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REVUE
DE
PSYCHIATRIE
11» ANNEE
1907
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TABLE ANALYTIQUE DES PRINCIPAUX ARTICLES
PUBLIES EN 1907
REVUES CRITIQUES :
P. Juquelier. Les troubles mentaux dans les differentes
varietds du syndrome surrdnal, 1.
Les experiences de M. Sh.-I. Franz ausujet du lobe frontal, : :
441.
Et. Maigre. Les idees et les experiences de M. W. Mac
Dougall sur la pbysiologie de Tattention, 45.
L. Picque. Ce que doit etre k notre epoque la chirurgie des
attends. 89.
Psychotlierapie et psycliotherapeutique chirurgicale, 397.
N. Vaschide. La theorie biologique du sommeil, de
M. Clapardde, 133.
EL Colin. Deux quartiers de stlretd pour alidnds criminels,
177.
L. Marchand. De Tidiotie acquise et de la demence cliez
les epileptiques, 221.
A. Vigouroux et A. Delmas. Frequence et pathogenie
des ictus terminaux dans la paralysie generate, 265.
A. Marie. Le traitement des attends par ie retour k la terre,
309.
E. Blin. Hospitalisation des debiles dans TEurope centrale,
485.
MEMOIRES ORIGINAUX ET OBSERVATIONS :
G. Dromard et A. Albds. Folie du doute et Illusion de
fausse reconnaissance, 12.
P. Courbon. Ilysierie et suicide, 17.
H. Damaye. Quelques formes de la stdrdotypie, 62.
Iddes de suicide latente ou spontande cliez une confuse, 245.
Persecutee ddbile retiree dans les bois, 416.
Remarques sur Taction clinique de Tiode au cours des etats
de stupidite et de confusion, 448.
M. Ducoste. Note sur les interpretations ddlirantes dans la
paralysie generate, 71.
M lle Pascal. Les Remissions dans la demence prdcoce, 99
et 147.
L. Marchand. Acces dpileptiques consdcutifs k un trauma-
tisme cr&nien, 115.
L. Marchand et Nouet. Du ddlire de persecution surve-
nant k la pdriode involutive de la vie, 186.
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M. Belletrud. Les bains d’acide carbonique cliez les
abends, 195.
G. Durante. Essai sur la pathologie gdndrale des conduc-
teurs nerveux, 275.
H. Nouet. Considdrations anatomo-cliniques sur un cas de
slupeur, 320.
LES SERVICES:
G. Collet. Les dvades k l’interieur, 28.
H. Nouet. Un asile Anglais en 1828, 457.
TECHNIQUES ET EXPERIENCES :
H. Pidron et Et. Maigre. Une experience sur le meca-
nisme de l’attention sensorielle, 161.
H. Pidron. La technique cardiographique, 484.
LETTRE DE L’ETR ANGER :
C. B. Burr. Lettre d'Arudriqoe, 24.
LES CONGRES :
H. Pidron. Cougres de Toronto (aout 1906), 74. .*•
XV* Congres de l'Association psychologique amdricaine, 248.
Cougres des Socidtes Savantes de Montpellier, 326.
E. Perpdre. II C Congres Beige de Neurologie et de Psychia-
trie, 76.
▲. Delmas. Le XVII* Congres des alienistes et neurologistes
des pays do laugue francaise (Geneve Lausanne), 353.
▲. Marie. Letlre d'Amsterdam, 419.
J. Van Deventer et F. Melchior. Note sur le Congres
international de neuro-psychiatrie et d'assistance. (Amsterdam,
7 septembre 1907), 506.
CHRONIQUES : 88, 175, 350,395.
ENQUETE : Le < no-restraint ».
SOC1ETES : G. Collet, A. Delmas, P. Juquelier,
E. Perpdre.
REVUE DES L1VRES, DES PERIODIQUES FRANCA1S ET
ETRANGERS : P. Juquelier, J.-M. Lahy, F. Marre,
F. -A. Melchior, H. Nouet, E. Perpdre, H. Pidron,
P. Sdrieux, M m Soukhanofl, J. Van Deventer,
A. Vigouroux.
NOUVELLES.
BULLETIN BIBLIOGRAPIIIQUE MENSUEL ET LIVRES
RECUS, 1 a XLV1II.
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REVUE CRITIQUE
LES TROUBLES MENTAUX DANS LES DIFFISRENTES
VARIATES DU SYNDROME SURR^NAL
Par P. JUQUELIER
(Ancien chef de clinique, Mtdecin adjoint des asiles).
On s’est beaucoup pr6occup6, pendant ces dernieres annees,
des glandes surrdnales, de leur anatomie «microscopique, de
leur r61e et des cons6quences cliniques de leurs 16sions 4 . Pour
ne parler que de celles-ci, la maladie d’Addison dans laquelle
se rdsumait hier encore presque toute la pathologie des capsu¬
les a 6t6 pass6e au crible et morcelde. Divers syndromes aigus
et chroniques, francs et att6nu4s, ont remplac4 les formes
cliniques rapides et lenles, completes et frustes d’une seule et
m£me affection, ou sont venus prendre place & c6t6 d’elle. II
ressort des travaux de Guilhal, de Sergent, de Leon Bernard
de Boinet etc., que riiypo6pin6phrie ou insufflsance capsulaire
se manifeste par des tableaux cliniques vari6s et par des
accidents dont la gravite est en rapport avec la rapidity ou
l’intensitd de la diminution fonctionnelle des surr4nales. A
c6t6 de la maladie d’Addison typique, ou la surr6nalite chroni-
quejoueun rdle vraiment preponderant, il est des etats dans
lesquels l’insuffisance capsulaire est plus effacee, ne survient
qu’A titre dpisodique : ce sont les cas d ’Addisonisme (Boinet),
de formes frustes de la maladie d’Addison (Guilhal) d’insuffl-
sance Surrenale lente (E. Sergent) ; ils peuvent se transformer
brusquement en cas aigus ou suraigus, et d’autre part, l’insuf-
fisance aigue se ddveloppe parfois sous I’influence d'une intoxi¬
cation ou d’une toxi-infection.
Tandis que l’observation clinique, appuyde sur la physio-
pathologie et les examens liistologiques permettait d’etablir
toute une sdrie de syndromes en rapport avec les degres de
* Consulter en particular : Abblous, Charrin et Langlois. — La fatigue
musculaire chez les Addisoniens. ( Archives de physiologic 1892).
L. Bernard. Les 9yndrdmes surrdnaux, ( Preset mddicale 6 dec. 1903).
Guilhal. Le syndrdme addisonien, (Gazette des Udpitaux 1901).
Laignel-Lavastine. Recherches sur le plexus solaire, (Paris, Steinheil 1903).
Lceper et Oppenueim. Manuel des maladies des reins et des capsules
sarrdnales (Paris. Masson. 1906.)
Oppenheim. Les fonctions antitoxiques des capsules surrdnales (Bailliere
1902 ).
Sergent et Bernard. L’insuffisance surr£nale (Encyclopedic Leautt 1903).
Wittington. La maladie d’Addison ( Medical News. 24 scptembre 190k).
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REVUE DE PSYCIIIATRIE
l’insuffisance capsulaire, on notait* que le fonctionnement par
exces des glandes surrdnales ifdtaitpas sans avoir de fdcheuses
consequences sur Teconomie. Avec Vaqufz plusieurs auteurs
ont attribue k Yhyper&pin&phrie (L. Bernard 4 ) un r61e
important dans la production de factdrio-scldrose, par action
de l’adrdnaline en exces La modification en plus ou en moins
des fonctions des capsules surrenales semble bien constaminent
se traduire par des troubles generaux de Torganisme. II n’est
done pas impossible a priori que des lesions capsulaires
retentissent sur le systeme nerveux central et sur la physiolo-
gie cerdbrale en particular, surtout si Ton songe aux relations
etroites unissant le plexus solaire aux glandes surrenales. Les
experiences d'ETTLiNGER et Nageotte 2 ont confirm^ cette
hypothese. puisque chez les animaux, la decapsulation a ete
suivie de lesions des cellules du systeme nerveux central.
Inversement, Rijju 3 estime que I’arrGt de developpement
constate par lui au niveau des capsules des anencephales est
en rapport avec l'insuifisanle evolution de faxe cdrdbro-spinal.
11 y a, parmi les observations cliniques que nous avons pu
retrouver, des fails qui sonten correlation avec les donnes cx-
perimentales (These Morlotj, et d’autres ont ete certainement
publides, que nous n’avons paseu la bonne fortune danalyser.
Mais en dehors de ces cas exceptionnels, ou des accidents
communs d’ordre psvchique pouvant relever cliez tous les mala-
des des alterations de la phj'siologie capsulaire, est-il frequent
de voir eclater, sous l’influence d’une predisposition psychopa-
thique plus ou moins marquee, des troubles edrebraux reelle-
ment importants d’origine surrdnale ; et ces troubles ont-ils ete
attribues k leur veritable cause ? La question nous a paru devoir
etre examinee apres lecture de deux interessantes publications
toutes recentes.La premiere est une revue critique de Sainton 1
sur les troubles psychiques dans les alterations des glandes k
secretion interne. Dans ce travail, cependant tres documente,
hauteur ne consacre ndeessairement aux accidents mentaux lies
aux Idsions des surrenales qu’une place assez restreinte(il donne
il est vrai les indications les plus imporlantes). Ilremarque que
dans les trait4s de psychiatrie les troubles psychiques d’origine
capsulaire sont passds sous silence. Mais il ne peut guere en
1 L. Bernakd, 0. C.
2 Ettlingih ct Nageotte. Lesions des cellules du systeme nerveux central
dans 1 intoxication addisonienne experimentale (SocicU de Biologic 28 nov.
1896).
2 Rljg. Aplasie des capsules surrenales cliez les unenc^pliales ( Sludi
sassaressi. fasc . /. 190j).
4 P. Sainton. — Les troubles psychiques dans les alterations des glandes d
secretion interne. {t/Enccphale . i Klt Anncc, 8 ct '>).
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TROUBLES MENTAUX ET SYNDROME SURRENAL
3
6tre aulrement k une 6poque ou les connaissances positives sur
la physiologie des surrenales, soiit encore nouvelles. Si les m&-
mes livres sont mieux renseignes au sujet des syndromes men-
taux li4s au mauvais fonctionnement d’autres organes, ce n'est
pas habituellement que ceux-ci patent a la description d’une
psycho-pathologie speciale c’est que, pour chacun d’eux, la
question etant plus ancienne et mieux dtudiee, il y a lieu d’eta-
blir un relevd bibliographique plus dtendu. Yoii& sans doute
pourquoilestraites classiques contemporains ne consacrent pas
de cliapitre special aux accidents cerebraux de l’insuftisance
capsulaire bien qu’ANGLADE* et Regis 1 2 par exemple, mention-
nent l’intoxication surrenale corame cause possible de folie soit
k propos de l’etiologie gdndrale, soit a propos des auto-intoxica¬
tions diverses. Les ouvrages relevds par Sainton comme
traitant de la question qui nous occupe concernent pour la
plupart des observations isoldes et k propos desquelles les
auteurs ont etabli une relation de cause k effet entre la maladie
surrenale et les troubles psycliiques. Ceux-ci sont tres diffe-
rents suivant les cas. A la liste etablie par Sainton, il faut
ajouter aujourd’hui la seconde des publications auxquelles nous
faisions allusion prdcedemraent. A la sdance de la Societe
mddico-psychologique du 26 novembre 1906, Vigouroux et
Delmas 3 rclataient l’observation d’un addisonien de 55 ans,
mort brusquement k l'asile apres avoir manifesto pendant les
six derniers mois de son existence un delire d'interpretation
prolonge portant sur les troubles subjectifs qu’il avait en tant
qu’addisonien. Comme le font remarquer les auteurs de la com¬
munication, iln'existe guere d'observalions de delire durable au
cours ou k la fin de la maladie d’Addrson et parrni les troubles
neryeux et mentauxlids k revolution des syndromes surrdnaux,
c*est encore un eldment nouveau sur lequel Yigouroux et
Delmas ont attire Inattention..
*
* #
Si les alienistes n’insistent guere dans les ouvrages spdciaux
sur les accidents psychiques de la maladie d’Addison, les auteurs
1 Axxjla.de. — In traiti de pathologic mentalc pubtidc par G. Ballet. (Doin
1903). L'observation a prouv6 qu un empoisonnement grave peut resulter de
l’arrit de fonctionnement des capsules : Le syndrome addisonien est l expres-
sion clinique de cet empoisonnement. Un des signes les plus constants de la
maladie d’Addison (Ball et Lasegue) est l amoindrissement dePactivite morale.
Les operations c^rebralcs sont lentes, l’cxpression de la pensee est laborieuse,
Les malades perdenl toute initiative. (P. 53),
- Regis. — Precis de psychiatric. [Doin 1906) ...On a egalement en ce qui
concernc la maladie d’Addison mis en pleine Evidence les symptdmcs d’asthe-
nie physique et mentalc, et ineme des accidents plus graves tels que le delire,
les convulsions ^pileptiformcs et le coma (P. 587).
3 Vigouroux et Delmas. Maladie d Addison et delire. (Soc. mcd.-psych .
26 not'. 1906).
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4
REVUE DE PSYCHIATRIE
des traites de pathologie interne sont de meme assez reserves
sur ces accidents parmi lesquels il en est, comme le dit Sain¬
ton 1 , de constants. Quelques-uns cependant consacrent un
paragraphe au relentisseraent de lastlidnie gdn^ralisde sur
i’dtat mental : « Lemalade dprouve uneaversion presque invin-
cible pour tout effort, soit physique, soit intellectuel... »
(Ball 2 ). « ... II estreplie sur lui-m6me dan? un dtatd'apathie
tout-i-fait caractdristique... 11 semble craindre la fatigue...
aussi, ne repond il aux questions qui lui sont adressees qne s'il
y est provoqud & plusieurs reprises ; les paroles sont lente-
ment prononc6es, chaque mot ndcessitant un effort... »
(Brault 3 * ) etc... D'autre part, le delire estsignald parquelques
auteurs comme un accident exceptionnel, carle plus souvent, il
s’agit d’une incapacity psychique avec conscience et Intelli¬
gence demeure intacte jusqu’i la fin. « Il peut exister du delire,
dit Ball \ aux derniers jours de la vie ind^pendamment de
toute complication cdrebrale. » Mais en quoi consisle ce dyiire?
Comme le fait remarquer Seglas 5 le terme delire a, en psy¬
chiatric une acception tout autre que dans le langage de la
pathologie ordinaire. « Dans ce dernier cas, on entend par
delire un etat de confusion d’incoordination des perceptions
des iddes, des acles, accompagne le plus souvent de subcons¬
cience ou d’inconscience, et dans lequel on ne peut trouver
aucun phdnomene d’ideation pi-ydominant d’une fa^on cons-
tante de maniere k donner aux troubles menlaux une teinte
f>articuliyre. Le type le plus parfait de ce genre de dyiire, c’est
le dyiire dit febrile », (qui n’a l ien de commun avec ce qu’on
entend couramment par dyiire en alienation mentale). Or, dans
la plupart des observations publi^es et ties completes k tous
les autres points de vue, il n’est souvent pas possible de faire
la distinction entre rytat de subconscience decrit par Seglas
et le dyiire vrai, m£me court, des processus psychopathiques.
Onreste incertain sur la valeurdu syndrome dyiire en consul¬
tant les tableaux classiques dresses par Ball 6 . Les observa¬
tions y sont, il esl vrai, ti es resumees, et le detail qui nous
occupe ne pouvait guere £tre mis en evidence.
Cependant, le vrai delire avec hallucinations exprimy par la
parole ou par l’attitude est suffisamment caracterise dans quel-
ques faits. 11 est le plus souvent href et terminal. L’agitation ou
l’angoisse, probablement symptomatiques d’un etat hallucina-
1 Sainton 0. C.
2 Ball. Maladie bronz6e ( D Tv Deehambre).
3 Brault. Mulndie d Addison ( Traite Chareol-Bouchard Q* edition t. v.)
* Ball. O. C. .
1 Sfglas. Traite de pathologie mentale [Doin, 1900). P. MO.
0 Ball. O. C.
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TROUBLES MENTAUX ET SYNDROME SURRENAL
5
toire sont signalees par Addison, Thompson et KussMaul,
Hodges * parle de folie (?) avec asthenie, cliez un homme de
75 ans qui mourut subiteraent. Le malado de Klippel 2 qui
servit de type k la description par cet auteur de l’encdphalopa-
thie addisonienne eut k I’hdpital une vingtaine de crises analo¬
gues, dont la derniere parliculierement violente I’emporta. Les
crises se terminaient par des convulsions 6pileptiformes et un
etat comateux ; mais elles d^butaient par une sonfce d’dpisode
delirant avec raptus : « Le malade sortait de son lit... parlait... »
Agissait-il ainsi sous l’influence d’hallucinations pdnibles ?
R6pondait-il&desinterlocuteursimaginaires ? Tel l\it en tout
cas le sort d’un malade de Boinet 3 4 , homme tres sobre, qui
mourut apres une p^riode d’agitation delirante identique au
delirium tremens . A la fin d’une nuit tranquille, cet addiso-
nien « Tut pris subitement d’encephalopatbie avec agitation
extreme et s’41anga sur un lit ; on dut le contenir, Lobliger k se
recoucher, et comme son delire devenait de plus en plus
violent au point qu’il se levait et courait tout nil dans la salle,
on le camisola. II poussait des eclats de voix et des cris, t&chait
de se redresser sur son lit. Cet etat d’excitation dura trois heu-
res environ ... les urines ne contenaieut ni sucre ni albumine...
Cette sorte d’encdphalopathie paraissait, d’apres son aspect Cli¬
nique, tenir a une intoxication k marche rapide, presque fou-
droyante, portant surtout ses eftets sur les centres nerveux et
en particular sur la region bulbo-protuberantielle, comme
Tindiquaient les contractures limitees aux membres supdrieurs,
les mouvements oscillatoires de la tdte et les signes d’asphyxie
d'origine bulbaire... A l’autopsie, les coupes mdthodiques de
Pitres et Brissaud ne montrerent qu une congestion intense
des centres nerveux dont les substances blanche et grise lais-
sereut suinter une abondante rosde sanguine... » Dans le mdme
article, Boinet sign&le qu’un autre de ses malades succomba
apres un delire calme de 12 heures. Mais cet accident survint
12 jours apres l’incision d'un phlegmon pdrindphrdtique et Tob-
servation ne fournit aucun detail sur le delire.
Un autre travail de Boinet 4 publid quelques mois plus tard
renferme encore un grand nombre de faits d’addisonisme minu-
tieusements decrils. L observation XXIV (p.2349] concerne un
homme de 42 ans, qui presenta du delire pendant le dernier
mois de sa vie (« 11 dtait dans un etat perpeluel d’agitation et
1 Cites par Ball. Voir Sainton. O. C.
2 Klippel. Enc^plialopathie' addisonienne (Revue nettrologique 1900 :
P. 898).
3 Boinet. La mort dans lu maladic bronzec d Addison [Arch. Gt l 2 n. Med.
190 4 , 0 .)
4 Boinet. L addisonisme (Arch. Gen. de Med. IDO'i, n°' ,77 et f i0).
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6
REVUE DE PSYCHIATR1E
de frayeur... J1 passait ses nuits dans une insomnie continuelle
luttant contre les hallucinations »). Mais ce cas nest pas d’une
interpretation facile. 11 s’agit d’un sujet ayant dt6 internd k
l'dge de 36 ans et chez qui le syndrome basedowien dvoJua de
pair avec la maladie d’Addison : L’insuffisance surrenale a
done pu contribuer a provoquer ou k entretenir des troubles
mentaux relativement prolong6s, raais elle n’a pas du £tre
seule en c^jise. II existe d’autres observations sur lesquelles
nous aurons k revenir, et ou l’association du goitre exophtal-
mique et de la maladie d'Addison a dte signalde.
D’apres les quelques /aits que nous avons recueillis et dont
les plus recents appartiennent k Kuppel k Boinet, k Vigou-
roux et Delmas, il semble bien que le delire, au sens psychia-
trique du mot, soit parfois une complication des differents syn-
drdmes d’insuffisance surrdnale. Le plus souvent, ce ddlire est
un dpisode onirique bref et particulierement violent. Les hal¬
lucinations k caractfcre pdnible yjouent un r61e considerable.
Le ddlire a base d’interprdtation se prolongeant pendant six
mois note par Vigouroux et Delmas est, comme nous l’avons
fait remarquer apres les auteurs eux-m6mes, absolument excep-
tionnel. L’aspect clinique du delire des addisoniens permet de
conclure avec Anglade, Boinet, Regis, Sainton, etc, qu'il
est d'origine toxique et qu’il eclate k la faveur d'une predispo¬
sition psychopathique cliez certains sujets de qui les capsules
surrdnales ont amoindri ou suspendu « leur role antitoxique
vis-i-vis des ddchets de la ddsassimilation musculaire 1 ». Au
moins, Tempoisonnement par insuffisance surrenale intervient-
il pour une part dans la genese des troubles deiirants, car si
les travaux recents ontmontrd quele syndrdme d’Addison n’est
pas exclusivement du k la tuberculose des capsules, il reste
vrai qu’un grand nombre d’addisoniens sont atteints de tuber¬
culose k localisations multiples et surtout pleuro-pulmonaires;
peut-etie l’intoxication tuberculeuse joue-t-elle un certain rdle
dans la production des symptomes divers qui s'ajoutent aux
signes cardinaux de la maladie bronz6e. Telle est l’opinion de
Bindo de Yecchi 2 . qui en tuberculisant les capsules surr4na-
les de lapins a provoque chez ces animaux la maladie d’Addi-
son, moins la pigmentation. Bindo de Yecchi estime que dans
les accidents cardiaques hepatiques renaux et nerveux determi¬
nes par I’emploi de sa methode, on doit tenir compte, non
seulement de l’intoxication par insuffisance capsulaire, mais
aussi de l’intoxication tuberculeuse.
1 Chauffard. L’intoxication uddisonienne. (Semaifie medicate 189 'j, n c 10).
2 Bindo de Yecchi. La tuberculose experimentale des capsules surrenales
et la maladie d’Addison. (Medical News. 2 nov. 1901).
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TROUBLES MENTAUX ET SYNDROME SURRENAL 7
En dehors des accidents delirants dus k Pauto-intoxication
surrdnale, il est des cas oil Pasthenie des addisoniens est le
symptome primordial ,* et le retentisseraentde cette depression
g6nJ ale sur les functions intellectuelles imprirae k revolution
de 1 1 inaladie un caractere tel que le tableau clinique est celui
de la neurasthenic grave, voire d’un etat melancolique : « L’a-
naly e minutieuse des troubles neurasth^niques ou melancoli¬
que? avec ou sansaffaiblissement intellecluel permet parfois de
rapporter le syndrome psychopatliique k Pinfluence sur le cer-
veau arterio sclereux de troubles nulrilifs provenant eux-mg-
mes d’insuflisance glandulaire (thymus, ovaire, surrdnale), due k
l’involution atrophique premaluree on accidentelle de ces orga-
nes & secretion interne, dont Paction est si puissante sur la nu¬
trition et le fonctionnement dunevraxe i * 3 * ». Une observation ca-
ract^ristique de cette grande depression dans le syndrome ad-
disonien est due k Dufour et Hogues de Fursac 2 qui Pont
publiee en 1900 k la societe neurologique. Une femme de 54 ans
dans le service du P r Joffroy, semblait atteinte de neurasthe-
nie profonde. Elle presentait de la depression psychique et une
grande faiblesse musculaire. Elle parlait k peine, 6vitait tout
effort au point d’etre devenue gateuse. Elle £tait cependant
consciente de son etat, qui fut remarquablement ameliord par
Pingestion de capsules surrenales.
Signalons en passant que le traitement opotherapique a pro-
duit des rfeultats tres variables et qu’il deraande k £tre manid
avec beaucoup de prudence. D’une far;on generale, c'est le
symptdme asthdnie qu’il modifie le plus heureusement: Ver-
nesco 3 en obtint une amelioration considerable chez un jeune
homme de seize ans atteint de syndrome addisonien fruste
(sans pigmentation), mais caracterise par une apathie extreme.
D’abord amdliore par la mdme tlidrapeutique, un malade de
Boinet \ addisonien typique de 35 ans non tuberculeux, de-
passa de sa propre autoritdles doses prescrites et presenta des
troubles du caractere (irritability, des bouffees congestives et
du trerablement analogue k celui des basedowiens. A Pautopsie
d’un addisonien traitd par Padr6naline Lceper et Crouzon 5
1 Dupre, in traite G. Ballet, cite par Masselon. La melancolie ( Alcan 1900)
p . 230 .
* Dufour ct Rogues de Fursac. Melancolie et capsules surrenales. Revue
neurologique 1900, p. 899.
3 Vernesco. Un ens de syndrome d’Addison fruste, traite par l opotherapic
surrenale (Spilalul, 15-16).
* Boinet. Troubles nerveux et tremblements observes chez un Addisonien a
la suite de trop fr^quentes ingestions de capsules surrenales (Sov. de Biol.
II nov. 1899).
5 Lceper el Crouzon. Autopsie d un addisonien traite pur 1 adrenaline
(Soc . anat. 18 dec. 1903).
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REVUE DE PSYCHIATRIE
trouvant des lesions d’aorlite aigue se sont demands si leur
th6rapeutique n’a pas favorise ces lesions. « L’opothdiapie par
la glande surr^nale ou Tadr4naline, dit Regis 1 2 * 4 A propos des
troubles psychiques lies aux lesions capsulaires, a commence de
porter ses fruits ». Mais malgre des succes comme celui de Du-
four et Rogues de Fursac, il y a lieu de proceder avec pru¬
dence.
# #
A c0t6 du delire ou de la depression, qui sont des symptomes
mentaux caracterisliques, d’autres accidents, teraoignant d'une
atteinte plus ou moins localisee des centres encephaliques dans
les syndromes d'insuffisance capsulaire, ont 6te signales, et
principaleraent dans les formes rapides.
Klippel 2 a trouv6 A l’autopsie du malade dont il a rapporte
Tobservation en 1900 une enc4phalite diffuse A 16sions subai-
gues. D’aprAs lui, rauto-intoxication addisonienne retentit sur
tout rencdphaleet principalement par le cervelet (rasth4nie se-
rait la traduction clinique de cette action elective). Les convul¬
sions epileptiformes que Klippel a observ6es dans ce mAme
cas, et qu'il signale parmi les accidents possibles, ont et6 rele¬
vees par d'autres auteurs. Ball 3 les compte parmi les symptO-
mes de la 3 # p6riode de la maladie bronzee. Au point de vue
anatomique, les lesions des centres nerveux dans la maladie.
d'Addison produites experimentalement en 1896 par Ettlin-
ger et Nageotte 4 ont 6te notees depuis par Amabilino 5
dans la moelle et dans le cortex (chromatolyse et deformation
des cellules pyramidales). Pour ce dernier auteur, il s’agit de
lesions toxiques, car les alterations corticales et medullaires
ont coYncide avec une atteinte trfes minime des ganglions splan-
cliniques. De telles constatations auraient peut-Atre ete plus
frequentes si, comme le fait remarquer Klippel, les examens
histologiques permettant de mettre en evidence les lesions
nerveuses centrales dans les autopsies d’addisoniens, avaient ete
plus nombreux;
Cliniquement, E. Sergent 6 a rapporte en 1903 deux obser¬
vations d’une forme pseudo-meningitique du syndrdme d’insuf-
fisance surrenale aigue. L’auteur dit pseudo-meningitique, car
k I’autopsie, il n’y avait de lesions mAningees, ni dans Tun ni
dans Tautre cas.
1 Regis. 0. G. p. 587.
2 Klippel. 0. G.
* Ball. 0. C.
4 Ettlinger et Nageotte. O. C.
6 Amabilino. Maladie d’Addison et lesions des centres nerveux (Rifoma
medica 1 7 avril 1&99).
* E. Sergent. Presse medicate 1903.
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TROUBLES MENTAUX ET SYNDROME SURRENAL
9
Cbez un enfant de 13 ans, dont Tobservation clinique et ana-
tomo-pathologique a 6te publiee k la Society de Pediatrie en
1904, Nobecourt et Paisseau * ayant constate dans les der-
nfers jours de la vie des mouveraents chor4iformes ont trouv6
k Tautopsie de la tuberculose des capsules surr4nales. Dans
des cas moins aigus, divers auleurs ont decrit la coexistence de
troubles nerveux retentissant ou nonsurlefonctionnementpsy-
chique, et de la maladie d’Addison. A la m£me seance de la
soci6t6 medicale des hopitaux de Lyon en 1905, deux communi¬
cations furent consacrdes aux troubles sympathiques dans la
maladie d’Addison. Un malade de Chavigny 2 prdsentait de
Tmstabilitd cavdiaque, avec ralentissement du pouls ; de la pa-
resse pupillaire consistant en abolition du reflexe lumineux et
diminution de Taccomodateur. Un addisonien etudi£ par Cour-
mont et Lesseur 3 avait de Texophtalmie, des secousses nys-
tagniformes, du trembleraent des doigts, de la t£le et de lalangue;
les reflexes rotuliens etaient exagerds, la parole tralnante,
mais il n’y avait pas de troubles intellectuels:
Cette dernifcre observation nous amfcne k dire un mot de
Tassociation signal6e k plusieurs reprises des deux syndromes
d'Addisonet de Basedow, association k laquelle Sainton fait
allusion dans sa revue recente : au point de vue sp6cial qui
nous occupe, les troubles psychiques sont g6n6ralement indi-
quds dans ces faits dont un appartient a Achard (1000). Le ma¬
lade de Moutard-Martin et Malloizel 1 * 3 4 pr£sentait des trou¬
bles du caractere. Nous avons dej& parle, k propos du ddlire, du
sujet cit6 par Boinet, 5 qui eut successivement une variole he-
morrhagique avec endocardite, des troubles mentaux ndcessi-
tant un internement, des symptomesde la maladie de Basedow,
de Taddisonisme et qui mourut apres avoir delire pendant un
mois. Mous avons dgalement releve k propos de Taction de
Topothdrapie surr^nale dans les etats d^pressifs, la curieuse
histoire pathologique d’un autre addisonien de Boinet 6 cliez
qui l’exag&'ation des doses de capsules surrenales ing6i 6es pro-
voqua des symptOmes basedowiens frustes : tremblement menu,
bouffees congestives, irritability et coleres violentes. En dehors
des rapports que le corps thyro'ide et les capsules surrenales ont
avec le grand sympathique, la coexistence des deux syndromes
peut encore s’expliquer par les relations fonctionnolles qui
1 Nob£court et Paisseau. Soc. de Pediatrie 18 oct. 1904.
3 Chavigny. Maladie d'Addison ct troubles sympathiques (Soc. med. (les hop.
de Lyon , ii avril 1905).
3 Courmont et Lesikur. id.
4 Moutard-Martin et Malloizel, (Dull. soc. med. hop. il dccembrc iOOU.
5 Boinet, 1’uddisonismc. O. C.
6 id. Soc . de Biol. 1899.
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REVUE DE PSYCHIATHIE
existent enti*e les deux glandes, et si Ton songe que des desor-
dres cdrdbraux peuvent etre la consequence de Alteration iso¬
lee d’un des organes, il est moins surprenant encore de les voir
coincider avec une double lesion.
Parmilesfaits exceptionnels et interessants dont Tinterpr6-
tation precise est difficile 1 , mais qui permetlent d’affirnfer Tim-
portance du r61e des glandes internes dans le developpement
normal de Torganisme en general et des centres nerveux en
particulier, il nous reste a signaler l’observation de Morlot 2
(1903). Un jeune addisonien presente des caracteres somatiques
et psychiques d’infantilisme; (\\ n’est pas myxoedeiraleux et
n’appartient pas davantago au type Lorrain). Ce n’est qu’apres
Apparition des premiers symptomes addisoniens que la crois-
sance organo-psychique a paru s’interrompre. L'opoth4rapie sur-
rdnale tres logiquement instituee produit lesmeilleurs r6sultats
non seulement sur les troubles d’origine indiscutablement capsu-
laire.maisencoresur Tetatmental. Aupointdevueth6rapeutique,
il est interessant de comparer le malade de Morlot & celui de
Vernesco ddj& cite (jeune liomme de 16 ans, avec syndrdme
d’Addison fruste et apathie considerable). Au point de vue de.
Interpretation des faits, on songe a rapprocher ce cas Cli¬
nique des constatations d’aplasiecapsulaire cliez les anencepha-
les (Ruju 3 ). Quel que soit celui des deux processus qui le pre¬
mier retarde, Thypothese parait legitime d’un trait d’unionentre
le ddveloppement du n6vraxe et celui des capsules surrenales.
#
* *
Le fonctionnement par exces des capsules surrenales ffie m£-
me que les injections d’adrenaline), determinant une hyperten¬
sion tres vive parait favoriser le ddveloppement de Tatherome
(Vaquez, Leon-Bernard. Experiences de Papadia 4 etc...)
Aussi, dans une communication presentee cette ann6e meme au
Congresde Lille, SABRAZEset Husnot 5 6 ont-ils emis Thypothese
que rhyper4pinephrie est un des lacteurs de la seniliteprecoce..
car ils ont i’requemment constate 1’hypertrophie des surrenales
avec adenomes enkystes multiples chez les vieillards et les sd-
1 A lu societe analomique du 8 uvril 1906, R. Vojsin et Norkho ont publie
l’observatlon d une epileptiquc de 49 ans, attcinte d‘ hemiplegic spasmodique
infantile qui raourut £n 8 jours d’accidents febriles et ndynaroiques. A l’au-
topsie, hemorrhagic volumineuse des deux capsules surrenales par thrombose
des veines capsulaires.
2 Morlot. — Infantilisine et insuffisance surrenale. Th. Paris (Roussel
i90 r 4).
3 Vernesco, Rlju. 0. G.
4 Papadia. — Artcrio sclerose, par adrenaline. Rivista di patol, nervosa et
menlale, mars 1906.
6 Congres de Lille. (1-7 aodt 1906).
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TROUBLES MENTAUX ET SYNDROME SURRENAL
11
niles 1 . Us ont rapports au congres des alienistes et des neuro-
logistes l’observation d’un dement de 65 ans non syphilitique
mais 6thylique, k l’aulopsie duquel ils ont lrouv6une atheroma-
sie c6r£brale considerable. De plus, la capsule surrdnale gau¬
che avait triple de volume, et sans avoir atteint des dimensions
aussi fortes, la capsule droite etait plus grosseque normale-
ment. L’examen histologique ddmontra Thyperactivite de ces
deux organes au moment de la mort. « Les hypertrophies ade-
nomateuses des surr6uales si frequenles cliez les vieillards di-
sent Sabrazes et Husnot, ne peuvent-elles determiner des le¬
sions de scldrose atteignant, apres ses vaisseaux, le tissu ner-
venx lui-m£me, et devenir ainsi un facteur considerable de
Devolution de la sdnilite. » Cette hypolhese est int^ressante et
d’autres fails viendront peut-^tre demontrer son bien fonde.
Apr&s avoir indique les r&ultats souvent favorables mais
parfois dangereux de !'opoth6rapie surrdnale dans des observa¬
tions oil Tinsuffisance capsnlaire pouvait^tre logiquement soup-
connde d’etre la cause des troubles psychiques, nous devons
noter avec Sainton que le m£me traitement a 6td appliqu6 k
des formes mentales diverses. Des 1896, Bruce 2 publiait qu’il
avait administr6 sans succes k des altends des tablettes de cap¬
sules surr6nales. En 1901 W. R. Dawson 3 paraitavoir eteplus
heureux. Pour lui les indications du sue surrenal s’adressent
surtout k la manie de dale recente et de facon gdn^raleaux dtats
d'excitation k hypotension, il faut eviter son emploi dans les
dtats de m61ancolie et de stupeur marqude. La contradiction qui
semble exister entre cette conclusion et celle qu’on est tentd de
tirer des succes obtenus par Dufour et Rogues de Fursac ou
Vernesco n’est sans doute qu’apparente : elle avertit tout au
plus qu’il faut limiter Temploi de l’extrait surrenal aux etats
d6pressifs d'origine capsulaire. Dans ces derniers, il est ques¬
tion d’apathie extreme, d’aboulie considerable, allant jusqu’au
gfitisme, raais jamais de stupeur.
#
* #
On voit par ce qui precede que les accidents psycln’ques lies
aux divers syndrdmessurrenauxsoutassez variables : Le dilire,
gendralement bref, hallucinatoire, onirique caracterise dans
certains cas la pdiiode terminate de l’dtat addisonien franc ou
larv6, sans doute parce qu'il se produitalorsune recrudescence
de l’auto-intoxicationcapsulaire. (Il est Ires rarement prolong^.
1 Sabrazes et Husnot. — Hypertrophie des surr^nales chez les vieillards
et les sdniles. Socicte de biologic , 24 novembre 1006.
3 Bruce. — Britich rue,Heat journal 2G .septembre 1S9 (j. Cite pnr Anci.ade
(traite de pathologic rn^dicale p. 1361).
3 Dawson, cit6 par Regis, O. C. p. 867.
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REVUE DE PSYCHIATR1E
Uasth&nie , symptome constant des etats d’insuffisance surre-
nale acquiert parfois une importance de tout premier ordre au
point d’annihiler le fonctionnemen4 intellectuel, mais parait
gdndralement susceptible d’amelioration sous Tinfluence d’un
traitement opothdrapique.
Les convulsions tpileptiformes, le coma , le syndr6me
pseudo-miningitique correspondent aux formes diverses d’in-
suffisance aigue ou aux phases aigues et terrainales des etats
d’insuffisance chronique.
Exceptionnellement, d’autres symptomes d’ordre psychique
ou nerveux peuvent attirer l’attention par leur inhabituelle
intensile.
II est bien evident que chez les sujets atteints d’insuffisance
surrenale (comme chez tons ceux quisouffrent d’une auto into¬
xication quelconque) les accidents psychopathiques ne survien-
nent, ou ne sont tres marquds qu’& la faveur d’un 6tat de pr4-
disposition. De m^me que tous les alcooliques ne ddlirent pas, il
s’en faut que tous les addisoniens delirent quel que puisse 4tre
le retentissement de l’insuffisance surrdnale sur le systeme
nerveux.
FAITS ET OPINIONS
FOLIE DU DOUTE ET ILLUSION DE FAUSSE
RECONNAISSANCE
Par les D rs
G. Dromard, A. Alb^s,
Medecin adjoint dc I'Asile de Marseille. Interne des Asiles de la Seine.
Au cours d’un interessant article public dans le Journal de psy¬
chologic nor male et pat hologique 4 , M. Janet fait observer avec
raison qu’une explication psychologique du « dej& vu ;; doit tenir
compte essentiellement de tous les phenombnes qui font escorte &
ce trouble et en particulier des ph4nom&nes d’hesitation et d’in-
certitude.
L’auteur a bien mis en evidence, dans ce travail de critique, la
perte du sentiment de la realite presente qui se trouve fondamen-
talement 4 la base de la fausse reconnaissance, ph4nom£ne qui
parait 4tre plut6t la negation du present que Vaffirmation du pas¬
se. Ce qui caracterise avant tout un sujetatteint de pareilles illu¬
sions, e’est qu’il a perdu le sentiment que nous avons normale-
ment de faire partie de la realite, du monde present en un mot.
1 P. Janet. A propos du k dejii vu ». (Journal de psychologic normale et
pathologique, l‘J05).
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FOLIE DU DOUTE ET ILLUSION DE FAUSSE RECONNAISSANCE 13
I/observation suivante en offrant chez un mdme malade des
exemples altematifs d'affirmation de VirrealiU etde negation de la
reality en matidre de reconnaissance, confirmepleinement lesvues
du savant psychologue.
Monsieur C... vient d’etre arrdtd b la porte du Ministdre de
l’lnterieur, oti il voulait pdndtrer en dehors des heures rdglemen-
taires, pour y demander le resultat d'une reclamation adressde
par lui & la Chambre des Deputes. Cette reclamation avait pour
but, disait-il, de provoquer la revision de tous les « actes de nais-
sance inscrits depuis 1870. La confusion rdgne dans lesdtats ci-
vils, ajoutait il, et il est temps que chacun sache ddfinitivement
qui il est, d’oh il vient et oh il va ».
Conduit b l’lnfirmerie Spdciale du Ddp6t, C... nous apparait
corameun homme de forte constitution, plein de santd physique
et sans troubles somatiques apparents. Les pupilles sont ldgdre-
ment en myosis, mais elles sont dgales et rdagissent bien. La pa¬
role est claire, sans accrocs, et le discours est assez suivi.
Le malade est un enfant naturel et ne peut fournir aucun ren-
seignement sur son pdre. Sa mere est morte d’une maladie de
coeur. Il ne peut nous ddifier davantage sur ses antecedents fami-
liaux. Parcontre ses antecedents personnels nous sont bien con-
nus. Ce n est pas la premiere fois que C... est soumis & notre exa-
men, car, en 1904, il fit un sdjour assez court d’ailleurs & l’lnfirme-
rie Speciale et fut envoyd b l’Asile Ste-Anne avec un certificat du
D r Gamier, constatant un certain degre d’affaiblissement intellec-
tuel peut-dtre dh b un appoint alcoolique, avec idees de persecu¬
tion et hallucinations probables. Des cette epoque, des illusions de
fausse reconnaissance avaient ete notdes,
Le malade a toujours ete en butte & la malveillance de son en¬
tourage dont les reprdsentants se deguiseni sous des formes va¬
rices pour mieux l’abuser. Depuis 8 ans surtout, il s’apergoit qu’on
cherche b l’empecher de travailler: des gens de haute situation se
sont presentes chez ses patrons successifs, sous le masque de ma-
nouvriers misdrables pour le denigrer et lui faire perdre sa
place. Aussi a-t-il ete remercid mainte fois'et chassd de nom-
breux postes. On a mdme tentd de i’estropier et de l’empoisonner.
Les laitiers, les dpiciers etles boulangers de son quartier frelatent
les aliments qu'ils lui vendent pour porter atteinte & sa santd.
Dans les rues, des gamins lui « montrent leur derriere » pour
faire croire au public qu’il a « des passions honteuses ». Au reste,
il ne peut designer plus spdcialement telle ou telle personne corame
dtant lauteur de tous ces mauvais traitements, car les persdcu-
teurs changent de figure a loisir , et cost une veritable association
proteiforme qui attente b sasdcuritd et h son bonheur.
• Il semble toutefois que ces iddes errondes se soient singulidre-
rnent attdnudes b une dpoque, car vers le mois d’octobre 1905, C...
obtenait sa sortie de l’Asile.
La sedation fut de courte durde. La Prefecture de Police ne tarda
pas b Otre harcelde de ses reclamations. On retrouve dans ces der-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
nifcres l’empreinte incontestable d’un deiiredont le caract&r e palin
gnostique detait s’etaler devant nous dans loute sa nettete.
C... conduit de nouveau & i'lnfirmerie Sp6ciale pourle motif que
nous avons indique, prend l’un de nous pour son neveu etse telicite
d une pareille rencontre. Presente au D r Legras, il reconnaiten lui
«le President de la Chambresyndicale des notaires ». Iltrouveegale-
ment parmi les gens du personnel un ancien manufacturier chez
lequel il a travaille 15 ans auparavant. Par le guichet ouvert qui
met sa chambre en communication avec le couloir, il interpelle les
autres malades au passage :« Tiens, Auguste! qu’est-ce que tu
fais 1& ?... »
Au reste, C... n est pas sans s dtonner de toutes ces coinciden¬
ces. Il en exprime sa surprise, et m6me son angoisse. « Je n'y
comprends rien, nousdit-il... Comment se fait-il que tous ces gens
de connaissance soient reunis dans un m6me endroit ?... » Et il
nous conte ses apprehensions b cet egard : a Depuis quelque
temps, dit il, je nesais plus comment je vis... tousles gens queje
vois, il me semble que je les ai dej£ vus... je ne saisplus reconnai-
tre le vrai du faux... L’autre jour, j’etais entre dans une eglise, et
j ai cru y voir ma fille qui est morte depuis longtemps... j’ai eu
une telle impression que je suis sorti comme un fou... Ce sont sans
doute « ces miserables » qui transforment tout devant moi, au
moyen du radium ou du telephone comme ils se transforment
eux-memes... Ils me feront perdre la tete, car je ne sais plus si
je dois croire & la realite de ma propre existence ».
Et il dit vrai en s exprimant ainsi, car & ses illusions de recon¬
naissance viennent se joindre des illusions de non reconnaissance ,
— si l’on peut ainsi s’exprimer — qui se traduisent par Yincertitude
sur une impression perdue, de meme que les illusions de reconnais¬
sance se traduisent par la certitude sur une impression non per -
que.
Cette folie du doute est dejfc patente dans la demarche qui pro-
voque l arrestation du malade. C... en arrive & emettre des doutes
sur sa propre naissance ; il reclame des edaircissements sur son
identite et sur l’identite de ses semblables.
Les memes troubles eclatent devant nous d’une maniere en
quelque sorte extemporan6e. Mis en presence de Mile T... qu’il a
deje vue & plusieurs reprises, il s’exprime ainsi : « Je voudrais
dire que je vous reconnais, mais je n ose pas l’aflirmer... J’ai ete
trompe tant de fois de cetle fagon ! Je ne dirai done pas que e’est
vous que je vois... je dirai seulement que e’est une image sembla-
ble e la vdtre ».
Mais e’est dans l’objet de sa derniere reclamation & la Prefec¬
ture de Police, que se revde d’une facon particulierement interes-
sante ce doute de la reconnaissance. C... a perdu sa femme, il y a
18 ans, il l’a enterree, il en a porte le deuil et ne s’est jamais re-
marie. Aujourd’hui et d une fagon retrospective, il doute de l’iden-
tite du cadavrequ’on lui a presente jadis dans la salle d’amphi-
theetre d unhopital de banlieue, en lui disant : « Reconnaissez-
vous votre femme *? » Si je lai recomiue? nous dit il... evidemment
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FOLIE DU DOUTE ET ILLUSION DE FAUSSE RECONNAISSANCE 15
oui... j’ai reconnu une image semblable k la sienna... mais rien
ne me prouve que c’etait elle... ma femme avait une deformation
de la jambe... le cadavre portait, lui aussi, cette deformation, mais
qu’est ce que cela prouve ?... Cette jainbeetait peut etre une fausse
jambe... ma femme avait peut-£tre servi pour des experiences et
c’etait un mannequin qu’on decouvrait sous mes yeux en soulevant
le drap mortuaire ».
De tout ce qui precede, il resulte que C...' en dehors meme des
idees de persecution qui le hantent, vit depuis longtemps dans
un etat de delire paling nostique qui alimente ces idees elles-
mdmes, et menace un jour ou l’aulre de ies rendre prdjudiciables
& la securite des personnes.
Cette situation mentale justifie sa reintegration h l’asile.
Nous trouvons ici une association fort interessante : la fausse
reconnaissance d’une part etle cloute des identites d’autre part.
Le malade croit reconnaitre des personnalites qu’il n’a jamais
vues, et cette illusion atteint chez lui un tel degre d’intensite que
1* image subjective qui vient s'adapter malencontreusement&la per¬
ception reelle peut etre multiple: c’est ainsi que dans une seule
personne rencontree dans la rue, le malade a cru reconnaitre & la
fois « un homme d’affaire, » « un receveur des postes » et a un
alidne de Vaucluse ». Les diflerents elements de cette impression
triple ont 6te pour ainsi dire simultanes, ou s’ils ontete succesifs,
ils se sont succede avec une rapidite suffisante pour faire croirefc
leur quasi-simultaneite*
Par contre, le malade n est pas stir de reconnaitre des person¬
nalites qu’il a dejfc vues en’ realite ; il doute des identites. Et sans
cesse ballotte entre ces representations neuves qu’il tient pour
anciennes et ces representations anciennes qu’il tient pour nou-
velles, il vit dans une incertitude veritablement afTolante entre le
present et le passe, entre les souvenirs faux qu’il croit vrais et les
souvenirs vrais, dont la realite ne lui parait pas evidente. C’est
une fantasmagorie penible au milieu delaquelle son esprit s’egare,
abandonnant tout criterium, laissant echapper tout moyen de
repdrage dans l’espace et dans le temps, pour se debattre dans un
chaos d'irrealites acceptees et de realites meconnues.
Dans cette association singuliere en apparence, il n’y a rien que
de tr&s rationnel pour le psychologue. Comment l’exp^rience
passee de i affirmation abusive ne ferait-elle pas eclore par une
reaction naturelle Xhesitation sgstematique dans l’affirmation ?
Comment l’esprit desabuse mainteet mainte fois dans ses recon
naissances maladroites, ne se tiendrait-il pas eh garde, & l’avenir,
contre la faillibiiite sans cesse demontree de ces reconnaissances
m6mes ? Comment le doute enfin, ne naitrait-il pas de la certitude ,
quand la certitude est ebranlee dans ses bases, & chaque instant
de la duree ? C’est bien 1& ce que nous observons chez cet homme
qui affirine telle reconnaissance sans fondement et qui craint de
souscrire & telle autre dont l’authenticite nesoul&ve aucune objec¬
tion... chez cet homme qui reconnaissant tout, partout et toujours,
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REVUE DE PSYCHIATRIE
en arrive b ne plus vouloir reconnaitre rien, nulle part et ja¬
mais.
Ce lien logique, n’est pas le seul qui fasse trait d’union entre les
deux modalit^s du trouble. Ges deux modalites que l’on pourrait
appeler « positive et negative » emanent d’un m£me m6canisme.
La seconde n’est pas forcement un corollaire secondaire et comrae
une deduction tardive de la premiere : elle a son autonomie et la
meilleure preuve est qu’elie vit isolee dans ce syndrome morbide
qu'estia « folie du doute ». Mais elle a de commun avec la pr6cd-
dentece que l’aboulie a de commun aveci’impulsion, et en 6tablis*
sant cette sorte d’^quation, b savoir que l’iilusion de fausse recon¬
naissance est b la folie du doute ce que i'impulsion est b l'aboulie,
nous signalons du m6me coup une communautd de terrain qui
s’aflirme jusqu’fc levidence : la d^gdndrescence mentale.
Quoi qu’il en soit, ce qui domine dans la psychologie de sembla-
bles malades, c’est l’incapacitededistinguer la r^alite de I’irr6alit6,
le present de ce qui n’est pas le present, l’objectif de ce qui est le
subjectif. Leur etat est modilte de telle sorte que le maximum de
d^sordre se produit quand il s’agit d’6ffectuer une operation por-
tant sur la rdalite concrete et actuelle, et surtout quand il s’agit
d’effectuer une dissociation de cette r6alit6 concrete et actuelle ,
d’avec ce qui est I’dbsirait , Uimaginaire , le subjectif en un mot.
Ces considerations nous conduisent aux m£mes conclusions psy¬
chologies et cliniques que M. Janet.
On doit admettreavec cet auteur qu’il existe une fonction men¬
tale qu’on peut appeler la « presentification », ou, pour 6viter les
nekdogismes, la « fonction du reel » laquelle consiste b « rendre
present un etat d’esprit ». Faut-il rattacher cette fonction a des
Elements moteurs comme l'ont propose James et Bergson, en
admettant avec ces auteurs que « le present est caract^risd par
une excitation b l’activite et b l’6motion » ? Ou bien faut-il dire
avec Ribot que cette fonction du r6ei ddpend d’un 6tat particulier
de la ccenesthesie ? Peu importe. Toujours est il qu’au point de
vue clinique, si Ton cherche dans quelles conditions cette fonction
du r£el est alt6r6e, on constate que ces conditions sont toujours
celles oil il y a un abaissement de la tension nerveuse, un relAche-
ment qui supprime les fonctions elev^es en ne laissant subsister
que les fonctions inferieures (psycholepsie).
Ges conclusions relatives b des cas pathologiques comrae celui
que nous venons d’^tudier, sont en parfait accord avec la th6orie
que nous avons dmise pour expliquer le ph6nom6ne du « d^jdi
eprouve » d^crit par nombre de litterateurs et de psychologues,
phdnomfcne auquel des sujets parfaitement normaux peuvent Gtre
conduits par un etat de fatigue ou par quelque autre disposition
passagkre dont le mode d’action nous echappe bien souvent. Dans
ce travail* nous distinguions en principe le phenomSne du « d6j&
6prouv6 » ou du « d6j& vecu » d’avec l’erreur de la « fausse recon-
1 Dromaiid i£T Abbks. — Essai tiUorique sur /’ aittusion de fausse reconnais¬
sance )> {Journal de psychologic normale et pathologiqne 1905.)
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HYSTERIE ET SUICIDE
17
naiss ance », telle que nous venons de l’etudier, et cette distinction
est tegitimee par plusieurs arguments.
L'illusiondu « dftjft eprouv6», phftnomftne simplement anormal,
se presente comme une aberration transitoire n’impliquant fonda-
mentalement aucune alteration du jugement. Son objet est vague •
u setend ft tous les modes depression et se traduit par ce qu on
est convenu d’appeler un fttat d'ftme. En vertu de cette aberration
totale mais fugitive, le sujet a pendant un temps trfts court ie
sentiment de revivre une tranche de vie dftjft ftcoulde; si bien que
ce n est pas un simple complexus de perceptions ddfinies qu'il
croit reconnaltre ; c’est son « tout lui-mftme » d’une dpoque passfte
qu u retrouve dansle present.
La fausse reconnaissance, symptome pathologique, se prftsente
au contraire comme une croyance erronnde qui se continue et im-
P l < l U f« f0ndamenlalemeDt une all6ration du jugement. Son objet
est dftfim ; ll s’fttend soit ft un groupe de personnes et de choses,
soit ft telle personne ou ft telle chose isolftment. II ne s'agit plus ici
d une impression vague, mais d’une perception dftterminfte, por-
tant sur une unit6 ou sur un groupe d’unit^s.
OBSERVATION
HYSTERIE et suicide
P ar Paul Courbon
(Interne it ianile de Villejuifi
Les ldftes et les tentatives de suicide sont fr^quentes dans l’hvs-
tene. P usieurs auteurs les ont fttudiftes et les explications diver-
ses qu ils en fournirenl permettent de distinguer sur ce sujet
deux thrones differentes. J
La premiere en date est celle qui consid&re Ie suicide des hvs
tdriques comme une comddie. ‘ *
Taguet', en 1877 formule ainsi cette conception : « II existe une
cat^gone de malades chez qui le suicide n’est qu'une fantaisie une
mise en sefene n’ayant d’autre but que celui de fixer l’attention
publique, de faire du bruit, d'affliger leurs -parents et leurs amis
pour vaincre les resistances qu’on oppose ft leurs desirs, un be
soin de faire du mal, dftt il entrainer aprfts lui la ruine et le dft-
shonneur i nous avons nomine les hystftriques. »
Tardieu 2 , en 1880 emet le mfime avis lorsqu’il dit que chez ces
malades le besom de mentir peut les porter jusqu'aux extr^mites
les plus funestes.
Huchard 3 , en 1883 insiste sur le soin avec lequel l’hystfirique
Tacuet. Annalcs medico psychologiques 1877 raai, p 3'iG
4 Takdieu. Elude mtdicolegalc sur la folie 1880 p 170
5 Hl'Ciiakd. Train des ntvvoses 1883, p. 961
2
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18
REVUE DE PSYCHIATRIE
dramatise ses idAes de suicide, annongant urbi et orbi qu’elle veut
se tuer et n'en arrivant pas k ('execution.
Legrand du Saulle 4 la mAme annee faisait cette remarque : « Si
la mise en sc&ne ne fait genArslement pas defaut, le plus souvent
1’hystArique s’arrAte en route etle suicideest rarementconsommd. »
En somme d’apr&s ces auteurs ie suicide dans 1'hystArie ne se
rencontrerait qu’A l’6tat d’idee plus ou moins fantasque et ja¬
mais comme fait. Cependant les cas d’hystArlques s’Atant donne
la mort sont reels. Nous venons de voir que Legrand du Saulle
luimAme admettait ieur existence quoique k titre exceptionnei.
Bien avant lui Morel 2 en 1860 avait rapportd l’histoire d'une jeune
fille hystArique qui poussAe k bout par une mAre acariAtre, s’Atait
dans un moment de desespoir precipitee par la fenAtre; et il
expliquait l’acte de cette malade par « 1’instantanAite » habituelie
des reactions chez les hysteriques.
Aussi une deuxi&me theorie s’est-elle AlevAe contre la prAcd-
dente : les idees de suicide dans 1'hystArie ne sont pas simulAes;
elles sont sincAres.
Pitres 3 le premier en 1890 a combattu la conception jusque Xb
classique de la mentalite hystArique. « On a beaucoup exagArA,
dit il, l’amour des hysteriques pour la simulation et cela parce
qu’on a syslematiquement attribuA k des supercheries les pheno-
mAnes qu'on necomprenait pas... Ceux-ci peuvAnt Atre l’expres-
sion trAs sincere d’une hallucination ou d’une systematisation
dAlirante ayant pour base un phAnomAne pathologique trAs
reel ». Appliquant ces remarques aux tentatives de suicide des
hysteriques il les explique « comme Atant ie resultat d’une de
termination soudaine, irreflAchie ; mais rien n’autorise k les
considerer comme une comAdie grossiAre jouAe par des simula-
trices pour se rendre intAressantes ou alarmer leur entourage. »
Colin 4 la mAme annAe adopte la meme opinion. De plus il fait
cette remarque que la plupart du temps, pour que la tentative de
suicide ait lieu, il faut qu’il y ait association de la dAgAnArescence
k 1’hystArie « k part quelques cas exceptionnels, il n’y a que les
aliAnAsqui se tuent. »
Sollier :i en 1897 se rallie A cette doctrine. « On peut voir, dit-il,
les idAes de suicide persister avec une grande tAnacilA sous forme
d idees fixes et elles aboutiraient certainement plus souvent, si la
volonte de ces malades Atait plus forte, si leur indecision Atait
moins grande, si une impression quelconque ne venait pas k tout
instant Abranler leur determination... La difficult© qu’elles ont de
passer de l’idee k l’acte est certainement dans le plus grand nom-
bre des cas, la cause qui les empAche de se tuer. »
1 Legrand du Saulle. Les hysteriques 1883, p. 303.
2 Morel. Traite des maladies mentaleS I860, p. 674.
3 Pitres. Du suicide des hysteriques. Bulletin medical 10 sept. 1890.
Lemons sur I'liystthie et ihypnotisme 1891, tome II p. 53.
4 Colin. Essai sur l'Hat mental des hysteriques 1890, p. 200.
0 Sollier. Gcnise et nature de Vhystthie 1897, tome I p. 470.
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HYSTERIE ET JjUIClDE 19
Gilles de la Tourette et Gasne 1 en 1902 defendent la nteme tlteo-
rie.
Ritti 2 d’ailleurs en 1884 avait 6tudte toute une serie de tentatives
de suicide serieuses, d^pouiltees de toute mise en sc6ne. « Sous
Tinfluence d’une contrariete souvent de peu de portee dit-il, l’hys-
terique cherche b se faire du mai. »
De plus en plus la conception de Pitres tend & prdvaloir et Ton
admet que dans la majority des cas les tentatives de suicide des
hysteriques sont sinc&res.
Viallon 3 dans son 6tude du suicide et de la folie nous semble
avoir donn^ de la question un resume exact. II divise les hysteri¬
ques envisagees au point de vue du suicide en 3 classes :
1° Les .hysteriques non alten^es. Chez celles-16 on n’a affaire
qu'& de simples menaces de suicide ou b des tentatives ordinaire-
ment sans danger, mais qui peuvent aller jusqafc l’execution si
on pousse b bout ces malades, en les provoquant ou en fei-
gnant de ne pas croire b leur desespoir. Ce sont ces cas pour les-
quels la theorie de Taguet 4 est juste. Cet auteur cite comme
exemple la fin tragique de la duchesse de Prie, ancienne maitresse
du due de Bourbon qui, en 1727 b l'dge de 29ans dans l’^panouisse-
ment de sa beaute et l’Gclat de ses triomphes mondains, s’empoi-
sonna entre les bras de son amant, le jour nteine qu’elle avait db
signe depuis plusieurs mois. Cette histoire rappelle Taventure que
Brieux a mise b la sc&ne' l'an dernier. Charlotte l’lteroine
des Hannetons pourrait done 6tre rang£e parmi les hysteriques de
cette categorie. Pour emouvoir ses amis dontelle desire l’interces-
sion auprfcs de son amant, elie leur annonce par 6crit qu’elle va se
suicider du haut du Pont-Neuf b 3 heures de l’aprfcs midi, esp^rant
bien qu’ils ne lui permettront pas d’ex^cuter son funeste projet
Malheureusement son ecriture est si mauvaise que tous lisent 5au
lieude 3. Aussi apr&s une heure d’attente impatiente, ne voyant
arriver personne, dans un moment de depit, elle se pr^cipite reel-
loment par dessus le parapet.
2° Les hysteriques en etat ded61ire. Pendant les crises ou b leur
suite les tentatives de suicide sont frGquentes. Elies sont duesalors
b une hallucination terrifiante devant laquelle le malade veut fuir
et dans son trouble il stelance par la fen^tre ou enjambe une ba¬
lustrade. Plus rarement e’est une hallucination imperative qui en
est la cause.
3° Les hysteriques alten^s. Les idees de suicide dependent alors
de l'altenation concomitante qui le plus fr^quemment est la dege-
n^rescence mentale. Les idees et les tentatives de suicide rev&tent
alors tous les caracteres des obsessions et des impulsions \terita-
bles. La plupart des hysteriques qui se donnent la mort ou d6si-
rent mourir doivent hire ranges dans cette derni&re classe.
1 Gilles de la Tourette et Gasne. L'hystcrie; in traitt de mfrlccine de
Brouardel et Gilbert 1902, tome X p. 304.
2 Ritti. Suicide in-Dictionnaire encyclopJdtque des sciences medicates
1884, xiii p. 313.
3 Viallon. Suicide et folic in Annates medico psychologiques, 1902 t. lip. 397.
4 Taguet. Loco-citato, p. 347.
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20
REVUE m PSYCHIATRIE
*
* *
Nous allons exposer maintenant l’observation dun malade du
service du D T Pactet, atteint d’hysterie, qui k diverses reprises, et
dans des conditions differentes, essaya de'se suicider ;
H., 17 ans 1/2 entr6 k l’asile de Villejuif le 6 septembre, est le
fils d’unem&re tr&s Emotive, sujette & des crises de larmes et morte
de tuberculose pulmonaire. II a perdu un frfcre emport6 d une ma-
ladieinconnue k lAge de 3 ans. II ne se connait pas de parent
altene.
Personnellement il fut atteint de diverses affections : scarlatine,
angines, grippes, bronchite, mais.ne presenta jamais de convul¬
sions pendant son enfance.
A l’^cole il se fit remarquer par sa facility au travail et par les
succfcs quit remportait; mais k l’&ge de 14 ans; ses maitres qui le
trouvaient trop avancd pour son &ge, ayant voulu lui faire redou¬
bler une classe il en fut tr&s contrarie et fit tous ses efforts pour se
faire retirer de Tecole oil il s’ennuyait au point de pr^ferer la
mort plut6t que la prolongation d une telle existence. L’annee
s'6coula en discussions avec sa famille k ce sujet jusqu aux vacan-
ces de Piques. A ce moment pour provoquer sa sortie il employa
le stratageme suivant : il imita la signature de son p&re
sur son carnet scolaire. Mais une fois le fait d^couvert il eut
peur du ch&timent paternel; la crainte de la correction et la tris-
tesse qu’il 6prouvait en sentant que cela ne suffirait peut-6tre pas
k le faire renvoyer de l’ecole le plong^rent dans un grand ddses-
poir. En quittantses camarades il leur dit que jamais il n’oserait
rentrer chez lui. Apr&s avoir rode par les rues, il gagna la Seine,
posa son cartable et s’avanga dans l’eau. A ce moment 2 amis qui
l’avaient suivi & son insu, se precipiterent sur lui en appelant k
l’aide. Un pontonnier accourut le saisit, le giflla en le grondant
vivement et le remit aux camarades qui le ramenfcrent chez un
professeur qu’il affectionnait particuli^rement, et oil ses parents
vinrent le chercher.
Ceux-ci ne le renvoy&rent plus k l'^cole et il entra comme
employ^ chez un m(Hreur v^rificateur, debutant avec un g8in
mensuelde 25 francs qui s’eleva peu k peu jusqu’k la somme de
180 francs.
Cependant ce malade ne fut jamais content de son metier qu'il
ne garda que conlroint par son pere. Il changeait constamment
d’idees desirant toujours une nouvelle profession: soldat, com-
mergant, fonctionnaire, malelot, etc.
Un doute continuel accompagnait toutes ses actions ; il ne savait
jamais s il avail rdellement execute ce qu’il avails faire ; remon-
tait plusieurs fois les escaliers pour s’assurer qu'il avail bien
ferm6 sa porte k clef, retournait plusieurs fois une lettre pour
voir si elle^tait cachelee, se fouillait constamment pour constater
la presence de son porte-monnaie, etc.
Toujours inquiet de son avenir, il avail toujours peurde ne pas
reussir, et craignait d’echouer dans chacune de ses demarches.
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HYSTERIE ET SUICIDE
21
Cette crainte allait parfois jusqu’ft l’angoisse et se reproduisait
chaque fois qu’il avait affaire bvec quelqu’un dont la situation lui
paraissait supftrieure ft la sienne. Une sftcheresse de la bouche
paralysait sa langue, le faisait balbutier et un tremblement gftnft-
ral lui agitait le corps pendant toute la durde dela conversation.
Cette emotivity s’exagerait pendant les discussions, et des cri
ses de larmes abondantes amenant un soulagement immediat se
repfttaient fr^quemment chez lui.
Son sommeil est toujours entrecoupd de cauchemars ; il a des
rftves professionnels, se rftveiile fnkjuemment en sursaut, sa
chambre lui parait immense et noire, les objetsqui s y trouvent
lui semblent deformds, l’armoire Margie, les chaises allong^es, les
murs tordus, etc. Chaque fois il est oblige de se lever et d’aller
par le toucher se rendre compte de son illusion.
A l'ftge de 15 ans, lors de la mort de sa mere, il eut sa premiftre
crise convulsive. 11 tomba ft terre sans perdre connaissance etse
debattit pendant quelques minutes.
En novembre 1905. ft la suite d’une discussion violente avec son
pftre qui ne voulait pas lui laisser quitter son metier pour
prftparer le concours de i’ecole de Saint Maixent, il eut un accfts
de d^sespoir. La nuit qui suivit, il ne put dormir, l'id^e de mou-
rir le tint continuellement ftveille. Le lendemain il alia ft son
bureau, dftjeuna seul et l’aprfts-midi. sachant que personne ne
seraitft la maison il rentra avec i idee de se suicider. Il prit Ie
revolver que son pftre laisse toujours dans le tiroir d’une table
de toilette, mais au moment de le charger, hftsita quelques ins¬
tants puis eut peur de la mort et s’enfuit. Il ne parla de cette
tentative ft personne.
Peu aprfts il s’eprit d’amour pour une jeuue fille de son ftge qu’il
avait connue dans son enfance et que des circonstances rappro-
chftrent de lui ft ce moment. Ils eurent des rendez vous quotidiens
pendant lesquels ils formaient des projets d’avenir, elle serait
institutrice et dfts qu’il auraitune situation, il l’epouserait. Ce d^sir
d’avoir plus rapidement une situation augmenta son inquietude :
les scftnes de families se multipliftrent, le pftre (Hant hostile ft ce
manage. Si bien qu’un soir de janvier 1906 ils’empara encore du
revolver, le chargea de 2 balles et alia dire adieu ft sa bien-aimee,
lui declarant que desesperant de vaincre les difficulty du sort, il
allait se suicider. Celle ci affolee, employa toutes ses forces pour
le consoler, l’assura qu’elle saurait attendre le jour de leur union
et lui fit jurer de renoncer ft son funeste projet. If avait pourtant
bien l’intention de mourir ft ce moment, nous declare-t il, et cette
id6e le poursuivit encore piusieurs jours car il garda l’arme
chargfte dans sa poche, portant frequemment le doigt sur la
detente, mais la promesse jurde et aussi avoue-t-il, la lftchete,
arrfttftrent toujours son bras.
En fevrier dernier il eut une grippe de 15 jours ft la suite de
laquelle son caractftre fut plus inquiet qu’auparavant. Il changea
3 fois de patron en 40 jours, modifiant continuellement ses projets
dans sa hftte d’avoir une situation. Son pftre, ne voulait pas lui
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REVUE DE PSYCHIATRIE
laisser quitter la carri&re choisie et .pour laqueile il avait des apti¬
tudes, puisque de 17 ans il gagnait 180 fr. par mois ; les dis¬
cussions furent plus violentes. Un matin du mois d’avril dernier,
sans avoir prevenu ses parents auxquels il laissa une lettre d’ex-
cuses, il partit pour le H&vreavec une trentainede francs espdrant
s’engager sur un paquebot ; on ne voulut pas laccepter sans
Tautorisation paternelle. Apr£s avoir depense ses quelques res-
sources, il se rendit dans une famille alli^e des siens qui habite
ce port et c'est 1& que son p&re vint le prendre.
De retour h Paris il chercha une place, menant une vie de
d^soeuvr^, continuellement en querelleavec son p&requi lui repro
chait son inconstance. Au commencement du mois d’aoCit se trou-
vant chez des amis il futpris dans l apr^s-midi d’un violent mal
de tde.,11 semblait confus, repondant mal aux questions qu’on lui
posait : et r£p£tait continuellement se parlant h lui meme avec
excitation : « Je trouverai de l’ouvrage, je trouverai de l’ouvrage »
puis brusquement il £ciata en pleurs, tomba, se roula dans des
convulsions de tous les membres, recourbe en arc de cercle,
rebondissant d un coin de la pi&ce fit l’autre, crianthaut : oh l'en-
tendait calculer, donner des ordres h des ouvriers imaginaires
plusieurs fois on le vit s’dancer vers la fenGtre, repetant d'une
voix angoiss^e « chassez-le, chassez-le, il veut me faire du mal. Je
veux me tuer ». Cela dura 2 heures. Enfin il s’endormit et passa
une bonne nuit. Le lendemain au r^veil il ne se souvenait de rien
et causait d’une fagon sensee.
Mais pendant la journ^e et pendant les jours qui suivirent, des
crises analogues se reproduisirent presque sans interruption.
C’est pour cela que l’on se d^cida h le faire interner.
Le malade a conserve de ces crises un souvenir tr£s confus et
dont il a surtout puise les elements dans les remits qui lui en furent
faits. 11 se rappelle 6tre entry & l’infirmerie du d6p6t un dimanche
soir et n’avoir repris connaissance que le mardi matin. On lui
raconta qu’il eut des attaques pendant cet intervalle.
Il a recouvry russge de toutes ses faculty ; rdpond intelligem-
ment aux questions qu’on lui pose ; avoue qu’il a un caract£re
faible et qu’il avait tort de ne pas vouloir se maintenir dans la
profession oil il r^ussit; assure que dor^navant ilcontinuera dans
cette carrifcre et ypousera apr&s son service militaire la jeune fllle
qu’il aime et dont il est aimy. A l’examen on constate : une
hemianesthesie droite complete avec abolition de la sensibility
testiculaire de ce c6te. La pression de la region sous mammaire
gauche et de la fosse iliaque gauche d^celent la presence de 2 z6nes
hystdrogynes. Les reflexes pharyngien et corn^en sont abolis. Le
champ visuel est notablement retrod ; il n’y a pas d’achromatop-
sie. La pupille droite est un peu plus grande que la gauche mais
toutes deux r£agissent parfaitement & la lumtere et & I’accommo-
dation.
*
* *
Le malade dont nous venons de raconter l’histoire est done
atteint h la fois d’hystyrie et de dygdiyrescence mentale.
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hyst£rie et suicide
23
Ses crises convulsives qui lui secouent tout le corps dans des
conlorsions exagdrdes, qui s’accompagnent d un delire hallucina-
toire malgrd lequel des questions rep6t6es obtiennent des reponses
exactes, qui ne sont suivies d’aucun trouble sphinct6rien, d’au-
cune morsure de la langue, d'aucune cicatrice, sont au m6me titre
que les stigmates signals ci-dessus la preuve de son hysterie.
Mais celle-ci n est devenue 6vidente que depuis quelques mois.
La crise larvae qu’il eut il y a 2 ans lors de la mort de sa m6re
avait 6t6 jusque 16 la seule manifestation convulsive.
Au contrairo, l’instabilite mentale qui le fait constamment
changer d’idee, la mobility de ses gotits qui le pousse 6 abandonner
un metier qu’il a choisi et oti il excelle, la folie du doute qui chez
lui est pouss6e 6 un haul degre, l’asymetrie faciale dont il est
porteur, la tare h6r6ditaire qui est en lui, tous ph6nom£nes anor-
maux ayant apparu depuis plusieurs anndes prouvent que sa
d6g6n6rescence mentale date de longtemps.
Pour ce qui est du suicide, il faut distinguer chez lui lestentati-
ves de suicide qu’il accomplit pendant ses crises et les idees de
suicide qu'il prdsehta 6 diverses reprises en des moments de sa
vie oil il n'avait aucun delire.
Les premieres naissent brusquement sous l’empire d une hallu¬
cination visuelle dont le malade garde le confus souvenir. Il voit,
nous raconte t-il, une masse sombre s'allonger vers lui «si je
m’dlance vers la fenStre, nous dit-il, ce n’est pas pour me suicider,
mais c’est pour m’echapper plus rapidement ». Et en effet les mots
suivants qui concordent parfaitement avec l’explication qu’il
fournit, reviennent toujours dans sa bouche pendant ses crises.
« Chassez-le, chassez-le, il va me faire du mal, je vais me tuer. »
Il n’y a done pas 16 tentive de suicide veritable ; ceserait sans le
vouloir qu’il se tuerait.
Bien diffdrentes sont les idees de suicide qui dans un 6tat
de luciditd parfaite l’assaillirent plusieurs fois. Ce sont des
acc6s de d6sespoir qui donnent au malade le d6goht de la vie
et le d6sir d’en sortir. La premiere fois il n’avait que 14 ans 1/2 :
c’est la crainte de la correction paternelle brav6e volontairement
par lui qui tout d'un coup l’effraye au point de le decider 6 en fi-
nir.
La seconde fois 6 l’6ge de 16 ans 1/2, ce sont les ennuis accumu-
16s pendant plusieurs mois de discussions qui 6 la suite d’une
sc6ne de famille plus violente, rappellent 1’idee de mourir. Pen¬
dant toute une nuit il ne put s’endormir, continuellement tenu
en 6veil par cette idee obs6dante. Elle le poursuivit le lende-
main matin ; afin de lui ob6ir il calcule le moment ou il n’y
aurait personne 6 la maison pour y revenir dans l'apr6s midi. Il
saisit le revolver ; mais au moment de le charger comme si cette
6bauche d’exdcution eut suffi. l’obsession se.dissipa devant la
peur que lui causa la vue des balles. Il retourna 6 son travail, de¬
cide 6 recommencer la iutte et ne pa rla de cette tentative 6 per¬
sonne. Ce n’est que longtemps apr6s qu’il la conta 6 ses parents.
Mais 2 mois plus tard, 6 la suite d’un chagrin d’amour (refus de
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24
REVUE DE PSYCHIATRIE
son pfcre de jamais lui laisser epouser une jeune fille qu’il aimait)
il est replongd dans un grand desespoir. II s’empare du revolver ;
au moment de s’en servir il hesite encore ; pour gagner du
temps il veut aller dire adieu h sa fiancee ; celle-ci le console, lui
fait promettre de ne pas se tuer ; ndanmoins pendant plusieurs
jours il garde l'arme dans sa poche, etquand il estseul, s'enhardit
jusqu’fc mettre le doit sur la detente mais son geste ne va jamais
plus loin. Enfin persuade que malgre son degotit de vivre il n’aura
pas le courage de s’arracher h I’existence, il remet le revolver & la
place oh il Pavait pris.
Danstoutes ces tentativeslh il n’y eut rien de thd&tral, au lieu de
convier des spectateurs h ses derniers moments, c‘est gdn^rale-
ment dans la solitude qu’il a essayd de se faire disparaitre sans
jamais en avoir le courage. Ses resolutions d’en finir avec la vie
n’etaient prises, qu’aprhs plusieurs jours pendant lesquels les
idees de suicide avaient assiegd sa conscience avec l’obstination
d’une vdritable obsession. Aussi les idees de suicide parfois sui-
vies d’un commencement d’execution, que prdsente notre malade
en dehors de ses crises doivent-elle etre considerees comme sinch-
res et relevant de la degenerescence mentale dont son hysterie se
complique.
Cette observation nous a paru interessante parce qu’elle est une
confirmation de cette opinion dejh emise par plusieurs auteurs
et notamment par M. Colin que lorsque lo suicide apparait dans
l’hysterie c’est qu’alors le plus souvent elle s’accompagne de de-
g^n^rescence mentale.
LETTRE ETRANGERE
LETTRE AMERICAINE
Par le D r C. B. Burr
d ’Oak Grove Hospital , Flint. (Etats-Unis)
(Traduitc par M. L. Marchand)
Les diverses societes am^ricaines se sont reunies en juin, ce qui
fut appr^cid de tous ceux qu’interessent la neurologic, la psychia¬
tric etles questions analogues. Les stances des societes American
Neurological, American Medical, et American Medico Psycholo¬
gical se tinrent h Boston en juin, pendant plusieurssemaines suc-
cessives. L’assistance y fut des plus nombreuses et le succ&s de
ces reunions des plus prononces.
Au congr^s de Boston, il fut clairement demontre que ces reu¬
nions medicales etaient utiles aussi bien aux ntedecins ordi-
naires qu’aux sp6cialistes. La section de Neurologic et de Psychia¬
tric de l’American Medical Association presenta un programme
tout aussi interessant que ceux des diverses societes qui Pont prd-
cedee ou suivie. L’Antegcan Neurological Association presenta
quarante et une communications en y comprenant le discours du
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LETTKE AM^RICAINE
25
President; il est interessant de remarquer que ie quart de ces
communications traitaient exclusivement de sujets psychia-
triques.
Dans son discours, le President traita des devoirs publics du
neurologiste. Le D r Stedman saisit l’occasion pour dire : « Les
devoirs b remplir vis&vis de la sant6 publique n’appsrtiennent
pas seulement b la neurologie car celle-ci ne renferme pas (outes
les matibres qui doivent appeler notre attention et nos efforts. En
effet l’dldment mental joue un si grand r61e dans la pathologie, la
symptomatology et le traitement des maladies nerveuses que nous
devons tous etre aussi bien psychiatres que neurologistes. Je ne
pense pas que nous savons appr&ner entibrement l’importance
toujours croissante et les progr6s de cette branche de la neurolo¬
gie. D’une mani&re gb n6rale nous les reconnaissons ; mais c'est
seulement quand nous passons en revue, les raisons variees et les
faits qui ont ddtermin^ ce progrbs, que les d^couvertes ont droit
de cit6 chez nous. »
Le D # Stedman qui s’est int6ressd longtemps aux soins b donner
aux alidnds apr&s leur gu6rison, fait une campagne speciale pour
l dtablissement de societ6s de protection aux malades sortis des
asiles. Une socidte de New-York, la State Charities Aid, s’est rd-
cemment engagbe dans cette voie et elle y est aid6e par la soci6td
American Medico Psychological. Quant aux soins b donner b une
autre classe de malades, la classe des non-hospitaiises, il tint
l'dnergique langage suivant: « Nous nexomprenons pas suffisam-
ment qu’il y a 1 b une question de psychiatric pratique qui est en¬
core b d6velopper. Elle a trait b ces cas de malades non internes,
h quelques-uns de ces esprits altenes, d^fectueux, affaiblis ou
attaints de ddmence et b ces cas qui sont sur la fronti&re du vice,
du crime et de Taltenation mentale. Les soins qu’on leur doit sont
distincts de ceux que nous donnons aux malades d’hdpitaux qui
ont une maladie acquise et pour qui la sequestration est reconnue
comme dtant le seul moyen pratique et humain.
En presence des probl&mesqui s’£l&vent, vis-&-vis de cette classe,
problfcmes qui doivent 6tre justes, humains, economiques et pra¬
tiques, le neurologiste trouvera 1 b I’occasion de travailler pour le
bien public. Contrairement aux mddecins d’asiles, !e neurologiste
vit et travaille en pleine soctete, pourrait-on dire; il est plus en
rapport avec l’opinion publique et professionnelie sur ces ques¬
tions. Le m&lecin d’asile vit au contraire un peu sequestre et il
lui est impossible de faire plus que de diriger le traitement, les
soins et la surveillance de la masse de ces alienes places sous sa
charge et de se d^vouer au travail clinique et^ anatomo-ppthologi-
que de son h6pital. Par la nature de sa vie et de Ses devoirs, il lui
est pratiquement impossible de travailler b des travaux concernant
l’intdrGt general. Son assistance doit 6tre cependant limits b don¬
ner des avis et b 6mettre des id6es. Combien sans valeur doivent
Gtre ses conseils dans toutes les questions qui regardent les tra¬
vaux ayant trait aux malades qui vivent en dehors des asiles. Le
succ^stient h la multiplicity des m6thodes qui sont crudes pour sa-
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26
REVUE DE P8YCHIATRIE
tisfaire aux soins varies de tels malades dont les classes sonl si
nombreuses. Jusqu’alors les medecins d’asile seuls ont opere
parmi eux des classements ; cependant, il est ndcessaire que le
neurologiste qui s’occupe des malades en dehors de l’asile et que
l’alieniste qui ne traite que les malades internes entrent en colla¬
boration ; on peul encore penser que ces questions d’interGt general
apporteront aux medecins d’asile de nouveaux encouragements au
travail, forcerontle public k reconnaitre leurs services k la science
et l’Etat ne les considerera plus, comme maintenant, bien au des-
sous de leurs merites. »
La collaboration du secretaire et d’un comite charge du pro¬
gramme pour regler les dispositions des travaux de la Societe
American Medico-Psychological au Congres de Boston eut le
plus heureux effel. Deux importanles questions furent mises k
l’ordre du jour : I’unesur l’instruction des infirmiers, l’autre sur
la demence. La question de la demence comprit: « L’histoire et
la signification du terme demence », « les formes cliniques de la
ddmence paralytique et le diagnostic differential », « les etudes
experimentales sur la demence », « le pronostic etle traitement de
la demence ». La societe American Medico-Psychological est pleine
d’ardeur. Pendant lesquatre jours du Gongres, quarante-neuf com¬
munications y furent faites dont les deux tiers au moins furent
lues in extenso.
La societe designa une commission pour etablir les conditions
minima relatives k l’enseignement des ecoles d’infirmiers pour
alienes; il faut esperer que plus d’uniformite naitra dans cette
question primordiale de l'enseignement des infirmiers. Une autre
commission fut formee pour se mettre en rapport avecla commis¬
sion semblable de la Societe British Medico-Psychological. Elle
est chargee de reunir les deux societes en un Gongres qui aura
lieu dans deux ans.
A la suite d'une communication sur la prophylaxie de la syphilis
faite l'annee derniere k la section de medecine par la societe Michi¬
gan State Medical, une commission de la Societe se forma pour
prendre ce sujet en consideration. Aussi, k un important congres
tenu k Detroit, l’hiver dernier, ce sujet de la prophylaxie des mala¬
dies veneriennes fut traite dans tous ses details. Ce congres fut
suivi par un grand nombre de medecins, par des membres de la
presse, du clerge, des magistrats et par des professeurs emitients.
Des communications de medecins et de civils furent ecoutees et
discutees avec grand intdret. Des specialistes en gynecologic,
ophtalmologie, neurologic et psychiatrie traiterentle sujet k diffe-
rents points de vue. Les idees soulevees k ce congres ont ete des
plus profitables et ont donne des resultats importants. Une com¬
mission permanente a ete nommee, on s’est mis k l’oeuvre dans
les ecoles de garQon, dans les societes de jeunes gens et le plus
grand bien promet d’etre apporte dans cette question d’hygiene
publique.
Dans la section de neurologie de la Societe American Medical
on a attache beaucoup d’interet k la communication de Spiller
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LETTRE AMERICAINE
27
et Frazier sur « les procedes op6ratoires pour la decompression du
cerveau dans les tumeurs cer6brales » et b celle de Starr sur «letat
actuel de la chirurgie du cerveau ». Les resultats dus b la decom¬
pression sont tels qu’ils justifient l’intervention operatoire. Sur
soixante cas d’epilepsie partielle traites par cette methode, Starr
obtint douze gu^risons. Cet auteur ajoutesagementquel’op^ration
du trepan dans l’dpilepsie est d'une application limiteeet on nedoit
la recommander que dans un nombre restreint de cas sur lesquels
medecins et chirurgiens sont d’accord.
Un cas interessanl de cretinisme avec gudrison spontanee a ete
publie par le D r Eleanora S.. Everhard of Dayton, Ohio, dans le
journal dela Societe American Medical, vol. XLVII, n* 3. Dans ce
cas, l’extrait de giande thyrolde fut prescrit comme traitement &
la dose d un demi grain pour atteindre ensuite la dose journaliere
de six grains, enfin la dose fut portee b huit grains. A la fin de la
septieme semaine la malade avaitgrandi d’un pouce et avait aug-
mente de deux livres. La partie inferieure de la face avait dimi-
nue de largeur ; I'expression de la physionomie temoignait d’une
reelle intelligence. La malade obdissait plus vivementet plus exac
tement et pouvait se rappeler des ordres. Elle parlait plus intelli-
gemmentetse tenaittranquille au milieu des autres; son professeur
dit qu'en deux semaines elle fit de notables progr^s en m^moire.
De cecas, l’auteur tire les conclusions suivantes : « La malade
prdsentait une forme de cretinisme coincidant avec un tempera¬
ment adenoidien. A l’apparition de ses premieres regies, il y eut
une amelioration spontanee marque© ; la rapidite dela guerison
fut encore accrue par le traitement thyroidien. »
Dans un memoire intitule « Considerations sur la folie » publie
dans le Monthly Cyclopaedia of Practical Medicine, vol. 9, N° 7,
le D r Chas. W. Burr, de Philadelphia, traite des erreurs de diag¬
nostic et de traitement qui sont communes : a Prendre le commen¬
cement d'une paralysie pour une simple neurasthenic ; prendre le
delire de quelques maladies febriles aiguSs ou de quelques septicA
mies pour de la folie; consid^rer que ce qui est r^eiiement une
folie de fadolescence est une simple manifestation d hyst^rie.
Enfin consid^rer des paranoiaques dangereux comme des indivi-
dus inoffensifs. »
Quant b la frequente erreur de prescrire le travail b une cer-
taine classe de malades, il montre, ce qui sera diversement appre-
cie des psychiatres, que cette prescription donn^e sans discerne-
ment est souvent d’un effet nuisible.
« Tout malade soupgonn^de neurastheniedevraetre examine soi-
gneusement au point de vue des sympt6mes d une maladie ner-
veuse organiqueet si de tels symptomes sont trouv^s, le diagnos¬
tic devra^tre r^forme. Le fait est important, car laisser un para-
lytique general faire de longues courses, lui permettre d’aller &
ses affaires ou d’engagersa responsabilite, le laisser libreen tout,
c'est vouloir hater sa ruine et m&me celle de sa famille. Des for¬
tunes ont etb perdues, des crimes commis, des maisons ruin^es,
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28
REVUE DE PSYGHIATRIE
parce que des medecins n’ont pasete consultes ou parce que des
medecins se sont trompes. »
Au CongrAs de la Societe American Medico-Psychological, le
D r Chas. H. Langdon lut une note interessante confirmant les rd-
sultats du D r Ford Roberston sur la paralysie gendrale. Des re-
cherches semblables ont ete faites dans un autre etablissement de
TOhio, A Massillon et ontamene les memes rdsultats.
Les lecteurs de la Revue ne savent peut-Atrepasquele tremble-
ment de terre en California a eu de tragiques consequences &
l’asile de Agnews. Les constructions furent renversAes et il y eul
de nombreux tuds. Le telegramme du D r Hoishoit A VAmerican
Journal of Insanity est ainsi congu : « Cent dix morts furent trouvds
sous les ruines, parmi eux douze employes et deux docteurs.
Soixante dix personnes furent blessees grtevement (fractures ordi-
naires, fractures de membreset du crAne, arrachement partial du
cuir chevelu). Cent personnes furent bless6es tegArement, onn’eut
A relever parmi eux ni excitation maniaque ou bysterique. Stockton
regut cent malades ; le reste fut hospitalise sous des tentes. »
Quant aux effets du tremblement de terre sur le systeme ner-
veux des alienes, la note du D T Hoishoit au Journal dit: « Les effets
du tremblement de terre sur le systeme nerveux des alienes sont
semblables A ceux que j’ai observes chez les individus de toutes
classes de San Francisco pendant les deux jours qui suivirent le
cataclysme. La catastrophe rendit hommes, femmes et enfants h6-
betes; ils allaient et venaient comme s’ils etaient en etat de rAve,
le regard effare et sans expression. Je n’ai observe aucune crise
dmotionnelle : les enfants mAme ne criaient pas et j’ai vupeude fem¬
mes pleurer. Les effets ulterieurs seront probablement autres. Le
desastre eut cependant un effet different sur les populations qui
se trouvaient dans les contrees environnantes et qui n'eurent pas
A supporter leterrible malheur. Beaucoup d’entre elles prdsen-
taient de l’agitation de nature hysterique qui se temoignait surtout
par des racontars mensongers, qui trouvaient crdance parmi les
nombreux credules, et par les fausses ruraeurs qui s'etendaient
dans toutes les directions.
Dans le numAro de juillet du Journal of Insanity , 1906. il y a
d interessantes gravures representant les bAtiments ecroules et
les dispositions dignes d’dloges employees pour satisfaire aux be-
soins immediats.
5 oclobre 1906.
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LES EVADES A LINTERIEUR
29
LES SERVICES
les Evades a l'intErieur
Aliened considered comme Evades alors qu'ils se trouvent
CACHES DANS L’ASILE
Par Georges Collet
Interne des Asiles de la Seine.
Les alidn^s, m6me b l’asile, fournissent aux aventures ies plus
invraisemblables. L’histoire que nous allons rapporter et d’autres
faits, que nous citerons, montrent qu’un malade peut se d^rober b
la surveillance des infirmiers, se cacher dans l’asile, dchapper aux
recherches et passer pour 6vad6, jusqu’au jour oil le fait d£cou-
vrir soit un de ses actes, soit une circonstance fortuite. Ces eva¬
sions intra muros se produisent dans des conditions diverses. Le
sort de ces fayx evades, qu’on pourrait appeler des « dvad^s b I’in-
t^rieur », est parfois tragique : on a retrouv^ deux malades, dont
nous parlerons tout b l'heure, mortes dans un endroit 6carte de
l’^tablissement oil elles 6taient hospitalises.
Notre malade a reapparu vivant, apr6s trente jours d’absence et
d'abstinence, maisdans un 6tat pitoyable. Nous avons eu, cepen-
dant, la satisfaction de le voir retablir rapidement sa santd phy¬
sique etguerir ses troubles mentaux. L'observation de ce re&capd
d un nouveau genre est instructive dans ses details. Nous avons
pens6 qu’on trouverait quelque interGt b la lire. II n’est pas inu¬
tile que des faits semblables soient connus : en prevoir le retour
possible suffit peut-6tre b les 6viter.
Observation. — Robert Emile, nb le 8 novembre 1869, c^liba-
taire, journalier, entre, plac6 d'office, b l’Asiie de Vaucluse, dans
le service de M. Vigouroux, le 17 juin 1905.
Ce malade est un homme de taille moyenne (1"63), bien muscle,
robuste. II a une physionomie triste, pr6occup6e, inqui&te
m6me. L'examen physique ne r£v&le chezlui aucune affection vis-
cerale. Les seuls troubles du systeme nerveux qu’il pr^sente sont
un leger tremblement des mains et de l’exageration des reflexes
rotuliens et otecraniens. On trouve sur son visage les traces de
traumatismes anciens ayant atteint le nez et le menton, sur sa
poitrine et ses bras diff^rents tatouages. Sur la region du sein
gauche on voit neuf pelites cicatrices recentes : ce sont des piqd-
res peu profondes que le malade s’est faites avec un couteau, trois
semaines auparavant, dans une tentative de suicide, dont on peut
pr&sumer qu’elle n’a ete ni bien r6fl6chie ni bien serieuse. Robert
affirme n’avoir jamais ete malade. II avoue des exc6s de boissons;
musicien, ilallait jouer dans les bals publics oil il avait l'occasion
de boire; il prend, depuis quelques temps d6j&, deux absinthes
par jour.
Robert ne presente pas de stigmates physiques de degeneres-
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30
REVUE DE PSYCH1ATR1E
cence. II r^pond clairement k l’interrogatoire. II ecrit assez cor
rectement. Cependant ce malade est un anormal et, dans une cer
taine mesure, un d^bile. On trouve dans son histoire, qu’il raconte
avec un grand accent de sinc6rit6 etavec humilite.des ev^nemenis
qui laissent supposer chezluides dispositions k l’indiscipline et k
la bizarrerie. II a perdu son pfcre, mort accidentellement, alors
qu’il etaitenfant. Sa m6re a quitt^son pays d origine pour venir
habiter la region lyonnaise, ou elle s’est remariee. Le beau-p&re
de Robert supportait difficilement celui-ci. II le fit placer, k lAge
de dix ans, dans une maison de correction. L’enfant s’en 6vada k
plusieurs reprises. Sorti de cet 6tablissement, Robert, kgk de seize
ans, devint tisseur en spqrterie. A dix-neuf ans, il s’engagea dans
l’artillerie. II fut envoys aux compagnies de discipline. Depuis sa
liberation du service militaire jusqu’en 1904, il a travailie comme
journalier k Lyon. 11 vivait avec une maitresse. Il renonga k cette
liaison, qui durait depuis dix ans, en juillet 1904, parceque. dit-il,
sa femme etait jalouseet s’opposaitau projet qu’il faisait de venir
habiter aupres de son oncle k Saint Cloud. Robert la quitta sans
l’avertir de sa determination, bien qu'il lui fOt tr£s attache. 11
vecut quelque temps k Dijon, puis k Troyes, et arriva, en mai
1905, k Saint-Cloud, ou il prit pension chez son oncle, mari d’une
soeur de sa mere, et trouva un emploi chez un marchand dechar-
bon.
Le malade donne certains renseignements sur les sept semaines
qu'il a pass6es k Saint-Cloud, mais l’histoire de cette periode de
son existence ne peut etre bien etaWfe qu'fc I’aide des renseigne¬
ments que fournissent son oncle et sa tante. Ceux-ci, qu? coenais-
saient leur neveu seulement pour l’avoir vu pendant quelques
jours en 1900, le consideraient comme un gargon honnete, s^riefux
et travailleur. Iis n’eurent pas k revenir sur cette opinion; mais
ils s apergurent que Robert faisait des exc&s de boissons alcooli-
ques. Un jour il rentra ivre. Sa tante lui fit des observations qui
parurent l’impressionner. Comme il parlait fr^quemment de son
ancienne amie et semblait avoir conserve pour elle une vive affec¬
tion, sa tante demanda k sa m&re si cette personne consentirait k
se r^conciliel* avec Robert. Celui ci trouva la reponse de sa m6re,
qui apportait la nouvelle d un refus, avant que cette lettre ne par-
vint k sa tante, il la lut et fut tr6s affects.
Le malade 6tait depuis un mois chez son oncle, lorsqu’il mani-
festa des craintesd’etre poursuivi, epiepar la police. Il cessa de
sortir seul. Il buvait moins; il mangeait de moins bon app^tit;
son sommeil ne paraissait pas trouble. 11 devint plus inquiet, agit6 ;
il se plaignait d’etre surveill6 dans la rue, d’etre injurie par les
passants, d’etre hypnotist. Il pr6tendit un jour qu’il 6tait con
damne, qu'on allait lui couper la tete, qu’il avait lu sa condemna¬
tion dans un journal, oti I on racontait toute sa vie depuis son en
fance ; la feuille qu’il montrait k l’appui de ses dires 6tait un vieux
num6ro d’un journal de courses. Il sejeta aux pieds de sa tante,
lui demandant pardon. Un autre jour, comme le boulanger appor
tait un pain chez sa tante et coupait ce pain pour en laisser une
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les Evades a l’int£rieur
31
partie, Robert lira son couteau de sa poche et s’en frappa la poi-
trine 6 plusieurs reprises, en disant qu’« on ne l'aurait pas. » II
prenaitle bouianger pour un agent de police chargd de 1’arrGter.
Enfin il se rendit chez le commissaire de police, demandant b ce
que l'on fit une enquGte sur lui, afin qu’on sCit bieta qu'il n'avait
commis aucun des actes criminels qu’il s’entendait reprocher. Le
malade fut conduit b l’infirmerie sp6ciaie, puis b TAsile-Glinique.
M. Dupre et M. Magnan mentionnhrent dans Ieurs certificats la
d^bilitd mentale, 1’alcoolisme, les hallucinations de i’ouie et les
id^es de persecution.
L’examen mental de Robert, b son entrde b l’asile de Vau-
cluse, le 17 juin 1905. revile un ddlire meiancolique basd sur des
hallucinations auditives avec id^es de persecution. Les idees de
persecution que le malade ex prime sont vagues, mal coordonnees
et meme absurdes. Ce delire est nettement d'originealcoolique. Le
malade croit etre en butte, depuis quelques semaines. b l’hostilite
de tous les gens qu’il rencontre dans la rue. II n’a pas b se plain-
dre deses parents ni de ses camarades. Mais les passants tiennent
sur son compte des propos injurieux lorsqu’ils le voient. S’il cher-
che b les dcouter, on lui dit: « Ce n’est pas pour toi que nouscau-
sons. » On letraite devoleur, de maquereau, depederaste. Onl’ap-
pelle : «crapule, vache. ». II necomprend pas pourquoion s'acharne
ainsi eiecalomnier. II n’a jamais rien fait de mal. II ne merite pas
les accusations qu’on porte contre lui. Cependant, ilest biencertain
que toutes ces paroles malveillantes s’adressent b lui. Sa tantea es
sayb de lui persuader qu’elles ne le visaient pas, mais il ne peut
la croire. C’est lorsqu’il passe dans la rue que ces paroles sont
prononc^es et, en m6me temps, les gens le regardent de travers.
Le 1” juillet, le malade exprime des id£es analogues : « Je n'ai
jamais bib un mauvais sujet. Je n’ai jamais bib fautif en quoi que
ce soit. La police ne me peut rieii.Pourquoi disait-on ci,
pourquoi disait-on ga sur mon compte? Peut-6tre me consi-
ddrait-on comme un agent electoral ?... J’ai bib hypnotise le
jour oh je me suis dormd des coups de couteau. Je ne vou-
lais pas le faire. Je ne le ferais pas, parce que c’est trop
l£che. » Puis il s’amGliore notablement et quitte l’infirmerie pour
entrer dans un quartier de travailleurs. Au bout de quelques jours
son etat mental doune des inquietudes. Le malade est sombre,
tourmentA On le place dans un quartier de surveillance. Il £crit
au medecin : « Soyez persuade que j’ai foi en votre bonte et b toute
l’etendue de vos pouvoirs pour que vous soyez aupr&s de Mon¬
sieur le President de la R6publique l’interprhte d'un homme du
peupie qui se recommande en toute franchise. Car, si j’ai faut6,
ce n’est pas pour ceci que je dois Gtre reconnu parmi les Frangais
comme un 6tre sans aveu... Veuiliez, cher docteur, faire ce qui de¬
pend de vous pour attdnuer ma faute d’avoir voulu me suicider;
du reste, & ce moment, je ne savais ce que je faisais. » Robert
abandonne de nouveau, en quelques jours ses idees delirantes. 11
est accessible au raisonnement, confiant, docile. On l’envoie, au
commencement d'aotit, travailler b la ferme de l’asile.
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32
REVUE DE PSYCHIATRIE
Le 18 aoftt, Robert*6chappe ft ia surveillance des infirmiers aux-
quels sont confi^s les travailleurs de la ferme. On le cherche en
vain sur la route voisine. Comme on sait qu’il a eu des id6es de
suicide, le surveillant en chef et des infirmiers inspectent tous les
locauxde la ferme et notamment lesgreniers b foin, qui oflrent
des poutres propices aux tentatives de pendaison. On ne trouve
rien. On acquiert ainsi la conviction que Robert s’est evade.
Le 17 septembre suivant, trente jours apr&s l’evssion supposee,
dans la matinee, les gens de la ferme entendent des gemissements
et ces paroles : « b boire! b boire! » venant du grenier b foin. Ils
d^couvrent Robert, qui se tenait cachd sur la meule de foin qui
s'dl&ve presque jusqu’au toit. Ils le ramenent b l’infirmerie sur
un brancard.
Le malade est v6tu d’une chemise, d’un pantalon et d’un gilet.
Ses habits, son corps, son visage, ses cheveux sont souiltes de
nombreux d6bris de foin. II parait tr&s affaibli; il pr^sente de la
dyspnee, sa respiration est accel^r^e et bruyante, elle ne permet
pas de percevoir les bruits du coeur; son pouls est tr6s petit, fili-
forme, assez rapide. II ne rdpond pas aux questions, comme s’il
avait perdu connaissance ; cependant il garde les yeux grand ou-
verts, le regard fixe, la physionomie anxieuse. Le visage est tr&s
amaigri, les joues sont caves, les traits tir6s, les yeux enfonces
dans forbite, le teint est plombe. On deshabille le malade et on
le couche dans un lit chauflte. On constate qu’il est tr6s 6maci6; il
a beaucoup perdu de ses muscles. Sa peau est s&che, un peu ru-
gueuse, assez froide. On le rechauffe et on lui injecte cinquante
centigrammes de cafdine. Il reclame aiors b boire et boit avecavi-
dite. Il prend ensuite en assez grande quantifies liquides, qu’on
lui donne par petites doses : eau, lait, th 6 au rhum, champagne.
Il vomit apr&s avoir bu trop de the b la fois, ayant pris lui nfme
le pot & tisane place pres de son lit. On lui fait une injection de
six cents grammes de s^rum artificiel.
Dans l’aprks-midi, Robert, ayant enlendu dire aupr£s de lui
qu’on suppose qu'il a v£cu en cherchant des aliments dans les
auges des pores, prend spontan^ment la parole pour dementir cette
hypothese. Il declare qu'il n’a rien mangd depuis vingt-huit jours,
qu’il n'a mange que deux oeufs dans les deux premiers jours de
son absence, et que, depuis, il n'a bu que son urine.
Le lendemain on pent interroger le malade. Il est all£ se cacher
dans le foin, dit il, pour echapper aux mis6res que lui faisaient
subir ses camarades. Il entendait des menaces b son adresse ; on
lui promettait le supplice. Il n'a pas voulu redescendre et revenir
b 1’asile parce qu’il aurait eu encore b supporter la malveillance
d’autrui. Du reste, au bout de quelques jours, on a retire la meule
de paille qui lui avait permis de monter sur le foin. Il n’a pas
cherchd des aliments, il n’a pris ni legumes, ni fruits b la ferme,
parce qu'il n'est pas un malfaiteur. Il n’a pas iu6 d’animaux de
basse-cour. parce qu’il n’est pas mechant. Il s’est contente d’absor-
ber deux oeufs qu’il a trouv^s dans le foin et dont il a conserve les
coquilles II buvait son urine, qu’il recueillait dans les co-
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LES EVADES A l’iNT^RIEUH
33
quilles et qu'il faisait refroidir sur le toit avant de la boire.
« C’est etonnant ce que l’urine soutient! » dit-il. II attendait avec
impatience la pluie et lorsqu’il a plu, il a recueilli un peu d’eau.
« A|i! je n'en avais pas beaucoup ; 6 peine une coquille!... Vous
ne pouvez pas vous faire une idee de ce que j’ai souffert. Se dire :
si ga ne torabe pas ce soir, demain je me rends. » — « Et vous ne
vous rendiez pas ? » — « Non ».
Le malade est £videmment demeur6 constamment dans un 6tat
de m&ancolie anxieuse. En m^me temps qu'il se mettait dans le
cas de mourir de faira, en effet, il 6tait terrific par l’id^e de la
mort : « Vous ne pouvez pas savoir ce que c’est, dit-il. Se dire que
dans un jour on va peut-6tre mourir, que dans une heure on va
mourir, peut-6tre dans une minute... que la prochaine fois, ga va
peut-£tre Stre le dernier soupir, votre dernier souffle... Alors je re-
tenais monsouffle.)) — «Vous vous arrdtiezderespirer? » — « Oui.
Ah ! c’est terrible. » Il a beaucoup souffert du froid, Il ne dormait
presque pas. Il eprouvait des douleurs de tous cdtes.
Le 18 septembre le malade prend du the au rhum et trois litres
de lait et a une selle. Son urine jaune clair, abondante contientdes
traces d'albumine. Sa temperature est normale. Il est un peu
excite, probablement sous I’influence des boissons alcooliques,
qu’on lui a fait prendre. Le 19 il reste deprime, somnolent. 11
prend trois litres de lait, du the au rhum ; il a trois selles. Le 20
on le p£se : il pfcse 49 kg. 500. Les jours suivants 1‘alimentation est
la meme, les selles sont provoquees par des lavements, la langue
est un peu sale, l’urine est abondante, la temperature est nor¬
male. Le malade garde toujours la meme position : il est etendu
sur le c6te droit, le nez tourne vers l’oreiller, si bien quece c6tede
son visage est rouge et sillonne d’empreintes produites par les
plis du drap; ilales yeuxdemi fermes; il paraitassez insensible au
contact des mouches qui se promenent sur sa figure; quand on
1’aide b s’asseoir sur son lit, il se laisse soutenir, il s’abandonne;
il semble avoir de la difficulte & prendre et & serrer la main qu’on
lui tend; il accepte volontiers h boire, mais ouvre la bouche avec
peine. Il garde le silence. Si on l’interroge, il r^pond qu’il va bien,
mais qu’il souffre beaucoup des jambes.
L’analyse de l’urine 6mise par le malade dans la journ^e du 21
(1450 centimetres cubes), faite par M. Allamagny, interne en
pharmacie, donne les r^sultats suivants :
Ur4e. 33 gr. 611
Acide urique. 0 gr. 478
Acide phosphorique total. 1 gr. 60
Chlorure de sodium. 4 gr. 34
Albumine. Traces
On voit que si la teneur en ur£e est augments, les elements
mindraux sont notablement diminu£s (acide phosphorique 1 gr. 60
au lieu de 2 gr. 60, chlorure de sodium 4 gr. 34 au lieu de 11 ou
12 gr.)
Le malade p6se 52 kilogrammes le 2 octobre. Il est tombd dans
un 6tat de stupeur m£lancolique. Il reste immobile et silencieux ;
3
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REVUE DE PSYCHIATRIE
il se laisse alimenter avec du lait et des oeufs, mais refuse la
viande. Cet dtat ne dure pas. Le malade accepte bient6t une
nourriture plus varide, il cause, se distrait, se met h lire ; le 10
octobre il commence & se lever, joue aux cartes. Il engraisse ; le
19 octobre il p6se 60 kilogrammes.
L’dtat mental du malade s’am61iore progressivement. Robert
estcalme; il semble rassurd, confiant ; il devient enjoud. 11 mani-
feste encore, cependant, quelques iddesde persdcution. Il se plaint
de son oncle, qui aurait ddtournd une partie de la succession de
son grand-pdre et qui a pu chercher d lui nuire; il le soup^onne
d’avoir mis dans ses aliments une poudre qui le rendait ivre, de
l’avoir hypnotisd. Puis il semble revenir d son dtat normal ; il
s'occupe, il compose un pas redoubld pour cornet d pistons ; il
renonce d ses iddes ddlirantes, il admet que ses troubles men-
taux se sont ddveloppds sous l’influence de ses excds alcooliques ;
il fait bon accueil d son oncle et d sa tante. Il parait d peu prds
compldtement gudri, lorsquarrive la ddcision prdfectorale qui
ordonne son transfert d l’asile de Bron (Rh6ne).
Transfdrd le 30 ddcembre 1905 d Bron, Robert y a achevd sa
gudrison. M. ledocteur Rousset, qui a bien voulu nous renseigner
sur le sdjour du malade dans son service, lui a fait quitter l’asile
le 26 janvier 1906 et ne Fa pas revu depuis
L’dtrange aventure, que nous venons de rapporter, a dtdddter-
minde par le rdveil subit et imprdvu d’unddlire mdlancolique trds
ac.tif, qui, par deux fois ddjd, s'dtait amdliord et qui devait se gud-
rir rapidement, justiflant par son dvolution le pronostic favorable
que Ton avait portd et la confiance que l’on avail placde dans
l avenir du malade en l’envoyant au travail. Cependant, on peut
se dire que si I on avait pensd d la possibilite de l’acte absurde
qui a compromis un moment la vie de ce malade, on edt bientdt,
en renouvelant les recherches, mis fin d sa claustration volontaire
et d sa dangereuse abstinence.
Peut-dtre aurait-on dd trouver un avertissement dans un inci¬
dent analogue qui venaitdese passer d l'Asile de Ville-Evrard et
qui avait eu des suites graves. Une malade atteinte de mdlancolie
avec iddes de suicide et sitiophobie disparait, dans les derniers
jours de juin 1905. Aprds des recherches infructueuses on la con¬
sider© comme dvadde. En rdalitd, c est une « dvadded Fintdrieur ».
On retrouve son cadavre le 6 aout, dans le calorifdre. Elle s’etait
dchappde de son quartier et s’dtait introduce dans laconduite d’air
du calorifdre, oil elle dtait mortesans chercher d attirer l’attention
1 La decouverte dans l asile d’un aliens considere comme 6vad4 et defalqu4
de l’effectif des molndcs depuis vingl-huit jours, souleva une question admi¬
nistrative interessante : les formalites d’un nouvel internement ^laient-elles
n^cessaires ? Le pr£lct de police ne le pensu pas. Le certjficat de situation au
moment de I nvasion avait concluii la reintegrution du mulade. Lorsque celui-ci
fut retrouv^, le pr^fet de police estimu que la situation de cet ali4n£ ne devait
pas donner lieu a un nouvel arrets, reflet de son nrr&te de placement d’oflice
en date du 15 juin 1905 n’nyant ete detrnit par aucune decision subs^quente
de son administration.
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REVUE DES LIVRES
Ho
par des cris. « Get incident f&cheux, dit M. K^raval 4 , tenait £
l’etat mental special de cette malheureusfc et & Installation defec-
tueuse de la grille d’acc£s de la conduite dans la galerie ; il a £te
depuis remMid & cette d£fectuosite. L'enquete a demontre qu’il
etait impossible de pr^voir un pareil dvenement ».
M. Bourneville 1 2 a rapports un fait qui s’est passe & i’hospice
des Andelys, et qui peut £tre rapproche des precedents. Une fem¬
me &g6e de soixante-six ans, d6mente senile, est plac^e .& l'hos-
pice des Andelys, en attendant son transfert dans l'asile d’alienes
du departement. Elle parait calme et rien dans ses actes ne donne
& penser qu’on doive la surveiller etroitement. On iui laisse la li¬
berty de circuler comme les autres malades, Elle disparait pen¬
dant le dejeuner des soeurs. On la recherche en vain. Comme on
suppose qu’elle a pu mettre & profit la porte ouverte aux visites
des families, on la fait rechercher dans les bois voisins, on fait
sonder les bords de la Seine, on fait demander dans un chateau
des environs de Rouen, oil elle a servi, si elle ne s’y est pas ren-
due. Les recherches restent sans r£sultat.. Un mols apr£s, une do-
mestique voulant p£netrer dans un grenier inoccupe, en trouve la
porte fermee. On ouvre de force cette porte et Ton ddcouvre, dans
un coin, le cadavre en decomposition de la maiade pr£tendue 6va-
d6e, debout, adossde & une echelle dressee contre le mur. La clef
de la porte ne put £tre retrouv6e,
Nous ne pensons pas que les accidents dece genre soient fre¬
quents. Les circonstances qui les ont produits, cependant, peuvent
se renouveler. 11 n’est pas mauvais d’etre mis en garde contre la
possibility d’6venements aussi regrettabies. C’est pourquoi nous
avons jug6 bon de faire connaitre celui dont nous avions ete te-
moin, et c’est pourquoi M. Vigouroux a bien voulu nous autoriser
a publier l’observation du maiade qui faillit en etre la victime.
REVUE DES LIVRES
LT&me et le systdme nerveux (Hygiene de pathologie) par
Aug. Forel'O vol. Paris, Steinheil, 330 p. 2 planches en couleur,
1906).
L’auteur du livre dont nous allons donner le resume n’en est pas
& son premier essai de vulgarisation scientifique. La besogne est
ingrate, mais utile ; et d£j£, le succ£s a fort justement repondu
aux efforts tentds par Forel (en particular £ propos de la ques¬
tion scxuelle exposee aux adultes cultices ).
a Les r£gles d’hygi£ne dont on ne comprend pas la raison d’etre
1 Rapport sur le service des alidads du departement de la Seine pendant Van •
nee 1905 .
2 Progris medical, janvier 1889, p. • 31, — et Rapport sur le projet de loi
adopts par le Sinat tendant & la revision de la loi sur les alienJs, Ghambre
des Deputes, n* 3934, session de 1889, annexe au pt oces-verbal de la stance
du 12 juillet, p. 116.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
risquent de nuire plus qu’elles nesont utiles. C’est 1& tout specia-
lement le cas pour le syst&me nerveux et sesfonctions auxquelsle
public comprend en g6n6ral fort peu de chose. En effet, il s’agitici
d’un organedont les fonctions sont trkscomplexes en elles-mGmes.
Elle le sont cependant moins qu’on ne le croirait ; c est surtout
le my8ticisme dualiste qui a brouille les cartes et inutilement com-
piiqu6 la question ». L’&me et I’activitg du cerveau vivant <Hant
une seule et m6me chose, ii convient d’examiner successivement
le systeme nerveux normal, la pathologie des nerfs et du cerveau,
et les indications de th^rapeutique generate et d'hygi£ne qui d6-
coulent de cette double dtude pr^alable ; telle est l'ordonnance de
l’ouvrage de Forel,
La premiere partie traite de l’&me, du cerveau et des nerfs k
l’6tat normal.
Dans un chapitre consacr^ k l'analyse psychologique, I’auteur
6tudie les phenom&nes. dont il montre au cours des 6venements
les plus rapides et les moins marquants de l'existence, I’intimeas-
sociation et se rapportant aux trois grands domaines delaviede
l'&me : le domainede la connaissance qui se constitue par la com-
binaison et l’adaptation rdciproquesdes impressions de nos sens ;
le domaine du sentiment; le domaine de la volont6 et du mouve-
ment dans l’^nergie projette les impressions et les £tatsdu cer-
veau-&me k l’extdrieur.
Partant d’6tats actuels ou antecedents de son Arne pour conclure
k ^existence ou aux rapports de phdnomenes actuels, passes ou
futurs, l’homme porte des jugements par induction ou deduction,
jugements dont les conclusions se ressentent si souvent des sen¬
timents divers de sympathie, ou d’antipathie de la foi aveugle
dans les autorites, de limitation, de l'habitude etc.
La in#moire se rdduit k 3 phenomenes : l’enregistrement des en -
grammes (images memoriales). la revivification ou ecphorie, la re¬
connaissance ou identification : Une bonne mdmoire conserve net-
tement etfideiement beaucoupd'engrammes, les ecphore facilement
par association, et les reconnait aussi sans difficult^. L 'attention
ou aperception est l’etat fortement concentre, vers un objet, et en
meme temps retr^ci de lactivite psychique. Puis, sont expliquees
et definies : l'intelligence, faculte gr&ce k laquelle nous nous assi-
milons facilement les impressions venues de i’exterieur ; ^imagi¬
nation qui combine. independamment et k nouveau, les impres¬
sions reQues par le cerveau-£me ; la raison qui associe et utilise
logiquement les elements de la connaissance ; Vethique ou morale,
ddrivee des sentiments altruistes naturels de l’homme ; Y’esthdti-
que, sentiment du beau ; les appetite, instincts ataviques en con¬
nexion intime avec la conservation de la vie de l’individu et de
l'espece, et qui, devenant parfois des passions ddpassent la satis¬
faction des besoins naturels utiles k l’existence ; la suggestion ,
reaction psycho-physiogique dans laquelle une representation
brise violemment les inhibitionsMa restreignant d’habitude, et
ddclanche, par contre, des activites c^rebrales ordinairement in-
dependantes d’elle ; le langage , qui symbolise les id£es, avec ses
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REVUE DES LIVRES
37
deux cotes eux-mAmes complexes : l’expression et la comprehen¬
sion. Cet expose psychologique sommaire est suivi d une courte et
claire description anatomique du systemenerveux.
Quels rapports y a-t-il entre l’Ame et le cerveau ? Tout homme
ne connait que sa conscience A lui ; actuellement la reduction di-
recte d’un etat de conscience A un neurocyme (c’est-A-dire A
l’onde vibratoire parcourant un neurone actif) est une impossibi-
lite, et nAanmoins l’experience nous prouve avec certitude que si
nous entendons par Ame quelque chose de semblable ou d’iden-
tique au contenu de notre conscience humaine, aucune Ame
n’existe sans activite neurocymique complex©, c’est-A-dire sans
cerveau. Ce qui detruit le cerveau detruit l’Ame, et ce qui trouble
1’activitA cerAbrale trouble 1’activitA psychique d’une faQon corres¬
pondent©. L'Ame et le neurocyme sont inseparables. L’Ame et le
cerveau agissant ne sont qu'un.
S’il est impossible de rAduire directement tel Atat de conscience
au neurocyme correspondent, il n’est pas interdit & nos sens d'A-
tudier le cerveau, du dehors A l’aide d’expAriences appropriAes:
les notions de physiologic neuro-cArAbrale, aujourd’hui connues
sont indispensablesau psychologue, et sont exposAes par Forel
dans le 4* chapitre de son livre au sujetde « la genAse individuelle
et de la descendance du systAme nerveux ». L’auteur montre com¬
ment se combinent chez l’homme les deux immenses groupes des
facteurs de dAveloppement du cerveau : 1’herAditA et l'education :
Quiconque attend tout de l’education se trompe ; mais quiconque
considAre les dispositions hArAditaires comme prAdestinant fatale-
ment l’individu Atous Agards ne se trompe pas moins. Au point
de vue de la phylogAnie, le cerveau de l’homme est sorti du cen¬
tre olfactif des vertAbrAs infArieurs. L’anatomie comparAe et la
biologie dAmontrent une adaptation constant© et progressive des
organes sensoriels aux conditions de l’existence ; des centres ner¬
veux aux organes sensoriels et aux mouvements, etainsi de suite.
Le fait aujourd’hui irrevocablement dAmontrA dans 1’hypothAse
darwinienne est celui de la filiation des espAces.
Nouspassons rapidement sur la deuxiAme partie del’ouvrage :
(Pathologie nerveuse) aprAs avoir constatA la clartA de l’exposi-
tion, et louA l’auteur de poursuivre jusque dans la pratique mAdi-
cale le vieux prejuge dualiste.qui voudrait sAparer systAmatique-
ment les nerveux des aliAnAs (malades de I'Ame). Les dernierscha-
pitres et les plus importants du livre sont ceux dans lesquels
Forel expose les principes d’une hygiAne rationnelle du systAme
nerveux et par consAquent de la vie de I’Ame. Par hygiAne, il faut
entendre A peu de chose prAs thArapeutique prophylactique. Le
principe directeur de cette thArapeutique est le suivant: L'hygiAne
sociale doit Atre en mAme temps 1’hygiAne de la race et doit
primer partout 1’hygiAne individuelle dAs qu’un conflit se pre¬
sente. Les rAgles gAnArales sont nAgatives et positives, elles
concernent ce qu’il faut Aviter et ce qu il faut Zaire. L'absti-
nence et surtout l’abstinence vis-A-vis de l alcool est la plus
importante des indications nAgatives. A ce propos Forel fait le
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REVUE DE PSYCHIATRIE
proems des moddres, de ceux qui n’abusent pas, mais qui nayant
pas le courage de renoncer k un plaisir mediocre sont comme il
le dil Yooaire de l’alcoolisme et de toutes les intoxications. Une
’bonne nutrition, un exercice continu et le sommeil ndeessaire
sont les trois piliers de l'hygi&ne nerveuse, auxquels il ne faut
jamais porter atteinte. Les psychopathes et les d6s6quilibr6s,
dans des conditions 'quelque peu sp^ciales et sous surveillance
doivent s’astreindre aux mkmes regies que les gens norraaux.
L’auteur 6tudie apr6s les g6n6ralit6s, l’hygtene nerveuse de la
conception et de I’h6r£dit6 puis l’hyg&ne nerveuse de l’enfance. Pour
bien com prendre la p6dagogie,il fautqueradulteaille &l’6colechez
i’enfant. Le but de l’^cole de l’avenir doit 6tre de d^velopper har-
monieusement les connaissances, les sentiments et la volont6 des
616ves. Chacun sait que les h^ros de la m^moire et de l’assimila
tion sont souvent des fruits secs. Un certain nombre d’6coles mo-
dernes fondles selon les principes d'une pedagogic rationnelle
donnent dfcs k present des r^sultats tr&s favorables (6coies
d’Abbotsholme, d'llsenburg, de Haubinda, de Glarissegg, etc.)
L’hygi&ne de l’adulte, du vieillard, du c&ibataire, du n6vro-
phate sont ensuite 6dict6s en d’excellentes formulas d6riv6es des
regies gdn^rales r6sum6es pr^cedemment.
«L’hygifcne g6n6rale, conclut Forel, dit qu’une Arne saine
habite les corps sains... L’hygifcne du syst£me nerveux exige
qnelque chose de plus... Elle a la haute mission de mettre en
harmonie la santd du cerveau avec les aspirations sup^rieures de
l'homme k l’iddal de la connaissance, de la volont6 et du senti¬
ment, aspirations dont la mardo montante ne peut et ne doit pas
6tre arr6t£e. » P. Juquelier.
Le langage musical et ses troubles hyst6riques par J.
Ingegnieros. 1 vol. in-8, 210 p. (Paris 1906. Alcan. 6diteur). Nous
ne dirons que quelaues mots de ce tr6s intdressant volume, dont
les conclusions ont paru dans la Recue de Psychiatrie de mai
1906, et dont nos lecteurs par consequent ont 6td k m6me de con-
naitre le meilleur r6sum6.
Dans la premiere partie de son travail, l’auteur examine suc-
cessivement les rapports du langage musical avec la voix, conside¬
rs comme mode ^’expression, les origines et les caract&res de
l’dmotion musical© et enfin les elements constitutifs et les for¬
mes de Intelligence musicaie.
Dans la second© partie I... d6montre la correlation clinique entre
les troubles du langage ordinaire et ceux du langage musical, entre
les aphasies et les amusies, eUtudie ensuite, k l’aidede nombreu-
ses observations, les alterations du langage musical chez les hys-
teriques.
L’interetparticular de cette £tude consiste dans sa nouveaut6.
Le langage musical n’avait pas encore au point de vue clinique,
servi de pr^texte k un travail de cette importance, travail qui sera
par tous les neurologistes et les psychiatres consults avec le
plus grand profit. P. Juquelier.
(Voir la suite apres le Bulletin bibliographique mensuel)
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SOCIETES
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SOCIETES
SOCI&T& MEDICO-PSYCHOLOG IQ UE
(24 deccmbre 1906)
/. Elections. — II. Bureau pour I'annec 1907
I
Apres lecture d'un rapport de M. Dupain, M. le D* Perp£re, mede-
cin-adjoint des asiles d’aliends, est nommd membre correspondent de
la Society.
Aprds lecture d un rapport de M. Ritti, M. le D* Franco da Rocha
est nomm6 membre associd dtranger.
Aprds lecture d'un rapport de M. Semelaigne, M. le D r Julius Donat,
professeur agrdgd des maladies nerveuses a la Facultd de mddecine de
Bucarest, est nommd membre associd dtranger.
II
Prdsident : M. Deny.
Vice-prdsident : M. SSglas.
Secrdtaire gendral : M. Ritti.
Secretaires des sdances : MM. Dupain et Vigouroux.
Trdsorier : M. Antheaume.
Bibliothdcaire archiviste : M. Boissier.
G. Collet.
SOClETfi DE PSYCHOIiOQIE
(2 nocembre 1906)
Les donates de la sensibilitt subjective. — M. Sollier fait la part,
dans une sorte de confdrence gdndrale, de ce qui correspond a des
excitants objectifs extdrieurs, et de ce qui, n’dtant pas en connexion
avec de tels excitants, mdrite cependant d’dtre considdre comme don-
nde des sens (hallucinations et illusions).
A propos de la psi/chologie de I'instinct sexuel. — M. A. Marie exa¬
mine d'aprds divers auteurs les modifications apportdes & l’dtat mental
des eunuques.
Psychologie d'un ddmon familicr. — M. Revault d’Allonnes pre¬
sente la curieuse observation d’une ddgendrde, persdeutde par un
ddmon fort inconvenant, contre lequel elle se ddfend, et qui n'a pas
encore rdussi a la possdder. Parfois d’ailleurs ce ddmon s’adoucit et joue
le rdle consolant d’un animal familier dont les caresses sont agrddes.
PldRON.
SOClETE DE NEUROIiOGIE
• (8 nocembre 1906)
Intelligence et Apkasic. — MM. Dumontet et Lockmar prdsentent
une femme hdmipldgique et aphasique depuis 26 ans, dont I'intelli-
gence estintacte, et chez laquelle une lente rddducation a partiellement
corrigd l’aphasie motrice. Ce dernier trouble ne serait done pas,
comme le soutient M. P. Marie, un trouble intellectuel compliqud
d'anarthrie.
MM. Dejerine et Thomas appuient la conclusion des auteurs. II
existe bien des cas types d’aphasie motrice pure avec intdgritd psychi-
que absolue ou presque absolue.
M. Marie rdpond que molgre leur diminution intellectuelle, les
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REVUE DE PSYCHIATRIE
aphosiques ne sont ni des imbeciles, ni des dements. II estime que le
role anatomo clinique de la circonvolution de Broca dans l’aphasie
n’est pas dAmontrA. La zonede Wernicke est celle de la fonction intel-
lectuelle du langage, et dont la lesion produit l’anarthrie (ou dysarthria).
II faut s’entendre sut* la signification de ces derniers mots.
Lgnxphocytose tardicc chez un paralytupie general. — M. Achard
rapporte l’observation d'un cas de paralysie gAnArale, dans lequel la
lymphocytise du liquide cAphalo-rachidien ne s'est manifestAe qu’A une
pAriode trAs tardive.
Acromegalic. Crises count Isices et dguicalcntcs psychiques. — M.
Moutier prAsente un acromegalique chez lequel la double atrophie pa-
pillaire temoigne du dAveloppement de la nAophosie hypophysaire. Le
malade. AgA de 36 ans, a, plusieurs fois par semaine, des accAs convul-
sifs ou des crises psychopathiques avec amnesie consecutive. Les trou¬
bles mentaux consistent en Atals exlatiques ou en raptus hallucinatoires
accompagnAs de violences.
(7 decembre 1906).
Sarcomc. des circoncolutions paridalcs; hemiplegic double. — M.
Souques. II s’agit d’un Anorme sarcome qui avail AvoluA cliniquement
en 3 ans. Pendant 18 mois, le seul symptdme Atait la cAphalAe, puis
apparut une double hAmiplAgie organique par compression du faisceau
pyramidal.
Juquelier.
REVUE DE S PE RLODIQUES
P£RIODIQUES DE LANQUE FRANQAISE
Annales medico-psychologiques (64* annAe, n° 3. —
Novembre-DAcembre 1906).
Provotelle. — Frangoise Fontaine, possAdAe de Louviers
(1591). — Amusante observation retrospective d’une hystArique ayant
prAsentA des attaques convulsives accompagnAes ou suivies d’halluci-
nations diverses, et qui, fait A noter, ne fut pas livrAe au bticher.
Al. Barel. — Anomalies observAes dans les rapports sooiaux.—
L’auteur depuis 8 ans a observe, avec une continuite devenue rAflexe,
chez tous ceux qui I’entourent, differentes manifestations anormales
passagAres : troubles sensoriels qui semblent consister en une hypo
ou une hyperesthdsie des organes ; etats oscillant entre ceux que l’on
a coutume d’envisager comme etant le rAsultat d’une fatigue ou dune
surexcitation plus ou moins prononcAe, et pouvant aller jusqu’a
l’inconscience ou au moins A la fausse appreciation de la portee des actes
efTeotuAs ; petits malaises periodiques : B... se contente d’enregistrer
ces fails sans proposer de les expliquer.
G. de Cl£rambault. — Sur un cas de dAlire collect!! oft figure
un paralytlque gAnArai. — Cinq personnes sont plus ou moins com¬
promises dans cette aventure pathologique. Une femme et sa mAre
« congAnitalement douAes du caractAre paranolaque » tiennent les
premiers roles dans un delire cominun, semblant intermAdiaire v entre
les dAlires simultanAs et les delires communiques » ; le pAre de la
premiAre est dAbile et passif ; TadhAsion du frAre au dAlire ne dApasse
pas les bornes de la crAdulitA ordinaire. Quant au mari, paralytique
gAnAral, il s’est contente d’emprunter passivement et imparfaitement
le dAlire de sa femme.
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REVUE DES PERIODIQUES
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Kodiet et Cans. — Diagnostic differential des troubles c6r6-
braux d’origlne toxlque dQs d I’alcool et au tabac, et de la para-
lysie g6n6rale d’aprds les symptdmes oculaires. — Le myosis,
avec paresse pupillaire, des alcooliques chroniques doit Otre distingue
de Pinegalitd avec ophtalmopldgie interne graduelle et progressive des
paralytiqaes g6ndraux. Les troubles de la sensibilite oculaire, les illu¬
sions et hallucinations de la vue (phenomfenes qui reinvent plutdt de
l’6tat du cerveau que de l’^tat de 1’appareii de la vision) sont en faveur
de l’intoxication chronique. Les lesions du fond de Pceil sont tr&s frd-
quentes dans l’alcoolisme, raais s’observent aussi chez les paralytiques
gdn^raux. Chez ces derniers, les troubles de la vue ne sont pas paral-
lfcles au ddveloppement de latrophie papillaire.
Adam. — Des dtabllssements d’ali6n6s, d’idlots et d’dplleptlques.
Du rdle du mddecln dans ces 6tabllssements. — DerniOre partie
d’une dtude commence dans les deux numdros pr6c6dents du m^me
pdriodique. L’auteur 6tudie le systGme du D r Illberg (d’I6na), difficile
a r^aliser pour des raisons d’ordre budgdtaire. Mais entre la mdthode
consistent dans l'organisation en grande quantity d’asiles ou de colo¬
nies repondant aux diverses categories de malades, de pavilions sp6-
ciaux desservis par un personnel medical nombreux, et la mgthode
fiangai.se de l’asile d^paiternental unique et indivis, il est sans doute
un moyen terme auquel il serait sage de s’arrOter. Purmi les reformes
urgentes, l’auteur propose d’augmenter dans une certaine mesure le
nombre des in^decins d’asile, et aussi de crder, gr&ce 6 des avantages
matSriels et sociaux bien compris, un personnel secondaire intelligent,
d6voud, et capable d'aider utilement les m^decins.
Kovalesky. — Type mongol de I’idlotle. — Dapr&s les recherches
de Fenell, le type mongol de Pidiotie est la manifestation d'un arrGtde
ddveloppement prenatal, et par consequent Pune des expressions
incontestables de Pidiotisme congenital : les traits caracteristiques
exterieurs sont les suivant^ : brachycephalie, face plate et large, coupe
des yeux en forme d’amande,.saillie du maxillaire inferieur, teint ter-
reux, etc.
En Russie, le type mongol de Pidiotie s’observe plus frequemment
que dans les autres pays. Il s’observe surloutdans les localites dont
la population primitive comprend beaucoup de Tartares.
Ce type est propre aux organismes les moins parfaits, de 1& sa
mortalite en bas 6ge ; il se combine toujours k un degrd trOs inferieur
du d^veloppement intellectuel et constitue Pidiojie complete.
Journal de medccinc dc Paris (26 e annee, n® 48. — 25 Nov. 1906).
JJjerreson. — A propos de I’institut de mddecine I6gale et de
psychiatrie. — L’auteur, president de lassociotion des m^decins le-
gistes. rdpond le plus aisdment du monde & cerlaines critiques formu-
Ides rdcemment contre PInstitut de m6decine legale et de psychiatrie
dans la Rerue fran^aisc de indclecine et de chirurgie par M. Nioleber.
11 est evident que ces critiques ne s'expliquaient que par un examen
insuffisant des faits, 1'dnumOration des cours et travaux pratiques,
avec chilfres l’appui, prdsentOe par Pierreson, en est la nnilleure
refutation.
Recue de mddecine legale (13® annee, n* 11. — Nov. 1906).
Pacheco. — Quelques particularity du suicide & Buenos-Ayres.
— La population de Buenos-Ayres est de 1.100.000 habitants, elle a
ddcuple en 35 ans et comprend le 1/10 de la population totale de la
R6publique Argentine. Les suicides sont tr£s frequents, et paraissent
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REVUE DE PSYCHIATRIE
dus (folie confirmee et alcoolisme k part) 4 la promiscuity des races, a
l’abus du credit, aux mauvaises affaires, au sybarilisme, au desir de
faire trop promptement fortune, etc. Les proc6d6s de choix sont le
revolver et le poignard pour les hommes, les poisons (strychnine et
acide oxalique pour les femmes). L’autenr cite un interessant exemple
de suicide par le revolver dO k la contagion par la presse ; il souhaite
que les journaux restreignent au minimum la publicity des suicides.
Noueelle Iconographie do la SalpHrivre (Sept.-Oct. 1906'.
L. Marchand et G. Petit. — Epllepsle et stupeur symptomatic
ques d’un gllo-sarcome du lobule sphdnoTdal chez un chien. —
Il s’agit d’un chien de 10 ans qui prysente des accys ypileptiques clas-
siques et de la stupeur ; k l’autopsie, tumeur du lobule sphynoidal ;
l'examen histologique montre qu’il s’agit d’un glio-sarcome.
Recueil de medccinc cktdrinaire (15 Dye. 1906).
L. Marchand, J. Basset et Picard — Automutilation ohez un
chien attelnt de m6nlngo-enc6phallte. — Il s’ngit d'un chien, figd
d’un an, qui en trois accys dyglutit la presque totality de son membre
postyrieur gauche. Entre les accys, l’animal est triste, reste couchy, la
tyte appuyye sur le c6ty gauche, le regard morne et hybyty. A l’au-
topsie on constate des lysions de myningo-encyphalite subaigue. Ce
cas est k rapprocher des exemples d’autophagisme que Ton a observy
chez certains clones chroniques. Juquelier.
p£riodiques oe lanque allemande
Psgchiatr, Neurolog, Wochensc/irift (1906. N* 15).
Neu. — La stase verneuse artiflcielle dans le traitement des
maladies mentales. — Une bande yiaslique ouatee, de 3 centimytres
de large, munie d’anses et de crochets, est enrouiye autour du cou,
au dessous du larynx. Modyryment serrye, de maniyre k ne dytermi-
ner qu’une lygOre cyanose de la face, elle provoque un certain degrd
de stase verneuse dans la circulation cdphalique sans incommoder le
malade ; elle est laissye k demeure pour un temps variable suivant les
cas, mais qui n’a jamais dypassy 12 heures.
Ce traitement aurait produit un mieux sensible dans presque tous les
cas de myiancolie oil il a yty employy. Il aurait m6me yty suivi d’une
amelioration notable chez un paralytique gyndral.
Juquelier.
P&RIODIQUES HOLLANDAIS.
Psgchiairisc/tc on Neurologischc bidden
(Januari Februari 1906).
D r D. Schermers. — Eonigestatlstlsche beschouwingen over de
psychosen in de Nederlandsche krankzinnigengestkhten gedu-
rende de jaren 1875-1900.— Quelques considyrations statistiques
sur les cas de psychose dans les asiles hollandais d’aliynys, durant les
annyes 1875-1900.
D r M.-J. van Erp Taalman Kip. — Bydrage tot de vergelykende
Anatomie von den Cortex cerebri. — Contribution a l'ytude de l’ana-
tomie comparye de rycorce cerybrale.
D T L.-J.-J. Muskens. — Centrals eindigingen van den nervus
vestibularis. — I.es terminaisons centrales du nerf vestibulaire.
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NOUVELLES
43
Psychiatrischc en Ncuroloeische blaclcn
(Maart-April 1906).
D f M.-J. van Erp Taalman Kip. — Studien over associates. De
Inveoed der apperceptfe by de experimenteele woord associate.
— Etudes sur les associations. L’influence de l’aperception chez l'as-
sociation verbale expdrimentale.
Prof. G. Jelgersma. — Over de hlsto-pathologlsche veranderiu-
gen zenuw van het stelsel by Dementia paralytica. — Sur les
alterations histo-pathologiques du systdme nerveux dans la ddmence
paralytique.
D r L. Bouman. — Ruggemergs veranderlugen by progressleve
paralyse. — Les alterations de la moelle dpiniere dans la ddmence
paralytique.
Psychidtrische cn Neurologischc bidden
(Mei-Juni 1906).
A. Gorter. — Het herlnnerlngs. — L’image de la mdmoire.
D. Jhulshoff Pol— Epilepsie en paraparese der achterstebeeld
extremiteiten by een kat. — Epilepsie et paralysie des pattes de
derridre chez un chat.
J. v. d. Kolk. — De dlfferentiaal diagnose der Dementia paraly-
tea met de Z. g. n. Alcohollsche pseudoparalyse. — Le diagnostic
difTdrentiel entre la ddmence paralytique et la pseudo-paralysie alcoo-
lique.
Psychiutrische en Neurologischc bidden
(Juli-Augustus 1906).
H. v. d, Hoeven Jr. — De aphasie in nleuwe banen? — L’aphasie
est-elle conduite dans des voies nouvelles-?
D* D.-M. van Londen. — Bydrage tot de kennls der pathologlsche
anatomle van chorea. — Contribution a l’etude de l’anatomie patho-
logique de la chorde. ‘ 1
Ncdcrldtidsck Tydschrift coor Genees/mnde
(20 Januari 1906).
August Starcke. — Bydrage tot hetdenkbeeld « Poliomyelitis ».
— Contribution h l’dtude de la poliomydlite aigue.
3 Febri 1906.
D r G.-C. Bolten. — Morphinlsme. — La morphinomanie.
21 Aug* 1906.
J. van der Torren. — Twee gevallen van Korsakow’s symptomen
complex na tioofdver wondlng. — Deux cas du syndrome de Kor>
sakow aprds blessure de la tote.
Anna T. A. S. van Westrienen. — Abnormal© outwihckellng van
het centrale zenuwosteisel by den mensch. — Ddveloppement
anormal du systdme nerveux central de I’homrae.
J. van Deventer et F-A. Melchior
NOUVELLES
Le prochaln concours d’adjuvat. — Par arrdtd en date du 12
janvier, un concours pour l’admission aux einplois de mddecin-adjoint
des asiles publics d'alidnds, s’ouvriraa Paris, au ministdrede l’interieur,
le 4 mars 1907.
Le nombre des places mises au concours, est fixd d 8.
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44
REVUE DE PSYCHIATRIE
L©8 suicides en France. — La Rctmn de statistiquc du 7 octobre
nous npprend qu’il y n eu en France 8.876 suicides en 1904. Sans insis¬
ter sur la comparaison des moyennes suivant le sexe, l’&ge, la profes¬
sion, les variations saisonni&res ou le mode de perpetration, il nous a
paru interessant de relever que, parmi les causes presumees, les mala¬
dies cdrdbrales figurentseulement pour 17 %, proportion qui parait bien
minime au premier abord. II est vrai qu’ll faut entendre 17 •/. des cas
classes, dans lesquels ne sont pas compris 10 % du nombre global des
suicides, ces 10 % restant absolument inexpliquds. D’autre part, dans
la liste des causes prdsum6es nous notons avec 14 •/« l’indication
« seeks d’ivresse; ivrognerie habituelle »; il est probable enfin que
dans les 2/3 des cas diversement interprdtds, il est fait dtat des causes
apparentes, et qu’un certain nombre de suicides d’ordre psychopatho-
logique n’est pas considkry comme tel.
Mythomanie et... versdu nez. — M. Souques rapport&it le 16 no-
vembre, a la Socidte mSdicale des hopitaux, la curieuse observation
d une fillette de neuf ans qui, pourse rendre intyressante, mouchaiten
presence de sa mere affolee, des vers prdalablement recueillis dans les
fruits et introduits dans le nez. Ce procdd6 bizarre n est d’ailleursqu'un
des nombreux expedients mensongers employes a lout propos par
cette jeune mythomane.
A cette occasion, M. Siredey rappelait avoir entendu raconter par
Hardy l’histoire d’une enfant qui s’introduisait des cailloux dans le vagin
pour simuler l’expulsion de la pierre.
Un cours international de psychologic judicial re et de psychlatrle.
— M. Sommer, professeur a l'Universite de Giessen, a fait avec succ&s
a cette University, dans la samaine precedent celle de Paques, un cours
international de psychologie judiciaire et psychiatrie, qu’il renouvellera
pendant une semaine de la deuxieme moitiU d’avril en 1907.
Ce cours, Irks utile pour les juristes et mydecins, doit traiter des
rapports de l’alienation et de la criminality, de 1'alcoolisme, de Pdpi-
lepsie, de la folie congenitale et des anomalies morales et morpholo-
giques congynitales, des theories du droit en rapport avec le ddtermi-
nisme, de la psychologie policikre, de l’influence du milieu, etc.
Fondatlon d’un Institut de Psychologie appliqu6e en Allemagne.
— La Society allemande de psychologie expyrimentale a fondy un
« Institut fur angewandte Psychologie and psychologische Sammel-
forschung » qui doit constituer un organisme central pour les recher-
ches gyndrales d’intyrkt pratique, juridiques, pydagogiques, etc. Parmi
les questions qui seront etudiees d'abord figurent le dyveloppement du
langage et de la logique chez les enfants tres jeunes, la psychologie du
tymoignage, les tests de determination de l’intelligence, etc.
L’institut possedera un organe, le « Zeitschrift fur angewandte Psy¬
chologie und psycholsgische Sammelforschung » qui paraitra en 1907,
dirige par MM. William Stern et Otto Lipmann. Il est probable que
ce periodique s'annexera la revue pour la psychologie du tymoignage
qu’kditait Stern.
Prlx Henri Lorquet. — L'Acadymie de Mddecine a attribud le prix
Lorquet ix nos collaborateurs MM. Dromard et Levassort, mydecins-
adjoints des asiles d’alienys.
Le gtirant : A. Coufslant.
PARIS & OAHOKS, IMPRIMFRIF A. COU FSLANT (* 28 - 1-07 ;
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REVUE CRITIQUE
LESIDEES ET LES EXPERIENCES DEM.W. MACDOUGALL
SUR LA PIIYSIOLOGIE DE L’ATTENTION '
Par M. Et. Maigre
La suite (Particles dont nous allons faire l'analyse manque
d’unite. On n*y rencontre pas cette marclie rectiligne vers une
solution, l'encliainement des parties et la ndcessitd dans 1'ordre
des termes qui rendent agrdable la lecture d’un ouvrage de
science et constituent mdme I'interdt de certains contes. Par
exemple, le mystere de Marie Roget et le Scarabde d’or, comme
de beaux thdoremes, n'ont pas d’autre attrait que la mise en
evidence des rapports logiques. — En science, comme ailleurs,
et tout autant, l’harmonie et 1’dquilibre, la coordination des
parties et leur convergence sont les elements de la beautd. Et
pour revenir aux articles de M. Mac Dougall, oil ces caracleres
ne se rencontrent pas toujours, on peut ne point s’occuper du
deuxieme et des ddveloppements sur le systeme nerveux qui
terminent le premier. Leur suppression n’aurait pas dtd nuisi-
ble k r ensemble ; par conlre, elle en aurait peut-dtre augmenld
la valeur.
Cette reserve faite, il convient d'ajouteraussitdtque les expe¬
riences et les deductions de M. Mac Dougall font estimer cliez
lui un talent peu commun d’apercevoir les consequences ndces-
saires ou probables qu’entralne toute donnee.
Ce psycbologue pense qu’on est aujourd'liui k peu pres d’ac-
cord sur le sens du mot attention. 11 sail pouriant quelle diffl-
culte l’on trouve k definir ce terme. D’apres lui, un plidnomene
auquel on est attentif devient le centre de l’activild mentale, et
l'efiut de cette attention n’est pas uniquement ni mdme surtout
de le rendre plus clair et plus intense, mais plutdt d’augmenter
son aclivitd, la force avec laquelle il pdn&tre en nous et deter¬
mine d’aulres phdnom&nes. Et il ddfinit l'attention comme
Ebbinghaus 3 qui a tenu compte de son double aspect: renforce-
ment d'une part, depression ou inhibition de l’autre. Elle serait
done dtablie lorsqu’un groupe de faits psyebiques parvient k
une activite, plus grande et prddominante aux ddpens d'autres
dtats. Et ce phdnomene, consequence d’un processus de selec-
1 Mind. — 1902 : Juillet (pp. 316-351). — 1903 : Juillet (pp. 289-302) et
Octobre (pp. 473-488). — 1906 : Juillet (pp. 329-359).
* Grundiiige der Psychologic . Band I, p. 575..
4
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46
REYUE DE PSYCHIATRIE
tion, envisage sous divers points de vue, conduit k plusieurs
problemes :
Deux questions se posent d’abord : quelle est la nature de
Inattention considerde comme un fait de conscience ? — puis,
quels sont les phdnomenes physiologiques sous-jacents ? —
En troisieme lieu il faut se demander quels facteurs concourent
k produire des series d’dtats d’attention, autrement dit, quelles
sont les causes qui faisant prdvaloir un phdnomene semblent
Tamener au foyer de la conscience. — II est ndcessaire enfin de
reconnaitre si possible l’influence et le mode d'action de cliacun
de ces agents.
On est parvenu, au moyen des seules mdthodes psychologi-
ques, a r^pondre d’une raaniere assez satisfaisante k la pre¬
miere question. Quant k la troisieme, M. Mac Dougall consi¬
der que toutes les causes de quelque importance ont 6te
reconnues et plus ou moins discuses. II en corapte quinze. On
pourraitais6ment augmenter cette liste par l’analyse de chacun
des facteurs obtenus. Mieux vaudrait peut-£tre essayer de la
reduire, voir si plusieurs d’entre eux ne rentrent pas sous un
concept commun. Et reduction faite, cerlaines causes plus
importantes devraient Hve cities avant tout: on peut dej k,
semble-t-il, ranger parmi elles la nouveautd relative de l’objet
et les tendances, systemes mentaux dont la r6alit6 n’est point
douteuse et qui correspondent sans doute k des dispositions
physiologiques. Au contraire, d’autres causes trop evidentes
pourraient ne pas Atre dnumerdes. Tout lecteur lesconnait d6j^.
A quoi bon prouver ou dire 1 evidence ? Le scrupule excessif
sous ce rapport A valu k Wolff et k ses disciples une plaisante
c61ebrite.
Nous nous dispenserons en consequence de suivre M. Mac
Dougall dans son denombrement minutieux. II convient toutefois
de citer le dernier terme de sa liste, qui caractdrise la tournure
de son esprit. L’Ame y intervient en effet k litre de cause, et
elle aurait peut-Atre, d’apres lui, le pouvoir de neutraliser
l’influence des autres facteurs de rattention.
Pour ce qui estde cet agent, dit M. Mac Dougall, sa reality ne
saurait Atre infirm6e ni etablie par une opinion pieuse ou
philosophique quelconque, et nous ne pouvons avoir d’indica-
tion k son sujet qu'en employant la methode des rdsidus. II
faudrait done d’abord connaitre tous les autres facteurs, en
calculer les effets dans un cas d4fini, comparer leur resultante
k celle que Ton trouve rdellement, et, de l’accord ou du disac¬
cord des ph4nomenes prevus et des faits observes, conclure k
Texistence ou k la non existence d’un agent inexplicable. Et
M. Mac Dougall ajoute qu'il ne faut pas se pr^occuper de cette
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LES IDEES ET LES EXPERIENCES £>E M. W. MAC DOUGALL 47
derniere cause jusqu'A ce que les notions de la science sur Uni¬
tes les autres aient immens6ment progress^. Nous devons
toutefois, dit-il, penser que son existence est possible.
Personne ne lui contestera ce dernier point. Mais la m6thode
qu’il propose pr£te k la discussion. Elle ne s'accorde pas avec
Tobjet k mettre en Evidence, et ainsi pose le probleme est inso¬
luble. II Test du reste toujours. — M. Mac Dougall, s'il a parle
sans ironie, est trop bon logician; il a trop le sens des demons¬
trations rigoureuses pour longtemps oublier que la methode
des residus suppose la connaissance, au moins quant k leur
nombre, de tous les antecedents et de tous les consequents
sans en omettre un seul. A ce prix son application est legitime ;
aussi ne peut-on presque jamais s’en servir. En dehors des
mathematiques, qui pourrait se flatter de connaitre et d’elimi-
ner toutes les inconnues d’une question sauf une seule ? —
Pour oucontre Texistence du facteur supreme de M. Mac Dou¬
gall, il n’y aura done jamais que des probabilites en rapport
avec retatde la science. Et de nos jours, sans conteste, celle-ci
ne lui est pas favorable. Le determinisme semble triomplier.
Quant au dernier probleme, qui consiste A rendre compte de
Taction des facteurs 6numdr6s, on peut dire, avec M. Mac Dou¬
gall, que jusqu’A present les efforts tentes pour le resoudre n’ont
pas donne de resultat. Les considerations physiologiques y sont
de premiere importance. Et peut-Atre mdme n'y a-t-fI pas de
question sur un fait de resprit qui montre mieux les limites de
nos methodes. Si done Ton refuse pour des motifs d’uniformit6
Paide de la neurologie, on a bien des chances de rester au
m£me point, dans une ignorance k peu pres complete des cho-
ses, etcela fort longtemps. — Le psychologue devra se resoudre k
etudier les phdnomenes sous leurs deux faces. Car les physiolo-
gistes ont peu contribu6 k 61ucider le probleme de Tatten-
tion. Lorsqu’ils se sont occup^s des fonclions du systeme ner-
veux, ilsonttenu compte de celle-ci, mais en tantque faculty
de T&me. Sans doute, ils ne la prenaient pas pour une cause
m^taphysique, ni ne jugaient impossible de la d6crire avec la
terminologie de leur science ; elle 6tait pour eux plutdt une
forme particuliere, non encore analyst, de Tactivit6 mentale.
Helmholtz, de la sorte, explique en invoquant Tattention,
beaucoup de phenomenes d^crits dans YOptique Physiologi
que . Il ne cherche pas a aller plus loin. Et Exner \ comme lui,
la prend pour une influence venue on ne sait d’ou : il se con-
tente de rechercher comment elle modifie Taclivite des centres
• EnUvurf zu einer phyaiologischen Erklarung dcrpaychiachen Erscheinungen
(Vienne, 1894).
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48
REVUE DE PSYCHIATRIE
inferieurs. Les figures de son livre sont meme ti es caractdristi-
ques de safacon de proceder : toutes les lignes qui represented
des voies de communication entre les centres inferieurs et les
autres parties du cerveau descendent le long des pages corame
des fils telegraphiques venus du ciel. — Goldschneider * enfiii a
envisage cette question de rn^rne.
Du cote des psychologues, G. E. Muller 2 ne s’est presque
occupequede l’attention volontaire, et W. James 3 a affirme
€ allegrement» que deux processus physiologiques paraissent
susceptibles de donner ici une explication complete ; l’adapta
tion des organes des sens et la mise en dtat prdalable de cer¬
tains centres nerveux. II mentionne aussi rinbibition comme
troisieme lacteur de peu d’importance. — C’est reproduire
la doctrine de MUIler. Et les conditions dnumdrdes par lui
ont sans doute une part preponderate dans le cas de ratten-
tion volontaire sensorielle, mais elles n’expliquent pas k beau-
coup pres la nature intime du processus. — En outre, W. James
s’est peu prdoccupd des causes qui dil igent l’attention. Sur ce
probleme de grande importance, il nous offre k la fois l'hypo-
these d'une activity inddterminde de Tame, et cette conjecture
que les phenomenes amends k la conscience par les lois del’as-
sociation, seuls sont fixds et retenus par resprit. — Mais, pour
M. Mac Dougall, c’est prdcisdment la pensee que ces lois sont
ainsi capables de dinger toute notre vie mentale qui a ddtournd
les psychologues des difllcultes essentielles.
Munsterberg, dit-il, raison ne juste lorsqu’il insiste sur l’in-
suffisance de rassociation k nous rend re compte des actes men-
taux et fait ressortir que cetteincapacite a iait naitre une autre
theorie, celle de l’« apperception > au sens d’une activitd indd-
terminde. — Le point de ddpart de Munsterberg 4 lui-mdme
est que tous les mdcanismes moteurs sont groupds par paires
antagonistes : l’activitd des uns tend & inhiber celle des autres.'
Et il suppose que telle est la base de tout renforcement et
de tout arrdt fonctionnels, en un mot de toutes les actions
contraires du systeme nerveux. — Cette thdorie rencontre
plusieurs difflcultds dont voici quelques-unes : D'abord le ren¬
forcement y devient une simple absence d’inhibition. Puis, M.
Mac Dougall a observe sur des images visuelles, des pheno-
menes d'inhibition reciproque semblant montrer que les rela¬
tions d’antagonisme ne sont pas bornees aux actes moteurs. —
D’autre part, il serait difficile, avec l’liypothese de Munsterberg.
1 Die Bedculung der Reize in Lichte der Seuronlehre (Leipzig, 08).
2 Zur Theorie der similichen Aufmcrksamkeil (Leipzig, 18/3).
Principles of psychology (1801).
* Grunaztige der Psycho log ie (1000).
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LES IDEES ET LES EXPERIENCES DE M. W. MAC DOUGALL 49
d’expliquer comment un processus qui a lieu dans le domaine
d’un sens peut exercer une action d'arr£t dans un autre
domaine : elle u’a de valeur quo pour les activites associees de
la raaniere la plus etroite. Et elle a amend celui qui la soutient
a supposer que tons les processus automatiques sont subcorti-
caux, ce qui semble en disaccord avec la reality. Foster et
Sherrington onteneffet pu ecrire qu’il n'y a aucune des rai¬
sons par lesquelies on prouve que le mouvement conscient et
volontaire a son origine dans l’ecorce grise du cerveau, qui ne
tendealaire concevoir celle-ci comme ayantde mdme un role
dans les actes automatiques. — Une hvpothese dont les conse¬
quences paraissent insoutenables, puisqu’elles ont contre ellos
taut d’arguments serieux, ne doit pas nous retenir.
Ebbinghaus ' a consacre quelques pages k notre probleme. 11
revient aux iddes de James et de Lewes, et les traduit dans le
langage pliysiologique. Quant 4II, Lange et k M. Kibot, ils ne
sont pas inline alles si loin dans la conception de la nature in¬
time du processus.
Cet examen rapide, dit M. Mac DougalL doit sufflre k mon-
trer que les facteurs physiologiques de l’attention sont loin
d'etre connus. 11 faudrait avant tout parvenir a une conception
aussi claire et aussi precise que possible de Tdtat cerebral con¬
comitant 4 une conscience attentive. M. Mac Dougall nous ex¬
pose done ses idees sur les centres nerveux. Elies terminent le
premier de ses articles, un pen longuement, car elles n'ont pas
une grande originality. Les centres nerveux seraient un reser¬
voir d'energie sous forme cbimique, done k l'etat potentiel. Et
cette energie deviendrait active, grace aux elements nerveux.
Elle aurait alors, de inline que la clialeur, Telectricite ou leau,
une tendance a passer, des endroits ou le potentiel est plus61eve,
a ceuxoiiil Test moins, en suivant les voies de moindre resis¬
tance.
Des neurones excites mettraient plus rapidement en liberty
cette 4nergie dont le passage a leavers d’autres neurones les
exciterait k letir tour 2 . Nous nous trouvons done en presence
d’un effort pour* developper la conception des actes nerveux que
le piofesseur Von Kriesa appelee lhypothese de la conduction
en l’opposant k celle qui presume le lonctionnement individuel
des elements nerveux. Ici, chaque etat psychologique corres-
pondrait k un influx, traversant un groupe de neurones avant
d'aboutir aux organes moteurs.
Et cette supposition est tres plausible. M. Mac Dougall n’a eu
1 Grundziigc dcr Psychologie,
2 Voir Brain 1WH.
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50
REVUE DE PSYCHIATRIE
que lo tort dela d6velopper beaucoup trop. Les conjectures ne
sont pas des preuves, et deduire n’est pas d6montrer; il le sait
mieux que nous. Pourquoi alors vouloir analyser ce que rien ne
dem£le et construire dans le vide, fut-ce un systeme coherent ?
Pourquoi descendre a priori jusqu’aux details les moins verifia-
bles? Nous adraettions de grand coeur, m£me avant ces effortsde
logique, que M. Mac Dougall possede k un haut degr6 la puis¬
sance raisonnante, — souveraine — tant qu’on ne s'ecarte pas
des faits. Qui ne se souviendrait, en le lisant, des paroles de
Pascal sur les imaginations de Descartes f 11 s’agissait alors du
systeme du monde, grande machine en v4rite. Mais deviner le
systeme cdr^bral est peut-6tre encore plus difficile. Ne l’inven-
tons pas trop. Nombre d’Allemands s'en chargeront toujours
plus qu'il n’est n6cessaire.
Le second article ne nous offre pas non plus des idees originales,
bien qu*on y rencontre des discussions interessantes parfois. II
y est traite de l’6tat de veille comme condition de Inattention.
M. Mac Dougall considfere celle-ci comme possible dans le rkve,
jusqu’& un certain degrd.
Par contre, les deux derniers contiennent des experiences
personnelles. Dans le troisieme il s’agit de Tactivite de certains
muscles et de l’influence qu'elle exerce sui* rattention. On
considere en g4n6ral comme prouve que des mouvements ont
une part dans ce processus. M. Mac Dougall a toutefois raison
de dire que ses experiences permettent d’apercevoir leur rdle
d'une maniere plus directe qu’on ne lavait encore fait.
Les phenomenes qu'il etudie ont un trait comraun : tandis que
l'objet ne change pas ou ne se modifie qu’avec lenteur, les im¬
pressions de la conscience eprouvent des changements mar¬
ques et rapides, Il s'adresse d’abord aux images consecutives.
Nous savons tous que ces images non seulement presentent
des variations d’6clat et de couleur, mais sont aptes k dispa-
raltre pour revonir soudain.
Et Ton a dit plusieurs fois que les mouvements des globes
oculaires lendent & chasser les images, consecutives, ce qui est
vrai, sans aucun doute, dans le cas ou elles sont projetees sur
une surface dont la texture pr6sente d’appreciables ddlails.
D’apres Exner *, la disparitiou de l’image consecutive est alors
due a ce que rattention en est distraite et setrouveattiree d’une
maniere reflexe sur les parties du champ visuel qui se deplacent
relativement a la retine. En eflet, les sensations dont les causes
resident entierement dans l’ceil et se deplacent avec ltii, les
mo aches volantes et les images consecutives par exemple,
1 Zciischrift f. Psychologic (Bd. I).
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LES IDEES ET LES EXPERIENCES DE M. W. MAC DOUGALL 51
n’ont pas de valeur comrae signes d’existences objectives et
sont d’ordinaire ndgligdes. Cette conception des choses s'appuie
sur un fait : k raesure que Ton s’accoutume k 6tre attentif k ces
apparences, elles prennent un caractere beaucoup plus stable.
Wirth 1 professe sue ce point la m£me doctrine ; le professeur
Hering 2 la soutient aussi. Ce dernier a fait connaitre que si l’on
observe une image consecutive dans l’obscurite, les mouve-
ments des yeux ne Teffacent pas, et que la tendance de l'image
A devenir invisible avec leurs mouvements s’affaiblit dans la
mesure oil la surface sur laquelle elle est projetee devient plus
uniforme. Et les observations de M. Mac Dougall sur l’influence
de la surface de projection concordent tout k fait avec cellesdu
professeur Hering. Mais pour ce qui est de reflet des mouve¬
ments des yeux sur les images consdcutives, on peut affirmer,
en outre, selon lui, que si elles sont observes k l’obscurite, les
mouvements des yeux, non seulement ne les font pasdisparaitre
mais tendent plutot a les affermir, et les ramenent k la cons¬
cience quand elles ont disparu. Les deplacements lateraux des
globes oculaires pourront ainsi amener le retour des images
consdcutives, mais un effort de convergence et d’accommodation
a un efletbeauooup plus certain : l’image reparalt plusieursfois
si Ton reproduit les mouvements de convergence des axes des
yeux. Chacune de ces apparitions se maintient pendant quelques
secondes.
On peut demontrer cette influence de l’activite des muscles
d'une maniere plus concluante et prouver en m6me temps que
les muscles internes des yeux y jouent le plus grand role. Par
deux applications de sulfate d’atropine k son ceil gauche,
M. Mac Dougall paralysa completement ie muscle ciliaire et
Piris de cet ceil. Dans la chambre noire il maintint alors,
sur le trajet d'un faisceau de rayons solaires, un rectangle de
papier blanc dont les c<3tds avaient 20 et 50 millimetres. Pour
commencer, il le placa dans la position verticale, et se mit,
pendant 30 secondes, k regarder flxement, avec Tooil gauche
seul, un point marque an milieu ; ensuite le grand cote du rec¬
tangle fut placd horizontalement, etle point fixd avec le seul
ceil droit, pendant 30 secondes encore. — La t£tecouverte et les
yeux clos, M. Mac Dougall observa les images consecutives : il
vit deux images positives, brillantes, lutter pour la predomi¬
nance, tout k fait comme les bandesblancheshorizontales et ver-
ticales que Ton combine dans un stereoscope. Elles formaient
une croix, Tune couvrant toujours une parlie de l autre. Et la
» Phil. Stud (Bd. XVI).
2 Von Graefe'a Archivcn (Bd. XXXVII) (Xeitschrift f. Psy. Bd. I).
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52
REVUE DE PSYCHIATRIE
bande verticale semblait passer dessus, le plus souvent, parce
que la pupille de l'oeil gauche dilate, avait laissd pdnelrer
plus de lumiere.
Mais si Ton fait un effort d’accommodation, aussildt l’image
horizontale prddomine, mdme d’ordinaire au point d’exclui e to-
talement l’image de l oeil gauche, et elle continue de prddomi-
nertant que dure l’accommodation de l’oeil droit,
M. Mac Dougall a fait beaucoup d'observations de ce genre en
variant les objets, toujours avec le mdme rdsultat. Elies sem-
blent bien piouver dit-il, que la contraction des muscles inter¬
nes d’un oeil envoie au cerveau, sans doute par des nerfs par¬
ticulars, une influence qui renforce directement l’activite de la
voie cerdbro rdtinienne Et celte contraction n’exerce pas un
tel effet sur la voie correspondante de l’autre oeil, ou agit sur
elle avec moins de force.
Mais Ton peut remarquer qu’il n’est pas certain que reflet
constatd par M. Mac Dougall soit du& des nerfs spdciaux, com-
meil le suppose, car les modifications de l’humeur vitree pour-
raientagir sur la retine dans ce cas.
Cette experience, ajoute-t-il, semble prouver d’une maniere
concluante que les « aires > visuelles corticales des deux yeux
sont separdes. II s'appuie sans doute sur ce fait que le renfor-
cement produit par l’aclivite des muscles internes d’un oeil
exisle sur une seule image : si les deux surfaces de vision n’e-
taient pas sdpardes, les images augmenteraient toutes deux
d’intensitd ,* tel est peut-dtre le raisonnement qu’il ne formule
pas. De toute fa$on, l’evidence ici nous dchappe. Les aires
visuelles pourraient tres bien 6tre confondues et toutefois le
renforceraent ne s’exercer que sur une seule image, parce que
ses connexions lui permettraient, de drainer pour ainsi dire,
Tinflux de la seule voie cdrdbro-rdtinienne excitde. Une preuve
analogue, etqui ne serait pas plus concluante, pouvail de mdme
dtre donnee au moyen de la paralysie des muscles externes d’un
oeil, qui amene la diplopie et non la confusion des images.
Certaines experiences de M. Holt \ nous dit ensuite M. Mac
Dougall, semblent montrer que les sensations visuelles sont in-
terrompues ou inhibees pour un instant pendant les mouvements
volontaires des yeux. Mais lui-mdme a note aussi dans tous les
cas que reflet renforcant de 1’activite des muscles internes d’un
oeil ne semble se manifester qu’apres une duree appreciable. II
n'y a done lien de contradictoire entre ses observations et celles
de M. Holt.
Enfin reflet de la contraction de ces muscles peut £tre mis en
1 Psychological Review (Monograph suppl. IV).
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LES IDEES ET LES EXPERIENCES DE M. W. MAC DOUGALL 53
evidence dans le cas de sensations visuelles directes lorsqu’on
etudie la lutte dedeux champs decouleurs difierentes. N. Lange 1
et M. Breedlse 2 avaient essayd dej& de noter ces changements,
le premier dans le cas des figures k signification indelerminee,
telles que le cube de Necker ; le second dans le cas de la lutle
entre les sensations fournies par les deux yeux. Ils se servaient
de deux contacts electriques, le sujet devant les etablir allerna-
tivemeut suivant que Tun ou 1'autre des deux dtats de cons¬
cience prddominait. Or, dans le cas de M. Mac Dougall et dans
celui de beaucoup d’autres personnes, les periodes de predomi¬
nance complete ne remplissent pas toute la duree de l’obser-
vation.
Lorsqu’il s’agit de champs de couleurs difierentes entre ces
periodes il s’en trouve d’autres oil les deux couleurs appa-
raissent, fondues en une teinte inddcise ou melangees en tachcs
irregulieres ,* et dans le cas des figures ambigues, on rencontre
des phases pendant lesquelles la figure ne prend ni Tun ni 1'au-
tre des aspects significatifs, mais se presente comme un simple
rdseau de lignes.
II semble done necessaire de se servir d’un appareil permet-
tant au sujet d’enregistrer aussi la durde de ces periodes.
M. Mac Dougall en a imagind un, qui n’a rien de passd au noir
de fumee, l ien d’electrique, ni de compliqud, et qui n’en vaut
quemieux. 3
Ainsi outille il a fait l’expdrience suivante :
Les deux champs en concurrence dtaient deux pelits carres
de couleur de 2 mm de c6td f un peu grossis par le stereoscope ;
chacun occupant le centre d’un carrd blanc h peu pres de md-
me eclat, et dont le cotd mesui*ait 10 mm . Ceux-ci dtaient mon-
tes sur deux cartes noires qui bouchaient le reste de la fenle du
yolet et glissaient l’une surl'autre, ce qui permettait de faire
yarier la distance des champs. Chaque observation dura une
centaine de secondes; chacune fut rdpdtee en transposant les
cartes.
Les muscles accomodateurs du cristallin et de la pupille de
l’ceil gauche dtaient paralysds par l’atropine, — l’oeil droit res-
tait normal. — Dans trois series d’experiences les deux champs
se combinaient, avec des axes yisuels k peu pres parallels ;
dans la quatrieme serie, les deux champs dtaient plus rappro-
chds de 20 mm , de sorte que leur combinaison impliquat une
ldgere convergence des yeux. M. Mac Dougall se mit a conside-
rer la serie des changements, d’abord d’une maniere passive,
» Phil. Stud (Bd. IV).
2 Psych . Review (Monograph supplement n° 11, 1809).
8 Voir Mind : Oetobre 190:*, p. 478.
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54
REVUE DE PSYCHIATRIE
puis en essayant d'obtenir la predominance d’une couleur. II
trouva qu’un effort volontaire dansce but rdussit ti es Lien lors-
qu’il porte sur la couleur prdsentde a Toeil normal, la difference
dtant en moyenne de 15 secondes dans le cas du bleu et de 14
secondes pour l’autre, mais on peut soutenir aussi la sensation
qui se rapporte k l’oeil paralyse par l’atropine, bien qu’a un
moindre degrd : Ton gagne ainsi 11 et 9 secondes pour le bleu
et l’orange respectivement.
La convergence desyeux a un double effet : d’abord les pha¬
ses tachetees ou de couleur neutre sont prolongees beaucoup
aux depens des autres, sans doute par Taction des muscles ex-
ternes desyeux, lesquels, maintenantla convergence, renforcent
l’excitation des deux voies cerebro-retiniennes ou au moins
augmentent sa duree ; — en second lieu le champ de Koeil nor- •
mal semble se maintenir avec plus de facility que quand les axes
visuels sont paralieles, et ceci doit dtre du k l’activile des mus¬
cles internes.
D'autres observations faites par line mdthode diffdrente out
donnd des rdsultats analogues. Par exemple, un carre de verre
depoli de 3 cm. de c6te, encastre dans le volet d’une chambre
noire, recoit la lumiere d’un ciel nuageux mais de clartd uni-
forme. L’observateur, k 50 cm. de distance, fixe un point au mi¬
lieu de cette surface; son oeil gauche est paralysd par l’atro-
pine, l’oeil droit reste normal. Un diaphragme de 2 mm. de dia-
metre, sorte de pupille artificielle, est place devant chaqueoeil ;
alors, avec un verre bleu pour Toeil gauche, un verre rouge
pour le droit, la concurrence des deux champs visuels est ob-
servde. — On recommence, toujours en transposantles verres. —
Les chiffres de M. Mac Dougall montrent que le renforcement,
par Taclivite des muscles internes de l’ceil normal, est tout a
fait net.
Ces observations, dit-il, semblent prouver d’une maniere plus
directeet plus decisive qu’aucune de celles dont j’ai pu prendre
connaissance : 1° qu’il y a une double voie cerdbro-retinienne
pour les sensations de couleur, c’est-ci-dire quo celle de chaque
oeil est bien sdparde de l’aulre. — 2° que Pexcitation d’un de
ces trajets nerveux est renforcde directement et puissamment
par l’activite des muscles internes de Toeil oil il aboulit, sans
doute gr&ce a des impulsions apportees au cerveau par lesnerfs
afferents de ces muscles.
Les effets de la contraction des muscles des yeux pour de¬
terminer l’apparence des figures a signification indeterminde,
sont bien connus. — Le professeur Loeb 1 a indiqud que si Tun
1 PfUIgers ArchWcn (Bd 40 ).
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LES IDEES ET LES EXPERIENCES DE M. \V. MAC DOUGALL 55
des angles centraux du cube de Necker est fixe par un seul ceil,
et si Ton augmente legerement I’accommodation, cet angle tend
d paraitre convexe et le plus rapproche. Si Teffort dirainue
un peu, Tangle recule soudain. — Faire varier Taecommo-
dation c’est ajuster Torgane pour percevoir d’une autre ina*
niere, et il est naturel que cet effet s'ensuive. MaisM. Mac Dou¬
gall a vu qu’il n’v a pas ici d association indissoluble et qu’un
changement de Taccommodation n’est pasn^cessaire pourqu’ofl
puisse, par un effort de volontd, modifier le phenomene de
conscience.
De toutes ces recherches il tire la conclusion gendrale que les
effets moteurs d’une impression renforcent la sensibilite, pour
ainsi dire, mais surtout celle qui correspond k Torgane des
sens oil se sont produits ces effets. — Du reste, pour les
yeux, Tinfluence est Ires complexe, car Tetude des figures
ambigues montre que la contraction des muscles tend a deter¬
miner Tun ou Tautre mode d’attention — et rdciproquement,
chaque mode d’attention it la figui*e determine une certaine ac¬
tive bien ddfinie des muscles des yeux.
Mais ces experiences prouveut davantage. Et M. Mac Dou-
gall, dans un dernier article, se propose de montrer que les
accompagnements ou effets moteurs dela perception sensorielle
n’ont pas Timportance exclusive que beaucoup d’auteurs leur
ont accordee.
En effet, plusieurs psycliologues ont ete frappds des conse¬
quences de Tactivite des muscles au point de considbrer celle-ci
comme le seul facteur de Tattention. Parmi eux, le professeur
Ribot a soutenu cette opinion de la maniere la plus absolue et
la plus explicite, dans beaucoup de passages tels que le suivant:
« Les manifestations motrices ne sont ni des cllbls ni des
causes, mais des elements : avec Tetat de conscience qui en
est le cote subjectif, ils sont Tattention i ».
Si j’ai bien compris le professeur Ribot, dit M. Mac Dougall,
nous devons croire que Tarrivee d’excitations renforcantes par
les nerfs du « sens musculaire » est la condition indispensable
de toute attention, telle qu’en son absence tout genre ou degrd
d’attention devient impossible. Le professeur Sully 2 a adopte
une forme moins absolue de cette doctrine qui a 6te critiquee i
fond par le professeur Stout 3 . Je me bornerai S citer des faits
d'exp^rience. Ils suffiraicnt du reste pour montrer que, mbme
dans les cas les plus simples d’attention sensorielle, le role
des ajustemenls moteurs est secondaire, et pour employer le
1 Pgychologie de l'Attention (1889), p. H8.
2 Human Mind (cli. 149).
3 Analytic Psychology I. (p. 208).
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56
REVUE DE PSYCHIATR1E
langage de M. Stout, que « 1'activit6 cdrebro-ideationnelle » est
la condition immediate et essentielle qui determine rattention.
Un ajustement moteur des organes des sens n’est qu’une simple
disposition au service de processus cerdbro-ideationnels, pour
intensifier des sensations et pour les maintenir.
Fecliner * avait remarque ddj& que pendant la lulte de deux
surfaces de couleurs differenles, presentees respectivement aux
yeux, il etait possible, par un effort de volonte, de favoriser la
predominance de Tune ou de Tautre couleur. Comme explication,
il supposa que les muscles internes de Trail qui percoit la cou¬
leur sur laquelle I’attention est concentr4e, sont innerves plus
fortement que ceux de Tautre ceil et que la predominance de
cette couleur est due a son renforcement par des excitations
venant de ces muscles.
M. Mac Dougall a cite des experiences qui prouvent que Tac-
tivitd des muscles internes d’un ceil renforce et maintient dans
la conscience la sensation de la couleur presentee a cet ceil.
Mais k letat normal ces muscles d’un seul rail peuvent-ils £ti e
plus fortement innervds que ceux de Tautre ? Quoiqu'il en soit,
les experiences qui nous sont connues maintenant semblent
aussi etablir que Taction de favoriser une couleur ne s’eflectue
pas, ou du moins pas en entier de cette maniere indirecte, car
elles montrent qu’un effort volontaire d’attention peut aider la
sensation de couleur correspondant a Tceil dont les muscles
internes sont paralyses k predominer sur Tautre sensation.
L’activild cdrebro-ideationnelle impliquee dans une concen¬
tration volontaire de Tattention doit done, elle aussi, dans une
certaine mesure, rendre la sensation plus intense et contribuer
k la maintenir.
Et M. Mac Dougall qui cite Loeb 1 2 contre M. Ribot, aurait pu
consigner Tobservation suivantedu professeur Sully 3 : celui-ci
marchait perdu dans ses reflexions ; ses yeux furent attires par
T6clat d’une lampe. Il s'arrtRa involontairement. L’etat de ses
muscles correspondait a Tattention externe, toutefois le deve-
loppement de ses idees n’avait pas 4te interrompu.
De ces faits \ dont un seul sutllt pour que la IheoriedeM. Ri-
1 Abiiandl. Bd V.
2 Pfi.Bgers. Arcliiven (Bd XL). — Lnrb a trouve on cfTel qu’on peut changer
1 apparence du cube de Meeker memo quund les muscles uccommodatcurs des
deux yeux sont paralyses par l utropiiie.
a Bkain 18<J0 pp. (145-105).
* Les experiences de M. Mac Dougall conlenaient pourlnnt une cause pos¬
sible d'erreur, puisqu’un seul dc ses yeux etait paralyse. Il sc pouvait alors
que les effets produits fussent attribuablcs 1 activite des muscles de l’cril
denveure normal. Cost pourquoi j ai du reprendre l’unc de ces experiences,
celle des champs colores qu’on superpose au stereoscope, apros avoir para¬
lyse par l atropine les muscles internes de mes deux yeux. Et j ni constat^
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LES IDEES ET LES EXPERIENCES DE M. W. MAC DOUGALL 57
bot soit erronee, nous pouvons conclure avec M. Mac Dougall
que : ni les ajustemenis musculaires des organes dessens, ni les
innervations centrales qui produisent de tels ajusteinents ne
sont des facteurs essentielsdans le contrdle volontaire ou Texer-
cice involontaire de Tatteniion, mais Lien plutot doivent 6tre
des eflets de son application sur tel ou tel objet.
Ceux qui supposent que Tajustement moteur est le lait pre¬
mier dans Tattention volontaire, et que le contrdle de cet acte
ne peut dtre effectue qu’indirectement, gr£ce au pouvoir de mo¬
difier Tinnervation des muscles, admettent en somrae la faculte
d’appeler k la conscience les images motrices, mais la nient pour
les autres images. Rien ne justifie cette hypothese.
En definitive, le determinant essentiel de Inattention senso-
rielle ne peut dtre que Tactivite cerdbro-ideationnelle de Stout,
le jeu de Texcitation parmi quelques-uns des systemes organi¬
ses d'eleraents nerveux dont se compose Tdcorce cdr6brale.
Ces systemes seraient d’ailleurs en partie determines par The-
redite, c’est-5-dire auraient une tendance congenitale k pren¬
dre certaines formes et certaines connexions. — Quand done
nous provoquons k volonle Taspect d’une figure ambigue, ou
quand nous conservons volontairement Tun de ses aspects,
nous ne le faisons pas uniquement ni surtout en donnant k Tor-
gane sensoriel la disposition convenable, mais en renforcant
d’une maniere directe Texcitation d’un systeme mental, tout
juste corame nous pouvons produire volontairement ou renfor-
cer la contraction de certains muscles en concentrant notre
attention sur Tidee du mouvement k effectuer.
Les autres experiences de M. Mac Dougall se rapportent k
Tinhibition. 11 a essayd de montrer 1 que l’alternance rapide de
deux couleurs, quand des champs diversement colores sont
presents aux yeux, comme par exemple lorsqu’on regarde un
carton blanc avec un verre rouge pour l'oeil droit et un verre
bleu pour l’oeil gauche, est due k la fatigue et 4 Tinhibition.
Dans ce cas, si les excitations restent de faible intensity, le
sujet voit une surface de couleur pourpre (ce qui, selon nous,
n’est pas en faveur de Thypothese de la separation des a ires vi-
suelles); il y a fusion binoculaire des deux couleurs. Mais si leur
luminosite devient plus grande, le sujet voit une surface alter-
nativement rouge et bleue. Les deux voies nerveuses excitees
se trouveraient done en relation d'inhibition reciproque, toute-
quon peut encore, dans ces conditions, rendre l une ou l’autrc couleur plus
iongteinps consciente, en faisant un effort pour la maintenir. — Un compte
rendu de cette experience, faite au laboratoire de l’asile de Villejuif, et pour
loquelle M. Pieron ra’u pr£te un concours dont je tiens u le remercier, paraitra
prochainemcnt dans cette Revue,
i Bhaui-Wixtbr, 1901.
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58
REVUE DE PSYCHIATRIE
fois 1‘effet inhibitoire ne serait produit que si Tintensite de Fex-
citation est assez grande. M. Mac Dougall a constate que :
1° Si une voie nerveuse est plus fortement excitee que 1‘au-
tre, la lumiere rouge devenant par exemple plus intense, les
phases ou le rouge prddomine deviennent plus longues que cel-
les du bleu, mais ne les excluent pas.
2° Avecdeux voies nerveuses 6galement excitees, les pdriodes
de predominance du bleu et du rouge sont de durees a peu pr£s
egales. Les sujets different beaucoup quant k la durde raoyenne
des phases. En general, celles-ci ne durent pas deux secondes.
Mais la predominance d’une couleur peut £tre un peu prolongde
par une concentration volontaire de l’attention sur le champ cor-
respondant; beaucoup plus par Fapparition de mouvements
dans un champ. — Qu’une roue a quatre rayons tourne par
exemple dans le champ de l’oeil droit de telle sorte que ceux-ci
passent rapidement sur la couleur : le rouge reste seul
visible pendant plusieurs secondes, apres lesquelles seulement
la couleur bleue commence k faire des apparitions pour dispa-
raitre bientot. Les taches bleues augmentent en dtendue, et
leur dur6e aussi augmente k mesure que l'observation se pour-
suit, mais sans pouvoir egaler les pdriodes de visibility du champ
rouge. — Si Yon enleve la roue apres une minute, le champ bleu
pr6domine en eflacant completement la couleur rouge pour plu¬
sieurs secondes (dans certains cas m£me pour 15 secondes);
aprfes quoi Falternation rapide des deux champs se rdtablit.
3° Si le sujet, tandisqu’il regarde le champ rouge avec l’ceil
droit, ferme son ceil gauche pendant quelques secondes, puis
ouvre celui-ci sur un champ bleu d’4clat egal ou m£me moindre,
le bleu predomine toujours, et m^me au ddbut efface le rouge
totalement. Ici encore, pour ainsi dire, Tactivite psychique de
la voie iatiguee est inhibee par celle de l'autre voie.
On salt que M. Ldvi 1 a montre, en excitant d'une maniere
continue les regions motrices de Tecorce des animaux, que les
voies corticales sont sujettes k une fatigue qui survient et dispa-
rait tres vite.
M. Mac Dougall se propose de montrer k son tour, que notre
incapacity de continuer k percevoir un objet sous un aspect bien
dytini ou plus genyralement notre impuissance k faire attention
de la m^me manierei un objet pour plus qu une pyriode de temps
tres breve, est due k une fatigue semblable des voies superieu-
res du cerveau. En d’autres termes, la fluctuation perpetuelle
de rattention qui est un de ses traits les plus particulars et
les plus constants, serait due k la fatigability des rdgions supd-
rieures du systeme nerveux.
1 Journal of Physiology (vol XXVI).
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LES IDEES ET LES EXPERIENCES DE M. \V. MAC DOUGALL 59
L’expdrience montre en effet que les ddplacements de l’atten-
tion qui se prdsentent avec les figures indetermin6es sont regies
par des lois toutes semblables k celles de ralternance des cou-
leurs.
1° Les periodes alternatives ont des durees de m6me ordre et
montrent les ra£mes differences suivant les individus.
2° Dans les deux cas la predominance d’une des phases peut
etre obtenue et prolong^ par la contraction des muscles exter-
nes ou internes des yeux, ou par un effort volontaire pour con-
centrer l’attention sur Tune d’elles. La prolongation ainsi obte¬
nue est courte, mais l’influence de l’effort volontaire est plus
grande dans le cas des figures ambigues.
3° Dans les deux cas la predominance d’une phase semble, k
mesure qu’elle se prolonge, fatiguer rapidement la voie ner-
veuse correspondante, ce qui amene bienldt la voie rivale k pre-
dominer.
— Si, par exemple, eloignd d’au moins cinquante metres et
place un peu en dehors du plan de leur rotation, Ton observe les
ailes d’unmoulini vent, on constate qu'il est difficile de serendre
compte de la maniere dont elles tournent, car elles semblent
renverser soudain leur mouvement. Tant que l’observateur
reste k une distance assez considerable, le disparate des images
sur les deux ratines ne suffit pas pour qu’une perception bino-
culaire certaine soit possible. Mais par contre, m£me si les
dimensions des ailes sont tres rdduites, si elles sont observes
avec les deux yeux d’un point assez rapproche pour que les
conditions d’une perception sure soient rdalisdes, Tobservateur
n’aura plus d’h^sitation.
C’est pourquoi M. Mac Dougall a fait conslruire un petit mou-
lin et l’a dispose de telle manifere que Tobservateur voit tourner
les ailes dans un plan un peu oblique par rapport k son plan
sagittal. Le fond etait une feuille de papier dclairde par derriere.
Sans autre source lumineuse, si Tobservateurfermeun ceil, il
lui est impossible de dire dans quel sens la rotation se produit.
Et le changement de phase dont nous avons parie ayant eu lieu,
les deux pdriodes alternent alors k des intervalles k peu pres
r6guliers tant que le sujet continue d’observer avec un seul oeil.
Au contraire avec les deux yeux, il faut attendre longtemps pour
constater des apparitions de la phase illusoire. M. Mac Dou¬
gall fit des experiences sur huit personnes et constata que :
1° La duree de chaquo phase varie beaucoup suivant les sujets
(entre 3 et 20 secondes). En general elle est d’envirou 5
secondes.
2° Les pdriodes deviennent plus breves k mesure que 1’obser-
vation se prolonge.
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60
KEVUE DE PSYCIIIATHIE
3 » Tous lcs sujels purent exercer par un effort de volontd
une influence sur les phases, mais la prolongation aiusiobtenue
etait minime et aucun ne put emptier la phase contraire d’ap-
paraitre. ... 1.1
40 Quand le sujet regardait avec les deux yeux, le veritable
mouvement etait seul vu, mais si, apres que dix secondes au
moins s’etaient dcoulees, il fermait un ceil pendant une ou deux
secondes, la phase du mouvement illusoire survenait toujours
aussitot. .. , . ,
50 Lorsque l'observation binoculaire durait deux minutes
(pendant lesquelles du reste la vraie phase etait seule vue) et
quand on fermait alors l’un des yeux, la deuxierae phase du
mouvement etait vue de suite et persistait pendant une periode
variable (de 1/2 minute k plus d’une minute), pdriode apres la-
quelle les deux phases recommen?aient d’alterner rapideraent.
M. Mac Dougall pense que toutes ces experiences tendent k
montrer que les fluctuations de l’attenlion porlde sur des figures
ambigues ont des causes semblables 4 celles qui amenent 4 sb
succeder les champs de couleurs differentes.
Dans les deux cas, la condition principale serait la fatigue
d’une voie nerveuse, epuisement qui est vile rdparS.
II termine en parlant des controverses sur les oscillations de
l’attention. Les auteurs, dit-il, out surtout consider^ les inter-
mittences de la perception qui se produisent quand on s'efforce
de concentrer, d’une maniere continue, l’attention sur des bruits
& peine perceptibles ou sur des differences d’dclat 4 la limite de
la visibility. .... , . . ,
Certains auteurs, notamment le professeur Munsterberg 1 et
le professeur Heinrich 2 , ont pretendu que de telles fluctuations
sont dues k celles de l’ajustement de l’organe des sens, c’est -k-
dire du mdcanisme accommodateur de l’oeil ou de la tension de
la membrane du tympan de l’oreille, et ils onteflectud des exp 6 -
riences qui semblent montrer que de tels changements dans
ces organes se produisent au moment oh l’objel presque
imperceptible disparalt et reparalt. Mais, m 6 me s’il dtait dd-
montrd que les organes des sens se modifient toujours lors des
oscillations de 1 ’attention, il ne s’en suivrait pas du tout que les
changements d’dtat de ces organes, encore moins ceux de la
perception, ont leurs causes k la peripherie. Les deux sortes
de modifications ne se rameneraient-elles pas plutdt 4 la fali-
gue centrale V
Cette conjecture s’appuie du moins sur le fait que ces inter-
1 Beilrage zur expirimcntelUn Psychologic, Heft II.
* Zcitschrift f. Psychologic, (Bd. IX.)
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LES II)EES ET LES EXPERIENCES DE M. W. MAC DOUGALL
61
mittences de la perception sonl serablables sous plusieurs rap¬
ports aux variations des figures ambigues. Or, en certains cas,
et notamment dans celui de l’illusion dumoulin& vent, leschan-
geraents pdripheriques, quise produisenta de tout autres inter-
valies, ne peuvent jouer aucun role dans les fluctuations
$
# *
— On ne tsouve rien de Ires caractdristique dans les
dernieres pages de M. Mac Dougall, si ce n est le resumd d'une
hypothese sur l’inhibition, exposde ailleurs, et qu’il appelle la
thdorie du drainage Elle est sdduisante. Les centres nerveux,
pour lui, sont, on le sait, un reservoir d’energie liberde par-
tiellement. Et I’excitation d’un arc sensori-moteur diminuerait
la resistance de ses neurones au passage de l’energie libre. Si
done, deux ou plusieurs de ces arcs sont relics entre eux, le plus
fortement excite deviendra la voie de raoindre resistance,
d6chargera de leur influx ses ossocies, et drainera renergie miso
en liberie par les neurones de tous ces autres arcs. Si Ton
excite alors I’un d’eux, les effets seront annuls ou amoiudris.
#
# #
Les articles de M. Mac Dougall sur l’attention contiennent
encore des controverses que nous n’avons pas pu resuraer.
Nous le regrettons car elles temoigneut d’une grande habilete
dans la dialectique. Elles ne sont point sans humour. Et si lo
professeur Wundt n’y est pas toujours menage, le professeur
Muusterberg pour sa part, est ramene au respect de la physio¬
logic par des voies un peu piquautes. Quant au professeur Ribot,
je ne sais pas vraiment si resistance paisible et la gravite im¬
perturbable de son adversaire, lorsqu’il accumule, resume et
presente en bloc des preuves contre une thdorie de l’attenlion
quin’estpas une merveille, sont exemptes de malice tout k
fait.
Sans doute il est bon de ddpenser taut de dialectique et
d'ironieau service de la science, et pour son plus grand bien.
Mieux vaut encore la servir par des experiences signijlcatives .
Nous venons de voir que M. Mac Dougall l’a fait. 11 possede un
autre talent: il sait faire sentir 1’intdrdt des questions auxquelles
il s’attache. Et e’est beaucoup. Une science vaut ce quo vaut le
savant qui l’expose. Par exemple, il faut suivre les cours
de certains professeurs, mdme de Facultds, au moins en pro¬
vince, pour savoir pleinement ce que e’est quel’ennui. Les oeu¬
vres d’autres hommes nous transportent au contraire : linterdt
* Brain. ^Summer 1902). — Mind 1901. n* 37.
Journal of physiology (1903, Mars Juillet).
British journal of psychology . Vol. I.
6
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02
ItEVUE DE PSYCHIATHIE
est si puissant que nous oublions notre faiblesse ; tout semble
claii* et facile, nous senlons que notre intelligence travaille,
que notre esprit se ddveloppe avec eux, et nous ne redevenons
depauvres cervelles qu’en presence des difficultds ou nous n’a-
vons plus de tels guides et de tels souliens. Ceux-1& aussi, pour
un temps, nous avaient places k leur niveau.
M. Mac Dougall, sans aucun doute, exercerait sur moi cette
ironie qui est un don de sa nature, si je le mettais avec des
liommes d’un aussi grand talent. N'importe, son lot est envia¬
ble : ce psychologue a la haine du verbiage, sait se soumettre
aux faits et connait la valeur de la precision.
FAITS ET OPINIONS
QUELQUES FORMES DE LA STErEOTYPIE
Par Henri Damaye
Midccin-adjoint des Aailes
Le domaine de la sterdotypie, d’abord limitd, aux yeux des psy-
chiatres, k des actes dementiels, tend de plus en plus d s’dlargir,
englobant ainsi toutes les manifestations que lui rattache le sens
dtymologique du terme. On observe en effet de temps k autre des
malades qui, sous l’influencede leursidees delirantes elles mdmes,
prdsentent egalement ces actes repdtds et invariables, sans que
l examen clinique minutieux, aide aujourd’hui par les methodes
analytiques de la psychologie experimentale, parvienne k rdvdler
chez eux le moindre afTaiblissement intellectuel.
Le fait a dte rendu bien palpable par l’intdressant travail d’An-
theaumeet Mignot 1 . Une observation plus recente de Marchand 2
ainsi quele cas rapporte dernidrement par Duprd et Charpentier 3
contribuent k bien l etablir.
Nous transcrivons, dans cet article, I’observation de trois ma¬
lades intdressants par leurs stereotypies et prdsentant desniveaux
intellectuels difTerents.
M*** Charles, employe du P. L. M. en retraite52 ans, n’a jamais
eu de maladie grave. Marie en 1885, a eu quatre enfants : deux
sont « nerveux un troisidme est mort de « mdningite». Employd
au chemin de for pendant vingt ans, M*** en fut congddie en 1900
k la suite d une dispute.
Dix ou onze ans avanLson internement, il pleurait souvent, sans
motif, se disait fatigue et devenait d’un caractere trds indgal. II y
1 Eneiphale du 25 juillet 11)06. Remurques sur la stereotypic graphique.
- Journal de neurologic dc Bruxelles. Stereotypic gropbique chez un dement
prococe. 1906.
5 Journal dc mid. ligalepsychia.tr. Dee. 1906. Rccidivc medieo-legale stdr4o-
typee chez un inalnde debile.
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quelques formes de La stereotypie 63
a six ans, il accusa un jour sa femme de vouloir l empoisouner et
lui demanda de l’argent atin d’acheter un revolver pour se tuer.
M*** fut intern6 & 1’asile de Bel-Air (Gen&ve) en juillet 1903.
Voici ce que nous en dit le D r Schlub, assistant, qui I’observa :
« Oriente sur le temps et le lieu. Les trois premiers mois, M*** se
croyait toujours mourant et restait continuellementau lit, souvent
dansdes positions catatoniques.
Trembtement de la langue, embarras de la parole. Reflexe lumi-
neux diminuds b gauche ; quelques semaines plus tard le pheno-
jn&ne s’intervertit et ce fut la pupille droite qui reagit moins bien.
Le malade devint tr6s excitd sous l'influencede voix qui lui annon-
Qaient qu’un membre de sa famille 6tait mort dans la nuit et que
sa femme et ses enfants etaient malades. 11 priait qu’on fit taire
ces voix tristes messag&res. M*** devint de plus en plus prdoc-
cup6 par ses hallucinations, et s’isola, ne parlant et ne s’occupant
pas : quand on lui adressait la parole, il fuyait. Tranquille et
propre ».
Transf6r6 b l'asile de Bassens en d^cembre 1903, il s’est montrd
depuis lors b peu pr&s indifferent b ce qui l’entoure. Tr&s hallu-
cin6, il se plaignit d’abord d'entendre constamment Y « electre »
lui parler, lui dieter sa conduite. Il refusait quelquefois de s’ali-
menter parce que 1’ « electre » le lui interdisait et lui annoncait
que les aliments etaient empoisonnes. Les memes voix lui ordon-
naient de garder le lit ou de ne point repondre b ce qu’on lui
demandait.
M*** se montra de plus en plus absorb^ par son delire et ses
hallucinations. Il reste alit6 presque toute la journee. Quelquefois,
il s’assied sur son lit et, pendant plusieurs heures, frappe l’un
contre l’autre deux petits caiiloux, ou bien, 6tendu sur le dos, il
se balance d’une fagon cadencee, faisant grincer les ressorts de
son sommier. D’autre fois, il chante, imitant invariablement le
clairon ou le tambour. Il lui arrive aussi souvent d enlever les
draps et les couvertures de son lit, de les rouler et de s'6tendre
ensuite sur le sommier, repondant, si on l’interroge alors, qu’il
est a dans un manage ». Par moments, il se 16ve et se prom^ne
en chemise pendant une heure ou deux dans le dortoir, toujours
dans le m6me sens. On a grand peine b le faire changer de che¬
mise et b remplacer les draps de son lit. Il ne g&te pas et mange
bien habituellement.
M*** est un homme grand et vigoureux, bien proportionnd, sans
asym^tries. Ses dents incisives interieures sont petites. 11 est do¬
cile et se laisse bien examiner. Sa parole est ferme et ne pr^sente
plus actuellement aucun embarras, aucune hesitation.
Il se presente toujours devant nous le pantalon retroussd jus-
qu'aux genoux. Nous lui en demandons la cause et il repond :
« Cest b cause des instruments ».
Le malade n’adresse jamais spontanement la parole b qui que ce
soit, en dehors, bien entendu, de ses interlocuteurs invisibles.
Lorsqu’on le questionne, il rdpond presque toujours sur un ton
bref, dnergique et en quelques mots.
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46
REVUE DE PSVCHlATRlE
II rep&te ordinairement sa rdponse une seconde fois et tr&s sou-
vent meme une troisidme fois.
Voici les rdsultats dequelques
— Vous avez l’air triste?
— Pourquoi?
— Avez-vous bien dormi?
— A quoi pensez-vous ?
— Pourquoi frappez-vous sou-
vent deux cailloux entre vos
doigts ?
— Comment cela ?
— Pourquoi roulez-vous les
draps de votre lit ?
— Pourquoi vous balancez-
vous constamment dans votre
in ?
— Comment sont les instru¬
ments des cures?
— Comment sont-ils ?
— Que ressentez-vous quand
cesinstruments vous travaillent?
— En quel endroit surtout ?
— Comment sont ces souf-
frances ?
— Pourquoi repdtez-vous tou-
jours trois fois ce que vous diles ?
— Et si vous ne le rdpetiez
que deux fois?
— Et si vous ne repetiez pas
vos rdponses ?
Un autre jour, nous lui posons
inversations tenues avec lui.
— « Oui... Oui... ».
— (Pas de reponse).
— a Non, h cause des souf-
f ranees physiques et morales)).
(II le repute aussitdt une se¬
conde fois).
— « A rien... A rien ».
— « C’est pour amuser les
instruments des cures ».
— « Oui, quand les curds
marronnent, pa fait trds bien
pour les pauvresmalheureux».
— « C'est pour me ddfendre
des instruments ».
— « C’est pour me ddfendre
des instruments des cures ».
— « Ce sont des instruments
qu’ils se servent pour faire
souffrir les pauvres malheu-
reux ».
— « Ah ! je nesais pas, je ne
les ai jamais vus ».
— « Des souffrances partout.
Ah ! des souffrances partout».
— « Dans tout le corps. Dans
lout le corps ».
— « Ah ! je ne les ai jamais
vues, mais je les ai senties, je
lesaisenties, jeles ai senties ».
— « C'est pour rdpdter. C'est
pour rdpdter. Cest pour rd¬
pdter ».
— « Ah! si je rdpdte. Ah ! si
je rdpdte ».
— « Oui. Oui ».
; questions suivantes :
— Pourquoi frappez-vous sou-
vent deux cailloux l‘un contre
l’autre?
— Quels instruments?
— Pourquoi avez-vous ainsi
retroussd votre pantalon jus-
qu’aux genoux ?
— Vous plaisez vous bien ici?
— Entendez-vous parfois des
voix qui vous causent ?
— A quoi pensez-vous pendant
loute la journde ?
— « Pour chasser les ins¬
truments ».
— «Des instruments des
rues que je n’ai jamais vus ».
— « Pour dtre mieux, d cau¬
se des instruments ».
— « Non, d cause des ins¬
truments ».
— « J’entends des instru¬
ments... Les instruments des
eveques. Je ne les ai jamais
vus ».
— « A l’agriculture ».
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QUELQUES FORMES DE LA STEREOTYPIE
65
— A quoi, en fait d’agricul-
ture ?
— Pourquoi enlevez-vous les
draps de votre lit?
— Que vous font-ils ?
— Oil vous font ils mal ?
— En quels autres endroils ?
— Est-ce 16 tout ?
— Est-ce 16 tout ce qu'il vous
font ?
— Depuis combien de temps
vous ennuient-ils ainsi ?
— Quel jour et en quelle an-
n6e sommes-nous?
— Depuis combien de temps
etes vous ici ?
— Quel 6ge avez-vous ?
— En quelle annee 6tes-vous
ne ?
— Pourquoi repetez-vous trois
fois ce que vous dites ?
— Vous ne vous ennuyez pas,
ici ?
— cc Aux carottes, 6 la sala-
de, 6 la salade ».
— « A cause des instruments
des 6v6ques ».
— « Ils me font souffrir ».
— « Dans le corps, 6 la t6te,
aux reins. Ils vous arrachent
les cheveux ».
— a Dans la bouche, ils nous
font mal aux dents, its nous
font mal aux dents, ils nous
font mal aux dents ».
— a Ils nous empechent de
dormir ». (II r6p6te cette phra¬
se trois fois).
— « Dans les doigts. Ils me
travaillent les doigts ». (II re¬
pute deux fois cette phrase).
— « Voil6 trois ans, trois
ans ».
— « Le 20 decernbre 1906...
Oui, le 20 d6cembre 1906...
1906 ». (exact).
— « II y a trois ans. II y a
trois ans. II y a trois ans ».
(exact).
— « J’ai 52 ans, 52 ans, 52
ans ».
— « Le 29 aotit 1854, 29 aoOt
1854 (exact). Je suis venu au
monde tout enfant, tout en¬
fant ».
— « C’est pour me faire
comprendre, pour me faire
comprendre ».
— « Ah, si ! Je m’ennuie. Je
souffre trop des instruments.
Je souffre trop des instru¬
ments ».
Nous lui demandons d’ecrire son nom : il s assied aussit6t et
l’^crit d une main ferme. Nous lui demandons ensuite d’ecrire ce
que lui font les « instruments », mais il posealors la plume, disant
qu’il ne voit pas clair, qu’il voit trouble et ne peut pas^crire.
Nous n’avons pas plus de chance pour le calcul: « Je ne vois
pas, <;a brtile la vue, c’est tout trouble. »
Nous lui proposons quelques calculs mentaux ; il fait volontaire-
ment des r6ponses inexactes 2 + 2 — 3, 5+4 — 8, 30 + 15 = « Qa
doit faire dans les septante ». 8 X 8 = 50, 2 X 6 — 15,1 + 1 ~ 2.
« L'appareil brhle la vue s’6crie-t-il, l’appareil brtile la vue ». —
Quel appareil ? — « L'appareil des 6v6ques. » Puis, il se met 6
parler bas et l'on distingue alors les mots : « cur6s... enfants des
assassins... ».
— A qui parlez-vous? — « Oh ! jeraconte quelque chose aux
ev£ques. »
— Quels 6v6ques ? — « Les ev6ques de la maconnerie,
quoi! »
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66
REVUE DE PSYCHIATRIE
Ce malade reconnait bien et nomrae tous les objets qu’on lui
prosente. II pergoit tr&s bien des differences lAg&res entre deux
objets presque identiques. Quant aux experiences sur la mAmoire
immediate et sur la faculte syllogistique, elles sont impossibles,
car il est trop absorb^ par son delire et fait toujours les monies
reponses.
Les sensibility cutanAe et muqueuse sont intactes, chez lui,
sous tous leurs modes. Pas de troubles du sens stAreognostique ni
de la notion des attitudes. Les sensibility sensorielles sont ega-
lement intactes. Zones ovariennes et mammaires assez sen-
sibles b la pression. Pupilles egales en myosis, reagissent bien
et ^galement b la lumi&re. Tremblement en masse de la langue.
Pas de. tremblement des mains. Reflexe patellaire tr6s exag£r6,
leger dtat spastique des membres inferieurs. On peut provoquer
une tr^s leg&re trepidation epileptolde des pieds. Reflexe plan-
taire en flexion. Aucun trouble de la marche, aucune maladresse
dans les mouvements.
VoilA doncun malade cjue, malgre son Age, l’on seraitbien lente
de qualifier dAment precoce. Et cependant, des examens reputes
et approfondis ne peuvent Atablir chez lui, d’une fagon positive, le
moindre affaiblissement des facultes intellectuelles. Le caractAre
vague de ses rAponses fait penser, b premiere vue, b un etat con-
fusionnel; ce malade, trOs absorb^ par ses hallucinations et ses
idees delirantes, vit dans ce monde' irrdel, sans cependant avoir
perdu la notion du lieu et celle du temps Acoule. Les actes stereo¬
types qui occupent la plus grande partie de son existence quoti-
dienne, reinvent non pas d’un intellect affaibli, msis bien de
conceptions delirantes et de perceptions imaginaires.
Bien autres sont les deux malades dont l’observation va suivre.
Chez eux, le deficit intellectuel se constate beaucoup plus aisement.
O*** Joseph, cultivateur, est entre b l’Asile de Bsssens le 26
mai 1898, A l’Age de 54 ans. C’est un homme bien constitue, tran-
quille et incapable de commettre des actes de violence, mais il est
hante par une idee fixe de revendication. O*** se croit heritier
d'une grosse fortune et pretend qu’on le garde b Tasile pour favo-
riser les manoeuvres de ses ennemis. Il croit qu’une somme d’ar-
gent importante a ete deposee en son nom dans une banque et
demande qu’elle lui soit deiivree. C’est IA le cadre de son delire.
On cherche A s’emparer de son heritage par tous les moyens pos¬
sibles. Des illusions auditives le persuadent qu on parle de son
argent, que tout le monde, autour de lui, s’occupe de ses affaires.
Il a vu un titre lui appartenant entre les mains du surveillant en
chef, et entre les mains dumedecin son ordre de sortie qu’on n’a
pas voulu lui remettre.
Q*** est quelque peu reticent, par le fait meme de la mefiance
inhArente b son delire et aussi parceque la non integritedeson in¬
telligence ne lui permet pas de s’expliquer assez clairement l’enchai-
nement de ses conceptions. Cependant, il donne assez volontiers
certaines explications. Son heritage comprend deux titres, I’un de
cent mille, I'autre de cinquante mille francs, qui lui viennent de ce
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QUELQUES FORMES DE LA ST^REOTYPIE
67
qifil a « procede avec un notaire et dautres personnes. » Deux
medecins Tont fait interner ici pour voler sa fortune, mais ils
n’ont pu arriver ti leurs fins. O*** a vu sur les journaux qu’ils
s'etaient suicides; s'ils avaientpu avoir ses biens, conclut-il, ils ne
se seraient pas ainsi donne la mort. En outre, il a entendu de loin
des personnes de son pays, internees ici par les memes medecins,
causer de leur suicide.
