connatt pas un seul
exemplaire.
II faut placer au-dessus de ces auteurs d'occasion le P. Calixte de
Saint-Sever, qui sembla h^riter des gouts studieux du P. Daniel son
compatriote. Mais ce f ut la predication et I'enseignement de la th^ologie
qui eurent ses preferences et I'absorbferent tout entier. II mourut
en prechant le careme en 1672 k Vic-Fezensac, laissant apr^s lui,
comme souvenir de son enseignement theologique, trois in-f^ sous le
titre de Pastor apostolicus sive theologia pastoralis (Lugd., Ph.
Bordes, 1658) et deux traites moins volumineux : De prceceptis Decor-
logi et EcclesicBy Depeccatis septem mortalibus (ibid. 1669).
(1) J*ai cit^, presque au d^but de cet article, deux fragments du m^.moire sur
le couvent d'Auch. Quant aux notices sur M6doux, j'en ai parl^ dans la R. de
Gasc. de 1887 (t. xxmii, p. 471;, en rendant compte d'une monograpbie de
M. I'abb^ Tb4as.
(2) Voir la dddicace de J^sus-Christ dans VEucharistie (Toulouse, 1689).
Cf. R. de G.. 1880, xxi, 167-8.
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— 39 —
L'activit61itt6raire et religieuse de Tordre dimmuesensiblementdans
la premiere moitid du dix-huiti6me sitele. On cite seulement comme
dcrivainsde oette^poque parmi nos compatriotes : Iren^ie du Brouilh,
mort saintement k Bordeaux en 1740, auteur d'une Dissertation (k
retrouver) oil il prouvait que la sainte communion ne devait pas ^tre
refuse aux condamnfe k mort; — Antoine de Laguian, mort plus
qu'octoginaire k Marmande en 1731, auteur d'un livrede devotion dont
on ne connait m^me pa& le titre, — et celui qui nous a transmis les
noms de ces deux saints religieux, le P. Louis de Miradoux, 6crivain
in6dit et pourlant plus heureux, puisque son Abr6g6 de I'histoire de
la province des Capucins d'Aquiiaine recueilli Van 1745^ subsists
en bon lieu, chez M. Osmin Massias, k Longueyille» pr6s Marmande;
malheureusement cet essai, dont le P. Apollinaire a pris une copie pour
la Biblioth^ue des Capucins de Paris, est bien maigre, soit dans la
partie historique proprement dite, soit dans les biographies.
Nous voici arriv6 au plus connu, au seul populaire des toivains
capucins de notre pays. Le nom du P. Ambroise de Lombez rappelle
aux personnes pieuses les legons les plus solides, les plus sens^ et
les plus rassurantes pour les 6preuves de la vie spirituelle. Le doux et
sage auteur des deux trait^s dela Paix ini^rieure {17b7) et de la Joie
de Vdme chr^tienne (1779) a 6t6 assur^ment un des grands bienfaiteurs
des &mes k la fin du dernier si6cle et encore dans celui-ci; il a temp6r6
la rigueur, Taust^rit^ attristante qui de Ticole du Port-Royal s'6tait
plus ou moins insinute dans presque toutes les regions de la piit6
frangaise; il a &i& pour nous le Doctor consolatorius que fut Gerson
pour d'autres temps non moins 6prouv6s. Pour connaltre k fond
Tesprit el les tendances de son saint ordre dont il fut Tinterprfete le plus
autoris6, il faut surtout lire ses Lettres spirituelles (1766), ou il dit leur
fait aux divers pr6jug6s de son sifecle en mati^re de pi^ti et mfeme de
doctrine. Mais je n^insiste pas, precis^ment. parce qu'il y aurait trop k
dire; que^ d'ailleurs, le P. de Lombez a itA prfeent6 aux lecteurs de la
Revue par M. Jules Frayssinet avec son charme ordinaire (1), etqu'on
leur a recommandd Tddition complete de ses (Euvres donn6e par le
P. Frangois de B6n^jac, avec une 6tude pr6liminaire approfondie (2),
(1) Voir Reoua de Gasc, de 1882 (xxiii, 539).
(2) Malgr6 le soin tout particulier apport4 h Tart, du P. Ambroise par sou
savant confrere, je constate qu'il n*a pas vu les deux premieres Editions de la
Paiw inUrleurCy que je possMe Tune et Tautre et dont voici la description : —
« Traits de la paix interieure en quatre parties. Par le P. Ambroise de Lombez,
capucin, ancien lectcur de th^ologie. Paris, CI. H^rissant fils, 1757 ». In-12 de
4 ft. 11. non cbiflr^s : titre, ^pitre d^dicatoirea^ la Reine» (2 pp.), preface (4 pp.);
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— 40 —
8a Viey qui miriterait peut-^tre d'Atre reprise k nouveaux frais, d'toe
au moins compl^t6e sur plusieurs points, a ^i pourtant relrac6e, non
sans mirite ni sans difant. par le P. Leonard d'Auch (Toulouse,
Desclassan, 1782), dont le P. ApoUinaire n'a pu retrouver ni le nom
civil (il me sembleque leP. FranQoisdeB6n6jacmeradit dans le temps),
niunouvragequi pr6c6da de plusieurs ana6es la Viedu B. P. AmbroUe
deLombeZf savoir la R6gle du troisidme ordre de saint Francois
(Paris, Lottin, 1769, in-12).
Au P. Ambroise se rattache aussi Philippe de Madiran, simple
frfere lai, qui 6criyit sur oe maitre de la vie intirieure une notice
encore inidite (1) etipublia ou laissa publier pour son propre compte
le Triomphe de la grdce dans une dme qui Vat/ant perdue la
recouvre dans la retraiie, ou histoire de soeur Pdagie, . . par M. I'abb^
J. D. C. (Jean Dousseau, clerc, neveu et homonyme du veritable
auteur), Montauban, V. Teuli^res, 1786, in-12. La doctrine de celivre
est bien d'un disciple du P. Ambroise, mais qui n'a pas h6rit6 du
gout litt^raire de son maitre, t^moin cette recetie spirituelle,,, pourse
preserver despieges de Satan : « Prenez quatre livres d'humilit4,que
vous infuserez dans trois livres de mortification; deux livres de soli-
tude et autant de silence, que vous distillerez avec quintessence de
patience et de m6pris de vous-m6me, y joignant une decoction de
conformity i la volenti de Dieu, et quatre livres de douceur d'esprit,
que vous puiserez dans votre fonds (?); k quoi vous ajouterez une
bouteille de diligence, > etc. etc. (p. 173) (2).
— et 505 pp. cbifEr^es, plus 4 fl. contenant la suite des approbations, le privily
et 2 pp. d'errata fort remplies. Cette Edition, quoique moins (Stendue que les
suivantes. compte plus dechapitres,laplupart tres courts : la V* partie a 11 chap,
au lieu de 8; la 2% 8 au lieu de 7; la 3«. 19 au lieu de 14. — « Traits... seoonde
Edition, revue, corrig^e et augment^eparTauteuret mise dans un meilleur ordre.
Paris, CI. H^rissantflls, 1758. » In-12 de 4 ff. 11. (comme k la 1" M., sauf unAcer-
tUaem, sur cette 2« M. k la fln du dernier verso) et 451 pp. chifih'des, plus 4 pp.
non ch. pour le restant des approbations, la table et un errata de 4 lignes. — Le
P. ApoUinaire rapporte des plaintes relatives aux contrefaQons de ce livre. J'en
ai une, presque en tout semblable k la vraie 2* (Edition que je viens de ddcrire,
sauf qu'elle est moins bien imprimde (probablement k Toulouse) et qu'elle ne
pr^sente ni Verrata final, ni, h. la suite de VAoertissement, la signature manus-
crite « fr. Louis de Poix. »
(1) M. I'abb^ Th^as a parl^ dans sa monographie de N.-D. de M6douw (p.
147-148) de cette notice, dont le P. ApoUinaire ne ditrien; il nous apprend qu'elle
existe encore chez un des membres de la famille de Tauteur, M. Daries, cur6
d'Artagnan.
(2) Ces m^taphores bizarres 6iaient regard^es par les mauvais plaisants
comme caraot^ristiques de la litt6rature des capucins. Voyez, k Tappui, une
charge burlesque, invent^e ou recueillie par le b^n^dictin Donj Jacques Boyer
(cit^ pzx M. T. de L., Reoue de Gasc, de 1887, t. xxvui, p. 237). U n'y a gu6re de
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— 41 —
Le mauvais gout est malheureusement peu compensi par la soliditi
de la doctrine dans les ceuvres d'un auteur capucin qui ^rivit davan-
tage et fit plus de bruit, le P. Fiddle de Pau, dont les ouvrages d'apolo-
g^tique, le Chretien par le sentiment {1764, i vol. in-12), Ze Philosophe
ditht/rambique (1765), Caraci^res ou religion de ce sidcle (Bordeaux,
1768) et I* Homme enrichidu tr^sorde la v^rit^ (1778,2 v.), off rent plus de
declamations que d'arguments solides. Quant k son Oraison funebre
du Dauphin (1766), elle eut un succ^s de fou lire dont on trouve le
t^moignage dans les recueils du temps et qui obligea de la supprimer,
ce qui ne I'emp^ha pas d'avoir quatre ^itious au lieu d'une ! — II
serait d'ailleurs fort injuste de juger par cet excentrique la predication
des capucins du temps. Le grand orateur sacr^ de nos provinces etait
alors le P. Cl^iment d'Ascain, plusieurs fois provincial d'Aquitaine,
mort en 1781 apres avoir prftch^ ime cinquantaine d'anndes avec un
succte sans d6faillance. « On Tavait vainement press6, dit un de ses
contemporains, de publier ses sermons : on ne put jamais fl6chir sa
modestie. »
La p^riode r6volutionnaire, qui porta la desolation dans tons les
cloltres, nous fournit un seul nom d'ecrivain : frfere Joseph de
LAHiTTE-ToupiifeRE, qui continua ses Iravaux de missionnaire pen-
dant les plus mauvais jours et desservit deux ou Irois paroisses des
Basses-Pyrenees sous le nom de Jean Sempe. II avait fait imprimer k
Auch, dbs le 26 octobre 1791, une Lettre,.. sur plusieurs points
de dogme et de discipline; ses publications posterieures, faites & Les-
car et k Pau, interessent directement Thistoire religieuse de la revo-
lution dans cette conlree, histoire que nous laisserons retracer par les
consciencieux redacteurs des Etudes du diocese de Bayonne.
Je ne suivrai pas au-del^ de ce terme douloureux le travail du P. Apol-
linaire, qui ne fournit d'ailleurs aucun nom d'ecrivain gascon p<5ur la
periode contemporaine. Je ne m'elendrai pas non plus sur les m6rites de
cet ouvrage capital. 11 offre des lacunes nombreuses mais pour la plupart
inevitables (1), soit dans la bibliographic, soit dans la biographic; il n'en
doate que le « P. Abacuc de Lombez * et ses ^tranges m6tapbores ne soient une
pure fiction. Apr^s cela, si le gout des pointes a dur^ peut-dtre plus longtemps
qu'ailleurs cbez les orateurs capucins, cela pourrait tenir ^ leur aitachement aux
anciens auteurs de leur ordre; c'est, en tout cas, unelouable fid^lit6 k leurs tra-
ditions domestiques qui les a prdserv^s k peu pres completement, dans les deux
derniers siecles, de nouveaut^s religieuses funestes ou suspectes.
(1) Parmi celles qui seraient aisles h combler, je signalerai Tabsence des
Recueils de cantiques frangais et palois, publics par les capucins, pour leurs
missions, dans diflerents diocej^es du Midi. On trouvera les tilres de deux dans
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— 42 —
r^unit pas moins sous une forme tr6s m^thodique une masse ^orme
de renseignements rares, presque toujours trfes dispersfe et malaisfe
k atteindre. Les descriptions bibliographiques en sont parfaites et les
notices k la fois substantielles et 6l6gantes, sauf quelques incorrections
faciles k corriger (1). C'est aux chercheurs de province, en s'aidant
des secours que leur fournissent les recherches du savant religieux, de
lui procurer k leur tour les notions <iui lui ont 6chapp6 sur T^tat civil
et sur la vie religieuse desterivains capucins de leur pays,et avant tout
les livres de ces raodestes auteurs sur lesquels il n'a pu encore mettre
la main, mais qui peuvent, un jourou Tautre, se renoontrer dans quel-
que vieille biblioth^ue et m6me dans les lots de rebut des bouquinistes
et des chifiEonniers.
Leonce couture.
Origifie de TAsile de dbiI de la cath^drale d'Auch
A propos de la r&ente et int4ressante communication de M. Tabbi
de Carsalade sur un asile de nuit k la cath6drale d'Auch en 1444 (tome
XXXIV, p. 470), nous croyons devoir citer quelques faits qui permet-
tent, pensons-nous, de consiater Torigine de cet asile.
Vers le milieu du xi® sifecle, et k r6poque de saint Austinde (1050-
1068), vivait dans le diocese d'Auch un noble et puissant chevalier,
G6raud, seigneur de Tlsle-d'Arbeissan (plus connue aujourd'hui sous
le nom de risle-de-No6). II avait 6pous4 Aziuelle de Lomagne, fille
d'Othon de Lomagne et propre ni^ce de Bernard Tumapaler, comte
d'Armagnac (2). On le retrouve en 1060 signant, en presence de saint
Austinde, une charte relative au monast^re de Pessan(3). II mourut
VAppendice bibliographique de VEssai sur VhistoLrc lUUrairo des patois du
mldi do la France au XVIII' sldcle, par le D' Noulet (Paris, Maisonneuve,
1877, in-8»), nn. 302 et 309; et j'en ai rencoiitr6 d*autres.
(1) Celles qui peuvent offrir de vrais inconv^nients concernent les denomi-
nations g6ographiques. Le savant religieux traduit Tarbespar Aquce tarbellicas,
qui est le nom de Dax (p. 99; A la p. 45, il a cent Doo? sous la forme fran^aise);
Tarbes est Tarba, dontl'adjectif est tarbensis. 11 est vrai qu*au xvi« si6cle, plu-
sieurs latinistes, entre autres le toulousain Pierre Bunel, ont fait cette confu-
sion, mais leur erreur est ind^niable. — A la p. 81, Tauteur s'^tonne de Tadjectif
mausolensis employ^ par Bern, de Bolognepour « de Maul^on; » il fallait sans
doute Mauleosolensis; c'est le titre d'origine qu*a joint k son nom en t^te de
son Homere Jean de Sponde, de Maul(^on de Soule. (En tete de Tabr^g^ de
Baronius par Henri de Sponde, «^v6que de Pamiers, frere du pr^c^dent, il est
qualifl6 Mauleonenscs.)
(2) Cartul. jns. de Saint-Mont, x,de Correntiano.
(3) Chron. de dom Brug^les, Preuves de la 2" p. p. 38.
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— 43 —
peu de temps aprte; car Azinelle de Lomagne ^pousa dans la suite, en
2es Qi 368 noces, Bernard, seigneur de Fourc&s en Condomois, son
cousin; puis G^raud II, fils de Bernard Tumapaler et oomte d'Arma-
^ac (1070-1090 environ), son autre cousin (1). Quelque temps avant
sa mort, il avait 6tabli une fondation pieuse destine k fournir les frais
de rhuile qui bruiait, durant toute la nuit^ dans une lampe ^lairant le
dortoir des chanoines d'Auch. Le fait est attest^ par une cbarte du
2* cartulaire Wane d'Auch, rMigte sous TarcbevAque Hispan de Massas
(1245-1261), laquelle rappelle la donation ancienne de G6raud d'Ar-
beissan et loue sa m^moire. Voici ce texte qui est in^it :
Cum Geraldua de Arbeiasano, miles y bone memorie,,,^ coniulerit
Vsolidos morlanorum annuatim super decimam ecclesie de Bicnau
(Vicnau, annexe de Miramont, canton de Mirande, prfes I'lsle-d'Ar-
beissan ou de Noi) Capitulo Axixitano presenti eijuturo ad hoc ut
semper arderet de node lampas in dormiiorio canonicorum auxita-
norum, tandem verd post elapsum multorum annorum, etc... Factum
est hoc domino Ispano archiepiscopo auxitano (2).
Or, la maison et le.cloltre des cbanoines d'Auch, dont les premiers
fondements avaient 6t6 jetfe par le prM6cesseur de saint Austinde,
Tarchev^que Raymond Coppa, furent continues et menis k bon terme
sous r^piscopat du saint pontile et par ses soins. Le dortoir des
chanoines, avec la lampe de G6raud d'Arbeissan, date done du temps
de saint Austinde, c'est-i-dire de la fondation m6me.
Ce dortoir est mentionn^ de nouveau dans un acte des environs de
Tan 1200, rappelant les ravages qu'avait causfe k Auch, dans les
maisons archi^piscoj^les et canoniales,le comte d' Armagnac Bernard IV
(1160-1180). II y est dit que les gens d'armes du terrible comte enle-
vferent du dortoir et de Tinfirmerie des chanoines vingtHjuatre lils.
Plus tard, et peu k peu, les cbanoines abandonnferent leur dortoir et
pr61ud^rent k leur s&ularisetion en se logeant plus commod6ment dans
des chambres ou des cellules particuliferes. Le vieux dortoir devint
sans doute alors un lieu d'hospitalit^ pour les pelerins et les passants
pauvres, d'aprfes le document rappel6 par M. I'abb^ de Carsalade.
A- BREUILS.
(1) Cartul. de Saint-Mont.
(2) 2* cartul. blanc, aux Archives depart, du Gers.
(3) Monlezun, HisU de la Gasc, t. vi, p. 408.
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SOIREES ARCHEOLOGIQUES
AUX ARCHIVES d6pARTEMENTALES
Suite de la Seance du 4 Septembre 1893
Int^rieur d*un chateau gascon au xni« si^cle
M. de Carsalade fait ensuile la communication suivante :
Les quelques chateaux gascons du xui® si6cle qui ont r6sist6 au
temps et k la main des hommes, nous apparaissent aujourd'hui comme
des forteresses n'ayant eu d'autre destination que celle d'abriter une
garnison. L'id6e qu'une famille ait pu vivre dans ces murs, s'y perp6-
tuer, y ressentir ces sentiments qui s'appellent ramour,le d6vouement,
la paternity, Taffection filiale, na!t avec peine dans Tesprit du touriste
moderne. Ces cMteaux sont g^n^ralement construits sur un plan
rectangulaire, ayant une tour k deux de leurs angles. L'acc^s en est
difficile, l6s ouvertures rares, 6troites et mal perc^s laissent p6n6trer
un jour douteux, les divisions int^rieures peu nombreuses se rMuisent
souvent k une grande salle, oil le personnel du chateau, maltres et
valets, vit en comroun. Dans ce temps ou la condition militaire 6tait
celle du possesseur de fief,ou Ton vivait pour ainsi dire k main arm^,
beaucoup plus aux champs quechez soi,legentilhomme ne connaissait
gufere ce que Ton appela plus tard le confort de la vie. Tout 6tait
simple, austere, autour de lui; rint6rieur de son habitation ne difif^rait
gu6re de celui de la maison de son vassal, fut-il m6me un haut et
puissant seigneur.Le document que je vais (*iter nous en est une preuve.
Odon de Franx, seigneur de Castelnau-d'Arbieu, coseigneur de
Biv^, de Cadelhan, de Sdran, de Miramont, de Gavarret, de Tlsle-
de-Lomagne, etc., mourut en 1289, laissant la tutelle de ses six
enfants, Arbieu, Odon, Guillaume, Arnaud, Aymeric et Aynard, ^un
des plus grands seigneurs d'Armagnac, Aymeric, baron de Montes-
quieu. Le 3 juin 1289, le baron, apres avoir fait le signe de la croix,
precede k Tinvenlaire des biens de ses pupilles.Le mobilier du chateau
est trfes simple : Sept tables, deux bancs, six arches, deux coffres, deux
tr^pieds, un blutoir, trois tamis, trois muids, quatre chaudiferes, trois
chaudrons, dix-huit tkjuelles, douze assiettes, cinq bouteilles, deux
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— 45 —
bassines, quatre couettes, sept coussins, neuf draps de lils, cinq couver-
lures, trois nappes.
Voici maintenant les hamais de guerre : Un chapeau de fer, trois
pourpoints, un haubert, trois boucliers, six arbal^tes, deux paires de
bousses de cheval, six courroies d'arbal^tes, cent carreaux^ une 6p6e.
Nous laissons de c6t6 la basse-cour, la cave.
Si Ton rapproche de ce mobilier si simple, je dirai m6me si paysan, la
longue Enumeration des seigneuries, des fiefs, des redevances ftedales
qui termine Tinventaire des biens du gentilhomme d^funt, on reste
Etonn6 de tant de simplicity k c6t(^ d'une si grande richesse.
In nomine Domini nostri Jhesus Christi. Cum, ob doli maculam
evitandam, omnisqiie fraudis suspicionem tollendam et ne bona mino-
rum, elapsu temporis, depereant, idcirco tutores et curatores de bonis
et rebus eorum inventarium sive repertorium facere teneantur secundum
legilimas sanctiones. Ideo, in Dei nomine, dominus Aymericus de
Montesquivo, miles, tutor Arbiy, Hodonis, Guillelmi, Arnardi, Aymerici
et Aymardi, filiorum quondam Hodonis de Franx, domicelli, facto a
sua propria manu signo venerabilis sancte crucis, infra, tempus legiti-
mum de bonis et rebus dictorum filiorum repertorium sive inventarium
facere procuravit in hunc modum :
In primis, prenominatus dominus tutor manifestavit se invenisse in
bonis dictorum filiorum domini Hodonis quondam decern conquas fru-
menti, quinque conquas de milio...
Item, septem tonellos sive dolios, sine vino.
Item, quingentos solidos tolosanos, in quibus dominus Guillelmus
Arnardus de Labatud, canonicus in ecclesia Auxitana, dictis pupillis
solvere tenebitur, pro quodam equo qui fuerat dicti Hodonis de Fran-
quiis quondam; quem equum dictus canonicus vendiderat, ut ibi dictum
fuit.
Item, duodecim inter porcos et sues.
Item, septem pulvinaria, quatuor culcitras, novem linteamina, tres
banoas, quinque flaciatos, duos bancos.
Item, unum capellum de ferro.
Item, tres perpuntos, unas camberias et unas cuseyras, de quibus
perpuntis impignoraverat unum Guillelmus de Montealto, nuncius
domine vicecomitisse Fezensaguelli.
Item, unum ausberg, quod Guillelmus de Duroforte dictis pupillis
ex causa mutui resiituere tenebatur, ut ibi dictum fuit.
Item, manifestavit dictus dominus tutor se invenisse in bonis dic-
torum pupillorum tres clipeos sive scutos, sex arcos balistos.
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— 48 —
Item, tres oves, tres agnos, decern capras.
Item, duodecim inter gallinas et galinatos.
Item, quatuor calderias et tres payros et unam cosam.
Item, sex areas et duas caysas.
Item, X et viii scutellas et xii inter discos et grasaletos.
Item^ duos tripodes.
Item, duo paria cubertarum equi de panno.
Item, duo cocenallos et unas molas.
Item, sex corigias balistarum et c. cayretz.
Item, unam graziliam, septem tabulas, duo ponderia seu saumata
lini et unam petram lane et unum agracerium, tres cedasos, unumbaru-
tellum, tres mayts, unam patellam de crupo, duos portaderios, duos
barillos, v bocellos, unam ensem, tres mappas, vii anceres.
Preterea, prenominatus dominus tutor recognovit se invenisse in
bonis dictorum filiorum Hodonis, apud Castrum novum de Narbiu,
quamdam aulam de lapide et partem quam habebant in diclo castro et
in pertinenciis ejus.
Item, duas vineas, quarum unam esse asseruit in terratorio dicti
castri, inter vineam Geraldi de Sanctio et vineam Garsie de Elisone et
carrieras publicas; et aliam inter vineam Ramundi de Rangerds et
vineam Ramundi de Petra.
Item, medietatem unius prati, quod est inter campum Amardi de
Bruhemonte et oarreria publica, quod pratum habebant per indiviso
cum domina Albapar (1).
Item, XXX* solidos quos habebant dicti pupilli de feodis apud dictum
Castrum, vel in eis pertinenciis.
Item, medietatem terre culte et inculte quam habent per indiviso
cum dicta domina Albapar; que terra est in loco vocato terra del Bos,
que terra est inter terram dicte domine et pratum dictorum pupillorum
et carreria publica et terram Amardi de Bruhemonte.
Item, quamdam peciam terre que est ad locum appellatum « a las
fontas » inter terram Amardi Elisonis et terram deu Calyesa et fratnim
suorum.
Item, CL conquas Lactorenses de agrariis in terratorio dicti castri.
Item, ad locum qui appellatur Dirt6, sexta parte de agrariis et de
decima ex una parte et ex alia parte quartum, una cum domina
Albapar.
Item, apud Sanctmn Clarum, medietatem in terris, et de feodis xv
(1) Albapar de Franx de Labatut, dame en pftrtle de Castelnau-d'Axbieu, avait
^pous6 Gaiin de Montaut, seigneur de Gramont.
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— 47 -
solidos morlanos; dixit tatnen dictus tutor quod hoc de dicto Sancto
Clario erat impignoratum monasterio et fratribus de Figareda (1).
Item, ad locum de Comaolla, cl solidos morlanos de feodis et xl
conquas bladi, ad mensuram Altivillaris; dixit tamen dictus tutor
quod hoc erat impignoratum domine Aysie, sorori quondam dicti
Hodonis.
Item, apud castrum de Viveriis (2), duos mayzonados hominum
questalium et feoda et decimas; dixit tamen quod nesciebat quot. Dixit
insuper dictus tutor quod hoc et alios reditus quod habebant sen habere
debebant dicti pupilli apud Cadelhanum, erat impignoratum monas-
terio de Figareda,
Item, dixit se invenisse in bonis predictis duos solidos et dimidium,
quod habebant de serviciis sen de feodis dicti pupilli, apud Malum-
viciuum et quosdam agrarios. Dixit insuper quod dominus Hodo hos
impignoraverat magistro Petro Tarii.
Item, dixit se invenisse in bonis predictis quod dicti pupilli habe-
bant apud castrum de Labana, in reditibus, unam oonquam bladi et
quosdam agrarios et nemora et terras cultas et incultas.
Item, apud Seranum, unam conquam bladi de agrariis et plures
terras.
Item, apud Miromontem, unam conquam Auxitanam de agrariis.
Item, apud Gavarretum, annuatim, unam comestionem in domo de
Carsia?
Item, apud castrum de Miradors, duos solidos et dimidium.
Item, apud Insulam de Lomenha,quatuorde serviciis quolibet anno.
Item, ad locum appellatum de Franx, duas conquas de blado.
Item, quartam partem in molendino de Labalere.
Dixit se etiam invenisse dictus tutor in bonis predictis unum instru-
mentum de vhicl solidos morlanos, quos dominus Hodo de Montealto
debet dicto Hodoni vel ejus ordinio, quam cartam scripserat Guillel-
mus de Canoas.
Item, quoddam instrumentum donatipnis et solutionis factum per
dominum notarium Altivillaris, in quo instrumento continebatur
quod Guiraudus de Espieto solverat Hodoni de Franquiis et Aynardo
fratri suo, totam illam ...., quod possidebat in terratorio sancti Mi-
chaelisde Cast...
Post quod predictus tutor protestatus fuit quod quocies tocies magis
(1) J'lgnore la position g^ographique de ce monast^re. Je ne connais aucun
lieu en Lomagne portant ce nom.
(2) Biv^.
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-^ 48 —
de rebus dictorum pupillorum ad noticiam suam pervenerit ilia omnia
et singula palam manifestabit et inventarium fieri curabit. Quibus ita
peractis, discretus vir dominus niagister Durandus de Bauro, judex
Fezensaguelli, presenti inventario signum suum posuit, pariter et as-
seasum et legitimam aministracionem dicto domino tutori concessit.
Actum fuit hoc tercia die mensis junii. regnante Philippo francorum
rege et Hugono episcopo Tholosano, anno incarnationis Domini m<^ go**
Lxxx° nono, etc.
(Archives de M. le marquis de Galard-Magnas, chateau de Magnas,
Gers.)
La liste des communications 6tant termin6e, la Soci6t6 s'ajourne au
2 octobre, date de sa prochaine reunion.
IX
Stance du 2 Octobre 1893
Pr^sideiice de M. le PRl^FET DU GERS
Presents : MM. Balas, Cocharaux, Colonieu, Daudoux, Bellas,
Despaux, Dorbe, Lagarde, Lozes, a. Lozes, Nazaries, D** Sama-
LENs, et DE Carsalade, Secretaire.
La stance est ouverte k 8 heures li2 aux Archives d^partementales.
Un plat • de la suite de Palissy •
M. le Pr^fet dit que M. Delias lui a montr^ dernierement un plat
trouv6 par lui au chateau d'Arcamont, en le priant d'en faire Tobjet
d'une communication k la prochaine reunion de la Socidt6.
« Je vais done, si vous le voulez, dit M. le Pr^fet, tacher de vous
faire une description aussi exacte que possible.de sa deration qui
nous fournira des renseignements utiles sur son origine probable et
sur I'usage auquel il 6tait destine.
» Ce plat est en terre cuite verniss^e; le fond est colore en brun
violet 16g^rement marbr6, les dessins en relief sont bleu, jaune et
blanc. Nous avons dans cette coloration une premiere indication pour
croire qiie nous ne sommes pas en presence d'un Palissy; en effet, le
vert est la (iouleur dominante dans les oeuvre^ de Palissy.
9 Examinez main tenant son ornementation : vous voyez au centre
un lion ayant une ^p6e entre ses pattes de devant; il est de couleur
bleu sur fond ^galement d'azur; il Emerge d'un medallion festonne de
couleur brune comme le fond du plat. Ce sont sans doute des armoi-
ries. Autour de ce lion Ton remarque trois m^daillons ronds, au centre
desquels se trouvent des quartiers de lune, et, dans Tint^rieur du crois-
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— 49 —
sant, on distingue parfaitement une figure humaine. Ces trois mWail-
lons sont siparis par des niches, dans lesquelles on distingue des per-
sonnages nus assez mal dessin^s et qui sont probablement des saints;
ces niches reposent sur des rosaces ou fleurs k sept feuilles.
» La bordure du plat, qui est festonnte, est d'une ornementation
encore plus riche; elle a vingt-quatre festons, douze grands et douze
petits. Dans les douze grands se d^tachent douze figures blanches
entourfes d'aurfoles alternativement bleues ou jaunes et enchiss^
dans un m6daillon de forme ovale et de couleur brune : ce sont peut-
6tre les figures des douze ap6tres. Les douze petits festons, qui s6pa-
rent les grands, sont formfe par des rosaces ayant un pen la forme de
limaQon et au-dessus se trouve Une ornemeniation assez difficile k
distinguer, mais qui ressemble k des fleurs ou k des fruits surmontfe
de flammes. Nous trouvons dans les details de cette ornementation
une nouvelle indication pour ne pas attribuer notre plat k Palissy. II
paralt en effet 6tabli que Palissy a surtout reproduit des reptiles, des
coquillages, des poissons, et que c'est k tort que de nombreux plats k
personnages lui ont &i& attribufe. Nous devons, je crois, classer le
plat de M. Delias dans ce qu'on appelle la suite de Palissy ^ vers la
fin du XVI® sifecle ou le commencement du xvii®. Sa coloration, ou le
bran violet domine et ou figurent exclusivement le jaune, le bleu et le
blanc, paralt indiquer une origine m6ridionale, peut-fttre espagnole.
Son ornementation indique qu'il ^tait destine k Tusage d'une ^lise,
ou encore d'une chapelle de chateau; dans ce cas, le lion tenant une
6pee, repr^senterait les armoiries d'un ch4telain, peut-^tre de la famille
d'Arcamont^ dans les armes de laquelle on voit figurer un lion. >
M. le Pr^fet fail ensuite passer sous les yeux des membres de la
Sociit6 deux grands plats d'^tain de T^poque de Louis XIV, qui ont
appartenu k la famille d'Arcamont et ou se trouvent les armoiries de
cette famille.
La famille d*Aroamont et ses aroliiyet
M. deCarsaladedit que la famille du Chicd'Arcamont,dontle dernier
repr^nlant vient de mourir, s'est implantte dans ce domaine au xv«
si^le par une alliance avec la maison de La Fitte, une des plus anoien-
nes d'Acmagnac.
Sa seigneurie s'6tendait sur Arcamont, Roquaing, la Roque-Fimar-
con, Aumensan, Gaudoux,|Saint-Martin-Vinagre, la Batut fes-Pujos,
le Trens, le Longard^ partie de Roquelaure; ils 6taient, en outre,
barons de Torrebren, etc.
M. Delias rappelle que c'est k la famille d'Arcamont que les Ar-
Tome XXXV. 4
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— 50 —
chives d^partementales doivent les cartulaires du Chapitre d'Auch,
dfcrits et analyst par M. Parfouru (1). M. Delias fournit ensuite
sur cette famille et ses curieuses archives les renseignements suivants :
« Noble Pierre du Chic, seigneur de Boulin, vers 1420, baron de
Torrebren, avait du bien dans la juridiction de la ville de Montreal; il
y avait dans cette ville une porte appel6e la porie du Chic, oil Ton
voit encore, quoique un peu eflPac6es, les annes de la famille de Chic.
1 Un des derniers seigneurs, Jean-FranQois-Joseph-Claude du
Chic d'Arcamont, n6 en 1728, cut une lieutenance au regiment Royal-
Comtois et 6pousa, 6tant veuf, demoiselle Marie-Claire Popon de
Maucune.
> Lors de T^tablissement du haras au Rieutort, par arrfet du Con-
seil du 13 juillet 1758, il fut nomm6 commissaire inspecleur.
1 II dut k ses relations avec les personnages les plus en renom, k
son s^jour k Versailles, k la beauty et k Tesprit de sa seconde femme,
une situation exceptionnelle que revile toute une correspondance in-
time, sauv6e r^mment de la destruction et de Toubli.
1 Cette correspondance, qui jette un jour tout nouveau sur la haute
soci^t^ du rfegne de Louis XV, sera publi6e en son temps. EUe est si-
gn6e des Maurepas, des d'Argenson, du due de la Valli^re et, ce qui
int^resse particuliferement notre conti*^, des 6v6ques de Condom, de
Lectoure, de Lombez, de Mgr de Montillet, archev6que d'Auch, et de
dames appartenant k la plus haute noblesse du pays, h6tes habituels
des chateaux de Cassagne et de Maz^res.
» En venant k la Cour, en 1764, le seigneur d'Arcamont prit le
titre de marquis; il n'avait jusqu'i ce moment-Ik que le titre d'teuyer
commissaire inspecleur des haras; mais personne ne lui contesta son
litre, ainsi que Tatteste une correspondance avec les premiers person-
nages de la Cour.
> Le marquis d'Arcamont dut i son brevet de franc-ma^n de ne pas
fetre inqui^ti lors de la Revolution; il adressa un m^moire sur sa vie
politique, dress6 en conformity de Tarrfet^ du reprisentant du peuple
Dartigoeyte, du 14 germinal an ii, et regut un oertificat de civisme.
> II put done conserver tons ses papiers domestiques, les archives et
les registres de la communaut^ d'Arcamont, tons les comptes oonsu-
laires et des archives du Chapitre d'Auch que son frfere, chanoine, syn-
dic de la cathWrale, lui avait confi^s (2).
(1) Annuaire da Gera, ann^e 1879, 3* partie, et Arch, depart. G, n»' 13, 14 et
15. Le Cartulaire qui figure sous le n« 16 n'ayait pas Ai6 emport^ d'Auch.
(2) Dom Brug^es, Chroniques ecoUaiastiqueB du dioe^ d'Auoh, p. 4.et 5.
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— 51 —
» Les papiers d'Arcamont, dit en lerminantM. Delias, oomprennent
de nombreux documents sur les revenus de Sainte-Marie avant la
Revolution; ils pennettront de faire Thislorique des anciens canoni-
cats et benefices de notre-^lise oatbMrale. »
Un oartulaire retrouv^ : « Le Tieux lAvre yert > du Ohapitre d'Auoh
M. de Carsalade du Pont fait sous ce titre la oommunication sui-
vante:
« M. Delias vient de vous rappeler que les cartulaires du Chapitre
d'Auch, remis au chanoine d'Arcamont par la famille de Montes-
quiou-Fezensac, avaient 6x6 restitufe au d^partement pM Th^ritier du
cbanoine. Malbeureusement, cette restitution ne fut pas complete. II a
fallu la mort du dernier repr^ntant de cette maison pour faire tomber
entre mes mains les feuilles ^parses d'un de ces cartulaires, feuilles
v6n6rables que n*ont respectfes ni rbumidili des greniers, ni la dent
des rats, ni les mains de Tbomme — edacior homo, Ce cartukuxe
etait intact quand il fut confix par le Cbapitre & la famille de Montes-
quieu, et par elle remis au cbanoine d'Arcamont. II y a prte d'un
sifecle de cela, etdepuis voyez plut6t : le carlulaire, icrit sur papier
in-folioj renfermait au moins 217 pages. La demise porte ce num^ro
et elle se termine parunacte dont la conclusion manque. Or je n'en ai
retrouv^ que cinquante-cinq, et dans quel ^tat I T^criture ^tait telle-
ment efiPac^, que ces pages paraissaient n'avoir pas 6\& Writes. II a
fallu user de la teinture de noix de galle pour leur rendre la vie. EUes
embrassent une p^riode decent ans, de 1384 & 1484.
» Ce cartulaire portait dans les archives du chapitre le nom de
Vieux Livre vert, sans doute parce qu'il 6tait reconvert d'une basane
verte. Ce nom m'a it6 r6v616 par la G4n^alogie de la Maison de
Montesquiou-Fezensac, public par ChMn^ en 1784. Le savant g6-
nfelogiste a emprunt^ k ce cartulaire deux actes qu'il reproduit dans
les preuves de son travail, avec cette mention : « Original du cactur-
laire en papier in-folio de l%lise m^tropolitaine d'Aucb, intitule :
Vieux Livre vert, cot^n** 111. » Ces deux actes se retrouvant dans
les feuilles que j'ai sauvto, il n'y a aucun doute sur le nom du cadu-
laire auquel elles appartenaient.
» Les premieres feuilles, qui sont 4galement les premieres du car-
tulaire (la pagination suit sans interruption de 1 ^ 16)^ renfarment
I'acte des fondations faites, dans la cath^draled'Auch, par noble Mau-
-rin^ Biran, sdgneur <le Puys^r etde Roquefort. Ce gi»iilhomme
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— 52 —
fut UD personnage famepx en son temps. II ^tait oonseiller du comte
d'Armagnac, c'est-i-dire son chargi d'affaires. Son nom revient dans
tons les actes publics pass^ par la maison d'Annagnac durant la der-
nifere moiti6 du xiv« sitele. II y est appel6 t Maurin die Biran alias de
Bemardias. » C'^tait un bourgeois d'Auch enrichi par les lib^ralit^ de
ses maitres et Texercice des charges publiques. Le comte d^Armagnac
lui donna, en 1367, la terre de Puysigur (canton de Fleurance); il
acquit lui-m6me Roquefort et Casteljaloux et des fiefs dans la ville
d*Aucb. C'est de lui que descendent oes Biran-Gohas qui ont fait si
giande figure dans les guerres du xvi* et du xvii* sitele.. Devenus
bauts et puissants seigneurs, ces Biran-Gohas eurent, au sitele der-
nier, la pretention de descendre des comtes d'Annagnac, et en prirent
le noxix. Je ne sais si Maurin de Biran ^tait du sang du comte^ son
maitre, mais il est sur que dans la plupart des actes que j'ai vus, il est
qualifie de c bourgeois de la cit^ d'Auch. »
» Je reviens au cartulaire. En 1384, Maurin de Biran avait perdu
son fils Jean et Tavait fait ensevelir dans la cathMrale d'Auch. II
Youlut avoir une sepulture sp^ciale, dans un emplacement honorable
pour son fils et pour sa famille k perp^tuit^. II fit don au Chapitre de
la somme 6norme de 500 florins d'or, et les chanoines en retour lui
accordferentle droit de sepulture dans lachapellede Saint- Jean. Maurin
y fonda trois obits perp6tuels. Tons les jours, trois chapelains devaient
c^l^brertrois messes dans cette chapelle, pour les vivants, pour les
morts eten I'honneur de la Sainte-Croix. II fonda, en outre, une messe
matutinale qui devait ^tre cil^br^ tous les jours, au grand autel de
Notre-Dame^ et exigea qu'elle fut sonn^ « d bande » et pendant le
temps d'un Ave Maria, pour que le peuple put s'y rendre. II ajouta k
ses fondations trois nouveaux obits : un pour son pfere et sa m^re,
ensevelis dans T^lise des Cordeliers d'Auch^ un pour lui et un'pour
les membres d^oddte de sa famille. Chacune de ces fondations fut
fortement rentte. Tous ces details sont renferm^ dans les pre^i&res
feuilles de notre cartulaire.
» Le document qui suit celui-d est imprim^ dans la G^nialogie de
la maison de Montesquiou. C'est le droit de sepulture accord^ dans
I'int^eur de la cathMrale k Arzieu, baron de Montesquieu. Le nomde
la chapelle concMfe au baron n'est pas indiqu6 dans Facte. C'est dans
cette chapelle, qui s'appela la Chapelle de Moniesguiou, que fut poste
en 1487 la premiere pierre de la cath6drale actuelle. (Voyez Hist, de
Gascognsy t. vi, p. 434.)
» Viennent k la suite des oontrats d'inftodadon de terre, de consti-
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— 63 —
tution de rentes, de donations. En 1386, le 26 d^cembre, Fortaner de
Marestaing, seigneur de Lagarde, fiis du seigneur d'Esparsac, fonde
un obit pour le repos de I'&me de son pfere. Le seigneur de Lomagne-
Fimarcon fait Element des donations au Chapitre, etc. Citons encore
une bulie de 1453 r^glant un diff^rend entre le Chapitre et rArchev6que
au sujet de la nomination des chanoines, des transactions avec les habi-
tants de risle-d'Arbeichan et de Barran,des proete-verbaux de nomi-
nations de chanoines, et enfin la prise de possession de rarchevftch^
d'Auch, par Philippe de Savoie en 1484.
> J'ai remis ces pr&ieux fragments du Vieux Livre vert aux
Archives d^partementales, pour completer la sirie si importante de nos
cartulaires. Qu*il est regrettable que ce prteieux document ait 6t^ainsi
mutil4 ! Le temps est, dit-on, un grand destruct^ur, mais combien plus
le sont les hommes ! Tempus edax, edaeior homo.
Ck>mmunloation8 diTerses
M. Despaux montre k la Soci^t^ un amorQoir du xvi^ sitele en ivoire
et qui a du appartenir & quelque chasseur ou gueriier gascon. C'est un
r^pient en forme de gourde aplatie et k goulot trfes 6troit; les deux
parties plates sont tr^ finement sculpt^, Tune pr^nte une chasseau
sanglier; sur I'autre un m^daillon avec le portrait de Francois I®'' et
les armes accol6es de France et de Navarre.
Ce fait porterait^ croire, dit M.de Carsalade,que Tobjet en question
est du xvii« siecle et post6rieur i la reunion de la Navarre i la
France (1621.)
Viennent ensuite les communicatious suivantes : de M. le Pr6fet,
sur une pierre irfes curieuse conserv6e k Duran et sur la police des cime-
ti6res avant 1789; de M. Despaux, sur une plaque de ceinturon qui
parait avoir 6t6 une parure m^rovingienne; de M. Delias, sur un plan
de Fancien S4n6chal d'Auch; de M. Daudoux, sur des vues photogra-
phiques prises dans les valines d'Aure et du Louron; de M. de Carsa-
lade, sur les peintures murales de T^lise de Gouaux-en-Aure.
La Soci^t^ s'ajourne au 6 novembre date de sa prochaine reunion.
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ddanoe du 6 Novembre 1893
PrSmidLGixce de M. le General GRILLON
Direotexxr d.\a G^nle aia Minist^re do la Qiaerro
Pr^ents : MM. Cabrol, Calcat, de Carsaladb, Chavet, Colo-
HiEux, Daudoux, Bellas, Des^^aux, Journet, Joseph Lacomme,
Herman Lacomme, Lagarde, Lozes, Albert Lozes, M6tivier, Que-
Nioux, D'' Samalens et Tierny, secretaire.
Exourslon A Montaut et au Rieutort
M. Adrien Lavergne, vice-pr6sident. de la Soci6t6 historique de
Gascogne, s'excuse de ne pouvoirassister k la reunion et communique
le compte-rendu suivant dont il est donn6 lecture :
€ Messieurs,
» Le jeudi 8 juin, par une joum6e claire et chaude, nous avons
accompli noire excursion k Montaut et au Rieutort.
» Sortis d'Auch par la route d'Agen, nous avons laiss6k notre droite
Le Seillan, qui fut la propri6t6 du c616bre intendant d'Etigny, et k notre
gauche le manoir du Coulourmi.
» Le Couloum6est Tun des plus curieux deces petils chateaux b&tis
au XVI® et au xvii® siMes par les riches bourgeois ou nobles citoyens
d'Auch autour de leur ville. Cette int^ressante construction se compose
de deux corps de logis en 6querre, formant les deux c6t6s d'une cour.
La facade du couchant est munie k ses encoignures de tours rondes a
Text^rieur et carries k rint^rieur. Une belle tour carree eommande
rentrte au levant; elle est couronn^e de consoles qui portent d'une
fagon trfes pittoresque les bords de la toiture au-deUi de Taplomb des
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— 55 —
murs. Les fenfetres sont h menaux verlicaux ou croisds; des trous ont
6t/& ^tablis daas les murs pour se d^fendre avec des armes k feu. Deux
portes dans la cour sont dignes d'etre remarqufes : Tune seulement
parce que dans ses pieds-droits on peul voir un chapiteau romain en
marbre blanc, i'autre a cause de son ornementation. Celle-ci s'ouvre
entre deux belles eolonnes qui supportent un entablement orn6 d'un
masque grima^nt et surmont^ d*un fronton- II reste encore une partie
des foss& qui entouraient ce manoir et qui contribuaient i le prot^er
contie un coup de main. Ce petit cMteau appartenait avant la Revo-
lution k la famine de Labarthe du Couloum^ [Voir, sur Tancienne
maison qu'elle habitait k Auch et sur les droits honorifiques dont elle
jouissait k Toccasion de la procession de Saint-Orens le jour de la F6te-
Dieu, Dom BrugMes, p. 338; P. Lafiforgud, Hist, de la ville d'Auch,
11, p. 158; Can^to, Le PrieuH de Saini-OrenSy p. 137].
» Plus loin, La Bordeneuve^ propri^t^ de la famille d'Aignan du
Sendat [Dom Brug^es, p. 373], nous pr&ente dans des jardins et des
bosquets une oonstruction carr^e, couronn6e de balustrades.
> En face de La Bordeneuve, nous avons traverse TAr^on et quitt6
la route nationale pour prendre le chemin de Montaut, situ6 sur Tune
des plus hautes collines qui dominent la rive droite du Gers. La mon-
tde est longue et rude. Perches sur les omnibus, les excursionnistes se
montraient k gauche Preignan, ou Ton a dteouvert des mosaiques
romaines; k droite, la hauteur ou fut, dit-on, le temple d'Apollon ou
Moni Neroeva; et plus pr6s de nous le chateau de Malartic. En 1748,
la terre noble de Malartic fut 6rig6e en comt6 de Tournemire en faveur
de Pierre^Joseph-Hector de Tournemire, ancien capitaine de dragons,
d'une famille venue d'Auvergne [Archives du GerSy C. 433).
> Nous voici k Montaut. Nous sommes tout d'abord frapp^s par
Tensemble que forment le chateau, T^lise et le prieur6, situfe au levant
du village, sur un emplacement plus 61ev6, d^fendus par une enceinte
de murailles dans laquelle on p6n6trait par une porte ogivale placte
sous une tour carrte qui conserve la rainure dans laquelle montait et
descendait la herse.
» L'^glise est romane et Mtie sur un plan basilical. Elle a trois nefs^
point de transept, une seule toiture la recouvre; ^ la nef principale
correspond un sanctuaire form6 par unetravte de choeur et une abside;
k chacune des nefs lat^rales une absidiole; abside et . absidioles sont
voutfes en cul de four. Les nefs ont quatre trav^es s6par6es par des
piliers. Sur une base cylindrique comme eux s'dl^vent ces piliers ac-
cost6s de quatre pilastres rectangulaires qui supportent les doubleaux
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et les arcatures et qui font oommuniquer les nefs. Tous ces arcs sent
en tiers point. Leurs sommiers reposent sur une bande saiilante de
piwre qui pr^senle la forme d'un tailloir biseaut6. Les voutes sont k
croisdes d'ogives sans clef. Les nervures sont prismatiques et naissent
tant6t entre les sommiers des arcs, tant6t sur la bande biseaut^, tant6t
sur de petits culots coniques. II semble que Tarchitecte ait employ^ la
crois^e d'ogive sans bien connaltre ce proc6d6 nouveau pour la cons-
truction des voutes et qu'il ait t&tonnA.
» La porte s'ouvre au midi sous trois archivoltes k plein cintre et k
vive arfete, supporttes par des pieds droits de mfeme sorte. Les fenfetres
sont petites et 6troites; Tune d'elles, placie dans le mur septentrional de
Tabsidiole du nord, est dispos6e de fagon k projeter lalumi^re sur TauteL
» A Text^rieur on remarque autour de Tabside les restes d'une s6rie
d'arcalures reposant sur des corbeaux qui devaient supporter la corni-
che de la toiture. MM. Benouville et Lauzun ont signal^ une arcature
de cette esp^ k I'abside de Fiaran. C'est la seule ornementation de
Montaut ou il nous a 6ii> impossible de trouver la moindre trace de
sculpture.
» Deux tourelles plactes aux deux cAt^s de la facade occidentale
permettent de monter sur les voutes, ou Ton pouvait se difendre en cas
d'attaque; les murs goutterots ont conserve leurs merlons.
» L'eglise possMe deux tables d'autel romanes en marbre; elles sont
rectangulaire^ et forment comme des plateaux; la partie centrale l^re-
ment approfondie est encadrte d'une moulure qu'entoure une bande
large et plate.
» Je ne saurais passer sous silence le clocher roman construit par
notre collfegue M. Francou sur la trav6e occidentale de la maltresse
nef . Cette blanche construction signale au loin T^glise et le village de
Montaut.
» M. Tabbi Canito a dfcrit le monument dont je viens de parler
dans la Reoue de Gascogne, xi (1870), p. 533. On retrouvera cette
etude dans les Eglises romanes de la Gascogne du m6me archto-
logue, p. 71 .
> Aprfes la visite de son 6glise, M. le cure de Montaut a eu la bontd
de nous oflfrir, dans Tancien prieurd qui lui sert de presbytfere, une
collation qui a 6i6 fort appr^cife paries excursionnistes unpen fatigues
par la grande chaleur.
» Nous nous somraes rendus ensuite au chateau, dont le propri^taire,
M. le baron de Rouilhan, descendant direct des derniers barons de
Montaut nous a fort gracieusement fait les honneurs.
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— 57 —
» Le donjon, quoique bien inf^eur k celui de Bassoues, nous a
paru Tun des plus importants du Gers. II a, en eSet, de plus ^mples
proportions que la plupart des tours de nos ch&teaux 6troits comme des
puits. Carr6 comme il est d'usage en Gascogne [je ne connais dans
notre d^partement que celui de Castelnau-sur-rAuvignon qui soit
rond], il se compose : d'une basse fosse qui constitue le rez-de-chaussdei
d*un premier 6tage voutd^d'un second ^tageet d*une plateforme cr^nelte
d'ou la vue s'itend de tons c6t6s sur un trfes vaste horizon. Trois meur-
triferes, qui mesurent k Text^rieur 0,10 c. de large et 0,30 c. de long,
telairent cette tour. L^entrte estau deuxi&me ^tage; c'est aussi k partir
du deuxifeme 6tage qu'a 4t^ m^nag^ dans I'^paisseur du mur un trfes
curieux escalier, dont le couloir pr&sente k sa partie sup^rieure une
s^ne de retraites correspondant aux saillies des marches; mais Tarchi-
tecte,soit pour rWuire le plus possible le passage,soit qu'il ait considiri
les liteaux comme susceptibles de rupture sous le poids de la magon-
nerie, a dispose les pierres de taille en angle, afin de porter le poids
surlesc6t^.
» Une cour voisine de T^glise conserve encore des arcatures ogi vales
et un puits contemporain des plus anciennes constructions. Par une
ouverture qu'on aper^oit k une certaine hauteur au nord de T^glise, on
pouvait du cMteau p^n^trer au-dessus des voutes oil tout 6tait dispose
pour la defense. M. le baron de Rooilhan nous a montrd une trte belle
chemin6e en pierre, de la Renaissance.
» A la salle k manger nous attendait un th^ auquel nous avons tous
fait honneur, et M. le chanoine de Carsalade s'est fait Tinterprfete de
tous en t^moignant & M. le baron de Rouillan notre reconnaissance
pour son gracieux accueil.
» M. Bonassies, maire de Montaut et avocat au barreau d'Auch,
dont la science, Texp^rienceet le talent sont justement estim^s, a voulu
nousrecevoir chez lui, et notre visited Montaut s'est terming au bruit
joyeux des detonations du champagne.
> Chacun prit place de nouveau dans les voitures. Descendus leste-
menl dans la plaine, nous pumes apercevoir k travers les peupliers le
donjon isol6 de Tancien chateau d'Arcamont, qui a ^t^ reconstruit un
peu plus loin, et nous arrivAmes au Bieuiorty le ch&teau de plaisance
des dues de Roquelaure. Jusqu'ici la campagne brul^ par le soleil ne
nous avait montr6 que de pauvres rteoltes, des terres 6puis4es par de
longs jours de s63heresse. Nous ^tions dans une oasis fraiche et verte et
nos yeux fatigu^ se reposaient agr^ablement sur i'herbe des prairies,
le feuillage et les fleurs.
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— 58 —
» Nous avons admiri la belle et grandiose ordonnanoe des bAti-
ments, des avenues, des promenades, des bosquets, des pr6s et d^
eaux. L'entr6e prinoipale est une magnifique porte percte dans les
b&timents du couchant du c6t* de Roquelaure. Elle donne entree dans
une grande et belle cour carr6e. A I'ouest, au nord et au midi sontdes
d6cbarges,des 4curie8,des caves vouties avec ouverturesen penetration
dans les voiites, comme au chateau de Beaumont en Condomois,
(construction de Tarchitecte auscitain Pierre Souflfron, au commence-
ment du xvii* sifecle).
» Le bfttiment d'habitation tient tout le c6te oriental de la oour, celui
qui fait face k la grande porte. C'est un b&timentsans etage,fort ample,
fort correct, remarquable par les ^normes modillons en pierre de taille
qui siipportent la toiture.
» Cependant le soleil descendait rapidement k Thorizon, la belle
verdure commen^ait k prendre des teintes plus sombres;il a fallu nous
arracher aux cbarmes de ces lieux embellis par les arcbitectes et les
jardiniers paysagistes du grand sifecle, et nous avons repris la route
poudreuse. Quand nous sommes arrives k Aucb il etait nuit. »
La comddie bourgeoise & Fleurance
M. de Carsalade du Pont fait la communication suivante :
<c Se divertir, c'est se d^tourner de soi, s*en d^prendre, en sortir; et
pour en bien sortir, il faut se transporter dans autrui, se mettre k la
place d'un autre, prendre son masque, jouer son r61e. Yoilk pourquoi
le plus vif des divertissements est la com^die ou Ton est acteur. »
M. Taineouvre par cette reflexion le chapitre de son etude sur Tancien
regime, dans lequel il a peint avec des couleurs si vraies cette society
de la fin du xviii® sifecle emportee vers Tabime par une force irresis-
tible et y courant au milieu de ffetes et de plaisirs sans cesse renouveies.
La passion de jouir avait remplace chez elle les soucis virils et fait
naltre ce gout exagere pour le theatre que furent impuissants k satis-
faire les acteurs gages, et qui fit passer la comedie du the&tre officiel
dans les maisons particuliferes.
La comedie de societe devint alors le grand divertissement. On la
jouait chez les princes, chez les grands seigneurs, dans les chateaux
de province, chez les magistrats, voire mfeme dans les convents; la
maison bourgeoise elle-mfeme, qui jusque-lk avait paru fetre le dernier
asile des moeurs austferes, lui ouvrit largement ses portes. Ce fut un
entralnemeut general, la comedie k domicile.
A Auch, le theatre etait en permanence chez M. Tlntendant. Les
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— 59 —
rAles^taient tenns par le grave magistrat et les personnes dela soci^td.
On a vu, dans la lettre adresste par Madame de Fitte k la marquise
d'Aicamont^ que les salons du palais de Tintendance s'emplissaient
chaque soir d'acteurs et de spectateurs. Le president d'Orbessan avail
install^, k grand frais, un th^fttre dans son chAteau d'Orbessan et y
faisait jouer par la sociit^ des environs les tragedies de Voltaire et les
comMies grivoises de Colli. II me souvient d'avoir lu, dans les Mtooi-
res manuscrits du chevalier d'Antras, des details curieux sur la com^
die bourgeoise k Mirande. Le th6&tre 6tait dress6 chez la marquise de
Vandomois; les dames et les jeunes messieurs de la ville s'itudiaient
chez elle k jouer les personnages tragiques, sous la direction du che-
valier, dont le talent scinique itait remarquable.
II semble que les graves ivtoements de 93 auraient du iteindreoette
passion de oom6die, ou du moins en diminuer Tardeur. Ce fut tout le
oontraire. On ne joua jamais tantla comddie que sous la Terreur. Les
Brutus et les Sc^vola parad^rent sur tons les th^tres et jusque dans
les assemblies publiques. M. Binitrix a citi, dans une de ses itudes
sur la Revolution dans le Gers, un arriti de Dartigoeyte qui enjoi-
gnait aux filles d'aristocrates, sous peine de mort, de tenir des r6les
dans les comidies que Ton jouait k Auch pour amuser le peuple.
II est surprenant qu'au milieu de cet entralnement giniral la ville de
Fleuranceait attendu la fin de Tan xi pour se donner le plaisir de la
comidie bourgeoise. L'occasion lui ^vaitmanqui, comma on va le voir.
Ce fut le passage d'une troupe de comidiens qui rivila aux Messieurs
de la ville leurs aptitudes sciniques; pour leurs dibuts, ils s'essayferent
k la tragidie et jouirent Mahomet, de Voltaire. Mais laissons la parole
au directeur de la troupe, M. Antoine de Percin; il a tenu pre^que
jour par jour le Journal de la ComMefleuraniine. Ce curieux docu-
ment occupe plusieurs pages de son livre de raison (1) :
€ Le passage de quelques comidiens qui jou^rent trois ou quatre
fois dans la salle du conseil de la commune, donna lieu k ce que nos
jeunes gens se dicidirent k jouer mime une tragidie. Mahomet, de
Voltaire, fut la piice que Ton mit k Titude et qui, vers la fin de Tan
(1) Ce liyre de raison fait partie des archives de famille de Mme I^zian, de
Fleurance. Outre le journal d'Antoine de Percin, il renferme encore une volu-
mineuse et pr^cieuse histoire de la maison de Percin, 6crite par M. Gr^goire de
Percin p^e, avec documents ^ Tappui. On y voit rorigine|commune des Per-
cin, marquis de Mongaillard, des seigneurs de Lauret, etc., et des Percin de
Fleurance. Je piie Mme L^zian, qui a eu la bont6 de me communiquer ce pr6-
cieux manuscrit, de me permettre de lui offnr ici Tliommage public de ma re-
ppnuaissance.
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onze, fut ex^t^ par MM. Dulong d'Astafort, DutaxU, Dubosc,
Poydebat, Denjoy le cadet, de Fleurancse. Le Me de Palmyre fut
rempli par la femme d'un acteur qui se trouvait alors ici depuis quel-
que temps.
» Le l*** mai dfcida nos Messieurs k remonter sur les planches; et
comme la salle de la commune n'Stait pas assez grande, ils rfeolurent
de s'itablir dans le grenier de Mom6jan et le firent embellir d*une de-
coration en toile peinte repr^entant le Capitole et extent^ par Patris,
artiste de Fleuranoe. G'est \k que fut donn6e la tragic de la Mort de
C^ar. M. Dulong d'Astafort jouait Brutus et Percin remplissait le
r61e d'Antoine; Pouydebat, celui de Cassius; Dubosc, celui de C&ar;
Cimber ^tait jou6 par le cadet Denjoy; Dfcimus, par Laffitte Talni, et
Lucius (?), par L6b6 TalnA. Dolabella fut confi6 k Denjoy le dernier.
» Cette pi6ce, dont la representation eut lieu le 5 messidor an xn;
eut assez de succ6s. EUe fut suivie de Janot ou les bailus payent
Vamendey com6die dans laquelle M. Sentex joua le r6le de Janot; Du-
long d'Astafort celui de Ragot, etc. Mme S6nat remplit le r6le de
Mme Ragot et Mile Dulong celui de Suzeite. L^ex^cution de cette
pi^ riussit, et Ton se retira content des efiEorts de ces artistes.
• Rien n'exalte comme le succfes et les encouragements que Ton
regoit : aussi, au sortir du grenier ou Ton venait de jouer, il fut dteid^
qu'il 6tait impossible d*ex6cuter 1^-dedans comme il faut une pitee de
theatre. Cela fut bien prouv6 dans un superbe ambigu que donna alors
k quelques amateurs M. Denjoy le p^re. Pouydebat, le lendemain,^
rassembla quelques amis et leur fit sentir la necessity d*avoir une salle
de spectacle pour se r6cr6er quelques soirs d'une mani^re agr6able.
Ses observations furent gout6es. On proposa de suite plusieurs en-
droits, mais chacun ofiErait trop d'inconvtoients.
» Enfin, M. Percin proposa la chapelle de ThApital. On s'y rendit
sur le champ, el il fut reconnu qu'en joignant k la chapelle la sacris-
tie avec la chambre qui se trouvait sur le haut, on aurait un local
assez commode pour r^tablissement qu'on voulait faire. M. Percin fut
charge de s'arranger avec Carbonau, le tuilier, qui avait afferme ce
local, de faire lever le plan et de rex6cuter ensuite le plus t6t possible,
avec Tagrement des administrateurs de Thospice.
I M. Percin remplit Tattente de ses camarades impatients, car dans
un mois, a compter du jour ou Ton fut visiter ce local, le theatre que
Ton voit aujourd'hui fut execute dans son entier par Dilas, cbarpen-
tier; Rigal, peintre d'Astafort, allongea la decoration du palais qui se
trouvait trop courte. C'est sur ce the&tre que le 23 thermidor an xii, on
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donna la tragMie de Brutus. Cette pifece fut exicutte d'une manifere
avantageuse; chaque r61e fut beaucoup mieux rempli que Ton ne s'y
attendait. Beaucoup d'^trangers vinrent ce jour-l&, qui se trouvait
^ire aussi la f^te locale, et Ton vit qu'ils se retir^rent trfes contents.
M. Dulong jouait Titus, Poydebat Brutus, etc. Madame S6nat eut la
complaisance de jouer le rAle de TuUie. Cette pifece fut suivie du
Iksespoir de Jocrisse, comWie qui fut 6galement oouverte d'applau-
dissements. M. Sentex joua le premier r61e. M. LebS y joua aussi; et
]h encore Mademoiselle Laval la cadette voulut bicn prendre un r61e
avec Madame Dulong.
« Depuis. le 23 vend^miaire de Fan xiii, Ton joua Vlndigent^
drame. M. Cortade, de Bordeaux, qui se trouvait alors k Fleurance,
prit le r61e de Petit-Maltre. Les autres furent remplis par les amateurs
qui avaient paru, k Texception de celui de I'lntendant que mon beau-
fr^re Carr^re avait occupy. Cette pi^ r^ussit mieux que les amateurs
ne Tesp^raient. Dans les repetitions on se d^fiait de Tuco; cependant,
sans effort ni etude, on fut tr^ content. Cette pi^ eut pour suite
VIntendant com^dien malgr^ lui, C'est \k oil M. Denjoy Taine etonna
tout le monde; il remplit tout le r61e de travestissement d'une manifere
la plus agreable; mais celui de pemiquier-gargon fut execute comme
11 ne Ta peut-^tre jamais ete sur les meilleurs theatres. La salle etait
dans Tenthousiasme. Ce fut un coup de maltre; Timpression qu'il fit
fut etonnante. >
A partir de ce moment, les representations se succfedent presque
sans interruption; reian est donne, I'entralnement est general. Les
dames, qui jusque-1^ s'etaient tenues k recaxt ou n'avaient accepte que
timidement de paraitre sur la sc6ne, montent sur les planches et don-
nent la replique aux messieurs avec un entrain, une grftce, un naturel
qui soul^vent les applaudissements.
BientAt, le sucote grandissant, il fallut creer une sodete d'action-
naires pour Texploitation du the&tre. Citons le journal du directeur :
c( Le soin que M. Percin se donna pour Texeeution des projets de
ses amis, Factivite qu*il y mit lui merita la direction de leurs affaires.
En consequence, la caisse des recettes lui fut remise et Ton s'en rap-
porta encore a lui pour les embellissements de la salle, dont les frais
cependant durent 6tre proportionnes aux recouvrements et cela pour
ne pas augmenter le prix des actions qu'il fallut faire pour le contrat
du the&tre. II y eut vingt actionnaires, dont Fun a avance 1,500 livres
au denier dix, pendant trois ans, epoque qu'il devra toe rembourse. Ce
monsieur est J.-M. Garac. »
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Cette soci6t6 assurait Tavenir financier du thMtre. Nos acleurs, sti-
muli par le gout de plus en plus prononc6 des Fleurantins pour la
com^die, enivres d'ailleurs par le succ^s, se donn^ent sans mesure k
leur vocation nouvelle. Ce fut alors dans cette petite ville de Gascogne
comme une fi^vre th^trale que renouvelaient chaque jour T^tude et la
r6p6tition des r^les, les preoccupations avant la lev6e du rideau, Teni-
vrement du succfes aprfes, les louanges ou les critiques d'un public qui
ne se composait pas seulement des habitants de la ville mais de ceux
qu'attirait des citds voisines la reputation des artistes; et que dire encore
des costumes et des travestissements, question capitale pour des acteurs
provinciaux obliges de s'habiller tant6t en dieux, en vertus, en abstrac-
tions mythologiques,en grands seigneurs, en turcs, en polonais d'op6ra,
et, pareils k ces figures qui oment les frontispices des livres, tant6t en
costume depaysans, de magisters, demarchands forains, de soubreltes,
de laiti^res, de rosi^res, etc. A Venise, le camaval durait six mois; k
Fleurance, sous une autre forme, il durait toute rann^e.
Voici le repertoire des pi^s jouees par nos acteurs Fleurantins :
rEiourdij de Molifere, Ricco, I'Avocat Patelirty Genevieve de Bra-
bantj le Sourd ou VAuherge pleiney le Soldat prussien^ Crispin
rival de son maitre, VOrphelin anglais, VAuberge de Calais, le
Mariage du Capucin, le D^sespoir de Jocrisse, M, de Pourceaw
gnaCj la File de campagne, la Mori de C^sar, Janot ou les battas
pay entr amende, Mahomet , Brutus, V Indigent, VIntendant com^dien
malgr^ lui, le Barbier de Seville, M. de Crac, les Pr^cieuses ridi-
cules, Robert chef de brigands, le Retour impr^ou, le M^decin
malgr^ lui, le L^gataire universel, Athalie.
Les acteurs habituels etaient : MM. Dulong, Dutaut, Dubosc, de
Percin, Denjoy Talne, Denjoy le cadet, Sentex, Pouydebat, Carr^re-
Lagarrifere, L^be, Castad^re, Cortade, Margoet, Lafitte, Laborde; et
Mesdames de Percin, Dulong, Laval ralnfe, Laval la cadette, Brebat,
Pouydebat, Senat.
Voici quelques extraits du journal deM.de Percin :
« Le 9 flor&il an xin, on donna une representation de Genevieve de
Brabant, tragedie, dans laquelle M. Dubosc fut tr6s applaudi; il avait
le r6le de Syfrey. M. Dutaut jouait dans celui de Gaulo, duquel il se
tira fort bien. Madame Senat eut la bonte de se charger du r6le de
Genevifeve. Elle le remplit beaucoup mieux que ne permettait de Tes-
perer retat dans lequel ^lle se trouvait alors.
» Cette pifecefut suiviedu Sourd ou raubergepleine. J amaisGomiiie
n'avait plu comme le fit alors celle-l&. Mademoiselle Laval fut trte
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applaudie, Elle montre toujours de nouveaux progrfes dans Temploi de
soubrette. Mesdames Dulong et Brebat parurent plus ais^s etavecplus
d'avantage que dans les pr^dentes repr^^sentations. La difficult^ d'a-
voir une quatrifeme dame forga Madame Percin k jouer le Maitre d'au-
berge. La journ^e fut termin^e par un bal.
> Le 23 thermidor an xni^ jour de la f6le de sainl Laurent, fut jou6e
la pifece de Mahomet , tragMie. M. Dulong avait le r6le de Mahomet;
les aulres r6les 6taient remplis par Pouydebat, Denjoyle cadet, Dubosc
et Lafitte. Cette pifece eut beaucoup de succ^ et fut bien applaudie. La
personne qui plut d'a vantage fut Mademoiselle Laval, qui voulut bien
se charger du r61e de Palmire. Accoutum6 a la voir dans les sou-
brettes, le public fut agr^blement surpris en la voyant dans ce nouvel
emploiy duquel elle se tira beaucoup mieux qu'on aurait du s'y attendre.
J'ajoute qu*elle fit plus de sensation sur la sc^ne que pas un de nos
amateurs. Jamais f^te locale ne fut plus brillante par le concours
d'^trangers qui s'y rendirent et par le bal qui suivit le spectacle. Pour
seconde pifeoe on donna VAvocat Paieliriy dont on fut tr^s content.^
» Le mardi-gras 1796, Ton a jou^ PourceaugnaCy avec beaucoup
d'avantagepour les amateurs. M. Sent ex remplit le r61e du gentilhomme
limousin. Sbrigani fut jou6 par M. Percin; les mMecins par L6b6 et
Margoet; le premier apothicaire, par Tuco-Cortade; Laborde 6tait
Eraste, et Cortade le cadet s'^tait charg6 du r61e de Suisse. Les paysans
furent remplis ^n travestissement, par MM. Denjoy et Cortade cadet.
Mile Brebat joua Julie, et Mile Dulong, N6rine. Cette pi^ fut
pr6cid6e d'une reprise de La F^te de Campagne, pr6sent^ par
M. Denjoy, qui fit k son ordinaire le plus grand plaisir.
» La douzi6me representation eut lieu le 1®** juin 1806. On s'est rendu
au d&ir de quelques dames de la ville et Ton a,i cet effet, jou6 Athalie.
Cette pifece a eu plus de auccte qu'on ne devait s'y attendre; chacun
fut accompli dans son rdle. La sc^ne ^tait orn6e d'un choeur compost
des jeunes demoiselles de la ville. Au milieu de toutes, celle qui int6-
ressa le plus fut Mme Pouydebat, qui 6tonna tout le monde par la
manifere sup^rieure dont elle d^bita et rendit le r61e de Josabeth. Sou
mari avait celui du grand pr^tre. Mme S6nat remplit le r6le d'Atbalie;
Percin celui de Baal (Mathan); le cadet Denjoy celui d'Abner, et
Lafitte TaSn^, celui de confident.
» On donnapourlatreizi^merepr&entation,lejourdela saint Laurent
1806, le Barbier de Simile. Mme S6nat s'acquitta avec beaucoup
d'intelligence du r61e de Rosine. Bartholo fut jou6 avec sucote par
M. Cortade^de Bordeaux, qui se trouvant k Fleurance dans ce moment
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remplaga M. Sentex, qui tomba malade neuf jours avant la repr&en-
tation de cette pi^. Le r61e du comte fut rempli par M. Carrfere le
cadet: ilfut tr^ gout6. M. Den joy Tain^ fut applaudi beaucoup dans
le r61e de Figaro, qu'il remplit parfaitement bien. M. Basant joua
Bazile.
» Cette pi^ce fut suivie d'une reprise de VAuberge de Calais, dans
laquelle M. Denjoy I'aln^ brilla on ne pent plus.
» La quinzi^me repr^ntation a eu lieu le dimanche gras de cette
annde 1808, On a donn6 Robert chef de Brigands^ commie, et le
Reiour impr^u, de Regnard. M. Dulong, d'Astafort, joua avec beau-
coup d'avantage le r61e de Robert et fut dans plus d'un endroit sup^
rieur k ce qu'il s'6tait montr^ jusqu'ici. Cette pifece, dans laquelle
Mme S^nat d^ploya beaucoup de sensibility dans le r61e de Sophie^
eut plus de succfes qu'on ne Tesp^rait d'abord, parce que T^loignement
de Tacteur principal ne permit que de faire trois repetitions.
» Le Reiour impr^u fut jou^ superieurement. Jamais pifece n'a iti
mieux ex&utfe. Mme Percin, qui d^buta ce jour-1^ dans le r61e de
Lisette, channa toute Tassemblee par son aisance et sa franche galte.
M. Percin avait le r61e de L&indre.
» Le mardi gras suivant, M. Denjoy et Mile Dulong charmferent
tons les spectateurs. Tun dans le r61e de Sganarelle, I'autre dans celui
de Martine du M^decin malgr6 luu Mme Percin eut Temploi de la
nourrice. II faut rapporter ici une anecdote qui prouve que cette
agr6able debutante ne s'intimide ni ne se d^concerte pas trop ais^ment.
Pendant que c'est k elle k parler,et n'entendantpas le mot du souffleur,
elle s'adresse directement k lui pour le demander et Tayant entendu,
elle bailie ce dialogue avec tant de grftceet degalte,qu'elleest applaudie
par la salle tout enti&re. >
Le journal de M. de Percin s*arr6te au 14 aout 1808.
Couvent des Ckurdeliers d'Auoh
M. Delias, poursuivant ses recherches sur les communautis et oon-
fr^ries d'Auch avant la R6yolution, est amen^ k s'occuper des Corde-
liers.
€ C'est de 1255 que date T^tablissement dans notre ville de € ces
> chevaliers de la pauvret6 que saint Francois d' Assise avait envoy&
» de toute part chercher tournois spirituels pour y vaincre les Ames en
» champ clos. »
» Hispan de Massas pourvut k leur 6tablissement, que G^raud V,
oomte d^Armagnac, rendit dSfinitif^ en leur donnant^ k cette fin^ une
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^..W^:.
Ji>rfeAtttr«
<a*^« - dl^aefrtfiitffe^
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petite propri^t^ confrontant aux fosses de la ville, prfes de la Porte-
Neuve.
» Une bulle du pape Alexandre IV confirme, en 1259, la donation
faile aux Cordeliers par les consuls et la communaut6 d'Auch de Tem-
placement de leur convent et de leur ^^lise.
» Le couvent prospera rapidement et T^glise et le cloitre recueil-
lirent les cendres des personnes les plus riches de la ville, ainsi que
r^tablissaient le mausol^e en pierre dans T^glise, du c6t6 de T^pltre,
de R6gine de Goth, femme de Jean I®'', comte d*Armagnac et de Ro-
dez, et des plaques de marbre aujoiird'hui disparues (1).
» La maison conventuelle, T^lise, une chapelle, des cloUres, des
jardins occupaient, en 1790, Tespace compris entre la place d'Armes,
la rue de Flntendance, la Halle aux grains actuelle, la rue Saint-
Fmn^ois et le Foirail.
» A la Revolution, le couvent comptait, avec le P. Alexis Dascot,
provincial, 8 religieux et 3 fr6res proffes (2).
> Par suitedelamain-mise par la Nationsur les biens immeubles des
Cordeliers, une partie des bAtiments furent vendus k des particuliers,
savoir : la chapelle, au citoyen Segrestan, par acte administratif du 26
prairial an iv (14 juin 1796); une maison, k Augustin Druilhet, le 25
mars 1791; une maison, au citoyen Dansos, par acte administratif du
l*"- fevrier 1793.
» Dterann^l792, le couvent proprement dit, T^lise et leurs d6pen-
dances furent affect^es au d^partement de la Guerre, suivant arr^t6 de
TAdministration centrale. lis servirent k Tadministration militaire de
magasins de subsistances en tout genre et d'atelier d'armes qui occu-
pait trente ouvriers.
» Cette affectation fut confirm^ par arrftt^ de TAdministration cen-
trale du d^partement du Gers, du 23 prairial an iv (11 juin 1796).
fl) Manuscrits d'Aignan, pieces justiflcatives, vol. 86, pages 1429 & 1445.
A. Lavergne, Compte-rendu des excursions de la Soci4t4 frangaiso d'ar^
chdologie dans lo Gers, in-8% p. 31. Auch, Foix, imp., 1883.
(2) Journal VAppel au Peuple du 15 juilletl882. — Labiblioth^que du couvent
des Cordeliers comprenait, lors de la mainmise de la Nation, en 1791, 800 volu-
mes et la bibliotheque particuUere de I'abb^ d'Aignan du Sendat, mort en 1764,
qui la lui avail l^gu^e par testament avec ses manuscrits celebres, si importants
pour rhisioire locale el le diocese (V. B6n6lrix, le Vandalisme r6oolutionnaire
dans le Gers.)
Ces manuscrits el les livres transport's, en 1791, au collie d'Auoh, font
aujourd'bui partie de la biblioth^ue de la ville install6e dans Tancienne dglise
des Carmelites.
Tome XXXV. 5
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— 66 —
» Le g^nie militaire en cMa, cependant une partie au d^partement du
Gers, en 1820, pour le casernement de la gendarmerie. La cession en
fut consentie, aprte une resistance de plusieurs ann^, h la charge
par rAdministration civile de supporter k concurrence d'une somme de
6,000 fr. les frais relatifs au d^placement que devait subir la manu-
tention des vivres et de faire Tabandon pour le service des lits mili-
taires d'une partie des dcuries de la Prefecture (1).
» Les travaux de construction de la caserne de gendarmerie s'^levferent
au cbiflEre de 34,900 fr. et furent dirigds par Tarchitecte Lodoyer, de
1820 k 1828.
» Le cloltre ne f ut d6moH qu'en 1843; on construisit alors, sur son
emplacement, une chaussde pavde en revers pour ^carter les eaux plu-
viales et preserver les ^curies de Thumidite.
» Les debris gothiques du clottre provenant de sa demolition, laisses
dans la cour de la gendarmerie, furent abandonnes k la merci de tout
le monde et se trouvent ainsi disperses (2).
» Les degres du porche de reglise ont ete supprimes et le vandalishie
revolutionnaireoucontemporainn'ontepargneque lelambris, les murs
exterieurs de I'eglise et la sallecapitulaire. Le maltre-autel, la chapcUe
de Saint-Crepin, trois autres chapelles avec leurs retables, le grand
choeur, la chaire, Tantique lutrin, les statues des quatre evangeiistes,
les mausoiees, les plaques de marbre, les reliquaires, les omements,
tout a disparu, et ce passe religieux se trouve aujourd'hui remplace par
les fourgons de notre armee.
» L'eglise des Cordeliers d'Auch a cependant sonhistoire. On y ffeta,
le 9 juin 1731, la canonisation des bienheureux Jacques de la Marche
et Frangois Solan, religieux de TOrdre de Saint- Frangois. Les fetes
dur6rent huit jours.
» II existe une relation de cette ceremonie, in-4° de 10 pages, im-
primee k Toulouse chez la veuve Renault, 1731.
€ Cette relation donne des details circonstanciesdes ffctes et de Tome-
mentation de reglise des Cordeliers :
« Les assortiments du maltre-autel consistaient en six grands chan-
» deliers d'argent, avec leurs derges et un crucifix en mftme met^l. Le
(1) Lettre du ministre de la guerre au pr^fet du Gers, du 29 f^vrier 1820 (Arch,
depart.).
(2) A. Lavergne. Ewcursions de la SocUU /ran^ise d*arch4ologie dans le
Gera en 1881 (Auch, Foix, impr.), pages 30, 31. — Une partie de ce cloitre a 6te
reconstituee dans une des salles du mus^e de la Soci^te historique de Gascogne.
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— 67 —
» devant de Tautel, avec les credences, 6tait k fond d^argent, en relief
» d'or, le lout accompagn6 de plusieurs reliquaires et de tableaux de
» prix. »
« Le chapitre de la m^tropole ouvrit ensuite son tr6sor et offrit ses
» plus riches ornements, ses vases sacr^s et son argenterie la plus pr6-
» cieuse. La sacristie du convent se trouva tout k coup enrichie de
» plus de quarante mille livres d'ornements d'aulel ou de choeur, tivis
> des trois fameuses chapelles de feu M. le cardinal de la Tr6mouille,
> de M. de Trapes, et deM. de Vic, archev^ques d'Auch; ensemble de
> Tornement noir glac6 d'argent relev6 en bosse d'or (deux 6cussons
» de France k chaque pi^), donn6 par feue la reine-m^re k M. de la
> Molhe-d'Houdancourt; de six batons de chantre, dedeux encensoirs
> avec leurs navettes, dedeux grands calices et delamaltressecroix, le
# tout en argent, mais plus riche par la main de Touvrier que par la
» matifere. »
> Une ordonnance du grand s6ndchal (1), du 12 mars 1789, d&igna
r^lise des Cordeliers pour la tenue de TAssemblte des trois Etats fixte
au 20 mars de la m^me ann6e.
> C'est 6galement dans cette 6glisequefutpr6t6, le 22 Janvier 1791,
le serment civique (2). >
M. Tierny dit qn'k la s^rie des destinations successives qu'a cues le
convent des Cordeliers, il faut ajouter que le Conseil g6n6ral a dfcidi
d'y installer les Archives d^partementales. Ce sera une excellente
mesure; le convent des Cordeliers renferme, en effet, d'importants ves-
tiges de son passe religieux, I'ancienne salle capitulaire notanmient,
avec ses belles voutes du xiv« sitele et ses peintures murales (celles-ci
n'ont pas ^t4 sans souftrir de la transformation de la salle en magasin
k fourrages). Sur un des c6t6s de la cour, on voit encore les arcatures
416gantes du cloitre; ces restes arch6ologiques, qu*on pouvait croire
vou6s k I'oubli et k la destruction, m6riteraient d'Mre mis en lumifere
par une restauration intelligente. lis seront du moins soustraits k toutes
les causes de deterioration qui les menagaient.
La devotion ik saint Martin en Qa8cog:ne
M, Despaux met sous les yeux des membres presents k la reunion
. (1) Ordonnance du grand s^ndchal d'Auch (k Auch, chez J.-P. Duprat, impri-
meur du roi), in-folio.
(2) Monlteur du 25 Janvier 1791, n« 25.
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— 68 —
une trfes ancienne statue en bois representant saint Martin et dont il
fait donau musde de la Soci(ite historique de Gascogne; cette statue a
6t6 trouv^e k Antras et provient de l*^lise de ce lieu.
M. Despaux rappelle k ce sujet que saint Martin, dont le culte fut
toujours si r^pandu dans le nord de la Gaule, dut 6tre k T^poque
gallo-romaine un des saints les plus populaires de la Gascogne. La
premiere ^lise d'Auch, situ6e sur les bords du Gers, k Tendroit oii est
le moulin qui porte encore son nom, lui 6tait d6di^; on pourrait citer,
outre r^glise d' Antras, une foule d'autres 6glises dans le dioc^e.
M. de Carsalade fait observer que cette devotion ne s'explique pas
seulement par le souvenir profond qu'on gardaen Gaule de cette grande
figure d'ap6tre^ si propre k frapper Timagination des foules, mais que
le nom m^me du saint fut pour quelque chose dans sa popularity.
Martinua est en eflfet un d6riv6 de MarSy et d'aprfes la pratique
constante des premiers ^p6tres du ehristianisme, des ^lises d^i^s k
notre saint (qui est du reste le patron des guerriers) durent souvent
prendre la place de temples 6rig6s autrefois au Dieu de la guerre.
L'ordre du jour 6tant 6puis6, M. de Carsalade, au nom de toute la
Soci6t6 adresse ses felicitations k M. le g^n^ral Grillon, appeli k remplir
au ministfere de la guerre le poste ^lev^ de directeur du g6nie.
€ M. le g6n6ral Grillon, dit-il, a 6t4 un des premiers, avec M. le
Pr^fet du Gers, k r^pondre k I'appel que nous avons adress6, il y a un
an,^ tons ceux qu'int^resse Thistoire de notre pass6.Cehaut patronage
a 6t6 pour beaucoup dans le succfes de nos Soirees arch^ologiquea
auxquelles, de son c6t6, M. L6once Couture a donni dans la Revue
de Gascogne une hospitality si large et si empress^.
> Non content d'etre des plus exacts k nos stances, M. le gtoiral
Grillon a tenu k prendre part k nos excursions archtologiques et il
s'est montr6 \k ce qu'il est toujours, bon, aimable, accueillant, oubliant
qu'il nous 6tait sup^rieur et par la position et par le talent et se m^lant
k nous avec une simplicity charmante. Ces souvenirs sont inoubliables
et le g6n6ral restera parmi nous comme le vrai modfele du parfait
archtologue et du sympathique.confr^re. *
M. le g6n6ral Grillon remercie M. de Carsalade de ses felicitations;
il ne m6rite pas, dit-il, les 61oges qui viennent de lui 6tre donnas pour
son exactitude aux stances et aux excursions de la Society qui ont
toujours 6t6 pleines d'int&*t. En adressant lui-mfeme ses adieux aux.
membres de la Soci6t6, il dit que de loin comme de prte il suivra leurs
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travaux et aussi leurs excursions, auxquelles il prendra part dans la
mesure du possible.
I-a Soci6t6 s'ajourne au 4 d^cembre.
XI
Stance du 4 D^oembre 1893
Pr^sidenee de M. le PR^FST DU GBRS
Presents : MM. Ballas, Calcat, de Carsalade du Pont,
Chavet, Cocharaux, DartigueSj Daudoux, Bellas, Lacoste,
J. Lacomme, Lagarde, Le Bret, Lozes, Albert Lozes, Mi&tivier,
D"* Samalens et Tierny, s6cr6taire.
Faience trouT6e A Arcamont
M. le Pr6fet met sous les yeux des membres de la Soci^t^ un 16gu-
mier en faience d6cor6e provenant du cMteau d'Arcamont. C'est une
tr^s belle pifece de collection dont la date n'est pas douteuse; sa forme
nous montre,en efIet,qu'eUe est absolument du style Louis XV.Quant
k Torigine, elle est plus difficile k determiner; d'abord est-K*^ un produit
de Marseille ou de Strasbourg? Les couleurs et les motifs de d6coration
sont presque identiques h Marseille et k Strasbourg; c'est au toucher
seulement qu'on pent les diff^rencier, le Marseille ayant habituellement
plus de relief.
M. de Carsalade fait remarquer que sur le l^umier en question
figurent des papillons et que c'est un motif de decoration qui a 6\i trfes
souvent employ^ k Marseille.
M. le Pr6fet dit que c'est surtout le coloris qui doit nous guider pour
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— 70 —
la determination d'origine; or, dans la pitee en question, le rouge est
moins intense que dans les produits de Marseille et de Strasbourg;
aussi en la rapprochant d'autres pieces dont Torigine est certaine, il
croit que le 16gumier provenant de la famille d'Arcamont faisait partie
d'un service sorti des fabriques d'Aprey, lesquelles ont joui d'une
grande vogue au xviii« si6cle.
M. de Cai'salade dit que Fexistence dans la famille d'Arcamont d'un
service de table d'une provenance 6trang^re k notre pays n'est pas pour
nous surprendre; la marquise d'Arcamont, bien que d'origine dauphi-
noise, 6tait avant tout parisienne et tr6s m616e k la vie de la cour de
Louis XV; c'est d'elle ^videmmentque provenait le service dont M. le
Pr^fet possMe une 6pave.
La Noblesse etla S^n^chauss^e d'Auoh aux Assemblies dlectorales de 1789
M. Blade, indiquait jadis rint^r^t qui s'attacherait k la publication
des catalogues officiels dela noblesse de nos contrtes en 1789; en m^me
temps M. L6once Couture recommandait de signaler les proc^-ver-
baux et les cahiers manuscrits ou imprimis de toutes les senechauss^es
comprises dans Tintendance d'Auch (1).
Ce sont, en eflfet, des documents de premier ordre qu'il est int^res-
sant de faire connaltre. L'appel de nos savants compatriotes a ^t^
entendu en ce qui concerne la senechauss6e d'Auch, dit M. Delias, et
il rappelle k ce sujet les travaux de M. de Bastard d'Estang, AmMfe
Tarbouriech et autres.
II n'en reste pas moins de regrettables lacunes k combler; par
exemple on ne poss^dait jusqu'aujourd'hui aucune liste des nobles de
la senechaussfe d'Auch. Mais, si Iesd6p6ts publics (archives nationales
et d6partementales) n'ont pas ce document, il n'en est pas de m6me
des archives privies. C'est ainsi que M. Delias donne lectui^e des
noms des geniilshommes de la s^n^chauss^e d'Auch presents a
V Assemble des ^tats du 20 mars 1789. Cette liste ofire tons les
caractferes voulus d'authenticil6, puisqu'elle est 6crite de la main du
marquis d'Arcamont qui faisait lui-m6me partie de TAssemblde. II y
avait 161 membres presents qui dtaient eux-m6mes porteurs de 87
procurations (2).
(1) Reoue de Gascogne, 1864, pp. 481 et suiv.
(2) Cette liste serJi publi^e dans VAnnuaire du Gars de 1894, 3« partie.
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— 71 —
La noblesse 61ut M. de Lupp* pour son repr&entant aux Etats-
G^n^raux et elle r6suma ensuite les diflf^rents points qui devaient 6tre
pr^sentfe k la discussion des Etats. Ce Cahier des doUancea de la
noblesse (1) r^unie en assemhUe pr^aratoire ^tonnerait par lahar-
diesse des r6formes demand^s, si Ton ne savait que presque partout
les gentilshommes furent les promoteurs du mouvemenl del789:il
contient en r&um6 les riformes que la noblesse formula ensuite difini-
tivement dans les Cahiersde la noblesse ei des s^n^chauss^es d*Auch
et de Leeioure, publics par M. de Bastard d'Estang.
La TiUe d'Auoh en 1575
M. de Carsalade du Pont fait la communication suivante :
Lorsque Catherine de M6dicis vint k Auch, en 1578, pour son
enlrevue avec son gendre, le roi de Navarre, elle fut suivie par la fleur
de la noblesse de France. Parmi les gentilshommes de sa suite se
trouvait le due de Bouillon. J'ai 6t6 curieux de rechercher dans les
M6moires du duo Timpression que lui avait produite notre capitale de
Gascogne. « Auch, dit-il, est une petite villo presque peuplde de prfe-
tres. » — J'avoue que mon amour-propre se trouva bless^ decette qua-
lification Aq petite ville doun&k Tantique Augusta Auscorum, k la
capitale de la Novempopulanie.
Je me souvins alors que notre compatriote Belleforest avait pu-
blic, en 1575, trois ans avant que notre ville n'eiit Thonneur de re-
cevoir M. le ducde Bouillon, un gros ouvrage intitule : Cosmogra-
phie universellej dans lequel il donnait une vue cavali^re de la ville
d'Auch.
Je pris le gros volume^ et il me fut h^las I trop facile de me con-
vaincre que le due avait raison. Notre bonne ville, qui s'^tale aujour-
d'hui si largement sur le coteau et dans la plaine, enserr6e alors dans
ses remparts de pierre, 6tait en efiEet une petite ville. Mais quelle petite
ville ! et que j*en connais de grandes, voire m6me Sedan, ou M. le due
entretenait garnison, qui eussent voulu lui ressembler ! 11 y avait un
archev^ue dans un magnifique palais, un chapitre m6tropolitain com-
post de vingt chanoines et parmi eux le cil^bre historien Catel, des
(1) C'est un cahier de 10 feuillets, sans nom d'imphmeur.
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- 72 —
pr^bendiers k leur suite, tous gens de bien, des moines de tous les
ordres, B^n^iclins, Dominicains, Franciscaias, un collie celfebre k
cent lieues k la ronde, un corps de ville que M. de Monluc prisait tr6s
fort, un s6n6chal, des magistrals qui savaient leur droit comme pas
un, une cath^ale sans rivale avec dix ^lises suffragantes, enfin une
petite ville qui subit bien des assauts et ne fut jamais prise, Auch la
la pucelle, la bonne ville du roi de Navarre !
La Cosmographie de Belleforest est un ouvrage rare, connu de
pen de gens. On ne le rencontre "gufere que dans les grandes biblio-
thfeques publiques, et encore (1)... Jesuis persuade qu'en vulgarisant la
vue de la ville d'Auch qu'il renferme, je fais une ceuvre utile et patrio-
tique. Voici cette vue avec le commentaire de Belleforest, moins bref
et moins d^daigneux que celui du due de Bouillon :
a L'Armaignac est de grande estendue, ayant en soy et de belles
» cit6s, entre lesquelles est Aucbs, appel^ Auguste, Novempopulanie et
» colonic des Ausciens, laquelle estant poste sur le Gers'est bastie sur
» une rochevivede difficile accez, sinon du cost^ qu'on va a Vic Fasen-
» sac, et est sa figure vague du cost6 nomm6 la Treille; mais au bault
» qui fait le corps de la cit6, elle est trfes bien peuplee et remplie, ainsi
» que vous en pourra faire foy le present pourtraict, duquel nous a ac-
» comodez le sieur de Tlsle, gentilhomme natif de la dti d'Auchs, et
» affectionn6 grandement k sa ville, et gloire de sa patrie, comme il a
» aussi du coustumier d'Auch et de sa police y observ^e.
» En ceste ville vous voiez I'Esglise de Sainte Marie, estim6e entre
» les plus beaux et magnifiques temples de TEurope, veu la superbe de
» sa structure, les marbres et antiquailles y dress6es, etla grandeur de
» r^difice : auquel a pr6sidd jadis St-Orens, au nom duquel est fond6
» un beau et riche prieur6 de moynes de St-Benoist qui depend de
» Clugny.
» J'ose dire que TEsglise cath^drale d'Auchs est la mieux ser-
» vie de tant qu'il y en a en Aquitaine, y ayant si grand nombre de
» chanoines, prebendiers, chapellains,chantres et choristes; qu'ilsem-
» ble que ceux-cy seuls suffisent pour emplir une esglise (2) et tous
(1) Les gravures renferm^^es dans la Cosmographie ne contribuent pas pen ^
rendre cet ouvrage de plus en plus rare. Les marchands d'estampes en out dotniit
et en d^truisent chaqne jour nombre d'exemplaires pour en vendre au detail, et
fort Cher, les gravures.
(2) Cette remarque semble j ustifler Taf firmation dn due de Bouillon, ^savoir
que Auch est une ville « presque peupl6e de pr6tres. »
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— 73 —
> aiant revenus suffisants pour vivre... Les autres esglises d'Auchs
> peuvent par vous estre k plein consid^rtesau plant, comme aussiles
> portes et les Edifices plus rares qui sont en icelle cit6 fidelle au Roy,
» et laquelle s'est conserv6e durant les troubles par la sage conduite
» des citoiens, quoique Tennemi ait voltig6 i Tentour des finages
» d'icelle. »
Un m6decin du XVI* sidole, ^ean Rizot, oculi8te» de Toumeooupe
Communication de M. Tierny :
« En vous pr^sentant Jean Rizot comme une c6l6brit6 m6dicale du
XVI® si6cle, je craindrais d'etre accus6d'exag6ration; admettons, si vous
le voulez, qu'il s'agit d'une c616bril6 locale, r^gionale, disons gasconney
k condition de ne pas prendre le mot dans son sens figur6. R6duite k
ces termes^ ma proposition vous paraitra sans doute acceptable. Jugez-
en d'ailleurs par la fagon dont parlent de Rizot ses contemporains,
les magistrals du S6n6clial de Lectoure, gens trfes graves assur6-
ment :
€ II n'est, disent-ils, personne plus utile en la province; il a pour
» gu^rir les yeux des Iraitements souverains, t^moin M. Sonis,
» homme de lettres (1), dont il a sauv6 la vue. Celte reputation bien
» 6lablie Tamfene k faire de frequents voyages pour aller au loin soi-
» gner les malades. »
€ Mais, sans doute a cause de ses occupations nombreuses, Jean
Rizot avait oublU de payer les deniers royaux et municipaux (nous
dirions aujourd'hui ses impositions). C'etait bien dangereux, surtout k
une dpoque ou les cr^anciers usaient couramment du droit redoutable
de la contrainle par corps. Aussi, un jour qu'il 6tait venu a Lectoure,
Francis Bilhferes, marchand et fermier des deniers royaux, le fit-il jeter
en prison comme un vulgaire debiteur.
» Aussit6t, grand 6moi dans la ville; que va-t-on devenir si un
homme si utile k ses concitoyens est k la merci du premier cr6ancier
(1^ Dans le document ici analyst on alaiss^ en blanc le prdnom de M. Sonis.
II s'agit sans doute de Bernard, pasteurprotestant que sesouvrages peuvent faire
qualifier homme de lettres et dont le plus rare est la Reponse a la declaration
do Jean de Sponde. II avait im frere, Jean, qui etait medecin. (Renseignement
foumi par M. Ad. Lavergne).
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— 74 -
venu? S'il demeure prisonnier, queldfeastre « pour les pauvres mala-
» des; ils peuvent tomber au grand inconvenient de leurs yeux k faulte
» de secours et de prompte m6decine ! »
» Jean Rizot avait adress6 k la cour une requite tendant k son ^lar-
gissement, on y fit droit; et pour parer aux incertitudes deravenir,on
se hdta de lui donner une sauvegarde du roi. C'^tait faire de lui un pri-
vil^ie, c'6tait le soustraire k la juridiction des justices ordinaires; plus
de prison preventive, plus de prison pour dettes, on lui assurait, comme
on disait alors, la complete r^gence de sa personne.
» Void d'ailleurs le jugement rendu k cet eflfet par la cour du sini-
chal d'Annagnac :
• Du second jour de septembre 1591, pardevant M. Labarthe, iieu-
» tenant particulier, acistans Cane^ Lescuraing, Garros, Lavenier et
» Boudet, assesseurs.
» Par Marcilly aussi conseiller, a est6 rappourte le proc6s d'entre
» M® Jean Rizot, m^decin occuliste, suppliant et demandeur en cassa-
» tion d'euiprisonement et autres fais contenus en sa requeste, d'une
> part, Frangois Bill)6res marchant de la presante ville de Lectoure
» deffandeur d'aultre, cloz en droict, les pieces veues,
» Ledict Marcilly, par plusieurs raisons de droict, a diet led. Rizot
» estre personne tr^s privilegi6e et non subjecte k estre arrestee ouem-
> prisonnte pour aulcuns deniers royaulx ou municipaulx deubz par
» la communaulte du lieu oii il seroict habitant, d'aultant qu'il est
» notoire qu'il n'y a personne en ceste province plus necessaire et utille
» que ted. Rizot, qui est en reputation d'estre souverain medecin occu-
» liste et estre fort expert en la guerison des yeulx; k raison de quoy il
» est appelie souvent en divers lieux, principallement en la presante
» ville lorsqu'il se trouve quelcun qui soicljj'en danger de perdre la
» veue, ce que le de£Fandeur mesmene peult ignoreretd'ailheursordi-
» nerement et presque chasque jour, du lieu de Tournecouppe d'oii est
» led. Rizot, viennent plusieurs personnes riches et bien soulvables,
» ausquelles se pourroict et peult encore led. deflfandeur mieulx adresser
» qu'aud. Rizot, lequel sy demeure prisonier, beau coup de pouvres
» malades peuvent tomber en grand inconveniant de leurs yeulx k
» faulte de secours et prompte medecine.
» A raison de quoy et pour la conservation de I'utillite pnblicque et
» coustume de tout temps observ^e en lad. ville, entherinant lad.
w recqueste, casseroict Temprisonement dont en icelle, concederoict
» aud. Rizot plainement la rejeance desa personne, en mectant icelluy,
> conmie medecin susdict, en la protection et sauvegarde du Roy et
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— 75 —
» nostre, luy permectroict aller, venir et sesjourner par toute la presente
» seneschauc^, en la quality susdicle et pour rutillil^ publieque, en
» toute liberty, de sa personne; faisant inhibition et deflfence k toutes
B personnes, de quelle quallil^ et condition qu'elles soient, arrester ou
» faive arrester cy apr^sled. Rizot vacquantice dessus,sans prejudice
» des deniers royaufx et aud. Bilh^res et aultres de leurs actions k
» poursuivre contre qui appartiendra et sans despens de la presente
I instance.
> Cane, de Tadvis dud. Marcilly, sauf que diroict que la quality dud.
> Rizot debvroict estre par ung prealable veriffi6e.
» Lescuraing a diet n'estre pas besoing de veriffier par ung prte-
» lable la quallite dud. Rizot k cause de la notori6t6 d'icelluy et pour
» ce que led. Rizot avoict esii expressement appel^ ces jours demiere-
> ment passes en la presante ville pour medicamanter les yeux de
» M^ (un blanc) Sonis, homme de lettres, et qui peut servir beaulcoup
^ k\a republique k Fadvenir et par plusieurs aultres raisons de Tad-
» vis dud. Marcilly rappourteur.
» Garros, Levenier et Boudet, de Tadvis dud. Marcilly, comme
» aussi led. sieur Labarthe et Ta conclud et arrest^ avec la plus grand
» opfrinion.
» Taux6 le rapport ung escu sol (1). »
» II faut bien avouer pourtant que celui que Ton considirait alors
k Lectoure comme un bienfaiteur de Thumanitfi nous est k peu prfes
inconnu. En dehors de ce qui nous est Tiv6l& par le proc^ que je vous
signale, nous ignorons tout de lui : T^poque de sa naissance, la date
de sa mort, ses travaux, sa famille, son lieu de naissance (sans doute
Tournecoupe); ses grades, ses dipl6mes; en avait-il? Je seraia port6 k
croire que non; je remarque en efifet que dans le procte pr6cit6, un des
conseillers hasarde timidement qu'il serait peut-6tre bon de verifier la
quality de m6decin du demandeur. Les autres aussit6t de se r6crier .
quelle raison d'aller demander k cet habile homme en vertu de quel
droit et k quel titre il gu6rit ses malades !
» Je suis tent6 de supposer d'ailleurs qu'il ne se contentait pas de
m^icamenter les yeux et qu'il dut pratiquer surtout la m^decine op^
ratoire. Notez que nous sommes k la fin du xvi« sitele, c'est-^-dire k
une ^poque oil la science chirurgicale a fait un pas immense gr&ce aux
travaux d'Ambroise Par6, qui lui non plus n'avait pas ^es grades ou
(1) Arch. d^p. du Gers, B. 22, f« 131, v.
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— 76 —
du moins ne les eut que fort tard parce qu'il ignorait le latin, non erai
dignus intrare in dodo corpore.
> On pent, je crois (sans aller trop loin dans le champ de Thypo-
th^>se), supposer que Jean Rizot f ut lui-m6me un 61feve de Par6. Cette
opinion vous paraltra plus probable si vous vous rappelez qu'avant de
devenir chirurgien ordinaire du roi Henri 11, Ambroise Par6 fut atta-
chi au service du roi de Navarre, Antoine de Bourbon^ qu'il le suivil
dans ses expeditions et fut done appel6 k r^sider souvent en Gascogne.
Or il signalait partout son passage, moins peut-^tre par ses operations
que par ses enseignements. II n'6tait pas seulement chirurgien habile,
mais avant tout professeur; c'6tait un maltre^ un docteur, dans le sens
rigoureux dii mot.
• » Quoi qu'il en soit, eifeve ou non de Par^, Jean Rizot me semble
avoir 6t6 dans son pays et dans son temps un illustre (inconnu aujour-
d'hui, h6las I) et qui m6ritait Thonneur de vous fetre signal^. »
La culture de la vigne dans le Fezensaguet au ZV* si^ole
M.de Carsaladedu Pont cite certains articles des comptes de manage
de Charles d'Armagnac, vicomte de Fezensaguet (1), desquels il lui
semble, dit-il,qu'on pent d^duire quelques renseignements sur lafagon
dont on cultivait la vigne dans le Fezensaguet au xv® si^le. Ces
comptes embrassent une p^riode de dix ans, de 1460 k 1470. Chaque
annte^ au mois de mars, on y lit la mention suivante :
« Item. Per mandament de Mossenhor, son stadas obradas las binhas
de Maubessin, de poda, fosse, eysermenta, parbaioa, payssera, plega,
bia, payssetz, lias, com apar per him rogle, monta vi scutz v ardi<z.
* Item.Plusfocobradalabinhade Brunhenxde Mossenhor,de poda,
eysermenta, fosse, parboioa, plega, lias, paysetz, bia, despensa de
conpanage dels homes qui an obrada la dita binha, aysi com apar per
hun rogle, que monta la soma de xiii scutz xiii sos iiii arditz.
• » Item. Plus fon obradas las binhas de Mossenhor, de Toget, poda,
eysermenta, fosse, parbaioa, plega, lias, paysetz, bia et conpanage per
las personas qui an feytas las ditas obras, monta v scutz. »
D'aprfes ces textes, le travail de la vigne consistait dans la taille
(1) Arch. d^p. des Basses-Pyr6n6es, E. n"...
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— 77 —
{poda)y la mise des sarments en fagots {eysermenia)^ le d&jhaussage
(fo8se)y r^bourgeonnement (parbaioa), la plantation des 6chalas
(paysera)y\e raltachementdes sarments aux^halas (plega)y\e rechaus-
sage (6ia),puis vient la d^pense des liens et des echalas {lias^paysets),
Les mois payseruy pleguy lias, pay sets, indiquent que les vignesdu
vicomte de Fezensaguet 6tait des vignes d hautainsj genre de culture
abandonn6 depuis bien longtemps, mais auquel on parait vouloir
revenir comme plus favorable k la vitality de la vigne et plus productif .
L'^bourgeonnement 6tait 6galement abandonn^, mais les viticulteurs
modernes en ont reconnu Futility et I'on recommence k le mettre en
pratique. Tant il est vrai qu'en fait de culture, les vieilles formules
sont souvent les meilleures et que nos p^res en savaient autant sinon
plus que nous pour faire rendre k la terre tout ce qu'elle etait suscep-
tible dedonner. Je dois ajouter que les vignobles du vicomte de Fezen-
saguet ne produisaient que du vin rouge. II est souvent fait mention
de vin blanc dans ces comptes de manage, ma^s c'est toujours pour en
indiquer Tachat fait k Lectoure, k Beaumont, k Saint-Clar, etc.
M. Lacoste ajoute que des termes de Tacte cit6 par M. de Carsalade, il
r^ulte tr6s clairement que la taille longue 6tait alors usit^e dans les
environs de Mauvezin; on ne s'expliquerait pas autrement les termes
paysera, plega, liaSy paysets. Or, c'est 1^ un fait qu'il importe de
remarquer. La taille longue, usit6e encore aujourd'hui dans certains
cantons du sud et du sud-ouest de notre d^partement, avait disparu
depuis longtemps dans les environs de Mauvezin; en Temployant de
nouveau aujourd'hui, on ne ferait done que revenir k unproc6d6 autre-
fois usit6.
L'ordre du jour 6tant 6puis6, la Soci^t^ fixe au 8 Janvier la date de
de sa prochaine reunion.
QUESTIONS ET RfiPONSES
290. Sur quelques points de I'histoire litt^raire du patois dans le
d6partement du Oers.
RipONSE (Voyez la Question et une premiere R^ponnet au tome prdo^dent, p. 527 et 528).
L'auteur du De Profundis gascon, « M. Cotis, archiprestre de Miranda »,
que le P . AmUha a fait connaitre, n*est autre que M* Pierre Cotis ou de
Cotis, recteur et archipr^tre de T^lise paroissiale N.-D. de Mirande. II
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— 78 —
figure avec ces demiers titres dans on acte du 22 octobre 1645 (1 ). Le Pouill6
du dioc^ d*Auch, dress6 en 1672 par Mgr de la Mothe-Houdancourt,
nous apprend (2) qu*il 6tait encore k cette epoque cur6 de Mirande, et qu'il
avait 72 ans. II etait done n6 avec le si^cle lui-m6me» en 1600.
II appartenait k une famille des plus honorables de Mirande. Un acte da
3 aoAt 1602 nomme Bernard Cotis, « bourgeois de Mirande », lequel avait
6pou86 une jeune fille d'une des meilleures maisons de Vic-Fezensac, de-
moiselle FranQoise de Relongue, qui fit son testament k Mirande, le 6 f^vrier
1603 (3). Ce sent sans doute les parents de notre cure-po^te. On trouve
aussi : le 4 octobre 1644, Charles Cotis, docteur en droit et>vocat au Par-
lement de Toulouse, « juge de la ville de Mirande »; le 9 novembre 1645,
Bertrand Cotis, avocat au pr^sidial de Toulouse. II faut voir en eux pro-
bablement les fr^ree de I'archipr^tre. (Minutes de Capdan et Falgoux, en
r^tude Gouzenne, k Mirande;.
Quant aui livres patois public « k Tinstigation du, cardinal de Poli-
gnac, » je n'en ai pas trouv6 trace authentique et siire, malgr6 de nom-
breuses recherches en plusieurs de uos vieilles maisons rurales. Cependant,
dans le cours de cette enqu^te, j'ai pu mettre la main sur un recueil de
a Cantiques spirituels pour les Missions a V usage des Rdodrends Pdres
Missionnaires Capucins de laproeince de Guienne^ augments dans cette
demise Edition de quuntite de cantiques nouveaux tant FranQais
que Gascons. A Condom, chez Pierre Jacques Larroire, itnprimeur-
libraire, 1751, » On y trouve seulement quatre cantiques patois. Mais
si la a quantity » faisait un peu d6faut — ce qui prouve qu*il ne faut pas
(1) A cette date, M« Pierre Cotis regut, dans T^glise meme de Mirande, de la
part de M* Jean Dufourc, conseiller du Roi et premier 61u de T^leciion d'Arma-
gnac, habitant de Mirande, une sommation formelle d'avoir k publier imm^
diatement les bans du prochain mariage de M« Pierre Seissan, docteur en droit
et avocat au Parlement de Toulouse, habitant Mirande, avec demoiselle Anne
Dufourc de Loran (•), fille de i'^lu susdit. Mais Tarchipr^lre refusa d'obtempdrer
k la sommation. Sur quo! notre 61u courut aussit6t au pied de la chaire de
r^lise dans laquelle M« Jean Ferris, vicaire de Mirande, 6tait en train de pr6-
cher, et interpella le pr^dicateur pour qu*il proc^d^t k cette publication k Tins-
tant m^me, lui tendant en meme temps le papier ou les bans ^taient Merits. Ii
^houa ^galement dans cette nouvelle tentative. Nous ignorons d'ailleurs quelle
hit la suite de I'affaire.
(2) Archives de Tarchev^ch^ d'Auoh.
(3j EUe ^tait sceur de Charles de Relongue, juge de Fezensac. Leur p^e,
Francois de Relongue, docteur en droit, est mentionn^ dans le testament d'un
m^decin protestant de Vic-Fezensac du 6 septembre 1571, qui est bien une
piece des plus curieuses que je connaisse et que je publierai peut-^tre ici pro-
chainement. Francois et tons les siens ^taient catholiques.
(*) Lioran, anoien flef noble, pr^s Mirande, qai appartenait en 1602 k Jean Abadie, mar-
chand de Mirande, et 6tait depois passd entre les mains des Dofoorc. II est aojoord'hoi la
propri^td de M. Alphonse Mieussens, anoien offioier de marine et anoien maire de Mirande.
Ces Dnfoorc dtaient une anoienne famille mirandaLse qui oomptait alors de nombreox mem-
bres, marohands, hommes de loi, militaires, pr6tres et apothioaires.
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— 79 —
toujours accepter de confiance les annonces de la converture — la quality
en fut des plus prisees. Les contemporains transmirent ces cantiques a
leurs successeurs, lesquels n'eurent garde de ne pas les transraettre aussi k
leurs onfants. Et je connais ea Armagnac des personnes pas tr6s dg^es,
Dieu merci, qui chantent encore tr^ volontiers quelques couplets de Tun
de ces cantiques :
Debpei que nostre premid pajre
Pequeo per un bonsai fatal (1), etc.
Certains de ces chants, fran^ais ou patois, sont dits Mre sur Tair de :
« O peccadou miserable », cantique qui nous parait ^tre de facture assez
r^cente aussi. Si maintenant on se rappelle que le cardinal de Polignac
mourut le 20 novembre 1741, ne serait-ce point \ky en partie du moins,
les cantiques gaseous public, non pas peut-^tre « k son instigation »,
comme le dit Abadie, ni pour son diocese, mais du moins k son 6poque et
pour un dioc^ tout voisin?
A. BREUILS.
— Dans un livre de comptes de B^tharram (Arch, des B.-P., E. 912)
il est question d'un proo^ entre la communaute et M. de Tlsle sur la
possession de la cure de Lestelle. M. Cotis fut choisi comme arbitre par
B6tharram et le fameux P^re Cloche, futur g^n^ral des Dominicains, par
M. de risla Voici ces deux extraits :
Novembre 1650.
« Plus estant al^ avec Monsieur Cotis et Monsieur de Labastide, sur
Tarbitrage que nous avions fait avec Monsieur de Flsle qui avoit pris le
R. Pere Cloche et Monsieur le juge Tisnes, et nous mond. sieur de Cotis
et Monsieur de Salefranque. D6pendismes dans quatre jours cheval et
valet de Monsieur Cotis vingt et cinq livres six sols. » FoL 19, r\
7 novembre.— « Plus estant al6 avec Monsieur de Cottis et Monsieur de
Labastide k Pan sur les arbitres que nous prismes avec Monsieur de Tlsle
qui print le R. Pere Cloche et Monsieur le juge Tisnes, et nous led. sieur
de Cottis, archyprestre de Mirando et Monsieur de Salefranque. Dans
quatre jours nous despandismes avec le cheval et valet dud. sieur de Cotis
vingt et cinq livres six sous. » FoL 21, r\
« Plus pour avoir envoye k Tholose mon nepveu I'aysn^ par Tordre de
mond. sieur de Cotis et de la communaute, afln de consulter sur les ordo-
nences de mond . seigneur [de Lescar] et sur Tordre que nous devons pren-
dre sur Funion de la cure de Lestele de laquele led. sieur de Lisle auroit
eu titre, taut pour le voyage que pour la consulte qui en fut faicte par
quatre advocats je fournis trente livres, 30 1. »
(1) Ces vers n*en sont pas moins languedociens, et non gascons. — L. C.
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— 80 —
« Plus envoy6 mond. nepveu k Mirando pour porter letre et parler k
Monsieur Cotis archyprestre, 4 1. » Fol. 21 y v\
Ces comptes sont sign6s par M. Bequel^ Tun des premiers chapelains de
Betharram. Labastide, le po6te bien connu (1), figure assez souvent dans
oe proofs, soumis inutilement d'ailleurs k Tarbitrage du P . Cloche et de
M. de Cotis.
V. DUBARAT.
291. Sur doux bons mots du mar^ohal do Gramont.
Tout le monde sait — surtout en Gascogne — que le marechal de Gra-
mont fut un des hommes les plus spirituels de la oour de Louis XIV.
Plusieurs de ses jolis mots sont c^lebres; mais ne lui en a-t-on pas attribue
quelques-uns qui ne sont pas authentiques ? C'est le cas ou jamais de rap-
peler qu'on ne pr^te qu'aux riches. J'ai souvent lu que le grand roi se
plaignant, un jour, devant le marechal de Gramont, d'avoir soixante ans,
le fin courtisan s'empressa de r^pondre : Ah I Sircy qui est-ce qui n*a pas
soixante ans f Quel est le garant de cette vive saillie ? N'aurait-on pas con-
fondu la riposte susdite avec oette autre riposte qui lui ressemble tant et
qui aurait 6t6 faite au m^me roi se plaignant de n'avoir plus de dents :
Ah I Sire, qui done a des dents a notre dge f Les deux anecdotes sont
soeurs, soeurs jumelles, et probablement aucune des deux ne m^rite con-
fiance.
Si j'enl6ve k notre brillant compatriote un mot qui ne doit pas dtre de
lui, je vais, en revanche, citer un mot qui semble bien lui appartenir et
qui est beaucoup moins connu que Tautre. D'apr^s une tradition de fa-
mille, Louis XIV ayant rencontre le^ marechal de Gramont dans la grande
cour du palais de Versailles, par un jour de bise glaciale, Fhonora d*un
assez long entretien et tout a coup, lui montrant I'admirable monument,
s'^ria : « Quand on pense qu'it y aoait Id de simples moulins d vent / —
Sire, » r^pondit le marechal, dont la tete d6couverte subissait, comme di-
saient les romantiques de 1830, ks dpres baisers de la bise, « les moulins
n*y sont plus y il est vrai, mais le vent y est diantrement restL » Le roi
se mit k rire et il invita le marechal k se couvrir. L'historiette m'a 6t6
racont6e k Versailles m^me, dans une des allies du plus beau de tons les
pares, par un causeur charmant, feu M. le marquis Du Prat, lequel avait
6pous6 une demoiselle de Gramont
Je demande si quelque contemporain de Louis XIV nous a conserve le
souvenir des deux bons mots que je viens de rapporter. ,
t. DE L.
(1) Voir Reoue de Gascogne, t. in, p. 102; iv, 611; x, 110.
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I
<
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CHATEAUX GASCONS
DB LA FIN DU XIIP SIlfilOIiB (•)
LE CHATEAU DE LA &ARDERE
I
Des quelques chateaux gascons construits a la fin du xiir
siecle dont nous avons entrepris de retracer ici Thistoire, le
chateau de La Gardere est certainement celui qui, par son
etal acluel, fait comprendre le mieux IMdee premiere qui a
preside a son elevation.
Rien, en effet, depuis six cents ans, n'est venu detruire, ni
m6me modifier, ses dispositions primitives. Aucunemain bar-
bare, si ce n'esirinevilable maindu temps, nes'est appesantie
surleslignes si correcleset si hardies de ses courtines. Aucune
fantaisie de ses seigneurs, aucun caprice de ses chatelaines,
n'a cherche, comme a Massencfime ou au Tauzia, k eventrer
ses murailles vierges pour ajourer ses tristessalles, ni seule-
ment a y adosser une tourelle, dont Tescalier put conduire
plus commodement aux etages superieurs. Tel ii fut construit,
en 4280, par les moines de Condom, sur Tordre du comte
d'Armagnac, tel il est demeure jusqu'a nos jours.
Cesl done une bonne fortune pour nous que de pouvoir le
presenter ainsi a nos lecteurs, dans les deux heliogravures
que nous donnons a Tappui de notre texte, aussi imposant,
aussi pittoresque, qu'al'heure ou ilsurgit tout a coup en vue
des imperieuxbesoins de la defense nationale.
Car pour lui, plus encore qiie pour ses voisins, nul doute
(•; Voir la livraison de septembre-octobre 1893, page 404.
Tome XXXV. — F6vrier 1894. 6
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— 85 —
sur r^poque de son origine; plus de controverse possible sur
le but qui lui a ete assigne par ses conslructeurs. Ainsi qu'on
ie verra'par le tres impoiianl document qui relatera lous les
details defsa fondation et que nous donnerons in exlemo, le
chateau de LaGardere est date. Et Tepoque qui le vit s'ele-
ver, comme aussi la nationalite de son genereux bienfalteur,
viennenten lous points conflrmer, arguments irrefu tables, la
these que nous ne ccssons de soutenir ici au sujet de la crea-
tion et du mode d'emploi de ces interessanles forteresses
gasconnes.
Si done par ses proportions, relalivcment restreintes, le
ch&teau de La Gardere semble, au premier abord, presenter
moins d'interet que les deux chateaux precedents, il ofTre
neanmoins, au poini de vue archeologique, celteparticularile
remarquable que, parsonetat de conservation, il permetde
saisir sur le vif le but que s'etait propose son architecle, en
meme temps qu'il nous laisse voir les dispositions prises par
lui, aussi bien pour Pattaque que pour la defense.
En cette ruineimposante, quorienn'est venu modifier, se
reveledans louteson originalitect sa veritable grandeur le genie
gascondu xm'siecle, qui snlsiintelligemment mettre a profit
les defenses nalu relies, et, avec les procedes les moins com -
pliques, les rendre le plus souvent imprenables.
Rien de plus simple, en effet, que le chateau de La Gar-
dere. Un parallclogramme, a pen pres regulier, de vingt-huit
metres de long sur dix et douze de large. Pour defense, dcs
murs de 4 m. 50 d'epaisseur; deux tours carrees, non plus
opposees diagoAalement comme a Massenc6me etau Tauzia,
mais elevees a chaque coin de la fagade nord; enfin, a Tangle
sud-est, une petite echauguette en porle-a-faux, dont il ne
reste plus que Felegant encorbellement. Pas d'enceinte exte-
rieure, pas de barbacane, pas meme le moindre foss6. Sa
hauteur constitue son principal moyen defensif.
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PUnche H-^l
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iO M 20 25
P.B(mouvi]Ie;dcI.
CHATEAU DE LA GARDERE
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- 83 —
Sis sur un des points ciilminants de la rive droile de TOsse
(198 metres au-dessus da niveau de la mer), le chateau de
La Gardere domine toute la contree. Au nord et au nord-ouest,
en eCfet, il commande celte vallee jusqu'au-dela du village de
Cassagne, ainsi que la vallee plus petite qui se deroule a ses
pieds. Au nord-est, il se relie avec les tours de Massencdme,
qui, de ce cOte, lui ferment Thorizon. A peine une echappee
de vue s'ouvre-t-elie dans la direction dWmpeils, de Seridoset
de la vallee de la Baise. A Test et au sud, il est domine par
deux coteaux un peu plus eleves que lui. Au sud-ouest, en
revanche, elaTouest, le regard s'etend a perte de vuejus-
qu'aux villages de Caslillon-de-Batz, de Lannepax, deNou-
lens, et meme jusqu'ala ville d'Eauze, donton voit a Thorizon
se profiler la fleche du clocher.
Le r61e du chateau de La Gardere est done d'avoir a surveil-
ler le pays ducdte du nord-ouest et du nord, c'esta-dire du
c6te anglais. Poste admirable d'observation, ilpermet, comme
le Guardes et Massencdme, aux sentinelles qui montent la
garde sur ses chemins de ronde, de fouiller en tous sens les
pli& et les replis du terrain. Ses tours sent des tours de garde,
comme leur nom de La Gardere Tindique d'ailleurs suffi-
samment.
La siraplicile du plan de ce chateau, ainsi que le delabre-
ment absolU de son interieur, en rendent la description tech-
nique des plus faciles. (Voir le n'^ 2 de la Planche 1.)
A Texterieur, sa fagade orientale, qui mesure vingt-cinq
metres de long, ne presenle que deux meurtrieres verticales
Ires etroites et deux autres ovales, aujourd'hui mur6es, ou-
verles poslerieurement au xni* siecle, et destinees sans doute a
recevoir des bouches i\ feu de petit calibre. La porte A, prece-
dee d'une sorte de terrasse B, laquelle pourrail passer pour
un petit ravelin comme au Tauzia, charge de la d6fendre,
est dedate posterieure et n'exist'ait certainement pas au mo-
ment de la construction du chateau, dont le rez-de-chaussee.
j
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- 84 -
hermetiquement clos de ce c6t6, ne recevait le jour que par
les meurlrieres precitees.
Tres peu ajoureegalement, le premier etage de celle fagade
n'est eclaire que par deux arbaletrieres en croix patlee el
deux autres meurlrieres reclangulaires que I'on a percees
plus tard.
Seul est franchemenl6c1aire le deuxieme etage. Bien qu'une
l)rfeche enorme se soil produile vers le milieu dela fagade, on
distingue encore, d'abord, ases deux exlremites, deuxouver-
lures reclangulaires, et a c6l6 de i'une d'elles une meurtriere
en croix palleeaujourd'hui muree, puis au milieu de la facade,
correspondant sans doule autrefois avec la grande salle,
deux fenfires gem inees, dont I'une montre encore sesjolies
arcatures trilobees, contemporaines des dernieres annees du
xm* siecle, landis que I'aulre, un peu plus grande, mais
presque enlierement detruite, n'a conserve que Tun de ses
pieds droits.
II ne reste plus qu'un pan de mur du troisieme et dernier
etage, celui contre lequel est adossee dans Tangle sud-est
celle gracieuse echauguetle en encorbellement sur trois
corbeaux, que soutient une assise en porte-a-faux, et qui se
defend des deux cOles par deux machicoulis. Ces corbeaux
encore intacls, fort bien appareilles, et qui ne manquent pas
d'elegance, caracterisentbien egalement Tepoque de lafonda-
tion du chateau. La perspective que nous donnons ci-jointe
de celle curieuse facade, nous dispense d'entrer dans de plus
longs details. (Heliogr. Planche n** 4).
Hen sera de meme pour la facade sud, visible egalement
sur la planche n** 1, et dont la longueur ne mesure que dix
metres Irente. On ne distingue a son rez-de-chaussee aucune
ouverture; au premier elage seulement une arbaletriere; au
second une ouverture plus vaste, fortement endommagee et
dont il est difficile de definir la disposition.
Plus s6v^re peut-etre encore que celle du levant est
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— 85 —
demeuree telle qu'aux premiers jours PimposaDte facade
occidentale. Ainsi qu'on peut le voir sur notre heliogravure
(Planche n** 2), une porte cinlree el fort basse, c'est la seule
ouverture qui, au rez-de-chaussee comme au premier etage,
ajoure celte sombre muraille. A premiere vue elle sembie
contemporaine de Tepoque primitive, et elle jurerait ainsi
avec les dispositions generalement adoptees parlesarchitectes
du moment, qui etaient de garder hermeliquement clos les
rez-de-chaussee de tons ces chateaux. Par quoi, d'un autre
c6te, celte porle aurait-elle 6le protegee ? On ne distingue au-
dessusd'elle nulle trace de machicoulis ni de defense quel-
conque. Ne pourrail-on pas admeltre que cette porte aurait 6te
descendue posterieurementde quelque6tage superieur et ap-
pliquee la, plus tard, pour les besoins du service ? Quoi quil
en soil, une seule meurtriere rectangulaire est percee au rez-
de-chaussee sur cette par tie de chateau; tandisqu'au premier
etage on en aper^oit quatre, dont trois oblongues^ aujour-
d'hui en partie murees, et une en croix pattee.Seul le deuxieme
6tage, dont il ne reste plus qu'un pan de mur a rextremit6
iii6ridionale, recevait, comme de Tautre c6te, le jour d'une
jolie fenetre gemineeet trilobee, dont la colonnette m6diane a
egalementdisparu.
La facade nor J ne mesure que huit metres de long. Mais
celte etroite courtine est encastree dans deux tours carrees
qui la lerminent a ehaque extremite. Chacune presenle des
dimensions inegales,la lour du nord-esl mesurant vingt-cinq
centimetres de plus que celle du nord-ouest.Le rez-de-chaussee
de cette facade est eclaire par deux meurtrieres longues et
etroites; le premier, par une espece de breche en cul-de-four,
ouverle posterieurement. Demantele dans la suite.le deuxi&me
etage n'existe plus de ce cOte.
Le rez-de-chaussee de ehaque tour est hermeliquement
ferme de tous cOtes. Au premier etage, la lour nord-esl est
eclairee par une unique meurtriere en croix, tourn6e vers le
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— 86 —
nord. Sur sa face occidentale et faisant le coiq du murdu
corps de logis, est encore adosse un corbeau de grande dimen-
sion, destine a supporter plutdt des latrines qu'un machi-
coulis, aucune porte ne s'ouvrant au-dessous. La tour nord-
ouest au contraire est percee au premier 6tage d'une arbaie-
triere sur chacune de ses faces. Actuellement une charpente,
couverte de briques a crochets, recouvre la tour du levant el
lui permet de servir de colombier.
L'interieur du ch&teau de La Gardere contient au rez-de-
chaussee trois grandes salles D, E et F, a peu pres egales el
carrees, separees entreelles par deux murs de refend (Plan-
che 4, n** 2). Le mur M, plus epais que Fautre, supporte sur
chacun de ses cdtes une rangee de corbeaux destines a rece-
voir les fermes des planchers superieurs. Chacune de ces
salles est eclairee a ses divers etages soil par lesarbaletrieres,
soil par les fenetres geminees que nous avons precedemment
indiquees. Toute trace d'escalier, en supposant qu'il en
existat un, a disparu, aussi bien dans le corps de logis prin-
cipal que dans les deux lours du nord. Les etages superieurs
n'etaient, la comme ailleurs, desservis primitivement que par
des trappes et des cchelles mobiles. II en est de m6me des
planchers, des cheminees, de la toiture et des creneaux qui
tout autour devaiont denteler le chateau. L'herbe et quelques
plan tes parasites recouvrent seules tout le sol decetteancienne
demeure. En revanche, a Textremite superieure du mur de
refend M, on voit encore, sur le pan de mur reste deboul, la
base dejPancien chemin de ronde, sur laquelle venait s'amortir
le comble de la toiture. Une corniche de pierre en indiqne le
niveau. On doit done en conclure que la partie superieure de
la facade du levant atteint de nos jours la hauteur primitive
du chateau. Qiiant aux deux tours, elles etaient plus elevees,
leur but elant de surveiller aussi loin que possible, du c6te
du nord, toute la contree.
A quelques pas, a Fouest du chateau et un peu en contre-
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— 87 —
bas, reste, comme au lemps du moyen-Age, enveloppee dans
une oasis d'ormes et de chines, Thumble chapelle de La Gar-
dere. Desservie par un pr6lre d'ane des paroisses voisioes,
elle esl le seul ediflce qui avoisine Tanlique manoir.
De quelque cOte, a distance, que i'cBil s'arrele sur les ruines
du chateau de La Gardere, il est melancoliquement impres-
sionne par celte construction d'un autre temps. Mais c'est
principalement a Tautomne, sous les rayons fauves du soleil
couchant, que ses pierres aux tons chauds rev^tent les
teintes les plus artistiques. Mors principalement se profllent,
plus pures et plus majestueuses encore, ses grandes lignes
droites, que rien n'interrompt, dans Tazur immacul6 du beau
ciel deGascogne, verslequelelles semblents'elancer, dominant
de toute leur hauteur Timmense horizon qui se deroule k
leurs pieds, et qui embrasse la presque totalite de Tancien
comte de Fezensac.
{A suivre.) Philippe LAUZUN.
NOTES DIVERSES
CCCXV. lios ooutumes de la R^ole et I'^vdque OombaucU
Je lis dans la chronique da Bulletin critique (n« du 15 Janvier, p. 88)
et je m'empresse de transcrire, pour les lecteurs da la Revue de Gascogne,
la nouvelle suivanto, qui no saurait les laisser indifierents. — L. C.
« Dans les Annates de la Faculty des lettres de Bordeaux^ M. Imbart
de La Tour publie un m6moire intitule : Les Coutumes de la RMe. Ses
conclusions sont que lesdites coutumes, au lieu d'avoir 6t6 r^dig^es au
x« siecle, Tont et^deux cents ans plus tard, et que, par suite, dans leur
forme actuelle el les representent un faux. Fausses aussi sont d^clar^es trois
lettres ponti Scales (Jaffe. 3803, 3872, 4708); fausses encore les chartes soi-
disant du x' siecle, attributes k I'eveque de Bazas Gombaud et au due do
Gascogne Guillaumc Sanche. Ce massacre ne sera pas sans consequences
pour Thistoire des institutions feodales, qui doit tant k ces fameuses coutu-
mes, et pour rhistoire ecclesiastique de la Gascogne, qui voit disparaitre,
avec la charte de Gombaud, un de ses documents les plus importants. »
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CHRONIQUES LANDAISES
LA FRONDE
(164k8-16B3) (•)
Second sidge de Bordeaux. — Ces armements ne
purent se faire sans que les frondeurs en fussent pr6venu8.
« On eut avis qu'on 6quipoit quelques fr6gates h Bayonne,
k Saint-Jean-de-Luz, a La Rochelle et sur la c6te de
Poitou^ » Une circonstance particulifere fournit m6me
aux rebelles des renseignements pr6cis sur ce qui se pas-
sait parmi nous. « L'on intercepta, dans les Landes, les
lettres de d'Artagnan, lieutenant au gouverneur de
Bayonne, qui donnait avis k La Vrillifere, secretaire d'Etat,
du canon qu'il avoit fait monter sur les pinasses qu'il
envoyoit k la cour par ses ordres et s'excusoit de ce qu'il
n'envoyoit ni poudres, ni hommes*. » Si les royalistes
d6ployaient une telle activity, leurs adversaires 6taient
loin de demeurer en repos. Le si6ge de Bordeaux se
poursuivait avec grande opiniMret6 de part et d'autre; la
princesse de Cond6 et le jeune due d'Enghien travail-
laient aux remparts, tandis que six mille femmes en
armes faisaient faction a leur tour et combattaient coura-
geusement les assaillants. Mais abandonn6e k elle-mfeme,
la ville devait finir par succomber, et les n6gociations
avec TEspagne n'amenaient aucun r6sultat. Vatteville,
charg6 des int6r6ts du parti en ce pays, leurrait les siens
(•) Voir la liyraisou de Janvier 1894, page 19.
(1) Mint, de Lenet, p. 329.
(2) Id., p. 334.
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— 89 —
de belles paroles suivies toujours des plus am^res d6cep-
tions. Enfin, le 6 septembre, les nouvelles semblaient
meilleures. « Je re^us ce jour-1^, dit Lenet, un paquet de
Saint-S6bastieii par un valet du baron d'Orte*. » Ces
lettres, dat6es du 28 aotlt, annouQaient aux assi6g6s que
Baas, Sillery, Vatteville et Mazerolles partiraient le len-
domain avec quatre grands vaisseaux et quatre frigates
cliarg6es d'hommes, de munitions et de vivres.
Secondepaix de Bordeaux. — Cette promesse si for-
melle nedevait pas plus se r6aliser que les pr6c6dentes.
Apr^s tant d'appels r6it6r6s,
Le parlement et le peuple ne voyant point paroitre le secours d'Es-
pagne, qui t^moigna en cette occasion beaucoup de foiblesse, oblige
rent les gens de guerre k capituler, ou pour mieux dire k faire une paix
plut6t qu'une capitulation, corame vous Tallez voir. Gourville, qui
alia trouver de la part des assi^g^s la cour quis'^toit avanc^ k Bourg,
et les deputes du parlement convinrent de ces conditions : que Tam-
nistie g^nerale seroit accord^e k tous ceux qui avoient pris les armes et
n^goci^ avec TEspagne, sans exception; que tous les gens de guerre
seroieut licenci^s k Texception de ceux qu*il plairoit au roi de prendre k
sa solde; que Madame la princesse et M. le due demeureroient ou en
Anjou, en Tune de ses maisons, ou k Montron, k son choix, k condi-
tion que si ellechoisissoit Montron, qui etoit fortifi^, elle n'y pourroit
pas tenir plus de deux cents hommes de pied et soixante chevaux et
que M. d'Epernon seroit r^voque de son gouvemement de Guienne et
un gouverneur mis k sa place (5 octobre.) (2).
Bordeaux ouvrit alors ses portes a Louis XIV, qui fut
regu tr6s froidement; le cardinal Mazarin ne voulut point
entrer dans la ville. Effray6 de la roideur du parlement
et de Tattitude menagante du peuple, la paix conclue, il
avait repris entouteh^te le chemin dela capitale, oiiragi-
tation 6tait extreme et rendait sa presence indispensable;
car « les coups de canon que Ton tira a Bordeaux avoient
(1) M^m. de Lenot, p. 372.
(2) M4m, du card, de Retz, p. 331.
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— 90 —
port6 jusqu'^ Paris devant m^me qu'on y mit lefeu*, »
et le parlement de cette derni^re ville semblait pr6t k
f aire cause commune aveccelui de Bordeaux; c'estce qui
avait contraint Mazarin k se montrer si conciliant. Notre
chroniqueur chalossais resume ainsi les 6v6neraents que
nous venons de raconter :
Lesdits Bordelois avoient encore grande guerre avec M. d'Epernon,
et y mourut plusieurs personne de toute part. Le d^sordre 6toil si grand,
que le roi Louis XIV^ ^g6 de douze ans, ful conlraint d'aller k Bor-
deaux en personne, pour faire lapaix, etledit M. d'Epernon ne futpas
depuis gouvenieur de Guienne (2),
Quartiers d'hiver. — Conform6ment a la capitulation
qui venait d'6tre sign6e, les troupes royales furent aussit6t
dispers6es pour prendre leurs quartiers d'hiver. Ce fut
Toccasion de nouvelles souffrances pour nos contr6es;
jusqu'alors 6pargn6es par la guerre, elles furent ruin6es
par Tentretien des soldats can tonnes parmi nous. Les
charges des campagnes et des bourgades 6taient d'autant
plus grandes, que les offlciers et jurats des places les plus
importantes, comme Dax, Tartas et Mont-de-Marsan,
avaient trop souvent le triste courage de les d6partir avec
une partialit6 d6plorable entre les di verses paroisses. Les
chefs de corps, sur lesquels le pouvoir central se d6char-
geait du soin de pourvoir a Fentretien de leurs soldats,
se montraient intraitables et les ofHciers subalternes pla-
ces sous leurs ordres imitaient leur rigueur. Le regiment
de la reine, commands par le capitaine du Tilleul, re?ut
ordre de prendre logement a Tartas (20 octobre)^; et
comme le pays, complfetement 6puis6 de ressources, n'a-
vait plus d'argent a fournir, bientdt les soldats « ne peu-
vent subsister et se portent a plusieurs violences et actions
(1) Mem. du card, dj Retz, p. 332.
, (2) l^borde-Pebou^, op. cit. (Arm. des Landes^t in, p. 462.)
(3) Arch, de Tartas, B. B. 3, !• 64, recto.
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1
— »1 —
extraordinaires ^ » II n'y eut plus de r6pit jusqu'au jour
oii ce regiment quitta la ville pour finir de prendre ail-
leurs ses quartiers d'hiver (3 mars 1651); quatre de ses
compagnies all^rent alors tenir garnison k La Bastide-
d'Armagnac et deux au Houga*. Autour de Tartas, le
pays d6vast6 demeurait k moiti6 abandonn6, k tel point
qu'on dut recourir au roi pour ramener les habitants dans
les paroisses qui formaient la banlieue de la ville \ II
fallait songer a se d6fendre contre le retour de pareilles
calamit6s; aussitoute la noblesse d'Albret fut convoqu6e
k Tartas, si6ge de cette Election, pour d61ib6rer sur la
situation*. Mais cette d-marche fut vuede mauvais oeil,
et la cour, avertie sans doute des plaintes et des r6clama-
tions que Ton exhalait de toute part, envoya dans le pays
des troupes en grand nombre pour pr6venir et disperser
ces assembl6es de factieux qui levaient si haut la t6te\
Les populations affol6es s'ing6ni6rent a Eloigner d'elles
les compagnies qui devaient venir loger dans les villages;
par des sacrifices p6cuniaires ou des presents en nature
elles tachaient de gagner k leur cause les hauts fonction-
naires charges de determiner les divers cantonnements.
Intervention enfaveur des princes, — Le d6sordre et
Foppression ne faisaient que grandir, lorsque survinrent
a Paris et dans le nord de la France des 6v6nements qui
devaient porter k son comble laconfusion g6n6rale. Depuis
la paix de Bordeaux (5 octobre 1650), le mar6chal de
Gramont n6gociait avec le premier president, Mathieu
Mol6, pour obtenir la liberty des princes. Avecune fatuit6
bien gasconne, lorsque la cour eut c6d6, le mar6chal osa
(1) Arch, de Tartas, B. B. 3. ^ 66, verso.
(2) Arch, de Tartas, B. B. 3, ^ 86-87.
(3) S. J. B. Gabarra: Les gugrres de la Fronde d Pontonx-sar-V Adour et
dans les Landes (Rcoue de Gasc, xix, mars et avril 1878).
(4) Armorial des Landes, ii, p. 164.
(5) Arch. hist, de la Gironde, ui, p. 424.
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— 92 —
revendiquerpour luiseultout le m^ritede Theureuse issue
decette affaire *;mais tous les historiens sont unanimes
h dire que dans cette rencontre, Gramont et le president
furent les jouets des frondeurs, trop int6ress6s k maintenir
les princes dans leurs rangs pour les livrer k Tinfluence
des partisans du cardinal, Aussi, dans une lettre anti-
dat6e de Limours, oH il allait souvent, Gaston d'0rl6ans
6crivant au cardinal de Retz, « lui faisoit des railleries
m6me fort plaisantes des n6gociations*quele mar6chal
de Gramont pr6tendoit avoir avec lui *. » Par son
adresse, le coadjuteur r6ussit a les rompre et il avoue
qu'il entra lui aussi « dans la raillerie et de ce jour le
mar6chal de Gramont et le premier president furent jou6s,
jusques k celui de la liberty de MM. les princes, d'une
maniferequi en conscience me faisoit quelquefoispiti6'. w
II poursuivait du reste le m6me but que ces deux person-
nages, mais dans rint6r6t de la Fronde.
Leurddlivrance, — Pourmettre fin aux troubles publics,
la Cour r6solut de c6der devant les supplications qui lui
arrivaient de toute part. Les Princes avaient 6t6 trans-
f6r6s au Havre, dfes le 15 novembre 1650. M. de la Vril-
lifere, secretaire d'Etat, partit le 11 f6vrieravec touted les
pieces n6cessaires pour les faire mettre en liberty. Lel3,
on vit arriver le cardinal Mazarin, sorti de Paris quatre
ou cinq jours auparavant. II venait d^livrer lui-m6me les
Princes et tocher de calmer leur col6re. Gramont afflr-
mait hardiment que « leur abord fut tout plain de civilit6
et de douceur * (18 f6v.) »; et le correspondant des bay on-
nais, Dollins, leur mandait que le cardinal « leur bailla
)) ensuite a disner qui fut bien court*. » Mais les princi-
(1) Arch. hist, do laGascogne, fasc. i, p. 36-38.
(2) Af^m. du cardinal do Retz, p. 381.
(3) Mim, du card, de Retz, p. 383.
(4) Arch. hist, do la Gascogne, faso. i, p. 38 (Lettre k Poyanne).
(5) Arch, de Bayonne, E. E. 91, n« 104.
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-^ 93 —
paux m6moires du temps rappellent avec quelle hauteur
et quelle fine raillerie Cond6 r6pondit aux civilit6s du
Cardinal,qui,au dire de M"** de Montpensier, aurait pouss6
rhumilit6 « jusqu'^ lui baiser la botte. » Le coadjuteur
affirme que Mazarin « fit toutes les bassesses imaginables
Jt M. le Prince qui le traita avec beaucoup de hauteur
et ne lui fit pas le moindre remerciment de la liberty
qu'il lui donna apr^s avoir dm6 avec luiV ))Malgr6cet
accueil peu encourageant les pourparlers continu^rent et
(( nous fimes si bien, dit Gramont, qu'au boutde deuxou
trois heures de conferences ils sortirent de la prison sans
que nous eussions besoin des ordres de la Cour, pour leur
liberty, qui estoient en chemin et que nous rencontr&mes
k la premiere couch6e*. » Avant de quitter le Havre,
Gramont se plut k placer sous les yeux de M. Debat, qui
avait 6t6 charg6 de la garde des prisonniers, les billets
nombreux qui leur avaient 6t6 envoy6s « dans des poires
de bon chr6tien et dans des pierres creuses '. »
Retour cl Paris. — Une fois encore la Cour avait 6t6
vaincue et la d61ivrance des Princes fut « suivie pendant
le voiage d'une acclamation et d'une joie universelle
des peuples * . » Leurs amis 6taient venus en . grand
nombre les attendre k Grosm6nil,^quatre lieues du Havre.
Arriv6s k Paris, ils se rendirent d'abord chez la reine, au
Palais Royal (16 f6vrier). L'entrevue avec Anne d'Au-
triche fut froide et de peu de dur6e. « L'on ne parla de
rien et la conversation fut courte*. » Gaston d'0rl6ans,
qui s'6tait port6 k la rencontre des Princes jusqu'^ Saint-
Denis, leur donna ensuite k souper. (( La sant6 du roi fut
hue avec refrain de : Point de Mazarin I Et le pauvre
(1) M^m. da cardinal do RaU, p. 416.
(2) Arch, hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 38. (Lettre h. Poyanne, 18 f^vrier).
(3) Arch, de Bayonne, E. E. 91, n» 106.
(4) Arch. hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 38.
(5) Arch, de Bayonne, E. E. 91, n» 104.
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-» 94 —
mar^chal de Gramont et M. Danville furent forces a
faire comme les autres *. » Le lendemain les Princes se
pr6sent6rent au Parlement « oti ils rendirent seulement
leurs compliments a cette compagnie * » et se conten-
t^rent de la remercier « du soing qu'elle avoit eu de leur
procurer la liberty '. » Ces politesses forc^es ne trompaient
personne et Ton savait que la reconciliation n'6tait qu'ap-
parente. Au milieu de ce qu'il pr^sentait comme un
triomphe personnel, Gramont lui-mfeme ne se montrait
gufere rassur6 sur Tavenir et conflait ainsi ses craintes k
Poyanne : « Cependant parmi un si grand bonheur, vous
jugez bien qu'il en pourra naitre beaucoup d'affaires k la
cour et que dans la diversity des int6r6ts on aura besoin
de travailler k mettre les choses dans le repos et former
cette union de laquelle depend entiferement le repos de
TEstat*. » Les coeurs 6taient trop ulc6r6s pour esp6rer
que le pass6 serait oubli6! Mazarin s'6tait retir6 dans
reiectorat de Cologne, laissant le champ libre a ses adver-
saires et se disposant a profiter des fautes qu'ils ne
manqueraient pas de commettre.
Daa^ mis en (^tat de defense, — Les ambitions inas-
souvies r6clam6rent bient6t leur pleine satisfaction et
chacun se disposait a recommencer la guerre k Theure
m6me oil Ton proclamait la pacification du royaume. Les
Espagnols, alli6s des Frondeurs, faisaient de grar\ds pr6pa-
ratifs a Saint-S6bastien. Pour demeurer k Tabri de toute
surprise, Poyanne regut Tordre de mettre Navarrenx et
Dax sur pied de guerre (26 f6vrier, 6 mars) \ II se plai-
gnit du mauvais 6tat de ces deux places et r6clama les
(1) M^m. du cardinal do Retz, p. 417.
(2) Arch. hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 38.
(3) Arch, de Bayonne, E. E. 91, n* 105.
(4) Arch. hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 38.
(5) Arch, hist, de la Gascogne^ fasc. i, p. 39-40. (Lettres de Saiut-Luc).
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.- 95 -
secours n6cessaires pour y rein6dier. Mais la Cour avait
des affaires trop urgentes pour s'occuper alors de la
Gascogne et le marquis de Saint-Luc r^pondit de Sainte-
Foy aux soUicitations du gouverneur de Dax : a N'ayant
icy aucun magazin public, je ne puis vous assister en ce
besoin que des troupes que le Roy m'a laiss6es dans la
province et vous asseurer que je marcheray en toute
diligence k votre secours sy vous estes attaqu6*. » Ainsi
livr6 a lui-m6me, Poyanne appela a Dax « quelques
gentilshommes voisins habitu6s aux combats, pour aider
les habitants k conserver la place au service de Sa
Majest6 *. » Car, disait en plein conseil le syndic de
Moras, « les mouvements de la province augmentent tous
les jours et Dax est envi6 et menac6 comme estant un
poste tr6s avantageux pour les ennemis du Roy et de
TEstat. )) Chaque quartier (presque chaque rue) fut
done confi6 a un capitaine experiments et valeureux qui,
encasd'attaque, 6tait charg6 de veiller a sa conservation.
Ce plan de d6fense, propos6 par le syndic, fut adopts par
le gouverneur. Les autres places de la region imit^rent
ces precautions devenues d'autant plus urgentes qu'une
conspiration, heureusement d6couverte k temps, venait
d'etre ourdie par Pedro, Mugnes, Manticla, pour livrer
Bayonne aux Espagnols'. (Avril 1651).
Condd, gouverneur de Guyenne. — Le danger pour
notre pays venait surtout des nouvelles mesures prises
par la Cour. Celle-ci s'6tait pr6occup6e avant toutd'6loi-
gner les principaux f rondeurs des Strangers avec lesquels
ils ne cessaient de conspirei centre la tranquillitS publi-
que. C'est ainsi que le due de Bouillon, Fr6d6ric Maurice
de La Tour d'Auvergne, avait dti Schanger avec le roi sa
(1) Arch, hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 40.
(2) Arch, de Dax, B. B. 3, f* 32. recto.
(3) Arch, de Bayonne, E. E. 91, n» 123
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— 96 — .
principaut6 de Sedan et de Raucourt, trop rapproch6e de
la fronti^re* des Pays-Bas, contre le duch6 d'Albret et
la baronnie de Durance (20 mars 1651) *. D68 ce moment,
Tartas, capitale de TAlbret, devint pour les frondeurs,
qui de Ih menagaient les autres places landaises, le centre
de leur action dans la region tout entifere. Toutefois
Tinfluence du nouveau due ne fut pas aussi grande qu'il
Tetit souhait6, parce que « la Justice se rend dansTAlbret
au nom du Roy, Son Altesse n'ayant que la nomination
des offices; les hommages des vassaux dudit ducli6 se
rendent k Sa Majest6 *. »
Mais il est une autre nomination qui devait exercer
plus d'influence encore sur les destinies de notre pays.
Le parlement de Bordeaux, ne voulant a aucun prix que
d'Epernon reprit sesfonctions de gouverneur, obtint dela
reine que le due cfederait sa province au Prince de Cond6,
et prendraiten ^change celle de Bourgogne (17mail651)
(( et ledit M. d'Epernon ne fut pas depnis gouverneur de
Guienne '. » Cond6 n'avait pas tard6 k se mettre en riva-
lit6 avec les chefs de la Fronde parlementaire, particu-
li^rement avec le bouillant coadjuteur qui lui disputait
le pav6 et refusait de c6der le pas k tout autre que le roi.
D'autre part, il 6tait loin d'etre rassur6 sur les intentions
que la Cour nourrissait k son 6gard; craignant done, avec
quelque raison, d'6tre arr6t6 une seconde fois, il quitta
Paris pour se retirer k Saint-Maur suivi du prince de
Conti, de madame de Longueville, de M. de La Roche-
foucault, de Bouteville etde Bouillon (6 juillet) *. Ce depart
pr6cipit6 alarma la reine qui, d6s le lendemain, chargea
Gramont de porter au prince des paroles de paix et de le
ramener dans la capitale. Le mar6chal 6choua dans cette
(1) Arch, des Landes, A. 23.
(2) Afdm. de Lenet, p. 297.
(3) Laborde-P6bou6, Relation o^ritable (Arm, des Landea, in, p. 462).
(4) Arch, de Bayonne, B. B. 92, n» 12.
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— 97 —
entreprise et d6go<it6 par cet insuccSs, ne voulant pas se
mettre centre le Prince sous les ordres duquel il avait
vaillamment combattu k Fribourg (1644) et A Nordlingen
(1645), il r6solut de rentrer dans ses terres de B6arn. Le
7 septembre 1651, le roi fut d6clar6 majeur en s6ance du
Parlement. Rompant ouvertement avec la Cour, Cond6
refusa d'assister a la c6r6monie et partit pour son gouver-
nement de Guyenne, o\i allait 6clater une guerre plus
longue et plus d6sastreuse que la premiere, a Souvenez-
vous que je tire r6p6e malgr6 moi, dit-il k madame de
Longueville, sa sceur, et que je serai le dernier k la
remettre au fourreau. » En arrivant k Bordeaux (22
septembre) quelques membres du Parlement vinrent lui
proposer de se d6clarer due de Guyentie; mais effray6 de
leur audace et craignant que sa cause n'eM k en soufiErir,
« il les rebuta avec quelque marque de colore*. »
Mdsaventure de Gramont. — La Cour ne pouvait
laisser au Prince le temps d'organiser la r6volte. Le
mar6chal de Gramont regut Tordre de revenir en B6arn.
(( II devait prendre la poste et se rendre k Bayonne en
toute diligence, puisque c'6toit la clef du royaume et que
de la seul d6pendoit le salut de la monarchic et de la ma-
jest6 royale*. » Comme il approchait de Bordeaux, il faillit
6treenlev6 par les frondeurs de cette ville, qui voulaient
le Jeter dans la Garonne. « II s'en plaignit hautement et
disoit : Cela ne se feroit pas chez les cannibales; je ne
suis point arm6 centre eux; je vais planter mes choux
tout doucement'. » II fit alors un d6tour et passa par
Langon et les petites Landes pour regagner son poste.
« D6s qu'il y fut arriv6, il rassura toute la fronti^re qui
(1) M^m. de Lenet, p. 527.
(2) M6m. du marshal de Gramont (4d. Michaud, 1854, !'• partie), p. 281.
(3) Tallemant des R^ux, Historiottes (mar^chal de Gramont), t. n, p. 343
(6d. Momnerqu^, 1834).
Tome XXXV. 7
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6to]fi foari dsraDil^e et coDtini la nobiesse du B^sm, ks
peapies de cette province, les Bayoanois et les Basques
dans I« M61dt6 quife devoient au Roi; ce qui renversa
tout k fait les pro jets que M. le Prince avoit concertos
avec les Espagnols, lesquels ne le pouvant pas secourir
par tcrre, toute communication leur ayant 6t6 6tte,
Bssyoime et le B6arn restant fiddles, n'avoienrt plus qw
lib, vpie de met p«ur venir k Bordeaux, qui en 6toit une
trtfifc ineertaine et d'lane d6pense ruineuse pour eux*- »
SM»,atteiidre udl concours aussi pr6caire^ Coad6 prit se»
dispositions pour dieter ses volont6s et d^cbainef pour*
IteAgtemips sur notre malbeureux paystoutes les boFreurs
de la^ guerre civile.
{A mmre.) J.-J;-C. TAUZIN,
€ar6 de Saint-Justin de Nfiarsaa.
NOTES DIVERSES
CCCXVr. dur le ehiitofglett Biennsifle
n ittrtdt <)tie nons ne sommea pas assez flers de notve quasi-compatriofa
Biennaise, d'apj^s ce que declare le D' Chavernac (d'Aix) dans son 6tude
sur Daciel en Provence (Aix, 1893, p. 28) : « Une centaine d'ann^es avant
lui [avant Daviel], deux homines^ places au premier rang par uno estime
genlrale, mais dont le merite a et6 quelque peu neglige par la renomm^,
Bieimaiae et Roberdeau, avaient fait construire k Paris,^ de lears proprea
deniers, un amphitheatre anatomique destin6 aux instructions gratuites;
mais les fonds consacr^ k un si important ouvrage f urent foientdt 6paisM.
Lf^ l^Q^ms cess^rent et la maligne envie ^rivit sur la porte :
Amphitheatre a Locier
PFny feareux que celui de ces raodestes et vaiUants deraneiers, I'amphf *
th64tre de Daviel ne subit pas le meme sort. »
Le I>' Chavernac dit en note : « Biennaise, n6 en 1601 k Maz6i^ dans
le oomt^de Foix, fut un anatomiste distingue. U osa remettreen usage la^
suture des tendons que plusieurs chirurgiens de son temps avaient pros-
cidte et que d'autres ant condamn^ dans ce si^cle, mais qui a ^t6 adopts
par d'habiles operateurs; il inventa un bistouri k lame cach6e qui a du
mspirer le lithotome cach6 du f r6re Cosme (2), et qu'on d^signait sous le
nom d'attrape-lourdaud. Biennaise avait gu6ri d'un an6vrisme au bras,
survenu k la suite d'une saignee mal ex6cut6e, le c^l^bre Frangois de
Harlay, alors archeveque de Rouen. » T. de L,
(1) Mim. du mardchal de Gramont, p. 282.
(2) Celui-ci est un pur gascon. On sail que Jean Bazeilhac, si connu dans les
annales de la chirurgie sous son nom de religieux feuillant « fr^re Cosme », 6tait
n6 en 1703 k Pouy-Astruc (Hautes-Pyr^n^es). — L. C.
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OBJETS ANTIQUES
AVEC MARQUES DE FABRIC ANT
INSCRIPTIONS OU AUTRES SIGNES
TROUVES A LECTOURE EN 1890> tA91 BT 1893 (*)
III
LAMPES EN TERRE CUITE
La terre de ces lampes, leur forme dans les details et leur fagon
oflfrent plusieurs differences. Les plus fines, rondes et sans anses, sont
en terre jaune p^le, presque blanche, mince et pen cuite; si bien qu'on
aurail peine k croire qu'elles aient jamais pu servir s'il n'^tait rest6 des
traces de suie, non ^uivoques, k leurs bees. Les cx)uvertes ^taient
anssi varies de teinte; on trouve le jaune chamois, rouge clair,
rouge vineux, violet, marron, vert bronz6, etc.
Parmi les sujets ornant le disque sup^rieur des lampes, toujours
creus6 en cu vetle et perc6 pour Tintroduction de Fhuile et le passage de
J'air, nous noterons :
— Petit g^nie ail^ assis devant une colonne k chapiteau (..).
— Personnage difforme, nu, dansantsur un crocodile qui^ lagneule
ouverte, tourne sa t^te vers lui.
— Mercure, coiff6 du p^tase, en course, la bourse k la main droite^
le caducie k la main gauche (..).
— Petit g6nie ail6 portant sur T^paule un bSlton : un vase k anse
pass^ k chaque bout (..). — « Eros, porteur d'eau, » signal^ dons
une vente k Rome en 1884.
— Lion le pied sur une proie.
— Grande t6te imberbe, de profil, couronn^e de laurier.
— Taureau, k gauche (..).
— Le berger Appulus^ change en Olivier sauvage?
— Monstre marin, la t6te tournte k gauche, sonnant de la conque;
(*) Voir la livraison de novembre 1893, page 503.
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— 100 —
argile rougeitre, couverte rouge clair. — M6me sujet k Lyon, en argile
jaune verdAtre, couverte brune.
— Chien dans la pose des lions heraldiques du moyen age.
— Dragon aux ailes ^ployfes.
— Singe ithyphallique, accroupi sur une montagne, jouant de la
lyre; argile jaune rouge&tre, couverte rougedtre. — M6me sujet i
Lyon, en terre grise et couverte brune, et k Texposition, k Paris, en
1881, des fouilles dites d'Utique.
— Petit g^nie ail6, dans Tattitude de la lutte.
11 manque la moiti^ du disque k ce dernier et dilicieux petit sujet.
Parmi les autres, plusieurs, tr^s probablement, dtaient de petites rdpli-
ques ou des parodies de grandes oeuvres de Tantiquit^; nous citerons
surtout, parmi ces r^pliques probables, le berger Appulus (Ovide,
Metamorphoses J xiv, 5), ci-dessus, qui a encore une allure superbe.
Des fragments moins importants accusent encore ici : un griffon; Jupi *
ter, avec la foudre; une course de chars dans un cirque; un gladiateur
casqu^; un gladiateur renvers^; une assez grande t6te de profil k che-
veux boucles; unetAte de femme, de profil, cheveux an vent, se d^ta-
chantsur une coquille — du sujet dit < toilette de V^nus »?^ Parmi
les motifs non histories, notons : couronne de laurier; ^toiles a quatre
branches, ou k branches plus nombreuses, creus^es en gorge; bordures
d'oves; etc.
Les marques sont, k Tordinaire, au-dessous et en creux ou en
relief; elles sont, dans les deux cas, produites par le moule et non
par un cachet particulier. Comme dans la suite de la poterie fine &
couverte rouge lustrfe, de fort belles lampes ou des lampes m^diocres
n'avaient aucune marque.
169^ — Fragment d'une lampe, avec restes du sujet qui derail sa
cuvette sup6rieure; terre tendre, jaune clair, couverte brun verdAtre.
Au-dessous, sur le disque inferieur, en creux :
CIV
LetCres de 3 mill, de kaut.
C{aiu8) Ju[n](ius) [Drac]{onis) ? — La marque compl6te avait environ
huit lettres; ce qui en reste est un peu fruste et, peut-^tre, il y avait un
point apr6s le C, oil Tintervalle est relativement grand. La marque :
CIVNDRAC, d!ot notre lecture, signal6e dans Tancienne Narbonnaise et
k HenschiivTin^ (Afrique).
170 (839,3). — 1. Lampe incomplete d'une partie du bee et du
dessus; terre orang6 clair, couverte de mfemecouleur avec larges taches
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— 101 —
brunes (..). 2. Lampe semblable et incomplfele de la m6me manifere.
3. Fragment de fond et de parois; mfeme terre et couverte. En creux,
sous le fond :
C.OPPI-RES
Lettrea de 4 mill.
Ciaius) Oppiius) Resititutus). — La marque, avec points, signal6e k
Bordeaux, mais incomplete du dernier point et de sa suite; en Afrique, avec
les points, mais sans TI (?). Commune un pen partout dans le monde
romain^ mais ordinairement sans les points, semble-t-il. Sur le n* 2, qui est
an mus6e, la marque est absolument mal venue; sur le n* 3, aussi aumus6e,
elle est incomplete des quatre premieres lettres, mais ce qui reste est bien
mieux imprimd que sur les deux antres : le point y parait d6gag6 en relief,
ne d^passant pas le champ, par une ligne circulaire en creux. Les Oppu,
paraissent avoir eu une grande exploitation figuline; « ils ont signd des
briques vers lesann6es 123-125, » dit C. Jullian (I, c).
171. —1. Lampe incomplete d'une partie du bee et d'une partie
du dessous. Terre fine jaune orang6 clair, couverte orang6e, tach6 de
brun : imitant les reflets du feu. Dans la cuvette ou disque sup6rieur,
un dragon aux ailes ^ploy^es; la t^te k droite avec le dard cordiforme
tres grand; le corps squammeux; la queue enroulte autour du trou
par lequel on introduisait Thuile. C'est un exemple des formes h6ral-
diques du moyen Age d^ji produites par Tantiquit^. 2. Fragment de
fond. Sur le fond ou disque inf6rieur, en creux, et en relief pour Tap-
pendice :
LMAMIG
Lettrea de 4 mill.; VX, en relief, a 20 mill.
L(uciu8) M(..dus) Amic{u8). — « Le cognomen Amicus n'est pas trds
oommun, mais on en a plusieurs exemples, dont quatre ou cinq en
Afrique et un dans la Narbonnaise » (communication de M. le capitaine
Esperandieu). Lalampe, presque complete, venantd'unmouledont les deux
parties 6taient un pen us^es et la couverte 6tant tr6s rugueuse et tachee
en dessous, ilfaut un estampageen papier d'6tain pour distinguer Tinscrip-
tion; sur le deuxi^me fragment, Tinscription est plus nette, mais elle est
incomplete des trois dernieres lettres et de X en relief.
172 (839,4). — Deux tiers d'un fond en terre, jaune clair, mince et
tendi»e, couverte rouge orang6. Au centre du disque, en relief :
M
Lettre de 9 mill.
Cette lettre avait k gauche et k droite un omement en forme de G xen-
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— 102 —
ver86, Touverture en dehors; il ne reste que celui de gauche au complet.
173 (839,1). — Lampe ou il ne manque qu'une partie de I'anneau
qui servait d anse. Terre 6paisse, jaune clair, couverte jaune orang^
marbr6 de brun. Sur le disque, en cuveUe, un chiendans la pose des
lions hiraldiques du moyen ^e. En dessous, en creux :
MVNTRFPT
Lettres de 4 mill.
Mun(atiits) Trept{u8). — Cette marque est bien connue; elle a 6te signa-
16e, notaminent, k Narbonne eten Alg^rie; elle figurait, a rexposition dite
des fouilles d'Utique, sur une lampe ou I'on voyait Hercule assis uneeoupe
k la main; le Corpus de la Narbonnaise donne la variante M VN TREPT,
k Aix en Provence. Notre exemplaire semble porter R et non N pour troi-
sitoe lettre, et il porte, s^ement, F au lieu de E pour la sixi^me. Le sujet
d6corant la lampe oflfre undeuxi^me exemple, ici, des formes h^raldiques
du moyen fige d6j& modelees dans I'antiquit^.
174. — Fragment d'une petite lampe. Terre jaune clair, couverte
de mtoe couleur avec taches brunes. La cuvetle sup6rieure manque;
k I'anse, de forme ordinaire, est accol6 un croissant de grandes dimen-
sions, les pointes en dehors. Sous le fond, trfes petit, un rectangle
creux aux petits c6t6s arrondis duquel se d6tache en relief :
MYROF
Lettres de 3 mill. 2/3
Myrofiecit). — Les lettres sont gr^les, mais bien venues; TO, un pen
incomplet par le bas; le F, incomplet des deux tiers inf^rieurs de sa haste
et de sa traverse mddiane. Cette marque est par exception mat^riellement
semblable k celles de la poterie rouge lustr6e et autres sur amphores, mais
elle n*a pas, certainement, 6t6 obtenue, comme colles-lk, par un cachet par-
ticulier qui aurait, ici, ^ras^ le fond sous la pression : un rectangle en
relief avec les lettres en creux 6tait done dispose dans le moule de la lampe
et en faisait partie. Une lampe marquee au m^me nom, avec O poinl6 et
sans le F final, flgurait dans une vente faite k Rome en 1884; une autre
signal^ & Pompei, avec TO non points et sans F ^ la fin.
175. — La plus grande partie d'une lampe, sans anse, en terre
rougeHtre, couverte rouge orang6 (..). Sur le disque sup^rieur en
cuvette, au- dessus du sujet qui le d^corait :
N
Lettre de 6 mill.
Peut-^tre la marque ou inscription n*est pas complete telle que nous la
donngns, 11 y a traces tres vagues k gauche d'un I ; si cette derni^re lettre
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— 105 —
a exi^ n^eHwnl, il y avait IN, sans pirn, k imIiis qttll ii*y 9(tt emU-
uaation au-dessous du sujet qui maB^oe presque totalement
176 (839,5). — Fragment de lampe avec partie du fond. Terre
lendre, jaune clair, converts jaune orangi. En dessous du tend, en
relief :
PHOETA-.-
Lettrea de 6 milL
Phoeta[spi] . — Caract6re8 k traits larges, les deux premiers et le dernier
incomplets par le haut. La meme marque, ou du moins des marques au
meme nom, signalde k Lyon, Aries, Birgelstein, Leiibach, Mayence,
Nimes, Salzbourg, Yienne, Orange, Vaison, Chamb^ry, Gen^r^, B^ers,
Narbonne.
177. — Fragment de fond et de parois. Terre jaune clair, couverte
jaune orang^ lustr^e. En dessous, au centre du disque inf^rieur, trac6
h la pointe avant la cuisson ou imprim^ en creux avecun cachet "parti-
culler :
V
Lettre de 5 mill.
dette lettre, bien conserv6e k droite, n'a plus, k gauche, qu*une petite
partie inferieure de sa barre; mais on s'est repris pour la marque, k cause
d'nn d6faut,en tournant un pen, ee qui laisse voir le has fin V du pr^toier
trfto6 ou empreinte. Signal6e k Lyon.
178. — Fragmant d'une petite lampe sur pied &\ev& nonivid6, sans
anse. Terre rouge^tre grossi^re, sans couverte (..). Sur la paroi, vers
le pied, trace k la pointe avant la cuisson :
f'A
Lettres de 8i 6 et 13 mill.
Fiiglina) A( )? — Malbeureusement, la premie lettre est inoerlidne;
la cassure k gauche, qui emp^che aussi de savoir si c'6toit bien nrntiale^
n'a laiss6 que le bas de la haste et la partie de droite de la traverse sup6-
rieure; un dclat emp^che de savoir si I'A 6tait barr^ mais cette lettre ter-
minait certainement la marque et son 6cartement des autres donne k croire
qu*elle etait seulepour le nom du fabricant.
179. — Fragment de la partie sup^rieure d'une lampe au disque en
cuvette uni, mais €ncadj?6 d'une bordures droves. Terre fiwe> jaune
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- 104 —
clair, oouverte jaune orang*, lustrde. Vers les bords du disque, tracAa
la pointe a^jant la cuisson :
TT
LettreB de 6 et 4 mill.
La cassure k gauche emp^he de savoir si nous avons rinscription com-
plete ou non. Le T n'aurait eu que la moiti6 de gauche de sa traverse; un
accident sur la terre fraiche, post^rieur au trac6, a coup6 les caract^res tout
au haut, et il se pourrait qu'au lieu de F, archalque, nous devious enten-
dre P, archalque, d'abord, ensuite I. Une marque de cette derniere mani^re
est signal^e k Bordeaux, sur le disque sup6rieur d'une lampe fine orne-
ment6e d*un lion^ mais en relief et non en creax.
180 (839,2). — Fragment de fond et de parois. Terre 6paisse jaune
clair, couverte jaune orang6 avec taches brunes. En creux :
HRE
LettreB de 4 mill. 1^2
Comme ce reste de marque arrive k rextr6mit6 de droite du disque ou
fond, qui est ordinairement pour le pied, sans que le nom paraisse achevd,
il esti croirequela marque 6tait unede celles, bien connues, des Chresimi
avec abr^viations des prenom, gentilice et surnom. On les trouve surtout
sur la poterie k couverte rouge lustree; du moins nous ne savons de signa-
16e, sur lampe, que celle CHRESIMI, k Bordeaux, avec ligature de C,
H et R.
181. — Lampe, sur pied en relief non 6vid6, incomplete du bee et
de la plus grande partie de I'anse qui 6tait longueet cylindrique comme
k certains bougeoirs modernes. Terre rougefttre, non fine, sans orna-
ments et sans couverte. Sous le pied, iraci k la pointe avant la cuisson :
X
Haut. 23 mill.
Nous avons olass6 apr^s une marque incomplete oe signe bien complet
le prenant, peut-^tre bien k tort, pour une indication num^rale. Voyez la
marque suivante.
182. — Lampe, de 48 millimetres de diam^tre surun pied en relief
non 6vid6, incomplete de Tanse et d'une petite partie attenante. Terre
brun clair, non fine, sans ornements et sans couverte. Sous le pied,
trac6 k la pointe avant la cuisson :
Xi
.1
Hatit. 21 et 15 mill,
Le X est bien au centre du pied dont il occupe presque tout le diamdtre
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— 105 —
par sa hauteur, tout comme sur la lampe pr^cMente qui, au reste, sauf la
couleur de la terre, oflre les plus grandes analogies de forme et de fabrica-
tion avec celle-ci; I'l est oblique de droite k gauche et de haut en has et
coupe X sur le bas li droite.
183. — Grand fragment de la moiti6 sup6rieure d'un moule de
lampes communes, unieset allong^, terre rougeAtre. Au revers, trac6
ou imprimS en creux d'une manifere trfes r^ulifere et trte nette :
Haut 10 miU.
Le crochet de ce 1, descend tr^ bas en devenant de plus en plus mince.
Le m^me signe devait ^tre r^p^t6 sur Tautre moiti^ du moule.
IV
TUILES A REBORD
Les fouiUes de Pradoulin, ont mis au jour d'6normes quantity de
tuiies k rebord et des briques de diff^rentes formes en diverses natures
de terre et, par le fait, de diverses provenances sans doute; malgr6 tout
nous ne sommes pas parvenu k trouver le moindre vestige de ces belles
marques imprim^ sur tuiies ou briques, communes en Italic, sinon
ailleurs.Les deux num^ros qui suivent ne concernent que des grafitti,
presque douteux, trfes pen explicites dans tous les cas.
184. — Fragment de tuile k rebord en terre dure rouge violac4. Au
revers^ trac6 avec un bout de bois^semble-t-il^ avant la cuisson :
B
Haut. 92 mill, \ larg . des traits, 2 mill.
La boucle inf^rieure de ce B est du double plus grande que Tautre. Cette
lettre a ^t^ tracee, Men visiblement^ sens dessus dessous, en commen^nt
par la grande boucle et continuant par la petite, ensuite par la haste. Avec
une grande marge a gauche et une assez large a droite vers le bas, cette
particularity singuli^re indique que, probablement, le signe est complet,
sauf que la cassure oblique a emport6 une tr^ petite partie, k droite, de la
boucle sup^rieure.
185. — Tuile k rebord presque complete, mais bris6e et dont le frag-
ment 6crit a seul 6t^ recueilU. Terre rougefttre, non trfes dure, fabrica-
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^
— 10ft —
Hon grossifere. Au-dessus, imprim^ comme avec des pailles bris^ et
applaties et retouch^ k la poiate avant la cuisson, pour la premifere
moiti6, ou pour la seconde si on relourne le fragment :
XX
Hauteur moj/enne, SO mill,; larg, moyenne des traits, 2 mill. 1^2.
Ces deux X, normalement 6cart6s, se trouvent chacun dans une petit©
concavity; si ce n'6tait que Tun d'eux a 6t6, tr^s visiblement, refait k la
pointe, il y aurait lieu de prendre Tensemble pour un effet de hasard.
V
PYRAMIDES TRONQUfiES
Les pyramides tronqutes sont en terre cuite grossifere, rouge4tre,
quelquefois blanch^tre, assez peu cuite parfois. On en trouve par-
tout oil il y a eu des habitations romaines. Leurs dimensions en
hauteur varient entre 5 et 20 centimetres, les largeurs sont moitii
moindres;leur plan est presque toujours reclangulaire, c'est-^-dire sur
carr6 allong^; toutes sont perches, d'une face k la face parall^le, d'un
trou rond situ^ vers rextr6mit6 sup^rieure. Celles qui sont marquees
ou sign^s sont assez rares.
Etudites, sans doute exclusivement dans les muste, sur des Ajhan-
tillons de choix, aucune des opinions ^mises, k notre connaissance, sur
leur utility ou usage ne nous parall acceptable, d'aprfesune centaine de
ces monuments que nous avons pu <^tudier k Lecloure, sur le champ
m6me des fouilles.
L'id^ la plus accr^ditte aujourd'hui, qui en fait des poids de
tisserand pour des metiers verticaux, a centre elle, au minimum, les
dimensions toujours diverses des pyramides trouvtes sur un m6me
point; la profonde usure dans tous les sens de bon nombre d'entre
elles; la non usure du trou, qui est constante etabsolue, mftme sur les
bords si fragiles. L'id^ qui en faisait des poids pour les lignes ou les
filets de p^he a centre elle cette non usure des trous et les commen-
cements de Tusure, par ailleurs, qui 6pargnent le dessous, partie qui,
dans Thypoth^se, aurait ^t6 la plus sujelte aux frottements et aux
chocs. Celle, enfin, qui en faisait de v^ritables poids de balance ou des
surpoids de romaine a centre elle, toujours directement et au minimum,
les divers dtats de Tusure qui, d^s les premiers, aurait fait rejeler ces
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— 107 —
pr^Cendus poids; ensuite le poids rtel des pyramides k I'^tat de nexit ou
de conservation passable, ne rtpond k rien de connu : nous avons
trouv6 en grammes, pour diverses, 490, 210, 1,080, 295, 615, 360,
366 et ainsi de suite, chiflfres, on le voit, n^tivemeat concluante; la
livre romaine, oomme on salt, 6quivalait k environ 330 grammes.
Le veritable usage doit 6tre devin^ d'apr^s la nature de la terre cuite
qui, mouill6e,s'use souvent dans les doigts comme une sorte de savon;
par la forme en pyramide tronqu^e et les divers itats de Tusure qui
donnent d'abord : les aretes rampantes arrondies et lisses, surtout vers
le bas; ensuite cette usure continu^e, vers le bas, jusqu'Ji r^duire le
gros bout aux dimensions du petit, faisant de la forme pyramidale une
forme cylindrique; puis le petit bout demeure le plus grand, celui du
bas, de plus en plus r6duit, est arrondi et la pyramide tronqu6e n'a
plus, k rinverse, que la forme d'un ^pi de mais; puis encore, le gros
bout est devenu pointu et la forme g^n^rale conique, en sens inverse;
enfin, cette pointe et ce c6ne sont us6s et il ne reste qu'une partie mal
arrondie de la grosseur d*une noix ayant seulement conserv6 le trou
qui 6tait pr6s du sommet. Pour la non usure de ce trou il faut croire
qu'il ^tait f^t, en principe, pour suspendre Tobjet k des cbevilles ou k
des clous, aprte le service, et qu'on n^ligeait toujours ou presque
toujours de prendre ce soin. Nous tenons de M. L. Audiat qu'il a
trouvi une de oes pyramides ou 6tait demeurfe pass^ une petite tige
de fer.;
La forme pyramidale allongte itait, k n'en pas douter, pour'tenir faci-
lement Tobjet par le haut, couch^ dans la paume de la main; de la sorte,
on s'explique clairement les premiers ^tats de Tusure et il devient abso-
lument Evident qu'il y avait lA, tout simplement, un outil pour frolter,
soit de la toile, du drap, du cuir, des toisons ou quelque chose d*ana-
logue, manipul6 journellement ou fr^quemment.
186. — Pyramide tronqute, de 20 centimetres de baut, k deux
larges faces, c'est-A-dire sur plan rectangulaire» Sur Tune de ces deux
faces, trac6 avec une grosse pointe avanl la cuisson :
Du trou au bas, une ligne verticale mediane qui coupe en
baut, le milieu de la traverse d'un H, traverse qui d^passe
les hastes et est plac^e un peu bas, et qui coupe, vers le
bas. une ligne oblique tracee sur toute la largeur.
La hauteur totale de cette marque ou signe, qui ressemble assez^ pur le
baut, a un trident, est de 15 centimetres. Sur le plan sap^riear, presque
enU^ment ddtruit, reste d'une ligne qui partageaitoe planendiagonale.Ce
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— 108 —
dernier signe a 6t6 signal^ ailleurs sor des pyramides tronqnSes. La n6lre
est a r^tat de neuf aveo oonverte, sauf une cassure k la droite de la partie
sap6rieure. La terre est rougefttre et la couverte jaune chamois.
187. — Pyramide tronqu6e,de 17 centimetres dehaut,i deuxlarges
faces. Sur Tune d'elles, trac^ d'une grosse pointe avant la cuisson :
Une figure contourn^e ressemblant k un lizard, va en
dessus, ou, mieux, a un t^tard.
Un point est au milieu de ce qui semble toe la tete; peut-^tre une barre
verticale au centre de ce qui iigurerait le corps. Hauteur totale de la figure,
qui commence pres du trou, 10 centim^treis.
188. — Pyramide tronqufe, de 15 centimetres de haut, k deux
larges faces. Sur le plan sup^rieur :
Une rosace.
Cette rosacCyde 21 millimetres de diamMre^est composee de huit triangles
mixtilignes, imprimis en creux, formant en epai^ne, ou relief ne d^passant
pas le champ, une rouei huitrais, sans jantes.
189. — 1, Pyramide tronqufe, de 9 centimetres ll2 dehaut, k deux
larges faces. 2, Pyramide tronqu6e, plus grande, incomplete sur le
haut. 3, Pyramide tronqu6e, de 10 centimetres li2 de haut, sur plan
presque carr6. Sur une des larges faces des deux premiers numiros et
sur le plan sup6rieur du dernier, trac6 avant la cuisson avec une tres
grosse pointe :
I
Le signe, d'une longueur moyenne de 2 centimetres, reesemble k la partie
superieure de !, sur le n' 2. La terre est rougefttre sur les trois pyramides,
qui semblent bien etre du m^me fabricant.
