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Full text of "Revue De Psychiatrie 17.1913"

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PSYCHIATRIE 


17« ANNÉE 


1913 


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REVUE 


DE 


PSYCHIATRU 


ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE! 

♦- ; 

DIRECTEUR : D r TOUlOUM 

MédecÌQ en Chef de i’Asile de Villejuif, 
Directeur du Laboratoire de Psychologie expérimentale 
à TGcole des Hautes-Études (Paris). 


Comitó de réd&otion 

D r MIGNARD, Médeoin Adjoint do 
la Maison Nat u deCharenton. 


D* BLIN, Médecin en Chef des Asiles 
de la Seine. 

D* CO IAS Méleoin en Chei des 
Asiles dt la Seine. 

D* KLIPPBL, Médeoin des Hdpitanx 
de Paris 

D* MARCHAN >, Mèdeoin-Chef de 
la Maisnn Nationale de Cha- 
renton. 

D v MARIE, Midecin en Chef des 
Asiíes ae la Seine. 


D r PACTET, Médeoin en Chef des 
Aailea de la Seine. 

D PICQUÉ, Chirurgi en des Hópi- 
taux de Paris et des Asiles de la 
Seine. 

D r SÉRIBUX, Médeoin en Chef des 
Asiles de la Seine. 

D r VIGOUROUX, Médeoin en Chof 
des Asiles de la Seine. 


Réd&otion : 


D r JUQUELIER 
Méleoin ohef 
des ssiles de la Seine. 


H. PIÉRON 

Direoteur du Laboratoire 
de Psyohologrie physiologiqne 
è ls Sorbonne. 


Secrétariat: 


D* J. CRINON 
Licenoié ès soienoes 
Anoien interne des Asiles de la Seine 


La Revne da Psyehi&tria paralt le 90 de ohaqne moia ; eile publie nn 
grand nombre d’étades originales et elledonne une rerne oomplète du mouxe- 
menl psyohiatri»|ae fraagais et étranger. 

Prix de l’abonnement: Franoe, 15 franos; Btranger, 18 franea. 

Prix du numéro : un firanc cinqn&nta. 

- - 

PARIS 

OOTAVE DOIN & FIL8, ÉDITEUR8 
8, Fl&ce de l’Odóon, Paiis 


1943 


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UMIVERSITY OF MICHtGAN 



DU ROLE DE L’ALCOOLISME 
DANS LA PATHOGÉNIE DE L’ÉPILEPSIE 


Par L. Marchand, 

Médecin en chef de la Maison Nalionale de Charenton. 


De toutes les intoxications exogènes, l’intoxication alcoolique est 
celle que l’on rencontre le plus fréquemment chez les sujets qui 
deviennent épileptiques à l’àge adulte. Pour comprendre son r61e, 
il faut diviser les faits qui ont été rapportés. 

I. Fréquence de VEpilepsie chez les alcooliques . 

Voiciquelquesstatistiquesquenous avons relevées et qui indiquent 
globalementlafréquencedesconvulsions épileptiques chez les alcooli- 
ques. En 1870, sur 155 hommes alcooliques admis dans leur service, 
Magnan et Bouchereau (1) en trouvent 17 qui présentent des attaques 
épileptiques,soit 11 0/0. En 1871, il en trouvent 3 sur 31,soit 9,9 0/0. 
Dans une autre statistique, les mémes auteurs donnent 5 à 8 0 /0. 
Drouet (2) note, sur 442 hommes alcooliques, 45 sujets atteints de 
crises épileptiques et sur 87 femmes alcooliques, 9 épileptiques, soit 
une moyenne de 10 0 /0. Krafft-Ebing (3) en trouve également 10 0 /0, 
Echeverria (4) 38,8 0/0, Westphall (5) 33 0/0, Moeli (6) 36 0/0, 


(1) Magnan et Bouchereau. Statistique des alcooliques. Ann. méd. psych., 
^série, v. VII, 1872, p. 52. 

(2) J. Drouet. Recherches sur l’épilepsie alcoolique. Ann. méd. psych.,b*sèrie, 
t. XIII, mars 1875. 

(3) Krafft-Ebing. Cité par Triboulet, Mathieu et Mignot. Trailé de l'alcoo- 
lisme, 1905, p. 341. 

(4) Echeverria. De l’épilepsie alcoolique. The journ. of ment. sc ., 1881. 

(5) Westphall. Cité par Triboulet, Mathieu et Mignot, Loc. cit. 

(6) Moeli. Une remarque à propos de l’épilepsie chez les alcooliques. Neu^oL 
Ccntralb., nov. 1885. 

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REVUE DE PSYGHIATRIE 


Furstner (1) 38,8 0 /0, Bonhoeffer (2) 33 0 /0. Weber(3) a relevé90 formes 
épileptiquessur 246cas d’alcoolisme, soit360 /0 ;parmiles alcooliques 
hommes, il trouve 40 0/0 de sujets atteints de crises épileptiques. 

Ces statistiques sont bien différentes les unes des autres. Certains 
auteurs font rentrer dans leurs statistiques tous les alcooliques qui 
ont présenté des accidents convulsifs, ne serait-ce qu’accidentelle- 
ment et passagèrement; d’autres n'admettent que ceux qui ont eu des 
accès à plusieurs reprises; d’autres enfin ne désignent sous le nom 
d’alcooliques épileptiques que ceux qui ont des accès se répétant pério- 
diquement,mèmeaprès la disparition des symptómes del’alcoolisme. 
Si l’on admettait, selon certaines statistiquesjqu’un tiers desalcoo- 
liques sont épileptiques, on devrait relever cette cause très fréquem- 
ment dans les antécédents des épileptiques, car Talcoolisme est une 
intoxication des plus communes. Or, là encore, les statistiques sont 
des plus contradictoires. Sur 100 épileptiques, Bucelli (4) en trouve 
deux chez lesquels Tépilepsie est d’origine alcoolique, et Stepanoff (5) 
en trouve 46. 

II. Epilepsie accidenlelle dans Valcoolisme aigu. 

Pour préciser le róle joué par Talcoolisme dans la pathogénie de 
Fépilepsie, il y a lieu de distinguer les différents états cérébraux que 
crée rintoxication suivant qu'elle est aigué, subaigué ou chronique. 
De mèmeque les convulsions infantiles ne doivent pas toujours étre 
complètement assimilées à l’épilcpsie dite idiopathique (6), de mème 
on doit distinguer les convulsions accidentelles qui apparaissent au 
cours de Talcoolisme aigu de celles que l’on observe dans Talcoolisme 
chronique. La distinction entre ces divers états convulsifs a été faite 
depuis longtemps; elle repose sur des données cliniques et expéri- 
mentales. 

Tout individu qui, habituellement sobrc, absorbe en quelques 

(1) Furstner. Pathogénie de certaines attaques consulsives. Arch. /. psych., 
XXVIII, fév. 1896. 

(2) Bonhoeffer. Cité par Vogt. Groupe clinique des épilepsies. Assemblée 
génér. de la Soc. psych. allemande, 1907. 

(3) Weber. Statistiques des alccoliques traités à l’asile cantonal des aliénés 
deGenève de 1901 à 1906. Thèse de Genève , 1907. 

(4) Bucelli.// Policlinico , 1898. Revuc ncurologique t 1898. 

(5) Stepanoff. Vralchy 1899. fìevue neurologique , 1900. 

^6) L. Marchand. Rapports des convulsions infantiles avec l’épilepsie. Gaz. 
des tìóp. t 30 Juillet 1912. 


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l’alcoolisme dans la pathogénie de l’épilepsie 


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heures une dose massive de boisson alcoolique s'expose à ètre atteint 
de crises convulsives. Ces attaques ont été décrites par Delasiauve (1) 
au cours de roenomanieaigué,par Magnan (2) dans rabsinthisme aigu 
(épilepsie dans TivresseJ.EIles peuvent mème donner à l’ivresse une 
forme particulière décrite sous le nom d’ivresse convulsive (Parcy); 
elles compliquent souvent le delirium tremens (delirium tremens épi- 
leptique). Cliniquement, les accès revètent les mèmes caractères que 
l’accès épileptique ordinaire; ils peuvent se reproduire en série. Mais 
icile troublecérébralquiluidonne naissance est passager; après élimi- 
nation du toxique et Ia disparition des phénomènes cérébraux con- 
gestifs,lescrisesne se reproduisent plus. II s’agit donc d’une épilepsie 
accidentelle. Dans ce cas, les crises sont comparables aux convulsions 
qui surviennent chez certains enfants à la période aiguè d’une mala- 
die toxi-infectieuse. La fréquence de ces accidents convulsifs est 
encore mal précisée. Delasiauve les considérait comme une compli- 
cation commune de l’oenomanie aiguè; Magnan ne les rencontre que 
dans l'absinthisme aigu. Elie (3), Drouet (4) admettent qu’ils sont 
rares. 

Pour expliquer que, parmi les individus qui se mettent en état 
d’ivresse, un nombre relativement restreint présentent des crises 
convulsives,certains auteurs cachent leurignorance en attribuant un 
grand ròle à la prédisposition, à l’aptitude convulsive,etc.Nous avons 
observé plusieurs sujets atteints d’ivresse convulsive; il s’agissait 
d’individusjeunesqui n’avaient pas de tares héréditaires connues; 
a près la disparition de l’état toxique,ils ne présentaientplus de crises 
convulsives. Ges jeunes sujets, habituellement sobres, s’étaient eni- 
vrés les uns aveg du vin, d’autres avec des liqueurs alcooliques, d’au- 
tres avec des liqueurs alcooliques contenant des essences (absinthe, 
kummel). On doit admettre que l’élément toxique joue ici un ròle 
prédominant, entralne à la fois l’intoxication des centres nerveux 
et secondairement des altèrations légères, de nature congestive, qu’en 
un mot le terrain constitutionnel ne joue qu’un role secondaire. Le 

(1) Delasiauve. D’une forme grave de delirium tremens. Revue mèdicale , 
1852. 

(2) Magnan. Epilepsie alcoolique; action spéciale de l’absinthe. Soc. de Biol ., 
1« nov. 1869. 

(3) Elie. De l’épilepsie alcoolique. Thèse de Paris , 1907. 

(4) Drouet. Recherches sur l’épilepsie alcoolique. Ann. méd. psych., 5 e série, 
v. V, 1853, p. 80. 


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fait que les convulsions surviennent au moment du maximum do 
l’intoxication est en faveur de cette opinion. 

III. Epilepsie dans Valcoolisme chronique. 

Les crises épileptiques qui apparaissent au cours de l’alcoolisme 
chroniquepeuventprésenterunepathogéniedifférentejsuivantqu’elles 
surviennentaumoment où Tindividu qui absorbechaque jour certaine 
quantité d’alcool dépasse sa dose habituelle ou à un moment où rien 
ne faisait prévoir un tel accident. Dans le premier ordre de faits, les 
accès ont la mème pathogénie que ceux quiapparaissentaucoursde 
Tivresse; ils ne se reproduisent que si le sujet exagère ses excès, 
qu’à la suite d’alcoolisation aiguè, intense et répétée (Magnus 
Huss (1), Magnan, Jollv). 

Bien plus graves sont les accès qui surviennent au cours de Talcoo- 
lisme chronique, sans cause immédiate apparente. Chez certains 
sujets, les accès n’apparaissent qu’au moment où le malade est sevré 
de son toxique habituel, au cours d’une cure de désintoxication 
(Magnus Huss). Ces accès relèvent de lésions méningo-corticales; 
ils pcuvent réapparaítre périodiquement,méme si le sujetnese livre 
plus à desexcès.Leslésions cérébrales peuvent laisser après elles des sé- 
quellesquideviennent lacausedesaccès. Aplus forte raison, Tépilepsie 
deviendra incurable si le sujet continue à s’intoxiquer. Ce sont sur- 
tout ces accès que décrivaient Bcnoit de Giromagny (2), Dagonet (3), 
Prati (4) et Bratz (5), quand ils dcclaraient que les convulsions épi- 
leptiques des alcooliques pouvaient devenir périodiques, incurables 
et transmissibles par la voie génèrativc. 

Cette épilepsie est une complication assez commune de Talcoo- 
Iismechronique.Certainsauteursont comparé les accès à ceux qui se 
produisent chez lcs paralytiques gcncraux et les attribuent à une 
bouffée congestive du cerveau [Lasègue (6), Souques (7)]. A notre 

(1) Magnus Huss. De l’alcoolisme chronique. Ann. méd. psijch 2 e série, v.V', 
1853, p. 80. 

(2) Benoit de Giromagny. Cité par Legrand du Saulle. Elude médico-légalc 
sur les épilcpliques , p. 123. 

(3) Dagonei. De l’alcoolLsme. Ann. mcd. pstjch. f 5® série, v. 5, 1873. 

(4) L. Pt ATi. Aicoolisme et épilepsic. Ann. de frenia. f 1909. 

(5) Bratz. AIcool et ópilepsie. Allj. Zcilsch. /. Psych.. t. LVI, 3 juin 1899. 

(0) Lasègue. Sur l’alcoolisme subaigu. Arch. génér. de méd ., 1869. 

(7) Souques. Automatisme ambulatoire cliez un dipsomane. Arch. dc neurol 
t. II, 1892. 


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l’alcoolisme dans la pathogénie de l’épilepsie 5 

avis, ce sont plutót les accès isolés, rares, survenant après une augmen- 
tation passagère de la dose habituelle du toxique, qui pourraient etre 
attribués à la congestion du cerveau. Les crises survenant san s 
cause immédiate apparente chez un alcoolique qui, sans s’enivrer, 
absorbe joumellement une certaine dose d’alcool, relèvent de lésions 
méningo-corticales déterminées par l’intoxication alcoolique. 

Lesaccèssedèveloppentrarement dès les premières années de I’in- 
toxication, mais généralement vers la période ultime,« en dehors le 
plussouvent de toutes causes extérieures,le malade portant déjà en 
lui les modifications organiques d’où dépendent ces accidents » [Ma- 
gnan et Bouchereau (1)]. Cette épilepsie est donc un symptóme tar- 
dif de Falcoolisme chronique. 

D’après Drouet(2) et Mainesco (3), Fintoxication chroniquedéter- 
minerait une épilepsie alcoolique constitutionnelle; pour d’autres 
(Vigouroux et Prince)(4),lescrisesseraient duesà une auto-intoxica- 
tion par lésions d’organes tels que le foie,les reins, etc. ;pour d’autres 
enfin à des troubles des glandes à secrétion interne. Jauregg (5) 
admet qu’il existe dans Torganisme de l’alcooliquè chronique une 
toxine alcoologène. Pour expliquer que les spiritueux ne déterminent 
des convulsions que dans certains cas, Drouet (6) pense que l’épilep- 
sie serait due à des transformations chimiques intraorganiques de 
l’alcool spéciales à certains sujets. II nous semble plus simple d’ad- 
mettre que l’intoxication alcoolique chronique finit par déterminer 
dans le cortex cérébral et dans les méninges des lésions qui sont la 
cause de l’épilepsie. Magnan (7) attribue la forme chronique de l’épi- 
lepsie des buveurs à des lésions matérielles des centres nerveux. 
Stem (8) et Bratz (9) attachent une grande importance à l’artério- 
sclérose. La méningite chronique et la sclérose cérébrale diffuse sont 


(1) Magnan et Bouchereau. Statistique des alcooliques. Ann. méd. psych., 
5«série,v. VII, 1872, p.52. 

(2) Drouet. Loc. cii. 

(3) S. Mainesco. Sur les formes constitutionnelles de l’alcoolisme chronique, 
surtout sur l’épilepsie constitutionnelle alcoolique.Tàéie de Bucaresl,17 juin 1900. 

(4) Vigouroux et Prince. Alcoolisme chronique et Epilepsie. Soc. clin. de 
med. menl., janv. 1912, p. 30. 

(5) W. v. Jauregg. Cité par Soultzo. L’épilepsie alcoolique constitutionnelle. 
Ann. méd. psych., nov.-déc. 1911, p. 383. 

(6) Drouet. Loc. cit. 

(7) Magnan. Loc. cit. 

(8) H. Stbrn.Sut répilepsied’originealcoolique.Af^dico-/e< 7 a/ journal ,juin 1897. 

(9) Bratz. Alcool et épilepsie. Allg. Zeilsch. f. Psgchialrie, t. LVI, 3 juin 1899- 


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REVUE DE PSYCHIATRTE 


les lésions que nous avons rencontrées chez nos malades; ellesétaient 
fréquemment associées h Tathérome cérébraletàdeslésionsscléreuses 
d’autres organes [L. Marchand et G. Petit (1)]. 

Ainsi les attaques épileptiques peuvent apparaltre au cours de 
rintoxication alcoolique et présenter une pathogénie différente puis- 
qu'elles peuvent étre déterminées dans certains cas par des lésions 
curables, dans d'autres cas par des lésions incurables du cerveau. 

IV. Qualilé et quaniilé de ValcooL 

Depuis longtemps on. a recherché quels étaient les spiritueux qui 
déterminaientdans Torganisme les modifications susceptibles de pro- 
duire les convulsions. Deux grands problèmes se posent; Talcooi 
est-il plus convulsivant que les essences et vice versa'l 

De nombreux auteurs ont cherché à démontrer la toxicité de Fal- 
cool par Fexpérimentation sur les animaux. Parmi les principaux, il 
y a lieu de citer Camerarius, Fr. Petit, Lussana et Albertoni, et plus 
récemment Dujardin-Baumetz et Audigé, Antheaume, Daremberg, 
Joffroy et Serveaux, Picault, Tsukamoto, Linossier, Baudran. 

Joffroy et' Serveaux, Rocques, Riche, Depaire ont en outre cher- 
ché à préciser la toxicité expérimentaledes impuretés contenues dans 
l’alcool. De toutes ces recherches, il semble bien établi que dans les 
boissons distillées,ralcool éthylique estsurtout l’agent toxique le plus 
répandu. Les impuretés (aldéhyde, furfurol, acétone) sont également 
toxiques mais agissent surtout dans ralcoolisation chronique : « C’est 
commettre une erreur, dit Joffroy (2), que de croire qu’en purifiant 
Talcool on diminuera beaucoup les ravages de ralcoolisme. Un point 
de vue bien plus important que celui de la qualité, c’est celui de la 
quantité, et. lorsqu’on dit que ralcoolisme a fait des progrès considé- 
rables depuis que Ton fabrique des alcools d’industrie, cela ne tient 
nullement à ce que ces produits sont plus toxiques que les autres, 
mais cela tient,et les statistiques le prouvent surabondamment, à ce 
que Ton consomme plus d’alcool. » Quant à l’action de ces mémes 
produits dans la genèscdes crises convulsives, les expérimentateurs 

(1) L. Marchand et G. Petit. Syndrorae paralytique et attaques épilepti- 
formes au cours de ralcoolisme chronique, Soc. anal., 24 mai 1912. 