Ce malade sait bien son age, la date de sa naissance et la date
actuelle ; il n’est desoriente ni dans le temps, ni dans le lieu. Sa
memoire immediate est Ires bonne ainsi quecelledes faits anciens.
Le calcul mental facile est bien effectud, mais il refuse absolument
d’^crire et de faire des calculs sur le papier, demandant, d un air
soupQonneux si on le prend pour un imbecile.
Il ne presente aucun trouble de la reflectivite, aucun trouble sen-
sitif ou sensoriel. A la pointe du coeur, souffle au premier temps,
arteres p6ripheriques un peu induces. A eu autrefois du rhuma-
tisme febrile.
Le fait^curieux, dans l’histoire de ce malade est la lettre sui-
vante, qu’il a d’abord adressee & toutes les autorit&s administrati-
ves et judiciaires du departement et que, depuis pr&s d un an, il
envoie & peu pres toutes les trois-emaines, sansse lasser au Pre¬
sident de la Republique ou au President du Senat :
« Monsieur le president de la Republique. je vous demande ci
na plus de justice dans la puissance de la France, fai:e mois re- *
ponce vous mant donnere connaissance, de ce que je vous deman¬
de, je veux le savoir, veuille en donne connaissance aux s£na aux
depute de ce que je vous demande. plusieurs lettre, j’ai donne aux
medecin de la maison de furieux darret, pours vous envoie, pours
me faire donne h monsieur le ministre de la justice, ce que je lui
ai demande, qui ma fait donne, mais deux litres ma somme de ci-
mil francs qui avait h la banque lalla & la Roche, qui m a fait en¬
voy^ & Bassens, ma sortie de la prefecture, je nai pas regu de
r£ponce, les medecins de la maison de furieux d'arret, ils sont
complice avec le chef gargnein de la maison de furieux d’arret,
ce voleurs, excroqueur, qui m'a excroque mais deux tilres ma
somme de cimil francs, qui avait & la banque lalla a la Roche, je
suis retenu dans la maison de furieux d’arret, de ces voleurs, pour
me faire soufri, il me donn pas de medical, j'annai pas besoin,
je suis en bonne sante, je vous donne connaissance deces voleurs,
faite les poursuivere par la justice, faite les passe aux zassises.
Veuille me faire sorti de la maison de furieux darret, je suis
en bonne sante, le medecin adejuin de la maison de furieux darret
il a mon dossie de pi&ce, de ma sorti de la prefecture dans son
bureaux, je lesai vu. plusieurs lettre j'ai donn£ aux medecin de
la maison de furieux darret pours lui envoie pours le faire
donne ce que je lui ai de mande, qui ma fait donne, il ne le fait
pas. Voilfc la coupi des lettres... »Suit la seconde partie de la lettre
qui n est que la repetition de ce que nous venons de transcrire.
Ce malade conserve un brouillon de cette lettre et la recopie
par consequent; mais, ce que nous considerons chez lui com me
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68
nEVUE DE PSYCHIATRIC
une veritable st4r£otypie, c’est l'envoi continuel de cette meme
missive, k des p^riodes presque regulieres, aux memes personnes.
II y a 1&, pour ainsi dire, comme une decharge qui survient de
temps k autre, au cours du delire. D’autre part, pour nous remet-
tre cette lettre, il proc&de lou jours d’une facon identique : la tenant
soigneusement dissimuiee jusqu'6 notre passage au moment de la
visite du matin, il nous la donne alors en disant ; « Envoyez bien
cette lettre k celui que je l’adresse ».
Notre troisieme observation a trait k un nomme P*** Pierre,
ancien ouvrier des champs, entre k Bassens, le 15 juin 1870 k l’&ge
de 31 ans. De ces antecedents, nous ne savons que Ir&s peu de
choses ; il a 6te soldat de 1859 k 1870 et est arrive k l’asile avec les
deux certificals suivants: a Manie, hallucinatoire compliquee d'ac-
c6s paroxystiques ». « Paralysie gendrale progressive devant etre
attribute au fait du service militaire ».
P*** est maintenant age de 67 ans, encore robuste, ne pr£sen-
tant rien de particulier en ce qui concerne la motility volontaire
ou reflexe, pas plus qu’en ce qui concerne la sensibilfte sensitive
ou sensorielle. Lanuit, il urine parfois au lit, mais ne g&te point
dans la journee.
Ses occupations consistent k tourner la roue du r^mouleur, k
balayer les cours ou les salles et k aider k transporter des cais-
ses ou des paillasses. A l’automne, il passe des heures k ramasser
minutieusement, une k une, les feuilles mortes tombees dans la
cour et les entasse dans sa casquette, alors meme qu’on lui donne
un recipient k cet usage. En dautres saisons, alors que les
feuilles ne jonchent plus le sol, le malade suppiee k son travail
autumnal en ramassant, avec la meme patience, des cailloux dont
il emplit sa casquette. Quelquefois, on le surprend essuyantavec
un chiffon ou un gros tampon d’ouate les arbres ou les pierres
des escaliers.
Le reste du temps, P*** l’occupe de la facon suivante: Il s assied
dans quelque coin ou sur un banc de la cour et, pendant deux ou
trois heures cons^cutives, impassible et aussi absorbd que lorsqu’il
travaille k balayer, il fait glisser entre le pouce et l’index une
petite corde dont les deux extr^mites sont nouees l’une k l’autre.
Ou bien, il enroule.une autre corde autour de deux de sesdoigts
et la ddroule immediatement, pendant le meme laps de temps.
D’autres fois, il s’amuse, avec la mGme Constance k soupeser une
pomme dans une main et k la rejeter aussitot dans l’autre main.
Tous ces mouvements el ces actes stereotypes out, chez ce
malade, un caractere automatique. P*** ne fait aucune difference
entre le travail utile qu’il execute, et les jeux de la ficelle ou de la
pomme. Le but lui est indifferent: ilsemble 1’ignorer absolument.
Lorsqu on vient luicauser, pendant l’uneou l’autre de ces occupa¬
tions, il les continue sans s’interrompre, comme s’il s’agissait d’un
travail pressd, tout en rdpondant k ce qu’on lui demande. Il se
livre tres docilement k ces differents jeux ou travaux lorsqu’on le
lui ordonne et cesse de meme lorsqu’on lui en exprimel’ordre.
Vient-on k l’interrogersur le but deses actes invariables, il repond
alors : « C’est ben pour travailler unpeu ».
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QUELQUES FORMES DE LA ST6r60TYPIE
69
Son discours estsouvent incoherent : son attention s’y soutient
bien pendant une phrase enti&re, mais la logique cesse ensuite et
c’est une idee fortuite qu’exprime la phrase suivante ainsi sans
parente avec la pr^cedente. Parfois, ses paroles sont tellement
vsgues qu’on n’y peut attribuer aucun sens.
P*** serable vivre uniquement dans le present; le passe a dis-
paru & peu pr&s enti&rement de sa memoire. II ne peut dire son
age, ni meme le lieu de sa naissance.
— Oil etes-vous n6 ? — « Je suis ne partout, »
— Etes-vous bien ici ? — « Oui, je suis bien. On est
bien partout. »
— Avez-vous encore vos pa- — « J’en ai assez de parents,
rents ? mais, ma foi, ils les connaissent
bien tous. »
II n’a aucune notion ni de l’heure, ni du temps ecoule, pas plus
que du pays oil il se trouve.
— Est-il bien dix heures du — « Oui, il est bien dix heures
soir ? (quatre heures de l’apr£s- du soir. »
midi)
Ancien soldat, il a compietement oublie ce qui a trait a l’etat
militaire :
— Dans quel regiment etiez- — « Oh ! dans tous les r6gi
vous soldat ? ments. »
— Combien de galons a le — « Le capitaine, il a trente
capitaine ? galons. »
— Et le colonel ? — « Le colonel, deux cents
galons. »
— Quelle est la capitale de la — c< Ah ! je ne sais pas la
France ? capitale de la France. »
Le mot Paris ne r^ussit b 6veiller en lui que l’id^e vague de
«lex position ».
P*** ne sait plus calculer : 4 + 4—4, 2 + 4= 16. 2 + 6=9,
1 + 2 = 4, 3 + 3 = 6, 30 + 15 = « Qb fait bien le compte aussi »,
8 + 5 = « CA fait bien le compte aussi », 4 + 8 : « Qh fait le
compte ». Il sait encore compter h peupr^s jusqu’^t 15, m.os ensuite
il s egare.
En fait d'^criture, il ne trace que des sortes d’hteroglyphes, tous
& peu pr6s semblables.
Il est incapable de lire, mais si on lui place un texte sous les
yeux, il recite alors une tirade incohSrente en patois.
Si l’on substitue alors & ce texte une feuille de papier blanc, il
s’arrSte et dit malicieusement qu il n’y a plus rien d’ecrit.
Ce malade reconnait et nomme bien les objets usuels qu’on lui
pr6sente, ceux du moins qu’il est habitue & voir ; il explique b peu
pr6s, mais vaguement leur usage :
Un mouchoir sert « b mettre dans sa poche et b en retirer ».
Une clef sert « & fermer, b ouvrir aussi quand on entre )).
Il ne se rend egalement qu’un compte tr&s vague de la quality
des personnesqui ont journellement des rapports avec lui: ainsi
il sait que je suis un medecin, mais rien autre sur ce point.
est absolument incapable de conclure un syllogisme tvbs
simple, ainsi que de d^couvrir les differences entre deux objets
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70
REVUE DE PSYCHIATRIE
presque idenliques, mais, si on les lui fait remarquer, il s’en sou-
vient pendant un jour ou deux.
C est Si peu pres \b la duree de sa memoire de fixation pour les
fails un peu saillants.
Sa memoire immediate des figuresest tr6s diminuee, de meme
celle des chiflres et des phrases :
3.9.4.6. ; il repute 3.4.9.6, — 2.8.5,2 ; il repute : « 2.8.52 font 35 »
6.0.9.3.5 - 0.3.5, - 4.2.9.5.8,0 - 4.9.5.O.
Le feu s’est declare aujourd'hui dans une usine ; les flammes
monlaient fr&s haut.
il repete aussit6t : « Le feu s’est declare dans une cuisine ; le feu
montait tr&s haut ».
Les pompiers out eu beaucoup de mal b leteindre,et longtemps
apres, il y avait encore de la fumde.
Il r6phte : « Les pompiers ont eu beaucoup de mal b l entendre
et longtemps aprhs de la fumee 1 ».
Ces differentes epreuves, empruntees b la psychologie experi-
mentale, ne sont point surannees, car en presence de malades
semblables, il est souvent impossible de se rendre compte, b pre¬
miere vue, du fonds intellectuel existant sous l'elat confus ; il est
necessaire de soumettre ces sujets b des experiences r£pet£es
pour apprecier un peu exactement la diminution des facultes.
Chez ce dernier malade, point de doute, il s agit bien d’un affai-
bli intellectuel dejh avanc£, et cet afTaiblissement esf consecutif,
vraisemblablement, 5 une longue periode de confusion. C’est l‘hy-
pothese la plus acceptable chez un individuqui a perdu b un telde-
grele souvenir des faits anciens, alors qu’habituellement ceux ci
constituent presque toute la memoire du dement.
Nous sommes done bien iei en presence de stereotypies demen-
tielles et largement empreintes du cachet de fautomatisme. Ce
serait \b la seule vraie st^reotypie si Ton admet avec Cahen, Bes-
si&re et Dromard qu’elle doit toujours relever de laffaiblissement
intellectuel.
Reprenant l’etude de nos trois observations, nous voyons que
M*** est un sujet chez lequel existe un etat particulier de concen¬
tration de la pensee sur ses hallucinations et ses id£es d^lirantes,
un £tat d’indiflerence et de negativisme, mais avec des moments
fugaces oh le raisonnement ne fait point defaut, lorsqu'on par-
vient haccaparer un peu son attention. M*** est stereotype par la
nature de ses conceptions delirantes.
Avec O*** nous arrivons b un cas plus difficile h ctasser. Ce
malade s’est refuse b une experimentation psychologique, mais
son observation nous mOntre chez lui un amoindrissement dans
la coordination, le jeu de fensemble des facultes.
Son acte invariable, repete b intervalles peu diffhrents, apparait
lui uussi coinme une stereotypie, stereotypic subordonnee h la
fois b l’idee d^lirante et b 1’afTaiblissement de l’intellect.
1 Voir Toi Lot SE, Vasc.hide et Pi^.ko^. Technique de psychologie experiment
lole, Doin, rditeur.
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INTERPRETATIONS DELIRANTES DANS LA PARALYSIE GENERALE 71
Enfin, P*** notre troisi&me malade, presenle un 6tat ddmentiel
beaucoup plus considerable sous sa confusion.
Ici, non seulement le jeu d’ensemble est trouble dans l’exercice
de ses faculty, mais chaque faculte isolee apparait manifestement
diminuee. Ses actes stereotypes ont actuellement tous les carac-
t&res automatiqnes de la decheance intellectuelle.
Ces exeraples pourraient 6tre multiplies, mais nous n’avons
rapporte ici que des cas oil l’actestereotype absorbe la plus grande
partie dela vie mentale du malade, dans son execution ou dans sa
preparation.
La stereotypie ne nous semble done point particuli&re aux de¬
ments, ni meme peut etre aux confus.
La systematisation du delire, qui tend & enserrer, b confiner
dans des limites le champ de l’activite mentale ne peut-elle
done lui donner lieu aussi bien que la cristallisation et la diminu¬
tion des conceptions ! Neserait-elle pas plutot un symptome, em-
pruntant un cachet, une forme particuliere, suivant le niveau in-
teilectuel et les conceptions du delire.
NOTE SUR LES INTERPRETATIONS DELIRANTES
DANS LA PARALYSIE GENERALE
Par le Docteur Maurice Ducoste
(Interne a la Maison de Sante de Ville-Evrard)
Les interpretations delirantes qu’on peut rencontrer dans les
diverses psychoses soil d ? une fagon tout &-fait episodique, soit b
l’etat de syndrome plus ou moins persistant, et qui peuvent d’au-
tre part constituer une entite clinique ne font pas defaut dans la
paralvsie generale. Elies y ont ete peu remarquees. Quelques
auteurs les ont mentionnees incidemment au cours d’ohservations.
On n'a pas encore attire specialement I’attention sur elles.
Elies peuvent etre passag&res, sans aucune action sur l’aspect et
la marche de la maladie. D’autres fois, elles sont suffisamment
nombreuses et durables pour rejeter au second plan lesautres
troubles psychiques et donner b la paralysie generale des allures
cliniques speciales.
Elles portent d une part sur les faits dont le malade est lemoin,
ou sur les paroles qu’il entend ; d’autre part sur les symptomes
memes de la maladie, traduisant ainsi une conscience pervertie
de ces symptomes. Tel ce paralytique, entre recemment b la Mai-
son de sante de Ville Evrard et qui b la suite d un ictus, ayant pre¬
sente un embarras considerable de la parole et des mouvements
convulsifs dans les membres, interpretait ces troubles comme le
1 P. Skkielx et J. CapgkasI Les pychoses a base d’interpr^lalions deliran¬
tes (Annales medico-fisychologif/uctt, 1902, T. I, p. 441).
Id. Le delire d’interpretation {Revue de psychiatric, 1904, p. 221).
Id. Les symptdmes du delire d’interpretation ( L’Encephalc , 1906, p. 129).
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72
REVUE DE P9YCHIATRIE
rdsultat de manoeuvres hostiles dirigdes contre lui par une per-
sonne de sa connaissance. Peu de jours aprds, souffrant de trou¬
bles intestinaux, il accusa un autre pensionnaire de lui avoir glisse
des viperes dans le ventre et frappa son persdcuteur avec la der-
nidre violence.
Les interpretations delirantes, constituant par leur richesse,
leur precision, leur tenacite et les reactions qu'elles entrainent
une veritable forme Clinique de la paralysie generate, sont rares.
Sur 150 paralytiqnes observes & la maison de santd de Ville-
Evrard, je n’en ai trouvd que deux qui fussent susceptibles d’etre
rattaches & ce groupe.
Le premier de ces malades etait un syphilitique, issu d’une
famille d’arthritiques, dont la paralysie generale evolua au milieu
d’idees de persecution que n’entretenaient pas des hallucinations,
mais de multiples interpretations. Ce malade s'dtait d’ailleurs
toujours fait remarquer par un caractdre ombrageux, soup<;on-
neux et chagrin, et se livrait & des interpretations delirantes, plu-
sieurs annees avant I’eclosion de la mdningo encephalite. C’etait
done un predispose & cette forme de delire, ou mieux la paralysie
generale ne fit que donner un cachet dementiel & ses idees de per¬
secution habituelles.
Je ne rapporterai pas cette observation qui, bienque concluante,
est moins riche en details que la suivante dont se degagent trds
nettement les traits distinctifs imprimes & la paralysie generale
par la predominance dinterprdtations delirantes.
X. journalier, 36 ans, entre & la Maison de santd de Ville Evrard
le 24 mai 1905 avec le diagnostic de « paralysie generale et syphi¬
lis. »
Pas de renseignements sur l’herddite du malade.
II a eu la syphilis en 1897, en Colombie, a dtd traite, lors du pre¬
mier accident environ un mois par ingestion de pilules. Pas de
traitement pendant deux ans, puis frictions h l onguent papolitain
pendant quinze jours.
En aout 1904, te malade presente du tremblement et de l’embar-
ras de la parole et est traite par quarante injections d’un sel de
mercure.
Ce traitement n’ayant pas amend de rdsultat, le maladeconsulte
& l’hdpital St-Louis le professeur Gaucher qui porle le diag¬
nostic de tabes et prescrit des injections de benzoate de mercure.
De novembre & avril 1906, le patient a re^u 150 injections de deux
c. c. chacunede benzoate de mercure. Pas d’amelioration. Interne-
ment & Sainte-Anne le 14 mai 1906.
A son entrde & la Maison de santd de Ville-Evrard, le malade a
Taspect deprimd ; illarmoie facilement. Ilnemarche qu’avec peine.
Sa parole est trds en.barrassde, presque incomprehensible, mo¬
notone et lente. Les muscles des ldvres et des joues sont agites de
tremblements et de secousses dds que le malade veut parler.
Mouvements ataxiques de la langue.
La pupille droiteest plus grande que la gauche, avec mydria.se
et ddformation.
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INTERPRETATIONS DELIRANTBS DANS LA PARALYSIE GENERALE 73
Signe d’Argyll des deux cotes.
Reflexes rotuliens vifs, surtout & gauche. CrSmasteriensabsents.
Signe de Biernacki.
Le raalade n’a pas conscience du milieu, ni de son etat. M^moire
tr£s obtuse. Emotivity. Depression. Pas d'idees de grandeurs ni de
richesses.
Diagnostic : Paralysie generate.
D&s les premiers jours de traitement h la Maison de sante, notre
sujet manifeste des idees de persecution : il demande ce qu on va
faire de lui; tout le monde lui fait mauvaise figure : c’est sans
doute qu’on craint qu’il ne paye pas sa pension.
Un paralytique hallucine, Y., qui est soigne dans le m6me pa¬
vilion qu’X., et qui se croit general, commande ses troupes, fait
beaucoup de bruit en imitant, par des exclamations etdes gronde-
ments, la crepitation de la fusillade et le fracas du canon, parle
sans cesse de tuer des milliers d’ennemis, etc. efTraye beaucoup
notre malade qui s’im8gine que toute cette fureur est tournee con-
tre lui. Ses craintes ne tardent pas h s’exag^rer. Y. veut le tuer,
lui couper le cou avec un rasoir qu’il brandit sans cesse. (En rea-
lite, c’est un morceau de bois dont Y. a fait son baton de comman-
dement). A chaque instant Y. lui fait des menaces. II va le tuer,
il supplie qu’on ne le fasse pas souffrir. D6s que Y. s’approche,
X. s enfuit, se cache derrtere les arbustes pour lui echapper.
Il interprete, comme menaces, tous les gestes et paroles d’Y.
Bientot les craintes de X. se generalised. Il a peur de tousceux
qu’il voit. Le monde lui est hostile, il le sait bien : a Je vois tout,
dit-il, je comprends tout. » Et il interprete tout, en eflet, dans le
sens de persecutions dirigees contre lui. Mais sa terreur d'Y. est
toujours dominante.
Le 10 juin, le malade est separe deson persecuteur imaginaire ;
des lors, il ne pense plus & lui, mais reporte ses craintes sur d’au-
tres internes contre lesquels il se livre, h diverses reprises, e des
voies de fait.
Les malades crient la nuit: c’est & lui qu’on fait des menaces et
dit des injures. Aussi passe-t-il la majeure partie de ses nuits h
vociferer & son tour, rendant injures pour injures.
Il est atteint d’incontinence diurne et nocturne d’urine : Ce sont
mes ennemis, explique-t il, qui, par leurs mauvais proced^s, me
font pisser au lit. »
Il a de l’cedSme des membres infdrieurs : « Ce sont eux encore
qui me font enfler les jambes. »
Le 17 septembre surviennent des ictus, en s6rie, & la suite des-
quels le malade est violemment agit6 pendant plusieurs jours et
plusieurs nuits. Il n’abandonne pas ses idees de persecution, mais
a peut etre quelques hallucinations auditives (?)
Le 21 septembre, fracture du coude h la suite d'une chute. Quel¬
ques jours plus tard, troubles trophiques au niveau de la fracture
et transport du malade au Pavilion central de Chirurgie des
Asiles.
Mort, le 21 decembre 1905.
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74
REVUE DE PSYCH1ATRIE
Cette observation, on le voit, se rapporte & un malade chez le-
quel la paralysie g£n£rale, indeniable, evolua avec les allures d un
delire de persecution mal systematise.
Sauf peut-etre & la suite d une serie d’ictus et en tout cas d’une
fagon tout incidente, on ne put deceler d'hallucinations, absentes
pendant loute la duree de revolution. Par contre, les interpreta¬
tions delirantes etaient nombreuses et tenaces. Longtemps meme
ce paralytique individualisa en quelque sorte ses idees de perse¬
cution en ne faisant porter ses accusations que sur un seul sujet
qui par Tagitation de son delire et son exterieur menagant four-
nissaite notre malade la mature de persistantes interpretations.
On a vu, en lisant cette observation, que ce malade interpreted
dans un sens hostile aussi bien les gestes et les paroles de ceux
qui l entouraient que les divers troubles morbides dont il souf-
frait.
Son incontinenced’urine etson oedeme des jambes etaient, disait-
il, les effets des machinations de ses persecuteurs.
Ces persecutions restaient d’ailleursassez vagueset les interpre¬
tations delirantes de ce malade, (surtout si on les compared celles
qu’etablissent, avec une etonnante activite d esprit, certains sujets
dont le delire est tout entier constitue par ces interpretations)
portaient bien le cachet dementiel propre aux diverses manifesta¬
tions delirantes de la paralysie generate.
LES CONGRES
CONGR&S DE LA BRITISH MEDICAL ASSOCIATION
( Toronto , 21-24 aout 1906.)
Section de Psychologie
A. R. Diefendorf. L'etioloyie de la paralysie yenerale. Elude de
172 cas & I'asile du Connecticut, de 1898 & 1905, representant 5,4 h
7,8 du total des malades : l’alcool serait aussi susceptible que la
syphilis de produire la P. G.
W.-J. Mickle. La paralysie yenerale. Etude des symptdmes, de
l’anatomie pathologique et des relations pathogeniques. M \V.
Aldren Turner consid&re bien la syphilis comme predisposant &
divers desordres nerveux, le tabes comme la paralysie generale,
mais cette derni&re peut 6tre provoqu^e aussi par d’autres fac-
teurs, les traumatismes, lalcoolisme, et peut 6tre les auto-intoxi¬
cations intestinales. — M. L.-H. Metler envisage la paralysie
generale comme une phase du tabes. — M. J.-D. O’Brien a d^cou-
vert chez les paralytiques generaux, dans la proportion de 95 p
100, un microorganisme semblable au bacille de Klebs Loefller,
alors qu’il ne l a rencontre que dans 2 p. 100 des autres formes
d'alienation.
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LES CONGRfes
75
A. T. Schofield. La psychologic nourelle.
C. K. Mills. Les localisations cerebrates en psychiatric. Etude des
hallucinations en pathologie mentale ; elles ne seraient pas cau¬
ses par des atteintes localises, mais exigeraient pour leur in¬
terpretation la dissociation, non seulement des m^canismes qui
associent entre eux les centres corticaux sensoriels, mais encore
ceux qui associent ces sens aux autres regions du cerveau.
John Turner. Le sysUtne nerveux central chez les epileptigues.
L’attaque serait due k un arr6t subit du courant sanguin intra¬
cerebral, consequence de la fermeture de vaisseaux corticaux par
des caillots intravasculaires qui seraient caracteristiques de l’epi-
lepsie. — Aldren Turner. L’epilepsie . Etude des equivalents psy-
chiquesde l'epilepsie, de l’automatisme ambulatoire, des psycho¬
ses post-paroxysmales ; la psycholepsie de M. Janet serait un
equivalent epileptique. — M. Mills declare necessaire de faire une
distinction tr£s nette entre Tobsession psychastenique de M. Pierre
Janet et l’epilepsie. — M. Spratling relate la grande rarete des
attaques purement psychiques en dehors de l’epilepsie. L’etat de
r6ve nest pas estime k sa valeur, il constitue une veritable aura
intellectuelle. — M. W. S. Spiller relate une observation d’6pi-
lepsie psychique pouvant 6tre consider^ comme appartenant au
groupe des psychastenies.
T.-D. Crowthers. — La folie de Vicrognerie. — L’ivrogne, le
buveur, est atteint d’une veritable psychose, et l’alcool n’est pas
une cause, mais un sympt6me, aussi le terme d’alcoolisme est-il
mal choisi. — MM. Hobbs, R. Langdon-Down, Adolf Meyer et
J. Williams discutent cette conception.
C.-K. Clarke. — La demenceprecoce. — Les auteurs americains
accordente la demence precoce une valeur extremement differente :
certains, en une absurde exageration, y font rentrer jusqu’k
40 p. 100 des cas. La question est complexe, mais il faut attribuer
k la demence precoce une place nosologique bien definie. —
M. F.-A. Dercum insiste sur le caractere purement fonctionnel
des troubles attribues k la demence precoce dont la denomination
parait alors bien mal choisie.— M. A. Robertson prefererait voir
employee l’expression de « folie des adolescents » (adolescents
insanity) qui ne prejuge rien s il reste vague. — M. A.-T Scho¬
field declare que, selon son experience, il s’agit de cas debutant
par l'hysterie et s’acheminant doucement vers un etat dementiel
qui, s'il est incurable, peut 6tre appele demence precoce, sans que
ce diagnostic ait une grande valeur. — M. E.-N. Brush signale que,
parmi les cas ainsi classes, certains sont guerissables.'— M. L.-IL
Metler ne pense pas qu'on ait fait un bien serieux progres en
constituent la demence precoce en une entity nosologique qui
exerce un effet de cristallisation tr6s net en phatologie mentale ;
au sujet des reactions des malades, il ne faut pas oublier qu elles
dependent de facteurs multiples hereditaires, pedagogiques, phy-
sioiogiques, anterieurs et posterieurs k la naissance. — M. Meyer,
dans sa reponse, declare qu’il ne ferait pas d’objection k l’expres-
sion « folie de l’adolescence » si elleetait mieux definie et si beau-
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76
REVUE DE PSYCH1ATR1E
coup de cas n’^taient tr&s post^rieurs b l’epoque de l’adolescence.
R.-R. Rentoul. — La sterilisation de certains degendres men
iaux. — L’auteur propose que, par une spermatomie ou une sal-
pingotomie on sterilise les idiots, les attends, les prostituees et
leurs enfants, afln d'eviter la decheance de la race dont on est
menace, le nombre des degener^s atteignant dej& 1 sur 1.000.
Schofied. — L’esprit et la medecine. — L’auteur demande que
la section de psychologie de 1’Association ne soit pas exclusive-
ment consacree b l’etude de l’alienation, mais traite egalement
de l'esprit dans la pathologie generate, comme force pouvant
jouer un role dans les maladies.— M. J.-M. Baldwin montre futility
pour la medecine des recherches de psychologie normale, 6tant
donnee l’importance de l’influence r^ciproque constante de l'esprit
et du corps. Les deux grandes id6es dominantes de la psychologie
sont celles de la fonction, sur laquelle est bas^e la theorie de la
suggestion, etcelle de revolution, du genetisme, qui a revolutionne
la psychologie. — M. Brush declare qu’il y a plusieurs annees qu’il
s'est occupy de cette question ; il rappelle l'exemple de deux chi-
rurgiens dont Tun, qui savait inspirer confiance b ses malades,
obtenait toujours de meilleurs resultats que I’autre qui leur cau-
sait une veritable apprehension. — MM. Ryan, Cassidy, Buck et
Hobbs, participent b cette discussion.
Paul Dubois. — La psycho-therapeutique rationnelle .
Ryan. — Uapplication au traitement des alienes des tntthodes
hospitalises noucelles.
J. Mohir. — Uoccupation comme facteur da traitement chez les
alitnes. _ Pieron.
II* CONGRfiS BELGE DE NEUROLOGIE ET DE
PSYCHIATRIE
(Bruxelles 29-31 aout 1906.)
Le rapport de Mile St£fano\vska sur la theorie du neurone dans
la demise periode decennale est r^solument conservateur. Si les
recherches d’Apathy, et de Bethe ont enrichi de faits nouveaux
notre connaissance de la fine anatomie nerveuse, les theories de
ces auteurs et de leurs disciples n’ont pas remplace celle du neu¬
rone, appuyde sur les travaux de Ramon y Cajal, Van Gehuchten,
et ceux plus recents de Retzius, Lenhossek, Marinesco, Lugaro,
Azoulay, etc.
M. Crocq et Mile Joteyko, ddfendent aussi dans l'ensemble la
theorie du neurone.
En s’appuyant sur la clinique, M. Venneman au contraire aban
donne la theorie classique pour revenir b celle de l’arc nerveux
reflexe.
M. Debray estime tout au moins que le neurone ne doit plus etre
compris comme une unite trophique, et que la notion des fibres
recurrentes est insuffisante pour expliquer les faits de r6g6neres-
cence des nerfs s£par£sde leur centre.
*
♦ *
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LES CONG RES
Avec Binet et Simon, Blin et Damaye, de Sanctis, Ley etc...
MM. Decroly et Boulenger attribuent & I’emploi de la methode
des tests chez Venfant une grande ’ importance pratique. Le test,
experience courte, (mais dont les elements sont bien determines),
portant sur une fonction mentale, permet la distinction entre le
niveau psychique normal et le niveau psychique anormal, la
differenciation des nuances favorisant telle'ou telle direction edu¬
cative. Les investigations que comportela methode doivent con-
v cerner les appareils sensoriels, la sensibilite generate, la motilite
tQutaussi bien que les principales operations psychlques* (Asso-
ciation des idees, attention, calcul, memoire, raisonnement).
II existe encore quelques lacunes : les conditions de temps et
d’ambiance doivent etre minutieusement determinees, la techni¬
que appelle certains perfectionnements. Les anomalies sensorielles
et motrices, qui coincident souvent avec lefc etats de debilit6 men¬
tale, ne sont pas toujours 6valuees pour ce qu’elles contribuent
& produire dans lappreciation globale du deficit enregistr£ par les
exp6rimentateurs.
La methode des tests serait utilement employee dans la premiere
enfance, et l’utilisation de ses r6sultats serait l’application precoce
d’une hygiene physique et morale appropri^e au niveau mental de
chaque enfant. Enfin, en poussant activement les recherches du
cdte des enfants normaux dans les ecoles, on obtiendrait touteune
serie d’excellents points de comparaison, non seulement pour les
medecins, mais encore pour les &lucsteurs et les magistrats.
M. Sollier insiste sur l'uiilite des tests moraux, qui devraient
figurer h cote des tests intellectuels, et M. Decroly r^pond qu’il a
songe h ce point de vue special: Le mensonge peut 6tre decele par
la methode des tests. Le jeu permet d’etudier les quality morales
et sociales de fenfant.
D’int6ressantes observations sur I’emploi des tests chez les en¬
fants sont communiques par MM. Ley et Dupureux.
Sur la proposition de M. Masoin, le Congr6s emet le voeu que
dans les ecoles normales on organise des cours d’enseignement
p6dagogique special.
*
* *
Parmi les alienes dissimulateuvs , qui sont nombreux, MM. De
Moor et Duchateau limitent leur 6tude h ceux chez qui la dissi¬
mulation constitue un systfcme : Ce sont les plus interessants au
point de vue medico-16gal.
La dissimulation se rencontre dans l’hysterie, la ddg6n6rescence
mentale & manifestations dpisodiques (obsessions et impulsions) la
folie morale, la meiancolie (dissimulation des projets de suicide)
les ddlires systematises : Elle n’est gu&re compatible avec un etat
d'affaiblissement net des facultes intellectuelles.
Si Ton except© quelques pervertis sexuels qui di-ssjmulent sous
l’influence d’un sentiment de honte, l’ali6ne dissimilateur est dmi-
nemment dangereux, soit pour lui-meme (melaneolique qui se tue
d6s qu’on cesse de le surveiller) soit pour la socield (persecute
C
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: 8
REVUE DE PSYCIIIATRIE
persecuteur qui reclame sa liberty pour mettre 6 execution ses
projets de vengeance). On ne saurait trop pr^venir les magistrals
qui ont le droit de mettre un terme & une sequestration, de la pos¬
sibility de telles reactions.
Chez les accuses, la dissimulation est rare mais la myconnaitre
est tres grave.
M. Claus considfcre' la dissimulation comme une reation de
dyfense vis-fc-vis du milieu, frequente chez tous les alienes, et
meme chez les afTaiblis. II pense que les plus inlelligents des alie
nes, ceux chez qui les facultes logiques sont intactes, dissimulent
plus rarement en vertu myme de leur dysir de convaincre par le
raisonnement.
La dissimulation parfaitement systematisee lui parait absolu-
ment rare.
M. Crocq fait remarquer que cette explication ne concerne pas
les myiancoliques desireux de mourir. M. Sollier insiste sur la
difficulty du diagnostic de dissimulation chez certains sujets.
Observations d alienes dissimulateurs (persycutes) par MM. Be-
seau, Massaut et Vallaert.
*
* *
Independamment de ces trois rapports et des communications
faites y leur sujet, citons parmi les travaux presentys au Congrfcs
de Bruxelles :
Une observation de psychose traumatique, par M. Deroubaix.
Une etude sur le cyto-diagnostic dans la paralysie gynyrale, p8r
M. Laruelle.
Une contribution h l’etude du traitement de lypilepsie par M.
Maes ; une etude sur la diazo-reaction dans le pronostic de Tetat
de mal de la meme affection, par M. Masoin.
M. Sollier apporte quelques observations de claudication inter-
mittente de la moelle et pryconise l’emploi du traitement anti-
syphilitique lors de l'apparition de ces phenomynes anterieurement
decrits par le professeur Dejerine.
♦
* *
II serait injuste de terminer ce tres rapide resume des travaux
scientiffqucs du Congres de Bruxelles, aussi brillant h tous egards
que le premier Congres beige, celui de Liyge dont Mile Joteyko
avait bien voulu Tan dernier rendre compte aux lecteurs de la
Rerue de Pst/chiairie , sans dire quelques mots de la partie du dis¬
cours d’ouverture dans lequel un des presidents, M. Crocq, a traite
de la neiirasthenie. Depuis la description de Beard qui date de 1880,
et qui ne delimite pas tr£s exactement les cadres de Taffection en-
visagee, on abuse autant dans le public que parmi les medecins
non specialistes du diagnostic de neurasthenic. Les erreurs de
diagnostic entrainent souvent des erreurs de pronostic et de trai¬
tement. Ayant fait choix de quelques observations typiques et qui
dymonlrent le bien fonde de sa classification. M. Crocq estime
que les etats neurastheniques comprennent3chosesbien distinctes :
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90CIETES
79
1" La neurasthenia vraie : maladie accidentelle autonome et cu¬
rable ;
2* Lesetats neurasthdniformesconstitutionnels, (desequilibration
menlale avec aboulie, irritability, instabilite, hysterie, phobies,
toxicomanies) contre lesquels la thdrapeutique est le plus souvent
impuissante.
3* Les syndromes neurastheniformcs accompagnant certaines
maladies organiques (paralysie gdn6rale, demence precoce) etdont
le pronostic varie suivant la nature meme de ces maladies.
Et encore, l auteur n’envisage-t-il pas les cas malheureusement
trop nombreux dans lesquels le tabes, l’hypochondrie des delires
systematises, la meiancolie sont consideres comme neurasthenie.
« II s'8git 1&, dit-il, d’erreurs de diagnostic contre lesquelles nous
ne pouvons que renvoyer le praticien sur les bancs de recole. »
E. Perpere.
societes
SOCIETE MEDI CO PSYCIIOLOOIQUE
(Seance du 28 jancier 1907)
I. A propos de deux cas de delire de persecution sans hallucinations :
MM. Pactet et Courbon. — II. Deux observations do debiles moraux:
M. Vigouroux. — HI. Ganyrene symetriquc des extremites chcz une
melancolique. M l,e Landry. — IV. L' involution presenile dans les psycho¬
ses : M. Ducoste. — V. Commissions des prix de la Societe pour 1906.
A propos de deux cas de delire do persecution sans hallucinations. —
MM. Pactet et Courbon communiquent i’observetion clinique de 2
malades persecutes chez lesquels le delire pur de toute hallucination
sest forme et developpe exclusivement ii l’aide d’inlerpretations, ce
delire n’a subi aucune evolution sytematique bien qu'il date de 7 ans
chez Tun et de 17 ans chez l'autre, et la vigueur des facultes intellec-
tuelles, des deux sujets ne parait pas avoir flechi ; celles-ci sont
aujourd’hyi ce qu’elles ont toujours ete, assez developpdes chez run,
plus debiles chez l'autre.
Le l ,r eg6 de 48 ans est un repris de justice quidepuis 1900 n'a cessd
d’ecrire aux autorites pour se plaindre de peines injustifiees. Lesrdpon-
ses qu’il en re<joit sont selon lui apocryphes car les regies d'un proto¬
cole purement imaginaire y sont violdes. Les personnages officiels
charges de le visiter sont des- imposteurs comme le prouve l'absence
de pretendus insignes dont ils devraient 6tre porteurs, le peu de c6rd-
monial avec lequel ils sont regus, le manque de dignite de leur air.
Le 2* est un debile age de 53 ans qui depuis 1889 a menu une vie
errante, Iraversant plusieurs fois les mers pour fuir les ennemis qui
toujours le pr^cederent et soudoyerent contre lui les gens avec qui ll
devait entrer en relations. Plusieurs fois il eut recours au revolver et
an poignard pour se defendre et pour attirer sur lui l’intervention de
la justice. Sa derniOre victime fut le medecin de Saint-Anne, chargd
de son expertise mentale.
L'abondance des interpretations delirantes, l’absence de troubles
sensorieis d’aucune sorte, le d6faut devolution, la conservation de
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80
HEVUK DE PSYCH1ATIUE
^intelligence et la chronicitb de 1’affection sont autant de signes qui
sembleraient devoir faire ranger ces 2 malades dans la psychose sys¬
tematise© chronique a base d’interprbtations.
* Mais, disent les auteurs, [’interpretation est une operation psycholo-
gique indispensable a la constitution de tout delire systematise et la
richesse d’un delire en interpretations est fonction de lactivite intellec-
tuelle du sujet, tandis que la qualite de ces interpretations depend de
la valeur de son intelligence. Par suite, l’interprelation, btant un phe-
nombne banal et dbpourvu de tout caractere specifique, puisque sans
elle aucun delire systbmatisb ne peut s’etablir, ne saurait peutbtre jus-
tifier la creation d’une entitb Clinique special©.
Deux observations de debiles moraux. — M. Vigouroux communique
les observations de deux debiles moraux. Le premier a subi 26 con-
damnations pour mendicite, ivresse, outrage aux agents et dix ou
douze internements.
Tanlbt il est reconnu irresponsable par les medecins experts, tantbt
il fait de la prison, tantdt entln etant a l’Asile, il est mis en liberty par
le tribunal.
Le second, de 16 b 23 ans, a subi dix condemnations pour vol ; depuis
il a etb reconnu irresponsable et a ete internb : il a continub h voler,
mais au lieu d’etre envoyb en prison, il est internb dans les asiles.
Ces dbbiles moraux devront btre places dans l’asile d’alienes vicieux.
A l’occasion do ces observations, M. Vigouroux demande a M. Colin
dons quelles conditions les alibnes vicieux entreront dans son service,
y seront maintenus et en sortiront.
M. Colin demand© que la discussion soit remise a la prochaine
seance.
# * #
Ganr/renc sr/metrique des extremites chez une melancoliqtie. —
M u< Landry prbsente l’observation d’une inalude qui, jusqu’a Togo de
63 ans, n’a orbsentb aucun trouble mental. A ce moment et a la suite
de chagrins, elle tornbe dons un etat d’inquibtude et detristesse pro.
fonde ; elle est internee 6 la Salpbtriere pour des tentatives de suicide,
un mois aprbs le debut des accidents.
A son entree, en decembre 1904, on lui trouve un bon btat gbneral,
une meinoire b!en conservee, mais des idees dblirantes de negation,
de ruine, de dbcouragement; les idbes de negation portent d’abord sur
ses facultes intellectuelles, puis sur l’existence de ses organes, — « Je
ne peux pas manger, inon gosier est bouchb, je ne peux pas respirer
mon cceur ne bat plus, je suis morte. »
Elle prbsente une amelioration notable apres quelques mois de sb-
jour, mois en juin 1905, elle retombe malade, et bvoluera trbs peu
jusqu’a sa mort,
Le2dbcembre, elle se plaint de douleurs aux membres infbrieurs ;
les jours suivunls, sur le pied et la moilie inferieure de la jambe gau¬
che, on observe du refroidissement et des plaques marbrees. Les jours
suivants, les monies accidents se produisent a la jambe droile; on porte
le diagnostic de gangrene seehe par obliteration arterielle, ou niveau de
la bifurcation de l’aorte en raison du siege de lacyanose et de la sup-,
pression des battements femoraux aux deux membres.
La morl* survient le 27, dans 1 adynamie. A l’outopsie, on trouve des
lesions d’arterite disseminbes sur tout le troncaortique oyant provoque
une ulceration profonde nu-dessous de l’origine des renales. Un caillot
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SOCIETES
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existait a I’origine de l’iliaque gauche et un autre dans 1’iliaque exter-
ne droile ; ce quiexpliquait la succession des accidents de gangrene.
L’involution presenile clans les pst/choses. — M. Maurice Dcc.ost^
communique le resultat de ses recherches sur les effets de 1’involution
presenile dans.diverses psychoses.
En dehors des psychoses d involution proprement dites : la melon,
cohe affective, le dGlire de prejudice et la dthnence senile, l’involution
presenile joue un r61e tr&s important en psychiatrie.
La folic intcrmittenie est aggravee par l’involution ou point de ren-
dreun premier internement necessaire pour beaucoup de rnalades
dont la psychose ne s’etait jusque la manifestde que par des reactions
benignes. Un certain nombre d’intermillents, internes & la puberte,
restent libres jusqu a l’involution oil un second acces, grave, impose
l’isolement. Un plus grand nombre de ces rnalades qui ont eu des ac-
c&s multiples entre la puberte et l'involution en presentent encore ii
cette 6poque. Au total, sur 100 melancoliques ou maniaques internes de
15 a 25 ans, il y en a 56 internes de nouveau de 45 a 55 ans.
L’involution rapproche les uns des aulres les acces des intormit-
tents et les rend plus durables, au point, en certainscas, de faire croire
a lachronicite de la manie et de la melancolie.
Enfm l’involution peut donner aux acces maniaques de la folie in*
termittente le masque de la paralysie generate. M. Maurice Ducoste en
cite deux exemples se rapportant aux deux derniers rnalades entres a
la Maison de saute de Ville Evrard ovec le diagnostic* anlerieur de pa¬
ralysie generale. L’un de ces rnalades guerit rapidement, l’autre est
en voie de guerison.
Un certain nombre de fails semble montrer, en ce qui concerne la
par alt) sic generale , que l’involution l'oriento de preference vers les
formes hypochondriaques, et par Tattdnuation des deliies, en rend les
remissions plus fr^quenles.
La (Icgenerescenrc est souvent aggravee par l’involution. Les obses¬
sions deviennent plus tenaces, les delires prenrient une teinte melan-
colique et une tendance Ires nette a la chronicite.
Observations a 1’appui : rnalades che/. lesquels l’etat mentul habituel
et les phenomenes 6pisodiques se sont mues en melancolie avec ob¬
sessions graves, durables et ties penibles.
L’etude de l’involution dans la Demence precoce permet de la consi-
derercomme un psychose se developpant a la puberte et dont la mar-
che s’anete a lu periode involutive. De tres nombreuses observations
montrent quo l’involution fixe les dements precoces duns l’etat menus
ou elle les saisit, arrete la ddmence dans sa inarehe progressive, eteint
les delires et jugule les reactions.
Cette observation fait ressortir tout lintoret qu’il v a a eduquer, duns
la mesure du possible, les dements precoces, tant que l’involution ne
les a pas frappes, ces rnalades conservant jusqu’u la fin de leur vie ce
qu’ils ont pu ucquerir avant cette bpoque. Elle donne aussi une pro¬
bability nouvelle ix la theorie de l’origine sexuelle de la demence
precoce.
Dans le delire chronique de Mugnan, Tin volution, en meine temps
qu’elle atlaiblit generalement les delires, les hallucinations et les
reactions des maludes, exagere la demence et la rend evidente.
M. Ahxaud. Je prends note des conclusions de la trfcs interessanle
communication de M. Ducoste et je me reserve — vu Thence ovancee
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REVUE DE PSYCHIATRIE
— de faire & ce sujet, dans la prochaine seance, quelques reflexions et
quelques restrictions.
#*#
Prix de la Societe. — Prix Belhomnxe. — Trois memoires ont ete
ddposes.
Commission : MM. Ballet, Joffroy, Klippel, Legras, Serieux.
Prix Esquirol. — Aacun memoire n’a et6 depose.
Prix Moreau de Tours. — Sept memoires ont 6t6 deposes.
Commission : MM. Moreau de Tours, Arnaud, Briand, Colin, Du¬
pre, Vigouroux.
Prix Scmclaigue, — Un memoire a 6te depose.
Commission : MM. Semelaigne, Christian, Keraval, Legrain, Sol-
lier.
A. Delmas.
SOClETE NEUROLOGIQUE
(10 jancier 190?)
Neurasthenic Thijroidienne. — MM. L. Levi et H. de Rotschild rap-
portent l’observation d’une jeune fille atteinte de neurasthenie et
d’hypothyroldie chronique et qui fut guerie par la medication thyroi-
diejine. L'isolement et la psvchotherapie avaient au prealable echoue.
Demarche d pet its pas d’origine hgsterigue. — MM. Babinski et
Ciiarpentier. — A la suite d'une vive emotion survenue 17 ans au-
paravant, une femme de 60 ans est incapable de marcher seule. Elle
peut se tenir debout, mais n'avance que soutenue, a tous petits pas, en
rabotant parfois le parquet. En l’absence de tout symptome organique,
les auteurs font le diagnostic de phobic hyst6rique continue par l’heu-
reux resullat du traitement par la persuasion.
E. PERrERE.
SOClfiTE DE PSTCHOliOGIE
(7 decembrc 1906)
La plaic du Jlanc che j les stigmatises chreticns, par M. Georges
Dumas. — L’auteur signale ce paradoxe que les mystiques Chretiens,
qui, 6 la suite de saint FranQois d’Assise, reproduisirent les stigmates
des plaies du Christ, portent la plaie due au fer de lance sur le cole,
tantbt a droile, tantbt a gauche, alors que pour la representation du
Christ la tradition est devenue constante. 11 l'explique par le mode
hallucinatoire qui prdc&de la stigmatisation : certains mystiques se
represented l’actememe qui a frappe le Christ etont la plaie dir meme
cote ; d’autres, comme saint Frangois, se placent en face du Christ et
se represented comma une emanation de ces plaies venant les frapper,
rayons brulants, aux purties symbtriques de leur corps; le c6t6 droit
s imprime sur le c6te gauche et reciproquement, en sorte que la plaie
se presente du cot6 oppose.
Le probleme de la graphologie , par M. Solange Pellat. — Expose du
but et des methodes de la graphologie. L’auleur resume les conditions
dans lesquelles devrait s’effectuer une verification satisfaisante des
lois de la graphologie. H. Pif.ron.
SOClfiTfi MfiDICALE DBS HOPITAUX
(Seance du 19 octobre 1906)
Comment doser les troubles intellecluels de Taphasic ? — M. Dufour
estime que la mesure des troubles intelbctuels est Ires difficile che/
les aphasiques frappes en pleine maturite, et qui peuvent se ressaisir.
11 donne pour preuve de eelte difficulty l'exemple deja signal^ dans la
( Voir la suite apres le Bulletin bibliugrapkiguc mensncl).
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SOCIETIES
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th&se de notre collogue J. Charpentier du dessinateur Vierge: Hemi-
plegique et aphasique, 1’artiste fit patiemment l’education de sa main
gauche et trace des oeuvres remarquables. Agraphique et olexique, il
comptait fort bien et comprenait toutes les conversations. Dansquelles
proportions son intelligence 6tait elle diininuee? Dans de faibles pro¬
portions sans doute, dit M. Pierre Marie ; mais ce qui perrnet de
conclure en faveur d une decheance minime, ce n est pas tant la revi-
viscence d’un talent special chez un homine extraordinairement doue,
c’est cette conservation gendrale de l’entendoment, manifestee par le
malade dans ses rapports avec ses semblables, et dans la discussion
de ses intdr&ts.
(Seance du 2 noccmbrc 1906)
L'alcoolisnie ct la sup hi Its causes do daces dans les hopitaux et hos¬
pices de Paris. — M. Fernet a recu avec bien d’autres, deux statists
ques provenant de services consacres aux aiienes (Professeur Jollrov
et Seglas). Ces statistiques semblent prouver que la part revenant a
l’alcoolisme et k la syphilis parmi les causes de deces,est plus grande
encore dans les asiles que dans les hopitaux generaux.
(Seance du 21 deccmbre 1906)
Parabjsie generate et syphilis cutanec. — M. Queyrat pr6senle un
malade atteint de paralysie gdnerale typique qui porte en m6me temps
des lesions syphililiques tertiaires au niveau du front.
Sur las lesions de Vaphasie. — M. A. Marie presente les cervaux de
deux nialades atteints d’aphosie avec demence : on y voit des lesions
concomitantes de la zone de Wernicke, et de la zone de Broca.
SOCI&T& ANATOMIQUE
(Seance du 23 noccmbrc 1906)
Infantilismr. — MM. Vigouroux et Delmas prdsentent la photogra¬
phic, les organes (et des preparations histologiques de ceux-ci), d'un
infantile myxoed^rnateux de 42 ans, d’une taille de 1 in. 15 et du poids
de 35 kilogs. Teslicules ties atrophies, corps Lhyroide petit et legere-
ment fibreux. Le cerveau prdsenle urie tumour fibreuse calcifiee de la
tige de lu pituitaire ;,la glande pituitaire elle m^me estsaine.
(Seance du 7 deccmbre 1906)
Mart subite , apoplexie des capsules surrenalcs. — MM. Vigouroux et
Collet. — Paralytique general mort subitement et a l’uutopsie duquel
on constata un foVer hemorrhagique dans chaque capsule surrenale.
Mort subite, coronartc obliterante. — MM. Vigouroux et Collet. —
Obliteration des deux coronaires du emur trouvee k l’autopsie d’un
aliene mort subitement.
(Seance du 11 jancier 1907)
Lesions ncrceuscs sijphilitiqucs, et nieningo-cncephalite diffuse subai-
f/ue. — MM. L. Marciiand et M. Olivier communiquent deux cas de
syphilis nerveuse associee a des lesions encdphaliques particulieres.
Cliniquement l’un des malades dtait un afTaibli intellectual, I’aulre une
demente paralytique. Or dons les deux cas les lesions bulbaires ot
cerebelleuses sont identiques et ont tous les earacteres de celles que
l'on observe dans la paralysie generale. Dans le cerveau, ces lesions
inttammatoires different notablement en intensite, discretes chez le
premier, tres accusees et typiqueschez le second. Absence de cellules
gOantes. Recherche negative du spirochaete pallidum. Mais l’interet
essenliel de ces deux observations reside dans la constatation anato-
mique, outre les lesions precedentes, d'une endarterite obliterante
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REVUE DE PSYCHIATRIE
syphilitique de 1’arlfere basilaire dans le premier cas, et d une mAningite
sclAro-gommeuse caractAristiquedans le second. Dans ces deux cas les
symptdmescliniques ont et£ differents uniquementparce que des lesions
de meme nature, quoiquediffuses ont presente uno intensity differente
au niveau du cortex. Dans ces deux cos, on peut. progressivement
passer des lesions syphilitiques 6 des lesions de meningo-eneAphalite
diffuse et de ces dernieres a des lesions plus discretes encore.
Lesions du cortex dans la meningite chronigue. — M. L. Marchand
prAsenleunc serie de preparations histologiques dans lesquelles on voit
des Idsions de meningo-corlicalite associAes A des lesions particulieres
du cortex. Par places, il existe une veritable penetration des meninges
irlterAes dons le cortex. Ces lesions ont ete observees chez des alienes
qui pre9entaient differents syndromes mentaux. La meningo-corticalite
on survenant chez chacun des sujets a des ages differents a donne lieu
a des syndromes mentaux differents.
SOCI&T& DE BIOLOGIE
(Seance du 12 janner 1907)
Lesions cerebrates dans I’epilepsie dilc essentielle.— M. L. Marchand.
— Chez des epileptiques qti avaient une intellgence bien developpee,
l'nuteur n’a rencontre comme lesion cerAbrale qu’une adherence plus
ou moins diffuse des meninges mollesau cortex sans aucune alteration
dece dernier. Dans quelques cos, ces adherences pouvaient Atre consta¬
bles macroscopiquement; dons la plupart des cas, ce n est que sur les
coupes hislologiquesqu’on peut voir la symphyse corlico inAningee.Chez
les epileptiques qui presentent de la faiblesse intellecluelle ou de la
demence, on constate une sclerose nevroglique localisee aux regions
oil les meninges, sou vent Ires epaissies, adherent au cortex. Entre
l’Apileptique a intelligence normale et l'epileptique idiot, il existe une
sArie de cas intermediaires auxquels correspondent des lesions scld-
reuses des couches corticales superficielles d autant plus accentuees que
le sujet est plus uffaibli ou point de vue intellectuel. Ces lesions menin-
go-corticnles paraissent 5tro le resultatde meningites du jeuneage qui
ont gueri.
J.
SOClfiTfi PSYCHOIiOQIQUB DE LONDRES
(Jancier-juillet 1906)
Dentonstration d J un houcel appareil pour les recherches sur I’Asso-
ciation. — C. S. Myehs.
Sur cert<tines perceptions cutances. — Carveth Read. — Les donnees
sur le dur et le mou, le rude et le doux (ou poli) lie sont pas conside-
rees comine des sensations, mais des perceptions, qui constituent
comine un stude de preparation vis-a-vis des complications dlevecs
presentees par les sens de perception A instance.
Les cJTcts relati/s de la fatigue et de I’cxercicc produiis chez les menies
indiridus par deux dijjercntcs so/ies de tracail mental. — J. H. Wimms.
— Experiences sur le travail mental aise et difficile, chez des enfunts
de 14 a 16 ans : emploi du culcul, addition de deux lermes, ou multipli¬
cation de trois. Etablissement des courbes de travail, pour les calculs
combines en series avec des repos variables (3 series de 6, trois addi¬
tions et trois multiplications, en periodes de 10 minutes, avec pauses
de 20, 10 et 0 minutes), Le petit repos (de 10 min.) est gdneralement plus
favorable avec le travail difficile qu’avec le facile ; l'amAliorotion, le
progres est plus net pour le travail difficile; la fatigabilite est aussi plus
grande avec ce travail. La plus forte quantity de travail est donnee
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REVUE DES PERIODIQUES
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gyndralement, niais non toujours, avec le travail difficile. La plus
grande fatigue coincide avec le nioindre progres.
La forme fond a merit ale do V ((interaction » mentale. — W. Mac
Dougall.
Observations sur le contraste spatial. — W. G. Smith et S. C. M.
Sowton.
L*influence de I’interAt sur la capacite du travail musculaire. —
W. H. R. Rivers.
Les ejfets d'une adaptation prolongee dcs tjeux a Vobscurite. — W.
Mac Dougall.
II a ete en outre presents de nombreux appareils : Pour ia ddtermi-
notion de la longueur des lignes (dans I’etude des illusions optico-
gdomdtriques) ; pour la determination de la sensibility thermique ; pour
fdtude de la sensibility a la douleur; pour l ytude de la mdmoire, par
M. W. H. R. Rivers; ainsi qu'une modification de l’algomdtre de Cat¬
ted; une nouvelle forme de la mythode de Mac Dougall pour l'etude
dd la fatigue mentale: une nouvelle forme de pyrimetre acoustique,
par C. S. Myers ; et une sdrie de diapasons produisant des sons d*in-
tensity conslante. P.
REVUE DES PERIODIQUES
VEncephalc (1” annee, n* 6. — Nov.-Dee. 1906).
Raymond, Lejonne et Lhermitte. — Tumeurs du corps calleux.
— Les deux observations longuement deciites et commentees par les
auteurs ont fait l’objet d’une communication au Congres de Lille (aout
1906). Dans l un des cas, le diagnostic exact fut fait a une ypoque rela-
tivement precoce de revolution de la tumeur : Des troubles intellectuels
(de l'atlention, de la memoire et du caracldre) avaient preedde les
premiers symptdmes physiques (titubation, hemipardsie gauche). Ce
syndrome calleux, d’ordre psychique n’est pas toujours apprecie a sa
vdritable valeur diagnostique, surtout par l'entourage du malade, parce
que les sentiments alfectifs sont eonservds et qu’il n'existe pas d'idees
delirantes. II consiste en un manque de liaison dans les iddes, une
bizarrerie dans les manidres et dans les actes, une modification pro-
fonde du caractere qui devient instable. 11 semble bien dtre special
d la premidre phase de la *inaladie, joint a la cdphalee occipitule. Plus
lard surviennent de la ddinence, de la confusion, des signes organiques
divers et lp ^bleau clinique est trop charge pour que le diagnostic de
localisation prdcise demeure possible.
S. Soukhanoff. — Sur la comblnaison des 6tats ddpresslfs aigus
avec processus psychlques obsddants. — Observation d’un homme
de 24 ans, soldat de la guerre Russo Japonaise, sujet aux obsessions
et aux phobies dds son enfance (d’un caracldre scrupulo-inguict , dit
Tauteur), et qui sous l’influence des emotions du champ de bataille,
fat atteint par surcroit de melancolie. Les deux processus psycho-
pathiques §e combinerent, et pendant revolution de l’acces aigu
nielancolique les obsessions se manifesterent avec une intensity spe-
ciale, adoptant une forme hallucinaloire.
M lu Pascal et Courbon. — Ddlire des prejudices prdsynlles. —
Psychose d'involution deorite par Kraepelin, qui se developpe vers la
cinquantaine et plus frequemment chez la femme. Elle se earacterise
par faffaiblissefnent du jugement (pudrilite, mobility et incohdrence
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RKVUE DE PSYCHIATRIE
des idees ddirantes), et l’exageration evidente de ffrritabilUe afTective.
Les hallucinations sont rares toutefois, l’affaiblissement intellectuel ne
va pas jusqu’a la demence complete. Jamais il ne survient ni guerison
ni amelioration durable.
Les auteurs considerent le delire des prejudices non comme une
entitd morbide speciale, mais comme une forme attdnuee et prematuree
de la demence senile.
Ducoste. — Les fugues dans la ddmence prdcoce. — L’auteur
propose de la fugue la definition suivante : accos de vagabondage sans
motif. Signalees par Kraepelin, Tanzi, Masselon, Deny et Roy, les
fugues des dements precoces n’ont pas encore fait l objet d’une etude
approfondie.
D... « sans attacher a ces denominations une importance qu'elles ne
sollicitent pas » divise les fugues des dements precoces en fugues
dinstabilite, d’impulsion, de deficit intellectuel ldger, de demence :
cette enumeration correspond a peu de choses pres a la date de fugups
par ropport a revolution de la maladie. Les fugues de demence sont
rares. L’auteur en donne cependant deux observations. La classification
de D... est peut etre un peu artificielle; mais cela n’dte rien a l’intdr&t
des fails etudios. II est bon de connaitre, au point de vue medico-legal
(et plus specialement encore au point de vue de la medecine legale
militaire), la frequence, des le debut de reflection, des fugues chez les
dements precoces, malades bizarres, sou vent consideres mal a propos
comme des simulateurs. Juquelier.
Bulletin de la Society de Medecine Montale de Belgique { n*128, aoutl906).
Deroubaix. — Des symptdmes mdduliaires de la ddmence prd-
coce. — Gonzales et plus rdeemment Klippel et Lhermite ont rapporte
des descriptions histologiques d’alterations medullaires dans la demence
precoce ; aussi l’auteur a-t-il systematiquement recherche les symp-
tdmes cliniques pouvant sur le vivantpermettre de ddceler ces lesions.
II conclut ainsi : Les symptomes medullaires sont trds frequents dans la
demence prdcoce (environ dans le 3/4 des casj. Ces troubles spinaux
sont plus souvent un indice de lesions de la voie sensitive, mais pas
d une fa<jon obsolue, exclusive ; ni la forme de reflection, ni l’fige des
malades, ni la durde de la maladie ne semblent avoir d’influence sur
l’apparition de ces symptomes ni sur leur systematisation quand ils
surviennent.
id. (n # 129).
F. d’Hollender. — Notes prdllminaires sur un cas d’aphasle
apraxle. — II s’agit d’un malade atteint d’hemiparesie droite avec
aphasie motrice corticale, agraphie et edeite verbale. La comprehension
du langage parld est intacte ; cependant plusieurs des ordres donnes
sont exdcutds ddfectueusement, en raison d’un trouble particulier con¬
sistent en l’incapactte de mouvoir les membres oonformdment au but
propose, malgrd que la motilite soit intacte. L’appareil cortico-muscu-
laire fonctionne bien, mais non dans le sens de processus iddatoire.
C est V apraxic motrice de Liepmann.
Le malade succombe a la suite d’attaques dpileptiformes, et 1'autopsie
inontre les paticularitds suivantes : epaississement de la pie-mere avec
adherence de celle-ci au niveau des circonvolutions centrales gauches ;
Hemisphere gauche est visiblement plus petit que le droit: on ne note
aucune lesion localisee capable d’expliquer les symptomes d’aphasie et
dapraxie.
Se basant sur quelques partieularites cliniques et sur les resultats de
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NOUVELLES
87
l’examen histologique, H. croit pouvoir poser le diagnostic de paralysie
g^ndrale atypique, variate Lissauer, c’est-fc-dire P. G. dans. le tableau
de laquelle predominant les syinptomesde foyer, surtout les svmptdmes
aphasiques. II n'en demeure pas moins, entre troubles fonctionnels et
lesions, une discordance apparente que la lecture de l’observation ne
permet gu&re d’expiiquer.
H. se defend par avance contre cette objection possible, a savoir que
son malade etait dement et que par suite les examens minutieux dont
il a ete l’objet pourraient n’6tre que tr&s peu probanls. La demence est
encore fort rnal connue, et 1’auteur pense lui rendre service en essayant
de p6ndtrer un peu plus avant dans le vague qu’elle represente.
E. Perpere
NOUVELLES
Concours de I’adjuvat des asiies d’alidnds. — Le jury est constitud
par MM. Droinneau, president, Thoinot, Remond, Paris, Vallon,
Pichenot, Girma, juges titulaires, Chocreaux, juge suppliant. *
Concours de I’Acaddmle de mddecine de Belgique. — L’Academic
a adoptd a sa derniere stance le programnie d’un concours ainsi
con^u : Elucider par des faits cliniques, et au besoin par des confe¬
rences, la pathogdnie et la thdrapeutique des maladies des centres
nerveux et principalement de I’epilepsie : Prix : 10.000 francs. Cloture
du concours : 15 octobre 1909. Des encouragements de 300 a 500 francs
pourront dtre decernes a des auteurs qui n’auraient pas merite le
prix, mais dont les travaux seraient dignes de recompense.
Une somme de 5.000 francs et une de 2.500 pourront Gtre donnees,
en outre du prix de 10.000 francs, & l auteur qui aurait realise un pro-
gres capital dans la therapeutique des maladies des centres nerveux.
University de Li£ge. — M. Van Gehuchten a ete nommd profes-
seur de neuro-pathologie a 1‘Universite de Liege.
Thdse rycompensye. — M. Ren6 Charpentier, interne des asiies
de la Seine, a obtenu une m£dailie d’argent de la P’aculte pour son
travail sur les Empoisonneuses (deyonoresccnce montalc ct hysteric.)
Personnel des asiies d’ali£n6s. — (Mouccnxcnt do Dcccmhrc 1906
ct Jancicr 1907 ). M. le D r Briche, medecin adjoint a I’asile de St-Ve-
nant (Pas-de-Calais), estnomme medecin en chef a I’asile de Leyms
(Lot) et maintenu dans les cadres des medecins des asiies publics d’a¬
lienes.
M. le D r Lepine, medecin adjoint a Bron (Rhdne; est promu k la l re
classe du cadre.
M. le D r Dubourdieu, directeur medecin k St-Gemmes, (Maine-et-
Loire), est promu k la 2* classe.
M. le D t Tissot, mddecin adjoint a I’asile de Dury (Somme) est promu
a la l r « classe.
Distinctions honorifiques. — Checalicr do la Ley ion d’honncur :
M. le D r Toulouse, medecin en chef a lasile de Villejuif.
Officicrs do VInstruction publiytic : M. le D r Bellat, Directeur mede¬
cin k I’asile d’alienys de Breuty la Couronne ;
M. le D r Blin, mddecin en chef de I'asile d’alien^s de Vaucluse.
M. le D r Chardon, medecin en chef a l asile d’alienes d’Armentieres.
Offlciers d*Academic : M. le D r Meiliion, directeur medecin de I'asile
d’ali£nes de Quimper.
M. le D f Viallon, ' mddecin en chef de I’asile d’alienes de Bron
(Rhdne).
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88
REVUE DE PSYCHIATRIE
CHRONIQUE
Un decret presidentiel du 1” aout 1906 a decidd qu’un concours
annuel est desormais destine & pourvoir au recrulement des mede
cins-adjoints des asiles d’alien^s.
Cette disposition constitue d’ores et dt^j& une amelioration sur
l etat de choses anterieur, parce que les concours frequents pour
un petit nombre de places provoqueront une selection meilleure
parmi les candidats ainsi tenus en haleine, et I’attente d’^preuves
a dates indetermin^es ne ddcouragera pas, entre deux sessions,
les amateurs resolus des fonclions de medecin d’asile public.
Mais d’autre part, le Minist&re de llnterieur desire que les
medecins des quartiers d’hospice reserves au traitement des alid-
n6s indigents, et meme les medecins des asiles privgs, soiept
desormais recrutes parmi les candidats ayant satisfait aux dpreu-
ves du concours annuel de Padjuvat des asiles publics. Bien que
cette mesure ne puisse avant longtemps avoir re 9 u une applica¬
tion g6n6rale, il semble que dejfc, parmi les candidats serieux au
concours, un certain nombre s en preoccupent exclusivement et
songent & se-mettre en r&gle pour l'avenir. Si Ton d6falque en
outre, de la lisle des aamis, les jeunes mddecins qui, sans but
actuel bien determine, n’attendent de leur succfcs aux dpreuves
que la sanction toute platonique d’etudes psychiatriques poursui-
vies au cours dun internal prolonge dans les asiles, il arrivera
pendant quelques annees, que le Mimstre de l lnterieur nommant
8 medecins-adjoints par exemple ne disposera que de deuxou de
troisdeces medecins, pouroecuper 5, 6 ou 8 places imm&liatement
disponibles dans les asiles de province. D’excellents candidats,
d&sireux de prendre un posle de suite, seront elimines pour un an
par des concurrents plus heureux, sans doute m6me plus ins-
truils, mais inutilisables.
Faut-il done, en prevision des defections probables allonger
ind^finiment la lisle des 61us ? il nous semble que non, et que
m6me pendant la p6riode d’indecision actuelle, il y a interet h
maintenir eleve le niveau du concours.
Toutefois, lorsque parmi les candidats suivant immediatement
les derniers nomm£s, le jury eslimerait que quelques-uns auraient
honorablement figure sur la liste d’admission par la qualite de
leurs epreuves, pourquoi n’aurait il pas le droit de designer ces
candidats comme pouvant, lecas echeant, remplacer les deficients
dont le nombre est toujours incertain et parfois considerable ?
C’est ainsi qu’on proc&de, croyons-nous, pour quelques grandes
6coles et en particulier pour l'ecole poly technique. Cette liste de
repechage ne concernerait, nous le repetons, que des candidats
ayant pleinement satisfait le jury. Elle constituerait pour ceux
qu’elle comprendrait une chance et non un droit acquis ; et le
candidat design^ pour la suppleance qui n aurait pas etd pourvu
d’un poste au d^but du dernier trimestre de I’ann^e courante
serait astreint & recommencer !e concours. Son demi succ6s lui
donnerait seulement (et tr6s equitablement semble-t il) une avance
de quelques points & l'epreuve de titres.
Le probl&me comporte peut etre d autres solutions et nous
publierions bien volonliers celles qui nous seraient sugg^rees par
nos correspondants. R.
Le Q&rant : A. Coueslant.
PARIS & CAHORS, IM PRIM ERIE A. COUESLANT [ 20 - 11 - 07 )
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REVUE CRITIQUE
CE QUE DOIT fiTRE A NOTRE EPOQUE LA CHIRURGIE
DES ALIENES
Lettrc ouccrtc a M. Leroy-Broicn , Chirurgicn de I'hopital Manhattan ,
• membre de VAcademic de medecine de New-York
Par L. Picqu6
(Chirurgicn des hdpitaux de Paris et des Asiies de la Seine)
Monsieur, ettres honore Collogue,
J'ai lu avec grand interdt vos deux dtudes * « sur la question
des desordres pelviens chezlesalidnds ». J'ai constate avec plai-r
sir que vous avez bien voulu prendre cohnaissance de mes tra-
vaux sur la question, et vous appuyer a diverses reprises, pour
defendre vos iddes, sur les opinions que je soutiens en France
depuis plusieurs anndes.
Je vois que nous sorames d’accord sur beaucoup de points;
votre conception de la chirurgie des attends differe cependant
si profonddment dela raienne que je crois interessant de vous
montrer, corame je vous l’ai prorais d’ailleurs, a travers les tra
vaux ddji nombreux de mes dleves et mes dtudes personnelles,
rdvolution que j’ai suivie dans cette chirurgie spdciale ; et de
vous indiquer les resultats gdndraux auxquels je suis arrivd
aujourd'hui.
Vous avez bien voulu reproduire quelques-unes des formules
que j’avais placdes 4 la base de ma chirurgie des attends. J’esti-
mais toutd'abord que celle-ci doit dire avant tout une chirur¬
gie humanitaire, et qu’elle doit avoir pour but de faire bdndfi-
cier des ressources de la chirurgie actuelle les alidnds qui se
trouvent internds, parfois temporairement, dans les asiies et
qu’on n’a pas le droit de laisser mourir d’une maladie cliirurgi-
cale intercurrente. Vous signalez vous-mdme avec raison la
tres grande proportion d'alidnds atteints d’affections chirurgi-
cales : Elle reprdsenterait pour vous les 3/4 de la population.
Aujourd’hui, la question semblejugee dans notre pays. C'est
un des rdsultats heureux de notre ddmocratie d’avoir rdpandu
partout des sentiments d’altruisme ; et bien rares sont ceux
qui osent soutenir a notre dpoque que les attends etant le plus
souvent responsables de leur dtat, et en lout cas toujours
incurables, ne meritent pas les depenses que la socidld s’impose
pour les soigner, et qu’il est en consequence inutile de prolon-
ger une existence quiconstitue unfardeau pesant poui la socidld
et pour eux-mdmes.
i Je dois la traduction de ces deux articles h l exlr^me obligennce de M. le
D r et de Madame Mortier, que je tiens A remercier ici.
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90
revue de Psychiatric
J'avais encore declare qu’i l’asile, le cbirurgien doit interve-
Dir sans preoccupations doctrinales el sur les indications ordi-
naires de la chirurgie ; qu’il doit se bonier & enregistrer les
cas oil l’interventiou exerce une action favorable sur Involution
du delire. Vous soutenez dans voire travail une opinion ana¬
logue.
Mais cette restriction : < sans prdoccupations doctrinales »
mdrite quelques explications. A l’adopter purement et siraple-
ment, vous courez le risque de mdconnaltre le sens exact que je
lui ai attribute.
A l’dpoque oil je l’ai dcrite, elle rdpondait certes k un imp4-
rieux besoin : Certains chirurgiens avaient emis alors l'dtrange
pretention de guerir la folie par l’ablalion des organes sains,
comrae les ovaires ou les testicules, ou bien encore par des
interventions injustifldes sur le cr&ne.
II fallait protester contre ces doctrines ndfastes qui ne pou-
vaient avoir d’autres rdsultats que d’enrayer les progrfes de la
chirurgie des aliduds.
Aujourd’hui comme hier, je reste convaincu que le chirur-
gien ne doit pas prater son bistouri k telle ou telle doctrine, et
qu’il ne doit iutervenir que lorsqu’il existe des indications op6-
ratoires formelles. Telle est la vraie signification de ma formule
restrictive.
Mais je crois qu’& l'heure actuelle le cbirurgien ne doit
pas se borner it enregistrer les cas beureux de l’inter-
vention, et qu’il lui est impossible de se desintdresser des pro-
blemes divers que souleve l'dtat mental des malades. Mes pre¬
mieres recherches sur les psychoses post-opdratojres m'avaient
bien montrd que, si le cbirurgien laissait de cdtd sans s’en
prdoccuper les Elements du probleme mental, son intervention
pouvait dans certains cas que j’ai prdcises, prdcipiter le ma-
lade dans la psychose post-operatoire, ou pour le moins ag-
graver chez l’alidnd un 6tat pr6existant; aussi, avais-je ddclard
depuis longtemps que cette chirurgie speciale demande la col¬
laboration de l’alieniste et du cbirurgien. Vous iftgrae avez ad-
mis cette collaboration et defini le rdle respectif qui appartient
a l’un et k l’autre. Vous nous afflrmez qu’& New-York un con¬
frere est ckargd de vousadresser les cas qui lui paraissent sus-
ceptibles de bendflcier au point de vue physique d’une opera¬
tion ou d'un traitement.
Or, je pense que cette collaboration doit 6tre plus immediate,
et je vous demande la permission de vous la ddflnir telle que je
la con^ois aujourd'liui.
II convient tout d’abord a la psycbiatrie de fournir d’une
fa con precise les contre-indications d'ordre mental dans les
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CE QUE DOIT ETRE LA CHlRUHGlE DES ALIENES
91
cas oil la lesion soraatique reclame une intervention mais ne
menace pas la vie h breve dchdance. Toules les affections
d'ordre chirurgical ne sont pas en effet chez les alidnds
justiciables (Tune intervention, et mes etudes rdcentes sur
Tbypochondrie m’ont ddmontrd combien il fallait dire circons-
pectchezces malades au point de vue opdratoire. Ce serait
s'exposer & de cruels mdcomptes que de les opdrer en sdrie.
Laissez-moi prendre un exeraple dans votre statistique.
En consultant celle-ci, je constate que vous avez opdrd un
grand nombre de deviations uterines (51 cas sur 242 operations
en 2 ans 1/2) et que vous attachez, comme beaucoup de vos col
legues d’ailleurs, une grande importance au prolapsus utdrin
dans les troubles mentaux. Or, justeraent je n’interviens qu’ex-
ceptionnellement dans les deviations uterines.
Dans le plus grand nombre des cas, j’ai observe que les mala¬
des qui en sont atteintes presentent des ideeshypochondriaques
et accusent des troubles fonctionnels qui ne sont nullement en
rapport avec le degrd de deviation de l’organe. Beaucoup
dentre elles rdclament des operations mais j’ai constate que
dans une serie de cas opdr6s, non par moi, mais par d’autres,
et que j*ai publids, l’intervention n avait eu d’autre rdsultat
que d aggraver l’etat mental.
On peut observer, il est vrai, des deviations uterines dans des
formes de lalidnation mentale autres que Thypochondrie. Dans
les cas ou je suis intervenu personnellement, les malades ne r6-
clamaient rien, et je n’ai opdrd que parce que les deviations
etaient accompagnees de complications d’ordre chirurgical qui
pouvaient menacer l’existence. Mais ces cas sont en somme as-
sez rares, et j’ai remarque qu’alors l’action de l’operalion sur
l’etat mental dtait absolument negative : Voili le rdsultat de ma
pratique ; or si je me reporte encored votre statistique, j’y
trouve que dans les 51 cas oil vous dies intervenu contre des
deplacements utdrins, vous avez constate que la guerison men-
iale avait ete hdtde par l’opdralion (2° article). D’autre part,
en divers points de votre travail vous signalez ce fait intdres-
sant que vous n’avez jamais constate une aggravation de reiat
mental aprds l’opdration, et vous dies amend h conclure
que cette aggravation ne se produit qu’d la suite d’interven-
tion sur les organes sains.
Comme vous le voyez, les resultats de notre pratique diffe¬
rent profonddraenl. Discutons si vous le voulez ces 2 points en
commen^ant par le 2°. Aloi s que vous aftirmez sur ce 2 9 point
n’avoir jamais constate d’aggravation mentale apres les opera¬
tions faites contre le prolapsus uterin, j’ai au contraire observe
que ce sont les deviations de l’uterus, qui, pour les raisons d6jk
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92
REVUE DE PSYCHIATR1E
indiqu6es, fournissentlecontingent le plusgrand aux psychoses
post-op6ratoires, c’est-4-dire que les operations provoquent
chez les malades qui en sont atteints des psychoses sj)6ciales,
ou qu'elles aggravent les syraptdmes pr6existants.
k cet 4gard vous invoquez tres aimablement raon opinion et
celle de votre collegue Manton (de Detroit). J'avais bien en effet
affirm4 des le debut de ma pratique et apr&s un nombre suffi-
sant d’interventions, quejamaisjen’avais constate d’aggravation
post-operatoire : mais il ne s’agissait pas d’une classe speciale
d’oper^es et cette affirmation encore exacte k l'heure actuelle
dans ma pratique etait surtout importante k repoque oil
beaucoup d’alienistes, s'appuyant sur des statistiques tendan-
cieuses, cherchaient k etablir que la population des asiles avait
augmente depuis les progres de la chirurgie abdominale, et
pensaient qu’il fallait renoncer pour toujours k operer les
alidnes. Or, l’opinion que j’avais 6mise k cette epoque concer-
nait des malades dont j'avais eiimin6 avec soin tous ceux
qui presentaient des contre indications dordre mental, et je
suis convaincu que si j’avais opere en serie tous les ali6nes at¬
teints d’affections cbirurgicales sans.m’occuper de leur 6tat
mental, j’aurais observe un grand nombre d’aggravations post-
operatoires.
De plus, je n’ai envisage que les malades conscients. II y a
encore selon moi une importante distinction k faire. D’apres
mon observation, chez un malade inconscient une intervention
quelconque ne peut en dehors de l’infection amener une aggra¬
vation de retat preexistant. II ne saurait en etre de meme pour
les malades conscients etc’est une des raisons d’ailleurspourles-
quelles j’ai fait depuis longtemps sortir les psychoses infec-
tueuses du cadre des psychoses post-op6ratoires. 11 s'agit Ik, je
le sais, d’une question liligieuse sur laquelle nous discutons
depuis plusieurs annees avec mon distingu£ collegue et ami le
professeur Regis de Bordeaux, mais j’ai vu avec plaisir que tous
vos collogues americains avaient adopts cette maniere de voir.
Le l cr point relatif aur6sultatde votre statistiqueet que jevou-
draismaintenantdiscuter, concerne les gu^risons d’ordre mental
cons6cutives k l’intervention chez les femmes alteintes de pro¬
lapsus. J’admets bien volontiers qu’il est des femmes atteintes
de d6placements uterins qui peuvent beneficier de Tinterven-
tion, mais je tieus ces cas pour exceptionnels ; j’ai citd plus
haut le cas ou le r6sultat operatoire est nul au point de vue
mental et je pease en m’appuyant sur mes Iravaux et ceux de
mes sieves que la plupart des malades loin degudrir voient leur
6lat mental s’aggraver. Pour les malades inconscientes, l’inter-
vention doit rester sans effet. Je persist© done k croire, raalgrd
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CE QUE DOIT ETRE LA CHIRURGIE DES ALIENES 93
• •
les resultats encourageants que vous publiez, qu’on ne saurait
montrer tropdecirconspection& opdrer ces malades. II convient
egalement d’etre tres exigeant au point de vue des resultats
d’ordre mental constates apres l’operation : Ily va selon moi de
Lavenir de cette chirurgie spdciale. En suivant plus longlemps
les malades, on pourra arriver a un pourcentage plus exact.
Au rdsumd, il ressort de ma pratique que chez un malade qui
presente une affection chirurgicale, il est indispensable d’dta-
blir les contre-indications d’ordre mental si Ton veut dviter des
dchecs penibles et le chirurgien pour y arriver est oblige de
connaitre certains problemes de psychiatric. Mais Id. ne doit pas
s’arrdter le rdle du chirurgien.
Dans une autre categorie de malades, celui-ci apres
avoir etabli les indications d'ordrechirurgical peut dtre conduit
a recliercher mdme des indications dordre mental. En presence
d’une lesion chirurgicale bien ddterminde mais ne menagantpas
l'existence k breve dcheance, il peut se trouver amend d se de¬
cider sur une indication de cette nature. Le voild done obligd a
envisager d’autres problemes ressortissant encore d la psychia¬
tric. C'est ce que je me suis appliquddfaire rdeemment dans men
etude « sur les conditions de Tintervention chirurgicale chez les
liypochondriaques. » J’y ai montre en effet qu’il existait une ca-
tdgorie d'byrochondriaques chez lesquels une lesion somatique
dtait le point de ddpart du trouble mental et qui pouvait ainsi
guerir par une intervention chirurgicale. Les etudes que j’ai
faites antdrieurement sur les infections latentes ont eu pour but
de meltre au jour des faits analogues. Sans pouvoir enti er dans
le ddtail des fails que j’ai indiquesailleurs, je pense done quele
chirurgien, sans oublier que son devoir absolu est de s’appuyer
toujours sur une indication chirurgicale, doit dgalement tenir
compte d’une sdrie dedications et contre-indications mentales
et que pour y arriver, il doit pendtrer hardiment dans le do-
maine de la psychiatrie.
Vous voyez en quoi ma maniere de concevoir la chirurgie des
alienes differe de la vdtre. Mais il est un point tres im¬
portant surlequelnous divergeons encore. Vous n’avez envisagd
chezraliene que le cote gynecologique. En lisant vosintdressan-
tes dtudes, on voit que vous avez did seduit, comme tous ceux
de vos compatriotes qui ont pris part au congres de Montrdal par
la doctrine francaise de la folie sympathique; et comme eux,
vous vous dies appuye sur elle pour opdrer vos malades. Certes,
cette doctrine rdpond d des faits dont je me suis appliqud sur le
terrain chirurgical a ddmontrer I’exactitude clinique; mais dans
not re pays, elle a etc longtemps combattue parce que le nom
sous lequel cette doctrine dtait ddsignee impliquaitune patho-
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HEVUE DE PSYCHIATH1E
genie inacceptable, et que d’autre part, k Tdpoque oil elle a dtd
ddfendue, la chirurgie incertaine dans ses rdsultats, dtait inca¬
pable de lui foarnir un point d’appui solide. ATdtranger, elleeut
le bonheur d'etre depuis longtemps ddfendue par des homines
qui ne s’attardaient pas au cdtd doctrinal. Grftce k elle Louis
Mayer, Horgt, de Heidelberg, Manton,. de Detroit, Rohd,
etHobbs, Noble d'Atlanta, Mabaud de New-York (et vous-mdme)
ont obtenu d’excellents rdsultats pratiques, et malgrdlesattaques
violentes de Ripping et Russell, pour ne citer que les plus cdle-
bres. II y a dans cette voie beaucoup k faire, mais Ton ne sau-
rait se borner k n'envisager que le cdtd gyndcologique.
A Theure actuelle, la doctrine de la folie sympathique a
reparu dans notre pays, etendue et transformde. On admet main-
tenant Torigine somatiquedes ddlires, partout oil on la recher¬
che ; mais, k Taction hypothetique du grand sympathique on a
subslitud une pathogenic plus conforme aux ddcouvertes con-
temporaines. Les travaux recents publids sur les intoxications
endogenes venant du foie etdu rein montrent dans quelle voie
fdconde s'est engagde la psychiatrie franchise.
Or, j’estime que la chirurgie tout entiere est intdressante k ce
point de vue et qu’elle peut, au mdme titre que la gyndcologieet
la medecine ordinaire, servir k ddmonlrer les relations qui peu-
vent exister entre les ldsoins d’organes et de tissus et certaines
formes de folie, qiTil s’agisse de Thomme ou de la femme. Aussi,
suis-je etonne que sur 63 interventions gdndrales vous n'ajez
obtenu qu'un cas unique de gudrison. Sous ce rapport, mes
rdsultats sont loin de concorder avec les vdlres, etjai pu mon-
trer dans ma premiere statistique la varietd de lesions chirur-
gicales dont le traitement est susceptible d’amener la gudrison
d’un ddlire concomitant.
La question de Torigine somatique du ddlire, envisagde au
point de vue chirurgical, souleve encore deux questions bien
intdressantes. 1° la nature de la lesion gdndratrice, 2° la forme
mentale k laquelle celle-ci conduit.
< Rohd et Hobbs ne considdrant que la gyndcologie, pensentque
la plus grande amdlioration mentale se produit apres Tablation
d’annexes malades. Certains auteurs pretendenten outre que les
lesions du col uterin sont trop peu importanles pour modifier
Tdtat mental etj’ai deja discutd votre opinion touchant le role
du prolapsus utdrin dans la pathogenie des troubles mentaux.
Pour ma part, j’ai divisd les lesions gdndratrices en deux
groupes : le l er comprend tous les foyers latents d’infection, que
ces foyers siegent dans les organesgenitaux de la femme, ou en
un point quelconque de Teconoraie. A ce titre, j’y fais rentrer
toutes les ldsions infectieuses de Tendometrite du col, contrai-
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CE QUE DOIT ETRE LA C.HIRLRGIE DLS AL1KNES
95
i*emeni a Fopinion dmise par quelques-uns de vos compatriotes.
•Ten ai publiede nombrenx cas, et j’estime qu’elles jouent ua
rdle considerable dans la production de certains delires. Le 2°
comprend toutes les affections qui engendrent Fhypochondrie
(affections portant sur les organes gdnitaux de Fhomme, affec¬
tions ddprimantes, comme la cdcitd, affections rdpugnantes,
comme les flstules stercorales et urinaires, difformitds congd-
nitales disgracieuses; et en gdndral, toute ldsion bdnigne ou
grave qui sans presenter aucun des caracteres prdcddents agit
neanmoins dans le mdme sens sur les cerveaux prddisposds)
J'ajoute enfln i cette categorie toutes les affections quien dehors
de Tinfection sont susceptibles de provoquer une decheance
physique rapide : telles les affections douloureuses qui privent
les malades desommeil, les affections qui troublent une fonction
importante, comme celles qui attaquent Festomac ou Fintestin,
celles enfln qui affaiblissent Feconomie par la perte sanguine
importante qu’elles provoquent. On comprend des lors que la
ddchdance mentale suive de pres la ddchdance physique, et con-
trairementi Fopinion que vous exprimez, j’estirae que chez un
malade de faible mentality, toutes les affections sont susceptibles
d’amener des troubles mentaux 5 breve echdance.
Si maintenant Fon vient k considdrer les formes mentales
que liennent sous leur ddpendance les lesions que nous venons
d’enumerer, je constate en m'appuyant sur* mes propres obser¬
vations contenues dans ma premiere statistique, qu’elles se rd-
duisenta deux, la confusion mentale et la mdlancolie. La con¬
fusion mentale est Faboutissant des lesions infectieuses aigues
chez les sujets predisposes. Le syndrome melancolique et Fhy-
pocliondrie sont Fexpression des autres ldsions auxquelles je
rattache Finfection dans ses formes chroniques.
Rohe, d’ailleursen s’appuyant sur une statistique de 34 cas
declare de son cdtd que la moitid des gudrisons concerne la md¬
lancolie et les psychoses puerpdrales et vous-mdme, aunombre
des formes curables, signalez la mdlancolie et la manie. A part
la demenee prdcoce que je crois pour ma part incurable avec
nos collegues fran^ais, nous sommes d’accord sur ce point.
Vous signalez fres justement qu’un traitement prdcoce peut
seul fournir des gudrisons, et votre statistique qui envisage les
resultats k partir de six mois, un an et apres, est fort intdres-
sante a consulter. Apres un an, vous constatez que le nombre
des insucces augmente rapidement. Depuis longtemps, pourma
part, j'insiste sur Futilite d’instituer rapidement le traitement.
Combien ai-je vu de cas dans lesquels une intervention trop
tardive n’avait amend aucune modification dans Fetat mental,
alors que des cas analogues, mais traitds rapidement, avaient
donnd un rdsultat favorable.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Dans les cas oil Tali6n6 guerit k la suite d’uue intervention
chirurgicale, que vaut cette guerison? Et comment se produit
elle?
Yotre collegue Manton pretend, da pres vous, n’avoir jamais
vu de malades recouvrer completement la raison. II m’est diffi¬
cile dediscuter cette affirmation ne sachant pas exactement le
sens qu’il Iui donne. II est incontestable qu'A la suite d’une in¬
tervention chirurgicale, la totality du delire peut disparaitre,
mais il est 6galement certain que la predisposition k ce delire
doit persister et faciliter des recidives. Tel predispose infecte
et deiirant, peut apres la guerison deiirer a nouveau sous l’in-
fluence d’une nouvelle infection ou d’un choc moral. Je n’ai ja¬
mais compris autrement la guerison du delire apres Interven¬
tion ; on ne peut neanmoins contester que le delire qui avait
amene le malade k l’asile a disparu sous l’influence de inter¬
vention, el que celle-ci faite en temps utile, a empecheie delire
de devenir incurable.
Vous dites toutefois qu’il est difficile de lirer une conclusion
precise de cette guerison et vous invoquez dans certains cas
la guerison spontanee du delire. J’ai repondu bien souventA
cette objection. C’est le cas de penetrer encore dans la psy-
chiatrieet d’observer la forme du delire presente par le malade.-
La guerison chez le paralytique general sujet aux remissions,
chez un malade atteiht de folie circulaire n’a certes aucune va-
leur, mais les formes que nous observons, confusion mentale
ou meiancolie ne peuvent laisser aucun doute k oet egard. Et
puis, la rapiditede la guerison mentale a la suite de l’operation,
bien qu’on ait invoque la coincidence, constilue un argument
dont il faut tenir grand compte. J’ai vu avec quelque surprise
que vous n admettez pas l’ameiioration immediate du trouble
mental apres l’operation et que vous trouvez etonnante la se¬
dation rapide des accidents maniaques.
Il resulte cependant de ma pratique, que les etats hypochon-
driaques sont susceptibles d’une amelioration tres rapide apres
lintervenlion ; mais c’est dans les accidents maniaques que j’ai
surtout constate cette sedation rapide. Quoi de plus simple en
effet, si Ton tient compte k la fois des donnees de la psychiatric
et de la patliologie chirurgicale. L’acces maniaque a debute
brusquement avec l’infection; celle-ci disparait brusquement
avec l’intervention ; quoi d’etonnant que 1’acces deiirant dont
elle est la signature disparaisse en meme temps. Quelle que soit
d’ailleurs 1’explication k en fournir, j’ai constate le fait dans un
grand nombre de cas.
Il resulte de mes etudes et de celles qui se poursuivent en
Amerique, que la chirurgie peut exercer une action directe sur
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CE QUE DOIT
ETRE LA CHIRURGIE DES ALIENAS
97
certaines formes d’ali6nation mentale. Mais elle peutaussi exei-
cer une action indirecte qui, bien que mticonnue jusqu’ici, n’est
pas moins interessante k connaltre du chirurgien d’asile. Cer¬
tains malades (comme les melancoliques) ontbesoin d un travail
manuel, pour arriver k la guerison; or, une 14sion osseu-
se ou articulaire les emp6che de se livrer k aucun travail, par¬
fois m6me 4 aucun mouvement. Une operation orthop6dique, en
leur rendant 1’usage d’un membre, peut exercer une action
indiscutable quoiqu’indirecte sur leur etat mental.
Dans les cas de suppuration chronique ou de maladies epui-
santes l’on peut comprendre que l’iutervention chirurgicale
intervienne par les deux proced^s, direct ou indirect.
On voit done que dans certains cas, le chirurgien facilite puis-
samment (’application des moyens thdrapeutiqnes que le mede-
cin tient k sa disposition, pour amener le malade k la convales-
cence mentale.
La chirurgie des alidnds m’a paru presenter encore un
jnterdt special : Jusqu’ici nous n’avons envisage que les
indications et contre-indications opdratoires tirdes de Tetat
mental des malades, et nous venons encore d’invoquer Taction
indirecte que la chirurgie peut exercer sur les attends. Or la
therapeutique chirurgicale elle-mdme paralt devoir subir des
modifications selon le mdme etat mental. L'alitement qui donne
de si merveilleux rdsultats die* certains malades, ne convient
guere aux hypocliondriaques ainsi que j’ai pu 1 observer. II faut
des lors savoir dviter chez ceux-ci le sdjour prolonge au lit et
prdfdrer parfois des methodes sanglantes qui donnent des re-
sultats plus rapides. (Test alors qu’on est bien souvent conduit
h intervenir dans les affections des annexes qui seraient parfois
susceptibles de gudrir par le sdjour au lit. II en est de mfeme
pour les ldsions tubercuieuses des jointures pour iesquelles ll
faut parfois prdfdrer les rdsections h&tives, quand il s agit du
membre inferieur, aux proeddes varids de la methode conserva-
trice.
Mais il y a plus, et ce ne sont plus les diverses mdthodes
qui peuvent varier selon telle ou telle forme de maladie mentale.
ce sont les proeddds de technique (suture, appareil de fracture)
qui sont susceptibles de varier dans les mdmes conditions.
Ces dtudes d'ailleurs, auxquelles je me suis tout particuliere-
raent consacre, ainsi que quelques-uns de mes eleves, ne sont
pas seulement applicables aux attends veritables : riles trou-
vent dgalement leur utilisation chez les predisposes que 1 on
rencontre dans la pratique de chaque jour. Combien de fois
ai-je eu in m’occuper de, letat mental des malades atteints d af¬
fections gyndcologiques au moment oil j'avais & choisir un mode
de traitement.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Efifin, la chirurgie des alienes est intdressante k un autre
point de vue. On rencontre chez eux des affections qui ne se
prdsentent pas avec la indue frequence cliez les malades d’ho-
pital: fractures spontanees, lesions osseuses cliez les syphilili-
ques ; luxations recidivantes de Tepaule chez les dpileptiques ;
prolapsus rectal; corps etrangers de l’oesophage, phlegmons de
la parroi abdominale.
Ainsi envisagde, la chirurgie des alidnds peut dtre conside¬
rs k notre dpoque comme une branche nouvelle de la chirurgie
et cette branche est reellement plus etendue que ne le semble
indiquer le terme sous lequel jel’ai ddsignee. Kile embrasse, en
effet, nonseulement lesalidnds vdritables, internes dans les asi-
les, mais tous les predisposes qui ne sont pas internes et ne le
seront peut-dtre jamais.
Dans les deux categories de malades, son but est different.
Chez ralidnd, le chirurgien se propose : 1 ° la recherche
des origines somatiques de Id folie, c’est-d-dire des relations
qui peuvent exister entre les lesions chirurgicales et les diver-
ses formes de l’alidnatioii mentale ; et cette etude le conduit
k envisager le cdtd thdrapeutique ; 2° la recherche des
modifications que retat mental est susceptible d'apporteri la
therapeutique chirurgicale, aux points de vue du choixdela
methode et de la technique opdratoire ; 3° enfln retude des
especes pathologiques plus ivequemment observees chez les
aliends.
Chez les predisposes qui s’observent en si grand nombre k
Thdpital et en ville, le chirurgien doit s’appliquer k 1’etude de la
pathogdnie des troubles mentanx transitoires et de leur traile-
meitf. Les psychoses infeclieuses que j’ai parliculierement
etudiees lui fournissent un beau champ d'observations. Mais il
doit surtout connaitre la prophylaxie de ces troubles mentaux,
qui en dehors de l'infection, a pour base retude des contre-in-
dications d’ordre mental. 11 resulte de ces etudes que le
chirurgien apres avoir etabli chez ces malades les indications
opdratoires, doit fixer simultanement les indications etcontre-
indications d’ordre mental. Certes, ce n'est pas a une epoque
ou la specialisation k outrance a realise tant de progres que je
conseillerai k un chirurgien de devenir un psychiatre (je me
suis explique d’ailleurs sur ce point); il n’en est pas moins vrai
qu’il ne peut arriver k etablir les indications prdcddentes qu’en
s’appuyant sur la psychiatrie et en penetrant quelques uns des
problemes afferents a cette branche de la mddecine.
Vous voyez, mon cher collegue, comment ma doctrine primi¬
tive s'est peu k peu etendue. A l’heure actuelle, la chirurgie des
aliends ne peut plus se borner& opdrer les malades en sdrie et
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
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k enregistrer les r6sultats heureux de l'intervention au point de
vuemental. Le chirurgien doit pouvoir selon les cas, provoquer
ces resultats par une etude attentive des indications speciales ;
tantdt dviter l'apparition de psychoses en s’appuyant sur l’etude
des contre-indications et je pense en resume, que c’est par une
connaissance de plus en plus approfondie de la psychiatric que
nous arriverons k constituer une veritable science chirurgicale
nouvelle des rapports des troubles intellectuels avec les affec¬
tions somatiques d’origine chirurgicale.
Yeuillez agr6er, Monsieur et trfcshonore collegue, Tassurance
de mes sentiments tres distinguds.
Picque.
FAITS ET OPI NIONS
LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
(Historique. Generaljtes. Observations).
Par M ,lt Pascal
(Travail du seroice de M. Serieux , & I’Asile de Ville-Evrard)
L’etude des remissions dans la demence precoce est intimement
liee a revolution du processus morbide et touche au probieme si
discute du pronostic de cette nouvelle entity psychiatrique.
Dans un interessant travail sur cette affection, M. Serieux
ecrit : a L’histoire nosographique de la demence precoce rappelle
trait pour trait celle de la paralysie generate ». On peuten dire
de m6me des remissions ; leur histoire rappelle celle des remis¬
sions dans la m£ningo-enc6phalite diffuse. Le pronostic de ces
deux maladies a suscite les memes debats , les memes objections et
les memes critiques .
Des cas de gu^rison indeniable ont ete signales dans la paralysie
generate parplusieurs auteurs : Ferrus, Billod, Bonnefous, Bouil-
laud, Treiat, Faber, Laffftte, Baillarger, Morel, Foville, Delasiau-
ve, Bayle, Lunier, Larroque, Fleming, Marandon de Montyel,
Obecke, etc.
SchQle decrit k c6te des remissions avec vestiges persistants
(fausses remissions de Ballet) quelques cas exceptionnels oil tous
lessignes physiques et psychiques seraientdisparuscompietement.
a Ce sont des paralysies generales gueries, dit-il, dont un tres
petit nombre a ete constate ; mais qui prouventla possibilited’une
« restitutio ad integrum ».
MM. Magnan et Serieux ont observe deux cas de remission illi-
mitee des symptbmes avec amelioration generate et retour du
malade k la vie ordinaire.
Krafft-Ebing declare que, dans la litterature moderne, les cas
de guerison tenant tete k toutes les exigences de la critique vqni,
en augmentanL
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Mairet croit egalemente la curability de la paralysie generate et
cite quelques cas de remission illimitee.
On a objecte b ces pretendues guerisons I'existence des pseudo-
paralysies generates. C’est ainsi que pour Dagonet, la nteningo-
encdphalite diffuse a toujours une marche fatalement progressive.
Kreepelin et Nasse parlagent la meme idee ; ils insistent sur l’ex-
tr£me longueur de ces remissions.
M. Dupre ecrit: « La paralysie generate vraie peut guerir. Les
observations de cette heureuse terminaison sont extremement ra-
res ; mais elies seraient certainement plus fr£quentes si tous les
cas elaient publics dans lesquels, apr^s avoir assists au debut net
et continue de revolution paralytique, on observe une remission
vraie et complete detous, ou presque tous, les signeset la reprise
par le sujet des occupations anterieures et du courant normal de
sa vie. II n est pas logique de declarer en pareil cas qu’il s.’agit dc
pseudo-paralysies generales ». Plus loin cet auteur ajoute : « II est
certain que si la paralysie generate a quelques chances de guerir,
c’est e ses debuts et lorsque les lesions, pas trop avancees, sont
encore capables de retrocession et de reparation plus ou moins
complete M.
On peut done admettre qu’il exisle des cas de guerison dans la
paralysie generate, ou du moins quel*amelioration peut etre telle
quelle est conciliable avec la reprise du travail et de la vie ante
rieure. Quant aux remissions incompletes et temporaires, ce sont
des faits acquis et indiscutables dans la litterature psychiatrique.
Si maintenant nous passons- b Uetude des remissions de la d&-
menceprecoce, nous constatons la meme duality d’opinion parmi
les auteurs.
Morel dans son remarquable Traite des maladies, mentales (p.
563) ecrit b propos d’un molade qui de la torpeur passa b la de-
mence : « Ge pronostic desesperant est ordinairement bien loin de
l'idee des parents et meme des medecins qui donnent leurs soins
b ces enfants. Telle est neanmoins dans bien des cas la funeste
terminaison de la folie hereditaire ; une immobilize soudaine de
toutes les faeultes, une demence precoce indiquant que le sujet a
atteint le terme de la vieactuelle dont il peut disposer. II est alors
designe sous le nom d’imbecile, d'idiot »,
Par contre Kahlbaum se montre extremement optimiste b re¬
gard du pronostic de la catatonie. Pour lui il y a tr£s souvent gue¬
rison, non seulement dans les cas oil les symptomes d’excitation
se developpent lentement ou manquent, mais aussi dans les cas
avec convulsions et agitation et dans les cas avec excitation et etat
de faiblesse.
Au pronosticdefavorable appartient la complication de la tuber-
culose, complication qui retentit non seulement sur retat general
mais encore sur retat mental.
En dehors des cas de guerison Kahlbaum etudie des cas d’ante
lioration survenant aprks la disparilion des phenontenes aigus
bruyants. « Chez cesmalades on ne trouve pas la conscience ni le
Souvenir clairs de la periode morbide qui sont les signes certains
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
101
cTe convalescence d’une affection ». Pour cet auteur, les r6cidives
m^mes sont peu fr&juentes ; rarement il a constate dans les
antecedents de ces malades une periode de troubles psychiques.
L'hebephrdnie proprement dite serait d’aprfcs lui et son ei£ve
Hecker d’un pronostic tr^s grave ; mais il en a decrit une variete
legere et curable, l’heboidophrenie.
ScliOle 1 se rallie b l'opinion optimiste de Kahlbaum. La stupeur
selon lui ne comporterait un mauvais pronostic que lorsque, apr&s
une duree trfcs longue, il s’etablit des paralysies vasomotrices (pe-
techies, ced^rne, refroidissement des extr^mites) et encore m6me
dans ces cas, ajoute-t-il, il lui est arrive de constater des gue-
risons.
Meyer 2 sur 51 cas de psychoses puerperales note 14 catatonieset
2hebephrenies, 10 sur 14 eurent une issue mauvaise, leas futdou-
teux, 1 seul parut gueri. Pour lui aussi la stupeur, lorsqu’elle se
prolonge, assombrit le pronostic.
Furstner 3 au contraire pretend que la longueur du stade de stu¬
peur n’aggrave pas le pronostic. Il a observe des gudrisons sur-
venues tr£s tardivement. Il ajoute aussi que trop souvent on dia-
gnostique la catatonie.
Mais e'est b Kroepelin 4 que revient l’honneur d’avoir etudie
d’une facon tr£s detailiee, revolution du processus morbide de la
demence precoce. D’apres lui les modes de terminaisons varient
avec chacune des trois formes de la demence precoce.
I. — Sur 100 catatoniques , il a trouve :
1° 59 cas de terminaison par demence profonde.
2* 27 autres cas oil la demence n’atteignit pas son ultimo degre.
« Toulefois, fait remarquer Tauteur, il n’est pas possible de fixer
des limites precises b ce sujet. Il s'agit \b de ces malades chez les- *
quels les idees deiirantes et les ^hallucinations apparues au stade
aigu de la maladie, ainsi que les symptomes catatoniques, dispa-
raissent suivant les circonstances seulement au bout de plusieurs
annees. Il faut encore ranger dans ce groupe les cas dils de gue
rison tardive, dans lesquels contre toute attente, apr£s une longue
evolution morbide se manifeste une amelioration progressive ; en
rtialile il ne s'agit pas la de guerison veritable. Les malades rede-
viennent avenants, ordonnes, capables de s occuper et de repren-
dreleurvie b la maison, quelquefois m£me de travailler au de¬
hors ; mais il s’est produit en eux une profonde modification.
Leur vigueur menlale a sombre, ils sont oublieux, faibles de rai-
sonnement, renfermes, ils ont perdu leur independence, nont plus
d'activite ni de perseverance, ne desirent pas renlrer chez eux,
refusent m6me de quitter l asile. Ils n ont plus de coup d’oeil pour
voir les choses, ne peuvent conduire aucune affaire, ne savent plus
se servir de leur argent, depensent ce qu’on leur met dans la
1 SchUle, zur Katatonisehe Frage. Allg. Zeitschrift, fiir Psych. Band 5't-1898, •
ct Beitrage ziir Kalatonie idem. 1901.
2 Meyer Berliner Ktinische Wochenschrift (n° 31. 1901).
5 Furstner. Allg. Zcitsch. fur Psych, band 58. 1901).
4 Krjepeli.x. Psychiatrie, 7* edit. 1905.
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tll-.Vl’E DE PSYCHIATIUE
main. Beaucoup sont silencieux, genes, guind^s, mefiants, se tien-
nent 6 l'^cart ; d’autres sont vonileux pu^rilement orgueilleux,
fanfarons, irritables. On note aussi sur eux souvent des traces de
catalepsie, des grimaces, des rires sans cause, de petits cris de
toutes sortes, une politesse exag^r^e, une manure sp^ciale d’offrir
la main, de manger, de travailler. Plus souvent ils yprou-
vent une grande fatigue et un besoin extraordinaire de sommeil ».
3* 13 autres cas furent suivis de gu^rison. a Tous les troubles
disparurent alors si complement que les malades gueris peu*
vent reprendre leur place dans la vie. Cependant je dois avouer
que dans quelques cas exceptionnels, ranges dans ce groupe, on
pouvait retrouver quelques lecjers restes de Vaffection passee: des se-
cousses du visage, une attitude plus silencieuse, des mouvements
guind^s. quelques traces de catalepsie ».
II. — Sur 100 htbdphreniques Krmpelin a observe :
1 # 75 cas de terminaison par d^mence complete.
2* 17 cas suivis d un affaiblissement intellectuel mod6r6. « Ces
malades aprfcs disparition des ph6nom6nes aigus, gardent une at¬
titude normale, restent passablement orient6s, manifestent une
certaine conscience de leur maladie passee, mais ne peuvent se
conduire seuls au milieu des circonstances les plus simples de la
vie. Ils ne prennent aucune part aux 6v£nements qui s’accomplis-
sent aulour d’eux, mais peuvent, s’ils sontdiriges.se rendre utiles.
Comme vestiges deleur affection, on note del'irritability une sus¬
ceptibility plus grande h l’alcool, des crises d’excitationpassagfcres,
des locutions bizarres, des habitudes extrsordinaires, Suivant les
cas apr£s plus ou moins d’annees, il peut y avoir aggravation,
constitute surtout par des phenomtnes d'excitation ».
3° 8 cas terminus par la gutrison. Ces cas de gutrison admis par
Kreepelin ne peuvent ttre acceptes sans un certain scepticisme
lorsquon songe aux difficultes du diagnostic signalees par
l auteur lui-mtme. D’ailleurs il ajoute : « II faut remarquer
qu’une ltgtrediminution de la vie intellectuelle passe souvent
inapergue etcela d’autant mieux que le trouble porte essentielle-
ment sur le domaine affectif et que par consequent la capacity au
travail en est moins atteinte. Nous pouvons prttendre, comme je
le crois, que le naufrage intellectuel est trts souvent mtconnu,
parce que les malades ont pu sauver une capacity intellectuelle
suffisante pour gagner leur vie. Ainsi, il faut compter It ces yi£-
ves appliquts et parfois remarquablement douts. qui au dtbut
justifient les plusgrandes esperances etqui plus tard, malgrt tous
leurs efforts et ceux des maitres, n’arrivent qu’& grand peine &
accomplir ce que d’autres camarades paraissant tout d’abord beau-
coup moins intelligents, font avec facility. Dans ces cas naturelle-
ment il faut bien connaitre relive et l’avoir suivi pour observer
cette modification ; quelquefois il n’y a qu'un leger recul ; le pro-
fesseur devient instituteur, le juriste devient clerc d huissier, l’or-
fevre devient serrurier. Chez d’autres, les troubles sont plus
manifestes ; ils s’occupent de lectures au-dessus d'eux, de ques¬
tions ardues , mais ils ne profitentde rien, ne font aucun progrts
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
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dans leur metier , ne passent aucun examen, font tout de tracers .
Leurs rapports avec l’entourage diminuent peu b peu ; its peHlent
tout inieret aux occupations intellectuelles; ils ne se meucent plus
qne dans un cercle de pensees stereott/pees et en arrivent fitiale-
ment b une activity pavement mecanique : b couper du bois, faire
du jardinage, r^sultat qui est tout 1'opposy des esp^rances qu’ils
promeltaient».
Ces cas se rapprochent des « hyboides » de Kahlbaum qt de
Hecker.
III. — Quant a la demence paranoide , Kroepelin admet la pos¬
sibility de rencontrer quelquefois des remissions passagfcres, ana¬
logues k celles dela catatonie.
L’issue de la maladie est gyneralement constitute par un affai-
blissement psychique marqut.
Dans un petit nombre de cas, les idees deliranles disparaissent
compiytement et les malades ont conscience de leur etat patholo-
gique passt.
En revanche il existe toujours une diminution marqute de la
capacity, un affaiblissement de la mtmoire et du jugement; un
tmoussement de laffectivity, la perte de Inactivity.
La rapiditt de progression de la demence est variable. Ledtficit
se montre le plus souvent au bout de 2 ou 3annyes, mais il y a des
formes oil les stigmates pathognomoniques de la dtmence se mani-
festtrent dts le premier mois.
Tr6mner‘ nous donne des indications fort inttressantessur revo¬
lution de la dtmence prycoce. Il adopte les opinions de Kroepelin
sur la forme catatonique. Il admet de trts longues remissions, et
mtme des gutrisons dans 1/5 des cas ; mais il ajoute qu’il peut ne
s’agir quede Emissions, dans 1/3 des cas la demence est atttnuee.
Dans le reste des cas il y a demence profonde. « Les dtments
catatoniques, dit-il, sont remarquts dans les asiles par leur aspect
souvent normal. »
Dans un travail fort inttressant AschafTenburg 2 ttudie le pro-
nostic dans quelques cas de demences precoces puerperales. Il a
constatysurll8cas de folies puerptrales 46 cas de demence prtcoce.
a Les renseignements recueillis, dit-il, indiquaient une gutrison
complete. J’ai essaye d’ytablir l’etat mental d’aprts mes recherches
personnelles. Lt-dessus, j’ai constate que dans tous les cas, oil il
sagissait de malades sortiesdepuis quelque temps et que la famille
considyrait comme compiytement guyries, il y avait toujours des
traces yvidentes de leur maladie; emoussement des sentiments,
indifference pour le bien et le mal de la famille, peu d intyryt pour
les yrdnements du monde exterieur, absence d initiative propre,
bizarreries etc. ; ce sont lb des signes importants constatys dans
certains cas termines d’une fagon favorable. La situation sociale
de nos malades (des paysannes) ne laisse pas paraitre d une fagon
1 C. TrOMNER. Das Ju<*endirrescin. 1900.
5 Aschaffenburg. Ueber die Klinischen Formen der Wochcnbet puyehosen,
{Allg. Zeit. /tir, psych. Bd. 58}.
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HEVUE t>E PSYCfllATHlE
evident© tous ces deficits. Le travail de la vie de tous les jours et
souvent aussi le travail machinal de l'usine de tabac (malades
ouvri&res) et d'autres acles semblables sont accomplis d’une ma¬
nure satisfaisante. II ne faut done pas s’etonner si la famille ne
remarque pas la diminution de i’intelligence. Des bizarreries par¬
ticulars, certaines manures de parler et de se mouvoir,de lexci-
labilite plus vive, des rires non motives, du mutisme soudain et
sans cause, des plaintes hypochondriaques sont des sympt6mes peu
pris en consideration (bien entendu, si l aptitude au travail ne
souffre pas). Si j’affirme que dans aucun des cas que j’ai revus
apr&s la sortie, je n’ai pu constater la gu^rison, je dois ajouter,
que la famille parle souvent avec s0ret6 de la guerison. Iln’estpas
superflu de demonlrer qu’il faut preter peu de foi b de pareilles
assertions. J’ai eu moi-meme l’occasion d’observer une femme en
couche que le mari d6clarait gu6rie. En rentrantdans sa chambre,
j’ai senti une odeur d’urine et j’ai appris que la malade depuis sa
sortie de la clinique, c’est-&*dire dej& depuis quelques mois, avait
6te toujours malpropre, qu elle ne mangeait pas spontan^ment et
qu’elle ne causait pas. Appuy6 sur cette experience qui me per-
met de remarquer les traces de la demenee precoce gu^rie, je
crois done poucoir etablir , que la demenee precoce neguerit qu avec
deficit . Souvent apr&s plusieurs annees et quelquefois m£me apr&s
une dizaine d’annees^la mal8die s’exasp&re de nouveau et elle
aboutit 6 la demenee definitive. Quelquefois cette diminution de
l’intelligence s’^tablit doucement, et l’individu mediocrement utile
au point de vue social, devient un de ces etres qui peuplent par
centaines nos asiles. Toutes les terminaisons qui permirent au
malade de reprendre sa vie sociale, je les ai complies parmi les
gu^risons ; cellesqui 6taient accompsgnees d’un deficit plus appre¬
ciable, je les ai rejetees. »
« Les 46 cas de demenee precoce se divisent, d’apr&s les trois pha¬
ses de la grossesse (avant, pendant et apr&s l'accouchement) en9,26
et 11 malades. Dans la grossesse, la demenee s’est developp6e le
plus souvent vers la fin. En gdn^ral les cas qui dvoluent d’une
fagon favorable commencent brusquement par une excitation
aigue. Dans 4 cas d’excitation rapide survenue pendant la gros¬
sesse, l amelioration evident© ne fut not£e qu’une seule fois; un
seul cas de stupeur a et6 b peu pr6s gueri. »
Weygandt* partage les m£mes idees qu’Aschaffenburg. Plusde
3/4 des cas parviennent indubitablement b un haut degrd de de-
mence permanente, manifeste m£me pour des observateurs les
inoins initios. En’ce qui concerne les autres cas, le jugement que
le vulgaire porte sur eux, depend de l'ideequ’on se fait de cequ'on
appelle guerison. Les personnes 6trangeres b la psychiatrie sont
portees souvent b beaucoup d'indulgence pour decerner un certi-
fleat de sant6 intellectuelle. On a maintes fois constate qu’un m8ri
peu experiments aflirmait que sa femme n’^taitplus malade alors
que le tn£decin qui l’avait soignee la trouvait deprim^e, atteintede
1 Weygandt. Atlas der Psychiatrie, 1902.
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les Emissions dans la d^mence precoce
105
mutisme ou compl&tement apathique. Si par guerison on entend
une « restitutio ad integrum » il est impossible de ne pas la mettre
en doute quand il s’agit de la d^mence precoce, landis qu’au con-
traire, la guerison peut survenir reellement apr6s les psychoses
d’epuisement. M6me dans les cas les plus favorables, les sujets
perdent un peu de leur valeur ou de leur situation sociale. Le m6-
canicien d’autrefois s’dtablit simple serrurier, l’ancien ^tudiant
devient copiste. Il faut ajouter en outre, qu f il y a toujours & crain-
dre des rechutes dans l’avenir. Ainsi une malade, renvoy^e il y a
6 ans comme guerie, s’est plainte cet 6te d’avoirdes troubles sen-
soriels. On a eu l’occasion d'observer le retour des accidents de la
d^mence precoce m6me aprfcs 18 ans de r^tablissement.
Weygandt relate l’histoire d’une jeune fille sortie au bout de 6
mois amelioree. Chez elle, elle passait pour Otre guerie; elle mon-
trait peu de goCU pour le travail, ne prenait part ni aux joies ni
aux peines de famille et apr&s 4 ans, elle presente encore comme
trace de sa d^mence une sorte de tic qui consiste en un mouve-
ment de baillement sans qu’elle ait envie de bailler. Elle se plai-
gnait elle m6me de son 6lat.
Pfersdorff 1 apporte une statistique de 150 cas qui furent observes
de 1890-1900 pour la premiere fois & la clinique de Strasbourg.
Le premier groupe comporte 110 cas o£i des phenom&nes mo-
teurs et d'excitation apparurent au stade aigu et pendant les re¬
missions.
Ces cas se r^partissent ainsi :
1* 75 cas evolu&rent sans remission.
2* 23 cas furent suivis aprfcs le premier acc^s d’une remission de
plusieurs ann6es. (2 h 10 ans).
Dans ces cas on retrouve les phenomfcnes moteurs du stade aigu,
mais ils fur&nt moins intenses et se montrerentde temps en temps.
Chez d’autres malades on remarqua qu’ils changaient souvent
^occupation et d’habitation. Un certain nombre de malades etaient
capables d’avoir un emploi pour quelque temps, proportionne h
leur intelligence ; l’abaissement intellectuel chezces derniers elait
au second plan. L’intelligence 6tait intacte dans 6 cas ; des phases
d’excitation et de negalivisme revenaient periodiquement et du-
raient plusieurs mois; pendant les intervenes la conduile 6tait
normal©.
A ce premier groupe principal de catatonies, il faut rattacher
certains cas dont involution ne fut travers^e par aucun ph6no-
m6ne aigu mais fut seulement msrqu^e par une lente modification
du caractere. Le manque d’int6r6t presente par ces malades tient
surtout h leur deficit mental. Il y a aussi ici des phenom&nes perio
diques.
Le second groupecomprend 40 cas qui se distinguent par Uatt4
nuation des symptOmes moteurs et par la predominance de l’ins*
l TrERSDORFF. Die Prognose der Dementia precox (Strnsburg. i. i). Cen -
tratblait fur Nervenheilkunde und Psychiatric. August . 1005 , n° 19'i*
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REVUE DE PSYCHIATR1E
tabilitd de l’humeur. L’affaiblissement affectif esl’caract^ristique
de ces etats.
Dans 12 cas, la demence precoce se developpe b la suite de pin-
sieursaec&s depresses de courte dur£e. La demence se manifeste
par une indifference complete. Cet affaiblissement affectif se mon-
tre aussi dans le caract&re. Dans ces cas on trouva une facon de
parler manierte , une predilection pour les jeux de mots et les
expressions triciales .
Dans 12 cas il y avait egalement de nombreux etats de depres¬
sion. Ils sont interessants parce que la moindre excitation fut
suivie d’une forte reaction affective. Les mouvements miiniques
qui les accompagnent sont dementiels. L’humeur fut le plus sou-
vent depressive.
Dans 8 cas il y avait de l’excitation avec euphoria. Cette excita¬
tion «e montradans le langage et i’irritabilit6, mais fut compati¬
ble avec le travail.
Dans 8 css, il y eut euphorie sans ph6nom&nes d’excitation. Il n’y
eut pas de recidives, mais non plus de guerison complete.
Enfln 16 malades furentcapables de travailler pendant trfcs long-
temps.
Hecht'dans un long travail surla demence precoce ditque lop-
timisme en ce qui concerne le pronostic de cette affection esi
sujet b caution, I nvolution etant plus favorable dans la forme
catatonique que dans la forme hnbdphreniqiie. Il est tr&s mauvais
dans la forme < paranoide. Il faut pour se prononcer favorable-
menf de longs intervalles d'absence complete de sympt6mes.
Bleuler 2 dansun interessant travail sur la demence precoce, oh
il dmet de nombreuses et importanles considerations generates,
se rallie b l’opinion de Kreepelin concernant le prongstic de cette
maladie. Pour lui aussi, il peut y avoir arret de Involution au
stade initial, dans lequel l’injure psychique passe inapercue.
« Les cas de guerison sont pour la plupart suivis de rechutes ; il
ne faut done pas ajouter d’importance b ce mode devolution ex-
ceptionnelle. »
Christian 3 dans son excellent travail sur l’h^b^phrenie nesignale
pas de remission. Cet auteur n’a notn que des phases d'accalmie
aprfcs la premiere crise dniirante qui en imposent b l’entourage
et lui font esperer une guerison.
Meus 1 croit b un pronostic sombre, e’est ce qui ressort de l’ob-
servation de ses malades, aucun d’eux ne guerit ni n’a montre de
tendance b la guerison, bien que leur arriv^e fclacolonie de Gheel
le pronostic fut juge favorable pour quatre, douteux pour 18. Les
18 restants furent juges incurables dbs leurarrivee.
* Hecht — The Journal of\ nerv and ment disease (nov. el d6c. 1905).
2 Bleuler. — Journal of mental Pathology . Dementia precox . 1902-1903.
3 Christian — De la demence precoce ties jeunes gens (Ann, medico-psych .
1879).
* Meus —- Demence precoce
m. Beige 1902).
chez les jeunes gens (Bull, de la soc . dc med .
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PR^GOCE
107
Deny et Roy* admettent des remissions incompl&tes au cours
desquels il subsiste presque toujours des signes de chronicitd :
irrascibilite, allures affect^es et bizarres, rnsnierisme et tics.
Masselon -a signal© des remissions suivies de rechutes etdes
remissions de longue dureeequivalant k la guerison.
A la maison de sante de Ville-Evrard (service de M. Sdrieux),
jious avons pu recueillir un certain nombre d’observations de rd-
misions. Celles-ci sont interessantes par leur longueur, par la per¬
sistence de certains troubles, enfin par les rechutes qui ont sum
^amelioration trompeuse.
Observation I- (Due a Vobligeance de M. Ley, medecin en chef de
la maison de santd du Fort Jaco, Bruxelles) Catatonic. Remission
aecc deficit appreciable. Incapacity de se conduire dans le mondc . —
La malade est kgke de 32 ans, saris profe-sion. Hereditcnccropathiquc ;
le grand pbre paternel est mort alidnd et probablement epileptique.
La naissance et l’enfance furent normales; noujfrie au sein jusqu’fc
it mois.
Etant jeune elle etait d’un caractdre facile, avait des tendances tres
prononcees an mensonge.
Les fonctions menstruelles s’dtablirent normalement k 12 ans et res¬
ident normales. •
Marine k 22 ans elle eut des chagrins de menage et demands la
separation. Pendant Taction en separation en aout 1905, on commence
& remarquer chez elle des attitudes* bizares ; elle restait par moment
fixe, le regard perdu, les yeux agrandis et ne repondait pas aux ques¬
tions qu'on lui posait. Puis vinrent des fugues : elle avait la preoccupa¬
tion constante de s'enfuir d’ou elle etait, de chez ses parents par
exemple. Une surveillance continue fut etablie autour d'elle. En m^me
temps apparurent des hallucinations avec iddes de persecution, on
cuusait d’elle, la franc-maQonnerie la poursuivait, des procedes hyp-
notiques etaient employes contre elle. Vers la fin de 1905 elle fait une
tentative*de/M^ac en enlevant le bebd de sa soeur, elle ouvre les fend-
tres et s’adresse aux gens qui passent pour se plaindre d’etre persd-
cutde ; on la place chez des religieuses qu’elle aimait beaucoup, mais
ou elle fait del’esclandre etdu bruit etd’ou elle s'enfuit pour se rdfugier
chez une tante.
Elle est alors internee et je Tai en observation au debut de janvier
U06. La malade est hallucinde, se plaint de mauvaises odeurs, ouvre
constammetit sa fendtre, veut faire analyser les flacons de sa table de
toilette de crainte qu’on n’y ait introduit des odeurs nuisibles. Elle est
bien orientde d'ailleurs et sauf des allures un peu pudriles et les ph6-
nomdnes hallucinatoires, elle ne prdsente rien de bien paiticulier.
Tout s’apaise, les hallucinations disparaissent et la malade semble
revenue k la normale jusqu’d la fin de mars. Cependant, en Tobservant
bien, on la voyait de temps k autre regarder fixement ou tendre
Toreille. Les hallucinations existaient encore, mais la malade les dissi-
mulait avec un soin extreme. Fin mars, debute assez brusquement un
dtat de stupeur prononcee bien tot accompagne de catatonie. Le mu-
tisme fut a peu pres complet durantdeux mois et demi.
Le ndgalivisme persiste pendant trois a quatre mois. La malade res¬
tait au lit, refusant de se laver, de se nourrir, de changer de linge.
1 Deny et Roy. — La demence prtcoce, 1903.
* Masselon —' La dtmcnce precoce , 1904,
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HEVtlE DE rsVCHIATRlE
Les infirmidres devaient s’occuper d’elle comma d’un petit enfant.
Vers la fin de juillet la crise etait a peu pres dissipde. Toulefois un
ndgativisme partiel persistait, la malade refusant de donner la main
etde rdpondre d certaines personnes.
Lentement les fonctions psychiques sont revenues d peuprdsd leur
btat ordinaire. Mais une faiblesse mentale des plus netteset des allures
pubriles de plus en plus marqubes se sont manifestoes. Fin aout on
poueait considtrer la malade comme gudrie de sa crise; il ne sbmblait
plus exister d’hallucinations.
En septembre, il y eut encore une petite alerte; pendant quelques
jours la malade eut des attitudes anormales, restant fixe d bcouter
ou a bcarquiller les yeux mais cet btat hallucinatoire ne persista pas.
La malade est en ce moment incapable de se conduire seule dans le
monde; ses allures sont pubriles. Le dbfaut d’attention est des plus
manifdste. La famille va lui donner un tuteur et la mettre en interdic¬
tion.
L’btat somatique n’a gudre changb depuis le dbbut de 1’affection.
L’urine est normale. Les reflexes tendineux sont fortement exagbrbs,
les rbflexes cutands sont normaux. Le pharyngien est aboli.
Cette malade a dtd vue par nous le dix aotit. Elle causait d’une facon
normale, sa mdmoire paraissait intacte; elle avait quelques allures pub-
riles et une fixitd du regard dtrange. #
Observation II. — Dbmencc catatoniqne. Evolution marquee par
trois pousecs separdes par de tres longs intercallcs. Premiere poussec
d 22 ans. Secondc poussec occasionndcpar la graciditd. Troisitnie poussec
facorisbe par la menopause. — Cette malade dgde actuellement de 52
ans prdsente tous les phbnomdnes d’une demence catatonique profondc.
Ses cheveux blanc3 feraient plutdt penser & une autre affection qu’d la
demence prdcoce. Mais si l'on cherche dans le passdde cette femme, on
trouve une histoire des plus intdressantes.
A 22 ans, troubles du caractdre, tristesse trds marqube, idees de
suicide, aslhdnie profonde, la malade fuyait le monde. restait des
semaines entidres sans sortir. Le peu de renseignements que nous
avons eus sur cette premidre phase ne nous permet pasde donner plus
de ddtails. Nous ne savons pas s’il y aeu un ddfleit mental consdcutif a
ces troubles. D’ailleurs Instruction de cetle femme dluit tout & fait
insuffisante pour pouvoir l’apprbcier. Cette pdriode de mdlancolie a
durd deux ans. La malade s’est mariee. Elle ne presents que peu de
troubles pendant cette pdriode de rdmission : humeur indgale, coldre
au moment des rdgles, etc.,
A 36 ans , une grossesse amena des troubles mentaux : ddlire, hal¬
lucination, dtat confusionnel, etc. Ces phenomdnes aigus disparaissent
progressivement, elle n’a jamais pu se rdtablir compldtement. Elle
devenait bizarre, indiffdrente par moments, triste et sombre. Elle eut
plusicurs ictus epileptif'ormes : perte de connaissance, convulsions, pas
d’aura, pas d’bcuine, pas de pertes des urines ou des matidres.
Ces ictus se sont rdpdtdes frdquemment ehtre cette seconde poussde
et la troisierae qui se manifesta au mois de mai 1903 et coincida avee
la disparition des regies .
Son etal de tristesse habituel s’aggrava ; elle fit deux tentatives de
suicide remarquables par leur pudrilitd. Une fois elle voulut se serrer
la &orge avec un mouchoir devant ses filles. Une seconde fois elle alia
en riant et en chantant se jeter dans un puits.
Elle restait longtemps au lit, prdsentant une sensation intense de
fatigue.
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
109
Elle cessa brusquement son travail de mdnagdre ; elle ne s’intdressa
plus a rien. Ses filles lui sont devenues inditferentes. Elle refuse de
manger, de boire. Ce ndgativisme devenait inquidtant, et la malade a
ete internde A Passy, a la maison de sante Meuriot. La on constata un
etat d’aflaiblisseinent intellectuel avance et des crises alternatives
(^excitation et de depression. La malade futnourrie dla sonde pendant
neuf mois.
Elle enlre a la maison de santd de Ville Evrard le 9 septembre 1905.
Nous avons constate & son entree un etat d’agitation catalonique
suivi rapidement de depression et de stupeur.
Elle restait immobile & la meme place portant seulement quelquefois
la main & la tete et murmurant tout bas, qu’elle souffrait. Lorsqu’on
lui cause, elle rdpond par des explosions de rire. Elle reste indifld-
rente k tout ce qui se passe autour d’elle. Dans ses mouvements
d’excitation elle chante, rit, pleure et prdche. Elle est debout, fait des
gestes de prddicateur, toujours les mdmes, pendant des heures
emigres.
Pendant l’examen, elle garde toutes les attitudes qu’on lui imprime.
Elle a des attitudes spontandes tout h fait bizarres. Elle fait la statue
ou elle ldve les bras en l’air et tient ses jambes au-dessus du plan du
sol de telle fa<;on qu'elle ne repose plus que sur les ischions. Elle
execute tous ces mouvements avec une habiletd extreme. Elle se met
a cheval sur deux chaises, les met l’une contre l’autre, puis elle passe
ses jambes entre les barreaux et reste immobile dans cette position
incommode pendant longtemps.
Parfois elle s allonge par terre et se raidit, elle rdsiste si on lui sou-
Ibve les membres, a les mains fortement serrdes, les doigts crispds et
les yeux fermds. Les phases d’excitation suivent. La malade devient
impulsive, dangereuse, elle chante toujours les mdmes chansons
incoherentes. Elle voit des animaux parlout, elle a peur, elle crie, elle
cause a ses coix. Elle a de nombreuses stdrdotypies : mouvements do.
salutations, des grimaces, etc. Elle parle comme un enfant, d’une
petite voix zdzeyante.
Son dial mental est trds afiaibli. Son ddlire est pauvre. Elle est
completement ddsorientde. Les visites de sa famille la laissent indiffe-
rentc.
Elle est malpropre, g&teuse.
.Tantdt elle refuse de manger, tantdt elle est vorace.
Ses rdflexes rotuliens sont exagerds. Les muscles sont a l’dtat
d’hypdrexcitabilite. Hypdrdsthdsie cutande. Les rdflexes pupillairessont
normaux. Mydriase intermittente.
L’agitation et la stupeur catatoniques alternent ainsi depuis son
enlree. Ces phases sont de tres courte durde et ^ont sdpardes par des
pdriodes de calme ou l’on remarque une ddmence trds avancde.
Une emotion, (on lui a annonce la mort de son mari), a produit chez
elle la rdviviscence de quelques images. Elle eut une phase de luciditd
pendant laquelle elle causa de sa famille, de son mari, de son passd.
Elle pleura mdme avec emotion. Le soir elle fut trds abattue, elle
paraissait souffrir. Lelendemain 1’effet de l’emotion avait compldtement
disparu. Elle ne s’est plus souvenu de la mort de son mari. Elle nous
a regu en riant et rdpdte toujours les mdmes incoherences.
Observation III. — Heb&phrdnie. Remission de trois ans. Actuelle-
nxent dtmencc profonde. — M“* Hdr... Les premiers phdnomdnes ont
paru a l'age de 17 ans, par un besoin d’isolement et de solitude. Elle
prdsente de mdme une dnorme asthdnie neuro-musculaire, avec de
nombreuses crises d’inertie; elle reste plusieurs jours au lit sans
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REVUE DE PSYCHIATRIE
voaloir se lever et sans voir personne. Ces phenontenes alternent
avecdes phases d’excitation caracterisees par des coteres violenles ou
elle casse tout, et par un besoin de mouvement Incessant; elle fait
plusieurs petites fugues. D’autres fois, on remarque chez elle du ndga-
ticisme : refus de manger, de se mettre a table, mutisme absolu.
Elle fut soignee dans un etablissement hydrotherapique pendant
4 mois, d’ou elle sortit presque guerie. Ella reprit sa vie coutumtere et
v6cut ainsi chez elle pendant trois ans , son etat mental etait fc peu pres
normal.
Apr&s cotte phase de remission, la malade presente de nouveau le
ra6me negativisme : refus de manger et m6mes crises d’inertie. Elle
avail de la haine pour ses parents, elle leur faisait des scbnes vio-
lentes et eut a cette epoque quelques vagues idees de persecution,
cephalalgie. Palpitations et sensations de constriction k la gorge. Elle
fut internee dans une maison de sante (M. Semelaigne), elle n'y resta
que trois semaines. Ses parents Font amende chez eux, mais ils n’ont
pu la garder que pendant trois mois, k cause % de ses impulsions dange-
reuses et du refus d’aliments.
A son entree k Ville-Evrard, 10 mai 1889, la demence avait fait de
tres grands progres. Elle etait agitee, dechirait et parlait sans cesse en
gazouillant. Elle demande une poupee, sourit a la fa$on d une enfant;
elle s’embrasse les mains et les bras; elle a du negativisme, refuse de
manger, d’dcrire ; elle garde pendant longtemps la m6me attitude
spontanee; pas de catalonie prononcde et dtechopraxie. Elle n’a aucune
notion du temps, elle croit avoir trois ans. Elle est g&teuse et copro¬
phage. Indifference emotionnelle absolue vis-fc-vis de la famille. Hallu¬
cinations de l’oule.
Actuellement la malade presente les memes phenomenes de pueri-
lisme mental. Elle s’appelle « bebe », joue k la poupee. Elle reste des
journ6es entires engourdie sans rien faire. Parfois elle a de courtes
phases d’excitation, pendant lesqueHes on remarque un langage insuf-
fisant et des intonations pueriles. Au moment des regies elle est plus
excitee. On a remarque chez elle des elevations de temperature prece¬
dent les menstrues et disparaissant avec elles.
Observation IV. — Hkbephrenie. Remission a la pkriode initiate.
Rechute deux ans apr&s . Noucellc remission de trois ans. — M lu G...
agee de 19 ans, sans profession.
Antecedents hdriditaires. Absolument rien.
Antecedents personnels. Aucune affection particuliere, mais mens¬
truation tardive et irr&gulierc.
Tres intelligente, elle etait douee pour les mathematiques et parlait
plusieurs langues etrangeres.
D6but.— Tres vague, par de nombreuses preoccupations hypochondria-
ques et des actes bizarres, que I on mettait sur le compte de son
originalite. Elle a de longs moments de tristesse et d’abattement
pendant lesquels elle refuse de parier et de manger. Les troubles,
de la sensibilite generate s’aggravent et les idees de negation apparais-
sent, multiples et pueriles. « Elle se revoit morte, elle n’est plus sur
la terre, elle ne sent plus rien ».
Le certificat du 22 mai 1887 nous indique que la malade etait atteinte
k cette epoque ; a de depression ntelancolique profonde voisine de la
stupeur, ne parte pas, chepche a s'enfuir » signe : D r Febvre. Le certi¬
ficat de quinzaine nous montre que cet etat ddpressif a ete passager
et qu’il avait fait place a de l agitation maniaque. Les troubles c6nes-
thesiques et le negativisme persistaient.
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LBS REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
Hi
Les phenomenes d£pressifs el les phenomenes maniaques alterne-
rent pendant quelqaes mois, puis tout disparait. La maladesort tr&s
amdlioree de Ville-Evrard le 29 f£vrier 1888. En 1900, la malade est
prise de nouveau des m£mes troubles qu’elle avail presents ep 1887.
Elle pleure et rit sans motif; elle est souvent sombre et taciturne,
reste de longues heures immobile et se plaint de fatigue extreme. La
nuit elle fait des excentricitds inqui£tantes, ouvre la fen£tre, chante et
parle seule. Elle entend des voix. Les idees bypochondriaques domi-
nent la sc&ne. Elle devient irascible et violente, elle a des impulsions
homicides ; elle a voulu tuer sa mkre et son fr£re. M. Derensal d£livre
le 4mai 1900 le certificat suivant : alternatives de depression fctd’exci-
tation intellectuelle, desordre dans les idees.
Elle est de nouveau mise en liberty le 21 mai 1901. Elle entre le
20 aout 1904 £ Charenton. M. le D r Ritti constate : de raffaiblissement
intellectuel, du d£lire incoherent, des idees de persecution et de gran¬
deur, de l'agitation par intervalles avec impulsions violentes. Le 23
aotit, elle entre de nouveau £ Ville-Evrard et le diagnostic de M. Mi-
gnot nous apprend que la malade est atteinte de demend? pr£coce
avec delire incoherent, alternatives d’agitation et de depression. Son
troisieme acc£s fut precede par de la variabilite d’humeur tristesse et
gaite exagerees ; rires et pleurs sans motif. Les idees hypochondriaques
nombreuses et obsedantes rendaient parfois la malade tr&s anxieuse.
Elle etait souvent consciente de son etat.
Son apathie et son aboulie sont extremes. Elle ne s’occupe £ rien,
sinon & s’£corcher la figure.
Elle ne cause pas aux autres malades, elle ne s’intdresse & rien.
Tres indifferente pour sa famille. Par moments elle manifesto de la
haine pour sa mere qui lui a vole toutes ses richesses. Elle cause a
ses voix et profere des injures. Elle repete souvent les memes phrases.
Explosions de rire frequentes. Ne pleure jamais, elle est sale, g&teuse.
Son delire est incoherent. Elle se croit en enfer. On la torture. Autre¬
fois elle etait reine des Beiges. Elle expie ses fautes, qlle est crimi-
nelle, on va la guillotiner, on fait des experiences sur elle. Elle
demande constamment qu’on la tue. Actuellement elle est tresdemente,
impulsive par moments, d’autre fois elle cherche a s’occuper, a faire
du crochet ou jouer du piano. Elle est gateuse et malpropre.
Observation V. — Hebephrdnie. Remission incomplete dccc vestiges
dcmentiels d’une duree de deux ans. — M. Mh... Ce malade avant sa
maladie etait doud d’une intelligence brillante, d’une imagination cul-
tivee, d’une sensibilitd tr£s vive. Cet enfant precoce ecrivaitses pens6es
a 8 ans. 11 n’a jamais pu se soumettre & une discipline d’ecole ; il a
fait cependant des efforts dans ce but, lorsqu’il s’est agi de preparer le
baccalaureat. Mais ses efforts ont ete suivis de deceptions qu’il a sen-
ties tres vivement. A partir de ce moment il est devenu triste et silen -
cieux pendant plusieurs mois. Cet etat d’asthenie presque* continu fut
le premier symptbme de sa maladie. Il se sentait fatigue pour la
moindre des choses, restait couche des journees entires. Ces phdno-
menes alternaient avec en besoin brusque de mouvement. Il devenait
loquace, marchait et ecrivait corarae un automate.
En 1889, a l’age de 20 ans, il eut une maladie infectieuse (influenza
£ forme nerveuse) et a la suite de cette affection se manifestdrent les
premiers phenomenes aigus : hallucinations, crises violentes alter¬
nant avec de longues periodes de mutisme. On le fait interner £ Ville-
Evrard, dans le service de M. Marandon de Montyel. Il y resta 4 mois
environ et en sortit £ peu pr£s normal, n ayant conserve que des trou¬
bles du caractere (irascibilite et coldre) de I’entetement opini£tre et
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REVUE DE PSYCHIATRIE
une susceptibility extreme. Par contre les phenomenes aigus avaient
compl6tement disparus.
II resta chez lui pendant deux ans, mais il ne put jamais reprendre
entifcrement ses occupations anterieures. II ne garda aucun sentiment
affectif pour safamiile. Iietait apathique etaboulique, restant des mois
entiers dans une inertie complete, ne lisant rien, ne s’intdressant a
rien. Lorsqu’on lui causait il repondait d’une faqon tres juste aux ques¬
tions posdes. Par moments, il avait de courtes pdriodes d’excitation
violente. Son unique plaisir ytait de jouer du piano. Il choisissait spd-
cialement des morceaux tristes. Cet effort ytait suivi d’une pdriode de
depression ou de crises de larmes.
Sa conversation ytait normale. Aucune idee ddlirante. Il ytait cons-
cient de son etat et avait peur de mourir. La seconde poussde ddmen-
tielle s’est annonc^e par des troubles de la sensibility general© et par
des impulsions.
Il croyait etre habity par un second 6tre, un double , avec lequel il
ytait perp(jtuellement en lutte. Il se f&chait, se mettait en coiere, cas-
sait, brisait tout et s’attaquait violemment aux personnes de son
entourage.
Il recriminait contre les injustices de l’bumanity, et voulait tout
ddtruire et reformer.
Son excitation progresse et ses impulsions deviennent dangereuses
Il rentre k la inaison de sante de Viile-Evrard, le 10 novembre 1902.
Lexamen de M. serieux constate que le malade est atteintde
ddmence prdcoce avec agitation, impulsions par intervenes, conscience
nulle de son etat.
Observation VI. — Hdbephrenie. Rdmission incompldte de Imit ans .
Rechute et internement pendant deux ans. Noucclle rdmission de deux
ans. Actuellcment demcnce acancdc. — M. Z..., &ge de 39 ans, medecin
des troupes coloniales. Antecedents her6ditaires : Mere nerveuse.
Une tante morte alienee. Antecedents personnels : Le malade a eu
plusieurs uttaques nerveuses (?) dans son enfance et des lies au lycde.
A 22 ans, il a eu la syphilis et il s’est tres bien soigne. Pas de mala¬
dies coloniales. Insolation a la Guadeloupe.
Debut. — Les premiers phenomenes se manifestent a 27 ans. Ce sont
des preoccupations hypochondriaques et des iddes de suicide apres un
mariage manque.
Il aurait 6te interne k Saint-Pierre-de-la-Martinique et on lui aurait
mis la camisole de force.
Il sort au bout de quelques mois et revient en France, tres deprime.
Il repart, reste pendant quinze mois aux colonies comme medecin de
l’armee coloniale. Il revient de nouveau en France et il repart pour la
Guadeloupe. Au bout de quelques mois, ses chefs se sont aperQus qu’il
ytait un peu « anormal ». Ceux-ci le lui font sentir et il demande un
conge de trois mois et revient en France. Il est deprime et triste et
presente de vagues idees de persecution. Apres trois mois, il donne sa
demission. En 1900, il devient de plus en plus bizarre. II a des difRcultes
avec tous, ne veut pas payer son proprietaire. Il entendait qu’on lui
criait : « Vive Z... » Il resta quelques mois a Sainte-Anne dans le
nxutismc absolu.
En 1901, il est interne a Nantes. A sa sortie il reste deux ans a Paris,
d’h6tel en hotel. Il sortait k toute heure de la nuit el se faisait remar-
quer par ses excentricites. C’est ainsi qu’on l'a trouve sur la voie
publique oil il etait nu-pieds et se masturbait.
Il entre le 4 fdvrier 1904 a la maison de sante de VM/e-Evrard.
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
113
Ce qui frappe au premier abord k l'examen du malade, ce sont des
tics nombreux ; il se tire la barbe, la moustache, il dlfcve l’Gpaule
gauche rythmiquement, il se balance. Il se plaint d’avoir une ndvralgie
cervico-dorsale. Interrog6 sur ces troubles, il r6pond qu’ils sont
douloureux, ennuyeux, mais il est oblige de s’y soumeltre. Tous ces
phdnombnes sont dus a l’influence des pers6cuteurs et ils l’empfechent
de bien respirer.
Il est tr&s hallucing, il entend une voix qui lui dit : « il est fou
« vive Z... »>, ou on I’insulte : « sale Z..., tu es ramolli » «.»
D’autres fois la voix chante :
« En dchange de ce regiment
» Qui s’expose aux dangers de la guerre
» Je ferai bien devotement
» Ma prifcre, ma pribre. »
Il a une mdmoire prodigieuse. Il donne tous les renseignements sur
sa vie pass^e avec des dates precises qui correspondent bien k celles
qu’on a pu avoir par la famille.
Il est tres bien orientd dans le temps et dans 1’espace. Tout effort le
fatigue, il ne lit pas, il ne peut pas ecrire. L’examen par les tests est
impossible a cause de rimpossibilitd extreme de fixer son attention. 11
est indifferent et ne s’int£resse k rien de ce qui se passe autour de lui.
Il a des attitudes bizarres. Il a tendance a conserver les mouvements
imprimds. Il marche en mettant alternativement ses jambes en travers
i’une l’autre. Il a de longues phases de mutisme et du ndgativisme, il
refuse de manger. Il est malpropre. Les pupilles sont dgales. Ldgbre
paresse k ^accommodation.
Reflexes patellaires exagdrds.
Les impulsions sont frdquentes. Elies coexistent avec de courtes
periodes d’excitation. Il frappe et crie « qu’il est fou ». Insomnie.
Observation VII. — Hebephrdnie. Remission du debut aoec s&quellcs.
Perte du poucoir d*adaptation. — M IU B... &gee de 21 ans, employee
de commerce est entrde a la maison de sante de Ville-Evrard le 23
novembre 1905.
Antecedents hkreditaires. Absents.
Antecedents personnels. Cette malade a toujours 6td mal rdglde,
souffrant beaucoup et pr6sentant des ph6nom£nes d excitation. Son
caract&re devenait brusquement irascible, mechant. Parfuis elle pous-
sait des cris et avait la sensation d’une boulequi roulnitdans le ventre.
Intelligente et studieuse, elle apprenaitl’anglais pour enseigner. Elle
passa quelques mois en Angleterre. Elle travailla trfcs bien au ddbut
puis brusquement, sans cause elle se sentit fatiguee, il lui dtait impos¬
sible de faire le moindre effort. Ces sympldmes ont paru un an avant
l’internement. Elle fut obligee de rentrer en France et de cesser tout
travail intellectual. Sa famille s’aperQOit que son caractere avait beau-
coup changd. Elle est devenue triste, bizarre; elle s’enfermait chez elle
et restait de longues heures dans 1’inertie profonde. Au moment des
r&gles ces troubles etaient exngeres. Elle croit avoir une tumeur dans
le ventre et elle demande a Otre opdrde.
Elle se place comme employee dans une maison de chaussures. Ses
actes, sa conduite deviennent de plus en plus bizarres. Elle reste
alitee pendant trois jours avec ses deux petites soeurs, sans manger,
sans avoir envie de sortir. Quelque temps apr&s, elle prend en grippe
sa tante, lui cherche querelle et interprete tout en mal. au mois d’oe-
tobre (1905) elle va chez son oncle, se met nue, lui montre une tache
noire qu’elle avait k la cuisse. Le 2 novembre, elle manifesto les pre¬
miers symptdmes d’agitation, de loquacitd, de delire. Elle fait des
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REVUE DE PSYCHIATRIE
poussSes febriles, refuse de boire et de manger. On la place dans une
maison de santd & Epinay. Le 23 novembre 1905, elle entrea la maison
de santd de Ville-Evrard.
Vcxamcn mental nous permetde constater lesphknomknes suivants :
elle parle spontaqdraent, demande sans cesse oil elle est, ce qu'on lui
veut. Par moments elle n l’air craintive, elle a peur qu’on la frappe.
Son attention est d’une mobility extraordinaire. Elle est distraite par
les bruits extdrieurs, par les objets de la chambre, par les explosions
i de rive, par les voix qui lui causent en dessous la chambre.
Elle lit une phrase et elle s’arrkte. Elle ne peut souligner les verbea
et barrer les voyelles, elle ne tient pas en place: Si on lui prksenteune
skrie d’objets, elle les reconnait inais elle ne peut les nommer sans
entrecouper ces phrases de reflexions incohkrenles ou d’kclats de
rire. La mdmoire des dates et des calculs est intacte. Elle a conserve
toutes les connaissances acquises par l’instruction. Elle parle de la
mort de ses parents sans emotion et ne demande pas a voir ses soeurs
qu’eile aimait beaucoup. On cherche 6 produire par des 6motions-chocs
une reaction emotionnelle, elle repond par des eclats de rire.
Elle entend de nombreuses voix, e’est la guerre avec l’Allemagne,
toute l’Ecole de St-Cyr qui se trouve en dessous. Elle entend des
bruits de canon etc. Elle voit des couleuvres dans les plats et des figu
res bizares & travers les carreaux. Elle a des illusions du « ddja vu ».
Elle reconnait tout le monde ici. Les troubles ednesthdsiques sont in¬
tenses ; elle se sent magndtisee, klectriske, ce qui la met en mouve-
ment. Elle est malpropre, grossiere et parfois impulsive. Ses Merits
sont incohkrents et contiennent un delire polymorphe mal systema¬
tise. Its sont rempiis de ratures.
Examen physique. Hyperexcitobilitd de tous les reflexes. Hyper-
esthdsie cutande. Pas d’inkgalitd pupillaire. Tachycardie, poumon
gauche prdsente des lesions tuberculeuses au premier degrd. Urines
normales.
Pendant les deux premiers mois, la malade est tres agitee avec de
bien courtes phases de depression. Son agitation est loquace ou
muette, accompagnee toujours d’un besoin de mouvement intense,
d’impulsions dangereuses. Negativisme. Grimaces et tics nombreux.
Gesticule et fait des sauts en marchant. Indifference emotionnelle. Elle
ddchire tout. Malpropre, ne prend aucun soin de sa toilette.
Au mois de fdvrier les p&riodcs de calnie s'allongent. Les hallucina¬
tions et le delire disparaissent. Elle reste apathique et indifferente a
tout.
Au mois de mai on remarque quelques bizarreries au moment des
regies. Elle crache dans les plats et a des impulsions.
Au mois d’avril elle s’occupe & des travaux manuels. Elle re^oit
aimablement sa famille, mais elle ne demande pas & sortir. L’amdliora-
tion progresse. Elle engraisse. Sa lesion tuberculeuse est en voie de
cicatrisation. Les reflexes deviennent normaux. Elle sorties premiers
jours du mois de mai. L’examen mental fait avant son depart deckle
quelques traces de son affection passde. Impossibilite absolue de faire
le moindre effort cerebral. Indifference totale pour son avenir. Elle
reconnait avoir ete malade, mais elle le constate froidement. Par
moments on remarque des tics de la face et quelques sourires impre-
vus qui eclairent une figure pale et triste.
Nous avons eu des nouvelles de cette malade aprks sa sortie, elle n’a
jamais pu s’adapter a la vie sociale. Elle est rentrde dans un couvent
et s’occupe a des travaux manuels.
*
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ACCfcs EPILEPTIQUES ET TRAUMATISME CRANIEN
115
II resulte de l’expos^ des opinions des auteurs et de nos
observations personnelles qu’iln'y a pas guerison dans la demence
precoce an sens scientiflque rigoiireux du mot. La trop grande
raret3 des cas signals comme gueris ne permet pas de les prendre
en consideration.
Toutes les pr6tendues guerisons s accompagent de vestiges
dementiels plus ou moins eclatants et sont tr&s souvent suivies de
rechutes. Nous savons que tout processus morbide a une double
tendance : Vextension et la cicatrisation . La demence precoce
comme toutes les affectionsorganiquesest susceptible dese Sparer.
Les arrets de la maladie & la premiere periode, laissent natureile*
ment des traces moins evidentes. N’en est il pas ainsi de la tuber-
culose pulmonaire dont les premieres atteintes laissent des
s&juelles qui echappent parfois h Texamen du clinicien le plus
experiments. « II ne faut pas Stre plus exigeant pour la dSmence
prScoce, dit Bleuler, qu’on ne Test pour les autres affections ».
Les remissions de la demence prScoce sont de plusieurs sortes.
Un premier groupe est constituS par la disparition des troubles
Spisodiques (Stats dSlirants, hallucinations), mais avec persistance
de tous les phSnomSnes dSmentiels. Cesont les fausses remissions,
de vSritables pSriodes d’accalmie trSs frSquemment notSes.
Un deuxiSme groupe est represents par Varrdt, Vattenuation et
la disparition des phSnomSnes dSmentiels. On sait que ces phSno¬
mSnes sont de deux ordres : essentiels (apathie, aboulie, deficit
intellectuel) et secondaires (tics, impulsions, stSrSotypies, rire,
nSologismes, verbigeration, troubles de la conduite, etc.) C'est
presque toujours les phSnomSnes secondaires qui s’arretent, s'atte-
nuent ou disparaissent . Quant aux phSnomSnes essentiels, ils per¬
sistent plus ou moins accentuSs. « C'est surtout dans la sphere
affective, dit Kreepelin,qu’il faut chercher les traces de la demence
prScoce ». (A suiore).
OBS ERVAT IONS
ACCfcS EPILEPTIQUES, ACCfiS PROCURSIFS
ET TROUBLES PSYCHIQUES INTERMITTENTS
CONSfiCUTIFS A UN TRAUMATISME CRANIEN
Par L. Marchand
(Midecin-adjoint de I’Axilc de Blois)
Les travaux modernes anatomo-pathologiques montrent qu’il
existe la plus grande analogie entre les lesions que I on rencontre
dans I’Spilepsie ordinaire, encore designee sous le nom d’idiopa-
thique, et cellesque Ton observe dans les cas d'epilepsie traumati-
que. C’est gSnSralement la mSningite chronique ou plutdt la
mdnigo corticalite chronique qui est la cause anatomique des
accidents convulsifs. Si la mSme lesion cerSbrale se rencontre
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REVUE DE P8YCHIATRIE
dans l'dpilepsie idiopathique et l’dpilepsie traumatique, on doit
rencontrer dans les deux cas, en plus des accidents convulsifs
ordinaires, les autres formes d’accds qui constituent l'epilepsie
larvde. L’observation suivante montre que chez lemdme sujet, d
la suited’un traumatisme cranien, sont apparues successivemeot
l'epilepsie convulsive, l'epilepsie procursive, l’epilepsie psychique
etqueces trois formes ont dtd influencdes favorablement par le
traitement bromurd.
«
« «
S., cultivateur, age de 19 ans, entre d l’asile de Blois le 3 juillet 1903.
Antecedents hirdditaires. — Auoune tare hdrdditaire. Le pdreetla
mere ont une bonne santd, §... est l’aind de trois enfants ; les deux
autres ont 15 et 17 ans et sont bien portants.
Antecedents personnels. — S... fut toujours d une santd ddlicate ; il
n’eut jamais cependant de maladie grave pendant son enfance. Decinq
ii six ans, son sommeil etait agitd et il avait des cauchemars pendant
lesquels il se levait. Jamais il n’a urine au lit la nuit. aprds l'dge de
trois ans. S... recut une bonne instruction primaire mais n’dtait pas
considdrd comme intelligent par ses maitres. Il dtait d’un caractere
craintif. A Page de quinze ans, un cheval ayant dte void d son pdre, il
se figura qu’on lui en volerait un autre et croydit entendre des voleurs
d chaque bruit qu’il percevait la nuit.
A ldge de dix-huit ans, le 14 avril 1902, S... labourait avec deux che-
vaux quand ceux-ci se sont emportes. Il fut traine sur une longueurde
cent mdtres environ, la Idle prise dans les guides trainant contre le
sol. S... immddialement aprds l’accident ne perdit pas connaissance,
n’eut aucun trouble nerveux ; il se plaignit de cdphalalgie. Les jours
suivants, sa tdte enfla sous l’influence des contusions multiples et
des ecchymoses. Depuis cette dpoque, ses parents remarqudrent un
changement notable du caractere ; de gai, S... devint taciturne.
Le 15 juillet 1902, premidre crise d’dpilepsie. S... allait se coucher,
quand brusquementil perdit connaissance ; mouvements toniques, puis
cloniquesdans les membres; face grimacante, salivation spumeuse; uri¬
nation involonlaire. La perte de connaissance aurait dure deux heures.
Amndsie consdcutive. Dans la suite, ces accds se reproduisirent, mais
restdrent rares. Du 15 juillet 1902 au 3 juillet 1903, il n’en aurait eu que
trois.
Dans les quelques mois qui preedddrent son internement, S... eut
cependant d’autres manifestations dpileptiques. Les renseignements
suivants nous ont dtd donnds par son pdre. Plusieurs fois au cours de
son travail, S... s est mis a tourner sur lui-mdme ou d faire la culbute ;
pendant ces accds, la face etait congestionnde. La crise durait quel¬
ques minutes et S... reprenait connaissance sans garder aucun souve¬
nir de l’acte qu’il venait d’accomplir. D’autrefois, sans motif, il a brisd
des meubles et battu les personnes qui cherchaient d le maitriser,
S... n’agardd aucun souvenir de ces impulsions.
En fin des accidents mentaux particuliers ont ddtermind son entrde a
l'asilede Blois. Ceux-ci sont precedes de crises nerveuses avec mouve¬
ments rapides. S... se tourne et se secoue bras et mains, les doigts
convulsds dans les chairs ; sa figure se boursoufle d ce moment et une
grande quantitd de salive est rejetde par le nez et la bouche. Aprdsces
crises, S... a des bourdonnements mais ne reconnait aucune voix : il
reste sans causer pendant plusieurs jours et refuse la nourriture. Le
retour a l'dtat normal a lieu au bout de deux ou trois jours.
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ACCES EPILEPTIQUES ET TRAUMATISME CRANIEN 117
S. . n’a jamais fait d’excds alcooliques; pas de syphilis.
A son entrde k l’asile, S.., est colme et ne parait presenter aucun
trouble mental. C'est un jeune homme de petite taille, d une constitu¬
tion faible, nepresentant aucune malformation physique. Cicatrice au
niveau de l’aine droite, resultat d’une cure de hernie inguinale. Pas de
troubles des reflexes et de la sensibility. Pas de troubles oculaires. Cet
o dtat persiste jusqu’au 23 juillet.
Pendant la matinde du 23 juillet, S. .ne presents rien d'anormal. Dans
raprds-midi, il eut la visile de son pdre. Dds la vue de celui-ci, il se
serra la tdte dans les mains, puis se contracta les bras & droite et k
gauche, portait ses poings k la poitrine semblant ressentir une grande
oppression, par moment il baissait la tdte et la rejelait en arrive alter-
nativement, ouvrait.des yeux plus grands qu’d l ordinaire et regardait
flxement. La crise a durd une demi heure environ. A partir de ce mo¬
ment, mutisme complet et refus de nourriture; raideur inusculaire
gdndralisde. S... se conduit comme un automate. Agitation nocturne.
Les pupilles sont dilatdes et egales. Pas de troubles des rdflexes lumi-
neux pupillaires. Les reflexes patellaires sont faibles. Pas de fievre.
Cet dtat persiste les jours suivants ; la langue devient saburrale. Pas
de gdlisme.
Le 30 juillet, S... boil toutseul, mais le mutisme est toujours absolu.
Le l* r aout, il parle un pen, trds bas et par monosyllabes. Le 4 aout,
S... est revenu a son dtat normal, il n'a gardd aucun souvenir de la
periode qu'il vient de traverser.
Le 20 aout, visile de son pdre. Rien d’anormal pendant la journee. Le
lendemain matin, mdme crise que celle que nous avons ddcrile prdcd*
demment. Les symptomes sont absolument identiques. La temperature
axillaire est de 37*3 le matin, de 37*5 le soir. Le 28 aodt, legdre amd-
lioration, S... boit seul ; le 7 septembre, il cause un peu et le 10 sep-
tembre il ne prdsente plus aucun trouble mental. Amndsie des fails
accomplis pendant la periode.
Le 13 septembre, nouvelle crise de stupeur qui se termine le 18 sep¬
tembre. Pendant cette crise, le inalade a saignd du nez plusieurs fois
et a rejete des crachats glaireux.
Le 20 septembre, S... est excitd. Il parle beaucoup, nereste pas en
place ; le 21, dtat de stupeur. Le 24, S... parle un peu mais difficile-
ment ; le 27, le mutisme est complet. S... a le regard fixe et reste
immobile comme une statue ; le 28, amdlioration notable et le 29, S...
est revenu k l’dtat normal.
Le 2octobre, nouvelle crise de stupeur qui se termine le 6 octobre.
Le 10 octobre, nouvelle crise qui se termine lo 16 octobre.
Le 17 octobre, nouvelle crise. S... est alors soumis k un traitement
bromure : il prend trois grammes de bromure de potassium. Le 18
octobre, l’dtatde stupeur est moins prononcd; S... parle un peu : le 19,
il est revenu k l dtat normal et a partir de ce jour, il ne prdsente plus
aucun trouble mental. 11 sort de 1’asile le 19 decembre 1903 et scs
parentss’engagent k lui faire suivre un traitement bromurd. Depuis
cette dpoque, S... n’a plus eu d’acces convulsifs ou mentaux.
#
* •
L’dpilepsie larvde, si elle est admise aujourd’hui par la plupart
des alienistes a dtd, etest encore l'objet de nombreuses critiques.
La nouvelle conception de Morel a eu comme premier rdsultat
d’etendre le champ de l’epilepsie et on a cherchd k y faire rentrer
tous les cas de folie pdriodique : « Et maintenant, disait Legrand
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REVUE DE PSYCHlATRlE
du Saulle 1 , lorsque j'entends prononcer les mots de manie perio-
dique, de folie instinctive, de manomanie transitoire homicide, de
d61ire impulsif, de folie instantan^e, d’accfcs subits de ftevre cdrd-
brale, d’altenatiou mentale intermittente, de folie suicide remit-
tenle et nteme de folie circulaire ou k double forme... jecommence
par faire in petto des reserves et j'y regarde de tr&s pr6s. Je
n’etonnerai personne en affirmant qu’il existe parmi les malades 0
de ces diverses categories un tr6s grand nombre dfepileptiques
meconnus et, ce qui est different, dfepileptiques larv^s. » Dela-
siauve 2 un des premiers steleva contre cet dlargissementdu cadre
delfepiiepsie et contre Tabus que Ton fait de lfepilepsie larvae :
a Quelque seduisante dit-il, que soil la perspective ouverte par
M. Morel, ii importe de ne rien exag^rer ». II reprend tous les
signes donnas par Morel et montre qu’on peut les rencontrer dans
d'autres etats mentaux. Billod 1 n'admet l’epilepsie larvde que
chez les individus qui pr^sentent des acc&s convulsifs; on peut
penser k lfepilepsie larvae, mais pour lui le diagnostic ne peut
6lre fixd qu’apr^s l’apparition d une crise convulsive. M. Motet *
« a peu de sympsthiepour le terme dfepilepsie larvae » et, nomine
Billed, il ne pose le diagnostic qu’apr&s l’apparition d’un accfcs.
Garimond 5 n’admet pas i’epilepsie larvfee et « il proteste contre la
tendance trop g£n£ralede faire de lfepilepsie le pivot de toutes les
aberrations mentales k forme intermittente. » M. Christian 6 enfin
trouve que ifepilepsie larvae n’existe pas, qu’elie n’estquedelepi-
lepsie meconnue.
Aujourd’hui, lfepilepsie larvae est dgcrite dons tous les classi-
ques. En presence d’un sujet qui pr^sente des troubles mentaux
survenant periodiquement, apparaissant et disparaissant brus-
quement, revtetant la m&me forme k chaque acc&s, on n'ltesile pas
&reconnaitrel’epilepsie larvee, surtoutsiTacc&sestsuivid’amn£sie.
De m6me qu’il existe une 6pilepsie convulsive traumatique, de
mejne il existe une 6pilepsie larvee traumatique, et tel estl’exem-
ple que nous venons de donner. Cette dernifere mdrite dfetre
6tudiee car elle peut apporter quelque lumtere sur cette question
si controversy de lfepilepsie larvae. Chaque jour, Tepilepsie
idiopathique perd de son terrain et pour de nombreux auteurs
lfepilepsie est toujours sympt6matique. Or, quand il s’agit dfepi-
lepsie convulsive traumatique, personne n’ltesitefcconshterer cette
epilepsie comme symptomatique d une tesion c£r6brale ; il doit en
6tre de nteme de Tepilepsie larvfee traumatique. Mais aujourd’hui
que les les cliniciens admettent que la crise £pileptique est un
1 Leonard du SaUlle —> Soc. mid. psych. 24 fevrier 1873.
2 Delasiauve — Sur ilpilepsic tarvee. Soc . mid. psych . 28 dec. 1872 et 27
janvier 1873.
3 Billod — Soc. mid. psych. 16 deccmbrc 1872.
4 Motet — Ann, d‘hygiene et de mid. legale, 2* ser. t. XL1V, 1875, p. 424.
» Gahimond — Contribution a Ihisioire de tepilepsie dans ses rapports avec
/'alienation mentale. Ann. mid. psych. 1878, l* r semestre.
« Christian — Vepilepsie larvee, Congres intern, de m6d. meat. Paris, 1878,
p. 234.
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ACCfcS EPILEPTIQUES
119
syndrome, nous dirons meme un symptdme, comment peut-on
dire que ce sympt6me peut-etrelarve? Une maladie peut etre lar¬
vae mais un sympl6me ne peut pas i’etre. L'epilepsielarvee pouvoit
etre admise quand on considerait l’epilepsie comrae une maladie.
Morel 1 , n’h&itant pas & considerer la folie epileptique comme
« une entity pathologique aussi caracterisee dans son espfece que
la folie paralytique » pouvait trfcs bien admettre que repilepsie
pouvait 6tre larv6e. Aujourd’hui que Ton sait que repilepsie est
toujours symptomatique d'une lesion cerebrale, comment peut-on
interpreter ces faits particulars decrits sous le nom d’epilepsie
larvee? Les acc£s psychiques periodiques, comme les acces d’epi-
lepsie convulsive, sont symptomatiques d'une lesion cerebrale.
Acces convulsifs, acces mentaux periodiques ne sont que l’expres-
sion de inflection cerebrale du sujet. Billod et Falret, qui ne pou-
vaient savoir que repilepsie dite idiopathique est toujours symp-
tomatique, avaient cependant pen&e & cette interpretation : « Les
acces d’epilepsie et les acces de fureur, dit Billod 2 , ne seraient-ils
pas.deux formes d’acces* du meme mal, deux effets differents de
la meme cause » et Falret 3 ajoute : « On admet l’existence d’une
folie ou d’un delire epileptique ayant des caracteres speciaux et
Ton croit qu’il est possible de remonter de la connaissance de ce
delire & celle de 1’affection convulsive elle-meme. Des lors on ne
consider© plus le deiire et-la convulsion comme deux maladies
distinctes, mais comme deux manifestations diverses d un meme
etat morbide qui peuvent exister separement ou simultanement,
alterner ou sesucceder & courts intervalles, mais qui ont au fond
la meme signification pathologique. »
Mais pourquoi, dira-t-on, l'affection cerebrale se traduira-t-elle
tantet par un acces epileptique, tant6t par un deiire ? Si nous savons
que tous les cerveaux d’epileptiques presentent des lesions, nous
ignorons encore la cause anatomo-physioiogiquedel'acces epilepti¬
que ; mais on peut prevoirdeje que, dans un organe aussi complexe
que le cerveau, l’alteration de cet organe peut amener une pertur¬
bation dans la circulation du sang et dans la circulation du liquid©
cephalo-rachidien. Sous l’influence de ce trouble qui peut varier
en intensite et en localisation, peuvent survenir des syndromes
aussi differents qu’un acces convulsif et un acces de deiire, mais
qui cependant pourronl avoir entre eux quelques points de com-
mun tels que l’apparition et la disparition rapide du syndrome,
l’amnesie consecutive.
1 Morel — So-. mid. psych, 26 nov. 1860.
9 Billod — Ann. mid. psych. 2* aerie, t. If. 1858, p, 611.
* Falrf.t — Sur Vitat mental des epileptiques. Arch. gin. de mid. d£c. i860.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
REVUE DES LIVRES
De la protection legale de la saAtd de l’alidnd, par Louis
Latapie, avocat k la cour d’appel. (1 vol 103-p. Masson, Paris
1906). — Malgrd les excellentes dispositions qu’elle contient dans
bon nombre de ses paragraphes, la loi du 30 juin 1838 est aujour-
d’hui condamnde & disparaitre devant une legislation plus sou-
cieuse des vdritables intdrdts des sujets atteints de troubles mei:-
taux, el ne se preoccupant pas exclusivement de proteger l’ordre
socialcontre les excentricites regretlables de certains alidnds.
Afin dedeterminer quelles seraientles meilleures mesuresdevant
etres prises par le ldgislateur frangais de l’avenir, Louis Latapie
resume, critique et compare e la loi de 1838, des lois dtrangdres
plus rdcentes (le Lunacy act del890, la loi vaudoise du 14 fevrier
1901 et la loi italienne de 1904).
En Angleterre (daprds le Lunacy act de 1890), le Board of the
Commissioners in lunacy centralise lous les faits relatifs au servi¬
ce des alidnds. Sous sa haute surveillance les « Visitors » des
comtes ou des bourgs exercent des fonctions analogues dans les
limites de leurs circonscriptions. Inddpendammentdecesderniers,
un comite de visiteurs, tous juges de paix, administrent cheque
asile public dans des limites plus larges que celles suivant
lesquelles s’excerce l action de nos commissions de surveillance.
Placements volontaires et placements d office sont confies h I’au-
toritd judiciaire.
La sortie de Valient peut dtre retardee en consideration du trai-
tement de la maladie mentalo, et n’est pas uniquement rdglemen-
tde par le double point de vue de la securite publique et de la li¬
berty individuelle.
Dans le canton de Vaud, le Conseil de sante et des hospices veille
h la bonne execution de la loi de 1901. II rdgle I’entree, le traite-
ment et la sortie des malades.
L’alidnd admis sur sa demande dans un dlablisssement privd
peut en sortir en tout temps ; mais s’iln’en peut sortir sans in-
convdnients pour lui-mdme, le Conseil de sante pourvoitfc ce qu’il
soit transfdrd dans un autre dtablissement officiel ou privd.
La loi ilalienue de 1904 attribue h l’autoritd judiciaire le soin de
prononcer l'internement definitif et la sortie des alidnds.Parmi les
dispositions communes h ces trois legislations, signalons celle qui
par des procddds divers, soumet au contrdle de l’autoritd compd-
tente le traitement des alidnds soignes & domicile ou en particulier.
En France depuis'1860 differents projets ldgislatifsdestindsfc com*
bier les lacunes de la loi de 1838 ont ete soumis & letude de com¬
missions mddicales ou parlementaires (projet Roussel, projet Rei-
nach et Lafont, p-rojet Dubief etc.) Mais bien qu’& la Chambre^ et
au Sdnat l’urgence ait ete parfois ddclarde, la discussion portant
sur l’un ou l’autre de ces textes avortait, ou n’entrait pas dans une
phase active *11 vient d’en etre autrement en janvier 1907.
L adoption du projet Dubief par la Chambre des deputds aprds
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SOCIETES
121
une tr&s courte discussion, rend peut Atre pour le moment du moins
purement platoniques les desiderata exposes, par Latapie dans la
2* partie de son oeuvre. Cepeildant,bien quela loi Dubief contienne
k certains Agards des dispositions excellentes (qu’elle assure en
particulier la surveillance des malades assists k domicile, qu'elle
prAvienne les sorties prAmatqrAes et qu'elle paraisse s inspirer
dans son ensemble beaucoup plus de 1’idAe de traitement que
de 1’idAede protection sociale) l'auteur lui prAfAreraitle projet de
la sociAtA deludes legislatives (1903). Celui-ci veille mieux en effel
sur les intArAts immAdiats des aliAnAs internes, chaque malade
Atant mis sous la protection d’un curateur k la personne pris
parmi les membres de la commission permanente dAparte-
mentale que preside le juge des aliAnAs. Parmi les attributions
du' curateur £ la personne, est celle de s’assurpr que PaliAnA
re$oit bien dans PAtablissement oti il est placA les soins qu exige
son Atat. Or, Pintervention thArapeutique peut Atre parfois gAnAe
parce que le praticien ne sait k qui demander Pautorisation d ins-
tituer un traitement indispensable, mais d’une certaine gravity
Dans les.asiles de la Seine M. PicquA proposant aux families de
certains malades une intervention chirurgicale utile mais non
urgente, est souvent accueilli par une fin de non recevoir. Aussi,
com me il le demandait dAs 1898, serait-il bon qu’une disposition
lAgale pfit soustraire les malades aux abus de pouvoir des families,
soit que la Chambre du Conseil fCit autorisAe k statuer, soil qu’un
magistral special (le juge des alienee) entendit les propositions des
praticiens et autorisAt leur intervention dans les cas litigieux.
P. Juquelier.
SOCIETES
SOClftTfi MfiDIGO-PSTCHOLOaiQUE
Seance du 25 fVerier 1907
Le placement des alien&s difflciles. — M. Colin rApond aux questions
que lui a posAes M. Vigouroux k la stance prAcAdente au sujet des
entries et de la sortie des malades dans son service d'aliAnAs vicieux.
AprAs avoir appelA dans un court historique les diverses phases de
la creation de son service, il designs la catAgoriedes malades auxquels
il est destine.
L'entrAe de ces malades qu'ils viennent de l’infirmerie spAciale, de la
prison A la suite d'un rapport mAdicolAgal ou d’un service d’aliAnAs
du dApartement, aura lieu aprAs un examen spAcial fait par lemedecin
de l’Admission de l’Asile Ste-Anne. C’cst lui seul qui pourra prendre
une decision k leur Agard.
Aucun rAglement special n’interviendra pour leur sortie : le me-
decin de Pasile special proposera leur sortie au Prefet de police qui
rendra un arrAte comrae cela se passe pour les auties malades.
M. Vallon. — Le service special prAvu par M. Colin est uniquement
reserve aux aliAnAs vicieux. En dehors mAme des aliAnAs criminels, il
y a d’autres categories daliAnAs dangereux a regard desquels il
9
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REVUE DE PSYCHIATRIE
foudrait prendre certaines mesures, et cela prdventivement et non pas
lorsqu’ils auront ddjd manifesto leur caractdre dangereux par une
reaction criminelle. La nouvelle loi est muette 6 tear sujet. J1
faudrait que sur certiflcat du mddecin ils soient placds, avcc inter¬
vention de la magistrature, dans des services speciaux. Je suis de ceux
qui voudraient que les asiies devinssent de vdritables hdpitaux de trai-
tement ; pour cela il faut en eliminer tous les alidnds dangereux poor
lesquels le systdme de l'open door est impossible.
M. Christian. — On se fait illusion si on espdre amdliorer les
vicieux par le travail dans un asile special. II sera impossible d’obtenir
d’eux pendant longtemps un travail regulier. Je crois que si on lessou-
mettait & une discipline sdvdre, on arriverait a un meilleur rdsultat que
par la persuasion et la douceur. J’ai connu un vicieux dthdromane,
sur qui plusieurs internements successifs n'avaient eu aucune action.
Condamne a six mois de prison, il est reste, sa peine dcoulee, plus de
deux ans sans freprendre du toxique.
M. Vigouroux. — Les observations que j’ai prdsentdes au debut de
cette discussion se rapportent non a des abends dangereux niais a des
vicieux, qu'il est impossible de garder longtemps a l’asile, car ce ne
sont ni des ddlirants, ni des ddments, et qui d'autre part sont incapa-
bles de vivre au dehors sans commettre des ddlits. Leur existence est
un passage continuel de la vie libre a l’asile et inversement. 11 faudrait
que la loi prdvit 1’intervention de la magistrature pour prolonger leur
internement
M. SdGLAS. — Ces individus sont incorrigibles, et ne sauraient dtre
amendes. Par consequent la question de leur sortie ne devrait mdme
pas dtre posde. Le point important est de savoir comment on assurers
la durde inddflnie de leur internement.
M. Chaslin. — 11 faudrait d abord dtre d'accord sur le point de savoir
si ces vicieux sont bien des alidnds et s’il faut faire une distinction
entre eux et les ddlinquants de droit commun ; si, en tous les cas, le
service spdeial qui leur serait destine ne devrait pas dtre plus proche
de la prison que de l’asile.
D’autre part, il est ddsirable que les alienistes combattent la tendance
qu'ont actuellement les magistrals de pousser vers l’asile des individus
qui releventplutdt de la prison. Et pour ma part je ne les conserve pas
dans mon service.
M. Colin. — Il n’est pas douteux qu'il existe des vicieux dont la
place n’est pas d l’Asile ; mais ces individus ne sont pas non plus & leur
place dans les prisons dont ils troublent la discipline par leurs rdactions
anormales, il faut done pour eux un service special. — Quant d la
sortie, certains pourront l obtenir et dtre rendus au moins & titre
d’essai d la vie normale ; d autres au contraire devront dtre maintenus.
Ce sont Id des questions d’espdees qu’il faut laisser & la pratique lesoin
de juger. Pour les derniers cependont, je me rallie a la demande de
M. Vigouroux et je crois qu'il faudrait que la loi prdvit les moyens de
prolonger leur internement.
M. Pactet. — Beaucoup d’amoraux qu’on envoie A 1’asile, n’y ont
point leur place. Ce n’est pas l’asile, mais la prison qui doit neutraliser
leurs perversions instinctives.
M. Dupr^. — Tous les amoraux, en efTet. ne sont point des alidnes
Mais il y a des amoraux a personnalitd nettement pathologique ; pour
ceux-la il faut un asile special. C'est la un point sur lequel tous les
alienistes depuis plusieurs annees semblent dtre d’accord. 11 y a sans
doute des cas de transition pour lesquels on peut hesiter; mais ce sont
precisdment ces cas Id qu’il faut ecarter pour pouvoir dtablirune rdgle.
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SOCIETES
123
M. Vigouroux propose h la Socidtd d'dmettre un vceu demandant
que la nouvelle loi sur le regime des alidnds prdvoie les moyens de
prolonger I’internement des alidnds vicieux, par l’intervention de la
magistrature. M. Vallon propose un autre voeu demandant que la nou¬
velle loi decide le placement des alidnds dangereux a reactions violentes
dans des services spdciaux.
A la demande de M. Arnaud, on nomme une commission chargde de
la redaction de ces vceux. Font partie de la commission: MM. Arnaud,
Chaslin, Colin, Dupr£, Pactet, Vallon et Vigouroux.
#*#
MM. L. Marchand et M. Olivier communiquent l’observation d'une
ddbile ddlirante chronique chez laquelle les hallucinations dites psy-
chiques exercent une veritable action directrice sur le ddlire et predo¬
minant sur tous les autres phenom&nes mentaux. Au ddbut de son
affection, la malade dprouvait les hallucinations psychiques, sans
pouvoir les expliquer; elle avait aussi des interpretations deliranles
mais beaucoup moins nettes qu aujourd hui. Plus tard seulement elle
a attribud ces hallucinations « au magndtisme, aux inspirations, & la
suggestion, a l’hypnotisme, aux influences mentales extdrieures, &
Taction des imaginations dtrangdres ou des volontds fortes, & la pro¬
jection d’iddes dans son cerveau. »
Elle manifeste des iddes d’autoaccusation, de persdcution, des iddes
hypochondriaques. Mais ce n’est pas une persdcutde, ni une hypo-
chondriaque ordinaire, car si * TAdministration, les Civilisateurs »
s'emparent ainsi & tout heure de son corps etde son esprit, c'est moins
pour lui nuire que pour la rendre capable d’acqudrir des vdritds extra-
ordinaires, des connaissances insoupgonnees dont elle a mission
ensuite « de faire profiter les hommes pour le plus grand bien de la
ddmocratie ».
Ces iddes de grandeur particulidres semblent dtre d’ailleursd cette
heure les plus actives. Mais tous ces troubles ddlirants sont provoquds
et entretenus par des hallucinations psychiques ou par des interpreta¬
tions ddlii antes secondaires aussi aux hallucinations psychiques.il faut
remarquer enfln que cette malade n’entend point de voix et qu’elle n a
jamais la sensation de parler ses pensdec.
Ce cas prdsente une certaine analogie aVec celui de Brierre de Bois-
mont que Baillarger consigne dans son travail sur les hallucinations
psychiques.
**•
Aprds lecture d'un rapport de M. le D r Chaslin, M. le D r A. Riche,
raddecin adjoint des quartiers d'hospice de Bicdtre, est nommd membre
correspondent de la Socidtd. A. Delmas.
SOClfiTfi DE NBUROIiOGIB
(7 feerier. 1907)
Attaqucs conculsiees, probable meat ItysUriques , accompognees d'hd*
matemdses. — MM. H. Claude et Fdux Rose presentent l'observation
d’une jeune femme dont le bilan pathologique se chiffre par : phdno-
menes somnambuliques antdrieurs avec fugues, syphilis secondaire,
attaques convulsives de nature probablement hysleriques, malgrd
1 absence de stigmates. Ces attaques sont accompagnees d’hematemdses
abondantes. Aucune relation avec les rdgles. Pas de trouble stomacal.
Les auteurs se demandent s’il y a rupture vasculaire ou seulement
extravasation sanguine, et pourquoi la congestion intense quise niontre
pendant les attaques, determine particulidrement des hemorragies gas-
triques. E. Perp£re #
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REVUE DE PSYCHIATRIE
m
SOOIEtB DB PSYCHO LOGIE
(lVjancicr 190?)
Video fixe de I’oubli. — M. S£glas. — Observation d'un homme dtu-
die k Bicetre depuis quatre ans par l’auteur dans son service et prdsen-
tant des manifestations rares et originales : cet individu n’a de trou¬
bles qu’en ce qu’il declare avoir perdu absolument toute mdmoire et
passe son temps k dcrire sur des quantiles de bouts de papier, qu'il sait
fort bien retrouver d’ailleurs, la date du jour, parce qu’il se declare
incapable de laretemr. On ne peut I’interroger, ni tenter sur luj aucune'
experience visant la memoirs, car il la declare par avance inutile.
Indifferent et bien portant, refuse.;t de soitir de l’asile, cet individu,
lorsqu'on cause avec lui, raconte bien des choses qui permirent d’dta-
blir un curriculum vitas assez complet, prouvant bien l’integrite rdelle
de sa memoir© (sauf peut-etre en ce qui concerne les dates dont il ne
donna qu’une seule, celle de sanaissance). Gn somme il n’y a pas, sem-
ble t-il. d’amndsie, pas m6me d’amndsie continue, forme qui parailrait
voisine\de ce cas, il y a une obsession, une idee fixe d’oubli, d’amndsie,
et un ne&ativisme consdcutif.caractdristique d'un dtat psychasthdnique
non encore ddcrit, mais analogue a d’autres (negativisms sensoriel,
intellectuel, personnel, etc.).
Vaphasic.— M. A. Marie apportecinqcerveaux d’aphasiques observes
dans son service d’alidnees de Villejuif, et des schemas de deux autres
cerveaux. Dans‘ces sept cas il y avait toujours des lesions diverses,
sous-corticales (capsule interne en particulier), et dans deux cas seule-
meut la lesion de Broca ; mais dans ces deux cas il y avait aussi d’au-
tres lesions, et en particulier lesion de Wernicke. Ces faits viendraient
done a l’appui de la theorie revolutionnaire soutenue par le cdldbre
homonyme de l’auteur, M. Pierre Marie, de Bicetre.
(l rt Fecricr)
Un nouveau dispositif cardiographique. — M.PidRON. — Presentation
d’une modification du cardiographs de Budon Sanderson empdchanl
l’inscription des mouvements thoraciques respiratoires qui deforment
les pulsations cardiaques enregistrdes. Dans ce but le cardiographe, au
lieu d’etre attache par des courroies autour de la poitrine, adhere par
des ventouses a une plaque metallique attaches au thorax .et suit les
mouvements de ce dernier, sans compression respiratoire du bouton
explorateur.
Sadismc et Lycanthropic. — M. G. Dumas. — L’analyse des cas de
lycanthropie dans les anciens proces de sorcellerie a permis de diffd-
rencier deux sortes de nloups garous », les uns puretnent imaginaires,
hysteriques pour la pluport, ayant rdvd devenir loups, comme d'autres
d’aller au sabbat, et quelques autres ayant fait enquelque sorte acted©
loup, e’est-d-dire ayant effectivement ddvore des enfanls. Ces derniers
dtaient, selon toute probabilitd, des sadrques, qui satisfaisaient leur
ddsir gdnital en devorant les parties sexuelles de leur victime, comme
ce fut plus vraisemblablement le cas, plus recent, de Jack 1’eventreur.
M. Bernard-Leroy signals, dans ces proces de sorcellerie, le danger
qui rdsulte de la suggestion exerede sur les -accuses par les interrogu-
toires, parlois par la torture.
M. H. Pieron demande si, dans tous les cas imaginaires, il s'agit de
cas nettement pathologiques, ou lout au moins d’hysterie. Des indivi-
dus, faibles d’esprit ont pu prendre pour des faits reels le contenu de
leurs oauchemars.
M. Lahy signale k ce propos I’influence, sur la mentalite des indivi-
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REVUE DES PERIODIQUES 125
das, de ces fortes id£es collectives que sontles traditions ou les supers¬
titions.
M. Dumas montre que, dans certains cas on a eu affaire, semble-t-il
bien. a des hystdriques avec extases, mais dans d’autres aussi, & des
faibles d esprit, presque idiots.
M. Williams rappelle que, au sujet de la pommade dont s'endui-
saient ceux qui voulaient aller au sabbat ou devenir loups garous, et
qui contenait de la belladone, des experiences ont faites en Ame-
rique, montrant qu'on obtenait par frictions, des hallucinations visuelles.
M. Pi£ron signale la similitude de ce procede de sorcellerie avec la
mgthode du chef des Haschischin, des « assassins » musulmans, &qui il
faisait voir, dans leur ivresse, le paradis de Mahomet, (ils croyaient
ensuite y Gtre bien alles). Des experiences seraient d’ailleurs a repren-
dre et a completer sur Taction physiologique des toxiques employes
dans les pommades — 6 c6te da divers produits etrangers, propres &
frapper les imaginations — pour mieux differencier Taction directrice
des suggestions collectives. H. Pi£ron.
SOClfiTfi DE MBDECINB LEGALE
(14 jancier 1907)
Etude m&dico-l&gale d'un cas defolie morale. — M. A. Riche. — Les
fous moraux sont considers par les uns comme des vicieux, par d’au¬
tres-comme des alidnes qui doivent etre envoyes a Tasile. L’auteur
rapporte le cas d’une jeune Rile qui fit Tobjetd’un examen medico-legal
de la part de M. Motet.
II s’agit d’une malade qui se livre a des ddpenses injustifiees, d’ou
. mensonges, escroqueries repdtes et nombreuses afrestations : & Texa-
men psycho-pathologique, profonde perversion des sentiments et des
instincts, mais intelligence intacte.
Ces troubles moraux se reproduisent par acces aigus de dur£e varia¬
ble. Aprfcs Taccfcs et pendant l’incarcdration, la malade est calme et
manifeste d’apparents regrets. Ni delirante ni responsable, ©lie serait
justiciable de I’asile de sOrete avec travail obligatoire. J.
REVUE DES PERIODIQUES
Archives de Neurologie (28* ann6e, n* 130. — Octobre 1906).
Marandon de Montyel. — La foil© gemellaire. — M. Marandon
de Montyel ayant admis que les faits en tous points comparables h
celui qu’il rapporte sont exceptionnels, que la r raw folie gemellaire
esl rare, public une double observation fort intgressante qui ,’pourrait
6tre ainsi r6sumee :
Deux jumelles, herdditaires vesaniques par la double ligne paternelle
et maternelle, se.ressemblant.au psychique comme au physique (au
point qu’il dtait difficile de les distinguer), vivent jusqu’& 16 ans (Sge
auquel elles se marient le m6me jour) dans la plus etroitc et la plus
charmante inti mite. — ElevSes dans un couvent s^rieux et sdv6re,
elles prdsentent toutefois avant leur separation un curicux melange des
tendances religieuscs et Pratiques.
Marines le m^me jour, les deux jeunes filles se sGparent et devien-
nent enceintes. Or, au 4 e mois de leur grossesse, le m§me jour et
presque h la m6me heure, elles sont prises Tune et Tautre d'une crise
de manie aiguS et sont internees dans deux gtablissements diff£rents.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Rapprochdes on pen plas tard dans le service ou M. Marandon
de Montyel les observe toutes deux, ©lies ignorent lenr voisinage
jusqu’4 leur complete guGrison. Elies n’en ont pas moins des troubles
psychopathiques identiques : m&me excitation maniaque avec m6mes
hallucinations et m4mes conceptions ddlirantes erotico-religieuses :
accouchement 4 48 heures d’intervalle, guerison simultanee un mois
apr6s la d41ivrance. 11 s'agit done bien 14 d'un cas de folie gemellaire
comparable 4 ceux de Ball, Moreau de Tours, Clifford Gill, etc.,
forme la plus simple et la plus parfaite de l’hdrdditd familiale d’apr&s
Tr^nel, forme rdsultant, d’aprfcs Sorel, du fait que deux ovules iden-
tiquement tecondes, et subissant pendant 9 mois les mGmes ^changes
organiques, manifestent simultan^ment et de semblable manifcre, les
mdmes tendances 4 la vdsanie (tels, dit Sorel, deux rdveils parfaite-
ment regies qui une fois remont6s, sonneraient dans des appartements
s6pards, 4 la m6me heure exactement). D’apr&s M. Marandon de Mon¬
tyel, la contagion mentale ne saurait expliquer de tels faits, et nous
reconnaissons bien volontiers avec lui que l’identitd des influences
prddisposantes jointes en Vespdce a Videntitc et a la simultanditc d'une
cause occasionnclle (la grossesse) a pu determiner chez les deux jeunes
femmes presqu’4 la m£me heure l’dclosion d'un m£me syndrome psy-
chopathique : l’excitation maniaque avec troubles sensoriels et ddlire.
Mais si ces deux malades n’avaient pas etd fortuitement soumises
-aux m6mes influences occasionnelles, si elles n’avaient pas etd marie :s
le m£me jour, et si elles n'£taient pas arrivees en m4me temps 4 la
m£me periode de leur grossesse, l’excitation maniaque aurait-elle
6clat6 4 la m6me heure ? Si, d’aulre part, elles n’avaient pas vdcu
jusqu’4 leur mariage (c’est-4-dire jusqu'4 quelques mois seulement
avant leur folie) dans la plus etroite intimite , si elles n’avaient pas
puisd dans les mftmes lectures, et identijle par une communion intel -
lectuelle , pcrpduelle et stride , les m6me tendances drotico religieuses,
auraient-elles adjoint 4 l’dtat d’agitation maniaque un delire identique
par le detail des hallucinations visuelles, auditives ou olfactives, des
conceptions erronees, des gestes obsc4nes, etc.
La contagion mentale ne saurait expliquer que les deux jumelles
s^parees apr4s 16 ans de vie communes sont devenues maniaques 4 la
m6me heure, et qu’elles ont gudri simultan6ment; il est m4me legitime
de soutenir que leurs aptitudes delirantes 4rotico-religieuses gtaient
tr4s analogues. Mais M. Marandon de Montyel voudra bien reconnai-
tre que, pour reprendre la comparaison imag^e de Sorel, les
deux r4veils ont toujours 6td regies de la ra6me manifcre au-del4 de
la periode pr6vue par cet auteur (jusque bien avant dans la vie extra-
uterine) et qu’un tel concours de circonstances identiques est rare et
fortuit au cours de deux existences parall41es pendant lesquelles, il est
vrai, on doit attendre les memes reactions aux mdmes influences.
D’autre part rien n’a manque pour parfaire cette gtonnante similitude
se poursuirant jusque dans le detail du delire , syndrome accessoire de
l’etat maniaque, rien... pas m&me la contagion mentale.
JUQUEL1ER.
N. Vaschide. — Les poisons de (’intelligence, les coefficients
psychlques du brome. — Le brome produit sur l'intelligencedes effels
sp6cifiques, son influence ne sexergant que sur certaines operations
psychiques : il ralentit la m4moire des chifTres et active celle des
syllabes. Il peut faciliter l exercice des facultesen annihilant 1’influence
distractive de certains sentiments ddsagr4ables.
(Voir la suite apres le Bulletin bibliographique mensuel).
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REVUE DES P&RIODIQUES
127
A. Marie et Rolet. — La tuberoulose dans lea agile* d’alldnds.—
L’isolement des tuberculeux etpartant, la prophylaxie de la tuberculose,
laissent beaucoup k ddsirer dans les asiles frangais: Les auteurs dtu-
dient diflerentes mesures mises en usage dans les dtablissements
strangers, et pensent qu’on est en droit d’attendre d’excellents rdsul-
tats de Tisolement des alidnds tuberculeux par l’assistance familiale.
Id. (n* 131, Novembre 1906).
Raviart et Dubar. — Mutlsme, aphonle, amndsie, aphasle, —
aphasle motrlce, amusie, surdltd muslcale, surdltd verbal©, cdcltd
verbaie, cdcltd psychlque, agraphle — chez un hystdrique rdcem-
ment gudri d’une mopopldgle brachlale drolte remontant & 8 ans.
— Ce long titre est un rdsumd de l’intdressante observation, que les
auteurs ont cru devoir publier a cause de la varidtd des phdnomdnes
observds, et qui montre bien comment l’hystdrie peut rdaliser les trou¬
bles les plus divers de la fonction du langage.
Journal de M&dccinc l&gale psychiatrique ( V * annde, n° 5.
— Oct. 1906;.
Belletrud. — Un oas de mdnlngo-encdphallte traumatlque. —
Deux ans apr&s avoir gudri d’une fidvre typholde ayant dvolud sans
complications, un ouvrier de 36 ans, recoit sur la region paridtale
gauche, une planche de 15 kilogrammes, tombde d’une hauteur de
6 mdtres. 11 reste dtourdi 10 minutes et se remet au travail; mais
4 mois aprds, ayant dans l'intervalle souffert de cdphaldes trds vives,
il prdsente des signes nets d’affaiblissement intellectuel. Cet homme
n’est ni alcoolique, ni syphilitique, il avait & la suite de sa dothienen-
terie repris rdgulidrement ses occupations. Aussi l’auteur, d’accord
avec ses deux co-experts, MM. Rey et Boubila, conclut-il a l’origine
traumatique des troubles intellectuels.
M n < Pascal. — La lol roumalne sur les alidnds (1893-1894).
— Cette loi qui est inspirde dans beaucoup de ses paragraphes de la loi
franQaise de 1838 s’efforce d’obvier k certains inconvdnients de cette
dernidre. Elle prdvoit l’organisation de sections spdciales pour les
alienes criminels, regie les questions des dvasions, des sorties a titre
d’essai; et exige que le certificat d’internement soit signd de deux
• raddecins.
Noucelle l co nog rap hie dc la Salpdtridrc (19** annde, n # 5,
Septembre-Octobre 1906).
A. Marie. — Eunuchlsme et Erotlsme. — D’aprds l'auteur, cette
observation montre, aprds bien d’autres, l’inddpendance possible de
l drotisme psychique par rapport aux aptitudes fonctionnelles pdriphd-
riques. Elle vient d l’appui de la thdse de la concordance frdquente
des psychopathies sexuelles sur un fond d’insufflsance gdnitale plus ou
moins marqude.
Chez cet eunuque, par castration totale avant la pubertd complete*
on s’explique la persistence possible d’un orgasme vdnerien par djacula-
tion du contenu des sdcrdtions non spermatiques des glandes de la
vdsicule conservde.
Archices gendrales de Mddccinc (83* annde, n* 41. — 9 Oct. 1906).
Sollier. — La definition et la nature de I’hystdrle. — L'auteur
se propose avant tout de rdfuter diffdrentes opinions receinment
exprimdes par Babinski au sujet de Thysterie. 11 critique tout d’abord
les termes de la definition donnee par Babinski dans une conference
k la Societd de I’lnternat (oonfdrence reproduite par la Tribune mcdicale
et rdsumde dans une de nos prdcddentes revues des pdriodiques.).
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REVUE DE PSYCHIATRIE
La definition dont il s’agit, dit S..., repose snr one petition de prin-
cipe.
Les stigmates ont plus de valeur que B... ne leur en attribne : Dss trou¬
bles anestltesiquesethypoeslhesiques peuvent exister chez les hysteri-
ques, bien qu’un des modes de la sensibility (la sensibilite eiectrique par
exemple) soit intacte. Ces stigmates sont loin d’etre toujours le
resultat de la suggestion, et en particular de la suggestion medicale.
Un tres grand nombre de manifestations hysteriques, surtout parmi
les manifestations viscerates surviennent bien 4 l’insu du sujet.
D’autre part il n’est pas demontre que tous les accidents hysteriques
puissent etre reproduits par suggestion, et si la nevrose n’imite pas
exactement les accidents organiques, elles les reproduit assez bien
pour permetlre des erreurs de diagnostic. D’autres accidents que les
accidents hysteriques peuvent guerir par persuasion. Parmi les
symptdmes hysteriques on observerait, contrairement 4 l’opinion de
B... des troublescutanes et vaso-moteurs,des Itemorrhagies viscerates
etc. Enfin Babinski qui commence sa definition par « lhysterie est un
etat psychique » ne donne gu4re de renseignements sur cet etat
psychique.
En r4sum6 si la suggestion et l’auto-suggestion rentrent dans les
causes 4 invoquer, elles sont loin d’etre les seules et ne sufflsent pas
4 expliquer les modaiites de l’hysterie due 4 un etat d’inhibition des
fonctions de l’ecorce cerebrate.
Bulletin medical (20* annee, n* 88. — 10 Nov. 19061.
G. Ballet. — Les affections qu’on contend souvent avec la
neurasthenic. Ndcessltd d’un diagnostic precis prdalabie pour
Instltuer un traftement ratlonnel. — On fait aujourd’hui, et m6rae
parmi les medecins, un usage abusif du mot neurasthenic ; cependant,
quoiqu’en pense Dubois (de Berne) la precision du diagnostic est aussi
importante en psycho-pathologie que dans toutes les autres branches
de la medecine.
Parmi les causes d’erreur, l'auteur signale d’abord certaines affec¬
tions organiques au debut ou latentes (tab4s, paralysie generate,auto¬
intoxications ou intoxications diverses).
Mais ce sont surtout le scrupuleux (douteur ou phobique) le meian-
colique et 1’hypochondriaque qui peuvent etre confondus avec le
neurasthenique.
Chez le scrupuleux, il ne s’agit pas de fatigue nerveuse, mais d’une
forme particultere d’impuissance cerebrate constitutionnelle avec
paroxysmes angoissants. La psychothdrapie par persuasion qui rend
dans la neurasthenic tant de services, n’a ici que trfcs peu de prise.
Le phenom4ne primitif et constant de retat meiancolique est un
trouble emotionnel ou affectif, a cdte duquel evoluent accessoirement
des idees deiirantes. Le traitement diff4re encore du tout au tout de
celui de la neurasthenic.
Si Ton peut considerer le neurasthenique comme un petit hypochon -
driaque (encore que la fatigue nerveuse soit quelque chose de reel)
le veritable hypochondriaque est un deiirant, chez lequel l’idde mala-
dive est une certitude.
Recuc de m&decine (26* annee, n # * 10,11, 12. — 1906).
Raviart, Privat de Fortune et Lorthiois. — Symptdmes
oculaires de la paralysie generate. — Long et interessant m6moire,
illustre de nombreuses observations originates, couronne en 1906 par
la Societe medico-psychologique. Les auteurs ont dressd un index
bibliographique tr4s complet. D’autre part, l’importanca de lours
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REVUE DBS PBRIODIQUES
129
recherches personnelles permet dattribuer une grande valeur aux
details de leurs conclusions. II s'agit d'une revue gdnerale qui sera
consultde avec le plus grand profit par tous ceux qu’interessent les
ditferents chapitres de la paralysie gendraie.
Recue de mddccine ttgale (13* annee, n* 12. — Ddcerabre 1906;.
Stoenesco. — Encore la question de la simulation de la folle. —
A propos de deux observations de sa clientele ntedico-tegale, l’auteur
dtudie le diagnostic difterentiel de la folie simulee. Pour judicieux que
soit l’aphorisme classique de Lasfcgue a on ne si mule bien que ce
quon a ». il faut 'eviter de troucer l'alidnd dans tout simulateur
conscient et nuisible.
Grosset. — Les alldnds dans les prisons. De quelques rtformes
pratiques pour en empdcher le nombre. — Revue des travaux
rdcents, franqais et Strangers concernant les aliSnSs ddtenus. L’auteur
conclut en proposant de confier le service mSdical des prisons & des
praticiens connaissant la ntedecine mentale (mSdecins-lSgistes de
l'Universite en particular) et de gSnSraiiser l’examen mental de tout
individu provenu d'un dSlit grave ou d’un crime.
La Clinique (1 ,# annde, n* 52. — 28 DSc. 1906).
Simon. — DSmence prdcooe. — C’est k son corps defendant que
S... entreprend d’Scrire ce court article. Peu imports, au resle, queses
lecteurs rSsistent comme lui-nteme k la tentation de diagnosliquer la
demence prScoce, s’ils dScrivent avec exactitude les symptdmes (plus
stables que les classifications) qui serviront k d’&utres a Stayer ce
diagnostic.
A la vSritS, l’auteur pardonnerait k Kraepelin « qui voyant les fails
d’un point de vue tout different, mais envisageant toute l’Svolution
morbide » aboutit & une classification en fait presque analogue a celle
de Magnan. Les vrais coupables sont les psychiatres eclectiques et
l&ches, les modSrSs qui croient eluder les objections en taillant dans
un tout homogSne une dSmence prScoce elle-raSme rStrecie. « Paries
si vous voulez, conclut Simon, de dSmence precoce quand des signes
de dSchSance intellectuelle se sont dSroulSs chez des sujets jeunes (en
particulier au cours d’une catatonie); vous prendrez lexpression au
sens lSgitime ou elle se rencontre dans Morel et dans nombre de
vieux certificate. Mais vous ne ferez, ce faisant, que constater un Stat
morbide sans le rattacher a sa souche originelle : la ddgdn^rescence
hdreditaire. *) Pourquoi, au fait, refuserait-on plus longtemps de ratta¬
cher la ddmence prdcoce k cette souche originelle, si I on nous permet
d'en parler ? ' . Juquelier.
Archives de Psychologic (Gen&ve, t. VI, n* 21-22. — 1906).
Alfred Binet. — Cerveau et pensde. — L’auteur insiste sur l*in-
conciliabilite entre le courant qui se produit dans les cellules et fibres
du syst&me nerveux et les perceptions qui appartiennent a Ja vie
psychique., telle qu’on ne peut mdlanger ces deux choses plus que de
l’huile et de l’eau, par leur heterogdndite d’objet, mais non de nature
car tout est matdriel: il est de toute ndcessite de raettre dans un mOme
monde le psychique et le cdrdbral ; en tant qu’objet d’observation, le
psychique est une cause qui produit ses effets sur le systems nerveux •
au point de vue de la gen^se, le psychique est un effet et non une
cau^e, le cerveau produisant noire representation du monde, mais en
tant que produisant cette representation, notre cerveau nous est
connu, et tout cerveau n’apparait que comine une partie de noire
representation du monde. On s’aperqoit finalement qu’fc vouloir
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REVUE DE PSYCHIATRIE
connaStre cette genfese, on s'est fatigue, conclut M. Binet, sur un
probifeme factice.
O. Decroly et M 11 * J. Degand. — Lea testa de Binet et Simon pour
la meaure de (’intelligence. Contribution critique. — Etude de la
method© de Binet et Simon pour le diagnostic psychologique du niveau
intellectuel des enfants anormaux, c’est-a-dire pour la determination
de leur degrfe d’intelligence. Application fe 25 enfants anormaux. Les
conclusions sont les suivantes : « 1* En general, les tests de Binet et
Simon sont deja suffisamment parfaits pour classer, du moins au point
de vue intellectuel, la majorite des vrais irrfeguliers intellectuels. 2° Us
le sont moins quand il s’agit d’enfants qui sont fe la limite enlre les
normaux et les irrfeguliers. 3° Ils sont insuffisants pour classer les
enfants atteints de surdite ou de mutisme, et, bien entendu, comm©
Pavouent d’ailleurs les auteurs, pour dfeceler les troubles moraux ».