190. — Pyramide tronquee,de 12 centimetres dehaut,k deuxlarges
faces. Sur Tune de ces faces lrac6 d'nne grosse pointe avaiit la cuisson:
II
Ces deux barres, qui out 5 centimetres de long, partent en haut du
niveau superieur de la circonference du trou; la premiere k peine
visible, moins le quart infeHeur, qui est encore bien marque, tandis
que le quart inferieur, seulement, de la seconde se voit k peine: ces rap-
ports en sens inverse sont simplement produits par le commencement
d'usure qu*a subi la pyramide, dans son usage ordinaire, Sur le plan 8up6-
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— 109 —
rieur : grosse llgne ond^ models k la main, en relief; le m^me signe, en
relief, se volt, a la mtoe place, sur plusieurs de nos pyramides. Sur leplan
inf^rieur, en relief: tr^s grosses lignes forraant comme un F, qui aurait sa
traverse mMiane k gauche.
191. — Pyramide tronqute, de 10 centimMres de haut. Sur le plan
inf6rieur, trac6 avec une grosse pointe avant la cuisson :
IV
Haut. 32 mill.
Le Y a son jambage de gauche vertical, le jambage de droite k peine
marqu^ par une ligne relativement fine.
192. — Pyramide tronqufejde 16 oenfimfetres de haut, i deux larges
faces (..). Sur le milieu du plan supArieur :
Ces points, de 3 millimetres de diam^tre, imprimis en creux, tiennent
nne surface de 45 millimetres de large sur 20 de haut.
193. — Pyramide tronqu6e,de 17 centimetres dehaut,{i deuxlarges
faces. Sur Tune de ces faces, touchant presque au has de la circonf^-
rence du trou, trac6 avec une grosse pointe avant la cuisson :
X
Ce signe a 20 millimetres de large.
194. — 1, Fragment de pyramide tronqute, de 11 centimfetres de
haut, k deux larges faces. 2, Fragment de pyramide tronqute de 16
centimetres dehaut, k deux larges faces. Avant la cuisson, sur une des
petites faces du n® 1, avec une tres grosse pointe; sur les deux lai^;es
faces du n° 2, avec une pointe fine :
X
Sur ces deux pyramides, incompletes par le haut, le signe a 3 centime-
tres li2 de haut, sur la premiere, et n'a pas moins de 12 centimetres, aussi
de haut, sur la seconde, oil il est en double.
195. — Pyramide tronqu6e, de 9 centimetres de haut, sur plan
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— 110 -
I
carrt. SuT le plan sup^rieur, trao6 avec une poinle fine avant la
cmsson*:
X
Haut. et larg. 28 mill.
Le signe forme lea diagonales du carr6. II a et6 signale sur plosieuw
pyramides comme la notre.
196. — Pyramide tronqufe,de 16 centimetres de haut, k deux larges
faces (. .). Sur Tune d'elles, trac6 avec une grosse pointe avant la cuisson :
X^
Sur ce signe, plus cursif qu'k Tordinaire, qui a 8 oentim^tifes de hauteur
totale, I coupe, en la croisant, la parlie de droite, superieure, de X. Le
trou de la pyramide se trouve au milieu de la fourche superieure form6e
par le signe.
197. — Pyramide tronqu6e, de 9 centimetres de haut*. Sur le plan
sup^rieur, trac^ sur la terre molle en frottant avec une baguette cylin-
drique, la m6me, probablement, qui avait servi ^ perforer la pyramide :
X
Cette marque, qui tend k la forme de X, est assez souvent signal^© ail-
leurs sur les memes objets. Elle est ici sur une pyramide tronqu6e, tres
grossi^re, trouv^e i Lectoure meme et|non k Pradoulin, avec une autre sur
plan parfaitement carr6, bien faite et en une terre plus fine et mieux cuite
qu'ii Tordinaire.
VI
DISQUES EN TERRE CUITE
Aucun recueil d*antiquit^s, que nous sachions, ne signale rien de
semblable h nos disques, de 12 millimetres de diam^tre en moyenne,
en terre rouge^tre non fine. Ces disques ^taient obtenus au moyen
d'une petite boule de terre molle, presste contre un sujet en inlaille ou
en relief; ils 6taient ainsi, vraisemblablement, une sorte de bons, des
reconnaissances 6manfes du possesseur du cachet matrice : sans doute
oette monnaie romaine, en terre cuite, menlionn^ par Suidas.
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- Ill -
198. — Disque unpeu elUptique. Au milieu de Tune des faces, en
aire 16gferement creuse, se d^tache en relief :
Mercure coiffe du petase, assis sur un cippe, les jambes
croisees, le caducee k la main droite, la bourse 4 la main
gauche.
Hauteur totale de la figure, 7 millim6tres. Au revers, traces du doigt qui
a presse la terre. Usure aux parties saillantes, comme sur les monnaies.
199. — Disque un peu irr^gulier, gered sur les bords, parTefFet de
la pression opdree avec quelque chose de plat. Un peu sur le c6t6 d'une
des faces, imprimde en creux :
Figure nue, k mi-corps, posant sur un objet courbe ind^ter-
mine : tSte de profll. attitude d'un triompbateur.
Hauteur totale da sujct, 6 millim^res.
200. — Deux disques atleignant,run 14 millim^tres,rautre 9 milli-
metres de diamtoe; maximum et minimum de ce que nous avons
dans ce genre. Sur le plus grand :
Empreinte du chaton elliptique d'une bague; le sujet en
relief est meconnaissable, par suite de gerQures surve-
nues durant la cuisson.
Le revers est Men models en bosse avec cdte mediane; un grafltto (?) en
G majuscule de Tecriture cursive actuelle paralt de ce c6t6. Sur le plus
petit des deux disques, Tempreinte, sous une couverte jaune orang6,
forme une demi-sphere creuse; le sujet a preaque enti^rement disparu par
suite de plusieurs tolats de la terre cuite : on distingue seulemeftt, vevs le9
bords, comme une sorte de ruban, en relief.
VII
INTAILLES SUft PIERRES PINES
Les intailles sur pienres fines, months presquc toujours sur des
bagues ou des anneaux en or, n'ont pas d'autre raison d'etre que leur
usage pour signer ou marquer sur des matiferes pr^par^s moUes,
comme nous venons de le voir aux terres cuites qui prudent; autre-
ment, comme ornement de bijoux, on eut grav6 des camtes et non des
intailles. Ces monuments rentrent done dans notre programme. Les
demiferes fouilles n'ont donn6 qu'une seule intaille^ les trois autres que
nous aliens y joindre ont 6t6 trouv6es : une k Pr^ulin m6me,. il y a
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— 112 —
une quaranlaine d'ann^s, les deux autres k trois ou quatre kilomfetres
au loin, mais, par consequent, sur Tanden'territoire de la cit6.
201. — Agathe-onyx, taill^e en ellipse et montte sur une bague en
or, d'un poids equivalant k 15 francs :
Oanymede (?) debout, k gauclie, nu, couronn6, le bras droit
eleve et tendu en avant, un vase (?) globulaire k la main;
le bras gauche pendant avec un autre vase (?) k la main,
plus grand que le premier, mais de mdme forme.
Haut. 6 millimHres
L'enfant ou T^ph^be semble oflrir k boire. L'intailie est la moins fine de
cellos qui nous restent k voir, mais sa monture est remarquable. Elle est
compos^e de quatre pieces principales : la premiere, en forme deT>oite, est
pour le chaton et porte Tintaille, les autres consistent en trois fils d'or o6te
k c6te dont deux s'^panouissent en volutes, soud6es au chaton avec bouton
lenticulaire 80ud6 k leur centre, apres avoir bord6, en s'y unissant par la
soudure, le troisiemo oti est enroul6 et soud6 un double fll d'or extr^mement
fin. Cest ainsi un de ses bijoux antiques dont les omements n'6taient ni
fondus ni cisel^, comme ils le seraient aujourd'hui, mais soud6s piece k
pi6ce, ne formant plus qu'un seul corps, selon des proced6s dont Tantiquit^
a gard6 le secret. Meme ici, le precede n*a pas compl6tement r^ussi, et on
voit k Tint^rieur une petite partie ou le double fll d'or, enroul6, s'estfondu.
A Text^rieur, la decoration, par ce double fi.l'd'or, est un pen Iruste, soit
que reparation n'ait pas bien r6ussi non plus de ce c6t6, soit que la bague,
longtemps portee, se trouve us6e.
202. — Agathe-cornaline rouge, taill^e en ellipse, sans monture (..) :
Un cbeval, k droite, paissant, la jambe gauche de devant
fl^chie
Long., 12 mill.; haut.y 8 Iji
Cette intaille, d*un tr6s beau travail, a 6t6 trouv^e aussi k Pradoulin,
mais il y a une quarantaine d'annees. Plusieurs autres intailles semblables,
aussi sans montures, auraient ete trouv^es depuis au m^melieu; nous ne
les avons pas vues, mais n'avons pas d'autre raison d'en douter. II faudrait
en conclure qu'un artiste special des plus habiles 6tait 6tabli k Lectoure
m^e; le fait n'aurait absolument rien de surprenant, 6tant donn^ la diffu-
sion de Tart dans les Gaules durant la domination romaine. II y a une par-
ticularity qui vient appuyer la conjecture, tout en 6tant fort curieuse par
elle-m6me : le cheval est du type d'une race que Ton voyait naguere encore
k Lectoure et aux environs (avant les choix exclusifs des ^talons de TEtat)
et qui 6tait caract6ris6e par un corps un pen gros avec une t^te fine en
courbe concave, de profll. Nous avons le m6me type sur un petit cheval
de plomb trouv6 dans nos fouiUes en 1892.
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— 113 —
203. — Lapis-lazuli, tailW en ellipse et monti sur une b^igue en
or, de forme dite chevali^re, d'un poids ^uivalent k 45 francs (..) :
Un 16vrier k oreilles un peu courtes, un collier au cou;
semblant jouer avec un oison ou une perdrix qui fuit.
Long,, 7 mill.; haut., 3 7;5
Le travail de cette intaillc est beau, surtout en ce qui est du chien, qui
seulement, bien qu*avec un museau long, a la t^te un peu globuleuse. EUe
fut trouv6o en 1875, en labourant, au lieu dit Cassaignau ou le Verrier,
commune de Lectoure.
204. — Agatft-on}^, taillte en ellipse et mont6e sur une bague ou
anneau en or, d'un poids Equivalent k 125 francs (..) :
Un personnage nu, excepts le bas- ventre oti passe une tr6s
mince draperie,jouant de la lyre, assis, un peu renversd
en arriere, sur une chaise k haut dossier, les pieds
poses sur une sorte de tabouret ou marche-pied; devant
lui, un genou 4 terre, les bras tendus et les mains sup-
pliantes, un vieillard k barbe longue et ^paisse, vdtu
d'une robe k plis et coiff6 d'une sorte de tiare en forme de
cdne tronqu^ avec petit bourrelet ou bords sur le bas.
La pierre a sur sa face plane 11 millimetres 2/3 de long sur 9 de haut;
le sujet k 8 millimetres 1/2 de large sur 7 1/2 de haut. Cette tr^s curieuse
etmagnifique intaille et son 6tonnant6 monture furent trouv^es en 1867,
en labourant, sur une partie r6cemment d^frich^e de la foret du Ramier,
autrefois ^r^^ de Par tag Ion, situ^e dans la commune dePauilhac, surun
point eloign^ de 3 kilometres de Pradoulin. Dans la m^me for^t ou dans ses
anciennes li mites ont6t6 trouv^s, en outre, des bijoux barbares en or, des
pieces romaines du m^me metal, des poteries et des bronzes antiques.
Pour notre intaille, elle a dejk ete publiee dans la Reoue des Soci^Us savan-
tes (T serie, 1. 1, 1879) d'une maniere non tres exacte quoique avec une gra-
vure. L'editeur , M. Jules Quicherat, a vu dans le sujet Priam aux pieds d'A-
chiUe qui joue de la lyre; explication faite pour etonner au premier abord,
maia ou et comment en trouver une meilleure ? M. Tholin avait era recon-
naitreApollondan8lecitharedequi,au reste, a les cheveux ramenes enavant
Gomme par un diademe; mais que faire du second personnage vetu et sou-
mis a la mode asiatique f Peut-etre en favour du Priam, sans bonnet phry-
gien, faut-il rapprocher sa coifEure de celle un peu semblable du berger
Faustulus sur le denier . remain de la famille Pompela. Autrement,
contrairement k Tidee de M. Quicherat, nous ne savons voir aucune
trace d'arohalsme dans la gravure de Tintaille qui, merveilleusement,
donnela masse en fort relief aux endroits necessaires et tons les details des
figures : les cheveux, la barbe, les yeux, les nez, les benches, etc., avec
Tome XXXV. 8
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— 114 —
beauts, selon les regies de Tart et sans aucune s6cheresso. Et dire que lout
cela, si r^duit, est grav6 en creux sur une pierretr^ dure! Des details
(en rondelles, grosses boules, etc.) analogues k ceux des pieds de la chaise
se retrouvent sur ceux d'un trone de bronze du raus6e de Naples. Lamon-
ture de la pierre, avec son 6norme barreau cylindrique pour I'anneau, et
r^norme 6panouissementoti elleest sertie, ach^ve biend'en faire un monu-
ment tout exceptionnel.
{A suiore.) Eugene CAMOREYT.
QUESTIONS ET RfiPONSES
291*. Combien rapportait r6v6ch6 de Condom?
L*abbe Le Dieu, dans ses M^moii'es sur Bossuet, afflrme que I'dv^h^ de
Condom 6tait de plus de 40,000 livres de rente. N'eslHje pas exager^ ? Je
ne puis me decider k croire que le revenu de ce petit ^vech6 ait jamais et6
aussi considerable. Je demande k nos chers savants du Condomois s'il ne
faut pas rabattre quelque chose du gros chiffre avanc6 par le biograplie de
Bossuet. Je le demande surtout k celui d'entre eux qui, ea 6crivant This-
toire de sa vieille amie — une amie de toute sa vie ! — la cath^rale de
Condom, a si consciencieusement pr6par6 toute Thistoire du diocese meme.
T. DE L.
On lit dans VHistoire religieuse et monumentale du diocdse d'Agcn de
Tabbe Barr^re, sous la date de la fondation de r6v^h6 de Condom (1317,
t. II, p. 94) : « L'^glise de Condom, si longtemps fille aln^e de la notre,
devint, sous le rapport temporel, plus florissante que sa m6re, si bien qu'on
avait coutume, dit Labrunie, de lui appliquer ce vers si connu d'Horace
(od. XIX, 1. 1) :
O martre pulchra illia pulchriorl »
On disait commun6ment parmi nous que Condom 6tait le plus riche
des 6v6ch6sde France, comme Auch un des plus riches archev^h^s. (II
faut mettre hors decompte les dioceses annexes : celui de Strasbourg avait
300,000 livres de revenu !) — La France eccldsiastique de 1769 attribue k
Auch 120,000 1. (Paris en avait 180,000), & Agen 35,000, et i Condom
60,000 (1). On voit que ce chifEre est sup^rieur k celui de Tabb^ Le Dieu,
qui 6tonne M. T. de L, — Au reste, revaluation des revenus eocl^siastiques
sous Tancien regime est particuli^rement delicate, on le salt, a cause du
nombre et de la variete des charges qui pesaient sur les divers benefices.
Mais ce n*est Ik qu'une raison de plus d'appeler sur ce sujet des eclaircisse-
ments topiques et de les demander, avec M. T. de L. , & celui de nos chers
collaborateurs qui est le mieux prepare et le plus autoris6 sur I'histoire de
Condom. L. C.
(•) Ce nombre a 6i6 mis par erreur en 16te de la demi^re Question (n» de Jan-
vier, p. 80J, qui devait 6lre chiffr^e 290. — A la p. 77 du meme nuraero, ]a
Quest lonmpotiso cot^e 290 devait porter le chiffre 287.
(1^ Bayeux y est cot^plus haut que Condom : 70,000 1.
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LIDIOME GASCON A LA SORBONNE
De l'INFLUENCE DU DIALECTE GASCON SUR LA LAXOUE FRANQAISE de la fin du
XV* si^cle k la seconde moiti6 du xvii*. These pr^nt6e k la Faculty des
lettres de Paris, par Maxime Lanusse, professeur au lyc6e de Grenoble.
Grenoble, impr, F. Allier. 1893. — 1 vol. in-8* de xvi-470 p. (1) •
Je regrette de n'avoir pas la date praise du jour ou hit soutenue
cette thfese. Ce fut assur^ment i»n beau jour pour la Gascogne et pour
son idiome. Nos compatriotes habitants de Paris — etla colonic est
nombreuse — en avaient eu vent. J'ignore si le printemps (c'6tait, je
crois, en avril 1893) les invitait par un clair soleil k prendre le chemin
de la nouvelle Sorbonne, ou s'ils eurent k braver pour s'y rendre le
vent et la pluie : lefait est qu'ils fournirent un bon contingent k la foule
qui se pressait dans la salle de Doctoral r^nunent inaugur6e k la Fa-
culty des lettres. Un jeune professeur de rUniversit^, larbais d'origine,
M. Maxime Lanusse, devait, dans cette passe d'armes pacifique — je
dirais, si Feuphonie le permettait, « pas si pacifique » — soutenir,
devant la France et les < Francimans, » Thonneur et les droits de la
langue de Gascogne. Oserai-je ajouter que le docte et vaillant maltre
6tait quelque pen aussi le reprfeentant de la Revue de Gascogne f Je
Foserai, parce qu'il a bien voulu m'6crire lui-mtoe peu aprfes son
triomphe : « Ma Ih^ appartient plus encore k la Revue de Gascogne
qa'h votre serviteur; sans la Revue, jamais il ne m'eut ii& possible de
la mener k bien. J'ai d'ailleurs cit6 continuellement ce continuel auxi-
liaiiede n^^n travail, i Ce dernier point est facile k verifier de visu;
retranchez du reste la part qu'il convient de faire k la politesse et aux
bons sentiments de I'auteur, k Fexag^ration m6me desa reconnaissance
— et j'avoue que cette part est trte considerable — ; il en reste assez
pour honorer grandement notre modesle publication provinciale.
J'ai parl6 de triomphe, en eflfet, et je ne m'eu d^is pas. La littdra-
lure oflScielle 6tait representee \k par huit proiesseurs assembles sinon
pour battre le r^cipiendaire, au moins pour lui rendre le succ^s aussi
(1) J'ai oubli4 de dire, dans rarticle qui suit, que ce beau volume est mat6-
rieUement lr6s bien ^tabli — sauf un certain nombre de negligences typo-
graphiques — et qu'il est d^di^ k la memoire du tr6s savant et tr6s regrette
romaoiste Ars^ne Darmesteter et, en m^me temps, k notre tr^ vivant et tr^
actil collaborateur, M. Ph. Tamizey de Larroque, vraie providence de tous les
travailieurs du Midi, sans parler de bien d'autres.
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— no —
miritoire que possible. lis n'y ont pas manqui. lis lui ont oppos^,
paraSt-il, toutes les diflScultfe que pouvaient sugg^rer la science la plus
ilendue et le gout le plus difficile. On m'assure m^qje, k tort sans
doute, que tel maltre des plus frangais s'est permis de lui chercher de
vraies querelles d'allemand. Mais il a eu r^ponse k tout, de fagon k
oontenter.ses juges les plus s4vferes, sinon k les convaincre; car il a 6t^
proclami docteur a l'unanimit6 des suffrages. On doit savoir ce que
vaut ce detail": que tons les membres du jury universitaire s'accordent
au fond k laisser passer le candidat au doctorat, apr^ sa soutenance^
c'est Tordinaire peut-6tre; mais pour pen que Tun ou Tautre Tait jug6
faible sur un point de quelque importance, il ne permet point Templo^
de cette triomphante formule.
. Tout va bien qui finit bien et il n'y a pas lieu de s'inqui^ter des diflS-
cultfe qui ont 6t6 oppos6es au nouveau docteur autrement que pour en
faire son profit en y prenant la part de yinii qu'elles devaient contenir.
A mon vif regret, je n'assistais pas k la soutenance, et je n'en ai vu
d'autre compte-rendu que deux pages d'apparence un peu l^gfere de la
Revue de Venaeignement du libraire Paul Dupont. Sans faire grand
fond sur oette fagon de chronique, je lui emprunte quelques-unes des
critiques *nonc6es k la Sorbonne (J).
D'abord, M. Lanusse n'aurait pas < trac6 avec assez de rigueur les
limites g^raphiques des pays ou Ton parle gascon. > — Mais, au con-
traire, il les a trac6es avec auiant de precision que d'exactitude, d'aprfes
M. Luchaire (pp. 9 et 10), et je ne puis croire que « tons ses juges » aient
pu s'accorder k lui faire un reprocheaussipeum^rit^. S'ils ont cru que,
dans la suite de son travail, il lui est arriv^ de franchir les borpes
fix^s au d6but, c'est encore avec peu de justice, me paralt-il, quoique
la parent^ et les ressemblances des parlers du midi pr6tent ais^ment k
ces confusions; en tout cas, on verra bient^t ce qu'a fait M. Lanusse
pour s'en pr&erver. — Apr^s cela, que M. Larroumet, qui est querci-
nois, ce me semble, veuille annexer k la Gascogne les dSpartements du
Lot et de la Corrfeze, cette erreur de la part d'un esprit si distingu6 n'est
pas pour nous chagriner, au contraire I mais enfin, c'est une erreur
en linguistique, comme en gdographie» en ethnographic et en histoire.
Une faute encore plus essentielle, si M. Lanusse I'avait r6ellement
commise, ce serait « d'avoir vu partout des gasconismes, » d'avoir
(1) Quand j'ai r^dig^ cet article, je n'avais pas encore regu le compte-rendu
que M. A. Thomas a consacr6^ la th^se de M. Lanusse dans les Annates du
Midi de Janvier 1894 (vi, 94). Je suis tout heureux d'y lire que, selon mes justes
pr^somptions, « des revues universitaires ont relev^ surtout les objections (laites
en Sorbonne) en les grossissant, comme il arrive toujours. »
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— 117 —
attribui aa parler gascon une foule de mots et de tours qui apparte-
naient aussi bien au vieux frangais et k ses divers dialecjtes. Cette cri-
tique consid^rablement restreinte — il est probable qu'eile a 6t6 trfts
exagirte par le r^dacteur du compte-rendu — 6tait k certains 6gards
inevitable; nous verrons que M. Lanusse s'estmontri tout particulife-
rement habile et prudent pour s'en garer.
Voici une observation qui mirite de nous arrfeter dfes k present un
peu davantage. Elle ne concerne, il est vrai, que la < composition »
du livre que je pr^ente aux lecteurs de la Reoue et n'en diminue pas
la valeur scientifique proprement dite. Mais elle n'est pas non plus
simplement litt^raire, au sens superficiel du mot : car elle intSresse la
m^thode, qui tient de si prfes au fond m6me de la doctrine. Elle vient
d*ailleurs de M. Petit de JuUeville^ qui n'est peut-6tre pas pass6 maltre
en linguistique gasconne, mais qui certes est bon juge en fait de
or composition litt^raire. » Or, d'apr^ lui, la thkse de M. Lanusse
manque d'unit^; elle est formte de trois moreeaux qui ne font pas un
tout organique, dont cbacun subsiste k part et se suffit : Tinfluenoe du
gascon sur le fran^ais, qui a foumi le titre de la thfese, est un de ces
niorceaux; les deux autres sont — une phon^tique gasoonne — et une
6tude sur les dcrivains frangais de la Gascogne au xvl* sifecle.
Je suppose que M. Lanusse aura r^pondu en Sorbonue comme il
Tavait fait d'avance dans cette page excellente de son Avant-propoSy
que je veux citer tout enti^re, parce qu*elle donne Tid^ la plus juste du
plan de son travail :
« Tout d'abord, puisqu'il s'agit de rechercher Tinfluence d'un dia-
lecte sur la langue frangaise, il nous a paru int^ressant de savoir au
juste ce qu'on pensait au xvi« sitele des dialectes en g^nSral, de leur
r6le et de leur importance dans le d^veloppement de la langue fran-
gaise (1). Nous ^tudierons ensuite le parler gascon en lui-mfeme; car
pour retrouoer les traces de V influence qu'il a exercie^ n'esi'il pas
Evident qu'il faut en connaiire les caracUres phoMtiques ei syn-
taxiquesf
» Mais cette influence qui, somme toute, n'est autre chose que le
melange des formes gasconnes et des formes frangaisesdans le langage
parl6 ou 6critj cette influence n'aurait pu exisier si la langue fran-
(1) Ce sujet est traits dans le premier ch^tre,qui tient plus de viugt-oinq
pages et sur lequel je ne reviendrai pas; mais je liens d'autantplus k le signaler
comme une ^tude tr^s fouill^e ettres judicieuse, comme un fragment important
et presque entierement neu( de Thistoi^e des doctrines et de la critique gram-
maticales et litt^rairos en France au \\v si6cle.
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— 118 —
gaise n'avaii d'ahord p^n^ir^ en Gascogne, si elle ne s'y ^it peu k
peu diveloppfe, si les Gascons, enfin, ne Tavaient apprise assez pour
s'en servir, trop peu cependant pour Temployer toujours avee correc-
tion; nous sommes ainsi logiquement amen6 k retracer k grands trails
rhistoire de la langue et de la litt^rature fran^ise en Gascogne :
histoire int^ressante en soi, et pour nous d'autant plus pr^cieuse qu^elle
nous fait connattre les auteurs et les ouvrages auxquels est due, pour
une grandepart, V extension de V influence gasconne.
% Quelles 6taient enfin ces expressions et ces tournures gasconnes
que les auteurs gascons, par leurs tents, comme les courlisans et les
soldats par leurs paroles, r^pandaient et propageaient en si grand
nombref — D'une manifere g6n6rale, comment les Gascons ont-ils
modifii la languo franQaisef — La r^ponse k cette question forme le
point capital et le centre m^me de cette 6tude.
» D'ou cette triple division : — Livre i. Le parler gascon. — Livre
n. La langue fran^aise en Gascogne. — Livre in. Le gascon dans
la langue frangaise. »
Ce dernier livre formant le « point capital », Tobjet propre de la
thtee, comme il remplit la plus grande partie du volume (p. 197-447),
les deux premiers s'y rattachent-ils iutimement comme une preparation
nteessaire, comme une exposition des donntes mtoes du problfemef
— Pour la phon6tique, objet du premier livre, on ne pent lenier; qu'on
relise au besoin les premieres lignes soulign6es dans la citation prte6-
dente. — Pour Thistoire de la langue et de la littdrature fran^ise en
Gascogne, objet du second livre, le lien est un peu moins n6cessaire
a priori; mais en fait, si noire fran^is provincial et nos auteurs
gascons ont contribu6 efficacement k modifier le fran^is, comme on
ne peut en douter, cette histoire constitue encore une preparation
indispensable k la th^se proprement dite.
S'ensuit-il qu'il ne subsiste rien du reprocbe exprim6 par M. Petit
de Jullevillef Je ne vais pas jusque-1^, d'autant qu'aprfes avoir moi-
m6me parcouru les trois livres sans en avoir lu les pr^liminaires, j'ai
eprouve une impression presque serablable, et qu'il m'est arrive de
recommander le travail de M. Lanusse comme une triple contribution
k nos etudes provinciales plut6t que comme un livre tout d'une pi^
et d'une venue. Voici peut-etre la solution de cette antinomic : oui,
sans doute, il fallail, avant d'etablir et de determiner Tinfluence du
gascon sur le frangais, exposer les lois grammaticales da gascon et les
caract^res du frangais en Gascogne, mais tout juste dans la mesure de
leur action positive sur le frangais; et M. Lanusse Ta compris et Ta
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— 119 —
dit trfes Wen lui-m6me (par ex., p. 49-50). Mais s'est-il tenu rigouteu-
sement dans eette mesure ? J'en doute; je ne crois pas mfeme que ce fut
possible : ear, d'une part, il y a dans le problfeme examine dans sa
thfese une portion notable de points plus ou moins ind^terminds en
r6tat actuel de la science; d'autre part, il ne pouvait gufere 6tre intelli-
gible et utile sans une certaine largeur dans Texposition desfaits gram-
maticaux et litt6raires plus ou moins adherents k son sujet.
En somme, la t composition littdraire » de sa thfese eut gagn^ peut-
toe k une concentration plus ferme de Tensemble et k une redaction
plus sommaire des pr6Uminaires. Mais cet avantage purement artisti-
que ne pouvait gufere 6tre obtenu qu'aux depens de la solidity doctri-
nale et surtout de Tint^r^t et de la clart6. Je ne crois done pas que ce
d^laut presque n6cessaire soit reprochable; il n'y a vraiment pas de
faute; ou, s'il y en a une^ elle est moins que v6nielle, et nous Gascons
surtQut, qui trouverons encore plus de plaisir et de pro§t dans les
deux premiers livres que dans le troisifeme, nous devons nous, en Kli-
citer, en savoirgr^iTauteuret la qualifier, dans toute la force du terme,
d'heureuse faute, felix culpa.
• #
Abordons maintenant les trois € morceaux » successifs, qui, tout
en formant un veritable ensemble, comporteraient et m6riteraient bien
une triple ^tude analytique et critique, complete et approfondie. Qu'on
ne s'attende pourtant k rien de pareil. Les limiles imposes k mon
travail sont trop ^troites ; du reste, je ne pretends pas dispenser, par
une reduction ra^thodique, d'une dtude k m6me le livre ; cette 6tude
s'impose k tous les amateurs de linguistique m^ridionale : il doit
suffire de donner quelque id6e du conlenuetde Tint^r^tdes trois parties
de la th^se de M. Lanusse, pr6cis6ment pour lui procurer des lecteurs.
I. Avant lout la phon^tique du gascon. Elle ne se trouve nulle part
trait^e d'unefagonsatisfaisante; icim^me, elle ne pent 6tre complete,
vu le but spikiial de I'auteur; mais elle constitue un tout qui se tient k
nierveille et s'impose par la neltel6 lumineuse des 6nono6s et par le
choix des exemples. Sur la valeur de ce morceau si pr&ieux pour
nous, je n'ai qu'un mot a dire : M. A. Thomas, « le mattre de ceux
qui savent *, en a 6t6 pjeinement satisfait. Ce que nous avons k faire
maintenant, c'est de Tdtudier, pour connaitre avec une certitude et
une precision vraiment scientifiques lesorigines de notre parlermater-
nel, sur lesquelles il se d^bite encore tant de sornettes.
Je n'ai done garde de r&umer ce qu'il faut lire et relire d'un bout k
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— 120 —
Tautre. Je sigaale seulement certains points qui m'ont paru m^riter
une attention particulifere ou amener quelque observation utile.
M. Lanusse emprunte k M. Luchaire T^num^ration des sept carac-
tferes propres qui di£f6rencient le gascon des autres parlers du midi de
la France. On ne sera pas fftch6 que je les rappelle ici, parce qu'ils
devraient toujours nous 6tre prfeents :
1* Absence de r : — vitellum, bet^t ou bed6t (1);
2' Repugnance pour /: — femina^ hemne; fatay hade;
3' Repugnance pour r initial : — - rivum, arriu;
4' Chute de /i entre deux voyelles : -— luna, lue; minarey mia (2);
5* Changement de II m6dial en r : — capelluy cap^re; ilia, ^re;
6* Changement de il final en ^: — castell(um)y cast^t; ilium, et;
7' Changement de I final en u (ou) : — cel(um)y c6u; missaley messau (3).
M. Lanusse n'a pas voulu d^passer express^ment la doctrine de
M. Luchaire sur la simple repugnance du gascon pour/; mais il
incline evidemment vers cette id6e, que tout mot ga«con primilif ignore
1/ latine, femplac^ chez nous par Taspiration. II ne se laisserait pas
arr^ter, ai-je besoin de le dire ? par les nombreux mots de notre patois
actuel oil sonne iy;il sait que les mots emprunt^s ne doivent pas entrer
en ligne avec les mots derives (4). II r^pond aussi fort bien, et mieux
peut-^tre qu'on ne Tavait fait encore, k ceu x qui s'appuient su r la graphic
(1) Ce trait est le seul des sept, oil k peu pr^s, qui soit commun au gascon et
au languedocien.
(2) Je citerai rimp^ratif pluriel bietz (au lieu de bienetz ou plut6t beneU,Yenez),
pour avoir Toccasion de rappeler que c'6tait le cri de guerre attribu^ aux Gas-
cons. M. Meyer n'a pas accepts cette explication (R. de Case, xiv, 300; Girart
de RoussUloiiy 83, 84); U me semble toujours qu'elle s'impose, d'autant que Tex-
pressiongasconneen question dcvaitparaitreabsolumentetrange aux autres m^ri-
dionaux : on sait ce que veut dire le mot blet. Voyez dans cette th^se m^me le
termefJwiora«c(p.367),que M. Lanusse, il est vrai, s'abstient d'expliquer k fond.
(3) On pourrait bienajout^r quelques autres caract^res, aumoinsoe huiti^me:
nd r^duit k n (comme en Catalan) : bene (vendere), etc. (Voy p. 77). — La
chute de b apr^s m (p. 86) est ^galement caraot^ristique, mais les exemples n'en
sont pas aussi nombreux.
(4) Peut-^tre M. Lanusse n*a-t-il pas ^t4 toujours assez attentif ft mettre ft part
les mots plus ou moins adventices et d'origine ^trangfere au gascon : c'est le cas,
pares., des mots escandale, estatuOy ospeciau, cstil^ esca/)wte, entassds ft la
p. 83. — Un mot que je crois de bonne souche, iou^n {dejuocnem), m'a donn^
un moment de peine : il parait avoir d^plac6 I'accent (c^mme si le latin 6tait
Juo^nem). M. l.anusse fait remarquer fort ft propos (p. 89) que les deux u cons^
cutifs (iuuonem) n'ont donn^ qu'un m6me son ou\ mais ce n'est pas tout ft fait
assez pour expliquer le changement d'accent. Voici, sauf meilleur avis, Texplica-
tion complete : dans le latin populaire *iuenem (pour iuuenem), ue formant une
sorte de diphtongue ascendante, Taccent passait de Yu devenu glissant ft la
voyelle suivante e; par la meme loi que lepeuple accentuait bdttuere pour bat -
tuere,Jilydlum pour filiolurn (accentu6 sur le secoud 0*
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— 121 —
des anciens litres pour dire que h s'est substitu6 tard kf\ il montrepar
des examples concluants, quoique pr^sent^s aveo une discretion trop
timide, que l/des mss. gascons peut repr&enter une A aspir6e. Les
Comptes consulaires de Riscle^ par exemple, portent fala (halle) et
faui (haut), mots oil i'on n'a certainement jamais prononc6/: n'est-ce
pas suffisant pour montrer la valeur de/ gasconne, prononcte A? Et
oette graphie ne me paralt m6me pas Strange, comme k M. Lanusse;
car enfin les scribes gascons^ ^tant plus ou moins imbus degrammaire,
c'est-i-dire de latin, terivaient h pour TA latine itymologique, qui ^tait
devenue muette; et ils ^rivaient/ la forte aspiration gasconne qui r^
pondait k l'/ latine : rien neme semble plus logiqueetplus nature! .
M. Lanusse mbntre encore trts bien la pr6fixation ordinaire de a ou
ar devant initiate (arram de ram(um), arr6 de re/nj,en notant la perte
de la voyelle suivante dans certains mots : arnega (renegare), arcebe
(recipcre), etc. De \k vient, pour le dire en passant, le nom du droit
d'arciut {recepiuniy droit primitif de t reception » ), dont on a fait en
frangais archif. Une autre modification nominate assez Strange en
apparence^qui se rattache k cette r^le et qui n'a pas encore it6 signal6e,
je crois, c'est celle du nom de Renaud,si cher au moyen 4ge; Renaud
devient en gascon Arnaud. Ce n'est pas pour rien que Rabelais fait
jurer son soldat de Saint-Sever deacap de sainct Arnaud », encore bien
qu'il n'y ait pas de saint Arnaud dans la l^ende gasconne.
Les remarques se multiplieraient ais^ment, sans sortir de T^tude des
consonnes ; car on peut observer que les traits caract6ristiques de notre
idiome appartiennent surtout au « consonantisme », comme parlent les
linguistes. Le « vocalisme » a beaucoup moins d*importance (1); mais
I'un et Tautre sont trait^s par Tauteur avec le mftme soin. Le seul
nnage qui alt^re un pen la nettet6 de cette tbtorie phon6tique, c'est la
r^uction, n^cessaire ici, mais au fond arbitraire, de toutes les formes
k un seul type, tandis que le gascon renferme r6ellement plusieurs
parlers plus ou moins divers malgr^ les traits cx)ramuns.Inconsciemment
peut-6tre, M. Lanusse a un peu Tair de prendre le tarbais pour norme.
II reproche, non sans quelque raison, k M. Meyer-Liibke d'avoir
donn6 comme gascons, sans autre explication, des mots qui semblent
(1) 11 est bon de noter cependant Ya tonique du suffixe arium, devenu
i sans pr^flxation de i : operarium devient oubri en Gascogne, tandis que la
Provence et le Languedoc disent oubrU. 11 est vrai qu'aujourd'hui oubrid a en-
vahi le Haut-Armagnac ; mais le Bas-Armagnac, la Lande^ le B^arn, disent
toujours oubrd, qui est dans Garros, le po6te lectourois du xvi' si6cle. Get
d pour (d est encore une des caract^ristiques qui pourraient s*ajouter k celles de
Lucbaire« en notant qu'elle rapprocbe le gascon du Catalan et du castillan.
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— 122 -
eKcentriques, mais il se contente de noter qu'ils sont « tout k fait
inconnus k Tarbes » (p. 48). A-t-il remarqu6 que, de ces mots, trois
au moins, habe (f^.ve), nabe (nouvelle), Ube (l^ve), sont d'excellent
gascon, tr^s vivant, et mtoe peut-^tre du plus vrai gascon, j'enlends
celui qui se parle dans toute la parlie occidentale de notre domaine
provincial du c6t6 de I'Oe^n ? II me semble que ce traitement
du V latin intervocalique change en 6 (tandis que dans le Feste de
la Gascogne il devient to) devait entrer de plein droit dans une pho-
nAtique destin^e k montrer Tinfluence du gascon sur le francais (1).
II. On pourra multiplier les reraarques de detail sans enlever k ce
premier livre « phon^tique gasconne », ni sa solidity scientifique ni
son m^rite d exposition. S'lln'estpas complet, c*est quil ne devait pas
rfetre, et tel quel il n'en constilue pas moins un programme et un
module qui ^pargneront aux linguistes gaseous k venir la moiti6 de
leur besogne et leur faciliteront le reste.
Disons la m^me chose, ou k peu pr^s, des trois chapitres qui torment
le deuxi^me livre :Za langue frangaise en Gascogney savoir : I. Le
frangais en Gascogne jusqu'en 1539 ; II. La Renaissance en Gascogne;
III. Les auteurs gaseous. — On se rappelle T^-proposdecette ^lude au
moins aussi litt^raire que grammaticale : I'influence du gascon surle
francais ne s'exerc^ra pas seulement par Tidiome gascon proprement
dit, mais surtout par Tadaptation provinciale du frauQais accomplie
d^]k chez nous, et, de plus, elle dependra pour une large part du succ6s
des auteurs gascons « en France ». Les dates qui limitent cette ^lude
s'imposaient d'elles-m^mes, et M. Lanusse a eu soin, d6s sou Acani-
propoSy de determiner dans le temps aussi bien que dans Tespace les
borues ualurelles de sou sujet. Le gascon, dit-il tr6s justement, « n'a
guferepu agirsurlalanguefrauQaiseavantles premieres guerres d'ltalie:
alors,eneffet, pour la premiere fois, des milliersde Gascons se trouvent
m^l^s k des milliers de Frangais dans les m^mes armees; d*un autre
c6i^y la foudation de TAcademie frauQaise nous semble marquer la fin de .
rinfluence gasconne. A la raortd'Henri IV, cette influence est sans doute
bien com promise, ellen'estpourtant pasd^truile. Les Gascons ne rfegnent
plus, mais ils coutinuent de vivre k la cour et d'exercer leurs charges
comme sous Henri IV; tr^s amoindrie si Ton veut, leur influence
persists encore. Elle est ddfinitivement condamn^e le jour ou est cons-
(1) Je dois dire pourtant que ce b intervocalique est signal6 par M. I^nusse,
mais seulement comme bearnais, et daus deux petites notes, aux pp. 87
et89.
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- 123 —
titu* tin tribunal chargi d'assurer runiti et la puret^ de la langue
fran^aise et de servir de digue conire le torrent du mauvais usage
(Vaugelas). » On me pardonnera cette citation, qui justifie le oadre
chronologique ou Tauteur a dA renfermer ses recherches dans ce
second livre et dans le suivant.
II itait bien plus d^licat de resserrer dans la mesure vraiment utile
['exposition des faits dans les Irois chapitres dont j'ai d6j^ citi les
sujets. II me semWe que M. Lanusse a ii^ g^n^ralement bien inspire,
soit dans le choix des faits, soit dans r6tendue relative qu'il
aocorde k leur exposition; mais ^videmment il ne faut pas toujours
exigerdes prdcisions absolument arrfet6eset rigoureusement scientiB-
ques dans une matifere qui n'admet que des appreciations larges, et
qui, d'ailleurs, n'a pas 6ti encore s^rieusement pr^parte. Ce qui est
certain, c'est ^ue voil^ dans nos mains trois chapitres de I'histoire
linguistique et littiraire de la Gascogne, non pas faits et parfaits, mais
traces avec autant d'habilai6 que de science et i&]k munis d'une pr6-
cieuse provision de faits caracl6ristiques.
Cela soit dit avant tout et surtout de la plus neuve de ees trois
Etudes : « la langue franijaise en Gascogne jusqu'en 1539 », c'est-k-
dire jusqu'i Tordonnance de Viliers-Cotterets, qui imposa, sinon au
« pays souverain de B&rn », au moins k la Gascogne proprement dite,
comme au resfe de la France, Tusage exclusif du fran^ais dans les
actes officiels. Rien n'est plus curieux que le frangais provincial em-
ployi chez nous bien avant cette date, d^s le commencement du xiv«
si^le,dans beaucoupde pi^sadministrativeset decontrats pardevant
notaires. Les causes historiques de cette infiltration linguistique sont
trfes heureusement d6m616es par M. Lanusse qui, de plus, en a cberchi
personnellement la preuve et les exemples, non seulement dans les
textes imprimis, mais aussi dans quelques d6p6ts d'archives. II n'a pu
donner une grande 6tendue k cette enqu^te; mais il en a trfes bien indi-
qu6 les rdsultats g^n^raux; et comme cette mati^re est presque absolu-
ment neuve, n'ayant 6t6 touchte qu'en passant par tel ou tel travail-
leur, n'ayant pas m^me fourni, k ma connaissance, un seul article de
revue, les vingt-cinq excellentes pages (107-131) qu'y a consacrtes
M. Lanusse nous resteront comme un guide des plus prteieux pour
des recherches ult6rieures (1).
(1) Ici surlout, je suis particuli^rement heureui de m'dtre rencontre aveo M. A.
Thomas, qui d<5clare avoir tir6 « plaisir et profit » de ce chapitre. « Ce n'est
qu'iine esquisse, ajoute-t-il, mais fort int^ressante. Elle le serait Men plus si
Tauteur avait pu utiliser tous les mat^riaux qu'il faudraitpour ^rire une 6tude
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— 124 —
Les deux autres chapitres du second livre sont moins originaux; Us
out aussi peut-^tre, je ne dirai pas le d^faut (il n'y a d^faut que \k ou
manque le n^cessaire), mais Tinconv^nient de ne toucher que quelques
points d'un sujet aussi vaste qu'int^ressant. Les « auteurs gaseous »
6numir6s et plus ou moins caract6ris6s par M. Lanusse ne repr&en-
tent pas assez la production litt^raire du xvi« sifecle dans notre pays
pour satisfaire noire ardente curiosil6, et en m6me temps plusieurs de
ces indications sontd'une utility pen ^videntepour le but poursuivi (1).
Etait-ii m^.me bien n^cessaire^ k cet ^ard^ de s'engager dans une sorte
de discussion sup Toriginalite d'un de nos pontes, du plus cilfebre de
tons, il est vrai, de Du Bartas ? Je n*en suis pas absolument sur; mais
je serais bien f4ch6 que Tauteur n'eut pas c6d6, sur ce point, k Tattrait
qui le dominait. Seulement, ses idfes sur Du Bartas ayant 6td assez
vivement combattues, me voili oblig6 d'y insister k mon tour.
Leonce couture.
{La Jin auprochain num^ro.)
LA GASCOGNE DANS UN RECENT CATALOGIE DE LIVRES
J'extrais du tome iii du splendide autant que savant Catalogue des
litres composant la hiblioth^que de feu M, le. baron James de
Rotschild, public par M. Emile Picot (2) (Paris, 1893, grand in-8»),'
quelques indications d'autant plus dignes d'un bon accueil que Tou-
vrage est moins accessible :
2163. Recueil des choses notables, qui ont est^faites d Bayonne,
d Ventremue du Roy Tres chresiien Charles neufieme de ce nom,
la Roine sa tres honoree mere, avec la Roine catholique sa sceur.
complete sur ce sujet pariiculier, qui, k lui seul,poupraitfaire Tobjet d'une thdse.
Parmi ces mat^riaux, il faut mettre en premiere ligne les nombreuses lettres de
remission relatives d la Gascogne contenues dens les registres du Tr^sor des
Charles, pour la plupart r^dig^es en fran^is dans le pays meme. La vaillante
SocUtd des Archices historiques de la Gascogne ne songera-l-elle pas quelque
jour k faire un recueil de ces lettres comme sont en train de le faire des socict^s
voisines pour la Sainlonge et le Poitou? » L'indication vient de trop bon lieu
pour n*6tre pas prise en consideration tr6s s^rieuse.
(1) II a pu lui 6chapper ^ et Id quelque d6faillance ou quelque inexaoUtude
dans ces nombreuses « nominations » et r^f^rences. Ainsi Tauteur du Voyage d
Jerusalem de Ph. de Vols ins (p. 175), n'est pas ce seigneur lui-m6me, mais son
compagnon, Jean de Belesta, seigneur de Lupvielle (R. de G., xxmi, 533).
(2) On sait que M. E. Picot est parmi les bibliographes civils ce qu'est le
R. P. C. Sommervogel parmi les bibliographes religieux, je veux dire un roi,
ce qui me permet de crier joyeusement, en ce temps d'Epiphanie, pour Tun
comme pour Tautre : Vioe le Roi I
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— 125 —
A Paris, par Vascozan imprimeur du Roy. 1566. In-8° de 89 fif. non
chiffrfe.
L'6dit de pacification permit i Charles IX d'entreprendre une grande
toum^e en France. Au mois de Janvier 1564, il se mit en route pour
ce voyage, dont Abel Jouan nous a laiss6 une relation ddtaillie (voy.
BOtre tome n, n° 2095). Aprfes avoir s6journ6 k Fontainebleau, par-
couru la Champagne, la Bourgogne, le Lyonnais, la Provence et le
Languedoc, il arriva k Bayonne le 30 mai 1565. Catherine de M6di-
cis y avait mtoag6 une entrevue avec sa fille, Elisabeth de Valois,
reine d'Espagne. Le roi alia au devant de sa soeur jusqu'ii Irun, et la
ramena k Bayonne, ou eurent lieu des f^tes somptueuses. Comme le
rapporte Brantdme (6d. Lalanne, vn, 370), la reine-mfere voulait
prouver aux Strangers que letr&or royal n'6lait pas aussi 6puis4 qu'on
le disait. On trouve dans notre relation la description d6taill6e de tous
les costumes portfe par le roi^et les grands personnages de la Cour, le
rteit de loutes les tetes oflfertes k la rf irie d'Espagne, le texte des vers
r6cit6s dans les carrousels et les ballets, enfin le dessin des bijoux que
les chevaliers qui prirent part k ces r^jouissances prfeentferent k leurs
dames. Ces bijoux se composaient de grands mMaillons all^goriques
suspendus a des chalnes d'or; ils sont tous ici finement grav6s^ au
nombre de 18. Les mascarades et cartels ins6r6s dans la relation pour--
raient bien 6tre de Ronsard^ quoiqu'ils ne figurent pas dans le recueil
de ses oeuvres.
2169. Remonstrances de Monsieur de Monluc d la MaiesU du
jRot/f sur son gouvemement de Guienne, Ou est contenu une grande
partie de ses faicts et de plusieurs autres Seigneurs et Capitaines
de ce Boyaume. Envoys (comme il appert par la lecture d'icelles) un
peu apres les demiers troubles Ab70. S. L, In-8^dell ff. non chi£fr6s.
Monluc a reproduit lui-m6me ces Remonstrances dans le livre vii
de ses Commentaires, M. de Ruble^ le dernier 6diteur de notre histo-
rien, ne semble pas avoir connu ration que nous venons de dterire;
il ne cite (t. ni, p. 449) que T^dition donn^e par Michel Jove, k Lyon,
en 1571^ avec la r6ponse du roi. L'imprimeur lyonnais donne aux
Remonstrances la date du 25 novembre 1570; elles portent, au ox)n-
traire, celle du 10 novembre dans une copie qui fait partie du fonds
Gaigniferes (vol. 2793, fol. 67). Notre Wition anonyme ne donne
aucune'^date.
2170. Brief Discours sur la mort de la Boyne de Navarre ^ adve-
nue d Paris le IX jour dejuin 1572, Pseaulme 116. 15. La mort
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— 126 ^
des debonnaires du Seigneur est en estime envers luy. 1572. S. L.
In-8<» de 71 pp.
Les pp. 2 et 3 sont occupies par une 6pltre « A tres haute, et tres
excellente princesse, madame la princesse de Navarre, » ep!tre dat6e
de Paris, le28 juin 1572, Le Discours occupe les pp. 4-46; il est suivi
du testament de la reine, re^u par Jean Gaudicher et Eustace Go-
guyer, notaires k Paris, le 8 juin 1572 (pp. 47-55). Le reste du vo-
lume est occupy par deux ^pitapbes en prose latine, sign^ J. L. H.\
une^pitaphe en distiques grecs, signte J. A, B, (Jean Antoine de
Baif?); une6pitaphe en vers latins, sign6e J. A. L. P. Br, un son-
net de /. -4. D. B. (Jean Antoine de Baif ?); une pi6ce espagnole de
/. L. H.\ deux ipigrammes latinos de H. D. Tr, un quatrain frauQais
anonyme; une 6l6gielatined'O.F.; deux sonnets fran^aisde C.B.D. C;
quatre distiques latins de P. B.; un sonnet italien de M. P. D. A.;
un double sonnet italien anonyme; une416gie latine de 5. P.; une6pi-
gramme latine d'O. F. et deux 6l6gies latinos de C. B, Z>. C. (1).
2185. Harangue /aide et prononcee de la part du Roy Tres^'
Chrestieriy le 10 iour du moia d'Aoril 1573, par Tres Reverend
et Illustre Seigneur lean de Monluc (sic), Evesque et conte de Va-
lenoe et Dye, ConHeiller de Sa Maiest^, etc. [J'abr^e ce titre inter-
minable, que j'ai d'ailleurs jadis reproduit tout au long ici].. A Paris^
Chez Jean Richer .. 1573, in-8° de 69 ff. chiflfr6s.
. Le v^ du titre est om^ d'un grand teusson aux armes du nouveau
roi de Pologne. Le dernier f. contient, au r°, le texte du privilege
accord6 pour trois ans i Jean Richer, le 14 juin 1573. Jean de Mont-
luc, Mre cadet de Tauteur des Commentaires, fut Tun des diplomates
les plus habiles du xvi« sitele. Le discours prononc6 par lui k la difete
de Vareovie, le 10 avril 1573, eut pour r6sultat Flection du due d'Au-
jou au trAne de Pologne. Montluc avait eu la premifere id6e de la can-
didature du prince, et, pour la faire r^ussir, il ne craignit pas de tra-
vestir itrangement la v6rit6. Le passage le plus c^lfebre de sa harangue
est celui ou il prdtend pouver que le roi et son frfere sont rest& Stran-
gers au massacre de la Saint-BarthSlemy (pp. 42-48).
(1) Sous le !!• 2172, M. E. Picot demerit une Mition s^par^e du testament de
Jeanne d'Albret : Copple du testament de dcfuncte Tres-haute, oertueuse Dame
et Princesse leane, par la grace de Dleu Royne de Naoarre, dame souoeraine
de Beam, duchesse d'Albret, etc. Mourir pour oiore. 1572. S. 1. in-8» de 8 flf.
non chiflrds. A propos de la devise de T^diteur inconnu {Mourir pour oiore),
M. Picot rappelle une foule de formules semblables employees par des hommes
distingu^s du xvi" si^ie pour t^moigner de leur foi en l*immortalit4 : il cite
notamment la devise de notre compatnote Jean de La Jess^ : Vita dellm morU,
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— 127 —
2224. Le Fleau de Henry soy disani Roy de Navarre par lequel
avec vives raisons il est chased de la couronne de France, quHm-
piemeni et tyranniquement il se vent usurper. Projecit eum Domi-
nus ne regnet super Israel [avec deux aulres ^pigraphes bibliques].
A Paris, chez Guillaume Chaudiere, 1589. Avec permission. In-8° de
44 pp. et 2 flE.
Ce factum, fcrit peu de temps aprte Tassassinat de Henri III, est
un des plus violents qu'ait enfant^s la rage des Ligueurs. Non seule-
ment Tauteur pr^he I'extermination des huguenots (1), mais il sou-
tient que le roi de Navarre est un fils adult^rin, et que le cardinal de
Bourbon (Charles X) est le roi l^time. Le Fleau n'est cit6 ni dans
la Biblioth^que du P. Lelong, ni dans le Catalogue de la Bihlio-
thdque nationale.
2607. Chant funebre sur la mort et trespas de Tres haul et
Illusire seigneur Messire Sehastien de Luxembourg^ comte de
Martigues, gouverneur et lieutenant pour Sa Majestd au pats et
duch6 de Bretaigne, Chevalier de Vordre, et capitaine de cin-
quante hommes d'armes, A Paris par lean Hulpeau, libraire. 1569.
Avec privilege. In-8® de 15 ff. non ch. et 1 f. blanc.
Le Chant funebre comple 509 vers alexandrins (il y a au 5® f. trois
vers de suite termines par la m6me rime) (2); il est suivi d'un Voeu
aux cendres et memoirs de tres hault seigneur Sebastien de
Luxembourg; d'un sonnet de Laurens de Bourg, et d'un sonnet de
Jac. Ballonfeau, Xaintongeois. L'intitul6 de cette demifere pi^oe nous
apprend que Tauteur du Chant Junebre est Frangois de Belleforest (3) :
Sonnet en forme de dialogue sur la mort de monsieur de Marti--
gues deplor^epar le seigneur de Belleforest (4).
Philippe TAMIZEY DE LARROQUE.
(1) Une ^pigramme du dernier feuillet (in cauda oenenum) d^passe encore en
sauvage 6nergie la prose de T^nergum^ne :
Plas one tons les saints dont la feste Dont jadis Malohus il blessa.
On solennizoit en ce mois, A an jacobin Faddressa
Sainct Barthelemy j'estimois, Pour tuer le tyran de France.
Dont le cousteau trancha la teste Craignez done, o ]>erfides rois,
An chef des traistres hngaenots; De ce coustean la jaste peine,
Mais Sainct^Pierre, enviant ce los, Car Jesns ne va pins en oroix
Da couteaa ayant soavenance Pour commander qu'on le rengaine.
M. Picot decrit plus de cent pieces rares relatives k notre cher Henri IV
(p. 73-92). Voir surtout les articles 2240, 2241, 2242, 2243, 2257 k 2261.
(2) Le P^gase de notre compatriote faisait bien d'autres bronchadoa !
(3) C'est ce que n'avait pas ignore Guillaume CoUetet. Voir Vies des podtes
gascons, 1866, p. 59.
(4) Belleforest ^lait aussi pauvre seigneur que pauvre po^te. CoUetet a eu bien
raisou de dire (p. 49) que « ceste maison touie ancienne et toute noble qu'elle
esioit demeura fort incommod^e. » Belleforest, fidde k la tradition, ne mt pas
moins Incommode, toute sa vie, que ses illustres aleux. M. Picot s'6tait, un peu
avaui (p. 161, article 2371), occup6 du prosateur en Belleforest, k propos de
V Innocence de Madame Mario Royne cTEcosse, rappelant que « La Croix du
Maine a consacr^ k Belleforest un article tr^ d^tailie et tr^s pr6cis. •
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BIBLIOGRAPHIE
Carte du B^iarn, de la Bioorre, de l'Armagnac et des pays voisins,
par Guillaume Delisle, premier g6ographe du Roy, de TAcad^mie royale
des sciences. Paris, 17l2. (Autographiee par J. Mendousse, aide-archi-
viste d6partemental k Auch, 1893. —En vente chez I'auteur. Prix : 2 fr.)
M. Mendousse vient de mettre k la port6e de tout le monde, parune
nouvelle Wition, une vieille carte de noire sud-ouest qui jouit d une
reputation m^ritte.
Au premier abord on se sent quelque peu effray^ par Tabondance
des indications et des noms inscrits. Si le nouvel 6diteur n'avait tenu
k reproduire scrupuleusement Touvrage primitif, il aurait pu accentuer
les divisions pointillfes par des lignes en couleur. L'oeil pourrait ainsi
mieux saisir T^tendue et la position relatives des diverses circonscrip-
tions, et se porter plus facilement sur le point qui Tint^resse.
Le territoire du d^partement du Gers occupe k peu prte le centre de
cette carte. C'esl d'abord TArmagnac, que Delisle divise a tort en trois
parties, en er&int un comt6 de Vic-Fezensac complfetement inconnu
de rhistoire. Malgr6 le vieux gtographe, il faut continuer i diviser ce
pays en Bas-Armagnac ou Armagnac proprement dit, et Haut-Arma-
gnac ou Fezensac. Tout;autour se rangent TEuzan, le Gabardan (qui
appartenait k Tancien archevteh6 d'Auch), le Condomois, le comtd de
Gaure, la Lomagne, le Fezensaguet, le Bas-Comminges (ou se trouve
r^v^cM de Lombez), I'Astarac, le Pardiac (qui n'est pas indiqu^ sur
la carte), le Magnoac (qui faisait encore partie de Tancien dioc^
d'Auch), et le pays de Rivifere-Basse. A cela il faut ajouter les d6pen-
dances de Riviere- Verdun.
Le pays de Riviere- Verdun, situ6 presque en entier dans le d^parte-
ment acluel de Tarn-et-Garonne, longe la rive gauche du fleuve, depuis
quelque peu au-dessus de Grenade jusqu'au-dessous du confluent du
Tarn. Un grand nombre de petites villes, de communautfe et de lerri-
toires disperses et enclaves k travers plusieurs contrdes de la Gascogne
lui appartenaient.
Ainsi, dans le Gers : Beaumarchez, avec La Caze-Dieu et Marciac;
— Mi61an et Sainte-Dode; — Monties (que la carte appelle Monac); —
Mazerettes (prfes Mirande); — Simorre, avec Tachoires; — Gimont,
avec Aurimont, Escorneboeuf, Giscaro, Maurens, Mongauzy, Monti-
ron, Polastron et Tirent; — Aurad6 et Endoufielle (ou Delisle a omis
indication R.V.);— Cologne, avec Solomiac etSarrant;— Urdens(prfes
Fleurance).
En dehors du d^partemenlj du Gers, on pourrait dresser une liste
plus longue et plus importante de ces enclaves bizarres, principalement
dans le Comminges et j usque dans les gorges les plus recultes des
Pyr6n6e8. Jen'aiparW que de la r^on que je connais le mieux; mais
cette carte s'^tend k toutela Gascogne, depuis la Garonne jusqu'k TEs-
pagne et k rOc&m. Elle int^resseldonc tous les amateurs d'^tudes his-
oriques dans le sud*ouest. A. Lavergne.
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LES ORIGINES
DE
L'IMPRIMERIE A AUCH
II
LES HEURES d'aUCH. — QUEL EN EST L'IMPRIMEUR? — DATE APPROXIMATIVE
ET LIEU PROBABLE d'IMPRESSION. — RETOUR DE CLAUDE GARNIER A UMOGES.
— DERNIERS RENSEIGNEMENTS SUR CET IMPRIMEUR. — UN UVRE DE 1597
FAUSSEMENT DATE d'aUCH . — LES IMPRIMEURS JEAN SAINT - MARTIN ,
ARNAULD DE SAlNT-BONNET ET REN^: LAVOIR^ P. FRANCOIS, FRANgOIS DAURIO,
JACQUES DESTADENS . — LES DUPRAT.
La bibliothfeque de la ville d'Auch possfede un petit
livre d'heures ^Tusage de la cath6drale d'Auch, imprim6
en lettres gothiques, avec vignettes grav6es sur bois,
qui provient, comme le Br6viaire, de la bibliothfeque
du chanoine Daignan du Sendat. Le volume est de format
trfes petit in-8^ ou plut6t in-lG*'. Le titre manque ainsi
que les premiers feuillets. Le texte de Texemplaire com-
mence seulement au milieu du calendrier de mai, par le
feuillet qui porte au bas de la page la signature A iiij.
L'intitul6 imprim6 en rouge qu'on lit au bas du 8® feuillet
verso du cahier G nous renseigne d'une fa^on precise sur
le nom de r6glise h laquelle il 6tait destin6 : « Incipiunt
matutine secundum usum et consuetudinem ecclesie
Metropolitane beate Afane Auxis ». Le livre, tout
incomplet qu'il est, se compose encore de 390 pages
d'apr^s la num6rotation manuscrite de Daignan du Sen-
dat. Outre les trois feuillets de commencement, il y
manque encore le feuillet CC I du dernier cahier, ainsi
que le correspondant. L'alin6a final commence par cette
phrase : « Si hac vadds via; semper dicas Ave Maria »,
Tome XXXV. — Mars 1894. 9
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— 130 —
et se termine par la formule Amen, au bas de la page.
Nous donnons ci-dessous le fac-simil6 de la page cit6e
plus haut o\i se trouve rintitul6 de ces heures.
babQifli in ilia bota qttando concepitti od
minum noftrumiefum cbiifium fiUO tuns
vt letificed cat meum^t in boia oefunctio
tiiemeefubuentflsmibitanilncozpoic^
tn amma^t no oimirtad me pcrdi ptopter
nimiapeccatamearfedrubueniad mibi in
ommbasneafTttanbus meis^amen*
C Ct mondc neft que vanite
31 eft Dfcco qui i^atanti
SeuneiTe fozce t beautc
; CepafTeplnftoft que levant
Ibelaa pourquoj? af mes voua tant
Ibonn Atr ricbeffcs t plaifirs
2i>ounrvou9£mIt
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3itm9 vertoaidifTe^ oefir0#
C^nct^fnof maiiitine frcondiim vAim k
coiifoctodiiiemecclefie2tt>ctro# '
jiol)t9itcbti 2IDiric airl^#
Dans la notice historique qui pr6c6de le Catalogue des
Incunables de la Bibliothdqtie d'Auch r6dig6parM. Par-
fouru, ce livre est signal6 avee raison comme une raret6
bibliographique de premier ordre. II est ainsi d6crit :
« Heures anciennes d'Auch (n^302), sans lieu ni date,
commencement du xvi® si6cle, in-18, de 195 flf.,caract6res
gothiques. »
D'apr^s cette description, on pourrait croire que les
Heures d'Auch sont de T^poque des Simon Vostre, des
Pigouchet, des Kerver, des Hardouin et autres impri-
meurs c616bres qui avaient la 8p6cialit6 d'6diterces beaux
livres d'heures k Tusage des divers diocfeses de France,
illu8tr6s de bordures histori6es et de gravures de grand
style, qui ornent les cabinets des curieux.
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- 131 —
n n'en est rien. Le volume que nous avons examine,
ne remonte gufereavant 1540 ou 1550. Lescaract§resque
nous avons compares sont de la m6me famille que ceux
qui composent les douze lignes en rouge du titre du br6-
viaire de 1533, sauf cependant la premiere ligne qui est
ex6cut6e avec un caract6re beaucoup plus gros. Les
cahiers /f jusqu'^ Viyinclusivement sont imprimis avec
des types un peu plus forts, h angles moins arrondis,
appel6s commun6ment h cette 6poque, lettres de somme,
comme on pent s'en rendre compte par le fao-8imil6
suivant :
titce«C52)tf atomate ^plene fcttp^
ttmeJostClltinco^ianwais^ecnii^
UcureJMtofo Dt$«iaec5tneOatto«
B^Si^oitasBicanonicaiei cu Heuos
Nae«)aecolottl>frpepiatattos
ite«tB}tqui|^ mepaffujifejai atnojiljer
mm* ^tjBinn^tfolatia (nmo^t^
flgone,an.3l)oiam9» eiojiapti*
?v3frtcfpttomri6D««ttofljtrtnu
iw^^^mmdas
X/litaima a^
pedtjer. fftojEt-
mm annucMt
laubetiia^e'
maHiuto^^Qne
adatiu* ^%in
pff,an.i»tnfran
X>
Nous les avons minutieusement compares lettre par
lettre et, malgr6 leur 6crasement en quelques endroits,
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— 132 —
nous les avons trouv6s semblables comme forme et con-
tours au caractfere employe dans la dernifere page du
m6me br6viaire ainsi que dans les premieres lignes du
titre de VOpas Moralitatum Jacobi de Lusanna, im-
prim6 en 1528 a Limoges. On remarque dans les Heures
d'Auch quelques lettres orn6es sur fond noir cribl6,
notamment une lettre I avec deux oiseaux a droite et a
gauche (page 11, cahier B i), et une lettre D avec une
rose dans le fond (page 193, cahier N iiij), Ces lettres tr6s
caract6ristiques font partie du materiel de Claude Gar-
nier. La lettre I aux deux oiseaux se retrouve aux folios
xxiiij verso y jcli et cLiiiide VOpus moralitatum d6j^ cit6,
et la lettre D, fol. xxxviij du m6me livre.
II r6sulte de ces confrontations que les Heures
anciennes d'Auch sont incontestablementunproduit, peu
ou mal connu jusqu'ici, de Tindustrie de Claude Gamier.
Le for;nat n'est pas Hn-lS; ce format n'existait pas alors
et n'q, 6t6 cr66 qu'au xviii* si^cle. La collation des cahiers
nou? donne la preuve que le livre est de format tr6s petit
in-8, ou plut6t in-16, la justification typographique 6tant
moins longue et plus 6troite que celle du br6viaire*.
Les caractferes sont visiblement fatigu6s. On ne pent
plus dire comme pour le pr6c6dent que le livre a 6t6 im-
prim6 avec une fonte neuve (novo typo excussum). Les
gravures sur bois, ainsi que les lettres tourneures du com-
mencement des alin6as, t6moignent de tirages ant6rieurs
et r6p6t6s. La date etj le lieu d'impression se trouvaient
sans aucun doute mentionn6s, soit sur le titre, soit au
dernier feuillet, qui sont absents dans Texemplaire de la
Bibliothfeque d'Auch, le seul connu.
Ces Heures ont-elles 6t6 imprim6es a Auch comme le
br6viaire? Nous en doutons. Les cahiers portent a c6t6
(1) Voici la collation des cahiers : A par 4; B par 3; C ^ Y par 4; AA k CO
par 4.
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— 133 —
des signatures par lettres de Talphabet, le mot aux.,
imprim6 au bas des feuilles pour les distinguer d'Heures
ad'autres usages qui devaient s'imprimer concurremment
dans le m6me atelier, aiin d'6viter une confusion dans
Tassemblage des feuillets. Les br6viaires de fiazas et
d' Auch ne portent aucun signe ou r(^clame typographique
de ce genre. Nous en concluons que Gamier n'a pas
imprim6 ces Heures h. Auch, mais dans une autre ville,
qui n'est autre que Limoges oil il 6tait retourn6 apr6s
ses p6r6grination§.
Les Heures d'A uch sent semblables comme typographie
h, des livrets de devotion portant le nom de Garnier
imprimis vers 1550, peut-fetre m6me plus tard, h Limoges
avec des caractferes de forme gothique et des gravures
tr6s us6s*. Ces impressions sont : 1^ Les anciennes (sic) et
oraisons des sainctz et sainctes selon les moys de
Vann^,e. On les vend a Lymoges, par Claude Gamier;'
2"^ Extraicts de plusieurs saincts docteurs, etc. Imprim4
a Lymoges par Claude Garnier; 3^ Meditations sur la
Passion de NotreSeigneur et voyage et oraisons du
Mont'de-Calvaire] 4^ La manidre de se conduire d'une
femme seculiere. Ces pieces petit in-S*" sont reli6es k
la suite des Heures de Notre-Dame ct Vusage de Lymoges y
imprim6es h Limoges par Hugues Barbou en 1589. EUes
font partie d'un recueil de la Bibliothfeque de TArsenal
(T 2,996), qui nous a 6t6 obligeamment signals par
M. Paul Bonnefon, biblioth6caire de cet 6tablissement.
Tout porte a croire que Garnier avait quitt6 Auch,
lorsque le cardinal Frangois de Clermont-Lodfeve, son
protecteur, r6signason si^eenl538. S'arr6ta-t-il ensuite
(1) Pour plus amples details, voir noire article sur Claude Gamier dans le
BlbUophUo Umotisln (livraison de Janvier 1894). On y Irouvera des fac-simil^s
de quelques-uns de ces livrets. CeJui de la derniere page des Antientxes ot
Oraisons est d'uue identitt^ frappante avec lesgros caract^res des Heures d'Auch
dont nous avons reproduit plus haut une page accompagn^e d'une gravure.
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— 134 —
dans quelque autre ville du Midi? Les recherches que
nous avons faites k ce sujet sont resides infructueuses.
Nous ne retrouvons sa trace qu'a partir de 1550. A cette
date (( Claude Granier (sic), imprimeur », tenait del'abbaye
Saint-Martial, k Limoges, une vigne qu'avait pr6c6dem-
ment poss6d6e Gilles Berthon *.
Nous avons ensuite connaissance d'un Missel de Limo-
ges, imprim6 a Limoges, par Claude Garnier et qui fut
achev6 le 10 f6vrier 1553 (1554nouveau style)*. Garnier
ne demeurait plus devant Saint-Martial. Le local oil il
avait r6install6 son imprimerie et oix il exer§ait la librairie
6tait situ6 plus haut dans la ville, auprfes de T^glise Saint-
Michel. Sa demeure est ainsi d6sign6e : « In cedibus
Claudii Garnier y commorantis prope divum Michaelem. »
Garnier 6tait en m6me temps relieur. Un 6rudit de
Limoges, M. Fray-Fournier, auteur M'articles fort remar-
qu6s dans le Bibliophile Limousin, a d6couvert dans le
fonds d'ancienne th6ologie, non encore enti^rement
inventori6, dela Bibliothfeque de Limoges, des volumes sur
le plat desquels se trouveappos6e la marque de Garnier et
nous a envoy 6 le frottis de Tun d'eux.
Le dernier labetir de Claude Garnier qui sbit dat6 est
un Br6viaire de T^glise de Limoges, de 1555-1557. II
porte h, la fin la date des Ides d'avril (13 avril) 1555 et
sur le titre on lit celle del557. Cette difference de nota-
tion d'ann6e doit consister dans Thabitude que Ton a
g6n6ralement d'imprimer le titre et la preface d'un livre
en dernier lieu, aprfes le texte qui forme le corps du
(1) JFonds de Saint-Martial, aux Archives de la Haute- Vieniie. Voir rexcellent
travail de M. Louis Guibert intitule : Les premiers imprimeurs de Limoges;
Limoges, Ducourtieux, 1893, in-8, pages 17 et 20.
(2) Missale percelebris Lemovicensis ecclesie accuratissime recognitum ac
permultis missis incertis illuslratus, recenter Lemovicis excussum in offlcina
Claudii Garnier calcographi. Anno ab incarnatioue Domini millesimo quingen-
tesimo tertio, die decimamensis februarii, in-8. CM par M. Paul Ducourtieux
dans sa notice sur les Mcuiuscrits et imprimis do I Exposition de Limoges en
1886, page 62.
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— 135 —
volume. C6sar de Borgognonibus, 6v6que de Limoges,
6tait alors en Italie. II n'autorisa la mise en vente du
nouveau br6viaire, dont le texte avait 6t6 revu et modifl6,
qu'aprfes avoir soumis ces changements k la censure de
la Sorbonne, ainsi qu'il le dit express^ment dans un avis
plac6 en t6te du volume. De Ik, de longs et inevitables
d61ais qui se prolong^rent jusqu'en 1557, date veritable
de remission du livre indiqu6e sur le titre dudit brtviaire.
Le br6viaire de Limoges diff6re desautres impressions
de Gamier. Le titre en rouge et noir, ainsi que la preface
ou avis pastoral de C6sar de Borgognonibus, sont en lettres
rondes ou caract6res remains. Le calendrier et le texte du
br^viaire sont imprimis en caract^res gothiques tout k
fait us6s. On ne trouve plus dans le volume de grandes
figures sur bois comme Garnier avait Thabitude d'en
mettredansses Editions liturgiques. On y voit lar6clame
Lemovic, au bas des cahiers, comme dans les Heures
d'Auch et dans le livret de la Manidre de se conduire
d'une femme seculiere. La marque typographique de
Garnier n'est plus du tout la m6me. Lorsqu'il avait son
atelier devant Saint-Martial, il avait mis dans une petite
vignette Timage de saint Claude, son patron, et celle de
saint Martin, patron de son associ6 Martin Berton, avec
son monogramme au-dessous, pour marque. II plaga
ensuite le m6me chiffre dans une targe o\i6c\i au milieu
d'un soubassement grav6 sur bois. Dans.le volume de
1557, on voit, au milieu du titre, deux cigognes qui se
disputent un os et un poisson dans les airs, au-dessus
d'une sphere ou globe du monde; k droite et k gauche les
initiales (C. G.) de Claude Garnier et autour cette devise :
HoNORAPATREMETMATREM. Eooo. OCX. Cot embl6me des
deux cigognes, qui a 6t6 adopts vers la m6me 6poque par
S6bastien Nivelle, imprimeur k Paris, beaucoup plus
tard par les Cramoisy et ensuite par les Barbou, se retrouve
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— 136 —
sur les plats des livres reli6s par Claude Garnieret mar-
que les derni^res ann6es de son exercice.
Dans les Heures d'Auch, on trouve le signe de pono-
tuation de la virgule, qui n'existedansaucune des impres-
sions ant6rieures de Gamier et qui coincide avec Tappa-
rition du caractfere remain dans son imprimerie de Limo-
ges*. De plus, les petites gravures sur bois qu'on y voit
sont d'un style tout k fait different de celui de ses autres
livres de liturgie. Le dessin est plus fin, plus souple et
plus d6gag6. Le style de la Renaissance a remplac6 Tart
gothique. Ces illustrations, dues a des artistes limousins,
sont semblables a celles qui ornent les petits trait6s de
devotion imprimis par Claude Garnier, que nous avons
signal6s plus haut et qui sont joints aux Heures de
Limoges parues quelques ann6es aprfes, en 1589, chez
Hugues Barbou, lequel avait probablement acquis une
partie du fonds de librairie de Garnier.
Aprfes le depart de Claude Garnier, Auch fut priv6
d'imprimeurs pendant tout le reste du xvi® sifecle. En
1551, Bernard Dupoey 6tait oblig6 de recourir aux presses
deGuyonBoudeville, imprimeur a Toulouse, pour mettre
au jour un recueil de vers qu'il avait compos6 sous ce
titre : De collegio Auscitano Bernardi Podii Lucensis
carmen ad posteritatem; ejusdem aliquot epigrammata;
ToLOSiE, in ofjicina Guidonis Boudevilley 1551, petit
in-8.
On cite le livre suivant comme ayant 6t6 imprim6 k
Auch en 1597. On Tattribue k un typographe du nom de
(1) On sail que la virgule ne fut appliqu^e qu'apr^s la r^forme orthographique
de Geofroy Tory, et que son usage ne fut adopte que lentement et peu k peu
dans les imprimeries de province, k mesure que les caract6res roniaius se subs-
titu^rent aux caract^res gothiqucs. Seuls, les livres liturgiques conserv6rent
encore longtemps leurs types de forme archaique jusqu'i la fin du xvi« si6cle et
mSme j usque dans les premieres annees du xvu* siecle, mais on les adapia au
nouveau syst^me en y introduisant les signes de ponctuation de la virgule et du
point et virgule.
^
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— 137 —
Scdnt-Martin, dorit on ne connait aucune impression dat6e,
mais qu'on sait avoir 6t6 consul de la ville en 1646. Nous
aliens reproduire exactement, avec sa disposition typo-
graphique, le titre de ce livre dont nous avons en ce
moment m6me un exemplaire sous les yeux :
TRAITE
PA R^ENETIQVE.
o'est k dire
EXHORTATOIRE,
Auquel ae montre par bonnes ot oloes raisona,
argumens ir\falUhle8, hiatoirea tres certainea et
remarquablca exomploa, le droit chemin et
orais moyena de reaister a Veffort du Caatillan^
rompre la trace de aea de88ein8,abbaiaaer aon or-
guell, et ruiner aa puiaaance.
D^di(^. aux Roys, Princes, Potentats, et
R^publiques de TEurope, particu-
lierement au Roy Tres-
chrestien
Par un Pelorin Eapagnol, battu du temps et
peraecutd de la fortune
Traduict de langue CastiUanne en langue
Fran^ise. Par I. D. Dralymont
seigneur de Yarleme
Imprim6 k Aux.
M . D . X C V I I .
Volume in-12, de 12 ff. pr61iminaires non chiffr6s et
120 fl. chiflr6s.
Le Pelerin espagnol battu du temps et persecute de la
fortune n*est autre qu'Antonio Perez, ancien conseiller
du roi d'Espagne Philippe II, alors attache k la Cour
d'Henri IV. L'ouvrage, d6di6au roide France, estdat6de
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— 138 —
Pau, le I*' octobre 1597. Dralymont, sieur de Yarleme,
est un nom anagrammatique sous lequel s'est cach6 Jean
de Montlyard, sieur de Melleray. Suivant Prosper Mar-
chand, le P.Joseph Texeira^ Portugais, serait le v6ritable
auteur du livre.
L'attribution que Ton a faite de ce livre aux presses
auscitaines est erron6e. 11 n'y avait pas d'imprimeur k
Auch a ce moment. M. Prosper Lafforgue, dans son Histoire
de Uimprimerie cl Auch, dit que Timprimeur Jean Saint-
Martin vint s'6tablir a Auch dans les premieres ann6es du
dix-septifeme si6cle. Mfeme en admettant cette date qui
est loin d'etre prouv6e, car on n'a pas de traces certaines
de cet imprimeur avant 1646, comme nous Tavons dit
plus haut, Jean Saint-Martin ne pent avoir imprim6 ce
livre. Le volume que nous avons examin6 attentivement
ne ressemble ni par les caract6res, ni par les fleurons aux
impressions de la region. Le livre n'a pas non plus 6t6
imprim6 a Pau, od depuis longtemps rimprimerie avait
cess6 d'etre exerc6e. Une seconde Edition porte sur le
titre : Agen, comme nom de ville.
Aux et Agen sont des lieux supposes, imagines k plaisir
pour d6pister les agents de TEspagne etcacher la person-
nalit6 de Tauteur, « meilleur Frangois qu'Espagnol...
formel ennemi de toute ligue et faction », dit TEstoile.
Le Traict6 parmnetique n'a pas davantage 6t6 imprim6
h Toulouse ou a Bordeaux, od Ton aurait pu s'adresser.
•Ce livre n'est point sorti de presses m6ridionales. II a 6t6
imprim6 k Paris, od se trouvait alors le P. Texeira, qui y
a publi6 ses autres ouvrages avec la collaboration de son
traducteur attitr6, Jean de Montlyard.
Apr6s Jean Saint-Martin, Arnauld de Saint-Bonnet,
originaire de Lyon, vient s'6tablir k Auch. Le 24 Janvier
1647, Arnauld de Saint-Bonnet, « imprimeur de Tarche-
vesque d*Auch, » entre en soci6t6 avec Ren6 Lavoir,
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— 139 -
imprimeur et graveur, originaire de la F16che. M. Em.
Foresti6, de Montauban, a retrac6 dans la Revue de
Gascogne (aiin6e 1891) Thistorique des p6r6grinations de
ces deux imprimeurs et donn6 une liste des livres sortis
de leurs presses. Nous ne pouvons mieux faire que d'y
renvoyer nos lecteurs. Arnauld de Saintr-Bonnet mourut
entre lee ann6es 1652 et 1655.
En 1650, on voit, d'aprfes M. P. Lafforgue, un nouvel
imprimeur du nom de P. Francois, lequel n'imprime
gu6re que des placards et des arrets du Conseil.
La veuve de Saint-Bonnet, Marguerite Rivi6re,convole
en secondes noces avec Francois Daurio, de Toulouse,
qui continue rimprimerie. M. Lafforgue mentionne divers
produits des presses de ce dernier, qui ne sont pas sans
m6rite. II mourut en 1691.
Marguerite Riviere, veuve Daurio, vendit en 1695 son
imprimerie a Jacques Destadens, flls d'Ambroise Desta-
dens, libraire k Bordeaux. Destadens avait achet6 le
materiel pour le transporter a Bordeaux; « mais comme il
6tait tr^s ban latiniste et connaissait les caract^res grecs,
la haute soci6t6 auscitaine et les autorit6s finirent par
le retenir h Auch. )) (Revue de Gascogne, 1878, article
deM. rabb6 L6once Couture). II exer^a jusqu'en 1747,
date de sa mort.
Enfln les fr6res Duprat, Francois et Jean, s'6tablirent
k Auch « imprimeurs et ^ libraires, vis-Si-vis le College
des R6v6rends p6res J6suites. » M. Lafforgue cite d'eux
un opuscule dat6 de 1707 : « Canticjm ou la Naissance
de Notre-Seigneur, mis en musique par M. Mousnier,
qui sera chani4 dans Vdglise m^iropolitaine Sainte-
Marie d' Auch. » Jean Duprat, demeur6 seijl, publie en
1714 la « Lettre patente portant confirmation de V^ta-
blissement de I'hdpital g4n6ral Saint-Augustin d'Auch,
etc., )) brochure in-12, tr6s bien imprim6e, comme le fait
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— 140 —
remarquer M. Lafforgue. II fut la souche d'une famille
d'imprimeurs qui s'est continu6e avec distinction pendant
plus d'un si6cle a Auch.
Lors de la r6glementation definitive de rimprimerie au
XVIII® si6cle, une seule imprimerie fut maintenue a Auch.
Ce fut celle d'Etienne Duprat, fils de Jean. D'apr^ les
rapports de 1764, de Sartines, Etienne Duprat avait 6t6
re?u maitre en 1742 et poss6dait deux presses.
Nous nous arrfeterons 1^, renvoyant pour plus de details
surles Duprat au travail d6]k cit6 deM. Lafforgue. « Les
Duprat ont 6t6 relativement pour Auch ce que les Didot
ont 6t6 pour Paris. lis furent contemporains et les Duprat,
on pent le dire, furent les 6mules des Didot; ils en furent
aussi les amis. » [Histoire de V imprimerie a Auch,
page 18.)
Ajoutons que rimprimerie fond6e dans la ville d'Auch,
il y a pr6s de deux si6cles, par les Duprat, existe encore
de nos jours. EUe est continu6e par M. G. Foix, Timpri-
meur de la Revue de Gascogne, qui tient k honneur de
perp6tuer les bonnes traditions de Tart typographique
transmises par ses pr6d6cesseurs : « Honneur oblige. »
A. CLAUDIN.
NOTE COMPLfiMENTAIRE
Notre article 6tait d6ja compos6, lorsque nous avons
re?u communication d'une note de M. rabb6 Ulysse
Chevalier, de Romans, adress6e h M. rabb6 Couture,
directeur de \di Revue de Gascogne. Le Br6viaire d'Auch
de 1533 6tait connu depuis longtemps de ce savant infa-
tigable.
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— 141 —
11 Ta cit6 'dans son Thesaurus hymnologicus d'aprSs
un exemplaire qull avait vu autrefois k la BibliothSque
Saii4e-Genevi6ve, h Paris.
Sur cette indication, nous avons fait rechercher le
volume. Nous avons eu la satisfaction de retrouver
Fexemplaire m6me de la Bibliotheca Baluziana dont
nousavions trouv6 trace, mais dont nous ignorions le sort
et qui, d'aprfes notre conjecture, devait exister en outre
de TeXemplaire du chanoine Daignan du Sendat.
L'exemplairede la Biblioth^que Sainte-Genevifeve, que
nous d6clarons maintenant avoir vu et tenu entre nos
mains, est dans un parfait 6tat de conservation. Au bas
du titre, se trouve la signature d'Etienne Baluze, de
Tulle : a StephanuSj BalusiuSj Tutelensis: »
Le volume 6tait jadis reconvert d'une vieille reliure du
XVI® si6cle, en veau brun, avec cartouche en forme de
m6daillon au milieu des filets. La reliure 6tant par trop
d61abr6e, on Ta fait recouvrir d'un cuir de veau fauve
moderne, en ayant soin de conserver et d'appliquer a
rint6rieur de la couverture les anciens m6daillons dor6s;
on a respect6 scrupuleusement les marges en laissant
subsister Tancienne tranche dor6e du xvi® sifecle. A la
marge sup6rieure du titre, on lit la signature d'un ancien
possesseur : Tartanac, pr, (presbyter?) et au folio ij du
calendrier, au milieu de la page, entre les lignes, cette
inscription manuscrite : « Ex libris Sanctce-Genovefce
Parisiensis, 1752. » Le livre 6tait done en possession
des G6nov6fains depuis 1752 au moins. II porte aujour-
d'hui la cote : BE, 842, Reserve, k la Bibliothfeque
Sainte-Gene vi6 ve .
L'exemplaire de la Biblioth6que d'Auch avait appar-
tenu au xvi® si6cle k un nomm6 Loys Dargul, dont le
nom est 6crit dans le rebord int6rieur du chapeau de
cardinal au haut de la gravure sur bois du titre. Sa
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— 142 —
signature avec paraphe se trouve encore sur les Heures
d'Auch, au bas du 8® feuille.t ver^so du cahier G, apr^
rintitul6 du commencement desMatinesf/Aicyom/i^ matu-
tine secundum usum et consicetudinem ecclesie Metropo-
litane beate Marie Auxis.)
Nous donnons ci-dessous un fac-simil6 du titre du
Br6viaire d'Auch:
C© Wiand il^etropoUtaneil
advfum infienl^rcclefie bt?SU>ar(e %^x%i9.1^o
uifTime impzcirum/iufTu ac 3uctoatateiReuer2
diffimi in jcpo pf is et ofli/ Diii/racifci or Claro#
mSte/miferarione Diuina fcteiRomaneecclerie
cardtnali0/ €^( iTufculani. Ueoat iaumionen.
et arcbiept aujeitati.iKecognitum tntegrttativ
reftitutu. Sb omnib^ p:efbftert0totiua viocp
(10 tenSdum ac obferuart pxeceptuetmonitum.
£t per venerabile aujcitanen. capitulQ/ folerti
ingento/fummaq} opera vigUStilnme cafligatii
et co2rectu«'noui0 officij0 auctu et oeccnatu/et
foItj0fut0vbiopo:tetadnotatum t quotatum.
1 <£
•^j^^;7y^x y/j
^^p
onL. >^^^ri
I ^Mj /w/>i H^X
w^K^
Aaiur carOmea fulfiene iFcaiu^fce tiata
Cufoiaptttpurefinileet ino;tbe caput*
Souhaitons qu'on retrouve quelque part un exemplaire
complet des Heures d'Auch imprim6es par Claude Gar-
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— 143 —
nier. Cette d6couverte, si elle se realise «n jour, 16vera
toute incertitude sur le lieu d'impression du livre.
En attendant nous ne pouvons mieux faire que de repro-
duire ci-dessous en fac-simil6 la derni^re page du
Br6viaire, qui atteste d'une manifere authentique la pr6-
sence du typographe limousin Claude Gamier k Auch,
en 1533. A. C.
Caibfolutumed fjocinftQnijeKccIefteUlu
jCttaneB^ieuianum nouotppo t%m(bim/
de manDato tiniiaeuerentrt(riini/a(per«
ntiirubenerabtUutncanontco^um mUici
emiflum mimquihu^UstOssAdimBtS
nout!8(re9uU0 tegulatumdtiedaratum;
iBoutfq^ ofifict)j0biDel3CamCQ!tO <i5ab;ie«
lijBf/J|oac^tm/(i3)ofepi| inftgnitumetOes
co;iatum.3uia0 noutOime tmp;»(Iunvttis
duftrta clauDtf d^amter diatcotvpUlti*
noDtliCrtoefimotmio fup^mtueliimfi
quih9ente(imu.39te tieropM^ie balSDajS
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LES SEIGNEURS DE FIMARCON
DB LA
MAISON DE LOMAGNE (Suite) (1)
III. — Othon II (1250-1314).
Ce fut vers 1250 que mourut Othon P"*; son petit-fils
Othon II lui succ6da. C'6tait un homme remarquable et
son nom se trouve m616 a un grand nombre des affaires
importantes de son pays. Quelques-uns lui reprocheront
peut-6tre son d6vouement a la cause anglaise dans le
midi dela France; mais il ne faut pas juger du patriotisme
h cette 6poque recul6e par ce qu'il est de nos jours. Au
temps oH Othon II r6gnait sur le Fimarcon, les rois d'An-
gleterre, comme h6ritiers d*E16onore d'Aquitaine et
d'Henri Plantagenet, second 6poux de cette princesse,
6taient suzerains 16gitimes de la Gascogne, et le sei-
gneur de Fimarcon pouvait a juste titre consid6rer
comme un devoir d'fetre pour eux un vassal fidfele. Dans
la r6alit6 aucun gentilhomme gascon ne leur fut plus
d6vou6 que lui.
Nous ne connaissons pas d'actes d'Othon II avant le
10 aotit 1260. A cette date on le rencontre faisant,
avec son 6pouse G6raude de Marmande « la Daurade » et
Guillaume Astanove, son fils, une donation pieuse aux'
(1) Voir la livraison de juiUet-aout 1893,ou nous prions nos lecteurs deoorriger
les errata sulvants :
P. 324, ligne 6, au lieu de 1080, lisez: 1082.
P. 324, ligne 32, au lieu de page 150, lisez: oharte 150.
P. 325, ligne 20, au lieu de Reinaud, lisez : Bernard.
P. 326, ligne 1, au lieu de I^aage, lisez: Sage.
P. 333, ligne derni6re,aa lieu de Pierre de Buffi^re, lisez: de Pierre Buffi^e.
P. 335, supprimez deux phrases depuis : Notons etc. k la ligne 17, jusqu'^ :
Ce prince... k la ligne 25.
P. 336, ligne 17, au lieu de Ibalias; lisez : Halias.
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— 145 —
Templiers d'Argenteins etkG. B. d'Aspet, leur comman-
deur : il leur c6dait le fief de LaGardfere ainsi qu'un droit
de d6paissance sur toutes ses terres K
Si nous en croyons certains documents mentionn6s
par les Archives historiqttes de la Gironde, les posses-
sions seigneuriales d'Othon II s'augment^rent en 1268 du
cMteau de Lagarde, du quart de Montcrabeau, du quart
de Sainte-Bazeille, dela moiti6 de Coulogne(Calignac?),
du cinqui^me de Gazaupouy, de tout Ligardes et de quel-
ques autres terres. Mais les pieces qui nous apprennent
ce fait ne sont point originales; ce sont des copies si
(( fautives » que nous ne savons au juste quelle confiance
on pent leur accorder*. Cependant Lagarde appartint
(1) InvenUiire des archives de Lagarde, i.
(2) Voioi ce que nous lisons au tome xi des Archioea klstorlques du ddpar-
tement de la Gironde, dans la liste des documents dont la Soci4t6 a ajoum^
rimpression :
A la page 187 : « 1739, mai. Copies collationn^es des actes relatifs k des biens
nobles situ^s dans les paroisses de Gazaupouy et de Saint-Martin-de-Goeyne,
juridiction de Moncrabeau en Agenais, en date des 8 mars 1200, 24 aout
1268, 8 mai 1300, 8 juillet 1634 et 30 novcmbre 1695, d61ivr6es sur la demande de
noble Andr6 de Saint-Germ6, 6cuyer, seigneur d'Arconques. Ces copies sont
tenement fautives, quoique authentiques, qu'il a 6t6 impossible d'en publierle
texte et que nous nous sommes bom6s k en donner I'analyse. Archives d^par-
tementales C. »
Uacte du 24 aout 1268 est analyst k la page 138 du m6me volume : « Nooerint
ttn(oe/'d&... que hautet puissant seigneur Monseigneur Salomon de Lomagne,
roi de Navarre, sire d'Albret, donne k Monseigneur le prince Marcon de Loma-
gne, son cousin, pour tous ses droits successifs : le chateau de Lagarde, le quart
de Montcrabeau, le quart de Sainte«Bazeille,la moiti6 de Coulogne, le cinqui^me
de Gazaupouy, tout Ligardes, etc., etc.; k commencer par Gueisa, comme il est
eipliqu6 dans Thommage rendu le 7 mars 1200 par Isaac de Filartigue au roi de
Navarre. »
Analyse de I'hommage d'Isaac de Filartigue, k la page 138 : « Notum sit... que
lo noble Isaac de Filartigua, seignor de Gueysa et d'Astrapouy... ten... nobla-
ment... de monseignor Abdon, rey de Nabarra, sire d'Albret... la maison noble
de Gueiza, etc. Archives d^partementales de la Gironde : C. Tr^soriers. »
Enfin, k la page 139, nous trouvons indiqu^ du 8 mai 1300 un « Hommage et
d^nombrement fait k monseigneur Marcon de Lomagne, par le noble seigneur^
Charles de Filartigue, fils d'lsaao de Filartigue, pour le chateau de Gueyse et la
tour d'Astrapouy, dependants du chateau de Gazaupouy. » Parmi les articles du
d^nombrement se trouve celui-ci, fort curieux, que citent les Archives: « Item,
es a saber, quan lo seignor Marques, per acciden, aura presa moller, la moller
diu esta renduda el loc de Gasapouy; en accoustiunat et utsage («tc); e Tseignor
de Gueisa la met dins lo castet de Gasaupouy, et la d^pouiUa et la caualgadura
de la dita dona es piura de Tostal d'Astrapouy. »
L'inventaire des archives de Lagarde dress6 en 1760 par M* P^lauque signale
Tome XXXIV. 10
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1^ 146 ~
#teP6Tffl«it «t Ot!itoto> te *ut lui qM «* tt«i«er ^n xAeMn
r^guMer <entre ^e vill«ge et celtii de'CteteinAu pcmr relier
entre elles ses deux principates demettres f6o^ales. ll >en
Art sans doute <3te m6me de la moiti6 de Calignac et du
-qpMtrt^dfe Montcrabeau; car nous rencontrons dans la suite
*ti<i6s fikd'Othon n> 06ra\id Trencal^n, av^ leis titres
d6 baron ile Montcrabeau et coseiglieur de Calignac.
Ajoutoas enfln xju'aucun d6s documents post^rieurs que
nous avons pu consulter ne s'oppose k ce que les flels
6num6r6s plus haut aieiit appartenn a Othon II.
^uelques anti6es apr^ (1273), le sire de Fhnarcon fit
hommage au roi d'Angleterre et Itii fournit acte d'aveu
eft de wconnatesance pour tout ce quil pos86dait dans le
pays de Fimarcon.
II reconnait lui devoir, en retour de tous les fiefs et
arrifere-fiefs quil tenait de lui, le service de deux
hommes d'armes et se d6clarait en mfeme temps son
vassal, pour ses possessions f6odales dans le Fezensa-
guet*.
Le roi de France, qui 6tait alors en paix avec Edouard
Bussi « une coppie informe en papier blauc d^lne donation feite par Salomon de
• Lomagne, roy de Navarre en faveur de Marcon de Lomagne son cousin germain,
du 20 aotit 126S, et de deux hommages, I'un du 7 mars 1200 et Tautre du 7 may
1900. »
Nous ne pouvons diseuter ces pi^es ici ii fond. Les donn^es historiques nous
tnanquent pottt cela. On saii oependant qu^aucun Lomagne ne fiit sire d'Albrel
ni roi de NaTarre et que tes d'Albret n*arriv^rent au tr6ne de Navarre que dans
les premieres anodes du xvi« si^cle. Le nom de Salomon ne fut jamais port6 par
UB Lomagne, ni par un d*Albret, ni par aucun roi de Navarre.
En supposant, et c'est Thypothese la moins t^m^raire, que les deux partis
oOAtractaotes de 1268aient 6t6 le sire de Fimarcon (Marcon de Loma^e) etle
sire d'Albret Amanieu VI, dont un copiste ignorant aurait &it un Salomon et un
roi de Navarre par dessus le marcb^,il resterait encore une difficult^ k cxpKquer :
/comment le sired'Albret, qui avait des h^ritiers directs, a-t-il pu Mre en faveur
d'Othon II donation pure et simple des terres nombreuses et importantes ^non-
e^es plus bautt Sans doute ils ^taient quelque peu parents: Hose d*Albret,s<Bur
d^Amanieu IV, avait 4pous^ un oocle de Guillaume, premier seigneur de Fimar-
t^ott. Maiiscela ne sufflt points expliquer la g^n^rosit^ du sire d'Albret.Le cqsisle
n'atira-t-'il pas transform^ une vente en donation? Nous laissons aux^nidits
qu'intii^esse Thistoire du (Imarcon ce multiple probi^me k r^sondre.
(1) Bureau des finances de Bordeaux, rsgistre C> folio 107. Archires du ddpar
tement d€ hi GitondCi
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— 147 —
d'Angleterre, he vit psls d'un mauvais ceil Othon de
Lomagne accomplir ses devoirs de vassal en vers ce der-
nier, mais il n'en fut pas de m6me des offlciers de la cou-
ronne. Ceux-ci voulurent d6pouiller le seigneur de
Fimarcon de ses droits f6odaux sur La Romieu. La cou-
ronne de France dut Intervenir centre ses propres oflB-
ciers, et, le 15 novembre 1278, une ordonnance de Vil-
lota*, s6n6chal d'Agenais, « enjoignait au bayle de ne
prendre que les droits qui appartenaient au roy et de ne
pas inqui6ter Othon de Lomagne dans la perception des
siens^ » Parmi ces droits se trouvait au moins une par-
tie du droit de justice.
En 1258, le seigneur de Fimarcon eut des contestations
au sujet de ce droit avec Etienne, abb6 de Saint- Victor
de Marseille *. Ce dernier, pour se d61ivrer de tout embar-
ras, d6nna, par une charte dat6e du xvi des calendes
d'octobre 1258, Fentifere seigneurie de La Romieu au
comte de Poitiers et de Toulouse, Alphonse, frfere du roi
saint Louis. Afin de mieux combattre les pretentions de
soli rival dans le present et dans Tavenir, il stipula que
que les comtes de Toulouse ne pourraient c6der h qui que
ce soit un droit quelconque sur La Romieu ^
Cependant, Tan 1279, le comt6 d'Agenais passait sous
la domination du roi d'Angleterre. Un trait6 de paix
(1) Archives du d^partement de la Gironde, liasse B, 285.
(2) Inventaire des archives de Lagarde, iett. 35, Y.
(3) Dans son article si int^ressant sur la charte de I^ Romieu (Reoue de Gas-
cogne, tome xvi, page 201, mai 1875), M. Paul La Plagne-Barns n'a-t-il pas
confondu Othon 11 de Lomagne-Fimarcon avec le vicomte de Lomagne alors
regnant qui s'appelait aussi Oddo, Eudes. Odon ou Othon f Les vicomtes de Lo-
magne paraissent ne s'6tre r6serv6 aucun droit seigneurial sur les terres et sei-
gneuries du Fimarcon qulls donn^rent en apanage, pas m^me le droit de suze-
rainet^, puisque nous venous de voir Othon faire directement hommage au roi
d'Angleterre. La charte de 1258 estconserv^e ^la Biblioth^ue nationale, fonds
latin, n» 12,772, page 27.
(4) Prsedictam autem donationem facimus subtalibus conditionibus,quodvos,
dictus comes et uxor vestra et successores vestri, non possitis ea quse in prsB-
dicta donatione continentur, in aliamvel in alias personas translerre,sed tantum
illi qui pro tempore comes Tolosse fuerit prsedicta donatis reservetur. — (Charte
de 1258).
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— 148 —
conclu entre saint Louis et le roi Henri III, Iel2mail259,
assurait, si la comtesse Jeanne de Toulouse mourait sans
enfant, le comt6 d'Agen et le Condbmois k la couronne
britannique. Jeanne 6tait morte en 1272, et cependant
cette clause n'6tait pas encore ex6cut6e. Enfin, en 1279,
Philippe le Hardi, d6gageant la parole de son pfere, mit
au pouvoir du roi d'Angleterre les possessions et les
droits que lui assuraient les trait6s.
La part de justice que les rois de France, h^ritiers
d'Alphonse de Toulouse, avaient en La Romieu fut com-
prise dans cette cession, comme le prouve une reconnais-
sance fournie par les consuls devant le s6n6chal d'Age-
nais pour le roi d'Angleterre, le 15 novembre 1286*.
Les pretentions de rabb6 de Saint- Victor, interpr6tant
en 1258 le mot honor de la charte de 1082 par un domaine
absolu avec tout droit de justice, paraissaient justifl6es
par les termes mfemes de cette premiere donation *. Etait-
il survenu dans Tintervalle de Tune k Tautre d'autres
actes souverains modifiant T^tat des choses? Nous n'a-
vons pu le d6couvrir; mais il est certain que les consuls
de La Romieu, le 15 novembre 1286, reconnaissaient au
sire de Fimarcon des droits de seigneurie dans leur ville
et ses d6pendances. II a, disaient-ils, medietatem juris-
dictionis in tribus casibus, scilicet : homicidii, furti et
sanguinis effusionis. II est 6galement certain que le s6n6-
chal d' Agenais pour le roi de France, par son ordonnance
du 15 novembre 1278, reconnaissait k Othon de Loma-
(1) « Joannes de Capet et Petrus de Tunica alba,consules villsB de Romevo,pro
se et universiiate dicti loci, recognoscunt quod dictus dominus rex habetet tenet
in dicta villa de Romevo et pertinentiis ejus jurisdictionem al tarn et ba&sam,
excepto quod dominus Oddo de Leomania habet ibi medietatem psdagii et
medietatem jurtsdictionis in tribus casibus, scilicet : homicidii furti et
sanguinis qff'usionis. (Pancharta, recognitiones feudorum et homagiorum, etc
facta Edoardo Anglix regi tanquam Aquitanioe duci.
(2) Charte de La Romieu, traduite par M. L6once Couture sur le texte du
Cartulaire de Saint- Victor, 6dit. Gu6rard, Reoue de Gaacogne, tomexvi, pages
216 et SUIT.
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— 149 —
gne des droits f6odaux sur La Romieu. Nous verronsplus
tard cette moiti6 de la justice haute en la mfeine ville et
ses d^pendances revendiqu6e sans aucune contestation
par Alemanne de Cazenove en favour de Jean de Loma-
gne-Fimarcon, son flls mineur.
A la suite de la cession dont nous venons de parlor,
Edouard d'Angleterre se fit passer des reconnaissances
f6odales par la plupart des seigneurs et des villes du
Condomois et de TAgenais. Othon de Lomagne fut un
des premiers parmi les seigneurs qui accordSrent ces
reconnaissances. II y dit tenir du roi d'Angleterre tout
ce qu'il possMe dans le Fimarcon, avec les fiefs, arri^re-
flefs et justices.
Edouard, qui jusqu'a ce jour avait saisi toutes les occa-
sions de t6moigner au seigneur de Fimarcon son amiti6,
voulut le combler de nouveaux bienfaits. Durant un
s6jour qu'il fit a Condom vers cette 6poque, le roi d'An-
gleterre vint au secours de son ami et fit rentrer dans le
devoir les vassaux de ce dernier qui disputaient k leur
suzerain son droit de haute justice sur leurs chateaux*.
Un peu plus tard, 28 mai 1289, Edouard accordait comme
nouvelle favour au seigneur de Fimarcon le droit def aire
lachasse au sanglier dans ses forfets royales de Gascogne.
Vers cette m6me 6poque, Othon donna la main d'Agnfes
de Lomagne, sa fiUe, a Pons, fils d'un seigneur borde-
lais nomm6 Gaucem de Castillon. Dans le contrat de
mariage, il promit a la jeune princesseune terre pouvant
donner un revenu de vingt-cinq livres, et les mandataires
de Pons d6clar6rent avoir rcQu deux mille sols bordelais.
Or, cette dernifere clause 6tait Active; en 1292, la dot
d'Agnfes n'6tait pas encore pay6e. EUe fit Fobjet d'une
transaction pass6e le 5 juillet de cette mfeme ann6e.
G6raud d'Escatalens, constitu6 procureur d'Othon de
(1) Br^quigny, tome xv, page 89.
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— 150 —
Lomftgue et de si^ deux fik Bernard et G^raud Trenca-
16on, pour le r^glement de cette affaire, mit en leur nom
8^ signature au bas d'un acte pass6 en pr6sence de
M« Pierre Gombaud, notaire. Othon II y abandonnait h
sa fllle,pourpaiement de sa dot, tous les droits qu'il tenait
d'iVl^Is de Blanquefort sur le chateau de Tlsle-de-Saint-
Greorge, en M6doc. Quelle 6tait cette Alals de Blanque-
fort ? Peut-6tre r6pouse d'Othon I**, dont nous avons
d6clar6 ne pas savoir le nom. II 6tait de plus sp6cifl6 dans
rSfCte qu'en cas de d6c6s d'Agn^s de Lomagne, Pons de
Castillon pouvait jpetenir sur la seigneurie de Flsle-de-
Sa,int-George les mille livres constitutes k son 6pouse;
si Pons mourait le premier, sa veuve devait reprendre
cettie somme sur la m6me seigneurie, et si Agn^s mou-
rait sans enfants ou ses enfants sans descendants, le tout
devait revenir k Othon de Lomagne. A ces conditions,
Agnfes ronon§ait k tous ses droits sur la succession de
son p6re et de sa m6re. EUe en donna quittance, mais se
r6serva son oscle ou don de mariage montant a douze
mille sols bordelais^
Peut-6tre trouverions-nous dans ce que nous avons 6crit
plus haut relativement aux pretentions des vassaux de
Fimarcon centre les droits de leur suzerain, Texplication
de la p^nurie d'argent, cause probable du retard d'Othon
k payer la dot de sa fiUe. Ces flers ch&telains ne s'6taient
soumis qu'avec peine k la sentence royale qui leur impo-
sait la suzerainet6 de la maison de Lomagne ^t surtout
ses droits de justice et de redevance f^odale sur leurs
chateaux; aussi ne tard6rent-ils pas k contester de
nouveau le tout, k s'attribuer sur leurs propres vassaux
un droit de justice qui appartenait au suzerain et a refuser
les redevances. lis furent d^ailleurs encourages dans leur
(1) Archioes historiques du d^partemcnt de la Gironde, tome iv, pages 39 i
42. Archly es de M. le marquis de Verthamon.
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r^beUio^i par les i^acideate de la guwye entr© 1* Fyouo^
et FAngleterre dont nous parleronsplus loin. Leseigneuif
de ^•'imarcon eut une seconde fois recours au monarqiA^
anglais son suzerain, et, comme il avait fait lors de son
s6jour k Condom, Edouardl" prithautementlesint6r6ts
de son vassal. Les archives du chateau de Lagarde conser-
vaient un rescrit dat6 du 2 mars 1303, dans lequel le vo\
d'Angleterre restituait k Othon de Lomagne ses titres
et ses privileges sur les nobles du marquisat et leur
enjoignait de ne reconnaltre personne autre que lui pour
leur legitime suzerain.
L'ann6e suivante, avril 1304, le roi d'Angleterre,
8p6ciflant dans un nouveau rescrit le sens de celui qu'H
avait donn6 en 1303, rendait au seigneur de Fimarcon,
dans toute T^tendue de son marquisaty la justice sur les
gentilshommes haut justiciers et le droit de ressort sur
leurs justiciables*. Cela ne sufflt pas encore, et en 1308
Edouard II, qui venait d'etre couronn6 roi d'Angleterre,
dut parfaire Foeuvre de son pr6d6cesseur. II envoya des
lettres patentes au s6n6chal de Gascogne, lui enjoignaixt
de mettre Othon de Lomagne en possession de la juri-
diction et du ressort qu'il avstit sur les terres de Berrac,
Saint-M6zard et autres lieux, en presence des seigneurs
de ces terres et sans qu'aucun acte d'opposition fut permis
a cesdemiers*.
Les rois d'Angleterre avaient d'ailleurs tout int6r6t k
favoriser les seigneurs gascons, parmi lesquels les
Fimarcon 6taient au premier rang, et k se les attacher.
lis avaient besoin de leur stide pour combattre, soit
les ennemis du dehors, soit m6me leurs propres
sujets.
Ainsi, la guerre presque incessante que se faisaient
fl) Archives du chateau de Lagarde-Fimarcon.
(2) Ibidem.
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— 152 —
Edouard P^ et Philippe-le-Bel et qui avait pour th6atre
la Guyenne et la Gascogne, ayant 6clat6 de nouveau en
1294, Edouard 6crivait en ces termes aux gentilshom-
naes gascons :
Vous avez appris et vous savez bien le differend qui s'est elevd entre
le roi de France et Nous, comme ce roi nous a malicieusement tromp6,
chass6 de notre Gascogne et priv6 de notre bon peuple. C'est pourquoi
Nous vous requ6rons aussi instamment que possible et Nous vous
conjurons de Nous aider k reconqu6rir et k d6fendienosterres, comme
vous et vos anc6tres Tavez fait de tout temps pour Nous et nos pr^^
cesseups. Nous esp^rons que vous et les vdtres vous conduirez en cette
occasion de telle manifere que Nous et les n6tres vous devrons de la
reconnaissance, comme Nous vous en devons d6j^ pour les services
que vous Nous avez rendus jusqu'^ ce jour (1).
Othon II et les seigneurs de Gascogne r6pondirent k
Fappel du roi d'Angleterre *; mais la fortune des armes
ne fut pas favorable h ce monarque; et les Fran^ais, sous
la conduite du comte de Valois, remportferent sur les
Anglais plusieurs avantages. Cependant Valois, rappel6
dans le nord, dut y amener une partie de son arm6e,
Edouard sentit alors se ranimer ses esp6rances.Il6crivit
une seconde fois aux seigneurs gascons, les exhortant a
lui demeurer fiddles et a lui prater secours pour venger
rinjure faite a sa couronne\ II leur ordonnait en mfeme
temps d'ob6ir au comte de Lancastre quil envoy ait en
Aquitaine, comme ils Tauraient fait k lui-mfeme. Cette
fois encore, les armes d'Angleterre ne furent pas heureu-
ses, et le comte Robert d'Artois qui avait remplac6 le
comte de Valois a la t^te des arm6es frangaises, remporta
sur Lancastre une victoire complete*.
Quelques seigneurs gascons avaient abandonn^ le
(1) Rymer, tome xix, pars tertia, pages 183 et suivantes.
(2) Monlezun, HUtoire de la Gascogne^ tome iii, page 65.
(3) Rymer, pars tertia, page 151. — Monlezun, op. cit. tome ui,page (
(4) Monlezun, id., tome m, page 71.
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— 153 —
parti d'Edouard dfes les premiers 6checs, d'autres lui
demeurferent fiddles mfeme aprfes la d6faite du corate de
Lancastre. Le seigneur de Firaarcon 6tait au nombre de
ces derniers, qui pay6rent leur fld61il6 de la perte de leurs
biens.
Edouard lui 6crivait le 3 mai 1297*. Le roi d' Angle-
terre avait appris tout ce que les seigneurs gascons
avaient souffert pour lui et les en remerciait vivement.
Dans sa reconnaissance il s'empresserait de leur faire
passer tout ce qui serait en son pouvoir pour les indem-
niser.
Une tr^ve conclue en 1297 entre les deux couronnes,
sous les auspices du pape Boniface VIII, vint suspendre
les hostilit6s et la paix fut conclue en 1298 *. Ce que nous
avons dit touchant les rescrits des deux Edouard en favour
d'Othon tie Lomagne et centre ses vassaux nous prouve
que cette paix r6int6gra les seigneurs gascons dans la
possession de leurs domaines.
Quelques ann6es aprfes, la guerre civile 6clatait en
Angleterre. Les barons, humili6s deTempireque le gascon
Gaveston, favori du roi Edouard II, avait pris sur Fesprit
de ce prince, irrit6s d'ailleurs par les insolences de ce
ministre, se r6volt6rent. En presence de cette rebellion,
Edouard se retourna vers les seigneurs de Gascogne. II
6crivit a un grand nombre d'entre eux, parmi lesquels se
trouvait le seigneur deFimarcon, unelettredat6e d'York,
le 6 avril 1312 ', et dans laquelle il ordonnait aux gen-
tilshommes ses correspondants de se tenir pr6ts a mar-
cher a sa defense. On ne leur en donna pas le temps.
Dfes le 13 juin, la t6te de Gaveston * tombait sous la hache
du bourreau.
(1) Rymer, tome in, pars tertia.
(2) Monlezun, tome ni, page 74.
(3) Monlezun, tome iii, pages 131,132.
(4) Monlezun, tome m, page 132.
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avfvit, (I6clar61a guerre ^ TEcosse et paryiftt k la^ c<?nqu6-=
ri^> m^ elje ne tarda, pas ^ secouer son joug. Ywwu,
(i«ypi3- plustQvirs comt)ats, Edouarcl s'?^iresse aux sei--
gneurs gascons et r6clame leurs 6p6es. II 6crit en in,6??^e
temps aux villes et aux pours du Bordelais, d§ VAg^
ns^is^ du Ba^adais et des Ljandes pour soUic^ter 4es subr-
si^es*,
Les cours se r^unirent dans FAgenai^. Fleuranc^ oflEriif
500. Uvres, La Montjoie 100, La Romievi 200, Frances-
cas 400, Montreal 300, les autres selon leurs moyen^j
mais tou^ ces secours ne ramen^rent pas la fortune $ous
les, drapeaux d'Edouard et FEcosse fut perdue pour lui
saiji^retour.
Pour ne pas interrompre le cours de notre r6cit, nous
avons dft passer sous silence un fait important qui
eut lieu en 1297 : ce fut Fannexion de la terre de Bla-
ziert a la seigneurie de Fimarcon. L'histpire de cet 6v6-
nement va nous forcer k revenir sur nos pas pour en
presenter les causes au lecteur.
Vers la fin du xii® sifecle, Blaziert fut donn6 en apanage
par le vicomte Othon de Lomagne k G6raud Trencal6on,
le dernier de ses fils. Celui-ci eut quatre enfants : Gaston,
B6zian ou Vezian, G6raud et Escarronne. Les trois
frferes portferent ensemble le titre de seigneur de Blaziert,
et Gaston, Fain6, y joignit celui de seigneur' de Monta-
gnac qu'il partagea un pen plus tard avec son frSre
B6zian. Les deux fr^res donn^rent ensemble les coutumes
de Montagnac.
Mais il leur survint des difficult6s avec de puissants
personngaes. Gaston fut accus6 par Edouard P"*, roi
d'Angleterre, de s'6tre rendu coupable de mal6fljces centre
(1) Monlezun, tome ui, pages 150 et 152 (notes).
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li4, Ke oftftsfiquence, \e monarque fu^lws <iwwv0i ordi;© ^
Foytaner de Cazenove, s^u6chal de Gaacogne^ de le |air©
jugej;' par ses pairs.
En vertu de cet prdre, Ama»ieu, archevfeque d'Auch,
Q^rs^ud de Monlezun, 6v$que de Lectoure, frfere Amaud*
abb6 de Bouillas, Gr6raud, comte d'Armagnac, Othoxi,
seigneur de Fimarcon, et plusieurs autres grands person-
nages, (?onvoq\i68 parFortaner, se r6unirent dans T^glise
Sainte-Marie-Madeleine de Pradoulin (Pratolongo), dans
la, juridiction de Lectoure.
Cit6 a comparaitre devant cette assembl6e, Gaston
de Lomagne se reconnut coupable, et le s6n6chal du roi
d'Angleterre le somma de Uvrer k son maitre la terre et
le chateau de Blaziert. « Je tiens m,a seigneurie de mes-
sire Othon de Lomagne, r6pondit Gaston; je ne suis done
justiciable que de lui; c'est devant lui seul que je dois
r6pondre des faits qui me sont imputes. » L'assewbl6e
reconnut et proclama les droits d'Othon, et ce dernier se
levantasontours'exprimaen ces termes : « Messeigneurs,^
on implore ici ma protection de suzerain et yous m,e reoon-
nai^sez le droit de Taccorder; je la donnersti done; et si
le sire s6n6chal ou tout autre en son nom tente quelque
chose centre la personne ou les Wens de Gaston de
Lomagne, mon vassal, j'en appelle au roi d'Angleterre,
n^otre commun seigneur, dont je serai toujours le f6al; et
si monseigneur le roi ne me protege, j'en appelle k la
poiflte de mon 6p6e. »
Gaston et ses fr^res pureAt, en consequence, yivre en
paix dans leurs domaines sous la protection de leur
suxerain.
B6zian, le puin6, mourut k une d§tt$ qui nous est incon-
nu^ et sa part de seigneurie en Blaziert 6chut k G6raud
de Lomagne, son fils. Ce dernier fut bien loin, tout
d'abord, de t6moigner au bienfaiteur de sa famille la
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— 156 —
reconnaissance quil lui devait. En eflfet, le 3 mars 1296,
G6raud dut comparaitre au Gueysa, dans la juridiction
de Gazaupouy , devant son suzerain Othon de Lomagne :
il 6tait accus6 d'exc^s graves commis par lui ou par ses
serviteurs centre le seigneur de Fimarcon et centre ses
gens. G6raud se reconnut coupable et mit& la disposition
d^Othon sa personne et ses biens.
En consequence, Tann^e suivante (octobre 1297), par
acte public et solennel,G6raud se reconnait vassal d'Othon
de Lomagne et se met en sonentifere d6pendance.De plus,
dans le cas oft il mourra sans legitime h6ritier, il cMe
d'une manifere absolue a Othon et h ses descendants la
seigneurie et le chateau de Blaziert avec tous leurs droits
et leur juridiction. G6raud motive cette derni^re partie
de son acte par une reconnaissance tardive et forc6e.
Othon, dit-il, lui a g6n6reusement donn6 des sommes
d'argent considerables, des chevaux, des palefrois et
autres choses pr6cieuses; ilTa d61ivr6 de plusieurs guerres
avec ses voisins, lui a conserve le chateau de Blaziert,
a sauv6 sa personne, ses gens, ses biens : en un mot, il
s'estmontre entoute occasion bon et bienveillant pour lui.
L'ann6e suivante, le mercredi, jour aprfes Foctave de
la Purification, Gaston de Blaziert, k son tour, faisait
entre les mains d'Othon de Lomagne abandon de sa part
de la seigneurie. G6raud, frfere de Gaston, devait fetre k
cette 6poque mort sans laisser de post6rit6, car nous ne
le voyons ni par lui-m6me, ni par ses enfants intervenir
dans cette transaction. Le roi Philippe-le-Bel, parlettres
patentes du mois de mars suivant, approuva Taccord
entre Othon de Lomagne et Gaston de Blaziert et le
conflrma. Le seigneur de Blaziert c6dait a celui de
Fimarcon sa part de seigneurie moyennant la somme de
mille livres*.
(1) Archives du oh&teau de Lagarde-Fimarcon.
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— 157 —
On congoit qu'Othon II, devenu par ses acquisitions et
par la f aveur du roid' Angleterre, un des plus puissants sei-
gneurs du midi, ait 6t6 souvent pris pour arbitre ou pour
t6moin par les seigneurs ses voisins dans les difi6rends
qui s'61evaient entre eux. C'est ainsi que nous le voyons
choisi pour arbitre dans le d6m616 survenu entre Bernard
d'Astarac, IV® du nom, Tarchevfeque d'Auch Amanieu II
d'Armagnac, les abb6s de Pessan et de Paget et le com-
mandeur militaire de Foi*. L'archev6que et les abb6sque
nous venons de citer poss6daient des biens nobles dans
TAstarac, et le comte Bernard voulait les emp6cher d'en
jouir. L'archevfeque surtout eut k se plaindre de ses vexa-
tions. II se d^fendit avec les armes spirituelles et frappa
Bernard des foudres eccl6siastiques. Le comte s'en 6mut.
II s'empressa d'accepter une transaction et les parties
s'en remirent au jugementd'Othon de Lomagne, seigneur
de Fimarcon, et d'Arnaud Othon de Lomagne, abb6 de
Condom, oncle de ce dernier; mais Bernard, se voyantprfes
d'6tre condamn6, n'accepta plbs Tarbitrage et continua
ses violences. Lamort le surprit au milieu de ces d6m616s.
Son fils Centule, qui lui succ6da, ne voulut pas Timiter
dans sa lutte centre TEglise : il reprit les n6gociations et
accepta Tautorit^ des arbitres qui d6cid6rent comme il
suit : « Les deux parties se tiendront mutuellement quittes
des dommages essuy6s. L'archevfeque Ifevera les censures.
Le commandeur de la Foi abandonnera P^darieux et
quelques chateaux moins importants h Centule : en
6change il recevra le chateau de Samazan en toute jus-
tice, sous la reserve que ce chateau ne pourra jamais 6tre
distrait de TOrdre. Le comte d'Astarac reconnaitra tenir
en flef noble de Tarchevfeque tout ce quil poss6de dans le
terroir des Affiles, et, en signe de vasselage, lui et ses
(1) P^re Anselme, Les grandz qfflciers de la couronne.
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— 158 —
succ6sseurs dohneront k chaque noiivel archev^que une
paire de gants blancs. Le comte rendra au clerg6 toutes
les dimes dont il s'est empar6 et lui fera restituer celles
qu'ont saisies les seigneurs de son comt6. Enfln, pour
d6dommager Tarchevfeque de tons les d6g&ts support^s
par le chateau de Lamagufere, il lui paiera 6,000 sols tou-
lousains. w Get accoi'd fut pass6 dans T^glise de Gimont,
le 29 novembre 1291 *.
L'archev6que d'Auch, satisfait de la sentence des deux
arbitres, leur con'fia Fannie suivante le jugement de ses
d6m616s avec le seigneur de Pouy-Petit, Hector de Poli-
gnac. Lepr61atr6clamait une dime eccl6siastique qu'Hec-
tor prenait, parce que, disait-il, cette dime appartenait h
ga maison La dime 6tait par sa nature m6me un bien de
TEglise et Thistoire ne pent justifler Tusurpation qu'eii
faisaient les seigneurs. Cependant, ne pouvait-il pas y
avoir quelquefois k Torigine cession de la part des auto-
rit6s eccl6siastiques pour recompense d'un service rendu,
cession de telle nature qu'elle constituait un contrat
irr6ductible sans le consentement des deux parties ? II
semblerait qu'il en fOt ainsi dans le cas qui nous occupe.
II ne parait pas, en effet, que rabb6 de Condom, oncle
du seigneur de Fimarcon et pris avec lui pour arbitre,
ait jamais failli aux saints devoirs que lui imposait son
caractfere de pr6tre et de religieux, et pourtant, d'accqrd
avec Othon de Lomagne, il donna, dans cette circons-
tance, droit a Hector de Polignac centre Tarchevfeque
d'Auch. II existait d'ailleurs dans le m6me sens deux
sentences arbitrales port6es Tune en 1095, et Tautre en
1192 V
Quelques ann6e8 plus tard, 1299, nos deux arbitres
(1) Monlezun, tome in, pages 31 et 32.
(2) Archiyes de la maison de Polignac de Pouy-Petit. ~ Bulletin du Co-
mity d'hiatoire et d'arcMologie de la prooince d^Auch, tome iv, 5* liy. 25 juin
1863.
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^ 169 ~
s'interposaient entre Centule d'Astarac etson fils Bernard
et emp6chaient une guerre parricide qui allait 6clater
entre ces deux princes. Centule avait mari6 son fils avec
Marthe, flUe ain6e de Roger, comte*de Foix, et lui avait
abandonn6 son comt6, ne se r^servant que Miramont,
Lab6jan, Saint-Jean et Castillon, avec 20,000 livres tour-
nois de rente (dimanche avant la Toussaint 1295); mais
il ne tarda pas h se repentir d'avoir renonc6 k TAstarac :
sa tendresse, disait-il, Tavait 6gar6. Pensant ne pouvoir
obtenir de son fils la r6trocession du comt6, il voulut le
recouvrer les armes k la main. Othon II et rabb6 son
oncle, appuy6s par plusieurs gentilshommes de Gascogne,
arrdtferent d6s le commencement cette lutte centre nature.
Sur leur d6ci8ion, Bernard dut ajouter aux terres d6jJL
pos86d6es par Centule les chateaux de Castelnau-Barba-
rens, de Durban^ de Pavie et unenouvelle rente de 2,000
livres petit tournois. Ainsi fut-il conclu le 12 aoftt 1292
au chateau de Castelnau-Barbarens.
Othon II de Lomagne mourut dans Tannic 1317. Son
fils ain6,GuillaumeAstanove, dut le pr6c6der autombeau,
mais il Istissstit encore quatre fils : Bernard Trencal6on,
qui lui succ6da; Bertrand, qui fut chanoine d'Auch et de
Chartres; Guillaume Trencal6on et G6raud Trencal6on,
que des actes de 1328 nous montrent en cette ann6e baron
de Montcrabeau et coseigneur de Calignac. II laissait de
plus une fiUe, Agnfes de Lomagne, dont nous avons dit
plus haut le mariage avec Pons de Castillon avec les diffl-
cult6s qui le suivirent.
(A suivre.) UAbb6 MAUOtJlfi,
Cur6 de Caussens.
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, — 160 —
LE TESTAMENT DU CARDINAL JEAN DE LA TRfiNOILLE
• ARCHBVliQUE D'aUCH
Ce document vient d'etre public dans un magnifique recueil intitule
Les La Tr^moille pendant cinq sidcles (Nantes, Emile Grimaud, 1892,
in-4<». Tome second, 1431-1525, p. 153-155). J'en extrais les princi-
paux passages :
Ou nom du P6re et du Filz et du benoist Sainct-Esperit.
S'ensuyt le testament et derniere volonte de tr6s reverend p^reen Dieu
mens' Jean, cardinal de la Tr6moille, par permission divine, arcevesque
d'Aux et evesque de Poictiers, faict par le diet tr^ r6verend malade en son
lict, et ce quant an corps, mais sain de son entendemont, le seizi^me jour
de juign, mil cinq cens et sept, en la ville de Millan, en la maison de
honneste femme, dame Darie de Pusterre, vefve de feu noble homme
Bourgonce Botte, en laquelle maison estoit log6 le dit seigneur, en la forme
qui s'ensuit.
Et premi6rement, le diet tr6s reverend, cognoissant qu'il n'est rien si
certain que la mort, ne si incertain que Theure, voulant vivre et mourir
en la foi de saincte Eglise, et comme bon et vray catholicque, pr6allable-
ment« a donn6 son d.me a Dieu, son cr^ateur, et icelle recommandto k la
glorieuse Vierge Marie et k tous les saincts et sainctes de Paradis.
Segondement, ledict trte reverend testateur a donn6 son corps k la terre
et volu estre inhum6 et sepulture en I'dglise des fr^res Mineurs de Sainct-
Frangois, pr6s le castel dudict Millan, devant Tautel de la chappelle que
on dit de Saint-Bernardin, ou quel lieu ledit testateur avoit acoustumS de
ouyr messe.
Item, le diet tr6s reverend a ordonn6 que le service et solenmit6 de sa
sepulture et f un^railles soient faitz k la discretion de ses ex^cuteurs, cy
apr^ nomm^s (1)^ et de deux de mess" ses fr6res, auxquels a donnd la
superintendence de son diet testament (2).
Item, le diet testateur a voulu et ordonn6 en g^n^ral et particulier toutes
ses doibtes et forfaictz estre pr6allablement payez et devant toutes autres
chouses.
Item, a voulu et ordonn^ estre distribu^ par mani^re de don et bienlaict
(1) « Maistre Adam Le Comte, prebtre, chappelain et aulmosnier dudict tr^
reverend, et Hugues Le Masie, vicomte de Mortain, serviteurs domesticques
dudict seigneur. »
(2) <(Tr^ haulx et tr^ puissans seigneurs, monseigneur Loys de la Tr^oille,
et mens' Jacques de la Tr^moille, seigneur de Bommiers. »
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— 161 —
ktoxxB ses serviteurs, domestiques, oultre lean gaiges ordinaiies et anltres
doibtes si aucunes lenr sont deuz, k nnq chacun de iceulx, depuis le
moindre jnsqaes au plus grant, soient prebtres, benefici^ ou non, gentilz-
hommes et autres serviteurs, de qnelque condition qu*ilz soient, certaine
quantity et portion des Mens que Dieu luy a donn^, et ce apr^ son trespass
k la discretion et conscience de ses ex6cuteurs. . .
[Parmi les t^moins, on remarque] R6verend p6re en Dieu, mens' Claude
de Tonnerre, evesque de S6es, nepveu dudict tr^ reverend testateur et
Messire Bartholomy de Gavaston, chanoine de T^ise mMropolitaine
d'Aux. (Chartrier de Thouars).
M. le due de La Trtmoille rappelle, dans une notice sur le cardinal
Jean de La Tr^moille; que c'6tait le second fils de Louis I et de
Marguerite d'Amboise, qu'il fut d'abord protonolaire du Saint-Sifege^
qu'il devint archevftque d'Auch en 1490 malgr6 son'jeune Age et
6v6que de Poitiers en 1505, qu'il fut nommi cardinal par Jules II le
4 Janvier 1546, qu'il possMa une foule de b6n^fices, parmi lesquels je
citerai la moiti6 des revenus de r^vfechi d'Agen (2,500 livres) pendant
deux anndes avant d'etre pourvu de rarchev6ch6 d*Auch (1). Le noble
et savant dditeur rappelle encore (p. xiv) qu'en 1514, Louis II de
La Tremoille^ fr^ du pr^lat; ^tait en proc^ au sujet des biens de
rarcbev6ch6 d'Auch, centre « trte r6v6rend p6re en Dieu messire
FranQois de Clermont, archevesque d'Aulx, » successeur du cardinal
Jean.
Ph. TAMIZEY de LARROQUE.
DOCUMENTS INEDITS
Une lettre d'Henri IV
J'ai acquis r6cemment dans une vente une lettre de
Henry IV que je crois in^dite et qui m'aparu assez int6-
ressante pour 6tre pr6sent6e aux lecteurs de la Reoue de
Gascogne.
Le sieur de Maravat dont il y est parl6 est Jean III de
(1) Ces Dombreux Wn^fices (plus d'une douzadne de grasses abbayes, dont
line de 3,000 livres, une autre de 2,000, une troisi^me de 1,500, une quatri^me
de 1,200, une cinqui^me de 800, etc., eta) permirent au cardinal d'avoir dans ses
Juries jusqu'^ cinquante cheyauz (documents du Chartrier de Thouars). Ces
50 cheyaux nous m^nent bien loin de I'&ne de N. S. J. C.
Tome XXXV. 11
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— 162 —
Lupp6, seigneur de Maravat, capitaine de 50 hommes
d'armes, puis mar6chal de camp et d6put6 de la noblesse
; d'Armagnac et Tlsle-Jourdain aux Etats de 1614.
j Le marquis de LUPPfi.
Mons'' de Savaillan, j'ay pourveu le s"" de Maravat des gouveme-
ment (1) et capitainerie que le feu cap'*^ La Taulfere tenoit, men ayant
donn^ le pr&ent advis et le[s] mayant demandez. Mon iiiteD[ti]oo et
resolu[ti]on est quil en jouisse, car je nay acoustum^ de remarquer ce
que j'ay ordonn^. Sil survient quelque oca[sijon an quoy je vous puisse
gratiffier je le feray tres volontiers, ainsi que mes esforts le vous feront
paroistre. Cependant je vous prie de lenir la main a lexecu[ti]on de
mes mandem. et ordonnan. en estant asseur^ tousiours de ma bonne
volont^. Surce jeprierayle Maistre (sic) vo[us] tenir,Mons^ de Savail-
lan, en sa saincte et digne garde. A la Rochelle, le xxv°>« octobre 1586.
Vtre byen afectioni amy, HENRY.
Ne varietur,
Rahastens, com*^ (t)
BIBLIOGRAPHIE
La Petite Eguse, essai historique sur le schisme anticonoordataire,
avec cartes et portraits, par le R. P. J. Emm. B. Drochon, des Angus-
tins de TAssomption. Paris, maison de la Bonne Presse, 1894. Petit
in-8' dexv-416 p. Prix : 3 fr.
Ce livre, fort int^ressant et fort bien fait, vise, sans pr6tendre la
combler, une lacune grave de noire histoire religieuse conlemporaine.
II s'agit du schisme produit par les opposants au concordat de 1801,
schisme aujourd'hui bien aflEaibli, mais qui subsisle pen ou prou en
Belgique et dans quelques d^partements de Touest et du sud-est de la
France (2). Ses adherents ont port6 diflE^rents noms suivant les pays.
En Gascogne, d'ou ils ont disparu depuis une quarantaine d'annfes,
(1) Ce gouvernement doit 6tre celui du Fezensaguet et de Mauvesin.
(2) Parmi leslivres^consulter sur le schisme anticoncordataire, je signalerai le
joman historique de M. Gilbert Aug.-Thierry, le Capitaine Sans-fagon (Paris,
Arm. Colin, 1890), dont le livre in (p. 131-214) a pour titre : la Petite Egliae, et
dont les « annexes documentaires » renferment des extraits de correspondances
officielles sur le m^me sujet. II est bien entendu que je ne garantis en aucune
ia^n les parties personnelles du r^it, ni les appr^iations de M. Thierry.
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— 163 —
on les d&ignait sous celui dHllumin^s. Le travail du R. P. Drochon
est une oeuvre de recherche historique trfes attentive et de zfele aussi
charitable qu'6clair6 : il secondera une r^nte lettre de Lton XIII
adresste k T^v^que de Poitiers dans Tint^rfet de ces pauvres 6gar68%
Dans une premiferepartie (1801-1814), d'un int6r6t g6n6ral et d'autani
plus vif que I'auteur a utilise beaucoup de pieces incites, on saisit
Torigine du schisme, les causes de Topposition au concordat et les
men^ des chefs du parti jusqu'k la Restauration, qui amena la r^n-
ciliation avec le Saint-Sifege de presque tous les 6vfeques anticoncor-
dataires encore vivants. La seconde poursuit les vicissitudes du schisme
jusqu'a nos jours; elle est encore plus vivante que la premiere, mais
par malheur, elle n'est complete que pour le Poitou. La troisiime
comprend des biographies d6tach6es et un Voyage d iravers les dio-
ceses. II y a 1^ trois pages bien curieuses sur celui d^Agen, ou subsiste
encore un reste d'illuminisme, et une seule page sur celui d'Auch,
page insuffisante de I'aveu de Tauteur, qui n'a mftme pas signal^
Torigine dela dissidence dans Topposiliondu dernier 6v6que de Lombez,
retir6 k Londres. Ne lui adressons pas pour cela un reproche qui retom-
berait sur nous : car il a fait de son mieux pour obtenirles renseigne-
mentsquilui manquaient. II y a lieu d'esp^rer que les souvenirs encore
vivants du schisme anticoncordataire dans Tancien diocfese de Lombez
seront bientbt recueillis par un de nos collaborateurs. Mais le livre du
P. Drochon n'en i^stera pas moins une source abondante et sure pour
rensemble de cette histoire.
Annuaire du PETTT-SiMiNAiRE DE SxiNT-Pi:. 20« ann6e, 1894. Bagndres,
P^d. In-18 de 150 p. (1 fr. 50; abonnement pour cinq ans, 7 fr.)
L'abondance des travaux de la Reoue m'oblige k la concision, mais
je dois declarer que cet Annuaire n'a jamais 6ii ni plus ni mieux
rempli que cette ann^. L'indication presque s6ohe des parties qui nous
touchent suffira, du reste, k le d^montrer. — Dans tout ce qui tient k
la vie des deux institutions de Saint-P6 etd'Argelfes, je me contentede
signaler une representation en anglais, au Petit-S6minaire, de la
commie Old Poz de miss Edgeworth. — Dans la nfcrologie, une
notice ^tendue et fort attachante sur rabb6 Michel Fontan, curd de
Saint-Jean de Tarbes^ et d'int^ressants details sur Julien Mariote,
« inventeur du fusil k aiguille », mort k Pau le 17 juin 1892 k I'&ge
de 69 ans. — Comme contribution au folk-lore regional, il y a d'abord
quatre formules de prifere en gascon bigorrais (p. 32-33), dont trois
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- 164 —
sont rim4es. La seconde € en entrant au cimetifere » ne m'a rien
rappeli de connu; les autres ont qa. et \k des Univalents plus ou
moins rapprocMs ; toutes sont bonnes k noter. Je recommande au
mfeme titre la notice sur « la chasse au Mousqui » (le Mousqu* est
un poste de chasse appartenant ^12 propri^taires, dont le Petit-
Siminaire de Saint- P6); il y a li une synonymic importante pour les
esptees de pigeons dits rouquets (notre d'Astros dit arrouquets] ou
couloumsy paloiitnes, etc. — Les linguistes seront heureux de trouver
plus bas la suite de V Etude sur la langue bigorraise, qui constituera
toute une grammaire de ce patois ; on nous donnecette annte les deux
chapitres de Tadjectif et du pronom ; il faut louer le soin de la reaction
et se ttliciter que Tabsence des vrais principes phon^tiques ne se fasse ,
presque plus sentir (1). — Comme histoire, le grand morceau porle le
titre : • Benac et son prieur6 dependant de Saint-Pi (p. 313-404). >
L'auteur, M. Tabbi Cazauran, y donne, d'aprte plusieurs sources
et surtout d'aprfes les archives du s6minaire d'Auch, des details sur
rillustre fiamille Montaut-Binac, sur la fondation de la ville de Lanne
en Benaquoia (1377), sur le fief de Saint-Sivi6, etc. On ne lira pas
avec moins d'int^t de longs details moins graves sur le mobilier du
chateau baronal d'aprfes un inventaire de 1654. — Les Documents
historiques (p. 405-455) ont 6t6 foumis, conmie par le passi, par deux
pal6ographes consomm&, M. Vabhi L. Gu^rard et M. Gaston Balencie.
L'apport du premier consiste en deux bulles pontificales (Clement V et
Jean XXII) touchant Tabbi de Saint-P6, et un mandement du roi
Philippe VI (1332) concernant les dettes contractus par Tabbaye. M.
Balencie n*a fourni que deux pieces ; mais la premiere a beaucoup
d'itendue (le parchemin, ddposd aux archives de Saint-P6, est compost
de quatre peaux), et non moins d'int^r^t, soit historique, soit philolo-
gique, i cause des parties 6crites en gascon; c'est la confirmation
(21 juillet 1452) par Tabb^ de Larreule, d6ldgu6 du Pape, d'une tran-
saction passfe le 21 juillet 1450 entreTabb^ etles religieuxde Saint-P6,
d'une part, et la ville, de Tautre (p. 452-454). On voit que VAnnuaire
continue k rendre de vrais services k Thistoire r^gionale : souhaitons-
iui done une fois de plus vie et succ^s ad multos annos !
0 L. G.
(1) Je signalerai Temploi du mot atone k contresens On lit, par exemple
(p. 476): « Lorsque Tadj. est termini au masc. par un e ferm^, cet e ferm^ devient
atone au f^m. : aymabl4, m.; aymable-a-o, f . » Dans aymable, soit masc. soit
f^m., la Toyelle a m^diane est seule tonique, les autres sont atones ^ m^me !*«
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SOIREES ARCHfiOLOGIQUES
AUX ARCHIVES D^PARTEMENTALES
I
Sdanoe du 8 Janvier 1894
Pr^sidence de M. de CARSALAt>B DU PONT
Presents : MM. Arr^s-Lapoque, Aurbilhan, Balas pfere, Louis
Balas, Biard, le Bret, Cabrol, Calcat, Chavet, Cocharaux,
Daudoux, Bellas, Despaux, Diziain, Journet, Laborie, A.Lacomme,
Joseph Lacomme, Lacoste, Lapeyri^re, Albert Lozes, Monlaur,
Quenioux, Samalens, Sansot et Tierny, secretaire.
La s^nce est ouverte k 8 heures li2 aux Archives dipartementales.
Un moraliste gasoon : Le Pdre Ambroise de Lombez
M. Le Bret fait, sous ce titre, une communication fort intAressante
et fort goutte sur la vie, le caractfere et les oeuvres de ce pieux terivain.
Malheureusement T^tendue de cette belle 6tude litt^raire et morale
ne permet pas de Tinsirer dans la Reoue de Gascogne.
Le donjon de Bassoues
M. de Carsalade fait la communication suivante :
Le donjon de Bassoues est un des plus beaux types de Farchitecture
mililaii*e du xiv« sifecle dans lesud-ouest. On en jugera par la gravure
que nous donnons. II est rare, eneffet, detrouver des monuments de
cette importance et de cette 6poque daus un 6lat de conservation aussi
complet. Le temps et les hommes les ont g^n^ralement ddtruits ou
d^figurfe. A Bassoues, pas une bi'tehe, pas unepierre dispinte n'ac-
cusent les ravages du temps; c'est k peine si les gran4es salles vides
et les tourelles d6coiflf6es de leurs chaperons indiquent que I'arche-
v6que d'Auch n'habite plus le donjon et que ses archers et ses
hommes d'armes ny font plus la ronde. On dirait, k le voir ainsi,
dans sa robe de pierre quasi-neuve, que celui qui Ta b&ti vivait encore
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— 167 —
il y a cent ans, et pourtant il y a plus de cinq siteles que son corps
repose sous les dalles de T^glise de la Chartreuse de ViUeneuve-lfes-
Avignon.
Arnaud Aubert, archev6que d'Auch, fut le constructeur du chAteau
de Bassoues. Ce fait nous est riviU par la notice que consacre k ce
pr^lat le cartulaire noir du chapitre m^tropolitain^ notice prSoieuse qui
assigne un hgt certain au donjon; nous la citons en entier.
« Amaldus Alberti, nepos domini Innocentii pape VI, oriundus
9 loco de Montibus, prope Pompederium, Lemovicensis diocesis, fuit
* primo episcopus Agatensis, deinde Carcassonensis, posteafuit trans-
9 latus ad ecclesiam Auxitanam, videlicet die xvi Januarii, anno a
9 NativitaleDominimillesimoccc*Lv«,etfuit camerarius domini Pape,
» et incepit rehedificare ecclesiam metropolitanam Auxitanam et fundavit
* in eadem decern prebendarids... Item, hedificavitcastnim de Bassoa
* cum magna turri, et fecit claudere totum locum.Qui obiit xi* die junii,
9 anno m° ccc° lxxi°, in loco deBorbonio Avinionensis diocesis, et est
* sepultus in domo Carlusiensium in Villanova, ejusdem diocesis; et
9 fecit ecclesie Auxitane multa bona. Ejus anima requiescat in pace.
9 Amen. »
M. A. Lavergne a sommairement dterit le donjon de Bassoues dans
son Compte rendu de V excursion de la Soci^U franQaise d'archdolo^
gie dans le Gere, en 1883. II a cependant omis de signaler une clef de
voute de la premiere salle du donjon, d'un trfes beau travail et d'un
grand intirftt iconographique. Cette clef de voute, dont nous donnerons
le dessin, represenle un 6v6que, qui nous paralt ^tre Arnaud Aubert lui-
m^me. II semble, en effet, assez naturel que Tartiste ait voulu fixer
sur la pierre, dans la salle principale du donjon, les traits du maltre du
chateau. Cette clef de voute est d'ailleurs la seule qui soit sculptfe.
Faute de terme de comparaison il est difficile de juger de la ressem-
blance du portrait, mais tout au moins faut-il croire que I'ext^rieur,
Vhabitus de T^v^que a 6tA fidelement copi^ par Tartiste.
Les Jacobins k Auoh (1).
Communication de M. Delias.
Les Frferes de Tordre de Saint-Dominique s'^tablirent k Auch, dans
le pajrsan du Prieur6, vers Tannic 1390. Jean III, comte d'Armagnac,
(1) AbW Monlezun, Histoire de la Gascogne, tome iv, p. 27. Manuscrits
d'A%nan, preuoea, pieces justiflcatives, pages 1,419, 1,420, 1,423, 1,428. Dom
Brugfeles, Chroniques, page 372,
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leUr donna un petit enclos qu'il avait acquis d'unefamille de Lapujade,
k Touest de la rue du Prieur6. Get enclos 6tait limits k Test par cette
mtoe rue, et au nord, par la place de Saint-Orens. On voit encore,
s'ouvrant sur I'escalier des Grazes, une porte ogivale, k large baie, qui
donnait entree au nouveau convent. La maison, rue de TEcole, n® 1,
insulfisante pour conteuir une communaut^, fut vendue en 1409, k la
famille de Labarthe du Golom6 qui la conserva jusqu'en 1782.
Les Dominicains ou Jacobins se fix^rent, alors, k c6t/i du monastfere
de Saint-Orens dans la rue qui a conserve le nom de Jacobins. Leur
ancienne 6glise, d^dide k saint Laurent, etait situee hors la cit6. De
cette ancienne 6glise, il ue subsiste que deux voutes au nord et une
chapelle au sud; ce sont des constructions de la fin du xiv« sitele (1).
La fagade et la nef principale furent refaites vers la seconde moiti^ du
xvn« sifecle, par les soins et sur les dessins d'un frfere de ce convent,
le Pfere Podensan.
En 1790, au moment de la mainmise par la Nadon sur le couvent
des Jacobins, les omements et les vases sacr& 6taient tellement
modestes que Tinventaire n'en fait pas mention. La biblioth^que
renfermait environ 400 volumes.
La petite communaut6 se composait de quatre pr^tres et un fr^re,
savoir :
Des pferes, Jean Punero, prieur (45 ans); Louis Bertrand, religieux,
(71 ans); Jean Gast6ra, religieux, (41 ans); Jean Beylin, religieux,
129 ans) et le frfere Gayet, professeur, (56 ans). Les revenus du couvent
s'ilevaient k 1,632 livres (2).
En f6vrier 1792, le service militaire prit possession du couvent des
Jacobins. /tU^^ta^^c^
D'aprte un 6tat du Conoiotoire du 25 octobre 1793, k cette epoque
r^lise 6tait occup6e par des ouvriers armuriers.
Le couvent servait d'6curie pour les chevaux du gouvemement.
L'iglise fut rendue au culte aprfes le 9 thermidor an n (27 juillet
(1794), en vertu d'un arr^t6 du pr6fet du d^partement du Gers, en
date du 27 mars 1795, qui la mit en possession, sur leur demande, des
citoyens Marignan, Noel, Chassard, Debats, Fins, Abadie, Paget,
Larivifere-Gourg, pour y exercer leur culte, k charge par eux des repa-
rations, de Tentretien de Teglise et du loyer k payer au service des
Domaines.
(1) p. Lafforgue, Hist, de la oille d'Auch, tome 2, p. 222.
(2) Journal YAppel au Peuple n" 23, du 27 juin 1882 et Arch. d^p. G, 240.
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ARNAUD AUBERT
AROHKvtQUB d'auch, 1356-1371
0>APldbS UNB CLBP DS VOUTS DU DONJON DB BASSOUES (lUdaoUon^a qntrt) ,
Ses Armw, d'aprts une pienre sculpt^e du m^me doiyon ^OOglC
I
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— 169 —
Gette affectation ne fut pas maintenue et les immeubles dependant
du oouvent des Jacobins fui^nt vendus par voie administrative en trois
lots, savoir :
l** Un premier lot, le 13 pluvidse 'an ix (2 f^vrier 1801) : adjudica-
tion devant le prdfet du Gers, 1** de I'^glise des ci-devant Jacobins,
comprenant le clocher, les chapelles, la sacristie et tons les vieux bdti-
ments, en faveur d'Antoine Oustalot, menuisier k Auch, moyennant
32,100 francs en bons deux tiers, exjgibles en 18 mois;
29 Un autre lot, comprenant la porte d'entr^e, Tancien parloir, le
r^fectoire, la cave^ Ffcurie, les chambres au-dessus et la partie de
jardin correspondante, en faveur de Bernard Dupetit, menuisier k
Auch, moyennant 32,100 fr.,en bons deux tiers, exigibles en 18 mois;
3** Un troisi^me lot, comprenant partie de maison et terrasse au
nord, en faveur de Jean -Leonard Dupetit k Auch, moyennant 35,000
francs, en bons deux tiers, exigibles en 18 mois.
Les anciennes Ursulines expuls^es des convents en 1792 se recons-
tituferent en congregation et s*6tablirent vers 1820 k Tancien convent
des Jacobins.
EUes 6taient au nombre de 22 lorsqu'elles s'install^rent le jour de la
Toussaint de Tannee 1821 dans la partie non d^truite du monast^
du Prieur6.
L'abb^ Fenasse avait 6chang6 celte partie du Prieur6 centre les bftti-
ments des Jacobins qui devinrent en 1822,1a propri6t6 de M. Ducuron,
pr^tre. Ce dernier parait avoir fond6 les Missionnaires, qu'il dota.
L'^tablissement actuel des Jacobins, par suite d*acquisitions succes-
sives au nom des Missionnaires, appartient k la caisse dioc6saine des
relraites pour les pr^tres infirmes du d^partement.
L'^lise des Jacobins d'Auch, devenu bien national, servit de lieu de
reunion aux promoteurs du mouvementr^volutionnaire. lis avaient, en
cela, imit6 les Jacobins dont le club, qui avail pour chef effectif Robes-
pierre, fut preside, dans Tancien convent des Dominicains de la rue
Saint- Jacques, par le Conventionnel du Gers Maribon-Montaut.
Les Jacobins d'Auch, d6sign6s sous ce litre dfes 1792 dans deux
documents officiels(l), s'organisferent en soci6t6 en 1793 : La SocUi6
des amis de la LiherU ei de VEgaliU,
lis redigferent un r^glement (2) en t^te duquel se lit leur programme :
(1) Reoue de Gascogne, tome 34, ann^e 1893, p. 181. Soirees archdologiques
du Gers, 1893, p. 17.
(2) Rdglemcnt de la SocUU des Amis de la LiberU et de VEgaliU sdanie d
Auch. — A Auch, che;5 le citoyen J. P. Duprat, imprimeur r^publicain 1793.
In.l8, 12 pages, r r v
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— 170 —
« Inspirer Thoneur de la tyrannie et Tamour de la libertS;maintemr
» rindivisibiliti de la Ripublique et la haine du despotisme; d^jouer
» les cabales des factieux et seconder les efforts des amis de Tordre;
» instruire le peuple sur ses devoirs, sur Tob^issance aux lois et aux
9 autorit^s constitutes; le pr^munir contre les manoBuvres des agita-
» teurs; tels sont ceux des Amis de la Libert^ et de rEgalili, stente k
» Auch; et c'est sur ces bases qu'elle a fond6 le r^lement suivant : >
suit le r^lement en neuf articles.
La Soci4t^ des Amis de la Libert^ et de TEgalit^ eut pour chefs
Lantrac, Delisle et Constantin; une chanson, c6l6bre k Auch, les dte
comme « trois meneurs des Jacobins. »
EUe si^gea sous le r^me de la Terreur prindpalement au th^fttre
d'Auch et fut pr6sid6e et dirig6e par le repr6senlant du peuple
Dartigoeyte (1).
A Toccasion de Tattentat contre ce dernier, le 17 germinal an 2
(6 avril 1794), elle demanda et obtint la commission extra<Mrdinairede
Bayonne; elle p^mit ainsi k son president Dartigoeyte, d'organiser
dans Auch f une boucherie de chair humaine en permettant qu'une
» commission militaire condamn^t, dans Tespaoe de 48 heures, neu£
> citoyens k la peine de mort; elle lui permit enfin, de faire livrer k
» Texdcuteur le citoyen Delong,de Marciac,sans jugement prtelable. »
(S&mce de la Convention Nationale du 13 prairial an iii (l*"" iuinl795).
Moniieur du 17 prairial an ni (5 juin 1795), pages 1,037, 1,038,
d6nonciation de P6rez, d6put6 du Gers et rapport.)
Les Jacobins doivent done 6tre confondus k Auch avec la Soci6t6 des
Amis de la Libert^ et de TEgalit^, plus connue sous le nom de SocUii
populaire et qui prit le 4 aout 1793, sur la proposition de Lantrac, le
nom de Soci6i6 moniagnarde ainsi qu'on Pa dit d^j^ (2).
M AmWte Tarbouriech (3) cite cependant deux adresses des...
Iructidor an ii (aout 1794) et... vend^miaire an in (octobre 1794) dans
lesquelles la Soci6t6 a conserve son nom de € Soci6t6 des Amis de la
Liberte et de TEgalitfi. »
C'est Element sous ce titre qu'elle est citte dans le Moniieur du
20 germinal an ii (9 avril 1794) (4).
Cette socidt6 fut dissoute le 27 Janvier 1795 par le reprfcentant du
peuple Bouillerot.
(1) Reoue de Gascogne, ann4e 1863, page 502. — A. Tarbouriech, Bibliogra-
phie politiquQ du Gers, p. 47. — Fabry, Les Missionnaires de 93, page 84.
(2) Reoue de Gascogne. Soirees arch^ologiques, 1893, p. 140.
(8) Blbliographie politique du Gere, p. 47.
(4) Fabry. Les Missionnaires de 93, p. 155.
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Une cBuvre de OervaU Drou^t k retrourer
M. de Carsalade fait la communication suivante :
Le groupe des quatre ^vangSlistes et les quatre statues de prophitds
qui omaient autrefois le jub^ de la cath^rale d'Auch, et que Ton a
plac6eSy depuis la demolition du juM^ au-dessus de Tautel du grand
chcaur des chanoines, ne sont pas les seules oeuvres dont grand
artiste sculpteur ait enrichi la ville d'Auch. Un acte retenu le 12
septembre 1671^ par M. Dupuy, notaire k Auch, nous apprend qu'il
sculpta encore, pour la chapelle des Jacobins, une statue de Notre-Dame
du Rosaire. € Ledit image de la Sainte-Vierge representee assise sur
» une croupe de nuages, tenant I'image du petit J^sus entre ses bras,
» en action de presenter un chapelet au peuple. »
Cette statue avait ete commandee k Drouet par messire Guillaume
de Lalo, juge-criminel au senechal d'Auch; la mort dece magistral
survenue peu aprte fut cause que la statue resta entre les mains de
Drouet, qui ne crut mieux faire que de Toflfrir k la chapelle des Jaco-
bins d'Auch. Un contrat intervint entre Vartiste et les religieux; ceux-ci
s'engagferent, en retour de cette donation, k dire quatre messes par an
k rintention du donateur, sa vie durant, et une messe de Requiem
aprte sa mori. A noter encore ces deux clauses du contrat : « 1° Et
» parce que ledit image a este mis en plusieurs pi^es pour le porter
» plus commodement en ceste ville, de celle de Tholose ou il a este
> travailie, ledit Drouet promet de rejoindre lesdites pi^s et les mettre
» ensemble, comme ledit image doit estre sur place, dans deux mois
» prochains. — 2° Veut aussi ledit Drouet que les armes de Lalo qui
» sont sculptees en bas-relief au pied dudit image y demeurent. »
Quel fut le sort pendant la tourmente revolutionnaire de < Timage »
sculptee par Gervais Drouet t Cetait un marbre : elle n'a done pu etre
bruiee; elle a disparu de reglise des Jacobins sans que nul ait pu nous
dire ce qu'elle est devenue.
Stathm^tique. — Folds insorits de Condom
M. Calcat donne lecture de la communication suivante envoyee par
M.' Daignestous, de Gondrin :
M. Barry avait en 1858 fait appel aux archeologues pour obtenir
d'eux des renseignements sur les poids de chaque contree. Voici un
extrait de sa brochure: < Dans le Bordelais, leQuercy, leRouergue, la
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— 172 —
» Gasoogne, le B&rn et le Haut-Languedoc, les poids affectent la
> forme de disques r^uliers plus ou moins 6pais; ils portent k Tavers
> les armoiries de la ville adossies au revers k eelles du seigneur f^oda
» dont la ville relevait, 6v6que, abW, comte, roi, et entourfes d'une
> l^ende latine ou romane qui contient la d^ignation de leur calibre
» (livra, libra; meia liura; cartarOj carto; coarto; mieg cartaro;
» oma; mieia onaa), le nom de la ville et la date de leur Amission. »
En 1884, le regrett^ et savant numismate, M. Taillebois, a fait de
nombreuses recherches et public une grande quantity de poids. II a
dterit ceux de Lectoure, Fleurance, d'Auch et de Condom.
Depuis cette 6poque M. Blanchet, dans son Manuel du numisma-
iique du Moyen-Age^ 1890, a donni la description d'un grand nombre
de ces petits monuments.
Les poids de Condom ne sont pas in^dits. M. Tailleboisa signali
les series de 1,334, 1,368 et 1,373, qui « semblent, dit-il, indiquer le
systfeme de Bordeaux, c*est-ir-dire la livre de 490 grammes. »
Voici ceux de ma collection :
1 hi. CARTARO. DE. CONDOM, deux cl6s adosstes.
+ ANNO. DOMINI ,porte de ville flanqu^e de deux tours
cr6nel6es. — Cartaron ou quart de livre — poids 106
grammes — mauvaise conservation.
2 h MEIG : CARTARO : DE : LIVRA, deux cl& adossfes.
Revers: + ANNO: DOMINI , porte de ville bien
conserve — demi-quart de livre, poids 74 gram. : 50. Si
c'^tait un demi-quart de la livre de Bordeaux (490 gr.), il
ne devrait peser que 61 gr. 25.
3 h ONSA : DE : LIVRA, porte de ville.
Revers: -[• DE : CONDOM, deux cles adosstes — once,
poids 29 gr. 50.
4 h MEIA : ONSA : DE : LIVRA, m^me type.
Revers: + DE : CONDOM, mtoe type — demi-once de
livre, poids 15 gr. trfes bien conserve.
Comme complement de cc travail, dit M. Calcat, il est int^ressant
de donner la description du poids de la m^me ville qu'a prdsenti
M. Tabb^ de Carsalade dans une de nos derni^res stances. II appar-
tient, ce me semble,i une s^rie in^dite. Son poids estde 254 grammes;
(l^^re usure).
D'un c6t6on lit + MEIA DE LIVRA CONDOM — au centre deux
clefs adosstes.
Dc Tautre + ANNO DOMINI MCCC XVIII, la partie m6diane
de cette derniere 16gende presque eflEacfe.
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Dans le champ. Ce ne serait pas une porte de ville, croyons-nous,
mais bien un pont k trois arches £[anqu6 aux extr^mites d'une tour
cr6nel6e. Ces arches sont d'in^ale hauteur et grandeur;celle du milieu
est la plus haute et la troisi^me k gauche est la plus large.
La partiedu pont libre entre les deux tours est surmontde d'un
parapet. A premiere vue il semblait que le pont lui-mtoe 6tait crineW.
II n'en est rien, c*est un parapet form6 de piliers qu'une voute k plein
cintre r^unit.
Sur le sceau auxarmes de Condom, plus recent, reproduit ci-apr6s,
onretrouvelepontfortifi6quif]guredans le poids que je viensde d^rire.
La Soci6t6 fixe au 12 f^vrier la date de sa prochaine reunion.
NOTES DIVERSES
CGCXV. Cours de litt^rature ^trangrdre & llnstitut oatholique de Toulouse
Professeur : M. L6once Couture. — Mansoniy poHe et tfUoricien drama-
tique; le romantisme au thddtre. — F6vrier-mars, le mardi k quatre
heares et demie.
Dans les conferences de Tan dernier, la monographic de Manzoni consi-
d6r6 comme le moteur principal de la Renaissance litt6raire de Tltalie an
dix-neuvidme siMe est loin d'avoir 6t6 achev6e. Aprds Thomme et le
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— 174 —
Chretien, le po^te lyriqne seal a pu ^tre ^tadi^. Restent le po^ dTamatlqae.
le romancier, I'apologiste, le critique lltt^raire. Les conferences de cette
ann6e se bemeront k « Manzoni po^te et th^oricien dramatique. »
Cette 6tude s'oavrira naturellement par le tableau du th^tre serieux en
Italic et en France au d6but de ce si^le. Suivra I'analyse des deux trage-
dies de Manzoni, Adelghis et le comte de Carmaynole^ oil le professeur
essaierade montrer la part de Tinnovation et celle de la tradition dans la
composition et dans le style, et surtout de faire ressortir les sentiments
humains, patriotiques et religieux qui sent, ici encore, la yraie marque et
le triomphe du po^te milanais.
Avec encore plusde soin et d'insistance, il analysera et discutera la lettre
de Manzoni k Chaiivet sur les uniUSy qui constitue un des manifestes les
plus ceiebres du romantisme dramatique et qui, d'elle-mSme, se rapproche
^*un autre manifeste plus bruyant, la pr6face de Cromwell.
Comme conclusion, le professeur t&chera de d6mMer, en les s^parant
des elements faux et caducs, les conquetes legitimes et durables de cette
revolution dramatique qui promettait tant et qui est si loin d'avoir tenu
ses promesses.
QUESTIONS ET RfiPONSES
44. Sur un quatrain ImproTise par Jeanne d*Albret
R^pONSB. Voyex la Question, t. xii, 1871, p. 190.
A ma question sur ce quatrain, posee depuis si longtemps, notre compa-
triote M. de Ruble repond aussi bien qu'il avait repondu. Tan dernier, k
ma question sur Anne de Cambefort et le roi de Navarre, Voici ce que je
lis dans un remarquable recneil intitule : Mdmoires et poSsies de Jeanne
cPAlbret publics par le baron de Ruble (Paris, 1893, grand in-S", p. 139-
141):
« Le 21 mai 1566, Jeanne d'Albret visita Timprimerie de Henri Estienne.
Le grand artiste re^ut comme elle le meritait sa noble visiteuse et, pendant
qu'elle oonsiderait curieusement le fonctionnement des presses, lui proposa
de composer sous ses yeux une piece k son choiz. Au8sit6t la reine de
Navarre improvisa le quatrain suivant :
Art singulier, d'ioj tax dernlen ans
Representex tux enfans de ma raoe
Que j'aj sm-vy des oraignana Dien la trace,
Afln qa'ilf soyent lea mesmea pas sniTantx.
a Pendant que les ouvriers alignaient les lettres et les mots, Henri
Estienneecrivait le sonnet suivant que Ton composa^ la suite du quatrain. .. »
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— 175 —
[Je ne reproduls pas le sonnet, d'abord parce qu'il n'est pas merveilleax,
ensuito parce qu'il tiendrait trep de. place dans un recueil ou la place
manque de plus en plus^tant les exoellents coUaborateurs abondent,surtout
les coUaborateurs auscitains groupesautour du moins endormi des chanol-
nes, enfln parce que je voudrais qu'on le cherchAt dans I'^l^gant volume oil
M. de Ruble a rSuni tant de curieux documents et de curleuses notes.]
« Les deux petits po^mes, qui f urent le r^sultat de cette joute liit^raire,
furent imprim^ en placards et probablement distribu^s aux seigneurs de
la suite de la princesse. Ces placards sont fort rares. Nous n*en avons vu
qu'un exemplaire, actuellement conserve dans un recueil factice de la
collection Dupuy (vol. 843, f . 143). Le Laboureur les a reproduits, sans en
indiquer la provenance, dans les Mdmoires de Castelnau, 1731, 1. 1, p. 858.
» De nos jours un [ici une 6pith^te que je supprime parce qu'elle n'est
pas m^rit^e et que je supplie M. de Ruble de garder pour lui, car il la
m6rite, lui. autant que qui que ce soit] critique, M. T. de L., a pos6 la
question de Tauthenticit^ de ces vers (Reoue de Gascogne, avril 1871, p.
190). Nous lui signalons le placard de Henri Estienne comme un certiflcat
d'authenticit6 indiscutable. »
Sans doute, r6pondrai-je k mon aimable confrere, les vers de Jeann^
d'Albret et de Henri Estienne ont 6t6 incontestablement imprimis en mai
1566 et sont parlaitementauthentiques. Mais n*avaient-ils pas 6t& lesuns et
les autres pr6par6s un peu k I'avance et, en ce cas, ne suis-je pas autoris6
il garder mon doute en ce qui regarde V improvisation f Jeme persuade que
tout 6tait concerts, au point de vue po^tique^ entre la future visiteuse de
Tatelier du grand imprimeur et ce grand imprimeur lui-mtoe,comme tout
est concerts, au point de vue oratoire, entre Tacad^micien qui va 6tre regu
et Facad^micien qui va le recevoir. T. de L.
291. Oombien rapportait P^vdch^ de Ck>ndom?
IUponsbs. Voir la Question au nnmdro pr6o6d6nt, page 114.
II existe dans les archives de M. H. de Moncade^ au chateau de Malliac,
pr^ Condom, un manuscrit intitule « Pouill^ g^n6ral des B^n^fices da
dioc6ze de Ck)ndom ». Ce Pouill6 n'est pas dat6. Mais T^criture etquelques
details d'orthographe nous paraissent le faire remonter a la premiere moiti6
du xvin* si^cle.
En regard de chaque b^n^fice^ sur trois colonnes distinctes, sont raen-
tionn^ : 1* le revenu de ce b^n^flce; 2* les charges ou impositions dont ce
revenu est affect6; 3* la proportion du revenu aux impositions.
Voici maintenant les donn6es de ce Pouill6 sur les revenus de I'EvAch^
de Condom :
Revenu Impositions
Ey6ch6 62,000 livres 8,509 1. 16 s. II d. PrAs du 7-
On remarquera la difference entre les 40,000 1. du temps deBossuet vers
1670 et les 62,000 I. du xviii* si6cle. Cette difference s'explique, non pas
par Taugmentation des biens de I'^veche, mais uniquement par la variation
du pouvoir de Targent et Tabondance du numeraire plus grande au xvm'
si^cle qu'au xvd*.
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- 176 —
II faut aussi se souvenir que le dioc^ de Condom s'^tendait principa-
lement en deux des plus fertiles plaines de France, les plaines de la
Garonne et de son affluent la Balse. C'est ce qui fait comprendre que la
dime ^piscopale, source principale de cerevenu,produi8lt un total si elev6,
A. BREUILS.
— Le directeur de la Reoue a dit admirablement que I'doaluation des
revenus eccUsiastiques sous I'ancien regime est particulidment ddlicate d
cause du nombre et de la tiarUU des charges qui pesaient sur les dicers
h^nifices', sans compter que ces charges ont pu ne pas ^tre les memos k
toutes les 6poques. Je ne puis done fournir des 6claircissement8 Men precis.
Lorsque Marre voulut faire reb&tir son ^lise cath6drale, il offrit d'y
consacrer la 3* partie des revenus de son 6v^hS et il fit homologuer sa
promesse par le Parlement de Bordeaux Dans la requite qu'il adressa k
ce sujet au Parlement, laquelle a 6t^ public par la Recue de Gascogne
(tome xni, p. 293), Jean Marre nous dit « qu'il a compt6 la recepte de son
dit evesch^ montant par chascun an k la somme de six mille licres tour^
nois. » (II ne parle pas des charges).
Je donnerai moi-mSme le texte de cette requete dans mon ^tude sur
Saint-Pierre, d'od j'extrais aujourd'hui ma note au sujet de ce revenu de
six mille licres tournois,
« Par une progression croissante r^ultant de la d^pr^iation de Targent
et peut-^tre aussi de la plus-value des dimes, ce revenu de r6vech6 de
Condom, qui 6tait de 6,000 livres tournois d'apr^ Marre, en 1507, se trou-
vait Mre en 1598 de 8,707 ^us petits, 9 sous, 9 deniers et 502 sacs avoine
(Larcher, archives com. de Condom). II ^tait 6valu6 un pen plus tard(1612)
par les consuls de Condom k 45,000 livres, mais il est Evident qu*ils exag6-
raient (cette Evaluation se trouve dans leur mSmoire de procedure centre
Mgr Duchemin). 11 Etait ports k 34,254 fr., 505 sacs avoine, 6 sacs et 18
oartaux de bl6, 256 paires de chapons, 10 paires de perdrix, 28 paires de
palombes et une douzaine de serviettes, dans un 6tat dresse en 1658 (archives
communales); il s'Elevait k 70,000 fr. suivant un tableau manuscrit des
dioceses du rojaume au dernier siScle etatteignait d'apr^s Testimation Ute
par Larcber en 1774 (Archives communales) le chiflre enorme de 134,(XX)
livres. Ce chiffre devait Etre encore plus 61ev6 en 1790. »
J'ajoute : Naturellement les charges, qui 6taient assez considerables, n'^
talent pas deduites de ces Evaluations .
Entre autres charges, TEvEque de Condom payait en 1646 pour les « d6ci-
mes tant ordinaires qu'extraordinaires » la somme de 3,664 francs 6 sous,
4 deniers (savoir 2,658 fr. 3 sous, 10 deniers pour « Tancien despartement »
et 1,006 fr. 2 sous, 6 deniers pour Textraordinaire) plus 4,000 livres pour
le tiers du don fait k Sa MajestE.
Ces mEmes charges paraissent exister en 1680 (Arch. cons.). L'Ev^ue
en avait d'ailleurs d'autres. II payait en 1650 715 livres pour les prEdica-
teurs et pour certains curEs n'ayant pas « la congrue » (Manuscrit Larcher,
Archives dEpartemontales). Les communaut6s religieuses recevaient 6gale-
ment des secours annuels. En 1648, les C^pucins de (Ik>ndom recevaient
36 1.; pareille somme Etait donnEe aux trois autres convents d'hommes de
Condom. (Compte du revenu de TEvtehE de Condom en 1648. Archives
oommonales.) J. GARD^IRE.
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CHATEAUX DES GOMTES D'ARMA&NiC
DANS QUBLQITBS VIIXBS DB lAUR GOBCnfe
On a lu ici m6me avec le plus vif mt6r6t une longue
lettre deB.de GrossoUes au c616bre comte Bernard VII,
en 1402*. Une des notes dont le savant 6diteur, M. E.
Cabi6, a enrichi cette publication concerne Fantique
chateau comtal de Vic. Un suppl6ment d'informations
sur ce cMteau sera peut-6tre bien accueilli. Du mfeme
coup, nous dirons quelques mots de certains autres cha-
teaux peu connus, ou m6me inconnus tout k fait, que les
comtes d'Armagnac pos86daient dans les lieux de Jegun,
Ordan, Eauze, Nogaro, Estang, Riscle et Castelnau-
d'Auzan.
I. Chateau comtal de Vic-Fezensac. — L'existence
de ce cMteau au moyen ftge 6tait d6j^ connue. On apprend
par le texte de M. Cabi6 qu'il poss6dait des tours et que
Tune d'elles 6tait, en 1402, toute neuve et m6me inache-
v6e. EUe s'61evait k c6t6 d'autres tours plus anciennes et
d6j^ mena§ant ruine et remplagait sans doute une tour
ant6rieure, que son 6tat de v6tust6 avait fait disparaitre.
Ainsi, d6s 1402, des travaux de restauration avaient en
partie remis sur pied le vieux ch^eau de Vic^ Nous ne
tarderonspasSi voir que, peu d'ann6es apr^s, ces travaux,
continues avec soin, Tavaient k peu pr6s enti6rement
renouvel6.
II occupait au midi de la ville et k 3 ou 400 metres des
(1) Voir le n* de septembre-octobre 1893, page 434.
Tome XXXV. — Avril 1894. 12
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— 178 —
foss6s et remparts remplacement m6me de la caserne
actuelle de gendarmerie, sur la route de Bassoues. Un
modeste ruisseau, dit de la Hoan-Grossey coulait tout
auprfes, et divers petits chemins ou carrerotz y condui-
saient. Le lieu d'ailleurs 6tait plein d'ombre et de frd-
cheur. Entour6 de nombreux jardins qui appartenaient k
divers habitants de la ville, il se cachait dans les arbres
au pied des hauteurs que couroilnaient le convent et la
tour des Cordeliers. Des vignes, des champs, des prairies
Fencadraient de tons c6t6s. Et la porte de la ville qui
en 6tait la plus voisine avait pris de ce chef le nom de
Porte du Chateau^,
Le textedu 11 f6vrier 1482, que nous venons de citer
en note, en nous parlant du Castet Nau de Vic, nous
r6v61e que le vieux castel avait 6t6 restaur^ assez bien et
reprenaitalorsun air dejeunesse.Mais de ces reparations
pjus ou moins importantesle temps eut aussi raison. Vers
le milieu du xvii® si^cle la tour s'efEondra, et, nulle main
ne Tayant relev6e, bientdt les mines s'accumul6rent.
Battues des vents et des pluies, les pier res pen k peu
s'eflEritaient et allaient joncher le sol environnant.
Quand, en 1760, les Capucins voulurent b&tir k Vic un
de leurs convents, il s'adressferent k Tlntendant et lui
demandferent de leur c6der, pour les constructions qu'ils
projetaient, toutes les pierres du vieux chateau qui
seraient jug6es propres k ce but. Voici le portrait qu'ils
(1) Nous analysons ici siinplemeut les actes in^dits des notaires ancieus de
Vic auxquels nous avons emprunt^ les traits de notre description. 16 octobre
1669, vente d'une pi^ce de terre sise dans la juridiction de Vic, appelee au
Camp deu Castet, confrontant avec chemin public, les fosses de ladite ville, et
ruisseau dit de la Houn-Grosse (Laffargue, notaire, chez M« Dupuy, notaire k
Vic). — 26 dccembre 1483, Fortaner de Cassagne, marchand de Vic, reoonnail
tenir en fief de Bertrand de Rouede, marchand de Vic, scilicet quoddam suum
caaale scitum intus oillam Vice et prope portam castri confr. cum casali G€tr^
sia do Mollendino ex una, cum casali Garsia de Soto cos alia, et cum carre-
roto publico (Ponsan, notaire de Vic, chez M« Auxion, notaire k Vic). — 11
f^yrier 1482, acte mentionnant unam pessam oinee rubee scitam in pertinen-
tiis Vici loco dicto au Castet Nau, (Id., ibid.)
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— 179 —
tracent de TMat oA 6tait alors r6duite Faatlque fartcK
resse :
Ce ch&teau, disaient-ils, avoh ^t^ baty par les comtes (f Annagna(^
et actuellement il appartient au Roy qui les repr^nte. II est situ4 k
detix ou trois cents toises de la ville de Vic et il paroit avoir 6h& d^moly
jusques k une oertaine hauteur. Depuis plus de cent ans, qu'il a ibi
d^couvert, les murailles se sont toutes d^grad^s, et sucoessivement ce
qui en resie de bon s'Acroulera (1).
La demande fut agr66e et les pierres du chftteau all6-
rent former les nouveaux murs des Capucins. II faut croire
qu'il en restait beaucoup, car les constructions aux-
quelles elles servirent ont une assez grande 6tendue; elles
longent encore la place de la Bascule et un petit chemin
parallfele h rentr6e de la route d'Eauze. Toutes ces pier-
res sont de moyen appareiL
Ajoutons que la tour neuve du ch&teau n'^tait pas au
XV* si^cle la seule prison qui se trouvftt k Vic. On y
voyait aussi la prison consulaire ou municipale, situ6e
prfes d'une des plus vieilles portes de la ville. Le fait
nous est attest6 par un acte du 24 juin 1491 rappelant
que Bertrandus de Villas, pro certis criminibus sibi
tmpositiSy detentus fait in carceribus Vici, in portali
antique dicte ville prope domum Fortaneri de Fraxino.
(Reg. de Ponsan, d6j^ cit6.)
II. Chateau comtal de Jegun. — Bernard IV, comte
d'Armagnac (1160-1180), durant une lutte des plus vives
qu'il engagea centre TarchevSque d'Auch, G6raudde La-
barthe, se saisit de T^glise et du cimetifere de Jegun, ainsi
que de plusieurs autres biens eccl6siastiques, et, avec le
fruit de ses rapines, construisit dans le cimetifere, k c6t6
de r6glise, le ch&teau de Jegun. De la m6mB manifere et
grAce k des ressources de semblable provenance, il y
a) Arok. d^park 4« Oet«, C reg. loL 148.
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— 180 —
61eva une tour que le document contemporain par lequel
le souvenir de ces faits nous a 6t6 transmis appelle « la
tour de Jegun » turris de J eg an *.
Ce chateau servit parfois, comme celui de Vic, de pri-
son, comtale. Et, comme a Vic encore, les consuls de
Jegun eurent aussi leur prison distincte dans une des
tours des remparts appel6e « la tour de Thomas , » et
dont la cl6 leur 6tait toujours fldfelement remise. Voici, ^
ce sujet, un acte in6dit oil Ton voit quelles formalit6s il
fallait subir pour obtenir livraison momentan6e de cette
fameuse cl6 :
Eodem anno (1484) et die xi* Martii personaliter constitutus Domi-
nicus de Castro, bajulus Jeguni, coram Johanne Molieri, Petro de
Melhand, JobaAne Daubas et Johanne de Lespieto, consulibus died
loci, supplicavit eisdem ut sibiclavemcujusdam tilrris vocdtam la tor
de Thoqias, in qua prisotiarii et malefactores detineri consueverunt,
accommodarent et sibi tradere vellent per manun:^, quum expresse ilia,
causis particularibus, indigeret. Qui quidem consules ibidem dixerunt
super hoc habuisse deliberationem consilii majoris partis habitatorum
dicti loci in quo appunctalund et deliberatum fuerat de ilia sibi tradenda,
obqUe illild ibidem eidem bajulo tradidei^unt. Testes G"^»*« Coxian,
Gmua (Je Campo, Johannes de Podio et plures alii Jeguni habita-
tores(2). , .
II ne reste d'ailleursplus vestige ^ Jegiin ni du cMteau
ni m6me de a la tour de Thomas. »
III. Chateau comtal d'Ordan. — Ordan, dans Tan-
cienne barofinie de ce ilom, dbnt les comtes d'Armagnac
s'emparferent vers la fin du xiv® siScle, ne doit pas 6tre
confondu avec La Roque-Ordan, siriiple seigiieurie toute
voisine. Ce petit bburg poss6dait dahs son enceinte liii
chateau qui, vers le milieu du xvi® si6cle, 6tait d6j^ bien
d6chu de' sa primitive splendeur. Un acte du 19 mai 1567
(I) Gall. Christ, et Monlezun, t, vi, p. 407 et 408.
{2) Reg. de Jean de Porte, notaire de Jegun, chez M* Auxion, k Vio.
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— ISl —
lui donne simplement le nom de <( maison appel6e aii
Castet. )) II confrontait avec deux raaisbhs voisines 6t
detixrues*. ' • - :
■ ■ ' ' ..• : • • » ' .
ly. Chateau comtal d'Eauzb.— Au midi.de la ville
d'Eauze,et non loin des foss6s sur rempHcement desquels
s'6tend aujourd'hui la place de Saint-C6rat, s^61evaitjadis
le chateau comtal d'Eauze. II 6tait assisdaus celui des
quartiers de. la ville qu'ou appelait le quartier ou parsan
de la Porte du Lac. Comme k Yic et a. Jegi^ii, d.eB tours
dominaient ses 6paisses murailles, Un. petit ^uissea^u ou
^owr^t^e passait aussi dans son yoisinage, et divers jar-
dins Tentouraient. - , ...