(2) Joffroy. LeQons de la clinique Saint-Anne. Aptitude convulsive. Gaz. 
hebd . de méd. et de chir ., 1896, p. 1117. 


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l'alcoolisme dans la pathogénie de l’épilepsie 


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n'arrivent qu’à des résultats tout à fait dissemblables : « Pour expli- 
quer la variabilité des réactions motrices dans des expériences iden- 
tiques, disent Joffroy et Serveaux(l),onestobligé d'invoquer la dif- 
férence des propriétés de Torganisme, différence qui se rattache aux 
conditions variables dans lesquelles se sont faits la conception et le 
développeinent intra et extra utérins. » Legrain (2) fait également 
ressortir que chez Tanimal les expériences sontnógatives à Fégard de 
deux alcools les plus répandus (alcool éthylique et alcool amylique) 
qui donnent le premier l’ivresse classique, le second l’ivresse coma- 
teuse. Chez un chien, intoxiqué pendant près de deux ans par 
Talcool éthylique donnè par la voie digestive, M. Toulouse ct moi 
n'avons jamais observé de crises d'épilepsie; cependant ccchien pré- 
sentait deux fois par jour,après Tabsorption de l’alcool mélangé à ses 
aliments, les symptòmes de Tivresse. Ce chien est morl cn état de 
mal sans qu’à ce moment il ait pris une dose plus forte d’alcool. 

La toxicité des essences a donné lieu de mème à dc nombreux 
travaux. Marcé (3),en recherchant le pouvoir convulsif de Tessence 
d’absinthe, est arrivé à cette conclusion qu’il fallait plus de quatre 
grammes de ce toxique pour déterminer des convulsions épilepti- 
formes. Magnan (4) reprit ces expèricnces. Après avoir vainement 
intoxiqué par Talcool divers animaux sans pouvoir les rendre épi- 
leptiques, il entreprit les mèmes expériences avec l’essence d’ab- 
sinthe. Les animaux ainsi traités présentèrent des crises convulsives. 

« Je suis certain, dit cet auteur (5), que Palcool, chez l’homme 
comme chez les animaux, ne produit pas les mèmes accidents que 
Tabsinthe et qu'il est incapable à lui seul de déterminer des attaques 
épileptiformes; et je suis certain aussi que, quand les attaques épi- 
leptiques surviennent, c’est qu’il v a un agent différent de l’alcool, 
et cet agent, je le répète, c’est habituellement Pabsinthe. » M. Magnan 
montra ègalement que le furfurol, Paldéhyde salicylique, Tes- 

(1) Joffroy et Serveaux. Revue neurologique, 1900, p. 164. 

(2) Legrain. Hérédité et Alcoolisme. Doin,éd.,1889,p. 329,et Elémenls de méde - 
dne mentaie appiiquée à Vétude du droil. Paris, Rousseau, éd., 1906. 

(3) Marcé. Note sur l’action toxique de l’essence d’absinthe. Académie des 
Sciences , 1864. 

(4) Magnan. De Palcoolisme avec expériences compar^tives sur l’action de 
Taleool et de l’absinthe. France médicale , 1870. 

— Recherches de physiologie pathoiogique avecl’alcool etl’essenced’absinthe. 
Arch. de physiologie normale ei pathologique, mars et mai 1873. 

(5) Magnan. Soc. méd. psych., 29 avril 1872. 


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sence de noyaux ont un pouvoir convulsivant indéniable. Motet 
et Laborde confirment les expériences de Magnan. 

Drouet (1) critiqua ces expériences en faisant remarquer qu’en 
prenant les chiffres de Magnan, il faudrait administrer 40 grammes 
d’essence d’absinthe à un adulte pour provoquer les mèmes attaques 
expérimentales qu*on provoque chez un animal de 6 kil. avec 
4 grammes d'essence. Jamais aucun buveur n’a absorbé de doses 
semblables. L’absinthe, telle qu’elle existe dans le commerce, ne con- 
tient,d’après Marcé et Debout,que20grammesd’essence par 100 litres, 
Cadéac et Meunier (2), poursuivant des recherches expérimentales 
sur la toxicité de l’absinthe, arrivent à des conclusions toutes diffé- 
rentes de celles de Magnan. Pour eux, l’essence d’absinthe doit étre 
innocentée; l’essenced’anis est la cause principale des accidents. Ils 
montrent ensuite que l’on ne peut conclure de l’animal à Thomme qui 
est un réactif plus sensible que le chien :«C’est ainsi, disent-ils, qu’un 
chien à jeun de 7 kil. doitingérer3grammesd’essenced’hysopepour 
prendreunecrised’épilepsiejalorsqu’unjeunehommefortetvigoureux, 
d’un poids dix fois plus élevé (70 kil.),est arrivé au méme résultat en 
absorbant seulement2grammes de cetteméme substance.» A còté de 
l’essence d’absinthe, il existe d’autres essences aussi convulsivantes 
qui se retrouvent dans des liqueurs communément absorbées (eau 
d’arquebuse, ■vulnéraire, vermouth, kummel, genièvre, etc.). Les 
principales sont les essences de sauge, d’hysope, de romarin, de 
fenouil, tanaisie, l’essence de carvi. 

Ces résultats expérimentaux contradictoires ne peuvent servir à 
élucider le ròle que jouent les spiritueux et les essences dans la 
production de l’épilepsie chez l’homme. Les opinions de nombreux 
auteurs basées sur des faits cliniques sont d’ailleurs aussi contradic- 
toires. Magnan (3), en se basant sur des expériences chez les animaux 

(1) Drouet. Recherches sur l’épilepsie alcoolique. Ann. méd . psych., 5 e série, 
t. XIII, mars 1875. 

(2) Càdéac et A. Meunier. Des éléments épileptogènes contenus dans les 
liqueurs et les condiments. Congr. annuel de méd. menl., Lyon, 1891, p. 243. 

(3) Magnan. Epilepsie alcoolique. Action spéciale de l’absinthejépUepsieabsin- 
thique. Soc. de biologie ., l cr nov. 1869. 

— Conférences cliniques sur les maladies mentales et nerveuses; alcool et 
absinthe; épUepsie absinthique. Gaz. des H6p., 1869, n°» 79,82,85, 100 et 108. 

— De l’alcoolisnie avec expériences comparatives sur Taction de l’alcool et 
de l’absinthe. La France médicale, 1870. 

— Soc. méd. psych ., 29 avrU 1872. 

— Congrès de Genève, 1877. 


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l’alcoolisme dàns la pathogénie de l’épilepsie 


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et sur ses observations chez rhomme,admet que certaines essences 
comme Fabsinthe peuvent créer de toutes pièces l’épilepsie chez les 
sujets non prédisposés; Talcool seul ne produit pas de convulsions : 
5 Si chez rhomme, dit-il, des attaques d’épilepsie se montrent à la 
suite d’abus alcooliques, on peut ètre assuré que l’individu a eu pré- 
cédemment à ses excès des attaques d’épilepsie et n’est autre chose 
qu’un épileptique ou qu’il est prédisposé à cette névrose et que Tal- 
cool a agi comme cause excitante. » L’opinion de Magnan fut admise 
parcertains auteursetcombattuepard’autres.Trousseauet Pidoux(l) 
considèrent les essences contenues dans les boissons comme la cause 
des accidents convulsifs. Billod (2) ne peut admettre que seuls le 1 2 3 4 5 6 7 8 
buveurs d’absinthe ont des attaques. Pour Lancereaux (3),«les huiles 
et les essences contenues dans les alcools accroissent tout au plus les 
propriétés excitantes de ces agents et modifient fort peu leurs expres- 
sions symptomatiques et leur pronostic »; il accuse surtout le vin 
nouveau, le vin factice, celui qu’on a altéré par Taddition d’alcool, 
et. avant tout l’eau-de-vie de grains et de genièvre, de produire l’i- 
vresse convulsive. Pour Decaisne (4), c’est surtout l’abus du bitter, 
de rabsinthe, du vermouth, de la liqueur de la Grande-Chartreuse, 
les vins blancs sophistiqués. D’après Dagonet (5),« on peut observer 
des personnes prises d’attaques épileptiformes violentes après avoir 
absorbé, méme accidentellement et en assez grande quantité, du vin 
blanc par exemple mélé à de l’eau-de-vie, surtout quand cette der- 
nière est de mauvaise qualité ». Gauthier (6) admet les idées de Ma- 
gnan; d’après lui : « Les convulsions généralisées sont un symp- 
tème de rabsinthisme aigu; on ne les observe dans Pabsinthisme 
chronique que sous l’influence d’un épisode aigu. 

Moeli (7),après avoir établi une statistique sur 420 faitscompre- 
nantles indications formelles à Pégard du genre de boisson exclusi- 
vement absorbé, trouve que le vin et la bière sont les moins nocifs. 
Sur21 sujetsnebuvant que ces liquides, il ne trouve qu’un épilep- 

(1) Trousseau et Pidoux. Traité de thérapeutique. 

(2) Billod. Soc . méd. psych ., 27 mai 1872. 

(3) Lancereaux. Dict. encyct . des Sciences médicales, Art. alcoolismb. 

(4) Dbcaisne. Académie de Médecine , 3 juin 1873. 

(5) Dagonbt. Ann. méd. psych ., 1873, p. 390. 

(6) L. Gauthier. Etude clinique sur Tabsinthisme chronique. Thèse de Paris , 
1882. 

(7) Moeli. Une remarque relative à Tépilepsie alcoolique. Neurol. Cenirabl ., 

nov. 1885. 


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tique. Par contre, il note 3 épileptiques sur 20 buveurs de kummel et 
14 épileptiques sur 30 buveurs d’eaux-de-vie saturées de plantes 
amères et aromatiques. 

Sur sept cas d’épilepsie alcoolique, Legrand du Saulle (1) trouve 
comme liquides ingérés 3 fois le vin rouge, 1 fois du vin blanc et 
de l’eau-de-vie, 1 fois de Tabsinthe, 2 fois du vin, de la bière, de l’eau- 
de-vie, de l’absinthe, du bitter et du vermouth réunis. Guillemin (2) 
répète les mémes opinions. 

Pour Legrain (3), Weber (4), Maunier (5), l’essence d'absinthe 
engendre réellement Tépilepsie.* 

Joffrov (6), qui expérimentalement n’était arrivé qu’à des résul- 
tats non concluants,rejette les conceptions de Magnan. II montre par 
des observations cliniques que le 3 grands buveurs d’absinthe ne 
sont pas plus atteints d’épilepsie que ceux qui font abus deliquides 
alcooliques ne contenant pas d’absinthe ou d’essences. Drouet (7), 
Marandonde Montyel(8)/Levert(9) et Vogt (10) arrivent aux mémes 
conclusions. 

"í Drouet attacheunegrandeimportanceaudegrédeconcentration de 
Talcool qui se transformerait dans le sang en acide carbonique, en 
acétates et en oxalates; ces derniers produits seraient la cause de 
l’épilepsie. 

Ajoutons à ces recherches cliniques les phénomènes produits par 
Pintoxication méthylique aigué. Récemment a éclaté à Berlin une 
épidémie qui entraína en quelques jours la mort de nombreux sujets; 
or, il fut démontré que les accidents devaient ètre attribués à cette 


(1) Legrand du Saulle. Etude médico-légale sur les épileptiques. Paris. 

(2) Guillemin. Etude sur Pépilepsie alcoolique. Thise de Paris, 1877. 

(3) Legrain. Hérédité et alcootisme . Doin, éd., p. 115, 1889. 

— Elémenls de médecine menlale appliquée à l'élude du droit . Paris, Rous- 
seau, éd., 1906. 

(4) Weuer. Statistique des alcooliques traités à l’asiie cantonal des aliénés 
de Genève cìe 1901 à 1906. Thèse de doctorat. Genève, 1907. 

(5) Maunier. Gonsidérations sur l’absinthisme. Thèse de Montpellier , 1880. 

(6) Joffroy. De l’aptitude convulsive. Gaz. hebd. de méd. et de chirur., n° 12, 
p. 133 ; 11 fèvrier 1900. 

(7) Drouet. Loc. cit. 

(8) Marandon de Montyel. Contribution à l'étude médico-légale de Pépilepsie 
alcoolique. Ann. d'hyg. publ. el \de midecine légale , 1891. 

(9) LEVERT.Attaquesépileptiformes et alcoolisme. La Clinique , 2« année, n° 46, 
15 nov. 1907. 

(10) Vogt. Groupement clinique de9 épilepsies. Assemblée générale de la soc. 
psych. allem., p. 1907. 


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l’alcoolisme dans la pathogénie de l’épilepsie 


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intoxication; les principaux syraptòmes observés consistaient enune 
amblyopie à développement rapide précédée de troubles gastro- 
intestinaux; les crises convulsives furent exceptionnelles. 


V. Hérédilé . 

II faut encore tenir compte,dans le ròle joué par l’intoxication 
alcoolique dans la genèse de répilepsie,de l’influence de l’alcoolisme 
des parents. On a mème admis que l’hérédité alcoolique avait une 
importance aussi grande que Thérédité névropathique. 

II est prouvé que l’ivrognerie des parents est souvent une cause 
d’épilepsie chez les descendants; les enfants congus après les excès 
de boissons et pendant Tivresse sont voués à des tares nombreuses, 
entre autres Tépilepsie, quand les parents ont eux-mémes présenté 
des convulskras à la suite d’excès alcooliques [Louise Robino- 
vitch (1)]. On a mème désigné cette épilepsie du nom d’épilepsie 
alcooìique héréditaire. A. Voisin (2),sur 95 malades,en note 12qui 
ont des ascendants morts d’alcoolisme chronique ou qui étaient 
alcooliques au moment de la conception. Lhote (3),dans sastatis- 
tique, attribue 46,25 0 /0 des eas à l’hérédité alcoolique. Doran (4) 
rencontreralcoohsmepaterneldansl80/0descas etl’alcoolisme,répi- 
lepsie et 1’ aliénation mentale combinés dans38,6 0/0 des cas. Dans l’étio- 
logie de l’épilepsie, Bratz (5) et Dursout (6) attribuent une impor- 
tance aussi grande à Talcoolisme des ascendants qu’à celui des épi- 
leptiques eux-mèmes. Morel (7) pense qu’il est possible de relier à 
Talcoolisme des parents l’état d’épilepsie des enfants et Lance- 
reaux (1) le signale comme très fréquent chez lcs descendants 
d’absinthiques. 

(1) Loutee Robinovitch. La genèsedeTépilepsieconsidérée au point de vue cli- 
nique. Extrait du Journal de pathologie m> nlale, 1910. 

(2) Voisin. Loc. cit. 

(3) Lhote. Loc. cii. 

(4) R.-E. DoEAN.Etudc sur les facteurs héréditaires dans Tépilepsie. The Ame - 
rican Journ. of Insaniiy , t. LX , n° 1 , p. 61, l er juillet 1903. 

(5) Bratz. Gontribution à Tétiologie de Tépilepsie. NeuroL Cenirabl ., n° 22, 
16nov. 1908. 

(6) Dursout. Observations sur la descendance des oìoooliques.Ann.méd.psych., 
7* série, v. IV, 1886, p.379. 

(7) Morel. Trailé des dégénérescences humaines . 

(8) Lancereaux. Congr. intem. pour Tétude des questions relatives à l’alcoo- 
Usme, 1878. 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


Voici quelques statistiques concluantes. Martin (1) réunit 60 fa- 
milles d’alcooliques; il trouve 301 enfants dont 132 meurent en bas 
àge; parmi les 169 qui survivent, il relève 60 épileptiques et 48sujets 
qui ont été atteints de convulsions de Tenfance. Demme (2) a suivi 
^esenfants de 10 familles de buveurs sans tares cérébrales et ceux de 

10 familles de gens sobres. Sur 57 enfants formant le premier groupe, 

11 a observé5épileptiques;surles6l enfants formant le second groupe, 
il n’a relevé aucun épileptique. De mème, Darin (3) a relevé les tares 
présentées par les enfants de 12 familles de buveurs et celles des en 
^ants de 12 familles de tempérants. Sur 57 enfants issus d'alcooliques, 
il a relevé 5 épileptiques ; sur 61 enfants issus de générateurs sobres, 
aucun n'était atteint de cette affection. 

Ball et Régis (4), sur les2.054 individus composant les familles de 
100 alcooliques, trouvent 8 épileptiques et 85 enfants morts de convul- 
sions. Grenier (5) insiste également sur la fréquence des convulsions 
chez les descendants d’alcooliques. 

Echeverria (6), sur un nombre de 476 enfants, formant la descen- 
dance de 68 hommes alcooliques et de 47 femmes alcooliques, trouve 
96 épileptiques et 107 enfants morts de convulsions. II donne les 
moyennes ci-joint les suivant chacune des tares présentées par les 
épileptiques : 

39,33 0 /0 ont une hérédité chargée. 

17,30 0/0 ont des parents alcooliques. 

17,48 0/0 ont des parents alcooliques et épileptiques ou 
aliénés. 

4,54 0/0 ont des parents atteints d’épilepsie seule ou d’alié- 

nation. 

Legrain (7), sur 761 descendants de buveurs, a trouvé 131 épilepti- 
ques. II rapporte à ce sujet de nombreuses observationsmontrantTin- 

(1) H. Martin. De ralcoolisme des parents considéré comme caused’épilep- 
sie chez leurs descendants. Ann. méd. psych , 6« série, v. I, 1879, p. 48. 

(2) Demme. Ueber den Einfluss des Alkohols und den organismen des Kindes, 
Stuttgart, 1891. 

(3) Darin. Rapports de l’alcoolisme et de la folie. Thèse de Paris, 1896, p. 47. 

(4) Ball et Régis. Loc. cit. 

(5) Grenier. Descendance des alcooliques. Thèse de Paris , 1887. 

(6) Echeverria. De Tépilepsie alcoolique.T/ie Journ. of ment. sc.journ., 1881. 

(7) Lgrain. Hérédité et atcoolisme , Doin. éd., 1889, p. 342. — Dégénères - 
cence sociale alcoolisme 1888. 


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l’alcoolisme dans la pathogénie de l’ĺpilepsie 


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fluencedecette hérédité spéciale et résume ainsison action: ascendants 
alcooliques, descendants convulsivants. II fait remarqueren outreque 
lesbuveurs engendrent des épileptiquescommeils engendrent des bu- 
veurs. Chez certains de ces descendants d'alcooliques, ralcoolisme 
viendra encore favoriser Téclosion de Tépilepsie. Les observations 
de Féré (1) confirment Timportance de l’ivrognerie dans l’hérédité 
dumal comitial.Sur 1.024 ascendants d’épileptiqueSjil trouve 134fois 
ralcoolisme du còté de la ligne paternelle et 114 fois du còté dela 
ligne maternelle. 