Tels qu’ils sont cependant, ces tests paraissent pouvoir entrer dans
la pratique et rendre de reels services.
M. Probst. — Les destine des enfants Kabyles. — S’il existe chez
tous les enfants des tendances graphiques communes, chaque race a
des aptitudes parliculiferes ; les enfants orientaux ont une lfegfere ten¬
dance & dessiner plutfet des animaux que des hommes ; les Musulmans
et les Orientaux en general aiment a imaginer des stylisations souvent
monstrueuses, mais non laissfees au hasard ; ces fecoliers dessinent
mieux que les Europfeens et laissent moins de details. Leurs dessins
reflfetent des habitudes mentales hferfeditaires, et on ne peut done les
comparer avec les dessins reputes prfehistoriques.
A. Pick. — Sur la confabulation et ses rapports avec la locali¬
sation spatlale des souvenirs. — La confabulation (terme employe
par les auteurs allemands pour designer la supplfeance aux lacunes de
la mfemoire des amnfesiques par des souvenirs fantaisistes), lorsqu’elle
ote a l’amnesique le sentiment de son etat, de sa maladie, prouve une
dissolution plus avancee.
Alphonse M/EDER. — Contributions A la psyohopathologle de la
vie quotidienne. — Observation de « psychanalyse » personnelle, sui-
vant la mfethode de Freud sur des faits courants paraissant soustraits,
au premier abord, au determinism© associatif : confusion des noms,
oubli des noms propres, lapsus linguae, acte symptdme, etc. Dans tous
ces cas, le subconscient agit, surtout sous forme d’une repression
antferieure d un mot, d’une idee, d un acte, qui se manifeste au milieu
d’evfenements se prfetant plus ou moins fe cette rfeapparition dont le
sujet s’fetonne. *
A. Zbinden. — Influence de {’auto-suggestion sur le mal de mer.
— Ayant eu le mal de mer en bateau, alors qu’il le croyait parti et
qu’il fetait encore omarrfe fe quai, et ayant fete guferi fe la constatation de
son erreur, l’auteur conclut que le mal de mer est une nfevrose, gufe-
rissable par suggestion.
Couturier. — A propos de la conception psychologique du ner-
vosisme. — Discussion d’un article de Zbinden.
Bulletin de VAcademic royale de mkdccine de Belgique (IV* sferie,
t. XX, n° 8. — Seance du 19 septembre 1906).
Fr. Meeus. — Epilepsie et dfellre chronique. Contribution A
I’fetude des psychoses combinfees. — Observation de deux malades
de la colonie de Gheel prfesentant simultanfement de l’fepilepsie et uu
delire chronique bien caractferise, idees de grandeur et de persecution
chez une femme de 66 ans dfelirant depuis i’fege de 41 ans et chez un
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NOUVELLES
131
homme de 56 ans, intern6 depuis 1886. L’auteur considfcre l'dpilepsie
comme une psychose, non comrae une pure nevrose, et d’aiileurs il y
avait chez ses malades des tioubles psycho6pileptiques ind6niables. La
pathog6nie est reside obscure. II appelle ces psychoses, psychoses
combin6es, en tant qu’il s'agit de « deux psychoses cliniquement difl6-
renci6es et diffdrenciables dans chaque cas en litige, coexislant chez le
m6me individu et 6voluant c6te 6 c6te pendant un laps de temps suffl-
samment long pour que revolution de chacune d’elles puisse se mon-
trer avec sa marche autonome et ses caract6res habituels ».
Recue de I'Unicersite de Bruxelles (12* ann6e, n* 2. — Nov. 1906).
Ren£ Sand. — Quelques considerations sur les ndvroses trau-
matlques et leur simulation. — Etude de l dtiologie et de la genfcse,
avec l’influence aggravante de la convoitise de l’ouvrier pour les indem-
nit6s dues aux accidents du travail, et le danger de simulation. 11 faut
6viter le double 6cueil, dans lequel on risque de tomber, et dans lequel
on tombe trop souvent, d'exagerer ou de mdconnaitre le r6le de la
simulation dans ces nevroses. Un jugement ne devrait jamais 6lre
rendu sans un avis de spdcialiste. En tout cas on doit toujours avoir
present a I'esprit cette id6e «qu on voitmoins de simulateurs lorsqu’on
apprend 6 bien connaitre les ndvroses i.
Pl£RON.
NOUVELLES
Concours de I’adjuvat. — Epreuve 6crite d’anatomie et physiologie
nerveuses: Nerjoptique (Questions restees dans l'urne: Capsule interne;
racincs des nerfs rac/iidiens). *
Epreuve 6crite d’administration : Responsabilite dudirectcur mddecin
et du medccin en chefdes asiles publics et prices , dans les cas d’ecasion ,
de suicide ou d'accident yrace. (Questions resides dans 1’urne: Rapports
de I’aliene accc le monde exterieur (correspondance). — Capacile cicile
de Valiene non interdit).
Ont 616 d6clar6s admissibles : MM. R. Charpentier, Dupouy, alaize,
Audemard, Robert, Rougean, Schwartz, Alb£s, CoUrbon, Arsimoles,
Tourniol, Olivier, Carrier, Loup, Corcket, Bourilhet, de Lavais-
sifeRE de Verduzan.
Oral : pathologie g6n6rale : 1* Pneumothorax. —2* Anurie; — Luxa¬
tion de la machoirc inferieurc. — 3° Accidents de la lithiasc biliaire.
Fractures de la base du erdne (signes et diagnostic).
MM. 1* R. Charpentier, 2° Dupouy, 3* Alb£s, 4* Audemard, 5* Car¬
rier, 6*Courbon, 7* Alaize, 8* Robert, 9* Rougean, 10 ( ex-ceguo) Oli¬
vier et Arsimoles ont 6te nomm6s medecins-adjoints des asiles publics
d’alien6s.
Internat des asiles de la Seine. — Le concours annuel aura lieu a
partir du 8avril 1907 : il portcra sur deux epreuves 6crites et une 6preu-
ve orale,
1'* 6preuve, pathologie interne et exteme ; ecrit : 3 heures.
2* 6preuve, anatomie et physiologie nerveuses ; 6crit : 2 heures.
3* 6preuve, dite 6preuve de garde ; oral 10 minutes. —
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132
KEVUE DE PSYCHIATRIE
Etabllssement d’un aslle k Mont-de-Marsan. — Par ddcret da 9
Janvier 1907, le ddpartement des Landes est autorisd a emprunter une
somme de 1 million, applicable aux frais d’dtaplissement d’un asile
d’aliends k Mont de-Marsan.
Le bdgalement d’Orflla. — Le professeur Thoinot a consacrd une
partie de la legon d'ouverture da cours de mddecihe legale ii la carridre
d’ORFiLA, qui, dtant enfant, fut momentandment bdgue, k la suite de
curieuses circonslances : « Un jour, dit M. Thoinot, qu’il avail
corn mis quelque peccadille, son pdre lui administra une correc¬
tion. M. Orfila pdre avait sans doute la main dure. Le jeune
Orfila se mit au lit en pleurant; le lendemain, Jl se reveille bdgue :
begaiement hystdrique, dirions-nous aujourd’hui, et conlre lequel
nous ddploierions toutes.les ressources de la suggestion. Le mddecin
de Mahon les ignorait naturellement, mais il s'avisa d’un moyen que
je vous recommande, puisqu'il rdussit chez Orfila. 11 envoya l’enfant
chunter au lutrin; au bout de huit mois de cet exercice, Orfila dtait
gudri ».
(Journal de Medecinc ct dc chirurgie pratique. 25 jancicr 1907).
Fondatlon d’un laboratoire de psychologic expdrlmentale ft
PUnlversltd de Santiago (Chill). — Le professeur de psychologic
et pddagogie de l’Universitd de Santiago (Chili), M. Guillermo Mann,
a dtd phargd d’une mission en Europe et aux Etats Unis, destinde k
dtudier les laboratoires existants de psychologie expdrimentale, en vue
de fonder un laboratoire k l’Universite de Santiago.
Les laboratoires que devra visiter M. Mann sont les divers luboratoires
allemands, ceux de Saint-Pdtersbourg, Buda-Pest, Zurich, Amberes;
ceux des University de Clark, Harvard, Yale, New-York et Chicago.
On n'indique aucun laboratoire fronQais dans les visiles : Par leur
installation modeste ils paraissenl ndgligeabl.es et certes, a eotd de
ceux que subventionnent les pays dtrangers, ils le sont en efiet, ce
qui n’est nullement k l’honneur de jiotre pays et de sa rdputation au
dehors.
University de Fribourg. — M. W. Spielmeyer a dtd nommd privat-
docent de medecine mentale.
University de Kiel. — M. Julius Raecke a dtd nommd professeur
de clinique des maladies mentales.
University de Toronto. — MM. T. R. Robinson et W. G. Smith ont
dtd nommds assistants au laboratoire de psychologie de l’Universitd.
Notre enquitesurle no restraint.— Un certain nombrede commu¬
nications nous sont dtja parcenues. Les medecins d'asile desireux de
fairc connaitrc leur opinion hdteront la publication des rdsultats de
I'cnquGlcen nous adressant leur reponse le plus tdt possible.
Le Q&rant : A. Coueslant.
PARIS & CAHORS, IMPRIMERIB A. COUESLANT ( 26 - 111 - 07 )
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REVU E CRIT IQUE
LES THEORIES' DU RfiVE ET DU SOMME1L <
I
LA THEORIE BIOLOGIQUE DU SOMMEIL DE M. CLAPAR^DE
Par N. Vaschide.
Rirecieur-Ad joint h I'Ecole Pratique des IJautes Etudes. (Paris).
Les thdories sur le rdve et sur le sommeil ne manquent pas ;
elles sont mdroe relativement nombreuses en consideration de
la pauvretd des faits pouvant dtre utilisds pour construire une
de ces hypotheses plus ou moms ingdnieuses, mais dont on ne
sait que faire au bout de quelques anndes et qui encombrent la
bibliographic de toute recherche expdrimentale. Les physiolo-
gistes se ddsintdressent de plus en plus de la question du som-
meil et certains psychologies, n’afflrment-ils pas qu’il faut
examiner le sommeil chez les animaux, (particulidrement chez
le cliien) pour rdsoudre scientiflquement ce grave probleme ¥
Curieuse conception de la doctrine evolutionists, et de la valeur
scientifique d’une recherche psycho-physiologique I
I
J'examinerai dans ce travail la thdorie de M. Claparede, le
psychologue gdnevois bien connu. Ailleurs, et dans d’autres
revues critiques je reviendrai sur les autres thdories et hypo¬
theses sur le rdve et sur le sommeil et qui croient pouYoir tout
expliquer.
Le travail de M. Edouard Clapardde : « Esquisse d’une thio-
rie biologique du sommeil * a dte publid dans les Archives de
Psychologic *. Avant ce travail, on connaissait sa substance
par quelques communications prdliminaires faites A la Socidle
de physique et d’histoire naturelle de Geneve 1 2 3 , A la Societi
midicale de Gen&ve * et au Cong res de psychologie experi¬
mental de Giessen *.
1 Voir la premifere serie de nos analyses critiques : Les recherches expirimentales
sur les rives N. Vaschide : Revue de Psychiatric : I, 1902, Octobre; II, 1903,
Mai : III, 1904, Octobre ; IV, 1906, Fevrier.
2 Ed. ClaparIide. Esquisse d’une thdorie biologique du sommeil. Archives
de Psychologie. Tome 4. 15-16. F6v.-Mars-1905, p. 245-350.
3 Ed. CLAPARfeDE. in. Arch, ties Sciences physiques et naturclleS. T. XVII.
Stance da 4 fevrier 1904.
* Ed. Claparfede Stance du 5 Octobre 1904.
b Ed. Clapardde Comm. Avril 1904.
10
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134
HEVUE DE PSYCIIIATIUE
Le premier chapitre est consacre k ('exposition du probleme
et des theories du sommeil (p. 246-272).
On distingue, comme on le sait, les theories du sommeil en
theories circulatoires neuro-dynamiques , biochimiques et
toxiques : et M. Claparede consider© comme autonome et inde-
pendantedes theories toxiques, la theorie de Pauto-narcosecar-
bonique. L’auteur critique toutes ces hypotheses et les rejette: les
theories circulatoires et neuro-dynamiques parce qu'elles sont loin
de reposer sur des faits certains, — beaucoup d’entre ellessont
memes contraires aux faits — et parce que les phenomenes suppo¬
ses, fussent-ils reels, pourraient toutaussi bien etre la consequence
que la cause du sommeil. Le mdcanisme du sommeil reste en outre
toujours probiematique : « Pourquoi cette anemieou cette hype-
rdmie periodiques? Pourquoi cette retraction des neurones ?
Pourquoi cette inhibition, cette absence de reaction aux excita¬
tions du dehors? Les hypotheses presentees nefont que reculer
le probleme. » — La fatigue, repuisement du systfeme nerveux,
Paccumulation de substances toxiques dans les tissus, causes
invoquees par certains auteurs comme explication des pheno¬
menes constates, ne contentent pas M. Claparede qui les criti¬
que a pres avoir analyse, les theories biochimiques passibles
des memes objections.
Qu'on nous permettc une remarque, avant de suivre Pauteur
dans la critique des theories chimiques, theories qui lui parais-
sent plus logiques et plus defendables k cause de leur autonomie
fonctionnelle. Les hypotheses de Panemie ou de Phyper6mie
cerdbrale, ou encore celle de Pindependance des ph6nomenes
du sommeil par rapport a la circulation, sont criliquables, mais
non denudes de valeur, surtout cette derniere ; les faits exacts
il est vrai sont rares, mais les hypotheses ne ddsirent pour la
plupart que prdciser quelques doundes physiologiques, et rare-
ment expliquer le pourquoi des phenomenes. En invoquant
Pinstinct explique-t on davanlage le pourquoi? La physiologie
circulatoire pendant le sommeil est certainement tres peu
connue. Nous n’avons trouve pourtant aucune theorie du som¬
meil dans les travaux cites par Pauteur, ceux de Blumenbach,
Kussmaul et Tenner, Hammond, Fr. Franck, Brodmann,
Lehmann, Rummo et Ferranini, Mackenzie et Hill, Salathd, etc.,
mais seulement Pexpose de quelques faits.
11 faut chercher dans Durham, Kennedy, Cappie et peut dire
dans Mosso, des theories formuldes avec quelque precision.
Cesl parfois M. Claparede qui degage de certains exposes la
possibilite d’une theorie, car k vrai dire, il n'existe pas de
theorie physiologique du sommeil. Comment Petablir d’ailleurs
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LE8 THEORIES DU RKVE ET DU SOMMEIL 135
^aand les faits sont si pauvres et quand le probleme n’est pas
ra6me posd! L'inddpendance de la veille et du sommeil par rap¬
port k la circulation cdrebrale n'est pas aussi nettement admise
que M. Claparede paralt le croire: c’est une manure possible
d’envisager la question, mais ce n’est pas une thdorie formulae
de fa<?on precise, et je ne trouve pas des arguments k l’appui
dans les travaux deMosso, Hill, Cappie, RummoetFerranihi et
Mackenzie. J’ignore les recherclies de Mays. Le sommeil s’ac-
compagne toujours de modifications circulatoires spdciflques et
je ne sais pourquoi M. Clapare.de s’etonne de la pdriodicitd de
I’hyperdmie et de I’andmie quand toute la vie biologique et pbv-
siologique a comme base fonclionnelledes rytlimes plus ou moins
connus. II n’est pas tout-4-fait exact de dire que pendant le som¬
meil, on ne rdagil pas aux stimuli du dehors. J’ai montrd moi-
m§me, il y a bien longlemps, (M. Tschisch aussi), quel’attention
peut se poursuivre pendant le sommeil ( Rioista Sperimentate di
Frenatria, 1898, XXIV, p. 2042). Je suis d accord avecM Cla¬
parede sur le peu de valeur de l’hypothese d’une retraction des
neurones. Cette conception des mouvements amiboides des
neurones provoquant le sommeil (meme si elle s’appuyait sur
un fait ddmontre, ce qui n’est pas) m’apparatt comme une des
nombreuses manifestations de 1’infirmite de la pens6e liumaine
incapable de sortir du cercle vicieux et banal des schemas’
Comme on ne parle plus de l’iudividualite du neurone telle
qu on la comprenait jadis, je crois que cette critique n'en est
pas une; cependant je 1’aurais iormuiee comme M. Claparede
Les theories chimiques peuvent se resumer dans les quelques
propositions suivantes, et ici, il s’agit de theories mieux for-
muiees :
Le sommeil est dil k une asphyxie periodique du cerveau
(Kolscbulter, Pottenkoffer et Voit, Pfluger), ou encore il serait
dii k une intoxication des centres nerveux par les dechets qui
s’accumulent periodiquement dans le cerveau (Obersteiner, Pre-
yer, Bing, Breisacker, Rosenbaum et Errera). M. Claparede fait
un grouped part des experiences de Raphael Dubois sur le
sommeil hibernal des marmottes ; selon cet auteur, il s’agirait
d’une auto-narcose carbonique qui produirait le sommeil, et en
rndme temps la pardsie des regions voisines du troisieme ven-
tricule (centre du reveil d’apres lui). M. Claparede objecte k
juste titre que le sommeil ainsi con?u n’a aucune signification
ni psychologique ni biologique. La comparaison du sommeil
hibernal dela marmolte avec celui de l’homme aurait pudon-
ner i M. Claparede l’occasion de demontrer l’erreur methodo-
logique, consistant k etudier le sommeil humain en se basant
exclusivement sur les reactions automatiques des betes. J’ai lu
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136
REVUE DE PSYCIlIATRIi:
jadis avec grand plaisir un article desplus spirituels de M. Gla-
parfedesurla psychologie animale et j’y songe toutes les fois
qu on veut b&tir une psychologie humaine, d'apres la psycholo¬
gie de ces pauvres b6tes automates auxquelles je ddnie une
grande partie des phenomenes intellectuels des humains.
J’y songe surtout quand je vois attribuer de remotivitd aux
fourmis !
La thdorie de M. Dubois est ing6nieuse pour le sommeil des
marmottes ; mais elle nous semble d^pourvue, de psychologie
humaine.
Les critiques de M. Claparede k l’egard des theories chimiques
peuvent £tre ainsi r^sumdes: « La plupart des experiraenta-
teurs ont fait un sophisme : ils ont cru, parce que certaines
substances introduitesdans Torganismeproduisent du sommeil,
avoir prouvd que ce sont ces m&mes substances qui engendrent
le sommeil ». (p. 259).
La theorie chimique n'explique pas le sommeil parce que ; 1°
il n’y a pas de parallelisme entre lepuisement et le sommeil, 2°
TaUernance de la veille et du sommeil devraient rev£tir un type
de p6riodicite a courtes phases ; 3° la conception toxique du
sommeil est antiphysiologique ; 4° la volontd, l'intdret peuvent
retarder le sommeil; 5° la volonte peut favoriser l'epuisement;
G° le sommeil peut £tre provoque par suggestion; 7° ilexiste une
influence notoire de lbbscurile et des excitations du dehors sur
le sommeil; 8° il existe des sommeils partiels; 9° la courbe du
sommeil n’est pas comprehensible si Ton tient compte des don-
n6es des theories chimiques. (Elle Test encore moinsavec l’hypo-
these del’aulo-narcose carbonique, car elle devrait augmenter
graduellement jusqu’au reveil) ; 10° le sommeil exerce une
influence rdparatrice sur rorganisme ; 11° les theories chimi¬
ques ne nous donnent aucun renseignement sur le sommeil
variable des divers animaux, pourquoi les uns dorment-ils k
tout moment (les chats, les chiens), pourquoi d’aatres ont-ils un
sommeil exlraordinairement leger (les rongeurs et les herbi¬
vores), pourquoi d’autres, cortime les oiseaux, ont-ils un sommeil
si court lorsque chez eux, les echanges physiologiques sont si
inlenses ? 12° le sommeil pathologique revet souvent un carac-
lere particulier dont les theories chimiques no peuvent pas
rend re compte.
Une tlteorie chimique du sommeil ne m’a jamais paru pos¬
sible, au moins dans l’etatactuel do nos connaissances scien-
tiflques.
On ne peut nierpourtan tie role de certains facteurs chimiques
qui interviennent dans l’organisation du sommeil. Les hypnoti-
ques donnent l’apparence du sommeil, ils n’arrivent pas k pro-
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LES THEORIES DU REVE ET DU SOMMEIL
137
duire le vrai sommeil normal: ils contribuent seulement a modi¬
fier certains facteurs psychophysiologiques du sommeil.-
J'admets par ailleurs toules les objections de M. Claparede et si
j’insist© pour accorder une certaine action hypnogene aux
agents cbimiques, aux loxines, aux elaborations organiques,
je le prie de considerer cette insistance comme l’expression du
desir de completer toutes ses critiques si judicieuses et si vraies.
11 y aurait a mon avis une grande distinction a faire entre le
sommeil artificiel des agents cbimiques, le sommeil des dlabo-
rations organiques (sommeil comateux, ou de la maladie du
sommeil par exemple) d’une part, le sommeil normal et le som¬
meil bvpnotique d autre part.
II
Le second chapitre contient la partie la plus intdressante du
travail, Texposition de la thdorie personnelle de lauleur. Le som¬
meil doit dtre consider^ comme une € fond ion positive ». Les
theories classiques sont negatives, Elies considerent le sommeil
non comme une fonction, mais comme une cessation de 1‘acti
\ite organique. « C’est un fait negalif, presque anormal » ajoule
a tort, M. Claparede s’appuyant sur une interpretation toute
personnelle du chapitre « sommeil * de Maudsley ; je ne crois
pas qu'il existe des auteurs pour soutenir cette conception cri-
Uquable&tousdgards et qui ne vaut mdmepas la moindre discus¬
sion. PourM. Clapar&de, lesommeil est une activite positive, une
fonction. L’auteur cite avec raison Cabanis comme un de ceux
qui ont parmi les premiers consider© le sommeil comme une
fonction positive et spdciale du cerveau : Cabanis (Rapport du
physique et du moral. Ed. de 1885, II. p. 302) donne une ex- *
plication complete et exacte, tout k fait analogue a celle de
M. Clapar&de ; mais celui-ci reproche a Cabanis de n’apporter
« que des preuves assez obscures k l’appui de sa conception.
Rien d’etonnant des lors que cette conception ait dtd violem-
ment attaqude » (p. 273). Sergueyeff, de Sanctis, Forel, 0. Vogt,
et Myers ont formule les mdmes idees, Brunelli et Forster
sont tout aussi categoriques que M. Claparede, qui les cite,
mais qui, je crois, passe trop sommairement sur eux : « Aucun
de ces auteurs n’a donnd de cette conception positive une for¬
mule satisfaisante : de Sanctis s’est borne k une simple affirma¬
tion. ; Sergueyeff et Myers, ont fondd leur thdse sur des vues
physiques ou metaphysiques ecliappant pour le moment au con-
trdle de la science ; Forel et Vogt, dont les ouvrages sont, ce
qui a dte dcrit de meilleur sur la question, ont ndglige de don-
ner k leur hypothese un fondement biologique ; celle ci est done
restee une hypothese partielle du mecanisme, et ne constitue
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138
REVUE DE rSYCHIATHIE
pas un tout autonome. » (p. 273). La conception de Cabanis
•n’est-elle pas exclusivement biologique ? De Sanctis ne pense-
t-il pas en biologiste ? et pourquoi voir seulement de la mdta-
physique dans les admirables conceptions de 1’illustre Myers
qui considdrait le somtneil positioement comme < une phase par-
ticuliere* douee defacultds propres? II faut done comprendre la
conception personnelle de 1’auteur dans la coordination des
fails, pour mettre plus en relief la signification biologique du
sommeil.
« Le sommeil, dit M. Ciaparede, n'est pas un dtat purement
ndgatif, passif; il n'est pas la consequence d’un simple arrdt de
fonctionnement: il est une fonction positive, un acte d’ordre
rdflexe, un instinct qui a pour but cet arrdt de fonctionnement;
ce n’est pas parce que nous sommes intoxiqudsou dpuisds que
nous dormons : nous dormons pour ne pas l’dtre » (p. 278). En
d’autres termes le sommeil est une fonction de ddfense, son
etude est du ressort de la biologie, et il faut considdrer le pro-
bleme du sommeil au point de vue de Involution biologique. Le
sommeil se fait sentir avant l’dpuisement rdel, ce qui coostitue
la caractdristique de tous les phdnomdnes de ddfense. Le som-
raeil empdche l’animal d’arriver d I’dpuisement. Selon M. Cia¬
parede, l’acte du sommeil est comparable & celui de la miction,
et «aucune fonction de prdservation n’est l’expression d’un pro¬
cessus physico-chimique brut,» d’ou le rapprochement de cette
activitd avec les phdnomenes actifs et rdflexes. Pour prdciser la
nature biologique du sommeil,M. Ciaparede examine la valeur
des mots « rdflexes » et «instinct. » Les actes rdflexes et les
actes instinctifs sont deux especes d’un mdme genre, et la dd-
nomination varie suivant le point de vue duquel on considere
le phdnomene. Physiologiquement les mouvements rdflexes sim¬
ples sont les rdflexes proprement dits, les instincts sont les
rdflexes composds. Biologiquement l’acte instinctif partiel est
nommd rdflexe : reponse directe au stimulus ; l’acle global porte
le nom d’instinct proprement dit, ddpassant le stimulus. L’ins-
linct domine l’activitd biclogique puisque, rdaction globale, il a
une vdritable influence sur 1’dtre tout entier. « A chaque ins¬
tant un organisme agit suivant la ligne de son plus grand intd-
rdt ». Voici les difTdrences entre le rdflexe et 1’inslinct d’apres
M. Ciaparede :
Mouvement reflexe
1 Mouvement partiel.
2 Iiigidite.
3 Independance nmtuelle des di¬
vers rdflexes.
4 Inddpendance de la disposition in¬
terne.
Instinct
Acte global.
Elasticity, souplesse.
Dependence nmtuelle (loi de l’in-
terdt momentand.)
Disposition interne ndeessaire.
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LES THEORIES DU RKVE ET DU SOMMEIL
139
5 Non plastique, non mental. Plus ou moins plastique ou men¬
tal.
6 Limits a la reponse au stimulus.. Depasse la rdponse au stimulus.
7 Reactions simples... Reactions coordonndes.
8 Stimulus specifique. Stimuli secondaires pouvant par
experience associative se subs-
tituer aux primaires.
La miclion se separe des rdflexes par sa souplesse relative, et
parce que pour s'accomplir, ello immobilise momentandment
lout Tindividu. C*est pour celte raison qu’elle est restde dans
une certaine mesure sous la ddpendance de la volontd. L’auteur
revient souvent surcetle comparaison du sommeil et de la mic¬
tion; nous la critiquerons aprds Texpose des iddes personnelles.
M. Claparede cliercbe ensuite k retrouver dans le sommeil
toutes les qualitds de Tinstinct enumdrdes dans la liste ci-
dessus.
Par sommeil, il entend non seulement letat de lethargie et
trinertie dont se sont preoccupes jusqu’ici les auteurs, mais
encore, — eten raison de la necessity justifide prdcedemment
de considerer les choses k un point de vue plus elevd — les
actes divers qui sont en connexion avec Tdtat d’inertie lethar-
gique, qui le prdparent ou qui le terminent. (p. 283.)
Ces actes sont: l°la recherche d’une couche, la prise de Tat-
titude propre au sommeil ; 2° Taction de s’endormir, Tassoupis-
sement, « Tendormissement » ; 3° le sommeil proprement dit ;
4° les reactions specifiques de cet etat, (rdactions mentales :
rdves ; reactions vdgetatives : processus trophiques) ; 5° le
r6veil.
Le sommeil, par la maniere dont on s’endort, est un acte
instinctif. Comme dans tous les instiucts, la manifestation du
sommeil ddpend des circonstances ambiantes ; il est fonction
des circonstances qui Texigent. Chez Tanimal, toute velleitd de
sommeil disparait devant le danger. « Chez le medecin, appele
au moment oil il se couche, Tinstinct altruisle(ou tout au moins
un interdt dgoiste comme-celui de gagner de Targent ou de me-
nagersa reputation) refoulele sommeil, pense M. Claparede et
le tient en dchec jusqu'it ce que ce dernier, les circonstances
ayant de nouveau changd, redevienne le plus fort. » (p. 285.)
L'exeraple est raal londe. s’il est tout k Thonneur des senti¬
ments altruistesethumanitaires du psychologue genevois ; mais
j'estime trop ce psychologue pour prendre au pied de la lettre la
possibilite d’admettre un instinct altruiste . Le raddecin secoue
son sommeil par habitude, par interdt, par devoir : il est loin
de subir Taction du reflexe altruiste : Ce sont des faits de « rai-
sonnement » qui le poussent a agir. Je ne crois pas la nature
humaine adaptee k reagir k cet instinct factice‘imagind par
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140
REVUE DE PSYCIUATRIE
M. Claparede et rdvd par tant dephilosoplieset d’dconomistes...
Les sauvagess’endormentdes qu’ils sont inoccupds,les cretins
dorment excessivement selon Bridre de Boismont. « C’est l’ins-
tinct du sorameil qui se dilate comme sollicitdpar levidede leur
intellect. * (p. 286.)
Ces affirmations ne sont guere convaincantes : s’il est vrai que
tout dtat draotif peut refouler l’instinct dans la mesure de son
intensity, je ne saisis pas comment le sommeil considdrd en tant
qu’inslinct, explique le fait de l’assoupissement. L’dtat de fatigue
mentale permet cependant la lutte contre l’envahissement du
sommeil proportionnellement a son intensity. Est-il vrai que les
cretins dorment beaucoup ? Et m6me, s’il dorment, peut-on
comparer celte somnolence quotidienne au vrai sommeil ? Je ne
le crois pas et mes recherches sont en faveur du contraire. Si
par hasard le besoin de sommeil disparait ou diminue devant le
danger pourquoi tirer de ce fait, comme la seule conclusion
possible, la plasticity de l'instinct sorameil ? II s’agitdans ce cas
de l’exercice d’un autre instinct de ddfense (nullement lid au
sommeil) faisant partie de la notion de preservation globalo de
l’individu, qui l’attache 4 la vie, dans laquelle le sommeil n’est
qu’un facteur tout-4 fait secondaire...
L’idde de la peur, une dmotion intense (biologiquement par-
lant) ne reveillent-t-elles pas l’liomme le plus profondement
endormi, 4 condition qu’il soit en mesure de prendre connais-
sance du danger ? M. Claparfede touche sans le vouloir 4 un pro-
bl4me plus grave et auquel il ne semble pas avoir pensd en rddi-
geant son travail: celui de la defense instinctive, de la conser¬
vation individuelle lide 4 toule forme d’activite psycho-biolo-
gique, et dont la fatigue et la ddsorientation mentale consti¬
tuent l’expression la plus definitive de toute forme de defense.
Le reveil est egalement rdgi selon M. Claparede par l’dld-
ment instinctif du sommeil; l’intdret momentand dicte le rdveil
qui peut 6tre .spontand ou provoque. Le rdveil est spontand
quand on n’a plus besoin de sommeil, quand « le sommeil cesse
d’etre l’instinct le plus important au moment considdrd ». Le
rdveil est rarement spontand, selon l’auleur ; il est souvent,
pour ne pas dire toujours provoqud. C’est un rdveil par habi¬
tude. Il peut dire provoqud soit par un stimulus organique ou
externe, soit par un rdve.
Je ne vois pas pourquoi le sommeil serait assimild 4 un ins¬
tinct et comment cette seule conception expliquerait le rdveil.
En quoi le probleme du « pourquoi » du sorameil est-il rdsolu
par l’affirmation que Ton se rdveille spoutandment quand l’ins-
tinct du sommeil cesse d’etre le plus important ? En rien, selon
mon humble avis. Je trouve, contrairement 4 l’auteur, cette
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LES THEORIES DU REVE ET DU SOMMEIL
HI
affirmation dangereuse, car elle semble tout expliquer, pour ue
rien dire. Toutes les theories expliqueraient le rdveil avec au-
tant d’arguments, sans considdrer le sommeil comme un ins¬
tinct biologique. L’altention, l’aclivite onirique ont pendant
le sommeil un rdle parfois considerable et que tout en diffdrant
de celui de la veille n’en est pas aussi oppose que le pense M.
Claparede. IIy a dans le mdcanisme du sommeil une activite
pstjchologique qui est plus k considerer que toute doctrine
biologique. On se reveille non seulement sous l’influence de
stimuli immediats mais sous Taction plus directe de la pensee
de la veille, de la mentalite ayant precede l’assoupissement et
constituant la somme des phdnomenes inlellectuels qui offrent
un intdret psycliologique. On sail l’inffuence de la veille sur le
sommeil ; elle est notoire et explique k mon avis la qualite des
sommeils. Le sommeil partiel ne depend pas de l’interet mo-
mentand, et il n’est guere explicable malgrd l’effort de M. Cla¬
parede de le rendre intelligible. On ne dorl pas seulement pour
certains excitants, et je ne saisis pas cet instinct fondamental
du sommeil faisant le choix des excitants (ce cboix fut-il dicte
par un intdret imraddiat quelconque) ou cedant & des intensitds
plus ou moins differentes de stimulants. Comment concevoir
encore un excitant qui aurait pour nous un intdret supdrieur k
celui du sommeil et capable de nous dveiller en dehors de toute
qualite du sommeil ? L’atlention veille pendant le sommeil, (ce
n’est pas une simple interpretation). Elle n’est pas « une fonc-
tion qui n’entre en jeu que si elle est stimulde ». Elle excite et
agit individuellement, en dehors de toute stimulation directe.
Je ne partage pas l’opinion de l’auteur en ce qui concerne le
reveil prdmeditd: Celui-ci n’est pas un cas particular du som-
meil partiel, mais un sommeil pendant lequel des facteurs psy¬
chologies agissent k la longue et ddterminent le rdveil d’une
maniere assez mystdrieuse; il est lid k une notion du temps
assez curieuse k expliquer.
La mdme loi de I’intdrdt momentane inlervient pour l’intelli-
gence de la plaslicitd du sommeil et des stimuli du sommeil en
tant qu'instinct. Quoiqu’en dise M. Claparede, linstinct n’est
pas aussi plastique qu’il le pense et doit suivre certaines lois :
il est des lois pour la miction, instinct auquel il lui plait de
comparer le sommeil. Pour ce qui est des stimuli, sa thdorie
instructive en cela, expliquerait la connexion etroite chez cer¬
tains animaux enlre l’obscurite ou la lumiere et le somiheil,
ce que ne saurait expliquer la theorie chimique. Je n’ose pas
invoquer la possibility d'une theorie psycliologique du sommeil,
car il me faudrait l'exposer et ce n’est pas le lieu. Mais ce qui
appartient a 1 instinct dans ces stimuli pourrait dtre lie a cette
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142
HEVt-E DE PSYCHIATRIE
defenseorganique, somatique et psychique qui diminue et serao-
difle sous I’influence des excitations rythmiques de lumiere et
d’obscuritd, comme les animaux subissent plus activement les
influences saisonnieres.
Apres avoir cru determiner les caractdres fondamentaux de
l’instinct dans le sommeil, (fait d’etre global, souplesse, plas-
ticitd, varidtd des stimuli, disposition interne), M. Clapardde
essaye de montrer comment, dans le sommeil — instinct type —
«les reactions provoquees depassent une simple reponse au sti¬
mulus, et sont coordonndes entreelles, en sorte que le sommeil
rentre bien dans la categorie des reflexes composes * (p. 295). Le
besoin de dormir est le point de depart de la chaine des reflexes :
retat morpheique se ddclanche ensuite avec tous les autres
phdnomenes secondaires.
Le sommeil serait done un instinct biologique ; maisjere-
gretle de ne pouvoir retenir de toutes les considerations de
l’auteur que certains elements de son concept: 1’idee d’une
fonction de defense et nullement 1’assimilation du sommeil d un
instinct biologique. La comparison du sommeil d la miction
pourrait servir & demontrer 1’impossible identification du som¬
meil a un rdflexe global, dun instinct biologique. Tout d’abord,
j'ignore vers quelle conception thdorique du phdnomene de la
miction incline M. Clapardde. Deux theories sont en jeu, l’une
mdcanique, I’aulre fonctionnelle ou biologique : je pense qu’il
admet la seconde, bien qu'elle ne soil’ pas pdremptoire. Le som¬
meil est un ensemb’e de phdnomenes qui n'dvolue pas de la md-
me-maniere que la miction. Les premiers actes de volontd, do
contrdle biologique, agissent sur la miction des anndes avant
que la volontd puisse avoir une action sur le sommeil. Si la mic¬
tion se comporte comme un rdflexe, sa plasticite est rdduite,
limitee ; sa pathologie est lide au point de vue psychopatliique
d des troubles de la volontd. Elle conslitue un acte biologique
brutal, ddfinissable et bien different du sommeil.
Poursuivant son argumentation, M. Claparede consider « la
ldtbargie liibernale ou estivale comme un sorte de sommeil or¬
dinaire et dont le type est du probablement d un phdnomene
d’adaptation secondaire. > Le sommeil saisonnier serait unsom-
raeil quotidien prolonge. Les citations tirdes des travaux do
R. Dubois, A. Pictet, Sajo, Horvath,Baretta, Brunelli, Romer, et
Schinz, et Kellner peuvent illustrer une Ihdorie qui invoquerait
certaines ressemblances entre le sommeil hibernal ou estival
d’une part et le sommeil ordinaire d’autre part, mais qui n’iden
tifierait pas ces deux ordres de phdnomenes bien diffdrents. La
comparison du sommeil des animaux avec celui de l’homme
est certes intdressante, mais elle n’est pas de nature d dclaircir
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LES THEORIES DU KEVE ET DU SOMMEIL
143
le probleme. L’observationde M. Volkov sur les paysaus russes
et les re marques de Kellner sur les Yogis sont les seuls faits k
retenir; mais la premiere est une observation isol6e et critiqua-
ble, et les ^econdes plaideraient pour la possibility de la tlidorie
ehimiqueet de 1’auto-narcose carbonique.
Ill
Le micanisme du sommeil (p. 306-326) consisterait « dans
une reaction de d6sintdr6t pour la situation prdsente. Ce n’est
pas com me on l'admet couramment l’irritabilitd, la r6ceptivite ;
notamment la r6activit6 d’int6r6t, d’adaptation. ». La psycholo¬
gic des r6ves jiisliflerait selon M. Claparede cette maniere de
voir. L'action r6para.trice du sommeil provient: 1° du repos ;
l’organisme profile decet airyt momentane du travail musculai-
re, pour 61iminer les substances toxiques avant que leur accu¬
mulation ne devienne nuisible ; 2° d’un accroissement des pro¬
cessus tropbiques ou assimilateurs : < le reldchement de la ten¬
sion mentale 6tant probablement compensd par une augmenta¬
tion de la tension v6g6tative. »
On pourrait 6tre d’accord avec M. Claparede surcertains 616-
ments du mdcanisme du sommeil, mais k condition delaisser de
cot6 toute adaptation biologique ou toute id6e diuslinct bio-
logique. Le fait que le sommeil pourrait 6lre une r6action de
d6sint6r6t ne plaide guere en faveur d’un instinct biologique
{ou j’ai mal compris l’auteur) : il indiquerait surtout la pos-
sibilit6 d’une theorie toute psychologique du sommeil bas6e
sur des ph6noraenes physiologiques d’inhibition. Pourquoi ad-
meltre que pendant le sommeil ce qui est suspendu serait la
riacticiti et non l’irritabilitd ? Questions de mots, 6 mon
avis, car je ne saisis pas l’inter£t nouveau d’une explication
comportant ce terme. Et pourquoi consid6rer que la monoto-
nie et le silence agissent comme provocateurs des 6tats de
desinterdt et non comme stimuli sp6ciflques ?
Oil sont les faits? Les raisonnements de M. Claparfede sem-
blent se suivre assez logiquement si l’on admet toutes ses af¬
firmations et le psychologue genevoisafflrme assez sou vent et
parfois avec de l’ing6niosit6. Ce soil disant d6sint6r6t, pourquoi
ne serait-il pas provoque par les 6puisements des centres de
l'attenfion, de la volonte (quoique ce mot de « centre » ne me
convienne gu6rej ? La physiologic est obscure a ce sujet et les
faits nous manquent, m6me si Ton d6sire admettre I’hypothese
Claparede. L’hypotliese histologique est naive et elle peut 6tre
laiss6e de c<M6.
Jeretiendrai des arguments de M. Claparede l’appel qu’il fait
a Vinhibition active et je suis d’accord avec lui pour admettre
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144
REVUE DE PSYCHIATRIE
que le sommeil porterait « sur la tension mentale indispensable &
l’activitd de relation » (p. 312). Je souscris 4 l’afflrmation que
l’hypothese de l’inhibition rend compte de bien des phenomenes
du mdcanisme du sommeil, mais cela sans avoir besoin d'une
theoried’instinct-sommeil. Jeregrette que M.Claparbde selaisse
influence! 1 par la manie des neurologistes de chercher des cen¬
tres & tout propos, et ddsire trouver un centre du sommeil :
« Les instincts — done aussi le sommeil — ont pour substratum
organique des reseaux de connexions nerveuses plut6t que des
centres proprement dits. 11 doit cependant exister quelque part
un centre destine & recueillir en dernier ressort les stimulations
venues par les divers canaux sensoriels etc... * (p. 317). Et
pourquoi ce besoin impdrieux d’un centre de sommeil? 11 est
vraique des psychtdogues modernes ont localise les emotions
par inspection ou la percussion du erdne!
Rien & dire des causes rdparatrices du sommeil, mais avec
quelques modifications, elles s'adapteraient a toutes les theories.
Remarquons neanmoins que les experiences physiologiques
sont loin d’etre d’accord et que les recherches doivent d’abord
ddmontrer si oui ou non, l’inhibition est due comme le pense
Max Verworn d une predominance de la phase dissimilation.
Pour ce qui est du rdve, il constituerait «dans une certaine
mesure au point de vue biologique une fonction analogue e celle
que Groos attribue au jeu * (p. 325). Le rdve fournirait une
certaine activite utile & 1’espece qui n’aurait pas eu la possibilite
d’etre utilisde dans la vie individuelle. Ce caractere « ludique »
est certainement plaisant; mais alors, toute l’activite subcons-
ciente n’aurait qu’un role secondaire, et ne servirait qu’a
l’amusement, & la mise eu valeur de la vie reelle logique et
normale du raisonnement (qui & mon avis est un fait social et
n’a presque rien des faits biologiques).
Le sommeil serait done un phdnomene contingent. II n’est
pas impliqud dans 1’idee de vie. Phylogdndtiquemeut, « il est
legitime de le faire deriver de la fonction inhibitrice de defense
qui joue un grand role dans la lutte pour l’existence chez les
animaux et cliez l'homme ». Comme je 1’ai rdpete, je ne voispas
d’inconvenient & faire deriver le sommeil de la fonction inhibi¬
trice, mais prdcisement pour cela je ne con^ois pas pourquoi il
faudraitenfaire un instinctbiologique Les quelques phdnomeues
de defense qui peuvent 6lre trouves dans le mdcanisme du
sommeil, font partie de cette defense instinctive biologique sans
constituer le propre du sommeil.
IV
Le dernier chapitre a trait aux rapports du sommeil avec
l 'hystdrie, et il a pour but de montrer l’utilitd pratique de
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LES THEORIES DU REVE ET DU SOMMEIL
145
riiypotliese en ramenant « les facultes (?) mentales a des pro¬
cessus rdactionnels ». II conclut k la possibility d’une conception
biologique de l'hystdrie,« car les manifestations hystdriques
(certaines d’entre-elles au moins) et le sommeil ont la mdme
signification primitive et ddrivent de la fonction inliibitrice de
defense. » L’analyse de la signification de la rdaction de ddsin-
terdt qu’on pourrait bien confondre avec la rdaction de defense
cliez les hystdriques semble concilier les deux theories contra-
dictoires de l’hystdrie : la theorie fonctionnelle psycbologique
de Breuer, Freud et Janet, et la theorie physiplogique ddfendue
surtout par M. Sollier. Je crois que l’exemple est mal choisi:
l’hystdrie est un chapitre medical k refaire, on y a incorpord
pdle-mdle des troubles psychopathiques disparates et toutes les
perturbations mentales les plus diverses ; l’hystdrie comme la
neuraslhdnie sont des groupes de maladies plutdt que des
maladies bien ddfinies. La question des troubles sensoriels
d’ordre physiologique invoquee k plusieurs reprises par
M. Claparede est k mon avis une question ties discutable.
L’hystdrie est une maladie de culture, on l*a modelde surtout k
l’hdpital, il faudraitl etudier en faisant table rase detout ce qui
est connu. On aura certainement des surprises si Ton procede
comme on l'a fait pour l’aphasie. La mentalitd des hystdriques
avec tous ses symptomes ne parait pas avoir la mdme significa¬
tion primitive que le sommeil, et surtout je ne saisis pas la
ndcessitd de les faire ddriver de la fonction inliibitrice de
defense. Les troubles mentaux des hystdriques n’ont guere de
coefficients biologiques bien ddfinis et je n’arrive pas k saisir la
moindre trace des phdnomenes d inhibition dans la mentalitd
troublde de ces malades. Les stigmates biologiques n’ont pas la
\aleur qu’on leur accorde habituellement. Les hystdriques sont
des distraites, des fonctionnelles ; leur instinct de ddfense est
si peu atteint gdndralement, qu elles ne ndgligent jamais de
choisir le lieu de leurs crises ; elles profitent de toutes nos
faiblessesouhypocrisies sociales pour leur bien, pour le caprice
deleur pensee fuyante et peu disciplinee ; leur sommeil atteint
rarementia profondeurnormaleS cause mdme deleur distraction.
Le sommeil des hystdriques pourrait servir tout au contraire k
la constitution d’une theorie psychologique du sommeil ; il
confirmerait la proposition que j’ai formulee timidement jadis et
que je crois de plus en plus vraie ; k savoir que le sommeil et le
rdve sont des phdnomenes tout k fait differents.
Pour M. Sollier, le sommeil chez les hystdriques est Texpres-
sion de Tdpuisement des centres nerveux. M. Sollier est un
grand amateur de schdmas et dprouve souvent le besoin de
prdciser ses investigations par la ddlimitation d’un centre. 11
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146
UEVUE DE PSYClIIATniE
adraet pourtant que cet dpuisement est le rdsultat d’une auto¬
intoxication et il va jusqu’4 comparer k ce point de vue les
hystdriques avec les marmottes de M. R. Dubois. Pour M. Janet,
de qui j’airae et apprdcie inflpiment les belles analyses psycho¬
logies, le sorameil pourrait s’expliquer par u« rdtrdcisse-
ment du champ de la conscience et par un affaiblissement de la
synthdse psychologique. Pour M. Claparede, Phystdrie peut dtre
aussi regardde comme un dtat de distraction, mais « de distrac¬
tion partielle systdmatisde, ne portant que sur certains objets »
fp.337). La difference entre la mentalitd hystdrique et le som-
meil, rdsiderait dans le fait que « Phystdrique dchappe 4 la loi
dePintdrdtmomenland*. La difference avec Phypothfese physiolo-
gique de Phystdrie consisterait en ceoi : que M. Claparede
considdre le sommeil comme un fait positif tandis qu’il est
envisage comme un fait sincerement ndgatif. < Le sommeil est
soumisd la loi de Pinterdt momenlane k laquelle dchappe Phys¬
tdrie ; le sommeil est une rdaction instinctive globale et normale
le stigmate hystdrique constitue une reaction exagdrde et le
plus souvent partielle. » (p. 343J. Cela pourrait pourtant se
concevoir sans le dogme d'un sommeil instinct biologique.
V
Telle est la nouvelle tlidorie biologique du sommeil. Apres
avoir exposd minutieusement chaque argument dePauteur,je
me suis permis'de dire mon humble avis. II serait inutile d’y
revenir. La thdorie ne me paraitpas admissible; elle s’enchalne
avec une apparence de logique; mais outre que chaque argument
n’est pas ddmontrd, les affirmations sont trop nombreuses.
L’hypothdse du sommeil considdre comme instinct biologique
me fait songer aux schemas de ddmonstration de classe qui
frappent Pintelligence passive des dleves et des lecteurs dociles.
Elle parait expliquer certains phdnoraenes, mais k condition
d'admetlre ses affirmations initiales. Le pourquoi du sommeil
resle toutaussi mysterieux qu’auparavant.M. Claparddea trans-
portd dans un autre domaine notre ignorance systdmatisde, et il
faut lui dtre reconnaissant de Peffort qu’il a fait pour nous
convaincre. Nous lui sommes encore obligds d’avoir dbranld les
conceptions classiques qui croient tout expliquer avec des mots:
« auto-intoxication. », « engourdisseraent cdrdbral » ; « andmie
cdrdbrale»etc.Son hypothdseest loind’dlreddpourvuedevaleur;
elle a Pavantage d’dtre simple et claire. Elle sera doncadmise
par bien des medecins, car c’est une belle construction schdma-
tique trop soigneuseraent faite et avec un luxe de ddtails par-
fois inutile. Non seulement l auteur affirme trop, mais il utilise
trop les affirraalions des autres.
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
147
J’aurais prefere&la louable penseejd’edifier une theorie, quel-
ques faits, quelques donn^es precises et expdriraentales. Car,
en quoi sommes-nous avances si pour rdsoudre un problfeme, le
terrain de la discussion est deplace et si Ton adraet comme
vrai ce qu’il fallait ddmontrer ?
L’essai d’assimilalion du sommeil a un reflexe global b un
instinct biologique est a reprendre. Que Fauteur me pardonne
cet examen rainutieux desa theorie. J’ai le regret dene pouvoir
m’dtendre davantage et de n’avoir pas documents mes criti¬
ques comme je l’aurais voulu. Je crois pourtantqueerest le pre¬
mier travail un peu detailie sur sa theorie biologique du sommeil,
travail moins etendu que la doctrine qu’il refute, mais M. Cla-
parede m’en excusera.
Les hypotheses ont des chances bizarres dans l'histoire des
sciences. Elies ne ra’attirent guere. La croyance dans les mots
inventds pour expliquer ce qui est encore inexplique, me fait
toujours appr6cier davantage les faits qu’il faut tAcher de mul¬
tiplier k profusion.
FAITS ET OPINIONS
LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
Formes frustes, folie morale acquise, folie circulaire
Par M l,c Pascal
(Travail du service de M. Serieux , & VAsile de Ville-Evrard)
IMPOSSIBILITY DE COMPARER LES REMISSIONS DE LA DYMENCE PRYCOCE
A CELLES DES AUTRES DYMENCES
Pour des raisons dordre psychologique et anatomo-pathologique,
il est impossible d'etablir la moindre analogic entre les remissions
de la ddmence prYcoce et celles des autres demences.
Causes psychologies. — M. Masselon, dans sa remarquable
these 4 a cherche b opposer la psychologie des trois types de
dYmence : juvenile, paralyti que et senile.
« L'indifference des dements pr^coces, ecrit-il, contraste avec
» l etat des dements paralytiques qui, quoique ayant des troubles
i) plus profonds de la memoire et de Tintelligence manifestent de
» profondes reactions emotives, se montrenttantot deprimes, voire
» meme anxieux, tantOt se livrent b une joie exuberante ; elle con-
» traste Ygalement avec la sensiblerie des dements seniles emus
n par le moindre souvenir qui dvoque en eux l’image de leur en-
» fance ou de leurs jeunes annees, versant des larmes avec une
» facilite extreme »
1 Masselox, Psychologie des dements yrecoces, I ‘JO 2.
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148
REVUE' DE PSYCIIIATR1E
M. Deny a etabli la meme comparaison au Congres de Pau :
« la demence precoce au d£but, du moins, est surtout morale, la
demence paralytique, intellectuelle et la demence senile volontai-
re ».
Cette localisation Elective des premieres lesions sur les divers
elements de la sphere affective est, comme nous lavons d6j& vu, en
Studiant la p^riode prodromique *, le caract&re dominant de la de¬
mence precoce.
La dissolution de letre psychique commence par l’alterationpro¬
gressive des etats affectifs depuis les emotions supdrieures ddsin-
teress^es, altruistes, ego altruisles jusqu’aux plus simples tendan¬
ces ltees b la conservation de l’individu. Ce travail de destruction
attaque, done, l’^difice psychique par le sommet, bouleverse i un
aprfcs l’autre tous les Stages et descend jusqu’aux derni&res fonda-
tions. L’intelligence et la volonte subissent le choc et b leur tour
elles sont envahies par le processus morbide.
La psychologie nous apprend, en eflfet, que les phenomenes in-
tellectuelset volontaires doivent b la sphere affective non seulement
leur existence mais aussi leur solidite.
En somme, les premieres atteintes de la demence precoce por¬
tent sur les Elements essentiels de la personnalite, sur la base m£me
de l'individualite psychique. Chez les 6tres infdrieurs,les conditions
organiques de la personnalitd passent au premier plan. Chez les
6tres supgrieurs au contraire, ce sont ces conditions affectives qui
bien que dGrivantdes premieres, semblent avoir un r61e preponde¬
rant.
11 est dcnc facile de comprendre la part immense que prend dans
la constitution de la personnalite humaine, la sphere affective . On
comprend egalement que toute lesion qui tend b la d^truire reten-
tisse profonctement sur I’activite psychique. Mais la personnalite
n est pas seulement un ensemble d instincts, de tendances et de
sentiments, mais aussi un ensemble d habitudes, de souvenirs in-
timement lies au present. De cette union m6me depend l’harmonie
de 1’esprit.
« La personnalite , £crit M. Hibot 2 , resulte de deux facteurs
« fomlamentaux : la constitution du corps , acec les tendances et
<r les sentiments qui la traduisent , et la me moire. »
Dans la demence precoce, du moins au d^but, le premier facteur
seul est les 6. II en resulte une dissociation suivie d une modifica¬
tion partielle du moi.
La memoire ou le moi stalique comprend trois choses : la con¬
servation des impressions, leur reproduction et leur localisation
dans le passe. Les deux premieres sont n^cessaires, indispensa -
bles; la troisi&me complete la memoire, mais ne la constitue pas.
La conservation et la reproduction permettent b la memoire
d’etre rattachee aux conditions biologiques fondamentales de l or-
ganisme. Ces deux proprietes vitales, essentielles, de la memoire
1 M ,le Pascal. Formes depressives prodromiques de la demence precoce.
Congres de Lille, MK>G.
- Ribot, Maladies de la personnalite .
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
li9
persistent ehez Je dement precoce. Le present disparait pour lui ,
mais le passe survit.
Si on examine un dement precoce, dans les premiers stades de
sa maladie et dans une periode de calme, on trouve une foule
d'images qui se reveillent et reviennent edairer le champ etroit
de la conscience. Ces souvenirs naissent sans joie et sans tris-
tesse, et contraslent avec Emotion qui les accompagne chez le
vieillard.
Souvent m^me, b une periode plus avanede, lorsque le malade
a d^jft presente plusieurs poussees delirantes et hallucinatoires,
on remarque l’integrite des souvenirs; on assiste quelquefois b
une veritable Eruption de faits anciens qui paraissaient disparus
depuis longtemps.
Chez d'autres malades plus profondement atteints, on peut
observer des troubles de la memoire. Mais, comme l a fort bien
demontrd M. Masselon, lobscurcissement progressif de la memoire
depend surtout des troubles intellectuels eidmentaires et non de la
destruction des images souvenirs. Celles-ci sont susceptibles de
s'^veiller spontan^ment ou d'etre ranimees. Ce qui est irremedia-
blement detruit dans la demence precoce, ce sont les liens qui
rdunissent les reservoirs de ces*souvenirs.
Vamnesie de ces malades n’esipas une amnesie veritable . Elle ne
peut etre comparee ni b celle des paralytiques gdneraux oh I on
voit les souvenirs primitivement detruits, ni b celle des dements
seniles dont la disparition des images suit une marche regressi¬
ve, systematique du plus nouveau au plus ancien.
L'integrite ou la destruction incomplete de la memoire font du
dement precoce un involud qui ne ressemble pas aux dements pa
ralytiques et seniles.
Les phenomenes de dissolution de la personnalite dans la para*
lysie generate et dans la demence senile commencent.par des
troubles profonds de la memoire et respectent les elements essen¬
tials de la sphere affective. Celle-ci ne se laisse envahir qu’b une
periode plus avancee, Au contraire, dans la demence precoce, la
desegregation de I’individualite debute par la paralysie affective
et n’aboutit que tardivement et surtout dans les formes graves &
l amnesie totale. En somme , les processus dementiels paralytique
et senile traoaillent & Voeuvre de destruction de la personnalite du
malade en sens inverse de celui de la demence precoce.
On peutainsi distinguer deux phases psychologies dans revo¬
lution de la ddmence precoce typique.
1) Une phase correspondant aux phenomenes de regression af¬
fective auxquels sont intimement lies les troubles de rintelligence
et de la volonte. C’est b cette phase surtout qu'on voit de vraies et
longues remissions conciliables avec la reprise de la vie sociale. .
Lorsque la lesion n'a detruit que les elements instables, peu
organises, de seconde formation qui sont un luxe dans la hierar¬
chic psychique et par consequent peu necessaires b la vie, les ma¬
lades peuvent rentrer dans la societe sans que la faillite psychique
soit apercue par l’entourage ou nuisible & lours occupations.
11
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130
Hl£VUE DE PSYCHIATKIE
Ces dements precoces portent leur cicatrice comme les tuber-
culeux gueris b la premiere periode. Dans ce cadre rentrent les
dements precoces gueris deKalhbaum et de Krmpelin.
Si l'involution s’arrete en chemin, apres avoir detruit des 6\6-
ments plus importants de l activite psychique, le malade peut
garder encore l int^gritd apparente de sa personnalile, gr&ce b la
conservation des habitudes, des souvenirs et de l’automatisme.
Plusieurs auteurs et particulifcrement MM. Janet et Grasset ont
insiste sur i importance de l’automatisme dans les maladies psy
chiques. Cette activity simple, b formule uniforme, pr6domine
chez les dements precoces dont le pouvoir fr^nateur et inhibitoire
de la conscience est supprim^ par suite des lesions graves des
centres psychiques superieurs.
La vie psychologique est soumise aux m&mes lois que la vie or-
ganique. « Quand un organe est particuli&rementdetruit, la partie
subsistante tend b maintenir 1 equilibre en executant un surcroit
de travail »(H. Roger)'. Par consequent il faut consid^rer l’auto-
matisme psychologique des dements precoces comme une veritable
activite vicariante.
2) Dans la phase amnesique les modifications pathologiques en-
vahissent le second £l£ment essentiel de la personnalite, la md-
moire ; elles detruisent un b un ses elements et les rendent inca-
pables de reviviscence.
Beaucoup de dements precoces n atleignent pas cette derniere
phase ou du moins ils ne la traversent que d’une fa?on incomplete.
MM. Meeus et Masselon ont montre l’importance de Yengoiu'-
dissement b cette periode qui exsgere l’etat d’h^betude et de pros¬
tration de ces malades. II y a une narcolepsie fonctionnelle qui se
superpose b la mort anatomique incomplete de la vie psychique.
Les arrets tardifs de la demence precoce ne sont pas rares, nous
les etudierons plus loin. En somme, il g a demence absolue lors-
qiCil y a regression affective complete et amnesic totale.
Nous trouvons ce haul degre de la decheance cer^brale b la der¬
niere periode de la paralysie generale. Les malades sont reduits b
un etat d’automatisme maladroit et b un certain nombre de
reflexes eiementaires de la vie organique. Ces paralytiques gene-
raux ressemblent b cette derniere periode. comme l a tres bien
dit M. Dupre, « aux chiens decerebres de Goltz ».
Vanencephalic est rare chez les dements precoces. Il suffit d un
simple acces de fievre pour qu’une foule d images et une serie
d’etats de conscience s’eclairent d’une reviviscence speciale.
Causes anatomopathologiques. — Les causes anatomo patholo¬
giques vont nous permettre d'expliquer la longueur illimitee de
certaines remissions dans la demence precoce.
Nous savons que le pronostic de toutes les maladies mentales
depend autant de l’ameiioration psychique que de lantelioralion
physique.
1 Kookr, Traitv ile Pathologic generate de Bouchard. T. I. (Lois de compen¬
sation).
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRJSCOCE
151
Plusieurs auteurs ont insiste sur la prosp6rit6 des fonctions
somatiques de la demence precoce. La vie des visc6res est rare-
ment compromise et l’organisme survit pendant longlemps & la
mort psychique. Cette affection touche un organisme jeune, sou-
vent neuf et l’internement precoce le met h l'abri des infections
et des intoxications. Les ictus, la cachexie, les eschares et tous
les phenomfenesd’auto-inloxication que l'on trouve dans lesautres
psychoses sont peu frequents dans la demence precoce.
relative, de I'economie favor me. les remissions Elio
accelere la convalescence, facilite ('elimination des loxines et
contribue h donner & ces malades une certaine apparence de
validity. ,
Lesdernierstravauxanatomopathologiques et particuliferement
ceux de MM. Khppel et Lhermitte 1 ont montre les lesions histo
logiques c^rAbrales les plus fr^quentes de la demence precoce.
Dans l’etat actuel de la science tous les auteurs sont d’accord
pour admettre labsence de lesions vasculaires. GrAce A lintdgrite
des vaisseaux, le metabolisme nest pas compromise les neuro¬
nes peuvent conserver longtemps un certain degre de vitalite
Amsi, comme nous l’avons dejA dit 2 : « Les dements pr^coces ne
» meurent jamais par leurs cerveaux comme les dements paralv-
» tiques et sAniles et succombent presque toujours A une affection
» mtercurrente. »
Toutes ces causes reunies peuvent ainsi nous expliquer la dur^e
tr£s grande de certaines remissions.
*
* •
CAUSES DES REMISSIONS
Le plus souvent les remissions de la demence precoce survien-
nent spontanement.
II serait interessant de rechercher si les incidents palhologiques
(pyrexies graves, grandes suppurations, etc.) provoquent les
remissions dans cette affection comme dans les autres psychoses.
Nous n'ayons pas eu l’occasion d'&udier ces faits. M. Leroy vit
une remission de trois mois succeder A un abcAsde fixation pra¬
tique sur un malade de lasile d’Evreux. Les pyrexies legAres
comme la grippe, les ententes, la furonculose n’ont determine que
des accalmies passageres.
♦
* *
FREQUENCE DES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRIiCOCE
1) Frequence des remissions suivant les carietes cliniques. —
Tous les auteurs sont d’accord pour affirmer la frequence des
remissions plus grandes dans la catatonie que dans l hebephr6nie
at dans celle-ci plus que dans la forme paranoide.
Les formes heb6phr6no-catatoniques ont plus de chance de s’a-
meliorer A cause de leur debut brusque.
tnin!i L1 o PEL L I! LR T T T E - ^l m , en f e P r ® cocc - Anatomic pathologique <
geme. Revue de Psychiatric 1904, fevrier. 6 1
. M'u Le g j tU8 dons la demence precoce. Congrts de LilU
L Eneephale. Sept.-Oct. 1906. Rente Critique *
patho*
1906.
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152
REVUE DE PSYGHIATHlK
Au contraire la demence paranoide a une periode d’incubation
et d’invasion plus trainante et plus longue. Son Evolution est fa-
talement grave, les arrets et les remissions sont moins favoris^s.
Dans la demence simple, on voit frequemment des arrets compati¬
bles avec la vie exterieure (Otto Diem). Ce sont des malades qui
peuvent etre conserves dans leur famille sans grand inconvenient.
2). Frequence des remissions suivant les periodes. — La demence
precoce, com me toutes les psychoses, a plus de chance de s’ameiio-
rer au debut, lorsque les lesions pas trop graves sont encore capa-
bles de cicatrisation.
* Kreepelin, Meeus, Regis etc, ont signaie des remissions qui sur-
viennent vers la fin de la periode d'etat.
REMISSIONS DU DEBUT. FORMES FRUSTES
Nous savons que la description des formes frustes de la demence
precoce n’a pas rallieie suffrage de tous les alienistes. Ces varie-
tes benignes sont considerees comme des pseudo demences ou
comme des cas d’amentia gueris.
Suffit-il qu’un malade bien que presentant certains symptomes
de la demence precoce ait suivi une evolution contraire au pronos-
tic habituel pour qu’il faille cataloguer ce malade comme ayant
regu une fausse denomination ?
La medecine du corps a reuni dans le m6me groupe des mani
festations morbides qui paraissaient absolument dissemblables et
elle nous a appris b connaitre les anomalies cliniques. Les fievres
eruptives particulierement offrent de nombreuses varietes. Leurs
formes attenuees et frustes ne rendent-elles pas le diagnostic
difficile V
L’evolution des maladies mentales presente absolument les m&
mes irregularites et les memes anomalies. 11 y a des demences
precoces frustes comme il y a des fievres typhoides sans fievre
et des scarlatines sans eruption, etc.
Dans toutes les demences, les loisqui regissenlla dissolution de
la vie affective, intellectuelle et volontaire se font en sens inverse
des lois qui ont preside b leur evolution normale. L’evolution peut
rester embryonnaire ou bien avorter b divers moments de sa
marche ascendante. Nous avons alors des entiles clinfques varia¬
bles : les idiots, les imbeciles, les debiles, les etres 6 developpe-
ment incomplet. De memo les involutions sont susceptibles de
s arreter b tous les etages de leur marche descendante. Ainsi le
processus morbide de la demence precoce peut s’eteindre aprfcs de
minimes atteintes comme celles que nous avons etudiees & la
periode prodromique ou apres la premiere explosion d£lirante.
Ce sont ces involutions Icfjeres qui constituent les formes frustes .
La parente de ces formes frustes avec les formes typiques de la
demence precoce est confirmee par leur mode devolution et par
leur formule clinique.
Kriupelin, Bleuler, Aschaffenburg, Weygandt, Crocq 1 etc., ont
1 Ukocq. Les formes frustes d* la demence precoce. (Jour, de .Y eur. 5 arril
1005).
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I.ES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
153
demontre que la plus grande partie de ces cas benins ont EtE sui
vis de rechutes. Ces malades aprEs avoir appartenu pendant un
certain temps aux formes frustes ont passe dans la classe des
demences prEcoces typiques. Tous ces faits nous permettentde
considerer les variEtEs frustes comme des remissions incompletes
et temporaires.
Dans les cas oil il n’y a pas de rechutes, on n’observe jamais de
restitutio ad integrum. Les formes frustes se trouvent ainsi sou-
mises aux monies lois que les autres processus dEmentiels. Ce qui
est perdu est irremediable.
Ces cats benins de la demence precoce ont EtE observes par plu-
sieurs auteurs (Kahlbaum, Fink, Schttle, Diem, Kreepelin, TrOm
ner, Ilberg, Evensen, Cramer, Clouston, Ziehen, Weygandt,
Aschaffenburg, Charpentier, Christian, SErieux et Monod, Masse :
Ion, Crocq, etc.).
Les phEnomEnes morbides qui les caracterisent sont nombreux
et variables. Ce sont des sequelles de la demence commen^ante . Ils
portent inEgalemenl sur les Elements volontaires, intellectuels et
affectifs de la vie psychique.
Ces deficits partiels et lEgers nous montrent que les formes
frustes sont des ebauches des formes graves. Quelle que soit la
profondeur des lesions subies par les facultes, toutes ces variEtEs
frustes de la demence precoce prEsentent des caraclEres propres
fondamentaux.
I. Perte da pouvoir d'adaptation.
En toute circonstance, l’Etre vivant s’efforce de se mettre en
Equilibre avec son milieu. Le temps apporte constamment des
situations nouvelles et exige sans cesse des Energies et des adap
tations nouvelles. Chez les dements precoces , cette puissance
d'adaptation s 9 attenue ou disparait. Les malades ne peuvent plus
se maintenir en equilibre avec les modifications ambiantes. Les
phEnomEnes s’Ecoulent autour d eux sans qu’ils soient saisis. Tout
effort de constructions et de syntheses nouvelles est impossible.
Au milieu de la societE ils vivent en dehors. I/esprit, ce construc-
teur infaiigable , comme i’a designe M. Dupre, cesse de creer. Si
Ie dement prEcoce a encore la volonte de vivre, il n’a plus celle
de s 9 accroitre. Ce stigmate d’affaiblissement intellectual est dau-
tant plus frappant que les malades appartiennent & un milieu
intellectuel ElevE.
Kreepelin, Weygandt, Evensen, Ilberg, Masselon, Crocq etc., ont
apportE des exemples fort interessants de ces involutions chez les
intellectuels dont tout desir de se perfectionner avait complEtement
disparu. Cest le professeur qui devient instituteur; le juriste,
clerc d'huissier ; l’orfevre, serrurier; l'artiste, artisan, etc. Notre
malade (obs. VII) est un exemple analogue. Le malade etudie par
M. Masselon 1 a EtE suivi par nous, il est restE toujours declasse
et inadapte.
1 Masselon. Un cas de forme fruste dc demence precoce. (Arch, dc iVeurolo -
”ic, join 190'i.)
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154
REVUE DE PSYCHIATRIE
Nous avons dej& signale ce phenom^ne de dechdance psychique
comme symptome residual de la pseudo-neurasthenieprodromique
de la demence precoce 1 . « Quel que soit le degre de sa lesion le
» dement precoce gardera toute sa vie comme un stigmate indd-
» labile la cicatrice de son atteinte, c’est-£-dire qu’i/ sera incapable
» citivoluer et de se perfectionner. A n’importe quelle classe sociale
» qu’appartiennent ces malades. ils descendent tous dun Echelon,
» fechelle psychique. Ils deviennent des declasses. Les intellectuels
» et les ambitieux de la veille aprfcs une phase de neurasthenie,
» ne sont plus que des « rates » des « paresseux » des « insou-
» ciants » ce sont les talents naufrages decrits par Evensen. Dans
» les couches sociales interieures les « involues » vont grossir
» la grande classe des mendiants, des vagabonds et des prostituees
» etdans le milieu nouveau oti ils dechoient, ils portent tous, le
» m6me stigmate de nonchalance, d’apathie, d’indifference qui
» peut aller jusqu’6 faberration morale. »
Plus loin nous avons ajoute :
« Dans ces cas, lappreciation du deficit intellectuel est particu-
» li^rement difficile car le malade n’est amoindri que par rapport
» & lui-meme , et pour le constater, il faut le comparer k ce qu’il
» etait la veille de sa maladie. »
Ce sont les derni&res aquisitions les moins stables etles tendan¬
ces sup^rieures, (sociales, morales, esthetiques, scientifiques,
ambition, amour-propre etc.) nees tardivement au cours de
I nvolution qui disparaissent les premieres. Ces tendances presen-,
tent cette particularite de ne pas representer Tindividualite
psychique en totality* Aucune d'elle n’a le pouvoir de transfor¬
mer l'individu. La perte de ces elements hautemenl hierarchises
ne modifiers que tr&s peu la personnalite du malade.
Celui-ci deciendra autre , mais pas un autre.
II. Predominance du deficit psychique dans la sphere ajfectice.
Les dements precoces frustes comme les dements precoces typi-
ques sont loses des le debut m6me dans les ressorts de i'activite
mentale, c’est-£-dire dans leurs tendances, leurs desirs et leurs
sentiments. L’apathie, l'insouciance, la nonchalance, la perte des
sentiments aflectifs, I’indifference du sujet envers sa decheance
constituent les symplomes les plus importants de ces cas legers.
On rencontre ces dements precoces frustes parmi les originaux ,
les excentriques . les cyniques que Ton coudoie frequemment dans
le monde. D’autres se trouvent parmi les bandes de criminels ou
de malfaiteurs. Chez ces dements precoces il y a une obliteration
absolue du sens moral. La diminution du pouvoir de contr61e fait
de ces malades des etres denues non seulement de jugement
mais aussi d energie inhibitoire. Ils ne peuvent plus resister k
leurs penchants, commettent des exces alcooliques et parfois
meme des delits et des crimes.
1 iM 11 " Pascal. Pseudo-neurasthenic prodromique de la demence precoce.
(Presse medicate , janvier lt)07).
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
155
Cetto variete clinique des formes frustes de la demence precocc
est de la plus haute importance au point de vue medico-legal.
Nous l’^tudierons sous le nom de folie morale acquise.
FOLIE MORALE ACQUISE
Dans ce group© se trouvent beaucoup de cas daffaiblissement
mental de tous les degres et de toutes les nuances, mais le deficit
moral l’emporte sur le deficit intellectuel. Cette affection a ete
signalee par plusieurs auteurs coniine une forme larvee de Th6-
bephr^nie, Kahlbaum 1 dans deux travaux interessants a decrit
une t forme noucelle de la folie morale qu'il a appelee ensuile
Heboidophvenie.
Sous ce nom lauleur etudie certains cas attenuesde I’hebephre-
nie de son £16ve Haeker. C est une affection qui commence d&s la
jeunesse et aboutit & la « diminution de capacity psychique » et k
la perte de l affectivite. Ces « heboides » conservent leur memoire
et toutes leurs acquisitions inferieures, ce qui leur permet de
s’occuper h des travaux courants. II n y a pas dexcitation mania-
que ou d’id£es delirantes, mais on remarque de l irritabilit^, des
col^res violentes, des reactions vives parfois dangereuses. Les
guerisons sont incompletes, il n’y a jamais de restitutio ad inte¬
grum. Cette forme evolue le plus souvent en dehors des asiles.
SehQie 2 avait deja signale des individus quideviennent, k la pu¬
berty, des faineants professionnels. Ce sont des individus dange
reux. impulsifs, incendiaires, finissant parfois dans les asiles mais
presque toujours dans les prisons.
Fink 3 4 5 a decrit une forme legere de l’hebephrenie caracterisee
par des « troubles de la sphere morale. »
Ilberg* a attire l’attention sur ces el&ves brillants qui devien¬
nent incapables d’evoiuer ou de se plier k un travail r^gulier et
qui finissent dans la mendicite ou dans le vagabondage. Ils sont la
proie facile de l’alcoolisme. Chez tous, on remarque un fond de
demence, I’incapacite dejuger droit et juste.
Tromner 11 a egalement insists sur le vagabondage final de ces
d^mences simples et leg&res.
Wernicke 6 decrit cette variete fruste sous le nom dauto-psy-
chose morale de la puberte. Cet auteur insiste sur les troubles
cen6sth£siques, les idees hypocondriaques, qui accompagnent
l'amoindrissement intellectuel et les perversions morales.
Ziehen 7 range dans son second groupe des psychoses de la
puberte, des malades qui ont perdu le sens moral et il lesassimile
aux a heboides » de Kahlbaum.
1 Uehek eine besondere Klinische Form des moral Irreseins. Ref. Altg.
Zeil, fiir Psych .T. 'll, p. 711. Neur. CentrallblaU 188'j, Krlenmeyers Cenl/al-
blatly 1884. p. 470.
* Sciiule. Uandbuch der Geisles Krankheiten 1878.
3 Fjkk cite par Monod ( Formes frustes de fa demence precoce).
4 Ii.bi kg. Das Jugendirrcsein f Volkmanncs Sammu/ung Ktinischer Voltrage,
1808.
5 Tromner. loc. cil.
** Wekkike. Grundriss der Psychiatric 1000.
‘ Ziehen. Psychose dc la puberte. XIII* Congres des alienistes.
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REVUE DE PSYCH1ATRIE
Cramer 1 ytudie particulterement les troubles moraux de ces
formes frustes. II montre ces malades comme des malfaiteurs et
des voleurs sans calcul , incendiaires et criminels sans but.
Sommer et Kern 2 disent n'avoir pas observe de criminal!t£s
extraordinaires et ce n est le plus souvent que pour des dyiits que
le malade est traduit en justice. Ce que Ton remarque le plus
souvent chez eux, c'est le vagabondage.
Le besoin pathologique d’errer et de vsgabonder des dements
precoces est du b l exageration de l’automatisme qui prMoniine
dans toutes les variytes cliniques.
Wilmanns dans une etude Ir£s int^ressante sur les « Psychoses
des vagabonds » a trouve sur 127 vagabonds, 66 cas de dements
precoces et parmi ceux ci 6 prostituees. Cet auteur divise ces ma
lades en trois groupes :
1) Personnaiit^s saines, b l'origine tout b faitnorm8les jusqu’au
jour oil, entre 20 30 ans, il s’est manifesto chez eux une psychose
aigu8, grave, suicie d' incomplete guerison et de vagabondage .
2) Au debut, parfaite santy, puis soudainement ou graduellement
sans cause apparente : mob Hite, instability , irregularity de la vie ,
vagabondage.
3) Tares pathologiques originelles, lacunes morales et intellec-
tuelles ; instruction incomplete, impossibility d’apprendre un
metier, vagabondage.
Les deux premiers groupes, seuls, nous semblent appartenir b la
ddmence prycoce, letroisi^me, en raison des tares originelles, pa-
rait piutot relever de la dygenerescence mentale. Krmpelin, Berts-
chinger et Schroder ont demontre que souvent de vieux vagabonds
et .delinquents ont dans leur vieillesse des affections analogues b la
demence precoce, mais, si Ton plonge dans leur passy, on trouve
qub lAge de la puberty, les malades ont presenty un arret de leur
vie intellectuelle et morale d’ou a dycoule la dycheance de leur
rang social.
II n’est pas rare de trouver ces ytats frustes chez les prosti
tuyes. L anesthysie morale qui les caractyrise,rinconscienceabsolue
de leur etat sont des phenomynes dementiels, d condition qu'ils
soient acquis.
Cette variyte medico legale de la demence precoce presente un
tres hautinteryt clinique.
La plupart de ces malades sont confondus avec les debiles, les
dysequilibres, les degyndres et surtout avec les fous moraux.
Si on trouve dans le passy de ces malades, comme Tont fait
remarquer Kreepelin et Bertschinger, une pyriode pathologique
^ant ameny des lacunes intellectuelles et morales, le diagnostic
sera en faveur d une « folic morale acquise ». Mais nous savons
que les anamnestiques sont tres souvent difficiles b reconstituer.
Alors ce sont les actes memes, le crime ou le dyiit, qui ryvyient le
deficit mental.
• Cramer. Entwiklungs jahve and Geselzgebung. (iotlingen lacs.
- Sommer et Krrn. Beitragc zur Kermtniss dev criminielfen Inert. (Alz, Zeit,
far Psych.) Ueber jugendeiche Verbucher.
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
157
Evensen, dansun remarquable travail 1 a particulifcremeutinsiste
sur le diagnostic differential de cette forme fruste avec la folie
morale originelle.
.« L’abrutissement, dit-il, des sentiments moraux pendant l*evo-
» lution lente d'une demence pr^coce constitue parfois un tableau,
» qui d’une mantere frappante ressemble b celui de la folie morale.
a Le malade est indiscipline, brutal, emporte, hAbleur, menteur,
» voleur ; il ne reconnait jamais ses torts mais t£che de se faire
» passer pour une victime. Mais lorsqu’il s’agit de detourner une
» difficult^, il n'a pas la souplesse du fou moral, ni son habiletd b
» tirer profit d'une occasion, ni sa tenacity dans le but qu’il pour-
» suit. Le diagnostic est etabli si I on peut trouver un change-
» ment du caract&re, un affaiblissement du jugement, une diminu*
» tion de la faculty de travailler datant de la puberte. A cela
» s’ajoutent les singula rites de la demence pr£coce ; les malades
» se negligent, ne veulent plus changer delinge, ni selaver... etc...
« Tous ces malades pauvres de sentiments et de sens moral et
» d’idees inhibitrices^deviennent parfois tr&s dangereux, ils met-
» tent facilement en execution les id£es theoriques les plus nuisi-
» bles.
« Ces jeunes gens qui etaient autrefois l’orgueil de leurs parents
» deviennent leur souci ».
C'est done dans l’analyse des actes, dans la conduite du malade,
que Ton observe les traces pathognomoniques de la demence prA
coce.
La folie morale originelle est accompagnee frequemment de
tares physiques constitutionnelles et presente comine caractere
important le d^veloppement psychique inegal, plein de contras-
tes entre les diverses facultes et les divers penchants. Les fous
moraux ont b la fois des hypertrophies (astuce, imagination vive,
habilete, acuite du jugement, etc.) et deslacunes morales et intel-
lectuelles considerables. Les hypertrophies leur servent b mas¬
quer le c6te pathologique de leurs actes pervers.
Dans la demence precoce il riy a plus d 9 hypertrophies et les
lacunessont plus evidentes. Leurs actes sont maladroits, mal con-
bines, accomplis sans calcul, souvent sans motif et sans but.
Le fou moral est guide par son egoTsme, il met de l’orgueil et de
la volonte dans I’execution de ses actes ; le dement precoce, au
contraire, montre une absence absolue d'amour propre et apporte
b la reussite de tout ce qu’il fait de l'indifference, de l’insouciance
de 1’apathie, vrai substratum de son etat mental.
REMISSIONS TARDIVES
L’attenuation des phenom^nes episodiques vers la fin de la
periode d’etat et 1'arret du processus dementiel ont ete souvent
signals par les auteurs. Cette amelioration esttoute relative, les
stigmates dementiels sont tr&s prononces. Gr&ce b la persistance
des stereotypies et la predominance de rautomatisme, ces malades
1 Evensen. Dementia prtecox, 190i. (Kristiunia).
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REVUE DE PSYCH1ATR1E
peuvent encore se rendre utiles. Une partie de ces dements cons-
titue les travailleurs des asiles, les autres se laissent envahir par
cet 6tat de « narcolepsie fonctionnelle » dont nous avons parte plus
haut. Masselon et Dromard ont propose la reeducation psychique
deces « automates » par le travail manuel qui determinerait l’en-
diguement du processus dementiel.
«
* *
DUREE DES REMISSIONS. RECHUTES, FORME CIRCULAIRE
La duree des remissions varie avec cheque cas. Les accalmies
legbres et frequentes durent beaucoup trop peu pour qu’on puisse
les considerer conime de veritables remissions. Les vraies remis¬
sions, c’est-a-dire celles qui permettent aux malades de reprendre
la vie sociale (comme inadaptes et declasses) sont quelque fois
dune longueur illimitee. M. Serieux en a vu une persister pen¬
dant 18 ans. Les auteurs allemands en ont cite plusieurs qui dur£-
rent 10 k 15 8ns.
Dans nos observations personnelles nous avons constate les fails
suivants : (Obs. 2). Un intervalle de 14 ans separa le premier acc&s
du second et un intervalle de 11 ans s'dcoula entre celui-ci et la
troisieme rechute definitive ; (Obs. 3). Remission d'une duree de
troisans; (Obs. 4), Premiere remission dura deux ans, la seconde
trois ans; (Obs 5). Remission de deux ans suivie de rechute;
(Obs. 6). Premiere remission huit ans, la seconde deux ans ; (Obs. I
et VII) sont actuellement en remission.
Ces rechutes nous renseignent sur revolution du processus
morbide de la demence pr^coce gui agit par poussees acec de
longs intervalles pendant lesquels persistent des troubles plus ou
mains legers. Cette « evolution period igue » de la demence pr^coce
a ete particulierement etudiee par Krmpelin. « 11 n’est pas rare,
dit il, de voir dans l'hebephr&iie apres de longues ann£esde r6mis
sions, des aggravations consistent surtout en pdriodes d excita-
tion. II faut ranger dans cette categorie les cas dans lesquels les
idees ddlirantes et les hallucinations de la periode aigug ont passe
peu & peu a l'arrtere-plan, mais apparaissent episodiquement de
nouveau. Parfois les hallucinations persistent mais n’ont plus
d’influence sur le malade. Au moment des regies ces malades
deviennent brusquement irritees, ont de vives hallucinations, mani
festent des id^es de persecution ou de grandeur entrent dans des
acces de col&re impulsive k la moindre occasion et k l'instant
d’apr&s redeviennent parfaitement tranquilles, »
Maisc'est surtout dans la catatonic que cet auteur a remarque
la frequence de cetle variete circulaire de la demence precoce.:
« A des intervalles plus ou inoins reguliers apparaissent des plte
» nontenes d excitation dont la dur6e habituelle ne depasse pas
» quelques jours ou quelques semaines. Ces malades jacassent
» d'une fagon continue et monotone, sont inabordables, d’une
» humeur irritable, manifestent un besoin de mouvements vio-
» lents qui offre dans son manque de but, sa stereotypie, son im-
» pulsivite, tous les signes de la catatonie. Parfois ces attaques ne
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LES REMISSIONS DANS LA DEMENCE PRECOCE
• 159
» se renouvellent qu apr^s une serie d'annees, Je crois qiril faut
w ranger ici ce groupe de cas dans lequel les excitations et les
» intervalles ne durent quequelques semaines, si bien qu’ilsemble
» exister une alternative reguli&re entre l'agitation et le calme.
» Chez la femme, l'apparition de l’acc^s coincide avec la p^riode
» menstruelle, il commence avec l’apparition du flux menstruel
» ou peu auparavant etdure environ 1-2 semaines pour ceder la
n place b un intervalle generalement un peu plus long. Apr&sl’ap-
» parition de quelques Idgers symptomes prodromiques de l’acc&s :
» sourires sans motif, clignements des paupi&resetc. sedAveloppe
» du jour au lendemain, souvent la nuit, le tableau d’une agitation
» violente. Le calme s’installe aussi rapidement que l’excitation. »
Cette influence de la menstruation sur revolution de la demence
precoce est un fait d’observation courante. La fonction ovarienne
agit non seulement sur letat mental, mais aussi sur l etat general.
Chez quelques-unes de nos malades nous avons constatd, des mo¬
difications de la temperature : hyperthermie et hypothermic. Ces
phdnom&nes debutaient peu avant le flux menstruel et cessaient
avec lui.
On remarque egalement une diminution appreciable du poids,
FCrnstner cite des cas d'amaigrissement rapide parfois de 5-8
livres en 24 heures.
Mais la menstruation n’est pas le seul phenom&ne genital qui
agisse sur le processus morbide de la demence precoce, la gros¬
sesse et surtout les suites de couche , la lactation , la menopause
exercent une influence ne Taste sur cette affection.
Beaucoup d’auteurs ont signale la frequence des defences pre-
coces puerperales. Pour Kraepelin il y a 9 0/0 d’h6b6phrenies et
24 0/0 de catatonies qui se developpent pendant la grossesse ou
plutot pendant les suites de couches. Cet auteur cite le cas d’une
inalade dont revolution fut marquee parquatre poussees eioignees
correspondant chacune b une grossesse. La derniere seulement
avait amene un deficit mental profond. Dans un autre cas, la ma-
ladie commenQa pendant la puerperalite, elle futsuivie d’une tr&s
longue remission. Sous l’influence d’une seconde grossesse, il y
eut une rechute, et cette fois ci la demence fut incurable. Aschaf*
fenburg cite dix cas semblables. Neuf cas de ces malades, apr&s
une premiere atteinte sortirent tres ameliorees de l’asile.
Chez toutes la gravidity amena des rechutes : trois fois,
celles ci ss manifesterent pendant la grossesse et six fois au
moment de l’accouchement. Ces rechutes furent definitives.
La dixieme malade &g6e de 27 ans, tomba dans la stupeur eata-
tonique, au 20* mois de la lactation. Cette malade avait pr^sente
cinq ans auparavant des troubles anormaux : tristesse sans motif,
alternant avec de la gaiete sans cause, bizarreries,* etc., mais au-
cun de ces phdnomfcnes n’avait diminue son activite de m^nsg&re.
Au bout de trois mois elle fut amelioree et mise en liberte. Cinq
ans plus tard, le m6me £tat de stupeur catatonique apparut apr6s
deux mois de lactation, la malade sortit de nouveau am61ior6e
mais avec un deficit plus profond que la premiere fois.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Nous avons trouve cette vartetd circulaire avec exacerbation
gravidique chez la malade (Obs. II).
La menopause aggrave egalement certains cas de la demence
prdcoce. Ce fait n'a pas 6chapp6 aux cliniciens. SchrOder sur 16
catatonies tardives (3 hommes et 13 femmes) trouve quatre cas
dans lesquels,12 et 25ans plus t6t,de Iegers6tatsd6pressifss’£taient
produits.
Rappelons Egalement les observations cities plus haul de Krm
pelin, Bertschinger et Wilmanns, oil il s’agitde vieux vagabonds,
qui prdsent&rent une premiere pouss^e dementielle au moment de
la puberty.
Tous ces fails nous permettent de conclure que si le premier
foyer de la demence precoce pent se cicatriser , il est susceptible de
se rallumer d une epoque lointaine sous {'influence de nonvelles
poussees d'auto-intoxication (grossesse, menopause etc).
De m6me ils nousconduisent & admettre un rapport etroit entre
la genitalite et le processus morbide de la demence precoce.
Cette evolution de la demence precoce par poussees intermit-
tentes soul&ve une question d'une importance capitate, celle du
diagnostic avec la folie circulaire. Dans un travail sur « Les etais
melancoliques symptomatiques de la demence precoce *, nous avons
signale la frequence de la melancolie , de la manie et des etats mix -
tes (maniaco-d^pressifs, et, m^lancolico-maniaques) h la periode
initiale. Tous les auteurs ont fait ressortir les difficulty qu’il y a
& differencier la stupeur de la folie circulaire, de la stupeur de la
demence catatonique.
Nous-m6me nous avons insiste sur quelques particularity de la
melancolie anxieuse et de la melancolie delirante, de la demence
precoce. Mais tres sou vent la clinique est insuffisante. Dans une
communication des plus interessantes, Rriupelin appelle sp^ciale-
ment l’attention sur ce point. Il cite le cas d’un jeune homme de
24 ans qui en l'annee 1894 pr^sente une periode de melancolie, plus
tard il eut une phase d’excitation et de nouveau en septembre
1897, des id^es melancoliques. Il fut inscrit com me circulaire. En
1898, il fut frappd de mutisme, de stupeur, negativisme, echolalie,
idees de persecution, indifference, demence profonde. D6s lors, le
diagnostic de demence precoce fut certain.
Dans la derniOre edition de son traite de Psychiatrie, cet eminent
auteur revient sur les difficulty du diagnostic de la demence pre¬
coce avec la folie circu'.aire.
« L’apparition precoce d* hallucinations de Voiue nombreuses ,
didees deiirantes s tup ides, surtout d! idees de possession corporelle
est en faveur de la catatonie, menie avec la conservation de la
conscience. L'humeur du catatonique est indifferente; il ne se rend
pas bien comple desonetat, bien qu’il ait garde le souvenir exact. Le
plus souvent il considere son agitation passeecommequelque chose
d’insignifiant ou comme due h son internement. Des le premier
1 M ,u Pascal. Les eluts ineUincoliques symptomatiques de la demence pre¬
coce. Arch, de neurologic, avril 190 7. Periode prodomique depressive de U
demence precoce. Congrcs de Lille, 1900.
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EXPERIENCE SUR LE MECANISME RE INATTENTION SEXSORIELLE 161
jour de calme il se regarde comme parfaitement gueri et reclame
sa liberty. Le poids augmente mais reste au-dessous de ce qu’il
£tait. Les acc&s peuvent se renouveler avec une grande regularity
pendant longtemps, Cependant souvent apr&s une grande crise
s’inslalle un etatde calme durable ou bien encore les acc&s s’dten-
dent et ne sont interrompus que par de cours intervalles. Dans un
cas comme dans l’autre, il se developpe une d6ch£ance psychique
marquee.
Auparavant j’ai ratlache ces formes k la folie circulaire et au-
jourd'hui encore je ne peux contester que peut-etre dans cette
maladie il y a des tableaux semblables. Au contraire, je crois
m’6tre convaincu qu’une grande partie des dtlires periodiques avec
acces d intervalles de courte duree sont du domaine de la catatonie.
En faveur de cette opinion il y a non seulement revolution vers
la ddmence, mais encore le fait que les acc&s ne sont le plus sou¬
vent qu'un Episode dans le cours d une longue maladie qui exis-
tait aoant eux , qui progressa aprts eux et qui a tous les csract6-
res de la demence pr^coce. Dailleurs les 6tats d’agitation corres¬
pondent habituellement bien plus au tableau de la calatonie qu&
celui de la manie, du moins on pourrait penser qu'il s'agit d'une
forme morbide spdciale )).
De toutes ces particularity signalees par Kreepelinen faveur
de la demence prtcoce circulaire , il en est quelques-unes sur les-
quelles nous voudrions insister. Le pen d’importance que le dement
pr^coce ajoute k sa crise passde dont il a pourtant conscience, son
indifference pour son amelioration et son insouciance pour son
avenir, contrastent d une facon frappante avec la iristesse, la gene
du maniaque et Vinquietude qu'il a de son avenir .
Il fautajouter encore rimportancedurecM/ps//c/uV 7 we,apreschaque
acc^smeiancolique ou maniaque. L’examen mental doit etre fait
avec beaucoup de soins, apr&s chaque poussee nouvelle. Aschaf-
fenburg fait remarquer qa’il g a moins d f he red He et moins de ta¬
res dans la demence precoce que dans la folie maniaque depres¬
sive. Lorsqu’elles existent, elles consistent en troubles nerveux
insignifiants. Dans 60 0/0 des cas I’heredite etait de peu de voleur.
Dans la folie circulaire I’heredite est tr^s chargee.
EXPERIENCE
UNE EXPERIENCE SUR LE MECANISME
DE L’ATTENTION SENSORIELLE
Par E. Maiore et H. Pieron
Au mois de fevrier, dans cette Revue , l un de nous a resume {
une experience stdrdoscopique de M. W. Mac Dougall, effective
p8i* lui pour reconnaitre dans quelle mesure la theorie motrice de
* Herne dr Pzyvhiat'ie (1007). pp. 53 el 5'i. In. E. Maigrk. Les idoes et les
experiences de M. \V. Mac Dougull sur la physiologic de I’nttention.
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162
REVUE DE PSYCHIATHIE
Tattention est adequate aux faits. line objection, qui n'^tait pas
n^gligeable, pouvait &tre oppose© b cette experience ; c’est pour-
quoi il a paru utile de la recommencer en la completant, comme
le premier article Tannongait.
Les champs d un stereoscope, eclaires par reflexion, etaient deux
photographies positives sur papier, des vues de ruines dont les
bords horizontaux et verticaux mesuraient respectivement 4 C “ 6,
et4 c “ 5. Deux rectangles de papiers colores, runliias,l’autre jaune,
furent fixes & la partie superieure des photographies, dans Tan¬
gle de gauche, b l mm des bords ; et leurs dimensions correspon-
dantes avaient 2 C ", et 0 C ™ 6 pour mesures.
Lorsqu’on regarde alors dans Tappareil, on apergoit une succes¬
sion des phases de couleurs signages par M. Mac Dougall — avec
envahissement progressif du lilas, puis du jaune, de droite b gau¬
che pour le lilas, de gauche b droite pour le jaune.
Les mouvements de la t6te et ceux des globes des yeux pou-
vaient exercer une influence sur la dur6e des p^riodes de percep¬
tion. Des mouvements des globes des yeux existent en eflet, — du
moins pour nous deux, — dans Tefiort prolong© d’attention s’exer-
gant sur un seul oeil. Pour diminuer Tinfluence de ces mouve¬
ments, nous avons place un ecran devant les oculaires de Tappa¬
reil, tel qu aux centres de ces oculaires correspondaient deux
trous de 4"" de diametre. — Et, b cause sans doute de T6troitesse
des orifices, les petites oscillations des globes des yeux qui pou-
vaient encore se produire ne parureut plus avoir d’action sur la
dur^edes phases de visibility de Tune ou de Tautre couleur.
Les mouvements de la tete faisaient predominer, b droite la
couleur de droite, le lilas, — b gauche la couleur de gauche, le
jaune ; mais on pouvait retenir une de ces couleurs dans la cons¬
cience, m£me lorsque la tete se deplagait un peu dans le sens qui
lui etait defavorable. Gela semble indiquer que des petits mouve¬
ments de la tete n’ont pas ici une extreme importance. — Chacun
de nous, du reste, lorsqu’il se mettait b Tappareil, appuyait son
front contre Tecran et s’efforgail de tenir sa tete immobile; Tautre
exp^rimentateur Tobservait et constatait qu il n y avait pas de
mouvements perceptibles.
Dans ces conditions, — la tete etant au milieu et sensiblement
immobile, les yeux n’etant pas paralyses et leurs axes demeurant
sensiblement parall&les, — le stereoscope am&ne la superposition des
deux images photographiques et, au point de vue des couleurs,
la predominance tantot de Tune, tantot de Tautre, avec de br&ves
periodes de fusion pendant lesquelles la partie coloree du champ
visuel prend une leinte indecise mais ne se presente pas comme
un ensemble de taches. — Pour chaque couleur le bord du cadre
situe de son cote reste visible le plus longtemps.
Lorsqu’on observe alors les changements d une mantere passive,
on voit les couleurs se succeder b des intervalles assez reguliers,
donnant Timpression d un rythme, les limites extremes des inter¬
valles etant 2 et 9 secondes.— Nous avons ensuiteconstate,tousles
deux, qu’il est possible, par un effort volontaire, de maintenir le
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EXPERIENCE SUIl LE M EUAN ISM E I)E L’ ATTENTION SENSORIELLE 1(>3
jaune ou le lilas et, sans mouvements de tete ni des globes des
yeux, d’arreter les oscillations mftme pendant 30 ft 40 secondes.
Puis l un de nous, E. M., paralyse son ceil gauche en y instil-
lant quelques gouttes d un collyre composft de 5 centigrammes
d’atropine dans 20 grammes d’eau distillee. Aprfts l’obtention de la
dilatation pupillaire maxima, les oscillations et les phftnomftnes
de fusion se produisirent encore, avec des periodes sensiblement
de meme duree. Toutefois le lilas ftlait d’ordinaire tachete de
jaune. Et, comme Lavait vu M. Mac Dougall, dans ces conditions,
il fut possible de favoriser m&me la couleur correspondent ft Loeil
dont on avait paralyse les muscles accommodateurs : la couleur
jaune, ici — Ensuite l’oeil droit du meme observateur ayant
egatement paralyse par Latropine, les pupilles etant egalement
dilatees, il fut possible de constater encore des oscillations sembla-
bles ft celles qu’il avait vues auparavant et dont l’origine centrale
parait indubitable. Dans les periodes de mdlange des couleurs,
le champ apparaissait un peu plus lilas ft droite, jaune k gauche.
— Il faliut faire un effort d’attention assez considerable pour
rnaintenir Tune des couleurs. Le lilas etait plus facile ft retenir ;
le jaune se tachetait au contraire rapidement de lilas lorsque
rattention se portait sur lui. L’explication probable de ce rftsullat
se trouve dans la fatigue plus grande d'une voie cerftbro-reti-
nienne, causfte par l'experience immediatement pn§c£dente, ou
Loeil gauche seul etait paralyse, et oil le lilas, lorsqu’on le rete-
nait,. se couvrait facilement de taches jaunes, sans doute parce
que Loeil paralyse laissait pftnetrer plus de lumiere.
Toujours est-il que par un serieux effort, le jaune putetre main-
tenu une fois pendant 15 secondes, maximum de duree pour cette
couleur ; quant au lilas, il fut possible d’aller jusqu’ft 30 secondes,
niais alors avec des apparitions rythmiques passsgftres, et comme
des eclairs de jaune.
Dans ces efforts detention visuelle, il se produisait des contrac¬
tions musculaires intenses, effets de l'attention, ipais non suscepti-
bles d'etre envisagees comme des causes du renforcement senso-
riel. Le renforcement prolonge de la couleur qui spontanement dis
paraitrait parait done bien d’origine centrale et non peripherique,
tout comme les oscillations spontanees, et;c’est en accord avec
l’experience de Loeb qui observa, les yeux atropinises, le ren-
versement du cube de Necker *.
Les conclusions de M. Mac Dougall paraissent done bien confir¬
mees par cette experience, inspiree de la sienne et destinee ft la
completer.
Comme notre appareil etait assez different du sien, il serait
dailleurs desirable que M. Mac Dougall ft son tour reproduisit ou
fit reprendre cette experience avec le stereoscope et les champs
dont il s’est servi tout d’abord, et dans des conditions meilleures,
ce qui ne semble pas impossible ft rftaliser. Par exemple, il fau>
drait que la tftte de Lobservateur flit rendue absolument et meca-
niquement immobile. Les resultats ne seraient evidemment que
plus certains.
1 Pfluegera Arcliiv, 1886. BD. XI.
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REVUE DE PSYCIIIA1RIE
REVU E DES LI VUES
De 1’Illusion de fausse reconnaissance. — (Etude critique ,
clinique et medico-teg ale), par A. Albes. (1 vol. 132 p. Michalon.
Paris 1906).
L’auteur distingue d’abord de la fausse reconnaissance lillusion
(( du dejd eprouve » simple aberration transitoiren’inipliquant fon-
damentalement aucune alteration du jugement, et dont I'objet va*
gue s’etendant A tous modes d’impression, se traduit par l illusion
de vivre actuellement un etat d’Ame qu’un passe indetermine
auraitvAcu pareillement.
La fausse reconnaissance au contrairese presente comme une
croyance erronee qui se continue et implique fondamentalemeut
une alteration du jugement : elle parait devoir Atre rattachee au
point de vue psychologique et clinique, A deux ordres de faits :
Tant6t elle est le temoignage d’un etat confusionnel (cette ex¬
pression etant prise dans son sens le plus large). Tant6t elle est la
consequence d un delire systematise, d une idee fixe ou d’une ob¬
session. L’esprit qui la cree porte alors la marque originelle d une
grande suggestibilite.
Ayant justifie cette division par d’interessantes observations dont
leplus grand nombre sont inAdites, AlbAs consacreA l’etudemedico-
legale de la fausse reconnaissance, unchapitre etendu etiilustrede
nouveaux faits. A cet egard les deux varietes cliniques du phA-
nom&ne n’ont pas la mAme importance. Dans les etats confusion-
nels propres A dAvelopper l’illusion de fausse reconnaissance, le
fait medico-legal est exceptionnel ou n est qu’un episode secondai
re. Chez le deiirant, chez l’obsede, la fausse reconnaissance est en
quelque sort© preparAe de longue date : Elleapparait comme le but
precis d une longue perioded’incubation.« Elle s'applique A un objet
unique dont la designation estlogique et dont la dAcouverte est ine¬
luctable.)) Le ma^ade de hobservation XI, communiquee A hauteur
par MM. Dromard et Levassortcroit encore sprAscoup avoir frappe
sa femme que son delire avait logiquementdAsignAe Asa vengeance.
Celui de lobservation XII, recueillie dans le service du P T Joffroy
reste convaincuque sa victimeest bien son grandennemi, M. Lou-
bet. La malade de l observation XIII, qui fit l’objet d'un rapport
medico legal de MM. Legras, Gamier et Vallon a formellement re-
connu dans le professeur blessA par elle, l’homme qui l'avait outra-
gee. L’obsAdee amoureuse de l observation XIV dAjA publiee par
P. Gamier, a tire un coup de revolver sur un amant de passage
consider par elle comme etant un autre ami qui l a abandonnee
et qu elle aime toujours. Dans tous cescas, la fausse reconnaissan¬
ce determinant le denouement brusque d’un drame latent, provo-
que toujours lincident medico-legal. Aussi l’auteur propose-t-il de
designer sous le nom d ejorme medico-legale de la « fausse recon¬
naissance » le phenomene survenant comme epilogue d’un delire
d'une idee fixe ou d une idee obsedante.
A cote de Linteressante contribution personnelle tant clinique
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SOCIETES
165
que critique et psychologique apportee par Alb&s h l’dtude de la
fausse reconnaissance, il nous parait juste de signaler aux lecteurs
le trfcs long index bibliographique qui termine l’ouvrage, et qui
constituera pour les psychologues et les m&lecins alidnistes un
guide precieux dans leurs recherches sur la question.
P. JUQUEL1ER.
Etude mddico-ldgale de la catastrophe de Courridres
(d'aprds des documents recueillis sur place), par F. Dervieux (1 br.
extr. des Annales d'hygi&ne publique et de medecine ttgale. Paris,
Bailli&re 1906). L’dtude medico-legale de Dervieux sur la catas¬
trophe de Courri&res, est une etude d’ensemble concernant les
causes, les difldrents mdcanismes de la mort, la faune et la flore
des cadavres ; et le chapitre psychiatrique est court. Toutefois, il
est intdressant pour nous de lire les pages consacr^es b la descrip¬
tion d'une paniquesurvenue dans la mineapr&s la catastrophe, pa-
nique & laquelle l’auteur assista et dont il faillit &tre la victime lors
de la bousculade affolee qui s’en suivit. « Soudain d une grande
galerie arrive une vague rumeur.des gens explorantla mine
dans un but de sauvetage, arrivent essouffl^s, courant au hasard et
hurlant : « le feu ! la cloche ! sauve qui peut! ».
Ges hommes avaient perdu la notion de toutes choses.... Des
lampes avaient dte abandonn^es au hasard d'une course folle con-
tinuee dans l obscurite, De quelle utility cependant eut etdla lumi&-
re s'il avail necessaire de fuir par un autre puils !.... Dans la
boue charbonneuse, ce fut un indescriptible chaos de ces gens qui
se debattaient entreeux, luttant centre des cadavres qu’ils avaient
entrain^s, les frappant, les insultant... Tous ces sauveteurs afToles
continu&rent leur course jusqu’& l’accrochage et se battirent sau-
vagement pour y monter... Rien ne s’etait produit qui pht justi-
fler cette panique. »
En outre, sous l’influence de l’intoxication ox ycarbonnee, des
mineurs furent rencontres les premiers jours errant dans les gale-
ries sans m^moire, desorientds, titubants, presque stupides... D’au-
tres, la p6riode de confusion pass^e, s’efforcerent de combler les
vides de leur memoire en devenant des fabulateurs.
P. JUQUELIER.
SOCIETES
SOClETE MEDICO-PSYCHOLOGIQUE
(Seance du 25 mars 190?)
Action des injections intra-musctdaircs de Stic de substance grise
dans les insuffisances de la cellule cerebrate: MM. Remond (de Metz) et
Voivenel.
# * #
A propos du placement des ali&nes difficiles.
M. Pactet. — En l’absence actuelle d’organismes sp^ciaux, la place
des sujets qui pr^sentent des perversions morales a l’exclusion de trou-
12
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REVUE DE PSYCHIATHIK
bles intellectuels me parait ttre, autant dans leur inttrtt propre que
dans celui des alitnts, plutot a la prison qu’a l’asile.
Dans l’jntertt des alitnts : car il est outrageant pour les malades.
dont le passt fut irrtprochable d’etre mis en contact avee les malfai-
teurs: ceux-ci, sont en outre, des organisateurs de dtsordre.
Dans I’inttret du perverti moral meme : car le plus souvent on est
oblige de le mettre au quartier des agites ou la surveillance est plus
effective; or la vie au milieu des abends dtlirants et turbulents est
bien plus ptnible, pour un ttre calme, que celle d’une prison.
De plus, dans les ttablissements ptniteniiaires, ces individus pour-
raient ttre occupts, tandis qu’a i’asile, pour leur enlever toute chance
d'tvasion, on ne peut les employer t aucun travail.
Done en I’ttat actuel des choses, tant que ne seront pas fondts les
asiles de stirett, asiles doi.t je suis le premier a rtclamer la creation,
je pense que la place de ces malades est mieux indiqute dans une
prison que dans I’asile.
M. Pactet termine en se defendant d’etre un rtaetionnaire comme il
avail paru I’tlre & certains de ses collegues; il n’est pas non plus rtvo-
lutionnaire, il est, en l’espece, un opportuniste.
M. Briand, tout en approuvant ces conclusions, eslime queceserait
rendre un grand service a la socittt que d’enfermer ces malades et
qu’une des raisons, pour lesquelles l’asile de surety serait bien prefera¬
ble a la prison, est ce fait qu’on pourrait retenir ces sujets k I’asile
jusqu’a preuve d’amendement.
M. Chrithian estime qu’on se leurre en esperant amender par le
travail ces sujets qu’il declare incapables d’un effort suivi.
M. Colin fait remarquer qu’il est impossible de prtjuger des resultnts
qui seront obtenus dans un service qui ne fonctionne pas encore et
dans lequel devront ttre institutes des sanctions et des regies fixes.
M. Briand roppelle les excellents rtsullats obstenus nagutre par
M. Colin dans le service d’alitnts criininels qu’il avait organist etqu’il
dirigeait a Gaillon. La preuve a dtjt ttt fournie par M. Colin de ce
qu’on peut obtenir, sans employer de moyens barbares, des criminels
les plus malfaisants et les plus dangereux. M. Briand insiste sur ce
fait qu’il faut absoiument distinguer etstparer les alitnts diffleiles des
dtlirants criminels ef, pour lui, les ttablissements destints aux alients
devraient comprendre:
1* Des asiles de traitement pour psychoses aiguts ;
2° Des asiles pour alitnts chroniques ;
3* Des asiles pour alients difflciles ;
4° Des asiles pour alitnts criminels.
M. Vigouroux donne lecture du veeu emis par la commission nom-
mee dans la prtetdente stance :
La socittt mtdico-psychologique de Paris considtrant que, dans
l’inttrtt des alitnts traitts dans les asiles et afin que les hopitaux de
traitement des maladies mentales puissent se rapprocher dans la
mesure du possible des htpitaux ordinaires, il importe que les asiles
soient dtchargts des malades particulitrement dangereux en raison
de leurs tendances aux rtactions violentes, ainsi que des alitnts diffi-
ciles qui comptent souvent plusieurs internements et dont le caracttre
indisciplint et les tendances perverses sont une cause permanente
de troubles pour les autres malades et pour le fonctionnement des
services ;
Prtsente & la commission stnatoriale chargte d’ttudier le projet du
D r Dubief sur la loi des alitnts, le voeu que les modifications suivantes
soient introduites dons le projet:
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SOCIETES
167
1° Que dans l’article II du projet de loi il soit prdvu des quartiers spd.
ciaux destines aux alidnds difficiles en mdme temps que des asiles
spdciaux destines au traitement des arridrds,' epileptiques et alcooli-
ques; '
2* Que les dispositions de l’article 40 concernant la sortie des alidnds
criminels soient applicables aux alidnds difflciles;
3* Qu’au paragraphe I de l'article 39 enumdrant les categories des
malades pouvant dtre places dan9 les asiles de stiretd il soit ajoutd :
« Les alienes qui n'ayant pas commis iVactcs qualifies crimes ou
delits contrc les pcrsonnes sont declares particuliirement dangerdux
par un rapport moticd du mcdccin en raison de leurs tendances aux
reactions ciolentes.
4* Que dans l’article 35 ainsi congu :
Les individus de l’un ou I’aulre sexe condamnds a des peines afflicti-
ves et infainantes ou A des peines correctionnelles de plus d’un an et
unjour d’emprisonne/nent qui sont reconnus dpileptiques au alidnds.
sont retenus jusqu’A leur gudrison ou jusqu’a l’expiration de leur peine
dans les asiles ou quartier de stiretd.
Les mots : de plus d’un an et un jour d’emprisonneraent, soient
supprimes.
M. Gimbal. — Il semble qu’il n*y ait pas lieu d'admettre une dis¬
tinction absolue entre les abends difflciles, d une part, et certains
alidnds criminels, d’autre part.
Ayant dtudid les reactions de 40 alidnds criminels, j’ai constate qu’ils
constituaient deux groupes.
Le premier dtait formd par 27 individus qui, dans l’asile ordinaire,
acceptaient volontiers leur nouvelle vie, s’adaptaient a leur nouveau
milieu, avec sa discipline et ses lois.
Le second au contraire, se composait de 13 sujets absolument insup-
portables, semant partout le desordre, ils ne cherchaient qu’a s’dvader.
Je ne vous relaterai pas les observations de ces treize malades sembla-
bles. Ils ne sont pas A leur place dans l'asile ordinaire, j’avoue qu’il est
impossible de neutraliser leurs tendances. La prison ne leur convient
pas davantage parce qu’elle est incapable d'empdcher, de prdvenir a la
sortie, l’exdcution d’autres actes criminels. Elle est inhumaine pour
le malade qu’elle punit, et dangereuse pour la societd, qu’elle ne
protdge pas.
Il me sufflra de vous resumer la vie d’un alidnd criminel difficile,
qui represente en quekjue sorte le modele du genre. Il s’agit d’un su-
jet de 25 ans, presentant de nombreux stigmates de ddgdndrescence
physique. Il avoue avoir commis deux incendies, une tentative de
meurtre, actes qui ont motive son entrde a l'asile. Mais, obdissant a
ses tendances, il s’affllia a une bande d’apaches, et il faut croire que
son passd criminel est charge, car il reconnait qu'il se distingua, en
tant qu’apache par des mdfaits qu’il ne prdcise pas. A l'asile, il s’est
montrd difficile a tous dgards, menagant son entourage, frappant par-
fois ; il n'a pas de sens moral: il commet ses ddlits et ses crimes avec
une facilitd etTrayante, sans en garder le moindre remords. La peur
du gendarme ne I’inquiete mdme pas. Quelque temps aprds son entrde,
il se montre plus donx, plus conciliant, tout cela pour s'dvader.
VoilA done, un alidne criminel qui presente toutes les qualites requi-
ses pour les alidnds difflciles, qui se conduit dans l'asile comme ces
derniers, dont il ne se distingue que par la notion d'un acte criminel
accompli et connu, par une nocuild qui a fait ses preuves. Les alidnes
criminels difflciles sont les plus difflciles de tous les alidnes difflciles.
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REVUE DE PSYCWATRIE
Aussi, en l’etat actuel des choses, oil rien n'existe et n’est pres
d'exister pour les aliends criminels, conviendrait-il de reserver aux
ali^nes criminelsdifflciles unecertaine place dans lasiledont M. Colin,
avec sa competence, son autorite particulieres, est le chef.
* * #
MM. Vigouroux et Juquelier rapportent l’observation d un malade
qui presents pendant 7 ans des idees systematiques de persecution
sans hallucinations, et qui sortit de l’asile considerablement ameiiore.
Les auteurs hdsitent entre les deux diagnoslics de psychoses base
d’interpretations delirantes et de delire des persecutes-persecuteurs,
mais leur hesitation vienfc surtoutde ce qu’ils n’admettent pas de diffe¬
rence essentielle entre ces deux varietes de delire a longue evolution.
Malgre sa fixite, sa tenacite, I'idee directrice du delire de certains per¬
secutes-persecuteurs ne saurait etre qualifiee d’idee obsedante ; et les
interpretations de ces sujets, pour etre orientees vers un but unique,
et pour etre parfois Irks* vraisemblables, ne sont pas des phenomenes
psycho-pathologiques d’une espece autre que les interpretations mobi¬
les" et absurdes des malades decrits par MM. serieux et Capgras. Inci-
demment MM. Vigouroux et Juquelier font remarquer que leur
malade put sortir de l’asile et gagner sa vie aprfcs 7 ans de delire de
persecution bien systematise et ne s’acccmpognant pas de troubles
sensoriels : Ce cas n est pas exceptionnel et le procede qui consiste a
classer les deiires systematises d’opres revolution semble aussi criti-
quable que celui qui consisterait a faire deux maladies difierentes de
deux ftevres typhoides, l’une benigne, l’autre grave.
M. DuPRe declare qu’il ne voit pas l interet qu’il y aurait & etabiir
une distinction nosologique entre le delire des persecutes-persecuteurs
et le psychose a base d’interpretalions delirantes.
En ce qui concerne I’idee dite obsedante des persecutes-persecuteurs,
M. Dupr£ estime qu’il y aurait interet pour eviter toute confusion
possible a remplacer ce terme par celui « d’idee prevalente ».
M. Vallon ne congoit pas de difference entre le delire des perse¬
cutes-persecuteurs et la psychose a base d’interpretations delirantes.
M. Deny. — J'accepte volontiers la substitution du terme d’idees
« prevalentes » que vient de proposer M. Dupre a celui d’idees « obse-
dantes » employe par M. Camus et par moi pour caracteriser la variete
de deiires systematises chroniques dans laquelle rentre la « folie des
persecutes-persecuteurs ». Nous nous eiions servis, en effet, du terme
« idees obsedantes » dons le sens qui lui a ete attribud par M. Magnan
d’idees impdrieuses, irresistibles, mais manifestement delirantes , c’est-
a-dire pour le triomphe desquelles le malade lutte au lieu de chercher
ii s’en debarrasser, comme lorsqu’il s’agit d’obsessions veritables. Or
ces caracteres appartiennent egalement aux idees qu’en Allemagne on
ddsigne souvent sous le nom de de « prevalentes».
Je suis tout pret egalement a admettre avec M. Pactet que des inter¬
pretations fausses ou erronees entrent dans la constitution de tous les
deiires systematises chroniques et meme de deiires depourvus de sys¬
tematisation, mais elles n’y entrent pas avec le meme degre de fre¬
quence et n’y prdsentent pas les memes caracteres. Tantdt en effet ces
interpretations fausses sedeveloppent a l occasion decroyances, d’idees,
de convictions absurdes deraisonnables ou simplement denuees de
fondement; tantot elles ont pour substratum des troubles sensitivo-
sensoriels (illusions ou hallucinations) ou des alterations de la cdnes-
thesie. Dans ces divers cas, les interpretations delirantes ne sont habi-
tuellement ni tr6s noinbreuses, ni permanentes ; elles sont en quelque
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SOCIETES
169
sorte en seconde place dans la scene morbide. Dans le delire d’inter-
prdtation de MM. Serieux et Capgras au contraire, elles constituent a
elles seules presque tout le tableau clinique, parce qu’elles surgissent
en.foule a l’occasion des moindres impressions sensorielles, sensitives
ou cdnesthdsiques. En outre au lieu d'etre imaginaires (hallucinations)
ou deformees (illusions) comme dans certaines varietds de ddlires, systd-
matisds chroniques ces impressions sensitivo-sensorielles sont toujours
reelles et cxactcment pereues.
En un mot, comme l’a etabli autrefois Buillarger. les interpretations
ddlirantes sont dans l’espece des Jauxjufjc meats bases sur des sensa¬
tions extcrncs ou internes parfaitement recites et generalcment nor¬
ma les.
Ainsi, en s’appuyant uniquement sur les caracteres intrin$dques des
interpretations, abstraction faite des autres dldments de diffdrencia-
tion formules par MM. Sdrieux et Capgras, il est relativement facile,
au moins dans les cas types, de distinguer la psychose h base d’inter-
pretations des autres varietds de ddlires systematises chroniques.
M. Pactet. — Ces delires a mon avis commencent par une premidre
phase de troubles de la sensibilite generate, puis l idee dominunte
apparait, groupant autour d’elle toutes les interpretations.
A pres lecture d’un rapport de M. Arnaud, M. le D r Motti est nomine
membre associe dtranger de lu Socidte. A. Delmas
SOCIETY DE NEUROLOGIE
(? mars 190?)
Areas de faint insatiable et melancolic. — M. Ballet. Uue femme de
48 ans est atteinte depuis la menopause de mdlancolie intermittente
dont les acces s’accompagnent d e sitiomanie, symptome assez paradoxal
en apparence.
M. Dupre voit dans cette sitiomanie un phdnomene d'excitation et
rappelle quesuivant la conception de Kraepelin concernantla folie ma-
niaque depressive, les phdnomenes d’excitation et de ddpression peu-
ventcoexister.
M. Ballet se contents d’observer que la sitiomanie peut appartenir
a la mdlancolie intermittente.
Ti'aitcmcnt tlajroidien de 3 enfants arrieres. — M. Levi a constate
une amelioration rapide portant tout aussibien sur letat gdneral que
sur les facultds intellectuelles. J uquei ier.
SOCIEtE de mEdecine LEGALE
[11 mars 190?)
A propos de la noucelle loi sur les alicnes. — M. E. Dupre fait remar-
quer que le rapporteur de la nouvelle loi a la Chambre s'est mepris
sur ce qu’est l’lnfirmerie spdeiale pres le Depdt. La confusion entre
l’infirmerie du Ddpot et l’infirmerie spdeiale des abends est rendue
possible par le voisinage de deux infirmeries et par l’emploi courant de
l’expression vicieuse a Infirmerie spdeiale du Depot ». Mais la loi de
1838, interdit la reunion dans les memos locaux des alidnes et « des
filles de joie desescarpes et des gredins de toutes sorte ». Evidemment
a Paris, il faut y regarder d’un peu pres pour s’apercevoir que la loi est
respectee, mais elle Test. Juquelier.
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170
REVUE DE PSYCHIATRIE
REVUE DE S PE R10DIQUES
P^RIODIQUES DE LANGUE FRAN$AISE
Journal do Mode cine legale psgehiatrique (l ra annee, n° 6. —
25 decern bre 1906).
E. Dupre et H. Charpentier. — Rdcldlve mddico-idgaie stdrdo-
typde chez un ddbile ambitieux. — 11 s’agit d’une sterdotvpie deli-
rante et non dementielle, d’un acte intentionnel, prdmddite que la nia-
lade a repdtd dans les memes conditions & six ans d’intervalle. En rai¬
son du caractere chronique systematique et llxe du delire, on peut
prddire de nouvelles recidives.
G. Dromard et L. Delmas. — Considerations mddlco-ldgales sur
un cas d’amndsie dlte retardde. — Immddiatement aprds avoir tue
sa femme et ses deux enfants, un individu atteint d’ailleurs de ddlire
a base d’iddes hypocondriaques et de persecution, fait aux magistrats
l’aveu de son triple crime. Un peu plus tard, il ne se souvient de rien.
Les auteurs ayant dlimine 1 hypothdse de la simulation admettent que
leur malade a traverse un dtat crdpusculaire qui s’est dtendu non seu-
lement sur la journee du crime mais encore sur la periode des aveux
pour prendre fin avec la periode des ddndgations. L'arandsie n’est done
retardde que par rapport a l’acte medico ldgal.
Noucelle Iconographic dc la Salpetriere (19* annde, n* 6. —
Novembre-Decembre 1SK>6).
A. Marie. — Queiques photographies d’Arabes. syphllltiques
et paraiytiques gdndraux. — D’apres le D r Warnock, directeur de
l asiie Abassieh (Egypte) la syphilis est six fois plus frdquente chez les
Arabes paraiytiques que chez les autres Arabes alidnds. Parmi les
causes associees les plus frequentes, il faut citer l’alcool, le haschisch
et la pellagre.
La clinique (l r * anhee, n* 49. — 7 pdc. 1906).
Simon. — Technique de I’alimentatlon artiflcieile. — L’auteur
indique les avantages et les inconvdnients des deux voieS, nasale et
buccale, les prdcautions d prendre suivant qu’on adopte l’une ou
l’autre. 11 conseille trds justement de pratiquer en deux fois l'alimen-
tation quotidienne.
Gazette des hopitaux (79* annee, 124. — 30 Oct. 1906).
Variot et Lecomte. — Un cas de typhloiexie congenital© (cecite
congcniiale cerbale). — Observation d un gar^on de 13 ans 1/2 dont les
facultds intellectuelles paraissent normalement ddveloppdes, mais qui
est atteint d’une veritable infirmite remontant au jeune age pour lire
et comprendre le langage dcrit ou imprimd.
Cette infirmite a ddja dtd signalee en Angleterre et en Allemagne.
Les auteurs se proposent d'entreprendre dans les ecoles de la ville de
Paris une enqudte aupres des maitres, sur les enfants incapablesd’ap-
prendre a lire bien qu’intelligents.
Le Bulletin Medical (20* annde, n° 104. —
29 Ddcembre 1906).
Bernheim. — Aphasie par claudication intermlttente de ia me¬
moir© verbaie. — La « Revue des periodiques » de noire journal a
tenu les lecteurs au courant des principaux travaux parus depuis quei¬
ques mois dans la presse medicale au sujet de I'aphasie, dont l’explica-
tion pathogenique fait aujourd’hui l objet d’une discussion prolongee et
d’ailleurs exclusivement scientiflque entre MM. P. Marie et Ddjerine.
La curieuse observation de B... est de nature a montrerla complexitd
(Voir la suite apres le Bulletin bibliographique mensuel).
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REVUE DES PERIODIQUES
171
de la question de l’aphasie, et la necessity de reserver parfois inter¬
pretation de certains faits.
II s’agit d’une malade de 42 ans, atteinte brusquement apres ictus,
d’hdmipldgic droite avec aphasie. Au bout de quatre jours, la malade,
incapable d’exprimer une idde spontandment, rdpond correctement
(par mots et non par phrases) aux questions qu on lui pose, lit cou*
ramment, ddsigne les objets, et indique verbalement leur usage, rdcite
des pridres et des chansons, mais ne peut raconter une anecdote,
mdme courte, qu’elle vient d’entendre. Huit jours aprds i’ictus. rhbmi-
plegie a presque disparu ; toutefois, l’agraphie persiste une semaine
encore. Moins d’un inois aprds l’accident, la barriere (suivant lexpres-
sion de la malade) qui s’opposait a l ideation spontande, disparait a son
tour.
L’auteur donne de ce cas la trbs interessante explication suivante :
Durant les deux ou trois premiers jours qui suivent rictus, i’aphasie
parait complete, ^inhibition profonde due au choc cerebral gbne beau-
coup pour apprdcier exactement l etendue de ce trouble particulier.
Puis, une question simple suggere la reponse presque automatique-
ment: la parole intdrieure et sa transmission jusqu’auxnoyaux moteurs
bulbaires sont conservdes, toutes les images-souvenirs de la parole
existent. Mais le mdcanisme iddo-dynamique dvocateur des images
verbales qui transforme l’idde en parole interne est affaiblie, se fatigue
facilement et subit des ddfaillances momentandes. II existe une vdrita-
ble claudication intermittente des cellules cdrdbrales evocatrices de la
parol© intdrieure dpuisdes par un effort. <■ -
Le « dynamisme cdrdbral » peut done jouer un r61e dans la genese
de l’aphasie. Sans doute, une lesion existait dans ce cas au voisinage
des circonvolutions rolandiques, et dans le lobe frontal, mais il est
impossible de la localiser. Juquelier.
Recue do Philosophic (1907, n° 1. —
Gkasset. — La fonction du langage et la iocaiisatlon des. cen¬
tres psychlques dans le cerveau. M. Grasset quia interprdtd dans un
langage gdomdtrique trds gdndral tous les probldmes des fonctions
cdrdbrales, plaide pro domo sua dans le conflit qu a fait nail re Pierre
Marie, au sujet du centre du langage. 11 plaide d’ailleurs avec sa clartd
habituelle et sa grande probite scientifique. Kien dans les travaux
recents ne parait dtre, & son avis, de nature a dbranler la doctrine
gendraie des localisations cdrdbrales ni meme la doctrine particuliere
de la localisation edrdbrale du langage.
Le probldme devient plus complexe, e’est une preuveque nous avan-
i;ons vers sa solution.
Ch. Boucaud. — L’Etreet i’Amour. — Etude de philosophic esthdti-
que. L’auteur trouve ingenument les caractdres objectifs du beau :
percevoir de l’Etre. Traduisons : augmenter la reconnaissance indivi-
duelle. — Consdquence, I’artiste atteint ce but, le savant aussi, moins
toutefois que le mystique! Mais M. Boucaud oublie de nous parler des
critbres communs ! J. M. Lahy.
Archices de Psj/choloyie , Gencce. (T. VI n # 23.
Janvier 1907).
A. Lemaitre. — Trois cas de dissociation mentale. — Ces trois cas
concernent une jeune femme qui reclama d’dtre endormie, dans une
crise morale oil son subsconscient semblait avoir besoin derechercher
un appui, un dcolier chez lequel un traumatisme provoqua le souvenir
d’un rdve autoscopique deux fois repete (il servait de sujet a une le^on
d’anotomiedans laquelle on montrait et touchait ses organes, son esto-
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172
REVUE DE PSYCI1IATRIE
mac en particular*, et un jeune homme psychasthenique qui se suicida
par « protestation de conscience » a la suite d’une injuste accusation.
Ed. ClaparSde. — Vision entoptlque des vaisseaux rdtiniens au
rdveil. — L’auteur, depuis plusieurs annees, a coutume d'apercevoir
le matin, au r6veil, en ouvrant les yeux, une superbe projection de
ses vaisseaux rdtiniens sur le plafond de sa chambre, vision fugitive
mais renouvenable en refermant et en rouvrant les yeux ; il s’agirait
d’une hyper-excitabilitA retinienne faisant trancher sur une surface
blanche tr&s Aclairee, les parties ombrees par les vaisseaux.
J. Larguier des Bancels. — Pour les metapsychlciens. — L’auteur
signale d'intAressnntes experiences de Gruhn faisant soupconner des
forces physiques definies mais inconnues. Pi£ron.
p£riodique$ Strangers
American Journal of Insanity (Vol. LXIII, oct. 1906).
H. A. Tomlinson. — L’unltd de la folie. — Toutes les formes de
folie ont une base commune. Leur opparente diversity repose sur la
constitution mentale du sujet, ainsi que sur les processus organiques
dont les troubles psychiques sont synchroniquement l’expression. Les
perturbations physiques interviennent non seulement pour determiner,
mais aussi pour modifier en plus ou en moins les psychoses. T. insiste
particuli&rement sur le role de l’age coninie facteur pathogenique ;
la spontaneity des jeunes s’afflrme d’habitude par des troubles primaires,
alors que l’adulte, plus inaitre de lui, prelude ordinairement & sa folie
par une periode plus ou moins prolongs d’introspection. La culture
intellectuelle accentue cette periode et donne la couleur du d61ire.
L’aliene ne se separe de l’individu normal que par l’imperfection de
ses procedes d’enregistrement et de reaction vis-A-vis des conditions
exterieures, ce qui, a la verity, nous semble constituer une distinction
suffisante. E. Perp£re
Mind, (n* 60. Octobre 1906).
Hugh Mac Coll. — Ralaonnement symbolique (VIII). Etude de
psychologie logique portant sur les paradoxes.
(n # 61. Janvier 1907;.
II. A. Prichard. — Une critique de la manidre dent ies psycholo-
glstes traitent la connaissance — Effort philosophique de rehabilita¬
tion de la vieille thAorie des facultAs, et dont l’auteur tire cette conclu¬
sion que la vraie psychologie serait celle meme de Platon etd’Arislote !
R. F. Alfred Hcernle. — image, Idde et Signification. — Une
ideepeut Atre consideree d'un double point devuecomme signe,comme
symbol© e’esta-dire comme image psychologique d’une part, etd’autre
part, comme signification, comme sens logique. D'ordinaire l’idde n’ap-
parait pas dans la vie mentale comme symbole, mais l’attention peut
se porter volontairement sur cet aspect de l’image verbale qu’est l’idee.
Quant a la signification, elle ne comporte pas des images, quand on
veut la resoudre, mais d’autres signes ; Boston n’implique pas une
image dAterminee, mais ce sens : ville situee en Amerique. La distinc¬
tion entre le signe et le sens n’est pas celle de 1’idAe etdu rAel,et d’ail-
leurs la distinction de lidAe et de la reality n’est pas celle d’un fait men¬
tal ayantune signification et d’un fait mental qui n’en a pas, car tou¬
tes les idees se referent a des objets et la distinction de ces objets en
reels et imaginaires n’est pas basee sur le caractere des iddes consi-
derees comme faits mentaux. Enfin il existe une realisation de l idee,
qui a une reference objective ou significative, realisation qui coustitue
la volition.
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REVUE DES PERIODIQUES 173
A/males de la Unieersidad (Republica de Chili).
(T. CXVIII. An. 64. 1906).
Wilhelm Mann. — Lemons d’introduction d la pddagogle expdri-
mentaie. — L’auteur, aprfes avoir montrG le progr&s de la conception
d’une pedagogic expdrimentale, recherche quels sont les moyens de
soumettre & une investigation expdrimentale le travail scolaire, pdda-
gogiquement etudid. Ades opinions contradictoires, resultats d’impres-
sions subjectives vagues, il y a lieu de substituer des fails basds sur des
mesur.es. II faut proceder a une investigation de l’energie psychique
et de la capacity mentale, et l'auteur donne k ce sujet des indications
de mdthodologie generate, examine les diffdrentes m^thodes employees
(esthdsisindtrie, ergographie, temps de reaction, testomentaux): il exa¬
mine ensuite la question des oscillations naturelles de l’energie psychi-
qae,et montie l’importance pddagogique de l'etude de la fatigue, Une dtu-
de est ensuite consacrde aux facteurs sensoriels des images mentales
(« types d’intuition interne ») et le mdmoire se termine par des ques¬
tions d’organisation, en particulier sur la pedagogie expdrimentale au
Chili.
Jornal de Mcdicina de Pernambuco, (an 2. n* 12.
16 Ddcembre 1906).
Alcide Codeceira. — Psychoses vermineuses. — Relation d’un cas
de manie oigue chez un sujet de treize ans, dans un etat de profonde
misdre physiologique et atteint d’ankylostomiase. Les troubles men-
taux, ddlire maniaque avec hallucinations passagdres, conceptions in-
cohdrentes, loquacitd extraordinaire, ne ceddrent qu’a un traitement
dirige contre le parasite.
Archicos de Pedagogia // Ciencias afines 1 (anl n° 3.
Novembre 1906.)
R. Senet. — Questions d’Anthropogdnie.
V. Mercante. — Psychopddagogle : Enselgnement de I’ortho-
graphe. Recherches, processus psychique et mdthode d’enselgne.
ment. — Trds intdressante dtude du remarquable pedagogue experi¬
mental de La Plata, dont nous ne pouvons indiquer que quelques con¬
clusions. Les filles, k chaque age, connaissent mieux l orthographe
que les garqons parce qu'elles sont plus # verbo-visuelles ; et en efTet un
gargon, qui est plus visuel qu’une fille/connait mieux qu’elle l ortho-
graphe : dans le polygone orthographique on doit suivre, et les resul¬
tats pedagogiques ont eonfirme l’induction psychologique, la voie visuo-
audi-motri-gnosique. L’orthographe se perfectionne nettement avec
l exercice, avec la periode critique a 12 et 15 ans pour lesgargons (pd-
riode d’obnubilation); et Ton constate toujours une bonne orthographe
chez les sujets calmes et intelligents.
P. de Lepiney. — La mdthode de Sylvanus Thomson pour i’en-
seignement de i’optique gdomdtrlque. PidRON.
Rieista di psicologia applicata alia pedagogia ed alia psicopatologia
(2** annee, n* 6. — Novembre Decembre 1906).
Levi Bianchini. — La psychologic de la colonisation dans
I’Afrlque pdridquatorlaie. - Nous sommes des sentimentaux, et la
quietude du cabinet nous suggere d’assez fausses iddes sur Part de
coloniser. B., qui a « vu »>, nous 1‘assure en nous demontrant que le
1 Cette revue fort bien comprise, qu’u fondee M. Mercante, professeur u l Uni-
▼ersite de In Plata (Rlpublique Argentine) comprend, entre autres, excel-
lenle innovation, un indexjexplicatif des mots techniques, psvebo-pedngogiques
et psycho-pathologiques.
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REVUE DE PSYCUIATRIK
negre est doue de tous les vices humainement concevables et ne peui
£tre soumis k I'influence blanche que s’il en sent rudement lamerveil-
leuse autorite. 11 n’est pas jusqu’a la negresse T « merveilleuse amante »
et friande de visages pales par orgoeil et par snobisme, beaucoup plus
que par gout, qui ne soit capable des pires forfaits. Du cote blanc,
contraste atfectif qui fait coudoyer dans une m&nie tete la crainte des
dangers perpetuellement courus et 1’amour d’un pays oil le sentiment
de la libertd individuelle a le plus vaste champ pour s’epanouir. Deces
deux donndes psychologiques fondamentales, blanche et noire,
deroule n^cessairement I’introduction de la mantere forte dans les
procddds de colonisation generalement employes : « ou la violence, ou
l’abandon ».
Entre blancs, ce n’est pas non plus I'amour qui r£gne en mailre :
homo homini tiger, le loup est devance. Les influences climateriques
maintiennent en etlet le systeme nerveux dans un etat d’excitalion
permanente, merveilleux moteur des sentiments de jalousie habituel-
lement r6fr6nes dans les pays dits civilises.
Toule la psychology de l’Afrique centrale est pathologique, conclutB.
Et ce serait une triste conclusion si 1’on ne pensait que l’auteur a
peutetre pousse les choses quelque peu au noir.
E. PERPfiRE.
Archieo di Psichiatria , Medecina Legale eel Antropologia criminate
(Vol. XXVII, fasc. IV-V, 1906).
Levi-Bianchini. — Epilepsiecatam6nlale. — La femme d'un fourrier
d'infanterie est prise en flagrant debt d’adull&re. Consequence : Se9
regies sont supprimdes et remplacees, a chacune des dpoques habi-
tuelles, par une attaque epileptique des plus nettes, prdcedde de
malaises vagues et suivie d'un etat crepusculaire prolonge. Cette femme
est jeune, non syphilitique, exempte d’heredite ndvrophatique et de
troubles pathologiques anterieurs. L'on congoit ainsi la filiation
pathogdnique : premier temps, amenorrhea par trauma psyehique ;
deuxteme temps, phenomenes nerveux centraux apparaissant comme
la manifestation heteromorphe d’un sexe qui ne veut pas mourir tout
entier. E. Perp£re
nouveli.es
XVII* Congr&s des alidnlstes et neurologlstes de langue fran-
qaise. — Aux renseignements donnes sur le Congrfcs de Gen&ve et
Lausanne dans le n # d’oetobre 1906, il faut ajouter les suivants :
M. Schnyder (de 13erne), est charge en m6me temps que M. Claude,
d’un rapport sur la definition et la natwe de Vhgsterie.
Les adhesions, cotisations, communications ou demandes de rensei-
gnemenls doivent etre adressees au D r Long, l’un des Secretaires-
Generaux, 6, rue Constantin k Geneve.
Les seances auront lieu a Geneve du l ,r au 3 aout inclusivement, h
Lausanne le 5 ; excursion le 4, le 6 et le 7 aout.
Congr&sd’Amsterdam. (Septcinbre 1907). — Lecongres international
de Psychiatric, de Neurologie, de Psychologie et d'Assistance des
alien£s aura lieu a Amsterdam du 2 au 7 septembre 1907. S’adresser
pour demandes d’adhesion ou de renseignements a MM. J. Van
Deventer et Van Wayenburg secretaires gendraux, Prinsengracht 717,
Amsterdam. Le Comite frangais de propagande se compose de
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CONCOURS IMPOSE AUX MEDECINS DES ASILES PRIVES
175
MM. Ballet, Babinski, DurRri, Joffroy, P. Marie, A. Marie, Meige
et Raymond.
Dlpldme d’dtudes de Mddeclne-ldgale et de Psychiatric d la
Faculty de Lille. — Les deliberations du Conseil de l’Universitd de
Lille porlant creation d’un diplome d’etudes de Mddecine-ldgale et de
psychiatric ont etd approuvdes.
Agrdgation. — M. Raviart, mddecin-adjoint a l’asile d’Armentidres
est nomine agrdgd & la Faculte de Lille.
M. J. Lupine, medecin-.adjoint a l’asile de Bron, est nommd agrdge
h la Faculld de Lyon.
Unhrerelt6 de B&le. — M. G. Wolff a etd nomm6 professeur
ordinaire de psychiatrie.
Faculty de mddecine d’Halle. M. le D r B. Pfeiffer est nommd
privat docent de neurologie et de psychiatrie.
Faculte de medeclne de Munich. — M. le D r W. Spech, privat-
docent de psychiatrie h Tubingue, est nomme 5 Munich.
Faculte de medeclne de Pavle. — M. le D r O. Rossi est nommd
pri vat-docent de neurologie eLde psychatrie.
University of Vermont de Burlington. — M. le D r Watson L. Was¬
son est nommd professeur de psychiatrie.
Personnel des aslles s ( Moucement de Fecrier et Mars 1907). —
M. le D r Antheaume est nomme medecin honoraire de la Maisonnatio-
nale de Charenton.
MM. Toulouse, SiSrieux, Pactet et Dagonet, mddecins en chef, sont
promus a la classe exceptionnelle du cadre.
M. Anglade est promu & la l rc classe.
MM. Capgras et Mercier, mddecins-adjoinls, sont promus & la clas-
se exeptionnelle.
MM. Privat de Fortunie et Guiard 6 la premiere classe.
Asile Clinique. — M. Thabuis, pharmacien en chef de l’asile de
Maison-Blanche est nommd pharmacien en chef de l’Asile clinique.
CHRONIQUE
LE CONCOURS IMPOSfi AUX MliDECINS DES ASILES PRIV&S
Dans le Bulletin medical du 23 janvier 1907, M. Granjux estime que
la circulaire ministdrielle du 10 novenibre 1906 porte atteinte aux
droits conferds par le dipldme de docteur en medecine. Aux termesde
cette circulaire, les seuls medecins ayant satisfait aux dpreuves du
concours de l’adjuvat des asiles publics devront dtre proposes par les
Prdfets & l'agrdment du Ministre pour exercer les fonctions de mdde-
cins-traitants dans les asiles prives. Or, si Particle 5 de la loi du 30
juin 1838 present que I’autorisation du gouvernement est ndeessaire a
qui veut former ou diriger un etablissement prive consacrd au traite-
ment des abends, les articles 17, 18 et 19 de l’ordonnance de 1839 ddter-
minent les conditions auxquelles cette autorisation peutdtre accordee;
et, qu’il s’agisse d’un mddecin-directeur ou d'un mddecin aux gages
d'un directeur quelconque, il n est fait mention dans l’ordonnance de
1839 d’autre garantie professionnelle exigible que celle que constitue le
dipldme de docteur en mddecine.
Mais des que le requdrant a satisfait aux conditions necessaires
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REVUE DE PSYCHIATRIE
m
edicteesaux articles precites, leMinistre, reponsablede la surveillance
des asiles prives, est-il tenu de lui accorder par cela m6me l’autorisa-
tion de traiter les abends ? En d’autres termes, les conditions ndcessai-
res sont-elles en merae temps des conditions suffisantes ?
Ainsi que le remarque M. Granjux, les medecins des asiles prives
sont peu nombreux ; et dans ce petit nombre, il n’en est gudre qui
m6me avant la circulaire du 10 novembre 1906, aient demands I'autori-
sation ministerielle sans faire valoir (en dehors de l’indispensable
garantie du doctorat) leur competence spdciale due a un stage en qua¬
lity d’interne ou de medecin assistant dans les asiles publics ou prives :
Le Ministre outrepasse-t*il ses pouvoirs en exigeant des candidats qu ils
fassent desormais la preuve de cette competence spdciale devant un
jury, qui, quoique compose de medecins n’en reste pas moins par son
mode de constitution purement administratif. L’assimilation du con-
cours de 1’adjuvat a un examen d’Universite donnant droit & la ddli-
vrance d'un diplome de specialist©, ne nous parait pas legitime. Le
Ministre de l’lnterieur en y soumettant les candidats aux fonctionsde
medecins des asiles prives, ne cree pas un dipldme (que seul le Minis¬
tre de l’lnstruction publique pourrait deiivrer) de medecin alieniste
susceptible d’etre considdre comme dominant le simple diplome de
docteur en medecine : il prend des garanties pour son choix, comme
les Prefets de toutes les grandes villes pour les fonctions de medecin
des hdpitaux.
Il est une autre difficulte qu’apprehendait a juste titre M. Granjux
dans son article paru six semaines avant le dernier concours d’adjuvat:
Le nombre des places raises au concours etait alors fixe & 8, et avait
ete determine au ministdre d’aprds les besoins du cadre administratif,
A Tissue du concours, 11 candidats ont etd nommes et tous ne visent
pas les postes actuellement vacants dans les asiles publics : Il semble
done bien que les medecins desireux d’obtenir Tautorisation pour un
asile prive seront juges au niveau de leurs collegues des asiles publics
etseront choisis en meme temps que ces derniers, mais h c6td d’eux.
Ainsi seront reserves les droits et les chances des uns et des autres.
Reste la question de la limite d’&ge : mais Tadministration qui a tout
pouvoir pour limiter I’age auquel debuteront dans la carri6re des asiles
ses futurs fonctionnaires, peut aussi auloriser a subir les dpreuves d’un
concours des medecins plus ages sur la declaration de ceux-ci qu’iia
renonceront a obtenir un emploi dans les asiles publics.
Ces raisons suffisent pour justifier la circulaire, mais s’il en etait
besoin, ou pourrait faire remarquer, que le regime des attends est un
regime d’exception tendant a priver ces malades de leur libertd sous
un controle medical ; et dans ces conditions il est equitable dans Tintd-
rdt public que le mddecin appeie a se prononcer sur Topportunite du
maintien d’un alidne dans un asile soil choisi par Tautorite publique &
la suite d’dpreuves justiflant sa competence spdeiale.
Le gtrant : A. Coueslant.
PARIS & CAHORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT (29-IV-07)
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REVUE CRITIQUE
DEUX. QUARTIERS DE SURETE POUR ALIENES CRIMINELS
(DUREN ET BUUCHSAL)
Par le Docleur II. Colin,
Medccin cn c/tef clc l* Asile de Villejuif
La principale r£forme qui semblc devoir £(re realisde par la
loi nouvelle sur le regime des alidnes a trait aux mesures k
prendre k regard des alienes criminels. J’ai dej& indique ici-
m£me q»e, lors de la discussion de la loi de 18^8, il s'en estfallu
tie peu que, grace k l’amendement Boyard. soutenu par M. Vi¬
vien, le rapporteur m remarquable de cette loi, la question en¬
core aujourd’liui pendanle n’ait die depuis longtemps r4glee.
Au moment oil le S4nat voit revenir, avec quelques modifica¬
tions, le texte qu'ilalui ra£meelabor6, il y a quelque vingt-cinq
ans, et ou la solution semble devoir intervenir, il nous a paru
int& essant d’aller visiter en Allemagne deux des etablissements
consaci*6s k cette catdgorie de malades, les quartiers de Diiren
et de Bruchsal.
Il scrait fastidieux de reprendre encore une fois les arguments
tant de fois prdsentes pcur ou centre les etablissements sp6-
ciaux. Une discussion recente, k la Societd medico-psycliolo-
gique, a montr6 combien, au point de vue tlieorique,les opinions
peuvent £lre contradictoires, avec quelle facilite on tend k
con fond re les ali6n6s criminels et les abends vicieux ou dilllciles,
les parasites habituels des asiles, les vagabonds souvent cou-
pables d’un simple ddlit,et les alidnes ayant accompli de verita-
bles crimes (meurtres, incendies, etc.). Pour les rdcidivistes
de la prison et de l’asile, un ceitain nombre de nos collegues
ne seraient pas dloignes de demander, de preference k l’inter-
nement dans un asile, renvoi dans une prison ou ils seraient
soumis k un travail obligatoire. Il y a 1&, k notre avis,
une tendance dangereuse, et il paralt impossible d’admellre
qu’on doive emprisonner des ddsequilibi es qui, en plus de leurs
mauvais instincts ou de leurs tendances vicieuses, presentent
des troubles mentaux. D’autre part, ces individus, insuppor-
tables dans un asile, ne le sont pas moias en prison. Une prison
moderne est une sorte d’enti eprise industrielle ou le travail est
de regie, et co travail ne doit pas souflrir d interruplion ou
d’entraves, sous peine d'une repercussion financiere donl les
rdsultats seraient deplorables.
D’autre part, qu’entend-on par travail obligatoire? L’expres-
sion n'est pas tout k fait exacte, en ce sens que l’on ne peut
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REVUE DE PSYCHIATIUR
obliger k travailler un individu qui s'y refuse absolument.
Comment, dans ce cas, procede-t-on dans les prisons?, On em-
p6che le detenu d’acheter des vivres decantine et on lui donne
la nourriture regleraentaire, k peine sufllsante, de l’etablisse-
ment. On a encore la ressource de le punir de cellule ou de ca-
chot. J’ai vu, pour ma part, infliger 90 jours de cachot noir k
des prisonniers, et je ne pense pas qu’on puisse avoir la tenla-
tion d’exposer des alien6s k un pareil r6gime.
Des travaux importants ont 616 publi6s dans ces derniers
temps sur Tassistance des alien6s criminels. Citons pour
m6moire les articles de Marandon de Montyel dans la Revue
philanthropique , en 1905 et 1906; dans le m6me journal, le
15 janvier ,1907, un article du m6me auteur sur les pervers et
leur assistance. Citons aussi des articles de S6rieux dans le
Journal de m&decine legate psychiatrique et d'anthropolo-
gie criminelle (fevrier 1906).
Ici m6me, S6rieux a consacr6 une revue critique k T6tude des
asiles sp6ciaux pour les condamnes ali6n6s et les psychopatbes
dangereux (Revue de Psychiatries juillet 1905), dans laquelle
il rappelle les id6es de Niicke, qui demande pour Iesali6n6s cri¬
minels de grands quartiers sp^ciaux annexes a de grandes
prisons. Ces quartiers feront partie int6grante de la prison et
en dependront au point de vue du service 6conomique, afin de
diminuer le prix de revient. 11s devront satisfaireaux exigences
suivantes : 1° le m6decin du quartier doit etre un ali6nisteet, de
pr6ference, 6tre 6galement m6decin de la prison; 2° le medecin
doit 6tre absolument ind6pendant pour tout ce qui a trait aux
questions m6dicales et hygi6niques; 3° le quartier*special ne
doit pas 6tre trop petit (le nombre des lits serait de 100 k 150),
afin de permettre un classement melbodique des malades. Un
jardin assez vaste, peut-6tre aussi un terrain de culture, seraient
utiles.
Serieux expose ensuite ses propres id6es et pour lui il lui
semble n6cessaire de creer :
1° Un asile central d’Etat ou mieux quatre quartiers sp6-
ciaux annexes k des etablissements penitentiaires situ6s pres
d'une ville universitaire, pour les condamn6s devenus ali6n6s
en cours de peine.
2° Trois asiles de surety rtyionaux pour les psychopathes
dangereux, alien6s ayant commis un crime soit avant, soit pen¬
dant leur internement, alienes malfaisants, fous moraux, cri-
minel nes, etc.
On le voit, Serieux revient & la distinction entre les criminels
devenus alienes et les ali6nes criminels. Et pourtant ainsi que
le lui faisait remarquer le medecin directeur deDuren, unepro-
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DEUX QUARTIER3 DE SIjRETE POUR ALlfiNES CRIMINELS 179
portion assez notable des « ddtenus alienes » dtaient en realild
dejG alienes avant leur condamnation (Rapport sur ('assistance
des aliUnds en France , en Allemagne, en Italie et en Suisse,
p. 146). Lt, coniine le disait si bien Lunier, « cette distinction ins-
crite dans la loi est en fait beaucoup moins reelle qu’on pourrait
le croire.Parmi les condamnes alienes il y en a qui le sont
devenus dans les prisons, dautres qui letaient deja avant d’etre
6croues. Ce sont la pour les mddecins deux categories bien dis-
tinctes, mais dans la pratique ils ne peuvent guere ne pas
6lre confondus *. (Congres de mddecine mentale, Paris 1878).
Quoiqu’ilen soit, Serieux, dans son etude, semble se rallieren
partieaux iddes de Niicke. Voyons done comment fonctionnent
certains quartiers spdeiaux ouverts en Allemagne.
Nous navons pas 1 intention de decrire le quartier de surete
de Duren. Cette description se trouve, accojnpagnee d’un plan,
dans le rapport de Serieux sur l’Assistance des Alidnes en
France, en Allemagne, en Italie et en Suisse (p. 141). On sail
que ce quarlier est annexd A l'asile provincial de la province
Rhdnane dout il est du reste completement separd. II est placd
sous lautorite du medecin directeur de l'asile et sous la direc¬
tion mddicale du medecin en chef de la division des liommes,
aid6 d un assistant. II a eld construit pour conlenir 48 malades'
en deux sections de 24 hommeschacune.comprenantlesalidnds
devenus criminels, les criminels devenus alidnds et certains
malades particulierement vicieux et dangereux. Les admissions
se font sur l’ordredu chefde l’administration provinciale.
Si 1 impression qu’on resseut a l’aspect d'un asile ordinaire
est en general assez peu agitable, ici les abords du pavilion de
sdrete revdtent un caractere nettement penitenliaire. Le mur
d enceinte extdrieur tres dlevd, le cliemin de ronde absolument
ddsert qui lui fait suite, les portes grillees et les barreaux qui
protegent uniformement toutes les fendtres, tout cela provoque
chez le visiteur un sentiment penible dont il a peine a se ddfaire
en voyant les salles de reunions et les dortoirs largement
dclairds.
On sent que les individus qui sont 1A sont bien rdellement en
cage, commes’ils etaient en prison et, quand je parle decage, je
n emploie pas une mdtaphore car certaines cellules sont de°vdri-
tables cages de fer.
C’est ainsi que l’une d'elles, en dehors de la porte ordinaire
dument dpaisse etsolidement blindde, presente une grille aux
barreaux particulierement solides allant du sol jusqu au pla¬
fond. 1
Bien plus, une autre cellule est munie non plus d’une, mais
de ddux grilles, qui en occupent toute la hauteur et qui defendent
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REVUE DE PSYCIIIATRIE
absolument au malade et l'acces de la porte et l’acces de la
fen6tre. Cette cellule construite par ordre des aulorit4s, et dont
les medecins ne semblent pas particulierement satisfaits, est
destinee aux exhibitionnistes, en raison du voisinage de la
route qui passe au pied de Tetablissement, aux malades a iddes
de suicide persistantes, aux individus dont les r6actions sp6-
cialement violentes ou la force exceptionnelle constituent un
danger permanent pour ceux qui les approclient.
C’est qu'en effet les r4sultals oblenus, au d6but, 4 la section
sp4cialedeDiiren qui futouverte eu 1900, furent loin d’etre satis-
faisants. Le D r Flugge, ancien medecin en chef de Tasile de
Duren en a fait un tableau des plus int4ressants 4 Bonn devant
la soci4tede Psychiatrie de la province Rhenane, communica¬
tion publiee dans le Monatschrift fur Kriminalpsychologie
und Strafrechtsreform du D r Aschaffenburg \1904, p. 349-
357). Le D r Flugge s’exprime ainsi :
« On avait trop sacrifi4 aiix tendances de Tepoque, pour la
construction du nouvel elablissement, et on n’avait pas assez
tenu compte du caractere dangereux des lidtes auxquels il 4tait
destin6. Ceux-ci d’ailleurs se sont charges de detruire radicale-
ment la foi qu’on pouvait avoir dans leurs moeurs inoffensives.
« II devint bientot manifeste que, pour de tels individus, rien
n’est assez solide ni assez surveill6, et ils ne peuvent s’en
prendre qu’4 eux-m4mes si de nouveaux murs ontetd sieves, si
des grilles et des serrures plus solides ont et4 pos4es et si tout
r^tablissement, au lieu de lapparence aimable qu’il avait tout
d’abord a pris de plus en plus l’aspectd’une prison.
« Pendant les premieres semaines qui suivirent Tentr4e des
malades dans le nouvel asile, ceux-ci se tinrent tranquilles, se
montrant sous leur c6t4 avantageux, louant tout, 4tant appli¬
ques, aimables, calmes ; il n’y eut rien de special 4 signaler.
Mais bientot ce tableau pacifique changea, une fois que se fut
dvanoui le charme de la nouveaute. La mauvaise humeur et le
mauvais esprit apparurent: les malades se montaient la t4te,
s 4chauffaient et s’excitaient muluellement. Les plaintes et les
recriminations n’eurent plus de fin, les desob4i$sances, les ddfis
se produisirent ouvertement. Des exces de tolit genre, destruc¬
tions, demolitions furent commis dans des proportions verita-
blement effrayantes. Les Helix de moindre resistance que pr6-
sentait le b4timent furent decouverts avec une admirable pers-
picacite ; les grillages trop faibles furent bri$4s, amenaut ainsi
des evasions; les conduites furent arrach4es, les vis et 4crous
dessen*6s : des morceaux de fer, des barres, des crochets, des
rivets disparurent subitement pour reparaitra 4 Toccasion
sous forme d’instruments diffraction ou degression. Pourpren-
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DEUX QUARTIERS DE SURETE DOUR ALIENES CRIMI^LS 181
dro et dissimuler ces objets, les malades se partageaient la
besogne et operaient avec mdthode, l’un cachantTautre pendant
que celui-ci agissait. On savait, au moment convenu, ddtourner
l’attenlion de l’infirmier, et il n'est pas etonnant que m^me de
vieux infirmiers se soient laisses prendre plusieurs fois aux
ruses penitentiaires, et aux tours perfectionnds fruits d’une
experience acquise par un long sejour en prison.
« On isola les meneurs, ce qui ne fit qu’augmenterle danger:
les chambres d’isolement trop peu solides, iurent rapidement
saccagees et les portes furent barricadees avec les debris. On
s’estim^jt heureux de pouvoir faire sortirde sa cellule le malade
qui frappait autour de lui, k coups de morceaux de ler ou de
bois, et d’eviter ainsi les coups ou la mort. Gomme ultima ratio
on dut avoir recours, dans certains cas, aux pompes cTincendic,
qui, par ce temps de no restraint et d'open door constituent
dans la main du medecin un instrument d’apaisement quelque
peu singulier L
«CeIa ne pouvait durer; le pavilion de siirete fut evacue et
soumis k une refection complete. L’Administration provinciate,
et il faut lui en dtre reconnaissant, par d’importantes modifica¬
tions daus la construction, en renforgant d’une fagon toute par-
ticuliere les grilles et les serrures, les portes et les fendtres,
s’efforga de realiser des conditions plus conformes k la destina¬
tion de l’asile et au caractere de ses habitants, »
Nous arrdterons ici cette citation. L’auteur insiste plus loin
sur les tendances particulierement impulsives de ces malades
qu’il connait bien. Il signale cliez eux le besoin de se mettre
en vedette, l’influence reciproque qu’ils exercent les uns sur les
autres, Tincertitude ou ils se trouvent au sujet de la duree de
leur internement. le temps qu’ils passent k l’asile n’dtant pas
compris dans la duree de la peine. Il fait ressortir aussi les
inconvdnients resultant de la situation du quartier special sur
un chemin public, tres frdquente par les promeneurs, surtout
le diraanche. Le mur d’enceinte actuel n’existait pas k cette
dpoque, et certains malades avaient acquis k regard de la popu¬
lation de la ville de Duren, et surtout de la partie feminine de
cette population, une puissance detraction remarquable.
C’etait un dchange continuel de lettres, des promesses de ren¬
dezvous, et Flugge cite k ce propos certain malade, habitud
des prisons des hopitaux et des asiles, qui avait su se crder des
amities parmi les habitants, quiexercait une vdritable domina¬
tion sur les infirmiers et une sorte de fascination sur un certain
nombre de jeunes filles et de femmes. C’est 1 k un type bien
1 Les cellules et les chambres d’isolement sont pourvues d’unc seule porte.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
connu et dont nous avons vu plusieursexemples, soitS l’asilede
Gaillon, soit dans les asiles ordinaires.
Enfin les inflrmiers n’4taient pas pr6par6s au r<Me qu’ils
avaient & remplir. Ici encore Fliigge foi mule les observations
les plus judicieuses et dont nous avons pu, pour notre part,
controler l’exactitude. Certains inflrmiers, moins intelligents
que les malades qu’ils doivent surveiller, selaissaient facilement
dominer pareux, en venaient k les considerer comme des gens
normaux, quelquei’ois m£me d'essence sup^rieure, ou comme des
viclimes des m6decins ; d'autres 6taient intimid4s par les de¬
nunciations calomnieuses, les accusations mensongeres jjui sont
de regie dans un pareil milieu, d'autres au contraire n’avaient
que du raepris et de la brulalite pour ceux qu’ils consid6raient
non pas comme des malades mais comme des criminels ties
peu interessants. Le personnel tres restreint au debut, et qui
comptait 12 infirmiers fut porte k 20 inflrmiers et deux chefs de
quartier. En ra£me temps, on fit une selection severe et Ton
accorda une prime speciale de 100 marks (125 fr.) par an au
personnel du quartier de surety. Car, comme le dit tres bien
Fliigge € les murs et les grilles ne font pas tout, ce qui nous
etait le plus necessaire c'etait d’avoir un personnel fidele, sur
lequel on put absolument compter, ayant le sentiment de ses
devoirs et de sa responsabilite. »
En sorame le quartier actuel de Diiren, reconstruit, rend de
grauds services, mais on ne peut se defendre de penser qu'il
aurait pu £tre concu d’une fa^on un peu diflbrente et moins p6-
nitentiaire. Tout d’abord, les chambres d’isolement ne sont pas
asseznombreuses pour parer aux dangers inh^rents a la popu¬
lation qui lui est destin^e. D’autre part, il faudrait multiplier
les quartiers de malades et, enfin, il serait indispensable d’orga-
niser le travail d’une fa eon s^rieuse, ce qui, de l’avis m£me du
directeur-medecin, le D r Fabricius*, n’existe pas k l’heure
actuelle. Pour le moment, les malades sont occup6s k la confec¬
tion de sacs en papier ou de boites de carton. Le prix de la main
d’oeuvre est infime, et comme, d’autre part, la population est h
peu pres fixe, on se figure sans peine quelle doit£tre l’existence
d’individus condamnes & vivre dans uu espace aussi restreint,
isol6s de l’ext6rieur, avec des occupations aussi peu intdres-
santes que peu remuneratrices.
Si le pavilion de surety de Diiren ne noussemble pasrepondre
parfaitement au but qu’on s’elait propose, que dire du nouveau
quartier deBruchsal dans le pays de Bade? Situ6 dans I'interieur
i Je dois rcmereier ici le D r Fabricius pour l’obligcancc avcc laquclle il m’a
fait visiter l'etablisscmcut qu'il dirige.
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DEUX QUARTIERS DE SURETE POUR AL1ENES CRIM1NELS 183
de la prison, entour6 de murs tres sieves, ce pavilion comporte
un simple rez-de-chauss6e, renferraant 294 30 malades.
On en trouvera la description complete et un plan dans le
Rapport de Serieux d4j4 cit6 (p. 132). II faut bien avouer que
l’aspect general avec lesmurs d’enceinte, les fenGtres protegees
par de forts barreaux, est absolument lugubre. Au point de vue
administratif, l'etablissement se rapproche du quartier de Gail-
lon, si malencoutreusement supprimd. Les malades y sont admis
et en sortent de la m£me fa^on^ils ne sont pas autorisds 4 fumer,
mais seulement 4 priser, et ils sont confies, comme 4 Gaillon,
aux soins d’ua m4decin qui habite et exerce au dehors. Le
chauffage constitue la reproduction d’un syst&me qu'il avait
fallu abandonner 4 Gaillon. II est assure par des poeles
dits caloriferes, auxquels on accede seulement dans les couloirs,
et places dans des sortes de niches en ma$onnerie, percees d’ou-
verture et faisant saillie 4 l’intdrieur des chambres d'isolement.
Mais lien ici ne rappelle, m^me de loin, les jardins et la vue
superbe sur la vallee de la Seine dont jouissaient les differents
quartiers de Gaillon. Le travail n’est pas organise d’une fa^on
s4rieuse; c’est toujours Teternelle et insipide confection de
sacs de papier ; quelques malades, et ce sont les plus favorises,
sont occupes a casser du lois dans le chemin de ronde.
II est, je crois, inutile d’insister : il n’y a rien ici qui puisse et
doive 4tre imite : Or, Bruchsal est un quartier annexd & une
prison.
Que faut-il conclure de ce qui precede ?Pour moi, les quartiers
annexes aux prisons me semblent devoir 4tre definitivement
condamnes. J’ai cite, au Congres dePau, l’opinion desmddecins
4cossais interrog4s par moi et bien places pour connaitre les
avantages et les inconvdnients de Tasile annexe 4 la prison
de Perth, que j’avais du reste visits. Tous m’ont repondu
comme le m4decin de cet asile lui-m£me : si vous faites quelque
chose ne faites pas d’annexe 4 une prison, et surtout ne faites
rien qui puisse ressembler 4 l’asile de Perth.
J'ai visits le quartier sp4cial annex6 4 la Maison Cenlrale de
Budapest et je dois dire que mon impression n’a pas 4t4 favo¬
rable.
Je viens de voir le quartier tout neuf de Bruchsal et ici
m£me il me parait qu’on a affaire 4 une geole et non 4 un
lieu de traitement destind 4 hospitaliser des malades. J'ai
demande l’avis du D r Stengel, medecin de ce quartier special.
Celui-ci s’est montre absolument oppose aux quartiers annexes
aux prisons. Ce ne sont plus des malades, m'a-t-il dit, ce sont
des prisonniers avec lesquels nous sommes en rapport.
La m4me opinion relative aux quartiers de prison m’avait
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REVUE DE PSYCHIATRIE
dtd exprimde par le D r Max Fischer, directeur du superbe
dtablissement de Wiesloch, dans le pays de Bade, vaste entie-
prise eu voie dachevement et qui, occupant une superficie de
90 hectares est destinee k rdaliser les different modes d’hospi-
talisation des alidnes. Le D r Fischer s’est nettement ddclard
partisan de l’asile central d’aliends criminels.
11 est bon de TaOlrmer une fois de plus, devant les solutions
diverses qui continuent h se faire jour. L’Angleterre avec
Broadmoor, les Etats-Unis avec Malteawau et Dannemora sont
les seuls pays oil Tassistance des alidnds criminels a recu une
solution satisfaisante.
Pour ceux-ci, seul un grand asile permettra d’opdrer parmi
les malades la selection necessaire ; 1 k seulement ils ponrront
dire traitds suivant leurs besoins et d'une fa^on liumanitaire;
Ik seulement le travail pourra dtre organise; Tencombrement
sera impossible si, corame cela a lieu dans les pays que nous
venous de citer, on donne aux mddecins le droit d’envoyer dans
les asiles ordinaires les malades inoffensifs et si Ton pratique
la liberation conditionnelle.
Pour les alidnds diftlciles ou vicieux, les rdgles qui doivent
prdsider k leur hospitalisation me serablent avoir dtd formulees
d’une fa con precise en 1895, au Congres Pdnitentiaire Inter¬
national de Paris, par Foerden, sous-chef de bureau au Ministere
de la Justice de Christiania, un des rares observaleurs qui, k
mon sens, ait eu la notion exacte du probleme qu’il s’agit
de resoudre. Voici ce que disait Foerden : « Laisser libre sans
autre fa^on les irresponsables non dangereux ainsi qu’on le
fait k prdseut, est impossible. Les asiles d alidnds ne sont pas
propres & leur internement et n’ont pas de places disponibles
poureux. 11 en est de mdme des prisons. Pour interner cette
foule, il faudrait de nouveaux et Ires vastes dtablissements. La
construction de prisons-asiles, c’est-a-dired’etablissements pour
les irresponsables dangereux , assez spacieux pour contenir
aussi ceux reputes non dangereux, enti ainerait une ddpense
folle et qui ne se justilierait pas... 11 faut des dtablissements
spdcialenientorganises pour ce but... 11 s’agit de personnes dont
l’dtat mental et physique est tel qu’un directeur d'asile, en
gendral, les fera sortir comme gueris (au moins dans le sens
anciqn du mot), et les mettra sur le mdme pied que les individus
jouissant en plein de leurs facultes et ca]>ables de travailler.
Mais la societd ne pourra point les accueillir avant qu’ils aient
donnd des preuves de leur aptitude au travail. 11 faut qu’on
leur en fournisse 1’occasion, et on les enfermera dans des dta¬
blissements oil ils subiront un traitement special tendant k en
taire des citoyens utiles et a leur apprendre k travailler...
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DEUX QUARTIERS DE SURETE POUR ALIENES CRIM1NELS 185
La maison de travail que j’ai en vue (espece d'inflrmerie),
devrait dtre combinde avec une assez grande annexe spdciale
pour le traitement regulierj des maladies mentales. Le traite-
ment curatif ndcessaire, ainsi que Fobservation prdliminaire
pour Fexpertise, devront avoir lieu dans cette annexe ou dans
un asile ordinaire d'abends ».
Au point de vue des rdsultats k obtenir de l'application de
cetle methode, je pourrais citer des exemples frappants
d’anciens malades de Gaillon, qu’il m arrive parfois de rencon-
trer, et qui sont parvenus k se order une nouvelle existence.
C’est en toutcas Texpdrience qui va dtre tentee k lasile de
Villejuif, bien que cette experience soit faussee des le debut par
le melange aux malades vicieux ou difflciles — et cela par suite
de 1’absence de tout etablissement special, — des alidnds crimi-
nels ou particulierement dangereux. Et k ce point de vue il
conviendra de tenir grand compte de Inexperience de Duren
pour la construction et Famdnagement du nouveau service.
Quoiqu’il arrive, il est bien improbable qu’en France, la crea¬
tion de quarters annexes aux prisons ait jamais chance de se
realiser. 11 sufflt pour cela de rappeler la seance de la Chambre
du 24 ddcembre 1001, sdance pendant laquelle le maintien de
l'asile special de Gaillon fut vote, a cette condition expresse de
l’eniever k l’administration penitentiaire et de le rattaclier k
l’Assistance Publique.
On a pris Fhabitude, au cours de ces dernieres annees d’em-
prunter k FAllemagne plus qu'elle ne saurait et peut dtre ne
voudrait donner, tant au point de vue theorique qu’au point de
vue pratique. Les idees de Kraepelin, par exemple, qui trou-
vent chez nous de si ardents defenseurs, sont loin d'etre
adoptees avec la meme ferveur dans le pays qui les a vu naltre.
Il conviendrait peut-etre de s’arrdter dans cette voieet, pour ce
qui concerne plus particulierement Fassistance des abends
criminels, 6tant donne, d’une part, que FAllemagne est formde
d’une confederation d'etat autonomes, au moins en ce qui
concerne leur administration intdrieure, et d'autre part que le
systdme d'assistance qu’on nous prdconise est loin de rallier
Funanimitd des suffrages, il serait prdfdrable, a ddfautd’une
organisation adaptde 4 nos besoins particulars, de prendre
exemple sur les institutions qui out fait leurs preuves, en
Angleterre par exemple, oil dies fonctionnent depuis de lon¬
gues annees a la satisfaction gendrale.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
FAITS ET OPINIONS
DU D£LIRE DE PERSECUTION SURVENANT A LA PERIODE
INVOLUTIVE DE LA VIE
Par MM.
L. Marchand, et Nouet,
Medecin-adjoint ImUrae
de iasile de Dlois.
II est etabli, d’apres les donnees de la bioiogie, que notre orga-
nisme, depuis la naissance jusqu’fc la mort, se transforme sans
cesse. L’organisme d’un enfant differe totalement de celui d'un
adulte et ce dernier de l’organisme d’un vieillard. La m&lecine
generate, en etudiant les formes diverses que revetent les maladies,
tient compte de l’£ge auquel elles surviennent. Des sympt6mes
particuliers b chacune des p^riodes de la vie donnent aux mala¬
dies un tableau clinique different en rapport avec l’organisation
speciale de l'individu. Une ftevre typhoide, une pneumonic, pre-
sentent des sympt6mes et une marche particultere suivant qu’el*
les surviennent chez un enfant, un adulte, un vieillard.
Quand on parcourt les traites de mddecine mentale, on est
surpris de voir que cette question de l’dge auquel apparaissent les
troubles mentaux, ne joue pas le m6me r61e qu'en medecine ge¬
nerate. On dira, par exemple, que la demence pr^coce apparait
surtout chez les jeunes gens, que le delire de persecution survient
surtout chez l’adulte, que la ddmence senile survient chez le vieil¬
lard. On decrit des syndromes et i on examine b quelle p^riode de
la vie ils evoluent le plus frdquemment.
Cette facon d’envisager les troubles mentaux provient de ce que,
en psychiatrie, on ne decrit pas. b part la paralysie generate, d'en-
tite morbide. Or, tout syndrome mental estevidemment determine
par des lesions cerebrales, et ces syndromes sont surtout en rap¬
port avec l^ge des individus chez lesquels ces lesions survien¬
nent. Une meme lesion cerebrate, provenant b des ages diflterents
de la vie, provoque des sympt6mes mentaux totalement differents.
Les notions les plus elementaires de psychologic montrent que
l’alteration d’un cerveau en voie de ddveloppement determine des
troubles qui ne ressemblent en rien b ceux qu'ils ddterminent
chez un adulte. II en est de meme quand les lesions se produisent
chez le vieillard.
Les lesions cerebrales produisent, suivant le mode de reaction
de l’individu, les psychoses les plus variees. Chaque malade rea*
git suivant son temperament acquis ou h£reditaire. Tel fait de la
mdlancolie, tel autre de l’excitation maniaque, tel autre un delire
systematise. Mais 16ge auquel surviennent les lesions cerebrales
est un facteur des plus importants b considerer et auquel on n’ac-
corde pas toute l’attention desirable.
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DU DELIRE DE PERSECUTION
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Nous venons d’observer plusieurs malades quiont presente b un •
Age avance de leur vie, un delire de persecution atypique. D’apr&s
la symptomatologie et la marche de cette forme de delire chroni-
que, il est manifesto que les particularity symptomatologiques et
evolutives du delire, tiennent surtout b l'dge des sujets chez les-
quels il est survenu, c est &-dire au mode rdactionnel particulier
qu’a prdsente leur cerveau de vieillards.
Parmi les formes que peuvent rev&tir les syndromes mentaux
h la pdriode involutive de la vie, les classiques ne decriventqueles
demences. Celles ci peuvent etre primitives ou secondaires suivant
qu’elles surviennent d’embtee, ou qu'elles ne sont que la termi-
naison d’une autre affection mentale.
Les lesions des cerveaux seniles, gomme celles descerveaux
adultes, peuvent se traduirepar des psychoses, mais ceiles-ci pr6-
sentent une evolution, une symptomatologie, un pronostic parti¬
culars.
Kreepelin, en decrivant les psychoses d’involution, est un des
premiers auteurs qui ait attached de l’importance b l’&ge des indi-
vidus chez lesquels surviennent les troubles mentaux.
Parmi les psychoses d’involution, Kroepelin range la meiancolie,
le delire de prejudice pryenile et la demence senile. Mais on peut
rencontrer toutes les formes de psychoses & cette periode de la vie
qui peut etre try variable suivant les individus. Dans ce cas, le
syndrome prendra une physionomie particultere dont les caract&res
communs seront dus surtout b l’organisation spdciale du cerveau
de l'individu. On consid&re g6n6ralement que la periode pryenile
commence vers l’dge de 50 ans. Mais c’est Id une limite fictive.
Bien des sujets ont b 50 ans un cerveau qui fonctionne regultere-
ment, tandis que d’autres presentent dejd un certain affaiblisse-
ment del’organe. Onadmet aussi que la periode d’involution com¬
mence plus t6t chez la femme que chez l’homme. Il n’y a b ce su-
jet rien de precis ; chaque individu, d’aprds son hdreditd, son
caractdre, les maladies dont son organisme a souffert, l’etat de
plus ou moins grande resistance de ses cellules psychiques, prd-
sentera un delire dont la forme et les particularity permettront
de juger I’etat d’involution du cerveau. MM. Ballet et Arnaud 1
ont rapporte l’observation d un delire chronique qui ddbuta chez
un sujet bg6 de 84 ans ; I nvolution en fut classique.
Les trois cas de delire de persecution, que nous donnons ci-
a^rds, rdpondent aux considerations que nous venons d’emettre.
* * *
Observation I. — Ch..., ceiibalaire, ageede 66 ans, a son entree a
l’Asile le 22 octobre 1906.
Antecedents herdditc*ires . — pere mort a 66 ans d’une affection de
la moelle dpintere. Mere niorte a 80 ans d’une congestion cerebrale.
Un frere et une sceur, ne presentant riend’anormal. Un neveu, interne
a l’Asile, atteint de demence precoce.
1 Ballet et Arnacd. — TraiU dt tne de cine mentale. Art : Delires systema¬
tises. — Doin, EJ. Paris.
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188
REVUE DE PSYCHIATRIE
Antecedents personnels. — Ch..., a eu des maux d’oreilles dtant
jeune : elle en a conserve une legdre surditd. Sujette aux migraines
depuis plusieurs anndes. Intelligente, inais autoritaire et susceptible.
La malade a toujours eu des sentiments religieux trds prononeds. Elle
a songe k une certaine dpoque k entrer au couvent. Ch..., ne s’est pas
m a ride.
II y a trois ans que les troubles mentaux ont ddbutd. Jusque Id rien
cj’anprmal. Ch..., dtait intelligente et laborieuse, maiselle accusait des
iddes religieuses poussdes a l’exces. Lingdre jusqu’d 44 ans, demoi¬
selle de compagnie pendant 7 ans, elle vivait depuis plusieurs annees
avec son frdre, un ecclesiastique.
II y a 3 ans, d l’dglise, elle remarqua que les dames de la ville, lui
tduioignaient de la froideur. A la physionoinie du curd, elle s’apergut
« qu'il y avait quelque chose qui n’etait pas naturel h. Plus tard, ren-
contrant le cure de la locality, elle lui fit part de ses apprehensions au
sujet de l'un de ses neveux qui dissipait sa fortune. A peine lui eut-elle
fait cette communication qu’elle en eut du regret. Elle se flgura
ensuite que son neveu, pour se venger d’elle, l’accusait d’avoir des
rapports avec le curd. Sous l influence de cette idde elle considers que
son neveu avait gravement oftensd Dieu. en medisant du prdlre et
d’elle-mdme. Elle remarqua d ailleurs qu'il paraissait en soufTrir et en
conclutque « le bon Dieu le punissait des mauvais propos qu il avait
tenqs. »
Get dtat dura plusieurs mois et Ch... vdcut en proie aux plus pdni-
bles rdflexions. Elle remarqua dds lors que les regards se portaient
vers elle d’une fagon inaccoutumde, les gens la considdraient comme
une « vieille sorciere » ; le public avait sur son passage, une attitude
particulidre. Elle commenga d abord par percevoir aux oreilles un
murmure confus, loinlain. Petit & petit elle entendit distinctement des
voix qui venaient par dessus les toits. Enfin, depuis trois mols e'est
un prdlre, l obbe V..., celui avec lequel son neveu l’accusait d entre-
tenir des relations, le prdtre-ddmon, qui est constamment en commu¬
nication avec elle. II la suit parlout, ne lui laisse pas un instant de
repos. C’est un misdrable. Lui parlant toujours a l oreille, il lui fait
des rdvdlations afireuses ; c est lui-mdme qui k suggdrd k son neveu
l’idee de rdpeter partout« qu’ils avaient des rapports ensemble », il la
met au courant des relations qu’il entrelient avec sa nidee. Constam¬
ment penchd d son oreille, il l empdche de parler, lui fait perdre le fil
de ses iddes. Il observe, il scrute la moindre de ses pensdes. Il est
toujours la ou olle est. Elle l entend souvent remuer dans le ventre,
le cdtd, la gorge. Elle le sent remuer en elle. Le jour, la nuit, k tout
instant il tente de lui enfoncer des corps dtrangers dans le rectum, la
matrice. Elle ressent la sensation de ses cheveux contre sa figure.
Quand elle est couchde, il lui semble qu'il est allongd auprds d'elle. Il
lui envoiedes odeurs repoussantes, ddsagrdables.des odeurs« de pourri,
de raclure d’allumettes, de mangeaille, d’urine, des odeurs de poumons
pourris. » Les aliments les mieux prdpards sont immddiatement conla-
minds, ils ont un gout amer, empoisonnant. Bien qu’il ne la quitte
jamais, ce prdtre persdeuteur trouve cependant moyen d'entrelenir des
relations avec sa niece et de capter un hdritage.
La nuit ce sont, dans sa cour, des cris humains, des cris d'animaux
qui la tiennent eveilled. Ch..., allume une bougie, et alors, parfois,
elleentend la voix de son frdre dominant celle du persdeuteur. Il lui
annonce qu’il rdcite k son intention des pridres, qu'il fait des actes
de contrition pour chasser d’elle l’esprit du ddmon. Ainsi pendant
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DU DELIRE DE PERSECUTION
189
quelques instants le persdcuteur voit son action neutralist par celle
du ddfenseur. Mais ce 3 accalmies sont de courte durde : le curd V...,
lui occasionne des douleurs intolerables sur tout le corps, notamment
sur le cuir chevelu. Elle s’explique alors pourquoi on la regorde tant
quandelle sort: elle porte l'abbe V..., sur la tdte. Elle ne le voit pas,
mais elle a toujours conscience de sa presence. Porfois pour le chas-
ser, Ch..., fait remuer l’air autour d'elle, agite sur sa tote un mouchoir,
une serviette. Rien n’y fait. Grace k son frdre, la malade a pourtant
quelques bons moments. II la soutient, la met en communication avec
le ciel; k l’dglise elle se sent «inspirde par le souffle divin ct traversee
par lui. »
Tel est l’dtat dans lequel se trouve la malade au moment de son
enlrde ii l’osile, le 22 octobre 1S06. Elle a une phvsionomie grave et
correcte. Tenue soignde ; Irds polie, Ch... fait de cdrdmonieuses rdvd-
rences. Elle a gdndralement le regord fixe en haul, e’estdelaque
viennent les voix.
1" novembre. — Mile Ch..., trempe des morceaux de linge dans
l’eau et, les dtalant sur un banc, elle s’assied dessus. Elle nous expli-
que que c’est pour dloigner son persecqjeur qui sans cesse lui « fait
ties enfoncements dans le rectum et la vulve. » Ce prdtre lui tient des
conversations obscenes, la nuit il couche contre elle, elle le sent contre
son corps. Toule la journde elle le porte sur la tdle, il lui envoie
toutes sortes d'odeurs rdpugnantes, notamment celle de « chlorate de
phosphore. »
15 novembre. — Les hallucinations sont toujours aussi intenses, mais
il y a une modification dans les iddes delirantes. Monseigneur de X...,
lui vient en aide autant qu’il le peut. Il lui parle de son ventre ou « il
a elu domicile » : son frdre qu’elle qualifie d’un nom dtrange avec
particule, la soutient dgalement ct lui envoie des conseils du hautdes
tours de la cathddrale. Le persdcuteur, l’abbd V. ., est toujours sur sa
tdte et lui parle constamment. La nuit il la « pointe de son dard », lui
souffle sur la poitrine, 1’entoure d’odeurs nausdabondes ou doinine
celle de rdclure d’allumettes. Les aliments sont amers et infects.
28 novembre 1903. — MOmes hallucinations, iddes delirantes, analo¬
gues avec iddes megalonianiaques surajoutdes. Theomanie. Dieu
l’inspire, son souffle la pdnetre, elle est l’enfant divin, une part de la
Trinitd. Elle est noble, porte un nom anglais, elle est nde en Irlande
et possdde un million.
Son persdcuteur est toujours present et la pdnetre presque toutes
les nuits.
Ch..., prdsente de plus des hallucinations psycho-motrices et de
l’echo de la pensde. Son persdcuteur sait tout ce qu’elle pense, ce
qu’elle dit. Elle repdte les paroles qu'il lui dicte.
15 ddcembre. — Ddlire, hallucinations. Thdomanie. Mysticisme. Iddes
de possession diabolique. Erotisme.
Fdvrier 1907. — Agitation incessante. Mdmes hallucinations. Les
iddes ddlirantes sont moins nettement systdmatisdes. Propos parfois
incoherents. Le ddlire varie d’un jour a l’autre. Ch... est 1’dpouse du
prince Bonaparte, elle est entourde de « petits Zoulous « qu’elle porte
autour de la taille. Le lendemain elle est la femme d un haut person-
nage, mais elle est malhehreuse dans sen mdnage. Les iddes ddlirantes
de persdeution s’attdnuent, 1’abbd V..., son ancien persdcuteur, est
h rentrd dans la bonne voie » il ne la poursuit plus de ses paroles
injurieuses.
La mdmoire est assez bien conservde. Ch... sait son nom, son age,
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190
revue de psychiatrie
la date exacte de sa naissance. Elle se rend compte qu’elle est &
l’asile, avec des alidnys. Elle a presents & 1’esprit les faits princlpnux
deson existence.
Au point de vue physique, Ch... ne presente pas de troubles. Elle est
d’une constitution robuste. L'examen des difTerents organes ne rev&le
rien d’anormal. La sensibility, les reflexes sont norinaux. Rien d’anor-
mal du c6ty des pupilles. Etat saburral de la langue. Constipation
habituelle.
La ponction lombaire donne issue a un liquide clair, s'ecoulant
goutte a goutle et ne contenant pas de lymphocytes. Albumine
totale = Ogr. 40 ctgr.
Obs. II. — D... ag6e de 65 ans, sans profession, entre & l’asile de
Blois le 9 avril 1903.
Antecedents hereditaircs . — Pere mort par suicide, a 66 ans. M£re
morte en couches a 38 ans. Grand’mere maternelle morte d’une fifcvre
cdrebrale. Une cousine germaine, qui presentait des troubles mentaux
a type myiancolique, s’est suicidde. Une scour bizarre, excentrique.
Antecedents personnels. — D..., n o pas eu de maladie grave dans
son jeune age. Elle s’est mariee a 22 ans, eut un fils un on aprfcs. Ce
fils est actuellement tres bien poitant. Six ans apr^s son mariage,
sans cause, elle devint triste, melancolique. Elle pleurait constarnment,
ourait voulu se jeter la tyte contre les murs. Cet acces fut passager,
mois il derneura chez elle un fond de tristesse tr£s prononcee.
En 1895 elle perd sa mere; cet evenement n’amena chez ellp aucun
changement sensible ; il ne s’en suivit aucune recrudescence dans son
ytat hypochondrioque.
Les troubles mentaux acluels commencerent en aoiit 1905. La depres¬
sion s’est accentuee ; les periodes de tristesse devinrent intenses. Puis
apparu ent I’anxidte et les idees de persecution. D..., a peur d’tHre
voiye. Elle oblige sa sceur 6 compter plusieurs fois par jour ses litres
de rente.
Elle est internye en novexnbre 1905, dans une maison desonte d’oii, le
9 avril 1906, elle est dirigee sur l’asile de Blois, avec le certificat sui-
vant : « delire myioncolique avec idees d’indignity, de culpability, iddes
de persecution et nombreuses interpretations delirantes. Elle croit
qu’elle va Otre arrOtye pour des fautes graves qui l’amyneront sur les
bancs des assises. Elle sera une cause de ruine et de dyshonneur pour
ses enfants qui sont peut-etre en prison. Tout le monde se moque
d’elle, les journaux ne parlent que de son cas, de sa famille ; halluci¬
nations de l’oule et illusions nombreuses. »
A son arrivye a l’asile, la malade est tr6s anxieuse, tourmentee. Tout
le monde lui en veut; elle a fait, dit-elle, un tort considerable h la
maison de santy d’oii elle vient. Plusieurs personnes or.t du la quitter
a cause d’elle. Elle pense done qu’elle va avoir un proems. Le Directeur
de cet ytablissement va lui demander des dommages intyrOts pour avoir
fait sortir plusieurs de ses pensionnaires. Elle sait qu’elle va avoir un
proces d’apres des conversations qu’elle a surprises entre diffefentea
malades. D.... a le pressenliment qu’il va arriver malheur & son fils.
L’on pi-ypare un cachot pour le tenir enfermy. Elle est sans cesse
insultye par lesbonnes, les malades. On lui dit des grossiyretys. Enten-
dant les sifflets du chemin de fer, elle dit que ce sont des sirynes qui
servent a communiquer avec V..., on epie tous ses actes. Elle a le
corps recouvert de boutons qui proviennent de la mauvaise nourriture
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DU DELIRE DE PERSECUTION
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qn’elle prend et dans laquelle on male da poison. D..., a manifesto
des^idees de suicide a plusieurs reprises. La memoire estaffaiblie,D...,
sait son age ; mais ne sail exactement a quelle ypoque de l’ann^e l*on
se trouve. Elle ignore combien de temps elle est restee h V...,
Pas de troubles de la sensibility cutanye. Les ryflexes rotuliens sont
forts. Pas de troubles oculo-pupillaires. Les fonctions du langage sont
normales.
26 avril 1906. — D..., prysente le m6me ytat mental. Nombreuses
hallucinations de 1'ouie. On l’appelle voleuse, salope. On l’accuse d’avoir
voiy deux tabliers. Elle parle continuellement seule.
l* r itiai 1906. — La malade dymande a 6tre habillee pour sorlir, car
les gendarmes vont venir la chercher pour la mener en prison : on
l'accuse d’avoir commis mille mefaits.
16 mai 1906. — La malade ycrit & sa scour une letlre dont voici quel-
ques extraits : « Je Tai dyja dit, que je deplaisais souverainement £ tout
» le monde. Mon grand defaut de conversation me nuit ynormyment.
» Aussi suis-je sous le coup d 6tre arr6tye. Je n’ai aucune des qualitys
» requises pour vivre en commun. Mon renvoi est demandy par toutes
i) ces dames. Je passe pour une voleuse, une faussaire. L’on m’accuse
n d’avoir commis des crimes, des assassinats. L’on ehante, en ce mo-
» ment. 6 mon depart, toutes sortesde chants tristes,des De Prof unci is. »
Elle pretend que d6s qu'elle rentre dans un salon, toutes les malades
la traitent de voleuse, de saloperie, maipropre, etc.
Les gendarmes vont venir la chercher. Son fils, ses petits enfants
vont ytre trainys ovec elle, tout deguenilles; ses ennemis vont faire
disparaitre toute sa famille avec elle.
6 aout 1906, — Dans une lettre qu elle ycrit a sa soeur elle accuse les
mOmes idyes delirantes de persycution. Elle va, dit elle, partir pour
Tours, a dans des conditions ypouvantables, entre deux gendarmes, les
» menottes aux mains. Rien que d'y penser on en frymit. »
Ch. est decddee le 20 aout; elle etait atteinte depuis plusieurs jours
de diarrhye verte. Jusqu’au dernier moment, D..., prysenta les mOmes
iddes dyiirantes de persycution.
Obs. III. — B..., agye de 70 ans, commergante. Cette malade n’est
pas internye.
A ntcctdcnts hdredltaircs. — P£re mort a 79 ans d une hernie ytran-
giye. M6re morte & 80 ans. Une soeur agye de 74 ans, bien portante-
Antecedents personnels. — B.,., ne se souvient pas d’avoir eu des
maladies graves dans le jeune age. Elle fut regiye a 14 ans, elle a eu en-
suite des abcys dans les oreilles 6 plusieurs reprises, plusieurs fiyvres
yruptives, de I’engorgement ganglionnaire. Elle fut tr6s maladive pen¬
dant sa seconde enfance. Mariye 6 28 ans, elle n’a eu qu’un enfant,
douy d une constitution robuste et mort par accident. Aprysson accou¬
chement, B..., fit une fi^vre puerperale et dans la convalescence un
ictdre a la suite duquel elle fit une saison a Vichy. Dans le cours de
son existence, elle eut plusieurs bronchites dont une, ii y a 10 ans, qui
fut tout particuliferement grave.
Cette personne a eu une existence des plus tranquilles. Elleytaitcom-
mergante. Apr£s avoir perdu son mari, elle se retira a la campagne,
puis vint habiter Paris. Elle se fixa enfin vers 1888 dans le Midi. Elle y
perdit son fils et eut h ce moment de gros soucis d’argent.
Les troubles mentaux dybutyrent, il y a 3 ans, seulement, h rage de
67 ans. Elle ressentit d’abord un malaise gynyral,de violentes douleurs
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192
nEVUE DE PSYCHlATRIE
de tdto ou niveau de la region epigastrique. Elle chercha dans la reli¬
gion une consolation a ses misdres et fit dire messes sur messes, jieu-
voines sur neuvaines, pliant loute la journde, allant constamment k
l’egliso ou ou cimetidre. Soudain, Inspiration lui vint de donner tout
son argent aux pauvres. Une voix, une nuit, lui commanda de faire
largement I’aumCne. Cette voix, qu’elle ne reconnut pas, lui Jndiquoit
les personnes qu’elle devaitgratifier de ses dons. Cheque fois qu’elle sor-
tait en ville, elle vidait son porte-monnaie. II luiarrivaunjour.de
laisser sa montre en gage pour une somme d'argent qu’elle avait
empruntde.
Aux idees mystiques se joignirent bientdt des iddes de persecution.
La mdme voix lui annon^a qu’elle olloit dtre internde dans une niaison
de santd et lui donna le conseil de s’enfuir. Elle quitta done son domi¬
cile et se rdfugiu dans la campogne. La, on lui commanda de se ddvd-
tir; elle enleva aussitdt ses vdtements, ses bas, son panlalon et porta
le tout dans ses bras. Elle courutainsia travers champs, plusieurs heu-
res, et ne rentra-chez ellequ’au milieu de la nuit. Cette fugue a peine
terminde, la voix l’appelle a la cuisine et lui dit: « Trempez-vous les
pieds dans 1’eou, aspergez-vous le front ». Elle fit ainsi deux heures
d’ablulions.
Cepehdant les iddes de persecution s’accentuent. Pour se soustraire k
certaines personnes qui ont entrepris de la faire interner, elle change
de domicile. Elle y est dgalement persdculde : l’on ddpose du poison
dans ses aliments, 1’on tentede la voler cn se servant de sa signature.
Ceci se passait en oviil 1903. De plus en plus persdculde, B..., se voit
dans la necessitd de fuir et la voix lui donne l ordre d’aller k C.
Pendant quelques jours, rien d’anormal. puis, un soir elle se sent
prise d’ « une sorte d'etat convulsif » et pour la premidre fois elle prd-
senta le phdnomdne qu elle appelle « l’arrivde des gaz. » Ces « gaz »
consistent en eructations rapides et rdpdtdes survenant a intervalles
variables. La voix lui commande de faire tous les jours, pieds nus, des
promenades sur la terrasse Ces promenades nocturnes furent accom-
plies pendant 3 mois.
Pendant cette periode, la malade eut la sensation trds nette de « quel*
que chose qui lui tombait du cerveau dans la gorge »>. Son mysterieux
conseiller lui expliqua que e’etait la « rupture du coma. »
Depuis lors, Mad. B..., fait journellement des lavages de la cavitd
nasale. Ces lavages durent deux heures. Pour les effectuer elle use
une quanlitd d’eau considdrable, jusqu’a trente litres parfois. Par ordre,
elle prend dgalement qualre ou cinq lavements, dans la mdme journde.
Toujours conseillde par cette mdme personne inconnue, B.... passe
ses journdes a coudre. Elle confectionne des vdlemenls pour les pau¬
vres. La voix lui indique la fa^on de couper rdtoffe, lui donne toutes les
indications ndeessaires. Elle exdcute ponctuellement tout cequi lui est
ordonnd.
Depuis quelques temps B..., a enfin ddcouvert quelle est la per¬
sonne qui la conseille ainsi depuis si longtemps. Elle a reconnu la
voix de rune de ses amies, decedee depuis plusieurs anndes. C’est sa
« sainte ainie ». A partir de ce moment « sa sainte arnie o se subslitue
journellement a B... Cette dernidre ne fait rien sans en avoir regu des
conseils. Elle est en rapports constants avec cette personne. Tout ce
qu'elle dit, pense, execute, est pense et exdcute par 1’ordre de son amie
X... Ce sont m deux individus sous la mdme enveloppe charnelle. » Elies
causent ensemble, dialoguent. B..., sent qu’une intelligence superieure
a la sienne la domine et que sa personnalitd s’efTace devant celle de
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DU DELIRE DE PERSECUTION
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« sa sainte amie. » La malade est de mome en rapport avec plusieurs
membres decedds de sa famille: ils lui donnent des conseils sur les
questions flnancidres.
ActuellementB...,se trouve dans la situation suivante : Elle ne parie
n'agit, ne pense, ne se meut que par conseils. ’
La maladd ne prdsente pas d’affaiblissement notable de la mdmoire •
les faits les plus reculds de son existence sont surtout conserves.
B..., considdre son cas coniine extraordinaire. Elle a le plus grand
ddsir qu’il soil publid et croit fermement que son histoire est suscepti¬
ble de rendre service a l’humanite et a la science.
Les quelques lignes suivantes, ecrites par la malade en iuillet 1906
suffisentpour ddfinir exactement ses idees ddlirantes. E le parie d’elle
tantdt & la troisidme personne, tanlot a la premidre. « Mad B con
» seillde par sa sainte amie Mad. X..., coud et brode un moucho’i’r a la
» perfection. Sous la diclde de son amie elle dcrit en mettant les doigts
» a l’extrdmitd du crayon et c est son amie qui dirige sa main. Tout a
d coup son amie lui ordonne de se mouvoir. Elle se Idve tourne sur
» elle mdme, une dizaine de fois. Puis elle eut une forte arrivde degaz
» qui lui fit faire mille grimaces. A cinq heures il lui fut conseille de
» prendre un demi lavement et une douche nasale. La douche dure un
» quart d’heure et consomme 2 litres d’eau. Quand le cerveau a die
» ddgagd, elle a chantd un cantique dietd par sa sainte amie... Je suis
» en double personnalitd unique au monde. II faudrait publier une bro-
» chure sur mon cas extraordinaire pour rendre service a Thumanitd
» J’ai des vues d’optique et des ressouvenirs. J entends des voix et des
» chants. Par les soins donnds a ma santd, j’ai dvitd deux congestions cd-
» rdbrales dont j'etais menacee.Or, ceschosessurprenantes se sont pro-
» duites en d’autres cas et des merveiiles diffleiles ii expliquer se repro
» duisent journellement. Au besoin Mme B..„ fournirait des renseigne-
» ments qui pourraient etre utiles a la science. Ce rdsume est ecrit
» dans le but d’eclairer des sommitds medicales et religieuses sur des
» faits qui se passent depuis 3 ans, environ. »
B.. ne prdsente rien d’anormal au point de vue physique. La motri-
citd, la sensibihtd et les rdflexes sont normaux. Un peu d'emphvsdmo
pnlmonaire. 1 J ■
Son ddlire resle stationnaire, nous avons regu ces jours derniers une
Iettre d’elle qui nous montre qu'il n’y a rien de nouveau dans ses idees
ddhrantes. Elle dcrit: « Je continue a me soigner, comme je vous avais
» dit 1 avoir fait depuis longtemps, sur les conseils qui me sont donnds
» ostensiblemebt ou inostensiblement. Beaucoup d outres faits mystd-
» rieux se produisent journellement et des choses surnaturelles se
» renouvellent sans cesse. II serait tres utile de les observer et de oou-
n voir les contrdler. » y
*
* *
Ces trois observations concernent des malades qui ont presente,
6 l’dge de 63, 64 et 67 ans, un ddlire chronique de persecution aty-
pique. Dans le ddlire de persecution systemalisd de 1’adulte, la
phase prodromique peut durer des mois, des annees. Dans nos
cas, elle fut d peine dbauchde et n’eut qu'une durde extrdmement
courle; nos malades ont atteint rapidernent le point culminant de
leur ddlire. Si, au ddbut de leur affection et pendant une courle
periode, nous avons pu penser & un ddlire chronique systematise,
Involution particulidre du syndrome nous fit ecarter ce diagnostic'
Aux iddes de persecution se surajoutdrent bientot des idees megalo-
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REVUE RE I’SYClIIATRIE
maniaques (obs. I et III) et ces idees etaient mobiles et fugaces.
Des hallucinations psycho-motrices, le dddoublement de la per-
sonnalite, les neologismes furent de plus des sympt6mes prdcoces.
Contrairement b ce qu’on observe chez les persecutes chroniques,
nos sujets ont presente de laffaiblissement de la mdmoire des le
debut de leur psychose.
Nos malades different encore des persecutes ordinaires par 1’ab-
sence de reaction vis e-vis de leurs persecuteurs. 11s se contentent
d’endurer leurs souffrances, se lamentent sur leur sort, mais ne
commettent pas de violences. Ils s’agitent parfois sous l’influence
de leurs hallucinations et leur agitation est frequemment nocturne
comme celle des dements seniles.
Le pronostic de cette forme de delire est grave. Une psychose
qui delate b l ege de 60ans ou au dele, trouve un terrain spdciale-
ment prepard pour la chronicitd. Laffaiblissement intellectuel,
sinon la ddmence, ne tarde pas & survenir. Nos trois sujets prd-
sentent & un degrd variable de l affaiblissement de la mdmoire et
du jugement.
Deux de nos malades ont une heredite chargee, & la fois pater-
nelle et maternelle (obs. I et II). Cette heredite n’avait determine
chez eux aucun stigmate de degenerescence physique et psychi-
que ; leur intelligence etait au-dessus de la moyenne. Une seule
de nos malades a presente des troubles mentaux b une periode de
la vie bien anterieure b celle ou survint le delire de persecution.
Nos malades ont eu une existence normale ; on ne reldve dans
leurs antecedents personnels aucune maladie grave; elles etaient
ponddrdes, mais toutes avaient cependant des sentiments religieux
tres accuses. Ce sent des soucis de famille, des pertes d’argent qui
paraissent avoir favorise l’dclosion des troubles mentaux.
Les symptdmes prdsentes par nos malades sont compldtement
differents de ceux qui caracterisent la melancolie prdsdnile, le
ddlire de prejudice prdsdnile etla ddmence senile, trois syndromes
qui torment le groupe de psychoses devolution dans la classifica¬
tion de Kroepelin. Le diagnostic de la forme involutive du ddlire
de persecution avec ces differentes formes mentales est relative-
men t facile.
Le delire de persecution de la periode involutive de la vieconstitue
done un syndrome mental ayant des caractdres spdeiaux qui le dif-
ferencient du ddlire chronique systematisd. Les phdnomdnes men¬
taux ont une allure qui les rapprocherait plutdt des psychoses de
l’adolesceuce. Chez un sujet dont lecerveau se ddsagrdge, de mdme
que chez un sujet dont le cerveau est encore en voie de crois-
sance, les phdnomdnes delirants ont une physionomie tout autre
que celle qui s’observe b l'dge adulte, cette pdriode de la vie oh le
cerveau vienl d acquerir son complet developpement. Nous pen-
sons que si le ddlire de persecution survenant b la pdriode involu¬
tive de la vie presente une symtomatologie et une evolution spd-
ciales, il faut attribuer ces particularites au terrain sur lequel
survient le ddlire, terrain qui reldve surtout de l’dge avaned des
sujets.
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LES BAINS d'aCIDE CARBONIQUE CHEZ LES ALIENES
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THfiRAPEUTIQUE
LES BAINS D'ACIDE CARBONIQUE CHEZ LES ALlfilNfiS
Par Michel Belletrud,
Directeur-Medecin de i'Asile d’afiencs dc Pie r refeu
Depuis quelques annees, les bains d’acide carbonique ont pris
une r6elle importance en therapeutique. Nous en avons fait
quelques applications au traitement des maladies mentales. Sans
£tre tr&s remarquables, les r^sultats obtenus nous ont semble
dignes d’etre signales.
L’acide carbonique a ete utilise de deux manures diffdrentes :
k l^tat gazeux et en solution dans l’eau. Dans les deux cas la
technique a ete tr6s simple.
La density elevee du gaz acide carbonique (1,52909 par rapport
k l air), permet de le verser d un vase dans l’autre comme un
liquide.
Un gen^rateur de gaz et une baignoire suffisent done theorique-
ment k donner des bains d’acide carbonique gazeux.
Nous avons employe comme generateur ces siphons d’acide
carbonique de Tindustrie qui sont d un usage courant dans les
brasseries pour le refoulement de la biere.
Un detendeur muni d un manometre est l’intermediaire oblige
entre le siphon et le tuyau de caoutchouc qui conduira le gaz vers
la baignoire. Peu importe d'ailleurs la pression indiqu6e par le
manometre puisque le gaz s ecoule dans un vase ouvert.
L’installation de la baignoire est un peu plus compliquee.
II est utile d’y adapter un couvercle, sans quoi les courants
atmospheriques ne tardent pas k amener la difTusion du gaz et
rendent necessaire une nouvelle arrivee.
Nous avons fait fabriquer un couvercle en zinc forme de trois
parties articulees. La pi&ce intermediaire recouvre la region
moyenne de la baignoire. La pi&ce anterieure en s’abaissant
entoure le cou du malade. La pi&ee posterieure, facile k relever,
permet de contrOler le niveau du gaz.
On place un petit matelas sur le food de la baignoire et par
dessus une chaude couverture de laine. Le malade enti&rement
deshabille ou gardant seulement sa chemise est invite k s’asseoir.
Le tube d’arrivee du gaz est place entre ses jambes, puis la
couverture est ramen6e sur lui. Ainsi le degagement se produit
directement sur la surface cutande.
Le couvercle etant place, on fait arriver le gaz. Une bougie
allumee qui s’eteint lorsqu’elle plonge dans l’acide carbonique
permet de constater le niveau de celui-ci dans la baignoire. Quand
ia baignoire est pleine, ce qui demande de 3 k 5 minutes, on
arrGte la venue du gaz. Si le couvercle joint bien, le niveau de
l’acide carbonique ne baisse que tr£s lentement.
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196
REVUE DE PSYCIIIATME
A defaut d’un couvercle special, on peut tr&s bien se conlenter
de recouvrir la baignoire avec un drap ou une couverture.
Pour obtenir une solution d’acide earbonique dans l'eau on
dissout en general au prdalable du bicarbonate de soude dans l’eau
de la baignoire, puis sitot que le malade y est installs on y verse
de l’acide chlorhydrique.
Pour notre part, nous avons utilisd les comprimes du commerce.
Ces comprimes en forme de tablettes contiennent ordinairement
du bisulfate de potasse et du bicarbonate de soude. Sit6t qu’on les
plonge dans l’eau. ils tendent & passer h l’etat de sulfate et de
carbonate avec vif degagement d’acide earbonique. Nous avons
beaucoup moins employe ce procedd que le prdedden# Les efTets
obtenus ont ete assez comparables et se laissent englober dans
une description commune.
A part les mdlancoliques tout h fait inertes, les prdparatifs du
bain agissent assez fortement sur 1’esprit des malades.