Lapreuve de ces faits nous est fonrnie par les te:!fite8
suivants que nous analyserons sommairement ,: ,
21 mars 1521, Isabelte de la Forest; d-Eauz^, achate quoddam
frustum hortiaite casalis scitum infra Elisonam et iu' portalide
Lacu loco vocato au casau de la tor deu Castet totum acl longum de
muralha dicte ville usque ad carrerotum publicum jConfroriians cum
muralha dicte ville ^ cum casali.., et cum horto Joannis de...(2);
— V^ Janvier 1573, acte mentionnaht une maison'de la ville d'Eauze
sise au portail du Lac et coiifrontaiit < aVec diemin tirantide la maison
de Jean de Beiloc k la gorgua deu Castet (3). ,» ' ' ;
II ne reste plus rien actuellejnent de Tantiqiie dhateaii
d'Eauze. . ,
V. Chateau gomtal de Nogaro. — Les textes les plus
anciens que nous connaissions concernant le cMteau
comtal de Nogaro remontent seulement au xv® sifecle. Le
13 f6vrier 1454, on trouve Vidalon de Laflorgue, « ch&te-
lain de Nogaro », c'est-a-^ire gouverneur du chateau de
Nogaro *. Dans les Comptes de Riscle, le 18 d^cembre
(1) Reg. de Francois Vergne, notaire de Vic. chez M« Dupuy, k Vic.
(2) Reg. de Jean Ricali, n'« royal d'Eauze, chez M* Lahire, notaire. ^ Eauze*
(3) Reg,de Etienne Ricali, n" royal d'Eauze, chez M« Lahire, notaire, k Eauze.
(4) Armorial des Landes^ par M. le baron de Cauna, 1. 1, p. 104.
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^ IBS —
1474; figure a la casteia de Nogaro n/ le efafttelam 4e
Nogaro^ EBfin, on a un adte pass6 le 20 f6vrie^ 14ffi
« dans le chateau de Nogaro »; Hugues de Blay, marchand
de Toulouse, receveur d'Armagnac pour le sire d'Albret,
y 6tait alors d6tenu prisonnier a la requfete de M® Denis
Andr6, tr6sorier g6n6ral ^
Certaines deliberations municipales de Nogaro au xvii*
si6cle nous apprennent la position exacte de ce chateau.
II 6tait situ6 au midi de la ville/ comme tons les autres,
entre cette partie des anciens foss6s qu'on appelle encore
le Foss6-Neuf ou Barat-NaUy et une place publique
qu'on d6signe tantdt sous le nom de « Darr6 au Hour »
tantdt sous celui de « a VEspitau. » L^, en eflet, se trou-
vaient autrefois le four banal et rh6pital. Ce dernier
6tablissement y est mfeme rest6 jusque vers 1837, 6poque
oil il fut annex6 k la Maison des Soeurs de Nevers qui
Tadministrent encore.
Rappelons maintenant les deliberations qui prouvent
la chose.
l^e registre le plus ancien des jurades nogaroliennes,
qui va de 1631 a 1635, contient une decision muni-
cipale ordonnant que Tecole de la ville se tiendrait
desormais « dans la maison construite sur Templacement
de Tancien chateau. » Peu aprds, les consuls et jurats
arreterent que « les mines de la tour du chateau » seraient
vendues aux Capucins et que Targent provenant de cette
vente serait employe k la reparation de la maison d'ecole
(( batie en partie dans ladite tour. » Enfln, par le3*r^s-
tre, qui va de 1640 a 1651, nous apprenons que Thdpital
Saint-Jacques, situe dans la grande rue presque en face
de reglise coliegiale de Nogaro, fut alors transporte en
la maison d'ecole c sise pr^s des fosses dans Tancien
(1) CompUs de Riaele, 1. 1, p. 190.
(2) Archives du cb&teau de La Plagne^ dossier Nogaro.
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— 183 -
oh&teau » etr6ciproquement. Ainsi F^coleclevintl'hdpital
et rh6pitair6cole*.
Observons aussi que le chateau 6tait muni, comme tous
les autres, d'une tour tout au moins. Quelques ruines
6parses sur son ancien emplacement parmi les jardins
attestent que les constructions 6taient en briques larges
at 6paisses. II existe des documents du xv® sifecle consta-
tant le m6me fait pour les remparts. Ce qui s'explique
tr6s bien par T^loignement des carridres de pierre.
VI. Chateau comtal d'Estang. —Dans la charteuv
du cartulaire de Saint-Mont, intitul6e carta SegtUni de
Asian, est cit6 le castrum de Astan. Cette charte est
d'un lundi du mois de juillet sous le r6gne de Philippe I,
Guillaume, comte de Poitiers, 6tant due de Gascogne,
Guillaume de Montaut, archev6que d'Auch, et G6raud,
fils de Bernard Tumapaler, comte d'Armagnac. EUe
remonte par consequent h la seconde moiti6 du xi* si6cle.
Pendant la Guerre de Cent ans, ce chateau, ainsi que
tous les autres tenant lieu de citadelle dans les villes, eut
un gouverneur. D'apr6s un acte du mois de juin 1432,
noble Jean de Ferragut, chevalier, seigneur du Cos, prfes
Vic-Fezensac, 6tait « chatelain d'Estang*. »
(1) APDbives de Nogaro, B. B. — L'^cole se fait encore aujourdliui dans la
m^me maison ou elle fut 6tablie au xvii« siMe et ou se trouvait auparavant
Vhdpital. Get h6pital, de fondation trfes ancienne, remontait aux engines meme
de la ville,c'estrii-dire k la fin du xi« si^cle. En 1566, comme il tombait en ruines,
la ville I'avait fait reslaurer et y avait notamment 6tabli une petite chapelle
d^di^e au patron de I'hdpital, saint Jac^ques. (Cartulaire de rh6pital de Nogaro
aux archives de Nogaro). On remarque encore — ou du moins on remarquait
autrefois, helas! c'est-^-dire en notre jeune temps, — dans la maison d'^cole de
Nogaro, quelques pans de vieux murs en brique au fond de certain recoin ou
plus d'un amateur de I'dcole buissonni^re d6vora jadis tant bien que mal ses lar-
raes et son pain sec. 11 est, croyons-nous, question actuellement dc transporter
ailleurs T^cole. Esp^rons cependant que ce vieux toit hospitalier, ou s'abrit6rent
pendant des sidles et des si^cles tant de generations de pauvres, de p^lerins et
d'enfants, et qui lut toujours le bien de la ville, sera sauvegard^ et continuera k
rester la propriety des « bonnes geiis » de Nogaro.
(2) X..., notaire de Vio, chez M* Auxion, notaire h Vic.
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— 184 —
Nou8 ignorons en quel endroit pr6cis de la viUe 6tait
situ6 le chftteau.
VII. Chateau comtal de Riscle. — Ce chateau est
mentionn6 dans une charte de 1319. Navarre, seigneur
de Corneillan (canton de Riscle), y renditalors hommage
au comte d'Armagnac pour sa terre de Corneillan *. Les
Comptes de Riscle relatent aussi quelques faits relatifs
k cet 6diflce au xv® sifecle. II dressait sa masse imposante
au midi de la ville, sur un plateau 61ev6 couronnant des
pentes abruptes, et formait, avec son enceinte sp6ciale, un
barry ou quartier s6par6. Son emplacement est aujour-
d'hui occup6 par la caserne de gendarmerie.
VIII. Chateau comtal de Castelnau-d'Auzan. — Le
nom m6me de cette localit6 nous r6v61e qu'un chateau y
fut construit k r6poque oil naquirent tons nos Castelnau
du Midi, c'est-ii-dire au xi* ou xn* sifecle, comme nous le
dirons tout k Theure*.
Les comtes d'Armagnac recueillirent aux xn® et xin®
si^cles, dans la succession des comtes de Fezensac et des
vicomtes de B6arn, le pays ou archidiacon6 d'Auzan.
Castelnau entra alors dans leurs domaines, mais n'y
demeura pas longtemps. lis le c6dferent a quelques-uns
de leurs chevaliers sous Tobligation de Thommage f6odal
accoutum6. D6s la fin du xiv® si6cle, la Maison de Lupp6
et celle de Castillon poss6daient la seigneurie de Castel-
nau-d'Auzan *.
(1) Monlezun, t. ui, p. 484.
(2) Dans une r^cente brochure que M. TabW Cazauran a publi^e sur CasUU
naurd'Awtan et N,-D, de PlHque, Auch, 1893, le savant auteur croit que Cas-
telnau « naquit k la vie l6odale vers le xiv* si6cle. « Et 11 base uniquement son
opinion sur ce que la peiite cit^, « avec sa place k cloitre (enbans et cornUres),
porte tous les caract^res des villes neuves du Moy en-Age », c*est-^-dire proba-
blement du xiv* si6cle. Mais ces enbans et cor nitres sont fort loin de consti-
tuer, k eux seuls, une date certaine de londation; on les retrouve en effet dans
bon nombre de villes bien ant^rieures au xiv* siMe.
(3) La Chesnaye des Bois, Pans, 1868, t. xii, art. de Lup4, et Monlezun, t. lu,
p. 488.
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— 185 —
Durant la Guerre de Cent Ans, en 1412, le ch&teau et
la ville 6taient au pouvoir d'une garnison anglaise sous
le commandement d'Arnaud de Baylenx, seigneur de
Poyanne (Landes). Celui-ci 6tait d'ailleurs, parait-il,
d'humeur assez accommodante et entretenait des rela-
tions de bon voisinage avec Montr6al, rille armagna-
geoise, ainsi que nous Tapprennent les Comptes in6dits
des consuls de Montreal.
Au XVI® sifecle, le chateau et la seigneurie de Castelnau
appartenaient aux Pardailhan-Panjas. II furent ensuitQ
et tour h tour la propri6t6 des Maisons de Souillac, de
Maniban et de Gilet de La Caze. Ces derniers s'y main-
tinrent jusqu'Ji laR6volution. Lech&teau existait encore
k cette derni^re 6poque, ainsi qull est constat6 en quel-
ques actes des environs de 1780 que nous avons pu voir
nagu6re*. II n'en reste plus vestige aujourd'hui.
Si maintenant nous recherchons k quelle 6poque furent
construits ces chateaux, 11 faut, pensons-nous, les faire
remonter k r6poque romane, c'est-k-dire aux xi® et xii*
sifecles. La chose est certaine pour Estang, Castelnau-
d'Auzan et Jegun et quasi-certaine pour Nogaro. Car, en
ce qui touche cette derni^re locality, il y a une charte de
Saint-Mont et une autre du cartulaire noir d'AuchMe la
fin du XI® si^cle constatant I'existence des portes, remparts
et foss6s de la ville. On ne saurait gudre douter que le
chateau, faisantpartie importante de Tensemble des forti-
flcjations, n'ait 6t6 aussi construit durant la m6me p6riode.
Les villes de Vic, d'Eauze et de Riscle datant aussi de
r6poque romane, leurs chateaux furent tr6s probablement
(1) Papiers de M. S. Duces de Lartigue, au chateau de La Mothe-Gondrin.
(2) Of. dans led. cartulaire noir un actc de donation ^ T^glise de Nogaro d'une
terre voisine situ^e « in cirvuitu barad » et, dans celui de Saint-Mont, viii,
carta de Nogariolo, vers 1096 ou 1100, le passage de cette charte rappelant les
marchandises mises en vente k Nogaro pour les foires if\/ra et ewtra omnium
portarum.
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— 186 —
61ev6s ou en m^e temps que ces viUes elles-i]ft6Dieou peu
apr6s. Ordan, qui 6tait d6ja le centre d'une baronnie pui^^
sante, doit avoir construit alors aussi son chateau
comtal.
Du reste, il est certain que ce fut principalement au
XI® si^cle et dans le si6cle suivant que les vieux chateaux
f6odaux en pierre ou en brique couvrirent notre vieux sol
de Gascogne et remplac6rent partout les antiques maisons
f6odales en bois *. Divers documents contemporains, en
particulier la Coutume de Bigorre *, nous font assister k
la construction de ces castra du xi® si6cle. On y voit
que nul chevalier ne pouvait 6difier un chateau neu/en
pierrasans ragr6ment du comte suzerain; autrement, il
s'exposait a ce que celui-ci fit d6molir le nouveau bAti-
ment. Plusieurs chartes de cette 6poque mentionnent : le
castrum de Corneillan ' en Armagnac, ceux de Fourcfes *,
de Moncrabeau et de Buzet* en Agenais, ceux de Bas-
soues * et de Marambat ^ en Fezensac, et celui de Lourdes
en Bigorre *. Une charte de 1165 signale 6galement le
ch&teau de Juliac en Betbez6, pr6s La Bastide d'Arma-
gnac (Landes), et nous apprend qull avait 6t6 construit
par Fortaner, seigneur de Mauvezin (Landes), en Tannic
1040 •. On salt d'ailleurs que plusieurs de ces chateaux
neu/s devinrentle noyau de villes ou bourgadesnouvelles,
qui naquirent k Tombre de leurs murs. C'est h eux que
(1) CI. Hiat. do Langucdoc, M. Privat, t. vii, p. 140.
(2) Cf. MarcA, HUt. de B6arn, p. 813.
(3) Cartul. de Saint-Mont, xxxin.
(4) Ibidem... xiii.
(5) Cartul. de Condom, passim,
(6) Chroniques eccUs. d'Auch, Pr. de la f p., cartul. de Pessan.
(7) Cartul. de Saint-Mont, xiv.
(8) Chr, de la cille et da chateau de Lourdes, Tarbes, 1872, p. 51.
(9) Archives de la Tour de Londres, actes de Westminster- .\bbaye, ad annum
1165. Nous deyons la connaissance de ce fait^ M. Maurice Romieu, au chliteau
de Juliac, qui citera le texte lui-meme dans Thistoire trfes int^ressante de la
vicomt6 de Juliac qu'il a pr^par^e et ^ laquelle nous souhaitons vivement de
voir bient6t le jour.
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— 187 —
doivent leur origine tous les lieux d6nomm68 Castetnau
ou CastelnaUj si nombreux eu Gascogne.
Tout done Concorde pour 6tablir sans conteste les
conclusions pr6o6dente8, savoir que les chMeaux des
TiUes pr6cit6e8 furent construits it peu pr6s en m6me
temps qu'ellas, c'est-i-dire au xi® ou xii® si6cle.
A. BREUILS.
QUESTIONS ET RfiPONSES
29S* LiO liTre de prices de Oaston Phdbus
On lit dans le Bulletin bibliograpkique de la livraison du 1" f^vrier
1894 de la Reoue des Deux-MondeSy r6dig6, dit-on, par le nouveau directeur
du c616bre recueil, M. F. Bruneti^re, les lignes suirantes qui ont fort piqu6
ma curiosity: « Livre de prices, par Gaston Ph^bus, comtede Foix,t385,
pabli6 par M. L. de La Bri^re. 1 vol. ia-8'. Ernest Kolb.—- Le manuscrit
de ces oraisons qu'^crivit il y a cinq cents ans le comte Gaston de Foix,au
soir d'une vie fort accidentee, a 6t6 r^emment d^ouvert. Ecrits en un
vieux langage qu'a tr6s discr^tement amende M. de La Bri^re pour la
compiodit^ du lecteur moderne, ces appels du pecheur k la misericorde
divine offriront, dans leur naivete d'antan et dans leur grice 6mue, un
pr^ieux r6gal aux lettr^s et aux croyants. » Je voudrais bien savoir si
I'authenticitd du Liore deprUres est incontestable. Je demanderais encore
oti a 6t^ trouv^ le manuscrit. A Thistoire de la d^oouverte, pourrait-on
joindre Thistoire du manuscrit m^me ? Enfln, k c6t^ de Tappr^iation faite
par un des quarante du pieux livret de Gaston Phebus, je d^sirerais voir
Vappr^ciation d'un critique dont tout lemonde ici a d^]k donn^ le nom.
T. DE L.
— Je ne connais pas encore la publication de M. L. de La Bri^re; je
ferai remarquer seulement que les devotes oraisons de Gaston Phebus ont
M6 public en m^me temps ou k peu pr^ par un savant pr^tre bdarnais,
du clerg6 de Paris^ M. fabb^ de Madaune, dans les Etudes de MM. Duba-
rat et Haristoy, et aussi, je crois, en brochure tir^e k part. — L. C.
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OBJETS ANTIQUES
AVEC MARQUES DE PABRICANT
INSCRIPTIONS OU AUTRES SIGNES
TROUVES A LECTOURE EN 1890, 1891 BT 1893 C)
VIII
VERRE
Les fragments de verre trouvfe k Pradoulin spnt innombrables; ils
proviennent de vases communs, plus ou moins grossiers ou plus ou
moins fins, et de vases plus rares d'un travail beaucoup plus d^licat. Les
vari4t& de Tun et deTautre genre sontde couleur blanche, jaune d'am-
bre, jaune citron, jaune fonc6 avec taches blanches imitant I'onyx,
vert clair et vert fonc6, bleu clair et bleu lapis fonc6, etc. Le verre
Wane a des ^chantillons nombreux tr^s fins et excessivement minces,
d'autres d^cor^s de globules int^rieurs ou de fines ^raillures superfi-
cielles ou encore de tilets ou ornements tallies k la meule, etc. Les vases
c6teles soufflfe dans un moule dtaient trfes nombreux; des flacons gros-
siers avaient en relief des ornements gtom^triques; des ^bantillons
plus fins, en verre bleu clair et vert clair, offrent en relief des filets
minces en^mail blanc opaque, etc., etc. Des anses de vases fins ont
fourni : une t^te de verre bleu en ronde bosse couronn^ de pampres;
la moiti6 sup6rieure du corps d'un oiseau, en ronde bosse, de couleur
bleue, ddcor6e de filets d'6mail blanc, avec le m^me 6mail pour les yeux;
un lion, en bas-relief, sur une anse, de verre jaune^ en forme de
disque. La texture, e'est le mot, la plus remarquable des autres vases
fins consistait : 1° sur un vase c6tel6, en une sorte de nougat opaque
compost de perles tordues, vertes, bleues, blanches et jaunes; 2« sur
une coupe, en forme d'ellipse, de rubans, composes de fils tordus de.
diverses eouleurs^ tiss^ en se croisant comme des lisi^res d'^toflfe,
les bords dujjvase composes d'une corde de fils de couleur tor-
dus; 3® dans une p^te bleu rompu ou vieux bleu, une sorte de nou-
gat, formant dans T^paisseur et k la surface des fleurs jaunes ciselto
(•) Voir la livraison de f^vrier 1894, page 99.
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— 189 —
ressemblant k des tulipes, des fleurs blanches au coeur jaune cisel^,
des fleurs rouges, des raisins jaunes, des feuilles vertes, le tout avec
des contours trfes purs ou 16g6rement estomp6s; k Tint^rieur, sur une
^paisseur de 1 ou 2 millimetres, tous ces motifs etaient brouill6s ou
tordus de mani^re k former une jaspure de toutes leurs coaleurs; le
vase, ainsi omement^, parait avoir eu d'assez grandes dimensions. —
Aucun de ces fchantillons ne porte la marque du fabricant et nous
n'auribns pas eu k en parler sans le fragment qui suit.
205 — ' Petit, fragment d'un vase en verre, couleur d'ambre clair
(..). Au-dessus et k gauche de T^paule droite d'un gladiateur, en
relief, arm6 d'un glaive— incomplet de la t^te, des pieds et du bras gau-
che, qui ne pouyait 6tre que lev6 — , en creux :
...RM( )....
Lettres d'environ i milU
C'est un fragment du nom du gladiateur; ce nom ^tait inscrit partie k
gauche de sa t^te et partie k droite. II pent manquer^ sealement, une ou
deux lettres avant R; cette le^re est incomplete de sa haste; M un peu
incomplet en haut. Plusieurs vases de verre avec gladiateurs ont6t6 signa-
les en divers lieux, ils sont tous k peu pr^s pareils. Sur oelui qui figure aux
pages 363 et364de VEpigraphie romaine du Poitou et de laSaintonge, par
M. le capitaine Esp^randieu, le gladiateur, dont la pose correspond k celle
du notre, a un casque k cimier, le bras gauche lev6, son bouclier k ses
pieds; mais son nom est PRVDElS, et ce nom est inscrit au-dessus de sa
t^te et au-dessus d'un demi-oordon torique; aucune partie du nom des autres
— lis sont huiten tout — ne correspond non plus k notre fragment. Les
similitudes sont autrement f rappantes : en outre de la pose, les dimensions
sont les meme8;le demi-cordon torique, qui se r6pete sous les pieds des gla-
diateurs, existe ici sur une petite longueur; enfin la couleur du verre est la
m^me. Nofre vase avait ete souffle dans un moule, aussi la figure s'est
reproduite en creux ^Tinterieur.
IX
BRONZES
Inddpendamment des monnaies, dont au reste nous allons nous
occuper incidemment, les objets en bronze decouverts k Pradoulin sont
tr^ nombreux; Tusage de la plupart d'entre eux est pour nous 6nigma-
tique. Un petit nombre porte des marques de fabricant ou autres signes.
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— 190 —
1° MONNAIES AVEC CONTREMARQUES
Les monnaies de bronze, troiivfes ici en tr6s grand nombre, ne
peuvent renlrer dans notre programme, mais il nous a sembl6 qu'il n'en
4tait pas de m^me pour celles qui portent des contremarques.
Ces contremarques, mat6riellement analogues aux marques ordi-
naires de poller, semblent ne figurer, gte^ralement, que sur des pieces
anciennes. Pour leur ^xjonomie ou raison d'etre, nous serious port6 k
croire qu'elles donnaient aux pieces qui en ^taient frappfeg une valeur
fictive plus ou moins 61ev6e.
206. — Moyen bronze d'Emporiae. A Tayers, t^le de Pallas, k
droite, dans un fort gr^netis k larges intervalles; collier fait d'un
gr6netis semblable. Sur le casque, dans un cercle :
Un dauphin dans un grdnetis.
DiamHre, 8 mill.
Au devant du cou, dans un rectangle :
DD
Lettrea de 3 mill,
Diecreto) d(ecurionum), — Cette contremarque se trouve assez comma-
ndment sur des pi^s di verses. La notre, fraste au re vers, a 6t^ trouv6e k
Lectoure meme et non k Pradoulin (I).
207. — Moyen bronze d'Auguste. A Tavers, t6te d'Auguste, k drwle;
CAESAR... en legende, de haut en bas (.. ). Au devant du cou, dans
un cercle :
Lettres de S et 9 mill.
La premiere lettre a sa traverse sup^rieure outrepass6e k gauche; 1©
jambage de gauche de V part, 11^, de Tangle InfMeur formd par la traveffte
mMiane de F; les deux points de la fin sent peut^tre les rested d'tme hMIe
unie & y . La pi^, qui 6tait f ruste, venait de Pradoulin, mais de fouiiles
ant^rieures aux notres.
208. — Moyen bronze d'Augusle. Au revers, Taulel de Lyon,
(1) L'emplacement actual dela villeet unepartie attenante, plus considerable,
avaient 6t6 habitus avant I'^dification du camp avec muraiUes dont nous avons
parl6 dans une note du commencement de ce recueil, et avant r^diflcation de la
ville dans la plaine. Les monnaies recaeillies sur cet emplacement primitif
viennent ie conftrmer : en plus de ceUe dont U est question id, elles comprafr-
nent la pi^ce des Sotiates ^ la louve, denier r^publicain de la famille Hosidia,
bronzes de la colonie de Nimes, denier d'Auguste; ensuite on saute k Maxi-
mien, Magnence, les Constantins, etc.
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— 191 —
ROMETAVG, en exergue. Entre les deux victoires, au-dessus de
Tautel, dans une ellipse :
TIB.C
LeUres de 4 mill, /?? H da 3 1i2.
Tib(erius) C{aesar). — II y a de graads rapports de composition et
identity de forme du B de cette contremarque, avec la marque d'amphore
n' 13; le point est rond. La pi6ce et la contremarque sent assez frustes, mais
la contremarque est, n^anmoins, bien visible encore telle que nous la
dterivons; elle est d'aiUeurs dej& connue.
209. — Bronze de Trajan, au-dessous de la moyenne. A Tavers,
tfttede Trajan, i droite, avec la couronne radi^e; IMPCAESNER...
en l^ende(..). Au-devant du cou, dans un rectangle en hauteur:
Un rameau de laurier.
Haut. 5 mill.
Ce rameau est compos6 de la tige, bouletee en haut, et de deux feuilles k
gauche et deux autres a droite . La piece est assez f ruste; au revers le S C
se trouve dans une couronne au dehors de laquelle est une l^gende.
2° ObJETS avec marque du BRONZIER
G6n6ralement les marques des bronziers sent mat^riellement analo-
gues k celles des potiers et mieux, par la nature du poingon, aux
conlremarques mon^taires.
210. — Fibule d'une seule pi^ : 6pingle, ressort k boudin, corps
ou devant. Ce devant courbe, en avant, renfld sur sa largeur et
c6tel6 (..). Sur une petite lame rapportie k la partie moyenne du devant
et relournte en dessous :
IRAC
Lettres de 3 mill, et dc 2 mill. 1(2
Ces lettrea en relief , de forme allongee et un peu cursive, sent entre des
lignes parall^lee aussi en relief. Deux de ces lignes ont^ laiss^ des traces sur
le haut, presque enti^rement d6truit par des eclats de Toxide, trois autres
sent encore bien visibles sur le has : Tinferieure sert de cordon k six perles,
la moyenne s'interrompt au droit de ces perles, la superieure est de forme
ordinaire. Toutes les lettres paraissent avoir eu la ligne inferieure du haut
pour limite commune, tandis que sur le has la premiere lettre descend
jusqu'k la ligne interrompue, la seconde seulement jusqu'^ la ligne
eontinae qui eet au-dessus, la troisi^me au mSme niveau que la premiere
et la quatri^me au mdme niveau que la seconde. 11 y avait evidemment
dam tout cela parti-pris pour une decoration, k roccasion de la marque qui
oocupe eflectivement une place souvent omement^ sur les flbulee. II ne
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— 192 —
reste que le quart inf^rieur de la premiere lettre, la seoonde a peida la
patine k gauche sur son angle sup^rieur, la troisi^me complete, la quatri^me
a perdu sa patine excepts sur son tiers inf^rieur. Le recueil des marques
de bronziers de M. R. Mowat ne donne que la marque DRACCl VS.F^qui
ait quelques rapports avec la n6tre; mais ici il n'y avait pas probablement,
d'aprte le reste inf^rieur de haste, un D pour initiale; c'^tait un I, selon
toute apparenoe.
211. — Fragment courbe, k facettes, qui, probablement, faisait
partie d'une ansa de vase. Sur un c6t6, frappi profondiment avec un
poin^n rectangulaire ou les lettres 6taient graves en creux, mais sans
6tre encadrfes, ni en haut ni en bas, par les grands c6t6s du rectangle:
VKO
Lettres de 2 mill. 1/S.
Le K est form6 de la barre verticale ordinaire ou haste et de deux lignes
parallMes, perpendiculalres k cette haste et la joignant vers le milieu de la
hauteur. C'est ainsi la forme d'un K des plus anciennes Inscriptions
latines, d'apr^s le tome I du Corpus de Berlin. L'O est incomplet k
droite par suite de la cassure et de la perte d*un deuxieme fragment qu^
portait la fin de cette curieuse marque. Cedeuxitoe fragment, non retrouv6
parmi une infinite de debris recueillis^ avait cinq ou six lettres, si nos
\ souvenirs sont exacts.
3^ Instruments de pesage
212. — Fragment du fl&iu cylindrique d'une balance avec Tanneau
qui servait^ r^unir les cbaines de Tun des plateaux. En creux:
)IoIoIoIoIoIo
Ces divisions tiennent toute la longueur qui est de 17 centimetres ii2,
de la cassure au dernier O, qui touche k la partie aplatie ou est pass6
Tanneau de reunion des chalnes; le diam^tre est de 5 millimetres. Une
balance, complete, avec la moitiedu fieau cylindrique portant des divisions
analogues, a ^te trouv^e k Pompei;on pent la voir flgnr^e dans le Diction-
naire de Rich et mieux dans le Magasin Pittoresque (1840, p. 72). Ces
sortes de balances portaient, du c6te gradue du fieau, un poids curseur,
comme les romaines proprement dites, qui servait k trouver les surplus de
poids sans qu'on eiit besoin, comme aujourd'hui, de charger le plateau
d'une foule de poids divisionnaires. Nous ne pouvons comprendre, au
juste, la valeur des divisions de notre fragment; encore moins Tinegalitd
de ces divisions : les deux premieres, en partant de la gauche, mesureiit
25 millimetres li2 chacune; la troisieme, 261i2; la quatrieme, 341i2; la
cinquieme, 28 li2; enfin les O, qui sembleraient devoir etre juste au nuliea
des grandes divisions, ne s'y trouvent pas exaotement.
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— 193 -
213. — Fragment du fl&tu prismatique, en losange^ d'une tr^
petite romaine, avec le bouton conique qui le tenninait du c6t6 oppose
aux anneaux et au crochet. Sur Tune des faces, en creux :
I I I I I •!(
§ur la face oppos6e, aus^i en creux :
IIIIK-III(
Haut. 2 mill. 112,
Le bouton est k gauche; 11 forme la fin des divisions pour le petit poids,
tandis que la derni^re ligne des divisions pour le grand poids se trouve
61oign6e de5 millimetres dece bouton. Les divisions respeotives, pour Tun
et Tautre poids, ne sent pas ^uidistantes, autant qu'on pent en juger en
Tetat actuel du fl^au, tordu et fau8s6; on trouve d'abord, en miUlm^res, en
partant de la gauche : 16, 171i2, 17, I81i2, 161i2; en second lieu; 101i2,
11 li2. 10 li2, 10, 12, 11 li2, 11 li2. Cee irr6gularit6s ne s'observent pas sur
les romaines modernes et nous ne savons pas au juste ce qu'il faut en
penser. Quoi qu'il en soit^ les divisons pour le petit poids sent subdivisto
en six chacune, ce qui permet de coniprendre que Tunit^ qu'elles repr^*
sentent est un quart d'once : Sicilicusy et les subdivisions, des tiers de
drachme ou scrupules; d'oti il suit que pour le grand poids les subdivisions
repr^ntent des huiti^mes d'once ou drachmes. Le K, suivi d'un point
plus gros que les autres, est ^videmment pour Caput, dont il est la sigle
d*apres d'autres monuments; il s'^nsuit, en s'aidant de la compandson
avec les romaines modernes et avec la romaine antique figure au Diction-
naire deRich et au Magasin Pittoresque (L c), joignant les petites dimen-
sions certaines de la n6tre, que son fI6au n'est incomplet k droite que d'une
deegrandes divisions pour le petit poids et qu'ainsi,jusqu'au point marqu6
K(aput), elle 6tait r6gl6e pour peser un quart de livre : Quadrans, ou trois
onces, divis^es en 12 sicilicus, subdivis^ en drachmes et en scrupules. Le
poids curseur glissait ici sur les aretes k angle aigu, resultant de la coupe
en losange, et n'6tait pas arr6t6 par des coches au droit des divisions,
comme sur les romaines modernes. II n'estpeut-4tre pas tout k fait hors de
propos de noter ici que, de nos jours encore, les ouvriers surbcrfsmarquent
d'un K la limite commune de ce qui doit 6tre conserve et de ce qui doit Atre
retranch6 par la scie. Que ce ftlt \k une tradition antique, ce ne serait gu^re
plus extraordinaire que la tradition qui nous a conserve la romaine, d'un
mtomisme si particulier.
214 (841). — Poids en forme d'un court cylindre trfes renfl6 (..).
Sur une des deux faces planes, grav6 ou frapp^ en creux :
BI
Lettrea de 5 mill.
Sur Toriginal, B n*est formd que par un faible abattement, k rint^cLeuTy
Tome XXXV. 13
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— 194 —
des quatre angles de droite fonn^ par un rectangle en hantenr divis^ en
deux parties ^les par une horizon tale : c'est ainsi, suivant une remarque
de M. A. Allmer, c un th^ta carr^ barre k moiti6 plutot qu'un B. » Le
bronze p^se actuellement 13 grammes 50 centigrammes; son alteration par
Toxide a d(l lui enlever quelques centigrammes. L'once romaine ^uival^it
k 27 grammes 27 centigrammes environ; c'est done le poids d'une demi-
once : semunciay que nous avons ici; mais que signifient les signes dont 11
e6tmarqu6? Nous trouvons figure dans les Annotations de Blaise de
Vigeoere sur Tite-Live (col. 1503, 1504, 1505; Mit. de 1617) huit poids
remains de bronze ou de pierre aiyant tous la meme forme que le n6tre : la
livre est marqu^ L, la demi-livre S, le quintal P-C (poHcU> centum), les
30 livres XXX, les 10 livres X. Toutes ces marques et leurs syst^mes sent
bien faciles k oomprendre; dans la m^me suite, un autre syst^me marque de
quatre points, dispose en carr^, un poids de quatre livres, et des subdivi-
sions de la livre autres que la demie : S(emis),ne portent point de marque.
C'est dans les Inscriptions romaines de Bordeaux (i, p. 597) que Ton
trouve une de ces subdivisions frapp^d'une marque dem^me syst^mequ^
la n6tre, tr^s ^videmment; mais sans 6claircir pour nous le vMtable sena
de Tune et de Tautre : le poids de Bordeaux est une once, du poids faible da
26 grammes, marqu6e V-X, sur le cercle sup^rieur, comme toujours; la
premiere sigle s'expliquerait bien par Vincia), mais que faire alors de X f
comme Fa bienremarqu^ M. C. Jullian. Ici, pareiUem^at, il ne serait pat
impossible d'admettre que le premier signe est pour S(emuncia)t mais que
faire alors de I^ qui, d'ailleurs» est si 6ioign6 du X de Bordeaux^ si lei
deux signes sont des chiif res ?
4^ Bagues ou Anneaux
215. — Anneau avec un cachet rectangulaire de 30 millimfetres de
large sur 16 de haut. Sur ce rectangle ou cachet, en creux ;
AYIT
LetCres de 10 mill.
T(itus) J(ulius) Vai...us) ? — Les lettres sont un pen grftles et de forme
un pen cursive. Nous donnons Tinscription telle qu'elle se pr^sente sur le
cachet, mais Tempreinte donne, en relief: TIVa, d'oCi notre lecture, oe
sceau etant, au reste, analogue k ceux qui dtaient appose sur les amphores
et sur la poterie k couverte rouge lustr^e. S'il fallait entendre Tinseription
telle qu'elle se prtoente ^r le cachet, elle eiit donn^ k Tempreinte Ati^us\
retrograde; cette interpretation serait done bien moins probable. Seulement
Thesitation est permise,]es lettres se rencontrant^tre telles querien n'avertit
de leur veritable sens. L'anneau etait dispose pour etre porte aux doigts
de la main; 11 va bien, surtout^ k ia deuxitaie phalange de rawnulaire.
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— 195 —
216. — Petite bague de la fonne dite chevali^re. Gravte en creux
sur le chaton :
line palme
Longueur IS milUnUtrea
Souvent ane palme fait partie des marques de potier^ on mSme oonstitne
une marque k elie seule. Voyez n* 144.
217. — Anneau ou bague, de la forme dite chetalUre, grosse et
lourde(..). Sur le chaton, dans un cercle, frapp* ou couW avec la
bague, en relief :
p
X
Haut. 6 mm. environ Le P coupe H d eon milieu,
Les traits de ce monogramme du Christ, larges. La bague fut trouv6e>
vers 1840, dans un sarcophage de plerre d'un grand dmeti^re, situA, It
Torient et non loin de nos fouilles, entre les voies romaines d*Auch et de
Toulouse, qui aboutissaient, en angle aigu, au centre de Pradoulin. Dans
une note de la page 24 de ses Notices hUtoriquea sur la mile de Lectoure,
F. Cassassoles dit possMer une bague en or» trouv^ au m^me endroit, « sur
le chaton de laquelle se trouvent les deux lettres X. P., monogramme du
Christ ». Nous ignorons ce qu'est devenue cette bague en or. Celle de
bronze est perdue; nous Tavons eue seulement quelque temps entre les
mains.
EugAne CAMOREYT.
NOTES DIVERSES
CCCXVIII. Les papiers de fomiUe des Polastron
J'ai aohet^ nagu^re k la vente du brie k brae de Breil, antiquaire k Pan,
une quantity considerable de parchemins relatifs k la famille de Polastron.
II y en a depuis le xv* 8i6cle jusqu'au xix*. J'en donne avis k ceux que
pareille nouvelle pent int^resser : quelque g^n^alogiste pourra y trouver
des noms et des alliances qu'il ne soup^nne pas; le chroniqueur lui-m6me
y glanera des notes pour Fhistoire du Gers et en particulier de Lombez.
Inutile de donner ici un inventaire de plus de 60 pieces. Je les communi-
querai volontiers aux travailleurs. V. D.
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L'IDIOME GASCON A LA SORBONNE
De l'influence du dialects GASCON suR LA LANGUE FRAN^AiSE de la fin da
XV* si^le k la seoonde moiti^ du xvn', par Maxime Lanusse, professeur
[au lyc6e Charlemagne]. Paris, Maisonneuve (quai Voltaire, 25). —
1 vol. in-8* de xvi-470 p.
{Suite etjin*)
M. Lanusse a trouv^ chez nos critiques litt^raires ce double juge-
ment sur Du Bartas passi, ou peu s'en faut, k T^tat d'axiome : « L'au-
teur de la Semaine est un disciple de Ronsard; il emploie les m6mes
procM^ poStiques avec exag^ration et abus. » A ce double arr^t, le
jeune professeur oppose ces deux assertions : Du Bartas se distingue
absolument de Ronsard par Tinspiration chr^tienne et m^me par la
thtorie po^tique; il a d'ailleurs dans la langue et le style des quality
et des d^fauts tout diff^rents. Plusieurs pages sont employees k justifier
cette opinion; je me contente de les recommander comme fort instruc-
tives aux lecteurs gascons et, pour abr^r, je me bite d'indiquer, en
aussi peu de mots que possible, comment elles n'ont pu gagner Tassen- .
timent absdu des professeurs de Sorbonne, ni m6me satisfaire pleinement
un critique k demi converti d6ji — c'est de moi que je parle. —
Des dissidences thtoriques, m6me graves, des differences de g6nie,
m^me profondes, n'emp^hent pas de classer un terivain parmi les
disciples d'un maitre qui lui a incalqu6 au moins une partie notable
de ses procedfe. A son tour, il est vrai, ce disciple pent passer chef
d'teole par une forte originality personnelleetun hautdegrfi d'influenoe
propre.
A mon humble avis, du premier chef, Du Bartas reste c disciple de
Ronsard » beaucoup plus que M. Lanusse ne voudrait I'avouer; mais
sur le second, je plaiderais volontiers avec lui la cause de notre vieux
po6te huguenot.
M. Faguet a trte bien r&sum^ la revolution po^tique op^r^e ou du
(•) Voir cidessus, Uvr. de f^vrier, p. 117. — Dans ce premier article, il est
rest^ quelques fautes d'impression, dont deux me semblent ^ corriger id. P. 121.
alin^commengaDt par« M. Lanusse... », ligne 2, decant initialed lisez : devant
une r initiale; — ligne 10, effacez de avant <x cap de Saint- Amaud ». — A la
p. 120, note (4X demises lignes, j'aurais du remarquer que le ddplacement de
I'aocent ob^issait dans les deux exemples cites k des lois diHerentes.
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— 197 —
moins esssyie par Ronsard en oes trois points (1) : imitation des anciens^
plus p6n6trante et plus savante qu'auparavant; — culture des genres
nobles, au lieu des petits potoes de tradition indigene; — cr^tiond'un
style et d'une langue poitiques, ilev6s au-dessus de la prose par la
richesse (au besoin inventive), par Timage, par la force et la majesty, etc.
Or ce sont \k les caractferes de Du Bartas, il n'y a pas & s'y tromper.
Tout au plus y a-t-il une nuance importante sur le premier point, les
pontes de la Pldiade imitant en vrais paiens Tantiquit^ profane, tandis
que Du Bartas est tout biblique et ennemi prononoS des sujets fabuleux
ou passionnte. Mais la couleur antique ne subsiste pas moins dans la
po^sie bartassienne. Je prends au hasard dans un vieux recueil (2) la
liste des periphrases par lesquelles le soleil est d&sign^ dans les deux
Semainea. J'en trouve beaucoupqui impliquent des comparaisons
tir^ plus ou moins heureusement de la r^alit^ : « L'oeil du monde, le
prince des flambeaux, la charrette flambante du ciel, la lampe du jour,
Le courrier flamboyant dent la perruque blonde
Redore ohasqae jour or' Tun, or* Tautre monde;
le postilion
... qui jamais ne void fin it sa course;
... qui d'un flamboyant tour
Tout ce grand univers postillonne en ud jour. »
Mais j'en remarque un presque aussi grand nombre qui sont mytho-
logiques : € Titan chaleureux, fils tire-traits de la belle Latone, flam-
beau latonien, torche delphique, Ph6bus aux cheveux d'or, ApoUon
donne-honneurs, etc. » Je sais bien que sous ce jargon mythologique
ridto et Tesprit sont Chretiens; mais la po^sie n'en garde pas moins la
marque ind616bile de la P16iade.
Je n'insiste pas sur les questions de « genres » et de < langue et style
po^tiques ». Ici, pourvu qu'on ne confonde pas les notes et tendances
personnelles avec le train g^n^ral de Tart et du metier, il n'y a gu&re
lieu de disputer s6rieusement. N'y eut-il que cet usage exclusif de
Talexandrin chez notre po^tegascon, il est jonsardien; carc'est Ronsard
qui le premier et k Tencontre d'une tradition s6culaire a remis ce grand
vers en honneur et a terit : < Les alexandrins tiennent la place, en
notre langue, telle que les vers h^roiquesentre les Grecs et les Latins...
La composition des alexandrins doit ^tre grave, hautaine et s'il faut
ainsi parler altiloque, d'autant qu'ils sont plus longs que les autres et
(1) Selziimo sidcle, etudes UtUraires (Pans, 1S94), p. 229.
(2) Le grand Dictionnaire des rimes franeolses [renfermant] Us Eplth^tes
tiris des cpuores de GuilL de Salluste s' du Bartas. Gon^ve, 1624.
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•^ 198 -^
sentiraient la prose s'ils n'^ient compost de mots ^us^ graves el
r&sonnants. » Cette citation^ que j'empnmte sans fa^n k M. Faguet,
ne semble-t-^lle pas le programme que Du Bartas aurait tenu k ooeor
de suivre dans cbaque page de ses < graves et rfeonnants » po^mes t
Si M* Lanusse j oppose, en faveur de Toriginalit^ de Du Bartas, le
retour de la Franciade au vieux d6easyllabe 6pique, M. Faguet r6pond
tr^s bien k cette objection; d'aiUeurs sptoieuse. Et je ne crms pas que,
tout en att^nuant ce qu'il dit avec bien d'autres de V « exag&^tioii »
Mcheuse des audaces de Ronsard dans Du Bartas, on puisse la nier
absolument. L'usage du redoublement, par exemple, reste k son actif,
comme im progrfes malheureux dans la voie du n^ologisme par provi-
gnement, ouverte par Ronsard.
Du Bartas pent done rester inscrit dans Thistoire litt^raire avec ce
titre de disciple de Ronsard que M. Lanusse voudrait effacer; mais la
plupart des remarques de ce dernier n'en subsistent pas moins, assu-
rant au pofete huguenot une vraie originality dans Tinspiration et
m6me, quoique k un moindre degr^, dans I'art et dans le ton. Au reste,
cette initiative de renovation po^tique a ii6 constat^ et soigneusement
6tudi6e depuis longtemps, dans Toeuvre de Du Bartas, par un grave
toivain qu'on oublie trop de consulter, surtout en mati^re litt^raire.
Je veux parler de M. Aug. Poirson et de son Histoire du r^gne de
Henri IV (1856), dont le neuvifeme et dernier livre est consacre lout
entieraux sciences, lettres et beaux-arts pendant la p6riode de 1589 k
1610. Lk, Du Bartas est hardiment class6 sous la rubrique « nouvelle
^le B, par opposition aux deux ^les ant^rieures de Marot et de
Ronsard. Aucun critique n'a autant fait valoir les hautes parties du
g6nie de Du Bartas et surtout la portte profond6ment humaine et reli-
gieuse de ses po^mes et de leur succ6s. Je renvoie k ce travail trop peu
connu et qui me parait, au point de vue des idtes morales, absolument
digne d'un historien aussi judicieux dans ses conclusions que cons-
ciencieux dans ses recherches. Malheureusement le criterium propre-
ment litt^raire de M. Poirsgn n*avait pas tout k fait la m6me surety
que son coup d'oeil philosopbique, et par la m6me son magnifique
61oge de Du Bartas pent avoir plus d'une retouche k subir.
On n'est d'ailleurs vraiment chef d*^le que par les disciples qu'on
s'attache, et c'est par le nombre, la valeur, Tactivit^ de ces imitateurs
et par la durde de leur vogue que ce titre « d'teole » prend place dans
rhistoire. Or, il faut bien avouer que Timitation de Du Bartas n'a pas
produit d'oBuvres durables. Si Malherbe, en « biflEant » Ronsard, a
marqu^avec autant de surety que d'injustice la fin du « ronsardisme^ »
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— 199 —
il a du Qidme ooup poresque effaoS la trace de Du Bartaa et de aes disdh
pies. Toutefois une itude intelligeate et attentive de notre ivolutioii
poMque au xvi« et au xvii^ sitele doit, nou seulement reconstituer la
grande 6cole de Ronsard, qui est le vrai point de depart de toute notie
po&sie classique, mais encore distinguer le groupe des bartassiens, qui
a eu son action particulifere etoriginale en France et h T^tranger. Cette
itude spteiale est surtout int6ressante pour les gascons^ parce que I'^le
de Du Bartas ^ eu naturellement dans notre province une fortune trfes
marquee et y a comptS m6me, malgr6 la stdrilit^ ordinaire de notre sol
po^tique^ plusieurs ^h^rents de quelque renom. Le plus en vue de
tous est Joseph Duchesne, lectourois, mMecin d'Henri IV^ dont le
Grand miroir du monde (Lyon, 1593) est le v^table compltoient de
la grande Semaine. M. Lanusse ne I'a pas oubli6^ non plus que Jean
Gaston, Wamais {(Euvrea poHiquea et chrMe/ineSy Ortbez, 1633); il
faut leur adjoindre Etienne de Sanguinet, « gentiihomme gascon^ »
auteur de la Dod^cade de VEvangile (Bergerac, 1614) (1), et un
neveu de Du Bartas, Jean d'Escorbiac, seigneur de Ba}onnette, auteur
de la Chrisiiade (Paris, 1613).
On le voit : si M. Lanusse est all4 « un peu trop avant dans toa
opinion » favorable k Du Bartas, comme Tavoue un des critiques les
plus sympathiquea k sa th^ (2), il n'en a pas moins produit au procte
des fails et des raisons tr6s notables et dont il faut absolument tenir
compte pour le yrai classement des pontes et des ^les. Et maintenant
je ne puis comme je le voudrais m'arr^ter sur les belles pages, el tout
k fait judicieuses non sans nouveaut^, qu'il consacre k Montaigne
considiri prMs&oient comme terivain gascon (3), et k Monluo, ohes
(1) Ce lourd po^me, qui ne renferme pas moins de douze chants (Fauteur a
mieux aim^, non sans raison, le^ appeler <f traictez » ), se distingue par une
ezag^ration invraisemblable des d^fauts de gout qu'on reproche k Du Bartas, et
surtout par une f ureur de poldmique anti-cathobque tout k fait 4trang6re h son
module. Je veux en citer les demiers vers (p. 565-6), qui ne donneront pas
grande envie de lire les autres :
Poisqae fay d'un fort ton et d'un penible style —oh/ oail —
Celebrd un Sftnvenr retemel Evftngilej
Parfait ma Dodecade et le mienx <ine j'ay pen
Au Dieu Omnipotent rendu mon divin vcen
Ez ans de Jesus n6 qu'au calcnl hebralqne
Le prophete Germain compute en sa chronique
Milie six cens et cinq, milte six oens et six.
En moins de deux cens jours (don de celeste gr&ce)
Ceste oeuvre oonsommant que temps ny mort n'eflaoe,
Quand elle voudra done vienne i moy oeste mort
Toute afEreuse qu'elle est et de face et de port.
(2) M. S. Rocheblave, Reoue internat. de Venaeignemeni, 15 nov. 1893.
(3) M. Lanusse cite (p. 177) le dicton gascon du chapitre xxv (1. i) des Essais :
« Bouha prou bouba, mas a remuda lous dits qu'em, » en ajoutani que le sens
en est « tr^ controversy. » Le sens littoral ne pent gu^re ^tre mis en discussion,
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— 200 ^
lequel il signale surtout les deux traits distinctifs de la race gasconne :
« rimaginationffeondeet rinsouciance, voulue ou non, des rfeglesetde
Tart. » Encore id pourtant, j'aurais une reserve k faire, moins pour
Monluc lui-mfeme que pour sa race : Tesprit pratique, le sens prompt,
aiguis6, mais au besoin tout aussi r^tehi, me paralt le caractfere le plus
marqu6 du gascon; quant k Timagination qui brille chez lui, ce n'est
pas prfcis&nent oelle qui est invention litt^raire, creation poitique, c'est
celle qui s'appelle, d'une part, verve ou sentiment personnel trfes vif et
trfes expansif, et de Tautre f^ndit6 de moyens d'action. Et par li, me
semble-t-il, se trouve r&olue, pour le dire en passant, une demi-contra-
diction que quelques-uns ont cru trouver dans une rteente leQon tr^s
remarqu6e de M. Bourciez sur « Tesprit gascon (1). »
III. En m'6tendant au-deli du n^cessaire, mais non peut-Atre sans
quelque int^rfet s^rieux, sur des parties relativement accessoires de la
th^ de M. Lanusse, je me suis condanm^ k glisser l^g^ment sur
Tessentiel de ce travail, sur le livre troisi^me < le gascon dans la
langue frangaise. t Au fond, je n'en ai pas grand regret. II faut que les
puisque Montaigne lui-mdme, qui devait savoir ce qu'il 6criyait, a traduit ainsi :
« Souffler prou, soulfler; mais ^ remuerles doigts, nous en sommes 1^. » Qu'em
yeut done dire ici nous sommes et non pas nous aoons. — II y a eu de plus
discussion, il est vrai, sur la m^taphore qui est Tdme de ce dicton. J'ai cm et
soutenu, dans le Bulletin de I'lnstitut cathoUque de Toulouse de 1890, qu'il
fallait entendre probablement : « Souffler sur ses doigts, c'est bon; mais il s'agit
ensuite de faire oeuyre de ses doigts 1 » C'^tait un contresens. Montaigne lui-
m6me nous dit que ce proverbe est « tir4 d'une chalemie, » c'est-^-dire que la
figure qui le constitue est emprunt^e k Tid^e d'un chalumeau. II faut done enten-
dre : « Souffler est facile; mettre les doigts oil il faut, voil^ la grande affaire I »
C'est pour n'avoir pas compns d'abord le mot chalemie, et pour ayoir trop tabid
ensuitesurune interpretation toute faite, que j'ai chopp6 assez lourdement. J'^tais
depuis longtemps revenu de mon erreur, quand M. rabb6 Dulac, quiaurait pu me
redresser en vingt lignes, a eu la complaisance vraiment excessive de me faire
la le^n dans toute une brochure ad hoc : Un dicton gascon dans Montaigne,
Tarbes, 1891. Prix : 10 fr. Les amateurs qui seraient curieux de la lire doivent
s'adresser k Tauteur lui-m^me, qui leur fera, je suppose, une notable rMucdon
sur ce prix fabuleux.
(1) Cette belle legon d'ouyerture a paru dans \q Bulletin municipal qfflciel de
la oille de Bordeaux du 16 d^cembre 1893. La formule suivante, d^d^ment
excessive, se lit ^la fin de la p. 157 : « Chez tons (les ^rivains gascons), ^xidcm-
ment, Timagination est la quality maitresse, dominante, et elle rompt T^quilibre
au detriment de la raison... » Chez tons I et nos grands diplomates, Gabriel de
Gramont, Jean de Monluc, Arnaud d'Ossatt et ce que vous avez dit vous-
m^me, et si bien, de la perseverance, du savoir-faire et de Youeil de gat de la
race ? — Sauf ce dissentiment, plut6t de surface que de fond, on me permettra
de me feiiciter d'avoir, ily a tant6t treize ans (Reoue de Gascogne, xxiii, 297),
signaie dans le « genie gascon » presque les memes traits que M. Bourciez; mais
ceux qui reliront mon discours de 1882 apr^s son eiegante et spirituelle le^n
ne m'acouseront pas d'avoir donne ioi cette indication au profit de mon amour-
propre.
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— 201 —
amatears de oes Etudes prennent directement connaissance de oes deux
cent cinquaute pages, pleines de faits linguistiques aussi bien olasste
que solidement expliqu^. Je me contente done d'une analyse som-
maire, en vue surtout de bien montrer la sagesse, la prudence presque
excessive de I'auteur dans ses inductions^ en m^me temps que I'heu-
leuse disposition de ses riches matdriaux.
Un premier cbapitre, qu'on aurait grand tort de n^gliger, donne sa
vraie signification k tout ce qui s'appellera dans le reste du livre
c influence du gascon », et met au point juste, autant que la chose est
possible, la part respective, si souvent ind6cise, de divers idiomes en
rapport commun et simultan6 avec notre languenationale.il se resume
dans les trois points suivants :
1° L'influence gasconne « introduit dans la langue un certain nombre
d'expressions ou de toumures, les imes franchement gasconnes, les
autres gasconnes et m^ridionales; — 2° Elle aide puissamment k la
fortune de la plupart des mots empnmtds k Titalien ou k Tespagnol; —
3° Elle ramfene ou contribue k maintenir, au moins pour quelque temps,
des termes et des tours connus de Tancien fran^ais, mais tomb6s dans
Toubli ou dMaignfe de la langue du xvi« et du xvii^ sitele. •
Viennent ensuite les trois chapitres entre lesquels se partagent tons
les faits qui 6tablissent rinfluence,directe ou indirecte^du gascon sur le
frangais, dansces trois domaines : prononciation,vocabulaire, syntaxe.
1. L'influence du gascon sur la prononciation fran^ise est tr^
delicate k determiner, d'autant que Thistoire de cette prononciation,
m6me aprte les beaux travaux de Ch. Thurot, est sur plus d'un point
obscure et douteuse. Les remarques de M. Lanusse sur la valeur
compar6e soit des voyelles et des diphtongues, soit des consonnes,dans
le gascon et dans le fran^ais de Tile de France au commencement des
temps modemes, sent fort utiles et donnent lieu k des rapprochements
int^ressants (1). II n'en ressort pas de conclusion g6n6rale bien 6tablie
sur Tinfluence de notre patois. Le fait le plus notable en oe genre est
(1) Voici quelques meuues observations, saus portde d'ailleurs pour Ja valeur
g^ndrale des inductions de M. lanusse. — Sur la distinction des braves et des
longues (absolument identiques pour les gascons), la liberty po^tique relative
signal^e chez nos pontes classiques ne doit-eUe pas etre imput^e surtout aux
Normands ? — A la p. 268, on nous accuse aveo raison de prononcer anguile
pour anguUle; mais c'est par distraction qu'on nous reproche notre prononcia-
tion distcle, qui est la bonne. — Ce qui ooncerne rr (p. 271-272) est incomplet.
Le frangais actuel n'a qu'une meme prononciation pour /• et rr; le gascon en a
deux (dont aucune n'esi la vraie /• del'lle de France). On pent prouver, je crois,
par les grammairiens d'autrefois que la prononciation Irangaise s'est modifi^e
et 8impU/l6e sur ce point.
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— 9« —
peut-4tre eelui que I'auteur a placd le dernier dans oe obapitre : < On
doit expliqner, d'une mani^re p^ndrale, par Tinfluenoe dea Fian^^is du
Midi, oomme leremarque fort justement M. Crousl^ (Gramm.fHin^.\
mais en particulier, ajouterons-nons, par I'influenee des Gascons, la
tendance de la langue frangaise k faire sonner les consonnes finales
assourdies dans Xefran^ais du Nord, le veritable frangais, » Notes
que par ce detail l*influenoe m^ridionale va k I'encontre de la recherche
du a moindre eflfort » et de la douceur de la prononciation, qui est la
principale cause des changements en cette matifere.
2. L'influence sur le vocabulaire est dtablie par un rdevi alphaM-
tique fort dtendu (p. 277-368) des mots gaseous, ou signal^ oomme
tels, qui se trouvent dans les auteurs frangais. II y aurait peut-fetre eu
quelque avantage k s^parer des mots vraiment frauds^, lee mots
gascons qui figurent dans les textes par pure n^oessit^, comme en
oertains actes et m^moires de notre pays, ou par barbarisme touIu,
comme dans le Baron de Fcanesie, Mais, comme chaque article donne
lieu k un commentaire ou tout est soigneusement discut^, Tinconv^
nient n'est pas grave et un vrai profit est toujours assurd au leeteur,
avec ragr6ment par surcrolt. Car il est difficile de trouver en pareille
matifere un choix aussi vari^et aussi curieux de citations topique8,avec
tant d'aisance et de sagesse dans le commentaire. Dans sa conclusion,
Tauteur n'admet que quatre mots foumis directement au dictionnaire
frangais par notre parler provincial, savoir : cadei {capdei=oapiiellum),
dont M. Paul Meyer a d6montr6 Torigine gasconne; oapulei, vAtement
pyr4n^n dont les lexicographes ont not^ la provenance; goujat et
gouge, dont j'ai moi-mftme propose Tdtymologie gaudium, cit^ dans
le Dictionnaire de Littr6(qui, k cette occasion, a feourt* mon petit nom).
M. Lanusse aurait du ajouter au moins cachalot; il plaide modeste-
,ment pour Torigine gasconne de ce mot, aux pp. 301-2; mais la phon*-
tique parle avec une parfaite clart^ : caissaly grosse dent, est provengal
et languedocien; le gascon, seul des idiomes frangais m^ridionaux,
remplace tssaprfes unevoyellepar le son chuintant ch(cai880=cacho,
haissel = hachHy etc.), et dit, en consequence, cachau au lieu de
caissaL II est vrai que ce chuintement se retrouve en Catalan, ainsi que
tant d'autres caract&res du gascon; mais on dit en Catalan quichal(l)f
(1) Je m'aperQois un peu tard qu'au lieu de la forme guickal, indiqu^e par
lAXMf le Dictionnaire Catalan donne (h Tezclusion de toute autre forme) casoal,
C'est done le vrai mot, iden tique, sauf la vocalisation r6guli6re de I final, au
gascon cachau; ce qui diminue un peu, mais ne d^truit pas, je orois, la valeur
de r^tymologie gasconne que j'ai soutenue dans mon texte.
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- 908 -^
oomme en espagnol quijal ou quyar et en partagais gueixul. C'est
done viaiment le gascon qui aura nommi le cachalot, « animal arm^
de grosses dents ». Et cette induction est fortifi^ parcette remarque de
M. Lanusse, que c les Gascons du littoral, les Bayonnais surtout, ont
6i6 de tout temps de hardis et intr^pides marins. »
Parmi les mots qu'il faut regarder oomme purement patois, quoique
fourr^ une fois ou autre dans un texte francs, je citerai : 1^ ramelei,
qui a Youlu dire suooessivement petit rameau, bouquet, fto locale,
ballet. M. Lanusse m*a renvoy^ Thonneur de cette explication, que
j'avais fournie dans le temps aux Miteurs de d^Antras, mais que je
teoais de feu M. le D^ Noulet, je me fais un devoir de le dMarer ici;
au reste, ce mot est languedocien et non gasoon (on dirait en gascon
ramerei); — 2*^ esolop est donn6 par Borel pour languedocien, non
pas pour gascon, puisqu'il attribue le mot k Toulouse; mais il doit
appartenir aux deux dialectes. L'^tyroologie est prohablement aoceuluSy
ital. zoccoloy qui pr^te k la m6tath^ ^ioj e$olOf esclop, p.-6. pour
escloc; — 3** bouasin (rac lat. buccal donni pour gascon par
Cotgrave, est encore trte U8it6 surtout dans une des parties les plus
€ gasconnes » de notre province, en Bas-Armagnac; ailleurs on a
pr6f6r6 r^quivalent moa (moram); mo9 de pafiy boucin de patty mor-
ceau de pain; ^^ 4^ care ne peut pas 6tre frangaisd'origine : la phon^*
tique frangaise exige eh^re (faire bonne chfere, c'est-k-dire bonne figure
k quelqu'un); care est assur^ment meridional, sinon express^ment
gascon; — 5^ iuppiuy qui n*est plus du frangais correct, est encore trte
usit^ dans lefrangais de plusieurs provinces, k Lyon par exemple; le
gascon correspondant est toupin; — 6^ milloquej milloc : ce dernier
est le nom actuel du mais (concurremment avec turguet) en Arpia-
gnac et ailleurs; on y reserve le nom de milloque k une esp^ de
sorgho, trfes voisine du mais par le port, mais qui ne foumit que la
feuille utilise comme fourrage et des 6pis dont on fait les balais. II est
possible que cette synonymie ne vaille pas pour tous les lieux; ce que
je tiens k dire, c'est que millocy dans un texte de 1546, d^ignait sans
doute le gros millet, non le mais, qui ne devait pas 6tre encore cultiv^
chez nous.
Deux mots qui me paraissent purement latins, saLutVhabitua gascon
ou frangais que leur donnaient les tabellions et praticiens du vieux
temps : multa, multer (mulctare); legat {legatum)^ remplac6 par le
barbarisme leg a (le bon frangais serait laia, de laiaaer), — En revan-
che, aaturey quoique tr6s employ^ par Henri IV, est purement frangais
(a &fheure), M. Lanusse a raison de Tassurer; mais il aurait iik noter
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— 204 —
que le mot gascon — ou plutfit, je crois, languedoden — biei-^aze
est encore aujourd'hui, sous la forme franciste m^dase, dans le Diction-
naire de TAcadtoie.
3. L'influence du gascon sur la syntaxe fran^aise est poursuivie k
travers toute la s4rie des parties du discours; etchemin faisant, que de
gasconismes relev^ dans tel oU tel de nos auteurs fran^ais, particuli^
rement dans Montaigne (1)1 Sur Tarticle : « dea grandes mules, » au
lieu de la simple particule de (remarquez bien qu'aujourd'hui Tusage
parisien semble se prononcer dans ce sens). — Sur le substantif :
genre masculindonn6auxmols cuiller, deiie, doty huile^ imager ren^
centre, etc. — Sur Tadjectif : le possessif remplaci par I'article (le p^
m'a^dit...; la femme est sortie); Tabus du mot autrea dans« nous
autres, vous autres, » qui me paraissent pourtant de vrais gallicismes,
mais pouss6s Irop loin chez nous. — Sur le pronom : Tabus du verbe
pronominal : « je me la garde; » en pour le : € gascon, yen suis et je
m'cnappelle. » — Sur le verbe: enirer, soriir^pardonner, iomber...y
devenus transitifs. En revanche, le compl^ent direct des vrais verbes
transitifs se trouve, dans les auteurs qui ont subi Tinfluence gasoonne,
surtoul dans Monluc et parfois dans Montaigne, pr6c6d6 de la propo-
sition d : « II nous trouva, k M. de Salc^e et k moi. » C'estungasco-
nisme, et aussi bien un bispanisme, si Ton veut. Toutefois, tandis
qu'en espagnol cette construction est toujours imposOe avec les noms
de personne, en gascx)n, ^alement restreinte aux noms de personne, elle
ne s'emploie rOguliferement que dans les tournures pl^nastiques ou
elliptiques : « L'an tuat, ad et — on Ta tu6, d lui. » J'ai entendu cent
fois, d^s le collie, des dialogues comme celui-ci : « On vous demande.
— A qui? — A vous. » Et quand on essale de corriger ces famous de
parler, on se beurte^ cette objection :-< Si jedis qui? au lieu de A quif
on me rOpondra ce que je ne demande pas, on m'apprendra qui
demande et non qui Von demande, » M. A. Thomas a eu raison de
reprocher k M . Lanusse trop peu de precision au sujet de ce gasconisme;
mais il faut ajouter k sa dfeharge que, parmi les exemples citOs dans
sa thfese, quelques-uns d6passent les limites rOguliferes.
II y aurait bien d'autres remarques k glaner dans ces pages sur les
(1) Les Etudes sur Montaigne, il faut le dire ici, et il y aurait eu lieu de le
remarquer d(5j^ dans d'autres parlies du travail de M. Lanusse, lui devront
beaucoup, parce qu'il a mis k leur vrai point les nombreux « idiotismes » des
Essais, en y faisant la juste part du gasconisme, k Tencontre d*un livre sp^cial^
ou ce point, sans parler de bien d'autres, avait et^ absolument mal traits {Etude
sur la langue de Montaigne, th^se de doctorat, par Eug. Voizard. Paris, L6op.
Cerf, 1885.)
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— 205 —
toumures franQaises plus ou moins empreintes de gasconisme. II est
curieux que quelques-unes des plus usit6es parmi nous nese trouvent
pas m^ine dans les auteurs de notre pays : « Ne dises pas, n'ailles
pas.,. », par exemple, ont 6t6 cherchfe en vain dans leurs livres par
noire laborieux et attentif compatriote. II y a trouv6 € s'en faire cent
pistoles », pour d^penser ou perdre...; € faire k qui... », pour dispuler
k qui (par exemple, arrivera le premier). A-t-il cherch6 « faire aux cartes,
faire k la balle, etc. ? » Les deux Monluc lui ont foumi « faire de
moins », encore si usit6 chez nous. « Faire du honteux », et phrases
semblables, ont iii employes mtoe par des auteurs Strangers a notre
pays, sinon i notre influence (l).Celle-ci, du reste, ^ne consid^rer
que ce qui est rest6 de gascon dans la vraie syntaxe frangaise, est
presque nulle, et M. Lanusse en convient et ne s'en plaint pas (2). II
fioit son beau travail en f^Iicitant Malberbe d'avoir a degasconn^ » la
cour d'Henri IV, se montrant ainsi non moins soucieux de la puret4 de
notre langue nationale qu'il a 4l6 scrupuleux a relever et k saisir, dans
leur v^rit^, en dehors de toute exag^ration, les influences directes ou
indirectes, accidentelles ou durables, du parler gascon sur la pronon-
ciatioA, le vocabulaire et la construction du frangais.
L60NCE COUTURE.
QUESTIONS ET RfiPONSES
298. Hubert Gharpentier dans le dlocdse d'Auch
Hubert Gharpentier, restaurateur de B6tharram, se trouve k Graraison,
dependant alors du diocfese d'Auch, en 1611 et 1617, avec Pierre Geoffrey.
Pourrait-on me dire s'il possMa auparavant quel^ue b^n^flce dans ce dio-
c^e? II est k Saint-Sever en 1595; depuis lors, je perds sa trace pendant
plus de quinze ans. Je soupQonne qu'il aura pas8^ tout ce temps k Bordeaux
et aussi dans le dioc^e d'Auch: mais impossible de le prouver.
V. D.
(1) Ce malheureuz verbe/atre joue bien des tours, non seulement aux Gas-
cons, mais en general aux m^ridionauz. On connait rhistoire de La Viscl6de,
secretaire de I'Acad^mie de Marseille, qui sortant un soir de chez Fontenelle,
criait k la domestique : « Faites-moi lumi^re, je n'y vois pas dans les escaliers. »
Faire lumUre pour 4clairer, les escaliers pour I'oscalier, sent toujours en
pleine vigueur chez nous, et plus d'un gascon s'attirerait encore aujourd*hui la
piquante observation de FonteneUe : « Pardon, monsieur, ma cuisini^re n'entend
que le fraUQais. »
(2) Une des toumures entries un peu tard dans la langue frangaise, « il m'a dit
de faire » au lieu de « que je fisse », est rapport^e par Vaugelas et Manage ^
rinfluence gasconne. Je n'y contredis pas; seulement, ces sortes d'attributions et
la designation m6me de gascon, M. Lanusse le salt mieux que personne, ont
bien souvent une port^e trop large et trop vague dans les auteurs du xvn* si^le
et m^me aujourd'hui.
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LETTRES INtDITES DU CARDINAL D'OSSAT
Lee onze lettres que'nous avons la bonne fortune de
publier pour la premiere f ois f eront encore mieux connaitre
et appr6cier Thabile n6gociateur de Tabsolution d'Henri IV
k Rome. Ignor6es jusqu'ici et complfetement in6dites S
elles ne le cfedent ni en importance ni en int6r6t k celles
qui ont a8sur6 la r6putation du cardinal d'Oseat.
Celles qui sont adress6e8 au due de Nevers, le premier
reprfesentant d'Henri IV k Rome, 6clairent d*un jour tout
k fait nouveau un des principaux 6pisodes des n6gocia-
tions tent6es pour r6concilier, aprfes la ligue, la France
royaliste et le Saint-Si6ge. II 6tait admis jusqu'^ pr6sent
que r6chec du noble diplomate provenait, en grande
partie, de son d6dain pour les conseils d'Arnaud d'Ossat,
k qui Henri IV Favait pourtant adres86. Cette opinion
ne pourra plus se soutenir.
Quelques lettres de d'Ossat au due de Nevers, signal6e8
dans les ventes publiques*, avaient sans doute fait soup-
fonner qu'il avait cependant exists quelques relations
entre ces deux personnages; mais, ces lettres n'ayant pas
6t6 publi6es, il 6tait impossible de pr6ciser la nature de
ces relations. Notre publication permetr aujourd'hui de
r68oudre cette question.
La dernifere des lettres que nous publions pr^sente un
int6r6t tout particulier. EUe est adress6e au chapitre de
(1) Nous croyons qu'il suffit de rappeler ici que la meilleure Edition das
lettres de d'Ossat a 6i6 donn^e par Amelot de la Houssaie (Amsterdam, 1708,
5 vol. in-12), et que M. Tamizey de Larroque a publi6 dans ]a Reoue de GoB^
oogne, t. xin, dix-huit lettres in^dites de d'Ossat.
(2) lyi^r^ M. E. Charavay, il aurait ^t6 veiidu dans oes demi^res ann^es
deux lettres autogra^hes de d'Ossat au duo de Nivemais, dat^es Tune du SO
aotit 1595, 1'autre du 17 septembre 1595. V. Polybiblion, ann^ li68, p. M86U4C
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— 207 —
Bayeux, dont d'Ossat 6tait 6v6que; il n'y en a aucune
autre du mfeme genre, ni surtout du m6me ton, dans
toute sa correspondance. EUe nous r6v61e un des c6t68
les moins connus de son caractdre; on n'ose pas dire
qu'elle nous montre l'6v6que dans ses rapports habituels
avec son clerg6.
On nous dispensera dinsister plus longtemps'sur des
lettres extraites en grande partie de la collection des
papiers du due de Nevers k la Bibliothfeque nationale.
EUes ne sent en quelque sorte que Tappendice d'un
ouvrage que nous sommes k la veille de faire paraitre
sur le Cardinal d'Ossat, sa vie et ses n4gociations d
Rome. Nous demandons la permission de renvoyer h cet
ouvrage ceux de nos lecteurs qui d6sireraient d'autres
renseignements sur les circonstances ou les r6sultats de
ces lettres. Pour la mfeme raison, nous avons cru pouvoir
nous dispenser de tout compentaire et nous montrer
tr^ sobre d'annotations historiques.
A. DEGERT.
I
L«ttrd au duo de Neyers (1)
Monseigneur,
Je n'ai receu la lettrequ'il vousplustm'escrire de Bologne (2) qu'hier
au soir a 2 heures de nuict, et ce matin j'ay rendu le paquet k qui il
s'adressoit, et par vostre cmlinaire de Lion je vous envoie les deux
escrits qu'il vous ha plu me demander sur I'estat des villes que vous
me baillastesy et n'ayant pu encore mettre au net ce qu'il vous plust
m'en dieter, je vous les enverrai k la premifere commodity. Je vous
envoye aussi la lettre de Monsieur de Sobolle et en retiens le m6moire
et la procuration qui I'accompagnoient, pour queTonobtienneau moins
Tun des deux points qu'on demande. On demande premi^rement, que
(1) Cette lettre est adress^e k « Monseigneur le duo <!• Nivomois ». EUe M
trouve en original, Bib. Nat. Mss. F. fr. 3,622. f« 25 et s.
(2) Le due de Nevers, aprto F^cheo de sa mission, rentrait en France par
Veni«e.Pour rhistoire de cette mission voir notre ouvrage : Im cardinal 4t09Mti
p.73ett.
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— 208 —
frfere Jehan Humbert, pr^tre k Tabbaye de Saint- Vincent de Metz^ et
excommuni6 par Tofficial de Verdun k la requests de Monsieur le
cardinal de Lorraine, qui ha obtenu ladite abbaye en commende, soil
absous pour pouvoir agir; et secondement, que la cause soit suivie k
Tofficial de Metz. Quant au dernier point, c'est trop sur que Ton ue
connoltra point la cause sans ordonner que la partie soit appel6e, et
pensant que c'est un cardinal, et un cardinal prince et favoris6 en ce
temps mesmement. Mais on m'ha bien donn6 assurance que Tabso-
lution ad effectum agendi qu'on appelle, s'obtiendra sans qu*on fasse
appeler la partie. C'est pourquoi [j'ai veu] la n6cessit6 d'ordonner de
s^parer ces deux demandes, afin que la premiere ne fust attaqufe k
I'occasion de la seconde, et de demander pr6alablement et s^par^ment
lad. absolution, et j'ay donn6 ordre qu'on en dressast la supplication;
et quand j'en aurai TexpMtion en mains, alors je feray demander lad.
commission, et cependant vous impartirai lad. absolution, et sera que
ce pourra estre, pour quand vous serez k Venise. Je ne voy pas grande
esp6rance d'oblenir lad. commission, tant pour la r&i stance que les
docteurs dudit seigneur cardinal y feront, que pour aussi (?)nous; comme
il n'est raisonnable que Monsieur le Cardinal fasse juger son proems
par les siens serviteurs et cr&itures en la ville command6e par luy et
ennemis de ceux de Metz, aussi il sera trouv6 trfes raisonnable que
lad. cause soit traitte en une ville contraire au parti que ledit seigneur
cardinal tient, combien qu'il y auroit plus de raison qu'elle fust
trait^e en la ville de Metz, d'autant que Tabbaye dont est question y
est situte et que ledit seigneur cardinal y est mesmement evesque.
Si on eust pr^vu par dela ceste difficult^, et qu'on vous eust escrit
quelle autre ville non suspecte k ajicune des parties on eust trouv6
bonne, nous Teussions pu demander ici el si possible robtenir,qui est ce
que j'estime que vous en puissiez escrire audit sieur de Sobolles. Au
demeurant je n'ai la m6moire si bonne, que je puisse vous donner sur
cet escrit Tadvis qu'il vous plait m'en demander, dont il me desplait
grandement.
Monsieur Olivier Levesque dit qu'il n*ha toucW rien pour ses peines
concernant le priori de la Charity qu'il ha baill6es au sieur Granet, mais
il d^sireroit bien que les h^ritiers de feu Monsieur le cardinal de Lor-
raine le payassent d'environ 60 1. qu'il ha payfes k diverses fois par
mandement dudit seigneur cardinal.
Je tiens k grande favour et honneur la declaration qu'il vous plait
me faire de votre bonne volenti, et j'en suis trte obligi k votre huma-
nity et bonti, en vous suppliant trte humblement de m'en t&noigner
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. _ 209 —
la continuation en m'h^norant de vos commandements auxquels
j'oMirai toute ma vie de toute ma puissance et afiEection.
A tant je prie Dieu qu'il vous donne, Monseigaeur, bon voyage et
une parfaite sant6, trte longue et tr^s heureuse vie.
De Rome, le lundi 17 Janvier 1594.
Votre trfes humble et trfes obAissant serviteur. A. d'Ossat.
Le Mantouan, qui s'estoit offert k vos services, et qui est alW k
Naples, pourra retourner un de ces jours, et vous demander si vous
m'avez command* que je lui dise quelque chose k son retour. Je n'ai
achevi qu'un sommaire.de quelques feuilles qu'il m'alaissfes, les-
quelles je vous enverrai avec celles qu'il vous aura bailie.
(A auivre.)
QUESTIONS ET RfiPONSES
S94. 8ur deux mots ftttrlbu^s A Salvandy
Le comte de Salvandy, qui a 6t6 un romancier fort ennuyeax (voir ou
plutot ne pas voir Don Alonzo)y a ^t6, au oontraire, unoauseur fort spiri-
t^eL Tout le inonde connaitsonmothistorique, pr^curseur des joum^ de
Juillet, adres86 au due d'Orltons donnant^ dans les salons du Palais-Royal,
une f^te magniflque ^u roi de Naples : « Monseigneur, c'est une vraie f^te
napolitaine : notts dansons sur im tsolcan. » On cite de lui d'autres jolis
mots^ mais sont-ils autant de lui que la m6taphorique pr^ction de 1830?
Je viens demander k ses compatriotes ce qu'ils pensent de Fauthenticit* de
sa vive r^ponse k Charles X et de sa piquante 6pigramme centre Chateau-
briand. Les voici :
A Tav^nement du prince de Polignac, le roi ayant diti Salvandy: « Je
ne reculerai pas d'une semelle, » celui-ci aurait r6ponda : Plaiae d Dieu
que V. M, ne soil pas obligee de reculer d'une Jronti^re 1 — Chateaubriand
6tait si amoareux de la solitude^ dans les derni^res ann^es de sa vie, qu'on
Tavait sumomm6 le Sty lite. Maisoomme il oontinuait&^proaver lebesoin
d'occuper de lui les cent benches de la renomm^, Salvandy sb serait
6cri6 : II ne lui /out qu'une cellule,,, sur un thMtre (1).
T. DE L.
(1) Le mot a ^16 repris tout r^cemment, dans un des grands joumauz de
Paris, par un de nos critiques les plus renomm^, et je crois — Dieu me par-
donne I — que ce critique a oubU6 de citer son auteur.
Tome XXXV. 14
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SOIREES ARCHEOLOGIQUES
AUX ARCHIVES DfiPARTEMENTALES
II
Stance du 12 Fdvrier 1894
Pr^sidonce de M. DB CARSALADB DU PONT
Presents: MM. Aureillan, Balas p^re, Balas (Louis), Barada,
BiARD, BousQUET, Branet, Calcat, Cocharaux, Colonieu, Coustau,
Daudoux, Debats, Bellas, Despaux, DorbE; Journet, Lapeyrere,
LozES, Lozes (Albert), Nazaries, Solirene et Tierny, secretaire.
Itindraire de Gldment V en Oasoogne /
M. de Carsalade du Pont fait la comraunieation suivante :
Durant les premieres ann^es de son pontiBcat C!6ment V voyagea
beaucoup. Il off rit k une partie de la France le spectacle extraordinaire
d'une Papaute nomade, tralnant apr^s elle un long cort^ de cardi-
naux et de pr^lats, de moines et de clercs, d'officiers de tous ordres et
d'innombrables serviteurs. La Gascogne eut Thonneur de recevoir sa
visite, il devait d'ailleurs ce t<^moignage d'afiEection k sa province
natale(l).
Les B^nddictins du Mont-Cassin ont public en sept volumes in-folio
les actes du pontificat de Clement V. Grice h. cette pr^ieuse collection
de documents^ qui a pour titre : Regestum ClemerUia papce F, ou
(1) Est-il besoin de rappeler que Bertrand de Goth, d'abord dv^ue de Com-
minges, puis archeveque de Bordeaux, 61u pape en 1305 sous le nom de
Clement V, ^tait n6 k ViUandraud dans le diocese de Bazas, et que le dioc^ de
Bazas appartenait k la province d'Auch ?
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— 211 —
peut suivre jour par jour les peregrinations de la Cour pontificale. 11
m'a paru interessant de dresser^ Taide de ces documents Vltin^raire
de Clement V en Gascogne,
Le s^jour d'un pape dans nos contr^es, son passage presque aux
portes de notre cil6 d' Auch sont des fails uniques dans notre histoire pro-
vinciale et qui n'ont jamais 6te signal^s. Peut-^tre quelque Aruditaura-
t-il la pens^e, k la suite de eette communication, de rechercher dans les
documents contemporains les ^chos de Timpression profonde que dut
produire sur nos populations gasconnes la vue du premier sou-
verain du monde, de cette « moiti6 de Dieu », comme I'a appeW le
pofele.
CWment V passa la plus grande partie de r'ann^e 1308 k Poitiers. II
quitia cette ville k la fin du mois d'aout pour venir en Guyenne et en
Gascogne et de 1^ se rendre k Avignon. II entra en Guyenne le 18
septembre et y sejourna deux mois, tant6t k Lormont, tant6t k Tabbaye
de la SauVe-Majeure.
C'est le 18 novembre qu'il prit la route de la Gascogne. II se rendit
ce jour-1^ k Villandraud, dans sa terre de famille, au diocese de Bazas,
et y s6joama jusqu'au 22. II arriva k Bazas le 23 et en repartit le 24
pour Lavardac. Le 26 il est k GrueriiSy le 27 k Damazan; le 28 il
revient k Grueriisy le 29 k Lavardac et le lendemain 30 novembre il
ENTRE A LeCTOURE.
Son fr^ aln6 Amaud-Garcie de Goth, vicomte de Lomagneet
d'Auvillars, tenait cour pl^ni^re k Lectoure, capitale de la vicomt^ de
Lomagne. II y a lout lieu de croire que le Pape fut regu par son frfere
au chateau vicomtal, et que son s^jour dans celte ville, avec toute la
Cour pontificale — il avail avec lui sept cardinaux — dut y attirer une
affluence extraordinaire et donner lieu k de grandes manifestations.
Malheureusement la plus grande partie des archives de Lectoure ont
p^ri dans le sac et Tincendie de 1473, et nous devons maudire une fois
de plus, a notre point de vue provincial, la politique de Louis XI qui,
en an^ntissanl la maison d'Armagnac^ nous a privds de connaitre les
particularit^s du s^jour du Pape k Lectoure.
Clement V quitta Lectoure le 4 d^cembre pour aller prendre gtte au
prieurA de Sainte-Rose prfes de Miradoux. II revint k Lectoure le 6; y
s^journa le 7 et rentra k Sainte-Rose le 8, pour y demeurer jusqu'au
12. II se rendit cejour-1^^ Auvillars, ou il passa deux jours. II Ataitde
retour k Sainte-Rose le 13 au soir.
Le Regestam ne foumit aucune indication pour les dates du 14 et
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— 212 —
du 15. Le Pape dut quitter Sainte-Rose le 15 pour prendre la route de
Toulouse. Le 16 au soir il arrive avec sa Cour et sept cardinaux a la
grange de Vieilaigue (Grenade-sur-Garonne) (1), d^pendante de Tabbaye
de Grandselve. Le 17 il est k Grandselve; il y s^journe le 18; le 19
il couche k Amatey le 20 au chateau de Balma, residence des arche-
v6ques de Toulouse. Le Regeatum ne renferme pas de bulles dat^
des 21, 22 et 23. C'est Tun de ces trois jours qu'il fit son entrfe
solennelle k Toulouse. Notons en passant que les auteurs de VHiaioire
de Languedoc ont par erreur assign^ k cette entrte la date du 17 [2),
le Pape arrivait ce jour-1^ k Grandselve.
C16ment V quitta Toulouse le 8 Janvier pour aller coucher k Muret,
oil il s'^journa jusqu'au 10. II arriva ce mtoe jour k Carbonne, y
s^journa le 11, en repartit le 12 pour se rendre k Tabbaye de Bonne-
font en Comminges ; se rendit le 13 k Saint* Gaudens et de \k k Gom-
minges, oil il pr^sida, le 16 et le 17, les grandes f^tes de la translation
des reliques de saint Bertrand.
II traversa de nouveau Saint-Gaudens le 18, pour aller coucher le
soir k Tabbaye de Bonnefont, ou il s'^journa jusqu'au 22. II s'arr^ta k
Cazferes le 23; coucha le soir k Carbonne, en repartit le 25 pour
Tabbaye de L6zat; se rendit le 26 ^ Tabbaye de Boulbonne, le 27 k
Gaudies et arriva ce jour m^meau monastfere de Prouilh. II repartit
de Prouilh le 30 Janvier pour continuer sa route vers Avignon.
Dans le cours de ces deux mois Clement V avait traverse deux fois
la province d'Auch ; les diocfeses de Bazas et de Lectoure d'abord, puis
le diocfese de Comminges.
La Oom^die bourgeoise & Fleuranoe. — Post-soiiptum
Communication de M. VabM Lagleise.
Dans le tr6s int^ressant article de M. Tabbe de Carsalade sur la
com^die bourgeoise k Fleurance au commencement de ce siMe, on a
vu le repertoire des differentes pieces joutes par les acteurs fleurantins.
II en est une parmi celles-ci, tr^ leste, le Mariage du Capucin^ qui
ne fut donnte qu'aprfes une vive resistance des dames qui composaient
(1) Lo passage de Clement V k Vieilaigue est attests par une note oontempo-
raine qui se trouve dans un missel de la grange de Vieilaigue, conserve k la
Biblloth^que nationale (Mss. lat. 9,444) au folio 108; la voici : « Anno Domini
M* ccc* vin% sewto decimo die decemhris, dominus Clemens papa V/uit in
monaster io Grandissiloe et in grangia Veterisaque cum cardinalibus VII ^
inibi pernoctaoit. » (Hist, de Languedoc, ddit. Privat, t. x, p. 67.)
(2) Hist, de Languedoc, ^dit. Privat, t. ix, page 310, note 6.
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— 213 —
la sodiiA dramatique, et si on la joua plus tard^ comme en fait foi le
journal de M. de Percin, ce ne fut assur6ment qu'aveo des corrections
imposfes par rhonn6tet6.
Voici une lettre qui nous 6difie complfetement. EUe est adressAe par
M. de Percin, directeur de la troupe, k M. Denjoy TainA, qui remplis-
sait d'ordinaire, et avec grand succfes, les premiers rdles :
« Nos amis me chargentde te dire, mon cher Denjoy, que les dames
de notre soci6t6 dramatique ne veulent pas absolument entendre parler
ni de C^phize^ ni du Manage du Capucin; tons nos efforts et notre
Eloquence n'ont pu vaincre leur ridicule pr^jug^ : il n'y faut plus
penser.
> Cependant, comme toute la ville d&ire ardemment te voir avant
de partir, nous avons fait choix de deux autres pieces qu'il sera trfes
Bis6 de monter. La premifere, Le sourd ou VAuberge pleine; la
seconde, M. de Crac dans son castel. On assure que ton caract^re
promet que tu rempliras parfaitement le r61e de M. de Crac pdre.
Celte pi6ce est trfes amusante, et nous te prions de t'en occuper. Si
dans le Sourd tu irouves un rdle k ta fantaisie, mande-nous celui que
tu desires, et nous te ferons passer la pifece avec celle de Crac. Point
de rancune, mon cher, centre nos belles. Ta courtoisie saura sacrifier,
nous Tesp^rons, tout le plaisir que tu te promettais des deux'pitees
qu'elles n'ont pas agr^ (sic).
> J'&ris par le m6me courrier au d&xorateur, afin qu'il vienne de
suite rendre la salle digne de notre aimable d^buttant. Je t'embrasse.
Percin. » — Sans date.
J'imagine que M. Denjoy dut se venger de cet 6chec. ChargA des
in(ermMes et dou6 d'une belle voix^ il chanta dans les entr'actes des
chansons comiques tout aussi poivrfes, sinon plus, que le Mariage du
Capuciny et... il fut applaudi, sans doute.
Nous avons trouvA la collection de divers inlermMes donn^ au
\hiktve fleurantin ; si quelques-uns sent anodins, le titre du plus grand
nombre les range dans la cat^orie de la pifece raise k Findex par les
dames de Fleurance. Voici cette nomenclature : Cataugan perruquier
gascon, une Habilleuse de troupe, M. et Af°« Denis^ VApologie des
femmes, le p^re Bonaventure, Point de plaisir sans mariage, les
Fendeurs, Alexis y Roger-Bontemps^ V Aimable Glyc^re, le Coup
dumilieuy V Aimable folic ^ le Cordonnier, la Patoise, la Pastou
rd^iOj etc., etc. Quelques-unes de ces chansons comiques portent Tem-
preinte du terroir gascon; elles ont 6t6 composes probablement par
quelque po^te fleurantin qui faisait partie de la troupe. Nous osons
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— 214 -
raffirmer pour les pi&ces patoises et pour Point de plaiair sans ma-
nage, celle-ci composte a roccasion de la noce de M. Pouydebat,
Nous avons lu dans le journal de M. de Percin, si bien analyst par
M. de Carsalade, que lal3« representation d\x Barbier de Seville ^
donnte le jour de la Saint-Laurent en 1806, fut un triomphe pour M«
Denjoy, qui remplissait le r61e de Figaro,
Ce n'6tait pas seulement Fleurance, mais encore Auch, Lectoure,
Condom, Saint-Clar qui avaient, foumi un nombreux contingent de
spectateurs k cette pifece, dont le succfes fut tel que ni les cris d'all6-
gresse des victoires napol^onienes, ni le chant du Te Deum ne purent
le dominer. Qu'on en juge par la lettre suivante 6crite d'Auch, le soir
du 15 aout de cette m6me annde 1806 :
« Rien ne nouveau k vous mander, mon bien cher ami. On craint,
on esp^re. Quelques personnes, sans doute mal inform^, disent que
les n^gociations sent rompues. D'autres assurent que la paix a du
6tre publico aujourd*hui k Paris. Que croire apr^ tant de versions ?
» Ce qu'il y a de bien certain, c'est que j'ai entendu la plus mau-
vaise musique qui jamais ait iiXi arrachte k des instruments discords
pour la faire cadrer avec les sons lamentables de 8 k 10 voix fausses et
criardes. On chantait devant le Saint-Sacrement, et moi je faisais
mentalement une pri^re au dieu du silence, pour le supplier de venir
rassurer mes oreilles d6sol6es. Jamais, non jamais je ne me suis
trouv6 k pareil charivari. Plus heureux, pendant le sermon, je n'ai
pas entendu le pr^dicateur. Dis de ma part k Tavocat, qu'il a la voix
d'un ange, en comparaison de celles qui m'ont si maltrait6 dans la cath6-
drale d'Auch. Dites-vous aussi qu'il n'est question dans le chef-lieu
que du Figaro de Fleurance. Tout le monde m'en parle, c'est un
crescendo public, un chorus universel d'6loges et de felicitations. La
troupe de Fleurance est illustr6e k jamais, vivent nos camarades ! ! I
» Votre tout devou6, Castari^de fils.
» Auch^ 15 aout, 8 h. du soir.
» P.'S. — Je n'ai entendu parler que de la mauvaise execution du
Te Deum, et non du talent du compositeur. Ce morceau est de
Fremery. »
Tons les documents qui pr^cfedent sont pris dans les vieux papiers
de feu M. Denjoy aln^, mis k ma disposition par Madame Justin
Denjoy avec une bienveillance toute particulifere, klaquelle je dois
I'hommage public de ma reconnaisance.
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— 215 —
Inscription tmnolaire trouT6e antra la Rlb^ra at la Oarroa, prda Auoh
M. M^tivier communique k la Soci4t6 une inscription en marbre
Wane, trouv6e parM. Omer Labat dans la plaine du Gers, entre le
moulin de la Rib^re et le Garros.
Cetle inscription, malheureusement bris6e par la pioche du terras-
sier, a 6t^ trouv6e k environ 0°* 50 de profondeur, parmides fragments
de ciment, d'apparence romaine, ayant pu servir de rev6tement ou de
pavement. Les moreeaux, soud^ ensemble pei^mettent de la reoonstituer
ainsi (1) :
L ^ IVLI ►. HELI
CONIS^-IVLIA^
ONESIME >• MA
RITOxCARIS
SIMO
M. M^tivier dit qu'il a it6 frapp^ par le mot Oneaime, ^videnmient
d'origine gi^ue et nominatif f^minin, partant sumom de Julia; ce
qui semble imposer la traduction suivante :
AUX DIEUX MANES
DE LUCIUS JULIUS HELICON
JULIA ON^SIME A SON TRES CHER MARI
M. M^tivier offre cette pierre lumulaire k la Soci6t6. II croit qu'elle
6tait plutdt incrust^ dans une muraille que dans une sorte de stifle de
forme taurobolique, constituent un petit monument isol^. L'endroit ou
elle a 6t^ trouv6e, qui n'est pas tr^ 61oign^ de Taqueduc remain mis k
jour dans une sabli^re des environs, est assez distant de Tagglom^ra-
tion de Tancienne ville romaine pour qu*on puisse admettre qu'elle
avail 6t6 plao6e dans une villa suburbaine, k moins toutefois qu'il ne
s'agisse d'un debris de demolition transporte, ce qui parait peu pro-
bable.
(1) En repixxluisaQt cette inscriptiou on n'a pas tenu compte de la cassure.
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— 216 —
Staluettas romalnes en bronie trouv^es dans le Oen
M . de Garsalade donne lecture de la notice suivante qui lui a M
adress6e par M. Ph. Lauzun.
Que de surprises archtologiques nous reserve la reconstitution denos
pauvres vignobles de TArmagnac I
Les d^oncements du sol, n^ssit^ par la plantation des vignes
am^ricaines, et op^rfe i^ouvent jusqu'i une profondeur de 80 centimft-
tres, amfenent chaque jour, en eflfet, de nouvelles d&ouvertes, qui
certes seraient rest^ rebelles aux fouilles ordinaires. L'an dernier
c'^tait un buste en marbre blanc^ grandeur naturelle, d'un C^aar
romcdn de la bonne ipoque que nous d6couvrions dans notre champ
du GlAsia, si riche en souvenirs, prfes de Beaucaire (Gers). Aujourd'hui
c'est une ravissante statuette en bronze, trouv^ de I'autre c6t^ de la
Baise, au heu de Las Lanes, commune deBezoUes, canton de Valence,
etle longdu cours de la petite riviere, k I'ombre des majestueuses mines
de Tantique ch&teau de Pardaillan.
Gette statuette, de 15 cettim^tres de hauteur, repr^sente une jeune
femme d'une iligance de formes extrfime, admirablement drapfe k
Tantique. Les traits du visage offrent une puret4 remarquable. Le nez
droit, k la grecque; les yeux bien fendus; les joues et le menton un
pen forts; le front bas comme celui des femmes de Tlonie; les cheveux
s^parte sur le front, ondul6s en bandeaux ^pais jusqu'aux oreilles et
retombant en deux grandes boucles de chaque c6t4 du cou. Un premier
chignon trte bas en r6unit une partie au-dessous de la t^te, tandis que
la plus grande masse est relev^, droite, sur la nuque, ou elle estnou^
et retenue par un large ruban qui forme comme une sorte de tiare
cylindrique du plus curieux effet. *Un riche diad^me ceint la t6te au-
dessus du front.
En revanche, le reste du v6tement est de la plus pure 6poque
romaine. Une simple tunique en effet, recou vre le corps, admirablement
mouW, et le bas de la poitrine,ou les deux seins, d'une rigidity marmo-
r^nne, en soutiennent sen Is les plis onduleux. L'^paule gauche est
nue. La droite est recouverte par la seule chemise, dont les plis trte
serr6s viennent dessiner les purs contours de la cuisse et de la jambe
droite, alors qu'ils retombent, harmonieusement flottants sur le bras
gauche, jusqu'i la hauteur du genou. Vue de dos, on ne pent s'emp^
Cher de comparer Til^nce et la distinction de cette draperie h celle
de la Polymnie.
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p,
/!) /^^
FORTUNE TROUVEEaBEZOLLES (Gers)
( Grandeur Nature j
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FORTUNE
( du AAusee de
Berlin \
FORTUNE
I Trcuvee aAaen )
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DEESSE PANTHEE
Trouvee a S*^*Mere (Oers) Grandeur 0,135"^
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— 217 —
La mam gaache, entr'ouverto, letient encore rcxtrimit* d'un objet
conique^ qui ne peut 6tre, quoique eass^, qu'une come d'abondaiiee. La
droite, en partie mutilte, offre une attitude plus ^nigmatique.
Longtemps, en ppfeence de cette lacune, nous avons WsitA k donner
k cette statue un attribut quelconque. Sa ressemblance avec une statue
antique du musfe royal de Berlin, que M. de Clarac a reproduite dans
son Atlas du mus6e de sculpture antique (planche 455, n® 833), a
fait disparaltre nos bteitations. Cette statue, dont nous donnons le
dessin, repr6sente les traits de la Fortune. La d^esse est v^tue d'un
cbiton retenu par une ceinture et retrouss^; ses ^paules sont recou-
vertes d'un long pepluniy qui cacbe le derri^re de sa tfete comme ferai
im voile. Un modius ou calathoa^ symbole de la fertility, lui sert de
coifiEure; de la main gaucbe elle tient une come d'abondance et de la
main droite un gouvernail. Cette description, k part quelques details
du costume, convient parfaitement k la siatue de Bezolles, qui serait
done une Fortune.
Si nous pouvions avoir encore quelques doutes sur cette attribution,
ils seraient lev6s par la ressemblance plus frappante encore de la statue
de Bezolles avec une statuette, plus petite il est vrai, mais de v^tement
et de coiflfure absolument identiques, trouv^e il y a longtemps d^j^ dans
les mines du vieil Agen, mais trfes bien dterite et dessin^e d'abord par
Beaumesnil, puis pai* Saint- Amans.
Voici en eflfet, comment Beaumesnil d^crit, k la page vii de son
manuscrit si pr^ieux sur les antiquit6s d'Agen, et'reproduit k la page
VI du mtoe cahier, la statuette qu'il avait sous les yeux, en Tannfe
1773:
« On d^couvrit ea 1768 un monument singulier, en creusant le putts de
la manufacture k voiles, ^tablie sur les ruines d'Agennum :
» C'est une Fortune Panihie, avec le boisseau en corbeille d'Isis sur la
t^te, qui est couverte d'un voile, tenant de la main droite un timon ou
gouvernail avec un dauphin, et dela gauche une come d'abondance qu'elle
appuie sar son 6paule. Elle est rev^tue d*une longue robe pliss^e quj
descend jusqu'aux pieds et- recouverte d'un ornement terming en pointe
au-dessus des genoux. »
La statue de Bezolles pr6sente bien ces trois attribute. Sa coiflfure k
r^yptienne est semblable a celle de la statuette d'Agen. Comme elle,
sa main gauche tient la come d'abondance; et rien n'emp^he de
supposer que de la droite elle soutenait un gouvernail. Enfin, son
v^tement est identique, sauf le peplum en pointe qu'elle ne porte point.
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— 218 —
De tout cela nous pouvons done conclure que la statue de Bezolles est
bien une statue de La Fortune.
Trouvte siir sa propri^t^, par M, Cadtet, ce remarquable objet d'art
a 6t6 donn6 par lui k M. Bi^nes, instituteur k Bezolles, qui le ddtient
actuellement. Puisse-t-il, ou le garder pr6cieusement, ou en faire
g^n^reusement don k notre Mus6e arch^ologique d'Auch ! II n'en
d6parerait pas les vitrines.
M. Calcatsoumet k la Soci6t^ une autre statuette qui lui appartient,
trouv6e dans le d^partement du Gers, commune de Sainte-M6re, vers
la fin de Tann^e 1888. Elle est en bronze aussi avec une belle patine
verte et mesure 135 millimetres de hauteur. Mais, contrairement k la
Fortune qui vient d'etre d^crite et qui est debout, celle-ci est assise.
Elle tient de la main gauche un sceptrje (^.^ut-Atre un autre objet
qu'il est difficile de determiner parce que Textr^mite sup^rieure en est
cassee\ de la droite une pat^re eraplie de fruits. Le bras est allongd et
son mouvement semble indiquer que les fruits sont pr^nt^s pour
6tre pris ou manges.
Elle a sur son genou droit un oiseau, qui paralt 6tre une colombe,
pos^ en profil par rapport k la statue. Les draperies sont bien agencies
devantet derri^re. Elle est diad^mte; les cheveux s'enroulent d'abord
autour du diadtoe pour retomber en natte tress6e sur chaque 6puule.
La figure est majestueuse, le nez ne formant avec le front qu'une ligne
droite, ce qui accuse une engine grecque.
M. Calcat voit dans cet ensemble une figure imp^riale. Mais quelle
est rimp^ratrice ainsi repr^sent^et pourquoi ces divers attributs ? Ila
soumis le probl^me a M. Feuardent en lui envoyant une photographic,
et ce numismate aussi savant que complaisant, a ^t^ d'avis que la sta-
tuette repr^sentaitpeul-^tre Li vie, femme d'Auguste, ou Julie safille sous
les traits d'une diviuMpanthiie; c'est-^-dire d*uae idole r^unissant les
attributs deplusieursdivinit^s, savoir: la colombe pourVdnus; la main
dtendue tenant une pat6re pour Hygie nourrissant un serpent ; Tobjet
qu'elle tient de la main gauche, torche ou flambeau, pour Vesta ou
Cdr^s. Du reste M. Feuardentayantmanifest6 le ddsir de voir cette sta-
tuette, la communication qui lui en sera faite nous permettra d'arriver
k une attribution definitive.
Le Chaperon Consulaire
Communication de M. de Carsalade.
Le chaperon consulaire n'dtait pas seulemenl un signe distinctif de
Tautorite municipale, il emporlait gdneralement avec lui des privileges
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— 219 —
sp^iaux, juridictionnels. Aussi n'y avait-il dans le principe que ]6s
consuls des villes hautes justici^res qui eussent le droit de le
porter.
II est k remarquer cependant que dans la dernifere moiti6 du xv« sife-
cle, une foule de villes et de bourgs des terres d'Armagnac deman-
dftrent etobtinrentrautorisation de porter le chaperon. Citons au hasard,
Nogaro en 1440, Riscle en 1497, Terraube en 1499, S^rignac en
Bruilhois en 1503, Aucamville, dans le comt^ de Tlsle, en 1507, etc..
II semble qu'& mesure que le pouvoircomtal s'effondrait sous les coups
que lui portait la royaut^, celui des communes tendit k s'agrandir,
ou du moins k se donner les apparences de cet agrandissement. Les
motifs all6gu6s pour obtenir la concession du chaperon f urent en eflFet
Strangers k cette augmentation des pouvoirs judiciaires. Ce fut plut6t
la vanity, Tamour du galon jet de la parade et, disons-le aussi, un peu
de fiert6 bourgeoise^ qui poussferent les communes k donner la ioge k
leurs consuls. Ces sentiments n'6taient pas avou^s, mais ils se tradui-
saient dans les querelles sans nombre et toujours mesquines aux-
quelles donna lieu le port du chaperon et dont les traces se retrou-
vent dans les deliberations consulaires. Les raisons mises en avant
etaient d'un ordre sup^rieur, telles par exemple, celles donn6es par
les consuls de Terraube, le 12 juillet 1499. k leur seigneur Arsieu de
Galard : « La justice est une chose si noble, si recommandable qu'il
» importe que ceux qui sont rev^tus du pouvoir judiciaire, soient dis-
» tingu^^ du commun des hommes par des insignes particuliers et
» m6me des armes, afin d'inspirer le respect et la crainte (1). »
Ajoutons aussi, pour 6tre juste, que la vanity des seigneurs se
trouvaflatt6epar les chaperons de leurs consuls. La vie f6odale etablis-
sait entreeux des rapports frequents et sou vent solennels. Dans certai-
nes circx)nstances le seigneur paraissait devant le peupleentour^de ses
consuls, sur la place publique et k r^glise; la robe rouge et noire de ces
demiers donnait alors au cortege seigneurial un aspect imposant de
nature k impressionner la foule. Cette vanity, bien naturelle d'ailleurs,
se fait jour dans les termes de plusieurs de ces concessions. En 1507,
Bernard Jourdain de Tlsle, seigneur de Merville, dans le comt6 de
risle-Jourdain, accorde le chaperon aux consuls de Merville, k condi-
tion qu'ils ne porteront pas, dans Texercice de leurs fonctions, des cha-
perons grossiers, des sabots et des garnaches (cappas, galopodia
fustea et garamachias), mais des habits convenables, des chausses et
(I) Noulens, Documents sur la maison de Galard,
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— 220 —
des souliers [sed habeani vesiem honestam^ galiguam et soiu-
lares) (1),
Citons encore la concession faite aux consuls de C6zan en 1577, par
Jean de Maignaut, et H6rard de Pins, coseigneurs du lieu : « Jusque
» l^, y est-il dit, les consuls n'avaient que leurs simples cappes de
» B6am pour lever les tailles; ils poursuyvirent devers les susdits de
» Maignaut et de Pins qu'ils leur donassent permission de pourter
> livr^es consulaires, en quoy ils disoient que les dits vilaiges et
» seigneurs seroyent beaucoup d6cor^. » (2) C'est la seule raison
qu'ils firent valoir, elle parut sufflsante aux deux coseigneurs pour
accorder le port du chaperon.
L'habit convenable, les chausses et les souliers qu'exigeaient le sei-
gneur de Merville 6tait le moins qu'il put demander aux paysans de
ses terres pour sauvegarder I'honneur consulaire. C'^tait cependant
ouvrir la porte auxabus. Cette primitive d^cence d^4n6ra bient6t,dans
la plus part des localit^s, en un luxe ruineux pour les budgets munici-
paux. Les draps de laine du pays, le bruneiei le roge ne suffirent plus
k la vanit6 consulaire, ii lui fallut des draps pr^cieux, de la soie et des
fourrures. Les registres municipaux sont remplis de recriminations k
ce sujet, d'ordonnances et de r6formes, et le Parlement de Toulouse dut
mfeme intervenir pour d^fendre aux consuls de porter « des chaperons
» et robes fourr6s de satin ou autres estofiFes (3). »
J'ai dit que primitivemenl le chaperon 4tait Temblfeme de la juridic-
tion. Les demandes nombreuses de concessions qui se produisirent k
la fin du xv« si^le et dans la suite ne laiss^rent pas pour ce motif que
d'^veiller les susceptibilit^s des seigneurs hauts justiciers si jaloux de
leurs droits. Aussi prirent-ils bien soin d'inscrire dans les chartes de
concession que les consuls ne s'attribueraient du port du chaperon
aucun droit de justice ou de preeminence. Toutes les concessions que
j'ai vues porteni cette restriction, et elle ne paraltra pas inutile si Ton
veut bien se rappeler Topposition qui deja se manifestait entre la
noblesse et le tiers, et la tendance du pouvoir royal k favoriser les
empifetements de ce dernier.
Cette precaution prise par les seigneurs f ut m^me souvent impuis-
sante k maintenir les consuls chaperonn^s dans les limites de leurs
devoirs; temoin ce qui arriva k Cezan Tannee mfeme de la concession
(1) Cartulaire [de Merville, cit6 par I'abb^ Galabert dans sa Monographic
(TAucamDille, p. 21.
(2) Archiveside ;M. le comte Odet de La Hitte, au chateau de La Hitte.
(3) La Roche- Flavin, Arrets notables du Parlement de Toulouse, p. 68.
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— 221 —
du chaperon. Les deux coseigneurs avaient fait les nouveaux consuls
le jour de la f6te de Noel 1579. Ceux-ci k peine entr^s en fonction
« charg^rent les livr^ consulaires avec telle arroganse et superbeque
9 dte lors ils voulurent entreprendre sur la jurisdiction, fayre impost
9 de deniers, fayre des proclamations en leui-s noms et pass^rent
» oultre, car M. Jehan JazM6, conseul, ung jour, assist^ des aultres
» conseuls ses compaignons, avec leurs livrtes sur le col, criant :
9 Ayde au Roy! empoigna par le colet ledit de Maignaut son seigneur
» et, avec Tayde des aultres, Tadmena jusques k la prison lui criant :
> Je te fays prisonnier de par le Boy, mesmes jusques a le ruer de
> coups de poing (1). >
Get appel au Roi est k noter. II caract6rise foien cette opposition dont
je viens de parler et ce mouvement d'toancipation qui travaillait les
communes et qu'entretenaient presque ouvertement les officiers royaux.
Le droit de concWer le chaperon n'appartenait pas k tout possesseur
de fief; ceux-l& seuls qui exergaient dans leurs terres la haute justice
jouissaient de ce privilege. Le moyen et has justicier ne pouvait en
user qu'avec Tagr^ment de son suzerain. Cette doctrine avait itA
confirm^ par plusieurs arrets des Parlements et notamment par un
arr^t du Parlement de Toulouse, rendu le 12 avril 1603, en faveur du
baron de Montesquieu, seigneur haut justicier de Monclar, centre
Francis de Lasseran Massenc6me, seigneur moyen et has, « qui
9 avait donne ladite permission aux consuls dudit Monclar, sans avoir
» ^rd k laquelle fut prohiM aux consuls porter ladite livrto sans la
» permission dudit haut justicier (2). >
Quelles 6taient la forme et les couleurs de ce v6tement consulaire
objet de tant d'ambitions et cause de tant de querelles ? Le mot de
ehcqperon ne doit pas s'entendre au sens qu'on lui donne g6n6ralement
aujourd'hui; ce n'6tait pas un v6tement de t^te, mais une longue et
ample chape qui descendait jusqu'aux pieds et enveloppait le person-
nage comme dans une robe, de \k ce nom de robe donn6 souvent k la
livr6e consulaire. Peut-^tre dans le principe un veritable chaperon ou
capuce, attach^ au collet de la chape et ramen^ sur la tftte, servait-il
de coiffure : c'est assez probable; mais d^jk dte le xvi« sifecle, les consuls
portaient la toque ou bonnet carr^, ainsi qu'on peut le voir dans les
gravures du temps.
La couleur du chaperon 6tait rouge et noire mi-partie. Ces deux
(1) Archives de M. le comte Odet de La Hitte.
(2) Arrits notables du Parlement de Toulouse, par La Roche-Flavin, p. 602.
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— 222 —
couleurs sont marques dans toutes les concessions faites aans nos
contr^es. Celle de Terraube en 1499 est m^me trfes explicite, elle
aifirme que la coutume 6tait en Gascogne, que les chaperons consu-
laires fussent rouges et noirs : t Capucia bipartita videlicet de bruneto
et rubeo panni, juxta pairie consueiudinem (1). » Les consuls de
Riscle achfetent en 1500 « dotze paums de roge e dotze de bruneta per
far los capayros, anxi que es acostumat (2). » Le bailli de Bruillois,
dans la concession faite aux consuls de Stognac en 1503, declare que
les chaperons seront « entaylh^s la moyti6 de drap rouge et Tautre
moyti^ de brunet(3). > Les consuls de Miradoux, en 1493, reconnais-
sent devoir k Garcie Foyssin, marchand de Lectoure, la somme de
14 tens 27 sols tournois, pour achat de draps brun et rouge pour faire
les chaperons con8ulaires(4). On pourrait multiplier les citation^ ^
rinfini. II est certain d'ailleurs que ces couleurs n'^taient pas particu-
li^res k la Gascogne, elles semblent avoir 6t6 g^n^rales k toute la
France. Elles avaient du reste au point de vue judiciaire une signifi-
cation que M. Tierny vanous dire.
Communication de M. Tierny :
On vient de voir, par ce qu'a dit M. de Carsalade, les nombreuses
prerogatives dont jouissaient les consuls de nos villes du Midi. Le plus
souvent administrateurs de juges, ils portaient dans Texerdoe de leurs
fonctions un chaperon noir et rouge,
Le choix de ces couleurs, encore aujourd'hui consid^r^ comme
I'attribut de la justice dans ce qu'elle a de plus ^lev^ (au grand criminel
nos juges en sont rev^tus), le choix de ces couleurs, dis-je, 6tait-il
indifferent? N'y faut-il pas voir plut6t la marque de prerogatives judi-
ciaires? Cette derni^re opinion me parait plus probable. Toutefois, la
question que je me pose n'est pas des plus faciles k resoudre; en eftet,
les consuls ayant le plus souvent droit de justice portaient le chaperon.
Mais lorsqu'ils n'6taient pas juges pouvaient-ils rev^tirla livreeconsu-
laire noire et rouge ? Telle est la diflSculte que le sentehal d'Armagnac
fut appeie k r^soudre en 1594 (5) k propos de la communaute de
Crastes.
A Crastes, les deux consuls n'avaient aucune attribution judiciaire
(1) Noulens, Documents aur la Maison de Galard.
(2) Comptes conaulairea de Riscle, p. 542.
(3) Arch, de Pau, E, 286.
(4) Arch, du Gers, E, 166, p. 39.
(5) 10 mars. — Arch. d6p. du Gers, B. 23, ^ 321 v».
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— 223 —
proprement dite, ils ne poiivaient connaitre que des d^lits de p^.he et
antres derivant de leur droit de police; la haute et la moyenne justice
apparlenait au roi comme comte d'Armagnac, la basse justice au sei-
gneur, M. de Bezolles. Celui-ci pouvait s'emparer d*un malfa^iteur et
le garddt un jour en prison, apr^s quoi il devait le remettre k Auch
entre les mains des gens du roi.
Dans ces conditions^ les consuls de Crastes avaient-ils le droit de
porter le chaperon conime ils le pr^tendaient? Sur cette question, les
conseillers du sen6chal furent d'opinion diff^rente.
D'apr^ Tun d'eux, M. Foyssin, « veu que la livr^ noire el rouge
» estant proprement pour remarquer la justice, fairoict inhibition et
» deffence ausd. consulz de pourter aulcune livrte consulaire. »
Un autre, M. Lucas, « accorderoict le port du chaperon ausd.
» consulz, mais pour c« qu'ilz n'ont aulcune esp^ de justice, pour
» marque de ce deffault au lieu de la coUeur rouge seroict d'avis qu'ilz
» pourtassent la blanche (1). >
Cependant, la majority se rangea k I'avis du rapporteur, M. Boysset,
et Ton d6cida que les consuls ds Crastes, bien que n'6tant pas juges,
auraient le droit de porter le chaperon noir et rouge. Mais cette dteision
fut eotour^e de telles reticences qu'elle ne fait, suivant moi, que
confirmer Topinion que j'^raeltais* tout k Pheure.
D'abord, les gens du roi d6clarent se d^sint^resser de la question; or,
le roi etant seigneur haut justicier de Crastes, son opposition seule eut
6t6 recevable. Ensuite on a soin de mander les consuls k la barre du
tribunal et de leur faire declarer qu'ils n'ont et ne pr^tendent avoir k
i'avenir aucune juridiction; la concession qu'on leur fait n'entralnera
pour eux la jouissance d'aucun droit nouveau; le chaperon ne sera pas
pour eux un insigne, mais seulcment une marque ext^rieure qui les
distinguera du peuple dans I'exercice de leurs charges et fonctions
publiques. On fait observer en outre que la lev^ des deniers royaux
« leur appourte souvent grand hazart et difficult^. » N'est-il pas juste
de leur donner en Change la petite satisfaction morale qu'ils deman-
dent t C'est k ce titre aussi qu'on leur accorde d'avoir un banc dans
r^lise.
Je note, pour finir, les dispositions suivantes, qui prouvent que
I'achat des livr6es consulaires 6tait consid6r6 comme une charge assez
on6reuse pour la conamunaut^ : « Lesd. chaperons serviront quatre
(1) Dans quelques villes, k Agen, notamment, le chaperon des consuls 4tait
noir et blanc.
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— 224 —
» ann^, i la fin desquelles seront vendues aux enchferes publiques,
» pour Targent provenant de lad. vante estre employ^ h Tachapt de
> drap necessaire pour faire aultres nouveaux chaperons; » en cas
d'insufisance, les consuls devaient pourvoir au complement de cette
somme au moyen de dons volontaires ou en « prenant sur les esmolu-
» mens dud. lieu, sy point eny a, sans qu'ilz puissent faire imposition
> pour raisonde ce, ny poqr salaire de la lev6e des tailhes ny aultres
» royales impositions. »
La Socii6t6 fixe au 5 mars la date de sa prochaine reunion.
NOTES DIVERSES
CCCXIX. Un oentenaire gasoon
Notre honors et cher directeur a souvent mentionn6 lei, d'aprte des
documents anciens, Textrdme long^-vit^ de plusieurs de nos compatriotes.
A tous ces encourageants exemples d'autrefois, je suis heureux de joindre
un exemple contemporain, ce qui sera encore plus encourageant pour nous.
Je lis dans le Soleil du 19 mars cette d6p^he t^legraphique exp6di6e de
Toulouse : « Au n* 9 de la rue de Nazareth habite un centenaire en parMte
sant6, M. Druilhet, n6 le 11 juin 1792, h La Sauvetat (Grers). » Souhai-
tons k ce v^n^rable patriarche, k tous les habitants de Toulouse nte en
Gascogne — inter quos primus Leontius noster — et k tous les gaseous
plus ou moins gasconnants r6pandus dans le monde entier (on salt que
c*est une bonne graine qui prend partout), T&ge de cent dix ans r6volu8,
sans compter les mois de nourrice (1).
T. DE L.
(1) On lit dans la Voiw dupeuple d'Auch du 23 mars :
« Dans la nuit du 17 au 18 courant, est d^c^d^, dans la commune de Laujuzaa
(Gers), la dame Paule-Marie Ricau, n^e k Salespisse (Basses -Pyr^n^es), au
mois d'aout 1789. Elle allait done avoir, dans cinq mois, 105 ans.
» Cetle plus que centenaire 6tait veuve de Jean Vignau-Sansot, n^, luiaussi,
k Salespisse, le 30 aotit 1793. Ce dernier est mort k Laujuzan, le 9 avril 1891. Les
deux 6poux laisaient done k eux dexix, k cette 6poque, 200 ans.
» Ces deux respectables vieillards ont conserve leurs facult^s jusqu'au der-
nier moment.
» La veuve Ricau ^tait seulement devenue un peu sourde depuis environ
deux ans. Mais elle enfllait une aiguile, cousait et tricotait sans lunettes i'ann^
demi^re. »
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""W^Wi
I
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CHATEAUX GASCONS
DB LA FIN DU XIH« SIECLB (•)
LE CHATEAU DE LA GARDtlRE
II
L'acle le plus ancien, concernant le chateau ou plutdt^avant
lui^ le lerritoire de La Gardere, acte d'importance capitate,
est ladonalioQ decelte localite par G6raud V, comte d'Arma-
gnac, aux moines de Condom, en I'annee 1270.
II ressort,' ea effet, de la compilation que fit Larcher a
Condom, au sieple dernier, dans les divers manuscrits des
archives de cette ville, et parliculierement de ses Extraits des
Liwes Mane et rouge {I), que dans les premiers jours de
Tannee 1270, le comte d'Armagnac, Geraud V, maftre de
toute la partie de Tancien comte de Fezensac comprise entre
la vallee de TOsse et celle de la Baise, c6da k Tabbe de
Condom, Auger, ainsi qu'a ses religieux, et cela moyennant
xn sols morlas annuels, tout le territoire qu'il poss^dait
« au Heu de La Gard^re, dans la paroisse de Saint- Laurent
et de Saint-Martin dudit lieu, en Fezensac. »
Par cet acte solennel il permit audit abbe et k ses succes-
seurs d'elever en ce lieu, soit une forteresse, soit.m6me une
bastide, se reservant dans ce cas de Toccuper, si jamais le
besoin s'en faisait senlir... Nous croyons utile de reproduire
ici m extenso cet acte fondament^l :
€ Noverint universi presentes pariter et futuri quod nos Gerardus,
(•) Voir la livraison de 16vrier 1894, page 83.
(1) Arobives commuDales de Condom. Manuscrit Larcher, page 145.
Tome XXXV. — Mai 1894. 15
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— 226 ^
Dei gratia comes Armaniaci et Fezensiaci, damus et concedimus
donadone perfect^ inter vivos et in veram et puram helemosinam
religiosis viris Angerio, divina miseratione abbati monasferii Condo-
miensis, pro se et successoribus suis, etconventui monasterii ejusdem,
qui pro tempore fuerint, dominiumet jurisdictionemmajoremetminorem,
altam et bassam, merum et mixtum imperium, et omnia quaBCumque
nos habemus vel habere debemus et possidemus,et alius nomine nostri,
et habere et tenere et possidere debeamus in loco et territorio vocato de
La Guardera, et in tota parrochia Sancti-Laurentii et Sancii-Mar-
tini de La Guardera cum omnibus pertinenliis suis in Fezensiaco,
et ipsum abbatem pro se et successoribus suis et monasterio et con-^
ventu praedictis in veram ac etiam corporalem possessionem omnium
praedictorum accipere vel accepisse, retentis tamen nobis xii morlanis
censualibus tantum annua tim solvendis k praediclo abbate, vel ejus
nuncio, nobis vel locum nostrum tenenti apud Vicum in feslo beati
Laurentii, martiris. Quam dQuationem et omnia et singula praadicta
perfecta ratificamus, laudamus, concedimus et confirmamus pro nobis
et successoribus nostris.Volumus insuper et concedimus quod praddicti
abbas et conventus vel eorum successores possent construerey hedi-
ficare etfacere consiruere muniiionem, fortaliiium\ et alia quoBcum"
que hcedijicia^ seu baaUdaSy ubicumque eisdem abbati et conventui et
successoribus suis placuerit in uno loco, vel in pluribus, in dicto loco
et territorio vocato de La Guardera et in totA parrochid ecdesiae
Sancti-Laurentii et Sancti-Martini de La Guardera, cum pertinentiis
suis. Concedentes et promittentes pro nobis et successoribus nosiris,
dictis abbati et conventui et eorum successoribus per veram legi-
timam stipulationem, quod omnia et singula praedicta perpetuo ser-
vabimus et tenebimus et nunquam contra faciemus nee veniemus in
toto nee in parte per nos nee per alium. Renuntiantes expresse omni
auxilio et beneficio juris et coosuetudinis per quod contra possemus
facere seu venire, et quod haec generalis renunciatio valeat perinde ac
si omnes casus juris et consuetudinis exprimerentur, de quibus
specialem et expressam oporteret fieri mentionem. Retinentes etiam
nobis,g'aod si, in loco prcediciOy fiat castrum vel habitatio hominunt,
quod nos et successores nostri possimus ibi expletam (possessionem)
habere, si tunc habemus in aliis locis similibus de FezensicLCO, qui
sunt militum et baronum, subditorum nostrorum. Et haec omnia
praedicta concedimus, salvo jure in omnibus alieno, et in testimonium
praedictorum nos Geraldus, comes praedictus, abbati et conventui
praedictis et eorum successoribus has praesentes patentes litteras conoe-
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— 227 —
dimus, sigillo nostro propria sigillatas. Datum apud Cassaneam, die
luDse ante Epiphaniam, anno Domini mcclxx. >
Le lerritoire une fois concede, les /noines de Condom,
pousses sans doute par le comte d'Armagnac, s^empresserent
de metlre a execution Tordre que ce dernier leur avail trans-
mis sous forme d'invilation; et, moins de dix ans apres, lis
elevaient sur le poinl culminant de ce plateau de Lagardere
la construction fortiflee qui subsisle encore aujourd'hui. Le
passage suivant du Spicilege de dom Luc d'Achery {Hisloire
de I'abbaye de Condom) en fail foi:
i Item, religiosus vir Guillelmus de Neriaco^ dim cellarius hujus
monasterii, fecit fieri clausuram lapideam molendinorum cum molen-
dinislapideisinBaysia... Item, duas demos cum magna borda apud
Marlinum sanctum. Item, inccepit Castrum de Guardera^ in Fezen-
siaco. Item, instituit anniversarium pro se, et plura alia bona fecit et
procuravit, etc. (1) »
Or, ce Guillaume de Nerac, moine de Condom, vivait,
d'apres le carlulaire de Tabbaye, en 1280. C'est done a celle
date, et aulour de celte annee, que commenga de s'elever le
Chilean de La Gardere.
— Quelles furent ses destinees durant le cours deFoc-
CDpation anglaise? Seuls peut-6tre pourraient nous ledire
les documents conserves a la lour de Londres et emportes,
on le sail, par les anciens conqu6ranls de laGuyenne, a^Pheure
de leurs revers. Eut-il des sieges a soutenir? Fut-il habile, non
seulemenl par une garnison, mais par une famille puissante?
Passa-tril mainteset mainlesfois, encesheures troublees, des
mains des Armagnacs dans celles des Anglais? Un silence
absolu s'est fait durant celte longue epoque sur cette myst6-
rieuse demeure, que, malgre nos plus actives recherches,
nous n'avons pu rompre. Un seul document nous est restfe
sur le differend qui s'elevaen i517 entre le chapilre et TabbS
(1) L. d'Achery, Spicilegmm. (1723, 3 v. in-^), t. i.
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— 2f 8 —
de Condom, au sujet de rentifere propriete du fief de Lagar-
dere, reveodique par cbacune des deux parties, comme etant
sa propri6l6 particuliere. Ge ne fut qu'apres d^intermioables
procedures qu'il fuf defiQilivemeat altribue au chapitre de
TegUse de Condom, au detriment et malgre la col&rede Tabbe*
Dans saprecieuse compilalion Larcber nous dit, en effet, que:
€ Le ch&teau et territoire de Lagardfere demeurferent, k partir de
1317, en la possession directe du cbapitre de Condom, qui, dans la
suite les affenna et en toucha les revenus, TabW de Condom, devenu
cette ann6e-l^ le premier 6v^ue du dioc^e nouvellement cr66, ne
pouvant sur ce domaine exercer aucun droit (1). »
Eloigne de I'abbaye de plus de seize kilometres, sis sur un
roc desert que n'egayait nul village voisin, entoure de bois
sauvages, ne presentant par suite a ses possesseurs aucun
attrait qui p6t les y atlirer et les y retenir longtemps, le
ch&teau de La Gardere, en dehors de sa mission militaire,
etail destine a rester inhabiteet a ne recevoir, par suite, dans
ses divert amenagements aucune de ces modifications archi-
tecturales apportees par les exigences ou les modes des siecles
suivants.
Les xiv* et xv* siecles se passent sans que nous sachions
quelles peripetles il eut a subir. Quand nous le retrouvons,
c'est a la fin du xvi* siecle, el toujours en la possession des
moines.de Condom.
Par un premier traite reiatif a la secularisation du chapitre
de Condom, qui fut passe le4 mars 1546 k Rambouillet entre
Feveque de Condom, Charles de Pisseleu, el son chapitre,
reprteente par Bernard de Ferrabouc, prieur clauslral, celui-ci
cede a TevSque les maison, terres, pr6s, dimes et autres
droits lui appartenant sur le domaine de Charrin.
Par un nouveau traits, pass6 cette fois a Condom le 15
juin 1549, toujours en Ire Tevfique et le chapitre, celui-ci
cede a Tev^que, en lieu et place du domaine de Charriu,
(1) Archives communales de Condom, Mss. Lardier.
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— 229 —
« locum, domos, terras, nemora, prata, decimas, jurisdic-
tionem altam et bassam, merum et miitum imperium, et
omnia alia jura et pertinentias loci et jurisdictionis de La
Gardela, diocoBsis Auxitanensisetvice-comifatus Fezensacii; »
ce qu'un arr6t du 21 mai 1556 traduit par la barannie de
La Gard^e.
L'ev^que de Condom en jouissail done k celte 6poq.ue; mais
il dut peu apres la relrocederau chapilre; car c'est ce dernier
qui la poss^dait loujours, lors des m^morables 6venemenls
des guerres de religion que nous allons retracer sommaire-
ment et qui motiverent son alienation definitive.
— Le terrible lieutenant de Jeanne d'Albrel, Mongonmery,
venait, en 1569, de ravager toute la Gascogne. L'abbaye de
Condom, pas plus que les autres monasteres de la region,
n'avait trouve gr&ce devant lui. On sait les deg&ts et les ruines
qu'amoncelerent, durantles moisde novembreet de decembre
de cetle annee, dans les valines de TOsse et de la Baise, les
troupes huguenotes, et quels sacrifices durent sMmposer les
habitants de Condom pour sauver leur catbedrale et leurs
maisous. lis ne purent malbeureusement conserver ni Teglise
du Pradeau, ni celles des Cordeliers, des Carmes, desClarisses;
et ce n'esl qu'a force d'argent qu'ils arrachferent le marteau
aui farouches demolisseurs qui avaient commence sur les
cloitres deTabbaye leuroeuvredehaineet de devastation (1).
Les maisons des chanoines ne furent pas epargnees; et
toules celles qui etaient altenantes soit au clottre, soit a la
catbedrale, furent pillees, violees et demolies par les Hugue-
nots. Le document suivant en fait foi. Aussi, quand Torage
fat passe, quand sur cet amas de ruines les membres du
chapitre, malgrfeleur pauvrete, eurent resolu de rfeedifier tant
bien que mal leurs propres habitations, ils durent sMmposer
de lourds sacrifices et mettre en vente leurs plus lointaines
(1) Archives commuaales de Condom. Li vre des JuradesA'oir aussi Monlezun,
Hiatoirc de la Qascogne, etc., etc.
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— 230 —
proprietes. Le fief de La Gardere, comme le plus eloigDe, fut
UD des premiers designes.
A cet efifet, le chapitre s'adressa au roi> afio qu il lui fut
permis de Taliener; et le roi lui envoya, presque aussltdt
apres^ en 1371, les letlres patenles suivantes^ qui donneot
satisfaction aux chanoines et dont les consideranls r^suroenl
en m^me temps toute cette afifaire :
€ Charles, par lagr^x3e de Dieu, roi de France, au s6n6chal d'Agenois
et de Gascoigne ou son lieutenant k Condom, salut. Les chanoines
et chapitre de TEglise Catedralle dudit Condom nous ont fait remons-
trer que, durant les derniers troubles, ceux qui portoient les armes pour
le fait de la R. P. R. se saisirent par force de la ville dudit Condom,
ou ils demeurferent plus de Irois mois, pendant lesquels ils auroient
entierement ruin6 et d6moly les maisons appartenantes audit chapitre,
qui 6toient au cloltre d'iceluy, oil lesdits chanoines faisoient leur resi-
dence, pour ^tpe prez de ladite ^lise, afin d'etre plus prez pour fairele
service divin, en sorte que, k cause desdites ruines, iceux chanoines
sont k present contraincts loner k grands prix des maisons en la ville
pour demeurer, d'autant qu'ils n'en ont plus aucune k eux apartenans,
lesquelles maisons qu'ils tiennent k louage sont loiutaines de ladite
^glise, tenement que par ce moyen ils n'y peuvent aller de nuil pour
faire le service divin sans danger de leurs personnes. — A cette cause,
ils ont avisi faire r6difier lesdites maisons qui ^toient audit cloltre, et
parceque, k cause des pertes qu'ils ont souffertes durant lesdits troubles
en leurs benefices et autres biens k eux apartenans, ils n'ont aucun
moyen de faire la reWification sans vendre le moins utile des biens
dudit chapitre; au moyen de quoi ils ont fait mettre en cri6e une leur
maison et lieu appel^ La GarddrCySes appartenances et dependances,
qui est assis eii la sentehauss6e d'Armaignac, et fort lointaine dudit
Condom, qui par ce moyen est la moins commode piece d'icelles qui
appartiennent audit chapitre; ne leur revenant sinon 80 livres toumois
de rente chacun an, dont ils pourroient tirer environ 8,000 livres pour
faire lesdites ratifications qui leur porteront plus de commodites et
leur ^pargneront plus chacun an que ne vaut le revenu du susditjieu;
laquelle maison et lieu ils n'ont os6 et n'oseront vendre sans nos conge
et permission, qu'ils nous ont tr^s humblement supli4 et requis leur
octroyer et sur ce leur pourvoir :
» Nous, a ces causes, consider^ ce que dit est,d6sirant que les expO'
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— 231 —
sans soient accomod&s d'autres logis prez ladite ^lise, afin qu'ils aient
meilleur moyen de faire le service divin en icelle, leur avons en tant
qu'a nous est permis, et de notre certaine science, pleine puissance et
autorit6 royale, permettons vendre icelle maison et lieu de La Gar-
ddrcy ses appartenances et d^pendances, comme 6tant la moins commode
piece dudit chapitre, au plus oflfrant et dernier encherisseur, pour les
deniers qui en proviendront ^tre emploi^s k la r66dification des maisons
dudit chapitre que ont it& d6molies comme dit est, et non ailleurs, ne
en autres effets ne k faire k peine de r^pondre par les exposans. Si vous
mandons, commettons et en joignons par ces pr6sentes, etc.
9 Dona6 k Fontainebleau, le xvii® jour de juillet, Tandegrftce 1571
et de noire r^gne le onzieme (1). »
Les lemps etaienl durs. L'offre resta saos effet. Ce ne fut
que sept ans apres que les chanoines trouverent enQn ua
acquereur. Encore est-ce par voie d'echange qu'ils purenl a
grand'peine se debarrasser de leur domaine de I^a Gardere.
Le 28 mail578, par devanlM* Bertrand Laflfargue, notaire
de Condom, le syndic du chapitre de Condom,
a Cfede audit noble Pierre de LavardaCy seigneur de Lian, la
maison noble de La Gardere, avec toute sa justice, droits et apparte-
nances, ainsi que la m^tairie, sans se rien r^server de ladite terre et
seigneurie, et ledit de Lavardac bailie en centre ^change audit chapitre
certains biens ruraux situ6s en la juridiction de Gondrin et de Lagraulet,
limit^s et confront6s ainsi qu'il suit, etc.; — plus la somme de 1,142
^us,'deux tiers, quatre sols, six deniers, qui furent employes imm^
diatement par ledit chapitre au rachat de la grande dime de la clef, du
molin de Grasiac, et au paiement d'autres dettes et affaires urgentes du
chapitre (2). »
La terre et le chateau de La Gardere passerent done, a partir
de cette epoque, dans les mains du seigneur Pierre de
Lavardac, qui en resta paisible possesseur jusqu'ason deces.
Dans les minutes du notariat de Valence, nous voyoas, entre
aulres actes, qu'a la date du 25 mars 1580 (c noble Alexandre
de Lasseran, seigneur de Massencdme, accepte un aveu de
(1) Archives communales de Condom. Manuscrit Larcher, page 220.
(2) Idem, page 221.
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deltes de 459 fecus sols, deux tiers, consenti par noble Pierre
de Lavardac, seigneur de LaGardere, envers messire Francois
de Cassagnet, chevalier de Tordre du roi, capitaine de
cinquante lances^ sieur de Saint-Orens^ el senechal du
fiazadois(l). »
Celte famille de Lavardac etait originaire de TAslarac. On
trouve son nom m61e a la plupart des affaires des xv* et xvi*
siecles. Lorsque le nouveau proprifelaire du chateau de La
Gardere fut mort, son QlsArnaud de Ijwardac rendit hom-
mage pour les recentes acquisitions de sa famille, et il passa
notamment un accord, le 18 mai 1595, avec les consuls du
lieu de La Gardere et le sieur Jean Laffargue, maitre arpen«
teur de Francescas, pour la revision du cadastre de la commu-
naute(2). Mais il euta soutenir un important proces contre
le chapitre de Condom, qui revendiquait le droit de dime sur
laterrede La Gardere, que s'elait appropriee injustement son
pere Pierre de Lavardac a la suite de Techange du 28 mai
1578, et dont les nouveaux seigneurs avaient joui depuis
celte epoque. Par suite, le chapitre, revenant sur ce central
d'echange, en demandail la rescission, prelendant inalienable
ce droit de dime et considerant les biens ruraux pris en
echange, comme une charge pluldt que comme un beneQce.
Une transaction intervint^ |e 18 mars 1609, moyennant
laquelle « le sieur de Lavardac cede ladite dime sur la terre
de La Gardere au chapitre de Condom avec la ^mme de 600
livres pour Tindue jouissance et la restilution des fruits,mais
demeure neanmoins seul et unique proprlelaire et seigneur
dudil fief (3). ^
Arnaud de Lavardac, seigneur de La Gardere, mourul
en septembre 1615. Sa succession provoqua divers incidents
que nous aliens resumer.
(1) Notariat de Valence. lUg. pour 1580. Marignac, notaire.
(2) Notarial de Gondrin. R^. pour 1595. Lasserre, notaire.
(3) Archives communales de Condom. Mss. Larcber. Larti^ue, notaire royal-
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— 233 —
Aiissit6t apres sa sepulture, nous dit un acte notarie (1),
les P^res Antoioe Garsin et Jean Bordes, de laCompagnie de
Jesus, du college d'Auch, furent envoyes par le R. Pere rec-
teur, afin de faire connattre aux h6ritiers naturels, qu'ils
etaienl inslitues h^ritiers du defunt seigneur de La Gardere.
par disposition testamentaire en date du 9 septembrecourant,
declarant vouloir accepter rheritage sous benefice dMnventaire.
Arnaud de Lavardac ne laissait pas d'enfants. Ses h^riliers
naturels etaient sa soeur Alix de Lavardac, mariee a noble
Jean-Pierre de Caulet, et ses deux Biles naturelles Charlotte et
Alix. Ces derniers ayant declare quMIs ne feraient pas d'op-
position aux reclamations des P^res Jesuites, pourvu toutefois
que leurs droits fussent respectes, on d6cida de part et d'autre
de proceder a Pinventaire des biens du d6funt. Ce premier
acte est signe de noble Pierre de Caulet, noble de Saint-Gresse,
seigneur de S6ridos, Devic, notaire royal, Jean Axio, apothi-
caire de Condom, le Pere Carsin, Brusault, cure de Roques et
de La Gardere, el Lanavic, cure de Bezolles.
On se milaussitdta ToBUvre, et ce raeme jour 42 septembre
1615 fut commence Tinventaire des biens du seigneur de
La Gardere, en presence desdits tfemoins. LMnventaire se
poursuivant, le 21 septembre du meme mois, le recteur de
la Compagnie de J^sus du college d'Auch est present et
appose son nom, Jean Solanet, au bas de Tacte.
Le domaine de La Gardere se composait a cetle epoque du
chateau proprement dit avec ses appartenances et depen-
dances et de phisieurs metairies avoisinantes, dont la plus
importanle etait celle de Laboiirdette, «d'un labourage, dit
Tacte, de trois a quatre paires de boeufs. » Noble Jean de
Caulet, seigneur de Lian, et M* Pierre Bordes, procureur
juridictionnel de la baronnie dePardaillan, prirent en aCferme
tons les biens dependants de la succession d'Arnaud de
Lavardac.
(1) Nojariat de BezoUes. R^. pour 1615. J. -H. Day rem, notaire.
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— 234 —
Notons, parmi les papiers inveDtoiies ce jour-la^ une piece
assez curiease qui vient conflrmer la possession du domaine
de La Gardere par les moines de Condom et ainsi decrite :
« Lm de Vhomaige rendu par les religieux du chapitre de
Peglm cathedrale de Cmdam, de la salle de La Gardere, ses
appartenances et dependances, tenues de Charles, due
d'Alenfon, comte d'Armagnac, du xiui mat de tan i52i, por-
tant main levee de la saisie qui en avail ite faile, faulte de la
rendp'e{l). »
Lss Jesuites du college d'Auch ne resterent pas longtemps
proprietaires de La Gardere, si tant est quMIs I'aienl possedfee
quelques instants. lis durent s'enteudre inimediatement avec
les heritiers naturels d'Arnaud de Lavardac, et, raoyennanl
des echanges oudes compensations deraeurees ignorees, leur
abandonner deQnitivement ce domaine. Un an apres Tinven-
tairedesbiens du dernier seigneur, nous voyons, en effet, que
le ch&teau de La Gardere se trouve entre les mains d'Alix de
Lavardac, soeur d'Arnaud, qui, malgre son mari el ses mau-
vais traitemenls, persiste a ne pas vouloir mettre en venle
celte terre.
« Le 3 d&embre 161 Sedans la salle noble de La Gardere, demoiselle
Allys de Lavardac, femmede noble Jean-Pierre deCaulet, declare que,
soUicit^e par son mari de vendre les droitz qu'elle possfede sur lamaison,
terre et seigneurie de La Gardere, soit par le d^ces de son frfere Arnaud
de Lavardac, soit par suite du d^s de ses p6re et mere, elle se refuse
a ce faire, et k ceste fin elle va trouver noble de Pustolle, seigneur de
Fieulx, au chateau de Podenas, son parent, k qui elle maintient son
dire que la venle ne s'op^rera pas, malgr^ les mauvais traitements de
son 6poux, M. de Caulet, qui la demande, et qu'elle ne c^dera quk la
violence (2). «
Alix de Lavardac dut cependant ceder a son mari, ou tout
au moins comprendre qu'elle ne pouvail, faule de moyens
(1> Notarial de BezoUes. Rc^g. pour 1615. Deayrem, notaire. (Notes communi •
quees par M. Tabbc Hroconat).
(2) Notarial de Koqucs. Rc^g. pour 1616, fol. 68-69. Deaiyiem, notaire.
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— S36 —
sufQsants, garder iotfegralement la succession de son frere,
ober6e de dettes^ et qui constituait pour elle une charge
plutdt qu'un avanlage. Le 4" aviil suivant de Tannee 1617,
« Noble Jean-Pierre de Caulet, ^uyer, sieur de Lian, consid^rant
comme trfes on^reux Theritage que sa femme Alix de Lavardac est en
m^me de recueillir d'Arnaud de Lavardac, seigneur de La Gard^re,
son fr&re, et cela k cause des dettes, legs et charges di verses qui le
gr^vent; attendu que lui et sa femme n'ont pour payer d'autre moyen
que celui de vendre..,, donne k Alix de Lavardac, sa femme, plein
pouvoir d'ali^ner ledit heritage, de telle mani^re et k teUes conditions
qu'elle voudra..,, ne Tautorisant n^anmoins en aucunefa^n k vendre
ou obUger la salle de Lian, ni ses d^pendances, que ladite Alix lui a
apport6e comme garantie de ses biens dotaux, etc. (1) »
Mademoiselle de Lavardac se resigna, et la lerre de La
Gardere fut mise en vente quelques jours plus tard. Nean-
mois, nous devons constaler qu'a cette epoque Tancienne
forleressedesmoinesde Condom ful momenlanement habilee,
ou que lout au moins c'esl dans ses vastes salles que furent
signes les acles imporlants que nous venons* de signaler.
Celle meme annee 1617, et le 30 octobre, furent conclus,
dans la salle de La Gardere, les pactes de mariage entre noble
Blaise de Grisonis> seigneur de Pimbat, homme d'armes de
la compagnie de monseigneur le marechal de Roquelaure, et
demoiselle Louise de Lavardac, fille de feu noble Jehan
Bertrand de Lavardac, quand vivait seigneur d'Ayssieu, et de
dame Louise de Lavardac. Sa mere lui constitue 1,800 livres
tournois, et, pour garantie de cette somme, elle lui donne
immediatement la melairie de Riviere, sise en la juridiction
de la ville d'Eauze. La fiancee se constitue en meme temps
les biens pa^ternels qui lui sont echus par le deces de son
pere (2).
Ce contrat fut un des derniers que nous trouvons avoir ete
(1) Notarial de Roques. R^g. p. 1617, folio 24, verso. (Note de M. Vz,hh6 Bro-
conat).
(2) Notariat de Beasolles, H^, pour 1617, f» 85, Day rem, not^ure,
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— 236 —
sigoes dans la salle de La Garderepar la famille de Lavardac.
Quatre ans apres, Tan 1621, la terre et seigneurie de La
Gardere passaient en de nouvelles mains. L'acqa6reur elait
un homme de robe, nouvellement venu dans la contree,
proprielaire de Timportant domaine du Busca, sis a quatre
kilometres a peine ao nord de La Gardfere. II se nommait
messire Jean de Maniban, chevalier, conseiller du Roi au
grand Conseil, ancien maftre des requites au parlement de
Bordeaux, lieutenant-general en la meme senechaussee, et
depuis sept ans president au Parlement de Toulouse. Mais
ce personnage, sur lequel nous allons revenir, n'en prit pas
immedialemenl possession. II dut, par acte du Smai 1621,
emprunter a un de ses voisins, noble Philippe de Pins,
seigneur d'Aulagneres, pres Valence, lasommede 3,200 livres
pour desinleresser Mix de Lavardac; moyennant quoi, ledil
seigneur de Pins garda, jusqu'au complet remboursement de
cetle somme, Tentiere possession et jouissance de la terre de
La Gardere.
C'est ainsi que nous voyons noble Philippe de Pins,qualiOe
seigneur de La Gardere, donner quittance, le 24 mars 1627,
^- par acte passe au ch&teau de La Gardere, en Fezensac,
diocese d'Aux (1). »
La meme annee, « noble Philippe de Pins, seigneur de La
Gardere, estant dans Thostellerie de Bezolles, demaude au
tuilier de La Gardere qui Fa autorise a couper des arbres
dans les hois de ladite seigneurie. A quoi ce tuilier repond
que c'est monsieur de Maniban, seigneur du Busca, ou plut6l
son homme d'affaires, frere Salles, a qui il a engage la
tuilerie(2). »
Enfln, le 18 juin 1629, le meme seigneur accepte un aveu
de detle, par acte passe au chateau de La Gardere (3).
(1) Notariat de Valence. R6g. pour 1627, ^ 59. Bartharez, notaire.
(2) Notarial de Bezolles, P 2. Dea>rera, notaire.
(3) Notarial de Valence. R6g. pour 1629, f» 247. Bartharez, notaire.
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— 237 —
Get elat de choses dura jusqu'a Tannfee suivante 1650,
epoque a laquelle le seigneur du Busca remboursa a Philippe
de Pins la somme quMl lui avail pr^lee pour lui faciliter
Tachat de La Gardere, et ou ladile seigneurie rentra d6flniti-
vement en'rentiere propri^le de la famille de Maniban. II
ressort,en eCfel,de Facte notarie suivant,du 28 juin 1630, que,
« Noble Thomas de Maniban, baron de Larroque, conseiller du
Roy en sa court du Parlement de Bordeaux, ayant dtelar6 avoir regu
en apanage de son pfere messire Jean de Maniban, chevalier, conseiller
du Roy, president en la court du Parlement de Toulouse, la terre,
seigneurie et ckdieau de La Gardere, sous la condition qu'il rembour-
serait la somme de 3,200 livres avec les int6r6ts, empruntfe k noble
Philippe de Pins, seigneur d'Aulagn^res, par acle du 5 mai 1621, et
en vertu duquel acte, le seigneur de Pius se r^servoit de jouir de ladite
terre jusqu'au complet remboursement de ladite somme..., ce jour-ci,
28 juin 1630, noble Thomas de Maniban oflEre de rembourser ladite
somme avec les int6r6ts, et il somme ledit seigneur de Pins de la
recevoir. Monsieur de Maniban proteste en m6me temps centre les
ruynes et deteriorations de toutes sortes qui se trouvent au chateau et
domaine de La Gardfere(l). »
Le remboursement fut acceple. Noble Philippe de Pins se
declara enlierement quilte de toute obligation envers Thomas
de Maniban, et, de ce fait, it lui abandonna la totalite du
domaine de La Gardere.
Le vieux manoir passa done encore en de nouvelles mains.
Mais, cette fois, ce fut pendant plus d'un siecle et demi qu'il
demeura la propriete de cette grande famille des Maniban,
dont rhistoire, si curieuse a tant de litres, merite d'etre ici
longuement racontee.
{Asuivre.) Philippe LAUZUN.
(1) Notarial de Valence. R4g. pour 1603, ^ 155, verso. Bartharez, notaire.
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UH Episode de la licde er gasgogre
J1,E
PILLAGE DII CHATlill DE S^-CHRISTIE
EN 1890
L'av6nement de Henri de Navarre au trdne de France
aurait dti ramener le calme et la tranquillity, que le pays
r6clamait depuis si longtemps et dont il avait si grand
besoin. Mais la Ligue ne pouvait voir sans horreur la
couronnesurlat^te d'un prince huguenot; aussi, laluttese
ranima-t-elle plus ardente que jamais, et, chose curieuse,
la noblessegasconne, jusqu'alorsfidfeleala fortune du B6ar-
nais, sembla changer de parti : beaucoup de nos gentils-
hommes mirent au dernier moment leur 6p6e au service
de Mayenne. La paix, que bourgeois et paysans appelaient
a grands cris, 6tant pour eux le pire des maux, la defec-
tion leur semblait toute naturelle. lis redoutaient de voir
disparaitre ce bon temps d^aventures et de pillage, oil
entre deux escarmouches on mettait k sac villes et cha-
teaux. Pen leur importait d'6tre aujourd'hui Navarrais,
demain Guisards ou Ligueurs. Ce qu'il leur fallait, c'6tait,
apr6s de beaux coups d'6p6e, des gites de bonne prise oil
ils pouvaient non seulement faire ripaille... et le reste,
mais aussi garnir leur escarcelle.
L'histoire est pleine de ces souvenirs. Mais beaucoup
de faits isol6s, qui ne durent pas 6chapper k Tattention
des chroniqueurs contemporains, leur parurent sans doute
avoir si peu d'importance qulls furent laiss6s de c6t6.
Ainsi, en parcourant le dossier d'un tr6s long et tr6s
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— 239 —
curieux proems de succession, des r^cits de braves gens
cit68 en t6moignage ^ nous ontr6v616 le pillage, tout h fait
in6dit, d'un opulent chateau, situ6 aux portes d'Auch. La
Basoche, on le sait, fut toujours prodigue de paperasses;
pourune fois, rendonsgr&ces a laprolixit6deses plumitifs.
En 1590, Hercule de L6aumont 6tait seigneur de Sainte-
Christie et de Mirepoix. II avait pour p6re Philippe de
L6aumont, issu de cette noble famille qui eut Thonneur
de compter parmi les siens le fameux capitaine Puygail-
lard*. Possesseur d'une belle fortune, il s'unit vers 1553
avec Anne-Olympe de Laval. Veuf et sans enfants, I'es-
poir de donner un h^ritier k sa race lui fit contractor un
second mariage avec une noble damoiselle du comt6
d'Astarac, Germaine de Sariac.
Cette derni6re joignait a un nom illustre Thonneur
d'6tre la flUe de Tun des quarante-cinq. Aymeric de
Sariac, son p6re, 6tait de cette phalange d'61ite oil la
noblesse de Gascogne avait ses plus illustres et ses plus
braves repr^sentants.
L'union du seigneur de Sainte-Christie et de la demoi-
selle de Sariac ne fut pas plus heureuse que son premier
mariage. Aussi, sans enfants, accabl6 par Vkge et la
tristesse, vivait-il solitaire en son chateau de Sainte-
Christie, au milieu du luxe et du confort que sa fortune
lui permettait et qui convenaient a un gentilhomme de
haut lignage.
(1) Enqueste faicte d'aathorild de la souveraine court du Parlement de Tholose
pour la partie de damoiselle Germaine de Sariac, dame de Mirapoix, de et surle
contenu de son articulat par elle contre Manault de Batz, sieur dud. lieu...
(Arch, depart, du Gers, Fonds des J^suites, anciennement archives de la ville
d'Auch.)
(2) Jean de L^umont, seigneur de Puygaillard, baron de Brou et de Mor^,
capitaine de cinquante hommes d'armes, chevalier de TOrdre, mar^chal de camp
g^n^ral, charge remplie plus tard par* le grand g^n^ral Turenne, des arrases du
roi, gouvemeur d'Anjou en 1584, chevalier du Saint-Esprit h la promotion du
31 d^cembre 1580. II mourut de la peste, le 6 juilletl584, gouvemeur de Cam-
brai. II ^tait fils de Charles de L^umont, seigneur de Puygaiilard, et d'Anne de
Nogaret de la Valette.
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— 240 —
II semblait reporter son affection sur un fils de sa
soeur, porteur d'un nom c616bre, Manaud de Batz*, qu'il
devait faire son h6ritier en lui laissant son chateau de
Sainte-Christie, tandis que sa veuve avait pour elle la
seigneurie et terres de Mirepoix.
En ce temps-Ik, Emmanuel de Savoie *, marquis de
Villars, lieutenant du roi en Guyenne, et plus tard lieu-
tenant g6n6ral pour la Ligue en Gascogne, parcourait le
comt6 d'Armagnac, trainant k sa suite les bandes qui
jadis avaient guerroy6 pour le B6arnais.
A ses c6t6s, il avait les capitaines Dossy et Sardac',
faroiiches partisans, connus et redout6s de tons, et aussi
le baron de Mondenard *, lieutenant d'Urbain de Saint-
Gelais*, 6v6que de Comminges, bouillant ligueur que
la chronique nous repr6sente comme le Turpin de cette
6poque, beaucoup plus habitu6 k porter la cuirasse et
r6p6e que la chape et la crosse.
La discipline ne devait pas 6tre la premiere quality de
ces soldats. Sou vent « trouppes faisoient d6sordres, »
disent les vieux documents, le pillage 6tait fort k la mode,
capitaines et soldats y trouvaient leur profit.
Au mois de septembre 1590, Villars campait avec du
(1) Manaud, baron de Batz, fils de Pierre et de Marguerite de L^umont,
6tait du petit nombre des gentilshommes catholiques d'Armagnac qui surent
rester fiddles ^la fois k. leur religion et k leur souverain. (Ch. de Batz-Trenquel-
16on, Henri IV en Gascogne, p. 305.)
(2) Emmanuel de Savoie, marquis de Villars, comte de Tende, Sommerive,
etc., <^tait le fils d'Honoratde Savoie, connu sous le nom d'amiral de Villars,
qui succ^da k Monluc dans le commandement des troupes catholiques.
(3) Francois de Lacaze, seigneur de Sardac, plus connu sous le nom de capi-
taine Sardac, ^pousa en 1592 Pauline de Couperose, veuve d'Amaud de Gout,
capitaine Mont. Nous n'avons aucun renseignement sur le capitaine Dossy.
(4) Antoine, baron de Mondenard, en Quercy, de son mariage avec Margue-
rite du Bouzet n'eut qu'une fille, H61ene de Mondenard, marine on 1593 k Jean
de Bern^de, vicomte de Comeillan, en Armagnac.
(5) Urbain de Lusignan Saint-Gelais, ^veque de Comminges, se fit remarquer
k Toulouse par la violence de ses discours centre Henri IV. En 1580, il fut
envoys par la reine-mere en Portugal. Six ans plus tard, 11 assi^gea dans Saint-
Bertrand de Conmiinges, le farouche capitaine Suz et I'obligea k quitter la ville
aprfes un si6ge de quarante-huit jours et k se r61ugier au ch&teau de Mauvezin.
II mourut en 1613.
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— 241 —
canon k Montaut, o\l il avait 6tabli son quartier g6n6ral.
C'est Ik qu'il recevait ses visites, entre autres celle de
Messieurs du Chapitre de Sainte-Marie d'Auch *.
Mondenard, Sardac et Dossy s'6tablirent k Sainte-
Christie, le dimanche 6 septembre 1590. Les troupes se
logferent jusque dans T^glise^ et bient6t Sainte-Christie
fut trait6e en ville conquise par ces gens de sac et de
corde. (( Coqs, dindes, polhailles, vins, » passent de chez
rhabitant chezlessoldats; les livres brftlent dans Tenclos
du village, et le linge sert k renouveler la garde-robe des
gens de guerre.
Tout en jetant des regards de convoitise vers le chft-
teau, les chefs h6sitaient cependant encore. La tentation
finitpar devenir trop forte. On savait que le seigneur
6tait riche, que les habitants du village avaient trans-
port6 au chateau le meilleur de leur avoir. II n'en fallait
pas tant pour faire oublier la parole donn6e.
Le mardi 8 septembre, Mondenard, aprfes avoir caus6
quelques instants avec Sainte-Christie sous le o rebe-
lin* )) du chMeau, y laissa p6n6trer quelques gens de
guerre, qui s'empar6rent du malheureux L6aumont et
Tenfermferent pendant trois jours dans une chambre du
ch§,teau, dont ils emport6rent les clefs. Avec lui se trou-
vaient son cousin, le seigneur de Labrifife, et Dominique
Chaubeyre, pr6tre, recteur de r6glise de Montlezun, en
Pardiac, vicaire deMirepoix'; c'est ce dernier qui va nous
raconter la sc6ne du pillage.
(1) Deposition d'Edme Bolepin, pr^tre, pr^bendier de Sainte-Marie d'Auch.
(2) Le rebelin ou ravelin du cMteau, c'est-^-dire les fosses.
(3) Dominique Chaubeyre, au d^but de sa deposition, explique sa presence k
Sainte-Cbristie : « A la feste de Monsieur St Jehan Baptiste, de Tann^e 1590,
dit-il, M« Pierre Ferris, pr^tre, alors recteur de Mirapoix, Tarreta vicaire pour
servir I'^glise dud. lieu de Mirapoii ung an entier, auquel lieu, d'accord qu'ils
feurent, s'achemina, et servit le temps porte par leurs conventions, pendant
lequel et k Toccasion des guerres civilles, les trouppes de ceulx de la pr^tendue
r^formee religion, faisoient d^sordres aux environs dud. Mirapoix, il se retirait
le soir dans le cbasteau de Saincte Christie. »
Tome XXXV. 16
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— 242 —
De laquelje chambre advant, il qui deppose, et led. feusieurde
Saincte Christie et Labriflfe entendoyeat commeron forgoit les coflres,
cabinets de la maisoD, et des fenestrcs advant voyoient comme les sol-
darts s'en portoient lits, meubles, les ungs sur lecol, lesautressur
des chevaulx, dans les sacs, et en emportoient enlre aultres choses,
tout le linge de Flandre qui estoit dans lad. maison enferm^ dans trois
coffres, quelques guarnitures de lit de soye, ung eguiere et ung gou-
biau d'argent, qu*ils prindrent dans le chay oiion avait men6 le deppo-
sant pour en montrer le bon vin. Non content dud. pilhaige rangonne-
n^rent led. sieur en lui en admenant sept ou huict polains qu'il avoit
retir^ de ses m6tairies, ou ung chevaulx d'Espaigne qu'il estimoit mil
ou quinzecens escuts, soixante ou quatre vingts motons, sept ou huict
porceaulx gras, de maniere qu'il n'a jamais veu un pareil et semblable
desordre (1)...
(( Gouaire, Briuat, » disait le malheureux seigneur h
un des habitants de Mirepoix, venu pour le voir, « en
quin estat aqaiesta gent me tenguent^ (sic).
Quelques soldarts charges de toilles et linsuls des plus d61i6s qu'on
eust veu longtemps auparavant, s'en firent coupper chemises, les autres
porterent vendre leur part en Aux. D'aultres aussy sortoient du chas-
teau charges de beau linge de table parmi lequel en y avoit de
Flandre (3)... Un honneste homme desd. trouppes avoit pli^ un garnie-
ment de lit, desoye, le plus beau et Temporta (4)...
Et le s** de Mondanard, entre autres choses, avoit faict remplir deux
coiSEres bahutz pour les en emporter, qu'il laissa neanmoins k la priere
des sieurs du Laur (5) et de Navarron (6). Mais le reste fut enleve par
les gens de guerre, jusqu'au drageoir de la dame (de Saincte Christie)
qu'il vit entre les mains du capitaine Sardac (7)...
(1) Deposition de Dominique Chaubeyre.
(2) Deposition de Bertrand Peralo, dit Privat, tisseur de lin, natif et habitant
dulieude Mirepoix.
<3) Deposition de Edme Bolepin, pr^tre prebendier de Teglise Sainte -Marie
d'Auch. C'est sans doute ce pavilion de lit tani regrette de Sainte-Christie, au
dire d'un autre t^moin, Jehan Pom^s de Gavarret.
(4) Id., ibid.
(5) Jacques de Lau ou du Lau, seigneur et baron du Lau, etaii fils de Carbon
de Lau et de Fran^ise de Gondrin, capitaine de cinquante hommes d'armes,
chevalier des ordres du roi. Apres I'abjuration d'Henri I V il quitta le parti de la
Ligue, et, dit du Pleix, il fut un des seigneurs gascons « qui se rang^rent au
devoir et par leur reduction apport^reut un grand repos k la Gascogne. »
(6) Oger de Sariac, seigneur de Navarron, connu sous le nom de capitaine
Navarron, etait proche parent de la dame de Sainte-Christie. 11 6tait lieutenant
d'une compagnie de cinquante hommes d'armes des Ordonnances.
(7) Deposition de Bertrand Lanusse, pretre recteur, de Nolenx, au diocese
d'Aux (auj. Noulens, canton d'Eauze). « 11 fust pryepar mademoiseUe de Sariac>
damede Mirapoix, de donner un coup d'esperon jusques k Saincte -Christie, ce
qu'U fist. »
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— 2 13 —
En somme, c'estoit une misere et n'y laisserent aucune sortede meu-
bles qui vallust un escu par maniere de dire; et a depuis entendu dire
de la propre bouche dudit seigneur, qu'on Tavoit enlierement ruyn6.
Lesd. trouppes ne luy avoyent pas Iaiss6 une serviette pour essuyer
ses mains, et s'en estoient prinz jusqu'k ses livres, et craignoit de se
voir en necessity en raison de ce (1).
Non content d'avoir pill6 le cMteau, Mondenard exi-
gea encore une rangon du seigneur de Sainte-Christie. Ce
dernier n'ayant plus un sou vaillant et enti^rement ruin6,
dut avoir recours a un ami. II s'adressa au seigneur de
Puys6gur, Joseph de Chastenet *^ qui lui pr6ta une fois
cent doubles ducats, valant « trois cenz trois escutz ung
tiers. )) Ce fut insuflBsant; les rentiers exig^rent davan-
tage, et Puys6gur dut encore envoyer par un de ses
serviteurs cent cinquante 6cus, ce qui porta la rangon k
pr6s de cinq cents 6cus'.
Ce qui 6tonnera, c'est que parmi ces pillards il y en eut
un qui s'indigna du proc6d6 de ses compagnons. C'est du
moins ce que nous apprend Blaise Meilhan, marchand de
laine, habitant de Sainte-Christie: « M. de Paulo*,
homme d'armes, qui estoit log6 a la maison du recteur,
o\i le depposant estoit present, diet k celui qui pourtoit
lad. rangonqu'il n'envouloit poinct, et n'enavoict affaire,
car on faisoit ung grand tort et lasche tour aud. sieur (de
Sainte-Christie), feignansestresesamys et leruynant. »
(1) Deposition de Jehan Pomes, de Gavarret.
(2) Joseph de Castenefc ou Chastenet, seigneur de Puys6gur, en Fezensac, flls
de Nicolas et de G<5raude de Foissin. II eut dix-sept enfants de son union avec
une jeune fille de la maison de Pins, parmi lesquels le c616bre Jacques de
Chastenet, auteur des M^moirea.
(3) Selon Dominique Chaubeyre, la rangon fut de dix-huit cents 4cus.
(4) Nous n'avons aucun renseignement precis sur ce M. de Paulo. II appar-
tenait sans doute ^ la maison toulousaine de Paulo, « seigneurs de Grandval,
Lataurie, la Salvetat, Escalquens, Rouix, Gratentour, depuis vicomtes de Cal-
mon, divises en deux branches par les enfans d'Estienne de Paulo, capitoui en
1512, » dont utf petit-fils fut grand-maitre de Malte. (Lafaille, TraiU de la
noblesse des capltouls, p. 156, 157.)
MobIuc {Commentaires, livre V) parleaussi d*un M. de Paulo, president au
parlement de Toulouse, dont la maison « cuyda estre saccag^e » parce qu'un
^tudianl huguenot s*y 6tait r^f ugie. Le mar^chal dut monter k chevai pour r^ta-
blir I'ordre.
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— 244 —
Ruin6, Sainte-Christie le fut entiferemei\t; « il en avoit
grand mal de cueur et s'en plaignoit k tons ceux qui
Talloient veoir^ » Sereleva-t-:il jamais? Cen'est pas pro-
bable; car lorsque Manaud de Batz, son neveu et h6ritier,
recueillit son h6ritage, ce fut pour lui une d6ception. II
se crut fru8tr6 par la dame de Mirepoix et lui intenta ce
proc6s f ameux qui fut plaid6 devant le Parlement de Tou-
louse et plus tard devant celui de Grenoble *. C'est k Ten-
qufete ordonn6e par Messieurs du Parlement que nous
devons le curieux document dont nous avons cit6 quelques
passages. On avait charg6 de ce soin Jehan de Mascaras,
licenci6en droit, magistrat, lieutenant principal du bailli
royal de la ville de Pavie '. Ce dernier assist6 d'un certain
Jehan Bris, docteur, recueillit les souvenirs des gens du
pays, neuf ans aprfes le passage des troupes du marquis
de Villars.
Si les bandes de la Ligue se conduisaient ainsi en vers
les catholiques, qu'6tait-ce done en vers ceux de la reli-
gion r6form6e? LeB6arnais, en se laissant dire que Paris
valait bien une messe, disons mieux, en revenant d'un
coeur loyal k la foi de ses p^res, fit cesser cette lutte fratri-
cide, que tormina bient6t d^flnitivement la mort de ce roi
6ph6mfere, le cardinal de Bourbon, qu'on avait essay6
d'appeler Charles X.
Ch. PALANQUE.
(1) Deposition de Bertrand Lanusse.
(2) Dans le proofs que Germaine de Sariac, veuve et h^ti^re d'Hercule de
L^umont, sontint contre Manaud de Batz, qui lui disputait rh^ritage, celui-ci
6voqua le proc^ devant le Parlement de Grenoble, sous pr^texte que Germaine
de Sariac comptait une foule de parents et allies devant le Parlement de Tou-
louse. II pr^tendait que Gabriel de Barth^lemy, seigneur de Grammont, presi-
dent au Parlement de Toulouse, etait parent de M. de Bruy^res, seigneur
d'Estampes, neveu de Germaine de Sariac. Celle-ci r^pondit k cette allegation
qu'il s'agitde Bruy^res Chalabre, « qui sont d'autre famiUe et ames que n'est le
sieur d'Estampes, neveu de ladite Sariac. »
(3) Ce magistrat eut plus tard I'ambition de prendre rangparmi les pontes latins
modemes : temoin sa brochure de 30 pages in-4* dedi^e au cardinal de Riche-
lieu, avec ce titre : loannis de Mascaras, au8cLtani,consiliarii et procurator is
regli in Electione Armaniaca, Delphinus triumphans, Tolosse, Am. Colo-
miez. 1640.
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LETTRES INfiDITES DU CARDINAL D'OSSAT'
(Suite)
II
Au mdme (1)
II vous plust me commander k voire partement de ceste ville que je
misse par ^rit comment il me sembleroit que le Roi auroit k se com-
porter en ce refus que le Pape lui ha fait de toutes choses et en Tindi-
gnation que Sa M** et tons les princes et seigneurs de son parti en
concep vront, et que je le vous envoyasse k Venise. Et ja soit que dfes lors
j'eusse voulu et deu m'en excuser, pour estre chose trop chatouilleuse
et au dessus de ma capacite, si est-ce que pour une facility de nature
que j'ai et pour la reverence que je porte k un si grand prince que vous
estes, je ne m'en feus excus6 sur le champ, et k present il seroit trop
tard. Mais j'esp^re que quelque indiscretion que je commette en vous
ob6issant,vous pardonnerez k vous mesme, qui par votre commande-
ment m'aurez induit k faire une chose k laquelle je ne me f usse jamais
ing^r* de moi-mesme.
A la v6rit6 comme Tindignit^ ha est6 ici fort grande, aussi crois-je
que rindignation ne sera de rien moindre par deli; et qu'on y pourroit
venir k quelque resolution violente et extreme. Je sens moi-mesme,
qui ne suis rien, combien je m'en trouve esmeu et irrit6 en mon cueur.
Mais apr^ que nous nous serons tons bien fort courroucfe, il faudra
n6antmoins recognoistre que c'est un trfes mauvais conseiller que le
courroux, en I'ardeur duquel toutes violences et extr6mitfe, pour deshon-
nestes et dommageables qu'elles soient, semblent licites et permises; et
des torts regus par autrui on se venge souvent sur soi-mesme. Aussi
est-ce une brief vefureur que Tire, commeont trfes bien dit les anciens(2).
C'est pourquoy j'estime qu*il sera bon de donner k cette furieuse pas-
sion du temps pour se rasseoir et refroidir avant que d'entreprendre ou
de r6soudre centre la cour de Rome rien qui puisse blesser la conscience
et rhonneur du Roy et des siens, empirer ses affaires et affaiblir son
(•) Voir la livraison d'avril 1894, p. 206.
(1) L'original se Irouve Bibl. Nat. Mss. F. f. 3988-71. L'adresse porta : « Mon-
^eigneur le due de Niyemols, pair de France, a
(2) Ira furor breyis est. !Hoe. I Epist., u, 63.
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— 246 —
parti, et qui apprestast k rire aux Espagnols et aux autres ennemis de
Sa M^ et de la France et les accreust et les renfopQast d'autant.
Non que je craigne comme font ici quelques-uns que pour ceste indi-
gnit6 le Roy tourneen arrifere, ou chemine de rien plus lentement en
la voie ou il est entr6 depuis six mois. Ains je suis toutasseur^ que Sa
M*^ vivra et mourra en la profession qu*il ha faite de la Religion
catholique, Apostolique et Romaine, et ira loujours de bien en mieux,
premi^rement et principalement pour ce qu'en Vkge d'environ 40 ans,
aprfes une longue instruction et meure deliberation, il ha recongneu que
c'esloit la vraie et la bonne religion et la seule voye de salut; seconde-
ment et accessoirement pour son honneur et reputation, et pour se
montrer prince veritable et constant en son serment et en ses promesses,
et pour ne donner au monde occasion de penser qu'il ait este induict k
se declarer catholique k ox)ndilion ou sous esperance que le Pape le
recepvroit incontinent en sa bonne grdccou par craintede ses ennemis,
ou pour ambition de regner, ou pour quelque leg^rete ou inconstance.
Et voudra Sa M*^ donner par toutes ses actions un continuel e)
perpetuel desmenti k ses dits ennemis et k tons ceux qui ont dit et vont
encore disant qu'il n'est point vrayment converti et qu*il ne durera pas
mesme en telle fiction et retournera dans peu de temps k faire comme
auparavant. Et comme toutes choses lournent k bien k ceux qui aiment
Dieu, j'ay grande esperance que les indignites qn'on vient de faire au
Roy rendront la conversion de Sa M'^^ plus certaine et asseuree et
sa Constance et perseverance plus remarquable et memorable : et en fin
de compte auront servi k la piete et devotion de sa dite M^ de cela
mesme de quoi servent au vray or la touche, le feu et autres epreuves,
et adviendra de ceci, comme de tant d'autres que ses ennemis ont
machine centre lui, que en lui pensant faire grand mal ils lui auront
fait un grand bien.
Bien craindrois-je que pour la manifere et indigne traitement qu'on
lui ha fait et ensemble a tons les catholiques qui le suivent, il pourroit
se laisser aller k faii-e des declarations et r^glements centre la cour de
Rome. Et mesme qu'il n*y aura que trop de conseillers, qui seroni
offenses autant ou plus que Sa M^^ mesme, qui le lui pourront conseil-
ler. Mais en cela mesme je veux esperer que quand le Roy et les
Seigneurs de son Conseil y auront bien pense, ils y iront fort retenus
et y proc^deront avec grand maturite et moderation, regardant non k
ce que meriteroient les indignites receues, raais plus tost k ce que
requiert Testat present de France et le bien des affaires du Roy et de
tout son parti, et destremperont les conseils genereux et magnanimes
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— 247 —
avec les utiles etexp&liens, se souvenant que la vraie magnanimity ne
gist point k faire de grands ressentiments k son propre dommage et
ruine, mais plus tost k n^gliger et m^priser la faulte d'autrui pour son
grand bien, honneuret exaltation.
Ce n'est point que je veuille dire que pour crainte de Rome ni de qui
que ce soit on doibve laisser de faire. rien de ce qui appartiendra k la
dignity et autorit^ royale et k Testa blissement de Sa M** ei k Tagran-
dissement et conforlement de tout son parti : ains aprfes Thonneur de
Dieu et le bien de la religion catholique, je r^fere le tout au diet esta-
blissement comme estant aujourd*hui le seul moyen de conserver Testat
et de remetti-e la France en paix et repos, et estime qu'il faut mesurer
tons les conseils k cette mesure et les diriger a ceste seule r^le. Et
c'est aussi ce qui me fait dire lout ce que j'ay dit jusqu'ici, et encore oe
que je diray cy-aprfes. Par ainsi en ceste mati6re des choses qui pour-
roient desplaireli Rome, il me sembleroit que le Roy pourroit user de
ceste distinction et precaution : k s^voir, faire librement et hardiment
celles qui se trouveroient necessaires ou utiles k son establissement et
au bien de ses affaires et de son parti sans se soucier k qui elles deplai-
roient, et au reste ne toucher en sorte du monde k pas una des autres
qui ne lui porieroient aucune insigne utility.
Pour exemple je mettrai en premier rang des choses que j'estime se
debvoir ou se pouvoir faire comme necessaires ou utiles, se dire bien
et suffisammentabsous paries Evesques deson royaumeetn^ntmoins
avoir d&ir6 d'abondant, pour plus grande surety de sa conscience, et
continuer k d&irer absolution du Pape;non seulementcontinuer d'aller
a la messe, mais aussi communier et se faire sacrer, nommer aux 6ves-
ch6s et.abbayes et autres benefices dlectifs* suivant les concordats;
retenir pour le regard du temporel de I'Estat toutes les alliances, consi-
derations et intelligences que les Roys ses pr6d6cesseurs lui ont laiss^
ou qu'il s*est acquis, garder paix avec tons ses sujets qui lui seront
ob^issauts; se deffendre tr^s bien quand Toccasion en viendroit, non
seulement des armes du Pape, mais aussi de ses bulles en la faQon que
oat fait les autres Roys tpfes Chretiens et trfes calholiques, voire les
moindres princes d'ltalieet vassaux mesmesdu Saint-Sifege, quand les
Papes leur ont fait la guen*e; et n^nlmoins quant au dernier point en
laisser juges pour plusieurs bons respects les courts de Parlement
chascune en son ressort, plus lost qu'en faire lui-mesme publication
en son nom.
Au second rang des choses que j'estime ne debvoir estre faictes, je
mets le reglemcnt quiavoit est^ dresseau temps dupape Gr^goireXlV
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— 248 —
toucbant la provision des iveschfe et abbayes, appel k ua Condle
futur(l); se s^parer de la personne du Pape et cependant se dire uni
au Saint-Siege; iriger un patriarche,et telles autreschoses qui seroient
de nul profit au Roy et n^ntmoins de grand scandale et de p^rilleuse
cons^uence k toute TEglise catbolique et prinses pour attentats de
prince non bien converti et mesme pour recheutes, dont oultre le
p6ch4 quant &r&me, s'ensuivroientplusieurs dommages au Royetii
tout son parti.
Premi^rement, le Pape et ses successeurs et toute la cour de Rome,
qui pourra changer par la prospirit^ que Dieu envoyera au Roy, s'en
rendroient plus durs centre Sa M^ et contre tous ceux de son parti. Et
non seulement s'obstineroient d'advantage k ne le recognoistre point,
mais aussi pourroient venir ^ nouvelle dtelaration et excommunication
contre Sa M** et contre tous les siens.
Secondement, quoy que le Pape feist ou ne feist point en r^lutions
violences, ces resolutions violentes que le Rpy feroit contre Sa Saintet^,.
serviroient au Roi d'Espagne et aux chefs de la Ligue de pr6texte de
lui continuer la guerre et de s'opposer k Testablissement et k la reco-
gnoissance de Sa M^; et tiercementcauseroient scrupules et difficultes
aux villes de la Ligue qui auroient inclination k se ranger au debvoir
et k recognoistre Sa M^ .
Quartement, estant le monde compost d'une infinite d'humeurs et de
complexions d'hommes, il y en pourroit mesme avoir parmi les catho-
liques royauxqui entreroient en scrupulede conscience et branleroient.
et les malins se pourroient servir de ceste occasion pour les surprendre
et desbaucher.
Quintement, les prince^ et peuples Strangers catholiques qui-favori-
sent aux affaires du Roy, partie pour quelque inclination qu'ils y ont,
partie pour craintc et haine de Thespagnol, seroient moins hardis et se
rendroient plus f roids k se declarer pour Sa M^ et k lui aider, soit
d'hommes ou d'argent ou de conseil ou d'autres bons offices, comme
les princes et r^publiques d'ltalie, les princes catholiques d'Allemaigne,
les cantons catholiques des Suisses et tels autres potenlats catholiques;
1^ ou,sile Roy et les siens se comportent avec la moderation requise, il
en recepvra tous les profils et utilit^s contraires aux dommages et
dangers qui ont est* cott^s cy-dessus, que pour briefvet^ je ne sp^ci-
fieray point.
(1) Nous avons expose dans notre ouvrage les diverses mesures de repr^-
sailles prises par les Farlemeqts de Tours ^\ de Ct^^lons ooQtre l^s Bulles de
Gr^oire XIV,
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— 249 —
Et pour ce!qu'il s'en pourra trouver qui diront que ses prW&esseurs
Roys out autrefois mis] la main k telles choses sans qu'il leur en soit
mal prins, je les prieray de considdrer que )e Roy k present regnant
ne peut faire avec si peu de danger beaucoup de choses que ses pr6d6-
cesseurs peuvent avoir faites. Car ses pr6d6cesseurs Roys estant et
ayant toujours estS tellement catholiques qu'il n'y avoit lieu de douter
de leur religion, ne sembloient s'attaquer k TEglise ou au S*-Si6ge
plus tost qu'^ la personne du Pape qui les avoit offenses. D'advanlage
les autres rois qui avoient noise avec les Papes n'avoient leur royaume
divis^ et mi-parti, ni tant de puissants ennemis hors la France, et
estoient ja tons establis, r^nant pleinement et paisiblement, sans
aucune resistance ni contradiction, et pari ant ils oni peu faire seurement
beaucoup de choses que cestui-cy ne peult faire sans miner les
affaires de son parti.
Oui, mais que deviendront tant d'^ veschfe et d'abbayesqui vaquentt
Qui pourvoyera au salut de tant d'&mes qui se perdent et se perdront k
faulte de pasteurs? Et puis comment aura-t-on raison du Pape et de
tant d'indignit6s qu'il ha faites au Roy et k tons les princes et sei-
gneurs catholiques qui le suivent? Comment lui fera-t-on sentir la
faulte qu'il ha fedcte t Fault-il que C/Cla demeure ainsi sans qu'il en soit
fait aucun ressentiment t
Premiferement, quant aux ^veschis et abbayes vacantes, les Roys de
Erance depuis Frangois I*'' n'ont point accoustumd d'y faire autre chose
que d'y nommer, faisant expAdier les brevets aux parties et les lettres
de nomination du Pape et les lettres d'^conomat pour r6gir, en atten-
dant les provisions de Rome. Sa M^ n'est aujourd'hui tenue k autre
chose qu'^ cela et k cboisir des personnes dignes en qui ces charges
soient bien colloquies. Au reste, si le Pape ne veult faire exp^dier les
provisions, c'est k lui k en r^pondre devant Dieu; et Sa M^ sera toujours
excuste, si elle n'ha point plus de soin des 6vesch6s et des abbayes e
du salut des Ames que le Pape mesme. Bien accord6-je que tout prince
souverain doibt lenir la main k ce que les choses de la Religion aillent
comme elles doibvent et que les saints dterets soient gardes et que
Sa M^ est aussi obligee a ce mesme debvoir en tant que cela pourra
estre bien prins de lui. Mais au I'este pour les choses pass^es et pour le
mauvais mesnage en quoi il est avec le Pape, il ha plus d'occasion et
de besoin de se garder de rien entreprendre sur les choses spirituelles
et eccl^siastiques qu'un autre prince souverain qui fust jamais, et fera,
k mon avis, trfes sagement et trfes utilement de s'en mesler le moins
qu'il pourra^ et en laisser faire les eccl6siastiques entre eux.