Maintenant il est à remarquer que si Tun des procréateurs est 
épileptique ou méme simplement aliéné, l’autre étant alcoolique, 
cette double influence héréditaire détermine avec une fréquence 
remarquable soit l’aliénation, soit Tépilepsie chez les descendants. 
Darin (2)rapporte à ce propos des observations caractéristiques. 

Conclusions. 

En résumé,rintoxication éthylique,comme I’intoxication par Tab- 
5 inthe,peut déterminer des accès épileptiques.Pour expliquer pour- 
quoi certains sujets et non tous les sujets présentent des accès épilep- 
tiques, la plupart des auteurs font intervenir la prédisposition indi- 
viduelle. On a mème cherché à préciser le ròle joué par la prédisposi- 
tion en invoquant l’àge auquel apparalt Tépilepsie. Chez les prédis- 
posés,I’épilepsie alcoolique apparaltrait avant la 20 e année, peu de 
temps après le début des excès alcooliques (Vogt). L’épilepsie qui 
serait due exclusivement à Talcoolisme chronique n’apparaltrait 
qu’à un certain áge, vers 40 ans, d’après Bratz, entre 35 et 40 ans, 
d après Soultzo, ou méme beaucoup plus tard, entre 45 et 55 ans 
(Drouet). 

Nous avons déjà dit que le terme prédisposition n’expliquc rien; 
dire d’un sujet qu’il a une aptitude convulsive ou spasmophilie parce 
qu’il présente des crises épileptiques est une manière simpliste de 
cachernotreignorance.D’ailleurs il n’est pas démontré que Tintoxica- 
tion alcoolique fait naltre les crises seulement chez les prédisposés; 
il n’est pas rare de rencontrer des sujets qui de par leur hérédité et 
leurs antécédents semblent remplir toutes les conditions d’une pré- 

(1) Féré. Loc . cil., p. 242. 

[(2) Darin. Thèse de Paris, 1896, p. 50. 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


disposition marquée et qui ne présentent aucun phénomène convulsif 
sous l’influence de leurs excès alcooliques. 

Dans les crises convulsives qui surviennent au cours de Tivresse, 
il y a lieu de tenir compte des liquides ingérés, de leur quantité, de 
leur qualité, de Tétat des reins et du foie du sujet, de la disposition 
du moment. Le ròle joué par la prédisposition se trouve très réduit. 

Dans l'alcoolisme subaigu et Falcoolisme chronique,les lésions córé- 
brales acquises du fait mème de rintoxication jouent un ròle plus 
important que la prédisposition individuelle qui reste toujours très 
difficile à apprécier. 

L’intoxication alcoolique aiguè, comme les infections aiguès. déter- 
mine des altérations passagères du cortex cérébral qui se traduisent 
par des accès convulsifs passagers; rintoxication alcoolique chro- 
nique crée des lésions de méningite chronique avec sclérose cérébrale 
superficielle diffuse qui sont la cause des accès épileptiques; ceux-ci 
pourront se reproduire dans la suite mème si le malade cesse tout 
excès. 

Quant à ralcoolisme des parents, il est prouvé qu’il prédispose 
les enfants à des tares nombreuses dont la principale est l’épilepsie. 
Le cerveau de ces sujets, organe de moindre résistance, s’altère dès 
que la plus légère infection ou intoxication frappe Torganisme. 


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REVUE ANALYTIQUE 


SUR 

LA MALADIE D’ALZHEIMER 

(DÉMENGE PRÉSÉNILE) 

Par René Bessière, 

Inlerne à l'Asile Clinique. 


En 1906, Alzheimer publiait une observation avec autopsie, où 
il décrivait chez une femme de 51 ans ayant présenté divers troubles 
mentaux assez comparables à ceux que l’on observedans la démence 
sénile, une lésion bien spéciale de l’écorce cérébrale. « La méthode 
de coloration de Bielschowsky, écrivait-il, décèle à l’intérieur de 
cellules paraissant d'autre part normales, Tépaississement d'une où 
de plusieurs fibrilles finissant par se réuniren épais trousseaux, qui 
gagnent graduellement la surfacede Télément cellulaire. Finalement 
la cellule et son noyau se désagrègent et il reste tout simplement un 
trousseau formant pelote (corbeille) qui marque Tendroit où exis- 
taient jadisles cellules. Ces fibrilles se colorent par d’autres matières 
colorantes commedesneuro-fibrilles normales... Lamoitié des cellules 
de Técorce présentent ces altérations. » Deplus,ou constaste la pré- 
sencecde petitsfoyers miliaires disséminés dans l’écorce ». Ces petits 
loyers seraient produits « par le dépot dans l’écorce d’une substance 
spéciale, très réfractaire aux agents colorants ». 

Depuis ce travail initial d’Alzheimer, ún certainnombred’observa- 
tions analogues ont été publiées par Bonfiglio, Sarteschi, Perusini, 
Barret, Bielschowsky, Lafora, Fuller, Betts, Schnitzler, Jansens (1). 

Une nouvelle observation a été rapportée récemment par Solo- 
mon C. Fuller, dans : « The Journal of nervous and mental Disease » 
(juillet-aoút 1912). 

(1) Nous donnons à la fìn de Tarticle Ies indications bibliographiques de ces 

différents travaux. 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


Elle peut se résumer ainsi : 

Un homme de 56 ans présente, depuis deux ans, des troubles psychi- 
ques caractérisés par des défaillances de la mémoire, des troubles de la 
parole de caractère sensoriel, des périodes transitoires de confusion, 
un affaiblissement intellectuel progressif, de Tapraxie idéatoire, du 
gatisme. Pendant un séjour de douze jours à Thòpital, la somnolence 
alternait avec des périodes de délire actif; excitation, troubles de 
la parole. La mort survint par broncho-pneumonie, avec convulsions 
cloniques des muscles des épaules, et perte de connaissance. Les 
réactionsde Wassermannet deNoguchi ne furent paspratiquées,mais 
l’examen anatomique ultérieur ne permit pas depenserà la possibilité 
d'une affection syphilitique. 

A l’autopsie, on constasta une atrophie régionale du cerveau (fron- 
tales droite et gauche, temporale gauche) et rartério-sclérose des gros 
vaisseaux. 

Microscopiquement,onnota: proliférationvasculaire,lésionsdepro- 
lifération et d'atrophie de l’enveloppe des vaisseaux sans infiltration, 
altération corticale, atrophie et riche pigmentation des cellules, pré- 
sence de la dégénérescence d’Alzheimer dans beaucoup de cellules, 
gliose cellulaire (petits éléments) et fibrillaire (fibres de petit calibre). 
On observa aussi de nombreuses plaques miliaires dans toute l’éten- 
due du cortex, dans les ganglions de la base, dans le pédoncule 
et la moelle; dégénérescence d’Alzheimer également très marquée. 

Pas de lésions de syphilis cérébrale, ni de paralysie générale. 

A propos de cette observation, Fuller reproduit les 14 cas qui ont 
été publiés par les auteurs que nous citions plus haut et s’efforce 
d*en faire une synthèse clinique et anatomique. 


Symptomatologie. A Texception d’un cas où les premiers symp- 
tòmes se montrèrent à 37ans, c’est vers l’àge moyen de la vie que débute 
la maladie d’Alzheimer. Les troubles de la mémoire, surtout de la 
mémoire de fixation, sont les premiers en date. Leurs progrès sont 
tantòt lents, tantót relativement rapides, mais le résultat final est 
un état de démence marquée. En règle gènérale, au coursde Taffec- 
tion, on observe des symptómes ophasiqucs : — Amnésie verbale, 
paraphasie occasionnelle et jargonaphasie, affaiblissement de l’apti- 
tude à comprendre le langage parlé, troubles de récriture, persévé- 
ration verbale et littérale — de Yapraxie idéaloire , de Yagnosie. Ges 


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LA MALADIE d’ALZHEIMER 


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troubles sont d’intensité variable, mais n’atteignent jamais lagravité 
des aphasies et des apraxies symptomatiques des grosses lésions céré- 
brales en foyer. 

Dans la majorité des cas, il existe de la confusionmentaleavec léger 
délire, du relàchement des sphinctersrectalet vésical sans paralysie 
desmembres, une bonneconservation delaforce musculaire. Activité 
motrice considérable. Turbulence. 

Les hallucinations auditives et visuelles provoquant des idées 
délirantes, la désorientation dans le temps et Tespace, sont au pre- 
mier plan chez quelques malades. 

Les troubles des voies motrices de projection sont rares ou absents; 
s’ils existent tant soit peu, ils n’apparaissent que tardivement, et 
mème alors, ils sont transitoires. Dans quelques cas, les troubles 
moteurs existaient comme un reliquat de convulsions épileptiformes. 
On n’a pas observé de convulsions avec perte de connaissance, sauf 
ilapériode terminale(attaquesépileptiformes,secoussesmusculaires). 

II íaut encore signaler deux observations où Ton nota de la démence 
apathique; deux autres malades présentaient une altération de la 
peau rappelant le myxcedème. 

Sauf dans un cas, l’anamnèse ne démontra pas l’infection syphili- 
tique. Quant à l’alcoolisme, il ne semble pas avoir joué de ròle dans 
la genèse de la maladie ;en tous cas, son ròle reste minime. 

Anatomie pathologique. 

a) Macroscopique. 

L’atrophie cérébrale est notée dans 9 cas. C’est uneatrophie géné- 
ralisée (3 cas) avec prédominance sur certains lobes (6 cas). 

Dans2 cas,on notaitune artériosclerose cérébrale trèsappréciable, 
particulièrement des gros vaisseauxdela base; l’artério-sclérose était 
légère, chez deux sujets. Dans les autres cas, lesplus nombreux, elle 
n’existait pas. 

II ríy a pas de grosses lésions en joyer , sauf dans une observation 
où l’on trouva un vieux kyste du corps calleux, un ramollissement 
de la moelle cervicale avec atrophie du faisceau pyramidal gauche 
et un foyer méningo-myélitique dans la région lombaire. 

La pie-mère était épaissie dans 10 cas. 

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REVUE DE PSYCHIATRIE 


b) Microscopique. 

Dans tous les cas sauf un, Texamen microscopique révéla la pré- 
sence d’un grand nombredeplaques miliaires. Dansuneobservation, 
elles existaient enénorme proportion. Ces plaques sontd’assezgrande 
dimension, et englobent parfois une ou plusieurs couches corticales. 

Les altérations particulières en pelote, en corbeille (basket-like) 
décrites par Alzheimer et dues à l’épaississement des fibrilles intra- 
cellulaires ramassées en masse embrouillée, en trousseaux, ont été 
observées dans tous les cas sauf un. 

De plus, dans certaines observations, on note la destruction et Ia 
complète disparition des corps cellulaires, et la présence d’un riche 
contenu lipoíde dans Iescellules nerveuseset névrogliques.Onobserve 
généralement des phénomènes de prolifération et d’atrophie de la 
névroglie et des vaisseaux corticaux. Dans un cas, les petits vais- 
seaux de la come d’Ammon étaient calcifiés; dans un autre, ces 
altérations calcaires siégeaient dans l’écorce. 

Les phénomènes d’infiltration sont notés dans tous les cas sauf un 
où il n’y avait qu’une infiltration modérée de lymphocytes dans les 
vaisseaux corticaux et la pie-mère. Dans cette mème observation 
existait une prolifération de l’endothélium, symptomatique d’une 
endartérite syphilitique et de l’infiltration du plasma cellulaire. 

En résumé, les plaques miliaires et les cellules en corbeille (dégé- 
nérescence d’Alzheimer) seraient les lésions caractéristiques de 
cette entité morbide. 

Quelles sont la signification, forigine, la valeur de ces lésions? 
Les avis sont partagés. 

Pour Alzheimer , les cellules en corbeille seraient le résultat d’une 
transformation chimique de la substance fibrillaire qui doit ètre la 
cause pour laquelle les fibrilles survivent à la mort de la cellule. Cette 
transformation doit graduellement succéder au dépót,dans la cellule 
nerveuse, d’un produit du métabolisme encore inconnu. Biels - 
càoajs/i:í/,seraitprétàacceptercettehypothèse;cependantilaremarqué 
que ces neuro-fibrilles ne ressemblaient pas tout à fait aux neuro- 
fibrilles normales et il considère plus volontiers ces éléments comme 
des éléments complètement étrangers. Fischer a observé aussi cette 
lésion spéciale et pense qu’il s’agit d’une prolifération fibreuse des 


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LA MALADIE D ALZHEIMER 


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neuro-fibrilles. II ne considère pas d’ailleurs ces lésions commecarac- 
téristiques de la maladie d*Alzheimer, mais les rattache à la Presbyo- 
phrénie. 

Quant aux plaques miliaires, Alzheimer lescroit produites, avons- 
nous dit, par le dépòt d’une substance spéciale très réfractaire aux 
agents colorants. On pourrait croire qu'il s’agit d’une lésion artério- 
scléreuse. Mais * l’artério-sclérose, écrit Fuller, n'est pour rien dans 
la formation de ces plaques, car ellespeuvent faire défaut dans des cer- 
veauxprésentant au plus haut degré des lésions artério-scléreuses qui 
s’étaient traduites cliniquement par de la démence artério-sclérotique 
etpost-apoplectique. Deplus,dans tous les cas demaladie d’Alzheimer 
que l’on a rapportés, sauf un, on a trouvé des plaques en grande 
quantité, mais rartério-sclérose n’était appréciable que dans 2 cas.» 

La présence simultanée de plaques et de cellules en corbeille 
serait-elle pathognomonique ? On Pa pensé quelque temps, mais 
des cerveaux où Pon a constaté cette association d’une faqon mani- 
feste, appartenaient à des déments séniles typiques.Bien plus,Fuller 
a observé^ cette association dans le cerveau d’un homme mort à 
80 ans, sans avoir jamais présenté de troubles mentaux ! 

Avant de considérer la maladie d’Alzheimer comme une entité 
morbide bien définie, de nouvelles recherches nous semblent donc 
nécessaires. 


BEBUOGRAPHIE 

i 

Alzheimeh. — Ueber eigenartige Erkrangung der Hirnrinde. Allg. 
Zeiisch . /. Psych., Bd LXIV, 1906, p. 146. 

Alzheimer. — Ueber eigenartige Krankheitsfàlle des spàteren Alters. 
Zeitsch. f. d. gesamle Neurol. u. Psych ., Bd IV, 1911, p. 356. 

Barrett. — Degeneration of Intracellular Neurofibrils with Miliary 
Gliosis in Psychoses of the Senile Period. Proceedings Am. Medico - 
Psychol. Assoc.y vol. XVII, 1910, p. 393. 

Betts. — On the occurence of Nodular Nécrose (Drusen) in the 
cérébral cortex. A report of Twenty Positive Cases. Amer. Journ. 
Insanity , vol. LXVIII, 1911, p. 43. 

Bielschowsky. — Zur Kenntnis der Alzheimerschen Krankheit 
(Práesenilen Demenz mit Herdsymptomen). Journ. Psych. u. Neu- 
rol.y Bd XVIII, 1911, p. 273. 


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20 


REVUE DE PSYGHIATRIE 


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Bonfiglio. — Di speciali reperti in un caso di probabile sifilide 
cérébrale. fíiv. SperimenL di frenatria, vol. XXXIV, 1908, p. 196. 

Fischer. — Die presbyophrene Demenz, deren anatomische Grund- 
lage und klinische Abgrenzung. Zeitschr. f. d. gesamle Neurol. u. 
Psgch.y Bd III, 1910, p. 371. 

Fuller. — A study of the Miliary Plaques in Brains of the Aged. 
Proceedings Am. Medico-Psycho. Assoc. Vol. XVIII, 1911. 

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Qriginal fro-m 

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L’IDÉALISME PÁSSIONNÉ 

GHEZ HENRY BEYLE (STENDHAL) 

Par MM. 

A. Pasturel, et G. Carras, 

Médecin Ancien lnìerne 

de VAsile d'Aliénés de Toulouse. 


Dans son livre récent(l), Maurice Dide a isoléungroupepsychia- 
trique nouveau basé sur les interprétations passionnées qui, dans ses 
formes les plus accentuées, avait déjà été distingué du délire d’inter- 
prétation par Sérieux et Capgras, mais qui, dans ses modalités 
les plus légères, constitue une simple anomalie de caractère et se 
trouve non seulement compatible avec la vie en liberté, mais peut 
méme ètre la source d’oeuvres artistiques fort belles. Tous les inter- 
médiaires sont possibles entres ces formes légères et la psychose de 
revendication. 

N'empèche que les caractères psychologiques généraux de ces 
psychoses liées à des interprétations passionnées ont été si nette- 
ment mis en évidence par Paliéniste toulousain, qu'il faut bien les 
reconnaltre et les signaler partout où ils se trouvent. Ce sont: Pexa- 
gérationde la personnalité qui, souvent, se traduit par des manifes- 
tations puériles, les tendances migratrices, Pinstabilité, les anomalies 
de la sphère génitale, allant du platonisme exclusif au sadisme. 

Les tendances esthétiques de ces ètres d’exception sont très hautes, 
si bien qu’ils abandonnent le contact de la vie normale, pour se 
perdre dans des spéculations dont Pintérèt n’est jamais que litté- 
raire. 

II ne faut pas s’étonner de trouver un certain nombre de génies 
littéraires parmi ces anormaux; il suffit pour cela que Pexpression 
verbale et le substratum intellectuel permettent la mise en oeuvre des 

(1) Les Idéalisles passionnés t 1 vol. de la bibliothèque de Philosophie Con- 
temporaine. Chez Alcan, 1913. 


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abstractions de ])eauté, d’amour, ou de justice, que leur affectivité 
débordante exclusive leur fait souhaiter. 

II serait intéressant de poursuivre Tétude que nous esquissons à 
propos de Stendhal et il est probable qu’elle fournirait des résultats 
positifs. 

On trouvera dans « Les Idéalisles Passionnés » tous les docu- 
ments utiles sur I’Idéalisme amoureux de Stendhal, et nous pos- 
sédons de fortes présomptions pour croire que cet auteur célèbre 
a publié dans son livre sur Tamour, son auto-observation,ou tout au 
moins s’est surtout servi de documents personnels pour Técrire. Nous 
trouverons dans rhistoire de sa vie des indications typi({ue>. 

Son instabilité se traduit par la multiplicité de ses situa tions sociales: 
il étudie les mathématiques à Técole centrale de Grenoble, tout en 
s’adonnant à la littérature. II arrive à Paris à 17 ans, le 16 novembrc 
1799. II fait bientót partie de l’état-major civil et se rend en Italie, 
puis prend du service actif et devient, pendantles guerres d’Italie, 
aide de camp du général Michaud; visite Milan, Bergame, Lodi, 
Brescia, donne sa démission en 1802, devient commis d’épicerie à 
Marseille, puis Commissaire des guerres en 1807, auditeur au Conseil 
d’Etat en 1810, Inspecteur du mobilier de la Commune en 1812, puis 
reprend du 9ervice actif dans l’armée pendant la campagne de Russie. 
II recommence en 1814 ses pérégrinations à traversritalie,d’où il est 
expulsé en 1821 comme suspect de carbonarisme. II sembleà la fln de 
sa vie avoir été moins migrateur. En 1830, il est nommé consul à 
Trieste et meurt en 1842 consul de Civita-Vecchia. 