Ils s’interessent beaucoup aux manoeuvres de la baignoire et
des appareils. On voit au debut les maniaques les plus turbulents
cesser pour un moment leurs gestes et leurs discours. II y a 1& un
eflet psychique dont il faut tenir compte dans l’appreciation des
rdsultats.
Tous les bains ayant eu une durde sensiblement dgale de 20 h 30
minutes, il n’y a pas lieu de faire des distinctions &ce sujet.
Pour plus de clarte nous exposerons d’abord en les comparanl
autant que possible ft celles observees chez i’homme sain d’esprit
les modifications apportees par les bainsaux principales fonctions,
en insistant sur les symptomes present's par l’appareil circula-
toire et par le systeme nerveux.
Nous terminerons, en exposant l action des bains sur l'dtat
mental. ,
L'dtat general bendficie certainement de cette medication.
Une guerison au moins passagdre de l’insomnie et une augmen¬
tation del'appdtit ont ete presque toujours constatdes. Maisc’estce
qui aurait etc observe probablement avec tout autre.proeddd de
balneation.
Plus intdressantes sont les remarques qui suivent :
I/action du bain carbo-gazeux sur l’appareil circulaloire nest
pas aussi rdgulidre chez l’alidnd que chez lhomme sain d’esprit.
Dans les grandes lignes cependant les efTets sont les memes.
Chez l homme sain la frequence du pouls est en gdndral dimi-
nuee de 10 & 12 pulsations par minute. Chez l’alidnd, sur 94 expe¬
riences, nous n’avons constate cette diminution que cinquante-
deux fois. Elle etait en gendrol de 8 b 9 pulsations par minute. 25
fois nous avons trouve la frequence du pouls augmentde. Cette
augmentation etait en moyenne de 9 & 10 pulsations par minute.
Enfin dons 17 experiences le nombre des pulsations n’a pas
varie du debut h la fin du bain.
Tels sont les resultats en bloc.
Si on essaie de les decomposer d’aprds la varidtd de reflection
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LES BAINS DACIDE CARBONIQUE CHEZ LES ALIENES 197
mentale, on voit facilement qu’il y a lieu de separer nettement les
resultats obtenus chez les deprimes de ceux obtenus chez les
agites.
Les resultats obtenus chez les maniaques sont des plus irregu-
liers, variant d‘un jour b l’autre pour le m^me malade. Ainsi sur
33 experiences faites sur quatre sujets presentant un etat mania-
que nous trouvons : 17 fois une diminution de frequencedu pouls,
13 fois une augmentation, 3 fois aucun changement.
Dans les dtats melancoliques au contraire les effets se rappro-
chent beaucoup de ce qu’on voit chez l’homme sain. Dans 27 expe¬
riences faites sur 6 malades deprimes, nous avons trouve la fre¬
quence du pouls : diminuee 18 fois, augments 2 fois, stationnaire
7 fois.
Pour ce qui est de la pression, il est de regie qu’elle augmente
chez Thomrae sain. Chez nos malades au contraire, elle a ete le
le plus souvent diminuee. Pour 29 experiences elle a ete: diminuee
13 fois,augmentee7fois, stationnaire 9 fois. Les oscillations ont et6
faibles. Elies n’ont quune fois atteint 2 centimetres de mercure. 11
est b remarquer que nous n’avons pas trouve de difference b ce
point de vue entre les agites et les deprimes.
L’action de l’acide carbonique sur le systeme circulatoire s’est
spontanement montree chez quelques malades par l'apparition
dune rougeur plus ou mois marquee de la face. Mais ce phenomfc-
ne est infiniment moins marque avec les bains de gaz pur, qu’avec
les bains decide carbonique en dissolution dans l’eau.
Du c6te des ph6nom£nes secretaires, nous n’avons note que des
sueurs, d’ailleurs assez rares, etconsistant presque toujours en de
simples moiteurs. Cependant une femme atteinte d agitation ma-
niaque pr^senta pendant les deux premiers bains des sueurs abon-
dantes. Elies diminuSrent lors des bains suivants, et disparurent
apr&s le 4* bain pour ne plus r^apparaitre.
Les variations de la temperature pendant la dur6e du bain sont
des plus irregulteres ; le sens des oscillations peut varier d’un
jour b l’autre chez le m6me sujet. La moyenne generate donne b
peu pres un m6me nombre d eldvations que d’abaissement. Sur 70
experiences, 34 fois la temperature s’est abaissee, 29 fois elle s’est
dlevee, 7 fois elle est restde stationnaire. Les oscillations etaient en
general de 2 b 3 dixi&mes de degre.
Si au lieu de prendre les resultats en bloc on etudie separement
b ce point de vue les agites et les deprimes, on voit qu’ils se com-.
portent differemment.
Chez les malades agites, la temperature a ete trouve abaissee 16
fois et eievee 9 fois. Chez les deprimes elle etait diminuee 14 fois
et eievee 18 fois.
II serait done tout b fait hasardeux de tirer aucune conclusion de
ce que nous savons de linfluence des bains sur la temperature
aussi bien que de leur action sur l’appareil circulatoire.
II n’en est pas de meme en ce qui concerne le systeme nerveux.
Ici les modifications sont plus constantes, et paraissent legitimer
une application therapeulique.
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198
REVUE DE PSYCHIATRIE
La sensibilite cutanee est interessee par les bains carbo-gazeux.
Subjectivement cette action se traduit par des sensations de
froid ou de chaleur, ces dernieres plus frequentes.
Une malade maniaque accusait lors des premiers bains une sen¬
sation de chaleur. Au T bain elle se plaignit d’avoir froid, puis
n’accusa plus aucun phenomena de cet ordre.
Une autre malade atteinto de confusion mentale avec depression
melancolique presenta le meme phenomene: sensation de chaleur
lors des premiers bains puis sensation de froid aux suivants. Mais
d'autres malades accusent toujoursde la chaleur. Un de nos mala
des, dement precoce avec alternative dagitation maniaque et de
depression, disait au cours d’une crise dagitation, qu'ilavait tres
chaud, qu’il etait tres bien et se croyait enveloppe dans du coton.
Un autre dement precoce, tres deprime, accusait toujours une
forte chaleur. Parfois cette chaleur lui paraissait plus intense au
niveau de la verge.
Chez deux de nos malades les bains smenaient une sensation de
fatigue.
Chez deux autres, ils determinerent une tendance au sommeil.
Une malade maniaque qui disait au sortir du premier bain « J’ai
besoin de repos » s’est presque toujours endormie lors des bains
suivants.
Les variations de la sensibilite objective sont plus nettes encore.
Le traitement parait agir en particular tres bien sur les etats
d’hyp6resthesie.
Chez une malade maniaque qui lors des premiers bains pr^sen-
tait une l£g6re hyperesthesie, celle-ci a disparu pour ne plus repa-
raitre des le 5* bain. En m&me temps i attention devenait plus
facile & fixer et letat mental s’ameliorait rapidement.
Une hyperesthesie tres nette a ete fort attenude par une s^rie de
trois bains.
Une autre hyperesthesie cutanee, vive au premier bain, avait
diminue peu e peu pour disparaitre au 5', puis les bains ayant
ete suspendus, elle a reparu comme avant tout traitement.
L’une surtout de nos malades a ete int£ressante a ce point de
vue. Cetait une femme qui presentait de la confusion mentale &
forme melancolique. Lors du premier bain le moindre attouche’
ment la faisait crier. Le thermometre devait etre place avec la plus
grande precaution sous son aisselle pour ne pas provoquer de cris
dedouleur. Au troisieme bain, il n'y avait pas beaucoup de change
ment car la malade repousssait encore le thermometre sous pre-
texte qu’il la brCilait. Au 5 e bain rhyperesthesiesemblait.diminuer.
Au 9 f bain elle etait tres attenuee. Apres 12 bains, elle avait tout
a fait disparu.
II faut rapprocher de ces faits les phenomenes presentes du cote
de l’appareil auditif par la premiere de nos malades hyperesthesi-
ques, cette maniaque dont nous parlons plushaut qui vit disparaitre
son hyperesthesie apres 5 bains.
Comme on donnait e cette femme son huitieme bain, elle se
plaignit h nous d'etre genee par le tic-tac de la montre. Au 10'
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LKS BAINS D’ACIDE CARBONIQUE CHEZ LES ALI&sgs
199
bain elle nous pria de ne pas faire rouler le crayon sur la table «le
bruit, nous dit-elle, m’agace ». D£s le bain suivant cette hypera-
cousie diminuait, pour disparaitre definitivement au 12 e bain.
Nous croyons done avoir le droit d’affirmer que Taction des bains
sur le syst&mo nerveux est des plus utiles chez les alienes qui pr6-
sentent des phenom^nes d'hyperesthesie.
Sous leur influence on voit bientot disparaitre ces cris au moin-
dre contact, ces mouvements desordonnes au moindre fr61ement
que presentent beaucoup de maniaques au debut de leur traitement.
Les quelques observations qui suivent permettent de penser
qu'ily a une amelioration paralieie de l’etat mental.
Malheureusement nousavonstres rarement Toccasion d’observer
des cas aigus. C’est pourquoi les observations probantes sont peu
nombreuses.
Observation I. — Femme, 30 ans. Etat maniaque aigu. Associa¬
tions par assonnances. Illusions de fausses reconnaissances. At¬
tention tr&s difficile b fixer. Reactions vives au moindre contact.
A la suite du second bain les nuits deviennent plus calmes. Au
cinquifeme bain Thyperesthesiea disparu. Au septi&mebain, quinze
jours apr&s le debutdu traitement, Tamelioration s etend b la
journee. L’attention est plus facile & fixer. La tenue est plus soi¬
gnee. Au huiti£me bain elle ne peut supporter le tic tac de la
montre. Au dixi&me bain elle se plaint du roulement du crayon
sur la table. Mais Tetat mental s’ameiiore toujours. La malade s'est
coifltee elle-meme. Elle parle avec calme. Au onziSme bain tout
phenomene d’hyperexcitabiiite sensorielle a disparu. La malade
est presque guerie. Elle reconnait qu elle a ete malade et remercie
le medecin des soins qu elle en a regus.
Observation II. — Femme, 27 ans. Confusion mentale. Fausses
reconnaissances. Idees meiancoliques ; croit sans cesse qu’on veut
lui faire du mal. Prendles personnes qui l’entourent pour desjuges
qui veulent la condamner b mort. Hallucinations visuelles terri-
fiantes, surtout nocturnes. Le moindre attouchement la fait crier.
Au troisi&me bain elle repousse le thermom£tre parce que cela
la brule. Au neuvi^me bain, cette hyperesth6sie est tres att^nuee.
Au douzteme bain elle a disparu. A ce moment le traitement a
dure un mois et on note une veritable amelioration. Les idees me-
lancoliques persistent toujours, inais les illusions et les hallucina
tions sont en voie de disparition. Le sommeil qui faisait complfe-
tement defaut au debut dela maladie est devenu calme et profond.
Observation III. — Femme, 39 ans. Demence avec idees de per¬
secution et de grandeur.
Uneserie de trois bains n'a amene aucun changement au point
de vue mental, mais a diminue Texcilabilite cutanee.
Observation IV. — Femme, 55 ans. Demence avec agitation ma¬
niaque. Aucun resultat.
Observation V. — Femme, 62 ans. Delire de possession. Hallu¬
cinations nombreuses de la sensibilite generate et hyperestltesie
cutanee.
Une serie de cinq bains a amene une diminution du nombre des
hallucinations et une disparition de Thyperesthesie cutanee.
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200
REVUE DE PSYCHIATRIE
Les bains ayant 6te suspendus, les sympt6mes ont reparu com¬
ma avant le traitement.
Observation VI. — Femme, 27 ans. Demence avec agitation ma-
niaque. Aucun rdsultat.
Observation VII. — Femme, 36 ans. Folie periodique. Etat me-
lancolique. Aucun resultat.
Observation VIII. — Femme, 35 ans. D6gen6rescence mentale
avec acces d’agitation.
Cette malade a pris douze bains assez espacds. A la suite de
chaque bain on a note une nuit paisible avec sommeil, et un appe-
tit plus grand. Pas d’autre resultat final qu’une amelioration
de letat general.
Observation IX. — Femme, 31 ans. Demence avec agitation
calmee momentanement par les bains.
Observation X. — Femme, 34 ans. Demence. Insomnie. A retrou-
ve le sommeil sous linfiuence des bains.
Observation XI. — Fetnme, 35 ans. Demence precoce avec
iddes mystiques et crises d’angoisse. L’angoisse a diminu6 d£s le
second bain. Le sommeil et fappetit ont et£ tres amediores au
debut du traitement. Apr£s le sixieme bain, l’6tat sest aggrav^
peu & peu. L’angoisse n’a pas reparu mais le caract&re dednentiel
de reflection s est de plus en plus accuse.
Observation XII. - Homme, 24 ans. Demence precoce. De¬
pression habituelle. Aucun efTet sur f£tat mental bien que faction
sur le syst&me circulatoire ait parfois ete tr&s marqude.
Observation XIII. - Homme, 27 ans. Demence precoce simple.
Aucun efTet sur l etat mental.
Observation XIV. — Homme, 29 ans. Demence consecutive &
un delire des persecutions. Depression meiancolique. Mulisme.
Aucune reaction.
Observation XV. — Homme, 23 ans. Etat de confusion avec
depression meiancolique. Preoccupations hypocondriaques. Hal¬
lucinations de foui'e.
A la suite d’un traitement de six bains, le sommeil est revenu,
et le malade s’est mis h bien manger. L’etal mental n’a pas subi
de changement appreciable.
REVUE DES L1VRES
Demi-fous et demi-responsables, par J. Grasset (1 vol. in-8.
de la Biblioth&qvc do philosophic conicwporaine. 5 fr. Alcan,
editeur). — En demontrant que la litterature (la litterature con-
temporaine en parliculier), a depeint ou mis en sc6ne une nombre
considerable de psychopathes qui ne sont pas absolument des
alienes, Grasset voit un commencement de preuve scientifique
de 1 existence des demi-fous dans la croyance extra-m^dicale 6
cette categoric d’anormaux, affirmee par l’observation des meil-
leurs et des plus consciencieux des dcrivains : Pourtant deux
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REVUE DES LIVRES
201
doctrines que I’auteur designe sous les noms de « thtorie des deux
blocs v et a theovie du bloc unique » nient l'existence des demi-
fous et refusent de croire b la demi-responsabilitd : la premiere
met un fosse profond entre les responsables et les irresponsables:
la deuxidme au contraire s’appuyant sur l’existence des cas inter-
mddiaires b tous les degrds, aboutit b la conception soit de la res¬
ponsabilite, soit (et plus souvent) de l’irresponsabilitd universelles.
Mais, comme il lui semble impossible de rdunir scientifique-
ment tous les hommes en un groupe unique d’etres plus ou moins
raisonnables ; ou de les diviser en deux blocs comprenant l’un les
fous, l’autre les gens sains d’esprit, Grasset entreprend d’etablir
la preuve medicale de l existence des demi-fous, car c'est Id une
question que la clinique seule peut resoudre. II passe done rapi-
dement en revue toute la pathologie mentale, au point de vue de
la semdioligie et de la nosologie, et indique au fur et b mesure
qu’il les rencontre dans quels groupes se recrutent les malades
dont il s’occupe. Le plus fort contingent appartient, au departe-
ment des degdneres, attaints d’infirmitds devolution: ddsequilibrds
(parfois intelligents) fous raisonnants, fous moraux, dpileptiques,
hysteriques, etc. Pour caracteriser d un trait commun une reunion
aussi vaste et aussi complexe, il admet que chez les demi-fous, il
y a affaiblissement du psychisme superieur et hyperactivitd fonc-
tionnelle non contr61de du psychisme infdrieur.
Beaucoup d’entre eux ont une haute valeur sociale, ce qui les
distingue absolument des fous. Mais si beaucoup de superieurs
intellectuels sont des psychonevroses, la psychon^vrose et la
sup6riorit6 intellectuelle ne sont pas pour cela solidaires et ddpen-
dantes. Dautre part, les demi-fous peuvent 6tre, et sont souvent
nuisibles b la societd qui a le devoir et le droit de se garantir
contre leurs mdfaits tout en les assistant et en les traitant : Les
mddecins seuls peuvent decider de la demi-folie d un sujet, la res-
ponsabilite, ou la responsabilite attdnude peuvent etre etablies sur
ia seule base physiopathologique, sur l examen du systdme ner-
veux, inddpendamment de toute opinion philosophique ou reli-
gieuse. La responsabilite attenuee n est pas un subterfuge inventd
par des experts inddeis, c’est un fait scientifique onalysable.
Quand un demi-fou a commis un crime et un delit, on doit b la
fois le punir et le traiter ; il est urgent que la question de la demi-
folie figure en tdte des rdformes prochaines concernant le regime
des alidnds.
Au cours de deux articles parus en 1906, Tun dans la Revue des
ld4es t l’autre dans la Revue des Deux-Mondes , l auteur a dejd
indiqud par quels procedes pratiques on pourrait entreprendre
l’assistance des demifous unie b la repression des demi responsa¬
bles : La Revue de Psychialrie a rendu compte de ces travaux, et
c’est pourquoi nous n’insistons pas davantage sur les derniers
chapitres de l ouvrage actuel.
On retrouve dans celui-ci et & chaque page, cette remarquable
clarte d exposition qui rend si attrayante la lecture des livres do
Grasset, qu’on adopte ou non les opinions defendues par l’auteur.
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202
REVUE DE PSYCHIATRIE
(Le reproche lui a ete adresse par quelques critiques d’esquisses
une « theorie des trots blocs », a c6td de celles qu’ii condamne).
De plus la double documentation litteraire et scientifique n’est pas
ici une des moindres sources d’intdret. Puisque dans l’introduc-
tion de son livre, l’auteur de «demifous et derniresponssbles » ne
pretend trop modestement, que poser les termes d’une question
difficile, et en faire comprendre la haute portee sociale, il peut
«Hre stir qu’ii a largement (et agreablemenl pour les lecteurs)
atteint son but. P. Juquelier.
SOClE'I'ES
societe MEDICO-PSTCHOLOGIQUE
Sconce du 29 acril 190?
M. Deny, president, fait part de la mort de M. Le D r Fere medecin
de Thospice de Bictitre et membre de la Societe.
Est mis aux voix et adopte le voeu depose dans la seance prdeedente
par M. Vigoukoux au nom d’une commission chargde d’etudier les
modifications a apporter au projet de loi sur le regime des alidnes, en
ce qui concerne le placement des alienes diffleiles et dangereux.
Sur la demande de plusieurs de ses membres, la Socield decide de
nomrner une commission chargee d’etudier l ensemble du projet de
loi sur le regime des abends. Font partie de cette commission :
MM. Arnaud, Ballet, Chaslin, Colin, Durr£, Legrain, Pactet,
Rriois, Vallon et VlGOUROUX.
*
* *■
M. Sollibr lit un rapport sur les mdmoires ddposes pour le prix
Semelaigne. Suivant les conclusions de ce rapport, le prix est attribue
au D r Brossard, de Paris.
Le sujet propose pour le prix Semelaigne a attribuer en 1908 est le
suivant : His/oirc dr Voriyinc cl de I’ccolution dc Video dc dcycnercs-
ccncc cn method ne me Male.
M. ViGotmoux lit un rapport tuv les memoires deposes pour le prix
Moreau de Tours. Suivant les conclusions de ce rapport, le prix est
partage entre le docleur Bene Char rentier, medecin-adjoint de l’asile
de S'-Venant (Pas-de Calais) et M ,e Pascal, docteur en medecine et
interne a 1’asilede Ville-Evrard. Une mention honorable est accordde
au docteur Porot, de Lyon.
Conformement aux conclusions d’un rapport de M. S^rieux, leprix
Belhomme est partagd entre MM. Marchand, mddecin-adjoint de
l’asile de Blois, le docteur Voisin, de Paris et Doury, interne des hdpi-
taux de Paris.
Le sujet proposd pour le prix Belhomme a attribuer en 1908 est le
suivant : Do role com pare dc Valcoohsme et de la syphilis dans la
yen esc dc Vidiotic.
*
* *
A pres lecture d’un rapport de M. Vigoukoux et d’un rapport de
M. Vallon, M. le professeur Remond, de Toulouse et M. le docteur
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SOCIETES
203
Duhem. inedecin-adjoint au Sanatorium de Boulogne, sont nommes
membres correspondsnts de la Societe.
Apr&s lecture d’un rapport de M. Detain, M. le docteur Hans Even-
sen, m^decin en chef de 1’asile d’alienes de Trondhjem (Norvege) est
nomme membre associe Stranger de la Society.
A. Delmas.
SOCIETE DB NBUROLOOIB
12 acrit
Hemiplegic thala/nique silicic de tabes cl dc paralysic ycncralc. MM.
Chartier et Lejonne. A 28 ans, apres ictus, une jeune filleest atteinte
d’hemiparesie droite avec hemi-anesthesie persistante accompagnde
de l’abolition de la sensibilite osseuse au diapason, d'hemi-ataxie,
d’algies centrales. Trois ans plus tard, apparition de signes de tabfcs
et de paralysie generate.
Confusion mentale, mcninyitc , scldrosc en plaques. MM. Claude et
Lejonne. Aprks avoir presente pendant six sernaines des symptdmes
de confusion, la malade de Cl. et Lej. a des signes de meningite grave
(fl&vre, Kernig) qui dure 4 rnois. Pendant la convalescence, apparition
des signes de la sclerose en plaques.
II s’agit peut-etre d’une sclerose en plaques a debut cerebral, pense
M. Claude.
Juquelier.
SOCIETE DE PSYCHOLOGIE
i or mars 1907.
Les idccs de f/randeitr. M. Seglas distingue deux varites d’idees de
grandeur chez les malades non paralytiques (les persecutes systemali-
ques en particulier). Dans certains cas, l’idee de grandeur correspond
a une conviction ferine, et le malade s'affirme etre telle ou telle person-
nalite. Dans d’autres cas au contraire, 1’expression megalomaniaque
n’a qu’une valeur symbolique : e’est un terme de comparaison. Par
exemple, un malade de M. S^gi.as en disant qu’il est Napoleon V,
veut simplement expliquer qu’il vaut cinq fois par son genie Napoleon 1".
Un trouble de la cision par examination de la cision binoculairc. M.
P. Janet. Une hysterique d’un certain age, ayant perdu un ceil reste
incapable de voir avec l’autre, cependant intact; L’auteur croit qu’il
s’agit d’un manque d’adaptation a la vision monoculaire, de la persis-
tance d’efforts continuels et vains pour voir avec les deux yeux.
La malade fut en effet guerie en s'adaplant a la vision monoculaire,
apres avoir regarde dans des lunetles a tubes incompatibles avec la
vision binoculaire.
Renforcement sensoricl d’oriqine centralc (Une experience relative
au micanisme dc l'attention ). MM. Pieron et Maigre rapportent une
experience inspire par Mac Dougall,de vision sterGoscopique de zones
coldiiees oil le renforcement sensoriel volontaire put s’ellectuer apres
suppression de l’accommodation par atropinisation des deux yeux et
suppression des mouvements de la tele et des yeux. Cette experience
seinble bien impliquer un mecanisme de renforcement attentif exclu-
sivement cerebral ; car les fibres centrifuges du nerf optique ne parais-
sent pas, de par leurs terminaisons dans la retine, pouvoir jouer un
role accommodateur par action sur les c6nes el les batonnets.
J.
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KEVUE DE PSYCHIATRIE
REVUE DES PEHtODIQUES
P^RIODIQUES DE LANGUE ANGLAISE
The A mcf'ican Journal of Psychology. (Vol. XVII, n # 4.
Octobre 1906).
Arnold L. Gesell. — La jalousie. — Apres une entree en maliOre
rapide sur la jalousie, l’auteur envisage la jalousie aniraale, dont il
donnedes examples, se fondant sur Darwin pour l'attribuer auxinsectes
en g6n4ral, sur Pocock pour lattribuer aux araign^es, sur Romanes pour
l’attribuer aux batraciens et aux poissons, sur Delboeuf pour l’attribuer
aux reptiles, etc.
Plusieurs cassont relates, des fails divers de jalousie, chez des singes,
des chiens et des chats. La jalousie animale representerait la rivalite,
le conflit des intdrOls, et son r61e est explique par l’auteur d’apr&s
Darwin, en se fondant sur futility de cette Emotion pou: la lutte. II y
aurait i& une emotion, un instinct proprietaire, une exacerbation, selon
Letourneau, de l’instinct de propriety, netlement anti-social, contraire
aux tendances de sympathies et d’aide mutuelle. L’auteur montre qu’il
est difficile de faire la part exacte du facteur sexuel dans la jalousie
animale, etant donne que celle ci se presenle chez des animaux
chatrds, et il analyse l’expression jalouse. II passe ensuite & l’6tude
de la jalousie humaine chez le jeune enfant (jusqu’4 6 ans), oil
elle est tres frequente et son caractere proche de la jalousie ani-
male, chez l’enfant de 6 a 12 an*, chez l’adolescent, et enfln chez
l’adulte. Des exemples sont donnas dans tous les cas, en petit nombre
d’ailleurs, h litre d’illustration. L’auteur donne quelques stotistiques de
temperaments jaloux et des autres traits de caractere concomitant. Il
fait une analyse ditferentielle des etats voisins, rivalite, competition,
etc., et cherche a determiner l’expression physionomique de la
jalousie, en pai ticulier d’apres des peintres. It donne quelques descrip¬
tions concretes pour l’analyse de l’etat mental du jaloux et cherche a
determiner le devcloppement genetique et le but de la jalousie,
qui devient plus rafllnde et plus complexe dans ses formes dlevees.
Une troisieme partie de retude concerce la pathologie et la crimi-
nologie de la jalousie dont l’importance est considerable a ce point
de vue, surtout en ce qui concerne 1 hyperjalousie, plus frequente que
la forme hypo. La meilleure« pedagogie de la jalousie » chez lesenfants
parait a l’auteur devoir etre indirecte et pieventive, consistent dans la
culture du sens du moi sous une forme saine. Au point de vueanthro-
pologique et ethnologique, la jalousie a une signification d’ordre
sexuel, en ce qui concerne la famille. Une bibliographie de 45
travaux termine ce memoire.
E. A. Hayden. — La memoire du soulgvemont des poids. — Etu¬
des sur cinq sujets : des psychologues. Etude de I’influence de l’inter-
valle m^inoriel sur le temps de reconnaissance (mesure avecun appareil
de temps de reaction) ; influence qui parait tr£s faible, que le second
poids soil identique nu premier ou different. Analyse des r&sultats qui
sont classes de diverses manieres. Les intervalles de 40 a 60 secondes
sont les plus favorubles pour les jugemenls de reconnaissance, car
ils coincident avcc le plus fort pourcenlage de leponses justes, le temps
de reaction minimum, et la moindre variation moyenne. Le plus impor¬
tant dans ces jugemenls ne parait done pas 6tre la conservation de
l’image m^morielle, quis'elTace nvecle temps, mais il faut surtout tenir
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REVUE DES PERI0DIQUE9
205
compte du retour a I'integrite musculnir^, aprds Ie premier souldve-
ment. La comparaison ne porlerait pas sur deux images des mouve-
ments, l'une nneienne et l'aulre actuelle. rnais reposerait sur ce mdca-
nisme : aprds une adaptation de PefTort musculoire 6 un souldvement
donn^ le poids suivant sera jugd 6gal, plus leger ou plus lourd selon
que cette adaptation se trouvera suffisante, trop forte ou trop faible
pour le nouvel elTort k faire, et dans cette adaptation l’etat du muscle
joue un rdle.
John E. Shepard. — Changements organiqucs et sentiments. —
A pi 6s un resume historiquc des travaux ddjti fails sur les repercussions
organiques (pression sanguine, pouls, respiration) des phdnomdnes
mentaux et en particulier des sentiments, l’auteur expose sestrds nom-
breuses expdriencessurquelquessujets, des psychologuesdu laboratoire
de l'Universitd de Michigan, avec une bonne technique, et sur un sujet
attaint de brdche cranienne, ce qui permit l’exploralion du pouls et
du volume cdrebraux.
L’etude a porte sur des stimulations diveises, agrdables ou ddsa-
greable, des formes d’altention sensorielle et intellectuello, etc., le su¬
jet faisant une analyse introspective de ses dials mentaux et se trou*
vant placd dans une piece diffcrente de celle oil l’opcrateur agissait.
Des exemplea typiques sont relutes, une statistique est donnde des
influences constatdessur la pression peripherique et le volume cerebral,
la vitesse du pouls et les ondulations de Traube liering. L’auteur
critique a la fois les conceptions de Lehmann et celles de Wundt, en
particulier la thdorie tridimensionnelle du sentiment (1) agrdment
desagrement; 2) excitation, depression ; 3) tension, rel&chement) et il
inontre que les deductions de Lehmann et de Wundt sont nettement
contredites par ses experiences, car les influences constotdes si elles
ne sont pas toujoursabsolument de mdme ordre, m£me valeur et m6me
sens, le sont dons une assez forte proportion pour representer une
relation rdelle.
En resume, les conclusions de M. Shepard, sont les suivantes : II est
probable qu’une octivite nerveuse moderde provoque une constriction
des voisseaux splanchniques ; il se produit concurremment une aug¬
mentation du volume du cerveau probablement due a l accroissement
de la pression sanguine provoquee par la constriction peripherique.
Sur les vaisseaux splanchniques, les stimulations fortes ontune action
d’excitation ou d’inhibition. Quant aux actions sur le nombre des pul¬
sations. elles doivent etre dues 6 un eflet produit sur le pneumogas-
trique ou lescentres excitoteursdu cceur. L'attention n’est pas la cause
des changements observes qui peuvent etre reflexes. Les stimulations
peuvent agir sons atteindre la conscience, malgre Lehmann, puisqu’el-
les exercent encore ieurs efTets durant le sommeil. Les regions en
activite luttent contre la constriction sanguine sous I’influence des
nerfs vaso-dilatateurs.
/</. (Vol. XVIII n’ IJanvier 1907).
B. S. Gowen. — Quelques aspects des pestes et autres dpidd-
mles. — Etude psychologique des peuples durant les grandes dpidd-
mies historiques k l’dpoque actuelle. Bibliographic de 113 travaux.
Frank D- Mikchell. — Prodiges mathdmatiques. — L’auteur donne
un resume de tout les cas cites de prodiges mathdmatiques dans la
litterature psychologique, 13 cas particulierement remarquables, et 12
de moindre importance. Apres avoir expose un nouveau cas et cherchd
k ddgager les caractdres typiques de ces grands calculateurs, l’auteur
expose une thdorie nouvelle du calcul mental. Il distingue soigneuse-
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206
REVUE DE PSYCHIATRIE
ment en particulier les gas des calculateurs naturels, de ceux des cal¬
culateurs par artifice, et les ph6nom&nes de calcul des phynomfcnes de
my moire.
The British Journal of Psychology. (Vol. II. Part. I, 1906.)
G. F. Stout. — La nature de {’effort et I’activity mentale. — Etude
successive de Taction r6ciproque de Tobjet et du sujet, de Tactivite
mentale et de son efficience, de la complexity de Teffort; critique des
vues de Bradley ; examen de Teffort rapprochy des sensations motri-
ces, considyry comme conscient, et etudie par la psychologie expyri-
mentule. L’auleur n’admet pasquela conscience de Teffort soil due uni-
quement a la conscience des sensations de Tappareil musculaire. II y
a une conscience propre de Tactivite qui s’efforce. Etude introspective,
et critique de lexperimentalion qui conduit Titchener a parler de Tat-
tenlion comme un « etat », ce qui parait a S. inintelligible.
W. G. Smith. — Etude de queiques correlations de I’illusion vl-
suelle de Mdller-Leyer et de quelques ph6nom£mes connexes. —
Comparaison de la valeur numyrique de Tillusion (par le raccourcisse-
ment ou Tallongement de la ligne) avec la valeur des erreurs normales
de la memoire visuelle et de la inymoire kinesthesique pour ces
mymes lignes depourvues des angles des extremes. L erreur moyenne,
dependant de l attention, est ties variable. II n’y a pas de corryiation
netle enlre les tendances de la mduioire et les valeurs de Tillusion, qui
a augmente lorsque la tendance unterieure ytait opposee a cello de
Tillusion inline.
\V. H. Winch — La mdmolre immediate chez les£l£ves des dco-
les. L’audition. - Etude des questions suivantes : si la memoire pure
des perceptions associees seuleinent dans le temps et dans Tespace,
est pratiquemenl mesurable ; si la mymoire croit avec lage dans les
ycoles; si la memoire a une relation directeavec le niveou intellectuel.
Expose des melhodes (memoire des consonnes). Le classement de la
memoire est sensibleinenl celui des eleves dans les classes.
Beatrice Edgei.l et W. Legge Symes. — Le chronoscope de
Wheatstone-Hipp, son emploi, son exactitude, son contrdle. —
Etude, avec bibliogi aphie, du chronoscope et module du chronoscope
niodifie.
C. Spearman. — « Pied de roi »> (Footrule) pour la mesure des
correlations. — Exposy de la methode mathematique fournie par le
calcul des probabilities pour Texamen des correlations psyehologiques.
PlERON.
ENQUfiTE
SUR XjE «!SrO RESTRAINT »
Dans le numero de fevrier 1907 (Page VIII), la Recue de Psychia¬
tric soumettait aux chefs de service d'asile le questionnaire sui-
vant :
V Est-il possible de renoncer en toutes circonstances aux moyens
de contention physique dans le traitement ou la surveillance medi¬
cate des tta's d'agitation ou d'anxietc ?
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BNQUETE SUR LE « NO RESTRAINT ))
207
2* Si oui, par quels procedes faut-il remplaccr le « restraint n
dans des cas difficiles el quels sont les acantages de ees procedes t
3* Si non , dans quels cas , el acec quellesprecautions peut-on re-
courir aux moyens de contention physique f Vemploi de ceux~ci
semble-t-il subordonne & Vimperfection actuelle de l’organisation
des services d’asile f Exisie-tdl au contraire des cas excejdionnels
on (acec bien entendu le controle rigoureux du medecin responsa -
ble) cet emploi doit etre en principe prejere a d'autres mo yens f
Xous donnons aujourd’hui une premiere sdrie de reponses ;
daulres nous ont ete annoncees, et la publication de ces premiers
resultats engagera peut-Otre de nouveaux correspondents k faire
connaitre leur avis. Aussi, nous abstiendrons-nous de tout com-
mentaire actuel.
*
* *
Jusqu’ici la grande majority des reponses conclut en faveur du
« restraint » exceptionnel et surveille : Voici ces reponses classees
suivant l'ordre alphabelique deleurs auteurs.
Docteur Anglade (Bordeaux). — 1° Je no renonce systemalique-
ment a aucun inoyen, et j ai recours a la contrainte: a si elle doit etre
utile aux malades ; b si elle devient indispensable, tous les autres
moyens ayant echoud.
2° Mais il est incontestable qu’user de lu contrainte, e'est offrir au
personnel la tentalion d’en abuser. C'est pourquoi j’estime qu’elle doit
&tre rigoureusement surveillee. Void comment je procede dans moil
service : Aucun moyen de contrainte ne doit etre applique k un malade
neuf sans l’autorisation formelle du mddecin qui doit se rendre compte
lui-memc de la necessity d’y avoir recours. Je ne souffre a cette r6gle
que des exceptions bien rares et qui doivent etre fortement motives.
Je surveille done avec un soin tout particulier cette premiere contrainte
par le maillot au lit oula toile sur la baignoire (je n’adinets pas d'autre
mode de contrainte). Aitisi surveillee, la contrainte est exceptionnelle.
Je prescris le maillot pour proteger un pansement. J’autorise le mail-
lot pour les maniaques qui, venant du bain prolonge.ne gardent pas le
lit la nuit. Cette contrainte au lit, la nuit, me parait prdf6rable k la li¬
berty des malades dans leurs cellules. On sait ce qu’ils y font et cela
est pire que tout. Tout malade maintenu ne l est d’ailleurs que sous
l’ceil d’un veilleur.
Ce qui est k redouter, c’est la contrainte a la premiere difficulty,
c’est la contrainte habituelle yrigee en methode de surveillance dont
elle est la negation.
D r Archambault (Tours). — J'estime qu’il est presque impossible
de renoncer en toutes circonstances aux moyens de contention physi¬
que dans certains cas d’agitation ou d’anxiete : c’est encore & l’heure
actuelle la seule fagon de pr£venir assez eftlcacement certains acci¬
dents.
11 n’est pas douteux que l'imperfection de I’organisalion des services
d’asile oblige trop souvent a avoir recours aux moyens de contrainte :
d'abord insuffisance du personnel au point de vue quality et quantity
personnel qu’il est extr£mement difficile de recruter; puis installation
defectueuse.
Avec un personnel nombreux et 6clair§, avec un service aussi divisd
que possible : diminution du nombre de malades dans les divisions,
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208
REVUE DE PSYCHIATR1E
creation de chambres d'isolement en quantity suffisante pour les exi¬
gences du service, avec ces ameliorations, l’usage des rnoyens de con-
trainte devraitGtre reduit au minimum. Mais tant qu'une modification
profonde n’aura pas 6te appoi t£e, la camisole de force, la c dnture ou
le manchon nous rendent des services dont on ne peut malheureuse-
ment pas se passer chez certains malades.
D r Beilat (Brrnty-la-Conronnc). — J’estime, tout en m’efTorgant d’en
restreindre le plus possible l’emploi, que les rnoyens physiques de con¬
tention sont absoluinent indispensables dans cerlains cas d’agitation
ou danxtete. De tous ces rnoyens, je ne suis partisan que de la camisole
et de la chambre d isolement. Les rnoyens de contenlion doivent 6tre
ordonn^s par le m^decin seuiement, la camisole doit etre en toile sou-
pie, & manches et a encolure larges, pour laisser une certaine liberty
aux mouvemenls des bras et pour eviter la g6ne de la respiration, les
liens seront attaches sur la partie ant^rieure du corps, afin d’eviter la
production d’eschares chez les malades que Ton est absoluinent obligd
de maintenir au lit. Ainsi coinpris, ce moyen de contention me parait
soulever des objections d’ordre plus sentimental que pratique. II est
assurdment duplication autreinent facile que le systeme qui consisle
a faire maintenir le malade par deux ou trois infirmiers plus ou moins
patients qui seront constamment en lutte avec lui. Le no-restraint tel
que le comprennent les medecins anglais, n’estil pas lui-m&me, avec
ses dehors plus liumanitaires un moyen de contrainte plus gftnant que
la camisole.
Ilconvient d’avoir recours a la camisole dans toutesles manifestations
tumultuouses de l’alidnation mentale ; elle doit &tre employee, comme
je le dis plus haut, avec la plus grande reserve et il faut toujours en
surveiller rapplication, e’est la le point essentiel ; pour les malades qui
sont surtoul dangereux pour les aulres, I’isolement peut remplacer
avantageusement la camisole, mais il doit etre limits strictement & la
durde de l'acctis d agitation. En somme,ce n’est pas l’emploi de la cami¬
sole qui peut souligner bien sdverement les imperfections actuelles de
lorganisation des services d’aliends.
D r Biaute {Mantes). — En fevrier 1886, dans un rapport special en-
voye au Minisl&re de l’lnterieur par l’udministration des hospices tx la
suite de l’inspection g6n6rale de M. Marechal Lebrun, j'ai euToccasion
de dire quels etaient les rnoyens de contenlion employes au quartier
d’alienesde Nantes et dans quelles circonstances il en dtait fait usage.
Les rnoyens de contention etaient la camisole, le gant, le fauteuil, la
cellule et je n’admeltais la ndeesite de leur emploi que dans les cas
suivants : ddsordie d’actes si violent qu’il compromet la sdcurit6 du
malade et celle de l’entourage, auties malades et personnel; pensees
constantes desuicide et d homicide entretenues par un d^lire actif.
Le bain, quand il y avait urgence absolue de placer le couvercle,
avait ordinairement une duree d’une lieure, jamais de plus de deux
heures.
Pendant le bain, on ne pratiquait plus le syst6me des affusions froi-
des sur la t£te par jet continu ou intermittent. La compresse humide
etait ieule appliqude.
Les douches n’elaient administr^es que lorsque les malades s’y sou-
mettaient sans aucune resistance.
La contention et le bain n’etaient jamais employes comme moyen
de punition et je n’ai jamais admis que le personnel se servit de ce
mode comme inesure a r^clamer h regard d’un malade, pour quelquc
motif que ce soil;
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ENQU&TE 9UR LE (( NO RESTRAINT ))
209
En les surveillant attentivement, j’ai continue a pratiquer les moyens
classiques de therapeulique et de protection.
Depuis, d’autres systfcmes ont dte conseillds : Fisolement continu
dans une cellule avec eour particuliere, quand l’asile en dtait pourvu,
le maillot. Cela ne diffdrait pas sensiblement des moyens prdc6dents.
Mais une r6forme fadicale a yu enfin le jour : abolition totale de
tous les moyens de contention et de la cellule d'isolement, alitement
permanent, bains prolongs pendant des jours et des semaines. Pour
ce mode de traitement, il est necessaire d’avoir recours a de hautes
doses de medicaments ealmants ou hypnotiques,adesstupdfiants dner-
giques et il est necessaire aussi d’avoir au moins un infirmier pour
cinq malades.
Il faut Fautorite du professeur Krsepelin pour recommander le traite¬
ment des abends par l’hydrothdrapie et la medication interne qu’il pra¬
tique dans son institut psychiatrique de Munich. Conseillds par un
savant aussi renommd et aussi dcoute, il y a lieu de penser que ces
deux moyens de traitement ne souldveront plus aujourd’hui en France
les violentes critiques que nous avons lues, il y a quelque trente ans,
dans des journaux non scientifiques. Ces moyens, cependant, n’etaient
encore 6 l’epoque qu’une dbauche attdnuee de ceux qui peuvent 6 pre¬
sent entrer dans, la pratique courante. On doute, ndanmoins, qu'avec
eux on puisse, en tous lieux et en toutes circonstances, faire Fabandon
complet des anciens modes de contention et de protection.
Dans le vieil asile de Nantes, datant de 1834, anterieur par consequent
& Fepoque ou la loi imposa aux ddpartements d'assister et de soigner
les alidnds dans des etablissements spdciaux, mais ddifid cependant
d'aprds les plans qu’avait dressds Esquirol, j’ai done etd dans Fobliga-
tion, pour protdger les malades eux mOmes et autrui, de faire usage du
restraint comme je Fai indiqud en 1886, mais en surveillant rigoureu-
sement son emploi chaque fois que j’en reconnaissais la ndcessitd.
L’asile §e transforme completement en ce moment. Des pavilions
neufs sont construits, tous les anciens sont agrandis et dilTdramment
amdnaggs ; au milieu d’eux a 6td batiunvaste pavilion d'hydrothdrapie.
Il contiendra 14 sections pour chaque sexe. Un classement mdthodique
sera possible, sans encombrement, avec unnombre r6duit de malades.
Les cellules ont des cours particulidres, les salles d’alilernent sont
prdvues, desquartiers d’observation pour calmes et pour agites, exiges
par la nouvelle legislation* existeront.
Dans moins d'un an, la division des femmes sera ainsi mise & ma
disposition. Les m£mes travaux seront ensuite executes dans les
divisions des hommes. Je dois reconnaitre que la Commission adminis¬
trative des hospices et l’architecte ont adoptd le plan que j'avais le
premier etabli et qu’ils ont suivi les avis que j’etais appeld a donner.
Dans l’asile transform^, je pourrai comparer les ellets du restraint
et du no-restraint. Mais celui ci ayant toutes nies preferences, il me
sera ais6 de le mettre gendialeme^t en pratique. A cet dgard, j’aurai
comme adjuvants puissants une hydrotherapie complete, la kindsithe-
rapie, la photothdrapie. Je demanderai 1 augmentation du personnel,
dans la proportion d’un infirmier pour cinq malades, dans certaines
sections et enfin la creation d’equipe de jour et d'equipe de nuit pour
la surveillance. En agissant de la sorte, je suivrai les preceptes que Fon
tend & mettre en pratique sous Fimpulsion du professeur Knnpelin.
En plus, je vais proposer prochainement une reforme dans le service
medical. 11 comprend actuellement un # mddecin en chef, un medecin
adjoint et deux internes sortis du concours des hopitaux, comme ceux
de la Salp£tri6re et de Bicetre, pour une population de 760 malades. Il
, % 15
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REVUE DE PSYCHIATR1E
y aura un medecin adjoint de plus quand l'asile aura son d^veloppement
complet et qu’il pourra contenir 1050 malades.
Les medecins adjoints* avec leurs attributions purement r^glemen-
taires, ne sont en quelque sorte que des chefs internes, comme l’a dit
le docteur Bourneville dans son rapport au Conseil Sup6rieur de
l’Assistance publique. Ces fonctionnaires m^ritent une situation diflte-
rente et une plus grande confiance.'J’estime que, desormais m6decins
traitants ou conservant lear litre, Ton doitleur accorder une part auto-
nome dans l’execulion duservice interieur et dans I’accomplissement de
toutes les prescriptions legates dans un groupe de sections. C’est
pourquoi je demanderai que le medecin adjoint actuel, tout en gardant
son rang dans le cadre des adjoints, remplisseles fonctions de medecin
en chef dans une division, et que le medecin adjoint qui viendra plus
tard remplisse les m6mes fonctions dons les inflrmeries de l’dtablisse-
ment. Je demanderai en outre que les internes soient dans la proportion
de un pour cent admissions, conform^ment a la conclusion du mgme
rapport du docteur Bourneville, ce qui portera leur nombre quatre.
Obtiendrai-je des resultats meilleurs ? Je n’ose faire une r6ponse
affirmative car, malgr6 les Elements defectueux de notre vieil asile, les
statistiques compares d^montrent que nous tenons bon rang sous le
rapport des sorties par gu^rison et par amelioration. Vous pourrez en
.juger par le compte rendu du service medical de PaninSe 1905 que je
vous adresse.
En r6sum£, mes reponses au questionnaire sont :
1* Je ne peux le croire.
2° La r^ponse a la l rf question, dispense de repondre b la 2*.
3° Dans les circonstances ou il y a urgence absolue de faire emploi
des moyens de contention physique, le medecin seul est juge de la
n6cessile de cet emploi et il doit en surveillerattentivementl’ex^cution.
— L’amenagement des anciens asiles et l’insuffisance du personnel
doivent &tre consideres comme un obstacle reel au no restraint, chacun
doit d^sirer voir ce dernier systems pouvoir se gendraliser dans des
dtablissements mieux approprids et mieux dot6s sous le rapport du
personnel.
D r Bodros (Morlaix). — Est-il possible de renoncer en toutes cir¬
constances aux moyens de contention physique dans le traitement ou
la surveillance mGdicale des dtats d'agitation et d’anxidt6 ?
Je reponds a la question d'une maniere generate en exposant ce qui
se passe dans mon asile. J’ai recours aux moyens de contention physi¬
que (corset et quelquefois entraves), dans les cas d’agitation ou d’an-
xi6t6 constituant manifestement un danger pour la malade elle-m£me t
ou pour son entourage. Ces moyens appliques avec douceur ne font
aucun mal a l’altenee, et la g&nent a peine. 11s ont l'avantage de lui
permettre de se dGplacer et de vh T re a l’air libre, condition d’hygi&ne
inappreciable.
Jamais, h moins de circonstances tout a fait extraordinaires, je neme
sers de la cellule d isolement. Je la reserve uniquement pour la nuit,
et j’etends cette mesure au plus grand nombre possible de nos ma¬
lades. La nuit, en effet, l’isolement est non seulement profitable &
I’alien^e qui peut dormir mieux que dans un dortoir commun, et ne
trouble pas non plus le sommeil de ses voisines.
Chez les tres agitees dangereuses, j’emploie un mode de contention,
au lit, dont je me trouve tres bien. Il consiste en une longue robe-
corset couliss^e en bas, analogue aux grandes chemises de nuit dont
on sesert chez les enfants, dans des casspeciaux. Celte robe est reliee
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ENQU^TE SUR LE « NO RESTRAINT ))
211
au dossier du lit par des sangles spdciales qui ne font aueun mal a la
malade, et lui permettent de se tourner et de se retourner a volonte.
J’ai surtout a me feliciter d’une mesure que j’ai mise a execution
depuis deux ans. J'ai sdpard le quartier des agitees en deux parties
distinctes, aussi bien pour les salles intdrieures, que pour les locaux
ouverts, preaux et cours. Les moins ngitdes vaguent en liberte, sans
corsets. Les trds agitdes (corsetdes et entravees) vivent ensemble com-
pletement sdpardes des autres.
Entre ces deux quartiers, les mutations sont frdquentes, suivant que
l’agitation augmente ou diminue,chez les unes ou chezles autres; gr&ce
k cette manidre d’opdrer, j'ai beaucoup gagne en calme et en securite.
Du reste, ma moyenne de corsetdes, sur 540 alidnees, n’alteint pas plus
de 20.
D r Bourdln (Le Mans). — A mon sens, la suppression de tout moyen
de contrainte est un ideal ihdorique dont on ne peut que se rapprocher
plus ou moins dans la pratique. Je ne crois pas, pour mon compte,
quil soit possible de renoncer dans tous*les cas aux moyens de con¬
tention physique.
2* Ces moyens de contention doivent en principe, dtre autorisds
prdalablement par le mddecin ou ses internes; mais il fuut laisser
une certaine latitude au personnel pour les cas urgents. L’organisation
actuelle de nos services ne me purait pas aussi imparfaite que vous le
dites, mais il y aurait lieu de multiplier les chambres ditesd’isolement.
La contention physique est ndcessaire lorsque le malade doit dtre pro-
tdgd contre lui-mdme ; utile seuleinent non indispensable, quand le
malade estdangereux pour autrui. A l’asile du Mans, nous n’employons
que le maillot de Magnan et le manchon : Nous avons renoncd & la
camisole et aux entraves.
D p Briche (Let/mc). — 1° 11 ne me parait pas possible de renoncer en
toutes circonstances aux moyens de contention physique dans le trai-
tement ou la surveillance medicale des etats d'agitation ou d’anxietd.
2* Dans la plupart des cas, l'alitement, l'isolement, les moyens mddi*
camenteux constituent un mode de traitement sulTisant pour precenir
ou calmer ces dtats d'agitation ou d’anxietd.
Chez les chroniques ddchireurs, la tunique longue, boutonnee dans
ledos, a manches longues, qui laisse libres les mouvements des bras
remplace trds avantageusement la camisole.
3° Il existe des cas exceptionnels ou 1‘emploi de la camisole doit dtre
prdfdrd 6 d'autres moyens : par exemple, les cas de fureur post-dpilep-
tique et certaines demences precoces avec reactions particulidrement
violentes.
De mdme, j'estimeque I on peut employer la camisole chez certains
sitiophobes pendant le temps de ralimentation k la sonde cesopha-
gienne.
L’emploi de la camisole reste bien entendu soumis au contrdle rigou-
reuxdu mddecin et ne doit dtre, dans aucun cas, continu.
Je rejette absolument les entraves et crois que le maillot a manches
cousues, que je n’ai pas employe, serait preferable a la camisole.
11 est certain, d’autre part, que l’iniperfection actuelle de 1’asile oblige
le mddecin a recourir aux moyens de contention physique dans un
nombre de cas plus frdquentque ne le coinporteraientdes locaux mieux
approprids et un personnel infirmier suffisant.
D r Croustel (Lestcllcc). — Ici, quand un malade s'agite trop vive-
ment je lefaismettre au bain d’abord, et prescris les calmants d’usage,
chloral, hyoscine, laudanum, selon le mode d’agitation.
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212
REVUE DE PSYCHIATRIE
Pour les anxieux je ne les envoie pas au bain mais ah lit et je m’en
trouve bien. Mais l alitement ne m'a procure que des d^boires pour les
nianiaques aigus; au contraire il m'a r£ussi assez bien pour l’agitation
des dements sdniles, la sub-agitation des chroniques, mais plutdt en
facilitant la surveillance qu’en apaisant le d^sordre des actes.
Les impulsifs agressifs en proie a une crise d’excitation dangereuse,
sont mis en cellule tout le temps que dure leur excitation. Certains
d’entre eux y retournent presque tous les niois un temps variable.
Enfin j ai un ou deux insociobles qui ne peuvent Gtre mis avec les
autres malades sans 6tre aussitbt la cause de disputes et de batailles
continuelles. Ceux-lk restent en cellule presque continuelleraent. En ce
moment je n’en ai pas dans ce cas, mais j’en ai eu deux l’an dernier
et deux 6pileptiques dont l’un 6tait vraiment terrible par sa force her-
culdenne. II est mort en £tat de mal, l'autre est am&iord pour quelque
temps et vit en commun avec les autres malades.
Les alidn^s destructeurs m’obligent parfois a les mettredans une cel¬
lule avec de la paille pour toute literie. J’en ai un actuellement qui nous
a d6chir6 en une ann6e 22 couvertures, 7 matelas, un nombre incalculable
de chemises et de draps, plusieurs pantalons et paletots, 3 camisoles a
manches ferm^es et deux maillots. Je suis bien obligd de le laisser
dans la paille en cellule, autrement il me demolit tout, les fenStres, les
portes, les enduits, etc. C’est une plaie pour un asile £t je ne vois pas
bien le no-restraint appliqu^ a un malade de cet acabit. D’autres moins
tenaces, surtout des femmes, sont mises hors d’etat de nuire avec une
camisole k manches fermdes, les bras ballants ou avec un maillot les
bras attaches k hauteur du genou. En r&gle gdndrale, je laisse les bras
ballants autant que je le puis.
En r6sum6, il n’y a pas une seule camisole aux hommes en ce mo¬
ment ; aux femmes il y en a deux, mais les bras libres. Ce n’est que
dans les cas de surexcitation terrible, avec violences dangereuses que
l'interne, sur mes instructions, autorise l’emploi de la camisole lacde
avec bras crois6s et seulement pendant un tres court espace de temps,
celui necessaire pour preparer un bain ou une cellule selon le moment.
Jamais on ne la maintient plus de quelques heures et on ne la met
jamais pour l’agitation chronique.
Je puis done repondre aux questions poshes par 1’enquSte de la
Kevue:
1* Non, il n’est pas possible, en l’£tdt actuel de la thdrapeutique, de
renoncer cn tonics circonstanccs aux movens de contrainte dans les
dtals d'agitation et d’anxidte. Ce serait encore pour ce dernier 6tat qu’il
serait le plus possible d’y renoncer.
J estime que la contention manuelle de certains agitGs par les infir-
miers ne fait que surexciter le malade et occasionne finalement une
lutte entre lui et ceux qui le retiennent, d’un caractbre pdnible et m6me
angoissant. Pour ma part, je prdfere entendre un homine hurler en
cellule que de le voir se tordre, essayant de mordre et de trapper ceux
qui le maintiennent et qui parfois ont bien de la peine k le maitriser
definitivement.
J’ai d’ailleurs pr^sente k la memoire la mort d'un infirmier comme
exemple frappant du danger de cette pratique mauvaise k mon avis.
En second lieu, je crois qu en n’autorisant l emploi des moyens de
contrainte que dans l’unique but de d^fendre le malade contre lui-
iii^riie, et aussi de defendre son entourage de ses violences impulsives,
mais jamais dans celui de faciliter la surveillance, on reste dans la
jimite de ce qui est juste et raisonnable.
En resume j admets l’emploi (limite autant que possible, bienentendu)
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ENQUETE SUR LE <( NO RESTRAINT »
213
des moyens de contrainte (camisole 4 manches fermges, maillots avec
bras ballants, cellules pour les alienSs destructeurs, les auto-mutila-
teurs, les ddshabilleurs; l emploi de la camisole & bras serr6s, dans
certains cas chirurgicaux, et prooisoire/nent dans les surexcitations
extremes avec violences agressives en attendant la cellule ou le bain.)
Docteur M. Dubuisson (Toulouse). — 1° Je crois qu’il 69t impossi¬
ble et inhumain de renoncer en toutes circonstances aux moyens de
contrainte physique dans le traitement ou la surveillance mddicale des
dtats d’agitation. Le malade anxieux est ordinairement facile & surveil-
ler.
2* Je suisquelque peu sceptique et pour me convaincre, il me faudrait
voir et revoir dans les coulisses et en dehors des heures de represen¬
tation les asiles privileges ou se pratique le no-restraint absolu sans
ou avec manoeuvres hypodermiques.
3 # J'ai recours a la camisole, au maillot ou plus simplement 4 des
manches speciales qnand le malade est en crises et peut nuire aux
autres et 4 lui-meme, avec bien entendu le contrdle medical.
J’agisainsi non pas en me preoccupant de la galerie, mais tout sim¬
plement du malade et aussi du personnel de surveillance.
Tons les malades que j’ai consultes apres leurs crises et qui conser-
vent quelque conscience, pref4rent etre maintenus par la camisole que
par les mains, les bras et les jambes des infirmiers.
Quant aurdle des infirmiers, je me bornerai a citer la note que j’adres-
sais, il y a quelques ann6es, 4 un jeune confrere grand partisan du no¬
restraint, partout et toujours.
« J’ai dans mon service one malade qui depuis 3 mois est agitee com-
n me une furie, elle est aussi ordurifcre dans ses propos que dans ses
o actes, elle dechiro tout et cherche a frapper, a griiter, 4 mordre et
» crache sur toutlemonde; elle refuse de manger et doit 6tre nourrie
» 4 la sonde. On lamaintient4 1'aide du maillot.
» Pour l’emp4cher de nuire et la maintenir, il faudrait constamment
» au moins deux inflrmi4res ; je crois qu'il est inhumain de condamner
» deux femmes raisonnables a cette corvee ddmoralisante et inutile.
» S’il arrivait, en pareille circonstance, qu’une pauvre inflrmifcre, pous-
» see a bout, apr4s de longues heures de ce travail forc6 abrutissant, se
» laiss4t aller 4 un acte de vivacity, justiciable des tribunaux, moi juge,
> je commencerais par poursuivre le medecin. »
Je n’ai pas changd d’opinion depuis.
J’ai actuellement une malade dpileptique qui a essay6 4 plusieurs re¬
prises de mettre 4 execution ses impulsions homicides envers les gar-
diennes. Elle a crevd un oeil 4 l’une d’elles avec une 4pingle4 cheveux.
Elle est constamment aux aguets et repete qu’elle veut tuer quelqu’un.
Je lui mets la camisole.
Un autre malade a la manie de ne pas se coucher ni s’asseoir, il a
les jambes comme deux poteaux et Tune est ulc4rde; avec la camisole
il reste au lit.
Nous employons des manches speciales qui sont pratiques. Ce sont
des manches de camisole relives par une bande de 0*20 de hauteur et
de longueur proportionnde aux difTerentes tallies, cette bande fait
l’office du dos d’un vGtement et ne g4ne nullement les mouvements
respiratoires.
Ces manches se mettent sous le corsage ou la veste. Je pr6f4re cela
au maillot dont la vue est horrible pour les malades qui vont et vien-
nent et que je n’emploie qu’au lit.
Docteur Fenayrou (Rodcs). — De ce que la suppression absolue de
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214
REVUE DE PSYCHIATRIE
l’emploi des moyens de contention physique k I’dgard des alidnds a pu
6tre rdalisde dans un certain nombre dasiles en France et k l’dtranger,
il ne s’ensuit pas que cette mesure soit, a l’heure actuelle, realisable
partout, en toutes circonstances.
L’insufflsance des ressources pecuniaires eonsacrdes k l’assistance et
au traitement des alidnes, les defectuositds de construction et d’araena-
gement d'un grand noinbre d asiles et surtout leur encombrement , ne
permettent que trop rarement de rdunir les conditions ndcessaires 4
raccomplisseraent de cette reforme ; il est a craindre qu’il en soit long-
temps ainsi.
Il est etabli que I’emploi des moyens de contention physique est, de
jour en jour plus rare ; il doit devenir encore plus exceptionnel. Mais,
en l’etat actuel de nos asiles, on ne saurait aller sans danger, dans
cette voie, au dela decertaines limites. Ce serait parfois coimnettre une
grave imprudence et aller mdme k rencontre de l’intdrdt des malades,
que de renoncer d'une fagon systdmatique 4 lemploi du restraint. Il
est impossible a cet egard, de formuler des regies invariables et de
chercher a determiner d'avance la ligne de conduite k adopter dans
tous les cas ; ce qui est possible dans un etablissement determine peut-
dtre irrdolisable ailleurs; telle mesure, applicable k un moment donnd,
peut ne plus l Otre, a un autre moment, pour un cas analogue, dans un
mdme asile. Seul, le medecin, dans son service est k mdme d’apprdcier
ce qu’il convient de faire, dans cheque cas particulier, avec les res¬
sources dont il dispose. Il est d’ailleurs bien entendu qu’il doit inter-
venir personnellement et s’assurer par lui-mdme de la fa^on dont ses
instructions sont exdcutdes. Grace k cette action etce contrdle perma-
ments du medecin, il n’y a pas lieu de redouter Tabus ni l’usage inop-
portun des moyens de contention physique et les inconvenients et les
dangers resultant de leur emploi se trouvent, sinon supprimes totale-
ment, du moins rdduits au minimum.
Docteur Lagrange (Poitiers). — 1° Non, mais presque toujours.
2° Surveillance suflisante, locaux approprids ou les alidnds ne puis-
sent se blesser.
3° L’iinperfection actuelle des services ndcessite la contrainte dans
certains cas, mais il en est d’autres oil la contrainte doit dtre prefdrde
en principe.
Docteur A. Marie ( VillejuiJ). — Jecrois qu’on doit tendre a la sup¬
pression totale des moyens mdcaniques de contrainte et de contention
physique appliquds aux alienes agitds.
Mais entre le but a atteindre et l’etat actuel de nos moyens d'action,
il y a necessity d’un regime de transition.
L’orgonisation des locaux, l’instruction et la quantite du personnel
no se pretent pas encore partout a Involution souhaitde ; il faut en te-
nir coinpte dans la pratique avant d edicter des rdgles absolues thdori-
ques; nos moyens d’action therapeutiques sont dgalement pauvres en
ce qui concerne I apaiseinent de l’agitation paries medicaments; le
coup de massue de lhyoscine, camisole de force du cerveau, par
exemple, est un moyen d’action qu’on peut hdsiter k preferer a I’emploi
d’un maillot humainement compris; comme traitement, je crois qu’au-
cun moyen de contrainte n’est soutenable, c est toujours un expedient
de surveillance, un pis aller, faute de rnieux.
S’il s’agit d’eviter le surmenage physique quidpuise et use l’organis-
me ainsi que le cerveau ddsempard, l’alitement surveille est le mode
de restraint le moins facheux, bien que e’en soit encore un, comme la
(l r o*> la suite apr£s le Bulletin bibliographique mensuel).
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ENQUETE SUR LE « NO RESTRAINT »
215
chambre d’isolement, euph^misme substitud k l’ancien isolement cellu-
laire.
Pour les aliGnes opdrdsou certains cas d’obsession suicide persistante,
la contention physique parait (sous le contrdle rigoureux et quotidien
des m&iecins), 16gitime et utilisable conjointement avec ralitement
surveilld, car j’ai vu un suicide par un malade maintenu au lit avec in¬
firmiers serieux de veille a ses cot6s.
Maisce sont la, bien entendu, des cas exceptionnels qui n’empGchent
pas la proclamation du principe de la suppression des camisoles, des*
sus de bains de force, entraves, gants de surete, manchons et carcans,
encore en usage courant dans beaucoup d’^tablissements actuels.
Docteur Maupat6 (Dciillcul). — II ra’est bien difficile de vous four-
nir le rdsultat de mon experience personnelle au sujet du no-restraint,
car depuis pr6s de treize ans que je suis m6decin d’asile, je n’ai vecu
que dans des dtablissements oil son application etait impossible par
suite de considerations financteres, de la disposition des iocaux ou de
1'insufdsance du personnel infirmier.
En principe, je suis oppose aux moyens de contention mecanique.
Mais, sans m’occuper des moyens d’empGcher la laceration de v6te-
ments ou le bris de vitres, j’estime que, dans Vinteret mCnncdu malade ,
il est certains cas exceptionnels , dans lesquels le devoir que nous avons
de l’empecher de commettre certains actes (onanisme, mutilations,etc.)
prime l’interet qu’il y a a le laisser remuer a son aise.
Toute consideration financiere mise & part, je crois qu’en pareille
occurrence, les bras dedeux infirmiers empechant le malade de com¬
mettre ces actes sont du restraint au m6me litre que la camisole ou le
maillot, et, s’ils compriment moins la poitrine, ils exposent davantage,
par centre, le malade a des contusions, sans compter les coups que.
des infirmiers, frapp^s pur un malade lui rendent, quand le mddecin a
le dos tourn6.
Quant a la « camisole chimique », qui superpose une intoxication
mddicamenteuse ii l’intoxication ou l’auto-intoxication cause de la ma-
ladie, chez un individu dont les organes d’61imination sont souvent en
mauvais dtat, et qui plonge le malade dans un abrutissement bien dif¬
ferent du calme normal et du sommeil naturel, je crois qu’elle est sou-
vent, plus dangereuse que la camisole. De plus, si Taction de la mor¬
phine ou du laudanum, par exemple, est favorable a la gu^rison de
Tanxidt6, comment; par contre, en faire accepter Temploi, dans bien
des cas, aufrement que par une contrainte qui, en elle-m6me, est deja
en opposition avec le no-restraint, et qui dans l’application, ne peut
que confirmer le malade dans ses idees d’empoisonnement ou de sup-
plice ?
3* Ceci dit, je crois que Temploi des moyens de contrainte est la plu-
part du temps subordonn6 k Timperfeetion actuelle de [’organisation
des services d’asile; mais qu’il existe des cas exceptionnels oil, (bien
entendu avec le contrdle rigoureux du medecin responsable), cet em-
ploi doit Gtre, en principe, prdf6re a d’autres moyens (pour prdciser,
j’admets la proportion de une a six camisoles (ou succddan^s de la ca¬
misole pour mille malades). Ceci ne m’empeche pas de croire surtout
k la clinotherapie et aux bains prolonges dans le traitement des etats
d’agitation et d’dnxietG.
D r Pailhas (Albi). — 1* Le « no-restraint » represente assur^ment
un mode de pratique manicomiale qu’il faut chercher a realiser ainsi
qu’un id^al.
2* Toutefois un exclusivisme systematique des moyens de contention
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REVUE DE PSYCHIATRIE
physique me paraft excessif et me fait penser au proverbe : « le mieux
est l’ennemi du bien » ou encore & cet autre : « il n'y a pas de r&gle
sans exception. »
3* II est des cas (ne serait-ce que lorsque le inalade lui-m6me a le
sentiment de leur utilite etles reclame dans un but d’auto ou d’hetero-
prdservation) ou l’isolement en chambre, le gilet dit de force ou le
maillot, me semblent opportun^ment indiqu6s.
4* En ce qui concerne plus specialement la surveillance mSdicale des
6tats d agitation ou d’anxiete, il me parait exagerd de renoncer en tou-
tes circonstances aux moyens de contention physique.
5* ^intervention de ces moyens comporte difficilement des rdgles
prdcises et prdddterminees dans leur application a telle ou telle espdce
ou varidtd de psychoses.
6* Avecune judicieuse appreciation des tendances et des rdations de
chaque malade en particulier, la ferinete afTectueuse, le tact, lascendant
moral du medecin et de ses auxiliaires seront toujours les elements de
pratique les plus propres a prdvenirou a compl&ter l'ernploides moyens
de contention physique.
7* S’il y a lieu de compter aussi sur les effets favorables d’une meil-
leure organisation des services d’asile, il ne me semble pas que cette
organisation, pour si excellente qu’on la fasse, arrive & supprimer
toute indication d’une contention physique (ou je comprends le bras de
l’infirmier tr&s exposd & devenir le pire de ces moyens).
D r Rayneau (Orleans). — Je ne crois pas qu’il soil possible de re¬
noncer en toutes circonstances aux moyens de contention physique ;
mais si le personnel de surveillance etait suffiSamment instruit, ce ne
seraitque tout a fait exceptionnellement que Ton serait obligdd’y avoir
recours.
Il suffirait alors de limiter les mouvements des malades sujets & des
impulsions tenement subites que rien ne permet de les prdvoir et sus-
ceptibles dassommer un de leurs semblables ou un inflrmier avant que
Ton ait le temps d'intervenir. Dans ce cas, le bride-corps et les entraves
laches me paraissent supdrieurs a la camisole ou au maillot ; ilsper-
mettent au malade de circular dans sa division, de s’alimenter seul et
mdme de travailler a quelques travaux manuels, mais ils le maintien-
nent sufflsamment pour l’empecher d’exercer des brutalitds oude com-
mettre un malheur.
Je ne puis qu'approuver vos enqudtes, mais coiwbien je serais heu-
reux de vous voir entreprendre une active campagne surTa ndcessitd
qu’il y a & reformer le mode de recrutement actuel desinfirmiers. C’est
peut-elre dans la grande presse qu’il faudrait faire cette campagne et
pousser ainsi & la creation d’un personnel subalterne ayant des avan-
tages analogues, sinon supdrieurs a ceux des gardiens de prison. On
aurait alors des individus auxquels on pourait donner une education
professionnelle et qui en revanche auraient une situation sure avec
une retraite apres un certain nombre d’annde de service. Et nous ver-
rions alors disparaitre, pour le plus grand bien des malades, ces ivro-
gnes et ces brutes qui constituent presqu'exclusiveinent notre person¬
nel secondaire.
Toute Education est impossible avec ces roulants qui passent dans
nos asiles entre deux cuvdes.
D r Sizaret {Rennes). — l 8 Je ne crois pas qu’il soit possible de renon¬
cer en toutes circonstances aux moyens de contention physique dans
le traitement ou la surveillance medicale des etats d’agitation ou d an-
xidtd.
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ENQUETE SUR LE <( NO RESTRAINT »
217
2* Le « restraint » dans les cas diflficiles, pourrait etre remplac6 par la
surveillance et la presence de nombreux inflrmiers, mais il me semble
que dans les cas tr4s difficiles il est moins dangereux do recourir a un
maillot ou 4 uhe camisole de force appliqude prudemment et qu’on
surveille qu'4 la force du personnel qui peut d4posser le but et amener
de redoutables incidents.
3° Il est Evident que l’emploi desmoyens de contention peut se res-
treindro beaucoup, sinon disparaitre avee l’am^lioration et surtout
1’augmentalion du nombre des inflrmiers. Toutefois je crois que chez
corlains maniaques qui brisent lout, chez certains melancoliques obse-
des par l’idee du suicide, enfin et surtout chez les blesses, les opdr4s
indociles et toujours acharnes 4 defaire et souiller leurs pansemcnts,
il y a avantage 4 ne pas renoncer.totalfcment 4 l’emploi du maillot ou
de la camisole.
J’ajoute aussi que chez les ali6n4s tr4s ogites,qui jettent l’eau de leur
bain prolong^, qui sont une cause de d^sordre dans les salles des bains
communs, qui tentent aussi de s’asphvxier en se plongeant sous Peau ou
cherchent a se mutiler, il paroit n^cessaire de recourir parfois a un
couvercle de baignoire en loile avec collier en cuir convenablement
adaptd. La surveillance thermom4trique de Peau du bain, l elimination
des souillures (dejections du malade) sont 4 mon avis plut6t facilities
pardp lels procidis qui laissent le personnel infirmier en possession
de son sang-froid etdeson initiative. Le midecin responsable est de
toute evidence appeli a se prononcer sur I’opporluniti de l'emploi des
agents de contention, et lui seul.
D r Toulouse ( Villcjuif ). — 7” Question. — Quand un malade essaye
de se blesser, de difaire un pansement, et dans ces cas seulement (car
la violence dirigie contre les autres peut etre d’habitude empichie par
l'isolement), il faut le preserver. J’ai eu par exemple recemment une
malade qui se jetait sons cesse par terre sur le visage, une autre qui
se dichirait la peau du ventre, plusieurs qui s’arrachaient lescheveux.
Comment mettre les malades de ce genre dans Pimpossibilite de se
nuire ? Il y a 3 moyens possibles :
2'Qfics7/on. — 1° Ou bien les faire matntenir par des infirmiires.
Mais il faut avoir un personnel sufflsant; et c’est 14 une possibility qui
n’est pas 4 la volonti du midejcin.
Mais quand bien mime on aurait le personnel sufflsant, il y a des
cas ou la lutte des inflrmiers avec les malades est plus dangereuse
que l’emploi des moyens de contention appropries. Un gardien, soit
parce qu’il esUris vigoureux, soit parce qu’il manque de l’extrime
patience nicessaire dans ce cas, soit parce que — commeil arrive d’or-
dinoire — il est employi 4 cette besogne durantun temps beaucoup trop
longet qu’il est omene 4 reogir aulomatiquement aux provocations du
malade, en arrive souvent 4 causer des contusions qui, lorsqu’elles por¬
tent sur les viscires, peuvent itre ignorees et graves.
2' Ou bien mater leur agitation par un medicament, qui est toujours
a quelque degri un toxique, parfois dangereux.
3* Ou bien employer unvitementde force approprii. Ainsiun malade
se dichire le visage ; on lui met un maillot en forte toile ayantla forme
d’une combinaison, dont l'extrimite de la manche tris longue est cou-
sue a la jambe, de telle sorte que le membre superieur peut faire cer¬
tains mouvements sons que la main puisse atteindre le visage. Si le
malade se jette par terre, on peut le coucher, habilli du mime maillot,
et le maintenir au lit, 4 l’aide d’une laniire large de 5 centimitres au
moins et ne pouvant se rouler en corde, qui passe dans une patte
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REVUE DE PSYCHIATR1E
plocde enarrieredu vdtement. Ces moyens convenablement employes
ne peuvent ni Messer ni entraver les functions organiques. J’ajoute qu’il
faut les ordonner chaque fo«s, ne les employer que pendant un temps
court et qu’ils doivent Gtre surveilles constamment. II arrive que chez
les malades les plus confus, ces moyens determinent une suggestion
qui agit apr&s I’application de cette contrainte et la rend inutile.
.T Question. — Je crois pouvoir dire que je suis un partisan determine ^
des procedds d'essistance les plus libdraux et les plus respectueux de la
personne physique et morale des malades. Je suis un ddfenseur actif du
no restraint, j'ai supprime depuis longtempslescouverturesdes baignoi¬
res et je fais relever ininutieusement, — selon les sages prescriptions de
la loi anglaise, dont je me suis fait Iibrement ma propre loi, — tous les
cas d’isolement et de restraint; ainsi je trouve blamable la contention
abusive, prolongee et sans surveillance, appliquee habituellement et
sans ordre medical special, des malades simplement turbulents qui
compromettent la discipline d’un quartier. Ce systdme, qui dtoit celui
de nos ainds, tend heureusement a disparaitre partout; on ne saurait
trop vivement le condamner. Mais il ne doit pas nous priver— par une
reaction passionnee et irrationnelle — de moyens utiles de traitement,
pas plus que les abus de la morphine ne nous empdehent d’user a
l’occasion de ce medicament. Et je dois a la vdritd de ddclorerque lo
restraint, dans le cas que jeviens d’indiquer, estle seul moyen possible
en la plupart des services oil le personnel est peu nombreux, — que l'aug-
mentation des agents de surveillance pourrait en faire diminuer lemploi,
— mais aussi qu’il est des circonstances ou y atjant a choisir entre le res¬
traint Itumaincl le restraint tndcanique, egalement possibles, cc dernier
me parait etre j arfois le moins dangereux.
Si je fais si hautement cette declaration, e’est que j’estime que le res¬
traint, employe comme je 1'ai sp6cifie, est un moyen de traitement
et que son appreciation ne relece que de la conscience du medccin qui
Vcmploic. Je crois qu’en cette matiere il ne faut voir que l'interet nctuel
du malude, auquel on doit sacrifier l’ideal des principes les plus gdnd-
reux. Il est bon de dire ces choses, pour que l’on n’en arrive pas b
creer dans l opinion du public et des milieux adminislratifs un tel prejnge
contre le restraint, que les inodes les plus dcloirds, choisis en toute
clairvoyance eten toute liberte d’esprit parun medecin expdrimentd et
sage, en arriveraient & dtre considerds par des personnes incompd-
tentes comme un quasi-ddlit contre les alidnds.
* *
*
Les reponses suivantes sont celles de mddeeins d'asile, pour qui
le « no-restraint » ne constitue pas seulement un jddal lointain
mais qui paraissent avoir resolu le probldme de son application :
D T Baruk (Alen^on). — Depuis que je suis a la tdte de l’asile de
l’Orne, j’ai pu supprimer d’une fagon complete tous les moyens do
contention et n’en ai dprouvd jusquici aucun inconvenient sdrieux.
Dans certains cas d’agitation extreme, I'isolement cellulaire temporoire
m’a paru preferable a la camisole.
Il est Evident que cet isolement ne pourra dtre appliqud aux cas qui
se caracterisent par de l’anxidte, j’avoue que jusqu’ici, je n’ai pas eu fr
observer de malades assez anxieux pour ndeessiter l’emploi de moyen
de contrainte. Mais il me semble que dans ces cos, une surveillance
dtroite pratiqude parun personnel nombreux et instruit devrait pouvoir
suffire
A votre 3* question, je n’hdsiterai pas b rdpondre que la ndcessitd
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ENQU&TE SUR LE (( NO RESTRAINT »
219
ou l’on est parfois de recourir aux moyens de contrainte est subor-
donnSe a l'imperfection de I’organisalion aetuelle des asiles, tant en
ce qui concerne l'dmdnagement des locaux que l’insufflsance du
personnel.
D r Deny (Salpetriere). — 11 est non seulement possible mais relative-
ment facile de supprimer d’une fagon absolue tous les moyens de
contrainte physique (y compris Ycm maillotemcnt allemand) dans les
asiles, a la condition d’avoir un personnel suffisant et suffisamment
exerce.
Les mesures qu’il convient de substituer, le cas echeant, aux diffd-
rents modes de « restraint » sont:
1* V alt to went (sans contention manuelle) et Yisolement temporaire
dans une chambre (1 ou 2 lits), placde & l’extrdmit£ de la salle commune
et rommuniquant librement avecelle ;
2* le bain prolonge de 6 a 12 heures dons une baignoire ordinaire,
sans couvercle, ni armature quelconque ;
3* Ycncclopi ement dans un ib'ap mouille et une couverture de laine
pendant 2, 3 ou 4 heures ;
4* exeptionnellement (en cas d’insufflsonce ou de d^fnillance du
personnel) et tout b fait tronsitoirement (1 ou 2 jours) on peut avoir
recours aux injections sous-culan6es d'hyoscine ou de duboisine.
Si lemploi des moyens de contrainte. y compris Yenccllulcmcnt plus
dcsastrcux encore , subsiste bien que M. Magnan, en ait d6montr6
depuis longtemps l'inutilitG et le danger, il ne faut en accuser que
l’outilloge ddfectueux des services. Quant a croire possible une rfcgle-
mentation quelconque de I’usage des moyens de contrainte, e’est une
pure illusion. En pareille motifcre on n’a le choix qu’entre deux alter¬
natives : la libre pratique ou l’interdiction ; j’ai choisi l'interdiction,
mais je m'empresse d’ajouter, pour rendre hommage b la vdritd, que
cette interdiction estaujourd’hui superflue, le personnel demon service
Slant encore plus hostile que moi b l’emploi des anciens moyens de
contention mdcanique.
D r Glrma (Pau). — A l’asile des alidnds de Pau qui compte en
moyenne plus de 900 alidnds, j’ai supprimd radicalement et pour tou-
Jours, 11 y a 14 ans, les camisoles de force et tous les autres moyens de
contrainte usit6s jusqu’alors.
Je n’ai que ceci a dire : e'est que depuis cette dpoque, je n’ai jamais
plus connu de cas oil le retour aux anciens moyens de coercition fut
indiqud.
La surveillance effective et continue vis a-vis des dtats d'agitation et
d anxidtd, des chambres d’isolement chaudes pendant l’hiver, et capi-
tonndes quand on le peut, me paraissent devoir reinplacer efficacement
l'ancien restraint.
Pour les malades qui ddchirent, tous les effets de vSture ou de
literie sont supprimes et remplaces par uneliti&re garnie d'une plante
sfcche, connue en botanique sous le nom de « mollinia coerula », dont
j’ai entretenu le Congr&s en 1904.
Je suis a votre disposition pour tous autres renseignements sur ce
point.
D v Levet (La Charitd-Niecrc). — J’estime 1* qu'il est possible de
renoncer en toutes circonstances aux moyens de contention physique
dans le traitement ou la surveillance medicale des etats d'agitation ou
d’anxietg.
2* et 3* que l’emploi des moyens de contention physique est unique-
ment subordonnO a l'imperfection aetuelle de l’organisation des
services d’asile. J’ajouterai qu’il en est de m6me, dans la plus grande
pertie des cas, de l’emploi du restraint chimique.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
NOUVELLES
Asiles d’aliGnGs. — Mourcmcnt d'azril 1907. M.le D r Marandon db
Montyel, mGdecin en chef de l’asile des alienGs de Ville-Evrard, est
admis a faire valoir ses droits a la retraite, et nommG mGdecin en chef
honoraire des asiles publics d’aliGnGs.
M. le D' Boudrie, mGdecin en chef de Pasile des oliGnGs de Maison-
Blanche, est nommG medecin en chef de Pasile d’aliGnGsde Ville-Evrard.
M. le D'Trenel, directeur-inedecin de Pasile de Moisselles(S. et O.),
est nommG mGdecin en chef de Pasile de Maison-Blanche.
M. le D r Leroy, mGdecin adjoint de PasiledeVille-Evrard, est nommG
directeur-mddecin a Pasile de Moisselles.
M. le D r Hogues de Fursac, mGdecin-adjoint, h Clermont (Oise), est
nommG mGdecin-adjoint a Pasile de Ville-Evrard.
Sont nommGs mGdecins-adjoints des asiles publics d’aliGnGs G la sui¬
te du concours de mars 1907, MM. les Docteurs :
H. Charpentier, appelG au poste de St-Venant (Pas de-Calais).
AlbGs, appelG au poste de St-Dizier (Hte-Marne).
Dupouy, maintenu comme chef de clinique des maladies mentales a
Ste-Anne (Seine).
Audemard, inainlenu dans ses fonclions d’inspecteur des asiles privGs
du Rhdne.
Carrier, maintenu dans ses fonclions a la maison de santG St-Vin-
cent de Paul, G Lyon.
alaize, mis en disponibilitG sur sa demande.
Courbon, appelG au poste de St-Venant (Pas-de Calais).
Robert, appelG au poste de la Roche-Gandon (Mayenne).
Rougean, appelG au poste de Bassens (Savoie).
Olivier, appelG au poste de St-Ylie (Jura).
Arsimoles, appele au poste de Ley me (Lot).
Asiles de la Seine : (Internat en mGdecine). Ecrit : 1° GangrGne pul-
monaire; rGtention d’uiine; 2® arteres cGrebrales.
Question do garde : Corps Gtrangers des voies digestives aGriennes
supGrieures.
Nominations. — MM. Gelma, Courjon, Mignard, Bourilhet, Gui-
ciiard, Vieux-Pernon, Brissot et FGret. Internes provisoires :
MM. Crinon et Rebatel.
NGcroiogie. — Nous avons appristrop tardpouren faire part dans le
numGro d’avril, la mort de Charles FGre, mGdecin de BicGlre. Charles
FGrG, qui fit un nombre Gnorme de recherches en neurologie, en psy¬
chology et en biologie gGnGrale, donna jusqu’a la fin de sa vie les
preuves d’une activitG intellectuelle trGs intense.
II laisse beaucoup de travaux qui guideront ses successeurs et un bel
exemple de savant encyclopedique, laborieux, simple et probe.
Le gdrant : A. Coueslant.
PARIS & CAIIORS, IM PRIM ERIE A. COUESLANT (28-V-07)
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REVUE CRITIQUE
DE L’IDIOTIE ACQUISE
ET DE LA DEMENCE CHEZ LES EPILEPTIQUES
Par L. Marchand
(Medecin adjoint a lasile de Blois)
La demence dpileplique est raffaiblissement* profond et irre¬
mediable qui survient chez certains comitiaux. Get affaiblis-
sement, quand il apparait dans le jeune Age, s'appelle idiotie
acquise epileptique. Entre l'idiotie acquise 6pileptique et la
demence dpileptique, il n'y a qu’une difference dans l’fige
auquel est apparu raffaiblissement intellectuel. Quant & la
limite s6parant les idioties (Jes ddmences, nous suivrons l’opi-
nion de Ferrus *, reprise plus tard par M. Toulouse 2 : « La
demence est l’abolition des faculty intellectuelles, morales et
iustinclives survenant apres l^poque de la puberte, au moment
oil cliacune d’elles se posait d’une maniere distincte comme
type du beau et des peiTectionnements. * En rdsurne, nous
appellerons idiotie acquise raffaiblissement intellectuel surve¬
nant avant la puberl6 et ddmence raffaiblissement intellectuel
survenant pendant et apres cette pdriode de la vie.
Les auteurs les plus anciens ont remarque que l’epilepsic
se complique sou vent de demence Galien, Avicenne, Mcrcu-
rialis, Boerhaave montrent que les acces dpileptiques r6p6tes
donnent lieu & raffaiblissement intellectuel. Pendant long-
temps, on admet cette pathogdnie de la demence. Bouchet et
’ Cazauvielle 3 , A. Foville (pere) \ croient remarqiler que « la
depravation intellectuelle arrive plus constamment et plus vile
chez les malades affectes de vertige ou petit mal que chez ceux
qui n’ont que des convulsions violentes ou grand mal». Contrai-
rement a ces auteurs, Esquirol* altribue surtout la demence a
la frequence et & la violence des acces. Ainsi deux maitres,
A. Foville et Esquirol ne sont pas d'accord sur les rapports qui
existent entre la demence et les accidents epileptiques. Billod 0
1 Fehrus. Lemons cliniques a Bicdtrc, cite par Morel, Etudes cliniques, t. 1,
p. 402.
s Toui.oufe. Congres internat. de Ps, chiatrie, Paris 1900.
3 Bouchet et Cazauvielle. Arch, de Med., 1825
4 A. Foville (Pore;. Art. Epilepsic. Diet, dc med. et de chirurgie pratique ,
en 15 vol. 1831.
6 Esquirol. Des maladies mentales. t. 1, p. 284, 1838.
c Billod. Symptomatologie de l’^pilepsie. Ann. med. psych. 1 T ® serie, vol. H,
1843, p. 410.
lr,
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222
REVUE DE PSYCIIIATR1E
fait remarquer ensuite quo des Epileptiques peuvent arriver 4
un age avancE, sans presenter d’affaiblissement intellectuel et
Brierre de Boisraont 1 pose les lois suivantes : Plus l’Epilepsie a
commencE de bonne heure, plus elle altere fortement la rai¬
son. L’affaiblissement est d’autant plus marquE que les altaques
sont plus anciennes. Les progres vers la demence sont plus
rapides quand les acces se rapprochent. La degradation intel
lectuelle arrive plus vite chez les sujels affects de petit mal.
Nous montrerons plus loin combien sont nombreuses les excep¬
tions 4 ces rEglesEtablies par Brierre de Boismont.
L’apparition de la demence chez les epileptiques atteints de
petit mal semble avoir spEcialeraent attire Inattention des
auteurs. Falret 2 , MarcE 3 f Trousseau 4 , Ch. Foville 5 , Dago-
net 6 f Legrand du Saulle 7 , Ferrand 8 admettent l’influence
nEfaste des vertiges. Cependant Falret fait une reserve en
montrant que « un certain nombre d'Epileptiques, malgre l’in-
tensitE et la frEquente rEpEtition de leurs accEs, conservent
neanmoins pendant toute leur vie 1’intEgritE de leurs facultes
intellectuelles. »
Morel 9 , en dEcrivant la demence Epileptique fait remarquer
que ce ne sont que quelques-uns parmi les Epileptiques qui
presentent une dEcheance intellectuelle. Delasiauve 10 reste
tres embarrassE en prEsence de tel cas ; il nose pas appeler
dEmencedes affaiblissements intellectuels qui parfois guErissent
et il propose de leur donner le nom de stupiditE chronique.
Aubanel H , comme les premiers auteurs, attribue surtout la
dEmence aux acces rEpEtEs. H. Dagonet 12 donne enfin une
bonne description clinique de la dEmence Epileptique.
Les travaux relatifs 4 la dEmence Epileptique n’apporlent pas
ensuite de grands faits nouveaux. Peybernes 13 Etablit surtout le
pourcentage des Epileptiques qui deviennent dEments. Desfos-
1 Brierre de Boismont. De l’interdiction des alienes. Ann. dhygiine et de
med. legale , jonv. 1852, et Ann. med. psych. 2* s£rie, vol. IV, 1852, p. 235.
2 Falret. Etudes cliniques sur les maladies mentules et nerveuses, Paris
1890, p. 387 etEtat mental des Epileptiques. Arch, de mfd I860, 1862.
3 MarcE. Traite des maladies mentules, 1802.
4 Trousseau. Cliniques.
b Ch. Foville. Did. de med. et de chirurgie pratique , Art. demence.
Dagonet. Nouveau traite dlementaire ct pratique des mal. mentules, 1876.
7 Legrand du Saulle. Etude m4dico-legnlc sur les epileptiques, 1877.
8 Fkrrand. Les Epileptiques considcres au point de vue medico-legal. These
de Paris, 1882.
9 Morel. Traite dcs maladies mentules, p. 241.
10 Delasiauve. Consequences de l'epilepsie. Ann. med. psych. 2 e serie.
vol. VI, 1854, p. 36.
11 Aubanel. Rapports m£dico-l£guux sur deux alienes accuses de meurtre.
Ann. med. psych. 3 r serie, Vol. II, 1856, p. 191.
12 Dagonet. De la stupeur dans les maladies mentnles. Ann. med. psych.
5* s£rie, Vol. 7. 1872.
13 Peybernes. Quelqucs considerations sur le pronostic de l'epilepsie. Tli^se
de Montpellier, 1875.
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IDIOTIE ET DEMENCE EP1LEPTIQUES
223
sez 1 dEcrit les diverses modifications que l’epilepsie apporte
aux differents Eges de la vie. II faut arriver au mEmoire de
Bourneville, Brissaud et d’Ollier 2 pour avoir^un travail d*en-
semble sur la demence epileptique. De nombreux travaux sur
cette question se succedent ensuite. FEre 3 , dans son livre sur
les Epilepsies, consacre un chapitre special & la dEmence epilep¬
tique. Avec Legrand du Saulle, .Voisin, Sommer *, cet auteur
admet que.« si les grandes attaques se rEpEtaient aussi souvent
que le petit mal, elles provoqueraient une dEmence rapide ». A
la mEme Epoque, M. Charpentier 5 , decrit la dEmence prEcoce
Epileptique.
D’apres la lecture des differents travaux relatifs & la dEmence
Epileptique, on voit combien les auteurs different d’avis sur
cette question des rapports de la dEmence et de l'Epiiepsie. On
peut dire que cliacun des auteurs cites ci-dessus s'est fait
une opinion d’apres les cas qu’il a observEs et non d’apres
un ensemble de faits gonEraux. Les travaux rEcents sur cette
question sont peu nombreux, mais ils ont le grand mErite d’Etre
Eclectiques et quelques-uns mEme se competent d’un examen
micrographique des centres nerveux. Citons .les travaux de
M. Bourneville 6 , de M. Voisin 7 , de Kovalevski 8 , de P. Ma-
soin 9 , de Turner <0 .
* #•
L’affaiblissement intellectuel qui survient cliez les epilepti-
ques apparalt surtout pendant l’enfance et l’adolescence. Comme
lepilepsie elle-mAme, la demence epileptique qui apparait A
Cage adulte ou apres est rare. L'epilepsie, quand elle sur¬
vient & un Age avancA de la vie, se complique gendralement
d’aulres manifestations cerdbrales qui permettent d’etablir
le diagnostic de la lesion cArAbrale qui se traduit A la fois par
l’epilepsie et la demence.
1 Desfossez. Essai sur les troubles des sens et de l’intelligence causes par
lepilepsie. These de Paris, 1878.
* Bourneville, Brissaud et d’Oi.MER. Contribution a l etude de la demence
Epileptique. Arch, de neurologie, 1880, 1881, t. I, p. 213.
3 Ftfafe. Les epilepsies et les Epileptiques, jp. 22G.
* Legrand du Saulle, Voisin, Sommer. Cites par Fere, p. 228.
6 Charpentier. Les dEmences precoces. Congres annuel de med. mcnt.
Rouen, 1890, p. 247.
<i Bourneville. Recherches din. et therap. sur lepilepsie, 1’hysterie, l’idio-
tie. Comptes rendus annuels du service de BicEtre.
7 Voisin. DEmcncc Epileptique, paralytique, spasmodique infantile. Congres
de Grenoble 1902, vol. II,. p. 395.
8 Kovalevski. De l epilepsie ou point de vue clinique et medico-legal. Ann.
med. psych. 8* aerie, t. \I1, 1898, p. /7.
y P. Masoin. Observations sur les acces d'epilepsie cbez les dements prEco-
ces. Congres de Bruxelles, 1903, V. II, p. 02.
10 A. Turner. Etat mental des epileptiques. Soc. royale med. et chirurgi-
cale, 12 avril 1904 et 14 fev. 1905,
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Tableau I
Observations
Antece -
fi dents
htfddi-
taires
Antecedents
personnels
a van l I'd ge
d*apparition
d e tepilepsie
Age Age
du debut au
de debut
l' epitep- dc la
sie demonic
Caraclercs
par tienliet s Caracteres
lies de la
acres dome nee
I (personnelle) .H neant.
convulsions A
7 mois
7 mois
7 mois
generalises
non
progressive.
II (personnelle) .H neant.
convulsions A
14 mois
14 mois..
14 mois.
generalises
non
progressive.
Ill ( personnelle) .F neant.
convulsions A
2 ans
2 ans...
2 ans ..
generalises
en serie
non
progressive.
IV (personnelle) .F neant.
convulsions A
2 ans\*
2 ans...
2 nns..
generalises
en serie
non
progressive.
V 'personnelle) .H charges...
convulsions A
2 ans
2 ans...
2 ans...
generalises
en seric
non
progressive.
VI (personnelle) .H charges...
neant. ^.
4 ans...
4 ans...
generalises
en seric
non
progressive.
VII (Voisin& Legros). F charges ...
neant.
/ mois..
4 ans 1/2
prtfMiseirr 4n
C4ITol»MR 4« tili
4ml, trees riels
progressive.
VIII (Voisin Sc Lecros) F charges ...
neant.
3 ans 1/2 5 ans 1/2
generalises
aecAs seriels
progressive.
IX (personnelle) .F charges . ..
neant.
C ans...
6 ans...
generalises
lentement
progressive.
\ (personnelle) .F neant.
neont.
7 ans...
7 nns...
generalises
en seric
lentement
progressive.
XI (Aubry & Lucien) .. F neant.
convulsions A
7 nns
7 nns,..
7 ans...
tttti yeslrtliMS el
jarkstticis
lentement
progressive.
XII (Toulouse & Mar- F uAunt.
ciiand)
XIII (Bourneville). ... H Pere alcoo-
lique
eiBTilsiiis t 2 us
8 ans...
8 ans...
generalises
progressive.
neant .
9 ans...
9 ans...
generalises
lentement
progressive.
XIY (personnelle) .H .?.
neant.
9 ans...
9 ans...
wiertlbfc
acres ei lerie
progress ive.
XV (Bourneville, Bris- F neant.
convulsions A
10 ans...
10 ans...
generalises
progressive.
saud Sc d’Ouier) 2 ans 1/2
XVI [per son no tic) .H consangui- convulsions A 10ans1/2 11 ans... generalises progressive.
nite 10 mois
XVII (personnelle) .H charges... neant.11 ans.. 11 ans... generalises progressive.
pAre alcool.
XVIII (personnelle) .... F charges.... neant.11 ans .. 11 ans... generalises progressive.
XIX (Desmahes) . F neant.fievre intermit- 11 ans.. 11 ans... cMtakisw nrtMt lentement
tente A 10 ans progressive.
wch prtftmh r °
XX (Voisin & Legros). F charges ... convulsions A lan.... llansl/2 generalises progressive.
pAre alcool. la dentition. acces seriels
XXI (personnelle) .F neant.neant. 6 ans.. 12 ans... generalises progressive.
XXII (Voisin& Lecros) F p6realcool. neant. 8 ans... 12 ans... prNmiaeicf in progressive.
emilsiou 4oa rite
4« nrps,icees seriels
XXIII (Ghabac.iikr) _H ? ? 12 ans... 12 ans... generalises progressive.
XXIV (personnelle ) .... F charges ... neant ..12 ans... 12 ans... generalises progressive.
XXV (J. & R. Voisin Sc F pArenlcool. neant.8 ans 1/2 13 ans...
Laignel-Lavastinf.)
XXVI (Bourneville, II neant.tic 4e la face k 8 ais 11 ans... 14 ans...
Brissaud Sc d Ollier)
XXVII (personnelle et F charges... neant. 14 ans... 14 ans...
Leuridan). pore alcool.
XXVIII (Bourneville H charges... neant. 13 ans... 15 ans...
iV Morel) pAre alcool.
XXIX (Bourneville, F neant.convulsions de 15 ans... 15 ans...
Brissaud Ac d’Ollier) 1 A 5 ans_
XXX (personnelle ). II neant.neant. 17 ans... 19 ans...
XXXI (Marciiand & F charges_ convulsions 19 ans... 19 ans...
Olivier) pAreolcool. avant 1 an
fievre typhoid c
XXXII (Voisin&Leghos) F charges..,, neant. 9 ans... 19 nns...
pAre alcool.
XXXIII (personnelle )... II charges... debililA men- 21 ans... 21 ans...
talc, fievre ty-
phoide 5 21 ans
XXXIV (Bourneville H neant.convulsions de 4 nns... 22 ans...
Brissaud & d'Ollier) (j mois a 2 ans
XXXV(Voisin&Legros) F charges... fifcv. cerebrnlc 13 ans... 23 ans...
u 5 nns.
XXXVI J. X R. Voisin & F ? ? ? ?
Laignel-Lavastine)
generalises
iccri jacksMicis
a Icir 4ebnt
generalises
progressive.
progressive.
lentement
progressive.
progressive.
generalises progressive.
generalises lentement
en seric progressive,
generalises progressive,
a eu un etat
de mnl
generalises progressive,
ncces seriels
generalises progressive.
generalises progressive.
generalises progressive,
acces seriels
generalises progressive.
mu¬
ni**,
nos
It os.
n«,
&•*
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BOB
Di'fl
pupiila
catar*
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ova at
neant
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ncun
Dean
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pupilW
n«*a»
neac
neaa
nr’as
slrobi
eitci
TH'jN
H
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Tableau I
^roubles
lies
r flexes
Troubles
paralyliqu.es
Troubles Stigmatcs Age
mentaux physiques de a
concomitants aegenereseence l a
mort
Causes de la
mort
patellaires
tageres
patellaires
ageres
patellaircs
tageres
patellaircs
i age res
oormaux
neunt crises de coldre nombreux
ndant ndant nombreux
neant
parole non
ddveloppee
neant
mauvais carac- neant 28 ans congestion cere
tdre, drotisme brale.
crises d , exolta u# ° aspect myxee-
demateux
crises de colere nombreux 13 ans dtat de mal
patellaires ndant
xageres
esexageres morche spnsmo-
dique. Parole
lente et scandee
esexageres marche et parole
spasmodiqucs
esexageres neant
crises de coldre
ndnnt
mauvais ins¬
tincts
neant
nombreux
ndant
nombreux
nombreux
21 ans abces ischio¬
rectal
pneumonie
'flaurw Irtseu- neant idees de
td. de KabusM satisfaction
patellaires hemiplegic spas- acres
tageres modique gauche d ugitation
esexageres parole iddes de suicide
e Babmski embarrassee crises de fureur
? parole neant
embarrassee
normaux neant caracter* surnoi*
nombreux
nombreux 38 ans broncho-pneu-
monie
neant 37 ans cachexie
neant
neant
20 ans etat de mal
et tuberculose
? hemiplegic gau- neant ?
che incomplete
normaux neant crises de colere neant
22 ans tuberculose
pulmonnire
17 ans fidvre typhoi'de
►utell.exag. parole incom- accesd’agilation nombreux
prchcnsible
normaux ndant
? beaipkjie droit* et
htaiparesie §aarhe
exegerds hemip. dr ,e pa r * u
& mouv. spasm,
atell.exag. neant
exagerds marche spasmo.
par'Men^scnnd.
neant mauvai* instinc’*
ce de rd-
neant
ndant
neant
31
ans
tuberculose
J rotulien
pulmonaire
exagerds
■arch* spuaodiqie
accesd’agitntion
p
19
ans
p
porok lente et snadre
maniaque
>
ndnnt
neant
?
17
ans
p
exageres
■nnapirene. Parole sna-
crises de
nombreux
21
ans
.dlat de mal
dee et explosive
eoldre
>
embarras de la iddes de suicide
neant
16
ans
suicide
parole
crises de fureur
■>
hdmipardsie
needs suivis de
?
22
ans
tuberculose
gauche
dd ,,r * hallucinnt.
pulmonaire
normaux
ndant
iddes dc suicide
neant
31
uns
suicide
et kypotkoadriaqiies
exageres
demarche
neant
neant
<* Babioski
cerdbelleuse
exageres
marche spasmo-
neant
?
diq.parol'scand.
patellaires
mutisme
impulsions
neant
ageres
homicides
>
neant
accdsd’agitation
?
27
ans
tuberculose
maniaque
pulmonaire
exagdrds
paralys. spasm.
accdsd’agitation
?
35
ans
p
parole scandee
maniaque
exagdrds
eeatractaro pins aceeataie
ndant
?
?
b draite. Partis seaadfe
fugues
neant
nombreux
neant
18 ans
fievre typhoi'de
neunt
p
neunt
ndant
nombreux
ndant
27 ans
dans un needs
Lesions necropsiques
. meningo corticalite.
meningo corticalite.
sclerose symdtrique des
capsules externes.
sclerose corticale sous-
piemerienne.
kyste cerebral et ine-
ningite chronique.
meningo corticalite.
mening.encdphalit, pas
d examen histologique.
pas de lesions macrosco-
piq.pasd’examen liistol.
meningo corticalite.
meningo corticalite.
meningo corticulite.
meningo corticalite.
sclerose sous pieme-
rienne.
meningo encephalite.
kyste cerdbral.
pas de lesions macrosc.
pasd examen histologiq.
pas de lesions macrosc.
pasd examen histologiq
meningo corticalite.
sderose sens pienerieonr. Diminution
des fibres taigcit.Exaanhist, iicoap.
meningo encephalite.
Diaiftotioi des fibres taagentielles.
Seleros* seas pieaidrieaae
mdningo corticalite.
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226
REVUE DE PSYCHIATRIE
Nous etudierons dabord la d6mence epileptique chez l’enfant
et l’adolescent; nous d6ci*irons ensuite la demence epileptique
qui survient k l’age adulle ou apres.
*
# *
De la demence Epileptique chez l’eniant
et l’adolescent
Etiologie. — L’etiologie de la dEmence Epileptique comme
celle de l’Epilepsie est entouree d’obscuritE. Nous avonsrEsume
en un tableau gEnEral — (Voir tableau I : pages 224-225) —
toutes les observations que nous avons pu recueillir, ce qui
nous permettra de dEterminer l’influence de l’bErEditE,de l’Ege,
des maladies des sujets antErieurs a l’apparition de l'affaiblisse-
ment intellectuel.
Sur 33 observations ou les antEcEdents berEditaires sont con-
nus, nous trouvons des antEcEdents charges dans 15 cas ;
l’alcoolisme du pere dans 10 cas, l’Epilepsie dans 8 cas, 1’aUEna-
tion mentale dans 4 cas, les mEningites et les convulsions dans
13 cas. Dans 14 cas, il n’y avait aucuue tare hErEditaire.
L’idiotie acquise et la dEmence Epileptique peuvent survenir a
toutes les pEriodes de la jeunesse et de l’adolescence, mais
l’affaiblissement intellectuel apparait avec une certaino prEdi-
lection k deux Epoques de cette pEriode, a 12 ans el k 19 ans.
La dEmence Epileptique paralt plus frEquente chez la femme
que chez l’homme; il est difficile d’expliquer cette particula¬
rs ; elle provient probablement du fait que l'Epilepsie elle-
mEme est plus frEquente chez la femme que chez l'liomme
(Tissot, Esquirol, Delasiauve).
Parmi les antEcEdents morbides que l’ou releve chez nos
sujets nous trouvons dans treize cas des convulsions infantiles.
Dans six cas, l'Epilepsie leur a fait suite immEdiatement ; dans
les autres observations, plusieurs annEes se sont EcoulEes entre
1'apparition des convulsions et l’apparition de l’Epilepsie et a
fortiori de la dEmence qui, dans certains cas, a EvoluE paralle-
lement k l’Epilepsie, dans d’autres n’est apparue que plusieurs
annEes apres 1’apparition de l’Epilepsie. Comme autres maladies
nous rencontrons la fievre typhoi'de dans deux cas ; l'Epilepsie
et la dEmence sont survenues jmmEdiatement apres la maladie
fEbrile. La fievre cEi Ebrale, la fievre intermittente sont Egale-
ment notEes dans les antEcEdents de deux sujets. Enfln, dans
un cas, nous vovons un tic de la face prEcEder de plusieurs
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IDIOTIE ET DEMENCE EPILEPTIQUES
227
anuees la ddmence dpileptique. La syphilis et l’alcoolisme ne se
rencontrent que rarement dans les antecedents des jeunes
sujets qui deviennent dements dpileptiques. Bournevilie et
Baumgarten 4 ont cependant rapporte un cas d’alcoolisme chez
ud enfant de quatre ans qui presenta plus tard de la demence et
de repilepsie.
II est difficile d’etablir le pourcentage des epileptiques qui
deviennent idiots ou dements. Esquirol 2 sur 339 epileptiques
trouve 155 dements ; Parchappe 3 ne trouve que 2 dements sur
520 epileptiques. Calmeil 4 sur 300 malades en a vu 240 arriver
k la demence et il predisait que les 60 autres ne seraient pas
da vantage 6pargnes. Pour Peybernes 5 , la demence s’observe
cliez les epileptiques alienes dans les 4/5 des cas. pour Wilder-
muth 6 , dans 60 k 70 cas 0/0. A. Voisin 7 , sur 210 epileptiques, a
trouve 26 sujets sainsd’esprit. Turner 8 , dans un recent travail,
a trouve sur 116 epileptiques, 22 malades dont retat mental
etait normal soit 13,6 0/0, 51 avaient de i’amnesie (31, 6 0/0 ),
41 presentaient de la faiblesse intellectuelle (25, 4 0/0), enfin 47
etaient dements (29, 1 0/0). La statistique de Turner nous
parait r^pondre k la realite et on peut dire sans exageration
que le quart des epileptiques deviennent dements et que
cette demence survient principalement dans Penfance et l’ado-
lescence.
Symptomatologie. — Nous rechercherons successivement
les symptdmes d’ordre anatomique, les symptdmes d'ordre
pliysiologique, les symptdmes mentaux.
1° Symptdmes relevant de Vexamen anatomique : Ils com-
prennent les modifications anthropometriques et les stigmates
de degenerescence.
Nous avons pris les differents diametres craniens et les
differentes courbes craniennes chez huit dements epileptiques.
II ressort du tableau II (page 228 ) que la demence epileptique
1 Bournkville et Baumgarten. Alcoolismo chez un enfunt de quatre ans.
Demence et 4pilcpsie symptomatiques de ineningo-encephalite. Le Progrcs
med. 1887, N« 5.
3 Esquirol. Des maladies mentales, 1838, p. 284.
3 Parchappe, cit6 par Thore. Etude sur les maladies incidentcs des alienes.
Ann. med. psycho, l r * serie, V. 8, 1846, p. 359.
4 Calmeil. Cit£ par Peybern&s, Loc. cit.
5 PeybernLs. Quelques considerations sur le pronostic dc l’epilepsie. These
de Montpellier, 1875,
6 WiLDERMUTH. Les troubles psychiques de l'epilepsie nu point de vue du
droit criminel ; XXVII* eong. dc la soc. psych, du Sud-Ouest de l’Allemagne,
Carlsruhc, 9-10 nov. 1895.
7 A. Voisin. Cit6 par Garimond.
9 Turner. Etat mental des Epileptiques. Soc. med. et chirurgicale , 12 avril
1904.
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IDIOTIE ET DEMENCE EPILEPTIQUES
229
meme cn survenant dans le jeune &ge peut n’apporter aucun
cliangement dans le developpement du crane. Le diametre
transverse maximum est cependant gen^ralement inferieur k la
normale.
Les sligmates d$ deg6nerescenee sont ires frequents cliez les
idiols elles dements epileptiques. Les sligmates sont d'autant
plus nombreux et plus accenlu4s que raffaiblissement intellec*
tuel est survenu a un plus jeune £ge. Les plus communs sont
Tasymetrie faciale (8 fois), l’ogivite de la voute palatine (6 fois)
rirnplantation vicieuse des dents (5 fois), les malformations
des oreilles (4 Ibis). Cornrne autres signes, nous avons trouvb
1 fois la macrocephalie, la microcephalie, le strabisme interne,
2 fois le prognathisme accentu6 de la maclioire sup^rieure,
1 fois le facies masculin cliez une femme.
2° Si/mptdmes relevant de Vexamen physiologique :
Nous avons k plusieurs reprises observe la temperature d’un
certain nombre de dements epileptiques. Outre les variations
thermiques en rapport avec les acces et surtout avec les series
d’acces, nous n’avons jamais rencontre de fievre cliez nos
sujets.
La courbe de poids des ddments epileptiques est des plus inte-
ressantes k suivre. Dans les cas de ddmence k evolution rapide,
la diminution de poids est egalement rapide; les sujets arri-
vent k presenter un amaigrissement aussi accentue que cer¬
tains paralytiques generaux ou dements seniles.
Nous n’avons rien releve de special relativement aux appa-
reils circulatoire et respiratoire ; nous avons remarque
cependant la frequence de la tuberculose chez les dements
epileptiques.
Les dements epileptiques comme les dements en general
mangent beaucoup et digerent facilement. Leurs fonctions
intestinales sefont bien egalement. Nous n'avons jamais remar¬
que cliez nos malades de paralysie du sphincter rectal. Toutes
les fois que nos sujets etaient g&teux, ce symptdme etait du k
raffaiblissement intellectuel.
Les urines des dements epileptiques nous ont paru avoir une
toxicite normale.
Nous avons examine le liquide cephalo-rachidien chez 10 ma¬
lades. Le liquide s’est ecouieassez vivement dans 3 cas, goutte
a goutte dans les autres cas ; il a toujours ete tres limpide et 4
l’exaraencytologique, nous n’avons jamais constate de lymplio-
cylose. Enfin la teneur du liquide en albumine a toujours ete
normale (0,50 centigrammes d’albumine par litre,).
La sensibility tactile ne presentegeneralement aucun trouble;
par contre la sensibilite k la douleur est souvent obtuse.
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230
REVUE DE PSYCII1ATRIE
Au ddbut de la demence epileptique, rdquilibre, la marche, la
station debout, la force musculaire ne pi dsentent aucun trou¬
ble ; la ddmence et l’epilepsie sont, pourrait-on. dire, les seuls
symptdmes de l'affection cerdbrale. Cette absence de troubles
paralytiques peut persister jusqu’au moment oil la ddchdance
arrive k son maximum. A cdte de ces cas, il en est d’autres oil
les troubles moteurs prennent une importance telle qu'ils don-
nent aux malades un aspect particulier ddcrit d’abord par
Morel { et depuis par Ch. Voisin *. Les malades prdsentent
d’abord des hdmiplegies, des monoplegies transitoires soit apres
des acces en sdrie, soit apres unetatdemal; ces paralysies dispa -
raissentdans la suite, mais laissent apres elles une raideur mus¬
culaire qui souvent se gdndralise. Ces sujets en arrivent k ne
plus pouvoir se servir de leurs membres qui sont flxds en
flexion plus ou moins forcee. Les membres supdrieurs sont
accoles au trenc k angle droit, les doigts sont fldchis dans la
paume de la main ; les jambes sont decides sur les cuisses, les
pieds semeltent en varus dquin, les deux genoux reslant forle
ment accolds Tun k l'autre. On peut trouver tous les interme-
diaires entre la premiere forme sans troubles moteurs et cette
derniere oil les (roubles moteurs atteignent leur maximum. Sur
35 observations, nous avons releve 13 fois des troubles spasmo-
diques.
Le rdflexe cutand plantaire est normal au ddbut de la
ddmence dpileptique ; k la derniere periode, au moment oil la
demence est accentuee, il est diminud ou aboli. Chez quelques
malades atteints de spasticite des membres, on observe lerd-
flexe de Babinski.
Sur 28 observations oil les rdflexes patellaires sont notes,
nous avons trouvd 22 fois ces reflexes exagdres. Chez certains
malades, on observait ce phenomene k l’etat isold sans autres
troubles moteurs. Dans les cas de demence epileptique avec
contractures gendralisdes, tous les rdflexes tendineux sont exa-
gdres et on observe souvent de la trepidation dpiloptoide. Dans
un seul cas, nous avons note 1‘absence du rdflexe patellaire
sans autre signe de tabes.
Il est intdressant de constater que les rdflexes pupillaires
restent gdneralement normaux chez les ddments epileptiques.
MM. Voisin et Legros 3 ont note ce fait dans leurs observations.
Nous n’avons rencontre l’indgalite pupillaire que chez 4 mala¬
des sur 22 dements dpileptiques.
1 Morel. Etudes cliniques. Traile tlieoriquc et pratique des maladies men-
tales, t. II p. 328, 1853.
- Voisin. Loc. cit.
3 Voisin et Legros. Demence epileptique pnrulytique et spasmodiqae A
I’^poque de la puberte. Soc, med. psycho 31 juillet 18yy.
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IDIOTIE ET DEMENCE EPILEPTIQUES
231
Aucun des sujets que nous avons observes ne presentait de
troubles de l'audition verbale. La vision verbale chez la plupart
prdsentait des troubles, et certains malades qui avaient recu une
bonne instruction ne pouvaient plus lire : ces troubles sont dus
k l’afTaiblissement intellectuel et non k une lesion localisee du
cerveau. Les troubles de l’ecrilure suivent une marclie
parallele.
Les troubles de la parole articulde sont frequents chez les
dements epileptiques. Plusieurs cas peuvent se rencontrer:
1° le langage n’est pas ddveloppe ; le malade comprend ce qu’on
lui dit, raa's ne parle pas; 2° le langage, qui etait bien ddveloppd
ayant Tapparitionde la demence, fait defaut ensuite etles mala¬
des restent dansun mutisme absolu ; 3° au cours de la demence
dpileptique, apres un etat de mal ou uneserie d’acces, on peut
observer de l’aphasie qui est gen6ralement transitoire mais qui
laisse apres elle des troubles de la parole que MM. Voisin et
Legros ddcrivent ainsi : « Plusieurs dements interviennent
dans cette g£ne de la parole: une difficulty dans la comprehen¬
sion de la phrase adressee au malade ; une difficulty dans
remission du mot..., la parole esttrainante et marque au debut
un effort ; elle se termine par une expiration plus ou moins
nette, quelquelois tres breve» ; 4° chez d’autres malades,
1’embarrasde la parole est absolument semblable a celuides
paralytiques gendraux.
Les accesepileptiques presentent-ils des caracteres particuliers
chez les dements epileptiques ? Sur 36 observations, les acces
sont generalises chez 30 sujets. Les raouvements convulsilssont
predominants d'un cote du corps dans quatre cas. Dans un cas,
les acces sont tantdt generalises, tantdt jacksonniens; dans une
autre observation, les acces sont jacksonniens k leur debut et
generalises ensuite. Dans 13 cas, les acces ont lieu surtout en
serie. Nous n’avons releve rien de special relativement aux
autres caracteres des acces epileptiques. Dans nos observations
et dans la plupart de celles des auteurs qui ont etudie cette
question, il est reraarquable devoir combien les vertiges sont
peu frequents. Les auteurs anciens attribuaient surtout aux
vertiges une influence preponderate dans la production de
la ddmence epileptique. Nos rdsultats sont tres differents des
leurs.
3. Symptdmes psychiques. — La demence qui survient chez
les epileptiques revet diverses formes: l°Quand Paffaiblissement
intellectuel survient dans les premieres annees de la vie, les
malades ressemblent k des idiots congenitaux. 2° Quand la
demence survient avant la puberty, les malades ressemblent k
des imbeciles. 3° Quand la demence survient k la puberty ou
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232
REVUE DE PSYCHIATRIE
dans les quelques annees qui la suivent, les malades ressem-
blent A des dements prAcoces. C’est la une premiere classifica¬
tion qui est basee sur ce fait que la ddmence rev£t des carac¬
teres particuliers suivant TAge auquel elle survient. Mais cette
ddmence qui est d’abord progressive peut s’arrAter dans son
Evolution. On voit alors des malades qui avaient presents tout
d'abord un affaiblissement intellectuel progressif resler ensuile
de longues annees dans le m£me etat. Dans d'autres cas, au
contraire, la demence est progressive et reste progressive;
Taffaiblissement intellectuel devient de plus en plus profond et
les malades meurent apres avoir presents une declieance physi¬
que et intellectuelle totale. Ainsi, la demence epileptique peut
presenter divers caracteres : l°suivantqu'elle est progressive ou
non; 2° suivant TAge auquel elle survient. Si nous divisons nos
observations suivant que la demence est arr£t6e dans son
evolution, est lentement progressive ou est progressive, nous
avons 6 observations rentrant dans le premier groupe, 7 dans
le second et 23 dans le troisieme. Ce classement nous amene A
ce rAsultat que ce sont les six premieres observations qui ren
trentdans le groupe des demences arr£t6es dans leur evolution;
or, ces six observations se rapportent a des sujets qui ont pre¬
sents dans les premieres annSesde leur vie un arrSt du deve-
loppement intellectuel en mSme temps qu’apparaissaient les
crises epileptiques. Tout arrSt de developpement qui survient
A cet Age, dStermine la perte des acquisitions intellectuelles
antSneures. Les malades sont des idiots et, comme la ISsion
anatomique qui a provoquS TarrSt du developpement intellec¬
tuel n’a pas progress^, ils ont grandi, apprenant quelques mots,
mais sont incapables d’aucun effort intellectuel.
II est bien difficile d’etablir un tableau symptomatique de la
demence Spileptique dans les cas ou la dSmence est progressive.
Certains des malades ressemblent A des imbeciles, d’autres A
des paralytiques gAneraux, d’autres enfin A des ddments pr6-
coces et nous sommes persuades quece sont les diagnostics que
Ton porterait surde tels malades si on ignoraitqu’ilssont atteirits
d’dpilepsie et que Taffaiblissement intellectuel estsurvenuapres
l’apparition de la n6vrose.
Un seul symptome est constant cliezles ddments epileptiques,
Taffaiblissement intellectuel. Celui-ci est variable suivant les
individus et suivant les periodes de la maladie. Ici, comme pour
toutesles demences en general, Taffaiblissement intellectuel se
traduit par deux caracteres principaux : la perte ou la diminu¬
tion de la mdmoire, Taffaiblissement du jugement. Souvent ces
symptomes sont precedes de troubles de caractere.
La diminution de la mAmoire a besoin d’etre reclierchde, sur*
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1D10TIE ET DEMENCE EPILEPTIQUES
233
tout au debut de la demence (Sollier 1 ); quelquefois ce trouble
n'est pas en rapport avec l’affaiblissement des autres facultds,
(Magnan). Voici les cas qui se prdsentent le plus gendralement:
Un enfant est intelligent jusqu’a l’&ge de huit ans par exemple ;
on remarque alors qu'il change de caractere; il n’est plus aussi
soumis, se met facilement en colere, fait des fugues. A Ldcoleou
il apprenait assez facilement, son maitre est moins content de
lui. Il est inattentif, se fait punir souvent, querelle ses cama-
rades. Get dtat peut exister depuis plusieurs mois quand delate
la premiere crise d epilepsie. Le changcment de caractere passe
alors au second plan; l’enfant devient incapable de suivre les
cours, il oublie mdmo ce qu’il a appi is et en un an, deux ans,
parfois quelques mois seulement, il devient incapable de lire
ou d’dcrire. Si on persiste k rinstruire, on ne parvient pas
& lui cpnserver les acquisitions antdrieures et on assiste k line
declidance rapide. A ces troubles, s’ajoutent des troubles du
jugement; le petit malade ne se rend plus compte de ce qui
l’entoure, il ne s’occupe plus seul des soins de sa toilette; il
arrived raener line vie vdgdtative. Des symptdmes plus graves
par leurs consequences peuvent apparaltre; les crises de colere,
de fureur ne sont pas races ; quelquefois surviennent des idees
de suicide.
Preiions comme autre exemple un sujet qui devient dpilepti-
que H dement k fdge de la puberld ou dans les quelques anndes
suivantes ; ce jnalade pourra dtre classd parmi les ddments prd-
coces. Il presentera de l’affaiblissement intellectuel. mais les
acquisitions antdrieures qui se seront flxees (ortement ne dispa-
raitront plus aussi vile que chez le malade precedent. ]1 conti-
nuera k savoir lire et ecrire, mais d'autres troubles particulars,
communs dans la forme hebephrenique de la demence precoce,
apparaitront. Ce sera d’abord une apatliie que rien ne peut
vaincre ; le malade restera des heures entieres sans bouger ;
raflfectivitd s’affaiblira Des idees deliranles pourrontapparaltre,
mais le delire sera peu coordonne. Ici, encore les impulsions et
les crises de colere seront frequentes.
Tels sont les tableaux symplomatiques que peut revdlir la
demence dpileptique. 11s sont avant lout subordonnes k 1‘dge
auquel apparait le syndrome.
A ces divers troubles menlaux peuvent s’adjoindre des trou¬
bles moteurs et sensitifs qui pourront par leur predominance
donner k la ddmence dpileptique une forme particuliere. Ces
troubles moteurs pourront rendre difficile le diagnostic; cer¬
tains cas simulent absolument la paralysie generale.
1 Sollier. Los troubles do lu momoire 1892. p. 132.
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234
REVUE DE PSYCHIATRIB
D’apres les considerations emises ci-dessus, la ddmence 6pi-
leptique chez l’enfant et l'adolescent peut revGtir les formes
suivantes : survenant avant la puberty elle rev6t la forme de
Tidiotie ou de rimb6cillit6; survenant k la pubertd ou pendant
l’adolescence, elle rev6t la forme de la demence prdcoce.
Quand les troubles mentaux sont accentues, ils peuvent
caract6riser deux*forme»particulidres : 1° la ddmence dpilep-
tique k forme spasmodique (Voisin) ; 2° la demence Epileptique
k forme de pseudo-paralysie gEnErale.
Un fait important k relever dans la symptomatology de la
demence Epileptique est le suivant : le dement Epileptique
conserve le caractEre de l’Epileptique malgre sa dechEance
intellectuelle. 11 reste impulsif, violent; il conserve ses mauvais
instiucts (Skae et Clouston Peon 2 , Kiernan 3 ).
Pathog&nie . — On a toujours voulu voir entre les accidents
convulsifs et la dEmence un rapport de cause k effut et quand ce
rapport n’existe pas, les auteurs en restent surpris. M. Bour-
neville 4 , au cours d’une observation, fait la remarque suivante :
« MalgrE la diminution considerable des acces en 1898, Tenfant
incline de plusen plus vers la dEmence», et dans une autre obser¬
vation 5 : « Sous l’influence de l’Elixir polybromurE, les crises de
violence et les acces s’ espacent, mais Intelligence s affaiblit de
plus en plus ».
La demence epileptique est-elle une demence provoquEe par
les accidents convulsifs ou bien dEmence et acces Epileptiques
sont-ils deux etats symptomatiques d’une mEme maladie cEre-
brale ? Telle est la question. Les rapports qui peuvent exisler
entre les acce§ Epileptiques et la demence sont au nombre de
trois : a) Epilepsie et demence suivent une marclie paralleie.
b) Epilepsie et demence apparaissent en mEme temps, mais plus
tard l’Epilepsie cesse completement ou ne se tEmoigne que par
de rares manifestations ; la dEmence persiste et reste progres¬
sive. c) L’Epilepsie apparalt d’abord, la demence beaucoup plus
tard.
1° Epilepsie et demence suivent une marche parallile. —
Ce sont les cas les plus nombreux. Sur 35 observations, dans
19 cas l’aftaiblissement intellectuel est apparu en mEme temps
que les acces epileptiques. C'est d’apres de tels cas que quelques
’• Skaf. et Clouston. Lemons sur la folic. Journ. of merit. Sc. l rr trim. 1874.
2 A. P£ox. Epilepsie et paralysie generale. Arch. clin. des rani. mont. et
nerv. Masson Ed. 1801, p. 87.
3 Kiernan. Folie epileptique. American iourn. of Insanity, Avril 1890.
4 Bournkville. Contribution A l’etude de la demence dpileptique. Arch, de
year., vol. XX, nov. 1905, p. 342.
6 bouRNEMLLE et Morel. Epilepsie idiopathique. D6cli£nnce, suicide. Re-
cherches clin. et therap. sur 1 epilepsie, l’hysterie et Fidiotie, 1902, p. 30.
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IDIOTIE ET DEMENCE EPILEPTIQUES
235
auteurs ont attribud aux acces convulsifs une influence sur la
production de la ddmence. En effet, d’apres ces observations,
deux faits sont k relever : 1° l’apparition de I’dpilepsie et de l‘af-
faiblissement intellectuel k la mdme epoque de la vie; 2° la
ddclidance intellectuelle plus marquee apres les series d’acces.
Ce sont la deux faits qui peuvent exister, mais qui n'existent
pas necessairement chez tous les epilepliques dements. 11 est
cependant bien dtabli que certains sujets, apres des accds en
sdrie presentent un affaiblissement intellectuel plus prononce,
mais est-ce bien de raflaiblissement intellectuel progressif, de
la demence en un mot? Delasiauve ddsignait du nom de stu-
peur, et non de demence, I’etat psychique que presentent les
dpileptiques apres les accds seriels. 11 ne faut pas en effet
contondre ces etats de stupeur post-epileptique avec laddmence
dpileptique. Les dtats de stupeur sont plus ou moins passagers,
la ddmence ne letrocede jamais. Chez les dements dpileptiques,
des dtats de confusion mentale peuvent venir se surajouter aux
etats ddmentiels. Quand les periodes de confusion inenlale sont
terminees, la ddmence parait avoir diminue si on la compare k
la pdriode que le malade vient de traverser, mais clle s’est
accentude si on la compare k ce qu’elle dtait avant la derniere
serie d’acces.
2° Epilepsie et d&mence apparaissent en inline temps
mais Vipilepsie eesse complement ou ne se ttmoigm plus
que par de rares manifestations convulsioes . — Nos obser¬
vations IX, XIV, XVI, XVII et XXXIII en sont de trds curieux
exemples. Dans les quatre premieres, les crises ont disparu
completement pendant plusieurs annees sans aucune ameliora¬
tion de l’dtat mental.
3° L'epilepsie apparait d’abord, la demence beaucoup plus
tard. — Ces cas sont au nombre de 13 sur 35 observations. Le
laps de temps qui s’ecoule entre le debut de Tepilepsie et celui
de la ddmence peut dtre des plus variables. Nousindiquons dans
le tableau ci-dessous ces differents laps de temps :
X® des rismtliois
Anteors
Age aa debt de
lepilepsie
Age aa debut de
U demence
DilTereiee
Obs. VII
Voisin et Legros
7 mois
4 ans 1/2
4 ans
VIII
id.
3 ans 1/2
5 ans1 2
2 ans
XVI
personnelle
10 ans 1/2
11 ans
6 mois
XX
Voisin et Legros
1 an
11 ans 1/2
10 ans 1/2
XXI
personnelle
6 ans
12 ans
6 ans
XXII
Voisin et Legros
8 ans
12 ans
4 ans
XXV
R. et J. Voisin et Laigne
Lavastine
• 8 ans 1/2
13 ans
4 ans
XXVI
Bourneville, Brissaud
et d'OLLIER
11 ans
14 ans
3 ans
XXVIII
Bourn eville et Morel
13 ans
15 ans
2 ans
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236
REVUE DE PSYCHIATRIE
Obs. XXX
personnels
17 ans
19 ans
2 ans
XXXII
Voisin et Legros
9 ans
19 ans
10 ans
XXXIV
Bourneville, Brissaud
et d’OLLIER
4 ans
22 ans
18 ans
XXXV
Voisin et Legros
13 ans
23 ans
10 ans
Ces faits sont des plus interessants. 11 exisle des observations
oil la demence n’est survenue qui 2, 3, 4, 0, 10 ans el rafme 18
ans apres le debut do Itepilepsie. Parmi ces observations il y
en a plusieurs oil les acces 4taient tr&s nombreux bien avant
Tapparition de la demence. Au moment du d6but de la demence
ils ne devinrent pas plus frequents. La d6mence 4pileptique est
done due a une autre cause qu’aux acces 6pileptiques.
Nous allons d6montrer mainlenant que Tepilepsie d’une part,
la d6mence d’autre pari, n’ont aucun rapport decausalite, que
ce ne sont que deux 6tats symptomaliques d’une malaaie cere¬
brate.
1° La dimence ou lidiotie acquise peucent apparaitre
avant Vipilepsie . En comparant les caracteres cliniques pr6-
sent6s par les sujets atteinls de cette forme de demence 6pilep-
tique, on est 6touite qu’ils ne presentent aucun symptOme qui
permette de les distinguer des dpileptiques devenusddments. La
demence peut se compliquer d’epilepsie et reciproquement.
On pourrait nous objecter que nous n’avons eu en vue que
des cas d’affaiblissement intellectuel survenus dans le jeune
kge et que les ntemos deductions ne peuvent pas 6tre appliquSes
aux.cas survenus a l’&ge ou apres l’&ge de la pubertd ; si oncon-
sidere que les etats d’affaiblissement inteltectuel qui surviennent
k cette periode de la vie rentrent dans le groupe des dements pr6-
coces, e’est parmi les observations ayant trait k ce syndrome
qu’on doit retrouver des cas d’epilepsie survenant plus ou
moins longtemps apres le debut de la demence, Kalbaum 1 a d’a
bord signate les attaquesdpileptiformesdans le catatonie; Lucia
Moravitz 2 montre ensuite combien « il est difficile d’dtablir
lorsque la catatonie complique r6pilepsie>$i : a) on a affaire k
une m£me affection; b) ou k deux affections distinctes d’une fa-
con absolue ou reunies par les liens d’une predisposition com¬
mune ». Knepelin 3 a montr6 le premier que les accfes dpilepti-
ques peuvent apparaitre au cours de la demence pr^coce ; on les
rencontrerait dans 18 0/0 des cas. Trommer 4 , Meeus 5 , Masoin*,
1 Kai.baim, Die catatonic, Berlin 1874.
2 Lucia Mohamtz. Klinische Miscliformen von Epilepsicu Katnlonic. Zurich
1900.
:5 Kr.epf.lin. PsyeJiiatrie , 2 vol, 7° ed. Leipzich, 1905.
4 Trommer. Das Iugendirresein, Halle, 1903.
& Meeis. De la demence prccoce, Journ. de neural, 20 nov. 1902.
6 P. Masoix loc. cit.
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IDIOTIE ET DEMENCE EPILEPTIQUES
237
oat rapports ensuite plusieurs observations de demence pre-
coce compliquee d’epilepsie. M. Ballet 4 a pr^sente k la Soci6t6
de neurologie un dement precoce qui avait des atlaques 6pilep-
tiformes ; M. Trepsat 2 et M ,Ie Pascal 3 en ont donn6 6galement
des exemples. D’apres les observations de ces diflerents au¬
teurs et d’aprfes plusieurs cas personnels on voit que Tepi-
lepsie et la ddmence sont les consequences d'une maladie
c6r6braleen Evolution et qu’il n’y a entre elles aucun rapport de
causality.
2° La demence n'apparait qu'au moment oil Udpilepsie
cesse. — Ces cas sont des plus instructifs ; on ne peut attribuer
ici une influence sp6ciale aux acces sur la marclie de la d6-
mence. En void un exerople 4 : Une jeune fllle qui a pr&sent6
des convulsions a l’Age de deux ans et une flevre typhoide k
Page de trois ans, eut une premiere crise d’^pilepsie k l’Sge
de 33 ans. Dans la suite, elle eut des vertiges frequents et seu-
lement deux ou trois grandesattaques par an. Dernier acces a
40 ans. L’intelligence, qui 6tait restee stationnaire jusqu’A cet
Age, s’aflfaiblit propressivement dans la suite. Cette malade est
morte a l’Age de 49 ans en £tat de ddnence complete.
3° Des gpileptiques ci acces frequents peuvent atteindre un
age acanctsans presenter de demence. — Cette remarque
avait 6t6 faite par Hitchman 5 qui disait ddj k « que Tdpilepsie
peut exister sansaltaquer n6cessairement 1’esprit ». Depuis, un
tres grand nombre d’auteurs ont fait la m6me remarque.
4® La demence et Vepilepsie peuvent survenir apres un
traumatisme crdnien. — Dans les observations d’epilepsie
traumatique, on voit souvent Tepilepsie ne survenir que plu¬
sieurs mois ou m£me plusieurs annees apres le traumatisme
cr&nien. Dans ces cas, une 16sion enc^phalique qui a 6volu6
insidieusement apres le trauma determine l’epilepsie. Dans un
certain nombre d’observations, la d&nence survient en m6me
temps que l’dpilepsie ou quelques mois apres. Dans d’autres cas,
c’est la demence qui survient imm6diatement apres le trauma
tisme ci anien et l’epilepsie ne survient que plus tard. Calmeil\
1 G. Ballet. Une forme nnormale dc demence precoce. Soc. de neural. 11
mai 1905.
a Trepsat. Troubles physiques de lu demence precoce liebeplirtfno-cnlnto-
nique, these dc Paris 1905,
3 G. Pascal. Les ictus dans la demence precoce. Lenc^pbale, sep oct. 1900,
p. 479.
4 L. Marciiand. Demence symptomatique dc meningitc clironique cliez une
nncienne epileptique. Soc. anal. 25 mai 1906.
5 Hitchman. Apparences pathologiques observecs dans les cadavres des
alienes. Journ. of psych nttdecine, 1850.
6 Calmeil. De la paralysie consideree cliez les alienes, n # XLIX, p. 250.
17
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238
REVUE DE PSYCHIATRIE
Lallemand', Berthier s , Kelp 3 , Pelmann Christian *, Du-
buisson 6 , Bobrow 7 , Boissier ®, A. Marie et PicquE *, ont
rapporte de nombreux cas d’Epilepsie post-traumatique avec
dEmence.
5° L'epilepsie et la dimence sont nettement lets symptdmes
dune lesion ciribrale. — Dans ces cas, l'epilepsie et la de-
mence s’accompagnent d’autres troubles nervedx qui permet-
tent le diagnostic de la lEsion cErEbrale causale. Ici, commedaos
les observations d’epilepsie traumatique compliquEe de dEmence,
l’affaiblissement intellectuel peut dEbuteravant l’Epilepsie ce qui
est l'exception; l'epilepsie peut dEbuter avant la dEmence, Evo¬
lution symptomatique plus commune. GEnEralement dans ces
cas, l'epilepsie revEt la forme jacksonnienne. Aujourd’liui. on
admet la plus grande analogic entre 1'accEs Epileptique partiel
et I’acces d’Epilepsie genEralisE. II est d’ailleurs frEquent de voir
i’acces jacksonnien se transformer en acces gEnEralisE. II est
alors intEressantde voir que l’epilepsie jacksonnienne comme
l'Epilepsie gEnEralisEepeut Eire suivie ou prEcEdEe d’un Etat dE-
mentiel. Dans ces cas, on ne dit pas que 1'accEs jacksonnien a
EtE cause de la dEmence, mais que les deux syndromes — acces
convulsifs et dEmence — sont les rEsultats symptomatiques de
iEsions mEningo corticales.
La dEmence Epileptique n’existe done pas en tantque dEmence
causEe par l’Epilepsie. II existe une dEmence qui survient cbez
certains Epileptiques; dEmence et Epilepsie foment les ElEments
symptomatiques d’uue affection cErEbrale et peuvent Etre ses
seuls symptdmes.
Anatomiepathologique. —Silesacces Epileptiques ne pro-
voquent pas la dEmence chez les comitiaux, l’anatomie patholo¬
gique doit nous donner le substratum de cette dEmence. Sur 22
Epileptiques devenus dEments, noustrouvons 11 fois la mEniugo-
corticalite chronique, 3 fois une sclErose sous-pie-mErienne,
2 fois la mEningo encEplialite chronique, une fois un kystecErE-
1 Lallemand. Recherches onatomo putbologiques sur lencepbale, t. I, Paris
1830.
- Bertiiier. Des transformations epileptiques. Soc, mtld. psych. 11 nov.
1872.
3 Kelp. Epilepsie suite de plaie du crune. Irrenfreund 1872.
4 Pei.mann. Discussion sur Particle de Kelp. loc. cit.
<• Christian. Des trnumalismes du crune duns leurs rapports avec l'alienulion
mentnle. Arch , de neurol. t. Will, 1889, p. 187.
Dlbuisson. De la folie truumutique. Congres ann. de med. ment. Rouen,
1890, p- 259.
7 Borrow. Epilepsie troumutique ; obturation osteoplastique du defaut crt\-
nien. .Soc. des med. neurol. et altin. de Moscou, 15 nov. 1891.
8 Boissier. Epilepsie el trepanation, Arch, de neurol. 2 r serie, t. X, 1900,
p. 95.
9 A. Marie et Picque. Truumntisruc et folie. Congres des med. alien, et
neur. Grenoble 1902. vol. II, p. 317.
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1DI0T1E ET D^MENCE EPILEPTIQUES
239
bral, une fois la scldrose symdtrique des capsules externes ;
enfin, dansquatre cas, I’examen macroscopique seuldu cerveau
a dtd fait, ce qui est insuffisant.
Nous avons relevd le poids des hemispheres cdrdbraux et du
cervelet dans 15 cas de ddmence dpileptique.
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13 ans
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» XVI
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17 »
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17 »
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175
19 »
31 »
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Moyenne
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580
145
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» XII
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450
107
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1) XV
490
480
150
10 »
22 »
» XVIII
500
500
165
11 »
18 »
» XXI
450
440
140
12 »
27 »
» XXIV
550
530
160
12 »
30 »
» XXVII
490
510
138
14 »
21 »
)) XXIX
540
545
175
15 »
22 »
Moyenne
514
513
147
D’aprds ces observations, on p9ut voir que les ddments dpilep-
tiques ne presentent pas d’atrophie cdrdbrale, contrairement k
ce que Ton rencontre dans la deraence paralytique et la ddmence
sdnile L Le poids moyen des cerveaux des ddments dpileptiques
du sexe masculin est mdme supdrieur au poids moyen du cerveau
de i’homme normal. Quanta l’indgalitd depoids des deux hdmis-
pheres, nous remarquons que la diffdrence n'est supdrieure
& 10 grammes que dans 4 cas. Dans un cas, rhdmisphere gauche
pdse 60 grammes de moins que Thdraisplidre droit. C’est la plus
grande difference que nous avons observee.
Au point de vue histologique, la meningo-corticalite ehronique,
que nous avons observee dans nombre d’observations, consiste en
un dpaississement des meninges, leur adhdrence au cortex, une
diminution des fibres tangenlielles sous-jacentes aux meninges
altdrdes, enfin, une scldrose sous-pie-mdrienne. Dans un recent
travail sur cette question, MM. J. et R. Voisinet Laignel-Lavas-
tine 1 2 ont constatdchez leurs ddments dpileptiques une scldrose
1 L. Marchand. Poids du cerveuu dans la paralysie generale et dans la de-
mence senile. Soc. anat. 30 janvier 1003.
2 J. at R Voisin et Laignei.-Lavastinf. Autopsie de deux cas de d£mence
epileptique, paralytique et spasmodique a l’epoque de la puberte. Soc . Med.
de* H6p 6 juillet 1006.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
sous-pie-mdrienne, mais dans leurs cas, les meninges dlaient
fibreuses « fortement et clironiquement epaissies » ce qui fait
supposer qu’il s’agit dans ces cas dgalement de mdningo-corli-
calite chronique.
L'anatomiepathologique montre que la meningo corticalite et
la mdningo-encdphalite chronique sont les deux maladies que
Ton observe le plus frdquemment cliez les enfants et les adoles¬
cents atteints de demence et d’epilepsie; d aulres maladies cere-
brales peuvent se rencontrer. Toules les lesions corticales eten-
dues, diffuses, surtout quand elles surviennent chez les enfants
etles adolescents, a cette periode de la vie oil le cerveau rdagit
si facilement par une attaque convulsive, peuvent determiner la
demence epileptique. MM. Alquier et Anfimow 1 considered la
sclerose cdrebrale superficielle comme secondaire A des hdmor-
rhagies sous pie-meriennes se produisant au moment des acces.
Nous avons montre combien les crises convulsives accompa-
gndes de fievre se retrouvaient frdquemment dans les antece¬
dents personnels des dements dpileptiques. Ces convulsions
sont symptomatiques d’une meningite ou d'une enc6phalite qiii
semble gudrie, mais le cerveau a dtd adultdrd a ce moment et, si
quelquefois les attaques d'dpilepsie et la demence ne survien¬
nent que plusieurs anuees apres, le plus souvent les enfants
presentent un arret de developpement cerebral avec epilepsio
immedialement apres leurs convulsions. Dans d’aulres cas, ce
sont des meningiles A evolution insidieuse qui determinent
la ddmence epileptique. Leurs causes doivent etre recherchees
dans certaines intoxications dues A des embarras gastriques fre¬
quents, A des maladies infectieuses du jeune Age (P, Marie 2 ) qui
ne se sont pas accompagnees au moment m£me de troubles
edrdbraux, peut-etre au mauvais fonctionnement de glandes
A secretion interne, mais nous entrons 1A dans le monde des
hypotheses.
Diagnostic . — Le diagnostic doit porter dune part sur la
forme de la demence epileptique, d’autre part sur la maladie
cerdbrale qui determine ce syndrome. Nous avons montre que
les principales formes de demence epileptique chez les enfants
et les adolescents, pouvaient se reduire A quatre : 1° Tidiotie et
rimbeciliteepileptique acquiscs; 2° la demence prdcoce dpilepli-
que ; 3° la ddmence prdcoce epileptique A forme spasmodique;
4° la ddmence epileptique A forme depseudo-paralysiegdndrale.
L'histoirc des antecedents personnels des sujels permet faci-
1 Alquif.r ct Anfimow. — Existence ct signifien'ion de petites hemorm^ies
sous In pie-m^re ceivbralc dans lepilcpsie. Soc. de Neurol . — 10 jnnviei* 1907.
- P. Marik. Note sur l'etiologfie de lepilepsie. P/o°rts med. 1887, n° 44,
p. S3.
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IDI0T1E ET DEMENCE EPILEPTIQUES
lementde faire ces differents diagnostics; l’age au dEbut deTepi-
lepsie et de la dEmence Elant connu, on peut imraEdialement
savoir si on est en presence d’un idiot oud'un dement. L’anam-
nese permet Egalement d’Elablir si la dEmence a prEcEdE l’Epi-
lepsie, en un mot si le sujet est un dement devenu Epileptique
ou un Epileptique devenu dement. On se basera ensuite sur l’Etude
des differents troubles moteurs pour etablir le diagnostic des
formes paralytiques et spasmodiques.
L’absence de troubles moteurs permet de diflErencier facile-
ment les dEments prEcoces. Chez ces derniers, on trouve sou-
vent des rEflexes forts ou exagErEs et c’est generaleraent le seul
trouble de la motricitE que Ton constate. Au point de vue mental
ces malades ressemblent en tous points aux dements prEcoces
h formfr hEbeplirEnique. ^
La forme dEsignEe par M. Yoisin sous le nom de dEmence
epileptique spasmodique est facile h diagnostiquer. On releve
dans les antEcEdents des malades des crises epileptiques en
sErie avec poussEe d’obtusion inteilectuelle aprEs cliaque
serie, des hEmiplEgies et des monoplEgies transitoires, fugaces,
mais qui laissent apres elle dela raideur musculaire, del’exage-
ration des rEflexes, des troubles particuliers de la parole qui
devient trainante, spasmodique; I'affectionest progressiveeties
malades perdent toutes leurs acquisitions intellectuelles et de-
vienneut impotents. Les troubles oculairesfont toujours defaut.
Dans plusieurs travaux faits en collaboration avec M. Tou¬
louse ^ nous a vons montrE combien la paralysie gEnErale et
infantile pouvait Etre facilement confondue avec la dEmence
Epileptique et rEciproquement. La difflcullE peut Etre telle que
quelquefois tout concourt h tromper le clinicien. Voici les cas les
plus curieux qui peuvent se prEsehter :1 0 Un Epileptique devient
paralytique genEral; 2° La paralysie gEnErale juvEnile revEtune
forme Epileptique et les crises comitiales sont les premieres
manifestations de la maladie. Comme signe diflerentiel entre la
dEmence Epileptique et la dEmence paralytique, plusieurs au¬
teurs attribuent une grande valeur au fait que la dEmence de
rEpileptiqueneseraitjamaisaussiglobalequecelle du paralytique
gEnEral; les observations de MM. Yoisin et Legros 1 * 3 , Bourne-
ville et d'Ollier 3 , SEglas et Fran^ais 4 , les observations publiEes
en collaboration avec M. Toulouse 5 montrent que ce signe n’est
1 Ed. Toulouse et L. March and. Paralysie generate el epilepsie. Soc. med.
psych. 26juin 1899.
* Voisin et Legros. Loc. cit.
3 Bourxeville et d’OLLiER. Loc. cit.
4 J. Sf.glas et Fraxcais. A propos du diagnostic de l’epilcpsie et de la
paralysie g£ndrale. Presse medicate, 24 sept. 1902.
* Ed. Toulouse et L. Marchand. Anomalic m^dullnirc et demcnce cliez une
Epileptique. Bevue de Psych, sept 1906.
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242
REVUE DE PSYCHIATR1E
pas suflisant. Uu signe plus important peut Give retire des ca
raclferes du liquide cdphalo-rachidien. Dans la demence epilep-
tique, il n’existe pas de lymphocytose et la teneur du liquide
en albumine est normal© (0 gr. 50). Chez les paralytiques, il y a
gdndralement de la lymphocj'tose ; la quanlite d'albuffline est
augmentee et atteint solvent deux grammes.
*
♦ *
De la demence gpileptique chez l adulte et le vieillard
Les considerations que nous venons d’emettre k propos de la
demence dpileptique chez les enfants et les adolescents nous
permettront d’etre bref au sujet dela demence 6pilepliquechez
Tadulte. Tout sujet 6pileptique depuis le jeune £ge, peut ne
devenir dement qu’& l'age adulte. Dans ce cas, revolution des
symptOmes mentaux ressemble beaucoup& celle que nous avons
decrile chez les adolescents qui deviennent dements. Maisil est
une lorme d’dpilepsie qui survient k l'£ge adulte ou plus tard ;
cette 6pilepsie tardive peut s’accompagner egalement de
demence et celle-ci surviendra d’autant plus vite que Tdpilepsie
apparaltra plus tardivement; CalmeiP avail remarqud qua
6galil6 de nombre des paroxysmes, la demence parait £tre d'au-
tant plus rapide quele sujet est plus &ge et il cite robservalion
d'une femme de 73 ans qui devint demente aussitdt a pres son
premier acces.
Dans les cas de demence survenant k la suite d’4pilepsie tar¬
dive, on ne prononce pas le nom de demence 6pileptique, car ce
terme ne s’applique qu’& un syndrome et non & une maladie
cdrdbrale. Chez les sujets atteints d'dpilepsie tardive et qui
deviennent dements, il existe generalement d’aulres symptomes
qui permettent de faire le diagnostic de la cause du syndrome.
On attribuera la demence de repilepsie soit a des lesions me-
ningo-corticales d'origine alcoolique, syphilitique, tubercu-
leuse ou autre, soit k des tumeurs cerebrales, soit iTarterio scle¬
rose c£rebrale. Dans quelques cas cependant, la d6mence 4pi-
leptique est le seul complexus symptomatique d’une tumeur
cer6brale. Payen, Brissaud et de Massary en onl rapporte des
exemples.Dansle cas de Payen 1 2 , un sujet, atteint d’obliteratiou
progressive desfacultes intellectuelles k la suite d’acces, meurt
a Tage de 34 ans; a rautopsie, l'auteur trouve une tumeur can-
cdi-euse et un ramollissement cerebral. Le sujet n’avait jamais
1 Calmeil, cit6 par Fere. Les Epilepsies et les epileptiques . Paris, 1890, p.
228.
2 Payen, Epilepsie. Arch. din. des mal. new. et rnent. Masson Ed. 1861,
p. 509.
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ID10TIE ET DEMENCE EPILEPTIQUES
243
pres .'nte de paralysie ou de symptdmes spasmodiquesautresque
l’dpilepsie. MM. Brissaud et de Massary 1 rapportent l’observa-
tion d’un sujet de 28 ans, qui sans cause, prdsente des acces
r6p6l6s d’^piiepsie; un au apres le d^but des accidents, les mou-
vements convulsifs sent plus prononces du cotd gauche ; mal de
t£te dans rintervalle des acces ; pas de troubles visuels; mort k
T&ge de 30 ans. A l’autopsie, les auteurs ont observe un sarcorae
de la pie-mere occupant la premiere et une partie dela deuxieme
frontaledroite; MM. Brissaud et de Massary concluentque cliez
les epileptiques Ag6s avec atherdme artdriel, le symptome mal
de tdte doit faire dcarter le diagnostic d’epilepsie essentielle.
La mdningo-encephalitechronique estle substratum analomi-
que que Ton rencontre le plus fr6quemment chez les sujets qui
nesont devenus dementsdpileptiques qu’A unAgeavancd.Lelut 2 ,
MM. Bourneville, Brissaud et d’01Iier 3 en ontrapportdplusieurs
exemples. Contrairement k ce qu’on observe cliez les jeunes
epileptiques, la ddmence Apileptique est souvent prdcedAe de
delire ou de crises d'excitation. Dans Tobservalion 1Y du m6-
moire de MM. Bournevile, Brissaud et d’Ollier, le sujet k l’Age
de 45 ans prdsente des id6es de persecution en mSme temps
qu'apparaissent les crises d’dpilepsie; la demence survient
ensuite. Chez un autre sujet (obs. Ill du m£me memoire,), lepi-
lepsie apparait k l’Age de 38 ans ; a 62ans, surviennent des iddes
mdlancoliques et des idees de suicide; la demence ne dAbule
qu 'k Vkge de64 ans, Dans l’observation VIII, les auteurs rela-
tent Tobservation d'un sujet qui .a 26 ans, k la suite d'exces
alcooliques, devient dpileptique ; k 41 ans, crises d excitation; k
45 ans idees de suicide; k 46 ans, delire mystique; la ddmence
apparait ensuite. Dans une observation de M. Toulouse 4 * , il
s’agit d’une femme alcoolique, qui a, a 35 ans, une premiere crise
d’epilepsie; k 41 ans, elle presente des idees de jalousie, des
iddes melancoliques, des hallucinations auditives et visuelles. A
42 ans, celte malade est compl&lement demente et presente le
syndrdme paralytique. Elle prdsente ensuite de l’aphasie mo-
trice et meurt k l’Age de 50 ans. A lautopsie, on observe, outre
un foyer de ramollissement siegeant au niveau du pied dela
troisieme frontale gauche et de la partie ant^rieure de l’insula
gauche, des lesions de meningite chronique.
Dans d’aufrescas, la meningo encdphaliteallereprofonddment
le cortex edrebra! et determine des troubles moteurs perma-
1 Brissaud et de Massary. iV* 11 * Iconogr. de la Salp. 1897, p. 73.
2 L^lut. Epilepsie. Arch . din. des mat. meat, el nerv. Masson Ed. 1861, p. 1.
3 Bourneville, Brissaud et d'OLLiER. Contribution & l’etude de lu de¬
mence epileptique. Arch . de neural , 1880-1881, t. 1. p. 213.
4 Ed. Toulouse et L. Marchand. Aphasie motrice au cours d’un syndrome
paralytique. Sac. nutd. des Hop. de Paiis, 10 mai 1907.
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244 REVUE DE PSYCHIATRIE
neats qui se surajoutent k l'epilepsie et a la demeace. Dans un
cas que nous avons relate en collaboration avec M. Olivier 4 , il
s’agit d’une femme qui presents son premier aeces dtepilepsie k
T&ge de 36 ans; rintelligence s’affaiblit ensuite progressive-
*ment. A 48 ans, k la suite d'une crise, la malade resta paralysbe
du cote droit. A Tautopsie, nous avons rencontre plusieurs pla¬
ques de m^ningite chronique dont une localisee au niveau du
tiers sup6rieur des circonvolutions frontale et parietale ascen-
dantes gauclies.
Comme troubles moteurs, on peut ren^ontrer chez les 4pilep-
tiques, quine deviennent dements qu’a Tage adulte, des troubles
spasmodiques qui rappellent le tableau de la d4mence epilepti-
que spasmodique d^crite par M. Yoisin. Dans une observation
de MM. Bourneville, Brissaud et d'Ollier (obs. IV du mdraoire)
l’etat de la malade est ainsi ddcrit : « La malade est ddmente,
gateuse et se tient recroqueviltee dans un fauteuil,les raembres
lortement fldchis, les talons sous les fesses. Les membres infe-
rieurs sont dgalement dans la flexion ; raideurs nmsculaires
des jointures ; lorsqu’on tente d’allonger les bias, on produit
une trepidation tres marquee. La parole est depuis longtemps
abolie ; la malade balbutie son nom. »
Nous avons montrd que des maladies cerebrates diverses
pouvaient se traduire par une demence progressive et des cri
ses dtepilepsie. Parmi les maladies cdrebrales les plus commu¬
nes, la m4ningo-encephalile diffuse subaigue (paralysie gdne-
rale) determine souvent des crises epileptiformes. Quelquefois
ces crises sont un des symptom.es prdcoces de Taffection et la
demence n'apparait que plus tard. Dans ce cas, il se produit
une ddmence epileptique symptomatique de paralysie generate
et, chez Tadulte, parmi les diagnostics des principals affections
c6i*6brales que nous avons enumbrees plus haut, celui de la
paralysie generate doit tpujours etre discute en premiere
ligne. Les caracteres du liquide cephalo-racliidien pourront
ici encore bclairer le diagnostic. La presence de lymphocytose
et l’augmentation de laquantite dalbumine seront des signes
en faveur de la m6ningo encephalite diffuse subaigue.
Conclusions : La demence epileptique est raffaiblissement
intellectuel profond, irremediable qui survient chez un certain
nombre d’epileptiques.
La moilie des dements epileptiques ont des antecedents
Itereditaires charges.
1 L. Marciiand et M. Olivier. Epilepsie tardive, demence et h^miplejpe
symptomatique du meningo-corticalito chronique. Soc. anat. 10 oct. 1906.
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IDEE DE SUICIDE CHEZ UNE CONFUSE
245
La demence dpileptique peut survenir k tous les ages de la
vie, mais elle apparalt avec une certaine predilection au mo¬
ment de Tadolescence.
Comine chez les epileptiques'en general, on trouve, dans les
antecedents personnels des ddments epileptiques, des convul¬
sions infantiles, des maladies infectieuses graves.
Survenant avant la pubertd, la ddmence epileptique revet la
forme de l’idiotie ou de rimb6cillit6. Survenant k la pubertd ou
pendant ladolescence. elle revet la forme de la ddmence pr6-
coce. Quand les troubles moteurs sont accentues, ite peuvent
caractdriser deux formes particulieres : la ddmence epilepti¬
que spasmodique, la demence epileptique k forme de pseudo-
paralysie gendrale. Ltepilepsie survenant chez Tadulte et chez
le vieillard, peut s’accompagner de demence ; dans ce cason
ne donne pas aux malades Tetiquette de dements epileptiques ;
les acces epileptiques et la demence s’accompagnent gendrale-
raent d’autres troubles qui permeltent de pr6ciser les lesions
cerebrates qui determinant le syndrome.
La mdningo-encephalite chronique et la m6ningo-corticalite
cbronique sont les maladies cerebrates que Ton rencontre le
plus frequemment chez les dements epileptiques, mais toutes
16sions etendues, diffuses peuvent determiner repilepsie et la
demence. Chez Padulte, ralcoolisme, la syphilis et la tuberculose
determinent frequemment des lesions meningo-corticales qui se
traduisent cliniquement par la demence et repilepsie ; les
turaeurs cdrdbralesetrartdrio-scterose cerebrate sont egalement
une cause frequente de demence epileptique. L’dpilepsie et la
demence peuvent etre les symptdmes precoces d'une paralysie
generate et on peut dire qu’il existe une demence epileptique
symptomatique de meningo-encephalite diffuse subaigne!
OBS ERVAT ION
IDEE DE SUICIDE LATENTE OU SPONTANEE
CHEZ UNE CONFUSE
Par le D T Henri Damaye
(Me decin-ad joint A I’Asile de Bailleul)
II est des affections mentales oil l idee de suicide represente un
symptome banal, tels les etats melancoliques. 11 en est d’autres,
au contraire, oil l’alteniste n’est point porte & soupconnerchez son
malade des intentions de ce genre. Les confus, les dements vesa-
niques qui n’ont jamais manifesto cette intention de mettre fin k
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246
REVUE DE PSYCH1ATRIE
leur existence ne sont d’ordinaire dangereux pour eux-m6mesque
par labsence ou l'insuffisance de leur jugement. Le defaut de
coherence, de contr61e dans la succession de leurs idees, les laisse
accomplir des actes absurdes, sans discemement. Mais il n’en est
pas toujours ainsi, et le faitque nous allons relater met en relief
une idee latente de suicide chez une demente vdsanique qui sut
profiter d'une occasion fugace et se ddrober adroitement pour y
reussir.
M* e G ## * Eugenie, couturiere, est entree a 1’asile de Bassens le 30
novembre 1905, k l’fcge de 40 ans. Nous ne connaisssons malheureuse-
ment rien de son herddite et de son existence anterieure. Elle nous a
dit, cependant, que sa soeur et elle-meme n’ont jamais pu passer le
certificat d’etudes primaires, que sa soeur n’a jamais bien su dcrire.
Elle-mOme etait tr&s timide, ties impressionnable; longue a calculer,
elle ne pouvait plus reussir lorsqu’on la regardoit faire.
Cette malade avait abandonnd son travail dix mois environ avant son
internement. Elle commenQa par refuser quelquefois la nourriture par
crainte d’etre empoisonnde et accusait, en les mena$ant, certaines
personnes d’etre la cause de ses malaises. Puis, la malade se mit a
error dans son village, causant du scandale par sa tenue d^braillee et
inddcente. Jamais elle n’avait manifesto d’idees de suicide.
A l’asile, M" # G*** presents au debut une phase de sitiophobie avec
excitation. Tres hallucinde, des voix la inenaqaient et lui criaient :
« La voil& qui sort... il faqt empoisonner I’eau... » ou bien elles lui
parlaient de « saletds qu’il fallait mettre dans les aliments ». Parmi
ces voix, la malade croyait reconnaitre celle d’un ouvrier qui avait
autrefois travaille chez elle.
Les idees devinrent rapidement confuses et en Juin 1906, M Bf G***
savait bien encore son 6ge, a peu pr6s la date de sa naissance, mais
croyait dtre en 1’annee 1866 ; elle hesitait beaucoup sur le jour de la
semaine. Elle nous dit dtre entree k l’asile « le 25 novembre du mois
de ddcembre 1905 » et, un peu plus tard, elle nous exposa correctement
la date deson arriv6e. Neanmoins, elle ne pouvaitapprdcier le temps;
« il faudrait compter pour cela » et, au lieu de compter les mois, elle
repartaiten un discours incoherent.
Tres loquace, cette malade passait constamment d’une idee 6 une
autre. Les propositions et les phrases sont correctes, mais c’est la
suite des idees, I’ordre logique des sujets qui fait defaut. Au bout d'une
phrase, l’idee maitresse, le but est oublie dans son discours. Elle nous
raconte ainsi qu’elle est « d’une famille de nobles », tres honnete pre-
ferant mourir e commettre le mal... Elle parle frangais, italienet Sa¬
voyard... Elevee a Paris par des religieuses qui lui ont appris & bien
parler le frangais... Son grand’pere etait un grand notaire ; il n’avait
pas faindante... Ellegagnait 4 fr. 75 par jour en monnaie Napoleon III...
On attendait en 1870 des nouvelles du roi de Sardaigne... Les fran$aL
ses, quand elles sont en coiere, il ne faut pas toujours faire attention e
ce qu’elles disent, surtout les ouvrieres, parce que ce sont des gens
qui travaillent...
Pendant qu’elie parle ainsi, la malade execute une mimique assez
varide et assez bien adaptee a ce qu’elle exprime. Les memes expres¬
sions reviennent souvent dans sa conversation, appliquees & diverses
choses, tels les mots frangais, Savoyard et italien. Quelquefois, elle se
met k pleurer un peu, tout en discourant.
M- G* # * n’exprime et n’a jamais manifeste d’idees de suicide, Elle
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IDEE DE SUICIDE CHEZ UNE CONFUSE
247
semble toujours trds hallucinde. Pendant qu’elle nous cause, elle a
entendu crier d’en bas qu'on allait lui donner des coups de couteau.
Elle refuse toujours de manger par crainte d’etre empoisonnde et
se plaint de ce que les inflrmidres essaient toute la journde de lui
faire ingerer des aliments.
Cette malade ne gate pas et s’occupe un peu a coudre.
Pupilles dgales, rdagissent bien a la lumidre.
Reflexes tendineux forts.
Zdnes mammaires un peu sensibles k la pression.
Aucune malformation.
Pas de troubles apprdciables des sensibilitds cutande et muqueuse,
ni du dermographisme de la peau.
Pouls petits. Souffle cardiaque predominant a la pointe, au premier
temps.
Sait lire et dcrire. Effectue bien des additions avec retenues.
Ne sait point faire des multiplications : Je lui propose : 2.425x46 ; elle
explique qu’elle ne pourrait faire ce calcul qu’en addittionnant le nom-
bre de fois voulu 46.
Le 5 aofft 1906, deux inflrmidres, transportant du linge, ouvrirent les
portes de l escalior (toujours fermdes d clef) du pavilion ou se trouvait
cette malade. Celle-ci s’engagea alors dans l escalier et y retira ses
chaussures pour ne point faire de bruit. Arrivde sur le palier du second
dtage, elle ddvissa la chaine de sflretd d’une fendtre entrebaillde pour
l’adration, ouvrit cette fendtre et se prdcipita dans le vide. Elle tomba,
tOte premidre, sur des pavds et se fit une fracture du crdne a
laquelle elle succomba en quelques minutes.
L’autopsie montra une fracture de la voute cr&nienne propagde k la
base. Aux poumons, congestion, quelques tubercules gris et un noyau
casdeux. — Pdricardite avec dpanchement. — Sigmoides aortiques et
mitrales epaissies, insufflsantes. Athdrome discret k l’originede l’aorte.
Foie: ddgendrescence graisseuse. — Reins petits, sclereux, congestion-
nds, granulations de Bright, ddgendrescence graisseuse. Un tuberculo
gris&tredans le parenchyme du rein droit.
Si/sttme ncrocux : Dure-mdre intacte k la voute. Absence complete
du iiquide cdphalo-rachidien qui s'est dcould par les traits de fracture. —
Pie-mdre tres congestionnde, ldgdrement dpaissie, adhdre au cortex en
des points trds discrets. — Ventricules latdraux ldgdrement spacieux.
Substance cdldbrale un peu congestionnde uniformdment.
Hemisphdre droit pdse 450 grammes
— gauche — 450 —
Cervelet, bulbe et protubdrance — 140 —
Encdphale entier — 1040 —
Exanxcn histologique : (Nissl, Hdmatoxylinedosine. Weigert-Pal).
Circonvolutions : Pie mdre dpaissie, congestionnde; noyaux abondants,
adhdrente en quelques points au cortex. Pas de ldsions vasculaires.
Un grand nombrq de cellules nerveuses sont fusiformes ou on une
tendance a s'arrondir. Les prdparalions au Nissl fortement teintdes
montrent cependant que pour une trds grande partie des cellules les
prolongements sont conserves. Protoplasme presque toujours bien
colore ; peu de cellules sont en chromatolyse ou rdduites k une masse
informe et presque incolore. Un certain nombre sont dchancrdes avec
un dldment rond a leur voisinage. Cellules rondes excessivement
abondantes dans toutes les preparations, centre ovale et dcorce, —
mais surtoutdans l’dcorce. Les unes (de beaucoup prddominantes), pe-
tites et fortement colordes ; les autres plus volumineuses, plus claires
et k granulations mieux perceptibles. A noter aussi quelques trds
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248
REVyE DE PSYCHIATR1E
rares elements clairs, elliptiques ou de forme irrdgulifcre. plus volu-
mineux que les cellules rondes et contenant quelques fines granula¬
tions. L’abondance des cellules rondes varie ldg6rement suivant les
coupes examinees: sur plusieurs, on remarque des amas de quatre ou
cinq 616ments ; sur d’autres, ces. amas font a peu pres d^faut. Les
plexus de fibres mydlfnees ne sont p&s visiblement rdduites. Les petits
vaissaux sont abondants. Les parois des vaisseaux plus volumineux
sont assez souvent infiltrees de cellules rondes, mais il n’y a pas de
diaped&se dans les gaines lymphatiques. Pas de lesions des plexus cho-
roldes. Les noyaux sont un peu abondants aussi dans le bulbe, sans le¬
sions cellulaires bien appreciates; un peu abondants aussi dans la
couche granuleuse externe du cervelet.
En somme nous conslatons, anatomiquement des lesions avancdes
des emonctoires (foie et reins), en meme temps qu’un processus de me-
ningo-encephalite ; peut-etre y a-til eu, entre ces deux categories de
lesion, une relation de cause h effet.
Nous avons rapporte ici cette observation, parce que les teniati-
ves de suicide commises par des malades de ce genre paraissent
assez peu frdquentes. Cette demente vesanique, -7 peut-etre nous
serait-il permis de dire cette confuse, — n'ayant jamais manifesto
l’idde de se detruire, et chez laquelle aucun examen mental n’a pu
decdler cette idde, a rdsolu subitement de mettre fin h son exis¬
tence. Rien n’avait pu faire prdvoir ce fait; peut Gtre M - ' G*** a-
t-elle voulu dchapper ainsi aux empoisonneurs I Pendant les der-
niers temps, son ddlire et son etat confus ne s’etaient pas modi¬
fies : elle parlait frequemment des « Italians » et d’ « empoisonne-
ments », opposait toujours la m£me resistance aux tentatives d'a-
limention et priait beaucoup. Elle etait parfois assezconsciente pour
coudre pendantquelques minutes etne pas g&terhabituellement.La
dose suffisante d'attention et de suite dans les iddes dont cette ma-
lade pouvait disposer lui a servi & prdparer son suicide.
LES CONGRES
XV* CONGRfiS
DE L ASSOCIATION PSYCHOLOGIQUE AMfiRICAINE
(New- York, 27-30 ddcembre 1906)
Simon Newcomb. — V estimation des grandeurs spatiales visuel-
tes, — Expose de nombreux exemples montrant l’exactitude de
Testimation de la longueur, lorsqu’on emploie Tangle sous tendu
par l’objet, et bien que Testimation de Tangle lui-m&me soit beau-
coup moins exacte, ce qui depend surtout des images internes.
F. Lyman Wells. — Un criterium scientiflque du mtrite litte-
raire . — Etude de Timagination, de la clartd, du « fini », de Teu-
phonie et de la « salubrity » (Wholesomeness). Lesdix litterateurs
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XV' CONGRfeS DE ^ASSOCIATION PSYCHOLOGIQUE AMERICAINE 249
Studies de cette facon se sont monies beaucoup plus homog&nes
que les scientistes examines auparavant.
Georges M. Stratton. — La photographie des mouvements
oculaires. — Photographie d un point lumineux rdftechi par Tceil,
dont tous les mouvements, souvent tr&s irr^guliers, s’enregistrent
ainsi.
Raymond Dodge. — Duree minima de presentation dans les
ttudes experimentales de la lecture. — La reduction du temps de
presentation ne donne pas l’excitation physiologique limite, et Jes
processus mentaux ne sont pas rendus enti&rement simples.
J. Carleton Beel. — Etudes sur la perception binoculaire de
la profondeur. — Etude au moyen de deux points lumineux rap-
proches ou eioign^s par une vis helicoidale, et pouvant 6tre
r^unis stereoscopiquement. L'auteurconclutquela perception bino¬
culaire de la profondeur est fonction de Taccommodation et de la
convergence; dans certains cas il y a dissociation de ces deux fac-
teurs et Taccommodation joue le role predominant.
James R. Angell. — La province de la psgchologie fonctionnelle.
— La psychologic fonctionnelle, par contraste avec la psychologie
structural, ne cherche pas b faire une analyse plus ou moins arti-
ficielle des etats de conscience, et se preoccupe, non seulementde
la nature des ph6nom6nes, mais encore de leur comment, de leur
pourquoi; resprit prend en biologie une place de plus en plus im-
portante; la p&iagogie, Thygi&ne mentale et la psychiatrie sont
en connexion etroite avec la psychologie fonctionnelle, dont fait
partie toute la psychologie animate et la psychologie g^netique
humaine.
Charles H. Johnston. — Analyse du sentiment et experimenta¬
tion. — L’gtude des sentiments faite surtoutd’un point de vue trop
exclusivement analytique, anatomique en quelque sorte, n’a pas
encore donne de fameux r^sultats.
John F. Shepard. — Quelques resultats d % experiences sur la cir¬
culation cdrebrale dans lesommeil. — Etude sur un sujet atteint
de brfcche cr&nienne. La courbe de Traube Hering est tr&s nette
dans le sommeil. II y a un accroissement du volume cerebral pro
portionnel b la profondeur du sommeil apr&s une leg&re diminu¬
tion du volume au d6but.
Stuart H. Rowe. — La difference enire une habitude et une idee.
George H. Mead. — Rapport de Limitation avec la theorie de la
perception animate. — Critique de la theorie de limitation de
Hobhouse. La perception chez les animaux implique une part
considerable d’exp^rience kinesthesique.
John, B. Watson. — Sensations kinesthesiques. Leur role dans les
reactions des rats blancs places dans le labgrinthe de Hampton. —
Les rats apprennent b sortir du labyrinthe & peuprfcs aussi facile-
ment, mGme priv6s de I’usage de tous leurs organes des sens, et
de leurs organes eux-memes, (yeux, oreilles, plantes des pattes,
organes olfactifs, toute la face etc). Des courants d’sir divers, des
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250
KEVUE DE PSYCH1ATRIE
chauffages ou refroidissements locaux sont sans action. En revan¬
che une perturbation est apportee par la rotation du labyrinthe,
de 90% 180* et 270% Ces faits sont en accord avec ceux observes
chez les oiseaux anglais.
H. S. Jennings. — Formation d % habitudes chez les astyries.
Robert, M. Yerkes. — Modifiability du comportement des souris
dansantes. — En liant des secousses 61ectriques ressenties par
1 ‘animal avec des zones colorttes, en determine la facultd de dislin-
guer les couleurs chez les souris, ce proc&le etant meilleur quele
choix des recipients & aliments chez les animaux affam^s. Ce sont
les males qui apprennent le plus vite & distinguer les couleurs. Le
rouge n’a pas une valeur distinctive aussi nette que pourl’homme.
Beaucoup de couleurs ne sont pas differenctees.
James P. Porter. — Noucelle etude sur la variability chez les
araignees.
\V. James. — Vhomme et ses energies . — Les principaux pro-
blames a r6soudre sont les trois suivants : 1° Quels sont les pro-
blames du travail mental ? 2* Quels sont en r£alit£ nos pouvoirset
nos capacites ? 3* Quels sont les meilleurs moyens de les objec-
liver ?
I. Madison Bentley. — Vejfet de la distraction sur Vintensity de
la sensation.
C. E. Seashore. — Quelques contributions a lapsychologie ionale .
— Les facteurs de discrimination des tons sont probablement phy-
siologiques.
E. H. Cameron. — Reaction tonale.
E. Harris Rowland. — Une methode pour Venseignement de
Vesthetique.
W. B. Pillsbury. — Tentative pour mettre d'accord les thyories
psychologies courantes du jugement. Expose des quatre theories
dont est tent£e la conciliation.
Kate Gardon. — Une classification des processus de perception .
La base de la nouvelle classification repose sur les reponses
motrices.
A. H. Pierce. — Illusions d'imagerie. Caractere non visuel de la
« Proof reader's Illusion. »
R. S. Woodwerth. — Composants non sensoriels de la percep¬
tion des sens. — L’auteur expose une « th^oriede la reaction men-
tale » pour expliquer la perception, qui nest pas une synthase de
sensations ou le r^sultat d’une r£ponse motrico; divers 616ments
interviennent : influences int^rieures, syst&mes varies, etc. La
theorie paraitrait probable d’apr&s la constitution du cerveau.
G. L. Thorndike. — Antycedents mentauxdes mouvements colon-
taires. — Tout etat mental peut 6tre l’antecedentd’un mouvement
volontaire qui difl&re radicalement d’un mouvement involontaire.
H. Pi£ron.
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REVUE DES LIVRES
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REVUE DES LIVRES
La tuberculosa dans Ies asiles d’alidnds. — Revue statisti-
que , etiologique etprophylactique , par le D r Jacques Rolet, interne
des asiles de la Seine ( Th&se Paris 1906). — Dans ce travail int£-
ressant b plusieurs titres, l’auteur attire, dans une premiere partie,
l'attention sur la mortality considerable par tuberculose des ali6-
nes dans les asiles.
Si elev£s que soient les chiffres fournis par les statistiques quil
donne tant pour les asiles frangais que pour les asiles Grangers,
ces chiffres sont certainement trhs inferieurs h la realite, car la
mort est ordinairement attribute, avant l’autopsie du malade, b la
tuberculose lorsque cette infection chronique est la seule cause
susceptible d’etre invoqu^e; Elle est passee sous silence si le ma¬
lade est atleint d’une maladie chronique susceptible parelle-m6me
d’amener la mort, telle que la paralysie generate, une lesion
organique du cerveau, etc.
Une slatistique des cas de tuberculose trouves aprhs a.utopsie
chez les malades d’asile, donnerait une proportion considerable.
Doit-on voir dans la predilection de la tuberculose pour les ali¬
nes une simple coincidence ? Non.
Ilya des cas 6vidents oh l’infection tuberculeuse est la cause
pathogenique de la maladie cerebrate; il en est d’autres oh la
tuberculose est en quelque sorte la terminaison naturelle d un
etat dystrophique dh b un etat mental determine, stupeur avec
sitiophobie par exemple; il en est d autres enfln oh elle est le pro-
duit direct de la contagion favorisee par le manque d’hygihne des
locaux, l’encombrement, etc.
Le personnel infirmier paie b la tuberculose un tribut impor¬
tant si bien que dans ce cas on peut la considerercomme une ma¬
ladie professionnelle.
Le devoir du medecin est de remedier b cet etat de choses vis-
h-vis des malades en assurant la salubrite des locaux habites
par les alienes, en assurant l’isolement le plus precoce possible
des malades atteints.
L’auteur decrit minutieusement les mesures hygieniques prises
b retranger h cet effet.
En ce qui concerne les infirmiers, le medecin doit faire une se¬
lection sevhre au moment du recrutement, etlorsqu’ils sont en ser¬
vice, les instruire du danger qu’ils courent en leur montrant les
mesuresd’hygifenequi peuvent lesen preserver; il doit en outre,
dans la mesure oh il le peut, veiller b ce que le personnel soit loge
dans des conditions hygieniques, nourri suflisamment et qu it ne
soit pas surmen£.
Onze figures dans le texte illustrent ce travail et en rendent la
lecture plus attrayante.
A. Vigouroux.
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REVUE DE PSYCIIIATRIK
L'activitd psychique et la vie, par Bechterew ; edition/ran-
caise, traduite et adaptee par Keraval (1 vol. 347 p. chez Coccoz-
Boulange 1907). — « Cette edition, dit l’auteur, complete et recti-
fie les ddveloppements de la seconde Edition russe ; tr&s clairement
rddigde par le D T Keraval, elle laisse ddsormais bien loin derridre
elle, 1 Edition allemande ddnude desormjais de toute valeur scienti
fique. » Le premier devoir du lecteur frangais est de souscrire
au trds juste hommage rendu dans cette appreciation, par Bechte¬
rew b son traducteur.
« C'est b ldclaircissement des diverses questions concernant les
rapports rdciproques des phenomdnes biologiques et des processus
psychiques de l’organisme, dans la mesure oil ces derniers
peuvent dtres lvalues par leur face objective qu est consacrd le
present ouvrage. » Les diffdrentes opinions philosophiques emises
sur la nature de l’activite mentale, hypothdse dualistes ou hypo¬
theses monistes, n’ont pas resolu le probldme qu elles se sont pro*
posees. Pourtant, certaines de ces theories ont rendu de grands
services b l’avancement des sciences: tel, malgre sa part de naivete
le materialisme moderne b la faveur duquel ont progresse, la
physiologie cerebrate, la pedagogie, la psychiatric, la psycholo¬
gic pathologique et la psychologie experimental ; et qui a mis en
lumi&re : que l’activitd psychique suppose constamment la conco¬
mitance de deux ordres de phdnomdnes : les uns psychiques ou
subjectifs, les autres materiels.
Mais quels rapports existent entre le physique et le psychique?
Les deux ordres de phdnomdnesapparaissent-ils et se succedent-ils
en vertud’une action reciproque, ou se ddveloppent-ils parallfcle-
ment? Plus acceptable que celle de Taction reciproque, lhypo
th&se du paralldlisme ne rdsoud nullement la question de la
nature intime des relations entre le physique et le psychique.
Elle se borne b affirmer le fait d une constante correlation : Les
auteurs qui differencient l’energie psychique de l'dnergie physique,
ldnergie psychique de I’dnergie simplement nerveuse ou qui abou-
tissent b la conception d une energie psychique particulifcre, ne
font gudre que ressusciter, aux termes pr&s, la vieille distinction
philosophique de l’esprit et de la mati&re*; et cependant le mate¬
rialisme reste impuissant devant la conscience. Des grands pen-
seurs (du Bois Reymond, Griesinger, HoefTding, Wundt, etc.) esli-
ment que des obstacles insurmontables se dressent devant qui
veut rdduire l’etat de conscience b un fait materiel, et veut par
consequent depasser la constatation d’une concordance entre la
modification organique et la pensee.
Les modalitds psychiques variables denoncent l’dnergie des
centres nerve ux, mais la source premiere de cette Energie dchappe
b notre perception : Elle resulte sans doute des influences exte-
rieures qui s’exercent sur nos organes des sens, et des processus
chimiquesconsdcutifsdenostissus. Chez les animaux supdrieurs,
c’est b premidre vue le systeme nerveux dans son entier qui appa-
rait comme le vecteur d energie, mais la conscience n appartient
qu’aux organes terminaux, les plus differences. Chez les animaux
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REVUE DES L1VRES
253
inferieurs mono-cellulaires, cette differentiation ntetant paseffec-
tuee, le protoplasma est doue deconscience, il poss&de le sens intime,
manifestation etementaire de psychisme. Les vegetaux qui sont
« irritables », qui sont capables d opposer des reactions utilitaires
aux irritations du dehors, qui ex6cutentdes mouvementsnedepen¬
dant pas immediatement d’actions ntecaniques exterieures, doi-
ventposs^der aussi ce sens inlime, ctestA-dire, k quelque degre,
la conscience.
Ltenigme concernant les pltenontenes de conscience se poursuit
dans interpretation des processus biologiques de reparation et de
destruction des tissus, qui ne peuvent Otre compares aux pheno-
menes physico-chimiques courants : nous savons seulement que
la vie a pour caractere exterieur l’activite qui resulte de Taccumu-
lation dtenergie de reserve, son point de depart reside d’une part
dans rirritabilite. (La sensibilite est jusqute un certain degre le
point de depart de la vie : Cl. Bernard), de 1 ’autre dans la sensation
generate de la personnalite qui l’accompagne. Mais s’il est vrai
que le psychisme peut se manifester en dehors du systems ner-
veux, il ne faut pas conclure comme les adeptes de panpsychisme
qu’il est dans la mattere : «.... La vie et le psychisme sont des
derives de ltenergie et non de la mattere... C’est ltenergie qui doit
contenir & Itetat potentiel ce qui, k la suite des transformations
congrues, forme la base de la vie et du psychisme... Non seule-
ment jusqute present personne n’a reussi k tirer la conscience de
la mattere, mais l’intelligence humaine est incapable de compren-
dre le passage de la mattere k la conscience ou esprit. »
Quant k la question de savoir d oh vient le conscient indispen¬
sable k l'independance de la vie des organismes, la solution s’en
raltache etroitement k lteducidation de celle de la nature de ltenergie
en general. Or nous ne connaissons de ltenergie qu’une force
externe: le mouvement atomique ou moleculaire; derrtere le
mouvement de la mattere, il y a quelque chose qui ne peut pas
tire inclus dans le concept de la mattere, « et ce quelque chose,
cet X qui se trouve dej& au-dete des limiles du monde materiel
contient k Itetat potentiel le psychique, qui dans certaines condi¬
tions peut surgir de Tenergie, ainsi qu’on l observe chez tous les
tires organises en general, et en particulier dans les centres
nerveux des animaux sup^rieurs. »
AGn d’indiquer autant que possible, dans ce compte rendu, Yxdke
directrice de l’ouvrage, nous n’avons rien dit des chapitres dans
lesquels Tauteur discute et refute les difTerentes theories biolo¬
giques emises par des savants de qui les conclusions Gnalistes
pr^maturetes, voire fausses, ne diminuent pas l’apport conside¬
rable dans le domaine des faits. L'aveu d’impuissance actuelle
(qui termine le volume) en ce qui concerne le dernier terme du
probteme de la vie en general, et de l’activite psychique en parti¬
culier, ne doit decourager personne. 11 reste encore beaucoup a
apprendre de ltetude du systeme nerveux qui, dit Bechterew dans
Introduction, « cumulant les fonctions de volant coordinateur du
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REVUE DE PSYCHIATRIE
jeu des organes de reconomie, et d’aecumulaleur supreme de
l’energie de reserve tient sous sa dependance les relations de
l’organisme avec le monde ambiant ». 1\ Juquelier.
Lea folies intermitten tea. La Pay chose maniaque depres¬
sive, par Deny et P. Camus. (1 vol. 96 pages avec fig. des Achta -
Utes medicates, — Baillittre 1907).
Les auteurs ont presente sous une forme concise et claire la
monographic des folies periodiques reunies par Kraepelin d£s
1899 sous le nom general de psychose maniaque depressive. II ne
nous semble pasque cette foisle professeur de Munich aitete bien
revolutionnaire, au moins au point de vue de la classification
psychiatrique. La synth&se commencee en France par P. Falretet
Baillarger avait et6 compietee par Foville etRitti, etconsacree par
Magnan, Cullerre, Regis et Ballet. Le r61e de l ecole frangaise est
d’ailleursadmirablement mis en relief dans l historique critique de
Deny et Camus.
Est-ce h dire qu’il n’y ait rien de nouveau dans Kraepelin ? II y
a tout d’abord la suppression nette de la melancolie et de la manie
simples, idiopathiques, mais ceci aussi parait de plus en plus pro¬
bable, h lama jorite des altenistes. En dehors de la melancolie d'invo-
tion, on ne decrit plus gufcre qiie des etats maniaques ou meian-
coliques symptomatiques, et on reforme pour celui de folie inter-
mittente£ Toccasiondes recidives, les diagnostics de manie ou m£-
lancolie simples portes lors d’un premier acc£s. Ce qui nous semble
surtout interessant dans la conception de Kraepelin et Deny et
Camus, e’est: la synthase etant faite des psychoses periodiques
(intermittentes, circulaires, & double forme)*, i’essai de justification
pathog^nique de cette association (imposee par l’observation Clini¬
que) de faits en apparence disparates : Tous les accfcs maniaques
ou meiancoliques sont en realite des acc&s h double forme
dont l’un des aspects est fruste. — II y a toujours chez un sujet
succession (sinon coexistence) de symptdmes maniaques et de
sympt6mes depresses, (psychose maniaque depressive). De plus,
il faut cesser devoir une opposition formelle entre les deux etats
et par consequent entre les modifications organo-psychiques dont-
ils dependent : La manie n’est pas l’antithese de la melancolie. La
fuite des idees des excites, et l’arret de la penseedes deprimes sont
deux modalites reactionnelles diflerentes, mais conditionnees l’une
et l’autre par Finhibition des facultes volitives, etc. On congoit
mieux, si I on tient compte de ces analogies, la periodicite du psy-
chisme morbide deja signaiee par Ballet, chez les petits circulaires
et l’apparition inattendue d un acces meiancolique chez un mania¬
que intermittent, (dit alors maniaque intermittent irregulier).
Ainsi se justified nouveau nom par lequel pourront etre designees,
(sans prdjuger des caprices de la clinique) les differentes varietes
de folies periodiques : celui de psychose maniaqua depressive,
psychose constitutionnelle essentiellement hereditaire caracterisee
par la repetition, ralternance, la juxtaposition ou, la coexistence
d etats d’excitation et de depression.
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SOCIETIES
255
lnddpendamment de cette adaptation moderne, et comma nous
le disions en debutant, le livre de Deny et Camus est au point de
vue descriptif une agitable et trds claire monographic des folies
intermittentes et pdriodiques. Les auteurs ont insists avec raison
sur le chapitre diagnostic et sur les difficult^ du diagnostic diffe¬
rential.
P. Juqueljer
SOCIETES
sociEte mEdico-psycholoqique
(27 rnai 1907)
Un cas de surdite corticate par lesion bilaterale des lobes tempo -
ratter, par MM. Joseph Charpentier et Halberstadt.
Les auteurs prdsentent l’observation d’une malade du service de M.
Dubuisson qui brusquement, 61a suite d’un ramollissement devint com-
pldtement sourde. Cette femme qui anterieurement avait ddja eu deux
attaques d’hdmiplegie prdsentait en outre des reliquats d’aphasie mo-
trice et un trouble aphasique special ddsignd par Brissaud sous le
nom de « edeitd psychique des mots » et consistent en ceque, bien
que lisant A peu pres correctement, eile ne comprenait pas ce quelle
lisait. Dans la suite, la surdite diminua, laissant subsister une surdite
verbale complete. Les auteurs font remarquer que l’observation de ce
cas d6jd si complexe dtait encore rendu plus difficile par 1’affaiblisse-
ment ddmentielque prdsentait leur sujet.. A l’autopsie : ramollissements
multiples et notamment lesions biialdrales partielles de la 1" circonvo-
lection temporale. Les auteurs font de leur observation un cas de
surdite corticale par legion bilaterale des lobes temporaux, dont la
litterature medicale offre quelques exemples tout. A fait comparables
aux cas de edeitd corticale par legion bilaterale des lobes occipitaux.
A. Delmas.
SOCJIEtE DE NEUROLOGIE
[2 mai 1907)
Hysterie grace. — M. Dejerine. Une malade a des crises d’hysterie
de 13 e 15 ans, puis, allant bien, se marie et devient mere de cinq
enfanls. Vers 35 ans, elle perd presque coup sur coup son mari et trois
de ses enfants. Elle presente alors du delire, avec idees et tentativesde
suicide ; et son delire passe, elle reste depuis 10 ans dans un etat
grave caractdrisd par les symptdmes suivants : Maigreur considera¬
ble, contracture des membres inferieurs et du membre supdrieur
gauche, abolition des reflexes, anesthdsie cutande, anosmie et agueu-
sie, spasme vesical avec emissions impdrieuses. M. Dejerine entre-
prend de trailer cette malade par l’isolement et la psychothdrapie.
Mort rapide apr&s la ponction lombairc 'dans un cas de tumour cerd-
bral. — M. de Lapersonne. Homme de 24 ans, sarcome du lobe frontal
droit. Mort 60 heures aprds une ponction lombaire suivie de cephalde,
ralentissement du pouls et cyanose. Cette ponction avait donnd issue k
10 centimetres de liquide ne contenant pas d'dlements. A-t-elle 6td la
cause de la mort ?
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258
REVUE DE PSYCHIATRJE
Sicard indique comme precaution utile de pratiquer toujours cette
petite operation dans le ddcubicus lateral.
M. Barinski fait remarquer que les malades reagissenl trds diverse-
ment & la ponction lombaire.
Baresthesie. — M. Egger discute la question de savoir si la baresthd-
sie (sensibility & la pression) est superflcielle ou profonde : II conclut
que la peau contribue & enregistrer les sensations de pression.
J.
SOClfiTfi ANATOMIQUE
(26 acril 1907)
D&nience precoce et hemiplegic symptomatiques de mcningoencdphalile
typhique par E. Marchand et H. Nouet. — L’affection c6rebrale qui
survint chez la malade, d rage de 21 ans et au cours d’une ftevre
thyphoide se traduisit par un afTaiblisseraent profond des facultds intel-
lectuelles et une hemipardsie gauche. Comme le montrent les diffe-
rentes pieces prdsentdes a la Socidtd, la mdningo-encdphalite s’est
localisde au niveau d un grand nombre de circonvolutions de la face
externe des hemispheres, particulidrement du c6td droit. Les lesions
diffuses et profondes du cortex cdrdbral ont determine un affaiblis-
sement intellectuel si prononcd que la malade ressemblait a une
imbdcile congdnitale.
Meningile chronique cerebrate et ccHbelleusc par L. Marchand. —
Dans l’observation, prdsentde par l’auteur, une mdningite chronique
e evolution insidieuse survenue des le debut de la vie et localisde & la
fois sur le cerveau et le cervelet, a determine un arret de ddvelopperaent
de l’encdphale et particulidrement du cervelet, qui pdse 60 grammes.
La disposition anatomique des elements de ce dernier organe, a subi
des modifications importantes. Les cellules de Purkinje sont trds peu
nombreuses, et quelques-unes d’entre elles sont situdes au milieu de la
couche moldculaire scldrosde.
(10 mat)
Mdningo-encephalite subaigue chez un chien, par L. Marchand et G.
Petit. — Les troubles mentaux consistaient surtout en un dtat de
stupeur. Les troubles moteurs dtaient trds accuses : demarche titubante,
absence de reaction aux excitations, pupilles en myosis, contractions
fibrillaires des muscles. A l’autopsie, meninges molles, dpaissies, lac-
tescentes, adhdrentes au cerveau. Sur les preparations histologiques,
on observe des ldsions inflammatoires portant sur les meninges et les
vaisseaux cdrdbraux, une diminution des fibres tangentielles. Si Ton
fait abstraction des particularites anatomiques relatives au cortex
cdrdbral du chien, ces ldsions ressemblent a celles que Ton rencontre
dans la paralysie gdndrale des abends.
Arr&t de deceloppcmcnt du ccrceau et hydrocephalic chez unchecal ,
par L. Marchand et G. Petit. — L’animal ne prdsentait aucun trouble
moteur. Les deux hemispheres du cerveau sont reprdsentds par deux
poches communiquantlargement enlre elles. La paroi des hemispheres
est formde par des mdninges molles et un tissu granuleux adherent d
leur face interne. Les lesions sont plus accusdes sur l’hdmisphdre
droit. Absence complete des capsules internes ; les couches optiques
etles pddoncules cdrdbraux sont atrophies. La protuberance, le bulbe
et la moelle sont normaux. L’examen histologique montre que l’hydro-
cdphalie doit dire attribude d une meningite-aigud survenue dans le
jeune 6ge.
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S0C1ETES
257
SOClETE DE BIOL.OGIE
(27 acril 1907)
La folie « maladien et la Jolie « infirmite » par L. Marchand. —
II existe des lesions cerebrates dans les cas aigus d’altenation mentale,
celles-ci sont diffuses et portent sur les cellules cerebrates seules, ou
sur les meninges et les cellules cerebrates 6 la fois. Ces cas giterissent
souvent quand ils sont traites au debut m&me des accidents ; dans un
certain nombre de cas, les lesions passent a Petat chronique ; elles
peuvent meme ne plus progresser ; le cerveau n’en reste pas moins
fausse. Les abends qui sont atteints de telles lesions sont devenus plutdt
des infirmes de cerveau que des malades. Enfin il existe parmi les
alienes, des sujets qui ne prdsentent aucune lesion cerebrate, mais qui
ont toujours ete des anormaux ; chez eux, le cerveau s est developpe
d’une faQon vicieuse ; ces sujets sont nds infirmes du cerveau. J.
socifixE mEdicale des hopitaux
(10 mai 1907)
Meningo-encephalite et hemorragic miliaire chez unc dpilcptique , par
L. Marchand et H. Nouet (de Blois). — La malade dont il s’agit est
une dpiteptique non aliertee, agde de 45 ans, qui prdsenta un delire
febrile avec incoherence, agitation, insommie, refus d’aliments, etat
semi-comateux et des phenontenes nteningitiques consistant en :
contracture generalisde, raideur musculaire, cdphatee, signe de Kernig,
abolition des reflexes rotuliens et oculaires, temperature variant entre
38*6 et 40'. La ponction lombaire rdvdla un liquide hemorragique,
contenant de nombreux globules rouges, despolynucleaires et quelques
lymphocytes.
A Pautopsie, les auteurs ont trouvd des lesions de meningite chroni¬
que consistant en dpaississement des meninges et adlterences des menin¬
ges molles au cortex. Outre ces lesions il existait de la meningite
subaigue et plusieurs foyers d'hemorragie miliaire dans le cerveau.
Dans le cerveiet, il n’existait que de la congestion. Dans le bulbe, il y
avait une hemorragie capillaire au niveau duplancherdu quatrteme
ventricule. Rien dans la ruoelle, macroscopiquement.
L'examen histologique a relevd dans les endroits ou il n’y avait pas
d’hemorragie miliaire des lesions de meningite chronique auxquelles
sont venues se surajouter des lesions de meningite subaigue. Au niveau
des foyers hemorragiques, il existe dans les meninges une infiltration
embryonnaire, avec alterations vasculaires (periarterite periphlebite)
et des hemorragies nteningees. Dans le cortex sous-jacent on voit
des capillaires dilates, gorges de sang, d'autres rompus et recroque-
villes. Les cellules nerveuses sont atrophtees, mal colordes ; il existe
egalement une degendrescence des fibres h myeiine. Au niveau du
bulbe, infiltration des meninges par des noyaux embryonnaires ;
lesions de periarterite et de periphlebite.’ Sur l’aile grise interne
gauche, quelques capillaires sont rompus et presentent le meme aspect
que ceux du cortex. Les vaisseaux du bulbe sont atteints de periarteri¬
te; aucune trace d’endarterite. Les plexus choroldes sont infiltres
d’amas innombrables de cellules embryonnaires.
Selon les auteurs, les hemorragies capillaires sont secondaires &des
lesions des meninges. L’inflammation des veines a determine de la
thrombose qui apporla un obstacle & P6coulement du sang. Les capil¬
laires distendus mecaniquement se sont rompus et leur rupture pro-
duisit l’hemorragie miliaire. J.
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258-
revue DE PSYCIIJATRIE
REVUE DES PERIODIQUES
PERIODIQUES DE LANQUE FRAN$AISE
Annales mcdico-psychologiqucs (45* ann6e n*l. —
janvier-fevrier 1907).
P. Courbon. — Automatlsme ambulatolre (observations cliniqucs).
— L’auteur rapporte cinq interessantes observations de malades appar-
tenant a des types psychopathiques divers et pr^sentant ce caractere
commun d’avoir accompli des fugues, mais des fugues dont les mobi¬
les et l’exdcution ont varie suivant les cas ; fugue hystdrique mndsi-
que; somnambulisme hysterique ; fugue alcoolique, reaction secon-
daire a un trouble intellectual passager ; automatisme ambulatoire
survenu dans la sphdre motrice et non dans le domaine psychique
chez un ddinent precoce ; fugue consciente, mais rdsultant de l’instabi-
litd mentale chez un debile.
C. insistesur le grand intdrdt que prdsente la connaissance et la dis¬
tinction des deuxdernieres varidtds au point de vue spdcial de la psy¬
chiatric mddico-ldgale militaire.
S. Soukhanoff. — Contribution & I’dtude de la psychose de Kor¬
sakoff & marche continue. — S... rapporte deux observations analo¬
gues dcellesddjfii publides par Sydney Cole, de psychoses de Korsakoff a
marche lente, au cours desquelles se sont manifestos des systdmes dd-
lirants stables : iddes de jalousie ou de persecution. Ces systdmes ddli-
rants ont coexiste avec d’autres symptdmes psychiques considdres
comme caractdristiques de la psychose de Korsakoff : amndsie, fausse
rdminiscence ; ils peuvent apparaitre de 2 d 5 ans aprds le debut de la
maladie, ont une origine autonome et completent le tableau sympto-
matologique.
Archices de neurologie (3* sdrie, n # 1. — Janvier 1907).
Mezie et Bailliart. — Contribution & i’dtude de I’oelt chez les
aiidnds. — Chez les alidnes, les troubles hallucinatoires seraient prdcd-
dds d’un retrdcissement du champ visuel; de mOme dans les etats de-
pressifs. Dans l’etat d’excitation, la variation du champ visuel se tra-
duirait par un elargissement global : Tel est le resumd de minutieuses
recherches portant sur des cas trds divers, et a propos desquelles les
auteurs se gardent sagement de tirer des conclusions cliniques ddfi-
nitives.
(id. n # ‘ 1 et 2. — Janvier et fdvrier 1907)
Ducoste. — Les fugues dans les psychoses et les ddmences. —
Etude symptomatique et diagnostique des fugues dans l’alcoolisme, la
folie intermittente, la folie morale, la debilitd mentale. la paralysie
gdndrale, la ddmence senile et la demence prdcoce.
Au point de vue du diagnostic differential. Tauteur estime, a juste
litre, que les fugues peuvent Otre rattachdes a l’affectioncausale, moins
par leurs caracteres propres que par les signes concomitants de cette
affection.
L'Encdphale (2° annde, n° 2. fdvrier 1907).
A. Joffroy. — Traumatismes cr&niens et troubles mentaux. —
La dramatique observation rapporte par le Professeur Jofffoy, au
d6but de cette dtude ne souldve ni discussion pathogdnique ni discus¬
sion mddico-legale : Un jeune homme, travaillant chez son pOre, est
(Voir la suite aprts le bulletin bibliographique mensuel).
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REVUE DES PERIODIQUES
259
victime d’un grave accident avec traumatisme cr&nien. II n’y a pas
d’amn6sie traumatique, mais d&s la fin de la premiere semaine des
troubles organiques et psychiques font leur apparition. Six mois aprfcs
Paccident, le malade .est un dement hebephr^nique, par surcroit
completement aveugle.
Mais, k ce propos, l’auteur ^tudiant d'ensemble quelques-uns des
problfemes soulev^s par la question des psychopathies traumatiques
indique nettement la solution d’un point important de pratique mGdico-
legale journali&re : Pour prendre le cas le plus frequent, celui de la
paralysie gdn^rale, on peut admettre des hypotheses scientifiques plus
ou moins probables sur la cause qui cree cette affection ; « la question
medico legate dit M. Joffroy est de savoir si parfois le traumatisme l’a
occasionn6e. Et si un jour le traumatisme devient cette circonstance
determinante, je dis qu’il est enti&rement responsable de l’gclosion de
la maladie ». C’est dansle sens de paralysie g£n£rale occasionnGe par
un traumatisme qu’il faut entendre l’expression paralysie g^ndrale
traumatique, pourvu que le traumatisme n’ait 6td pr£c6d£ d’aucun si-
gne imputable k cette maladie, qu’il s’ecoule un certain temps entre
1’accident et les symptdmes nettement paralytiques, et que Involution
de certains signes intermediates unissent le traumatisme k la paraly¬
sie gdndrale.
Antheaume et Migxot. — Pdrlode mddlco-ldgale prodromlquede
la ddmence prdcoce. — Les auteurs rapportent trois observations
tendant a ddmontrer que la ddmence prdcoce peut, d’une manure pro-
dromique se manifester pendant plusieurs anndes par les perturba¬
tions les plus graves du sens moral, alors que les troubles intellectuels
sont nuls ou du moins passent inapergus. La ddmence prdcoce peut
done, comme la paralysie gdndrale, ddbuter par une phase mddico-ld-
gale : il s’agit alors d’alidnds delinquents et non comme on serait trop
porte k le croire de delinquents alienes.
Anglade et Jacquin. — Hdrddo-tuberculosa et idlotles congdnl-
taies. — II ressort des observations personnelles d’A. et J. comme des
observations empruntees a d’autres auteurs, que dans 57 0/0 des cas
d idiotie, I’hdrddo-tuberculose se trouve associee a l'heredo-alcoolisme
et que dans plus de 28 0/0 des ca3 la tuberculose des parents est seule
en cause. Ces chiffres conflrment la these soutenue surtout k Petran-
ger de l’importance de Thdredite tuberculeuse chez les idiots.
L’idiotie ne serait done, souvent, qu’une modalitd des dystrophies
herddo-tuberculeuses (dystrophies internes ouexternes, viscdrales, ner-
veuses, etc.).
Ducost£. - Les hallucinations dans la paralysie gdndrale. —
Longue et intdressante revue critique avec une bibliographietres dten-
due, mais qu’il est difficile de resumer en quelques phrases. L’auteur a
envisage la question dans ses points les plus importants, et n’a pas
cru devoir tirer de conclusions gdndrales, apres avoir signale des opi¬
nions parfois fort differentes, a cdtd desquelles il s’est contents de no-
ter les rdsultats de son observation personnelle.
Noutcllc lconographie.dc la Salpetricrc { 20' annde,
(1 janvier-fevrier 1907).
J. Seglas. — Des symptdmes catatonlques au coups de la para¬
lysie gdndrale. — Resume de observations de p. g. au cours des¬
quelles des attitudes catatoniques ou des stereotypies diverses ont
dtd notees par Pauteur. Quelques photographies particuli&rement de¬
monstratives.
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260
REVUE DE PSYCHJATRIE
LSInfortnalcur ties alicnistcs ct des ncurologistes
(2' annee n° 2, fevrier 1907).
E. Regis. La r£cente discussion parlementaire sur le regime
des ali6n6s. — L’auteur considere & juste titre«que les dispositions de
la nouvelle loi relative aux mddecins d'asile sont nuisibles aux int^rOts
de la psychialrie franchise et par consequent aux alidn^s.
(id. n* 4, avril 1907).
L. Maupate. — Quelle sera la situation des m6decins d’asile
sous le rdgime de la nouvelle lol sur les all6n6s. — Conclusions
analogues & celles de Particle precedent.
Journal de Psychologic normalc ct patholoyiquc ,
(3* annee, n* 6, nov. dec. 1906).
Ingegnieros. — Le rlre hyst6rlque. — Aprfes une etude generate
psychologique et pathologique du rire, l'auteur traite plus sp^clale-
ment des rires hysteriques dont il donne la classification suivante :
1 # rires-hysteriques, epiphenomenes des acc6s convulsifs (aura, com¬
plication, symptdine resolutif).
2* Accident hysterique independant (isoie, parosvstique et alternant
avecd’autresaccidents, permanent).
L'acc6s de rire hysterique paroxystique dont I... rapporte quelques
cas est parfois lie & des troubles genitaux, il peut etre gueri par la sug¬
gestion : On doit le distinguer du rire obsedantet du fou rire, simple-
ment intempestif et hors de proportions avec la cause qui l’a provoque.
(id. 4* annee, n* 1, janvier, fevrier 1907).
Dromard. — Les troubles de le mimlque emotive chez les al!6-
nds. — L'auteur se propose d’6tudier la mimique des alidnds au point
de vue de l'expression involontaire ou passive.
Il distingue les troubles d’adaptation dans lesquels il y a incon-
gruance entre l’expression emotive du sujet et la qualite emotionnelle
de sa situation ; et les troubles de fonctionnement dans lesquels l’exe-
cution mOme des inouvements mimiques se trouve alteree.
A propos de troubles d’adaptation (cliniquement groupes sous le nom
de paramimies) D... fait celte remarque, que la pretendue inadapta¬
tion du langage mimique n'est souvent qu'une inadaptation du langage
verbal, le langage du geste etant un mode d'exteriorisation plus solide
et plus stable que celui du verbe. La paramimie est le temoignage
d’une non-concordance entre une idee et un dtat affectif, et non pas
le tdmoignage d une non-concordance entre un etat affectif et son ex¬
pression.
Dans les troubles de fonctionnement, il faut distinguer les troubles
par defaut d’inhibition, et ceux par defaut de dynamog^nisme. D...
n’dtudie dans cet article que le defaut d’inhibition, la mimique spasmo-
dique : celle des affections organiques a lesions sus thalamiques, dans
lesquelles les centres depression de la couche optique cessent d 6tre
soumis a I’action moderatrice des zones corticales ; celle aussi des
affections dites fonctionnelles, des v^sanies ou des nevroses auxquel-
les on peut appliquer, comme explication hypoth^tique et non comme
une preuve, la formule de Meynert : « Affaiblissement cortical avec
hyperexcitabilitd sous corticale. »
Lc Bulletin medical, (21* ann6e, n # * 2 et 11. —
9 Janvier et 11 fevrier 1907)
E. Dupr£. — Revue cllnlque des d6mences. — Lecon Clinique de
l’infirmerie sp^ciale : l’auteur a reuni pour ies comparer et les oppo-
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REVUE DES PER10DIQUES
261
ser les uns aux autres des malades rdpondant aux principaux types
de ddmence et b propos desquels il examine les incidents mddicaux-
legaux possibles.
id. (21' amide, n* 5. — 19 Janvier 1907).