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— 250 —
Quant k Tautre point, k sgavoiroe que Sa M" fera done et comment
elleaura raison du Pape et lui fera sentir la faulte qu'il ha faicte, j'ai
estim^ dfes le commencement de ceste lettre qu'il estoit plus de besoin
de dire ce qu'il ne debvoit point faire que non pas ce qu'il debvroit
faire, me semblant qu'il y avoit danger qu'en la cholfere il ne fust
dispose et conseill6 de prendre des resolutions plus courageuses qu'utiles
et exp^dientes; mais s'il m'appartenoit de passer encore plus oultre, de
dire mon advis sur ce que Sa M^ auroit k faire pour avoir raison des
indignit^s qui lui ont est6 faictes etk tons les siens, je pourrois dire
qu'il n'est pas ainsi du Pape corame des Princes temporels (1) et que
tout Roy Chretien et catholique peult et doibt endurer patiemnient de
lui coinme de notre P6re commun en J6sus-Christ beaucoup de choses
qu'bn ne souffriroit d'un Prince s^culier, et que Sa M^ particuli^rement,
qui ne fait que venir a I'Eglise catholique et k 4'obeissance du Sainl-
Sifege, ne doibt pourchasser autre revenche ni victoire sur N.-S. P^re
que par la patience et modestie et mesmenient en matifere de penitence
et d'absolution. Mais en ceste mienne lettre je n'ai voulu et ne veux
me fonder autrement en devotion ni en religion. II se pr6sentera assez
d'autres occasions esquelles je pourrai monstrer combien je suis bon
catholique etdevot,zel6au Saint- Siege,et pense Tavoir assez tesmoignS
et le tesmoigne tous les jours par mes actions et par la tenue de toute
ma vie.
Pour ceste heure je suis content de ne mettre autre chose en consi-
deration que le seul profit et ulilit6 du Roy et de tout son parti et
condescens mesme k ce qu'on se revenche jusques k user de ces mots
(qui ne sonnent gu^re bien en la bouche d*un chr6iien) de venger et de
vengeance, pourvu que la vengeance que nous prendrons soit licite et
a notre profit et non k Tadvantage de nos ennemis. Je dis done que
pour bien nous venger, le Roy et les princes et seigneurs qui lui assis-
tent doibvenl d'un cost6 monlrer au monde tout le contraire de ce que
le Pape dit d'eux, et d'autre cost6 employer toutes leurs pens^es et
toutes leurs forces et moyens a c^ que des refus que le Pape leur ha
faicts r^uscisse tout le contraire de ce qu'il s'en est propose et qu'il en
ha esp^re.
En premier lieu le Pape dit que le Roy n'est point vraiment con verti
et qu'il n'en monstre aucun signe, etque les c^tholiques qui le suivent
ne sont point bons catholiques.
Si on faisoit coutre le Pape quelque resolution violente et scanda-
(1) D'Ussat exprime la meme idee presque dans les memos terraes dans sa
leitre au marquis de Pisaiiy : Lett res de d'Ossat^ M, Amelot, i, p. 231.
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— 251 —
leuse, ce ne seroit point lui faire sentir la faulte, ains plus tost donner
4 croire & lui et au monde qu'il auroit bieu diet et bien faict, et justifier
ses propres actions et donner occasion aux hommes de dire que Dieu
auroit bien inspire Sa S^* de dire et faire comme elle ha faict. Mais si
le Roy va toujours en augmentant et prend garde k soi diligemment
qu'il n'aye en son ^me aucune pensfe, ni en ses propos aucun mot, ni
en ses faicts aucune action, contenance, ni geste qui ne soit d*un bon
et parfait catliolique, et si les princes et seigneurs de son conseil en font
de mesme et s'abstenans de conseils violents et scandalous, lui conseil-
lent pour le regard des aflEaires de Rome et autres eccl6siastiques toutes
choses douces et mod^r^s, par ce moyen, oultre les profits qui ont 6t6
diets tantost, Sa M'* et tons les diets princes et seigneurs auront raison
du Pape, faisant voir^chascun qu'il a mal parl6 et mal faict en bias-
mant et rejetant la conversion d'unsi bon Roy, si d^vot et si pers6v6- .
rant et Tintercession et pri^res tr6s humbles, de si bons princes et
seigneurs si catholiques et si z616s que mesme quand ils sont si mal et
si indignement trait^s et qu'on leur donne tant d'occasions de s'aigrir
et de se despiter, n&mimoins ils se contiennent en leur debvoir et
s'abstiennent de ce ^ quoi la juste douleur pousseroit beaucoup d'autres
de nation et de complexion plus patiente et plus froide que n'est ordi-
nairement celle des Francois.
En second lieu, le Pape. par lesdits propos, par ses refuset par toutes
ses rigueurs ha voulu deservir le Roy et tout son parti, et lui oster tout
credit et autorit^ et le miner de reputation et de force et de moyens,non
seulement en empeschant que nul de la Ligue ne se rangeast du cost6
de Sa M^, mais aussi procuranl que les catholiques qui le suivent le
laissassent et abandonnassent. Le moyen de frustrer le Pape de cette
sienne esp^rance et de rendre vaine toute ceste sienne procedure n'est
point de publier des dtelarations et 6dits contre lui et centre la cour de
Rome (ains cela aideroit plus tost k son intention), mais bien de se
d^larer et monstrer par bons effets plus devot en vers Dieu et en vers
le S'-Si6ge que ceux-lk mesme, qui regoipvent toutes faveurs de Sa
*Sw, et au reste tacher par toutes voies hcites et g^n^reuses non seule-
ment de conserver ce que Sa M^*^ ha conquis, mais aussi de conquesler
oe qui lui reste, et estre d'autant plus soigneux de Tun et de Tautre
qu'il voit d'artifices et forces dresses contre lui.Excitez plus que jamais
son incomparable valeur et prouesse et sa vigilance et vistesse et les
temp^rez n^antmoins par sa prudence et son bon conseil dont il usera
en la conduite de tous ses affaires tant civiles que militaires. Accom-
paguez aussi, corroborez la generosity et haultesse de ses entreprises
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— 252 —
par la temperance et abstinence des volupt&i qui dirobent le temps,
destournent des affaires, font perdre de belles occasions, diminuent la
vigueur du corps et la vivacity de I'esprit, donnent mauvais nom,
causent haine et mespris et bien souvent offrent aux ennemis la com-
modity et moyen de venir k bout de Tassassinat dfes longtemps projetfi
et par autres voies en vain recherche et attent^.
Accompagnez encore la force avec Tart en entretenant et augmentant
les soupQons et deffiances qui sont parmi les choses de la Ligue et y en
semant de nouvelles et leur soustrayant ce peu de noblesse qu'ils ont
de leur cost^, les uns apr^s les autres, et continuant cependant a leur
offrir tousjours la paix et en g^n^ral k tons et en particulier k chascun,
pour entre autres fins les descrier avec leurs villes et peuples qui se
sont laiss^s s6duire par eux et qui en temps de guerre endurent toutes
. sortes de n6cessit6s; et, pour faire voir de plus en plus auxdictes villes
et peuples que ce sont lesdicts chefs de la Ligue qui les tiennent en
guerre et en ndcessit^ et mis^re et que Sa M*^ au contraire, s'estant
mise en tons les debvoirs du monde envers Dieu et envers les hommes
ne demande que paix et les mettre tous k leur aise, faire aussi exhorter
et sommer les dictes villes et peuples tant par lettres que par bommes
exprfes, gens d'entendement, bien disans et agr&ibles aux communautes
de recognoislre qu'ils doibvent se ranger k la raison et se d61ivrer de
calamity et mis^res^ oflrant k celles qui reviendront sans force de les
exempter de garnisons et de toutes charges extraordinaires impost
pendant cette guerre et de se contenter d'estre recongneu pour Roy et de
recepvoir les droicts royaux qu'on payoit au Roy ddfunt avant oes der-
niers troubles, et de moins encore si faire se peult et si la seuret^ et
Tentretfenement de TEstat le comporte, promettant encore aux dictes
villes que celles qui seront les premieres k se ranger k rob^issance du
Roy seront aussi les mieux trait6es et les mieux recongneues,et sp^a-
lement privil6gi6es. Aussi penserai-je que la pacification du Royaurae
par accords particuliers de chacune ville et de chacun seigneur ou de
peu de villes et de seigneurs k part seroit plus profitable au Roy et de
moindre prejudice k la couronne que par bon accord g6n6ral de toute la
Ligue ensemble, pour ce que, entre autres raisons, ce parti Ik en
demeureroit moins entier et plus descousu et d&uni, et la rteidive et
le contrepoids en seroit moins k craindre; comme aussi me sembleroit-
il qu'il ne faudroit pasais^ment rentrer en confidence de paix g6n^ale,
si Sa M^ n'avoit assurance que Taccord se concluerait en peu de jours
et jamais en tresve pour ne remettre les villes de la Ligue en esp6-
rance de paix et hors de necessity, et par ce moyen mesme retarder
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— 253 —
d'autant leur reduction et pour ne dormer aux choses de ladite Ligue
temps et commoditds de faire leur brigue et complots tant dedans que
dehors le royaume et d'attendre le secours d'Hespagne.
Et pour ce qu'il reste taut et tant k conqu^rir. qu*il ne seroit possible
de venir k bout de tout par pointe de lance, de quelque art mesme
qu'on puisse accompagner la force, il est nteessaire de trouver moyen
d'en abr^ger le chemin en attirant et faisant venir les peuples k Tob^is-
sance du Roy de leur bon gr^ et franche volont^ et de leur propre
mouvement. Ce moyen pourra estre estim6 grossier quand je Taurai
propose. Aussi d'un bomme grossier et simple ne peuvent sortir que
choses gi'ossi^res^ oultre que des choses de la voie humaine et qui
consistent en essays et doivent estre mises en pratique, il ne s'en peult
ni doibt dire rien de nouveau et inusit6. Et en tout ce que j*ay diet
jusqu*ici et que je diray cy-apr^s, je n'ay pens^ qu'^ vous obiir et non
k direKjhoses obscures et myst6rieuses et qui ne feussent trop mieux
sceues non seulement de vous, Monseigneur, qui exoellez en toutes
choses d'Estat et de gouvernement comme en toutes autres dignes d'un
grand prince, mais aussi de toutes person nes m^diocres. Ce moyen
done que, nonobstant sa simplicity, j'estime de tr6s grande importance
et quasi seul et unique, pour ne vous le faire plus attendre, est d'estre
bon Roy envers ceux qui ob6issent desj^, pourvoyant k leur seuret^ et
conmiodit^, les traitant au mieux que le malheur du temps pourra
comporter et leur diminuant les calamit6s de la gueri'e en tant qu'il
sera possible et les rendant en tout et partout de meilleure condition
que ne sont ceux qui ob^issent aux chefs de la Ligue : et ce par la
bonne discipline militaire que le Roy fera garder en ses armees autant
que la nature des guerres civiles en est capable, et par la juste distri-
bution des charges et offices qu'il fera proportionn^s aux m^rites et k
la dignity des personnes qu'il estimera debvoir commander (comme il
appartiendroit k tons magistrats) pour le bien du peuple plus que pour
leur profit particulier, par la bonne justice qu'il fera rendre k tous ses
subjels en public et en privi, par Thumanit^ et bont6 dont il usera tant
envers les nouveaux venus k son ob^issance qu'envers ceux qui sont
toujours demeur6s en leur debvoir, par le bon ordre et police qu'il fera
garder en toutes ses villes, par Tabondance des vivres et de toutes
choses n6cessaires et commodity k la vie humaine qu'il y fera procurer
et par toutes les autres choses qui pourront rendre ses subjets aises,
commodes, contents, g6n6reux : tant pource qu'il se doit toujours faire
ainsi (quand bien un Prince souverain n'auroit aucune resistance k
son establissement ni rien k conqu^rir, et que c'est la fin pour laquelle
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- 454 -
les Roys et tous les magistrals ont est^ institu^s, que aussi afin que
les peuples des villes de la Ligue sgachent qu'ils seront sous Sa M^*
non seulement plus justement ei plus l^gilimement, mais aussi plus
seurementjplus commod^raent et plus heureusement,que quand bien il
seroit loisibie d'eslire et d'establir un Roy en France a leur plaisir,
ils n'en sauroient choisir un plus digne ni meilleur que cehii-lk mesme
que le droict d'ainesse du sang royal et les lois et coustumes du Royaume
appellent k estre coronn^.
Les peuples sont ordinairement si amateurs de leur aise et si d^sireux
de bon traitement, d'ailleurs les Francois sont pour le jourd'hui si las
de guerre et si mal contents de ceux qui leur ont command^, qu'ils se
donneront volontiers k celui de qui ils penseront estre mieux trait^,
quand bien au reste il n'auroit la raeilleure cause; mais ils s'y range-
ront bien tant plus volontiers quand le droit sera encore de son coste.
Par tous ces moyens done, les intentions et espefances de cevfs. qui
ont voulu m^liorer la condition de la Ligue, empirer celle du Roy,
seront du tout f rustrees et, qui plus est,ils seront eux-mesmes conlraincts
d accorder k Sa M^^ toui ce qu'elle voudra d'eux et mesme k luy faire
offrir sous main un jour ce qu'ils viennent de luy refuser si ouverte-
ment etsi publiquemeni; c^r il doibt tenir pour certain que comme ses
affaires iront en France, ainsi iront-ils k Rome; et que quand il seroit
le meilleur catholique du monde jusqu a faire des miracles tous les
jours et a toule heure, si toutesfois il estoit peu heureux au faict de la
guerre et de ses conqu^tes, il ne seroit jamais recongneu pour Roy k
Rome; comme au conlraire,il ne seroit que tolerable catholique, comme
il doibt aspirer k estre le meilleur de tous, si toutesfois par la force et
par sa bonne conduile il vient au-dessus de ses affaires en France, on
lui offrira du cost6 de Rome ce qu'on lui ha si indignement refuse.
Et ainsi sera-t-il bien veng6 du Pape, des Hespagnols et de toute la
Ligue et veng^ d'une vengeance licite, chr^tienne et catholique et la
plus utile et honorable qui puisse estre, 1^ oil Tautre fagon de se venger
par dtelaration, 6dits et r^lements centre le Pape et centre la cout de
Rome n'auroit en soy nul de tous ces biens,ains auroit tous les maux
contraires,et pour cela m^me est d^sir6 et attendu des Hespagnols etde
leurs adh^rans.
Ouy, mais c'est une vengeance trop douce quine pique point, et les
hommes griefvement offensds veulent une vengeance qui poigne bien
advant. Quand ainsi seroit qu'elle ne seroit trop cuisante, nous serions
assez r^compens^ par tant d autres biens qu'elle ha et par tant de
maux et d'inconv^niens que par ce moyen nous ^viterions, oultre la
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S
— 255 -•
consideration du Pape qui nous est a tous P6re commun, encore que
pour ceste heure il ne nous traite gu6res en enfants, en laquelle j*ay
deja diet ne vouloir pas entrer. Mais la veril6 est que ceste sorte de
vengeance n*ha point faulto de poinle; ains commc elle est permise
contre qui que ce soit,aussi est -elle la plus poignante et la plus doulou-
reuse qui puisse estre, si celui qui ha fait le tort ha eu mauvaise inten-
tion et s'il ha tant soit peu de cueur et de sentiment, chascun de nous
le peult concepvoir en soy mesme, car quel cr^vecueur plus grand nous
pourroit advenir que de veoir que celui que nous avons pers6cut6,
descrie, mesprise et vilipend^ comme le dernier de tous les hommes et
voulu faire pers^uler, descrier, mespriser et vilipender par tout le monde
et le r^uire en extresme ruine et calamity, ha par cest effort nostre et
par nostre injure propre accru et redouble son premier soin et vigilance,
son courage, sa prouesse, sa temperance, sa prudence, sa pi6te et
devotion, sa justice et ses autres vertuset, nonobstant nostre detraction,
nos empescheraents et notre persecution ait augmente sa premiere
reputation et Famour des peuples envers luy et non seulement retenu
oeux qui luy ja obeissoient, mais aussi partie par doulx moyens, partie
par force, reduict k soy leur desobeissance et, malgre nous (qu'il avoit
en toute humilite recorcbes), soit venu au bout de ses affaires et
reconnu Roy du premier et du plus puissant Royaurae de chrestiente
et nous ait contraincls nous mesmes k lui presenter ce que nous luy
avions refuse avec toutes les indignites du monde. Quant ^ moy j'estirae
qu'il n'y ha rien de plus pesant et oultrant que cela*
C*est done cette vengeance, de par Dieu, h laquelle il nous fault
tendre. Quant k ceste autre precipiteuse et furieuse, illicite et impie et
qui apporte infamie, ruine et desolation k qui en use, et aux ennemis
honneur et gloire, profict et grandeur, joie et liesse, il ne nous y fault
pas seulement penser, et je m'asseure dej^ que le Roy prendra ceste-cy
rassise et sage, pie et sainte, honorable, salulaire et combiee de tout
plaisir et joye et de tout bonheur, k son plein et entier establissement
et exaltation et k la confusion et ruine de ses ennemis. Je prie Dieu
qu'il lui en fasse la gr^ce et k tous les princes et seigneurs de son parti
de le lui conseiller et la prendre aussi eux-mesmes tous ensemble et
chascun k part soy, et qu'il vous doint k vous, Monseigneur, en parfaite
sante tr6s longue et tr^s heureuse vie.
De Rome, ce 5 fevrier 1594.
Votre tr6s humble et trfes obeissant serviteur. A. d'Ossat.
{Aauivre.) A. DEGERT.
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m fiLOGE DE GASTON IV. CONTE DE FOIX
M. Henri Courteault vient de publier pour la Soci6l6 de I'Histoire
de France le tome premier de VHistoire de Gaston IV, comte de
FoiXy par Guillaume Leseur, Chronique fram^aise in^dite du xv«
Steele. (Paris, 1893, grand in-8<».) J en extrais quelques lignes sur le
prince qui en est le h6ros : t Aussy luy sceurent bien dire comme
c'estoit ung jeune et beau prince, grand et puissant de corps, hault et
droit, crois6 d'espaules et bien fendu de bras et de jambes, bel en robe,
plus bel en arme, trfes bel et asseur6 chevaucheur, ayant bonne main,
bon esperon et bien domptant un cheval, pour estourdy ou rude qu'il
pent estre; et ne se peurent taire que, arm6 et k cheval, ils luy avoient
veu manier une grosse lance d'armes et la courir le long d'un gueret
en s'esbatant et s'essayant avec un tas de jeunes seigneurs et gentils-
hommes de sa maison, et louoient fort sa puissance et belle fa^n de
courir et de bien manier son boays, disant qu'en luy avoit un puis-
sant, bel et adroit gendarme, bon et seilr coureur et fort aysi^ en son
harnoys; ne taisoint pas aussy son trfes bel et s4igaeurial maintien,
Tasseuree, fiere et audacieuse contenance qu'il avoit, tenant couraigeux
et fauls termes k ses ennemis et \k oii faire le devoit (1). ... » (p. 62-63).
(I) Ce naif lyrisme fournit k T^diteur Toccasion de cette remarque spirituelle
(Introduction, p. xvii): a Ce n'^tait pas (Guillaume Leseur) un meridional,
quoique parfois ses 41ans d'enthousiasme le rendraient digne de Tetre. » Du
reste, ce n'esl pas seulement Leseur qui exalte la « belle estature, force et puis-
sance » de Gaston : c'est aussi, comme le remarque M. Courteault (note 1, p. 63),
un autre chroniqueur contemporain, Michel du Bemis (Edition Buchon, Pan-
theon litteraire, 1841, p. 598). Combien je voudrais que notre ch6re Society des
Archiyes historiques de Gascogne pubMt, d'apr^s le manuscrit original conserve
aux archives des Basses- Pyrenees, la trfes interessante Chronique des comte^
de FoiWy mise sons le nom de Miguel del Verms ! Buchon avait maX lu le uom du
chroniqueur : il n'a pas moins mal lu le texte de sa Chronique. Une nouvelle
edition s'impose, richement annotee. et j'espere que les erudits pourront bient6
la rapprocher de la chronique de Guillaume Leseur et de celle d'un autre contem-
porain.Arnaud Esquerrier, tresorier du comte de Foix,si heureusement retrouvee
par M. E. Pasquier, actif archiviste de I'Arifege, qui va la mettre entre nos
mains avec tout Tappareil d'erudition qu'on peut attendre de lui.
[On me permettra d'aj outer ici,— A Tadresse d'un des meilleurs collaborateurs
de nos oheres Archives, — que la Reoue historique du mois d'avril 1880 expri-
mait en ces termes un voeu encore inexauce au bout de quatorze ans : « Nous
Toudrions que M. Cable nous donn&t une edition correcte et annotee de Miquel
del Verms pour remplacer redition incorrecte de Buchon. » — L. C]
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— 257 —
Non content d'avoir donn6 un tel coup de pinceau, Guillaume
Leseur revient complaisamment sur le portrait physique de son maltre
(p. 110-111) : « Nostre dit prince, duquel la monstre et representacion
estoit indiciblement agreable et plaisante aux yeux de ses beneur^s
subgets et de tous ceux qui le voyoint. Car il estoit grand homme,
hault et droit, fendu dc bras et de jambes, il avoit seure main, bon
esperon, et si estoit bon et asseure chevaucheur et le plus beau gen-
darme que on sceut voir et regarder; et, soubs sa trfes riche salade,
monsiroit un trte bel, plaisant, jeune et froys visage, joyeux et tout
amoureux, k ungs beaux yeux voers et rians, ung regard fier et eveill^,
un sourris voultis (1), ung hault et large front blanc et luysant soubs
son beau chief, un n^ droit et align6, unes joes vermeilles et sa face
d'un teint si bien compos6 que oertes, k veoir sa tr^ belle figure ame-
surement proportionnte, tout oeil humain se delectoit, et le povoit-on
bien juger assouvy de toultes les beautes que on scauroit ne pourroit
sou baiter en homme parfait et tout acomply. »
T. DE L.
(1) Rappelons, pour quelques-uns seulement de nos lecteurs, que/roys veut
dire frais, ooers, nuances, varies, et oouUis, arrondi, offrant des courbes gra-
cieuses.
(2; L*6diteur met en note : « II nous reste de Gaston IV un portrait qu'on peut
rapprocher de cette description de Leseur,il nous a 6t6 conserve par Montfaucon
dans ses Monumens de la monarch ie frangoise (Paris, 1731, in-f% t. in, p. 278,
plancbe lviu), d'apr^s une miniature d'un manViscrit de Berry. Gaston est
repr^sent^ en armes, k cheval, T^cu au bras et sur T^cu les armes de Foix et de
B^am. »
» Je vais citer une autre note de M. Courteault qui montre Timportance
des recits de son auteur pour Thistoire de la Gascogne (p. 97) : « Get episode de
la guerre de Guyenne (premiers mois de 1450),auquel Guillaume Leseur consacre
tout un chapitre, ne nous est connu que par lui; tous les autres chroniqueurs
n*en disent rien. Ce chapitre de Leseur est done tr^s pr6cieux, puisqu'il donne
des details int^ressants et absolument inconnus jusqu'li ce jour sur un Episode
de la repri.se de la Guyenne sur les Anglais. On ne savait gu^re comment tout
le pays compris entre le golfe de Gascogne, Bayonne, Dax, le B^arn et la
Soule, ^taitrentr6 sous Tautorit^ frangaise; G. Leseur nous Tapprend dans ces
quelques pages. Ajoutons que son r^cit si neuf n'a encore ^t^ utilise par aucun
historien. »
Tome XXXV. 17
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M. AD. MAGEN
Ph. Tamieey de Larroque. — Adolphe Maobn (1818*1893). Agen^ o* Lomy.
1894. In-4- de 23 p.
G. Tholin . — Adolphe Magen. Notes biographiques. Discours prononces
i Toccasion de ses fun^railles. Auchy impr, L^once Cockaraux. i894.
In-8* de 33 p.
Notre excellent collaborateur, M. Tamizey de Larroque, d^ait
nagu6re les Lettres in^ditea de Ramond: « A Adolphe Magen, — qui
pendant plus d'un demi-sifecle, — se consacra tout entier ~ k noire
cher Agenais. » Or, quand j'ai eu le plaisir de parler ici, en d^mbre
dernier, de cette int6ressante publication, Ad. Magen n'^tait plus et les
demi^res pages qu'il ait ferites avaient pr6cis6ment ces lettres pour
objet. II s'est 6teint au comn^encement d'octobreet toutes sortes d'hom-
mages ont dte rendus k sa m6moire. Les plus int^ressants et les plus
durables sont sans doute les deux notices dont je Wens de transcrire les
titres : oelle de M.T.de L,,in86r6ed'aborddanslai?eoae del* Agenais,
que M. Magen dirigeait depuis Torigine; celle de M. Tholin, destiniei
servir d'introduction k un ouvrage posthume du savant regrett6 : ie
Seffistredeajurade^ d'Agen de 1S44 d 1354. Cest surtout en emprun*
tant quelques traits k ces deux t^moignages, 6galement recommandis
par I'amour et la pratique des mftmes travaux et par Tintindt^ d'une
longueet constante amiti^, que je voudrais &mon tour payer un humble
tribut de bon souvenir k la m^moire d'Ad. Magen. Vou6 presque sans
reserve k FAgenais^ il n'a fourni, oe me semhle, qu'un seul article k la
Revue de Gascogne (1); mais peu de savants ont t^moignd en toute
occasion autant d'int^r^ k cette oeuvre modeste et^ surtout dans les
moments difficiles, ont su encourager avec autant de cordiality notre
Sod^t^ historique et son trfes indigne president.
II ^lait hA it Agen le 19 octobre 1818, d'une famille < que reeom-
mandaient ses traditions de probity, lafermet^ de ses principes religieux
et de ses convictions politiques et cette d^licatesse de sentiment d'ou
derive une courtoisie naturelle (G. T.). > II n'est ni le seul id le pre-
mier de cette famille qui ait attach^ k son nom des titres litt^raires :
son cousin Eugene, ancien capitaine de fr^te, a public d'int^ressants
(1) Tome xin, p. 541. Cast une 6tude sur la nouvelle Edition de D. Vaiss^te,
8i vaillamment entreprise par un ami d'Ad. Magen, le libraire Ed, Privat.
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*- 259 —
travaux gtographiques, et son fr^re aln6 Hippolyte, lanc6 dcJ bonne
heure dans la politique la plus avanc^e et la plus militante, a produit
une quantity d'oeuvres historiques et litt^raires qui contraslent par les
id^es et par la forme avec les travaux du cadet. Celui-ci resta toujours
fiddle aux traditions religieuses de son foyer et aux lemons de sa mfere;
ce fut Tun des chagrins de sa laborieuse jeunesse de n'avoir pu arriver
k temps de Paris pour recevoir le dernier soupir de cette femme excel*
lente. II 6tudiait alors en pharmacie, aprfes avoir fait'ses classes en bon
6colier dans sa ville natale. Appliqu^ en toute conscience k ses cours
professionnels^ou il acquit des connaissances scientifiques qui devaient
lui assurer une notoridt^ tout k fait hors ligne dans son milieu provin-
cial, il sut pourtant trouver le temps et les moyens de se faire en bouqui-
nant im premier fonds de biblioth^ue historique. Passionn^ pour les
lettres, il osa se presenter chez les (k^rivains les plus renomm^ d'alors,
Chateaubriand, Aug. Thierry, Charles Nodier surtout. Enfin il fr6-
quenta trfes assidument le cours de Michelet, dont il citait encore de
m^oire^ ^ la fin de sa vie, des vues originales et des traits saillants.
Malgr6 sa predilection pour Thistoire, il s'appliqua constamment,
depuis son retour k Agen comme pendant son s^jour k Paris, k suivre
le mouvement scientifique et k se perfectionner dans ses Etudes spfciales.
Des articles publics dans divers recueils (1) en feraient foi an besoin,et
surtout les nombreux procfes-verbaux qu'il a r^digfe et imprim68,
comme secretaire g6n6ral de deux Soci^tfe agenaises : le Conseil
d'hygi^ne publique et le Conseil d'^tude et de vigilance centre le phyl-
loxera. Pourtant c'est surtout k I'histoire de TAgenais qu'il consacra
ses veilles et sa plume. Mais ce ne fut gufere qu'aprfes quinze ans de
preparation qu'il fit son debut serieux dans oes etudes deiicates, en
publiant avec des annotations critiques les deux preraiferes dissertations
d'Argenton : les Nitiobriges {18^6); les Litres liiurgiques de V^glise
d'Agen (1861). La Revue de Chscogne en parladte lors (2)et telle fut
entre lui et moi Torigine de relations litteraires tr^ affectueuses, qui
n'ont ete interrompues que par sa mort.
Ses publications historiques se sont succede depuis sans interruption.
La plupart sont pen volumineuses, mais toutes ajoutent qudque chose
(1) La plupart de ses premiers essais furemt poortant litteraires. M. Tholiii
signale un portrait du Pharmacien, 6cni pendant le s^jour ^ Paris pour le recueil
des Frangais peintspar euas-mSmes, qui ne Tins^ra pas, quoiqu'il ne fut poini
pour « d^parer la galerie. »
(2) Tome iv (1863), p. 380-384. Une r^cente publication d« M. A. Claudia
m'am^nera, sous peu, k revenir sur un detail de ma critique des Liores littir^i-
quea d*Agen.
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~ 260 —
k la connaissance du pass^ provincial qui captivait si puissamment la
sympathie et Tactivit^ de rexoellent travailleur. J'en signale quelques-
unes parmi celles qui m'ont paru particuli^rement neuves ou atla-
chantes : la Ville d*Agen sous le s^n^chalat de Pierre de Peyro-
nenc, seigneur de Saint" Chamarand {1588-1591), cuheux mdmoire
sur la Ligue en province, lu k la Sorbonne en 1865; — Documents sur
Jules-Cdsar Scaliger et safamille (1872), contribution importante k
Tune des plus notables biographies litt^raires du seizifeme si^le;
— Archives municipales d'Agen. Chartes de 1189 d 1S28 (Ville-
neuve-sur-L'ot, 1876. In-4°), premifere sine, qui, malheureusement,
n'a pas eu de suite, mais qui renferme les textes les plus anciens et les
plus importants de I'histoire communale d'Agen; — la Troupe de
Moli^re d, Agen, d'apr^s un document in^dit (1878), plaquette de 40
pages que les Moliiristes rangent parmi leurs curiositis provinciales les
plus fouillies; — Faits d'armes de Geoffroy de Vivant (Agen, Len-
thiric, 1878), Mition trfes bien priparAe de ces int6ressants m6moires
du seizi^me si6cle, que M. Magen a sauv^ de Toubli. J'omets une
foulepresque innombrable de titres alltehants, qu'on pent trouver dans
la prfeieuse Bibliographic g^n^rale de VAgenais de M. J. Andrieu
(ii, 97-102; ni, 24); j'appelle surtout Tattention sur les notices
biographiques et sur les comptes-rendus developp6s, consacr6s en
si grand nombre aux bommes et aux oeuvres de la r^on par un
critique qui sut toujours unir sans effort Faccent d'un cobutn chaud et
d'une large sympathie avec le sentiment tr6s vif du gout et de la
justice.
Essaierai-je, k ce propos, de caractiriser Tterivain que nous avons
perdu? La chose est faite et je ne puis que renvoyer aux deux notices
qui se compl^tent it merveille, parce que, si NV T. de L. a prodigui
avec charme les anecdotes caractiristiques, M. G. Tholin a marquiles
grands traits d'un crayon trfes souple et tr^s ferme. M. Magen s'itait
formi lui-mftme aux travaux pal^raphiques et archtologiques, et dans
une ville de province aux ressources limif^s, et encore, pour ainsi
dire (il ne manquait pas de le declarer k I'occasion), k ses moments
perdus : son Erudition ne pouvait 6tre absolument sure et compl^;
mais sa finesse native, sa conscience scrupuleuse, sa parfaite modestie,
ses instincts et ses habitudes de prudence et de travail persivirant Tout
presque toujours mis k Tabri de Terreur. Quant k sa fagon de mettre
en OBuvre les risultats de ses recherches, s'il y avait quelque chose k
reprendre dan^sa mdthode, c'itait un exc6s de soin et un souci exagdri
du fini dans la forme.
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- 261 —
. . • Une seale qaestion a pa nous diviser, ^rit k ce propos M. T. de L. ,
roais une question d'ordre purement litt^raire. Magen, qui souhaitait plus
de 8ucc6s k mes travaux qu'i ses propres travaux, me reprochait d'6crire
trop vite et insistait pour qu'une sage lenteur succMAt d6flnitivement a
une fougueusepr^ipitation. . . II m'identiflait ^ un train-^lair, et je Tao-
cusais de ne monter qu'en un train de petite vitesse. II d6olarait que je ne
lechais pas assez mes oursons, et moi je pr^tendais qu'il tailiaii ses ifs aveo
la trop minutieuse r^ularit^ des jardins de Versailles. . . CStait un perpd-
tuel assaut de plaisanteries et de m6taphores et jamais qtierelles n'ont ^i& k
la fois plus persistantes et plus amicales.
Ce beau d^faut venait de deux qualilfe bien estimables : la conscience,
qui itmt aussi delicate chez Tterivain que cbez le professionnel et
chez rhomme priv6; le gout litt^raire, qu*il avait aussi sdr que pas-
sionn6. Ce gout ne va pas sans Tamour du beau en tout genre, en
particulier sans Tamour de Tart. M. Magen fut noramfi par acclama-
tion president de la Soci^t4 du Mus^ d'Agen, d^ la fondation, et il a
contribu6 plus que personne, h travers des pAripities souvent difficiles
et p^nibles, k enrichir et a organiser cetle collection, « qui honore aujour-
d'hui sa ville natale. »
Sans avoir beaucoup voyage, M. Magen dtait unconnaisseuren peinture
et en estampes. Tout ce qui etait beau, original le sMuisait; il ne pouvait
supporter en rien le laid et le mediocre. II souffrait r^ellement de feuilleter
un livre mal imprim6; il ne Tadmetlait que forc6 et contraint, k prendre
place sur les rayons de sa biblioth^ue parmi tant d'autres qu'il proposait
comme modMeauxediteurs assez avis^ pour soUiciter ses oonseils. (G. Th.)
Son action absolument pr^pond^rante dans toutes les Soci^tte de sa
ville natale marque k la fois la valeur du savant et celle de Thomme.
Je n'ai pas encore nomm^ la plus importanie de toutes, la Soci^tA
d'agriculture, sciences et arts d*Agen, dont il fut secretaire perp^tuel
depuis 1857 jusqu'^ sa mort. Cette compagnie public chaque ann^e un
recueil important et JHStement estim^, pr^s duquel s'est plac^ depuis
longues ann6es un periodique semi-mensuel, la Revue de VAgenaia,
Or, M. Magen 6tait TAme, et pour parler plus nettement, le directeur,
le correcteur et Tarbitre de ces deux publications. Je n'ose pas dire,
quoique j'eu^se peut-^tre quelque raison personnelle d*y insister, ce que
suppose de Constance et de d^vouement une double tAche de cet ordre.
Lui seul avait le choix des memoires on des articles k insurer dans le
Recueil et dans la Recue. 11 n'eliminait qw'k bon escient; il retouchait un
bon nombre de travaux destines k Mre publies. Nul — je tiens de lui ce
detail — ne s'est jamais plaint d'une revision aussi intelligente qu'amicale,
un seal excepts qui de cinquante corrections proposees ne vouluten admettre
ancune. Mais aussi c*etait un po^te... (G. ThO
Et n^anmoins cest peut-6tre en revoyant des vers qu'il faisait
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~ 2e2 —
le mieux appr^er la surety de son gout et la souplesse de son
esprit. Mais s'il imposa si pleinement et si constamment son autorit^
litt^raire, il faut Taltribuer, autant qu*^ T^tendue de son savoir et k la
droiture de son jugement, k ses rares qualit^s morales : modestie,
abnegation, cordiality, courtoisie irr^prochable unie k la simplicity et k
la franchise. On ne rfeistait pas k ces dons heureux, que je crois lire
encore dans Texcellent portrait que M. Tholin a joint k sa notice. Ses
deux biographes ont racont6 Tun et Tautre (T. de L., 4; G. Th., 11)
leur premifere entrevue avec celui qui devint tout de suite leur collabo-
rateur et leur ami. Je pourrais dire k mon tour combien je me senlis
gagn6 la pr^miferefois qu'il me reQut chez lui, parmi ses livres et ses
papiers trop iucompl^tement sauv^s d'une funeste inondation. Plus sa
parole 6tait modeste, plus son charme agissait; ses compliments polis
d^passaient assur^ment la justice rigoureuse, mais des restrictions
dquitables s*y joignaient avec un surcroitd'int6r6taffectueux; le biblio-
phile passionn6 se trahissait en me montrant quelques perles de son
tr^sor, et la g^n^rosit^ de Thomme en m'obligeant k eraporter, comme
souvenir, un petit livre rare que j'avais jusqu'alors inutilement cherche.
Je ne veux pas insister aprfes deux t^moins plus comp^tents et mieux
places que moi. Mais, quoique je dispose de bien peu d'espace, je tieDS
k donner ici un sonnet ou Ad.Magen mesemble avoir mis le meilleur,
je ne dis pas de son talent^ mais de son kme :
Danse macabre
Jeunes ou vieux, ayons tou jours en la pens^
Qu'un spectre have et nu, sans pourpre ni paillon,
La mort, cette danseuse dpre et jamais lass6e,
Du bal universel m6ne le cotillon.
Elle pousse sans bruit Theureuse flanc6e
Et le vieillard morose au m6me tourbillon;
On la volt tour k tour, froldement empress^e,
Arracher Tun du trone et Tautre du siUon.
Que m'importent k moi tes faciles victoires,
O mort? quand nous ferons, k deux, les noces noires,
Cet hymen inf^cond de deux coeurs sans ampur,
Presse-moi sur ton sein une heure, une seconde,
Moins encor, je m'en ris. Fuyant ta nuit immonde,
Mon ame s'en ira, plus rapide, au grand jour.
« 11 appartient aux &mes fortes, dit tr^s bien 1^-dessus M. Georges
Tholin, k ceux dont la conscience est droite et dont la vie est pure, de
r6p6ter avec les livres saints : 0 mors I ubi est stimulus tuusf 0 mors!
ubi est victoria tua f »
UoNCE COUTURE,
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SOIREES ARCHEOLOGIQUES
AUX ARCHIVES d6PARTEMENTALES
III
Stance du 5 Mars 1894
Pr^sidexice de M. de CARSALADG DU PONT
Presents: MM. Arb^s-Lapoque, Aureilhan, Balas, Barada,
BiARD^ Branet, Cabrol, Calcat, Cocharaux, Golonibu, Daudoqx,
Bellas, Despaux, Francou, de Fretard d'Ecoyeux, Lacomme^
Lagarde, Larroux, Lozes, Albert Lozbs, P^rj^, Joseph Sansot,
Sentoux et TiERNY, secretaire.
Lea Consuls d'Auoh et Monseigneur de Montillet
M. Delias rappelle qu'il a entretenu d^jk la Soci^ des difficult^s qui
surgirent entre Mgr de Montillet et M. d'Etigny. De son c6ti,
M. Lagarde a retract toutes les perip^ties de la lutte de TArchev^ue
contre le Pr^idial d'Auch. II s'agit aujourd'hui des d^^lte qu'eut le
belliqueux prAlat avec les consuls de sa ville 6piscopale.
Mgr de Montillet pr^tendait que, d'aprfes la charle de Tannie 1301 (1),
rarchev^que d'Auch et le roi comme comte d'Armagnac avaient le
droit de se faire repr^senter par un procureur dans les assemble
communales, k titre de seigneurs en par^e. Quand il prit possession
de son si^e, il rdclama le droit de nommer et confirmer les offioiers
municipaux k Auch.
11 voulut obliger les consuls k pr^r^ k ravenir, entre les mains du
juge temporel de Tarchev^ch^, le serment aocoulumi pour le service
de la justice.
II demanda dans un mimoire imprim6 : 1<> que le procureur juridio-
tionnel de Tarchev^ch^ continu^t k exercer les fonctions de ministfere
public dans les proc^urescriminelles contre les justiciablesde Tarche-
(1) Monlezun, Histoire de la Gascogne, t. in, p. 86. — P. LAflorgue, Hiatoirt
de la oille d'Auoh, 1. 1, p. 303. — Arch. d^p. du Gers, s^e C. 12.
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— 264 —
v6ch6; 2^ que dans le nombre des conseillers politiques il y eut toajours
un oflScier de la justice de rarchevfich^, avec voix d^liWrative: 3<» que
les consuls et conseillers politiques de la ville d'Auch fussent pris, en
nombre ^gal^ dans les parsans du roi et de rarchev^ue.
C'est en vain qu'on lui objecta que depuis plus de 400 ans que les
coutumes d'Auch avaient 6ti publics, Tarchev^ue n'avait jamais fait
un seul acte de possession relatif an droit de nomination ou confirma-
tion dont il s'agit;
Que notamment son pr^dcesseur, le cardinal de Polignac, nommi
archev^ue d'Auch en 1725, n'avait pris possession de son si^ que
par procureur, n'dtait jamais venu k Auch, et ne s'dtait en rien immisce
dans les afiFaires de la conmiune;
Que la ville d'Auch ayant acquis, moyennant finance ethomme
vivant et mourant, la mairie et autres offices municipaux, en conse-
quence d'un arr^t du conseil du 10 novembre 1750, rendu pour les
villesd*Auch et de Pau, il dtait Evident que la ville d'Auch, inddpen-
damment de ses titres particuliers, avait incontestablement acquis le
droit de nommer ses officiers, a Texclusion des seigneurs, k qui ce droit
6tait devenu Stranger. Le roi, en effet, par la cr^tion des charges muni-
cipales et par leur reunion aux communautds, avait donnd aux villes
le droit d'dlire elles-m6mes les officiers qui leur conviendraient pour
faire les fonctions des offices par eux acquis, comme porte Tarticle 12
de rarr6t du conseil du 29 d^mbre 1733 (1).
Tout en contestant k Mgr de Montillet son droit de s'immiscer dans
les affaires de la citd, les consuls continu^rent, cependant, k prater
sermentlors de leur entree en fonctions entre les mains de Tarchev^ue
dans son palais archidpiscopal.
Le registre des insinuations ecclesiastiques donne le detail du cdr6-
monial et la formule du serment : 1° le 23 juillet 1745, pour le serment
de Jean-Joseph-Thomas Serein, nomm6 k Toffice de maire ancien et
triennal de la ville d'Auch; 2^* le 16 f6vrier 1746, pour le serment du
sieur Degages, consul ou ^hevin.
Mgr de Montillet produisit, pendant le proc6s avec les consuls, ses
titres au greffe de la grand'chambre et obtint arr^t le 2 Janvier 1766,
confirmant ses droits. De plus il se fit oclroyer le 17 deoembre 17C9 des
lettres patentes, interprdtatives de T^it de mai 1765 (2).
(1) Archives d^partementales du Gers, sdrie C 12, fol. 134, 135 et 139.
(2) Voici le texte de ces lettres patentes du roi Louis XV :
Art. 1". — Le maire de la ville d'Auch sera notnm^ k ralternative par nous
etpar le sieur archeveque d'Auch...
1 Art, 2. — Le brevet de aominatiou du maire, soit que oette nomination soil
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-• 265 --
Le diff^cend entre les consuls d'Auch et Mgr de Montillet ne se ter-
mina pas ainsi.
La municipality avail soumis k Tautorit^ judiciaire son opposition
aux pretentions de i'archev^ue.
Un arr^t du conseil du l*** mai 1762 condamna contradictoirement
certaines pretentions de Mgr de Montillet; mais celui-ci obtint un arr6t
de la cour, sur pied de requ6te, le 27 Janvier 1766^ qui lui accorda tout
ce qu'il voulut.
On attaquacetarrfet par la voiede Topposition; la surprise fut bient6t
reconnue, et par un second arr^t du 30 mai 1766, la cour renvoya
I'opposition en jugement et ordonna qu'il serait sursis k rexteution de
celui du 2 Janvier 1766.
Apr^s une nouvelle s^rie de procedures, Mgr de Montillet ne put
obtenir de faire enregistrer les letlres patentes du 19 d^cembre 1769,
et malgre ses instances aupr^s du minislre, M. de Courteille, il dut,
en definitive, renoncer k ses pretentions et ne plus s*immisoer dans les
affaires de la commune d'Auch (1).
M. de Carsalade fait observer que les nombreuses difficultes qu'eut
faite par nous ou par le sieur archev^que d'Auch, sera enregistrd au grefle de
la juridiction royale et k celui de la justice de Tarcheveque; etle maire, avant
d'entrer en exercice, pr^tera le serment entre les mains de Tune et de Tautre
juridiction.
Art. 3. — Les echevins, apr^s avoir pret^ senneni entre les mains du maire,
conform^ment aux dispositions de r(§dit du mois de mai 1765, le preteront aussi
entre les mains du sieur archev^que, et en son absence entre les mains du pre-
mier offlcier de sa justice.
Art. 4. — Le receveur ou tr^sorior de la \'iUe, apr^s avoir fait recevoir par le
lieutenant-g^n^ral de la s6n6chauss6e, la caution qu'il est oblige de donner,
sera tenu de ^re enregistrer I'acte de reception au greffe de la juridiction epis^
Gopale.
Art. 5. — Les contestations qui pourront naitre au sujet des bieus patrimo-
niaux et communaux de la viile seront port^es, comme par le pass^, devant le
juge dans le ressort duquel les biens qui feroient Tobjet de la contestation seront
situ6s, et Tinstruction des affaires criminelles qui seront jugt^es par les maires
et Echevins, pour les cas arrives dans le quartier du sieur archeveque, se fera
dans la forme accoutum^e. (D'apr^s un placard qui est maintenant entre les
mains de M. Adrien Lavergne.)
(1) La formality du serment avait 4t6 supprim^e et abolie par arr^t du conseil
d'Etat du roi, en date du 16 juin 1759, dont voici le preambule :
« Le roi 6tant en son conseil a ordonn^ et ordonne que les 6dits des mois de
mai 1702, decern bre 1706 et novembre 1733, ensemble les arrets des 9 mai 1747
et 10 novembre 1750, seront ex6cut6s selon leur forme et teneur; en consequence,
sans aooir ^gard d la transaction do ISOI.passee entre le eomte d'Armagnac,
et les habitans de la ollle d'Auch, et sans s'arr6ter a Tarret du conseil du 10
Janvier 1750, aux chefs qui sont contraires auxdiis <^'dits et arrets, et sans pareil-
lement avoir egard h ladite deliberation du 27 decembre 1757 ni ^ Tarret du
parlement de Toulouse du 19 Janvier 1758 qui I'a horaologuee :
» Ordonne Sa Majesty, que conformement a I'article XIV dudit edit du mois
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— 266 —
Mgr de Montillet durant son long 6pisoopat, venaient de oe que beau-
coup de ses pr^^sseurs n'avaient pas r6sid6. Le cardinal de Poli-
gnac, son prdd^cesseur imm^diat, n'^tait mtoe jamais venu k Auch;
ambassadeur de France prfes du Saint Si^e, il profita de son s6jour k
Rome pour s'occuper de fouilles arch^ologiques. II fit, dit-on, d6toumer
le cours du Tibre afin de fouiller le lit du fleuve; ses trouvailles figu-
rent avec honneur au mus6e de Rome. Mais on comprend que son
absence d'Auch ait pu ^tre la cause de nombreux abi s; du moins son
successeur eut lieu de le supposer; il put croire qu'on avait profit^
de cette longue absence pour empi^ter sur les droits de TEglise; de Ik,
sans doute, ses proems avec le presidial, avec Tintendant et avec les
consuls.
Dom Brugfdles Jugd par ses contemporains
M. Delias ajoute qull lui a paru interessant de signaler en terminant
Topinion des consuls sur les Chroniques d'Auch de Dom Brugfeles.
L'archev^que s^^tait appuy^ pour justifier ses pretentions sur Tautorit^
de ce chroniqueur; on verra que Topinion des consuls ne diff^re pas
de celle qui est g^n^ralement admise aujourd'hui, ce qui ne diminue
pas la haute valeur documentaire de cet ouvrage :
« Les exposants n'entendent pas sans doute donner par lit, au livre
que Ton vient de citer, une authenticity qu'il ne m6rite pas, Tinexacti-
tude qui y r^gne et les erreurs dont il est rempli, lui ont acquis depuis
longtemps le m^pris et Toubli; mais, enfin, les agens du sieur adver-
saire all^guant k tout propos un ancien pareage sans le justifier et qu'ils
n'onl sans doute puis^que dans ce mauvais livre, il doit 6tre loisible
aux exposans d'en prendre tel avantage que de droit (1). »
Un compUce de Louis XI — Antoine de Toumemire. (Erection de la terre
de Malartic en oomt^.)
Communication de M. de Carsalade du Pont :
Le petit village de Malartic, pr6s Auch, possfede un gros chateau
b^ti en pierre de taille, flanqu6 de quatre tours surmont6es de toits k la
frangaise, avec ouvertures a croisillons, meurtri^res et moucbarabis.
Bien qu'il soit habit(5 par des fermiers qui ont am6nag6 les alentours
de d^cembre 1706, les consuls de la ville d'Auch, apr^ leur Election, pr^teront
le serraent entre les mains du maire seulement. Fait, Sa Majesty, defense au
dit archeveque d'Auch d'exiger le serment desdits consuls et k ses officiers de
les recevoir, nonobstant tons usages et possessions, transactions et autres actes
contraires... » (V. Recueil des 4dUs, ni.)
(1) M^moire pour les consuls d'Auch oontre Mgr de Montillet.
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— 267 —
pour les besoins d'une exploitation agricole, oe cMfeau n'en conserve
pas moins Taspect imposant de ces demeures confortables on vivaient
aux sidles passes les gentilshommes. Les details m6me de rarchi tec-
tare, r^paisseur des murailles, Tampleur de la maison, accusent un
^tat social considerable et Ton devine k premiere vue que les anciens
propri^taires de oe manoir n'6taient pas des gens ordinaires. Les pre-
miers seigneurs de Malartic appartenaient k cette puissante famille de
Massas qui a donn6 k T^glise d'Auch Tarchev^que Hispan de Massas
et de nombroux dignitaires eccl^iastiques, chanoines, abb6s et prieurs.
Les comtes d'Armagnac prirent dans cette famille des s^ntehaux de
leur comt6 et de nombreux officiers de leur couronne.
A la famille de Massas succ6derent, par alliance, dans le ox)urant
du XVI® si6cle, des cadets de la maison ducale de Montaut-
Navailles, qui figurferent avec honueur, dans les camps et k la cour, k
c6i6 de leurs ain6s.
Au xvni® si6cle, Malartic subit une transformation, qui me fut r6v61te
pour la premiere fois par la carte de Cassini. Je ne fus pas peu surpris,
en cherchant la position g^ographique de ce village, de le trouver
inscrit sur la carte sous le nom de Tournemire. Que voulait dire ce
nbm qui apparaissait tout d'un coup usurpant la place de celui de
Malartic? Poser la question, c'6(ait chercher k la r^soudre. La passion
de voir et de savoir a quelquefois des chances heureuses; je dois un
cierge au bon g6ographe Cassini qui m'afait retrouverune pageoubli^
de noire histoire et qui a mis sur mon chemin ce personnage que j'ai
appel6 dans mon titre : Un Complice de Louis XL
Ce complice de Louis XI ^tait un gentilhomme auvergnat. II rem-
plit un des principaux r61es dans le terrible drame qui se joua^ Lectoure
k la fin du xv* sitele et dont le d(^nouement fut Tassassinat du comte
d'Armagnac au mois de mars 1473. II se nommait Antoine de Tour-
nemire, seigneur de La Roque-Vieille, et remplissait pr^s de Louis XI
les fonctions de pannetier et de chambellan.
L'invasion de TArmagnac par les troupes royales Tamena dans nos
contr^ et ceux d'entre mes lecteurs qui ont feuillel^ les Compies
consulaires de la viile de Riscle, auront pu voir quel z^le impitoyable
il d^ploya centre nos malheureux compatrioles. Pendant que Tarmte
royale assi^eait Lectoure, Tournemire parcourut le plat pays, rangonna
les habitants, brula les chateaux des seigneurs fideles k leur comte,
pilla les communaut^s : il ny cut pas jusqu'au mobilierdes ^glises,
calices et encensoirs d argent, quine devinrent sa proie. 11 avait inspire
une telle terreur aux habitants de nos oontrtes <]ue les consuls de Riscle
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— 268 —
ne le d^ignent dans leurs registres qu'en termes m^prisants c k>
Tornamira ».
Aprfes le meurtre de Jean V, Tournemire regut, comme tons les
autres complices, une part des biens d'Armagnac. Louis XI lui donna
des terres aux environs d'Auch. Cette liWralit^ fut pour lui une occasion
nouvelle de tyrannic; et cette fois, c'est aux consuls d'Auch qu'il s'en
prit. Ceux-ci ayant k dresser le r61e de la taxe en 1473, imposferent
quelques terres roturi^res appartenant k Tournemire. C'^tait bien os6
de leur part. Le gentilhomme en appela au s^ntehal d'Armagnac qui
le d6bouta de sa plainte, puis k Tofficial d'Auch qui refusa de s^vir, ei
enfin au l^at du Pape k Avignon qui, mal inform^, excommunia les
consuls et les habitants de la ville. Nos ^iles, forts de la justice de
leur cause, ne se tinrent pas pour baltus; ils en appelferent au Parle-
ment de Toulouse, qui cassa la sentence du L^t et condamna Tour-
nemire kfaire absoudre les habitants d'Auch dans le d61ai d'un mois (1).
II quitta notre pays k la suite dece jugement et fut se fixer a Toulouse,
oil Tappelait d'ailleurs le mariage qu'il avaifccontractd avec la fiUe d'un
gentilhomme de ce pays, Catherine de Pagfese.
Deux si^cles plus tard, un descendant d'Antoine de Tournemire fut
ramen^ par un mariage aux environs d'Auch. Les vieilles querelles
6taient oublites, Thistoire en 6tait ensevelie sous la poussifere v^n^rable
des archives. Henri de Tournemire 6pousa, en 1707, Marie-Josephe de
Montaut-Saint-Sivier, fille de Frangois-Auguste de Montaut-Saint-
Sivier, seigneur de Malartic et de Roquetaillade, et de Jeanne-Marthe
de Tersac-Montberaut. La fiancee apportait en dot la terre de Malartic.
De cette union naquit un fils, Pierre-Joseph-Hector de Tournemire,
seigneur de Malartic. C'est lui qui fut Tauteur du changement dont
j'ai parl6 en commen^ant. II obtint en mai 1765 T^rection de la terre
de Malartic en comt6, sous le nom de Tournemire. Les lettres d'6rec-
tion, conserves aux archives d^partementales du Gers, sont pleines
d'int^r^t; elles relatent les services rendus a la couronne par la maison
de Tournemire, et en particulier, mais a un point de vue different du
n6tre, par le t Complice de Louis XL » Voici ces lettres ;
« Louis, par la gr^ce de Dieu, etc. Notre cher et bien aim6 Pierre-
Joseph-Hector de Tournemire, ancien capitaine de dragons, nous a fail
exposer que la maison de Tournemire a tenu en Auvergne un rang
distingu6 d^s le xi® siecle, comme d'anciens cartulaires et VEtat de la
France en font mention; qu'Antoine de Tournemire 6tablit une branche
(1) Archives de la vtille d'Auch,
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— 269 —
de sa maison en Languedoc, ou il 6pousa, en 1468, Catherine de
Pag&e, d'une des plus anciennes maisons de cette province; qu'il fiit
cbambellan et pannelierdes rois Charles VII, Louis XI et Charles VIII;
qu'il fut 6lu premier eapitoul de Toulouse en 1472, temps auquel les
plus anciennes maisons se faisoient honneurde cette magistrature; que
ses enfants le furent aussi; et que Henri de Tournemire, son peiit-fils,
commandoit au si^gede Montauban les troupes que la ville de Toulouse
fournit au roi Louis XIII, auquel il rendit hommage de douze terres;
que ses descendants ont toujours servi dans les armte; que sous
Louis XIV, Henri de Tournemire fut mar^chal de camp, gouvemeur
de la ville et duch6 de R^gio, en Italic, et que Pierre, son Mre, fut
brigadier inspecteur d'infanterie et gouvemeur de Queyras en Dau-
phin6; qu'ils eurent cinq neveux tu6s au service, tons les cinq enfants
de Francois de Tournemire, major d'infanterie, qui, outre ces cinq
enfants, eut encore un fils, Henri de Tournemire, mort chez lui de ses
blessures, apr^s 30 ans de service; que Texposant^ fils unique de
Henri, a lui-m^me servi jjendant dixanntes, et que des deux enfants
qu'il avoit, raln6, enseigne de nos vaisseaux, est mort sur meril y a
quelques mois, et le cadet, aprfes avoir 6t6 officier de cavalerie et avoir
6t6 r6form6 k la derniere paix, sert actuellement en quality de garde
marine; que Texposant possMe en toute propri6t6 la terre et seigneurie
de Malartic, mouvante et relevante de Nous k cause de notre comt6
d'Armagnac; que cette terre, situte prfes de la ville d'Auch, est du
revenu d'environ cinq d six mille livres; qu'elle a un gros chftteau et
un trte grand nombred'habitants; et que Texposant y possMe la justice
haute, moyenne et basse.
» Sur quoi ledit sieur de Tournemire nous a trfes humblement fait
supplier d'^riger sa dite terre de Malartic en comt^ sous le nom de
Tournemire et de lui accorder nos lettres sur ce n^cessaires.
» A ces causes, etc. (Suit la formule d*6rection de la terre de Malartic
en comt^ sous le nom de Tournemire.) Donn6 k Versailles au mois de
mai de Tan de gr&ce 1765, de notre rfegne le cinquantifeme (1). »
Ohartes du monast^re de Pessan (Xm* sldole)
Communication de M. Despaux:
A quelques kilomfetres d'Auch, sur la route de Castelnau-Barbarens,
se trouve txhs gracieusement assis au flanc d'un coteau, le pittoresque
Tillage de Pessan.
(1) Arch, du Gers, C. 432, p. 401.
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— 270 —
Le voyageur qui le contoume^ en voyant la portb de ville si bien
conserv6e {k iaquelle il ne manque que le pont-levis), les fossds etles
remparts de defense qui existent encore en partie, se ireporte malgr^ lui
k cette 6poque du moyen ^e, ou les petits bourgs isol6s. si souvent
envabis par les bordes ^trang^res,ou attaquds par de puissants voisins,
n'avaient d'autre cspoir de salut que dans la solidity de leurs murailles
et le courage de leurs peu nombreux habitants.
Les ruelles sont resserr^es dans un etroit espace et bien des maisons
ont conserve leur physionomie d'autrefois, surtout dans la partie lat^rale
au foss^ du midi.
Get ensemble de maisons, en g^n^ral peu importantes, estcouronn^
par une ^glise fort ancieune, mais dont les reparations successives ont
denature le caractfere primitif .
Les ouvertures de la fa^de orientale, avec leurs dentelures si fines,
appartiennent sans doute au xiv« si^cle; la fagade septentrionale paralt
plus ancienne; des restes d'anciennes constructions et m&ne des traces
d'incendie y sont encore visibles.
Au midi etkTouest, adoss^ k T^glise, setrouvaitl'abbaye des Bto^
dictins, fondle au commencement du rx« si^le (en 817). Elle 6tail
placfe avec son ^^lise sous le vocable de Tarchange saint Michel.
D6truit pendant lesguerres des Sarrazins etdes Normands, le monas-
t^re de Pessan fut r^fabli par Arnaud-Guillaume, comte d'Astarac, et
Forton, abb6 de Simorre^ k la fin du x« sitele (en 988).
Les documents bistoriques concernant le monasl^re de Pessan sont
aujourd'hui peu nombreux et pourtant Tin ventaire dress6 par les offi-
ciersmunicipaux de Pessan le 30 novembre 1790(1), nous montre que
les archives du monast^re 6taient alors tr^s riches; on y mentionne des
litres qui remontent au xn« sitele. Get inventaire est malheureusement
par trop sommaire.Le hasard m'a fait dteouvrir derniferement, dans les
papiers de M. d'Arcamont, une pi^e du xviu® sitele intitule : Titres
concernant la dime de Pessan et contenant Tanalyse d'actes du xni*,
du XVI® et du xvin® si^le. Gette analyse fut faite en 1783, comme pifece
k produire pour le chapitre de Pessan lors du proems avec la commu-
naut6 au sujet des dimes.
Je me bornerai k copier telle qu'elle nous a 4t6 donnie Tanalyse des
acles du xin® si^le :
< S'ensuit un litre sans datte en parchemin qui contient les limites
(1) Publi6 par M. Tabb^ Paul Gabent, cur6 de Pessan. Reoue de Gascogne,
xxxiv, 1893, p. 171.
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— 271 —
des dixmes, agriers k prendre en Roquetaillade et k Saint-Jean-Debats
sur les terres cultiv6es, sur les hermes, sur les lerres redoubles, et sur
les pr6s, partant du ruisseau de Mont6gul k la Rousagnet, aux Garias
et aux plans de Martres.
» Mois de may. Sentence arbitrale de Tofficial d'Auch de 1258, qui
d^lare que la dixme et agriers du plan de Martres, de La Rochepet
seront k TAbb^ et maison de Pessan, de mtoe qu'ils jouiront en en tiers
les dixmes et agriers et touts les droits qui sont dans le territoire de
Bats; lequel territoire va vers le midi jusques k la fondri^re qui est
appellee t la Comme de Raymond » et de cette fondrifere terminant le
territoire de Mont^gut d'un cost6 et de Tautre celui de Saint-Michel
de Pessan, et semblablement termine ledit plan de Martres et La
Rochepet par le sommet de la Serre vers Torient et va jusques k un
pain de sucre qui est entre ledit plan de Martres et le plan de Garias;
et de I^, descendant vers Torient, va de m^me entre ledit territoire de
Garias et ledit territoire de La Rochepet jusques au ruisseau de TArou-
sagnet. Et ledit official d^ide que les dixmes, agriers et tons les droits
de tout le territoire de Bats et du plan de Martres, de La Rochepet qui
est enclave entre lesdits limites doivenl eslre jouis et possM^s paisi-
blement sans aucune contradiction, et que les "chevaliers (1) ou leurs
successeurs ne fairont aucune querelle, moyennant la somme de cent
sols morlas pour lesdits Olivier et Arnaud, laquelle somme lesdits
chevaliers avouent avoir regeu .
» Au mois de septembre 1258. Donation par Pelegrin Guiscarol,
damoiseau, et dame Longue, femme de Guilhem de Montpezat, et
Gaillarde sa soeur et dame Asste leur mfere, de la terre de Bats avec
tous les honneurs, droits, censives, oublies, allodiaux, agriers, servi-
tudes, moyennant le prix de cent sols morlas qui furent pay6s par le
seigneur abb6 de Pessan.
» Au mois de septembre 1258. Declaration faitte par Bernard d'Au-
bian, fils d'Ispan d'Aubian, qui prouve que toute la dixme du territoire
du- champ de Saint-Pierre appartenoit au monastferede Saint-Michel;
de m6me il reconnoit que dans Gaussan et dans la terre que poss^dent
le seigneur Arnaud, fils de Guilhem de Panassac, chevalier, et le sei-
gneur de la Fitte et Pierre de la Fitte, damoiseaux, et Aisieu de Mont-
pesat et Bernard son fr6re, damoiseaux, toute la dixme appartient k
Pessan; il reconnoit que toute la dixme du plan de Martres et de La
(1) On a reproduit ici I'analyse telle qu'elle a 6t6 donn^e par le moine de
Pessan; la sentence arbitrale a ii6 rendue entre Tabbaye. d'unepart, et les che-
valiers Olivier et Arnaud, mentionn^s plus bas.
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— 272 —
Rochepety k raison de i'^lise de Saint- Jean de Bats, appartient au
monast^re de Pessan.
» V aoust 1260. Reconnaissance faitte par Guilhaume de Mont-
pesat, par laquelleil reconnoit que toutes les terres culles, hemies,
dixmes et les teremerids (t) et les agriers de l'6glise et territoire de
Bals et d'Albaian, de La Rochepet, du plan de Martres appartiennent
k Saint-Michel de Pessan, et que du terns pass6 il les a pris et les a fait
apporter dans la maison de Pessan, et dans laquellerecoraioissanoe
tous les laboureurs, qui sont aupr^ d'line trent^ne, reconnoissent la
vMt6 ei ne reconnoissent d'autre seigneur.
^ 13 septembre 1265. Declaration que fait Hugues et Guilhaume,
fils de son frfere (1) Bernard de la Fitte, damoiseaux, comme les dixmes
et 6glises de Saint-Marlin d'Auriac, pres le village ou chateau de la
Fitte, ont &ii donn^es. il nV a m^moired'home, par ses prM^cesseurs.
» 1258. Donation faite par dame Longue, femme de Guilhaume de
Montpesat et par Gaillarde sa soeur et par Assin leur mfere, de tout ce
qu'elles ont dans la terre de Bats, avec tous les agriers, honneurs,
allodiaux.
» Avril 1223, de la lune le 26. Donnation faitte par Bernard de
Montaut du terroir deXasserre, avec touts ses droits sur la terre de
Lasserre. >
Aroh6ologie oisteroienne
,A propos des details arch6ologiques signal^s par M. Despaux, M. de
Carsalade rappelle que l%lise de Pessan, comme celle de Simorre, est
une ^lise cistercienne; Timportance de I'^cole cistercienne au moyen
kge a 6te admirablement mise en lumi^ dans un ouvrage r^nt (2);
ces moines constructeurs portferent par loute TEurope au moyen llge
le renom des architectes frangais. Leurs ^lises pr6sentent partout les
m6mes dispositions et la m6me architecture; telles on les a vues en
Espagne ou en Italic, telles on les retrouve en Danemarck ou en Nor-
v^e; il| est done important de signaler les deux seuls exemples que
nous ayons dans le Gers de ce genre de constructions.
La Society fixe au 2 avril la date de sa prochaine reunion.
(1) C'est-ftrdire frfere de Hugues.
(2) Camille Enlart^ r Architecture gothique en Italic {Reoue arch6ologiqua^
1893.)
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CHRONIQUES LANDAISES
LA FRONDE
III
Condd en Guyenne. — Le mar6chal de Gramont avait
quitt6 la Cour au moment des plus graves complications,
et sa presence en Guyenne ne devait pas suflBre h, main-
tenir la paix dans la province. L'orage qui la mena§ait
depuis si longtemps allaitenfin 6clater sur elle, sans que
rien pftt 6chapper k la devastation. Le nouveau gouver-
neur, Cond6, 6tait d6ja installs parmi nous. Pourgagner
les gens k sa cause, il avait promis d'avance de prendre
« un soin tout particulier de soulager son gouvernement
» lorsqu'on donnera les quartiers d'hy ver aux trouppes *
)) (3 septembre). » NuUe promesse ne pouvait le rendre
plus populaire; aussi son apparition parmi nous fut-elle
con8id6r6e comme un bienfait pour la province 6pui86ede
ressources; mais les illusions furent vite dissip6es : « tout
» le monde d6siroit la venue de Monsieur le Prince,
» croyant 6tre k la fin de la guerre, mais ce fut bien le
» contraire, car Mohsieur le Prince se fit payer les
)) tallies par force et envoya grand nombre de cavaliers
» en Chalosse... Le commandant de Monseigneur le
)) Prince se tenoit a Tartas, et le receveur des tallies, et
» quand on manquoit de porter les tallies k Tartas, 11
» envoy oit les cavaliers par les paroisses. La ville de
(•) Voir la livraisou de £4vrier 1894, page 88.
(1) A/-c/(. hiaton do la Gaaoogno, fosc. i, p. 45, lettre it Poyanne.
Tome XXXV. - Juin 1894. 18
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— S74 —
)) Tartas se tenoient tous pour le Prince*. » Celui-ci
avait d6jar6ussifi placer k Mont-de-Marsan eta Grenade
des garnisons qui lui 6taient d6vou6es; de plus, les villes
et cominunaut6s d'Albret s'6taieiit empress6es de lui
prodiguer les marq^ues de leur respect et de leur d^vou-
ment. Dax et Saint-Sever d616guerent aussi auprfes de
lui des d6put6s « pour donner les assurances des bons
)) desseina du corps de ville et du peuple *; » mais en
m^me temps ces deux cit6s avaient soin de « protester
)) de leur fid61it6 au service du Roy ^. »
Poyanne pr(}pare la d&fense da pays. — Ce dernier
point n'6tait pas ce qui pouvait le mieux sourire a Cond^;
car par leur importance ces deux places devaient avant
toutes les autres tenter son ambition et, si leurs habitants
montraient des dispositions si peu favorables a ses pro-
jets, il savait par experience combien 6tait in6branlable
la fid61it6 du gouverneur charg6 de veiller sur elles. D6ja,
eneffet, pour pr6venir les mauvaises intentions du Prince,
le marquis de Poyanne s'6tait pr6occup6 de completer
Tarmement et Tapprovisionnement de la ville de Dax. II
avait done r6clam6 a Bayonne les deux pieces de canon
et les deux cents boulets qu'il avait dil y envoyer pr6c6-
demment par ordre du roi (17 aoilt) *. Chacun se tenait
en 6veil et Gramont 6crivait de Bidache aux bayonnais :
(( Voici un temps ' oti il ne faut pas s'endormir et 0(1 il
)) faut user a bon escient de toutes les precautions qui
)) seront possibles, a moins que Ton se veuille perdre
» (5 octobre) *. » Aussi Poyanne re§ut-il commission de
lever un regiment de douze compagnies (100 hommes
(1) Laborde Peboue, Relation cirltable... {Arm, doa Landos, iii, p. 463.
(2) Arch, de Dax, B. B. 3. f« 60.
(3) Arch, de Saint-Sever, B. B. 2, f<» 270.
(4) Arch, de Bayonne, E. E. 92, n" 19.
(5) Arch, de Bayonne, E. E. 92, n' 27.
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— 275 —
par compagnie) et im regiment de cavalerie 16g6re, afln
de pourvoir k la conservation de Dax et de garantir les
terres de son gouvernement « des violences et pilleries
)) des troupes de M. le Prince. » II luifut allou6 en m6me
temps quatre mille livres « pour remonter le canon de
)) Dacqz. » (24 novembre)*.
Deiuridme rapture. — Tous ces pr6paratifs engagfe-
rent Cond6 a redoubler lui-mfeme d*activit6. En sa
quality de gouverneur de Guyenne, d6s le mois d'octo-
bre, il avait port6 une ordonnance par laquelle il d6fen-
dait aux coUecteurs des tallies de remet'tre h. Tavenir le
produit de ces impositions autrement que par son ordre
et a d'autres personnes que celles qui seraient d6sign6es
par lui-m6me, sous peine d'etre contraints a payer une
seconde fois. Guyonnet, membre influent du Parlement
de Bordeaux et tout d6vou6 k la cause du Prince, avait
6t6 nomm6 intendant, et a ce titre prenait des mesures
pour f aire rentrerles arr6rages des impdts. Comme avant
tout il fallait de Targent, les cavaliers recommencferent
leurs terribles incursions a travers la province et r.6re
des grands d^sastres f ut rouverte pour nos malheureuses
populations.
tt Les diets cabaliers de Monseigneur le Prince arrivferent& Doazit
en decembre 1G51... demeurant deux jours et firent de grands dom-
mages, ct entr'autrcs allcrent de nuit voler la maison d'Espaunicjmais
M. de Doazit de tout son pouvoir ^pargna fort Doazit, car autrement il
s'y en fut fait beaucoup plus de maux... et y furent retourn^s s'il n'eut
6t6 M. de Doazit, lequel travailla fort pour Doazit. M. de Justes,
arehipr^lre de Doazit,fit tirer un monitoire, disant que les dits cavaliers
Tavoient pris argent, papiers et linge et un cheval et autres meubles.
Les dits cavaliers demeurant longtemps sur le pays fesant de grands
ravages (2). >
En m6me temps, ^ Tappel du prince de Cond6, Marsin,
(1) Arch, hist, tie la Gascognc, fasc. i, p. 49. (Lettre deM.de la Vrillifere).
^2) Labordo Pebou^, Relation oirltablo.., (Arm. des Landcs, t. in, p. 463.)
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— 276 —
qui commandait pour le roi en Catalogue, repassa les
Pyr6u6es sans attendre les ordres de la R6gente qui,
pour le maintenir fiddle, lui envoyait les lettres de Vice-
Roi^ II se jeta dans le Languedoc avec Balton, Lussan,
Mont-Pouillan, La Marcousse, et ce qu'il put d6baucher
des troupes plac6es sous son commandement. Cette defec-
tion fit perdre la Catalogne h la France, au moment oil
le prince de Conti et M"*® de Longueville arrivaient a
Bordeaux avec le due de Nemours et od tous ces m^con-
tents se d6terminaient k recommencer la lutte. Les pre-
miers soldats que leur amena Marsin furent d'abord
lanc6s sur la Garonne et la Dordogne, oil ils combattirent
avec de grandes alternatives de succ6s et de revers. La
Cour, sans se laisser d6concerter par cette nouvelle lev6e
de boucliers, r6sistait 6nergiquement aux r6volt^.
Turbine, rentr6 dans le devoir, avait pris dans le nord la
dir/5ction des troupes royales et le cardinal Mazarin,
r^venu de Cologne, oil il s'6tait retir6 pendant quelque
temps, lui conduisait plusieurs regiments de renfort.
Saint-Sever demeure Jiddle. — Avant de reprendre les
hostilit6s, Anne d'Autriche fit declarer rebelles tous ceux
qui adhfereraient k la Fronde et le roi envoya (24 et 29
d6cembre) k ses procureurs de Dax, Saint-Sever, Mont-
de-Marsan et Tartas le commandement de faire enregis-
tverk leurs sieges respectifs les declaration^ port6es a tant
)) contre M. le Prince que contre le Parlement, ville de
» Bordeaux et autres qui se sont unies a elles*. » Ainsi
la guerre 6tait d6clar6e. Tandis que Tartas, Mont-de-
Marsan et Grenade accueillaient dans leurs murs les
garnisons des frondeurs *, Saint-Sever r6sista k toutes
(t) Mim. du card, de Rets, t. ii, p. 84-86.
(2) Arch, hisU de la Gascogne, fasc. i, p. 54 (Lettre de La Vrillifere k Poyanne,
19 janv. 1652).
(3) Laborde-P^bou^, Relation veritable.., (Arm. dea Landes, t. in, p. 464).
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— «77 —
les sollicitations des rebelles. Pour essayer de gagner k
sa cause les jurats de cette ville, le prince de Conti,
fr6re de Cond6, leur 6crivait d'Agen que c'6tait avec
beaucoup de peine qu'il avait appris « la mauvaise conduite
» de ses gens de guerre a leur 6gard. » lis avaient agi
au m6pris de ses ordres et de ceux de son fr6re; car tous
les deux n'avaient pour objet que « le soulagement des
)) peuples et la protection du gouvernement centre les
)) entreprises tiraniques du cardinal Mazarin et de ses
)) partisans. » II compte done tou jours sur leurs bons
sentiments et il va leur « envoier rabb6 de Ci^ssac
)) pour s'en assurer et pour leur communiquer en mfeme
» temps un escript qui coiltient les propositions d'acco-
» modement faites kM.de Poyanne afln de donner du
)) calme au pays. » (3 Janvier 1652)*. Malgr6 des pro-
messes si s6duisantes, les jurats refusferent d'entrer dans
le mouvement soulev6 centre Mazarin et ils r6pondirent
au prince de Conti quils 6taient d6sol6s de ne pouvoir
donner pleine satisfaction a ses d6sirs.
Essai de conference. — Sans attendre plus longtemps,
le marquis de Poyanne se mit en campagne pour r6primer
les exc6s des frondeurs. II attaqua les gens du Prince h.
Arengosse, leur tua dix hommes et emfeiena cinquante
prisonniers k Dax : « ce f ut bien cause de plusieurs maux
» par depuis en Chalose*. » (5 Janvier). Les frondeurs ne
furent d6courag6s ni par ce premier 6chec, ni par le
refus que venaient de leur adresser les jurats de Saint-
Sever, lis d6put6rent un « bourgeois de Mont-de-Marsan »,
nomm6 de TArtigue, pour annoncer aux Saint-S6verins
que le repr6sentant du prince de Conti venait d'arriver :
c'6tait rabb6 de Cosnac. Cet 6missaire avait ordre de
rappeler imm6diatement de la Chalosse les troupes du
(1) Arch, de Saint-Sever, BB. 1.
(2) Laborde P6bou4, relation oiritable.., {Arm* dea Landes) t. in, p, 464.
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— 278 —
prince de C!oiid6, si le marquis de Poyanne retirait les
siennes. II demandait done k ce sujet une conference a
laquelle Mont-de-,Marsan et Tartas enverraient leurs
d6put6s. Les populations 6taient trop . accabl6es par les
mis6res de la guerre pour qu'une pareille proposition ne
fdt pas accueillie avec reconnaissance. Le conseiller Dupin,
de Saint-Sever, se rendit aussitdt auprfes du gouverneur
de Dax, pour le supplier d*accorder cette conference qui
devait decider de la pacification du pays. Poyanne, mieux
au courant que tout autre de ce qui se passait, ne voulait
pas se laisser amuser par ces n6gociations et songeait
plut6t k combattre. Aussi, malgr6 Tintervention de r6-
v6que de Dax [Jacques Desdaux, de Mugron], que Ton
avait pri6 de vouloir bien s'employer en cette circons-
tance et intervenir auprfes du gouverneur, la conference
n'eut pas lieu, ou du moins, si elle se r6unit, n'aboutit a
aucun r6sultat et les hostilit6s furent continu6es avec
une nouvelle ardeur.
Poyanne fortijie Saint-Sever. — A la suite de son
succ6s d'Arengosse, Poyanne fut* autoris6 k donner un
emploi dans ses troupes aux prisonniers qu'il avait faits
dans cette premiere rencontre, ou bien a en user a leur
6gard comme il jugerait prudent. Pour faire face au
peril qui mena^ait alors son gouvernement, il re?ut aussi
le pouvoir de lever, comme il le demandait, trois nou-
velles compagnies de cavalerie et une d'infanterie, s'il
pouvait trouver les fonds necessaires k leur entretien*
(19 Janvier). Les forces lui parurent insufiisarites pour
defendre la Chalosse, il dut y ajouter douze compagnies
d'infanterie et trois de cavalerie*. En m^me temps il
re^ut ordre de traiter comme des rebelles tous les parti-
sans de M. le Prince et, ainsi qu'il 6tait porte dans la
(1) Arch, hist, cle la Gascogne, fasc. i, p. 54. (Lcttre de La VrilUfere).
(2) Arch. hist, do la Gascogne, fasc. i, p. 55.
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— ^"9 — .
declaration du 8 octobre 1651, de faire loger les troupes
chez eux, pour soulager les serviteurs de Sa Majest6,
« tout autant qu'il sera possible, pour faire voir le soing
)) que Ton veut prendre de ceux qui sont dans leur
)) deb voir et obliger les autres a s'y mettre ^ » Dte lors, les
pr6paratifs militaires furent pouss6s activement. Ren6
du Plessis, comte de Jarz6, que Mazarin avait chass6 de
la Cour, commandait k Mont-de-Marsan au nom du
prince de Cond6., et inspirait de vivos inquietudes k tons
les voisins de cette ville. Pour se mettre a Tabri des entre-
prises de ce chef, Saint-Sever envoya demander des
secours au mar6chal de Gramont et a Poyanne *. On vit
aussitdt accourir dans la ville menac6e une compagnie de
gendarmes de Monseigneur le due d'Epernon, conduite
par le vicomte de Poudenx, puis six compagnies d'infan-
terie du regiment de Poyanne, commandoes par le mar-
quis de Saint-Luc. On construisit une barriere k laporte
de Ponticqz; les autres portes d'une place si importante
furent Ogalement fortifi6es et mur6es. On 6tablit « des
magasins de poudre, plomb, mesches, )> et des d6p6ts
d'armes; en un mot on n'oublia rien pour assurer la
defense de la ville et la conservation du chateau.
Echec de Poyanne. — Les garnisons 6tablies par les
frondeurs dansquelques'cites landaises continuaientleurs
excursions et par leurs pillages[achevaient de ruiner les
populations. « Le 19 de fevrier les cavaliers de Tartas
)) alloienta Singresse et firent plusieurs ravages etm6me
)) aux metayers de M. de Poyanne et porterent tout a
)) Tartas \ » Pour mettre fin &,ces entreprises, le gouver-
neur de Dax songeait a frapper un coup d'edat. II avait
donne rendez-vous a ses troupes k Saint-Sever, pour le
(1) Arch. hist, de la Gascojne, fasc. i, p. 55.
(2) Arch, dc Saint-Sever, BB. 3.
(3) Laborde-P6boud, Relation oiritablo,., (Arm, des Laadcs, t. iii, p. 464).
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— 280 —
mardi 20,f6vrier et il apparut lui-mfeme au milieu d'elles
au jour flx6. Malgr^ ses protestations de fld61it6 au roi,
depuis longtemps Mont-de-Marsan 6tait suspect. Afln de
mieux connaitre ses sentiments, Poyanne se pr6senta
devant cette place, le mercredi 21 f6vrier; il avait amen6
avec lui 300 chevaux, deux mille hommes * appuy6s par
quatre pieces de canon, et demandait k 6tre re?u dans la
ville avec son escorte. Sous Tinspiration de Joseph de
Prugues, lieutenant particulier au si6ge de Mont-de-
Marsan et ardent partisan de Cond6 ", les montois refu-
sferent d'acc6der k cette demande. lis essay6rent d'abord
de d6tourner Poyanne de son projet, lui repr6sentant
« qu'il n'y avoit rien qui Fobligeasta venir k main arra6e
» centre nous, disaient-ils, d'autantque nos actions avoient
)) tousiours est6 conformes au service du Roy et nos
)) volontez ne respiroient que Tobeyssance pour Sa
» Majesty et pour monseigneur le Prince. » lis persis-
t6rent k lui interdire Taccfes de la place, alors m6me quil
(( fit ofifre de n'entrer dans la ville que comme amy et
» avec sa maison seulement. » Bien plus, dans une
seconde assembl^e des habitants, convoqu6s par le maire
et les jurats, « il fut conclu d'une commune voix qu'on ne
)) pouvoit, ny devoit, ny vouloit luy donner entr6e en
» aucune fa^on *. » Poyanne n'6tait pas homme a se retirer
sur une simple menace. II voulutdonc tenter Tassautdu
faubourg du Port, mais il vit ses troupes repouss6es par
Iesassi6g6s. A dix heures du soir,son lieutenant-colonel,
(1) C'est le cbiffredonn6 par la Relation do la di/aite do Varmicdu marguif
de Saint-Luc aoec la looia du sidge de la oille do Mondemarsan, Jowrte la
coppixi imprimde d Bourdeaux (\PsLris, chpz Jean Brunei, rue Sainte-Anne»
1652, 8 p. Bayonne, bibi. A. Dc^troyat). D*apr^s une autre plaquette (R6eit ciri-
table de cc qui a'est paasd au Mont-d^-Maraan contre lea trouppca du marquis
de Poyanne, Jean Brunei, 1652), le chef royaliste n'avait que 800 hommes.
(2) Pour le punir de son intervention, le marquis de Saint-Luc d^fendit plus
tard aux consuls de la ville de I'^tablir comme maire de la cit^ (21 novembre
1682). Arch. hist, do la Gascoync, fasc. i, p. 104.
(3) RicU veritable de ce qui a'ostpc^sai au Mont-de-Maraan.,., p. 4.
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— 281 —
Daniel de Bourbon, seigneur de RoUie et de Pontenx,
fut tu6 en visitant les bless6s et en faisant une recon-
naissance de la place ^ Poyanne, douloureusement aflEect6
de cette perte", s'61oigna le lendemain (jeudi 22 f6vrier),
laissant sur le terrain a quantit6 des assi6geants tu6s* et
» les canons pris. » II se contenta d'exiger qu'une d6pu-
tation de la ville vint « pour luy rendre quelques civi-
)) litez * )) et ce t6moignage de respect lui fut accord^ sans
plus de difflcult6s. En apprenant que Mont-de-Marsan
6tait menac6, Cond6 avait donn6 ordre au sieur de Maze-
roUes de venir au secours de la ville avec les regiments
de Bordeaux et de Lusignan; mais quand ce capitaine se
pr6sentale si6ge 6tait d6jii lev6 •. Du reste, cet 6v6nement
avait profond6ment 6mu les populations, et les commu-
naut6s qui se trouvaient aux environs de Mont-de-Marsan
envoyaient des messagers pour se tenir au courant des
nouvelles •.
Sidge de Miradoux. — Cet 6chec, un peu humiliant
pour Tamour-propre de Poyanne, n'6tait pas le plus
sensible de ceux qui 6taient r6serv6s aux troupes royales.
Ce m6me jour (jeudi 22 f^vrier), le prince de Cond6 avait
mis en d6route, a Miradoux, pr6s de Lectoure, « trois
)) mil hommes de pied, leur cavalerie en tout faible et
» mal arm6e', » que commandait le marquis d'Epinay
de Saint-Luc. Ce fut une surprise que le capitaine malheu-
(1) Laborde-P6bou6, Relation c4ritable,,, {Arm. des Landes, p. 464).
(t) Daniel de Bourbon 6tait fils de Marie de Castehiau et petit-fils de Jacques
de Castelnau; il dtait par consequent cousin-germain de la marquise de Poyanne,
Jeanne-Marie de Castelnau, flUe d'Antonin et aussi petite-iille de Jacques de
Castelnau.
(3) D'aprfes certains, Poyanne eut 25 ou 30 hommes tu4s; un autre cbroniqueur
dit 4 & 500 tu^s et autant de blesses; mais ces demiers chiffres sont ^videmment
exag^r^s, car Tarm^e royaliste aurait M an^antie.
(4) R6cU o^ritable de ve quis'est paesd au Mont-de-Marsan.,, y p. 7.
(5) Relation de la d^alte de VarnUe da marquis de Saint-Luc,,,, p. 8.
(Bayonne, bibl. A. D^troyat.)
(6) Arch, de ViUeneuve-de-Marsan, CC. 9, n« 1.
(7) Relation de la d^faite,,,, p. 7. D'autres diseatcinq & six mille hommes.
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reux voulut expliquer en s'excusant sur son manque de
cavalerie (25 f6vrier)^ Du reste, une d6route dans
laquelle il n'y a pas eu quarante « hommes tu6s » • ne
f ut pas aussi complfete que les f rondeurs voulaient le faire
supposer. Ceux-ci pr6tendaient avoir poursuivi « les
)) f uyards jusqu'a Lectoure, oil Ton ne pense pas qu'il en
» soit arriv6, aiant est6 tous presque tuez ou faits pri-
)) sonniers ^ » Quelque profond que fCit le d6sastre, il ne
tarda pas a 6tre r6par6, a la suite d*une faute commise
par le prince de Cond6. Au lieu de profiter du d6sarroi de
ses adversaires, ceg6n6ral immobilisa ses troupes devant
la miserable bicoque de Miradoux, a oil le sieur de Marin,
» mareschal de camp, ce qui reste des offlciers et des
» soldats du regiment de Champagne et de Lorraine
» sont enferm6s *, » et il entreprit d'en faire le si^e. Le
27 f6vrier, la br^che 6tait praticable et les frondeurs se
pr6cipit6rent a Tassaut. Mais ((.au moment de p6n6trer
dans la place, un spectacle et une barri6re inattendus les
arr6tent : un second foss6,fournaise ardente, s'ouvresous
leurs pieds. Celle des maisons adoss(ies a la muraille, a
travers laquelle le canon avait ouvert un passage, s'6tant
(^croul6e dans ses caves avec ses boiseries et ses char-
pentes, les assi6g6s y avaient misle feu. Pendant que les
assaillants sont obliges de suspendre Tassaut, les assi(3g6s
construisirent en arrierede nouvelles defenses*. » Cond6
ne so d6couragea pas; il fit pousser les travaux avec plus
de vigueur, et la ville, r6duite a rextr6mit6, craignant
de tomber entre les mains des soldats qui 6taient des
(( forsenats do rage et avides de sang *, » promit de faire
(1) Arcli. di Minist{;re do la guerre, vol. cxxxuu f' 217.
(2) Arcli. Naft.. K\. 1219, 1' 231 (Lettre de Tracy a Mazariu, 16 mars).
(3) Rf'latlon do la dejaito..., p. 7.
(4) Id., ibid.
(5) Cpmte de Cosnac, Souconirs du rdgne de Louis XIV, t. i, p. 410.
(6) Arch, de Miradoux, Hcg. paioissiaux. (Arch. hist, do la Gascogne^ fasc.
I, p. 60.;
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oflfrir chaque ann6e, par chacun de ses quatre consuls,
•un cierge Wane du poids de quatre livres, le jour de la
f6te de saint Joseph (19 mars), si par Tintercession de ce
bienheureux patriarche elle obtenait sa d61ivrance. Ce
vceu fut exauc6, et le 6 mars Cond6 dut se retirer devant
le conxte d'Harcourt* qui arrivait a la t^te de dix mille
hommes. Le nouveau chef des troupes royales pouvait,
en poursuivant activement le prince, le contraindre a
mettre bas les armes et terminer ainsi la guerre civile;
mais il semble qu'il ait eu a coeur de manager cet adver-
saire, car il permit a son arm6e de se disperser pour piller
les campagnes, et alors qu'il lui suflHsait de quatre heures
de marche k travers le territoire de Miradoux pour se
rendre a Astaflort oil Cond6 s'6tait retir6, il mit huit jours
k gagner cette place. A son arriv^e, le Prince n'y 6tait
plus; d6courag6 par les6checs qu'il venait de subir, apr6s
avoir 6tabli ses troupes en silret6 derrifere la Garoftne, il
avait quitt6 la Guyenne pour se rendre k Paris oil Tappe-
laient les int6r6ts de sa cause.
Combat de Poyale. — En s'61oignant de notre pays,
Cond6 avait laiss6 le commtindement sup6rieur des
rebelles a son fr6re le prince de Conti, qui avait sous ses
ordres Marsin comme capitaine. C'est parmi nous que
la guerre allait maintenant exercer ses ravages. Appre-
nant la d6faite de Saint-Luc a Miradoux, sans attendre
les ordres qui ne pouvaient manquer de lui parvenir plus
tard, Poyanne avait r6uni tout ce qu'il avait alors de
soldats sous la main et s'6tait mis en route pour rejoindre
le comte d'Harcourt (24 f^vrier). L'un des lieutenants de
Cond6, nomm6 Darricau, sortit aussit6t de Grenade, et
(I) II avait acheUi la vicomt^ de Marsan,Tursan etOabardan le 16 mars 1643;
mais le roi s'etait reserve « les justices et domaines des villes et lieux dela
» baronnie de Ferquie, Saint-Justin, Cazeres, le Vigneau, Pimbo, Villeneuve,
» le Frdche, Aire, le Mas-d'Aire, » c6d6s, nousl'avonsdit, ii d'autres acqu^reurs,
(Voir Hoom de Gasoognc, septembre 1893, p. 387.)
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— 284 —
vint k sa rencontre pour lui barrer le passage. « Le 2 mars
» 1652, une compagnie de cabaliers de monseigneur le
» Prince arrivSrent a Doazit^ » Les deux troupes se
heurtferent k Tombre du vieux donjon de Poyal6 (Saint-
Aubin, canton de Mugron); Darricaufut battu « et undes
)) plus grands de monseigneur le Prince y demeura mort
» sur la place, devant le chateau de Puyoll6, et les gens
)) de monseigneur le Prince s'en retournferent droit a
» Grenade, du lieu d'oil ils 6taient venus, et en passant
» dinferent a Doazit. » Les habitants de ce village comp-
tferent a Darricau « 700 livres, sur la promesse qu'il leur
» fit de n'y retourner plus, et le lendemain ils passferent
» le cavalier mort par Doazit et le port6rent k Grenade. »
Ce petit succes eut pour r6sultat de d6gager la route et permit
k Poyanne d'arriver aupr6s du comte d'Harcourt qu'il re-
joignitaux environs d'Astaffort" dans les premiers jours de
mars; nous le trouvons k Gondrin, le 22 du m6me mois \
Les frondeurs quittent les Landes. — D.61ivr6s du
prince de Cond6, que nous avons vu s'61oigner de la
Guyenne, les deux chefs royalistes se dirigftrent vers les
Landes, oil les heureux d6buts de la campagne avaient
mis le d6sarroi parmi^ les^frondeurs. Cette nouvelle jeta
la consternation parmi les populations, effray6es k la
pens6e des d6penses qu'allaient entrainer pour elles le
logement et Tentretien de tons ces gens de guerre. Les
jurats de Villeneuve envoy6rent un messager a M. de
Poyanne, revenu k Dax, afln de soUiciter une lettre de
protection pour le comte d'Harcourt et d'obtenir ainsi
d'etre exempt6s de la presence de ses troupes. lis slnfor-
maient en m^me temps si les cavaliers du comte 6taient
d6ja install6s a Gaube (19 mars) *. A Tapproche de ces
(1) Laborde-P^boui', Relation o^ritable,., (Arm. des Landes, iii, p. 464).
(2) Cosnac, Souoenirs du rdg/us de Louis xiv, 1. 1, p. 416.
(3) Arch, de Villeneuve-de-Marsan, C. C. 9, n* 2.
(4) Arch, de Villeneuve-de-Marsan, C. C. 9, n« 3.
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- 285 —
forces imposantes, les frondeurs eurent h&te de se disper-
ser. Tartas, qui avait 6t6 une des premieres places
landaises a se declarer pour eux, c6dant k la crainte
qu'inspiraient les royalistes, fit une soumission qui ne
devait pas 6tre de longue dur6e, car nous retrouverons
bientdt cette ville en pleine r6 volte. Poyanne prit sa
revanche de r6qhec qu'il avait subi le mois de f6vrier
pr6c6dent devant Mont-de-Marsan : les partisans de
Cond6.durent abandonner cette position importante etle
comte de Vaillac S Iieutenant-g6n6ral du comte d'Har-
court, en prit possession. Les habitants s'engagferent a
demeurer fiddles au roi*; aussi d'Harcourt pria Poyanne
de leur envoyer les prisonniers qu'il leur avait faits, au
moment oil leurs d6put6s n6gociaient avec lui '. En ce
moment done la cause royaliste triomphait partout dans
les Landes, d'od les frondeurs avaient disparu complfete-
ment pour se grouper sur la rive droite de la Garonne.
(( Sur la fin de mars 1652, ledits cavaliers de M. le Prince
)) se retirferent tons vers Bordeaux, k cause que M. le
)) comte d'Harcourt qui 6toitpour le roi et fort puissant,
)) arriva sur le pays; lesdits cavaliers de M. le Prince se
)) retirferent *. » lis ne devaient pas tarder k revenir.
Cantonnement des troupes royales. — Tel 6tait Tachar-
nement de ces guerresciviles que, contrairement a Tusage
6tabli par un consentement unanime et universel, les
hostilit6s n'avaient pas 6t6 suspendues pendant la saison
rigoureuse. II f allait done avant tout profiter de ce moment
de r6pit pour donner aux soldats des cantonnements oil
ils pourraient se refaire de leurs longues fatigues; et
comme nos Landes avaient jusqu'alors k peu pr6s 6chapp6
(1) Jean Paul de Gourdon de Genouillac, comte de VaiUac « un des homines
» de France les mieux faits et dela meilleure mine,brayeetfortgaIant homme. »
(A/dm. de Saint-Simon, t. v, p. 294, M. Cli^ruel et Regnier).
(2) Arch, de Mont-de-Marsan, BB 1.
(3) Arch. hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 78.
(4) Laborde P4bou6, Relation veritable... {Arm. des Landes, in, p. 464).
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- 986 —
aux ravages de la guerre, c'est dans ces contr6es que les
divers capitaines songeaient k disperser leurs bataillons.
Le chevalier d'Aubeterre (L6on d'Esparbfes de Lussan),
dont nous aurons bient6t a conter les exploits, mandait a
Mazarin : « L'Albret estant un fort bon pays. Ton peut
» s'en servir a faire toucher quelque chose aux troupes
)) sur ce qu'on leur a fait esp6rer. Nous marchons demain
» pour nous poster le plus pr^s des ennemis qu'il nous
)) sera possible. Je m'asseure quails ne seront pas sans
» embarras w (10 mars) ^ Apr^s le succfes des royalistes,
les amis surtout eurent k souffrir de leur presence, car
pour subvenir k I'entretien de leurs milices on levait de
tout c6t6 les imp6ts les plus on^reux. Mont-de-Marsan
composamoyennant 22,000 livres *. La moiti6 des sommes
pereues de la sorte 6tait tenue en compte pour ce qui restait
a payer des tailles des ann6es pr6c6dentes; Tautre passait
pour don gratuit ou pour amende (25 mars)*. Poyanne
re?ut Tordre de s'61oigner de Tartas, oil le comte d'Har-
court avait Tintention de placer unegarnison (26 mars) *.
La plupart des soldats de ce g6n6ral n'avaient pas pris de
repos depuis quatorze mois. Pour leur faire place, le
gouverneur de Dax dut done retirer ses troupes des s6n6-
chauss6es de Saint-Sever et de Tartas, avec d6fense de
prendre dans ces contr6es « aucune subsistance ny aucun
» argent pour en sortir % » puisque c'6taient des quar-
tiers que le roi assignait a Farm^e du comte (26 avril).
La venue prochaine de ces nouvelles garnisons 6mut les
populations chalossaises; M. de Doazit vint trouver
d'Harcourt a Agen, et apr^s dix-neuf jours de n6gocia-
tions, il entra en composition avec lui pour le siege de
(1) Arch. nat.. K. K. 1219, f« 242.
(2) Arch, nat., K. K. 1219, f 264. (Leltre de Pontac h Mazarin).
(3) Arch. hist, do la Gironcle, t. vi, p. 321.
(4) Arch. hist, do la Gascognc, fasc. i, p. 77.
(5) Ardi. hist, do la Gascogno, fasc. i, p. 80.
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— 5>87 —
Saint-Sever. II fut convenu que le comte n'y viendrait
pas avec ses gens, a k condition que ledit siege de Saint-
)) Sever lui baillera 45 mille livres*. » De son c6t6, le
duch6 d*Albret otfrit 150,000 livres, pour se soustraire k
Tobligation de recevoir ces redou tables garnisaires.
Les troupes de Poyanne. — Au lieu d'ob^ir k Tordre
qui leur avait 6t6 donn6 et qui leur fut renouvel6 a deux
reprises dift6rentes (23 avril et 9 mai), les troupes de
Poyanne s'attarderent a ravager la vicomt6 de JuUiac et
la Chalosse. La presence de ces pillards jeta Talarme dans
toutes les petites cit6s du Marsan. A Roquefort, les
jurats d^fendirent de sortir de la ville avec des armes
sous peine de 100 francs d'amende, tant ils craignaient
d'attirer sur euxla vengeance des maraudeurs (21 avril) *.
lis firent garder les portes par huit escouades de mili-
ciens, quise succ6daient jour et nuit dans Taccomplisse-
ment de ce devoir, etla communaut6 nomma quatre
commandants quifurent responsables de ces troupes. On
choisit 6galement huit fusiliers charges avec ceux de
Mont-de-Marsan et de Saint-Justin d'escorter Targent
que Ton faisait passer au comte d'Harcourt et Ton acheta
de la poudre en provision des 6v6nements. Le d6sordre
devint si grand dans toute la region que le comte de
Vaillac eut mission d'y porter remMe (10 mai)^ Les
d6put6s des bastilles se r6unirent aussit6t a Villeneuve,
pour r6diger leurs reclamations (12 mai) *, puis Tassem-
bl6e g6n6rale se tint a Mont-de-Marsan poiir prater ser-
mentau roi entre les mains du comte de Vaillac (15 mai) *.
On fit constater les ravages caus6s par les troupes de
Poyanne dans les s6n6chauss6es de Saint-Sever et de
(1) Laborde P6bou6, Relation o6rltablo... {Arm, des Landcs, in, p. 465).
(2) Arch, de Roquefort, B. B. 2, n« 4.
(3) Arch. hist, de la Gascogne, faso. i, p. 62.
(4) Arcb. de Roquefort, B. B. 2, n« 5.
(5) Arch, de Roquefort, B. B. 2, n" 6.
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— 288 —
Tartas, ainsi que dans la vicomt6 de JuUiac, et Ton attira
h ce capitaine les reproches les plus s6v6res, mais
les mieux m6rit6s (7 juillet) K Efifray6es de ces devasta-
tions, les communaut6s ne recul6rent devant aucun sacri-
fice pour se d61ivrer de la presence des gens de guerre.
Le comte d'Harcourt, pressant la rentr6e des subsides qui
lui 6taient promis, fit partir de Saint-Sever et de Tartas
les commissaires charges de les recueillir; en m6me temps
il imposait aux jurats des diverses bastilles Tabligation
de leur fournir une escorte " afln de les mettre k Tabri des
entreprises des voleurs. Car le tr6sor royal 6tant plus
que jamais impuissant a solder les troupes, et les popula-
tions au milieu desquelles les miliciens venaient sojourner
n'arrivant pas a les satisfaire, ceux-ci demandaient trop
sou vent au pillage et leur soldo et leur entretien. Tous
les efforts des communaut6s tendaient done a se preserver
de la visite de ces hdtes peu commodes; mais les n6ces-
sit6s du moment obligeaient les chefs de corps a se mon-
trer insensibles a toutes les soUicitations. Nous avons vu
les precautions prises par les roquefortais pour mettre
leur ville k Tabri de toute surprise : pendant le jour, les
gens de toute quality 6taient astreints^ la garde des portes.
Ce z61e patriotique ne devait pas sauver cette petitecit6 de
toute contribution de guerre, car malgr6 les privil^es dont
lepaysaurait d<l jouir, oufutcontraintdeloger des cavaliers
dans r^tendue de la juridiction de cette place (2 juin) •.
Le comte d'Harcourt. — La tranquillit6 relative dont
jouissaient encore nos contr6es n'allait plus6tre de longue
dur6e. Poyanne avait re^u Tordre de faire de nouvelles
lev6es et apr6s avoir laiss6 des garnisons suf fisantes dans
les places landaises, de les faire partir de Tartas, de
(1) Arch. hlat. do la Gascogno, fasc. i, p. 91.
(2) Arch, de Villeneuve-de-Marsan, C. C. 9, n» 3.
(3) Arch, de Roquefort, B. B. i, n« 4.
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— 28d —
Saint-Sever et des environs pour venir loger k Caz^res
et de la se diriger sur Castex (10 mai)^ A leur approche
on fit redoubler la garde aux portes des villes (20 juillet),
Toutefois, en consideration deM.de Poyanne, les jurats
de Roquefort consentirent k laisser passer ses soldats
vingt par vingt dans Tint^rieur de leurs murs; mais ils
eurent soin de rappeler k cette occasion que le Marsan
6tait exempt du logement des gens de guerre (20 juillet) *.
Ces nouveaux bataillons allaient rejoindre le comte
d'Harcourt, qui « commandait les armies du roi en
» Guyenne et il y avaitles troupes de TEurope les mieux
)) aguerries '. » EUes faisaient Tadmiration du mar6chal
de Gramont qui mandait plus tard k Poyanne : « Je n'ay
» jamays ouy parler d'une affayre si extraordinayre que
» d'avoir veu quelles arm6es a M. d'Harcourt. w (30
aoftt) *. On avait esp6r6 qu'avec de pareilles forces ce
g6n6ral arrfiterait les mouvements des rebelles et main-
tiendrait les frondeurs loin de la province. On apprit
done avec 6tonnement que, sans prendre cong6 de per-
sonne, le comte 6tait parti de Montflanquin, petite ville
de TAgenais, dans la nuit du 15 au 16 aoftt, pour ne plus
reparaitre en Guyenne. II fut remplac6 k la t6te de Tarm^e
par le due de Candalle, fils du due d'Epernon, qui ne
devait pas garder loiigtemps le commandement. Le depart
pr6cipit6 du comte d'Harcourt livrait le pays aux entre-
prises des frondeurs. Le prince de Cond6 donna aussitdt
le pays de Marsan k ses troupes pour s'y refaire; Roque-
fort envoya un d6put6 k Bordeaux pour protester contre
une decision qui violait les privileges (19 aoftt) ^
(A suivre.) J.-J.-C. TAUZIN,
Cur6 de Saint-Justin de Marsan.
(1) Arch, hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 81.
(2) Arch, de Roquefort, B. B. i, n* 6.
(3) M4m, du cardinal do Rots, p. 34, (6d. Miohaud-Poujoulat).
(4) Arch, hist, de la Gascogne, laso. i, p. 98.
(5) Arch, de Roquefort, B. B. i, n« 8.
Tome XXXV. 19
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LES SEIGNEURS DE FIMARCON
DK LA
b MAISON DE LOMAGNE {Suite) (•)
Bernard Trencal6on (1314-1337).
Bernard Trencal6on de Lomagne dwint seigneur de
Fimarcon trois ans avant la mort de son pfere, vers Tan
1314 : les actes publics de cette 6poque nous prouvent,
en effet, qu'Othon II, tr6s avanc6 en kge, remit entre les
mains de son fils le gouvernement de la seigneurie. C'est
Bernard que nous voyons si6ger en quality de seigneur
de Fimarcon dans Tassembl^e des seigneurs convoqu6s
par Edouard d' Angleterre pour obtenir des subsides centre
TEcosse. La date de cette assembl6e n'est pas connue
bien exactement : elle dut avoir lieu entre 1312 et 1314;
mais ce qui n'est pas douteux, c'est qu'en cette derniere
ann6e Bernard rendait hommage au roi d'Angleterre
comme seigneur de Fimarcon.
Longtemps avant de succ6der a son pere, dans Tannic
1291, Bernard Trencal6on avait 6pous6 Mathe d'Arma-
gnac, fiUe du comte G6raud V et de Mathe de B6arn,
qui lui apporta en dot les chateaux de Sainte-Christie et
d'Arblade-le-Comtal avec haute et basse justice et tous
autres droits ^ Mathe d'Armagnac ne porta jamais le
titre de dame de Fimarcon; elle mourut vers Tan 1313.
Othon, le flls unique qu'elle avait donn6 a son 6poux,
mourut peut-6tre avant sa m^re; au moins disparut-il
sans laisser de post6rit6.
(•) Voir la livraisoii de mars 1894, page 144.
(1) P. Anselme, Grands qfflciers de la couronne, tome ii. — Voir k I'Appett-
dice du present article les pactes de ce manage.
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— 291 -
Peu de temps apr^s, Bernard 6pousait en secondes
noces Allemanne ou Allemande, fiUe d'Othon de Cazenove,
seigneur de Montagnac, d'une des plus nobles maisons de
Gascogne. En 1030, Guillaume de Cazenove, Tun des
anc6tres de cette dame, 6tait un seigneur marquant du
Fezensac et Thistoire nous a montr6 son grand-p^re
Fortaner convoquant au nom du roi d'Angleterre, dont
il 6tait le s6n6chal, les seigneurs de Gascogne pour juger
Othon de Blaziert.
Les premieres ann6es qui suivirent Tav^nement de
Bernard k la seigneurie de Fimarcon furent marquees
par deux faits importants. Le premier fut la transfor-
mation de Tabbaye de Condom en 6v6ch6 en faveur de
Raymond de Galard, son dernier abb6, transformation
qui fut accomplie par un bref du Pape Jean XXII en
date du 13 aoftt 1317. Nous raconterons le second fait
avec plus de details parce qu'il eut pour th6Atre La
Romieu, Tune des places les plus importantes du pays.
Vers Tan 1312, Arnaud d'Aux, issu d'une famille noWe
de La Romieu, successivement chanoine de Coutances,
vicaire-g6n6ral de rarchev6que de Bordeaux qui devint
plus tard le Pape C16ment V, 6v6que de Poitiers, chape-
lain du Souverain-Pontife, et enfin cardinal-6v6que
d'Albano, acheta aux consuls et aux habitants de La
Romieu un terrain s'appuyant aux f oss6s de la ville et la
partie correspondante de ces foss6s qu'il fit dess6cher
pour en creuser de nouveaux plus loin. Sur cet empla-
cement, il batit une belle 6glise k une seule nef , flanqu6e
de deux magnifiques tours. Tune carr6e, Tautre octogone,
destin6es k servir, la premiere de clocher, la seconde de
sacristie. L'6glise et surtout les deux tours comptent
parmi les beaux monuments d'architecture de notre
region. Arnaud d'Aux fit encore construire k c6t6 un
vaste cloitre form6 de fortes murailles presque 6gales en
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— 2&2 —
hauteur a celles de T^glise. et, pour son habitation, un
palais au couchant.
Le cardinal avait pour but de fonder k La Romieu un
chapitre coll6gial important et disposait pour cette fonda-
tion de biens considerables. Pr6s de sa nouvelle 6glise
6tait un prieur6 de b6n6dictins dependant de Tabbaye
Saint- Victor de Marseille et f ond6 en 1082 sur un empla-
cement donn6 par le vicomte Odon de Lomagne : la .
possession de ce prieur6 et sa reunion a T^glise r6cem-
ment construite devenaient indispensables au cardinal,
soit par la proximity des deux 6glises, soit a cause des
conflits d'int6r6ts qui auraient pu les diviser. II Tacheta
pour la somme de deux mille florins de Florence. Le
Pape Jean XXII, par sa bulle du 22d6cembre 1317, auto-
risa cette vente et pronon§a la secularisation du prieur6
de Notre-Dame de La Romieu et son union a r^glise
61ev6e par r6v6que d'Albano.
Toutes choses 6tant ainsi pr6par6es, Arnaud d'Aux
data d' Avignon, le 30 juillet 1318, son acte de fondation
dont voici les dispositions principales :
Le cardinal fonde dans r^glise Saint-Pierre de La
Romieu un chapitre coll6gial compose d'un doyen digni-
taire, d-un sous-doyen, d'un chantre, d'un sacriste, d'un
ouvrier et de dix-huit chanoines. Tons ces b6n6ftciers
vivront en commun jusqu'&, ce que, par les secours de la
divine Providence, les revenus soient suffisants pour les
faire vivre decemment chacun en particulier du fruit de
sa prebende, sous le bon plaisir et avec le consentement
du patron et du doyen. Pour occuper ces benefices, le
fondateur exige que les sujets soient prStres ou se f assent
ordonner dans le courant de Tannee. II veut aussi que le
nombre en puisse etre augmente par les patrons lalques
ses successeurs, si les richesses du chapitre viennent a
s'accroitre. Le cardinal donne en dot k son eglise tou^
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— 293 —
ses Mens patrimoniaux meubles et immeubles, n'en r6ser-
vant qu'une petite partie aux patrons lalques ses succes-
seurs; de plus, ceux qu'il tient des parents lalques de son
nom par le puissant secours desquels il est parvenu h
mettre la derni^re main k son oeuvre. II donne encore h
cette m^me 6glise tons les biens acquis par lui, de quelque
nature qu'ils soient et quelque part qu'ils se trouvent
8itu6s. Arnaud d'Aux joint k tons ces dons le prieur6 de
Notre-Dame de La Romieu achet6 par lui et s6cularis6
par le Souverain-Pontife, avec toutes ses appartenances
et tous ses droits tant spirituels que temporels. Pour
faciliter le service divin, il pourvoit son 6glise de toutes
les choses n6cessaires dont il fait une longue Enumera-
tion : croix d'argent et de vermeil, calicos d'argent et de
vermeil, grand nombre de reliques contemles dans des
cMsses d'argent, ornements sacr6s, livres cantoraux,
cloches, etc. II se r6serve, sa vie durant, les droits de
patronage et de nomination a tous les b6n6flces de son
6glise et rend le premier de ces droits reversible aprfes sa
mort a ses h6ritiers lalques de son nom et a leurs
descendants.
Cette fondation f ut conflrm6e par Raymond de Galard,
premier 6v6que de Condom, le 2 octobre 1318*.
Mais la mort emp6cha le cardinal d'Aux de r6aliser
entiferement son projet. Ses h6ritiers modiflferent sa pens6e
et r6duisirent la fondation k un doyen, dix chanoines et
douze pr6bend6s.
Arnaud d'Aux mourut a Avignon le 24ao<!it 1321. Son
corps, suivant une des clauses de son testament, fut port6
a La Romieu, oil il fut enseveli. Son tombeau est creus6
dans la muraille de TEglise, a la droite du maitre-autel, en
face de la tombede Fort d' Aux, son neveu et son succes-
seur a Poitiers. Un peu plus bas reposaient Pierre-
(1) Memolre geneahgique de la maison d'Auas-Leacout^ 1728.
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— 294 —
Raymond et Gr6raud d'Aux, sesautres neveux. Ces monu-
ments furent d6grad6s pendant les guerres de religion.
Montgommery s'emparade LaRomieu, pillal'^glise, brisa
les sculptures et les bas-reliefs des tombeaux, d6vasta le
cloitre, enleva les ornements sacr6s et fit p6rir la plupart
des pretres dans les flammes. La revolution frauQaise
acheva Toeuvre des religionnaires. Mais, sous la Restau-
ration, le marquis de Lally-ToUendal, qui avait donn6 sa
fiUe en mariage au chef de la branche ain6e de la maison
d'Aux, fit rebatir les tombeaux qu'il surmonta de leurs
6cussons.
Pendant que le plus illustre parmi les filsde ses vassaux
se distinguait par ces fondations pieuses, le seigneur de
Fimarcon se pr6occupait du service de son suzerain, non
sans lui faire subir parfois les eflets de son caractere
ambitieux et tracassier. Malgr6 les soins d'Edouard et de
ses ministres, malgr6 les peines qu'ils se donnaient pour
faire disparaitre les abus et les d6sordres, les coeurs, dans
la Gascogne, se d6tachaient de plus en plus de TAngle-
terre. On murmurait centre les vexations tou jours crois-
santes des of ficiers royaux, qui profitaient de r^loignement
de la Cour pour pressurer les peuples. A Toccasion de ces
plaintes devenues g6n6rales, Edouard confia la mission
de se rendre en Gascogne a Barth61emy de Baltomere et
a Hugues Spencer, son nouveau favori. lis devaient
recueillir sous la foi du serment les depositions d'hommes
graves et non suspects et statuer ensuite avec pleine
autorite. Leur presence apaisa les murmures pour quelque
temps. ^
Au milieu de ces troubles, Bernard Trencal6on crut le
moment favorable pour etablir de nouveaux phages sur
ses terres du Fimarcon; mais les consuls de Condom
porterent leurs plaintes au roi d'Angleterre. Celui-ci,
faisant droit a leur requite, donna Tordre aux s6n6chaux
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de Gascogne et d'Agenais d'abolir les phages 6tablis par
Bernard sans sa permission. Les lettres royales aK)nt
dat6esde Shelf ort la treizifeme ann6edu r^ned'Edouard II
(1320). En void la traduction :
Edouard, par la gvkce de Dieu roi d'Angleterre, seigneur de THibernie
et due d'Aquitaine, aux s^ndchaux de Gascogne et d'Agenais, salut.
Sur les priferes que nous ont adresstes les coie^iUs de jiotre ville de
Condom, nous vous enjoignons d'abolir les phages et les imp6ts 6tablis
recemment par Bernard TrencaWon dans sa terre de Fimarcon sans
avoir oblenu de nous licence de le faire. Procidez juridiquement i celte
annulation selon le droit et la coutume et dans les formes usitto en
celle seigneurie.
Cependant les murmures, un instant apais6s par la
presence des envoy6s du roi d'Angleterre, ne tardferent
pas k recommencer. lis prirent une violence exception-
nelle lorsque Edouard, oblig6de lutter a la fois centre les
Ecossais et centre la plupart de ses lords, voulut tirer
de la Gascogne des secours en hommes et en argent (1322).
Plusieurs gentilshommes de ce pays ref usferent de r6pon-
dre a Tappel du monarque anglais; mais, au milieu de
toutes ces defections, le seigneur de Fimarcon demeura
fidMe a son suzerain. II lui fit un nouvel hommage pour
la terre de Fimarcon, le chateau de Courrensan, la moiti6
de la ville de Vic, et reconnut avoir re^u de lui des sub-
sides pour mettre le chateau de cette place en 6tat de
defense. Le s6n6clial de Toulouse, d6vou6 aux int6r6ts
de la France, pour insulter k la fois au monarque anglais
et a son vassal, attaqua les termes de cet hommage rela-
tivement h Vic et a Courrensan, qui 6taient en sa juridic-
tion, fit ciier devant lui Bernard Trencal6on, et, sur son
refus de comparaitre, le fit arrfeter. Le proc6s s'instruisit,
et Bernard, condamn6 h une forte amende, fut jet6 dans
une prison oil il languit durant plusieurs mois.
Quelque temps aprfes, la guerre 6clatade nouveauentre
la France et TAngleterre : elle eut pour theatre la Bour-
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— 396 —
gogne, mais il y eut aussi quelques combats dans le midi
de la France. La plupart des seigneurs gascons s'enrdlfe-
rent sous les drapeaux fran§ais, et Bernard, cette fois,
ne crut pouvoir mieux faire que de suivre leur exemple.
Dans le cours de Tann^e 1324, le comte de Valois ayant
oblig6 le prince Edmond d' Angleterre a capituler dans La
R6ole, la paix fut aussit6t conclue.
Trois ans plus tard (1327), Edouafd II, renvers6 du
tr6ne et jet6 en prison par son 6pouse, Isabelle de France,
r6volt6e centre lui, futfemplac6 par son flls Edouard III.
Le premier acte du nouveau roifut d'oflfrir son pardon a
tous les seigneurs de Gascogne qui avaient port6 les armes
centre son pfere : il avait besoin d'etre d6gag6 d'embarras
dans le midi de la France pour apaiser les derniers mou-
vements de la temp^te qui Tavait port6 au pouvoir.
Lorsqull y eut r6ussi, il voulut multiplier en Gascogne
ses partisans. Pierre de Galiciac*, chanoine d'Agen, fut
charg6d'agiren son nom dans cette province, oix il devait
circonvenir les seigneurs, leur faire de belles promesses,
soutenir leur fid61it6 et ranimer leur d6vouement au roi
d'Angleterre. Mais tous les regards, dans les provinces
du midi, se portaient sur le nouveau roi de France, qui,
a peine assis sur le trdne, entrainait sa noblesse vers la
Flandre et remportait a sa t6te la c616bre victoire de
Cassel (12 aoM 1328) \
Bernard Trencal6on, instruit par ses revers et d'ail-
leurs avanc6 en age, semble avoir a cette 6poque pens6
particulierement au salut de son ^me. C'est ainsi que
nous le voyons, le 8 Janvier 1330, fonder la chapellenie
appel6e Dujac dans I'^glise d'Abrin'.
Outre la part qu'il prit aux 6v6nements dans le midi
de la France, Bernard eut des contestations avec ses voi-
(1) Collection Br^quigny. — Rymer.
(2) Monlczun, in, page 495.
(3) laventaire des archives de Lagarde, RRR,
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^ 297 —
sins, soit en son propre nom, soit au nom de sa ni^ce
Agn6sie de Lomagne, baronne de Montcrabeau et dame
de Calignac, dont il 6tait le tuteur. Ce fut d'abord des
int6r6ts de cette derni^re qu'il eut h s'occuper.
Le pfere d'Agn6sie, G6raud Trencal6on, faisant revivre
des pretentions plus anciennes, revendiquait la juridic-
tion sur les paroisses de Saint-Pierre de Vicnau, de
Saint-Avit de Gauran, Sainte-Ruflne de G61embert, et
Saint-Saturnin, que les consuls de Condom lui dispu-
taient. Au nom de sa pupille, Bernard poursuivit cette
revendication, mais la sentence des arbitres ne fut pas
en faveur d'Agn6sie. Elle dut renoncer k tout droit sur
ces paroisses, qui furent d6flnitivement constitutes dans
la juridiction de Condom*.
Bernard ne fut pas plus heureux pour lui-m6me qu'il
ne Favait 6t6 pour sa nifece. D'accord avec Gaillardin de
La Roque, son vassal, il disputait k Raymond de Galard,
6v6que de Condom, et k la communaut6 de cette ville,
les territoires de Saint-Orens, de Saint-Pierre de Bolin,
de Sainte-Marie de Bordferes et de Saint-Sulpice des
Camisats. Le 23 f6vrier 1534, le procureur du roi au
s6n6chal d'Agenais adjugea ces territoires k r6v6que et
aux consuls de Condom et n'accorda au seigneur de
Fimarcon et k son vassal que les gages de cinq sols et vingt
deniers morlans* pour leurs droits sur ces paroisses.
L'ann^e suivante, une sentence arbitrale mettait fin a
des contestations 61ev6es pour limites de territoire entre
Bernard de Fimarcon et le seigneur de Terraube'.
Le 23 Janvier 1336, un acte de rescission volontaire
annulait le contrat pass6 entre Jean, fills du comte d'Ar-
magnac, et Jeanne, premiere fille du seigneur de Fimarcon
(1) Archives munlcipales de Condom, FF. 25.
(2) Archives municipales de Condom, FF. 26.
(3) Inventaire des archives de Lagarde, 35 V.
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— SOS —
et d'AUemanne de Cazenove*. Si la rupture de cette belle
alliance causa quelque tristesse an sire de Fimarcon, le
14 mars de cette m6me anii6e dut iui apporter une com-
pensation. En eflet, les archives du chateau de Lagarde
nous oflrent k cette date un proc^s-verbal des ravenus
que le roi tirait de la ville et juridiction de La Romieu,
portant donation faite au seigneur de Fimarcon de quinze
sols morlans sur la maison de Saint-Aignan *.
Dans la m6me ann6e, le mercredi avant la f6te de saint
Pierre, une transaction 6tait pass^e entre Bernard Tren-
cal6on et le seigneur de Terraube au sujet des juridictions
et territoires de Terraube, Doazan et Le Mas *.
Enfln, le 19 juin 1337, intervenait une transaction
entre Bernard Trencal6on, seigneur de Fimarcon, et les
habitants du Mas pour raison des droits seigneuriaux.
La mort de Bernard suivit de pr6s cette derni6re date.
II laissait de son mariage avec AUemanne de Cazenove un
fils en bas &ge, Jean de Lomagne, qui Iui succ6da, et trois
fiUes, Jeanne, Thal6rie et G6raude, dont les alliances
sont rest6es inconnues.
(A saivre.) VAhU MAUQUlfi,
Curd de Caussens.
APPENDICE
Paotes de mariage de Bernard Trencal^on de Lomagne, seigneur de
Fimarcon, aveo Mate d'Armagnac, du Jeudl avant la Nativity de Notre-
Dame, 1891. (Vidim^) (4).
Noveiint universi quod nos Petrus de Mirimanda miles, senescallus
Agenesii et lerre Vasconie domino nostro regi Francorum noviler
acquisite, vidimus, inspeximus palpavimus et [legere fe-]cimus quoddam
inslrumentum publicum manu magislri Guilhelmi Bee condara notarii
(1) Archives du cMteau de lagarde, 33 A.
(2) Ibideoi, 33 Q.
(3) Ibidem, 26 N.
(4) Archives d^partemen tales di? Gers, fonds Fimarcon.
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Condomiensi^t oonfectum^ ut prima facie apparebat non viciatum, non
cancellatum nee aliqua parte sua abolitum, [eujus] tenor talis est :
Conoguda causa sia qu' en Bemart Trenchaleon dauseds, fils del
noble baron senh'' Nod deLomanha cauoer senhor del Fieumarcon,
dens lo castet de Maubezin [de Fezenjsaguet personalment establits, en
presencia del ondrat pay in X»^ senh*" Amanieu per la divinal gracia
arcebesque d'Aus e de molts autres prelats e baros e cauoers e autras
personas e de mi notari e dels testimonis dejus nomnadors, fe matri-
moni per palaura de present ab na Mata d'Armanhac^ seror paternal e
maternal del noble baron senher en Berna[rd per] la gracia Dieu
corapte d'Armanhac e de Fezensach, dizens en questa maneyra : Eu
en Bernard Terncaleon arcebi vos naMata d'Armanhac en niolhermia
segont la lei romana. E la na Mata dis autresi aqui present en questa
maneyra : Eu na Mata d'Armanhac recebi vos en B. Trencaleon ea
mon marit segont la lei romana. E aqui mesis, apres lodit matrimoni
celebrat e autreiat, lo predit senh** comte, per si e per son heret et per
son orden e per tos sos successors de si enant perpetualment venidors,
donet e autreiet e assignet e liuret, de palaura e de diet, ab auctoritat
d'aquesla present carta, en dot e per nom de dot de la dita na Mata
sua seror, al dit en B. Trencaleon aqui present e aisso recebent per si
e per son hered venient e descendent de si e de la dita sa molher, lo
castet de Santa Chrestia el castet d'Arblada la contau, qui son en lo
contat d'Armanhac, ab totas lors pertinencias e distredbs e juridiction
auta e bassa e mer e mix in peri e rendas e drets e doners e senhorias e
mandaments e leis e gatges e incorrements apertenens e apertenir
debens aus mesis castets, tot francament e ses tot autre retenement
d'algun dret e de servilut que no i fe de part senhoria, aissi cum al
mesis compte, al dia e bora en que aquesta present carta fo requerida e
autreiada^ apertenian e apertenir deuian en los mesis casteds e en lors
pertinencias per nom et per causa del comptat d'Armanhac o en antra
maneyra. E sen establi lo mesis senhor comte de qui enant possedir,
per nom e en loc del mesis en B. Trencaleon, dels dils castets e de lors
pertinencias, entro lo mesis en B. Trencaleon o autre per nom de lui
aiha possecion corporal recebuda dels mesis castets e de lors pertinen-
cias, de laqual arceber e retenir de si enant lo det licencia e poder e
franca auctoritat totas begadas quel playra cum de las suas proprias
causas dotals. E si los dits castets ab lors pertinencias no valiau L
libras de Morlas cascun an d'arrenda, lo mesis senhor comte promes
al dit B. complir e assignar, ses tota dilation, en autres Iocs circum-
vesis e plus probdas als preditz castets, suficens (?) tanta d'arrenda
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— 30Q —
annual ab justida autia e bassa e mer e mix inperi que ab Tautra renda
deus dits castets valha L libras de Morlascascun an d'arrenda. Promes
autresi lo dit senh. comle que donara al predit B. Trencaleon per nom
de la dita na Mata sa seror en dot e per nom de dot D libras de Morlas
per las quals donaderas e paguaderas promes liurar ades al predit en
B. Trencaleon los castets de Castilhon e de Lupiac e la bastida de
Belmont, qui son en lo contat de Fesensach, ab tolas lors pertinencias
e ab tota lor juridiction auta e bassa, adauer e tenir e usar et possedir
e recebre e culhir per si mesis o per autre o autres per nom de si mesis
los fruyts els provenimens e las rendas et las eissidas e gausenssas e
escasensas dels predits castels de qui en dret proveniens continuada-
mens persebedors e culhidore entro de las D libras de Morlas al dit B.
Trenchaleon sia satisfeyt. E Ten mes de dret en plenera e pasibla et
veraiaeentegra quays corporal possecion ab auctoritat de questa present
carta. E totas aquestas causas preditas e sengles lo predit senh.compte
fe e donet e liuretet promes far e liurar, present la nobla dona madona
Mata per la gracia Dieu comtessa d'Armanhac e de Fesensach sa dona
maire. I.asquals causas totas e sengles de sus ditas contengudas en
aquesta present carta la predita dona comtessa lausecb e aproet per sie
per lot son ordenh; e, primerament, certana de feit per si mesissa e ben
certiorada de son dret per mi notari de jus escriut, son autrei e son
assentiment donet e autreyet en las preditas causas en renuncia de son
bon grat, primerament certiorada de son bon dret, a tot dret deus f rutz
e autre dret, si algun n'auia o auer podia o debia per dot o per layssa
0 en antra maneyra en las preditas causas o alguna d'aqueras. Los
quaus castets de Castilhon e de Lupiac predits e bastida deuandita lo
dit en B. Trencaleon ab autrei e assentiment del dit senher son pai
aqui present promes redre e reslituir al dit senh** comte o a son manda-
ment, dels fruitz e de las rendas e dels provenimens dels dits castets
feilas despensas etcomptefeit d aqueras leialment. Apres d aisso e aqui
mesis lo prenomnat en B. Trencaleon, ab auctoritat e expres assenti-
ment del dit senh'' Nod son pai, promes e autrega per ferma e per
leial stipulacion a la prenomnada na Mata sa molher aqui present, per
si e per los sos aisso recebent, redre e restituir la dita dot, si hered no
auia, 0 a eon hered en cas o en cais en lo qual o en los quals restitucion
sere de dret fazedora. En aissi empero que las causas no moblas reda e
restituisca dens I mes apres qu'en sia requcrit,el dit moble dens V ans,
0 cascun an C libras de qui enant continuadament contadors. Apres
d'aisso e aqui mesis lo predit senh'' Nod de Lomanha promes e donet
per donacion per nossas apres sa mort al dit en B. son filh e a son
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— 301 —
hered procreat de si e de leial matrimoni tot quant ha e auer deu en
Fiumarcon e en Fesensach per succession paternal. Las quals eausas
totas e sengles contengudas en aquesla present carta lo senh. en B.
comlepredit eu dit senh** Nod, tant cum cadaun de lor tocara, deuon
e an promes tenir e complir e gardar et observar ferm c estable per tos
temps e no venir en contra per lor ui per autra persona en nulh loc ni
en nulh temps. El dit comte promes e autreia per si e per los sos al
predit B. Trencaleon ea son ordenh far e portarbona e ferma gurentia
de si mesis e de totas autras personas homes o femnas, clergues o
laics, qui en cort o foras cort, en jutjament o foras jutjament, deuant
senh. maior o loc tenent de senher o deuant judie delegat o subdelegat
ordenari v^l [sic) extraordenari o deuant qualque autre senher temporal
0 esperital o deuant qualque autra persona, demanda o contest o questio
0 algun embargament Ten fessan o moguessan en alguna maneyra oen
algun temps, en obligament de si e de son hered e de son orden e de
tots SOS bes mobles e no mobles presentze avieders,on que sian, luenh
0 pres, per tos Iocs.
E per tot aysso tenir e gardar e observar ferm e estable per los temps
e no venir en contra, jura lo predit senh*" comte de son bon grat sobre
sans Euangelis de Diu tocats corporalment ab sa propria man dextra.
Actum, requisitum et concessum fuit hoc apud Malum vicinam
supradictunj die jovis proxima ante festum nativitatis beate Virginis
Marie mensis septembris presentibus testibus domino Augerio de Tilhelo
officiali Auxitano, domino Rogerio de Montefalcone, domino Guilhelmo
Arnaldi de Montaldo canonicis Auxitanis, domino Raymundo Arnaldi
de Larrama canonico Vasatensi, domino Guilhelmo Arnaldi de Lamota
archidiacono Gavaldensi in ecclesia Vasatensi, domino Elia Talai-
raridi vicecomite Leomanie, domino Arnaldo de Marmanda, domino
Augerio de Podio Bardac, domino Bertrando de Galardo, domino
Bernardo de Forcesio^ domino Vilale de Filartiga militibus, Arsivo
de Galardo, Vitale de Filartiga domicellis, et pluribus aliis nobilibus et
bonis personis et me Guilhelmo Bee canonico (?) et publico notario
Condomiensi qui ab omnibus prediclis partibus hoc presens negocium
et factum tangentibus ad hoc et super hoc ex meo officio fui vocatus et
cum instancia rogatus et de mandato et volunlaleque (sic) assensu
utriusque partis ad instanciam et requisicionem earumdem parcium
predicta omnia et singula in publicamformam redegi et de eisdem unius
ejusdemque substancie (?) duo publica inslrumenta recepi, feciet scripsi
et signo meosignaviin testimonium premissorum anno domini M. CO.
nonagesimo primo, regnantibus illustrissimo domino Philippe, rege
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- 303 -
Francorum, domino Eduardo rege Anglie duceque Aquitanie, et
religioso vii;o domino Amaldo Othone abbate Condomii existente.
In cujus visionis et inspeccionis in (sic) testimonium et ad majorem
roborem, firmitatem omnium premissorum, nos senescallus predictus,
sigillum quo utimur in senesealUa nostra predicta, autentice buic
presenti Vidimus apponi fecimus et appendi. Actum et datum et sub
sigillo nostro sigillatum fuit hoc apud Condomium IX die mensis
januarii, anno domini M*' CCC*' XXX p°.
Facta est collacio cum originali per me Raymundum de la Cassanhola
notarium Aginnensem.
Facta est collacio per me Martinum (?) de Benela notarium.
NOTES DIVERSES
CCCXX. Un fragment de saroophage Chretien trouv^ 4 Oacarens
Tous nos lecteurs apprScieront, par les dorniers mots surtoat, Textr^e
importance de la communication suivante, faite i F Academic des inscrip-
tions et belles-lettres dans sa seance du 13 avril dernier :
« M. Le Blant fait une communication sur un monument que, grace k
I'indication de M. Lavergne, vice-pr6sident de la Soci6te historique de
Gascogne, il a trouve chez M" Cournet, h Cacarens, arrondissement de
Condom. C'est une plaque ^paisse de marbre blanc; au revers de cette pi^,
qui a et^ taill^e, est trac^ au trait une grande croix pattde. Le bas-relief
qui occupe la face paralt provenir d'un saroophage Chretien. II represente
Orphee assis, v^tu de la tunique, da manteau^ des anaxyrides, coilt^ da
pileus phrygien et jouaut de la lyre. Pr^s de lui, devant un palmier, sent
deux moutons. La partie gauche du sujet manque.
» On salt, ajoute M. Le Blant, que les premiers Chretiens voyaient dans
la fable d'Orphee attiraiit k lui les anlmaux une allegoric du Christ appe-
lant tous les peuples a la foi nouvelle. Les ^rits des P^res et les artistes
popularisaient cette pens^ corame le prouvent les reproductions qui se
Irouvent dans les catacombes deRome. Si, comme il est probable, ce frag-
ment provient d'un saroophage^ ce serait la premiere representation de ce
sujet que nous aurions en Gaule (1). »
(1) Journal ojflciel du 15 avril 1894.
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NOTES BIBLIOGRAPHIOUeS SllR LA LITURGIE D'41'CH
A LA PIN DU XV SIBOLE
En regard du ni(5raoire de M. Claudin sur les Origines de
Vimprimerie a Auch, dont les lecleurs de la Revue de Gascogne ont
pu nagufere (1) gouter la pr6cieuse Erudition, et bien au-dessous de ce
beau Iravail, nous croyons devoir placer les notes suivantes, extraites
de documents tous in^dits, sauf un seul.
Dans son testament du 21 mai 1482, M« Fortanier du Chemin,
pr^bendier du chapitre de Saint-Pierre de Vic-Fezensac, ^tablit, en
faveur de la chapellenie de Coquuty dont il 6tait titulaire, le legs que
voici : « Item legavii dicte capellanie (de Coquut) unum breviarium
munitum diversarum scripturarum pro deseroiendo capellano dicte
capellanie. » Un codicille du m^me jour reproduit le m^me legs dans
ces termes l^g^rement differents : « Item legavit dictce capellanice
unum breviarium scriptum diversarum linearum, »
Pen de temps apr^s^ le 17 aout 1482, M« Guillaume de Aug6, 6ga-
lement pr^bendier de Vic-Fezensac, institue cet autre legs : « Item
legavit dno Bertrando de Cotene, presbitero Vici, quemdam librum
suum nuncupatum specialem Misse quem impignoravit dno Arnaldo
de Bono pro medio scuio, »
Ces deux testaments portent encore les mentions suivantes : « Item
legavit (G. de Aug6) Petro clerico et servitori auo unum psalterium
pergamini grossum quod habet. » — « Item plus legavit (F. du
Chemin) dnis canonicis Ecclesice collegiatce B^^ Petri de Vico unum
psalterium novum quod erat a dno Sancio de Blandino presbitero
Vici habitatore. »
Ces divers lextes font au moins presumer que nos livres liturgiques
imprimfe n'^taient pas encore connus en 1482 : ce qui confirme les
donn(5es des documents cit6s par M. Claudin, d'apr^s lesquels ces livres
n'auraient i\& livres k Timpression que vers la fin de 1486 ou le com-
mencement de 1487.
En ce qui touche le Specialis Misse, Special ou Propre de la Messe,
qui 6tait sans doute une r^uction du Missel proprement dit ne conte-
(1) Reoue de Gaseogne, Janvier 1894, p. 5 et suiv.
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— 304 ^
nant que TOrdinaire de la Messe et peut-6lre le Propre du Temp8y le
texte ne dit pas qu*il fut manuscrit. Faudrail-il voir dans ce SpecialU
Misse un premier essai d'impression de Missel? Nous nous con-
tentons de .poser la question, n'ayant aucune competence pour la
trancher.
Quant au Psalterium ou Vesp^ral, il est Evident qu'il faut itablir
une difference enli'e le psalterium pergamini grossum de M* G. de
Auge et le psalieruim novum de M*^ P. du Chemin. Le premier etait
^videmment un manuscrit sur parchemin et d'un assez grand volume.
Nous poss^dons nous-m6me quelques feuillets in-f<^ d'unlivrede chant
manuscrit qui appartint jadis au Chapitre de Vic et qui dut, en son
temps, voisiner de trfes pr^s avec \t psalterium grossum de M®de
Auge. Mais, sur le second, il nous semble bien que la question se pose
de savoir s'il etait imprim^ ou non. Car le texte dit : psalterium
novum, et, par ce dernier qualificatif, note soigneusement Topposition
avec les psalterium anciens ou vieux. Novum signifie-t-il neufoxi
nouveauf Si Ton adopte cetle seconde acception, et rien, croyons-nous,
ne rinterdit, on peut reconnaltre alors dans ce psalterium novum
une oeuvre de Tart nouveau de Timprimerie. Nous aurions done
retrouv6 ici des livres auscitains de chant liturgique imprimfe avant
1482.
Mais continuous k lire le testament de M*' Fortanier du Chemin :
« Item plus legavit dictis dominis canonicis Vici Expositiones
Evangeliorum et alios pios libros quos habet, ut dicti domini cano-
nici teneantur celebrare unum obitum pro anima sua parentumque
suorum et omnium Christijidelium defunctorum ac unam missam
altam cum diacono et subdiacono et officium defunctorum cum
pulsatione campanarum et aliorum in similibus fieri consuetorum,
et in die vigilice B^^ Bartholomcei, apostoli. Voluit et ordinavit
predictus testator, qudd si dicti domini canonici de iis non conten-
tentur, qudd non habeant libros (1). »
Quels etaient au juste ces livres, et surtout ces Expositiones
Evangeliorum, nous Tignorons. Mais, si ce dernier ouvrage est un
incunable d'avant 1482, le fait serait int^ressant i noter.Ennous mon-
trant des livres imprimis dans la biblioth^que de notre pr^bendier de
Vic, il marquerait certainement un des premiers pas de riinprimerie
dans notre region.
(1) Tous ces textes sont du reglstre de Ponsan, notaire de Vic-Fezensac, en
r^tude de M' Auxion, k Vic-Fezensac.
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— 305 —
Un point sur iequel les renseignements font ddfaut dans le travailj
d'ailleurs si complet, de M. A. Claudin, c'est le prix de ces antiqites
volumes liturgiques, et leur diffusion. Le texte suivant, qui a 6chapp6
aux investigations du savant bibliophile, nous foumit k cet 6gard des
renseignements surs. Nous I'empruntons k un compte de la Fabrique
de r^glise Saint-VincentdeBagnferes-de-Bigorreen 1495 : € Item plus
compran loa obres (les marguilliers-oarr/crs) de la glUia (Saint-
Vincent de Bagnires) Van mil \m^ xc vii (1497) ires missals de pape
en empressura de la orde de Auxs e de Roma, lo hun costan la
soma de vii escuts petiis (1). >
Le Missel d'Auch en 1497, trfes pen de temps apr^s sa publication,
coutait done 7 6cus petits. Or, k cette 6poque, sept tens petits n'itaient
point une mince affaire. L'teu petit valant 26 sols, celafaisait 212 sols^
lesquels multipli^ par 30 (2) et rMuits ensuite en livres ou francs
donnent 318 francs de notre monnaie.
Nous apprenons encore par ce document qud le Missel d'Auch s'itait
Ai\k r6pandu dans le diocese de Tarbes et, probablement aussi, dans
toute la province.
Enfin, il est k observer que le Compte pr&iti de Bagnferes-de-
Bigorre parte de Missels d'Auch imprimfe t en pape ». Rapprochons
maintenant de oe texte celui dont a parl^ M. TabbA Dubarat dans sa
belle Introduction du Br^tiaire de Lesear de 1541 et ou est mentionnA
le Missel de Dax imprim^ avant 1506 sur papier et sur parchemin. Les
exemplaires de ce dernier ouvrage liturgique tir6s sur parchemin itaient
beaucoup moins nombreux et beaucoup plus chers que ceux sur papier.
L'attention que les marguilliers de Bagnferes mettent k mentionner que
les Missels d'Auch achetfe par eux itaient imprimis sur papier, nous
parait marquer d'une fa^on certaine qu'il y eut aussi des exemplaires
de notre missel tir6s sur parchemin, ainsi qu'ii Dax. Mais, jusqu'k ce
jour, aucun de ces exemplaires n'a 6t6 signal*.
A. BREUILS.
(1) Soucenir de la Bigorre, 1885, p. 291.
(2) On salt, en eflet« que d'apr^ Festunatlon flx^e par M. Luchaire, pour
r^poque indiqu6e, dans son savant ouvrage Alain-le-Grand, sire d^Albrct
(Paris, 1877), c'est le multiplicateur 30 que Ton doit adopter afin d'^valuer les
prix de la fin du xv« si^cle d'apr^s les mdmes prix de nos jours.
Tome XXXV. 19
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LETTRES IN£DITES DU CARDINAL D'OSSAT*
(Suiie)
III
An m8me (1)
MoQseigneur,
Je receus hier au soir la letlre qull vous pleust m'escrire de la
Scarpr6e (?) le 28 Janvier et ice matin ay rendu en main propre le petit
paquet qui Taocompagnait et le seigneur k qui il s'adressoit m'ha dit que
je retoumasse pour la response sur YAve Maria, ce que je ferai Dieu
aidant. Et s'il me la bailie, je vous la remettray avec la pr^nte.
. Je vous envoie en une lettre k part ce qu'il vous pleust me demander(2)
quand je prins cong^ de vous envotre cabinet le jour que vous partistes
de ceste ville, ainsi que vous vouliez aller k table pour disner. Je ne
I'ai pu faire faire en ceste lettre, pour ce que je ne me suis voulu fier
d'un autre qui eust eu meilleure main, mais ce seroit peu de chose que
la main, si le contenu valoit quelque chose. Conmie je comprins que
cet ^rit seroit mis devant vos yeux, je me f usse tr^s bien gardi de
pr&umer cette chose si vous ne me Teussiez express6ment command^
Je n'ai encore pu faire le d^partement des villes et places : je suis bien
aise que je pourray meltre du bon cost6 Meaux et avant Aix en Provence
quand le Parlement dtelara Sa Majesty Roy de France par arrest, le
septifeme jour de Janvier, qui f ut la premiere s&moe aprfes les festes de
Noel. L'Evesque d'AvignonTha ainsi escritau Papeet vous le pourpez
avoir entendu d'ailleurs.
Celui qui sollicite Taffaire, dont M. de SoboUes vous ha escrit, vous
escrit que s'il n'eust 6t6 aujourd'hui, jour de Chandeleur, comme il
eust 6t6 sans la feste de sainle Agalhe qui s'y est rencontrfe : je vous
en eusse pu envoyer Texp^dition ce soir, ce que je ferai la semaine
(•) Voir la livraison de mai 1894, p. 245.
(1) Bib. Nat. Mss. F. fr. 3,622, f 47 et s.
(2) II s'agit ici de la lettre pr^c^dente ou peut-Stre d'un M^moire italien qui
devait 6tre prdsent^ au Pape par le due de Nevers. Ce m^moire, donl rorigioal
86 trouve aujourd'hui k la Bib. Nat. Mss. F.fr. 3,989, £• 108 aurait ^t^ r^ig^ par
d'Ossat; 11 est dat^ de f^vrier 1594. Voir notre ouvrage, p. 92.
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— 307 —
prochaine. Quant k rbomologation du contract d'eschange fait pour la
justice de Saint-Estienne, TexpWitionnairequi Tha autresfois soUicit^e
appel^ Loirenot est all^ en Lorraine, et je suis aprfes k sgavoir d'un qui
estoit son substitut,appel6 Frangois Dassimon, k quoi il tint qu'on ne
la peust obtenir,et aprfes cela voir les moyens delesver rempescheraent
ou de poursuivre les deniers arri6r6s selon que je trouverai Atre plus
expedient et je vous en fcriray ce que j'en auray apprins, par toute la
semaine prochaine, et vous aurez la fagon comme le Pape ha permis k
M. le cardinal de Gondy de venir k Rome. Et y en ha qui croyent que
ceux (1) qui arrivferent ici le jour que vous en partites ayent aid6 k
ceste permission, pour le d^ir qu'ils ont d*attacher ici prte du
Pape quelque machination touchant les choses de France par le
moyen dudict Seigneur Cardinal, lequel est trop ami et trop bien zi\i
au bien du royaume pour se laisser tromper par eux,et trouvera encore
id quelqu'un qui lui en dira son avis, qui sera en somme qu'il fault
croire qu'ils ne font rien k bonne fin et qu'il se fault douter de tout ce
qu'ils font et disent. Je pense ne me tromper point en croyant, comme
je fais, qu'ils voudroient en apparence ordir une n^ociation d'un
accord ginfiral en Rome avec une personne qui futconfidente du Roy,
sous couleur d'escrire quelles formules le Pape debvra demander pour
la religion catholique et pour les choses de la Ligue, et faire durer ceste
fraische n^ociation le plus qu'ils pourroient pour plusieurs leurs
intentions : premiirement pour, sous le manteau et apparence de ceste
n^gociation, couvrir leurs longs services prfes du Pape et leur vraye
B^ociation avec Sa Saintet^ et avec les Hespagnols, touchant I'^lection
de Monsieur de Mayenne et le manage de I'lnfante d'Espaigne avec
son fils, et les grands secours qu'ils attendent d'ici et de Ik; seoonde-
ment sous ce bon pourparler de paix k dresser k Rome^ endormir les
deux partis en France et obtenir sous I'autorit^ du Pape et par la per-
suasion de la personne confidente du Roy qui vint ici tresve de Sa
Majeste et puis continuation autant qu'il leur plaira; et empescher les
villes de leur parti par ceste vaine assurance de paix de s'accomoder
avec Sa Majeste; tiercement faire cependant tout k leur aise leurs bri-
gues, entrelenant toujours les ivesques de ceste fraische n^ociation et
donner temps k la longueur espagnole de se reprendre et de dresser son
arm6e tout k loisir et i sa mode accoustumte, et cela pour avoir deux
cordes en Tare, et si enfin les Hespagnols ne vouloient bailler lad.
infante, ni les villes de la Ligue attendre que I'ambition de leurs chefs
(1) Le cardinal de Joyeuse et le baron de Senecey. Voir notreouvpage,p. 104.
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— 308 —
fust assouvie, en ce eas se servir du feint pourparler d'accord comme
s'ils n'avoient pas pens6 k autres choses et le continuer et poursuivresi
bon escient, et pour Tautorit^ de Sa Saintete, qui est partie comme eux,
faire les conditions de Taccord, aussi longues et larges et grasses qa'ils
vouldroient et les plus courtes et restives et maigres pour le parti du
Roy que faire se pourroit. En somme M. de Mayenne, qui ha confirm^
tous ces artifices en France, n'y pou vant plus tirer les choses en longueur
de soy mesme a insist^ et machine icy pour y parvenir par le moyen et
soubz Tautorite du Pape : sachant combien le Roy et les catholiques
qui assisteut Sa Ma jeste ont du d^sir de s'accomraoder avec Sa Sainteti.
Mais je m'asseure que quand il n'y auroit que vous, Monseigneur, et
vous seul a empescher ces desseins vous ferez aller en fumfe toutes
cesfaQons defrondeurs et procedures cauteleuses, exhortant Sa Majesty A
continuer i bon escient la guerre sans aucun tresveet k donner luy-mtoe
la paix k ses gubjets, qui la vouldront, k conditions raisonnables et bien
nettes,et adyant que monsieur le cardinal de Gondy arrive k Rome, il
SQaura, Dieu aidant, ce que dessus et sera en luy d'adviser s'il debvra
exclurCiCes Messieurs icy dfes les premiers propos qu'ils luy viendront,
en lejir disant que comme il n'ha nulle charge, aussi il ne s'en veult
nuHement mesler; ou s'il debvra feindre comme eux et montrer de les
croire, et cependant faire ce qui sera du debvoir d'un bon Francis.
A tant je vous supplie tr^s humblement d'excuser ceste mesme
indiscretion du z^le que j'ay au bien de ma Patrie et au service de mon
Roy et k ce que vous soyez Addlement averti des intentions de ceux de
par icy que j'ay obliges parde bonnes conjectures qui seront Irop longues
k racompter, et prie Dieu qu'il vous doint, Monseigneur, en parfaile
sante trfes longue et tr6s heureuse vie.
De Rome, ce 7 f^bvrier 1594.
Votretr&s humble ettres obeissant serviteur. A. d'Ossat.
IV
Au m3me(l)
Monseigneur,
Par une autre lettre k part, que je viens de vous faire, vous verrcz
comme Taffaire dont M. de Sobolles vous avoit escrit est r^ussi. J*esp^re
sous peu donner advis pour Tautre partie k M, Francois Dassimon
(1) Bib. Nat. Mss. F. Ir. n« 3,622, ^54 et s.
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qui a est6 substitut de monsieur Loirenot, duquel Dassimon je n'ay rien
pu apprendre de ce que je d^sirois touchant rhomologation du contract
d'eschange que vous avez fait avec les prieur, religieux et convent de
Saint- Estienne; k sgavoir i qui il avoit tenu qu'elle n'avoit est6 exp6-
di^ k la sollicitation dudit Loirenot qui en avoit charge; pensant que
led. Dassimon s'estoit j& parti d'avec led. aultre moyen et ]e feray du
mieux qu'il me sera possible. Cependant il vous envoye le dinombre-
ment des villes et places que je debvois vous envoyer. Au demeurant
Monsieur le cardinal de Gondy est arriv6 aujourd'huy en ceste ville,
ecavoir le 22 Janvier^ et est allS baiser les pieds du Pape le 24. II est
bien loin de se laisser tromper par ceulx dont je vous escrivois par le
dernier ordinaire, car il en ba aussi mauvaise opinion et s*en deffie
autant qu'un aultre : quant k moy je me confirme tousjours en ceste
opinion, que apr6s qu'ils auront tAch6 en vain d'assouvir Tambitionde
celuy qui les ha envoy^s, si ils voyent qu'il buste mal en France pour
eux, et qu'il faille parler i bon escient d'accord, corame d6s ceste heure
ils voudroient commencer d'en parler pour la fin dont je parlois en ma
demifere lettre, ils s'attendent k traiter ledit accord auprfes du Pape et
faire demander par Sa Saintel^ ce que en frferes et confreres, de diput^s
k dipuiis ils n'oseroient ou auroient honte de demander : tant pour
les conditions que pour \es secrets dudit accord. Mais le pis est que par
cette interposition du Pape (pour le moyen duquel ils vouldroient
encore faire entrer en Taccord le Roy d'Espaigne) et par la conclusion
d'un accord g6n(5ral, ils tendent k deux choses, qui seroient de grand
prejudice k la couronne et au Roy et a toute ^a maison royale; Tune k
tenir debout et en son enlier le parti de la Ligue, voire aprfes la paix
faicte et par ce moyen le royaume divise et mi-parti; Taultre k maintenir
la personne de monsieur de Mayenne en la bonne grace et en la bonne
opinion du Pape et du Roy d'Espaignie et lui continuer tousjours les
intelligences qu'il ha preseutement avec eulx, afin que aussi bien en
temps de paix comme de guerre il demeure chef du parti et puisse
interposer la puissance et autorit6 royale et s'y opposer quand bon luy
semblera, soubs les beaux pr^textes et par les mesmes appuis et faveurs
qu'on ha pris par cy devant.
Ainsi luy voudroit-on par mesme moyen conserver entiferes les provi-
sions qu'il avoit faites pour son exaltation, afin que si par la mort du
Roy ou par quelque aultre faict, il se pr6sentoit occasion de monter
plus hault, il n'aye rien perdu et setrouve autant de moyens toutpr^ts
et pour agir de longue main. C'est pourquoy, Monseigneur^ je propose
icy plusieurs accords particuliers comme plus expWiens au Roy et ila
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— 310 —
couronne et au bien et au repos de tout le Royaulme; et s'il faDoitfaire
un trait* d*accord g^niral, qu'il le fault faire en France et pas i Rome,
et qu'il sera meilleur qu'il se fasse par monsieur de Mayenne pardelli,
sans le Pape ni le Roy d'Espagne. Ce vous saurez trop mieux disoerner
plus habilement que moy ne sgaurois penser; mais le zfele que j'ay an
bien public me pousse ainsi souvent k cette indiscretion que votre
humanity et bont6 excusera.
Et jeprierai Dieuqu'il vous doint, Monseigneur, en parfaicle sanle
trfes longue et trfes heureuse vie.
De Rome, ce 12 fivrier 1594.
Votre trfes humble et trfes obdissant serviteur. A. d'Ossat.
Au memo (1)
Monseigneur,
Je vous escrivis samedy, 12 jour de ce mois, par la voie de Venise et
vous envoyai Texp^ition dont Monsieur de Sobolles vous avoit escrit,
et le dtoombrement des villes qui tiennent en France pour le Roy d'un
cost6 et pour la Ligue d'un aultre.
Maintenant, je vous envoye par la voye de Mantoue les deux passe-
ports que Giacomo Mandolo vous avoit bailies et un troisiesme qu'il me
layssa quand il partit de ceste ville pour Naples. Je les ay pli6s k part
et les ay cottfe, le premier de la letlre A, le second de la lettre B et le
troisifeme de la lettre C. Et i present de ce qu'il vous avoit pleu me
demander, il ne me resle plus que le contract d'eschange fait avec les
prieur, religieux et couvent de S.-Estienne de Nevers qui est un affaire
de plusieurs jours, et comptez que j'y feray tout ce qui sera en ma
puissance, comme en toute aultre chose qui appartiendra a votre
service.
A tant je prie Dieu qu'il vous doint, Monseigneur, en parfaicte santi
trte longue ettrfes heureuse vie.
De Rome, ce 16 febvrier 1594.
Votre trfes humble et trfes ob^issant serviteur. A. d*Ossat.
(1) Bibl. Nat.. F. Fr., ». 3^22, p 6Q.
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VI
Au mdme (1)
Monseigneur,
Je receus bier.au soir la leltre qu'il vous pleust m'escrire d'Isco le
17 de ce mois et vous baise tres humblement les mains de la souve-
nance et bonne affection dont il vous plait m'honorer sans aultre m^te
que de vous estre trfes bumble et trfes d6vou6 serviteur que je seray
toute ma vie. J'ay parl6 ce m^tin au seigneur dont vous me faictes
mention et luy ay dit ce qu'il vous avoit plu me mander. II s'en est
tenu fort honor6 et vous en remercie trfes humblement et m'ba faict
redire par deux fois la date de votre lettre que je tenois en ma main
quand je luy parlois^ et s'estant enquis dans combien de temps vous
pourriez arriver vers le Roy, il m'ha dit que s'il luy venoit occasion
de vous escrire, il m'envoyeroit ses lettres; et que cependant je vous
escrivisse que vous n'aviez point en Italic ni ailleurs serviteur plus
bumble ni plus zili qu'il est vostre. Au demeurant, les envoy^s qui sont
icy pour la Ligue, aprfes avoir vu le cours que les choses de France
prennent, ont chang6 de ton et supplii le Pape de s'inlerposer pour
faire une paix. Et Sa Saintete leur ayant demand^ leur dire parescrit^
lis le luy ont envoys de la teneur que M. d'Elbfene (2) vous Tenvoye.
II y ha cela de bon : premiferement qu'ils y disent leur Conjiteor,
recognoissant certaines choses qu*on n'ha jamais voulu croire k Rome
quand ceux du cost6 du Roy les y ont dictes, k sgavoir que Ja France
ne peult plus durer au present estat auquel lesguerres I'ont rWuicteet
qu'il est ndcessaire de pourvoir &ce quelesd. guerres finissent pour
ce que nos seditions n'ont servi jusques ici et ne servent encore aujour-
d'huy que de miner la Reh'gion catholique et TEstat : qu'il n'y ha plus
moyen de venir k bout du Roy, n'y d'empescher qu'il ne rfegne : quel-
que efifort que le Pape et le Roy d'Espagne voulussent faire, et que le
seul moyen de mettre fin ^ nos troubles et k tant de maux et calamity
c'est la paix. Secondement, leurs fins et intentions d'amuser les villes
et seigneurs qui se ddclarent mettre du costidu Roy, d'obtenirde grands
(1) Bibl. Nat. Mss. F. Fr, n» 3622, ^ 169 et s.
(2) AJexandre d'Elb^ne ou del Bene, gentilbomme fran^ais, issu d'une famille
d'origine italienne, r^sida quelque temps ^ Rome (1589-1595) comme agent de
Nevers et s'y employa, de concert avec d'Ossat, k disposer les esprits en laveur
de Tabsolution. Voir lettre suivante.
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— 313 —
tr^TS de Sa Majesty, d'avoir par le moyen du Pape toutes sortes d'ad-
vantages^ de maintenir puissant aprte la paix ie parti de la Ligue vive
et active avec toutes ses intelligences avec les Strangers, et telles autres
y sent insirtes si clairement que Sa Majesl6 et ses bons serviteurs n'au-
ront point besoin de commentaire pour les entendre.
Et vous trouverez que je ne me suis point trompi en ce que j'avois
conjecture de leurs desseins et que Tantidote en avoit ^t^ propose advant
qu'ils n'eussent diveloppd leurs escrits, car ils ne tinrent led. propos
an Pape que le 14 de ce mois et le lui impos^rent par escrit le 19.
A tant je prie Dieu qu*il vous doint^ Monseigneur^^n parfaicte sant6
trts longue et trfes heureuse vie.
De Rome, ce 26 mars 1594. *
Votre trfes humble et trte obeissant serviteur. A. d'Ossat.
Avant votre dernifere lettre de Mantoue, je vous demandois les cinq
sols que j'avois payez pour Texp^tion de M. de SoboUes.
VII
Au mdme(l)
Monseigneur,
La lettre qu'il vous pleust de m'escrire du camp devant Laon, le
!24juillet, m'batesmoign^deplus en plus rhumanit6etbont6dontvous
temp6rez votre grandeur. Je recognois en moy n'avoir m6rit6 en sorte
du monde que un si grand prince feist aucune mention de moy au Roy
ni k personne de Messieurs de son conseil, et moins qu'il me moyenast
aucun bien et honneur envers eux. Mais puisque, de votre grace,
comme je voye par ladicte lettre, il vous hapleu user de ceste surabon-
dance de bonti, je ne puis sinon que, avec toute humilit6 et gratitude,
recognoistre celle obligation, et desire quelque bonne occasion de vous
en rendre tr^ humble service comme sans cela j'y estois desj^ ivhs
affectionnS et oblige et m'y efforceray do tout mon pouvoir, toute ma vie,
Le persounage auquel vous me commandiez de bailler le billet cy
inclus est depuis environ un mois ou six sepmaines alle en Hongrie &
la guerre centre le Turc, en compagnie du seigneur don Virginio
Crisino et je n'ay pas estim6 debvoir fier ledict billet k personne pour
le luyenvoyer, non pas mesme h son frfere,et partant je vous renvoye
(1) Bib. Nat. Mss. F. fr. »• 3,991, !• 179 et s.
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— 313 —
ledict billet. Quant aux occurrences de degSt, le sieur Alexandre d'Elbfene
qui va et pratique gi et Ik plus que je ne fais, vous en pourra aussi trop
mieux escrire que moy. Aussi ne sont-ce la pluspart que mauvais
offices que les Hespagnols font par degk au Roy, choses qu'on ne peult
empescher et qui n&ntmoins sont rendues vaines par la perseverance
de Sa Majesty en la religion catholique et en la reduction de ses subjects
k son ob^issance, dont aprfes Dieu depend tout ce que sa dicte Majestd
pourroit desirer d'icy et d'ailleurs.
A tant je prie Dieuqu'il vous doint, Monseigneur^en parfaicte sant6
trfes longue et trfes heureuse vie.
De Rome, ce 5 septembre 1594.
Votre trfes humble et trfes obSissant serviteur. A. d'Ossat.
Vlll
Att mdme (1)
Monseigneur,
. Le seigneur Virginio della Mentana (2) auquel j'ay faict la response
qu'il vous avoit pleu me commander dit que Thomme ne veult point
estre congneu en sorte du monde et che a questo non occorre pensarci.
Et quant aux advis ils seront mis fes mains de qui il Vous plaira
ordonner, non par ledict homme, mais par main tierce, qui ne sgaura
rien du contenu,ni pour qui ce sera. Et quant k luy Virginio, qu'il vous
ha propose cecy pour le zfele qu'il ha k votre service comme une chose
de trfes grande importance et une trfes belle occasion qu'il ne fauldroit
se laisser eschapper des mains et qu'il d^siroit sgavoir advant que
partir demain si il vous plaira d'y entendre.
A tant je prie Dieu qu'il vous doint, Monseigneur, le bon soir et en
parfaicte sant6 trfes longue et trfes heureuse vie.
Votre trfes humble et trfes ob^issant serviteur. A. d'Ossat.
28 d^cembre 1594.
(1) Bib. Nat. Mss. F. fr. n» 3,991, f 196 et s.
" (2) D'Ossat parle encore de ce personiuige dans une lettre h Villeroy du 28
f^vrier 1596; k cette ^poque cct Italien servait en France comme g^n^ral de la
cavalerie ^trang^re. Virginio della Mentana — Amelot ecrit di Lamcntana —
^tait fils de Latino Orsino, qui avait pass^, dit Amelot, pour un des plus grands
capitaines de son si^cle.
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— 314 ~
IX
Att m6me (1)
Monseigneur,
Par la letlre qu'il vous pleust m'escrire par le courrier Valerio da
dernier de febvrier, j'ay veu comme la fa^on dont je m'eslois comporte
en Taffaire qu'il avoit pleu au Roy me commettre ne vous avoit point
despleu; ce que je prends d'un si grand et si digne prince i grand
consolation et honneur et en loue Dieu de tout men coeur, me senlant
en oultre grandement honor6 et oblige k vostre bontd de la faveur et
protection qu'il vous plait me d^partir par del^ et priant Dieu qu'il luy
plaise m'en rend re digne et me donner moyen de vous rendre une
partie du tr^s humble service que je vous doibs. Nostre Sainl-Pfere ha
est6 trfes aisede la r&olution que le Roy ha prinse d'envoyer en brief
monsieur du Perron, et larde beaucoup k tous les siens qu'il ne soit
icy, et j'ai entendu que monsieur le cardinal Toleto ha diet que lorsque
vous estiez icy, il vous dist que le melon n'estoit point encore meur,
mais qu'il est meur k present. J'ay dicti celuy qui me Ta rapport6 que
j'ay opinion que le melon soit meshuy trop faict et qu'il eust est6 meil-
leur pour eux qu'ils Teussent prins en sa vraye saison comme vous
le leur pr&entiez. Quand les lettres que le courrier Val6rio ha portfes
arriverent icy, nostre diet Sainct-P^re e«Jtoit indispose des goutes, qui
fust cause que je dis k monsieur le cardinal Aldobrandin ce que j'avois
en charge. Et aprte que Sa Saintei6 ha est6 garie, j'ay eu audience
d'Elle(2), le 12 de ce mois, ou, apr^s luy avoir parl6 de la part du
Roy, je lui baisay les pieds de vostre part, et luy dis que vostre zfeleau
bien du Sainct-Si^e et de la France estoit si grand qu 'encore que vous
eussiez ordonn«^au sieur Alexandre d'Elbfene de parler^ Sa Sainctet^,
toutesfois, sur quelque occasion que vous en aviez eue, en respondant
k mes lettres, vous m'aviez encores commande k moy de la supplier
trfes hurablement de vouloir acc616rep la reconciliation du Roy avec
Elle,autant comme elledesiroil Tadvancement de la Religion et lapaix
et conservation de la chrestient^. Et sur cb je luy exposay ce qui, avec
tant de prudence, est deduict en vostre dicte leltre de la faiblesse du
Roy d'Hespagne; de Teslat auquel sont r^duicts les princes de la Ligue;
de rimpossibilit6 de faire ce que aulresfois on s'estoit propos6; des
(1) Bibl Nat. Mss. F. n- 3,992, t> 94 et s.
(2) D'Ossat fait le r^cit d^taill^ de celte audience dans sa lettre au Hoi du
14 jtvril 1595.
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-. 315 —
maux qui sont adveaug d'avoir retard^ ladicte reconciliation, comme
vous lui aviez predict, et de ceux qui pourroient encores advenir si Elle
diff^it d'advantage et k la fin je luy dis que vous suppliye2 Sa
Saintet^ de prendre le tout en bonne part et en exteution du comman-
dement qu'il vous avoit faict de lui escrire. Toutes lesquelles choses
nostre diet Sainct-P6ie escouta fort atteutivement et me respondit qu'il
se souvenoit que vous luy aviez autresfois escrit et fait dire choses
semblables, qu'il les avoit bien nottes et faisoit grande estime de votre
prudence et z6\e, qu'il estoit trfes dispose k faire tout ce qu'il falloit
faire et en moins de temps que faire se pourroit et que I9 retardement
estoit venu de l^, depuis le mois de septembre. C'est4out ce qu'il me
respondit, en quoy j'estirae qu'il fust plus brief qu'il n'eust ii& parce
qu'il m'avoit ji declare sa bonne volenti en respondant k ce que je luy
avois diet de la part du Roy. Au demeurant les Hespagnols se sont si
fort oflfensfe de ce que le personnage du billet est alW en France qu'ils
out fait saisir le bien que sa femme ha au royaume de Naples.
A tant je prie Dieu qu'il vous doint, Monseigneur, en parfaicte sant6^
trte loDgue et trfes heureuse vie.
De Rome, ce 15 d'apvril 1595.
Votre trfes humble et tr^s obiissant serviteur. A. d'Ossat.
{A suivre.) A. D^IGERT.
FOLK-LORE ET LITTERATURE GASCONNE
Almanac PAT0ui:s de l'Ariejo per Tannado 1894, countenen fieiros, courses
de la luno, tout so que cal per ferire a acountenta las gens de nostre tant
aimable pays, coumo proberbis, cansous, countes, istorios. farsos, etc.
Foix, imp. Gadrat. 64 pp. in-16. — Arthur Poydenot. Gascouneries,
couronnees aux jeux f^libr^ens de Montpellier et k TAcademie de Bor-
deaux. 2* 6dition, augm. et annot^e. Bordeaux, imp. A, Bellicr, 1891.
64 pp. pet. in-8*. — Statuts et liste g^n^rale des membres de la Gar-
bare, Society Amicale des Gascons du Gers k Paris. Ann6e 1893. Auchy
imp. G. Foix. 1894. — 52 p. in-8\
L'almanach patois de Foix, d^ji pr^scnt^ aux lecleurs do la Revue^
nous apporte cette annte une provision encore plus riche de litt6rature
populaire, mais ou le gascon a pourtant une part plus petite que Tan
dernier. Ce qui, au fond, n'importe pas beaucoup k nos folk-loristes ;
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— 316 —
ils savent bien que pro\erbes, contes et chansons ne s'arrfelent pas
d'ordinaire^ une frontifere gtographique qnelconque, et sont ou devien-
nent le patrimoine commun des provinces et pays d'une m^me r^on.
Pourtant, en recommandant toutes les series du nouvel almanach, je
ne m'arrfeterai gu^re qu'aux pi^s signal6es par le caractfere gascon de
ridiome. — Le recueil s'ouvre pr6cisement par soixanle-dix ou quatre-
vingt proverbes, souvent rimfe, recueillis par M. Castet, cur6 d'Uchen-
tein, dans la valine de Biros, et di]k publife avec preface de M. Pas-
quier dans le Bulletin de la SocUU ari^geoise de sciences, lettres ei
arts. Tous ces dictons pr&entent, outre leur int^rfit philologique et
« d(5mographique », une vraie utility morale pour les lecteurs du petit
livret populaire; ils sont rangfe sous deux chefs : 1*^ Travail, paresse;
2° Fortune, ambition. On lit, par exemple, sous le premier : Et mano-
brOj qu'a part a'ra obro (rouvrier a part k Toeuvre); — Era oubli-
gatiu, Abant era ^eboutiu; — Et pa dur, Que teng etg housian
segur (Le pain dur fait la maison sure); — Bau mes proujit que
glorio; — Bau mes suda Que trembla, etc. Sous le second : Et qu'a
or Qu'a cor; — Que dejunou ourgulhous Que soupo bergounhous;
— Et qu'ac bouto tout en ung toupi Qu'ac perd tout en ung mayii;
— Dus brasses e santatg Que soun era richesso d'era praubetaig;-^
Et que canto Soung mau espanio. Ce dernier dicton, sauf la marque
du dialecte, est identique k celui dont Aubanel fit sa devise d6s la
publication de son premier recueil : Quau canto Soun mau encanto.
C'est un exemple entre mille de cette difiFusion des formules populaires
que j'afRrmais tout k Theure.
On en Irouverait d'autres preuves dans les 6nigmes (pp. 14-16),
prises pour la plupartdans le Lauraguais, et appel^ en Ari6ge bisco-
biscausos (comme en Armagnac cau^e berdiuse-berdause), Ainsi :
Qu*es acdf qu*es ac6f Soun loungo et bianco, en serbin moun mesire
me soun desfeito — correspond tr^s exactement k Tenigrae frangaise
fort r^pandue : « Belle blanche que je suis, En vous servant je me
detruis. > Le mot est a chandelle ». Je ne puis m'emp^her deciter
encore, k cause de leur r&ilisme pittoresque et malgr^ leur provenance
languedocienne, les deux 6nigmes sur les « ciseaux > et la c lampe k
trois bees » [calhel, en gascon careil) : Tamilho, mamlho, cabilho de
fer^ soun cinq que la menon, n'an que dous elhs; — Beu soun sang
e manjo sas tripos,
Aucune des treize chansons (pp. 17-31) n'appartient k notre dialecte
gascon; mais plusieurs ont leur equivalent dans notre province : une
note de I'Ahnanach (p. 30) lefait remarquer pour une sorte de romance
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— 317 —
que C^nac-Moncaut avail trouvte en B&m; mais le m6me auteur
avait entendu en A^tarac VAse de Mariouriy et m^me dans une legon
meilleure, ce semble, que celle de TAri^ge (p. 21); il est vrai que la
leQon mirandaise elle-m6me porte des signes 6vidents d'une origine
languedocienne.
Parmi les contes, il y en a deux en patois saint gironnais, commu-
nique par M. TabW Cau-Durban. Le c Petit Turluret t est une ver-
sion assez curieuse d'un th^rae bien connu : desobjets enchantes donnes
k un brave gargon qui en perd le b^ndfice par des indiscretions de
langage. L'autre conle est une de ces l^gendes oil saint Pierre et NotrlJ-
Seigneur voyagent ensemble, et oil Tap^tre apprend de son maltre
quelques secrets des voies de la Providence : dans ce rteit, recueilli a
Castelnau-Durban, le gascon est fortement m616 de formes langue-
dociennes.
— C'est encore aux folk-loristes que plaira surtout le petit recueil
po^tique de M. Arthur Poydenot, intituli6 Gascouneries. Ce titre rap-
pelle assez oelui du dernier recueil de M. Isidore Salles et les deux
auteurs sont, je crois, quelque pen cousins. Mais si le pofete de Gosse
parcourt k peu prfes toutes les cordes de la lyre, le ch4telain de Prous-
Montgaillard se contente d'ordinaire, comme le fait pressentir ce joli
mot Gascouneries, de nous offrir les bonnes farces, les piquants traits
de moeurs, les scenes joyeuses, les figures caract^ristiques du pays de
Chalosse, dans le patois local, qui n'est pas tout k faitaussi eloign^du
n6tre que le parler bayonnais. Comme tableaux rustiques, je signalerai
lou mes mourt (mois mort, d6cembre), las bregnes (vendanges),
las mud^res (le d6m6nagement k la Saint-Martin), Comme por-
traits, la GarfouUre ^marchande de gateaux ambulante), lou bH
mouli^, lou casse-can (celui qui invite pour les noces, et qui lire
son nom de la caime surmonl6e d'lme pique enrubannte qu'on lui
offre), lou benazit (le « benoit » ou sacristain), lou bioulounayre,
lou fraier (le barbier), enfin lou sourci^y que je Irancris, pour
donncr quelque id6e, k la fois de la po6sie aimable el facile de
M. Poydenot et de la richesse des donn6es de moeurS locales qu'il
sail y condenser.
Bastart d'an mouli6 de Morgans
E de Daunine la crab^re,
Dap la sou may touts dus bagans (vagabonds),
SouTci6 qu*6re et, ere pouso^re !
Crouchit, fort bil6n, yuste p6c,
Mau bestit d'u bielhe chamarre (blouse a capuchoh),
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^ di8 -
S'espian de tnibfes, taWy m^ {bdgue),
Simple d'esprit e de cors charre [maigre); *
Mks qu'ab^be un mecban poud^
A defaut de ta grane science^
E lou sort dous souns oelhs cad6
Se Tabisen chens mesMence !
Lou can qu'e h6, lou pore malau,
La 16yt que's goaste k la coasine;
Se h6 trop de calou, se plau,
Qu'6 la faate aa hilb de Daunlne t
Remedis qu'an loas medecins
Countre las malausis dou mounde;
Per bira lou sortf lous m6y fins
Qu'an biste perdut lou soun counde 1
Lou Daunin, lou hilh dou mouliS
Qu'^ basut chens trop de malice;
Cramp6(l), se moureich k Thospice,
Qu'aura chance ! . . . Praube sourci6 !
Le pofete landais ne se depart gufere de oe rythme modeste ni de ces
humbles dimensions, si convenables apr6s tout aux tableaux de
genre qui Tout tent6 et qui sans effort nous s6duisent. II aurait pour-
tant au besoin d'autres tons que celui de la pochade la mieux enlev^,
t^moin — j'allais dire sa belle pifece sur lou Nosie Henric, mais elle
est encore, comme elle devait 6tre, dans la note la plus famili^re —
citons plut6t ce joli conte, la Yane dou Yan, qui unit k la naivete
rustique un sincere accent du coeur, et surtout ces boutades de saine
philosophic pratique: lou Destiny Coentes e plasms j A nouste.
— Les pontes vivants sont habitues k ddev ici toute la place aux
morls, k ceux que les 6rudits et les bibliophiles vont d^terrer de loin en
loin dans la poussifere des bibliolhfeques. Le livret annuel de la Gar-
bure nous entretient cette ann^e d*un de ces pontes gascons, du plus
int^ressant de tons peut-^tre et du plus oublie. Je n'ai pas le temps de
parler de la Garbure elle-m6me et du rang trfes honorable qu'elle tient
parmi les « t)iners artisliques et litt^pires de Paris (2); » il suffit de
dire, ce que peu de mes lecteurs ignorent, que cette amicale association
(1) « Habitant une chambre au loyer, miserable. » J'emprunte, et pour cause,
cette explication aux notos que M. Poydenot a eu la bonne pens^e d'ajouter k
la fin de son liyre (p. 53-61) et qui en doublent le prix pour les philologues et les
folk-loristes.
(2) Voir, sous ce titre, un livre curieux d'Auguste Lepage (Paris, Frinzine,
1884); mais la Garbure k peine stabile ue put y flgurer.
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— 3id -
est fond^ depuis plus de dix ans etquechaque ann^ nous Fa montr^
plus nombreuse et plus florissante. Ce qui nous importe, c est que, uon
contents de cultiver, malgrt Tdloignement de la petite patrie, le senti-
ment provincial, nos « garburiers » de Paris s'appliquent k ressusciter
les vieux t^moins de la langueetde Tinspiration des aieux. II y a deux
ans, c'^tait Jean Guiraud d'Astros, le chapelain de Saint-Clar de
Lomagne, Tauteur des Quatre saisons gasconnes, qui obtenait une
notice bien plus pr&ise et plus d^taillte que ses devanciires, malgr6
quelques points encore douteux (1). Cette ann6e, c*est le tour du pofele
plus ancien et « plus oubliA > que j'indiquais lout k Theure, Pierre de
Garros, leyiourda, II y a bien, bien longtemps — quelque chose, hilasi
comnie trente-trois ans r^volus — que je publiais sur lui une 6tude en
dix articles (I) dans un journal dont peu de personnes peut-6tre se sou-
viennent, le Lectourois. La s6rie de ces articles n'existe sans doute
nuUe part, except^ pr^is^ment ou elle avait le plus de chances de se
perdre, chez moi ! II est vrai qu'elle y est parce que Texcellent docteur
Noulet, k qui je I'avais communiqute depuis toute une g^n^ration, a
eu la bonne id^ de me la letourner presque k ses demiers moments.
J'ai done eu le m6rite, si e'en est un, de sonner le premier la cloche
pour ce mort d^laiss^, et je pourrai bien avoir Timprudente coquetterie
de r^^iter cet essai de jeunesse k Toccasion que je vais dire dans un
instant. Mais comme il faudra la corrigeret surtout, malgr^ sa lon-
gueur, la completer! En 1861 je n'avais presque pas de renseigne-
ments biographiques sur le pofete lectourois, et je ne connaissais que
par les biographies sa traduction des Psaumes; les Poesias gasconas
m'occupferent done presque exclusivement : il est vrai qu'il y avait ]k
de quoi s'itendre sans trop risquer d'ennuyer les vrais gascons; on ne
trouverait pas ailleurs que dans les € Eglogues, » qui sont la meilleure
partie de ce vieux recueil, une peinture plus vivante et plus varite du
pays gascon dans la p^riode la plus curieuse et la plus troublde du
seizifeme sitele.
Le rapport de M. Michelet sur la situation actuelle de la Soci^
dont il est tr&orier renferme sur le pofete lectourois une longue et int^
ressante ^tude ou, gr&ce k des recherches pers6v6rantes— dont le m^rite
principal revient, je crois, k notre savant et consciencioux coUabora-
leur, M. Eugfene Camoreyt, — la biographic positive du fils aln6 de Ber-
(1) Je voulais dire quelque chose ici — trop tard d^jk — de cet iDt^ressant tra-
vaU de M. Michelet; mats je ne le retrouve pas sous ma main, et il sera
rheure d'en parler ew pro/esso quand viendra la f^tepr6par6e k Saint-Clar pour
rinauguration d'un buste en llionneur du vieux po^te-ca/)eran.
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I
— 320 —
nard de Garros^ marchand lectoupois, del'avocat toulousain, du laurdat
des jeux-floraux, du huguenot qui f ut avocat-g^niral k la cour souve-
raine de B&irn, se ddgage enfin de la p^nombre cr6pusculaire des
notices jusqu'iei publi^es. Toutefois, Tanalyse trfes attentive des oeuvres
est encore I'attrait principal de ces pages, qyi se ferment sur Tannonee
d'une prochaine r^ition des Psaumea virats en rhyime gascoun
(IbQS) ei des Poesias gasconas {lb&7)f accompagnte de la Pasiou-
rade gascoue (1611) sur la mort d'Henri IV, par Jean de Garros, frfere
cadet de Pierre. II s'agit de tr&ors litt^raires et philologiques de pre-
mier ordre pour la Gascogne^ et de curiosity absolument inabordables
pour les amateurs : il n'existe probablement en France qu'un seal
exemplaire de chacun des trois ouvrages, et je suppose que peu de
personnes ont eu, comme M, F. Taillade et moi, la patience d'en
faire ou d'en obtenir des copies.