S’il est protéiforme dans ses situations sociales, il ne l’est pas moins 
dans les noms successifs qu’il met au bas de ses écrits. Sans compter 
celui de Stendhal qui est célèbre, on peut citer entre autres ceux 
de Chapelain, Ch. de Saupiquet, marquis de Cursay, comte de 
Chadevelle, baron Raisinet, etc., etc. Le souci des titres de 
noblesse semble assez évident. 

Son besoin de l’originalité éclateà chaque instant et Deschanel à 
pu dire de lui:« Beyle était un écrivain original, quoique ayanl voulu 
Vèlre . » 

Son extrème susceptibilité était proverbialc. 

Toutes ces bizarreries, qui sont attestées par ses amis les plus sùrs, 
notamment par Mérimée, n’enlèvent rien à la valeur d’un écri- 
vain auquel nous avons rendu justice, mais complètent le tableau 


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l’idéalisme passionné chez henry beyle (stendhal) 23 

de sa psychologie amoureuse. Pour lui, le beau n'existait pas en 
dehors de la passion et ce fut, selon M. Cuvilleh Fleury, un cher- 
cheur d’émotions à tout prix. 

L’idéalisme de l'amour est au fond de tous les hommes et, comme 
le dit Pascal : <c Nous naissons avec un caractère d'amour dans nos 
e cceurs qui se développe à mesure que Tesprit se perfectionne et qui 
g nous porte à aimer ce qui nous paraít beau, sans que l’on nous ait 
e jamais dit ce que c’est. » 

Cette formule non différenciée, qui est un peu celle de tous les 
enfants quivontdevenir adolescents, survit parfois sous la forme d’un 
sntimentalisme un peu naìf, mais ne prend un caractère passionnel 
et exclusif que chez des hommes un peu anormaux. C’est à ce titre 
que les étrangetés d’Henry Beyle méritaient d’ètre citées. 

II n’est d’ailleurs pas certain que la conception littéraire de 
l’amour de Beyle fút réalisée en fait: il est tout au moins probable 
que sa vie amoureuse fut, comme sa vie sociale, extrèmement poly- 
morphe. C’est là sans doute que nous devons chercher la raison de 
Fabsence de toute indication sur l’avenir de la systématisation 
affective. 


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CORRESPONDANCE 


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A PROPOS DES INTERNEMENTS DITS ABUSIFS 

Nous avons regu de M. Roger Mignot, médecin en chef de la 
Maison Nationale de Gharenton, la lettre suivante que nous nous 
empressons d’insérer. 

Monsieur le Docteur Juquelier, médecin en chef des asiles 
de la Seine. 

Charenton, 25 décembre 1912. 

Monsieur le Secrétaire de la Rédaction et chcr Collègue, 

Permettez à l’ancien chef du D r Frantz Adam, à celui qui a été 
l’inspirateur de sa thèse, de prendre part à la discussion que son travail 
a soulevée. Après la lettre du Professeur Jean Lépine, les lecteurs de 
la Revue de Psychiatrie pourraient se méprendre sur l’idée directrice 
qui a présidé à la rédaction de cette thèse; aussi je voudrais, à mon 
tour, en présenter les données essentielles. 

Avec de nombreux aliénistes, le D r Adam a été frappé du nombre 
toujours croissant de vieillards, affaiblis intellectuellement, internés 
dans les asiles d’aliénés. La plupart de ces sénilcs pourraient ètre 
soignés chez eux et le seraient effectivement, si les conditions sociales 
actuelles d’existence et, il faut bien le dire, si la dissolution du senti- 
ment de famille, n’avaient déterminé leurs proches à les hospitaliser. 

La place de ces vieillards est-elle à l’asile d’aliénés? est-il légitime 
de les interner à la faveur des troubles intellectuels que tous les séniles 
présentent, à des degrés divers? Le D r Adam ne le croit pas, je par- 
tage son avis et nous avons la bonne fortune d’ètre d’accord sur ce 
point avec l’autorité supérieure. Souffrez, mon cher collègue, que je 
reproduise Ie passage suivant d’une circulaire du ministre de l’Inté- 
rieur, en date du 10 novembre 1906. 

« D’autres qui devraient sortir et que prochainement il n’y aura 
plus aucun prétexte pour maintenir dans les asiles d’aliénés, sont les 
vieillards, hommes et femmes, dont l’activité intellectuelle est très 
affaiblie, qui ne sont point à proprement parler des aliénés, dont 
l’état ne réclame pas de soins médicaux particuliers, et dont la place 
est à l’hospice au milieu de vieillards indigents et inoffensifs comme 


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CORRESPONDANCL 


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eux. Laisser ces malheureux dans un asile, souvent au milieu d’agités 
et sous un régime spécial, serait manquer de respect à la vieillesse 
indigente, c’est-à-dire déserter l’un des devoirs les plus sacrés de 
rhumanité, et constituerait, en mème temps, une violation certaine 
de l’esprit et de la lettre de la loi du 14 juillet 1905, sur l’assistance 
obligatoire aux vieillards iníirmes et incurables. » Signé : Clemenceau. 

Une grande partie de la thèse du D r Adam n’est qu’un commentaire 
de cette circulaire administrative, avec des observations ciiniques 
à l’appui. Je ne pense pas qu’on puisse soutenir que ces vieillards 
aientbesoin de traitements spéciaux, assurés par desmédecins spécia- 
lisés en médecine mentale. A défaut de leurs enfants, indigents ou 
oublieux, Je personnel médical des hospices est aussi bien préparé 
que les psychiàtres à leur donner les soins et la surveillance nécessaires. 

Avec les vieillards, le D r Adam veut éliminer de l’asile d’aliénés 
ordinaire certaines catégories d’épilcptiques, d’alcooliques, d’idiots 
et de crétins.N’émet-il pas là aussi une idée conforme aux conceptions 
les plus modernes de l’assistance des aliénés? Ne demandons-nous pas 
tous qu’on éloigne de nos asiles encombrés, tous ces sujets qui n’y 
peuvent trouver, dans l’état actuel, les méthodes et les moyens 
d’assistance que réclame leur état? Par suite d’une colncidence, au 
recto de la lettre du Professeur Jean Lépine, la Revue de Psyrhialrie 
ne reproduit-elle pas une circulaire de M. Steeg, qui institue une 
enquète concernant ces asiles spéciaux, reconnus nécessaires par le 
projet de loi Dubief? 

Le D r Adam considère, enfin, comme abusivement intemés dans 
les asiles les malades délirants au cours d’affections passagères ou 
terminales et il réclame pour eux la création de services particuliers 
dans les hópitaux. 

Je m’abuse peut-ètre, mais n’est-ce pas là l’idée qui a valu tant de 
critiques à cette thèse et dont quelques-unes, le Professeur Jean 
Lépine m’excusera, sont, à mon avis, excessive3. : le D r Adam n’a 
jamais écrit que ces délirants ne pouvaient trouver dans les asiles 
des soins médicaux éclairés; et, je ne vois pas comment le maintien 
de ces malades à l’hópital jetterait un discrédit sur le corps des alié- 
nistes. 

Le Professeur Jean Lépine déclare que la psychiatrie ne peut 
gagner à étre exercée par des médecins d’hòpital; mais est-ce que 
l’hòpital ne gagnerait pas à compter un psychiàtre parmi ses médecins, 
à còté du chirurgien, de l’accoucheur, de l’oculiste, etc.? 

L’existence d’asiles médicalement organisés n’est pas incompatible 
avec l’installation de services de délirants dans les hòpitaux; ces deux 
modes d’assistance des aliénés se complètent, en répondant à des 
besoins différents. II n’est pas négligeable d’interner à l’asile un 
simple fébricitant puisque, dans l’état actuel des préjugés, cette 
mesure a comme conséquence sa déchéance sociale : Ces jours-ci 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


mème, faute de Toutillage et du personnel nécessaires, radministra- 
tion d’un hòpital a dù placer dans mon service un fonctionnaire, de 
retour des colonies, et atteint d’un accès confusionnel, avec agitation, 
d’origine infectieuse. En une semaine la guérison fut complète, mais 
l’avenir de mon malade n’en est pas moins désormais compromis 
à cause de son séjour à Charenton. 

Le D r Adam déclarerait abusif cet internement; je n'hésite pas, 
quant à moi, à le qualiíier de déplorable, tout en sachant que les 
institutions, et non les personnes, sont responsables de ce placement. 
Dans l’état actuel des choses, il vaut mieux que le malade en question 
ait été soigné et guéri à Charenton que d’avoir été, faute d’une orga- 
nisation convenable à l’hòpital, camisolé jusqu’à épuisement, comme 
tant d’autres. Mais le jour où les desiderata exprimés par le D r Adam 
seront réalisés, de pareils délirants trouveront à l’hòpital le psychiátre 
et les installations nécessaires à leur cure; leur affcction passagère 
échappera ainsi à la malignité publique et ils ne traineront pas toute 
leur vie cette tare qui, à tort ou à raison, s’attache à ceux dontla 
maladie a subi le visa administratif. 

Veuillez agréer, etc... 

Roger-M ignot. 


L’intervention du D r Roger Mignot est troplégitimepourque nous 
puissions hésiter à la soumettre aux lecteurs de la fíevue de Psychia - 
Irie. Je me plais tout d’abord à lui affirmer que la thèse inspirée 
par IuiàM. Frantz Adam a été discutée parce qu’elle méritede Tètre: 
ni le professeur Jean Lépine, ni moi, n’avons hésité à le dire; et 
nous ne nous méprenons ni Tun ni l’autre sur l’excellente intention 
de Pauteur. 

Ce point étant bien établi, je ne suis pas convaincu que les argu- 
ments présentés par M.Mignot soient de nature à clorela discussion. 
En fait de vieillards, je n'ai guère vu jusqu’ici à Vasile public que 
des déments agités et turbulents. A Padmission de PAsile clinique, 
j’ai souvent maintenu Pinternement de certains de cesmalades, éga- 
rés dans la rue, placés d’officejdifficilesà surveiller et dangereux par 
leur activité inconsciente, contre le désir de leurs enfants; j’ai la con- 
viction que le rédacteurde la circulaire ministérielle de 1906 aurait 
été moins catégorique après avoir fait à Pasile quelques visites de 
nuil dans les quartiers de déments. 

En acceptant donc la signification donnée parM. Adam au tcrme 


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CORRESPONDÀNCE 


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d’mternement abusif, je ne pense pas que les cas d'internement 
abusif des vieillards à Tasile public aient la fréquence relative que 
semblent indiquer M. Mignot et M. Adam. 

En ce qui conceme les malades aigus, c’est toujoursaprèsla guéri- 
son qu’on juge l’espèce; et Ton dit alors : « Si l’on avait su... ». Mais 
si l'on avait prévu et si l’on avait évité l’asile, que serait-iladvenu? Le 
malade, queM. Mignotaguérienhuitjours,aurait-ilguériailleurs qu’à 
Saint-Maurice, où ses réactions ne surprenaient et ne gènaient per- 
sonne; et n’appelaient aucune dangereuse contrainte? « II fau- 
drait des services spéciaux », répliquera-t-on. Eh bien, pour ces 
services spéciaux, le « régime spécial » condamné par la circulaire 
de 1906 sera vite néce6saire, et le visa administratif, dont on redoute 
les conséquences pour l’avenir des malades, ne sera pas supprimé 
parce qu’ii aura revètu dans certains cas un caractère provisoire. 
Partant, avec leP 1 Jean Lépine, je crois qu’à cause des réactions des 
malades,lesservicesspéciaux seront d’habitude plus faciles à organi- 
ser à l’asile qu’à l’hòpital ( ce qui ne veul pas dire qu'on ne fera pas 
parfois à Vhopilal d'excellente besogne). 

Enfin, je reconnais l’importance de l’argument tirè du préjugé 
contre l’asile (je lui faisais d’ailleurs ily a bientót dlx ans plus de 
concessions qu’aujourd’hui); et je suis loin de soutenir qu’en pré- 
sence d’un psychopathe le certificat d’intemement doit, chez le pra- 
ticien appelé, se déclancher comme un réflexe. Mais en prèsentant 
à nos confrères, déjà trop circonspects, l’intemement abusif comme 
relativement fréquent, sans spécifier s’il en est ainsi dans tous les 
milieux, MM. Mignot et Adam les feront peut-étre hésiter dans des 
cas où l’hésitation sera désastreuse; et c’est une autre raison d’appor- 
ter une restriction à leur thèse. 

P. Juquelier. 


A propos de « La Tanatophilie chez les Habsbourg ». — 

La * tanatophilie » de Jeanne la Folle, dont nous parle Paul Mersey 
dans son étude,a une forme spéciale, elle est ambulaloire . La reine se 
charge de conduire elle-mème le corps de Philippe le Beau aux caveaux 
de la Chapeile Royale de Grenade : elle surveille jalousement le cer- 
cueil et à chaque étape le fait ouvrir pour s’assurer de l’identité du 
cadavre qu’il renferme. Cette promenade funèbre à travers la Castille 


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et l’Andalousie est retardée à chaque pas par des incidents divers 
et surtout par i’évolution intermittente de la mélancolie de Jeanne. 

Ne peut-on pas rapprocher ce cas d’autres que connaissent bien 
les médecins qui ont vécu dans les pays d’Orient, près des villes saintes 
de l’Arabie et de l’Iran, Kerbala, Merched ou Konne. Nous y avons 
nous-mème rencontré sur les routes de petites caravanes dont une 
des bètes portait en travers de son bát un cercueil. L’homme qui 
les conduisait était souvent un fils qui emmenait le corps de son père 
reposer en terre sainte, là où l’on est plus près de Dieu. Les soins 
touchants étaient prodigués au précieux colis, on le vérifiait souvent, 
on rajustait les voiles imprimés de couleurs vives qui, là-bas, servent 
de linceul. Tout se passe pour le mieux la plupart du temps, car la 
mort n’a pas sous le ciel d’Orient le cóté pénible de chez nous, mais 
on nous a raconté que parfois certains s’étaient arrètés sur le bord 
de la piste, abimés dans leur douleur, etque les autorités turques ou 
persanes, pourtant peu soucieuses en matière d’hygiène, avaient dù 
intervenir pour hàter l’ensevelissement du corps. 

Sur les routes de YAndalousie arabe, de semblables cortèges ont 
bien sùr cheminé autrefois et sans doute celui de Philippe le Beau 
voyageait-il à peu près comme avaient dù le faire ceux des grands 
chefs qui venaient chercher le dernier repos au pied de l’AIhambra 
ou de I’AIbaicin. 

Chez Jeanne la Folle, la mélancolie a emprunté, comme toujours, 
ses manifestations aux mceurs du temps et c’est ce petit fait qu’il 
nous a paru intéressant de signaler. 


J. Vinchon, inlerne à VAsile clinique . 


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LA PSYCHIATRIE AU THÉATRE 


LES INVISIBLES 
Par 

André de Lorde et Alfred Binet. 

La clinique psychiatrique a fréquemment inspiré les romanciers 
et les auteurs dramatiques. La collaboration de M. André de Lorde 
et d’Alfred Binet a montré depuis longtemps qu’on pouvait heureu- 
sement puiser dans le cadre où se meuvent les aliénés, pour 
mettre à la scène des « tranches de vie » émouvantes et tragiques. 
Le théátre de l’Ambigu a représenté de ces auteurs une pièce, 
intitulée Les lnvisibles, dont nous avons extrait les passages suivants 
pour montrer avec quel souci la vérité clinique s’y trouve respectée 
jusque dans les moindres détails. 


Le cadre des Invisibles est « une grande pièce d’hòpital, blanchie 
à la chaux, avec quatre lits de fer. Au fond, une fenètre grillée 
donnant sur une cour. Portes à droite et à gauche, au premier plan. 
Au mur un crucifix. Aspect pauvre et mesquin. Dans un lit* la vieille 
mère Lebret agonise; elle pousse de temps en temps des gémisse- 
ments. » 

L’auteur désigne les personnages de la fagon suivante, textuelle- 
ment : 

Buissoy, démente précoce de dix-huit ans, jolie, grands cheveux 
blonds épais. 

Poulain, démente, etc. 

D r Simonet, médecin de l’Asile, décoré, etc. 

Le pivot de l’action essentiellement d’ordre médical est indiqué 
par une religieuse. « La Sceur : Quand les malades approchent de 
leur Gn, le bon Dieu leur rend la connaissance. » 


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Le D r Simonet, parlanl de Mme Lebrel à l'inlerne. — Savez-vous 
depuis combien de temps elle est ici? Vingt ans! pendant lesquels il 
a íallu l’habiller, la nettoyer, la nourrir : elle était incapable de tout. 
Elle passait son temps accroupie par terre, la téte dans les mains, le 
menton contre les genoux, immobile comme une statue, pendant des 
heures; elle ne disait rien, absolument rien; en vingt ans elle n’a peut- 
étre pas prononcé dix paroles! Que se passait-il au fond de cette 
ruine? Tout était-il détruit? Ou bien survivait-il une pensée?... 
Impossibie de le savoir. 

LTnterne. — Quel mystère dans ces pauvres tètes folles. 

Le D r Simonet. — Samedi demier, elle a pris froid au jardin; elle 
a fait de la pneumonie... Les sommets sont pris... c’est fini... Mais à 
l’approche de la mort, il se produit chez elle un phénomène singulier, 
que j’ai observé quelquefois chez de vieux déments : l’intelligence se 
réveille... Elle a un fils dont elle ne nous avait jamais parlé; quand il 
venait la voir, elle ne le reconnaissait mème pas... Maintenant, elle 
parle de lui, on peut mème dire qu’elle ne pense qu’à lui... son amour 
pour son fils a survécu à tout; il est resté là, au fond, tout au fond de 
son áme... 

Tout Tacte se déroule dans Fattente de ce fils; la vieille agonisante 
vivra-t-elle jusqu’auretour de celui-ci ou mourra-t-elle sans avoii eu 
la consolation de le revoir? II va de soi que M. de Lorde, qui est d’une 
suprème habileté dans l’art de graduer rintérét, de développer 
Pémotion, s’est dèfait au moment nécessaire de tout Paccessoire 
scientifique pour terminer enfin la crise sur le seul terrain qui con- 
vienne au théatre, celui des sentiments; comme cette agonie doit 
durer un temps suffisant, pour donner lieu à douter de Parrivée du 
fils en temps opportun, il était tout indiqué d’occuper ces loisirs 
par un examen des malades qui se trouvent dans cette salle d’hospice. 
M. de Lorde a bien voulu nous permettre de reproduire ces scènes 
dont la prcsentation clinique est fort acceptable au point de vue 
médical. 