H. Bousquet. — Une grenouille dans I’intestln. Gudrlson par
suggestion due & I’emploi d’lmages radiographlques. — L’ingdnieux
procddd de Bousqaet (si peu durable qu’il faille prevoir la gudrison
temporaire de sa malade) nous parait preferable au simulacre d’inter-
vention tentd recemment par Richelot en ddsespoir de cause, dans un
cas analogue bien connu. II est parfois trds dangereux pour le chirur-
gien de se prdter aux desirs des hypochondriaques ddlirants qui
deviennent ensuite des persdcuteurs tenoces au moindre retour de
troubles coenesthdsiques et des interpretations consdcutives. Dans une
lettre humoristique adressde a son collogue parisien, Bousquet dit que
le ldzard de Richelot a fait des petits en Auvergne. II est heureux que
cet animal n’ait pas encore fait de petits dans le ventre m6me de la
malade de l’hdpital Cochin, par suite d une prdtendue maladresse de
la prdtendue operation.
id. (21' annee, n° 16. — 2 Mors).
Bernheim. — Comment je comprends ie mot hyst6rie. — Le mot
hysterie doit etre reserve aux seules crises, toujours cons6cutives a
une emotion spdciale: Un hysterique est un individu chez qui la reac¬
tion psycho-dynamique 6 une emotion vive depasse la mesure moyenne
et degdnere en crise ; parfois accidentelle, plus souvent la crise se
reproduit : il en resulte une veritable diathese hysterique toujours
curable par la suggestion. De m6me la possibilite de reproduce la
crise par suggestion permet de faire le diagnostic, dans les cas douteux,
avec repilepsie ou les crises syncopales.
Les stigmates n’existent pas en general quand on ne les provoque
pas. Les troubles moteurs et les nombreux phenom6nes visc6raux sont
des complications rares de 1'hystdrie vraie. Mais ce sont des psycho-
ndvroses qui peuvent etre inddpendantes de l’hystdrie, et se greffer
souvent sur des symptdmes rdels. Contrairement a Babinski, 1'auleur
est loin d’attribuer a rhystdrie tout ce qui reldve de l’auto-suggestion.
Lc Caducee (7* annde, n* 3. — 2 fdvrier 1907).
Tissot et MdziE. — Sur un cas de simulation suivl de r6forme,
— Pour les auteurs, la rdforme fut justifide, car la simulation ne cons-
titua que I’exageration volontaire des troubles mentaux rdels. Il est
bien evident que T. et M. devaient insisler dans leurs conclusions (et
ils n’y ont pas manqud) sur la ndcessite de l’examen psychiatrique des
« fortes-tdtes ».
Boigey. — Mentality et tatouages chez les disciplinaires. — « Le
tatouage, celte pratique encore en honneur chez les races infdrieures
et qui ddnote un dtat prdcaire de l’esprit a pris une grande extension
dans les compagnies de discipline : sur cent homines plus de 50 sont
tatouds. Quelques vrais ddgendrds s’adonnent au tatouage pour expri¬
mer les iddes dominantes, souvent les iddes fixes, qui hantent leur
esprit. 11 existe aussi beaucoup de tatouages obscenes et symboliques
chez les pdddrastes.
Loire mddicale , (15 mars 1907).
Roux (de S'-Etienne). — Le traltement spdcifique de la paralysie
gdndrale. — En dvitant de commencer le traitement au cours d un
episode aigu, et en tatant avec beaucoup de soin la susceptibilite de ses
malades, 1’auteur a obtenu par des injections de calomel dansle traite-
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262
REVUE DE PSYCHIATRIE
ment de la paralysie generale des resultats tres encourageants :
Amelioration a la premiere periode, guerison a la periode prodromi-
que. Au moins R... pense-t-il avoir le droit d’offlrmer en s'appuvanten
particulier sur l’existence, dans les cas traites, de lymphocytose du
liquide cephalo-rachidien, que parmi ses malades gueris quclques-uns
auraient sans cloute fait de la paralysie generale.
II nous parait tr£s legitime en eftet de considerer chez les syphiliti-
ques le traitement specifique perseverant comme un des moyens prd-
ventifs rationnels de la paralysie general©.
Presse mddicale , (15' annee, n® 6. — 19 Janvier 1907).
M lle Pascal. — Pseudo neurasthenle prodromique de la d6mence
precoce. — Comme la pseudoneurasthenie prodromique de la paralysie
gendrale, cette phase premonitoire de la ddmence prdcoce pent etre
confondue avec la neurasthenic vraie : L auteur appelle Inattention des
observateurs sur lindifference emotionnelle, different© de la mobilite
affective des neurastheniques, et sur le caractere definitif de la modi¬
fication psychique, m6me lorsque le malade n'evolue pas, et s’arrOte &
retat pseudo-neurasthenique initial.
Le Progrds medical (36 f annee, n® 7,16 fevrier 1907).
Perp£re. — Constipation et troubles mentaux. — Agreable revue
d ensemble dans laquelle 1’auteur distingue et decrit les differentes
associations de la constipation et des troubles psychopathiques. Tout
paralytique general constipe est un candidat aux ictus. La constipation
peut etre une cause importante de troubles mentaux par les sensations
anormales et surtout anormalement interpretees qu’elle determine.
Enfin, l’auto-intoxication intestinale peut creer de toutes pieces des
desordres mentaux dont la guerison est subordonnde £ sa propre cura-
bilite. II faut done suivant les vieilles traditions deconstiper les psycho-
pathes.
Id. (30® annee, n® 17, 27 avril 1907).
L. PiCQue. — Phimosis chez I’adulte et obsession. — Discussion
des indications operatoires dans les cas legers chez les sujets obsedes.
L’observation rapportee par 1’auteur est celle d’un jeune homme op6re
et gueri apres appoint « psychotherapique ». Mais P... se demande
(le colt normal n'ayant pas succede d’une fa<jon immediate & l’interven-
tion) si celle-ci n’aurait pu 6tre evitee, ou si elle a contribue pour sa
part au retour vers la sante genitale.
Revue de Medecine (27 f ann6e, n # 3, 10 mars 1907).
Laignel-Lavastine. — Psychologic des tuberculeux. — Le mede-
cin doit s’efforcer d’analyser retat d'£me de ses malades pour etre,
selon le mot de Dumas fils, le therapeute qui « guerit parfois, soulage
souvent et console toujours ».
Parmi lea modalit6s variables de l &me des tuberculeux l'exageration
de l affectivite & tendance depressive domine chez le phtisique hypo-
tendu; Teuphorie deiirante, signe d'intoxication, coincide g£n6rale-
inent avec la vaso-dilatation peripherique.
Id. (n® 4, 10 avril).
Bernheim. — Observation d’aphasle motrice sans lesion de la
3* circonvolution frontale gauche. — Observation avec autopsie,
que l’auteur juge inexplicable & Taide de la thdorie classique, et qu’il
explique avec l appui de sa conception personnelle de Taphasie : Apha-
sie par lesion de la voie de transmission entre la parole interieure et
les noyaux bullaires phonetiques. P. Juquelier.
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REVUE DES PERIODIQUES
263
PERIODIQUES DE LANQUE ALLEMANDE.
Ally. Zeitschrift fur Psych. (1907, p. 166).
Rosenfeld. — Le d6lire de rapports (d’interpr6tatlons). — 11
s’agit d’un groupe de faits caractdrises par le ddveloppement aigu d’er-
reurs, d’interpretations fausses qui se montrent presque a l’etat isold
et qui durant tout le cours de la maladie dominent la scene. Pas
d’hallucinations. Pronostic favorable. On observe aussi un delire
rdtrospectif. Ces etats appartiennent a la folie maniaque-ddpresssive
et non 6 la paranoia abortive.
Centralblatt fur NcrrenheilUundc und Psychiatric (l fr mars 1907).
Landerer. — La sante des infirmlers d’asile. — Sur 146 infirm iers,
20 ont dO se retirer pour raisons de sante. De ces 20, six etaient dejO
malades au moment de leur entree, trois eurent la fifcvre typhoide,
deux contractfcrent des maladies sans rapport avec leur service, huit
etaient des psychopathes ; la proportion de ces derniers est done trOs
elevPe.
Sauberschwarz. — Les aslies des Etats-Unis. — ^organisation de
ces asiles est faite 6 un point de vue pratique ; les malades sont tres
bien traites; on s’occupe beaucoup du travail et de la distraction des
malades. Le personnel est l'objet de soins attentifs. Au point de vue
scientifique les grands asiles ne sont pas en retard.
Id. (1 et 15 mars 1907).
Abraham. — Contribution & i’6tude de I’apraxie motrice. — Etude
d’un cas d’apraxie unilatdrale avec autopsie. Observation trOs detaill6e,
suivie d une longue discussion.
Id. (15 mars 1907).
Hoppe. — La psychopathologie dans Schiller et Ibsen. — Criti¬
ques d’un travail de Wulfen sur « les Brigands » de Schiller et
« Nora »> d’lbsen.
Munchcn. med. W ochcns. (n° 32).
Gaupp. — Les 6tats de depression survonant a un dge avanc6.
— Un certain nombre decas appartiennent a la folie maniaque-ddpres-
sive ; d’autres & la melancolie telle que la comprend Kraepelin. Ces
derniers sont plus frequents chez la femme ; la confusion deiirante se
montre surtout quand il y a sdnilite. L’existence de conceptions ddli-
rantes absurdes n’a pas de signification au point de vue du pronostic.
Par contre s’il y a au debut de la melancolie, une involution senile
physique occus^e, le pronostic est meins favorable. Un grand groupe
d’dtats depresses est en rapport avec rartdrio-scldrose du cerveau;
citons encore la depression senile, la psychose anxieuse aigug grave,
la cotatonie, le delire de persecution senile, etc.
Psych. Wochenpchrift. (n* 47, 30 mars 1907).
Fischer. — L’asile de Wiesioch. — Cet asile possMera 900 lits. Prix
du lit : 7.500 fr. Domaine de 90 hect. ; 26 pavilions de malades. Le plan
general de retablissement et la distribution des locaux de chaque
pavilion sont completement differents de ce que nous connaissons en
France.
Id. (n* 47-49).
Hockauf. — Asiles des Etats-Unis. — Etude detaillde avec statisti-
ques, plans, vues. (A citer entre autres l'asile d’alienes criminels de
Matteawan).
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264
REVUE DE PSYCHIATRIE
Psych. Wochcnschrijt. (n* 48).
Knust. — L’asslstance famlliale des buveurs.
Lehmann. - L’aslle de buveurs de Doesen.
Id. (n* 50).
P. SgRIEUX.
NOUVELLES
Commission pour I’Aducatlon des pupllles dlffiolies de I’Assis-
tance publique. — Par arrdtd du 11 mai 1907, il est institue au minis-
t6re de l’intdrieur une Commission chargee d'etablir le programme
d’dducation et d’enseignement medico-pedagogique des pupilles dififi-
ciles de l'Assistance publique, et d’examiner les difldrentes questions
qui pourront lui Otre renvoydes. Cette Commission est composde de
MM. Coulon, president, Albanel, D r Bourneville, Brun, D r de
Fleury, Granier. Grimanellt, D t Janet, Mirman, Ogier, D r Paul-
Boncour, D r Philippe, P r Raymond, Rollet, D r Roubinovitch, D'Thu-
li£, Voisin, Turquan.
Asiles d’alldnds. Distinctions honoriflqucs. — Mddaille d'argent de
l’Assistance publique : Mile Delaunay, Josdphine, gardienne infirmidre
a l’asile de Blois.
Medailles de bronze de l’Assistance publique : Mile Dechelotte,
Emilienne, infirmidre en chef a la Maison Nationale de Charenton.
Mile Marchal, Amalie, infirmi&re en chef k la Maison Nationale de
Charenton.
Mile Marchal, Fran^oise, infirmi&re 6 la Maison Nationale de Cha¬
renton.
Personnel medical. Moucement de mai 1907 . — M. le D r Chocreaux,
mddecin en chef a l’asile d’alienees de Bailleul (Nord), estnommd me-
dedin en chef k l’asile de Lommelet (Nord), poste crdd.
M. le D T Terrade, mddecin-adjoint k l’asile d’alidnds de la Charity
(Nidvre), est nommd mddecin en chef k Bailleul.
M. Plantie est nommd directeur de l’asile d’alidnds de Clermont
(Oise), en rernplacernent de M. Mabille.
M. le D r Mignot est nommd mddecin en chef de la Maison Nationale
de Charenton, en rernplacernent de M. le D r Antheaume, nommd m6-
decin en chef honoraire.
M. le D r Rodiet, mddecin-adjoint a Montdevergnes (Vaucluse), est
nommd, en la m6me qualite, a Clermont (Oise).
M. le D r Coulonjou, mddecin-adjoint k Braqueville (Haute-Garonne),
est promu k la classe exceptionnelle du cadre.
Enqudte sur le no-restraint. La deuxidmc partie dc VenquGte pa -
raitra dans le numero de juillet.
Le g&rant : A. Coueslant.
PARIS & CAHORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT (21-VI-07)
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REVUE CRITIQUE
FREQUENCE ET PATHOGENIC DES ICTUS TERMINAUX
DANS LA PARALYSIE GENERALE
Par
A.Vioouroux et A. Delmas
Mtdecin en chef & iAsile de Vaucluse. Interne des Asiies de la Seine,
Les ictus epilepliformes ou apoplectiformes se rencontrent
fr£quemment dans les differenles periodes de la paralysie gend-
rale ; parfois ils se montrent d’une extreme gravite et sont sui-
vis de mort. Les ictus mortels sont-ils assez frequents pour
qu’ils puissent, h juste titre, £tre consideres comme le mode de
terminaison naturelle de la paralysie generate ? Ou ne sont-ils au
contraire que des complications 6 vitables dans une certaine
mesure? Enfin quelles sontaujourd’hui les hypotheses pathog 6 -
niques les plus vraisemblables de ces ictus ? Telles sont les
questions que nous desirons brievement exposer dans ce travail.
Depuisla premiere description de Baylp\touslesauteurs,'4cri-
vant sur la paralysie generale, ont signale les ictus, non seulement
comme des accidents 6 pisodiques au cours de revolution, mais
encore comme un mode de terminaison possible de cette affec¬
tion. Calmeil 3 , Baillarger 3 , Lunier l , Marce 5 , Foville 6 , Aug. Voi-
sin 7 , Lasegue 8 , Falret 9 Magnan et Serieux * 0 pour ne citer que
les principaux, semblent d’accord pour considerer le marasme
paralvtique, qu'ils decrivent minutieusement, comme la fin habi
tuelle et en quelque sorte normale de la paralysie gdnerale. Ils
signalent que la mort avec ictus peut survenir 5 mais ils la consi¬
dered comme un mode de terminaison plus rare. Malheureuse-
ment leur opinion sur ce point ne s’appuie pas sur des statisti-
ques.
1 Bayle. These de Paris 1822.
2 Calmeil. De la paralysie generale consideree clioz les alienes. Paris.
J. B. Baillero 1820.
- Logon de Baillarger, in Gazette des hopitaux 9 et t(» jail let lH'iO.
4 Lunif.r. Rechercbes sur la paralysie generale. Annates mrd. psych. 18'i9
p. 211.
r * Marce. Trnilo pratique des maladies nientales, 1802.
Foville. Paralysie generale, in Dictionnaire Jaccoud 1878.
7 Aug. Voisin. Traite de la paralysie generale des alienes. Montpellier 1801.
8 LasAgue. Leeons sur la paralysie generale, redigees par le D r Motet, in
Etudes Medicates , p. 885.
'* Falret. Etudes cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, 1890.
1° Magnan et Skrieux. La paralysie generale. Paris. Masson I89'i, p. 380.
19
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266
REVUE DE PSYCHIATRIE
Plus precis sont les renseignements que nous trouvons dans
le travail de Bouteville et Parchappe*. Leur slatistique porte
sur 141 deces d’ali6nes paralytiques ; la mort est survenue 66
fois par congestion cerebrale ; 53 fois par marasme ; 9 fois par
gastro-enterile ; 5 fois par meningite aigue; 5 fois par ramollis-
sement partiel du cerveau ; 3 fois parliydropisie de Taracbnoide
et des ventricules.
II est difficile de savoir ce que les auteurs entendent par con¬
gestion cei6brale, ramollissement partiel du cerveau et par
hydropisie de l’arachnoide. Y a-t-il eu chaque fois des ictus?
Certaineraent non ; mais, ra^me si on ladmettait, la propor¬
tion des morts avec ictus ne serait que de 50 0/0.
La slatistique de Christian et Rilti 1 2 porte sur 119 hommes
et sur 20 femmes. Sur ces 139 cas, la mort est survenue 58 fois
avec des accidents convulsifs soit dans une proportion de 40 0/0.
Dans sa these, Janin 3 rapporte 52 observations de paralyti-
ques des deux sexes. Vingt fois la mort est survenue avec des
accidents convulsifs, soit dans une proportion de 38 0/0.
Dans une seconde Statistique, Christian 4 fait connaitre que sur
356 paralytiques g6n6raux, 121 sont morts avec ictus soit une
proportion de 33 0/0.
Dans un travail recent 5 & , nous avons 4tudid les causes de la
mort dans la paralysib generate, et dans ce but nous avons
dApouilte les observations de 1-53 paralytiques g6neraux morts
depuis un an dans le service des hommes de l’asilede Vaucluse.
Dans ces 153 cas, l'autopsie a 6te pratiqu^e etlexamen histolo-
gique des centres nerveux et des organes a 6t<§ fait.
De lasorte, la veritable cause de la mortapu presquc toujours
£tre controlee de m£me qu’ont puGtreverifiees certaines lesions
organiques accompagnant les ictus terminaux.
Nos cas se repartissent ainsi, quant k la cause de mort :
Marasme... 38 fois.
Ictus. 47 —
Affections intercui rentes (pneumo-
nie, tuberculose, enterite, etc.).. 51 —
Kscharres et nteningo-myelite. 2 —
Morts subites. 4 —
Perilonite par perforation.. . 1 —
1 De Boutevillf Parciiappi:. Annates rued . psychologiques t. VII, 1847.
2 Christian et Ritti. Article « Paralysie generate » dans le Dictionnaire
des sciences medicates, 1884, pp. 702 et *70?.
Janin. La mort dans la paralysie gendrale. These de Paris, 1887.
* Christian. Societe medico-psychologitjue, 30 novembre 1890.
& Achille Dei .mas. La morl avec ictus dans la paralysie g^n^rale. Th£se
Paris, 1907.
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ICTUS TERM1NAUX DANS LA PARALY9IE GEN^RALE
267
Asphyxie par bol alimentaire..... 1 —
SuiGide..... ... 1 —
Pacbym6ningite hemorrhagique
sans ictus. 8 —
La mort est done survenue avec ictus dans 30 0/0 des cas
environ.
Des diffdrentes opinions et statistiques que nous venons de
rapporter, ii r6sulte que la mort avec ictus n’est pas le mode
de terrainaison le plus frequent et le plus habituel dans la para-
lysie gdnerale et qu'elle ne se rencontre que dans le tiers des
cas environ.
A ce point de vue, Popinion des auteurs etrangers ne differe
pas de celle des auteurs frangais ainsi qu’on peut le voir par la
lecture des auteurs anglais : Austin \ Sankey a , Bucknill et
Tucke 1 2 3 4 , Hammond \ Mickle 5 , etc., et des auteurs allemands :
Scliule 6 , Kraft-Ebing 7 , Kriipelin 8 , etc.
Contrairement k cette opinion classique et k peu pres una-
nime, Arnaud 9 communiquait en 1890 k la Socidld mddico-
psychologique, une statistique ou la mort 6tait survenue avec
ictus dans la proportion de 80 0/0. L’auteur s’efforcait de mon-
trer que l'ictus est le m6eanisme habituel et en quelque sorte
normal de la mort dans la paralysie generate, lorsque le malade
dchappe aux complications intercurrentes dont le marasme
n’est qu’une varidte mdconnue.
L'opinion d’Arnaud basee sur un nombre restreint d’obser-
vations et exclusivement cliniques (33], souleva des discussions
des son apparition.
Elle fut combattue surtout par Marandon de Montyel 10 11 et par
Pierret H . Le premier ne trouve d’explication que dans ce fait
qu'Arnaud a rencontrd une serie malheureuse, et Pierret
considere que non seulement il n’y a pas antinomieentre les in¬
fections et les ictus mais qu’il y a une relation etroite entre les
uns et les autres. Si done les paralytiques generaux sont bien
1 Austin. A practical account of gen. paralysis. London, Churchill, 1859.
2 Sankey. Lectures ou mental diseases. London, Churchill, Andson, 1806.
3 Bucknill and Tucke. A manual of psychological medecine. London, Chur¬
chill, 1879.
4 Hammond. Traile des mal. du syst. nerveux. Traduct. Labadie Lagrave.
Paris, Bailliere, 1879.
u Mickle. On. general paralysis, of tlic insane. London, Levies, 1886.
c SciiUlf.. Traite clinique des maladies mentales. Traduction Dagonet el
Duhamel. Paris, Le Crosnier et Babe, 1888,
' Kraft-Ebing. Traits clinicpic de psychiatric, 5“ e edition. Traduclion, E.
Laurent, Paris, Maloine, 1897.
8 Krapelin. Psychiatric. Leipzig, 1899.
Arnaud. Soci<*t6 medico psycliologique, 30 novembre 1896.
Marandon de Montyel. Revue de medicine, aout 1898.
11 Pierret. Congres de Bruxelles, 1903.
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268
REVUE DK PSYCIllATRltt
soign6s et mis & Tabri de toute complication longue ou infec-
tieuse, non seulement la mort par ictus ne suryient pas comme
le croit Arnaud, mais le plus souvent les ictus pourront £tre
evites.
Nous nous trouvons en presence de deux opinions contradic-
toires. Non seulement la statistique d’Arnaud iTest pas d ac¬
cord avec lesautres statistiques ; mais ses opinions sur la pa¬
thogenie des ictus et du marasme ne sont pas conformes aux
idces pathog^niques generalementadmises.
*
* *
Au point de vue de leur pathogenie en effet, les ictus peuvent
6 tre rangds en deux categories, suivant qu’ils sont en rapport
ou non avec une lesion surajout^e a la meningo enc^phalite.
Ces lesions surajoutees sont rares, bien que de nombreux
auteurs en aient signale Texistence (Parcbappe \ Bayle 1 2 ,
Lawrence, Georget, Aubanel 3 Calmeil, DoreMura tow 3 5 6 t
etc.). Elies existaient douze fois sur nos 47 cas de mort avec
ictus et se rdpartissaient ainsi :
Ilemorrhagie meningee, 9 fois.
Ramollissement c6r6bral v 2 fois.
Hdmorrhagie c6rebrale, 1 fois.
Lorsque ces lesions surajoutees existent, il est facile de rap-
procher les accidents convulsifs des convulsions provoqudes
experimentalement par une excitation dlectrique, et de les
faire d^pendre au point de vue de leur interpretation pathoge-
nique, d’une irritation mecanique.
Lorsqu elles n’existent pas, Taction mecanique est encore in-
voquee par les auteurs qui defendent les theories de la conges¬
tion, de Tanemie ou de I’oederae (Calmeil 0 , Aubanel 7 , etc.,
etc.), de Tanemie ^Ball, Faure 8 , etc.), ou de Toedeme (Bayle,
Thompson 9 10 , Iluguenin ,0 f Tournier H , Krafft-Ebing ,2 , etc.).
1 Pakciiappe. Annales rued, psychol. t. II, p. 473, nnneft 1858.
2 Bayi.k. De la cause orgamquc de 1’alienation mentale accompngn£e do
paralysie g£nerale.
r 3 Aubanel.. Annales rued, psych, t- VII, 1847. Annales med. psych, juillet
1855.
4 Dork. These de Paris, 1898.
5 MuRATCW. Pathogenie des phcnomenes en foyer dans la paralysie gen£-
rale. Congres internationnal de niedecinc de Moscou, 1897.
6 Cai.mkii.. Muladies inflainmatoires’da cervenu, p. 111.
7 A i; ban HI.. Annales medico-psychologiques, t. VII, p. 190.
8 Faurf.. These de Lyon, 189i.
9 Thompson. Journal of mental science , 1875.
10 Hugi'fnin. Uber Ilirneeden, in Corresp. f, Selweitz, Acrtze. N* 11, juin
1889.
n Tournier. These de Lyon, 1893.
n Krafi tEbing. Traite de psyehiatrie, p. 679.
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ICTUS TERMINAL’X DANS LA PARALYS1E GENERALE
269
Ces differentes theories se heurlent k des objections multi¬
plus maintes fois formulees par de nombreux auteurs (Lunier \
P. Marie 1 2 , Pierret 3 , Legrain \ etc.), et que nous ne pouvons
discuterici.il nous suflira de rappeler en quels termes ces
theories etaient dej& condamnees par Charcot 3 5 . « Je n’ignore
pas que beaucoup de medecins font interveniriciaujourd’hui en¬
core une congestion sanguine partielle, fluxion qui suivant les
besoins de la cause, se porlerait sur telle ou telle partie de
Tencephale. Je ne saurais pour mon compte partager cette
maniere de voir.
Pour justifier mon scepticisme, j'invoquerai d’abord'le souve¬
nir de ceux d'enlre vous qui, dans cet hospice sont attaches au
service des altenes. Combien de fois n’ont-ils pas 6te desappoin-
tes en ne renconlrant pas k l’autopsie la lesion congestive sur
laquelle ils comptaient.
Maintes fois, j'ai eu l’occasion de voir succomber k la suite
d’allaques apoplectiformes ou epileptiformes des sujets atteints
depuis longtemps d'hemiplegie par ramollissement ou h6mor-
rhagie intra-encephalique. Or, en’pareil cas, quelque attention
que j’ai apport^e k l’autopsie, il m’a toujours ete impossible de
decouvrir, soitdans les centres nerveux, soit dans les visceres,
une lesion r^cente congestive, ced6mateuse ou autres pouvant
expliquer les symptomes graves qui avaient marque la termi-
naison fatale. Je crois en somme que dans I'cdat actuel de la
science , Tabsence de lesions propres est, anatomiquement par-
lant, un trait commun k ces attaques, quelle que soit d’ailleurs
la forme qu’elles affectent et la maladie k laquelle elles se ratta-
chent. »
C’est au professeurlPierret de Lyon et k son ecole, que revient
1 ’honneur d’avoir defendu la theorie toxi-infectieuse des ictus
de la paralysie g4nerale, theorie qui semble de plus en plus
admise et qui est le plus en accord avec les constatations de la
clinique, les resultats de rexperimenlation et les recherches de
ranatomie pathologique.
Cette theorie s’applique d’ailleurs k toutes les formes du syn¬
drome « convulsions » et a 6te defendue pour l’epilepsie idio-
palliiquo (Maurice deFleury 6 ) Teclampsie (Riviere et Auvard 7 ),
1 Lu.niek. Annates medico-psycltolog. p. *211, 1889.
2 P. Marie. Progrts medical, n # 44, 1887.
3 Pierret. Progrcs medical, n° 40, 3 octobrc 18%.
4 Legrai.x. Soctele medico-psycholog. 26 nov. 1804.
5 Charcot. Lemons cliniqucs 1875.
$ M. de Fletry. Les mnladies du systeme nerveux. 1906.
7 Riviere et Auvard. Pathogenic et traitement de routo-intoxicalion
eclainptique. Paris 1888.
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270
REVUE DE PSYCHIATRIE
l’uremie convulsive (Bouchard *), l’dpilepsie tardive et senile
(Hubert I 2 ), les ictus de la deraence precoce (Pascal 3 ), etc.
La theorie toxi-infectieuse peut se definir ainsi: chez certains
sujets, il existe une hyperexcitabilite des centres moteurs ; les
infections ou les toxines ense localisant sur le point hyperexci-
table, y developpent une poussee d’encephalite et font naitre la
convulsion.
Ainsi deux conditions paraissent necessaires et sufflsantes :
1° L’existence d’ime hyperexcitabilite de l’ecorce dans la zone
motrice : c’est la cause predisposante.
2 ° L’action des toxines sur le point hyperexcitable : c'est la
cause determinante.
L’existence de cette hyperexcitabilite avail deja ete signalee
sous les noms d’aptitude convulsive (Joffroy 4 * ) ou de spasmo-
philie (Ferd \ Clauss, Van der Strihet). Kile est due k une
alteration cerdbrale plus ou moins ancienne, a une cicatrice
« dpileptogene », k des lesions eteintes ou lalentes de 1’ecorce.
Ces lesions out ete retrouvees dans toutes les formes du syndro¬
me dpileptique, dans I’dpilepsie (Bourneville 6 . Chaslin 7 , Bleu-
ler 8 , Alzheimer 9 10 II ) dans I’liremie convulsive (Raymond, Pierret,
Dufour, Castaigne et Ferrand ,0 ) dans 1'epilepsie tardive (Grocq,
Schupfer, Luth n ), etc., etc.
Dans la paralysie gdndrale, c’est la mdningo-encdphalite
diffuse qui joue le rdlc de cicatrice dpileptogene et qui fait nal-
tre rhyperexcitabilite. A elle seule elle ne pourrait crder l ictus
car comme Tecrivait Charcot en 1875. « II s’agit d’alterations
permanentes k evolution progressive. Elies ne sauraient par
consequent, sans les secours d’autres lesions, expliquer le
ddveloppement d’accidents qui se procfuisent le plus souvent
presque subitement et peuvent disparaltre sans laisser de
traces. »
Mais la cicatrice dpileptogene n’est que la cause prddispo-
sante ; « elle crde des dpileptiques mais nullement l'attaque
Pour que celle-ci se produise, il faut que se localise au point
cicatriciel une toxi-infection. C’est ce qu’ont bien ddmontre
dans le domaine physiologique en particular, les experiences
I Bouchard. Lemons sur les auto-intoxications, 1887.
% Hubert. These de Paris 1903.
a Pascal. L’Eneephale. — Septembro et octobrc 1906.
4 Jon-ROY. Gazette hebdomad, de med. et chir. y J1 fevricr 1900.
6 F£re. Loc. cit.
c Bourneville. Archives de iXeurologie , 1880-81, p. 391.
7 Chaslin. C. r. de la soc. de Biologic, 1889, p. 169.
* Bleuler. Munch med. Woeh 189a. p. "9'i.
,J Alzheimer. Monat. fur Psych, und. heur. y 1900, t. IV, p. 3'*5.
10 In. Mnnuel des maladies des reins. 1906.
II Luth. Die spieselepilepsie Allg. Zeitsclw. f. Psych, vol. 56, 1899.
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ICTCS TER'TNAUX DANS LA PARALYSIE G^NERALE
271
du professeur Tripier 1 2 3 4 5 , de Raymond et Artau, de Rossolimo 2 ,
de Devay 3 , etc.
Conformement a ce qu’enseigne ajnsi la pathologie experi-
rnentale, la clinique est riche de faits, oil sous Tinfluence
defections ou d’intoxications nouvelles ont apparu, ou bien
les rapines accidents nerveux qui avaient ete prdcedemment
causes par une lesion encdphalique, ou des accidents nerveux
en rapport avec une lesion reelle, mais restde jusijue 1& silen-
cieuse. Des faits de ce genre ont etd rapportes par Pierret \
Bouvat ”, Raymond 6 , Nicole 7 , faure 8 * 10 11 12 13 14 , etc.
Au cours dela mdningo-encephalite diffuse, alors que la nu¬
trition g6ndrale est vicide et que les infections intercurrentes
et les auto-intoxications sont si frequenles, on comprend done
qu’il se produiso des poussees d’encephalite qui, lorsqu’elles
sont localisees dans la zOne rolandique s'accompagnent d’ictus.
Toutes les infections, quel que soil l’organe primitivement
atteint, peuvent se localiser surle cerveauadulterddes paralyti-
ques gendraux. A ce point de vue nous avons recherche sur les
47 malades de notre statistique, morts avec ictus, l'exislence
d'une cause infeclieuse ou toxique. Si l'on exceple douze cas oil
l’ictus dtait du k des ldsions surajoutees (hemorrhagies mdnin-
gdes et foyers circonscrits), nous pouvons les repartir ainsi :
Infections du tube digestif. onze fois
Uremie. cinq —
Diabete .. une —
Infections des voies urinaires. deux —
Affections aigues de lappareil pleuro-
pulmonaire. liuit —
Ni intoxication, ni infection raanifeste
en clinique ou k l'autopsie. liuit —
Les rapports qui unissent les phenomenes convulsifs et les
infections du tube digestif ont donnd lieu k de nombreux tra-
vaux. Citons ceux de Fere, ,J Bouchard, Roger ,u , Lepine H et
Tommeray, Sdcheyron ,2 , Feyat ,3 , Ivuntzler u , etc. En ce qui
1 Tkipieh. Revue mensuelle de medecine et de chirurgie . 1877.
2 Rossolimo. Soc. des mcdec. alien, el ncurol. de Moscou, 17 uvril 1802.
3 Devay. Province medicate. 27 inai 1893.
4 Piehret. Soc. de ra^d. dc Lyon. 1887.
5 Bouvat. These de Lyon. 1883.
* Raymond. Memoire. 1885.
7 Nicolle. Bulletin de la Societe anatomique .
8 Faure. Thdse de Lyon. 1891.
3 Fere. Loc. cit.
10 Roger. Pathologie generate. Bouchard, t. I, p. 787 ct 788.
11 Lupine Revue mens, de med. etchir. 1877.
12 S£cheyron. Eclampsie avec constipation opiniatre. Soc. med.de Toulouse.
1894.
13 Feyat. Thf*se de Lyon, 189G.
14 Kuntzleh. Th6se de Nancy. 1900.
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272
ItEVUE DE PSYCHIATRIE
concerne spdcialement ies ictus de la paralysie generate, l’in-
toxicatiou par le tube digestif a ete mise en cause par Marce
Pierret 1 2 , Guerin 3 , Perpere 4 .
Dans nos observations personnelles, les troubles digestifs ont
toujours precede de quelques jours ou de quelques heures la
production des ictus, et il serable legitime de leur faire jouer le
r61e de cause determinante.
L’observation journaliere dans les services d alienes ne nous
montre-t-elle pas la frequence des ictus apres des visiles des
parents qui apportent des provisions au malade ?
II n’est pas besoin d’insister sur le role que peut jouer le mal
de Bright dans la production des ictus. La forme nerveuse de
l’ur&nie qui existe cliez les arlerio-sclereux et les anciens cir-
conscrits ainsi que l’ont montr6 les travaux de Castaigne et
Ferrand existera de rrteme chez les paralytiques g^ndraux ou
les ldsions de la meningo-encephalite creent la predisposition au
nteme litre que les lacunes de disintegration, et toutes les
lesions plus ou moins silencieuses ou eteintes de Tenciphale.
La prisence d’albumine dans les urines, surtout lorsqu’elle
s’accompagne d’autres signes de nephrite interstitielle ou de
petit briglitisme, suffit done k faire rentrer dans le cadre des
ictus par auto-intoxication, les ictus se produisant chez des
paralytiques gineraux albuminuriques.
Marandon de Montyel 5 sur 104 observations de paralytiques
gendraux a trouve 20 fois des troubles urinaires (polyurie
albuminurie) ou du diabete. Dans tous ces cas, la mort est sur-
venue avec ictus ; Marandon de Montyel ne craint pas d'aflir-
mer que tout paralytique g£n£ral albuminurique meurt avec
ictus. Nos observations confirment cette opinion.
Des ictus par uremie, nous rapprocherons une observation
de paralytique general diabetique. Convulsions et diabete sont
souvent associes ainsi que l ont montri Bernard et Fer6 6 en
rappelantles faits rapportes par Lasegue 7 , Watton 8 , Copland 9 ,
Aitken 10 , Leudet, etc.
Pierret incrimine comme une cause assez fr.dquente d'ictus
1 Marc£. Traite pratique des mal. mentules. 1862, p. 436.
2 Pierret. Loc. cil.
3 Guerin, Th&se de Lyon, 181)5.
* PERpfeRE. Constipation et troubles mentaux. Prog ten medical , 16 fevrier
11)07
b M. de Montyel. ltevuc dc medecine, aout 181)8.
Bernard et Fer£. Troubles nerveux chez les diabetiques. Archives de
neurologic , 1882. .
7 LAskGUE. Journal dc med. et de clin. pratiques , fevrier 1882.
s Watton. Lectures on the principes and practice of phys. 1857, t. II, p. 650.
y Copland. Dictionnary of pract. med., 1886 p. 108.
Aitken. Science and practice of medecine, t. II, p. 143.
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ICTUS TERMINAUX DANS LA PARALYSIE GENERALE 273
au cours de la paralysie generate, la retention vesicale et les
infections des voies urinaires. Dans sa these, Guerin rapporte
un cas ou les convulsions succederent k une rupture trauma-
tique de Furelhre suivie de retention d'urine. Dans deux dc nos
observations, apres retention et calheterismes repetes, Fau-
topsie lit constater la presence de pus dans la vessie, le bassinet
et le rein.
Les infections pleuro-pulmonaires peuvent egalement provo-
quer des convulsions. 11 existe une forme eclamptique de la
pneumonie chez les enfants ; Scbule 1 signale que dans les
pneumonies des paralytiques gdneraux, souvent le frisson initial
est remplace par des convulsions.
Dans nos observations il existait quatre fois de la broncho-
pneumonie, Irois fois une pneumonie associee dans un cas k de
la nephrite parenchymateuse, une fois de la pleuresie puru-
lente associee k une cystite purulente.
Dans liuit de nos observations enfln ni les recherches cliniques,
ni les constatations necropsiques immediatesne nous out permis
de relever ni un foyer circonscrit, ni une infection ou une
intoxication manifeste. Est-ce h dire que ces liuit cas doivent
£tre considdr^s comme negatifs quant k Fapplication de la
tlieorie toxi-infectieuse ?
Nous ne le croyons pas ; il est plus prudent de croire que nos
examens cliniques et histologiques out ete dans ces cas incom-
plets et insuftisants.
Les causes de toxi-infection sont en eftet nombreuses cliez
les paralytiques generaux. G’est ainsi que par {’experimentation
physiologique on a montre chez les paralytiques generaux la
toxicite du sang (Legrain 2 , Briand et Quinquaud 3 * ) du liquide
cephalo-rachidien (Bellinari *) de la sueur (Mairet et Ardin-
Deltheil 5 * ).
L’etude des eliminations urinaires a etabli qu’il existe chez
les paralytiques generaux, des la seconde periode de la maladie
de Fhypoazoturie, de Thypophosphaturie, de l’hyperchlorurie,
et de Facetonurie (Klippel et Serveaux Dupre et Sebileau 7 )
et du retard et de la lenteur dans Felimination du bleu de me¬
thylene (Tissot) 8 .
Le rdle considerable de l’insuffisance hepatiquc a ete bien
1 Sciiile. Trnite cliniquc des maladies nientales, Paris, 1888.
2 Leghai.n. Solicit’ nt ed. psych. 26 no vein b rc 1 S'J'i.
3 Biuaxd et QuixqrAi'D. Soc. med. />«., 26 novembre 18‘J'i.
1 Bki i.inaiii. Riforma medico, an XV, vol. II, n°* 3" ct 38, jqi. A34 el Vi7, 188*3.
* Mahikt et Akdin-Dei Sor. de biologie, C. 11., p. 1U)7, 1U00.
A Ki.ippkl et Sehvkavx. Congres de Clermont, 18‘J'i.
7 Dupue et Skbii.kai:. Soc. med. psycho!., 1903.
8 Tissot. These de Paris, 1801.
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274
REVUE DE PSYCHIATRIE
mis en lumiere en medecine mentale et nerveuse par Klippel \
Jeffrey 1 2 , Regis et Chevalier-Lavaure 3 , Leopold Levi 4 , qui a
decrit uneepilepsie hepatique) Maurice Faure 5 . Vigouroux et
Juquelier 6 , etc.
Dans biendes cas, en effet, oil l’examen clinique et l’autopsie
n avaient revel6 aucune cause toxi-infectieuse, Texamen histo-
logique des organes montre des lesions importantes, et oom-
bien d’organes restent inexplores dont pourtant le r61e physio-
logique doit 6tre de la plus haute importance ?
Done, m£me si toutes ces reclierches restaient negatives, on
n’aurait pas le droit de direqu’il n’existait ni infection, niintoxi-
cation. Comme nous sommes loin, en effet, k Taide de nos mo-
yens d'investigation actuels de connaitre tout le chimisme de
nos cellules et de pouvoir resoudre les difficiles problemes de la
nutrition. « Quelques-unsdeces problemes, dit Lambling 7 ,sont
a peine poses, encore moins resolus et dans certaines parties de
nos connaissances sur la nutrition, les lacunessontsinombreu-
ses qu’il ne reste plus que des fails epars et sans lien logique
entreeux.»
De l'expose de ces travaux et de ces theories, deux notions
positives semblent ressortir avec evidence. La mort avec ictus
ne survient que dans un tiers des cas environ dans la paralysie
generate. Elle ne peut donc£tre consider^ comme le mode de
terminaison habituel de celte maladie.
De plus 1‘ictus nous apparait comme une complication plus ou
moins grave de la paralysie generate, complication Evitable au-
tant qu'il est possible d ecarter par une hygiene rationnelle
les chances d’iufection incidente et dauto-intoxication.
Les soins minutieux, Thygiene alimentaire etc., doiventavoir
pour effet, non de conduire le malade jusqu^ rictus terminal,
mais de lui 6viter ces complications.
1 Ki.:i*l»iiL. Archives de mtdee.inc expert mentale. Juillct, 1802.
- Joi fkoy. Sue. mdd. dos hdpitaux, 189C».
3 Ri:f;is ct Ciikvai.ikk-Lavaurk. Con^res de la Kocliellc, 1893.
4 Leopold Lkvi. These de Puris, 1898.
5 .Maurice Kai hi;. These de Paris, 1900.
'• ViGounOfxet .IrQUELiKU. Revue de Psychidtrie , septembre 1902.
7 La.mhli.ng in Bouchard. Traite de pathologic generalo, t. Ill, 1900.
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PATHOLOGIE GENERALE DES CONDUCTEURS NERVEUX
275
FA ITS ET OPINIONS
ESSAI SLR LA PATHOLOGIE GENERALE
DES CONDUCTEURS NERVEUX
(Nerfs peripherir/ues et faisceaux blancs)
Par G. Durante
ancitn Interne des Ihipitaux dc Paris
II est peu delements, si Ion sen rapporte aux classiques, qui
presentent des lesions aussi monotones que les tubes nerveux.
II s’agirait toujours d une fragmentation de la iny^iine et du
cylindraxe, ce qui excuserait, jusqu’& un certain point, ceUe
phrase de la derni&re edition du Trade dc Mddecine (1905) « On ne
saurait gu&re etablir actuellement, dans la pathologie des nerfs,
de distinction entre les divers ordres des lesions, et, en somme,
scutfles neoplasmes , toutes les lesions des nerfs , qu'elle qiCen soit
la nature, font partie des nevrites (Babinski). » Faut-il en concluro
qu'un 6l6ment si important est prive de la plupart des reactions
que presentent toutes les autres cellules de l’organisme ?
Cette monotonie des resultats tient & deux causes principales :
1* A la conception du Neurone qui fut d’une utilite incontestable *
pour l'^tude des lesions grossi&res de topographic des centres,
mais qui sterilisa toutes les recherches relatives b l’histologie
fine des conducteurs nerveux en les repr^sentant com me des
Elements complexes construits sur un plan unique dans Lorga-
nisme et dont le r61e serait purement passif.
2* Ala techniquequi, s’inspirantduneurone, se portatrop exclu-
sivement sur les substances differenciees et particulterement sur
la my^line dont la fragmentation devint le critirium de l etat des
tubes nerveux ; confondit sous le terme du cylindraxe des dements
de valeurs diverses ; et laissa, enfin, trop compl&tement de c6t£,
L6tude du protoplasma segmentaire consider b tort comme une
annexe sans valeur fonctionnelle.
Aujourd’hui, notre conception du tube nerveux s’e'st profonde-
ment modifide. Le cylindraxe ne saurait plus passer pour un pro-
longement cellulaire gigantesque embrochant des cellules engai-
nantes, organe sans analogue dans le reste de Leconomie, 6\&-
ment sans vie propre, n’existant que par sa cellule centrale loin
plac^e.
Chaque segment interannulaire nous apparait dans son ensemble
comme une cellule nerveuse hautement diflterenciee, mais rea-
gissant selon les monies modes fondamentaux que les cellules des
autres tissus.
Le tube nerveux compris comme une chaine de cellules ner-
veuses completes nous ouvre des horizons infiniment plus larges
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276
REVUE DE PSYCIIIATRIE
que la conception etroite, schematique et invraisemblable du
neurone.
Le cylindraxe etait considere coniine un conducteur paxsif de
l'influx nerveux. La cellule segmentaire est, au contraire, un
transmetleur actif 'de l’excitation nerveuse qui, en tant quelement
vivant,,reagit individuellement contreles etats pathologiques.
La pathologie des nerfs et des faisceaux blancs ainsi congus
perd sa rnonotonie et devient une science plus vivante. Toute-
fois, avantdetudier le role physiologique, les reactions, les luttes,
les moyens de defense de ces elements nerveux, et afin de les bien
comprendre, il importe de passer en revue quelques donnees de
cytologie generale, donnees presque banales m8is que les histolo
gistes ivont peut-etre pas toujours presentes & 1’esprit et qu’il nest
pas inutile de rappeler avant de les oppliquer & la cellule seg¬
mentaire.
I
Differentiation cellulaire
Tout orgonisme derive d’une cellule primordiale, 1‘ovule, qui, par
divisions et subdivisions successives, donne naissance & l’ensem-
ble des tissus varies constituant l’individu adulte.
Comment et pourquoi ces cellules filles, ayant une origine iden-
tiqueet produiles selon un meme mode de multiplication, ont-elles
realise ces differenciations qui caracterisent les divers systemes et
en permettent le fonctionnement exact ?
1 # Causes ue la differenciation cellulaire. — D’apr&s la theo-
rie da protoplaxma ceyctatff' de XVeixsmann \ le protoplasma de
l’ovule, qui poss&de h letat latent toutes les proprietes de l’esp&ce
a laquelle il appartient, se scinderait en parties d’inegales valeurs.
Cliaque cellule fille se trouverait ainsi plus particuli&rement char¬
gee de certaines proprietes, jusqu'ft ce que, par subdivisions et
repartitions successives, chaque element adulte arrivatfc ne plus
posseder qu’une seule propriete eiementaire.
Cette differenciation par repartition inetjale des proprietes fon-
damentales ne concorde pas avec les faits. Si, com me l’ont fait
Hertwig, Driesch 1 2 , Wilson 3 , on separe compietementchezroursin
ou l’amphioxus, les deux blastomeres provenant de la 1" division
de l’ovule, chacundeux donnera naissance & un embryon complet.
On pent meme obtenir un embryon complet, quoique restant plus
petit que la normale, avec le quart et meme le huitieme de l’oeuf.
1 Wiissma.n.n . Das Keimplasma. Fine Thcorie dor Vererbung. lena 1892.
— l b. Germinalseleclion. (in'* Congr. internnt. de*ool. Loyde
18%).
- Dkiescii. Die Vorlagfrung dcr Blastomeren des EchinidenCics. (Anal. Anac.
VIII 1893).
— Die Mascliineu tbeorie des Lobens. (Biol. Genlralblntt XVI
—- Stud. ilb. Regencrationsvermogen dcr Organismcn (Arcb. f.
Knlwioklangsniochanick V 1897).
3 Wii.son. Ainjdiioxits and the mosaic Theory of development. (Jouru. of.
morphol. VIII).
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PATHOLOGIE generals des conducteurs nerveux
277
Chez certains animaux inferieurs un fragment detache du corps
suflit pour reproduire un organisme tout entier. Enfin Driesch, sur
des oeufs d'^chinodermes, Hertwig sur des oeufs degrenouilles, ont
pu, jusquau stadede 16 et inline de32 blastomeres, par des compres¬
sions exercees en divers sens, modifier la disposition des cellules
par rapport les unes aux autres, deplacer vers le centre des
noyaux periph^riques et vice-versa, et obtenir cependant des em-
bryons normaux.
Toutes ces cellules, susceptibles de se suppleer entre elles, sont
done identiques; chacune d’elles poss6de, au moins k letat latent,
Tensemble des proprietes generates de la cellule mere. II faut
chercher ailleursque dans une repartition inegale les causes de la
difTdrenciation.
Ces causes sont simples etont ete bien mises eri evidence par
Hertwig 1 danssa Thcoriedela Biogcnese. Elies se reduisent, avant
lout, k une question de rapports, de topographic ; I'h6redit6 cellu
laire nintervient qu’& titre de perfectionnement secondaire.
Les elements ne prennent pas « motu proprio » leur caract^re
propre futur, mais leur determinisme s accomplit d’apr^s des lois
qui resultent de la cooperation de toutes les cellules aux divers
stades du d^veloppement de l organisme tout entier (Hertwig).
Les cellules embryonnaires, au debut toutes identiques, egale-
ment capables de remplir & un foible degre toutes les fonctions,
sont, en tant qu elements vivants, essentiellement aptes & r^agir
aux moindres excitations provenant soit d agents g^neraux (phy¬
siques ou chimiques), soit de l’activite des cellules voisines (reac¬
tion des cellules les unes sur les autres).
Si une cellule, par suite de ses rapports, se trouve constamment
incite par un facteur predominant toujours identique, elle rea
gira toujours de meme et, parmi les nombreuses proprietes que
peut mettre en jeu l’activite vitale de cet element, l'une d elies
s’exercera principalement. La cellule, de par la nature speciale de
ses relations, developpera surtout une de ses aptitudes, acquerra
ainsi une fonction principale qui deviendra pour elle un caractere
distinctif des autres cellules placees dans d’autres conditions
(Hertwig).
L’orientation dune cellule, sa specialisation fonctionnelle, pro-
viennent done des iocitalions auxquelles elle est le plus habituel-
lement et leplusforlementexposee, et reievent ainsi essentiellement
des rapports que les cellules afiectent entre elles. C’est done une
question de topographic qui, au moins dans les premieres phases
du developpement, entraine certains groupes cellulaires (futurs
organes) k fonctionner dans un sens plutot que dans un autre.
Dans la suite, les elements nes successivement de cette cellule
possederont une predisposition hereditaire &reagir plus facilement
vis-a-vis de cette excitation don nee, pourront m^nie se specia-
liser au point de perdre toute autonomie etde ne pouvoir subsister,
au moins MTHat adulte, en dehors de leurs conditions habituelles;
1 0. Hertwig. Les Tissus. Trad, de Julin. Paris 1903.
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278
REVUE DE PSYCHIATR1E
mais, mSme dans ce cas, ils n'en conservent pas moins les rudi¬
ments latents des autres aptitudes protoplasmigues, aptitudes qui,
dans certains cas, pourront se manifester plus ou moins tranche-'
ment, soit dans l’element lui-meme, soit dans de jeunes elements
auxquels il donnera naissance.
//. Spencer (Principes de Biologic) avait d6j& remarqud « le lien
intime qui unit la structure et la fonction, de sortequ'il ne semble
pas que l’un puisse exister sans l’autre et qu’il doit y avoir un
parallelisme complet entre le developpement de la structure et
celui de la fonction ».
La question s’est ensuite posee si entail la fonction qui d^ter-
minait la structure, ou la structure, la fonction. Les deux opi¬
nions ont ete dgalement soutenues. Au point de vue de la haute
theorie, on peut admettre avec Hertwig que ((fonction et structure
sont deux termes inseparables qui se produisent sirpultanitinent,
car une fonction donnee suppose toujours une organisation
materielle correspondante, et une structure dtiermin^e ne saurait
fonctionner que d'une fagon correspondante b cette structure ». —
Mais au point de vue plus pratique de la differentiation histolo-
gique qui nous occupe surtout ici, nous dirons plut6t avec
G. Wolff ' 1 que la fonction est Velement qui engendve la forme. La
fonction n’est, en effet, que le perfectionnement d’une des apti¬
tudes primordiales du protoplasma, et la differentiation histolo-
gique ne devient perceptible qu'apr&s avoir atteint un certain
degre de perfection, degre que la cellule n’acquiert qu’apres une
ebauche de fonctionnement plus ou moins prolongee.
2° Nature de la differenciation. — Toute activite protoplas-
mique est necessairement liee b des modifications chimiques de
ce protoplasma. Une fonction s’etoblissant dans une direction
constante entrainera done des modifications cellulaires constantes
qui deviendront visibles pour l’observateur si les produits engen-
dres par ces phenoinSnes chimiques peuvent tire rendus apparenls
par les r£actifs histologiques. La cellule trouve d&s lors son
expression morphologique dans une structure qui est caracleris-
tique pour la nature speciale de sa fonction (Hertwig).
{Jue les conditions d’habitat varient, que les incitations se modi-
fient, et des ti^ments, jusqu’ici identiques, evolueront dans des
sens morphologiques differents. L’exemple classique est celui des
cellules conjonctives, veritable Prot6e histologique, qui, provenant
du tissumuqueuxembryonnaire,donneront naissancefcdes fibrilles,
b des fibres ou b des lames tendineuses plus ou moins £paisses,
selon qu’elles seront sollicitees par des tractions m^caniques plus
ou moins fortes suivant une ou plusieurs directions; ou bien,
sousi’influence de mouvemenls plus tiendusentrainant un clivage
des tissus, s’aplatiront et prendrontla forme d’endotheliums tapis-
sant les s6reuses ; ou encore, se disposeront en tubes pour cana-
liser le courant circulatoire (endothelium vasculaire). Ailleurs,
1 G. Woltf. Jhitwicklungsphysiolog’ische Studieii (Arch. f. Entwickl.
Mechauik dcr Organisnien l 1895).
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PATHOLOGIE GENERALE DES CONpUCTEURS NERVEUX 279 '
ces memes cellules muqueuses embryonnaires s^cr^tent de la
chondrine el deviennent des cellules cartilsgineuses qui, tombaut
plus loin dans les espaces medullaires, se mettront b sdcr6ter des
lamelles osseuses et prendront le nom d’osteoblastes. Les cellules
cubiques des voies biliaires ont la m£me origine que les cellules
hepatiques et ddrivent com me ces derni£res d’un bourgeon in¬
testinal. i Ldpithylium pavimeoteux de la corde vocale est une
adaptation typique b des conditions mecaniques determinees de
lepithelium cylindrique b cits vibratiles des voies respiratoires.
II est inutile de multiplier ces exemples <Vadaptation cellulaire
sous l’influence de causes mecaniques, chimiques, vasculaires,
nerveuses, aiguillant plus particuli£rement le fonctionnement des
Elements dans un sens donne et determinant des modifications
correspondantes dans leur forme et dans les substances diffe-
renctees qu’ils secr£tent.
Les specialisations fonctionnelles, la forme, la differenciation,
en un mot les caracteristiques cellulaires relevent done de la qua¬
lity des excitations le plus souvent eprouvees, des conditions de
milieu, de rapports, de.nutrition, d’innervation, et traduisent, en
fait, une adaptation , plus ou moins perfectionnee par lheredity, de
la cellule, dont le protoplasma secrete des substances chimiques
speciales en vue de remplir plus exsetement une fonction deter-
minee.
3* Cellule normale et cellule pathologique. — Dans toute
cellule adulte il y a done lieu de considerer separement la cellule
vivante et ses produits differencies.
a) Le protoplasma non dfferencie et le noyau representant l’ele-
ment vivant de la cellule auquel sont devolus les roles de nutrition,
de defense, de reproduction de l’individualite cellulaire. Ce proto¬
plasma est charge de regler les echanges, de s6cr.eter les substances
diflferenciees et de les entretenir au fur et b mesure de leur usure.
11 conserve, du reste, au moins & l’etat latent, toutes les autres
proprietes fondamentales de la cellule originelle.
b) Les substances differenciees , elaborees par le protoplasma
pour assurer le fonctionnement le meilleur, apparaissent et se
developpent au prorata.de ce fonctionnement; elles diininuent et
disparaissent au prorata de toute diminution ou arret de ce fonc¬
tionnement. Mais (on l’oublie trop souvent) elles n'ont pas, b pro¬
premen t parler, de vie propre, en ce sens qu’elles ne se nourrissent,
ne se r^parent, ne prolift?rent pas par elles-memes. Simples pro¬
duits chimiques de secretion protoplasmique , elles sont formees,
entretenues ou rdparees constamment par le protoplasma qui leur
donne naissance. Elles occupent une place d’autant plus impor-
tante que lament est plus hautement diflerenciy, et leur multi¬
plicity dans une cellule donnee nous parait en rapport ayec la
complexity du r61e que cette cellule est appelee a remplir.
Ces produits peuvent £tre extra-cellulaires (fibre conjonctive,
lamelle osseuse, cil vibratile) ou intra-cellulaires (fibrilles muscu-
laires, granulations de glycog£ne, goutte de graisse de la cellule
adipeuse). Un m£me yiement peut produire b la fois des excreta
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280
REVUE DE PSYCHIATRIE
et des increta (fibrilleset sarcolemme de la fibre musculaire). Cer-
taines cellules, enfin, aux fonctions plus complexes, diflterencient
des produits multiples dont chacun repond b un mode special
d'activite (granulalions de glycog6ne el pigments biliaires de la
cellule h^palhique; r£seaux, fibrilles et granulations de Xissl de
la cellule nerveuse ganglionnaire ; cellule neuro-musculaire de
l llydre, placee b cheval sur les limites du m^soderme et de l’6pi-
derme, dont le protoplasma presente, dans sa portion externe en
rapport avec l ^piderme une differenciation nerveuse, et dans sa
portion profonde mesodermique, une difterenciation contractile).
Chaque fois qu'une cellule est touch^e dans sa nutrition ou
atteinte dans son fonctionnernent, le protoplasma vegetatif, en
tant quelement vivant, reagit activement, tandis que les subs¬
tances diflererrciees ne jouent qu'un role passif. Certains produits
extra-cellulaires. plus stables, persistent (fibre conjonctive, lamelle
osseuse), mais les produits intra cellulaires, plus delicats, dont
l’usure constante est plus rapide, disparaissent proportionnel-
lement b l’hyperphasie et b l hyperactivite du protoplasma. II
semble que la cellule, obligee de consacrer toute sa vigueur b sa
defense personnels, renonce momentan^ment b l entretien de ses
produits de perfectionnement.
Elle perd alors toute oupartiede sescaract&res distinctifs et.bien
que conservant une vitalite parfois exaltee, tend b prendre un
aspect neutre plus purement protoplasmique sous lequel un
observateur non prevenu aura de la peine & reconnaitre l'ancien
element hautement difference.
On peut done dire que dans tout element cellulaire considere d
Vetat normal et a Vetat patholoyique, il y a inversion dans Vimpor-
tancere iproquc du protoplasma indifferent et de ses produits diffe¬
rences (particuli&rement des produits intra cellulaires).
A Vetat normal , les substances dijfferencices qui reinvent des
fonctions sp^ciflques et auxquelles la cellule doit ses caract&res
distinctifs, l emportent de beaucoup. — A Vetat patholoyique , ces
substances specifiques s’efTacent plus ou moins completement; la
cellule tend b revenir b un dtat rappelant I’etat embryonnaire, el
le premier role est rempli par 1 eprotoplasma non difference , plus
propre b se charger de la defense, de la reparation de Telement
menace, plus apte, £galement, a se plier aux conditions nouvelles
qui pourraient lui 6tre imposees.
On ne saurait trop attirer l attention sur ce phenom&ne sur
lequel nous avons insiste b maintes reprises. Mieux connue des
histologistes, cette loi aussi simple que constante leur aurait per-
mis d’interpr^ter facilement bien des fails qui sont, aujourd’hui
encore, sujets de discussions. Com me consequence pratique, elle
nous enseigne que les Techniques s’adressant exclusivement aux
substances diff6renciees, ne sont appropriees qu’a l’etat normal et
ne le sont pas aux etats pathologiques qui demandent surtout
des proc6des mettanten evidence la portion protoplasmique active
de la cellule.
Trophisme. — Ces considerations generates nous permettent.
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281
P.4TH0LCGIE GISN^RALE DES CONDUCTEURS NERVEUX
enfin, de mieux saisir la signification des Troubles Trophiques la
nature et le mode d'action des Centres Trophiques. On contend
sous le nom de Troubles Trophiques, des lesions disparates.
Celles auxquelles ce lerme est le plus gdneralement applique
reinvent dun trouble fonctionnel et sont caracterisdes par la
diminution ou la disparition de l'etat difterencie. Nous en verrons
plus loin une application generale b propos de la regression cellu-
laire.
Ainsi que nous l’avons dit ailleurs 1 1 ’ incitation fonctionnelle est
nicessaire a Ventretien de la diffcrenciation cellulaire au mime
hire que la circulation sanguine est indispensable d Ventretien des
fonctions vegetatioes. C'est l incilation fonctionnelle physioloeique
quelle qu elle soil, qui est le veritable agent trophique, en tant
qu elle maintient la difierenciation de cette cellule. Tout incitant
fonctionnel est done un agent trophique. Un element ne peut 6 tre
considerd comme le centre trophique d'un autre, que s'il est le
seul b pouvoir exciter physiologiquement ce dernier. Les points
que l'on qualifie de centres trophiques ne sont que des carrefours
par lesquels passent habituellement la plupart des excitations
vis-ft-vis desquelles lelement est en quelque sorte « conson-
nant ». Le vrai centre trophique de la cellule segmentaire dun
tube nerveuxestlacellule segmentaireimmddiatementsus-iacente
qui agitdirectemenlsur elle. La cellule ganglionnaire, dontl'action
sur le tube nerveux est bien moins directe et moins absolue qu'on
l a soulenu, ne doit son role trophique ni b la secretiond’unesubs¬
tance particulifere, ni b une fonction specials (fonction trophique),
mais simplement aux conditions anatomiques qui font de cette cel¬
lule ou de ce groupe de cellules un lieu de passage des excita¬
tions se portant au tube nerveux considere.
II
Cytologie pathologique. Reactions 616mentaires
des cellules
Les reactions de la cellule considdrde en elle m6me (par opposi¬
tion aux reactions des tissus), sont relativement peu variees el peu-
vent 6tre classdes dans les categories suivantes : Regression cel¬
lulaire ; regeneration ; metamorphoses ; degenerescences ; proli¬
feration neoplasique ; atrophie et hypertrophie.
1* Regression cellulaire. — Cette reaction cellulaire. peut etre
la plus frequente, mais trop mdconnue jusqu’ici, reldve des lois
gdndrales sur la difierenciation cellulaire que nous avons dtudides
plus haut. Elle est caractdrisde par une activite anormale du pro¬
toplasma vegetalif, coincidant, en general, avec une diminution ou
une disparition des substances differenciees ; par une tendance de
la cellule b perdre sa difierenciation, e reprendre un 6 tat indifld-
1 G. Durante. Les lesions propagees in Article Nerf du Traitd de Cornil
et Ranvier, T. III.
20
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282
REVUE DK PSYCHIATRIE
rent, puis k dormer naissance ft de jeunes cellules embryonnaires.
La cellule, abandonnant son role fonctionnel, semble, en quelque
sorte, reporter son activite sur sa vie vegetative.
Selon la cause determinante ou son intensite, la regression sera
parfaite ou imparfaite, totale ou partielle.
Kile est imparfaite lorsqu'il y a simple perte de la differentiation
et transformation de la cellule en une masse protoplasmique indi¬
vise (regression p las modi ale).
Elle est parfaite lorsque, poursuivant son cycle, le protoplasma
se subdivise en jeunes cellules embryonnaires (regression cellu-
laire proprement dite).
Dans la regression totale t l'ensemble de la cellule subil cette
modification. Mais dans certains cas, surtout lorsqu’il s'agit d’ele-
ments volumineux comme la fibre musctilaire par exemple. seule
une portion du protoplasma voisine d un noyau subit la regres¬
sion, tandis que le reste demeure difference (regression partielle).
II peut en resulter une division longitudinale ou, ft la surface de
la cellule mftre dont le reste conserve une integrity apparente,
1’individualisation de cellules filles qui se lib&rent par clirage et
exfoliation. Ce sont ces deux processus qui regissenten parliculier
l'atrophie museulaire simple dont nous avons suivi et dtk^rit
ailleurs Involution 1 ; mais ils ne sont pas speciaux au seul ele¬
ment contractile. On peut, enfin, faire rentier dans la regression
partielle la disparition d une seule substance difference au sein
d’une cellule qui en comporte plusieurs, et nous donnons, en parti-
culier, cette interpretation k la disparition des granulations de
Nissl avec conservation des fibrilles que I on observe dans les cel*
lules nerveuses ganglionnaires au cours de certains troubles fonc*
tionnels. La chromolyse centrale succedant k finterruption d un
faisceau nerveux n est pas une degenerescence cellulaire, mais un
simple phenomene de regression consecutif aux modifications
apportees au fonctionnement cellulaire.
Tout arrftt fonctionnel complet entraine ndcessairement une
regression cellulaire complete. Une regression partielle ou impar¬
faite peut accompagner les troubles fonctionnels moins impor-
tants. Mais la regression s’observe egalement k la suite d excila-
tions par agents pathogftnes ne tesant pas la vitalite cellulaire.
Kile s'effectue enfin parfois en suite de causes qui nous echappent.
La regression cellulaire est essentiellement un phftnom&ne de
defense et d’adaptation. De defense , car le protoplasma vdgetatif
est la seule partie de la cellule susceptible de reagir activement
contre les agents pathogenes et de reparer les pertes subies.
IYadaptation , car la cellule perd d’autant plus son autonomie
qu elle est plus hautement differenciee : l element revenu k un 6tat
plus purement protoplasmique, et mieux encore les jeunes cellules
embryonnaires auxquelles il a donne naissance, seront plus aptes
ft se plier a leurs nouvelles conditions dexistence et pourront, en
1 G. Duhaxtk. Article Muscle in Train* d'Anntomie pnthologique de Cornil
et Km»\ ier. Tome II.
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PATIIOLOGIE GENERALE DES CONDUCTEURS NERVEUX
283
attendant une regeneration gventuelle, subir sans succomber
compl&tement les transformations diverses necessities par leur
nouveau genre de vie. Mais parfois elle constitue un acte agressi /
lorsque les jeunes cellules, faisant preuve d une vitslite anormale,
proliferent sans mesure et donnent naissance £ un neoplasme
dont la malignile peut £tre extreme.
2* La Regeneration est le phenomena inverse de la regression
cellulaire. C’est la redifTereneiation progressive des elements
embryonnaires places dans des conditions telles qu’ils peuvent se
remeltre £ fonctionner plus ou moins exactement. Elle est par fade
ou imparfade selon qu’elle aboutit £ la formation deiements adul-
tesou d eiements incompietement differencies.
3° Metamorphoses cellulaires. Mimetisme cellulaire. —
La faculte &'adaptation, faculte essentielle de tout element vivant,
n’existe pas uniquement au cours de la phase embryonnaire. Les
elements adultes la possedent egalement, bien qu*£ un moindre
degre.
Nous avons vu plus haut que la morphologiecellulaire nestque
le resultat de fadaptation de l element £ son milieu, £ ses condi¬
tions d'existence, £ la fonction qu’il remplit plus particuli£rement.
Milieu (c’est-£ dire rapport avec les elements voisins et eloignes,
nutrition, excitations chimiques et nerveuses etc., etc.), fonction-
nement et morphologie sont done 3 termes indissolublement lids
de requation cellulaire. Toute modification de l’un d eux entrai-
nera des modifications secondaires des autres.
Si tout arret fonctionnel entraine une disparition plus ou moins
complete de la differenciation, si toute modification structurale a
pour consequence naturelle des modifications fonctionnelles, les
modifications apport£es au milieu n auront pas une moindre
influence. La cellule, dans l impossibilite de remplir ses fonctions
normales, perd sescaractires; incitee dans une autre direction, elle
peut etre amenee, sans cesser d’etre elle-meme, £ modifier paralli-
lement ses secretions, £ mettre en activite une de ses propriet£s
j>inirales jusque-l£ latente, £ donner nsissance £ des produits
differencies bien differents des premiers, £ remplir des fonctions
nouvelles, £ prendre, en un mot, des caract£res la rapprochant au
moios en apparence des autres elements places dans des condi¬
tions semblables.
La cellule conjonctive, est classique pour ces transforma¬
tions pathologiques. Elle evolue depuis le globule du pus jus-
qu’au tissu du sclerose. Ici, elle se gonfle d une goutte de graisse;
1£ sous finfluence de frottements repetes, elle s’aplatit, se trans-
forme en endothelium tapissant une bourse sereuse accidentelle;
ailleurs elle secr£tera des lamelles osseuses et se transformer
en osteoblastes. Elle peut prendre des aspects moins connus. Le
professeur Cornil et Carnot etudiant la cicatrisation de la vessie
ont vu les cellules conjonctives limitant cette cicatrice se redres¬
ser et se transformer en cellules de rev£tement ayant une forme
epith£liale. A ceux que cette transformation surprendrait, rappe-
lons que I'uterus se developpe aux depens du mesoderme et que
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284
REVUE DE PSYCHIATRIE
son rev6lement epithelial a la m^rne origin©. — Dans le domaine
epithelial nous voyons des epitheliums cylindriques ou cubiques
s’aplatir et memedevenir pavimenteux sous l'influencedu frotte-
ment; les cellules hepatiques, separees de leurs lobules par les
travees sciereuses, devenir cubiques et passer ^ retatde neo cana-
ticules biliaires (Cornil); les cellules gustatives. opr^s section du
glosso-pharyngien, se transformer en cellules pavimenteuses iden-
tiques & celles du reste du revetement lingual (Meyer). II serait
aise de multiplier ces examples.
Les elements trop hautement differences se pretent plus diffici-
lement b ces transformations. Ils y parviennent par voie indi¬
rect© en subissant dabord la regression cellulaire et donnant
naissance & de jeunes elements embryonnaires plus aptes b se
conformer b ces nouvelles conditions d’existence.
La fibre musculaire striee se prete particuli&rement bien b
l etude de ces metamorphoses.
Tant6t, par divisions et subdivisions longitudinales succesSives,
elle se transforme en un pinceau de minces fibres qui perdent
leur striation d’abord, puis leurs reactions caracteristiques
pour prendre celles des fibres conjonctives avec lesquelles elles se
confondent au point qu’il serait impossible de les reconnaitre si
Ton ne pouvait sur la longueur d’une meme fibre suivre toutes les
phases de la transformation. Tant6t elles donnent naissance b de
jeunes cellules fusiformes ou polygonales. Celles-ci, tombeesdansle
tissu interstitiel, forment parfois de gros elements polynucleaires
qui en imposeraient facilement pour des cellules geantes (myosites);
ici elles s’atrophient, mais leur noyau entoure d’une trainee de
protoplasma sera facilement confondu avec les noyaux conjonctifs
voisins (myosites, amyotrophies); 1& elles constituent de longues
cellules fusiformes minces qui, perdant leur coloration spdci-
fiques, prennent celles des elements conjonctifs au milieu desquels
elles vivent; ailleurs ces cellules collectent une gouttelette grais-
seuse et simulent une cellule adipeuse (amyotrophie); ailleurs
enfin, particulierement dans le voisinage des fractures, comme l’a
bien vu M. Cornil, elles peuvent concourir b la formation du cal
et remplir le role de veritables ostdoblastes.
A ces metamorphoses conjonctice , Jlbreu.se, adipeuse , osseuse ,
on pourrait ajouter encore la metamorphose m//«ro7nah?i<seobservee
dans d’autres parenchymes et qui relive d’une simple imbibition
muqueuse dissociant les elements.
Specificity cellulaire. — Ces metamorphoses, resultat d une
adaptation ou mieux d’un veritable mimetisme cellulaire, n’ont
rien decontraire b ce que nous enseigne la cytologie g6n£rale.
Elles semblent en opposition avec la theorie de la specificite cellu¬
laire, soutenue par Bard 1 , Hansemann 2 , Nussbaum 3 , d’apr&s
1 Bard. La specificite cellulaire et Ihistogenese cliez l’embryon.
{Anh. tie Physiol VII, 1886).
5 Hansi-mann. Stttd. fib. die Specificitiit, den Aitruisinus und die Anaplasie
der Zellen, 1893.
3 Nussbaum. Die mit Entwicklung fortsclireitende Difterenzirung der Zellen.
(Sitz d. Niederrhein. Gesellschaf. Natur dnd Ueilkunde. Bonn. 1894).
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PATHOLOGIE GENERALE DES CONDUCTEURS NERVEUX 285
laquelle : (ommis cellula e cellula ejundent generis), toute cellule
ne pourrait provenir que d une cellule de meme espfcce. Mais
Hertwig a bien montrd les restrictions qu’il importait d’apporter
b cette th^orie trop absolue.
Le dogme de la specificite cellulaire, comme lout dogme, ne re¬
presente jamais qu’une verite relative et demanded etre interpreted
en tenant compte de letat des connaissances b l’Spoque oil il fut
avance. Souvent exact lorsque Ton s’en tient b &on esprit, il
devient inadmissible, et est une cause desterilite scientifique lorsque
I on s’attache b TStroitesse de sa lettre.
Certes, toute cellule donne habituellement naissance b des
cellules de m&me esp&ce. Une cellule'nee d une cellule hSpatique
revetira la mSme forme que la cellule mSre dont elle provient, et
cela sous l’influence de deux facteurs : 1° le milieu, les conditions
d’existence dans lesquels elle se trouve qui sont semblables&ceux
de la cellule-mere; 2° une propension hereditaire b rSagir dans un
sens donnS et b se differencier de la mfime fagon. Ges deux fac¬
teurs, qui se rSalisent le plus sou vent, font queces jeunes Elements
Svoluent comme leurs parents et se specialisent dans le m6me sens.
Mais si le premier facteur se modifie, la specialisation heredi¬
taire peut etre impossible 6 realiser, et le jeune element, incite
dans une direction diffedrente, se modifiers d’autant plus facilement
qu’il est plus embryonnaire, c’est &-dire plus malleable, plus apte
b se plier aux nouvelles impulsions quit regoit, b s’acclimater b
son nouvel habitat.
L’anatomie comparee nous fournit des exemples innombrables
de ces transformations morphologiques provenant d'adaptations b
des conditions nouvelles. Ne voyons-nous pas des animaux revetir
en hirer une livree blanche en rapport avec le tapis de neige qui
recouvre le sol, d'autres modifier constamment leur coloration
selon les objets qui les avoisinent. Certains insectes ont pris fc.s’y
indprendre la forme et le contour de feuilles, de tiges, de brin-
dilles de bois pour echapper b leurs ennemis. C’est le min Let is me
b proprement parler oti la morphologie est seule en question.
Chez les Gtres plus inferieurs, chez les Polypes, les M&luses, si
l’on vient ’b supprimer quelqu’une des cellules differenciees en
vue d’une fonction determine, les elements voisins donnent nais¬
sance b de jeunes cellules qui prendront la forme et rempliront
les fonctions non pas de leurs generateurs directs, mais de leld-
ment ddtruit dont ils viennent occuper la place. La transformation
fonctionnelle est ici inseparable de la transformation morpho-
logique.
La specificite cellulaire nest vraie qu’& l’etat normal oil les
cellules sont fixees dans leur position physiologique. Elle est au
moins inconstante b l’edtat palhologique oil les conditions de la vie
cellulaire peuvent etre profondement modifiees.
Il est b peine besoin de faire remarquer que ce retour des ele¬
ments differencies b letat embryonnaire ( regression cellulaire) et
l’adaptation de ces derniers aux nouvelles conditions dans les-
quelles ils sont places ( metamorphoses ), adaplation qui peut les
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286
HEVUE DE PSYCHIATR1E
amener £ se confondre avec d’autres elements d’origine differente
mais places dans des conditions identiques ( mimetisme ), ne font
que reproduire, dans un but de defense et de protection, les diverses
phases de revolution embryonnaire.
4° Proliferation neoplasique. — Si les cellules reagissent les
unes sur les autres, il en est de meme des tissusqui, tout en s’en-
tr’aidant, doivent maintenir leurs positions respectives afin de
conserver leur integrity. Le derme conjonctif, par exemple, tout
en nourrissant par ses vaisseaux l’epidermequi le protege, s'oppose
b ce que les Elements epitheliaux lenvahissent, de meme quelepi-
derme met obstacle b la penetration de travees conjonctives dans
son epaisseur. Tout oryanisme complete est une sgmbiose de tissus.
Lequilibre de cette sgmbiose sera rompu si Tun des tissus
acquerant, pour une raison quelconque, une force expan¬
sive excessive, parvient b lutter victorieusement contre Tobstacle
que lui oppose son voisin, au sein duquel il vdg&tera d&s lorsacti-
vement.
Nous considerons done les tumeurs malignes comme le resultat
d’une rupture de cet equilibre, et sommes absolument d'accord
avec notre ami le D r Hallion, lorsqu’il qualifie le cancer d 'anarchie
cellulaire.
Tout Element qui prolifi&re donne naissance b des cellules
d’abord embryonnaires et qui ne prennent que plus tard leurs ca-
ract&res definitifs. Mais, dans les neoplasmes comme dans les tis¬
sus, ces caract£res definitifs dependent de conditions multiples qui
peuvent les faire varier dans de larges mesures. Lancienne clas¬
sification en tumeurs b cellules typiques, atypiques el metatypi-
ques est basee sur une observation ex&cte des faits.
Dans la grande majorite des cas, les elements neoplasiques issus
d'organes glandulaires ou de la peau realisent une forme assez
caracteristique pour que l'on puisse, d’apr&s leur seule morpholo¬
gic, determiner l organe dont ils proviennent.
Mais dans certaines circonstances ils persistent b l’etat em¬
bryonnaire et deviennent d&s tors difficiles b reconnaitre. 11 me
souvient de certaine tumeur du testicule formee de petites cellules
rondes et que des histologistes distingudsavaientetiquetee sarcome
ou lymphosarcome. Je pus, sur des coupes, retrouver toute la filia¬
tion entre l’epithelium des tubes seminif£res et ces petites cellules
rondes qui repr^sentaient des elementsepitheliaux embryonnaires.
Ces faits ne sont pas exceptionnels et I on ne saurait trop altirer
l attention sur la classification des tumeurs qu’a proposee l’ecole
de Lyon en tumeurs d type embryonnaire et tumeurs ci type adulte.
5° Degenerescences. — On doit reserver le terme dedegeneres-
cence aux alterations chimigues entrainant une diminution de la
viialite , un ralentissement de la nutriiion ou une necrose totale ou
parlielle de la portion ricarite de la cellule (protoplasma et noyau).
— La destruction ou LA modification des substances diffe-
RENCIEE8 QUI PELEVENT DES TROUBLES FONCTIONNELS NE SONT PAS
DES DEGENERESCENCES.
Nous ne passerons pas ici en revue les diverses degenerescences
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PATH0L0G1E GENERALE DES GONDUCTEURS NERVEUX
287
que peuvent presenter les cellules (graisseuse, pigmentaire, gra-
nuleuse, calcaire, amyloide, vitreuse etc., etc.)
Rappelons seulement qu’il ne faut pas confondre, comme on le
fait trop souvent. la degenerescence graisseuse avec la metamor¬
phose adipeuse.
Dans la degenerescence graisseuse , les granulations prot&quesou
certaines portions du protoplasma so transforment en graisse, et
le corps cellulaire apparait par l’acide osmique comme poudre
par des grains noirs plus ou moins nombreux, indices d une des¬
truction prochaine de l'&ement.
Dans la metamorphose adipeuse , la cellule se gonfle d une
goutte de graisse qu’entoure un protoplasma normal. C’est une
adaptation fonctionnelle qui n’influe en rien sur sa vitality.
6* Nous n insisterons pas sur 1’atrophie et 1’hypertrophie
cellulaires. D’apr&s ce qui precede, il est facile de comprendre que
tout hypo ou hyper fonctionnement, tout hypo ou hyper-nutrition
entraineront des phenom&nes correspondants dans la substance
difference ou dans le protoplasma.
On r^unit, du reste, trop facilement. sous le terme d’atrophie,
des processus d’ordres divers dont certains ne meritent pas cette
appellation et reinvent de simples divisions cellulaires. (Fibres
greles produites par division longitudinale des fibres larges dans
les amyotrophies).
Ill
Lie Neuroblaste segmentaire
Nous avons, jusqu’ici, laisse compietement de cote le systeme
nerveux. Mais il etait indispensable de rappeler tout d’abord ces
generalites sur la vie cellulaire avant de les appliquer b l etudedes
conducteurs nerveux.
La conception que nous avons du tube nerveux subil actuelle-
ment une evolution qui, ainsi que nous allons le voir, parait feconde
en deductions interessantes et nous fait entrevoir un nouveau et
fructueux champ de recherches.
1* Presque toute la neurologie est basee sur l’hypoth&se du
Neurone d’apres laquelle le cylindraxe des tubes nerveux repre-
senterait un prolongement immense pousse par la cellule centrale
vers la peripheries Ses enveloppes (gaine de Schwann et myelinej
seraient des elements cellulaires surajoutes venus envelop-
per et isoler segmentairement ce prolongement cellulaire continu.
Le Neurone est done une cellule nerveuse centrale y compris
Tensemble de ses prolongements dont le cylindraxe des nerfs peri-
pheriques, membre exuberant du corps cellulaire, serait partie
integrante. Cet ensemble serait une unite cgiologique developpee
aux d^pens d’un unique neuroblaste.
Cette conception implique necessairement une dualite du seg¬
ment interannulaire form6 de deux elements distincts emboites :
le cylindraxe Emanation centrale, et la cellule engainante b. mye-
line.
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288
REVUE DE PSYCH1ATRIE
ti.n!f neU | r ° ne P’f sait * l esprit par sa simplicity apparente; il fut
trop fBdlcment yrjgy en dogme infaillible. Dece qu'une hvpothfese
!n i iv iP * 6 6 Cad ? 3VeC certains faits . <1 ne s’ensuit pas qu’elle
. rotatl on du soleil et du firmament autour de la
ol smii rT 1, Une h yp° lh6se simple quesemblaitconfirmer
lobsenation de chaque jour. Nous n'avons pas & refaire ici le
proems du Neurone. Nous avons monlre ailleurs' combien les
h h rl heSCS sur le squelles il se basait presentaient d invraissem-
blances, comment elles se heurtaient b des constatations contrai-
H nnip! comment les faits ainsi intorpr6tes dtaient susceptibles
eS,nte r e . lall0nsblenplus confor mes aux donees de la
cytologie gendrale.
Bornons nous b rappeler qu’au point de vue embnjoloqique le
bourgeonnement central de Bidder et KupfTer, Ilis et Golgi
(, on r i? uv ,f P ar jes r echerches de Balfour, Henneguv, Beard
«A P a iy ’| Belhe ’ • foris ’ HaffaSle, Schultze, etc., qui ont vu les nerfs
e developper aux depens de chaines de neuroblastes Emigrant
dans le mesoderme ofi ils fusionnent bout b bout et se difTerencient
dans la suite individuellement pour former chacun un segment
interannulaire. 1. accroissement des nerfs chez 1’enfant n^cessite
du reste un ollongement du cylindraxe dans la continuity peu
compatible avec l’hypothese du neurone.
Au point de vue anatomic, ue , il parait difficile qu’une cellule
puisse emettre un prolongement qui, dans certain cas, est 1.300.000
fois plus long et presente un volume 26.000 fois plus considyrable
que le corps cellulaire qui lui donne naissance.
Au point de vue patho/oqique, la loi de Waller (aprfes section d’un
cordon nerveux, le bout peripherique dygenfcre, landis que le
ou central reste normal; les deg6n£rescences secondaires res-
tent limitees au territoire du neurone ldse) n’a ni la Constance ni
exactitude qu’on lui attribue. Ses trois propositions sont inexac-
tes et demandent y dire modifiees dans le sens que nous verrons
P us H 01 . n ’ Q ua nt & la rygyneration par bourgeonnementdu faisceau
nbnllaire axial, elle est en opposition avec toutes lesdonnees de la
cytologie g£n£rale. Les fibrilles etant, de I’avis de tout le monde,
une substance difference, etces substances n’etant que des secreta
cellulaires, leur bourgeonnement est aussi peu vraisembable que
celui d une lamelle osseuse ou d un cil vibratile. Nous verrons
plus loin les raisons qui ont pu fairecroire & ce bourgeonnement.
2° Au dogme du Neurone fait place aujourd’hui la conception ca-
tenaire du tube nerceiuc , qui nous montre celui ci comme forme par
une chaine de cellules nerveuses speciales (neuroblastes segmen -
,P\ KAMI'. Le Neurone et ses impossibililcs. Le tube nerveux agent
nctif de la transmission nerveuse (Rev. Seurat . 1903). Consider, gdn. sur la
struct, et le fonctionn. du syst. nerv. (Journ. de Psychol, norm, et pat/iol. 1904).
A propos de la llieoric du Neurone {Rea. Seurot. 11)04). Les transformations
morphologiques du tube nerveux (Ac. de med. et Rev. Seurot. 190K). Aunt,
path, des nejrfs. in Traile d’anat. path, de Cornil ct Hanvier, tome III, Paris,
Alcan 1J06. On trouvern dans cette monographic tou»o la bibliographic rela¬
tive u ce chnpitrc ainsi que tous les details et les developpements qui compe¬
tent le sujet que nous traitons ici.
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PATHOLOGIE G&NERALE DES CONDUCTEURS NERVEUX
289
iaires) accolees par leurs extremites mais conservant une certaine
autonomie. Chacun de ces Elements a difference au sein de son
protoplasma une substance grasse (la myeline), un faisceau de
fibrilles (le cylindraxe segmentuire) qui s unissent par leurs ex-
tr^mites aux fibrilles des cellules voisines, enfin des granulations
chromatiques identiques b cellesde Nissl.
Chaque segment interannulaire represente done, non pas une
cellule embrochee par un prolongement central monstrueux, mais
une seule cellule hautercent diflterenciee, construite sur le m6me
plan que les autres cellules de l organisme et tres analogue (b
la myeline pr&s) aux cellules ganglionnaires. C'est la nature uni-
cis(e du segment interannulaire qui constitue le point important
de la conception actuelledu tube nerveux *.•
Cette conception du neuvohlaste ser/mentaire saccorde parfai-
tement avec tous les fails sur lesquels s’sppuyait le Neurone. Tout
aussi simple, au fond, que Thypoth6se classique, elle a le grand
avantage de faire rentrer, enfin, le systeme nerveux dans le
plan general suivant lequel. les autres organes sont edifies 2 .
V^rifiee dans tous les domaines de la neurologie, elle est au-
jourd'hui admise par la plupart des histologistes parmi lesquels
nous pouvons citer Bungener, Ballance et Stewart, Apathy. Bethe,
v. Gieson, v. Gehuchten, Kaplan, Flemming, Bechterew, Paton,
Haenel, Sachs, Ruffini, Joris, Raimann, Nissl, etc., et, en France,
depuis que nous avons attird l'attention sur les impossibilites du
Neurone classique, Pitres, Cornil, P. Marie, se sont rallies b la
nouvelle conception du tube nerveux.
Les quelques auteurs quicherchent encore £csoutenir le Neurone
s’appuient sur les apparences de bourgeonnement flbrillaire dont
nous comprendrons plus loin le mecanisine.
1 Comme on le voit, cest dans le tube nerveux lui-meme , dans la signifiea-
tion a donner au segment interannulaire que siege la question du neurone et
noil pas. commc on l’a dit, dans lu presence on l’ubsence d'unustomoscs cen¬
trales. Waldeyer ndraettait 1‘cxistcnce eventuellc dc ccs anastomoses coniine
tres compatible avec le Neurone: leur absence nesauraiten lien modifier noire
conception de lu cdlule segmentoire. Ces anastomoses out leur interdl, mais
sont absolument sans importance au point dc vue de la discussion actuellc quelles
ne servent qti’A coinpliquer inutilement en faisant int rvenir un sujet suns
rapport avec la question qui portc uniqueim-nt sur la cellule segmentuire.
- Chaque eliaine de ncuroblastes formant un tube nerveux se meten rapports
fibrillaires dans les centres suit avec unc cellule par le prolongement de
Deiters, soit neut-iHro, dapres Dogiel. Heller, Kaplan et Rclhe, avec
plusieurs cellules ganglionnaires. Elle constitue ainsi une unite fonc-
tionnelle nolycellulaire qui est eu tous points assimilable aux lobules
priraitifs des out es organes et pour lnquelle nous avons propose le terme de
NEi'KVLE (On ne saurait en eflet, commc le veut Grassel, lui conserver le nom
de Neurone, terme a signification strictement cytologiquc qui implique, par
definition, Tunite cytologique dc la cellule centrale et du cylindraxei. Commc
les elements des autres lobule's de l'cconomic, ceux du lobule nerveux pri-
mitif oinsi con$u presentent enlre eux une grande dependence fonetionnelle,
tandis qu’ils manifestent leur independence cellulairc vis-a-vis des agents
psitbogenes ^cncraux Coxiques ou infectieux. Muis, nous le repetons encore,
cctte conception du lobule primitif. on neurule, intcressante au point de vue
du plan general des tissus, n est qu’une bypolbese aecessoire de hiqticllc ne
depend nullement la question du neurone, laquelle siege uniquement dans le
tube nerveux lui-m6mc, dans lcxistcncc du neuroblaste segmentuire.
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290
REVUE DE PSYCHIATRIE
IV
Pathologie segmantaire
On connait la fastidieuse monotonie que presentent les lesions
des tubes nerveux etudides d’apr&s la doctrine du neurone ; c’est
toujours la meme fragmentation de la myeline et du cvlindraxe.
La cellule segmentaire nous ouvre des horizons plus larges car
nous pouvons lui appliquer toutes les notions de cytologie gene¬
rate que nous avons exposees en commencant. Nous nous borne-
rons b les indiquer rapidement, ces reactions etant calquees sur
celles qui se passent dans les autres elements. .
1* Regression cellulaire. — Nous avons vu que la differen-
ciation est un perfectionnement apporte par la cellule en vuedune
fonction determine© ; que ces secreta protoplasmiques, incapables
de vie propre, sont indissolublement lies au fonctionnement et
disparaissent lorsque celui ci vient b etre empeche, tandis que la
cellule reprend un etat embryonnaire indifferent (Regression cel¬
lulaire).
Apptiquons ces notions generales b la cellule segmentaire. Mise
hors d’etat de fonctionner, ses substances differences (fibrilles
et myeline) vont se desagreger, tandis que la portion vegetative
prolifere, transformant ainsi l'clement en petites cellules fusifor-
mes ou en une bande protoplasmique indifferente dans laquelle
on retrouve pendant quelque temps encore des debris de substan¬
ces differences qui finissentpar etre progressivement resorb^s.
Ce processus est celui qui se realise dans le bout peripherique
d un nerf sectionne et que l’on a faussement appele degenerescence
Wallerienne, car it s’sgit uniquement d une regression cellulaire
par arret fonctionnel ne portant aucune atteinte b la vitalite de
l’eiement.
Cependant le bout central n’est pas sans etre modifie, lui aussi,
dans son fonctionnement; certains de ses elements subissent une
regression s’arretant generalement au stade plasmodial (Hots),
d’autres une regression partielle entrainant seulement leur atro¬
phic. L’ensemble de ces lesions constitue Uatrophie retrograde
qui, d'abord vivement attaqueecomme.contraire &la loi de Waller,
a aujourd’hui acquis droit decite.
Dans les centres, la chromolgse reparable de Nissl, aprfcs nevro-
tomie, nous parait representer une simple regression partielle de
la cellule ganglionnaire par suite de trouble fonctionnel.
Plus loin, enfin, d’autres faisceaux, en rapports physiologiques
avec le nerf lese, regoivent le contre-coup de cette interruption
nerveuse. Mais etant en rapport par l’intermediaire des carrefours
gris avec plusieurs neurules differents, leur fonctionnement n’est
que partiellement enraye, aussi ne presentent-ils qu'une leg^re
regression atrophique (lesions propagees ).
2° Regeneration. — Les bandes protoplasmiques persistent pro-
bablement indefiniment dans le bout peripherique (nous en avons
retrouve 20 ans apres la regression d un nerf). Com me elles ne se
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PATHOLOGIE GENERALE DES CONDUCTEURS NERVEUX 291
colorent naturellement pas par les procedes sadressant aux subs¬
tances difTerenciees on les a confondues avecdes gaines vides.
Si, k une epoque quelconque, par suite de leur reunion avec
un bout central, leur fonctionnement redevient possible, elles
efTeetueront une nouvelle differenciation.
La regeneration se produit done sur place par redifTereneiation
des neuroblastes qui s^cretent « in situ » de nouvelles substances
difTerenciees. Mais cette redifTereneiation, qui marche de pair avec
la possibility de fonctionner, s'efTectue de proche en proche au fur
et k mesureque les elements, actionnes par ceux qui les precedent
dans la chainecellulaire deviennent actifsfc leur tour. Etle apparait
done d'abord dans les yiements les plus voisins de la cicatrice,
puis se propage successivement dans le reste dubout peripherique.
C’est cette marche progressive qui en a impost et en impose encore
pour un bourgeonnement lorsque Ton se sert de techniques trop
sp^ciales aux substances difTerenciees en laissant trop de cote le
protoplasma cellulaire. Le faisceau fibrillaire, produit de differen¬
tiation da protoplasma segmentaire , ne bourgeonne pas plus gue
la lamelle osseuse ou la fibre conjonciioe dont Vaccroissement
pourrait donner lieu a la merne hgpothese si ion ne mettait en
evidence gue ces seules substances dfferenciees sans tenir compte
du protoplasma qui leur donne naissance.
Si aucune reunion ne s efTectue avec les centres, les bandes
protoplasmiques tendent k s’atrophier, mais semblent persister
indefiniment. Dans quelques cas, cependant, surtout chez les
jeunes sujets, on observe leur redifTereneiation plus ou moins
parfaite independamment de toute reunion avec un bout central.
Ces faits de regeneration autogene , notes dejft par Philippeaux
et Vulpian, mis en evidence par Bethe, ont ete verifies par Ballance
et Stewart, G. Durante, Flemming, v. Gehuchten, Barfurth,
Lapinsky, Margouliez, Baimann, Modena; leur etude vient d'etre
compiytee par Bethe dans un travail recent que nous ne pouvons
que citer ici. Ils paraissent impliquer i’existence encore hypothe-
tique, mais plausible, de dispositions anatomiques permetlant dans
certains cas un retour de Tinflux nerveux k travers des reseaux
p^ripheriques, de meme qu’apr^s ligature arterielle le sang peut
refluer par les capi 11aires.
3’ Degenerescences. — Coniine toute cellule, la cellule segmen¬
taire peut elre atteinte de lesions entrainant une diminution de
vitalite'ou m£me une necrose de sa portion vivante. Ces lesions
se distinguent done sous ce rapport des alterations du bout
peripherique sectionne ou les neuroblastes ne sont pas touches
dans leur vitality. Les degenerescences vraies de la cellule seg¬
mentaire d’origine toxique ou infectieuse sont la lesion caractyris-
tique des necrites. Elles portent inditiduellemerit sur chaque
segment qui peut n’elre.intyresse que partiellement ou subir une
nycrose totale. Ces lesions sont encore mal connues vu le peu
detention apportye jusqu ici au protoplasma de ces cellules, et
leur ytude demande k etre reprise en s’appuyant sur les notions
actuelles du neuroblaste segmentaire.
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292
REVUE DE PSYCHIATRIE
4* Metamorphoses. — En tant quetement hautementdiflterencte
le neuroblaste segmentaire ne pout subir de transformations
qu'apr&s une regression cellulaire pr^alable Mais les bandes
protoplasmiques ou les cellules auxquelies il donne naissance sont
susceptibles de s’adapter & leurs nouvelles conditions d’existence
en effectuant les memes metamorphoses que celles que nous
avons etudi6es plus haut.
Dispersees dans le tissus conjonctif, ces cellules, ces bandes,
s’y confondent parfois au point qu’il sera it impossible de recon-
naitre leur nature si I on n’assistait h toutes leurs stapes successi-
ves (Transformation flbroide) et si I on ne pouvait suivre toutes
les phases successives des tubes nerveux so transformaut d’abord
en bandes protoplasmiques, puis plus loin celle-ci affeclant pro-
gressivement des reactions colorantes lr6s analogues 6 celles des
fibres conjonctives qui les environnent.
Dans d’autres cas, elles collectent une gouttelette de graisse
(transformation qui s’61oigne peu de leur etat physiologique), et
simulent ainsi des chapelets de cellules adipeases.
5* Proliferation n£oplasjque. — Le neurone 6tait inconcilia-
ble avec toute idee de proliferation des tubes nerveux en l'absence
de cellules ganglionnaires. Les n6vromes peripheriques existent
cependant, parfois m^me tr6s nombreux(mal. de Recklinghausen).
Nous comprenons aujourd’hui que la cellule segmentaire peut,
comme toute cellule, presenter une proliferation neoplasique; que,
sous l'influence de conditions encore inconnues, ces elements,
revenus & letat embyonnaire, au lieu de subir des metamorphoses
regressives, peuvent devenir exuberants, vegeter activement et
indefiniment.
II est, en eflfet, possible, particuli6rement dans la maladie de
Recklinghausen, de suivre dans le pedicule de la tumeur
toutes les phases de la regression que subissent individuellement
les cellules segmentaires. Les elements embyonnaires ainsi produits
subissent ensuite un sort variable dependant de causes qui nous
echappent.
Tantot ils se disposent en bandes qui s^cretent de la mye-
line et se diflterencient en tubes nerveux, realisant ainsi un
nevrome mge Uniques.
Tantot ces bandes demeurent £ I’eta t de protoplasma non difite-
rencie, rappelant les fibres de Remak, ce sont les nevromes
amgeliniques.
Tantot ces bandes ou les longues cellules fusiformes produites
par leur division, peu vigoureuses, s’atrophient, perdent leurs
propritHes tinctorialeset prennent absoluinentfospect de fibres ou
de fibrilles conjonctives. Tel parait etre le point de depart (ner¬
veux et non pas conjonctif) d un certain nombre de neuro-flbro -
mes primitifs.
Dans une derntere forme que, par opposition aux autres, on
peut appeler nevrome neuroblastisque ou cellulaire , les elements
nes par repression, au lieu de fusionner en bandes, demeurent &
fetal de cellules distinctes. C’est la forme la plus embryonnaire
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pathologie generale dfs conducteurs nerveux 293
du ntoplasme nerveux, celle dans laquelle il se montre le plus
apte 6 veg^ter el essaimer. C’est elle qui realise le n^vrome
matin , trop souvent confondu avec les tumeurs sarcomateuses
avec lesquelles il ne present© que des analogies morphologiques.
Ajoutons que toutes ces formes s’imbibent tr6s facilement de
mucine qui en dissocie les elements et leur donne un aspect
myzomaieux qui, du reste, n a rien de special ici.
Le polymorphisme des tumeurs primitives des nerfs ehez un
m6me individu, et la transformation possible de ces tumeurs les
unes dans les autres etait un problems demeur6 jusqu’ici insolu¬
ble. L etude de la cellule segmentaire et de ses transformations
nous conduit b une interpretation simple et qui parait rationnelle
en rapportant ce polymorphisme h une pure question de vitality et
de vegetabilite de ces elements cellulaires.
V
Conclusions
Si nous avions debute en traitant des transformations succes-
sives du segment interannulaire, nous nous serions vraisembla-
blement heurte & une opposition aussi vive que naturelle de la
plupart des lecteurs car ces donn^es sont bien eloignees des
schemas que nous enseignent les classiques.
En ramenant, comme nous avons cherche & le faire, toutes les
Idsions aux reactions elementaires qui en sont la baseanatomi-
que, et en en recherchant systematiquemenl la raison dans des
phenom&nes de defense ou d’adaptation cellulaire, l’anatomie
pathologique cesse d’etre la science morte et monotone qu’elle
parait trop souvent, et devient ce qu elle devrait toujours 6tre,
1’etude des reactions actives des unites vivantesqui constituent
l’organisme. .
En rappelant tout d’abord, h un point de vue tres general, la
cause (adaptation & un fonctionnement particulier) et la nature
(secrdta protoplasmiques sans vie propre) des differenciaiiom
cellulaires ; en montrant ensuite la constitution cellulaire du seg¬
ment interannulaire ; en appliquant, enfin, h cette cellule les
lois g£n6raies precedentes qui ne sont pas loujours aussi presen-
tes & 1’esprit des histologistes qu’elles devraient Tetre, nous
esp^rons avoir amene le lecteur non seulement h comprendre
plus ais6ment, mais m6me & admettre la r^alite de ces transfor¬
mations morphologiques du tube nerveux.
La connaissance du neuroblaste segmentaire et du lobule ner¬
veux primitif polycellulaire (Neurule) permet de faire rentrer
enfin le sysl&me nerveux dans le m6mecadre que les autres orga-
nes et nous fait comprendre comment les elements centraux et
p6riph£riques, bien que dependent les uns des autres au point de
vue fonctionnel sont cependant susceptibles d’une independence
personnelle depuis longtemps constatee vis h vis des agents patho
gfcnes g6n6raux.
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294
REVUE DE PSYCHIATRIE
Nous trouvons dans le neuroblaste segmentaire un element non
pas reduit k une seule et monotone alteration, mais susceptible de
presenter toutesles reactions des autrescellules : Regression cel-
lulaire, regeneration, degen^rescences. metamorphoses, prolifera¬
tion neoplasique.
La regression cellulaire nous a permis d’etablir une distinction
histologique depuis longtemps demandee entre les alterations
du bout peripherique sectionne (la regression Walierienne qui
n'est pas une degenerescence), et ses degenerescences vraies
(nevrites).
La loi de Waller doit etre attenuee et completee, et pourrait
etre remplacde par cet enonce beaucoup moins categorique :
a) Lorsque Ton interrompt la continuite d’un tronc nerveux,
le bout peripherique , separe de son centre, subit constamment des
modifications profondes dans sa structure, modifications relevant
d’une orientation nouvelle dans la vie et la fonction des elements
nerveux qui le constituent. (Regression cellulaire).
b) Le bout central ne demeure pas intact, il subit des modifica¬
tions de meme ordre mais moins facilement deceiables qui entrai-
nent une regression imparfaite ou une atrophie simple de ses
elements (atrophie retrograde).
c) Les lesions directes et retrogrades ne se limitent pas unique-
ment aux Near ales primitivement interessees, mais se propagent,
sous la forme atrophique, aux Neurules qui sont en rapports
fonctionnels avec les premiers. (Lesions propagees).
Nous avons vu comment une regeneration par difTerenciation
progressive a pu, grace & une technique defectueuse, en imposer
pour un bourgeonnement central.
Enfin retude des transformations par adaptation de la cellule
segmentaire nous fournit une explication du polgmorphisme des
necromes primitifs.
Ges diverses donnees generates se pretent, croyons-nous, k des
deductions qui ne nous paraissent pas sans un certain interet
clinique tant au point de vue chirurgical que medical , etque nous
indiquerons rapidementen terminant.
Sutures et greffes nerceuses. — Au point de vue chirurgical,
la connaissance du neuroblaste segmentaire et de sa regression
k retat de bandes embryonnaires qui persistent indefiniment dans
le bout peripherique, apporte une explication aux fails de restau-
rations rap ides apr^s suture, fails bien sou vent consignes par les
chirurgiens et que V on tendait trop facilement k regarder comme
des erreurs d'observations parce qu’ils etaient en opposition avec
la thdorie regnante. L’experimentation (Erb. Duchenne), montre
que ces bandes protoplasmiques, bien qu'inexcitables directement,
sont cependant capables de transmetire l’influx nerveux (l’excita-
bilite, phenomena plus complexe que la transmission, n apparait
qu’apres difTerenciation du neuroblaste). On comprend, des lors,
qu’apres avivement et reunion des deux bouts, ces elements
embryonnaires puissent fusionner rapidement avec ceux du bout
central et permettre une reslauration fonctionnelle plus ou
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PATHOLOGIE GliNERALE DES CONMJCTEURS NERVEUX
295
moins rapide qui se perfectionnera dans la suite. Cette inise
en rapport avec les centres peut, du reste, s’effectuer apres suture
avec un bout central quelconque, ou meme par simple greffe ,
sans qu’il soit necessaire que les troncs soient de volume egal.
II semble que les Elements embryonnaires viennent effectuer
une sorte de prise laterale de courant en fusionnant en Y b la
surface des neuroblastes differences des tubes normaux dont
le bout p^riphdrique ne parait pas notablement altdre.
Ce proc^de a ete utilise jusqu ici pour remedier b Interruption
acc»dentelle des troncs nerveux et particulifcrement du facial
(Faure et Furet, Ballance, Morestin). Mais cette therapeutique
chirurgicale parait egalement applicable b cerlaines paralgsies
centrales. Pakaw, Harris et Low, Spiller et Frasier ont gueri des
paralysies infantiles limitees remontant^ plusieurs ann^esen sutu-
rant ou grefTant le nerf paralyse & un tronc nerveux voisin
normal.
II semble, 4'une fagon generate, que Ton soit en droit d esperer
intervenir utilement dans toute paralysie, meme ancienne (nous
avons pu verifier l’existence de bandes protoplasmiques dans un
nerf de paralysie infantile remontant & 22 ans), quel qu’en soit le
point de depart, lorsque Ton peut mettre, dans de bonnes condi¬
tions, le tronc nerveux malade en rapport intime avec un tronc
voisin normal, pourvu que celui-ci n’ait pas de fonctions physiolo-
giques incompatibles avec celles du premier.
Incongruence apparente des symptomes et des lesione anato -
miques . —* Au point de vue medical, le fait que les bandes proto¬
plasmiques inexcitables et privies plus ou moins compl&tement de
ieurs substances differences sont encore conductrices, nousdonne
la clef des incongruences si souvent signalees dans les nevrites
ptiripheriques entre les signes cliniques et les lesions anatomiques
etudiees par les colorants specifiques de la myeiine ou du
cylindraxe. Tanl6t, en effet, des nerfs paraissant tr£s alters (par
les procedes usuels qui colorent les substances differences
seules) correspondent b des troubles moteurs et sensitifs peu
accuses ou meme nuls, tantot, au contraire, des sympt6mes
intenses coincident avec des tubes nerveux semblant infiniment
moins malades.
Dans le premier cas, croyons-nous, la substance toxique n a intd-
ress6 que ldgferement la cellule segmentaire ; les substances diffe¬
rences ont pu disparaitre, mais le protoplasma, demeure vivant,
suffit b sa t£che de transmetteur.
Dans le second cas, au contraire, le protoplasma est plus ou
moins profonddment altere dans sa vitality. Si sa necrose s’est
efTectuee assez rapidement, pour que les substances differences
n aient pas eu le temps de disparaitre (ainsi qu'on a pu le realiser
dans des experiences), les recherches faites par les procedes
usuels pourront aisement faire prendre ces elements necroses
pour des elements presque normaux.
La disparition partielle et meme totale des substances differen-
ciees ne suffit pas, en effet, pour supprimer dans un tube nerveux
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296
HEVUE DE PSYCHIATfUE
les propriet^s de transmetleur que posskde ygalement le proto¬
plasma segmentaire qui, b lui seul, est capable d’assurer cette
fonction. Les substances diflterenctees, substances chimiques
inertes, peuvent persister un certain temps apr£s une mortifica¬
tion rapide du protoplasma cellulaire; mais elles ne paraissent
pas pouvoir assurer b elles seules une transmission r^guli&re si
elles ne sont accompagnees de protoplasma douy d’une vitality
sufTisante. Ainsi que nous ravens dit ailleurs, Vimportance phy-
siolorjique des lesions nest pas en rapport acec Vimportance des
alterations des substances differenciees, mais arec cello des lesions
proto plasmiques.
Lesions centrales propagees. — Nous avons vu que toute diminu¬
tion fonctionnelle entraine plus ou moins rapidement une regres¬
sion totale ou partielle, proportionnelle b cette diminution; le
bout periphyrique aprfcs section en est l’exemple le plus complet.
Mais nous y trouvons ygalement l’explication de la pathog^nie
et de la nature des lesions du bout central ( atrophie retrograde)
ainsi que des lesions propagees fcd'autres faisceaux plus lointains.
11 est evident que ces ph^nom&nes de regression ne se r^alisent
pas uniquement dans les nerfs p6riph6riques, et que les cellules
segmentalres qui constituent dans les centres, tant les faisceaux
blancs, que les tubes amyeliniques, sont susceptibles de reactions
identiques dans les monies conditions.
La connaissance de l’atrophie retrograde des lesions propagees
et des nevrites ascendantes, sur lesquelles nous ne pouvons
insister ici, nous ouvre de nouveaux apergus surle point de depart
de quelques affections des centres. Depuis Leyden, de nombreux
auteurs (Flemming, Darkschewitsch, Redlich, G. Durante, Horn
et Steinthal, Bereni, Westphal, Steinberg) se sont rallies b la
possibility d un point de depart peripherique dans certains cas de
tab£s\ et Ton peut en rapprocher l’hemiatrophie ascendante de la
moelle avec lesions predominates du cordon posterieur observ£e
chez les anciens amputes (P. Marie). Cette m£me origine p£ri-
ph^rique ayte invoquye Apropos dela poliomyelite (Strumpell), de
la syringomyelie (Guillain), d’amyotrophies spinales diverses.
Conformes aux lois gynyrales que nous avons etudides plus haut
ces processus rygressifs aux propagations parfois lointaines nous
engagent, en tous cas, & chercher, et nous permettront peut-etre
de trouver soit b la pyriphyrie, soit dans l'encephale, le point de
dypart deiysions mydullaires considers jusqu’ici comme primi¬
tives.
Fausses scleroses. — On tend trop generalement b considyrer
comme atteints de sclerose avec disparition des eiyments nerveux,
les nerfs et les faisceaux centraux qui demeurent incolores par
les techniques habituelles. Mais celles-ci, s’adressant uniquement
aux substances differenciees, ne tiennent aucun compte du proto¬
plasma segmentaire. Nous avons pu, b diverses reprises, dans des
faisceaux considers comme sciyreux, mettre en yvidence des
trainees protoplasmiques dont le nombre yquivalait parfois fccelui
des tubes nerveux en apparence absents. II s’agissait de/awssea
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pathologies generale des conducteurs nerveux 297
scleroses relevant simplement d’une parte de la differenciation
des tubes nerveux. 11 semble que Ton pourrait trouver, dans la
presence ou labsence de ces bandes protoplasmiques agissant
comme conducteurs imparfaits, la cause de certains troubles de la
transmission nerveuse au cours d’affections systematises des
centres, et y chercher ggalement la raison des paraplegies tant6t
flasques, tantot spasmodiques succedant, parexemple, aux lesions
transversales dela moelhe etdont la pathog^nie est encore obscure.
Toute incitation foncticnnelle favorisant la differenciation cellu-
laire, et tout perfectionnement de la differenciation concourant au
perfectionnement fonctionnel, nous nous trouvons porte b expli-
quer les ameliorations que Ton voit parfois survenir dans le tabes
en particular, & la suite de la reeducation motrice par une
redifferenciation partielle des faisceaux blancs sous l’influence
d’excitations svstematiques. Cette hypothese, si elle se trouvait
confirmee nous mettrait sur la voie d une therapeutique ration-
nelle et efficace permettant d'esperer la guerison ou tout au moins
l’amelioration d’affections du systeme nerveux considers jus*
qu ici comme incurables.
Bole des cellules segmentaires. — Le tube nerveux n’est pas un
conducteur passif comme on l admet trop facilement. Le pheno-
mene de la boule de neige de Chauveau (l’excitation minima d un
tronc nerveux necessaire pour faire contractor un muscle est
d'autant plus faible que le point excite est plus <ttoign4 du muscle)
nous montre, au contraire, que les cellules segmentaires sont des
transrnetieurs actifs agissant comme des relais, qui transmettent
en la renforcqant l’excitation qu’ils ont regue. L’influx nerveux
n est pas un courant comme la terminologie usuelle tendrait b le
faire croire, mais une excitation que se transmettent de proche
en proche les cellules segmentaires. Les physiologistes ont v^rifie
que la vitesse de cette transmission est proportionnelle b la vitality
et & factivite cellulaire.
L’attention sest jusqu’ici trop exclusivement portae sur les
cellules ganglionnaires et I on a trop meconnu le role actif impor¬
tant que jouent les neuroblastes segmentaires dans les pheno-
m6nes nerveux tant physiologiques que pathologiques. A l’etat
normal ils sont parmi les regulateurs les plus essentiels de
la rapidity et de 1‘intensit^ de la transmission nerveuse. A l'6tat
pathologique toute alteration de ces elements, non pas seulement
dans leurs substances dijferenciees , mais aussi et surtout dans la
vitality de leur protoplasma, doit necessaire/nent entrainer des
modifications guaniitatices et gualitatwes dans la transmission
nerveuse en dehors de toute lesion de la substance grise. Et ceci
est vrai non seulement pour les nerfs periph^riques mais aussi
pour les elements qui constituent les faisceaux blancs et les
fibres amy^liniques des centres. 11 importe surtout de porter les
recherches de ce cot6 particuli&rement dans les affections psgchi-
ques dont le substratum anatomique est encore inconnu et dont
certains symptomes semblent attribuables b des lesions segmen¬
taires. C’est tout un champ d etude nouveau qui s ouvre aujour-
' 21
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REVUE DE PSYCUIATRIE
d’hui b nos investigations. II est probable que, lorsque Ton aura
remplac^ les techniques defectueuses actuelles par d autres mieux
appropries au protoplasma nerveux, on trouvera dans I'etude
de la cellule segmentaire, tant centrale que periph£rique, la
cause d un certain nombre de phenomiines d’hypo et d’hyperex-
citabilite, ainsi que de certains troubles nerveux qualitatifs que
l'on a jusqu'ici trop syslematiquement et vainement cherch^e dans
la cellule ganglionnaire.
REVUE DES LIVRES
La Genfcse du Sexe, par Louise G. Ro*binovitch. Communica¬
tion aiuo Congres de Lishonne et de Turin . — Brochure 15 p. ydilee
par le Journal of Mental pathology , New-York, 1906.)
II y a trop de femmes sur la terre, et il faudrait se resoudre b
une polygamie universelle si cette anomalie devait se prolonger.
Ileureusement Frau Gnauck-Kuehne nous opprend que dans les
pays « avanc^s » cet exces fejninin tend manifestement b disparai-
tre. C’est qii’en efTet il semble exisler un rapport de cause b eflet
entre la vitality d’un peuple et sa production m51e. Or, R., pene¬
trant la question plus avant, pense que cette production est direc
tement proportionnelle b la potentiality des gyniteurs. Cette poten¬
tiality atteint son maximum : b rage adulte (on se marie terd b
notre epoque, et cela expliquerait lesconstatalionsde \l" f Gnauck
Kuehne), chez les sujets cultives, et, en ce qui concerne la femme,
aux environs du dixi6me jour prycedant le debut de la periode
menstruelle; R.appuie principalement cette derniere affirmation
sur quelques recherches hematologiques. La thyorie diytytique de
Shenk, qui fit nagu£re sensation, renait & la lumtere de ces obser¬
vations nouvelles, et il faut esperer, avec R.,que l’humanite sera
bient6t en mesure de se sexualiser b sa guise.
E. PERPfcRE.
Doctrine de l’aphasie, conception nouvelle, par Bernheim,
(de Nancy), 1 br. 28 pages, Doin 1907.
La doctrine classique des aphasies n’est pas battue en br£che
que par P. Marie, Imminent medecin de Bicytre ; le P r Bernhein
( de Nancy) qui avait eleve centre elle des objections dbs 1891, et
plus tard en 1895, profite de l actuelle controverse pour rentrer en
lice : il vient de publier sa « Conception nouvelle de Vaphasie »dont
voici les conclusions les plus importantes : il n’existe pas de cen¬
tre pour la memoire auditive du langage phonytique, ni pour La
mymoire visuelle du langage graphique; il n’existe que des centres
corlicaux sensoriels pour la perception brute (premiyre circonvo-
lution temporale, et scissure calcarine).
Les images-souvenirs sont evoquees dansle lobe frontal comme
tousles phenom&nes de conscience. La specificity de cheque repry-
sentation mentale n’est pas due& une localisation cellulaire, mais
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REVUE DES L1VRES
299
b la modalite celltilaire speciflque d6termin£e par cheque impres¬
sion. La surditeetla excite verbales se produisent lorsqueles voies
dissociation entrfc la sphere psychique et les centres sensoriels de
perception simple sont entrav£es; mais les images, difficiles &
£voquer, ne sont jamais effacees.
II n’y a pas de centre de la memoire phonetique pour les images
d'articulation des mots. Si les foyers pathologiques de la region de
Broca s’accompagnent souvent daphasie, e'est parce que les fibres
corticales sous-jacentes constituent dans le lobe frontal la region
la plus voisine du carrefour blanc existant b l’origine anterieure
des deux capsules, et qui est la voie de transmission principale
entre la sphere psychique et les noyaux spino-bulbaires.
L'aphasie motrice sensorielle est done toujours une aphasie
sous corticate par lesion des voies de projections qui entrave la
transmission des images verbales.
Juquelier.
Conception de l’hyst^rie, dtude historiqne et Clinique par
G. Amselle. (de Nancy). 1 voi. 300 p. Doin, Paris 1907.
L’auteur expose dans cet important travail la conception de son
maitre, le P r Bernheim concernant l'hysterie. La doctrine de
Bernheim d^fendue dej& depuis de longues annees dans de nom-
breux ouvrages, a le grand merite d’etre simple et claire : Elle
reserve le nom d’hysterie aux seules crises, quelle considfcre
comme des reactions ^motives psycho-dynamiques exagdr^es : Les
crises peuvent Gtre accidentelles, mais le plus souvent, elles repa-
raissent, soit par auto-suggestion, soit b la suite de nouvelles emo¬
tions creant ainsi une veritable diathfcse hysterique.
Frequemment elles se greffent sur d’autres affections, par le
mecanisme d une gmotivitg sp&nale inherente b ces affections, si
bien qu’on considkre des symptomes strangers b l’hysterie comme
appartenant b l’hysterie elle-mOme et que celled (la maladie
simule tout) a absorbe la symptomatologie toutenti&re.
Lesstigmates n‘ont rien de special aux hysteriques. 11s sontdus
souvent b une suggestion m6dicale inconsciente qui les cree ou
qui les fixe. Les stigmates psychiques n’existentpas, et letat men¬
tal des hysteriques n’a rien de caracteristique.
Debarrass^e des psychon^vroses locales et des troubles fonc-
tionnels ou organiques qui peuvent s’associer a elle ou se compli-
quer de crises, l’hysterie n est plus une entite morbide : e’est le
nom qui dSsigne les reactions psycho-dynamiques intenses etmor-
bides, cons^cutives b des emotions determinees. Toutefois l’hyste-
rabilite, tendant b reproduire. facilement la crise par auto-sugges¬
tion ou sous de nouvelles influences emotives, constitue une veri¬
table maladie : la diath&se hysterique.
Hysterie accidentelle et hysterie habituelle sont Tune et I'autre
curables par la psychotherapie; b ce point de vue, independam-
ment de toute preoccupation doctrinale, on ne peut que tirer le plus
grand profit de la lecture du ehapitre consacre au traitement dans
1’ceuvredeM. Amselle : La technique, si Ton peut dire, des pro-
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REVUE DE PSYCMIATBIE
cEdEs de suggestion de l’Ecole de Nancy y est exposEe avec des
details concernant les cas dElicats.
II y a encore dans la thEse de M. Amselle beaucoup d'observa-
tions cliniques, et un intEressant resume critique de Phistoire de
I’hystErie depuis les origines jusqu'E l’Edifice minutieux mais un
peu artificiel de l’Ecole de la SalpEtriEre.
JUQUELIER.
Traitement par l’hypnotisme et la suggestion : Psyche-
therapeutique, par C. Lloyd Tuckey, avec preface de sir Fran¬
cis R. Cruise. 5 f edition, revue et angmenlEe. (1 vol. 418 pages
avec figures, chez BailliEre Tindall and Cox, Londres).
Cet ouvrage, dedie & la mEmoire de LiEbeault a eu cinq Editions
depuis 1889. L edition actuelle montre que L. T. n’a rien neglige
pour connaitre tout ce qui a EtE publie dimportsiU depuis lEpoque
de ses premiers travaux personnels sur la question de la psycho-
therapeutique par l’hypnotisme et la suggestion.
Toutes les oeuvres de valeur, ecrites au cours de ces derniEres
annEes sur l’hypnotisme et la suggestion therapeutiquesont l’objet
de critiques et de commenlaires. Un important chapitre est consa-
cre E 1’exposE d’observations cliniques, et dans la deuxiEme partie
de ce chapitre, l'auteur a relate les resultats de sa propre expe¬
rience. Certains faits semblent bien demontrer que le r61e de la
psychothErapie (qui n’est pas, ditL.T. un procEdE exclusif de trai¬
tement) s'Etend au delE du domaine des affections, dependant uni-
quement de troubles fonctionnels du systEme nerveux ; et que la
suggestion peut intervenir utilement dans dautres circonstances.
Par les citations, les analyses, les critiques des faits el des theo¬
ries qu’il contient, par la reunion d’importants documents dans un
dernier chapitre additionnel, ce livre de L. T. est aujourd’hui
une excellente mise au point de la question de l’hypnotisme et de
la suggestion medicale.
JUQUELIER.
La confusion mentale chronique et ses rapports avec la
dEmence prEcoce par G. Laures (1 vol. 264 pages these de Bor¬
deaux, Cadoret editeur 1907).
La doctrine nosologique defendue par Lauras dans sa these
est celle que le professeur Regis a adoptee dans son recent precis
de psychiatric et qui fait de la demence precoce accidentelle une
forme de confusion mentale chronique.
La confusion mentale, psycliose des intoxications et des infec¬
tion evolue vers la guerison, la mort ou l’etat chronique. Dans
cette derniEre Eventuality elle se presente soit sous la forme
simplement confuse soit sous la forme de demence post-confusion-
nelle (demence precoce accidentelle). Pour arriver E cette conclu¬
sion, l’auteur compare la clinique, l etiologie, la pathogEnie, l’ana^
tomie-pathologique de la confusion chronique et de la demence
prEcoce et fait ressortir les nombreux points de ressemblance qu'il
relEve entre les deux descriptions, Cette similitude est encore mise
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SOCIETIES
301
en relief dans les observations qui suivent la comparison dog-
matique.
Pourtant toute la ddmence precoce ne tient pas dans ces formes
d’affaiblissement chronique post confusionnel b cote duquel il
existe une demence precoce constitutionnelle, ddmence primaire
qui a des caract&res particuliers et surtout degendratifs. Les deux
variates n'ont de commun que le syndrome dementiel terminal
auquel les malades arrivent par des voies differentes.
Si intdressants et si cliniquement exacts qu’ils soient, les rappro¬
chements 6tablis par Regis et Lauras justifient-ils une classifica¬
tion aussi tranchde ? C'est ce que Pavenir demontrera b une epoque
ofi la demence precoce sera mieuxddlimitde, quand aura disparu
la fdcheuse tendance judicieusement signalee par l’auteur de ce
travail etqui consiste b incorporer dans la nouvelleentitdmorbide
« des psychoses » et des « demences » n'ayant rien de commun
avec elle.
Juquelier.
SOClETfiS
socibte MEDICO-PSYCHOLOGIQUE
(Seance du 24 juin 190?)
M. Vigouroux : Troubles mentaux consecutifs a tin trauniaiisme.
Discussion. MM. Picqu6, Pactet, Vallon. Elections.
M. Vigouroux communique Pobservation Clinique d’un malade qui
a prdsentd des troubles mentaux d la suite d*untraumatisme. Cesujet
tomba d’une hauteur de huit metres, alors qu’il travaillait sur un
echafaudage. II se fit une contusion b la tdte et une fracture du poi-
gnet. Conduit b l’hdpital, il resta huit jours sans reprendre connais-
sance. Revenu & lui, il avait perdu tout souvenir de Paccident et des
circonstances qui l’avaient prdc£dd et suivi. Il prdsentait, en outre,
une perte de la mdmoire de fixation, qui enlrainait une grande confu¬
sion dans les iddes, une desorientation complete, etc. Cette confusion
disparut assez rapidement. Mais le malade ne.retrouva pasle souvenir
de I’accident. Il connaissait seulement cet dvdnement par ce que lui
en avait dit sa femme. Ce malade, peintre en b&timent, n’etait pas
alcoolique; mais peut-dtre avait-il un certain degre de ndphrite satur¬
nine.
M. Picqu£ : Le fait de M. Vigouroux ine parait fort intdressant et
rentre dans une categorie que j'ai designde sous le nom de troubles
mentaux pricoces post-traumata/ues et fait ddcrire a mon dleve Violet
dans sa thdse. Les faits de ce genre dchappent le plus souvent au chi-
rurgien, et cependant la connaissance de ce3 faits pourrait peut-dtre
lui perrnettre d'etendre le champ des interventions opdratoires et
d'empdeher la production des accidents tardifs qui amdnent le malade
a Pasile un temps plus ou moins long apres le traumatisme. Quand
aux alienistes la connaissance de ces mdmes faits ne peut manquerde
les intdresser, car elle dclaire Phistoire des psychoses d’origine trau-
matique.
M. Pactet indique conibien il est important parfois d’etre renseigne
sur les antecedents du malade pour pouvoir rattacher les troubles
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302
REVUE DE PSYCHIATRIE
qu il presente a un traumatisme. II serappelle avoir observe un homme
qui prGsenta les signes de la paralysie generate a la suite d’un
accident. Si on n’avait eu les renseignements fournis par la famille du
malade, on aurait fait une erreur de diagnostic. En effet, le malade
sortit gueri de l’asile au bout de peu de temps.
M. Vallon fait remarquer que, dans les cas analogues a celui que
vientde rapporter M. Pactet, la disparition des signes de la para¬
lysie generate ne permet pas de dire qu'il ne s’agit pas de paraly¬
sie generate. On observe dans cette affection des remissions parfois
tres longues, plus ou moins completes. Le nom de « progressive »
qu’on lui donne n’est done pas toujours m6rite. Lorsque lessymptdmes
de la paralysie generate apparaissent a la suite d’un traumatisme,
e’est probablement que le traumatisme a determine dans l’encephale
une pouss6e congestive. Cette poussee congestive peut cesser rapi-
dement, inais peut aussi aboutir a la sclerose et determiner des
troubles durables. Baillarger avait deja observe que la folie congestive
peut aboutir a la paralysie generale.
G. Collet.
SOCI&T& DE N EURO LOG IE
(Seance du6 juin 1907)
Hemiplegic droite acec aphasic post traumatique tardier. MM. F. Ray*
MONDet P.LEJONNEcroienta l’origine trauiuatiquedesaccidents (hdmiple-
gie transitoire et aphasie persistante) bien que leur apparition ait etd
sdparee du traumatisme par un intervalle de 70 jours. II s’agit sans
doute d'une hemorrhagie, M. Dejerine se rallie a ce diagnostic. II
n’est pas besoin de souligner ri'nter&t medico-iegal de ce fait.
Hdmi-oedemc chronique progress if. MM. Klippel et Monnier-Vinard.
Cet cedeme a debute il y a dix ans chez un individu probablement
hystdrique et qui n’a pasde signes de compression veineuse.
M. Babinski pose a ce propos la question des oed6mes hysteriques,
et note que, tout en considerant les hysteriques com me faisant plus
faeilement de l’oedeme que les sujets sains, MM. Raymond, Joffroy,
P. Marie et Claude recherchent ifdanmoins l’influence d'une cause
organique minime. En l’espece MM. Marif. et Claude proposent de
faire appel a la radiographie pour eliminer toute etiologie compressive
de roedbme.
Double paresie des cjtenscurs de Vacant-bras cite* un debile catato -
nique. M. P. Armand "Delille. Un debile aujourd’hui fige de six ons a
marche a 22 mois et a parte a 3 ans. II a l’aspect d’un malade alteint
de paralysie radiale double sans troubles des reflexes nide la contrac-
tilite electrique. II conserve les attitudes qu’on lui impose.
M. Dupr£ a souvent trouve cl\ez les debiles intellectuels des sympto-
mes moteurs tels que : exagdration des reflexes, signe dg Babinski,
syncindsie, impossibilite de realiser la resolution musculaire, et mon-
trant qu'il y a chez ces malades de I’agendsie psychique et motrice.
J.
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ENQUETE SUR LE « NO-RESTRAINT »
303
enOuEte
SUR LE « NO-RESTRAINT »
(Suite ) 1
Xous tenons a declarer que la Revue de Psychiatrie ne jtrend a
son compte aucune des opinions qu'elle jmblie et dont elle laisse la
plcine responsabHite a leurs auteurs.
Nous rappelons que le questionnaire est le suivant :
1° Est-il possible dc renoncer en toutes cirronstances aux moyens
de contention physique dans le traiiement ou la surveillance medi¬
cate des eiats (V agitation ou d f anxicte f
2* Si out\ par quels procedes Jaut-il remplacer le <( restraint »
dans des cas difficiles et quels sont les acantages de ces procedds f
3* Si non , dans quels cas f et acec quelles precautions peut-on
recourir aux moyens de contention physique f Vemploi de ceux-ci
semble-t-il subordonne d Vimperfection actuelle de Vorganisation
des services d'asile? Existe-t-il au contraire des cas exceptionnels
ou (avec bien eniendu le controle rigoureux du medqcin respon -
sable) cet emploi doit etre en principe prefere a d'autres moyens t
*
* *
Void d’abord quelques reponses appurtenant & notre premiere
categoric :
Docteur Allaman. (Saint-Robert). — 1° J'estime qu'il est impossible
de renoncer en toutes circonstances aux moyens de contention physi¬
que dans le traitement ou la surveillance medicale des etats d’agitation
ou d'anxietd
2* Dans les cas difficiles, a plus forte raison, aucun moyon ne vapt la
camisole de force.
Les alienes sont des malades, mais nous savons aussi qu’un grand
nombre sont des malades criminels, assassins, incendinires ; qu’ils ne
doivent — c’est la la caracteristique obligee de ces malades — £tre
admisdans un asile que s’ils sont dangereux pour autrui ou pour eux-
inGmes. Eh bien ! est ce que le personnel de ces asiles n’a pas le droit
et le devoir de les mettre dans l'impossibilitd de nuire? Jamais on ne
pourra,dansla pratique, mettre sur le meme rang, un malade d'hopital
phtisique, rhurnatisant, typhique, cancereux, etc., et un malade alienm
Les premiers sont des Sires que la maladie accable plus ou moins; ils
sont doux et n’ont qu’un d£sir : gu6rir. Les seconds sont, le plus sou-
vent, violents et dangereux. On poumiit dire que les premiers sont des
malades passifs, les seconds des malades actifs.
La camisole peut 6tre employee pour les malades qui sont pour uinsi
dire* dans une crise de tendance opiniatre au suicide, dans les cas de
manie aigue, avec agitation extreme. En dehors des heures de bain,
il est indispensable d’isoler le malade dans une cellule. Si, en outre,
celui-ci a desimpulsions violentes, ilest utile de lui mettre la camisole.
Celle ci agit souvent d’une facon salutaire sur l’esprit — si peu y en
1 Voir Revue dc Psychiatric , u° 5, p.107, pp. 20t>-219.
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m
REVUE DE PSYCHIATRIE
eut-il — desmalades. II y a quelques surnames, une malade, subitement,
nous a donnd un violent coup de poing dans la region cardiaque. Mise
en cellule avec la camisole, la inalade, au bout de quelques jours, les
larmes auxyeux, nous a fait des excuses ; nous Pavons remise dans son
quartier, sur sa promesso de s’abstenir a Pavenir de tels proc^des.
C’est la un fait personnel, il est vrai. Mais nous pourrions en rap-
porter d'outres. On peut done affiriner que quelqu’aliends que soient
nos malades, les procedes d’intimidation ont prise sur le plus gran i
nombre. Si pour bien des individus libres, la peur des gendarmes est
le commencement de la sagesse, pour bien des altends internes, la
crainte de la cellule et de la camisole est du plus salutaire etTet.
Le quartier des agites auquel sont annexes des cellules est le quartier
Farchappe (section des hommes). Tres souvent, on entend les malades
dire enlre eux : « Je ne veux pas faire Qa : Je ne veux pas aller a
Parchappe. » Pourrait-on maintenir en respect plus de 1.000 abends, si
ceux ci, malgre leur trouble mental, ne se sentaient menaces comme
d'une dpde de Damocles, de la camisole, de la cellule ou des bains pro¬
long^ ?
Une camisole bien mise, assez lache, laissant assez de jeu aux bras ;
en outre, une certaine surveillance font que ce moyen de contention
n’oflre aucun danger et pr6sente des a vantages considerables.
Nous n’avons cependant jamais & Saint-Robert, plus de deux malades
ayant la caiqisole siinultanement, pour des periodes de temps plus ou
moins longues.
Mais nous declarons que nous n’h^sitons pas, outre les cas indiquds
plus haul, chaque fois qii’un malade est violent ou agressif, a lui admi-
nistrer outre des bains et des medicaments appropries, quelques heures
ou quelques jours de cellule. Nous ajoutons la camisole, si c’est n£ces-
saire. Nous n’avons encore tud aucun malade.
Nul plus que nous n’a de sollicitude pour les malades. II n’est pas de
regime special de nourriture, de medicaments, de faveurs, de paroles
d’encourngement oude consolation, que nous ne leur donnions; il n’est
pas de marques de bienveillance, de sympathie que nousne leur mani-
festions. Mais il est des cas, ou l’intdr&t general — y compris le leur —
exige ce moyen de contention.
11 ne faudrait pas croire, nous le repetons, que nous cherchons k
^riger les moyens coercitifs en moyens de traiteinent, et qu’a nos
pensionnaires nous n’avons pas autre chose a oflfrir. Nous pr^conisons
surtout le travail et nous pensons que le traitement familial peut pour
bien des raisons 6tre institue par l’asile lui-m6me : 11 suffit pour cela
qu’une exploitation agricole (ferme-asile) soit annexde h l’^tablissement
principal et puisse recevoir de celui-ci le plus grand nombre possible de
malades.
Docteur Colin. ( Villcjuit — A moil avis, dans cette question de
l application du restraint ou du no restraint , le souci exclusif de l’intd-
r6t du malade doit primer toutes les autres considerations.
En r( s gle generate, les moyens de contention doivent etre rejetds.
Mais que faire a regard des alien£s qui presentent des id£es persistan-
tes, accompagnees de tenlatives continuelles, de suicide, des malades
blesses, turbulents et inconseients, des automutilateurs ? Pour eux, Il
faudrait aider Palitenient par l’administration continue des sels d’hyos-
cine, cette forme pliarmaceutique du restraint), ainsi que cela se pra¬
tique courumment dans des services allemands que nous pourrions
citer. Sans quoi, le traitement par le lit ndeessitera la presence d’un
personnel nombreux, et malgre cela nigme, imjmissanl dans certains cas.
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enqukte SUR LE « NO RESTRAINT ))
305
Le mydecin qui, dans ces conditions, repousseraic systymatiquement
l'emploi des moyens de contention me ferait l’eflet d’an chirurgien qui
refuserait do pratiquer une operation urgente, indispensable afin de
ne pas « martyriser » lo malade.
Docteur Pactet. ( Villejuif )• — Dans une enquOte relative au non
restreint, il cut ety int^ressant, je crois, de demander h chacun de
specifier la nature des moyens de contention auxquels il etaitdnns
l'obligation d’avoir recours. En ce qui ine concerne, le maillot est le
seul appareil que j emploie.
La non restreint est l’idGal que, selon moi, doit poursuivre tout
medeciri charge d un service daliends, mais je erains bien qu’il sub-
siste toujours des cas ou cet ideal ne pourra pas se trouver realist,
sons danger pour le inalude. Et cest Pinteryt bien entendu du malade
qui doit Otre, pour le medecin, lo loi supreme.
L’emploi du restreint est legitime dons les cos seulement oil l’on n’a
pas la possibility d’assurer par d’aulres moyens, et sons le placer dans
des conditions hygi^niques defavorables, — j’ai en vue ici l’isolement
prolong^ en cellule, — la propre security du malade et celle de ceux au
milieu desquels il se trouve. Voila la formuleen laquelleje resumernis
volontiers les indicolions du restreint.
Exposer lo situation telle qu’elle est, ne pas sacrifier la vgrile & la
recherche d’yioges ou a la crainte de critiques qui nesauraient influen-
cer celui que guide exclusivement PintyrOt supirieur du malade et qui
se determine par des raisons autres que des raisons d’ordre sentimen¬
tal, cest encore, a mon avis, le meilleur moyen, en favorisant le pro-
grfcs, de servir la cause des alienes.
Dooteur Vigouroux. ( Yaucluse). — Je ne crois pas que dans un
service d’aliynes, il soit bon, dans PintyrOt des malades, de renoncer
systematiqucmcnt & l’emploi de tout moyen de contention physique ;
car il est des cas, rares il est vrai, qui se rencontrent dons la pratique
courante, ou le medecin a le droit absolu d’appliquer tel moyen de
contention qu’iljuge convenable et dont il est le seul a pouvoir appre-
cier Popportunite.
Je fais allusion, par exemple a ces cas d’anxiete de longue durye qui
s’occompognent de tentatives repytyes de suicide ou de mutilation et
dans lesquels il est ti craindre que lo surveillance continue soit insuffi-
sante et que lo contention manuelle trop prolongee soit dangereuse.
11 est bien entendu que lapplication d’un maillot ne peut suppleer la
surveillance, elle a pour but de la rendre plus facile et plus efficace.
C’est 1& une question de principe : Le medecin doit prescrire suivant
sa conscience et sous sa responsabilite, tel moyen de contention dont
il apprdcie l'urgence, comme il piescrit un bain d’une durye plus ou
moins longue, un hypnotique a dose plus ou moins forte, ou l’isolement
en cellule plus ou moins prolonge : c est un droit dont il doit conserver
l'usage surtout pour protyger les malades contre eux-mOmes.
Cette dyclaration de principe etant faite, je dois dire que dans ma
pratique, comme medecin du service des hommes de Pasile de Vau-
cluse, malgrd le renouvellement incessant des malades (de 300 h 400
entries par an). Je n’ai employe des moyens de contention que tr6s
exceptionnellernent une dizaine de fois au plus en sept annyes, c’est
dire que je ne les ai employys qu’& la derniere extrymity quand les
autres moyens de surveillance m’ont paru insuffisants.
Dans des cas de tentatives rypytyes d’automutilation faite par des
dements ou des confus, dans un cas de tentative de suicide ou le
malade cherchait 6 enlever le pansement qui lui avait dty fait, etc.
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306
REVUE DE PSYCHIATRIE
Au contraire, je me trouve tres bien de Temploi frequent de Tisole-
ment plus ou moins prolong^, dans des cellules oudes chambres d’iso-
lement, de malades particulikrement agites et violents k la condition
expresse que cet isolement soit toujours de courte duree et qu’il soit
tvks surveilld*.
J’ai fait annexer audortoir d’alitement continu des agites du service,
'deux chambres d’isolemenfc ou les malades agites trop turbulents et
surlout trop violents sont, places quelques heures pendant le jour et
surtout pendant la nuit.
Aux r^ponses du deuxi&me groupe il faut ajouter la suivante:
Docteur Legraln. ( Ville-Ecrard ). — 1° Oui, si Ton entend par la
rapplication d’instruments de force comme la camisole.
2* Ce qui est p^nible dans Temploi d’une instrumentation de force
c’est TefTet moral qu’il exerce et Tabus qui peut en r^sulter. C’est dire
que j’acc^de & Temploi de moyens qui, (tels que les bains, Palitement,
Tisolement, les s^datifs m^dicamenteux) permettent de diminuer le dit
etTet moral etd’6viter la suppression des mouvements des membres:
La liberty des mouvements des membres diminuecerlainement le con¬
cept d’internement et de servitude.
3* L’emploi de moyens de contention est surement subordonnd k
Timperfection de notre oulillage, mais surtout du personnel. Je ne crois
pas qu'il y ait un seul cas ou cet emploi puisse Otre-en principe prefere
k tout autre On ne doit y recourir que contraint et forc£. En 20 ons
de pratique, j'ai recouru une fois a la camisole dans un cas d'insufTl-
sance momentamte du personnel, et en presence d un colosse dpilepti-
que en proie k un vertige dangereux. L'emploi de la camisole a cess6
d6s que le renfort d’infirmiers est arrive.
*
• *
Independamment des reponses reproduites dans le numero de
mai et ci dessus, nous devons mentionner que quelques-uns de
nos correspondents nous ont ecrit pour reserver leur opinion ;
soit parce que la question du no-restraint souvent rebaltue ne
pr6te pas actueilement k des considerations originates, soit parce
que la population des services qu’ils ont diriges jusqufc ce jour est
un peu speciale, et ne leur a pas permis d’avoir un avis personnel
sur les indications et la valeur des moyens de contrainte physique.
*
* *
Quand on examine lensemble des reponses qui nous ont 6t&
adressees, il parait Evident que diviser les medecins dasiles en
partisans et adversaires du restraint (ceux 1& plus nombreux que
ceux-ci) serait adopter une classification inexacte : non seulement
la camisole, les entraves, les couvercles de baignoire, etc... ont
partout cesse d’etre d un usage habituel mais encore, parmi les
chefs de service admettant la contrainte exceptionnelle. il n’en
est guere pour designer une, ou des categories de malades chez
qui elle est indiqu£e en principe.
De l’avis de tous, Tapplication des procedes contentifs est une
question d’esp&ces et chaque cas fait Tobjet d’une decision mddi-
cale particuli^re : « Aucun moyen de contrainte ne doit etre appli-
qu6e k un malade neuf sans Tautorisation speciale du rnedecin
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ENQU&TE SUR LE (( NO-RESTRAINT »
307
qui doit se rendre compte lui-meme de la n6cessite d’y avoir
recours.» Anglade. « Dans les circonstances oil il y a urgence
absolue, le medecin est seul juge de la necessite de l’emploi des
moyens de contention physique et il doit en surveiller attentive-
ment l’execution. » Biaute. « Il est des cas, rares il est vrai, oil le
medecin a le droit absolu d’appliquer tel moyen de contention
qu’il juge convenable et dont il est le seul b pouvoir appr6cier
Lopportunite. » Vigouroux. Si Ton exceple M. Allaman, qui se
defend d‘6riger les moyens coercitifs en poc6de de traitement,
mais qui parait assez dispose b user de la camisole etde la cellule
dans un but de discipline, on peut dire que la majorite parmi les
m6decins d'asile qui ont repondu au questionnaire de la Rerue tie
Psychiairie et sont rest6s sur le terrain de l’enquete plaident non
pas en faveur du « restraint » mais en faveur du droit au a res¬
traint. »
Or c est \b justement le point qu’il importe de mettre en relief.
Laccord etant unanime pour condamner Tabus ancien et les
inconv6nients de la contension physique, beaucoup d’ali6nistes
conteniporains, pour eviter ces abus et ces inconvenients ont ete
amenes b considerer le « no restraint » absolu comine un etatde
choses desirable. Dans la pratique, il semble bien que quelques-
uns seulement sont parvenus & r6aliser cet ideal souhait6 par la
plupart: Ce fut affaire de locaux. de personnel, de population
sans doute, d’expedients therapeutiques qui ne sont pas eux-m6-
mes sans danger ; peut etre, aussi que certains ne se sont pas
encore trouv6s en presence de circonstances exceptionnelles
ayant convaincu les autres. Les abstentionnistes complets qui
sont b l’heure actuelle en minority, seront-ils en majorite b l’ave-
nir ? Nous avons pose la question. Elle a 616 diversement resolue,
mais dapr6s les resultals de noire enqu6te, il nest pas permis de
croire que les am61iorations devant 6tre progressivement appor-
I6es dans les grands services d’asile serviront b renoncer toujours
b la contention physique. « Un exclusivisme systematique des
moyens de contrainte parait excessif et fait penser au proverbe :
« Le mieux est l’ennemi du bien ». Pailhas. En ce qui concerne
les succ6danes du restraint « Je suis quelque peu sceptiq.ue et
pour me convaincre, il me faudrait voir et revoir dans les coulis¬
ses les asiles privileges oil se pratique le no-restraint absolu
sans ou avec manoeuvres hypodermiques » M. Dubuisson. « Il
est bon de dire ces choses pour que Ton n'en arrive pas b creer
dans i’opinion du public et des milieux administrates un tel
pr6jug6 contre le restraint que les modes les plus 6clair6s, choisis
en toute clairvoyance et en toute libert6 par un medecin experi-
raente et sage en arriveraient b etre consid6res par des personnes
incomp6tentescomme un quasi-delitcontre les alien6s.» Toulouse.
Telle nous a paru 6tre en effet l’indication du present r6feren-
dum. Ramene aux proportions d’un exp6dient exceptionnellement
indiqu6, le restraint (dont on peut se passer b la rigueur et gvbco b
d’autres procedes, pr6sentanteux-m6mes des inconvenients), peut-
il 6tre I6gitimement mis en usage par le m6decin responsable
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308
RfcVUE DE PSYCHIATRlE
d'un service d’asile ? la grande majority de nos correspondants h
repondu & cette question par I’affirmative.
♦
* #
Par quels procedds ceux qui ont absolument supprimd le res¬
traint dans leurs services l’on-ils remplacd ? M. Levet ne nous
le dit pas. MM. Girma et Baruk ont recours & l isolement cellulaire
momentane. M. Deny, qui s’est vu parfois oblige d user de 1’hyos-
c&ne, consid&re rencellulement comme plus desastreux encore
que la constrointe physique. II faudrait done discuter la question
de la chambre d’isolement comme celle de la camisole. M. Legrain
redoute l’effet moral de la restriction des mouvements des
membres et prefere les bains, l’alitement, iisolement, les sddatifs
medicamenteux. Une fois en 20 ans. ila eu recours & la camisole
lors d une defaillance momentanee du personnel. Or celle ddfail-
lance peut se reproduire ; et s’il s’agit d’une circonstance afrsohi-
ment rare, n’est-il pas bien entendu que la contrainte ne vise que
les exceptions ? Les procedes mis en usage pour la remplacer
ne s’adressent eux-memes qu’& des cas isoles. Ils presentent tous
certains inconvenients, mais 6 un moments donnd, leur emploi
parait justify. La camisole (oil si Ton prdf&re Tensemble des
moyens de contrainte physique,) ne vaut sans doute ni plus ni
moins. C’est une arme & deux tranchants qu’il faut avoir le cou¬
rage de manier quelquefois.
NOUVELEES
Les cabarets et le niveau de la consommatlon des alcools. —
Cet article de la Rerun de Statistique , compost d’apr&s un travail de
M. Jules Denis des Annates antialeooUqucs , contient de nombreux ta¬
bleaux dont les chiftres sont demonstrates et se termine par les con¬
clusions suivanles :
II existe indubitablement une relation entre la consommation de
l'alcool dans un pays et le nombre des debits de boissons ; autrement
dit, le noinbre de ces derniers a une influence immediate sur le ni¬
veau de la consommation alcoolique.
L’application du principe de In limitation du nombre des debits n
d heureux effets sur la consommation. Ce principe est & signaler aux
legislateurs. {Recue de statistique , 10' an. n* 428. 14 avril 190?).
Personnel des Aslles (Mouccment de juin 1907). — M. le D r Raviart,
ngrdgd de la Faculty de medecine de Lille, est nomind inddecin en che"
de I’asile d’Armenti&res, poste erdd.
M. le D T Lagriffe, medecin adjoint a l’asile de Quimper, Finislere,
est promu a la closse exceptionnelle du cadre.
M. le D r Aubry, medecin adjoint d l'asile d'alidnds de Maryville,
Meurthe et Moselle, est promu u la classe exceptionnelle du cadre.
Faculty de Paris. — M. le D r Rene Charpentier, medecin adjoint
des asiles publics d’alidnes est nommd oprds concours, chefde clinlquo
des maladies mentales.
Aslle d’alidndes de Bordeaux. — Le concours d internat s’est ter¬
ming par la nomination de MM. Latreille et Calmettes, internes
des hopitaux de Bordeaux.
HOpItal d’alidnds du gouvernement des Etats-Unls. — M. Schep-
iierd Ivory Franz, professeur de phvsiologie a l Universite George
Washington, a accepte Minultanement la position de psychologue h
l hdpital d’aliends du gouvernement omdricnin & Washington.
Le gdraut : A. Coukseant.
PARIS & CAHOKS, IMPRIMKRIE A. COUESLANT (22-VII-07j
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REVUE CRITIQUE
LE TRAITEMENT DES ALIENES PAR LE RETOUR
A LA TERRE
Par A. Marie
Midecin en chef de I’Asile de Villejuif
Le progres en alienation mentale semble bien r4sider dans la
selection de plus en plus soignee des groupes.afin de soumettre
cliacun d’eux k des conditions particulieres bien adequates au
maximum de chance de cure et de retour ad integrum si
possible. " ’
Parmi ces conditions de rdtablissement des rythmes fonction-
nels normaux, la reprise du travail methodique et progressive
peut etre comptee comrae un moyen th4rapeulique qui, pru-
demment applique, doit flgurer dans Tarsenal de la thdrapeu-
tique psychialrique; maisA quelles categories precises s’applique-
t-elle, et dans quelles conditions realiser le travail pourqu’ilne
puisse tourner contre son but et ddvier du travail traitement au
travail-rendement? Dans ce dernier cas en effet, loin d’etre la
sauvegardedu malade aliened en devient l’exploitation.
J’ai precedemment developpe cette question du travail dans
le traitement des aliends, et rdpondu k l’objection prealable par
laquelle on a pretendu ecarter toute tentative therapeutiquepar
le travail.
Psychopathie serait synonyme d'epuisemenf cerebral et d'in-
sufflsance d’energie nerveuse, d6s lors faire travaillerun psy-
chopathe reviendrait k augmenter son dpuisement nerveux et k
aggraver son cas. L’ergotherapie serait done un leurre I
C’est envisager la psychopathologie de fa$on simpliste et nd-
gliger, k cote des psychopathies par deficit, cedes par hyper-
kynesie et exagdrations fonctionnelles dynamiques.
Les categories de maladies mentales auxquelles peut s’appli-
quer utilement le travail-traitement sont multiples, ce sont la
majorite des psychoses de toutes espfeces ; il n’est pas d’aliene
qui ne soit susceptible de se represser k la vie normale par
quelque cote, sous la forme d’une participation k quelque travail
intelligent et intelligible; il n’est pas de signe de meilleur
augurequel’interetmanifeste par un malade alidne a l’activite
dont il peut etre temoin, l’incitation imitative lui suggere A
quelque degre le retour k des reactions normales anterieures A
la maladie, c’est un rAveil de souvenirs moteurs, le tout est de
23
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310
KEVl T K PK PSYCII1ATRIE
rdgler ce premier pas dans la vie active rdveillde et (Ten
manager rintdrdt, la progression et la persistance.
Dans le type de perturbation dlementaire initiale mais g6ne-
ralisee et profonde qu’est la confusion mentale aigue, la syn-
these mentale est suspendue ; le courant des excitations centri-
petes trouble a son arrivee n'dveille qu'une impression chaotique,
des efforts vains de reactions inadaptees; e’est un dtat rappelant
celui du rdveur qui se consume intdrieureraent en velleitds de
fuite sans poirvoir remuer les jambes pour fuir son cauchemar;
une fatigue maxima en rdsulte quand meme et par soubressauls
impulsifs; la surexcitation centrale et dmotionnelle capitalisees
se traduit incidemment en raptus violents determines, ou
en agitation anxieuse g6ndrale vague. Tout le courant centri¬
fuge est incoherent et s’dcoule ainsi, inutile k la reprise de
l’equilibre fonctionnei qu’il contribue mdmeiicompromettre,par
l'dbranlement centrifuge des emotions diverses.
On peut rdsumer en un tableau par ordre d’importance
ddcroissante les categories principales de malades alidnds
susceptibles de tirer le plus de profit, du travail-traitement,
soit des le debut de leur psychose, soit aux periodes de remis¬
sion ou de convalescence.
Adultes arridrds debtles congdnitaux et ddg6ndr6s
intdrieurs 1 . 80 0/o
Ndvroses et epilepsies en dehors des crises. . . 60 0/0
Intoxications (apres sevrage). 50 0/o
Mdlancolies et manies au ddclin. 40 0/o
Ddlire ebronique apres la phase d’inquidtude .) .,
Ddmences precoces aprds la pdriode catatoniquei
Ddmences paralytiques aux deux premieres p6-
riodes et en 1/2 remission. 20 0/o
Ddmences sdniles amdliorees. 10 0/o
Le principe de la colonisation agricole de travail pour les
alidnds paralt assez clairement adoptd par la majoritd des alid-
nistes compdtents.
En ce qui concerne l’Ecosse, la question est nettement tran-
clide dans le sens de l’annexion aux asiles de telles colonies
agricoles ; il n’existe de colonies inddpendantes queles colonies
familiales, encore ne le sont-elles pas toutes, et pour Woodilee,
par exemple, des placements familiaux mixtes sont faits de
l’asile dans le village voisin de Balfron.
Mais la colonie familiale ne doit pas dtre confondue avec cello
qui nous occupe, qui est une agglomeration des malades embri-
1 Les premiers sont d autnnt plus nptes & l’ergotherapie manueUe qu’il* ont
ete soumis plus tat a la m^dicop^dogogie prenlable.
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LE TRAITEMENT DBS ALIENAS PAR LE RETOUR A LA TERRE 311
gadds en quelque sorte directement par rAdministration pour
des entreprises serai-industrielles ou agricoles pures.
Pour la colonie de travail agricole vraie, independante, elle
n’existe en Grande-Bretagne qu’& Manchester, k la Colonie Dawid
Lewis, eta Londres (Horton Epsom), ou le systemeest applique
a plusieurs centaines de malades (epileptiques surtout).
Nous avons dressd d'autre part, une sorte de tableau compa-
ratit des principaux essais tentds en Am6rique, en Italie, en Al-
lemagne, en Autriche et en Russie.
Amerique. — En Amdrique, la multiplicity des legislations
et la decentralisation administrative font que les systemes les
plus vaiies sont appliques dans les Etats voisins etaussi dans le
m£me Etat. Nous n’en voulons pour preuve que les etudes du
docteur Wise, de l’asile de Willard (Etat de New-York) celles
de M. Stedman (Massachusetts), du docteur G. Palmer, de Ka-
lamaka (Michigan) et du P. Sprathling de Craig Colony (So¬
ny ca).
Elies montrent que, \k aussi, on s'attache k traiter separe-
ment les alidads susceptibles d’une readaptation par retour k
la terre ; pour cela on les rdpartit dans des domaines cultu-
raux, dans des colonies autonomes et dans des villages groupds
autour d’un petit asile qui permet de poursuivre le traite-
ment. Pour le Massachusetts, corame k Indiana, il existe
des villages de ce genre avec 200 malades disseraines autour
d’un pavilion d’asile. Craig Colony realise dans le Comte de
Liwingstone pres de New-York un centre considerable de plus
de 1.200 malades.
Ce systerae a donnd de bons rdsultats& tous les points de vue,
mdme sous le rapport economique, en permettant de faire une
installation raoins coraplexe que celle des autres asiles, il a et4
imile par Cabredi la colonie de Lujan annexde k l’hopital Las
Mercedes de Buenos-Ayres.
Italie. — Le principal dtablissement de ce genre est le Ma-
nicoraio de St-Lazarre, pres Reggio, qui ne rappelle en rien un
hopital, mais qui est plutdtun village de 700 malades travail-
leurs, dont 200 femmes. On sait k quel degrd de perfection cet
etablissement a 6te pousse par le P r Tamburini. Dans la « Colo*
nia agricola Zani», plus de 100 malades ont aussi leurs habita¬
tions et meuent une vie libre d'agriculleurs. En outre, une
verrerie et une laiterie et plusieurs ateliers varies, ainsi que
la culture du ver a soie, y existent.
La colonie-asile de Monbello, que je viens de decrire (Rev.
Phil.), pres Milan, et Imola, en Emilie, occupent leurs malades
aux travaux les plus divers.
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312
REVUE DE PSYCHIATRIE
M. Pisani, directeur de l'etablissement de Palerme, signale
aussi que l'agriculture. largement pratiquee dans son asile-co-
lonie, est excellente pour les alidnes.
A Rome mAme, il a existe un asile village dont Pons a donne
la description dans les Annales mAdico-psychologiques.
Allemagne. — Le chateau d’Altscherbits (Saxe), achete par
legouvernement allemand pouren faire une maison d'alienes,
a 6le organise par Kceppe en une grande colonie agricole, avec
une population de 500 abends.
Le professeur Westphal dit de cette colonie :
« Lasplendide propridtd d’Allscherbits, en Saxe, est cultivee
exclusivement par les mains des alienes et donne des rdsultats
dconomiques admirables.
« L’air de la campagne et le travail des champs sont aussi nd
cessaires pour les cas aigus que pour les cas clironiques. Cette
organisation doit done Atre une,et k ce point de vue,onne peut
pas opposer l’asileIt la colonie. Le travail est aussi indiquA pour
les cas rAcents et pour les inguArissables ».
. Le docteur Poetz ajoute, dans ses rapports, que 90 pouu 100
des malades travailleut actuellement et qu’ils sont aptes 2» tra-
vailler dans toutes les branches du travail agricole (y compris
la culture au moyen des machines).
Les asiles-colonies construits sur le plan d’Altscherbitz sont
essentiellement composes de deux parties bien distinctes: la co¬
lonie ou Ton applique le systeme de l’open-door, e'est-a-dire
oil les malades jouissent d’une certaine liberte, et 1’Asile propre-
ment dit, l’etablissement central, oil les alidnds sont, non point
comme ailleurs « detenus » derriere des murs et des grilles,
mais soumis k un traitemeut individuel serieux et k une sur¬
veillance constante. Partout, aussi bien k la colonie qu’i I’hdpi-
tal central, se manifeste la preoccupation d’dcarter tout ce qui
pourraitrappeler une maison de detention, voire une caserne.
L’art architectural lient peu de place : on pense moins k la sy-
mdlrie du plan, aux perspectives majestueuses, aux construc¬
tions monumentales, qu’aux exigences du traitement des diver-
ses categories de malades. On s’ingenie k procurer aux abends
la plus grande liberld possible : tout dans l’organisation mate-
rielleet morale de l'etablissement tend £ donner satisfaction &
ce principe. Point de ces quartiers, tous b£tis sur le mAme mo-
dele, symetriquement disposes, flanques d’un prdau rectangu-
laire ; rien de cette uniformite dont I’oeilse lasse et qui donne &
la plupart de nos asiles une physionomie si monotone ; point
d'enceinte decldture eievde ; point de murs de separation entre
les divers quartiers ; point degaleries couvertes, point de bar-
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LE TRAITEMENT DES ALIENES PAR LE RETOUR A LA TERRE 313
reaux aux fengtres, points de sauts de loup. Toutes ces dis¬
positions si pgnihles, si inutiles aussi, des asiles fermgs, sont
remplacdes par un classemeut soigneux des aligngs dans des
pavilions completement isolds, ne renferraant que 25 4 40 ma-
lades. (Serieux).
Bethel. — Le pasteur von Bodelscliwingh a fondg, k Bethel
une ville d’epileptiques, dans un coinde la forgt de Teutobourg,
prds de la petite ville de Bilfeld, en Westphalie.
En 1867, il y avail 4 gargons gpileptiques dans une pgtite
maisonnette paysanne. Le nombre atteint plus de 1.000 actuel-
lement. Les maladess’aident mutuellement dans lescas d’acci-
dents. La colonie se sufflt par le travail des malades ; elle est
rgpartie dans 55 maisons dissgminges. II y a des malades hom¬
ines et femmes, groupgs suivantleur profession et sous la sur¬
veillance d'un inflrmier avec sa familledanschaque maison; ces
derniers \iventelmangent avec les malades. La colonie est ou-
verte et la circulation libre, je l’ai visitge en 1896, elle comp-
tait des colonies de vagabonds et sans travail, des colonies
d’adultes arrieres, d'epileptiques, de sourds-muets et aveugles,
d’enfauts idiots, de vieillards et d’aligngs divers.
On reproche ii cette curieuse institution de 1’initiative pri-
vge protestante son caract&re plus confessionnal que scientifl-
que et medical. L’oiganisation du travail y est plus du travail-
rendement que du iravail-traitement.
Une petite colonie, & Altbourg, en Wurtemberg, compte 40
malades ; elle a produit, en 1895-96, lors de noire visite :
1. Paturage. 265.000 kilogrammes
2.
Orge.
8.500
»
3.
Ble.
1.500
»
4.
Avoine.
13.800
5.
Pommes de terre et haricots..
35.000
>
6.
Aulres legumes.
35.000
7.
Fruits vendus.
121.000
>
8.
Lait.
126.350 litres
, etc.
Rgcemment, on a encore ouvertdeuxnouvelles colonies agri¬
coles en Allemagne : l’une, en 1883, A Gabersde, en pays mon-
tagneux ; l'autre 4 Emmendingen (Baden).
Ajoutons la colonie de Tchardras, la plus ancienne d’AUema-
gne (docteur Voppel) et celle d’llten, presde Hanovre (docteur
Wahrendorff). Dans ce dernier etablissement, le prix d’eutre-
tien de chaque malade ne s'gleve pas k plus de 337 francs 50
l’an.
Aux environs de Brgme, la colonie de Ellen hospitalise des
malades qui coutent de 10 k 37 francs par mois.
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314
REVUE DE PSYCHIATRIE
En Autriche-Hongrie existe aussi une colonie, k SIup, pres de
l’asile de Prague, et rAsile-Colonie agricole tout recent de
Mauer-CEling pour la Basse-Autriche.
Russie. — D’apres la statistique fournie par le departement
medical du Ministere de lTnterieur russe, il y a plus de 400.000
alidnds en Russie.
II rdsulte des calculs du docteur Ragozine que 75 pour 100 de
ce nombre sont dangereux pour la security publique, soit
300.000. De ce nombre, 18.000 seulement sont hospitalises.
Ilya done urgence absolue d’aviser, en multipliant les modes
d’assistance.
Le docteur Lion preconise, pour cela, le systeme de colonies
d’alidnds, colonies agricoles surtout.
« Le travail y est en mdme temps traiteraent et nourrice. »
II n’est pas seulement utile pour une categorie de malades,
mais pour tous. II doit dtre ordonnd par le mddecin.pour cliaque
malade en particulier, comme traitement.
En Russie, le travail des alidnds est surtout organise dans six
dtablissements coloniaux. Les plus importants sont ceux de
Kolmovo, Scitarow , Bourachef .
Kolmovo . — La colonie la plus ancienne est Kolmovo, pres
Novgorod : organisnfeur, docteur Cbpakowski.
De l’avis de tous ceux qui out vu cet dtablissement, le travail
productif a une importance Ires bienfaisante. Pour les cinq
sixiemes des alienes, le travail est un traitement puissant.
Saratoio. — Le docteur Bielenski se priverait plutot de la
pharmacie que du travail pour ses alienes.
Plusieurs membres du Zemstvo (Conseil gdndral) ont pu
constater que les malades, qui etaient anterieurement agites
et alcooliques, travaillent pacifiquement et tranquillement,
(MM. Gourief, Tosen et Bielopolski).
Bourachef . — Le rapport du docteur Litvinoff sur la colonie
des abends de Bourachef (gouvernement de Twer), oil le travail
k Lair libre est organise, constate que plusieurs malades doi-
vent leur gudrison au travail.
Citons enfln les colonies agricoles de Moscou (Pokrowsk) et
de Nijni-Novgorod.
Geci est une dbauche de la gdographie gendrale de la colonisa¬
tion agricole d’assistance, disons quelques mots de son histoire.
— C’est au xvm e siecle, dans le duchd de Cleves, qu’un pro-
pridtaire d’origine hollandaise, Ullmi, avait erdd k Phalsdorf
la premidre colonie agricole de misdreux (1746), elle comptait
145 assistds.
Cette colonie s’augmenta d’dmigrants sans foyer, venus
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LE TRAITEMENT DES ALIENE9 PAR LE RETOUR A LA TERRE 315
du Palatinat k Rotterdam, apres les ravages des guerres de
Louis XIV.
Les navires anglais n’etant pas arrives de Pensylvanie pour
les transporter, Frdddric l er de Prusse leur assigna des terres
nouvelles k Phalsdorf. Lorque M. deKeverberg dtait prdfet de
la province de Cleves, sous le roi Jerome de Hollande, la colonie
comptait 2.500 assists (393 maisons, 2.337 arpents labourables
352 debois, 105 de bruyeres, etc.)
C’est encore en Hollande, apres le licenciement des gros con¬
tingents militaires, consdcutif aux traites de 1815, que le gdnd-
ral Van Boch entreprit d’appliquer la colonisation agricole pour
la ^adaptation sociale des sans travail de tous ordres.
Cette institution servit de modele aux creations analogues de
Hollande, de Belgique,.d’Allemagne et de France.
Car partout sdvissait la m£me crise.
— En France le gouvernement de la Restauration fit k plu-
sieurs reprises les recensements partiels des indigents k assis-
ter et ils dtaient alors en nombre considerable.
Le corate de Laborde (enquSte de 1819) donne 1/40 de la popu¬
lation. Bigot de Maragnes 1/16.
Dans le Nord, le prdfet V. Bargemont signale 32.000 individus
de toutes categories a assister. (1/6 de la population). D'Haussez
prefet de la Gironde en trouve en 1826, 52.000, (1/10).
Aussi vit-on des projets varies de retour k la terre pour ce
contingent effrayant d’assistds.
Marivaux preconise Fintervention permanente de l’Etat et
des rentiers pour la remise en valeur de cette main d’oeuvre.
Des fermes d’experiences pour la r6adaptation agricole sont
creees partout ; citons la Meilleraye et les trappes agricoles de
Bretagne, la ferme de Roville, cr6ee par M. de Dornbasle, les
fermes des Landes, du comte de Tournon, celles d’Amiens de
M. de Rainneville, du Rh6iie (M. de la Haute), de la Vendee
(M. Van Castele), de l’lndre (comte de Chabrillant).
Pour ouvrir de nouveaux terrains k l’exploitation, les dcono-
mistes sociaux r6clament soit le lotissement des terrains com-
munaux, soit la cession des terres vaines et vagues et des lan-
des (D’Haussez). Selon le baron de Sylvestre, secretaire perpd-
tuel de la Society royale et centrale d’agriculture, il faudrait
une loi pcur mettre « toutes les terres vagues en disponibilitd
et obliger les communes proprielaires k cultiver, & louer a tang
bail ou vendre leurs terres vagues ou incultes 1 ».
C’est alors que sous l’impulsion des Prefets et des personna-
1 Sologne , Bretagne, Gascogne , Villeneuye, Bargemont, de Tollenaire, dt
Beaulieu, cTHaussez, de Cazes.
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316
REVUE DE PSYCH1ATRIE
litds en vue des diverses regions, sont entreprises les oeuvres
diverses de colonisation agricole de la Sologne, des Landes, de
Bretagne et de Gascogne. Les noms de Yilleneuve, Barge-
mont, de Tolldnaire, de Beaulieu, d’Haussez et de Cazes sont
intimement li6s 4 l’histoire de ce mouvement, tout d’initiative
privde au ddbut.
En 1828, M. de Belleyme, prdfet de police consulta la Societd
royale d’agriculture pour une entreprise gendrale de travaux
ruraux d’assistance en vue de 1’utilisation des indigents de
Paris.
C’est l’idde que reprendra 40 ans plus tard le baron Haussmann
pour liquider le stock des epaves de Paris. Mais les pouvoirs
publics en sont encore k susciter et encourager des initiatives
privdes pour la crdation de ces oeuvres par crainte de l’inter-
vention de l’Elat.
En mdme temps qu’d Paris le Prdfet de police ouvrait une
souscription officielle en vue de ci der cette colonisation agri-
cole, une circulaire dtaitadressee aux representants des ddpar-
tements par le Ministre de Martignac, demandant une enqudte
sur la possibilild d’etablir dans les departements les colonies
agricoles d’assistance.
Sur cctle enqudte, le comte de Tournon, pair de France, cliargd
du rapport, deposait son mdmoire favorable et annonga l’inser-
tion au Moniteur Uniaersel le 25 juillet 1830. Mais la Rdvolu-
tion survint qui en empdcha l’impression.
On peut du moins juger par les dtudes et projels de l'dpoque,
de l’esprit dans lequel la colonisation agricole d’assislance etait
alors comprise.
On les peut rdsumer en deux mots : 1° abandon aux initiati¬
ves privdes de la crdation des colonies agricoles rdclamdes,
2° caractere penal et coercitif de la collocation des assistes qui
sont confondus avec les prisouniers au point de vue de la facon
administrative de les traiter. Cesont des mesures de police plus
que d’assistance, c’est de la colonisation forcee qui ne vaut pas
mieux que les depdts de mendicitd de l'dpoque. Vieillards demi-
valides et inflrmes sont confondus ensemble sous les noms de
mendiants et vagabonds, c'est pour eux que sont rdclamdes les
colonies agricoles du baron de Sylvestre, 10 novembre 1830, sur
1’amelioration des terres vagues etincultesdu domaine de l’Etat
et des communes ; Barbe Marbois, k la mdme epoque, demande
k la Societd pour l’amdlioration des prisons, le ddsencombre-
ment par la fondation de colonies agricoles, pour lutter contre
la mendicitd et le vagabondage.
M. Cochin ouvre une souscription pour les colonies de ddfri-
chement par les mendiants valides et liberds des prisons. 11
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LE TRAITEMENT DES ALIENES PAR LE RETOUR A LA TERRE 317
fonde d’ailleurs k Paris des refuges pour ceux de ces mis^reux
sans asiles k coloniser ult6rieurement.
Le gouvernement de Louis-Philippe leprit bientot 1‘etude de
la question pendante, et le 6 novembre 1832 le Ministre du
Commerce et des Travaux Publics, Comte d’Arzout, etablit un
rapport proposant la nomination d’une commission officielle
investie du soin de rechercher une solution rapide du pro-
bleme. (Monit. Univ. p. 1921).
« De tous les plans en discussion, il en est un qui se recom-
mande ddja par Inexperience, celui des colonies agricoles inte-
rieures, dont quelques nations ytrangeres ont donnd l’exemple,
et qui ont acquis, particuliereraent en Hollande et en Belgique,
des ddveloppements capables de faire appr6cier les avantages
de cette institution.
» Les administrations charitables ont tout profit k faire passer
dans ces colonies la population valide de leurs etablissements,
puisqu’elle y trouve k plus bas prix, une existence meilleure.
Corameasile, corarae correction, comme repression, l’institu-
tion des colonies torches oflre k la societe des garanties que les
maisons de refuge sont loin de lui presenter sous les rapports
raoraux et materiels. Enfin Tagriculture en general gagne beau-
coup a ces exploitations en comraunaute, qui deyiennent de
v6ritables fermes modeles.
* La colonie agricole ases avantages pour assurer secours k
HionnSte indigence, extirper la mendicity, reprimer les malfai-
teurs, et donner une existence rassurante aux formats lib^res,
tout en accroissant la prosperity de Tagriculture, la s6curite
publique, la richesse de l’Etat 4 . » H. de Pommeuse.
Ce rapport revele tres exactement rytat d’esprit qui regne
alors. L’idye a fait son cliemin : elle a penetre la conscience
publique. On est convaincu des avantages de sa realisation. Le
Gouvernement n’hysite plus lui-myme k prendre lat£te du mou-
vemeut. L’ouvrage d’Huerne de Pommeuse, que le Ministre de-
signe clairement dans les dernieres lignes de son rapport, a
vaincu les dernieres hesitations. On veut agir. II ne s’agit plus
que de dresser le plan definitif de l’entreprise officielle ddsor-
mais, mais la speculation privee cherche encore dsedyvelopper,
et devance l’Etat en 1833 ou une compagnie de spyculation se
fonde k Paris pour exploiter les idees de colonisalion agricole.
(Enqu<He du Prefet de Police k la Society dagriculture,
Annales de Vagriculture 1833, p. 143).
Cependant deja le Conseil general du Loiret etudiait un pro-
1 Moniitur Universel, 1832, p. 1921.
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318
REVUE DE PSYCHIATRIE
jet de colonie agricole libre par maisons dispersees dans les
carapagnes.
- A partii* de cette epoque eii effet, les etudes comraencent k
s’aflranchir du point de vue coercitif et dur, on ne parle plus de
colonisation forc6e et ce mouveraent s’accentue progressive-
ment jusqu’& la fin du regne de Louis-Pliilippe.
En 1842, Napoleon Bonaparte, detenu au fort de Ham, pre-
conise dans les «idees napoleonnienes » la creation de colonies
agricoles libres comme le seul remede au paup6risme.
Mais dejS Tidee est entr6e en voie de realisation sur les seuls
terrains ou elle etait pratique, c’est-4-dire sur le terrain de
Tassistance et non plus de Taction penitentiaire, et sur Tinter-
vention de TEtat, au point de vue de Tentretien et du contrdlo
bien au point de vue de la fondation premiere.
L’orienlation de notre assistance sp^ciale des ali6nes s’en
ressent des cette epoque, oil les asiles departementaux naissant
de la legislation de 1838, s’annexerent, en de nombreux endroits,
des exploitations cullurales et des fermes plus ou moins impor-
tantes.
(Exemples : les asiles agricoles d’Auxerre, Pau, Mayenne,
Evroux, la ferme primitive de St-Anne, Fitz-James k Cler¬
mont, etc.).
A maintes reprises entre temps se manifesta d’ailleurs la ten¬
dance k Torientation de Tassistance des ali4nes vers le travail
agricole.
Citons entre autres les etudes de G. de Cailleux, les Congres
de Lyon 1891 et Blois 1893, sans oublier les Congres internatio-
naux de 1887 et 1889.
Ce que presente de plus caracl&istique en France le dernier
congres national d’Assistance, & Bordeaux 1904, fut prdcis^ment
Torientation generate vers la colonisation agricole manifeslee a
propos de la question a Tordre du jourde Tassistance des valides
3ges.
Les rapporteurs g^nerauxet speciaux ont tousindique la colo¬
nisation agricole comme solution de choix, sur le terrain parti¬
cular de la situation des malades alienes et de leur assistance
therapeutique. La direction des affaires departementales de la
Seine, d'accord avec le rapporteur g^ndral des Colonies M. Felix
Roussel, actuellement president du Conseil general, ddcida alors
Tetude d’une colonisation agricole.
C’est cette dtude qui aboutit au choix dun domaine de 200
hectares dans le Cher, k Ch&sal-Benoit, dont Tancienne abbaye
permet Tamenagement en cours d’un hopital special de 300
lits.
Un projet de village artiflciel pour 1000 malades h 6t6 adopt6
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LE TRA1TITMENT DES ALICES PAR LE RETOUR A LA TERRE 319
sur mes propositions. J’ai emprunteles principaux dispositifs k
ceux de la colonie londonienne d’Epsom d’une part, l’amdnage-
ment intdrieur des pavilions dissemines reproduisant avecquel-
ques modifications cellos adoptees k Pokrovsk par Korsakoff.
Ce premier pas dans le domaine de l’application en grand du
retour a la terre est prevu pour un millier d’assistes.
Aborder le ddtail de rorganisation technique d’une telle
crdation nous enlrainerait hors des limites prevues par cette
revue critique, nous en faisons l’objet d’un rapport adminis-
tratif special sous presse, nous en rappellerons seulement ici
les conclusions gdnerales :
L’avenir de l’Assistance des alienes (cornrae celui de 1 Assis¬
tance gdndrale) rdside dans la specialisation de plus en plus
grande des moyens therapeutiques adequats aux diverses
categories de malades selectionnes scientifiquement.
Les dangereux et criminels mis & part, les aliends aigus
concentreront l'attention initiale dans des hopitaux cliniques
dds le ddbut de leur affection.-Les chroniques et les convales¬
cents seront dliminds ensuite, et bdneficieront de bonne heurd*
des moyens de rdadaptation sociale prudente. L’assistance
lamiliale definitive ou transitoire sera assuree aux chroniques
tranquilles et aux convalescents.
La colonisation de travail par le retour k la terre, k 1’ecart
des milieux sociaux agglomdres, doit donnerselon la conception
hollandaise, un appoint serieux k la rdadaptationsociale relative
dans les conditions les meilleures au point de vue economique
general, comrae au point de vue philanthropique dumieux dtre
des malades susceptibles d’en beneficier (particuli&rement les
epileptiques degeneres et arrieres adultes, ddsetpiilibres inso-
ciables etc.).
On peut des a present tracer, d'apres l’experience comparee
de divers pays (Amerique, Angleterre, Allemague et France) le
programme gendral des Colonisations agricoles ouvertes com-
plementaires des asiles fermes de traitement.
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320
REVUE DE PSYCH1ATRIE
FAITS ET OPINIONS
CONSIDERATIONS ANATOMO CLINIQUES
SUR UN CAS DE STUPE UR
Par H. Nouet
Interne A Vasile de Bloia
Lescas de stupeur,survenant b un £ge avance, sont assez rares,
aussi avons-nous pense interessant de publier l’histoire clinique,
complete par l'examen histologique du cerveau, d’un malade
ayant presents ce syndrome.
Le malade dont il s’agit, ancien alcoolique, a pr6sent6 b 60 ans
un acc&s de melancolie anxieuse avec id£es de persecution, d’auto-
accusation et tendances au suicide. Apr&s une phase delirante
trfcscourte, de quelques mois b peine, ce sujet est tombe dans un
6tat de stupeur. accompagne de negativisme. Pendant 7 annees, il
a presente le m6me syndrome, sans aucune modification.
Voici d’ailleurs, l observation de ce malade. Nous la ferons sui-
vre de quelques remarques sur les particularity cliniques, etiolo-
giques et anatomiques qu’elle comporte.
*
* *
P. Jean, cultivateur, bge de 60 ans, b son entree b l'asile d’Or-
ldans, le22 novembre 1899.
Antecedents hereditaires. — Pbre mort b 65 ans, d’hemorragie
cer^brale. M6re morte b 60 ans de maladie inconnue. Deux fr&res
vivants, en bonne sant6. Le p&re du malade, quelques mois avant
sa mort, a presente des troubles mentaux caracterisds par de la
melancolie anxieuse avec id6es de persecution.
Antecedents personnels. — P. est marie, il n’a jamais eu d’en-
fants. Il ne sait ni lire ni ecrire. Il exergait la profession de culti-
vateur etgagnait peniblement sa vie. P. n ? a jamais fait de maladie
grave, ni pendant son enfance, ni b l’&ge adulle. Il £tait d’un
caract&re doux, facile, tr&s estime de ses voisins avec lesquels il
vivait en tr&s bons termes. Jusqu’&40 ans il a fait des exc&s aicoo-
liques. A 56 ans, en 1895, il souffre de violentes douleurs stomaca-
les, surtout apr6s les repas. P. dprouvait une sensation de brOlure
accompagnee d’acc^s d etouflfement.
Les troubles mentaux ont commence b se manifesler en mai
1899, c’est A-dire 6 mois avant son internement. A la suite dennuis
survenus b l’occasion de la vente d’un terrain, il se figure peu &
peu que tout son bien va etre vendu, qu il ne va plus resler en
possession de la plus petite parcelle de ses propriety. Il est com*
pifctement ruin6, perdu. Apr&s un voyage qu’il fait b G., P. declare
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CONSIDERATIONS SUR UN CAS DE STUPEUR
321
qu’on lui a fait prendre, dans cette ville, un breuvage empoisonnE
dont il ressent les effets. A son retour, ayant regu la visite du cure
de sa commune, il dit apr&s cet entretien, que le prGtre lui a fait
avaler de l’eau bEnite, ce qui a acheve de l’intoxiquer, P. en congoit
une haine terrible contre le cure et declare que s'il le rencontre il
lui fera un mauvais parti. Lavien’est plus possible pour lui. A
differentes reprises, il tente de mettre fin b ses jours en se frap-
padt la t6te contre les murs. Il est violent pour les gens de son
entourage. P. se plaint de violentes douleurs stomacales et s’ali-
mente trfcs mal, pretendant qu'il ne peut supporter les aliments.
A son entree b l’asile, P. est tr&s anxieux. Il gEmit, pleure toute
la journEe, tremble constamment, fuit toute society, ne parle b
personne, et ne rEpond aux questions que par les m6mes phrases :
« Je veux me detruire pour echapper b la honte ». « Comment
vont-ils faire. Tout va 6tre perdu ». A d’autres moments il
demande b s en retourner chez lui : il ne peut rester plus long-
temps b l’asile oil Ton tente de l’empoisonner et oh tout le monde
lui en veut. P. refuse toute nourriture. Trhs agile, il essaie conti-
nuellement de se frapper la t£le contre les murs, il tente d’escala-
der les grilles pour s’enfuir. L’on est obligE d’user des moyens de
contrainte et ses lamentations augmentent encore. 11 insulte tous
ceux qui l'approchent. La nuit, l’insomnie est complete, P. ne
cesse de gEmir sur son sort et sur celui de sa famille. Cet Etat
demeure stationnaire durant un mois, et le malade maigrissant
Enormement, I on est obligE de le laisser au lit et de l’alimenter
deux fois par jour b la sonde. Pendant plusieurs mois il est nourri
de cette fagon et prEsenle au point de vue mental des alternances
d agitation et de depression voisine de la stupeur. L’anxiele dimi-
nue et il sort de l’asile, non gu£ri, sur la demande de sa femme,
le 9 juin 1900. A ce moment, depuis quelques jours, il s’alimentait
coivvenablement.
A peine sorti de l’asile, P. va se jeter dans une mare en face de
chez lui. Il s’y serait noye, si sa femme ne lui avait aussit6t portd
secours. A cette impulsion, succhde un dtat d’agitation intense,
qui dure pendant 10 jours sans aucune remission et nEcessite la
presence de quatre hommes pour le maintenir. L’agitation est
telle que malgrE tout ce personnel P. rdussit b s’Evader de chez lui
et s'enfuit dans la campagne. L’excitation persistant, il est de
nouveau place b Tasile oil il rentre le 24 juin 1900.
Aoui 1900. — Depuis son entrEe le malade est sombre, dEprimE,
il parle fortpeu ; quand on l’interroge, il repond seulement qu’il a
des idees qui le tracassent. Il ne s’explique pas davanlage.
Dtccmbre 1900. — Depuis plusieurs semaines, P. conserve le
mutisme le plus complet. Il garde constamment le lit. plonge dans
un etatde stupeur. Cette stupeur est accompagnEe de nogativisme.
P. se soustraith toutes les sollicitations qui lui sont faites. Il se
tourne constamment du c6t6 du.mur et cache la t6te sous les
couvertures, se raidit quand on saisit un membre, ferme les yeux
dbs qu’on les examine, tient la boucheobstinement close d&s qu’on
lui dit de montrer la langue. Il refuse complfctement les aliments,
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322
REVUE DE PSYCHIATR1E
deux fois par jour il est nourri b la sonde et ne manifeste aucune
resistance.
Janvier 1901. — P. est toujours en 6tat de stupeur avec mutisme.
II refuse toute alimentation.
Ferrier 1901. — P. a des periodes pendant lesquelles il refuse
les aliments. Il conserve le m£me ytat de stupeur avec mutisme
et negativisme.
Mars 1901. — P. mange seul. Mais il garde continuellement le
lit, toujours en stupeur. Le mutisme est absolu.
1902, 1903, 1904. — Pendant toute cette periode, le malade est
resty au lit, refusant le plus souvent les aliments, ne pronongant
pas un mot, t&chant de se souslraire b toutes les solicitations.
Etat de stupeur avec nbgativisme.
1905 et 1906. — P. est d’apparence physique normale. Il ne
prysente aucun stigmate physique de d^generescence. La taille est
petite (1* 62,) il p&se 60 kilogrammes. L’examen des differents
organes, l’auscultation dti coeur et des poumons ne r6v£lent rien
de particulier, ainsi que l’examen de ses urines. Les arl&res sont
sensiblement ath^romateuses.
Les reflexes rotuliens sont sensiblement exageres, le r6flexe
plantaire est en flexion lygfcre. Les pupilies ygales, reagissent b la
lumi&re. Pas de troubles moteurs. La demarche (que Ton observe
quand le malade va uriner) s’effectue normalement. La sensibility
parait intacte.
P. est toujours dans le m6me ytat de stupeur. Il ne prononce pas
un mot. Toutes les questions qu'on lui pose demeurent sans
r£ponse. Il reste confine au lit, la t£te toujours recouverte de ses
draps. P. ne se l£ve que pour uriner, csr jamais il ne gate. Quand
on l’examine, il se cache, fe^me obstinyment les yeux el tourne la
t6te du c6te du mur. Lorsqu’on lui prend la main, il la retire aus-
sit6t, applique son bras sur la poitrine d'ou, avec les plus grands
efforts, on ne peut l’enlever. P. refuse toujours les aliments et
chaque jour il faut le nourrir b la sonde. Le plus souvent il se
laisse faire, sans difficulty. Parfois il s‘y refuse obstinement et
Topyration devient alors trys difficile. P. presente en outre des
crises d anxiyty, accompagnyes, sans doute, d’hallucinations terri*
flantes. Les yeux sont alors grands ouverts, fixes. La figure est
pdie, le facies exprime Tepouvante. P. pousse des gemissements,
des cris inarticules, ses membres sont animys d’un tremblement
gynyralisy, il est dyspnyique. Le pouls, pendant ces accfcs, est tr6s
rapide. Ces crises, oui se renouvellent tous les 6 mois environ
durent 1;4 d heure.
1907. — Aucun changement dans l’etat. mental de ce malade.
C'est toujours la m^me stupeur accompognye de mutisme et nega-
tivisme. P. garde le lit, dans l’immobilite la plus complete. Il est
impossible d’en tirer un mot. Lorsqu’on veut l’examiner il s’y
soustrait par tous les moyens. Il cache continuellement la tete
sous les draps, ferme obstinyment les yeux. Les membres sont
raidis, on ne peut flychir l’avant-bras sur le bras — la nuque est
ygaleraent tendue. Parfois P. a des crises d'anxiyte analogues
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CONSIDERATIONS SUR UN CAS DE STUPEUR
323
b celles d^crites plus haut. Le malade refuse toujours toute ali¬
mentation. On le nourrit b la sonde, deux fois par jour. 11 se laisse
faire docilement. P. se levechaquejour, plusieurs fois, pour uriner
et ne g&te jamais. Pas de modification dans 1 etat physique du
mslade. Les diflterents organes sont normaux. Les rdflexes rotu-
liens sont sensiblement exager^s. Les pupilles sont egales et rea-
gissent b la lumi&re. Nous ne constatons aucun trouble moteur et
aucune alteration de la sensibilite.
P. meurt le 23 fevrier 1907, de pneumonie.
Autopsie. L'autopsie est pratiqu^e 24 heures apr6s le d£c6s.
Cerveau. — L’hemisph&re droit p6se 525 grammes, le gauche est
de m6me poids. Le bulbe et le cervelet p&sent ensemble 160 gram¬
mes. Rien de particular & l’ouverture du crAne. 11 n’y a pas d’adhe-
rences de ladure-m^re au cr&ne. La dure-m&reest tr&sepaissie et
adhere en beaucoup d’endroits aux meninges molles. Ath£rome
generalise des art&res de la base, du tronc basilaire et de l’arl6re
ophtalmique. La pie-m&re estconsiderablement dpaissie. Elle pre-
sente b sa surface des trainees laiteuses et de nombreuses granu¬
lations & la partie sup^rieure dela face convexe des hemispheres.
La pie-m&re n’adhfcre pas au cortex. La decortication se fait bien
il n’y a pas de happement; mais sous la m^ninge, apr&s decorti¬
cation , le cortex a un aspect un peu depoli, parchemine. Peu de
liquide c6phalorachHien. Rien d’anormal sur les parois des ven-
tricules. A la coupe pasde lesions localisees.
Bulbe.—Le bulbe nepr£sente rien d’anormal macroscopiquement.
Pas de granulations du plancher du 4° ventricule.
Cervelet. — Le cervelet est d’apparence normale.
Lepoumon droit est atteint de pneumonie (hepatisation rouge de
la base), l’aorte est 16g£rement ath^romateuse et les reins sont
scleroses.
Etamen histologique. — L'examen histologique a 6te pratique
en collaboration avec M. Marchand et a port6 sur les circonvolu¬
tions des regions motrices droite et gauche. Les mdthodes em¬
ployees ont ete celles de Nissl, de Weigert-Pal, de Van Gieson,
la coloration au picrocarmin.
La lesion principale consiste en un epaississement 16ger des
meninges molles avec sclerose de la couche moleculaire sous
jacente. Ces alterations sont diffuses.
Par la mdthode de Weigert-Pal, les fibres tangenlielles ne sont
plus representees que par quelques fibres trfcs fines, prenant mal
les colorants. La slrie de Baillarger est elle-meme tr&s peu appa-
rente.
La nevroglie presente une prolification tr&s accentuee dans
toute la couche moleculaire. II s’agit surtoutd’une prolification des
fibrilles. On n’y rencontre pas de grosses cellules en araignee
comme dans la paralysie g&ierale.
Les cellules pyramidales sont bien colorees, contiennent encore
de nombreuses granulations chromophiles. Elies prdsentent peu
de prolongements, un certain nombre d’entre elles sont pigmen-
t£es. Dans quelques-unes le noyau est excentrique,
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324
REVUE DE PSYCHIATRlE
Les vaisseaux du cortex ne presenters aucune trace d’inflam-
mation, mais un certain nombre d’entre eux sont atteints d'ath6-
rome. Par place, autour des parois vasculaires, on constate des
trainees de pigment jaun&tre.
Les meninges sont epaisses et adherent par endroits au cortex
sousjacent.
Elies ne pr6sentent aucune trace dinflammation. Queiques
vaisseaux des meninges sont 6galement atteints d’ath^rome.
*
• *
Dans un precedent travail 1 nous disions, b propos des psycho¬
ses survenant b la periode dmvolution, qu’ellesavaient une allure
generate qui les diflerenciait des psychoses de l’adulte et les fai-
sait ressembler parfois aux psychoses de ladolescence. Nous
avons explique ce fait par la similitude qu’ii y a au point de vue
biologiqueentre la gravity des lesions qui surviennent sur un cer-
veau en voie de formation et celle des lesions qui surviennent sur
un cerveau en voie de disintegration. Or les psychoses, n'itant
qu’une reaction du syst&me nerveux, determinie par des lisions
organiques, il n’y a rien d etonnant b ce qu’un cerveau qui se
trouve dans des conditions biologiques analogues, reagisse en
donnant naissance b des troubles psychiques identiques.
En un mot, I on peut rencontrer, chez le vieillard, des maladies
mentales qui par leur allure, leur symptomatology, ieur evolu¬
tion, ieur terminaison, se rapprochent tris sensiblepijnt des
psychoses des adolescents.
Dans notre cas, l’examen histologique est venuen effet con firmer
le diagnostic clinique. Nous trouvons chez notre sujet des
lisions du systime nerveux que l’on rencontre tr&s friquemment
chez les diments pricoces, b savoir : la disparition des fibres tan-
gentielles du cortex, la sclerose ciribrale superficielle et la me-
ningite subaigue. Done, au point de vue anatomique, notre ma-
lade repond bien b notre maniire de voir. D’autre part, au point
de vue clinique, notre sujet a presents une psychose dont Involu¬
tion et la symptomatologie rappeilent itrangement les psychoses
de l adolescence. La phase dilirante du debut a iti extrimement
courte, queiques mois b peine, et rapidement sont apparus les
phinomines dementiels (contrbles par fexamen histologique) de
stupeur avec nigativisme. Une fois parvenue b cet itat, lamaladie
n’a plus presente, dans son evolution, de modification appreciable.
Mais, de ce fait que nous trouvons chez ce malade un syndrome
clinique et des lisions anatomiques rappelant le syndrome et les
lesions de la demence precoce, devons-nous pour cela considerer
notre malade, ige de plusde 60 ans, en pleine periode involulive,
comme susceptible de rentrer dans cette catigorie d’alienis ?
Nous ne le pensons pas.
1 Du delire de persecution su; venant a la periode involulive de la vie. L. Mar-
CHAND et II. Nouet. Revue de Psychiatrie, rnai 1907,
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CONSIDERATIONS SUR UN CAS DE 8TUPEUR
325
Le domaine de la dimence pricoce a iti singuliirement aug¬
ments par quelques auteurs modernes et si nous voulions y rat-
tacher certaines psychoses devolution, nous ne ferions que con-
tribuer iobscurcir cette question. Et cependant l’idee de dicrire
une cc dimence pricoce tardive » n’est pas absolument inidite.
Dans un ricent travail, M. Stoutzo fils', admet l’existencede ce
syndrome chez le vieillarden se basant sur des exemples de cata-
tonie, signals par quelques auteurs dontCrocq etSchroeder, k des
Ages variant entre 45 et 60 ans. Ces faits, d’ailleurs, ne sont que
des exceptions, et, sileur seulejareti en constitue l’intirit, on ne
peat prendre l’exception pour la giniralitiet admettre l’existence
de la dimence pricoce chez le vieillard. Nous dirons plutit que
notre malade prisentait, au moment oil a iclati sa psychose, un
cerveau qui, au point de vue biologique, n'etait pas sans rapports,
avec celui d’un adolescent. II se trouvait en pieine periode involu-
tive, cette periode critique qui pricide la disintegration finale et
qui doit itre mise en parallile avec l adolescence, cette piriode de
formation, pricidant l’Age adulte ou piriode d’itat. II n’est pas
inadmissible que des psychoses ^dentiquesse manifestent sur des
terrains analogues.
Nous devons tenir compte, en outre, chez notre malade, du fac-
teur alcoolisme. En effet, cesujet a presents des habitudes ithyli-
ques jusqu’A 40 ans et s’il n’a plus fait d’excis k partir de cet Age,
son cerveau n’en avail pas moins itigravement altiri. Les lisions
anatomiques que nous avons pu constater chez lui doivent relever
pour une grande partie de cette intoxication, et ce fait prouve
qu’une intoxication alcoolique bien que remontant k une piriode
de la vie antirieure au dibut des accidents mentaux, peut itre la
cause et le point de dipart d’une psychose qui ne se manifesto ra
que beaucoup plus tard. Chez notre sujet il s’est icouli vingt an-
nies entre l’imprignation alcoolique des centres nerveux et l’i-
closion des phinomines psychiques, qui dans de semblables cas
constituent en quelque sorte le riveil d’un alcoolisme latent.
11 faut encore accorder au caraclire de l’individu une place im-
portante pour expliquer la symptomatologie de cette affection.
L'on sait que chacun riagit d’une fagon diffirente, suivant son
tempirainent et qu’en prisence d’une mime maladie ciribrale l’on
observera les syndromes mentaux les plus divers. Dans la paraly-
sie gdnirale, par exemple, nous observerons chez les uns de i’ex-
citation, chez d’autres de la dipression, suivant que le caractire
de l’individu le pridisposera k l’un ou k l’autre de ces itats. Le ca¬
ractire paisible du malade dont nous venons de parler le pridis-
posait plutot k faire des troubles mentaux k forme dipressive.
Enfin, au point de vue anatomo pathologique, nous constatons
chez notre sujet la prisence de deux maladies ciribrales sura-
jouties : dabord la miningite chronique et ensuite l’athiroma-
1 Stoutzo fils. Encore In question de la Demence Precoce. Annates Midieo
Psychologiqucs . Mars, Avril 1907.
23
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326
REVUE DE PSYCHIATRIE
sie c6r6brale. La meningite chronique relive probablement de
l’alcoolisme ant^rieur et peut-6tre l’ath6rome cerebral est il le re-
sultatde cette intoxication ancienne. Cesdeux facteurs r^unis ont
contribu^ b provoquer la disparition des fibres tangentielles du
cortex, qui constitue une lesion caracteristique des 6tats demen-
tiels.
L'interet de cette observation reside en ce fait b savoir qu’en
presence d’un cas de stupeur, il est absolument impossible de deter¬
miner quel est i’etat mental qui se cache derrtere ce sympt6me. En
effet la stupeur peut 6tre un symptome d^mentielet un symptome
de la confusion mentaleou de la melancolie. Or, dans la melanco
lie derrtere la stupeur, se dissimulent des id£es delirantes exlr&
mement actives. Chez les dements et les confus, la stupeur ne
s'accompagne d’aucun delire et elle est symptomatique d’un ralen-
tissementdes fonctions psychiques. Quant b savoir si ce ralentis-
sement est simplement fonctionnel (confusion mentale) ou s’il est
du b des lesions irr^parables du cortex (3tats d^mentiels), seul,
l’examen histologique, en montrant des lesions diffuses des fibres
tangentielles, pouvait nous permettre d’eclairer ce point.
Cecas nous donne l’occasion de constater combien il est difficile
de poser un pronostic ferme en presence d’un malade atteint de
stupeur.
LES CONGRES
CONGRES DES SOClBlES SAVANTES DE MONTPELLIER
Section de medecine (3 et 4 acril 1907)
Un cas de delire meg atomaniaque associt d unefolie raisonnante
de persecution (delire des persecutes persecuteurs) MM. Jacquemet
et Euziere.
G... est un hereditaire, il pr^sente des stigmates physiques de
degSnerescence ; il en offre aussi > des tares intellectuelles et
morales.
Sur ce fond vient se greffer de bonne heure une idee fixe de
persecution sans hallucination : il se croit frustr^ par son tuteur
et agitd&s lors en persecute actif; il porte plainte au commissaire
de police, au procureur de la Republique, demande conseil b
divers avou^s et avocats, adresse des suppliques au ministre de la
justice, au President de la Republique; n’obtenant pas de r^ponses
il se decide b faire feu, en plein pretoire, pour attirer 1’attention
sur lui et h&ter la solution de ses aflaires. Declare irresponsable
par un rapport medico-legal, il est interne b l’asile public des
abends de l’Herault (service de M. le professeur Mairet).
Trois ans apr&s son internement, apparait subitement un ddlire
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LfcS COKGRfes
32 ?
m^galomaniaque b direction religieuse qui prend corps et se
systematise. G... se croit d’abord le repr^sentant de Dieu, puis
devient Dieu lui-nteme. Ce delire s’accompagne d un veritable
changement de la personnalite. L^acc^s persiste pendant deuxans
et demi puis disparait assez brusquement.
IIn’aexisted aucun moment ni demence ni troubles paralytiques.
Les auteurs sont amends b regarder ce delire ntegalomaniaque
comme un ddlire dpisodique de degdndre b forme trfcs speciale et
prolongde.
Discussion. — M. Bonhomme croit voir dans les iddes de gran¬
deurs emises par le malade un caractere demen tiel.
M. Jacquemet rdpond que le malade n’a jamais eu de symt6mes
de demence, mais qu'il est fortement debile au point de vue intel-
lectuel.
M. Mairet diftere d'opinion au point de vue de Interpretation
du delire de G... II a toujours considerate malade comme unanor-
malement ddveloppe avec iddes de grandeurs, et les acles de
violence commis par le malade l’ont etd parce que son orgueii
etait froisssd.
M. Mairet estime que la folie des persecutions a 6te trop synthd-
tisde par certains auteurs et il pense que les debiles arrivent
parfois b realiser un delire b evolution systematique.
L’htreditt similaire dans la paralysie generate. M. Jacquemet.
Premiere observation : 1* le fils R. (Aug. J.), trente-trois ans,
entre dans l'asile le 12 juillet 1906 : il presente des symptdmes
dementiels et paralytiques tres nets et un delire marque par de la
depression et des idees hypochondriaques. L’dtiologiecomporte de
legers exces alcooliques agissant sur un cerveau predispose par
une heredite nerveuse pour la mere, similaire du c6te paternel.
2 # Le pere est mort Age de soixante ans b l’asile, le 4 septembre
1905, oil il etait entre le 18 septembre 1894 pour une demence para-
lytique avec delire caracteristique des grandeurs, de nature
alcoolique. %
L'autopsie du p£re comme du fils revdldrent des adherences
mdningo-corticales typiques.
Deuxieme observation : 1° le pere F. (Fred.) Age de quarante-
sept-ans, est re<;u b l’asile le 19 septembre 1885, par un certificat
de M. le professeur Cavalier, indiquant une demence considerable,
un delire de persecution vague et mobile et des troubles paralyti¬
ques universalises. La cause principale de lalidnation mentale est
un alcoolisme intense, la cause occasionnelleune chute de voiture.
La necropsie du malade confirma le diagnostic clinique ; 2 # lafille,
dgde de trente-quatre ans, est amenee dans le meme service que
son pere le 29 novembre 1905 et M. le professeur Mairet reconnalt
chez elle un delire megalomaniaque joint b des troubles dementiels
et paralytiques generalises. Cette demence paralytiquesuitactuel-
lement b l’asile son evolution rdgultere.
L’auteur a pu, au cours de ses recherches, relever b peine une
trentaine de cas publtes de paralysie generate dans lesquels
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328
REVUE DE PSYCHIATBIE
fher6dite similaire etait indiscutable. C’est ce qui l’a engage
publier ces deux observations que les hasards de la ciinique ont
reunis et que l'organisation parfaite de l’asile public des altenes
de flierault a permis d’observer aussi compietement. L'etudede
ces deux observations nous montre, au point de vue de lequilibre
des causes, combien les causes acquises peuvent etre minimes
quand l h^redite est assez puissante pour produire une maladie
similaire.
Discussion. — M. Lede a observe un malade chez lequel on ne
pouvait invoquer comme etiologie que le surmenage (service de
M. le professeur JofTroy) ; on sut plus tard que le p£re etait raort
de paralysie generate.
L'influence du tracail intellectuel sur la nutrition. MM. Mairet
et Florence.
Les recherches des auteurs ont porte sur cinq sujets adultes et
bien portents. Ilsont etesoumis& ira.regime &peu pr£s invariable,
comme quantite et comme qualite pendant toute la duree de che¬
que experience,
Cette duree a ete, tant6t de sept jours, tant6t de neuf jours,
repartis en une periode de repos intellectuel de trois jours, une
periode de travail intellectuel de trois jours, une seconde periode
de repos intellectuel de un b trois jours.
De eette etude, on peut conclure que le travail intellectuel influe:
I. Sur fabsorption :
a) Pendant la periode de travail intellectuel etcomparativement
b la premiere periode de repos, il y a :
1* Augmentation du poids des teces.
2° Diminution des quantiles dazote et d’acide phosphorique
absorbees,
b) Pendant la periode de repos intellectuel cons6cutif, en vertu
dun « mecanisme compensateur » :
1° Le poids des feces est plus faible :
2 9 Les quantites d azote et dacide phosphorique abteorbees sont
plus grandes que dans la premiere periode.
II. Sur la nutrition generate.
a) Pendant la periode de travail intellectuel etcomparativement
b la premiere periode de repos, il y a :
P Abaissement du coefficient azoturique ;
2° Abaissement moins considerable du point de congelation d'es
urines de vingt-quatre heures :
3° Augmentation du poids de la molecule elaboree moyenne;
4° Diminution de la diurese moleculaire totale, de la diur&se
des molecules elaborees, du taux des ^changes ;
5° Augmentation du coefficient urotoxique.
b) Pendant la periode de repos consecutif, toutes ces donndes
suivent une marche inverse et se conforment au mecanisme de
compensation.
III. Sur la nutrition cerebrate. Les sujets equilibrant exacte-
ment leur apport et leurs depenses, on constate :
Digitize CjOOQle
LES CONGRES
329
a) Pendant la periode de travail intellectuel :
1 # Pour I’azote des variations minimes ;
2* Pour l’acide phosphorique, plus d’acide phosphorique elimind
que d’azote absorb^.
b) Pendant la periode de repos cons^cutif;
1 # Pour I’azote, des variations minimes ;
2° Pour l'acide phosphorique, moins d’acide phosphorique elimi-
qu absorbe.
On en peut conclure que : 1° dans la periode de travail intellec¬
tuel, l’organisme provoque l’usure d un tissu riche en phosphore:
2 J Pendant la p6riode de repos consecutif, 1’organisme retient
urie pprtie du phosphore de ses aliments.
MM. Mairet et Florence concluent : Le travail intellectuel : 1 #
ralentit l’activitd nutritive g6nerale; 2° active la nutrition cerebrate.
Discussion . — M. Lede demande quels etaient les elements
depreciation du travail intellectuel.
M. Florence repond que ses experiences ont porte sur des etu-
diants preparaht le concours de l’internat et travaillant en moyen-
ne sept heures par jour intellectuellement, tout en continuant leur
travail b l’hopital.
M. Mairet fait observer que ces experiences ont offert toute ga-
rantie de contr61e. Tous ces etudiants sont arrives jusqu’k la fati¬
gue intellectuelle en travaillant les uns six heures, les autres
hult ou neuf heures, en moyenne sept heures, le travail intellectuel
fourni 6tant le meme.
La pellagre a I’asilc de Montpellier. MM. Mairet et Jacquemet.
L’etude de la pellsgre est depuis longtemps b l'orde du jour des
congrfcs. M. Mairet ayant signale une recrudescence dans la re¬
gion, qui lui vaut de nombreux cas dans son service b l’asile, les
membres de la section sont alles voir les pellagreux.