M. Alcfe Durrieux, dont on connalt le zfele pour la langue et la litt6-
rature de son pays, ra les mettre k notre port^ dans une Edition de
vrai luxe, sur laquelle je n*ai pas besoin d'insister, puisque le pros-
pectus en a ^t£ adress4 k tons les abounds de la Revue de Gascogne.
Tous les bibliophiles gascons voudront souscrire k cette superbe et
capitale publication. Quelques-uns pourront bien ddsirer une Mition
plus accessible aux petites bourses. D6jk M. Mari^ton, dans la livraison
de la Revue fdibr^enne qui a termini Tannie 1893, r6clamait une
Mition populaire des Psaumes; chez nous, on ferait peut-6tre de pr6te-
rence une demande pareille pour les Poesies gasconnes, ou du moins
pour les Eglogas dont j'ai Ak\k signal^ le caract&re si profondiment
provincial. Mais il s'agit pour Theure d'aider M. Durrieux dans sa
belle et patriotique entreprise, tout en s'assurant la possession et la
jouissance du plus pr^ieux monument poitique de notre passi gascon.
H4tons-nous done de souscrire aux trois volumes qui honoreront si
hautement notre pays et, en particulier, les presses du successeur des
Duprat, de Timprimeur de la Revue de Gascogne^ dont le plus savant
des libraires parisiens saluait demiferement ici lafidilitiauxmeilleures
traditions de son art. L^once COUTURE.
L'abondance des mati^res nous oblige k renvoyer k la liyraison prochaine,
qui sera doable, d'importants articles de bibliog;raphie historique. — Mais nous
deyons au moins annonoer d^ aujourd'hui la r^cente distribution d'un nouveau
fascicule des Archiees historiques de la Gaacogno, depuis V>ngtemps attendu
et qui excitera vivement Tint^r^tdes amis de notre histoire : Audijos.laGabelle
en Gascogne, documents pubU6s par M. Communay. !'• partie (xv-240 pp. grand
in-8v Auch, L^once Cocharaux). Prix : 7 francs.
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CHATEAUX GASCONS
DJE LA FIN DU XIIP SIBCLB (•)
III
LE CHATEAU DU BUSCA
Les personnages dontnous noussommesoccup6jus(}Q'ici,
aiissi bien daas celle monographie du cMteau de La Gardere
que dans les precedenles, appartiennenl tous a la noblesse,
a la gent d'epee, a qui la France dut pendant des siecles son
eclat et sa grandeur. Groupes autour de leur glorieux maitre,
Henri IV, en qui s'incarne le genie de leur race, Thistoire des
Cadels de Gascogne n'est plus a faire.
Les hasards de nos recherches nous metlent aujourd'hui
en presence d'un tout autre type degenlilshommes, ni moins
fiers, ni moins ruses que les precedents, raais cherchanlleur
avantage en dehors du melier des armes el ne reculant devant
aucun scrupule pour alleindre le but propose. Dedaignant la
vie peu intellectuelle des camps, preferant s'adonner aux choses
de respril, comprenant surtout que, dans Tencombrement
de la cour, Theure est passee pour se faire jour au milieu
des nobles et des liommes de guerre, les Maniban arrivent
sur la scene au moment ou un avenir glorieux s'ouvre aux
hommes de loi, et ils n'hesitent pas a se donner tout enliers
a ia magistrature qui les menera a une extreme puissance et
aux honneurs les plus eleves.
Cesl done avec une rare perspicacite qu'ils s'enrdlent dans
les Parlemenls, sentantbien que Tavenirest a ces puissantes
compagnies qui peu a peu tendent a se subsliluer a la no-
(•) Voir la livraison d^ mai 1894, page 225.
Tome XXXV. — Juillet-Aodt 1894. 21
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— 322 —
blesse, et dont la pluparl des membres, par leur origine pres-
que toujours plebeienne^ leur tenue irr6prochabIe, leur amour
de r6quit6, attirent a eux Tinteret etla sympalhie de la nalioo.
Les Maniban font partie integrante^ pendant deux siecles, de
cette caste nouvelle qu'on nomme les Parlementaires et qui
constitue une sorte dintermediaire entre la noblesse et la
bourgeoisie. Soutenus par le peuple, d'ou lis sont sortis et
qui Yoit d6ja en eux les precurseurs de son avenement aux
afifaires, ils servent d'arbitres entre lui et les grands seigneurs
et s'interposent toujours entre ses reclamations et celies de
de la royaute. Leur prestige, leur faveur augmentenl avec
leur fortune, et ils deviennent les maitres aussi bien des plus
beaux domaines que de Topinion publique.
Aussi revetentjls pendant quatre generations success! ?es,
et avec la plus hautaine fierte, la robe de magistrate lis sont
de robe, s*en font gloire, et exigent, sous peine de les deshe-
riter, que leurs descendants soient de robe. Leurs volontes
dernieres, comme nous le verrons, sont formelles a cet egard;
et cet amour de la robe n'est pas une des moindres curio-
sites que nous reserve leur histoire. lis ont, de pere en
fils, du sang de magistral dans les veines, comme les Las-
seran, les Monluc, les Barbazan et les Leberon ont du sang
de soldat. Et cette difiference de race et d'aptitude se fera
sentir dans des rivalites, dont les archives de leur famille nous
ont conserve toutes les peripeties. lis chercheront, en eflfet,
a amoindrir, autour d'eux, Tinfluence de ces anciens seigneurs,
leurs voisins, k s'agrandir a leurs depens, et lorsque Tbeure
de la g^ne et de Texpropriation aura sonne pour toute cette
noblesse de province aux abois, les Maniban, devenus plus
riches et plus puissants qu'euxtous, viendront juste a temps
pour se faire adjuger leurs domaines et leurs litres, et les rem-
placer a la veille de la Revolution.
On a dit, avec raison, que duranl les deux derniers siedes,
la noblesse de robe n'eul d'autre but que de dominer la
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— 323 —
noblesse d'fepee el de chercher par I'heredite des charges a
etabiir avec elle une rivalite que le savoir, la dignite des
caraclcres el rindependaiice d'esprit Iransformferent bien vile
en superiorile* Nalie pari celle v6ril6 ne se fait mieux senlir
que dans ce coin de rArmagoac, ou, pendant deux si6cles>
en eflfet, ies Maniban ne perdirent aucune occasion de se subs-
tiluer aux anciens possesseurs des grands fiefs^ apportant
tontefoisdans leurs relations avec leurs vassaux uneurbanite,
une philanthropies une politesse nouveUes, auxqueiles cesder-
niers n'etaient cerles pas habitues.
Les Maniban sont, avec ies Fieubet, Ies Bertier, Ies
Resseguier, les Bastard, etc., la gloire et Thonneur du Parle-
ment de Toulouse, ce second Parlement de France, dont
Texistence si mouvementee se relie intimement k toutes Ies
phases de Thistoire du pays. Tout en partageant les passions
et souvent m6me les prejuges de leur epoque, ils savent sans
cesse faire prevaloir la verite, et, par la dignity de leurcarac-
tere comme par Telfevation de leur esprit, ils prennent une
des places les plus considerables dans lesrangset a la tSle de
rillustre compagnie. Reunissant toutes les connaissances,
pourlant si multiples, necessaires a cette epoque a tout bon
parlementaire, qu'ils soient simples conseillers, ou avocats
generaux, ou presidents a morlier, voire m6me premiers pre-
sidents, ils occupent leur siege entoures de la consideration
publique, et la vigueur comme Tequite de leurs arrets, ainsi
que leur imparlialile, leur assurent a certains moments diffi-
ciles une veritable popularite. Hommes d'action et de science,
fins poliliques, administrateurs int^gres, ne d6daignant pas
de demander en m^me temps aux belles-lettres de douces et
fructueuses jouissances, ils mettent au-d?ssus de toutes choses
leurs devoirs de magistral, et ils laissent a la posterite une
memoire qu'aucune faiblesse, en ces heures troublees, n'a pu
ternir.
Nous allons les prendre k leurs debuts, alors que simples
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bourgeois de Maoledn, ils ne portent pas encore le nom que
plus tard ils illustreront. Nous ies accompagnerons ensuite
dans leur longue carrifere publique, Ies voyant peu a peu
grandir, se mdler aclivement a tous Ies evenemenls politiques
et judiciaires^ d'abord de la Guienne, puis du Languedoc, et
de generation en generation s'61ever au-dessus de leurs colle-
gues, finissant par occupcr ie plus haut siege du Parlemenl
de Toulouse. Nous Ies suivrons en m£me temps dans leurs
afifaires privees, assistant a Taccroissement successif de leur
fortune territoriale, a leurs riches manages, a la construction
de leurs grandioses residences et notamment du vaste chateau
du Busca, qui englobera bientOtdans sa justice la plupart
des chateaux voisins, comme ceux de Massencdme et de La
Gardere, Nous Ies verrons enfin, Thiver aux jeux floraux, Tele
sous leurs beaux ombrages de TArmagnac, se delasser dans
la culture des lettres et Ies joies de Tesprit de leui's rudes
labeurs de magistrats.
L'origine des Maniban est des plus plebeiennes. Sortis du
village de Mauleon, dans le Bas-Armagnac, leur premier nom
est La Bassa ou de La Bassa. C'est sous cetle denomination
que nous Ies Irouvons durant la premiere moitie du xvrsiecle,
et c'est comme bourgeois etsouvent meme comme marohands
qu'ilssontdesignes dans Ies actes, assez rares du reste, de
cetle epoque.
Le H Janvier 1489, Jean de La Filere, originaire de
Mauleon, dans la baronnie d'Armagnac, fait vente a discret
homme Michel de La Bassa, pretre, bachelier in deactis et
habitant de Mauleon, lequel est represente par son frereCi/iY-
laume de La Bassa, d'une partie de forge, « cum barquinis,
incudine, comuta, marlellis elaliis arlificiisnecessariis, pour
la somme d'un ecu, comptant 18 sols par ecu (1). »
Lances dans Ies afifaires, on Ies voil au milieu de ce siecle
(1) Notariat de Nogaro. Chastenet, not. Archives du Grand S^rainaire d'Auch.
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— 325 —
inlenler de nombreux proc6s aux petites gens d'Eaaze et de
Maaleon. C'est d'abord, a la dale da 3 aoAt 154i, un Jean
de Labassa, « rfi7 de Maniban, » qui instrumente conire un
certain Bernard Dartigues, marchand dela ville d'Eauze. Puis,
sepl ans apres, le 43 aoul 4551, le m6me Jean de Labassa,
dit celle fols « de Maniban, seigneur de Lusson, » se prend
de querelle avec Antoine Dupuy, marchand d'Eauze. Le juge-
niage ordonne que iedit La Bassa jurera sur les reliques et
TauteJ de saint Frix, de Bassoues, « apres quoi il sera oui
sur la cause (1). »
Le 6 juin 1558, le 23 mai 1559 et le 18 novembre 1563,
ce sont trois nouveaux proces devant le senechal d'Armagnac,
intentespar un PUnre de La Bassa de Maniban, seigneur
de La Cauzanne, pres Mauleon, centre plusieurs marchands
de La Bastide d'Armagnac (2).
Autre proces, le 22 novembre 1561, entre Bone, veuve de
feu Jean de Maniban, se presentant comme « mere et legi-
time administreresse desbiens dudit feu Maniban » , el Jeanne
Peyraube, a propos d'injures echangees enlre elles.
Enflo, le 3 decembre 1563, nouvelles difficulles survenues
enlre Jean Romat elRaymond deSainle-Fauste, de Cazaubon,
tuleurs des herillers de feu Amanieu de Labassa, el Piene
de 3/aniban, leur oncle, seigneur de La Cauzanne (3).
Ces quelques indications, pour aussi sommaires qu'elles
soient, suffisent pour nous reveler Torigine fort modeste des
Maniban, ainsi que leurs premiers pas sur la route de la fortune.
« Mane ibam el flebam, miltens semina j» , disaienl d'eux les
gens de Cazaubon, leur appliquant ainsi ironiquement les
paroles de TEcrilure. Ce qui ne les empfiche pas de devenir,
en Ires pen de temps,, successivemenl seigneurs des terres
de La Cauzanne, de Lusson, loules deux autour de Mau-
(1) Archives departementales. Registre des iusinuations,
(2) Idem.
(3) Idemr
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— 326 —
leon, et aussi de celle de Maniban, sitaee a deux kilometres
au sud de cette petite ville, et dont ils prirent le nom aa lieu
et place de celui de La Bassa. lis oblinreut mSnie, dit-on^ vers
cette epoque, sans doute pour quelque service signal^, dout
rhistoire ne nous a pas conserve le souvenir, des leltres
d'anoblissement.
Cast en effet vers 1560 qu'un seigneur de Maniban, Pierre,
dit Lachesnaye des Bois sans autres indications, eleva consi*
derablement sa maison, en epousant une noble heritiere du
Haut-Armagnac, Frangoise de Bousty, dame du Busca et
d'Ampeils, et qu'il devint ainsi le chef de la famille qui va
nous occuper.
Sis entre les viUes de Valeace a Test, de Gondrin a Touest,
et au nord des deux petits villages de Mouchan et de Cassaigne,
le domaine tr^s considerable du Busca s'elend sur les plus
hauts contreforts de la rive droite de TOsse, et il n'est separe
du ch&teau de MassencOme, a Test, que par deux kilometres
a peine. Des les commencements du xvi*siecle,nous le voyons
habite par la famille de Bousty, dont un des membres exerce
la profession de medecin.
Le29 mars 1559, « honorable homme,M* Nicolas de Bously,
seigneur du Busca en la senechaussee d'Armagnac et docleur
en medecine, achete une piece de terre siluee en la juridiclioa
de Gondrin, pres de Villeneuve(l). » Le meme, qualiOe tou-
jours de seigneur du lieu du Busca et d'Ampeils et du tilre
de docteur en mfedecine, donne le 29 mars 4546 procuration
a M' Jehan Saregis pour le representer dans Tadministration
de ses biens et le reglement de ses affaires (2).
Nicolas de Bousty meurt peu de temps apres et laisse
deux enfants : Tun, Frangois de Bousty, lui succede comme
seigneur du Busca et d'Ampeils, et intenle, au lendemain de
(1) Notarial de Condom. Bourret, not. Note commuuiqu^e par M. Calcat, juge
au tribunal d'Auch.
(2) Notarial de Valence. Liard, not. de Masseno6me. Couverture du registre
pour I'ann^e 1601-1602.
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— 327 —
la mort de son pere, le 5 avril 1555^ an long proces devant
le senechal d'Armagnac contre un certain marchand d'Ay-
guetinte, Guillaume Bousenx, a qui son pere avait afferme
de nombreuses terres dans ies dislricts de Pardaillan, Beau-
caire, Verduzan, Lamazere, Ayguelinte et Caslera-Vivent(l).
L'aulre, une flUc, Francoise de Boasty, epouSe, vers celte
annee 1560, le seigneur de Maniban, en a un fils, Jean, et
devient bienUJt veuve. Nous la voyons, en efifet, des 4574,
gerer et administrer, avec une rare habilete et une fermete
peu commune pour une femme, Ies biens de son enfant
mineuw Jean de itfan»&an dutnaitre vers 1566.
Jean de Maniban. — Occupant dans la hierarcbie sociale
de Tepoque un rang plus distingue que la famille bourgeoise
des Maniban, Ies de Bousty, seigneurs de riches el importants
domaines,tinrent a honneur, dansleur nouvelle alliance, a ne
pas deroger; et c'est a leur influence, a leurs relations, a la
consideration dentils jouissaientdeja que Ies Maniban durent
leur premiere elevation. On ne saurait trop admirer en meme
temps avec quel soin jaloux Francoise de Bousty surveilla
Teducation de son flls mineur, et quel zele intelligent elleap-
porta dans Tadministration deses biens. Les notariats voisins
de la lerre du Busca sent pleins de ses actes de gestion, et ils
nous font voir en elle, non pas, comme on pourrait le croire,
une altiere et capricieuse ch&telaine, mais une femme supe-
rieure, imbue de ses devoirs de mere, et compatissant a toutes
les infortunes de ses vassaux. Qu'on en juge plutdt par les
actes suivants que nous relevons dans lepele-m^le des minutes
de cetle epoque, et qui contrastent si vivement avec les faits
de plus en plus rares, il faut le reconnaitre, d'omnipotence et
de brutalile seigneuriales. En TanneelSSO,
« Demoiselle Frangoise de Bousty du Busca, dame de Maniban,
mue de piti^ et de commiseration de la povrete de Frangoyse Dumail,
(1) Archives d^partementales du Gers. Beg. des insiuuatioiis.
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— 328 -
dont le fils Arnaud Dupoy a m condamn^ k 60 escus sols d'amende
et 18 escus sols de depens, pour certains delicts commis frauduleuse-
ment sur les terres dudit seigneur de Maniban..., fait don et abandon
k ladite Dumail de la maison qu'elle occupe et de diverses pifec^ de
terres alentour (1). »
La m^me aiwee 1580, ladite dame de Maniban rcgoit, tant
pour elle que pour son flls Jean de Maniban, ie sermenl de
fldelite des consuls de Larroque-Fources, lesquels recon-
naissent
€ Que iceluy Jean de Maniban est leur vray, nalurel, foncier et
direct et en toute espfece de justice, haute, moyenne et basse, qu'k luy
seul appartient, k cause de ce, la cr&ition du juge bayle, greffiers,
procureurs et tel autre officier qu'il voudra..., que ses droits pour \t%
lods et ventes sont le dixi6me denier du prix pour lequel la vente a 6t^
faite..., et que les droits de fiefs sont : 2 sols par cartelade de terre pred,
8 deniers par cartelade de toute autre condition de terre, et 12 deniers
par place de maison ou place sise dans le barry et enclos d'iceluy, etc. >
Ladile dame de Maniban, tant en son nom qu'au nom de
son flls, seigneur de Larroque-Fources, s'engage en echange
<x A maintenir les susdits habitants de La Roque dans leurs droits
et libert^s, k les traiter humainement comme il appartient k bons,
obeyssans et loyaux subjects; k les deffendre de son pouvoir d'oppres-
sion et ruyne envers et centre tous ceux qui les molesteroient sans
raison de leurs biens et personnes; k faire administrer bonne justice
par ses officiers, et leur 6tre fermegarant poUr le regard de la seigneurie
ftodale envers et centre tous ceux qui voudroient prendre droit de
seigneurie et juridiciion et domination f^odale et directe, etc. >
Les acles de charity, accomplis par la dame de Maniban
dans Telendue des ses domaines du Haul comme du Bas
Armagnac, ne se complent pas. Elle meritala reconnaissance
publique et elle acquit, tant pour elle que pour son flls, une
juste popularite. C'est avec une sage autorite qu'elle admi-
nislrait ses terres dc Maniban, de La Couzanne, de Larroque-
(1) Notarwtt de Roqiies. Loy&Codic, not. (}e Vaupillon. Reg. pour Tanu^e 1$80,
tol 284,
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— 329 —
Fources, deGondrin, duBusca, d'Ampeils, de Polignac, etc. (1),
et que, sur^eillant de Xvhs prte reducation de son fils, ^lle
lui donnait comme exemple son frere FranQois de Busty,
conseiller du Roi en son grand conseil, lui inculquait Tamour
du droil et le preparait a embrasser la carriere de magistrate
Ses derniersacles de gestion, avantla reddition de ses comptes
de tutelle, furent, le l*' juillet 1592, le bail en aflfermepour
Irois ans de la lerre etseigneurie de Larroque-Fources, pour
la somme de 500 escus sols par an (2), et la donation, de
concert avec son frere Frangois de Bousty, seigneur du Busca
et conseiller au grand conseil du Roi, de la somme de 2,000
6cus sols a sa niece demoiselle FrauQoise de Tarrissan, a
Toccasion de son manage « dans le chateau nable de Maniban,
juridiction de Mauleon en Armagnac, avec noble Guillaume
de Saint-Pe, fils atne du seigneur de Sainl-Pe et de la demoi-
selle Frise deBalz(3). »
Le 3 aout 1594, Jean efe iVamfrrm, seigneur de Maniban,
de Lusson, de Larroque-Fources et aulres lieux, fut re^u
conseiller au grand conseil du Roi. L'annee suivante, il fut
nomme lieutenant-general en la senechaussee de Bordeaux (4).
Jean de Maniban n'avait pas encore trente ans.
Sa vasle erudition, son extreme prudence dans le regle-
ment des affaires publiques, el son entier devouement a la
royaute, lui valurent de bonne heure la confiance de ses
chefs, tant au Parlement, qu'il semble cependant avoir mo-
menlanemenl delaiss6 durant les premiers temps, qu'au Se-
n6chalat ou il joua uu r61e important, et dans Pexercice de
ses fonclions administralives. Nous en avons pour preuve la
lettre suivanledumarechald'Ornano, gouverneurdeOuyenne,
au roi Henri IV :
« Sire^ j'ay pri6 le sieur de Maniban, lieutenant-gin^ral de cesle
(1) Voir notariat de Roques. Reg. pour 1574, 1575, 1581, 1582, 1586, etc.
(2) Voir notariat de Roques. Reg. 1592, fol. 205.
(3) Arch, d^partementales du Gers. Reg. des iusinuationSt
(4) Lachesnaye des Bois. Art* Maniban.
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— 330 —
ville, qui s'en va k Paris, de rendre cestuy k Votre Majesty et lui fire
entendre Testat des afiE^res de ses quartiers. II en est si bien instruict
que j'estimerois fere tort k sa sufiisance et k Taffection qu'il a k son
service, sy je ne m'en remectois du tout k luy. Je la supplye tr^ hum-
blement de croire ce qu'il luy en dira et Tavoir pour recommand^
afin de Tobliger k continuer la fidelity qu'il doit k Votre Majesty.
J'ay sceu aujourd'huy qu'il s'est faict une grande assamblie k Biron
soubz pretexte d'y fere les obsfeques de feu M. de Biron. J'y ay aus-
sytost depesch^ pour en apprendre les particularitez et quelles gens y
ont assist^, J'en donneray advis k V. M. par la premiere depesche.
Elle peult cependant demeurer asseur^e qu'il ne se passera ny fera
rien de dega au prejudice de son service, que je n'y courre et y porte
ma vye pour ruyner et dissiper les mauvais desseings de ceulx qui
auroient la volenti d'estre autres que bons et fidelles subjectz de V. M.
k laquelle je suis et seray toute ma vye. Sire, vostre tr^ humble,
trfes ob^issant et fidelle serviteur et subject.
Alphonse d'Ornano.
A Bourdeaux, ce xxvi aout 1602. » (1).
L'annee suivante, le 3 mars 4605, sans doule pour
recompenser le zele avec lequel le sieur de Manibaa avail
rempU sa mission, le roi le nomma maitre des requites ordi-
naires de son hdlel, fonclions quMI exerga conjointemenlavec
les precedentes. II avail epouse quelques annees auparavant,
le 6 mai 1595, Jeanne de Ram, fllle de Thomas de Ram, lieu-
tenant general en la senechaassee de Bordeaux, qui proba-
blemenl se d6mit alors de sa charge en faveur de son gendre.
Jean de Maniban demeura dans la capilale de la Guyenne
jusqu'en 4614, se partageant entre ses diverseset delicates
fonclions. II ne dedaignait pas neanmoins d'aller chaque
anneesurveillersesdomainesderArmagnac qu'il agrandissail
a vue d'oeil. Nous le voyons, en efifet, des Pannee 1600,
donner en afiferme chaque fois de nouvelles lerres autour de
la seigneurie du Busca, el nolamment celles de Labit, de
Lebe, juridiction de Bonas, de Mesples au Castera, de la
(I) Bibl. nat. Mss. Missions ^trang^res. Vol. 175. Pi^ce commuDiqu^
par M. Ph. Tamizey de Larroque aux Archioes historiquea de la Gironde,
t. XIV, p. 367.
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— 331 —
Courtade en Beaucaire^ la taverne, le inazel> le p6age et le
bayled'Ampeils, denombreux biens en Roz&s, acheter, le
5 fevrier 1608, pour 600 livres tourDois, la inoiti6 de la
m6tairie de Mora, sise dans la joridictioD de La Roqae, etc.,
el devenir ainsi un des plus puissants proprietaires fonciers
du Haut-Armagnac (1).
A celte epoque, Jean de Maniban dat quitter Bordeaux pour
aller a Toulouse, ou Pappelait a un poste des plus considera-
bles la conQance du roi. II etait, en effet, nomm6 president
au Parlement en remplacement du president Poller de La
Terrasse, el « en consideration des services, disent ses lettres
de provision, rendus par son pdre comme ambassadeur en
Suisse, et pour avoir servi lui-meme a la satisfaction du roi
dans les affaires d'Etat {%. » Jean de Maniban se demit aus-
sitdt de toutes les fonctions qu'il remplissait en Guyenne, et
c'est avec empressemenl qu'il accepla celte nouvelle charge
que ie premier il illustra et qui, pendant quatre generations,
allail devenir beredilaire dans sa famille.
Se consid6rant a juste litre comme un des corps les plus
importanls du royaume, le Parlement de Toulouse jouissait a
celte epoqued'une veritable renommee, basee sur Tintfegrite
desmoeurs de ses magistrals, le souffle de liberie etde palrio-
tlsme qui regnait dans leurs arrets, leur ardente foi catho-
lique, et, malgre quelques revolles plut6l apparentes que
reelles, leur fidelite inebranlable a la cause de laroyaute.
Autour de ses graves conseillers a la robe rouge, au bonnet a
mortier, au chaperon fourre d'hermine, se groupait louleune
legion de magistrals subalternes, procureurs, avocats, gref-
fiers, huissiers, clercs, officiers minisleriels, qui, avides de
chicane en m^me temps que d'argent, loujours amoureux de
(1) Xotariat de Valence. Liard, not. t. Massenc6me. Reg. pour 1597 k 1608.
(2) Archives du Parlement de Toulouse. Malgre nos plus actives recherches,
nous n'avons pu d^couvrir quel r61e diplomatique avait jou^ au xvi* si^cle, eu
Suisse, ce seigneur do Maniban, p^re du nouveau pr^ident.
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- 332 —
la forme et fervents disciples du bel esprit, eclairaient par
leurs travaax la grande compagnie d'un jour tout particulier
et lui donnait un relief et un eclat qu'on ne retrouve pas
ailleurs. En ces annfees du commencement du xva* siecle, les
pariementaires de Toulouse sont profondement imbus des
devoirs de leur charge, et jamais les mesquines questions de
preseance ou leur inlerfit particulier, qui cependant les preoc-
cupkent fort, ne les font devier de la grande voie de Tequite
et de rhonneur. Entre tons se distingue le president de
Maniban. Les difflcultes qui surgirent, en 1615, a Toccasion
du remplacement du premier president Francois de Clary,
nous le montrent deja, quelques jours seulement apres son
arrivee a Toulouse, ne transigeant ni avec les principes, ni
avec sa dignite de magistrate
Le 9 novembre, en efifet, le premier president de Clai7,
accable par Tage, se demet de sa charge en faveur de son
fulur gendre Gilles Le Masuyer, et il presente a la cour, reunie
en audience solennelle, les lettres de provision qui lui sont
accordees par le roi. Le president de Paulo, organe du Parle-
ment, manifeste au nom de la compagnie les regrets qu'elle
eprouve de son depart; mais il ne pent neanmoins s'emp6-
cher de lui infliger un blame de ce que, {)our la somme de
50,000 ecus, il a vendu sa charge au flanc6 de sa fllle. La
dignile du Parlement est atteinte, et la premiere charge de la
cour pent, en verlu de ce precedent, devenir la proie de
n'importe quel acquereur. Frangois de Clary replique qu'il
acceple d'autant moins cette mercuriale qu'elle est prononcee
par un homme qui a dejimaintes fois brigue, et par tons les
moyens, la place qu'il occupe, el il se retire sans vouloir
conlinuer a assister a Taudience. La sfeance devient tumul-
lueuse.Les avis sont partages. Les quatre presidents, MM. de
Paulo, de Caminade, de Berlier et de Maniban, le procureur
general de Saint-Felix el les deux avocats generaux censu-
rent energiquement la forme des provisions, exigent que le
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- -- 333 —
nouveau premier president fasse rayer la clause relative a son
mariage, et demandent a la Cour que la deliberation soit
renvoyee au lendemain. Les conseillers favorables a Le
Masuyer votent pour la continuation de Taudicnce. Les
presidents se retirent. La Cour passe outre et va deliberer
sans eux, quand les trois premiers se ravisent el rentrent en
seance, Seul le president de Maniban croit de sa dignite de
perseverer dans son attitude, et il sort du Palais, La majorite
se prononce en faveur de Le Masuyer, qui, apres avoir fait sa
profession de foi catholique, est installe defmilivementcomme
premier president (1).
Jean de Maniban prit une part active aux principaux
travaux du Parlement de Toulouse, Son nom reste attache k
tons les proces retentissants de cette epoque. Imbu de senti-
ments ullra-calholiques, ii suivit son premier president dans
la repression quelquefois trop severe des exces du protestan-
tisme et ii sut faire rentrer dans les limites de leurs altri*
butions les diflferents corps constilues, notamment la Cour
des Aides, trop enclins a les depasser. Si nous ne le voyons
pas sieger aux longues et penibles audiences de la fameuse
afifaire de Taventurier Vanini, qui passionnaen 1619 si pro-
fondement la population Toulousaine, nous le trouvons, deux
ans apres, en pieine guerre religieuse, envoye par ie Parle-
ment en deputation aupres du due de Mayenne, gouvernenr
du pays. On sait, en effet, qu'en 1621 leflls du fameux chef
de la Ligue, apres s'etre empare de Nerac, marcha contre la
viile rebelle de Montauban pour en faire le siege. Beaucoup
de villes de Gascogne avaient leve, a son instar, Tetendard
de la revoUe, notamment les villes de Mauvezin, de Tlsle-en-
Jourdain et du Mas- Verdun. Le Parlement de Toulouse, dans
le ressort duquel ces cites se trouvaient, decida qu'il fallait
envoyer trois de ses magistrats aupres du due pour le prier
(1) Archives du Parlement de Toulouse. Journal du pere Lombard et du gref-
flerMalenfant. VoiraussirHwJtofVc du Parlement de Toulouse.j^SLT M.Dubt^dat.
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— 334 -
de reduire ces villes a Tobeissance royale. Ce fut le presideot
Jean de Maniban et les deux conseillers Barlhelemy et Masnau
qui furent charges d'aller trouver le due. lis le rencontrerent
prfes de risle-en-Jourdain, et ils rapporterent de leur entrevae
avec lui Tordre de faire demolir les fortiOcations de cette ville
et celles du Mas-Verdun. Ce qui fut aussitdt present par
le Parlement(l).
Profondement devoue a la cause royale, le Parlement de
Toulouse alia, a deux reprises differenles, en grand cortege,
ses presidents en t6te, saluer solennellement le Roi a Tarche-
veche, lorsque Louis XIII vint se reposer a Toulouse en 1621
et en 1622 de ses fatigues du siege de Montauban. Tons les
parlementaires flechirent le genou devant lui et luibaisferent
la jambe ainsi que le bord de son manteau, et ils protesterent
hautement de leur fid^lite et de leur obeissance (2).
C^est 6galement Tepoque ou la Chambre de Tedit, 6tablie
k Beziers, ne cessait, pour conserver ses priyileges et assurer
son existence, de rendre bonne et loyale justice et de prodl-
guer ses flatteries a Richelieu. Bien que la plupart de ses
membres fussent des magistrats du Parlement de Toulouse^
cette compagnie ne la voyait que d'un ceil jaloux et reclamait
a hauts cris sa suppression. Le president de Maniban y fut
envoye durant quelque temps; et son nom se retrouve a c6l6
de ceux de sescollegues de Candiac, deMontcalm et deBertier.
Jean de Maniban continuaitkadministrersesdomaines de
TArmagnac avec la m^me habilete qu'avait montr6e sa mere
Franfoise de Bousty. Des Tannee 1614, il achetait a Francois
d'Aubijoux, fils de Louis d'Amboise et de Blanche de Levis,
rimportante baronnie de Gazaubon et d'Auzan pour la somme
de 86,000 livres (3). Cequi lui suscita dans la suite de nom-
(1) Archives du Parlement de Toulouse. Cf . Dub^dat, Histoire du Parlement
de Touloxise, t. ii.
(2) Idem.
(3) M. rabb6 B. Ducruc, cur^-doyen de Cazaubon, dans sa monographie des
baronnies de Cazaubon et d'Auxan (Revue do Gascogne. Tome xxi), s^esX
6tendu, durant quelques pages, sur Thistoiredes Maniban; mais il n'6tudie cette
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breuK embarras, les consuls el habitants de ces localites Se
refusant a lui fournir certaines redevances, sous prfetexte que
le Roi seul etait le veritable heritier et seigneur desdites
baronnies. Apres un interminable proces, Jean de Maniban
resta mattre de ses acquisitions et il conquit meme des ce
moment^ par sa bonhomie et Fafifabilite de ses manieres, la
sympathiede sesnouveaux vassaux.
C'est vers cette epoque qu'ii dut laire rebitlr, pres de
MaulSon et presque dans son enlier, le chateau: de Maniban^
dont it portait le nom, au moins si Ton en juge par les
caracleres architectoniques du commencement du xvn" sifecle
que presente cette imposante construction.
L'annee 1621 est celle ou, comme nous Tavons dit pr6c6-
demment^ Jean de Maniban acheta egalement^ dans le Haat-
Armagnac^ aux heriliers du seigneur de Lavardac, la terre
et le chateau de Lagard^e. Mais il dut momentanement en
abandonneria jouissance ason voisin noble Philippe de Pins,
seigneur d'Aulagneres, jusqu'au remboursement integral des
3,200 livres que ce dernier lui avait pr6tees, dans le but de
lui faciliter cette operation. Ce ne fut qu'en 1630 que le
seigneur du Busca s'acquitta deson obligation et que le vieux
flef du chapitre de Condom entra deflnitivement en sa pos-
session. Ce fut le fils de Jean de Maniban, Thomas, qui avait
recu de son pere en apanage la seigneurie de Lagardere, qui
remboursa celte ann6e-la la delte de son pere (1). Ce dernier
vivait neanmoins encore a cette epoque, puisque nous trou-
famillc qu'au point de vue de la gestion desdites baronnies et des droits que ses
membres pouvaient pr^tendre sur elles. II laisse enti^rement de c6t6 et la vie
privde des quatre seigneurs de Maniban et le r61e si important qu'ils jou^rent
durant deux si^clesau Parlementde Toulouse et meme T^num^ration et Tadmi-
nistration de leurs domaines du Haut-Armagnac, qui nous int^ressent ici tout
particuli^rement. Le travail, entrepris par nous, restait done k fcdre en son
entier. Nous n'h^siterons pas neanmoins ^ reproduire les quelques indications
nouvelles que nous foumissent les pages de M. Tabb^ Ducruc, 6crites unique-
ment d'apr^s les archives municipales de Cazaubon, sauf k rectifier quelques
erreiurs qui se sont gliss^es dans sa n^daction.
(1) Notariat de Valence. Reg. pour 1630, f« 155. Barthar^s, notaire.
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^ 336 -*-
vons, a la date du 15 fevrier 1630, un acle d'afferme de la
seigneurie de Maniban « passe pour Monsieur le president
Jean de Maniban, seigneur et baron dudit lieu de labaronnie
d'Auzan, Larroque, le Busca, Ampeils, Lagardere et autres
lieux, dans le chateau noble du Busca, pour la somme de
16,000 livres (2), » Mais il dut mourir peu de temps apres.
Son corps fut inhume dans la chapelle du chdteau du Busca.
Jean de Maniban laissait quatre enfants : !• Thomas, qui
suit; 2° Gwy,d'abord conseiller-commissaire aux requites da
Parleraent de Bordeaux, puis president a la Cour des Aides
de Guyenne en 1633. Nous le voyonscite comme tel en 1643
devant le Parlement de Bordeaux, qui ordonna meme una
prise de corps conlrelui, dansles demfilessi nombreux qu'eu-
renl a celle epoque ces deux compagnies (2). II epousa en
1634 Marie de Lavie, dont il eul un flls, Alphonse, qui lui
succeda dans sa charge, el il mourul en 1689; 3* N. de Ram,
du nom de sa mere Jeanne de Ram; 4'' Frangois Lancelot.
{Asuivre.) Philippe LAUZUN.
NOTES DIVERSES
CCCXXI. Deux oentenaires gasoons de Pan 1740.
L'article necrologique da Journal de Verdun de mai 4740 se termine
ainsi (p. 399) : « J'oubliais dans le nombre des personnes mortcs dans nn
grand &ge la nomm^e Jeanne Faudois, qui a termini sa carri^re a 120 ans
accomplis, pros de Roquefort de Marsan. » Le cas n'etait pas a ouhlier, ce
serable. 11 est vrai quo le num6ro precedent du m^me journal (avrll, p. 317)
avait signale un cas encore plus fort : « Le nonim6 Jean Roger est mort le
19 de Janvier [1740], dg6 de 129 ans, en la paroisse de Bize, dioc6sede Com-
minges. » L. C.
(1) Notarial de Valence. Reg. pour 1630, f" 155. Barthar^s notaire.
(2) Histoire du Parlement de Bordeaux, par Boscheron des Porlcs. T. i. Dans
la remarquable plaquette de noire regrell6 ami M. Ad. Magen {La Troupe de
MolUre a Agon, 1887), nous voyons, ^la page 26, que M. de Maniban, president
k la Cour des Aides de Bordeaux, qui en cetle annde 1650 si^geail k Agen, dtait
log6 dans celle ville « au prieur<S de Sainl-Caprais. v
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CHRONIOUES LANDAISES
LA FRONDE
(16-^8-16^3) (•)
Le Parlement a Dace. — Aprfes avoir organise la
Fronde dans la capitale de la Guyenne, le parlement de
Bordeaux en vint bientdt a regretter son oeuvre. Les arti-
sans, les petits, bourgeois, les gentilshommes obscurs
rallies a cette cause n'avaient pas tard6 h, prendre la t6te
du mouvejnent, et, forts de leur nombre, ils parvinrent
bientdt k opprimer la haute bourgeoisie et les magistrats,
qui se trouvferent d6bord6s par la populace. Celle-ci se
r^unissait en armes et en plein vent sous des ormeaux et
avaitainsi form6 la faction de rOrm6e. Le Parlement, ne
se sentant pas libre, cessa de se r6unir et commenga de
conspirer en favour de rautorit6 legitime. Alors, neuf
presidents et conseillers furent chassis de la ville par
les s6ditieux, et Poyanne s'empressa de leur oflfrir un asile
a Dax *. Quatre d'entre eux acceptferent sa proposition et
se r6fugi6rent aupr^s de T^nergique gouverneur. Connais-
sant la fid61it6 de la population et la vigueur du chef
plac6 h sa t6te, la Cour songeait h transferer a Dax le
Parlement tout entier. Les frondeurs prirent Talarme et
Cond6 mandait h son fid61e Lenet : « Empeschez surtout
)) et a quelque prix que ce puisse estre Testablissement
» de ce Parlement de Dax... car cela nous seroit du plus
(*) Voir la livraisou de join 1894, page 273,
(1) D. Devienne, HLst. de Bordeaux^ 1. 1, p. 45 U
Tome XXXV. 22
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— 338 —
)) grand prejudice du monde... II faut pour cet eflet faire
)) parler M. de Bardes k M. le president Pichon. »
(22 aoCit 1652. *) Les craintes de M. le Prince ne se r6a-
lis6rent point, et c'est hors des Landes que le Parlement
de Bordeaux devait 6tre reconstitu6 :
De dix ou douze de messieurs qui daspuys six mois estoient k Dacs
oil d6s loi*s restablisseraent eust pu se faire, 6crivait k Mazarin le
president La Vie, la mortqui en a enlevedeux, le d^goust de se voir
inutiles, le d^sir de revoir leurs families, les despenses excessives et le
chagrin qui en a rebuts d'autres n'en j^avoit laiss6 que Irois, qui sonl
messieurs de Pomi^s, doyen du Parlement; de Sabanin, grand ebam-
brier,'etde Monnin, avauc6 dans la grand'chambre. Les revolutions
de la Fronde, qui de jour en jour continue k s'attaquer k ses premiers
formatours^ y ont ajoutd M. le president Pichon (30 Janvier 1653) (2).
Sur Tordre de la Cour, ces quatre magistrats s'6taient
rendus a Pau pour prendre. le pr6sident La Vie et avec
lui avaient gagn6 Agen, ofi le Parlement s'6tablit jusqu'i
la fin des troubles. (28 Janvier 1653.)
Armements divers. — Chacun prenait ses dispositions
en provision des hostilit^s prfetes k recommencer. L'as-
sembl6e des bastilles se tint a Mont-de-Marsan pour
avieer ala situation (3 sept.) Roquefort envoya une d6pu-
tation a Poyanne pour obtenir le retrait des troupes
camp6es dans ses murs (6 octobre) '. Les autres petites
cites et le Marsan tout entier se recommandferent du
comte d'Harcourt, leur maitre, de leur fid61it6 au roi,
de leur exactitude a payer les taxes qui leur 6taient
impos6es, pour voir respecter leurs privileges et 6tre
exempt6s du logement de ces terribles garnisaires (9 oc-
tobre)*. Le due de Noailles, seigneur de Cauna et de
(1) Mini, do Lonet, p. 563 (4d. Michaud-Poujoulat).
(2) Arch, nat., KK, 1217. f« 547.
(3) Arch, de Roquefort, BB. 1, n- 8.
(4) Arch, hist, de la Gaacogne, fasc. i, p. 99. (Leltrcs de du Plessis Bellierc
h Poyanne.)
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— 338 —
Poyal6, craignant pour ces deux ch&teaux, avait pri6
Poyanne d'y mettr6 « bonne gamy son... car les aby-
)) tens ont de quoy la payer. » II lui demandait en m6me
temps de a comender a ceux que vous metr6s dans mes
» mesons, qu'ils donnent asystance et myn forte k mes
)) procureurs, de jouyr de mon by en et qu'ils puissent
)) f6re la reseste » (12 octobre) *. II ne tarda pas k regret-
ter cette d6marche; car, apprenant que ceux de Cauna
6taient si pauvres qu'ils ne pouvaient nourrir aucun
homme et qu'ainsi toute^ la charge retomberait sur
Poyal6, Mugron et Lourquen, il demanda qu'on retire
les troupes pour soulager ces mis6rables (24 octobre) *.
Mais il 6tait plus facile d'obtenir des garnisons que de
s'en d6barrasser, et dans une troisi^me missive le due
fut oblig6 d'insister pour que Cauna fCit gard6 par les
habitants de ce village. lis s'6taient offerts pour cela, car
ils redoutaient les soldats de Poyanne qui « y ont fest
» tant de d6sordre. Pour ceux de Poyal6, ajoutait-il, si
» la garnison n'est pas ac6s forte, (vous) leur y aumen-
)) ter6s, car ce sont des gens a quy Tons ne ce pent fier »
(nov. 1652) \ Ainsi tout se pr6parait pour la lutte, et de
toute part retentissaient les plaintes des populations
enti^rement ruin6es. « En novembre 1652, les cavaliers
)) de M. de Poyanne vinrent en Chalosse et firent de
)) grands ravages en Chalosse*. » Ce n'6tait pas le seul
pays qui diit alors g6mir de ces exactions. Rien n'allait
6chapper a la devastation, car la guerre, qui jusqu'Ji
present s'6tait faite en dehors de nos f rontiferes, exercera
d6sormais ses ravages en cent endroits divers.
Balthcuar. — Marsin, qui avait le commandement
(1) Arch, hist, tie la Gascogne, fasc. i, p. 100.
(2) Id., p. 101 et 102.
(3) Id., p. 105.
(4) Laborde-P^bou^, Relation oSrltable.., (Arm, dea Landoa, ut, p. 465).
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des troupes de la Fronde, se disposait en ce moment a
mettre le si^ge devant Sarlat. Quelques-uns de ses offi-
ciers 6taient d'avis de concentrer tons leurs efforts dans
les Landes, afin de s*y 6tablir fortenient*; mais, sansse
pr6occuper de leur opinion, Marsin divisa les forces dont
il disposait. La partie destin6e a guerroyer parmi nous
f ut confine k Tun de ses lieutenants nomm6 Balthazar—
Si puissant et si cruel que tout le moude le craint; il est allemand et
non point noble sinon par les armes; il n'a point aucune religion de
bonne. On dit qull est magicien; il ne parle jamais famili^rement il
personne, mais parle tou jours delueretde pendre, ilesl grand homrac
fort farouche el a environ quarante-cinq ans k ce qu'on ma dit. Ledit
Balthazar ne cesse de faire tous les maux incroyables, car tous les jours
il fait des prisonniers et de grands ravages lant en la Lande qu'eii
dega TAdour, et tout le monde le redoutefort... II me serait impossible
d'terire tous les grands ravages que les gens de Balthazar font tousles
jours^ car il est le plus cruel qui fut venu en ce pays depuis 80 ans.
Ses prisonniers disent qu'il vaudrait mieux ^tre en purgatoire (2).
Le lecteur ne sera sans doute pas Mch6 de connaitre
le personnage dont le chroniqueur chalossais fait un
portrait si pen flatt6. II se nommait Jacques de la Croix.
N6 dans le Palatinat, d'une famille originaire de Bohfeme,
il 6tait fils de Guches, capitaine des gardes du corps de
Fr6d6ric V, roi de BohSme et comte palatin du Rhin;
Guches futtu6 k la bataille de Prague (8 no v. 1630). A
seize ans, Balthazar servait sous Gustave-Adolphe et il
6tait pres du due de Weymar a la bataille de Norlindgen
(1635). Son grand-pere, mar6chal de camp au service de
la France, avait trouv6 la mort a Ivry, en 1590. II entra
lui-m6medans les arm6es fran^aises a la paix de Prague
(1635) et fut d'abord employ6 par le mar6chal Gassion.
II obtint le grade de colonel et conserva toujours ce titre
quoiqull parvint plus tard a une position bien sup6rieure.
(1) Mem. de Choappca, p. 175-177 (^d. Moreau).
(2) Laborde-P^bou^, Relation cMtable (Arm* dee Landes, iii, p. 465).
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— 341 —
Habile capitaine, intr^pide soldat^ prompt k la r^raite^ impitoyable
dans le siiccte^ il 6ta\i un des types de ces reitres allemands que les
guerres incessantes du sitele jetaient tour a tour daus cbaque parti.
Cesgeas-li, quandilg netrouvaieat pas la mort dans rtehauflFour6e>
se retiraient invariablement les poches pleines et dictaient leurs
m^moires. C'est ce que devait faire Balthazar. En 1657 il regagna
Berne et raconta la guerre de Guyenne (1).
II entre dans les Landes. — Pourr6sister a ce redou-
table partisan, les troupes royales avaient a leur t6te le
due de Caridalle, le marquis de Poyanne et le chevalier
d'Aubeterre, « lequel est assez courageux centre Baltha-
» zar... On dit qu'il est aussi puissant et davantage que
)) Balthazar*. » II s'agissait d'abord d'empfecher une
nouvelle invasion des frondeurs et d'61oigner leurs sol-
dats de nos fronti^res. Les arm6es royales eurent done
ordre de se r6unir pour leur barrer le passage. A Tap-
proche de leurs d6fenseurs, Ips d616gu6s des bastilles
tinrent leur assembl6e a Mont-de-Marsan et, pour 6chap-
per aux garnisons, traitferent a raison de 120 livres par
jour. Ceux de Roquelort se ligu6rent avec les gens de
Saint-Justin pour se d61ivrer du quartier d'hiver, et avec
les repr6sentants de Mont-de-Marsan pour obtenir de
M. de Candalle que le pays tout entier, mais surtout la
cit6 dont ils d6fendaient les int6r6ts, ne f ussent pas as-
treints au logement des troupes (5 novembre)'. Le
moment 6tait peu favorable pour faire bon accueil a
pareille demande, et ces m6mes d616gu6s eurent bient6t
a se pr6occuper des faits de guerre dont la region allait
devenir le theatre (13 d6cembre) *; car, serr6 de prfes par
le due de Candalle, Balthazar venait de descendre de
La R6ole sur Bazas (19 d6c.) et arrivait h Roquefort
(1) J. Bonhomme, Quolques llgnes de I'histoire dc la Fronde dans les Lan-
des (Reetie de Gascofjne, t. x\\ 1873, p. 240),
{%) I^bordc-P^bou^, Relation ocritablo.., (Arm. des Landes^ ni, p. 471),
(3) Arch, de Roquefort, BB. 1, n" 8.
(4) Id., n« 9.
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— 342 —
(21 d6c.), destine k devenir avec Tartas le centre de la
resistance. Sans faire long s^jour dans cette ville, il s'em-
para du chateau de Pujo S oii il laissa son lieutenant La
Serre avec une garnison de soixante fantassins et vint
coucher a Saint-Maurice (23 d6c.) *. Candalle, qui suivait
sa trace, parvenait Je m6me jour a Villeneuve, oii il fit
reposer son arm6e de une heure k neuf heures du soir*.
Averti par Gaston, Tun de ses offlciers, de Tapproche de
son adversaire, Balthazar avait cantonn6 sa cavalerie a
Grenade, oii se trouvaient d6ja cent vingt hommes du
regiment de Conti. II y pla^a a les regiments de Guitaut,
» Leran, La Marcousseetquatre compagnies de son r6gi-
)) ment *. » Ces troupes 6taient entries en ennemies, pil-
lant et incendiant tout sur leur passage '. Pour les arre-
ter, le pont de Grenade avait 6t6 rompu et Balthazar f ut
ainsi emp6ch6 de placer une partie de' sa cavalerie a La
Riviere*, ce qui allait Texposer k une surprise et amener
pour lui un premier 6chec.
Combat de Saint-Maurice. — Les jurats de Mont-
de-Marsan, bien disposes en sa favour, lui avaient fait
dire de venir en leur ville. Heureux de cette proposition,
il se pr6senta k Tentr^e de la nuit (25 d6c.) et regut fort
bon accueil; mais sa tranquillity devait 6tre vite troubl^e.
(1) Monlezun {Hist, cle la GasrognCf suppl., p. 505), dit Pujolo, et apr6s lui
quelques-uns ont cru qu'il s'agissait du chateau de Bt^roy en Julliac (Betbezer).
qui appartenait k Olivier de PujoU^. Les archives de Villeneuve ne laissent
aucun doute sur ce point : c*est le chateau de Pujo-le-Plan qui fut alors pour
quelques jours au pouvoir des frondeurs.
(2) Balthazar, Hist, do la guerre en Guyennc^ p. 91 (6d. Ch. Barry).
(3) Arch, de Villeneuve, CC. 9. n« 4.
(4) Arch.nat., KK. 1219, f» 541-542 (Vivers a Mazarin, 8 Janvier 1653).
(5) Cf. Dompnier de Sauviac, Chroniques de la cit4 et du diocdse {TAcqs,
liv. VI.
(6) « On ne trouve aucune locality de ce nom dans la region ou opcrait alors
» Balthazar, »^crit M. Ch. Barry (Hist, do la gucrro de Guyenne, p. 92, note 2).
qui croit devoir lire ici : La Glorieuse. Cost une erreur excusable chez un 4di-
teur Stranger au pays, mais que nous devons cependant relever. La Rivi6re,
aujourd'hui r^unle h Saint-Savin (Saint-Savin La Riviere), est pr^is^ment a
re.\tr<Jmite du pont de Grenade, sur la rive gauche de I'Adour.
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— ?43 —
Candalle avait a peine donn6 k ses troupes quelques
heures de repos k Villeneuve, oti k la pri6re de M. de
Ravignaa ^ il accorda k cette ville rexemption du loge-
ment des gens de guerre*. Le lendemain il se rendit
devant le chateau de Pujo, que La Serre lui rendit sans
resistance. Poursuivant alors sa course avec toute sa
cavalerie, il marcha jour et nuit afin de surprendre les
soldats de Balthazar disperses dans les villages oil ils
avaient dd camper. II rencontra, en effet, k Saint-Mau-
rice, les regiments de Guitaut et de Ley ran, qui n'avait
pas voulu s'enfermer dans Grenade avec les autres, pour
&tre plus au large dans leurs quartiers. II tomba sur eux
a rimproviste et les mit en pleine d6route; puis, il conti-
nuasamarchesur Mont-de-Marsan oil il esp6rait s'empa-
rer de son adversaire. II « envoya [ordre] auxditzjuratz
» de retenir Balthazar,, qu'ils laiss6rent [8'6vader]. M. le
)) due de Candalle arriva k quatre heures aprfts minuit
» audit Mont-de-Marsan, od, demandant Balthazar, Tons
» luy dit qu'il avoit pris sa route vers Tartas* » (26
d6cembre)^ Sans perdre une minute, Candalle se mit a
sapoursuite, mais, parvenu a Tartas, « il le trouva barri-
» cad6 a la ville haute. Tons ne m'escript pas avec com-
)) bien de monde. Les jurats dudit Mont-de-Marsan sont
)) pris prisonniers et d'autres sont a leur place *. » Can-
dalle avait done perdu le principal fruit de sa journ6e;
sa victoire n'en 6tait pas moins importante puisque, pour
le moment, elle sauvait la ville de Mont-de-Marsan, a oil
» estoit desja la personne de Balthazar, qui avoit desja
» une bonne partie des habitans de son cost6^ » Aussi,
(1) Pour r^compenser M. de Ravignan de son heureuse iatervenlion, la com-
munaut^ de Villeneuve lui vota 2,000 livres (24 d^c). Arch, de ViUeaeuve, CO.
9, n" 6.
(2) Arch, de Villeneuve, CO. 9, n» 4.
(3) Arch, nat., KK. 1219, t* 541 (Lettrcs de Vivers ii Mazarin, 8 janv. 1653).
(4) Arch, nat., KK. 1219, ^ 542.
(5) Arch, hist, de la Gironde, t. viii, p. 434.
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— 344 —
dans sa Mtise historique, Loret n'oublia pas de c616brer
le succ6s du nouveau g6n6ral des troupes royales S et
d'Aubeterre, appel6 a lui succ6dep quelques jours apres
ces 6v6iiements, faisait ainsi ressortir aupr^ de Mazarin
le m6rite de son chef :
Mgr, je m'asseure que Voslre Eminence aura d6jk apris oomme
M. de Candale a fait plus de vint lieues de Gascogne pour tomber
dans les cartiers de Balthasar et la d^faite entifere des regiments de
Guitaut et de C^ran et une compagnie franche (2).
Aprfes avoir fait remarquer que cette victoire avait
sauv6 Mont-de-Marsan, il ajoutait :
Si ceste ville lui fut demeurde [k Balthazar), nous pouvions dire
adieu a nos cartiers, driver dumoins k cete contr^e ouM.de Tracy a
destine 60 cometes de cavalerie et six regiments d'infanterie. Sans
perdre un moment de temps, M. de Candale avoit suivi les ennemis
jusqu'i Tartasqui les repceut, sans cela ils ne nous pouvoient eschaper
ayant plus de seize lieues de retraicte, sur les advis qu'il regut que
Marsin avait dessein de reprendre Dax (3),
Premiers ravages de Balthazar. — Balthazar neparait
pas avoir 6t6 fort trouble par cet 6chec; en tout cas, il fut
vite remis de son Amotion. « D'abord qu'il fut a Tartas,
» il alia au Sabla de Dax mettre le feu a la maison de
)) M. dePoyanneet fit de grands ravages ets'en retourna
)) a Tartas *. » II faut convenir qu'on ne pouvait plus
hardiment narguer. un adversaire. En mtoie temps que
la maison de Poyanne, le colonel avait brtil6 TentrepCt
de la r6sine, « une grande maison audit lieu du Sablar,
)) fauxbourg de ladite ville, dans laquelle estoient les
(1) Peu s'en est IfaUu que Candalle I«e colonel craignant la louche,
N'ait trouss^ Balthazar en malle, Encor qu*il soit fler et farouche.
Pour le moins flt-il de grands tas Touma dos au victorieux,
De ses gens morts pr^ de Tartas. £t jamais on ne piqua mieux.
(2) Arch, nat., K.K. 1,219, ^ 535. (Lettre dc d'Aubeterre ^ Mazarin^ 1«' Janvier
1053).
(3) Arch, nat., K. K. 1,219, f 536.
(4) Lal^rde-P6l?ou^, Halation c4rCtalfle,„ (Arm, cUfs l^andes, iii, p. 465),
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— 345 —
)) poix desdites resines et d'autres marchandises *. » Tout
f ut d6vor6 par les flammes et plus tard la ville de Dax
r6clama une indemnity pour la perte qu'elle venait de
subir*. Poyanne, d6concert6 sans doute par Taudace de
Balthazar, ri'osa pas sortir de la place dont la garde lui
6tait confine. Aussi, aprfes Tavoir inutilement attendu
devant Tartas, Candalle dut rentrer h Mont-de-Marsan,
pour ne pas demeurer en rase campagne expos6 seul aux
entreprises desennemis (28 d6cembre) '. Du reste, il avait
re?u Tordre de se diriger sur la Garonne; mais il arriva
trop tard pour emp6cher Sarlat de tomber entre les mains
de Marsin (1*^ Janvier 1653). Balthazar ne le laissa pas
s'61oigner sans le poursuivre, afin d'essayer de prendre
sa revanche. II r6ussit a lui enlever quelques fantassins,
quatre-vingt cavaliers et a s'emparer du chftteau 'de Cauna.
qui devait, avec Tartas, lui servir de refuge pour entasser
son butin; poursuivant sa course, il vint audacieusement
loger en face des troupes royales dans les faubourgs de
Mont-de-Marsan. Les populations 6taient dans Tan-
goisse.
Le commencement de Tannte 1653 est fort k craindre... nous som-
mes k la grande faim. Encore de plus ce que nous avons n*est pas
ndtre. L'un d6robe le pain, Fautre la chair, Tautre les choux et d'autres
les meubles, Tautre le prend d'autorit^; il y 'a tant de voleurs qu'il n'y
a personne qui n'ose aller au march6, ni n^gocier les aflfaires k cause
des voleurs et des gens de guerre qui prennent tout (4).
Royalistes et frondeurs se conduisaient avec une 6gale
rapacity et leurs exactions 6taient telles que toute s6cu-
rit6 avait disparu : a Celui qui a quelque chose n'ose pas
)) demeurer en sa maison qu'avec grande crainte * » et le
(1) Laborde-P6bou6, Relation o^ritable,.. (Arm, dos Landcs, lu, p. 466).
(2) Arch, de Dax, C. C. 3.
(3) Arch, de Dax, B. B. 3, f» 83 v.
(4) Laborde-P6boud, Relation oeritable... (Arm. des Landes, iii, p. 466).
(5) Labonle-Pebou6, Relation oeritable.,, (Arm, des Landes^ in, p. 467).
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— 346 —
voyageur le plus inoffensif n'6tait pas k Fabri des plus
d6sagr6ables surprises.
Le baron de Marsan. — Apr6s avoir fait uned6mons-
tration inutile aux portes de Mont-de-Marsan, Balhazar
6tait revenu k Tartas, centre de ses op6ration8. Msdtre
de Sarlat, Marsin lui envoyait alors une partie de ses
troupes pour renforcer ses premiers r6giments, et il
s'agissait de leur faire traverser les Landes pour arriver
a Tartas. La population de Roquefort 6tait sympathique
aux frondeurs; mais le seigneur de cette ville, Bertrand
de Galard, baron de Marsan, qui se trouvait en guerre
avec les habitants, 6tait suspect aux rebelles. La Cour
lui avait envoye Pensens pour Tengager a refuser le
passage aux ennemis du roi; Balthazar pssaya de le gagner
a sa cause en lui 6crivant la lettre insinuante qui suit :
Sachant reslimeque leurs Altesses font de voslre personneet de vos
m^rittes, j'ay creu estre obligA de vous faire ses lignes pour vous dire
que j'ay appris que Pensens avait exig^ des choses de rostre viUe et
gouveraement qui m'a un peu surpris, d'autant que je ne puis eroire
que vous y estant vouUiez escouter en fagon quelconque la moindre
proposition des ennemis, et que pour cet effet je vous ay envoy^ le
sieur de Prugues pour y demander de faire passer les trouppes en
dega que M. de Marsin m*envoy par M. de S. Micaud. Je vous prie
doncq d'y contribuer de v6s soings. Gardez avecq vous le monde que
vous jugerez avoir besoing, cavalierie ou infanterie, et me faictes la
grAce de vous servir de moy et de mes gens come une chose qui vous
est tr^s enti^rement acquise. Honore moy de vos nouvelles et me
croyez, monsieur, votre tr^s humble et tres obeyssant servileur,
Balthazar.
A Tartas, le 3 Janvier 1653 k minuit.
Le porleur vous dira comme nous avons deffaict un parti h Mont-
de -Marsan (1).
D'Aubeterre. — Ce n'est pas sans raison quele hardi
(1) Arch, iiat.; Archives du Liu-Marsan.
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— 347 —
partisan essayait de rassurer le baron de Marsan sur les
consequences de sa complaisance k son 6gard, en lui par-
lant des succfes qu'il pr6tendait avoir obtenus. En quit-
tant les Landes, le flue de Candalle avait laiss6 au cheva-
lier d'Aubeterre, charg6 de le remplacer, un renfort de
quatre regiments de cavalerie, avec lesquels il devait
d6fendre le Marsan et la Chalosse, tandis que le marquis
de Poyanne continuerait h prot6ger Dax avec deux regi-
ments*. D'Aubeterre commenQa par 6tablir h Mont-de-
Marsan une forte garnison dont il imposa Tentretien aux
bastilles *. II avait r6solu avec Poyanne de r6unir toutes
les forces royales pour tomber sur les ennemis s'ils demeu-
raient disperses; mais Balthazar, pressentant le danger
qui le mena?ait, groupait aussi ses troupes et avait appel6
a lui (( mesmes Gaston qui estoit march6 du cost6 de
)) Dax* » (4 Janvier). Poyanne offrit alors deTattaquer
avec la garnison de Saint-Sever; pour cela, il demandait
a son compagnon d'armes de venir se placer entre Tartas
et Hinx avec les troupes de Mont-de-Marsan. Tout en
reconnaissant lahardiesse de cetteentreprise,d'Aubeterre
ne crut pas devoir s'y associer. II ne lui 6tait pas possible
de d6garnir la ville de Mont-de-Marsan k cause du peu
de confiance qu'elle lui inspirait; du reste, il ne pouvait
disposer que de 300 chevaux. II demanda done k Poyanne
de lui indiquer un autre rendez-vous; il offrait de s'y
transporter en toute diligence et de suivre pour cela le
chemin qui lui serait indiqu6 (6 Janvier) *.
Combat de Saint- Justin. — Balthazar n'6tait pas
d'humeur a laisser a ses adversaires le loisir de se concerter
(1) Arch. nat. K. K. 1,219. f 535-536.
(2) Pour sa part de contribution, Roquefort eut ^ payer une cotlise de 3,000
livres (3 janv.)- Arch, de Roquefort, B. B. i, n* 9.
(3) Arch, hist, da la Gascogno, fasc. i, p. 107. (Lettre de d'Aubeterre ^
Poyanne.
(4) Arch, hist, do la Gascognc, ibid.
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— 348 —
pour r^craser. II reparut done a Tiinproviste a Magescq,
a Nerbis, k Montaut. II surprit k Onard les gens de
Poyanne venus en ce lieu pour Tempfecher de traverser
TAdour, que les pluies d'hiver avaient gross! et qu'il
n'6tait pas possible de passer k gu6; il leur tua trois
hommes et emmena vingt-trois prisonniers (9 Janvier) ^
Ce 16ger succ6s fut largement compens6 par la d6faite
inflig6e deux jours apr^s k ses lieutenants. Les trois regi-
ments de Leyran, Guitaut et Labatut, d6ja si maltrait6s
k Grenade, 6taient camp6s k Saint-Justin *. Les royalistes
vinrent les y surprendre. Suivant le plan arr6t6 par
Poyanne, la garnison de Saint-Sever fit Tattaque; les
frondeurs furent taill6s en pifece et on enleva tout ce qui
6tait au quartier (11 Janvier). « Un commandant de
)) Balthazar, nomm6 Gaston, y demeura mort sur place,
» encore y demeura des gens de Balthazar morts et
)) prisonniers jusqu'au nombre de trois cents \ » Rendu
furieux par cette double d6faite, le colonel refusa de rien
faire pour ces trois malheureux regiments et ne voulut
pas mfeme r6clamer les captifs pour les 6changer *. II so
pr6occupa seulement de sauvegarder Roquefort, oil il avait
nomm6 gouverneur le baron de Batz, venu de Bordeaux
dans les Landes au commencement de Janvier. Celui-<5i
taxa les habitants a trente-un pains par jour, k partir du
6 Janvier (14 Janvier) etla jurade emprunta 3,000 livres,
du grain et autres provisions pour Tentretien des troupes
qui occupaient la ville^ De retour a Tartas, Balthazar
poussa une pointe sur Mugron pour piller cette locality
(1; Laborde P^bou^, Relation c^ritablo... (Arm. des Landes, t. in, p. 468.)
(2) Quelques auteurs placent le combat k La Bastide; mais Laborde-P6bou6
dit k Saint-Justin. II est vrai que ce chroniqueur le lait dinger par M. de Can-
dalle,qui «e/i eat da bon ». 11 est probable que les trois regiments ^taieutrepartis
entre ces deux petites villes, distantes Tune de I'autre de quatre kilometres
seulement,
(3) Laborde-P^bou4, Relation cdritahlo... (Arm. des Landes, i. in, p. 468).
(4) F. Cosnac. Souoenirs du regne de Louis XiV, t. vi, p. 3L
(5) Arch, de Roquefort, B. B. 1, n' 11.
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et faire des prisonniers; a mais ceux de Mugron se d6fen-
)) dirent et en flrent tomber un tout mort sur la place et
)) un autre mourut en chemin et le port^rent mort a
)) Tartas. » (16 Janvier) *.
Roquefort. — Ainsi les troupes royales demeuraient
maitresses de la campagne, et les frondeurs, traqu6s de
toute part, n'occupaient plus k cette heure que Tartas
et Roquefort. Cette dernifere place n'6tait m6me pas en
s(iret6, puisque, si les habitants 6taient favorables a la
Fronde, le baron de Marsan, leur seigneur, que nous
avons vu vivre en assez mauvais termes avec eux, 6tait
soup5onn6 de vouloir la livrer aux partisans du roi. Pour
la conserver, Balthazar y appela en toute hate le reste
du regiment de Conti, qui campait a Bazas, et Saint-
Micaut fut charg6 de conduire ce renfort. La ville de
Roquefort, b&tie au confluent de la Doulouze et de TEs-
tampon, et prot6g6e par une enceinte perc6e de quatre
portes fortifi6es, 6tait une des six bastilles urbaines du
Marsan-Gabardan * et n'6tait guere abordable que du c6t6
du sud. C'est par la que Saint-Micaut esp6rait p6n6trer
dans la place; mais arriv6 a Saint-Justin, il se heurta
centre d'Aubeterre, qui 6tait venu do Saint-Sever avec
cinq cents chevaux du regiment de Saint-Mesmes et
rinfanterie de Saint-Luc. II s'^langa aussitdt par Saint-
Martin-de-Noet et, se d6robant a la poursuite de ses
adversaires, il put gagner Roquefort. Les portes de cette
ville lui f urent ferm6es, mais il s'6tablit dans les faubourgs
(du Puyjorin arEstampon),tandis que les troupes royales,
qui avaient suivi la rive gauche de la Doulouze, par
Douzevielle et Sarbazan, prenaient position sous les murs
de la place au faubourg de Penecadet. La nuit venue, les
(1) Laborde-P^bou^, Relation o^r liable > {Arm. dea Landes,X, ni, p. 468.)
(2) Les ciuq autres ^talent Grenade, Caz^res, Villeneuve, Saint-Justin et
Gabarret.
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— 350 —
soldats de d'Aubeterre regagn6rent leurs campements de
Saint-Justin et de La Bastide. Averti dece qui venait de
se passer, Balthazar partit la nuit mfeme de Tartas, avec
Henry de Prugues, son lieutenant, et vingt autres de ses
gensacheval (17 Janvier). II arriva devant Roquefort a
neuf heures du matin et malgr6 les efforts du baron de
Marsan il parvint a sintroduire dans la petite cit6. II
r6ussit a se rendre maitre du chateau et de T^glise, solide
6diftce couronn6 de parapets cr6nel6s, qui en font une
v6ritablecitadelle,etflanqu6 d'un donjon du ix® siecle, qui
sert de clocher. II fit alors entrer Saint-Micaut avec les
soldats du regiment de Conti quil amenait k sa suite *.
Saint' Justin. — Les troupes royales ne tarderent pas
k reparaitre et vinrent reprendre les positions qu'elles
occupaient la veille. Alors, pour d6gager la place, Bal-
thazar, prenant avec lui les vingt chevaux qu'il avait
amends de Tartas et deux mille hommes de pied, fit une
6nergique sortie par le pont de Penecadet. Sa tentative
fut couronn6e d'un plein succ6s et d'Aubeterre, surpris
par la vigueur decette attaque, se retira sur Villeneuveet
Saint-Sever, en ayant soin de placer au chateau de Saint-
Justin trente hommes charges d'occuper les ennemis. Ce
petit fort, situ6 sur un mamelon isol6 en dehors des
remparts et surplombant la Doulouze, n'6tait pas du reste
la seule defense de cette cit6. « Estant d&]k environn6e
» de trois parts de la Douze qui coule au pied de son
)) tertre* », une ceinture de solides murailles, coup6es de
distance en distance de tours octogonales % en faisait une
place capable d'arrfeter pendant quelques jours les troupes
(1) Cf . Balthazar, Guerre de Guyenne, p. 359-360.
(2) Duval, Abr^gd du monde, p. 437 (1641).
(3) II en reste encore trois, qui contribuent singuli^rement ^ donner k cette
petite ville cet air pittoresque qui surprend, au premier abord, le voyageur qui la
visite.
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- 351 -
peu nombreuses qui manoeuvraient alors dans cette partie
du Marsan. « Pour la conservation de ce poste Monsieur
» le chevalier d'Aubeterre auroit mids une garnison dans
» leur ville et baill6 le commandement au sieur de Rifau-
» dau, lieutenant dans le regiment de Saint-Mesmes*. »
(18 Janvier.) Cette precaution fut inutile, car d6s le lende-
main, le terrible colonel libre de ses mouvements repre-
nait Toffensive et sedirigeaitsur Saint-Justin, a laquelle
)) ville et fort dlcelle auroit est6 atacqu6 et prins par
)) monsieur Balthazar, les biens meubles des habitans
» pill6s et leurs personnes mises a rangon, dans laquelle
» ville monsieur Balthazar auroit laiss6 une forte garnison
)) tant de cavalerie que dlnfanterie irlandoise *. » Elle ne
devait pas 6tre plus heureuse que les f oyalistes et comma
eux allait 6tre bient6t expuls6e d'une place si facilement
conquise.
La Bastidc. -^ Maitres de Saint-Justin, les frondeurs
continuferent leur course et remontant le cours de la
Doulouze, pousserent jusqu'a La Bastide, oil ilsen trerent
sans 6prouver la moindre resistance. Balthazar y plaga
soixante hommes du regiment de Conti et les d6bris de
ceux de Guitaut et de Leyran, qu'il supposait avides de
venger leur d6faite. Comme cette ville n'avait pas de
retranchements, il leur recommanda de se barricader
dans les rues et surtout dans Teglise qui, par sa masse,
pouvait tenir lieu de citadelle. II crut alors pouvoir s'61oi-
gner en toute s6curit6 et regagner Roquefort; mais d6s
qu'il fut parti, d'Aubeterre se pr6senta devant la place,
II n'eut pas de peine k forcer les barricades qu'on venait
(1) Archives des Landcs, H 33.
(2^ Un capitaine royaliste de SainWusUn, Charles de Batz, sieur de Laubidat,
fut une des victimes de cette invasion; car plus tard (22 septembre 1657) il faisait
certifier par ses concitoyens que la maison qu'il « avoit dans ladite ville et qui
)> appartenoit alors ^ feue damoiselle Rachel de Vacqu^ sa m^re avoit 6%& prise et
» pill4e par les troupes du colonnel Balthazar. » (D'Hozier, BaU-Trenquel^n),
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d'6lever a la h&te* et les frondeurs,(( bien qu'ils fussent
)) dans r6glise, se rendirent trfes-lachement. Aussi Bal-
)) thazar ne les regretta point, ne lui ayant pas donn6 le
» temps depuis la minuit jusqu'a neuf heures du matin
» qu'il se rendit de Roquefort a Labastide avec cavalerie
)) et infanterie pour les secourir; mais les troupes du roi
» 6toient d6jgt a Villeneuve et Mont-de-Marsan *. » On
voit que cette guerre n'6tait qu'une suite de surprises;
aussi en apprenant la defection de ses soldats, Balthazar,
qui d6j^ revenait sur ses pas pour leur tendre la main,
se replia sur Roquefort et se pr6occupa de pourvoir a la
stiret6 de cette place. II avait d6ja d6pouill6 de ses meu-
bles, de ses papiers et de tons ses effets le baron de Marsan,
qui ne se ralliait pas a sa cause '. La presence de ce
seigneur paraissant encore fetre un danger pour les fron-
deurs, le prince de Conti Tautorisa a sortir de la ville
pour se retirer avec sa f emme et sa f amille dans sa maison
de Saint-Martin-de-Noet * ; mais en mfeme temps, pour
6viter de le pousser a bout, il d6fendit a ses troupes de rien
prendre sur les terres qui lui appartenaient (9 f6vrier) '.
Le baron de Batz fut des ce moment seul maitre de
Roquefort et, persuad6 du danger qui mena^ait chaque
jour cette ville, il r6clama des armes pour la mettre en
6tat de defense*.
Le Tampoy. — Plein de confiance en son lieutenant,
Balthazar s'61oigna de cette region et regagna Tartas,
(1) Le 15 Janvier 1667, il certiflait que le sieur Jean de Batz et le sieur de
I^ubidat, son frere (qu*il ne faut pas oonfondre avec le baron de Batz, aur
ordres de Balthazar), « Tavoient accompagnd ^ I'atacque des retranchements de
» Labastide, ou ils s'etoient cumport^s en gens de coeur. » (D'Hozicr : Batz-
Trenquel^on.)
(2) Balthazar, Guerre de Guycnne, p. 360.
(3) Gdn6alogie manuscrite de la maison du Lin-Marsan.
(4) Paroisse k cinq kilometres et demi de Roquefort, aujourd'hui commune
de Saint-Justin de Marsan.
(5) Arch. nat. Arch, du Lin-Marsan, n* 262.
(6) Arch, nat., fonds fr., papiers de Lenet, 6713, ^ 89.
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-353 -
centre de ses operations, laissant k.ses partisans le soin
de continuer k ravager le Marsan. Pour mettre fin a
leurs d6pr6dations, d'Aubeterre, qui avait dft cantonner
ses troupes k Saint-Sever, Montaut, Mugron et GaujacqS
c'est-^-dire en pleine Chalosse, donna ordre aux jurats
et habitants de la juridiction du Fr6che de fournir des
gens au sieur Gabriel de Brocas, seigneur de Tampoy *,
pour (( fortifier sa maison et Taduortir » (12 f6vrier) '.
(1) Laborde-P(?boue, Relation Writable (Arm. dea Landes, ni, p. 470).
(2) Tampoy, siir les bords du Midou, au quartier de Goussies (Le Fr^che), est
aujourd'hui une simple ferme, dependant du domaine d'Ognoas et appartenant
au Grand Seminaire d'Aire. Elle est compos^e de deux corps de logis r^uuis par
une tour en briques. S'appuyant sur une vaine consonnance de mots, de hardis
^tymologistes ont fait de Tampoy une maison de Templiers. Cette assertion
demauderait k 6tre appuy^e de bonnes preuves, car nous voyons Elisabetb de
Comminges, tulrice de Gaston Phoebus (1343-1349), conc^der k Arnaud Guilhem
de Labartbe, seigneur de Carder, « donzel, » Ja permission de « far ostau ou
» salle en la terre de Gard^res et de Tampoy en ladite vicomt^ de Marsan et de
» enfourlir acquet ostau ou salle et far forteresse segond et par la maneyre que
» los homis gentius deudit viscomtat de Marsan podin et debin iar ostau ou salle
» et forteresse. » (Arch, des Landes, E 78.) Telle f ut done Torigine de ce petit
casteldontlenom devaitplus tard figurer dans rhistoire; car une inscription, main-
tenant ef!ac6e, a longtemps d^sign6 aux touristes la chambre que Frangois 1**
occupa dans cette demeure., la veille de son mariage ayec Elisabeth d'Autriche
(6Tjuillet 1530). A ce sujet, quelques auteurs, peu habitues i\ contrdler les afflr-
mations de leurs devanciers et trop prompts k les reproduire de conflance, ajou-
tent que pour facilitor le passage du monarque on jeta sur le Midou un pont
qui porte encore le nom de «Poun dou Rey ». Nous ferons observer d'abord que
pour se rend re de Tampoy k Beyries, oil eut lieu la c^r^monie, le roi n'avait
pas besoin de traverser le Midou, puisque les deux habitations sont situ4es sur
la rive droite de cette riviere. En second lieu, c'est en 1484 que Lubat d'Aydie,
seigneur d'Ognoas, obtint de Madeleine de France, tutrice de Catherine de
Navarre, Tautorisation derebatirlepont situ^ au uord de son manoir, c'est-^-dire
aupres de Tampoy (Arch, du Grand S^minaire d'Auch, n» 18^), tandis que ie
Poun dou Rey, situe au bois de Bedat, est k une grande distance de cette maison
let dans une direction tout oppos^e k Beyries. Un ^rudit contcmporain(M. I'abb^
Cazauran, Etudo sur MonguUhem, p. 87) avance que cepont aurait 6te cons-
truit^a Toccasion du voyage de Charles IX, en 1565. C'est une supposition gra-
tuile, car I'itineraire suivi par la cour estparfaitementconnu. Entr6 dans les 4tats
de la reine de Na\arre par Captieux, Roquefort, Mont-de-Marsan, Tartas et
Bayonne, le roi de France en sortit par Mont-de-Marsan, Caz^res, Nogaro,
Eauze, Montreal, Condom et N^rac. (Rocueil et dUcours du ooyage de Char-
les IX.., faict et recueilly par Abel Jouan, Vun des seroiteurs do S. M.
Paris, pour Jean Bonfons, libraire, en la rue Neuve-Nostre-Dame. A Tenseigne
S, Nicolas. M.D.Lvi. P. 42.) 11 n'y a done pas la moindre probability que pour
se rendre de Cazeres (23 juillet) k Nogaro (24 juillel), le cortfege royal ait fait le
detour qu'exigerait son passage dans la petite bastide de Monguilhem, et par
suite qu'on ait construit alors le pont dont il s'agit. Ainsi finissent les l^gendes I
(3) Arch, de Saint-Justin, fonds Duclerc, n" 19. (Attestation pour M. de Brocas,
seigneur de Tampoy, copie faite le 7 Janvier 1664.)
Tome XXXV. 23
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— 354 —
Gabriel de Brocas avait pour mission de s*opposer aiix
courses des ennemis du roi dans cette region. Pour y
parvenir, il r6unit autour de lui des hommes, « les ungs
» sesamis, les^autressoldoy6s. )) Confiants dans sa valeur,
les gens de la juridiction du Frfeche conduisirent leurs
troupeaux dans les foss6s qui environnaient Tampoy, afln
de les mettre k Tabri des maraudeurs. Or, il advintqu'un
jour les ennemis, ayant pris une quantity de gros b6tail
au-delk du Midou, lui firent traverser cette rivifere sur le
pont d'Ognoas, pour I'amener k leur quartier de Roque-
fort. Averti de leur passage, Gabriel de Brocas sortit
avec ses gens, dispersa Tescorte et s'empara de ces trou-
peaux, qu'il r6unit k ceux des gens du Fr6che dans les
foss6s de son chAteau. Les frondeurs, furieux de cette
surprise et de la perte qui en 6tait la suite, revinrent en
force sous la conduite de Grenier, Tun des lieutenants de
Balthazar; mais tons leurs efforts furent inutiles. Le sieur
de Tampoy r6ussit k garder sa capture et rendit ensuite
k chacun des perdants ce qui lui avait 6t6 enlev6.
(A suwre.) J.-J.-C. TAUZIN,
Cur^ de Saint-Justin de Marsan.
NOiTES DIVERSES
CCCXXII. Les armoirles d'Arn. Aubert et du pape Innoeent VI.
Arnaitd Aubert, archev^ue d'Auch (1355-1371), fit graver surunepierre
du donjon de Bassoues ses armes, dont on a vu le dessin dans notre nu-
m^ro de mars dernier, vis-i-vis de la page 168: De,.. au lion passant
de,,, aocc une bandc de. , , au cliej de,,. charge de trots coquillcs dc, ,.
— Ces memes armoirles, somm^es de la tiare et de deux clefs, ont cte pu-
bli^es nagu^re par M. de Lahond^s {Bulletin de la Soc, arch^ol, du Midi
de la Fr,y n' 13, p. 63), qui les arelevees au-dessus d'une ported'escalier,
dans unecour do rHotel du Midi, jadis college Saint-Martial. Elles rappc-
laient, a cette place, le pape Innocent VI, oncle de notre archevequc,
ancien professeur de droit k Toulouse et fondateur de ce college.
(1) Parmi eeux qui r^pondirent^ cetappel,on signala Jean RenazeiUes, sieur
d'Aubaignan, Charles de Batz, ^cuyer, sieur de Laubidat, Dufour, ^cuyer, sieur
de Labadie, Jean L^glize, Pierre Dusan, Jean de Gaube dit de Brisquadleu,
Jean Dubenque, Jean Glize dit Chinanin et d'autres bourgeois du Frdche.
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OBJETS ANTIQUES
AVEC MARQUES DE FABRICANT
INSCRIPTIONS OU AUTRES SIGNES
TROUVES A LBCTOURB BN 1890, 1891 BT 189S (*) .
SUPPLEMENT
Pendant les derniers mois de TannSe 1892 et les premiers
de Tannee 1893, Fachevement des fouilles, au chanller prin-
cipal, a fourni un certain nombre d'objels avec inscriptions
on marques nouvelles. Nous croyons bien faire eiv ajoutant
ici celte suite dans laquelle la proportion des marques
curieuses et rares est plus grande encore que precedemment.
Pour la comparaison, outre les ouvrages que nous avons
cit6s en commen^ant, nous avons vu personnellement, en fait
de publications nouvelles, les tomes iv et v des Inscriptions
antiques da Musie de Lyon, par MM. Allmer et Dissard, ou
flgurent bien pres de deux mllle marques flgulines, relevees
par M. Dissard, et le tome xv de la nouvelle edition de VHis-
Urire de Languedoc, ou M. Lebegue a insere bon nombre de
marques trouvees en divers temps dans la moili6 occidentale
de cette province. >
Pour les divisions de ce complement nous suivons Tordre
deja adopte, sauf a intercaler ou aj outer deux ou trois cate-
gories d'objets ou varietes non encore vues.
AMPHORES
218. — Fragment d'une ansa d'amphore de grandeur moyenne. De
haul en bas dans un rectangle incomplet k gauche et au has :
MCP
0
Lettrea d'enoiron 11 millimetres.
Lea lottres sonti ncompl^tes deleur moiti6 inf6rieur,eexcept6 la demi^re
• Voir la livraison de f^vrier 1894, page 99.
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— 356 —
qui est complete; la premiere est emp4t^ et incomplete encore k gauche;
les points, incomplets, 6taient triangulaires, le premier touchant ^ M et i
C, et le second dans C; P ^tait peut-etre B, la boucle existante se confond
snr un point avec la circonf6renoe de O. Dans ces marqaes d'amphores,
aux noms de citoyens romains, il n'y a que le prenom qui n'ofire aucune
difficuU6 de lecture. \
219. — Culot d'amphore du m6me genre etde la mftme terre que
celui n° 7 (..)• Dans un rectangle, iraprimi horizonlaleraent Tamphore
^tant pos^ sens dessus dessous :
lo3
Lett res de IS et 7 mill. fj2
Cette marque se trouve an has et entire les jambages d*un tres grand a
(15 cent, de haut) points comme s'il s'agissait d'un A, fait avec ledoigt quand
la terre ^tait fraiche. La forme da C, retrograde, est bien nette sror le haut,
mais vers le has on distingue vaguement upe barre oblique comme poor
un P, k haste penchee, n'arrivant pas au haut de la boucle : 2) 'On peat
ainsi lir^ Modiestus), IjSl lecture Comimiinis)^ retrograde, serait moins
justiflee. Au reste, la forme du D, que nous soupQonnons ici, est donnde,
presque pareille, tres nettement, par une inscription de Lectoure, mal
reproduite par les photogravures du capitaine Esp^rartdieu.
220. — Anse de grandeur moyenne (..), De haut en has, dans un
rectangle :
QFC
Lett res de 71 mill.
L'initialo bien circulaire; les points ronds; la traverse da milieu de la
seconde lettre boulet6e et courbde vers le bas k son extremity, le point est
entre les deux traverses; le C presque carre. Signalee a Sninte-Colombc-
16s-Viennc.
221. — Anse de grandeur moyenne (..). De haut en bas, dans un
rectangle :
TAArA
Lettres de 10 mill.
Lettres k traits larges; points triangulaires. L*avant-derni6re lettro est
peut-^tre un C, dont la forme la plus ancienne ^tait en angle obtus au lien
d'etre en courbe.
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222. — Anse de grandeur moyenne. Dans an carre> mal venu k
gauche :
Q
Haut. 14 mill.
Ce signe avait a gauche un appendioe comme celui de droite, qui est bou-
let6 k son exMmit^, il en reste tonte la partie sup^rieure, la seule qui ait
marqu^; un nceud entre deux k lear naissance. C'^tait ainsi probablement
rimage d'une couronne.
Nos marques sur araphore se termlnent par une r6plique du no 1,
A'l S, plus fluetteetplus pure, mats incomplete de la moitie inttrieure
demeur^ sur la pause de I'amphore, dont nous n'avons trouv^ que I'anse
qui a garde, horizontalement au bas, I'autre moitie.
POTERIE ORISE OU NOIRE
La poterie grise ou noire a laiss^ peut-£tre plus d^ecbantillons anti-
ques et du haut moyen-^ge (?) sur le sol de Tancienne Gaule que tous
las autres genres antiques r^unis. Ant^rieure sans doute k T^poque
gallo^romaine, sa fabrication se continua pendant cette pdriode et plus
ou moins longtemps apr^s ?
Les teintes de cette int^ressante poterie, la vraie et seule poterie gaii-
loise nationale vraisemblabiement, vont du gris cendr^ au noir; une
variety plus rare offre la teinte hrun chaudj c'est-Ji-dire brun rou-
ge&tre. Dans la p4te sont quelquelois de petits cailloux blancs et tou-
jours des grains de mica blancs et brillants. La duret^ de la terre cuite
pr^nte plusieurs degr^ jusqu'k celui d'une extreme duret^. L^
formes avec panse 6taient les plus communes, avec les autres elles
diff^raient toutes, ou k peu prfes, de celles de la poterie fine k couverte
rouge lustr^e. La beaut6 ou la finesse des produits ^galaient parfois ce
dernier genre sur des vases avec des ornements pimples imprimis en
creux et ou la couleur de la terre, rouge quelquefois au centre^ ^tait
accentufe par une belle et fine couverte noire. La decoration la plus
commune ici, sur les vases les moins fins, consistait en empreintes
du bout d'un petit roseau ou, sur des anses, en des trous faits avec une
petite baguette, mais principalement, sur des produits de finesse
moyenne, en de larges traits hachur&r, m^andreux, etc.^ obtenus en
lissant tvhs reguli^rement et l^g^rement la terre fralche au moyen de
rebauchoir.
La poterie grise ou noire demeure rouge apr^s avoit iti ohauffte k
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— 958 ^
blanc; sa coloration £tait done obtenue principalement, sinon exclusi-
vement, par une cuisson oporto ou acbev^ au milieu d'une tumie
plus ou moins noire; et, entre autres, le procM^ affirm^ par Bron-
gniart {Traits des Aria c^ramiques) : du charbon pulv^ria^ iniro-
duit dans la pdie, parait impossible. La haute antiquity des vases
gris, noirs et bruns, obtenus par un m6me proc6d6, s'induit de leur
pr&ence dans les dolmens et ici, sur le plateau de la ville actuelle de
Lectoure et de son faubourg, d*un certain nombre d'echantillons qui
semblent venir de vases fails sans le secours du tour; enfin, pour notre
r^on, de ce que le vase trouv^ k Laujuzan (Gers), contenant prfes de
mille deniers d'argent des Sotiates, tons ant^rieurs k la conqu^
romaine et caches sans doute au premier moment de la venue des
Romains, ^tait en ierre grise, participants qu*entre autres soins
d'exaclitude et de critique ont oubliS de noter tons ceux qui ont fcrit
sur cette trouvaille. Nous tenons le renseignement de M. H. de Cours,
propriStaire du fonds oil le tr&or fut dScouvert.
Nous abr^erons en disant que les marques sur poteries grises ou
noires, imprimis sur des produils de Tipoque romaine sans doute,
sont rares un peu partout sur le sol de Tancienne Gaule, et nous n'a-
vons encore rencontrS ici que deux grafitti faits aprfes la cuisson des
vases.
223. — Fond plat d'un vase assez grossier, teinte d'ardoise. Vers
le centre, en dessous, d'une pointe assez fine :
BC
Lettres de 17 mill,
* La barre de la premiere lettre^ ou des deux premieres car il faut peut-
^tre entendre I et D 1168, est courbe : la convexity vers Tint^rieur. Un trait
plus long que la marque n*fst large coupe les deux caract^res vers le haut;
un second trait, plus court, coupe le premier au bas. Ces deux traits parais-
sent relativement modernes et sont peut-^tre accidentels.
224. — Fragments du rebord torique et des parois d*un vase demi-
fin — un peu plus fonc6 k Texterieur que le pr6c6dent — qui avait 13
centimetres de diamfelrei Torifice. Ilorizontalement, sur le col vertical
et se continuant sur la panse^ d'une pointe fine :
N..RIT
Lettres de 40 mill.
II ne reste de la premiere lettre qu*un peu plus de sa moiti6 inf^rieure
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— 359 —
de droite sur un fragment qui ne se racoordepas aveo Tanlre, m&is qui en
^tait ^rt^ k pen prds de la largeur d'une lettre, manqnante, d'aprte one
progression des traces des doigts da potier k Tint^ieur du vase; il manque
encore la haste de E; le T a sa traverse tr^s conrte k gaojohe et tr^s allongto
k droite; apr^s cette lettre la marge n*a pas moins de 5 centimetres, elle
etait done la derni^re da grafitto qui nous donnait peut-^tre un nom aqui-
tain. Toute strange que puisseparaltre eette terminaison rit, on la retrouve
dans un des plus curleux noms d'une des 4^vinit^ de TAquitaine, si on
le decompose en Herans-CorrU-Seke, qui ainsi est peut-^tre la bonne
interpretation de ce nom au lieu de nombre d'autres plus ou moins inad-
missibles, Desdivinites k trois personnes se trouvalent en Aquitaine comme
dans le reste de la Gaule.
POTERIE FINE A COUVERTE ROUGE LUSTRl^B
225. «- Fragment du fond d'un grand plateau omementd k Tinti-
rieur d'une large circonference, stride perpendiculairement aux deux
courbes qui la limitent. La forme de ces grands plateaux ddrivait de
oelle des pat6res ou vice-versa. A la place ordinaire dans un rectangle :
ANDOCAM
Lettr€8 de 2 mill, i/2
Le premier A, non barrd; le second, un pea fruste, semble barrd k la
mani^re ordinaire; ND, li^s : le troisieme jambage de N sert de baste k D.
Le nom du potier etait peut-^tre une variante du nom gaulois Andeca^
mulos qui semble pourtant n'avoir et6 qu'un nom de divinity (inscription
de Nevers), d'od un ethnique par derivation toatenaturelle (inscription de
Rancon, dans le Limousin) ? La marque ANDOCA, signaiee k Poitiers.
226. — Fragment du fond d'une pat^re. Dans la partie de droite
d'un rectangle :
.....OCAM
LtfUres de 2 mill. 2i3
II ne reste qu'une faiblo partie de la droite de TO; AM lies : barre hori«
zontale dans le premier angle de M; Textremite des lettres est bouletee. La
marque etait, tres probablement^ une variante de la precedente.
227. — Fragment du fond d'une patfere qui avait 15 centimetres de
diametre (..). Dans la partie de gauche d'un cartouche rectangulaire
qui 6tait termine en c o :
AQV.*..
Lettres de 2 mill,
Aqu[ti\, — Signaiee complete k Bordeaux, aux memos dimensions et
aussi « dans an cartouche »; de meme^ incomplete de Finitiale, k Martres-
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. — 360 —
Tolosaned; aumdme nom et orthographe ^Bordeaux, Poitiers, Vienne. La
marque AQVITANI^ beauooup plus r^pandue, n'est pas admissible id
d'aprte la sym^trie.
228. — 1. Petit fragment d'un fond de patfere. 2. Petit fragment de
fond. Dans un rectangle aux coins arrondis :
BOLLI
Lettrea de 3 mill. ij3
Lettres aux extr^mit^s boulet^s; O, de m^me forme qu'au n*98;I,
incomplet de sa moiti6 inf6rieure. 11 ne reste que Tinitiale au n* 2, bien
reconnaissable, surtout par la petitesse de la boucle sup^rieure; au contraire
il n'y a aucun rapport de forme avec le fragment du n* 32. La nouvelle
marque est 1^6rement imprim^e mais tr^s nette et tr^ belle. La variante
BOIII MAN. EClT, signal^e k Sagonte, aveo inobservation, trte probable-
ment^ des traverses des L.
229. — Fragment du fond d'une pat^re qui avait 16 centimfetres de
diamfetre (..]. Dans un rectangle aux petits c6t& arrondis :
CLOGOI
Lettrea de 8 mill. IjS.
Lettres aux extr6mit6s pointues; L, a deux traverses rapproch^, Tune
sur Tautre, et plus fines que les autres traits; les O bien circulaires. Nous
ne connaissons personnellement que des lampes ob. deux fois se trouve
indiqu6 le gentilice Clodius: C. CLO. SVC, CLO. HELL Pour le cognomen
qui serait en Coi, id, nous ne connaissons que la marque COI, signal4e a
Bordeaux, et pas d'exemple pour le completer.
230. — Fragment du fond d'une pat^re qui avait 16 centimetres de
diamitre (..). Dans un rectangle :
GBNER
Lettres de 3 mill.
C(o)bn€r(tu8). — Variante, non signalee dans les*ouvrages consultes,
des n** 42, 43, 44. Cette marque est bien venue et 11 n'y parait point trace
de O.
231. — Fond creux d'un petit vase. Dans un rectangle :
ESVATPI
Lettrea de 2 mill. 112.
Les lettres ont leurs extr^mit^ bouletees; le P, avec moitiS sup^rieure
de boucle. La marque est mal venue vers la gauche et est toute gerc^e;
n^nmoins toutes les lettres sent certaines, sauf que pour distinguer It
troisi^e U iaut une forte loupe, Cette lettre, d'aillenrs^ ainsi que la marque
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— 361 —
tout enti^pe, confirmees par la variante ESVAT, signals au Mas-d'Age-
nais. n s'agit d*un nom celtique sans doute. Voyez la marque suivante.
232. — Moiti^ du fond creux d*un petit vase. Dans la partie do
gauche d'un rectangle au petit c6t6 en segment de cercle :
ESV....
Lettrea de 2 mill. t/2.
Lettres d'une nettetS parfaite et k extr^mit^ boulet^; la haste de Tini-
tiale d^passe un pen le niveau de la traverse sup^rieure. II y a peut-^tre k
droite les restes d'un point sur le bas et siirement cenx d'une quatri^me
lettre k jambages obliques qui ne pouvait ^tre qu'un A^ ou un M. On pour-
rait penser k la marque ESV.MFE, signal6e k Auch, mais elle est trop
longue et il J aurait eu grand et anormal d^ut de sym^trie sur notre vase
qui 6tait des plus fins; les lettres et le rectangle ont aussi des differences
avec la marque pr6cedente; seule celle ESVAT, mentionn^e ci-dessus,.
coiiviendrait bien ici. Ces trois marques en Esu, ne constituant probable-
ment que des variantes au nouveau (?) nom celtique EsuatpuSy font penser
au fameux dieu gaulois Esus, qui, de nos jours, a provoqu6 tant de folles
imaginations et qui,d'apres les monuments, n'^tait surement qu'un 6bran-
cheur, plutot qu'un bflcheron, comme Vulcain, avec lequel il est associ6
sur le ceiebre autel de Paris, etait un forgeron .
233. — Fragment du fond et des parois d'un bol. Dans un rectangle
incomplet k droite au petit cdt^ de gauche arrondi :
ILVM...
Lettres de 2 mill. Ij2,
Le cachet fut mal applique sur le vase, qui n'etaitpas bien fin iau centre,
et ce n*est qu'en dclairant de gauche k droite ou bien de droite k gauche
que Ton pent dechiffrer ce que nous donnons avec, en plus, I'amorce infe-
rieure d'une cinqui^me lettre qui ne pouvait guere etre qu'un A; une
sixieme lettre devait terminer la marque. Nous ne connaissons que celle
ILIOMA.... signaiee k Sainte-Colombe-ies-Vienne, oil Ton a trouv6 tant
de monuments figulins, qui se rapproche un peu de la n6tre, qui semble-
rait neanmoins assez avoir ete un nom aquitain, tandis que Ilioma(rus)y
ou lUiomaruSy connu d'autre part, semble bien etre un nom celtique.
234. — Fond avec restes des parois d'un trfes petit bol. Dans un
rectangle aux coins largement arrondis :
IND
Lettres de 1 mill. 2}3.
Jnd(crcillus)? ^H^Tq}xe leg^rement imprimee et mal venue mais
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— 362 —
oertaiuej les lignes d'encadrement en relief touchent presque aux caract^res
et se prolongent en se coupant jusqu'aux c6t68 du rectangle. La marqne,
au nom gaulois INDERCILLVSF, signal^e k Lyon et k Orleans. Etant
donn^ le systdme bien connu, et sur lequel nous avons dej^ plnsieurs fols
insists, des marques avec le nom complet ou blen de plus en plus abrcge,
11 n'y a presque pas k douter que nous n'ayons ici one varianto de oette
marque de Lyon et Orl6ans.
235. — Fond creux d'un petit vase (..). Dans une ellipse :
I vcv
Lettres de 2 mill.
Jucu{ndu8), — Le premier V est point6 au milieu de son niveau supe-
rieur^ le troisi^me point est dans le C. Voyez la marque suivante.
236. — 1 . Fragment du fond et des parois d'un bol des plus grands,
c'est-k-dire de 12 centimetres de diam^tre environ. 2. Fragment de
bol (.,). Dans un rectangle aux pelits c6t^s arrondis :
IVCVN
Lettres de 2 mill. J/3.
Jucun(dus). ~ Lettres aux extremites bouletees. Voy. les marques pr6c6-
dente et suivante.
237. — Fond creux d'un vase de grandeur moyenne (..). Dans un
cartouche rectangulaire, termini en c o :
ivcvNai
Lettres de SmiU.faibles
Les deux V sent points au milieu de leur niveau superieur; le D, retro-
grade. Cette marque et les deux qui pr^cMent sont des variantes de celles
des n" 63, 64, 65, ci-dessus, variantes non signal^es dans les ouvrages
consults, excepte la seconde.
238. — Fond creux d'un petit vase. Dans un rectangle aux coins
arrondis et aux grands c6tfe renfl^s vers leur milieu :
laPRon
Lettres de 3 mill. 1/2, 4 1(2, 2 tjB et 3 J/2
L(uclus) Apron(iu8). — La premiei*e jambe de A, pose sur la traverse
de L; les lettres sont k traits larges et k extrdmit6s pointues; les deux
premieres plus petites que les deux suivantes et de m^me taille que la
derniere. La marque LAPRON, signalee k Bordeaux, en lettres dgalesde
3 millimetres et « de forme ancienne »; une troisi^me variante LAPR.O.N,
gignalee k Auch, Voyez notre n* 25.
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— 863 —
289. — Bol k double courbe, presque complet, de 7 centimetres de
diam^tre (..)• Dans un rectangle aux petits c6t^ arrondis ;
MACARI
Leitrea de 2 mill,
Variante da n* 85, en caract^res p^guliers aux extr6mit6s l^g^rement
bouletees; MA, Ute : travOTse d'A, dans le troisitoe angle de M.
840. — Pelit fond creux. Dans un rectangle:
MARTI
Letlrei de 3 mill.
Marti(i). — Variante du n* 90, en caract^res plus r^guliers et plus
beaux ayant leurs extr6mit6s boulet^s; MA, lies : traverse d*A, dans le
deuxi^me angle de M ouvert en bas. Au revers^dans lefond de I'^videraent
du piedi trace avec une grosse pointe apres la cuisson :
Ce signe a deux centimetres 4e haut; il a dans son angle inf^rieur un signe
semblable beaucoup plus petit et trac6d*une pointe plus fine.
241. — Pelit fond creux. Dans une forme de pied humain :
M®v
Lettrea de 6,4et5 mill*
Cette eurieuse marque, qui semble avoir 6te dans une forme de pied
humain, parait ^tre des plus anciennes. Les traits des lettres sent plut6t
flns que gros; TO, avait et6 tr6s visiblement fait au compas sur le cachet
matrice : il a un gros point au centre et ses traits, en ruban d*6gale largeur,
ne se raccordent pas bien, au bas, comme il arrive presque toujours au
trace des petites circonf^rences; il se confond sur deux points, k gauche et
k droite, avec les traits de M et de V. La marque parait nettement telle
que nous la donnons et d^crivons mais il y avait pcut-^tre un point pour
A, dans le premier angle de M, od I'outil avec lequel on a use la marque
semble avoir ete gene vers le bas par un petit trait ou par un point? Cette
mysterieuse usure des marques, faite toujours gradnellement avec legerete
sur un certain nombre de vases, se presente en trois etats principaux :
1' Les lettres et les bords du rectangle sent flnement uses jusqu'a moitie de
leur relief. 2* Les lettres sent usees, toujours flnement, jusqu'au niveau du
fond; et sur la premiere, k la gauche, est creusee une petite cuvette repetee
sur la derniere, k la droite, d'une maniere beaucoup plus accentuee — 6tat
de la presente marque et de nombre d'autres. 3* Les lettres sont complete-
ment usees et la cuvette k droite, deji la plus profonde, est devenue un
trou rond qui perfore presque le vase de part en part. Nous ne voyons que
dee pratiques religieuses ou superstitieuses pour expli^uer ces singularitea^
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1
— 864 —
que Ton avait n6glig6 de signaler jusqu'ici de m4me qu'one foole d'aatres
particularit^s ourieuses. La forme d'un pied humain n'6tait pas trds rare
p^ur les marques flgulines, c*6tait 14, croyons-nous, le souvenir de ce qui
a donn6 la premiere id6e de rimprimerie : rempreinteaocidentelle des pieds
sur la terre glaise.
242. — Fond creux. Dans un cartouche rectangulaire aux petits
c6t& en queue d'aronde creuse :
M... CA
Lettreade 2 miV.
M[er]ca(tor)f — La marque et la cartouche avaieitt 6te us6s r6gullere-
ment; la gouje ou ciseau, au tranchant en eventail comme toujours, avait
encore servi k creuser deux cuvettes dans le champ du fond. La pioche k
port6 au centre de la marque lors de la decouverte et un nettoyage a enleve
toute trace du C, qui 6tait peu courb^. La marque MERCa> signal6e en
divers lieux ainsi que plusieurs variantes avec I'A, ordinaire.
243. — Petit fragment de fond. Dans un rectangle un peu irr^
gulier :
TJToOM
Grandeur de Voriginal
Nepotcs, — Nous avons grave cette marque retrograde pour donner une
idee de la forme des lettres sur les marques au nom de Nepos. Variante des
n" 92 et 93 et la meme^ probablement, dont nous avons parle comme dejii
signalee k Bordeaux et k Agen.
244. — Fragment de fond creusi en c6ne. Dans un rectangle aux
coins arrondis :
PRIMI
Lettres de 4 mUUmHres
Replique, avec vaiiante des dimensions, du n* 103 et en caracteres de
forme ancienne, presque aussi mal venus que sur ce numero; le P, avec
moitic sup^rieure de boucle; le R, archalque aussi.
245. — 1. Fond et partie des parois d'un grand vase qui itait ome-
ment6(..). 2. Fragment d'un bol k double courbe qui avait 11 centi-
mfetres de diamfetre. Dans un rectangle aux petits c6t& arrondis :
QVINT
Lettres de S mill. tjB.
Qulnt(us). — Les lettres sontd extremites boulet^. m4me rinitiale qui
a un point en haut sur sa courbe et un en bas, k la naissance de Tappen-
dice caudal. Cest une variante deja signalee k Bordeaux des n- 105, 106,
107. Sur le n* 2, mal fabriqu6 par places, la marque est mal venue ou a
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— 365 —
ete alteree avant la cuisson et on n'y distingue que CVINI. M. Allnier
penso avec nous qu'il devait y avoir QVINT.
246. — Fragment du fond d'une patere qui avait 13 centimetres de
diamfetre. Dans un cartouche rectangulaire termini en o o :
OPRED
Lcttres cle 2 mill, IjS.
Ofijicina) Rcd(itl), — L'O, est en ellipse \x grand axe horizontal. Les
marques REDITI.M et REDITVS, signalees: la premiere k Lyon, Douai,
Londres, Torgros; la seconde a Bavai.
247. — Petit fragment d'unfond de patere. Dans un rectangle aux
l)etits c6les formes de trois minuscules demi-cercles creux et saillants,
le plus grand au milieu :
SAL VI
LetCrcs de 3 mill.
SalcL — Lettres de forme allongce; la premiere k peine contoum6e; la
deuxieme sans traverse. La m^me marque signal6e h Bordeaux; au meme
nom, avec plusieurs variantes, k Lyon, Autun, Murviedro, Tarragone,
Windisch, Naples, Calatayud, Londres, P^rigueux, Augst, B&le, Vienne.
248. — Fragment d'un bol k double courbe qui avait environ
7 centimetres de diam^tre (..). Dans un rectangle :
SCAP.
Lettres de 2 mill. 2i3.
Marque en fort relief et tr^s nette. Le P, i moitid superieure de boucle;
le point rond. La variante SCAP, signal^o k Poitiers.
249. — Fond d'un petit bol (..). Dans un rectangle aux coins trfes
1^6rement arrondis ;
SCIPl
Lettrea de 2 mill. 112.
Le C, sans la courbe du bas; le P, k moiti6 superieure de boucle. Voyez
la marque suivante.
[A auivre.) E. CAMOREYT.
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LA GASCOGNE
dans rinventaire des Archives dipartemefttales de Bordean
I
L'annte 1893 a \u parallre trois volumes de VInventaire sommaire
des archives du d^pariement de la Gironde:
Archiees ciciles. S6rie C. Tome n, redig6 par MM. Alexandre Gouget
et Jean-Auguste Brutails, archivistes du d^partement. Bordeaux, impri-
merie Gounouilhou^ m-4' de 434 p.
Archives cioiles. Serie C. Tome iii. Tnventaire du fonds de la chambre
de commerce de Guienne, r6dig6 par M. J. -A. Brutails, archiviste du
d^partement. Public aux frais de la chatnbre de commerce de Bordeaux
(meme vllle, meme imprimerie), in-4* de xLvni-268 p.
Archives ecclesiastiques. S^rie G. Inventaire des fonds de Varcheodche
et du chapitre nUtropolitain de Bordeaux y r6dlg6 par M. Gouget, archi-
viste du d^partement, M. Ducannes-Duval, sous-archiviste, et M. le
chanoine Allain, archiviste de Tarchev^h^ (m^me ville, m^me impri-
merie), in-4* de xxxni-596 p.
Je tiens tout d'abord k saluer Tadmirable activity du successeur de
M. Gouget : M. Brutails est un travaiUeur hors ligne, et sa direction
des Archives d^partementales de Bordeaux, d6ji trfes fdconde, promet
les fruits les plus abondants. Un de ses anciens maitres disait nagu^res
de lui : « C'est un de nos plus jeunes et de nos meilleurs archivistes. »
M, Brutails ne se contente pas de beaucoup travailler : il sait aussi
tr^a bien travailler, comme le prouvent ses belles 6tudes sur le Rous-
sillon si fort loufes par les juges comp6tents, si brillamment r&om-
pens^es par Tlnstilut. Son Inventaire du fonds de la chambre de
commerce de Guienne est une oeuvre excellente qui fait honneur k la
fois au pal6ographe et au critique. V Introduction est un morceau
magistral contenant en quelques pages qui sont pleines — que dis-je?
— qui dibordent de renseignements pen connus, Thistoire des archives
de la Chambre, Thistoire m6me de la Chambre. et aussi celle du
commerce et de la navigation k Bordeaux, et qui, k cet egard. forme
un supplement pi*6cieux aux livres sp6ciaux de Frandsque Michel et
de Th. Malvezin.
Non content d'avoir utilise, en cette Introduction, un trfes grand
nombre de documents in^dits, M. Brutails a reproduit in extenso, k
la fin du volume (p. 208-268) une soixantaine de pifeces justificatives.
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— 367 -
comprises entre les ann^s 1705-1791, parmi lesquplles on remarque t
Felicitations d LatOy au avjet de sa nomination au Miniature (Jan-
vier 1720); Proems-verbal de la reception de Vintendant de Toumy
ei d^Helv^tius par la Chambre (20 septembre 1747); CondoUances d
Maurepas sur sa disgrdce (10 mai 1749); Ddibdraiion sur les Jui/s
avignonais (27 aout 1750); Letire de la Chambre d Vabb6 Coyer,
auteur de la Noblesse commergante (16 juillet 1757); Deside-
rata de la Chambre de Bayonne en mati^re de tarifs douaniers
(18 juillet 1761); Protestation de la Chambre de Bordeaux adress^e
au due de Choiseul contre la cession du Canada (22 d6cembre 1761);
Avis ddfavorable de la meme Chambre touchant le projet de cons-
truction d'unpont sur la Garonne [entre la Bastide et le quai de la
porte Bourgogne] (9 aout 1776); Extrait du testament du ir6sorier
Beaujonyfaisant connaitre les legs par lui institu^s au profit de la
Chambre (13 septembre 1786); DMb^ration de la Chambre pour
qu'il soitfait un portrait de ce bienfaiteur (1^^ mars 1787); Remised
la Chambre des tableaux signdspar Beavjon (2 juillet 1787); Lettre
du commissaire ordonnateur, exposant les travaux nicessaires d
Cordouan (18 dteembre 1787) (1); Lettre de la Chambre de La
Rochelle, touchant lesmoyens deprot^ger la traite contre les entre-
prises du roi de Dahomey (4 avril 1788) (2).
L an dernier, j'ai public ici m^me (juillet-aout, p. 365-371) un
article intitul6 : La Gascogne dans VJnventaire des Archives de
Varchev^che de Bordeaux. Je voudrais completer cet article en ajou-
tant aux indications qui me furent alors foumies par le travail de M.le
chanoine Allain, les indications que me fournit aujourd'hui le travail
de MM. Gouget et Ducaunfes-Duval (3). Je complfeterai ensuite ce
nouvel article par diverses citations tiroes du tome ii de Tlnventaire
des Archives civiles, de fagon h mettre sous les yeux du lecteur ce qui
me semblera pouvoir leplus Tint^resserdans le recueil profane, comme
dans le recueil sacr6.
De 1645 k 1648. Fondation d'un convent d'Ursulines k Nirac.
(1) Les documents relatifs ^ mon ancienne heroine, la tour de Cordouan, sont
innombrables dans les Archives d^partementales de Bordeaux. Voir notamment
dans le tomeiide Ylnoentairc les pages 126, 142, 143, 188, 200, 206, 211, 231, 262,
263, 264, 272, 284, 285, 286, 287, 368, 431, 434, etc. On pourrait, k Talde de tant de
documents, dont plusieurs seraient enti^jrement nouveaux, beaucoup ajouter aux
recherobes de feu Gaullieur et de son humble devancier.
(2) C'est de V actuality ou je ne m'y connais pas.
(3) Dans le volume consacr^ aux Archives eccl^siastiques, la part du docte
chanoine est celle-ci: xxxiii pages d* Introduction et 215 pages d'lnocntairo. La
part de ses collaborateurs est de 380 pages. Les trois ^rudits ont rivalisd de zele,
de soin, d'exactitude et de nettet^. Rappelons que M. le chanoine Allain a donnd
aux travaux de MM. Brutails, Ducaun^s-Duval et Gouget les 61oges si bien
m^rit^s par son propre travail.
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— 368 —
Etablissement d*un monast^re des religieuses de Notre-Dame k Saint-
Lizier, diocfese de Couserans. — D6liMration de la Cour du Parlement
de Bordeaux sur Tentree de Tarchev^que Charles de Gramont le 12
juillet 1530. Relation do Tentrte du cardinal de Gramont, archev^ue
de Toulouse, en 1533. — Remontrances du clerg^ de France pronon-
c6es devant le Roi [Henri III] par r6v6que de Bazas [Arnaud de
Pontac], le 3 juillet 1579. — 1567. Ordounance de Blaise de Monluc,
lieutenant-g^ndral pour le roi en Guyenne, en Tabsence du prince de
Navarre, relative au recouvrement des sommes dues au Roi par le
clerg^ du diocese de Bordeaux. Remontrances du clerg^ de Bordeaux k
Blaise de Monluc, portant que Tentr^e du Palais sera d^fendue aux
membres de la Cour faisant profession de la religion prdtendue r^for-
m6e; que tous ceux de ladite religion devront payer les frais de la
pr6sente guerre; que Texercice de ladite religion devra 6fre interdit; que
le premier president qui a fui en cachetic depuis le 28 septembre sera
revoqu^; que le capitaine du chateau de Blaye sera remplac6. Lettres de
Monluc au Roi pour lui transmettre les plaintes du clerg6 et demandcr
le d^mantellement des places de Bergerac, Mussidan, Sainte-Foy et
Montauban comme servant de refuges i ceux de la religion p. r. Autres
lettres de Monluc aux jurats de Bordeaux pour faire loger les gens de
guerre chez ceux de ladite religion et non chez les catholiques et gens
d'^glise, avec defense de laisser rentrer dans la ville les conseillers au
Parlement et autres de la religion p. r. qui en sont sortis et de prendre
part aux deliberations de la Jurade. Autres lettres de Monluc au Parle-
ment de Bordeaux, ordonnant que les conseillers de ladite religion nc
sifegeront plus k la Cour et m6me ne devront plus rentrer dans la ville.
Requ6te de Tarchev^que et du clerg6 de Bordeaux pour que les conseil-
lers au Parlement faisant profession de lanouvelle religion et ceux qui
I'auront ouvertement favoris^e ne puissent plus diliberer dans les
affaires int^ressantes le service du Roi et la religion oatholique, comme
etant suspects. — 11 avril 1569. Mandement de Charles, caixiinal de
Lorraine, Charles, cardinal de Bourbon, et Fabius, ^v^que de Cajazzo,
nonce du Pape, adress^ ^ I'archev^ue de Bordeaux, Tevfequede Sarlat,
Loys de La Ferri^re, president au Parlement de Bordeaux, et Jean
d'Alesme, autrefois conseiller k la Cour, k Teffet de proc^der k la vente
de 50,000 6cus d'or de rentes du revenu temporel des biens eocl&ias-
(1) Voir Arnaud clc Pontac. Pieces dicerses rccuoilUcs et publics par celui
qui 6crit ces lignes (Bordeaux, 1883, petit in-40. J'ai eu le plaisir de retrouver
dans les deux inventaires plusieurs de mes cieux amis gascons, notamment
Fi-au^is de Foix-Candalle, ev6que d'Aire, Blaise de Monluc, Scipion Du Pleix.
Au sujet de ce dernier, j'aurai k grouper dans mon second article, en guise de
bouquet, une demi-douzaine d'indications curieuses.
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— 3e& —
tiques situ^s dans les diocfeses de Bordeaux, Bayonne, Dax, Aire,
Bazas, Sarlat, Condom, Agen, Pdrigueux. — 1746 et anntes suivantes.
Proces de Jean de Lafiteau, pr^tre, cur6 de Morlaas, syndic du diocfese
de Lescar, contre Jacques de Curia, cur6 de Berrenx, depute du clerg6
de Dax; de Dominique d*Etcheverry, cure de Haxe et syndic du clergi
de la Navarre-Bayonnaise, centre Duprat, prfitre, syndic du clergi
d'Oloron; du syndic du chapitre coll^al Saint-Pierre de La Roumieu
contre le syndic du chapitre du Mas-d'Agenais. — 1651. Enqufetefaite
par J6r6me de Cahuzac^ lieutenant principal en la ville de Saint-Sever,
a la requite du clerg6 du diocese d'Auch, concemant les vols et les
meurlres dont les eccl&iastiques ont eu k souffrir de la part des gens
de guerre, soit ennemis de TEtat, soit des troupes m6mes du Roi, pen-
dant les derniers troubles (1); mention du colonel Baltazar. — 1400.
L'6v6que nomm6 de Conserans, Sicard (de Bourguerol), est autorisi k
se fairesacrer par Tarchev^quequ'il aura choisi, et Ji f aire entre ses mains
son serment k TEglise romaine. — 1409. Transcription d'un pouvoir
donn^ k G. de Lorhit, chanoine de Dax, comte du palais de Latran et
chapelain imperial, par Wenceslas, roi des Remains et de Bohime,
pour instituer dans toutes les terres de co prince des tabellions
et des notaires. — 1419. Nomination par le Pape Martin V, datte de
Florence, Tan 2® du pontificat, le 7 des ides de mar8,d'Arnaud d'Abadie,
chanoine d'Oloron^ conseiller de J. comte de Foix (2), k Tabbaye de
Pimbo {de Pendulo), actuellement vacante par la demission qu'en a*
du faire,aprfes son Election k r6v^h6 d'Aire, Roger (de Castelbon), qui
n'avait &t& autoris^ k la conserver que pendant Tann^e qui suivrait sa
prise de possession dudit 6v6ch6; le nouveau possesseur est autoris6 de
m6rae k conserver pendant deux ans les autres prebendeset canonicats
qu'ila k Marmant(?), Orthez, Salies et Oloron.— 1285. Arnaud Odon,
abbe de Condom, donne k Guillaume III, archev^ue de Bordeaux, la
moiti6 de T^glise de Caudrot avec ses d^pendances; entre autres condi-
tions, Tarchev^que devra payer vingt sols de cens; il ne pourra rien
(1) Recommand^ h notre v^n^r^' coUaborateur, M. I'abbd Tauzin, le savant
historien de La Fronde dans les Landos.
(2) Ce chanoine appartient-il k la famille qui, de nos jours, a produit deux si
intrepides et si c^lebres voyageurs, les fr^res Antoine et Arnaud d'Abbadiel Nul
d'entre nous n'ignore que Taiu^ des deux fr^res, membre de TAcad^mie des
Sciences et du Bureau des longitudes, vient de donner ^ Tlnstitut une somme
considerable pour la londation d'un observatoire dans le d^partement d'oii sa
famille est originaire. 11 faut honorer en M. Antoine d'Abbadie un grand savant
et un grand Chretien. Un 6rudit de Bajronne, M. Charles Bernadou, vient de lui
d^dier une curieuse brochure : Azpoitia. Les/^tes euskarlenncs de septembre
1893 (Bayonne, ]894, in-8"). Un autre hominage vient d'etre rendu dans la
Rccue des Pyrenees (dernier fascicule de 1893, p. 621)au g6ndreux fondateur du
futur observatoire des pays basques, de T^tablissement qui portera glorieusemeiit
et t jamais le nom di*Abbadla,
Tome XXXV. 24
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— 370 —
aligner des biens donn^, si ce n'est en faveur de I'^Iise de Condom;
iidevraJises frais en vironner demurs laville de Caudrot;dans les trois
mois de son av6nement an trflne, chaque archev6que devra renouveler
les prtsentes conventions, De son c6(6, Tabbaye de Condom nommera
le chapelain de Caudrot, etc. Le convent de Condom tenait ces posses-
sions de noble Bernard de Taiirignac, chevalier, qui, voyant en ruines
ce lieu autrefois couvert d'Wifices royaux, regalibus ruinis insigm-
turn (1], et conservant encore les rentes de deux ^lises, en avait ^t
don k ce couvent. — Aribeyre, moine, prieur de Condom, est men-
tionn^ dans un document de 1299. Paul Dusault, prfetre, grand-chantre
de r^lise cathWralede Condom, figure comme prieur de Caudrot dans
un dossier de 1774. — De 1601 k 1614. Extrails des reconnaissances
en faveur de Francois, cardinal de Sourdis, archev^ue de Bordeaux,
et de Frangois Descous (aec), chanoine,ehantre de Condom, seigneurs,
par indivis, de la ville et juridiction de Caudrot. — De 1763 k 1769.
R^istre terrier des reconnaissances en faveur de Louis-Jacques d'Au-
dibert de Lussan, archevfeque de Bordeaux, et de Jean Daguilhe, pr^tre,
grand-chantre de T^lise cath^rale Saint- Pierre de Condom, prieur
de Caudrot, seigneurs, par indivis, de la ville et juridiction de Cau-
drot. — De 1527 k 1537. Terre et seigneurie de Coutures, en Baza-
dais (Lot-el-Garonne). Proc^s-verbal du lieutenant du s^ntehal de
Bazas, avec sentence, en faveur de Tarchev^ue de Bordeaux, centre
le roi de Navarre, seigneur de Meillan, pour raison du droit de p^che
dans la rivifere de Garonne, depuis le milieu du lit de ladite rivifere et
tout le long da territoire de Coutures (2). Sentences, ajoumements,
enquAles et procWures diverses, devant le sen6chal de Bazas, relati-
vement aux diflE^rends entre Tarchev^ue de Bordeaux, seigneur de
Coutures, et Henry, roi de Navarre, seigneur d'Albret et de Meillan,
au sujet des graviers, sabliferes et vacants de la Garonne, devant
Coutures (3). — Ann6e 1357. Enumeration des principales Stapes du
voyage de Tarchev^que de Bordeaux, Amanieu des Cases, depuis
Avignon jusqu'a Bazas et au chateau de Roquelaillade : Nimes, Mont-
pellier, Villefranche-de-Lauraguais, Toulouse, Grenade, Beaumont,
(1) On pounait, s'il en 6tait besoin, tirer de ce texte un nouvel argument eu
faveur de Texistence aupr^ de Caudrot {d Casseuil) du Cassinogilum de
Charlemagne.
(2) Notons, pour I'ann^e 1537, un bail k ferme du droit de p6che devant Cou-
tures, k. raison de 50 francs bourdelois et de 18 colacs (alozes).
(3) Les recettes du p6age et de la terre de Caudrot furent abandonndes pour
cine ans, de 1456 k 1461, par Tarchev^que de Bordeaux k « Madame la mares-
cbsule de Xainctrailles, » femme de notre illustre compalriote Pothou. Le redac-
teur de I'Inoentaire fait observer que le contrat avait ^t^ pass^ k T^poque de la
conqu6te du pays par les Franks et que c'^tait I^ une imposition de guerre.
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— 371 —
Castet, Saint-Clar, Lectoure, N6rac(l), Lavardac et Casteljaloux. —
1297, 12 juin. Quittance donnte k Benrand des Gots (sic), ^v^ue de
Conserans. — 1457, 1'*" d^mbre. D6claratioa des vicaires g6n6raux
en faveur de Berlrand de Bourregie, lequel ayant est^ esleu 6vesque
de Condom — [r^v^lation d'un nom qui n'a pas &ii inscrit dans la
liste des dv^ques de Condom par les auteurs du Gallia Christiana] —
demandait la confirmation de son Election k rarchevdque de Bordeaux.
— 1526, 1*^^ avril. Gabriel de Gramont, 6v6que de Tarbes, est nommi
chanoine pr^bend^ (chapitre mdtropolitain de Saint-Andr^) et ensuite
pourvu de la dignity de doyen.
Ce doyen obtient, en quality d'dv6que et de conseiller du Roi au
grand conseil, d'etre dispense de faire sa residence. Henry, roi de
Navarre, dtant k Bordeaux avec son frfere, fait c616brer, le &1
juillet 1526, un service pour le prince de Navarre enseveli devatit
le grand autel de la cathidrale. — 1529. Reception de Charles de
Gramont, 6v6que d'Aire, en quality de chanoine pr6bend6, — 1539,
29 septembre. Election de Roger d'Aspremont en quality de doyen
k la place d'Antoine de Castelnau, 6v^ue de Tarbes, d&Mi. —
1544, le mercredi, 15 octobre, d 6 heures du matin, au lieu de Sorde,
diocese de Dax,mourut Charles de Gramont, archev^ue de Bordeaux.
— 1556. Le chapitre depute, pour le repr6senter auxitats de Condom,
Tarchidiacre de Blaye et M. du Hart, chanoine. — 1557. Arriv^e k
Bordeaux du roi de Navarre, lieutenant du roi de France; il est accom-
pagn6 de Tarchevfeque de Bordeaux et de M. de Candale. II demande
300 6cus au chapitre pour les armes. — 1568. Il est d6cid6 que Tarchi-
diacre de M6doc et autres iront faire la rivirence it M. de Monluc,
lieutenant du Roi, et lui offriront de la part du chapitre une pipe de
vin vieux et une de vin nouveau. — En 1578, le chapitre alia saluer
le marshal de Biron et lui offrit une pipe de vin. L'annte suivante,
les chanoines offrirent au m6me personnage une barrique de vin blanc
et une de vin clairet. — 1573. Visite de TivAque de Bazas, Arnaud de
Pontac; il annonce au chapitre qu'il se d^met de sa pr6bende en cour
de Rome en faveur de quelqu'un de digne. — 1578. Autorisation donn6e
par le chapitre k M. Francois de Foix,comte de Candale, de Benauges
et d'Estrac, de se faire sacrer 6v6que d'Aire dans la cath^drale. —
1579. Le chapitre accorde une sepulture dans la nef de Tiglise au p^re
de r6v^ue de Condom. — 1229. Sentence arbitrate rendue par Arnaud
de Pins, 6v^ue de Bazas, Tabb^ de Sainte-Croix et Tabb^ de Saint-
(l) «c f^ mercredi, veille de Saint-Laurent, arrive h N6rac. Donn^ h un jon-
gleur par ordre de rarchev^que douze sterlings. »
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Sauveur de Blaye. — 1662. Requite du chapitre,demandeur en criie et
interposition du d&ret des biens de noble Pierre de Raymond, ecuyer,
heritier de Floriraond de Raymond, conseiller du Roi, etc., pour^tre
colldqu6 k raison des sommes qui lui sont dues. — 1646. Don fait k la
cbapelle de Notre-Dame de la Nef « par M. Pcrricault, lieutenant
criminel du presidial de Condom, en action de graces de ce que M. son
fils, qui estoit pourvu de sa charge, ayant e^t^ affligi d'une paralysie
de tout le corps, et spfcialement de la langue, prfes de trois mois, a
recouvrA la sant6 par Tinterc^sion de la Vierge. » — 1759. Arr^t du
Conseil ordonnant au chapitre de T^glise collegiale d'Auch de restituer
au sieur Bfezian de Saint- Paul, chanoine,les revenus de son canonicat,
bien qu'on lui eut interdit Tentrfe du choeur. — 1611. 16 octobre. Le
chapitre envoie saluer Tarehev^ue d'Auch, Ltonard de Trapes, k son
anrivee. — 1703. L'archev^que d'Auch se plaint au Roi que Tarche-
v^ue de Bordeaux voulait exercer la primatie sur la province d'Auch.
Le marquis de la Vrillifere, secretaire d'Etat, ecrit k ce sujet k Tarehe-
v6que de Bordeaux, qui communique la lettreau chapitre et lui dcmande
son avis.
[A auivre.) Ph. TAMIZEY de LARROQUE.
PUBLICATIONS HISTORIQUES
L La seconde partie du « Repertoire » de M. Ulysse Chevalier
Rdpcrtoirc des sources historiques du moyen-dge^ par Ulysse Chevalier.
Topobibliographie. V fascicule : A-B. Montbieliard, Paul HoffuianD,
irapr.-dditeur. ln-4* de 528 colonnes.
II faut plaindre les travailleurs qui ne connaissent pas le Repertoire
des sources de M. TabW U. Chevah*er,ou qui, le connaissant, ne Tont
pas sous la main comme un guide indispensable et k tout moment
consult^. Un de nos meillleurs arfiis et correspondants, M. Tabbe
Dubarat, exprimait nagu6re dans ses Etudes historiques du diocese
de Bayonne, son profond regret de n'avoir pas acquis quand il ai
^lait temps la premiere partie de ce merveilleux lr6sor d'^rudition
bibliographique. Pour moi, qui ai M plus avis6, je puis dire qu'il m'a
ei& fait nagufere des propositions t avantageuses », au nom de certaine
biblioth^ue officielle, pour Tenlever de ma modeste collection. Mais
quelle apparence de se priver de lanterne, quand on veut marcher im
peu surement dans les t6n6bres du passi ! Cela soit dit, au moins, pour
que les beureux possesseurs du premier Repertoire, el aussi les ama*
teurs condamn^ k s'en passer, se hdteni de souscrire au second.
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— 378 -
Celui-ci comme I'autre sera 6puis^ peut-^tre aussitAt qa'achev^;6ntout
cas^ il est moins on^reux et plus sage de souscrire d6s la premiere
heure que de s'exposer k chercher plus tard laborieusement et k sur-
payer Touvrage complet.
La premiere partie du Repertoire est achev^ depuis moins de dix
ans. Elle a pour titre special : Bio-bibliographie e\ ne comprend pas
moins de 2,846 colonnes d'un texte trfes compact. C'est un inventaire
alphaWtique de noms propres de personnes, de Tan 1 i Tan 1500, avec
notices trfes sommaires et indication prfeise des livres,m6moires,disser-
tations, articles, qui ont iii consacrfes k chaque personnage.
La geconde partie, dont j'annonce le premier fascicule, a pour butde
T^pondre k cette question : Quels sont les travaux k consulter, non plus
sur tel ou tel personnage, mais sur telle localit^^ telle institution, tel
fait historique ? — Une troisifeme partie sera consacrte plus tard k la
bibliographieldes oeuvres historiques : manuscrits, Mitions, traductions.
Sans diminuer la portte de cette dernifere, destinde k prendre sans
doute un rang trfes 61ev6 dans T^rudition sp6ciale, il me semble que les
deux premieres garderont une importance et seront d'une utility plus
g^n^rales. Elles resterontle guide indispensable — je Tai di]k dit — des
chercheurs dans tout le domaine de Thistoire. Chacune d'elles ne sera
pas moins n^ssaire que Tautre; car, dans nos recherches de chaque
jour, avec notre constant souci d'exactitude et de surety, nous n'avons
pas moins souvent besoin d'etre Mifi6s sur les notices politiques, reli-
gieuses, litt^raires, relatives k une province, i une localit^^ iune insti-
tution^ que sur les biographies qui ont pu 6tre consacr^s k tel ou tel
personnage.
Je devrais peut-6tte appr&ier Tex^cution dece grand travail. Mais la
premiere partie a iii d6ji mise k sa place, k une place absolument
privil6gite, par les meilleurs juges, et elle a surtout gagn6, elle gagn^
tons les jours « k Tuser », auprfes de tons les hommes d'^tude. J'era-
prunte k un prospectus de T^diteur quelques citations caract6ristiques :
En France, le savant le plus apte a appr^ier un pareil travail,
M. Lipoid Delisle, pr6dlt, k rapparition du 1" fascicule, qu'il devien-
drait « an livre classique, auquel les historiens deviant journcllement
recourir »; 11 le d^clarait naga^re « inappr^iable » et « Fun des duvrages
le plus fr6(]^uemmeQt consult^s dans nos bibliotb^aes ». Le directeur de
la Reoue historique, M. G. Monod, voulut bien y reconnaitre d^ I'abord
le « fruit d'an travail vraiment colossal »; tres utile, 11 faciliterait la t&che
des ^rudits et leur ^pargnerait an temps pr^ieox.Poar M. Lton Gautier,
ce fut « le plus ^tonnant. le plus prodigieax travail de blbliographie »
qull lui eiit « 6t6 ici-bas (I ) donn6 de lire, ou plat6t de consulter. » En
AUemaffne, VHistorische Zeitschrift de M. de Svbel d6clara, par Torgarie
de M. Krusch, Touvrage sans pr^c6dent, d'une importance capitale et
d'ane immense utility, tr^ complet pour les p6riodique8;il approuva mSme
la disposition materielle da livre pt le syst^me d'abr^viations adopts. En
(1) Get « ici-bas » est une perle. Les r<^pertoires bien laits sont un avant-gont
du paradis pour un travailleur chr^tien comme L^n Gautier. Mais le:^ meilleurs ,
sont cribl^s de lacunes et c'est « 1^-haut » qu'il compte trouver enfin des infor^
mations completes! -*L. C. • < ...
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— 374 —
Angleterre, M. Gustave Masson fat iNsppS d'admiration par la somme de
travail repr^sent^ par ce volame et son immense Yalear pour I'^tndede
I'histoire, de la thtologie et de la litt^rature du moyon J^ En italie, k
bibliotb^caire de Saint-Marc, TabM Valentinelli; en Aatriche, te P.
Janauschek lui reconnarent un mSrite extraordinaire. Co meriteaett
officiellement reconnu par notreAcadtoiedes Inscriptions et Belles-litres:
en lui attribuant le prix Brunet (1888), le president d^clara que le Reper-
toire rendait « d6s i present de nopbreux et tres appr^ciables services ».
La seconde partie ne sera pas moins appr^ci^ que la prenai^re. Elle
^tait encore plus difficile k mener k bien. Car, au dire de Tauteur lui-
mfeme, t le premier volume n'^tait pas sans pr&Ment », mais cle
deuxifeme est entiferement original : on n'en retrouvera pas facilement
deux litres de suite dans une bibliographic quelconque. Son litre,
Topo-bibiiographiey n'a 6t6 adopts quefaute d'un terme plus compre-
hensif pour designer tout ce qui n'est pas personnage : il oflfre la
bibliographic de Tuniversalil^ des sujets sous lesquels pent fttre classee
alphabetiquement Thistoire mddi^vale dans ses moindres details. Pour
certains points, il constiluera mfeme la bibliographic de tous les temps... »
Tant de difficult^ excuserait d'avance bien des imperfections, des
lacuues, des embarras. M. U. Chevalier ne me laisserait pas direqu'il
a su les ^viter tous. On peut assurer pourtant que son « information >
atteint ici encore plus loin que dans son premier travail, et de plus que
sa m^thode s*est vraiment perfectionn^.
Sur le premier point, je n'essaie pas de fournir des preuves; il faut
ouvrir le volume et lire : tolle, lege. Combien de fois ai-je mis le pre-
mier repertoire aux mains de quelque chercheur, par exemple d'un
candidal au doctoral te-lettres qui voulait s'^difier avant lout sur la
« litt^rature » de ses sujets de th^se I Chaque fois j'ai 6t6 t6moin du
m^me ^bahissement profond et prolong^. Comment un seul homme
a-t-il pu prendre connaissance de ces millions de publications diverses,
depuis les plus gros volumes jusqu'aux m^moires perdus dans les
recueils qu'on ne lit pas, jusqu'aux articles oubli^s dans les revues les
moins r^pandues de tous les pays du mondc? Et lorsque,pour raonlrer
comment cette moisson avail pu ^tre cueillie, lite el engrangte par un
seul travailleur solide et infatigable, je mettaissous les yeux du Iccteur
la lisle des ouvrages d^pouilles par M. Chevalier, telle qu'on la trouve
au d6but de son premier volume, je n'atteignais gu^re mon but. Si
Toeuvre en effet n'^tait pas Ik sous nos yeux et dans nos mains, loujours
prodigue d'indicalions k propos de toules les questions qu'on lui pose,
on continuerait de croire qu'un tel programme ne pouvail ^tre rempli
que par plusieurs generations de bibliographes attenlifs et constants
jusqu'i rheroisme.
Quant k la m^lhode, on pouvail se plaiadre de I elendue presque
immense de tel ou tel article de la Bio-bibliographie, remplissant une
longue serie de colonnesextr^mement compactes sans la moindre divi-
sion^ sans autre fil d'Ariane que Tordre alphabeiique des noms d'au-
teurs : mince secours daus le cas ou le chercheur n'a aucun nom
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- 375 —
d'auteur dans la m^moire. Ce n'est pas un reproche adressd au savant
bibliographe; c*^tait sans doute une n^cessit^ de son sujet et, pour ma
part, je ne vols pas comment il eut pu s'y d^rober. Dans son second
recueil; jl en est autrement. Des divisions m^thodiques ont pu 6tre Sta-
biles dans les articles de quelque Stendue, et la facility des rocherches y
gagne notablement; on en jugera tout k Theure.
Car, puisque j'ai sur ma table de travail, depuis plusieurs mois di]k
— et li-dessus j'adresse k M. Tabbd Chevalier mes meilleurs remer-
ciements avec mes excuses — le premier fascicule du Repertoire topo-
bibliographique, et que d'ailleurs je ne puis, ce qui serait le mieux
assurSment, le faire passer sous les yeux de mes lecteurs, je veux au
moins en citer ici quelque chose. Ce sera un peu le procMS de Poll-
chinelle apportant au marchS une tuile commeSchantillon d'une maison
k vendre; mais, iaute de Tensemble ou de la simple vue d'une page
quelconque, la seule analyse sommaire de deux ou trois articles don-
nera quelque idte de la valeur et de I'usage du Repertoire.
Ouvert au hasard, il m'oflfre (aux cc. 21-22) ; dix noms de lieux,
tons assez obscurs (Agimont, Agli6, Agneaux, etc.), avec indication
des travaux qui leur ont ixk consacr6s; Tart. Agnus Deiy avec r^S-
rence a.une vingtaine de dissertations sur cet objet de devotion; Tart.
Agriculture, avec indication du m6me nombre de travaux sur les
classes agricoles au moyen ^e (j'y relfeve le nom de notre confrere
Ed. ForestiS);de plus, un art. sur les b6r6tiques Agno^tes, plusieurs
noms de families fSodales, etc., etc.
Mais apr^ I'Spreuve du hasard, venons-en au choix. Je vais natu-
rellementi TarticlCilacA (cc. 251-252), que je n'ai garde de copier
pour ne pas trop dSpasser les justes homes. Je me contenle d'en par-
courir loutes les divisions : 1® academies (on ne cite que notre Comity,
devenu SociStS historique de Gascogne, titre que Tauteur eut bien fait
de noter); 2*^ archfologie : 15 travaux de divers dcrivains, par ordre
alphab6tique, depuis F. Caneto jusqu'i P. Sentetz,^2P bibliothfeque :
sept mentions; 4® conciles : une vingtaine deriterences; 5® documents :
trois mentions; 6*^ histoire ecclesiastique et profane : quinze titres; j'y
trouve mon nom parmi des noms plus illustres; 7<* imprimerie : Tessai
de P. Lafforgueenl862; 8^ liturgie : sept ou huit indications. — Et,
par surcroU, renvoi k Tart. Saini-Orens d'Auch, qui paraltra k son
rang alphabStique, et mention d'un travail bibliographique de Dav.
Laing dans un recueil anglais, travail qui doit 6tre fort intSressant pour
nous, mais que je ne connais pas autrement.
Les articles Agen^AgenaiSy Aire-sur-V Adour, AquitaineyArma-
gnacy Bayonney Pays basque, B^arriy Bigorre... ne sont pas moins
riches. Pour donner une citation textuelle, je m arr^te k trois articles
des plus courts et qui se suivent ^ la col. 241 dont ils ne font pas la
dixitoe partie :
Astajorty arr. d'Agen (Lot-et-Garonne).
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— 376 —
Baraoat db Lacazb (C), A-t en Agenais, notice historique et coutomes;
Paris, 1886, 8% 226 p. Cf. Couturb (L.), dans Reoue de Goscogne (1886), xxvii,
428-31.
AstaraCy pays de Gasoogne, oomtd^ x* sidcle.
Anselme, GirUaL mats. France (1626), ii, 615-70; iii, 381-6. — Art. e4r{f.
dates (1818). ix, 337-55. Mas-Latrib, Trie, chron. (1889), 1542-3. — Sacaze
(FranQ.), Observations historiques et critiques sur un acte de proc^ore de la
fin du xiu* sitele, dans Rec. acad. UgisL Toulouee (1855), iv, 28 (1>
AaUy arr. Bagntoes-de-Bigorre (Hautes-Pyr^n^es).
Frossard (Ch. L.), Esquisse de l'6pigraphie d'A8t6, dans Bull, Soc, Ramond
(1883), xvm, 129-76.
II faut manier par soi-m6m6 ce gros fascicule ou tout le volume pr^
cMent, pour se faire quelque id^ de oe que Tauteur a su faire pour
resserrer le plus de renseignements dans le plus petit espace possible.
Ce r^ultat a iH obtenu, sans prejudice de la clart^, au moyen d'un
systime d'abr^viations et d'ellipses qui pent paraitre compliqu^ au
premier abord, mais avec lequel on ne tarde pas k se familiariser.
M. Chevalier a fait tenir ainsi danschaque colonne la valeur mat^elle
de quatre ou cinq bonnes pages d'un in-8® ordinaire, au grand bin^ce
de Tacheteur. Cet avantage est surtout notable dans les articles de trte
grande ^tendue, qui, parfois, auraient du former ce qu'on nommait
jadisun « juste volume. » Exemple, I'article Angleierre qui, tip6a
part, de format in-18, avec la composition du R^pertoirOy constitue
une brochure de 80 pages^ qui en feraient bien 150 ou 200 n'^fait le
systfeme abrAviatif. que je viens d'indiquer.
Que Ton n'aille pas croire Ik-dessus, en particulier parmi nos
confreres gaseous, que les grands articles, ne touchant pas d'ordinaire
directenient i notre programme provincial, nous sont indiflfirents par
\k m6me, et que les noms et les faits gaseous, relativement dairsem^s
dans oes incommensurables colonnes, sont les seuls k nous intiresser.
Sans doute Touvrage, 4tant k la fois Irfes analytique et absolument
universel, contient une foule d'arlicles d'un intir^taussi particulier que
possible; mais, en dehors de la nomenclature provinciale, nous devons
bien compter aussi sur les innombrables articles, souvent trfes chargfa,
qui touchent k Thistoire de France, k celle des institutions religieuses,
civiles, militaires, aux moeurs^ aux arts, aux faits gin^raux, etc. Je
signale dans ce seul fascicule, enlre cent autres morceaux importanis,
ceux qui out pour titres : Arch^ologie (198-200), Architecture (201-
203), Armoiries (219), Arts (232-3), B^nMctins (364-7), Biens
eccl^iastiques (405), etc., etc.
II ne me resle qu'i conclure. Le Repertoire n'est pas pour les sim-
ples amateurs du moyen ^e, mais il s'adresse k tons ceux qui t travail-
lent » rhistoire de cette p^riode si 6tudi6e, et pourtant si pleine encore
demystires et d'obscuritis. Et tons sonld'autant plus inl6ress6sksous-
(1) Notons une lacunc: Cknac-Moncaut, Voyage archdol. et historique dans
les anciens comt^s d'Astarac et de Pardiac. Paris (Didron) et Miraude, 1856. 8*,
252 p. 11 est vrai que c'est le plus rare et le moins connu des Voyage archiolo^
giguee de Tauteur.
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— 377 —
crire immidiatement k la partie iopo-^bibliographiquey que leurs
d^bours seront rendus presque iasensibles par la n^cessaire lenteur de
la publication, qui doit se faire en six fascicules sucoessifs (1). Rappe-
lons que les 4 fascicule du Repertoire bio^bibliographique rempli-
rent tout Tintervalle de 1876 k 1883, sans compter lesuppl^ment de 1886.
II. Ouvrages snr TAgenais
Unc province d tracers les sidcles.Histoire de VAgenaiSypSiT Julea Andrieu.
Paris, A. Picard; Agen, Ferran fr. 1893. 2 vol. gr. in-S" de x-306 et
346 p. Prix : 14 fr.
Les coucents de la mile d'Agen avant 1789, par Philippe Lauzun. T. i,
Couvents d'hommes. T. n, Couvents de femmes. Agen, Michel et Medan,
1889, 1893. 2 v. in-8' de 467 et 521 p.
II n'est pas trop difficile de deviner comment M. Jules Andrieu a
iti amen6 k se faire I'historien de TAgenais et quels doivent 6tre, soit
le caractire particulier, soit le m^rite et T utility propres de ce travail
venu apr^ tant d'autres travaux analogues. L'auteur est bien connu,
bien apprtei^, j'allais dire bien « cot6 > comme bibliophile. Cette pas-
sion, ce p^h^ mignon ^tait d^jk mis k son actif d^s 1872, quand il
habilait encore Paris. Depuis longues ann6e» la vie provinciale n'a fait
que donner une direction et une activity plus ^troites, mais aussi plus
rSgl^ et plus utiles,^ cette tendance native. M.J. Andrieu s'est faitle
bibliographedeTAgenais; avec quelle curiosity universelle, avec quelle
recherche infatigable, avec quel souci de Texaclitude, les lecteurs de la
Revue de Gascogne lesavent,surtout slls ont abord^ pareux-mtoes,
selon ses conseils, les trois gros volumes de la Biblioyraphie de VA^
genaia.
Un j&uile napolitain, k quj je faisais I'^loge de ses confreres, les
PP. de Backer, leshabiles bibliographes de la Compagnie de J^us,
me r^pondait avec une aimable ironic : « Personne, en effet^ neconnalt
plus de litres de livres. » Pour lui, les livres lui semblaient k ^tudier
autrement qu'au frontispizio, Le fait est que la bibliographic loute nue
rend de bien grands services, mais aussi qu'un bibliographe intelligent,
surtout dans les limites d'un sujet plus ou moins restreint, ne pent se
d^int^resser longtemps des Etudes que ses recherches doivent servir.
On peut done se figurer que M. Andrieu fut bienl6t aux prises avec le
« contenu i de ses livres agenais, surtout, naturellement, de ceux qui
r6vfelent ou ^claircissent peu ou prou le passd de son pays. D'ail-
leurs, aprfes avoir vu publier tout prfes de lui les derniers annalistes
(1) Le nouveau volume formera plus de 200 feuilles in-4' & 2colonnes; il sera
partag6 en six fascicules, mis en souscription au prix de 7 fr. 50 payables, le
1«' lerme au moment de la souscription, les autres termes h rapparilion de
chaque fascicule. II sera tir^ cinquanie exemplaires sur papier de flollande, au
prix de 12 fr. le fascicule, payables, le !•' terme au moment de la souscription,
les autres termes k Tappantion de chaque fascicule.
Le prix total sera rMuit ii 35 fr. en papier v^lin teint^, b. 60 fr. en papier do
Hollande, pour ceux aui se lib^reront nit^graleroent en souscrivant.
S'adresser ^ M. P. Hoffmaun, & Monlb^Uard.
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agenais de Tancien regime, les LaWnazie, les Labrunie, les Prochi;
aprfes avoir inventori^ dans son repertoire les travaux et les disserta-
tions qui ont renouveW cette histoire depuis une treataine d annfes, il
devail sentir le besoin d'en laire la synthase et de « meltre au point, >
comme on dit, les r^sullats acquis de ces innombrables publications oil
le bon public ne voit gu6re que du bleu, ou les travailleurs sp^-ianx
eux-m^mes risquent de se perdre. L'enlreprise^tait opportune, ^videm-
ment; la question est de savoir comment Tauteur Ta con^ue et surtout
ex6cutte.
Ses vistes n'ont pas sembl6 trop ambitieuses. Elles sont d'un vul-
garisateur, non d'un chercheur original. II a voulu, non pas ajouteri
la science, mais montrer ce que la science a mis au clair dans le
domaine de Thistoire agenaise depuis les origines, j'entends depuis
C6sar, jusqu'^ notre siMe exclusivement; le moatrer, dis-je, dans un
tableau d'ensemble, sans minutie de detail et sans appareil de discus-
sions critiques. Trois ou quatre cents bonnes pages pouvaiwit y suffire.
Mais voici qui a doubl6 le chiflfre. Comme souvent un menu faitpeut
offrir un int^r^t sp^ial, comme la curiosite pent 6lre excitte k propos
d'une opinion controvers6e, d'un personnage6pisodiqne,d'un synchro-
nisme d'histoire nationale ou m^me g^nerale, le t ctirieux torivain > a
cru devoir, presque ^chaquepage, prodiguer en note au « curieuxlec-
teur » les renseignements accessoires et surtout les references aux
ouvrages generauxou particuliers.
Un texte historique suivi etcomplct, maisrapide, propre^ int^resser
tout esprit un pen cultive; un appareil de renvois fait ponrencourager
k des etudes ulterieures, ou du moins pour edifier sommairement sur
la « litierature » de chaque sujet : voil^ done le programme que M. J.
Andrieu s'est trace. II Ta execute, on pent le dire, avec une grande
netlele de composition et de style, et son livre merite de servir de
manuel, de guide ordinaire k ses compatriotes voues aux recherches
historiques ou simplement amis de leur passe provincial.
Faut-il pour cela croire que ce manuel est definitift II suflSt de
songer a ce quechaque jour nous apporte de trouvailles pour n'attendre
ricn de pareil. Est-il seulement tout k fait et pariout « au courant » de
retat actuel de la science? Non. sans doute, malgre les efforts vraiment
meritoires et habituellement heureux de Thistorien. II y a, soil dans
la partie purement locale d*une histoire de ce genre, soit et encore plus
dans les parties qui touchent aux evenementsgeneraux et aux institu-
tions civileset politiques, des conqu^tes dejii faiies,mais encore plusou
moins disputees, en lout cas peu vulgarisees etrestees pour ainsi dire
la part priviiegiee des « specialistes. » II esik peu pr^ impossible au
travailleur le plus consciencieux d'embrasser tout cet « acquis » etde
ne pas trahir ^a et l^ quelque defaut de competence topique, quelque
lacune dans Tinformation, quelque habitude arrieree dans le dessin ou
la couleur de tel fait, de tel ou telle institution du passe.
A cet egard, la partie la mqinssure de V Histoire de I' Agenais, c'est
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-.87^ —
Tantiquiti et le haut moyen ftge. Ainsi, Tipoquo mirovingienne de
netoahifiloire du sud-ouest a ilk laasste par un document apocryphe
fameux, la charte d'Alaon. M. J. Andrieu n'ignore pas que cettecharte
«st aujourd'hui re^t^ par la critique, et que les efforts de son dernier
d^fenseur, M* de Bourrousse de Laffore, ne Tout pas rdhabilitfe. (Voir
sa note de la p. 21, note excellente, si ce n'est qu'il ne devait pas citer
le mdmoire afferent de M. Bladi comme un « r6sum6 du dibat. >) Mais
d6s lors, 11 ne fallait pas donner place dans son tableau historique
k Boggis, f rfere de Caribert et « auteur de la maison d'Armagnac, > et
k d'autres details g^n^logiques, historiques et f^aux qui n'ont de
fondement que ce faux gigantesque, sorte de cheval de Troie bourr6 de
noms et details apocryphes.
Les inexactitudes de ce genre sont assur^ment fort rares dans le
consciencieux travail de M. Andrieu. On y trouverait peut-6lre plus
souvent des vues contestables ou incoraplfeles sur les fails g^n^raux.
Sa caractiristique de la po&ie des troubadours est arri^r^. II nous fait
bien connaitre les villes neuves du bas moyen ftge et les coutumes
communales de la m6me 6poque; mais c*est plus par Text^rieur que
par Tesprit et la vie intimes; aussi a-t-il vise le beau travail de Curie-
Seimbres sur nos bastides, mais non la critique lout k fait essendelle
(quoique trop rigoureuse) qu'en a faite M. A. Giry. Ses vues sur le
droit communal et sur la f6odalil6 auraient 6galement gagn^ qk et Ik
en exactitude et en nettet6 moyennant T^tude de cerlains travaux
contemporains, comme Touvrage capital de M. Luchaire sur les Insti-
tutions cap6tiennes.
Mais lout cela soil dit sans enlever, m^me k ce premier quart ou
environ de VHisioire de I'Agenais, sa valeur de r^um6 pr^is, m6tho-
dique ei facile it lire et k consuller. A proportion que les Iravaux moder-
nes etsurtoutlooaux qui lui serveutde guide gagnent en nombre, en
6tendue, en solidilt^, Texposition de M. J. Andrieu devient aussi plus
sure et plus pleine. Aussi le xvi® sitele, qui occupepr^s d'une moiti6 du
premier volume et qui d^borde encore notablement sur le second, est-il,
je crois, la parlie la plus r6ussie de ce long travail, comme il en est la
plus inl^ressanle par le nombre et le caract^re des fails et par la valeur
des renseignements. Sans diminuer eu rien le m^rile de Thistorien, il
faut le f^liciler d'avoir eu pour ceile periode des guides particuli^rement
siirs^et avant tout les belles recherches de M. G. Tholin sur les guerres
de religion en Agenais, qui devraient bien paraltrc sous forme de
volumes.
Au xvn«, au xviii® sitele, sauf lesderniersreslesdes guerres civiles,
c'est Tanecdote qui doraine pour ainsi dire, parce la province a presque
perdu sa vie propre et sa belle part d'initialive. Mais M. J. Andrieu
excelle k recueillir, k conler et k coordonner ces menus fails, qui ont
encore leur valeur et leur inl^ret pour Thistoire la plus digne de ce
nom. 11 faut Element lui lenir grand compte des nglices §ommaires
(1) Reoue de VAgcnaU de nov.-d^c. 1893, p. 555-562,
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— 380 —
d'ecrivains et hommes illuslres qu'il a distributes k la fin de ses divers
chapitres, des nomenclatures d'6v6ques, de sin6chaux, etc., qu'il a
soigneusement tenues au courant et mtoae (pour les s6ntehaux) enri-
chies de quelques prteisions nouvelles; enfin, de Tabondante table
alpbab6tique qui termine Touvrage et qui en rendra Tusage infiniment
plus facile et plus fr^quant, autant dire qu'elle en dteuple TutilitA.
On le voit done, cctte histoire est vraiment recommandable oomme
tableau g6n6ralement trfes exact et toujours clair et m^thodique des
6v6nements de TAgenais. C'est ce que Tauteura voulu faire, etil serait
injuste de lui demander autre chose, par exemple une 6tude suivie de
r^tat des hommes et des choses de ce pays k chaque sitele. M. Tholin
a marqu6 ce desideratum avec un grand sentiment de la vie populaire
•et du sens profond et r6v61ateur des monuments Merits et non Merits
qde chaque g^n6ration a laiss^ apr^s el]e[l). 11 a bien eu soin de ne pas
en faire un sujet de reproche k ladresse de son confrere; ce n'en est
pas moins une sorte d' t invite », pour parler le frauQais du moment
Si M. Andrieu voulait y r^pondre, ce serait k merveille. Mais si ses
gouts et ses habitudes d'esprit et de travail le portent ailleurs, commeil
aura beau jeu de dire it M. Tholin : « Le troisi^me volume que vous
r6vez est k faire; mais qui done est dfeign6 pour cette t^che nouvellel
L'habile et fin critique qui a su tracer en sept pages une esquisse si
vivante et si vigoureuse nous doit le tableau complet, qui, en rfeu-
mant les doubles recherches de Tarchiviste et de Tarchtelogue, r^v^lera
une fois de plus le coup d'oeil p4n6trant du penseur et la main sure
de Tartiste. »
Apr^ un large tableau historique, aprfes une ceuvre d'ensemble etde
vulgarisation, il est tout naturel de placer un travail 6tendu sur une
fraction restreinte du m6me domaine; travail presque enti^rement
original, c'est-k-dire directement extrait des documents authenliques
pour la plupart in6dits. Telle est bien la s6rie de monographies monas-
liques agenaises publite en deux gros volumes par M. Ph. Lauzun,
avec cesouci de la v6rit6, cette infatigable recherche des vieux titres et
ces pr&isions de topographic et d'arch^ologie qu'il est inutile de louer
ici dans notre excellent collaborateur. II connalt Agen, TAgen de tons
les ^ges, dans ses moindres recoins, aussi bien que ces chateaux gas-
cons dont il nous rend si fidfelement la physionomie et Thisloire. Voyez
Tesquisse sur laquelle s'ouvre son histoire des convents agenais :
L'etranger qui, au xvu' si6cle, passant par Agen, gravissait le coteau de
Saint- Vincent pour aller d^poser ses pieux hommages h, la grotte du saint,
iouissait, de la terrasse de cet ermita^e, d'un coup aoeil vraiment merveil-
leux. A ses pieds se deroulait Tenceinte nord de la ville, depuis la porte
Saint-Georges k droite, jusqu'^ la tour Cornaliere a I'extreme gauche, en
passant successivement par le boulevard des Augustins, la tour du moulin
de Saint-Caprais dite tour SaintnCome, la tour Sainte-Foy derri^re le
chevet de cette eglise...
Et plusieurs autres tours d'enceinte, pour la plupart assez mal en
point. Dans Tint^rieur m^e de la ville, « c'^tait comme une for^t
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-.381 -
d'aiguilles dressant vers le ciel leurs pointes effiltes. » Outre la cath^-
drale Saint-Elienne, aujourd'hui disparue, et la coll^ale romane de
Saint-Caprais, que de clochers de couvents !
... A droite les deux clochers en briques rouges du couvent des Augus-
tins et de Tantique eglise Saint-Hilaire; tout k fait au coin de la ville et
pr6sde la porte Saint-Georges, les deux tours des Cordeliers, Tune carr6e,
dite le clocher, sur la face sud de T^glise, Tautre ronde, svelte et elanc^e, a
rextr6mit6 orientale de la nef. A Touest, le long du raur do ville, la masse
imposante des Jacobins, dont les deux neft* ^gales et parall^les 6crascnt le
clocher octogonal trop maigre pour une si enorme construction . Derri6re,
r6glise et le clocheton des Capucins. Puis, dans la partie m6ridionale, la
fl^he et la charpente fort 61ev^ des Annonciades;tout a cotOj plus humble
et plus has, le clocher des Carmelites; et derridre Saint-Etienne, la tour
carree de la Visitation, la fa^de triangulaire de la chapelle Notre-Dame
du Bourg, et les hautes et 6paisses murailles de I'eglise des religieuses do
Paulin. Enftn, tout k fait k gauche, dans le quartier oriental et desh^rite
de la Porte du Pin, la vaste nef des grands Carmes k la il6che 61^gantc et
hardie...
II est clair que le vieil Agen subsisle tout eniier, dessin et couleur,
dans le cerveau de rhistorien artiste. Aussi tes lecteurs, s'il pouvait en
exister aujourd'hui, qui regarderaient comrae absolument n^gligeable
rhistoire des moines, des hbTes mendiants et des religieuses qui ont
« 6difi6 » en tantde maniferes la vieille eapitaledesNitiobriges, ceux-li
m^mes auraient absolument besoin d*y recourir pour la topographie et
rarch^ologie de la ville k diverses dpoques du moyen kge et de Tdge
moderne. Je me h&te de signaler une fois pour toutes ce m^rite tres
marqui d'un ouvrage qui a tant d'autres m^rites. L'histoire et les
caract^res des constructions y sont toujours not6s avec autant de preci-
sion que d'exactitude; de plus il n'est gufere d'Wifice conventuel donl
rhistorien ne nous donne un plan par terre nettement dessin6 avec ses
confronts bien marqu6s,le tout accompagn6 de l^gendes explicatives. Je
ne connais pas d'exemple pareil de t reconstruction > pour toute une
s^rie d'^tablissements, dont la plupart ont disparu du sol ou se sont
.prodigieusement transformSs (1).
11 y a pourtant en tout cela un intirfet sup^rieur k celui de la gto-
graphie et de Tarchitecture. II y a Thisloii^e de celte 61ite privil<^6e
d'une population urbaine : les religieuxl Cette histoire tient essentiei-
lement k celle de TEglise, de la civilisation, de la vie populaire, des
moeurs et des lettres. Elle est ^minemment instructive k toutes ses
pages, edifiante k presque toutes. Un t6moin curieux et impartial
autant que respectueux, — c'est bien le cas de M. Lauzun,— dira tout
avec lam^me rondeur, d'apres les documents originaux qui ne cessent
de le guider. Les scandales, les querelles et les jalousies sont soigneu-
sement notes. Mais que sont cos quelques ombres dans le vaste tableau
des bienfaits des couvents? Voici Timpression dernitre de leur historien :
(1) Tous ces dessins particuliers sont fld^lement extraits du m^niAque plan
ineoit d'Agen, par le baron Lomet (1759-1826), petit-neveu de La Fontaine, vrai
chef-d'oeuvre, communique iM. Lauzunpar Nf. Payen, architecte du d^parte-
ment de Lot-et-Garonne.
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- 384-
[L^ religieux] se montr^rent toujours k la })autenr de lear t&che, et par
leurzeleetleurs vertus ilss'attirerentla sympathle des Agenais, aussibien
du peuple auquel ils appartenaient pour la plunart, que des classes riches
qui les combl4rent de leurs bienfaits... C'est k chaque instant que nous
relaterons les tr6s grands services rendus par Ics communaut^ religleuses
a la population de notre ville et principalement les admirables exemples
de courage et de sacrifice donnas par elles, h I'heure des terribles 6pid6inies
qui s'abattaient com me p^riodiquement sur Agen. Cest avee joie enfln que
nous constaterons qu'^ I'epoque od les grandes abbayes benMictines tom-
baient par la commende en complete decadence..., les modestes commu-
naut^s agenaises ne perdaient rien de ce qui avait fait leur premiere force
et continuaient leur oeuvre d'enseignement populaire, de charity envers
les pauvres, de devouement k Tegard des malades.
On ne saurait dire mieux, j'entends plus noblement et plus exacte-
ment k la fois. C'est bien \k ce qui ressort d'une histoire d'aiileurs inal-
taquable parce qu'elle est directement emprunt^e aux litres les plus
siirSjfid^lement extraits. Mais telle est la richesse et la vari6t6 de cette
trentaine de monographies, diverses d'inaportance et d'dtendue, mais
toules ^alement' ^tudi^es, qu'il vaut mieux ne pas aller ici au-delk
d'unc simple Enumeration. La moindre analyse d^passerait de beau-
coup Tespace dont je dispose sans arriver k donner une id6e suifisante
de rint6r6t du sujet et de la valeur du travail. Tous les amis de notre
histoire religieuse,et m6me de notre histoire provincial^au sens le plus
large, ont k Etudier directement surtout le volume des « convents
d'hommes. » Les religieux de saint Antoine du Viennois installfe vers
le X® siecle, les BEn^dictins Etablis k leur place vers la fin du xi* sifecle
par saint Gerard, fondateur de la Sauve et du couvent de Gabarret,
n'ont pas laiss6 de bien fortes traces. Les Templiers et les Hospitaliers
exciteront plus de curiosity. Mais rien n'^ale en importance les quatre
chapitres (iii-vi^ p. 47-190) consacrfe aux quatre ordres mendiants,
dont le souvenir est encore identifiE, pour ainsi dire, k, la toponymie
d'Agen comme de la plupart de nos villes. Les Dominicains ou Jaco-
bins, les Franciscains ou Cordeliers, les Carmes, les Augustins, par
leur saluiaire activity depuis leurs origines h^roiques jusqu'i leur
extinction r^volutionnaire, fournissent des Elements importants k nos
annales :leur fondation, leurs constructions, les services qu'ils rendent,
les bienfaits qu'ils re^oivent, les 6v6nements publics auxquels ils
prennent part^ leur attitude dans la prosp6rit6 comme dans la pers^u-
tion supreme, ne peuvent laisser indiflf^rents ni un esprit curieux ui
une kme honn^te. L'historien a recueilli avec soin tous les souvenirs
qui Etaient k sa portfe. Evidemment, comme il est inevitable en
pareille matifere, I'avenir en r6vfelera d'autres et ce tableau, deji si
plein, s'enrichira de nouveaux details: Pour ma part, je crois y voir
une lacune assez grave et qu'il seraitpeut^^tre aussi ais6 qu'important
de combler : il s'agit des travaux de la commission des R^liers.
On appelle Commission des Reguliers, dans notre histoire eoclesiastique,
une commission composee de cinq ^veques et de cinq conseillers d'Etat, qui
rcQut de Louis XV, en 1766, le pouvoir strange de reformer toutes les
communaut^s d'hommes du royaume; qui fut dissoute en apparence, le
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- 3S3 --
19 mai 1780, par Louis XVI, mais qui fut reconstitu^, le m^me jour, sous
un autre ndm etqui fonctionnait encore a la veille desEtatsg6n6raux(l)...
La commission des R^guliers ne se donna point de relAche dans Taccom-
plissement de son oeuvre. Elled^peuplait les monast^res en les empechant
de se reformer, et les fermait ensuite parce qu'ils n'etaient pas assez peu-
pl6s. Elle fit si bien que les Jacobins, [par exemple,] qui 6taient mille
quatre cent trente-deux vers 1770, n'etaient plus que mille un en 1790 (2)...
J'emprunte ces deux citations a Tecrivain qui a seul jusqu'ici expos6
avee quelque ^tendue ce curieux Episode de notre histoire monastique.
Ce qui int^resse particuliferement ici les chercheurs de province, c'est
que les tra vaux de la commission portent en detail sur tous les ^tablisse-
ments r^guliers de France; d'oii les renseignements les plus pr^cieux sur
r^latactuel du personnel et des ressources de ces maisons et sur leur
utility, souvent constat^ par des attestations ^piscopales, des requites
motiv6es des bonnes villes, etc. Je vois, par exemple, que le convent
des Augustins d*Agen est donn6 comme t fort inutile d'aprfes T^v^-
que (3). » Mais, comme M. G^rina craint d'etre ennuyeux en parcou-
rant toutes les listes des convents vis& par la commission, nous, tra-
vailleurs provinciaux, nous avons it le supplier, chacun dans notre
domaine. Le peu que je viens de dire r^pond d^jk clairement k un point
d'interrogation pos6 par M. Lauzun (i, 185) : « Quel assez grand
danger menaga le couvent des Augustins d'Agen, en 1767, pour que le
R. P. Laharrage, [leur] provincial..., terivit auxconsulsune lettre fort
pres<?ante, oil il les suppliait d'intervenir pour la conservation du
couvent d'Agen? » II est i peu prfes certain que les papiers de la com-
mission fourniraient quantity de renseignements priScis sur T^tat des
convents d'hommes 6tudi6s par M. Lauzun, k T^poque de leur deca-
dence relative (4).
J'ai signal6 les quatre chapitres les plus importants de cette s^rie.
Au risque deme contredire, je recommande comme tout aussi int6res-
sant, au moins, le chapitresuivant(vn, 191-292), qui r^unitles Jdsuites
et les Oratoriens, plus Thisloire de TEcole centrale et du collie com-
munal depuis lyc^ d'Agen. Mais la Revue de Gascogne a parl^ dans
le temps (xxix,530) de cette excellente monographic publi6e k part. Elle
se dispense d'y revenir; elle se privera m6me, pour faire court, d'em-
prunter le moindre trait aux chapitres si curieux des Capucins, des
Penitents bleus, Wanes et gris, des Carmes d^hauss^s (fondation
1657), des Minimes (1658), des Lazaristes charges du Grand S6minaire
en 1657, des Tiergaires de Bon-Encontre, des Erraites de Saint- Vin-
cent, dont les Carmes ontpris la place dans notre si6cle. Notre regrett^
(1) Ch. G6rin, lea MonasUres franclscalns et la commission des r^guliers,
dans la Recue des quest, histor. de juillet 1875 (t. xviu, p. 76).
(2) Id., les Augustins et les Dominicalna en France aoant 1789, dans la
i?. des q. hist, de Janvier 1877 (t. xxi, p. 96).
(3) Id. Op. cit., p. 61.
(4) A roccasion de i'enquete ordonn^e par Louis XV, « les consuls de Mar-
mande plaid^rent, aupr^s do Tlntendant, la cause des Cordeliers, qui rendaient,
disaient-ils, les plus grands services dans leur ville. Les consuls de Casteljaloux
agirent de mSme. . » G. Tholin, Reotie de I'Agenais de janv.-f^v. 1894, p. 95.
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— 384 —
collaborateur, Tabb^ Barrfere, avait fait I'histoire de rErmilage, que
M . Lauzun a naturellement fort abrade; aussi ne lui reprocherai je
pas d*avoir omis, comme son devancier, les rapports du fanatique La-
badie avec les pieux solitaires.
Le d^faut de place m'oblige k la infeme reserve en face du second
volume, consacr^ aux couvents de femmes et qui a peut-^tre, en g6n6ral,
moins d'importance historique, mais qui n'offre pourtant gu^re moins
d'inl^r^t. Le premier monast^re de femmes d'Agen f ut celui des Bene-
dictines de Renand, fond6 en 1142, mais qui ne survecut pas long-
temps aux guerres des Anglais. Huit autres couvents subsistaient
encore en 1790 : celui des Annonciades, fond^ en 1533 et dont
M. Lauzun a utilis6 un regislre manuscrit fort instnictif; celui des
Dominicaines du Chapelet, venues do Lectoure et instances en 1576;
celui des Dames de Notre-Dame pour Tinstruction des filles (1619);
celui des Carmelites, colonie de Lectoure (1628)etdontila ete souveot
question dans Thistoire de ce dernier convent retrace ici m^me par
M. Am. Plieux; celui des Tiercierettes, colonie de Toulouse (1640);
celui des soeur^ de Saint-Joseph (1641), dont Mgr Hebrard a retrace
rhistoire (Agen, veuve Lamy, 1886); colui de la Visitation (1642), dont
les annales ont egalement ete redigees de nos jours (par feu I'abbe
Tournie), mais sont encore inedites; enfin le Refuge ou maison du
Bon-Pasteur pour les filles repenties (1512), devenue depuis « maison
de force. » Tous ces etablissements sont 6tudies avec le mtoe soin,
d'aprfes les documents authentiques,dans leur gouvemement interieur,
dans leurs residences souvent chang6es ou renouveiees, dans leurs
phases de prosperite et de declin jusqu'au cf^taclisme r6volutionnaire;
et aussi dans leurs frequents rapports avec les administrations locales,
les families notables, les fieaux publics, etc.
Reste le grand chapitre des « h6pitaux »,sous neuf ou dix titres diflfe-
rents, que je ne veux pas m^me enoncer (p. 365-519). C'est, pour
ainsi dire, un ouvrage special, du plus vif inter^t, et qui suffirait k
temoigner de la curiosite et de Texactitude historiques de recrivain.
Sauf une erreur sur Torigine de nos leproseries, erreur tr^ excusable
parce qu'elle se trouve k pen pr6s partout (1), je n'ai rien apergu de
suspect dans ces longues et instructives chroniques des souff ranees
(1) « Depuis Michelet, pour qui la l^pre est, le sale rdsidu des croUculea, jusr
qu'il M. Alfred Hambaud, qui 6cni avec serdnit^ : La lepra commen^a accc les
premieres croisades, je ne connais pas un historien de France qui n'ait repel^ la
m^me erreur. » Ainsi s*exprime M. G. Kurth au d^but d*un savant travail inti-
tule : La Uprc en Occident acant les croisades, ou il a d^montr^ avec des textes
authentiques dont Tabondauce et la precision ne soufifrent aucune r^plique :
!• « (^ue les croisades n'ont pas apport6 la Ifepre en Occident, puisqu'elle y
T^gnait de temps immemorial et que nous en rencontrons des traces nombreuses
depuis les jours de I'Empire remain jusqu'au depart des premiers croises pour
la I'erre Sainte; » 2" « Qu'elle n'etait nullement dans nos pays une triste excep-
tion, mais qu*eile avait tous les caract^res d'une maladie fort r^pandue, puis-
qu'elle ^tait partout Tobjet de precautions hygi^niques et de soins chantables et
qu'elle avait de bonne heure attire Tattention de la legislation civile et ecciesias-
tique... » Compte-rendu du Con^rds scientifique... tenu k Paris du !•' au 6 avril
1891. 5« section : Sciences historiques (Paris, A. Pic^U'd, 1891, in-8«), p. 125.
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— 385 —
humaines et des asiles que la charit6 caiholique avait multiplies pout
elles. Une etude directe, d'ailleurs pleine de charme, est indispensable
pour donner quelqueidte, soil de Tactivit^ secourable des vieux agenais,
soit de Tattention et de I'exactitude de leur hislorien. Ce qui touchera
plus profond^ment encore les dmes chr^tiennes, c'est son admiration,,
par le « vent d'orage qui souffle en ce moment sur notre pauvre Franco,
pour les Soeurs de charity, qu'il b6nit, en finissant son livre, tau nom
de tons ceux ici-bas qui soufiFrent et qui espferentl »
{A suivre.) L6once COUTURE.
BROCHURES^RECENTES
Les correspondanis de Peiresc. xix. Le P. Marin Mersenne,
Leilres in^dites (1633-1637), publ. et ann. par Ph. Tamizey de Lar-
ROQUE (Paris, A. Picard, 1894; gr. in-8° de 171 p.). — xx. Leitres
in^dites da D^ A, Novel, ^cHtes d Peiresc et dt, Valav^Sy publ. et
ann. par le mAme. (Aix- en-Provence, 1894, in-8° de 147 p.). — Tout
en publiant la correspondance de Peiresc, dont je viens de recevoir le
cinqui6me volume, notre infatigable coUaborateur exp6die peu k peu
la s6rie des correspondants de Tillustre provengal, compWtant ainsi de
son mieux cette sorte de journal universel d'une 6poque ivbs active,
mais qui n'avait pour ainsi dire pas de joumaux. Void le dix-neuvitoe
et le vingtifeme de ces correspondants, qui m^ritaient bien Tun et Tautre
de ne pas rester perdus pour nous, quoique leurs lettres n'aient pas
obtenu Thonneur de figurer avec celles de leur patron dans les magni-
fiques volumes de Timprimerie nationale. Comme la plupart de leurs
pr6d6cesseurs, ils sont absolument Strangers k la Gascogne et ne figu-
rent ici que pour tenir k jour la bibliographic du savant gontaudais qui
a bien voulu s'identifiei', pour ainsi dire, avec notre oeuvre gasconne.
Notons seulementqueleP. Mersenne est un des plus grands noms de
r^rudition frangaise k son 6poque et que M. T. de L., non content de
publier et d'annoter avec sa science et sa conscience bien connues
vingt-quatre de ses lettres, pleines denomsetde fails curieux, y a joint
sa pr^ieuse biographic r^igte par son confrere Hilarion de Coste et
imprim^e en 1649, mais de venue fort rare. Indiquons encore le portrait
trfes parlant de Mersenne, grav6 par Duflos et dont nous avons ici une
excellente reproduction. — Novel est aussi peu connu que Mersenne
est c6l^bre; il n'en fut pas moins un tr^s savant m^decin provengal et
un tr^s pittoresque 6crivain; de plus, ses lettres, dat^s successivement
d'Espagne,de Paris, de Bretagne, ont toute la vari^t^ que peuventfaire
pr^sager ces habitudes de voyageur; elles font d'aillenrs connaltre et
aimer un homme ou plut6t deux hommes encore plus estimables par
les qualitfe du coeur que par le m^rite scientifique.
Le bien ducal, po^me de la fin du quinzi^me sidcle, par Jean
Tome XXXV. 25
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Guillochej public pour la premiere fois d'aprfes le manuscrit unique
de la biblioth^que de Turin avec le portrait in^dit du po6te borddais
(Bordeaux, 1893. In-8° de 48 p.). — Encore une publication de M. T.
de L,. et qui a tons les m^rites en fait de nouveaut6. C'est Tddilion
princeps de ce po6me, et Ton apprend pour la premifere fois le nora de
son auteur. II est vrai que cet auteur 6tait connu di]k par un autre do
ses Merits (Prophecie du rot/ Charles huiUesme)^ public en 1869 par
le marquis de La Grange; mais M. T. de L. a Tiotablement augments
la notice biographique essaytepar ce dernier. A-t-il eu raison de nous
donner du manuscrit turinois une Edition t diplomatique », sans pone-
luation ? Je ne sais; en tout cas on ne pent lui refuser les meilleures
excuses possibles, oelle-ci surtout que le texte du pauvre versificateur
bordelais est le plus souvent presque incomprehensible. Encore M. T.
de L. aidera-t-il puissamment les interprfetes futurs de ce texte, par le
pr6cieux glossaire final dont il laccompagne.
Les ceuvres po^tique de Gui du Faur de Pibrac. (Brochure signfe
J. DE Lahond^s, p. 105-116 de la Revue des Pyr6rUes de 1894,
Toulouse, Ed. Privat). — M. de Lahond^s avait lu k undes vendredis
de I'Acadimie des Jeux-Floraux une Vie de Pibrac, dont ces quelques
pages ne livrent au public que la partie littSraire. G*est vraiment nous
faire trop regretter le reste : car, si Thistoire de Tauteur des Quatrains
est conaue, en ce sens que peu de details ont fichapp^ k ses divers
biographes depuis P. Paschal jusqu'ii M. Tamizey de Larroquc, il
n'est pas si ais6 d'en avoir une vue d*ensemble k la fois nette et
complete, eomme M. de L. nous Taurait donn^e. 11 juge ici en toute
^uite le talent po6tique de son auteur. Les vers de Pibrac, il a bien
raison de le dire, ressemblferent k sa vie, toujours c sage et mesurfe » :
ilsfurent « dict^ beaucoup plus par lesens droit, Tesprit d*observation,
la suret6 de vue que par Tenvolte de Timagination ou Tivresse des
Amotions tendres. Leur concision rigide, sans images et sans fleurs,
r^vfele un esprit exact plutdt qu'une toe ardente. »
La Reformation de la commanderie de Juzet'de-Luchon et
Fronted, en 1266 ^ par Paul de CASTERAN.(Saiut-Gaudens, Abadie,
1894; 22 p. gr. in-8", extr. de la Recue de Comminges). — Addition
int^ressante au bel ouvrage de M. Ant. du Bourg sur le Grand-
Prieuri de Toulouse. M. de Cast^ran, dont Tattention a 6t6 attiree
par la petite commanderie de Juzet pr6s Luchon, qui fut depuis r^unie
k celle de Poucharramet (diocfese deLombez), public le texte latin d'un
acte de reformation de 1266 qui la conceme. II y a joint sa iraduoiion
frangaise, et de plus un ancien texte roman un peu abr6ge, qui lui
parait 6tre une version authentique, destin^e aux lecteurs peu lettrfe.
L'idiome de ce morceau semble une sorte de languedocien m6ie de
mots gaseous {libe^ livre; hat, valine, etc.). Les Observations placfes
k la suite renfermenl de bonnes donn^es de g^ographie et d'hisloire
locales, surtout d'aprte le fond de Malte des Archives d^partementales
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- 387 —
de la Haute-Garonne. Jueu, Gavarnie, Saint-Jean de Loroas, Artigue,
Fronts, Montauban, Juzet, figurent tour k tour dans ce tableau, ou
6clate la dekjadencft progressive de Tordre de Sainl-Jean de Jerusalem
jusqu'aux destructions de la Revolution fran^aise.