Le D r Simonet, parlani à Vinlerne. — Tenez, dans cette salle, j’ai 
aussi une malade intéressante à vous montrer... 

La Síeur. — Bonsoir, docteur. 

Le Docteur. — Bonsoir, ma sceur... (aperceuanl Buisson.) La voilà... 
(S'adressanl à Buisson.) Bonjour, Buisson! 

M ne Buisson, d'une voix nelie , coupanle. — Bonjour, chameau ! 
Simonet, souriant. — Oh! Oh! 

M me Buisson, en écho. — Oh! Oh! 


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LA PSYCHIATRIE AU THÉATRE 


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Simonet (à la scrut). — II y a longtemps qu’elle est dans cet état? 
La Sceur. — Monsieur le docteur, depuis ce matin. 

Simonbt (à Virúerné). — Vous voyezl... ce sont des malades à 
surprises... 

L’Interne (à Buisson). — Et moi, vous me reconnaissez? 

M m ® Buisson. — Oui. 

L’Interne. — Qu’est-ce que je suis? 

M me Buisson. — Pourri! 

Le Docteur. — Elle est charmante! 

L’Interne. — Et vous, alors, qu’est-ce que vous étes? 

M me Buisson. — Moi, je suis Peau Rouge, à Paris. 

L’Interne. — Peau Rouge? 

M me Buisson. — Oui, pour jouer de l’orgue de Barbarie dans les rues, 
L’Interne. — C’est une dròle d’idée que vous avez là?... 

M me Buisson, faisanl une révérence. — Oui, Madame! 

EUe chanle : 

Pour éviter d’avoir mal aux dents 
On ne peut pas quitter ces gamins 
11 faut un régisseur. 

J’étais maitresse et j’étais sous-maitresse, 

Avec un air de requiem, requiem. 

(Psalmodiant.) 

Requiem, Requiem. 

(Sa voix s'assourdil el s'éteint peu à peu.) 

La Sceur. — Depuis ce matin, elle est devenue très violente; elle 
parle tout haut, toute seule. 

Le Docteur, souriant. — Elle est avec ses Invisiblesl 
La Sceur. — Oui, docteur, c’est bien §a. 

Le Docteur (à Vinterne). — C’est une dróle d’expression que les 
sceurs ont inventée... 

La Sceur, rianl. — Oh! non, docteur, ce n’est pas nous, ce sont les 
malades. 

Le Docteur. — Quand les malades sont absorbées comme Buisson, 
et qu’elles marmottent tout le temps et qu’elles semblent parler à 
quelqu’un que nous ne voyons pas, on dit: elles sont avec leurs Invi- 
sibles... (A la sceur.) Si elle est trop bruyante, ce soir, vous lui donne- 
rez une potion au chloral... 

L Interne, interrogeanl Poulain. — Est-ce que vous entendez des 
voix? 

Poulain. — Ah! il y a longtemps que j’en entends, des voix... 
L’Interne. — Elles vous disent des choses agréables? 

Poulain. — Des fois... 


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L’Interne. — Et aussi des choses désagréables? 

Poulain. — Des íois aussi... ga dépend. 

L’Interne. — Mais vous ne les voyez pas, ces gens qui vous parlent? 

Poulain. — Non, pas souvent... Ge sont mes Invisibles. 

Le Docteur. à Vinlerne , soulignant le mot. — Ah! 

Poulain. dVun signe de lèle . — Oui. 

Le Docteur. — Pourquoi les appelez-vous vos Invisibles? 

Poulain. — Ah!... j’sais pas... 

Le Docteur. — II y a aussi d’autres malades qui en ont des Invi- 
sibles? 

Poulain. — Non... c’est-à-dire... je ne m’en occupe pas des autres... 
mais moi, j’en ai... C’est des voix qu’on entend. Oui, c’est vrai... on 
entend comme s’ils étaient à còté de nous. 

L’Interne. pour Vamadouer . — C’est dròle! 

Poulain. — Ah! ouil c’est rigolo... Je les inviteà venir manger avec 
moi, dormir avec moi... Je leur dis : « Tu viens ce soir coucher avec 
moi? »C’est curieux, tout de mème! II y en a une que j’appelle ma 
sceur... je lui dis :« Tu viens coucher avec moi, je m’ennuie...» 

Le Docteur. — Et ils viennent coucher avec vous? 

Poulain. — Mais oui, ils viennent... Quelquefois ils disent: « Ah! 
mais, pas aujourd’hui... aujourd’hui, il n’y a pas moyen. » 

Le Docteur. — Et qu’est-ce qu’ils font? 

Poulain. — Ils me causent gentiment... C’est un entretien qu’ils 
ont comme ga avec moi... Ils parlent de leur maison, moi de la mienne. 

Le Docteur. — Qa vous fait plaisir? 

Poulain. — Oui, parce que ga me donne une compagnie. Et puis, 
ils me content des nouvelles... « T’as pas entendu parler de ga? » Jc 
dis non... Quand j’ai pas bien fait, ils me grondent... « Ah, mais t’as 
été rudement ràleuse, aujourd’hui, t’as pas fait ga et ga... » 

L’Interne. — Ils vous tutoient? 

Poulain. — Oui, oui... Ils sont habitués avec moi... Des fois je leur 
dis... « Quand est-ce que tu vas me faire sortir de cette maison ici? » 
Ils me répondent. « T’es pas près... tu partiras, ah! et les pieds en 
avant. » ( On rit.) C’est vrai... V en a qui m’entendraient, ils diraient : 
elle est folle... C’est vrai... iout de mème! 


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NOUVELLES 


Un concours pour Temploi de médecin des Asiles. — Un con- 
cours s’ouvrira à Paris, au ministère de rintérieur, le lundi 3 mars 1913, 
tant pour Tadmission aux emplois de médecin-adjoint des asiles 
publics d’aliénés que pour l’aptitude aux fonctions de médecin d’asiles 
privés. 

Le nombre des postes de médecin-adjoint des asiles publics mis au 
concours est íixé à six. 

Les candidats qui désirent participer au concours doivent adresser 
au ministre de I’intérieur une demande, accompagnée de leur actc 
de naissance, de leurs états de services, d’un exposé de leurs titres, 
d’un résumè succinct de leurs travaux, du dépòt de leurs publications, 
ainsi que des pièces établissant leur stage et l’accomplissement de 
leurs obligations militaires. 

Les candidatures seront inscrites au ministère de l’intérieur (l er bu- 
reau de la direction de l’Assistance et de l’Hygiène publiques, 7, rue 
Cambacérès), du 25 janvier au 12 février 1913 inclus. 

Chaque postulant sera informé par lettre individuelle de la suite 
donnée à sa demande. 

Gours de psychiatrio médico-légale. — M. Laignel-Làvastine 
commencera ce coursà l’asile clinique, 1, rue Cabanis, à l’amphithéátre 
de la clinique des maladies mentales et de l’encéphale, le lundi 10 fé- 
vrier 1913, à 10 heures 30, et le continuera les jeudis etlundis suivants 
à la mème heure. 

Division du cours : I. L’expertise médico-légale psychiatrique. 
II. La capacité pénale. III. Les réactions antisociales des alcooliques. 

IV. Les réactions antisociales dcs intoxiqués et des toxicomanes. 

V. Les réactions antisociales des déments. VI. Les réactions antiso- 
ciales des maniaques et des mélancoliques. VII. Les réactions anti- 
sociales des délirants systématisés. VIII. Les réactions antisociales 
des neurasthéniques et des obsédés. IX. Les réactions antisociales des 
épileptiqucs. X. Les réactions antisociales des hystériques. XI. Les 
réactions antisociales des dysgénésiques et pervers instinctifs. XII. Le 
vol pathologique. XIII. Les violences et l’homicide pathologiques. 
XIV. Le suicide. XV. Attentats aux mceurs et vagabondage des 
psychopathes. XVI. La capacité civile des psychopathes. XVII. Les 
troubles psychiques dans les accidents du travail. XVIII. Les réactions 
antisociales des psychopathes à l’école, à l’atelier, à la caserne et aux 
colonies. XIX. Le criminel au point de vue biologique. XX. L’aliéné 
au point de vue administratif. 

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REVUE DE PSYCHIÀTRIE 


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Un diagnostic tardif dans Tóvolution d’une psychose fut 
allégué comme une faute professionnelle lourde. — II s’agit 
d’un client qui chercha à ne pas payer les honoraires de son médecin 
en essayant de lui faire ce singulier grief et en lui demandant méme 
une somme de 400 francs pour préjudice causé. Le juge de paix dc 
Clichy débouta le mauvais payeur « attendu, dit-il, que les époux Y... 
déclarent ne pas méconnaítre la dette ni en discuter le chiffre, excessif 
suivant eux, mais opposent une demande reconventionnelle de 
400 francs en réparation du préjudice à eux causé par le D r X..., qui 
aurait commis des fautes lourdes dans le traitement institué par 
lui : 1° en ne rcconnaissant pas dès Vorigine la gravité des Iroubles 
meniaux préseniés par la jeune fille; 

Attendu qu’il est justifié que le D r X... donna 7 consultations à son 
domicile, du 22 octobre 1907 au 15 septembre 1908, et qu’à dater 
du 13 octobre suivant jusqu’au 28 novembre, à la demande des 
époux Y..., il fit des visites presque journalières à leur jeune fille; 
que le 30 novembre, il délivra un certificat pour rinternement de 
celle-ci; 

Attendu que les prescriptions du D r X... font nettement échec 
au premier chef excipé par les époux X..., qu’en effet elles prouvent 
que le dit docteur avait diagnostiqué des troubles cérébraux sérieux ». 

Le juge de paix de Clichy fut bien inspiré en rendant un pareil 
jugement; mais au nom de la compétence qu’il s’est attribuée 
pour absoudre, il aurait pu condamner un médecin coupable d’avoir 
mis une grande circonspection dans la délivrance d’un certificat d’in- 
ternement. 

Rapport de M. Mirman au Conseil supórieur de l’Assistance 

(décembre 1912). — Service des aliénés. — La loi de finances 
pour 1911 contenait l’article suivant : « Les dòpenses de transfert et 
d’entretien des aliénés indigents sans domiciie de secours seront sup- 
portées par l’Etat, jusqu’à concurrence de moitié en 1912, de trois 
quarts en 1913 et de leur intégrité à partir du l er janvier 1914. 

Ce nouveau régime a donc commencé cette année. A cet effet, notre 
crédit, qui, les années précédentes ne dépassait pas 200.000 francs, a 
été porté pour 1912, à 850.000 francs;il sera, pour 1913, de 1.050.000 
francs. A partir de 1914,1’Etat supportera le plein de la dépense. Nous 
avons dès maintenant à examiner avec une particulière attention les 
comptes fournis par les départements, afin de prévenir les erreurs 
commises sur le domicile de secours et qui seraient sans doute favo- 
rables aux intérèts financiers des départements, mais qui seraient 
fort onéreuses pour ceux de l’Etat. L’importance de ce nouveau 
contròle ne saurait vous échapper. 

Le projet de revision de la loi organique de 1838 est toujours devant 
le Sénat; le texte adopté par la Chambre en 1907 sera certainement 
raodifié; il y a donc tout lieu de croire que le jour est encore éloigné 


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NOUVELLES 


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où la loi de 1838 cessera d’étre la charte du régime des aliénés; aussi 
avons-nous pensé qu’on ne le pouvait attendre pour mettre au point 
le règlement intérieur des asiles qui, datant de 1857, doit ètre un peu 
désuet. 

Agrógation des maladies mentales. — Le 5 mai 1913 s’ouvrira 
à Paris un concours pour une place de professeur agrégé des maladies 
mentales à la Faculté de médecine de Bordeaux. 

Le nouveau bureau de la Société de médecine légale. — La 

Société de médecine légale a constitué ainsi qu’il suit son bureau 
pòur 1913 : Président, M. Ogier; vice-présidents, MM. Le Poittevin, 
proíesseur à la faculté de droit, et Ie docteur Briand; secrétaire 
général, M. G. Thibierge. 

Personnel médical des asiles. — M. Hamel, médecin-adjoint de 
Saint-Ylie, est nommé à l’asile de Fains (Meuse). 

M. Allaman, médecin-adjoint à l’asile de Fains, est nommé à 
Chálons-sur- M arne. 

M. Jabouille, médecin-adjoint, concours de 1912, nommé de 
Liraoux (Aude) à Saint-Ylie (Jura). 

M. Latreille, médecin-adjoint à Rennes, nommé à la première 
classe du cadre. 

M. Corsa, médecin en chef à l’asile de Saint-Pons (Alpes-Maritimes), 
oommé à la deuxième classe. 

Concours des Asiles. — Le jury du concours est constitué 
comme suit : 

Prmdeni. — M. Granier, inspecteur général des services adminis- 
tratifs du ministère de l’intérieur. 

Membres litulaires. — M. le docteur Marie (Pierre), professeur 
d’anatomie pathologique à la Faculté de médecine de Paris. 

M. le docteur Paris, médecin en chef de l’asile de Maréville, chargé 
du cours clinique des maladies mentales à la Faculté de médecine 
de Nancv. 

M. le docteur Cortyl, directeur médecin en chef à l’asile public 
d’aliénés de Saint-Venant. 

M. le docteur Chevalier-Lavaur, médecin en chef à l’asile public 
d’aliénés de Montpellier. 

M. le docteur Dide, directeur médecin à l’asile public d’aliénés de 
Braqueville à Toulouse. 

M. le docteur Rogues de Fursac, médecin en chef à l’asile public 
d’aliénés de Ville-Evrard. 

Membres suppléants. — M. le docteur Boiteux, médecin en chef 
à i’asile public d’aliénés de Clermont. 

M. le docteur Roubinowitch, médecin en chef du quartier des 
aliénés de l’asile de Bicètre à Paris. 

— Les fonctions de secrétaire seront remplies par M. Tissot, 
secrétaire adjoint de la direction de l’assistance et de l’hygiène 
publiques au ministère de l’intérieur. 


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REVUE DES SOCIÉTÉS 


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SOCEÈTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE 

Séance du 30 décembre 1912. 

Présidence de M. Klippel, président. 

Après lecture d’un rapport de M. Sérieux, M. le D r Ducosté est 
nommé membre correspondant. 

Le bureau de la Société pour 1913 est ainsi constitué : Président : 
M. Sémelàigne; Vice-président : M. A. Vigouroux; Secrétaire géné- 
ral: M. Ritti; Trésorier: M. Pactet; Secrétaires des séances : MM. Du- 
pain et Juquelier; Archiviste : M. Boissier. 

Un cas d’uranisme simple. — M. Colin présente un individu 
atteint d’inversion sexuelle simple et constitutionnelle, et interné 
à la suite du meurtre d’un « ami ». Cet individu a tous les caractères 
psychiques d’une femme, mais, par contre, il a conservé tous les 
caractères physiques d’un homme; il jouele ròle passif dans ses rap- 
ports avcc d’autres invertis; et le meurtre commis par lui présente 
tous les caractères d’un crime passionnel. 

Ce malade (?) n’a pas encore trente ans; ii ne délire pas; à l’asile 
il se conduit correctement et ne manifeste pas de tendances violentes. 
Faut-il le garder indéfiniment à cause de l’acte qu’il a commis, ou 
faut-il admettre qu’il peut sortir, en tenant compte du caractère pas- 
sionnel de son crime, son anomalie du sens génital ne justifiant pas 
une séquestration à vie? Telle est la question que M. Colin pose à 
la société. 

M. Rogues de Fursac, qui a été commis comme expert dans cette 
affaire, et qui a conclu à l’irresponsabilité et à l’internement, expose 
que ses conclusions ont été déterminées par l’émotivité morbide, 
l’irritabilité, l’érotisme du sujet, beaucoup plus que par la perversion 
génitale. 

Ces manifestations morbides seront probablement permanentes; 
elles peuvent provoquer, si le malade est libre, de nouveaux actes 
regrettables; l’internement doit donc ètre très prolongé. 

M. V igouroux se déclare également partisan, à cause des consta- 
tations de M. Rogues de Fursac, d’un internement prolongé sinon 
définitif. 


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REVUE DES SOCIÉTÉS 


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Mais M. Colin fait remarquer que depuis son entrée à l’asile le 
malade n’a pas manifesté cette émotivité particulière; il sera donc, si 
onl’interne à vie, dit M. Pactet, dans des conditions plus défavorables 
qu’un criminel qui aurait été condamné pour un meurtre passionnel, 
comme semble ètre celui qu’il a commis. Pour M. Gilbert-Ballet, 
I’inversion sexuelle ne justifie pas une séquestration définitive. Reste 
le meurtre commis par l’inverti; si ce meurtreest un crime passionnel, 
il faut l’apprécier comme tel; s’il dépend de certaines dispositions 
morbides, ceUes-ci n’ont pas fatalement partie iiée avec l’inversion 
du sens génital. 

II s’agit une fois de plus de cas très difficile au point de vue médico- 
légal. 

Séance du 27 janvier 1913. 

Allocution de M. Klippel, président sortant, qui résume les travaux 
de la Société en 1912, et insiste sur la nécessité d’étudier avec méthode, 
suivant un prograrame établi par le bureau, les questions importantes 
telles que celle des rapports de l’aliénation mentale et du divorce, 
particulièrement examinée pendant les séances de l’année écoulée. 

Allocution de M. Semelaigne, président pour l’année 1913, qui 
invite M. Vigouroux, vice-président élu à la dernière séance, à prendre 
place au bureau. 

M. le Professeur Gilbert-Ballet est nommé, sur sa demande, 
membre honoraire à l’unanimité des suffrages. 

Prix à décerner en 1913. — Prix Belhomme : Trois mémoires ont 
été déposés. La commission d’examen des mémoires se compose de 
MM. Bonnet, Capgras, Klippel, Toulouse, Vallon. 

Prix Esquirol : Deux mémoires ont été déposés. La commission 
d’examen des mémoires se compose de MM. René Charpentier, 
Kéraval, Rogues de Fursac, Sérieux, Trénel. 

Prix Moreau de Tours : Quatre mémoires ont été déposés. La 
commission d’examen des mémoires se compose de MM. Colin, 
Leroy, Marchand, Mignot, Séglas. 

M. Colin, au nom de la commission des finances, expose la situation 
pécuniaire de la Société et propose d’adresser des remerciements à 
M. Pactet, trésorier : cette proposition est adoptée à l’unanimité. 

Après lecture d’un rapport de M. René Charpentier, au nom d’une 
commission composée de MM. Arnaud, Charpentier, Klippel, 
Ségl\s et Truelle, M. Fillassier est nommé à l’unanimité membre 
titulaire de la Société. 