Dix-sept cas de pellagre en activite ont pu etre presentes, mon-
irant, en ce qui concerne les lesions cutanees, les divers degres
(depuisleryth&me & peine perceptible jusqu’aux ulcerations les plus
etendues en surface du moins, les lesions pellagreuses n’ayant pas
de tendance b gagner en profondeur) et les formes regressives vers
la gu^rison, de m£me que leurs divers si&ges (gantelets limites b
la face dorsale de la main, colerettes nettement limitees aux re¬
gions couvertes par le v6tement et, fail curieux, une ulceration en
voie degu&rison siegeant au niveau de la malleole externe qui est
habituellement couverte et souslraile & l’action des rayons solai-
res).
Au point de vue des troubles de la nutrition, ila et6 donn6 de
voir quelques malades en etat de cachexie et deux malades chez
lesquels une diarrh^e intense et rebelle s’amendait aetuellement,
progressivement, paraltelement b l’attenuation des autres symp-
t6mes. Les documents de l’asilepermeltent d’etablir que si, dans
la plupart des cas, les lesions n^cropsiques de l’intestin sont r6-
duites b une inflammation aigue superficielle, on a pu cependant
constater assez souvent des ulcerations.
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330
IlEVUE DE PSYCHIATRIE
Les symptEmes mentaux eux-mEmes ontdonnElieu E d’interes-
santes remarques : en ce qui concerne les divers genres d’aliEna-
tion mentale, atteints par la pellagre (paralysie gEnErale, idiotie,
melancolie anxieuse) et les modifications imprimEes par la pella¬
gre aux delires.
M. Mairet, dont l’attention est depuis longtemps attiree sur les
causes de cette veritable petite endemie, a EtE amenE E Eliminer
l’alimentation insuffisante ou defectueuse, etindique aux congres-
sistes comment il est arrive E incriminer l’encombrementdans un
asile trop vieux et surtout trop etroit et le cubage d’air par trop
insuffisant.
H. Pierce
REVUE DES LIVRES
Premiers mEmoires de SEouiN.sur Pidiotie; ettraitement
moral (Hygiene et Education) des Idiots (du meme auteur).
(2 vol. 182 et 530 pages n M III et III bis de biblioth^gue d f education
speciale, aux bureaux du Progr&s medical et chez Alcan, 1905 et
1906).
Ces deux ouvrages publies par les soins de M. Bourneville et
imprimis par les enfanfs de Bicetre, reprEsentent une partieseu-
lement des travaux de SEguin, ceux qui sont antErieurs E 1846.
Mfcis ils permettent, (surtout le traitE magistral d’Education qui
forme le second volume) aux mEdecins et aux educateurs d’appre-
cier l’oeuvre de celui que Bourneville considEre comme un des
premiers Educateurs du xix* siEcle.
Dans lavant-propos du traitE dont la premiEre Edition date de
1846, Seguin rappelle comment il fut encouragE par Esquirol E
poursuivre la tentative d’ltard, (sublime tentative dit Leuret) et
comment I’observation de rEsultats encourageants le conduisit au
perfectionnement progressif de sa mEthode.
Juqueuer.
Li’occultisme hior et aujourd’hui. Le merveilleux prE-
scientiflque, par J. Grasset. (1 vol.436 p., Coulet , Montpellier et
Masson , Paris : 1907).
Il est encore de nos jours desphEnomEnesoccttJ/esqui sollicitent
la curiositE gEnErale (l’attrait du merveilleux Etant de tous les
temps etde tous les lieux). ExploitE plus ou moins habilement par
certainea personnes, Vocculte sert de prEtexte E tant de fraudes
complEtement conscienies ou non, que quelques savants refusent
d’une faoon systEmatique d examiner les faits (a fortiori de discu-
ter les doctrines). — G.estime que cette attitude dEdaigneuse
est aussi nEfaste au progrEs scientifique que la foi aveugle dans
les rEsultats publiEs. II entreprend done de discuter avec toute la
rigueur souhaitable, les phEnomEnesderoccultisme, et les thEories
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REVUE DES LIVRES
331
qui vivent de ces phenom&nes en les inlerpr4tant. II se ddbarasse
d'abord des theories en montrant combien elles sont prematures :
le spiritisme (evocation des esprits) n’a pas fait ses preuves, non
plus que la doctrine des radiations psychiques (peresprit, corps
astral, biom£tres) un peu plus scientifique cependant.
Restent les phenom&nes, parmi iesquels ii faut d’abord faire une
gresse part h la fraude volontaice ou involontaire, totalement ou
partiellement consciente. et dont le demeurant n’est sans doute
que la terre promise de la science : L’occultisme n’est pas encore
scientifique, mais il peut le devenir: C’est le merveilleux prescien -
tifique . N’a-t on pas progressivement « desocculte » (suivant l’ex-
pressjon de l’auteur) des faits qui appartenaient jadis au domaine
de rocculte ? N’a-t on pas explique d’abord l’hypnotisme, puis la
baguette divinatoire, le cumberiandisme avec contact, les tables
tournantes, les fausses divinations par rdminescence, les romans
des mediums en transes, et ne connait-on pas jaujourd'hui le r61e
dans eesetats de la desegregation de la personnalite, de I’automa-
tisme psychique (De l’activite polygonale, traduit. Grasset).
Les faits qui, actuellement doivent encore 6tre tenus pour occul-
tes, et dont la demonstration experimental n’est pas jusqu’e
present realisee sont divises par i’auteur en deux grouges : Le pre¬
mier comprend la teiepathie et les premonitions, les apports h
grande distance, les materialisations de fantdmes. Si la demons¬
tration de ces phenom&nes est possible, elle parait en tous cas bien
lointaine. Dans le second groupe qui comprend les faits devantetre
recherches tout d’abord, prennent place la suggestion mentale etla
communication directe de la pensee, la clairvoyance, les deplace¬
ments voisins sans contacts (levitations et raps). L’ensemble des
phenomenes contenus dans ces deux groupes constituei’occultisme
d’aujourd’hui, dont l’etude est la partie originate du nouvel ou-
vrage de G.... II s’agit 1£, conclut l’auteur, de faits dont l’existence
scientifique n’est pas encore demontr6e. II serait done desirable de
proceder, dans le but de les etudier, h des experiences simples et
rigoureuses faites en pleine lumi&re avec un but unique et precis,
connu d’avance. La demonstration experimentale et irrefutable de
la levitation, de la suggestion mentale sans contact, de la clair¬
voyance « marquerait dej& un immense progres et une grande
conquete dans la science positive. »
J.
La reforme de la loisur les alienes, parHALBERSTADT(l bro¬
chure 20 p. extraite des Annales d’hygtene publique et de medecine
ttgale, avril 1907).
L’auteur etudie les modifications apportees h la loi de 1838 par
le projet Dubief aux trois points de vue suivants : Mesures legis¬
latives concernant l’internement; protection des interets materiels
et moraux de l aliene pendant l’internement; assistance medicale
des alienes indigents.
En ce qui concerne la premiere question, H... note quelques
dispositions qu’il consid&re comme excellentes ; celles qui r^glent
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332
REVUE DE PSYCHIATRIE
la situation des dvadys et des alidnes en sortie d’essai. II note
corame un progr£s sensible le fait que le placement des alienes
criminels est prevu et regie. L’intervention du pouvoir judiciaire
dans le placement des malades effectue par des particuliers lui
parait discutable, il.craint, en effet, que la multiplicity des demar¬
ches et leur caract^re peu discret fassent h^siter les families des
psychopathes, b une p^riode de l’affection oil le s^jour b l’asile
serait tr£s profitable b ceux qui en seraient l’objet. Cette critique a
ete formulee par d’autres auteurs.
Le nouveau projet de loi pr6voit un administrateur provisoire
des biens de laliyne place dans un etablissement prive, meme
dans les cas oil la famiile ne le demande pas. C’est \b une excel-
lente mesure pour sauvegarder les interns mat^riels des malades
sequestr^s.
L'assistanee medicale est l’objet, au dire de 1’auteur, d’amyiiora-
tions dbs longtemps souhaityes : dispositions relatives b la cons¬
truction de nouveaux asiles, au dysencombrement des asiles exis-
tant actuellement, b l’augmentation du nombre des mydecins
traitants. II y a cependant mature b critiques dans les paragra-
phes de la loi Dubief qui determinant la situation des futurs mede-
cins d’asile; mais il faut renconnaitre avec H... «le souci trfcs
louable, dont tous les oraleurs paraissent £tre amines de faire de
la nouvelle loi une loi d’assistance ».
Dans ses conclusions, en myme temps qu’il constate que la nou¬
velle Idgislation constitue unreel progr£s, l’auteur rappelle les
points particuliers sur lesquels il y a lieu d’attirer l’attention
avant la promulgation : necessity de reduire au minimun les
formalitys de l'entree (b la condition d’un controle rigoureux
pendant le sejour), de regler la question du divorce au mieux des
intyryts du malade, de consacrer b Tasile-hdpital de lavenir
des crydits suffisants, et fatalement supyrieurs b ceux d’aujour-
d’hui.
Juquelier.
La loi sur les asiles des ali6n6s en Italie, et les ali6n6s
criminels, par J. Antonini, (1 brochure 11 p., extrait des Ac(es
du CongrSs de Turin , 1906).
L’auteur propose une intyressante modification b l’article 4 du
rfcglement pour l’exycution de la loi italienne du 14 fevrier 1904,
concernant le placement des accuses absous pour infirmity d’esprit.
Parmi ces « absous » il y a de nombreux malades qui dysormais
seront surveiliys facilement dans les asiles ordinaires. Pourquoi,
dit A..., les interner dans des sections spyciales ? Il y a lieu de
rdserver celles-ci aux alidnys criminels, c’est-k-dire b ceux,absous
ou non, qui peuvent ytredes eldments de trouble ou de p6ril pour
l’asile ordinaire de traitement b cause de leur immorality eonsti-
tutionnelle. La syiection devra etre faite par les directeurs d asile
aprfcs internement.
J.
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REVUE DE8 LIVRES
333
Psychologic morbide, par E. Dupouy, (1 vol. 240 pages, Le-
marye, Paris, 1907).
Depuis la magie antique jusquA la m£diumnit6, en passant par
la sorcellerie du moyenAge, l’auteur montre que les croyances
fixes, les erreurs et les superstitions des collectivites se rattachent
b la psychologic morbide. Modifies dans leurs expression par les
conceptions religieuses du moment, les m£mes symptdmes ou les
monies syndromes psychopathologiques (illusions, hallucinations,
etats \Asaniques)se manifestent toujours dans des conditions sem-
blables, b la faveur de l’automatisme mental, qui suppose la dispa-
rition du contrdle attentif et volitionnel,et permet l’influence des
hdtdro-suggestions, ou de la contagion. Ainsi s’expliquent prdpa-
rdes par des desordres sociaux favorisant les troubles nerveux,
les grandes folies collectives, dont l’epiddmie de folie religieuse
occupant en somme tout le moyenAge est le type le plus impres-
sionnant. Apr&s son maitre Calmeil, E. Dupouy nous rappelle de
cette v^sanie collective et plusieurs fois sdculaire, les incidents
caractdristiques, c’est-£-dire les epidemies sans cesse renaissantes
de sorcellerie, de ddmonolatrie, de lycanthropie, d’hysAro-demo-
nopaphie, de theomanie etc. Les thdologiens et les magistrats fu-
rent sev£res aux pauvres ali6n£s quAtaientles sorciers etles pcs-
sedes. A de rares exceptions pr&s, les savants etles medecins par-
tagfcrent les erreurs commun^ment admises, et ne surent pas rat-
tacher £leur veritable cause les phenom£nes morbides qu’ilsobser-
v&rent b loisir ; mais ils furent souvent plus humains, parcequ’ils
n’allaient pas jusqu'au fanatisme des inquisiteurs et des juges.
Dans les observations dej& anciennes rapportdes par Dupouy, &
cotd de phenom&nes morbides aujourd’hui bien connus (halluci¬
nations, crises convulsives, r£ves delirants, etc.) des incidents
sont parfois signals qui sont peutAtresur le point -d’etre expli-
ques, mais qui jusqu’ici n’avaient pas retenu l’attention des corn-
men tateurs, parce qu’on les jugeait sans doute mensongers. On
trouve en effet dans l'histoire ce certains possedes des phenonrA-
nes de xenoglossie ou de levitation, analogues b ceux qu’ont
observes de nos jours, sans les expliquer d’ailleurs, des savants
tels que Ch. Richet.
Les decouvertes des physiologistes et des pathologistes ont don-*
ne la clef d’un grand nombre de faits jadis merveilleux, et l’au-
teur rappelle dans sa preface les travaux recents de Curie, G. Le
Bon, Crookes, de Rochas, Becquerel, Blondlot, etc., qui lui
semblent de nature £ diminuer encore le domaine de 1’inexpliqiA.
Au point de vue purement psychiatrique, il nous parait interes-
sant de signaler que Dupouy admet avec Brierre de Boismont les
hallucinations physiologiques (celles de Jeanne d’Arc, par exem-
ple). Cette opinion n est pas, b l heure actuelle, acceptee par la ma-
jorite des alienistes, qui admettent que l’hallucination est toujours
un ph6nom£ne morbide, sans la consid£rer comme etant fatale-
ment un symptome de folie.
Juquelier.
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334
REVUE DE PSYCHIATRIE
Gymnastique rythmique, par Jacques Dalcroze, (Vol.I, 1 vo¬
lume in-8 de 280 pages, avec 235 fig., Neuchatel, 1906). — L’auteur a
entrepris d’exposer sa methode pour le developpement de l'instinct
rythmique, du sens auditif et du sentiment tonal. Ce premier volu¬
me, consacrd h la gymnastique rythmique, decrit les exercices
varies gr£ce auxquels M. Dalcroze a reussi, chez ses el&ves, h
obtonir des dissociations rythmiques vraiment curieuses : 11 arrive
& faire battre jusqu’& cinq mesures & la fois par les mains les
pieds, la tete. C’est une synthase interessante de la gymnastique
et de la musique.
PlERON.
Les regimes alimentaires : Hygiene culinaire des mala-
des et des bien portants : 350 recedes de cuisine ditittique, par
A. Gottschalk (1 vol. in-18. Paris, Michaud 1907).
M. Gottschalk a eu pour but, en ycrivant son livre, de mettre au
point, pour le grand public aussi bien que pour le medecin, les
idees ^parses sur I’alimentation humaine, et de donner en m£me
temps des recettes culinaires d’execution facile, et de prix mo-
deste, qui soient etablies en conformity des donnees les plus mo-
derne de la science. D'oii deux parties bien distinctes dans ses
« Reqimes alimcntaires ». Une premiere, exclusivement theorique
oil la rigueur scientifique ne se relrouve pas toujours, et qui est
peut-etre ce qu’il y a de moins bien dans l’ouvrage ; une seconde,
exclusivement pratique, qu’il faut lire avec soin et consulter sou-
vent com me une cade mecurn precieux. 11 ne faut pas oublier que
la cuisine est le premier acte de la digestion humaine et que nous
devons, nous psychiatres plus que tous autres, avoir toujours pre¬
sente & l’esprit la necessity d’alimenter les malades de fagon & la
fois ralionnelle et agreable pour eux.
Le livre de M. Gottschalk nous aidera grandement h le faire.
F. Marre.
SOCIETIES
SOCIfiTMfiDICO-PSYCHOLOGIQUE
(Seance du W juillct 190?)
Traumatismes crdnicns, chiruryw et troubles mentatur. — M. Picqu£
rappe'.le l’observation communiqueo par M. Vigouroux a la seance de
juin. II s’agissait d’un malode victime d’un traumntisme cranien, et de qui
les troubles mentaux immediatement consGcutifs a l’uccident avaient etd
observes a l’asile. 11 est malheureusement rare qu’il en soit ainsi : Le
plus souvent, les desordres psychiques que M. PiCQuti designe sous le
nom d’accidents precoces - (Voir these Violet) - pnssent a peu prfcs
inapergus. Dans les services de chirurgie ou les traumatises sont ordi-
noirement transportys, on ne s’occupe que des symptomes sensitivo-
moteurs dans l’espoir de trouver le si£ge pi-dcis oil doit porter l’inter-
vention.
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SOCIETIES
335
Mais les sympldmes sensitifs ou moteurs sont souvent insuffisants,
et l’examen immddiat des trauraatisds par l’alidnisteserait parfois utile
a 1’opdrateur. L’alidniste lui-mdme connaitrait mieux une svmptomato-
logie qui lui dchappe trop frdquemment. Voila done une 1" serie de
faits dans l’etude desquels la collaboration de l’alienisle et du chirur-
gien serait tres profitable au malade.
D’autre part, il arrive qu’a la suite d un traumatisme cranien les
troubles mentaux primitifs sont ldgers ou nuls. Est-ce une raison suf-
fisante pour affirmer que l’effet du choc est minime sur le cerveau ? Si
des accidents tardifs se produisent, faut-il, a cause de l’8namndse, nier
le r61e du traumatisme ancien ? Dans un cas concernant un malade
venu du service de M. Joffroy, l’auteur, se basant sur une suppura
tion ldgdre et une palpation suspecte a ddcouvert une embarrure du
frontal, avecune longue fissure k chacune des extrdmites de cette em¬
barrure. Une couronne de trdpan rdvdla une abondante suppuration
sur la dure-mdre. Au moment de l’opdration le malade gudri d’un ldger
acces de confusion post-traumatique dtait presque normal au point de
vue mental. Que lui rdserve pour l’avenir la grave lesion mdcanique et
infectieuse dont l’existence a failli passer inapergue ? II doit exister de
nombreux cas analogues ou Ton n’intervienfc pas. Plus tard, on consi¬
ders le traumatisme comme une quantite ndgligeable. La chirurgie,
qui rdvdle de graves ddsordres dans des cas cliniquement latents, mon-
tre qu'il fautsans doutefaire dtat du traumatisme, et qu’au point de vue
immddiat, il faut explorer les plaies craniennes avec le bistouri et le
trdpan, si besoin est.
M. Vigouroux : Quels troubles mentaux avaient amend ce malade a
l’asile ?
M. Picque : Le malade a fait une tentative de suicide au coursd’un ac-
cds de ddlire alcoolique subaigu. Mais, lorsqu’il est entrd & I’asile, il ne
prdsentait plus qu’un dtat confusionnel ldger. La suppuration qu il prd-
sentait pouvait demeurer latente; ne pouvait-elle, pourtant, etre le
point de depart d’un processus chronique de mdningo-encdphalite sous-
jacent ?
M. Briand : insists sur l’intdrdt que prdsente l’dludedes rapports des
traumatismes et des troubles mentaux depuis la loi sur les accidents du
travail, contrat forfaitaire qui ne tient pas compte de It tat antdrieur
de la victime.
M. PicQud : n’a voulu envisager que le c6td scientifique de la ques¬
tion, et montrer & ce point de vue l’utilitd de la collaboration de l’alie-
niste et du chirurgien.
#*#
Elections (sdances de juin et juillet) Conformdment aux conclusions
des rapports de M\l. Semelaigne, Toulouse, et Vigouroux, la Socidtd
Mddico-Psycholognue a nomine mernbres correspondants MM. Har-
tenberg de Paris, Maurice Olivier, mddecin adjoint des asiles publics,
R. Dupouy, chef de Clinique des maladies mentales k la facultd, et
Bussard, de Neully-sur-Seine. G. Collet.
SOCI&T& DE NEUROL.OGIE
(Seance du 4 juillet 1907).
Hdmiataxic et heniiathetose Iraumatiques. — MM. DupRd et Lemajre
presenlent un jeune desdquilibre de vingt ans, qui re^ut & 13 ans un
coup de revolver dans l’orbite droite. Ce malade est atteint actuelle-
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336
REVUE DE P8YCHIATRIE
ment d’hemiataxie et d’hemiathetose gauches, mais la flexion combi¬
ne de la cuisse et de la jambe a gauche, constitue avec une ebauche
du signe du peaucier, le sjulsigne de la nature organique du syndrome.
Amndsie mtisicale chez un syphilitique. — M. Lamy. — Ce malade
joue et improvise correctement, mais ilne reconnait pas Iesmorceaux
de musique qu’il joue, pas m§me ses oeuvres. Doit-on le considerer
conime atteint de surdity musicale ou comme un omnesique? Cette
derniere opinion est celle de M. Lamy.
M. p. Marie eslimeque ces differences d'interpretation n'existeraient
pas si ron rejetait les termes de cecite et de surdite verbales, ou musi-
cales, causes habituelles d’erreur.
Hysteric et troubles trophiques par simulation. — MM. Brissaud et
Sicard. Une malade declarait comme s’ctant produites spontanement
des bulles et des ulcerations qu elle avait determinees pardes brulures
volontaircs. Une autre presenta de rocd&me du bras gr&ce h un pan-
sement serrd autour de l’epaule ct maintenu par elle pendant un
certain temps. J.
SOCIfiTfi DE PSYCHOLOGIE
(Seaarc itu 12 acril 190?)
/\ propos d’un cas de neyaticismc mndsique. — M. Bernard-Leroy
apporie quelques details complementaires au sujet du malade prdsente
par M. Seglas a la seance de janvier {V r oir Recue de Psych., 1907,
p. 124): 11 s’agirait chcz cet homnie d’une conviction delirante de ne¬
gation (negation de la memoire) consecutive a une amnesie reelle
momentanee.
La question d’un centre sous cortical des emotions ct la thdorie pen-
pherique. — M. Pieron. — Sans 6tre absolument demontre, le si£ge
sous-cortical des Emotions chez le chien, est extremement probable:
une grosse objection aux experiences de Sherrington*perdant son* point
d’appui l'existence demotions en dehors de tout appoint periphdrique
devient probable chez le chien et sans doute aussi chez l’homme.
(Seance du 3 mai 1907j
Sur un cas d’emotion loealisde. — M. Sollier. — Apparition, chez
une ancienne hysterique de « bosses » hypoesthesiques aux* points oil
l'a embrassee un homme dont elle est violemment eprise. Disparition
en deux ou trois jours.
M. Janet se demnnde si la suggestion seule peut produire de tels
phenomenes, et si dans certaines conditions d’dmotivite speciales, il
n y a pas la quelque chose de comparable au dermographisme.
M. Sollier qui n’avait pas constate de dermographisme avant sa
communication n’en a pas dnvantage constate apres.
Note sur les dessins stereotypes d’un dement precoce. — MM. Marie
el Meunier. — II s’agit de dessins stereotypes. — Etude, a ce propos
de la ster^otypie en general de sa valeur et des conditions de son appa¬
rition.
Le besoin d’excitation dans les impulsions pst/chastheniques. — M.
oanet. — Le besoin de r£agir contre le sentiment d’incompl6tude aux
moments oil ce sentiment est particuli^reinent intense preeipilerait
l’acte impulsif des psychastheniques. Deux observations.
Note stir Vinterpretation ct la tcnninologic des deux psychismes. —
M. Deschamps. — Comme le muscle, la pensde se presente sous deux
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REVUE DBS PERIODIQUES
337
Gtats : I’Gtat automatique ou (onus, l’etat actif ou dynamique: 11 existe
des atonies psychiques cotnme des atonies musculaires etc. L’auteur
propose de nommer psychisme tonique ou tonus psychique, le psy¬
chisme inferieur (polygone, moi subliminal) et psychisme dynamique,
le psychisme superieur (centre O, moi-supraliminal). J.
REVUE DES PERIODIQUES
PERIODIQUES DE LANGUE FRANQAISE
Arc/tiues de neurologic (29* onnGe, 3 f serie, n 6 4, Avril 1907).
M 11 * Pascal. — Formes mGlancoliques de la dGmence prGcoce.
— Les etats dGpressifs prddoininent non seuleinent & la periode pro-
dromique, mnis encore a la periode initiale de lademence prGcoce.
lls s’accompagnent d’idGes hypochondriaques, d'idGes de transfor¬
mations, d’idee de negation, etc. Ces idGes sont mobiles asystemati-
ques, episodiques; dans la dGmence precoce, la depression la plus pro-
fonde est interrompue par des reactions morbides non addquates a
l’etat de tristesse et d’abattement.
Annalcs niedico-psychologigucs (65* annGe, l fr semestre, n° 3, mai-
juin 1907).
J. Donatii. — Des substances qul intervienqent dans la gendse
de I’attaque d’Gpilepsie. — Compte rendu d’experiences dGmontrant
que I’ammoniaque etles bases ammoniacales organiques interviennent
comme conyulsivants dans la gen&se des attaques depilepsie. L’auteur
croitque les petites lesions vasculaires signalGes par Turner ne sont
que 1’elTet des attaques.
Les lGsions des cellules (notees- aussi par Turner) sont plus impor-
tantes. Ces cellules incompletement ou vicieusement dGveloppGes, doi-
ventcertainementopposer une puissance de resistance amoindrie a
l'irritatio^i exercee sur elles par certains produits basiques des echaii-
ges organiques.
Chahon. — De I’hydrothdraple dans les aslles d’all6n6s. Des bains
d’asperslon. — L’auteur decrit le procdde commode et relativement
peu couteux grace auquel il psrvientii l’Asile de Dury a nettoyer fre-
quemment toute sa population d’aliGnes. Lhydrotherapie et ses ap¬
plications ne sont peut-Gtre pas, au moins dans quelques etablisse*
ments, aussi ndgligdes que le pense Ch..., mais a coup sur r « hydro¬
hygiene ») dans la plupart des grands asiles est, faule d’organisation, in-
sufflsante, et c’est pourquoi la tentative de Dury doit Gtre signalee, a
titre d’exemple.
V. Parant (fils). — Les garanties d’un traltement rapide dans la
nouvelle proposition de ioi sur les ali6n6s. — L'auteur regrette que
malgre ses excellentes intentions, le legislateur ait accumule les for-
malitGs autour de 1’entrGe du malade a I'hopital-traitement.
L’aliene doit Gtre soumis a un controle lGgal rigoureux pendant son
sGjour a l’asile, mais, il ne peut beneflcier de son sejour dans cet eta-
blissement que s’il y peut Gtre admis facileinent, discrGtementet des le
debut de sa maladie.
Id. (65 f annGe, 2' semestre, n° 1, juillet-aout 1907).
Mignot. — Les troubles phonGtlques dans la dGmence prGcoce.
— Les troubles phonGtiques ont ete moins Gtudiesque les troubles op •
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338
REVUE Dfc PSYCHIATRIE
pel6s psycholaliques par le professeur Joffroy. Dans un grand nombre
d’observations, dont il donne le rdsum6, M..., analyse les modifica¬
tions pathologiques du rythme, de l’intonation, et de l’articulatiort.
Ces troubles sont surtout frequents dans les vari6tds hebephrenique
et catatonique, lorsque 1’etat d6mentiel est constitu6 ddfinitivement.
Par leur caractbre d’instabilite et de discordance avec 1’^tat intellec-
tuel des malades, ces variations pathologiques de la phonation se dis-
tinguent, tant au point de vue Clinique que pathogenique, des modifica¬
tions analogues qui peuvent s’observer dans d’autres maladies men-
tales.
Soutzo (fils). — Encore la question de la dgmence prgcoce. — Ce
long article (voir les n" de marset mai 1907) conclut que la conception
nosologique de Krmpelin est la seule legitime. Les « adaptations »
franchises sont des creations artificielles, ou la ddmence prdcoce et la
confusion sont injustement m616es.
Les quelques lacunes de detail de la thdorie allemande ne justifient
pas que M. de Montyel considere comme une etrange erreur scien-
tifique, encore moins comme un danger, la doctrine de la d^mence
precoce.
J. Moreira et A. Peixoto. — Les maladies mentales dans les cll-
mats tropicaux. — Une conclusion est a retenir de cet interessant rap¬
port : II n'y a pas de psychopathologie sp£ciale aux climats tropicaux.
L'Encephale (2* ann^e, n° 4, avril 1907).
RtiGis. — Note sur I* 6 tat actuel de la pellagre dans les Landes.
— Un cas de pellagre acec confusion mentale stupide. — La pellagre
tend a disparaitre dans les Landes ou elle dtait jadis endemique. A
l’asile d’Auch qui regoit depuis 1901 les alidnes de ce ddpartement, le
D r Chevalier-Lavauie n'a pas observe de pellagreux. Aussi la malade
dont R.... rapporte l’histoire dtRaillee, prdsente-t-elle un interGt tout
special : II s’agit d’une femme de 44 ans, originaire des Landes, mais
ayant cesse d’habiter les Landes depuis l’age de 16 ans. Cette femme
n’a jamais fait usage de mais, elle travaillait aux champs, s'alimentait
bien et a commis quelques exc6s de boisson. En mai 1905, elle est
atteinte d’un eryth&me cutane des mains et du front et accuse quelques
id6es de persecution. Apr&s une periode d’amdlioration, l’erythSme
reparait au printemps de 1906; et parallelement, les troubles mentaux
s’aggravent. A son entree dans le service de l'outeur, la malade pre-
sente nettement la triade symptdmatique de la pellagre : erytheme
cutane, diarrhde, troubles psychiques predominants sous forme de con¬
fusion mentale stupide persistante et tendant 6 la chronicite.
Soutzo (fils) et Marbe. — Quelques Images cllniques, Insolltes et
transltoires remarquees au cours de la paralysie gdndrale. — Les
auteurs retracent avec beaucoup de soin les observations de quelques
paralytiques generaux pr^sentant accidentellement des phenomenes
tels que : apraxie, aphasie inotrice transcorticale, asymbolie, aphosie
sensorielle transcorticale perseveration et 6cholalie. Ces syndromes,
isoles ou assoctes, ont pour caracteres communs : 1* d'etre fugaces, 2°
de succeder aux ictus. L’article se termine par des considerations gdne-
rales sur la genese des syndromes etudies etdes attaquesdans la para¬
lysie generate.
E. Dupr£. — Revue polycllnlque des psychoses halluclnatolres
chronlques. — Expose de fails au cours duquel D.... insiste particu-
ll&rement sur le cote mddico-legal : « Les abends atteints de psychoses
hallucinatoires sont actifs dans leurs reactions : scenes bruyantes et
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REVUE DES PfiRIODfQUES
339
scandaleuses, fugues, lettres incessantes aux autoritEs, menaces, inju¬
res, sEvices, violences, tentatives de suicide et d’homicide etc... sont,
pormi les octes qui compromettent l’ordre public et la securite des
personnes, ceux qui figurent dans l’histoire des malades examines... »
et qui montrent l’importance des indications de l'internement au cours
des psychoses hallucinatoires.
G. Mondio. — Contribution ciinique d I’Etude de (’Equivalent
Epileptique. (Manie transitoire). — Observation d’un garde des finan-
ces-royales, inculpE d’insubordination et voies de* fait envers un supE-
rieur. Manie transitoire d’origine Epileptique : irresponsabilitE.
Belletrud. — Aphasie motrice avec troubles.psycho-sensoriels
au cours de la dEmorphinlsation. — Malade de 61 ans; aphasie mo¬
trice pure au cours de la dEmorphinisation, et considErEe par l'auteur
comme un accident de celle-ci : Cependant B... remurque ties juste-
ment qu’il n’y u guere de cas analogues, et que son hypothese, pour
Etre vraisemblable, n est pas absolument dEmontree.
Bulletin medical , (n os 30 et 36, 1907).
Raymond. — La psychasthenle. — (Psycho necrosc autonome). — La
psychasthenic est une psycho-nEvrose constitutionnelle presque tou-
jours herEditaire, caractErisEe par des symptEmes psychologiques et
des symptEmes physiques.
Les symptEmes psychologies sedivisent euxmEmes en deux sEries :
1* troubles ElementairesetgEneralisEsdudynamismemental(stigmates),
2* troubles secondaires, plus apparents mais transitoires (obsessions et
impulsious diflErenciEes etc.)... Les signes physiques se resument en
des troubles de la nutrition.
La conscience critique subsiste en grande partie et le fonctionne-
ment intellectuel est peu attaint dans ses manifestations abstraites.
La psychasthEnie est loujours une maladie sErieuse, et qui, mEconnue
ou mal traitEe peut devenir trEs grave : II arrive que les malades ver-
sent dans raliEnation mentale proprement dite.
En inatiere de traitement, tout est subordonnE au traitement moral,
et le rnEdecin n’obtient rien des diffErents procedEs thErapeutiques,
s’il n*a suprEalablement inspirer au malade la foi en sa guErison.
Les deux legons du P r Raymond constituent un excellent rEsumE et
une trEs claire vulgarisation E I’usage du public medical des travaux
de Pierre Janet : l’auteur negligeant parfois l’analyse psychologique
s’attache surtout E la description objective des symptEmes.
Au point de vue de la classification psychiatrique la psychasthEnie
englobe semble-t-il, E titre de symptEmes secondaires la grande mojo-
ritE des phEnomEnes phobiques obsEdants et impulsifs dEcrits par
Magnan et ses ElEves, (P. Garnier en particulier) sous le nom de
syndromes Episodiques de la dEgEnErescence mentale.
Caducee (1 r mai 1907).
Janssen. — Les compagnies de discipline dans I’armEe hollan-
daise. — Bien que le rEglement mentionne LutilitE de l’examen
psychjatrique dans tous les cas douteux au moment de l’envoi des
militaires dans ces corps d’Epreuve, les compagnies de discipline de
TarmEe hollandaise reQoivent un ossez fort contingent de sujets non
amendables (dEgEnEres, imbeciles, dypsomanes, etc.) Aussi deux mede-
cins militaires spEcialistes, MM. Casfwrie et Tempelmans-Plat»
reclament-ils l’examen systEmatique de tous les sujets d’inconduite
habituelle, avant le dEpart pour la compagnie de discipline et apres
TarrivEe E ce corps. Ces deux enquetes successives permettraient peut
Etre de ne pas retenir les psychopathes dans 1’armEe.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
La Clinique , (2 f ann£e, n* 24. — 14 join 1907).
Emery. — La syphilophoble. — II est int£ressant de voir un syphi-
ligraphe signaler la frequence de cette nosophobie particulifcre ; E.
incrimine £ la fois les prejuges et la mauvaise vulgarisation. On parle
beaucoup de syphilis, et les predisposes, obsed£s et hypochondriaques,
orientent leurs idees morbides vers ce dont il est question couram-
ment. Mais il est probable que le nombre des psychopathes n'en est
pas augments.
Id, (n* 25. — 21 juin 1907).
RSgis et Lauras. — Cas de confusion passagSre avec hallucina¬
tions terrlfiantes, d la suite de I’exploslon du I6na. — Accident
subit, transitoire, analogue £ ceux que Jacoby a dScrits dans la guerre
russo-japonaise, et Dervieux dans la catastrophe de CourriSres. L'im-
portance du shock moral est bien mise en evidence par ces rapproche¬
ments.
Id, (n« 26. - 28 juin 1907).
Levbrt. — De la paralysie generate traumatique. — L. examine
surtout le cote medico-legal de la question » Scientifiquoment, dit-il, la
question de la paralysie genSrale traumatique reste entiere. Mais c’est
une regie que le doute profile a l’accidente ». Cette formule n*est pas
sans danger : La question de la nature de la maladie n’est pas posee.
‘ Il faut que l’expertne doute pas de Yoriginc traumatique de la paralysie
generate. Juquelier.
Le Mcdccin Praticien, (3- annSe, n* 15. — 9 avril 1907).
P. Juquelier. — La d6mence alcoolique. — Tableau clinique
de la dScheance inentale progressive a laquelle aboutissent, par
des sentiers psychopathiques varies, bon nombre de buveurs d’habi-
tude. Apres en avoir brosse les principaux traits symptdmatiques.
J. pose la question diagnostique et ne manque pas de faire remarquer
que, mOme dans les cas de P. G. ou de senilite, l’alcool demeure un
bon pourvoyeur de l’Asile, en ouvrant la porte £ la d£mence. Aussi
bien, ethyliques dements comme dements Ethyliques, trouvent tous 4
l’asile leur habitation legitime. Mais si ces derniers, t6t purges de leur
olcool, demeurent dements comme devant, un sort plus heureux uttend
souvent les premiers de ces malades dont l'afiaiblissement intellectual
retrocede sous la double influence de la discipline et de la protection,
dont on les entoure. E. Perp^re.
Journal dc tnddecine et de chirurgie pratiques, (25 juin 1907).
J. Lucas-Championniere. — Rein mobile, tiraillement des capsu¬
les surrdnales, accidents nerveux etfolie. — L'auteur conclut ATuLi-
lit£ de la fixation du rein dans les cas de nephrotose, en faisant sur¬
tout ressortir que le rein mobile peut 6tre une cause de folie par tirail¬
lement sur l'organe essentiel, secr£teur et nerveux qu’est la capsule
surrdnale. Il pr£fere cette explication pathog£nique £ celle de l’intoxi-
cation uremique par coudure de l’uretere. Cependant Suckling, de Bir¬
mingham, adopte Tbypothese de l'intoxieation ; L. C. attire 1‘nttention
sur le travail de Suckling, qui observant dans 2 asiles trouva 50et33%»
de malades ayant 1 ou 2 reins mobiles parmi les internees. (Voir Rccue
de Psychiatric, 1906, p. 173).
Progres medical (l ,r juin 1907).
Hemond et Voivenel. — La trinltrine dans deux cas de maladies
mentaies. — Les auteurs publient deux observations (hysUhie et me-
lancolie anxieuse) dans lesquelles la trinitrine a produit de tr£s heureux
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% REVUE DES PERIQDIQUES .341
effets. Ilfaut sur tout noter, dans la seconde observation, la disparition
rapide de la constriction thoracique si penible chez les anxieux, la
trinitrine agissant vraisemblablement comme vaso-dilatateur.
La Tribune medicale (12 — 23 mars 1907).
DupRd. — Intoxication et dipsomanie. — Observation d’absinthisme
infantile, avec accidents subaigus et recrudescence de crises dpilepti-
ques attdnuees aprds la premiere enfance. II s’agit d’un His d’obsin-
thique presentant lui-mdme un attraitimpulsif pour l’absinthe. L’autdur
montre la crdation d’un veritable cercle vicieux dhdrddite et d’intoxi-
catlon. « L’alcoolisme est une maladie de l’espdce, un fleau national le
plus grand de tous... » par lequel la France pdrira par un veritable
suicide.
Ul. (15 - 13 avril 1907).
Dupr£. — Ivresses ddllrantes. — Polyclinique de l'lnfirmerie spd-
ciale. Rdsumd de plusieurs observations au point de vue de la clinique
et de la mddecine ldgale).
Id. (17 — 27 avril 1907).
P. C. Petit. — Le sommeil dlectrlque. — L’auteur propose Pem-
ploi du sommeil dlectrique dans le traitement des alidnds agitds
puisque. dit-il, tous les travaux publics concordent pour affirmdr
l’innocuitd du procedd.
Id. (19 — 8 juin 1907).
Dupr£. — Revue des psychoses alcooliques.. — Examen de
plusieurs malades atteints de delire subaigu, folie transitoire trds dan-
gereuse, mais d’un pronostic benin. A la fin de cette Revue, la der-
nidre d’une sdrie sur les divers accidents de I’alcoolisme. D., insiste
encore sur le danger social qu'est ce fleau. Juqueuer.
p£riodiques HOLLANDAIS.
Psyckiatrische on Neurologischc Bladen (1907).
D r L. Bouman. — La ddcbloruration dans le traitement de I’dpl-
lepsle. — Le traitement mixte de I’dpilepsie par l’opiura et les bro-
roures, prdconisd par Flechsig a failli, selon beaucoup de mddecins.
Ziehen insistait fortement sur la regularisation de la diete ; en outre il
dtait d'avis qu’on devait monter les doses de l opium lentement. Une
partie du succds de la mdthode de Toulouse Richet est redevable & la
regularisation de la didte.
M. B. se servit de la mdthode de Toulouse-Richet, modifide par
Balint.
On doit dtre prudent chez les cardiaques et les epileptiques avec in-
suftisance cardiaque.
M. B. croit que la didte peut beaucoup influencer le nombre des dd-
charges, que la ddchloruration peut dtre un facteur de grande im¬
portance, et que les preparations bromurdes donnent 1'eflet thdrapeu-
tique le plus efflcace. Pourtant on traitera cheque malade selon son
individuality.
D r G. C. Bolten. — Un cas de gudrlson du syndrome de Kor-
sakow (Rresbyophrdnie de Wernicke). — M. B. communique un cas
de gudrison de cette psychose peu ddcrite, rarement gudrie.
Un homme de 72 ans, sans predisposition hdrdditaire, de bonne in¬
telligence et instruit, tombait malade sans cause distincte. II se
ddveloppait une psychose avec forte ddsorientation, avec « Merkfahig-
keit » fortement diminude, amndsie retrograde et confabulations, tan-
dis que vraisemblablement des symptomes ldgers de ndvrite avaient
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REVUE l)E PSYCUlATRtE
precede, et apr6s une duree d’environ six mois survintdansun espace
de temps relativement court la guerison compl&le.
M. B. regarde ce cas comrae un cas de psychose de Korsakow ou
« presbyophr^nie aigue » de Wernicke. La longue duree de la maladie
est cependant extraordinaire, au total a peu pres 8 mois, landis que
Wernicke fixe pour la forme aigue une duree de 8 semaines.
Society Near land aisc dc psychiatric et neurologic ,
(Harlem, juin 1906\
Prof. C. Winki.er. — De I’aphasie sensorielle transcortical©. —
D'apres M. Winkler, M. Marie a contribue a augmenter la confusion
dans la question de Paphasie.
La classification des aphasies par Wernicke on souscorticales, corti-
ticaleset transcorticales n'a jamais etd une classification localisatrice.
Les anatomistes ont oublie cela. La pensde fondamentale est une pen-
s6e psychologique. La classification des trois formes n est pas du tout
d’une valeur exclusivement theorique, elle peut Gtre d6montr6e facile-
ment pour l’ouie.
On sait par l'experience que Paphasie sensorielle Iranscorticale n'est
pas observee en premier lieu dans les lesions circonscrites, mais dons les
lesions cerdbrales progressives ; c’est surtout ou debut de quelques
formes de demence senile qu’on l’a d^crite ; dans ces cas on trouve
1’atrophie des deux lobes temporaux. M. Winkler n’a jamais vu Papho-
sie sensorielle transcorticolc comme suite d’une lesion en foyer.
Dans l’aphasie sensorielle transcorticale on trouve la comprehen¬
sion troublde avec dcholalie, comme expression de la surexcitation du
m^canisme de la parole. II y a inhibition du langage spontan6. Le
processus en progressant, cause une impuissance totale A parler, et les
inolades ne peuvent, quand Pecholalie a disparu et quand ils he
porlent ni dans Pemotion, ni spontan^ment, pas plus que les
aphasiques moleurs, s’exprimer par la parole. II n’y a done rien d’6ton-
nonf que M. Marie puisse montrer des cerveaux avec eirconvolu-
tion de Broca intacte, provenant de inalodes qui ne pouvaient dire
un mot.
Dans Paphasie sensorielle transcorticale on trouve done : excitation
dans une partie du mecanisme de la parole, inhibition dans l’autre.
Dans Paphasie sensorielle corticale, Pirritation est la regie, mais d’une
toute autre maniere. Mais cela n’est pas toujours le cas. M. Winkler
sait au moins un cas, dans lequel, la lesion siegeant tout pres du « gy¬
rus supramarginalis a entre le « gyrus angularis » et la circonvolution
temporale superieure, il existait une impuissance totale de comprendre
le mot parld, et le malade ne disait pas un mot. Marie a done parfaitement
raison de pretendrequ’il y a des malades avec circonvolution de Broca
intacte qui ne peuvent pas parler. Mais ce ne sont pas des aphasiques
moteurs. L’experience elinique apprend que non seulement Paphasie
sensorielle transcorticale, mais aussi Paphasie sensorielle corticale
peut etre liee a une loquacite paraphasique. aussi bien qu’h un mu-
tisme. Un aphasique sensoriel muet n’a pas une aphasie de Broca,
bien qu’on puisse y demontrer une circonvolution frontale infdrieure
intacte. Selon M. Winkler, cela est un point oil M. Marie est dans la
confusion. Quand il veut dire que quelquefois l’aphasique sensoriel no
peut pas parler. M. Winkler est d’accord avec lui ; mais pas du tout
quand il veut eltacer la dilTerence entre I’aphasie de Broca et Paphasie
do Wernicke.
Prof. G. Jelgersma. — De Paphasie motrice souscorticale. —
L’examen des cas d'aphasie et notre connaissance de Paphasie ont
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REVUE DES P^RIODIQUES
343
pris une direction un peu extraordinaire dans l’dlude des sciences natu-
relles. On a commence par le mauvais cold. Selon un schema mis en
avant on a constitud des entitds morbides, et puis on a vdrifld si elles
existaient. Mais quand on voulait le* contrdle anatomique des cas •
les difficultds commencaient.
Cliniquement, I’aphasie motrice souscorticale est une entity assez
pure. L’image psychique du langage est conserve, psychiquement le
malade dispose totalement du langage, mais il ne peut pas parler.
L impuissance & parler est encore plus grande que chez l’aphasique
moteur. Laphasique moteur peut presque toujours dire encore quel-
ques mots, l'aphasique souscortical est presque totalement muet. Ce-
pendant le langage intdrieur est totalement intact; le malade sait le
mot, mais il ne peut pas le dire. II peut dcrire correctement et repro¬
duce ses iddes par dcrit. L’aphasie motrice souscorticale est done ca-
racterisde par rapport aux autres formes, par la conservation doe
propridtds psychiques du langage et l’impuissance totale & parler.
M. Jelgersma ne sait que deux cas d'aphasie motrice souscorticale,
qui sont examines anatomiquement. Dans ces cas on trouvait dans la
substance blanche, directement sous la circonvolution de Broca, un
foyer de ramollissement, tandis que I’dcorce dtait intacte. La lesion se
trouvait done entre le centre de Broca et les noyaux du bulbe rachi-
dien, conformdment au schema admis. L’image psychique de la pa¬
role est intacte dons le centre de Broca, mais la voie qui unit ce centre
avec les noyaux pdriphdriques est discontinue, et ainsi un mutisme total
est erdd.
Cependant la chose n'est pas si simple ; ddja les premiers auteurs,
ddfenseurs de cette idee, MM. Wernicke, Lichthein, Ddjerine, dtoient
hesitants, parce que I'aphasie motrice souscorticale se prdsentait seu-
leinent quand la lesion dtait situee tout pres du centre de Broca ; si
le foyer dtait plus pdriphdrique le phdnomdne manquait.
Pitres niait l’existence de I’aphasie motrice souscorticale et vit dans
I’ensemble des symptomes une anarthrie ordinaire telle qu’elle existe
dans la forme cerebrale de laparalysie pseudo bulbaire. D’opresM. Jel¬
gersma lous les mouvements' coordonnds volontaires se forment sous
l’intluence du cervelet. Apres les mouvements coordonnds, la parole
occupe un siege important. C’est un fait remarquable que les troubles
de la parole ne se trouvent que dans lesldsions des deux hemispheres
du cervelet, ou de ses voies de conduction, tandis que tous les autres
troublesde la coordination se prdsentent ddja dans les ldsions unilatd-
rales. Des maladies differentes du cervelet ont montre qu’il faut une
lesion bilatdrale du cervelet pour le developpemenl de l’anurthrie, etque
cette ldsion bilatdrale n est pas lide & une place fixe.
M. Jelgersma est d’avis que l’image verbale motrice psychique est
dans la circonvolution de Broca ; elle est formee par les donnees
des parties differentes du cerveau et elle peut se diriger vers les
centres pdriphdriques. La direction ne peut pas dtre celle que
MM. Lichtheim, Wernicke et Ddjerine ont pense, par la voie de pro¬
jection du c6te gauche. Elle a lieu par des voies diverges. En pre¬
mier lieu par lesfaisceaux pyramidaux vers les centres du bulbe contra-
latdraux. Ensuite il y a d’aulres systemes qui sont innerves, 1 # du
mdme cdtd, les centres d’oii proviennent les faiscenux cdrdbro-cdrdbel-
leux centrifuges, done probablement des parties des lobes frontal,
et temporal. L’innervation atteint ainsi par les pddoncules edrdbraux
et la protuberance le cdtd oppose du cervelet et les noyaux du bulbe
du mdme cdtd, c’est a-dire le cdtd oppose du cerveau.
Mais si cela sufflsait, une lesion unilateral du tronc cdrdbral expli-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
querait l'aphasie motrice souscorticale. 2° Du centre de Broca cepen-
dant une autre innervation a lieu, une innervation des centres
homonymes du cot6 oppose du cerveau, s’ecoulant comme de l’autre
cot6. Ainsi on pourrait expliqher pourquoi les ldsions unilat6rales du
tronc cerebral ne causent pas des troubles de la parole. Seulement la
lesion d’une seule region situde directement sous le centre de Broca, ou
tous les faisceaux sont encore ensemble, cause, m£me unilaterale,
l'aphasie motrice souscorticale.
Et quand dans le bulbe, les faisceaux se rapproehent de nouveau, un
seul foyer peut causer une interruption bilaterale. Mais ainsi la lesion
unilateral©, dans l’aphasie motrice souscorticale n’est qu’apparemment
unilaterale, puisque en rdalitb des systemes bilateraux sont interrom-
pus. Ainsi quelque ressemblance est nee enlre la lesion unilateral©
dans l’aphasie motrice souscorticale et la lesion bilateral© dans l’anar-
thrie. Mais elles ne sont pas identiques, le caractere de la lesion dans
l’aphasie souscorticale est plus central, psychique.
D’ailleurs le schema propose explique pourquoi les foyers unilatdraux
du tronc cerebral ne causent pas des troubles du ntecanisme de la pa¬
role ; l’impulsion peut 6tre transportee par les fibres dissociation ou
centre analogue de l’autre c6te du cerveau, et ainsi l’innervation se
dirigeant d’un c6te, provient des deux hemispheres du cerveau. Une le¬
sion unilaterale ne causerait qu’un trouble passoger, jusqu’a ce quo
la voie nouvelie soil plus exerc6e.
La difference entre l’aphasie motrice souscorticale* et l’anarthrie,
niee par Pitres, est que la tesion dans l'aphasie souscorticale est
plus centrale. Probablement la difference clinique est que dans l’apha-
sie souscorticale le stade de coordination imparfaite fait ddfaut.
M. Jelgersma insiste sur le fait, que son schema ne peut pas £tre
placd sur la in6me ligne que les schemas d’aphasie usuels. Ces der-
niers manquent de base anatomique sure, ils sont construits selon
des suppositions theoriques et des faits cliniques. Le schema de
M. Jelgersma reproduit des voies onatomiques reellemeiit existantes.
Peut-etre le schema de M. Jelgersma est, selon lui, plus compliqug
que la realite.
D r A. Deenik. — Deux cas atyplques de la psychose oyclique.
— M. Deenik relate les histoires de deux malades, dont une concer-
nant un homme de 55 ans d’une nature craintive et pessimist©, tr&s
ddvot et jamais totalement exempl d’hallucinations. II y a environ
trente ans, il souffrait apres une forte emotion, d’une maladie, analogue
u celle que M. Deenik observait chez lui. De cette premiere maladie
il se remit et il resta sain, jusqu’d l'apparition chez lui peu fc pea,
apres la gudrison d’une pneumonie, d’un etat de depression et d’an-
goisse, suivi de plusieurs idees fixes non systematises, hallucinations
et obsessions. Malgrd ces phenomenes et l’absenco d’inhibition intel-
lectuelle et motrice, M. Deenik est d’avis qu'il s’agit ici d’un cas atypi-
que de la psychose cyclique.
Le deuxieme cas concerne une femme de 58 ans non maride, qui
montrait assez soudoinement des symptdmes d'angoisse et de depres¬
sion. Iciaussi plusieurs iddes fixes et hallucinations se prdsentaient de
nteme que des « suggestions » qui menaient a des actes, recoonos
comme maladifs par la malade. Ici de mdme l’inhibition iikellectuelle
et motrice faisait ddfaut. Les iddes fixes n’dtaient pas systematises.
M. Deenik exclut l’existence d'une paranoia dans les deux cas k
cause de l’angoisse et la depression primaires au d6but. Le diagnostic
differential du premier cas avec de l’hysterie est discute.
J. van Deventer, F. A. Melchior.
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REVUE DES PERIODIQUES
345
PERIODIQUES RUSSES.
Psychiatric contcmporainc , (en russe), 1907, Mars-Avril.
Mouratoff, W. A. (de SaratolT). — Ldsions deft glandes surrd-
nales dans la psychose p6riodique. — L'auteur a constate dans deux
cas de psychose periodique (folie maniaco-depressive) des lesions des
glandes surrdnales sous forme d’inflammation parenchymateuse et
interstitiSlle ; & 1’acCes unique de la psychose correspondait le caract^re
aigu du processus anatomique, aux acces reiterds correspondait le
caract&re chronique du m6me processus. Faisant remarquer que 1’alte-
ration des glandes surdnales existe aussi dans les maladies infectieuses
et dans I’artdrio-sclerose, l’auteur n’ose pas afhrmer catdgoriquement
la liaison gdndtique des ldsions surrenales avec la psychose periodique,
(folie maniaco-depressive). Cependant le tableau clinique de la psychose
periodique est en faveur de l’auto-intoxication. L’auteur observe que
dans la catatonie laglande thyroide estalterde, et il est deja indubita-
blement prouvd que les glandes surrdnales et thyroides sont en rap-
port avec le fonctionnement du systerne nerveux et du bio chimisme,
en gdndral. Toutes ces considerations forcent l’auteur a admettre une
certaine liaison entre la lesion des glandes surrenales et la psychose
pdriodique (folie maniaco-depressive).
Deuaeff, C. A. (ville de Wladimir). — Quelques cas de fugues
pathologlques. — L’auteur cite deux cas de fugues pathologiques ; dans
un de ces cas il s’agissait d’un rnalade, de 17 ans, chez qui l'auteur sup¬
pose l’existence d’une forme latente d’epilepsie; dans le second cas
l’observation concerne un rnalade de 20 ans, atteint de demence pre-
coce.
Bernstein, A. N. (de Moscou). — Maladies psychiques pendant
I’hlver de 1905-1906 & Moscou. — Le travail de l’auteur concerne
des observations de maladies psychiques a Moscou s’etant developpees
pendant la pdriode aiguO revolutionnaire (dans le cours de l’hiver de
1905-1906); ayant indiqud les travaux des auteurs russes, ayant trait a
l’etude de l’influence des evenements politiques sur les affections men-
tales, l’auteur cite ses observations personnelles, faites au Bureau
Central pour les alidnds, a Moscou et dans un des asiles prives de la
m6me ville. B... les analyse d’une maniere Ires circonstanciee et
conclut que tous les cas, cites par lui, concernent des processus mor-
bides d6termin6s par le hasard, et ne sont lies, dans leur essence, &
oucune influence psychique du moment.
Le trauraatisme psychique ou physique (ou leur combinaison) don-
nait seulement un choc a l’epanouissement de inflection deja existante.
En terminant, l’auteur pose la question suivante : les terribles dvdne-
ments politiques n’influeront-ils pas sur la sante psychique de la gene¬
ration, con^ue pendant cette pdriode. « Nos enfants, dit-il repondront
h cette question. »
Min^eff, N. N. (de Moscou). — Contribution a I’gtude de la mor-
phlnophagle. — L’auteur d^crit un cas de morphinophagie; il s’agit
d’un rnalade de 46 ans, qui pendant plusieurs ann£es absorba de la
morphine a hautes doses et chez qui, avant la morphinophagie, ilexis-
tait dessymptdmes d’ulcere rond.Pendant la morphinophagie les symp-
tdmes-de lulc^re rond ne s’observ^rent plus. L'auteur explique ce fait
par cela que la morphine neutralisait l’activit6 des glandes de l’esto-
mac; l’ulcere rond est en rapport avec l’acidite exag^ree du sue gas-
trique.
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346
REVUE DE PSYCHIATRIE
Rosenthal, a. S. — Lettre de Munich. — L’auteur communique les
details des cours, organises par le professeur Kr.epelin a Munich en
automne de 1906, pour le perfectionnement des roddecins dans l’dtude
de laj)sychiatrie.
Semidaloff, B. J. (de Moscou). — Ndcrologie de V. V. Weiden-
hammer. — Le collogue ddfunt etait medecin de l’hdpital Alexdivsky
pour les attends (& Moscou). Possedant une enorme drudition, V. V.'
Weidenhammer attira Pattention par d’intdressants travaux dans le
domaine de la neurologie. Parmi ces travaux il faut citer :
« l a Sur les degdnerescences secondaires dans les ldsions en foyer
de pont de Varole ') ; « 2° Sur le ddlire aigu» ; «3 # Contribution & Pdtude
de l’anatomie pathologique dans la chorde de Huntington ».
hi, (1907, Mai).
B. J. Semidaloff. — Troubles psychiques dans I’urdmle. — Aprds
avoir donnd une esquisse abrdgee de la litterature concernant les
troubles psychiques dans Puremie, l’auteur inentionne trois observa¬
tions personnelles; dans tous ces cas il y avait de la nephrite indubi¬
table; dans deux cas (I et II) le delire uremique allait de pair avec
l'albuininurie et la diminution de la quantitd de l’urine, surtout au
commencement du ddveloppement des phenomenes psychiques ; dans
le 3* cas, les symptomes du brightisme ont dtd moins accentues.
L’auteur n’a pas pu constater une liaison ou un parallelisme entre la
diminution ou Paugmentation de Purine et les symptdmes psychiques,
ce qu’indiquent les autres cliniciens. Du cote psyehique, dans tous les
cas Pauteur a observe le syndrome de la confusion mentale; les
particularitds du tableau clinique ddpendaient, dans les cas consideres
individuellement, du terrain sur loquel s’est developpde la psychose
uremique. Les troubles de la mdmoire constates dans la premiere
observation (femme de 45 ans) seraient en connexion avec Partdrio-
scldrose cdrdbrale vdrifide a Pautopsie, et ayant prdalablement causd
un foyer de ramollissement rouge dans la partie superieure de la
rdgion occipitale droite et de Phdmorrhagie sous-arachnoidale. L’am-
nesie, dans le deuxieme cas s’explique par le terrain hystdrique. En
gdndral, il faut remarquer que l amndsie n'est pas caractdrisque du
ddlire uremique, pendant le cours duquel on Pobserve avec la confu¬
sion mentale. L’auteur pense que les cas, citds par lui, confirment
Popinion de Bischoff et d’Auerbach, que le ddlire uremique s’exprime
par de la confusion mentale hallucinatoire.
J.-N. Wedensky. — Contribution d I’dtude du symptdme d©
Ganser. — Le symptome de Ganser est caractdrisd par des rdponses
absurdes aux questions les plus simples ; les malades, chez lesquels
on Pobserve, ne peuvent pas rdpondre regulidrement aux plus simples
questions, quoique, par le caractere de leurs rdponses, on voit qu’ils
les comprennent parfaitement; dans leur rdponses ils marquent une
ignorance surprenante et Poubli des notions qu’ils possedaient ou
possddent, assurdment. Pour le terrain, sur lequel se developpe le
symptome de Ganser, les opinions sont divergeantes ; les uns (Ganser,
Raecke, Lucre), envisagent le phcnomdne des rdponses absurdes,
comme un symptdme pureinent ttystdrique; d’autres alienistes (Nissl
et quelques represenlants de l'dcole Kraepelinienne) aflirmentque la
manifestation classique du symptdme des reponses absurdes est une
indication du ndgativisme catatonique. L’auteur pense que le symp-
tdme de Ganser n’est pas spdcifique d’une affection quelconque ; on le
trouve dans diffdrentes maladies psychiques (hysterie, psychoses trau-
(Voir la suite aprts le bulletin bibliographique mensuel).
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ENQUETE SUR LE C( NO-RESTRAINT »
347
matiques, demence precoce, etats crepusculaires epilcptiques, dtats
post-hypnotiques). Par son analogie avec certains aspects de la simu¬
lation, le s. de Ganser, presente un grand interest medico legal.
Elise SOUKHANOFF-POKOTYLLO.
ENQUfiTE
STXE. XjE « NO-RESTRAINT »
(Suite ) 1
Bien que nous ayons tir 6 de l’ensemble des reponses recues
jusqu'au l ,r juillel un certain nombre de conclusions, nous nous
empressons de faire connaitre aux lecteurs les opinions suivanles,
qui nous sont parvenues depuis la publication de notre dernier
numero.
D r Magnan (Sainto-Anne). — Une experience de plus de trente ans
m’a donne la preuve demonstrative, qu’il est possible de renoncer aux
moyens de contention physique dans le traitement des etats d’agita-
tion ou d’anxiete quelle que puisse etre leur inten^ite ; dans mon
service, ou entrent les malades a la phase aigue de leur affection, la
camisole a ete supprimee des le debut ; le maillot avait ete substitue a
la camisole de force ; il coinportait des liens lateraux qui, fixes aux
jambesmaintenaient les mains, ceux-ri ontete entierement abandonnes
depuis 1874. Les cellules enfin sont inutilisees depuis douze ans; de¬
puis cette epoque, il n est done plus fait emploi d’aucun moyen de
contention.
Les procedds que l’experience m’a montre les meilleurspour remplacer
le « restraint » consistent a placer le malade a surveiller, du faitde leur
agitation ou de leur anxiete, dans un dortoir commun. Generalement
l’influence du milieu s’exerce sur le malade qui rapidement ne quitte
plus son lit. Dans le cas de grande agitation ou d’angoisse incoercible,
il est preferable, de placer le malade a une extr6mit6 de la salie en
tapissant les parois avec des matelas dresses sur leurs bords dans les
inurs d’angle. Les avantages de la liberte dans l’alitement sont les
consequences suivantes ; je n'ai plus vu de fureur maniaque depuis
Temploi de ce mode de traitement ; d'autre part, depuis douze ans,
grace & la surveillance qui est assuree dans les salles d'alitement par
la presence constante de deux infirmiers, nous n’avons eu aucun sui¬
cide du cdte des femmes, et trois seulement du cote des homilies
tandis que nous en comptions autrefois presque tous les ans.
L’emploi des moyens de contention physique n’est done subordonne
qu’a l imperfection actuelle des services d’asile qui rend la tache beau-
coup plus difficile, meme aux medecins desireux d’accomplir ce progr6s
dans l’assistance des malades, et suffisamment convaincus pour y
porter tous leurs efforts.
D r Santenolse (Saint-Ylie). — Je ne veux pas entreprendre unedis-
cussion th^orique sur la question posee, au sujet de laquelle tous les
1 Voir. Revue de Psychiatric, n* 5 et 7, mai et juillet UK)7.
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348
REVUE DE PSYCHIATRIR
arguments ont deja etd donnes a maintes reprises ; je me borne &
indiquer sommairement ma conduite habitueile.
1* Je ne suis pas partisan de la contention manueile par les infir-
miers : (insuffls&nce du personnel, danger de traumatismes serieux
resultant d’unelutte, etc...)
2* Lorsqu'un malade est agite et violent, au point de ne pouvoir sans
danger pour les autres et pour lui-m6me rester avec ses camarades,
je le fais placer dans une chambre d'isoleinent, mais sans contention
d’aucune sorte,
3" Je fais appliquer la contention m£canique (camisole ou maillot,
ce dernier reserve aux malades alit6s dans 2 cas seulement.
a) pour empScher certains malades blessds ouopdres d’enlever leurs
pansements ; b) pour prot^ger contre lui-m6me (cela arrive tres rare-
ment mais cela arrive quelquefois) un malade ayant des impulsions
constantes au suicide ; j’ai pr6cisement en ce moment un malade a qui
ce seul proc6dd est applicable : je suis certain quesans cela, et malgr&
une surveillance aussi attentive qu'il est humainement possible de
l’exiger, ilarriveraita un moment donn6 & se ddlruire.
Enfin le D r LevetfLa Charite , Niecre) de qui nous avons publid
la rdponse parmi celles des partisans du « no-restraint », absolu
en principe (Voir R. ile Psychiatric p. 219) nous fait remarquer
par la note suiyante que : dans l’6tat actuel des choses. il ne lui
est pas toujours possible de suivre la ligne de conduite considerde
par lui coirnne la meilleure.
« Si vous voulez bien vous reporter a ma reponse a votre question¬
naire concernant le non-restraint, vous verrez que je me suis born6 a
dmettre l’opinion que le non-restraint absolu, sans cellules ni m6me
hyoscine, ne serait pas une utopie avec une organisation d’asile
suffisante.
Je n'ai pas dit que cette organisation je l'avais, et pour cause ! Les
maigres budgets, surtout dans les asiJes de province a prix de journee
tr6s r^duit et a pensionnats presque nuls, seront probablement
longlemps encore un obstacle.
Convaincu de la possibility de la suppression absolue du restraint,
avec un personnel sufflsant comme nombre et entrainement profes-
sionnel, avec les locaux espaces, desencombrdset adaptes, je suisdans
la pratique, comme la plupart des collegues, rGdpita l’employer faute
de mieux ».
NOUVELLES
Asiie d’ali6n6s de la Seine. — (Arrcte ministericl du 31 juillct
1907).
LE PRESIDENT DU CONSEIL
Ministre de VInterieur
Vu la deliberation du Conseil general de la Seine en datedu 21
d^cembre 1906,
Vu le rapport du Prefet de la Seine en date du 21 mars 1907,
Arrete :
Article premier. — Le Prefet de la Seine est autorisd & recruter
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NOUVELLES
349
par un concours special les m6decins des asiles d'alien6s de la .
Seine.
Arl. 2. — Seront admis k prendre part au concours les medecins
en chef et les medecins adjoints des asiles publics, asiles priv6s
faisant fonctions d’asiles publics et quartiers d’hospices de France,
h la condition qu'ils aient occup6 effectivement un poste dans un
de ces etablissements pendant une perioded'au moins deux ans.
Art. 3. — Les conditions du concours et la composition du Jury
seront fix6s par un arr6te ministeriel.
Art.4. — Le directeur de 1‘ASsistance et de l’Hygi&ne publiques et
le Prefet de la Seine sont charges, chacun en ce qui le concerne,
de l’execution du present arr^te.
Fait k Paris le 31 juillet 1907.
Sirjne : G. Clemenceau.
La revision de la lol de 1838 cu S6nat. — La Commission du
Senat, chargee d’examiner la proposition de loi votee par la Chambre
et relative aux modifications & apporter k la loi de 1838 sur le regime
des ali6nes, poursuit activement ses travaux sous la presidence de
M. Holland.
Dans le texte vot6 par la Chambre des Deputes, une disposition avait
616 introduite qui avait fait naitre les plus vives apprehensions dans
l'esprit des m6decins actuels des asiles et surtout des docteurs se pr6-
parant au concours d’adjuvat; elle 6dictait que ces medecins pourraient
demeurer normalement et se consacrer librement a I’exercice de la
m6decine en dehors des asiles, par assimilation aux m6decins des
hOpitaux.
Apres avoir recueilli de nombreux et concordants temoignages, et
conform6ment k 1‘avis du ministre de rint6rieur, consid6rant qu’il y
avait int6r6t 6 ce que les futurs candidats au concours d’adjuvat, con-
nussent sur ce point son avis qui sera sans aucun doute l’avis du S6nat
lui m6me, la Commission a decid6dese prononcer dbs maintenant sur
Indisposition sus vis6e ; 6 l’unanimit6, elle a resolu d’effacerde la pro¬
position de loi, la disposition relative au libre exercice de la m6decine
et de faire de la r6sidence du mddecin dans l’asile le r6gime normal
auquel il ne pourrait etre derogd qu’exceptionnellement et sous des
garanties speciales.
Un monument au professeur Brouardel. — Sous la pr6sidenee de
M. Emile Loubkt, un comit6 s’est constitue pour 61ever un monument •
k Brouardel. Ce comit6 dans lequel nous relevons les noms de :
MM. Mirmam, Ballet, Brousse, Dupr£, Grasset, Joffroy, a confi6
l*ex6cution du monument a M. Puech.
Les souscriptions sont d6s k pr6sent revues chez MM. Bailli£re, 19, •
rue Haute-Feuille.
Personnel des asiles, ( Mouvcmcnt de juillet). — M. leD r Truelle,
medecin adjoint, est nomm6 directeur medecin de la colonie familiale
de Dun-sur-Auron (Cher), poste cr66.
M. le D f Arsimoles, medecin adjoint & Leyme (Lot), est nomm6
m6decin adjoint a l’asile de la Charit6 (Ni6vre).
Faculty de mgdeclne de Vienne. - M. le D r Arthur Schuller, est
nomm6 privat-docent de neurologie et de psychiatrie.
N6crologle. — Nous avons eu le regret d’apprendre la mort de M. le
D' Christian qui fut pendant de longues ann6es m6decin en chef de
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350
REVUE DE PSYCHIATRIE
la maison nationale de Charenton : Christian etait 1'auteurde travaux
remarquables, parmi lesquels nous citerons : De la folie consecutive
aux maladies aigues [Arch. gdn. de medecine 1873) ; Particle Paralgsie
generate du D'Dechambre (1880, en collaboration avec M. Rim), Etude
sur les psgchoscs traumatiqucs (Arch, de Neurologic 1889). De la de-
mence precoce dejeuncs gens (Ann. medic, psych. 1899) etc... Depuis sa
retraite, loin de se ddsinteresser de la psychatrie, Christian donnait
l’exemple de l’assiduitd aux stances des Congres et des soci6t6s
savantes, et jetait a propos dans les discussions, le poids de sa haute
autoritd scientifique et morale. II dtait president de l’Association mu*
tuelle des mddecins altenistes de France.
CHKONIQUE
LE RECRUTEMENT PAR UN CONCOURS SPECIAL
des mEdecins des asiles daliEnEs DE LA SEINE
L’arrSte signd le 31 juillet par le ministre de % l’intdrieur vient de
consacrer le principe de cette importante r^forme. C'est une ten¬
tative de decentralisation qui sera feconde en resultats.
GrAce & la creation du concours special, tous les mddecins vont
6tre assures de pouvoir occuper les postes de leur choix, et cela
parleurs propres moyens, & la suite d’dpreuves loyales et non par
les voies de la faveur ou de l anciennete. Stimulant precieux qui
augmentera certainement le nombre des candidats aux functions
de m^decin adjoint, puisqu’on admet & prendre part au concours
special les medecins adjoints de tous les asiles publics, asiles
priv&s faisant fonctions d’asiles publics et quartiers d’hospice de
France.
Le ministre se reserve le droit de fixer les conditions du con¬
cours et la composition du jury.
J’ai dit ici m&me (Revue de Psychiatric 1905, page 289) tout le
bien que je pense du programme 61abor6 par la Society medicate
des asiles de la Seine.
Les £preuves 6crites, orales ou cliniques portent sur la patho-
logie, la medecine legale et la th^rapeutique des altenes, excluant
les notions d’anatomie et de physiologie dej& exigees h fadju-
vat; elles ne constituent plus des exercices oil la m6moire et des
quality plus ou moins brillantes d'^locution jouent le principal
r61e. II faut pour les subir des connaissances etendues, jointes h
une assez longue pratique de la psychiatrie qu’une epreuve sur
titres vient encore meltre en relief. Nous serions d’avis cependant
d’ajouter une 6preuve de clinique ordinaire pour montrer qu'on
peut 6tre un excellent alieniste sans cesser d’etre un bon m^decin.
Si ce programme etait adopts, nos collogues de province, meme les
plus anciens, seraient mal venus h se plaindre, car le concours ne
pourrait que les favoriser.
i
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CHRONlQUE
351
Quelle sera la composition du jury ? II y a lieu d’espdrer qu’on
ne suivra pas les errements du concours de l’adjuvat dont les
caracteristiques sont les suivantes :
1* Choix du jury par le ministre, sur presentation des inspec*
teurs gen£raux.
2 # Preeminence accordee ft l’element administrate, du fait que
la presidence est confide & un inspecteur general qui, de par ses
fonctions, peut exercer une pression morale sur les juges.
3° Traitement de faveur concede aux professeurs de medecine
mentale auxquels on reserve 3 places sur 7. Le nombre des pro
fesseurs etantde six pour toute la France, il en resulte que, suivant
les noms sortis au precedent concours, trois des juges appelds ft
sieger sont toujours connus d’avance.
4° Exclusion des mddecins de Bicfttre et de la Salpetriere, nom-
mds au concours, et admission dans le jury des mddecins de Cha-
renton, asile qui, bien que dependant uniquement du Ministftre de
rinterieur, est le seul etablissement dont les medecins so recrutent
par un concours sur tilres. Comme tous les concours sur titres,
celui-ci ofTre des garanties insufTisantes.
Le choix des juges se comprend s’il s’agit de constituer une
commission administrative. C’est une methode inacceptable dans
un concours scientifique oil toutes les conditions d’impartialite
doivent etre scrupuleusement observees. La presentation puis le
choix, implique fatalement chez celui qui 1’efTectue, l’existence de
raisons ddterminantes qui peuvent apparaitre aux concurrents
comme n'elant pas exclusivement dictees par la seule equite.
C’est pour obvier ft cet inconvenient et ne pas laisser place au
moindre souppon de partialite que partout, dans les circonstances
analogues, le tirage au sort a ete substitud au choix. Le tirage au
sort des juges doit se faire devant une commission chargee de
veiller ft l’accomplissement regulier de cette formalite..C’est le pro-
cede en vigueur aux concours des hopitaux. II faut de plus que le
meme juge ne puisse faire partie du jury de deux concours
consdcutifs.
La presence d’un Inspecteur general des services administratifs
ne nous parait pas justifiee dans un concours d'ordre exclusive*
ment medical et scientifique.
II n’y'a pas lieu, d’autre part, d’accorder aux professeurs de
pathologie mentale un traitement de faveur dont aucun de leurs
collegues ne jouit dans les concours des hopitaux. Autant il est
ldgitime, comme c’est la rdgle dans les hopitaux, d’inscrire sur la
liste des mddecins appelds ft faire partie du jury les professeurs
ou les agrdgds qui ont un service d alidnation mentale, et cela en
leur qualite de chefs de service, autant il serait contraire ft l interet
des candidats de les y faire figurer en raison de leurs fonctions.
A notre avis, le jury doit etre pris parmi les rnddecins chefs
de service des asiles et des quarliers d’hospice ayant cinq anndes
de grade de m^decin en chef. Il faut, croyons-nous^ laisser de
c6te 1’asile de Charenton et l’infinnerie speciale du Depot dont les
\
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352
REVUE DE PSYCHIATRlE
medecins se recrutent d’une fagon particuliftre et non par voie
de concours
Nous voudrions voir constituer un jury exclusivement compost
de medecins chefs de services, qu'ils soient professeurs, agrftgy.s'
ou simplement medecins. Le nombre de ceux ci est assez grand
et, ft vrai dire, on ne comprend pas trfts bien la suspicion qui
semble rftgner ft leur egard quand il s’agit de concours. II suflfi-
rait de rappeler que si des progrfts incessants ont ete et sont
encore realises dans l’etude des alien^s c’est ft ces derniers qu’on
le doit.
II ne peut fttre question, ft noire avis, de composer le jury unique-
ment de membres tirfts au sort parmi les medecins de province,
appelfts ainsi ft juger leurs pairs. Dans un concours destind ft
recruter le personnel d'un dypartement d^terminft, ce serait une
fagon de procftder etrange autant qu'inusitfte de choisir tous les
juges dans les autres departements. Et, pour prendre un exemple
d’ordre administratif, il sufflt de rappeler que les redacteurs de la
Prefecture de la Seine sont recrutes par un jury exclusivement
compose de juges appartenant ft l’administration dece dypartement.
Il n’en reste pas moins qu’une part doit fttre faite aux medecins
des asiles de province, en vue d’assurer la regularity des ftpreu-
ves etde donner aux candidats toutes les garanties d'impartialitft
auxquels ils ont droit.
C’est pourquoi il nous semble que le jury pourrait fttrecomposft
en .majorite de medecins en chef tirfts au sort parmi les mydecins
titulaires des asiles publics d aliftnys de la Seine, ayant au moins
cinq annyes de grade, auxquels viendraient se joindre des mede-
cins en chef tires au sort parmi les directeurs mydecins ou les
medecins en chef des asiles de province remplissant les mftmes
conditions et un mydecin en chef tire au sort parmi les mydecins
chefs de service en exercice des quartiers de Bicfttre et de la
Salpytriftre.
Aucun des juges ne pourrait faire partie de deux jurys
consecutifs.
Telies sont les idyes que nous voudrions voir appliquer. Nous
avons du reste pleine confiance et nous nous en rapportons aux
sentiments d’equity du Ministre qui a bien voulu suivre le Conseil
genyral de la Seine et rftaliser un progrfts attendu depuis trente
ans. Il ne suffit pas d elever les alienys ft la dignity de malades,
il faut aussi reconnaitre ft ceux qui les soignent la qualite do
mydecins. H. Colin.
1 A ce propos, il est bon de fnirc remarquer que l lnfirmerie spcciale, dont
nous avon 9 et6 6 rneme, nvec plusieurs de nos collogues, d’upprecier person-
nellement tout l inter£t, n’u pus d’exislence legale. C’est un lieu de passage
et non un service veritable ou i on peut suivre et trailer les malades.
Le g&rant : A. Coueslant.
PARIS & CAHORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT (28-VIII-07)
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LES CONGRfiS
LE XVII me CONGRES DES MEDECINS AL1ENISTES
ET NEUROLOGISTES DE FRANCE
ET DES PAYS DE LANGUE FRANQAISE
(Gendve-Lausanne: l er -7 aotit 1907)
Par A. Dti,MAS,
Interne h lasile Sainte-Anne
I
L’expertise m£dico46gale et la question
de la responsabilite
M. G. Ballet, (de Paris), rapporteur . — La question que
j’ai l’intention de traiter dans ce rapport, ne correspond pas
tout k fait k son titre. Je vais me borner, en effet, k examiner si
en matiere d’experlise mentale, les questions de responsabilite
sont du domaine medical. Je desire montrer, & propos de ces
questions de responsabilite, ou Unit k mon sens le r61e du me-
decin et, par suite, oil commence celui du magistrat, quitte k
celui-ci k se tourner vers le 16gislateur plutdt que vers le md-
decin, quand la loi ne met pas k sa disposition les moyens pra¬
tiques correspondant k certaines situations que l'expert doit se
borner k indiquer et k prdciser.
Le mot responsabilite n'a de sens qu’autant qu’on en precise
la signification par une 6pithete. YoilS pourquoi on parle de
responsabilite morale et de responsabilite sociale : on dit aussi
quelquefois responsabilite p&nale ; mais, si Ton veut bien y
reflechir, on se rendra compte que celle-ci n’a pas d’individua-
lite propre; elle n'a de raison d’etre qu’en tantque subordonnee
k la responsabilite morale ou& la responsabilite sociale.
Lorsqu’on parle de responsabilite morale , lo mot n’a de sens
qu’en tant qu’il implique la croyance au fibre arbitre ; s’en ser-
vir c’est faire n4cessairement incursion sur le terrain metaphy¬
sique et se solidariser avec une doctrine metaphysique.
Cette doctrine admettant la culpability des individus qui
commettent un deiit ou un crime, legitime lapplicalion d’une
peine a ces individus.
Cette peine vise un double but : 1° elle constitue pour le
coupable une expiation, qui doit £tre proportionnee a la gra-
vit6 de la faute; 2° en outre, elle est un example destine &
impressionner et k arreter ceux qui pourraient etre tentes de
Timiter.
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354
REVUE DE PSYCHIATR1R
La responsabilitd sociale est toute aulre quela responsabilite
morale. Elle vise non des fautes ou des crimes , mais des pre¬
judices . Elle comporte non des peines , mais une reparation
ou une indemnity ; elle u’implique pasque l’auteur du prejudice
Tacommis volontairement, mais simplement qu’jl la com mis.
La responsabilite sociale ne suppose nullement la responsabilite
morale.
On ne peut parler de responsabilite morale sans faire incur¬
sion sur le domaine metaphysique; on penetre, d’autre part,
n6cessairement sur le terrain juridique quand on parle de res¬
ponsabilite sociale : c’est au philosophe k decider si Thommeest
libre ou ne Test pas ; c’est au magistrat ou au ldgislateur k pren¬
dre ou arr£ter les mesures qui sont adequates k la responsabilite
sociale des diverses categories de delinquants ou de criminels.
L’article 64 du Code penal fran^ais est ainsi congu : « II n’y a
ni crime ni delit, lorsque le prdvenu £tait en 6tat de d6raence
au moment de Taction ou lorsqu’il a 4te contraint par une force
k laquelle il n’a pu rdsister ».
C’est en vertu de cet article que le mddecin expert est com-
mis dans les affaires criminelles. C’est en qualite de medecin
qu’on Tappelle : mddecin il doit rester-; les opinions sur la psy¬
chologic des criminels. pourront varier, la legislation se modi¬
fier, la jurisprudence et les habitudes judiciaires changer, les
conclusions du rapport doivent Gtre telles qu’elles n’aient
rien iredouter de ces fluctuations ambiantes. En matiere d’ex-
pertise comme en toute autre, il est vrai, on peut se tromper :
l’esprit n'est k Tabri ni d’une erreur ni d’une ddfaillance ; mais
les donndes auxquelles il doit se r6ferer, prdcisdment pour
6viter ces defaillances et ces erreurs, doivent £tre assez cer-
taines pour qu’il ait Tassurance que ses assertions, quand il se
croft en droit d’en apporter de formelles, seront vraies demain
comme elles le sont aujourd’hui, et quelle que soit Torientation
nouvelle de la criminologie et du droit penal.
Le ntedecinest invited donner son avis sur des faits d'ordre
exclusivement medical et non sur la question de responsabi¬
lite. C’est arbitrairement qu’on a pris Thabitude, contrairement
k la lettre et k Tesprit de la loi, d’introduire cette question dans
les ordonnances, les jugements a fin d’expertise ou les rapports
medico-ldgaux.
Cette maniere de faire, dans beaucoup de cas, ne ptesente
pas, il est vrai, de gros inconvenients ; par suite d’un consensus
gdndral, en effet, on est d’accord pour oublier ce qu’en fait si-
gnifient les mots responsable et irresponsable et a considerer
ces mots comme simplement synonymes des mots normal ou
malade .
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LES CONGRfes
355
Mais, dans beaucoup d’autres, elle entralne des consequences
fdcheuses.
Le legislateur, en supposant arbitraireraent qu’en dehors des
alidnds dits «irresponsables », il n'existe que des criminels
punissables, contre lesquels la societd est suffisamment prole-
gde par Implication d’une peine proportionnee k la gravitd de
la faute, a mdconnu l’existence d’un nombre considerable de
ddlinquants qu’on n’est en droit de tenir ni pour des alidnds
completement « irresponsables », ni pour des sains d’esprit
« responsables ».
Ce sont ces ddlinquants que les mddecins ont pris la facheuse
habitude de considdrer conjme atteints de « responsabilitd altd-
nude >.
On aboutit de la sorte k ce rdsultat de faire condamner ces
anormaux, avec admission de circonstances attdnuantes, ce qui
est une double faute. C’est une faute d abord de les condamner
k une peine infamante, car si le mddecin n'a pu les ddelarer
ddments, puisqu’ils ont la notion du bien et du mal et de la
portee de leurs actes, ce sont des anormaux qui relevent de la
pathologie ou du moins de la tdratologie.
C'est encore une faute au point de vue de la defense sociale,
de les condamner k une peine attdnude, c’est-a-dire a une
courte peine, car cela leur permet de reprendrebientot la serie
de leurs mdfaits. De cette fa^on, on a fait k la fois de la mau-
vaise protection sociale et dela mauvaise justice.
La notion de leur nocuitd, qui resulte de l’examen mddical, ne
peut pas, parce que mddicale, ^tre negligde par le mddecin expert.
Le mddecin ldgisten’a pas seulement k porter un diagnostic :
il doit montrer — c’est 14 Tessence mdme de sa mission — 1’in¬
fluence qu’ont eue sur les actes du prevenu et particulierement
sur Tacte incrimind les tares constatees. Je vais plus loin et ne
vois pas d’inconvdnient k ce que Texpert indique les mesures
qui, possibles ou irrdalisables dans le prdsent, peu importe,
s’adapteraient le mieux k la situation envisagde. Ce faisant, il
resle dans son rdle de mddecin.
Ce que je lui demande, c’est de ne pas s’immiscer dans la
question de responsabilitd qui, encore une fois, lui est dtran-
gdre, et de ne pas accepter, en s’y immiscant, la solidarite des
ddcisions insuffisantes ou inliumaines que facilitent les conclu¬
sions qui visent ces questions.
L’usage abusif, et contraire k la lettre du Code, que Ton fait
aujourd’hui des mots responsable, irresponsable , k responsa-
biliU atUnuee tient en partieau legitime desir qu’a le mddecin
expert de rdpondre k la question posee par les juges, dans la
forme mdme ou elle est posde,
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356
REVUE DE PSYCHIATRIE
Les objections que ccs mols soulevent sont valablcs pour le
juge, dans ses ordonnances, aussi bien que pour le medecin.
II est desirable que medecins et juges, s'en tenant aux
termes de Tarticle 64 du Code penal, renoncent k les employer.
DISCUSSION
M. Grasset. — II n’y a que deux responsabilites, dit le rap-
porteur: la responsabilite morale et la responsabilite sociale.
La premiere appartient au philosophe, la seconde au magistrat
ou au legislateur ; aucune n’est question medicate; done, le
medecin n’a rien k voir dans l’appi^ciation d’une responsabi¬
lite. Pour la responsabilite morale,mous sommes d’accord pour
reiiminer. Quant k la responsabilite sociale, je crois que c est
une chose complexe, que la responsabilite physiologique ou md-
dicale en est un element et que par suite le medecin, s’il ne peut
pas resoudre k lui seul toute la question, doit intervenir et ap-
porter un document prdcieux, en etudiant cet element special
que seul il peut connaitre et apprecier. La responsabilite medi-
cale, en eflet, est une fonction de nos neurones psychiques : la
responsabilite correspond a la normalite, l’ii responsabilite k la
maladie de ces neurones. C’est k nous, medecins, qu’il appar¬
tient dtetablir l’dtat normal ou maladif de ces neurones psy-
cliiques.
Si nous n’y reussissons pas toujours, je peux bien dire qu en
tous cas les non-medecins y reussiraient encore moins bien.
Done, je le rdpete, l’expert n'a pas seulement k poser un dia¬
gnostic ; il doit dire si, comment et dans quelle mesure, celle
maladie influe sur la fonction responsabilite, quelle est la res¬
ponsabilite medicate ou physiologique.
Cette responsabilite medicate ne suffit pas k etablir la res¬
ponsabilite sociale, mais elleest necessaireaux magistrals pour
qu’ils puissent etablir cetle responsabilite sociale. On peut, si
Ton veut, avant de conclure, bien preciser le sens medical que
Ton va donner au mot responsabilite dans ses conclusions eton
doit dire ensuite nettement si le sujet examine est responsable
ou non.
Je passe k la notion de responsabilite attenuee. M. Ballet ne
nie pas les fails qui motivent cette qualification : il adraet Ires
bien les malades, non irresponsables, qui sont cependant infe-
rieurs dans la lutte contre les suggestions criminelles. Mais il
ne veut pas parler pour eux de responsabilite attenuee, parce
qu’il ne veut pas que le medecin prononce jamais ce mot de res¬
ponsabilite.
Je crois avoir repondu k cette objection en definissant lesens
medical que les experts doivent donner au mot responsabilite.
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LES CONGR&S
357
Avec ce sens, la notion de responsabilitd attdnuee s’impose k
tous les medecins ; car, c’est une loi gdndrale de la physiopa-
thologie, applicable aux neurones psychiques commeaux autres
parties du corps, qu’il y a des degies dans la maladie ; il y a
done desdegres dans le trouble de la fonction ; si la responsa¬
bilite est une fonetkm, la responsabilitd attdnude s’impose
corame une notion logiquement ndeessaire, d’ailleurs ddmontree
cliniquement par les faits.
M. Ballet fait tres justement remarquer que le mot respon¬
sabilitd n'estinscrit nulle part dans la loi, et ilconseille de s’en
tenir au texte de l’article 64.
Evidemment il faut s’en tenir & ce texte, tant qu’il n’y en a
pas d’autre. Mais il serait desirable que la loi fut modifide k ce
point de vue et il appartient aux mddecins de formuler des
voeux dont la realisation serait peut-dtre moins lente que ne l’a
etd la reforme de la loi de 1838.
Je Youdrais done que, au lieu de solliciter le relour pur et
simple k Particle 64, les mddecins demandassent la consecration
par la loi de l’usage dtabli par les magistrats d’inviter les mdde-
cins a donner leur avis sur la responsabilitd medicale des incul-
pds, e’est-i-dire sur leur santd psychique. La loi pourrait dire
nettement que sous le nom de responsabilitd elle n’envisage ni
la responsabilitd morale qui luidchappe, ni la responsabilitd so-
ciale qu’elle appellerait culpabilitd, mais uniquement larespon-
sabilite medicale telle que nous l’avons ddflnie. Les roles se-
raient ainsi bien precisds : aux mddecins on demanderait si
l’inculpe est irresponsable, responsable ou a une responsabilitd
altdnude ; cela serait un element d’apprdciation pour le jury
k qui on continuerait a poser la question de culpabilite.
Le verdict de responsabilite des mddecins n’entrainerait pas
le jugeraent de culpabilitd, mais serait necessaire pour que
la peine ordinaire fut infligde k l’inculpd. Quand le verdict
mddical porteraitirresponsabilite ou responsabilitd attdnude, le
jury devrait en tenir compte dans la fixation de la nature de la
peine et des conditions dans lesquelles cette peine devrait dire
appliqude. Le traitement obligatoire dans un asile spdeial pour¬
rait dire prononce par les magistrats, et de cette maniere la
societe se ddfendrait aussi bien des fous et des demi-fous crimi-
nels que des criminels responsables, mais sans perdre de vue
son devoir de les soigner et de les traiter en mdme temps.
M. Juffroy. —A pres avoir lu le rapport de M. Ballet, j’dtais
de son avis. Comme k lui,.le mot responsabilite me ddplait.
M. Grasset lui-mdme, se refuse a se servir de ce terme sans le
definir par an qualificatif. M. Francotte est aussi de cet avis.
Pourquoi ne pas chercber un autre terme qui ne serait sans
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358
REVUE DE PSYCHIATRIE
doute pas ties difficile k trouver. Je le demanded M. Ballet et a
M. Grasset, et je Padopterai avec plaisir. La difficult^ vient
surtout des cas intermediates. Lorsqu’il s'agit des cas francs et
bien determines, il n’y a pas de gros inconv6nients a user des
expressions «responsable > ou « irresponsable ». Les difficul¬
ty commencent a propos des cas intermediates dans lesquels
le sujet agit en connaissance de cause, mais trouve dans des
tares congenitales certaines circonstances att6nuantes k sa
conduile. Si vous me permettez cette comparaison, il se passe
quelque chose d’analogue k ce qui aurait lieu si Pon demandait
k un m6decin de se prononcer sur P6tat d’un convalescent pas
assez malade pour garder le lit, mais trop malade pour vaquer
k ses occupations habituelles. Ce qu’il faudra k ce demi-malade,
au point de vue de Palimentation, ce ne sera pas un regime plus
ou moins abondant qu’i un sujet normal, ce sera un regime
special. De ntme ce qu’il faudra souvent k un demi responsa-
ble, cesera l’asile plutot que la prison, mais ce qu’il ne faudra
jamais c’est un non-lieu.
Si Pon se d^cidait k remplacer le mot « responsabilite » par un
terme different, les divergences entre les auteurs seraient peut-
£tre moins accusees qu’elles ne le semblent en apparence et
M. Ballet ct M. Grasset sont plus pres de s’entendre qu’ils ne
semblent le dire. Je crois que M. Ballet contresignerait facile-
ment les rapports de M. Grasset et rdciproquement.
Je voudrais attirer Pattention sur la responsabilite au debut
d’une affection mentale, la demence pr6coce, qui commence
exclusivement par des modifications du caractere et du sens
moral, sans autre symptOme qui puisse mettre sur la voiedu
diagnostic ; de telle sorte qu’il est bien difficile de dire k ce
moment si on est en presence on non d’un malade.
J’ai dans mon service un malade qui presente le type catato-
nique de la demence precoce et dont Phistoire est tres instruc¬
tive au point de vue qui nous occupe. Jusqu’& P6ge de quinze
ans, il fut tout a fait normal. Ouvrier depuis deuxans,on n’a-
vait qu 'k se louer de lui quand, tout k coup, son caractere
changea et brusquement il quitta son atelier. 11 se condnisit si
mal chez ses parents que son pere le mit a la porte. II subit
alors deux condemnations pour vol. Arr£t6 une troisieme fois
pour un vol dont il 6tait innocent, il en ressentit un chagrin
extraordinaire, fut pris d’hallucinations et fut envoy6 en obser¬
vation dans mon service. LS, le diagnostic de demence precoce
fut (Stabliet la marche des evenements Pa pleinement confirm^.
Dans ce cas on peut se demander d’une part, si, lors de ses pre¬
mieres condemnations, ce malade n’6tait pas d6j& entr6 dans la
demence precoce, et d’autre part, si k ce moment, le diagnostic
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LES CONGRfcs
359
aurait pu 6lre etabli. II y a done en somme, pour la ddmence
precoce, corame pour la paralysie generale, une pdriode mddico-
legale.
M. Giraud (de Rouen). — J’estime que le medecin doit s’at-
taclier 4 la precision du diagnostic medical. 11 faut provoquer
une reforme dans la legislation pour faire disparallre Tinconvd-
nient qui resulte de l’application des courtes peines par suite de
l’admission de la responsabilite attenuee. II faut que les decla¬
rations sur la responsabilite ne soient que le corollaire du
diagnostic medical.
M. Francotte (de Liege) n'est pas du m^me avis que le rap¬
porteur. Le Code penal ne parle pas de responsabilile, mais il
contient cette idee sans Tenoncer. Pourquoi ne veut-on pas
donner au medecin alienisle le droit de juger la responsabilite
d’un criminel ? On voudrait que le medecin se born&t 4 la cons-
tatation de faits mat6riels ; mais que restera-t-il alors de la
psychiatrie ?
M. Regis (de Bordeaux). — L’expertn’a pas seulement4 por¬
ter un diagnostic medical, il doit conclure, il faut une deduc¬
tion medico-legale 4 son rapport. Pourquoi le terme de respon¬
sabilite ne subsisterait-il pas ?
M. Bard (de Geneve). — Je m’associe aux conclusions de
M. Ballet. Le terme de « responsabilite attenuee » ne saurait
s’appliquer aux demi-fous. En tous cas, je demanderai pour ces
demi-responsables un ch4timent plus severe. 11s sont plus dan-
gereux que les autres et ils ont surtout une mentalite encore
sullisante pour leur permettre d'apprdcier toute la portee de la
sanction penale qu’on leur inflige.
Je remplacerais volontiers le terme de responsabilite. On
pourrait dire : tel inculpe presente telle ou telle capacite de
discernement. Le mot de « discernement » laisserait au magis¬
tral toute liberte pour conclure.
M. Bernheim (de Nancy). — Nous n’avons pas le moyen
de rdsoudre la question de responsabilile attenuee et je serais
pr£t 4 rdpondre au magistrat qui m’interrogerait 4 cet egard
qu’il m'est impossible de formuler une opinion.
M. Vallon. — Le terme de responsabilite etait le trait
d’union entre medecins et magistrals. Pourquoi le supprimer?
Il restera seulement entendu pour les medecins qu’en aucun
cas il ne saurait impliquer une idee philosophique, de mdlaphy-
sique.
M. Dupre. — Je m’associe aux conclusions de M. Ballet,
et, s’il lallait, non pas siraplement biffer le terme de responsa¬
bilite, mais le remplacer par un autre, jadopterais, non pas
celui de discernement propose par M. Bard, mais celui de
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360
REVUE DE P8YCHIATRIE
« faillibilite ». J’estirae que ce mot exprime sufflsamment les
perturbations cle l'intelligence morale. Dans quelle mesure tel
ou tel inculpd est-il faillible?
II
Les psychoses periodiques
M. A. Antheaume (de Paris), rapporteur . — Les auteurs
sont actuellement unanimes k reserver dans la nosographie
mentale une place k part aux psychoses dites periodiques; ou
l’accord cesse d'exister, c’est quand il s’agit de proc6der k
Texacte delimitation de ce groupe psychopalhique.
Faut-il entendre par psychoses periodiques tous les troubles
mentaux qui se rdpetent suivant une periodicitd plus ou moins
r6guli6re, ou au contraire les seuls syndromes si bien analyses
par Baillarger et par Falret? Doit-on englober sous cette deno¬
mination tous les dtats psychopathiques group6s par Magnan
dans sa remarquable syathese de la folie? (Test la conception
francaise de la folie periodique, dans laquelle n’entrent point
la manie et la melancolie simples, idiopathiques, non r£cidi-
vantes, qui demeurent Tune et Tautre des entil6s au m^me titre
que la folie intermittente. Ou bien ne convient-il pas de ratta-
clier, a\rc Kraepelin et ses disciples, tous les cas de manie et
de meianculie simples k la folie periodique, d’etendre le champ
de celle-ci et de lui atlribuer le vaste domains de la folie ma-
niaque depressive ?
Dans la premiere conception, les symptomes deTacces de ma¬
nie ou de melancolie de la folie periodique, ne sont pas decrits
comme absolument semblables k ceux des acces de manie ou de
melancolie simples. Cependant ils ne s’en distinguent que par
des nuances parfois si inddcises que certains auteurs ne leur
accordent aucune valeur. Le debut est le plus souvent brusque,
bien que parfois on note un signal-symptdme qui avertit de
Timrainence de Faeces. La depression et Texcitation sont atte-
nuees ,* les malades sont gdneralement lucides, bien orieutes ;
les idees deiirantes, la stupeur, la surexcitation sont rares :
« C’est ainsi que le dit J.-P. Falret, le fond de la manie et de la
melancolie sans leur relief. »
Les periodiques sont particulierement malveillants ; ilss’alTu-
blent volontiers de costumes etranges et collectionnent loutes
sorles d'objets, etc.
L’evolutiondes acces est tout-A-fait caracteristique. Les acces
isoies affectent une pe» iodicite plus ou moins rdguliere, et gdne-
ralement sont identiques entre eux ; les acces conjugues s’asso-
cient suivant divers modes qui permettent de d6crire la folie k
double forme, la folie circulaire, la folie alterne.
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LES CONGRfes
361
Entre les acces, les auteurs frangais admettent gen6ralement
un intervalle lucide au sens strict du mot. Cependant au fur et
k mesure que la maladie progresse, l’intervalle lucide devient
de plus en plus court et de moins en moins complet.
La terminaison par la d6mence n’est que le fait de complica¬
tions. La maladie dvolue en une succession d’acces maniaques
ou mdlancoliques. Certains de ces acces sont peu accentuds et
ne necessitent pas l’internement.
Le diagnostic de 1’acces de la folie pdriodique doit etre fait
avec 1‘acces de manie et de meiancolie simples, avec les acc&s
d’excitation ou de depression des degen4r6s, des confus, des
neurastheniques, des hysteriques, des 6pileptiques, des paraly-
tiques g4ndraux. La conception de la folie maniaque depressive
repose sur le trepied de la psychologie, de la symptomalogie et
de revolution. A la base de leur synthase hardie, Kraepelin et
son ecole ont place une profonde etude psycliologique qui leur
a permis de montrer que la manie de la meiancolie, loin d'etre
des etats contraires, comme on le croyait gen6ralement, sont
des etats homologues, caractdrises Tun et l’autre par la diminu¬
tion de l’attention volonlaire, le ralentissement des perceptions
et Texaltation de Tautcimatisme psychique.
La paralysie des facultes superieures existe dans la manie
comme dans la meiancolie, mais dans la premiere les facultes
psyckiques automatiques sont exaltees, tandis qu'elles sont
inhibees, comme les superieures, dans la meiancolie.
D’autre part, il n’y a pas de manie et de meiancolie simples :
en effet leurs symptdmes sont sen^lables k ceux de la manie et
de la meiancolie periodiques ; k des degres divers, elles recidi-
vent toujours; les acces ne sont jamais uniquement maniaques
ou meiancoliques, mais toujours k double forme ; ei..‘in des ma-
lades presentent& la fois des sympt<3mes de manie et de meian¬
colie, des « etats mixtes ».
On peut douc, avec Deny et Camus, deflnir la folie maniaque-
depressive « une psychose constitutionnelle, essentiellement
herdditaire, caracterisee par la repetition, Talternance, la jux¬
taposition ou la coexistence d’etats dexcitation et de depres¬
sion ». Cette conception a soulevd diverses objections, qui ne
paraissent pas essentielles ; elle a par centre l'allie un grand
nombre d’adeptes ; elle serable gagner cliaque jour du terrain ;
elle perraet de.se faire de la folie periodique une idee plus juste
et plus seduisante. La description des etats mixtes a enriclii
notablement la symptomatology de cette psychose. Ces etats
mixtes se rencontrent principalement au moment du passage
d'un etat mdlancolique k un etat maniaque ou inversement; ils
peuvent encore se montrer k retat isoieet constituertoutl'acces
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362
REVUE DE PSYCU1ATRIE
du malade. Dans ces dtats, les symptomes jusqu’ici rapportes k
la manie et k la m61ancolie se m^langent intimement, d^mon-
trant, comme l'ecrit Ballet, « la commune origihe et la nature
identique de phdnomenes en apparence opposes, c’est a-dire
de l’excitation et de la depression
Presque toujours herdditaire, cette affection se manifeste sur-
tout chez la femme apres la puberty et parfois, d'apres Kraepe
lin, prend une grande importance au moment de revolution
pres4nile.
Entre les acces on peut observer des intervalles lucides, ou
le sujet est redevenu normal, mais presque toujours on y re-
trouve certains ph4uomenes anormaux permanents, tels que la
depression de l’energie psychique, rirritability anorraale et une
moindre resistance aux impulsions instinctives. Ces symptomes
justifient au point de vue de revolution et du pronoslic cette
formule d’apparence paradoxale: « Les acc6s passent, mais la
maladie reste. »
Le diagnostic differentiel particulierement delicatestceluides
acces d’excitation et de depression de la demence prdcoce. Le
diagnostic des etats mixtes peut etre aussi tres difficile.
L’anatomie pathologique et la palhogenie de cette affection
sont encore incertaines.
Les differentes formes de la folie periodique et de la folie
maniaque depressive ne relevent jusqu'ici que du seul traite-
ment symptomatique.
Au point devue medico-iegal retude de cette psychose est
des plus importantes. Les difficultes abondent en cette matiere
etselon la juste remarque de J. Falret: « La medecine legale
de cette affection sera toujours l’une des plus difficiles de la
pathologie mentale, k cause des frequentes variations d'etat
cliez le m£me individu d'un moment k 1’autre, k cause des inter-
Yalles lucides plus ou moins complets ou plus ou inoins prolon-
ges, a cause de la difficulty de distinguer l’intervalle lucidevrai
de la simple remission et surtout k cause du sejour habituel de
ces malades dans le inoude et dans la famille et non dans les
asiles dalienes. »
DISCUSSION
M. R6gis (de Bordeaux). — M. Antheaume n’a pas voulu,
dans son rapport, et je Ten felicite, prendre parti entre la folie
periodique et la psychose maniaque-depressive. Je ne garderai
pas la mtune reserve. La conception allemande de la folie ma¬
niaque-depressive ne tend k rien moins qu a bouleverser toute
la psvchiatrie en supprimant des classifications la manie et la
melancolie idiopathiques quiont ete considerees, de tout temps,
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LES CONGRES
363
comnie de veritables entitds cliniques. Pour jusliflercette exclu¬
sion, les partisans de la conception de la folie maniaque-ddpres-
sive soutiennent que la manie et la mdlancolie dites essentielles
rdcidivent toujours ; mais ce n’est 1&, jusqu’& present, qu’une
simple affirmation k l’appui de laquelle on ne nous apporte au-
cune preuve. II rdsulte, au contraire, de mes observations et
de celles de M. Lalanne (de Bordeaux) que, sur 100 malades
atteints de manie ou de mdlancolie, malades que nous avons
suivis depuis plus de vingt annees, dont nous avons scrutd
soigneusement les antdcddents et sur lesquels nous nous
soinmes procurd les renseignements les plus circonstancles,
il y en a de 70 k 80 cliez lesquels nous n’avons notd aucune
recidive.
Un autre argument invoqud par des adeptes des nouvelles
idees est qu’il n’y a plus lieu d’opposer Tune & l’autre la manie
et la mdlancolie, parce qu’elles sonttoutes deux fonctions d’un
mdme dtat d’inhibition ou de paralysie psychiques. Si Ton a
cru si longtemps que la manie traduisait une activite exagdrde
des fonctions intellectuelles, c’est qu’on a pris pour le rd-
sultat de la mise enaction de processus psychiques supdrieurs
ce qui dtait simplement le fait de l’exagdration du psychisme
inferieur, de Tautomatisme. Je ne conteste pas que les dtats
maniaques el mdlancoliques ddcoulent d’un mdme fond mor-
bide, — cela a did admis de toute antiquitd — et ce qui le
prouve, c’est que dans tous les traitds spdciaux, ils sont ddcrits
sous la rubrique de « folies gdndralisdes mais le tableau cli-
nique de ces deux affections n’en reste pas moins essentielle-
ment different.
M. G Ballet. — Je suis un peu surpris de la slatistique de
M. Regis, d’apres laquelle 70 k 80 0/0 des cas de manic ou de
mdlancolie qu’il a observes appartiendraient aux formes simples
non recidivantes de ces affections. Cette proportion me parait
considdrable; elle est en tous cas de beaucoup supdrieure k celle
de la plupart des auteui*s. En ce qui me concerne, je n’oserai
pas k aller jusqu’4 nier ces formes simples non rdcidivantes,
mais je dois dire queje ne les ai rencontrdes que tout k fait
exceptionnellemeut. Du reste, k mon sens, il n’y a 1 k qu’une
constatation secondaire au point de vue de la question qui
divise acluellement les alidnisles, k savoir si ddsormais nous
devons substituer Texpression de folie maniaque-ddpressive k
celle de folies periodiques. Eh bienje n’hesite pas a declarer
que je suis l’adversaire du mot et de la chose: du mot, parce
que rdpithete « maniaque-ddpressive » n’est pas grammaticale-
ment construite : il faudrait dire, pour dtre correct, « excito-
ddpressive » ou « maniaco-melancolique», mais ces expressions
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REVUE DE PSYCHIATR1E
manquent vraiment trop d’dlegance pour qu’elles aient quel-
que chance d’etre adoptees.
J’estime, en outre, que nous devrions absolunient bannir du
langage scientifique le mot « folie * et cela avec d’aulant plus de
raison que ce terme de folie ne saurait en aucune facon s’ap-
pliquera la grande majorite des malades que nous visons ici:
on peut dire d'eux qu’ils sont atteints de psychoses mais ils ne
meritent pas le nom de fous. Je rappellerai que ces psychoses
etiquettes alternes, circulates, k double forme, etc., ne sont,
en reality comme l’a fait justement observer M. Magnan au
dixfeme Congres international des sciences mtdicales (Voir
Semaine MMicale, 1890, p. 297), que les differentes modalites
d'une seule et unique maladie a laquelle je propose d’attribuer
dasormais le nom de « psychose periodique ». Et cela parce que
la veritable caracteristique de cette affection est de se repro¬
duce par acces.
Quant aux periodes intercalates, quelquefois tres longues,
qui separent ces acces, je ne suis pas convaincu qu’elles soient
toujours aussi franches et aussi completes que le soutient
M. Rtgis.
Pour montrer combienil est facile k cet egard de commettre
des erreurs, je puis ciler le cas d’un vaudevilliste qui a pro?
duit ses meilleures oeuvres pendant la phase tnaniaque de sa
psychose periodique ; or, il est bien Evident qu’il ne serait venu
alors k personne Tidte de le considerer comme un malade.
M. Deny (de Paris). — M. Ballet vient de donner I'appui de
son autorite a la syntliese de la folie periodique qu’il propose
de designer dtsormais sous le nom de psychose periodique.
Parcontre, M. Ballet repousse le terme de psychose maniaque-
dtpressivequ’il considere comme impropre et inelegant. Je vais
essayer de dtmontrer que cette derniere expression estcepen-
dant celle qui correspond le mieux k la realite des faits et,
partant, que c’estelle qui, jusqu’a plus ample informt, doit £tre
preferee k toutes les auIres.
Le qualificatif « periodique » que defend M. Ballet ne saurait,
en effet, s’appliquer, a moins de changer le sens des mots, qu'k
un pheuomene qui se reproduitou qui reapparait regulierement
a des epoques ddtermindes et invariables. Or, la reapparilion
des acces de manie ou de depression a lieu dans la grande
majorite des cas, et cela de raven de tous les auteurs, a des
epoques indelermiiCes et impossibles k prevoir.
Le terme de folies intermittentes sous lequel beaucoup d'au-
teurs englobent volontiers, nolamment en France, les acces
d'excitation ou de depression a retours plus ou moins frequents
est encore moins justifie que celui de folies p^riodiques, car
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L£S CONGR&S
365
une observation attentive des maladesatteints de ces psycho¬
pathies a demontr6 que, pendant les periodes intercalaires de
leurs acces, il n'y avait pas, comme on le croyait autrefois, une
restitution complete et integrate de leur activite psychique
normale. A beaucoup d’egards, ces sujets presentent, nteme
entre leurs paroxysmes raaniaques ou depressifs, quelques
symptomes morbides, une m6fianceou une emotivite exag6r6es,
une diminution de Tenergie et de la capacite de travail, etc , ou
des ph6nomenes inverses. Et cela est si vrai et si g6u£ralement
accepte, que les m4decins legistes n’osent pas conclure, en
general, & une responsabilite complete, integrate, lorsqu'ils se
trouvent en presence d’un inculp4 ayant commis des acles
delictueux dans les phases interparoxystiques de courte dur4e
ou succ4dant k des acces souvent renouvetes. Conclure en
pareil cas k une responsabilite mitigee, n’est-ce pas proclamer
que de tels sujets sont toujours k un degite quelconque des
malades? Les phases intercalaires des acces maniaques ou
depresses correspondent done k des remissions de la maladie
et non a sa disparition pleine et entiere.
Si ces considerations sufflsent k faire repousser les expres¬
sions de folie inlermittente ou periodique, elles n’impliquent
pas la iegitimit6 du terme de lolie maniaque* depressive. 11
me faut done ajouter quelques mots k l’appui de cette termi-
nologie. Je ferai remarquer tout d’abord que, de l’avis de
tous les auteurs, les cas de manie periodique ou de meiancolie
periodique pures ou sans melange sont exceptionnels. Le plus
souvent on observe 2 ou 3 acces de manie, puis un beau jour,
au lieu de l’acces de manie attendu, on se trouve en presence
d’un acces meiancolique. Inversement, chez d’autres sujets, on
voit la serie des acces de meiancolie etre interrompue de temps
en temps par un acces d’excitation. Par consequent, en envisa-
geant l'ensemble de la maladie et non chaque acces en parti¬
cular, on est d4j& en droit de dire que ces acces pris en bloc
m4ritent le nom de maniaques-depressifs, puisque les uns sont
ii forme maniaque, les autres k forme depressive. Mais il y a
plus, et Ton peut k bon droit soutenir que tous les acces, indis-
tinctement, sont des acces k double forme ou depressivo-ma-
niaques frustes dans lesquels Pune des phases morbides reste
meconnue parce qu’elle est trop tegere.
Cette remarque vaut k plus forte raison lorsqu’il s’agit d'un
acces k double forme franc ou d’un cas de folie circulate ou
alterne. Enfin un dernier argument qui k lui seul suffirait k
faire subslituer l’expression de psychose maniaque-depressive
k toutes les autres, e’est l’existence des etats mixtes si bien
6tudi6s par M. Kraepelin, etats de beaucoup les plus nombreux,
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RfcVUfc Dfc PSYCfilATRtE
366
dans lesquels les ph&iomenes d’excitation et de depression
coexistent , se nuHangent et s'enchevetrent, au lieu de se
succ4der comme dans la folie k double forme ou dans la
psycliose circulaire ; c’est ensuite ce fait, corollaire du prece¬
dent mais capital dans l’^spece, que, malgi*e des apparences
opposees, les pli4noraenes d’excitation et de depression ont la
raSrae origine et reconnaissent le m£me m^canisme psycho-
pathologique.
Ces considerations, si breves qu’elles soient, permettent, je
crois de conclure que l’expression de psycliose maniaque-
depressive est doublement justifiee, puisque l’association de
l’excitation k la depression est vraie, non seulement pour l'en-
semble des acces qui constituent cette psycliose, mais encore
pour cliacun de ses acces envisages isoiement.
M. Vallon. — Je voudrais insister sur les formes ldgeres
de la psycliose periodique, dont les acces ne n^cessilent pas
toujours l’internement. Ces acces, m£me 16ger$, d&mtent par
des prodromes, gen^ralement les mGmes et portant surtout sur
les modifications de l’elat g6n6sique.
Quand 1’acces n’est plus identique aux precedents, c’est un
indice que 1’affection va se transformer.
M. Pailhas (d’AlbiJ. — La periodicite est une loi generate,
cosmique et biologique. Dans les plidnomenes psychiques, elle
ddrive de rautoinatisme et lui semble proportionnelle. En psy-
chiatrie, Talternance me parait etre un caractere beaucoup trop
compreiiensif pour permetlre de particularism' une entite psy-
chopathique quelconque. On ne pourrait parler de psycliose
maniaque depressive, qu’en la distinguant par un qualificatif,
autrement specifique que I'alternance, de toutes les autres
especes vesaniques oil il y a des alternatives d'excitation et de
depression. En ce but, on pourrait, par exemple, la designer
sous le vocable de folie maniaco-depressive simple, ce qui la
differencierait des etats d’excitation ou de depression demen-
tiels. paralytiques, epileptiques, liysteriques, etc.
MM. Dupre et Nathan apportent, sous le nom de circula -
risme et g£nie musical , les resultats de deux observations de
folies periodiques 14gei es chez deux musiciens ceiebres, Schu¬
mann et Hugo Wolff.
Dans les deux cas, le diagnostic est incontestable; le premier
eut six acces maniaques, le second quatre acc&s avec quelques
crises meiancoliques.
Les p^riodes de surproductivite musicale correspondent tou¬
jours aux phases d’excitation. Entre les crises sont de longues
periodes d’inactivite et de silence musical absolu. Ces deux
observations sont interessantes k rapprocher, k cause de l’ana-
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LfiS CONGFtfeS
mi
logic des effets de la psychose p6riodique sur le genie de ces
deux musiciens, tous deux morls d’une affection organique du
cerveau, d'ailleurs etrangere & la folie intermitlente. L’un au-
rait prdsente a l’autopsie une enceplialopathie diffuse chronique
de nature mal determinee, Tautre des lesions indiscutables de
paralysie gdnerale.
Ill
Definition et nature de Thysterie
M. Claude (de Paris), rapporteur . — Nous ne possddons pas
un criterium perraeltant de definir Thysterie, ou du moins nous
croyons pouvoir rejeter ceux qu’on nous a proposes parce
qu’ils ne reposent que sur des affirmations et ne s’inspirent pas
d’une conception rigoureusement scientifique de la nature de
Thysterie.
Les diverses doctrines qui ont la pretention de nous fournir
les indications que nous cherchons sur le mecanisme des phe-
nomenes ont, en general, le defaut d'etre des systemes trop
etroits, dans lesquels les auteurs ne sont arrives k faire rentrer
un certain nombre de manifestations de Thysterie, apparaissant
rdunies par une loi commune, qu’en sacrifiant celles qui ne
repondaient pas k leur definition.
Mais ce qui montre combien ces theories sont fragiles, c’est
qu’elles sont restees pour la plupart, en quelque sorte le mono¬
pole d’une dcole; ceux qui les avaient congues, continuant
leurs recherches en reslant fideles k la maniere de voir qu’ils
avaient adoptee, Tilluslrant dans chaque publication de faits
qu’ils croyaient d’autant plus demonstrates qu’ils etaient portds
naturellemeat k les interpreter d’une cerlaine facon, et c’est
,ain$i que nous avons eu Thysterie suivant Sollier, suivant
Babinski, suivant Charcot, suivant Bernheim, pour ne pas dire
suivant chaque auteur, et, malgre la forte impulsion doiinde
par quelques-uns k revolution des iddes, nous discutons encore
aujourd’hui la nature de Thysterie.
En presence de ces tentalives infructuenses, faites pour limi¬
ter d’une facon rationnelle le domaine de Thysterie, nous ne
devons pas cependant abandonner cette tache ingrate et renon-
cer k etablir la definition d’un etat morbide, dont nos devan-
ciers ne nous ont pas paru, pour des raisons differentes, avoir
reussi k fixer les caracteres prop res. 11 nous parait ndcessaire,
avant de tenter de definir Thysterie, de rechercher si nous
possedons des elements d’appreciation de la nature de cet etat
morbide suffisants pour le caracteriser. Nous pourrons avancer
dans ces connaissances, si nous savons faire notre profit de
certains faits d’obseryation clinique bien etablis qui dclairent
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368
REVUE DE P9YCHIATR1E
d’un jour nouveau la symptomatology de l’hystdrie, de l’analyse
des actes psyehiques degagds de toute conception thdorique
relative a leur mecanisme, et si nous savons laisser la psycho¬
logic et la physiologie dans leur domaine respectif en ne leur
demandant pas de s’unir trop etroitement pour interpreter les
faits. L/histoire de l’hysterie, degagee autrefois des interven¬
tions miraculeuses et des mysteres de l'occultisme, doit dtre
revisee aujourd‘hui avec le souci de rejeter toute observation
non controlde avec les moyens d’investigation scienlifique que
nous possddons actuelleraent. On fera table rase ainsi d’une
foule de symptdmes, qui encombrent la pathologie et seraient
souvent mieux k leur place dans les annales de la simulation.
L’observation clinique nous montre qu’il existe nne calegorie
d'individus qui, des Tenfance, prdsentent les manifestations de
cet etat du systeme nerveux qu’on peut appeler le nervosisme.
Cet dtat, ordinairement hdrdditaire, parfois engendrd par une
mauvaise hygiene, un traumatisme, une maladie grave, est
caractdrisd par un defaut de regulation dans les processus
rdflexes qui interviennent dans les fonctions organiques et les
fonctions psyehiques ou quimettenten rapport celles-ci avec
celles-l&. En ce qui concerne les fonctions organiques, cet dtat
se rdvele par des reactions excessives, non approprides k la
cause qui les a provoqudes, et se traduit par l’exagdration ou la
suppression des phdnomenes physiologiques du domaine de la
molilitd, de la sensibility, de la circulation, des sderdtions, etc.
Au point de vue psychique, le nervosisme se manifestera soit
par Texagdration de Tdmotivitd, de la rdceptivitd sensitivo-
sensorielle, soit par l’apathie, l’indifference, etc. Dans la sdrie
des actes rdflexes qui rdunissent les fonctions organiques aux
fonctions psyehiques, il est facile de mettre en dvidence le
mdme trouble des reactions qui seront exprimdes par l’exagdra-
tion ou la diminution de la fonction. C’est sur ce terrain si
favorable que germeront les ndvroses et notamment Thystdrie.
Les attributs du nervosisme, l’hystdrique les conserve ; bien
plus, il les amplified les transforme.
L'hystdrique tient de son dtat constitutionnel, que nous avons
appeld le nervosisme, une hyperesthdsie sensitivo-sensorielle
qui a comme consequence de creer dans Tesprit du sujet une
tendance k la desagrdgation des dtats psyehiques, consdquence
directe de la multitude ou de l’iutensitd des sensations que la
conscience est dans Tobligation de sdlectionner pour les fixer.
Certaines impressions ou sensations, ainsi mises en quelque
sorte en pleine lumiere, prennent une importance dnorme, ac-
caparent pouf elles seules Tactivitd rdflexe, et, sur ce terrain
de nervosisme, donnent lieu a des rdactions exagdrdes.
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LBS C0NGRES
369
Une serie de sensations correctrices, d’ordre psychique,
moteur, sensitif, tactile, musculaire, articulaire ou autre,
n'dtant plus k la disposition du sujet, parce qu’elles ne sont plus
percues, peu importe le mecanisme invoqud, il en resulte que
celles qui sont nettement enregistrdes prennent une force, une
ampleur, un relief exagerds et deviennent ainsi patholo-
giques.
L’hystdrie est-elle un diathese, corame la avancd Bernheim?
Si Ton donne k ce mot le sens que lui assigne le professeur
Bouchard, rhysterie peut-elledtre regardde commeune disposi¬
tion morbide aux maladies, dependant d’un trouble prealable de
la nutrition? Certains auteurs ont admis r existence du ralentis-
sement de la nutrition chez l’hystdrique; leurs travaux ne m’ont
pas parus coufirmes par les recherches rdcentes; de mon cold,
il m’a semble que le trouble le plus caractdristique de la nutri¬
tion dans cette affection dtait la variability entre des limites
anormales, excessives, du coefficient d’utilisation azotde, indi¬
quant une sorte de ddsequilibration dans le mdtabolisme de la
matiere albuminoide. Mais j'estime que cette question reclame
de nouvelles recherches et que nous ne pouvons pas affirmer,
d'une fagon precise, quelle est la perturbation de Teconomie
qui caracterise la nature intime de rhysterie. La plupart des
troubles visceraux, vaso-moteurs et trophiques que Ton a attri-
bues k rhysterie, ne seront pas rejetds, d’apres cette conception,
hors de son domaine, k la condition que la nature de chacun de
ces phdnomdnes soit confirmde en clinique par un diagnostic
diffdrentiel raisonnd. Ce diagnostic differentiel, comme pour
tous les probldmescliniques que nous avons k rdsoudre, nous ne
rdtablirons que par une enqudte soigneuse ecartant la fraude,
par la comparaison avec les dtals pathoiogiques similaires
d'origine organique et par la valeur que nous attribueions &
l’existence ou a l'absence de tels caracteres.
Dans l’ensembledes symptomes, je pense que chez les hystd-
riques vierges de toute suggestion medicale, on doit distinguer
ceux qui relevent du nervosisme originel et ceux qui sont l'ex-
pression de l’hystdrie.
La sensation de boule, l’hyperesthdsie de certaines parties
des tdguments, l’hypoalgdsie, le dermographisme, etc., rentre-
raient par exemple dans le premier groupe ; le second groupe
est constitud par toute la serie des manifestations varides, que
Ton peut faire apparaitre experimentalement ou gudrir chez
rhystdrique par suggestion.
L’hystdrie peut done dtre considdrde comme une diathese
prenant, en gdndral, son origine dans un etat constilulionnel
du systdme nerveux, le nervosisme, caracterise par un defaut
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370
REVUE DE PSYCHIATRIE
de regulation dans les processus reflexes elemeutaires, psvchi
ques ou organiques.
Elle lire son caractere propre de la faculte qu’acquiert le
sujet d’isoler, d’une fa^on consciente ou inconsciente, certaines
perceptions ouaperceptions, et deleur laisser prendre, pendant
un temps plus ou moins long, en dehors de l’activitd psycliique
superieure, une importance telle, qu’elles exercent une action
dynaraogdnique considerable sur certaines fonctions, et cela
gr4ce 4 la modification primitive des processus reflexes, etaux
depens d'autres perceptions ou aperceptions laissdes dans
l’ombre. Comrae corollaire de cette definition, nouscoraprenons
qu'il soil possible, par suggestion ou persuasion, de laire dispa
raltre tel trouble ou de rdtablir telle fonction perdue. Eu effet,
par rintervention de la persuasion nous rendons un certain
dquilibre 4 cet etat psychique trouble ; toutefois, si la perturba¬
tion a pris son origine dans une lesion organique persistante ou
dans un sentiment affectif ou autre prolondement implantd, la
psychotherapie restera, il faut bien le savoir, souvent sans
efficacite.
M. Schnvder (de Berne), co-rapporteur . — Tous les efforts
tentds jusqu’ici pour faire renlrer les innombrables troubles
qualifies d’hysteriques dans le cadre d’une entitd morbide, ont
ete infructueux, L'hystdrie considdrde de la sorte apparait
comme un protee gigantesque et echappe 4 toute definition.
Cherchant 4 definir rhystdrie par la description de ses manifes¬
tations, les auteurs ont dfi renoncer 4 cette tentative qui lesefit
amends 4 englober toute la symptomatologie des maladies ner-
veuses dansleur definition. De plus en plus semanifesteaujour-
d’liui la tendance 4 refuser d Vhyst&rie les caractbes dune
entity pour en faire une modalite des alterations psychiques
comprises sous le nom de psycho-ndvroses. Cette tendance se
rdflete dans la definition de Babinski, dans celle de Crocq, dans
les iddes dmises 4 ce sujet par Dubois et par Bernheira.
Les dtats hystdriques ddrivent par des transitions insensibles
de la mentalitd ordinaire.
La modification hystdrique de la mentalitd est constitude par
Yexag6ration et la perversion de reactions physiques et
psycho-physiques qu’on rencontre cliez l’individu normal. Jo
mentionnerai, en particulier, les reactions dmotionnelles et les
manifestations de la suggestibility. Kous avons pu retrouver
dans la mentalitd de l’enfant la base de toutes les manifestations
hystdriques et parler d'une .bystdrie infantile physiologique.
L'hystdrie, cliez 1'adulte, est dtroitement lide 4 certaines condi¬
tions psychiques qui reprdsentent, en sorame, une regression
de la mentalitd vers le type infantile, caractdrisd surtoutpar un
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LES CON&R&S
371
defaut de jugement logique. Par ce ddfaut initial, l’hystdrique
est entraine dans un systeme d’auto-suggestions qui finissent
par troubler profondement sa personnalite.
On sail 1’importance des causes morales pour le developpe-
ment des dtats hystdriques. On peut, k ce point de vue, consi-
derer l'hystdrie comrae un mode de reaction anormal de 1'indi-
vidu k l'dgard des exigences de la vie, et une consequence
frdquente des entraves que l'ordre moral et social apportei
Texpression des tendances naturelles de l’homme.
L'hystdrie est une maladie devolution de Vesprit humain>
la maladie des individus jeunes, comme celle de l'enfance de
l’liuraanite. Elle se rencontre aussi chez les individus apparte-
nant aux populations rurales ou au proletariat ouvrier, chez des
Gtres k mentalitd simple et naive, transports dans des condi¬
tions d’existence nouvelles auxquelles ils ne s’adaptent que
difficilement. Elle traduit une insufflsance mentale par rapport
aux conditions danslesquelles l’individu est appeldi vivre.
A c6ld cependant de l’hystdrie evolutive et degenerative
il est permis aussi de parler d’une. hysteric symptomatique
d’altdrations cdrdbrales organiques (syphilis cdrdbrale, tumeurs,
etc.).
L'dtude historique de l’hystdrie permet d’afflrmer que certai-
nes formes ont diminud de frequence k la suite des progres de
la civilisation. Ce sont tout d’abord les bystdries collectives
affectant toute une population, lelles qu’on les a ddcrites au
moyen dge, sous le nom d’dpiddmies saltatoires, puis les formes
individuelles ressortissantaumysticismereligieux, k la croyance
aux esprits, aux ddmons. L’hystdrie de nos jours est encore
l’apanage des mentalitds primitives, comme celle de Pen fan t;
elle constituera longtemps encore la manifestation morbide de
choix de la mentalitd feminine, plus soumise que celle de l’homme
aux influences conservatives.
Par contre, l’hystdrie k litre de manifestation individuelle,
n’est pas pres de disparaitre, car il serait tdmdraire d’espdrer
que les facultds de logique et de critique raisonnable domine-
ront de sitdt l’activitd psychique de l’horame, dont la raison,
trop souvent defaillante, est loin d’etre aflranchie de toutes les
erreurs et de toules les superstitions du passd. La cause essen-
tielle est l’absence ou l’insufllsance d’education morale de Ten-
fant et de l’adulte.
Nous arrivons ainsi, on le voit, k une conception morale
de Vhysterie, ce qui nous semble la terminaison logique d’une
dtude qui a pour objet les manifestations palhologiques de
l’esprit les plus intimement lids k la personnalitd morale de
l’homme.
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372
REVUE DE PSYCHlATRlE
Si la psychologie est absolumenl indispensable pour l’analyse
du mecanisme des phenomenes hysttriques, elle ne peut k elle
seule, resoudre le probleme complexe des origines de la modi¬
fication hysltrique de la mentality. A noire avis, toute concep¬
tion psychologique de rhysttrie devra s’associer A une concep¬
tion morale de celle-ci. C'est surtout de cette conception morale
que devra s’inspirer tout traitement rationnel de l’hysterie,
comme l’a indiqut si tloquemraent Dubois en preconisant pour
les psychontvroses un traitement moral dans le sens le plus
61eve de ce mot. L’analyse psychologique seule, quelque pr6-
cieuse qu’elle soit, ne saurait aboutir, au point de vue thtra-
peutique qu’A des resultats partiels, k la suppression de tel ou
de tel symptome. Pour atteindre Phj r sttrie dans son origine
mtme, il faut ptnetrer plus profondement dans la personnalitt
du malade, il faut l’aider A reconstituer sa synthese mentale sur
les bases d’une bonne logique, refaire son tducation morale,
tAche compliqute, souvent ardue, mais vrai traitement de l’Ame
qu’aucun mtdecin ne saurait plus repudier aujourd’hui.
DISCUSSION
M. Raymond (de Paris). — Dans derecenteslecons, j’ai dtve-
loppe longuement ma maniere de voir reiativement A un point
de doctrine qui m’tloigne de la conception de notre distingue
collegue, M. Babinski. Je veux parler de certains troubles
visctraux, mtningAs, vaso-moteurs, trophiques et autres, que
je persiste k considtrer comme Atant de nature hystArique par-
ce qu'ilsme paraissent se relier directement A cette psychont-
vrose. Je ne reviendrai pas sur les exemples que j’ai dAjA
citAs.
En raison de ces exemples, je persiste a penser que certaines
manifestations du domaine organique, chez les hysteriques, sont
bien le rtsultat de leur dynamisme nerveux trouble en conse¬
quence du mAcanisme general qu’il a expost. Pour moi, malgrA
les discussions accumulees, malgrA les significations differentes
attributes par les auteurs k tels ou tels mots, malgrA les invo¬
cations k la simulation, m’appuyant sur les faits et uniquement
sur ceux-ci, je crois toujours que les troubles « vaso-moteurs »
et les « troubles trophiques » existent bien chez les hystA-
riques et qu’ils peuvent Atre consideres comme d’essence nAvro-
pathique. J’ajoute que je ne me reconnais pas le droit de sup-
primer un chapitre aussi intAressant de la pathologie nerveuse
en vertu d’une conception a priori.
M. Bernheim (de Nancy). — L'hysterie est-elle caracttrisAe
par le dedoublement de la personnalitA, par le dAfaut de syn¬
these mentale, par le retrecissement du champ dela conscience?
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LES CONGRES
373
Ces propriety existent chez tous les sujets qui ont des obses¬
sions et des troubles psychiques.
D autre part, je ne trouve jamais ces caractdristiques menta-
les chez les sujets hystdriques.
Le mot hystdrie pese lourdement sur le monde raddical. II
n’v a pas d’affection spdciale mdritant ce nom, mais des crises
nerveuses, auxquelles on peut conserver l’dpithete d’hysterie et
qui prennent naissance sous l’influence demotions vives et
spdciales. Ce sont des reactions dmotives, passageres, psvcho-
dynamiques, 1‘exagerationd'un etat existant chez tout le monde.
Gallien croj'ait que cela venait de l’utdrus, d’ou le nora d'hys-
tdrie.
Voila un premier groupe d’hystdriques.
Au bout d’un certain temps, ces crises se rdpetent par auto¬
suggestion, par souvenir emotif ; puis il s’etablit dans l’orga-
nisme une sorte de diathese hysterique permeltant facilement &
cet appareil hysterogene de reproduire les accidents. Moi aussi,
je puis fabriquer une crise en mettant en action cet appareil
hystdrogene.
Je puis toujours gudrir ces malades par laredducation; je fais
Tinhibition de la crise et j’apprends aux malades dla faire eux-
radmes.
Dans le troisieme groupe, les crises sont greflees sur une
maladie preexistante; mdme quand elles dominent la scene,
dies ne sont que secondaires a la toxi-infection, et, si on les
fait disparaitre par suggestion, Inflection primitive persiste.
Que resle t-il de 1‘hysterie ? Les crises de nerf !... Les stig-
males n'existent pas spontanement; ils sont un produit de cul¬
ture. Le caractere special prdte aux hystdriques, leur mentalitd
propre ne se montrent pas plus chez eux que chez le reste des
iudividus.
On propose de faire de rhysterie un succddane de la sugges¬
tion ; dans ce cas, tout rentrerait dans cette conception de
Thysterie, sauf rhysterie elle-mdme, puisque les crises qui la
constituent sont de nature drnotive.
M. Pailhas (d’Albi). — L’hysterie est un trouble du psychisme
inferieur, tel qu'il est con$u par le professeur Grasset. J’insiste
sur ce fait que, des renfance, on voit la psycho-nevrose faire
predominer les centres du psychisme inferieur, au detriment
du centre rdgulateur, ditcentre 0. Au cours de revolution, si
cet etat persiste on a affaire k une veritable diathese hyste¬
rique contre laquelle la rdeducation parait le meilleur traite-
ment.
M. Terrien (de Nantes). — Dans le rapport deM. Schnyder.il
y a une phrase qui est contraire & toutce que j’ai vu : il afhrme
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374
REVUE DE PSYCHIATRIE
que la suggestion agit davantage sur la neurasthdnie que sur
rhystdrie. J’ai constatd tout le contraire. Je suis mdme con-
valncu que la persuasion est le seul traitement efficace de l'bys-
terie.
Je tiens & vous dire que je partage les iddes de mon maitre
Babinski, que j’adopte sa definition. Cependant, je m’dloigne de
lui sur un point: je ne puis, corame lui, rejeter du cadre de
Phystdi ie les troubles vaso-moteurs et trophiques, tels que la
fievre, lesoeddmes, les ulcerations, les hemorragies, etc. J'ai eu
l’occasion d’observer un cas de fievre hysterique qui me paralt
en dehors de toute simulation, car j’ai pris moi-mdme la tempd-
rature. Cette fievre mensuelle a dtd coupee par la persuasion,
appuyde sur la prescription de bleu de mdthylene. J'aieu h soi-
gner une asphyxie locale de la main, que j’ai pu gudrir par per¬
suasion et reproduce en partie devant la Socidtd medicale de
Nantes. Je n’ai pas observd d’hdmorragies hystdriques, mais je
ne vois pas pourquoi il n'en existerait pas, Physterie pouvant
aussi bien provoquer de la vaso-dilatation jusqu'd rupture vas-
culaire que la vaso-contriction jusqu’d asphyxie locale.
M. Babinski (de Paris). — II n’est pas ndcessaire avant de
ddfinir Phystdrie, d’en ddflnir le mdcanisme. II laut, avant tout,
delimiter Pobjet que Pon se propose d’dtudier, sous peine de
tomber fatolement dans la confusion, et ddlimiter un objet n’est-
ce pas le ddfinir ? Celle definition doit dtreexclusivement basee
sur des caracteres cliniques.
J’ai pensd qu'il y avait lieu d’etablir une classe speciale pour
des manifestations ayant comme caractdres : de pouvoir dtre
reproduites par suggestion, chez certains sujets, ayec une exac¬
titude rigoureuse etd’dtre susceptibles de disparallre sous Pin-
fluence exclusive de la persuasion.
II ne sufflt pas qu’un trouble se ddveloppe sous une influence
psychique, telle qu’une emotion, une tension d’esprit, pour
qu'on soil en droit de Paltrifuer & la suggestion. II faut, pour
cela.quela volontd soit rdellement maitresse des phenomenes
en question, e’est-d-dire qu’elle soit capable d’en determiner et
d’en faire varier i sa guise le siege, la forme, Pintensite et la
durde. C’est ce qui a lieu, par example, pour les paralysies, les
contractures, les anesthdsies, les attaques dites hystdriques. II
nesuffit pas, non plus, qu’un trouble disparaisse k la suite d’une
intervention psychotherapique pour qu’on soit en droit de sou-
tenir que c’est la persuasion qui Pa fait disparaitre. II faut que
la guerison soit immediate, afin d’dcarter Pinfluence possible du
temps et du repos; il faut enfinse ddfier de la possibility des
coincidences.
Ce groupe de manifestations auxquelles j’ai donnd Pdpithete
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LES CONGRES
375
de/>iMia^ues(guerissables par persuasion) me semble bien
delimits.
11 estun certain nombre de troubles morbides qu’il est impos¬
sible de mettre sous la ddpendance de l’liystdrie. II est impossi¬
ble de modifier par suggestion l’etat des reflexes tendineux,
cutands, pupillaires.
Les troubles circulatoires, les troubles dans les reflexes vaso-
moteurs peuvent, il est vrai, apparaitre sous l’influence demo¬
tions, mais emotion et suggestion sont choses distinctes et on
s’accorde maintenant generalement pour reconnaitre que la
suggestion experimental ne peut les produire par ses propres
forces.
En admettant que des oedemes aient pu naitre et disparaitre
sous l’influence de fortes Emotions, ce caractere ne les assimi-
lerait nullement aux phdnomenes pithiatiques.
J’en dirai autant des hdmorragies cutandes, des hdmoptysies,
des hdmatdm&ses, du mdlsena, des hdmaturies, de l’albuminurie,
de l’anurie, de la fievre. Ces divers phdnomenes, qui d’ailleurs
ne sont pas tous assimilables les uns aux autres, constituent un
deuxieme groupe qu’il y a lieu d'opposer au premier groupe,
celui des phdnomenes pithiatiques.
Les phdnomenes du premier groupe sont-ils ind^pendants
des phdnomenes du deuxieme groupe ou y a-t-il un lien entre
eux ?
M. Claude, d’accord avec M. Raymond, croit avoir trouvd ce
lien dans une < modification plus ou moins durable du regime
des reflexes cerdbraux » qui, suivant qu’ils seraient inhibds ou
excites, pouri*aient engendrer des accidents appartenant aux
deux groupes.
Mais, pour les raisons que j’ai 6nonc6es au debut, on ne peut
trouver \k un caractere de delimitation.
En resume, les troubles du premier groupe, que j’appelle
pithiatiques, se distinguent des troubles du second groupe et
aucun fait clinique ne permet de rattacher ces deux groupes
Tun k l’autre Si Ton veut conserver le mot hystdrie, qu'il vau-
drait peut etre mieux abandonner, car etymologiquement, il ne
repond nullement k i’objet qu’il ddsigne, il doit s’appliquer
exclusivementau premier groupe.
Je crois done pouvoir dire que la definition de l’hysterie que
j’ai dounde est fondee sur l’observation et la critique des faits,
qu’elle ne constitue en 1 ien, comme certains Font dit, une peti¬
tion de principe et que ce n’est pas arbitrairement que j’ai
retrace le champ de l’hysterie.
M. Sollier. — Je tiens k demeurer uniquement sur le ter¬
rain physiologique et anatomique, qui est le plus solide pour
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376
HEVUE DE PSYCHIATRIE
nousautres medecins. On a d6j& dit gue l'hystdrie n’est pas une
entity morbide, mais qu'elle est une maniere de r4agir du sys*
teme nerveux. C'est un etat anormal qui se fixe. A quoi tient la
fixation de cet 6tat. J’ai dit qu’il consistait dans une sorte de
sommeil, que les hysteriques etaient des vigilambules. On m'a
beaucoup critique pour ce mot de sommeil. Dans ma pensee je
n’avais pas la pretention d’etablir pai* Ik un mdcanisme analo¬
gue k celui du sommeil naturel, que nous ne connaissons pas.
C’etait pour moi une simple image. En effet, k la suite d’un choc
physique ou moral, il se produit physiologiquement un
arrdt de fonctionnement nerveux: lorsque cet dtat persiste,
c’est 1’hysterie. Pour prouver que cette conception n’est pas
une simple vue de l'esprit, je gudris les liystdriques en les
r6veillant.
M. Clapar£de (Geneve). — Nous ne pouvons nous rendre
compte de la nature des accidents liysteriques qu’en nous
reportant k la physiologic normale. Si un enfant saignedela
main, on le voit instinctivement cacher cette main a son
regard. II se defend de cette vue. C’est Ik un phenomene inhi-
bitoire de defense. Quelquefois cette defense primitive propre
k 1’enfant persiste, mdme exag6rde chez l’adulte, et se traduit
par cet etat special de distraction mentale, de sommeil, qu’est
I’hysterie.
M. Bono (Rome) a fait une enquete dans tous les hdpitauxde
Paris pour savoir 1° si les chefs de service pourraient lui raon-
trer des hysteriques prdsentant des troubles tropbiqueset vaso-
moteurs telsqu’oedeme, phlyctdne, hdmorragie, fievre;2° quelle
dtait l’opinion de chacun d’eux sur la nature hystdrique de
ces troubles. II r4sulte de ces recherches que, dans aucun
service, on n’a pu lui moutrer un cas de ce genre, et que tous
les specialistes de la peau, k l’exception du professeur Gau¬
cher, ne croient pas k la nature hys-drique de pareils troubles.
IV
Communications diverses
Psychastenie et d&lire. —M. Arnaud (Vanves). — II y a
trois modalites differentes dans l’association des dtats d£li-
rants aux etats obsedants et psycliastdniques.
Dans unc premiere caldgorie se placent les obsddds qui, acci-
dentellement et k titre de predisposes, font un acces ddlirant
de formule variable. Ce qui distingue cette caldgorie, c’est que
l’acces delirant masque et refoule ipdrae les sympldmes de
l’etat obsddant, lesquels repai aissent dans la convalescence du
delire.
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LES CONGRfes
377
Le deuxidme groupe de faits comprend 1’association propre-
ment dite des deux ordres de symptdmes, qui dvoluent plus ou
moins enchevetrds et suivant des rapports plus ou moins logi-
ques : les formes ddlirantes les plus communes sont ici des
etats mdlancoliques et de persecution souvent incurables.
Enfiu vient la psycliastenie delirante dans laquelle le delire
est constitud par rextrdme exagdration des idees obsddantes
habituelles aux psychasldniques. Ddlirantes par leurexpression,
ces idees conservent les caracteres gdndraux des idees obsd-
dantes simples, bien que la conscience critique soit presque
entierement supprimde, et elles ne sont pas, en realite, comple-
tement assimildes par le personnalite du malade. Ce ddiire psy-
chastdnique qui s’observe dans les formes graves de la mala-
die, est curable dans la raesure ou Test la psycliastenie elle-
meme.
M. Angladb. — L’obsession du psycliastenique reldve de la
meiancolie. Ces malades qui prdsentent tantdt le syndrome
mdlancolique, tantdt le syndrome maniaque, rentrent peut-6tre
dans la folie maniaque depressive.
M. Regis. — Entre les nevroses et les psychoses il n’ya pas,
comme on Ta cru longtemps, un fosse infranchissable ; elles
sont reliees par des etats intermediaires. M. Arnaud a eu raison
de montrer les relations qui existent entre la neurasthenie ou la
psychastenie et les psychoses. A cote des cas ou ces deux
nevroses sont associees, il en est d’autres oil elles se ressem-
blent tellement qu’ilest difficile de les distinguer. Cette distinc¬
tion est tres importante, car du diagnostic ddcoulera le traite-
ment, celui de la neurasthenie n’dtant pas celui de la rad-
lancolie.
— Les cenestopathies. —MM. E. Dupre etP. Camus. — Les
cenestopathies sont des troubles de la sensibili'e generate, a lo¬
calisations variees, caracterises par des sensations etranges,
indeflnissables, pdnibles plutdt que douloureuses, dont la
nature insolite inquiele et trouble les malades. Ce syndrome,
propre aux ddgdndrds, est une forme sensitive spdciale de la
ddsdquilibration constitutionnelle du systeme nerveux, indd-
pendanle de toute lesion saisissable et souvent rebelle k tout
traitement. Secondairement aux malaises sensitifs peuvent
apparaitre des reactions varides, d’ordre anxieux ou hvpocon-
driaque.
Le diagnostic des cenestopathies doit et peut dire fait avec les
diverses douleurs d’ordre nevralgique ou autre, avec les
hyperesthesies et les topoalgies des hysldriques et des neuras-
thdniques.
Ces malades se dislinguent des hypocondriaques par le carac-
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378
REVUE DE PSYCHIATRIE
tEre primitifet souvent unique de leurs malaises, indEpendants
des troubles de l’humeur et de l’intelligence, par le manque de
convictions dElirantes, par la fixitE rEgionale et l’absence
devolution Clinique du syndrome.
— Psychoses cVorigine cardiaque . — MM. H. Francjais et G.
Darcanne. — Les cardiopathies peuvent au cours de leur Evo¬
lution s'accompagner de troubles mentaux a forme et&pronostic
variable. Les auteurs en ont observe trois exemples. Chez les
deux premiers malades, des accidents de depression, caracteri-
ses par une diminution de lactivite mentale, de l'apathie, de
l’abculie, un caractere sombre, ont domino la seEne durant la
premiere phase de Involution des troubles. Pendant la deuxieme
periode, des accidents d’excitatiou, caracterisEs par 1‘agitation,
la loquacite, un delire diffus, ont tenu la plus grande place. Chez
le troisieme malade, les troubles psycliiqucs ont consistE settle¬
ment dans un acce&de puErilisme mental. Ce syndrome, aujour-
d’hui bien connu, consiste dans une sorte de rEgression au stade
de l’enfance. Nous le considerons icicomme un phEnomene de
dEpression portant uniquement sur rintelligence. Les deux
autres malades ont prEsentE une succession de phEnomenes
d’excitation et de dEpression portant sur fensemble des fonc-
tions psychiques ; telle est sans doute la raison du caractere
mobile et diffus de leur delire.
II est impossible de dEcrire une psychose cardiaque ayant son
autonomie.
— Lam6ningo-c6rebellite dans la paralysie gtntrale. —
MM. Anglade et Latreillk (de Bordeaux). — Si lecervelet a
Ete si pen EtudiE dans la paralysie gEnErale, cela lient h rinsuffi-
sance de nos connaissances sur l'anatomie et la physiologie de
cet organe.
La cellule de Purkinje a EtE bien vue, mais nous pouvons dire
que les descriptions de la cliarpente nEvroglique sont toutes
inexactes.
D’une maniere ’gEnErale, le reseau nEvroglique est, dans le
cervelet, fort peu dense, et les plus faibles exagEiations patho-
logiques sont tres aisement reconnaissables.
C’est ainsi que la couclie molEculaire, tapissEe h TEtat
normal, par quelques fibrilles h peine visibles, se recouvre
d’un rEseau progressivement plus dense qui envois des fibres,
d’une part k la mEninge pour rEaliser la sympliyse mEningo-
corticale, d’autre part vers les couches profonde de lecorce
cerebelleuse.
Pour ne parler que de cette localisation du processus, nous
pouvons dire qu’elle s’offresous un aspect absolument caractE-
ristique. Le cervelet sEnile prEsente seul quelques ressemblan-
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LE3 CONGHfes
379
ces avec le cervelet du paralytique; mais la mdningo-corticalite
y est absente.
Le cervelet se prete admirablement aux constatations anato-
mo-pathologiques. Dans la paralysie gdn6rale, les lesions du
systerae nerveux s y schematised et s’y dclairent.
On peut, d’ores et d6j4, dire qu’on y trouve la preuve que la
paralysie gdndrale est bien avant tout une mdningo corticalite
interstitielle.
— Trois cas d'hypothermie d’origine nerveuse. — MM. L.
Marchand et Olivier. — A c6te des hyperthermies dues k
des lesions du systeme nerveux, il y a lieu de d4crire des hypo-
therraies. Contrairement aux hyperthermies qui sont gdndrale-
ment en rapport avec des lesions aigues enc.ephaliques, les
hypothermies sont en rapport avec des lesions cerebrates k
Evolution lente, et sont un signe pr4curseur d’un denouement
fatal. Elies s’observent frdquemment chez les paralytiques g4n4-
raux et chez les dements dont Taffection cerebrate a suivi un
cours rdgulier et lentement progressif. Les auteurs en rappor-
tent trois cas qu'ils regardent comrae d’origine nerveuse.
Les urines des sujets ne contenaient aucune substance patho-
logique; dans un seul cas, elles renfermaient des traces d'indol.
Les examens histologiques n’ont r4v61e aucune lesion apprecia¬
ble des principaux organes tlioi aciques et abdominaux.
— Abolition des illusions du goAt par Vemploi local de
Vacide gymn£mique. —MM. Belletrud et E. Mercier.—
L’acide gyihnemique, C 32 H 55 0 ,2 f principe actif de la gymneraa
sylvestris, est doue de la romarquable propriele de determiner,
lorsqu’on enfrotte la langue, une agustie complete pourle sucre
et Tamer. Les auteurs ont recherche, chez plusieurs malades
pr4sentant des illusions du gout, quel ctait Teftet du badigeon-
nage de la langue k Taide d'une solution de cclle substance. 11s
ont obtenu dans plusieurs cas une disparition momentanee des
illusions, et les malades ont mange avec appetit des aliments
qu’ils rejetaient habituellement avec degout.
— La n6cessit£ de Vexpertise m€dico-l6gale contradictoire.
— M. P. Archambault (de Tours), medecin en chef de l’Asile
des alidnes. — Aujourd’lmi encore, dans la jurisprudence 1'ian-
C>aise, le pouvoir du medecin exp ji t est effrayant: il tient au
bout de sa plume la vie ou Thonneur de Tindiyidu. Tout en
etant de ties bonne foi, il peut se tromper, mal voir ou mal
interpreter. Une telle puissance doit etre partagde : Tapprecia-
tion d’une seule partie ne doit pas suffire.
Toute expertise medico-ldgale devrait etre contradictoire, et
tout particulierement les autopsies judiciaires : un medecin
choisi par la defense deyrail assister aux operations de Texpert
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380
REVUE DE PSYCHIATRIE
et avoir la faculty comme en matiere civile, de faire connaitre
ses observations.
Les contre-expertises acluelles, en matiere d’autopsie, se
font dans des conditions absulument defectueuses : le sujet
autopsid depuis un temps plus ou moins long, a etd sectionne,
les organes out etd dilacdrds, la decomposition est avancde, les
constatations nianquent fatalement de certitude. II est de toute
necessite que, des la premiere autopsie, 1’expert soit control©
par un contre-expert: tous les mddecius ldgistes doivent le
desirer pour mettre leur responsabilite a l’abride tout soupcon.
— Nephrite cantharidienne et delire toxi-alcoolique tar-
dif. — MM. ANTHEAUMEetR. Mignot.— Chezuuancienalcooli-
que cbronique, abstinent depuis deux ans et n’ayant jamais
prdsente d’accidents mentaux, il a suffi, en l’absence de toute
intoxication ethylique, d’un vesicatoire, pour provoquer un
acces de ddlire (type confuso-maniaque). L’elimination renale
cessant d’etre suffisante par suite dela ndphrite cantliaridienne.
Inaptitude k ddlirer jusqu'alors latente, malgre le mauvais etat
du foie, s’est realisee et les troubles cdrdbraux ont delate. On
vit le delire diminuer, puis cesser k mesure que l’elimination
urinaire se rapprochait de la normale ; on le vit reapparaitre
des que celle-ci redevint insuffisante k l’occasion d’un ecart de
regime.
Chez les alcooliques chroniques abstinents, I'inldgrite des
organes destructeurs ou eliminateurs des toxines doit dtre tout
particulierement surveillee ,* il est sage de s’abstenir chez eux
de toute medication capable, tel le vdsicatoire, d’entraver,
mdme momentanemeut, leur fonctionnement. Chez ces sujets,
le cerveau dont la resistance a dte amoindrie par l'alcool,
conserve fort longtemps l’a))titude k ddlirer sous l’inliuence de
toutes les causes susceptibles d’augmenter le degre de toxicite
du milieu interieur.
— L'hyperhydrose dans la dimence prtcoce. — MM. An-
tijeaume et Roger Mignot. - Les auteurs ont dtd particulie¬
rement frappes de la frequence de l’hyperhydrose parmi les
troubles vaso-moleurs ou seerdtoires decrits dans la ddmence
precoce. L’hyperhydrose serait independante de la temperature
exterieurc, de la diathese, de l’etat emolionnel, du degre
d'agitation. Elle serait plus frequente chez les catatoniques
immobiles. Habituellement localise© aux paumes et aux doigls,
elle donne a celui qui serre la main des stupides une sensation
desagreable de froid et de mouille. Chez les melancoliques, an
contraire, la sudation est diminuee ou abolie.
Outre l’hyperhydrose palmaire, les auteurs ont observd deux
cas d’byperhydrose generalisde survenant par crises chez des
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LtS CONGRES
381
catatoniques jeunes, malades depuis peu et dans la stupeur. Ils
dtablissent un rapprochement entre l’hyperhydrose et la sia-
lorrhde.
— Confusion mentale chez un achondroplasique. Glycosu -
rie, acdonurie. — MM. Chaumier et Taty (Lyon) presentent
Tobservationd'un achondroplasiquede vingt-huitans qui, ayant
dprouvd de la polydipsie, fit quelques abus de boissons alcooli-
ques et eut de la confusion mentale, apres une court© pdriode
prodromique de melancolie anxieuse avec tentative de suicide.
L’observation montra que ce malade avait du diabete sucrd et
de Tacetonurieldgere. En vingt jours, sous l'influence du bro-
mure et des alcalins, la glycosurie et l’acdtonurie disparurent,
et la confusion mentale alia en s’attdnuant peu k peu. Deux p4-
riodes de traitement par riodothyrine en cachets, k dose pro¬
gressive de 0 gr. 30 k 1 gramme par jour acheverent la cure. Le
malade sortit de Tasile au bout de trois mois et demi, tres amd-
liore. Quinze jours apres la sortie, la guerison est complete. Ce
malade present© encore du diabeteinsipide (polyurie, poljdipsie).
Les auteurs estiment qu’en raison des antecedents heredilai-
res et personnels du malade, son observation irait a l’appui de
Topinion qui assigne k la tuberculose un role important dans la
genese de Tachondroplasie. Ils pensent aussi que la confusion
menlale dpisodique a ete due k une intoxication d’origine dia-
betique qui, chezun malade non predispose, ou bien en l'ab-
sence de soins opportuns, aurait pu amener le coma diabetique.
— Ophtalmo-r6action chez les attends. — MM. Marie (de
Yillejuif) et Bourilhkt, interne du service, ont pratique !a re¬
cherche de la reaction de Calmette par l’eraploi de tuberculine
instillde dans la conjonctive des alidnds soup$onnds de tubercu¬
lose. 21 malades ont ete ainsi examines :
11 pris parmi des paralytiques avaiicds non soupgonnds de
tuberculose probable.
10 parmi des alien4s alcooliques, mdlancoliques ou debiles
divers ayant presente ou prdsentant des signes d'affection ap-
paramment tuberculeuse (osteite, abces froids, cavernes, coxal-
gies, etc ) ; 6/10 de ces derniers ont donne une reaction positive
nette ; 4/11 des premiers ont presente la reaction locale, 1 a eu
une eruption d’exantheme generalise et fut trouve, k Tautopsie,
porteur d'un tubercule caseeux ancien k Tun des sommets.
Yu la difficulte et l'intei dt d’une selection des abends tuber-
culeux, la reaction de Calmette a une importance dvidente en
psychiatrie.
— Anxide, morphine et demence. — M. Mezie prdsente les
rdsultats du traitementmorphinique applique dans le service du
D r Charon k l’asile d’Amiens.
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382
REVUE bE PSYCHIATRtE
L’observation porte sur25 cas de mdlancolie anxieuse, dif-
fdrents par l’Age et la gravity symptomatique.
Les maladesseuls, dont la quantity intellecluelle est intaele,
reagissent favorablement au tiaitement: ceux qui soot en voie
de piocessus ddmentiel y restent indiffdrents.
Le chloihydrafe de morphine mdriterait done d'etre consi-
derd, dans les 4tats anxieux qui marquent le fond psyebique et
rendent le diagnostic difficile sinon impossible, comme un rdac-
tif fidele de la ddmence.
— La paralysie ginirale progressive et la/olie alcoolique
en Grice. — M. Yanniris (d’Athdnes). — La paralysie gdndrale,
assez frdquente en Groce est tres rarecliez la femme, car parmi
les 380 paralytiques gdneraux que j’ai observes, dix-neufseule-
ment appartenaient au sexe femiuin. Dans 75 0/0 des cas, il
s’agissait de syphilitiques. La paralysie gdndrale d’origine alcoo¬
lique est exceptionnelle.
D'autre part, la folie alcoolique est Ires rare ; on en compte
83 cas, dont 3 femmes seulement, sur un total de 2.000 alidnes.
Cette rarete doit dire attribute i la bonne qualite des bois-
sons alcooliques.
La proportion des cas de folie alcoolique dans la population
hellenique de 1’empire ottoman est beaucoup plus dlevde, i
cause del’abus qu’ony fait du € raki » et de l'emploi d’alcools
provenant de substances amylacees.
Autres communications
La phase de prisiniliti ches J.-J. Rousseau. — M. Regis.
La genese du ginie. — M 11 ® Robinovitch.
Dilire clironique de grossesse ches une dibile. —
MM. Rayneau et Nouet.
Atoxgl dans deux cas de paralysie ginirale. — MM. Ro*
gek Mignot et Bouchatjd.
Atoxgl et paralysie ginirale. — M. A. Marie.
Anticorps syphilitiques et paralysie ginirale. — MM. A.
Marie et Levaditi.
Escroqueries prolongies pendant plusieurs mois a la
faveur de manoeuvres hypnotiques pratiquies su/' des oic-
times. — M. E.-Bernard-Leroy.
Kleptomanie ches une hystirique ayant prisenti d diff'd-
rentes ipoques de son existence des impulsions systemati¬
ses de diverses natures. — M. E -Bernard-Leroy.
Note a propos d’un essai de placement dans les families
f'etlfants arriiris a la colonie d’Ainay-le-Chdteau. —
‘M. Bonnet.
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LEs coNGnfcs 383
La psychotMrapie chez les neurastMniques. — M. Har-
tenberg (de Paris).
Parapiegie spasmodiquefamiliale. — M. Courteliemont.
Nervosisme thyroidien. Formes cliniques. — MM. Leopold
Levi et H. de Rothschild.
Conception du tabes. — M. Bernheim (de Nancy).
A propos de la syphilis cirebrale diffuse. — M. Ladame.
Experiences relatives a vepilepsie experimentale. —
MM. Prevost et Bateli.i.
Les cellules des cornes anterieures dans les arthropathies
nerveuses. Ataxie oculo-motrice d’origine labyrinthique
dans le tabes. Ecchymoses spontanees zoniformes. —
M. Etienne (de Nancy).
NeurastMnie et maladies du rhino-pharynx. — M. Royet
(de Lyon).
Mobilisation precoce et mobilisation methodique d’un
Mmipiegique. Tabes, tuberculose et traitement mercuriel. —
M. Faure (de Lamalou).
Diagnostic differentiel des crises epileptiques et des crises
hystiriques. — M. Bonjour (de Lausanne).
Quelques manifestations oculaires inttressantes de I'hys-
tirie. — M. Terrien (de Nantes).
Pronostic GloigM des paralysies oculomotrices. — M. An-
TONELLI.
Traitement par Viodothyrine. — MM. Taty et Chaumier
(de Lyon).
Du si^ge anatomique de I’aphasie. — M. Mahaim.
Myosebrose atrophique et retractile des oieillards. —
MM. Dupre et Ribierre.
Contribution anatomo-pathologique a Vetude des localisa¬
tions motrices corticales. A propos de trois cas de sclerose
laterale amyotrophique avec degeneration de la voie py-
ramidale suivie au Marchi de la moelle au cortex. —
MM. Roussy et Rossi.
Effet des rayons X sur la moelle et le cerveauapres lami-
nectomie et craniectomie chez le chien. — MM. Sicard et
Bauer.
Certains elements diagnostiques et pronostiques de la
meningite cerebro-spinale tiree de l examen du liquide
cephalo-rachidien. — MM. Sicard et Descomps.
Un cas d'agenesie cerebrate par transformation kystique
du cerveau pendant la vie intra-uterine. — MM. Long et
Wiki.
Tabes ataxo-spasmodique sans lesions des cordons late -
raux. — M. Long.
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384
hEVUE dE EsychiaTrIE
Histologie fine des ganglions et des racines posttrieures
dans le tabes. — MM. Marinesco et Minea (de Bucarest).
Recherches sur l’influence exercie par les sets de calcium
et de sodium sur la tetanie experiment ale. — MM. Parhon
et Ureche (de Bucarest).
Sur les suites dloignees des paralysies oculo motrices. —
M. Antonelli.
A. Delmas.
TE CHNIQ UE
LA TECHNIQUE CARDIOGRAPHIQUE
par Henri Pieron
Maitre de Conferences & I’Ecolc des Hautcs-Eludes
II y a parfois inter£t, lorsqu’on veut explorer les baltements
cardiaques, h ne pas se contenter d’enregistrer avec le sphygmo-
graphe le contre-coup arteriel de ces battements, mais d’enregis-
trer directement les phases m6mes de la contraction du coeur.
1* Les appareils . — Avec le cardiographe de Marey, qui se com¬
pose d un cylindre metallique dans lequel peut descendre un tam¬
bour muni d’un bouton explorateur, on fait descendre le bouton
hors de 1’enceinte metallique d une longueur qu’on fait varier
jusqu’h ce qu’on obtienne un enregistrement maximum, longueur
qui diflere suivant les individus et oscille autour d’un centi¬
metre. On appuie avec la main le cardiographe sur la poitrine, de
fagon que le bouton s’applique sur le point, entre les c6tes, oh Yon
a senti avec le doigt les secousses les plus fortes. On demande au
sujet de retenir sa respiration, et l’on peut obtenir un enregistre¬
ment tr£s satisfaisant pendant une demi-minute.
Le cardiographe de Burdon-Sanderson evite cet inconvenient
que Ton eprouve avec le cardiographe de Marey, d’etre oblige de
mainlenir l’appareil & la main, ce qui est fatigant et ne permet
pas une experience durable. Au lieu de la cage metallique, on a
trois pieds mobiles articul£s sur une carcasse extremement r&luite
dans laquelle le tambour explorateur peut descendre ou remonter.
On dispose les trois pieds sur la poitrine avec l’inclinaison la plus
satisfaisante et la hauteur convenable, et, au moyen d une cour-
roie caoutchoutee qu’on passe autour du thorax et qui s’attache 6
la carcasse, on maintient adherent le cardiographe. On peut cher-
cher encore la courbe optima, lorsque le bouton s’enfonce au point
choisi, en descendant ou remontant le tambour, gr&ce au vissage
dispose h cet effet comme dans le cardiographe de Marey.
Avec ce dispositif, on peut obtenir des enregistrements continus,
durables. L’inconvenient est le suivant: comme pour un enregis¬
trement durable (seul interessant en matihre de psychophysiologie)
on ne peut empecher, bien entendu, le sujet de respirer, onobtient
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LA TECHNIQUE CARDIOGRAPHIQUE
385
avec l’appareil une courbe mixte. En effet, le choc du coeur agit
sur le bouton explorateur; mais, d’autre part, la compression du
cardiographe sur la poitrine par des courroies semi-rigides le fait
fonctionner comnie pneumographe, pendant la dilatation thora-
cique, qui augmente la pression dans le syst&me aerieh d’enregis-
trement. Et alors les pulsations cardiaques se trouvent deform^es
en tant qu'elles s’inscrivent, comme des accidents, sur une courbe
respiratoire. Les pulsations les moins d6form6es sont naturelle-
ment celles qui coincident avec le court moment de l expiration
maxima; elles peuvent etre normales s’il existe, ce qui normale-
ment ne se presente gufcre, une pause expiratoire. Dans l’inspira-
tion maxima, il y a trop de compression, et la pulsation, si elle est
moins d6form£e que dans l’ascension et la descente, se trouve net-
tement r^duite.
Cet inconvenient n’a pas ete pallie par les perfectionnements
apportesau cardiographe de Burdon-Sanderson parM"* Pompilian,
qui, au lieu de placer le ressort de resistance dans le bouton, &
l’interieur du tambour, l’a place A fexterieur, comme dans le
sphygmographe de Marey. Le bouton est done separe du tambour
qu'il doit comprimer dans l'enregistrement, et l’on peut faire
varier et regler la tension du ressort qui le supporte.
Un palliatif A la deformation respiratoire est apporte par le pro-
cede suivant : si on laisse nne fine ouverture snr le parcours du
tuyau qui transmet les variations de pression du tambour explo¬
rateur au tambour enregistreur, la fuite qui pourra se faire par
cette voie n’atteindra que peu les variations trop brusques dues A
l’enregistrement des pulsations du coeur; au contraire, les varia¬
tions plus lenles de la respiration seront attAnuees par la sortie
d’air provoquAe par la compression, et par la rentrAe d’airdansla
depression thoracique.
Mais il n’y a 1A qu’un palliatif. Pour Aviler que le cardiographe
fonctionne comme pneumographe, il faut employer un mode d’at-
tache different de la courroie qui enserre la poitrine. Des ventouses
places aux pieds du Burdon-Sanderson aurafent pu donner ce
nouveau mode d’attache; mais pour adherer A la poitrine, les ven-
27
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386
REVUE DE P8YCHIATRIE
touses doivent 6tre trop fortes et les sujets ne tiennent pas
& subir un tel proc£d6 th^rapeutique assez inutile en 1‘occur
rence.
J’ai tourn6 la difficult^ en appliquant sur la poitrine avec des
courroies, n6n plus le cardiograph©, mais une plaque d aluminium
& surface lisse perc^e d une ouverture m&liane et doublant en
quelque sorte la surface thoracique d une cuirasse destinee h em-
p6cher l’effet d6sagr6able des ventouses. Sur cette plaque, en eflfet,
adherent avec la plus grande force des ventouses places aux pieds
du cardiographe de Burdon-Sanderson ou de Pompilian (fig. 1).
L’appareil se soulfcve alors avec la paroi thoracique sans adherer
davantage (fig. 2); il ne fonctionne done plus comme pneumogra-
Fig. 2. — Le cardiographe mis en place.
phe, ce qui permet l’enregistrement des pulsations cardiaques non
deformetes. II y a bien quelquefois encore des variations dues au
gonflement des muscles intercostaux, mais elles peuvent 6tre ren-
dues tr&s minimes. D’autre part, on obtient, quand il n'y a plus
aucune oscillation respiratoire, et cela pr£sente alors un intdr&t
physiologique, les variations du pouls du coour en rapport avec le
remplissement ou l’evacuation de la cage thoracique (les batte-
ments sont plus energiques dans Inspiration).
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LA TECHNIQUE CARDIOGRAPIIIQUE
387
Dans la figure ci-dessous (fig. 3) se trouve un graphique oil se
manifeste encore, sous I'influence de la contraction musculaire,
une ondulation respiratoire qui peut, pap enregistrement conve
nable, disparaitre compl&tement. On voitque cette ondulation. en
tout cas, ne deforme pas la courbe des pulsations, alors que par
la methode ordinaire la deformation est considerable.
2* La methode. — Lorsquon veut proceder h un enregistrement
cardiographique. sauf lorsqu on a des raisons de laisser le sujet
debout ou assis, on lui fait prendre le decubitus lateral gauche,
qui donne (Paehon) d’excellents resultats.
On cherche, avec le doigt, le point qui donne les chocs les plus
Fig. 3. — Graphique inscrit sur papier glace (gelatine noircie) qui a permis
le clichage direct sans reproduction intermediaire (proct^de de Camus). En
has, les pulsations cardiaqucs ; en huut. la respiration thoracique (enregis-
tree avec le pneumographe Humbert et Rev), qui n est pas invertie coniine
avec le pneumographe de Verdin. Lire le trace de gauche a droite. Les pul¬
sations et les inspirations se niarquent egalement par des ascensions.
nettement pergus (point correspondent & la pointe du coeur lorsque
le muscle, dans sa contraction, se deplace et se rapproche de la
paroi thoracique). Ce point se trouve dans l’espace situe entre la
5* et la 6 e cote, un peu h droite de la verticale passant par le ma-
melon. II se trouve sous le sein chez la femme; on est ainene alors,
cequi est plus facile dans le decubitus, h relever le sein et & le
maintenir avec une courroie; neanmoins lorsque le sein est trtis
developpe, l’enregistrement direct du choc du coeur est rendu &
peu pr6s impossible.
Lorsqu'on emploie le cardiographe & adherence directe, on
commence par fixer l’appareil par ses ventouses & la plaque d’alu-
minium, en faisant passer le bouton explorateur perpendiculaire-
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388
REVUE DE RSYCHlATRIE
ment par l’orifice median, de quelques millimetres seulement;
puis, marquant avec le doigt le point oil le bouton doit etre fixe,
on fait passer les courroies qui maintiennent la plaque autour de
la poitrine, on s’assure que le bouton vient toucher le point choisi,
et, maintenant l’ensemble de l’appareil avec la main, on fait serrer
les courroies. On visse ensuilele tambour pour enfoncer le bouton
explorateur, en s’arrGtant souvent pour relier le cardiographe au
tambour inscripteur et enregistrer une ou deux pulsations.
Quand la grandeur de la courbe inscrile a passe par un
maximum et tend b d£croitre, on devisse jusqu'fc ce qu’on
retrouve ce maximum. II ne reste plus qu'b proceder comme pour
toutes les autres inscriptions graphiques.
3* Les rdsultats. — Je n’insisterai pas sur les resultats de l’ins-
cription de la pulsation cardiaque humaine, en ayant fait dej k
l’analyse dans un travail signe de M. Vaschide et de moih Dans
tous les cas ou b peu pr£s, on note un d^doublement de londe de
contraction ventriculaire, que j’ai attribue, d’apr&s les faits que
j’avais recueillis, au dyschronisme du coeur droit et du coeur
gauche. L’autre notable accident de la courbe, beaucoup moins
important que le ressant ventriculaire et g^neralement d6doubl6
aussi, correspond b la systole auriculaire et est dyschrone egale-
ment. Les autres ressouts de la courbe seraient attribuables aux
fermelures valvulaires, b l’afflux du sang, etc.
J’ajouterai qu’il est important d’enregistrer la respiration en
m£me temps quele pouls, et qu’il n’est pas inutile d’user simulta-
n^ment du sphygmographe et du cardiographe.
REVUE DES L1VRES
Beethoven, par J. Chantavoine (1 vol. de la collection : Les
maitres de la musique. Paris, Alcan 1907).
La collection des Maitres de la musique , publiee sous la direc¬
tion de M. Jean Chantavoine doit interesser les psychologues, non
seulement parce que dans l’esprit de son directeur cette collection
est une dtude d’esth^tique, mais surtout, parce que la psychologie
des hommes de genie est peu avancee. Nous accueillons done tou-
jours avec le plus vif interet tout travail qui vient combler cette
lacune de la psychologie.
La mdthode qui consiste b analyser le g^nie des hommes dispa-
rus nous apparait comme moins sCire pour la science que celle qui
s’essaye b des recherches sur les grands hommes vivants. N6an-
moins la premiere methode a l’avantage de localiser les recher¬
ches sur des su jets dontles facultes superieures ne peuvent 6tre
mises en doute, puisqu’elles ont ei6 sanctionnees par l’admiration
de la posterite. Beethoven est de ceux qui m^ritent l ^tude la plus
approfondie.
1 L’unalyse de la pulsation cardiaque humaine (Archives gent talcs de medt-
cine , 80 e ann., t. II, n # 45, pp. 2817-2843).
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REVUE DES LIVRES
389
L’ouvrage de M. Chantavoine est incontestablement le meilleur
qui ait ete ecrit en France sur Beethoven. Cependant rauteur ne
rompt pas avec la tradition academique d’apr£s laquelle on s£pare
toujours dans une etude de cette nature, l’homme de 1’ocuvre. Ce
travail comprend en elTet deux parties : la cie et I’homme , puis
Vceuvre. II semble pourtant qu’il eut ete plus utile et plus profita¬
ble pour la comprehension mome de l’oeuvre de n‘en pas separer
celle de la vie '. La psychologic et la sociologie sont aujourd’hui
assez avancdes pour que les auteurs de semblables monographies
sinspirent de leurs donn^es. L'oeuvre de Beethoven comma
toute oeuvre humaine a ete determine par la psychologic de l’au-
teur et par des influences economiques, religieuses, politiques,
etc... qui l’etreignaient ainsi qu’elles nous etreignent nous-
mSmes.
M. Chantavoine dit, par exemple, p. 185 « la symphonie en ut
mineur est un splendide po6me de la volonte. » Or Beethoven ne
nous a jamais rien dit de sembable et rien n’est plus personnel
que cette interpretation d'une phrase musicale non cotnmentee
parl’auteur. Nous aurions voulu voir, b c6t6de cette affirmation
de M. Chantavoine une etude du « moment » de la creation de
cette symphonie, et au lieu de nous laisser un doute, sa phrase
nous efit etd le corollaire necessaire de ses recherches. Nous
savons que Schindler a rapporte, d’aprfcs Beethoven, quelques
indications sur cette oeuvre, mais outre qu'il y a peut etre \b quel-
que boulade de la part de Beethoven, la genese de cette sympho¬
nic s’expliquerait mieux encore si l etude psychologique de Beetho¬
ven avait ete faite au moment oh il commengait b l'ecrire.
Evidemment, M. Chantavoine n’a pas ete sans pressentir la n6-
cessite d’une telle methode, puisqu il a essaye dans les premieres
pages de Vccavre de rechercher les influences musicales qui ont
pu determiner la carri&re et le genie de Beethoven ; mais il n’a pas
montre que l’oeuvre d’artetait determin^e par d’autres f8cteurs et,
plus importants que la technique.
Malgre la literature qu’a suscitee Beethoven, nous ne possedons
pas en France les elements d une bonne etude sur lui. M. Chanta¬
voine qui a pu etudier les documents originaux et parcourir tous
les cahiers de notes et les cahiers de conversations de Beethoven
semblait plus favorise. Ses recherches n'ont abouti jusqu’fc pre¬
sent qu’& nous donner un volume de cor respond ance — tronque
malheureusement — et le livre de vulgarisation dont nous par-
ions. Nous esperous autre chose.
Les critiques que nous adressons b M. Chantavoine sont moti-
v6es, on le congoit, par le point de vue tout special auquel nous
nous plagons dans cette Revue et b propos del’objet de nos propres
etudes; mais b d’autres egards son Beethoven est une oeuvre
excellente, elle n’a pas l’enthousiasme debordant et souvent ridi¬
cule de la plupart des autres ouvrages, et Ton y decouvre, b
1 Rappelons qu’une tb&ae de la faculty de Lyon donnait, il y a pcu dannees,
une elude medicale de Beethoven.
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390
REVUE DE PSYCHIATRIE
cote d une grande connaissance du sujet un profond amour du
genial auteur de la neuvieme syrnphonie.
Les autres ouvrages de cette collection seront aussi analyses au
point de vue qui nous preoccupe c’est-fr-dire, au point de vue de
leur contribution b F6tude des hommes de g6nie et de la psycho¬
logy musicale. J.-M. Lahy.
L’assistenza del pazzi nel manicomio et nella famiglia,
{l'assistance des attends a Vasile et dans la fandlle ), par A. Pierac-
cini, (1 volume, 280 pages des manuels Hcrpli, 2' Edition, Milan
1907).
II s’agit, comme lindique le sous-titre, d‘un recueil d’instruc-
tions ^lementaires & l’usage des infirmiers et des infirmteres.
Apr&s un court chapitre de semeiologie mentale, Fauteur d^crit
l’asile et ses differentes divisions ; sections d’observation, de sur¬
veillance continue, des tranquilles, des g&leux, infirmerie. En
dehors des devoirs g6n£raux qui incombent & tous les infirmiers
d asile, il y a pour chaque categorie de malades des devoirs par¬
ticulars, des soins speciaux longuement et minutieusement de-
crits. Ensuite P... s’occupe de l’assistance familiale, de ces indi¬
cations, de la necessity de la completer par une surveillance mddi-
cale regulifcre, de la conduite de Finfirmier dans le traitement
familial de la folie. Le dernier chapitre et un appendice sont con-
sacres h Fetude des meilleurs proc^des de transfert des aliens, et
de la legislation actuelle concernant ces malades.
Dans la preface qu'il a ecrite pour cette seconde edition, le Pr.
Morselli felicite Fauteur, et felicite les infirmiers de lire le ma-
nuel, ce qui explique le nouveau tirage. II etait necessaire d’ail-
leurs d indiquer dans des paragraphes enti&rement originaux les
recents progres realises dans Fassistance et le traitement des ma¬
ladies mentales : repos au lit, bains prolonges, limitation de
Fencellulement et des moyens de contention physique, dont
l’emploi doit-etre ordonne par le medecin seul. Enfin, la nouvelle
loi italienne concernant le regime des alienes date de 1904, il etait
necessaire aussi d’en expliquer les dispositions essentielles.
J.
Le travail intellectuel et les fonctions de rorganisme,
par A. Maiket et J. E. Florence. (1 brochure, 128 pages, Coulet,
Montpellier, et Masson, Paris, 1907.
Les interessantes recherches des auteurs ont fait l’objet d’une
communication au Congres des Societes savantes de Montpellier,
avril 1907 ; dans le numero d’aout de la Revue de Psychiatric,
(page 328) le lecteur trouvera le compte rendu de cette communi¬
cation. Rappelons seulement ici les conclusions generates :
Le travail intellectuel diminuo l absorption, ralentit la nutri¬
tion generate, active la nutrition du cerveau.
Pendant la periode de repos qui suitcelle du travail intellectuel,
il se produit, par un phenontene de compensation, une suracli-
vite de la nutrition generate et une moindre activity de la nutri¬
tion du cerveau. J.
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HEVUJS DE8 P^RIODIQUES
391
REVUE DES PERIOD1QUES
p£RIODIQUES DE LANGUE FRAN$AISE
Archices do Xeurologie (3* sdrie, n*‘ 5 et 6, mai, juin 1907)
Sollier. — Hystdrie et sommeil. — La thdorie physiologiques de
l’auteur, qui s’efforce de rdfuter les objections qui lui ont etd faites,
consiste essentiellernent en ceci : L’hystdrie est constitute par un etat
d’activitt moindre des centres fonctionnels de l'dcorce cerdbrale, et
n’est que l’exageration de ce qui se produit a I’etat normal, avcc cette
difference que l'inertie ou l’inhibition peuvent se gdndraliser k toule
l’dcorce et persister inddfiniment. La constatation de cet engourdisse-
inent (sommeil, inhibition) est essentielle pour deux raisons : ©lie per-
met de comprendre le double caract&re physiologique et psychologique
des troubles hystdriques ; elle fournit une therapeutique pathogeniqae,
qui sort de contrdle h ia thdorie.
S... ne pretend pas rapporter rigoureusement les troubles fonction-
nels hystdriques aux centres anatomiques du cerveau tels qu’on les
delimite actuellement.
UEncephala (2 f annee, n* 6, juin 1907)
Anglade et Jacquin. — Psychoses pdriodlques et dpilepsie. —
Des analogies dtiologiques et cliniques, depuis longtemps constatdes
entre l’epilepsie et certaines psychoses pdriodiques avaient fait sou-
lever ddjd, par un grand nombre d’auteurs, la question d’une origine
commune a ces deux affections. Or, des examens microscopiques
systdmatiquement pratiquds par A... et J..., il resulteque l’analogie se
poursuit jusque dans l’anatomie pathologique. Sans insister sur les
constatations macroscopiques, il y a entre I’dpilepsie et la folie pdrio-.
dique, cette ressemblance anatomo pathologique que la ndvroglie y
semble doude d’une vitalite particuliere. Peut-dtre, l’dpilepsie ou la
folie pdriodique sont-elles la consequence du fait que la ndvroglie
depasse vis-d-vis de la cellule nerveuse son rdle de subalterne, la
reaction variant suivant les localisations prddominantes. Les auteurs
reconnaissent que ce n‘est la qu’une hypothdse, mais ils l’ont formulee
d’aprfes des fails qui, eux, ne sont pas contestables.
Mignot, Schrameck et Parrot. — Vaieur diagnostique des troubles
ocuialres dans la p. g. — On rangera les troubles pupillaires comme
il suit par ordre d’importance progressivement croissante : Inegalite,
mydriase,myosis,ddiormations, diminution, puis abolition des reflexes.
Le diagnostic doit se ddduire non pas de la constatation d’un signe,
mais de tout un ensemble symptomatique.
Papadaki. — Le rdgicide Lucheni est-ii alidnd ? — L’auteur
repond par l’affirmative. Pour lui, Lucheni est un « paranoiaque », un
veritable alidne, et non pas seulement un desdquilibrd impulsif.
Journal de tncdecinc et de chiruryie pratiques (P r juillet 1907}.
A propos d’alcoolisme, la limitation du nombre des cabarets. —
D’aprds M. Bertillon, c’est une illusion de croire que la limitation du
nombre des debits indue d’une fagon quelconque sur la consommation
de l’alcool. Nous avons rapports rdcemment (voir R. de Psychiatrie
1907, p. 308) une opinion tout opposee, qui est aussi celle qui est sou-
tenue dans le present article. En Hollande, oil la loi a permis de
diminuer le nombre des cabarets, la consommation n’a ni augments ni
diminud Chez nous, pendant le mdrne laps de temps, elle a cru dans
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392
REVUE DE PSYCHIATRIE
des proportions considerables : II parait evident que les « occasions
multiples » an voisinage des agglomerations de travailleurs ne peuvent
pas etre considdrdes comme sans influence sur la consommation.
La prcssc medicate (n* 56, 29 juin 1907)
A. Marie. — La question de i’aslle colonial. — Apres sa visite aux
asiles egyptiens d’Abbassieh et de Kakuha, l’auteur insiste sur la nd-
cessite d'organiser un etablissement analogue pour l’Afrique septen-
trionale fraiiQoise. Les credits affectes au transport et a l'eutretien des
abends algeriens et tunisiens a Pierrefeu ou a Aix, justifient 1 edifica¬
tion immediate d’un asile ou les indigenes seraient mieux assistds.
El nous serions encore loin des 74 asiles coloniaux anglais !
Id . (N* 58, juillet 1907).
J. etR. Voisin. — Une forme rapide de ddmence dpiieptlque
dans I’adolescence. — On peut voir survenir, chez des epileptiques, a
l’epoque de la puberte une forme rapide de ddmence sans phenoraenes
de spasmodicite, pouvant affecter les formes hdbephrenique, catatonique
paranolque de laddrnence precoce.
L’epilepsie provoque l’apparition de cette ddmence sans pourtant en
dtre la seule cause. Le terrain degendratif sur lequel elle se developpe
en conditionne la nature.
Rccue scicntijiquc (5* serie, T. VIII, 13 juillet 1907).
A. Joffroy. — Alcool et alcoolisme. — Dans cette leoon, toute
d’actualitd, 1’auteur rtefutant les arguments prdsentds pour la defense de
certuins intdrdts particuliers, rend & I’alcool ce qui appartient & l alcool,
c’est-a-dire le triste privilege de peupler les hopitaux, les asiles et les
prisons, suivant la predisposition hdrdditaire de cheque alcoolique,
facteur capital de diffdrenciation. L’alcool est un mauvais aliment,
fournissant peu de travail, les alcools sont d’autant plus toxiques qu'ils
contiennent plus de carbone ; les lesions de l’alcolisme peuvent frapper
toutes les parties de I’organisme, et lalcoolisme retentit sur la descen¬
dance des buveurs, dans des proportions telles qu’il faut le considdrer
comme un veritable fldau social, le plus grave peut dtre. Tels sont les
arguments qu’il est bon de dire et de redire a ceux qui voient unique*
ment dans I’augmentation de la production et de la vente des boissons
alcooliques, une source de richesses immddiates pour quelques indivi-
dus, et pour l'titat, collecteur d’impdts.
La Tribune mddicalc (N* 30, 27 juillet 1997).
Schwartz. — Aptiasie motrlce simple, idslons prononedes de la
trolsldme frontale des noyaux grls centraux et de I’lnsula de
Roll. — Autopsie d’une vieille aphasique de plus de 60 ans, morte A
i’asile de Clermont, et qui n'avait pas de surditd ni de edeitd verbales.
Atrophie du pied de la troisierne frontale, gros ramollissement inte-
ressant les noyaux knliculaire et strie, et l’insula de Reil.
Rien a signaler au niveau du pli courbe, ni au niveau de la premiere
circonvolution temporale.
J UQU ELI ER.
Recur de Philosophic. (Avril 1907).
F. Mentre. — Note sur la valeur pragmatique du Pragmatisme.
— M. M. exprime « la protestation d’une conscience franchise contre
une philosophie d’\ng6nieurs, de marchands et de financiers. » C’est
particuli&reinent & M. W. James, que s’adresse cette critique !
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NOUVELLES
393
E. Magnin. — Observation. — Observation assez detaillde et sans
commentaires du cas de Mile B... qui paraissait avoir un Mai de Pott
dorsal et fut gu6rie par les pratiques « magnetiques » de l’auteur de
cette observation.
J. M. Lahy.
NOUVELLES
Le Concours de la Seine. — Un arr&te ministerial du 11 septerabre
1907 (voir le Journal Officicl du 12, p. 6480) determine les conditions dans
lesquelles auront lieu les futurs concours pour les postes de medecins
des asiles de la Seine. Voici quelques dispositions interessantes de cet
arrSte :
Par mesure transitoire, un poste sur deux sera reserve, au fur et &
mesure des vacances, aux directeurs-medecins des colonies faqniliales
actuellement en fonctions [art. 2).
Le jury est compose :d’un Inspecleur general design# par le ministre ,
president ; de six autres juges tituiaires tires au sort : un professeur
ou un agrege, un medecin de Charenton, de Bicetre, de la SalpeiriSre
ou de l’lnfirmerie specials, deux medecins des asiles dSpartementaux,
deux medecins des asiles de la Seine ; de deux juges suppliants: un
medecin de la Seine et un medecin des asiles des autresdipartements.
Le chef du service des alienes a la Prefecture de la Seine et le Chef
du l* r bureau de it) direction de I’Assistance publique au ministers de
l’lnterieur sont adjoints au jury, avec voix consultatives (art. 9).
Les epreuves agant toutes le m#mc coefficient (30 points) sont au
nombre de six : Epreuve sur titres.
Epreuve icrite de pathologie mentale (4 heures),
Epreuve oralede ciinique mentale (2 malades),
Epreuve ecrite de ciinique mdhtale (2 malades : 1 consultation et 1
rapport medico-16gal),
Epreuve ecrite sur les soins & donner aux abends (2 heures),
Epreuve orale de ciinique ginirale (art. 11).
La pedagogic & PUnlversIte de La Plata. — Nous relevons dansun
rapport de M. Mercante, directeur de la section de pidagogie & l’Uni-
versiti de La Piaia, une conception singulierement plus en harmonie
avec l’itat actuel de la scienceque cellequi reste florissante dans notre
pays, si attache & son vieil esprit de traditionnalisme Jittiraire. Le
groupe d'enseignements qu’il propose pour la section d’itudes pdda-
gfogiques se divise en deux parties, l'etude de l’individu et l'education
de l’individu.
Dans la premiere, rentrenties ebseignements suivants : anthropologie
(2 legons par semaine, 1 ande thiorie et 1 an de pratique) anatomie et
physiologie du systems nerveux, 1 an d'enseignement thiorique (2
legons par semaine) et 1 an d’enseignement pratique, preparations et
experiences (2 stances par semaine), psychologie theorique et expert-
mentale (2 legons par semaine avec deux seances de laboratoire par
semaine).
Pour les professeurs de l'enseignement secondaire, un cycle de 4
anndes d’etudes pedagogiques generates (pouvant marcher de pair avec
les etudes speciales) serait impose : En l r * annee, les etudes thdoriques
et exercices pratiques d'anatomie et physiologie du systems nerveux,
d’antropologie, de psychologie, d’hygiene scolaire, de methodologie et
de pratique pddagogique exigeraient 27 heures par semaine.
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REVUE DE P9YCHIATRIE
En 2* annde, on enseignerait la mdthodologie, la psychoiogie expdri-
mentale et le psycho-pgdagogie; en 3* antige, l'histoire de idducation,
la methodologie et la psychoiogie anormalea ; enfin en 4* annde, la
mgthodologie spgciale et la legislation scolaire.
Voilfc de quoi former les gducateurs pourvus d'esprit scientiflque
bien nutrement que par les qaelques conferences qu’on s’est decide a
faire faire en France au musde pedagogique.
H. Pieron.
Traitement de la paralysle general© par la tuberculine. — J. von
WagneR et Pilcz, de Vienne, ont obtenu, depuis qaelques anndes, des
resultats favorables en injectantde la tuberculine (ancienne tuberculine
de Koch) k des paralytiques ggndraux : Un certain nombred’amdliora-
tions, voire de remissions trgs prononcges, ont ete la consequence de
ce traitement. (Voir Setnainc m&dicale , n° 31, 31 Juillet 07, page 368).
Les injections sont faites a des doses croissantes de 1 & 50 centig. de la
solution glycerinde & 10 •/. (tuberculine 1, glycerine 4,-eau distiliee 5).
La reaction febrile se fait generalement dads les 24 heures qui sol¬
vent la l r * injection. L'intensitg de la fievre regie le dosage des injec¬
tions consecutives : Les expgrimentateurs ont ete guides par le fait
bien connu des alidnistes, que les maladies febriles survenant au cours
de la paralysie generate ont parfois une excellente influencesur revo¬
lution de celle-ci.
Le Pr. Joffroy cite volontiers, au cours de ses legons cliniques sur
la paralysie generate, des exemples de remissions consecutives a des
phlegmons graves, & des pneumonies, etc... Mais, il a soin d’ajouter
que les tentavives de reactions febriles provoquees ont ete jusqu’ici
malheureuses. Les r6sultats de von Wagner et Pilcz encourageront
peut-Otre de nouvelles tentatives, pratiquges suivant la technique par-
ticuliere indiquee par ces deux auteurs.
J.
•
XVIII* Congrgs des alidnlstes et neuroiogistes de langue fran¬
chise. — Le prochain Congres aura lieu en 1908 4 Dijon.
Le president en est M. Cullerre (de la Roche-sur-Yon), le vice-pre¬
sident, M. Vallon (de Paris), et le secretaire general, M. Magnin (de
Dijon).
Les trois rapports choisis sont:
1* Los troubles mentaux par anomalies des glandes a sdcretion inter-
no. Rapporteur : M. Laignel-Lavastjne (de Paris) ;
2° Diagnostic et formes cliniques dos necralgies. Rapporteur: M. Ver¬
ger (de Bordeaux) :
3° Assistance des enjants anormaux. Rapporteur : M. Charron
(d’Amiens).
Personnel des Aslles. — Mouremont d'Aout 1907. — M. le D r Bro-
qu£re, mddecin de lasile d’Evreux, est nomme raddecin en chef de
l’asile d’alidngs de Montdevergnes (Vaucluse) en remplacement de M.
le D r Pichenot, admis sur sa demande k faire valoir ses droits ii la
retraite et nomme medecin en chef honoraire des asiles publics
d’aliengs.
M. le D r Lallemant, Directeur medecin de rasiled'alignesde Quatre-
Mares (Seine-Inferieure) est nomme Directeur medecin de l asile des
alieites de S‘-Yon (Seine-Inferieure) en remplacement de M. le D r Gi-
raud, admis, sur sa demande, a faire valoir ses droits a la retraite et
nomm6 Directeur-mddecin-chef honoraire des asiles publics d'altengs.
M. le D T Hamel, Directeur mddecin k i'asile d’alidngs d'Auxerre, est
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RESP0N9ABILITY CIVILE DE9 PARENTS DES ALIENES
395
nomme Directeur medecin de I’asile d'alidnes de Quatre-Mares (Seine-
Infdrieure) en remplacement de M. le D r Lallemant.
M. Ie D r Dide, medecin adjoint h lasile de Rennes, est nomm6 Direc-
leur medecin de l’a9ile d’Auxerre, en remplacement de M. le D r Hamel.
Faculty tchdque de mddecine de Prague. — M. le D p Johann
Jansky est nomme pricat-doccnt de psychiatrie.
Faculty de mddeclne de Montpellier. — Un concours pour une
place de chef de clinique des maladies mentales et nerveuses s'ouvrira
le 25 octobre 1907.
CHRONIQUE
LA RESPONSABILITE CIVILE DES PARENTS DES ALlENES
EN LIBERTE
M. H. Sauvard publie et com mente dans le Droit Medical
davril 1907 un arret du 30 juillet 1906 de la Cour de Cassation,
conflrmant un premier jugement de la cour d’appel de Lyon. Cet
arret ad met la responsabilite civile d’un pdre, h raison de domma-
ges causes vis-&-vis de tiers par son fils majeur, en dtat d'insanite
d esprit et habitant avec lui.
Une telle decision merite qu'on s’y arrdte, et il nous semble
qu’on ne saurait lui donner trop de publicite : 11 est legitime
d’admeltre qu’elle trouvera son application & 1’avenir dans quel-
ques circonstances analogues.
Tout fait dommageable appelle une reparation et cependant
Taliend ne commettant pas de faute dchappe & la responsabilite
civile (code civil art. 1382). II y a entre ces deux principes une
contradiction h peu prOs irremediable si Ton ne vise que le seul
auteur du dommage, (6 moins d’admettre, comme on l’a fait quel-
quefois que I’aliene a provoqud lui-mOme son etat de folie par son
intemperance, par exemple.) En realite, dans les cas oil l'aliena-
tion mentale entraine des actes dommageables vis-6-vis des per-
sonnes, il y a parfois faute de l’entourage de l’attene. C’est de
cette faute qu’on peut demander reparation.
Sans doute, comme le fait remarquer M. Sauvard, il faut etablir
que la faute existe, el les parents d’un alienenesauraienten tou-
tes circonstances etre rendus responsables des mefaits inattendus
de leur dangereux malade, surtout lorsqu ils ignoraient que le
danger exist&t, Mais tous les medecins qui ont eu l’occasion de
voir des attends dans les milieux oil ils vivent, savent combien
leurs conseils et leurs avertissements sont habituellement lettre
morte. Avec les meilleures intentions du monde, d’ordinaire, les
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RfeVUE DE PSYCHtATRlfc
proches des alienes, dftment avertis, font courir ft la society ft
leursmalades et ft eux-memes des risques qu’ils pourraient eviter.
Dans certains cas, rinternement a ele conseille par un medecin
et accepte en principe, mais on remet indftfiniment au lendemain
les demarches necessaires. Pour d'autres malades, il suffirait
d’une surveillance facile, mais exacte et continue, que les condi¬
tions d’existence de la famille ne permettent pas de realiser ; de
plus, on veut eviter 1‘asile ft toute force. II arrive enfin qu'un place¬
ment volontaire ne dure pas assez longtemps, etque malgre les
conseils du mftdecin traitant, la famille de l’interesse. prenant
pour la gudrison definitive une accalmie trompeuse, use de son
droit pour interrompre trop tot la surveillance. Dans tous ces cas
les « gardiens de fait », ainsi que les designe M. Seuvard, ont
une part de responsabilite effective quand un accident se produit,
et la reparation d’un acte dommageable survenu du fait du
malade dont ils assumaient la surveillance peut leur etre deman¬
ds. 11 est bon que les mddecins appelfts ft examiner des alienes ft
domicile sachent et puissent dire qu’un jugement de cour d ap
pel confirme en cassation a etft rendu dans ce sens et cree un pre¬
cedent pour l’avenir.
Pour determiner la responsabilite des « gardiens de fait » lors-
que ces gardiens sont des proches (ascendants ou conjoint),
M. Sauvard propose Intervention d’un expert qui rechercherait
si le caractftre dangereux d’une maladie mentale a pu etre m6-
connu par I'entourage du malade en raison mftme de la parents,
(l'auteur fait allusion aux folies conjugales). Cette expertise
serait parfois delicate, mais elle constituerait pour les defendeurs
comme pour les demandeurs, une excellente garantie.
Le girant : A. Coueslant.
PARIS & CAHORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT (22-IX-07J
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REVUE CRITIQUE
PSYCHOTHERAPIE
ET PSYCHOTH^RAPEUTIQUE CHIRURGICALE ‘
Par Lucien Picqu6
(Chirurgien des hopitaux et des asiles de la Seine)
Depuis quelques annees les psychiatres et les neuropatholo-
gistes ont par de nombreux travaux attird l’attention sur les
bons rdsultats obtenus par l’emploi de la psychothdrapie dans
certaines ndvroses ou affections mentales.
Or si la psychothdrapie intdresse le mddecin et fournit A la thd
rapeutique une contribution utile, peut-elle de mdme trouver son
application en chirurgie gdndrale et y rendre des services ?
C’est ce quejerae propose d’dtudier dans ce travail.
Tout d’abord les dtudes que j’ai entreprises k ce point de vue
tant sur le terrain de la chirurgie des alidnds que sur celui de
la chirurgie gdndrale, m’ont ddmontrd depuis longtemps que
certains dtats cdrdbraux peuvent apparaltre en mdme temps ou
peu aprds l’dclosion d'une affection chirurgicale chez des sujets
sains d'esprit au moins en apparence.
Le chirurgien a done besoin de tenir compte des dtats psy-
chopathiques qui s’imposent k luiconstammentdans la pratique.
A chaque instant en effet il voit se dresser devant lui un pro*
bleme psychiatrique A rdsoudre : il lui est des lors impossible
de se confiner dans une specialisation systdmatique et de se
soustraire k l'obligation de sortir du domaine de la chirurgie
s’il veut rendre service k ceux qui viennent recourir k lui.
De mdme que la chimie le renseigne par l'examen des liqui-
des secretes sur l’etat biologique du sujet en observation, de
mdme les donndes dela psychiatrie lui sontindispensables pour
arriver k la connaissance des troubles mentaux qu’il peut avoir
A observer. L'examen du cerveau est aussi ndeessaire pour le
chirurgien que l’analyse des urines. Dds lors, et Dubois, de
Berne, y a justement insiste, la psychothdrapie qui sert A com-
battre ces etats n’est pas seulement une arme thdrapeutique
exclusivement rdservde au neurologiste : le praticien ne sau-
rait s'en passer, qu’il soit mddecin ou chirurgien.
Ces prdmices etant posdes, il devient indispensable dans une
dtude qui doitservir au chirurgien, de ddflnir la psychothdrapie
d’une facon gdndrale.
1 Extrait du VI* volume de la Chirurgie des Aliinis qui doit paraitre pro-
chainement. (Masson, ^diteur).
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398
REVUE DE PSYCHIATRIE
Hack 'fucke qui semble s'dtre le premier servi de ce terme,
nous en donne une definition un peu vague Pour lui, la psycho¬
therapie serait l’application au traitement des maladies, des
connaissances que Ton possdde aujourd'lmi sur l’influence que
1’intelligence, et plus encore 1'imagination, peut exercer sur les
fonctions du corps liumain. Revenant en un autre point de son
etude sur le but de la psychotherapie, il declare qu’elle a pour
objet d’exercer, par l’intermediaire de l’esprit, une action profi¬
table sur les fonctions de la vie organique. Pas plus que la
precddente, celte definition ne saurait nous permettre de
com prendre ce qu’est la psychotherapie A l’heure actuelle.
D’ailleurs s’il est juste de reconnaltre que Hack Tucke a
entrevu, dans un chapitre de son livre, le but que poursuivent
aujourd'lmi avec elle d’6minenls neuropatbologistes comme les
professeurs Grasset et Dejerine, il convient cependant de rap-
peler ici que cet auteur cherchait surtout k expliquer avec elle
une sdrie de phenomenes plus ou moins etranges qui jus-
qu’alors restaient entre les mains des empiriques et des charla¬
tans, etque conlrairement k la plupart des observateurs actuels,
il mettait au service de la psychotherapie les pratiques plus ou
moins occulles de la suggestion hypnotique. Actuellement le
but actuel et les moyens d’action dela psychotherapie sont bien
differents. Sa definition s’est alors precisde. Pour le professeur
Dejerine et ses dleves Camus et Pagniez, la psychotherapie
represente l’ensemble des moyens dont nous nous servons pour
gudrir l’esprit malade ou le corps malade par l'intermediaire
de l’esprit.
Le professeur Grasset de son c6td nous montre dans une
sdrie do publications que la psychotherapie doit <Hre subordon-
nde i sa belle conception des deux psychismes qu’il a si magis-
tralement developpee : il en distingue deux varidlds. Lapsycho-
therapie superieure ue doit s'appliquer qu’aux acles cons-
cients et volontaires; elle a pour indication la culture et le
ddveloppement, l accroissement et la perfection de la volonte,
de la maltrise du moi, de l'unite morale du moi. Les moyens
employes dans ce but ne different pas pour lui de ceux emplo¬
yes par Dejerine et ses eieves ; ce sont les moyens psychiques,
c’est-i-dire la persuasion, l’emotion, la distraction, l’dducation
et tout ce qui se rattache a la pensde. Grasset en sdpare la sug¬
gestion simple et hypnotique qu’il ratlache & la psychothera¬
pie inferieure, celle-ci ne visant que les actes inconscients et
involontaires.
Ainsi euvisagde, onpeut se demander quelles peuvent etre les
applications de la psychotherapie Ma chirurgie propreraent dite.
J’ai signaie plus haut la frequence des psychopathies enchirur-
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PSYCHOTHERAPIE ET PSYCHOTHERAPEUTIQUE CHIRURGICALE 399
gie. c’est contre celles-ci que nous auvons 4 utiliser la psycho¬
therapie.
Je tiens k dire des le debut de cet expose, etpourdviter
toute confusion, que les malades qne j’ai.i envisages ici ne sont
pas des alienes, ce sont des malades sains d’esprit, en apparence
du moins, qui prdsentent un etat psychopalhique en m<?me
temps qu’une affection chirurgicale ; en consequence je laisse
de cOtd tout malade prdsentant un etat cerebral caractdrisd
avant le moment ou une affection chirurgicale l'amene au chi
rurgien.
Depuis longtemps j'ai divise dans ma pratique et dans mon
enseignement, les etats cdrebraux que l’on rencontre cliez ces
malades en deux categories bien distinctes.
Dans les deux cas c’est A I'occasion d’une affection chirurgi¬
cale qu’ils se developpent et Ton peut voir dans leur apparition,
sans que je veuille encore prdjuger de leur mode pathogdnique,
la preuve de la reaction du physique sur le moral, notion con-
siderde comme dvidente depuis des sidcles et que nous devons
encore k l’heure actuelle tenir pour vraie quelle que soit d’ail-
leurs l’opinion qu’on se fasse sur les rapports de la matiere et
de Pesprit.
Les rapports qne la psychopathic prdsente avec l'affection
* chirurgicale sont susceptibles de varier.
Dans la premitre cattgorie la psychopathic reste indepen-
dante d’elle, et peut lui survivre pendant un temps plus ou
moins long. Son caractere principal est d’apparaltre en dehors
de tout etat febrile.
Dans la deux it me au contraire elle est en rapport direct
avec la lesion et doit disparaltre avec elle si, au moment ou le
chirurgien l’observe pour la premiere fois, elle n'est pas arri-
vde i la pdriode d’incurabilite. Contrairement k la precddente,
cette forme de psychopathic est souvent lide a un etat febrile.
Comme nous le verrons par la suite, cette division est parfois
un peu schematique, caril n'est pas rare, dans certains cas, de
voir les deux formes se confondre. Cependant celle-ci est indis¬
pensable ii maintenir parce qu’elle rdpond k des distinctions
therapeutiques importantes, et que cette etude justifiera par la
suite.
A la premiere je donne le nom de psychopathie minor, les
formes que j’y renferme sont justiciables de la psychoterapie
ordinaire, de la psychotherapie superieure selon la conception
de Grasset, c’est un domaine intdressant mais restreint au
point de vue chirurgical.
A la deuxieme j’ai impose le nom de psychopathie major et
c’est & elle que j’Oppose la psychotherapeutique chirurgicale.
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400
REVUE DE P8YCHIATRIE
J'ai, choisi celte denomination pour dviter la confusion avec la
psycho tli era pie. Elle s’en distingue essentiellement parce que
d’abord les formes auxquelles elle s’adresse different dgaleroent
des precddentes au point de vue clinique et pathogdnique.
Ace dernier point de vue mes etudes sur les rapports rdci-
proques des troubles intellectuels avec les affections cliirurgi-
cales m’ont ddmontrd que les psychopathies provenaient par-
fois d’une affection chirurgicale ; celle-ci conslitue alors l’dld-
ment chirurgical de la pschopathie et la pathologie chirurgicale
devientla base de la psychothdrapeutique.
Celle-ci des lors doit utiliser, d’apres lesindications que four-
nit dans chaque cas l'examen mental et somatique, les moyens
psychiques de la psychothdrapic ordinaire et les ressources mul¬
tiples de la thdrapeutique chirurgicale.
Envisageons maintenant les dtats psychopathiques que Ton
rencontre dans les deux catdgories indiqudes plus haut.
1° Psycliopathie minor. A l’occasion d’une affection parfois
insignifiante ou d’une opdration bdnigne, le chirurgien voit
apparaltre dans la sphere psychique en dehors de tout dtat fd-
brile des modiflcalions plus ou moins importantes. Dans certains
cas, c’est un vdritable amoindrissementdu moi et une ddchdance
morale caractdrislique. Le malade semble perdre tout d’uu
coup son dnergie morale, il devient aboulique et incapable
d’aucune ddcision.
Un sentiment d’insdcuritd ou parfois de terreur envahit le
champ de sa conscience et la volontd parait impuissante k l’dloi-
gner. II pleure et redoute les pires complications, bien qu’on
s’applique i lui ddmontrer la bdnignild de son mal.