La D6treBse de Vahhaye des Salenques au comU de Foix en 1483,
d'apr^s des documents in^dits (Foix, veuve Pom'ifes, 1894. 27 p.
in-4**). — Un trfes curieux acte de vente redig6 en latin et accompagn6
de la ratification de Madeleine de B*rance (fiUe de Louis XI, femme
de Gaston prince de Viane), rddig^e en gascon, forme la base de
cette publication. Les nombreuses notes gtographiques et la savante
introduction de M. F. Pasquier, utile complement du Gallia chris-
tiana, doublent encore Tint^r^t du vieux document, qui est pour nous
une revelation eloquente desembarras financiers ou pouvait sed^batltre
une abbaye corame celle des Salenques ou d*Abondance-Dieu (nom
vraiment ironique); c'eiait un monast^re de femmes du diocfese de
Rieux, qui p^rit enti6rement dans les guerres religieuses du xvi« sifecle.
L'objet de la vente eiait un fief situe pr^s de Foix. Nous sommes done
un peu hors des limites de la Gascogne; mais il est bon de noter que
cette brochure se pr6sente comme t6le d'une s6rie de Documents pour
servir d Vhistoire du d^partement de VAri^ge, publics par MM. Pas-
quier et Lafont de Sentenac. Quod felixj faustum fortunatumque sit!
Journal du si6ge du Mas-d'Azil en 1625, 6crit par J. de Saint-
Blancard^ defenseur de la place contre le mar^cbal de Thymines,
publie par C. Barriere-Flavy (Foix, typ. veuve Pomifes, 1894, 32 p.
in-8®). — Ce si^ge « constitue un des Episodes les plus importants des
luttes religieuses du xvn« sitele en Languedoc. » II a M assez mal
raconte par divers ecrivains, en particulier par ce pauvre Napoleon
Peyrat,qui fut po^,te k ses heures, mais qui n'a jamais su faire oeuvre
dliistorien. Dom Vaissfete a i\& plus exact. N^anmoins Thistoire de ce
fait militaire gagnera notablement^ la publication du journal deSaint-
Blancard, defenseur de la place. M. Barrifere-Flavy, qui Ta edititrfes
fid^lement d'api'^s un manuscrit de la Biblioth6que nationale (F.
Fr., 4102), a eu soin de Taccompagner d'une bonne carte et d'excellents
(Sclaircissements. Remercions-le sans insister sur un sujet Stranger k
notre domaine. L'auieur m6me du journal n'etait probablement pas
vrai gascon; M. Tabbe Duclos I'a rattach6 k la famille de Lingua de
Saint'Blancat, du Couserans; maisM. Barrifere-F'lavy lecroitplut6t
ned'une branche des Saint- Blancard fix^e dans le Bas-Languedoc.
A vrai dire, ces deux opinions ne sont pas inconciliables; car Saint-
Blancat ou Plancat est une forme gasconne de Saint-Blancard (en
latin S. Pancratius).
La r^volte des croquants de 1637, Madaillan (de la Sauvetat) et
les dues d*Epernon, par Jules Andrieu (Agen, imp. veuve Lenth6ric,
1894. 44 p. gr. in-8°). — Cette jolie plaquette forme une sorte d'appen-
dice, et ce ne sera certainement pas le dernier, k VHistoire de I'Age^
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ftais dii mfeme auteur. II ne s'dgit que d'un fait curieux, d'une t cause
c^l^bre, » dont M. J. Andrieu republie les deux pieces essentielles,
aujourd'hui introuvables : le Factum pour le due d'Epernon, gouver-
neur de Guyenne, « centre Leon de Laval, dit de Madaillan, el Jeanne
de Laval, safille, d^fendeurs et accuses, » et celui des accuses centre
le due. L'affaireeut une fin sinislre : condamn^ pour crime d'inceste,
Madaillan fut decapit6 en 1644. Les charges toanges port^es contre
lui inspirent toulefois k T^diteur quelques reserves raisonnables, fon-
d^s sur les exag6rations traditionnelles de la litt^ralure des factums.
Mais ce qu'il y a de plus int(5ressant dans les commen(aires de M. An-
drieu, ce sent les details quil fournit sui; la r6volte des croquants en
Guyenne et aussi une mention fugitive du premier livre imprimc^ k
Agen. M. Claudin,qui Ta trouv6 naguere k la Bibliotheque de la villc
de Toulouse et qui a bien voulu me le communiquer, ne tardera pas a
le faire oonnaltre, probablement dans la Revue de VAgenais; mais la
Revue de Gascogne devra bien en dire aussi quelque chose, car Tau-
teur 6tait chanoine de Lectoure.
La noblesse de la 8(^n^chauss^e d'Auch aux assemblies prepara-
ioires de 1789, par Emile Bellas, receveur des domaines (Auch,
impr. L6once Cocharaux, 1894; 23 p. gr. in-8°). — Un mot suffii pour
montrer Tinter^t de cette publication, faite d'ailleurs avec le soin scru-
puleux qui caract^rise Texcellent chercheur. Le catalogue officicl des
membres de la noblesse de la s^ntehaussde d^Auch presents k TAs-
semblteprovincialequi pr^para les Etatsg^n^raux del789n'existe plus
dans les d6p6ts publics, k conraiencer par les Archives nationales. Mais
cette liste s'e^t retrouv^dans lespa piers de la familled'Arcaraont, etavec
de surs cyacleres d'authenticit^. « Elle est ecrite, en effet, dit M. Em.
Dellasyde la main du marquis d' Arcamont, qtii faisait partie de TAssem-
bl^.Ily avaitcent soixante el un membre pr^sents,qui^taienteux-m6mes
porteursde quatre-vingt-sept proc.urations. > Ce nombre ne doit pas trop
surprendre; la sen6chauss6e d'Auch avait une grande dtendue : elle com-
prenait, d'apr6s un 6dit du roi de 1G39, t la ville d'Auch et sa juridic-
tion, les quatre vallees d'Aure, Magnoac, Neste et Barousse, la comi^ de
Pardiac, les comtes de Fezensac et dc Fezensaguet, ensemble les deux
valines de Larboust et d*Oleron, Fittes-Affittes, la comte d'Astarac
et lieux abbatiaux, la ville de Mirande et sa perche, la comt^ de Gaure
el le lemporel du sieur archev6que de la ville d'Auch. » M. Delias,
apres avoir donn6 une idte generate des « dol6ances » de notre
noblesse, public les noms des volants en ayant soin d'ajouter k presque
tons des renseignements personnels tr6s sommaires, mais trfes precis,
qu'il declare tenir de notre Eminent « feudiste, » M. Tabbd J. de Carsa-
lade du Pont.
Notice sur Uenri-FranQois Marquet, chanoine, cur^archiprelre
de la m^tropole [d'Auch], etc. (Auch, imp, L. Cocharaux, 1894;
30 pp. in-8^, plus un portr. pbotogr,). — La Revue de Gascogne doit
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au moins un pieux souvenir k Texcellent prttre, i rterivain distingu^,
qui lui confia quelques travaux rem&rquables. Je rappellerai deux
Etudes assez 6tendues : Les premises Feuillantines (t. xiv); laM^re-
Sainie, fondatrice du Carmel d'Auch (xii-xiv), et un morceau plus
court, mais encore plus fini : Mme la baronne de Saint^Gdry, quel-
ques souvenirs de la Revolution (x). En accueillant ce r6cit vraiment
exquis, je me rappelai malgrd moi avec quel charme Henri Marquet,
encore ^leve de seconde,avait tout^les meilleures pages de Colombay
que je lisais dans ma classe au college de Lectoure, et je me dis que de
telles lectures pouvaient bien contribuer k preparer de vrais talents
d'ecrivains. Ici pourtant T^crivain, malgr6 son solide m^rite, trop rare-
ment montr^ au public, est eflfacA par Thomme au ooeur excellent, par
le prfetre d6vou6 de toute son kme k Tenseignement et aux oeuvres. Sur
le professeur de sciences et d'Ecriture Sainte du Grand S/Jminaire
d'Auch, sur le fondateur de la Semaine religieuse du dioc^e, sur le
sup^rieur du Petit S^minaire, sur Tarchipr^tre de Sainte-Marie, il faut
lire la modeste et substantielle notice dont j'ai transcrit le titre. Jene
loderai pas autrement ces pages anonymes qu'en les signalant comme
un tableau trte simple et tr^ fiddle d'une vie utilement et saintement
remplie; on y ti^ouvera, par surcrolt, deux allocutions funfebres, divei*-
sement mais ^aleraentremarquablespar T^l^vation morale et le pathd-
tique penetrant. II n'est pas jusqu'au portrait joint k cette brochure qui
ne la complete k merveille, en nous rendant la physionomie si intelli-
gente du prfetre Eminent dont Auch et Lectoure ont si vivement ressenti
la perte. L. C.
SOIREES ARCHfeOLOGIQUfiS
AUX ARCHIVES 'D6paRTEMENTA LES
VI
Sdanoe du 2 Avril 1894
Pr^sidence de M. LB PRfiFBT DU GERS
Presents: MM. Aureillan, Balas p^re, Balas (Louis), Branet,
Cabrol, Calcat, de Carsalade, Cocharaux, Coustau, Daudoux,
Dellas, Despaux, Dorbe, d'Esparb^s, Journet, Lacomme (Joseph),
Lacomme (Augusie), Lacoste, Lagarde, Larroux, Lozes, Lozes
(Albert), MoLLiE, Palanque, Peres (Paul), Sansot (Alfred), Sentoux,
Solirene et TiERNY, secretaire,
Un ooUaborateur de M. d'Etigny : rarohiieote Albert du Limbeau
M. Charles Palanque fait passer sous les yeux des membres de la
Society des albums de dessin, carnets de notes et cartons d'Albert du
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— 390 —
Limbeau. On trouve dans ces divers documents des renseignemcnte
int&essants sur las travaux d'architecture dont il eut la direction : les
dessins'laiss6s par lui d^notent une grande habilet^ en mftme temps
qu'un sens artistique ddvelopp^. M. Palanque a fait ensuite la biogra-
phie du collaborateur connu de Tlntendant d'Etigny.
Frangois Albert du Limbeau naquitk La Rochefoucauld, en Angou-
mois, vers 1736. Ilavait pour pfere Jean- Isaac Albert, receveurg6n&al
des Domaines du Roi; sa mfere s'appelait Jacquelte Magnen.
Ce fut, comme sous-ing4nieur des ponts et chauss^ qu'il vint k
Auch; le l®** juillet 1778, il regut du Roi, sa nomination d'iAspecteur
aveo 1,800 livres d'appointement^, « pour avoir conduit, avec beaucoup
» d 'intelligence et d'activit^ les diff^rents travaux qui lui out eii confix,
» et rempli les fonclions de sous-ing6nieur avec un zele et une exacii-
» tude qui m6ritent cette marque de distinction k titre de rteompense
» de ses services (1). »
Dix ans plus tard, le 29 avril 1788, il dpousa demoiselle Louise
PioAult, fiUe de Louis- Francois Picault et de dame Marie-Anne Bazin,
et soBur du sieur Jean- Louis- Francois Picault des Dorides (2), aide-
major au regiment de la Couronne, exempt des Suisses de la Garde de
Monsieur. Picault 6tait ing^nieur du Roi des ponts et chaussees en
chef, ports maritimes et visileur g^n^ral des riviferes navigables et
flottables des g6n6ralit& d'Auch et de Bayonne.
Plus que songendre, Picault m^rile d'etre connu par les Auscitains.
On lui doH les plans de THdtel de rintendance(3), du rez-de-chaussie
de rH6tel-de-Ville, 1 elevation de la fac^ade du c6t6 de la Porte-Neuve,
les plans de la salle de spectacle ex&ut6e en 1759 et des changements
fails par ordre de M. d'Eligny en 1761. — Plan de I'^tage des premieres
logeset du th6^tre de la salle de spectacled Auch, pour 6tre ex&ut6
sous le bon plaisir de M. Tlntendant. — Enfin un projet de monument
k ex^cuter sur le Ch^teau-d'Eau it Textr^mit^ de la Promenade (4).
On connalt les importants travaux que M. d'Eligny fit exfcuter pour
(1) Extrait des registres du Conseil d'Etat. Commission d'inspecteiur du sieur
Aloertdu Limbeau. La commission est dat^e du !•' juillet 1778, la deliberation
du Conseil d'Etat est du 23 juiu de la meme annee. (ArcJiives d^parteidentales.
E. Ponts et chaussees).
(2) Chevalier de Saint-Louis, mestre de camp d'infanterie, gouverceur du
chateau de Saint-Malo, Picault des Dorides donna pouvoir special k M" de
Laclaverie de Soupets, pour le repr^senter dans la succession patenielle et
maternelle. II est dit dans I'acte de partage (Th^odolin, notaire k Auch), que le
domaine de l^hire et la maison des Dorides ^tait situ^e prds la ville de Samatan
et servait de couvent aux religieux Minimes.
(3) Mention estfaitc, lors ae la succession, d'une cn'ance de quatre mille
livres, due ii titre d'houoraires pour ia construction de TbOtel de i'inteudance k
Auch.
(4) Archives d^partomentaies, s^rie C.
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— 391 —
le bien du pays. Par ses fonctions, du Limbeau fut appel^ k en avoir
la surveillance at la direction. En effet^ k partir de Pan, ou il nivelle
« le grand Pont-Neuf, depuis Textr&nit^ de Faille du Pare jusques
» dans la rue k Tautre extr^mitfi, » nous le voyons lour k tour conduire
les travaux des aqueducs de la Mothe, du Pont de la Vergogne (?) ou
d'Aiguetinte, celui de Mesplfes, un autre au levant de Garbic, etc. Le
17 oclobre 1766, il v^rifie le dallage du pont du petit canal de la Save,
et il travaille au grand pont de Gimont.
Mais si du Limbeau fut un excellent conducteur de travaux et un
pr6cieux auxiliaire de M. d'Etigny, ii fut aussi un dessinateur de talent.
Beaucoup de ses dessins sont dans les cartons de M. Desponts;
quelques-uns dus k son obligeance, vont passer sous les yeux de la
soci^t6. Ge ne sont que de simples croquis, des types d'ouvriers (bien
campus, ma foi), qu'il avait chaque jour sous les yeux. Ailleurs, le
crayon a suivi Timagination et le gout de Tartiste. Mais ce qu'il y ade
plus curieux,ce sont les vues des chateaux de Saint-Cricq et de Mont6-
gut, et surtout une vue prise en aval du pont de la Treiile, montrant
dans le lointain une vue cavalifere du prieur6 de Saint-Orens et de ses
alentours, malheureusement trfes l^ferementcrayonn6e.
. A signaler aussi quelques dessins d'ornementation; entr'aulres, un
amour soutenant le m6daillon armori^ de M. d'Etigny, accold k un
autre, sans doute celui de sa femme, n6e de Pange.
Du Limbeau ^tait disgr&ci^ de la nature :il 6tait bossu, mais son
infirmity, loin de nuire k son intelligence, n'aurait fait que Taugmenter,
s*il faut en croire le proverbe. Sa figure se ressentait pen de la diflFor-
mit6 de son dos, k en juger par son portrait fait par lui-m6me, qu'il a
laissd k plusieurs exemplaires dans ses cartons.
II traversa sans inquietudes la p^riode r^volutionnaire et mourut
trfes &g^, k 86 ans, le 1^^ mars 1821, rue Dessoles, dans la maison de
M. Laffargue. Son acte de ddcfes mentionne qu'il ^tait ingtoieur ordi-
naire des ponts et chauss6es en retraite. Sa femme Tavait pr6c6d6 dans
la tombe depuis le 5 germinal an vii. lis ne laissferent pas de post^rit^.
L.e Carmel d*Auch — Ses debuts — Proofs aveo les Ptoes J^suiies.
Construction du Monastdre
M. Em. Delias, rappelle d'aprfes des documents contemporains pour
la plupart in^dits, Torigine et les premieres difficult^s du Garmel
d'Auch.
« Le 2« jour de mars 1630,les relligieuses Carmelites arrivirent en la
» prfeente villeen carrosse,six en nombre,de Toulouse avant^et feurent
» descendre devant TesgUse Sainte-Marie. Et ]k devant, M. de Roche-'
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» fort,vicaire-g6n6ral,leur bailla de Teau Wniste, lesembrassant Tune
> aprfes Taultre, et les fist entrer dans le coeur pour prier Dieu. Ea
» apprfes s'en all&rent pareillement en Tesglise M. Saint-Orens et puis
> se retirferent en la maison de madame la mareschalle de Roquelauie
» scitu6e k La Trdihe (1). »
Elles rest^rent six ann^s en cette maison t par emprunt, sans avoir
» pu trouver lieu commode pour y bastir leur couvent jusqu'au mois
» de mai 1635 : elles acquirent, k cette 6poque^ du sieur Secousse une
» maison sise rue dite de Camarade(2). »
Elle ne prirent possession de cet immeuble qu'au mois de novembre
163p, un an et demi aprfes la passation du contrat avec Secousse. Les
J&uites convoitaient cette maison qui avoisinait leur college dont elle
n'^tait s6parfe que par la rue.
Avant qu'ils eussent acbev6 de bdtir leur coUfege, ils avaient 6tabli
une classe sur le portail de la premifere cl6ture de la ville, au-dessus
de la porte du Caillou (prfes la tour de la Rayrie) « k charge de la
» rendre aprfes. »
lis entr6rent en procfes avec les religieuses Carmelites pare? qu*elles
avaient achetfi la maison Secousse « disant qu'elles sont trop proches
> d'eux et que c'est centre la biens&mce (3). »
Dans un m^moire vers6 au procfes, au nom des dames Carmelites, il
estexpliqu6 que « la proximity des deux maisons que lesdits J&uites
» prennent pour pr6texte n'est pas leur douleur; c'est qu'ils avoient
» fait dessein depuis longtemps d'avoir ladite maison que lesdites reli-
> gieuses ont acquise, pour de lit passer hors de la ville, k des jardins
» qu'ils vouloient enclore; et de faict, en bastissant ils ont laiss6 une
» attente pour passer k ladicte maison, par dessus ledict portal, laquelle
» est visible et fait connoitre le dessein. »
« Ce que lesdits j^suites d^sireroient avoir ladite maison n'est pas
» qu'elle leur soit n^cessaire, parce que le collie est bien basti, pourvu
» en 6glise, classes, logis, cours, jardins et tout ce qui est nteessaire,
» etant Tun des plus beaux collies de la province, mais ils ne sont
» jamais contents et veulent toujours s'agrandir (4). »
€ Le moyen de feire cesser ledit proofs et mettre ces bonnes reli-
» gieuses en paix, seroit qu'il plut k M. le gouverneur commander
> aux consuls d'Auch de faire fermer la porte qui va dudit coU^ sur
» ledit portal et loger dans iceluy quelqu'un pour hausser et abaisser
(1) De Carsalade du Pont. Journal de M* Jean de Solle, pp. 39 et 40.
(2) Archives de M. de Carsalade du Pout.
(3) Idem.
(4) Idem.
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-^ 393 --
y le ratelier qui est en cas de nfeessit6 et en temps de guerre^ chose
» qui seroit bien n6cessaire au temps ou nous sommes. »
Le due d'Epemon, gouverneur et lieutenant-g^nSral en Guyenne,
saisi du diS^rend, le soumit h des arbitres :
Leur sentence fut rendue le 15 juillet 1637; en voici le texte :
L'an 1637 et le 15* joordu mois de juillet, dans la ville et cit6 d'Aux et
maison commune d'icelle, se sont assembles MM. Jacques Cast^ra, Jean
Ducros, Pierre Lasdonnes et Vital Espiau, consuls, Bernard Sancet, procu-
reurdu Roy, Claude Lavacassetz, procureur juridictionnel de Mon seigneur
TArchev^ue, Estienne Chavailhe, Guillaurae Laburguier, docteur, Jean
Mariol, Jean Duverdier, Jean Verdun, docteur, Jacques Davoye, Guillaume
Cinqfrais, Guillaume Ducros, docteur, Jean Mascaras, docteur, Bemalrd
Laffont, docteur, Jacques Lafforcade, docteur, Jean Cast^ra, Francois
Branet, Guillaume Larroque, Francois S6pet, JeanTapie, bourgeois consu-
laires, et Dominique Lafitte, docteur 6z droictz, pour d61ib6rer sur la sui-
vante proposition.
Sur la proposition k nous faite par le seigneur dePuysegur, commissaire
general destrouppes de Tarm^ede Guienne, de la part de Monseigneur le
due d'Espemon, pair et colonel g6n6ral de France, gouverneur et lieute-
nant g6n6ral pour le Roy en Guienne, qu'ayant eu de grandes cognois-
sances des proems et diff^rends muz entre les Reverends P^res J^suistes du
CoUeige de ceste villes et les d,evotes M6res Carmelites, il auroit desir6 entre
lesdictes parties un accommodement, lequel ne pouvant sortir k effet sans
Tassistance de nostre ville, sur la necessity qu'il y avoit d'oster la conti-
guity des toitz qui sont entre leurs maisons, k cause de la tour de La
Rayrie construite sur le portal qui va au Caillau, ledit sieur nous auroit
propose de vouloir donner consentement k ce qu'on trouv&t expMiant pour
oster cest obstacle k condition que cella ne diminuat la surety de la place
ni choquat les espritz des habitants.
Nous, d^sirantz ob^yr et plaire absolument k la volonte de nostre dit
seigneur d'Espemon, avec le respect que nous luy devons, avons offertque
8*il estoit n6ce8saire d'abattre toute ladicte tour que nous estions pretz k y
satisfaire; k quoi le dit sieur de Puysegu auroit respondeu que I'intention
dudict seigneur n'estoit pas que cella diminuat la defEence de nostre ville,
qu'aussy il jugeoit qu'il importoit que la dicte tour subsistat, qu'il suflBzoit
de murer les portes du cost6 du Colleige, hausser une murailhe k prandre
sur la voute du portal, jusques au plancher tant du couste dudict colleige
que de la maison des M6res Carmelites et despuis le plancher jusques au
toict, laisser une separation de Vespace et largeur de ladicte murailhe de
chasque coste et par aussy laisser en ladicte tour un corps de garde pour
la deffence de nostre derniere encainte et faire I'entree ailheur ou il sera
jug6 k propos par la dicte ville,dont les frais des dictes murailhes se fairont
aux despens desdictes M^res Carmelites.
Ce que par nous ayant est6 represente en notre maison de ville auroit
este unanimement approuve desirant temoigner Taifection, obeissance et
fideiite par nous voue k I'authorite de mon diet seigneur d'Espemon; et
aussy a este conclud et deiibere,lesdictz sieurs assistantz et oppinantz s'es-
tantz signesiToriginal delapresente deiiberaiion duquel le present extraict
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i
J
— 394 —
a est^ iM et duement ooUationnd par moy notaire royal et secretaire de la
maison de ville du diet Xux.
Ea foy de quoy me suis soubzsign6 les an et jour sosdictz. — Ybrdier,
notaire royal. {Sign^,)
Un arr6t du Parlement de Toulouse du 15 novembre 1638 donna
gain de cause aux Carmelites. II condaranales P6res J6suites t i vider
» la possession de cette classe et k fermer la porte qui va du coll^
» sur ledit portail. »
Le procfes termini, les Carmelites songferent k la fondation definitive
de leur couvent et occuperent successivement « kTouest du college des
» Jesuites un immense corps de logis, dont les dependances s*etendaient
w au midi jusqu'k I'hdpital Saint-Jacques. Cetait Tancien cMteau des
» corates d'Armagnac. Elles achetferent en outre, le 26 Janvier 1738,
» du sieur Jacques Doat, avocat, une maison sise sur la place des
1 Espalats, en dehors de la fortification (1). •
€ La maison fut dedi^e k la Sainte-Trinite sous Tin vocation de
» Notre-Dame de la Victoire (2). »
Elle eut pour fondatrice Mme du Coudray, fille du president Sevin,
« la m^re sainte », dont la vie a ete racontte dans la Reoue de Gascogne,
par M. Tabbe Marquet. Les dots que pertferent les demoiselles le
Mazuyer (3) permirent de construire le monastfere et de commencer
reglise (aujourd'hui biblioth^que de la ville d'Auch).
La M^re de la Trinite passa les vingt-six derniferes ann^es de sa vie
au Carmel d'Auch, ou elle mourut le 26 d^cembre 1656. Elle put done
diriger les travaux de construction de reglise et du couvent qui furent
confies k Jean Caillon, architected suivant contrat du'6 Janvier 1640,
Bourdonie^ notaire k Auch.
C est ce contrat que nous reproduisons in exienso d'aprfes une copie
que M. Parfouru,ancien archiviste du Gers, avait prise dans les minutes
de Lagardfere, notaire k Auch (4).
Bailh a hastir le monastalre des dames Relig leases Carmelites,
a Jean Caillon, m' architecte (5).
Le 6 Janvier 1640, dans la ville et citte d'Aux et au devant le parloir du
couvantdes dames Religieuses Carmelites de ladite ville, etc., establi en
(1) L'abb6 Marquet. La M6re Sainte, Recue de Ga8cogne,ld7Z, tome xiv. Voir
aussi les tomes mi et xni.
(2) Archives du Gers. C. 2, f" 195.
(3) Registre des insinuations lalques au s6n4cbal d'Aucb, 1648-1652, p. 114, v».
(4) C*est aussi CaiJIon, venu de Paris q^u'on avait charge (suivant traits du
16 juin 1629) de la construction de la partie inachev6e de r^glise Sain t<*- Marie,
le texte de ce lrait6 en cinquante-deux articles estdonn^ k Tappendice de Saiute-
Marie d'AuchT par l'abb6 F. On^lo, pp. 279 et suiv. (1 vol. in-18, Auch, Foix,
imp. 1864).
(5; Minutes de M« Lagard^re, notaire 2i Auch, r^. de 1639-1641, fol.7, v (1640).
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— 395 —
sa porsonne Jean Calllon, m' arohitecte da Hoy, dudit Aux habitant, lequel
promet et s'oblige en faveur desdites dames Carmelites, pour icelles pre-
santes et acceptantes Marie de Tlncarnation, prieure, Magdelaine de Jesus,
soubs-prieure, Marguerite de rincarnation et Marie de la Saincte-Trinit^,
deppositaires, scavoir de bastir dans le temps et terme de deux ans le
monastaire desdites dames, selon les membres et parties dont au dessain et
oonformement k icellui parafle et sign^ desdites dame et (dudit) s' Caillon,
qui est demeur6 au pouvolrde chascune desdites parties; pour lequel basti-
mant les articles suivantz sont convenus et accord6s comme s'ensuit :
Et premi^reroent les massoneries de toutes les tranches et rigolles de
fondations seront fouill^cs jusques au vif fons et sur icelles fond6s les
meurs dudit bastiment; auquel bastimant sera fait en I'estaige bas sur Tes-
tandue du reffectoire et proviserie une voulte partie servant de cave et
Tautre de bolangerie, de douze canes de long, en y comprenant les deux
meurs de sepparation, sur trois canes de large; les deux meurs qui porte-
rent ladite voulte, TuQe servant i porter le meur au dessus qui fera face
vers Tesglise aura quatre paulms et demy d'espesseur jusques au couron^
nement de la voulte, et Tautre qui servira k porter le meur qui sepparera
le reffectoire et proviserie d'avec le cloitre, aura trois pamls et demy d*es-
pesseur; dans laquelle voulte seront faicts les meurs de sepparation et les
portes, jours et dessante en icelle, ainsin qu*ilz sont marques sur ledit des-
saing; et sera ladite voulte surbaiss6e de quatre pamls, qui aura de haul-
teur jusques soubz la clef doutze pamls>»i prandre du rais de chauss^e eii
nivau du pav6 de la court proche le jardrin qu'est entre Tesglise et le refec-
toire; et tons les susdits jours, mesme leurs appuis, voulseures, portes et
marches pour les dessantes seront de bonne pierre de tailhe, le tout bien
masson6 de bonne massonerie et de bone chaux et sable, taut les voultes
que les meurs; I'aire de la boulangerie et celle des caves suivantes seront
deterre seulement; de Taultre cost6 dudit logis sera basti ung meur fonde
sur le vif fons qui servira a porter les piliers, arcades et meurs au-dessus
faisant face sur le preau, icellui meur de quatre pamls d'espesseur et eslevA
aussi hault que le dessus de ladite voulte qui marquera la haulteur dudit
preau; sur lequel meur seront faicts et eslev^s cinq piliers et desmi pour
porter cinq arcades et entre iceux pilliers sera eslev6 le meur de trois pamls
au dessus du pav6 avec ung appuy de pierre tailhte; les piliers auront en
longueur trois pamls et demi, d'espesseur trois pamls et quart; les arcades
basties sur lesdits piliers auront dix pamls ou environ do large; et au
commanoemant de la naissance des voultes desdites arcades seront faictes
plinthes pour servir d'imposte; les voulseures desdites arcades seront faictes
de diverses pieces appellees voussoires estredossees par le dessus d'un paml
trois quartz, lesdites arcades arras6es qu*elles soint fairont la juste haulteur
du premier plancher, qui sera de deux canes de hault despuis le dessus du
pav6 descloistres jusques au dessus du pav6 des all6es des dortoirs; et au-
dessus seront continues les meurs bastis sur lesdites arcades d'espesseur de
deux pamls trois quartz jusques a la haulteur du deuxiesme plancher, qui
sera de quatorze pamls, comprins Tespesseur dudit plancher; dansle susdit
estage et sur ledit meur seront faictz six jours qui seront dans les cellulles
cy appr^ k expeciflBer, qui auront trois pamls de large et cinq de hault,
bastis de pierre de tailhe avec leurs appuis et eouvertures; oultre les sus"
dites haulteurs sera encore eslev6 ledit meur de huict pamls de hault, qui
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sera Tenti^re liaulteur du galatas, sans en ce comprandre Tespesseor de
saviviers (?); dans icelle haulteur sera faict sur chasqne arcade ung jour de
quatre pamls et demi de large sur la haulteur qu'ilz pourront monter; les
Jambages d'iceux, appuis et fermeture qui seront de pier rede tailhe oomme
les autres. Plus I'aultre meurqui sera port6 sur oellui duquel il est cy-
devant parl6, soustenant la susdite boulangerie et cave, qdi est du coste de
I'esglise, sera de mesme espesseur et haulteur que le precedant; dans lequel
meur seront faictz deux jours pour esclairer dans ladite boulangerie, et
ung dans la cave, deux portes deux jours au dessus et aulx endroictz ou le
tout est marqu6 audit dessaing, de quatre pamls de large et six de hault,
pour esclairer dans le reffaictoire, et trois aultres jours k servir et esclairer
dans la proviserie, qui seront de pareilhe haulteur et largeur que les autres;
comme aussi toutes les portes et croisees, appuis et volseures d'icelles ou
platebandes seront de pierre de tailhe; et les passaiges pour aller et entrer
dans le cloistre seront fermes en arcades; la porte pour entrer dans lerefec-
toire et celle pour entrer dans la proviserie seront poshes suivant ledit des-
saing, sans aulcun jour dans le susdit meur par le hault, ains tout plain;
les meurs de reffan qui sent dans oeuvre marqu6s sur ledit dessaing, comme
aussi ceux qui ferment les allies des cloistreset qui sepparent le reffectoire
et proviserie, seront de deux pamls et demi d'espesseur jusques k la super-
flciedela cave; et le dessus, jusques au premier plancher qui faira Tentiere
haulteur desdits meurs, sera de deux pamls et quart d'espesseur; et les
portes et croisees dans icelles seront de la largeur et k Tendroit marqu^sur
ledit dessaing; lesquels portes et croisees seront basties de pierre de tailhe
et masson^es comme dessus. Les deux autres meurs servant k clorre les
loges aulx re tours, qui seront Tun du cost6 du carrelot et Tautre du cost6
oil estoitle logisde Mascaras, qui doibvcnt estre fondes jusques au vif fons,
espes en leur fondationde quatre pamls jusques au rez dechausseeet de
trois pamls et quart jusques au premier plancher, seront continues en Tes-
pesseur de deux pamls etdemi jusques au deuxiesme plancher, et audessus
jusques k I'entiere hauteur dudit bastimant, de deux pamls et quart. En
I'estage des cellules seront laissees trois croisees de six pamls de large chas
cune et de sept paml^ de hault pour esclairer dans les all^ des dortroirs
aulx endroictz marques sur ledit dessaing, sans autre jour, ains tout plain,
le tout massone comme dit est. Les deux autres meurs formant deux
angles du cloistre et faisant face sur le preau seront fondes de mesme que
les precedans et d'espesseur, haulteur, forme et estructure, avec pilliers,
arcades, fenestres et semblables materiaulx. Et quand aux meurs qui sep-
pareront les all6es des cloistres d'avec le chappitre (?), roberie et bucher,
qui seront ausdits restours, seront faictz de longueur convenable et scelon
ledit dessaing, fondes jusques au vif fons et de largeur de deux pamls et
demi, et au dessus de deux pamls et quart; dans les susdits meurs seront
laissees et fabriquees de pierre de tailhe les portes et jours y marques, de
largeur et haulteur convenable.
Les cellules des dames en nombre de vingt cinq seront basties de la
largeur et longueur dudit dessaing et sepparees d'une cloison de bois>
massonees entre deux pouteaux de masse canal, chaux et sable; les portes
d'icelles auront trois pamls et quart de large et sept et demi de hault.
Le reffectoire, les all6es des cloistres, les corroirs des dortoirs et le plan-
cher au dessus desdites celluUes appele le galatas, seront pav^e de carreaa
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de terre cuite, sanf le pourtour de la table dudit reffectoire qui sera garni
d'aix de courau et le tuyeau de la chemin^e de la cuisine sera lev6 de bar-
rens jusques k quatre pamls au dessus du feste; ledit tuyeau sera de sept
pamls de long et ung et demi d'ouverture, le tout masson6 comme dit est.
Davantaige sera faict I'escallier pour monter au reffectoire, proviserie et
autres estaiges, dortoirs et galatas, et pour ce seront fond^s les meurs dudit
escalli^ jusques au vif et aux endroictz ou il est marque sur ledit dessaing,
le tout d'espesseur convenable, qui porteront les marches dudit escallier
jusques kl& haulteur des planchors du dortoir, qui seront de pierre detail he
et au dessus de bois; et les deux testes du noyoau dudit escallier seront
basties de pierre; dans lequel escalier les portes et crois^es marquees audit
dessaing seront fabriquees de pierre de tailhe et massonees comme dit est.
De plus sera faict le sieige et tuyeau des lieux communs et conduit dans
le canal de ladite ville qui passe dans lo carrelot, aveo la vantouse qui sera
conduite aussi hault que la couverteure, et C6 k Tendroit ou il est marqu6
sur ledit dessaing.
D'abondant sera faicte entre Tcscallieret le logis proche dei'esgliseune
gallerie pour conduire lesdites dames religieuses du dortoir au coeur en
passant dans et k travers Tescallier; pour ce faire sera fondd le meur entre
la maison desdites Dames et le jardrin de M. Dastarac aussi bas fondd que .
les autres cy devant desclair^s, esleve de trois canes ou environ au dessus
du rez de chaussee^ la couverture au dessus; et du coste desdites Dames
Rcligieuses seront mis trois pilliers de bois pour porter ladite gallerie et
plancher d'icelle avec trois petits daix (des) de pierre de tailhe, ung sur
chasque piUier, et la fondation au dessoubz; au dessus desdits pilliers sera
faict ung petit pan de bois pour former ladite gallerie avec deux jours do
haulteur et de grandeur pareilles k celle desdites cellules; laquelle gallerie
sera lambriss6e d'aix de sapin attache aux chevrons de la couverture;
laquelle sera de tuillei canal, comme celles qui sont k exprimer cy appr^s.
Plus sera faict dans une place appartenante k ladite ville proche la tour
desdites Dames Religieuses, contenant quatve canes sur trois ou environ,
qu'elles acquerront de ladite ville k leui*s despans, une voulte, ung four,
une cheminee, la platebande et les jambages de pierre de taille; et au dessus
de ladite voulte, une cuisine, et sur icelle encore une chambre; les meurz
sur ladite place et la couverture seront leves aussi hault que le corps de
logis oil seront les dortoirs; en la premiere et deuxiesme estaige sera
laissee une crois6e ichascune d'icellesde trois pamls et demi de large sur
la haulteur convenable; une cheminee en ladite cuisiino avec les jam-
bages et platabande de pierre, une porte k chascune pour y entrer,
le plancher garni d'une poultre st solive au dessus, avec des aix de sapin
ou coureau, comme les autres, pav6s de carreaux de terre cuite. La
charpanterie duquel bastimant sera faicte ainsin que s'ensuit. Premie-
rement seront mises au premier et second plancher toutes les poultres
necessaires, espassees de doutze pamls les unes des autres, qui seront de
courau ou de sapin; sur lesquelles poultres seront mises des solives de
quatre et de cinq poulces de gros espacees les unes des autres d'ung paml
et demi, pour le premier estage; et au second plancher les solives n*auront
que quatre poulces de gros, espassees comme les autres, le tout garni d'aix
de sapin ou de courau, reboutees dessus et dessoubz k I'endroit desdites
cellules, Wen jointes ensemble, clouees aux solives sans aulcune chose au
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— 398 —
N dessus sinon aux endroitz des all6os et planchei* suppeiieur desdites cellules
oil il sera mis de la terrc et pave de carreau, commedit est. Le^ cloisonsde
colombage qui foriueront Ics all6es des dortoirs et seppareront Icsditea
en nombre de vingt-cinq, conformement aadit dessaing, seront de trois et
quatre poulces de gros. Et pour la charpanterie de la couverteure du grand
logis, sera construictes de forme sur chascua ung tiran et seront espasses
Tun de I'autre com me les po nitres, lesdites fernies gamies de feste, deox
arcbalestrics, ung pongon, deux soubardes, avec deux cours de pane(?) on
ventri^re de chasque coste; les chevrons de trois k .quatre poulces de gros,
espaces de quatre ii la latte, seront de sapin ou coureau, et sur les tirans il
n'i aura auculne solive ni porte, ains tout vuide. Et quant aux autres
couvertures, il iaura sur chascune poultre une fcrme garnie chascuncd'on
tiran, feste et poinQon, deux arcbalestres et soubarbes et ung cour de
ventri6re dechascun. coste, les chevrons de mesme bois et espasses comme
dessus. Toutes lesquelles couvertures seront de tuillo i canal, tant de Tun
comble que des deux autres, et seront les dictes couverteures k deux eaux,
avec latte clouee aux chevrons. Plus pour la menuserie, en la premiere
estaige ou sera la boulangerie, seront mises des portes de grandeur conve-
nable aux bayes de bois de courau, ferrees de gondz et panteures sans
aulcune serreure sinon de loquetes; ensemble les fenestres de mesme bois
de courau, ferrees avec verroillet et targettes, flches ot pates, le tout pour
servir^ I'estaige basse; seront aussi faictes, dans le refectoire deux croisees
bastardes, trois dans la proviserie, avec chassis et voUetz garnis de fiches et
targettes et verroilletz comme les autres cy-dessus. Et pour Touverteure
qui doibt estre faicte pour servir les vivres de la cuisine au reffaictoire sera
icelle garnie d'une porte coupp^e en deux, construite de bois de sapin ou
courau, ferree de gondz de pantures, targettes et verroilhs. Les fenestras
qui serviront dans lechappitre(?)roberie-et bucherie seront faictes de postes
de sapin avec deux barres par derriere et ung verroillot pour les tenir fer-
m6es.
Et quand aux portes des dites celluUes, en nombre de vingt-dnq
comme dit est, elles seront basties de bois de sapin ou courau, avec gonds
ou pantures et une loquette de bois k chascune celluUe, et la fenestre de
bois de courau avec ung chassis et vollet, ferrde de deux pantures et une
targette. D'abondant seront faictes trois croisees dans lesdits dortoirs aveo
chassis et volletz, ferries comme celles durefEectolre. Sur Tescallier dessus
mentionne sera mise fenestre de mesme bois et ferrure ainsin que oelle du
reffectoire; et encore sera faicte une fenestre et porte aux lieux comuns,
ainsin qu'aux celluUes; plus seront mises des vitres aux susdites fenestres
de la cuisine, reffaictoire, celluUes^ lieux comuns, des alldes des dortoirs, de
Tescalier et gallerie qui conduiraau coeur,et non ailheurs. Enftncn I'estaige
du galatas sera mis a chascun jour une fenestre d'aix de sapin, barree par
derriere avec ung verroillet pour la fermer.
Lequel susdit bastimant, comme dessus expecifft^, ledit sieur Caillou
randra faict et parfaict avec la clef k la main aux dites Dames, au dire de
maistres expertz et k ce cognoissans, scelon les susdits articles et autres
particuliers, desquels parties sont demeurees d'acord, rediges par escript et
par elles respectivement signes, qui sont demeures au pouvoir de chas-
cune; et ce moyenant le prix et somme de unze mille sept cens livrcs,
payables aux conditions suivantes par lesdites Dames, sQavoir la somme de
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— 399 -
dix mille livres qu'elles bailhent presantement en cession audit sieui*
Caillon k prandre sur dame Frangoise de Clari, vefve k feu Monsieur de
Mazuyer, quand vivoit, premier presidant au parlement de Tholose, sur et
tant moins de dix-huit mille livres que ladite dame doibt au dit couvant
par deux contratz du 8* d'aoust 1638, rettenus par M" Frangois Branet,'
notaire de oeste ville^ pour icelle somme recepvoir par ledit sieur Caillon
aux termes portos par lesdits contratz et d'icelle fornir bonne ct valiable
quittance, et cependant jouir des interetz tels qu'ils sont stipules par les
dits contractz, k concurrance de la somme de dix mil livres, promettantles
dites dames Religieuses audit offaict de fournir audit Caillon toutes procu-
rations n^cessaires, ensemble de repprandre k elles la dite cession en deffault
de payoment de ladite somme aux termes escheus, passes lesquels ledit
sieur Caillon faira toutes poursuites nccessaircs, centre ladite dame de
Mazuyer, aux despons toutes fois desdites Religieuses et en leurs noms; ct
au cas oil il n*en peult retirer payement^ elles seront tenues ung an aprds
de repprendre ladite cession et faire payement audit Caillon de ladite
somme>de 10,000 livres sans qu*il soit tenu de discuter centre ladite dame
de Mazuyer ou autre en vertu de ladite cession; et k deffault dudit paye-
ment se reserve ledit Caillon de pouvoir agir centre M. Jean Castaing,
presbtre et protonotaire du Saint-Si^e, en vertu d'une proniesse priv6e
randue en favour dudit Caillon le 24* juillet dernier, sans prejudice n^nt-
moins audit cas de pouvoir aussi agir centre lesdites dames Religieuses
en leurs biens que centre ledit sieur Castaing, conjoinctement ou seppa-
rement comme bon semblera audit Caillon .
Et pour le surplus des dites 11,700 livres, qui est 1,700, lesdites dames
Religieuses promettent le payer audit Caillon dans le temps et terme de la
feste de Pasques procliaines.
Oultre laquelle somme de 11,700 livres lesdites Dames Religieuses bail-
hent audit Caillon touts les materiaulx des maisons k desmolir pour la place
dudit bastimant, appartenants aux dites Dames, fors et excepts la maison
dans laquelle elles habitent k present, acquise par elles de M. M' Francois
Secousse, conseiller du Roy et president en I'eslection d'Armaignac; des
quels dits materiaulx, bois.pierre, fer et autre mati^re des dites maisons k
desmolir demeureront aquises audit Caillon pour en faire ^ ses plaisirs et
voloutd. Et pour ce dessus observer lesdites parties Tout promis k Tobli-
gation de leurs biens, etc. Presants M" Jacques Pruni6res, secretaire de
Mgr TArchevesque, et Jean-Pierre Verdier, docteur en droit du dit Aux
habitants, soubsign^s avec parties.
J. Caillon;
Soeur Marie de l'Incarnation. superieure;
Soeur Magdelene de Jesus;
Sceur Marguerite de L'iNCARNAaoN;
Soeur Marie de la Tres Sainte-Trinit^.
Pruniees, present. — Verdier, present,
Lagardere, notaire royal.
Contreroll6 le 12 mai 1640, 3 s. 6 d.
Deneyts.
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- 400 -
(En marge du folio 13 verso se trouve la quittance suivante ecrite de la
main de Caillon:)
Je soussignc confaisse avoir sy devant reseu desdicttes dame(s) Reli-
tgieuse(s) Carmelite(s) la somme de 1,700 livres par les mains du sieur
Broqueville de Montfort, pi*ovenant do la dotation de Blanche Broqueville,
religieuse audit couvant, pour laquelle somme le contra de depte d'icelle
retenu par Baron, notaire, a ete cansele moihianent ladicte some par moy
reseu en tenmoins du pris de la besogne dont au present contra; de laquella
some de 1,700 livres en quicte lesdicttes dame[s] religieuse[s] .
Faicti Aux, le 18 novembre 1641. J. Caillon (1),
Communications diverses
M. Calcat communique una inscription en marbre noir trouvee par
lui sur les bords du ruisseau d'Embaqafes et qui nous donne le nom
des quatre consuls d'Auch pour Tann^e 1691.
M. DE BlERE SEIGNEUR DU L....
M« B. Dencouton ad. e
F. Baron.
P. Larouviere.
Baron n'est pas cit6 dans laliste des maires et consuls d'Auch publi6e
par Prosper Laforgue^ c'est une lacune que vient heureusement com-
bler notre inscription. Nous ne savons de quel lieu Gilles de Bifere ^tait
seigneur; cetle famille avait dejk fourni des consuls k la ville d'Auch
en 1381 et 1386.
M. Bousquet fait don k M. de Carsalade pour le mus6edela Soci^t^
d'une ep6e wallone trouvee k Castelnau-Barbarens et de divers objets
de ferronerie d'art du xvii^ si^cle^ provenant du chateau de Puysegur.
M. Delias fait don aux Archives d^partementales : 1° des r61es de la
taille de la communaut^ d'Arcamont (1678-1791, lacunes); 2? d'un
cadastre de la m6me communaut^ malheureusement incomplet (xvi®
si6cle); 3^ d'un 6lat du recensement g6n6ral des chevaux du comt6
d'Armagnac (17 septembre 1736) proveuant sans doute du haras du
Rieutort.
La Sociel6 fixe au 7 mai la date de sa procb^ne reunion.
(1) Les immeubles de la communaut^ mis sous la main de la Nation en vertu
de la ioi du 27 brumaire an vn (16 ddcembre 1798) furent vendus en vingt-un
lots, suivant adjudication devant le pr^fet du Gers du 27 messidor an ix (16
juillet 1801), aux sieurs P^r6, Destieux, Molli^re, Lagrange, Branet, Mollard,
Cassagnard, Falanque, Rey, G6ze, Bajon et Pardiac.
L'eglise, affectee au Bureau de bienlaisance d'Auch par Tart. 7 de la Ioi du
9 sepiembre 1807, f ut concedce ^ la ville pour Tinstallation actuelle de la
Bibliotlieque.
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HOHSEIGREUR IRME TVES DE SOUE
PREMIER ARCHEVfeQUE DE CHAMBERY
(1744-1824)
Pendant r6t6 de 1868 nous traversions avec un de nos
amis la ville de Chamb6ry. Oblig6s de passer au secr6ta-
riat de rarchev6ch6 pour y faire viser nos lettres testi-
moniales, nous y trouvfi-mes un excellent accueil et on
nous invita a voir le cardinal, qui aimait beaucoup, nous
dit-on, a causer avec des strangers. Nous n'aurions pas
os6 solliciter cet honneur; mais la proposition allant au-
devant de nos d6sirs, nous Tacceptftmes avec empresse-
ment. Nous fdmes tr6s heureux de voir de pr6s Son Em.
Mgr Billiet, un des princes de TEglise dont on parlait le
plus a cette 6poque. Nous savions qu'^ vingt ans il 6tait
encore pMre dans les montagnes de laTarentaise, et qu'Jt
vingt-deux ans, apr6s avoir 6tonn6 par son intelligence
ses condisciples et ses maitres et fait toutes ses 6tudes
comme en se jouant, il s'asseyait 5. son tour sur les chaires
de philosophic et Me th6ologie, qu'il occupa successive-
ment avec une rare distinction. Mgr Billiet n'6tait pas
seulement un savant distingu6, dont la Savoie pent fetre
fi6re; c'6tait encore un charmant causeur. Ag6 dequatre-
vingt-cinq ans d^j^ quand nous le vimes, ce v6n6rable
vieillard v6cut cinq ans encore. II est mort a Tftge de
quatre-vingt-dix ans, le 30 avril 1873.
Mgr Billiet nous re§ut avec une touchante simplicity,
et des qu'il sut que nous 6tions du diocfese d'Auch, il nous
parla avec un plaisir marqu6 de Mgr de SoUe, un de ses
pr6d6cesseurs, qui Tavait ordonn6 prfetre et dont il avait
Tome XXXV. — Septembre-Octobre 1894. 26
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— 402 —
6t6 le vicaire-g6n6ral. Les souvenirs de cette causerie
nous sont encore presents aprfes vingt-cinq ans, et d'ail-
leurs nous les retrouvons en partie dans nos notes de
voyage. Ce sont les details biographiques recueillis de
la bouche mfime de son Eminent successeur, compl6t68
par d'autres renseignements venus ensuite, que nous
voudrions faire connaitre a Thonneur d'un excellent 6v6-
que, qui fut notre compatriote.
I
Ir6n6e-Yves de Solle naquit k Auch le 19 mai 1744 et
fut le dernier des sept enfants de messire Jean de Solle,
avocat au Parlement, conseiller et secretaire du roi, maison
et couronne de France, et de dame Jeanne de Seissan de
Marignan. II fut baptis6 le 20 mai dans T^glise de Saint-
Orens par son oncle paternel, Joseph de Solle, chanoine
de cette coll6giale. II outpour parrain son oncle maternel,
messire Ir6n6e de Seissan de Marignan, prieur de D6mu,
repr6sent6 par Joseph-Marie de Solle, fr6re ain6 du
baptist, ^6 de treize ans, qui le tint sur les fonts avee
demoiselle Fran?oise de Solle, sa sceur, &g6e de seize ans *.
Trois ans apr^s, en 1747, cette jeune marraine entrait
au Carmel.
C'6tait sous r6piscopat deM.de Montillet. Un fait
extrait du journal de maitre Jean de Solle, publi6 ici
mfeme en 1877 par M. de Carsalade, montre bien Testime
que ce pr61at professait pour cette maison. Mademoiselle
Franeoise de Solle prit le voile Wane le 8 d6cembre de
cette ann6e 1747; Tarchevfeque fit la c6r6monie, et puis,
sans 6tre attendu, il vint par une marque de consideration
prendre place au repas de la famille. En 1749, lorsque la
(1)
ReglsUres de la paroisse SaintrOrens, h la mairie d'Aucb.
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— 403 —
novice fut appel6e a prononcer ses grands vceux, M. de
Montillet voulut encore pr6sider la c6r6monie. Une autre
soeur d'Ir6n6e-Yxes, Madeleine, prit le voile dans le
couvent des Ursulines de la ville d'Auch sous le nom de
soeur Sainte-Croix.
La famille de Marignan, d'oii sortait Mme de SoUe,
occupait et occupe encore un des premiers rangs dans
Faristocratie de la contr6e.
Les de Solle appartenaient a cette noblesse de robe qui,
sous Tancien regime peuplait les cours et les Parlements
de magistrats pour qui, malgr6 Taccroissement incessant
de la fortune, la foi et Thonneur 6taient encore la meil-
leure part de Th^ritage transmis des p6res aux enfants.
Cette famille s*est 6teinte en donnant un saint 6v6que k
I'Eglise et un vaillant soldat a la patrie.
Avant de continuer Thistoire du premier, quelques
mots sur le neveu qui lui fit tant d'honneur ne paraitront
peut-6tre pas d6plac6s.
Le g6n6ral Augustin de Solle est bien le personnage
qui a jet6 le plus d'6clat sur cette maison. N6 k Auch le
3 juillet 1767, Jean-Joseph-Paul-Augustin 6tait fils de
Joseph-Marie de Solle, fr6re ain6 d'Ir6n6e-Yves, celui-lii
m^me qui lui avait servi de parrain en l^bsence du prieur
de D6mu. Sa m^re 6tait dame H616ne de Cambefort, une
vraie femme forte, sur le compte de laquelle nos archives
r6volutionnaires fournissent un renseignement int^res-
sant. Incarc6r6e a Lectoure le 2 mai de Tan ii de la r6pu-
blique, parordredu sinistreDartigoeyte, parce que a par
son ascendant, ses mani6res, ses insinuations elle avait
entrain6 des administrateurs et des personnes k talents
dans le parti f6d6raliste », elle ne recouvrasa liberty aprfes
troismoisde detention que graces aux nombreuses d-mar-
ches et aux soUicitations de son fils. Celui-ci 6tait k cette
6poque adjudant-major. Sa pi6t6 filiale autant que son
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— 404 —
nom faillirent alors compromettre soil avenir etbriser sa
carrifere. Une loi ayant d6fendu aux ci-devant nobles de
faire partie de Tarm^e, il en fut exclu et n'obtint sa r6in-
t6gration qu'en juin 1795. C'est dans ces circonstances
qull commen^a k signer Dessolles * pour enlever h son
nom toute apparence aristocratique.
A partir de ce moment, Augustin Dessolles fit admira-
blement son chemin et devint un des g6n6raux les plus
distingu6s de FEmpire. Nous trouvons dans le journal
d'une anglaise * d'esprit et de gotit, quelques lignes qui
d6peignent la physionomie du g6n6ral de Solle. Miss
Berry raconte que, se trouvant k Paris en 1802, au moment
de la paix d 'Amiens, elle fut invit6e k diner chez Mmede
Stael.
Par bonheur, dit-elle, je fas k c6t^ du g^n^ral de Solle. II itait chef
d'^tat-major de Moreau, et c est lui qui a fcrit ce fameux r&it de la
bataille de Hohenlinden, que i'on regarde k Paris comnie le modMe
des dep^ches militaires. 11 a une physionomie fort douce et des mani^res
exquises. Notre conversation a roul6 sur les beaux climats pour les-
quels je partage sa predilection. Par hasard nous vlnmes k parler de
la Suisse. 11 regrette les ^v^nements qui se sont passfe dans ce pays et
qui ont^ dit-il, fait grand tort aux Frangais.
Le g6n6ral de Solle 6tait homme d'esprit, et le juge-
ment de miss Berry ne fait que confirmer sa r6putation
k cet 6gard. II n'6tait pas moins homme de coeur. II montra
toute sa d61icatesse au moment du proems de Moreau. Par
un sentiment g6n6reux il crut indigne de lui de paraitre
abandonner un ami dans le malheur. Napol6on ne le lui
pardonna pas. Le g6n6ral fut ray6 du Conseil d'Etat et
perdit le gouvernement de Versailles. II se retira alors
sur une terre qull poss6dait aux environs d'Auch, et il
s'y occupait d'agriculture lorsque Fempereur, en passant
(1) C'est ce qui explique la variante qui peut 6tonner dans rorthographe du
nom decette famille. Cette explication a ^Ui donnde ^ M. de Carsalade par le
cousin du g^n^ral, M. Hubert de Marignan.
(2) Public dans la Rocue en 1867 par M. Massott.
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y • 405 —
dans cette ville en 1808, lui donna Fordre de se rendre
en Espagne. Apr6s s'y 6tre distingu6 dans plusieurs
batailles. il revint dans ses foyers jusqu'en 1812 : cette
anh6e, comme chef d'6tat-major du prince Eugene, il le
suivit en Pologne et jusqu'a Smolensk; mais forc6 au
repos par le d61abrement de sa sant6, il resta 6tranger
aux derniers 6v6nements militaires de TEmpire. Apr6s
avoir contribu6 ati r6tablissement des Bourbons par son
61oquente intervention pr6s de Tempereur Alexandre, il
cut toutes les favours du gouvernement de la Restaura-
tion. Comte en 1814, marquis en 1817 en vertu de lettres-
patentes de Louis XVIII, ministre d*Etat, pair de France,
major-g6n6ral des gardes du royaume, chevalier de
Saint-Louis, grand cordon de la Legion d'honneur, com-
mandeur de FOrdre du Saint-Esprit, son plus beau titre
de gloire est d'avoir conserve jusque dans la licence des
camps et les enivrements de la fortune les sentiments de
foi qu'il avait puis6s k T^cole de sa pieuse m6re et de son
v6n6rable oncle. Le g6n6ral marquis de Solle mourut en
1828 sur sa terre de Monluchet, prfes de Paris, ne lais-
sant de son mariage avec mademoiselle de Dampierre,
fllle du g6n6ral Picot de Dampierre, qu'une fiUe H61fene-
Charlotte-Pauline de Solle, mari6e en 1821 au due Jules
de La Rochefoucault d'Estissac, pair de France. C'est elle
qui donna k la ville d'Auch en 1864 le portrait de son
p6re, plac6 a rh6tel-de-ville dans la galerie des hommes
c6l6bres du d6partement. Nous savons que les traditions
d'honneur et de vertu des de Solle revivent dans les
enfants de Mme de La Rochefoucault, et que si le nom
est perdu, son 6clat s'est pour ainsi dire confondu avec
celui des grands noms de S6gur, de Greflulhe, de
Montbel, de Borghfese, que portent aujourd'hui les descen-
dants du g6n6ral.
Apr^s cet aper^u sur la famrlle et son dernier repr6-
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— 406 —
sentant, il est temps de revenir a celui qui est Tobjet de
cette 6tude.
Elev6 par une sainte m6re dans une maison pleine de
pr6tres et de religieuses, il ne faut pas s'6tonner que le
jeune Yvon (c'est ainsi que dans sa famille Ir6n6e-Yves
a toujours 6t6 appel6) ait senti de bonne heure un \if
attraitpour T^tat eccl6siastique.Le26mars 1757, a peine
ag6 de treize ans, il recevait la tonsure des mains de
M. de Montillet. Le 9 novembre suivant, son oncle Marc-
Antoine de SoUe, chanoine de la M6tropole, r6signait
son canonicat en sa faveur. Selon les prescriptions du
Concile de Trente, il fallait avoir au moins quatorze ans
pour poss6der un b6n6flce. On obtint du Pape Bepoit XIV
en date du 4 des calendes de d6cembre 1757 une buUe ac-
cordant au jeune chanoine la dispense des sept mois qui
lui manquaient. Pourvu de son canonicat, Yvon reprit ses
6tudes chez les J6suites de Toulouse, et se rendit ensuite a
Paris pour faire sa th6ologie au s6minaire de Saint-Sul-
pice. Rentr6 &. Auch en 1766, il fut ordonn6 sous-diacre le
24mai de cette ann6e, diacre le 13 juin 1767, prfetre le
20 mai 1769. Nous trouvons dans les archives du chapitre
des traces d'une vive contestation qui s'61eva alors parmi
les chanoines au sujet de la place que M. de SoUe devait
occuper. Sept nouveaux chanoines avaient 6t6 nomm6s
depuis 1757, la plupart sans doute plus ag6s que lui, et
qui, 6tant prMres ou du moins dans les ordres sacr6s,
avaient dCi avant lui entrer en possession de leur cano-
nicat et remplir leurs fonctions. lis croyaient avoir la
pr6s6ance sur le nouveau venu. II parait que Fautorit^
comp6tente en jugea autrement; M. de Solle prit rang
suivant la date de sa promotion, et occupa en arrivant la
treizifeme des vingt stalles r6serv6es aux chanoines de
Sainte-Marie.
En 1776, M. d'Apchon, successeur de M. de Montillet,
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— 407 —
le nommait vice-g6rant de rofflcialit6. Nous avons cherch6
inutilement dans les ann6es suivantes quelques traits
relatifs ^ M. le chanoine de Solle; son nom ne se rattache
pour nous k aucun fait qui m6rite d'etre not6. II donnait
a cette 6poque tous ses soins a r6ducation de son cher
neveu Augustin, dontil ne cessa de surveiller les etudes*;
il faut convenir que ce labour ne futpas s|;6rile et qu'un
tel 616ve fait grand honneur a son maitre.
II s'adonna avec z61e aux travaux du saint minist^re, et
il fut avantageusement connu comme pr6dicateur. Dans
les pr61iminaires dont il fait pr6c6der le livre de raison
de maitre Jean de Solle, son aleul, M. de Carsalade nous
apprend qu'on a conserve du pieux chanoine un recueil de
sermons assez estim6s. Cost peut-6tre par suite de ses
predications que sa reputation avait frauchi les limites
de ce diocese. Nous tenons du cardinal Billiet que son
pr6d6cesseur avait 6t6 vicaire-g6n6ral des deux derniers
6v6ques de Lombez, L6on de Salignac de la Mothe-
F6nelon * et Alexandre-Henri de Chauvigny de Blot •.
II 6tait un des membres les plus estim6s du chapitre.
Aussi fut-il choisi par ses confreres pour aller h Paris
suivre un proc6s important que les chanoines avaient
port6 en appel au conseil du roi *. Ce proems venait d'etre
jug6 en faveur du chapitre, gr^ce sans doute k Tintelli-
gence de son mandataire, lorsque la revolution 6clata. A
Texempie de son archevfeque, M. de la Tour du Pin-
Montauban, et de la majorite de ses confreres, M. de
Solle ne voulait pr6ter aucun des serments exig6s des
ecciesiastiques acette fatale 6poque. II se retira dans les
Pays-Bas, et il y v6cut dans les plus p6nibles privations
jusqu'a ce que Forage fut apais6.
(1) Le r6Ie de Toncle qui eut line si heureuse influence sur la vie du g^n^ral
esl menlionnd par tons les biographes.
(2) UecMiS k Bagneres-<le-Bigorie en 1787.
(3) D^cM6 h Londres en 1805.
(4) Nous n'avons pas pu d^couvrir quel 6tait Tobjet de oe proems.
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— 408 —
n
Rentr6 en France au moment du concordat, par la
protection peut-6tre de son neveu, qui 6tait alors g6n6ral
de division, membre du Conseil d'Etat et gouverneur du
ch&teau de Versailles, Tancien chanoine d' Auch fut nomm6
6v6que * de Digne, le 20 avril 1802. Sa premiere pens6e
en apprenant cette nomination, qu'il n'avait ni brigu6e
ni d6sir6e, fut d'y r6pondre par un refus. II ne Taccepta
qu'k lapri^re de quelques amis, principalement M. Emery,
son ancien directeur de Saint-Sulpice, qui lui en firent
un devoir de conscience. Pr6conis6 le 6 mai 1802, il fut
sacr6 k Paris le 11 juillet suivant, dans T^glise des Car-
mes, encore rougie, pour ainsi dire, du sang des martyrs
qui, dix ans auparavant, le 2 septembre 1792, y avaient
6t6 6gorg6s en haine de la foi. Huit jours aprfes, dans
cette m6me6glise des Carmes, 6tait sacr6 a son tour, avec
plusieurs autres 6v6ques, Jean Jacoupy, 6v6que d'Agen,
appel6 k gouverner aussi T^glise d'Auch dontle siege
6tait supprim6, et le nouvel 6v6que de Digne, en sa qua-
lit6 d'Auscitain sans doute, fut Tun de ses pr61ats assis-
tants. Mgr Xavier de Maynard de Pancemont, 6v6que de
Vannes, ancien cur6 de Saint-Sulpice, 6tait le cons6cra-
teur. L'autre pr61at assistant 6tait Mgr de Colonne d'ls-
tria, 6v6que de Vicence.
Le nouvel 6v6que de Digne justifia son 616vation par le
zfele, la douceur et la prudence qu'il montra dans Tadmi-
nistration de son diocese. L'6v6ch6 de Digne comprenait
alors, outre les paroisses qui le composaient autrefois, les
circonscriptions de six anciens dioceses : rarchevSchfe
(1) Nous constatons avec regret que M. de Solle est — si Ton neglige Mgr de
MorlhoD, 6v6que du Puy, Stranger k notre pays par sa naissance — le denuer
^v^que donn6 k TEglise par le chapitre d'Auch, qui fut de tout temps compost
d'hommes ^minents. Nous faisous des vobux pour que le siMe ne finisse pas
sans qu'on viejiae de nouyeau chercher des ^y^ques daAs ses rangs.
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— 409 —
d'Embrun, les 6v6ch6s de Gap, de Sisteron et de Senez,
en entier; r6vfech6 de Glandfeves* en grande partie, —
r6v6ch6 de Riez, a Texception de la partie du midi, situ6e
au-delSt du Verdon, — enfin plusieurs poroisses des an-
ciens dioceses d'Aix et Apt. Aussi peut-on dire que Mgr
de SoUe eut k porter tout le fardeau que partageaient
avant la r6volution six 6v6ques et un archevfeque. Mgr
de Leyssin, archevfeque d'Embrun, Mgr de Ville-Dieu,
6v6que de Digne, et Mgr Hachette des Portes, 6v6que de
Glandfeves, 6taientmorts avant le concordat. Mgr Ruffo de
Bonneval, 6v6que de Senez, n'avaitpas h6sit6, sur la de-
mandedu Souverain-Pontife, k donner sa d6mission.Mgr
de Clugny, 6v6que de Riez, Mgr de la Broue de Vareilles,
6v6que de Gap, et Mgr de Bovet, 6v6que de Sisteron,
avaient refus6 leurs d6missions et compt^rent quelque
temps parmi les anticoncordataires.
Les qualit6s maitresses dont il fit preuve dans Torga-
nisation de ce vaste dioc6se le d6sign6rent bientdt pour
un plus vaste encore. Le 25 Janvier 1805, r6v6que de
Digne 6tait transf6r6 a Chamb6ry, le seul de tons les
sieges de Savoiequi fOt relev6. Ne coihptait-on pas aussi
sur le patriotisme 6clair6 de Mgr de SoUe pour faire
aimer la France de cet int6ressant pays qui lui appartenait
depuis peu de temps et qui devait lui 6chapper de nouveau ?
Son pr6d6cesseur, Mgr Ren6 des Moustiers de M6rinville,
pr6t k succomber k la t&che, avait donn6 sa demission.
Le nouvel 6v6que de Chamb6ry eut la bonne fortune de
trouver dans son diocese une admirable reunion de pr6-
tres tremp6s comme lui au feu de la persecution et qui
unissaient la science k la pi6t6 : les Bigez, les de ThioUaz,
les Rey, les Andr6 de Maistre, les de La Palme, les
Martinet, etc.
(1) L'^v^ue de Glandeves, depuis la destrucUoQ de sa ville i^piscopale, r4si-
^% k EDtrevaux,
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— 410 —
M. Bigex, vicaire-g6n6ral jusqu'en 1817, jfut nomm6i
cette 6poque a r6v6ch6 d'Aire, en m6ine temps que son
collogue, M. de Thiollaz, 6tait nomm6 k r6v6ch6 de Cas-
tres. Mais, outre que ces deux si6ges ne furent pas alors
r6tablis comme on Tavait esp6r6, le roi de Sardaigne
Victor-Emmanuel I, qui venait de reprendre possession
de la Savoie, jaloux de conserver dans son royaumedes
hommes d'un tel m6rite, retint ses deux sujets et nomma
M. Bigex a r6v6ch6 de Pignerol, d'oO il fut transf6r6 a
rarchev6ch6 de Chamb6ry aprfes la demission de Mgr de
SoUe en 18^. II y mourut le 19 f6vrier 1827. M. de
Thiollaz, nomm6 6v6que d'Annecy en 1832, mourut dans
cette ville le 14 mars 1832.
M. Rey, qui s'est fait une place honorable parmi les
orateurssacr6s du commencement de ce sifecle, fut 6v6que
de Pignerol en 1824. Transf6r6 a Annecy en 1832, il y
mourut le 31 Janvier 1842.
M. Andr6 de Maistre, fr6re de Tillustre comte Joseph
de Maistre, mourut a Turin le 18 juillet 1818 6v6que
nomm6 d'Aoste.
M. Aubriot de La Palme fut nomm6 6v6que d'Aoste
apr6s Mgr de Maistre, et mourut a Chamb6ry le 7 f6vrier
1826.
M. Martinet, nomm6 6veque de Tarentaise en 1825,
revint occuper rarchev6ch6 de Chamb6ry en 1828, apres
la mort de Mgr Bigez.
Tons ces hommes 6minents firent partie de Tadminis-
tration de Mgr de SoUe, et Chamb6ry fut a cette 6poque
comme une p6piniere d'6veques. Et nous n'avons pas
encore parl6 des Billiet, des Charvaz, des Turinaz, des
Vibert et autres qui, sortis du mfeme dioc6se et de la
m6me 6cole, vinrent eux aussi peu de temps apr6s pren-
dre un rang distingu6 dans T^piseopat. Nous connaissons
(i6ja celui qui fut plus tard Tillustre cardinal Billiet.
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^ 411 —
M. Charvaz, ancien pr6cepteur du roi Victor-Emmanuel,
est mort archev6que de G6nes. M. Turinaz, oncle de Mgr
r6v6que actuel de Nancy, fut 6v6que de Tarentaise.
M.Vibert est mort 6v6que de Saint- Jean de Maurienne.
L'ancien archev6ch6 de Tarentaise, les anciens 6v6ch6s
de Geneve (Annecy) et de Saint-Jean de Maurienne, qui
jfurent relev68 plus tard, 6taient alors compris dans celui
de Chamb6ry. Le dernier archev6que de Tarentaise, a la
fin du XVIII* si6cle, fut Mgr de Montfalcon du Cengle.
Ce si6ge n'a 6t6 r6tabli qne comme 6v6ch6, et la resi-
dence de r6v6que est a Moutiers. Le dernier 6v6que de
Geneve, avec residence k Annecy, fut Mgr Paget. Depuis
1822, Annecy a un titre Episcopal. Le dernier 6vfeque de
Saint-Jean de Maurienne, dont le si^ge fut aussi relev6
parlesrois de Sardaigne, avait 6t6Mgr de Brichauteau.
Dfes son arriv6e k Chamb6ry, Mgr de Solle commen?a
la visite de cet immense diocfese. II 6tait accompagn6 de
M. Bigex, son grand vicaire, et de M. Rey, son secre-
taire. M. Bigex 6tait d'une haute stature, et sa voix avait
une ampleur extraordinaire. C'6tait lui habituellement
qui portait la parole, et ses discours pleins de force et
d'onction faisaient la plus vive impression sur les audi-
teurs. Chez M. Rey, aux sentiments d'une tendre piet6
s'ajoutait un esprit fin et aimable. Sous le titre de Let-
tres aun ami, il alivr6 au public de charmantes relations
de ces tourn6es pastorales faites a travers les montagnes
de la Savoie, encore embaum6es des souvenirs de saint
Francois de Salles, et dans la compagnie d'un 6v6que
qui semblait le faire revivre.
Pendant dix-neuf ans, le pieux 6v6que s'occupa sans
relftche des moyens de faire refleurir la religion, de r6ta-
blir la discipline, de multiplier les maisons d'6ducation
chr6tienne. Douze petits s6minaires furent 6tablis sous
son administration; on en trouvait dans toutesles r6gion§
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— 412 --
de cette religieuse contr6e, et on en vit sortir des 16gions
de bons pr^tres. Mgr de SoUe s'applaudissait d'en avoir
ordonn6 quatre cent cinquante pour son seul diocese.
Frfere de deux religieuses, il favorisait de tout son pou-
voir les fondations de cou vents. On vit s'61ever k Cham-
b6ry un monastfere de la Visitation, une maison des
Sceurs de Saint -Joseph, dont la congregation s'estpro-
pag6e dans plusieurs dioceses et jusque dans les missions
du Danemarket de laNorw6ge^ un couvent de Capucins,
un 6tablissement de Freres des Ecoles chr6tiennes, une
maison de Dames du Sacr6-Coeur de J6sus.
Mais ce qui causa au bon 6v6que le plus de consolations
fut la fondation d'un college de J6suites. II les avait vus
k Auch, il avait 6t6 leur 616ve k Toulouse; et plein d'ad-
miration pour leurs lumi^res et leurs vertus, on Tavait
souvent entendu dire qu'il n'aurait plus rien k d6sirer sll
lui 6tait donn6 de voir les J6suites k Chamb6ry, Ses
voeux furent combl6s; d6s Tann^e 1823, aussitdt que le
Souverain Pontife Pie VII eut permis k la Compagnie de
J6sus de se reconstituer, r6v6que de Chamb6ry fut des
premiers k leur tendre les bras et a leur ouvrir les portes
de sondioc6se*.
II avait puis6 k leur 6cole un profond attachement au
Saint-Si6ge, qui se montra avec 6clat au pr6tendu concile
de 1811.
C'est lui qui, au milieu de cette assembl6e d'6v6ques,
dans un'61an d'amour pour le Souverain Pontife alors
prisonnier k Savone, interrompant tout k coup un flot
(1) Les renseigDements qui pr6c6dent ou qui suivent sur les actes de T^pis-
copat de Mgr de Solle, l*6tat de son diocese, les bommes qui flrent partie de son
administraiion, sout tires en grande partie du Personnel orcUsiastigtic du
dlocdse de Chambiry de 1802 d 1893, public & Cbambdry (imprimerie Savoi-
sienne, 1893), par M. L. Morand, de TAcad^mie de Savoie, cbevalier des saints
Maurice et Lazare. Dans ce livre une courte notice est oonsacr^e k Mgr de Solle,
et on rend bommage k cette grande m6moire; mais nous avons eu le regret de
n'y trouver que fort pen de details particuliers sur lapersonne de ce pieuxpr^t.
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- 413 —
de discussions qui lui paraissaient bien st6riles, s'6cria
avec Amotion : « Pour moi, Messeigneurs, je ne vois
qu'une chose k faire, la seule qui k cette heure me pa-
raisse digne de T^piscopat, c'est de nous rendre tous k
Saint-Cloud et de nous jeter aux pieds de TEmpereur pour
r6clamer avant tout la liberty de Notre Saint-P6re le
Pape. )) Que n'a-t-on vu se produire cette magnifique
protestation centre la violence et Tinjustice que voulait
notre magnanime Pr61at ! N'aurait-elle pas d6sarm6 le
despote? Malheureusement cette proposition, qui fait tant
d'honneur k r6v6que de Chamb6ry, appuy6e seulement
par deux ou trois de ses collfegues, fut rejet6e par le pre-
sident lui-mfeme, le cardinal Fesch, qui craignait d'irriter
Bonaparte par une manifestation si 6clatante. On r6pon-
dit qu'il valait mieux s'abstenir de toute reclamation
publique, qu'on r6ussirait plus stirement en agissant en
secret et en attendant un moment plus favorable; et ces
timides calculs d'une prudence humaine Temporterent
sur des considerations plus dignes peut-etre d'une assem-
bl6e d'evfiques.
En novembre 1814, r6v6que de Chamb6ry fut nomm6
par le roi de France membre d'une commission charg6e
des affaires eccl6siastiques pour arriver au nouveau
Concordat. Par ordonnance du 17 f6vrier 1815, il fut
nomm6 conseiller de Finstruction publique. Mais les eve-
nements des Cent-Jours empecherent Fexecution de cette
ordonnance. Peu aprfes, la Savoie fut detachee de France
et replacee sous le sceptre des rois de Sardaigne. L'eve-
que de Chambery se vit sans doute avec peine gepare de
sa patrie d'origine; mais k Tencontre de ses sentiments
humains, ev6que avant tout, il trouva la rfegle de sa
conduite dans rentier accomplissement de ses devoirs, et
il voua k la Maison de Savoie, dont il devenait le sujet,
la plus sincere obeissance.
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— 414 —
Une buUe du 17 juillet 18176rigea Chamb6ry en m^tro-
pole. Devenu archeveque, Mgr de SoUe continua de gou-
verner son diocese et de s'y faire ch6rir par les plus aima-
bles vertus. On voit bien qu'il avait s6rieusement pris
pour module le grand saint Savoyard, le saint 6v6que de
Geneve, patron de son 6glise m6tropolitaine.
Mgr de SoUe f ut le contemporain du comte Joseph de
et r6v6que de son diocese natal. Sans doute le grand
homme 6tait alors loin de sa patrie : il fut jusqu'en 1817,
a Saint-P6tersbourg, ministre pl6nipotentiaire de S. M.
le roi de Sardaigne. Mais lui, qui aimait tant la Savoie
(( quil aurait pr6f6r6 k tons ses titres un bon petit manage
allobroge, tel qu'il se I'imaginait », se tenait certainement
au courant des affaires de son pays; sa famille continuait
d'habiter Chamb^ry; son frere Andr6, avant sa promo-
tion a r6v6ch6 d'Aoste, y 6tait doyen du chapitre. Lors-
qu'il revint de Russie en 1817, ayant 6t6 nomm6 chef de
la grande chancellerie du royaume avec le titre de minis-
tre d'Etat, il fut oblige de se fixer a Turin, et <( les Alpes
le s6par6rent encore du bonheur »; mais ses relations avec
la Savoie 6taient fr^quentes, et il nous a paru int^res-
sant, dans une 6tude sur Mgr de SoUe, de rechercher si
ces deux hommes s'6taient connus et quel jugement le
gfand 6crivain portait de notre 6v6que.
Un des vicaires-g6n6raux de Mgr de SoUe avait avec
le cbmte de Maistre et sa famille les rapports les plus
intimes. Quand parut le livre DuPape, le futur 6vfeque
d'Annecy adressa a Tauteur, a la date du 5 f6vrier 1820,
une lettre oil 6clate son admiration. En disant qu'autour
de lui tout le monde ne partage pas son enthousiasme
pour ce livre, fait-il allusion a son archev6que ou sim-
plement aux autres vicaires g6n6raux, MM. de ThioUaz
et Billiet? Dans sa r6ponse du 9 f6vrier, le comte de
Maistre dit a M. Rey : « Soutenez-moi de toutes vos
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— 415 —
forces, mon cher abb6, car il faut que j'aie au moins un
grand vicairepour moi. » II peut biensefaire que le pieux
archevfeque, 61ev6 dans les doctrines gallicanes, et a qui
une vie tout apostolique n'avait pas permis de consacrer
beaucoup de temps a de nouvelles 6tudes, n'ait pas accepts
tout d'abord les id6es hardies du vaillant champion de la
papaut6, et que celui-ci lui ait fait comme a d'autres
quelquepeu Teffetd'un esprit excessif et paradoxal. Quoi
qu'il en soit des opinions du pr61at k cet 6gard, un mot
flatteur^son adresse, que nous tirons de cette m6me lettre
du 9 f6vrier 1820, semble bien indiquer que Mgr de Solle
n'en poss6dait pas moins Testime du grand philosophe.
(( Quant a la lettre imprim6e de votre excellent arche-
v6que que vous m'avez envoy^e, ajoute le comte de
Maistre 6crivant a M. Rey, c'est un chef-d'oeuvre de
bont6, d'attachement et de douleur 6touff6e. » Ces mots
nous font regretter de n'avoir pu d6couvrir quel est le
sujet de cette lettre episcopale. Nous ne croyons pas qu'il
soit question une autre fois de I'archev^que de Chamb^ry
dans toute la correspondance connue du comte Joseph de
Maistre.
Au z61e et a la charit6 d'un 6v6que, Mgr de Solle joi-
gnait une finesse d esprit, une d61icatesse de sentiments,
une bont6 de coeur qui Tavaient rendu extr^mement
populaire. Aussi les regrets furent universels lorsque,
ses inflrmit6s augmentant et sa vue faiblissant tons les
jours davantage, il crut devoir donner la demission de
son si6ge. EUe fut accept6e par le Saint-P6re le 11 no-
vembre 1823; il partit aussit6t pour Paris se jeter dans
les bras de son neveu, Ieg6n6ral marquis de Solle, devenu
pair de France, ne songeant plus, disait-il, qu'^ se pre-
parer a mourir.
Aussitdt apr6s le depart du v6n6r6 pr6lat, d6s le 26
novembre 1823, les vicaires capitulaires de Chamb6ry,
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- 416 --
MM. Rey, Billietet Martinet, traduisaient dans une lettre
au clerg6 les sentiments de tout le diocese k r6gard de
leur ancien 6v6que :
Dix-neuf ans d'une administration douce et patemelle avaient
accoutum^ le clerg6 de Savoie k vivre sous la direction de son ^v^ue
comme une nombreuse famille sous un chef v^n^r^. Sa bont^ adoo-
cissait toutes les peines attacbees k noire ^tat, et les nombreuses
inquietudes d'un minist^re aussi difficile que celui des pasteurs dispa-
raissaient quand on les avait vers^es dans son sein. Son coeur aimait k
encourager, a consoler les n6lres, et'savait rendre faciles les plus dou-
loureux sacrifices. La s^v^rit^ des r^les eccl6siastiques qui regissent
ce diocese 6tait si sagement temp4r6e par ses tendres invitations ou par
sa touchante indulgence, que rien ne coutait pour lui plaire, et que
Ton pourrait dire que, sous son gouvernement, la foi-ce de notre disci-
pline 6tait lout entifere dans notre amour.
Le roi Charles-F61ix lui avait envoy6 avec ses regrets
la grand'croix de Tordre des Saints Maurice et Lazare.
Le roi Louis XVIII, le consid6rant toujours comme 6v6que
frangais, Tavait nomm6 chanoine de premier ordre du
chapitre de Saint-Denis.
Parmi ses collogues de cet illustre corps, Tancien ar-
chev6quede Chamb6ry retrouvason compatriote, Tancien
6v6que de Meaux. II est k remarquer que ces deux pr6-
lats, sortis du m6me diocese, et si ressemblants par le
caract^re et une extreme bont6 de coeur, eurent aussi une
carri^re assez pareille. Mgr de SoUe jfut 61ev6 k T^pis-
copat trois ans avant Mgr de Faudoas, et il occupait le
si6ge de Digne tandis que son confrere n'6tait encore que
cur6 de Pessan. Mais en Janvier 1805, par deux d6crets
dat6s de la m6me semaine, ils furent nomm6s Tun k
Chamb6ry et Tautre k Meaux. Ils se d6mirent 6galement,
Tun en 1819 et Tautre en 1823, et k cause des m6mes
infirmit6s : ils 6taient Tun et Tautre devenus aveugles,
Apr6s s'6tre retrouv6s dans leur retraite r6unis au cha-
pitre de Saint-Denis, ils moururent tons les deux k
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— 417 —
Paris dans la mfeme ann6e; Mgr de Faudoas, quoique
plus jeune de six ans, mourut le premier le 3 avril 1824
k rage de 74 ans, et Mgr de Solle le 30 d6cembre suivant
k rage de 80 ans.
La nouvelle de la mort de Mgr de Solle eut un dou-
loureux retentissement dans le coeur de ses anciens dio-
c6sains et de tons ceux qui avaient pu le connaitre et Tap-
pr6cier. Le journal des D4bats lui consacra k la date du
3 Janvier 1825 un article fort 61ogieux, que nous nous
permettrons de citer en finissant.
Mgr Farchev^ue de Ghamb^ry vient de terminer sa longue et sainte
carri6re. Sa mort enl^ve un module k I'Eglise, unappui auxmalheureux,
un tendre ami k toute une famille en pleurs. Jamais homme ne ful
plus digne d'etre aim^; jamais homme ne le fut peut-6tre davantage.
Aux vertus d'un ap6tre il joignait la dignity d'un 6v6que et cette aima*
ble familiarity qui sait rapprocher les distances sans les confondre.
Ghikn de tout son diocese (1), il fut oblig6 dele quitter aprfes avoir 6t<
frapp4 de la plus triste infirmity. II avait tout perdu en perdant les
yeux : son caractfere aimable et si expansif devint rfiveur; il ne pouvait
plus sans t^oins se rendre dans les taudis des malheureux; e'en dtail
assez pour d6soler son coeur.
Dans rimpossibilit^ de continuer ses fonctions, il vintk Paris, ou il
a trouv6 comme partout de nombreux amis; il y fut attir6 surtout par
un coeur dans lequel il aimait k ^pancher le sien, celui de son neveu,
M. le marquis Augustin de Solle. C'est dans ses bras que s'est ^teint
le saint archev^ue au milieu de son honorable famille qui le pleure
conmie un p6re.
L'Abb6 Paul GABENT.
(1) Du vivant m6|iie de Mgr de Solle, voici oomment il ^tait caract^ris^ dans
un recueU biograptaique justement estim6 : « Ce pr^lat respectable s'est aUir6
ramour de ses dioo^sains par sa bienfaisance et par I'am^nit^ de son caract^re* »
(JBiogr, des hommes oioants, Paris, Mioband, 1817, t. u. p. 390.)
Tome XXXV- 27
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LES SEIGNEURS DE FIMARCON
DB LA
MAI80N DE LOMAGNE {Suite) (•)
V. — Jean i (1337-1365)
Devenu seigneur de Fimarcon par la mort de son pSre,
Jean* de Lomagne, encore en bas kge, fut mis sous la
tutelle de sa m6re Alemanne de Cazenove, qui parait
avoir 6t6 une femme du plus grand m6rite. EUe sut se
rendre favorables le roi de France et ses agents, et
d'abord Jean roi de Bohfeme et lieutenant du roi dans la
province de Guyenne, qui intervint en favour de la m6re
et du fils centre les empi^tements du bayle royal. Les
seigneurs de Fimarcon poss6daient depuis longtemps le
droit de haute justice dans La Romieu en par6age avec
la couronne. Othon de Lomagne jouissait de ce droit
d6s Tannic 1278 et ses successeurs en jouirent comme lui;
Alemanne de Cazenove elle-mfeme mentionne ce droit
dans rinventaire des biens laiss^s par Bernard de Fimar-
con, qu'elle fit dresser dans le cours de juillet 1338. Par
cette mention elle voulut surtout assurer Tavenir centre
les pretentions des officiers royaux. Cette ann6e m6me,
en effet, le bayle du roi contesta k Jean de Lomagne son
droit de haute justice en La Romieu; mais Jean de
Bohfeme, averti par Alemanne de Cazenove, manda, par
lettres patentes du 15 Janvier et 14 f6vrier 1338,
Au s^D^al d'Agenais et de Gascogne, de ftdre que le bayle du roi
qui voulait s'ing^nier de faire tout seul la justice criminelle de La
Romieu, n'emp^he plus dor^navant Jebau de Lomagne^ sieur de
Fimarcon, en la dite instance criminelle laquelle lui appartient par
(•) Voir la liyraison de juin 1894, page 290.
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— 419 —
par^age avec le roy; de faire en sorte que les prisons sdent communes
et que les requites et informations et causes criminelles ne se fassent
point par le bayle du roi sans appeler le bayle dudit de Lomaigne
sieur de Fieumarcon suivant la forme du par6age (1).
C'est la premifere fois que nous trouvons une mention
de ce par6age, dont la date nous est inconnue. .
Quelques ann6es plus tard (novembre 1345), Jean, fils
ain6 du roi de France, due de Normandie et lieutenant
pour le roi dans la province de Guyenne, donnait an
seigneur de Fimarcon la moiti6 de la justice haute dans
La Romieu qui appartenait k la couronne. II motivait
cette donation par les services que rendit au royaume de
France Bernard Trencal6on, p6re de Jean de Lomagne,
lorsqull eut quitt6 la cause de TAngleterre; il y mettait
pour condition que Jean, suivant les exemples de son
p6re, gouvernerait paternellement La Romieu et d6fen-
drait cette ville centre les ennemis de la France et du roi *.
Cependant Alemanne, pour assurer k son fils, qui allait
devenir majeur, un pouvoir solide et un gouvernement
prospdre, le mettait de plus en plus sous la protection du
roi de France par un nouvel hommage de ses terres, et
recevait comme privilege de ce prince Tassurance que
les causes de la seigneurie de Fimarcon ressortiraient au
86n6chal d'Agen (juin 1347). D6s Tannic mfeme de lamort
de son p6re, Jean de Lomagne avait une premiere fois
re^u cette favour de Philippe de Valois. Mais peut-6tre
lesofficiers de la couronne dans le Condomois entenaient*
ils pen de compte. En tout cas, si Ton songe aux querelles
nombreuses que nous avons d6ja vu surgir entre les
seigneurs de Fimarcon et les offlciers du roi dans le
(1) Inventaire des archives de La Garde, 31 V, 35 V.
(2) Idem. 33 C, 33 P. — Dans un acte du 21 d^cembre 1354 mentionn^ par le
m6me inventaire, Jean de Lomagne declare que si les habitaoto de La Romieu
lui ont foumi les choses n^cessaires k sa nourriture et ^ celle des gens de sa
suite, ce n'a ^t^ que par amour et non par obligation.
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— 430 —
Condomois faisant presque toujours cause commune avec
les consuls de Condom, on con?oit qu'Alemanne et son
fils aient regard6 comme une v6ritable faveur de ressortir
au s6n6chald'Agen. En m6me temps, Alemanne de Caze-
nove se faisait pr6ter au nom de son fils un nouveau ser-
ment de f oi et hommage par les vassaux de ce dernier.
Jean de Lomagne nous apparait aim^ de ses sujets
et surtout fidMe k son suzerain. AinsiJe voyons-nous,
le4 septembre 1359, former une ligue avec Jean d'Arma-
gnac, comte de Fezensaguet et de Bruilhois, Arnaud-
Guilhem, comte de Pardiac, et Jean de la Riviere, seigneur
d'Aure, pour combattre k rint6rieur et dans le voisinage
les ennemis de la couronne. A cette 6poque, Jean II, roi
de France, pris par le Prince Noir sur le champ de bataille
de Poitiers, 6tait captif k Londres; la France 6tait d6sol6e
par Tambition du roi de Navarre Charles le Mauvais et
par ses luttes centre le Dauphin; dans les provinces^ les
guerres de seigneur k seigneur et de chateau k ch&teau re-
commengaient comme aux premiers temps de la f 6odalit6.
On 6tait, en outre, en pleine jacquerie et la r6volte du peu-
ple, jointe ^Tanarchie dans les rangs de la noblesse, place
ces ann6es parmi les plus sombres de notre histoire. La
ligue des quatre seigneurs gascons 6tait done de la plus
grande utilit6. D6vou6s avant tout aux int6r6ts du roi de
France et de Jean d'Armagnac, gouverneur du Langue-
doc,ilsdevaientfaireconnaitre les clauses deleur alliance
aux autres seigneurs qui voudraient en faire partie*. lis
prirent leurs engagements la main droite sur T^vangile,
et y ajout6rent celui de se pr6ter en toutes circonstances
un mutuel secours.
L'ann6e suivante (1360), Jean de Lomagne guerroyait
dans le Languedoc et dans la Guyenne et la couronne de
France lui payait cent 6cus par mois pour entretenir sa
(1) Pfere Anselme, Hist des grands qfflciers de la couronne.
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— 421 —
compagnie, garder les possessions royales et faire la
guerre aux ennemis de TEtat. Mais cette ann6e mfeme
fut sign6 le funeste trait6 de Br6tigny qui livrait la moiti6
de la France k Tentifere souverainet6 du roi d'Angleterre.
Jean de Lomagne dut bien k regret d6poser les armes
jusqu'au moment oii le comte d'Armagnac lui demanda
secours (1362).
La guerre venait d'6clater entre ce dernier et Gaston
Ph6bus, comte de Foix, vicomtede B6arn. Presquetoute
la noblesse de Gascogne, enr616e sous les drapeaux des
deux partis, prit part a cette lutte. Les deux arm6es se
rencontrferent k Launac le 5 d6cembre 1362. Le comte
d'Armagnac avait pour lui le nombre; aussi Gaston se
retrancha-t-il sur une Eminence et r6solut-il de se tenir
sur la defensive. Armagnac aurait dfl se souvenir du sort
du roi de France k la bataille de Poitiers; mais, comme
ce monarque, il n'6couta que sa fougue et se pr6cipita
centre les retranchements du comte de Foix. On com-
battit longtemps de part et d'autre avec m6me valeur;
mais enftn, la victoire se d6clara pour Gaston Ph6bus.
Elle fut complete ^ Le comte d' Armagnac et neuf cents
gentilshommes de son arm6e demeurferent prisonniers.
Jean de Lomagne se trouva parmi les captifs.
Gaston les fit conduire au chateau de Foix; mais quel-
ques jours apr6s, il les rassembla dans la cour de ce
chateau et leur dit quil voulait bien ne pas leur infliger
les tortures de la prison et les traitor en v6ritables gen-
tilshommes. II assigna pour s6jour pendant trois mois,
aux uns la ville de Mazferes, aux autres celle de Pamiers,
et leur permit de se promener dans les environs, mais it
condition de venir toujours passer la nuit dans la place
qui leur 6tait assignee pour residence. Les prisonniers
s'engag6rent a ce qui leur 6tait demand6 sous peine de
/(I) MoulezuB, tome lu, p. 360,
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— 422 —
payer des sommes considerables, et prirent pour caution
les comtes d'Armagnac et de Comminges.
Nous ne trouvons pas Jean de Lomagne parmi lesgen-
tilshommes qui prirent ces engagements; peut-6tre avait-il
d6j^ pay6 sa ran^on et recouvr6 sa liberty. Ses compa-
gnons de captivit6 ne tardferent pas non plus a recevoir
la leur. D'aprSs une ancienne chronique, toutes ces ran-
?ons valurent au comte de Foix un million de livres tour-
nois, quinze millions de notre monnaie \
Jean de Lomagne mourut en Turquie vers la fin de
rann6e 1365. Par son testament fait cette mfeme ann6e
k Casteluau des Loubferes, il d6signait pour sa sepulture
r6glise d'Abrin, tombeau de sa famille. Nous ne «avons
pas au juste ce qull en fut de sa dernifere volont6, mais
11 est pen probable que Ton ait lais86 reposer les restes
mortels du seigneur de Fimarcon dans une terre infidfele;
on dut les ramener de cette region lointainealadernifere
demeure qull leur avait lui-m6me choisie.
Jean P*^ avait epous6 G6raude, flUe d'Arnaud-Guil-
hem III de Monlezun, comte de Pardiac. De ce mariage
naquirent i Odet, seigneur de Fimarcon, qui lui succ6da;
Jean, seigneur de Montagnac; Jacques, seigneur de La
Mothe et de Maul6on; Guillaume et G6raud, tons quatre
morts sans po8t6rit6; Marguerite, marine a B6raut d'Al-
bret, seigneur de Verteuil et de V6gres; Panthfere dont
Talliance nous est inconnue.
VI. — Odet (1365-1378)
Au moment oH Odet de Lomagne devint seigneur de
Fimarcon, le prince de Galles, moins heureux dans le
gouvOTuement que le roi son p6re lui avait confi6 que sur
les champs de bataille, s'6tait ali6n6 le plus grand nom-
bre des seigneurs gascons. Odet fut au nombre des m6-
(1) Monlezua, ui, p. 366, 367 et 368. — Olhagaray, Hist de Foia.
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— 423 —
contents qui all6rent trouver le roi de France et lui
demandferent justice contrp les vexations du Prince Noir.
Le droit f6odal semblait justifler cette d-marche, car le
roi d'Angleterre, n'ayant pas ex6cut6 les clauses du traits
de Br6tigny, demeurait par cela m6me vassal du roi de
France pour ses possessions du sud-ouest.
Charles V, fiddle h cette habile politique qui lui servit
autant que la force des armes a chasser les Anglais de
France, accueillit les plaignants avec favour, et, pour
leur donner Toccasion de se venger du roi d'Angleterre
et du Prince Noir., il les prit k son service. Mais avant
de les faire marcher centre les troupes anglaises, Charles
donna Tordre aux s6n6chaux du Languedoc de prot6ger
leurs terres et leurs chateaux quil prenait sous sa royale
sauvegarde ^ Les lettres du roi de France sent dat6esdu
31octobrel368*.
Odet, en cette occasion, n'avait accompagn6 les m6con-
tents que pour fortijfier leurs plaintes de ses t6moignages;
car, d6s rann6e pr6c6dente, il s*6tait mis k la soldo de
Charles V. Par accord du 28 mai 1367, le roi de France
s'engageait k lui payer la soldo de soixante hommes d*ar-
mes pour servir en Guyenne centre les Anglais, et de plus
six cents livres de rente jusqu'i la jBn de ses jours.
Afin de parfaire cette somme, Odet regut en jouissance
le p6age de Marmande, Thommage de Roquelaure et, en
toute propri6t6 seigneuriale, la terre de Torrebren, dont
le prince Louis, fils du roi de France, lui fit don lors-
qu'elle fut conquise sur les Anglais (6 juillet 1370) •. Ce
futi Paris, oti il 6tait all6 demander au tr6sor royal le
paiement d'une somme de cinq cents livres, qu'Odet re^ut
en don la terre de Torrebren.
(1) Dom Vaiss6te, tome ix,p. 337. — Monlezun, tome m, p. 410.
(2) Inventaire de Lagarde-Fimarcon, lettre K.
(3) Inyentaire de Lagarde-Fimarcon, P. L.
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— 424 —
II continua jusqu'en 1372 de guerroyer contre les An-
glais pour le compte du roi de France; mais en cette
mfeme ann6e, comme Favait fait quelque temps aupara-
vant son pfere Jean de Lomagne, Odet quitta momenta-
n6ment le service du roi pour combattre pendant quatre
ans le comte de Foix * dans Tarm^e du comte d'Arma-
gnac. Apr6s une lutte m616e de succes et de revers, ces
deux seigneurs pr61ud6rent en 1377 k leur complete
reconciliation par une convention dont Odet de Lomagne
fut Tun des t6moin. Les divers articles en furent jur6s
sur la croix et sur les saints 6vangiles, du c6t6 du comte
de Foix, par Gaston lui-m6me, par les comtes de Tlsle-
Jourdain et d'Astarac, le vicomte de Castelbon^ le s6n6-
chal de Gascogne, le s6n6chal des Landes, le sire de Mau-
16on, messire Pierroton d'Ornezan et messire Jean de
Lantac; et au nom du comte d'Armagnac et de la com-
tesse de Comminges, par le seigneur de Fimarcon, le
comte de Pardiac, le sire d'Albret, le seigneur de Lan-
goyran, Bertrand de Fossat et quelques autres *.
Ces preoccupations n'empfechaient pas Odet de Loma-
gne de donner ses soins aux int6r6ts de ses possessions
territoriales. Des contestations existaient depuis long-
temps entre les seigneurs de Fimarcon et la communaut6
de Condom au sujet de leur juridiction respective. D6s le
principe, il paraissait convenu que la juridiction de
Condom devait confronter du levant au ruisseau de FAu-
vignon/du midi aux terres du Sempuy et k celles du
comt6 d'Armagnac, du couchant a la riviere de I'Osse, et
du nord aux terres du chateau et ville de Montcrabeau '.
Le ruiss6au de TAuvignon 6tait done consid6r6 comme
limite naturelle et legale entre les deux juridictions
(1) Monlezun, tome iii, page 425.
(2) Dom Vaiss^te, tome iv, preuves. — Monlezun, tome in, p. 451,
(3) Archives municipales de Condom, FF, 29,
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— 426 —
en avant de Blaziert, de Castelnau et de Gazaupouy.
N6anmoin8, les seigneurs de Fimarcon se crurent en
droit, pendant deux cent cinquante ans environ, de s'at-
tribuer des territoires en def a de cette limite et d'y exer-
cer la justice. Un proc6s- verbal de placement de bornes
et de martres * en diflf6rents endroits le long de T Auvi-
gnon, dat6 de Tannfee 1279, nous r6vfele un empifetement
de ce genre tent6 k cette 6poque par Othon II *. C'est sans
doute pour pr6venir de nouvelles entreprises de sa part
que dans le par6age de 1286, pass6 par Edouard P*", roi
d'Angleterre et due de Guyenne, et rabb6 Auger d'Andi-
ran*, ou d6signa comme limites de la juridiction de
Condom celles qui avaient 6t6 marqu6es en 1227 et dans
les mfemes termes qu'k cette 6poque.
Mais le 14 aoftt 1340, Philippe, roi de France, ayant
accord6 k Jean de Lomagne des lettres patentes touchant
les limites des trois paroisses mentionn6es plus haut *,
celui-ci, s'autorisant de ces lettres et de Fexemple de son
aleul, entreprit k son tour sur le m6me territoire. Les
consuls de Condom formulferent des plaintes k la suite
desquelles les bornes des deux juridictions furent, en
1358, remises k la place qu'on leur avait flx6e en 1279.
On porta de nouveau a inhibition et d6fense » de faire
de nouvelles tentatives*, et des panonceaux furent 6ta-
blis de distance en distance •.
Odet de Lomagne ne se crut pas oblig6 de les respecter;
11 s'empara des lieux revendiqu6s par ses anc6tres au-
delk de FAuvignon et y fit 61ever des fourches patibu-
(1) Ces martres (mardelles ou margelles) pouvaient ^tre de petits murs ou
parquets, construits de distance en distance et dont on pourrait retrouver encore
quelques vestiges.
(2) Inventaire de M« P^lauque, 595.
(3) Archives municipales de Condom, livre cadenas, page 36.
(4) Inventaire des archives de Lagarde, lett. 59 P.
(5) Archives municipales de Condom, FF. 29.
(6) Ces panonceaux ^taient des homes plant^es le long du ruisseau et portant
les armes du roi, les armes de T^v^que de Condom et oelles de cette ville.
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— 4*6 —
li^eis ^ (11372), On ne Bait pas au juste quels 6taient ces
)|qux, i^^is il est probable que Sainte^Germaine 6tait du
Dombre^ at dans ce cas^ la pretention d'Odet paraissait
jiwtifl6e par cette consideration que cette paroisse et les
territoires environnants, La Courtade, Gensac et autres,
^trait^nt^ pour le spirituel, dans la d^pendanoe de Castel-
jaau, Quoi quil en Idt, le seigneur dp Fimarcon afflrmait
par un acte hardi ses droits de haute justice sur tons ces
lieux. A cette nouvelle, Condom fut en 6nioi. Le procu-
feur g6n6ral du roi, les procureurs de r6v6que et des
consuls firent entendre les plaintes les plus vivos. L'eflfet
s'en fit attendre pendant quelque temps, et ce ne fut que
Je?l juillet 1378 que des lettres 6manant de la chancel-
lerie ordonnferent d'abattre les fourches patibulaires; elles
renouvelferent en m6me temps les inhibitions et defenses
des arrets precedents *.
A cette epoque, Odet de Lomagne n'etait peut-etre
pjus de ce monde; il avait fait son testament le 16 du
plftme mois et dut mourir pen apres. Certains chroni-
queurs, cependant, fixent la date de son deces k 1381. II
avait epouse Catherine, fiUe unique de G6raud de Ven-
tadour, seigneur de Douzenac et Boussac, qui lui donna
quatre enfants : Jean, qui lui succeda, Geraud, Berard et
Jeani^e. Tons les quatre etaient mineurs et furent mis
sous la tutelle de Geraude de Monlezun, leur aieule, et
de leur mere Catherine de Ventadour.
(A suiore.) L'Abbe MAUQUlfi,
Cur^ de Caiissens.
(1) Arohives municipales de Condom, FF. 29.
(2) Idem, ibid.
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OBJETS ANTIQUES
AVEC MARQUES DB FABRICANT
INSCRIPTIONS OU AUTRES SIGNES
TROUYES A LBCTOURE BN 1890, 1891 ET 1893 O
260. — Fragment du fond d'une patfere qui avait 12 centimMres de
diamfetre. Dans un rectangle incomplet k gauche, aux coins trfes l^fere-
ment arrondis h droite :
SCIPIV
Lettres de 2 miU. 1/2,
Lettres k extremity boulet^s; la premiere incomplMe de son quart inf6-
rieur; le bas de la boacle du P ne touche pas & la haste. Yariante de la
marque pr^cMente, signal^e k Agen. Le gentilice Scipius ^tant inoonno,
M. A. Allmer a pens6 que peut-^tre 11 fallait entendre Scipio, avec V pour
O. La mdme remarque pent s'appliquer k notre n* 83 : Lucriu pour Lucrio f
251 . — Petit fragment de fond creux (..). Dans un rectangle incom-
plet k droite et k gauche :
8ECVND
Lettres de 3 mill. /;P.
Secundius)* — Les marques a ee nom, avec toutes sortes de variantey,
6talent des plus repandues. Nous ne pouvons savoir si notre exemplaire
6tait tel que nous le donnons, d'apr^s cequi reste et plusieurs exemples,ou
^tait moins abr^6 ou complet au g6nitif; il y manque le quart i&i^rieurde
. S, et la boucle du D.
252. — La plus grande partie d'un bol k double courbe qui avait
7 centimetres li2 de diamfetre. Dans un rectangle aux petits c6t6s en
segment de cercle :
SVRD
Lettret de 2 mill.
Surd(inus). — Variants des n" 120, 121, 122. Les lettres, qui ont subi
un commencement d'usure intentionnelle ainsi que le rectangle, sont tr^
greles et plus espacees qu'i Tordinaire.
* Voir lalivnison de juiUet-aotit 1884» page 355,
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— 428 —
258. — Grand fragment de bol i double courbe (..)• Dans un rec-
tangle tendant k la forme eliiptique :
VALER
Letlres de 2 mill.
Valer(ius). — Variante, signal^e k Bordeaux, du n* 126; VA, lite : le
deuxl6me jambage de V forme le premier jamhage de A.
254. — Fragment du fond d'une grande pat6re(..). Dans un rec-
tangle aux petits c6t6s arrondis :
VEREGV
LetCres de 3 mill.
Verecu(ndus), — Variante du n* 127; deji signalee b. Bordeaux et k
Auch. Voyez la marque suivante.
255. — Petit fragment de fond(..). Dans un rectangle aux petits
c6t^s arrondis:
VIRECV
Lettres de 2 mill. 1/4
Verccu{ndus)» — Variante de la marque precedente et du n' 127; deji
signalee k Bordeaux. Pas plus quo dans cette ville, sans doute^ il n'y
a trace ici de traverses k I.
266. — Fragment de fond %ferement creux. Dans la partie de
droite d'un rectangle aux coins arrondis :
...AN
Lettres de 3 mill. 1/2
[Am]an(dus)f -^ II ne reste que la partie inf^rieure de la seoonde jambe
de A; ^alit6 de hauteur et largeur k N. Si notre restitution est juste,
rinitiale ne pouvait etre qu'en ligature dans le premier angle de M,d'aprte
la sym^trie^ et cette variante des marques au nom d'Amandus est connue.
Ce qui reste accuse des lettres de forme bien diffdrente de celles du fragment
n* 134^ oty neanmoins, A ^tait pr6ced6 de M, sans doute^ d'aprtela largeur
et I'obliquite dece qui reste du fond^ gauche, et c'^tait encore probaUement
une autre variante des nombreuses marques au m^me nom. Voyez aussi
notre n' 2.
257 et 257 bis. — Petit fragment d'un fond de patfere. Dans ce
qui reste d'un rectangle qui avait son grand cbx& sup^rieur en segment
de cercle tr^s grand :
....IVM
Lettres de 3 mill.
Caract6res de forme cursive et penchte; I a un filet au bas; sa partie
superieure manquant, c'6tait peut-^tre un T, et la marque une r6plique du
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— 4^ —
n* 98. Un autre fragment de fond plat porte.M..MV, dans an veste de rec-
tangle et 6tait probablement aussi Tune des marques au nom de Poatumus,
si communes & Lectoure.
258. — Petit fragment d'un fond de patfere. Dans ce qui reste d'un
rectangle : «
....VT
Lettres de 2 mill. 2j3
Le premier signe du fragment semble ^tre le reste d'un N penoh^; le T a
sa haste contourn^ k droite, sur le bas.
259. — Fragment d'un vase moyen, k fond conique, qui itait
omement*. Dans ce qui reste d'un rectangle irr^gulier au petit cA\& de
droite arrondi :
....RVS
Lettres grandisaant de 2 d 3 mill.
[Seve]rti3f -^ Reste d'une variante assez probable du n* 117; il manque
Men trois on quatre lettres, d'apr^s la place de ce qui reste.
260. — Moiti6 d'un vase en fornae de jatte, de 7 centunfttres de
diamfetre sur 2 centimetres de hauteur totale, ayant ext^rieurement k
moiti6 hauteur une baguette torique au bas d'un revers ou rebord ver-
tical. Cette forme, que Ton retrouve en grand sur la grosse poterie, 6tait
trfes rare pour les vases fins. Dans ce qui reste d'un cartouche rectan-
gulaire a queues d'aronde creuses :
...VI
Leltrea de 2 mill, tft
n ne pent gu^re manquer que deux lettres k cette marque, d'apr6s la
place de ce qui reste, et nous ne voyons pas quel nom elle pouvait donner
ainsi.
261. — Moiti^d'un petit fond plat. Dans la partie de droite d'un
rectangle qui avait les petits c6t^ avec un demi cercle creux k moiti^
hauteur, la convexity vers Text^rieur :
Lettres de 3 mill. 1i2
.....fec(it), — Lettres de la plus belle forme; le point, qui est dans le C,
est rond. II ne pouvait y avoir plus de trois lettres poar le nom du fabri-
cant dans la marque complete, d*apr6s la sym^trie ordinaire.
D'autres fragments, ne difl^rant pas d'une mani^re notable de oeux
que nous avons d6j& vus, ont donn6 dpigraphiquement de nouveauz
exempUdres au n- : 52, DONICATi (..) - 69, IVLVS - 74, LEPID —
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— 4&0 —
7B, LBPIDV(..) - 86, MALCIO - 98, POSTVM - 107, QVINTI (rttro-
grade) — 110, SABI (..) - 118, seX. IV.PR - 426, VALERI -
Les fragments avee marques an^pigraphes ont donnd des doables anx
n" i43, uncoquillage (..), — 147, une rosace, — et encore one rosace nou-
velle :
262. — Moiti6 de fond creux : une fleur de sept pdtales sur une
tige, ayant, le tout, 9 millimetres de diamfetre.
Les fragments noureaux avec inscriptions faites k la pointe apr^ la
cuisson, toujoiurs sur les m6mes vases fins, sont les suirants :
268. — Fragment du fond et des parois d'un grand vase (..). En
dehors sur la paroi et horizontalement :
AY
Lettres de 14 mill.
Rien n'indique dans quel sens ont 6tS trac^ ces lettres : A non barr^ et
V, sans doute; leur pied 6tait oppose k celoi du vase ou non. L'inscription
est sClrement complete k gauche dans ce dernier cas.
264. — Moiti6 d'un baquet qui avait 9 centimetres de diam&tre (..).
En dessous, le has des lettres vers la baguette torique :
ID
Lettrei de 5 mill.
La boucle du D ne rejoint pas tout k fait la haste par le bas, comme anx
n" 112 et 164. L'inscription est probablement complete d'apr^s la largeor
des marges, qui sont de 6 centimetres k gauche et de 1 centimetre k droite.
265. — Fragment du fond et des parois d'un grand vase qui etait
ornemente. A Text^rieur, s'etendant sur le cercle d'encadrement d'une
flsur, la gorge s^parant les ornements d'avec le fond et une paiiie
de ce fond :
lY
Lettres de IS milL
Le bas des lettres est vers le pied du vase. Les marges ont 5 centimetres
& gauche et 4 centimetres & droite. Nous ne crojons pas qu'il s'agissed'one
indication numerale, on aurait ecrit IIII (?), et les grafltti k deux lettres
seulement ne sont pas rares sur nos vases.
20tf . ^ Fragment du fond d'un baquet qui avait de 5 & 6 6etitiffift^
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— 481 —
tres *9 diamitre. En dessons, t3rao6 en cercle d'une main siJreet ferme
avec une pointe assez fine :
MAR
Lettres de 8 milL en moyenne
Ces lettres sont dispos6es comme aux trois sommets d'an triangle ^ui-
lat^ral, leurs pieds vers le centre du triangle; les deux premieres sont hb
pen incompletes par le haut. Nous ne voyons pas que I'lnscription doive
se lire dans aucun cas si ce n'est en commehgant plnt6t par M que par A
non par R. M. Allmep avait pens^ k la lecture AMoR en prenant pour un o
le point central du cercle, mais ce point central n'est pas rond ici et il n'a
pas 6te rectifi6 ni touchy par la pointe. MAR, signal^ k Douai mais non
dispose comme ici.
267. — Petit fragment du haut d'un grand vase qui fetait d6cor6
sur son rebord de feuilles aquatiques — cordiformes allonges avec
tiges — faites h la barbotine. Au revers pr^ et parallMement k ce qui
reste du rebord :
SoTE
Lettres de 10 et 8 mill
Sote[richus\y plut6t que Sote[r\, d'apr6s M. AUmer. Les lettres ont leur
pied vers I'exterieur du vase et leur trace, avec une pointe assez fine,
accuse une main peu exercee. Les vases decerns de feuilles cordiformes, sur
leur rebord large et courbe dans le sens horizontal et k convexite sup^-
rieure, etaient nombreux et tr^s beaux; ils n'etaient jamais marques k la
place et a la maniere ordinaires; leurs dimensions allaient de 6 a 20 centi-
metres de diametre environ; leur forme, pareille k celle des bols ordinaires,
sauf le rebord, sur les plus petits de ces vases, allait en s'applatissant de
plus en plus en proportion de la grandeur.
268. —Fragment du fond et du pied d'une petite pat^. En dessons,
entre le pied et Tangle forme par les parois :
\>i\
Grandeur de V original
Nous avons grave ce grafitto, qui est complet, en fac-simiie, et nous le
presentons, crojons-nous, dans le sens oh il a ete trace : dans Tautre sens,
le pied du vase aurait gdneia main, qui etait ferme et si^* On doit pedt-
dtreMxiBPut.
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— 432 —
269. — Fragment d'un petit baquet. Ea dessous du fond, trac^avec
une pointe trfes fine, prts de ia baguette torique :
X
Haut.f 10 mill.
M. Allmer pense que ces X, si multiplies en grafitti, ^taient peut-^tte,
oomme de nos jours, la signature des illettr^. En travers de la baguette
torique de notre fragment est une autre marque en formedecoche faite aprds
la cuisson, oomme par une lime en forme de lame de oouteau. Plusieurs
autres de ces signes etaient disposes de m^me sur des vases pareils et sur
la tranohe du pied de quelques-uns des autres qui avaient eu leurs asp6-
ritito us^^ Gomme nous avons dit. Ces si^es se trouvent isol^, ou deux
ensemble, ou en plus grand nombre, et notre n* 33 en a sept en deux grou-
pes : mil et II.
270. — Fragment d'un grand vase qui Stait ornement^. En des-
sous, entre le pied et la ligne separative des ornements :
.....LLIJN..,..
Lettres de IS mill,
[Ju]llin[i[ ? — « Plut6t Paullini ou ApollinariSy » a not6 M. Allmer.
Les deux premieres lettres de oe qui reste sent k traverses tombantes, nais-
sant, safls y ^tre unies, en contrehaut du bas des hastes, ce qui est une forme
commune sur les marques flgulines. Le haut des lettres 6tait vers le pied
du vase.
VASES A BOIRE
Nous avons Ai]k mentionn^ ces vases vers la fin de notre pr&mbule
de la poterie fine k couverte rouge lustrfe. Nous avons seulement
oubli6 de dire qu'il y en avait de deux formes : celle dont nous avons
parie est en hauteur avec fond de bol et parois verticales, et celle que
nous avons omise en largeur avec fond moins sph6rique et les parois
un peu renfL^s. Les petits pieds plats sans relief, les parois minces^ le
rebord mince et vertical avec deux ou trois petits filets en gorge, itaient
communs aux deux genres. Ces vases, sans pied k vrai dire, se tenaient
dans le creux de la main par le bas, comme on peut le voir sur plu-
sieurs monuments antiques. Nous ne savons pas que des marques
aient ^ii encore signal^ sur ces vases, dont m6me on n'a peut-6tre
jamais pari* depuis Pline {I. c).
271. — Fragment de la partie supArieure d'un vase k boire, du
deuxi&xie genre ci-dessus^ en terre et couverte rouges, et qui AtaitdfoorS
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— 433 —
de feuilles sur tiges trte longues et trfes contoum^ en rmceaux sem^
d'^toiles (..). En dehors, touchant presque ^ la demiire gorge du rebord
et en relief, comme les omements :
ALBI
Lettres de 8 mill.
La marque est bien compl^te^ les caraoteres rollers et assez beaux. La
traverse de TA est oblique et forme un petit a avec la moiti^ inf^rieure du
deuxi^me jambage de droite. ALBI, signal6 h Vaison. Voyez le n* 22.
LAMPES EN TERRE CUITE
Les sujets sur la cuvette des nouveaux fragments de lampes sont ou
6taient, car aucun ne nous est arrive tout k fait entier :
— Une femme assise, les bras nus, un vase k anse i la main gau-
che, un vase k boire, de la forme de celui du num^ro pr6c6dent, i la
main droite.
— Une r^plique de la danseuse ou m^nade du Vase Borghfese, qui
joue des crotales.
— Un personnage aiW, v6tu d'une robe k plis nombreux, barbu (t),
les cheveux hdrissfe ou bien avec un diad^me ou couronne radite, la
face anguleuse; volant i gauche, soutenant d'une main, k la hauteur
de sa t6te et en avant, une lourde et ^paisse draperie.
— - Un chien de chasse courant (..).
— Un lifevre en course (..).
Le troisi^me sujet, si Strange au premier abord, est sans doute une
personnification de Tun des Vents. Nous ne connaissons dans le m6me
genre que les bas-reliefs de la cilfebre Tour-des- Vents k Athfenes. Sur
d'autres representations des Vents, consistant en t^tesailfesaux oreilles
pointues, k Nimes et en Belgique, voir la lumineuse dissertation de
M. A. Alhner aux pages 755 et 756 du tome xv de la nouvelle Mition
de VHisioire de Languedoc,
Comme marques, nous n'avons qu'un nouvel exemplaire du n** 170,
C*OPPLres (..), un autre exemplaire du n*' 181, X (..), et la marque
an^pigraphe suivante :
272. — Fragment du fond et des parois d'une lampe en terre fineet
couverte jaune marbr^ de brun. En dessous, enreiief , au centre du fond :
Grandeur de t original
Nous ne savons pas comprendre oe que repr6sente ce signe que nous
Tome XXXV. 28
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— 454 —
avons giavd potur oette raison; il pent ^tre^yifiag^ dans trois antres posi-
tions que oelle que nous avons adopt6e k Taventure. Parmi les marques
an^pigraphes on a signal^ celle d'un fer A cheocU sur des lampes trouv^es
en Afrique.
PYRAMIDES TRONQUfiES
278. — Pyramide tronqutesur plan rectangulaire^ haute de 15 oen-
timfetres et plus large et massive qu*& Tordinaire. Sur le plan sup6-
rieur^ trao6 en creux avant la cuisson :
Denx points rapprocb68 formant comme le fllet inf6rieur
d'une grosse haste dn boat de laquelle part une oblique
h droite plus fine et plus longrue.
Hauteur totaled 50 mill,
Ce signe est dans le sens de la longueur du rectangle du plan sup^rieur
et en occupe les deux tiers environ. La haste a 6t6 tracte en lissantavec
une baguette, la ligne oblique avec une pointe.
274. — Moiti6 ini^rieure, fortement us6e et anondie, d'une pyra-
mide tronqufe de grandeur moyenne qui 6tait sur plan carr6. Sur le
plan inferieur, imprim^ en creux :
Haut., 25 mill.
Cette marque est k rapprocher de celle du n* 492^ comme nombre de
points. Ces points ^talent ici triangulaires; les cinq du pourtour sont k demi
effaces par I'usure. La pyramide a 6t6 cass6e au moment de la d^couverie
et sa cassure est nette, en deux plans, tandis que bon nombre d'autres sont
ici incompletes par un 6clat anclen ot irr^lier selon les parties faibles de
la terre cuite, 6clat qui a eu toujours le trou pour centre. Nous croyons
aujourd'hui que cela vient de Toxide des chevilles de fer ou ^taient suspen-
dues les pyramides que nous trouvons bris^ de cette mani^re; car Tobser-
vation faite par M. L. Audiat, en Saintonge, n'est pas celle d'un fait isol^ :
M. Cakat nous a inform^ qu'il' y avait au mus6e de rarchev^h6 d'Auch
ou dans sa collection deux ou trois pyramides tronqu^^ trouv^ k Auch,
ayant encore une cheville de fer pass6e dans leur trou.
Nous avons encore trouv6 un nouvel exemplaire du n* 1^.2, de 18 oenti*
metres de haut et k I'^tat de neuf, avec un X de 12 centimetres de haut
BUT chacune deses deux larges faces.
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-• 435 —
DISQUES EN TERRE CUITE
Nous avons trouv6 un autre de ces petits disques porlant un sujet
bien simple mais des mieux conserves :
275. — Disque en terre cuite rouge&tre de 13 millimitres de dia-
m6tre, la tranche gercte par Tapposition du cachet matrioe, la boulette
de terre glaise ^tant posee sur quelque chose de plat. Le sujet consiste,
partant du centre, en :
Un bouton plat, une gorge, un demi-tore, un fllet en relief
entre deux filets creuz; le tout concentrique.
Ce sujet a 10 millimetres de diam^tre.
MOULES EN TERRE CUITE
276. — Moule de forme ronde et en fort mamelon au revers. Ce
moule, en terre cuite rouge^tre et poreuse, donne en 6preuve un mufle
de lion de 34 millimetres de largeur sur 33 de hauteur. Sur la tranche
de bordure, avec continuation au revers, est profond^ment grav6 en
creux :
Ce signe, de 17 millimetres de longueur, dont les deux tiers sent rabattos
au revers du moule, est juste au-dessus du milieu de la tete. Cetait done,
simplement, un guidon pour appliquer le moule, comme un sceau, dans
son vrai sens. Dans les substructions de la maison ot ce moule a et6 ddooa-
vert, nous avons trouve quatre ou cinq fragments de grands et forts vases
— en terre grossiere pareille k celle du moule — de la forme de notre vase
fin n' 260, oh etaient des mufles de lion, comme anses ou comme ddver-
soirs, diflerents de celui que donne notre moule^ mais de m^me taille et dis-
position. Nous croyons qu'une foule d'objets usuels etaient fabriqu^s dans
les maisons mdmes od on les trouve; d'od notre moule^ les ^preuves dont
nous venous de parler et le fragment de moule pour lampes, n* 183, trouve
dans les mines d'une autre maison. Les petits disques que nous avons
donnes ne se comprennent guere non plus que comme fabriques et cults
dans les maisons qui les emettaient. L'industrie domestique de la maison
gallo-romaine s'est affirmee encore dans nos fouilles par des bronzes, des
clefs notamment, qui n'etaient qne forges et attendaient lefinide la lime;
et par un grand nombre d'objets en os, surtout des epingles & cheveux, qui
n'etaient encore que debites, d'autres & peine ebauches.
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— 436 —
Comme moules en terre cuite f rappto probablement de signes ou guidons
et trouv^ 8ur un autre point de Pradoulin, signalons, pour m^moire, un
moule double, d'environ 7 centimetres de large, qui donnait, en bas-relief,
d'un o6t6 un lion, de I'autre un li^vre en course. Nous n'avons pas vu oe
moule, qui a 6t6 distrait fort mal k propos de son lieu d'origine pour aller
se perdre on ne sait oti.
BRONZES
277. — 1. Garniture de Tun des bouts d'une petite rfegle plate qui
6taitpeut-6treune mesare de longueur. 2. Garniture k peu pr^ pareille
d'un objet semblable. Sur le haut^ oil le devant des garnitures forme
un rectangle un peu plus Eminent que le reste, lrac6 en creux comme
avec une lime fine en forme de lame de couteau :
rS
Largeur moyenne IS mill.
Ces signes, aux traits 6pais d'un derai millimetre, ont la meme largeur
que les rectangles susdits. On pent comprendre par la fagon d^ bronzes
que les regies ou mesures qu'ils garantissaient se posaient k plat, comme
nos doubles decimetres; le signe se presentait alors en hauteur : X. De la
sorte on ne pent guere y voir un simple ornement; le n* 2, au reste, ^t plus
artistlque que le n* 1, avec un eiargissement vers sa base et deux filets
ooncentriques encadrant chacun des trois clous qui fixaient le bronze — au
lieu du simple clou du n* 1 — et on e^t encore distingue par un sujet plus
riche, d'autant mieux que les anciens ne se repetaient jamais exactement
dans les oeuvres d'art. Ce sent done Men des signes sans doute : un signe
numeral ou bien la signature du meme illettre qui avait fabrique les deux
bronzes ? Cette derniere conjecture nous semble etre celle qui offre lemoins
de probabilites, quoique dans Fautre nous ignorions fort k quelle unite de
mesure aurait repondu le chiffre X. Les deux garnitures ou armatures
avaient en moyenne 10 millimetres de hauteur au revers et 50 millimetres
sur le devant : non compris, en tete du n* 1, un appendice de trois boutons
globulaires superposes et, en tete du n* 2, un seul bouton de meme forme
que les autres, mais beaucoup plus gros. Ces appendices etaient sans doute
pour deplacer facilement la petite regie et pour preserver ses bouts si elle
venait k tomber.
278. — Deux variantes du fl^au de balance gradu6 n** 212 :
1* Moitie complete graduee d*un fleau de balance, de fa^n fine et artis-
tlque, en une tige rondeallant s'amincissant duc^tederextremitemouluree
od est Tceillet qui portait Tanneau de suspension des chaine8(..). Sur la
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— 437 —
longueur, qui est del3 centimetres li2, sent grav^ en creux onze points
dquidistants.
2* Fragment de la moiti^ graduee d*un fl6au de balance de mSme forme
et fa^n que le pr^cMent. La partie qui manque ici est celle qui aboutissait
au centre. Sur la longueur restante, qui est de 7 centimetres li2, sent grav^
en creux quatorze points k pen pr^s ecart^s entre eux de 5 millimetres^
sauf les cinquieme et sixieme, en partant de FoeiUet, qui n'ontquel milli^
metre ii2 d'intervalle. Ces points creux semblent avoir remplace, par
rectification, douze oU treize points, ou petits boutons plats, en relief, qui
avaient ete forges et ciseies avec le Heau et qui etaient equidistants.
Ainsi trois fieaux de balances trouves brises k Pradoulin, oh etait
I'ancienne Lactoruy avaient ete gradues selon trois systemes differents.
INSCRIPTIONS LAPIDAIRES
Nous pla^ons k la fin, comme bors cadre, quelques fragments d'ins*
eriptions lapidaires encore in^dits en partie. Ce ne sent pas pr6cis5ment
les fouilles qui nous ont donn6 la presque totality des objets ci-dessus
qui les ont fournis; elles n'ont produit qu'un infime fragment, malgri
la mise au jour de grandes quantites de plaques de marbre blanc^
moului*es de diverses formes et grandeurs, bas-reliefs, vases, etc., du
mtoe marbre, et des plaques plus minces de toutes sortes de marbres
de couleur. Aucun ou presque aucun deces fragments n'6tait sur place
ici, et il en est de m^me sur tous les points encore explores des mines
de Tancienne ville de la plaine, oil on les trouve r^pandus de la sorte
sans qu'ils se compietent jamais les uns les autres. C'est que cette
plaine a ii6 habitfe k trois epoques diff^rentes qu'il nous faut fixer en
quelques mots pour expliquer ces d6bris ^pars et la pr^ence sur deux
ou trois points de Pradoulin et sur un ou deux points de la ville
actuelle des quatre ou cinq fragments inscrits en question.
Premierement, T^poque Aut6-romaine, qui s'est affirm^e pour nous,
aux niveaux les plus bas, par des lits de cailloux^ transportfe de main
d'honime, au-dessus desquels 11 a &ii trouv6 des baches, des percu-
teurs, broyeurs, raolettes, lissoirs, disques, etc., en pierres dures, en
nioindre quantity, seulement pour les baches, que sur le plateau ou
est la ville actuelle. Aux mtoes niveaux ont ^i& trouvees une piece
incite des Sotiates, touchant de bien pr^s au prototype, qui n*6tait pas
bien entendu celui que Ton a dit, et la pifece an^pigraphe (I) si com-
mune du meme peuple, dite des Elusates par plusieurs spteialistes
inodemes, parce que depuis une cinquantaine d'ann^es seulement deux
trouvailles de ces pieces, en nombre, ont &ti faites sur Tancien terri-
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— 438 —
toire (t) de ce dernier peuple. Mais on en a trouv^ aussi en nombrenon
loin de la ville des Lactorates, seu Sotiaies, qui les 6mirent toutes, ei
en nombre ou ^parses non seulement dans cette ville ou cbez les
Elusates, mais encore le long des Pyr6n^, k Vieille-Toulouse, aox
environs d'Albi et jusques en Normandie : ce sont les types et ThiB-
toire qui peuvent determiner rationnellement la nationality des monu-
ments monitaires et non pas un systfeme d'6tiquettes pour coUectionneurs
k court d'informations.
Seoondement^ Tipoque Romaine s'est absolument affirmfe par une
infinite de monuments de toute nature.
Enfin, troisifemement, k T^poque Barbare on acheva^ semble-t-il, de
disperser k Pradoulin, les moins lourds des restes de monuments
qu'avaient laiss^s sur place les constructeurs des remparts du camp de
la hauteur dont nous avons parie^ en reconstruisant la ville au m^e
endroit que pricedemment. Ce fait qui etait ignor6 et qui dut se repro-
duire peut-^tre, au moins k Aire, Auch^ Eauze, Saint-Bertrand, Saint-
Lizier, sans nouvelle destruction pour la premifere et la demifere de ces
villes (?), s'est affirm6 ici par les substructions de ladite reconstruction
faite avec toute sorte de mat^riaux ayant d^ji servi. Les maisons
nouvelles, sur plan special (?) — beaucoup de piliers — s'^levirent
fondles k un niveau sup^rieur et au-dessus des substructions recou*
vertes de charbons, de cendre et de terre de la ville des premiers siMes
de notre fere, si bien que, par aventure, certains des murs nouveaux
furent bfttis, un pen en porte-a-faux seulement, sur lam6meligneque
certains des anciens murs : une couche separative de 20 oentimfetres,
environ, de charbons, cendre et terre entre deux. C'est ce que Ton a pu
voir pendant ces deux ou tiois derniferes ann^es sur le champ m&ne de
nos fouilles. Ce qui donne surement aux Barbares, au moins pour
demeure, ces constructions nouvelles, c'est la trouvaille k leurs niveaux
d'une nombreuse suite Sparse de petites monnaies de bronze, d'^pais-
seur vari^e et plus ou moins barbares, presque toules imit^es des pedts
bronzes des deux Tetricus. Quelques-unes de ces pieces, oil la divinity
feminine du revers ressemble k des branches, ou k un oiseau, ou,
s6rieusement, k un moulin-k-vent, portent bien encore le nom de
Tetricus, plus ou moins incomplet, mais les autres, au droit et au
revers encore plus degen^r^s, n'ont que des lettres parfois k rebours ou
de forme inconnue, avec lesquelles aucun mot, si ce n'est peut-fttre
AVC, pour Augustus, ne se trouve compost. Aux m&mes populations
appartenaient sans doute des bijoux, trouv6s avec les pieces, d6cor6s
de tfetes barbares, de mosaiques, ou bien, d'oruements en creux fort
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— 439 —
bizarres et sans rapports avec oenx des bijoux dits francs ou m^ro-
vingiens.
279. — 1. Fragment d*une plaque de marbre Wane de Saint-B&it,
ayant 17 centimetres de large sur 12 de haut et 3 li2 d'^paisseur.
Trouv6 k Pradoulin, loin des fouilles, dans le mur d'une des maisons
du hameau, par M. J. Lucante el donnte par lui au mus^ de Lectoure.
— 2. Fragment de la mAme plaque — trfes visiblement par la nature
du marbre, son 6paisseur, sa fa^n et la forme des lettres — ayant
7 centimetres de large sur 12 de haut. Trouv6 par nous, prfts des
fouilles, au bord d'un champ nouvellementlabour^et donn^ 6galement
au mus6e :
Lettres de 64 et 74 mill, environ
Lettres de 56 mill.
Le crochet qui reste k gauche de la premiere ligne du fragment n* 1,
indique un C ou, plus probablement, un E; les restes de lettres^ k la
deuxi^me ligne indiquent un I ou un N, un A^ qui 6tait suivi d*un point,
et un I ou un L.
II y avait done ainsi k pen pres siirement ENrF* .... i la pre-
miere ligne de ce fragment, et IA*I.... k la seconde; au fragment
n* 2, qui est le m^me qu'a publi6 M. le capitaine Esp^randieu (Inscrip-
tions antiques de Lectoure, Ta9 38), ii y a ... .RE. ... et au bas les restes
d'une moulure en baguette creuse qui montre que ces lettres faisaient partie
de la derni^re ligne : la seconde ou la troisi^me du fragment n* 1 ? L'en-
semble se rencontre etretel que le sens general et la nature du monument
ne laissent gu^re de doutes : c'6taitsans doutela plaque inscrite d'un grand
tombeau 61ev6 k un tel ou k une telle, flls ou fille d'un individu non citoyen
remain, dont le nom etait en onus; ensuite venaient les noms et peut-^tre
aussi la quality de celui ou de ceux qui avaient fait Clever le tombeau :
rheritler ou les h^ritiers [Ae]r(?[5] ou {he]re[des] ? Les lettres sonttr^s beUes
et le monument ^tait probablement du premier si^cle.
Les grands tombeau x avaient dans la contr^diverses formes, ils avaient
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— 440 —
tous, TTaiflemblAblementy la statue en pied du d^font ou de la d^funte pla- *
oto le plus souvent dans nne niche ou contre une muraille. C'est k ces
monuments fun^raires, dont il existe encore surtout une foule de diminu-
tifs, qu'appartenaient presque tous ces corps drapes de pierre ou de marbre,
sans t^te, mais pr6par6s pour la recevoir par un creux entre les deux
^paules. Les t^tes, qui ^taient des portraits, 6taient sculptees eu marbre,
aprte le d^cks, avec un appendice conique au bas du cou pour mieux 1^
assuj^tir sur les corps qu*il y avait k choisir. De telles statues, au corps
quelquefois tr6s allonge parce qu'elles se trouvaient dans une partie trcs
61ev6e du tombeau, se troiivent un pen partout, dans le midi de Fancienne
Gaule du moins, tant dans les villes que dans les campagnes. C'est k tort
que certains veulent y voir des portraits d'empereurs ou d'imperatric^,
avec des thtories que nous passons. De fait, sans doute, nous ne nous figu-
rons pas Men aujourd*hui la grande richesse en oeuvres d'art de tous
m6rites de la moindre de nos anciennes capitales de cites; mtoe la raison
tant cherch^ des monuments ^tonnants decouverts k Martres-Tolosanes,
n'est, vraisemblablement, que des debris incomplets encore des temples,
des tombeaux, du mobilier des maisons et des statues publiques d'un sim-
ple bourg, n'ayant pas, par exception fortuite, trouve d'emploi avant leur
enfouissement, pr^c6de, comme partout ailleurs, d*affreuses mutilations,
sauf peut-etre les portraits officiels.
A la ville romaine de Lectoure, c'6tait, comme nous Tavons de]k dit
(n' 217), entre les voiesde Toulouse et d'Auch, jusqu'^ Fancienne abbaye
de Saint-G6ny, inclusivement, que se trouvaient les tombeaux de toute
sorte. D6truits comme monuments religieux, la plupart de leurs debris
servirent pour les remparts du camp de la hauteur voisine oti est la ville
actuelle. Certainement, un tr6s petit nombre de ces debris, comme oeux que
nous venous de voir, furent transport's k Pradoulin, si rapproche pour-
tant, et nos fouilles, proprement dites, si riches en tant de choses diverses,
n*ont produit qu*un fragment insignifiant qui a pu leur appartenir : un I
ouun L, de m^ocres dimensions, grav6 sur un petit morceaud*une mince
plaque de marbre !
280. — Fragment du panneau ant6rieur encadr6 de moulures d'un
bloc ou d'une plaque en pierre commune du pays, cass6 en diagonale
k 25 centimetres k droite et 25 centimetres en bas de Tangle sup^rieur
de gauche :
T
Lettre de 60 mill, environ
Ce T, qui commen^it un texte compris dans le cadre de moulures, est
de tr^s belle forme; les filets de la traverse depassent cette traverse en haut
oomme en bas; le bfts d^ }a haste pianque. Ce fragment |ut dessine par
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— 441 —
nous en 1881, au faubourg de Leotoure, rue du Campardin6, dansune
grange aux murs de laquelle il 6tait encastr^. Malgr6 Tencadrement de
moulures et la forme de la pierre en panneau saillant, nous sommes port6
a croire aujourd'hul qu'il a fait partie d*un bloc de pierre de mtoe nature
et inscrit, qui fut d^couvert en avril 1891 dans les jardins de la sous-
prefecture (anclen 6vech6), tout pr^s du mur remain dont nous avons plu-
sieurs fois parle, et tout pr6s de Tendroit ou ont 6i6 trouv^es en divers
temps presque toutes les inscriptions antiques de Lectoure Ce bloc, il est
vraiy cass^ sur le c6t6 gauche seulement, est sans moulures et parait com-
plet de trois c6tes, maispeut Mre une retaille a ^pargne les lettres et enlev6
avec les moulures la partie de parement taill6 en courbe. En rMuisant
r^chelle adoptee pour Tunique lettre du premier fragment, nous donnons
de nouveau Tinscription de ce bloc — qui a actuellement 44 centimetres de
large sur 30 de haut — publi6e par M. Allmer (Rocue dpigr, du Midi de
la France, in, p. US), mais avec omission d'un point k la fln dela troi-
sieme ligne, et des restes d'une lettre au debut de la demiere, et par M. Ic
capitaine Esperandieu (Inscriptions antiques de Lectoure, n* 37) avee
inexacte position des lettres, une lettre en trop au commencement de la
troisieme ligne et omission du point etdu fragment de lettre susdits.
VLLAE-FA
CAMVLI-FIL
....VRAVIT-ET.
HER
Lettres de 62, 60, 50 et 54 mill.
Les lettres sent de tr^s belle forme; ies points triangulaires et tr^s
forts. Toutes ces lettres sont bien lisibles quoique alter^es, ou m^me quel-
ques-unes incompletes, par des eclats de la pierre. Parmi celles qui ne sont
pas entieres notons la premiere de la troisierae ligne qui n*a plus que le
. tiers superieur de son deuxieme jambage et la premiere de la quatrieme
ligne qui n*a plus que le quart superieur de sa deuxieme haste. A gauche
de llnitiale de la premiere ligne la marge est assez grande sur un point
pour montrer qu*il y avait un T, avant cette initiale actuelle. Le premier
mot etait done [Tert]ullacj sans doute, et on voit que le fragment dessine
au faubourg pent tres bien porter le commencement de notre texte; la dis-
persion des deux fragments k demi kilometre de distance n'aurait, encore
ici, rien de surprenant : k Tepoque revolutionnaire une autre inscription
antique, complete, fut prise au palais episcopal et entra dans une construc-
tion du meme faubourg. Le premier mot ainsi restitue, on voit qu'il ne pent
manquer que trois ou quatre lettres et un point a la deuxieme ligne, avant
CAMVLI, et trois lettres et un point k la troisieme, avant [CJVRAVIT,
et alors^ les 4eu;x fragments reunis, on peut es9ayer la resritutlon et lecture
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— 442 —
suivantes : T[ert]ullae Fa\ ... f Camuli JUiiae) \ \pat](fir){f) [c]ur(UiU
et I her(e$), Mais, si de la sorte nous ne nous totrtons pas absolument da
sens et de la teneur ancienne, quel serait le mot, oommenQant par FA, qui
smvait le nom de Turtulla ?, Serait-ce un deuxi^me sumom, dont poor
notre part nous ne cpnnaissons aucun autre exemple dans Tesp^ce (car il
8*agit ici de non citoyens remains), ou un sobriquet intime de famille, on le
nom d'une fonction feminine locale et particuli^re, inconnue d'autre part?
Cette dif ficult6 ne rend le monument que plus interessant. II date probable-
mentdu premier si^cle, tant par sa concision que par la beaute des caracte-
res, etil afait partie sans doute encore d*un deces grands tombeaux de gens
riches. Enfln, le nom du p^re, Camtlus^ qui est un nom celtique des plus
certains, nous montre que TAqultaine primitive etait aussi habitee par des
Celtes. D'ailleurs, d'apr^ d'autres documents que nous n'avons pas k exa-
miner ici, les Celtes ^taient assez nombreux dans ce pays, surtont aux
endroits oix on le soup^nne le moins aujourd'hui.
EuGifeNE CAMOREYT.
QUESTIONS ET RfiPONSES
196. Sur le romanoier Loubaystln de Lamarque
M. T. de L. demandait, il y a douze ans, ici mtoe (t. xxiii, p. 200) : « Que
sait-on de Francis Loubayssin de Lamarque, gentilhomme gascon etau-
teur dedeux romans espagnols publics k Paris en 1615 et 1617? »
J'ai trouv6, je crois, un commencement de r^ponse a cette question dans
le « Testament de damoiselle Naudine Lamarque^ femme de Geraud Lou-
bayssin marant (i)^ » dont voici Pextrait :
« L'an 1617 et le 16* jour du mois de may .... dans la maison de
sieur Geraud Loubayssin, bourgeois d'Astaffort, fut personnellement esta-
blie dameiio Naudine Lamarque femme audit Loubayssin. » Elledit
avoir eu quantity de biens meubles et immeubles de la succession de son
p6re Pierre Lamarque, « desquels ledit Loubayssin son mari sesaisit etpour
la reconnaissance desquels y a proces devant le senechal et pr^idial de
Condom » ; desh6rite Jean Loubayssin, son flls aisn6 , «icause
qu'elle n*a jamais re<ju d'assistance de son fils aisn6 qui lui a est6 fort ingrat
ne Tayant vue depuis quatorze ans qu'il s'est retire et mary6 k Salamanque
en Espaigne »; nomme ses autres enfants : Dominique, auquel elle l^e
par preciput 450 livres pour avoir entretenu de ses deniers son f r^re Jean-
Anthoine, 6tudiant k Toulouse; Fran^ise, marieeaM. Francis Gharri^,
docteuren medecine, mil livres; FRANgois Loubayssin, son tils, 150 livr^;
Jean-Anthoine, 400 livres, quand il aura 25 ans; Ague, Catherine, Antoi-
gnette et Jeanne Loubayssin, ses filles, k chacune 300 livres; institue son
h6ritier universel ledit Dominique, etc.
Un Cuercheur
(1) Registres de Sentou, notaire k Astaffort, ann^e 1617, ^ 105 v, 106.107, 108.
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NOTAlRESrOfiTES ET REPRESENTATIONS DRAMATI(fVES
DANS LS PARDIAC BT L'ARMAQNAC AUX XVI* ET XVU* SISCLBS
II n'est point aussi rare que Ton pourrait le supposer de voir un
notaire, bomme g^n^ralement grave par nature et par dlat, et en appa-
rence le moius po^tique du monde^ se livrer au commerce des muses^
comme pour se dtiasser de I'ariditd et de la s6cheresse de ses occupa-
tions habituelles.
II en est d'autrefois^ il ou est d*aaJourd*hui I
En voici un de la fin du xvi« sifecle, maltre J. Camicas, notaire a
Mardac^ dont le recueil des minutes pour Tan 1593 s'ouvre par les vers
suivants (1) :
Maistre, o J^us, roi doox [et d^ectaUe,]
Diea trte element et juge pitoyable,
Pais qu'en mes ans ta hautesse me don[ne]
Pour te servir saine pens^ et b[onne.]
Ne fixe rien qu!h ton honnear et g[loire]
Tea mandements oulr, garder et cr[oire,]
Avee soupirs, regretz et [repentance] *
De t'avoir Met par tant [d'ceuvres ofiEense.]
Puis quand la vie i mortdonnera lieu,
Las ! tire moi, men RMempteur et Dieu,
Lit haut ot joye indicible sentist
Celluy larron qui tard se repentist,
Pour et afln (2) qu'en laissant tout moleste
Je soys remply de liesse celeste.
Ces vers du vieux tabellion ne sont-ils pas charmants t Et n'est-elle
pas surtout piquante, la bonhomie avec laquelle il reclame Tindul-
gence dont b6n6ficia le larron « qui tard se repentist » f
Malheureusement, la marge exl6rieure du feuillet est fort endom-
magte et plusieurs rimes manquent. Pour quatre d'entre elles, le com-
mencement des mots 6tant demeur^, ils se complfetent d'eux-mfemes;
trois ont entiferement disparu et n'ont pu 6tre suppl6fe que par conjec-
ture plus ou moins douteuse. La lacune est regrettable sans doute,
mais peu importante, et le morceau n'en conserve pas moins toute sa
saveur.
Les notaires-po^tes ne florissaient pas seulement i Mardac. Nous
(1) Etude de M* Rigaud, k Marciac.
(2) Style 4^ potaire et qiarque de fabrique,ce n^e semble,
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— 444 —
en signalerons deux autres, qui vivaient aux xvi« et xvii* sifecles k
Nogaro et k (Jondrin.
Celui de Nogaro ^tait, croyons-nous, un jeune clerc de M* Bilhau,
notaire royal dudit lieu vers 1650 et 1670. Nous augurons la chose de
l*6criture m6me qui, vive et alerte, dlSbre beaucoup de celledu respec-
table propri^taire de Tetude. Comme nous parcourions un deses regis-
tres, il y a quelques annfes, une feuille volante, d'aspect bien jauni,
s'offrit k nous couverte de lignes menues et 61anc^ qui tenaient seu-
lement le milieu de la page. Nous eumes t6t fait de reconnattre des
vers. Mais la malheureuse feuille a depuis lors si bien ou si mal vole
qu'elle se d6robe actuellement k toutes nos recherches.
Cependant nous nous souvenons parfaitement que le morceau ^tait
assez court, et que Tauteur Tavait repris k plusieurs fois avant d'arri-
ver au bout. Les ratures et les surcharges y abondaient, plus encore
que les vers faux et d'allure bizarre, et ce n'est pas peu dire. Lld6e
gin6rale proc6dait de la litt^rature amoureuse et se rattachait k ce
genre poitrinaire etclair de lune qui en ade tout temps enfant^ par dou-
zaines. Aussi ne pensons-nous pas que cette perte soit autrement i
d^plorer. Mais peut-^tre 6tait-il bon de noter sommairement le fait.
Nous arrivons k Gondrin. Dans le registre de M« Antoine-Amaud
Camarade de 1636 (1) est transcrite tout au long une 'sorte de com6die
ou € farce » dont Ten-tfete parait annoncer plusieurs actes, mais qui,
en r6alit6, ne sortit pas des ^troites limites de Facte I•^ Personne,
j'imagine, ne s*en plaindra, surtout si Ton considfere les nombreux cas
oil la muse de Tauleura montrd plus de bonne volenti que d'exp^rience
et de talent.
On remarquera que le dernier vers expire sur la promessed'un ballet
en compagnie, nombreuse sans doute. Notre € Farce » a doncit^ jou^
devant une ceriaine assistance, k titre de prologue de ce ballet. Ces sortes
de r6jouissances, de caract^re plus ou moins litt^raire, itaient en eflfet
trfes gout^es des Gondrinois. lis apprenaient de bonne heure k s*y livrer.
Sur les bancs de T^cole, le regent dressait ses 6l^ves k des exercices
acaddmiques, notamment k la representation de tragedies ou comedies.
Le carnaval les provoquait et le beau mois de mai les ramenait. Le
public etait la en foule, et la municipality, entralnfe et ravie cx)mme
tout le monde^ acquittait la note k payer ou distribuait des cadeaux aux
jeunes acteurs. C'est ce qui r^sulte du passage suivant des comptes des
.consuls de Gondrin en 1656 (2) :
(1) Etude Castay, i Gondrin.
(2) Archives delamairie de Gondrin.
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— 446 —
« A M. Arnauld Dupleix, regent, pour sonquartier de x 1. qu'il fust
deliber6 de luy donner pour les enfants quy repr^sentent une com^die
au moys de may : x'. xV
» Plus a pay6 la somme de sinq livres au s^ Dupleix (1) lorsqu*il fit
jouer la trag6die au devent T^lize, par ordre de la communaut6. >
Mais revenons k notre po&ie. Elle n'est pas sign^. N&tnmoins, 11
n'est pas douteux qu'on ne doive Tattribuer k M* Camarade lui-m6me.
II se fait ainsi reconnaltre comme ayant fait partie decette petite pl6iade
de pontes gondrinois dans laquelle nous avons ii]k noti le cur6 de la
paroisse, M* Jean Martres, et un religieux du convent des RecoUets,
le P. Silvestre (2). Peut-^tre mtoe fut-il aussi Tauteur d'une com-
plainte que nous avons trouvte dans un autre de ses registres et qui
accompagne le r6cit d'un prodige diabolique arrivi aux environs de
Montauban (3).
Quoi qu'il en soit, voici toujours le morceau en question :
^ FARCE DE MARDI GRAS
ACTE PREMIER
CARESME
Tout beau, tout beau, petit voluptueux,
Et cesse d amuser par danses et par jeux
Mil pauvres aveugles et pescheurs quy peut-estre
Tant de pech^s comis pourroient bien recognoistre.
MARDI GRAS
Va-t'en, vieille Molue (4), vilain haran soret.
Si tu ne sors d*ici, tu auras un souffiet.
CARESME
Ne t'en moque pas tant, car le temps est bien proche
Oil Ton ne parle plus de viande k la broche.
ACTE I - SCfiNE 2
Careamey Mardi gras et deux Amis
CARESME
Quoy ! est-il bien possible que ce que je t*ay dit
N'aye dutout rien peu gagner sur ton esprit,
(1) Get Amaud Dupleix ^tail un homme de loi, rompu aux affaires, que Ton
rencontre presqiie & chaque page dans les registres des notaires gondrinois de
cette ^poque. A son titre de praticien et d'avocat consultant, il unit pendant de
loneues ann^es celui de regent de Gondrin.
^2) Cf . Reoue de Gascognef f^vrier et avril iwa : swot
(3) Citons ici le premier couplet de cette complainto :
Venez tons, petits et ffrands,
Oulr rtustoire deplorable
Arriv^e pres Montauban.
Cas quy est trds veritable.
Nous avons public le r^cit et la complainte dans le Courrier de Tarn'^t-
Garonne du 8 mai 1893.
(4) On dit en patois : molue pour morue.
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— 446 —
0 goinfre irk» vilain et mille fois plus sale
Que Tarquin le Superbe et que Sardanapale ?
MARDi GRAS attaqtte le Caresme
C'est done comme cela, vieux reistre, vieux pele,
Que tu veux achever ce que tu as commanc6 ?
UN AMY
Qu'est-oe que ces Messieurs. ..
UN AULTRE
Ha! Messieurs, je vous prie
d'apaiser tant soit peu vostre grande f urie.
ACTE I — SCfiNE 3
CARESME, parlant a un Amy
Que je vou3
Messieurs, je vous supplie de dire k Mardi gras
tidrois le veoir Tesp^ sur le bras.
MARDI GRAS
Que voulez-vous de moy ? J*aporte mon esp6e.
CARESME
Et moy je Tay aussi tout de mesme aport6e.
{lis sehattent.)
AllonSy achevons done ce quy est commanee.
MARDI GRAS
Prenez bien garden vous...
{Caresme le couchepar terre,)
MARDI GRAS
Je demande quartier.
UN AMY
De grace, accordez-luy.
CARESME
Non, non, je veux quy meure !
UN AMY
Quoy I ne voulez-vous pas encore qu'il demeure?
CARESME
Bien, pour Tamour de vous, il n'aura pas la mort.
UN AMY
O homme incomparable, que je b^nis son sort !
CARESME
Mais aussy il faut bien que luy donnant la vie
II sorte pour un an de toute compagnie.
MARDI GRAS
Je vous dis done adieu, vous, messieurs de Gondrin.
De mon exil d'un an ne soyez en chagrin.
UN AMY
Messieurs, voicy la fin de ceste faoetie,
Et, apr^ un balet, adieu la compagnie.
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— 447 —
Ajoutons que dans le registre de 1595 du m6ine Gamarade nous
avons rencontr6 line courte production po4tique, bien diff^rente d'allure
et de ton de celle qui prtefede. Nous la donnons ici pour mieux
tenniner le pr^selit m^moire :
M^re de Dieu, en ma mort sols pr^sente
£t me gardes de tribulation
Men cur, men oors, men &me te pr6sante.
M6re de Dieu, en ma mort sois pr^sente
Et me gardes de tribulation.
Mais s'ii advient que Fennemy me tente
Pour me mener en desperation,
M6re de Dieu, en ma mort sois pr^sente
Et me gardes de tribolation.
Henri CARRfiREetA. BREUILS.
NOTES SUR LE POlTE GASCON PIERRE DE GARROS
AVOCAT G^NilRAL AU CONSEIL SOUVERAIN DE PAU
Dans un Recueil manuscrit que je possfede, intitul6 : « Extrait
des choses principales qui se Irouvent sur le registre des enregistre-
ments du Parlement, soil lorsqu'il n'6toit que Conseil, soit depuis qu'il
a ivi ing6 en Parlement, » il est fait mention d'un Livre rouge /^' ou
Ton enregistrait les provisions d'offices. Aux folios 108, 109, 110
6taient les « Provisions d'un office d'avocat g^n^ral en faveur de
Pierre de Garros, k la place de Guilhaume Dareau, d6c6d6, du 12
octobre 1571, regu le 16«. » II y avait aussi un registre appeW jLirre
blanc, oil ^taient insinu6es les « Provisions de Toffice d'avocat
g^n^ral en faveur de Jean de Lendresse, d la place de Pierre de
Garros f A6(M&, du 19« septembre 1583, regu le 21. » Pp. 17 et 33 de
mon Recueil.
Dans un autre manuscrit, je trouve un m^moire sur les origines et
la composition des diff6rents tribunaux qui formaient Tancien Conseil
et Parlement. Voici la liste des avocats g^n^raux qui s'y sont succ6d6
de 1519 k 1759 : « 1519, Lamothe; G°* Dareau; 16 octobre 1571,
Pierre de Garros; 21 septembre 1583, J» de Lendresse; 31 octobre
1584, Pierre Dupont; 31 octobre 1619, Charles Dupont, fils du pr6-
c6dent; 23 mars 1683, Paul-Joseph Desclaux-Mespl6s; 15 juillet 1718,
Dominique de Mespl^s, son fils; 4 fSvrier 1737, N. de Montengou;
3 septembre 1759, Bertrand de Faget. »
Pierre de Garros 6tait un fervent huguenot. C'est peut-6tre k ce titre
qu*aprte les fameuses ordonnances de Jeanne d'Albre^, du 26 novem-
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— 448 —
bre 1571, « les lettres patentes contenaot l*ordre de la publication ^ de
I'enregistrement f urent pr6sent6es au conseil par Garros, avocat g6n6-
ral, qui, le 9 Janvier 1572, en fit la requisition. > (Poeydavant, t. ii,
p. 42. Histoire des troubles.)
Le 25 juin 1574, Garros r6pondit k la requite de Jeanne de La
Torte, veuve du pr&ident d^Etchart, pour lui demander un compte
exact des d^penses faites par son mari. C'est un original ^rit de la
main de Garros. {Arch. B.-P.y B. 2216.]
Enfin, ayant &ti k Orthez, pour y proc^der k une information sur
certains exc^, Garros regut une indemnity de dix livres dont il donna
quittance,* le 26 Janvier 1576, en ces termes : « Be[ce]bui ay lad.
somme lod.jour. Garros, adv. gen, susd. > Ibid. B. 2231. Je feral
remarquer que les originaux bternais de nos Archives disent toujours
Pierre et non Pey de Garros. V. DUBARAT.
P.'S. M. T. de Larroque demande dans le num^ro de juillet-aout
de la R. de G. (p. 369, note 2) si Arnaud d'Abbadie, chanoine d'Olo-
ron en 1419, appartenait k la famille qui a produit de nos jours les
fr^res Antoine et Arnaud d'Abbadie. La r^ponse est difficile, car, disait
Tabb^ de Puyoo, dans son fameux Beoe :
Lous Abbadies soun d'u nombre ta supreme
Que tails counta calou lou secoars de Bar^me.
Je crois cependant, sans pouvoir le prouver,que le chanoine d'Oloron
etait de la famille d' Abbadie de Jurangon qui, au x v« si6cle, entre autres
personnages, produisit Bernard d'Abbadie, 6v6que d'Aire. {Arch. B.-
jP.,E. 1972.) Lesfrferes d'Abbadie sont originaires d'une vieille famille
d'Arrast, prfes Maulton. V. D.
NOTES DIVERSES
CCCXXIII. Gentenairet des Landet
A Magescq, 29 d6cembre 1715, mort de « Domenge de La Sale, 4g6e de
» cent ans ou environ et devenue comme imbecile. » (Arch, de Magescq).
A Mugron : « Jean Barr^re, vigneron, aage de centquatre ans oa environ,
» mourust dans la maison du Jot, le 8* de Janvier 1653. » (Arch, de Mugron.)
A Saint-Julien-en-Born : « Andr6 Tr^net, 4g6 de cent ans, est d6o6dd le
» 28 novembre 1743. » (Arch, de Saint-Julien.)
A Vicq : « Jeanne de Marimpoy, 4g6e de cent cincq ans, d^c6da le 29 d6-
» cembre 1094. » (Arch, de Vicq.)
A Vieux-Boucau : « Gabrielle Duboscq, &g6e de cent ans ou environ,
» d6ceda le 14 f6vrier 1773 et fut inhum^ au convent des Cordeliers. »
(Arch, de Vieux-Boucau).
A Saint-Jean-de-Lier, mort « de Jeanne de Lamaign^re, dg6e de cent ans
» ou environ, inhum6e au cimeti^re de Saint-Jean » 44 octobre 1702.
(Arch, de Saint-Jean-de-Lier).
Pascal Langlade, vieillard de 106 ans, habite Saint^Sever, en 1820.
(Extrait de la Gazette des Landes).
V. FOIX,
oar6 de LAurdde.
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\ —
LETTRES INiDITES DU CARDINAL D'OSSAT
Suite eifin (1)
A I'archevdque d' Aries (2)
Molto lll"«> e R°»° S"». Ringrazio V. S. molto 111"* et R»» deirawiso
datomi colla sua delta senteutia pronontiata in quel medesimo giomo
supra la dissolutione del matrimonio del Re e della Regina Mai^faretli.
II quale avviso tengo a favore ed honore. Ma ho ancora a rendergli
gratie maggiore della cosa istessa, cio^ d'es$ersi cosi bene adoperata
nel processo e nella deliberatione della sudetta sententia che ne dia
seguito un giudicio tanto importante e salutare a tutto quel Regno^e
per consequentia alia Xtianitii. Sperando che V. S. in particulare ne
receverk, un giomo, frutto degno della sua giustitia e del zelo che ha
mostrato alia salute della Francia. E oltra il desiderio che io havea
gia di servirla, io ho aggiunto quanlo merita questo recente obligo. *
Per6, V. S. molto 111*"* e R™* sia secura che non lasciar6 mai passare
occasione nissuna ch6 il tempo mi puosse porgere, di servirla. In tanto
mi raceommando nella sua bona gratia elprego Iddio che U dia ogni
prosperity e contenti suoi.
Di Roma, alii 3 di Marte 1600.
Di V. S. molto 111™* et R°^ afiEettionatissimo fratello perserviria.
A. card. d'OsSat (3).
(1) Voir la livraison de juin 1894, p. 306.
[Ce petit recueil de letires in6dites parait en brochure de 37 p. (i Pads,
Chez Lecoffre) et sert de complement k la belle thfese fran^se de M. I'abb^ A.
Degert, docteur 6s-ieitres, professeur au collie de Dax : Le cardinal ctOasdt,
io^guc de Rennes et de Bayeux {1537-1604), sa cio, ses rUgociationa d Rome
(1894, in-8» de xiii-403 pp.), dont la Reoue ne manquera pas de rendre compte.]
(2) L'archey6que d'Arles k qui cette lettre est adress^e est Horatio del Monle
(1545-1603), un pr6l4i Italien que Henri IV venait de nommer k oe si^ en 1599.
II fut un des trois oommissaires charges de juger, au point de vue des (aits,
le proc^ en annulation du manage de Henri IV et de Marguerite. D'Ossatparle
k plusieurs reprises de ce pr^lat tr6s sympathique k Henri IV. Voir ses lettres, ii,
p. 185, 409 et s.
(3) Ddp6t des affaires ^trang^es. Documents hiatoriques. Vol. 27, ^ 12. '
Tome XXXV. 29
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— 450 —
XI
Aqz ohanoines da BayauzCS)
Messieurs,
La lettre que vous m'escrivistes au mois de mars dernier contient
plusieurs choses qui m'ont est^ fort agr&ibles, du nombre desquelles
est la bonne affection que vous me desclarez quasi tout le long devotre
dicte lettre, dont je vous remercie tr6s affectueusement et vous assure
que je m'efforceray toute ma vie de vous donner occasion de Taug-
menter; premierement en correspondant de tout mon cueur k votre
bonne volenti, puis en vous faisant tous les plaisirs et gratifications,
qui seront en ma puissance.
Et aprfes j'ay prins grand plaisir au disir que vous monstrez avoir
que j'aille r^sider par del^, et que la pi^t6 et discipline eocl^astique
soit restablie, Tind^votion abolie, les aumosnes continue, les ruines
r6|>ar^2 ^^ pauvre peuple des champs console par bons pr6dicateurs,
un s^minaire 6rig^ et toutes autres oeuvres pies et charitables bien et
deuement exerc^. Toutes lesquelles choses sent non seulement bonnes
et sainctes, mais du tout conformes k mes intentions^ et k rinstruction
que j*envoyay k monsieur le prudent Ruell^ avec mon vicanat, en
laquelle sont contenues toutes les choses susdictes et plusieurs autres,
dont votre dicte, ni la premiere que je receu de vous ne sont point char-
ge. Et n^antmoins je vous remercie bien fort de ce que vous m'en
avez escrit et vous prie de continuer aux occasions et vous assure que
je prendray toujours en fort bonne part d'estre admonest^ de nun
debvoir non seulement par une si honorable compaignie, conmie est la
votre, mais aussi par moindre homme du monde.
Cependant j'escris & M .de Money, k qui je baillay une copie de lad.
instruction, qu'il travaille k la mettre k ex6cution^ autant que faire se
pourra et particuliferement pour le regard des choses que vous m'avez
cott^ en votre demifere lettre, en laquelle aussi m'ha pleu que vous
voulez rendre tesmoignage aud. sieur de Money, qu'il vous est cher,
venant de ma part, et vous estant reconmiand^ par moy;comme je luy
ay aussi enjoint de vous honorer et respecter tous, en g^niral et en
particulier, et ce je vous prie k present, de monstrer ceste votre chariti
envers luy, principalement luy aidant de vos bon^ advis, et de votre
faveur, k faire les susd. bonnes oeuvres que vous m'avez ramentues.
(1) L'original de cette lettre se trouve dans les papiers du Chapitre de Bayeux.
EUe m'a 4t6 gracieusement oommuniqu^e par MM. les chanoines Duvelleroy et
Niquet. Qu'ils reQoivent ici mes remerciements.
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— 461 —
Jusques id, Messieurs, j'ai trouvS en votre lettre toutes cboses fort
agr^bles et dignes des doyen, chanoines et chapitre de T^lise de
Bayeux. Mais sur le propos dud. sieur de Money vous recommeneez
k changer et dites que vous n'avez peu homologuer ni publier en votre
chapitre le vicariat que je luy ay pass^ et me requ^rez de vous en
excuser. Sur quoy je veux vous dire que je seray tousjours bien aise
que ce qui procMera de moy, soil trouvi bon de vous. Mais mon
vicariat n'ha point besoin de votre approbation ni homologation. Aussi
n'ay-je point donn6 charge audit sieur de Money, ni k autre de vous
requ6rir de Thomologuer. Bien luy dis^je qu'il vous le montrast, afin
que vous cogneussiez mieux sa mission, oultre les letties que je vous
escrivois par luy. Et au reste ce m'est tout un que vous enregistriez
led. vicariat, ou ne Tenregistriez point, puisqu'ilsuffitqu'il soit insinu^
au grefiFe des Insinuations eccl&iastiques de Fiveschi. Et en celi, et
en toutes autres choses, auxquelles vous ne soyez tenus, je me conten-
teray tousjours, que vous en faciez comme il vous plaira.
Au demeurant vous n*all^ez aucune cause, pour laquelle ce vica-
riat vous desplaise, sinon que je me suis r6serv6 la disposition des
b&idfices, qui sont k ma pleni^re collation, et k ma pr^ntation. Jeme
pourrois passer de vous rendre compte, pour quoyj'ay faict lad. reser-
vation. Toutesfois je m'y veux assubj^tir pour ceste fois.
Premiferement done j'ay est* men k ce faire pour ce que la collation
des b6n6fices estant chose tr^ importante de laquelle tons coUateurs
ont k rendre compte k Dieu, j'ay estim^ que je debvois estre bien
inform^ des quality et mMtes de ceux, qui de mon temps, auroyent k
estre pourveus desd. b6n6fices et charges eccl6siastiques. De quoy je ne
pouvois mieux estre esclair^, ni mieux en descharger ma conscience,
qu'en me r^servant k moy lad. disposition.
Secondement j'ay estim^ que je debvois cela au bien de rSvesch^ et
de mes affaires que ceux qui seroyent gratifi^ des b^ndfices de ma
pl^nifere collation ou de ma pr^ntation m'en sceussent k moy le gr&
et m'en eussent Tobligation plustost que k mon vicaire.
Tiercement, j'y ay 6t6 invito, parce que Tindult que j*ay, comme
cardinal^ de ne pouvoir estre pr6venu par le Pape mesme, en la colla-
tion desd. bin^fices^ me donne tout loysir et commodity d'y pour voir k
mon aise, sans que je soye constraint de me haster, comme ceux qui
craignent la prevention de Rome.
Quartement, j'ay voulu espargner led. S"" de Money, mon vicaire, et
le garantir de plusieurs demandes et presses importunes et abusives,
qu'on luy eust faictes centre les saincts ddcrets et centre toute bonne
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bonscienoe^ en luy fouraissant une response brief ve et pfiremptoire : Je
ne puis, laquelle est sans r^plique.
Quintement, en nedonnant point ceste faculty k ce mien vicaire, qui
partoit d'auprfes de moy et duquel Tinl^grit^ m'est connue, j'ay voulu
oster aux autres que je ne vis jamais, Toccasion de se plaindre et de
s'esmerveiller de ce que je ne la leur ay point donn^e.
Voili une partie des raisons que j'ay eues d'en user ainsi. Voyons
maintenantce que vons all^uez au eontraire.
Vous dites en premier lieu que ceste reservation est < eontraire au
» nom que ledict S** de Money portede vicaire g6n6ral qui doibt faire
> rteidencesur les iieux et ressorts de mon ^vesch^, que vous ni mes
» dioc&ains ne pouvez rechercher hors, non seulement de la province,
» nmis du diocfeze. >
Quant k ce qui conoerne la personne dud. S^ de Money, je necroy
point qull se plaigne de son vicariat, ni de lad. reservation, laquelle,
comme j*ay dit cy-dessus, toume k son grand soulagement, et moins
croy-je qu'il vous aye requis de m'en escryre pour luy.
Puis done que luy et moy en sommes d'acoord, personne n'ha que
faire de s'entremettre entre nous deux pour ce regard. Au reste,
ceste r&ervation n'empesche point qu'il ne soit vicaire g^n^ral, et
moins qu'il ne face r&idence'sur les Iieux, et qu'il ne pourvoye k tout
le reste, et qu'il ne me puisse informer, advenant vacation, qui seront les
plus dignes d'estre gratifies. Quant k ce que vous adjoutez que vous ni
mes autres dioc^sains, ne pouvez aller chercher hors le dioctee, je ne
scay de quoy vous entendez parler, et a la virite vous parlez trop obscu-
r6ment en cet endroit, ou je ne trouve aucune s^ntaxe ni construction.
11 faut, de deux choses I'une, ou que vostre secretaire aye omis quel-
ques paroles, ou que vous ayez entendeu quelque chose pen canonique
que vous ayez eu honte d'exprimer. La collation des benefices vacans
n'est pas une chose si pressie, comme Tadministration des sacrements
• ou dela justice, et se peult diff^rer pour quelque temps moder6. Le droit
commun donne six mois k Tordinaire pour y pourvoir, et vous sgavez
votre coustume de Normandie touchant les dep6ts es eglizes mesmes
parrochiales, qui importent le plus pour la cure des ftmes. Oultre que
de tout le royaume de France, ains de toute la chrestiente, on envoye,
et est-on constraint d'envoyer, non-seulement hors le diocfese, mais
jusques k Rome, pour les resignations in /aoorem^ qu'aultre que le
Pape ne peult admettre.
En second lieu, vous dites que jamais une telle clause reservatoire
n'ha este apposee aux vicariats expediez par tant d'hommes illustres
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— 453 —
qui ont possM6 cest ^veschS et les autres de la France. Mesaieurs/
quand ainsi seroit, encore ne faudroit-il point condamner pour oda
eeste clause, laquelle necontient aucun mal en soy, et ha est^ adjout^
pour les bonnes considerations que je vous ay mises cy-dessus. Mais
vous asseurez une chose que vous ne pouvez sgavoir, n'ayant point
veu tous les vicariats qui furent jamais passez en France. D'advantage,
ceste clause que vous abhorez si fort, est si favorable et si priviligife
de droit, qu'elle est tousjours surentendue en tous vicariats, esquels ne
se parle point de la collation des benefices. Car si la faculty de confirer
n'y est donn6e nomm^ment et express^ment, le droict entend que le
vicaire ne Tha point, et que Tivesque ou autre coUateur ordinaire se
Test reserve. Et pour celk il n'est pas mesme ndcessaire d'exprimer lad.
r^rvation, comme je pouvais me passer de la mettre et Veuase omise
neuai eaU la cinquieame consideration que je vous ay touch^e cy-
devant.
D'advantage, vous ne pouvez ignorer que quelque faculty de
conf^rer que les ^vesques de France donnent en apparence k leurs
vicaires, si est-ce que, en efifet, ils la leur limitent par des secrets
mdmoires, instructions et listes qn'ils leur donnent k part^ hors leurs
vicariats, et veulent estre maistres des collations eux-mesmes,de fagon
que en celk les vicaires loyaux et fidfeles ne sont que exteuteurs de la
volont6 des ^vesques, et chacun de vous en ce qui vous touche et en oe
que vousavez^ donner avez accoustumi de le faire vous-mesmes, et
ne voulez pas qu'on sgache le gr6 k un autre plus tost que k vous
mesmes. Pourquoi done trouvez-vous si mauvais en moy, une chose
qui est bonne en soy et que le droict surentend en tous vicariats quand
il n'y est point parl^ des collations, et que tous les autres ^vesquesfont
en effet, sinon en apparences, et que vous-mesmes faictes en vosa&ires
propres, k loutes les occasions qui s'en pr^sentent?
En troisiesme lieu, vous dites, Messieurs, que ceste clause r^serva-
toire est contraire k la manutention de mon nom, de TEglise, de votre
chapitre et de mes officiers.
Ce serait une puissante objection si elle estoit vraye, mais soubs
correction, il est tout autrement. Car cette clause est borme k maintenir
' mon nom, et TEglise, et le chapitre, et mes officiers. Et je m'en vay
vous le monstrer en tous ces chefs, Tun aprfes I'autre.
Quant k mon nom, il s'en mainliendra mieux envers toutes sortes de
gens. Car, d*un cost^, les gens de bien, qui regardent principalement k
rhonneur de Dieu et k I'ddification de I'Eglise, diront queerest bien
faict k moy d'avoir soin de bien coUoquer moy-mesme les benefices et
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— 454 —
les charges ecclAsiastiques en personnes que je sgauray estre dignes, et
mesmement en un temps si desbauch6 et corrompu que cestuy-cy, et
dene m'en remettre point k la discretion d'autruy, Ik ou, si je faisois
autrement, ils diroyent que j'aurois pen de soin de mon debvoir, et de
ma conscience, et de TMification de TEglise.
D'un autre cost^, les hommes du monde, qui regardent plus k I'uti-
liti et k rhonneur mondain, diront (encore qu'il n'en soit rien) que je
suis un habile homme et que j'entends bien le pair, en ce que je veux
sgavoir k qui je donne les b6n6fices de ma collation ou pr&entation, et
dime mieux qu'on m'en sache le gr6 k moy que k mes vicaires. Et si jp
faisois autrement ils diroient que je serois un sot.
Quant k TEglise^ elle se maintient aussi quand les pr^lats ont soin
de leur debvoir et qu'ils advancent aux charges eccl^iastiques gens de
Wen et sgavans. Comme au contraire elle se deslruict et mine par la
mauvaise vie et ignorance de ceux qui debvroyent r^gir et gouvem»
les autres par leur vie exemplaire et par leur doctrine et bonnes et
saintes instructions.
Aussi ne me nierez-vous point que Thonneur et reputation des chapi-
tres ne soit maintenu quand les 6vesques conferent les canonicats et les
dignitis a personnes de m6rite. Mais sur ce poinct de chapitre, vous
adjoustez que vous serez not6s k la posterity d'imbecillit6 de n'avoir peu
garder Thonneur qui vous a este acquis par tant d'annfes d'estre Ton
des premiers chapitres de France. Messieurs, ja ne plaise k Dieu que
je diminue jamais un seul point de votre honneur. Au contraire, je
disire Taccroistre et augmenter. Mais je ne puis comprendre (et vous
ne le dites point aussi) comment et pourquoy votre honneur diminuera
si je pourvois moy-mesmes aux benefices qui sont de ma pleine colla-
tion ou de ma presentation. Aussi n'y ha-t-il aucune apparence en cela.
Et toutesfois vous redoublez et dites que ce seront les premiers ser-
ments que vous requerrez de moy, lorsque Dieu me fera la grace de
faire mon entree. Et un peu plus bas vous adjoustez que votre resolu-
tion de n'homologuer mon vicariat est fondle sur les serments que vous
avez prestez k I'Eglise d*en conserver les droicts et libertes. Mais est-ii
possible, Messieurs, que vous ayez privilege et preste serment de n'en-
durer point que T^vesque de Bayeux pourvoye luy-mesmes aux bene-
fices de sa pleine collation ou de sa presentation, ains qu'il sera cons-
trainct d'en donner la facuUe k un vicaire qui disposera des benefices
de revesque comme il plaira and. vicaire? Cela est-il des droits et
libertes dcTEglise de Bayeux? Et, kmon entree, vous me presenterez
celi k jurer avant toules choses ? Et il faudra que je le jure? Non, non.
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- 455 —
Vous y aurez mieux pensd entre cy et % et aurez trouv4 que vous
n'avez aucun tel privil^e, et que les droits et libertez de I'^lise de
Bayeux ne portent point que T^vesque, qui en est ie chef , soit despouill^
du premier de ses droicts et libertez, et par ses chanoines r^uiot en ser-
vitude de ses vicaires, qu'il ha droict de mettre et desmettre, selon qu'il
jugera estre expedient en Dieu et conscience. Aussi trouverez-vous
apr6sy avoir bien pens4 que vos majeurs n'ont point acquis I'honneur
que vous dites d*estre Tun des premiers chapitres de France en pr6ten-
dant des choses si desraisonnables et extravagantes; ains plus tost ense
contentant du leur et conservant k leur 6vesque le sien, et vivant en
bonne intelligence et amitii avec luy et s'accordant ensemble eux et
luy k bien servir Dieu et k ^'fier son Eglise. Et apr^s tout cel^^ vous
trouverez encore que vous ne serez jamais not^s d'imbedllit^ pour
vous estre content6s de la raison etn'avoir oultrepass^ votre debvoir,
et que imbeciles sont ceux qui se laissent emporter k des disirs et pre-
tentions injustes et k des app^tits desraisonnables^ et que ce seroit
moy qui serois justement not6 d'imbdcillite si je m'estonnois et me
dSpartois de mes bonnes et sainctes r^olutions pour des paroles si mal
fondtes et si pen considirtes.
A ce poinct du chapitre se peuvent r^f^rer encore quelques autres
mots qui ensuivent en votre lettre, k sgavoir : qu'il semble que je ne
veuilie user d'aucune gratification envers vos particuliers comme out
faict mes devanciers; et plus bas, que au lieu de vousencourager aprfes
avoir est^ par vous despendeu k r^parer les mines de l%lise depuis 12
ou 15 ans en <^ plus de douze mille escus, on me veult persuader de
vous traicter comme gens indignes d'aucune recommandation et me
requerez de vous faire ressentir la mesme bienveillance delaquelle mes
pr^&esseurs vous ont obliges. Sur quoy je vousprie de vous souvenir
de ce que je vous ay mis au commencement de la pr6sente, que jeseray
tousjours prest k vous faire tous les plaisirs et gratifications qui seront
en ma puissance. A quoy j'adjousteray maintenant que je ne cMerai
jamais k personne Tadvantage d'estre plus dispose et prompt a vous
gralifier, que je suis et seray toute ma vie, de tout ce que je pourray, et
que nul n'ha jamais tkch6 k me persuader le contraire, comme je ne
suis non plus homme qu'on peust destourner de la bonne inclination
et affection que je doibs k ceux que Dieu ha conjoints aveomoy d'un
particulier lien de charit6 et de f raternit6. Aussi ne debvez-vous point
vous laisser persuader que je ne veuilie gratifier vous et les vostres.
parce que je me reserve la provision des benefices dema libre collation
et de ma pr^ntation. Car une des occasions pour lesquelles j'ay faict
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-^456 -^
ceste r&ervation ha est^ pour avoir de quoy gratifier et vous et tes
vostres el autres que je cognoistray le m^riter. Mais pourquoy aimez-
vous mieul estre gratifi& du mien par mes vicaires que par moy-
mesme t Pourquoi voulez-vous leur avoir obligation du mien plus
to^t que k moyt II faut qu'il y aye quelques mystferes que je ne puis
pin^trer. Laissez-vous entendre, je vous prie, et je vous respondray
avec la mesme franchise et rondeur que j'ay faict jusques id. Mais
c'estassez parl6 de ce qui touche au chapitre.
Quant k mes vicaires et officiers, vous dites qu'au lieu de les auto-
riser parmi le pays, ils seront, par ceste r&ervation, rendus ridicules.
A quoy je vous responds que si la provision des Wn^fices autorise parmy
le pays, vous, ni mes vicaires, ni autres ne debvez trouver estrange
que je relienne ceste autorit^ pour moy, puisque Dieu me I'ha donn^e.
Aussi ne doibs-je poinct me d^sautoriser moy-mesme pour autoriser
mes vicaires. Au demeurant personne n'est rendu ridicule pour n'avoir
plus de puissance sur le bien d'autruy que le maistre ne luy en bailie,
mais bien sont ridicules ceux qui convoictent et mendient plus de pou-
voir sur Tautruy qu'on ne leur en veult donner. Et possible encore
plus ridicules ceux qui par importunity de tels a\tiris se despouillent du
leur pour en revestir et embellir autruy. Et veux que vous s^achiez que
la grande convoitise que j^ay aperceue en quelques-uns de conterer mes
binifices m'y ha faict aller plus retenu et me donne aujourd'huy k
croire que j'ay faict encore mieux que je ne pensois. Car si ils trouvent
mauvais que je conffere les btJn^fices que Dieu ha mis k ma collation et
veulent les conf^rer eux, comment pourrois-je trouver bon qu'ils ayent
si grande enviede les conf6rer, eux, qui n'y ont rien ?
En quatriesme lieu vous me remonstrez que ceste reservation pr^ju-
diciera par delJi au bien de mes afifaires et que j'y doibs bien penser,
avant que les choses soyent plus recongneues et divulguees. A vous
ouir, Messieurs, il sembleroit que j'eusse faict chose fort honteuse et
dommageable, qui eust grand besoin d'estre cachte. Et si je ne sgavois
comme le monde va, vous me donneriez quelque scrupule.
Mais je scay trop, que nous sommes en un monde et un sifecle,
auquel on tient plus de compte de ceux qui ont le plus k donner et sert
on plus volontiers ceux, de qui on attend plus de bien et de profit.
Tenement que si mes vicaires confdroyent mes benefices, chacunseroit
plus soigneux de faire les affaires de mes vicaires que les miennes.