Influence de l’entourage sur la formule du délire de certains 
mélancoliques. — MM. Briand et Vinchon rapportent les obser- 
vations de plusieurs malades, atteintes de mélancolie, chez lesquelles 
la méme formule délirante fut à un moment donné adoptée, sous 
rinfluence de l’une d’entre elles : si bien que toutes s’imaginèrent 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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pendant quelque temps qu’elles allaient ètre livées à des animaux 
féroces enfermés dans le grenier de l’asile. 

MM. V igouroux, Dupré, Juquelier insistent, avec les auteurs, 
sur le fait que la contagion de cette formule délirante ne fut possible 
que chez des malades préalablement atteintes de mélancolie, mais 
les observations de contagion d’un état mélancolique sont encore à 
trouver. P. Juquelier. 


SOGIÉTÉ GLINIQUE DE MÉDEGINE MENTALE 

Séance du 20 janvier 1913. 

Grises d’épilepsie jacksonienne provoquóes à volonté chez 
une ópileptique à crises cloniques. — MM. Lwoff et Puillet 
présentent une malade de 55 ans à hérédité neuropathologique chargée. 
Tremblement depuis l’enfance. Emotion violente pendant la Com- 
mune; a assistó à Texécution d’un communard : les enfants du con- 
damné criaient en demandant gráce. Depuis, crises cloniques et crises 
jacksoniennes. Crises cloniques surtout nocturnes avec morsure de 
la langue; phases toniques etcloniques; pertes de souvenirs et crises 
jacksoniennes souvent spontanées. Sont aussi provoquées par lavue 
d’un groupe de soldats, la vue du sang, les sons de la Marseillaise 
jouée ou chantée. Oppression, mouvement rythmé limité d’abord 
au bras droit et s’étend ensuite à la jambe gauche; rarement quelques 
mouvements du bras gauche. 

MM. Anglade, Vigouroux, Marchand et Colin font des réserves 
sur la nature jacksonienne des crises qui semblent provoquées par 
l’émotion et d’origine pithiatique. 

Utilisation par des escrocs de deux dóbiles amoureuses de 
prétres. — MM. Briand et Vinchon montrent deux malades intéres- 
santes par leurs réactions médico-légales. L’une est devenue la mai- 
tresse d’un prètre défroqué qui l’a utilisée pour commettre de très 
nombreuses escroqueries. Elle a manifesté dòs sa première enfance une 
tendance au vol remarquable ainsi que de nombreuses perversions 
instinctives. Plus tard, elle a opéré pour son propre compte avant 
d’étre la maítresse et la complice de l’ex-abbé. Cette malade est 
inintimidable; a passé la moitié de sa vie entre la maison de santé et 
la maison de détention et pour elle se pose la question de l’asile- 
prison. 

La seconde a fait chanter un prètre qu’elle avait réussi à compro- 
mettre gravement: elle y fut poussée par un individu qu’elle entrete- 
nait, et peut-ètre aussi par sa famille, car celie-ci a plus ou moins 
profité de la situation et rèclame sa sortie avec insistance. Elle n’a 

(Voir la suile après le buìlelin bibliographique mensuel.) 


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REVUE DES SOCIÉTÉS 


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pas été poursuivie puisqu’il n’y a pas eu de plainte, mais il est probablc 
que si cela avait été, l’action de la peine aurait pu ètre salutaire. 

Ces malades sont à rapprocher des amoureuses de prètres, car elles 
n’ont commis leurs délits que dans des milieux religieux et avec la 
compiicité de gens qui en font partie. Elles constituent un des dangers 
qui menacent les ecclésiastiques et amènent la justice à intervenir 
dans le monde qui vit autour des églises et parmi lequel se glissent tou- 
jours un certain nombre de malades et de malfaiteurs. 

Un ménage de syphilitiques. Paralysie générale et démence 
précoce. — MM. Leroy et Rogues de Fursac présentent un ménage 
de deux malades, tous deux syphilitiques, actuellement internés à 
Ville-Evrard. 

La femme entre pour la première fois dans les asiles en janvier 1909 
pour un état de dépression mélancolique. Elle avait coniracté la 
syphilis du fait de son mari à la fin de l’année 1907. Elle sort améliorée, 
mais non guérie, au bout de sept mois de traitement, présentant un 
grand degré de maniérisme. Son mari venait la visiter pendant son 
séjour à Ville-Evrard; il était normal et ne présentait aucun svmjv 
tòme morbide. Un an après la sortie de la malade, le mari entre à son 
tour à Ville-Evrard, le 28 aoùt 1911, pour une paralysie généraìe 
classique. II avait contracté la syphilis vers 1904. L’examen du sang 
a donné la réaction de Wassermann positive et l’examen du liquide 
céphalo-rachidien a montré une lymphocytose abondante, de l’albu- 
mine et un Wasserraann positif. En juillet 1912, la femme est internée 
de nouveau à Ville-Evrard : elle se montre inconsciente de son état, 
bizarre d’ailleurs, tout à fait indifférente, ne s’occupant jamais de son 
mari. C’est une démence précoce type. La rèaction de Wassermann 
a été positive dans le sang et dans le liquide céphalo-rachidien. Ce 
dernier ne contenait ni lymphocytose, ni albumine. 

Un cas de démence neuro-épithéliale. — MM. Pactet et Vigou- 
rolx présentent des préparations histologiques relatives à un cas 
de démence précoce. II s’agit d’un jeune homme qui, après des études 
classiques plutòt brillantes, vit rapidement décliner son intelligence 
alors qu’il préparait l’examen de la licence ès lettres et chez qui une 
démence complète et définitive était constituée à l’áge de 19 ans. 11 
mourut à 27 ans de tuberculose pulmonaire. 

L’examen histologique de l’encéphale révéla l’existence exclusive 
de lésions du tissu neuro-épithélial. 

Syndrome paralytìque déterminé par de l’encéphalite non 
folliculaire. — MM. Bonnot et Marchand montrent les pièces d’une 
íemme de 23 ans chez laquelle est apparu successivement du stra- 
bisme, de l’Argyll Roberstoií unilatéral, du tremblement de la langue 
et des extrémités, de i’hésitation de la parole. Les réflexes patellaires 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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sont exagérés : signe de Babinski bilatéral. Au point de vue mental, 
désorientation complète. Mort dans le gátisme un an et demi après le 
début des accidents. A l’autopsie, plaques d’encéphalite disséminées 
au niveau du pied de la frontale ascendante droite, de la pariétale 
droite, dans la couche optique. A Texamen histologique, on constate 
une périvascularite très accusée, des lésions dégénératives portant 
sur les cellules nerveuses, les fibres myéliniques, la névroglie. Absence 
de follicules tuberculeux. La nature tuberculeuse des lésions est 
attestée par la présence des bacilles de Koch dans l’adventice des 
vaisseaux. 

J. C. 


REVUE DES PÉRIODIQUES 


ITALIE 

Rivista Sperimenlale di Freniatria , IV, 1910, I, II, 1911. 

Recherclies sur les modifications cytologiques du sang dans 
les principales psychoses, par Aldo Graziani. — C’est seulement 
dans des cas isolés que le sang, chez les aliénés, présente des modifi- 
cations appréciables, tant dans la constitution morphologique des 
éléments figurés que dans la richesse globulaire et le taux de Thémo- 
globine. Les altérations rencontrées paraissent traduire les conditions 
organiques qui altèrent profondément la crase sanguine. 

II y a des modifications notables du nombre des globules blancs et 
de la formule leucocytaire; mais cesmodifications n’ont rien de carac- 
téristique, en ce sens que, en variant en degré et en constance, elles 
se répètent suivant le mérae type dans diverses formes de maladies 
mentales : Polynucléose et tendance à rhypoóosinophilie dans la 
phase aiguè de la maladie; diminution des polynucléaires au moment 
du retour à la normale, et tendance à la prédominance des mononu- 
cléaires pendant la convalescence, ou quand la maladie passe à l’état 
chronique. 

La polynucléose intense avec hypoéosinophilie est un fait constant 
dans la confusion mentale aigué et rare dans les autres formes; tou- 
tefois, on l’observe, également intense, dans quelques cas de démence 
précoce ou de psychose maniaque dépressive avec état confusionnel 


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REVUE DE8 PÉHIODIQUES 


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grave, mais sans que l’on puisse reconnaitre à cette constatation 
aucune valeur diagnostique ou pronostique. 

Ces modiíications hématologiques jettent quelque lumière sur la 
pathogénie des maladies mentales, car elles révèlent l’existence de 
processus toxi-infectieux ou toxiques, aigus ou subaigus, et condui- 
sent à cette conception, que la maladie mentale n’est que la manifes- 
tation d’un trouble cérébral dépendant d’une altération générale 
morbide de l’organisme. 

Questions médic o-légales relatives à la paralysie généràle, 
particnliòrement en ce qui conceme la capacitó de tester, par 

Aug. Tamburini. — La paralysie génèrale est une des maladies qui 
proposent le plus de problèmes à la psychiatrie módico-légale. 

L’auteur examine les questions suivantes : 

1° Détermination de critères pour la capacité de tester, en général 
eten ce qui concerne la paralysie générale. 

2°La question des périodes de rémission dans la paralysie générale. 

3° La valeur du contenu du testament en rapport avec la capacité 
mentale du paralytique. 

4° L’évaluation clinique et médico-légale des écrits des paralytiques. 

5° Les critères et les éléments pour l’appréciation médico-légale de 
la validité des testaments des paralytiques. 

En raison de la multiplicité des éventualités envisagées, le travail 
échappe entièrement à une analyse rapide, mais il constitue un très 
reraarquable chapitre de psychiatrie médico-légale, auquel on ne 
saurait trop engager les experts à se reporter dans les cas douteux de 
la pratique journalière. 

Ils y puiseront des conseils précieux. 

Id. III, 1911. 

Becherches hématologiques dans l’alcoolisme, par Ahtuiio 
Gorrieri. — 1° Le taux de l’hémoglobine chez les alcooliques est 
iníérieur à la normale. 

2° Le nombre des globules rouges est inférieur à la normale. 

3° Les leucocytes ne présentent pas de notables modifications de 
nombre; en revanche, pendant la phase aigué, il y a une polynucléose 
neutrophile constante qui disparaít graduellement quand se manifeste 
une amélioration de l’état général. 

4° La pression sanguine chez les alcooliques est supérieure à la 
normale. 

5° II n’existe aucun rapport, chez les alcooliques, entre la pression 
sanguine, le pouls, et la respiration. 

6° La résistance globulaire est très diminuée pendant la phase 
aigué; elle augmente progressivement jusqu’au voisinage de la nor- 
male quand les conditions généraies physiques et psychiques rede- 
viennent normales. 


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REVUB DB PSYCHIATRIE 


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7° La tension osmotique du sérum sanguin est légèrement aug- 
mentée dans l’alcoolisme. 

La fonction circulatoire chez les déments précoces. Sur les 
rapports entre le développement de Tappareil cardio-vascu- 
laire et la capacité fonctionneUe du cceur, par L. Lugiato et 
G- B.* Lavizzari. — Chez les malades observés par les auteurs, l’aire 
cardiaque s’est généralement montrée égale ou un peu inférieure à 
la normale; le choc de lapointe était plutòt faible; dans25 0/0 des cas, 
il y avait des bruits adventices à l’auscultation. 

L’examen des vaisseaux périphériques a montré une certaine étroi- 
tesse des artères de petit et de moyen calibre, et une moindre force de 
leurs pulsations. La congestion et la cyanose du visage ou des extré- 
mités étaient fréquentes. Le réseau veineux superficiel était peu appa- 
rent. Le dermographismc s’est montré très fréquent et très accentué. 

En résumé donc, les déments précoces ne présentent pas de graves 
troubles anatomiques ou fonctionnels de l’appareil cardio-vasculaire, 
mais on trouve chez eux les caractères qui décèlent un certain degré 
d’infériorité et de torpidité de la fonction circulatoire. 

Gontribution à l’ótude de la pathogénie de la cachexie immé- 
diate dans les lésions cérébrales, par Garlo Todde. — 1° Dans la 
pathogénic de la cachexie qui succède soità l’hémidécérébration, soit 
à la décérébration totale chez les vertébrés inférieurs, les lésions vas- 
culaires diffuses du système nerveux et surtout de la moelle doivent 
ètre considérées au premier chef comme une complication de l’acte 
opératoire. 

2° Les altérations diffuses des éléments nerveux qui se rencontrenb 
chez les animaux sont probablement des effets secondaires de ces 
troubles circulatoires. 

Sur les états seconds hystériques, par Gino Volpi-Ghiiu\r- 
dini. — II s’agit d’une jeune femme de chambre, accusée de vols de 
bijoux appartenant à sa patronne, et qui protestait de son innocence. 
Dans un état de somnambulisme hypnotique provoqué par le méde- 
cin, elle prétendit n’avoir pas commis le vol, et dit avoir déposé les 
bijoux dans le tiroir d’un meuble, afin de les mettre en lieu sQr. Les 
objets furent en effet retrouvés d’après ces indications. 

Elle aurait commis cet acte dans un état second et aurait eu l’in- 
tention de prévenir sa patronne; mais eile n’aurait pu le faire en raison 
de l’amnésie consécutive au retour à l’état premier. 

Cette jeune fille avait antérieurement présenté des troubles ner- 
veux (paraplégie, hémicontracture hystériques). 

Gontribution à l’étude des formes cliniques attribuées à la 
démence précoce et de leur terminaison, par Emilio Riva. — 
11 s’agit d’un individu qui, après dix-huit ans de maladie, alors quesa 


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UNIVERSÍTY OF MICHIGAN 



RBVUE DES PÉRIODIQUES 


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mentalité paraissait ètre complètement désagrégée, redovint subite- 
ment lucide et raisonnable. 

II subsistait pourtant chez cet homme des phénomònes qui tra- 
duisaient indubitablement un déficit desa mentalité, diminution do ia 
volonté et de l’affectivité, troubles de l’attention spontanéc et difficulté 
dans les processus associatiís. Ge déficit peut d’ailleurs n’ètre pas en 
rapport direct avec sa maladie, mais ètre simplement lié à l’isolemènt 
dans le milieu de l’asile pendant dix-huit annóes, sans aucun exercice 
intellectuel. 

On avait porté le diagnostic de dómence précoce avec le pronostic 
íatai qu’il comporte. L’auteur en conclut qu’il est impossible, en l’état 
de nos connaissances actuelles, d’affirmer l’issue quo doit avoir une 
démence précoce. 

Id. IV, 1911. 

La sortie des aliénés criminels et les articles 64,66 et 69 du 
ròglement général, par Cino Bernardini. — II s’agit ici d’un des 
points les plus importants dela psychiatrie pratique dans ses rapports 
avec la criminologie. Nous en savons quelque chose en France où la 
question se pose d’une fagon aiguè à propos des individus internés 
dans la section spéciale de Villejuif (service de M. Colin). 

En Italie, il est entré dans les moeurs que tout criminel mis hors de 
eause pour tare mentale en vertu de l’article 46 du Code pénal, soit 
mis à la disposition de l’autorité administrative aux fins d’interne- 
ment dans un manicòme. 

C’est là une très bonne mesure, mais qui a le défaut de ne pas régler 
ie sort ultérieur de l’individu. La situation est la mème de ce còté des 
Alpes. 

On pourrait dire évidemment que cet individu, une fois entré à 
l’asile, est soumis au mème régime que les autres aliénés et que son 
sort doit étre réglé par le directeur du manicòme. A quoi l’on peut 
répondre que précisément ce criminel est la plupart du temps un 
aliéné d’une espèce tout à fait spéciale. Le directeur n’est jamais pressé 
de porter un diagnostic de guérison compète, à tel point que les avo- 
cats commencent à rechercher beaucoup moins les experts alié- 
nistes, reconnaissant que la porte du manicòme peut constituer pour 
leur client une barrière bien plus difficile à franchir que celle de la 
prison. 

La raison d’un tel état de choses, c’est que le criminel acquitté, 
envoyé dans un asile à la suite d’un crime grave, ne trouve aucune 
disposition légale pour régler sa sortie. Le seul article qui paraisse 
devoir ètre appliqué est l’article 69 ainsi congu :« Quandla famille veut 
retirer un aliéné non guéri qui a encore besoin d’ètre soigné et séques- 
tré, le directeur qui ne croit pas devoir faire une sortie d’essai soussa 
responsabilité, ne peut en faire la remise qu’avec une autorisation 
concédée par le Tribunal en Chambre du Conseil, entendu le ministère 


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public, après avoir affirmé l’existence des conditions nécessaires pour 
le traitement et le maintien de l’aliéné. » 

L’autorité judiciaire répond le plus souvent par un dilemme peu 
satisfaisant:« Ou bien l’individu est cncore malade, donc dangereux, 
et vous n’avez mème pas ànous demander sasortie; ou bien il estsus- 
ceptible d’ètre libéré, et vous n’avez pas besoin de nous pour le faire.» 
La diíficulté subsiste donc. 

On pourrait encore appliquer l’article 66 du règlement, ainsi congu : 
« Ledirecteur peut, à titre d’essai, remettre à la famille l’aliéné qui est 
amélioré au point de pouvoir ètre soigné à domicile, en avisant simul- 
tanément le Procureur du roi près le Tribunal sous la juridiclion duquel 
se trouve le manicòme, l’autorité policière et le syndic de Ia commune 
auquel appartient l’aliéné.» Mais il faudraitcompléter ainsi cet article : 
«Sil’aliénésusceptible debénéficierd’unesortie estun criminel acquitté, 
son renvoi doitètre subordonné à l’exécution d’un mode déterminé de 
surveillance que le Directeur établit pour chaque cas et notifie au 
Tribunal, qui aura l’obligation de constater si les prescriptions du 
Directeur peuvent étre réellement cffectuées, mais non quelles seront 
les personnes directement responsables de cette exécution. Le 
Tribunal aura encore le droit d’adjoindre, pour son compte, des dis- 
positions ultérieures aptes à renforcer le service de surveillance 
autour du criminel libéré.^Les conditions précédentes ayant été éta- 
blies d’une fa^on certaine, ayant encore été consulté à leur égard le 
représentant du Ministère Public, le Tribunal, réuni en Chambre du 
Conseil, devra émettre une ordonnance de sortic d’essai en faveur de 
l’aliéné criminel. » 

Mais cette disposition ne concerne que les aliénés en voie d'amélio- 
ration. Que faire si l’on croit à une guérison véritable? A l’article 64, 
qui règle la sortie des aliénés guéris , on devrait ajouter leparagraphe 
suivant : « Si le sujet à qui se rapporte la déclaration de guérison est 
un criminel acquitté, le Directeur du Manicòme devra fournir à l’Au- 
torité Judiciaire, à qui revient l’obligation d’émettre un dócret de 
licenciement définitif de l’aliéné, un rapport détaillé relatif au mode 
de surveillance qu’il serait nécessaire d’établir, au moins pendant un 
certain temps, autour de l’individu afin d’empécher les récidives et de 
prévenir tout danger. Ce rapport devra ètre communiqué par l’Auto- 
rité Judiciaire à l’autorité policière, à laquelle incombe la responsa- 
bilité d’organiser et de continuer autour du sujet le dit service de 
vigilance. 