Des modifications peuvent se produire dgalement dans son
caractere et sa sensibilitd morale et affective: Tel malade, qui a
l’dtat normal est tres calme, devient impatient, irritable, par¬
fois brutal et injuste vis-k-vis des siens.
Ordinairement ddvoud, il devient dgoi'ste et ne pense ddsor-
mais qu’d son mal. Sous l’infiuence des mdmes causes, on le
voit souvent abandonner son mddecin qui est quelquefois son
ami, pour se confier aux soins d’un mddecin inconnu de lui. Il
ne faut chercher ailleurs que dans une modalitd morbide des
mouvements de la conscience, l’ingratitude apparente du ma¬
lade et sa mobilitd.
L’entourage exerce encore sur le malade une influence plus
ou moins nocive : en entretenant ou exagdrant mdme les senti¬
ments d’insdcuritd du malade : le mddecin devra en tenir
compte et nous y reviendrons plus loin.
On voit parfois apparaltre chez ces malades de vdritables
prdoccupations hypochondriaques, il s’agit alors de formes
mixtes difficiles k distinguer des suivantes.
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psychothdrapie et psychotherapeutique cuirurgicale 401
Tous ces syraptomes sont en general passagers et disparais-
sent rapidemenl des que Ie malade entrevoit sa gudrison. Mais
ils peuvent persister car ils ne sont pas lids d’une fa$on dtroite
k la maladie comme dans la forme suivanle. Parfois l’liypochon-
drie survit aux accidents locaux.
La pathogdnie de ces troubles est intdressante & envisager.
Sans faire de ceux qui les prdsentent de vrais malades mentaux
on peut afflrmer toutefois que cetle vulndrabilitd de certaines
facultds cdrdbrales demonlre un dtat a normal du cerveau, une
prddisposilion dont on trouverait souvent Implication dans
i’bistoire patbologique des ascendants. J'ai ddja dit que la fievre
n’cxistait pas dans cette forme et ne devait pas intervenir
dans la pathogdnie, mais it est un point dont on ne tient pas
toujours compte en clinique et qui vient eclairer la genese des
accidents.
L'interruption de la vie active cliez beaucoup de malades
amene certaines modifications dans les fonctions organiques.
Les fonctions digestives deviennent paresseuses, l’appdlit dimi-
nue ; il y a souvent de la constipation et de l’insomnie et cette
ddcheance physique n'est pas sans aggraver dans une propor¬
tion variable la dechdance morale, quand mdme elle ne la pro-
voque pas par un mdcanisme aujourd’hui bien connu des
psychiatres.
A cette forme de psychopathie, il convient d'opposer comme
nous l'avons dit plus haut la psychothdrapie et de suivre les
prdceptes si bien indiques par Grasset et Dejerine.
Plus encore que pour les neurasthdniques dont les souffrances
sont le plus souvent imaginaires, le chirurgien doit, chez des
sujets dont la ldsion est vdritable et parfois douloureuse,
s’adresser k leur volontd et k leur raison, provoquer l’endu-
rance contre la douleur, cultiver la mallrise du moi, comme le
recommande Grasset, et rdveiller la confiance, lutter contre le
sentiment d'dgoi'sme, qui entretient la douleur, en poussant la
malade k tout ramener k elle, el & vivre exclusivement avec
elle.
Il est encore utile que le mddecin songe comme l’avait autre¬
fois conseilld Hack Tucke k distraire le malade pour calmer
son esprit, en lui imposant un travail intellectuel ou manuel
selon sa situation sociale; il devra en outre surveiller l’dtat des
fonctions organiques et l’hygiene du malade, suivre avec le plus
grand soin Involution de la ldsion locale et au besoin compldter
son traitement par l'emploi judicieux de la psychothdrapie
mddicamenteuse qui donne de si bons rdsultats.
J’ai eu rdcemment l’occasion d’observer un cas qui montre k
quel point peut dtre utile la psychoterapie et les rdsultats sur-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
prenants qu’on peut obtenir. L'observation doit £tre procliaine-
ment publiee et je n’en cite ici que les traits principaux:
II s’agissait d’une dame de la ville, ftgee de soixante-cinq ans,
que j’operai il y a quelques annees d’une affection grave des voies
biliaires. II y a quelques mois, k la suite d’un erysipfcle spontand
de la face, cette dame tomba dans un 6tat de psychopathic tr£s
alarmant. Tr&s ddvouee habituellement aux pauvres, leur donnant
tout son temps, prdsidente de plusieurs oeuvres de bienfaisance,
elle avait tout abandonnd, et ne d^sirait plus que la mort. Chaque
fois que je venais la voir, lors de mes frequents passages dans la
ville qu'elle habite, elle me recevait sans plaisir, et ne me parlait
absolument que de son desir de mourir. Elle mangeait k peine et
son etat de cachexie devenait inquidtant.
Je r^solus un jour de profiter.de la grande influence morale
que j’avais sur elle, et je priai son mari de me laisser seul avec
elle et j'eloignai egalement d’elleses m6decins qui sont mes eteves
# et mes amis.
En quelques mots, je lui rappelai ses devoirs familiaux et
sociaux : connaissant les details intimes de sa vie, je le fis en des
termes de nature k l’impressionner. Quand je quittai sa chambre
quelques minutes apres, elle dtait transfiguree; elle avait repris
le maitrise d’elle m6me et s’etait decidee k remplir d^sormais ses
devoirs.
Les mddecins furent stup^faits du changement profond qui s’etait
opdre en si peu de temps; mais ce resultat ne fut que decourte
duree car elle prdsentait un foyer infectieux utdrin : k ce titre elle
rentre dans un autre groupe de malades ; quoiqu’il en soit, le trai-
tement heureusement conduit par mes dl6ves,amena une guerison
mentale et physique definitive dans laquelle la psychotherapie
avait eu une part importante.
A la phobie operatoire si frdquente chez les malades, le chi¬
rurgien. doit opposer, en outre des moyens prdcddents, la con¬
viction absolue qu’il doit avoir lui-m6me dans Tutilitd et la bdni-
guitede reparation qu’il propose. II doit faire pdn^trer celte
conviction dans le cerveau de sa malade puisque la volonte de
celle-ci est le plus souvent impuissante k atteindre seule le but.
Mais on ne saurait trop dire avec le professeur Grasset que
dans tous les cas, ce n’est pasen substituant sa volontd k celle
du malade, que le chirurgien arrivera k ce rdsullat: II ne doit
done jamais recourir & la suggestion qui inlroduit Tidde dans le
cerveau du patient en dehors de son control©, mais employer la
persuasion qui suppose sa collaboration. Cette collaboration est
en effet indispensable, et c’estla propre volontd du malade qui
doit agir (Grasset).
II est encore important de remarquer que la psychothdrapie
utilisde par le chirurgien, differede la psj'chothdrapie mddicale
en ce que les dlements de la persuation utilises par le chirur-
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PSYCHOTHltRAPIE et psychotherapeutique chirurgicale 403
gien sont cPordre chirurgical et acquiererit d’autant plus de va-
leur pres du malade. La psychotherapie est bien alors chirurgi¬
cale au sens propre du terrae.
Le chirurgien doit encore corame le medecin, vis-4-vis des
neurastheniques, combattre l’influence souvent nocive de Ten-
tourage.
Sous ce rapport, il dispose des m£mes moyens et dans des
conditions bien meilleures. La maison de sante est acceptde au-
jourd'hui par le public, qui la considere 4 juste titre comme
une prdcieuse ressource au point de vue op^ratoire. Or, c’est le
moyen le plus efficace dont le chirurgien dispose pour arriver,
en realisant l’isolement du malade, k se rendre maitre de lui, k
diriger son moral et son entourage, qui, par ses sympathies
souvent intempestives entretient parfois des obsessions nuisi-
bles k la gu£rison.
En resume, toute la therapeutique appliqu^e k la psychopa¬
thic minor ne presente, comme on le voit, rien de special k la
chirurgie. Elle a comme en neurologie et en psychiatrie le m£me
objet et les memes moyens d'action : le chirurgien tout comme
le medecin doit se borner 4 agir sur son malade par les con-
seils, par la persuasion qui doit avoir pour base sa competence
sp4ciale, et enfin par Tisolement. Et il doit se rappeler que
pour etre utile, son influence doit encore s’exercer sur l’entou-
rage.
Mais pour produire une action nerveuse salutaire, selon
Theureuse expression du professeur Bouchard* que de qua-
lites ne faut-il pas au medecin ? Outre une large instruction
generate et professionnelle qui lui est necessaire, il faut que le
medecin ait une connaissance approfondie de la vie et des mi-
seres sociales, qu'il sache scruter avec tact et patience le coeur
humain, qu’ilse rappelle, en ce qui concernela persuasion, que
seulle facteur emotif la rend efficace. Qu’il soit bon et ferme,
pitoyable aux maux physiques et moraux de ses serablables. Le
medecin devra enflnse souvenir que, s'il veut prendre prfesd’un
malade cette influence si necessaire au point de vue therapeu¬
tique, qu’exercaient autrefois pres de lui les philosophes ou les
pretres, il lui faut uneparfaite honorabilite et une grande aus-
terite de vie, dans Tacception la plus eievde du terme.
11 resulte de ce qui pr6c6de, que la psychotherapie ainsi envi-
sagee est non seulement une science, mais un art, car les qua-
lites n6cessaires au psychotherapeute procedent d’un don, pour
la plupart, et tout medecin n’est pas capable d’utiliser cette the¬
rapeutique.
Nous le voyons bien k 1’hOpital chez nos eieves. Il en est
parmi eux qui ne sentent et ne sentiront jamais la douleur
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404
HEVUE DE PSTCHIATRIE
d’autrui, il en est chez lesquels les sentiments d’altruisme sont
inexistants : k beaucoup on ne pourra rien apprendre it cet
egard.
D'autres au contraire, des leur premier contact, avec les ma-
lades, nous montrent qu’ils possedent ces qualitds au plus liaut
degrd.
Avec l’etude et l'expdrience, ils seront d'excellents psycbothd-
rapeutes. Mais il est juste de reconnaitre que l’dducation mo¬
rale de I'dtudiant & laquelle je m’attache depuis de longues an-
ndes dans mon service de i’hdpital Bichat, peut ddvelopper ces
qualitds chez les jeunes. II faut toutefois qu'ils y aient dt6, pre¬
pares des 1’enrance par une instruction littdraire suffisante et
une education familiale serieuse. Sous ce rapport, les bons mi¬
lieux mddicaux nous fournissent en general d'excellents dleves.
Nota. — Dans une these recente, Poucel de Montpellier, a
etudie les applications de la psychotherapie en chirurgie. Sa
conception est toule differenle de la ndtre, l’auteur a surtout
fait de la propliylaxie, les moyens qu'il recommande, ne sont
autres que les procddes de l’artmedical bases sur l’experience
et la deontologie, mais cette propbylaxie ne constitue en realite
qu’une tres petite part de la psychotherapie.
La psychotherapie, telle que je la comprends, constitue une
thdrapeutique veritable; elle s’adresse non pas k des sujets sains
comme le croit M. Poucel, mais k des sujets malades par l’es-
prit et qu’on veut guerir par des procedds psychiques.
• Psychopathic major. — Alors que les petits etats psyche^
pathiques peuvent se manifester chez les malades attaints d’une
affection chirurgicale en dehors de toute consideration de sidge
ou de nature, la psychopathic major presente, aucontraire, avec
le siege ou la nature un rapport inlime.
Mes etudes antdrieures et celles de mes eieves qui se trouvent
rdunies dans les volumes precedents m’ont permis d’dtablir que
ces rapports sont de trois ordres:
1® Tantdt la psychopathie est primitive et rdagit sur une
ldsion somatique concomitante ;
2° Tantdt elle est secondaire et procede d’une ldsion gdndra-
trice toujours dloignde des centres nerveux et qui siege tantdt
dans la continued des membres, tantdt dans les visceres pro-
fonds ;
3° La psychopathie est encore second&ire, mais elle dmane
d’une ldsion traumatique des centres nerveux.
Comme je l’ai dit ailleurs, cette distinction est parfois delicate
h faire. Evidente, comme nous le verrons plus loin, quand il
s’agit de traumatismes craniens ou de lesions pdriphdriques
infectieuses (voir mes etudes sur les psychoses infectieuses), oa
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psychothdrapie et psychoth£rapeutique chirurgicale 405
alors le trouble mental est secondaire au trouble somatique,
celle-ci devient beaucoup plus difficile & dtablir pour les ldsions
qui ne sont pas tides it l’infection. Quand il s'agit de l’hypochon-
drie, par ezemple, le probldme se pose alors entre l’hypochon-
drie dite essentielle et 1’hypochondrie symptomatique et j’ai
indiqud dans un prdcddent mdmoire « Sur les conditions de
l’intervention chirurgicale chez les bypocbondriaques » les
divers elements & envisager pour la solution du probleme.
Si j’ai pu dtablir dans quelques cas l'exactitude de ces rap¬
ports, il reste encore bien des points a elucider. Plusieurs de
mes dleves poursuivent au Pavilion des travaux importants
dans cette voie. Quoi qu’il en soit, l’dtude des rapports entre
les troubles intellectuals et les 6tats somatiques constitue, en
rdalitd, un nouveau et intdressant chapitre de pathologie gdnd-
rale chirurgicale et conduit & la psychotdrapeutique chirurgi¬
cale qui en est l’aboutissant.
Sa base doit dtre la pathologie chirurgicale. Elle diffdresous
ce rapport essentiellement de la psychothdrapie. Elle a, en effet,
d envisager la connaissance des dtats psychopathiques, non
seulement en eux-mdmes mais dans leurs relations avec l’affec-
tion chirurgicale qui lui a donnd naissance ou qu’elle tient sous
sa ddpendance. Et elle doit par consdquent, en outre, des
moyens psychiques habituels de la psychothdrapie, s’appuyer
sur la thdrapeuthique chirurgicale qui lui permet de combattre
l’dldment chirurgical de la psycliopathie, parfois elle peut aussi
prdvenir cette derniere; elle est done & la fois propliylactique
et thdrapeutique.
Envisageons maintenant les trois varidtds de psychopathies,
dnumdrdes plus haut et qui peuvent apparaitre chez un sujet
sain, ou considdrd comme tel au point de vue mental, et qui
prdsente une affection chirurgicale.
1° La psychopatie est primitive et rdagit sur l’affeclion chi¬
rurgicale.
Il convient tout d'abord de rappeler combien sont variables
les symptdraes que prdsentent deux sujets atteints de la ibdme
affection.
L’examen viscdral du sujet nous explique dvidemment ces
diffdrences dans le plus grand nombre des cas, mais l’exaraen
cdrdbral n’est pas moins utile d ce point de vue comme jel’ai
indiqud dds le ddbut. Il nous permettra parfois, de comprendre
aussi la variabilitd de ces symptdmes en nous faisant reconnal-
tre l’existence des psychopathies diverses, qui vont exercer une
influence manifeste surl'affection chirurgicale.
Dubois de Eerne a fort bien remarqud que les dtats psycho-
pathiques viennent se mdler continuellement, pour les modifier,
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REVUE DE PSYCHIATRIE
k la symptom&tologie de toutes les maladies. Dans certains cas,
les sensations sont si ra piemen t ampliflees mais la conscience n’y
participe que peu.
Mais parfois cliez les psychopatlies en < puissance », il y a,
en outre, pdndtralions des fails de conscience dans les reac¬
tions morbides de l’organisrhe, le sujet interprete avec son pro-
pre cerveau les symptdmes qu’il dprouve, en les deformant le
plus souvent, tantdt les exagdrant simplement, tantdt leur don-
nant une interpretation erronde, tantdt les inventant de toutes
pidces.
Comment expliquer cette rdation du « moral sur le physi¬
que » Si la physiologic ou la psychophysiologie sont utiles 4
expliquer les reactions normales du cerveau sur les divers
appareils, dans les cas qui nous occupent, la psychiatrie seule
doit nous suffire dans l'dtat actuel de la science, k nous montrer
le pourquoi des phenomenes observds.
Void un nouveau cas de ma pratique qui n’a pas encore dtd
publid. C’est un curieux exemple de pdndtration des fails de
conscience dans un cas d’appendicite.
II s’agit d’un mddecin extrdmement distingue qui dtait per-
suadd qu’il prdsentait une stdnose cancdreuse du caecum ou du
cdlon ascendant. 11 me ddcrivait d’une facon tres minutieuse
la douleur qui rdsultait pour Iiii de la gOne du passage des gaz
au niveau du point rdtrdci.
La douleur survenait souvent la nuit et le rdveillail par son
intensite; comme il croyait en connaitre la cause, il avait pris
l'habitudo de presser le caecum en amont du rdtrdcissement
prdsumd, percevait le passage des gaz. La douleur cessait alors
subitement pour reprendre apres. 11 dtait done convaincu
d’avoir une stdnose et en raison de son dge admeltait la nature
cancdreuse.
Avant moi, il avait consultd deux chirurgiens qui, ayant
admis son diagnostic avaient refusd de l'opdrer. Quand j’exa-
minai ce mddecin pour la premiere fois, comme je connaissais
de longue date son temperament neurasthdnique, j’emis des
doutes sur le diagnostic qu’il avait portd et je me ralliais
nettement k une appendicite chronique. On ne percevait par
la palpation aucune tumeur apprdciable dans la fosse iliaque ;
au point de Mac Burney il existait un point douloureux des
plus nets; aucune crise antdrieure d’appendicite Tranche,
Quelques troubles digestifs et un dtat cachectique tres pro-
noned.
Ce mddecin accepts l’intervention que je lui proposais et
j’eus la chance de confirmer mon diagnostic. Je ne reconnus
aucune stdnose intestinale ; l’appendice dtait assez long et prd-
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PSYCHOTH^RAPIE ET PSYCHOTH^RAPEUTIQUE CHIRURGICALE 407
sentait ainsi que la portion afferente du caecum, -une adherence
k la paroi.
Aprds avoir detache avec soin cette adherence, je pris la
precaution de faire une suture du pdritoine. La gudrison se fit
rapidement ,* malheureusement Ies douleurs ne disparurent pas
corapletement etle malade m’a ddclard depuis dans des lettres, '
empreintes, d’ailleurs, des sentiments les plus affectueux et les
plus reconnaissants k mon dgard, qu’il ressentait les mdmes
douleurs que prdcddemment.
Commejesuis absolument sur du diagnostic analomique que
j’ai pu verifier au coups de 1’opdration, je ne puis expliquer ces
sensations qu’en admettant chez lui comme cliez beaucoup
d’hypochondriaques, I’interpretation morbide de sensations
persistantes, la systematisation de son obsession qui par son
anciennete a survdcu k sa gudrison opera toire et est devenue
chez lui malheureusement incurable. Je reste persuade d’ail¬
leurs qu’il aurait pu gudrir s’il avait dtd opdrd plus h&tivement.
Dans beaucoup de cas, l’affection chirurgicale est rdelle,
tangible et curable comme dans le cas precedent; dans d’autres
elle est peu importante et son syndrome clinique est crdd de
toutes pidces.
Chez un sujet sain, l'affection peut, dans ce cas, passer ina-
perpue, mais chez le psychopathe elle se revele par un ensemble
de troubles subjectifshors de proportion avec la ldsionanatomo-
pathologique.
J’ai eu l’occasion dans une sdrie de communications d’dtu-
dier k ce point de vue, les sujets atteints de varicocele, d’ap-
pendicalgie, d'affections diverses des voies urinaires et de ddpla-
cements utdrins chez la femme et de montrer chez tous les
malades l'infiuence de la psychopathie.
Si la psychopathie reste la cause fondamentale de cette
modification du syndrome clinique, il faut attacher la plus
grande importance aux facteurs adjuvants qui viennent la
« mettre en mouvement», lui donner son expression parlicu-
liere et exagerer sa reaction sur l’affection chirurgicale.
A cet dgard, on doit invoquer les lectures du malade et
surtout l’infiuence de l’entourage; celui-ci, en flattant les iddes
fausses du malade, cultive, entretient sa nosophobie et lui rend
le plus f&cheux service.
Mais le mddecin peut avoir, lui aussi, une grande responsa-
bilitd k ce point de vue.
J’ai eu pour ma part bien souvent l’occasion d’observer, tant
& l’hdpital qu’en ville, le i dle « malfaisant » du mddecin comme
le dit Camus.
11 me paralt intdressant d’y insister ici et d’en citer quelques
cas.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Une malade vient se plaindre de souflrir de nAvralgies pel-
viennes dont elle ne conuait pas encore la cause.
Le mAdecin l’examine, constate l’existenoe d’un prolapsus
utArin, lui declare que ce prolapsus est l'origine de son mal et
l’adresse A un cliirurgien.
Le mAdecin en fixant ainsi le symptdrne d’une fa^on i neons i-
dArAe donne un point d’appui solide A l’obsession de la malade.
Sa seule preoccupation et sa seule conflance rAsideront dAsor-
mais dans 1’opAration proposAe. Or le cliirurgien au courant
de ces faits reconualtra vite que la malade est une neurasUie-
nique, que les douleurs accusies par elle n'ont aucun rapport
avec le degrA de prolapsus et ne tiennent pas davantage A une
lAsion concoraitante possible venant la compliquer, que des lors
cette 14sion quoique reelle mais parfois insigniflante n’est pour
rien dans les douleurs accusees. 11 arrive que les troubles
subjeclifs n’ont mAme pas de vrai substratum anatomique et
que le mAdecin, souvent trompe par le malade, croit k une
affection qui n’existe pas, comme le fait est si frequent pour le
varicocele. Mais alors nous rentrons dans le domaine de l’hy-
pochondrie essentielle et nous n’avons pas A nous y arrAter.
J'ai cite k la Societe de chirurgie un casbien inleressanl dans
lequel un medecin etait entre en quelque sorte dans le deiire de
sa malade et avait admis avec elle l'existence, fausse d’ailleurs,
d’une liernie crurale. II n'existait qu’une adAnopalhie insigni¬
flante de la region crurale. La demonstration anatomique de son
erreurqueje fls au cours de l’extirpation du ganglion ne put
mAme pas convaincre son mAdeciu.
11 m’a ete donne d’observer ces jours-ci dans mon service de
l’hdpital Bichat un cas analogue et bien intAressant.
II s’agit d’une jeune femme que j’operai il y a neuf ans a
1'hApilal Dubois, dans les conditions suivantes :
Alors jeune fille, elle se plaignait d'eprouver de la cystalgie
et des envies frequentes d’uriner : elle aurait eu A diverses re¬
prises des hAmaturies. Elle consulta en ville un de nos confre-
res tres competent dans les maladies de l’appareil urinaire ; un
examen cysloscopique pratique par lui dAcela l’existence d’une
petite’tumeur situAe au niveau del’orifice urAtAral du cdt4 droit.
Elle me fut adressAe avec une lettre explicative et un dessin
reprAsenlant la tumeur I
Je pratiquai moi-mAme l'examen qui ne me rAvAla rien de
spAcial. Mais m’appuyant sur la grande competence du confrere
qui me l’avait adressAe, je pratiquai une taille hypogastrique et
ne constatai aucune tumeur. Ma surprise fut grande naturelle-
ment, car A cette Apoque j’ignorai absolument cette pathologie
spAciale.
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PSYCHOTHERAPIE ET PSYCHOTHERAPEUT1QUE CHIRURG1CALE 409
La malade gu4rit rapidement mais les douleurs persisterent.
Elle se maria et depuis son premier accouchement elle commen-
ca & dprouver tine pesanteur considerable dans le petit bassin.
accompagnde de la sensation € d’un bouchon tendant 4 sortir de
la vulve jo. Le mddecin qu’elle consulla alors, lui avait afflrme
l’existence d'un prolapsus, et c'est pour lui faire subir une ope¬
ration qu’il me l'adressa. ;
La malade me raconta alors avec grands details les symptd-
mes indiques plus haul. Interrogee par moi au sujet de pertes
possibles, elle me dit « qu’elle perdait en blanc autant que pen¬
dant la periode menstruelle >.
L’examen que je pratiquai me ddmontra l’absence absolue de
prolapsus. L'uterus, atteint d’endometrite, etait en retroversion
legere, mais ne presentait aucune tendance 4 l'abaissement.
Connaissant bien 4 1‘heure actuejle ce genre de maladie et au
courant d’ailleurs des antecedents de cette jeune femme, je ne
fus nullemeut surpris de ces constatations.
Je suis convaincu que la fausse sensation qu’elle eprouve de
corps eti-anger 4 la vulve est en relation avec le diagnostic de
prolapsus poi td par le mddecin et a ete cree par ce dernier.
J’ajoute que les pertes qu’elle accuse sont 6galement pure-
ment imaginaires, ainsi que j’ai pu m'en assurer, en faisant
exercer par la surveillante un contrdle s6v4re. Depuis deux ans,
un pansement quotidien est pratique par le mddccin, ct la ma¬
lade est ddsolde d’apprendre de moi que la chirurgie ne peut
rien pour elle.
Mais je suis intervenu par la psycholhSrapie et les premiers
rdsultats ont did satisfaisants.
Cette observation ressemble en tout point 4 celles tres nom-
breuses que nousavons publics, mcs Sieves el moi, dans mon
Recueil de Travaux.
II r6sulle de tous ces faits que le m&lecin doit savoir qu’il
peut chez certains malades aggraver l’obsession et la rendre
incurable par un diagnostic errone, ou par une fausse interpre¬
tation des phdnomenes subjectifs observes.
Pour 6viter de tomber dans une erreur aussi pr£judiciable au
malade, il devra se reporter aux regies que j’ai dtablies pour
determiner l’existence rdelle d’une l£sion et surtout fixer,
quand elle existe, les rapports entre celle-ci et les troubles
subjeetifs accuses par la malade.
II faut aussi que le medecin prenne dans l’examen des
malades les plus grandes precautions. Un examen intempestit
ou trop prolonge peut en effet aboutir aux m£mes resuttats que
precedemment, et ce sont les cas de ce genre qui ont conduit
Dubois, de Berne, 4 considerer comme dangereux tout examen
somatique chez les hypochondriaques.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
II y a certes 14 de la part du c61ebre psychiatre une conclu¬
sion abusive.
On ne saurait nier en effet que le mddeCin a le devoir de se
renseiguer sur l’4tat somatique du malade et de faire loutes
recherches ndcessaires 4 deceler une ldsion quand elle existe;
et c’est en suivant d’ailleurs k la lettre les conseils de Dubois
qu’on peut, cliez les hypochondriaques, laisser inapereues des
lesions dont le traitement pourrait avoir une influence si favo¬
rable sur 1’dtat du malade; mais d’autre part Dubois a eu raison
de signaler le danger d'une specialisation trop etroite qui
pousse certains mddecins k rechercher avec trop d'insistance et
& traiter, inutilement d’ailleurs, une affection qui a son origine
ailleurs que dans l'organe incrimind.
Tel le gyndcologiste qui veut trouver une base somatique aux
ndvralgies pelviennes des neurasthdniques, tel le spdcialiste des
voies urinaires qui veut dgalement trouver dans la vessie l’ori-
gine de certaines cystalgies ; l’on peut dire que chaque spdcialitd
comporte un domaine qui confine & la psychiatric et ne lui
appartient pas en propre, mais qu’il est indispensable de
conuaitre.
Nous avons admis dans les pages qui precedent, que la
psychopathie a rdagi de deux manidres sur la ldsion pdriphd-
rique, tantdt en donnant une symplomatologie d’emprunt A une
affection qui en manque et qui pourrait, d’ailleurs, passer ina-
percue chez un sujet normal, tantdt en modifiant le tableau
clinique d’une affection rdelle.
Dans le l or cas, c’est un varicocele insignifiant et parfois
inexistant, ou un prolapsus ldger de l’utdrus.
Dans le 2® cas, c’est un ddplacement veritable du rein ou de
l’utdrus, dont un malade normal a le droit de souflfrir, mais dont
la symptomatology se trouve modifi6e par la psychopathie. A
ces deux cas convient une therapeutique diffdrente. Au l er , la
psychotherapie doit sufflre, et le rdle du cliirurgien doit
consister 4 redresser l’erreur du malade, souvent aggravdepar
les lectures, l’entourage ou un mddecin maladroit.
En cas de prolapsus utdiin auquel le malade rapporte fausse-
ment ses souflfrances, le mddecin doit agir par persuasion et lui
montrer que la ldsion en question ne saurait expliquer lesdou-
leurs ressenties.
Mais il faut rappeler que la psychotlidrapie ne peut rdussir
quand le malade a une croyance irrdductible dans son obssession.
Quand celui-ci prdsente des sensations fausses qui rentrent
dansledomainederhallucinalion.il dchappe k la psychollid-
rapie et M. le professeur Grasset, a dit excellemment que la
psychotherapie ne saurait constituer le traitement des psychoses
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PSYCHOTHISRAPIE ET PSYCHOTH^RAPEUTIQUE CH1RURGICALE 411
yraies et completes et ne peuj s'appliquer qu’aux psychond-
vroses de Dubois. II faut, corome je le dis familidrement k mes
eleves, que Tobs4de soit « maniable », mais il faut aussi que le
chirurgien ait une certitude absolue de son diagnostic.
Si le chirurgien se laisse aller par erreur k intervenir dans
ces conditions, entralne souvent k son insu dans la preoccupa¬
tion morbide dn malade, il ne peut qu’aggraver la psychopathie
et provoquer des psychoses post-opdratoires.
J’en ai cite de nombreux exemples.
Les operations simulees agissent dans le mdme sens et je me
propose k cet egard de montrer prochainement dans une etude
spdciale, les dangers que celles-ci peuvent entralner au point
de vue mental.
Dans le 2* cas, oil le chirurgien se trouve en face d’une affec¬
tion k symptomatology veritable que la psychopathie est venue
aggraver que doit-il faire? Rien alors n’est plus delicat que
d’etablir, k 1’heure actuelle, les indications et contre-indications
opdratoires.
Dkjk, dans la these de mon interne Mallet, nous avons envi*
sage la question pour la premiere fois et dtabli, & ce point de
vue, six categories de malades.
Les conclusions que nous avons formulees restent vraies
dans leur ensemble.
Mais c’est l’observation prolongee de ces malades qui nous
permellra, dans Tavenir, d’etablir des regies definitives dans
chaque cas particular. Nous pouvons cependant, des k present,
fixer les indications generates de ce traitement.
Pour y arriver, il convient d’etablir quelques divisions parmi
les symptomes prdsentes par ces malades.
TantOt ce sont des phenomenes subjectifs purs, consistant
dans une exageration plus ou moins grande de reiement dou-
leur, tant6t, aux symptdmes precedents viennent s’entremeier
des faits de conscience sous forme d’interpretation variable des
phenomenes observes et qui tiennent, le plus souvent, k des
etats hyponchondriaques preexistants.
Dans le l er cas, il existe une disproportion marquee entre les
phenomenes objectifs et subjectifs, comme on le voit si souvent
cliez les hysteriques et j’ai indique ailleurs, comment on etablit
ce dosage des phenomenes subjectifs.
Il convient de s’abstenir ici d’une fagon generale, c’est k cette
conclusion que nous etions arrives avec Mallet.
Et cependant la pratique nous a depuis lors demontre qu'on
ne saurait etre exclusif sous ce rapport; j’ai publie k cet egard
une int6ressante observation de rein mobile ou I’intervention
m’a donne un excellent rdsultat.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
11 est encore difficile de dire actuellement quelle est la
limite qui doit sdparer les cas oil l’intervention peut dtre utile
et ceux oil la psycholhdrapie est seule indiqude; il y a 14 uae
sdrie d’indications ou de contre-indications d’ordre mental ddli-
cales 4 dtablir.
Le chirurgien devra faire selon les cas de la propliylaxie
mentale pour dviter l’dclosion d’une psychose post-opdratoire,
mais il pourra aussi gudrir parfois par une intervention, comme
je l'ai fait moi-mdme des troubles mentaux d’origine bystdrique
(rein mobile, observation).
Quand il s’agit, d'autre part de ('intercalation de fails de cons¬
cience dans les symptdmes fournis par le malade, le probleme
est fort ddlicat 4 rdsoudre.
Ces interprdtations sont ordinairement basdes sur un fonds
bypochondriaque plus ou moihs marqud; ellles reprdsentent un
mode de rdaction spdcial d’un dtat prdexistant, sur un trouble
somatique. 11 convient alors d’observer attentivement le malade,
de recbercber si 1'dlat bypochondriaque est ou non un des dld-
menls du syndrome, d’une autre affection comme la paralysie
gdndrale, et quel est le degrd de l'liypochondrie.
Dans ce cas l’intervention, mdme en prdsence d’une Idsion
rdelle, est la plus souvent contre-indiqude, et l’on n’a le droit
d’agir que dans les cas d’urgence. Parfois alors, on peut obte-
nir des rdsultats inattendus. J’ai publid dans un de mes volumes
la curieuse observation d’un paralytique gdndral hypocbon-
driaque qui prdsentait des pertes de sang abondantes dues 4 des
hdmorroYdes ulcdrdes. Il croyait qu’il dtait, pendant son som-
meil, victime de tentatives de meurtre dela partde ses ennemis;
ce souvenir b mettait dans un dtat d’agitation extrdme. L’opd-
ration, qui fut suivie d’un excellent rdsultat opdratoire, suffit
pour le calmer corapletement.
Dans le cas d’hypochondrie simple, l'interprdtation ne manque
pas de prdsenter la plus grande difficult^.
Quand 1’hypochondrie est ancienne, quand 1’idde hypochon-
driaque prdsente un caractered’irrdductibilitd absolue, l’absten-
tion doit dtre la regie gdndrale; malheureusement la psycho-
thdrapie dans ces cas est dgalement impuissante comme je l'ai
ddj4 dit plus baut, et 1’intervention ne peut avoir, dans la
majorite des cas, d’autre rdsultat que d’aggraver 1’dtat du
malade.
J'observe en ce moment un mddecin syphilitique ne prdsen-
tant aucun signe de paralysie gdndrale.
L’dtat bypochondriaque qui l'amene 41’asile remonte 4 sa jeu-
nesse, 4 une dpoque antdrieure 4 la syphilis. Il accuse une
sphinctdralgie qui ne releve d'aucune Idsion organique et qui a
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PSYCH0THERAP1E ET PSYCHOTHERAPEUTIQUE CHIRURGICALE 413
4t6 traitee inutilement du reste, dans ces derniers temps par
une dilatation anale. II en est persuade qu’il a un r6tr4cissement
cancereux.
La psycliotherapie a ete chez lui absolument sans eiTet.
Quand l'bypochondrie est recente, le probleme doit 61re
envisage & un point de vue different et l’on doit se demander si
la lesion organique n’a pas 4t6 le point de depart de l’4tat
hypochondriaque.
Nous touchons, d&s Iors, au 2* groupe de psychopatbies.
II r4sulte de l’exposd des faits qui precedent que dans ce
groupe de 14sions, le cliirurgien devra se com porter selon les cas.
Quand l'affeclion est insigniflante et s’accompagne de troubles
fonctionnels hors de proportion avec !a Idsion, le cliirurgien
devra se garder d’aggraver par une intervention I’dtat ant4rieur
du malade.
II se renfermera dans un rdle prophylactique et pourra par
la psychothdrapie rendre de grands services au malade.
Quand au contraire la 14sion est i*4elle et justiciable d’une
operation, il devra avant de s’y decider, voir la forme de
I’hypochondrie pr4sent4e par le malade.
Si celle-ci est li4e k une affection mcntale pr4sentant un
syndrome, dont elle n’est qu’un des 414ments, il devra le plus
souvent s’abstenir. Ici la psycliotherapie est dgalement le plus
souvent inutile.
Si l’hypochondrie est simple mais ancienne, si la systema¬
tisation des id4es est irr6ductible, l’abstention devra encore
6tre la r4gle et, au resume, ce 'n’est que dans l’hypochondrie
recente que le cliirurgien pourra intervenir utilement.
2 • Groupe. — Nous devons envisager dans ce groupe les cas
oil la psychopathic 4mane d’une ldsion g4n4ratrice plus ou
moins 41oignee des centres nerveux.
C’est l’antique doctrine de la reaction du physique sur le
moral qui eut tant de peine k 6tre accept4e dans le domaine de
la pathologie. Il y a longtemps que Cabanis recherchait k la
p4riph4rie 1’origine des troubles intellectuels.
En 1840, Azam et Loiseau avaient fait un effort s4rieux dans
cette voie en 4tablissant la doctrine de la folie sympathique et
ces distinguds cliniciens avaient des celte 4poque, enlrevu une
v6rit4 it laquelle nous touchons soixante ans apres.
S’ils ont 4chou4 dans leur tentative c’est qu’ils avaient eu le
tort d’invoquer 1’influence du grand sympathique et de fonder
la doctrine de la folie sympathique.
Je me suis applique pour ma part, depuis plusieurs ann4es, k
ddfendre par la chirurgie ce que cette doctrine contient d’exact,
c’est-i-dire le rapport du trouble mental avec la 14sion soma-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
tique; mais je cherchai k substituer k Taction hypoth6tique du
grand sympathique qui avait 6t4 la cause de discredit de cette
doctrine fen France, une pathogdnie plus en harmonie avec la
clinique et k remplacer les donn6es de Tanatomo-physiologie
par celles de la pathologie. C’est ainsi que les etudes que nous
avons entreprises, avec mon ancicn 616ve Privat de Fortunid,
nous ont rfev61d Timportance des foyers d’infection aigue ou
chronique sur la production de certaines psychoses. La preuve
de ce rapport fut dtablie par nous d’une facon indiscutable le
jour oil nous avons pu gudrir rapideraent le trouble mental en
supprimant le foyer infectieux aigu ou latent.
La diversity de siege des foyers infectieux nous montra en
mfeme temps que les promoteurs de la folie sympathique avaient
vis6 une specialisation trop eiroiteet que la chirurgie tout en
tifere pouvait servir k demontrer les relations qui peuvent exis-
ter entre les lesions d’organes et de tissus et certaines formes
de la folie, qu’il s’agisse de Thomme ou de la femme.
D’ailleurs, dans cette voie, je n‘ai fait que suivre les medecins
qui k Theureactuelle etudientavec succes le role des intoxica¬
tions endogenes venues du foie et du rein dans la production de
la folie.
En dehors de ces lesions infectieuses dont le rdle est 6tabli k
notre dpoque par Teffort parallele de la medecine et de la chi¬
rurgie, j’ai pu constater que chez les hypochondriaques il
existait un certain nombre de cas ou Thypochondrie 6tait 6gale-
ment symptomatique d’une lesion pdripherique. J’ai indiqu6
dans un travail special comment Tidee hypochondriaque pou¬
vait se former autour « d'un noyau organique ». J’ai indiqu6
les diverses vari6tds de ce noyau ;qui paraissent plus particu-
lierement conduire k Thypochondrie et j’ai rappeld les condi¬
tions de receptivite du cerveau. Li encore la chirurgie en don-
nant la preuve que la suppression de celui-ci peut entralner la
disparition de celle-li a mis en lumiere un point de doctrine de
la plus haute importance en mferae temps qu’elle a ouvert une
voie nouvelle k la therapeutique.
On con^oit des lors combien est elendu le role de la chirurgie
sur ce terrain. II faut en effet que le chirurgien recherche
d^sormais avec le plus grand soin toutes les relations possibles
entre une sdrie do troubles mentaux et les troubles organiques
les plus varies.
Si nous avons pu, comme je Tai rappele plus haut, saisir
quelques-uus de ces rapports, que ne resle-t-il pas encore &
trouver dans cette voie? Quoi qu'il en soit, les rdsultats deji
acquis sur ce terrain montrent le role de la chirurgie au point
de vue prophylactique et therapeutique. L'alidniste n’aura plus
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PSYCH0THERAP1E ET PSYCHOTHERAPEUTIQUE CHIRURGICALE 415
k compter sur les seules ressources de la psychoth6rapie ; il de-
vra recourir k la chirurgie pour combattre T616ment chirurgi-
cal de la psychose.
3® Groupe. — Depuis quelques ann6es Tantique doctrine
des psychoses trauraatiques avail 6t6 completement abandon-
nee.
Les efforts faits en 1890 par Christian et Dubuisson pour la
rehabiliter 6taient restes sans r6sultats ; mais actuellement la
notion du traumatisme semble reprendre une place nouvelle
dans I’etiologie de certaines formes de l’alidnalion raentale, et
la loi de 1898 sur les accidents du travail est venue redonner de
l’actualite k cette important© question.
En se plagant sur le terrain exclusivement scientifique en
suivant, comme jeme suisapplique k le faire, Involution d’un
traumatisme cranien dansses lesions et ses manifestations cli-
niques depuis le d6but des accidents jusqu’6 Tentr6e du malade
k Tasile, on est conduit k reconnaitre qu’il existe un groupe de
psychoses liees au traumatisme crauien.
Bien des progres sont k realiser dans cette voie. Certaines
formes de psychoses, comme la paralysie g6n6rale, paraissent
li6es& des lesions diffuses d’origine traumatique contemporaine
de Taccident et qui crdent pour le cerveau une predisposition
aux lesions systematisees de la ddmence paralytique. Mais d’au-
tres, comme l’6pilepsie avec troubles mentaux et la demence,
semblent se ddvelopper le plus sou vent sous Tinfluence de 16-
sions localis6es du cerveau ou de ses enveloppes.
Etudiant r6cerament k la Soci6t6de chirurgie la nature deces
troubles mentaux, j’ai essay6 de mettre en relief le r61e de
Tinfection.
J’ai montre que certaines formes, comme les troubles men*
taux pr6coces, pr6sentaient parfois les caracteres cliniques des
psychoses infectieuses, mais j’ai surtout insiste sur la nature
infectieuse des 16sions que Ton constate dans les Iraumatismes
anciensdu cr&ne, tout en reconaaissant que dans certains cas
celles-ci peuvent d6pendre de la compression simple par un
m6canisme que j’ai indiqu6.
On comprend des lors le rdle prophylactique de la chirurgie.
A ce point de vue je suis convaincu que rintervention imme¬
diate dans les^traumatismes recents du crAne, dans les condi¬
tions que j’ai pr6cis6es k la Societe de chirurgie, peut seule
agir non seulement contre les lesions qu’entraine la compres¬
sion mais encore contre Tinfection possible qu’elle pr6vient ou
dont elle combat utilement les premieres manifestations.
Plus tard k Tasile, le psychiatre convaincu de Texistence
r6elle de la psychose traumatique et des lesions superposables
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REVUE DE PSYCHIATRIE
k cliacune de ses varidtds cliniques, pourra, dans certains cas v
recouriravec avantage k l’intervention chirurgicale.
Si celle-ci est impuissante contre des lesions definitives, elle
pourra peut dtre s’opposer k l’extension fatale de celles-14.
En tout cas, on ne peut nier que la connaissance des psycho¬
ses traumaliques n'ouvre un chapiti e inldressant k la psyclio-
thdrapeutique chirurgicale et un nouveau champS l’activite du
chirurgien.
On voit, en rdsumd, par I’dtude qui prdcede, combicn ost
inldressant et dtendu, le champ d’action de la psychothdrapeu-
tique chirurgicale.
Prdvenir l’dclosion des troubles intellectuals, les gudrir
quand ils se sont produits, laiie tantdl de la piophylaxie, tan-
tdt de la thdrapeutique, tel est le bpt que doit se proposer lo
chirurgien. v
11 peut y arriver, comme nous Tavons vu, par des moycns
ordinaires de la psycbotbdrapie chirurgicale, mois il doit utili-
ser dgalement les ressources que lui offre la chirurgie quand
la psychose qu’il a k combattreprdsenteundldraentcbirurgical.
L'emploi judicieux de ces moyens est toutefois ddlicat. Si la
psychotherapie employde seule peut, dans certains cas lui ren-
dre de grands services, parfois elle est impuissante.
La chirurgie de son cdtd est une arme k double tranchant,
car si elle peut gudrir des psychoses « k noyau organique
elle possede le fdcheux privilege d'aggraver une psychose
quand elle s’attaque k des ldsions inddpendantes de celle-ci.
OBSERVATION
PERSliCUTIiE LABILE RETIREE DANS LES BOIS
Par Henri Damaye
Mddecin-adjoint des A sites
II est une catdgorie de malades dont les cas se rencontrent de
loin en loin et fortuitement dans les Asiles : nous voulons parler
de ces sujets qui ont mend une vie sauvsge pendant une partie
plus ou moins longue de leur existence. Si l’on rdunit les fails de
cette nature consignes dans les archives scientiflques, on voit
qu’ils ne sont point d’une absolue raretd et que leur dtude a
commencd avec la psychiatrie elle-mdme. Bien nombreux ont dQ
dtre ces faits dans les sidcles passds, avant qu’une ldgislation fQt
venue secourir ces malades !
Depuis le Sauvage de l’Aveyron et le cas de Mile Leblanc, trou-
vee en 1731 dans les bois prds de Ch&lons, nombre d’individus
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PERSECUTE DtfBILE RETIREE DANS LES BOIS
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analogues ont ete observes. Avec ce caract&re commun d’avoir
vecu dans les bois, ils tirent leur principal intent des motifs qui
les ont condamnds b cette vie etrange ou des modifications impri¬
mis par celle-ci b leur etat mental.
Esquirol 1 pensait que « les hommes depourvus dintelligence,
isoles, trouvds dans les montagnes, dans les forets, sontdes imbe¬
ciles, des idiots egari ou abandonni ». Cette formule n'envisage
qu’une partie des maiades adonni b la vie sauvage : ceux qu’une
cause extrinsfcque, 6ventuelle, 1‘abandon des parents par exemple,
a rdduits b cet etat, la plupart du temps des l’enfance. Ces sujets
sont ordinairement des intelligences congdnitalement trfcs infd-
rieures. Dans un travail de \V. Ireland 2 , sont reunis un certain
nombre de cas d’enfants ayant v£cu dans les bois de la vie animate.
Mais, il est un autre groupe de sauvages ayant adopts I’existence
en question, librement pour ainsi dire, par le fait d’idees ddli-
rantes, parfois compliquees de confusion ou m£me d’affaiblisse-
ment intellectuel. Cette categoric comprend des maiades que Ton
peut appeler plus veritablement des misanthropes. Ils sont devenus
sauvages sous l’influence de leur affection mentale. Que trouvons-
nous parmi ceux ci ? Souvent des persecutes : l'idde qui pousse
quelques-uns b se soustraire par les deplacements aux persecu¬
tions d'un milieu (migrateurs et voyageurs) peut en pousser d’au-
tres b fuir le commerce des hommes. Des meiancoliques ou des
mystiques se condamnent aussi parfois au meme genre d’existence
pour vivre dans le repentir ou s’adonner plus compietement aux
conceptions de leur delire. II est cependant des cas assez curieux
oil la misanthropic n’apparait pas dans la decision du malade, tout
au moins avec sa forme habituelle : tel est celui du « Sauvage du
Var » observe par Mesnet 3 * . Chez cet homme, point de crainte ni
de mepris pour ses semblables, point d’orgueil ni de mysticisme
banal dans son ideed’affranchissement et d’independanceabsolus.
Enfin, Chambard 5 a soigneusement distingue, sous le nom de
pseudo-debilites mentales, les etats incultes de l intelligence, et
parmi ceux ci un « sauvagisme », si frequent encore, et qui peut
presenter quelques iointaines mais remarquables analogies avec
la mentalite des enfants trouves dans les bois. Constitue par une
insuffisance notoire d’education et destruction, ce sauvagisme
entraine un manque d’adaptation plus ou moins prononce b la vie
sociale.
Outre la nature et la forme des idees delirantes qui portent les
maiades & s’isoler dans un bois, il fautdonc faire entrer dgalement
en ligne de compte les circonstances et les milieux. C’est b la
campagne, dans certaines regions plus particulterement agrestes,
que l’idee et la resolution de vivre en sauvage auront le plus de
chances d’dclore et de se manifester.
1 Traite dcs maladies mentales, tome II, p. 121.
5 Journal of mental science, Juillet 187'i.
3 Annalcs medico-psychol., Mai 1865.
* Dictionn. encyclopidiq. des sciences mtdie. Articles imb£cillit£ et idiotie.
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REVUE DE P8YCHIATRIE
A l’Asile de Bassens, nous avons eu derniGrement l’occasion
d’observer une femme qui, pendant quelques mois, avait ainsi
vdcu, retiree dans les bois. Des bticherons la ddcouvrirent dans
une petite foret de la Haute Savoie : elle dtait alors habiltee d un
vGtement confectionnd avec des feuilles de chGne. Cette malade
s’dtait construit grossiGrement une hutte et se nourrissait de
racines et de fruits ; de temps b autre, elle ailait mendier un peu
dans un village voisin, puis retournait aussit6t dans son bois.
D’une maigreur squelettique, elle fut envoyee b l’hGpitalde Saint-
Julien etlG, des renseignements pris Gtablirent que cette personne
habitait la foret depuis plus d'une annGe. Les autoritGs dGparte-
mentales la tinrent longtemps en observation, s’efforcant de
dGcouvrir son identity ; ce fut en vain : on ne put apprendre ni
son nom, ni son pays, ni son Gge. Elle arriva b l’Asile de Bassens
le 14 ddcembre 1906 avec ce certifieat : « Mutisme et pGriodes
d’agitation ».
Cette femme paraissait GgGe d’une cinquantaine d’annGes; de
taille moyenne, elle avait repris un peu d’embonpoint, mais ses
teguments etaient encore bien pGles. Le facies atone et le regard
fuyant s’illuminent d’un vague sourire lorsqu’on lul montre sa
photographic. La malade n’est point muette, mais son langage
exclusif est un patois savoisien rapidement articute, souvent bre-
douilte, et qui deroute les plus experts. Jamais elle ne s’exprime
en frangais, vraisemblablement par ignorance; cependant, elle
parait saisir au moins quelques mots de la langue nationale. Peut-
Gtre aussi feint elle, dans une certaine mesure, de ne point nous
comprendre ! Quoi qu’il en soit, tous les interrogatoires en francais
ou dans son langage n’ont donnG aucun rGsultat. Nous avons pu
cependant Gtre un peu eclairds sur sa mentality par certains deses
discours spontanGs. Parfois, en efTet, la malade bredouilie b
mi voix une rdponse inintelligible, lorsqu’on lui adresse la parole,
quoique le plus souvent elle reste impassible et n’ouvre point la
bouche. Mais, lors de certains examens, mGcontente probablement
d’etre ramenGe en notre presence, elle s’excite un peu et se met b
parler avec vehemence : son langage est alors moins difficile b
interpreter. C’est ainsi qu’elle a declare ne pas vouloir dire son
nom de crainte qu’on la fit payer ; dans son bois, au moins, elle
ne payait pas. Pour la mGme raison, elle ne veut pas de mGdecins
et se debat energiquement lorsqu’on procGde b son examen phy¬
sique : les mGdecins la feraient peut-Gtre payer... On lui a pris ses
bGtes, continue-t elle, tout le monde veut la voler. On lui a enlevG
son linge, son bonnet... Ce sont toujours les mGmes idees dGli-
rantes qu’elle exprime : ses bGtes, ses bestiaux lui ont GtG votes et
elle s’irrite, invective en debitant ces plaintes.
Cette malade ne parle jamais b ses compagnes. Assise toute la
journee sur un banc, elle y reste immobile, le regard baissG;
parfois elle prononce quelques paroles b voix basse, com me
s’adressant b elle-mGme : elle ne semble pas avoir d’hallucinations.
Toutes les questions relatives b son identite, b sa profession, b
son pays, b sa famille, la laissent indifterente et impassible, mais
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LES CONG RliS
419
quelquefois cependant provoquent sur sa physionomie un petit
sourire ebauchd el narquois, accompagne de quelques mols ft mi-
voix dans son langage incomprehensible.
A part Texageration des reflexes tendineux el la sensibility ft la
pression des zdnes mammaires, la malade n’offre rien de particu-
lier au point de vue physique. Pas de lesions cardiaques ni pulmo-
naires, pas d'^lements anormaux dans ies urines. Les sensibilites
tdgumentaires, muqueuses et sensorielles sont intactes.
Lorsqu’on la contrarie, cette malade refuse parfois de manger ;
ft part cela, l’appetit est bon et le sommeil l est egalement. Pas de
gfttisme.
Dans la journee, la malade, assise sur son banc, tricote un peu
lorsqu'on lui donne de la laine et des aiguilles ; on l'emploie aussi
ft la cuisine oil elle ftpluche des legumes. Une dizaine de jours
aprfts son arrivee ft lAsile, elle quitta une fois la cuisine et rdussit
ft gagner le pare. Elle fit alors le tour de l’enceinte, essayant en
vain d’ouvrir les portes de sortie qu’elle rencontra successivement.
S’etant retournee ft plusieurs reprises et apercevant quelqu’un
derriftre. elle ft une certaine distance, elle se mettait cheque fois ft
courir un peu et reprenaitensuite son pas ordinaire. Elle n’opposa
guftre de resistance lorsqu’on la reintegra dans son quartier.
Depuis son entree ft lAsile, son etat n’a point varie et ses idees
deiirantes sont restdes les mftmes. Son noin, son pays, son ftge et
sa famille sont toujours un myslftre qu’une circonstance fortuite
seule pourrait maintenant eclaircir.
Cette malade, primitivement debile, — ou ft plus vrai dire
inculte, illettree, — est vraisemblablement atteinte d’idees de per¬
secution avec un leger degre de confusion mentale. Son education
anterieure, le milieu ou elle a dCt vivre ont, sans nul doute, pre¬
pare sa mentality ft l’adoption de l’existence sauvage vers laquelle
l’ont ensuite poussee ses conceptions deiirantes. L’opinifttrete avec
laquelle elle conserve le plus rigoureux incognito et les particula-
rites de son langage sont les caractftres remarquables de son 6tat
actuel. D’une instruction ft peu prfts nulle, elle est un interessant
exemple des cas ou le sauvagisme primitif a contribue, pour une
trfts large part, ft erder retat misanthropique lorsqu’est survenu
le deiire.
LES CONG RES
LETTRE D’AMSTERDAM
( Se/jiembre 1907)
Par A. Marie
Medecin en chef a I’Asile de Villcjuif
Le premier congrfts international de neuro-psychiatrie, psycho¬
logy et assistance des alidnes s’est lenu ft Amsterdam du 2 au
8 septembre dernier.
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420
REVUE DE PSYCHIATRIE
Trois sections y groupaient les travaux et communications du
programme, dont voici le tableau :
Section I. — Neurologie et Psychiatric. Thames gen^raux :
1* Le tonus labyrinthique. — Rapporteurs : MM. Ewald, Wink¬
ler, Van Rynberg, Lange, Jelgersma, Muskens et Ramon y
Cajal.
2‘ Diagnostic differentiel cles psychoses alcooligues chroniques ,
(Rapporteurs : MM. Mott et Schrceder), et des demences ( de -
mence paralytigue en particular). (Rapporteur : M. Dupre, de
Paris).
3 # Nature et genksede Vhysierie. — Rapporteurs : MM. P. Janet,
Aschaffenbuhg, K. Jung, Sollier, Dubois, de Berne, Joire et
Terrien.
4* Asymbolie , apraxieet aphasie . — Rapporteurs : MM. A. Pick,
de Prague, C. Von Monakow, de Zurich, H. Liepmann, de Ber¬
lin, P. Hartmann, de Gratz.
5° Epilepsie \raie. — Rapporteurs : MM. Binswanger, de
Idna et Oppenheim, de Berlin.
6* Contractures secondaires dans V hemiplegie. — Rapporteur :
M. L. Mann, de Breslau.
Communications diverses :
M. J. \V. Putnam, de Buffalo. Etude clinique compar6e sur
quatre cas de maladie de Landry, deux cas de polyn6vrite infec*
tieuse et un cas de myasthenic grave.
M.Mott. Etude expdrimentale et histologique de Tecorcedu
cerveau des l&nuriens, compare b celledes primates, (developpe-
ment morphologique et fonctionnel des circonvolutions.)
MM. Marinesco et Parhon (de Bucharest). Recherches anato-
mo cliniques sur l’origine du sympathiquo cervical).
M. Byschowski. Hemiplegie organique sans signe de Babinski.
M. Saenger. Diagnostic radiographique des tumeurs de 1’hypo-
phise.
M. Kappers (Amsterdam). Developpement des nerfs moteurs
craniens.
M. Klarfeld. Recherches ergographiques sur le reflexe patel-
laire.
M. Chartier. Enc^phalite h^morragique experimental©.
M. Maes. La sensibilite b la douleur chez les 6pileptiques.
M. Bornstein. Paralysie p^riodique.
M. Indemans. Etiologie de la myasthenie.
M. M. Eaure. La mobilisation methodique des contractures
hemipiegiques.
Section II. — Psychologie et psycho-physique .
Thames generaux.
P Etat actuel de la thkorie de Lange-James concernant les emo¬
tions. — Rapporteurs : MM. Sollier, de Sarlo.
2* La psychologie de la puberte. — Rapporteur : M. A Marro
(de Turin).
3° Difference entre la perception et Vimage. — Rapporteurs:
MM. Jodl et Ch.-A. Mercier (de Londres).
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LES CONGRfeS
421
4* Le passe des psychopathes. — Rapporteur : M. Neisbr.
Communications diverses.
M. A. Michotte. Sur les oscillations de Tattention ; sur les illu¬
sions de simultaneity pour des impressions disparates.
M. Clement Charpentier. Un cas de simulation de la folie.
Essai de psychologic criminelie.
Section III. — Assistance des alitnts.
Thames gen6raux.
1° Le personnel infirmier des asiles (education , droits et
devoirs ). — Rapporteurs : MM. Varf Deventer et Robbrston,
SCHUTTLEWORTH, SEYMOUR, TUKE et COWLES.
2* Le traitement des ali&nes ayant comparu en justice. — Rap¬
porteurs : MM. J. Morel, Van Hamel et Pactet.
3° LEducation des enfants mentalemenl arrieres. — Rapporteurs :
MM. G.-C. Ferrari, .Truper et Ireland.
4* Les diffVrentes formes de psychotherapie. — Rapporteur :
M. A. \V. Van Renderghem (d’Amsterdam).
Communications diverses.
M. Clay Shaw. Analyse de l’dtat mental dans les actes cri-
minels.
MM. A. Marie et Picque. Letraumatisme en alienation mentale.
M. F.-S. Meyers. Quartier hospitalier d’observations pour
aliends & Wilhelmnia Gasthuis.
Conferences generates.
M. Bechterew. Recherches objectives sur i’activite psychique.
M. Gaskell. Evolution du systeme nerveux central (projec¬
tions).
M. P. Janet. L’hysterie.
M. Ziehen. La mesure de l'intelligence.
M. Pick. Etude anatomo-ciinique de la regression psychique
sdnile.
M. Van Gehuchten. Le mdcanisme des reflexes.
MM. Carlos et Mac Donald. Le traitement des alienes & l’h6pi-
tal de l'Etat de New-York.
MM. Alt, Meeus et A. Marie, Assistance familiale et agricole
compares dans les principaux pays. (Projections).
*
• •
En raison de 1’abondance des rapports et des communications,
nous nous bornerons h esquisser les principals conferences :
1"Section. — La conference generale de Van Gehuchten sur
les votes reflexes des centres nerveux a ete le gros succes du Con-
gres.
Les communications de Gaskell et Lange sur les votes de con -
duction certbro-spinales ont ete aussi tr£s ecoutees ainsi que les
discussions consecutives. Voici le resume de la communication
de Lange sur Vanatomie dufaisceau longitudinal posterieur :
Quand on fait une coupe transversale du cerveau d un animal
quelconque un peu en avant des noyaux des nerfs oculoraoteurs
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422
REVUE DE PSYCHIATRIE
on trouve tout pr&s de la ligne median© au dessous de laqueduc
de Sylvius, deux cordons de fibres nerveuses allant dans une di¬
rection longitudinal© : ce sont les faisceaux longitudinaux poste-
rieurs. En suivant ces fibres, on voit qu'elles occupent la m&me
position, au-dessous des tubercules quadrijumeauxet du cervelet,
formant toujours un groupe de fibres bien distinctes, quand on ne
prend pas des grossisseraents trop forts. Au-dessous de la « fovea
rhomboide » les fibres prennent une position plus centrale et se
dispersent vers la region des racines de I’hypoglosse, lout en
plongeant dans la mobile dpintere, dans le cordon anterolateral,
mais surtout dans le cordon anterieur.
D’oii viennent ces fibres et oil vont-elles? On trouve dans le
faisceau longitudinal posterieur beau coup de syst&mes differents.
Selon les recherches de van Gehuchten on peut distinguer des
fibres descendantes ayant leur origin© dans la commissure poste-
rieure et les masses grises voisines et allant jusque dans le cor¬
don anterieur de la moelle. Le, les fibres ont une position trbs
voisine de la fissure median© (FissurenbOndel de Probst). Ce sont
les vraies fibres constitutrices du faisceau longitudinal posterieur :
on les voit degendrer en faisant une lesion dans leur noyau d’ori-
gine ou en coupant le faisceau & une place quelconque.
Quant aux fibres ascendantes, van Gehuchten ne les a pas vues
en faisant une lesion au dessous du nerf facial, tandis qu’en fai¬
sant une lesion au-dessus dugenou du meme nerf on peut obser¬
ver une degeneration ascendante, qui va jusquaux noyaux du
sixieme, du quatrieme etdu troisieme nerf cerebral ; et meme, on
peutsuivre un petit nombrede fibres jusque dans la region des
tubercules quadrijumeaux anterieurs.
Selon v. Gehuchten, ces fibresproviennentdu noyau.de Deiters
ou des masses grises voisines du cote oppose, car b la suite d une
lesion dans le noyau de Deiters il y a une degeneration ascen¬
dante et descendante ducote oppose, les fibres ascendantes ayant
une position mediane dans le faisceau longitudinal posterieur, les
fibres descendantes allant b la partie antdrieure de la moelle epi-
niere, juste devant les masses grises motrices.
Comme tous les auteurs v.G ehuchten dit, que le faisceau lon¬
gitudinal posterieur est le premier faisceau, dont les fibres, dans
le cours du developpement embryologique, re^oivent leur gaine de
myeiine.
Tandis que v. Gehuchten apres lesion du noyau de Deiters
trouve la degeneration du cote oppose b la lesion, Probst la trouve
principalement duc6te 16se et dans la partie lateral© du faisceau.
Thomas se trouve d’accord avec v. Gehuchten et ce dernier re-
marque, qu’en faisant la lesion un peu plus haute on oblient la
degeneration ascendante de Probst, en faisant la lesion un peu plus
basse, celle qu’il a obtenue lui meme, Rusell a trouve des degdne-
rescences tout comme Probst les a decrites. Wallenberg a vu un
cas d’hemorrhagie dans le pont de Varole et dit dans ses conclu¬
sions qu’une lesion du noyau de Deiters donne chez 1’homme des
alterations secondaires dans le faisceau longitudinal posterieur
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LES CONGR&S
423
dans la direction caudale principalement du c6td ldsd, dans la di¬
rection frontale pour la partie latdrale et mddio-ventrale du c6te
ldsd, pour la partie dorso-mddiane du c6te oppose. Le noyau de
Darkewitsch donne origine 6 la commissure postdrieure et au
faisceau longitudinal postdrieur croisd. Samuel Gee voit dans la
racine du facial des fibres ddgdndrdes, qui semblent provenir du
faisceau longitudinal postdrieur mais il a vu aussi Qa et Id des
cellules amiboldes, en train de transporter des grains noirs
de Marchi, probablement des phagocytes, remplis de mydline dd
gendrde.
Ramon y Cajal a trouvd de nombreuses fibres ascendantes, pro
venant du noyau de Deiters du c6td opposd et de cellules du
noyau sensitif du trijumeau, de certaines cellules dparpillees dans
la substance rdticulaire du bulbe et de cellules commissurales de
la come antdrieure de la moelle dpinidre. Ces fibres ascendantes
vont jusque dans ie corps mammillaire et dans la rdgion ventrale
et frontale de la couche optique. L’originedes fibres descendantes
se trouve dans le noyau interstiliel de Cajal.
*
* *
2* Section. — Aprds la discussion du Congrds de Gendve sur la
nature et gendse de l’hystdrie, il serait superflu de revenir sur ies
thdories antagonistes qui y furent ddveloppees, nous rdsumerons
seulement ici le rapport de P. Janet sur l’hystdrie maladie men -
tale .
Depuis une trentaine d’annees, il semble entendu par tout le
mondeque l’hystdrie est une maladie mentale, mais cettedeclara¬
tion semble rester le plus souvent lettre morte, car aprds
avoir adoptd une formule psychologique quelconque « l’hystdrie
est une maladie psychique, une maladie par imagination, une ma¬
ladie par idde, une maladie par suggestion, ou par persuasion »
on n’en tient plus compte le moins du monde et on dtudie cette
ndvrose comme une maladie organique quelconque. 11 faudrait ce-
pendant s’entendre: si l’hystdrie est une maladie mentale, elle
rentre dans le domaine de la psychiatrie ; on doit pour l’dtudier,
adopter les mdthodes de cette science, analyser les caractdres psy¬
chologies dechaque symptdme, et surtout comparer cette mala¬
die avec lesautres maladies mentales connues.
Cette discussion ne doit pas porter sur des symptdmes rares et
douteux, mais sur les phenomdnes les plus simples de lous, qui
de tout temps ont caractdrisd Thysterie. A ce point de vuese place
au premier rang un fait & la fois banal et cdldbre, ce ddlire
bizarre qui & certains moments envahissait I’esprit des pythonis
ses, des sybilles, des prophdtesses, des extatiques, des possdddes.
C’est le ddlire que la littdrature mdme a consacre comme tout-d-
fait caractdristique : le ddlire de lady Macbeth quand elle frotte
sa main pour y enlever la tache de sang et quand elle dit tout
haut sans soupgonner la prdsencedes temoins : « Damnde tache !
tous les parfums de 1‘Arabie ne t’enldveront pas... qui aurait pu
croireque ie vieiilard eut tantde sang... » Ce genre de delire n’a
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REVUE DE PSYCHIATRIE
pas disparu, sur 660 observations d’hystdriques, Janet a relevg au
moins 120 cas tr&s nets dans lesquels on retrouve ce d^lire tout
particulier sous des formes diverses, completes ou incompl&tes.
Ce sont des malades qui k certains moments semetlent k r£p£ter
une sc&ne & laquelle ils ont assists ou k mettre en action une id6e
fixequelconque.
Ce delire est extrSmement original: il rentre bien dans les
maladies mentales ; mais dans toute la pathologie mentale,
J... ne croit pas que Ion puisse trouver un ddlire semblable
qui ait les m6mes caract&res et qui puisse 6tre confondu avec
celui-ci. D’abord ce d^lire est extreme, il s’accompagne d’une
conviction intense que Ton retrouve bien rarement, il determine
une foule d’actions et amfcne quelquefois de vdritables crimes.
11 donne naissance k une foule d’hallucinations de tous les sens
extrGmement intenses. Le developpement de ce d61ire est £ton-
namment r^gulier : la sc6ne de la crucifixion ou la scene du viol
se repfctent cent fois de suite exactement, avec les mSmes gestes,
les m6mes mots au m6me moment.
D’autres caract&res en quelque sorte ndgatifs sont plus curieux
encore : Pendant le developpement de son delire, le sujet. non
seulement ne croit rien, n’accepte rien qui soit en opposition avec
son idde dominante comme on le voit dans des d^lires systdmati
ques, mais il ne voit m6me rien, n entend rien en dehors du sys-
t&med’images de son idee : « ces yeux sont ouverts mais ils ne
voient rien, disait d6j& le medecin de lady Macbeth ». Quand le
d^lire se termine, le sujet revient & la vie normale et semble avoir
compl&tement oubli^ ce qui vient dese passer. Dans bien des cas,
cette amnesie est plus complete encore : elle s’etend non seule¬
ment sur la pdriode remplie par le delire mais encore sur l’idee
m6me qui a rempli le delire et sur tous les dv6nements prece¬
dents auxquels cette idee a ete meide. Sans doute cette amnesie
comme cette anesthesie a des caracteres etranges : elle n’est ni de¬
finitive, ni bien profonde, mais elle n’en est pas moins irks reelle,
elle n’est ni inventee, ni voulue, par le sujet qui a l’idee fixe de
rdvenement auquel il pense dans son delire, mais qui n’a aucu-
nement l’idee de tous ces caracteres du delire qui se reproduisent
cependant depuis des sifccles dans les pays les plus divers.
En resume, ce premier grand symptome de l’hysterie pourrait
se caractdriser ainsi : c est une idee, un systfcme d'images et de
mouvements qui echappe au contr61e et mGme & la connaissance
de l’ensemble des autres syst&mes constituant la personnalite.
D’uncote il y a developpement exagerd, r6guli6rement determine,
de cette idee emancipee, de l’autre il y a une lacune, amnesie ou
inconscience particuli&re dans la conscience personnelle.
Si Ton veut bien y faire attention, on reconnaitra aisement que
ces caracteres n’existent dans aucune autre maladie mentale. Bien
entendu, il n’y a pas k rapprocher ce syndrome des confusions
mentales ou des demences : la dissociation exisle bien dans les
syndromes dementiels, mais elle est alors beaucoup plus profonde
et d6sagr&ge les systtjmes psychologiques eux-m6mes au lieu de
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LES CONG Fits
425
les separer seulement les uns des autres. Personne ne confondra
ces phenontenes avec les delires systemstiques oh il n’y a pas
anestltesie, ni amn6sie, oil le delire remplit la vie enttere au lieu
d’occuper seulemenl un moment s6par<§ des autres.
La veritable comparaison qui s'impose et qui n'est pas sans dif-
ficultes c’est celle de ces idees fixes k forme somnambulique ou k
forme m6dianimique avec les diverses obsessions des psychasthe
niques. Cesont des phenontenes voisins, mais qu’il y a cependant
lieu de distinguer : les obsessions ont un developpement moins
complet et moins independent. Elies ne parviennent ni k l’acte, ni
k l’hallucination ; elles ne s’isolent pas au nteme degr6 et ne s’ac-
compagnent ni d’anestltesie, ni d'amn^sie. En un mot les idees
fixes que pr^sentent les hysteriques constituent un sympt6me ex-
trSmement original et important.
Nous n'avons pas actuellement de conception anatomique ou
physiologique de tous ces phenontenes : malheureusement il
n'existe pas aujourd'hui de theorie physiologique de l'hysterie, de
nteme qu’il n’existe pas de theorie anatomo-physiologique de la
maladie du doute ou du delire de persecution. Les theories qui
s’affublent de ce nom ne sont que des traductions grossteres des
theories psychologies en un langage vaguement analomique.
L’hysterie ne peut etre definie que psychologiquement par compa¬
raison avec les autres maladies de 1’esprit. Les expressions de
(( maladie par representation, par idee, par imagination » mesem-
blent bien peu precises et pouvoir s’appliquer & toutes sortes de
troubles mentaux.
Les definitions dans lesquelles on fait entrer le mot « sugges¬
tion » sont plus embarrassantes, car tout depend du sens que Ton
donne k ce mot « suggestion ». Si on l’entend d une mantere vague
comme designant une idee quelconque, entrant dans l’esprit d’une
mantere quelconque on retombedans le defaut precedent, on repfete
simplement l’affirmation banale que l’hysterie est une maladie
mentale eton ne la distingue d’aucune autre de ces maladies. Si on
consid&re la suggestion comme une consequence de ce developpe-
ment independant, de cette dissociation des idees dans l’esprit de
l’hysterique, si on la rattache au retrecissement du champ de la
conscience qui resulte de cette dissociation, on donne alors k cette
definition un sens precis et interessant. Elle devient alors assez
vraie pour un certain nombre d’accidents ; elle n'est pas vraie
d'une mantere generate, parce que l’hysterique a l’idee fixe de
certaines scenes de sa vie, mais n’a pas l’idee fixe de la mantere
dont ces scenes se reproduisent, des lois qui gouvernent ces
divers accidents, de cette dissociation meme descendant jusqu'fc
un certain niveau et n’allant pas au dete, de cette emancipation
des systemes psychologiques qui restent cependant relativement
intacts, caracteres qui sont l’essentiel de la maladie. Il est plus
important de faire entrer dans la definition de l’hysterie ces
caracteres eux-memes qui resument plus de symptdmes et qui
comprennent l’explication de la suggestion elle-meme.
Il faut d’abord rappeler qu’il y a dans cette maladie une depres-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
sion mentale. L’hysterie est une psychose qui rentre dans le
groupe considerable des psychoses depressives. II faudra plus
lard la situer ft c6te des mftlancolies, des delires mania-
ques-depressifs, des psychasthenics. Elle est surtout voisine
des psychasthenies et on pourrail presque dire que les hystdriques
ne sont qu'une variety des psychasthdniques. Cette variete est dd-
termin^e par la forme et la profondeur de la dissociation qui existe
plus ou moins dans toutes les psychoses, mais qui porle ici parti-
culiftrementsur la conscience personnelle et beaucoup moins sur
les fonctions elle-mdmes. En un mot I’hysterie semble fttre une
forme de la depression mentale caract6ris6e par la tendance au
rfttrecissement du champ de la conscience et ft la dissociation des
systftmes d’images et des fonctions qui par leur synthase consti¬
tuent la conscience personnelle.
Cette definition est evidemment provisoire et la seule conclusion
utile que l’on puisse aujourd’hui tirer de ces discussions un peu
prematures sur la definition de Thystdrie, c’est la necessite main-
tenant reconnue par les neurologistes comme par les psychiatres
d une etude psychologique approfondie. Les sympt6mes psycholo-
giques doivent etre analyses avec autant de soin et de precision
que les sympt6mes physiologiques. Tous les observateurs sont
aujourd’hui convaincus, qu’il faut distinguer avec precision des
reflexes cutanes et tendineux, des reflexes inferieurs ou supft-
rieurs, qu'il est pueril de confondre sous le meme nom des amai-
grissements et des atrophies, des tics et des spasmes, des secousses
6motives et du clonus ; il faut se decider com prendre qu'on nedoit
pas davantage employer 6 tort et ft travers les mots, demonstra¬
tion, persuasion, suggestion, association, idee fixe, obsession, etc.,
qu'il faut distinguer dans les delires les idees fixes detelleou telle
espftce, les divers degres de la dissociation psychologique. Cette
precision du langage permettra seule de reconnaitre nos erreurs
inevitables, de comprendre mieux et de traiter mieux les malades
et de faire faire ft la psychiatrie des progrfts analogues ft ceux
qu’ont accomplis les etudes de neurologie.
*
* *
3 e Section. — Je passe sur la conference generate d’assistance
comparee ft laquelle j'ai eu l’honneur de prendre part avec MM.
Alt et Meeus sous la prftsidence de M. Peters. Les magnifiques
projections de Gheei, et celles des colonies familiales et agricoles
allemandes ont ete particuliftrement remarquees. J’ai montre ft
mon tour retat de ces questions en ce quiconcerne la France.
Le rapport sur Vorganisation de la Direction des asiles d’attends
et rinspection des asiles par VEtat , par M. P. Ruysche, (la Haye),
montra ft la 3' section que les memos problftmes de reforme du
regime des alienes preoccupent les pays d'Europe tout comme le
Parlement franQais. Voici les conclusions de ce rapport ou se mani¬
festo la meme tendance ft substituer l’Etat aux initiatives privees.
« II est desirable que les hopitaux pour alienes appartiennent ft
l’Etat ou ft une Province.
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LES CONGRfes
427
II fautque le Gouvernement exerce sa haute surveillance sur
tous les h6pilaux pour alienfts. II doit prescrire lesconditions aux-
quelles chaque h6pital a ft repondre. Ces conditions se rapportent
aux diffftrentes parties de l'hftpital : choixdu terrain etde l'empla-
cement, nombre de divisions, mode de construction, installations
scientifiques et hygiftniques, nombre des m&iecins et des gardes-
malades etc.
Le Gouvernement, par un Rftglement g6nftral et organique, dd
terminera le minimum des conditions du fonctionnement desdiffft
rents services dans un h6pital pour alienfts, y compris les soins
physiques et moraux dfts aux malades.
Le Gouvernement se rftservera le droit de prononcer la fermeture
dun h6pital chaque fois qu’on constatera une negligence trfts grave
dans les soins dfts aux malades.
Le Gouvernement, ft l'effet de faciliter la haute surveillance dans
les hftpitaux pour aliftnfts, sefera seconder dans sa mission par des
inspecteurs qui n’ont d’autres fonctions que la surveillance des
asiles et des aliftnfts soigngs ft domicile.
Les mftdecins-directeurs seront charges de la direction g6n6rale
et administrative des h6pitaux pour aliftnes y compris tout le per¬
sonnel. Ils seront les chefs exclusifs du service medical et de tous
les autres services.
. Le Mftdecin-Directeur sera secondd dans ses fonctions par un
nombre suffisant de mftdecins alienistes, d’employds pour les ser¬
vices administrates et ftconomiques, de gardes malades et autres
personnes indispensables aux services accessoires.
Le Mftdecin-Directeur nomme et demet de leurs fonctions les
employes des services administratifs et £conomiqu$s, etles gardes-
malades.
II est desirable d’exiger des m^decins des h6pitaux pour alienfts
qu'ils aient frftquente un cours de psychiatric, de neurologic et de
psychologie avant leur entree en fonctions.
Nul ne pourra fttre appele aux fonctions de garde-malade s’il ne
peut donnerles preuves, de civilisation, d’intelligence, de capacitft
et de dftvouement. II est desirable que tout candidat garde-malade,
avant d’etre attache ft un hopital pour ali^nes, ait frftquentft avec
succftscomme ftlftve interne dans une ecole spftciale pour gardes-
malades, un cours oft il aurait ftte prepare pour la tftche difficile
qui l attend.
Le personnel des hdpitaux pour aliftnfts sera convenablement
hftbergft, nourri et traits. Ses appointments seront en rapport
avec l’importance des services rendus, la durfte de son sftjour ft
l’h6pital etle temps du service. Une assurance sur la vie et une
autre assurance en casde maladie, d’infirmite oud’accident seront
prises en faveur de chaque employe.
Des instructions spftciales traceront les droits et les devoirs du
personnel attache aux hdpitaux pour alienfts.
L’exposft de ces instructions spftciales a et6 fait pour la Hollande
par M. Van Devanter dont on connait la haute competence en ces
matiftres ; .les dftlftgues americains ont apporte d'interessants
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428
KEVUE DE PSYCHIATRIE
documents sur le sujet en ce qui concerne 1‘AmErique; Pour la
France MM. Pactet et Colin ont exposE la rEforme des Ecoles
DEpartemen tales de la Seine. M. le D'Radiet a presents une Etude
sur la rEforme du corps des infirmiers de Province.
*
* *
A signaler les « questions du jour de la psychiatrie sociale par
Toutgyhkine de Kichineff », qui aborde les points les plus osEs
de l’organisation intErieure de demain:
reorganisation et Tadministration des Etablissements psychiatri-
ques doivent Etre dEsormais Etablis sur les principes de l’autono-
mie etdu consortium, oh tous les employes de I’Etablissement (le
personnel) prennent part au conseil administratif au moyen ie
leurs dElEguEs, membres dece conseil. charges d’unplein pouvoir.
(L'administration dEmocratique au lieu de celle bureaucratique
d’aujourd’hui). On sait qu'en Russie les infirmiers ont demandE &
Etre reprEsentEs aux commissions de surveillance.
Organisation corporative du personnel psychiatrique auxiliaire
avec commission d'arbitrage mixte.
Cours psychiatriques spEciaux pour le personnel dans les grands
Etablissements d'aliEnEs.
Organisation du rEgime psycho thErapeutique dans les Etablisse-.
ments d’aliEnEs, sous la condition de l’individualisation large des.
malades et de « l'open door system ».
REgime familial dans les Etablissements psychiatriques. Organi¬
sation des repas, des promenades, des plaisirs et des travaux des
malades avec la participation des families des surveillants.
Organisation des petits pavilions oh la famille du surveillant et
les malades feraient une famille commune. II serait E dEsirer que.
les families des mEdecins prissent part d’aussi prEs que possible E
la vie de l’Etablissement et E celle des malades.
Les femmes seront employEes dans les sections des hommes
sans excepter les services pour les aliEnEs agitEs et furieux.
En rEsumE : Le rEgime de chaque Etablissement psychiatrique
doit se rapprocher de celui du patronage familial, oti le r61e de la
famille complEte celui du surveillant et du mEdecin de l’Etablisse-
ment.
L’assistance des aliEnEs dans les families des surveillants pro-
prement dits (le type du village psychiatrique en vc linage d’AU-
Scherbilz) doit complEter ce systEme, de mEme que le patronage
familial.
La dEcentralisation de l’aide psychiatrique et l'accession de la
population mEme E cet office est la condition nEcessaire du type
familial projetE pour l’assistance des aliEnEs dans les Etablisse¬
ments spEciaux.
«
* *
Hors sEances, M ,lc Robinovitch (de New-York) a fait des expe¬
riences publiques qui ont beaucoup intEressE le CongrEs sur la
Pression sanguine gtntrale et cGrtbrale dans Vtpilepsie eleclrique:
L’Epilepsie Electrique est produile par un courant continu, ayant
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LES CONGRfcs
429
110 interruptions par minute et k 1/10 de pEriode, comme cela est
expliquE dans ma thEse de Paris, 1906, (Sommeil Electrique, Epi-
lepsie Electrique et Electrocution).
On produit l’Epilepsie electrique en faisant passer k travers le
corps d’un animal un courant de 55 volts (pour un lapin) ou de 110
volts (pour un chien pendant quatre secondes).
La pression sanguine commence k augmenter au commence¬
ment de la phase clonique de l’attaque; cette pression augmente
progressivement et aboutit & son maximum, quand les convulsions
cloniques sont k leur maximum d’intensitE. Puis commence l’abais
sement de la pression sanguine, qui descend k son niveau normal
quand les convulsions cloniques cessent.
Pression Sanguine Cerebrate . On met k nu le cerveau d'un
chien par trEpanation et Ton produit l’attaque Epileptique par le
courant Leduc.
Au moment du passage du courant (pendant quatre secondes) le
cerveau parait pElir.
AprEs la rupture du circuit et pendant la phase clonique de l’at-
taque, la substance cErEbrale devient de plus en plus rose, les
vaisseaux cErEbraux se dilatent sensiblement k mesure que les
convulsions cloniques augmentent d’intensitE et ces vaisseaux
augmentent deux ou trois fois de volume au moment oh les con¬
vulsions cloniques sont au maximum de leur irilensitE.
Comment se comporte la masse ctr&brale pendant Vattaque d'epi-
lepsie electrique . La masse cErEbrale mise k nu par la trEpanation
commence k augmenter de volume aussitEt que commence la dila¬
tation des vaisseaux cErEbraux aprEs la rupture du circuit. Et k
mesure que les vaisseaux cErEbraux se dilatent progressivement,
pendant que les convulsions d’abord toniques et puis cloniques se
manifestent, la masse cErEbrale augmente de volume de plus en
plus jusqu’E ce qu’elle fasse hernie en dehors de la boite cranienne ;
le maximum de cette hernie correspond au maximum de l’inten-
sitE des convulsions cloniques.
La hernie cErEbrale commence k diminuer de volume avec la
diminution de 1’intensitE des convulsions cloniques, et la masse
cErEbrale rentre dans la boite cranienne k sa place normale quand
les convulsions cloniques cessent.
Dans I’Epilepsie Electrique, la pression graphique gEnEralepeut
Etre graphiquement.
La pression sanguine cErEbrale a EtE EtudiEe il y a trente ans,
par V. Magnan (Legons cliniques sur les Maladies Mentales); ces
expEriences furent faites sur I’Epilepsie absinthiquechez le chien;
l'Epilepsie Electrique donne les mEmes rEsultats.
M. le Professeur Rouxeaux, de Nantes, a bien voulu conduire
ces expEriences, avec M. le Docteur Chastenet de Gery, de Nan¬
tes, qui a trEpanE les animaux.
*
* *
Je m J abstiendrai de parler des fEtes et excursions n’ayant pas
eu la prEtention, mEme, d’apporter ici un compte rendu complet,
30
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430
REVUE DE PSYCHIATRIE
ce qui serait impossible. En effet ce ne fut pas un congrfcs, mais
trois congr&s paralieies qui se tinrent en ces cinq jours el le paral
leiisme des sections distinctes empOchail totalement de les suivre
lous les trois.
Disons seulement que le congr£s s’ouvrant Ian prochain k
Vienne, se restreindra k la 3' section (Assistance) et que Berlin
accueillera l’ann^e suivante le 2* congr&s general (secretaire : D*
Alt). La commission internationale de l’lnstitut psychologique de
Lugano a acheve de se constituer k Amsterdam et commencera
ses travaux k Vienne en 1908, (secretaires Franck et Ferrari de
Bologne).
REVUE DES LIVRES
La Responsabilite, tiiude pst/cho-pht/siologique , par le P r A.
Mairet, 1 br. 136 pages des a Travaux et memoires de Montpellier »,
s6rie scientifique N* 2 : Coulet, Montpellier 1907 et Masson, Paris.
La question de la Responsabilite fut recemment k l’ordredu jour,
et les auteurs competents qui ne prirent pas directement part k
l’interessante discussion du Congres de Gen^ve-Lausanne devaient
cependant etre tentes de dire leur avis. Ainsi fait le P r Mairet,
qui, comme tous les experts soucieux de bien remplir leur mis¬
sion, fut amene k envisager le c6te sociologique et biologique du
probieme, metaphysique en son essence, de la responsabilite.
« Place comme medecin legiste en presence d’individus suspectes
d'etre atteinls dans leur liberte morale, je suis invite par les
magistrats 6 dire si ces individus sont ou non responsables et,
dans le easde I’afflrmalive, si leur responsabilite est complete ou
incomplete.
Pour repondre k ces questions, force m’est bien de savoir en quoi
consisle la responsabilite, ce qu elle represente scientifiquement
et, dans l’espece, quelles sont les atteintes subies par elle du fait
de la maladie. »
M... consideredonc la responsabilite comme une fonction etroi
tement liee e l’activite des cellules cerebrates, faite d’intelligence
et de sensibilite morale, et qui, comme toute fonction, se traduit
par des manifestations que le medecin peut et doit etudier. L’homme
normal est responsable, parce que les moyens qu’il poss6de pour
resister au mobile qui l’entraine sont assez puissants, peu importe
la force de ce mobile.
Cette resistance aux mobiles de l'homme normal peut etre mo-
difiee par des elements pathologiques dont il appartient bien au
medecin de preciser l’influence, et alors trois eventualites peuvent
se produire :
1* La fonction responsabilite n’entre pas en activite.
2“ La fonction entre partiellement en activite. L'individu priv4
des forces et des sollicitations propres k la sensibilite morale est
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REVUE DES LIVRES
431
encore accessible ft la peur de la punition. Des forces pathologi-
ques interviennent dans sa latte contre les mobiles, et il faudrajt
ft lavenir tenir-compte de ce fait dans la forme et dans la signifi¬
cation de la peine, gdnftralement inutile.
3* La fonction entre en activity dans ses deux 6tements, intellec-
tuel et sentant, mais ces 6tements sont alteres. Ici, la punition est
utile etdonne plus d'activite ft la force de resistance; il s'agit seu^
lement de sujets mal armes, et qui ont une responsabilite attenuee.
P. Juquelier.
La paralysie gftn6rale post-traumatique. Etude etiologique
et medico-ttgale par Froissart (Thftse Paris 1907. Un vol. 170 pa¬
ges. Masson, ftditeur).
Ce consciencieux travail, fait sous l’inspiration de M. Picqu 6,
peut rendre de grands services, au point de vue clinique, comme
au point de vue bibliographique, ft tous ceux qui ont interfttft
ftludier les rapports des traumatismes cephaliques et de la paraly¬
sie gen6rale. Il n'est pas de question meritant plus d’attention de¬
pute que la loi de 1898 sur les accidents du travail l a placee sur le
terrain de la pratique ntedico-tegale quotidienne. Voici les plus
imporlantes des conclusions auxquels Fr. s’est arr6te ft la fin de
son etude minutieuse.
Il y a deux points de vue auxquels on peut se placer pour envi-
sager la question des rapports du traumatisme et de la paralysie
genftrale : le point de vue etiologique pur, et le point de vue me¬
dico legal.
a)En ce qui concerne la place du traumatisme dans retiologiede
la paralysie generate : pratiquement, par suite de la rarete des ob¬
servations, la question se limite aux traumatismes craniens d une
certaine importance.
Il est la plupart du temps difficile de situer un traumatisme cra-
nien, dans l’existence d un paralytique general, avant ou aprfts le
debut de la maladie, par suite : de l’existence d'une periode pro-
dromique souvent longue et inapergue ; de la diminution de la nte-
moire des malades au moment oil on les examine, et de la ten¬
dance qu'ont les families, surtout depuis la loi de 1898, ft voir dans
le traumatisme la cause des accidents paralytiques.
Le traumatisjne cranien d une certaine importance est relati-
vement rare dans les antecedents des paralytiques. Dans les trau-
matismes craniens ft grand fracas, on ne peut conclure que sui-
vant les individus, chacun reagissant personnellement ft ces trau¬
matismes, et Fautopsie r^servant les plus grandes surprises et les
tesions les plus diverses.
Dans les cas oil la paralysie confirmee a suivi presque imnte-
diatementle traumatisme, il est probable que la maladie existait
avant lui el a ftted^cetee par ce facteur. Les cas oil une longue pe¬
riode de calme a succedft au tramatisme ne peuvent lui 6tre impu¬
tes. Il ne conslitue 1ft qu’une faible predisposition. La paralysie
gftnftrale qui survientdans la suite doit Gtre rapportee ft une infec-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
tion posttirieure ft cet accident et que Ton retrouve souvent dans
les antecedents des malades.
* Dans les cas oft le traumatisme est relie ft la paralysie generate
par une serie d’accidents cerftbraux ftvoluant lenteraent vers cetle
maladie:
Si on retrouve dans les antecedents des malades une des causes
connues de la paralysie generate, syphilis, alcool, etc., le trauma¬
tisme cranien ne peut etre consider que comme un adjuvant qui
permel Taction de Tagenl principal. II joue, dans ce cas, le r61ede
cause occasionnelle. II ne semble pas, etant donnee la rarete des
cas, que le traumatisme cranien, seul, puisse en dehors de toute
predisposition, causer la paralysie gen6rale.
Dans les cas rares, oil on le trouve seul dans les antedents, il
faut admeltrequ’il existait une predisposition que Ton n’a pu dft-
celer. Dansces cas le traumatisme seul suffit parfois ft determiner
Teclosion.de la paralysie generate chez un predispose.
b) Diverses juridictions peuvent demander au medecin-tegiste, si
une paralysie generate a peur cause une blessure ou traumatisme
cranien.
Quand aprfts un traumatisme cranien, survient une longue pd-
riode de calme, periode de guerison des accidents purement trau
matiques, la paralysie generate ne peut lui etre rapportee.
En matiftre d’accidents du travail, la paralysie generate qui, sur-
tout dans les cas ft debut prftcoce, met le blessft en etat d’incapa
cite absolue et permanente, doit etre n6anmoins considftree dans
le rapport de Texpert, comme une maladie qui se montre ft l’oc-
casion de Taccident du travail et qui se terminera fatalement par
la mort. Quand un traumatisme a ete suivi ft bref deiai de l’appa-
rition des signes d une paralysie generate, il doit etre presente
comme decelant un etat morbide anterieur.
Pour admeltre Torigine traumatique d’une paralysie generate :
Il ne faut pas que le malade ait presente de troubles mentanx
avant Taccident. 11 faut que le traumatisme ait ete important, qu’ii
ait ete suivi de phenomftnes qui indiquent un dommage du cer-
veau de* nature traumatique ; maisqui ne soient pas immediate-
ment des symptomes de paralysie generate ; que la periode qui
s’etend du traumatisme ft la paralysie generate confirmee soit
occupde sans interruption notable, d abord par les phenom&nes
purement traumatiques, puis par des signes qui indiquent leddbut
et revolution d une paralysie generate progressive. J.
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REVUE DES PERIODIQUES
433
REVUE DES PEHIODIQUES
PERIODIQUES DE LANQUE FRAN$AISE
Archives de Neuroloyie (Vol. II, 3*sdrie, juillet 1907, n® 7).
Truelle. — Du placement dee enfpnts arrldrds dans les colo¬
nics famlllales. — L’auteur a eu l'occasion d’observer a propos de
rdeents essais, comment se comportont les enfants arridrds dans le
milieu familial. II faut sans doute apporter certaines modifications a la
formule simpliste de la surveillance piivde pour qu’elle puisse dire
appliquee aux jeunes sujets : « Ce n’est pas an effet, une chose facile
que de.pouvoir diiiger par une contrainte purement morale et jamais
opprimante ces enfants an cerveau rudimentaire, toujours capricieuses,
souvent impulsives. » (T... a observe des flllettes). « ... La continuity
d’une surveillance parfois pdnible, toujours absorbante risque d’dner-
ver les nourricidres d certains moments... et, il n’est pas bon pour les
enfants de roster perpdtuellement sous l’unique tutelle de celles-ci «...
11 a done fallu rdunir presque chaque jour les enfants au centre colo¬
nial pendant une partie de la journee, sous la surveillance d'urle an-
cienne infirmidre qui les distrait et les occupe ; d l'avenir, on ne pourra
ougmenter le nombre de poreils placements qu’en erdant dans la
Colonie une dcole mddico-pddagogique.
G. Dromard et L. Delmas. — Sur un cas d’oeddme d Evolution
d’apparence spontande chez un paralytique gdndral. — Un paraly*
tique gdndral de 42 ans, oprds avoir eu pendant 15 jours un ldger
ceddme malldolajre du cdtd gauche, prdsenta subitement, un matin, un
cedeme dnorme du membre superieur droit. Cet oeddmp dvolua en
15 jours vers la gudrison avec ecchymoses, hyperthermie locale (37,2
sous l’aisselle du c£td sain et 39,6 du cdtd malade) et hyperhydrose.
A la suite d une enqudte dtiologique soigneuse et absolument ndga-
live : les auteurs pensent qu’il s’agit de troubles en rapport avec des
modifications de l'innervation vaso-motrice. « II est a peine besoin
d'ajouter, disent Dr... et Del... que la nature de cette influence ner-
veuse nous dchappe aussi bien que les transfo rmations intimes qu’elle
commando ». J.
Annalcs des maladies cenerienncs. (Aotit 1907).
L. Marchand et M. Olivier. — Syphilis et ddmence. — Curieuse
observation d’un malade atteint d’affaiblissement ddmentiel, a 1’autop-
sie duquel, les auteurs ont rencontrd des lesions syphilitiqqesbulbaires
de l’endartdrite de l’artdre basilaire, de la mdningo encdphalite diffuse
subaigud au niveau du cervelet et des ldsions de mdningo-encdphalite
chronique au niveau du cerveau.
Ce malade ne presentait au point de vue clinique, auqun des symp-
tomes physiques de laparalysie gendrale. Les ldsions constatdes au ni¬
veau du bulbe et du cervelet, sont des lesions telles qu’onles rencontre
souvent chez les paralytiques gdndraux. Le cerveau dtait indemne de
ldsions de ce genre. II s’agit done d’un cas intermediaire entre les ld¬
sions de la paralysie gendrale et cellesdela syphilis enedphalique. Les
auteurs pensent, que si Involution de la maladie avait etd plus longue,
le malade aurait peut-dtre prdsentd le syndrome paralytique.
H. Nouet.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Le Bulletin medical. (21* annee n* 68, 31 aout 1907.
Roubinovitch. — De ^Instruction et de l’6ducation des enfant*
arri£r6s et instables. — Description des procSdds d’education em¬
ployes k l'Ecole communale n* 7 de Bruxelles, en partie rdservde aux
arridrds, etqui donne d’excellent rdsultats :
Le programme est a peu pr6s le mOme que partout ailleurs, mais les
m^thodes plus intuitices , plus expdrinientalcs et plus jor/cuses « sont
mieux adaptdes aux forces physiques et aux copacites intellectuelles
des enfants. » De plus, le nombre peu considerable d’dlfcves anormaux
de chaque division permet au professeur de donner a son enseigne-
ment un caract^re beaucoup plus individuel que dans 16s classes d’en*
fants normaux.
A Paris, dans le 17* arrondissement une classe speciale pour des cas
ldgers d’arridration a dtd ouverte k l’dcole communale de la rue Lecomte
en fdvrier 1907. L’auteur estime que la mdthode objective et intuitive y
est applique avec soin, etque les resultats s’annoncent com me devant
dtre lr6s encourageants. a Le succfcs permettra peut etre d’dtendre 6
toute la France l’entreprise ra6dico-p6dagogique de la ville de Paris. »
Gazette des hdpitaux. (8i e annde, n* 101. 12 septembre 1907).
L. Marchand et H. Nouet. - De i’£pilepsle tardive. — Dans ce
travail, aprfcs un historique complet de la question de repilepsie tar¬
dive. et renumeration des diftdrentes theories qui ont dte emises pour
expliquer ce syndrome, les auteurs donnent sur lesujet, leurs opinions
personnelles. A 1’encontre des differents travaux anter\eurs, qui attri-
buent un rdle preponderant a l’artdrio-scl6rose, aux intoxications exo-
g6nes et aux auto intoxications, les auteurs pensent qu’il n’y a aucune
difference entre repilepsie tardive et repilepsie dite idiopatbique.
Cette opinion est basde sur I'examen anatomique des centres ner-
veux de deux uialades atteints d’dpilepsie tardive. Les seules lesions
constatees au microscope sont des lesions de mdningite chronique et
de sclerose cerebrals superficielle, absolument analogues k celles que
l’on rencontre dans les cas d’dpilepsie dite idiopathique. Les auteurs
admettent la possibility de l’existence de lesions atheromateuses
dans 1'epilepsie tardive, mais ce ne sont pas ceslesions qui determinant
les accfes convulsifs. Elies sont en general assocides aux lesions de
sclerose nevroglique. La conclusion de ce travail est qu’il est absolument
ndcessaire, en presence d’un cas d’dpilepsie tardive, de faire l'exaraen
histologique des centres nerveux, avant de conclure que repilepsie
tardive est due k l'atheromasie cerdbrale seules
P. Juquelier.
Re cue scientific ue. (N # 10,2* sem. 5 f s. t. VIII. — 7 septembre 1907)
L. Marchand. — Lea Idaiona de la folio. — Ce travail d’ensemble
sur lanatomie pathologique de l’alienation men tale ne s’adresse pas
seulement aux neurologistes, mais d’une facon gendrale a tous ceux
qui s’interesent k la biologie. L'auteur s'est done effored de rdsumer
cette vaste question et d’y apporter des iddes gdndrales, sans entrer
dans les details techniques.
Dans une premidre partie, M. Marchand explique les rdsultals prati¬
ques que l'on peut tirer de I’examen anatomique du cerveau d’un
alidne. Les lesions constatees nous flxent trds exactement sur le fond
intellectuel du malade, mais ne nous permettent pas de prdciser la
nature du delire. On ne peut, en examinant un cortex d’alidne dire s'il
etait atteint de delire de persecution, de ddlire mdgalomaniaque ou
Lire la suite apres le Bulletin bibliofjraphique mensucl.
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REVUE DES PgRIODIQUES
435
mystique. Ce que l'on peut aflflrmer, c’est s’il dtait ou non affaibli intel-
lectuellement, si le jugement et le raisonnement dtaient altdrds.
Ceci dtant bien entendu, i’auteur passe k l'dtude des idsions de la
folie. Lear caractdristique est d’etre diffuses ou superficielles. Elies
n’ihtdressent que les couches superficielles du cortex, ce qui explique
la raretd, chez les alidnds, de troubles moteurs, dus aux ldsions plus
profondes. La ldsion ordinaire des cas chroniques est la scldrose cdrd-
brale superficielle, qui s'accompagne d'une destruction plus ou moins
prononcde des fibres tangentielles. Cette scldrose cerdbrale superficielle
peut dtre primitive, ou peut au contraire succdder & la mdningite chro-
nique, a la mdningo-encdphalite et k la cdrdbro-cellulite.
Les cas aigus reinvent de ldsions portant uniqnement sur les cellules
cdrdbrales. lei, c'est la cellule nerveuse qui est primitivemdnt altdrde,
en gdndral, sous l’influence d’uue intoxication. Ces idsions sont rdpara*
bles, mais si les Idsions cellulaires dues aux toxines, se prolongent ou
se rfenouvellent, elles deviennent irrdparables et la maladie passe k
l’etat chronique. Les fibres tangentielles qui sont en grande partie
formdes par le prolongement des cellules pyramidales, s'atrophient.
Enfin il existe des syndromes mentaux, dont la folie morale est le
type le plus commun, ou les Idsions ne sont pas apprdciables avec les
mdthodes actuelles d’investigation. On peut alors supposer que, dans
ces cerveaux, il se produit dds la naissance des associations de flbfes
et des grouppements cellulaires anormaux, qui se traduisent par des
troubles particuliers du caract&re.
L’auteur estime qu’une seule et mdme ldsion, peut ddterminer les
syndromes mentaux les plus varids, suivant sa diffusion, son intensity,
son dvolution, suivant l'&ge auquel elle survient. Le caractdre de Tin-
dividu, ses predispositions hdrdditaires, son dducation, son instruction,
sont des facteurs importants, qui contribuent a donner aux psychoses
leurs caract&res particuliers.
H. Nouet.
p£riodiques de lanque allemande
Psgchologische Stuilien (vol. in, 1907. 1-6).
W. Wundt. — Les ddbuts de la Socldtd. Une dtude de psycho¬
logic ethnique.
Hans Keller. — La mdthode des cas multiples dans le domaine
des sensations acoustiques et son rapport avec la mdthode des
variations minlmales. — D’apr&s les expdriences de l'auteur, la pre-
mi&re mdthode fait un pont entre la mdthode des trois cas et celles des
variations minimales.
Richard Arwed Pfeifer. — Sur la localisation en profondeur des
Images doubles.— Etude historique et expdrinientale trds complete.
Oani la localisation en profondeur des images doubles, la conscience
de la profondeur dans ce qu’elle a d'essentiel ne peut pas se ddduire
de la conscience de la grandeur.
F£lix Krueger. — La thdorle de la consonnance.
GuStav Kafka. — Sur I’ascension de I’excitatlon tonale. — L’exci-
tation acoustique exige un temps rnesurable pour produire la pleine
intensite subjective.
Rudolf Bode. — Les seuils temporels pour les sons de diapa¬
son de moyenne et falbie intensity. — Pour dtre per^us, les sons
faibles exigent une plus longue durde d'audition et un plus grand nom-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
bre lotal de vibrations que les sons de moyenne intensity. Les sons
aigus,& intensity dgale, exigent pour 6tre percus des durGes d’audition
plus courtes mais un plus grand nombre total de vibrations que les
sons graves.
Otto Klemm. — Recherches avec ie « Kompllcatlons-pendel »
d’aprds la mdthode de I’autoreprdsentation.
Kuno Mittenzweg. — Sur I’aperception qul abstrait.
W. Wundt. — Petltes dtudes. — La mdthode de projection et lee
illusions gdomdtrlco-optlques. — La perspective depend de la
fixation et de la directioadu mouvement oculairc, la direction de l*at-
tention restant sans effet si elle ne s accompagne pas d’une variation
objective du regard.
Journal fur Psychologic und Neurologic.
(Sonder Abdruck du volume VI).
C. G. Jung. — £tudes dlagnoetlques sur (’association. IV, Le
temps de reaction dans les experiences assodatives. — La durde
moyenne du temps dissociation obtenue a did de 1,8 seconde ; elle n'a
dte que de 1,6 qjiez les hommes contre 2,9 chez les femmes. Pour les
associations d’images le temps a 6te plus court (1,5) que pour les obs
traites (2,0). Quant uuxtermesexcitoteurs, leur influence estdgalement
appreciable; le temps est de 1,67 seconde pour les termes concrets,
contre 1,95 et 1,90 pour les concepts gendraux et les verbes- Le terme
de reaction agit egalement; les adjectifs et les verbes ont des temps de
1,65 et 1,66 seconde, les substantifs concrets 1,81 et les substantifs abs-
traits 1,98. Ce sont les associations internes qui necessitent le temps le
plus long. II y a des termes excitateurs qui necessitent toujours une
trfes longue durde. Lorsque les temps sont exceptionnellement longs 11
y a lieu de soupQonner un complexes de representations doud de
tonalite affective ou restd inconscient, comme par exemple dans l’hys-
terie. H. PteRON
NOUVELLES
Aslles de la Seine. — Arrt'ie ministeriel dn 12 septembre 7907. —
Voici le texte integral de ParrGte, que nous signalions k nos lecteura
dans le numero du 8 septembre.
Le president du Conseil, ministre de I’Interieur,
Vu l arr^te ministeriel du 31 juillet 1907 :
Vu le rapport du prdfet de la Seine, en date du 31 aout 1907 ;
Sur la proposition du directeur de l’assistance et de Phygibne publi-
ques ;
Arrfite :
Art. l #r . — Un concours sera ouvert toutes les fols qu’il y aura lieu
de pourvoir a un poste de ntedecin en chef des asiles publics d'altends
de la Seine, a l’exclusion des postes de directeur-ntedecin des colonies
familiales, dont les titulairos continueront k Gtre nommds comine par
le pass6.
Art. 2. — Par mesure transitoire, un poste sur deux sera rdservd au
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NOUVKLLES
437
fur et k mesuro des vacances dans les asiles de la Seine aux directeurs,
medecins des colonies familiales actuellement cn fonctions.
Art. 3. — Les concours dont les operations s’etfectueront k Paris, par
les soins de la prefecture de la Seine sont annonc£s au moins un inois
k l'avance par des affiches qui sont apposees a Paris et dons la ban-
lieue, dans les endroits publics les. plus apparents ; dans les deporte-
menls, ou siege de Id prefecture et, s’il y a lieu, k la faculte de mdde-
cine et k l’asile departemental d’aiienes.
Art. 4. — Sont admis a prendre part au concours les directeurs-
medecins des colonies familiales de la Seine, les directeurs-medecins
et medecins en chef et les medecins adjoinls des asiles publics, asiles
prives faisant fonctions d'asiles publics et quartiers d'hospice de
France, k la condition qu'ils oient occupe etfectivement un poste dons
un de ces etoblissernents pendant une periode d’au moins deux ons et
qu'ils n’aient pas ddpasse l’age de cinquante ans, au moment de l’ou-
verture du concours.
Art 5. — Les condidatsqui ddsirent prendre part au concours doivent
se presenter & la prefecture de la Seine (direction des affaires ddparte-
nientales, services des olienes, l ,r bureau, 2, rue Lobau, Paris), pour
obtenir leur inscription, en deposant les certificols ou dipldme consta-
lantqu’ils remplissent les conditions d’exercices preserves par l’article 4.
Les condidats absents de Paris, ou einp6ches peuvent demander leur
inscription par lettre rccommondee. Toute demande description faite
upres le jour fixe pour la cl6turedes inscriptions nepeut etreaccueillie.
Art. 6. — La liste des condidots admis k prendre port au concours
est orr£tee par le ministre de l’inlerieur, aprCs avis du pr6fet de la
Seine et close quinze jours ovant la dole de l’ouverture du concours.
Art 7. — Des que la liste des condidats est close, les membres du
jury qui doivent eire ainsi dCsignes conform^ment aux dispositions de
I’arlicle 9, sont tir£s au sort par les soins d’nne commission composge
d’un inspecteur general des services administrotifs du ministere de
I’interieur, president; d’un deiegue du pr6fet de la Seine et de deux
membres deiegues par la Commission de surveillance des asiles publics
d'aliends du departement.
Cheque candidat peut se presenter k la prefecture de la Seine pour
connaitre la composition du Jury.
Art. 8. — Tout degrd de parente ou d’alliance, jusques ety compris le
sixi6me degrd, entre un concurrent et 1’un des membres du jury, ou
entre les membres du jury, donne lieu 5 recusation d'office de la part
de l’administraticn.
Si les concurrents ont k proposer des recusations, ils forment immd-
diatement une demande motivee, par dcrit et cachetde, adressde au
prdfet de la Seine. Les candidats ont cinq jours, k partir de la consti¬
tution definitive du jury, pour formuler leurs reclamations.
Art. 9. — Le jury est compose comme suit: Un inspecteur general
des services administratifs du ministere de I’interieur, nomme par le
ministre, president;
Un professeur ou agrdgd, choisi par le ministre de I’interieur sur une
liste de 3 noms presentee par la Faculte de rnddecine de Paris ;
Deux mddecins en chef des asiles publics d alienes de la Seine;
Un medecin en chef appartenant: soit a la maison nationale de
Charenton, soit aux quartiers d’hospice de Bicetre ou de la Salpetriere,
soit a l'infirmerie du depdt pres la prefecture de police ;
Deux directeurs medecins ou medecins en chef des asiles publics des
departements autres que la Seine.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Deux suppliants, dont l’un pris parmi les mddecins en chef des
asiles de la Seine, et I'autre parmi ceux des asiles des autres ddpar-
temenls. *
Les listes des mddecins parmi lesquels sont lirds au sort les mem-
bres du jury sont arretdes par le ministre sur la proposition du direc-
teur de l’assistance et de l’hygidne-publiques, aprds avis du prdfet, et
ne doivent comprendre qne des mddecins comptant au moins cinq
anndes de grade et n’ayant pas pris partaux operations du precedent
concours, aucun juge, sauf le president ne pouvant faire partie de
deux jurys consdcutifs.
Sont adjoints au Jury avec voix consultative :
Le chef du service des abends de la prefecture de la Seine et le chef
du 1*’ bureau de la direction de l'assistance et de l'hygidne publiques
au ministdre de l'interieur.
En outre, un secretaire administrate est ddsignd, par arrdtd prdfecto-
ral, pour assister le jury dans les diverses operations du concours.
Art. 10. — Si un membre du jury pour un motif qnelconque, ne peut
assister k une seance du concours, il ne pourra plus continuer &
8idger dans le jury du dit concours ; mais le jury devra pour ddlibdrer
etre compose de cinq membres au moins.
Art. 11. — Les epreuves du concours sont rdgldes de la manidre
suivante :
1* Une dpreuve dcrite de pathologic mentale pour laquelle il fcera
accordd quatre lieures;
2° Une dpreuve clinique sur deux malades d’un service d’alidnds. Le
candidat aura une heure pour l’examen des deux malades, vingt minu¬
tes de reflexion et 30 minutes d’exposition :
3 # Une epreuve ecrite sur l’examen de deux alienes dont l’un sera
lobjet d'une consultation, I'autre l'objet d’un rapport medico-iegal. II
sera accorde au candidat trente minutes pour examiner chacun des
malades et trois heures au total pour rddiger le rapport et la consulta¬
tion ;
4* Une epreuve ecrite sur une question relative aux soins & donner
aux diffdrentes categories d'alidnds, pour laquelle il sera accorde deux
heures;
5° Une epreuve de clinique medicale ordinaire portant sur un malade.
Il sera accorde au candidat vingt minutes pour Pexamen, vingt minu¬
tes de reflexion et vingt minutes d’expositiion ;
6* Une epreuve sur titres. Les points de l'epreuve sur titres sont
donnes au debut du concours.
Art. 12. — Le maximum des points attribues & chacune des epreuves
est fixe a 30.
Dans le cas oil le nombre des candidats ayant pris part aux deux
premieres epreuves est supdrieur au quadruple du nombre des places,
ces deux premieres epreuves peuvent etre considdrdes comme dlimi
natoires pour la moitid des candidats.
Art. 13. — La police gdndrale du concours est confide au jury qui
determine notamment les regies k appliquer au choix des compositions
e la lecture et k la remise des copies, ddsigne les services ou doivent
etre subies les dpreuves cliniques, fixe le choix des malades qui seront
l objet de ces dpreuves et prend toutes dispositions utiles pour assurer
la rdgularite et la sinceritd du concours.
Art. 14. — En dehors du jury et du secretaire administrate, sont
seuls admis dans les locaux consacrds aux dpreutes dcrites, les candi-
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NOUVELLES
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dats oppeles k prendre part au concours. Les dpreuves orales sont
publiques.
Art. 15. - A la fin de chaque stance, il est donnd publiquement
connaissance aux candidats du nombre de points qui leur sont attribuds.
Art. 16. — Les candidats qui ont passd avec succ^s les dprenves du
concours sont. en cas de plusieurs places vacantes, classes par le jury
dans I’ordre de mdrite; its font alors choix des places k attribuer, sui-
vant leur ordre de classement.
Art. 17. — Les arrOtes prdfectoraux investissant les int6ress6s de
leurs fonction9, les arr&tds minist^riels determinant le traitement k
leur allouer, et la date de leur enlrde en fonctions, sont pris dans les
mOmes formes que les arr£t£s relatifs aux mddecins des asiles des
autres d6partements.
Art. 18. — Les frais du concours sont a la charge du departement de
la Seine.
Art. 19. — Le directeur de l’assistance et de l’hygtene publiques au
ministers de 1’intdrieur et le Pr^fet de la Seine sont charges, chacun
en ce qui le concerne, de l’exdcution du present arr6t6.
Fait k Paris, le 11 septembre 1907.
G. Clemenceau.
Concours pour la nomination d uno place de m£decln-adjoint A
Blcdtre et La Salp6trldre. — Un concours public pour la nomination
& une place de m&iecin-adjoint du service des ali6n6s dans les hospices
de Bicfctre et de la Salp6tri6re sera ouvert le lundi 25 novembre 1907,
k midi, dans la salle des concours de l’administration de l'Assistance
pubHque, rue des Snints-Pfcres, 49.
MM. les docteurs qui voudront concourir seront admis k se faire ins-
crire au service du personnel de l’administration, avenue Victoria, de
midi k trois heures tous les jours, dimanches et f6tes excepl^s, du lundi
21octobre au samedi 9 novembre inclusivement.
Gu6rlson de contractures hyst6riques par la rachi-stovaTnlsa-
tlon. — Un C89 aussi int^ressant par son (Uiologie que par le traite¬
ment dont il fut 1'objet, est rapports dans le Dculs. Med. Wo eh. par le
D T Wilms. Il s’agit d’un jeune soldat de 20 ans pr^sentant une contrac¬
ture hyst^rique de toute la jambe gauche qu’il tenait absolument rai-
die, sans qu'aucun traitement ait pu l amener k ex^cuter un mouve-
ment dans Tune des trois articulations de la hanche, du genou et du
cou de-pied. Aussi fut-il rdformS comme absolument invalide. Le doc-
teur Wilms eut alors l’id6e de rgaliser sur ce sujet une paralysie arti-
ficielle, pour lui ddmontrer qu'aucun obstacle organique ne s'opposait
chez lui aux mouvements articulaires. Il arriva rapidement par une in¬
jection de stovaine dans la moelle lombaire, a vaincre toute contractu¬
re. Lorsque apparurent les premiers signes de la disparition de la pa¬
ralysie ainsi provoqu^e, l’auteur fit lever l'opdr6 et le promena en le
tenant par la main, & travers la chambre.
A la suite de l’anesthGsie, les articulations de la hanche et du genou
redevinrent tout a fait mobiles ; le pied garda cependant toujours une
certaine raideur, probablement afin de permettre au patient de conti¬
nuer a toucher la rente qu’on lui avait allou^e au service. — (Bulletin
Gtotral de therapeuti(/ue y 8 septembre 1907, p. 3b1).
La lutte contre I’abslnthlsme. — « En attendant que les Chambres
fran^aises se d6cident & interdire la fabrication et la vente de I’absin-
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the, ces diverges mesures sontd&s 6 present strictement appliqudes en
Belgique.
En vertu d'une loi votde 1’an dernier et promulgude au Moniteur le
27 septembre 1906, d partir du dimanche 28 juillet 1907, la fabrication,
le transport ainsi que la ddlentlon pour la vente des absinthes, sont
interdites en Belgique sous peine d’une amende de 50 o 500 francs, et
d’un emprisonnement de huit jours & six mois ». (Journal dc mdilecine
et dc c/iirurgic pratique , 10 septembre).
11 ne faut pas s’exagdrer 1‘importance pratique de cette mesure ; si
nous en croyons certains voyageurs, on peut encore trouver et con-
sommer a Bruxelles des « oxvgdndes » et des « vertes » autorisdes,
peut-dlre parce qu’eiles ne contiennent pas d’ « absinthe » ; mais alors,
en Belgique avant 1’application de la loi du 27 septembre 1906, on pre-
nait son absinthe sans absinthe, et il continue dvidemmentd en dtrede
mdine d Paris. L'antialcoolisme ne gagne sans doute pas grand chose
d la nouvelle loi restrictive partielle que tous les hygidnistes fran^ais
proposent, d’ailleurs bien inutilement, com me exemple d nos ldgisla-
teurs.
Facuitd de mddeclne de Paris. Enselgnement psychlatrlque
(semestre d'hirer 1907-1908). — M. Joffroy commencera le cours
clinique de psychiatrie le samedi 16 novembre 1907, d dix heures, a
l’asile Ste*Anne,et lecontinuera lesmercredis et samedis suivants dla
mdrne lieure. MM. Dupouy et Rend Charpentier, chefs de clinique,
commenceront un cours thdorique de psychiatrie le jeudi 7 novembre,
d neuf heures et le continueront les lundis, jeudis et samedis suivants
d la mdme heure. — Examen des malades et redactions d observotions
et de rapports les lundis et jeudis d 10 heures d partir du 11 novembre.
Faculty de mddeclne de Catane. — M. le D r D. Massaro est nom-
md privat-docont de neurologie et de psychiatrie.
Mddico chirurgicai college de Philadeiphie. — M. le D r Th. H.
Wejsenburg, est nommd professeur de neurologie et de psychiatrie.
Facultd allemande de mddeclnede Prague. — M. le D r O. Fischer
est nommd privut-docent de psychiatrie.
College of physicians de New-York. — M. le D r F. Peterson, est
nommd professeur de psychiatrie.
Facultd de mddeclne de Naples. — M. le D r E. La Pegna, est
nommd privat-docent de neurologie et psychiatrie.
Facultd de mddeclne de Turin. — MM. les D r ‘ E. Audenino et Fr.
Burzio, sont nommds privat docent de psychiatrie.
Ndcrologies. — Le P r Hitzig, de Halle.
M. N. Vaschide, dlrecteur adjoint a 1'Ecole des Hautes-Etudes.
La Rddaction de la Recue de Psychiatric, particulidrement dprouvde
par la mort de M. Vaschide, consacrera & son collaborateur, dans le
numdro de novembre, un article ndcrologique.
Le girant : A. Coueslant.
rAUIS & CAllORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT (23-X-07)
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REVUE CRITIQUE
LES EXPERIENCES DE M. SHEPHERD IVORY FRANZ
(DE NEW-YORK)
AU SUJET DE LA PHYSIOLOGIE DU LOBE FRONTAL
Par P. Juquelier
Medecin adjoint des A tiles
Aux travaux des auteurs qui out, avant lui, conlribud k la
connaissance exacte des fonctions cdrdbrales, et plus particu-
li&rement des localisations du cortex, M. Shepherd Ivory
Franz * adresse un commun reproclie : Qu’il s’agisse d’obser-
vations cliniques ou d’experiences physiologiques praliquies
sur les animaux, les compte-rendus sont imprdcis.
Quelles sont la nature et l’dtendue de desordres porlant sur
les operations intellectuelles, et caractdrises par des mots tels
que : apathie, stupidity, irritability, amnesic, inconscience,
agitation, etc. ? Cela est impossible k dire. Les cliniciens, sur-
tout, ont'abusd des termes vagues, que nul fait n’explique,
radme dans les observations les plus ddtailldes par ailleurs; mais
encore que M. Sh. I. Franz ait pris les dldments de sa techni¬
que expdrimentale tres minutieuse A quelques physiologistes,
ces derniers sontle plus souvent coupables de la m&me negli¬
gence ; Schaefer se contente parfois du terme de semi-idiotie
pour ddpeindre l’dtat psychique d’un singe postdrieurement k la
destruction opdratoire du lobe temporal. Par quoi se marque
done l’idiotie du singe, alors que cet dtat « est si difficile k dia-
gnostiquer chez l’enfant A la simple observation ? »
Regreltant cette imprecision dans la description de plidnomd-
nes, « qui, de par leur destination scientifique, et dans l’dtat
actuel de la psychologic, devraient dire rapportds avec beau-
coup plus de soin, > l’auteur s’est efforce de mener k bien une
sdrie d’experiences rigoureuses, dont il nous communique les
rdsultats. Ses recherches ont eu pour but de preciser le role du
lobe frontal chez les singes et les chats. Son premier soin fut
dvidemmept d’eviter autant que possible l’objection capitate
adressde par lui k tous ses prdddeesseurs. II fallait done que la
comparaison des deux psychismes d’un mdme animal, avant et
aprds une intervention pratiqude dans l’intention de separer
fonctionnellement une portionjdu cortex du reste de l’encdphale,
port&t sur des processus mentaux bien determines. DejA Bian-
1 Sh. I. Pranz. On the fonctions of the Cerebrum the frontal Lobes : Archi -
vet of psychology. N* 2, mars 1907. New-York : The Science Press, une bro¬
chure 6'* p. avec figures.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
chi avait remarqu6 qu’un baboin par lui accoutum6 k faire au
commandement le salut militaire perdit ce pouvoir apres section
du lobe frontal gauche. Hitzig rapportait d’autre part des cons-
tatations analogues. M. Sh. I. Franz songea k verifier ce qu'il
advenait apres l’operation, d’actes series r6pondant k des asso¬
ciations de souvenirs bien apprises, mais apprises r^cemmentet
sous sa propre direction. II iraagina ou reprit apres Thorndike
plusieurs dispositifs. Le plus simple k l’usage des chats, consist e
k enferraer l’animal dans une boile, d’ou il doit s’6chapper en
faisantbasculer d’un coup de patte le loquet qui retient la porte.
D’abord anxieux de se sentir enferm6, le chat execute des
mouvements d&sordonnes, et n’ouvre la bolte que par hasard.
Au boutd’une semaine, il sort en moins de 2 sec., apres avoir fait
basculer le loquet presque de suite, et toujours du premier
geste, pour peu surtout qu’on ait mis sous ses yeux, la boite
6tant k claire-voie, quelque friandise. Apres une p6riode d’edu-
cation de 20 a 30 jours, certains singes (macaques ou rh6sus)
exdcutent en 15 ” un exercice Ires complexe, consislant k fran-
chir plusieurs barrieres de hauteur inSgale, k traverser une
cage, k escalader une petite echelle, et enfin k ouvrir une bolte
contenant des aliments.
Entre T6preuve de la bolte k simple loquet et cello dite des
barrieres, veritable course d’obstacles, d’autres dispositifs
offrent des difficult^ d’exdcution inlerm6diaires. Tanlot, lemode
d'ouverture de la cage dans laquelle l’animal est enferme pr6-
sente quelque complication; tantot, un singe plac6 dans une
grande cage doit ouvrir la porte d’une boite plus petite, adoss6e
k la premiere et contenant des aliments. Certains animaux ap-
prennent simultan6ment deux ou trois exercices. Lorsque la
mdmoire en est sure, le « sujet» peut rester sans entralnement
pendant un laps de temps assez long (quelques jours ouquelques
semaines). Pourtant, cet intervalle 6coul6, Tex^cution demeure
non seulement aussi correcte, mais encore, k peu de chose pres
aussi rapide qu’avant l’interruption. C’est apres cette verifica¬
tion que gdndralement rexpdrimentateur intervient pour sdpa-
rer du reste de Tencdphale la partie ant6rieure d’un ou des deux
lobes frontaux.
#
* #
L’op^ration est delicate et pr4sente certains ecueils. Les pr6-
d4cesseurs de M. Sh. I. Franz ont obtenu des r4sultats par-
tiellement inconciliables. Aussi, chacun a-t-il consid6r6 comme
un argument en faveur de ses propres conclusions le fait que
lesautres physiologistes ont commis des fautes de technique,
A ceux qui constaterent de grosses perturbations dans l f 6tat
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LES EXPERIENCES DE M. SHEPHERD- IVORY FRANZ
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mental des animaux opdrds, on objecta les effets de Fhdmorra-
gie, de l’auesthdsie, du choc opdratoire, de l’infection ; contre
ceux qui obtinrent des resultats ndgatifs, on fit valoir l’hypo-
tliese d’une intervention parcimonieuse, incomplete, done
physiologiqueraent nulle, ou praliqude en mauvaise place. Cela
nous explique les precautions dont s’est entourd Tauteur, et
pourquoi il ddcrit si minutieusement son proeddd opdratoire
depuis le premier temps des preliminaires : la coupe des poils
de la region ou va porter l’incision. D’ailleurs, k cdtd de details
qui nous semblent fastidieux, il en est d’intdressants : La subs
tance cdrdbrale dtant raise k nu, l’exploration dlectrique permet
de delimiter la rdgion motrice, situde en arriere de la zone de
rintervention. Llncision de la substance cdrdbrale est pratiqude
avec un fin couteau k cataracte : elle est au§si complete que pos¬
sible, puisqu’il s’agit de sdparer fonclionnellement la pointe
frontale du reste de l’encdphale, mais la portion sectionnde est
laissde en placo, ce qui dvite des tiraillements, des ruptures vas-
culaires, et, dans une certaine mesure, diminue les chances d*hd-
morragie grave ou l’intensitd du choc opdratoire. La piupart
des animaux opdrds ont admirablement supportd l’anesthdsie
et Topdration elle-mdme ; le lendemain de celle-ci, souvent,
singes et chats allaient, venaient, grimpaient aux barreaux de
leur cage ; et, en apparence, si le controle n'avait pas dfi porter
sur une sdrie de phdnomenes bien ddterminds, on aurait pu
croire que la section intra-cdrdbrale avait dtd absolument sans
consdquences. Cette conclusion prdmaturde aurait dtd d’autant
plus justiflde k un examen un peu superficiel, que 1’dmotivitd
parut presque toujours intacte, et tello qu’elle dtait k l'dtat
normal. Quant aux troubles moteurs et sensitifs, ils se montre-
rent trds fugaces lorsqu’il y en eut, mais le plus souvent, il
n’y en eut pas. Il en fut tout autrement des souvenirs rdsultant
d’une dducation recente, et plus particulierement des associa¬
tions k l’acquisition desquelles l’expdrimentateur avait patiem-
ment prdsidd; et e’est ici que les observations de M. Shepherd
Ivory Franz offrent tout leur intdrdt. Un animal chez lequel la
partie antdrieure du cortex, en avant de la rdgion motrice, a
dtd corapletement sdparde du reste des deux hdmispheres, va et
vient, mange, accomplit correctement toute une sdrie d’actes
habituels au point qu’il parait normal. Mais il est gdndralement
incapable de rdpdter celui ou ceux des exerfcices dnumdrds plus
haut qu’il avait appris k exdcuter, rapidement et surement,
iramddiatement avant d’dtre opdrd. On peut se demander, dds
lors, si la section des lobes frontaux a supprimd de la vie
psychique de l’animal tout ce qui n’est pas purement instinclif,
tout ce qui est le rdsultat d’une dducation de luxe, pour ainsi
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REVUE DE PSYCHIATRIE
dire, il n’en est rien : Le singe de Tobservation VIII, agd d’un
an et demi, au moment oil il subil le traumatisme experimental,
est entraind depuis plusieurs mois k sauter sur 1’epaule de Tau-
teur quand celui-ci fait claquer ses doigts. Il execute 'correcle-
ment ltepreuve des barrieres depuis quelques jours seulement,
et apres une pdriode d’education de quatre semaines. La section
des lobes frontaux etant pratiquee, ce singe saute au comman*
dement sur repaule de M. Franz, mais se derobe des le premier
temps de Tautre exercice. Le singe de robservation XVII, opere
5 mois apres que repreuve dite de la « boite a aliments » etait
parlaitement sue, executa cette epreuve aussi bien apres Tope-
ration qu’avant. Done la section de la parlie anterieure des
lobes frontaux ne detruit pas les habitudes devenues refleies.
Diverses contre-experiences dont le lecteur trouvei a le detail
dans Tarticle que nous analysons, ont permis k Tauteur de s’as-
surer que :
La reeducation est possible chez les animaux opdres k la
pdriode d'education achevee, mais non rdflexe : elle est aussi
longue que si Tanimal apprenait quelque chose de nouveau.
La section portant sur d’autres parties du cerveau (lobes
parietaux) n’a pas le meme rdsultat, et par consequent, le choc
opdratoire ne peut etre incrimine. La section d’un seul lobe
frontal produit plus souvent'vme augmentation du temps de
Texecution de repreuve que la suppression du souvenir de
celle-ci.
Mais la conclusion primordiale qui se ddgagede Tintdressante
sdrie de constatations de M. Shepherd Iivory Franz est que
le lobe frontal sert k apprendre , k acqu4rir des associations
nouvelles dont le souvenir (y compris le souvenir de la reaction
appropriee), sera plus tard conserve par d’autres territoires
corticaux ou sous corticaux. La possibility de la reeducation
apres la double section ne s’explique sans doute que par la
conservation des relations fonctionnelles d’une certaine partie
de cette zone dissociation, (la partie tout-i-fait posterieure)
avec le reste de Tencephale. On peut admettre d’ailleurs, sans
etre en contradiction avec Tauteur, que le choc operatoire
limite k la region etudiee, accentue le deficit constate apres la
lesion, tout se passe comme si la blessure etait plus grave
qu’elle n’est en reality. Mais cette hypolhese d’une inhibition
locale n’implique pas, (d’autres experiences Tont d6montre),
que les perturbations psychiques constatees dans les observa¬
tions de M. Franz sont dues k Taction generate d’un choc,
qui devrait produire les meraes rdsultats lors des operations
portant sur les zones cerebrates les plus diverses.
Il n’est pas ddraisonnable d’appliquer A la physiologie du
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LES EXPERIENCES DE M. SHEPHERD IVORY FRANZ
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cerveau de Thornme, quelques-unes des conclusions que M. Sh.
I. Franz a tirdes deses experiences sur les singes et les chats;
nous croyons comme lui qu’il y aurait le plus grand interet k
poursuivre dans les University et dans les asiles d’aliends des
recherclies psychologiques et cliniques paralleles, en quelque
sorte, aux experiences de laboratoire ; d’autre part, il n’est pas
douteux que les observations, portant sur le fonctionneraent
du cerveau de riiomme au cours des divers etats morbides
gagneraient k etre plus fouiliees au point de vue psycliologique.
Malheureusement, il n’y a que des cas cliniques complexes, et
dans les circonstances les plus favorables k Tdtude de Taction
locale d’une ldsion du cerveau, le tableau symptomatique est
trop vaguement esquissd parce que Tebranlement trauma-
tique, Tinfection ou Tintoxication d’origine endogene (tuineurs)
determinant Tapparition de phdnomenes d’inhibition gendrale
des centres, et rendent impossible Tapprdciation d*un trouble
de fonctionnement bien limite.
Voil& pourquoi des termes imprdcis tels que : torpeur, apa-
thie, somnolence, indifference, agitation automatique, incohe¬
rence, depression, rdsument si souvent tout un etat mental
dans les observations de tumeurs ou de traumatismes du cer¬
veau. La description est vague, parce que l’dtat, si Ton peut
dire, est lui-m£me vague.
Si bien qu’il est malaise de verifier par la mdthode clinique,
et pour le cerveau humain, des experiences aussi precises que
celles de M. Sh. I. Franz (II est d’ailleurs legitime de sup-
poser qu’il y a plus, et autre chose, dans le lobe frontal de
Thomme que dans celui du singe). Le luxe de details auquel
s est complu Tauteur pour Tedification de sa technique, et que
quelques pages de son tres intdressant travail nous decrivent
fastidieusement, parfois mdme avec une certaine naivete, a eu
pour but de realiser des conditions experimental qu’aucun
cas patliologique ne realisera jamais. II ne faut deraander k la
clinique que ce qu’elle peut donner. II y a souvent dans l’im-
prdcision des termes de bien des relations pius de prudence
honnete que de negligence.
Pour rester dans les strides limitesdeTobservationdesfaits,et
pour se garder de laisser considdrer comme demontrd ce quine
peutqu’etre soupconnd, le clinicien doit sa voir secontenterd’une
indication br6ve. Celle-ci manque peut-dtre de rigueur aux
yeux du physiologisle (maltre des causes, pourvu qu’il soit un
experimentateur habile) : elle ne Tegarera pas dans la voie de
vaines recherches, et ne sera pas la source d’inutiles contra¬
dictions. Ces reserves k l’objection adresseepar Tauteur k Ten-
semble de ses .devanciers, ne sontpas pour excuserles observa-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
teurs ndgligents: D’ailleurs, il ne faudrait pas croire que M. Sh.
Ivory Franz meconnait la valeur et Pimportance des travaux
qui ont prdcedd le sien. II a consacrd un long chapitre dont
nous dirons encore quelques mots k l’analyse et k la critique des
principaux ouvrages concernant la physiologie du cerveau, pa-
rus depuis le commencement du xix # sifecle.
#
# #
C’est d'abord une sortede rehabilitation de la phrenologie,
ou du moins des invenleurs de cette curieuse hypothese, pre¬
miere expression de la doctrine des localisations cdrdbrales,
premiere reaction contre les philosophes et les th6ologieus qui
refusaient d’associer Telude de rintelligence a cellede la phy-
siologie du cerveau.
GALLet Spurzheim (le premier surtout) ont eu pire quel’ou-
bli dansl’appreciation dela posterity, qui juge d’ensemblo. On
ne connait d’eux que la theorie de la projection des « facult6s »
sur le crane reproduisant lui-m6me la forme dela masse ner-
veuse enc6phalique. Cependant, leurs hypotheses sur les nom-
breux systemes intracer6braux en rapport avec les differentes
fonetions, ont fait du chemin, comme celles sur le rdle de sys¬
temes commissuraux.
« Leurs observations, dit M. Sh. I. Franz, avaient une grande
valeur, pour Pdpoque oil ils vivaient; et d’autre part, ils ont eu
le m6rite de provoquer des discussions fecondes
On n’est pas surpris, apres la lecture du paragraphe consa-
cr6 k Gall et Spurzheim. et apres Texposd de P experience ce-
lebre de Rolando, de voir Flourens traits par rauleur avec
une certaine sdverit6. Flourens en effet fut anti-localisateur.
Prdoccupd de combattre la theorie phr^nologique, il ndgligea
trop les faits observes par Gall et Spurzheim, et « renfor^a
quelques erreurs Il est vrai qu’on lui doit de remarquables
experiences tendant k elucider certaines functions de la inoelle
allong4e et du cervelet.
Quelques cliniciens,LALLEMAND, Parchappe et Bouillaud,
furent amenes, de par leurs conslatations d’autopsie, k aftirmer
Timportance du cortex dans Pex6cution des mouvements vo-
lontaires et dans la perception consciente des impressions peri-
pheriques. Mais deux noms, ceux de Broca et de IIitzig do-
minent toute Phistoire des localisations c&\brales. Le premier
montra toute la valeur que les observations cliniques peu-
vent avoir dans Petudo des fonetions du cerveau, et discuta
victorieusement la theorie de Flourens. comraunement admise
k son 6poque. Le second, prenant pour point de depart de son
celebre travail de 1870, en collaboration avec Fritsch, Pexpe-
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LES EXPERIENCES DE M. SHEPHERD IVORY FRANZ
447
rience de Rolando, delimits sui* le cortex certaines zones ex-
citables par l’61ectricit4 : II indiqua les regions motrices sur le
cerveau du chien, puis sur celui de 1’homme, deux ans plus tard.
Enfin, il localisa les processus de la perception visuelle dans la
region occipitale du cortex.
Parmi les continuateurs de Hitzig, M. Sh. I. Franz nomine
surtout Goltz, Horsley, Munk, Schaefer, Sherrington et
Ferrier. A ce dernier, expdrimentateur universellement
estimd, l’auteur reproche k juste titre de ne pas attribuer aux
observations cliniques toute l'importance qu’elles meritent.
Malgrd l’imprdcision k laquelle elle est obligee de se resigner
quelquefois, et que nous excusions plus liaut, la clinique aura
toujours le dernier mot lorsqu’il s’agira de determiner cliez
l'liomme les relations du cerveau avec les processus les plus
eievds de 1’intelligence.
A pres cet expose historique, 1'auteur fait la synthese des
connaissances et des theories actuelles concernant le lobe fron¬
tal. Les lobes frontaux sont des centres moteurs, d’apres Munk
et Ferrier, mais css deux auteurs sont loin d’etre d'accord
sur le si&ge et la valeur de ces fonctions motrices, et Ferrier
critique avec une injuste sevdrite les experiences de Munk.
A pres l’extirpalion des zones prdfron tales et frontales chez le
chat, M. Sh.-I. Franz, n’a guere trouve de troubles moteurs
et les fonctions motrices du lobe frontal doiventetre limitees k
la region posterieure.
D’apres Fano, Libertini, Oddi et Rondiconti, Shaefer,
le lobe frontal aurait une action d'inhibition sur les reflexes.
Cette opinion est critiquee par Ziehen, en faveur de qui plai-
dentles constatations de 1'auteur.
Les travaux de Bayermam et Langelaan au sujet des fonc¬
tions des lobes frontaux dans l’attention, ne sont pas tres
probants.
Ce qui intdressait surtout M. Sh . I. Franz et ce qui a servi de
point de depart k ses experiences, c’dtait de determiner le rdle
possible des lobes frontaux dans les processus intellectuels dits
supdiieurs (rndmoire coordonnde, association des iddes etc...).
Un nombre a peu prbs egal de cas positil's et de cas negatil's, taut
comme observations cliniques que comme rdsultat d’experien¬
ces sur les animaux, laissait non resolue la question de savoir
si les fonctions proprement intellectuelles du lobe frontal
soutenues par Broca et Hitzig existent ou non. De Id,
l’exaraen des statistiques de Welt, Phelps, Muller et
Schuster, des travaux de Schaefer, Horsley, Bianciii et
de bien d'aulres. Nous avons fait allusion au debut de cette
analyse aux contradictions partielles des resultats les plus cons-
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448
REVUE DE PSYCHIATRIE
ciencieusement enregistrds, et aux causes possibles de ces
contradiclions. Tout cela lut remarqud par M. Sh. Ivory
Franz, qui s’entoura des garanties les plus minutieuses dans
Texeculion de sa tres belle s4rie d’exp4riences. Les conclusions
seront sans doute k verifier, k rectifier ou k completer ; mais
tant par la saine critique des resultats precedents, que par
rimportance de ieflort personnel, le travail de M. Sh. Ivory
Franz nous a paru meriter d'etre signale k Patten tion'dies lec-
teurs par un compte rendu quelque peu ddtailld..
FA ITS FT OPINIONS
REMARQUES SUR L’ACTION CLINIQUE DE LTODE
AU COURS DES ETATS DE STUPIDITE ET DE CONFUSION
MENTALE
Par Henri Damayb
Mei{ec in-adjoint & I’Asile de Bailleul
L’emploi de moyens therapeutiques empruntes k la pathologie
generale estdevenu aujourd’hui un utile adjuvant dans le traite-
ment de certaines affections mentales, et notamment dans les cas
aigus et subaigus, soit pour lutter contre la cause efficient© elle-
m&me, soit plus simplement, pour combattreun symptome predo¬
minant.
Les procedes tendant k relever un organisme, k favoriser
1’elimination des toxines ou k enrayer une infection, sont venus
se joindre k ceux destines k attenuer et k faire disparaitre soit
Texcitation, soit l’anxiete ou la depression grdce k l’utilisalion de
substances medicamenleuses k effets determines par l’experimen-
tation physiologique ou l’empirisme. Ainsi, dans nombre de
cas, le traitement moral est puissamment aide par ces agents mo-
dificateurs de re tat organique.
Nous avons en vue, dans cet article, les modifications suscepti-
bles d’etre produites, chez les confus et les deprimes, par Tab-
sorption de l iode et de ses composes et k ce propos. nous vou-
drions exposer quelques fails observes chez nos malades sous
Tinfluence de cette medication.
Nous rappellerons que d’interessants resultats ont ete obtenus
en Angleterre par Buchnill qui, vers le milieu du siecle precedent
recommandait Tiodure de potassium comme stimulant avec Teiec-
tro galvanisme, dans le traitement de la meiancolie. Verslameme
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REMARQUES SUR L'ACTION CLINIQUE DE L'lODE
449
dpoque, en France, Lunier', par Tadministration simultanAe d’io-
dures et de bromures A des mAlancoliques et A des paralytiques
gAnAraux relatait chez les premiers des guArisonsoti.des ameliora¬
tions et chez les autres des ameliorations. II est regrettable que ce
grand alieniste n ait pas poursuivi les recherches dans cette yoie
et ne les ait pas etendues A d’autres varietes d’affections mentales.
Depuis, un certain nombre de medications efficaces ont ete prd-
conisAes par d'autres auteurs. II faut citer les faits rapportes par
Viallon, Alombert-Goget et Convers 1 * 3 4 qui ont observe une amelio¬
ration dans les sympt6mes chez des meiancoliques depresses et
des confus par Temploi du formiate de soude 3 , SAglas* et de
Boeck 5 ont conseilie les injections de serum artificiel dans les
psychoses d’origine toxique, la confusion mentale en particulier.
Dans les memos affections, Regis 6 utilise egalement avec avan-
tage le lavage de Testomac. Anglade 7 administre, dans le$ etats
ddpressifs, la lecithin© et les arsenicaux comme toniques du sys-
t6me nerveux.
Chez des maiades atteints de confusion mentale, nous avons,
depuis plus d’un an, observe quelques effets attribuables & Taction
des preparations iodees qui leur etaient administrees. Parmi ces
confus, quelques-uns etaient en etat de stupidite plus ou moins
accentuee, mais sans catatonie. Dans leurs observations, que mal-
heureusement nous ne pouvons que resumer ici, nous essaierons
de representer leur physionomie clinique aussi caracteristique que
possible.
Nous avons administre Tiode, soit per os, sous forme d’iodure
ou de liqueur de Gram trfcs faible, soit en injections intra-muscu-
laire de la meme liqueur plus concentree.
Pour la commodite de Tinterpretation, divisons en trois groupes
la serie de nos observations.
1" groupe. — a) P*** Joseph, comptable, entrA A l’asile de Bas-
sens le 9 octobre 1902 A l’Age de 20 ans. Grand-oncle paternel aliA-
ne. A regu une bonne instruction. En 1900* idAes religieuses exa-
gArAes qui s’etaient dAjA manifestees A plusieurs reprises pendant
Tadolescence. Puis idees de damnation, peur dudiable. Excitation,
insomnie ou rautisme et refus d’aliments : voulait. se purifier et
mourir, se couper les organes gAnitaux et se jeter par une fenA-
tre. En juinl906 : Atat de stupidity, indifference, sourire enigmati-
que. Prononce de temps A autre, spontanAment, quelques mots A
1 Lunier. De Temploi de la medication bromo-ioduree dans le traitement
de Tali6nation mentale et de la paralysie generate progressive. Annales
MSdico-j sychol. 1853.
* Convers. De Taction de l’ncide formique en m^dccine mentale. Annales
Medieo-psychol. Mai-juin, 11)06.
3 Dose : 2 gr. 50 par jour, pendant un mois.
4 Traits de th6rapeu’ique de Robin. Cit6 par Cbaslin, p. 95.
5 De Bceck. Des injections de s£rum artificiel chez les alilnes. Bull, de la
Soc. de ra4decine mentale de Belgique 1898, n° 89.
6 Regis. Precis de psychidtrie , 1906.
7 Anglade. Trait6 de path, mentale de Gilbert Ballet, p, 1354.
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450
REVUE DE PSYCBUTRIR
voix basse. Lenteur del’idAation et de tous les mouvements. Lots-
qu’il n est pas'alitA, reste seal, immobile, A la mAme place. G4tis~
me. II faut l'aider A s'habiller, le eooduire A table et l’y assaedr:
alors, il mange seul, quoique avec une extreme lenteur. On le
questionne plus commodAment par Acrit : je lui demande ainsi son
Age; il m’Acrit: « 18 ans ». Grosses erreurs dans les calculs faei-
les. Pupilles inAgales avec conservation du reflexe lumineux.
RAflexes tendineux exagAres. RAflexe plantaire en flexion lAgAre.
Dermographisme cutanA. Insuffisance mitrale bien supports.
On tente, chez ce malade, des injections intra-musculaires de
solution iodo-ioduree, mais on doit y renoncer, car il oppose une
forte resistance A nos essais. Le 6 juillet 1906, nous le soumet-
tons A un traitement analogue per os'.
AprAs quelques semaines, on commence A observer une diminu¬
tion graduelle de I’Alat stupide. En octobre, P*** fait quelques com¬
missions faciles et aide au transport des aliments de la cuisine A
son quartier. L’infirmier qui le soigne remarque spontanement
que« depuis qu’il prend une potion, il devient beaucoup plus
dAgourdi ». Quelques experiences de psychologic sont maintenant
possibles.
On constate ainsi que la mAmoire immediate est assez bonne;
P*** peut faire quelques comparaisons simples, conclure des syl-
logismes faciles. La perception des sensibilitAs cutanAes se mani¬
festo par des reactions plus vives et plus rapides. Cependant la
confusion mentale existe encore. InterrogA, il rApond, mais orale-
ment cette fois, qu’il a 18 ans, que l’on est en avril; nAanmoins. il
sait que 1‘annAe actuelle est 1906 et qu’il a fait son service mili-
taire il y a quatre ans dans les hussards, A Valence. Cet Atat a
persistA, car en juillet 1907, nous sommes avertis que ce malade
travaille mais en refusant, la plupart du temps, de parler.
b) D*** Augustine, cultivatrice, entre A l’asile de Bassens le 25
mai 1906 A l’Age de 30 ans. — Un frAre, AgA de 21 ans, d’intelli-
gence normale. — Deux mois avant son entrAe A l'asile, cette ma¬
lade avait eu une grippe et, A cette occasion, prAsenta de la confu¬
sion mentale qui s’accompagna bientAt d’anxiAtA, puis de stupidity
avec mutisme absolu et refus de s’alimenter. AmAnorrhAe depuis
janvier 1906. C’est dans cet Atat stupide que D*** arriva A l’asile.
GAtisme. NAgativisme. Reste immobile sur une chaise ou dans
son lit, les yeux toujours fermAs. Il faut l'habiller et la
faire manger, encore y parvient-on trAs difficilement. Reflexes
tendineux exagArAs. RAflexe plantaire en flexion prononcAe. Pas
de tremblement des mains. Au coeur, bruit de galop. Impossibility
de recueillir des urines et de la sonder, car elle oppose alors une
vive rAsistance. Pour cette mAme raison, les injections hypoder-
miques ne purent etre pratiquAes.
1 La dose quotidiennc administree £tait :
S lode metalloidc 0,05 centigrammes.
Iodure de sodium 0, 25 centigrammes.
Eau distill^e 80 grammes,
que le malade absorbait dans la matinee.
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REMARQUES SUR l’aCTION CLINIQUE DE L IODE
451
Le 6 juillet D*** commence le meme traitement iode que le ma-
lade de l’observation precedente.
Au bout d‘une quinzaine de jours, une modification devint appre¬
ciable dans son etat et peu k peu s’accentua. La malade com menga
& s’alimenter avec moins de difficult et& s’habiller seule. On put
la faire balayer puis coudre. En vaquant k ces travaux, elle se
tenait toujours tete baisseeet sans dire une seule parole. Lenega-
tivisme persista : D***detournait la tete lorsqu'on lui adressait la
parole et opposait toujours unecertaine resistance, mais de moins
en moins vive, toutes les fois que l’on procedait k son examen
physique. Les sensibilites cutanes semblent pergues plus nette-
ment, en tout cas leur exploration donne lieu & des reactions mo-
trices manifestos. Les regies reparurent le mois suivant.
En fevrier 1907, meme etat, mais il semble que la malade ebau-
che un petit mouvement des levres lorsqu’on lui pose une ques¬
tion.
Cet etat se maintint, avec le meme mutisme, jusqu’en avril,
epoque oil le frere de la malade la jugeant ameliorate, la fit sortir
de l’Asile.
c) M*** Flora, entree k l’asile de Bailleul en 1906, k I’Age de 19
ans. Une sceur d’intelligence normale. M*** aurait presente, au
dire de sa mere, des idees deiirantes k plusieurs reprises, depuis
deux ans environ. A l’asile, confusion mentale avec excitation qui
dur^ plusieurs mois, puis phase de stupidity.
En juin 1907, la periode stupide dure toujours. Mutisme absolu-
Peu de negativisme. Passe son temps k tracer des hieroglyphes
sur un cahier. Facies inexpressif qui s'illumine parfois cependant
d’unsourire fige. Constipation habituelle et opiniatre. Comprend
cependant quelques-uns des ordres qu’on lui donne et les execute
tant bien que mal.
Embonpoint : Bien r£gl£e depuis qu elle est dans cette phase
stupide. Dilatation des pupilles k la penombre exag6r6e.
Reflexes tendineux un peu brusques. Dermographisme cutane.
Le 28 juin 1907, M*** est soumise k un traitement iodure (0,25
centig. iodure de potassium, en solution, chaque matin).
Le 9 juillet, une modification sedessine dans son etat. M*** com¬
mence k prononcer quelques paroles : « Qu’est-ce que vous me
voulez ? » puis elle demande k retourner k Cambrai. La marche
devient plus agile. De temps k autre, au lieu du sourire, un eclat
de rire bruyant, immotive en apparence. Le regard est plus ex-
pressif et la comprehension semble un peu reveille. La malade
mange seule, quoique tr&s lentement. Quelques jours plus tard,
la constipation semble moins opinidtre et plusieurs selles survien-
nent spontan6ment.
Cet etat se prolonge ainsi durant un mois et demi environ, mais
la confusion des idees existe toujours ainsi que des hallucinations
qui nous sont reveiees, vraisemblablement, par des eclats de rire
et quelques mots prononces, de temps k autre, k mi-voix. L’atten-
tion est toujours assez fugace. La malade demeure indifferente
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452
REVUE DE PSYCHIATR1E
devant une addition qu’on lui propose d’effectuer et se met encore
ft tracer ses hiftroglyphes sur le papier.
Le 20 aoftt, on remarque une tendance ft ^excitation par mo¬
ments et cette modification s’accentue un peu dans les jours qui
suivent. Nous supprimons alors I’iodure. M*** n’en continue pas
iqoins ft parler seule et ft voix plus haute, circulant dans les salles
en se rftfugiant dans les coins ; elle ne prftte qu'une trfts minime
attention aux paroles qui lui sont adressefts et s’alimente moins
bien.
Dans les premiers jours de septembre, un Iftger embarras gas-
trique etant survenu, l’fttatque nous venons de decrire fit place ft
une nouvelle periode de depression avec mutisme. Nous n’avons
pas repris depuis le traitement iodurft, A noter que chez cette ma¬
lade, dont les rftgles fttaient auparavant rftguliftres, I’ftpoque mens-
truelle subit un retard de treize jours en juillet et d’unedizaine de
jours en aout.
d) D ¥ ** Jeanne, couturiftre. Entrfte ft l’asile de Bailleul en avril
1907, ft l’ftge de 20 ans. Pftre ftthylique. Mftre « nftvropathe ». —
Dftbut de l’affpction en Avril, « ft la suite d’un cauchemar », disent
les parents, par un delire ft predominance religieuse, puis inco¬
herent, avec excitation. A l’Asile, confusion mentale avec depres¬
sion legftre, mais sans etat stupide. Desorientation dans le temps
et respace. Illusions de fausse reconnaissance. Idees de persecu¬
tion et d’indignite ; hallucinations auditives manifestos, ft certains
jours. Constipation habituelle, mais gfttisme par moments. Xe
parlequ’ft voix basse. Amenorrhee. Anftmie legftre. Reflexe patel-
laire exagftrft. Reflexe plantaire nul. Dermographisme cutanft.
Vingt jours aprfts son entrfte ft l’Asile, elle a augmente de 1 kilo
500.
Le 5 juin 1907. commence ft prendre cheque jour, 0,25 centigr.
iodure de potassium en solution.
Le 13 juin, apparition des rftgles pour la premiftrefois depuis que
la malade est ft I’Asile. L ftcoulement menstruel fut trfts peu abon-
dant et dura quatre jours. En mftme temps D*** devenait plus
ftveillee mais aussi mangeait moins bien et ne cousait presque
plus. L’fttatde confusion mentale persistait et il en fut ainsi jus-
qu’au 11 juillet, ftpoqueou la malade refusa de prendre I’iodure,
sous l’influence d idees d’empoisonnement ; ces mftmes idees la
portaient aussi, d ailleurs, ft refuser certains aliments, lors des
repas,
Jusqu’au 22 juillet, l'fttat de D** ¥ ne se modifia pas, mais ft cette
date, la malade se remit ft coudre avec plus d’assiduitft et la con¬
fusion des idftes diminua peu ft peu. Elle reprit de nouveau de
I’iodure pendant cinq jours puis voulut encore cesser, sous l"in-
fluence de ses idees d’empoisonnemenl. Ces derniftres persistftrent
malgrft la disparition de la confusion.
Le 7 aoiit, les rftgles apparurent de nouveau, toujours peu abon-
dantes. La confusion mentale avait disparu presque entiftrement,
Neanmoins D*** prftsentait encore des idees dftlirantes. Le 20ao&t,
cette malade quittait l’asile, rftclamfte par sa famille.
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REMARQUES SUR L*ACTION CLINIQUE DE L IODE
453
Voilfc done quatre observations dans lesquelles l’administration
de l’iode a dtd suivie, soit d une notable attenuation de l’dtat stu-
pide, soit d’une ldgdre excitation qui pouvait dtre considdrde com*
me une amelioration tout au moins passagdre. A noter aussi les
modifications dans la fonction menstrurelle qui accompagnerent les
phenomdnes precedent. Dans les deux cas qui vont suivre, la md-
thode suivie pour l’absorption de l’iode a dtd celle des injections
massives intra-musculaires ou quelque fpis hypodermiques L
Jamais elle n'a donnd lieu & la production d’abeds chez nos ma-
lades.
£* groupe . — a). P*** Marius, sabotier, entre k 1‘Asile de Bas-
sens en mars 1906 k lAge de 28 ans. Pas d’antdeddents hdrdditai-
res, ni personnels. Etait intelligent, gai et laborieux. — Ddbut
de lamaladieen 1904 par « un dtat ddpressif entrecoupd d’dclats
de rire sans motif apparent » ; puis, hallucinations additives et
visuelles avec iddes de persecution. A l’asile, ne manifesto gudre,
en faitdidees ddlirantes, que des preoccupations hypocondriaques
et de vagues idees de persecution, mais il existe en mdme temps
un dtat de confusion mentale sans stupiditd et sous lequel les ex¬
periences psychologiques ddcdlent des facultds intactes et un ni¬
veau intellectuel encore normal : ce malade n’a pas encore atteint
la pdriode ddmentielle de l’affection. Reflexes tendineux forts.
Dermographisme cutand. Corps thyroide augmentd de volume
dans tous ses lobes. Ne gdte pas. Mange bien. Ne peut se livrer k
aucune occupation.
Le 7 ddeembre 1906, on commence les injections d$ solution
iodo-iodurde. Les urines ne continrent jamais ni albumioe, ni su¬
cre. Jamais ce malade ne prdsenta de phdnomdnes aigus d’io-
disme ; cependant, peu k peu il s’amaigrit et les teguments prirent
une teinte terne, cuivrde. Le 31 janvier, on cessa le traitement et
on lui administra pendant huit jours 50 gr. viandecrue,30 gr.sucre
et une cuillerde huile de foie de morue: au bout dequelques jours,
P*** avail pris un embonpoint et un teint rosdqu’il n’avait jamais
prdsentd auparavant. Mais, ni les injecctions ioddes, ni le coup de
fouet donnd k l’organisme en ces derniers temps n’eurent d’in*
fluence appreciable sur l’dtat mental. Le goitre lui mdme n’avait
subi aucun changement.
6) V*** tailleuse, entrde k l’Asile de Bassens le 30 septembre
1906 k 1 Age de 37 8ns, venant de 1’Asile de Bel-Air (Gendve), Grip¬
pe en janvier 1905 ; pendant la convalescence, la confusion men¬
tale se declare avec idees de persecution et hallucinations auditi-
ves, puis alternance de pdriodes d’agitation parfois violente avec
des phases de depression accompagndes de mutisme et de refus
d’aliments. Jamais de stupiditd. Pas de g&tisme. Lors de ses pd-
riodes d’excitation et parfois aussi pendant les phases ddpressives,
1 On injectait, tous les deux jours , d'abord 30 cent, cubes, puis 50 et jus-
qu’& 100 de la solution suivante :
( lode metnlloVde 2 grammes, 50.
lodure de potassium 12 gr. 50
Eau distillle 1000 gr.
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454
REVUE DE PSYCHIATRIE
se prAcipite subitement sur les objets qui se trouvent A sa portae
et les brise ou les dechire. Elle nous dit, dans ses phases dAcou-
sues, qu'elle a perdu un^enfant de convulsions et qu’A l’Age de
quatorze ans elle a Ate atteinte d’ « ArysipAle », « assise sur mon
lit, ajoute-t-elle, je disais des choses dont je ne me rappelle pas ».
LAger tremblement fin de la langue et des mains. Pupilles Agates,
reflexe lumineux conserve. Reflexes lendineux, exagArAs. Insuffi
sance mitrale avec rAtrAcissement. Etat anAmique. MAnor-
rhagieset LeueorrhAe. Sous cet etat de confusion, les experiences
psychologies et Fobservation minutieuse rAvAlent des facultAs
absolument intAgres.
Le 14 novembre 1906, on commence les injections iodo-iodurees
suivant la mAme mAthode que chez le malade precedent. Elies fu-
rent continuees jusqu’au 10 fAvrierl907 sans amener de change-
ment appreciable dans l’Atat mental : cependant, Fattention sem-
blait, vers la fin, un peu plus soutenue. Parmi les phrases sans
lien de Mme V***, il y en avait de bien 6 propos, s’adaptant trAs
bien aux circonstances, mais toujours suivies d autres en dehors
du sujet et dont 1’idAe etait congue on ne sait pourquoi. La malade
s'Atant amaigrie beaucoup sous l'influence de l'absorption deFiode
et ayant pris aussi un teint un peu livide, on lui donna, comme au
malade precedent, mais sans interrompre le traitement, de la
viande crue, du sucre et de Fhuile de foie de morue et en cinq ou
six jours, la mAme transformation physique s’Atait operee. En
janvier les regies etaient redevenues normales et la leucorrhee
avait disparu.
Par consequent, pas de changement appreciable dans l’AlAment
confusion chez les deux malades de cette serie. L’affection etait
ancienne, & allure chronique et, dans le second cas, semblait Avo-
luer sur un terrain bien predispose.
Nous arrivons enfin A d’autres cas plus heureux dans leur issue.
3 * groupe. — a) V*** Auguste, cultivateur, entrA A Fasile de Bas-
sens en janvier 1905, b l’Age de 26 ans. Sobre, laborieux et Aco-
nome avant sa maladie. Contrarie par un mariage manque. —
Debut en novembre 1904 par des idAes meiancoliques et de perse
cution avec hallucinations auditives et visuelles ; tentative de sui¬
cide par empoisonnement. BientAt, confusion mentale b forme
onirique et idees hypocondriaques. A Fasile mAme etat, s’isole,
aspect meiancolique et de temps b autre un rire spontanA. Pas
d excitation. Mange bien. Pas de gAtisme. Pupille droite plus
grande que la gauche avec reflexe lumineux conserve. Goitre kys-
tique du lobe droit du corps thyroide. Au coeur, bruit de galop.
Pas de glycosurie ni d’albuminurie depuis que le malade est A
Bassens. L’examen psychologique laisse voir nettement un foods
de dAbilite mentale native sous la confusion.
Le traitement par les injections iodo-iodurAes est instituA le 7
dAcembre 1906 et continue jusqu’au 28 janvier 1907.
Avant qu’un amaigrissement notable ait eu le temps de se pro-
duire, on constate peu A peu une attenuation trAs lente de la con-
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REMARQUE9* SUR L ACTION CLINIQUE DE LIODE
455
fusion mentale, laquelle secontinua apr^scessation du traitement.
Actuellement, V*** ne presente plus de confusion appreciable,
mais refuse encore de s’occuper & quoi que ce soit. Son goitre n’a
ete nullement influence par le traitement.
b) M*** Theodore, charretier, entre b l’asile deBassens le 7 juin *
1906 b lAge de 23 ans. Vient de l’asile de Bel-Air. — Debut en jan-
vier 1906 par une attaque de rhumatisme articulaire aigu au cours
de laquelle il presenta tout b coup de la confusion mentale avec
excitation, iddes de persecutions, hallucination visuelles et audi-
tives. L’excitation disparut et fit place b un etat catatonique. Passait
son temps dans un coin ou b se promener b pas comptes dans le
jardin. C’est dans cet etat qu'il arriva b Bassens. Mutisme absolu.
Etat stupide. Pleure silencieusement de temps b autre. Pas de
g&tisme. II faut le conduire b table : I&, il s’alinfente seul, mais
insuffisamment et trfcs lentement. Pupille droite un peu plus
grande que la gauche svec reflexe lumineux conserve. Reflexes
tendineux exagerds. Dermographisme cutane.
On le soumet aux injections iodo iodureesle 7 juillet 1906.
Le 20 juillet, M*** commence b prononcer quelques mots, mais
ceux-ci rdveient sa desorientation. Le l er aoOt, le facies est devenu
etonne, inquiet, mais la desorientation est beaucoup moindre.
M*** cause un peu et repond quelquefois avec apropos b ce qu’on
lui demande. Se f&che un peu au sujet des injections qu’on lui fait
et demande du papier b lettre afln de s’en plaindre b ses parents:
une fois en possession du papier il ne peut se decider b ecrire. Il
nous montre bien i'endroit oti fut faite l’injection precederite. On
cesse les injections le 6 aotit. Il y a, b cette date, une tr£s grande
“attenuation de retat stupide et confus et cette attenuation se pour-
suit aprfcs cessation du traitement.
En octobre 1906, M***ne presente plus ni stupiditeni confusion:
il cause bien et plaisante avec d’autres malades. On constate chez
lui un etat de debilite mentale native et du begaiement de la parole
qu’il presentait avant sa maladie. M*** quitte I’asile en novembre
1906 pour reprendre son metier.
Nous avonsaussi applique cette medication b des cas de psycho¬
ses constitutionnelles, mais le, nous n’avons observe aucune action
modificatrice sur les idees deiirantes.
Peut-on bien invoquer, dans les observations precddentes, une
intervention de la substance medicamenteuse, ou s’agit-il d’une
pure coincidence, de phenomenes ressortissant b revolution de
l’aflection elle-meme ? Cette dernifcre opinion avait ete la n6tre
lors des premiers essais; cependant la repetition de faits analo¬
gues sous l’influence de l’absorption de l’iode semble bien indiquer
que cette substance a pu intervenir dans leur production. Etd'ail-
leurs, les faits observes par Lunier chez des meiancoliques,
grAce b la meme intervention, paraissent corroborer notre ma¬
nure de voir. D’autre part, les resultats cliniques et experimen-
taux obtenus par A. F. Lobet 1 dans des cas de pustule maligne
1 Academic des sciences , seance du 31 dtcembre 1906. L iode & l’int£rieur con-
tre la pustule maligne.
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REVUE DE PSYCHIATRIE'
trails par l’iode b l’interieur militent egalement en faveur d une
action de la substance dans certains etats toxi infectieux.
Par quel mecanisme biologique liode est-il susceptible d’interve-
nir dans les affections que nous avons en vue? Nous savons que
les theories d’une action purement vasculaire, purement exci-
tante, sont aujourd’hui fortement contes tees. Aucontraire, le r61e
antitoxique du medicament peut paraitre plus vraisemblable dans
ces etats de confusion mentale, psychoses toxiques ou toxi infec-
tieuses dont reinvent, b n’en pas douter y les demences pr6coces.
Une fois les lesions constitu6es, la maladie passde b l’dtat chroni-
que (observations de la 2 B# sdrie) ou l’affaiblissement intellectuel
commence, l’intervention de l’iode demeurerait sans effet ence qui
concerne retat mental.
Rappelons ici l’influence parfois notee des infections incidentes
ainsi que les encourageants resujtats obtenus dans la confusion
mentalehallucinatoire etle ddlire aigu par l’injection de certaines
toxines microbiennes (Von Jauregg, Bock, Binswanger, Azemar
et Cathala). Les interessantes recherches de L. Lorta t-Jacob 1 ont
montre la production dsns l’organisme, sous l'influence de l iode
etdeses composes, d’une hyperleucocytose mononucieaire b r61e
antitoxinique. Or les diverses formules d’hyperleucocytose etant
la regie chez les cftifus aux pdriodes predementielles, n’est-il done
pas permis de penser que peut-etre l’iode serait de nature b favo-
riser les moyens normaux de defense de l’organisme contre les
toxines en circulation ?
Lunier 2 avait observe les heureux effets des iodures sur la fonc-
tion menstruelle de ses meiancoliques. Nous les avons constates
egalement plusieurs fois chez nos malades des observations preci
tees. Les recherches d’Armand Gautier 3 qui ont mis en evidence
la presence de l’iode et de l’arsenic dans le sang menstruel, alors
que le sang normal en est depourvu, sont b mentionner b ce
propos.
En somme, dans les maladies mentales que nous avons eu en
vue, l'iode semble agir sur l’etat general b la facon d’un stimulant,
peut-etre comrae un adjuvant dans la lutte de l’organisme contre
ses infections.
Loin de nous la pretention de formuler une nouvelle medication.
Tout au moins etait il interessant de signaler la reaction clinique
d’une categorie de malades vis-e-vis d’une substance medicamen
teuse deje precieuse parmi nos ressources therapeutiques.
1 Thkse de Paris, 1903, Voir aussi L’iode et les lodiques par G. Poucuet,
Paris, 1906.
2 Loc. cit.
8 Academic de Mtdecine , seance du 7 aout 1900. La fonction menstruelle et
le rut des animaux.
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DOCUMENTS HELATIFS A L’HISTOIRE DE LA PSYCHIATRIE 457
LES SERVICES
DOCUMENTS RELATIFS A L’HISTOIRE
DE LA PSYCHIATRIE
UN ASILE ANGLAIS EN 1828
Par H. Nouet
[Interne h I'Asile de Blois)
En feuillelant un numero de la Revue de Paris , datant de 1828,
nous avons rencontr,e une interessante lettre adress^e ft un m6de-
cin frangais par Tun de ses amis voyageant en Ecosse. Cette lettre
donne sur i’asilede Glascow, ft lepoque, de curieux renseigne-
ments. La naivete desmoyens therapeutiques employes ft ce mo¬
ment fait sourire. La chaise tournante et trepidante, destinee ft
calmer les agites et ft stimuler les deprimes, les moyens de con-
trainte recouverts de pierreries, de fourrures et d etoffes de soie,
la dissertation sur la question du ciel de lit, ne sont pas sans pro-
voquer ft l’heure actuelle, l’etonnement le plus legitime. Notons
que l’auteurde cette lettre manifesto le desir de voir appliquer
aux asiles frangais, les diverses ameliorations qu’il signale. Cela
nous donne ft penser ce que devaient fttrenos asilesft ce moment.
Quoi qu’il en soit, ne devons-nous pas accueillir avec # la plus
grande bienveillance ces naivetes de nos predecesseurs ? Car, en
somme, la therapeutique des maladies men tales etant encore
purement empirique, les methodes actuellement en vigueur ne
causeront elles pas, dans un siftcle, une surprise aussi grande ft
nos successors? Les bains d’une duree de plusieurs mois, admi-
nistres en Allemagne aux paralytiques generaux, malades reputes
incurables, ne provoqueront-ils pas chez eux un etonnement jus*
tifie ? Nous ignorons si 1’alitement, reserve actuellement ft quel-
ques syndromes mentaux, ne sera pas, dans un siftcle, applique
integralement ft toutes les varietes de psychoses.
De cette lettre, intituiee « l'Hospice des fous de Glascow », nous
nous bornerons ft reproduire les passages les plus saillants.
*
• *
«... Risn ne m’a inspire autant d’interet que l’hospice des fous.
Je recommande ft votre attention les renseignemens 1 que j’y ai
recueiilis ; j’espftre que vous lesen trouverez dignes et ce serait
une veritable satisfaction pour moi, si les ameliorations de Glas¬
cow, sous le patronage d’une autorite comme la vdtre, etaient
adoptees dans nos hospices francais.
L’edifice est spacieuxet d’une construction singuliftre. Cinq corps
de logis disposes un etoile, se reunissent en un centre com-
1 Nous respectons l’orthographe de l’^poquc.
32
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458
REVUE DE P9YCHIATRIE
mun, ce qui donne de grandes facility pour le service et la sur¬
veillance.
Mais ce qui est vdritablement admirable, c’est le sentiment
d’humanitd, qui non seulement dirige habituellement le traite-
ment et la conduite des alidnds, mais qui porte les respectables
chefs de l’dtablissement k rechercher sans cesse de nouyeaux
moyens de leur rendre la raison, ou du moins d’amdliorer leur
triste condition. Et d’abord, on s’est efforcd de ddguiser la coer¬
cion, dont, pour leur propre sfireld, on est oblige de se servir;
car l’observation a fait connaitre que les apparences de la gdne et
du ddfaut de libertd, 8ugmentaient considdrablement le penchant
qui porte la plupart des insensds k la mdlancolie, etat d’autant
plus fdcheux que, quand il se prolonge, il conduit k une stupidite
incurable.
On a done substitud aux barreaux et aux grillages de fer des
fendtres qui rappellent l’idde d’une prison, des vitres de petite di¬
mensions contenues dans des cadres de fer peints en blanc pour
imiter le bois, et qui previennent efficacement toute tentative
d’dvasion. Le mdme esprit de conservation etde surveillance a
preside k l’ameublemenl intdrieur, et les precautions redoublent,
quand on remarque ce qui nest que tropcommun, des dispositions
au suicide. On sait que les malades atteints de cette dangereuse
manie, essaient assez souvent de s’dtrangler en se pendant au ciel
de leur lit. C’est pour prdvenir ces accidents qu’ona supprimd les
rideaux de lit dans la plupart des hospices. Mais, dans les climats
rigouredx, les personnes faibles et ddiicates, surtoutcelles qui ont
les habitudes de l aisance, souffrent de cette privation. A Glascow,
on a su tout concilier par l’emploi d’un ciel de lit mobile et sus-
pendu de manidre qu’un poids bien inferieur k celui d’un homme
le fait descendre, et, comme on ne se lasse point de perfectionner,
au moment de notre visit© on allait ajouter k l'appareil qui est
ddjd en usage depuis quelque temps, une sonnette qui, mise en
mouvement par la moindre tentative, appellerait au secours les
surveillans de garde.
D autres inventions attestent la sagacity des ingdnieux philan¬
thropes qui dirigent l’dtablissement. « Nous avons remarqud, m'a
dit l’administrateur qui me montrait la maison, que certains
ddfauts sont tellement enracinds dans le caractdre, qu’ils survi-
vent k la perte de la raison. De ce nombre, sont chez les femmes
la vanite et le goQt de la parure. Nous avons tird parti de cette
observation. Voyez, 8joutet-il, assise sur un banc, & I’extrdmite
de cette allde (nous dtions dans le jardin), cette jeune femme d’une
figure intdressante. Elle regarde avec complaisance un bracelet
montd en or et entourd de pierres brillantes; c’est une menotte
ddguisee; car son dtat oblige & lui 6ter l’usage d’un bras. Autre¬
fois quand il fallait recourir k cet expddient on dtait presque tou-
jours rdduitd employer la violence; et les pauvres folles restaient
tristes et humilides. Depuis que cette entrave est cachde sous
l'apparence d’une parure, nos malades s’en amusent et mdme en
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REVUE DES LIVRES
459
tirent vanitE. Quand leur position plus f&cheuse nous force h les
empEcher de se servir des deux bras, nous enfermons les mains
dans un manchon garni d'acier, mais recouvert de fourrure en
hiver, et en EtE, d’une jolie Etoffe de soie; deception qui satisfait
ces esprits affaiblis ».
Les nouveaux moyens de contrainte ont le double avantage de
produire un heureux effet sur le moral, en mEme temps qu'ils
remplacent le gilet de force, qui n’Etait pas sans inconvEniens
pour la santE. On ne s’en sert aujourd'hui que pour contenir les
frEnEtiques.
La chaise tournanteest encore une invention rEcente, qui sert h
la fois de coercion et de remEde. Le mouvcment de rotation que
lui imprime un mEcanisme trEs simple est si rapide, qu’au bout de
quelques minutes, le patient complEtement Etourdi, Eprouve un
malaise semblable au mal de mer, et qui en a les suites. Ces Eva¬
cuations sont trEs salutaires lorsqu’il se manifeste une exaltation
qui souvent dEgEnEre en fureur. Si au contraire, TaliEnE, tombE
dans un Etat de stupeur et d’immobilitE, refuse de faire aucun
exercice, on 1’assied dans un fauteuil oil il est secouE par un mou-
vement de trEpidation pareil E celui que procure le trot le plus dur
d'un cheval. L’expErience a prouvE que c’est le meilleur stimulant
pour accElErer la circulation des humeurs et dissiper les noires
vapeurs qui conduisent E 1’imbEcillitE.
Ces fEsultats, produits par des causes mEcaniques, se congoi-
vent aisEment; mais il est plus difficile d’expliquer la singuliEre
■influence que la prEsence du feu, la chaleur radiante exercent sur
la disposition morale des insensEs. Les mEdecins ayant remarquE
que dans 1’arriEre-saison, ils devenaient tristes et abattus, sans
qu’on put attribuer ce changement fEcheux E l’abaissement de la
tempErature, puisque des conduits de chaleur entretenaient dans
leur salle une tempErature convenable, imaginErent de changer le
mode du chauffage. On construisit done une cheminEe dans
laquelle on alluma un grand feu. AussitEt les fous s’en approchE-
rent d’un air joyeux et content. Ils paraissaient ranimEscomme des
plantes qui s’Epanouissent aux rayons du soleil. AprEs un essai
aussi satisfaisant, il ne restait plus qu'E prendre les prEcautions
nEcessaires pour empEcher les accidens. Une grille, fermEe avec
un cadenas dont le concierge garde soigneusement la clef, et
posEe comme un devant de cheminEe, remplit parfaitement ce but.»
REVUE DES LIVRES
Les dEgEnErEs dans les bataillons d’Afrique par le doc-
teur R. Jude (mtidecin aide-major de V • classe aux hopitaux de
Tunisie). — (B. le Beau. Edit. Vannes 1907).
PlacE dans d’excellentes conditions pour Etudier lamentalitE des
a Joyeux » le docteur Jude en a donnE une Etude intEressante
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460
REVUE DE PSYCHIATRIE
dans un petit ouvrage de 118 pages dont la lecture estaussi atla-
chante qu’instructive et m6rite d’attirer l’attention de tous ceux
que prdoccupe la question des alidn6s dans Tarm6e.
L’auteur etudie successivement le recrutement des bataillons
d’Afrique, comment les Joyeux se comportent au bataillon vis¬
e-vis de leurs chefs, vis-&-vis du medecin et entre eux. comment
ils sontcommandes et les conditions d’ameiioration qu’ils peuvent
y trouver. II donne plusieurs observations individuelles et etudie
l’influence du milieu sur les individus. Pour lui, la plupart des
individus incorpores aux bataillons d’Afrique sont des degeneres
dont quelques-uns sontde v^ritables alienes qu’il a pu presenter b
la reforme. Ces d6g6n6r6s, b l’exception d’un petit groupe de
sujetsqui cherchent b se relever, tendent en general b aggraver
leurs tares psychiques. La faute n’en est ni au commandement, ni
auxmoyensde moralisation. Le cadre ne m^rite que des eloges et il
est impossible de donner de meilleurs efforts. Mais il y a des
defauts dans certains moyens de repression. C'est ainsi que l’au-
teur voudrait voir disparaitre la prison commune, ecole de depra¬
vation et device, son remplacement par l’emprisonnement cellu-
laireet la garde des cellules et des sections de discipline faite par
des soldats appartenant & des troupes normales et non par les
Joyeux eux-memes. Enfin il demande que lors de I’arrivee au
corps il soit procede b un examen mental approfondi de faqon b
faire reformer les aliens veritables. A titre preventif, il voudrait
que tous les prevenus de Conseil de giierre fussent examines au
point de vue mental et, d’accord avec la plupart des autorites
competentes, il lui semble que la creation d’un poste d’alieniste
militaire expert s’impose surtout pres du Conseil de guerre
d’Afrique.
Th. Taty.
I/Othematome (th£ insane ear), par Augustine O’Downey.
(asile des Comtes de Salop et Montgomery). — (1 broch. 26 p. 10 fig.
publiee par Downey et Cie, Waterford (Irlande).
Question obscure que l’auteur traite avec methode et bonne
humeur. Miss O’Downey s’est avant tout propose de reduire &
neant l’ancienne et trop classique conception de Griesinger qui
fait du traumatisme local la cause unique de l’othematome, etelle
rappelle, pour les combattre, les principaux arguments donn4s
par cet auteur, b savoir : presence de l’affection uniquement chez
des sujets males, et dans les asiles, plus grande frequence du c6te
gauche fen connexion evidemment plus facile avec la main droite
de l’infirmier), rapidite du debut, empreintes ongueales quelque-
fois observees, extreme rarete dans les asiles bien administres.
A cela O’D. repond :
1* L’othematome s’observe chez la femme commechez l’homme,
il est vrai dans la proportion de 1 pour 10. Sans doute on n’en
voit jamais d’exemples en dehors des asiles; mais ce fait, comme
le sexe des sujets le plus souvent atteints, n’est nullement un
argument en favour de l’origine traumatique; il prouve simple-
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REVUE DfcS LIVRES
461
meat que l’othematome est une « maladie d’alienes ». II est cu-
rieux, b ce propos, de remarquer que les boxeurs et les joueurs
de foot-ball, si souvent affectes de traumatismes auriculaires, ne
pr^sentent jamais d’othematome veritable.
2 # L’affection est frequemment bilaterale, et les deux oreilles
sont presque toujours alors simultanement atteintes. Faut-il invo-
quer, dans ces cas, le trop proche voisinage d un infirmier ambi-
dextre ?
3* La tumeur se developpe rapidement, il est vrai; mais rapidite
ne rime pas avec traumatisme. D’autre part il est des cas oil l’othe-
matome s’accroit lentement et n'acquiert son complet developpe-
ment qu’apr^s 2 ou 3 semaines.
4 # Les marques ongueales s’observent quelquefois, mais elles
sont dues au malade lui-m6me.
5° Enfin nest-il pas l’evidence m6me que, malgre la transforma¬
tion complete des asiles depuis un demi-si^cle, le nombre des cas
d’othematome n’a pas appreciablement diminue.
A ces propositions destructives de la theorie traumatique, Miss
O’D. ajoute les suivantes :
En aucun cas, le sens de l’ouie ne semble affecte.
L'apparition de la tumeur est ordinairement precedde d'une agi¬
tation intense avec incoherence verbale ; mais quand l’hematome
est constitue, le malade entre parfois dans une phase de tranquil-
lite relative, quitte b redevenir agite lorsque la tumeur auriculaire
se rdsorbe.
Les sujets le plus souvent atteints sont, par ordre de frequence,
les maniaques chroniques, les paralytiques generaux, les imbeci¬
les, les idiots.
L’othematome annonce une incurabilite presque certaine de
l’affection mentale qu’il accompagne.
En l absence de donndes anatomiques et pathogdniques precises,
Miss O’D. hasarde cette hypothese que les centres nerveux engor¬
ges reagissent sur les vaso-moteurs du pavilion auriculaire, de¬
terminant ainsi une veritableapoplexie extra-cranienne; il y aurait
\b un louable effort de la nature pour tenter la depletion des cen¬
tres opprimes.
Cette conception flnaliste que l’auteur appuie sur le frequent
amendement de l’agitation au moment de l’apparition de la tumeur
sanguine, s’accompagnedans son espritdeconsequences thdrapeu-
tiques et meme prophylactiques. Rejetant l’incision et le vdsica-
toire, souvent recommande, parait-il, en Angleterre, Miss O’D.
conseille, dbs l’apparition des premiers sympt6mes, ou la phiebo-
tomie (?) ou l’application d une demi-douzaine de sangsues der-
rifcre chaque oreille. Pour cette conclusion, et pour le bon renom
des asiles, il convient de feiiciter l’auteur d’avoir, dans son inte-
ressantet spirituel memoire, attaqu61’« heresie traumatique » b
coups d’arguments aussi frappants.
E. Perp^re.
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462
REVUE DE PSYCHIATRIE
<
Traits des Urines, par Gerard (1 vol. Vigot, Paris 1907).
On consid&re, en clinique, comma un quasi-axiome que cet elat
d’&juilibre qu’on appelle « la sant6 » ne peut 6tre exactement d6
fini, mais peut, par contre, 6tre caract6ris6 d’une fagon satisfai-
sante. Les points sur lesquels se fonde cette caractSrisation sont
nombreux et divers, mais peuvent toutefois 6tre r^sum^s par
ceci, que la santd normale comporte le jeu r^gulier de toules les
fonctions et de tous les organes. L’auscultation pulmonaire, la de¬
termination du rythme cardiaque, la mesure de la tension san¬
guine, la palpation et la percussion visc6rales, les epreuves dy-
namometriques et esthyiometriques, l'examen et l’analyse des
secretions et des excretions, sont autant de procedes qui peuvent
etre misen oeuvre pour l’affirmer ou l’infirmer. Mais il est pra-
tiquement impossible de les employer tous, sauf dans des cas
exceptionnels, et le plus souvent, l’observateur doit se borner b
demander b quelques-uns d’entre eux des indications qui sont
tenues pour veridiques quand elles sont concordantes. Inverse-
ment, on demande b la discordance des indications ainsi fournies
et b l’anormalite apergue gr&ce b elles, de deceler l’etat de non-
sante el de donner en m6me temps des directives pour la luttefc
entreprendre contre lui. La medecine curative moderne s’appuie
done b la fois sur la clinique proprement dite et sur les r£sultats
des recherches poursuivies au laboratoire. Ces recherches, qui se
sont multiplies en m6me temps que pr^cisees au cours des der-
ni&res anndes commencent b donner des probability si fortes
qu'en bien des cas on peut les consid^rer comme confinant b la
certitude. C'est ainsi, par exemple, que litablissement des rap¬
ports urologiques et leur comparaison permet de constater, avec
une approximation tr&s suffisante, la valeur des echanges physio-
logiques elementaires et de conclure b leur integrity ou b leur
modification dans un sens ou dans l autre.
Aussi comprend-on pourquoi l urologie, science hesitante et un
peu negligee il y a quelques annees, est devenue aujourd hui l‘ob-
jet des investigations de nombreux chimistes. Sa technique et ses
regies se precisent; l’ouvrage de M. Gerard les expose avec nettete
et les rend accessibles meme aux non-initios, mais ce qu’il faut
signaler surtout et approuver hautement, e’est le souci constant
qu’a eu Tauteur d’Ocrire un livre utile aux cliniciens. Ce qui doit
surtout retenir l’attention de nos confreres, e’est la troisiOme par-
tie du volume qui, sous le titre generique d’urologie clinique des
diverses maladies, expose les variations que chaque entity mor-
bide fait subir b la composition elementaire normale de l urine.
Par la connaissance de ces variations, le diagnostic est souvent
aide et prOcisO.
Les alienistes auront interOt b lire le livre de M. Gerard, les
affections mentales etant frOquemment secondaires, tous les
moyens d’aider b fixer leurs causes latentes, b expliquer leur
gen0.se doivent etre consideres comme d une utility tout-&-fait
primordiale.
Francis Marre.
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REVUE DES LIVRES
463
Considerations sur la frequence des troubles gdnitauz
chez les alienees, et leur r61© en pathologie mentale (Re-
cherches stati&tiques faites & I'asile de Bailleuil) par le D r A.
Verhaeghe, (1 vol. 96 p. Sautai, Lille 1907).
Les examens pratiques par l'auteurmontrent combienles lesions
des organes genitaux sont fr6quentes chez les alienees, puisque le
rdsultat de ces examens fut positif dans renorme proportion de
73 0/0 des cas. C’est d’abord un petit nombre de lesions congdni-
tales : r6tr6cissement congenital du vagin, uterus double et mal¬
formations que l’auteurconsidere avec Raffegeau, (Th. Paris 1884)
com me des stigmates genitaux de degenerescence. Toutes les
maladeschezlesquelles V.... a constate des anomalies de cetordre,
presentaient d’autres stigmates, physiques de degenerescence ou
une heredite chargee.
Les lesions non inflammatoires (deplacements uterins, tumeurs
fibreuses, carcinomes, prolapsus) peuvent,« suivantdes mecanismes
divers, retentir sur les fonctions cerebrales, entretenir un delire,
lui donner une orientation nouvelle, parfois meme prdsider e son
eclosion ». Independamment des indications opdratoires d’ordre
exclusivement chirurgical, certaines malades de cette categoric
peuvent beneficier de Intervention, au point de vue mental,
« lorsqu’il n’y a pas une disproportion evidente entre l’6tenduedes
lesions, et les sensations locales accus6es par le malade ».
Mais ce sont surtout les lesions inflammatoires des organes
genitaux, qui sont frequeutes chez les alienees (plus de 50 0/0).
Dans un tiers des cas, ces lesions se rattachente un accouchement
recent rl’heureuseinfluencedu traitementchirurgical sur revolution
des troubles mentaux est une preuve qu’il existe bien une relation
de cause h effet entre 1’infection et la folie puerpdrale.
L’auteur estime que, lorsque i’infection gdoitale a une autre
origineque la puerpdralite, le traitement donne de moins bons
rdsultats. Peutetre s’agit-il de lesions survenues apresle debutdes
troubles mentaux, et par consequent sans rapports etiologiques
avec ces derniers. Peut-etre au contraire, s'agit-il de lesions
anciennes, ayant entraine un ensemble de troubles neuro psycho-
palhiques survivant & la toxi-infection qui les a fait naitre...
La question des rapports des infections genitales et des troubles
mentaux est le chapitre important de la these inspire e son auteur
par les travaux de Picque et Privat de Fortunie.
Accessoirement, V... etudie les troubles dela menstruation (tres
communs chez les alienees). Les regies ne paraissent pas avoir
d'influence bien marquee sur les attaques d'epilepsie. Les para-
lytiques generates sont generalement amenorrheiques, etc.
La menstruation est frequemment suspendue dans la ddmence
precoce et la meiancolie : elle demeure e peu pres rdguliere chez
les maniaques et les persecutees.
J.
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464
REVUE DE PSYCHIATRIE
Contribution k l’gtude de l’alcoolisme chez la femme
dans le nord, par L. Maupate et Ch. Nollen (2 br. 14 et 15 p.
Extrait de Y Echo medical da Nord des 16 juin et 14 juillet 1907).
— Si on boit beaucoup dans le Nord, du moins l’alcoolisme n’y
conduit relativement que peu de femmes b l’asile; (6 b 7 0/0 des
admissions, en comprenant dans ce chiffre les psychoses banales
avec appoint alcoolique: moins de 2 0/0 des admissions, sil’on sen
tient& l’alcoolisme proprement dit, oucompliqu6ded£g6ndrescence
mentale).
Les auteurs ont essaye de d^gager les divers modes d‘intoxica¬
tion alcoolique chez la femme ; l’influence de la debauche, des
chagrins, d une mauvaise hygiene alimentaire, du veuvage, l’in-
toxication professionnelle des cabaretteres, etc.
Faute de documents suffisants, ils s’abstiennent de donner des
chiffres en ce qui concerne la dur£e du sejour b l’asile, la propor¬
tion des sorties et des dec&s. De m6me, ils ont trop peu de
renseignements sur l’her6dite des malades pour en lirer aucune
conclusion importante sur le r61e de l’heredity dansl’alcoolisme.
J.
LTassistance des alidnds au Brdsil, par Juliano Moreira
(i br. 9 pages, des Comples rendus du 2 e Congrds international de
Vassistance des alienes d Milan , 1906 . — Bologne, Stabilamento
poligrafico Emiliano, 1907). — Le regime ldgislatif actuel des aliy-
n^s au Brasil est tout recent, puisque la loi discut^e en 1903 par le
Congr^s legislate federal est appliqu^e depuis le ddcret presiden-
tiel du 22 decembre de la m£me ann^e. Le texte de la loi est in
extenso dans la brochure de l auteur. Nous y relevons les interes-
santes dispositions suivantes :
Possibility de placer directement dans un asile tout alidny qui
compromet l’ordre public. Envoi d’un certificat medical au juge
compytent dans les 24 heures.
Certiftcats de deux medecins b l’appui d’une demande de place¬
ment formulae b l’egard d un aliynd par un particular.
Surveillance judiciaire des aliynes traitys b domicile, quand la
maladie dypasse deux mois.
Obligation aux asiles publics de comprendre un pavilion spycial
pour les aliynys dyiinquants ou les condamnys alienes (b defaut
d’un asile spycial dans la circonscription).
Quelques paragraphes concernent le recrutement du personnel
medical des ytablissements consacrys aux aliynes, et la reorgani¬
sation de l’enseignement psychiatrique. Toutes les dispositions y
contenues ont yte observyes.
Les diffyrents projets frangais qui ont ety discutes, abandonnys
et repris depuis qu’il est question de reformer la loi de 1838,
contiennenf des indications dont s’inspirent utilement les lygisla-
teurs ytrangers. 11 n’y a rien de nouveau pour nous, dans les loi?
nouvelles des autres peuples, b l’exycution prfcs. J.
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socufr^s
465
SOClElES
SOCl£TB MEDICO-PSYCHOLOOIQUE
(Seance du 28 octobrc 1907)
MM. Marchand et Nouet : Epilepsic ct paralysie generalt\ —
D’apres l’opinion classique, la paralysie gdndrale se rencontrerait rare-
ment chez les sujets atteints de ndvrose : il y aurait mdme opposition
entre la paralysie gdndrale et l’epilepsie. MM. Marchand et Noudt
n’admettent pas cet antagonisme ; ils estiment que les dpileptiques
qui deviennent paralytiques gdndraux se rencontrent inoins rarement
qu’on nele croit. A l’appul de leur opinion, ils communiquent l’obser*
vation d’un malade chez lequel des crises dpileptiques apparurent fit
l’ago de 23 ans, quelques mois dpres qu'il eut contracts la syphilis, et
continudrent & se produire jusqu’a 30 ans. De 30 a 35 ans, aucune crise
ne se produisit. A 35 ans, de nouvelles crises apparurent en mdme
temps que les premiers signes de la paralysie gdndrale qui evolua avec
son cortege complet de signes psychiques et somatiques. Lexamen du
liquide cdphalorachidien permit de constater de la lymphocytose et
l’augmentation de l’albuinine. La mort survint a 37 ans. A l’autopsie
on a constate les ldsions ordinaires de la mdningo-encdphalite diffuse
et l'examen histologique permet de voir que ces lesions sont caracteris-
tiques. L’epilepsie qui a prdeedd l’apparition de la paralysie gdndrale dtait
probablement symptomatique de ldsions corticales chroniques, mais il
est impossible de retrouver ces ldsions parce qu’elles sont masqudes par
le processus surajoute de mdningo-encdphalite subaigOO. Pour MM. Mar¬
chand et Noudt, les dpileptiques peuvent au mdme titre que les autres
individus, devenir paralytiques gdndraux. Il n’y a rien d’dtonnant a ce
que des ldsions de mdningo-encdphalile diffuse subaigue viennent se
greffer sur des lesions corticales prdexistantes. S’il est rare de voir des
dpileptiques devenir paralytiques gdndraux, e’est que la syphilis (qui
est pour les auteurs la cause principale de la paralysie gdndrale) s’ob-
serve peu frequemment chez ces malades.
M. Pactet : On ne voit pas pourquoi il y aurait incompatibility
entre l'dpilepsie et la paralysie gdndrale. Cependant il est prudent,
devant des cas ou ces deux affections semblent rdunies, d’attacher
beaucoup d’importance a la recherche des premiers symptdmes de la
paralysie gdndrale. Cette maladie, eneffet, presente une marche beau-
coup plus lente et une Evolution beaucoup plus longue qu’on ne le dit.
Ii n’est pas rare, lors de l internement d’un inalade, d’apprendre aprds
un examen approfondi, que le inalade a prdsente, cinq, six ou sept ans
auparavant des accidents epileptiformes ou apoplectiformes, dont la
famille ne parle pas spontandment parce qu’elle les considdre comme
n’ayant aucune relation avec la maladie actuelle.
M. Briand : II reste quelque doute au sujet de l observation qui vient
d'etre rapportde ; en effet l’dpilepsie n’a dtd constaide qu’aprds la
syphilis. Si aucune raison ne permet de croire qu’il y ait incompatibi¬
lity entre l’dpilepsie et la paralysie generale, il n’en est pas moins vrai
que les cas oil elles se trouvent rdunies sont extrymement rares.
M. Marchand : Si les dpileptiques ne deviennent que rarement pa¬
ralytiques gdndraux, e’est que la plupart d’entre eux, internd3 des leur
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466
REVUE DE PSYCH1ATRIE
jeune age, n’ont jamais contracle la syphilis. Purmi les malades de
l'asile de Blois il n’y a pas un seul dpileptique qui ait eu la syphilis.
M. Vallon fait observer que les epileptiques sont rares dans les
services ordinaires et que la question pourrait dtre dtudide avec fruit
dans les services spdciaux d’epileptiques.
M. Arnaud : Je ne connais qu'un seul fait analogue a celui qu’on
vient de rapporter : j’ai observd un dpileptique qui appai tenait a une fa-
mille depileptiques, et qui avait prdsentd des crises bien caracterisdes
avnnt de contracter la syphilis, devenu paralytiquegeneral.
Les ictus qu’il eut pendant sa paralysie gdndrale dtaient trds diffd-
rents des crises qu’il avait prdsentdes antdrieurement. II succomba a
un ictus.
MM. Remond (de Metz) et Lagriffe : Choree variable ches deux de¬
ments / irecoces .
M. Benon : Un cas de delirc d'interpretation.
G. Collet.
SOClfiTfi ANATOMIQUE
(25 octohre 190?)
MM. E. Toulouse et L. Marchand. Cecite psychiqtte par ramollis-
sement des 2 spheres cisuelles. — II s’ugit d'une demente senile qui de-
vient aveugle & I’&ge de 70 ans. Pas de ldsions des nerfs optiques et
des globes oculaire. A l’autopsie, les auteurs ont rencontrd sur chaque
hemisphere un foyer de ramollissement a la fois cortical et sous-cor¬
tical au niveau du cundus.
MM. L. Marchand et H. Nouet. — Idiotie sans lesions macroscopi -
(/ues appreciates du ccrccau. — A I’examen macroscopique, le cerveau
de l’idiot paraissait normal. A Pexamen microscopique, on observe
une scldrose corticate superfieielle diffuse avec alrophie, diminution
du noinhre et ordination irrdgulidre des cellules pyrarnidales. Les
fibres tangentielles et lastrie de Baillarger sont peu ddveloppdes.
J.
REVUE DES PER10D1QUES
PiRIODIQUES DE LANGUE FRANQAISE
Annates medico-psi/chologiques , (65* annde, 2' semestre n # * 2 et 3).
P. Garnier et G. de Cl^rambault. ~ Ivresse psychlque avec
transformation de la personnalitd. — A l’aide de documents laisses
par P. Garnier, et d’observations recueillies par lui-mdme dans le
but d’une collaboration evenluelle, M. de Cl^rambault dtudie une
forme spdeiale de l’intoxication aigud par lesboissons alcooliques. C’est
une ivresse psychique, avec theme ddlirant donnd, actes mdgaloma-
niaques spdciaux, euphorie et hypomanie, qui se ddveloppe subile-
ment chez de6 degdndres alcooliques dans une pdriode de ddchdance,
et qui a tendance a se renouveler d’une fa^on sterdotypique. Les rdci-
dives ont lieu gendralement a des intervalles rapprochds. Le thdme
clinique varie peu, il mdne b des commandes somptuaires ; il est, sauf
tres rare exception, compldtement ddsintdressd.
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REVUE DES PERIODIQUES
467
Des dtats mixtes sont possibles, dans lesquels les hallucinations et
l'agitation motrice prddominent.
Ces cas, peut-dtre moins rares qu’ils ne semblent, peuvent dtre faci-
lement mdconnus : L'dpisode mdgalomaniaque est trds court, et lors-
qu’il amdne le malade en prison, celui-ci le dissimule souvent tout le
premier. Lorsque le malade est un alcoolique avdrd cette ivresse spd-
ciale et courte est masqude par le complexus syrnptomatique de l’intoxi-
cation chronique.
Id. (1.2 et 3).
H. O. Schlub. — lln cas d’dpllepsie larvde. — Schlub rapporte
Pobservation mddico-ldgale d un meurtrier chez lequel il a conclu &
i’existence de I'dpilepsie malgre Pabsence d’accidents comitiaux nets
dans les antecedents. 11 rapporte a ce propos un certain nombre d’ob¬
servations d'epilepsie larvae publides avant la sienne, et resume les
commentaires des diffdrents auteurs.
Pour la plupart, les symptdmes qui permettent de poser le diagnostic
d’dpilepsie d’aprds les troubles mentaux sont : l'instabilitd, la mobility
du caractdre, les tendances a Pirritabilite et & Pintoldrance. Ensuite, les
angoisses, soit sous forme de rdve, soit sous forme d’hallucinations
terriflantes, qui ddterminent des actes souvent d'une violence extreme,
touten se trouvant combines avec des actes qui paraissent rdfldchiset
senses. Les lacunes de la mdmoire sont selon les uns totales, selon
d’autres seulement partielles. Mais tandis que quelques auteurs rdcla-
ment des anldcddents dpileptiques averes pour pouvoir etablir le dia¬
gnostic d’epilepsie larvee, d’autres ne les exigent pas du tout, trouvant
dans les caracteres de Petal crepusculaire sufflsamment de preuves
pour diagnostiquer repilepsie.
Id. (n* 3. nov. decembre 1907).
P. Hospital. — Le registryd’observations. — Dans ses abondan-
tes notes cliniques, l’auteur a s61ectionne les observations de 250 ma-
lades suivies pendant de longues annees et parmi lesquelles, 39 seu-
lement ont gudri, ou ont eld amdliores. C’est peu, ditH..., bien qu ilne
ddsespdre pas de l’avenir et qu’il compte pour obtenirde meilleurs rd-
sultats sur les recents progrds de la psychiatrie.
Mais peut-dtre’ les malades, dont les observations ont dtd sufflsam¬
ment completes pour dtre comprisdans la selection de Pauteur, etaient-
ils surtout des malades faisant de longs sdjours a i'asile, longuement
suivis, et prdsentant par cela m6me peu de chances de gudrison.
L’Fnce/j/talc (2- annde, n° 8, ‘25 aout 1907).
Anthaume et Mignot. — L’hyperhidrose dans la ddmence prdcoce.
— On observe dans 25 0 0 des cas de ddmence prdcoce de Phyperhi-
drose palmaire, qui survient independamment de Pagitation motrice,
de Pherpetisme ou du ton dmotionnel, (car on Pa notde le plus souvent
chez des catatoniques immobiles et parfois associde d la cyanose).
Plus rarement, il existe de Phyperhidrose gdneralisee. survenant par
crise d'une durde de quelques heures. Les auteurs ont observ’d deux
malades prdsentant cette dernidre forme.
Pansier, Rodiet et Cans. — Quelques considerations sur les
troubles oculaires de I’dpilepsie et de I’hystdrle au point de vue
mddico-ldgal. — Considerations gdndrales sur les troubles oculaires
de Phystdrie et de Pdpilepsie dans leurs rapports avec la simulation.
Observation d’un hystdrique ayant prdsentd de l amaurose intermit-
tente, durable pludeurs mois aprdsun traumatisme et soupQonnd d’dtre
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468
REVUE DE PSYCHIATRIE
un simulateur & cause de I’apparition tardive de ce symptdme. Ainsi
que l’avait dej£ notd Charcot, les troubles oculaires peuvent persister
chez certains hysteriques m^me apr£s la disparition des symptdraes
gdndraux et amendement de la nevrose.
E. Salager. — Syphilis et confusion mentale. — La confusion
nientale, dit I’auteur, est la seule forme dalidnation mentale dans
laquelle la cause desddsordrespsychiquesest le plus souvent accessible
car il n’est pas necessaire d’une predisposition nerveuse bien impor-
tante pour la r^aliser.
Or, la confusion mentale ne perinet & peu pr£s jamais de constater
Taction isolde et directe de la syphilis.
A. Albes et Reny Charpentier. — Psychose systematised chro-
nlquo & forme qulrulante. — Observation & propos de laquelle les
auteurs discutent le diagnostic diffdrentiel (sur lequel ont insiste
Serieux et Capgras) entre le desir d’interpretation et la folie des per¬
secutes persecuteurs. C'est dans ce dernier groupe qu’ils rangent leur
malade, a cause de : « I’exageration de la pei sonnalite, l'idde prdva-
lenle, la lucidite permanente, le petit nombro des interpretations deli-
rantes, Tabsence des troubles senoriels, la fixite des conceptions
morbides, le defaut d'atfaiblissement intellectuel ». Ddlire des persecu¬
tes persecuteurs, delire paranoiaque & base de representations menta-
les exagerdes ou obsednntes. (Deny et Camus), delire paranoiaque a
idde prdvalente iD upre), sont trois etiquettes pouvant designer le per¬
secute qui fait 1'objet du travail d’ Alb£s et Charpentier.
Nouccllc leonoyraphie de la Salpetriere
(20* annde, N c 3, mai-juin (1907).
A. Vigouroux et A. Delmas. — Infantilisme et Intuffisance dias-
tematique. — Un malade de 44 ans prdsentait le syndrome clinique
d’infantiiisme vrai, il avait Tapparence d’un enfant de 12 £ 14 ans, chez
lui n’etait apparu uucun des caractdres sexuels secondaires. Il mourut
aprds une pdriode de stupeur, au bout de six sempines de sdjour a
Tasile de Vaucluse. L’autopsie montra 1'existence de la glande thy-
roide, atrophide, il est vrai, mais normale de forpie et d’apparence,
1'existence de deux testicules, dont Tun etait dans lanneau, egalement
petils, mais d’apparence normale, et enfln la presence d’unc petite
tumeur de la tige de la glande pituitaire.
A l’examen microscopique, la glande thyrouie est hislologiquemcnt
normale, ainsi que la glande pituitaire, malgrd la tumeur fibreuse de la
tige. Mais les lesions du testiculo sonttrds profondes et tres etendues :
non seulenient les canalicules seminipares nesont pas developpdes, les
cellules de la lignee seminale ne sont pas diffdrencides, mais dans le
tissu conjonctif, on ne trouve aucune cellule interstitielle.
A. Marie. — Note sur la folie haschlchlque. — Il y a dans TEgypte
musulmane de noinbreuses maladies par haschichisme, et les psycho¬
ses sont les plus frdquentes : Ivresse euphorigene, suivie de delire
onirique avec, souvent, impulsions gdnitales. Le delire aigu morlel
peut s’observer ; le haschich agit sur la genese de la criminality et de
la folie, autant que Talcool chez nous.
Le bulletin medical (21* annde, n # 71, 11 septembre 1907).
Doumeng. — Pachymdninglte hdmorraglque et hlmorragles
ventriculalres chez un discipilnalre de 23 ans. Responsabilltd. —
L’auteur se demande (question angoissante, dit-il), quelle fut la res-
ponsabilitd d un malade, fils d’alcooliques, plusieurs fois condamnd
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REVUE DES PI2RI0DIQUES
469
avant son incorporation, indiscipline et souvent puni au corps, et qui
mourut k 23 ons de lesions exceptionnelles e cet age. A l'autopsie, les
lesions parurent exclusivement de date recente : la mort etait serve-
nue aprds deux ictus, sdpards par une pdriode en apparence normale,
puisque le sujet avait pu 6tre reinis au travail.
La Clinique (N M 39 et 41, 27 septembre et 11 octobre 1907).
Jeanbrau. — Recherche de la simulation des troubles visuels et
audltlfs par des moyens ne ndcessltant ni connalssances, nl ins¬
truments spdclaux. — C’est surtout pour mettre le medecin en garde
contre les faux accidents du travail que J... rappel le quelques « trues »
commodes, empruntds k divers auteurs. II n’est pas indifferent &
l’alieniste de connaitre ces procedes, qui pourront depister les Simula-
teurs de l’hystdrie, de la surditd, de l’amaurose. Le proeddd de
Michaud pour verifier l’amblyopie ou l omaurose unilatdrale est ingd-
nieux et simple.
Voici en quelques mots en quoi consiste l’dpreuve de Burchardt,
pour la mise en evidence de la simulation de I’amaurose double :
Le principe de cette dpreuve repose sur ce fait que le sens muscu-
laire est conserve malgrd la perte de la vision. Le detail peut varierd
l’infini. Priez le sujet de choquer ses index I'un contre l’nutre, de bou-
cher une bouteille, le bouchon dtant placd dans une main, la bouteille
tenue dans l’autre, par le goulot; dites-lui d’allumer une cigarette k
ses levres avecune allumelte qu’on lui donne tout alliwnde. Le simula-
teur se croit oblige d’accomplir avec maladresse ces divers actes qu’un
sujet normal exdcute pnrfaitement les yeux fermds.