Mais quand je feray moy-mesmes les gratifications qui ddpcndront de
moy, chascun sera plus soigneux de s'employer pour moy^ et de se
garder de m'offenser, voire vous mesmes qui en parlez si advant. Et
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— 457 —
mes a£Faires en iront mieux. Parainsi je ne crains point que lad. clause
soil divulgu^e, et me contente que si on veut, on fasse imprimer mon
vicariat et encore ceste leltre au bout. Voulant en oultre que chacun
sgache que je distribueray esgalement k tous, tant mauvais que bons,
ce qui sera de justice; mais ce qui sera de grdce et de Iib6ralit6 sera par
moy d^parti aux bons et modestes^ selon qu'ils auront bien mintA de
FEglise et de moy.
Ouy mais, me direz-vous, il se pourra trouver quelques particuliers
inl&ressez qui, en haine de ceste reservation, traverseront vos affaires
en autres choses. A la v6rit6, Messieurs, il pourroit bien estre que
quelques-uns ayant faict des desseins sur la faculty de conf^rer de mes
vicaires, fussent fasch^s de ceste r^ervation. Et quand je considfere de
plus prte ceste qu^rimonie, k laquelle je responds* il me semble qu'elle
soit plus tost leur que v6tre, et que en ceste partie de votre lettre, vous
n'ayez faict que leur presler votre nom, sans y avoir assez bien pens6.
Mais quant k la traverse de mes affaires, asseurez-vous que nul homme
de bien ne les traversera, puisque en voulant faire bien moy-mesme,
de ce que Dieu m'ha mis en main, je ne fais tort k personne. Que si il
se trouve quelque kme meschante, qui entreprenne de les traverser, je
lui rendray guerre juste pour guerre injuste, et luy feray sentir que
je scay comment il faut se deffendre de tels gens et encore comment et
par oil il les faut attaquer et les d^sarmer et humilier et les r^duire au
petit pied.
Et grftce k Dieu les moyens ne m'en manqueront point. J'enlends
tousjours avec raison et justice et sans menasser personne, sinon qui
me fera tort. Je vous prie done, Messieurs, ne craindre point ces
traverses pr6tendues, et en mettre votre esprit en repos; et quant et
quant croire que par crainte ni importunity, on n'aura jamais rien de
moy, mais amiablement et de bonne volenti, je feray tousjours pour
vous et pour les vostres en g6n6ral et en particulierr tout ce que un
homme de bien et bon ^vesque pent faire pour ses chanoines et chapitre.
A tant je prie Dieu qu'il vous doint. Messieurs, accroissement de ses
sainctes graces et b^n^ictious.
DeRome, ce 17.juin 1602.
A Messieurs, Messieurs les doyen, chanoines et chapitre de T^glise
de Bayeux. L+S
Le sceau, de forme elliptique, est entour^ de la l^ende : arnaldus.
CARD. OSSATUS. EPS. BAJOCEN.
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LA GASCOGNE
dans rinventaire des Archives dipartemeBtales de Bordeaix
II
1778-1779. Arrestation des maire et jurats de la paroisse de Bidard
(Hautes-Pyr6n6es). — 1775-1778. Ordonnances de Tintendant pour
auioriser la communaul^ de Mimbaste (Landes), h suivre, au parie-
ment de Bordeaux, un proofs pour droit de p^turage contre la commu-
naut6 de Saugnac; la communaut^ de Seignanx (Landes) k s'imposer
pour avoir un regent; la communaut6 de Poyartin (Landes) k s'im-
poser pour payer les frais d'homologation au parlement des statute
qu'elle vient de faire sur ses communaux, landes et bois. Restriciion
de la vaine p^ture dans les pays de Labour et de Marsan : projet d'Mit
par M. d'Aine, intendant de Bayonne, sur la cl6ture des heritages et
I'abolition du parcours, k 6tablir dans Tilection des Landes. Requites :
de la noblesse de Labour sur ce qu elle acquitte le huiti^me des impo-
sitions totales, ne poss^ant pas, k beaucoup pr^, le huiti^e des
biens; des quatre pays d'Etats de la G6neralite, repr&ent^s par celui
de Marsan, defendant contre le ministre Necker leur privil^e, fond^
sur la nature du pays et sa culture, de ne payer leurs imp6ts, ainsi
que le Beam, que vers le milieu de la premiere ann6e, etc. — 1768.
M^moire sur les frais de conlrainte dans les Elections d'Agen, Sarlatet
Condom. Projet de rfeglement en soixante articles pour les Elections de
Condom et d'Agen. — 1747. Comptes de la capitation et du dixi^me
des 61ections de Sarlat, Agen et Condom. —1771. Elections de Condom
et d'Agen. Dteharges aocordtes k la suite du d^bordement d'avril 1770,
et 6tats des particuliers atteints par le fl&iu. Dteharges d'impositious
aux pferes de dix enfants (1). — Etats de com paraison pour 1750 et
1751 des r6les du vingtifeme dans les Elections d'Agen et de Condom.
1701. Tableau des charges du comt^ de Bigorre (2). — Plans visuels
des mesures de biens de T^lection de Condom, distribute par les com-
raunautfe oil elles sont en usage, et nomenclature des bourgs et pa-
roisses auxquels s'applique chaquc mesure. — 1768. Tableaux et etats
• Voir la livraison de juillet-aout 1894, p. 366.
(1) Signalons, en!773, un Etatdes moins imposes personnels aocord6s aux
p6res de dix enfants, nombreux dans I'Agenais. Des p6res de dix en£ants, si
nombreux alors, ou en trouve-t-on aujourd'bui, ublnam aunt t
(2) Voir (p. 13) I'^tat des feux taillables du pays : Tarbes, 114: Bagneres, 63;
ArgelSs, 12; Lourdes, 65; Luz, 26, etc. Total, 2,041 feux pourle Bigprrcet 11,000
pour le B^ara.
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— 459 —
de comparaison de la taiUe dans les Elections de Condom et d'Agen. —
1767-1776. Impositions de T^lection des Lannes et pays de Marsan,
Labour, etc., et sp^ialement des villes de Dax, Bayonne, etc, — 1684*
1754. Ville et banlieue de Casteljaloux (Lot-et-Garonne). ImpAt dit
Souchet de 3 livres par barrique de vin vendu au detail, autoris6 par
arr^t du conseil de novembre 1661 d'abord pour le paiement des dettes
oontract^es par la ville pendant les guerres de religion; affect^ en 1684
par un autre arr6t du conseil, obtenu sur la demande du chapitre, k la
reconstruction de T^lise Notre-Dame 6rigte en coll^giale par Alain
d'Albret en 1521, ruinte et rasee en septembre 1568 par I'armte pro-
testante du sieur de Montemat (t), les tombeaux des Albret ouverts, les
titres et les livres brul6s; pergu directement par le chapitre sans la par-
ticipation de la ville, depuis 1684 jusqu'en 1759 et aprte 50,000 dcus
de perception, les ouvrages toujours commences et jamais finis; pro-
rogi de vingt-trois ans, sur les instances du chapitre, pour le produit
6tre afifect6 au remboursement d'avances que Tadjudicataire aurait
faites : la ville demande enfin la justification des sommes pergues et la
preuvede leuremploi (1). — 1764. Chaire de physique exp^rimentale
et de math^matiques^ Bordeaux, projet^e par Tourny et le mar6chal de
Richelieu, dont le plan est donn6 par Romas, lieutenant assesseur au
si^ de N6rac (2), dans lequel celui-ci inum^re ses experiences sur
r6lectricit6, sa m^thode pour relever la latitude en mer par un temps
n^buleux au moyen de I'inclinaison de Taiguille aimantte, son proc6d6
pour accourcir de prfes de moiti6, et ensuite des deu? tiers, le telescope
k reflexion de Newton, et sa m6canique dite du cadran universel, appli-
cable surtout k Tastronomie et k la marine; originality de son plan de
cours de physique, en ce qu'il ne sera fait qu'en frangais, etclairement,
en opposition k la physique latine des collies, oii les phrases rempla-
cent les instruments et les machines; il se propose, au contraire, de
n'admettre que les consequences resultant directement des experiences
et des observations (3). — 1730-1777, Imprimeries dans les villes de
(1) Voir d*autres documents qui permeltront de completer la Monographie de
Caateljalotuo par Samazeuilh, par exemple (p. 59, apr^ 1775) sur le retard et
le refus de la Cour des Aides, exil^e en cette ville, en punilion de son opposition
aiix ordres du roi, de recevoir son premier president, le sieur Duroy, et (p. lEO,
en 1781) sur le projet de dessdcher un marais qui louche aux murs de Castel-
jaloux.
(2) Je reclame un buste pour le grand physicien sur le cours Romas, ^ N^rao,
avec cette inscription fournie par deux pontes de Tantiquitd, cbacun d'eux y
aUant de son hexam^tre :
Eripuit coelo falmen; tulit alter honores.
(3) Bravo, Flomas! VoilJi bieu la vraie m^thode : res, non oerba, Je constaterai
seulement que, dans ces sages id^es, Romas a M devanc6 par un de ses plus
illustres compatriotes, Bernard Palissy, auquel, si je ne craignais d'abuser des
latinades, j'appliquerais I'^loge donn6 a spa saint bomonyme : Bernardus nur{»
quam satis laudatus.
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— 460 —
la g6n6ralit6 : Agen, Bayonne, Condom, Libourneet Sarlat. — 1594.
Maison de Foix de Candalle. Testament de niessire Fr. de Foix de
Candalle, chevalier de Tordre du Sainl-Esprit, 6v^ue d'Aire, conseil-
ler du roi en son Conseil d'Etat, seigneur de Puy-Paulin, de Cas-
telnau en M6doc, etc. (1). — 1735-1746. La demoiselle de Monluc-
Montesquiou, en proc&s d'argent centre un genlilhomme, demande
I'envoi, pour terminer les contestations pendantes, d'un lieutenant des
mar^chaux de France. — - 1652. ProcMure criminelle dress^e d'abord
par le premier consul de la ville de La Bastide d'Armagnac, k la
requite du sieur Prugnes, vicaire-g^n^ral de T^v^que d'Aire, el conti-
nu6e ensuite par devant le lieutenant criminel de Marsan, de ce charge
par rintendant d'Aguesseau, centre Mallide, ministre deLaBastide,et-
autres anciens du consistoire, au sujet de Texercice de la religion p. r.
— 1675. Lettre adress^e k Tintendant par TabW de Macaye, deman-
dant, au soutiend'une ordonnance provoqute par lui centre le s^n^chal
de Saint-Palais, renvoi de gens de guerre; ledit s6n6chal, J. d'Oyb^
nart, voulant int^resser le mar^chal de Gramont centre TautoritS de
rintendant en Basse-Navarre. — 1672. Les sieurs de la Brouthe,
Mothes et Martial, au nom de la communaute de Buzet (Lot-et-
Garonne), centre la dame dudit lieu [ma chfere marquise de Flamarens],
au sujet de la mobility de certains fonds; cahiers des tailles de cette
paroisse pour les anntes 1617, 1620, 1631, 1635. —1669-1676. Les
bayle et jurats He Saint-Jean de Luz centre le syndic du chapitre Notre-
Dame de ladite ville, au sujet du remboursement des sommes dues
audit chapitre, k raison de la vente faite k ladite communaute de la sei-
gneurie et droits honorifiques dudit Saint- Jean de Luz. — 1737. Etats
et pieces justificatives des dettes de la communaut6 de Vielle, ste^
chausste des Lannes, juridiction de Saint-Sever, la verification des-
quelles avait ^t^ ordonn^e par I'intendant de Besons. — 1698. La
dame veuve d'Ossun, centre les Etats deBigorre, au sujet d'une sc«nme
de 8886 livres restant d'une plus forte somme emprunt6e par feu
M. d'Ossun, par deliberation des Etats de Bigorre, pour obtenir la
suppression d'un presidial etabli k Tarbes. — 1717. Les consuls de la
ville de Laromieu, comme capitale du mar^^uisat de Fimarcon. — 1671.
Les consuls de la ville de Condom, tant anciens que nouveaux, centre
le procureur du roi an si6ge, et un soi-disant syndic de la communaute
de la meme ville, au sujet de reiection des nouveaux consuls dent il y
avait deux listes discordantes, k raison de quoi ledit procureur du roi et le
syndic s'etaient portes appelants. — 1673. Les conseillers magistrals de
Bayonne et les echevins, au sujet du droit respectivement pretendu sur
la course des boeufs qui devaient dive tues par la boucherie, lequel droit
avait ete exerce en fait par les echevins, k Texclusion du magistral qui
(1) Document analyst dans Notes et documents Mdits pour scroir d la bio-
graphic de Chrlstophe et de Francois de Foiw do Candalle, ^oiques dAlre,
pubUes ici meme (1877). Voir tirage k part, pp. 24-30.
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— 461 ^
Ataiten police, ce qui avait occasionn6 certains excfes. — Titreset docu-
ments de la maison de Foix de Candalle conserves au d6p6t de Tinten-
dance (1773), la seigneurie ayant6l6 achet^ par Louis XIV en 1707.
— 1777. Sedition populaire arriv^e dans les Landes, oil les paroisses
de Poyanne, Saint-Geours et Laurfede s'^tant assemblies en armes, le
mar^al de Mouchy avait donn^ ordre au lieutenant des martehaux k
P^rigueux de se transporter sur les lieux, assist^ du nombre de briga-
des qu'il jugerait nteessairep — 1776. Procedure faite au pr&idial de
Dax centre vingt-sept particuliers de Bayonne, voleurset falsificateurs
de vins qui se sont tons expatri6s pour ^viter condamnation, et deux
cent quarante autres complices, ou fauteurs de la fraude, bateliers, bou-
viers, charroyeurs, etc., poursuivis k la requite du syndic des mar-
chands de vin de Mugron (Landes). — 1777. Le sieur Duburg^, de la
paroisse de Nousse (Landes), a bien m6rit4 du gouvernement et du
public par la ressource dont il a 6ii pour les grains de subsistance pen-
dant la disette de 1777. — 1780. A propos de la banqueroute du sieur
Caron (de Beaumarchais), mention de son projet de d^richement dans
les Landes. — 1784. L'abb6 de Polignac, vicaire-g6n6ral de Metz, en
residence k Condom, recommande un d^biteur de Tonneins, pour un
arr^t de surs6ance (1). — 1788. Mention de Verdier, ancien maire de
Bayonne, ruin6 par son fond6 de pouvoirs dans les affaires commer-
ciales, pendant qu'il 6tait k Paris k Tassemblte des notables, et de Les-
seps, de Bayonne (2), ancien consul gdn^ral de France en Russie. —
1788. Les sieurs Castets et Testelin, marcbands de Dax, sont cbarg6s
par leurs concitoyens de presenter k Tintendant un placet en forme de
remerclment au roi pour Tinstitution d'un grand bailiiage k Dax. —
1789. Surs^ance pour le sieur de Feuillide, ancien capitaine de dra-
gons, ayant obtenu, en 1782, la concession des marais de Gabarret,
Barbottan, Cr^on et Herr6, d'une contenance de cinq mille arpents, et,
au moyen de canaux et travaux d'art, dessech6 une partie considerable,
k Tavantage de la sant6 publique, de Tagriculture et de tout le pays
environnant, mais ruin6 par ces entreprises. — 1770-1771. Inonda-
tions. Etat des pertes et des secours : la subdil^ation de Bordeaux a
perdu 1,147,000 livres; les subd^l^ations de La R6ole, Marmande,
N6rac, Condom, Bazas et Casteljaloux, ensemble ont perdu deux mil-
lions; TEtat accorde cent mille livres de deniers comptant, en forme de
premier secours; on dresse, en outre, des tableaux de proposition de
d^charges sur les vingtifemes. — 1769. Envoi par le gouvernement de
(1) Voir (p. 85) une attestation d^livr^e, k la meme date, par le m^.me vicaire-
g^n^ral au sieur Labarre, n<^gociant de Bordeaux, pour services rendus pendant
la disette.
(2) Au commencement du m^me si^cle nous trouvons un M* Lesaeps, notaire,
mentionn^ (1719) comme gardant en son 6tude les minutes des statuts des ton-
neliers de Bayonne, statuts dont Tanalyse remplit en entier une des colonnes de
la page 139 de rinventaii'e. Faut*il Tidenti&er avec le « Lesseps, maire de
Bayonne, » mentionn6 en un dossier de 17^ et ann^es suivantes (p. 254) ?
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— 4® —
graines de pin et de pommes de terre pour planter dans les landes.
Cette demifere, 6crit Tintendant Fargfes au sujet des pommes de terre,
€ a 6t6 regue avec plaisir, et comme il s'est trouvi dans quelques pa-
roisses des cur& originaires des provinces ou cette plante est cultivfe,
j'ai lieu d'esp6rer beaucoup de succ^ de leurs encouragements; j'ai fait
faire du pain avec des pommes de terre dans les proportions indiqu6es
par lemimoire imprim6 (1).» — 1731, Mention de Malvin,gentilhomme
de N^rac [un Malvin de Montazet] dont les bois de pins et ch^nes-
lifeges ont 6t6 incendi6s k Lausseignan en Albret, dans Tilection de
Condom. — 1761 etanntes suivantes. Proems de Tabbaye Sainte-Claire
de Mont-de-Marsan centre les jurats de Gabardan sur Texemption de
toute imposition royale. Procte contre Tev^ue de Condom et son cha-
pitre sur des biens que Tilection vient de declarer roturiers, et par
cons^uent taillables. Demandepar la ville de Tartas du r^tablissement
en safaveur de Fusage ancien selon lequel les vins des habitants ^taient
vendus au detail dans les Mtelleries, par pr^Krence aux vins des fer-
miers; Tintendant repousse cette demande en s'appuyant sur ViAii
d'avril 1776 qui a ^tabli la liberty et la concurrence du vin dans toutes
les provinces. — 1777-1778. Compte des impositions du pays de La-
bourtet des bastilles de Tursan, Marsan et Gabardan, demandepar le
directeur g6n6ral des iSnances Necker. — 1779. Projet de b^tir une
nouvelle ville pour remplacer celle de Saint- Jean de Luz, et les eiemp-
tions demand^s par les sieurs Lemit, entrepreneurs de cette crdalion.
— 1780. Demande par le ministfere qu*il soit dress6 dans les subd^l^-
gations de Casteljaloux, Thiviers, Monflanquin, Villeneuve, P6ri-
gueux, Sarlat, N6rac, un 6tat des usines (2), forges et bouches k feu
qui y existent,^ ainsi que verreries et faienceries. — 1783-1787. Preten-
tion de la ville de Condom d'etre un franc-aller roturier, en vertu d'un
arr^t du conseil de 1693, qui Taurait reconnu en cette quality. Excfes de
z^le d'un pasteur protestant de N^rac qui y tient des pr^ches publics et
qui est engage k la reserve et k la circonspection. — 1783. Protestation
des Etats de Bretagne contre Tintroduction dans le Labour et le pays
de Bayonne, par le port de Saint-Jean de Luz, des sardines d'Es-
pagne. (C'est la lutte entre la sardine bretonne et la sardine etrangfere.)
Correjspondance de Tintendant avec le directeur general, justifiant le
retard du versement des impositions du pays de Labour; trente-cinq
paroisses, un sol infertile, Tabandon de la p6che de la morue par la
levte pour la flotte royale de tons les marins du pays, I'emigration eu
(1) C'est I'occasioa de rappeler que le o^l6bre agronome Parmentier n'a pas
acclimate la pomme de terre en France, mais qu*il a eu le m^te d'en propager
la culture. Le pr^cieux tubercule ^tait connu et gout^ bien avant le rdgne de
Louis XVL Voir divers t^moignages ^ cet 6gard dans Deaof Liores de raison de
VAgenais, (Auch, 1893.) II est question de Parmentier et de son traits sur les
D^taux nourriasanU Ouin 1781) h la page 120.
(2) Observation philologique : les subd61^gu4s demandent tous ce que signifle
le mot XMine, Ce n'^tait pourtant pas un neologisme.
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— 463 —
Espagne de ceux qui peuvent se sauver; d'aill^urs les impositions fran-
ijaises n'y datent que de trfes peu de temps. — 1782-1786. Echaiige
entre le domaine et le sieur Ducrot de Betbdder, d'un droit de p^cherie
sur TAdour, dans la paroisse de Saubusse, utile k d6lruire comme
6tant un obstacle k la navigation. — 1769-1780. Autorisation k donner
k la ville de Condom de lever sur elle-mftme une imposition deslin^ k
subvenir aux frais d'un proems auquel elle veut se rendre partie avec
quelques particuliers, sur quoi Necker s'informe si cette communauti
est vraiment int6ress6e k le faire. — 1779. Projet formi par M. de
I'Horte, n^ociant k Bordeaux, et travail fait sur ce projet par le baron
de Villers, d'6tablir un port de guerre dans le bassin d'Arcachon,
devant communiquer par un canal, d'un c6t6 avec Bordeaux et de
Tautre avec Bayonne; les consequences de ces travaux devant fetre la
fixation des dunes de sable au moyen propose d'un syst^me de clayon-
nage partant d'abord de la mer, au point ou les hautes martes ne vont
pas, pour continuer de proche en proche jusqu'aux terrains habitus,
aprfes quoi le sable fix6 pourrait recevoir des semences d'arbres. —
1784. Lettre des officiers municipaux de Bayonne et une du maire de
la ville d'Aire, adress6es ^Fintendantsurleschangements qui viennent
d'etre faits dans la g6n6ralit6 de Bordeaux et dans ceUe d'Auch. —
1695. Pension accord6e au pr&ident de Gourgues, pour r6compenser
en sa personne une famille ayant servi honorablement sous quatre
rois,et dont un des membres, Dominique de Gourgues, avait conquis k
ses frais et d6pens la Floride au temps de Charles IX. — 1779. Pro-
position par le due d'Aiguillon de T^tablissement d'une maltrise des
Eaux-et-For6ts k Aiguillon pour les s6n6chauss6es d'Agen ,et de Con-
dom. — 1745. Passage de Madame la Dauphine (infante Marie-Th6-
rfese). Etablissement du gite k la cure de Captieux, crois6es k vitrer et
cbemin^e k faire dans la chambre ou couchera la Dauphine. Plantation
improviste, par ordre de I'intendant Tourny, sur une itendue de 800
toises k Tentr^e de la g6n6ralit6, dans l^s landes de Bazas et Captieux,
d'une all6e de pins, bien choisis, et bien align^s k 24 pieds de distance,
devant presenter Tillusion d'arbres depuis longtemps plant^s (1). Precis
verbal de la reception faite a Bayonne k la princesse. — 1774. M6-
moire au sujet de trois eglises de N6rac, capitale du duch^ d'Albret,
toutes trois ruintespar les troubles. — 1769. Correspondance des inten-
dants de Bordeaux et d'Auch, concemant les proems intent6s k la ville
de Peyrehorade (Landes), par le seigneur du lieu, baron vicomte
d'Orthe, et par sa fille, la comtesse d'Aspremont de Montreal, sur tout
Tensemble des droits de jurade : la sonnerie k deuil lors de la mort d'un
(1) Cela laitpenser au prince Potemkine improvisant des d6cors d'op^raen Cri-
m6e partout ou devait passer Catherine et persuadant ainsi k la princesse dont il
^tait le iavori, que le voyage triomphal s'accomplissait en une province des plus
riches et des plus prosp^res. J'aimemieux les pins de Tourny que les villages et
les arbres de carton de Potemkine. C'^tait plus nature.
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— 464 -^
jurat, le port du chaperon, Texercioe de la police en gdn&ral (pmds et
mesures, vin, boucherie, souchet,feu de la Saint-Jean), la pr&entation
au seigneur des magistrals 6lus en assemblde, la possession d'une mai-
son commune, tous ddnife ou contest6s par le seigneur (1); k rocca-
sion de quoi Tintendant de Bordeaux 6crit k celui d'Auch qu'il a
« reconnu dans les pretentions de M"»® de Montniial le systfeme oppressif
du plus dur des seigneurs sur ses vassaux. » — 1745. Consultations
de m^decins : Descamps k Lectoure, Daubon en B&im, Sarramea k
Leyrac, Bordeu k Pau, relativement k une 6pid6mie qui a r^gnA en
Gascogne en celte annde 1745; elle terrorise Fleurance, Lectoure,
Auch; on fait la garde k Condom et Ton a arbori le drapeau noir aux
clochers des ^lises. *
(A suivre.) Ph. TAMIZEY de LARROQUE.
QUESTIONS ET RfiPONSES
296. Sur une Idgende de Oasoogne
On lit dans le compte-rendu du banquet oftert par la presse k I'Hdtel
Continental, le 19 juillet 1894, aud6put6italien Bonghi : « M. Hebrard clot
la sdrie des toasts par un speech tr^ suggestif dans lequel, faisant allusion
k une l^ende de Gascogne, ilmontre Tltalie et la France d^vor^es du plus
ardent dteir de s'embrasser. M. H6brard boit au philosophe et k I'^crivain
Eminent qui est M. Bonghi. » Quelle est done la Ugende de Gascogne k
laquelle a fait allusion M. H6brard ? T. de L.
P,'S. Me sera-t-il permis de proflter de r6cca8ion pour reconmiander k
la sympathie de nos lecteurs la SocUU d'dtudes italiennes, rdcemment
fondle par men cher confrere, M. Charles Dejob, docteur 6s lettres, profe»-
seur de rh^torique au coll^ Stani»las, et presid6e par M. Jules Simon?
Naturellement, je ne me place pas ici au point de vue politique, Dieu m'oi
garde ! mais uniquement au point de vue litt^raire. Ce n'est pas dans une
Revue qui a Thonneur d'etre dirig^e par un des hommes de France qoi
connaissent le mieux, qui aiment le mieux les lettres italiennes^ qu'on
pourra s'^tonner de voir Tediteur de la correspondance de Peiresc, ce fervent
ami des Italiens de son temps, d'Aleandro, des Barberini, de Cralil^^ de
Gualdo, de Piqueria, de Pinelli, du cavalier del Pozzo et de tant d'autres
illustres personnages, insister pour que les deux plus admirables filles de la
civilisation latine marchent^ comme deux g^n^reuses sceurs, toujoon
d6vou6e8 Tune a Tautre, tou jours la main dans la main.
(1) D^cid^ment, ces descendants du vicomte Adrien d'Aspremont ^talent par
leurs tyranniques exigences trop dignes du terrible genUUiomme dont le maa-
vais caraci^re donna tant de fil ^retordre aux magistrats municipaux de la bonne
viUe de Bayonne.
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PUBLICATIONS HISTORIQUES^
III. Ouvrages snr le B6am
Histoire de Bdarn par Pierre de Marca. Nouoelle Edition ornde du
portrait de Vautcur et de plusieurs graoures aoec la me de Marca,
une gdn^alogie, la Bibliographic de ses ceuores et des Documents irU-
dits sur sajamilley par M. Tabb^ V. Dubarat^ aum6nier du lyc6e de
Pau. Tome i. Pau, impr. Garet; v« Ribaut, Lafon, libraires-^teors.
Magniflque vol. in-4* de cccvij-[viijl-xvj-452 pp. — Prix des deux vol.,
30 fr.; pour les souscripteurs, 25 fr.
Armorial de Biarn (1696-1701), jowt^t^ d'apr^s les manuscrits de la Bi-
bliothdque nationale et accompagnd de notes hiogPaphiqueSy hisioriques
et gdndalogiqueSy par A. de Dufau de Maluquer. Tome ii (et dernier).
Pau, v® Ribaut. 1893. Gr. in-8' de vj-593 pp., plus trois planches de
dessins d'armoiries. — Prix de ce vol., 16 fr. (le t. i, 12 fr.)
Le magnifique volume qui vient de sortir des presses de M. Garet et
qui ne leur fait pas moins d'honneur que la splendide r66dition du
« Br6viaire de Lescar de 1541 », nous apporte k la fois un travail trfes
Stendu sur la vie du savant bistorien Marca et la reproduction de la
moiti6 de son Histoire de B^arn, C'est assur^ment le premier mor-
ceau qui, k titre de nouveaut^, sans compter ses tr^s s^rieux mantes,
devrait attirer avant tout Tattention de la Revue de Gaacogne, Mais,
pr6cis6ment parce que cette copieuse biographie, trfes fouillde et trte
€ document^ », exigerait une longue 6tude qui ne pent se faire au
pied lev6, je vais tout droit k Tobjet essentiel de la publication, k la
nouvelle Mition du vieux chef-d'oBuvre, quitte k placer ensuite quel-
ques notes rapides sur la premifere impression que j'ai regue en feuil-
letant le long travail de M. Vabhi Dubarat.
U Histoire de B^arn, ce modfele de recherche et de discussion his-
toriques, est indispensable aux travailleurs qui s'oocupent soit de cette
region mfeme, soit des comt^ de Foix et de Bigorre, et en giniral de
toute notre chfere Gascogne. lis le savent d^s longtemps, certes, et on
pent en juger soit par Testime scientifique qui s'est attachie de plus en
plus k ce gros ouvrage, soit par le prix v^nal qu'on I'a vu atteindre.
Nagufere encore, il d^passait quelquefois 100 fr. dans les ventes publi-
ques et mfeme tel exemplaire, des plus beaux sans doute, est arrivi k
200» Depuis que la nouvelle Wition est annoncte, rin-foUo de 1640 a
du baisser de prix, mais il ne s'est pas vendu moins de 60 fr. Les 6di-
teurs actuels n'ont rien oubli^ pour remplacer avantageusement oe
voliune si difficile k saisir, surtout pour les bourses modestes.
(1) Voir au num^o pr^o^dent, p. 373,
Tome XXXV. 80
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— 466 —
lis ont voulu en faire, d'abord, un chef-d'oeuvre typographique, ^
ils y ont r^ussi. Sans dire le moindre mal du vieux in-folio parisien,
qui avait 6t6 trfes couveuablement ^tabli par la « veuve Jean Camusat »,
il faut bien convenir que Taspect de rin-4° de M. CJaret est plus agr6a-
ble, plus sympathique k Toeil, sans prejudice des quality solides. Le
prospectus n'a pas tort de vanter « les t^tes de chapitre, les rinceaux et
les culs-de-lampe dessin6s tout exprfes pour ce travail, les lettres or-
n6es rouge et Wane, un trfes beau papier teinte parchemin6 fabriqui
pour cptte Edition... » Tel detail pourra paraltre un peu trop m^6val
(j'entends surtout les lettres color6es); mais I'oeil ne s'en oflEense pas,
aucoatraire; et quant aux fleurons, qui n'ont pas pr6cis6ment la d^-
catesse de motif et de trait de la belle ^poque, ils r^pondent fort hien
au style artistique du temps de Louis XIIL
Le format adopts est encore une raison de pr4f6rence. Je ne sais qui
a prAtendu trouver dans les formats les plus usit^s aux diverses 6po-
ques un symbole de leur caract^re scientifique respectif : Tin-folio de
nos aieux|r6pondait au poids et k la solidity de leur instruction, comme
nos « charpen tiers > expriment la mesquinerie et la I^eret6delan6tre.
Je le veux bien; mais il faut aussi que nos muscles aient perdu les
trois quarts de la vigueur de jadis : soulever un in-folio est pour noos
ch^ifs une fatigue notable; pour ma part, combien de fois me suis-je
dispense dQ consulter, par exemple, tel ou tel des dix in-folio de Mo-
r^, p{^* management pour mon poignet, mais peut-^tre, h^las! aa
detriment de mon « information ». Merci done aux Miteursde Pau
d'avoir choisi le format in-4°, qui n'a d'ailleurs rien de mesquin, qui
m6me, vu la dimension et la force du papier, pourra paraltre tout autre
que l^er aux lecteurs et travailleurs contemporains.
Signalons encore ces heureuses additions mat^rielles : \me fiddle
reproduction du portrait de Marca, grav6 par Van-Schuppen d'apr^
une peinture de Van Loo et mis en t6te du De concordia en 1669; —
un beai^ titre initial, pleine page, du m^me Schuppen, qui convient
assez bien k I'ouvrage, malgr6 la surabondance des motifs po^ques;
-* le fac-simil^ du titre de Tddition originale, qui apaisera les regrets
des bibliophiles exclusivement s6duits par ce qui est primilif .
C'est trop parler de Text^rieur du li vre, quoique ce ne soit jamais on
c6t6 n^gligeable; venpns-en au contenu. Ici tout semble dit; car il ne
saurait 6tre question d'analyser ou d'apprfcier le chef-d'oeuvre de
Maicai dont les ^teurs n'ont voulu que reproduirele texte, t scrupu-
leuseiE^eatiespecte. » Tel n'^taitpas I'avis personnel de M. I'abb^ V.
IMibar^t. < II n'a pas tenu k nous, dit-il^ que les imperfections et les
desiderata de YHiatoire de B^arn disparussent. Nous aurions vouhi
qu'on imit&t ici ce que Ton a fait k Toulouse pour la r^^tion de
VBi$toire de Languedoc de Dom Vaiss&te; mais nous nous sommes
heurt^ k des difficult^ qui auraient compromis jusqu'k la r^impression
de I'ouvrage de Marca (p. Ivij)... » Certes, nous sommes tout heureux
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— 467*
aujourd'hui de jouir du chef-d'oeuvre des BinMiotins notaUement
enriehi, dans Tddition Edouard Privat, des conquAtes de r6raditi(m
contemporaine. Mais, en Wnissant d'autant plus la m6moipe de I'h^
ro'ique 6diteur, songeons bien qu'il a fallu pour mener k fin son entre-
prise vingt-dnq terribles ann^es, et des sacrifices d'argent plus terri-
bles encore. Gardons-nous done d'engager en pareille voie les 6di-
teurs de province, m6me les plus z616s. En ce qui conoeme VHisioire
de B6am^ ttlicitons-nous d'en avoir dfes aujourd'hui dans les mains
les qnatre premiers livres, avec la ferme confiance de ne pas trop
altendre les cinq demiers. Apr6s cela, sans trop presser le mot du
prospectus^ « la critique moderne n'a pas pu trouver de s^rieux d^aut
^notre histoire nationale, » sans m^nnaitre les d^aillances de detail
qu'il y aurait k relever dans cette oeuvre, souhaitons, mais n^esp6ron»
pas k bref d^lai, t un troisifeme volume de notes » destinies t k gov-
riger ce qu'il y a de d6fectueux dans V Histoire de B^arn. » C*est le
voeu de M, Dubarat; mais si un « intr^pide travailleur » qu'il connah
bien n'existait pas, j'aurais quelque peine k m'y assoder.
Done il y a lieu d'accorder sans scrupule ni restriction un aatisfecH
aux editeurs de Pau, pourvu qu'ils nous rendent, avec le respect
absolu qu'ils professent, le texte du volume de 1640. Dans le tome r
que nous tenons dejk, il y a, en plus, une table des mati^res, chapitre
par chapitre, quifaisait complfetementd^faut k T^dition originate. Celle-
ci se terminait bien, comme c'6tait dans le bon temps Tusage inva-
riable pour les publications de ce genre, par une table alphab^tique
6tendue; encore M. Dubarat la trouve-t-il insuffisante et nous fait-il
esp^rer, sauf les convenances des Editeurs, un repertoire plus complet
k la fin du nouveau Marca. Quoi qu'il en soit, I'absence de la table
proprement dite ^tait jusqu'ici une lacune f^cheuse, et saprfeencedans
cette ^ition est un vrai service rendu aux chercheurs; ce service serait
m^me plus appreciable encore, si Ton n'avait pas jug6 k propos d*a-
br^ger les sommaires des chapitres. Ces sommaires, dans le corps de
Touvrage, sont souvent trfes analytiques et assez etendus, parce que
Marca discute beaucoup et partant divise et subdivise voiontiers les
problfemes historiques et geographiques; mais ne serait-il pas commode
de saisir d'un coup d'oeil, k la fin du volume, toute la s6rie de ces par-
celles d'un grand ensemble, et d'y retrouver jusqu'au menu detail
dont, k un moment ou k un autre, on peut ^tre prfoccupe ?
Puisque voil^ d^jk une fa^n de reproche greflE6 sur un eioge, nc
craignons pas de deconsid6rer le texte de Marca reproduit dans ce
volume en y signalant quelques d^fauts. Dans ma vive reconnaissance
pour le travail 6videmment tr^s atlentif des correeteurs palois, j'aimerais-
k passer sous silence ces taches l^g^res et peu nombreuses, dont i!
serait injuste de leur garder rancune : non ego paucis Offendar ma-
culls... Mais il faut songer aussi k Tinter^t des lecteurs, que des fautesr
relativement tr^ l^g^res peuvent qudquefois induire en embarras otr
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— 468 —
en erreur, et surtout k Futility des 6diteurs eux-mftmes, qui sont encore
k temps pour redoubler de vigilance dans la correction du second
v(dume que nous attendons.
i\ ne s*agit que de quelques f antes d'impression, bien entendu, mais
qui ont toujours leur importance, surtout quand il s'agit de noms
propres on de citations de textes. Que les 6diteurs aient conserve Tan-
denne orthographe frangaise de Marca (ce qui est pour le mieux) et
qu'en m6me temps ils aient modernist son accentuation, de sorte que,
par exemple, dfes les quatre premieres lignes de son 6pitre dfidicatoire
an chancelier Seguier, ils nous font lire matt^re, estrang^res, pous-
si^re, avec des accents graves que le xvii® si6cle ne mit jamais, oette
disparate pent chequer — leg^rement — un professeur de grammaire
historique comme moi, elle est absolument sans cons^uence pour
rimmense majorite des lecteurs mfeme les plus diflBciles, Mais quand,
klaseconde page de Tavis Au Lecteur, le nom du grand historien
Catel est imprim6 Casiely ce n'est presque rien en apparence, c'est
pourtant un lapsus regrettable, d*autant plus que ce nom ne revient
pas dans le contexte. Je dois dire que je n'ai pas rencontr6 d'autre faute
de ce genre dans le texte de Marca dont j'ai d&jk parcouru une bonne
portion. Mais il faut examiner aussi les textes historiques qu'il dte en
si grand nombre k la fin de ses chapitres et dont on sait Timportanoe,
souvent capitale pour les travailleurs s6rieux. On comprend que la
correction de ces textes, rapport^ dans leur langue originale et avec
des r6f6rences compliquees d'abr6viations et de chiffres, offrait de vraies
difficult^, Disons franchement que, pour les textes grecs, heureuse-
ment en petit nombre, les correcteurs de la typographic Garet ont ^^
au-dessous de leur tdche. II y a (^ et Ik des lettres chang6es (J pour
0, par exemple) et presque constamment Taccentuation est ou abseate
(ce qui est un moindre mal), ou fautive. Les textes latins ont 6t6 sur-
veillfe avec plus d'attention et de competence; mais certain genre de
faute s'y produit de temps en temps, non sans p^ril pour la clart6 da
sens. Ainsi (p. 145) dans un fragment de la vie de saint Philibert, on
lit {k la 4® ligne) les deux mots eadem causa, qui n'ont laaucun sens;
dans le texte original et dans le Marca de 1640 il y avait ea de causa,
. ce qui dit quelque chose : k telles enseignes que j'en ai profit^, bien ou
mal k propos, p6ur combattre une th^e aturaine sur la patrie du saint
fondateur de Jumi^e. Cette addition d'un m final revient ailleurs; j'en
ai trouve la cause, je crois, k la p. 339 du volume, toujours dans les
cqlonnes de textes. A Tavant-dernifere ligne, on y lit erudiiem pour
erudite; d^ la 2« ligne* on avait em scriniis pour e scriniis. Si Ton
fait attention que Ton 6crivait du temps de Marca erudite, ^, et queoet
accent grave a pu facilement ^tre pris par un ouvrier typographe pour
la tilde supplant un m^ on a Texplication de cette facheuse coquille.
Si le prote y 6tait passiS avec une s^rieuse attention, il aurait ilimin^
la lettre parasite^ suppl^^ une virgule omise entre deux noms de rivieres
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-. 469 —
(au second distique cit^ au m&me endroit), enfin restitui, encore ]k,
au P. Sirmond un r dont Tabsence d^figure son nom.
Tout cela n'est pas indifiE6rent, mais il faut 6tre k pen prfes Stranger
aux difficult^s d'une entreprise typographique comme celle-ci pour y
trouver sujet de s^rieux reproche. D'aulant plus qu'aux simples ama-
teurs ces sphalmaia sont indiflE^rents et qu'auxlecteursinstruits ils
sont ordinairement de correction facile
U Armorial de B^arn a 6t6 pr6sent6 aux lecteurs de la Reoue en
1889 (xxx, 470), date de son premier volume. Dfes lors, en rendant
homraage k la competence sp^ciale et aux recherches tr6^ approfondie«
dont t6moignait Touvrage, je fis connaitre sommairement TMit royal
de 1696 qui ordonna Tenregistrement de toutes sortes d'armoiries,
Topposition que cette mesure fiscale rencontra spteialement en B&im,
et finalement le partage des blasons b^arnais alors enregistr6s en deux
classes : armes d€pos6es par les int^ress^s, armes impos^es d'office k
« quantity de seigneurs et de fonctionnaires, et de plus k 141 pr^tres,
chanoines ou curds, qui se seraient bien passds de ce couteux hon-
neur. » Le volume public en 1889 renfermait les « armes d6pos6es »;
celui-ci est consacr6 surtout aux « armoiries d'office. » Mais le texte
officiel est, dans Tun comme dans Tautre, ce qu'il y a de moins intdres-
sant pour les chercheurs. L'essentiel, ce sont les plantureuses notices
gdndalogiques et biographiques, avec documents k Tappui, sur les
families notables du B6arn; c'est par \k surtout que le savant et labo-
rieux auteur a hautement mdrit6 notre reconnaissance. Je dis « I'au-
teur > au singulier, parce que M. de Dufau de Maluquer a seul, ou
peu s'en faut, prdpard et rddig6 ce volume si 6pais et si rempli; je ne
dois pas pourtant oublier la collaboration d'un feudiste dmdrite, M. de
Jaurgain. Au reste^ M. de Dufau, qui a toujours port6 le poids prin-
cipal de Tentreprise, fait connaitre exactement la part propre deM.de
Jaurgain dans la premiere partie de ce grand travail et mtoe dans
deuxou trois notices de ce second volume (p. xj).
Une des curiositds qu'offre k la science hdraldique la creation des
armes impos6es k des Bdarnais k la fin du xvn« sifecle, c'est la simpli-
city des proc6d6s de d'Hozier, leur inventeur^ Cette composition, par
exemple, c losang6 de... et de... flanqu6 de... (ou k la fascede...) » a
foumi 120 blasons diffdrents; il a suffi de varier chaque fois m6taux ou
couleurs, jusqu'^ 6puisement des combinaisons possibles. Voici pour-
tant oil d'Hozier s'est montr6 plus inventif, sinon plus raisonnable : il
s'agil d'armes parlantes ou prdtendues telles,carilest difficile de pousser
plus loin Tabus du calembour par k peu pr6s. En fait de « pieces
honorables >, le chanoine d'Esquille voit briller dans son blason une
quille d'azur; Thdrfese du Pla, un plat d'argent; Jean de Saint-Mdiion,
cinq melons d'or mis en croix, et, ce qui depasse tout, Mile de For-
taner, une t^te 6'dne d'argent ! Je comprends que M. Paul Labrouche
se soit attach^ k montrer que, tout en ayant le droit d'adopter ces blasons
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— 470 —
d'offioe, les nobles b^mais n'ont pas perdu la faculty de oonflenrer
ieurs blasons traditionnels.
Parmi les blasons dessinc^ dans les trois planches annex^ k oe
volume, les deux tiers ont ^t^ « choisis ou d^pos^ par les families »
dont les noms suivent : Boyrie, Pas de Feuqui^re, Abbadie de Livron,
Jausiondy, Navailles-Mirepeix, Marrenx-Sus, Sorberio, Besiade d'A-
veran, Mesplfes, Alon, Montesquiou d'Arlagnan, Saletles, Peyre,
Dejean, Perpigna, Castelnau-Laloubfere, Espalungue d'Arros. Au
contraire, e'est parmi les blasons imposes que se classent ceux de :
Poeymiro, Balsalle, Majendie, Lafargue d'Artix, Medolon, Parage de
Romas, Vignau d'Incamps (une feuille de vigne !), Duplaa de Garat,
Curtan. Plusieurs de ces noms sont plus ou moins connus des tra-
vailleurs qui ont touchi une fois ou Tautre k nos annales r^onales
surtout pour la fin de I'ancien regime. II n'est pas toujours indifferent,
on le sait, k propos d*un personnage historique, mfeme de second ou
de troisifeme ordre, de retrouver son ^tat civil complet et des renseigne-
ments prdcis sur ses ascendants et ses allies.
Mais il y a de plus dans ce volume bon nombre de notices qui ont
par elles-mfemes une trfes s^rieuse valeur pour Thistoire. Je n'en citerai
qu'une, la plus longue et la plus int6ressante, ce me semble, celle des
Majendie (p. 252-239), signal^s d6s le quatorzifeme sitele, et dont la
ligne filiative se d^roule trfes nettement depuis la seconde moiti6 du
xvi* sifecle. Une branche de cette famille habite TAngleterre depuis la
revocation de I'^dit de Nantes, et un membre de cette branche, M-
Lewis-Ashurst Majendie a public, en 1878 un m^moire historique e'
gAnialogique important, qui a beaucoup servi k M. de Dufau. Des
incidents de tout ordre et suriout des notes familiales et des fragments
de correspondance font de tout cet ensemble un morceau des plus
curieux pour Thistoire du protestantisme, j'entends Thistoiresoit inlime,
5oit exierieure, soit m6me lilt6raire. A ce dernier point de vue, il faut
signaler au moins un nom presque c^lfebre, celui d'Andr6 Majendie
(1601-1680), dont le principal ouvrage (AntibaroniuSy Lugd. Batav.
1675, in-f*), public dans Texil, est devenu fort rare; il avait donn^,
etant ministre de Saint-Gladie en Bdam, deux opuscules que possMe
la Bibliothfeque de Pau : Deffence de I' Union des reformez (1651) et
t Enfant Jlottant (1661), Je possfede la refutation qui fut oppos^e k ce
prtehe, dirige centre la r^gle de foi catholique; c'est un in-4^de 240 pp.
(sans les ff . 11.) portant ce titre : Le Vieillard noy6 ou response^ etc.
par le R. P. Jacqu^ Boireau de la C. de J. (Pau, veuve Pierre Des-
baratz, et Jean Desbaratz, 1662) et d^die, en t^te, k r^v^que d'Oloron
par une epltre pleine de details historiques, et k la fin, par une longue
ode latine, k Notre-Dame de Sarrance, de Sauvelade et de Betharam,
optimce Benearnensium patronce,
J'aurais bien d'autres indications interessantes k fournir. Mais il
suffit d'avoir signaie Y Armorial de B^arn comme une oeuvre des
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— 471 —
pliis completes et des plus sures en ce genre. Si le chef-d'oenvre de
Marea esf le guide indispensable des travailleurs Mamdis pour Tanti-
quit^ et le moyen kge, la belle publication h^raldique de M. de Dufau
de Maluquer est destinde h leur lendre mille services de d^ail pour ta
p^riode moderne.
UoNCE COUTURE.
BROCHURES RECENTES
La86n6chau88^ed'Armagnac. Lectourey si^ge de Ia8^n^chau884e;
— La justice au xvi« sUcle dans la s^n^chauss^Cy par Paul Tierny,
archiviste du Gers (2 brochures in-8<^ de 15 pp. chacune. Auch,
Cocbaraux. 1893 et 1894). — Par lettres patentes du 23 d&emlwe
1473, Louis XI est cens6 avoir 6tabli k Auch le si^e de la s6n6chaus-
s6e d'Armagnac^ dont on sait T^tendue et Timportance; mais M. 'Paul
Druilhet, si competent dans tout ce qui conoerne Thistoire de sa ville
natale, croit qu'il y eut erreur sur le nom et qu'une rectification authen-
tique assura d6s lors la possession du si^ k Lectoure. Cette posses-
sion est d'ailleurs un ^it certain. M. Paul Tierny nous rAvile les
constants efforts des Lectourois pour la garder etdes Auscitainspour la
leurenlever; il rappelle, entre autres, le curieux voyage de deux boui^
geois d'Auch k la couren 1528 et 1529, public ici ni6me par M. Par-
fouru en 1889 (xxx, p. 485). On sait que cette rivalit6 aboutit, en Jan-
vier 1639, k une cote bien ou mal taill6e : la s^n^hauss^ d'Annagnac
fut d^membrte, et les deux villes eurent chacune leur sdn^chal. II faut
voir dans la premiere brochure de M. Tierny de prteieux details sur la
vie, les charges et les privil^es des magistrals lectourois. — Sa seconde
brochure pr^sente, sous une forme k la fois plus rapide et plus lumi-
neuse encore, « Torganisation judiciaire dans la s6n^hauss6e d'Ar-
magnac et plus particuli^rement dans les vicomtfe d'Auvillar et de
Lomagne » en plein xvi« si^cle, d'apr^ les registres jusqu'ici non
consult^s du s^n&hal de Lectoure. Ce m^moire a 6ti lu en stance
publique k Montauban, k la demifere reunion des deux Soci6t6s archte-
logiques de Tarn-et-Garonne et du Gers, et il est difficile de mieux
concilier la solidity scientifique exig6e par Thistoire s^rieuse, et c6tte
aisance, cet agr6ment dans Texposition que reclame toujours urie
assembl6e nombreuse.
Deux allocutions au sujet de PeiresCy par Ph. Tamizey de Lar-
ROQUE. — Lettre au directeur de /'Echo des Bouches-du-Rh6ne au
sujet d'unesouscription peiresciennCy par le m^me. (2 plaquettes in-12
de 14 et4 p. Aix-en-Provence, Ach. Makaire. 1894.) — C'est bien
plus loin que lepays mental banais, c'est en pleine Provence que notre
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^ — 472 —
cber collaborateur emportait, au printemps dernier, « non pas sa lyre
mais sa tire-lire. » On comprend le sel de ce calembour aixois. M. T.
de L. se ddfendait d'etre po^te et se pr^entait comme qu^ur pour le
monument de son cher Peiresc. A vrai dire, sur le premier point, peu
8*en faut qu'il ne se soit donni k lui-m6me un d^enti formel, tant il
y a de po&iedans le toast en prose gontaudaise, qu'il a prononc^ le
9 mai, au banquet de bienvenue oflfert au majoral de TEcole d'Aquitaine
par ses confreres les Mibres de I'Ecole d'Aix {Escolo de Lar). Citons-
en au moins les demi^res lignes : « ... Bibo Peiresc, lou rei daus sab^ns
dau mitjourl Bibo bosto terro, ^a rfeino ensoulelhado et perfumado de
loutos las terros de nosto dougo Franco! Bibo TEscolo de Lar, ounte
fan de ta beroio musico et de ta beroio pouesio, e ounte i a tant d'ai-
mables omes, que touto aquelo armounio e touto aquelo bountat fan
pensa k Toustau dou boun Diou, que bous souh^ti d'ana tons abita,
quand auras atrapa lous ans dau Matusalfen ! » — Mais c'est en bon
frauQais que le t qu^teur » a parl6 le surlendemain, k la premiere stance
du comit6 pour T^rection du monument Peiresc, devant toutes les aufo-
rit6s aixoises, k commencer par Tillustre et g^n^reux archev6que. II y
a des accents varies dans cette ^loquente et pressante exhortation, et
les dol^nces m^mes n'y manquent pas, toujours pour aider au succfes
qui, en somme n'a pas fait d^faut, bien que Tambilion de Tiditeur de
Peiresc ne soit pas encore combl^. Qu'on se le disc, en se rappelant
une page de la Revue de d^cembre dernier (xxxiv, 575) et en mAiitant
le petit trait qui suit et que M. T. de L. nous raconte lui-mfeme dans
une plaquette ad hoc ; • ... Pas plus tard que dans la journ^e d'hier,
j'avais un bon paysan, de ces paysans dont M"*« de S6vign4 admirait
I'Ame droite, qui travaiilait au jardin dont le Pavilion Peiresc est en-
tour6, jardin moins vasteet moins beau que celui de Belgentier, mais
oil pourtant abondent les arbres verdoyants et oil s'^panouissent sur
plus de cinq cents rosiers de magnifiques fleurs de toute nuance et de
tout parfum. Quand j*ai voulu payer au brave homme ses heures de
travail, ilm*a dit avec un cordial sourire : Monsieur, je vous prie de
garder mes quarante sous pour votre monument. J'esp^re que la sous-
cription d'un pauvre jardinier fera plaisir k celui qui, m'avez-vous dit,
aimait tant son jardin. »
Augnax. Notice historique,,,, par le D*" Edguard Dupouy, mWecin
principal des colonies, etc. (In-8*» de 32 p. Paris, Aug. Challamel.
1894.) ^ Le D^ Dupouy, qui fut jadis un de mes bons 6l6ves et qui
depuis s'est fait un nom dans la litt^rature m6dicale par sa Monogra-
phie du Soudan (Paris, Berger Levrault, 2 vol.) et par d'autres
savantes publications, a voulu devenir historien par amour pour sa
€ chfere petite patrie. » II lui a consacr^ une brochure 6crite « entre
deux campagnes, » il le d6clare lui-m^me, mais pr^parfe avec soin,
non sans recberches dans les papiers locaux et dans les biblioth^ues
parisienneS; non sans recours utile aux chercheurs patentes, surtout
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— 473 —
k notre trfes Arudit feudisteTabW de Carsaladedu Pont. « Ecrire This-
loire antique d'Augnax... n'est pas chose facile, » avoue M. Dupouy.
Aussi n'oserai-je donnercomme sures, ni mtoe comme sdrieusement
probables, les inductions sur lesquelles il appuie Texistence c celtique »
d*Augnax, Tetablissement tout voisin d'une colonic romaine, la fonda-
tion de la paroisse d6s le quatri^me si6cle^. En revanche les p^riodes
ftodale et modeme sont retract avec une precision irr^prochable et
abondent en donn^ pr^cieuses. Quelques lecteurs contemporains pour-
ront voir avec surprise (I'histoire vraie donne souvent ces surprises-Ik)
que, pendant la r volution, c la terre seigneuriale f ut laiss^ intacte et
sans acqu^reurs par affection et reconnaissance pour le comte de
Fezensac. > La commune n'y perdit rien. RentrA en possession du
chateau d'Augnax, € cet homme g6n6reux, qui avait d6jk fait Wttir un
pont enpierre sur TOrbe, en Enherr6, pour rendre plus facile I'aocis
du village, restaura k ses frais le clocher et la vieille 6glise qui tom-
baient de v6tust6. II construisit un presbyt^re (1805) et la Hount-
bastido (1816), » etc., etc. De telle sorte que le conseil municipal
«d'Augnax (deliberations de 1818) finit par le proclamer p^re de la
commune et dea pauvres. La reconnaissance est evidemment une des
vertus caractiristiques des Augnacquois; et le D'' Dupouy le prouve
pour sa bonne part en payant par cette belle notice sa dette de gratitude
au village natal qui, dans les intervalles d'une laborieuse carrifere
m^dicale sur mer et aux colonies, « n'a cessi de r6lablir, avec son air
pur et son calme, une sante fortement ebranl6e par de longues et pini-
bles campagnes. »
U^ducation du grand Cond^ d'aprda des documents in^dits. 1.
Le college:, Bourges (1630-1632). — //. Le college, Le lendemain
du college (1632-1635), par le P.Henri Ch^rot, dela C*« de J&us.—
Lejils du grand Cond^, Henri- Jules de Bourbon, due d^Enghien,
son education en France et en Belgique d'apr^s des documents in^-
ditSy par le m^me. I (seul paru). (3 brochures gr. in-8° de 32, 32 et
46 pp. 1894. •— L'histoire des Cond6s semble completement et d^fini-
tivement fix^e par les beaux travaux du due d'Aumale. Mais la biogra-
phic exacte de chacun d'eux reste, sinon k faire, au moins h enrichir et
h. documentor pour ces curieux qui veulent retrouver jusqu'au dernier
detail des grandes existences. Or ces curieux se multiplient tons les
jours et il ne faut pas trop s'en plaindre; car, si la minutie, ecueil de toute
curiosite, peut egarer ou annuler le jugement, la recherche complete du
vrai peut seule nous preserver ou nous deiivrer du redoutable flieau
de rhistoire artificielle. Et puis, telle trouvaille qui ne semble riveier
qu'un menu fait biographique, eclaire en mtoe temps Thistoire des
moeurs, des institutions, de la religion, des lettres et des arts. On en
trouverait vingt preuves dclatantes dans ces pages sur reducation du
grand Conde et de son fils; Tauteur a puis^ aux sources les plus riches
et les plus inexplorees des Archives de Tancienne Compagnie de Wsus,
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— 414 —
dans compter tous les autres Aliments d'infonnation historique pour le
ivn* sitele; peu d*6radits savent se dinger dans ce fouillis, silva rerum
ei lihrofimiy avec la parfaite surety du P. Ch^rot, bien appr6ci6 des
connaisseurs par son beau livre sur le P. Lemot/ne{PanSy A. Picard,
1887). Mais en le remerciant de renvoi de ces excellentes Etudes, je
doiSj malgr6 mon coeur, ltd rappelerque la Revue de Gaseogne a poor
loi absolue de ne jamais sortir de son domaine. A ce litre je ne pais
gufere que signaler les annfes de coll^ de Henri- Jules due d'Enghien
k Bordeaux en pleine Fronde, et nommer, parmi les j6suites qui ont
pris quelque part k I'^ducation de son pfere, un pofete latin qui a ter-
mini au college d'Auch sa longue et productive carrifere, le P. Henri
Aubery. 11 y a m^me de ce dernier, k la Biblioth^ue municipale
d*Auch, un po^,nie latin manuscrit relatif k Montrond, le chateau des
Cond6s (Mons Rotundas apud Boios), et qui n'est pas sans toucher
k I'histoire de cette Education. Malheureusement le P. Cb^rot n'a pu
jusqu'ici, malgr^ sesdfeirs, en obtenir une copie. Qu'il ne perde pour-
tant pas tout espoir. Je sais que celte copie, par la faute surtout d'un
relieur fdroce, n'est pas facile k faire. Mais nous avons k Auch de
jeunes travailleurs si intelligents et si divou6s I L, C.
SOIREES ARCHfiOLOGIQUES
AUX ARCHIVES D^PARTEMENTALBS
V
Stance da 7 mal 1894
Pr6sidence de M. le PRiJ^FET DU GERS
Pr^enta: MM. Balas p^re, L. Balas, Barada, Biard, Calcat,
Ck>cHARAux, Daureillan, Dellas, Despaux, Francou, Journet,
Lacomme, Lapeyr^re, Larroux, Lavergne, L^glise, A. Lozes,
Metivier, M0LL16, Sansot, Seigland et Tierny, secretaire.
Avant d'ouvrir la stence, M. le Pr^fet exprime les regrets qii'il
iprouve de ne pas voir ici M. de CarsaladCy qui dirige les travaux de la
Society avec autant de zfele que de competence; il se fait Tinterprfete de
tous en souhaitant uueprompte gu^rison k notre savant etsympathique
president.
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— 476 —
Vieux TXoilB
(Communication de M. Adrien Lavergne^ vice-pr6sident dela Soci^ti
historique de Gascogne.)
M. Blad^ m'a fait cadeau d'un petit recueil de noels, manuscrit qui
porte la date de 1596, et qui m*a paru int^ressant.
Deux notes inscrites au verso du dernier feuillet me font attribuer ce
recueil au diocfese de Lectoure : la premiere constate une dette en
favour d'un habitant de Bayonnette (1) (Bajonnette, dans Tancien
diocfese de Lectoure, canton de Mauvezin); la seconde parle d'une
affaire k Lectoure. Ces deux notes, sign6es Lahartej sont de la m6me
feriture que les cantiques.
Ce sont des noels suivis d'une complainte de la Vierge au pied de la
Croix. Tons ces cantiques sont en fran^ais, sauf un seul qui est le vieux
noel Reheillaia bona mainado.
Nous aliens passer en revue aujourd'hui les cantiques frangais de
ce recueil :
1. — Le premier cantique est intitule : c Translation dudit conrfiVor
(sic) en frangais sur le mftme chant. »
C'est la traduction de Thymne de FA vent Creator almesiderum, II
est probable qu'il existait jadis un feuillet initial qui manque et qu'au
verso, c'est-&-dire en face, ^taittranscriteFhymne latine. Cette traduction
est faile en autant de strophes et sur la mtoe mesure, en sorte qu'on
la chantait sur le m6me air.
2. — Le deuxi^me : « A la venue de Noil, etc. » a 6t6 publiA par
M. Blad^ dans ses Poesies populaires en langue fran^aise (1879),
p. 10. On en a fait 'quelques parodies; Tune d'elles a 6t6 inserfe par
M. Blad6 dans ses Poesies populaires de la Gascogne (i, p. 160).
Dans les Noels nouveaux frangois et gaseous composes par un
cur6 du diocese de Lectoure (CEuvres de d'Astros publics par M. Tail-
lade, 11, p. 292) on trouve un noel gascon sur Tair ^ A la venue de
Noil. »
Cet air, dit t Fair des Bergers, » est, dans Tusage auscitain, celui de
rhymne des deuxifemes v6pres de Noel, Jesu redemptor omnium.
(Rev. de Gasc, xi (1870), p. 368, note).
3. — Letroisi^me a pour titre: Noel sur le chant: « Trahison,
(1) M. L^once Couture me fait remarquer que Jean d'Escorbiac, autcur de la
Christiade et neveu de Du Bartas, dtait seigneur cle Bajonnette, et que d'AstrQS
dont 11 ^tait ypisin lui adressa|t des vers.
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— 476 —
Dieu ie maudie. » II commence ainsi : « Noel pour Pamour de
Marie, »
M. Blad6 Ta ins6r6 dans ses Poesies populaires enlanguefran-
Caise, p. 8. « II est dans la Grande bible des noels nouveaux avec
indication de Fair : Fausse irahison (prononcez traison), Dieu ie
maudie^ » dit M. Couture dans la Revue de Gascogne,
Ce noel a 6t6 imit6 librement, avec Ie refrain et les couplets de mknt
mesure pour 6tre chant6 sur Ie mtoe air, par d' Astros. Voyez, dans
lou trimphe des nov^la gaseous, celui qui est intitul6 : Louprume
nouel es sur Vayre : Noel pour V amour de Marie, etc. D' Astros, 6d.
Taillade, i, p. 201.
Laissez-moi noel, noel II y avait un messager
Laissez-moi noel chanter. Portant blanche livr6e.
Lautrier quand je m'en venais Laissez-moi noel, noel
Tout droit de Gallic, Laissez-moi noel chanter.
En chemin je rencontrai
XT 1 uii II y avait un messager
Une grande assembl^e. ^ •', ^, , ,.™
• Portant blanche livree,
Laissez-moi noel, noel q^j ^^^^^ ambassador
Laissez-moi noel chanter. La royne de Jud6e.
En chemin jo rencontrai Laissez-moi noel, noel
Une grande assemble, Laissez-moi noel chanter.
5. — No^l en Vhonneur de la Nativity de Jesus-Christ, Sous oe
titre, Ie petit manuscrit nous donne un cantique d'un rythme tout
aussi curieux que Ie pr&^dent. Voici Ie premier couplet avec Ie re-
frain.
Marie en Bethleem s'en va {his) Et nau, Marie ma mie,
Le fils de Dieu elle enfanta (Jbis) Vous etes tant belle et jolie
Ce f ut une grand m61odie. Que chacun pour vous chante nau
Marie ma mie, Nau nau,
D'ouir chanter la chelemine Que chacun pour vous chante nau.
Des bergers et des pastoureaus.
6, 7, 8, 9 et 10. — II me paralt inutile de parler des 6% 7% 8« et ^
noels. Je donne le refrain du 10* parce que Fezed6, cur6 de Flamarens
au diocfese de Lectoure au xvii® si^cle, a fait un cantique sur le mtoe
air [Revue de Gascogne, xi (1870), p. 375].
Elevez I'entendement
Pasturs je vous prie^
Ecoutez I'advenement
Du £ds de Marie.
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— 477 —
11. -^ Ici se trouve le noel gascon Rebeillats hoxis maynado, qui
fera I'objet d'une HuAe spdciale.
12, 13, 14 et 15. — Le 12* est intituW : No^l aur la brebis more. —
Le 13®, No^l nouveau sur le chant « 0 que le ciel m'accable de
malgueur».—Lel4*,No^l sur le chant: « lis aont en grant penser, »
Enfin le 15" et dernier, Autre No^l sur le chant « a solis ortu
cardine », clot la s^rie des noels par une traduction de i'hymne des
premieres vfepres de noel, faite strophe par strophe et siur la m6me
mesure. Comme on le voit, le recueil commence par Thymne de
Tavent, et finit par celle de la f6te. Ces hynmes sont celles du rit
romain non r^ormtes.
16. — Le petit manuscrit se termine par La complainte de la
glorieuse Vierge Marie toy ant son doulsjils Jesu Christ pendu en
larbre de la saincte crois laquelle se chante sur le chant de Vexilla
regis prodeunt,
C*est un dialogue entre la Vierge et saint Jean. lis altement et
disent cbacun leur couplet de quatre vers jusqu'au vingt-septifeme. Au
vingt-huitifeme J&us-Christ sur la croix prend lui-mtoe la parole
pour r^conforter sa m6re et il alteme avec elle k la place de saint Jean
jusqu'^ la fin; cependant le trente-septi^me et dernier couplet est une
oraison que dit toute Tassistance.
Cette complainte est bien du xvi" sitele, ^poqueouser^pand le culte
de Notre-Dame de Piti6.
M. Lavergnedit qu'il complfetera cette itude en s'oocupant prochai-
nement du noel gascon Rebeillats bous maynado, et en Iraitant, dans
une 3« partie suppWmentaire, de La Pastorale de Noel.
L'Hdpital de llgle-d'Arbeiggan (1) (Igle-de-No4)
Communication de M. Delias.
Le chapitre de la m6tropole d'Auch poss6dait, depuis un temps imm^
morialy des immeubles importants dans la baronnie de I'lsle-d'Ar-
beissan et dans la juridiction de Barran. Ces biens provenant de
donations ou d'acquisitions dtaient connus sous les noms de dimes de
VJslCj m^tairies de Sallegrand, Saleneuve ou Capitou, Gaspons et
LaturraquCy qui figurent, en son nom, sur les cadastres de 1458 k
FannfelTOl.
La r^e de ces biens ^tait confine k des chanoines qui allaient y
rdsider pendant un certain temps de I'ann^; ce fut pour loger ces
chanoines que le chapitre fit construire une sorte d'HospicCy assez pris
0) Ajpch. cl6p. du Gers, G. 29 et 35.
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— 4T8 —
du grand ohemm suivi par les p^lerins (1) qui se rendaieot k Samt-
Jacques de Galice. t
Dte rann6e 1278, il y avait Ik un Hdpital dot*, ainsi que le prouve
une donation d'Odon d'Arbeissan (2), on y reoevait les pauvres, et les
revenus en 6taient administrfe par des frferes hospitallers qui, en 1278,
avaient pour prieur ou sup6rieur Vital de Boos, frater Viialis de
Boos, Prior dicti ffoapitalis.
En 1661, le chapitre m6tropoUtain de Sainte-Marie d'Auch fit b&tir,
k trente pas de I'hdpital de I'Isle, une petite infirmerie pour soulager le
b&timent principal et un nouv^au cimeti^re k la place de I'ancien qui
fut supprim6. L'infirmerie elle-m^me fut d^molie en 1727 et le service
des malades pen k pen supprimd jusqu'en 1734. Le ChapiJre r^duisit
alors tout le service a une messe les jours de tttes et dimandies, et k
une petite aum6ne le jour des Morts.
La baronnie de Tlsle avait 6t6 cM6e le 3 septembre 1443 par Jean
d'Armagnac, k Manaud de Gaillardet f3), et elle se trouvait en la
possession de la marquise de No6, en 1734.
Celle-ci d6non^ le Chapitre de Sainte-Marie au procureur g6n&al
qui, prenantfait et cause des pauvres seulement, assigna par exploit du
20 Janvier 1740, le Chapitre, « pour se voir condamner d r^tablir et
» meubler Vhdpital de VIsle-de-No^y y recevoir les pauvres malades
^ dela paroisse, etc. »
Le procureur g^n^ral produisit deux extraits de la donation d'Odon
d'Arbeissan de i278 et d'une sentence arbitrate de 1298.
L^ chapitre contesta la validity des deux extraits produits et un
arr^t qui intervint le 28 juin 1741 ne fut pas favorable au procureur
g^u^ral; enfin, le 22 octobre 1741, la Cour rendit un arr6t « vidant
(1) L*oii n'ignore pas qu'autrefois les pMermages 6taient tr^ fr^uents. Les
pMerins qui venaient de Toulouse, s'arretaient h Thdpital Saint-Jacques,^ Auch,
se dingeaient sur Barran, s^journaient k ]a maison de Serregrand et trouTaient,
ensuite, k une lieue et demie, dans la seigneurie de Tlsle, avant d'arriTer k la
petite yille, I'hdpUal de VAhiletc ou Vlslotte dans Vlale d'Arbeissan, (A.
Lavergne. tea chemins de Saint-Jacques en Gascogne, pp. 12, 13 et 73 {Cartu-
laire de Berdoues de 1257, cit6 en note); dom Brug^les. Chroniques, p. 439 et 71
et 73 des preuoes),
(2) En Tann^e 1278^ Odon d'Arbeissan^ chevalier, fit don et aum6ne k Dieu ^
k Thdpital de Tlsle d'Arbeissan, et ce « pour la nourriture des pauvres malades
» qui 7 ^toient re^us, et aui frferes qui en prenoient soin, de quinze setiers de-
» froment de rente annuelle, que le donateur percevoil dans certains parsaos de
» sa terre de I'Isle, dedit in perpetuum in oeram etpuram eleemosinam Deo et
» HospUali dictce insulce Arbeissani,fratribu8 et habitoribus ejusdem loci
» ad paaperes iqflrmos educandos in dicto hospitali dsgentes, qtUndmim
» sewtarios /rumenti, » etc.
(3) Monlezun, Histoire de la Gascogne, tome vi, pp. %l, 3^.
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> I'iotaricioutoire oi^nn^ par sou prio^ent axt6i, et faute par M- to
9 procureur g^n^ral d'avoir justifi^ plus suffisamment rela^ le cha-
» pitre avec d^pens. » ^
Le Chapitre avait done gagn4 son proc6s.
II avait contests rauthenticit6 de la donation d'Odop d'Arbeissfin, de
1278] ayant eu gain de cause, il fit un acte au procureur g^n^ral le
ler avril 1745, pour qu'il eut k nommer son dinonciateur.
Le procureur g^n^ral nommaen rSponse la dame de Colbert mar-
quise de No^.
Le Chapitre poursuivit oette dame et obtint, le 3 septembrel746, un
arr6t qui la condamna, en quality de d^nonciatrice, k payer au Chapitre
le montant des ex^cutoires des arrets pr^dents des 28 juin et 22
d&embre 1741 et le montant de tons les d6pens.
La marquise de Noi se fit carm^lite et le marquis de No6 continua
le procte avec le Chapitre.
D?ms rintervalle dom Brug^les fit imprimer les Chroniques eccU^
siasiigues du diocese d'Auch et ins^ra h, la 3® partie des preuves,
pp. 71 et 72, la donation d'Odon del278, commeextraite des Archivei
du Chapitre d*Auch.
Le Chapitre contesta cette assertion; la donation de 1278, en eflet, n'a
jamais figure dans les Cartulaires de Sainte-Marie.
L'arr^t du 21 juin 1741 avait rejet^ Textrait de cette donation, comme
irr^lier en la forme; un autre arr^t, rendu aux enqu^tes le 30 aout
1740, avait confirm^ce premier jugement; enfin « une attestation solen-
» nelledu Chapitre m6tropolilain de Sainte-Marie, en corps, etdeonze
» chanoines en particulier, assura n'en avoir aucune connaissance (1). »
Le Chapitre contesta Tauthenticit^ que voulait donner k la donation
de 1278 rimpression des Chroniques de dom Brug^es et le compul-
soire du 9 septembre 1769, k la requite du marquis de No6, sur cemftme
livre vidim^ d'autorit^ du Parlement de Pau avec les cartulaires du
Chapitre.
Le procte continua; mais le Chapitre cessa de recevoir les p^lerins;
en 1746 ilcondanma tout k fait la porte de |fur chambre k coucher, la
grande salle de Vhdpitaly de laquelle il fit pour son vin un trte beau
cellier.
Le sieur Camoyen reprit Tinstance par voie de requite civile j suivant
lettres de 16 juin 1773 et 15 juin 1774, pour dol personnel.
II agissait comme syndic des administraieurs n^s du, bureau de
(1) Mdmoire imprim^ h Toulouse chez Desclassan en 1773, in-fol., page 37,
pour le olU4>itre m^tropolitain contre le sieur Camoyen.
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— 480 —
Vhdpital ei lea pauvres de VIsle-d'ArbeUBan de No6; il demandait le
rStablissement de rinfinnerie dudit hdpital et Tacquit des autreschaiges
de la donation de 1278.
Le Chapitre soutint cet interminable procfes; sa thfese d'aprte plu-
sieurs m^moires imprimis fut la suivante :
« Les Chanoines pr^pos^ k la r^e des biens de I'lsle n^avaient pas
» cru devoir refuser Thospitalit^ aux p^lerins; cette oeuvre de charil6,
» librement exerc^ dans leur maison, avait donn6 lieu k la d6nomi-
» nation d'hopitaly dont on avait cherch^ dans la suite h, abuser, pour
» convertir en un droit ce qui ne fut dans tons les temps qu'un effet
> de la pi6t6 et de la munificence du Chapitre. »
L'instance 6tait encore pendante en 1789 et les demiers actes de la
procedure furent signifife le 28 Janvier de cette m6me ann6e. La
Revolution mit fin aux d^bats. Les biens du Chapitre fut mis sous la
main de la Nation en ex^ution de la loi du 2 novembre 1789.
II paralt ^bli par les diverses pieces du proces commence en 1738
et non termini en 1789 que la donation de 1278 d'une partie de la
seigneurie de Tlsle par Odon d'Arbeissan n'a jamais eu Tauthenticit^
que semblent lui donner les manuscrits d' Aignan du Sendat (tome 85,
p. 627) et les Chroniques de dom Brugfeles, que les p61erins qui se
rendaient k Saint- Jacques de Galice ne trouvferent plus dfes 1746 le
logement dans rh6pital de TIsle-d'Arbeissan les soins et la sepulture
que la donation devait leur assurer.
Numismatique. — Monnaie romaine trouvde dans le Oers; varidt^ in^dite
M. Calcat donne la description d'une monnaie trouv6e par lui sur le
tenitoire d'Auch,au Garros. Elle porte k Tavers Tinscription suivante :
IMP. C. FVL. QVIETVS.P.F.AVG
(Imperator Caius Fulvius Quietus pius felix Augustus)
entourant en exergue le buste de Tempereur radi^ et drap^ k droite.
Au revers Apollon, nu, debout k gauche, avec le manteau sur I'^paule
droite, tenant une branche de laurier de la main droite et appuy6 de la
main gauche sur sa lyre, avec Tinscription :
APOLNI CONSERVA
C'est un bronze k fleur de coin, reconvert (surtout au revers) d'une
belle patine et dont le module est de 23 millimetres.
Les monnaies de Quietus sont toujours rares; il n'a r6gn6 que quel-
ques mois vers Tan 260 de notre fere. Le reoueil des Monnaies
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— 481 —
Romaines de Coken (2* 6dit. p. M, Feuardent) en reproduit plusieurs^
vari6t6s; toutes portent au revws : Apollmi, ow bieii Apoliniy jamais
Apolni. Le retranchement de deux lettres est done ce qui earact^rise
la monnaie trouv6e au Garros.
Et qu'il ne paraisse pas pu6ril de s'attacbear h d'aussi minimes diffe-
rences; en numismatique le moindre detail a son importance, car on
comprend qa'il a falla un coin grav6 sp^cialement pour donner dans
I'esp^e Apolni au lieu A'Apollini; de li vient rint^rfet de la monnaie
ici d^rite.
M. Colonieu ajouie que, d'apr^s lui, la trouvaille de M. Calcat est
surtout int^ressante en ee qu'eUe vient k Tencontre d'une opinion ^mise
par Cohen. D'apr^ cet auteur toutes les monnaies de Quietus auraient
6t6 frapptes en Orient; or il est peu probable que la monnaie qui vient
d'etre d6crite ait i\& frapp^e en Orient et apport^e ensuite ici. Nous
serious alors en presence d'une vari^t^ in^dite, d'un type nouveau,
lepr&ecitant les monnaies romaines de Quietus frapp^es en Occident.
Communications diverses
M. le Prifet met sous les yeux des membres de la Soci6t6 un coffxet
sculpt6 en plein bois qui, d'aprfes le genre d'ornementation qui le recou-
vre, paralt remonter au xvi« si^cle.
M. Tiemy dit qu'au Congr^ des Soci6t6s savantes (section dear
sciences 6conomiques et sociales; 28 mars 1894), M. Marion, maltre
de conferences k la Faculte des lettres de Toulouse, a 6tudid T^tat de»
campagnes dans le pays toulousain k la fin de Tancien i^gime et qu'il
a signal^ rextrfime jEo;roeUement de la propri^t^ dans cette partie de la
France. M. Tiemy croit qu'on doit 6tendre k toute notre region les
conclusions du travail de M. Mariom. En parcourant les nombfeux
cadastres des xvn® et xvin^ sidles conserves dans les archives da
dSpartement et des communes, on est frapp^ du notnbre de propri^-
taires de biens-fonds; Arcamont, par exemple, comptait cinquante-cinq
propri^taires k la fin du xvi« si^Ie et la population n*y devait pas 6tre
considerable; (il y a aujourd'hui dans la commune soixante-neuf habi-
tants). Le moroellwQftent de la propriety ne date done pas de la Revo-
lution, comme on est trop souvent porte k le eroire.
M. Bousquet soumet k la Society un specimen de faience du xvui®
sitele, qu'il attribue k Barbizet, potierd'art qui avait sa fal;»rique place
du Tr6ne vers le commencement du siMe : on ne connalt pas de
fahnque qui ait su mieux imiter le Palissy^
La Society fixe au 4 juin la date de sa prochaine reunion.
Tome XXXV. 31
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— 482 —
NOTES DIVERSES
CCCXXIV . Un volume ezceptionnel des « Archives historiques » de Bordeaux
Le tome xxviii des Archioes historiques vient d'etre mis en distiibntion
(juillet 1894) avec le mill^sime 1893(1). Le tome xxix est sous presse et
repr^sentera I'exercice 1894 (2). On prepare avec activite le tome xxx, qui
paraltra en 1895. Nous rentrons ainsi dans les conditions normales, r^-
li^res, dont la maladie, puis la mort du v6n6r6 Jules Delpit avaient tire les
publications jadis annuelles de la Soci^t6. A Toccasion de la mise en
lumiere de ce tome xxx, colncidant avec I'Exposition univereelle de Bor-
deaux en 1895, les membres du Bureau et, k leup t^te, un homme d'un
z^le et d'une initiative admirables, M. le president Fr. Habasque, le veri-
table r^rganisateur de !la Society, ont pens6 « qu'une circonstance tout
indiqu^e se pr6sentait de marquer par une oeuvre exceptionnelle un pareil
anuiversaire. Au lieu de publier simplement cette fois des documents
imprimis, on se propose de r6unir en un seul corps et suivant Tordre
chronologique, des Autographes des personnages de Bordeaux et de la
Guyenne qui, de 1088 k 1800, ont brills dans les sciences, les arts, lei
lettres, le n^goce, la politique, Tadministration, T^lise, la justice etTarm^
Ces autographes, comprenant plus de cent specimens d'^riture et de trois
cents signatures, seront reproduits en facsimile d'apr^ lee meilleurs
precedes etformeront cent planches (3). En outre, chaque document photo-
graphie en tout ou en partie sera imprim^ in extenso dans le volume. Le
texte comprendra enfln une notice biographique sur tons les personnages
port6s dans les planches (4). Ce sera la un monument unique de paldogra-
(1) On y remarqiie surtout une longue s6rie de documents relatifs k la tour de
Cordouan. Qui done disait q\i*k force d'imprimer des pieces sur la fameuse tour,
on arriverait k former de tant de papiers noircis une masse de presque autant de
hauteur f Et encore combien d'autres communications du mSme genie rayenir
nous reserve I Mon ami M. Gustave Saige, directeur des archives de la princi-
paut^ de Monaco, m*a communique jadis un registre de la correspondance du
mar^chal de Matignon ou sont conserv<^es plusieurs lettres de Lonis de Foix. La
pubhcation de cette inappreciable correspondance est prochaine.
(2) Notre cher et savant confrere et collaborateur, M. I'abb^ Breuil§, a found
k ce tome xxix un document de grande valeur et de grande dtendue. Nous nous
en r^galerons Tann^e prochaine.
(3) J'ai pu, dans un recent voyage k Bordeaux, admirer quelques-imes de oes
planches. Elles sont vraiment splendides. Ewperto erode,, Philippo.
(4) Parmi les personnages dont les autographes illumineront le volume,
contentons-nous de citer Pey-Berland, Elie Vinet, Fabri de Peiresc, oonsidM
comme abb6 de Guitres, saint Vincent-de-Paul, Florimond de Raymond, le roi
Henri de Navarre, Thistorien du Haillan, les princes Louis ei Henri de Cond^„
Michel de Montaigne, le cardinal de Sourdis, le due d*Epemon,leschroniqucurs
Delurbe et Damal, Dom Devienne, Tarchev^que-amiral Henri de Sourdis,
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— 4^3 —
phie et d'histoire provinciales, et la Ville de Bordeaux Ta bien compris
lorsqu'elle a, par un votedu conseil municipal du 14 novembre 1893, soas-
orit k 150 exemplaires do ce volume qui, aux termes du m^me vote, sera
public sous ses auspices. Malgr6 les formes difficult^s de preparation d'une
pareille ceuvre, recherche des pi^s, reproduction et texte, la Soci6t6 est
fort avanc^ dans la p^riode d*ex^ution. Mais elle a besoin d^ mainte-
nant, pour fixer son tirage, de savoir combien de lettr6s et de curieux
voudront s'assurer la possession d'un travail destin6 k devenir une raretd
hibliographique, Le tirage en eflet sera r6gl6 d'apr^s le nombre des sous-
cripteurs auxquels la Society est, malgr6 les subventions qu'elle re^it,
amende k faire appel k raison des frais considerables qu'elle expose/ Le prix
de souscription est etabli n^anmoins au plus bas possible, soit k 20 francs;
mais, apr^s la cldture de la souscription, les exemplaires demeur^s k la
Society seront port^s k 30 francs. Le volume d'ailleurs ne sera pas mis dans
le commerce. » A ces assertions tr^s s^rieuses d'un prospectus qui ne res-
semble en rien aux boniments chariatanesquee de tels et tels editeurs je
n'ajouterai qu'un mot : L'ouvrage sera tellement beau et se fera telle-
ment rare que les exemplaires de 1895 k 20 francs deviendront, comme les
exemplaires de la Guienne militaire de L6o Drouyn, des exemplaires k
200 tones. Qu'on se le dise ! Et qu'on se h^te de souscrire.
T. DE L.
QUESTIONS ET RfiPONSES
296. A qui appartenait Longuetille en 1621 ?
Chacun de nos lecteurs salt que le ch&teau de Longuetille ^tait situ6
dans le Condomois, pr^s de Monheurt (arrondissement de N^rac, canton
de Damazan) (1), et que le odnn^table de Luynes y mourut (15 d^oembre
I'acad^micien Priezac, Tambassadeur de Guilleragues, les presidents Lage-
baton, Leberthon et Dupaty, Montesquieu, Br^montier, I'abb^ Sicard, le ministre
d'Etat Bertin, le due de Richelieu, le cardinal de Rohan, Berquin, l'abb6 Bau-
rein, Tintendant de Tourny, les maires de Fumel et No6, Tavocat Desfeze, le
girondin Vergniaud. J'en passe et des metlleurs. On aura encore, et par dessus
le march^, une bulle du grand pape gascon C16ment V, une charte d'El^onore
de Guienne^ un sauf- conduit de Gaillard Colomb, et, pour sauter brusquement
du moyen-^e^ la fin du xviu'sifede, une pifece sign^e de tous les d6put<^s
bordelais du tiers aux Etats g^n^raux, etc., etc.
(1) On I'a souvent confondu, mSme dans I'excellent Dlctionnaire historique
de la France de M. Ludovic Lalanne, avec le ch&teau de Longueoille, pr^s de
Marmande, poss6d6 par M. Osmin Massias, dont unmanuscrita 6t6ici (janv. 1894,
p. 39), mentionn^ par M. L^once Couture dans son savant article sur la bibliogra-
phie des Capucins due au R. P. ApoUinaire, mon collaborateur bs choses
peiresciennes.
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— 484 —
1621) du chagrin d'avoir etS oblige de lever le si^ deMontaabati, clogBa
compliqued'une fi^vre Eruptive (1). Je voudrais connaltrelenoiixdi. genJkil-
homme qui avait mis ce chateau k la disposition da favori de Louis XIU.
Aujourd'hui le ch^tekdn est M. de Bridiers de ViUemor. Plusieuis mem-
bres de cette famille ont successivement possed6 Longuetille; mais en 1621
les Bridiers de ViUemor, au dire de tous les g^n^alggistes, vivaient en
Armagnac, oil ils 6taient venjis du Berry, et noWe Jacob de Bddien,
^cuyer, seigneur de ViUemor et autres iieux, habitait la maison noble de
La Mothe (en Fezen^aguet), quand il 4pousa (1629) Mile Mai:guerii»-
Catherine Du Puy. C'est seulement dans la seconde moitie du xvn' sitela
qu' Alexandre de Bridiers, tils de Jacob, devient seigneur de Longuetille. U
s'agit done de chercher qui tuXjk LonguetiUe, le pred^cesseor de'cet
Alexandre.
Puisque nous sommes k LonguetiUe, je demanderai ce qu'U laut penaer
du r6cit dramatique que Ton a fait des circonstunces qui suivirent la m0r4
du connctable. Si nous en croyons la tradition, dlt Samazeuilh (Hisioire
de VAgenais, du Condomois, etc., n, 373), « les valets dece grand seigneuf
se disput^rent ses dSpouilles qu'ils joo^rent aux d6s sur son cadavoe. »
Mary Lafon, dans sa trop romanesque Hisioire du Midi de la France, ft
donn^ d'autres details, af flrmant qu'il n'y eut pas m^nae de quoi payer k»
femmes qui lav^rent les linges ensanglant6s du d6f unt et qu'un pauvre
batelier, touch6 de compassion, dut les indemniser de leur peine en leur
abandonnantle poisson qu'U venait de prendre. Mais cen'est pas seulement
la tradition qui nous a conserve le souvenir de la nois^resuoeMant bras-
quement k la prospdrit6 d'un des pins puissants personnages du royaume,
c'est aussi certain historien contemporain que j'ai lu autrefois et dont j'ai
oubli^ le nom (ma m^moire faibUt, les ans en sont la cause). Que Ton
retrouve done mon historien, dont la narration 6tait en langue latine (c'est
peut-^tre le president touJoufliin fiaothdkmy *de OsaimDond) et que Ton
reyproduise son texte en le disentant ! T. de L.
(1) En sa quality d'homme trfes spirituel. M. Ed. Herv6, de l' Academic frangaise^
a eu une assez forte distractioiL daos la Reoue idM Deux-^Mondea du !& maw
dernier, ou, rendant comf te du bel oirvnige de M. G. Fagniez sur le P. Joseph
et Richelieu, 11 a montr^ le connctable « Ux6 au si^ de Moutauban. » {L'imi^
nence Grise, p. 365). L'acadCmioiea-oritique n'auiait-il pas voulu dire que Luynes
mourut du si^ge de Montauban? Je note que le -boa ^neux Uoniri, qaiioiiniil
tout (Edition de 1759), dit'(au mot Albart) que.le*ceiui^bleHluc mourut « 4am»
le chiiteau de LonguetiUe, k une- lieoe de €ondomv(il.yaiaitpe«i;plaflO, la maitte
14 au 15 dCcembre 1621, scat d'une'fl^vFe jouqpr^ aoit duipoiflon. »
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CHRONIQUES LANDIISES
LA FRONDE
(±e^e'±G&3) (•)
IV
Exploits des Frondeurs. — Les incidents que nous
venons de signaler nous permettent d'appr6cier la triste
situation h laquelle se trouvaient r6duits les Landais.
Bien qu'elles eussent rejoint pour quelque temps leurs
quartiers d'hiver, les troupes n'en continuaient pas moins
leurs excursions journaliferes pour sufflre h leur subsis-
tance et toucher leur soldo. Aussi les esprits s'aigrissaient,
laquerelleloin de se calmer s'envenimait de plus en plus,
et le due de Saint-Simon donnait avis h la cour qu'Jt
Bordeaux la r6solution 6tait prise de former une r6pu-
blique (f6v. 1653) *. II 6tait done urgent de presser par
tous les moyens le si6ge de la ville rebelle et, pour hMer
rheure oil elle serait obligee de se soumettre, Poyanne
veillait attentivement afin d'emp6cher le transport des
bl6s qui devaient servir k la ravitailler (4 f6vrier) *. Mais
les Bordelais ne paraissaient pas encore dispos6s a n6go-
cier, et en attendant une solution, pour entretenir see
soldats, Balthazar ne cessait de rangonner la Lande,
poussant des pointes audacieuses jusqu'aux portes de
Dax. C'est alors que ses gens pill6rent le chateau de
(•) Voir la livraisou de juillet-aout 1894, page 337.
(1) Arch. nat. KK. 1219, f 553.
iZ) Arch, de Bayonne, EE. 92, n» 80.
Tome XXXV. — Novembre 1894. 32
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— 486 —
Castillon (Arengosse) ainsi que la maison seigneuriale
deLa Sale (Th6tieu), qui appartenait au baron de Cauna;
comme toujours, ils emportferent k Tartas le butin
recueilli au cours de cette exp6dition^ Les Frondeurs
parurent ensuite a Grenade, oH ils tuferent quatre hom-
mes et incendi^rent quelques maisons (27 f6vrier). Ces pil-
lages r6p6t6s si f r6quemment avaient enlev6 aux malheu-
reux habitants leurs dernieres ressources et la famine
s6vissait dans la contr6e.
II n*y a plus rien k manger; car si un homme va au march^avecde
Targent, il est dangereux d'etre vol6, et s'il a un boncheval ou un bon
habit, ou lui 6tera, et s'il fait porter du grain ou d'autres marchan-
discs, on lui prend tout et encore est-il dangereux d y perdre sa vie, et
celui qui a quelque chose en sa maison ne I'a pas assnr^; s'il a nne
bonne maison, il y a toujours quatre- vingt-dix pauvres devant la porte
demandant le pain (3).
Combat de Mtigron. — Les chefs royalistes nepou-
vaient rester inactifs en face de tant de d6sastres. D'Au-
beterre se rendit done k Dax et combina avec Poyanne
tout un plan de campagne pour faire expier k Balthaz^u*
son triomphe passager. Or, aprfes avoir ravag6 le chftteau
deLamothe, le colonel 6taitvenu diner k Cauna (I®' mars).
Au lieu de regagner directement Tartas, il passa TAdour
au gu6 de TAiguilloun, entre Souprosse et Nerbis, gagna
la chapelle de Cazaliou et suivit ensuite le grand chemin
jusqu'^ rhdpital de Mugron. Mais ses adversaires ne le
perdaient pas de vue et se tenaient en 6veil afin d'ftviter
de nouvelles surprises. Press6 par les Mugronais aux-
quels les gens de Nerbis s'6taient joints pour Eloigner
les maraudeurs, il dut s'avancer k travers landes et des-
cendre dans la plaine de TAdour. C'est Ik que d'Aubeterre
et Poyanne Tattendaient, pr^ du moulin de Castetmerle.
(1) Arch, nat., fonds fr., 6703 et 6704. (Papiers de Lenet.)
(2) Laborde-P6bou6, Relation veritable. *» (Arm. dee Landes, ni, p. 471.)
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— 487 —
L'embuscade avait 6t6 bien pr6par6e et Balthazar donna
pleinement dans le pi6ge. Brusquement assailli par les
royalistes, il fut mis en complete d6route. Dans cette ren-
contre malheureuse, il perdit un grand nombre de ses
partisans « et un fort bon cheval que Ton lui a pris; on
)) m'a dit que Balthazar avait donn6 nom a ce cheval
)) Demi-diable ^ » De son c6t6, Poyanne vit tomber dans
ce combat Tun de ses capitaines, Lanoyaa, de Montfort,
« lequel ne fut pas fort regrett6 des paroisses de la Cha-
)) losse, k cause des grands ravages et voleries qull y
)) avait fait auparavant (9 mars) *. » Le coup fut un peu
rude pour les Frondeurs, et d6s le lendemain de cette
affaire d'Aubeterre en rendait compte en ces termes au
cardinal Mazarin :
II y a deux mois que je suis d^tach^ avec des trouppes dans le pays
de Marsan, Saint-Sever et Chalosse pour empescher les desseins de
Balthazar, lequel, sans faire le gascon, j^envoye souvent aux recrues.
II voulut attaquer il y a deux jours deux compagnies de mon regiment
k Mugron, avec irois cens chevaux et cent mousquetaires; il fut bien
battu et contraint de se relirer quoique le lieu soit presque tout ouvert.
Je luy dispute la Chalosse oil il veut entrer; j'ai avec moy encore prfes
de cent hommes de pied; il luy en coustera bon s'il s'y veut obstiner (3).
Tout se pr6parait done pour une lutte plus s6rieuse et,
par suite, de nouvelles 6preuves allaient fondre sur nos
populations. D6ja la mis6re 6tait telle que plusieurs mou-
rurent de faim et que T^vfeque d'Aire autorisa pendant le
car6me Fusage de la viande, en r6servant les mercredi,
vendredi et samedi de chaque semaine.
Toutes les paroisses sont ravag^, except^ les terras de monseigneur
de Gramont qui nV a point eu logement; mais ils payent imposition
aussi bien que les autres paroisses et partout le pays a grande pau-
vret6. II y a une garnison k Mugron et une autre k Saint-Sever et une
(1) Laborde-PAbou6, op. cit,, p. 472.
(2) Laborde-P6bou^, op. cit., p. 471.
(3) Arch, nat., KK. 1220, f 24 r.
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— 488 —
autre k Gaujacq; il faut que les paroisses du siege de Saint- Sever
' entretiennent toutes ces gamisons et se font bien payer k leurs discus-
sions (discretions) et si les paroisses manquent au payement au jour
qu'ils mandent, ils s'en y vont les miner tout ifait; il ya encore d'au-
tres gamisons lesquelles s'entretiennent par les habitants de ce lieu,
comme est k Hagetmau, k Doazit^ k Nerbis, k Poyal^ (1).
Combat de Grenade. — Malgr6 son 6chec, Balthazar
n'6taitpas pr6t k renoncer i la guerre. II re$ut en ce mo-
ment un renfort de huit cents Irlandais, ce qui lui permit
aussitdt de prendre la revanche; maiscette fois encore la
victoiredevaitlui6chapper (10 mars). Nous empruntons
k son heureux adversaire le r6cit de cette journ6e :
Balthazar, aprfes avoir est^ battu k Mugron par deux compagnies de
mon regiment, fit rassembler tout ce qu'il avoit de trouppes et les en-
voya se poster k Grenade, petite ville k demi fermde, au nombre de six
cents honunes de pied et de deux cents chevos avec ordre au sieur de
Bas (de Batz) de passer la riviere de TAdou et se poster dans la Cha-
losse. Ce qu'ayant sceu je rassembl^ tout ce que je pens de troupes et
qui feust au nombre de trois cens chevos et quarante mousqueteres et
les ayant trouv^i demi passes, je les charge et en fis beaucoup de pri-
sonniers et de tu& dans cette rencontre; mais la cavallerie s'estant
ralito au-del& du ddfil6 et de Teau avec un r^ment irlandois, nostre
cavallerie passa cette riviere avec si grand vigueur et d'une manifere
qui espouvanta la cavallerie des ennemis qui se retirant en d^rdre
abandonna un r^ment irlandois, qui s'estant mis dans un bois fort
espais se d^fendirent autant qu'ils peurent, mais enfin ils furent quasi
tous tu6s ou pris. Nous avons pris dans cette occasion plus de six vint
soldats irlandois, huit ou neuf capitaines lieu(tenants) ou enseignes
et plus de soixante de tu^s; un capitaine de Balthasar (Darosin) pris et
fort bless6 et les cavalliers qui voulurent faire ferme (2). [Au camp
devant Mugron, 15 mars.J
La d6faite des irlandais fut d'autant plus complete
que, d'aprfes une lettre adress6e k Poyanne par d'Aube-
terre, la cavalerie de Balthazar ne s'61oigna pas des portes
(1) Laborde-P^bou^, Relation c4ritablc„. (Arm, des Landes, m, p, 572.)
(2) Arcb.nat., KK. 1220, f« 27. (Lettre de d'Aubeteire ii Mazarin.)
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— 489 -
deGreDade, tandis que les royalistes d6truisaient ce mal-
heureux r6giment^ (Saint-Sever, 12 mars 1653.) Les
Frondeurs vaincus proflt6rent de la nuit pour quitter la
ville et regagner Tartas. Comme leurs forces consistaient
surtout en cavalerie, d'Aubeterre, averti trop tard de leur
fuite, ne putr6ussir k les rejoindre. Ses cavaliers s'6ta-
^ blirent k Montaut et saccagferent tout autour d'eux, parce
que les habitants de ce village avaient pris la fuite k leur
approche*. Au milieu detant demis^res, le grain arri-
vait en abondance de Bayonne (15 mars) et la belle appa-
rence des r6coltes faisait esp6rer de r6parer les d6sastres
du moment si les gens de guerre venaient k disparaitre
avant la moisson.
Rencontre au CatiMrd. — Balthazar, ne se sentant
pas poursuivi, voulut tenter un coup de main hardi pour
r6tablir sa fortune. Mont-de-Marsan n'6tait pas trop
61oign6 de son lieu de refuge et Tenlever aux ennemis ne
lui paraissait point impossible. D'autre part, le r6giment
de Saint-Mesmes, cantonn6 a Saint-Sever, 6tait loin de
viyre en bonne intelligence avec les habitants de cette
ville; on pouvait done mettre k profit les sentiments hos-
tiles de la population pour se d6barrasser de lui. Ces
deux entreprises 6chou6rent et Viven mandait d'un air
triomphant au cardinal Mazarin : « Les ennemis ont
)) manqu6 le Mont-de-Marsan. Le regiment de Saint-
» Mesmes a couru belle fortune d'estre esgourg6 » (15
mars) '. Aprfes ce double 6chec, ne disposant plus que de
5,000 hommes, Balthazar dut se contenter de faire des
excursions autour de Tartas*. La Chalosse lui 6tait fer-
rate; par suite, il se trouvait r6duit k errer dans la Lande,
(1) Arch. hUt. do la Gascogne, fasc. i, p. 119.
(2) Laborde-P6bou^, Relation oMtable... (Arm, des Landes, in, p. 473.)
(3) Arch, nat., KK. 1219. ^ 39,
(4) Laborde-P^bou^, Relation o4ritable,.. (Arm. des Landes, iii^ p. 475.)
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— 490 —
le Marensin et le pays de Born, regions d6sertes et nues,
sans fourrages pour entretenir sa cavalerie. D'Aubeterre,
au contraire, voyait chaque jour augmenter ses forces.
Les irlandais battus a Grenade avaient demand^ a passer
dans les rangs de ses soldats et il en avait form6 six
compagnies. II serrait done de pr6s son adversaire. Pour
Tatteindre, il franchit TAdour et lui livra en pleine lande,
au Cailt6r6, un combat dont Tissue demeura incertaine^
(17 mars) \ Balthazar y perdit Faget de Salies, Tun de
ses lieutenants; mais d'Aubeterre et Poyanne se virent
obliges de repasser TAdour pour se retirer a Montaut,
puis k Gaujacq, a Segarret (Saint-Cricq-Chalosse) et a
Sault de Nav allies. Les 6v6nements dont les bords de la
Garonne 6taient alors le theatre faillirent nous enlever
Tun de ces vaillants capitaines. Marsin assi6geait alors
Belves : « c'est ung lieu de M. Tarchev^que de Bour-
)) deaux*. wDe leur c6t6, pour 6craserla tMe de la sedi-
tion, les royalistes voulaient a tout prix r6duire la capi-
tale de la Guyenne; mais les Espagnols profitaient du port
de la Teste pour introduire des secours dans cette ville,
et cette situation compliqu6e faisait que les hostilit^s se
prolongeaient sans espoir de succ6s. « On n'y pent rem6-
)) dier qu'en fesant passer de la cavallerie dans le M6doc,
» mandait a Mazarin Guron, 6v6que de Tulle, ou bien
)) que M. de Candale envoiat le chevalier d'Aubeterre qui
» est au Mont-de-Marsan ' » (17 mars).
Exactions de Balthasar. — Irrit6 des 6checs cons6-
cutifs qu'il venait de subir, Balthazar tourna sa colore
centre les bourgeois de Tartas. II fit arr6ter les plus im-
portants et pour leur extorquer de Targent les traita
comme ennemis de sa cause. C'est ainsi qu'il s'empara
(1) Laborde-Pebou^, Relation c^ritablc... (Arm. des Landes, ui, p. 474.)
(8) Arch, nat., KK. 1220, f" 19.
(3) Arch, nat., KK. 1220, ^ 43.
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— 491 —
des enfants de M. de Vidart, et sous menace de njort
leur fit compter une ran^on de 5,000 livres (20 mars) *.
Les regions situ6es sur la rive droite de I'Adour ne lui
offraient plus de ressources; il voulut cependant essayer
de leur arracher encore quelques subsides. II envoy a done
des passeports aux repr6sentants des communaut6s de
ces pays, les engageant k se r6unir pour traiter avec lui
et mettre un terme aux depredations de ses soldats *. Les
populations, fatigu6es de vivre en decontinuelles alarmes,
etaient assez dispos6es k pr6ter Toreille k ces proposi-
tions; mais d'Aubeterre d6savoua hautement toute tran-
saction et pour accentuer sa resistance il refusa les saufs-
conduits que soUicitaient les d616gues des environs de
Tartas (20 mars). Quoiqu'il nedisposat que de cinq mille
hommes, tant cavaliers que fan tassins, Balthazar recom-
menga done ses rapides excursions et par Taudace de ses
entreprises continua d'inspirer une grande frayeur k ses
adversaires. Ses cavaliers, poussant jusqu'aux portes de
Dax, arrfeterent les paisibles habitants qui se rendaient
au marche de cette ville; ils en tuferent deux ou trois et
conduisirent k Tartas cent trente prisonniers si mal-
traites qu'ils disaient a quil vaudrait mieux 6tre en pur-
)) gatoire (22 mars) ' ». L'agitation 6tait grande dans la
petite cite landaise. On n'ignorait pas que les frondeurs,
voyant que leurs affaires prenaient une tournure defavora-
ble,negociaient depuis longtemps avec TEspagne pour obte-
nir son intervention enleurfaveur. Le marquis Aimard de
Chouppes etait parti de Bordeaux pour Madrid, le 15
fevrier, muni des instructions du prince de Conti. II etait
charge de proposer aux espagnols une double diversion,
Tune du c6te de Narbonne, Tautre sur Bayonne et sur
(1) I^borde-P6bou4, Relation cMtable... (Arm. des Landes^ iii, p. 474).
(2) Arch. hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 122.
(3) I^borde-P6bou^, Relation c6ritable.,. (Arm. des Landes, lu, p. 475.)
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— 492 —
Dax*. Celle-ci avait pour but d'ouvrir k leurs troupes le
chemin de Bordeaux et ne devait pas offrir de grandes
difflcult6s, car « est k notter qu'il est ais^SiM. de Baltha-
zard, qui est en quartier d'hiver dans Roquefort et Tartas,
de se saisir d'un passage dans la montagneet de se joindre
k ses troupes par terre *. » On devait done redouter une
attaque centre Dax, dont la conservation importait si
grandement k la cause royale. Or, en cas de si6ge, la
Ville n'avait pas de ressources suffisantes et Viven signa-
lait cette situation a la pr6voyance de Mazarin : « La
ville de Dax oil commando M. le marquis de Poiane est
mal pourveu de bled et de munitions de guerre. Ce poste
est la garde de Baione. V. E. y fera prendre garde, s'il
luy plaict. » (22 mars)'. Averti par les 6chevins de
Bayonne des projets form6s par les frondeurs centre la
place dont la garde lui 6tait confine, Poyanne, ne se sen-
tant pas assez fort pour r6sister k ces entreprises, en
r6f6ra k d'Aubeterre et luiexposa en mfeme temps le plan
qull avait form6 pour se d6barrasser des dangereux
voisinsque les circonstances lui imposaient* (23 mars).
S*agissait-il d'enlever Tartas par surprise ou d'acculer
Balthazar k la mer ? Rien dans la correspondance des
deux g6n6raux ne permet de le deviner. Nous savons
seulement que d'Aubeterre approuva pleinement les pro-
jets de son coll6gue*. II avouait que a d'emp6cher que les
ennemis ne r6usise dans le dessaing qu'ils font, ce seroit
couper la gorge aux Bordelais et par consequent a Tarmte
de M. le Prince*. » (24 mars). Mais iln'osait prendre sur
lui d'autoriser pareille entreprise et vainement il d6p6chait
(1) M^m. de Lenet, p. 596.
(2) Instructions donnees par M. le prince de Conty d M. de Chouppes allant
en Espagne.
(3) Arch. nat. KK. 1220, (• 60.
(4) Arch, hist, de la Gascogno, lasc. i, p. 123.
(5) Arch, de Bayonne. EE. 92, n» 81.
(6) ArM hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 124.
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_ 493 —
courrier sur courrier k M. de Candalle pour obtenir son
assentiment : les ordres qu'on lui faisait esp6rer de jour
en jour ne lui parvenaient jamais.
M. de Vidart. — Toutes ces hesitations rendaientplus
lourdes encore les charges qui pesaient sur nos malheu-
reuses populations, en prolongeant le s6jour des troupes
qu'elles 6taient oblig6es d'entretenir. Loin de se pr6oc-
cuper de les all6ger, les soldats semblaient prendre plaisir
k les aggraver encore par le mauvais usage qu'ils faisaient
des approvisionnements qu'on 6tait contraint de leur
fournir. Les jurats de Villeneuve, dont la garnison 6tait
command6epar P. Laurens, ordonnaient de ramasserle
foin abandonn6 par la troupe et de surveiller la route que
prenait Candalle afin de voir si leurs administr6s 6taient
d61ivr6s de ses terribles miliciens. On apprit done avec
bonheur dans cette ville que lechftteau dePujo avait 6t6
remis sous Fob^issance du roi, ce qui permettait enfin
aux soldats de s'61oigner (24 mars) *. Si le Marsan obte-
nait alors un peu de r6pit, d'autres regions 6taient loin
d'offrir la mfeme s6curit6. Effray6 de ce qui 6tait advenu
k ses enfants, M. de Vidart avait r6ussi k se r6fugier pr6s
de son ami, M. de Doazit; mais il n'avait 6vit6 un p6ril
que pour 6tre expos6 k un second non moins pressant.
Averti de sa presence a Doazit j le chevalier d'Aubeterre
le traita comme un partisan de Balthazar, parce " qu'il
venait de Tartas, et se rendit niaitre de sa personne (27
mars). IlFemmenaSi Saint-Sever etne le remit en libert6
que sur la parole deM.de Doazit. Le malheureux gentil-
homme, ainsi traqu6de toutes parts, demeura auprfes de son
ami, qui refusa de le ramener k Tartas, malgr6 les menaces
r6it6r6es de Balthazar*. La garnison que Gramout entre-
(1) Arch, de Villeneuve, CO. 9, n« 4.
(2) Laborde-P^bou^, Relation oir liable,,, (Arm. dee Landee, in, p. 475-476).
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- 494 -
tenait k Hagetmau ^tait accourue au cMteau de Doazit.
EUe 86 retira, voyant qu'elle avait affaire non aux fron-
deurs, mais aux gens de d'Aubeterre.
Balthazar au pays de Born. — Les chefs royalistes
attendaient toujours les ordres de Candalle pour ex6cuter
le projet qu'ils avaient form6 centre les rebelles. Mettant
k profit ce retard, Balthazar incendia Hinx (27 mars),
puis, s'enfongant dans les Landes, gagna les bords de la
mer. L'impatience 6tait grande parmi ses adversaires et
si les commandements qu'il esp6rait n'arrivaient pas,
d'Aubeterre, qui n'y tenait plus, 6tait r6solu aagir de son
chef, afin d'enlever Tennemi, si toutefois celui-ci 6tait
encore dans le pays de Born; mais pour cela il avait besoin
que Poyanne mitson regiment a sa disposition (31 mars) \
Les deux chefs r6unirent en effet leurs troupes pour tenter
ce coup de main. lis 6chou6rent dans leur entrepriseet
d*Aubeterre, qui ne pouvait se consoler d'avoir manqu6
les ennemis de si pr6s et « estant impossible que nous
» les manquassions », expliquait ainsi sa m6sa venture :
Un ireste de guide, nous estant mis sur leur marche, nous mena
dans un marais, nous lusmes plus dune heure k en sqrtir. Cependant
m*eslant mis en campague je mesuis r^solu de les incommoder autant
que je pourray (2) (5 avril).
II se posta done k Castillon (Arengosse) pour leur
couper les vivres et les emp6cher de pr61ever des imposi-
tions; car « Balthazar a tax6 toutes les paroisses de la
)) lande a sa boulount6 et les cur6s particuliferement et
)) se fait bien payer*. » Malgr6 la disapprobation de
d'Aubeterre et m6me celle de la Cour, les populations de
la rive droite de TAdour, que rien ne prot6gait centre ses
rapines, avaient dCi, en effet, entrer en composition avee
(1) Arr.fi. hist, da la Gascogno, fasc. i, p. 128.
(2) Arch. hist, do la GascogriCf fasc. i, p. 127.
(3) Laborde-P^bou^, Relation ceritable,.. (Arm. des Landes, lu, p. 477).
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— 495 —
lui et avaient conclu un trait6 auquel Poyanne refusa de
donnerson consentement* (6 avril).
Incidents de guerre. — Les frondeurs demeuraient
done maitres sur la rive droite, mais d'Aubeterre d6cla-
rait qu'il ne eraignait rien pour les pays situfe sur la
rive gauche et places sur la sauvegarde de Poyanne :
« Si les ennemis sont assez foux d'entrer dans vostre
gouvernement ou dans la Chalosce, mandait-il k ce der-
nier, nous les suivrons de si pr6s que assur6ment ils ne
s'en retourneront pas tous *. » (5 avril). Ces belles paroles
n'emp6ch6rent pas Balthazar d'enlever deux charrettes
de froment au Cap de Pouy (Saint-Sever) et de les em-
porter k Cauna qui lui servait de refuge (6 avril). II fit
aussi une razzia de b6tail au Greil (7 avril) et coupa le
bl6 danslalande pour, nourrir ses chevaux*. Malgr61e
succ^s de ces coups de main, les affaires du hardi partisan
ne se r^tablissaient pas. Comme ses soldats avaient 6t6
d61og6s du ch&teau de Castillon, il ne lui restait plus h
cette heure que Tartas, Roquefort, Saint-Justin et le
chateau de Cauna; encore d'Aubeterre r6ussit-il k lui
faire des prisonniers dans cette derni6re place (8 avril).
Les royalistes d6vast6rent Serreslous et les environs de
Hagetmau. Une compagnie de trois cent quarante irlan-
lais, que le prince de Cond6 envoyait en Espagne, avait
6t6 ar r6t6e k Bay onne par le comte de Toulon j eon et en voy 6e
en Chalosse. Ces strangers, cantonn6s d'abord k Saint-
Cricq, se rendirent ensuite k Montaut, que ses habitants
avaient abandonn6. Ne trouvant pas de vivres dans ce
village, ils imposaient force requisitions k Doazit (11-23
avril), en attendant quils pussent s'6tablir&, Saint-Sever*.
(1) Arch, hist do la Gascognc, fasc. i, p. 128.
(2) Arch. hist, do la Gascogne, fasc. i. p. 127.
(3) Laborde-Peboud, Relation o6ritable... {Arm. dos Landes, in, p. 477).
(4) Laborde-P^bou^, Relation o^ritable,., (Arm, dee Landea, iii, p. 478,
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— 496 —
Lee gens de Poyanne ravagferent aussi Serreslous et les
environs; sans les grains exp6(ii6s de Bayonne n la plus
grande partie du monde serait d6j8i mort. »
Pdnurie du tr4sor. — II n*y a pas lieu de s'6tonner en
voyant les royalistes pressurer les populations tout autant
que les frondeurs. Le pouvoir central se d6chargeait sur
les chefs secondaires du soin de fournir a Tentretien des
troupes et les obligait ainsi k vivre aux d^pens des habi-
tants. 11: y eut sans nul doute des exc^s commis par la
soldatesque; mais il serait prof ond6ment in juste de rejeter
sur les capitaines qui commandaient au milieu de nous
tout Todieux de la situation, car ils agissaient conform^-
ment aux ordres de la Cour. Celle-ci demeure ainsi res-
ponsable des d6pr6dations dont souflfrait le pays tout
entier; par suite, le peuple devenait assez indifferent h
des 6v6nements qui tournaient toujours centre lui. Cette
disposition des esprits ne pouvait qu'fetre favorable aux
rebelles qui, ne trouvant pas de resistance locale, renou-
velaient chaque jour leurs audacieiix exploits. C'est ainsi
que Jean de Lespfes, surnomm6 Le Bet, marchand, fut
tu6 par les gens de Balthazar « proche le moulin de Cas-
tetmerle et enseveli k Nerbis*. » (!•' mai). Pour r6duire
les frondeurs k Fimpuissance, Candalle se disposait k
assi6ger Roquefort et Tartas avec 2,800 hommes d'infan-
terie et 800 chevaux. Poyanne re?ut Tordre de r6unir les
provisions et les munitions n6cessaires k ce corps d'arm6e
(1*^ mai). Mais pour tenter cette entreprise Candalle avait
besoin de subsides et a la demande qu'il lui adressa le
cardinal Mazarin n'h6sita pas k r6pondre :
A vous parler franchement vous ne devez pas vous attendre qu'on
vous envoie de Targent d'ici, tandis qu'on D*a pas seulement de qaoi
pourvoir aux d^penses ordinaires de la maison du rol et aux choses
(1) Arch, muoicipales de Nerbis, GG. 1.
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- 497 —
absolument Q^oessaires pour soutenir Teffoit des ennemis du c6t^ des
Flandres, c'est pourquoi il faut que vous tachiez k trouver des fonds k
vivre dans la province mAme et que vous fassiez en sorte qu'elle four-
nisse k I'avenir les moyens de faire la guerre (1) (4 raai).
Pour faire un aveu si p6nible, il fallait Men que le tr6-
sor fut absolument sans ressources. En effet, le cardinal-
ministre n'ignorait pas les dangers que courait alors la
Gascogne, car il pr6venait Candalle, toujours occup6 au
blocus de Bordeaux, que les Espagnols avaient promis de
venir par mer au secours de cette ville, et s'ils ne pou-
vaient r6ussir de la sorte « ils tacheroient de pousser par
)) diversion en attaqnant une place k la teste des Lan-
)) des, sur le grand chemin d'Espagne k Bordeaux,
)) laquelle k mon advis, disait-il, ne pent 6tre que
» Dacqs » (4 mai) •.
Marsin dans les Landes. — Pleine de confiance dans
les g6n6raux qu'elle avait en cette region, la Cour ne se
pr6occupait pas outre mesure des projets des Espagnols
ligu6s avec les Frondeurs. Le due de Candalle devait
venir prendre la direction des op6rations militaires, et d6s
son arriv6e k Mont-de-Marsan il saurait s'opposer k la
descente des ennemis (8 mai) '. On avait en ce moment
Jiregretter un accident assez grave : les pinasses envoy6es
de Bayonne pour empftcher le ravitaillement de Bordeaux
avaient 6chou6 k Arcachon, et ceux qui les commandaient
paraissaient m6riter chfttiment, car deux navires seule-
ment 6chapp6rent au d6sastre. Malgr6 ce contre-temps,
on n'avait pas d'inqui6tude; pour r6ussir dans son entre-
pri§e, Fennemi devait encore passer k travers quarante
brdlots, bon nombre de vaisseaux de guerre, de frigates,
(1) D^ptehe cit^e par E. Desponts, Un oUkige <U Gascogne pendant la guerre
lie la Fronde, (Reoue de Gascogne, viii, p. 412, 1867.)
(2) Arch.nat., KK. 1221, ^ 37.
' (S) Aroh. de Bayonne, EB. 92, n* 82.
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— 498 —
de galferes, de galiotes et autres bfttiments k rame*.
C'est de ce c6t6 que se eoneentraient tous les efforts, et
les secours promis par Candalle pour d61ivrer les Landes
ne paraissaient pas. Balthazar se tenait toujours a Tartas.
Marsin vint Ty rejoindre avec 300 chevaux pour coiif6rer
avec lui sur le mauvais 6tat des affaires de Bordeaux. Se
trouvant en force, les Frondeurs reprirent leurs excur-
sions et r6ussirent k enlever les grains que Ton portait a
Saint-Sever. Mais en revenant de Hagetmau, oH la
noblesse du pays s'6tait assembl6e aftn de d61ib6rer sur
les mesures k prendre pour mettre fin a ces ravages, 1^
gens du chevalier d'Aubeterre rencontr6rent k Toulou-
zette les cavaliers de Balthazar et leur infligferent una
rude d6faite, qui n*emp6cha pas leur chef de piller Doazit,
Aul6s, Bancs et Montaut (7 mai) % car il avait gard6 prfes
de lui « les vingt compagnies de ca valeric et les trente
)) dlnfanterie quil avoit pour lors k Tartas et Roque-
)) fort'. )) Le due de Candalle 6tait enftn parti avec une
petite troupe « pour aller vers le MonWe-Marsan et
)) attaquer Roquefort et Tartas oti est Balthazar avec
)) quatre cents chevaux et cinq cents hommes de pied *. »
Mais souspr6texte qu'il ne trouvait rien de s6rieux a faire
de ce c6t6, il remit le commandement de ce corps au che-
valier d'Aubeterre a ne pouvant le confler k une personne
» plus intelligente et plus affectionn6e au service du
» roi" )) (10 mai). II promit k son lieutenant de hii en-
voyer de nouveaux secours et se h&ta de revenir devant
Bordeaux, dont il pressait de plus en plus le si6ge. Aprte
son depart, d'Aubeterre proposa a Poyanne d'unir leurs
forces pour surprendre Marsin du c6t6 de Mugron • (11
(1) Arch, de Bayonne, EE. 92, n« 86.
(2) Laborde-P6bou6, Relation oiritable... (Arm. des Landes, Ui, p. 499.)
(3) Balthazar, Hist, de la guerre de Gugenne, p. 115.
(4) Arch. hist, de la Gironde, viu, p. 146.
(5) Arch, nat, KK. 1220, ^ 252 v.
(6) Arch. hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 134.
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— 4« —
mai). Le redoutable frondeur, qui ne devait ainsi passer
que quelques jours dans les Landes, parvint k se d6rober
k toutes les embuches de ses adversaires et regagna Bor-
deaux oil les 6v6nements rendaient sa pr6sence n^essaire
k son parti.
Concentration de troupes. — Comptant sur les secours
que Candalle devait lui envoyer, d'Aubeterre activait la
concentration des troupes royales sur les bords de TAdour,
afln de venir assi6ger Balthazar dans Tartas Ji la t6te de
10,000 hommes. Les cavaliers cantonn6s k Gauj&cq et les
irlandais qui occupaient Saint-Sever demeurfei^ent trois
jours k Sainir-Aubin et Poyal6 (19-22 mai) avant de ga-
gnerMugron, Souprosse, Nerbis, Toulouzette, quifurent
encombri6s de gens deguerre. Ily avait d6]k « quatre a cinq
mille hommes tant k cheval qu'Jt pied, tout le monde
croit qu'ils veuillent assi6ger Balthazar k Tartas, mais
avant que de commencer ils ont ruin6 tout le pays *. »
Les populations affol6es n'osaient plus garder dans leur
demeure « aucune chose bonne k manger, ni linge, ni
grain, » car les cavaliers r6unis sur les bords de TAdour
venaient jusqu'Si Doazit pour ravager les campagnes et
piller les maisons. En face de tant de maux qui se succ6-
daient coup sur coup et qui lui rappelaient les multiples
6preuves de Job, le chroniqueur chalossais s'6criait
douloureusement :
0 glorieuse Vierge Marie ! je m'adresse k vous comme itant la plus
favoridede la Cour celeste; jamais personne qui vous ait rfclamSn'a
M esconduit. Mfere de J.-C, je vous prie trfes-humblementqu'il vous
plaise intercMer pour tout le peuple qui tant p&tit (2).
Une grfele terrible, qui s*6tait abattue sur le Tursan,
Hagetmau, Momuy et le B6arn, avait enlev6 tout espoir
(1) Laborde-P6bou6« Relation oMtable,,. (Arm. des Landes, Ui, p. 482,)
(2) Laborde-P^bou^, Relation veritable,.. (Arm. des Landes, iii, p. 481.)
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— 600 —
de recite (11 mai). La Chalosse, parcourue en tout sens
par les soldats des deux partis, 6tait compl6tement ruin6e
et pour sauver quelques restes de meubles, on 6tait oblig6
de transporter chaque jour les lits et tout ce qui 6taitdan8
les maisons dans les taillis, en des endroits 41oign6s du
passage des troupes. Heureusement qu'il y avait tou jours
grande abondance de grains du cdt6 de Bayonne. Sans
le secours de la municipality de cette ville, la Chalosse,
incapable de f ournir le pain qu'on lui r6clamait, se voyait
perdue, parce que les gens de guerre allaient vivre k
discr6tion dans le pays. Pour 6viter pareil d6sastre,
d'Aubeterre et le corps de ville de Saint-Sever ^upplife-
rent les 6chevins, jurats et consuls de Bayonne de per-
mettre au sieur de Saint-Genfes, munitionnaire du si6ge
de Saint-Sever, de prendre sur les navires de leur port
mille sacs de seigle et cinq cents sacs de froment que
leur communaut6 devait fournir « pour le sifege de la
» ville de Tartas, la rebellion de laquelle rend tout ce
» pays esclave et les habitans miz6rables et r6duits k
)) telle extremitt6 que la pluspart meurent de faim*. »
(11 mai.)
(A suivre.) J.-J.-C. TAUZIN,
Cur^ de Saint-JusUi^ de Marsan
NOTES DIVERSES
CCCXXV. Le P. Jacques Boireau
Dans la Reoue de septembre-octobre (p. 470), M. L. Couture rappelle la
r6futation de Touvrage du pastcur Majendie de Saint-Gladie par le P.
Boireau. I'^loquent j^uite qui plus tard pr^hera le pan^rique d'Anne
d'Autriche a Pau. Mais l^uvrage n'est complet qu'en trois parties : la
seconde et la trolsidme, que je possMe, sortent des presses de Rouyer, rim-
primeur orth^zien, ^ qui Desbaratz en avait fait la concession. Eiles para-
rent en 1663 et on 1664^ aussi en un in-4* de 6 ft. non paging et de 512
pages, dedi^ k I'dv^ue d'Oloron. I a seconde partie s'ach6y6(p. 367) par
une ode votive k la Vierge, et la troisi^me par une « Marice Maris stellcB
ut Ministro Naufraganti suboeniat, — Ode Proseuchica, »
L. Batcavb.
(1) Arch, de Bayonne, 6B. 92, n** 83, 84.
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PIERRE-PAUL DE FAUDOAS
CHANOINE ET CURE DE PESSAN , EYEQUE DE MEAUX
NOTES gompl:ementaires
Depuis la publication dans la Revue de Gascogne (tome xxxiv,
avril etmai 1893) de notre petit travail sur M, deFaudoas, nous avons
d^uvert de nouveaux renseignements qui compl6tent un peu ce que
nous avons dit sur les premieres ann6es de ce pr^lat.
Le cahierdes Insinuations eccl^siastiques dudiocfese, trouv6dans les
archives du chateau d'Arcamont et dont nous avon^ eu connaissance
gr^e k lobligeance de M. Tabb^ de Carsala'de, nous apprend que
Pierre-Paul de Faudoas regut la tonsure k Ykgt de quatorze ans, dans
la chapelle du cb&teau de Maz^res, des mains de M. de Montillet^ le
6 octobre 1764. Trois jours aprte, son fr^re aln6, Joseph, se dtoettait
en sa faveur de VeccUsiaste de Peyret en Magnoac, qui lui fut aussit6t
canoniquement conf6r6 par Tarchev^ue. Joseph de Faudoas mourut
peu de temps apr6s, kg6 seulement de 20 ans, k Miramont. II r&sulte
des actes de T^tat civil de cette paroisse qu'il fut inhum6 dans la cha-
pelle des Tertiaires de Saint- Frangois, dont il avait 6x6 T^lfeve. Nous
ignorons si, en abandonnant Peyret, il fut pourvu d'un autre benefice
ou s'il renonga k la carrifere eccl^siastique. Quant k Pierre-Paul, il prit
possession, des le 19 octobre, du b^n^fice que venait de lui c6der son
frfere.
L'hurable ^lise de Peyret en Magnoac est encore debout; elle 6tait
alors dans le diocese d'Auch et appartient aujourd'hui k celui de Tar-
bes et k la paroisse de Larroque (canton Ae Castelnau-Magnoac), ou
naquit, en 1536, le cardinal Arnaud d'Ossat. Ce fut done le premier
b6n6fice du futur 6v6que de Meaux et le seul qu'il possida pendant huit
ans, jusqu'au 30 avril 1772.
C'est k cette date qu'il obtint un canonicat k ia coll6giale de Pessan,
dont il se hftta de prendre possession le l®"" mai. Ainsi, M. de Faudoas
a 6i6 attach^ k cette ^glise, soit conune chanoine, soit comme cur6,
pendant trente-trois ans, du 30 avril 1772 au 30 Janvier 1805, date de
son 6l6vation k I'^piscopat. L'eccl&iaste de Peyret n'avait pu sans
doute lui foumir les ressources sufGsantes pour parer aux frais de ses
Tome XXXV. 33
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— 502 —
Atudes; car ce' n*est qu'aprfes avoir Hi pourvu de son canonical de
Pessan qu'il parlit pour le seminaire de Saint-Sulpice, k Vkge de
22 ans. Son tilre clerical, uniquement dtabli sur le canonical donl i!
6tait litulaire, retrouv6 aussi dans le registre des Insinuations, porte la
date du 26 tevrier 1774. Mais il n'y est pas question de ses demi^res
ordinations, qui durent avoir lieu k Paris, d'ou il ne revint que vers
1775 pour s'installer enfin k Pessan. II f ut probablement ordonn^ pr^tre
par Christophe de Beaumont, le vaillant archev^ue qui occupait
alors le si^e de la capitale, et qui, malgr6 les eflforts acharnfe des
ennemis de TEglise, Toccupa jusqu'^ sa mort arrivte le 12 decembre
1783.
Dans les pifeces qui nous ont eti si gracieusement communiques,
nous retrouvons les noms et qualit^s des parents de notre pr^lat lels
que nous les avons nous-m^me donnas dans sa biographie. Nous
remarquons seulement que, dans le litre clerical, le pfere de Pierre-Paul
estappel6 noble Charles de Faudoas de S^uenville, seigneur de Saint-
Sulpice, Nous ne lui connaissions pas ce litre et nous ne saurions
Texpliquer. Quel est ce Saint-Sulpice dont M. Charles de Faudoas a
et^ le seigneur? II y a en France plusieurs lieux de ce nom. Le plus
rapproch6 de nous, et celui qui paratt le mieux se prater k une hypo-
thfese, c'est Saint-Sulpice-Lezadois, k quatre lieues de Toulouse, dans
Tancien diocese de Rieux. Quoi qu'il en soil, ce litre de seigneur n'avait
pas enrichi M. Charles de Faudoas-S6guenville, et sa trfes noble famille
6tait bien dtehue, comme nous Tavons di^k dit, et comme le t6moigne
assez la pauvre masure qu'habil^rent sa veuve et ses enfants dans le
village de Lalanne. P. G.
Dans des notes historiques que nous avail transmises dans le temps
notre ami et ancien condisciple, M. Lafforgue, cur^ de Lalanne, nous
relevons la petite anecdote qui suit sur r6v6que de Meaux originaire
de cette paroisse. — L. C. ^
€ ... Aprfes sa demission, Mgr de Faudoas v6cut dans unegrande
retraite... Une lettre venue de Lalanne lui foumit Toccasion de penser
au moins une fois d'une manifere eflPective k son lieu natal. L'acqud-
reur d'un de ses champs lui demandait k qui des deux, de lui ou de son
voisin, apparlenait, k son avis, un noyer plants dans la haie qui s6pa-
rait les deux heritages. Le pr^lat qui 6lait essentiellement pacifique, lui
fit uner^ponse digned'un 6v^ue selon lecoeurde saint Jean : t Quand
j'^tais i Lalanne le noyer existait d^jk, et dans les mtoes conditions;
il 6tait trfes beau. Pour ne pas Tarracher et pour ne pas plaider, nous
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— 503 —
avions pris le parti, le voisin et nous, de nous en partager les branches
et les fruits. Et je vous exhorte k faire de m6me. » On s'en tint en
efFet ici k ce petit jugement de Salomon, jusqu'au jour oil ledit noyer
mourut de vieillesse. Apr6s quoi encore de la moiti^ des restes chacun
se chauffa, non sans redire au foyer le nom de Mgr de Faudoas. »
NOTES DIVERSES
CCCXXVI. L.8 O&rtulaire g6n6ral des hospitallers de Saint-Jean
de Jerusalem
Un des plus actifs et des meilleurs travailleurs de notre temps, M. !•
Delaville Le Roux, docteur 6s lettres, archiviste pal6ographe, nous fait
Fhonneur de nous demander une mention du magnifique ouvrage qu'il
publie sous ce titre : Cartulaire g^ndral des hospitallers de Saint-Jean
de Jdrusalem (1100-1310), quatre forts volumes in-f olio, format des Histo-
riens des Croisades, contenant au moins 900 feuilies de texte, avec intro-
duction, notes et index general. Le prix est de 400 fr., payables k ralson
dc 100 fr. le volume. Les cinquante premiers souscripteurs auront droit au
prix net de 300 f r., payables k raison de 75 fr. le volume. L'ouvrage est tir6
k trois cents exemplaires, dont deux cent quarante sont mis en vente. Le
premier volume vieut de paraitre (Ernest Leroux, ^iteur, Paris, rue Bona-
parte, 28). La souscription k 300 fr. sera close le 31 octobre 1894. — Nous
rocommandons d'autant plus I'oeuvre de M. Delaville Le Roux, que cette
oeuvre interesse davantage la Gascogne, qui a fourni un grand nombre de
ses gentilshommes k FOrdre de THopital. On admii'era dans ce beau recueil
une prodigieuse floraison de chevaliers gascons, com me au xvi' siecle on
admire dans les memoires do Monluc et de ses contemporains une non
moins prodigieuse floraison de heros de la meme region. Sans vouloir
insister sur le merite d'un ouvrage oti I'art et la science ont noblement
rivalis6, nous dirons que c'est le fruit bien m^ri, heureusement dore, de
pecherches qui ont dure pr^s de vingt ans, qui ont porte sur plus de deux
cents d6p6ts, qui ont 6puise, pour ainsi dire, les Archives et les Biblioth^
ques de toute 1' Europe. Depuis bien longtemps n'a vu le jour aucun
ouvrage aussi important pour Thistoire du moyen dge. Aussi ne doutons-
nous pas de I'immense succ^s de volumes d'un inter^t universel. Sans
doute 300 fr. constituent une redoutable somme, surtout par le temps de
prosp6rit6 dont nous jouissons; mais si Ton tient compte des triors de
science accumules en ces volumes, si beaux k tons les points de vue, on
finit par reconnal^re que les livrer a 300 fr., c'est les donner pour rien.
T. DE L.
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LA GASCOGNE
dans rinveotaire des Archives d^partemeHtales de Bordeux
1772. M6moire sur Tagriculture et le commerce, signi Dubemet,
de N6rac, tendant k d^montrer que la depopulation des campagnes
tient k de tout autres causes que la revocation de TEdit de Nan-
tes, et, au contraire^ pour les trois quarts, k la milice et k I'absen-
teisme des nobles et des bourgeois (1). — 1755. Lettre de Tintendant
d'Auch au contr61eur g^n^ral sur les nombreux incendies occasionn^
par les charbonniers et r6siniers dans lapartie des Landes qui ftvoisine
la g6n6ralit6 de Bordeaux. — 1718. Arr6t du conseil ordonnant rex6-
cution des r^glements faits en 1672 par I'intendant d'Aguesseau pour
la conservation des pignadas des Landes. — 1724. Ordonnance de Tin-
tendant Boucher, portant condamnation centre un rfeinier coupable
d'avoir mis le feu par imprudence dans la paroisse de La Canau (2).
— Ordonnance de Dupr6 Saint-Maur pour le r6tablissement des clayon-
nages construits sur la dune la plus proche de r^glise de Mimizan,
qu'un ouragan de mai 1782 avait absolument d6truits, el dont la dis-
parition laisse sans defense r^glise et le bourg. — Etat des terres
incultes ou abandonn^es de la subd^l^gation de Bazas en 1719 : Thiver
pr6c6dent a geie tons les pins. ^ 1759. Les travaux d^entretien de la
Baise sont faits par les propri^taires des moulins, les seigneurs de
Flamarens et le roi. — 1762-1782. Arrets divers de r6glement pour la
navigation des rivieres de la gen6ralit6 d'Auch et d^parlement de Pau.
— 1789. Projet d'un canal de communication entre la G^lize et la
Douze par Gabarret, devant servir au r6tablissement du commerce de
Bayonne. — 1680. Lisle des interess^s k Tindemnite des maisons pri-
ses k Bayonne, sur la hauteur du bourg Saint- Esprit, pour la construc-
tion du fort Royal. — - 1604. Dans la terre et baronnie de Captieux,
appartqnantau roi comme seigneur, la corvte consiste en une joumfe
k boeufs ou k bras, par an et par habitant, pour aller faucher les foins
du seigneur (3). — 1779. Requite du pr^sidial de Dax^ dont la juridic-
• Voir la livraison de septembre-octobre 1894, p. 458.
(1) Dubernet raconte, ^i I'appui de sa th^se sur les inconv^nients de Tabsen-
t^isme, cetle piquante anecdote : « Un seigneur de la Cour, M . le marquis de
Chazeron, elaut venu, il y a quelques annees, dans une de ses terres, n'eul pas
besoin qu'on lui indiqu^t ses possessions; il les connut loutes en s'aperccTant
qu'elles dtaient plus mal cultiv^es que les voisines. »
(2) Jeanne Lalesque, la plus fort tax6e de la paroisse de Parentis, demande
(p. 118) i I'intendant de Tourny T^lablissement d'un pare-feu dans la lande le
long des pignadas, afin de laprot^ger contre les feux qu'ailument joomellement
les pasteurs.
(3) Ce regime 6tait plus doux que celui de nos trois journ^es de prestations. Et
pourtant que de tirades ^chevel^es contre cette pauvre comic!
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tion avait Hi d&nembr6e lors de la creation en 1629 de oelui de Nirac
et qui demande qu'en exfcution de Tarr^t du conseil (1619), les appels
du sto6chal de Tartas soient enfin port^s devant lui. — 1770-1776. La
communaul6 et juridiction de Condom prfeente, dans la vue d'un
d^rfevement, le proofs-verbal du maavais 6tat et des usurpations sur
les chemins anciens et actuels qui aboutissent k Condom; il serait
n^cessaire de r^parer au moins ceux qui vont de ville k ville et aux
chefS'lieux des paroisses; la juridiction devient par cet isolement hors
d'etat d'acquitter les imp6ts. — 1768. La g^n^ralit^ d'Auch a 1,900
lieues superficielles (la lieue ^tant de 2,400 toises). — 1774. La prieure
de Prouillan-en-Condomois, madame d'Esparbfes de Lussan, demande
au bureau des communaut^s religieuses des dconomats, des secours
extraordinaires pour son couvent, et les obtient. — 13 Janvier 1676.
Dtelaration du roi pour la translation du parlement de Guyenne s^nt
k Condom, en la ville de Marmande. — 1716. Edit portant 6tablisse-
mentd'une g6n6ralit6 et d*un bureau des finances k Auch par distrac-
tion et disunion de la ville de Bayonne, pays de Labour, pays de
Soule, Election des Lannes, pays de Marsan et Bigorre, de Iag6n6ralit6
de Bordeaux, et des Quatre-vall^, le N6bouzan, les Elections d'As-
tarac, d'Armagnac, de Comminges, de Riviere- Verdun et de Lomagne,
de la g^n^ralit^ de Montauban. — 9 juillet 1703. Arr^t du parlement
de Bordeaux faisant defense k toute personne du pays de Labour d'in-
jurier aucuns particuliei*s comme pr6tendus descendants de la race de
Giezy, et de les traiter d'Agots, Cagots, Gahets ni Ladres, k peine de
500 livres d'amende, ordonnant qu'ils seront admis dans les assemblies
g6n6rales et particuli^res, aux charges municipales et honneurs deT^
glise, m^me pourront se placer aussi aux galeries et autres lieux de
ladite ^lise, ou ils seront trait6s et reconnus comme les autres habi-
tants, sans aucune distinction; comme aussi que leurs enfants seront
regus dans les to)les et colleges, et seront admis dans toutes les ins-
tructions chr^tiennes indistinctement. — 1591-1692. Pension k J.
Imbert, d^put^ de Condom^ prise sur la confiscation des biens des
rebelles. — 1593. Le vicomte d'Uza nomm6 capitaine du chdteau de
Bayonne, le sieur de Belsunce nomm6 gouverneurde Maul6on (1).
Letlres patentes k la ville de Bayonne pour la reparation de ses mu-
railles, aux habitants de Maul6on-de-Soule pour confirmation de leurs
(1) Voir (p. 188) un autre document du 4 d6cembre 1589,' accordant au sieur de
Belsunce, en consideration de ses services, la jouissance enti^re pour neuf ans
— reduils ensuite k cinq ans seulement — des revenus de la terre de Maul^n-
de- 'Soule. Voir (meme page) divorses mentions de J. de Secondat de Roques, du
tr^sorier-g^n^ral Ogier de Gourgue et de son fits I^erre; de Lavauguyon, cheva-
lier des ordres du roi. auquel Henri IV accorde (Janvier 1595) un laissez-passer
pour sa maison de Lavauguyon de dix-huit tonneaux, quittes de tons droits, du
cru « de nostre pais de Gascogne », et (p. 189, f 190) diverses mentions de Pierre
d'Ango, procureur du roi k Cap-Breton, de Marabat de Lupp6 (pour entretien
de ses iroup^s en la ville de Mauvezin). de Du Bourg, commandant de Tlle-
Jourdain, du capitaine J . de Fabas, gouverneur du bas pays d'Albret, obtenant,
malgr6 I'oppositiou des jurats de Bordeaux, 12,000 ecus d'i'ndemnit^ pour la des-
truction de sa maison de Castets par Tarmee du due de Mayenne, etc.
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privileges, k la ville de Riscle pour d^charge d'impositions. — 1594-
1595. Les habitants de Saint-Jean-de-Luz sont aulorisds, pour r^parer
le pont de bois deleur ville, k lever un droit de passage sur toules mar-
chandises, ainsi qu'il avait ii6 permis pour le pont de Bayonne. Permis
de licence accord^ k Antoine de Gramont, comle de Guiche, pour
introduire et mener par la riviere de Garonne 50,000 balles de pastel,
franches du droit de douane de 45 sous par balle pris par le Roi pour
le transit entre Langon et Bordeaux (1). Letlres palentes pour le pays
de Labourt, maint^nant Texemption de toute taille, laillon et subsides,
reconnue de tout temps par les precedents rois. — Nomination du
contr61eur des deniers et subventions du clerg6 dans le diocese d'Auch,
office crM en execution de T^it de f^vrier 1588, par lequel le clerg^ de
France avait promis k Henri III une lev6e d'argent de 500 mille ^us
pour soutenir la guerre centre les h^r^tiques. — 1610, 25 septembre.
Autorisation au pays de Condomois de s'imposer pour d^int^resser la
famille d'un receveur des tailles de ses avances faites k la ville pour
Tentrctien de la compagnie du s6n6chal Causemaran, sans laquelle
Condom aurait 6\i soustrait ^ Tob^issance du Roi. — 1611, 5 mars.
Commission pour informer de commodo sur le projet de rendre navi-
gable la riviere de Ba'ise qui traverse Condom et Nerac. — 1612-1613.
Leitres pour les habitants de Capbreton aux fins dcfaire une ouverture
en la rivifere pour le passage des navires el autres vaisseaux; la creation
d'un havre neuf h Bayonne ayant eu pour consdquencQ de d^tourner
Tembouchure de TAdour du boucau vieux de Capbreton, et de faireii
la place un grand lac d'eau stagnante et sans comnnmication avec le
nouveau cours de la rivifere; ils demandent une imposition de 20,000
livres afin de construire un canal qui la rejoindrait. Ordonnance des
Tr^soriers pour Tex^cution du canal demand^ par les gens de Capbreton,
devantaller du c^t6 du boucau vieux en Marensin, prenant depuis le
bout du lac de Capbreton jusqu'au lieu de Haussegord. Mandement des
Tr6soriers de France au sieurde Gourgues, Tun d'eux,d'aller k Nerac
en conformity de lettres du Roi, dresser proems- verbal des pertes occa-
sionn^es par Tembrasement de ThOtel de ville, et constater le chifl"re
auquel pourrait monter Tabandon demand6 par les habitants, de 12 ou
15 ann6es de taille. — 1618, octobre. Imposition autoris^e sur la juri-
diction de La Romieu pour rembourser k T^v^que de Condom et au
sieur de Lartigue un pr^t de 3,000 livres a eux consenti pendant les
troubles; m6me rcquete des habitants sollicitant la remise de 5 ans de
tailles et impositions, vu les mines des villes et maisons, Tabandon
des terres et propri^t^s, la dispersion de la population qui besace par
les autres provinces, le manque de bras et de grains pour semences, et
n&inraoins ils ont maintenu leur bourgen Tobi^issance du Roi malgre
les tentatives armies de plusieurs seigneurs tenant le parti du prince
(1) Voir encore sur divers membres de la famille de Gramont les pages 197,
200, 208, 224, 228, 238, 357, 358, etc.
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de Cond6. — 1624, 24 Janvier. Arr^t du Conseil contenant decharge
aux receveurs du taillon et des tailles du Condomois, d'une somme de
30,000 livres vol6e en plein midi sur le grand chemin de N^rac k
Casteljaloux avec assassinat des commis de Teseorte pendant le trans-
port des fonds des recettes parliculi^res k la caisse des Tr^soriers de
France k Bordeaux (1). — 1647. Don aux sieurs de Labadie et de
Castelmore, chevau-16gers de la garde du Roi, du droit de souchet et
boucheries des villes d' Astarac, Castelj^aloux et Tartas. — 1622. Ordon-
nanoe d'imposiiion pour rte)mpenser le sieur de Marabat de la demo-
lition du chftteau de Mauvezin en Armagnac qu'il tenait. — 1611.
Arr^t du Conseil, en conformity des requites des d^putfe du pays de
Gaseogne, pour faire dresser le procte-verbal de la riviere de Baise en
vue de la rendre navigable et capable de porter les grains et denrfes de
Condom, N(^rac, Moncrabeau, Viane; elle porte d'ailleurs bateaux
presque touterann^,depuis le port de Pascault. — 1615. Soumission
par Gratian Capot, habitant de N6rac, d'entreprendre pour 90,000
livres la reparation de la rivifere de Bayse (sic) afin d'en assurer la
navigability de Viane k Condom. — 1618. Ordonnance sur requite
de messire Antoine de Canet [sic pour de Cous) (2), portant libre pas-
sage et exemption pour un lot de verres et vitres destinies k la cath^-
drale, et un coffre contenant de la vaisselle d'6tain k Tusage dudit
seigneur. — 1620. Renvoi k se pourvoir devant S. M. de Tarchevfeque
d'Auoh annouQant le pillage de la caisse des dfeimes de son diocfese.
— .1633. Les.officiers de TElection des Lannes adressent au Bureau le
proc^s-verbal des violences commises contre eux pendant r^motioa
populaire de Dax,leur president r^fugie k grand'peine dans le chateau,
eux disperses et 17 jours de saccagement; ils supplient le Bureau dene
pas plus accorder que le due d'Epernon la surs&ance demand6e par les
rebelles, de Tiraposition de 100,000 livres mise sur eux en reparation
de leurs excfes. — 1621. Ordonuance pour accorder aux ben(^ficiers du
dioc^e de Lectoureune surseance de troismoisdu paiement de la taxe
qui lui a ete attribuee dans TAssembiee du Clerge, laquelle (taxe) est
(1) Ces aventures-Ii se renouvelaient fr^qucmment.commeleprouvent divers
documents analvs^s dans I'Incentairo. Je n'euciterai qu'un (p. 274, ann<^e 1610) :
(3rdre d'inforraer sur le vol des deniers de la recelte de Navarre ex4cut6 h main
arm^e et avec masques entre Kisclc et Nogaro pendant le trajet des fonds entre
Pau et Bordeaux, le vol etant de 20,000 livres.
(2) Un autre nom (Episcopal et menie archi^piscopal est estropi^ k la page 199
oil Mgr Leonard do Trapes devient « N. De«trappes. » II est question 1^ d'un
mandement — non de I'archeveque — mais contre I'archevdque — mandement
adpessi^ aux trc^soriers de Franco k Bordeaux pour faire acquitter, m^me par
saisie, les arrerages de la pension de 8,000 ecus consentie au due de Nemours
sur les revenus de I'arcbovech^ d'Auch, en execution d'un contrat trfes particu-
lier intervenu a Toccasion de son elevation a ce sidge entre le pr^lat et le due, ^
la date du 5 avril 1597. Le saint arehev6que ne payait pas ses dettes, sans doute
parce qu'il donnait tout aux pauvres. II faut le rapprocher de cet autre saint,
diiment canonis^^eelui-lii, qui, pour pouvoir faire de plus abondantes aum6nes, se
pormetiait, dit-on, de tricher au jeu. N'a-t-on pas connu,plus tard,un venerable
cure <le I'aris qui colait pour son t^glise le convert d'arjjent qu'on plaQait devant
liu quand il dinait en ville? Voir une anecdote k ce snjet dans VInocntaire des
nicuOles du chateau de Nerac (Agen, 1867, p. 19).
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mfeme r6duite de moiti6 sur la dtelaration de sept t^moiiis que, dte le
commeneement d'aout 1620,1a province avail i{& pillee parsongouver-
neur Fontrailles. — 1607. Bureau des finances. L'intcnsil6 de la conta-
gion dte le commencement de Tann^ a fait deserter la ville de Con-
dom (1], en sorte que personne des paroisses et villages circonvoisins
n'y osait aborder; m6me on mettait en quarantaine tout ce qui sortait
de Condom; k cause de quoi la recette est transKrte k M&in. — 1608.
Remboursement k noble Diane Luzignan, dame de Terraube, d'une
somme pr6t4e aux consuls de Condom, pour les frais d*un « certain ■
voyage par eux fait en Cour. — 1610. Imposition de 4,200 livres sur
le Bazadais, en faveur de la ville et pr6v6t6 de Sauveterre. — 1611.
D^peuses d'une d6putation envoy^e k la Cour, compost du sieur de
Lussan, d6put6 g^n^ral de la province, Nicolas de Saige, depute du
Condomois, Tauzin, ^uyer, habitant de Montreal. Imposition de4,000
livres en faveur des sieurs de Montespan et de La Roche Dupuy, pour
indemnity de la demolition de la citadelle de Condom. ~
J'aurais encore beaucoup d*indications gasconnes k puiser dans
rinventaire, surtout en ce qui concerne les deux villes de Dax el de
Bayonne, mais k trop puiser on risque de tout inonder. Je ne veuxpas
que mes chers lecteurs orient^ la noyade. Je m'arr^te done, meconlen-
tant de signaler, en ces demi^res lignes, ce qui regarde notre vieil histo-
rien Scipion Dupleix, auquel je voudrais bien qu'un de nos jeunes
travailleurs consacrit une monographic tr^s d^laill^, corame celle que
je r^lamais rteemment ici pour lepolygraphe Frangois de Belleforest.
1606. Imposition sur la s6n6chau8s6e de Condom d*une somme de
2,500 livres pour les frais et vacations exposes par M« Scipion Dupleix,
avocat du roi au si6ge de Condom, pour les affaires du pays et le
procfes d'entre la noblesse et le Tiers-Etat, soutenu en la Cour des
Aides de Paris, sur le diff^rend du paiement des tail les. — 1635.
Lettres de pension de 3,600 par an (douze mille francs actuels) en
faveur de Scipion Dupleix, historiographe du Roi, pour lui donner
moyen de vacquer k la continuation de VHistoire de France, etrecon-
naitre les services qu'il a rendus k S. M. taut en cet exercice qu'aux
autres charges, offices et commissions importantes, mesmes k cause
de ce qu'il a fait beaucoup de frais et despence, k composer et faire
imprimer lesdites oeuvres : celte pension est assign^ sur les deniers
de'la Recette g^n^rale des finances de Guyenne, k commencer du
l^** Janvier 1635(2) : « Louis, par la grdce de Dieu, etc. Nostreamdet
f&il conseiller en nostre Conseil d'Estat et historiographe de France
(1) Notre oher collaborateur M. J. Gard^re m'a dit, dans le temps, qu'il avail
le projet de publier un travail special sur la peste de Condom. Puisse la publi-
cation de ce travaU suivre de pr^ la prochaine publication de la monc^raphie
de la cath^drale de Condom 1
(2) Dupleix jouissait d^j^ en 1620 d'une pension nioins considerable. Je ne
relrouve pas le passage de Vlncentaire relatif k cetie pension, pas plus qu'un
autre passage ou mention est faite de la proposition de Dupleix tendant k frapper
d'une imposition particuli^re tout pigeonnier. On m'excusera de u'avoir pas
ebercb^ plus longtemps uno espUngo den uno mole de hen.
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M' Scipion Dupleix, nous a naguferes pr^nti VHisioire de noaire
reigne ensuite de celle de tous les autres Roys nos prM^sseurs, avec
les M^moirea et Ms curieuaea recherchea dea antiquit^.a dea Gaulea
deapuia le dealuge juaquea d V^tabliaaemeni de la monarchie fran^
coiae, par luy escriptes avec un grand labeur, soin, diligence de vdriti
qui ont donn^ k ses oeuvres Taprobation tant de nos subjects que des
nations estrangeres... Pour ces causes k ce nous mouvant, et mesmes
que le sieur Dupleix a employ^ les meilieures ann^s de sa vie k faire
imprimer lesdites ceuvres d VutiliU et d la gloire de la France^ etc.
A Saint-Germain-en- Laye, 2 avril 1635; i enregistr^ au Bureau des
finances k Bordeaux, 7 d6cembrede la mfeme ann6e. — 1636. Presen-
tation k la Compagnie(Tr6sorerie) par le sieur Dupleix, historiographe
du Roi, d'un exemplaire de son Hiaioire de France : il est introduit
pour faire son compliment et prend place, comme conseiller d'Etat, sur
iesi^e du sous-doyen. — 1748. Juin. Nomination de G6rard Dupleix
en quality de lieutenant-g^n^ral de robe et d'^pfe en la s&i6chaussde
de Condom, en recompense des services de son pfere « et en souvenir
de son aieul Scipion Dupleix qui, dans la composition de THistoire
g^n^rale de France, s'est acquis une reputation d'exactitude et de
sincerite qui passera k la posterity (1). »
Philippe TAMIZEY DE LARROQUE.
La « Notice biographique sur Pierre de Marca, » de M. I'abbe
V. DuBARAT, en tfite de la nouvelle Edition de VHisioire
de B6arn.
A la p. 469 de la derni^re livralson de la ReouSy men article sur VHis-
ioire de Beam reeditde k Pau chez Garet, se terminait on plut6t s'inter-
rompait brusquement par une demi-ligne de points. II y avait Ik une
lacune que je laissai subsister pour ne pas retarder remission du numero;
trols feulllets de ma copie s'etaient ^gar^s k la poste et n'ont pas ete retrou-
ves. J'y supply ici de men mieux. Les lecteurs qui seraient peu satisfaits
de ce morceau sent pri^s de croire — et vraiment 11 me semble que c'est
la v^rite— qu'il 6tait un peu moins mal dans sa redaction premiere. II est
vrai que celle-ci est plus courte, ce qui pent Mre une compensation.
... II serait done souverainement injuste, pour ces quelques taches,
de meltre cette edition au-dessous de la premiere, surtout si Ton tient
compte du travail neuf et vraiment complet sur la vie de Marca que
la nouvel'e nous apporte et qui vaut bien, k lui seul, — je parle com-
merce, — au moins la moitie du prix qu'on nous demande pour ces
deux magnifiques volumes.
L'etendue m6me de ce travail pourra paraltre un defaut aux epilo-
(1) En 1751, veute fut consentie h ce m^me G6rard Dupleix, « chevalier, lieu-
tenant general de robe etd'^p^e de la s6n^chauss6e de Condom, » de la seigneurie
de Courensan en Condomois, par Je comte de Kochechouart et la marquise de
Cardaillac.
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gueurs. Aufond,le d^fautn'est quo dans le titre : Notice biographique
8ur Pierre de Mar ca. }[ aurait fallu 6crire: Vie de Marca. Mais
quoi ! Tauteur avait entrepris une « notice »; et puis la matifere s'est
enfl6e entre ses mains; les pieces et les faits les plus curieux, les plus
int^ressants, qu'il eut 6i& cruel de n^liger, se sont multipli^ au-deli
de toute esp^rance. D6s lors M. Dubarat ne s'est plus g6n6. II a 6t*
long, pour 6tre complet.Les vraisamisdes recherches locales, et m^e
de la grande histoire, eccl^siastique et nationale, Ten remercieront tons.
Ne Toublions pas, en efifet, Marca n'est pas simplement Thistorien
du B6arn, c*est un important personnage eccl&iastique et politique, len
m6rae temps qu'un des plus solides ^rudits d'un temps qui fut Vig^
d'or de T^rudition. Son suffrage pesa dans plus d'une discussion
savante; son r6le fut plus preponderant encore dans les plus graves
affaires religieuses et politiques de son temps. Je songe tout d'abordau
jans^nisme, dont les premiers malheurs se rattachent si intimementi
son intervention; puis, aux troubles de Catalogue, ou il g^ra si habile-
ment les int^r^ts de la couronne de France.
Comment done ce gros personnage, ce presque grand homme, n a-
t-il pas eu jusqu'ici le monument biographique du ^ sa m^moire ? II
est certain que, sauf les articles sommaires des Dictionnaires histori-
pues, aucun travail sdrieux n'a paru encore sur la vie de Marca. Est-ce
son caract6re, jug6 s^v^rement par plus d'un arbitre notable, qui a ^t^
cause de ce long silence de Thistoire biographique? Peut-6tre. En lout
oas, quelque jugement moral qu'on porte sur Thomme, il est Evident
que le sujet n'en garde pas moins son int6r6t pour Thistoire et pour la
critique.
Un de nos plus distinguescompatriotes, Mgr Puyol, quand il 6tait
encore professeur de Sorbonne, avait song^ h combler cette lacune. Son
travail d^jk pr6t k imprimer, m'assure-t-on, n'aurait pas form^ moins
de quaire volumes in-S*". Tout a p^ri dans les affreux dfeastres de la
Commune. On n'en pent juger que par un excellent chapitre sur Ten-
fance de Marca, public dans la Revue de B^arn^ de M. P. Labrouche,
et surtout par le bel ouvrage, analogue k quelques ^gards, que Mgr
Puyol a consacre k Edmond Richer. S'il n'est plus permis d'esp^rer
que Tauten r se remette k cette grosse besogne, il faut assur^raent
regretler une oeuvre ou Taction poh'tique et religieuse de Marca ainsi
que ses ouvrages auraient ^t^ jug^s de haut, avec autant de compe-
tence sp^ciale que de talent litieraire.
M.Tabbe Dubarat, qui s'^tait mis en train pourunesimple x notices,
a garde les precedes du genre, lout en depassant debeauooup les homes
qu'on a coutume de lui assignor. II suit tout simplement Tordre des
faits et ne craint pas d'ouvrir, partout oil besoin est, une discussion
critique, d'inserer m^me en enlier dans son texte de longues citations
et surtout des documents qui ont une portee serieuse pour la vie de
son heros. II n'a pas de preoccupation litteraire proprement dite, et jc
me permets de croire que c'est un titre de recommandation, dans un
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sujet si ^tendu^ si multiple et^ pour beaucoup de details, si sujet k
contradiction. En tout cas, malgr^ sa bienveillanoe ^minemment natu-
relle et l^time pour Marca, le biographe n'a jamais pris le ton ni suivi
la m6thode des pan^yrisles. La v6rit^ est sa premiere preoccupation
et il lui sacrifie au besoin... Marca lui-m6me. Dfes ses premiers chapi-
tres, il faut voir comme il d6moIit pi^s en main, et sans qu'il en
subsiste un debris quelconque, )a g^n^alogie qui rattacbait Thonn^te
bourgeois de Gan k un hidalgo du xi* si6cle. Les annes de la famille
n'ont gu^r9 plus de sucote aux yeux du critique. Mais qui done avait *
commis ces faux? N'en disons rien; ce sera le cas d'y revenir en
jugeant Marca d'aprfes cette vie ni6me. Je ne le ferai pas encore. Je n'ai
promis que mes « impressions » apr^s une premiere course a travers le
grand travail de M. Dubarat, et son jugement moral, k lui, ne m'apas
encore laiss6 une « impression » absolument claire : ce qui, en mati^re
aussi complexe, n'est pas du tout une critique.
Ses jugemenls d'6rudit sur les divers ouvrages de Tillustre terivain
m'arr^teraient davanlage, s*il n y avait pas lieu de les r^server aussi.
Je note, en passant, que son opinion sur le pr^tendu « second volume t
de VHistoire de B^am est k peu pr^s la m^me que j'ai soulenue ici,
sauf que M. Dubarat est presque absolument sur que ce volume a
exists, en manuscrit bien enlendu. Sur certaines oeuvres de th<k)logie,
il est peut-6lre un peu dur. Le De concordia mcerdotii et imperii
lui-mtoe, qui causa tant de peines k son auteur, est sur plusieurs
points beaucoup moins gallican que nombred'ouvrages analogues. Les
j6suites n'ont jamais pass6 pour des gallicans forcen&;or,ala premifere
entree de Marca k leur collie de Toulouse, il fut salu6 par une ode
laudative, ou ce livre est ainsi caract6ris6:
At quantus dicina doces humanaque summa
Summd slmul concordia •
Consoclasse Deum!
Et le poete (le P. Lous Belleau) ne craint pas d'ajouter que c*est la
reconnaissance de saint Pierre qui , rendant k Marca service pour service,
Ta 61ev6 aux honneurs de TEglise.
Enfin, pour en finir avec mes « impressions, » je dirai que, sans
doute en quality de perp^tuel correcteur d'^preuves, j'ai eu Toeil bless6
par I'absence de ravant-dernifere letlre du nom d'Arnauld; une distrac-
tion plus grave est celle qui a confondu, quant au nora s'entend, avec
Arnauld d'Andilly, le cel^bre docteur Anioine Arnauld, qui n*6tait que
son dix-neuvi^me cadet.
Et maintenanl je me contente de reoommander k tons mes lecteurs,
avec cette vie si fouill6e, les quatre-vingt-deux « pitees justificatives
et documents » qui la suivent et dont je n'ai rien dit ici. Mais je dois
surtout les pr^venir qu'ils seront loin de trouver, dans ces 305 p. in-4<*
d*un caractere presque menu, tout le travail de M. Dubarat sur This-
rien du B6arn et sa famille. En ifeie du second volume de celte nouvelle
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Mition doivent parattre xineB^n^alogieoomplkXe et une Gibliographie
raisoiiQ^e de Marca, oomprenant ses 6crils imprimis et inddits, qui
nous r&ervent assur<6ment plus d'une heureuse surprise (1). L. C.
CORRESPONDANCE
Une note de notre dernifere livraison (p. 464), oil notre assidu collabo-
rateur, M. Tamizey de Larroque, recommandait k bien juste litre la
Soci^t6d'6tudes italiennes, a valu au directeur de la Revue de Gascogne
une excellente lettre du fondateur m^me de cette Soci^t*. Cette lettre
fait trop d'bonneur k notre modeste publication provinciale pour n'^tre
pas mise sous les yeux de tons nos lecteurs. — L. C.
Monsieur le Directeur,
La Revue de Gascogne a bien voulu s'occuper de notre Soci^ti •
nous en sommes, si l*on veut bien nous permettre cette expression >
plus reconnaissants que surpris. Comment une oeuvre litt^raire et
patriotique pourrait-elle tebapper k la connaissance et k la bien veil lance
d'une Revue que vous dirigez et ou M. Tamizey de Larroque ^ritt
Mais cette bienveillance ne nous en est pas moins particuliferement
pr^cieuse. I^ Sorbonne, le College de France, TAcad^mie Frangaise
elle-m6me, nous ont accords leurs suffrages; des conMrenciers, dont
quelques-uns illustres, se sont gracieusement inscrits sur nos listes.
Pourtant, nous ne le dissimulons pas, nous attachons un prix special
k Tadh^sion du Midi. La Gascogne, le Languedoc, la Provence, le
Dauphin^, ou avec si pen d'eflForts on parie I'italien avec une puret6
que dans le Nord de la France on acquierl malais6ment, doivent nous
fournir une legion d'auxiliaires. Si, dans chacune des soci6t6s savantes
qui sont Thonneur des provinces que je viens de citer, deux ou trois
^rudits seulement voulaient bien tourner quelquefois leur attention vers
riiistoire, les arts, la litt^rature de I'ltalie, si ces hommes distingu^,
surs d'etre ^ut^ ou lus, faisaient part au public, sous forme de confe-
rences, de lectures, d'ariicles, de leurs recherches sur une civilisation
qu'ils sont bien places pour comprendre, quel profit notre oeuvre n'en
recueillerait-elle pas! Pour ne parler que de Tint^r^tdu Midi, Dieu
me garde d*6lre indiscret ! mais je crois savoir qu^en baut lieu on se
demande pourquoi nos jeunes m^ridionaux seraieut eternellement
condamn^s k mal savoir Tallemand au lieu d'etre autoris^s k bien
savoir lalangue des peuples avec qui, pourparler en style commercial,
il y a plus d'affaires k faire parce que leurrichesseest surtout agricole.
Vous connaissez. Monsieur le Directeur, Jes esp^rances que notre
Soci6t6 fonde sur vous. Comment Ten bl4mer, puisqne, de par votre
competence et votre aulorit6, vous lui apparteniez avant qu'elleexistAlT
Vous savez Taccueil que Tltalie lui a fait; les circonstances sont favo
rabies : que les hommes de bonne volont6 se montrent, s'entendent, et
Ton verra que nous n'aurons pas perdu notre temps.
Croyez, je vous prie, Monsieur le Directeur, imes sentiments d^voufe.
C. Dejob.
(1) Void pleinement delaill^es les conditions de veute de ce bel ouvrage :
30 fr. les 2 vol , payables par moiti<^ i^i la reception de chaque volume.
40 fr. les 2 vol., pour ceux qui ootuiront se IMrer en payant 3 fr. par moU.
II y a 25 excmplaires sur papier simili-japon, avec couverture parcbemin
nature!, ^ 80 fr. les 2 vol.
75 ewemplaires nunUrot^s sur papier de Hollande, k 70 fr.
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SOIREES ARCHEOLOGIQUES
AUX ARCHIVES D^PARTEMENTALES
VI
Stance du 11 Juin 1894
Pr^sidence de M. de CARSALADB DU PONT
Presents : MM. Aureilhan, Balas, Louis Balas, Biard, Branet,
Cabrol, Cocharaux, Colonieu, Coustau, Daudoux, Debats, Dellas,
Despaux, Journet, Lacomme, Lagarde, Larroux, L^glise, Lozes,
Albert Lozes, Sansot, Sentoux, Solirene et Tierny, secretaire.
Le Commandeur de Polastron
M. TabW de Carsalade du Pont ouvre la stance par la communi-
cation suivante :
Roger de Polastron, commandeur de Boudrac, appartient k cette
pl6iade d'hommes de mer gascons qui, k la fin|du xv® si^le et au com-
mencement du XVI*, portferent avec tant d'audace et d'honneur le
pavilion frangais sur les mers du Levant et du Ponant. La liste de ces
braves marins serait longue k publier, citons cependant les noms des
plus c61^bres : Pr^genl de Bidos, g6n6ral des galferes de France, Pierre
de Bidos, son neveu, seigneur de Lartigue en Astarac, amiral des mers
de Bretagne(l), Francois du Boutet^ seigneur de Caussens, amiral des
mers de Guyenne, Bertrand d'Omfean, seigneur de Saint-Blancard,
amiral des mers du Levant^ Mathurin de Lescout de Rom^s, grand
(1) Je ne sals pourquoi quelques auteurs modemes, ayant k citer le nom de
ramiral de Lartigue, Tont appel6 Charles de Lartigue, seigneur de Lartigue,
pr^s Mezin en Condomois. Mordri est le premier qui ait commis cette erreur.
Apr^s lui des ^ciivains de grand m^rite, et parmi eux M. L^nce Couture,
ont donn^ k cette erreur toute Tautorit^ de leur Erudition ordinairement si
sure. II est temps de protester et de r6tablir la v6rit6. Nous le ferons prochaine-
ment dans un article special consacr6 k Pr^gent et k son neveu Pierre. Que Ton
veuille Men en attendant nous croire sur parole : Pr^gent, ou mieux P6-Jean de
Bidos, et Pierre de Bidos (de Vidoaaio)^ seigneurs de Lartigue, ^taient des gas-
cons gasconnants, des gentilshommes du comt^ d' Astarac, des voisins de ramiral
d'Om^zan, qui tr6s probablement leiir dut aussi sa vocation de maiin.
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— 614 —
prieur de Saint-Gilles, g6n6ralissirae des galferes de la Religion.
Roger de Polastron 6tait le second fils d'un gentilhomme des envi-
rons de Saramon. Sonp^re, Jean, seigneur de PoIaslron-le-Bas,avait
corame tons les siens, endoss6 le harnais, au sortir de Tenfance, et
gagn6 ses 6perons au hazard de sa vie, dans les champs de bataille. En
Tannee 1443, son compatriote Galobie de Panassac, s^n&hal de
Toulouse, Tavait nomm6 gouverneur de la ville et ch&leau de I'lsle-
en-Dodon (1), mais il avail auparavant fait campagne en Normandie
k la t^le d'une compagnie de gens de pied, et, Tamour allant ais^ment
de compagnie avec la guerre, il avait pris femme en ce pays, entre
deux batailles^ au village de Saint- Pierre et Saint-Just, dans la pr6v6t6
de Vernon.
De cette union naquit une couvde de gascons m4tin& de normand,
qui firent tons bravement leur chemin. L*aln6, Mathieu, fut homme
d'armes et puis capitaine, comme il le devalt puisqu'il tenait fief mou-
vant du Roi. Le cadet, Roger, resta au manoir familial pour faire valoir
les terres et lever les fiefs. II semblait destin6 pour lereste de ses jours
k Hre un gentilhomme campagnard, lorsque un 6v6nement quelque
peu tragique 6veilla chez lui la passion h6r6ditaire des armes el le jeta
dans les aventures. L'histoire de sa vocation est curieuse; j'en emprunle
le rteit k un document original, h des lettres de grAce qui lui furent
accord^es par le Roi, en 1498.
Un jour du mois d'avril 1478^ la taverne du village de Polastron
6tait trfes animfe par le bruit d'une querelle. Quatre homme assis k une
table, les cartes k la main^ ^hangeaient des paroles violenles. lis
jouaient«La Rn6c6e(2).»L*un d'eux 6tait Roger de Polastron, les trois
autres des vassaux de son pfere, dont un nonim6 Domenges Pujos.
Celui-ci peu favoris6 par les cartes jurait, sacrait le nom de Dieu
faisait un lapage du diable et adressait a son parlenaire « des paroles
grandement injurieuses ». Le gentilhomme pria le manant de se taire
et de jouer « gracieusement »; « i quoy luy respondit le Pujos qu'il le
jeleroit plus tost en son retraict qu'il se teust ». La col^ prit le gentil-
homme; il lira sa dague et en frappa sur la tfete Tinsulteur, c lequel
incontinent se partit et alia qu6rir un gros coustau, et, ayant ledit
coustau, retourna devers ledit Roger et d'icelluy luy donna un grand
coup sur la teste, dont yssil grande effusion de sang; et le dit coup
donn6, s'en fouyt. »
(1) Titre original, archives de M. Tabb^ Dubarat, aumdnier du lyc^e de Pau.,
(2) On pent 6galement lire la Ra4c^. J*ignore en quoi consistait ce jeu de
cartes.
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— 515 —
Roger, ramen6 chez lui et pans6, n'eut qu'un d&ir, se venger. L*in-
Solent vassal paierait cher son coup de eouteau, inl^r^t et principal.
Son p^re d'ailleurs avait aussi h se plaindre de ce Pujos, qui lui avait
•tir^deux coups d'arbal6te h propos d'une affaire defemme, affaire assez
scandaleuse racont^e tout au long dans le document. « Si lu ne me
venges^ disait le vieux gentilhomme k son fils, je te deshavoue et ne te
tiens point pour mon fils, ny jamais ne auras aucun bien de moi. »^
Dfes qu'il fut gu^ri, le gentilhomme provoqua en duel Domenges Pujos.
Celui-ci, en bourgeois avis6qu'il 6tait, peu au fait d'ailleurs du manie-
ment de la dague et de r<Sp6e, s'adressa au Parlement de Toulouse « et
obtint de la chancellerie inhibition et fit inhiber audit Roger qu'il ne
Teust k toucher ni en corps ni en bien. »
« Aucun temps apr6s laquelle inhibition, et le samedi vingt-sep-
tiesme jour d*avril Tan mil cccc soixante et seize, icelluy Roger estant
aux champs et ayant deux serviteurs avec luy, vit ledit Domenges
Pujos labourant en sa vigne et lors luy souvint desdits oultraiges que
luy avoit faict et k son dit pere. De ce deplaisant, et memoratif des
paroles k luy dites par son dit p^re, c'est assavoir que s'il ne le ven-
geoit desdits oultraiges qii'il le renonQoit k fils et que jamais n'auroit
aucuns biens de luy, dit k ses serviteurs :
— Vella celluy qui m'a oultraig^ et mon dit p^re, alez k lui et le
botez bien, mais gardez de le tuer, combien qu'il est mauvais garson, et
vous contregardez, car j'aimerois mieux qu'il feust tu6, qu'il vous
tuast. »
« Et tost apres lesdits serviteurs chascuns veslus d'une fcharpe, en
abbit dissimul6 affin qu'ils ne feussent cogneus, s'en allerent vers ledit
Domenges, et ledit Roger se despartit d'eulx et s'en alia en un lieu
nomme La Fas (Lahas) distant du lieu de Pohxstron de demy lieue et
disna avec le seigneur dudit lieu de La Fas. Et apr^s disner s'en
retourna audit lieu de Polastron et trouva sur le chemin le vicaire dudit
lieu de Polastron, lequel luy dit que Domenges Pujos estoit mort. »
Le cas 6tait grave, il y avait mort d'homme. Le Parlement informa
centre les meurtriers et langa centre eux un mandat de prise de corps.
Roger quitta prudenmient le pays, mais il ne put aller si vite et si loin
qu'il ne fut devanc6 par les soldats de ia pr6v6t6, arr6t4 et mis en
prison k Saint~Sever-de-Rustan, « ou il fut baill6 en garde au bayle
dudit lieu. » Heureusement pour le futur commandeur^ le bailli de
Saint-Sever-de-Rustan 6tait un brave homme. II eut piti6.de la jeu-
nesse de son prisonnier, du sort qui lui 6tait r6serv6 k Toulouse, car il
avait it& averti « que la justice le viendroit querir pour le meuer audit
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— 516 —
Tholose et luy fair© oultraige en sa personne »; il lui consdlla de s'en-
fuir et secrfetement lui en fournit les moyens.
Le prisonnier s'^vada, courut loDgteinps .les chemins et finalement
« s'en alia en Tisle de Rode en laquelle il prinst la croix et se fist de
Tordre de Saint-Jehan de Jherusalem, et despuis se est bicn et honnes-
tement conduit Tespace de unze ou douze ans. »
Et voili comment messire Roger de Polastron devint chevalier de
Saint-Jehan, capitaine des galores de la Religion, commandeur de
Boudrac, de Saint-Clar et de Poucharamet, seigneur de Sabaillan,
Cabas, Lalanne-Arqu6, Montcassin, Maulfen, Luz^ GMre^ Ga-
varni, etc., un grand seigneur, comme on voit. — A quoi tiennent
souvent les destines d'un homme !
C'est en 1498, quand il voulut rentrer en France et prendre posses-
sion de sa commanderie, qu'il demanda et obtint des lettres de grAce
pour le meurtre commis vingt-deux ans auparavant. Elle lui furent
accord6es en consideration des services qu'il avait rendus k la Religion
et k TEtat. 11 dut toutefois, pour expier son crime, donner vingt livres
tournois k chacune des communautfe suivantes : aux Filles repenties
de Paris, aux Cordeliers de Blois, k la Madeleine d'Orleans, aux
Jacobins de Blois, aux Cannes de Saumur, aux Cannes de Melun. II
dut encore verser entre les mains du cur6 de Polastron quarante livres
tournois pour faire c^l^brer quatre trentenaires (120 messes) pour le
repos de Vkme de Domenges Pujos, dont le corps avait iii enseveli
dans r^lise de Polastron (1).
Reoonnaissanoes f^odales des oonsiils de Fleur&nce
M. Delias donne communication a la Societd du « livre des recon-
naissances des consuls et habitants de Fleurance » au roi, le 14 mai
1610, dont il fait hommage aux Archives d^partementales (2). On a
annex6 k ce volume un m^moire qui renferme les renseignements sui-
vants :
€ La ville de Fleurance, chef-lieu de la comt^ de Gaure, donnte par
le roi Charles VII k la maison d'Albret, r6unie k la Couronne par
Henri IV et donnte en engagement par Louis XIV k M. le due de
Roquelaure, jouie par la Maison de Rohan et M. le marquis de Miran,
fut enfin r^unie k la Couronne depuis le 1«^ juillet 1785.
(1) Ces lettres de grace font partie des archives de M. Tabb^ Dubarat, fonds
Polastron.
(2) Petit in-^, 78 feuillets, papier, reliure parohemin, (Arch. dep. du Gers,
s^rie C, supplement.)
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— 617 —
» La comt6 de Gaure auroit eu ses comtes qui octroyferent k leurs
vasseaux des beaux et utilles privileges que nos Rois ont confirm^ et
ont loujours garde la justice qui s'est rendue en leur nom et fait reco-
noitre les babitans.
» En 1525, il y a une reconnoissance g^n^rale k la t6te de laquelle,
quoique les premieres feuilles soint dtehir^s, Ion decouvre les droits
que la comt6 jouit et que le Roi a droit de percevoirl
» II seroit utille d'en avoir un expedi^sulementdeceuxdeux objets.
» En 1610, par devant M. de Gineste, juge mage de Toulouse,
firent une reconnoissance, la comt6 la possede et acte expedi6 des
archives de MM. les Tresoriers de Montauban, en presance de
M. Marc de Mericde Vivens (t), president diidit Bureau par Brun,
commis au greffe. » (C'est le livre de M. Delias.)
» Enfin, en 1671, il fut fait une reconnoissance par leshabitans
d*autbaurit6 de M. de Sere, alors commissaire departi k Montauban,
qui comit M. Le Clerc, avocat, pour comisaire, et pour procureur du
Roi Maitre Jacques de Monts, avocat, substitut.
» Le 30 septembre 1688, la comt6 de Fleurance obtint jugement de
maintenue en tous ses droits et privileges quils denombreront devant
M. rintendant de Languedoc et autres commissaires reformateurs du
Domaine de la Generalitt^ de Montpellier. Si ce jugement de main-
tenue est aux Archives de Montauban il en faut une expWition (1).
» Le 20 juillet 1707, Moyset lors maire raporta k la comt6 qu'il
auroit 6t6 k Montauban retirer le d6nombrement et auroit pay6 pour
retirer ledit denombrement lOlivres 13 sols et 7 livres 2 sols pour
Touverture des archives. Cette pi^ essentielle manque k la comt6
pour d^nombrer et homager devant MM. du Bureau des Finances
d'Auch.
» L'arr^t du Conseil du mois de juillet 1667 maintient la comt^ en
grande et petite boucherie, quatre tavernes, aux poids et mesures, avec
la sortie des grains, mesure du sol, au greffe civil et criminel, k la
thuilerie, au banc du pourseau.
» En 1723, lacomt^rendit hommage devant MM. les Tresoriers de
Toulouse.
> En 1727, la comt^ paya une finanse ou confirmation de ses pri-
vil^es. »
(1) En marge : « Sur un des litres et pieces remani6es audit jugement, la
deliberation de la comt6 du 8 juin 1690 fait mention de tous les droits. »
Tome XXXV. 34
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— 518 —
tTn ohapltre de l*hi8toire de la rivalitd : Leotoure contre Fleurance
Communication de M. Tierny :
Dans le journal de M. de Percin (1), qui est un des documents les
plus importants pour Thistoire de Fleurance au xvni^ sitele, on lit (au
folio 83) la note suivante :
« L'an 1787, le Roy a ordonn6 les assemblees provinciales, il devoit
9 y avoir des assemblies d'^lection qui devoient se tenir dans le chef-
» lieu desdites Elections. M. l'6v^ue de Lectoure, president de T^lec-
> tion de Lomaigne, a pr^tendeu que Fleurance n'avoit point les com-
» modit6s n6cessaires pour la tenue de cette assembl^e; il 6loit favorisi
» par M. Tarchev^ue d*Auch; il a fait agir Tassemblte provinciale; il
» a teneu (malgr6 les r^lamations et Tacte que luy a fait signiBer la
» communaut6) Tassembl^e h Lectoure, et nous n'avons encore pu
» avoir reponse de M. Tarchev^que de Toulouse, principal minis-
» tre (2). »
La creation des Assemblees provinciates en 1787 fut une rtectioQ
contre le regime des intendants. Elle impUquait la r^forme radicale de
Tadministration; k c6t6 de Tintendant r6duit par 1^ m^me a Timpuis-
sance, on plagait une Assemblde provinciale qui devenait un veritable
administrateur du pays. Ce qu'on fit pour Tintendant, on le fit ^ale-
ment pour son subd6l6gu6, qui eut lui aussi son conseil de subd616ga-
tion ou d'6lection. Enfin, dans chaque ville un corps municipal ^lu
prit la place des anciennes assemblies de paroisse et du syndic (3),
Je ne veux m'occuper aujourd'hui que des Assembles d'^lection ou
de subd^l^gation, et parmi celles-ci une seule, celle de Lomagne, me
servira d*exemple pour prouver combien de difiicult^s souleva Porga-
nisation nouvelle.