En tout cas, il serait à désirer que les dispositions relatives à la 
libération des criminels aliénés fissent partie intégrante du règlement 
général des aliénés de íagon à respecter et la défense sociale, et la 
liberté individuelle. Georges Genil-Perrtn. 


Le Gèrant : O. DOIN. 

FAFIS. *— IMFRIMERIE LEVÉ, 71 , RUE DE RENNKS. 


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Origirìal fn>m 

UMIVERSITY OF MICHtGAN 



L'IDÉE DE DÉGÉNÉRESCENCE 
EN MÉDECINE MENTALE 


par Georges Genil-Perrin, 

Dlplómi d'&udtt tupirieure* de philoeophle, 
Médecin ligitle de l'Univertiii de Parit. 


De toutes les expressions de notre vocabulaire psychiatrique, il 
en est peu qui aient eu autant de succès que celle de dégénérescence 
mentale, non seulement dans notre domaine spécial, mais aussi dans 
le monde de la littérature et de l’art et dans le monde tout court. 
Mais la plus grande divulgation n’est pas une garantie de la plus 
grande précision, et, s’il est le plus courant des mots de notre 
langue, ce terme de dégénérescence est certainement un des plus 
vagues. Le sort de la plupart des vocables techniques qui se vulga- 
rísent est de se déformer fatalement et de perdre leur signiíìcation 
première. 

Dans la science, qui doit ètre une langue bien faite, il est bien 
rare qu’à un mot vague corresponde une idée très précise; et de fait, 
ce mot de dégénéré est souvent resté une épithète à tout faire, utile 
surtout à dissimuler l’insuífìsance ou la paresse de certains diag- 
nostics. 

Nonobstant son imprécision apparente, et mème foncière, la 
notion de dégénérescence mentale n’en possède pas moins une 
importance considérable dans l’évolution de la psychiatrie contem- 
poraine, car son utiiité a de beaucoup dépassé la simple commodité. 
Son imprécision mème n’a pas été dépourvue de tout avantage. Elle 
soulignait le caractère provisoire de certaines classifìcations. L’im- 
précision n’est pas dangereuse tant qu’elle est flagrante. EUe est 
d’ailleurs inévitable dans toute science qui débute. 

Suivant un mot de M. Toulouse, l’idée de dégénérescence mentale 
est une notion mal définie en ce sens qu’elle est diversement 

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REVUE DB PSYCHIATRIB 


défìnie. Veut-on en apprécier la valeur exacte, une méthode s’impose: 
c’est de chercher dans son évolution Pintégrité de sa signifícation. 
L’étude d’une idée, comme Pétude d’un peuple, doit avoir une base 
historique ou ne pas étre. G’est en recherchant les origines loin- 
taines d’une nation et en suivant sa constitution progressive au 
travers des siècles, qu’on peut arriver à en saisir la formule exacte. 
De méme pour une idée scientifique, seule, Panalyse patiente de sa 
genèse et de son développement peut nous rendre compte de son 
degré de valeur et de fécondité. 

Guidé parce principe général, j’ai essayé. dans un ouvrage récem- 
ment paru (1), d’étudier, de fagon objective et pragmatique, la 
naissance, la vie et le crépuscule de Pidèe de dégénérescence en 
médecine mentale. Je me propose de résumer ici les grandes lignes 
de cette évolution et Pindiquer les résultats principaux de mon 
enquéte historique. 


I 

Les orlgines de l’ldée de dégénérescence. 

Un nom domine incontestablement Phistoire de la dégénéres- 
cence : celui de Morel, mais, s’il est courant d’assigner Porigine de 
cette notion à Pceuvre du médecin de Saint-Yon, il y a là une 
fa$on de s’exprimer dont personne n’est dupe. On veut simplement 
mettre en relief la part si considérable qui revient à Morel dans son 
édifícation, ou plutdt dans son application à la psychiatrie et dans sa 
vulgarisation. Je n’insiste pas sur cette idée, que j’ai défendue dans 
ce joumal, il y a deux ans (2). 

Quand on remonte plus avant, et que l’on cherche à démèler 
le complexus d’idées élémentaires dont la synthèse a provoqué 
Péclosion de la notion dc dégénérescence mentale, on voit évidem- 
ment que celle-ci est constituée de matériaux empruntés à laquestion 
de l’hérédité, et au problème des rapports du physique et du morai. 

II est bien évident qu’une semblable conception doive avoir pour 
substratum essentiel la reconnaissance d’une étroite relation entre 

(1) Gborgss Gbnil-Pbrrin. Hisloire des origines el de l'ioolulion de Vidée de 
diginirescence en midecine mentale. Paris. A. Leclerc, 1913. 

(2) Georges Genil-Pbrrin. — L'idie de diginirescence dans l'ceuvre de 
Morel. Revue de Psycbiatrie, avril 1911. 


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L’lDÉB DB DÉGÉNÉRE8CENCE BN MÉDECINE MENTALE 


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le physique et le moral. Or, il s’agit d’un point sur lequel les 
penseurs ont fort tardé & se mettre d’accord. Si les deux substances 
eont à peu près confondues dans les antiques cosmogonies ioniennes, 
si les trois ámes de Platon ont des sièges bien défìnis dans l’orga- 
nisme physique, si les médecins de l’Antiquité ont explicitement 
reconnu l’importance fondamentale des rapports du physique et du 
moral, il n’en est pas moins vrai que cette question devait traverser 
une péríode critique à l’époque méme où nous verrons naltre la 
doctrine de la dégénérescence mentale. Morel aura à lutter contre 
les dogmes de la célèbre école psychologique allemande, qui soute- 
nait que la folie était une maladie propre de l’áme, et qui refusait 
d’y voir la traduction psychique d’une tare organique. 

Morel se rendait si bien compte de la dépendance étroite où se 
trouvait la question de la dégénérescence relativement à celle des 
rapports du physique et du moral, qu’il crut utile de consacrer 
plusieurs pages à préciser son attitude en ce sujet : il s’agit en 
i’espèce d’une véritable théorie de la communication des substances, 
empruntée en grande partie à saint Thomas. 

II est clair d’ailleurs que, dans l’hypothèse où les deux subs- 
tances resteraient étrangères l’une à l’autre, on pourrait à la rigueur 
concevoir la possibilité d’une dégénérescence physique et d’une 
dégénérescence morale, en fondant, par exemple, l’une sur la trans- 
mission de la maladie, et l’autre sur la perpétuation du péché. Mais 
ńen ne permettrait d’établir un rapport de causalité entre les deux 
ordres de faits. 

On peut, dire d’autre part, que lapréhistoirede la dégénérescence 
est faite de I’histoire de I’hérédité avant Morel. Cette notion d’héré- 
ditié est vieille comme la pensée humaine. Nous la trouvons expli- 
citement formulée dans les plus anciens monuments, dans Ies lois 
deManou et dans la Bible. Nous la voyons régner sur les législa- 
tions des peuples. Toujours et partout des hommes se sont courbés 
devant elle. L’òváy^i), le faium, qui pesait sur les personnages de la 
tragédie grecque, n’est-ce point une conception qui traduit la 
connaissance subconsciente de cette mystérieuse Ioi de l’hérédité, 
loi inéluctable contre laquelle les dieux eux-mèmes sont irapuis- 
sants? C’est en elle qu’il faut voir la véritable protagoniste des 
drames qui conduisirent à sa perte la famille malheureuse des 
Atrides. 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


L’hérédité morbide était bien connue des médecins de 1’Antiquité. 
Toutefois, on ne concevait bien que l’hérédité similaire : le fìls du 
tuberculeux pouvait devenir tuberculeux, l’épilepsie du père se 
transmettait à l’enfant, et voilà tout. 

La question fait un grand pas quand s’isole Ia notion de Vhérédiié 
de prédisposilion, qui permettra la conception de Yhérédité du 
dissemblable. 

La notion de prédisposition ne comportait pas, tout d’abord, 
cette idée de dissemblance. II s’agissait d’une disposition hérédi- 
taire, chez les enfants, à contracter certaines maladies de leurs 
parents. C’est, par exemple, la prédisposition à la tuberculose chez 
les descendants de tuberculeux, telle que l’a bien établie Morton. 
Pareille conception de la disposition héréditaire aux raaladies se 
trouve déjà dans certains passages de Femel. 

Le premier ouvrage d’ensemble consacré à la question de l’héré- 
dité morbide date de 1665 (1). En 1706, Sthal présidait Ia thèse de 
J. Burchart, qui traitait De haeredilaria disposilione ad varios affec- 
tus. Au début du dix-neuvième siècle, les aliénistes interviennent 
dans la question et lui apportent des lumières nouvelles. Pinel, 
en 1809, place l’hérédité en première ligne parmi les causes propres 
à déterminer l’aliènation mentale. Fodéré, Esquirol, Ellis, J.-P. 
Falret, reconnaissent explicitement l’existence de la prédisposition 
à l’aliénation mentale, et de signes qui permettent de reconnaltre 
cette prédisposition avant qu’elle éclate. 

Enfín, en 1847, le grand ouvrage de Lucas vient codifíer et ordon- 
ner tout ce qu’on savait alors de l’hérédité. Désormais, les psy- 
chiatres ne vont plus rien écrire sur le sujet sans aller se documenter 
dans les deux volumes de Lucas. Moreau (de Tours) et Morel s’en 
inspireront abondamment. 

Le terrain est mainter.ant préparé pour I'épanouissement de la 
doctrine de la dégénérescence. Dans la question des rapports du 
physique et du moral, nous avons trouvé les conditions premières 
et essentielles de l’existence de cette notion, comme de toute psy- 
chiatriepositive. Leconcept d’hérédité s’est ólargi considérablement 
pour englober Ies faits d’hérédité du dissemblable; et l’idée a été 
émise que la prédisposition héréditaire, avant l’éclosion de tout 

(1) Dermutus de Meara. Palhologia haereditaria generaUe, eive de morbie 
haeredilarils. Londini, 1656. 


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l’idée de dégénérescence en médecine mentale 


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trouble mental, pouvait se déceler par certains signes tirés de l’exa- 
men du corps et de l’étude du caractère. 

C’est dire que nous sommes en possession de tous les matériaux 
dont Ia synthèse constituera l’idée de dégénérescence mentale. 
II nous manque un seul élément, dont l’intervention provoquera 
cette synthèse, comme l’étincelle provoque dans l’eudiomètre la 
combinaison de l’hydrogène et de I’oxygène. On pourrait à la ri- 
gueur le trouver, dissimulé sous une croyance vague à une dégra- 
dation globale de l’espèce, qui transparalt dans les mythes religieux 
et dans le poème d’Hésiode. En tout cas, nous Ie trouverons expli- 
citement formulé dans l’ceuvre des naturalistes de la fin du dix- 
huitième et du début du dix-neuvième siècle : c’est la conception 
aothropologique de la dégénérescence, que Morel ira puiser aux 
cours du Museum, pour l’appliquer fructueusement à l’étude de 
l’aliénation mentale. 


II 

L'CBUvre de Morel. 

II faut se rappeler I’état de la psychiatrie au commencement 
du siècle dernier pour apprécier justement l’importance de la 
réforme de Morel. Si la prédisposition n’avait pas été entièrement 
méconnue, on peut dire avec Lasègue que Morel devait poser des 
lois où les autres n’avaient fait qu’entrevoir des colncidences 
fortuites. En tout cas, la nosologie restait indépendante de toute 
pathogénie; les aliénistes se contentaient de simples complexus 
symptomatiques. Le mérite de Morel fut d’élever le niveau des 
connaissances étiologiques et d’y asseoir la pathologie mentale. 

Le résultat de cette théorie nouvelle, ce fut l’élaboration de la 
doctrine de la dégénérescence. 

Dans l’éducation première et dans la formation scientifique de 
Morel, nous découvrons le secret du développement de toute son 
ceuvre. 

L’enfance passée dans le presbytère de l’abbé Dupont, les années 
du séminaire de Saint-Dié, nous expliquent les scrupules théolo- 
giques du savant, ce besoin, au premier abord étrange, de concilier 
sa théorie avec les données de la Genèse. La fréquentation simul- 
tanée du service de Falret et des cours de Blainville, cette formation 


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RBVUE DE PSYCHIATRIE 


scientiíìque double, à Ia fois psychiatrique et anthropologique, nous 
montrent combien Morel était exactement préparé à échafauder la 
conception anthropologico-psychiatrique de la dégénérescence. 

Le Traité des Dégénérescences contient les données anthropolo- 
giques de la question : Les dégénérescences sonl des déviations mala- 
dives du type normal de l'humaniié, hérédilairemenitransmissibles , et 
évoluanl progressivemenl vers la déchéance. Deux grandes lois prési- 
dent à leur pathogénie : 

1° La loi de la double fécondation dans le sens du mal physique 
et du mal moral; 

2° La loi de la progressivité de la dégénérescence. 

Mais nulle part les conditions de la prédisposition héréditaire ne 
se réalisent plus nettement que dans le domaine du système nerveux; 
nulle part autant que dans le système nerveux ne se manifestent 
les effets de la dégénérescence, au point que Morel en a été conduit 
à regarder, dans un grand nombre de cas, la folie comme une dégé- 
nérescence. 

C’est ici que nous saisissons le passage de la conception anthro- 
pologique de la dégénérescence à ses applications psychiatriques. 
La doctrine de Morel nous apparalt dès maintenant comme une 
vaste conception étiologique placée à la base de la psychiatrie tout 
entière. 

Mais cette conception, dans le Traité des Maladies Mentales, va 
déterminer un remaniement nosologique : un nouveau groupe 
d’aliénés va se constituer : le groupe des aliénés héréditaires : ce ne 
sont pas les seuls héréditaires, mais ce sont les plus héréditaires de 
tousjce sont ceux chez qui on observera les preuves les plus évi- 
dentes de la dégénérescence, dans les stigmates physiques et psy- 
chiques dont ils sont porteurs dès l’enfance. 

III 

Les discusslons de la Société médico-psychologiqne. 

Comment fut accueillie l’oeuvre de Morel? Le Trailédes Dégéné- 
rescences est assez généralement accepté comme une bonne mise au 
point des idées anthropologiques qui commen^aient à se vulgariser. 
Le mot mème de dégénérescence ne fit point l’eflet d’une nouveauté : 
On était habitué à le rencontrer sous la plume des naturalistes. 


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l’zdée de dégénérescence en médecine mentale 


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Ce sont les innovations nosologiques du Trailè des Maiadies 
Mentales qui attirent surtout l’attention, car la classification a de 
tout temps été Ie souci dominant des aliénistes. 

C’est le groupe des folies héréditaires qui, à la Société médico- 
psychologique, a les honneurs de la grande discussion de 1860 
sur les classifications de la folie. Morel, mollement soutenu par Jules 
Falret, doit se défendre contre les critiques de Delasiauve, qui ne 
cache pas sa tendresse pour les monomanies d’Esquirol et le délire 
partiel de Ferrus. 

Toujours est-il que, à l’issue de cette discussion, un doute plane 
sur la valeur de la folie héréditaire. 

Les travaux vont alors se multiplier sur ce sujet, tant sous 
l’influence de l’oeuvre de Morel, que pour obéir au courant d’idées 
qui avait entralné Morel lui-méme. Vingt ans plus tard, les legons 
de Magnan sur la dipsomanie devaient rallumer Ies controverses. 

Magnan blàmait Esquirol de n’avoir vu dans la dipsomanie que 
le symptàme, et d’en avoir fait une monomanie. En réalité, quand 
on remonte aux ancécédents de ces malades, on s’apenjoit qu’ils 
ont antérieurement présenté des bizarreries de caractère ou des 
troubles mentaux, indices d’une atteinte générale de l’intelligence. 
Le besoin de boire, s’il constitue chez le dipsomane le fait le plus 
saillant, ne représente pas à lui seul toute la maladie : il n’est qu’un 
sindrome épisodique d’un état mental que l’hérédité tient sous sa 
dépendance. On trouve d’ailleurs chez lui d’autres impulsions, 
multiples et variées. 

Les premiers travaux de Magnan vont amorcer la grande discus- 
sion de la Société médico-psychologique, où l’on va chercher à se 
mettre d’accord sur les termes d 'héréditaire et de dégénéré, dont la 
vaieur et la signification n’avaient pas été sufHsamment précisécs 
dans Ia discussion de 1860. • 

Sur Ia proposition de J. Falret, la Société met à l’ordre du jour 
du 30 mars 1885 la question des signes physiques, intelleduels et 
moraux des folies héréditaires, qui se décompose ainsi : 

l« r Point : Quelle est l’empreinte de l’hérédité dans les maladies 
menlalest 

2 e Point : Y a-l-il des formes mentales caractéristiques héré- 
diiairesl 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


L’attitude de Magnan devient très nette : II aflìrme qu’il existe 
une folie héréditaire, indépendante des autres formes mentales. 
Les héréditaires, ou dégénérés, présentent dès la naissance des 
stigmates physiques et psychiques, qui les font reconnaltre parmi 
les autres aliénés, et les rangent, sans conteste, dans une classe à 
part. 

Mais la discussion va s’obscurcir dufaitde l’entrée en jeu d’une 
considération nouvelle, je veux parler des dégénérescences acquises, 
que Morel avait explicitement reconnues, que Magnan n’avait 
jamais niées, mais sur I’importance desquelles Ghristian, Bouche- 
reau et Cotard exigent qu’on insiste davantage. 

Charpentier s’étonne et s’indigne : vous voulez, dit-il en sub- 
stance, créer un groupe spécial de folies héréditaires. Or, vous recon- 
naissez : 1° que toutes Ies maladies mentales relèvent plus ou moins 
de l’hérédité; 2° qu’il y a des folies héréditaires (dégénérescences 
acquises) où l’hérédité ne joue aucun róle particulier! Avouez 
donc tout de suite que ce mot de folie héréditaire vous sert tout 
simplement à étiqueter ce que vous ne savez pas où classer. II 
s’agit là d’une synthèse prématurée, et toutes Ies monomanies n’ont 
de commun, dit Charpentier, que la cacophonie des substantifs qui 
les expriment. 

Magnan, dans la séance du 28 juin 1886, après avoir répondu aux 
dilTérentes critiques qu’on lui a adressées, cherche à reprendre a* 
résultats positifs de la discussion. Iladmet, à c6té del'étiologie héré- 
ditaire, l’étiologie fcetale, conceptionnelle et infantile de la folie 
des dégénérés. En dépit des divergences d’opinion relatives à l’étio 
logie, tout le monde est d’accord, ajoute-t-il, au point de vue 
clinique, sur le groupe des héréditaires ou dégénérés. 