Pour ddmontrer la simulation de la surditd les proeddds de Chavasse
et Toubert, qui consistent a observer l’effet produit par la menace
d’une sensation douloureuse sont ddja classiques. J... rappelle encore
ce que disait Charcot au sujet du mutisme : « Le mutisme acquis (le
seul simuld) est gdndralement hystdrique. Le malade de bonne foi fait
etTort pour parler et cherche k se faire comprendre par le langage
parld et par 1’ecrUure. Le simulateur oppose la force d’inertie ou, au
contraire, « imagine, brode, exdcute des floritures ».
Enfln, le proeddd de Zuber, pour vdrifier l’aphonie : Lc sujet vrai-
ment aphone peut siffler, puisque le facial est indemne. Le sujet de
mauvaise foi a peur d’dmettre un son quel qu’il soit et afRrme ne pou-
voir dmettre un siffiement sonore.
Gazette tics Hdpitaux (80° annde, n #i 99 et 102,
31 aout et 7 septembre 1907).
Vaschide. — La crampe des 6crivalns. — Revue gdndrale avec
une longue bibliogrophie. La crampe des dcrivains est une maladie
dont l'dtiologie est des plus obscures. On lui a attribud les causes les
plus complexes et les plus varides ; certains auteurs veulent gdndreili-
ser les symptdmes de cette affection k tous les spasmes fonction-
nels, d’oii la ddnominalion de spasme ou impotence jonctionnelle . n 11
nous semble pourtant que le mecanisme psycho-pathologique n’est
point le mdine et que si par hasard, il existe des analogies dans
toutes les crumpes fonctionnelles, il faul une symptdmatologie spd-
ciale, particulidre de la crampe des dcrivains ». Sonpronostic est assez
grave ; il faul considdrer de prds la psychologie des malades, ils
sont atleints surtout dans leur attention, et le mdcanisme n’est pas
encore connu ; certains d’entre eux rentrent dans la cotdgorie des
phobiques de toule sorte et des ndvropathes, surmends par une
activitd obligatoire et automatique. En matidre de therapeutique,
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REVUE DE PSYCHIATRIE
tout reste a faire : Cheque procedd compte quelques guerisons &
son actif, mais de nombreux cas insistent aux traitements les plus
divers.
Gazette hcbdonxadaire des sciences medicates de Bordeaux ,
(11 ao&t 1907).
Anglade et Jacquin. — lln cas de folie & deux. — Remarquable
observation de folie simultanee, type Regis : II s'agit de deux soeuis,
figdes au moment de leur internement la premi&re de 40 ans, la seconde
de37, et atteintes de ddlire systematise de persecution avec idees de
spolation, de revendication, et erotomania.
Bien qu’il soil difficile de prdciser le debut exact de la maladie, il
semble que le trouble mental remonte k unc dizaine d’anndes; il s est
instalie insidieusement, progressivement, et s’est manifeste d’une
faQon plus active k Foccasion de la mort de leur mere, deux ans avant
leur entree k Fasile. Depuis cette epoque, les deux soeurs redoublent
ieurs demarches, soit aupres des representants de Fautorite adminis¬
trative et judiciaire, soit aupres de leurs soi-disant fiances. Elies ecri-
vent, reclament justice, et flnissent par menacer, si satisfaction neleur
est pas donnee.
Depuis leur internement leur etat n’a pas change ; elles ne cessent
d’ecrire, se plaignent d’etre persecutes, empoisonnees, et bien quel-
les aient ete placees des leur entree, dans deux quartiers differents.
elles prdsentent toutes deux, avec une integrite parfaite du fonds inlel-
lectuel, des idees deiirantes exactement semblables.
Ainsi il paraft impossible de dire quelle est la plus active des deux,
leurs ecrits, leurs gestes, leurs reactions sont identiques, et Fon ne peut
attribuer 5 l'une d’elles non seulement le rdle d’agent provocateur, mais
mfime celui de soutien, de conducteur du delire.
Il ne s’agit done pas ici de folie communiquee d'un sujet actif k un
sujet passif, mais bien d’un cas typique de folie simultanee, et e'est ce
qui rend cette observation si nettement expos6e, particulierement pre-
cieuse.
Il est interessant de noter qu’une seulede ces malades, la plus jeune,
presenterait des hallucinations de Fouie.
La Tribune Medicate (N # 42, 19 octobre 1907).
Laignel-Lavastine et Jean Troisier. — Mdnlngo my elite syphlllti-
que avec h6mlanopsle et reaction hdmioplque. — Les symptOmes
que la malade a presentes peuvent etre groupes sous trois chefs. Ce
sont tout d’abord des signes de myeiite transverse (paraplegie spas-
modique, clonus du pied, signe de Babinski; troubles des reservoirs,
etc.), ensuite des signes de ndvrite optique (hdmianopsie bitemporale,
atrophie blanche des papilles avec reflexe hdmiopique de Wernicke);
enfin, des signes de mdningite chronique fournis par le liquide cdphalo-
rachidien (albumine, mononucldose). Ce syndrome peut etre ddnommd
mdningo-mydlite avec ndvrite optique. La cause est indiscutablement
la syphilis. Le traitement mercuriel (frictions et biodure) s’est montre
d’ailleurs remarquablement efflcace. La parapldgie s’est considdrable-
ment amdliorde. Malheureusement les troubles oculaires sont restds
sensiblement les mdmes: Une ndvrite optique bilatdrale (papilles bian-
chesl a ete constatde k l'ophtalmoscope. Cette association de sympt6-
ines parapldgiques et visuels est bien connue dans la syphilis du
ndvraxe, mais elle peut s’observer en dehors de la syphilis.
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REVUE DES PERIODJQUES
471
p£riodiques de langue anglaise
The American Journal of Psychology (vol. xvm, N # 2, Avril 1907).
C. Spearman. — Demonstration de formules pour la mesure
exacte des correlations.
Max Meyfr. — La signification de la forme ondulatoire pour
notre comprehension de I’audition. — La th£orie mecanique par
les « oscillations » nerend pas compte encore de tous les faits d’au-
dition.
Edith A. Alvord et Helen E. Searle. — Etudes de la compa¬
rison des Intervalles de temps. — Les auteurs ont notes des diffe¬
rences individuelles considerables.
Elisabeth Severance et Margaret Floy Washburn. — La perte
du pouvolr assoclatlf des mots apres une longue fixation. —
Lorsqu’un mot a ete rdpete un tr£s grand nombre de fois et que
l’attention a porte sur son aspect acoustique, il perd tout pouvoir
d*e vocation, associative.
F. M. Urban. — Sur les erreurs systdmatiques dans (’estimation
du temps.
Lucinda Pearl Boggs. — Etudes dans les tons absblus.
John A. Bergstrom. — Effet des changements dans les variables
temporelles, en memorisation, avec une discussion de la technique
d’experrmentatlon sur la memoire. — L’auteur montre la complexite
des facteurs en jeu et deceie les elements qui expliquent les conclu¬
sions difterentes de certains travaux sur les mSmes sujets. II met en
evidence I’existence dej& signaiee d’un processus automatique, incons-
cient, d’organisation des souvenirs quand, aprfcs une experience de
memoire, (‘attention du sujet se trouve distraite vers d'autres preoccu¬
pations.
F£lix Arnold. — La tendance initiate dans la reproduction des
I dees.
Frank Angell. — Sur les jugements de similitude dans les
experiences de discrimination.
Mind (N° 62, avril 1907).
A. M. Bodkin. — Les facteurs subconscients des processus
mentaux conslderes relatlvement A la pensee. — I. Premiere partie
d’une etude ou I’auteur examine et discute ie concept de subconscience.
H. Pi£ron.
The Psychological Recieic, (vol. XIII, n # 4, juillet 1906).
Boris Sidis. — Y a-t-ll des hallucinations hypnotiques ? — De
pombreuses experiences donnent a penser a Tauteurque les hallucina¬
tions sugger6es dans le sommeil hypnotique et decrites partout avec
tantde minutie, ne sont point reelles. « Le sujet hypnotise accepte la
suggestion de rexperimentateur, et l’experimentateur ajoute la plus
grande foi aux dires du sujet. La confiance est r6ciproque. » L'erreur
pareillement. En fait il n’y aurait de suggere qu’un phenomena d’idea-
tion, sans intervention veritable de l’apparei) sensitivo-sensoriel.
E. Perp^re.
The Psychological Recieic (vol. xiv, n* 3, mai 1907).
Harvey Carr. — L’llluslon motrlce de la mdche defeuet pendu-
laire. — (Travail du laboratoire du professeur Angell a TUniversite
de Chicago). Dodge a pielendu Irouver dans une illusion d’optique
particuiiere l’experience cruciale lui permettant de demontrer que la
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REVUE DE PSYCHIATHIE
sensibility gux mouvement des yeux ne jouait aucun rdle dans la
perception visuelle du mouvement: Si, dans l’obscuritd on fait mou-
voir un pendule portant un point lumineux que i’oeil suit, ce point
parait immobile, alors qu’un autre point lumineux placd plus bas, et
qui se ddplace 6 la pdriphdrie de la rdtine, parait se inouvoir autour
du point superieur vu immobile, en mdche de fouet. En reprenant et
faisant varier cette experience, I’auteur a montrd que Timmobilite
apparente du point suivi par l’ceil n’etait pas aussi complete que le
disait Dodge, qu’il y avail bien participation des mouvement des yeux
& la perception visuelle des deplacements et que 1’illusiOn etoit due
& un phdnomdne d’images consecutives.
J.-M. Baldwin. — La pens6e et le langage. — Cette lr6s remar-
quable etude formera le 6* chapitre du 2* volume de Logique gdnd-
tique, la Logique experimentale, qui paraltra dans la bibliothcquc
internationale de Psychologic.
L -C. Herrick. — La nature de I’dme et la possibility d’une
psycho-mdcanlque. — Etude posthume, ou I'auteur defend la concep¬
tion de l’unite organique, la vie impliquont la simultaneity de ses
deux aspects que nous appelons time et corps.
The Psychological Bulletin (vol. iv, N® 4, 15 avril 1907.
David Coyle. — La vision droite et I’lnverslon de I’lmage. — Que
I'image soit droite ou retournee sur la retine, les materiaux pour la
formation, par les mouvements des yeux, des associations avec les
signes locaux sont les mdmes, et tout se doit passer de la mdinc fa con.
(Vol. iv, N® 5, 15 mai 1907).
George N. Stratton. — Causalitd modlfiee pour la psychologic.
— Un concept de cause special a la psychologie s’explique en ce que
celle-ci constitue comme une espece de pont enlre les sciences des
choses visibles comme la physique et les sciences du monde invisible !
(Vol. iv, N® 6, 15 juin 1907) *.
August Hoch. — Les facteurs psychogdnlques dans le dyvelop-
pement des psychoses. — Ces facteurs dominent les facteurs orga-
niques, anatomiques et psychiques, dans les maladies mentales, alors
que c'est l’inverse pour les maladies gdndrales.
Adolf Meyer. - Fausses conceptions sur le fondement de
I’ « 6tat d6sesp6r6 de la psychologie ». —Discussion d’une brochure
de Moebius.
H. PlERON.
Archives of Neurology (vol. Ill, 1907).
L. Ascherson. — De quelques aspects de i’ytat mental dans I’al-
coollsme et prlnclpalement de la maiadle de Korsakow. — Int&-
ressante dtude d’ensemble, surtout clinique, de la psychose polyndvri-
tique, basde sur l’exomen de 126 cas, dont 38 personnels. En void, bri£-
vement resumdes, les conclusions :
Les deux symptOmes mentaux cardinaux de la malodie de Korsatow
sont TatTaiblissement de l'altenlion et celui de la mdmoire immddiate.
Comme consequences : un dtat de conscience amoindri pouvant allcr
de la plus ldgdre confusion h la stupeur la plus profonde, et un lot
d’iddes delirantes qui, accompagndes ou non de troubles sensitivo-sen-
soriels, competent le tableau onirique.
1 Ce num4ro, enti&rementconsncr^ a la psyehopathologie pour les analyses
a ^dite pur M. Adolf Meyer.
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REVUE DES P^RIODIQUES
473
Au point de vue anatomo-pathologique : lesions des cellules et des
fibres pouvant affecter tout le systdme nerveux, et jusqu'fc un certain
point curables, comme le prouve la disparition frdquente et presque
entitle des troubles mentaux. Cette curability s6pare neltement la ma-
ladie de K. de la demence alcoolique avec laquelleelle est souvent con-
fondue.
L’origine alcoolique n'est pas absolument constante, mais dans sa
forme lypique la maladie de K. reconnait presque toujours l’alcool
comme primum movens. Elle apparait surtout chez les vieux intoxi
qu6s, et semble frapper de preference les sujetsdepourvus de tare men-
tale hereditaire.
La pathogenie est encore obscure. 11 est probable qu’il s’agit d'aulo-
intoxication et non d’action directe da poison alcoolique sur les centres.
A. remarquant que les constatations iiislologiques faites sur l'animal
aprfcs ligature des carotides internes ne sont pas sans ressemblance
avec celles qui ont yty faites daus de nombreux cas de maladie de
Korsakow, incline & penser que le mdcanisme de l’andmie pourrait etre
quelquefois invoquy.
Au point de vue du diagnostic, il faut songer surtout a la dymence
alcoolique et & la P. G. L/auteur a constaty quelques traits communs &
la maladie de K. d’une part, d'autre part a 1’hysterie, l’epilepsie et la
neurasthynie, principaletnent quand ces affections survenaient chez des
alcooliques.
A la fin de son mymoire, A., preoccupy de nosologie, silue la psy-
ehose polyndvritique parmi les maladies men tales qui s’accompagnent
dune diminution de la conscience. Avec ces affections et celles oil la
conscience ne fait pas dyfaut, la psychialrie embrasse yvidemment tout
son domaine. En est elle plus riche pour cela ?
E. Perp£re.
P&RIODIQUES ITALIENS
U Morgagni (11-6, 1907).
Giuseppe Muggia. — Conception et llmltes de la dymence pre-
coce. — A l encontre des defiances italiennes, M. accepte et defend
l’ensemble de la conception kreepelinienne.
Nonobstant l’incertitude des donnyes pathogyniques, et en particu-
lier I’insuffisance actuelle des theories auto-toxiques, la demence prd-
coce, de par la clinique, a droit 6 une existence autonome.
Cependant, M., pense qu’un travail d’analyse doit actuellement faire
suite y la « geniale » tentatrice de synthese du psychiatre allemand.
En ce qui le concerne, M., separe neltement la forme paranoide &
qui seule il reserve le nom de demence.
Quant aux formes hebephrenique et catatonique, il voudrait les voir
envisager sous retiquette Hebephreno-Catatonie , denomination qui,
independante de toute idee pronostique, aurait, aux yeux de l’auteur,
l’avange de preter un moindre flanc & la critique.
Riforma Medica (annee XXIII, n° 26).
Giuseppe Muggia. — Contributions exp6rlmentales aux condi¬
tions organiques dans la demence pr6coce. — Les rechercbes de
l'uuteur ont trait & la pression sanguine et & reiimination du bleu de
methylene. Les conclusions, basees sur retude de 9 sujets, sont plutdt
negatives, et peuvent se resumer ainsi :
1* La pression sanguine chez les dements precoces est dgale ou su-
pdrieure h la normale. Dans un seul cas elle se monlra infyrieure h 13
cm. Done rien de caracteristique, surtout si I on tient comple des ob¬
servations discordanles des autres auteurs.
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474
REVUE DE PSYCHIATRIE
2* L'61imination du bleu est sensiblemont normale
3* L’61imination est d’autant plus rapide que la pression est plus dle-
vde, rapport que l’auteur ne donne dvidemment pas comme caracte-
ristlque de la deinence prdcoce.
~M a exclu avec soin de ses recherches tous les malades suspects on
pointNie vue viscdral (cceur, reins, vaisseaux), ou simplement peu ro-
bustes, et cela dans le but de donner loute leur valeur a ses observa-
Mais une telle sdlection est-elle bien legitime, et n’est-il pas tout na¬
tural que l’auteur arrive h des conclusions negatives en recherchant
des troubles fonctiontiels prdclsdment chez des sujets qui, par leur
bonne constitution apparente, semblent le moins susceptibles d'en pre¬
senter 7
E. PERPfeRB.
PERIODIQUES RUSSES
Psychiatric contcmporaine, (1907, join).
Narboute, B. M.(de St-P6tersbourg). - Tendances contemporaines
dans I’dtude sur I’orlgine des maladies mentales. — L’auteur pense
aue la mdthode symptomatologique et 1’analyse dtroitement psycholo¬
gize en psychiatrie, cddent la place a l'dtude clinique et scientifique
des formes morbides; c’est 0 ce nouveau principe qu’on doit les dtudes
contemporaines sur la ddmence prdcoce et sur la psychose mamaco-
ddDressive. Bien des representants de la psychiatrie scientifique se ser¬
ved des mdthodes de la psychologie expdrimentale pour l’examen des
dials psychopathiques et recommandent de fonder des laboratoires psy-
chologiques dans les cliniques psychiatriques ; mais l’dtude des modi
fications anatomo pathologiques dans les maladies mentales donne la
possibility de trouver une corrdlation entre ces modifications et les
tableaux cliniques.
Soukhanoff S. A. de (Moscou). — De la ddmence prdcoce au
oolnt de vue clinique et blologlque. — Les etudes contemporaines
sur la ddmence prdcoce paraissent devoir dtre plus fdcondes que celles
de la conception antdrieure des ddmences secondaires : aujourd’hui,
nour la plupart des alidnistes, il s’agit le plus souvent, d’un processus
ddmentiel primitif; il n’existe pas de transition entre les psychoses
ateuSs et les psychoses chroniques. Cliniquement, la ddmence prdcoce
se traduit soitpar le syndrome hebdphrdno-catatonique, soitparla dd-
mence simple ; parfois d’aprds les observations de l’auteur, elle a (chez
les suiets d’dge moyen) 1 aspect d’une psychose hallucinatoire). La dd
mence prdcoce est une des maladies psychiques les plus frdquentes;
elle ddbute le plus souvent dans le jeune dge, plus rarement chez
l’adulte et plus rarement encore chez chez les sujets &gds. Parfois
l’affaiblissement intellectuel se marque par de l'incuriositd.de rindiffe-
rence, sans symptdmes bruyants ndcessitant l’intervention mddicale.
S S Stoupinb (de Moscou). - Quelques notes sur deux nouveaux
aslles psychiatriques pri* de Vienne. - L’auteur dAcrit deux nou¬
veaux asiles psychiatriques, situAs prAs de Vienne. Lun deux se
trouve dans le voisinage de la ville d’A nstetten ; il attire attention du
visiteur par son aspect extArieur trAs joli et presente par son organi¬
sation le dernier mot des desiderata de la psychiatrie contemporaine.
scientifique et pratique. L'autfe asile psychiatnque ( Mauer-Ochhng ) va
remplacer les anciennes cliniques mentales de Vienne.
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REVUE DES PERIODIQUES
475
Id. (1907, juillet).
Seltzky, W: W. (de Kiew). — Un cas d’hallucfnose. — Apr6s quel-
ques g6ndralit6s concernant le lerme d’hallucinose-aigue , l’auteur cite
une observation personnelle : il s’agit d’une malade de 30 ans, chez
qui apparaissent cotnrae unique manifestation morbide du cdtd de la
sphere psychique, les hallucinations auditives ddsagrdables; il n'y
avait point de d61ire systematise. La malade entendait seulement, de
temps en temps, des conversations par le telephone, et ordinairement
U lui semblait entendre des voix du c6te des personnes, qui 1’entou-
raient. Dans un autre cas Vhallucinose a ete observde chez un malade,
de 50 ans, arterio-scl6reux, et alcoolique moddrd, apr&s un ictus ; ici,
les hallucinations auditives disparurent apr&s un mois. L’auteur attire
l’attention sur le fait que Vhallucinose dans ces cas, s’est ddveloppee
pendant des pdriodes d’dpuisement; (cedeme, fatigue du coeur ou ali¬
mentation insuffisante).
Katchkatcheff, A. B. (de Moscou). — Sur la question de la rage
humaine. — L’auteur ddcrit un cas personnel, (cetto description 6tant
rare) il s’agit d’un malade de 14 ans, chez qui on observe d’abord une
indisposition gdn6rale puis l’dtevation de la temperature, de l’insomnie,
de l’excitation motrice tr£s forte, des hallucinations d'un caract&re
effrayant, des accfes de confusion tubs marquee, alternant avec des
pSriodes de calme et de luciditd, la vue de l’eau provoquait chez le
malade des convulsions de deglutition. Dans le cours d un des acces
d’excitation le malade mourut.
Narboute, B. M. (de Saint-Petersbourg). — Tendances contempo-
ralnes dans I’etude sur I’orfgfne des maladies mentales. — L’au¬
teur, s’appuyant sur les travaux anterieurs, etudie l’origine infectieuse
et toxique de repilepsie, les relations entre la demence precoce et les
auto intoxications; l’aclion de differentes intoxications et auto-intoxi-
cations sur le syst6me nerveux.
Id. (Aoflt 1907).
Soukhanoff, S. A. (Moscou). — De la classification contempo-
raine des maladies mentales. — Ayant montre que les nouvelles
iddes et la nouvelle mani6re de voir en psychiatric, principalement
dues & l’6cole kraepelinienne, se propagent tr6s rapidement parmi les
alidnistes de divers pays, l’auteur estime que la classification contem-
poraine des maladies mentales doit 6tre bas6e sur de nouveaux princi-
pes. Il propose les nouvelles espfcces suivantes. 1* La « psychose mania -
co-depressice t qui englobe presque toutes les « m61ancolies », les « ma-
nies », une portie des « confusions mentales aigu&s »,et la « paranoia
aigu§ » d’auparavant; il n’existe point de transition entre la« psychose
maniaco-ddpressive » et la « ddmence secondaire » de jadis. 2* La
demence precoce , dans le large sens de ce mot. 3* Les psychopathies et
psychoses constitutionnelles (constitution ideo-obsessive, hystdrique,
dpileptique et raisonnement pathologique). 4° Les psychoses de la periode
d’involution de 1’organisme humain ou psychoses sdniles dans le large
sens de ce mot (certaines formes de melancolie, ddlire prdsgnile de
prejudice, psychoses des art^rio-scldreux et demence sdnile dans le
sens dtroit de ce mot). 5° Les psychopathies et les psychoses d'intoxica-
tion y en rapport avec diverses intoxications (alcool, morphine, cocaine,
etc). 6* Les psychoses en rapport accc les affections physiques (dpuise-
ment, affections fdbriles, infections, etc). — Le reste des troubles
psychiques ne pr^sente pas de difficulty particulifcres pour le classifi¬
cation. La psychiatrie contemporaine reclame de nous 1’abandon de la
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REVUE DE P9YCHIATRIE
« ddmence secondaire », de la « manie » et mftme de la « mdlancolie ».
Les nouvelles tendances psychiatriques, avec leurs Etudes sur la
psychose maniaco-ddpressive et sur la ddmence prdcoce, viennent pour
remplacer l’ancienne methode sypmtdmatologique (« manie », mdlon-
colie », « confusion mentale aigud », « paronoia aigud »). Dans cette
luttede 1‘ancien contre lemoderne, la victoire ne penche pas au profit
du premier malgrd le soutien de quelques conservateurs.
Feltzmann, O. B. (d’Odessa). — Un cas de psychose gdmeliaire. —
L’auteur a observe dans l'hdpital psychiatrique de la ville d’Qdessa un
cas de psychose chez des frdres jumeaux, de 14 ans. Chez l’un et 1’autre
jumeau la maladie fut une ddmence prdcoce, k type circulaire. L’auteur
pense, se basant sur les cas cdnnus dans la iittdrature, que la forme
gdmellaire des psychoses familiales a le plus souvent la forme de
ddmence prdcoce.
Narroutb, B. M. — Tendances contemporafnes dans I’dtude sur
I’orlglne des maladies mentales. — Etudiant et analysant les don-
ndes littdraires concernant les psychoses lides a la grossesse, les cou-
ches et la pdriode de lactation, l’auteur note qu’ici, ressort, d’une
manure trds marquee, l'influence de l’intoxication. A Forigine de l’ar-
tdrio-scldrose cdrdbrale, outre 1’alcool et la syphilis, l’intoxication gas-
trointestinale joue sans doute un grand rdle.
Elise SOUKHANOFF POKOTYLLO.
NOUVELLES
Le Recrutement des Mddeclns en chef des Aslles d’alidnds de
la Seine. — Sous ce titre, la Recuc. d&partcmcntalc publiait le mois
dernier (p. 310-313) les lignes suivantes, dont l’auteur est M. Raiga,
chef du service des alidnds a la Prefecture de la Seine ; et qu’il nous a
paru intdressant de mettre sous les yeux de nos lecteurs:
« Dans les ddpartoments aulres que la Seine, le recrutement des
mddecins n’a jamais prdoccupd les Conseils gdndraux. En province il
n’y a, k une ou deux exceptions prds, qu’un asile public d’alidnds par
ddpartement — quand il y en a — et la plupart du temps le mddecin
en chef est en mdme temps directeur.
La situation de la Seine est toute differente et, on peut le dire, tout
k fait k part. La Seine compte k elle seule plus de 15.000 alidnds — le
cinquidme du nombre total des alidnds en France — rdpartis savoir :
7.000 dans les dtablissements de la Seine, Asile clinique (Sainte-Anne),
Villejuif, Ville-Evrard, Vaucluse, Maison-Blanche, Moisselles, Colonies
familiales de Dun-sur-Auron et d’Ainay-le-Chateau; 2.000 dans les
quartiers d’hospice de la Salpdtridre, de Bicdtre et dans l’dtablissement
de la Fondation Vallde, ddpendances de 1’Assistance publique; enfin
6.000 rdpartis dans 72 asiles publics ou privds faisant fonction d’asiles
publics en province.
Le Conseil gdndral, qui a toujours eu a cceur de faire du service des
alidnds un service moddle et se lient au courant de toutes les heu-
reuses initiatives tentdes k l’dtranger, consent les plus grands sacri¬
fices soil pour ddifier de nouveaux dtablissements congus d’aprds les
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NOUVELLES
477
donndes les plus recentes de la science, soit pour l’entretien et le
bien-dtre des malades. C'est ainsi qu’en ce moment il fait construire,
dans le Cher, nne colonie agricole destinde aux dpileptiques: h Ville-
juif, nn quartier spdcial pour les alidnds dangereux et difficiles. La
construction d’un septidme grand asile est & l’dtude. Enfln la Seine a
un corps mddical nombreux comptant vingt-un mddecins chefs de
service, y compris les deux directeurs mddecins des colonies familiales.
On congoit aisdment que, dans ces conditions, la question du recrute-
mentdu corps mddical ait pu attirer tout particulidrement l’attention
du Conseil gdndral de la Seine, d’autant plus que cette assemblde
assure aux mddecins des avantages trds apprdciables.
Aussi, depuis longtemps, on grand nombre de ses membres dtaient-
ils d’avis que le choix des mddecins devait cesser d’dtre imposd par le
Ministdre de l’lntdrieur, ce systdme de recrutement n’oflrant aucune
garantie de valeur professionnelld.
A sa session de novembre 1906, sur la proposition du D r Navarre,
rapporteur gdndral du budget des alidnds, et de M. Patenne, president
de la Commission d’assistance, le Conseil gdndral a dmis on vceu
demandant que les mddecins en chef des asiles fussent recrutds au
moyen d’un concours.
II faut louer grandement le Ministre de l'lntdrieur qui a trds ddli-
berement et dds la premidre heure, pris en considdration le vceu du
Conseil gdndral de la Seine, et l’dminent Prdfet de la Seine, M. de
Selves, qui s’est fait l’interprdte d’autant plus dloquent de l’Assemblde
ddparlementale, qu’il dtait acquis de longue date & la solution qu'elle
proposait.
Mais aucune rdforme, aussi justiflde qu elle puisse dtre, ne peut
triompher sans rdcriminations.
Que n’a-t-on pas dit pour essayer de faire maintenir le statu quo t
L’institution d’un concours pour le recrutement des mddecins en
chef des asiles de la Seine est destinde, disait-on, d porter un coup
funeste au concours de I’adjuvat. Pourquoi ? On se le demande. Et
encore : le corps medical des asiles de France sera coupd en deux:
d’un cotd, la Seine; de l’autre, le restant de la France ; ici, les privi-
ldgids ; la, les parias. Voild de bien gros mots et combien vides de
sens! On a dit aussi que les vieux praticiens les plus expdrimentds
ne se soucieraient pas d’affronter un concours qui ne serait en rdalitd
ouvert qu’aux jeunes gens tout frais dmoulus du concours de l’adjuvat.
Ce ne sont Id que chicanes misdrables au regard des considdrations
d’ordre trds dlevd qui ont guide les initiateurs de cette excellente
mesure. Qu’ont-ils vouiu ? Ceci simplement, et qui est d’importance
capitale: un recrutement ddtermind par la seule valeur professionnelle.
Le Prdfet de la Seine, interprdtant la pensde du Conseil gdndral,
disait au Ministre:
« Le but que j’ai cherchd, avant tout, d atteindre en vous demandant
de m’autoriser d instituer un concours pour le recrutement des mdde¬
cins en chef des. asiles de la Seine, est d’inaugurer un systdme
permettant, lorsqu’il s’agit de procdder d une nomination, de faire
abstraction de toutes considdrations de convenance personnelle, de
famille, ou d’anciennetd de services, de ne tunir aucun compte des
influences extdrieures, en un mot d’dcarter toutes considdrations
dtrangdres au mdrite personnel et d Favenir de la science des maladies
mentales. Ce que j’ai en vue, c’est dd donner aux praticiens travail-
leurs et soucieux de se faire un nom dans la science, les moyens,
aprds concours ddmontrant leur valeur, d’obtenir la rdsidence & Paris,
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REVUE DE PSYCHIATRIE
ce centre scientifique exceptionnel ou les hommes bien doues pourront
faire valoir et ddvelopper pleinement leurs connaissances et donner
toute leur mesure ».
Voil6 de nobles preoccupations qui n'ont pas manque de conqudrir
du premier coup l'assentiment du Ministre de l'lntdrieur.
La residence a Paris ? N’est ce pas le r6ve de tous ceux qui pensent,
de tous ceux qui travaillent ? Et n’est-il pas juste que ce r6ve puisse
Sire realise par ceux, et par ceux-ia seulement qui auront, suivant
l’expression prefectorale, « demontre leur valeur » ?
Aussi bien les postes a mettre au concours sont ceux des Asiles
S l *-Anne, de Villejuif, de Vaucluse, de Ville-Evrard, de Maison-
Blanche et de Moisselies, a l'exclusion des emplois de medecins en
chef des colonies de Dun-sur-Auron et d’Ainay-le-Chateau. Pourle
recrutement des medecins de ces etablissements, la voie du concours
a paru inutile et sans portee. Bien mieux, si ces postes avaient 6te
mis au concours, un grave inconvenient pouvait en resulter: en effet,
h chaque vacance dans les asiles & proximite de Paris, le plus ancien
des medecins des colonies, faisant valoir ses droits, l’etitdemande, et,
en rdalite, le concours n aurait jamais eu lieu que pour combler la
vacance d’un poste d’une colonie. Or, la perspective d'etre envoye a
Dun sur-Auron ou a Ainay : le-Chateau edt ete de nature a detourner
du concours un grand nombre de candidats.
C’est pourquoi les directeurs-medecins des colonies familiales seront
nommes comme antrefois.
Le concours est largement ouvert & tous: aux directeurs-medecins
et medecins en chef, aux medecins-adjoints des asiles publics, des
asiles prives faisant fonction d'asiles publics, aux medecins des
quartiers d’hospice, ayant au moins deux ans d’exercice et ne ddpas-
sant pas cinquante ans d’age.
Le texte de la loi sur le regime des alidnes vote par la Chambredes
Deputes supprime les medecins-adjoints pour donner & tous les prati-
ciens des fonctions idenliques. Ouvrir le concours de Paris aux mede¬
cins-adjoints en m6me temps qu’aux medecins en chef et directeurs,
c’est faire etat, avant lalettre, d’une disposition qui vraiserablabiement
sera maintenue par le senat.
Est-il vrai, comme on s’est plu h le repeter, que le concours ouvert
a tous serait en realite ferme aux anciens pour n’etre accessible qu'aux
jeunes ? La lecture du programme r6pond & cette objection. On verra
qu'on a eu soin d’eiirniner des 6preuves, les matures purement
theoriques ou la rndmoire pouvait jouer un r61e preponderant. On
s’est attache, au contraire, a ne conserver que celles qui sont de
nature a permettre aux praliciens les plus instruits et les plus expdri-
mentes de mettre en valeur leurs aptitudes professionnelles.
Les garanties d’impartialite ont ete repandues a profusion. Pour la
constitution du jury, c’est le principe du tirage au sort qui domine, et
c’est 1& une garantie essentielle. Deux medecins des departments
sont appeies a en faire partie, a coie de deux medecins des asiles de
la Seine. Ou sont les priviiegies? Ou sont les parias? Remarquons
egalement que, pour Idpreuve sur titres, les points devront £tre attri-
buds aux candidats au debut du concours, disposition qui supprime
toute possibilite de cote d’amour in extremis .
Je n'aurais qu une critique de detail a eiever en ce qui concerne le
jury. II me parait regrettable qu’on ait reserve la presidence a un ins-
pecteur general du ministere de l'Interieur. II n’a pas voix preponde¬
rant, il est vrai; mais dans un jury appeld a juger des alienists, il
Lire la suite aprds le Bulletin bibliographique mensuel .
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NOUVELLES
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eut semblft logique, soil d'attribuer la prdsidence au plus ancien des
membres du jury, soit de la donner au professeur de la Faculty de
medecine qui en fera partie, plutdt que de la confler & un membre de
l'administration. Sans doute, le corps des inspecteurs gftndraux compte
des hommes de valeur et du plus grand mdrite, parmi lesquels se
trouvent des medecins. Mais on peut se demander si ces medecins, qui
depuis longteraps ont cesse d’exercer la medecine pour se consacrer ft
leurs fonctions administratives, auront une competence ftgale ft celle
de confreres qui, par l'fttude et la pratique quotidiennes des maladies
mentales, augmentent constamment leur savoir.
Mais c’est lft, en* definitive, un point secondaire. le prestige d’un
president etant en raison directe de sa valeur scientiflque.
Dans son ensemble, l’arrftte du ministre de I’lntftrieur, du 11 sep-
tembre 1907, realise pour le departement de la Seine, qui a une situa¬
tion tout ft fait particuliftre, une reforme utile et qui sera approuvee
par tous ceux qui n’ont en vue que le bien des malades et l'avenir de
la medecine men tale.
Le Conseil general de la Seine, trfts legitimement, peul se faire hon-
neurd’avoir pris l’initiative d’une mesurc qui « aura pour rftsultat certain
d’ftlever encore le niveau de la science franchise. »
Eugene Raiga.
# # #
Voici sur le mfime sujet, quelques reflexions de M. Paul Brousse,
depute, ancien ccuiseiller general de la Seine, ancien president du
Conseil municipal.
Du Proletairc, 26 octobre 1907 :
« M. Clemenceau a signe, le mois dernier, un arrete instituant un
concours pour le recrutement des medecins en chef des asiles publics
de la Seine. Le ministre de l’lntftrieur s’est souvenu que, conseiller
general de la Seine, il etait partisan de cette reforme, en faveur de
laquelle, en ce qui me concerne, je combats depuis plusieurs annees.
Done, que M. Clemenceau re^oive toutes mes felicitations pour avoir
realise le voeu du Conseil general renouveie en decembre dernier.
» Com me rapporteur du budget desatienes au Conseil general, j’avais,
ft maintes reprises, appeie l’attention de mes coliegues et du prftfet de
la Seine sur la mainmise des bureaux du ministftre sur le choix des
medecins, qui appartient, sans conteste, & l'autorite prefectorale.
» Voile done un principe cher & l’assembiee departementale, admis
par M. Clemenceau. C’est parfait.
» Seulement comment le principe est-il realise ? II y a mille chances
pour que le president du Conseil, absorbe par d’autres affaires assurd-
ment plus importantes, n’ait pas m§me lu ce qu’ila signe.
» S’il avait lu, il se serait apergu qu’entre autres praticiens, sont
admis ft concourir les medecins des asiles privesfaisant fonction d’asiles
publics. Or, ces asiles prives sont les asiles des congregations; et, par
qui sont designds les medecins de ces etablissements ? Par les congre¬
gations. M. Clemenceau avouera sans doute qu’il n’fttait pas de pre-
miftre necessite de leur ouvrir les portes des asiles publics de la Seine.
» S’il avait lu son arrete, il se serait aperQU que le jury va dftliberer
sous les yeux d’un inspecteur general president et d’un fonctionnaire
de son ministftre appeie avec voix consultative. Il n’est pas necessaire
d’etre grand clerc pour comprendre que la presence dans un jury de
ces deux fonctionnaires est destin6e ft sauvegarder l’influence des bu¬
reaux du ministftre, influence sans competence d’ailleurs, et que le
concours avait precisement pour but d’annihiler.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
» Pour quun concours donne son plein effet, il faut que le jury ail
sa pleine independence. Or, un jury preside el surveillg par un fonc-
tionnaire qui, demain, par un rapport malveillant, peut comproraettre
Tavenir des juges, n’est pas libre.
» Au surplus le corps des inspecteurs ggngraux compte aujourd’hui
un medecin. Demain, au liasard des influences poliliques, ce mgdecin
peut gtre remplacg par un ancien prgfet. — II y a des choses plus
impossibles. — Eh bien, cet ancien prgfet va avoirs juger des questions
de pathologie mentale!
» N’est-ce pas une gageure ?
» Je regretteque M. Clemenceau, qui a une excellente intention en
admettant le principe du concours, ait permis qu'on gdtat de fa<jon si
facheuse une mesure qui exit pu glre un acte de vraie decen¬
tralisation. »
Paul Brousse, Depute de Paris.
r La Revue de Psychiatric a insure jusqu’ici un certain nombre des
arguments des partisans du concours. Ellefcra connaitrc a Voccasion
les objections des adeersaires (excepte , bien entendu , cellos qui sont
presentees dans les articles des periodiques de la sp&cialite , et que tous
les altenistes ont sous les yeux). A cet dgard ntetne , la Redaction
utiliscrait bien eolontiers les communications de ceux de nos lecteurs
que le ddbat interesse.
£chos du XI* Congrgs International contre i’alcooilsme. —
(Stockholm , Juillet 1907). — II nous viennent de M. A.-C. Tartarin
(de Menton), qui dans une spirituelle chronique de la Prcsse MMicale
du 19 octobre 1907 donne son impression d’ensemble sur le Congrgs:
Les abstinents du Nord et de I'Allemagne ne veulent rien entendre.
En vain, le rapport de MM. Landouzy et H. Labb£ concluait que:
« l’alcool est un aliment-condiment dont, physiologiquement Temploi
est licite dans une alimentation rationnelle autant que son mgsu-
sage est conlremandg ». Les abstinents ne connaissent que par ce
a mgsusage », et la moindre restriction (mgme scientiflquement gtablie),
a leur intransigeante opinion est considgrge par eux comme une
immoralitg. Cependant, s’il faut en croire les chiffres de M. almquist
(de Stockholm): Valcool et la criminalite — le nombre des alcooliques
augmente en Sugde tandis que la consommation de 1’alcool diminue!
Certes, il est grotesque de protester au nom de la morale, lorsqu'un
rapporteur, en sgance de Congrgs, expose quels peuvent gtre les eflets
utiles d’lin produit dont il affirme en mgme temps la nocivite par
usage immodgrg. Mais, la part giant faite d-une exageration ridicule
ou ridiculement exprimee, que M. Tartarin nous permette de dgfendre
quelque peu les raisons « psychologiques »des antialcooliques; « Tou-
jours des raisons psychologiques, dit-il..., mais il y avait tant de
psychiatres et d’alignistes g ce Congres! » C'est que les alienistes con¬
naissent de Tabus de Talcoo) les inconvgnients les plus terribles et les
plus degradants pour l'individu et la race. Et pour combattre un tel
mal, M. Tartarin ne trouvera pas mauvais qu’ils exaggrent en
connaissance de cause peur condamner Talcool en bloc. C’est la
<( raison psychologique » qui leur a fait adopter cette attitude; car il
leur semblait que les formules modgrges ne peuvent rien sur Tesprit
de la masse; et quelle difflculte de dgterminer pour chacun oil com¬
mence Tabus!
Malheureusement, ceux qui combattent contre Talcoolisme n’ont pas
obtenu grand chose du plus grand nombre. Dans une minoritg instruite
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NgCROLOGIE
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et affinde, ils ont ddtermind 1’abstinence totale, pur snobismo contre
lequel on rdagit actuellement. Pour des raisons complexes, le vin
jadis fortement ddnigrd, trouve aujourd’hui parmi les hygidnistes et les
mddecins de chauds ddfenseurs. Au point de vue social celte indignitd
ne valait-elle pas mieux que cet excds d’honneur ? J.
Conoours de I’adjuvat. — Le prochain concours d'adjuvat des asiles
publics d’alidnds sera ouvert le 3 fdvrier 1908.
Faculty de mddeclne de Giessen. — M. A. Dannemann, privat-
docent, est nommd professeur extraordinaire de psychiatric.
Faculty de Grata. — M. ie Docteur Frilz Hartmann, privat-docent
est nommd professeur extraordinaire de neurologie et de psychiatrie.
Personnel des Aslles d’alldnds. — Moucernent de septembrc ctd’oc-
tobrc 1907. — M. le D r Gimbal, mddecin adjoint & Prdmontrd (Aisne),
nommd mddecin adjoint 4 Evreux (Eure).
M. le D r Guyot, directeur mddecin de l’asile d’alidnds de Chftlons-
sur-Marne, adrnis & faire valoir ses droits & la retraite, est nommd
directeur mddecin en chef honoraire des asiles publics d’alidnds.
M. le D r Charuel, mddecin en chef d l’asile de Maryville (Meurthe-
et-Moselle), nommd directeur mddecin de Tasile d’alidnds de Chalons-
sur-Marne.
M. le D r Pasturel, mddecin adjoint & Naugeat (Haute-Vienne),,
promu & la l re classe dn cadre.
M. le D r Vernet, mddecin adjoint a l’asile de Moulins, promu & la
classe exceptionnelle du cadre.
Distinction honorlflque. — M. le D r Giraud, directeur mddecin de
l’asile d’alidnds de Saint-Yon (Seine-Infdrieure): mddaille Sargent de
1‘Assistance publique.
Conoours de BlcOtre et de la Salpdtri&re. — Le Jury est composd
de MM. Bourneville, Charpentier, Roubinovitch, Lwoff, RSnon,
Boulloche et Letulle.
NfiCROLOGlE
N. VASCHIDE
Ce n’est certes pas une figure banale que celle de notre collabo-
rateur N. Vaschide, qui vient d’etre brusquement emportd en
quelques semaines et presque en quelques jours, & 33 ans 1
Nd en Roumanie en 1874, Nicolescu Vaschide, aprds dtre sorti
par un effort persdvdrant du milieu modeste qui dtait celui de ses
parents, seddcide, (il n’avaitpas encore 22 ans) dconqudrirl’Europe.
II traverse l'Allemagne oil il visite le laboratoire de psychologie
de Wund, reste quelques mois en Italie oil il secrde de nombreuses
sympathies et effectue, en collaboration avec un jeune alidniste do
grande activitd et de vive intelligence, M. G. Ferrari, son premier
travail de psychologie sur la mdmoire des lignes, et il vient enfin
s installer d Paris oil il suit les cours de philosophic de la Facultd
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REVUE DE PSYCHIATRIE
des Lettres et devient le collaborateur de M. A. Binet. L6, menant
une vie de travail figvreuse & laquelle les dificult^s materielles
n’6taient pas £pargnees, ayant en Roumanie une jeune femme
qu’il desire amener bientot pr&s de lui, il fait rendre aux heures
qui s’6coulent tout ce qu'elles lui peuvent donner, ajoutant au
besom les nuits aux jours ; il veut tout voir, tout savoir, tout
connaitre et tout faire.
UAnnee Psychologique de 1896 avait regu un premier travail de
lui en collaboration avec M. A. Binet; celle de 1897 en voit 19 !
Et ce sont en outre des articles publies dans des revues de France,
d’ltalie, d’Am^rique, de. Roumanie, des communications au III*
Congr&s de Psychologie & Munich, h l’Acad^mie des Sciences, h
la Soci6t6 de Biologie. Il insuffle la vie b Y Iniermediaire des Bio -
logistes , dont la premiere annee fut pleine de promesses qul ne
purent point etre tenues.
Vaschide a pris place d^sormais dans lemonde scientifique pari-
sien et il Stend toujours son champ d’activite. Il devient l’61&ve de
M. Frangois-Franck au College de France, aprfcs avoir celui
de M. Soury & l'Ecole des Hautes Etudes. Il est all6 chercher sa
femme qui lui donne un fils et qui, 6galement 616ve de l'Ecole des
Hautes Etudes, soutiendra bientot une th6se remarquee pour le
diplome de cette Ecole. Il s’est install^ definitivement, entour6
d’une famille & laquelle se joignent fr&juemment de nombreux
amis et en particulier des membres de la colonie roumaine.
.Mais il a quitte le laboratoire de M. Binet et il s’&oigne de la
Faculte des lettres. C’est & la Sslpetrtere, ds^ns le laboratoire de
M. Janet qu’onle trouve maintenant; il commence aussi h pren¬
dre r6guli6rement le chemin de Villejuif, inaugurant une collabo¬
ration incessante avec M. Toulouse, d’ou vonl sortir toute une
s6rie de recherches psychophysiques, toute une collection dappa-
reils de mesure des sensations fond6s sur des principes simples et
nouveaux.
Aussi, lorsqu'est fond6 en 1900 le laboratoire de psychologie
exp6rimentalede l’Ecole des Hautes Etudes & Villejuif, en devient-
il le chef des travaux. Le voici d6j& pourvu d une situation offi-
cielle enviable en France. Et que n’attend-on pas de son intelli¬
gence originate, de son labeur incessant, des promesses de trou¬
vailles qu’il laisse entrevoir ?
Les Congrfcs de Psychologie de 1900 oti il fait fonction de secre¬
taire adjoint, met en valeur sa physionomie sympathique qu'on
apergoit partout. La Bibliothtque de Psychologie Exptrimentale
dont il est le secretaire, double ses moyens d'action.
D6s lors, impatient de realiser des recherches dans les voies les
plus diverses, ne pouvant multiplier le temps, il cherche & se
constituer un groupe de collaborjateurs dont il ne suivra plus les
directions, mais qu’il tentera dediriger e son tour : et les travaux
se multiplient avec ces nombreux collaborateiirs dont il ne
cesse de stimuler l’aclivite. Mais ses recherches ne sont gufcre
r^muneratrices alors que ses travaux « m^dico-psychologiques »
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n£crologie
483
lui valent un peu parlout, et dans le monde ou l’amitte de M. Fran¬
cois de Curel l’introduisit, une reputation qui serait pour un
mddecin la garantie d'une clientele. Aussi est-il pouss6 b entre-
prendre ses etudes medicates, ce qu’il fait apres avoir obtenu,
grace a ses travaux, la dispense du P. C. N. II fait une partie
de son stage medical dans le service de M. Pierre Marie, b
Bic&tre, et publie avec la collaboration de son maitre des essais
de psychologie experimental appliquee & l’e*amen des maladies
nerveuses.
Cependant, entraind par le cercle agrandi de ses relations & une
vie mondaine qui ajoute son surmenage & celui de sa vie pure-
ment intellectuelle, il ralentit sa production scientiflque etse trouve
abandonne par ses premiers collaborateurs. Lui qui etait un obser-
vateur sagace, d’une vivacite merveilleuse, $t un experimentateur
remarquablement habile, il ecril surtout des articles d’analyse et
de critique.
Il est engage pourtant e de nombreux travaux ; une these de
medecine, une these de doctorat d’Universite pour la Faculte des
lettres, deux livres dans la Biblipth&que de Psychologie Experi-
mentale , un dans la Biblioth&que de la Femme , deux livres encore
dans la Biblioth&que de Philosophie Exptrimentale fondee b son
instigation par M. Peillanbe, directeur de la Recue de Philosophie .
11 a meme decide ce dernier b publier annuellement un Index
Philosophique donnant la bibliographie complete des questions
pouvant interesser les philosophes, vaste tftche ! Mais oblige de
remplir b peu pres seul la besogne qui surpasse ses forces, il est
contraint de l’abandonner apres la deuxieme ann6e.
L activite de Vaschide se depense aussi b l’exterieur et, grand
voyageur, il ne manque gnere decongres; il va b Turin, b Madrid;
b Cambridge, b Rome pour des Congres de Psychologie, de Phy¬
siologic, de Medecine et meme pour la reunion de la British
Association for advancement of Sciences qui lui a fait l’honneur
tres enviable de le convier b ses travaux.
Enfln il y a quelquesmois, il quitte definitivement le Laboratoire
de Psychologie Exp6rimentale qu’il deiaissait depuis quelque
temps ; il devient directeur-adjoint d’un nouveau laboratoire de
l’Ecole des Hautes Etudes, celui de Psychologie Pathologique et
s’occupe de son installation. Des articles de lui, publies dans
divers journaux et revues paraissent encore jusque dans le mois
dernier. Les vacances venues, il voyage selon son habitude. C’est
en revenant d’Ems et sur le point de partir pour Biarritz qu’il
se sent fatigue et s’alite pour ne plus se relever.
Vaschide inspirait d6s l'abord la plus vive sympathie, il ne
tardait pas b conqudrir des amitids dont certaines 6taient passion-
n6es. La passion d’ailleurs l’animait. Il semblait vivre dans un
6tat perp6tuel de ftevre avec de tr&s rares instants d’abattement.
Soucieux de faire preuve en toutes directions de sa vigueur in¬
tellectuelle, il 6tait fier de la diffusion 6norme de son nom et
manifestait une veritable joie b se voir citer si souvent dans I’lndex
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484
REVUE DE P9YCHIATRIE
de la Psychological Review ou dans tout autre recueil bibliogra-
phique.
II 6tait l’ambition faite homme etne songeait qu'& s’dlever sans
cesse, & atteindre, sous quelque forme que ce fGt, la gloire qui
semblait s'offrir & lui. II rSvait de d^couvertes grandioses, et
esp^rait beaucoup des voies les plus nouvelles. II n’admettait pas
qu’un « Ignorablmus » fatal puisse air6ter la recherche au seuil
de la M6taphysique. Souvent il parlait de I’attirance qu’il ressen-
tait en songeant & 1‘Inde et h ses secrets obscurssur les puissances
psychiques que l’homme peut acquGrir. Ainsi il s’6loignait de la
physiologie pour se rapprocher de domaines imprdcisoti il tentait
de substituer respritscientifique & l’espritpurementm^taphysique.
Mais sa pens6e, h force de planer dans ces voies incertaines, perdit
de sa nettetd, malgrd des efforts reputes pour re prendre pied dans
le domaine des faits concrets, oh, par reaction, son souci de r6a-
litd le poussait & la minutie.
Causeur charmant, habile & plaire et m6me h s6duire quand il le
voulait, il eftt pu n’avoir, ne garder que des amis fervents et fldfcles.
Mais, grisd de Nietzch6isme, il laissa transparaitre sa conviction
qu’il pouvait, qu’il devaitStre un surhomme, conviction qu’il aflfir-
ma dogmatiquement dans un article en collaboration avec un
jeune romancier, M. Biney Valmer, le mSme qui fit de Vaschide
un portrait dans les M6tfcques ; et cela 6cartait de lui quelques
vieux amis pendant qu’il faisait des conquGtes nouvelles.
Telle fut cette figure singuli&re et brillante qui s’est effac6e. Son
activity febrile, son ambition demesur^e lui ontnui; sans elles il
aurait pu leisser une oeuvre plus modeste, mais plus homog&ne,
plus stable, plus claire. Malgrd cela, son nom resters sans doute
dans nos* milieux psychologiques comme celui d’un chercheur
original, 6nergique et curieux.
Peut-6treeftt-il acquis, comme m^decin, une veritable renomm^e
et Ton eht parl6 de lui dans les salons comme d’un nouveau Char¬
cot ; lui qui en 6tait arrivdh ressemblerdtrangementau medaillon
qui illustre la couverture de la Recue Neurologigue.
Mais h quoi bon penser h ce qu'efit et6 l’avenir ! L’avenir a dis-
paru pour lui comme il ne tardera pas & disparaitre pour nous
tous, en s’enfuyant sur l’aile agile d’un present fugitrf; le pass6
indbranlable reste seul. Et je ne puis me d^fendre dune r^elle et
vive Emotion quand je songe au travailleur ddvou6 que j’ai connu
il y a huit ans, que je croyais toujours^voir reparsltre, et que je ne
verrai plus jamais.
H. Pi£ron.
Le gtrant : A. Coueslant.
PARIS & CAIIORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT (30-XI-07)
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r - ■
■ /
REVUE CRITIQUE
HOSPITALISATION DES DEBILES DANS L’EUROPE
CENTRALE
Par le Docteur Blin,
Medccin en chef a la Colonic de Vaucluse [S.-et-O.)
Parler d’hospitaliser les debiles, de les soigner, de les 4du-
quer, d’en faire, si possible, des homines susceptibles de jouer
un role dans la soci6te, tout cela veut dire, impliciteraent, que
les medecins, k plus forte raison les medecins alienistes, qu'ils
appartiennent a un Etat de TEurope Centrale ou & un autre,
sont absolument fixes sur la valour du mot « d£bile ». En pen-
sant de la sorte, on verrait la verite sous un singulier jour.
D6j k y dans le numdro d avril 1902 de la Revue de Psychiatrie,
j’ai montrd quelle imprecision regne dans la terminologie
applicable aux etats d’inferiorite intellecluelle, et je me suis
efforcd d’etablir sur des bases relativement scientifiques ou, tout
au moins, ayant un caractere de precision plus grande, comment
on peut determiner la signification du mot u d£bile » et la
chose est loin de manquer d’importance; car, si le diagnostic de
debile a 6t6 serieusement pose, l’enfant presente de serieuses
chances de devenir une unite sociale ; a-t-on determine, par
des moyens precis, le diagnosticd’imbecillite? alors le pronostic
s’assombrit singulierement, pour devenir tout-i-lait noir,
lorsqu’il s’agit d’idiotie, d’idiotie vi aie.
Et ce qu’il y a de triste a penser, c’est que ce diagnostic que
toute une famille attend anxieusement, auquel elle s’attache
pour etayer ses reves, ses projets d’avenir, est souvent fait,
ayons le courage de le dire, sinon au hasard, tout au moins
trop k la legere — et pourquoi ? d abord parce que c’est parfois
fort difficile, fort deiicat; ensuite, parce que nous manquons
desjalons cliniques necessaires pour etayer le diagnostic.
Ce n’est pas qu’un clinicien comme Bourneville, comme Ma-
gnan, etc.,ne soit capable, quelquefois desle premier coup d’oeil,
de diagnostiquer l’etat intellectuel de l’enfant et de poser,
presque k coup sur, le pronostic ; mais tous n’ont pas la meme
experience, et k lout le monde fait defaut un guide clinique,
toujours le meme, permettant, meme aux medecins non specia-
listes, de se reperer, dejuger du pronostic mental de l’enfant
present6 k leur exameu. Or, on ne saurait trop le repeter, Tim-
portance du diagnostic exact est enorme, k ce point de vue, car
on peut dire, schematiquement, que le debile, a moins de com-
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HEVUE DE PSYCHIATR1E
plications mentales, devient un homme digne de cenom dans la
moitie des cas ; l’imbdcile peut £lre utilise, moyeunant une
direction constante, k de gros travaux simples, dans un tiers
des cas ; quant aux idiots, k moins deceptions qui sont si
rares, qu’elles conflrment la regie, ils sont et demeurent des
idiots. De la, une formule simple, appliquee dans TEurope cen-
trale et, en particulier, en Allemagne : maximum d’efforts pour
transformer le debile en homme; et seulement gardiennage de
l’idiot.
Je donne cette formule comme une sorte de sclidma ; mais
nous verrons qu’il y a, en realite, et avec raison, uu plus grand
nombre de classes d’arrieres.
11 n’en demeure pas moins important de distinguer, et cela
le plus tdt possible, l’arrierd simple, le debile, de Tarridr^
profond, de Tidiot.
Nous verrons, en parlant des ecoles d’arridres de Norv^ge,
qu’on yadmet seulement les enfants susceptibles de recevoir
une certaine instruction et apres qu’un m6decin a rempli un
questionnaire etablissant que l’enfant est bien un ddbile, et
non un idiot.
Lorsqu’on me parla pour la premiere fois de ce questionnaire,
j’esp£rai y trouver des indications, des documents prdcieux : la
realite n'a en rien rdpondu i mon attente.
Quelque pdnible qu’il soit de parler de sa personne, je dois
dire que je ne connais guere, pour guider les pas du cherebeur,
qui veut distinguer mgthodiquement le debile de Timb^cile, que
mon article de la Revue de Pstjchiatrie , en 1902 ; que la tli&se
de mon interne Damaye ; que quelques interessants travaux de
mon interne Simon dans la Revue Psychologique et une Ache
psycho-physiologique que j'ai modifiee bien des fois, que j'ai
faite, refaite, mais que je viens enfin, de livrer a rimprimeur.
Sans ajouter foi entiere k l’adage : « aux derniers les bons s,
je ddcrirai rapidement cette fiche que je me proposed appliquer
k ebaqueentant entrant dans mon service et que j’appliqiie ddji
d'ailleurs, partiellement, surcliaque enfant, chaque annde, de-
puis huit ans
Cette fiche se compose de 4 pages : sur la l ro page est le nom
de l’enfant et sa photographie, prise comme je l’ai indique dejS,
it savoir que sur la mdme plaque 13 X 18 se trouvent : la Idle
vue de face, la norma verticalis et la tdle vue de profit. Aupres
de cette photographie sont les renseignements d’ordre gdndral,
comme le nom de l’enfant, la date d’entrde etc., puis les princi-
1 Fiche psycho-physiologique , par le D r E. Bun. Vigot frfcres, editcurs,
pi. de l'Ec. de Mid.
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hospitalisation des debiles dans l’euuope centrale 487
pales mensurations anthropologiques qui sont, pour le cr&ne: le
diametre antero-posl4rieur maximum, le diametre transverse
maximum, l’indice cephalique, le diametre metopique maxi¬
mum, le diametre bi-sus-auriculaire, le diametre frontal mini¬
mum et le diametre vertical auriculaire.
Pour la face, il n'y a que le diametre bi-zygomatiqiie, le dia¬
metre ophryo-sous-nasal,Je diametre sous naso-mentonnier, le
diametre bi-goniaque et les distances qui mesurent le progna-
tisme, k savoir : la distance du point sus auriculaire 4 Topliryon;
la distance du point sus-auriculaire au point sous-nasal et la
distance du point sus-auriculaire au point menlonnier.
Pour le corps, la distance au-dessus du sol, en millimetres,
du vertex, de l epicondyle, de Tombilic, de repine iliaque antdro-
supdrieure, du grand trochanter, puis Tenvergure, la circon-
ference de la poitrine, la distance des epines iliaques et le
poids.
Pour dviter les confusions, il a ete adjoint k cette feuille, un
schema prdcisant, de face et de profil, la position de la racine
des clieveux, du point-metopique, de Tophryon, du point sous-
nasal, du point mentonnier, du point sus-auriculaire, du vertex,
de la protuberance occipitale externe.
En face de chacune des mesures sont cinq colonnes vei*ticales
de telle sorte qu r on puisse, sur chaque enfant, prendre k nou¬
veau, tous les ans, les mensurations et voir les modifications
qui se sont produites.
C'est ainsi que dej& dans mon service un certain nombre de
mensurations annuelles sont prises depuis 7 ans sur les mdmes
sujets.
Ici se pose une objection : on sait qu'une mensuration varie
suivantla main qui la prend, et dans des proportions quelque-
fois dnormes. Pour obvier k cet inconvenient, j’ai monlre & mon
surveillant en chef de quelle fa con prendre les mensurations et,
depuis huit annees, c’est lui qui efiectue toutes les mensura¬
tions. De cette fa^on, s’il y a une legere erreur,comme elle se
reproduit dans toutes les mensurations, elle s’aunule.
11 est, de la sorte, tres int4ressant, au point de vue du ddve-
loppement de lenfant,de comparer, annee parannee, les dimen¬
sions obtenues.
La partie psychologique de la feuille d’examen du d4bile se
compose, comme je l’ai deja dit k plusieurs leprises et comme
mon eleve Damaye l'a,-avec talent, developpe dans sa these \
d'un questionnaire comprenant une serie de 20 sujets : sur
chaque sujet sont pr4parees un certain nombre de questions
* H. Damaye. Thfcse inaugurate, 1902,
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REVUE DE P9YCHIATRIE
gradudes, selon leur difficulty, en 3 series; la sdrie a compose©
de sujets tres faciles, pour les enfants dune dizaine d'annees; la
series, dontles questions sont un peu plus complexes, pour les
enfants d'une douzaime d’annees; et la serie c , ensemble de
questions plus difficiles, pour les gallons plus£g4s.
Suivant la r^ponse, il est donnd un coefficient variant duOi 5,
si bien que le maximum des points pour les 20 sujets est delOO.
Cet interrogatoire effectue sur une s4rie d’enfants normaux,
a presque constammeut donn£ ce maximum de cent points.que
je considere, de facon toute arbitraire, d’ailleurs, corarae repre-
sentant la normale. Le pourcentage est done de suite obtenu et
les enfants d£biles se classeront sur une 6chelle variant de 0 k
100 points.
L'expdrience a monlrd que les enfants correspondant au type
des ddbiles proprement dits se classent entre 50 et 100, alors
quo les imbeciles se classent autour de 30 et que les idiots
n’atleignent pas ce coefficient de 30.
Je n’entrerai pas dans de plus longs details sur celte m6lhode
d’examen et de classement qui a 6te decrite plus longuement
dans mon article de la Revue de Psychiatrie de 1902 et surtout
dans la these de II. Damaye.
D’ailleurs, il ne faudrait pas, je suis le premier 4 le recon-
naitre, attribuer 4 cette methode une valeur plus grande que
celle qu'elle mdrite : son seul avantage est de permettre un
classement ralionnel, facile, applicable par tous, dans la lfmite
de quelques points, et surtout, e’est le premier essai pratique
de determination, en quelque sorte math4matique, da degrA
d’intelligence d un enfant. Et quand on se rappelle I'imporlance
sociale que comporte le pronostic selon que l’enfant est debile,
imbecile ou idiot, on ne peut s’empeclier de porter un certain
interet 4 une methode d’examen qui permet precisement 4 tout
rnddecin, m£me non specialist©, de porter sur l'avenir d’un
enfant arridre unjugement etaye sur des bases sdrieuses, tou-
jours les memes et, par consequent comparables entre elles.
Est-ce & dire que cette methode est absolue, immuable? Peut-
etre demain en paraltra-t-il une raeilleure, et je serai le pre¬
mier 4 Tutiliser.
Telle est, dans ses grandes lignes, la Ache psycho-physiolo-
gique qu’apres bien des tdtonnements, apres bien des essais, je
viens de faire etablir pour diflferencier, d’api es des donn6cs
fixes, le diagnostic et par contre le pronostic des enfantsarri6r6s,
en particulier des debiles.
D'apres ce qui precede, on peut dej4 pressentir que, du diag¬
nostic de 1’etat d’arridration iutellectuelle, en devrait resulter
le mode d’hospitalisation de Tarrier^.
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HOSPITALISATION DES DEBILES DANS L’EUROPE CENTRALE 48?
En France, ou bien on n'hospitalise pas l'arrierd, ce qui a lieu
dans la plupart des departements, ou bien, s'il est hospitalise,
comme cela se passe dans de trop rares departements, c’est A
titre d'aliend qu’il est hospitalise. .
Dans le present article, j’utiliserai la visile que j'eus le plaisir
de faire d'un certain nombre d'asiles, en Allemagne, en Autri-
che et en Danemark, pour esquisser le mode d’hospitalisation
des arridres dans TEurope centrale.
Pour chacun de ces trois pays, je prdseuterai un rdsumd
des principaux asiles visitds et comme ce i*6sum6 nous entrai-
nerait lui-m£me dans des details exager6s, je ne signalerai
pour chaque asile que ses caracteristiques, que les points par
lesquelsil se differencie des asiles similaires francais.
I. — Allemagne
Dans tousles pays del’Europe centrale et en Allemagne prin-
cipalement, un fait capital domine rhospitalisation des arrierds,
A savoir que, contrairement aux usages admis en France, ces
arridres ne sont pas hospitalises k titre d’alienes, A moins de
complications ddlirantes sp^ciales ndcessitant leur placement
dans une section sp4ciale. D'autre part, comme je le disais plus
liaut, on consacre le maximum d'efforts A 1’dducation des debiles,
pour laisser les idiots dans quelque ddpdt de mendicitd, dans
quelque vieux quartier d'asile d'alidn^s, ou bien ne pas les hos-
pitaliser du tout.
Mais j’ai parld tout A l’lieure des difficultes inhdrentes au
diagnostic entre la ddbilite et l'imbecillite. Comment la question
est elle rdsolue en Allemagne ? S’il est difficile de distinguer un
ddbile d'un imbdcile, il Test beaucoup moins de diagnostiquer
l'idiotie absolue. Or, nous avons vu que ces idiots, on ne s’en
occupe pour ainsi dire pas. Mais tout enfant ddbile ou imbecile,
qui parait susceptible d'etre occupe, est hospitalisd, placd
dans un pavilion d’observation oil Ton emploie, pour distinguer
les diverses debilitds mentales, une classification p6dagogique
qui repose non sur le degrd d’intelligence plus ou moins deve*
loppd de l’enfant, mais sur le bdnefice plus ou moins grand que
1’enfant parait susceptible de retirer du traitement medico-
pddagogiqne.
L’enfant que la faraille reconnait « ne pas Atre comme un
autre > — j'emploie volontiers cette formule qui ne pr^juge
rien, n’engage A rien et, au fond, r4pond absolument A la realitd
des faits — est soumis A l’examen d'un medecin, lequel dresse un
certificat medical de placement. Ce certificat mddicalseprdsente
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490
REVUE DE PSYCHIATR1E
le plus souvent sous forme de questionnaire k remplir et, pour
donner une idee de ce que peut <Hre pareil certificat, ou plutdt
pareil questionnaire, il nous sufflt de reproduire le question¬
naire mddical concernant les malades& placer a l’asile de Lan-
genhagen pres de Hanovre, asile public de 700 debile?, ayant
cette particularity, sur laquelle nous reviendrons, de garder les
debiles quand ils sont adultes.
Questionnaire medical concernant les malades k
placer k l’asile de Langenhagen
1° Renseignements personnels :
Nom et prenoin du nmlade.
Ann6e et date de naissance.
Enfant legitime ou non.
Religion.
Adresse complete des parents ou du tuteur.
Lieu de naissance et circonscription.
Dernier lieu de sejour et circonscription.
Situation soeiale et metier eventuellement des parents).
Combien de fi ores et sows, plus ages ou plus jeunes ?
Leur (Hat de sante.
Combien de freres et scours morts, et de quoi ?
2* Etiologie :
Dans la famille, chez les parents et les grands parents, s’est-il prdsent^
a) Une maladie mentale, eerdbrale ou mddullaire ?
b) De Physterie, de la neurasthenie, de l epilepsie, de la choree ?
e) Des bizarreries, des exces, des crimes ?
d) De l’ivrognerie, le suicide ?
c) De la surdi-mutite, des diftormites ?
f) Du cancer, la tuberculose, la syphilis ?
Y a-t-il eu mariage consanguin des parents ou grands-parents ? Age
des parents a la naissance du malade.
L’habitalion est-elle malsaine, humide ?
Comment s’est passee la grossesse de la mtire.
Y eut-il pendant cette grossesse, des extravagances, des maladies,
des emotions ?
L’accouchement vint-il en temps voulu ? fut-il difficile, long ?
Y eut-il accouchement artificial et, a ce propos, blessure de la t6te de
l’enfant ?
Des la naissance, y eut-il evidence de malformation cdrebrale ? Y
eut-il persistance anormale ou occlusion preuiaturde des fontanelles ?
Y eut-il allaitement au sein ou au biberon ?
Enfance du malade :
A quelle epoque vinrent les dents, y eut-il des troubles ?
Quand le malade a-t-il commence a marcher ? b parler ? Eut-il des
emotions, des pours ? des periodes d’excitalion, des modifications de
caractere, des mouvcmentsde violence ? Se livre-t-il a la masturbation :
Quel a ete le resultat de son sejour a l’ecole ?
Le malade a-t-il etc atteint de traumatisme cranien ? d’h6morragie
cerebrale ? de commotion cer^brale ? de blessure des nerfs ? de rae-
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ROSPJTALISATION DES DEBILES DANS L’EUROPE CENTRALE 491
ningite ? d'hydrocephalie ? de convulsions, d’dpilepsie, d'eclampsie,
de chord©, d'hystdrie ? de nevralgies, de poralysies ? d’exontheme
aigu, de typhus, de malaria ? de coqueluche, de diphterie, de rachi-
tisme, de scrofule, de tuberculose, de syphilis, de maladie du poumon,
du ooeur, du foie, des reins, du tube digestif ?
Histoire de la maladie :
Est-elle congdnitale ? A quelle dpoque Fa-t-on remarquee ? a quels
symptomes ? Quel en a dtd le cours jusqu’a prdsent ?
Expression de la physionomie ? maintien ? march© ? croissance ?
taille ? dtat de la nutrition ? poids ?
Coloration de la peau ? musculature ? temperature ?
Forme de la tete ? circonfdrence du crane ? hdmiatrophie du visage ?
troubles de la sensibilite?
Fonctionnement des organes des sens ? sensibility des yeux & la
lumidre ? reflexes papillaires ? nystogmus ? colobomus 9 strabisme ?
ptosis ? conjonctivitd ?
Aspect de l’oreille, ouie ; Aspect du nez, permeability a Pair ?
odorat ? voile du palais ? implantation et forme des dents ?
Langue, son innervation ? salivation ?
Aspect du cou ? organes de la respiration ? Etat du coeur ? du pouls ?
t organes de l’abdomen? organes genitaux? cryptorchidie ? phimosis?
hypospodias ?
Paralysie et contracture des extremitds ?
Doigts suppldmentaires au pied ou a la main ? Malformations
diverses ?
Incontinence d’urine ? des matidres fecales ?
Coordination des mouvements, sensibilite, reflexes?
Quelle est l’humeurdu malade, triste, exaltee ou gaie ?
Etat de la mdmoire ? Y a-t-il des particularity de la mdmoire ?
Le malade est-il excitable, obeissont, capricieux, mdehant, confus,
distrait, devoud?
Impulsions 6 ddtruire ? tendances au suicide ? au vagabondage ? au
vol ?
Idees ddlirantes? hallucinations?
Diverses formes de la bldsite?
Quelles sont les connaissances et les capacitds de l’enfant?
Est-ii sociable? a quoi soccupo-t-il?
Quel est le degrd de son attention ? Peut-il bien s’acquitter d’une
commission ?
S’habille t-il et se nettoie-t-il lui-meme?
Aime t-il l’ordre et la propretd ?
Mange-t-il seul ? fonctions digestives ? sommeil ?
Forme de la maladie et pronostic :
Quel est le degrd d alTuiblissement intellectuel ? avec ou sans epi-
lepsie ? avec ou sans ddfectuositd morale ?
Y a t il espoir ou non d’amelioration ?
Conclusions :
Le malade a-t-il eld traild jusqua present? Comment?
Preuveque le malade rentre dans l'art, 2 du reglement?
Qui peut, a 1 occasion, donner des renseignements sufhsants sur le
malade et so famille ?
Observations suppldinentaires.
Fait y , le Signature :
Le medecin d'etat civil,
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492
REVUE DE PSYCHIATRIE
II y aurait bien des remarques k faire sur ce questionnaire ;
en tout cas, tel qu’il est, il fournit deji au mddecin de l’asile,
s'il est rempli consciencieusement, des renseignements 6tiolo-
giques intdressants.
A cdtd de ces renseignemenls importants, il en est qui em-
pietent sur l’observation, corame la forme de la tdte, l’aspect
de Toreille, les troubles dela sensibilite, etc. Quoi qu’il en soil,
voil& notre enfant placd au pavilion d’observation, comme un
simple malade, repetons-le, et non comme un aliend.
Supposons qii’au bout d’un certain temps, le raedecin s’assure
que le malade est un arriere, tel qu’on n’en pourra jamais rien
tirer : c’est dans ce cas, un Pfleglinge c’est-Adire un malade k
qui des soins seulement sont ndcessaires ; alors il le fait placer
dans un quartier de simple gardiennage. Si, au contraire, le
medecin voit que le traitement medico-pddagogique pourra
donner des resultats, alors l'enfant est classe dans la categorie
des Zoglinge ou enfants dducables, subdivisds eux-mdmes en
2 categories, 1° ceux qui, grace au traitement medico-peda-
gogique, pourront dtre exerees aux divers travaux (Bescluif-
tigungs-fahige), 2° ceux qui, se rapprocliant de l’etat normal,
peuvent recevoir un certain degre ^'instruction et d’dducation
(Bildungs-fahige).
Dans le premier cas, Tarriere est surtout employe aux tra¬
vaux des champs et, dans le second, on consacre le maximum
d’efforts k son Education, en utilisant un instituteur pour 10 a
12 enfants.
Mais l’enfant grandit enlourd des soins et du devouement des
infirmiers et des maltres, et il devient adulte : qa’en laire alors?
En France, la chose est fort complexe ; en Allemagne, la
solution de la question est bien plus simple puisque, dans la
plupart des grands asiles d’arridrds, il existe un service d’adul-
tes ou l’enfant passe, sans autre forme de proces, a moins que
son amelioration soil telle qu’on puisse le faire sortir ou le'placer
dans une famille.
J’ai passd peut-dtre un peu rapideraent sur la periode mddico-
pedagogique pendant laquelle medecins et instituteurs s’effor-
cent d’utiliser au maximum la capacity inteliectuelle de l'enfant:
mais nous aurons a y revenir k propos des divers asiles que
nous examinerons.
En tout cas, au cours de ce sejour de l’enfant i l’asile, se
prdsenle cette lameuse epuque de la « formation > k laquelle le
public extra-medical, etmdme certains medecins, attribuent une
de ces influences quasi mystdrieuses qui donnent de Intelli¬
gence & ceux qui n’en ontpas, renforcent les cerveaux affai-
blis, donnent, en un mot, k tout l’organisme, une vitality, une
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HOSPITALISATION DES DEBILES DANS L’eUROPE CENTRALS 493
puissance qui le rendent aple k faire un homme. La formation?
c’est sur cette 6poque que se fixent toutes les esp^rances, si
minimes qu’elles soient. Cette idee a pen6lr4 si profondement
dans l'esprit que j’ai vu un pere, pour liAter cette periode de la
formation, qui lui paraissait se faire par trop attendre, caril
s’agissait d’un imbecile ineducable, j’ai vu, dis-je, un pere
venir visiter son fils en compagnie d'une helaire de trottoir,
sortir dans le bois, et 15, dans quelqu’endroit retir6, sur un lit
de mousse ou de feuilles seches, en presence de la belle nature,
faire initier, soussesyeux, son fils auxmysteres, autrefoissacres,
del’amour, dans Tesperance que cette douce revelation amene
en mAme temps une expansion de l’intelligence. Inutile de dire
que le r6sultat ne fut pas conforme aux esp4rances de ce pere...
Strange. Mais qu’y a-t-il, en r6alit£, de vrai, dans ce « mouve-
ment de la formation ? »
II faut reconnaitre que tout n’est pas faux dans cette croyan-
cc et, sans aucun doute, il se produit cliez l’enfant, k une
6poque variable, allant de 14 A 16 et m£me 17 ans, une am&io-
ration dans la sphere intellectue’le et morale, mais k une con¬
dition expresse, c’est que le terrain ait 6t£ prepare par le trai-
tement m6dico-p£dagogique. Et c'est pourquoi il ne faut pas
attendre, les bras croises, ce « mouvemenl, si souvent citd, et
si peu connu, de la formation » ; il faut, des qu’on s'est apergu
d’une tare intellectuelle ou morale chez un enfant, le placer
imm^diatement dans un milieu mddico-p^dagogique, lequel, tout
en amAliorant progressivement 1'enfant, permettra k ce fameux
mouvement de la formation de ne pas Atre seulement un vain
mot 1
Comme je l’ai deji signale, l'Allemagne a, depuis 30 ans,
am&iore dans une ties large mestfre 1’assistance des arri6r6s :
en effet, la statistique de Laerh en 1874, comptait27 asiles avec
1.950 malades et 531 fonclionnaires ; celle de Sengelmann en
1885 compte 42 asiles avec 4.210 malades et 853 fonctionnaires ;
en 1895, on compte 46 asiles avec 9.140 malades et 1.781 fonc¬
tionnaires ; enfln, k l’heure actuelle, le pasteur Stritter, direc-
teur de 1’asile d’Alsterdorf, pres Hambourg, compte pres de
cent asiles avec 20.000 malades et 3.700 fonctionnaires ! 11
serait aussi long que fastidieux d’enumerer cliacun de ces asiles
surlesquels on peut d’ailleurs trouvor des renseignements dans
un livre du pasteur Stritter publid a Hambourg en 1902, livre
fort complet et comprenant une statistique de tousles asiles
d’arrieres d’AUemagne et des aulres Etals Europ^ens.
Je me conteuterai de passer rapidement en revue les princi-
paux de ces asiles, que j’ai eu 1‘occasion de visiter.
Avant d'entrer dans le detail, je me permets do donner un
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494
REVUE DE PSYCHIATRIE
conseil a ceux qui auraient pareille occasion ; ce conseil estde
dresser k Tavance un questionnaire qui sera toujours le m^me
dans cliaque asile visite et permettra, par consequent, dene
rien oublier.
Ce n’est pas, en effet, chose si simple qu’on peut le croire, de
visiter un asile k l'etranger, asile sur lequel on doit faire un
rapport, et lorsqu’on est seul.
Toutd’abord, on manie plus ou moins facilement la langue
du pays; ensuite il Taut, en m£me temps, poser la question,
com prendre la rdponse, regard er et prendre des notes! c’est
alors qu’on trouve avec reconnaissance ce bon guide qui vous
permetde ne rien oublier et, lorsqu’on prend ses notes, de met-
treun simple numero correspondant k celui du questionnaire ct
devant lequel on inscrit rapidement la reponse.
Ceci dit, revenons a nos asiles arrieres, que je passerai en
revue dans l'ordre oil je lesai visitds.
1° Asile de Dalldorf , prds Berlin . — Chose elrange, il porto
le title d’asile d'idiots, et cependant, on n’y re$oit que des
enfants susceptibles d’etre eduques.
II est adjoint k un asile d'alienes, et comprend 210 enfants
des 2 sexes, les lilies dtant logees dans un bfttiment special:
toutefois, pendant les recreations, il peut y avoir des. contacts
qui... en France, me paraitraient susceptibles d avoir de
serieux desagrements.
Cet asile est surtout dirige par un administrateur pedago-
gique, sous la surveillance... lointaine, du directeur de l’asile
d alienes. En fait, le mddecin n’intervient qu’it titre medical,
lorsqu’une maladie intercurrente necessitc sa presence.
Les enfants sont rdpartis par petits groupes de 12, sous la
surveillance d’un gardien.
Les caracteristlques de Tasile sont de 2 ordi es :
a) presence constante d’un instituteur educateur avec los
enfants : aussi pour 210 enfants y a-t-il 6 instituteurs et 4 ins-
titutrices.
De la sorte, le gardien remplit uniquement son role de gar¬
dien, pendant que Tinslituteur joue le rOle d’dducateur, de mora-
lisateur. Au premier abord, on pourrait craindre des frais
enormes resultant de cette augmentation du nombre d'iiuti-
tuteurs, mais voici comment la question a ete tranchee pour le
mieux des intents de tous : il n’y a, en realite, que 2 inslilu-
teurs titulaires et une institutrice, ayant appartement& part,
pouvant se raarier, en un mot, faisant leur carriere comrae
instituteur des asiles d'arrteres.
Puis, a cdte d’eux, on choisit parmi les sieves, non encore
pourvus d une place, des 6coles normales d’instituteurs, de
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HOSPITALISATION DES DEBILES DANS L’EUROPE CENTRALE 495
jeunes garcons enchantds d’etre pourvus d’un poste, de tou¬
cher un traiteraent modeste, d’etre nourris.
Apres un certain slage, ces jeunes instituleurs recevront un
dipldme special d’aptitude pour l’enseignement des arrierds,
diplome leur conferant une superiority sui* leurs collegues, de
telle sorle que leur sejour h l’asile ne sera pas restd pour eux
inutile.
Ce systeme permet, d'une fa^on relativement dconomique
d’entourer les enfants d’une atmosphere moralisatriee cons-
lanle, et effieace, au lieu de laisser ce rdle au gardien, que son
education anterieure n’a nullement prepaid a ce role.
b. Placement familial. — Un certain nombre des enfants
chez qui le traiteraent pddagogique a donne de bons rdsultats et
que leur famille ne peut reprendre oil diriger, sont placds chez
des families de bonne volonle qui s’engagent k s’en occuper et
k les fa ire travailler.
Au debut, c’est k Berlin et dans la banlieue que ces place¬
mens familiaux dlaient effectues ; mais les rdsultats n’ont pas
eld bons, en raison des mauvaises frdquenlations, des mauvais
exemples qui se rencontrent k cliaque pas au voisinage des
grands centres. Aussi est-ce maintcnant dans Unite la province
de Brandebourg que sont faits ces placements.
Le plus souvent, ils sont faits par l’intermediaire du Pasteur
de l’endroit ou d’une personne honorable qui sert, pour ainsi
dire, de tuteur au pupille : je dis au pupille, au singulier, car
rexpdriencc a montre qu’il valait mieux ne placer qu'un seul
enfant dans le mdme village ; en effet, c’est le plus souvent dans
un village que sont effectues ces placements.
Lorsque le village ou la petite ville est assez important, on
place plusieurs enfants mais jamais plus de 4 ou 5, et encore
loin les uns des autres : en somrae, on noie l’dlement douteux
dans leldment sain.
A part Berlin qui a reru 21 enfants, le plus qu’il y ait dans le
mdme village est 5 et encore est-ce rare.
En resume, 64 enfants sont repartis dans 26 villes ou vil¬
lages.
Lorsqu’ilest reconnu quele travail fourni parl’enfant est insuf-
fisant pour payer sa nourriture et les soins qui lui sont donnes,
il est alloue, par la ville de Berlin, au nourricier une indemnild
mensuelle qui pout aller jusqu’& 25 francs. Deux fois par an, le
Directeur de 1‘asile d’arrieres fait une tournee d’inspection : il
se rend compte alors des services que rendent les enfants aux
nourriciers et, an prorata de ces services, l’indemnite men¬
suelle est reduite, pour dtre annulee dans certains cas.
Au point de vue des occupations dans les placements fami-
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REVUE DE PSYCHIATRIE
liaux, les enfauts, en 1902, se rdparlissaient de la fa^on sui
vante:
Dans la vannerie. 3 enfants 3 gallons 0 fllle
Tailleur. 1 » 1 » 0 »
Jardinage..,. 3 » 3 » 0 »
Reliure. 2 » 2 » 0 »
Menuiserie. 2 » 2 » 0 »
Horlogerie. 1 » 1 » 0 »
Cordonnerie. 1 » 1 » 0 »
Travaux des champs et dela maison 51 » 30 » 21 »
II y a IS, en somme, un essai relativement important et des
plusintdressants, dont nous ne relrouverons l’equivalent qu’4
l’asile de Brejning, dans le Danemark continental.
Une autre caracteristique interessante de Tasile de Dalldorf
est que chaque infirmier est pourvu, h son entrde, d’une sorte
de livret sur lequel sont ^nonces ses droits et ses devoirs.
2° Asile de WUhlgarten — C est 1’asile special d'epileptiques
pour la ville de Berlin. II comprend surtout des adultes mais
on y a reserve cependant un pavilion special pour 90 enfants,
dirigd par un inspecteur p^dagogique, qui s’occupe de la pre¬
miere classe et a sous ses ordres 2 instituteurs et 3 institutrices
ce qui fait un institutes pour 15 enfants !!
Chaque jour, un mddecin de TAsile visite, A titl e purement
mddical, le pavilion des enfants.
La nature spdciale des arridrds admis a Wiihlgarten est indi-
qude par ce fait que chaque classe est sdparde de la suivante par
une piece speciale, dite salle des crises, dans laquelle Tenfant
est transports des le dSbut de la crise.
Or il y a 6 classes pour 90 enfants : ce chiflre est Eloquent
pour caracteriser le soin qu’on prend pour 'relever ces malheu-
l eux Spileptiques.
3° Asiles de Grosshennersdorf (Saxe), et de Nossen .—
Ces deux asiles, que j’ai visites il y a quelques annSes, rece-
vaient: le premier 264 garcons et le second 174 fllles.
MalgrS l'anciennete des locaux dans lesquels ils etaient ins¬
talls, leur organisation Stait A retenir sur plus d’un point;
mais je n’insiste pas sur leur description car, au moment de ma
visite, sortaicnt de terre les fondations d’un vaste asile destine
A les remplacer tousles deux, asile situe A Chemmitz, et qui, 4
l’heure actuelle, doit Stre termine, si bien que decrire ces deux
asiles de Grossbennersdorf et de Nossen serait faire de l’his-
toire.
Mais un point mSrite d’etre cite, relativement 4 ces deux
asiles.
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HOSPITALISATION DES DEBILES DANS L’EUROPE CENTRALE 497
C'etait, pourainsi dire, un honneurque d’y etre admis comme
infirmier ou inflrmiere ; n’y entrait pas qui voulait et personne
n’y etait admis directeraent.
Inliimiers et inflrraieres etaient admis par une sorte de selec¬
tion et recrutes parmi les infirmiers de l’asile de Hochweitzs-
chen, qui avaient donne des preuves de leur capacite profes-
sionnelle, de leur douceur k regard des malades et de leur
bonne tenue.
L’enseignement, dans lequel on retrouvait, peut-etre, un peu
trop d’histoire de la Bible et destruction religieuse, etait k
part cette particularite tenant aux coutumes locales, trbs bien
reparti et les travaux manuels etaient Ires judicieusement
organises.
4® Asile de Chemnitz. — Le royaume de Saxe avait, jusqu’5
present, confle la direction de ses asiles d’arrieres k des institu-
teurs. Dans le nouvel asile de Chemnitz, qui remplacera les
asiles de tirosshennersdorf et de Nossen, la direction sera au
contraire, donnee k un medecin.
Une particularite de cet asile est d’hospitaliser les aveugles&
cdte des debiles.
L’asile est fait pour 550 arrieres et idiots, plus 250 aveugles.
Les frais de construction ont ete prevus 4 une depense tolale
de 5.103.750 francs.
Le systeme de construction est celui des pavilions, chaque
pavilion conlenant en moyenne 50 malades reparlis en deux
dortoirs.
Comme particularite, nous noterons, dans chaque pavilion,
nne salle de visite, ce qui dvite les-aliees et venues des malades
pour se rendre it un parloir comraun, et surtout le melange des
malades dans ce parloir.
Chaque pavilion est entoure d’un jardin et subdivise lui-
meme en plusieurs divisions; d’ailleurs, au point ce vue archi¬
tectural, aucun pavilion ne se ressemble. Us sont tous cepen-
dant construits d’apres une conception uniforme consistant k
placer au rez-de-chaussee les lavabos et les dortoirs (pour l’eva-
cuation facile des malades en cas d’incendie) et k ne placer au
l» r etage que les salles de reunion, dans chacune desquelles il
n’y aura jamais plus de 20 malades au maximum.
Une autre particularite que nous retrouverons & 1’asile de
Langenhagen pres llanovre. est d’avoir place les reiectoires des
malades valides autour de la cuisine, de telle sorte que les
aliments sont servis chauds aux malades et qu'on n’assiste plus
au transport plus ou moins propre des marmiles au travers de
l’asile.
Eu ce qui concerne le traitement medico-pedagogique, les
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KEVUE DE PSYCHIATIUE
m
enfants sont repartis par petits groupes formant chacun uue
sorte de petite famille et les classes ne regoivent que douze
enfants au maximum. Le nombre des inedecins est de trois et
celui des infirmiers ou infirmieres est calculd d’apres la propor¬
tion de un infirmier pour 7 malades, en tenant compte des
agents du personnel malades ou perrnissionnaires.
Un des progres.realises a l’asile de Chemnitz est l’edificalion
de quartiers specianx pour les ddbiles ou imbeciles adnlles,
capables de rendre des services, s’ils sont diriges de tous les
instants, mais incapables de subvenir, au dehors, a leurs besoins.
5° Asile de Niedermarsberg (Westphcilie). Fonde par 1*Asso¬
ciation Saint-Jean, qui compte 600 membres en Westphalie,
cet asile liosjiitalise 429 debiles, soit 242 gargons et 187 filles,
sur les 429 debiles, il y a 161 idiots et 30 epileptiques.
Comme beaucoup d’asiles allemands, entretenus en partie par
des donations particulieres, bien que comptant comme asile
public, Tasile de Niedermarsberg est en Evolution constant©,
au prorata des ressources disponibles. II a, d’ailleurs, grande
allure, et le batiment central, notamment, se pr6sente sous une
allure presque seigneuriale.
Le personnel est tres nombreux et arrive k un total de 92
personnes, ce qui fait un agent du personnel pour 4, 6 malades:
eri retranchant les agents du personnel supdrieur ou des servi¬
ces dconomiques, on arrive a la proportion d’un infirmier pour
7 malades.
Les malades sont installes avec les conditions d’hygiene les
meilleures; une chose seule paraissait faire d6faut, ce sont les
lavabos, k moins qu’on ne considere comme lavabo une petite
tableinstallee dans cliaquedortoir eta peine assez grande pour
recevoir 2 petites cuvettes. En r^ponse k raon etonnement, le
Directeur me r6pondit que la chose 6tait voulue, et pour des
raisons d'ordre dducatif. On tient i habituer, de la sorte, les
enfants k se servir eux-m^mes, chacun devant aller chercher
son eau et retourner vider l’eau sale.
Le systeme de construction de l’asile est mixte: c’est le sys-
t&me dit « k corridor » pour le bdliment central ainsi que pour
le batiment des filles et des gargons educables ; pour le reste,
on a applique le systeme des pavilions.
Un detail donnera une idee du confortable de l'inslallation
en general: Tatelier de menuiserie est pourvu d’une scie et
d’un rabot electriques ; c’est presque trop bien, car on a peine
k recruter des enfants capables de les manier.
L’enseignement pedagogique est confie aux soins des soeurs
et rdparti en 9 classes, donl chacune ne peut contenir plus de
20 enfants. Pour resumer les connaissances acquises k l’ecole,
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HOSPITALISATION DES DEBILES DANS L’EUUOPE CENTRALE 499
lcs enfants sont exerc6s au jeu du commerce : dans un meuble
special se trouvent toute une serie de produits, une balance,
des poids, et sous Toeil des institutrices, les Aleves achetent,
vendent, pesent tour k tour.
Lorsque les malades sontadultes et inaples k vivre au dehors,
ils sont transfers k l’asile de Marsbcrg, dans une division sp6-
ciale oil ils ne sont pas considdrds comme des ali^nes.
6° Asile de Langenhagen pr£s Hanovre. — Si l’asile de
Niedermarsberg est en Evolution, on peut dire que celui de Lan¬
genhagen est en transformation et ce n’est pas mince besogue
que remnnier et adapter aux regies modernes de l’hygiene, une
s£rie de vieilles balisses utilises jusque Ik pour abriter quel-
ques miserables chemineaux en duresse.
L'asile s’est progressivement agrandi par des acquisitions
successives, si bien qu it offre ce spectacle etrange d’une intri¬
cation complete avec les maisons des deux villages contigus de
Langenhagen et de Langenforth.
II est, de la sorte, difficile de reconnaltre l’asile, tout au
moins les vieux restes de l’asile, qui sont conlondus avec le
village.
II n’en est plus de m£me des nouvelles batisses, qui font
lionneur au directeur mddecin qui en a con$ule plan d’ensem-
ble et dirige l’exdcution.
Comme pour les autres asiles, nous n'insisterons que sur les
caract4ristiques, sur les donndes speciales qui diflfdrencient
l’etablissement des asiles similaires.
L’asile de Langenhagen contient surtout des malades suscep-
tibles d'etre occupds.
A cote des 118 garcons et des 61 filles, repartis dans 8 clas¬
ses, on y rencontre 500 adultes des deux sexes, mais surtout
des hommes qui exploitent un domaine de 112 hectares.
Les malades sont rdpartis en 77 divisions : ce chiffre Eloquent
dispense d’insister sur le classement judicieux que permet une
telle facon de proceder.
On voit que les adultes y sont en grand nombre : quelques-
uns, en raison du melange des b&timents de l’asile avec les mai¬
sons du village, vivent pour ainsi dire de la vie du village;
c’est une vraie transition entre le placement familial et l’asile
proprement dit. Comme a 1’asile de Chemnitz, et c’est sur Lan¬
genhagen que le createur de l’asilede Chemnitza pris modele, il
y a 3 relech ires accoles en quelque sorte k la cuisine, ce qui
evile le transport des aliments, source d’inconvenients de toute
nature.
Le prix de revient k l’asile dun malade par jour et par t£te
est de 1 mark 2872 soit 1 fr. 61. Quelque longue qu’en soit
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500
REVUE DE PSYCHIATRIE
remuneration, je ne puis resister au desir d’en indiquer la
repartition, en marks, sur les diverses sortes de depenses, car it
me paraity avoir 14 une sdrie de comparaisons inldressantes :
1° Traitements, salaires, gratifications. 0 m, 2563
2° Frais de bureau. 0 m. 0059
3® Taxes, assurances. 0 m. 0157
4° Frais de construction. 0 m. 0251
5° Nettoyage des bailments. 0 m. 0087
6° Entretien du mobilier. 0 m. 0678
7° Chauffage et dclairage. 0 m. 0792
8° Nourriture. 0 m. 4745
9° Vetements;. 0 m. 0744
10° Blanchissage. 0 m. 0104
11° Paille. 0 m. 0104
12° Occupations et distractions aux malades. 0 m. 0021
13° Service religieux et enseignement. 0 m. 0012
14° Distractions et plaisirs spdeiaux. 0 m. 0019
15° Medicaments et soins aux malades. 0 m. 0071
16° Frais funeraires. 0 m. 0054
17° Frais accessoires.;. 0 m. 0037
18° Restitution de frais de sdjour. 0 m. 0033
19° Ferme et domaine. 0 m. 1445
20° Secours pour gardiens sortis. 0 m. 0002
21° Ateliers. 0 m. 0122
22° Bibliotheque. 0 m. 0015
23° Intdrets et frais d'amortissement. 0 m. 0857
Total. 1 m. 2872
Ou. 1 fr. 61
En rdsume, l’asile de Langenhagen represente un mode
d’hospitalisation inconnu en France : 1’asile de debiles des deux
sexes, regus k tous les Ages et non immatricuiescomme alidads,
k moins de conditions speciales.
7° Asile de KilckenmUhle pres Stettin. —Le modede deve-
loppement de cet asile represente uu type qu’on rencontre assez
frdquemment en Allemagne : une personne charitable groupe
quelques arridrds, les occupe, fonde une association de bienfai-
sance destinde a recueillir des donations ; le groupement gros-
sitau prorata des fonds verses et un beau jour, on se trouve en
prdsence d’un asile assez important pour que l’Etat ou la Pro¬
vince s'occupe de la nomination des principaux fonctionuaires ;
l’asile est mdme quelquefois aclield a la fondation charitable et
voilA un nouvel asile de debiles edifie. C’est ainsi que 1'asile de
Kuckenrauhle a commence il y a 40 ans avec 5 malades et en
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hospitalisation des debiles dans l’eubope centbale &01
compte A l’heure actuelle 563 des deux sexes et de tout Age,
comme celui de Langenhagen. Nous retrouverons ce mode
devolution 5 1’asile d’Alsterdof. 11 y a 15, comme on le voit, une
genese bien differente de celle qu’on rencontre, le plus souvent,
en France.
Est-ceA direque ce soil 15 chose absolument parfaite?rincon-
vdnient de ce mode de developpement est queladminislrateur
peut se trouver engagd A faire durer plus longtemps qu’il ne
1* faudrait tel ou tel vieux bAliment qu’on « use jusqu'A la
corde», pour ainsi dire — mais d’autre part lorsqu'on \eut
crder un asile d’arrierds de toutes pieces, la somme parait si
forte qu’on recule sa cr&Uion — mieux vaut encore hospitaliser
des arridrds dans de vieux bAtiments d’aspect un peu prAhisto*
rique, que de ne pas les hospitaliser du tout 1
En tout cas, ces asiles sont en evolution constanle et certains
d’entre eux, comme l’asile d’Alsterdorf prAsentent un verita¬
ble historique de rhospitalisation des arrieres et Ton y passe*
par transitions successives, depuis le grenier sous les combles,
avec un tonneau scie en deux comme W. C , jusqu’aux salles
d’opArations les plus modernes, avec leurs revAtements en
opaline, leurs Atuves a dAsinfection, leur table d'operation du*
dernier modele l
L’asile de Kuckenmiihle est conslruit d'apres le systeme de
la dispersion asymAtrique des pavilions au milieu des jardins
et d’un superbe domaine de 250 hectares; 49 divisions d'arriArAs
sont rAparties dans 13 maisons d’liabitation, chaque division
constituant un tout autonome.
8 J Asile dAlsterdof, pr&s Hambourg . —II ressemble beau-
coup A celui de Kuckenmiihle par le mode de debut, 1’dvolution
et les beaux rAsultats obtenus.
En 1863, le pasteur Sengelmann fit Ariger une petite bAtisse
dans laquelle on soigna tout d’abord 4 idiots et, A l’heure
actuelle, on y compte 680 malades, rApartis dans 14 pavilions,
eux-mAraes subdivisAs en groupements autonomes de malades
n’ayant pas, entre eux, de communication.
Ici aussi, il y a des malades des 2 sexes et des adultes ;
d’ailleurs, remarquons-le sans esprit de critique : une pareille
prospAritA, un agrandissement semblable ne sont possibles
qu’en utilisant dans une large mesure le travail d adultes des
deux sexes.
Pour Aduquer ou diriger ces 680 malades, nous trouvons 150
agents du personnel, ce qui fait un agent pour 4, 5 malades.
L’asile est construit d’apres le systeme des pavilions, systeme
seul possible avec un asile en Evolution constante.
Pour assurer le tralteraent mAdico-pAdagogique des enfants
35
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502
REVUE DE PSYCRlATRIE
qui sont en petite proportion puisqu’il n’y en a guere qu'une
centaine, on y trouve 1 instituteur en chef, 2 instituteurs, 6'
inslitutrices dites kindergartnerinnen, c’est-a-dire ayant pass6
un examen special pour leducation des enfants, plus un profes-
seur adjoint pour la gymuastique.
Les classes sont au nombre de 8.
Le domaine utilisd est de 120 hectares, et la proximile de la
ville de Hambourg fournit un dcoulement facile aux produits
de la ferine et du jardiu.
9°. Asile de Slesicig. — C’est un asile prive que la province
de Sleswig-Holslein acheta en 1899 au directeur actuel.le D r
Stender. Depuis cette acquisition, le nombre des malades
hospitalises a ete porte de 114 k 180 par la construction d’un
suberbe bdtiraent pour 66 lilies educables.
Le personnel se compose de 30 personnes. Mais ici, comme il
n’y a pas de malades adultes, de bons travailleurs ou de tra-
vailleuses, il nest plus question de cesgrosses exploitations et
par contre de ces gros benefices permettant & l’asile lui-m6me
de progresser, de s’amdliorer.
Tels sont les principaux asiles d’arridrds en Allemagne: il
faudrait des volumes pour les decrire tous, puisque la stalislique
du pasteur Stritler en compte une centaine.
II. — Autriche
Kous ne retrouvons plus en Autriche cette raultiplicitd
d’dlablissements pour arrierds.
D’ailleurs l’organisation de l’education des enfants arridrds y
est rdcente, daled'une dizaine d’annees k peine. La province de
la Basse-Autriche dispose de 4 Stablissements pour les enfants
arrieres.et idiots:
lo l’etablissement principal, la section d’arri4res annexee A
l’asile de Kierling-Gugging, oil se rencontrent des enfants de
toutes les categories intellectuelles, mais ou sont plus speciale-
ment gardes les enfants susce ilibles d’etre exerc4s au travail
manuel.
2° l'6tablissement de Bruck an-der Mur oil sont envoy^s les
enfants susceptibles de recevoir une education pddagogique ;
l'eflectif est d’une centaine d’enfants.
3° la fondation Stephanie, il Biedermansodorf, qui regoit les
memes enfants que l’institut de Bruck an der Mur. C’est une
4cole d’un genre special, mais c’est une 6cole et le traitement,
d’ailleurs ties judicieux, y est purement pddagogique.
4° Gnfin, les idiots sont envoyds a l’asile de MoYdling qui
compte 71 gar^ons environ.
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HOSPITALISATION: tJES DEBILES DANS L EUROPE CENTRALE 503
Nous ne uoiis occuperpns que du quartier de Kierllng-Gug-
giqg qui, seul, possede uue direction mbdicale. •
Sa caracterislique est Feducation par groupes, qui a pour but
suppleer k .Feducation de la famille ; autre remarque
•importante, il n’y a pas d’ecole k proprement parler k Kierling;
Jes seules occupations sont les occupations manuelles/car le D r
Krayatsch estime < qu’il aime mieux voir un imbb:ile s’occuper
au travail des champs, plutbt que de jouer des airs ou dbbiter
des poesies qu'il ne comprend pas 1 » Une autre particularitb de
l’asile de Kierling consiste encore dans ce fait que les enfants,
dont quelqiies-uns ont 16 ou 17 ans, sont conduits par des soeurs
et que la soe.ur, remplissant les fonctions d’infirmiere, occupe un
lit semblable & ceux de$ enfants de son groupe, lit m£le, sans
separation, au milieu de ceux des enfants ! •
III. — Danemark
Je n’ai visitd en Danemark qu’un seul asile, situb dans le
Jutland, au bord d’un fjord, k Bi ejning, pres de la petite ville
de Frbdericia.
Get asile porte en Danemark le nom d’Asile Keller et ce
litre es.t mbritb. En efiet l’asile est Foeuvre du professeur Keller
et Thistoireide sa fondation est curieuse. C’est ici tout l’inverse
de la genese des asiles ailemands que nous avons vus : Fasile
a etb erbe de toutes pieces.
Le gouvernement Danois, voulant bdifier un asile d’arribrbs,
demanda au prbfessseur Keller, possesseur d un Asile privb
pres de Copenhague, s’il voulait s’occuper de trouver un
endroit, de faire les plans et deles presenter au ministere de
l’lntbrieur. Le Professeur accepta, trouva un superbe domaine
de 150 hectares, prbsenta des plans qui furent approuves et se
chargea de faire bdifier FAsile.
C’est, sans Uul doute le plus bel asile du genre qull puisse
btre donnb de visiter. 11 se compose de 3 groupes de bbtiments,
rbpondant 4 3 especes de malades, chaque groupe de bbtiments
btant sbparb des autres par un rideau de forbt.
Le l er groupe comprend 150 enfants educables rbpartis dans
d unmenses bdtiments.
Le2 e groupe comprend 4 grands b&timents, Tun pour les
imbeciles ou idiots adultes hommes, Fautre pour les femmes ;
les 3« pour 60 enfants idiots et le 4° constilue par Finfirmerie.
Le 3° groupe comprend le bdtiment des travailleuses adulles
et celui des travailleurs adultes.
En ce qui concerne Farchitecture des batiments, le profes-
aeur Keller a voulu substituer « FAsile-Palais k FAsile-Prison>,
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501
REVUE DE PSYCtllATRIR
et il y a pleinement rdussi sans augmentation de ddpenses. Cha-
cun des grands bdtiments ressemble plus k un chateau qu'd
une bAlisse deslinde & abriter de pauvres arrierds.
Le personnel comprend 219 agents pour 700 malades, le pro-
fesseur ne voulant pas que les infirmiers aient un surcrolt de
travail parceque certains d’entre euz sont sortis ou malades :
aussi le personnel de remplacement est-il nombreuz.
Dans chacun des groupes de bdtiments est une cuisine, afln
d’dviter le transport des aliments k une grande distance.
Le professeur Keller a rduni dans cet asile tous les desiderata
relatifs k l’hospitalisation des arridrds : tout d’abord les enfants
entrent dans un pavilion d’observation, puis ils sont rdparlis
dans les diyers services suivant leurs aptitudes ou ieur 6tat;
c’est ainsi qu’il y a une section d’alidnds et une section d’dpi-
leptiques.
Quand ils sont adultes et ne peuvent dtre rend us k leur
famille, ils passent auz adultes. Pour ceuz qui pourraient dire
rendus k leur famille, mais n'en ont pas, on applique le
placement familial. L& encore le professeur Keller a trouvd la
formule juste : il se fait indiquer par une personne honorable
d'une locality, de petits cultivateurs bonndtes, n’ayant pas de
domestiques et mdme pas d’enfants, de telle sorte que, d’une
part, le ddbild ne soit pas ddbauchd ou brutalisd par le domes-
tique, et afin que les gens n'ayant pas d’enfants, s’attachent
plus volontiers k ce pauvre ddshdritd.
Ce sont 14 choses de ddtail, mais qui ont leur importance.
En somme, dans les grandes lignes, comme dans le ddtail, on
sent que cet asile a 4t4 fait par uu homme competent qui y a
apportd toute son intelligence et tout son coeur.
Nous ne nous dtendrons pas plus lougusment sur cesdescrip¬
tions d’asiles d4j& un peu longues et fastidieuses; il reste & voir
quelles conclusions gdndrales en ressortent.
1° Tout d’abord, s’il est vrai que le ddbile prdsente souvent
des complications d’ordre mental, il n’est pas, par principe, un
alidnd. Aussi ne devrait-il dtre place dans une section d’alidnds
qu’apres son passage dans un pavilion d’observation. Cela est si
vrai que lorsqu’on fait passer un ddbile adulte dans un service
d’alidnds, on voit vile qu’il n'est pas Asa place et on le fait
sortir, apres qu’il a ete la plaie de ce service et il en sort pour
devenir k nouveau k la charge de l'Elat, comme vagabond,
voleur ou plutdt apache, cambrioleur, pour employer les termes
du jour : j’entends, bieu entendu, l’arrierd qui, bien qu’ayant
dte souinis au traitement mddico-pddagogique, reste incapable
de vivre au dehors.
2* D ou la necessity absolue, urgentede suivre l’ezemple de la
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HOSPITALISATION DBS DEBILES DANS L’EUROPE CENTRALE 505
plupart des Etats de l’Europe Centrale, et de order, i cdtd des
maisons d’education pour arridrds enfants, des services pour
arridrds adultes : l'Etat y trouverait tout profit car il n’aurait
pas k s’occuper de l’arridre corame ddlinquant et d’autre part il
pourrait utiliser son travail.
On pourrait done comprendre un asile d’arridrds sous le
schema suivant: entree dans un pavilion d'observation, puis
passage dans une section de ddbiles simples, ou de ddbiles
vicieux, ou d’alidnds, ou d’dpilepliques, ou d’adulles.
Enfin pour les enfants sans familleetsufflsammentamdliords,
essai de placement selon la formule du professeur Keller.
3 a Au sujet de 1’bospitalisation elle-mdme de Tarridrd, nous
retrouvons partout, k 1‘etranger, la division en petits groupes
familiaux autonomes qui facilitent la surveillance et la sdlec-
lion, en mOme temps qu’ils s’opposent i la contamination
morale.
4° Comme corollaire & cette subdivision, multiplicitd des
classes.
5° De plus, comme & l’asile de Dalldorf, il serait bon de se
rappeler que l'infiimier n’a pas eld prepard au rdle d’dducateur
et que, par consdquent il devrait rester inflrmier, laissant k des
jeunes iustituteurs, non encore pourvus de postes, le rdle d’ddu¬
cateur qu’ils auraient k remplir de fa^on constante.
6° Enfin, remarque qui a son importance, comme la culture
maralch&re et les travaux de la ferine reprdsentent une des
meilleui es occupations qu’on puisse donner aux arridrds, il faut
pouvoir dcouler facilement les produits de la fermeou du jardin
et pour cela il sera utile de placer 1’asile k proximitd d’une
grande ville.
Telles sont, dans leurs grandes lignes, les remarques que
m'ont paru comporler des visites successives aux principaux
asiles de l'Europe Centrale.
Bien des questions resteraient k dlucider touchant les arridrds:
sachons nous restreindre, pour les remettre k une dtude ultd-
rieure.
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506
REVUE DE PSYCHIATRIB
LES CONGRES
LE CONGRES INTERNATIONAL ©'AMSTERDAM 1
(2-7 septembre 1907)
Le Congr&s international de psychiatric, de neurologie, de psy¬
chology et d’assistance des alienes, tenu b Amsterdam du 2 au 7
septembre 1907, a 6t6 suivi avec beaucoup d’interet par les savants
de tons les pays.
II y eut seulement quelques seances gdnerales, mais pour trailer*
avec plus do methode des differentes questions, on se r^partit cu
trois sections. t
La premiere section s'occupa de la psychiatric etde la neurolo¬
gic, la seeonde de la psychologic et de la psychologic physiolo-,
gique, la troisifcme de l'assistance des attends. Faute de pouvoir
suivre tous les auteurs et toils les sujets r nous parlerons dessujels
les plus actuels et les plus int^ressants, avec quelques details,
tandis que les autres ne seront que mentionnes. * *
*
■ * *
Dans la premiere section, un des sujets les plus int^ressanU
(Railcelui de l/iystcrie,
M. 1*. jANHTdemontra encore une fois que l hysterieest une mala-’
die montale, et que cette opinion est accept^e en. general, rnais
qu'on n en tient pas un comptesuffisanten etudiantThysteriecOmme
une maladie organique. I/hysttfrie est. une psychose depressive.
II faudra arriver b la classer b c6t6 des m^lancolies, des delirea
maniaques d^pressifs, des psychasthenies. Elle est surtout voisine
des psye.haslhenies et on pourrait presque dire que les hysteri-
(pies ne sont qu'une variete des psychastheniques. La necessity
est reconnue maintenant d’une etude psychologique, plus appro-
fondie.
M. Terrien (de Nantes), est d’avis qu’on n'acquiert paslhysterie,
mais qu'on est ne hysterique. .C’est rhereditg qui cree l'hysterie,
rheredi.te hysterique, parfois J’heredite nevropathique, simple-
ment. On nait hysterique, coinme on nait arthTitique. L’hysterie
pout exister b l’etat latent. L’aggravation de cet 6tat hysterique
peut naitre par plusieurs causes : par les exct?s, par le surme-
nage. par les chocs moraux etc. Puis vient la suggestion oul’auto-
suggestion, et l accident hysterique est cre£. On peut guerir ces
accidents par des moyens appropries. On negu^rit pas l'hysterie.
M. le professeur Ohsjanski '(dcTIharftcwv), au contraire est d’avis
qu'on voit parfois se developper l’hysterie typique chez des per-
1 L interess »nt article de MM. Van Deventer et Mei.cimok, (bien places
pour entretenir nos lecteurs du Congres d Amsterdam, 1 un d’ei.x uvant
.Secretaire general de ce Congres} coinpletera le compte rendu de uotre colla*
boratnir, M. A. Makik, qui regrettait de n’avoir pu suivrc a la fois les tro-
vaux de trois sections paralleles. {Revue de Psychiatric 1907, 10, p. 419).
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LE CONGRfes INTERNATIONAL D’AMSTERDAM
507
Sonnes sans trace de predisposition Iter&Iitaire ou de nervositd
individuelle, sous I’influence d’affections sexuelles ou de derange¬
ment de la fonction sexuelle.
Les sympldmes de Thysterie se divisenten g£n6ral en centraux-
nerveux et en somatiques-periplteriques. II y a descas des deux
types avec de nombreuses formes interntediaires. II ne faut pas
qhercher le stege de Thysterie dans une partie circonscrite du
system© nerveux, par exemple les centres psychiques superieurs;
Aoute partie du systeme nerveux, central ou p^ripherique, peut-
£tre atteinte d’hysterie par predisposition ou par fonctionnement.
L’affection hysterique n’atteint pas dans cheque partie du systeme
nerveux le nteme degrd, ainsi les differences dans les formes
cliniques sont’expliqu^es.
M. Orsjanski ne veut pas voir dans la suggestion l’essentiel de
Thysterie.
M. Paul Joire d^finit Thysterie, une 'modification de Tequilibre
normal du systeme nerveux, telle que Tactivite ou le potentiel du
systeme nerveux se trouve diminu6 en certains points et augments
en d’autres, au detriment des premiers, sans qu'il y ait en realitd,
augmentation ni diminution absolue dans le total de Tactivite ner-
veuse disponible. Quand il existe de la douleur en un point ou
une autre exagdration dela sensibilite, on trouve toujours une di¬
minution de la sensibilite dans un autre point du corps. II n’y a pas
augmentation, mais deplacement. La sensibilite et la force ne
sont que des modalitds differentes de Tactivite du systeme ner¬
veux, et peuvent, par consequent, se compenser Tune par Tautrei
Chez l’hysterique il y a deplacement de ltequilibre de la force ner-
veuse.
La tlteorie de l’hysterie pr&xmisee par Freud fut d^fendue par
M. Jung et attaquie avec vehemence par MM. Aschaffenburg,
Alt, Heilbronner, etc. M. Jung parla des differentes phases de
I nvolution de la tlteorie de Freud et resuma Topinion actuelle de
cet auteur: pendant la puberte, l’instinct sexuel tend h la perver¬
sion, par l’accomplissement d’actes dej6i pratiques auparavant:
Tinstihct des hysteriques, constitutionneliement exagerd aboutit
& des representations en contradiction avec le reste de la person-
nalite, qui en a honte et s’efforce de les repousser. Les tendances
psycho-sexuelles normales sont elles-ntemes combattues et ce
conflit des sentiments provoque lteclosion de la nevrose.
*
* •
. Un autre sujet, fort important, etait la question complexe de
l'aphasie, del’apraxie et de l’asymbolie.
M. Von Monakow (de Zurich) r^unit tout cela sous le nom de
« Asdmie ». Ordinairement ces troubles sont causds par des
foyers diffus, quelquefois, mais rarement, par des foyers circons-
crits de I'ltemispltere gauche. Des foyers de stege different peuvent
causer les ntemes troubles fonctionnels dans les ntemes neurones
(autour de la fosse sylvienne). II n’est pas fatal que les Elements
les plus sieves de la parole, de Taction et de Torientation dispa-
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508
REVUE DE PSYCHIATRIC
raissent ou soient troubles fortement par un foyer unilateral
circonscrit, situe dans un cerveau sain par ailleurs. Ce trouble est
toujours un symplome initial, et, quand ce sympt6me initial
devient fixe, cela depend plus des circonstances concomitantes
que du foyer lui-meme.
Le foyer situ6 dans le domaine de l’art&re sylvienne exerce une
influence nuisible par election sur d’autres complexus de neuro¬
nes, parfois eloignes de l’6corce cdrebral'e ou sous-corticaux.
Ce^processus disjoignant la fonction en interrompant des sour¬
ces d’exitation importantes, longtemps usitees, est nommd par
M. Von Monakow « diaschisis ».
Les formes cliniques d'aphasie et d’apraxie les plus s^vfcres sont
causees moins par le foyer que par le ci diaschisis ».
M. le prof. Hartmann (de Graz) conclut, au sujet de la question
de l’asymbolie et de l’apraxie, que la fonction de rh^misph^re gau¬
che est prevalente. Les symtomes asymboliques et apractiques
entrent en sc&ne dans les affections bilaterales ou dans une affec¬
tion unilateral, quand le corps calleux est affecte. La cooperation
des deux hemispheres se montre d£j& dans les fonctions relative-
ment simples, et plus encore dans les fonctions plus compliquees.
D6sormais en etudiant l’asymbolie et I’apraxie, il faut qu’on ne
s’occupe pas seulement des autres syst&mes dissociation, mais
aussi du developpement, de la structure et de la fonction du corps
calleux.
M. le prof. Pick cttire l’attention sur le fait, que le mot a asym-
bolie » a si souvent change de signification, qu’il faut fixer ce
qu’on entend par ce mot. Kant lui donna la signification generate
d’agnosie et d’aphasie ; Finkelenburg borna la signification du
mot asymbolie aux troubles en rapport avec les signes del’expres-
sion des id^es; les differents troubles des moyens d'expression,
surtoutde la parole, sont des formes subordonnees de l’asymbo-
lie. Enfin Wernicke limite la signification du mot asymbolie aux
troubles des signes des objets except^ ceux de la parole. M. Pick
conseille de revenir b la signification que Finkelenburg a don nee
au mot; celle de troubles des differents moyens d’expression, y
compris 1$ parole.
*
• •
M. Winkler (d’Amsterdam), prGsenta un rapport sur le tonus
labyrinthique en traitant le c6t& anatomiquede la question, tandis
que M. Ewald (de Strasbourg) traita le c6te physiologique.
M.Winkler est d’avis qu’on peut maintenant, d’aprfcs les recher-
ches de Forel, de Bechterew, de Van Gehuchten, de Cajal et d'au-
tres, separer les syst&mes moteurs sous corticaux du nerf VIII,
des voies sensorielles, qu’on peut suivre jusqu’6 l’^corce des
lobes temporaux. II demontre chez le lapin Tinfluence tonique
dej& indiquee par Ewald, du nerf auditif sur les muscles homola-
teraux. Apres l extirpation unilateral du labyrinthe, ou section
d un auditif, on observe chez les animaux : la position forcee des
yeux, la position forcee de la tete et du cou et fatonie considera¬
ble des extremites du meme cote. Au bout d’un certain temps Lin-
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509
LE CONGRfeS INTERNATIONAL D’AMSTERDAM
tensity des symptdmes diminue. L’extirpation bilatArale du laby¬
rinths, ou la section des deux nerfs VIII cause l’atonie de presque
tous les muscles du corps.
M. Winkler donna ensuite un schema de la distribution des sys-
tAmes du nerf VIII, dont une partie ne sert pas A l’audition. II y
distingue des systAmes auditifs avec des fibres encore sans myA-
line chez le foetus Age et mAme chez le nouveau-ne, et des systAmes
moteurs, avec des fibres A myeline A la naissance. II croit que
l’influence tonique, qu’exercent les voies motrices, dont les com¬
munications homo-iaterales prevalent sur les muscles homo-
latAraux du corps, est anatomiquement dAmontrAe d une fagon
suffisante.
M. Van Rijnbert (de Rome) dans la question du tonuscerAbelleux
se rangea du cAtAde Lucjani, en combattant l’opinion de Leman-
dowsky. L’opinion de Lemandowsky fut defendue par l'auteur et
par M. Ludwig Mann.
M. Muskens (d’Amsterdam), fit suivre aux congressistes des tra-
jets cerebelleux A l'aide de la lanterne A projections. ,
M. De Lange (d'Amsterdam), donna une description du faisceau
longitidinal postArieur, qu’il ne considAre pas comme une unitA
anatomique mais comme unitA fonctionnelle ou physiologique. II
fournit un apergu de ses recherches personnelles et des rAsultats
qu‘il a obtenus.
M. Binswanger (d’lena),considArelepilepsie congenitalecomme
une psycho nevrose, qu'on doit separer de l’Apilepsie organique,
de l’Apilepsie toxique, de I’Apilepsie traumatique, de l'Apilepsie
syphilitique, de lepilepsie senile et de l’epilepsie reflexe. Si l’Api-
lepsie peut Atre provoquAe par des lesions organiques, elle est
aussi dans d’autres cas, la consAquence d'intoxications passagAres
(chimiques ou nutritives).
Les symptAmes en foyer peuvent se prAsenter Agalement dans
TApilepsie essentielle, ils ne sont done pas un signe indAniable
d’une affection organique.
L’epilepsie essentielle, mAme quand il y a des symptAmes en
foyer, n’est pas justiciable d’un traitement chirurgical.
M. Ludwig Mann (de Breslau), en traitantde la contracture secon-
daire dans 1’hAmiplAgie, dit, qu’il trouve insuffisante la thAorie de
Van Gehuchten. (La contracture exprime la prepondArancede l’in-
nervation des muscles avec fonction conservAe sur les muscles
paralysAs). II faut voir l’essentiel dans 1’activitA des agonistes et
des antagonists. L’irritation des agonistes est liAe A l’inhibition
des antagonistes. Peut Atre les fibres d'irritation des agonistes
vont de pair avec les fibres d’inhibition des antagonistes, peut-Atre
sont-elles identiques. Ainsi on peut se figurer que les processus
dans le systAme.nerveux central sont les mAmes dsns les deux
cas, et l'on pourrait parler d’innervation « positive » et« nAga-
tive » ou de « Innervation » et de « DAnervation ». Quand un
groupe de muscles fonctionnellement lies est paralysA, la dAnerva-
tion des antagonistes est dAtruite en mAme temps, et ceux-ci
recevant ainsi un surcroitd’innervation « positive, » secontractent.
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510
REVUE DE PSYCHIATRIE
* M. leD r Z. BychOwski parla des h^mipT^giesorganiquessans le
signe de Bablnski. Dans ces cas il 5'agit daffections de Tecorce
pures ou de lesions tout h fait voisines de I’ecorce, par exemple
souvent de tumeurs intracraniennes comprimant lecorce. IIsemble
que Je signe de Babinski soit une reaction minutieuse pour ies le¬
sions des faisceaux pyramidaux; I’absencedu signedans une hemi-
plegie n indique pas une affection fonctionnelle, mais une lesion
superficielle de lecorce et les cordons pyramidaux intacts.
- \I. Indemans (deMaestricht),considered myasthenia gravis pseu^
doparalytica comme Lexpression de linsufflsance des secretions
internes. II la regarde coriime une auto-intoxication etpense qu’on
a affaire probablement b une insuffisance des glandes surrenales,
de laglande thyroidiennede la glande pituitaire, desovaires etdes
testicules ou bien b une p^nurie de cellules chromaffines. Elle
devrait etre placee b c6t6 du myxoedeme du cretinisme. de
I’acromegalie, des maladies d’Addison et de Basedow. II voudrait
considerer la myasthenie grave pseudo-paralytique comme une
,esp£ce d’antagoniste de la tetanie. Le traitement doit etre logique-
ment un traitement organo therapique.
; M. Schr.eder (de Breslau) et M. F. W. Mott (de Londres) pre*
senterent chacun un rapport sur les psychoses alcooliques chroni-
ques. Le premier attira ^attention sur la difficulty des recherches
etiologiques en ce qui concerne les psychoses : Lalcoolisme
chronique ;lui-m6me est dej& un signe de d^g^n^rescence. Les
buveurs souffriraient plus que les abstinents do psychopathies
non loxiques.
- M. Mott pense aussi qu’on confond trop souvent simultaneity
avec consequence, et que les psychoses alcooliques se presentent
souvent sur un terrain predispose.
M Ut Louise Robinowitch a publie les rssultats de ses recher¬
che's sur la resurrection desanimaux « tues » par reiectricite (au
jnoins d’animaux qui avaient cesse de respirer). Elle retablit la
respiration grace & Tirritation rhytmique par un courant dlec-
trique dune intensity mortelle,
J. Van Deventer et F. A. Melchior.
REVUE DES LIVRES
La couch© optique (Etude anatomique , physiologique et Cli¬
nique). Le syndrome thalamique, par le D r Gustave Roussy.
(ThUse Paris 1007. Steinheil , Edilcar).
Dans la premiere partie de son ouvrage, R. fait un historique
tre.s complet des travaux des physiologistes et des medecins qui se
sent occupes de la physiologie des couches optiques: des resultats
obtenus, lesuns sont definitivement etablis(role sensitif), lesautres
(r61e moteur, centre de la vie vegetative, sens speciaux) ont ete
lour a tour infirmes et continues par les auteurs les plus compy-
tents.
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- REVUE DES LfVRES
5il*
' Jnsqu’6 prdsen'tla mbthode exp^rifiientale a donnb peu de rSsultats
precis k cause de la difficult^ et m6me de Limpossibilite qu’ily a
de pratiquer une lesion isolee des couches optiques sans participa^
tion plus ou moins grande des corps stries ; et d autre part
la methode anatomo clinique k fourni pen de result8ts utilisables
parce que, de par la distribution vasculaire de la couche optique^
les ramollissements k son niveau interessent le plus souvent lat
capsule interne ; et les grosses hemorrhagies tuent rapidement la
malade aprfcs quelques jours de coma rendant toute observatioq
delicate impossible.
Toutefois, grdce k l’btude consciencieuse sur des coupes micros^
copiques variees des d^generescences secondaires, des pieces
obtenues soit apr&s l’expbrimentation physiologique soil apr6$
l’observation clinique de grands progrfcs ont 616 realises.
. R. expose en detail les resultats de cinq experiences personnelles
pratjqu£es sur un singe, deux chats et deux chiens, apr&s avoir aq
preaiable discute le choix des animaux susceptibles d'etre pri$
comrae sujets dexp^rience et la chance de destruction (methode
sanglapto) des couches optiques. '
11 dbcrit les ph^nom&nes physiologiques presents parlesaqimaux
pyaqt surveeu et il donne le resullot de l’examen anatomique des
pieces par coupes seriees, colorees au Marchi. ’
. Puis apr&s avoir fait lhistorique du syndrome thalamique, il
s efforceden etablir les caractSresdisfinctifs parl’etude d$ 4 obser,
votions cliniqaes personnelles suivies d'autopsie et d’examen
histologique (coupes seriees) et de 3 autres observations person*
nelles. ■ :
Enfin il donne des conclusions generates.
Au .point de vue physiologique : les destructions exp6rjmentale$
de la couche optique chez l’animal ne determinent que Vhemiunes -
thesie super fidelleet profbnde du cole oppose d la lesion.
Au point de vue anatomique : il existe des fibres thalamo cortit
ctiles directes et crois£es, des fibres thalamo thalamiques, des
jhalamo-strtees, des thalamo rubriques (chez le singe), des thala-
pio-cerebelleuses etc...; au point de vue clinique il existe un syn¬
drome thalamique, qui a les caracl^res suivants ;
1° Hemianeslhesie superficielle et profonde.
. 2° Hemiplegie leg&re habituellement sans contracture ct rapide*
pent regressive,
, 3* Hemiataxie leg&re et astereognosie plus’ ou moins complete.
. 4° Douleurs vives du cole hemiplegie, douleurs vives, paro*
xytiques, persists ntes. '
. 5° Mouvement chor6o-a(he(osiqUes du cote hemiplegie.
Les troubles moteurs ne reinvent pas de la lesion thalamique
mais d une lesion accessoire de la capsule interne.
Get important memoire plein d’eruditiori, de faits d’eXperiepce
et d’observalions cliniques est des plus interessants et des plus
anstructifs.
, ■ A. VlGOUROUX. .
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512
REVUE DE PSYCUIATRIE
Considerations sur la maladie de Parkinson et sur
quelques fonctions nerveuses (tonus. equilibration , expression),
par le D r Gaston Maillard, ancien interne des hopitaux de Paris
(Thfcse Paris, 1907).
Avant d aborder Tetude de la maladie de Parkinson, qu’il veut
diflterencier neltement du syndrome parkinsonnien, M... deficit
au point de vue physiologique le tonus musculaire, i’equilibration
automalique, inconsciente et permanente de noire corps et lappa-
reil de l'expression.
Le tonus ou £tat tonique du muscle su repos consist© en un 6tat
de contraction permanente, involontaire et inconsciente du muscle.
Le centre producteur du tonus est spinal (le mot spinal designant
la moelle etle bulbe); l’appareil du tonus est l'arcnerveux simple:
fibre centrip^te, cellule motrice, fibre centrifuge. II e$t relie aux
centres cdrdbraux, corticaux et sous-corticaux. Toutefois, il est le
rdsultat d’un r^flexe permanent et fonctionne inddpendamment de
toute connexion centrale.
Le tonus peut 6tre modifie par une lesion du centre spinal, psr
Taction des centres m^so-cdphaliques ou celle des centres cor¬
ticaux.
L'dquilibration statique est la fonction qui maintient l*£tat
tonique de notre corps au repos en Tadaptant aux circonstances*
c’est-&-dire k la position qu'il s’agit de maintenir automati-
quement.
Le centre de Tequilibration statique sembleGtre le noyau rouge.
C’est ce centre m6so-c6phalique qui, aux incitations du cervelet,
rdagit par mecanisme r^flexe sup^rieur pour produire les modifi¬
cations coordonnees de Tetat tonique du muscle en rapport avec
Tattitude. Le cervelet, d'apr&s Thypolh&se ingdnieuse de Tauteur,
aurait une fonction tout k fait analogue k celle des organes des
sens. Comme ces organes, le cervelet recoit des impressions et
transmet une sensation specifique, la sensation tCorientation.
II regoit des impressions du labyrinthe, des nerfs kinesthe-
siques sp^ciaux, des nerfs du tact, etc., et il transmet k la cortica-
lite et au centre meso-cephalique (noyau rouge) la sensation
d’orientation provocatrice du r^flexe.
L'expression peut 6tre volontaire ou automatique superieure,
c’estA-dire que T6tat tonique coordonnd ndcessaire peut 6tre
command^ par le centre cortical ou par le sens mdso-cdphalique.
Ce centre meso-cephalique de l'expression semble £tre le corps
lenticulaire . Il r^agit automatiquement sous l’influence de la sen¬
sation c^nesthdsique. Cette sensation spdciflque est traduite par un
organe non encore determine qui transform© les diflerentes impres¬
sions de notre corps en sensations specifiques de la cenesth^sie.
M... fait suivre ces notions interessantes, mais encore hypothe-
tiques, de considerations physio-palhologiques sur les troubles
intellectuels corticaux et meso-c6phaliques (dans ces derniers, il
range l’aphasie) (?), les troubles sensitifs, les troubles moteurs et
ceux en rapport avec Torientation, montrant que sa conception
suffit k expliquer un grand nombre de faits cliniques.
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REVUE DES LIVRES
513
M... dEfinit ainsi le syndrome parkisonnien : un ensemble de
signes cliniques dus E un Etat hypertonique particulier des mus¬
cles, Etat derivant d un trouble physiologique fundamental, le
trouble de Tequilibre statique; ce trouble peut Eire causE par des
lesions de nature differente, E condition toutefois qu’elles altErent
d’une certaine manure l’appareil de cetle fonction. Pour que le
syndrome soit pur, la lesion doit atteindre uniquement le centre
mEso-cEphalique d'Equilibration statique ou ses conducleurs, et
cela par un procEdE entravant ou destructif.
Ce syndrome est constituE par les troubles ElEmentaires : len-
teur des mouvements, tremblement spEcial, rigidity. Ils peuvent
8e combiner E des sympt6mes divers.
La maladie de Parkinson est une entitE morbide due E des
lesions artEr»o-sclEreuses troublant le fonctionnement de l'appareil
d’Equilibration statique (noyau rouge), entitE dont la connaissance
comporte des notions Etiologiques, pronostiques et thErapeutiques
prEcises.
La maladie de Parkinson est une maladie frEquente (1 pour 225
affections nerveuses); elle reconnait comme cause prEdisposante :
l’Ege, 1’artErio-sclErose, le sexe masculin, la race anglo-saxonne,
le surmenage, les Emotions, les infections, Talcoolisme, 1'hErEditE
similaire ou analogue; comme causes dEterminantes: les Emotions
vives, le traumatisme.
L'hypertonie particuliEre due E la lEsion dEficitaire du noyau
rouge donne naissance aux signes ElEmentaires : lenteur et rai-
deur, rigiditE et tremblement, qui E leur tour provoquent des
symptEmes spEciaux : attitude en flexion de tous les segments du
corps, facies sans mobilitE, un peu fige ou complEtement impas¬
sible, dEmarche E petits [pas, avec festination, c’est E-dire accElE-
ration de la marche, les pulsions et les dErobements, les troubles
de la parole et de TEcriture, le besoin de dEplacement, la sialorrhEe,
les sensations de chaleur et l’hyperthermie.
A c6te de ces symptEmes qui constituent le syndrome parkin-
sonien se rencontrent des troubles accessoires, contingents et
variables, qui sont causes par les lEsions d’autres organes sous
l'influence du mEme processus.
Parmi les plus frEquents de ces syndromes associEs, M... Etudie
l’Etat parEto-spasmodique dE E une atteinte plus ou moins diffuse
du faisceau pyramidal, des troubles pseudo-bulbaires en rapport
avec une lEsion concomitante des noyaux gris centraux, et enfin
des troubles psychiques qui reconnaissent des causes pathogE-
niques diverses.
Certains de ces troubles psychiques sont en rapport avec une
hErEditE psychopathique et n’ont que des rapports de coincidence
avec la maladie de Parkinson; d’autres sont en rapport avec
PartErio-sclerose cErEbrale (demence); d’autres enfin, rEsultant de
l’insuflfisance hepato-rEnale par arterio-sclerose, revEtent l'aspect
clinique du delire onirique ou mEme de I’Etat de rEve.
Dans un dernier chapitre, M... montre que la maladie de Par¬
kinson n’est pas due E un simple trouble fonctionnel, et si c’est
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REVUE D£ RSYCHlA-TRlE
m
psrfote corame une nevrose qu’elte commence, c'est loujours
com me une maladie organique quelle se termine.
Six observations personnels, dont trois accompagn^es d’exa
men histologique, servent de base k cette etude.
Cette these est interessante k plusieurs titres : non seulement
elle est tr&s complete et lr£s claire, mais par ses considerations
tr^s neuveset en somme trfcs admissibles de physiologic patholo-
gique, elle eclaire la pathogenie, jusque lti si obscure et si discutee,
de la maladie de Parkinson. A. Vigouroux.
La femme dans la famine, par Paul Lapie. 1 vol. in 16 de
S* pages, de la Bibliothtique biologique et sociologique de la
Femme, dirig6e par le D r Toulouse. Paris, O. Doin, 1908. Prix :
4 francs.
- . r~
Dans ce second livre de la Bibliothtique de la Femme, M. Lapie,
aprtis une mise au point tr6s documentee sur la condition reelle
de la femme dans la famille, si variable avec les epoques et avec
les pays, cherche k resoudre, en s’appuyant sur les donn^es de la
science, le probltime moral et social qui se pose, sur la place qu’on
doit donner k la femme dans la famille francaise de nos jours.
M. Lapie n’est pas de ces a-prioristes qui resolvent d’une fa^on
simpliste toutes les difficult^ pratiques en s’enfermant dans la
tour d'ivoire de la theorie pure. II montre bien que le jeu des
forces sociales et en particular des facteurs economiques entraine
des consequences qu’il nous faut bien subir, que ces consequences,
soient ou non en accord avec nos aspirations et nos visees. El c’est
justement une des parties les plus intdressantes du livre que celle
qui montre les raisons profondes du plus ou moins haut degrA
d’estime accorde k la femme dans les diverses soctetes.
En ce qui concerne les conclusions de M. Lapie sur les reformes
k apporter au statut legal du mariage, d’aucuns les trouveront
trop hardies, d’aucuns les trouveront trop timides, ce qui prouve
evidemment que M. Lapie, s'il cherche k degager du courant
evolutif des mesures immediates capables d accentuer ce mouve-
ment et de sanclionner les progres de l’opinion, n a pas le tempe¬
rament d’un revolutionnaire confiant dans les consequences da
ces reformes : il est prudent, comme tous ceux d'ailleurs qui
regardent de pres, dans le jeu complexe des phenomenes sociaux r
les consequences souvent lointaines, et generaleraent imprevisi-
bies, des actions et reactions que toute modification de l’equilibre
Instable du moment entraine k coup stir. H. Pieron.
Psychology. General Introduction, parCh. H. Judd, profes-
seur de psychologie et directeur du laboraloire psychologique k
LUniversite de Yale. 1 vol. in-8° de 390 pages. New York, Ch.
Scribner, 1907.
Ce volume constitue le premier d’une serie de manuels destines
k servir d’introduction aux methodes et aux principes de la psy¬
chologie scientifique. C’est une introduction generate qu'a dcrite
M. Judd, et il a vise k situer les principaux probtemes de la psy-
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REVUE.DBS UVftES
515
chologie, en les rattachant constamment h la physiologic et aux
donnees de la biologic evolutive. Cela constitue un livre trfcs in-
telligemment fait et certainement utile b lire.
L’auteur definit dans son introduction la psychologic comme la
science de la conscience, et examine les methodes, l’introspection
et les methodes experimentales que la premiere peut completer.
11 signale comme objet des recherches psychologies ce qu’il ap-
pelle, avec les biologistes am^ricains, le « Behaviour » des animaux
et de l'homme, expression que nous pouvons litteralement tra-
duire par le mot de «comportement ». Enfin M. Judd signale quel-
ques causes d’erreur dans les inferences psychologiques.
II examine ensuite au cours de ses quatorze chapitres : Involu¬
tion du systeme nerveux, b propos de laquelle il recherche les ca-
ract&res probables de la conscience primitive, et les relations qui
unissent le comportement, le syst&me nerveux et la conscience*
effort qui me parait un peu vain etant donne l’absence complete
do crit^res objectifs de la conscience ; puis le systfcme nerveux hu-
main, au point de vue de la base anatomique que lorgane fournit
pour mtude des fonctions psychiques; l'analyse generate de la
conscience, scientifiquement congue; les sensations, classique-
ment et un peu archai’quement divis^es en visuelles, auditives,
gustatives, olfactives et tactiles, et le probleme des lois psycho^
physiques r^gissant l’intensite des sensations ; les relations fonc-
tionnelles des sensations, comme constituant un espace tactile, un
espace auditif et un espace visuel, un temps, et des objets posse-
dant de l’unite; l’experience et 1’expression viennent ensuite;
puis l’instinct et l'habitude; la ntemoire et les idees ; le langage
et son acquisition Evolutive; Timagination et la formation des
concepts ; le concept de la personnalite, du moi (« the Self »);
l’impulsion et le choix volontaire ; enfin, apr6s un examen des
formes de la dissociation psychique, de la regression sous des in¬
fluences toxiques, pathologiques ou normales comme la fatigue (le
sommeil), vient une conclusion interessante sur les applications
de la psychologic et ses connexions avec les autres disciplines du
savoir humain.
H. Pieron.
La I'hysionomie humaine. Son m6canisme et son rdle
social, par le D r Waynbaum. 1 vol. in-8° de 320 pages, de la
Bibliotlteque de Philosophic contemporaine. Paris, Alcan, 1907.
Prix : 5 francs.
M. Waynbaum s’est courageusement attaque au difficile pro-
bteme de la « physiognomique », et il a mis sur pied une theorie
incontestablement originale. Il cherche b rendre compte de toutes
les modalites des expressions de la physionomie par un jeu de
variations vasculaires provoqu^ par l'antagonisme de la circulation
qr&nienne et de la circulation intracranienne, ou des deux syste-
mes carotidiens, externe et interne; les deux carotides etant.
consid^rees, avec leurs origines communes, comme deux vases
formant siphon. Le mecanisme des variations emotives s’expli-
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REVUE DE PSYCHtATRtE
querail entterement par futility pour le cerveau de phenom&nes
congestionnants ou decongestionnants.
II y aurait bien des points k discuter dans cette conception
nouvelle, et, en particular, je crains bien que le point de depart,
k savoir l'antagonisme des variations sanguines dons les deux
syst&mes carotidiens, soil peu solide.
Mais, si je voulais entrer dans le detail de ces discussions, je
me laisserais entrainer trop loin et je signalerai seulemcnt que,
dans une seconde partie, plus solide, mais moins originale,
M. Waynbaum a longuemenl etudie le r61e social de la physio-
nomie, dont l’importance est en effet considerable.
H. Pi£ron.
Essai critique et th£orique sur I’association en psycho¬
logic, par le D r Paul Sollier. 1 vol. in 16 de 188 pages, de la
Biblioth&que de Philosophie contemporaine. Paris, Alcan, 1907.
Prix : 2 fr. 50.
Dans ce petit volume, oti l’auteur a reuni une serie de legons
faites e i'Universite nouvelle de Bruxelles, se manifestent les ten¬
dances d'esprit, amoureuses de clarte, deM. Sollier. On craindrait
quelquefois de s’engager dans des voies un peu simplistes, si on
ne se souvenait qu’il ne s’agit pas 1 k d'une etude spprofondie, mais
dun large expose fait pour des auditeurs non specialises.
Partant de Texcellent livre de Clapar&de, dont la mise au point
constitue une etape importante, M. Sollier s’attache & la critique
des faits et des theories, dans le but de degager une conception
generate de l association. Une premiere etude porte sur les lois de
^association, ou plutot sur ce qu’on appelle pretentieusement des
lois; les points generalement admis sur la force, la vitesse et les
formes associatives sont d’abord exposes; puis les points contro-
verses et discutables, concernant les formes associatives, l’asso-
ciation mediate, les representations libres, etc.; enfin les contra¬
dictions et les lacunes.
Dans Texamen des theories, M. Sollier cherche k substituer une
conception « dynamique » aux conceptions psychologiques, anato-
miques et physiologiques. Mais cette conception reste bien loin
des faits et n’a pas de valeur heuristique; elle est surtout un
moyen de se mettre la conscience en repos, gr£ce k Tintervention
des etats un peu vagues du « dynamisme cerebral », des pheno-
menes de <c resonnance nerveuse », non traductibles en faits
anatomo-physiologiques precis. II n y a pas dinconvenient k
adopter de telles conceptions, mais k condition de ne pas s'abuser
sur leur valeur, de se rendre compte de leur caractere tout pro-
visoire, et de chercher des interpretations plus proches des faits.
Le dernier chspitre de Louvrage, qui concerne le mecanisme de
Tassocialion, est consacre k letude de la creation, de la conserva¬
tion, de Invocation, de revolution et de la nature de lassociation,
et il se termine sur un rappel de la theorie enargetique de l’auteur.
H. PiteON,
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soci£t£s
517
SOClETES
sociEtE mEdico-psychologique
(Sdance du 25 novembre 1907)
MM. Rene Charpentier et Paul Courbon : Maladic dc Basedow et
Psychose maniaque-dq rcssicc. — MM. Rene Charpentier et Paul
Courbon communiquent A la Societe l'observation d’une malade de 23
ans, qui prdsenta a 15 ans un premier accds mdlancolique et chez
laquelle apparnrent, quatre ans apres, des symptdmes basedowiens.
Cette malade, qui offre actuellement le tableau clinique complet du
goitre exophtalmique a prdsentd depuis 1'age de 15 ans unedizained'accds
de psychose maniaque — depressive, accds qui sont tantdt des dials
d’agitation, tantdt des dtats de depression, tantot de vdritables etats
mixtes, dans lesquels les symptdmes d’excitation et de depression se
juxlaposent au lieu de se succdder. Dans ce cas, non seulement le pre¬
mier accds de la psychose fut antdrieur de quatre ans a I'apparition des
premiers symptdmes basedowiens, mais encore une amelioration nota¬
ble et spontande du goitre et de l’exophtalmie ne s’accompagna nulle-
ment d’une accalmie des phenomdnes psychiques, au contraire. 11 sem-
ble done y avoir 1A association sur un terrain ddgdndratif de la psy¬
chose maniaco-mdlancolique et du syndrome basedowien, posterieur A
la psychose.
#* •
M. Camus etM ,u Landry : Maladic de Basedow et psychose maniaque -
ddpressice. — M. Camus et M ,,f Landry communiquent l’observation
d’une malade prdsentant un goitre exophtalmique et atteinte de
psychose maniaque-depressive. Le goitre est antdrieur aux troubles
mentaux ; il a commence vers l’age de 13 ans et s’accompagne des
symptdmes organiques et vaso-moteurs classiques. La psychose est
affirmde par l existence de douze accds de depression, interrompus par
des crises d’hypornanie, tous survenus entre 25 ans, age ou s’est
produit le premier accds, et 45 ans, age actuel de la malade. Mais les
auteurs se refusent a admettre une relation de causalite entre les
troubles thyroldiens et les troubles mentaux.
#*#
M. Rend Charpentier : Melancolie et pouls lent permanent . —
M. Rend Charpentier communique I’observation d’un malade de 51 ans
qui prdsentait le tableau complet du syndrome de Stokes-Adams,
syndrome caractdrise, d une part, par un ralentissement permanent et
extrdme du pouls (17 a 20 pulsations par minute), d’autre part par des
accds dpileptiformes sans paralysie consecutive. Ce malade, entrd A
l’Asile, pour un dtatde ddpression mdlancolique mourutquelques jours
plus tard en dtat de mal. L’autopsie fut faite et Texamen histologique,
pratiqud par M. Vigouroux en son laboratoire de l’Asile de Vaucluse,
mit en dvidence. 1° au niveau du bulbe : a) de la scldrose ndvroglique
ancienne, b) une hemorragie interstitielle dissociont le noyau du
pneumogastrique ; 2° de la myocardite. La pathogenie du syndrome de
Stokes-Adams semble done avoir ete en rapport d’une part avec les
lesions cardiaques, et d'autre part avec la scldrose bulbaire chez un
artdrio scldreux,alcooliqueancien. Les phdnomenes terminaux seraient
en rapport avec rhemorragie bulbaire qui se fit au niveau du noyau
du pneumogastrique dans les derniers jours.
30
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518
HEVUE DE PSYCHIATRIE
Tant par les modifications circulatoires qu’elle a causdes qae par les
sympt6mes psychiques dont elle a favorisd l’dclosion, la maladie de
Stokes-Adams parait avoir die un facteur etiologique non ndgligeable
de l’dtat de depression melancolique chez un predispose alcoolique
ancien.
M. Vigouroux : J’insiste surce fait que l’hemorragie bulbaire obser-
vee est un accident terminal qui s’est produit par suite de lesions
anciennes dc l’artdre qui s’est rompue : en effet, les arldres du bulbe
sont altdrdes et les regions voisines du foyer hdmorragique sont le
siege d’une proliferation nevroglique intense. D’autre part les cellules
nerveuses prdsentent des alterations marquees. Depuis longtemps on
a signaie, nolamment M. Brissaud, des lesions du noyau du pneumo-
gastrique dans la meiancolie. M. Rend Charpentier dtnblit-il un rapport
de cause a effet entre le pouls lent permanent et le developpement de
l’etat melancolique chez son malade ?
M. Rene Charpentier : Avant l'apparition du syndrome de Stokes-
Adams, syndrome qui 6volua pendant plus de deux ans, le malade
n’avait jamais prdsenld d’acces melancolique, ni d'autres troubles
mentaux. Cet etat ddpressif ne peut, d’autre part, etre rapporte d
l’intoxication alcoolique, le malade alcoolique ancien etait sobre
depuis plusieurs annees et ne presentait pas k son entree de symptd-
mes dalcoolisme. Tous les auteurs out note les rapports qui existent
entre les etats depresses et les troubles circulatoires et il semble bien
que, dons ee cas, les troubles circulatoires aient constitud un facteur
etiologique important de retat melancolique.
M. Arnaud a observe un malade agd de trente ans environ, qui pre¬
sentait le syndrome de Stokes-Adams. Chez se sujet se developpa
progressivement un etat de depression neurasthenique grove. Le nia-
lade avait une anxiete trds vive, la sensation d’etre constamment en
danger de mort et manifestait du ddgout de la vie. II a ete admis
dans le service de M Raymond a la Salpdtridre. Ce fait conflrme la
inaniere de voir adoptee par M. Rend Charpentier.
#*♦
M. Brissot : Ballcs dc rccolccr dans la substance ctrtbralc sans
troubles ovfjaniqucs consecutifs eftez un sujet dc 77 ans. — M. Brissot
presente le cerveau d'un homme agd de 77 ans, dans lequel il a trouvd
deux balles de revolver, Tune situee a la partie antdrieure du ventri-
cule moyen, 1 autre logde a la partie postdrieure de la premidre cir-
convolution temporo-occipitale externe gauche ; il a en outre constate
le trajet produit par une troisidme balle dons la partie moyenne du
lobe frontal gauche. 11 insiste sur ce fait que cet homme alteint de
depression melancolique, mais non dement, atteint de troubles psychi¬
ques caractdrisds par des idees de suicide trds accusdes (il s’est tird
trois balles de revolver dans la tete a la suite du deeds de sa femme),
n’a prdsentd postdrieurement a ces differentes tentatives, aucun trou¬
ble cerdbral grave, ni somatique, ni mental. Pendant quatre annees
consdcutives aucun phdnomene n'est apparu, qui puisse etre attribue a
la presence des balles dans la substance cdrdbrale. La mort du sujet
est due a une tout autre cause.
S’appuyant sur plusieurs observations publides antdrieurement,
M. Brissot montre que les destructions du lobe frontal par projectiles
de toute nature ont peu d’importanee en elles mdmes, quand elles ne
s’accompognent pas de reaction mdningee autour du corps dtranger et
que la ddmence consecutive aux plaies de la substance cdrdbrale par
urmes d feu est toujours due k une meningo encdphalite diffuse.
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SOCIETES
519
Elections. — Sont nommes membres correspondents de la Society
MM. Jacquin, mddecin-adjoint de l’asile de Chateau-Picon (rappor¬
teur : M. Colin) et Rodiet, medecin-adjoint de l’asile de Saint-Yon
(rapporteur : M. Antheaume).
Sont nommes membres assoctes Strangers: MM. Juliano Moreira, de
Rio-de-Janeiro (rapporteur : M. Dupain), Muggia de Pizaro (rapporteur :
M. Semelaigne) et d Hollander deGheel (rapporteur : M. Vigouroux).
G. Collet.
SOClfiTfi DE PSYCHOLOQIE
Seance du 7 Jain 190 ?L
MM. Viel et Crinon : Du vole de VIllusion do fausse reconnaissance
dans un mccanismc de precision. — L’illusion de fausse reconnaissance
peut faire croire a certains sujets qu’ils sont capables de prdvoir : il
leur semble qu'ils devinent la suite des dydnernents dont ils croient
Otre pour la seconde fois les tdmoins : Observation d’une malade &
qui {’illusion de fausse reconnaissance fournit les preuves les plus
immediates de cette faculty de prdvoir.
M. Dumas : Physiologic d'tin miracle. — Quand un hagiographe
nous dit qu'un saint est mort en odcur de saintete , il faut peut-elre
comprendre cette expression a la lettre : Sainte Ther&se, morte sen-
tait la violette : les restes de Sainle Rose de Vitterbe exhalaient une
odeur agrdable 400 a ns apr&s le dec6s.
Nous ne connaissons, dit l’auteur, qu’une categorie de cadavres qui
sentent bon : ceux des diabetiques atteint d’aceton^mie avant de
mourir. Il est possible que Sainte Th^rfcse ait succombe a la suite
d’accldents diabetiques.
Seance du 5 juillct
M. Kostileff: Les contradictions dans Vetude des perceptions cisucl-
les. — M. E. Bernard-Leroy : Remarque sur le diagnostic de ccrtai-
nes hallucinations obsMantcs. — A propos de deux observations, 1 au¬
teur rappelle et discute les differentes opinions finises au sujet des
hallucinations chez les obs^des ou des hallucinations obsedantes :
(pseudo-hallucinations, hallucinations incompl6tes, etc.). Il insiste sur
la difficult^ qu’ont certains malades a donner du ph6nom&ne pseudo¬
hallucination une description precise.
Pour M. Janet, lorsqu’il n’y a pas croyance, il n’y a pas hallucina¬
tion, mais quelque chose qui s’en rapproche.
MM. A. Marie et Meunier : Note sur quelqucs enregistrements gra -
phiques dans la maladie de Parkinson. — Les auteurs pr^sentent et
cornmentent diflterents graphiqnes obtenus par l’observation d'un par-
kinsdnnien (traces du tremblement de la main, tracds respiratoires,
ergogrammes): il leur semble que malgre qertaines analogies ces tra¬
ces me sont pas en tous points comparables aux graphiques de s6ni-
les ou d’Gmotifs pseudo-bulbaires.
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520
REVUE bE PSYCHIATIUE
TABLE DES MATURES
CONTENUES DANS CE VOLUME ET DES AUTEURS CITES
A
Abraham. 263
Absinthisme (lutte contre
I’ - ). 439
Acc&s epileptiques et trau-
matismes cr&niens. . . . 115
— de faim et melancolie. . 169
Achard. 40
Acide carbonique (bains
d’ — ) chez les abends. . 195
Acromegalia. 40
Activite phychique (1’ — )
etlavie. .. 252
Adam. 41
Alb£s. 12, 164 468
Alcool et alcoolisme. . . . 392
— (consommation et caba¬
ret) . 308
— (et nombre des cabarets) 391
Alcoolisme chez la femme
dans le Nord. 464
— et psychose de Korsakoff 472
Alienesdans les prisons. . 129
— difficiles. 165
—criminels(quartierspour) 177
— (I’oeil chez les — ) . . . 258
— (discussions sur le regi¬
me des — 260
— (troubles de la mimique
chez les — ). 260
— (hopital d’ — des Etats-
Unis). 308.
— traitement des — par le
retour & la terre) .... 309
— (reforme de la loi sur
les - ). 331
— (loi sur les — en Italie). 332
Alienees (troubles genitaux
chez les — ). 463
Alimentation arlificielle. . 170
Allaman .. 303
Arne (l 1 — ) et le systeme
nerve ux. 35
Amndsie dite retardee. . . 170
— musicale chez un syphi-
litique. 336
Amour (I’Otre et I’— ). . . 171
Amselle. 299
Anglade . . 207, 259, 391, 470
Anomalies dans les rapports
sociaux. 40
Antheaume. 259, 467
Antonini . 332
Aphasie (intelligence et — ) 39
Aphasie-Apraxie (note pr6-
liminaire). 86
— par claudication de la
memoire verbale .... 170
— motrice sans lesion de la
3 e frontale. 262
— conception nouvelle. . . 298
— motrice au cours de la
demorphinisation.... 339
— sensorielle trans-corti-
cale. 342
— motrice sous-corticale . 342
— motrice simple . .* . . . 392
Apraxie motrice. 263
Archambault. 207
Ascherson. 472
Asiles (personnel). 87, 175,
220, 264, 308, 349, 394, 480 xlviii
— tuberculose dans les —
127, 251
— de Mont de-Marsan. . . 132
— des Etats-Unis. 263
— de Wiesloch. 263
— des buveurs de Doesen . 264
— de Bordeaux. 308
— de la Seine. 348
— de la Seine (arrete du 12
septembre). 436
— de la Seine (recrutement
des medecins). 476
— colonial. 392
— (un anglais — ) en 1828. 457
— (deux — )pr£s de Vienne
Assistance familiale des bu¬
veurs . 264
— des alidnes & l'Asile et
dans la famille. 390
— des alienes au Bresil. . 464
Association (1* — ) en psy¬
chology. 516
Attention (ideas de Mac.
' Dougall sur T — ). . . . 45
— sensorielle (experience
sur I’ — ). 161
Automatisme ambulatoire. 258
Auto-mutilation (chez un
chien). 42
B
Babel. 40
Baillart. 258
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TABLE DES MATURES
521
Bains d’acide carbonique
chez les alienes. 195
— d’aspersion. 337
Balles de revolver dans la
substance cerebrate . . . 518
Ballet.128, 169
Baruk. 218
Basset. 42
Bechterew. 252
Beethoven (Etude sur — ). 388
B6gaiement d’Orfila. . . . 132
Bellat. 208
Belletrud .... 127,195 339
Bfliaeff. 345
Benon. 466
Bernheim (F.). 170
Bernheim (de Nancy) 261,
262, 298
Bernstein . .. 345
Biaute. 208
Binet. 129
Blin. 485
Bodros. 210
Borjey. 261
Bolten. 341
Boucaud. 171
Bouman. 341
Bourdin. 211
Bourneville. 330
Bousquet. 261
Briche. 211
Brissaud. 336
Brissot. 518
Brouardel. 349
Brousse (P.). 479
Bulletin bibliographique (i,
v, IX, XIII, XVII, xxi, xxv,
XXIX, XXXIII, XXXVII, XLI, XLV
Burr. 24
C
Camus (P.). 254
Cans.41, 467
Catatonie et paralysie ge¬
nerate. 259
C6cile psychique . . • . . 466
Cerveau et pens<te. 129
Changements organiqueset
sentiments. 205
Chantavoine. 388
Charon. 337
Charpentier (J.). 255
Charpentier (R.), 170, 308, 468
Chirurgie des altenes (ce
que doit £tre la —) . . . 89
Choree variable chez deux
dements precoces .... 466
Chronique . . 88, 175, 350, 395
CLAPARfcDE .133, 172
Classification contemporai-
ne des maladies mentales 475
Clerambault (de)... 40, 466
Codeceira. 173
Colin (H.) . . 121, 177, 304 380
Coltege of Physicians de
New-York. 440
Collet. 29, 301, 465
Compagnies de discipline
dans I'armee hollandaise. 339
Concours. 43, 87, 131, 439,
480 xvliii
— et ntedecins d’asiles pri-
ves. 175
— special de la Seine. 350, 393
Conducteurs nerveux (pa-
thologie des —). 275
Confusion chronique et de-
mence pr£coce. 300
*- passag&re avec halluci¬
nations terrifiantes. . . . 340
— mentale et syphilis. . . 468
Congr£s (les —) de la Bri
tisch medical association. 74
— (2 e —) beige de psychia-
trie. 76
— (XVII* —) des alienistes
et neurologistes de lan-
gue frangaise (Genfcve-
Lausanne). 174, 353
— d’Amsterdam. 174, 419 506
— (XV* —) de Tassociation
psychologiqueantericaine 248
— des soctet&s savantes de
Montpellier. 326
— (XVIIP —) des alienistes
et neurologistes de lan-
gue frangaise (Dijon). . . 394
— (XI e —) contre l’alcoolis-
me : Echos. ...... 480
Considerations anatomo-cli-
niques sur un cas de stu-
peur. 320
Constipation et troubles
mentaux. 262
Contractures hysteriques
gurries par la rachi-sto-
vainisation. 439
Corps calleux (tumeurs
du —) . 85
Couche optique (la —), le
syndrome thalamique. . 510
Courbon. ... 17, 79, 85, 258
Courrteres (etude medico-
tegale sur la catastrophe
de -). 165
Cours international de psy-
chologie judiciaire. ... 44
Cullerre.xlvii
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522
REVUE DE PSYCHIATRIE
D
Dalcroze. 334
Damaye. ... 62, 245, 416 448
Debile ambitieux (r^cidive
rnedico-legalestereotypee
d'un —).
Debiles moraux (deux —) .
Debiles (hospitalisation
des —)dans TEurope cen-
trale.
D^chloruration dans l’6pi-
lepsie.
Decroly..
Deenich.
Degand (Mile).
Degen^res (les —) dans les
bataillons d’Afrique. . .
Dejerine.
D61ire collectif avec un pa-
ralytique general ....
— de persecution sans hal¬
lucinations .79,
— despr^judicespreseniles
— de persecution & la perio-
de involutive de la vie. .
— des rapports.
— d'interpretation.
Delmas (A.), 79, 121, 165,
265, 353,
Delmas (L.).170,
Demenee el idiotie acquise
chez les ^pileptiques. . .
— (la —) alcoolique. . . .
— (forme rapide de la —)
epileptique dans l’adoles-
eence .
— (syphylis et —).
Demences (Revue des —).
Demenee precoce.
— (fugues dans la -). . .
— et symptomes m&lullai-
res.
— (remissionsdansla — )93,
— et hemiplegie parmenin
gite tynhique.
— perioae prodromique. .
— et confusion chronique.
— (formes m61ancoliquesde
la —).
— (troubles phonetiques
dans la —).
— (encore la question de
la —)..
— (hyperhydrosedans la—)
— (conceptions et limites
de la —).
— (conditions organiques
de la -)..
— au' point de vue clinique
et biologique. 474
Demi fous et demi respon-
sables. 200
D6mon familier (Un —). . 39
Deny.. . . .219, 254
Depression survenant & un
age avance. 263
Deroubaix. 86
Dlrvieux. 165
Dessinsdesenfantskabyles. 130
Dipsomanie (intoxication
et -). 341
Discussion sur le regime
des alienes.. 260
Dissociation mentale (3 cas
de -). 171
Distinctions honorifiqueset
prix. .44, 82, 87, 264, 480 xlviii
Donatii. 337
Doumeng. 468
Dromard. . . .12,170,260, 433
Dubar. 127
Dubuisson (M.). 213
Ducoste. . .71.81,86,258, 259
Dupouy (E.). 333
Dupre, 169, 170, 260, 335,
338, 341
Durante. 275
E
Effort (nature de 1’ —). . . 206
Emery. 340
Enfantsarrter&s(placement
des —) dans les colonies
familiales. 433
— et instables (instruction
et education des —). . . 434
Enquete sur le « no res¬
traint », viii, 132, 206,
303, 347
Epilepsie (chez un chien). 42
— et delire chronique. . . 130
— catameniale. 174
— substances qui intervien-
nent dans la genese de
r -). 337
— (D^chloruration dans 1'—) 341
— et psychoses p£riodiques. 391
— tardive.. 434
— et paralysie generate. . 465
— larvae. 467
— et hystarie(troublesocu-
laires). 467
Epileptique (acc&s — ) et
traumatisme. 115
— equivalent). 339
Epileptiques fddmence chez
les -) . 221
170
80
485
341
130
344
130
459
255
40
168
85
186
263
466
468
433
221
340
392
433
260
129
86
86
147
256
259
300
337
397
338
467
473
473
(Voir la suite apres le Bulletin bibliographique mcnsuel.J
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TABLE DES MATCHES
523
Essai sur la pathologie gd-
ndrale des conducteurs
nerveux. 275
Etats depresses aigus et
processus obsedants. . . 85
Eunuchisme eterotisme. . 127
Evades (les — ) b I’interieur 29
F
Facullds de Catane. 440
— Gratz. 480
— Giessen.*. . 480
— Halle. 175
— Lille. 175
— Montpellier. 395
— Munich. .. 175
— Naples. 440
— Paris. . .308, 440
— Pavie. 175
— Prague. 395 440
— Turin. 440
— Vienne. 349
Faits et opinions, 12, 62, 99,
147, 186, 275, 320 448
Feltzmann. 476
Femme (la —) dans la fa-
mille . 514
Fenayrou. 213
Florence. 390
Folie du doute et illusion de
fausse reconnaissance. . 12
— gemellaire. 125
— intermittente (psychose
maniaque depressive). . 254
— maladie et folie infirmitd 257
— (lesions de la —). . . . 434
— haschichique. 468
— b deux. 470
Forel. 35
Franz (Sh. I.).' . . 441
Frequence et pathogenie
des ictus terminaux dans
la paralysie gdnerale . . 265
Froissart. 431
Fugues (les —) dans les psy¬
choses et les demences. . 258
— pathoiogiques (quelques
„ cas de —). 345
G
Gangrene symetrique chez
une mdlancolique ....
Garanties (les —) d’un trai-
tement rapide dans la
nouvelle proposition de
loi sur les alienes. . . .
Garnier (P.).
Gaupp.
80
337
466
263
Gendse (la —) du sexe. . . 298
Gerard . 462
Gesell . 204
Girma . 219
Gottschalk . 334
Grasset .171, 330
Grenouille (une —) dans
Pintestin) 261
vinwoci, . ........ M&O
Guerison du syndrome de
Korsakoff. 342
Gymnastique rythmique. . 334
H
Halberstadt. 255. 332
Hallucinations psychiques. 123
— dans la paralysie gene-
rale. 259
—• hypnotiques. 471
Hallucinose (Un cas d’ —). 475
Hayden. 204
Hdmiataxie et hemiathdtose
traumatizes. 335
Hdmipldgie droite avec
aphasie post-traumatique
tardive. 302
Hockauf. 263
Hcernle. 172
Hollender (D r ). 86
Hoppe. 263
Hospital. 467
Hospitalisation des debiles
dans l’Europe centrale. . 485
Hydrotherapie dans les
asiles : bains d’aspersion. 337
Hypnotisme et suggestion
(traitement). 300
Hysteric et suicide .... 17
— (definition et nature). . 127
— grave. 255
— (comment je comprends
le mot —). 261
— (conception nouvelle de
T -). 299
— et troubles trophiques
par simulation. 336
— et sommeil. 391
Hystdrique (le rire —). . . 260
— (une —) incendiaire. . . xlvii
Hystdriques (troubles du
langage musical chez
les —). 88
I
Ictus terminaux des para
lytiuues gendraux. . . . 265
Idee ae suicide latente ou
spontanee chez une con¬
fuse. 245
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524
REVUE DE PSYCHJATME
Idiotie (type mongol) .14 .
— acquise et demence chez
les epileptiques.
— et heredo-tuberculose .
— (premiers memoires de
Seguin sur 1 * —).
— sans lesions macrosco-
221
259
330
piques. 466
Illusion defaussereconnais¬
sance . 164
— et folie du doute .... 12
Image, idee et signification. 172
Infantilisme et insufhsance
diastematique. 468
Infirmiers d’asile (la sant 6
des —). 263
Ingegnieros. 38. 200
Instinct sexuel (psychologie
de T —). .. 39
Instilut de pedagogie de
Milan. iv
— de medecine legale et de
psychialrie. 41
— de psychologie appliquee
en Allemagne. 44
— de criminologie dans la
Itepublique Argentine. . xlviii
Intelligence et aphasie. . . 39
Interpretations deiirantes
dans la paralysie gene-
rale . 71
Intoxication et dipsomanie. 341
Involution presenile dans
les psychoses ...... *81
lode (action de 1 ' —) au
cours des etats de stupi-
dite et de confusion . . . 448
Ivresses deli rentes .... 341
Ivresse psychique avec
transformation ae la per
sonnalite. 466
J
Jacquin . . .
. . 239,
391,
470
Jalousie (la —)
204
Jansen . . .
339
Jeanbhau . .
469
Jelgehsma .
. . . .
342
JOFFROY . . .
....
258,
392
Judd.
. . . .
514
Jude.
. .
459
JUQUELIER. . .
1 , 168,
340*,
441
K
Katchkatgheff. . . .
. . 475
Keraval .
. . 252
Knust..
. . 204
Kovalsky.
. . 41
L
Lagrange.
Lagriffe..
Lahy. 388 ,
Laignel Lavastine . . 262 ,
Lamy.
Landerer.
Landry (M“ e ).
Langage (fonction du —). .
— musical (troubles hyste-
riques du —).
Lapie.
Latapie (L.). .......
Laures. 300,
Lecomte.
Legrain.
Lehmann .
Lejonne.85,
Lem aire.
Lemaitre.
Lesions des glandes sur-
renales dans la psychose
periodique.
Letlre d’Amerique.
— de Munich.
— d’Amsterdam.
Levert .
Levet.219,
Levi-Bianchini .... 173,
Lhermitte.
Lloyd-Tuckey.
Lobe frontal (experiences
au sujet de la physiologie
du —).
Localisation spatiale des
souvenirs.
Loi roumaine sur les alie-
nes...........
— (nouvelle —) sur lesalie-
nes.
— de 1838 au Senat....
Lorthiois.
LuCAS-CHAMPIONNlfeRE (J.).
Lymphocytose tardive chez
un paralytique general.
M
Mac Dougall.
Mag nan.
Maigre .45,
Maillard.
Mai ret . 390,
Maladies mentales dans les
climats tropicaux ....
— psychiques& Moscou en
14)5-19)6.
Mann.
Marandon de Monty el . .
214
466
393
470
336
263
80
171
38
514
120
310
170
306
264
302
335
171
315
24
346
419
340
348
174
85
300
441
130
127
169
349
128
340
40
45
347
161
512
430
338
345
173
125
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TABLE DES MATURES
525
Marbe. 338
Marchand. 42,115,123,186,
221, 256, 257, 433, 431, 465, 466
Marie (A.). 39,127,170,214,
309, 392, 419, 468
Marre. 334, 462
Maupate. 215, 260 464
Medico chirurgical college
de Philadelphia. 440
Meeus. 130
Melancolie et pouls lent
permanent. 517
M^lancolique (gangrene
chez une —). 80
Melchior. 341 506
M^moire du soulfcvement
des poids. 204
Mdningite typhique et de-
mence precoce. 256
Meningo encephalile trau-
matique. 127
— subaigufi chez un chien. 256
— et h^morrhagie chez un
6 pileptique. 257
Meningo myelite syphiliti-
que avec hemianopsia. . 470
Mentre. 392
Mercante. 173
Merveilleux prescientifique
(le —). 330
Mezie. 258, 261
Mickciiell. 205
Mignot . . . 259, 337, 391, 467
Mimique Emotive chez les
alienes. 260
Mineeff. . .. 345
Mondio. 339
Moreira. 338, 464
Morphinophagie (dtude de
la —). 345
Mouratoff. 345
Muggia. 473
Mythomanie et vers du nez. 45
N
Narboute. 474
NScrologie, . 220 , 349, 440, 481
Neu. 44
Neurasthenic (les affections
qn on confond avec la —). 128
N 6 vroses traumatiques et
simulation. 131
Nollen. 464
« No-restraint ». vm, 132,
303, 347
Nouet. 186, 320, 434, 457,
465, 466
Nouvelles. 43, 87, 131, 174,
220, 264, 308, 348, 393, 476xlviii
O
Observations . 17, 115, 245 416
Occultisme (1* —) hier et
aujourd’hui : le merveil¬
leux prescientifique. . . 330
O'Dovvney (Aug'). 460
(Eil (f —) chez les alienes. 258
Olivier.. 123, 433
Othematome (f —). 460
P
Pacheco. 41
Pachymeningite h6morrha-
gique. 468
Pactet. 79, 165 305
Pailhas. 215
Pansier. 467
Papadaki. 391
Paralysie g^ndrale (Inter¬
pretations dans la —) . . 71
— (signesoculaires). . 128, 391
— chez les Arabes. xx
— (hallucinationsdansla—) 259
— (signescatatoniquesdans
la -). 259
— (traitement specifiquede
la -). 261
— (ictus dans la —).... 265
— (images cliniques insoli-
tes dans la —). 338
— traumatique. 340
— (traitement par la tuber-
culine). 394
— post-traumatique. ... 431
— et epilepsie. 465
Paralytique general dans
un cmlire collectif. ... 40
— (CEd&me spontanG chez
un —). 433
Paralytiquesgen^raux (Ara¬
bes syphi)itiques et —). . 170
Parant (fils). 337
Parkinson (maladie de). . 512
Parrot. 391
Pascal (M l,t ) 85, 99, 127,
147, 262, 337
Pedagogie (la -) h l’Uni-
versit^ de la Plata. . . . 393
— expert mentale (introduc¬
tion & la —). 173
Pejxoto . 338
Pellagre dans les Landes. 338
Perpere . 76, 262
Personnel des asiles, 87,175,
220, 264, 308, 349, 394, 480xlviii
Petit (G.). 42
Petit (O. C.). 341
Phimosis et obsession, . . 262
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526
REVUE DE PSYCHIATMIE
Physionomiehumaine(la—) 515
Pick . 130
Picque .... 89, 262, 334, 397
PlFRACCINI. 390
Pieron. . 74, 161, 326, 384, 481
PlERRESSON. ....... 41
Placement des alienes dif-
ficiles. 121
Poisons de l’inlelligence
(les -). 126
Poss^dee (une —) de Lou-
viers en 1591. 40
Privat de Fortunie. ... 128
Prixet distinctions honori-
fiques. . . 44,82,87, xii xlviii
Probst . 130
Prodiges mathematiques. . 205
Provotelle . 40
Protection legale de la san-
te de l’aliene. 120
Pseudo-neurasthenie pro-
dromique de la d^mence
precoce. 262
Psychast&iie (la —). . . . 339
Psychologie de la colonisa¬
tion. 173
— des tuberculeux .... 262
— morbide. 333
Psychology-General intro¬
duction . 514
Psycho-pathologie dans
Schiller et Ibsen. 263
Psychop6dagogie. 173
Psychose maniaquedepres-
sive. 254
— et maladie de Basedow. 517
— de Korsakoff. 472
— de Korsakoff & marche
continue. 258
— cyclique (deux cas aty-
piques de —). 344
— systematise chronique
& forme querulante . . . 468
— gemellaire (un cas de —). 470
__i_/•_i ■ • _
Psychoses (involution dans
les -). 81
— vermineuses. 173
— hallucinatoires chroni-
ques. 338
— p^riodigues et epilepsie. 391
Psychotherapie et psycho-
th^rapeutique cnirurgi-
cale. 397
Pupilles difficiles de l'As-
sistance publique. . . . 264
Q
Quarters (deux —) de s0-
rete pour alienes crimi-
nels.
R
Rage humaine (la —). . .
Raiga.
Raviart.127,
Raymond. 85, 302
RXyneau .... .
Regicide (le—)Lucheniest-
il un aliene ?.
Regimesalimentaires(les—)
Regis.260, 338,
Registre (le —) d’observa-
tions.
Rein mobile et folie. . . .
Remissions dans lad^men-
ce precoce.99
Remond. 340,
Responsabilitd (la —). . .
Responsabilite civile des
parents des alienes en li¬
berty .
Revault d’Allonnes : . .
R&ve et sommeil (theories).
Revues critiques, 1,45,89,
133, 177, 221,265,309,397,
441,
— des livres, 35, 120,164,
200, 298, 330, 388, 430,
459, 510,
— des p^riodiques, 40, 85,
125, 170, 204, 258, 337,
391, 433,
Rire hysterique(le —). . .
Robinovitch (Louise). . .
Rodiet.41,
Rolet.127,
Rosenfeld .
Rosenthal .
Roubinovitch.
Roussy .
Roux.
8
Salager .
Sand.
Santenoise.
Sarcome parietal.
Sauberswarz.
Schlub .
SCIIRAMECK.
Schwartz.
Seglas. 259,
Seguin.
177
475
476
128
339
216
391
334
340
467
340
147
466
430
395
39
133
485
XLVII
466
260
298
467
251
263
346
434
510
261
468
131
347
40
263
467
391
392
336
330
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TABLE DES MAT1ERES
527
Seltzky.
Semidaloff.
SensibiPte subjective (don-
nees de la —).
Services (les —). ... 29,
Shepard. ..
Sicard.
Simon.129,
Simulation de la folie. . .
— suivie de reforme. . . .
— des troubles trophiques
dans Thysterie.
— des troubles visueis et
auditifs.
Societe anatomique, 83,256,
— de biologic.84,
— de medecine legale. .125,
— medicaledesh6pitaux82,
— medico-psychologique,
39, 71, 121, 165, 202, 255,
301, 334, 465
— de neurologic, 39,82,123,
169. 203, 255, 302,
— de psychologic, 39, 82,
124, 203, 336
— psychologique de Lon-
dres.
Sollier . . . .39, 127, 391
Sommeil et r5ves (theories)
— electrique.
Soukhanoff. . . .85,258,
SOUKHANOFF (M" e ). . .345,
SOUQUES.
Soutzo (fils).
Stase veineuse et maladies
mentales.
Stereotypic (quelques for¬
mes ae la —).
Stoenesco.
Stoupine..
Stout.
Stupeur (un cas de —). . .
Stupidite (l’iode dans la —)
et la confusion.
Suicide (hysterie et —). .
— ft Buenos-Ayres.
— en France.
— (id^e de —) chez une
confuse .
Surdite corticate par lesion
bilaterale des lobes lem-
poraux .
Surrenal (syndrome —) et
troubles mentaux. . . .
Syphilis et demence. . . .
— et confusion mentale. .
Syphilophobie (la —) . . ,
475
346
39
457
205
336
170
129
261
336
469
466
257
169
257
517
335
519
81
516
133
341
474
474
40
338
42
62
127
474
206
320
448
17
41
44
255
1
433
468
340
Symptome de Ganser. . .
Systeme nerveux (lAme et
le -)..
T
Tatouages chez les disci-
plinaires.
Taty.
Technique cardiograpliique
Tendances contemporaines
dans 1 etude sur l’origine
des maladies mentales. .
Tests pour la mesure de
I’intelligence.
Theories du rOve et du som¬
meil. . ..
Tissot.
Tomlinson.
Toulouse.. 217,
Traitement des abends par
le retour k la terre. . .
— de la p. g. par la tuber-
culine. .........
Traumatismes cr&niens et
troubles mentaux 258,301,
Travail intellectuel et fonc-
tions organiques ....
Trimtrine dans deux cas de
maladies mentales. . . .
Troisier (J.).
Troubles g^nitaux chez les
alten^es.
— mentaux et syndrome
surrenal.
— oculaires (diagnostic par
les —).
— psychiquesdans Turemie
Truelle.
Tuberculose dans les asiles
dalten^s.
Tumeurs du corps calleux.
Typhblexie cong^nitale. .
U
Universite de B&le.
— de Fribourg.
— de Kiel.
— de Liege.
— de La Plata.
-- de Santiago.
— de Toronto.
— of Vermont.
Unite de la folie.
Uremie (troubles mentaux
dans 1 ’ —).
Urines (traite des . .
346
35
261
460
384
474
130
133
261
172
466
309
394
334
390
340
470
463
1
41
346
433
251
85
170
175
132
132
87
393
132
132
132
172
346
462
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528
REVtJE Dfc PSYCHtATRlE
V
Valeur diagnostique desjsi-
gnes oculaires dans la
Parolysie Generate. . . 391
Van Deventer .... 341 506
Variot. 170
Vaschide. . .126, 133, 469, 481
Verhaeghe. . 463
Vigoukoux. . .80, 168, 265,
301, 305, 468
Vision entoptique des vais-
seaux retiniens au iteveil. 172
Voisin (J.). 392
Voisin (R.). 392
Voivenel . 340
W
Waynbaum ........ 515
WedeN'KY ........ 346
Winckler . 342
Le g£rant : A. Coueslant.
PARIS & CAIIORS, IMPRIMERIE A. COUESLANT (30-XII-07)
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BULLETIN BIBL10GRAPHIQUE MENSUEL
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Morselli a adress6 au ministre de Instruction publique italien un
rapport sur les cours dete de 1906 de 1‘institut de pddagogie experimen -
tale de Milan dont la fondation remonte & 1901. Cet institut, que dirige
M. Pizzoli, comprend un cours pr^paratoire et compl6mentaire ou de
perfectionnement, auxquels assistent des Aleves venus de tous les coins
d'ltalie. Un certiflcat est donn6 a la suite du l rr cours et, a la suite du
2 % un dipldme ouvrantla direction des « cabinets d’anthropologie p6da-
gogique » annexes a diverses ecoles. — L'enseignement est donn6 par
MM. Gotti, Pizzoli et Clerici, auxquels s’adjoignent avec un grand
devoueinent des maitres comma MM. les D r ‘ Ferrari, de Bologne; A.
Mochi, de Florence ; Marimo, de Parme ; Loreta, de Bologne ;
Montessori, professeur h Rome, etc.
Les dtudes portent sur l’anatomie, la physiologie, l’anthropologie,
Tanthropom^trie, la psychologie et la pedagogic expdrimentales (avec
donnees de psychologie gdndrale et determination des types psychiques
individuels), l’« orthophrdnie » Thygi£ne scolaire et la patholohie infan¬
tile.
On constate combien ces tendances de t’lnstitut de Milan sont scien-
tifiques ; M. Morselli montre combien elles sont fecondes. Notre « Mu-
see pedagogique » est, mSrne avec son organisation nouvelle, blen
archalque k c6te de cela. Pi6ron.
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BULLETIN BIBLIOGHAPHIQUE MENSUEL
V
Supplement A ia Revue de Psychiatric. Fdvrier 1907.
BULLETIN BIB LIOG R API IIQU E MENSUEL
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Ueber die bezeihungen der anstalten fur Geisteskranke zu den
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VIII
REVUE DE PSYCHIATRIE
enquEte
LE « NO-RESTRAINT »
Les avantages du « no-restraint » sont trop manifestes dans le
traitement des etals d’agitation pour que la camisole dite de force,
voire meme le simple maillot, fassent & l’heure actuelle, partie de
larsenal regulier (on est presque tente de dire avouable) de l’alie-
niste. II est bien entendu qu’on laisse aux maniaques toute liberte
de d^penser leur octivite et qu’on s’efforce de maintenir au lit sans
les y attacher les anxieux etles grands confus.
Mais & la condition de prendre garde au benefice que les
malades peuvent retirer de la liberte habituelle de leurs mouve-
ments, le medecin doit-il refuser d une fagon syslematique le se-
cours de procddes decontention momentanee. La camisole de force
et le maillot sont-ils toujours, $\ 1’asile, les pires subterfuges ? ne
peut-il 6tre indique d’en faire un usage exceptionnel dans certains
cas parliculi&rement difficiles (insuffisance de personnel, anxiele
tr6s vive avec raptus. auto-mutilation, raison d'ordre chirurgical)?
Les artifices gr&ce auxquels on s en passe (l’adminislration sou-
vant massive, d’hypnotiques, la lutte fatigante et in£gale d’un
malade constamment agite contre un ou deux infirmiers meme
tres patients) n’ont-ils pas quelquefois de graves inconvenient*?
Lexperience du « no-restraint » maximun a ete faite un peu par-
tout durantces dernieres annees. II serait inleressant pour tous
les alienistes d’apprendre, les uns des autres quels sont les r^sul-
tats de cette experience. La Revue dc Psychiatric publiera dans un
de ses prochains nurneros les reponses que voudront bien lui Zaire
parvenir les m^decins d’asiles desireux d’exprimer leur opinion
au sujetdes questions suivantes :
V Est-iipossible de renoncer enioutes circonstances aux moyens
de contention physique dans le traitement ou la Surveillance medi¬
cate des etals d'ayitation ou dRtnxieie ?
2* Si oui, par quels precedes faut-il remplacer le « restraint »
dans des cas diffidles et quels sont les avantayes de ces procedes ?
3° Si non , dans quels cas , et avec quelles precautions peut-on
recoitrir aux moyens de contention physique? Vemploi de ceux-ci
scmblc-t-il subordonne d Vimperfection actuelle dc I'oryanisation
des services d'asile? Existet-il au contraire des cas exceptionnels
on (avec bien entendu le cent role riyoureux du medecin responsa-
ble) cet emploi doit etre en principe prefere d d'autres moyens?
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL
IX
Supplement & la Revue de Psychiatric. Mara 1907.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL
DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCHOLOGIE EXPERIMENTALE
FRANCE
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X
REVUE DE PSYCHIATRIE
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Spezielle Pathologie und Thdrapie, 108-163. Paralyse und syphilitische
Psychosen, 163-174. Epilepsie und Hysterie, 174-185. Alkoholismus und
toxische Psychosen, 185-191. Idiotie und Khretinismus, 191-192. Ans-
taltswesen, 192-236. Statistik, 236-262.
Ccntralblatt fur Nervenhcilkundc und Psychiatric
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LIVRES REQUS
BournaviUe. Premiers m&moircs de S&guin sur Vidiotie (1838-1843),
1 vol. de la Biblioth&que d*£ducation speciale, 182 p., 1897, Alcan, Paris.
Bourneville. Recherches cliniques et thdrapeutiques sur Vepilepsie,
Vhysterie ei Vidiotie. (Compte rendu du service des enfants idiots, dpi-
leptiques et arriOrds de BicOtre. pendant I’annde 1904). Publications du
Progres m&dical. Vol. XXV, 167 p. avec 17 figures dans le texte. 1905,
Alcan, Paris.
Bonrnavilla. Traitement medico-psychologiqne des dijf&rentes formes
de Vidiotie . 1 vol. de la Biblioth&que d'dducation sp6ciale, avec 55 figu¬
res. 135 p. 1905, Alcan, Paris.
Sdguin (Edouard). Traitement moral, Hygiene et Education des idiots
et autres enfants arri&res. 1 vol. de la Bibliothfeque d’Education sp6-
ciale, 531 p., 1906, Alcan, Paris.
Annual Reports of the Board of Visitors , Trustees, Superintendent ,
Treasurer, and Financial Agent of thd Note-Hampshire State Hospital
to the Governor and Council. November 1906. 1 Br. 158 p. Vol. Ill ;
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Forty Seventh Annual Report of the Board of Directors and Supc -
rentendent. Longview Hospital Cincinnati , O. to the Governor of the
State of Ohio. For the Year 1906. 1 Br. 65 p.
Sixth Annual Report oj the New-York State Hospital for the care of
Crippled and Deformed Children. For the Year Ending September 30,
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XII
REVUE DE PSYCHIATRIE
Thirteenth Annual Report of the State Asylum for the Chronic Insane
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de Paris. Seances des 21 et 28 Ddcembre 1906.
Prix diver* [Academies et Soci&tes) accessibles aux alitnistes en
1908 et 1909.
Acad£mie des Sciences. Prix Lallcmand (annuel), 1800 francs, desti¬
nes a recompenser ou encourager les travaux relatifs au system© ner-
veux dans la plus large acception des mots.
AcadAmie de M£decine (1908). Prix Baillarger (2000 francs), A l’au-
teur du meilleur travail sur la thdrapeutique des maladies mentales et
sur l’organisation des asiles publics et privds. Manuscrit ou imprimd.
Deux parties ainsi que l’indique I’dnoncd du prix. Partage interdit.
Prix Barbier , annuel (2000 francs), 6 1’auteur qui ddcouvrira le trai-
tement de maladies jusqu’ici incurables parmi lesquelles l’dpilepsie.
Manuscrit ou imprimd. Partage autorisd. Encouragements.
Prix Boullard (1200 francs), A l'auteur du meilleur ouvrage, ou au
mddecin qui aura obtenu les meiileurs rdsultats thdrapeutiques sur les
maladies mentales. Manuscrit ou imprimd. Partage interdit.
Prix Ciericux (800 francs). De l’homicide en pathologie mentale.
pli cachetd — partage interdit.
Prix Her pin, annuel (3000 francs), au meilleur ouvrage sur 1 dpelepsie
ou les maladies nerveuses. Manuscrit ou imprimd. Partage interdit-
Prix Lejccre , triennal (1800 francs). De la mdancolie. Pli eachetd.
Partage interdit.
Prix Lorquet. Annuel (300 francs). Au meilleur travail sur les mala¬
dies mentales. manuscrit ou imprimd. Partage interdit. Les concours
seront clos fin/eerier 1908.
(1909).
Prix Barbier.
Prix Ciericux. De 1’anorexie hystdrique.
Prix Herpin.
Prix Lorquet.
Les Concours seront clos fin /eerier 1909.
Soci£te medico-psychologique. (1908) Prix Esquirol : Ce prix, d'une
valeur de 200 francs, plus les oeuvres de Baillarger, sera ddcernd au
meilleur mdmoire manuscrit sur un point de pathologie mentale.
Prix Aubanel : 1200 francs. — Question : Des amnesics dans les le¬
sions organiques et traumatiques du cerceau.
Les mdmoires, manuscrit s ou imprimes, deeront Hre d&poses le 31
decembre 1907 pour les prix a deccrncr en 1908 , chez M. Ant. Ritti,
mddecin de la maison nationale de Charcnton , secretaire general de la
Societd mddico-psgchologiquc.
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL
XIII
Supplement & la Revue de Psychiatrie. Avril 1907.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL
DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCIIOLOGIE EXPERIM ENTALE
FRANCE
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MEN9UEL
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suivanle :
« Depuis quelque temps une reaction semble se produire a propos de
la frequence de la parolysie g6nerale chez les Arabes, et tout dernte-
rement M. Marie, m£decin en chef des osiles, a constate en Egypte
k l'asile Abbassieh au Caire, la frequence de cette affection.
Mais ne faut-il pas faire une distinction entre les Arabes habitant les
villes et les Arabes nomades bien plus nombreux? Le citadin qui, k
notre contact, tend a prendre nos habitudes et nos vices, boitdel’al-
cool, fr^quente les lieux de plaisir, etc., et relfcve ainsi de la patholo¬
gic nerveuse europeenne, d’aulant plus que peu ponderd, par son
her6dit6, il se livre & toutes les jouissances, quand il le peut, sans
aucune retenue. Le noinade, au contraire, qui a peu de contacts avec
nous, a conserve les habitudes de sobriete de ses ancGtres et ce n’est
qu’exceptionnellement qu’il fait la f6te. Chez lui on ne rencontre pas
d’alcoolique meme passager, ni de fumeur de haschich. Je n’ai pas
rencontre en sept ans. dans le sud de la province d’Alger, unseul para-
lytique general parmi les nomades. Je ne pretends pas que quelques-uns
n’aient pu m’echapper, mais je signale cette distinction qui me semble
utile entre le citadin et le nomade, laissant h d’autres plus comp&tents
sur la matiere, le soin de resoudre cette question inleressante. »
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MEN8UEL
XXI
Supplement a la Revue de Paychiatrie. Juin 1907.
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XX4I
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3' Congrds International pour l'assistance auz alidnds. — Ce Congres
aura lieu a Vienne du 7 au 11 octobre 1908 sous la pr^sidence du
P f Obersteiner.
Les communications concernant les adhdsions, les rapports, les tra-
vaux divers, doivent 6tre adresses jusqu'au 1" juilet 1908au secretaire-
general, D T A. Pilc.z (Wien IX, Lazarettgasse 14).
Les details du programme seront publics ulterieurement.
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BULLETIN BIBLIOGHAPHIQUE MENSUEL
XXIX
Supplement A la Revue de Psychiatrie. Aotit 1907.
BULLETIN B1BLIOGIUPIIIQUE MENSUEL
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sur la seconde edition allemande par MM. les D” Albert Devaux et
Prosper Merklen, in-8* raisin, 439 p., 1907, Vigot, Paris, prix : 12 fr.
Les lemons cliniques du Professeur Krmpelin s'adressent surtout
aux etudiants et aux m^decins praticiens. Eliminant les discussions
thdoriques, Tauteur expose les faits courants de la Clinique journali&re.
Pour chaque affection il choisit plusieurs exemples caract^ristiques et
les presente & difterentes pdriodes de leur evolution. 11 indique les
partibularitds qui les individualisent; il montre sur quels signes cardi-
naux baser le diagnostic. Plusieurs chapitres sont consacrds h la
ddmence prdcoce, et de nombreux faits, d^crits de fagon magistrate,
illustrent netternent cette entity que Krirpelin a isote et detachd du
cadre de la folie des deg£n£res.
De memo dtudie-t-il la d^inence senile, la folie maniaque depressive
pour les interpreter dans un sens tout d fait original.
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XL
REVUE DE PSYCHIATRIE
Les traducteurs se sont attaches a rendre scrupuleusement lidde de
Pauteur et ils ont reussi a exprimer, phrase par phrase, la pens£e de
Kreepelin, tout en imprimant a leui* style une lournure frangaise des
plus 61£gantes. Ajoutons que le D r Dupre a dcrit pour cet ouvrage
une preface qui constitue une lecture des plus instructives, et qu'il y
commente avec une grande Erudition et un jugement sur, Porientation
de la psychiatrie dans ces dernifcres anndes.
Tous les m6decins qui s’occupent d’alidnation voudront avoir entre
les mains le livre du medecin qui a crd£ des coneeptidns dont Pinfluence
adt grande sur beaucoup d ali^nistes contemporains ; quant aux autres
ils y apprendront comment une analyse pendlrante sait fouiller Pin-
tensitd des phenomenes morbides et ils verront que la psychiatrie
trouve ses origines dans'le sein de la biologie, dont elle est une des
branches les plus riches et les plus intdressantes.
Chartler (M.), V cncephalite aiguc non suppuree , 1 broch., 130 p. t
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marie considcrazioni mddico leyali per gli studenti , mcdici , pratici c
giuristi,. 1 vol. in-8*, avec gravures, 264 p., 1907, Hoepli, Milano, prix
L. 3,50.
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XLI
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XLIV
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15 Octobre-15 Novembre, Masson et C i# , Paris. Prix : 2 francs.
LIVRES RECUS
•Rcehrich (Edouard). L*attention spontanea et volontaire. Son fonction-
nement. Ses lois. Son eniploi dans la vie pratique. 1 vol. de la Biblio-
theque de philosophie contemporaine, in-16, 176 p., 1907, Alcan, Paris.
Prix : 2 fr. 50.
Dans cet ouvrage, le lecteur trouvera un expose clair et succinct des
travaux des phsychophysiciens modernes sur le sujet traite. L’£tude
de l’attention, telleque l’auteur la comprend, n’intdresse pas seulement
le specialiste, mais aussi tout horame qui veut communiquer avec la
foule, l'artiste, l'orateur, l’homme d’£tat, l'6ducateur, le litterateur, le
critique d’art, lauteur dramatique y trouveront quelques chapitres fort
suggestifs. Pour etudier le domains jusqu ici presque inexplord de l’at-
tention, l auteur ne se contente pas d’avoir recours aux experiences
minutieuses des plus fameux savants allemands, americains, italiens,
etc. II interroge aussi des auteurs comme Rabelais et Rousseau, dont
les oeuvres fournissent une ample moisson d’observations.
Apres avoir montrd le c6te scientifique et le role pratique de l’atten-
tion, l’auteur en fait ressorlir aussi la portee morale.
Un index alphabetique facilite les recherches de ceux qui d6sirent se
familiariser avec ce chapitre si interessant et si peu connu de la
psychology.
Boulalre (Rend). Contribution a Vetude des composes iodes organiqucs.
1 broch., 60 p., 1907, J. Rousset, Paris.
Sainton (Paul). Pathogenic et traitemcnt du goitre exophtalmique.
( L’ organotherapic , ses indications et ses resultats), 1 broch., Congres
frangais de M6decine, 9 e session, 1907, 71 p., Masson et C u , Paris.
Jude (R.). Les degeneres dans les baraillons d'Afrique . 1 vol., 118 p. t
1907, B. Le Beau, Vannes. Prix : 1 fr. 75.
OrBchanski (J.). Die gcnese und die natur der hysteria. 1 broch., 16 p. #
1907, Berlin.
Congres dc Geneve-Lausanne 1-7 A out 1907. Rapports — Discussions
— Communications. (Num^ro special, supplement de « l'Encephale »).
1 broch., 102 p.,1907, H. Delarue, Paris (VP).
Orth (H. L ), WeBley Awl (J.), Livingston (J. B.) Fifty-sixth annual
report of the State lunatic hospital at Harrisburg , Penna, for the
year ending September 50, 1906. 1 broch., 58 p., 1907, Harrisburg,
Penna.
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BULLETIN BIBLIOGRAPUIQUE MENSUEL
XLV
Supplement 4 la Revue de Psychiatric. Ddcembre 1907.
BULLETIN BIBLIOGRAPUIQUE MENSUEL
DE PSYCIH ATRIE ET DE PSYC1IOLOGIE EXPEHHIENTALE
FRANCE
Arc/ticcs do Neurologic (1907, 3 a s^rie, II, n° 9, septembre).
Rodiet (A.) et Cans (F.) Les auras visuelles des epileptiques, 177-185.
Hartenberg. La psychotherapie chez les neurastlteniques, 210-211.
Bulletin general dc T herapeutique (1907, CLIV).
Marie <A.) Atoxyl et paralysie generate. 17* livraison, 8 novembre,
657-664. — Action du broinure d’arnmonium. IS' livraison, 15 novembre,
717-718.
Bulletin Medical (Le) (1907, 21* an.)
Granjux. Les anormaux, de l’dcole aux bataillons d’Afrique, n° 88
13 novembre. 976-977. — Quelques considerations sur l’hystdro trauma-
tisme chez le vieillard, n° 89, 16 novembre. — Apert et Dubois. Un
cos d’idiotie amaurotique familiale, n° 90, 20 novembre. 1009.
Clinique (La). (1907, 2* an.)
Levert. Attaques dpileptiformes et alcoolisme, n f 46, 15 novembre.
723-724.
Comptcs rend us hcbdomadaircs des stances dc la Societe
dc Biologic. (1907, LXI1I).
Marie (A.) Sensibility des cellules cerebrates au chlorhydrate de mor¬
phine, n* 30, l er novembre. 380-382.
Enc&phale (U). (1907, 2* an., n° 9, septembre).
Deny (G.) et Barbd (A.) L6sions syringomyeliques chez une catatonique.
283 292. lvanoff (Emmanuel). Un cas d’aphasie tronsitoire. 332-338.
Gazette des Hopitaux. (1907, 80 e an.)
Epilepsie tardive, Society de Neurologie (s6ance du 7 novembre 1907),
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lconographie dc la Salpctridre (N IU ). (1907, 20* an.,
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Wladyczko. Troubles mentaux pendant le siege de Port-Arthur. 340-
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XLV1
REVUE DE PSYCUIATRIE
Medecin Praticien (Le) (1907, 3* an.)
Lortat-Jacob. Du regime ddchlorurd dans l'dpilepsie de 1‘enfant, n* 47,
19 noverabre. 745,
Prcsse Mbdicale (La) (1907).
Lamoinoux (i!) Les anonnoux de l’dcole aux compagnies de discipline.
Socidtd de Medecine legale, 11 noverabre 1907, n* 94, 20 noverabre. 760.
-- La loi de 1838 sur les alienes. 760.
•Progrds Medical (Le) (1907, 3* sdrie, XXIII).
Marie. L’atoxyl dans le traitement de la paralysie gdndrale, n* 46
16 novembre. 831.
Recuc de Medecine. (1907, 27* an., n* 11, 10 novembre).
Marandon de Montyel (E.) Alterations isotees et simuitandes des
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Noudt (H.) Du caractere dit « 6pilep‘ique ». 1090-1104.
Recite Philosophiquc. (1907, 32 e an., n* 11, novembre).
Rey (A.) L’energetique et le raecanisme au point de vue des condi¬
tions de la connaissonce. 495-518. Dromard. De la « plasticite « dans
l’association des iddes. 518-538. Jankelevitcb. La dissolution de la per-
sonnalitd (Morton, Prince, CEsterreich, C. Sabatier). 539-546.
ALLEMAGNE
Centralblatt fur Ncrccnhcilkundc und Psychiatric (1907,
XXX jahrgang, n* 248, l ,r noverabre).
Stranaky (Erwin). Zur Araentiofrage. 809-816.
Psijc/iiatrisch-Ncurologischo Wochcnschrift (1907,
Neunter Jahrgang.)
Hoppe (Fritz). Irrenarzlliches aus Holland, n* 32, 2 novembre. 285-288.
Riklin. Ueber Gefungnispsyehosen. 288-290. Starlinger (Josef). Zum
gegenVartigen Stande der Pflegerfrage, n* 33, 9 novembre, 293 296.
Riklin. Ueber Gefangnispsychosen. 299-301. Liepmann (H.) Uber den,
Unterschied des allgraeinen und des wissenschaftlichen Sinnes der
BegrilTe, n° 34, 16 novembre, 307-310.
BELGIQUE
Bulletin de la Society do Medecine mentale de Belgique
(1907, n e * 134-135, aout-octobrc).
DHollander. L’aproxie. 233-284. Pieters (Paul). Paranoia chronique et
melancolie. (« Paranoia secondaire. » —- Etats paranoides dans la me-
lancolie. — Diagnostic entre melancolie et paronoia). 288 310.
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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MEN8UEL
XLVlI
ITALIE
Annali di Frcniatria e Scieruc afflni (1907, XVII,
fasc. 3, septembre).
Tirelli (Vitige). Studi statistici sulla follia criininole del Manicomio di
Torino duranle l’undicennio 1896-1906. 243 289.
EXTRAITS
Sauvineau (Ch.) La mydriase hyste/ique n’existc pas. 1 broch., 6 p.,
extr. cie la Rccuc Neurologique , n* 22, 30 novembre 1906, Masson et C‘%
Paris.
LIVRES RECUS
Beni Barde. Clinique hgdrothcrapique. Silhouettes do nccropathcs t
premidre scrie. La neurasthenic. Lcs vrais et les faux ncurastheniques.
1 vol, in-8 # , 435 p., I a LXV, 1908, Masson et O, Paris. Prix : 8 fr.
Chazal (Eugdne). Contribution a Vetudc de Vcnfancc anonnale. Lcs
anorniaux psychiques . 1 broch. 150 p., 1907, A. Maloine, Paris.
Mairet (A). La jalousie. Etude / tsycho-physioloyiquc , clinique et me -
dicodegale. 1 vol. Travaux et Meinoires de Montpellier, serie scientifl-
que. Ill, in-8 # , 195 p., 1908, Masson et C ie , Paris.
Flick (Lawrence F.), Montgomery (C. M.}, Stanton (W. B.), Fetterolf
(George). McCarthy (D. J.), Landis (H. K. M.), White (C. Y.j, Ravenel
(Mazyck P.), Irwin (J. W.), Walsh (Joseph), Bennett (Irvin E.). Cummins
(W. Taylor) et Hatfield (Charles J.). Third annual report of the Henry
Phipps Institute Lor the study , treatment , and prevention of tuberculo¬
sis. February /, 190h, to February /. 1906. 1 vol. in-8* avec gravures,
410 p., 1907, Joseph Walsh, Philadelphia.
REVUE DES LIVRES
Une hysterique incendiaire pendant l f £tat somnambuli-
que, par A. Cullerrr, (1 brochure, 16 pages, extrait des Archives
de Neuroloyie , aotit 1907).
Observation d’une malsde qui alluma un incendie dans une
periode de somnambulisme delirant, ayant dur6 quatre jours.
Comme l’indique l auteur dans ses commentaires, cette histoire
medico-legale met bien en relief le role de l’hysterie comme fac-
teur de criminalite. L'hysterie est susceptible de creer de toules
pieces par retranchement, diminution, alteration de la personna-
lite et de Tintelligence normales, une veritable mentality crimi-
nelle.
Certaines hysteriques sont positivement plus intelligentes en
etat de sommeil qu’en ce qui parait etre chez elles l’etat de veille,
et quand il existe des personnalites multiples, on peut 6tre extiO-
mement embarrasse pour degager la personnalite normale de Tin-
dividu. Cette difficulty rend incertaine et arbitraire toute attribu¬
tion de responsabilite. J.
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XLV1H
REVUE DE PSYCHIATMG
N0 UVEL 1.ES
Fondatlon do I’lnstitut da crimlnofogle dans la Rdpublfque
Argentine. — M. J. Ingenieros, professeur k PUniversite de Buenos-
Ayres, et directeur d© cet Institut fonde par ane ioi. du six jiiin
1907, n communique au Congr^s d’Amsterdam le programme des
etudes : Trois sections (etiologie criminelle, Clinique cfiminologique,
th 6 rapeutique criminelle} sont destinies a des etudes distinctes, ruais
convergentes. Les travaux de l’lnstitut de criminologie servironto pour
des applications futures o. II s'agit d’un laboratoire et d’une Clinique
« qui n envahissent pas les fonctions acluelles de la justice » 9 niais
r 6 unissent les elements fondamentaux pour contribuer aux prochaines
r^formes judiciaires.
Concoura da I’adjuvat des asiies publics d’alidnds. — Lejury est
compost de MM. Drouineau, president, Mairet, Ballet, R£gis,
Serieux, Ramadier, Charon, juges titulaires, Viallon, juge suppleant.
Personnel des asiies. — (Moucement de noccmbrc 1907). — M. le
D r Pain, directeur ntedecin de lasile de la Roche-Gandon (Mayenne},
est promu ii la 2 * classe du codre.
M. le D r Colin, medecin en chef de l asile des altends de Viltejuif
(Seine), est promu a la 1 " classe du cadre.
M. le D r Viallon, ntedecin en chef de Pasile des altenes de Broil
(Rh6ne), est promu a la l rj classe du cadre.
M. le D r Dezvvarte, direcleur-ntedecin de l’asile des alienes de Nau-
geat (Haute-Vienne), est nomine ntedecin en chef de l’asile des alienes
de Marcvillo (Meurthe et Moselle).
M. le D r Papillon, medecin adjoint, est nomate medecin en chef a
l’nsile de Bron (Rltene), poste crtte.
M. le IV Dodero, ntedecin-adjoint, est nomnte medecin en chef a
Pasile de Bron (HItene) po 3 tecr 66 .
M. le B r Brunet, medecin-adjoint de Pasile d’alteites de St-Yon
(Seine Intel ieure , est nomnte directeur-ntedecin de Pasile d alienes de
Naugeat (Haule-Vienne).
M. le D r Rodiet, ntedecin adjoint u Pasile de Clermont (Oise), est
nomnte ntedecinudjoint ix St-Yon (Seine-lnterieure).
M. le D r Promard, medecin adjoint a Pasile de Marseille, est nomme
medecin-adjoint u Pasile do Clermont (Oise).
M. le IV AuniN. directeurde Pasile de Bassens (Savoie), est nomme
directeur de Pasile do Marseille en remplacement de M. Denizet,
retraits.
M. Vaulbert, est nomine directeur de Pasile de Bassens (Savoie\
en remplacement de M. le D r Aubin.
Concours do BicStre et la Salpetrlgre. — M. Vurpas, est nomme
medecin adjoint des quartiers dolien 6 s de Bicelre et la Salp^trtere.
Academic de mgdecine. — Nous relevons, parmi les noms de 3
lauiteats recompenses a lu seance solennelle du 10 d^cembre, ceuxde:
MM. Th. Simon, (prix Falret); Rene Charpentier, (prix Lorquet),
Rodiet (Mention du prix Ilerpin).
Distinctions honoriflques. — Mcdaille d’argent de VAssistance
Pnblifjne. — M. Davy (Francois-Louis), gardien & Pasile prive d’alie
n£s de Lehon (Coles du Nordi, faisant fonction d’asile public.
32 ans de services au quartier des malades agites et dangereux de
cet etablissement.
Mcdaille do bronze de VAssistance Pobliguc. — M. Boucher (Victor) .V
infirmier reposant a Pasile des alienes du Mans.
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