Une premiere question se posait : ou devait se tenir TAssemblfe de
r^lection de LomagneT (4) Le r^lement du 12 juillet 1787 ^tait formel,
(1) Sur ce Livre de raison, qui appartient k Madame L^zian, de Fleurance,
voir la note de M. de Carsalade du Pont : Solrdes arch^ologiques, s^nce du
6 novembre 1893, Roo. do Gascogna, xxxv, 1894, p. 59.
(2) Ainsi qu'on le verra plus loin, la reponse est postdrieure au 24 septembre
1787 et ant^rieure au 9 mars 1788, date de la rtSponse definitive du contr61eur
g^ndral des finances, « premier ministre. »
(3) Marquis de Galard, Stances de I' Administration prooinciale d'Auch
(Agen, veuve Lenth^ric, 1887). A. de Tocqueville, VAncien Regime et la R^oo-
lution, p. 303 et suiv. L. Couture, i?eo. d<i Gascogne, xxxii, 280. P. B^n^irix
les Conoentionnels du Gers; Introduction par M. I'iemy, p. xxii et suiv. (Aucb,
Capin, 1894.)
(4) Proc^s-oerbal des stances de V Assemble prooinciale de la g4n^raUt4
d'Auch. (Arch, d^p., C. 637, p. 149.)
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— 519 -►
il d&idait que chacune des Assemblies d'^lection se tiendrait au chef-
lieu mfeme de r^leclion. C'6tait done k Fleurance (1) que devait se
tenir ladite Asseiiibl6e. Aussi fut-on trfes 6mu dans cette ville quand on
apprit que TAssembl^e avait d^cid^ de se tenir k Lecloure. Aussit6t on
eerivit k T^v^ue de Lecloure, president de TAssemblte de Lomagne,
pour le rappeler k Tex^ution du r^glement du 12 juilletl787. L'6v6que
ayant r^pondu le 24 septembre qu'en tenant le lendemain chez lui la
premiere Assemble d'61ection, il ne faisait que se conformer aux ins-
tructions deTarchev^ue d'Auch, pr^ident de TAssemblte provinciale,
on d^ida de s'adresser k Tarchev^ue, k Tintendant etiM.de Brienne,
« principal ministre. » (2)
Ces premieres d-marches des Fleurantins n'eurentpas grand succ&s;
le 28 octobre on donnait lecture k la comraunaut^ de Fleurance d'une
letlre de Uarchev^que d'Auch « les informant que TAssemblte provin-
ciale avait cru pouvoir prendre sur elle de laisser aux presidents des
Assemblies des Elections le choix du lieu ou ils tiendraient leur pre-
miere Assemble preparatoire; cette faculty, ajoutait-il, ne contredit
point Tesprit du r^glement et ne pr^judicie en rien aux droits des lieux
quisont lesifege de T^lection » (3). C'est que Tarchevfeque d'Auch avait
lui aussi demand^ la d^ision du contr^leur g6n6ral « principal minis-
tre )» vers la fin du mois de septembre, et voici la r6ponse qu'il avait
regue, dat6e du 1 1 octobre : .
« Rien ne me paroit s'opposer k ce que TAssemblte de TElection de
» Lomagne se tienne a Lectoure, si cette ville oflEre plus de commodity
» et d'avantages que celle de Fleurance et si d'ailleurs elle est dans une
» position k pouvoir ^Ire le centre de ce d^partement. Je vous prie
» d'instruire Mgr Tev^ue de Lecloure de ce que j'ai honneur de vous
« marquer a ce sujet; mais il seroit convenable que cette convocation Ji
> Lectoure ne fut regardde que corame provisoire, jusqu*^ ce qu'il en
i> eut 6t6 d^lib^r^ par TAssemblte provinciate complete et que le Roi
» eut explique ses intentions definitives sur cette deliberation. »
Ce premier echec ne decouragea pas la municipalite Fleurantine : elle
chargea M. Delort, professeur de droit frangais k Toulouse, derediger
un memoire pour Tenvoyer iM.de Brienne (21 octobre); elle envoya un
(1) L'^lection de Lomagne avait M ^tablie k Fleurance en 1623, transf6r6e k
Launacle 17 septembre 1640 et retablie k Fleurance le 21 mars 1667, malgr6
I'opposUion dos cillea de Lectoure et de Vlsle-Jourdain. (Journal de M. de
Percin, t 83.)
(2) Arch. mun. de Fleurance, BB. 12. (Inventaire manuscrit r^dig^ par
M. Parfouru et dopos^ ti la mairie de Fleurance).
(3). Id., ibid.
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— 520 —
expris aux officiers municipaux de Muret pour savoir quels moyens ils
avaient employes pour avoir I'assemblte d'^lection dans leur ville
(28 octobre), et le 2 novembre elle signifiait k l'ev6que de Lectoure
un acte d'opposition k la tenue de TAssembltek Lectoure.
L'Assembl6e provinciale d'Auch fut appelee k donner, elle aussi,
son avis sur la question, comme le lui avait present la lettre du contr6-
leur g6n6ral cit6e plus haut. Le 17 d6cembre, le bureau du r^lement
de cette assemble d^posait les conclusions suivantes :
« Aprfes avoir pris en consideration, messieurs, cette lettre de M. le
p contr61eur g6n6ral, le proems- verbal de TAssemblte de Telection de
» Lomagne en la stance du 14 novembre 1787, la position gtegra-
» phique des deux villes de Fleurance et de Lectoure et les diverse
» commodity et a vantages qu'elles offrent, le Bureau a pens^ qu'il
> parolt Evident que la ville de Lectoure est bien plus considerable que
> celle de Fleurance, dont les rues ne sont mtoe pas pavfes(l); qu'on
> trouve dans Lectoure plus de ressources en tout genre; que cette
» ville est d'ailleurs plus rapprochte de la plus grande partie des com-
> munautfe qui composent TElection d'Armagnac, et par consequent la
» dernifcre paroisse de celle de Lomagne, et qu'ainsi TAssembiee de
» cette demifere election ayant arrete que son voeu general est que ses
» seances soient fixees dans la ville de Lectoure, il parolt convenabte
» que vous vous rendiez k ses d6sirs en vous interessant k lui faire
> >obtenir de Sa Majeste qu'k Tavenir les seances de Tassembiee de
p Lomagne soient etablies et fixees dans la ville de Lectoure. »
(1) Fleurance, parait-il, m<^ritait bien le i-eproche qu'on lui adressait; le 18 aoui
1787, la communaut6 recevait notification de TOrdonnance du Bureau des
Finances d'Auch, portant que les principales rues de Fleurance « la seule ville
» qui demeure ii paver dans la g^n^ralitd d'Auch, quoique une des principales
» et des plus fr6quant6es », seront payees dans le d^lai ^d'un mois. Ces rues
^taient la grande rue, le tour de la place et celles par ou passe le Saint-Sacre-
ment. « Comme son enseinte est tr^s grande, qu'il y a meme plusieurs rues
» inhabit^es, il seroit tr^s inutiUe d'en faire paver la totality; on ne pent meme
» encore faire paver dans les rues dittes de Castelnau et de Marcadet, puisqu'ou
» ne pent m^me encore fixer le niveau de pente, jusques ^ ce queries nouvelles
» routes commanc6es et qui aboutissent aux deux dittes rues soient parache-
» v^es », la communaute declare doncqu'il lui est moralement impossible d*ex6-
cuter ladite Ordonnance, avec le manque de cailloux et les charges formes
qui r^sulteraient de I'entretien dudit pav6 « par la grande quantity de roulliers
» qui vont k la riviere, charges extraordinairement. » Le 29 aout, la commu-
naute recevait notification d'une autre Ordonnance modifiant la pr^c^dente^et
portant que les propri^taires de maisons situ^es sur. les rues dont il est fai*
mention seraient tenus de faire paver « le revers des rues (trottoir) y compris les
» rigolles sur la largeur d'une toise ». Le 3 septembre, la conmiunaute d^clarait
s'opposer k ces deux Ordonnances. (Arch, commun. de Fleurance, BB. 12).
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— 521 —
Apres d61iWration les conclusions du rapport furent adopt^s par
TAssembl^. provinciale.
Le 9 mars de Tannte suivante 1788, on notifia k la municipality de
Fleurancela dteision du contr6leur g^n^ral des finances en tous points
conforme aux conclusions de TAssemblte provinciale. La cause ^tait
jug^; on eut beau a Fleurance decider que de nouvelles tentatives
seraient faites, on eut beau faire observer que la ville de Lectoure 6tant
abonnte se trouvait dfes lors 6trangfere a T^lection de Lomagne et ne
confribuait en rien aux charges imposfes h ladite 61ection (5 octobre),
Lectoure Temportait dteid^ment sur la ville rivale, elle devenait iry^
vocablement le si^e de TAssembl^e de Lomagne. Di]k une premiere
fois, k la mort du subd616gu6 M. de Bastard, le si6ge de la subd6l6ga-
tion ^tablie k Fleurance depuis 1716 avait 6t6 transf6r6e k Lectoure. A
la fin de Tancien regime Fleurance r^clamait encore, mais sans succfes
contre cette d^possession. En 1790, Lectoure avait encore son subd6-
ligu&y elle avait son Assemble d'^lection et le nouveau regime consa-
crait ces droits acquis en faisant de cette ville un chel-lieu de district
et plus tard une sous-pr6fecture.
jLes origines de la rivaUU entre Fleurance et Lectoure
M. rabb6 Lagleize, qui avait eu communication du travail de
M. Tierny, donne des details compWmentaires sur la rivalit^ des
deux villes.
Une ordonnance de M. le Chancelier, intendant de Guyenne^ en
date du 26 juin 1623, confirmee le 8 juillet par lettres patentes et arrAt
du conseil et par la cour des aydes de Cahors, 6lablissait le bureau des
officiers de reflection et larecette des tallies de Lomagne dans la ville
de Fleurance « comme eslant la plus grande de Telection, capitale du
corat^ de Gaure, et la plus commode. » Copie et enregistrement de
I'ordonnance et des leftres patentes confirmatives fut faite en la cour
des aydes de Montpellier et au bureau des finances de la gto6ralit6 de
Bordeaux, les 12 et 15 novembre 1624 (1). "
L'inslallation des officiers de T^lection eut lieu tr6s solennellementle
4 Janvier 1624, dans la maison de ville de Fleurance. L'^tablissement
du bureau de Telection et de la recette g6n6rale donnait k la ville de
Fleurance, avec le titre de chef-lieu, une preponderance marquee sur
toutes les villes de la Lomagne. Cette preponderance, qui lesait les
(1) Extrait des registres de Conseil d'Etat. Dossier portant pour litre : « H6ta-
bJissement dans la ville de Fleurance du bureau de IVMection de Lomagne.
1667. » (Archives de I'auleur.)
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— 522 —
int^r^ts des villes de Lectoure et de Tlsle-Jourdain, surexcila leurs
jalousies, ^veill^es depuis longtemps d6j^ par la prosp^rit^ toujours
croissante de Fleurance.
Pour bien comprendre et l^gilimor dans une certaine mesure cetie
jalousie, il importe de se rendre compte de loute Timportance que don-
nait k Fleurance son litre de chef -lieu d'61ection.
Sous Tancien regime, le pays d*6lection et le pays d'Etal formaienl
la grande division administrative de la France.
Les pays d'Etals dtaient les provinces qui avaient conserv6 le droit
de tenir des assemblies p6riodiques, leurs anciennes immunii^sprovin-
ciales. On en comptait huit, places aux fronti^res de la France et
Tentourant comme d'un r6seau de liberie. C'^taient : la FJandre,
TArtois, le Cambrdsis, le B6arn (Navarre et Bigorrc), le Languedoc,
la Bourgogne et la Provence.
Le reste de la France 6tait divisd en trente-une g6n6ralites adniinis-
trtes par des intendants investis d'un pouvoir sans limite. La gene-
rality se subdivisait en deciions, qui comprenaient une certaine ^tendue
territoriale dont les comraunaut^s ou paroisses d^pendaient pour la
justice et les imp6ls.
Dans chaque ville chef-lieu d'^lection, Tintendant avail un subde-
fe^a^, lequel tenait sous ses ordres un procureur, un lieutenant, un
receveur des tailles^ des officierscontr6leurs et des conseillers. Le sub-
dMgue repr6sentait le gouvernement lout entier dans la circonscrip -
tion qui lui 6tait assignee; il nerelevait quedeTintendant, lequel avail
tQus les pouvoirs n^cessaires k rassiette de rirap^t et a sa repartition
entre les paroisses. La lev^ de la railice 6tait aussi une operation confix
k ses soins. Le conseil du roi fixait le contingent g^n^ral 61 la part de
la province, Tintendant r^glait lenombred'horames k lever dans chaque
paroisse. Le subd^legu^ presidait au lirage au sort, jugeail des cas
d'exemption, d6signait les miliciens qui pourraient r&ider dans leurs
foyers et ceux qui seraient aslreints k un service aclif sous les drapeaux.
Outre ces grands pouvoirs, rintcndantcxerQaiten pi^mier ressort la
juridiction administrative et conlenlieuse sur toutes les mati^res non
express6mentr6serv4es. Tons leslravaux publics sans exception etaient
sous sa direction, aprfes approbation des plans par le conseil du roi. II
Atail de plus charg6 de la police de la province. Le corps de la mare-
chausste 6tait plac^ sous ses ordres, au besoin m^me larm^ luidevait
son concours pour la repression des ^meutes (1).
Enfin, Tadministralion tout emigre dans ses difierenles spheres dac-
(1) Cf. Flandrin, Des AssembUos prooinciales.
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— 523 —
tion, de surveillance, de tutelle, de juridiction, de dteisions p^remp-
toires^ ^tait concentrte entre les mains des intendants et de leurs subd6-
l^u^s. Law exprimait lous les dangers decette puissance excessive
des intendants lorsqu'il ecrivait au marquis d'Argenson : « Sachezque
le royaume de Finance est gouvern6 par 30 intendants. Vous n'avez ni
parlements, ni 6tals, ni gouverneurs; ce sont trente maltres de requites
commis aux provinces, de qui dependent le bonheup de ces provinces,
leur abondance ou leur st6rilit6 (1). » Nous n'avons pas k juger ici les
consequences d*un pouvoir si absolu conf6r6 k un horn me sur un terri-
toire comprenant le plus souvent en 6tendue plusieurs de nos d6par-
tements actueis; u6anmoins, pour ^tre complet dans cette digression,
nous dirons avec un de ceux qui ont le mieux 6tudi6 Tancien regime :
€ Les provinces livrdes k Tarbilraire des intendants 6taient presque
toujours 6puis(ies d'hommes et d argent. La rentrte des imp6ts y 6tait
ptJnible, les poursuites fr^quentes. Les travaux publics ^taientn^lig^s,
les moyens de communication k peu pr^s nuls. La vie semblait s'en
fetre retiree. La population allait toujours en d^croissant. La noblesse,
tenue k Teoart des int^H^ts de la province, affluait k la cour; la bour-
geoisie avait quitt^ lacampagne pour habiter la ville, oil elle 6tait mieux
d6fendue centre les vexations de toute nature. Le peuple rest6 seul sans
protection, accable de taxes, souffrait et murmurait > (2).
On coraprend maintenant I'importance que donnait k une ville le
si^e du subddegu^y avec les prerogatives exceptionnelles attaches k
cette charge, el les nombreux officiers ou conseillers qui ^taient n^ces-
saires pour lagestion des affaires d^volucs ice magistral.
Noqs avons vu plus baut que le subdel6gu6 ^lait assist^ d'un pro-
cureur, d'un lieutenant, de quatre conseillers ou officiers de justice,
d'un greffier, etc. C'^tait comme un petit parlement.
Tout d'abord, Fleurance n'eut qu'un president d'6lection, dont les
attributions ^taient k peu pvhs les mtoes que celles d'un subd616gu6.
Mais son titre de chef-lieu lui donnait droit au subdeiegu^; et lorsque
en 17161a generality d'Auch fut creee, Tintendant nomma un subd6-
legue k Fleurance.
Ajoutons encore que Feleclion de Lomagne etait la plus etendue de
lageneralite. Elle comprenait 167 communautes ou paroisses formant
quatre subdivisions chacune sous la surveillance d'un officier de
justice.
Nous avons la bonne fortune de posseder le d^artement des com-
(1) De Tocqueville, L'Anclen Regime et la Rdoolution.
(2) A. Chavaune, Administration des prooinces de I'anoien regime.
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— 5S4 —
munaut^ de I'^lection de Lomagne. Cette pi^, trouv6e dans les vieux
papiers d'un ancien conseiller de r^Iection (1), offre un tableau geo-
graphique trts int^ressant que nous plains sous les yeux du leoteur :
d6partement des communaut^s de l'election de lomagne,
CHEF-LIEU FLEURANCE, POUR CHAQUE OFFIC1ER
V 2- $• 4*
Flenrance
S^rignao baronie
Isle-Jourdain
Auvillar
Salnt-Lary
Larraxet
Leguevin
Cast^ra-Bouzct
R6jaamont
Labourgade
Pnjondran
Bonzet
Pauilbao
MonUin
L6vignac
Mansonville
La Sanvetat
Escazanx
Bellegarde
Peyrecave
Le Seinpny
Faudonas
Menyille
La Cbapelle
Pouy-Petit
Auterrive
Lias
Bordigues
CagWra-Leotourois
S^gnenville
Monlerran
Saint-Antoine
Saint-Avit
Cabanao
Caraman
Canmont
Le Frandat
Lamothe-Cabanac
Loubenz
Pin
Saint-Pesserre
Gari^s
Maurenville
Gachanes
Sainte-Mere
Vigaron
Caubiec
Doazac
Lasmartres
Betb«z6
Francarville
Balignac
Le Pergain
Brive-Castet
Bendure
Lagruo
Sainte-Colombe
Saint-Sau%'y
Masoarville
Arques
Montesquieu
Combenougd
S6guenyille
Saintr-Arrounecq
Taillac
St-Jean de Coqaesac
Albtac
Gensao
Batx
Lagraulet
La Salvetat
Coutures
Banlens
Cox
Caragoudes
Lanmont
Le Saamon
Saint-C6rd
Saune
Gimbrede
Moncaat
Puiss^gur
Morvilles-Basses
Moulet
Laplume
Mauvers
Prunes et Las Bordes
Flamarens
Daabdze
Saint-Paul
Sauxens
Isie-Bouzon
Aubiao
Launac
Lacastre
Saint-Clar
BlfaU
Montagu t
Lasserre
Plieux
Estilhao
Drudos
M^renviUe
Mauroux
Roquefort
Garac
S6goufieIle
Poupas
SAgougnac
Pelleport
Sainie-Livrade
Saint-L6onard
Buscon
Legres
Cassemartin
Cadeilhan
Moirax
Caubiao
Clemiont
Saint-Martin
Nondieu
Maubec
CasUlhon
Ayezan
Layrao
Avonsao
Mareslan
Gramont
HaiU
La R^olle
Ayguebere
Estraraiac
Cuq
Thil
Frdgourvielle
Pessoulens
Caudoooste
Esparsac
Louberville
Marsac
Doniao
Gimat
Castelmayran
Miradouz
Poumarel
Viv^s
Lamothe-Goas
Danx
Honips
SOrignao-Bruillois
Belleserre
Puissentut
Rouihao
Glattens
Lavit
Terranbe
Gonas
Pordiac
Castet-Arrouy
Casteron
Tournenoupe
Goudonville
Ppygaillard
Mongaillard
II n*est point difficile d'imaginer racrimonie des plaintes et des pro-
testations que firent entendre Lectoure et Tlsle-Jourdain. Lcctoure,
cependant, n'avaitpas droit h protester. Sa qualile de ville abonnee la
soustrayait k la juridiction du bureau de T^lection et la mettait a Tabri
du contr61e de la cour des aides au sujet des tailles, des gabellese
t t
(2) M. Jun, offlcier de justice, conseiller en T^lection de Lomagne.
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— 626 —
autres droits de subside (1). Aussi ne pouvait-elle pritendre en bonne
justice au titre de chef-lieu d'une Election dont elle ne partageait aucune
des charges onireuses. Tout au plus pouvait-elle invoquer son titre de
capitale de la Lomagne et d'autres raisons de convenance telles que
son antiquity, ses anciens privileges, son &vMiL
Les protestations des habitants de Tlsle-Jourdain ^taient mieux fon-
d^, car elles s'^tayaient sur les difficult^s de la distance qui les s4pa-
rait du chef-lieu de T^lection. La loi elle-m6me leur prfetait son autoriti.
Une ordonnance du mois d*aout 1452 portait que les Elections ne
devaient pas avoir plus de 5 & 6 lieues d*6tendue, afin que ceux qui
6laient appel^ devant les dlus pussent y comparaitre et retourner chez
eux le m6me jour. Or, pour faire k cette 6poque, comme aujourd'hui
d'ailleurs, le voyage de Tlsle-Jourdain k Fleurance, il fallait bien plus
d'une journ^.Pour calmerlesespritsetdonnersatisfactionaux protesta-
tions des deux villes sans r^veiller les susceptibilit&i d'aucune, on r&olut
de transporter le bureau de T^lection et la recette des tailles dans un ^adroit
plus central, sans se pr^occuper de Timportance du lieu, et cefut un
tout petit village, compost de quelques chaumi6res, perdu dans les
terres des baronnies de Rivifere- Verdun, Launac, qui eut Thonneur de
devenir chef-lieu d'dlection. Un dteret royal du 17 septembre 1640 y
dtablissait le bureau des ofRciers et la recette g^n^rale des tailles pour
toute la Lomagne (2).
Comme on le pense bien, personne ne fut content, et les Fleurantins
fruslr^s le furent encore moins que les autres.
On s'aperQut bien vite qu'il ^tait impossible de trouver dans les
masures du village de Launac les choses iodispensables aux officiers
de r^lection pour Texercice de leurs charges. Comme nous le verrons
plus has, il fallut sou vent recourir k Thospitalitd du seigneur du lieu.
Les officiers firent entendre des reclamations. C est pourquoi un arr^t
de la cour des aydes de Cahors du l*** avril 1651 permettait auxdits
officiers de T^lection de Lomagne, sous le bon plaisir de Sa Majestd,
de se transporter dans la ville de Fleurance pour Texercice de la
justice (3). C'^tait un premier acheminement vers le r^tablissement
du bureau dans cette ville.
(1) Layillede I.ectoure, voulant^viterles vexations si fr^quentes. sous rancien
regime, pour la perception des imp6ls, prit la determination de s*abonner pour
une certaine ouotit^. « 1^ ville de Lectoure, dit M. Ferd. Cassassoles, ^tait
abonn^e pour le 20*. Jalouse de ses privileges, elle ne laisse <^chapper aucune
occasion pour faire reconnaitre, approuver, ratifler el quelquefois ^tendre meme
ses droits. » Ferd. Cassassoles, Notlr.es htatoriquos sur la oillc de Lectoure.
(2) R^tablisseraent dans la ville de Fleurance du bureau de T^lection. Extrait
du registre du Conseil d'Etat. (Archives de Tauteur.)
(4) Id.
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— 526 — •
Lectoure et lisle* Jourdain le oomprirent et firent entendre de nou-
velles et bruyantes protestations. Quelques meneurs vinrent ^ Flen-
rance et essayferent de troubler les ofRciei^s dans leurs fonctions. Ceux-ci
ayant adress6 leurs plaintes au roi, un arr6t du Conseil fut rendu le
8 aout 1652 portant que, « conform^ment k Tordonnance du 26 juin
1623 et les lettres patentes confirmatives du 8 juillet 1624, le bureau de
r^lection et recette de Lomagne serait dtabli dans la ville de Fleuranoe
pour y faire les fonctions de leurs charges avec deffences k toutes per-
sonnes de les y troubler k peine de mille livres d'amende, et ce, ajoutait
le d^cret, nonobslant Tarr^t dudit Conseil du 17 septembre 1540 qui a
ordonn^ de faire Texercice audit Launac » (1).
C'etait un nouveau succ^s pour les Fleurantins et un encouragement
pour de nou velles instances. Aussi^ le 16 octobre 1666 la communaut^
de Fleurance demandait-elle au roi, dans une jurade solennelle, le
r^tablissement du bureau et de la recette g^n^rale de T^lection de
Lomagne.
De son c6t6, le procureur g^n^ral en la cour des aides de Montauban
adressait une requite aux fins « qu'il soit enjoint auxdits officiers de
Lomagne de s'assembler pourchoisir un lieu commode pour la tenue
de leur bureau autre que la maison du sieur Gondrin, prfeidenl de
ladite Election, n'y d'aucun autre officier, k peine de 500 livres et de
cassation de toutes les procedures » (2).
A Tappui de cette requite et sur la demande du syndic de la noblesse
du pays et desofficiers de r^lection, M. Pellot, intendant de Guyenne,
rendait une ordonnance en date du 3 dfcembre 1666 par laquelle « les-
dits ofRciers devaient se pour voir devant Sa Majesty pour leur 6tre
assign^ le lieu pour les fonctions de leurs charges, et cependant par
mani^re de provision, qu'ils en feroient Texercice dans la ville de Fleu-
rance en attendant que Sa Majesty statu^t » (3).
Ce fut le 21 mars 1667 qu'un d^cret royal, fortement motive par un
arr6t du Conseil, r^tablissait dans la ville de Fleurance le bureau de
rdlection.Parmiles consid(?!rants invoques danscetarr6t,le premier nous
parait devoir ^Jre sp^ialement mentionn6 : t Le Roy ayant ^16 inform^
que les ofiiciers de T^lection de Lomagne ne peuvent faire les fonctions
de leurs charges et rendre la justice dans le lieu de Launac, qui n'est
qu'un village k rextr6mit6 de Telection et ou lesdits oiRciers n'ont pen
trouver des maisons pour leur habitation, encre ny papier ni m6me des
II) Id.
(2) Id.
(3; Id.
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— 527 —
vivires n*y ayantqu'un seui d6s officiers qui aye maison, et le reoeveur
des failles de ladite Election 6tant oblige d'en faire la recepte dans le
chAteau du seigneur du lieu pour ny avoir aucon endroit dans ledit
village commode ny propre pour la surett6 des deniers i (1).
« Louis, par la gr&ce de Dieu roy de France et de Navarre aux offi-
ciers de r^lection de Lomagne et commis k la recepte des tailles dudit
lieu, salut. Par Tarr^t dont Textrait est cy attach^, sous le contre seel
de notre chancellerie ce jourd'huy donu6 k notre Conseil d'Estat, Nous
y estant^ nous avous ordonn^ que conform^ment k notre ordonnance
du 26« juin 1623, letlres patentes du 8« juillet ou suivant, arrest de
notre Conseil et de notre cour des aydes de Caors du !«' avril et 8« aoust
1651, et ordonnance du sieur Pellot du 31 dfeembre dernier y men-
tionn^es, le bureau de lad. Election de la Recette des tailles aud.
Lomagne sera incessament r^tabli en la ville de Fleurance nonobs-
tant Tarrest de notre dit Conseil du 17 septembre 1640 et tons autres k
ce contraires oppositions ou appellations quelconques. A ces causes
nous vous mandons et enjoignons par ces pr^sentes signtes de notre
main, de vous y transporter pour y r&ider et continuer Texercice et
fonclion de vos cJharges. Commandons au premier notre huissier ou
sergent sur ce requis de signifier led. arrest k tons qu'il appartiendra k
ce qu'ils n'en pr6tendent cause d'ignorance, faire les deffenoes y conte-
nues sur les peines y port^s et tons autres actes el exploits n^cessaires
sans autre permission pour i'enti^re ex^ution d'yceluy. Voulons
que foy soit adjoutee k ces eoppies des pnksentes collationn^ par un
de nos am^s et f&iux Couseillers et secretaires comme aux originaux,
car tel est notre plaisir. Donn6 a Versailles le 21® jour de mars, Tan de
grace 1667 et de notre r^ne le 24% Louis, sign6. — Par led. roy
Philippeaux scell6(2). »
En suite du pr6cWent d^ret, une ordonnance de M. Claude Pellot,
seigneur deSandarset Port-David, intendantdelag^n^ralit^deGuyenne,
dat6e d'Agen le 2 mai de la ra^me ann^e, rendait imm^diatement
ex^cutoires les ordres royaux et coraraettait le sieur de Fondelin. pre-
sident en reiection de Condom, pour les faire enregistrer aux archives
de la Maison de Ville et installer les officiers de Telection dans la ville
de Fleurance (3).
Cette installation se fit avec graijd apparat, ainsi que le constate le
procfes-verbal suivant :
(1) Idem.
(2; Idem.
(3) Idem,
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— 528 —
« L'an 1667 et le 14« jour du mois de juin, Nous, Robert de Meiet
de Fondelin, pr&ident et commissaire susdit, 6tant dans la maison
commune de la ville de Fleurance avec M« Gabriel Leb^et Dominique
Pouydebat consuls et plusieurs jurats, bourgeois et autres notables
habitants de lad. ville, aprfes que maltre Dominique Dedon notre gref-
fier a fait lecteure et publication dudit arrest du Conseil, Lettres pat-
tantes et ordonnance dudit seigneur intendant, et que ledit Lebe, pre-
mier Consul pour tous les habitants a trfes humblement rendu grAces
au roy dudit establissement, et protest^ au nom de tous les habitants
qu'ils lui seront inoessament tr^s fidfeles sujets. Nous president et
commissaire susdits avons donn6 acte de ladite lecture et publication
dud. arrest du Conseil, Lettres patantes et Ordonnance dud. seigneur
intendant, et ordonn^ qu'ils seront enregistrfe. Melet Fondelin, prfei-
dent et commissaire, Leb6, consul, Poydebat, consul, Arquier, Leb6,
Larrieu, Brfehan, Dupuy, F. Leb6, Lormand, Bastard, Garac, Nogu6s,
syndic, Mellin, Nogu^s, Dutaut, Lauze, Labit, signfe. Par mondit
seigneur, Dedon, sign6 (1). »
En ce jour, 14 juin 1667, Fleurance triomphait I
Epilogue
L'Assemblfenationale, par la loi du 22 d6cembre 1789, avail partage
la France en dipartements et supprim6 les anciennes divisions admi-
nistratives. G^niralitis, Elections, pays d'6tats disparaissaient Leo-
toure perdait le titre de capilale de la Loraagne dont elle 6tait si fifere,
mais devenait cheMieu de district.
LelGaoutde Tanndesuivante, und6cret6manant de la mftmeAssem -
bide dtablissait une organistation nouvelle de la justice et criaii dans
chaque district un tribunal.
Fleurance, ddpossedee de tout ce qui constituait son importance,
demanda k TAssemblde comme une juste compensation Tdtablissement
dans ses murs du tribunal du district. De^ petitions furent organises
dans ce but, la municipality prit des deliberations analogues et chai^ea
M. Delort, dcuyer, professeur de droit frangais de TUniversite de
Toulouse, un Fleurantin, de rddiger un mdmoire fortement motiv6
pour Tenvoyer k Tappui des deliberations du Conseil municipal et des
diverses petitions adressees k TAssembiee nationale. Le mdmoire de
M« Delort fut imprime dans une petite brochure, aujourd'hui introu-
vable, de 14 pages petit in-8° (2), qui a pour titre : M6moire pour la
commune de Fleurance, Dans une argumentation serrde, congue en
(1) Extrait du registre du Conseil d'Etat. Id. Archives municipales de Fleu-
rance.
(2) Sans nom d'imprimeur. Inc. : La oilledc Fleurance.,. Desin: de ne laU-
ser aucun regret sur ses operations. Archives de I'auteur.
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— 529_—
un style trfes clair, le savant auteur du mimoire expose les droits de
Fleurance^ possMer le tribunal et mentionne les injustices dont cette
ville a &t6 victime par les fails si bien pr6sent6s par M. Tiemy dans
le Chapitre de rhisioire (Tune rivaliU. M« Delort commence ainsi
son plaidoyer :
« La ville de Fleurance, chef -lieu du comtide Gaure,quoique assise
sur un sol aride et ingrat, est n&mmoins par sa position avantageuse,
le centre d'une 6tendue de pays considerable. Nombre de foires pendant
Tannte^ deux marches par semaine, une jurisdiction Royale (2), une
jurisdiction des eaux et for^ts, le sifege du Bureau de I'Election de
Lomagne, une subd^l^ation trfes 6tendue, deux communaut^s de
Religieux (3), un couvent de Religieuses (4), ou les jeunes demoiselles
viennent de dix lieues k la ronde puiser TMucation la plus pure, un
H6pital sagement administr6, une recette des tailles, enfin un bureau
de Contr6le, et une recette des Fermes; tels sont les ^tablissements
formes dans son sein depuis un temps immemorial et qui lai ont k\&
accord^s pour la d6dommager, de mani^re k y trouver sa subsistance^
quelque facilil6 de commerce, et les moyens de payer les impdts ^nor-
mes dont elle est surcharge. »
Habitue aux exag^rations des plaids, M* Delort manie avec art
rhyperbole. C'en est fait de Fleurance si elle nobtient le tribunal :
€ Cette subversion terrible, ecrit-il, amfenera necessairement la ruine
totale de la contree... privera le pays des ressources qui le vivifient et ne
permettra de former aucun espoir d'echapper k une mis6ie absolue... >
A Tappui de sa thfese, Texcellent avocat etablit entre les deux villes
un paranoic tr^ suggestif et fort eloquent:
« L'Assembiee nationale, dans ses operations sur la division du
royaume et de ses provinces, a decrete que la ville de Lectoure serait
chef-lieu de district. La ville de Fleurance, enti6rement soumise k un
decret aussi respectable, ne se permettra point des plaintes sur le succ^
de sa rivale; mais elle ose soumettre a TAssembiee un parallfele des
deux villes, dont le contraste frappant, s'il eut eie connu, n'eut cer-
tainement pas permis de laisser dans Toubli celle de Fleurance.
€ Lectoure, k la verite, est une ville episcopale, et renferme dans son
sein un presidial, mais son site sur une montagne trfes eievee et eioignee
des grandes routes, en rend Tabord trfes difficile. Deux classes distin-
guent ses habitants : beaucoup de nobles, beaucoup de bourgeois, peu
d'ouvriers; presque tons riches en biens territoriaux. Livres k un esprit
d'independance, suite naturelle de la richesse, ils ont souvent secoue le
joug de I'impdt, ou n'en ont jamais supporte qu'une bien faible partie;
(1) Le dernier titulaire de cette charge fut M. Soubdes, juge en chef ducomte
de Faure.
(2) Les Augustins et les Recollets.
(3) Les Ursulines.
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— 630 —
et quelque tentative qu'ils aient faite pour ^tablir chez eiix un com-
merce, leurs efforts ont toujours 6t6 vaias, soit par la difficult<^ d'y
transporter les denr6es et marchandises, soit peui-dire par le manque
de leur caracidre qui n a jamais pass^ pour bien liant,
* La ville de Fleurance, au contraire, est situ^ sur une tr^s belle
plaine; ses murs sont baign^ par la rivifere du Gere. D'un cdt^, sa^tie
se perd dans des terres immenses, de Taulre elle se r^jouit sur 1^
c6teaux riants, cultivfe et habitus du voisinage. Huit grandes routes
enti*etenues avec soin y am^nent habituellenient un concours de monde
et de denrtes. Douze foires par an et deux marches par semaine, en
ont fait un entrepdt considerable de grains, ou viennent s'approW-
sionner tons ses environs. Trois jurisdictions surtout, ainsi que la
recette des tailles, ont toujours fourni des moyens de subsistance d ses
habitants dont /'ami^nit^ d^ailleurs a toujours su rendre son s4jour
agr^able aux strangers, Enfin, sa situation a paru tellement avan-
tageuse pour tout ce qui Tentoure, que de tous l^ temps, le bureau de
la poste aux lettres y est ^tabli...
> Qu'oa juge maintenant, d'aprfes ce tableau fiddle, laquelle des deux
villes eut m^rit^ la preference et Teut obtenue, si, lors de la division,
Fleurance avait eu aupres de TAssemblte quelqu'un charg6 particu-
liferement de ses int^r^ts...
» Mais respectant le dteret qui a kik rendu k son detriment, Fleu-
rance sait faire le sacrifice de ses droits : heureuse si ce sacrifice peut
devenir pour elle un titre nouveau et lui m^riter des droits k Tequit^ de
rAssembl6e nationale. i
Fleurance abandonne k sa rivale le chef-lieu, mais elle reclame de
la bonte de TAssemblde le Tribunal de district^ qui compensera la perte
des trois tribunaux dont elle est en possession depuis un temps imme-
morial. Les arguments abondent sous la plume du savant professeur;
nous les analysons :
1° L'Assembiee nationale s'est reserve la faculty de repartir les tri-
bunaux de la maniere la plus sage et la plus utile. Or, nulle ville du
district n'off re comme Fleurance les avantages d'une position heureuse,
centrale et commode. Lectoure est certes deji bien gratifiee en ayant
obtenu le chef-lieu. Pourquoi lui donnerait-on encore le tribunal
puisque sa situation n'est rien moins qu'avantageuse T on ne peut y
aborder, elle est plac^e k la Umite du d^partement, consequenmient du
district nouvellement etabli;
2® La raison de commune ne saurait 6tre invoqu^e pour Lectoure :
le titre de chef-Ueu ne lui donne aucun droit de pr^tendre au tribunal.
Un exemple recent d'exception milite en favour de Fleurance : la \ille
de Beaumont- de-Lomagne et celle de Grenade ont rivalisi pour ^lr9
chef-lieu de district. L'Assembl^e nationale a jugS dans sa sagesse de
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— 631 —
les favoriser toutes les deux; elle a en consequence accord^ le district k
celle de Grenade et le tribunal de district k celle de Beaumont.
M* Deiort pr^voit les objections; il les ^num^re et les refute avec talent :
C'esten vain que la ville de Lectoure voudrait sepr^valoirde possWer
d^j^ un pr^sidial offrant une cour toute form6e, etdeplus les b^tiinents
nAcessaires pour le tribunal a etablir.
Le pr^sidial a ^t^ supprim^ et aujourd'ui une partie de son ressort
se trouv6 enclave dans le district de Nogaro Au contraire, la juris-
diction royale de Fleumnce s'etendait jusqu'aux portes mtoe de
Fleurance. II n'est pas dit dans le decret que les juges, avocats, etc.,
seront pris dans la ville m^me oil seront etablis les tribunaux. Les
principes d'^alit6 consacr6s par TAssembl^e natiouale portent k croire
qu'elle decr^lera que ious les sujets qui ont des talents et des oertus
seront admis a concourir pour les places dans les tribunaux. Done
la ville de Lectoure ne saurait se pr^valoir du fr^le avantage de son
pr^sidial d^j^ existant.
En admettant m^me que les sujets qui doivent composer le tribunal
du district, dussent 6tre pris dans la ville m6me ou serait ce tribunal,
la ville de Fleurance ne serait point embarrass6e pour cela : « Trois
dififerentes jurisdictions qu'elle r^unit, ont toujours mis cette ville k
m6me de fournir des sujets propres k T^tude des lois, et Ton pent dire
sans craindre de franchir les bornes de la modestie, qu'elle en r^unitr
aujourd'hui beaucoup, qui sont capables de faire briller leurs talents
dans cette carri^re honorable. Enfin, si quelque raison imp^rieuse
ndcessitajt une concurrence entre les deux villes k cet 6gard, celle de
F^leurance, sans trop se livrer k Tamonr-propre, ne se croirait pas
oblige aux plus grands eflforts, pour n'6tre pas en reste avec celle de
Lectoure. »
L'objection des b&timents est r^solue. Fleurance venait de faire
conslruire une irhs belle maison « compos6e de six grandes pifeces, de
plein pied, avec les prisons attenantes. »
La p^roraison m^rite d'6tre citde, car elle est un r^sum^ solide de
tout ce qui pr6cMe et Texpression de toutes les rancunes : t Enfin, la
ville de Lectoure voudrait-elle se pr^valoir de ce que sous Tadminis-
iration minist^rielle, Fassemblte d'dlection lui fut d^volue ? Dans ce
cas, il faudrait qu'elle pass^t sous silence les ressorts qui furentmis en
mouvement. Mais la ville de Fleurance, qui a un int^r^t r6el k faire
connaltre cet acle d'injustice, ne taira pas les astuces qui Tout produit,
et dont elle a ^t^ la victime. 11 est temps que ces maux finissent.
« Le Roi ayant jug6 k propos d*ordonner des assemblies adminis-
tratives, il ^tait tout naturel de fixer celles d'^lection dans les chefs-
lieux d'61ection m^me. En consequence, Fleurance chef-lieu de T^lec-
lion de Lomagne, fut choisie et d&ignde par un arr^t du conseil. Par
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— 632 —
line suite de rintrigue habituelle de ce que I'on appelait alors la Fronde,
ee furent eux qui envahirent les places dominantes dans ces sortes
d'assembldes. M. T^v^ue de Lectoure (1), jaloux d'y figurer, se fit
nommer pr&ident de celle de I'election de Lomagne; premifere injus-
tice^ puisque Leotoure etant une ville privil^6e pour les impositions
et totalement ^trangfere k Tdlection, son pr61at n avait nul droit de pr^
sider k Fleurance. Mais ce qui paraltrait incroyable si on n'en avait la
preuve, c'est que ce ni6me prelat, ne voulant pas s'astreindre k se rendre
k Fleurance les jours d'assembl^e, jsoar, disait-il, ne point d^placer
sa vaissellt, trouve plus commode de faire convoquer Tassembl^e k
Lectoure, et d'assujettir les diff6rents membres k s'y rendre. Riai
n'^tait difficile, pas m6me douteux aux seigneurs de ce temps-Ik. En
effet, un arcbev^ue de cruelle m^moire (2), 6tait ministre principal,
un archev*que (3) 6tait president de TAssemblte provinciate k Auch, et
un 6v^ue Tetait de Tassembl^e de Telection de Fleurance. Get enchai-
nement de confraternity ne pouvait manquer de lui assurer le succ^.
II sollicita des ordres, il les obtint, et chacun fut forc4 d'y souscrire en
silence, tant il 6tait dangereux de braver un ^v6que. Telle est la mons-
truosit6 de cette intrigue sous le poids de laquelle la ville de Fleurance
a g6mi et dont elle ne pense pas que celle de Lectoure voulut se faire
un titre.
» Tout concourt done k ranimer les esp^rances de la ville de Fleu-
rance et k determiner TAssembl^ nationale k accueillir sa demande !
Son site central, la beaut6 des grandes routes qui y conduisent, Taf-
fluence habituelle de quarante communaut6s qui Tentourent, Tam^nit^
et le civisme de ses habitants, les perles immenses qu'elle est sur le
point d'essuyer; enfin, et sur toutes choses, le droit qu'elle a comme
toutes les autres villes, de parliciper aux bienfaits de TAssemblfe
nationale, dont le voeu manifeste est de ne laisser aucun regret sur ses
operations. »
Malgre toute r^loquence de M. Delort et les influences qui furent
mises en jeu par les Fleurantins, le tribunal du district fut itabli dans
la ville de Lectoure.
C'itait la revanche du 14 juin 1667 1
(1) Mgr de Cugnac.
(2) Lom^nie de Biiennd.
(3) Mgr de La-Tour-Pupin.
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CHRONIQUES LANDAISES
LA FRONDE
(13^8-16^3) O
Pr^paratifs de sidge. — Candalle avait promis que les
secours qu'il devait envoyer seraientkMont-de-Marsan le
12 mai;cette date 6tait pass6e etron ne voy ait encore rien
paraitre. Les royalistes pressaient de plus en plus le si6ge
de Bordeaux et ne pouvaient gu6re en ce moment d6ta-
cher une partie des troupes concentr6es devant une place
si importante. Les frondeurs aux abois attendaient tou-
jours rintervention des Espagnols, leurs alli6s, qui, c6dant
k leurs pressantes sollicitations, se dirigerent enfln vers
la fronti^re pour tenter la diversion annonc6e depuis si
longtemps. Le comte de Gramont pr6vint les Bayonnais
de cette decision en leur demandant de ne reculer devant
aucune d6pense pour mettre leiir ville en 6tat de defense
(14 mai) *. Les mouvements signal6s par le comte ne tar-
d^rent pas a s'accentuer. Les 6chevins de Bayonne firent
savoir k Poyanne qu'une flotte compos6e de huit vais-
seaux, six grandes frigates, cinq autres plus petites et
dix-huit brCilots, 6tait rassembl6e au Passage, oil elle
attendait encore un grand navire, six galores et quatre
petits vaisseaux. Le sieur de Longchamp, lieutenant g6n6-
ral de rarm6e des princes, surveillait et pressait a Saint-
S6bastien ces armements maritimes. Le plan de campa-
gne 6tait ainsi arr6t6 : pendant que 1,200 chevaux et
(•) Voir la livraisou pr^c^dente, page 485.
(1) Arch, de Bayonnei EE. 92, n' 87,
Tome XXXV. — D^cembre 1894. 35
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— 534 —
4,000 fantassins s'avanceraient par terre, cette flotte
devait d6barquer k Arcachon un corps d'arm6e que le
baron de Wateville avait mission d'introduire k Bor-
deaux ^ II importait de ne pas laisser aux ennemis le
temps de venir au secours de la ville rebelle et pour cela
de hater le d6notiment dans nos Landes; et le 17 d'Aube-
terre se plaignait h Poyanne que les troupes esp6r6es
depuis si longtemps n'avaient pas encore paru; seul le
regiment de Roquelaure allait arriver k Bougue le lende-
main*. D'Aubeterre continua de concentrer les soldats
diss6min6s sur divers points de la Chalosse, et le 30 mai
ses cavaliers commenc6rent k franchir FAdour, ne lais-
sant at)r6s eux que des mines k Doazit, Maylis et Saints
Aubin. D6s le lendemain, ils marquaient leur presence
sur la rive droite en pillant, sur la lande de Hinx, les
gens qui se rendaient au march6 de Dax. Rien n'6cliap-
pait k leur rapacity, car a Tune des victmes ils enlevferent
(( son poulain et les souliers des pieds et esperons, et la
bride de son cheval; tellement qu'ils ontvol6ce jour Ik
plus de 5000 livres*. » Le manque d'eau et de fourrages
n'avait pas permis k d'Aubeterre de venir s'6tablir k Sou-
prosse (30 mai) *. II se contenta de placer a ce poste le
regiment de Saint-Luc, qu'il fit venir de Villeneuve : les
cavaliers partirent de cette ville le l*"* juin, f6te de la
Pentec6te *, et le 2 les troupes royalistes furent toutes
transport6es au-delJt deTAdour*. En attendant qu'il eOt
sond6 les gu6s de la Midouze et reconnu si Pontonx 6tait
un endroit commode pour y sojourner, le commandant
en chef vint camper dans les prairies de Pouy et se
rapprocha de Tartas. Pour faire vivre ses soldats, il leur
(1) Arch. hist, de la Gfxscogne, taso. i, p. 145.
(2) Arch. hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 140.
(3) Laborde-P6bou6, Relation veritable.,. (Arm. des Landes, m. p. 483).
(4) Arch. hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 167.
(5) Arch, de Villeneuve, CC. 9, n» 4.
(6) Laborbe-Pebou6, Relation Writable.., (Arm... dea Landes, in, p. 481).
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— 635 —
permit de piller les campagnes environnantes; mais il
eut soin de ne pas laisser d6truire les moulins, car ils
devaient lui fetre n6cessaires pour le si6ge qu'il allait
entreprendre. II envoya k Dax, pour fortifier la garnison
de cette place importante, les trois cents irlandais pass6s
du service des frondeurs dans les rangs de leurs adver-
saires^
Tartas. — Tartas autour de laquelle se groupaient les
forces royales est une charmante petite ville que la
Midouze partage en deux parties. L'une est situ6e sur
une Eminence qui domine la rive gauche de la riviere et
porte le nom de ville haute.
[Lk se trouvait] un chasteau qui a autrefois est^ desmoly, lequel
commandoit aux deux villes et dont les fondemens restent encore. De
Tautre cosl6 de la rivifere, ii y a une autre ville qu'ils appellent la ville
basse, laquelle est bien nomm^, car elle est si basse que sans les murs
de la ville, lorsque la rivifere se d^borde, elle inonderoit ladite ville. II
y avoit de beaux fauxbourgs, joignant Tune el Tautre ville. Ceux qui
s'estendent du cost^ de la ville haute ontest6 d^molis par Balthazar, pour
y faire des fortifications, ceux qui estoient joignant la ville basse
restent encore et n'y a nulle fortification autour de la dite ville basse.
Ces deux villes sont petiles et n'y a pas plus de soixante ou quatre-
vings maisons dans Tenceinte, mais les bastiniens y sont beaux et
logeables et les habitans y sont accomod^s tant k cauze du s6n6chal
que du commerce. II y a trois grosses tours quarries sur les portes,
dont Tune sert de cloch6, qui sont belles^ mais qui ne flanquent point,
et les murs ne sont qu'une simple cloizon sans y avoir ny flanc ny
courtine et lesdits murs sont d'une hauteur et largeur fort mMiocre et
le circuit en est petit particuli^rement de la muraille ou il n*y a point
de maisons qui y soient attaches. Les fortifications que Balthazar a
faites sont toutes de terre, hormis de quelque muuaille qu'il avoit faite
autour du chasteau, mais elle n'est pas encore montte plus de huit ou
dix pieds (2).
Telle 6tait la place que d'Aubeterre venait attaquer,
(1) Arch, nat., KK. 1,120, ^ 203.
(2) Arch. nat. , R. 299, papiers Bouillon, carton 27 (M6moire du due de Bouillon).
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— 536 —
Son investissement devait cotiter 60,000 livres; mais
rempressement pour finir cette guerre 6tait si g^n^ral
que le marquis de Poyanne avanga 10,000 livres pour la
ville de Dax*.
Affaires de Catena. — Avant d'entreprendre ce si6ge
r6soludepuis longtemps, on d6cida de s'emparer des petits
postes qui tenaient encore pour les frondeurs, afin de leur
porter ensuite par cette capture le coup qui devait les
abattre. Le due de Candalle ordonna done a Poyanne de
fournir a d'Aubeterre les canons n6cessaires pour r6duire
Cauna et Saint-Justin * (1®^ juin). Les gens de guerre de
cette ville et ceux de Roquefort accablaient les popula-
tions environnantes de requisitions continuelles. lis mena-
?aient de couper les bl6s et les seigles en herbe, si on ne
leur donnait sans cesse de nouvelles cotisations * (4 juin).
II importait de venir les r6primer. Un « grand comman-
dant deM.de Candalle, nomm6 le Grand-Mai tre * », avait
amen6 a d'Aubeterre les secours promis depuis si long-
temps; 1,700 de ses cavaliers, qu'on r6ussit a 6carter de
Doazit (5 juin), dont les habitants avaient « tout vid6 et
quitt6 leur maison de grande peur qu'ils avaient », passe-
rent une nuit seulement k Montaut; ils achev^rent de
miner ce village et les environs* (6 juin). Les paroisses
de la Chalosse furent alors « mand6es d'emmener de
bonnes paires de boeufs pour aller tirer le canon qui
6toit parti de Dax, qui venoit par Goust » (8 juin). II
fallut quatre jours pour conduire cette artillerie k Saint-
Sever, oil 6taient concentr6es les troupes de M. le Grand-
Maitre, de d'Aubeterre, de Poyanne et les Irlandais;
elles ne laissaient rien autour d'elles (12 juin). « II y a
(1) Arch, de Dax, BB. f* 138, v» (Livre des resolutions).
(2) Arch. hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 148.
(3) Arch, de Saint-Justin, fonds Duclerc. n" 5.
(4) C'^tait le mar^chal de la Meilleraye que Ton d^signait de la sorte.
(5) Laborde-Peboud, Relation oMtable.., {Arm, dea Landes, m, p. 483).
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— 537 —
environ dix mille hommes qui ruinent tout le pays. A une
lieue de chemin d'oil le canon passe, n'y demeure rien
de bon S » Le maire de Saint-Sever, Jean de Laborde,
rann6e pr6c6dente avait montr6 son z61e pour la cause
royale en relevant dans cette ville les murailles qui torn-
baient en mines. II suivit le corps exp6ditionnaire en
qualit6 de commissaire de Tartillerie, lorsqu'au point du
jour rarm6e se mit en marche vers Cauna* (13 juin).
Parvenu k port6e de canon, d'Aubeterre fit sommer la
place de se rendre et fut bien surpris d'apprendre que
toutes les portes 6taient ouvertes. A Tapproche de leurs
adversaires, les soldats de Balthazar avaient regagn6
Tartas, oil les habitants de Cauna avaient aussi cherch6
un refuge. Eraste de Camon Talence fut charg6 degarder
le chateau enlev6 aux frondeurs, tandis que Tarm^e se
dirigeait vers Villeneuve, pour se porter ensuite centre
Saint-Justin. Les gens de Balthazar 6taient aux aguets
etsit6tque ces troupes eurent disparu, Lartot deBascons,
Tun des lieutenants du colonel, revenant avec des forces
imposantes, reprit la place perdue depuis quelques heures
et s'y 6tablit avec une forte garnison : Camon vint
rejoindre d'Aubeterre entre Villeneuve et Saint-Justin
(13 juin).
Prise de Saitit-Justin, — Le succfes 6ph6m6re des
royalistes a Cauna avait 6t6 largement compens6 par les
6checs qui leur furent inflig6s le m6me jour. Au moment
oil rarm6e sortait de Saint-Sever, quelques capitaines
6tant rest6s en arri6re, furent surpris par les frondeurs
qui les emmenferent prisonniers a Tartas. Les cavaliers
de Balthazar se rendirent d'Onard au port de Pontonx.
lis brtilerent deux chaloupes sur le bord de la rivifere,
(1) Idem.
(2) Armorial dee Landes, u, p. 211.
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— 588 —
s'empar^pent du vin que Ton voulait embarquer etobligS-
rent les bouviers a traverser TAdour a la nage, avec les
boeufs qu'ils conduisaient. Quelques-uns se noySrent et le
reste fut retenu k Tartas (13 juin) ^ La prise de Saint-
Justin devait faire oublier ces incidents d6favorables. Le
sieur de Labadie, capitaine au r6giment de Marsin, com-
mandait cette place. Gabriel de Brocas, seigneur de
Tampoy, dont on a vu plus haut le d6vouement a la
cause royale, entra en n6gociations avec lui et Tamena
bientdt a capituler. Comme d'Aubeterre arrivait k Ville-
neuve, on lui apporta done les clefs de Saint-Justin. « La
place fut remise sous Tobeissance du Roy et randue aud.
s^ chevallier Daubeterre le quinze juin de ladite ann6e
cinquante trois et la compagnie dudit sieur Labadie, aussi
ses officiers, feust mize dans les trouppes du roy oil elle
servit jusques a ce que la paix feust faicte*. » D'Aube-
terre pla§a aussit6t k Saint-Justin une garnison sur la
fld61it6 de laquelle il pouvait pleinement compter, mais
qui ne devait pas garder longtemps ce poste (15 juin).
Combat du Greil. — Une ville bien plus considerable
fut sur le point de tomber entre les mains des frondeurs.
Le r6giment de Saint-Mesmes, en garnison a Saint-
Sever, 6tait (( au coupe gorge » avec les habitants (31
mai) ^ Le chevalier d'Aubeterre, qui les avait « accom-
mod6s pour quatre jours, » 6tait venu le V^ juin essayer
de r6tablir enfin la bonne entente, mais tous ses efforts
avaient 6t6 inutiles. Le regiment reparut devant la cit6,
se logea dans le faubourg « et demandoit au si6ge de
Saint-Sever 20,000 livres avant de partir dudit Saint-
Sever*. )) L'occasion 6tait trop belle pour lalaisser passer
(1) Laborde P^bou^, Relation o4r liable, ..(Arm. des LandeSy m, p. 484.)
(2) Arch, de Saint-Justin, fonds Duclerc, n" 12. (Enqu^le faite le 9 Janvier
1644 par TEglize proc. M. le juge absent, dans le lieu du Freixo.)
(3) Arch. hist, de la Gascogae^ fasc. i, p. 148.
(4) Laborde-P6bou6, ut supra.
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~ 689 —
sans tftcher d'en tirer parti. A la laveur de ces discordes,
Lartot, sorti de Cauna, voulut essayer de s'emparer d'une
place si importante; mais il fut repouss6 et fut m6me
•bless6 au bord de TAdour^ (16 juin). Toutefois r6veil
6tait donn6; aussi a Balthazar en personne se leva de
grand matin et passa T Adour a Toulouzette et arriva deux
heures avant le jour k Saint-Sever et attaqua ledit regi-
ment de Saint-Mesmes * ». II lui tua trente hommes et
lui fit cinquante prisonniers qu'il se disposa k conduire k
Tartas. On ne lui en laissa point le loisir; car avertis de
8onapproche,Jes habitants de Saint-Sever, oubliant leurs
ressentiments, avaient en toute h^te envoy6 pr6venir
d'Aubeterre, qui se trouvait avec ses gens A Saint-Justin
et k Villeneuve. Apprenant que Balthazar passait T Adour,
il ordonna k ses troupes de le suivre et prit le devant avec
cinq cents cavaliers d'61ite. Parvenu k Saint-Sever, il
fut (( doulent » d'apprendre que son adversaire venait
d'en repartir. Sans donner Jt ses soldats le moindre repos,
il se lan^a k la poursuite des frondeurs et les rejoignit au
Greil. En le voyant venir, Balthazar, qui ne se sentait
pas assez fort pour lui r6sister, pritlafuite avec cinquante
cavaliers; le chevalier d'Aubeterre tomba sur le gros de
ses soldats qui, priv6s de leur chef, ne devaient pas
opposer une longue resistance. Les prisonniers quils ame-
naient de Saint-Sever se mirent avec ses gens pour
achever la d6faite des vainqueurs du matin. Ceux-ci
eurent environ cinquante morts et de plus laiss6rent
cinquante-trois prisonniers entre les mains des royalistes.
(17 juin.)
Ruihe de Saint-Justin. — Cette guerre n'6tait ainsi
qu'une suite de surprises et de hardis coups de main. A
la nouvelle que Saint-Justin lui avait 6t6 enlev6, Bal-
(1) Laborde-Pebou6, Relation cdritable... (Arm. des Landes, lu, p. 484.)
(2) Laborde-P6bou6, Relation o^ritablc,., (Arm. des Landes, iii, p. 485.)
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— 640 —
thazar avait donn6 ordre k Henri de Prugues, gouver-
neur de Roquefort, de reprendre cette place (15 juin). Le
commandement du chef fut ex6cut6 sans retard, et avant
quarante-huit heures cette petite ville 6tait replac6e sous
son ob6issance. Le chevalier d'Aubeterre, « ayant appris
qu'on Tattaquoit, y accourut avec six escadrons; etquand
il fut au Mont-de-Marsan on lui annon?a la prised » La
garnison, sur laquelle il croyait pouvoir compter, ne put
r6sister h Tassaut des frondeurs; elle a auroit 6t6 forc6e
par les troupes de mons. le prince de Cond6 qui auroient
ravag6 toutes leurs campagnes, briil6 partie des maisons
de ladite ville a tel point qu'ils Font rendue inhabitable
et aprfes se retirferent* » (17 juin). Le proc6s-verbal des
commissaires-enquMeurs envoy6s Tannic suivante pour
constater les d6gats nous permet de mesurer T^tendue
du d6sastre. lis trouv6rent la ville « quasi d6serte et
inhabitable, »
Et avons remarqu^ le chasteau et toutes les maysons de ladile ville
ont 6l6 rompues et deslabr^es par lesdits gens de guerre, k tel point qu'il
est impossible d'y habiter, k la reserve toutesfois de celles du sieur de
Commedema, de la demoiselle du Faure, maistre Jean Cauchen, chi-
rurgien, Jacob Soubab^re maistre chiiurgien et Hellie Badiolle et de
la damoyselle Darroya, lesquelles nous avons trouv^ en assez bon
eslat.
Le faubourg n'avait pas 6t6 plus 6pargn6 que Tenceinte
fortifi6e.
Les maysonnettes qui estoient dans Textr^mite dudit faux-bourgont
6t6 aussi antierement demoulies au lyeu que avant lesdicts troubles la
dicte ville estoit fort publteet lesd. maysons d'ieellefort belles et en bon
estat, comme nous avions remarqu^ souventes fois que nous etions
passes dans icelle (3).
Ainsi la mine 6tait complete; gr^ce k de hauts patro-
(1) Balthazar, Hist, de la guorro de Guyenne, p. 117.
(2) Arch, des Lancles, H. 33. (Enquete du 8 juin 1654.)
(3) Les t^moius cites eii cette occasion furcnt Jean- Louis de^lalartic, sieur de
Larroque, Jean Vigneau, pretre et cure de Labastide, Bernard Lauhodes, Saiut-
Marc.
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— 541 —
nages, quelques bourgeois obtinrent plus tard une com-
pensation de pertes 6prouv6es; Jean de Lafargue, seigneur
de Saint-Gein, se plaignit (4 mars 1656) que sa maison
avait 6t6 pill6e et demanda k reprendre ses biens chez
ceux qui s'en 6taient empar6s * ; mais la ville ne devait
pas recouvrer son ancienne prosp6rit6.
Sidge de Cauna. — Pendant que Saint-Justin 6tait
ainsi d^truit, d'Aubeterre entreprenaitlesifegede Cauna.
Depuis la blessure re^ue par Lartot, le commandement de
ce poste avait 6t6 confi6 a Lacroix. Avec cechef intr6pide,
Balthazar avait mis dans cette petite place une vingtaine
de fusiliers irlandais. Une par tie de Tarm^e royale,
6valu6e k 10,000 hommes, 6tait arriv6e k Saint-Sever
(18 juin) et fut prfete a marcher avec le canon centre ce
fort depuis si longtemps au pouvoir desfrondeurs (19 juin).
On le bombarda pendant deux jours (21-22 juin) sans
autre r6sultat que de briser les portes du chateau et
d'abattre le haut des tourelles. La tour ne souffrit aucun
mal. On attendait la venue des derniers renforts qui ne
pouvaient tarder a paraitre. Les jurats de Villeneuve
pr6vinrent en effet ceux de Mont-de-Marsan que les trou-
pes royales qui se trouvaient chez eux se mettaient en
route* (23 juin). Leur arriv6e jeta le d6sarroi parmi les
assi6g6s et au moment oil les gens de Poyanne allaient
tenter Tassaut, Lacroix fut livr6 par ses propres soldats,
qui ouvrirent les portes aux royalistes (24 juin). La cap-
ture 6tait bonne, car avec le chateau d'Aubeterre vit
tomber en son pouvoir les provisions nombreuses que
les frondeurs avaient entass6es dans ce repaire. Tandis
que ces 6v6nements se passaient aux portes de Saint-
Sever, Balthazar, qui 6tait all6 arr^ter et piller les gens
qui se rendaient au march6 de Dax (21 juin), envoya
(1) Arch, de Saint-Justin, fonds Duclerc, u? 17.
(2) Arch, de Villeneuve, CO. 9, n" 4.
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— 542 —
encore ses cavaliers au-(Jeli de TAdour. lis parurent done
une fois de plus k Mugron, k Montaut, puis ils se rabat-
tirent vers Lahosse, ravageant tout sur leur passage et
faisant de nombreux prisonniers qu'ils « menferent k
Tartas avant que les gens de M. d'Aubeterre le puissent
savoir". » (25 juin). Malgr6 ces heureuses excursions, les
affaires des frondeurs ne se r6tablissaient pas et les d6fec-
tions commen§aient k se produire. Lartot, qui s'6tait
distingu6 dans cette guerre des razzias, sortit de Tartas
et vint k Saint-Sever mfeme faire sa soumission entre les
mains ded'Aubeterreet demandant a de le bouloir sauber
la bie » :
Ledit d'Aubeterre lui a sauW la vie, avec promesse de ne porter
jamais les armes, sinon au service du roi. Ledit Lartot est demeur^
quelques jours dans le comban des p^res capucins et puis s'est ietir6;
je ne sais ou il est all^, mais il me semble qu'il lui falloit faire reodre
compte des grands maux et bouleries qu'il a fait et fait faire au si^e de
Saint-Sever, caril est la cause que plusieurs personnes sont mortes, et
m6me crains qu'il soit aussi la cause de la perte de plusieurs ^mes et a
caus^ la ruine de plusieurs. maisons : il est fils de Bascons (2). (27
juin.")
Sidge de Tartas. — Les troupes royales se portferent
toutes aux environs de Tartas et y « ont fait de grands
ravages, jusques k mettre le feu aux m6des (meules) et
prins le b6tail et ce quils ont troub6 de bon '. » Le quar-
tier g6n6ral fut 6tabli k Pontonx. Comme Balthazar se
trouvait d6ja fort afifaibli*, Poyanne et d'Aubeterre
demand^rent k Candalle de vouloir Men soulager le pays
en le d61ivrant d'une partie des gens de guerre, dont Fen-
tretien achevait de miner les populations'. En voyant
ses adversaires prendre leurs dispositions pour com-
(1) Laborde-P6bou6, Rotation o^ritable,,. (Arm. des Landes, in, p. 4S6.)
(2) Laborde-P6bou6, Relation (Writable.,. (Arm. des Landes, in, p. 486.)
(3) Laborde-P6bou^, ibid., p. 487.
(4> Eu fait de places de guerre il n'avait plus que Koquefort et Tartas.
(5) Bibl. nat.^ fonOs ir., uol. 30429,^ 201.
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- 543 —
mencer le si6ge, Balthazar se pr6parait aussi & une de-
fense des plus 6nergiques. II pr6vint d'abord ses allies de
la situation critique dans laquelle il allait se trouver et
manda aux espagnols que « si on ne luy donnoit secours
dans trois semaines et huit jours il prendroit son parti
comme il adviseroit bon estre*. » Sans compter absolu-
ment sur cette intervention, il n'oubliait rien pour faire
face k ses ennemis. Le chevalier d'Aubeterre n'avait pas
assez de troupes pour garder les deux rives de la Midouze
et empficher les excursions journali^res des f rondeurs qui
vinrent Tattaquer dans ses propres quartiers. Cette sortie
ne futpas heureuse poureux; a k la fin, M. d'Aubeterre
en eut du bon, car il fit bonnombredeprisonnierskceux
de Balthazar, et ledit Balthazar fut bless6 k la couisse* »
(2 juillet). Mais il 6tait de ces hommes que les 6checs ne
d6couragent pas; ses cavaliers ravag6rent et pill6rent les
m6tairies de M. de Poyanne (5 juillet), et traversant
TAdour, pouss^rent jusqu'aux faubourgs de Saint-Sever,
oil ils firent de nombreux prisonniers (8 juillet). N'osant
tenter Tassaut de Tartas, d'Aubeterre s'6tait fortifi6 k
Pontonx et Poyanne 6tait venu Ty rejoindre. Pour ne
marcher qu'^ coup stir, les deux lieutenants de Candalle
demand^rent a leurs chefs un renfort d'infanterie, qui fut
longtemps a venir, et « ils se morf ondaient a Pontonx sans
y faire autre chose*. » Plus heureux, le due de Candalle,
avec le concours de Venddme, avait d6j^ remport6 des
succ6s importants. II venait de s'emparer de Bourg et
d'enfermer dans Bordeaux lecapitaine Marsin, qui appela
Balthazar k son secours. Celui-ci sortit de Tartas a la
t6te de cent cinquante cavaliers, comme pour une de ses
courtes expeditions, etse lan§a hardiment a travers
(1) Bibl. nat., fonds fr., vol. 20479, P 313.
(2) Laborde-P^bou6, ut suprd, p. 487.
(3) Balthazar, fjist, de la guerre de Guyenne, p. 122.
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la Lande (13 juillet). Averti de son approche, Candalle
essaya vainement de lui barrer le passage avec quatre
cents chevaux; malgr^tous ses efforts, Balthazar entrait
dans Bordeaux, en plein midi. D'Aubeterre crut le noioment
favorable pour attaquer Tartas k la t6te de toutes ses
troupes. La garnison sortit k sa rencontre a et y en
mourut plusieurs d'une part et d'autre et demeur6rent
toujours dans leslandes et ruin6rent enti6rement lepays K »
Repousses avec de grandes pertes, les royalistes rega-
gn6rent Pontonx. Alors, pour plaire a Candalle qui d6si-
rait que Poyanne eixt sa part de commandement,
d'Aubeterre consentit a partager avec son lieutenant la
responsabilit6 du si6ge; mais avant de tenter un nouvel
assaut, il r6solut d'attendre les renforts qu'il avait
plusieurs fois r6clam6s sans jamais les voir venir (23
juillet).
Rcwages de guerre, — Son attente devait 6tre inutile,
car les frondeurs serr6s de prfes 6taient d6ja entr6s en
n6gociation dt le baron de Batz, mar6chal de camp de
rarm6e des Princes, avait 6t6 envoy6 k Candalle pour
traiter de la reddition de Bordeaux* (23 juillet). Tandis
qu'on d^battait les conditions de la paix, les soidats
royalistes achevaient de miner la Chalosse. Une compa-
gnie de « cabaliers qui sont a M. de Poyanne », vint a
Montaut, se barricada dans T^glise de Brocas et de la
promena chaque jour la d6vastation sur les contr6es
environnantes (25 juillet).
Les gens de guerre et bouleurs pi-ennent tout ce qu'ils troubent; il
n'y a point de justice, ils out mang6 la plupart.de Wt ail. La lerre
demeurant sans labourer font que le pauvre monde |)erisscni. Ces
gens onl ainsi mange les moutons et agneaux et chapons et poules,
tenement qu'il ne s'y trouberien pour les pauvres malades (3).
(1) Laborde-P(5bou<5, Relation o4rUablo... (Arm. des Landes, p. 488.)
(2) Arch, nat., 1220, f* 346.
(3) Laborde-P^bou^, ut supra.
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Alors fut br<116e la maison de Lestage a Larbey et le
spectacle de desolation qui se d6roulait sous ses yeux
arrachait au naif chroniqueur de Doazit cette touchante
supplication :
Le monde est perdu et \outk fait ruini sans esp^rance, sinon celle
du bon Dieu auquel nous faut avoir recours. 0 bon Dieu ! je sais bien
que bous .^tes tout-puissant et que rien ne bous est impossible; et c'est
pdurquoi je m'adresse k bous pour bous prier trfes hurablement^ mon
bon Dieu, qu'il bous plaise avoir piti^ de boustre paubrepuble, etqu'il
vous plaise de bos gr^es nous envoyer la paix en France, et principa-
lementez pauvres pays de Cbalosse (1).
On apprit enfln que « la ville de Bourdeaux s'est
rendue k Tobeissance du roy et que M. de Candalle y
6tait dedans, ce qui est une bonne nouvelle » (26 juillet).
Balthazar qui avait lui-m6me opin6 pour la soumission,
eut soin de se faire comprendre dans cette capitulation
(27 juillet)*. La convention fut sign6e parGuiron, 6v6que
de Tulle (30 juillet), qui mandait a Mazarin : « Nous
esp6rons bientost estre maistres de Tartas et Roquefort
par le trait6 qu'il (Candalle) a fait avec Balthazar*. »
L'aventurier arrivait en effet k Tartas dans les demiers
jours de juillet; il confirmait « que ledit Bourdeaux s'6toit
rendu et que la bille de Tartas 6toit aussi comprinse
dedans le trait6 dudit Bourdeaux*. » Cette nouvelle
n'arrfeta pas les d6pr6dations des gens de guerre. Les
cavaliers de d'Aubeterre continuaient de ravager la
Landeet le Maransin. lis s'avanc6rent ensuite k travers
la Marenne, le pays de Gosse et le 'pays d'Horte, entre
Daxet Bayonne, et flrent invasion sur les terres de M. de
Gramont, vers Guiche et Bidache. Mais les paysans de
ces contr6es qui, lors de la conqu^te fran?aise (1442),
(1) Laborde-P^bou^, Relation oMtable.,. (Arm. des Landea, ui,p. 488-489).
(2) Arch, nat., KK. 1220, f 354.
(3) Arch, nat., KK. 1320, f 386.
(4) Laborde-P6bou6, Relatioa cMtable,,. {Arm, des Landes, m, p. 489.)
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avaient rainen6 jusque sous les murs de Dax les routiers
de Charles Vll S ne se montrferent pas plus endurants en
cette circonstance. lis se lev^rent en masse, attaquerent
hardiment les cavaliers et en tu^rent un bon nombre.
Contributions de giierre. — Balthazar avait promis de
livrer aux armies royales, moyennant le commandement
d'un corps de troupes et une forte remuneration, les deux
places dont il 6tait encore maitre dans les Landes. Le
marquis de Saint-Germain d'Apchon fut charg6 par
Candalle de recevoir cette soumission. On se pr6occupait
avant tout de d6barrasser le pays des gens de guerre dont
la presence 6tait si on6reuse. M. de Bagy avait d6ja
conseilie h Mazarin d'envoyer du c6t6 de Fontarabie ou
en Navarre les huit mille hommes de pied et les deux
mille cinq cents chevaux que Candalle avait sous ses
ordres et que la paix de Bordeaux laissait maintenant
sans emploi* (1*^ aotit). On d6cida que ces troupes avec
celles de Poyanne et de Balthazar iraient en Catalogne,
tandis que celles de d'Aubeterre seraient dirig^es sur la
Flandre. Mais si les royalistes 6taient prfets k ob6ir aux
ordres qu'ils avaient regus, le chef des frondeurs ne se
montrait pas d'humeur k s'61oigner avant d'avoir touche
Targent qui lui revenait. II en coAta done encore aux
landais quarante mille ecus pour se debarrasser des sol-
dats qui les epuisaient depuis si longtemps; et sur cette
somme Candalle avait promis k Balthazar soixante mille
livres, qui devaient etre levees sur les quatre sieges de
Mont-de-Marsan, Saint-Sever, Dax et Tartas*. Les
paroisses de cette derniere senechaussee, si rudement
eprouvees pendant Tinvestissement de la place, avaient
(1) Berry, Chron, de Charles Vll, p. 420 (6d. Godefroy).
(2) Arch, nat., KK. 1220, ^ 392.
(3) Arch, des Uuides, H. 33. — Arch, de Dax, BB. 8, !• 138 v«. —Arch, de
Tartas, BB. 2, ^ 108.
(4) Ak^. des Landes, H. 35.
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esp6r6 6tre Iib6r6es de cette nouvelle contribution; mais
elles se virent condamn6es k payer leur quote-part. II
s'agissait avant tout de r6unir la ran§on demand6e; car
« M. d'Aubeterre et ledit Balthazar sont demeur6s avec
une partie de leurs gens pour prendre ladite somme de
quarante mille 6cus, c'est qui est cause que le public est
f atigu6 pour truber cette somme et ne bulent pas partir
qulls n'ayent ladite partie*. »
Depart de Balthazar. — Au lendemain de la signature
du trait6 de Bordeaux, Roquefort, qui jusqu'^ la dernifere
heure avait persists dans sa rebellion, envoyait une depu-
tation k Candalle pour invoquer sa protection et obtenir
Tamnistie (2 aoM) *. Sur les conseils de Henri de Prugues
qui commandait la garnison, cette ville exp6dia mille
livres k Tartas pour 6tre donn6es en k-compte k Balthazar
(6 aoAt). C'est le 6 aoAt que, dans T^glise de SainWac-
ques, Tartas fut solennellement remis entre les mains des
royalistes', et le lendemain les frondeurs, ayant a leur
t6te Balthazar, ouvrirent les portes de Roquefort, mais
sans consentir encore k s'61oigner. En attendant que la
contribution de guerre ttd pay6e, Candalle avait ordonn6
k d'Aubeterre de retirer ses soldats de ce quartier pour
n'y laisser que ceux de Balthazar; et Poyanne fit imm6-
diatement observer combien il serait fftcheux qu'un
6tranger restftt seul « avec des troupes dans une ville
fortifl6e sans qu'il y aye rien qui s'oppose^ ses desseins*. »
On suspendit done le depart des soldats royalistes, car
on 6prouvait de s6rieusesdifflcult6s pour trouver la somme
r6clam6e. Les d6put6s des quatre sieges, r6unis k Hinx
pour faire la repartition entre les diverses communaut6s,
n'arrivaient pas k s'entendre. Mont-de-Marsan, dont la
(1) Laborde-P^bou^, Relation o4ritable,., (Arm. dea Landes, ui, p. 489.)
(2) Arcb. de Roquefort, BB. 1, n« 4.
(3) Arcb. de Tartas, BB. 3. ^ 108, r».
(4) Arcb. nat., fonds fr., toL 30429, ^ 345.
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cotisation avait 6t6 d'abord flx6e k sept mille livres, dut
en fournir quinze mille et, non plus que les autres villes,
apr6s tant d'exactions, elle ne fut pas a m6me de payer
imm6diatement cette somme : trois ans plus tard elle
devait trois mille sept cent cinquante livres *. Roquefort
dut emprunter deux mille .seize . livres quatre sols neuf
deniers pour cette douloureuse liquidation (15 aoiit) *.
Gr^lce a Tintervention de Candalle cette petite cit6 avait
obtenu Tamnistie de sa longue r6volte; elle ne manqua
pas d'envoyer une deputation k Bordeaux pour remercier
feon protecteur (16 aoM) et, selon Tusage de tons les
temps, elle vota une gratification de deux cent quarante
livres destin6e k r6compenserBertrandi, secretaire du due,
des soins qu'il avait donn6s a cette affaire (14 septembre).
Du reste, elle ne devait pas tarder a 6tre soulag6e des
charges qui Taccablaient; car k mesure que Targent lui
arrivait Balthazar devenait plus trai table. II envoyadonc
une partie de ses gens loger a Nogaro, sous la conduite
de M. de Prugues' (10 aotit). Aussi avis6 que son chef,
celui-ci exigea six mille dix livres avant de quitter Roque-
fort et la communaut6 fit un nouvel emprunt de mille
cinq cents livres pour 6tre d61ivr6e de sa presence *. Goi^6
d'oretcombl6d'honneurs, Balthazar consentit enfin apar-
tir (26 aotit), ne laissanta Tartas, pour quelques jours, que
deux compagnies de fantassins. En s'61oignant de nous il
osa 6crire k Mazarin pour protester de son inviolable fide-
lity a sa cause * . Quelques seigneurs landais s'associ^rent a sa
fortune : Alexandre de Benquet accepta une compagnie de
cent hommes dans son regiment de ca valeric 16gere*.
(Lafinprochainemeni,) J.-J.-C. TAUZIN,
Cur6 de Saint-Justin de Marsan.
(1) Arch, hist, de la Gascogne, fasc. i, p. 158.
(2) Arch, de Roquefort, BB. 1, n^ 4.
(3) Arch, de Nogaro, BB. 4.
(4) Arch, de Roquelort, BB. 1, n« 4.
(5) Arch, nat., KK. 1220, f 520-521.
(6) Armorial dee Landes, i, p. 109.
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LE « LIM DE U mm - ET LE « LIM DES
DE GASTON -PHCEBUS (1)
Dans la Revue d'avril dernier (Question 282, p. 186), M. Tamizey
de Larroque, k Toccasion de la publication de M. de La Brifere, deman-
dait des renseignements sur Fauthenticite du Livre d&prUreSy sur le
lieu de la dfeouverte et sur le manuscrit lui-m6me; enfin, il dfeirait
avoir^ sur ce livre, Tapprteiation du savant critique qui dirige ce
recueil.
L^-dessus, M. L. Couture, sans aborder encore cette tftche, faisait
observer que « les devotes oraisons de Gaston- Phoebus avaient 6t6
> publi6es en mfeme temps ou k peu prfes par un savant prfetre b&mais,
> du clerg6 de Paris, M. Tabb^ de Madaune (2)... »
M. Tamizey de Larroque a rendu tant de signals services k toute
notre histoire provinciale que nous aurions regret k laisser la partie
bibliographique de sa question sans r6ponse. ,— Cette r^ponse pourra
paraltre un peu longue, il est vrai; mais, nous lesp^rons, cet infati-
gable chercheur^ et peut-^tre aussi les autres lecteurs de la Revue de
Gascogne, s'int^re^sant au t gentil » comte de Foix, voudront bien en
excuser T^teridue. Au prialable, je dois declarer que je laisse toute la
question litteraire^ la haute competence invoqute par le savant ques-
tionneur, non sans rappeler qu'ici m^me (septembre 1866, p. 405)
notre r6dacteur en chef parlait fort pertinemment de Toeuvre principale
de Gaston-Phoebus, dont il signalait un exemplaire en la possession de
M. le comte de Gontaut-Biron-Saint-Blancard (3).
Tout rteemment j'ai pu acqu^rir chez Kolh la n** 1385 du Livre de
(1) Notre savant collaborateur nous adresse de Paris cette communication,
comme une simple R^ponse k ime question pos^e ici m^me il y a queiques
mois. Mais r<^tendue et rint^r^tdecemorceau luiassignaient naturellement une
autre place dans la Reoiui, — L. C.
(2) On m'a affirm^ depuis que M. de la Bri^re, en se permettant de rajeunir
le texte de Gastou-Phccbus, avait utilise surtout T^dition deM.de Madaune,
et que celle-ci avait elle-mome quelque besoin d'etre coUationn^e avec le ma-
nuscrit. Tout cela soit dit sauf verification ultdrieure. — L. C.
(3) Je crois pouvoir assurer que ce boau manuscrit, qui m^riterait yae 6tude
particuli^re, a heureusement echapp<S h I'incendie du cMteau de Saint-Blan-
card et subsiste encore. — L. C.
Tome XXXV. 36
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Pri^res deM.de la Brifere, qui en a mis 200 exemplaires seulement
dans le commerce. 11 a 6t6 edit6 en 1893, alors que dfes septerabre 1892
M. Tabb^ de Madaune avail commenci^ la publication du Liare des
Oraisons — c'est le vrai litre — dans les Etudes hisioriques ei reli-
gieusea du dioc^ne de Bayonne (1).
La priority ainsi ^lablie en faveur de noire compalriote, je pourrais
dire qu'il ne serait pas 6lonnant de voir parailre prochainemenl une
nouvelle Edition du Liore de la Chasse.
Dijk, en 1886^ j'avais pris diversfes notes k la Biblioth^ue Natio-
nale sur le manuserit du fonds fran^ais 616, om6 de vignettes du
temps, d'une vivacii^ el d'une minulie naJves, conservanl encore loute
leur fralcheur de colons, el commentant presque k cbaque page le texie
de faQon k le faire parler aux yeux. Madame de Will en a public plu-
sieurs dans ses Chroniques de Froissart (2), el le bibliophile Jacob
dans sa grande oeuvre lui a aussi, ce me semble, fail divers emprunls
pour ce qui concerne la chasse.
La Bibliolh^ue possMe seize manuscrils de la Chasae, el non qua-
torze comme Ta dil M. de Madaune : 616 (ancien 7097), 617 (7097 I),
618 (7097 2), 619 (7098), 620 (7099), 1289 (47455), 1290 (7456), 1291
(7457), 1292(7457 5, Colbert 1227), 1293 (7468), 1294 (7448 2), 1295
(7458 4, Colbert 588), 12397 (in-fol^, Suppl^F^s 4833), 12398 (in^^,
Suppl^ Fqs 1076), 24271 (Saint- Victor 326), 24272 (Sorbonne 376). 11
en existe deux au Vatican (Migne, Did. des ms^^, t. ii, un k Cam
bridge el un, sur v6hn, k Copenhague.
Le Liore des Oraisons se trouve dans deux manuscrils de la Biblio-
Ih^ue Nalionale : le 616 et le 1292. Le 616 appartient bien au xiv«
sitele, la pal&)graphie ne laisse aucun doute sur ce point, croyons-
nous; le 1292 est du xvi« sifecle. Comment done le 919, datant du xiv*
si6cle lui aussi, et la plupart des autres manuscrils transcrils au xvi«
si^cle ne contiennenl-ils pas lea oraisons? Nous ne le saurions dire,
mais il paralt cependant assez simple d'estimer que ce recueil en a et6
exclu parce qu'il ne pr^sentait pas aux amateurs de chasse un inl^r^t
^1 au hvre trailant de cet art. Toujours resle-t-il que Ttoiture du
616 se Tiikve bien k T^poque de Gaston-Phoebus, et qu'une tradition
constante lui a attribu6 ces pri^res. Peut-6tre encore ne sera-t-il pas
trop t^m^raire de leur appliquer ce mot de Froissarl : « II disoit beau-
coup d'oraisons; » notez que le grand chroniqueur visitait Gaston au
(1) Pau, veuve Ribaut; Paris, Picard, 1893.
(2) Paris, Hachette, 1881, pp. 541, 725, 771.
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moment ou le traits venait d'etre compost — on le verra plus loin. —
Tels sent les seuls t^moignages k invoquer, faute de preuve litt^rale.
Encore faiit-il avouer que la tradition s'est egar^, mais pour 6tre recti-
fi^ depuis, en attribuant maintes fois au m6me auteur la troisifeme
partie du 616, « les DHuiiz de la chasse, » qui est de Gace de la
Buigne ou de la Vigne (Cfr. F. Fqs 1395). Au contraire, on a tou-
jours d6clar6 les priferes, connues ~ sinon publics — depuis long-
temps, Toeuvre de Gaston-Phoebus dont le manuscrit est contemporain.
Les feuilles de paichemin ajouttes au commencement de ce manus-
crit jusqu'au folio 11 contiennent diverses indications du xvii® sitele
instructives pour'son histoire; c'est ainsi qu'on lit, folio 3 : « Je sous-
> sign6 Leonard de Bongard, fcuyer, sieur Ducambard, capitaine des
» chasses et maitre particulier des eaux et for^ts du duche et pairie de
» Rambouillet. Cerlifie avoir enlendu dire plusieurs fois k S. A. S.
» Mgr le comte de Toulouse, grand veneur de France, que Louis XIV
» lui avoit donn^et qu'il tenoit des mains de S. M. le present volume
> manuscrit compost par Gaston-Phoebus, comte de Foix, en 1387,
> sur la cbasse. Fait au cbAteau de Rambouillet, ce 15 f^vrier 1769.
> (Sign^) : Ducambard. >
II s'est gliss6 au folio 5 une erreur assez grave : on y lit, en effet,
que Gaston-Phoebus monrut k Orlhez kgi de 72 ans en 1391, tandis
que ce prince, on le sait bien, mourut prte de Sauveterre k Tftge de
66 ans, 6tant n& en 1319; or, est-il dit au debut, < fut commence ce
» livre le premier jour de may. Tan de gr^cedeT Incarnation de Notre-
> Seigneur que Ton comptoit 1387 et ce livre j'ai commence k cette fin. . . »
II nous sera facile de dire brifevement Thistoire de la dteouverte, de
la perte etde la recuperation de ce manuscrit, avec les indications tiroes
de la dernifere Edition connue de Toeuvre du comte de Foix (toujours
appel^e, notons-le, Liore de la chasse ou de la chasoe), Edition due k
M. Lavall6e : « La chasse de Gaston-Phoebus, comte de Foix,
> collationn6e sur un manuscrit ayant appartenu k Jean P** de Foix
» avec des notes et )a vie de Gaston-Phoebus, par Joseph Lavall^e.
> Paris, au bureau du Journal des chasseurs, 37, rue Vivienne,
» maison Lefaucheux, 1854. >
Ce livre, rare aujourd'hui, et que M. de Madaune d&larait en 1861
€ vrai tresor de bibliophile, et comme tel ayant place, non dans les
> rayons des bibliothfeques, mais dans les tiroirs secrets avec les
> manuscrits », mal imprim6 pourtant et destine plut6t aux chasseurs
qu'aux bibliophiles, est venu en notre possession gr^ce k une indication
du catalogue mensuel de la librairie Marpon et Flammarion. II a figur6
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k TExposition des arts rdtrospectifs tenue k Pau en 1891, sous le
n® 1403, avec de nombreuses notes manuscrites prises dans les
originaux ou copies anciennes, les noms du personnel de chasse et des
chiens.
D'aprfes M. Lavallte, qui en loue « la finesse inexprimable », le
manuscrit 616, portantles armes de Saint- Vallier et du due d'Orlfans,
aurait 6t6 copi6 pour Aymar de Poitiers, seigneur de Saint-Vallier,
lequel avait Spouse Marie, fille naturelle de Louis XI etde Marguerite
de Sassenage, ou pour leur fils Jean de Poitiers, grand amateur de
vfenerie.
Jean de Poitiers fut arr^t^ a Lyon en 1523, lors de la conspiration
du conn6table de Bourbon, et condamn^ k raort par arr^t du Parlement
de Paris en date du 16 Janvier 1523. Conduit k rtehafaud,il allait toe
ex6cut6 lorsque arriva sa gr^ce, obtenue par Diane de Poitiers, sa fille.
Mais la confiscation des biens n'en eut pas moins son cours et le
manuscrit vint ainsiaux mains de Frangois P'*,qui le perdit au pillage
de son bagage k la bataille de Pavie. L'heureux soldat qui sut le
recueillir le vendit k Bernard, 6v^ue de Trente, lequel en fit hommage
k Ferdinand, infant d'Espagne, archiducd'Autriche et frfere de Charles-
Quint.
Comme le sort des armes avait 61oign6de France Toeuvre de Gaston-
Phoebus, il devait plus lard Vy ramener. Pendant la campagne de
Turenne aux Pays-Bas, le Iieutenant-g6n6ral marquis de Vigneau
s'empara du manuscrit, qu'il offrit k Louis XIV, ainsi que le constate
une mention inscrite au bas du f** 13 v^, le 22 juillet 1661, par La
Mesnardifere, lecteur ordinaire de la Chambre.
Louis XIV d6posa le traits k la Bibliothfeque, ou il fut inscrit sous le
n*^ 7097 et marqu6 de Testampille de la Biblioth^que du roi, au bas de
la premiere page de la table. Quelque temps apr^ il le reprit pour le
donner au comte de Toulouse et le remplaga par une copie du xvi«
sifecle, achette k un habitant de Nevers.
Ce manuscrit passa ensuite k la maison d'Orl&ns dans la biblio-
th^ue particulifere de Louis-Philippe — c'est pourquoi il porte Tindi-
cation de la « biblioth^ue du due d'0rl6ans » — et il allait ^tre brul6
en 1848, dans Tincendie de Neuilly. Heureusement M. Lavallteen
avait obtenu communication par Tinterm^diaire de M. Brenot, biblio-
th^caire du Palais-Royal, et ayant pr^venu k temps les conservateurs
de la bibliothfeque, il parvint, porteur d'une recommandation de
M. Naudet, k le restituer k notre grand d6p6t. Seule la reliure 6tait
endommag6e,les angles dcorn6s,une garde maculae de sang. La dorure
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paralt encore avoir souffert, mais les miniatures sont en parfait ^tat de
conservation.
Les dix premiers feuillets sont en parchemin contenant des indica-
^ons du xvii® et du xviii« sifecles; le corps du manuscrit est en v6lin, a
miniatures et h letlres omtes : k la page 109 se trouve la dMicace k
Philippe de France, due de Bourgogne. Les priferesoccupentlesf°^122-
138; en t6te on admire une miniature repr6sentant le comte de Foix a
genoux devant le Seigneur dans ses attributs de maltre du monde.
Dans les feuillets pr^liminaires (P 6) on a ins6r6 Tindication des
Editions donndes au commencement du xvi® sifecle (1507), par V^rard,
dont, selon Brunet, un exemplaire appartenant au baron Pichon est
mont6 aux enchferes k 9,905 francs, et par le Noir (vendu 640 francs,
vente Chedeau.)
Jehan Treperel en publiait aussi une edition aprfes 1505; vendue
5,600 francs (Potier).
Nous n avons aucun renseignement sur le manuscrit de TEscurial
mentionn6 par Argote de Molina, pass6 entre les mains de Philippe II
et om^ a d'enluminures du plus grand prix ». II a disparu en 1809 de
TEscurial et nous n'en avons trouv6 nulle trace dans d'anciens cata-
logues de cette bibliothfeque. Cependant il aurait iii curieux k ^tudier,
comme aussi ceux de Copenhague, du Vatican et de Cambridge, pour
dteouvrir T^poque k laquelle ils avaient 6t6 Merits et pour s'assurer s'ils
contenaient le Liore des Oraisons.
La biblioth^ue Mazarine d^tient aussi un exemplaire n? 3,717,
p
ancien — , que M. Lavallte attribuait k tort au xvi® sifecle; il est des
premiers tiers du xv® sitele, en v61in, de 106 feuillets. On y relfeve la
trace de la suscription de Jacques, due de Nemours, et il est reli6 en
maroquin rouge aux armes de France. Sur le premier feuillet ont 6t6
ajout6es, au xvi« si^le, les armes de son propri6taire, Pot de Rodes,
ambassadeur k Rome, k Vienne et en Angleterre, qui se maria le
10 mars 1538 en presence de la reine de Navarre et du conii6table de
Montmorency.
Enfin (on n'avait pas encore song6 a recueillir cette mention), Fon-
tette et Lelong signalent (n° 35,790) : « La Venerie de Jacques du
» Fovilloux, avec quelques additions : SQavoir, le Traits de Gaston-
» Phoebus, comte de Foix, de la chasse des Bestes sauvages, revu et
> corrig6; et plusieurs trait6s de chasse du Loup, du Connil (lapin),
> du Lievre et quelques remMes pour les maladies des chiens, etc.
j> Paris, 1606, 1628 et 1640; Rouen, 1650; Paris, 1653; Rouen, 1656;
» Poitiers, 1661, in-4o. »
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La publication de Lavall6e a 6\i, croyons-nous, la demi^re. M. de
Madaune all6gue bien que Rivarfes et Emile Vignancour Witferent ce
trait6 « vers 1840 ». Nnlle part nous n'en avons lrouv6 Tindication, et
le catalogue m6me de rimprimerie Vignancour n'en porte pas la trace.
Bien plus — et il ne nous d6plaU pas de le rappeler — lorsque M. de
Madaune, professeur k notre collie Moncade^ k Orthez, publiait sa
premifere oeuvre sur Thistoire du B6arn : « Gaston- Phoebus comie de
Foix et Soucerain de B6arn. Pau, Vignancour, 1864 >, il emprun-
tait ses citations k T^dition de Lavallfe (p. 173).
Nous ne pouvons en terminant qu'exprimer des voeux pour qu'ap -
paraisse une belle et bonne ^ition critique, conforme au manuscrit.
II nous faut de plus nous excuser de nous 6tre laiss^ entralner a une
communication si longue, d^passant le cadre ordinaire des r^ponses
de la RevuCj trop courte cependant s'il avait fallu tout dire. Mais
M. Tamizey de Larroque au moins sera port6 k nous pardonner, et la
satisfaction procure ^ un honnete homme, comrae on disait en ce
si^cle dont il nous a tant fait aimer et les choses et les hommes, nous
sera un d^dommagement suffisant au regret d'avoir abus6 d'une trop
aimable hospitality. Louis BATCAVE.
QUESTIONS ET RfiPONSES
297. Sur le gasoon Btienne du Junca
M. Fr. Funck-Brentano vient de publier, dans la Revue historique
(livraisonde novembre-d6cembre 1894), un tres i*emarquable article sur
V Homme an masque de Velours No try dit le Masque de for. On y trouve
(p. 256) cette petite notice sur le personnage dont le Journal contient le
texte qui est, k la foiSjl'origine et le fondeinent de tous les travaux relatifs
k la question du Masque de Jer : « Nomme, le 10 octobre 1690, lieutenant
de roi k la Bastille, ou il entra en fonctions d6s le 11, Etienne du Junca
mourut le 20 septembre 1706. Ses registres s'arretent au 26 aout 1705.
Renneville, qui, durant sa detention, lut dans les meilleurs termes avec
lui, nous apprendque Du Junca 6tait gentilhomme, issu d'une famiUe de
Gascogne, et qu'il 6tait exempt des gardes lorsqu'il entra of ftcier k la Bas-
tille. Autant que nous en pouvons juger par les notices que nous avons
conserv6es de lui, Du Junca fut un caractere scrupuleux, s*acquittant de
ses fonctions avec une conscience extreme, mais,d'autre part, ombrageux et
ne paraissant pas avoir vecu dans une intelligence parfaite avec les deux
gouverneurs de la Bastille, Francois de Montlesun de Besmaux (1), puis
Benigne d'Auvergne de Saint-Mars, sous les ordros desquels il sc trouva
successivement plac6. Malgre le peu de culture litteraire dont temoigne le
journal qu'il a r6dig6, et qui n'etonnera pas chez un soldat, Du Junca
appartenait k la meilleure society; nous en avons pour preuve, outre le rang
m^mede lieutenant de roi a la Bastille qu'il occupait, la correspondance de
Mme de Coulanges avec Mme de Grignan, ou Du Junca estcit^ comme un
ami de ces dames. » Que pourrait-on ajoutcr k ces renscignements, surtout
en ce qui regarde le lieu et la date de la naissance du gascon du Junca?
T. DE L.
(1) Je n'aipas besoin de rappeler que ce gouverneur etait lui aussi un gascon.
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SOIREES ARCHEOLOGIQUES
AUX ARCHIVES d6pARTEMENTALES
VII
Stance du 3 Septembre 1894
Pr^sidence de M. DE CARSALADB DU PONT
Presents : MM.' Arr^s-Lapoque, Aureillan, Balas, Balas,
architecte, Branet, Cabrol, Calcat, Chavet, Colonieu, de Cor-
tade, Coustau, Daudoux, Bellas, Bespaux, Biziain, Journet,
Lagarde, Larroux, Lavergne (Adrien), L^glise, Per^S; Samalens,
Sansot (Victor), Sansot (Joseph).
La s^nce s'ouvre k 8 beures 1/2 aux Archives d^parlementales.
M, le President fait observer que Texcursion faite les 6, 7, 8 et 9
aoiit dans le B6arn, le Labourd, le pays Basque et les Lannes, a rem-
plac6 la reunion mensuelle d'aout. Les quarante membres qui ont pris
part k cette excursion forraaient une academic qui a tenu ses s&uices
solennelles k Orthez, k Bidache, k Bayonne, k Fontarabie, k Bax.
M. de Carsalade remercie publiquement M. Adrien Plants, maire
d'Orthez; lecapitainede vaisseau Coffini^res de Nordech, commandant
le stationnaire frangais aTembouchure de la Bidassoa, et M. Bufourcet,
president de la Soci6l6 de Borda, a Bax, qui ont fait aux excursion-
nistes gascons un accueil si empress^ et si aimable.
M. Baudoux fait une distribution des diverts vues qu'il a prises au
cours de I'excursion. Cinq grandes photographies m-jwar^o, faites par
M. Joseph Sansot, repr^entant Tarrivte k Orthez, le chateau de
Guiche, le chateau de Bidache, le bateau k vapeur V Eclair aveo les
excursiounistes sur le pont du bateau, et la rue des seigneurs k Fon-
tarabie, sont ^galement distributes k chaque excursionniste.
Un gentUhomme bourgeois d'Auch au XV* sidole
Communication de M. Branet :
La question qui m'occupe n'est point banale ; notre grand Molifere
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— 656 —
a immortalise ce « bourgeois gentilhomme » si vrai que vous devei
tous en connaltre Toriginal. Je vais vous presenter ce soir une espfece
moins commune : s'il y a des bourgeois qui s'enflent pour devenir
gentilsliommes, voici un gentilhomme qui aspire au litre de bourgeois
— bourgeois de la ville d'Auch, il est vrai ! dirais-je, si je n'dcoutais
que mon patriotisme gascon.
BertranddePreignan (c'est le nom de noire gentilhomme) vivait au
xv« si6cle et 6tait seigneur de ce lieu de Preignan, que vous connaissez
lous, puisqu'il n'esl qu'^quelque distance de notre ville. Nous ne dis-
cuterons pas sa noblesse fort ancienne, mais, hdlas ! sa fortune ne
r^pondait pas k ranliquit6 de sa maison. Nous le voyoiis, d^ 1443,
convert de detles, el pour ce motif frapp6 d'excommunication, peine
terrible k cette 6poque de foi. C'6tait une barri^re infranchissable entre
Fexcommuni^ el tous ceux qui Tenlouraient, ses amis, ses parents, sa
femme mtoe. D6fense absolue de le frequenter, de manger avec lui, de
lui adresser la parole, telle dtait lacons^uencedeTanath^me prononoe
centre lui. C'estdecesnombreusesprohibiiions, bien dures pour une
6pouse, que nous voyons dame B61ieltede Manas demander une dis-
pense lui permettant de mener vie commune avec son mari, Berlrand
de Preinhan. La cause qui avail amen6 Texcommunication, les detles,
ne dut pas mettre grand obstacle k Tobtenlion de cette dispense qui f ut
accord^ par le cardinal grand penitencier en 1443 (1).
Je crois ne pas m'61oigner beaucoup de la v6ril6 en pensant que la
m6me cause dut amener le seigneur de Preinhan k demander aux con-
suls d*Auch le litre de bourgeois de cette ville. Certains avantages
^taient en effet aocordds aux citoyens. Les coutumes leur permetlaienl
de faire pacager et de chasser sur tout le lerritoire du comt6 de Vic-
Fezensac, de couper du bois et m6me d'en faire une provision suffisanle
pour tous les besoins de leur maison dans le bois r6serv6 (sans doute
le bois d'Auch actuel), de refuser de loger les militaires ou telles gens
qu'il plaisait au comte d'envoyer^ enfin de faire moudre leur bl6 sans
que le meunier puisse exiger plus de la trenti^me partie du grain.
Ces divers avantages peuvent nous paraitre assea- minces, mais k
celte 6poque ils devaient avoir leur importance pour un gentilhomme
ob6r6, r6duit^ vivre sur ses terresde leur seul revenu. Ce sotrteux
qui durent decider Bertrandde Preinhan i demander le droit de bour-
geoisie^ Auch. Pour obtenir ce titre,Prosper Lafforgue, historien gascon,
lesmauvaises languesajoutent« plus gascon qu'historien,» dit qu'il suf-
(1) Original. Archives de M. de Carsalade du Pout.
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_ 557 —
sail de produire un certifical de bonne vie et moeurs. La pifece que m'a
communique M. TabW de Carsalade, Facte accordant le droit de bour-
geoisie, constate en eflfet la « sabieza, noblessa e bonafama'» de Ber-
trand de Preinhan; cela pourrait mfeme faire supposer quil avait enfin
r6ussi k payer ses dettes; Tacte ajoute que c'est un « home johen
qui en diversas maneyras pot servir a ladita ciutat. t
Bref, les consuls font droit k la demande qui leur est adress^e : « Et
nosagutayci metich conselh, deliberat sus go al gran recort de la bonas
gens de aqueste ciutat, per qo, de lor boier e consentiment e de nostra
special gracia, lodit noble Bertran de Preinhan aben retenut e recebut
besin et habitant de ladita ciutat e per tenor de la presentas Ion retenem
e recebem (1). »
Le litre de citoyen de la ville d'Auch 6tait done donn6 par une assem-
bl6e oil si^eaient les huit consuls de ranndeetleursconseillers,et cela
publiquement, devant un grand concours de citoyens. L'acte de recep-
tion 6lait ecrit sur un parchemin que Ton dSlivrait au nouveau bour-
geois. Get acte ne suffisait pas, d'aprfes Lafforgue; on y ajoutait une
c^r^monie qui donnait un uouvel 6clat k I'admission et qui dtait sans
doute relate dans la partie d^hirte de la pi6ce dont je parle : « A Tins-
tant, y 6tait-il dit probablement, ledit Bertran de Preignan s'estant mis
h genoux teste nue, les Saints Evangiles de Dieu en nos mains tou-
ches, a promis et ]ur6 d'estre bon citoyen, d'observer les coustumes de
la ville. »
Voil^ done notrehomme bourgeois d'Auch. Cela neparaitpas avoir
(1) Arch. deM.de Carsalade. L'acte dont nous venons de donner un extrait
n'a pas de date. La partie du parchemin qui portait le mill^sime est devenue
la proie d'un rat... d'archives. Mais voici quelques indications ^ Taide desqucUes
on pent lui assignor une dale approximative. Dans le cours de Tacte Bertrand
est qualifl6 d*home johen, nous avons parl6 d'une dispense accordde h sa femme
en 1443 et nous le retrouvons en 1494 r^ciamant la tutelle de sa peiite-flUe
Audine. II faut choisir, entre ces deux dates, une troisi^me date qui r^ponde &
cette qualification d*hommeJeunc donn^e par les consuls, c'est-ii-dire vers 1450.
Les noms des consuls d'Auch, cit^s en t^te du document, eussent 6i6 une
indication pr6cieuse, mais ils ne flgurent point dans la liste, d'ailleurs fort incom-
plete, publico par Prosper LafiEorgue. Voici la partie du document qui renferme
leurs noms :
« Sapian totz que nos Arnaut Sabale leicentiat en leys, Steve de Faurola«,
» Johan de Montaut, Pey de Meruilh, Bernard d'Encaston (?), Ramon de
» Bruilhs, Domenge deus Vignhaus et Johan d'Alesias, cossheils en la present
» ciutat d'Aux, a totz aquetz qui las ptas lettras beyran, salut. Saber fem et
» notifftcam que com lo noble Bertran de Preuhan, senhor deu loc de Prenhau,
» scudier, familiar et servidor deu Reverend Pay en Diu, TArcevesque d'Aux,
» vuilha esser vesin e habitan de ladita ciutat d'Aux e aquiu fer perpetuua resi-
le densa e per go nos aya humilmen supplicat que nos e las bonas gens de que-
» la de nostra benigna gracia lo bolossami etc. »
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waieni Topulence sous son toit et d'autant moins qu'il avail eu plu-
sieurs enfants de cette B^iellede Manas que nous avons vue se rappro-
cher de lui malgr6 rexcommunication. Una de oes filles, Esclar-
monde de Preignan, 6pousa Carbonel de Lup^, seigneur de La-
lanne, et fut la grand'mfere de ce cardinal d'Armagnac dont M. TabM
de Carsalade nous a entretenus dans une stance de Tan dernier.
Le fils unique de Bertrand, nomm6 Nicolas, 6pousa Galiane de
Pardailhan, delamaison des vicomtesde Juliac. Tousdeux mounirent
jeunes, laissant une fille, Audine, qui fut leur h6riti6re, mais surlout
ceile de sa m^ve, car il est permis de croire que Bertrand n'avait pas
convert son fils d'or, lors de son mariage. Bertrand vit sans doute dans
sapetite-fille Audine cette fortune apr^s laquelle il avait toujourscouru.
En sa quality de grand-p^re, il pouvait en effet r^clamer la garde de
cette enfant et par suite Tadministration de sa fortune. Malheureuse-
raent, Audine etait reside aux mains des parents de sa mfere qui, peut-
6tre pour les mtoes raisous, peut-6tre par amour pour elle, ne tenaient
pas k s'en s6parer. Le sire d'Albret leur avait m6m6 donn6 raison et
d&iendu sous degrandespeines, dit unacteder6poque,delivrer Tenfant
k son grand-p^re (1). Celui-ci, fort du droit que lui donnait son litre
dVieul et de Tenvie qu'il avait d'administrer une fortune qu'il n'avait
jamais pu esp^rer, puisquec'^taitcelledesabelle-fille, intenta un proofes
k Bernard de Pardailhan, vicomte de Juliac. C'est une pi^ datee du
14 novembre 1494 qui nous a appris ces details. Nous ne connaissons
point Tissue de ce proces. Quoi qu'il en soit, Audine futmarite a Pierre
de Preissac-Esclignac, qui forma la deuxifeme maison de Preignan.
Que devint Bertrand de Preignan? On n'en sait rien. II dut triste-
ment finir ses jours k Proignan, dans cette demeure de la familledont
il ^tait le dernier repr^sentant.
Auoh. Atelier mondtaire au moyen-Age, denier d*argent d'Aatanove !•«»
oomte de Fezensao
Communication de M. Calcat, juge d'instrution :
II est toujours vrai de dire que le Garros est une mine in^puisable
pour Tarch^ologue. Cette fois la d^couverte a port6 sur une monnaiedu
raoyen-age rarissime, d'autant plus prteieuse pour nous qu'ellesort
d'un atelier mon6taii*e auscitain.
II s'agit d*un denir d'argent, fleur de coin, au nom d'Astanove^
comte de Fezensac (1032-1052).
(1) Arch, de M. de Carsalade.
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t ASTANOVA. Croix cantonn6e au deuxifeme de trois points en
forme de V.
t AVSCIO CIV, dans le champ Talpha et Tom^ga attach^ par un
trait allonge k deux esp^ces d'^ussons.
Dans Poey d'Avant (2« volume, page 148) se trouve la description
d'une monnaie identique.
Une l^^re difference existerait pourtanl en certains details entre
Texemplaire grav6 dans Touvrage du savant numismate m6di6viste et
Texemplaire que je possMe. Sur celui-ci de 16gers traits rattaohent les
^ussons k un point au-dessus; ils font d^faut dans celui-lS. De plus
le trait reliant les lettres A et &> aux dcussons est filiforme dans ma
pifece, tandis que sur la pitee grav^ ces traits sent ivhs forts el de la
grosseur des jambages de TA.
Des chercheurs avaient mis en doute que la monnaie d'Astanove I®**
eut ii& frapp^e h Auch; mais la designation de Tatelier d*Auch est
patente, comme le dit Poey d'Avant, et le nom de cette ville inscrit sur
la monnaie est suffisant pour en donner la preuve.
Les comles de Fezensac n'avaient cess6 d'habiter Auch, centre du
comte au point de vue politique alors que Vic-Fezensac n'6tait que le
chef-lieu judiciaire. II 6tait done naturel qu'ils fissent battre monnaie
k Auch.
D'autres monnaies d'ailleurs y ont 6i6 frapp^es. Notamment un
denier d'argent d*Aynceri II dit Forton, comte de Fezensac, trouvfi par
M. Degrange-Touzin et d^critdansla Revue de Gascogne, annie 1871,
page 234.
J ai dit plus haut que la monnaie comlale que je viens de d6crire au
nom d'Astanove P»' etait tres rare. En effel, Poey d'Avant, qu'il faut
toujours citer en pareille mati^re, en mentionne trois exemplaires
dependant des collections Colson, Casteigner a Bordeaux el Rousseau.
Un quatri^me exemplaire,figurantdans la collection c^lfebredeJarry,
d'Orl6ans^aet6 venduaux ench6res en 1878. Je viens de vous raontrer
le cinqui^me. En existait-il quelque autre dans certaines collections
particuliferes ignores? C'est possible. Le denier d'argent d'Asianove
n'en resterait pas moins une tr^s grande raret6.
Une trait de llUstoire locale d'Auch vers 1381
M. Despaux fait la communication suivante :
Le V^ aout 1381, les consuls de la ville d'Auch serendirent en grande
pompe a Teglise^Saint-Pierre pour y faire une oflfr^tnde de cierges et
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— 560 —
assister k une c4r6monie pour remercier Dieu d'avoir ddlivr6 la ville
des ennemis qui voulaienl s'en emparer.
lis eurent soin d'ajouter au proc^s-verbal qui nous est rest^ de cette
c^r^monie, que c'6tait de leur bon vouloir qu'ils agissaient ainsi
et par leur propre ddvotion, au nomde la ville d'Aucb,pour remercier
saint Pierre de son intercession.
Quels 6taient les ennemis qui voulaient occuper ou prendre la ville
de vive force k ce moment?
Etait-ce les Anglais, ou bien quelqu'une de ces compagnies de ren-
tiers qui travaillaient pour leur propre comple^ pillant de tons c6tds et
rangonnant les villes et chateaux qu'elles rencontraient dans leurs
courses V '
Nos histoires locales sont muettes sur cet 6v6nement. Monlezun,
dom Vaissete, Prosper LafEorgue^ etc., ont ii& inutilement feuiilelfe
par nous.
Notre cbauvinisme et notre amour-propre d'Auscitains sont d'autant
plus flatt^s de cette victoire, que nous avions tout d'abord 6t4 tent^ de
croire que nos anc^tres s'6taient d^barrassds de leurs ennemis k prix
d'argent comme firent d'autres villes beaucoup plus importantes (1).
Quelques mois plus tard en 1382, un accord fut conclu entre les
communaut& des trois s6n6chauss6es du Languedoc k Avignon, ou
Ton avait 6gaiement convoqu6 les principaux chefs des compagnies, et
k Taide du pape Clement VII Taflfaire fut bient6t r6gl6e; moyennant la
somme de 40,000 francs d'or pay6s par les communautfe du Langue-
doc, les chefs des grandes compagnies s'engag^rent k quitter le payset
k n'y point revenir.
Voici les termes m^mes de Tun des principaux articles du trait6 :
€ Et aussi jurent les dits capitaines que eulxs ne leurs dites compagnies
ne iront devers le comle d'Armagnac ne celui de Foix sans le faire
savoir quinze jours devant, ne qu'ils ne retourneront point ez dites
s6n6chauss6es pour faire mal ne dommage. »
J'ai tout lieu de croire que les ennemis que vainquirent les Ausci-
tains devaient appartenir aux grandes compagnies, car k pen prte ii la
mfeme 6poque les Anglais chevauchaient librement dans les pays
environnants et ^taient fort bien regns partout « par tons les lieux
appatissids et les Frangais refusi^s en la plus grant partie des dits
lieux. » Dom Vaissete rapporteun combat qui eut lieu enoctobre 1383
entre les habitants de Tarbes et les Anglais qui occupaient le pays de
(1) Voir dom Vaissete. Histoire de Languedoc,
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— 561 —
Bigorre; mais dans le document qui nous pr^occupe, les assi^eants
ne sont d^sign^s que par le mot inimici.
J'ai Tespoir qu'un chercheur plus heureux que moi fixera un jour
ee point obscur de notre histoire locale. Pour mon compte j'ai &tA
heureux de constater, d'apr^ les termes mfemes de Facte dress6 par le
notaire Joannes Rigaldiy que c'6lait par un combat heureux plut6t que
par une rangon humiliante que les Auscitains du xiv® sifecle se d6bar-
rassferent de leurs ennemis quels qu'ils fussent Anglais ou routiers.
Oblaiio facia per consules de quibusdam cereia in ecclesia beati
Petri Auxcitani, pro gratiarum actione accepti beneficii a ChristOj
die prima Augusti, 1381.
Noverint universi, quod venerabiles viri domini Amardus de Cossio
alias de Duroforti, magister Jaufredus Gu6eelini, Johannes de Salis,
Raymondus Donati, Magister Raymondus de Teneto, Magister Petrus
de Biema, Magister D. d'En Audiart, Robinus de Finibus, consules
civitatis et ville Auxis, conslituti in ecclesia beati Petri de Auxio,
genibus flexis, coram altare beati Petri, die festi Sancti Petri-ad-
Vincula, audientes missam devote prout debuerunt, non de consuetu-
dine nee ex deberio, sed eorum propria devotione, fesserunt oblationem
ad honorem Dei et dicti sancti, de duobus torticiis unius hbre eerie.
Qui quidem domini consules superius nominati, audita et celebrata
missa, protestati fuerunt coram me notario et testibus infrascriplis,
antequamdictam oblationem fecissent, quod ipsieamdem oblationem non
faciebantnec facere intendebant ex consuetudine et deberio sed propter
eorum devotionem, quam ipsi et tota universitas Auxis erga dictum
sanctum habebant et haberent, et propter gratiam et victoriam quam
Dominus noster Jesus -Christus ad precis dicti sancti,diu est (1) civitati
et ville predicte fesserant deinimicisquidictam civitatem et villam vole-
bant occupare. Et de hiis requisierunt me notarium infrascriptum, ut
eis retinerem publicum instrumentum. Actum fuit hoc Auxi, dicta
die festi sancti Petri, que fuit prima mensis Augusti, anno Domini
M<»CCC°LXXX primo, in presencia et testimonio Amardi Pelliporcii,
Guilhemi de Monte, Guillelmi Dominici, Petri de sancto Micaele et
plurium aliorum. Et mei Joannis Rigaldi qui de premicis presens
instrumentum retinui, scripsi et signavi (2).
(1) « II y a longtemps ». Cette phrase indique 6videmment qu'il faut reporter
avant Tann^e 1381 T^v^nement auquel fait allusion le present document. Les
grandes compagnies, aussi bien que les Ang\9is,appati8drent nos contr^es pen-
dant toute cette seconde moiti6 du xiv* si^cle.
(2) Archives municipales d'Auch, cartulaire vert.
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— 562 —
Les doldances de la ville de Gimont & Pocoasion des Etats g6n6rauz de 1789
Communicalion de M. Fiite, rcceveurde lenregistromentaGimont.
Les lettres du roi donnfes k Versailles les 24 Janvier et 19 fevrier
1789, pour la convocation et la tenue des Etats g^n^raux du royaume,
ainsi que « les rfeglements et ordonnance y relatifs » de M. le marquis
de Chalvet, faisant les fonctions de s6nechaldans le pays et jugerie de
Riviere-de- Verdun, Gaure, baronnie de Launac et de Marestaing,
furent signifies aux officiers municipaux de la ville de Gimont, par
exploit de Dubois, huissier dudit Gimont, le 27 mars 1789, i la requite
de M. Joseph- Alexandre-Victor Lamagdelaine, procureuret avocat da
roi au pays de Rivifere-de-Verdun. En consequence, les habitants de
la communaute et des treize paroisses qui d^pendaient du consulat de
Gimont furent convoqu6s en assemblee g^n^rale, pour le jeudi suivant,
2 avril, k Teffet de dresser leur cahier des dol6ances, plaintes et
remontrances.
Dans cette reunion du 2 avril, furent nommfe cinq commissaires,
charges de rMiger ledit cahier pour le 7 avril suivant. Les commissaires
nommfe sont :
MM. Guillaume Deylies, conseillerdu roi, lieutenant par-
liculier en la justice royale dudit Gimont; Jean-
Joseph Bacon, avocat au Parlement, syndic de la
municipality; Simeon -Thomas So6, avocat au
Parlement; Dominique Lamothe, n^ociant, mem-
bre de la municipality; Dominique Destouet,
bourgeois.
L'assemblte tenue k Gimont le 7 avril, se composait des habitants
&g6s de 25 ans et figurant au r61e des impositions, tant dans la com-
munaute que dans letendue du consulat, ne formant qu'un seul et
m6me corps electoral avec la ville de Gimont.
Aprfes avoir arr6t6 le cahier des dol&mces qui lui. fut soumis par les
cinq commissaires susnonMnfe, cette assemblee d&igna trois d'entre
eux^ MM. Deylies, Destouet et Lamothe, et leur adjoignit M. Lacas-
saigne, docteur en m^decine, soit, en totality, quatre deputes qu'elle
avait droit d'^lire en vertu de Tarticle 31 du r^lement du 24 Janvier,
pour prendre part k la nomination des deputes aux Etats g^n^raux de
Mection de Rivi^re-de- Verdun, dans Tassembiee g^nerale qui devait
86 tenir audit lieu le 16 avril, et remettre ledit cahier des dol6ances
aux deputes eius.
U ne me parait pas inutile de rappeler les reconunaudations faites
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— 563 —
aux quatre d6put6s du premier degr6 par leurs 61ecteurs et consign^s
en ces termes dans le proems- verbal du mtoe jour :
« Ladite nomination des ddputes ainsi faite, lesdits habitants ont, en
» nptre presence, remis aux(Jits sieurs leurs d6put6s, ledit cahier, afin
» de le porter k Tassembl^e qui se tiendra le 16 du courant, devant
» M. le marquis de Chalvet, en la ville de Verdun, et leur ont donn6
> tons pouvoirs requis -et n^cessaires k Teffet de les repr^senter en
» ladite assemblte pour toules les operations prescrites par Tordon-
» nance du sieur le marquis de Chalvet fesant les fonctions de s^nd-
» ehal dans le pays et jugerie de Rivifere- Verdun, du 21 mars dernier,
t oil ils ne s*6earteront point des principes dtablis dans le cahier de
» cette communaut6, et ou ils feront tons leurs efforts pour engager
» les trois ordres k se rdunir et k marcher ensemble dans toutes le<?
« operations, et k ne nommer ou donner leur suffrage pour la nomi-
» nation des ddputfe aux Elats g6n6raux, qu'^ des personnes qui
» seront votantes dans Tassembiee gendrale, et qui soient de la classe
» du tiers-dtat.
» Comme aussi, de donner aux d6put6s qui seront nommds aux
» Etats-gdndraux, les pouvoirs gdndraux et suffisants de proposer,
*> remontrer^ aviser et consentir tout ce qui pent consommer le bien
» de TEtat, la rdforme des abus, Tdtablissement d'un ordre fixe et
> durable dans toutes les parties de Tadministration, la prospdritd
» gdndrale du royaume, et le bien de tons et chacun les sujets de Sa
> Majestd, leur enjoignant toutefois et par clause expresse de ne pas
» s'dcarter aux Etats-gdndraux de Tesprit des remon trances qui leur
» ontdtdbailldes, et particuli^rement de ne jamais consentir ^ aucun
» imp6t que la constitution de VEtat ne soit pr^alablement ^iablie,
» et qu*il ne soit arr^td solennellement que c'est k la nation, avec le
» concours, du souverain k faire les lois, et au souverain k les faire
> exdcuter; qu'autrement leurs consentements quelconques ne lieront
> jamais le tiers-dtat, et que leurs personnes seront avilies et ddclardes
» indignes de la confiance publique, si elles passent outre.
> Et les ddlibdrants ont ajoutd que si Ton refusait; dans Tassemblde
» gdndrale, de laisser insdrer dans son cahier le voeu que cette assem-
» bide a formd dans son dit cahier, concernant la constitution fonda-
» mentale de VEtaty qu'alors les ddputds de cette communautd sont
> chargds expressdment de protester par acte k Tassemblde gdndrale et
» aux ddputds qui y seront nommds, contre ce qui y sera fait de
» icontraire.
» Et de leur part, lesdits sieurs Guillaume Deylies, Francois
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— 564 —
» Lacassaigne, Dominique Destouet et Dominique Lamothe, d^put^s
> par la pr6sente assembl^e, se sont k Tinstant chargfe du cahier des
» doldances de cette ville, paroisse el communaut^ de Gimont, et ont
» promis de le porter k ladite assembl6e, et de se conformer k tout oe
» qui est present et ordonn6 par lesdites lettres du roy, r^^lements y
» annexes, ordonnance susdatte, et recommandations susdiles de la
» part de Tassemblte. Desquelles nomination des d^putfe, reraise de
» cahier, pouvoirs et d&larations, nous avons k tons les susdits
9 comparants donn6 acte, et avons sign^ avec ceux desdits habitants
» qui savent signer, et avec lesdils d6put& notre present procfes -verbal,
» ainsi que le duplicata que nous en avons remis auxdits d^put^ pour
» constaler leur pouvoir; et le present sera d6pos6 aux archives ou
» secretariat de cette communaut^, aprfes avoir 6t6 inscrit et registry en.
» registres des deliberations de cette communaute par le secretaire
» d'icelle, pour en eviter T^arement. Fait lesdits jour et an, ecrivant
» le sieur Jacques Messine, secretaire dela communaute, ainsi signe.»
J'ai pense, que le cahier des doieances de la communaute de Gimont
pouvait faire Tobjet d'une communication interessante aux habituds
des soirees archeologiques. Je crois aussi que ce document est assez
suggestil, comme Ton dit aujourd'hui, pour meriter d'etre mis en
lumifere.
Je ne pense pas qu'il y ait lieu de faire suivre la publication de ce
document d'aucune appreciation Ce n'est pas que je dedaigne les
enseignements de Thistoire et que je fasse beaucoup de cas d'une etude
qui ne nous procurerait que des sensations d*humanite anUrieure.
Assurement, la recherche de la verite historique ne meriterail pas de
nous captiver s'il n'en devait rien sortir de profitable k la nouvelle
generation, et je comprends que le commun des lecteurs ne se contente
pas, en iiistoire, d'un simple expose chronologique, accompagne du
texte de documents primitifs.
Ce n'est pas ici notre cas. Les membres des soirees archeologiques et
les lecteurs de la Revue de Gascogne representent .une elite intellec-
luelle, bien capable de se faire une opinion sur le document publie, et
k qui il convient de laisser le soin de degager les conclusions et ensei-
gnements que ce document pent comporler.
Exirait du cahier des doUanceSy plaintes et remonstrances
de la ville et communaute de Gimont
Puisque le sifecle d*or va enfin renaltre, et qu'il etait reserve au sage
monarque qui nous gouverne de le ramener; puisque la France, ce
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royaume fait pour 6tre le plus heureux et le plus florissant de Punivers,
va enfin reprendre sa premifere splendeur; puisque la tendresse vrai-
ment paternelle qui caract6rise notre souverain nous invite k porter nos
plaintes et nos doltences au pied de son tr6ne, la ville de Gimont,
p6n6tr^ de la plus vive et de la plus respeclueuse reconnaissance^
remercie trte humblement le roi des avantages qu'il luiprometdela
tenue des Etats gen6raux; et pour r^pondre k ses intentions bienfai-
santes, elle expose aujourd'hui le tableau des maux qui Taffligent
depuis longtemps^ et elle propose les moyens qui lui paraissent les
plus propres k procurer le bien g^n^ral et k reformer les principaux
abus qui d^solent la France et qui d^concertent la nation.
Suivant les privil^es accord6s k la ville de Gimont par le roi Phi-
lippe le Bel, dans sa charte de 1?80, elle devait 6tre exempte de taille,
de queste et d'albergue; cependant elle a 6t6 imposte k la taille depuis
son ^tablissement, et le taux de cette imposition a &\j& toujours plus
fort dans Gimont que dans les communaut^s voisines, m6me dans
toutes les autres villes de r61ection, quoique leur terroir ne fut point
d*une quality inf^rieure.
Les biens de Tabb^ et religieux, formant k pen prfes un trentifeme de
ceux de la comm\inaut6, n'y ont jamais contribu4, quoique leur pr6-
tendu privil^e de nobilit^ n'eut &\6 jamais aussi formel que celui qui
avait ^t& accord^ k la ville de Gimont par le roi Philippe.
Cette malheureuse communaul6 essuye tous les ans des gr^les, des
geldes, des abats d'eau, et tant d'autres cas fortuits qui en ravagent et
moissonnent les fruits^ sans que jamais^ ou bien rarement, elle regoive
des soulagements sur ses tailles et accessoires qui, encore cette annfe,
malgr4 la st6rilit6 qu'elle a souffert et qui consume le coeur de ses habi-
tants, montent, comme les ann^ pr^cMentes, k la somme de 31,490 1.
Sa capitation est excessive, et elle Test devenue par une augmenta-
tion arbitraire d'uno somme de 2^400 1. dont elle fut surchargfe il y a
environ 25 ou 30 ans; d'un autre c6te, T^migration des nobles de la
capitation roturifere au r61e des privil6gife de T^lection, sans que le
principal de la capitation roturi^re ait diminu6, en a rendu la cote trte
on^reuse au tiers ^tat de la communaut^. Ce rdle se porte cette annte
k 9,457 1. 17 s. 5 d.
Les vingtifemes et sols pour livre qui devaient itre diminu^ depuis
longtemps, et qui ont eu, au contraire, une marche progressive dont
Tordre a 6t6 inconnu, se portent encore aujourd'hui dans cette commu-
naut6 k 7,595 1. 8 s. 1 d., somme si excessive que les contrdleurs dans
oette partie n'ont jamais trouv6 k propos de verifier.
Tome XXXV. 37
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Les droits r6serv6s substitu^s au don gratuit, monlent aussi cette
annte k 4,819 1. 6 s. 2 d. quoique cette ville ne dut ^tre tax6e que 800 I.
comme toutes celles de la derni^re classe, et de m6me qu'elle le fut la
premiere ann6e de cet impdt. L'arbitraire s'y introduisit dte la seconde
ann^e oil la communaut6 fut comprised 3,000 fr. Ses plainles parvin-
rent alors au gouvemement qui la remit h 800 1.; mais quatre ou cinq
ans api6s les gens du fisc de cette province la forc^rent k payer cette
m^me somme de 4,819 1. 6 s. 2 d., qu'elle paie aujourd'hui, et k la
r6partir sur les habitants de la campagne, centre Tesprit de cet impAt.
La corv6e en nature a affaiss6 la communaut^ de Gimont qui depuis
1740 n'a cess6 d'etre accabl^ par des tAches qui 6taient au-dessus de
ses forces et que Toppression des ing^nieurs du canton dirigeait;corv^
d'autant plus iujuste qu'il n'y avait que le tiers-^tat qui en supportA^
^out lefardeau; et Teffro; de la communaut^ a 6t^ encore bien plus
grand quand elle s'est vue menace d'une prestation en argent pour cet
objet, k imposer seulement sur sa capitation roturi^re; quel d6faut
d'6quit6 n'y aurait-il pas eu dans celte imposition dont le motif est
int6ressant k tons les individus sans distinction.
Les dimes sont encore d'une grande surcharge dans lacommunaut^,
ou le gros d^cimateur les prend dans certains cannons de plus de dix
un, c'est-k-dire de trentre-quatre, quatre, et ou illes pergoit encore par
un usage abusif sui les semences et les fourrages n^cessaires pour
nourrir les bestiaux de travail.
Le fruits- prenant continuellement absent tourne k son profit la por-
l-ion de ses revenus destines aux aum6nes par les ordonnances. 11
cherche k chaque instant k se r^dimer de bien des droits par lui dus k
la communaut6 en qualite de seigneur direct, et notamment, dans le
moment present, de la d^paissance qu'elle a sur ses pres, en Tintimi-
dant par des proems qu'il lui intente et pour la defense desquels il la
menace de la traduire au Ch^telet en vertu de ses privil^es dont Tat-
tribution est odieuse.
La ville de Gimont a un college auquel elle a fourni lors de son
institution, et a I'augraentation de la dotation duquel le clerg6 du dio-
cese se refuse, au m^pris de Tinjonction que lui en a fait Tordonnance
de Blois, refus qui cause depuis plusieurs anntes la p6nurie des insti-
tuieurs ordinaires et absolument n^ssaires.
Cette ville, qui a pay6 au roi en plusieurs reprises le droit d'ilire
gcs consuls en est aujourd'hui injustement priv6e. Le fisc la force aussi
injustement de payer les dix sols pour livre sur les revenus patrimo-
niaux dont elle a pay6 la propri6t6 dans le principe, ce qui diminu e se
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— 567 —
facult6s et lui rend plus on6reusela surcharge que hii impose la somme
de 4,600 1. des charges locales.
Toutes ces impositions, qui joinles ensemble se porte a la somme
totale de 57,962 1. 13 s. 9 d., sans y comprendre celle de 300 1. impo-
st poiTT les gages de T^crivain, sont si excessives qu'elles absorbent
jusques aux besoins absolus des habitants de la communaul^.
La communaute est, en outre, opprimee par son assujettissement k
payer annuellement plus de 20 1. pour la taxe de la reddition de ses
comptes h la cour des aides; elle Test encore par les sommes qu'on
Toblige de payer aussi annuellement pour la verification de ses r61es.
Elle se trouve aussi trfes grev6e par la leude qui est exig6e dans la
ville et qui y g^ne le commerce de ses foires et marches, malgr6 que
Tobjet soit de pen d'importance. Cette communaute est enfin ecraste*
par toutes sortes de vexations fiscales, les contraintes de tout genre,
les privil^es exclusifs el r^normitedes droits du centifeme denier d*in-
sinuation, d'ensaisissement et de tant d'autres que Tarbitraiie des com-
mis dirige k son gr6.
Pour rem^dier k tant de maux particuliers qui deviennent g^n^raux
dans toutes provinces du royaume, et pour reformer les principaux abus
qui s'y sont introduits, la ville et communaute de Gimont proposent les
moyens suivants :
fiTATS GfiNfiRAUX
l^^gislatiorL
Article premier. — On opinera par t^te aux Etats gdneraux.
Arts 2. — II y sera statu6 que le pouvoir l^gislatif est k la Nation
avec le concours du souverain au sein des Etats g^n^raux, et que le
pouvoir executif est au roi; qu'ainsi, la Nation seuleaie droit de s'im-
poser, d*accorder et de refuser le subside, d'en r^gler Tetendue, Tem-
ploi, la repartition, la dur6e, et d'ouvrir Temprunt, et que toute autre
mani^re d'imposer et d'emprunter est iliegale, inconstitutionnelle et de
nul effet.
Art. 3. — Le retour periodique des Etats generaux tous les cinq
ans, et dans le cas de regence ou de nouveau rfegne, ils seront convo-
ques par extraordinaire, et k defaut de convocation^ cessation d'imp6ts.
Art. 4. — Les Etats generaux regleronten quel nombre et en quelle
forme ils doivent s'assembler k Tavenir.
Art. 5. — II sera forme dans toutes les provinces du royaume des
etats sur le regime de ceux du Dauphine, sauf les considerations locales.
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Liber t6
Article premier. — Libert^ individuelle dans les suffrages aux
Etats g6n6raux, et les d^putds sous la sauvegarde de la Nation.
Art. 2. — Abolition de toutes lettres closes ou autres ordres arW-
traires contre la liberty des Frangais; que toute personne qui sera em-
prisonnfe provisoirement soit remise dans les vingt-quatre heures
entre les mains de ses juges naturels et que T^largissement provisoire
lui soit toujours accord^ en fournissant caution, except^ pour le cri-
minel tendant k peine afflictive ou infamanle.
Art. 3. — Rappel de tous les citoyens exil^ ou detenus prisonniers
par des ordres arbitraires.
Art. 4. — La liberty ind^.finie de la presse. L'auteur, rimpnmeur
ou ^iteur apposeront ieur nom k Touvrage imprim^ pour en r^pondre.
Art. 5. — La libertd du commerce et de Tindustrie, liberty d'impor-
tation et d'exportation.
Art. 6. — Le respect le plus absolu pour toutes lettres confites k la
poste.
Propri6t6
Toute propri6t6 sacr6e, sauf la contribution aux imp6ts.
Liois civiles et crimitielles
Article premier. — Formation d'un nouveau code civil et cri-
minel; rapprocher les justices; deux seuls degrfe de juridiction, abr^er
les formes; que jamais le droit ne soit sacrifid k la forme; les jugements
rendus dans un temps limit6; et les premieres juridictions souveraines
jusqu'^ cent cinquante livres en principal, et jusqu'^ deux cents livres
par provision, et i'6tendue des ressorts des parlements maintenue.
Art. 2. — Point de privilege personnel qui distraise le justiciable
de son ressort. Connaissance de toutes raati^res aux premieres juri-
dictions auxquelles sera 6x6 un arrondissement d'environ trois lieues,
et les juges de Tarrondissememt rendront la justice au nom des sei-
gneurs k leurs justiciables.
Art. 3. — Attribution aux juges de police, des rixes, petits larcins,
degradation d'arbres, dommages causes par les bestiaux et demandes
civiles jnsqu'k douze livres sans appel et sans frais.
Art. 4. — La r6forme des eaux et forfets et la connaissance de ces
mati^res aux juges ordinaires.
Art. 5. — An&intissement du retrait lignager.
Art. 6. — Autorisation du prfet k jour au taux de Tordonnmce.
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— 569 —
Art. 7. — R6formesurlesmauvaischirurgiensetsurles accoucheurs.
Art. 8. — Un cours d'accouchement dans les villes pour Tinstruc-
tion des sage-femmes.
Art. 9. — R^iorme sur les colleges et universit6s.
Art. 10. — On cberchera les moyens d'assurer Tex^cution des lois
du royaume, de mani^re qu'aucunene puisse 6tre enfreinte sans que
quelqu*un en soil responsable.
Im.p6t
Article premier. — Ces lois constilutives dtablies sur des fonde-
menls in6branlables^ les d^putSs pourront voter pour TimpAt, et alors
ils exigeront : l® le tableau exact et d6taill6 de T^lat des finances; 2^ la
connaissance approfondie du d4ficit et les causes de ce d^sordre afin
de pr6venir par des lois sages mais s6v^res les d^pr&lations qu'on
pourrait commettre d^sormais dans cette branche de Tadministration.
Art. 2. — Plus que deux impAts, Tun territorial pris ea nature
g6n6ralement et egalement r6parti sur toutes les propridtfe fonciferes du
royaume, sans distinction ni des biens nobles, ni des biens eccl6siasti-
ques; et Tautre personnel sur toutes les propri6t6s mobiliferes aussi
sans distinction, dans lequel seront compris Tindustrie et le commerce.
En consequence, les capiialistes seront ten us de dtelarer au greffe
de leur arrondissement le placement de leurs capitaux, tant en billets
priv6s que centrals, sous peine de ne pouvoir actionner leurs d6bi-
teurs; et quant k Tindustrie et commerce, Timposition sera r^partie sur
la notoriety publique du n^goce de cbaque individu.
Art. 3. — La somme de ces deux impAts et des revenus domaniaux
surpassera d'un dixifeme le montant des d^penses. Ce dixifeme servira
k amonir la dette nationale et cet objet rempli, il sera conserve pour
subvenir aux besoins impr^vus de TEtat.
Art. 4. — Les d^penses arr6t6s, le montant en sera divis6 avec
^lit^ sur chaque province en proportion de ses forces et Tadminis-
iration de chaque province r^partira dans ses 6tats particuliers sa
quote-part, sur les individus de son lerritoire, en proportion de conve-
nanre relative k ses locality.
Art. 5. — Dans les deux impAts ci-dessus sera comprise la d^pense
que Tentretien des routes, leur construction, les ponts et chauss^es
n^cessitent annuellement, afin quo tons ces ouvrages soient faits^ prix
d'argent sans assujellissement :'i la corvee en nature qui sera abolie, et
les troupes en temps de paix seront employes aux travaux desdites
routes en leur payant une demie solde en sus.
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— 570 —
Art. 6. — Les tots de chaque province feront la perception deleurs
imp6ts; ils en compteront avec radministration g6n^rale. Leur compte
sera rendu public dans la province, mais la part des impositions qui
devra s'y employer ne sera point envoys au Ir^sor royal, eta cet effet,
11 sera 6tabli une caisse provinciale qui servira egalement au paiement
des troupes qui doivent y 6tre distributes.
Art. 7. — Les ministres seront paiement comptables personnelle-
ment de leur administration et its rendront compte public par pieces
justificatives k chaque tenue des 6tats, apr6s Tavoir pr^sente annuelle-
ment aux 6tats de province.
Art. 8. — Les comptes de chaque communaut^ seront aussi rendus
devant les commissaires qu'elle nommera, et seront ensuite verifife
par les 6tats de la province sans frais.
Art. 9. — Une capitation d6termin6e et non arbitraire de six livres
par chaque b^neficier ou religieux s^culier et par chaque chef noble on
privil^i6; quatre livres pour chaque chef du tiers-dtat au-dessus du
laboureur et de Partisan; deux livres par chaque chef d'artisan ou
laboureur, et une livre par chaque chef de brassier.
AcLministration
Article premier. — Les apouages ne pourront ^Ire donn6s aux
princes que du consentement des Etatsg6n6raux.
Art. 2. — R^gleront les Etats gdndraux le montant de toutes les
ddpenses de TEtat et de la Couronne, elles seront fixdes avec precision
motivees par deparlement, el ne pourront avoir d'autre destination.
Art. 3. — N'entreront point dans les ddpenses ci-dessus une foule
d*objets inutiles et indiff6rents h la Nation, tels que sont les gros
appointements ci- devant fixds par les grands gouvernements.
Art. 4. — Suppression des gouvernements suballernes, des places
militaires, des dtats-majors dans rintdrienr du royaume.
Art. 5. — Suppression des compagnies fiscales, des employes aux
ponts et chauss6es, et de tons autres de ce genre, comme administra-
teurs et receveurs gdnfciux et particuliers.
Art. 6. — Abolition des survivances auxemplois.
Art. 7. — Se feront reprdsenler les Etats gdneraux Ttot des pen-
sions et des faveurs accordees pour y slatuer.
Art. 8. — Abolition de tout droit et privilege exclusif de roulage,
hjftras, et autres objets de cette esp6ce.
Art. 9. — Proscription des droits dc douane, p6age, d'equivalent
et de tons autres dtablissements qui g^nent le commerce iutt^
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— 571 —
rieur du royaume. Les douanes et gabelles reoultes aux frontiferes.
Art. 10, — Les domaines du roi inali^nables et les biens engag6s
ou dchang^s par la eouronne rappelt^.
Art. 11. — Exemption de la milice en faveur des laboureurs et
encouragement de ragriculture; secours- gratuit des m^decins et chi-
rurgiens pour les pauvres de la campagne.
Art. 12. — Suppression du franc fief et des banalii^s.
Art. 13. — II sera fait un nouveau tarif net et prdds pour que les
droits du contr61e et du sceau ne soient plus arbitraires. Connaissance
aux parlements de toutes contestations sur ces objets, avec condamna^
tion aux d^pens contre les commis s'ils succombent. Les droits r&ervfe^
sols pour livre et tous autres de pareille nature supprimds.
Art. 14. — D6bit du tabac en carotte ou rapp6, et non moulu, et
liberty d'en faire venir et cultiver dans son fonds, moyennant une taxe
fixe et mod^r^e. *
Art. 15. — Le droit d'^lire des consuls rendu k chaque ville.
Art. 16. — Que le m6rite dans tous les ordres trouveun moyen
d'encouragement. Que le tiers-6tat puisse aspirer aux charges de la
haute magistralure, aux emplois militaires, et aux places gratuites des
te)les Stabiles pour la noblesse ou autres qui seront form^es pour le
tiers-6tat dans chaque province; comme aussi k toutes les places et
dignit^s eccl<^siastiques, m^me aux b^n^fices consistoriaux.
Clerg6
Article premier. — L'ordonnance de Blois sera de plus fort exe-
cute quant a la r6sidence des b^n^fices, k leur obligation aux dotations
des colleges, aux fournitures des effets n^essaires au culte divin, et
aux constructions et rtiparations des 6glises et presbyt^res, et pour cet
effet Tedit de 1695 sera abrog6.
Art. 2. — Le quart des revenus du clerg6 aux bureaux de charity,
et le syndic des pauvres autoris6 k saisir le temporel des b^n^ficiers
sans autre forme de justice pour en procurer le paiement.
Art. 3. — Fixation des dimes au douzi6me en consideration des
scmenccs sur lesquelles les fruits-prenants les perQoivent; et les four-
rages en seront exempts ainsi que les jardins formes sans fraude, et
toute esp^ce de menus grains.
Art. 4. — Suppression de tout casuel.
Art. 5. — L'honoraire des cur6s congruistes et des vicaires sera
aiigmenle,de maniferequc les cur^s aient quinze cents livres qui seront
payees par les gros decimateurs.
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— 572 —
Art. 6. — Ne pourront les patrons eccl^siastiques conf&er les
Wn^fices qu'i des eccl^siastiques domicilifejcux ou leur famille depuis
cinq ans dans leurs dioceses.
Art. 7. — Le m^me eccl6siastique ne pourra jouir en m^me temps
deux b4n6fices, k moins que le premier ne lui rende pas quinze cents
livres.
Art. 8. — Point de prevention en Cour de Rome.
Art. 9. — Suppression des abbayes et prieur6s en commande au
profit de la Nation, k mesure de Textinction des pouvoirs,et ce jusqu'^
Tan&ntissement de la dette nationale.
Art. 10. — Les religieux rentes tenus de pourvoir aux besoins des
religieux mendiants.
Art. 11. — Abolition du Concordat; r^tablissement de la prag:ma-
tique sanction pour emp^her la sortie deplusieurs millions qui passent
k Rome. *
Art. 12. — Que les droits de regale toument au profit de la Nation.
Art. 13. — D^ision des Etats g^n^raux surla dette du clerg^et lui
fixer un d(^lai pour Tacquitter.
Art. 14. — On doit observer que le clerg6 doit contribuer conmie
les autres ordres aux besoins de d'Etat, sans pouvoir dans aucun cas
6tre charge des affaires temporelles et politiques, ses fonctions devant
6tre circonscrites dans le spirituel.
Tels sontles voeux de laville et communaut6deGimont;et le present
eahier a 616 arr6t6 et sign6 en assembl6e g6n6rale^ de ce jourd'hui sept
avril mil sept cent quatre-vingt-neuf , par tons les d61ib6Dants qui ontsu
signer avec le president et le secretaire.
Daylies, lieulenant particulier, president acceptant; Peres,
maire; Lacoste, lieutenant de maire et premier consul;
GiNORis, consul; Castaing, docteur-medecin; Bacon,
syndic de lamunicipalite; Cabanis; Lacassaigne, docteur-
medecin acceptant, Destouet, acceptant; Lamothe, accep-
So6; Douau; Marmoyet; Boub^e; Bacquier; Daran;
Touatre, chirurgien; Courtin; Boas; Frangois Caubet;
Vitrac; Touron; Lanavit; Labat; Bordes; Dumesthe;
Larrieu; Larrieu; Fourcade; Ducasse; Idrac; Bar-
GuissAu; CuGNo; Auvernic; Missiny; Lasvignes; Dau-
bi^ze; Decans; Aubernie; Bouss^s; Lasserre; Lassave;
Messine, greffier, ainsi signes k Toriginal.
Collationnc: Messine, greffier ^ signe.
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BIBLIOGRAPHIE HISTORIQUE
UzESTE ET Clement V, par MM. Tabb^ Brun, cur6 d'Uzeste, membre de la
Soci61;6 Areh6ologique de Bordeaux, Berchon et Brutails, membres de
TAcad^mie des Scienoes, Belles-Lettres et Arts et de la Soci^t6 Arch^lo-
gique de Bordeaux. Bordeaux, imprimerie oeuve Cadoret, 1894. Grand
in-8" de 159 p., orn6 de sept planches (1).
On a souvent parl6 de deux tAles dans un bonnet. Saluons ici trois
excel lentes et savanles t^tes dans un bonnet 1 Chacun des collaborateurs
nous a donn6 des pages instructives et int6ressantes, et il faut 6gale-
ment les f^liciter et les remercier. Le m6moire de M. Tabbi Brun est
rhistoire d'Uzeste, de la coll6giale et du cbapitre, et enfin de la sepul-
ture pontificale; le m^moire de M. le docteur Berchon renferme des
notes biographiques et iconographiques sur Clement V; le m^moire de
M. Tarchiviste Brutails contient une 6tude archtologique sur T^glise
coll^giale d'Uzeste.
M. le cur6 d'Uzeste ne s'occupe pas seulement de Thistoire de sa
paroisse, mais aussi de Thistoire de Clement V et de la famille du
pape, se rencontrant ainsi avec M. le docteur Berchon sur un terrain
que chacun d'eux a soigneusement etudi(^, double profit pour le lec-
teur! Signalons (p. 4-5) un tableau g6n6alogique de la famille de Goth
ou mieux du Got (^ partir de Rostaing du Got, 1142), tableau qui n'est
peut-6tre pas irr6prochable, comme en convient (p. 3) la modestie de
I'auteur, mais qui est le meilleur que Ton ait donn6 jusqu'^ ce jour.
Les recherches de M. Tabb^ Brunmontrent queToriginebazadaisedes
du Got est incontestable, quoi qu'en aient pens6 deux prfttres qui.
Tun autrefois, Tautre de nos jours, ont parfois manqu6 de critique (2).
Ces recherches ont 6t6 si s6rieusement faites, qu'elles lui ont permis
de rectifier force erreurs, notamment (p. 6, note 1) une erreur d'un
maltre tel que Jules Quicherat,au sujet de Rodrigue de Villandandro,le
(1) Ces planches reprt^sentent une oue de la colUgtaUi d'Uzeste, la porte aud
de l'4glise d'Uzeste, la statue de Notre-Dame d'Uzeste, le tombeau de CUment V,
I'ipitaphe de CUment V, le tombeau d'un seigneur de Grailly, le portrait de
CUment V (d'apr^ le recueil de Fr. du Chesne. 1670), le portrait du meme
pape (d'apr^s Taddeo liaddi, £i Horence;, la statue dite de CUment V, d Saint-
Andr6 de Bordeaux. Les deux premieres sent des phototypies de la maison
Berthaud, de Paris Dans la planche vi, ^ c6t6 du portrait du grand pape gascon,
on tiouve ses armoiries, ses monnaies, son sceau et (en petit) son tombeau.
(2) Je veux parler de Lab(5nazie et de I'abbe Barrore, lesquels ont admis avec
la plus robuste confiance I'origine agenaise des de Goth, en general, de Clement V,
en particulier. J'ai rccemment eu 1 occasion de rappeler cette erreur en rendant
compte, dans la Reouo Catholique de Bordeaux (livraison du 25 aout 1894,
p. 491), de la remarquable publication de M. I'abb^ Durengues, cur6 de M^rens :
PouilU historique du diocdse dAgen. Puisque i*ai nommQ le recueil p^Tiodique
si bien dirig(5 par M. le chanoine Allain et M. le cure Lafargue, je signalerai le
m^rite des articles qu'y public sur Clement V M. I'abbe Lacoste,cur6 de Saint-
Pardon, lequel pourraii, plus tard, devenir, ^ Taide de nouveaux efforts qui lui
permettraient d approfondir uu difflcile et beau sujet, Thistorien d^flnitif de notre
glorieux ccmpatnote.
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fameux routier (1). Ajoutons que divers documents pr6cieux out 6t6
ench^ss^s dans le texte, comme la g^n^logie des Sarran de La Lanne,
barons, puis marquis d^Uzeste, originaires du paysde Marsan (Landesi
(p. 14-15), la lisle, de 1313 k 1791, des doyens successifs du chapitre
d'Uzeste (p. 21-22), la liste de 1530 k 1791, des cur6s, vicaires perp6-
tuels d*Uzesie (p. 22-23), prolong6e» depuis la Revolution jusqu'^ nos
jours (p. 24). Dans le chapitre special sur la sepulture pontificale sont
relev6es plusieurs inexactitudes de deux ^minents arch6ologues, MM.
de Lauri^re et Miintz, Tun et Tautre membres de la Soci6l6 nationale
des anfiquaires de France, et, de plus, le premier, secretaire g^n^ral de
la Society franoaise d'arch^ologie, le second, membre de Tlnstitut
(p. 31, note 2; p. 32, note 1; p. 33, note 1).
Le travail du docteur Ernest Berchon debute d'une fagon piquante :
« Aucun pape n'a &i& plus discut^ que Bertrand du Got ou du Guot'(2),
souverain pontife sous le nom de Clement V et dont le tombeau, mu-
lil6, existe encore dans la gracieuse dglise d'Uzeste (Gironde), bien que
Malte Brun ait commis Terreur, grave surtout pour lui, de le placer k
Uzerche (Creuse). » Le secretaire g^n^ral de la Soci^t^ archtelogique de
Bordeaux, adoptant Texpos^ chronologique des faits, ce qui est une
excellente methode, d^j^ suivie par lui dans ses Etudes sur Varche-
vique de Bordeaux , Pey Berland, a r^uni une foule de choses sur le
pape et sur les du Got, tir6es de Ciaconius, Fr. du Chesne, Baluze,
Pierre Louvet de Beauvais, Dom Devienne, de Lurbe, O'Reilly (3),
L6o Drouyn, Jules Quicherat, Renan (4), F^ret, Fisquet, Lopfes, Ra-
banis, Fillari, le P. Berthier, le P. Theiner, le P. Anselme, le cheva-
lier de Courcelle, le chanoine Jean Tarde, les Bollandistes, Jouannet,
Lamothe, Francisque Michel, le marquis d'Essenaut, Tabb^ Lacurie,
Tabbe Souiry, Boutaric (5), et, pour finir par une citation trfes actuelle,
(1) Le pieux auteur s'amuse (m6me page) aux deepens d'nn autre <!^rudiiqui
fut par trop ondoyant at diocrs, l^enan, lequcl, dans son article sur Clement V
(Rcoue (ics Deux-Mondc8 du 1'' mars 1880j, « declare tr^s caU'igoriquement, des
les premieres pages, que Bertrand de Goth est n4 k Viliandraud ct affirme non
moins categoriquement, aux dcrni^res pages, qu'il etait natif d'Uzeste. C'est la
assur^ment un syst**me de critique fort ingrnieux... »
(2) Le docleur'expliquc ainsi (p. 41) la pr(^f(^rence qu'il accorde h la forme du
Got : « Le Goty lo Go^,<5iait le nom d'une petite paroisse du diocese de Bordeaux,
placoe sons le vocable de Saint- Martin : Erclesia sancti Martini de ipso loco
dcu Got, infra castrum de Villandraut (Gallia Christiana, xi, Inst. col. 30?).
Qiiolques actes portent aussi doii Guot. C'est le vrai nom de la famille, deflgure,
selon les auteurs, en du Gout, de Gouth, de Goth, et meme Angous, Agout et
Agouth. »
(3) Cet historien, dont j'ai eu souvent j\ contester les inexactes assertions, a et^
assez malmen(> par le I)' Berchon (pp. 78, 875). Dcj:^ M. Tabb*!* Bnm avail dit
avcc une juste sevorit*; (p. 31): « On sait que le travail (Essai sur I'histoire de
Basas) manque absolum^nt de critique, et que rimagmalion de I'auteur y a une
trop grande part. Pour tout ce qui regarde Uzeste,on pent dire qu*il y a presque
aulant de erreurs quo de mots. »
(4) Le D' Berchon iiivotiuc uu memoire de Kenan beaucoup plus (^tendu que
I'article de la Rnrue des Doux-Mondea et q\ii n'est jamais cit(*. \ oxr Hi stoire
littrrairc dj> la France, x.wiu, 1884. I/abbi^ Brun et le D' Berchon s*accordent
a noter que Kenan est un des apologistes de Clrment V.
(5) Comme on oublie toujours quelqu'un, meme dans les enqu6les le plus
ponsciencieusement poursuivies, ou a oubli<^, dans ce long d^dombrement, un
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— 575 —
M. L6on-Gustave Schlumberger, membre de rAcad^mie des Inscrip-
tions et Belles-Lettres, qui, dans le Journal des Debate du 27 avril
1893, a ^rit sous le litre de : le Tombeau d'un papefranQaiSy un
article qui est un petit chef-d'oeuvre (1). Ces informations abondanles
et si varies feront Wnir par tons les curieux T&'udition d'un des plus
z616s chercheurs qu'il y ait en tout le sud-ouest (2).
Les Notes arch^ologiques de M. Brutails sont la prfeision m6me.
On n*avait jamais encore si bien mis en lumifere la grande valeyr
architecturale de T^lise d'Uzeste. Aprfes avoir lu cette description,
aussi minutieuse que lumineuse, on connaltla belle ^gliseaussi bien...
que disje? mieux encore que si on ^taitall6 la visiter, car certainement
la visite r6elle la plus attentive ne vaut pas celle que Ton pent faire,
sans quitter son fauteuil, k Tint^rieur et h Tex^^rieur du monument,
en compagnie d*un guide tel que M. Brutails. T. de L.
Un homme de bien qui est, de plus, un excellent travailleur,
M. Charles Bemadou, vient de publier un petit volume que Ton ne
saurait trop recommander : Azpeitia, Les f^ies euskariennes de
septembre 1893 suivi de la Marche de saint Ignace et autres poesies
basques avec musique. Se vend au bdn6fice des Ecoles chr^liennes
libres. (Bayonne, imprimerie-librairie L. Lasserre, 1894, in-8° de 120
auteur du xvi* sifecle, Florimond de Raymond (voir la PapesAc Jeanne, p. 155).
sur r^lection de Clement V, siir la pancarte autographe con tenant le proc^-
verbal de I'election trouvee dans une maison pres d uzeste, enfin sur le riche
tombeau, « eslabour^ de marbre blanc», oii le corps de ce grand pape reposait et
que « ceux qui n'ont pardounc aux pierres et aux os des trepasses, ont barbare-
mentmis en pieces. » On aurait encore pu citer Tesiiraable ouvrage de I'abb^
Christophe sur les Papes d'Aoignotiy ou la part de notre Clement V est tr^s
^quitablement faite .
(1) On croit rever, dit le docte numismate i\ la fin de son article, ou Ton trouve,
avec deux descriptions prestement enlev^es du chateau de Villandraut « ruine
f^odale splendide •> et de « I'exquise » ^glise d'Uzeste, I'eloge de Clt^ment V, de
M. Iecur6 Brun, de MM. de Lauri^re ot Muni, « on croit r^ver en constatant
qu'un tel monument (le tombeau du pape Clement) puisse eire, en Franc-e,
abandonn(^ en pareil ^tat k I'^poque ou nous sommes. 11 sufflrait de quelques
milliers de francs pourreplacer le monument en face de Tautel dans son cadre
priraitif, et pour restituer, sinon restaurer, ce qui reste de ce beau vestijje d'au-
irefois. Fuisseni ces quelques lignes attirer sur la tombe de Bertrand de Goth,
perdue au milieu des pins des Landes, un regard favorable des membres de la
Commission des monuments historiques ! » Nous nous associons tons au voeu
de r(5minent archeologue et nous esperons bien que Bordeaux et Paris, noble-
ment associos pour accomplir cette oeuvre de reparation, ne tarderont pas inous
rendre « ce tombeau d'un des rares papes frangais, ce tombeau presque unique
dans notre pays, puisque a peine quelques Souverains poniifes ont ete ensevelis
sur la terre des Gaules, ce tombeau si procieux. »
(2) Ce si beau zele a (5te recompense par une dc^couverte (voir k la fin de la
brochure, Appendlno, avant la Tabic des matidres) qui tranche enfln la question
tant d(^baituc du lieu de naissance de Clement V : le D' Berchon a eu la bonne
fortune de trouver dans les Fcedera de Hymer(La Haye, 1745, in-f", t. i, partie
IV, p. 67) une lettre de Clement V au roi d*Anglcterre. ecrite le 22 d^cembre
1306, de Villandraut. locum natlcUatls nostre. Jamais ohercheur ne m^rita plus
que le D' Berchon la joie de mettre la main sur un document aussi drcisif.
Diverses indications relatives aux polcmiques engagces en 1866 et continu6es
jusqu'en la presente annee 1894 ontet^ donnC'Cs pai* M. I'abbe Brun (p. 7, note),
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— 576 —
XXIII p.). Le recueil est AMi6 au grand chritien et au grand savant
M. Antoine d'Abbadie, Torganisateur depuis 40 ans des tttes euska-
riennes, et cette d^dicace doit porter bonheur k sa trfes int6ressante
publication ou Ton trouve d'agr6ables r6cits de voyage (de Bayonne k
Azpeitia, d'Azpeitia k Hendaye), la description de la valine d'Yraurgui
et des jeux qui y ont M c616br6s k la mode antique, la description dela
ville de Loyola et en particulier de la Casa Santa, lamaison oil naquit
saint Ignace, etc. M. Bernadou fait aimer le pays aussi pieux que
pittoresque qu'il ddcrit si bien, et chacun de ses lecteurs redira avec lui
(p. 63) : Comment Dieu ne b6nirait-il pas ce pays privil^dt
T. DE L.
Facade et cloitre de I'^gliae Saint-Laurent de Fleurance auant
1772, par le D*" Desponts (Auch, Cocharaux. In-8° de 22 p.) — Cette
brochure vient k propos, lorsqu on songe k restaurer la fa^de et le
clocher de la belle ^lise de Fleurance. Le d^labrement de cette facade
vient en partie de la destruction, accomplie d'autorit^ en 1771, d'un
beau cloitre qui la compl^tait et dont M. Desponts a si bien retrouv6
les dimensions et le detail, qu'il a pu nous en oflfrir un beau dessin, k
comparer avec le dessin de Tetat actuel, 6galement renferm^ dans cette
jolie plaquette. Pourquoi s'avisa-t-on de cette mesure deplorable? La
cheste de la rosace plac6e au-dessus, et doi^t les mat^riaux 6taient
mauvais autant que le travail en 6tait d^licat, avait notablement
endommag^ le cloitre, et Ton trouva plus simple de d^truire que de
r^parer. Tout cela est d^duit par 1 auteur, avec force details sur la
paroisse de Fleurance, qui feront d^sirer la publication, revue par lui,
des Annates paroissiates jadis r^igtes par un de ses frferes. —
N'oublions pas de dire que ce \ravail est englob6 dans une allocution
touchante adresste au v6n6rable doyen de Fleurance k Toccasion des
noces d'or et d'argent : cinquantenaire de sacerdoce, vingt-cinqui^me
annde de decanat.
Grand orgue de ta cath^drale d'Auch, notice historiqueet descrip-
tive, par J. SoLiR^NE (27 p. gr. in-8°). — C'est le travail dun specia-
liste consomm^, et ^ ce titre il se recommande de lui-m^me aux amis
de la musique sacr6e et aux facteurs d'orgues. Mais il touche k des
points d'histoire qu'il faut au moins noter ici. On savait que le grand
orgue de Sainte-Marie passa jadis pour le chef-d'oeuvre du « fameux
Joyeuse >, mais sans connallre la date de sa cx)nfection ni m^me, je
crois, le moindre fait relalif ^ son auteur. Gr^ce^ des dto)uvertes d'un
jeune notaire auscitairf, M, Embazaygues, et aux explications de
M. Solir^ne, nous avons maintenant le trait^. de Mgr de Suze avec
Jean Joyeuse (1688), la datede la r^^^ption (1695) et I'exacte description
de ce bel instrument. M. Solirene y ajoute les faits ult^rieurs qui le
concernent jusqu'^ ce jour et terraine par les voeux les plus ardcnls
pour la parfaile restauration de ce pr6cieux monument de Tart
frangais. L. C.
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TABLE
DES ARTICLES DE FONDS ET DES DOCUMENTS IN^DITS
RENFERMfiS DANS LES TOMES XXXI-XXXV
Dans cette table i ^quivaut h xxxi, ii-xxxii, iii-xxxiu, iv-.xzxiv, v«xzxv.
On nous pardonnera d'avoir exclu, nonseulement les Notes et Quoationset
R^ponsea, mais encore la Bibliographie et les Soir6ea archiologiquea. Nous
gagnons ainsi beaucoup de place. Du reste, les lecteurs qu'affligefaient cette
lacune apprendront du moins avec plaisir qu'une table absolument g<Sn^rale de
la Reoue est en preparation.
Celle-ci ^tant alphab^tique, nous avons ticli6 de mettre en vedette le mot le
plus significatif des titres d'article, qui est presque toujours un nom propre.
Aire et Dax, Diocfeses, pend. le gr. schisme (Tauzin), iii, 245, 327.
AlbreL Lettresi un sired' — (V. Dubarat, E. C, L. C), iv, 349.
Armagnac, Eglises d* — et pays voisins au xvi® sifecle (A. Breuils),
I, 115, 380, 457; ii, 81, 167, 254, 434; iii, 172.
— La culture de la vigne en — (A. Br.), i. 96.
— Culture des c^r^ales en — (B. Ducrue), i, 142.
— CMteaux comtaux dans pi. villes de V — (A. B.), v, 177.
— Les maisons d'habitation dans V — (B. Ducrue), iv, 293.
— Le v^tement dans V — (Id.), iii, 520.
Auch. Origines de rimprimerie k — (A. Claudin), v, 5, 129.
Arros d'Argelos, biographie maritime (A. Communay), ii, 58.
Baas (J. Charles de), biogr. maritime (A. Communay), i, 221.
Bagn^res. Henri de Transtamare a — (L. Cazaubon), iv, 581.
Bq/ole. Une lettre du P. — (T. de L.), iii, 240.
Barrisj cur6 de Cazaux-Pardiac (C. La Plagne), ii, 76.
Bartas (Guill. de Saluste du). Notes sur son oeuvre (L. Cazaubon),
I, 393, 519, 545.
— Une lettre de — (T. de L.), ii, 86.
Belsunce (Arm. de), biographie maritime (A. Communay), n^ 389.
Bigorre. La cit6 de — , 6tude critique (G. Balencie), iii, 502.
Busca. Le chateau du — et les Maniban (Ph. Lauzun), v, 321.
Capucins gascons 6crivains (L. C), v, 31.
Cauasena. Les seigneurs de — (Mauqui6), i, 357, 573.
Chateaux gascons du xiii® sifecle, preface (Ph. L.) et introduction (G.
Tholin), HI, 197, 260. (Voir Tauzia, Massencdme, La Garddre.)
Corrensaguet. L'archipr6tr6 de — au xiv« sitele (R. Dubord), i, 349;
II, 115.
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— 578 —
Dax. Voyez Aire.
Dudrot de Capdebosc. Livre de raison de la famille — (T. de L), n,
224, 269, 331.
Dulioier, biogr. maritime (A. Comraunay), i, 70, 105.
Eawse. Leitre de Richelieu aux consuls d' — (A. Br.), i, 24.
Echaus. Lettre de T^v^ue B. d' - (L. C), i, 236.
Emigrants gaseous sous les dern. Valois (A. Br.), iii, 568.
Epernon. Leltres de deux dues d' — (0. de la HitteetT. de L.), i, 236.
Faudoas, Notice sur Mgr de — , 6v. de Meaux (P. Gabent), iv, 149,
209; V, 501.
Fimarcon. Les seigneurs de — de la maison de Lomagne (Mauqui^),
IV, 483; V, 144, 390, 418.
Flaran. L'abbaye de — (P. Benonville, P. L), i, 57, 167, 308.
Fleurance. Une f^te aux Augustins de — en 1627 (E. De^ponts),
in, 586.
FontraiLles. Lettre du vicomte de — (T. de L.), ii, 183.
Fromenti^reSy (Jvkjue d'Aire(L. C), iv, 101, 533.
Gard^re (le cMt. de la), descrip. et histoire (Ph. Lauzun), v, 81,225.
Garros (Pierre de), pofele gascon, notes (V. D.), v, 447.
Gascogne (Histoire de la), preface (Blad6), in, 29, 53, 166, 267.
Gascon fridiome) h la Sorbonne(L. C), ni, 115, 196.
Got (Bertr. de), vie. de Lomagne. Son procfes (L. Gu^rard), ii, 6.
Grossoles (B. de). Lettre au comte d'Armagnac (E. Cabi6j, rv, 434.
Henri IV. Lettre in6dite (marquis de Lupp6), v, 161.
Imprimerie, Voyez Auch eiPau,
— Anciens livres liturgiques (A. Breuils), v, 308.
Lactoraies. Epigraphie des — (Esp^randieu), in, 5, 70, 117, 182,
225, 367, 458, 526.
Landes. La Fronde dans les — (Tauzin), iv, 385; v, 19, 88, 273,
317, 485, 533.
Lannes (le marechal), elude (L. Cazaubon), ii» 458.
Larressingle en Condomois. Notice hist. (J. Gardfere); ii, 293; not.
archtol. (G. Tholin), iii, 101.
L^gende carolingienne en Gascogne (Blad6), i, 29.
Lectoure. L'instruction publique k — (A. Plieux), i, 84, 129, 181,
224, 249.
— Obiets antiques inscrits trouvds k — (Camoreyt), iv, 5, 127,
251, 413, 503; v, 99, 188, 355, 427.
Lescar. Le Br6viaire de — de 1541 (V. Dubarat), i, 408, 489.
Magen (Ad.), notice (L. C), v, 258.
Maniban. Voyez Busca.
Marca (Pierre de). Lettres inedites (L. C. et L. Batcave), i, 144;
IV, 553.
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— 579 —
Marina basques et h^arnais, Voy. Didivier^ Saint- Cric, Baas,
Arroa, Belsunce, Salha,
Massencome (le chateau de), description et hist. (Ph. Lauzun), iv,
245, 305, 404. .
Mongaillard (le P. A. de) et sa famille (R. Dubord), i, 376.
Montesquiou (Am. de), son testament (Barri^re-Flavy), in, 136.
Noels et cantiques frangais et patois (A. Br.), iv, 62, ^44.
Notaires po6tes et representations dram. (H. Carr^re et A. Breuils),
V, 443.
Ossat (le cardinal d'). Lettres incites (A. Degert), v, 206, 245,
306, 449.
Panjas. Peintures de P^lise de — (A. Br.), ni, 440.
Pau, Premiers imprimeurs de — (A. Claudin), iv, 548.
Phoebus (Gaston). La Chasse et les Oraisons (L. Batcave), v, 549.
Pr^maux, 6v, de P^rigueux. Fragments de lettres (A. de Lantenay,
HI, 538.
Raynaud (le P. Th6oph.). LettrekTarchev. d*Auch(T. deL,), n, 130.
Rouillan, baron de Montaut, notice, i, 5.
Saint-Bonnet (A. de), imprimeur. Ses peregrinations (Forestie),
n, 485.
Saint-Cricq (Jacq. de), biogr. maritime (A. Communay), i, 201.
Saint-Savin. Lar^forme de Saint- Maur aumonast. de — (C. Douais),
I, 437; n, 21.
Sainte-Christie (Jean d'Armagnac, sgr de), notice (de Carsalade),
I, 257, 458.
— Prise du chAteau de — (Ch. Palanque), v, 238.
Salha (Val. de), ministrede Weslphalie (A. Communay), n, 533.
S^n^chaux anglais en Guyenne (Tauzin), ii, 149, 197, 353.
Silvie (sainte), vierge eiusate (L. C), ii, 213.
Solle 'Jr. Yves de), archev. de Chambery (P. Gabent), v, 401.
Taillebois (Em.), notice n^crologique (A. Lavergne), ni, 547.
Tauzia (chateau du), description et histoire (Ph. Lauzun), ni, 313, 553;
IV, 22, 53.
T^narr^se (la), etude gtegraphique (A. Br.), ii, 548.
Toulouse. Parlementaires gasc. de— ',executes k Paris (Palanque),i,153.
Tour-du-Pin (M. de la), archev. d'Auch (R. P. Delbrel), iii, 149,210,
340, 505.
Vascome (la) espagnole sous les Romains (Blade), ii, 101, 245, 315, 408.
Vic-Fejsensac. Anecdotes sur — au xiv« sifecle (C. La Plagne, iv, 197,
338, 485.
Vincent de Paul (saint). Lieu de sa premifere messe (T. de L.), i, 197.
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TABLE M£TH0DIQUE
DES MATlftRES CONTENUES DANS LE TOME TRENTE-CINQUIEME
ARCHEOLOGIE
Areh^ologle SAll«*roiii«lBe
Objets antiques avec marques, inscriptions^ etc., trouv6s k Lectoure
(E. Camoreyt) :
III. Lampes en terre cuite, 99.
IV-Vl. Tulles k rebord, pyramides tronqu^es, disques, 105.
VII. Intailles sur pierres fines, 111.
VIII-IX. Verre, bronzes, 188.
Supplement, 355. 427.
Areh^oloslc mllltalre da uioyeB Age
Le chateau de La Gardfere, 6tude descriptive (Ph. Lauzun), 81.
Les cMteaux des comtes d'Armagnac dans plusieurs villes (A,
Breuils), 177.
Areh^olosie rellsleiuie
Uzeste ei Clement V, par MM. Brun, Berchon et Brutaiis (T. deL.),
573.
Fagade et cloitre de Veglisede Fleurance^ p. le D*" Desponts, 576.
Le grand orgue de la cath^drale d' Auch, p. par J. Solirfene, 576.
HISTOIRE
fiTUDES PRfiLIMINAIRES
Carte du B^arn^ etc., par Guill. Delisle, Mit. Mendousse, autogra-
phite (A. Lavergne), 128.
HISTOIRE CIVILE ET POLITIQUE
■Uloire proTlaelale
La Fronde dans les Landes (abb6 Tauzin), 19, 88, 273, 327, 485, 533,
Hiatoire de B^arriy par P. de Marca, nouv. 6dit., 465.
Histoire de VAgenaiSy par Jules Andrieu, 377.
■UCoiro ol blosraphle f^odale* ■
Les seigneurs de Fimarconde la maison de Lomagne (Mauqui^), 144,
290, 418.
Le cMteau de La Gardfere, 4tude historique (Ph. Lauzun), 225.
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— 581 —
Le cMteau du Busca et la famille de Maniban (id.), 321.
Un portrait de Gaston IV de Foix (T. de L.), 256.
La noblesse de la s^n^chauss^e (TAuch, par E. Delias, 388.
locales
AugnaXy notice hisiorique, par le D"^ Dupouy, 472.
Azpeititty par T. Bemadou (T. de L.), 576.
HUCoIre Jadlelalre
La 8^n^chau886e cfArmagnac... La justice au XVI^ sidcle, par P.
Tierny, 471.
Hlflloire miliuilre
Le pillage du chateau de Sainte-Christie (Ch,. Palanque), 238.
Lardvolte des croquants de 1637, par J. Andrieu, 387.
Journal du si^ge du Mas-d'Azil en 1625, p. p. Barri^re-Flavy, 387»
HISTOIRE ECCLESIASTIQUE
HIsloIre provlneiale
La Petite-Eglisey par le P. Drochon, 162.
■Ifllolre monasClqiie
Lescouvenis d'Agen, par Ph. Lauzun, 372.
Annuaire de Saint-P^. 163.
La d^tresse de Vabbaye des Salenques en 1483 y 387.
Commanderie de Juzet et Frontds, par P. de Casteran, 386.
BlosMiylile eeel^slMilMiae
Ir^n^Yves de Solle, arch, de Chamb^ry (P. Gabent), 401.
Pierre-Paul de Faudoas, 6v^ue de Meaux (id.), 501.
Notice sur Marca, par M. Tabb^ Dubarat, 509.
Notice sur I'abb^ Marquety 388.
CUment y... Voir ci-dessus Arch^ologie religieuse,
HUCoIre hosrltAli^re
Origines de Tasile de nuit k Sainte-Marie d'Auch (A. Breuils), 42.
HISTOIRE LITTERAIRB
LlnsaUllqae et llll^ratare popalAlre
Le gascon k la Sorbonne et la th^se de M. Lanusse (L. C), 115, 196.
Almanac patou^s de I'ArieJo, 315.
Tome XXXV. 38
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HUloire do la typ«sraphie
Origines de rim,priinerie i Auch (A- Claudin), 5, 129.
Notes sur divers livres liturgiques (A. Breuils), 303.
JioUees eC bl04|riuphiefl IllC^ralre*
Le livre de la Chasse et les oraisdos de Oaston Pboebus (L. Batcave),
550.
Les ^crivains gascons capucins, d'apr^ te P. Apollinaire (L. C], 31.
Notaires-po^tes et repr^sentatioos dramatiques aux xvi« et xvii« gitefes
(H. Carrfere et A. Breuils), 443.
Notes sur le poete gascon Pierre de Garros (V. Dubarat), 447.
Les centres po6tiques de Pihrac\ par M. de Labondfes, 386.
La Gascogne dans le catalogue Rotschild (T. de L.], 124.
Ad. Magen, d'apr^ MM. G. .Tholinet T. de L. (L. C], 258.
Bibllosraptaie lllt^ralre
Gascouneries, par Arthur Poydenot, 317.
Siatuts et lisie des membres de la t Garbure^ » 318.
Publications de M. T. de L., 385, 471.
DOCUMEJ^TS HISTORIQUES
ilpelilvai
La Gascogne dans Tlnventaire des Archives dela OirondefT. deL.),
366, 458, 504.
Le testament du card, de la TremoHle (T. de L.), 160.
■.ettres mlsslTes
Lettre de Henri IV (marquis de Lupp6}, 161.
Lettres du cardinal d'Ossat (A. Degert), 206, 245, 306, 449.
APPENDICE
SfflttES iRCH^OLOGIQUES DES IRGHITES D£PARTQKITALES
S&ince du 4 septembre 1893.
Int^rieur d'un chdteau gasc. , xni* si^cle (de Carsalade), 44.
Stance du 2 octobre 1893.
Un plat, suite de Palissy (Boudet), 48.
Archives dArcamont, Livre Vert (de Carsalade), 49.
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- 683 ~
Stance du 6 novembre 1893.
Excursion k Montaut et an Rieutort (A. Lavergne), 54.
La com6die bourgeoise k Flenrance (de Carsalade), 58.
Convent des Cordeliers d'Anch (E. Delias), 64.
Devotion k saint Martin (Despanx), 67.
Stance du 4 d6cembre 1893.
Faience tromvee k Arcamont (Boudet), 69.
As8einbl6es 61ectorales de 89 (E. Delias), 70.
La ville d'Auch en 1575 (de Carsalade), 71.
Jean Rizot, oculiste de Tournecoupe an xvi* si^le (Tierny), 73.
Culture de la vigne en Fezensaguet, xvi* si^cle (de Carsalade), 76.
S&ince du 8 Janvier 1894.
Le donjon de Bassoues (de Carsalade^, 165.
Les Jacobins k Auch (E. Delias), 167.
Une oeuvre de G. Drouet k retrouver (de Carsalade), 171.
Stathm^tiqne, poids de Condom (Calcat), 17i.
S&ince du 12 tevrier 1894.
Itindrairede Clement V en Gascogne (de Carsalade), 210.
Inscription tumulaire trouv6e pr^s d'Auch (M6tivier), 215.
Statuettes romaines en bronze (Ph. Lauzun), 216.
Le chaperon consulaire (de Carsalade et Tierny), 218.
S^noe du 5 mars 1894.
Les consuls d'Auch et M. de Montillet (E. Delias), 262.
Ant. de Tournemire, comt6 de Malartic (de Carsalade), 266.
Chartes du monast. de Pessan, xui* si^de (Despanx), 269.
Stance du 2 avril 1894.
Uarchitecte Alb. du Limbeau (Palanque), 389.
Le oarmel d'Auch, construction (E. Delias), 391.
Stance du 7 mai 1894.
Un recueil de noels de 1596 (A. Lavergne), 475.
Uh6pital de risle-de-No6 (E. Delias), 477.
Monnaie rom. : vari6t6 in6dite (Calcat), 480.
Stance du 11 juin 1894.
Le commandeur de Polastron (de Carsalade), 513.
Reconnaissances f6od. des consuls deFleurance (Delias), 616.
Rivalit6 entre Fleurance et Lectoure (Tierny et Lagleize), 520.
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Seance du 3 septembre 1894.
Un gentilhomme gascon du xv* sidcle (Branet), 555.
L'atelier monetaire d'Auch au moyen-Age (Calcat), 558.
Un trait deThistoire locale d'Auch vers 1381 (Despaux), 559.
Les DoUancesde la villede Gimont en l789(Fitte), 562.
NOTES DIVER SES
CCCXIV. Curriculum vitce du P. Mongaillard (T. de L.), 18.
CCCXV. Les coutumes de La R&oXe et Tev. Gombaud (L. C), 87.
CCCXVL Le chirurgien Biennaise (T. de L.), 90.
CCCXVIL Cours de Utt. toang^re de M. L. C, 173.
CCCXVIIL Papiers des Polastron (V. Dubarat), 195.
CCCXIX. Un centenaire gascon (T. de L.), 224.
CCCXX. Fragm, de sarcoph. chr6t. k Cacarens (A. L.), 302.
CCCXXI. Deux centenairesgascons(L. C), 336.
CCCXXIL Les armoiries d'Arnaud Aubert (L. C), 354.
CCCXXIIL Centenaires des Landes (V. Foix), 448.
CCCXXIV . Un volume exceptionnel des arch, de la Gir. (T. de L.),482,
CCCXXV. Le P. Jacques Boireau (L. Batcave), 500.
CCCXXVl. Le cartul. des Hospit. de Saint-Jean (T. de L.), 503.
QUESTIONS ET R6P0NSES
44. Sur un quatrain de Jeanne d'Albret. Rifep. (T. de L.), 174.
196. Le romancier Loubayssin de Lamarque. Ri:p., 442,
287. Sur rhist. litt. du patois du Gers. Rep. (A. Br., V. D.l, 77.
290. Sur deux bons mots du mar. de Gramont (T. de L.), 80.
291. Combien rapportait r6v6ch6 de Condom? (T. de L., L. C), 114.
R6p. (A. Br., J. Gard^re), 175.
292. Le livre de pri^res de G. Phoebus (T. de L.), 187.
293. H. Charpentier, dans le diocfese d'Auch (V. D.), 205.
294. Deux mots attribu6s k Salvandy (T. de L.), 209.
295. Sur une l^gende gasconne (T. de L.), 464.
296. Le chateau de Longuetille (T. de L.), 483.
297. Sur le gascon Et. du Junca (T. de L.), 554.
CORRESPONDANCE
Lettre de M . Dejob k M. L. Couture, 512.
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