Magnansetrouve satisfait à bon compte, car, aprèstout, dans la 
discussion présente, il s’agissait non seulement de clinique, mais 
d’étiologie, et il fallait non seulement se mettre d’accord sur l’un et 
l’autre terrains, mais encore concilier les données de l’étiologie et 
celles de la clinique. 

Cette lutte mémorable se termina en somme, si I’on veut bien me 
permettre une expression vulgaire, en queue de poisson. Chacun 
coucha sur ses positions : c’est généralement ce qui se passe au soir 
des grandes batailles médicales. 

Toutefois, cette discussion n’aura pas été sans influence sur I’évo- 


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l’idée de décénérescence en hédecinb hentale 


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lution de la doctrine de M. Magnan dans l’esprit de M. Magnan lui- 
mème. Les nécessités de la controverse Pont contraint à se livrer 
sur ses propres idées à un travail d’analyse serrée, qui lui permettra 
par la suite d’exposer avec une plus grande précision de contours, et 
sous une forme pour lui déíìnitive, la doctrine de la dégénérescence 
mentale. 


IV 

L’oenvre de Magnan et de ses élèves. 

C’est dans la thèse de Legrain et dans un petit livre publié en 1892 
dans la collection Charcot-Debove, et intitulé Les Dégénérés, que nous 
trouvons les éléments d’un exposé méthodique des idées de M. Ma- 
gnan, à leur période de systématisation. 

L’hérédité rayonne sur toute la*pathologie mentale. Mais,parmi les 
aliénations, U faut distinguer deux grandes classes : 

1° Celles qui surviennent chez les héréditaires, c’est-à-dire chez 
les prédisposés; 

2° Celles qui ne constituent qu’un accident dans la vie d’un 
individu par ailleurs normal. 

Les prédisposés se divisent en deux groupes : prédisposés simples 
et prédisposés avec dégénérescence. 

Les prédisposés dégénérés sont caractérisés par un état mental 
particuher, préexistant à toutes les manifestations vésaniques. 
Suivant que cette atteinte originelle du fond mental est plus ou 
moins accentuée, on peut distinguer ces sujets en déséquilibrés ou 
dégénérés supérieurs, débiles, imbéciles et idiots, chaque catégorie 
se continuant avec la suivante par une transition insensible. 

Le dégénéré possède des attributs qui caractérisent la tare dont 
ilestporteur : stigmafes physiques et sligmales moraux. 

La marque principale de l’état mental du dégénéré, c’cst le désé- 
quiUbre, dont M. Magnan rend compte à la faveur de son fameux 
schima anatomique, que Naecke juge entaché de phrénologisme. 

Le íond mental étant mis à part, le dégénéré peut se trouver 
dans des situations transitoires constituées par les étals syndro- 
miques et les élais déliranls. 

L ’obsession et 1’ impulsion constituent Ie fond commun de la plupar t 
des svndromes épisodiques de la dégénérescence. Quelle que soit 


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la nature de l’idée obsédante ou de l’acte impulsif, les phénomènes 
spécifìques de l’obsession et de l’impulsion restent toujours Ies 
mèmes, et sont les suivants : 

«) Conscience lucide ; 

P) Luiie angoissanle ; 

Y) Irrésistibililé ; 

8) Exagération des signes physiques de l’émolion ; 

e) Soulagemenl consécutif. 

A còté de l’état syndromique se place l’état délirant, dont 
l’étude constitue le véritable objet de la thèse de Legrain. Abs- 
traction faite de la manie raisonnante et de la folie morale, états 
intermédiaires dont le caractère délirant n’est pas avéré, on ren- 
contre chez le dégénéré les manifestations suivantes : 

1° Exallation cérébrale et dépression mélancolique simples’, 

2° Délires d’emblée, caractérisés par Ia brusquerie de leur début 
et par leur polymorphisme; 

3° Délires à éoolulion chronique, que l’on doit soigneusement 
distinguer du délire chronique à évolution systématique né de la 
synthèse opérée par Magnan et Gérente du délire de persécution et 
du délire des grandeurs 

Ball devait apprécier d’une fagon un peu vive les conceptions 
de Magnan : II considère dédaigneusement la dégénérescence men- 
tale comme une sorte de remise, qui sert à loger, sans aucun effort 
d’esprit, tous les cas embarrassants dont la défìnition est diflicile 
à formuler. 

V 

L’idéè de dégénérescence dans la psychiatrie allemande 

L’idée de dégénérescence devait pénétrer dans la psychiatrie 
allemande avec le Trailè des Maladies mentales de Griesinger, où 
étaient exposées très exactement les conceptions nouvelles de Morel 
ct de Moreau (de Tours) sur la prédisposition héréditaire. 

C’est dans le Traité de Schule que la notion de dégénérescence va 
constituer le socle de toute la nosologie psychiatrique. La mème 
tendance se retrouve, aussi accentuée, chez Krafft-Ebing, qui a le 
mérite de l’exprimer sous une forme plus accessible, la pensée de 
Schúle devant rester absolument impénétrable à nos intelligences 
Iatines. 


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l’idée de dégénérescence en hédecinb mentale 


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Si I’on met à part les maladies avec lésions anatomo-patbolo- 
giques constantes, les psycboses organiques et les intoxications, 
sil’onréserve l’idiotie, queles auteurs allemands ontpris l’habitude 
de décríre dans un chapitre spécial, nous restons en face des psy- 
choses fonctionnelles: Krafft-Ebing divise ces demières en psycho- 
nivroses et en dégénérescences psychiques, en vertu de ce principe 
fondamental, qu’il y a une différence très grande entre un trouble 
psychique développé dans un cerveau bien constitué et une maladie 
mentale survenant dans un cerveau atteint d’une tare héréditaire. 

C’est ainsi que la manie périodique, maladie dégénérative, se 
distinguera de la manie ordinaire, maladie non dégénérative, d’abord 
pas son caractère périodique, ensuite par certaines particularités 
sjTnptomatiques. 

Dans l’ceuvre de Krafft-Ebing, les dégénérescences psycbiques 
comprennent: 

1° L'aliénalion menlale conslituiionnelle émotive (das konsti- 
tutionelle affektive Irresein) ou folie raisonnante ; 

2° Les paranolas ; 

3° Les folies périodiques ; 

4° Les formes d’aliénation menlale dues aux névroses consli- 
lutionnelles (troubles mentaux en rapport avec la neurasthénie, l’épi- 
lepsie, l’hystérie, l’hypochondrie). 

Cette tendance de la psychiatrie allemande à faire de l’idée de 
dégénérescence un criterium nosologique fondamental ne devait 
pas subsister bien longtemps. Les auteurs germaniques comprirent 
ce qu’un tel procédé avait d’excessivement schématique. Nous 
trouvons une réaction très nette dans l’ceuvre de Ziehen : Le con- 
cept de Ia dégénérescence n’intervient pas dans la classifìcation de 
cet auteur qui se contente de l’étudier au chapitre de l’étiologie 
générale. La dégénérescence, pense-t-il, est un facteur étiologique 
important, elle joue un róle prépondérant dans la détermination de 
certames psychoses qui, à cause de cela, peuvent ètre taxées de 
dégénératives. Mais cette influence n’est pas suffisante pour per- 
mettre de tracer des cadres nosologiques spéciaux. 

Dans l’oeuvre de Kraepelin.l’idée de dégénérescencedevientencore 
plus lointaine. La dégénérescence ne constitue qu’un mode de 
l’hérédité, et Ies individus héréditairement tarés ont une tendance 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


constitutionnnelle soit à étre malades d’une fagon permanente, 
soit à présenter des accidents mentaux à retours fréquents. La 
moindre cause occasionnelle sera susceptible de déclencher en eux 
un trouble durable de l’intelligence. 

Malgré tout, il faut bien que Kraepelin fasse entrer les dégénérés 
dans sa classification. II le fait avec un certain détachement et une 
certaine hauteur. II ne se croit en rien obligé de dresser ces dégénérés 
en face de tous les autres malades mentaux. II ne cherche pas, dans 
sa classifìcation, à les renfermer dans un compartiment étanche. 

On peut considérer le problème, pense-t-il, du point de vue large 
et du point de vue étroit. 

Au point de vue strict, il est possible d’admettre la classe des 
états psychopalhiques (psychoses dégénératives) : cette classe com- 
prend quatre subdivisions : 

1° La dépression constitulionnelle (constitutionelle Verstism- 
mung); 

2° Les obsessions ; 

3° La folie impulsive; 

4° Les peroersions sexuelles. 

Mais, en se plagant au point de vue large, on doit aussi parler de 
dégénérescence dans d’autres états, dans les névroses communes, 
dans la psychose maniaque dépressive, dans certaines formes de 
débilité, et peut-étre aussi dans la parano'ia. 

VI 

Lesrapports du génie et du crlme avec la dégénérescence. 

II s’agit ici de deux questions vieilles comme la pensée humaine, 
qui se soudent tout naturellement au problème de la dégénérescence, 
contribuant à Iui donner un intérèt qui dépasse les limites étroites 
d’une science spécialisée. 

L’Antiquité assimilait au délire l’enthousiasme poétique et pro- 
phétique. Aristote, dans une phrase que l’on répète partout, aflìrme 
que « nullum magnum ingenium fuit sine mixtura dementiae *. 
Félix Plater rapporte, avant Voisin, des faits de génialité partielle 


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l’idee de dégénérescence en médecine mentale 


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chez des aniérés. Cabanis et Fodéré effleurent par instants la ques- 
tion des rapports du génie et de la folie. 

En 1859, paralt le fameux ouvrage de Moreau (de Tours), livre 
touífu, étrange, mal composé, monument fondamental de la théorie 
du génie-névrose. Après avoir considéré, comme Voisin, les faits 
de génialité partielle chez les dégénérés inférieurs, Magnan indivi- 
dualise la classe des dégénérés supérieurs. 

L’ceuvre de Lombroso vulgarise cette notion des rapports du 
génie et de la dégénérescence; il l’accommode à l’optique populaire, 
et formule sa théorie du génie psychose dégénérative épilepto'ide. 

Les exagérations méridionales de Lombroso et l’ironie lourde de 
Max Nordau provoquent des colères dépourvues, elles aussi, de 
mesure, que tempèrent des opinions plus éclectiques, celles de M. Del 
Greco et de M. Brugia par exemple, qui comprennent que l’homme 
de génie ne peut ètre ni tout anomalie, ni tout perfection. Aussi 
bien, Nordau n’a-t-il pas toujours été lu avec impartialité : on ne 
peut rien lui reprocher, quand il montre que, à cóté du génie véri- 
table, il y a place pour I’étude du génie pathologique. 

II est vrai, comme l’écrivaient les Goncourt, qu’il sera toujours 
plus agréable de se représenter le génie sous la forme d’une langue 
de feu que sous l’aspect d’une névrose. 

L’histoire des rapports de la dégénérescence et de la criminalité 
acquiert un intérét spécial, du fait que le signalement morpholo- 
gique et moral du criminel a précédé celui du dégénéré. On s’est 
d’ailleurs vite aperqu qu’aucune différence fondamentale ne séparait 
les deux types. 

Les adeptes de la célèbre école italienne d’anthropologie crimi- 
nelle mettent une certaine coquetterie à signaler eux-mèmes leurs 
précurseurs. Le livre séduisant de M. Antonini (1) renferme un véri- 
table arbre généalogique des ancètres de la Nuova Scuola. II désigne 
dans la Physionomie de l’Antiquité et de la Renaissance la vraie 
prtcorriirice de l’anthropologie criminelle. 

A la fin du dix-huitième siècle, la question de la criminalité prend 
une toumure qui prépare son affiliation à celle de la dégénérescence. 
Toutes les fois que Cabanis a l’occasion de parler des criminels, il 

(1) Antonini. I precurtori di Lombroso. Torino, Bocca, 1900. 


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les considère comme des malades (1). Gall estime que la crimi- 
nalité est au premier chef du ressort de la médecine. II formule 
nettement cette idée, qui constituera le point de départ de toutes 
les nouvelles doctrines criminologiques, qu’il est tout à fait défec- 
tueux de considérer le crime sans s’inquiéter du criminel. 

Enfin, dans l’oeuvre de Morel et dans celle de Moreau (de Tour3), 
la question de la criminalité se soude définitivement à la question 
de Ia dégénérescence. Lombroson’a jamais caché tout ce qu’il devait 
au médecin de Saint-Yon. A notre tour, nous ne devons jamais 
manquer de rendre hommage aux admirables travaux de l’école 
italienne. On ne doit rien écrire, en matière de criminologie, sans 
se documenter auprès des Ferri, des Garofalo, des Colajanni, des 
Del Greco, des Brugia, etc. 

Tout nouvellement, lesrapports de la dégénérescence et de la cri- 
minalité ont été repris d’une fagon un peu spéciale : je fais allusion 
à la discussion sur les perversions instinclives, au Congrès de Tunis 
(1912) et au remarquable rapport de M. Dupré (2). C’est parmi les 
aliénés héréditaires de Morel que M. Dupré va prendre ses pervers 
instinctifs, pour nous en donner une étude précise et détaillée, qui 
ne pouvait ètre faite en 1860, mais qui, en 1912, devait bénéficier 
des progrès de la psychologie criminelle contemporaine. 

L’étude des dégénérés ne devait pas se confiner dans le domaine 
de la pure spéculation. De tout temps on s’était occupé de défendre 
la société contre les anormaux. Les règles hygiéniques que nous 
trouvons dans les vieux livres sacrés, dans les lois de Manou,par 
exemple, sont parfois celles que cherchent à vulgariser aujour- 
d’hui les propagateurs de YEugénique modeme. 

Des questions fort intéressantes se rattachent à cette histoire de 
la lutte contre la dégénérescence, en particulier le problème des 
dégénérés à l’armée, ainsi que la propagande troublante faite en 
faveur de la stérilisation des dégénérés. 

(1) J’ai mis ce point en relief il y a trois ans dansmon article sur La pyschia- 
rie dans l'ceuvre de Cabanis. Revue de Psychiatrie, octobre 1910. 

(9) Dans mon ouvrage, Je n’ai consacré qu'une faible place à la question de 
dégénérescence criminelle, car,avec M. Vallon, nous sommes en train de la 
reprendre en détail dans un livre qui parattra prochainement, auquel mon 
excellent maltre doit apporter la précieuse collaboration de sa compétence 
médico-légale bien connue, et que viendront illustrer des exemples concrets, 
empruntés à ses vingt années de pratique de l’expertise psychiatrique. 


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l’idée de dégénérescence en médecine mentale 


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VII 

Ĺ’idée de dégénérescence mentale et les tendances de la 
psychlatrie contemporaine. 

Mais c’est en aliéniste surtout que nous avons abordé l’histoire 
de la dégénérescence mentale. Nous avons vu cette conception 
dominer la nosologie psychiatrique dans les pays de langue alle- 
mande avec SchOle et Krafft-Ebing, puis étre ramenée par Ziehen et 
par Kraepelin à la valeur d’une simple notion étiologique d’ordre 
très général. 

En France, un phénomène analogue se produit à I’heure actuelle. 
Pendant de longues années, la doctrine de Magnan a régné en mal- 
tresse sur les classiflcations frangaises. Mais un travail de critique 
se poursuivait lentement. Quelques auteurs cherchaient à appro- 
fondir le mécanisme intime de la dégénérescence; d’autres, accep- 
tant en bloc la valeur étiologique indéniable de ce processus, se sont 
plus spécialement demandé quel parti la nosologie pouvait en tirer. 

En 1894, M. Vallon s’est élevé contre l’extension trop grande 
donnée à la dégénérescence par M. Magnan. Le mot de dégéné- 
rescence, dit-il, tend à devenir synonyme d’aliénation mentale. 
Cette théorie, très vraie au point de vue de l’anthropologie générale, 
ne saurait servir de base à la classiflcation des maladies mentales. 

Cette opinion annonce et résume tout un vaste mouvement de 
restrictions et de réserves qui s’accentue par la suite. La dégéné- 
rescence mentale va bientdt cesser d’ètre le pivot de la nosologie 
psychiatrique. 

M. Toulouse souligne le caractère provisoire de la classe des dégé- 
nérés. 11 s’agit, pense-t-il, d’une simple conception d’attente. 
MM. Vaschide et Vurpas, tout en reconnaissant à la doctrine l’avan- 
tage d'avoir permis de réunir dans un mème groupe des malades 
jusque-là séparés, considèrent qu’il est défectueux de rassembler 
sousles mémes dénominations d’héréditaires,de dégénérés, de désé- 
quihbrés, trop de types differents. 

La notion de dégénérescence intervient encore dans la classifi- 
cation de M. Régis, mais d’une fagon un peu lointaine. Elle lui sert 
•implement à caractériser, au point de vue étiologique, les infir- 
mités psycbiques d’évolution. 

J’ai été paiticulièrement heureux de faire figurer dans mon travail 


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quelques pages où mon maltre, le professeur Gilbert-Ballet, a bien 
voulu résumer & mon intention son opinion sur la question de la 
dégénérescence mentale. 

Le mot de dégénérescence, dit en substance M. Gilbert-Ballet, a 
été pris tour à tour dans une acception étiologique et dans une 
acception symptomatique. 

Mais, au point de vue étiologique, après avoir admis Ia synony- 
mie des termes de dégénéré et d’héréditaire, on a dù faire intervenir 
la notion des prédispositions acquises : « D’où il résulte que ce mot 
dégénérescence, considéré au point de vue étiologique, a une signi- 
fícation vague et variable, et que, loin d’apporter dans le Iangage 
la clarté qu’y répand un terme net et précis, il est de nature à jeter 
la confusion dans Ies esprits. II est donc préférable de renoncer à 
l’employer dans une acception causale. » 

II n’y a pas non plus lieu de le conserver dans son acception sym- 
ptomatique, continue M. Gibert-Ballet, car on ne pourrait le faire 
qu’en lui accordant une signification conventionnelle : « Dégénéré 
veut dire : qui est déchu des qualités primitives de son espèce, de 
sa race; tout malade est dans ce cas, dont I’affection mentale se 
rattache à une tare constitutionnelle. Autant dire que le plus grand 
nombre des psychoses, quelques-unes mème de celles qui relèvent 
d’une cause accidentelle, comme une intoxication, seraient des 
maladies de dégénérescence. Mais alors l’extension du mot devien- 
drait telle qu’il ne désignerait plus rien de particulier, par consé- 
quent de précis. Veut-on limiter, comme d’aucuns ont eu tendance 
à le faire, la signifícation du terme à la désignation des tares congé- 
nitales nettement et constamment constatable3, comme la débilité 
mentale, la déséquilibration, les perversions instinctives, les insuffi- 
sances célébrales psychasthéniques, etc., de la sorte on rendra sans 
doute conventionnellement à ce terme un sens moins absolument 
vague; mais quel avantage y aurait-il à englober sous un vocable 
commun des défectuosités psychiques qu’on peut désigner par un 
nom qui en spécifie la physionomie et la nature? Et puis de quel 
droit exclure du cadre de la dégénórcscence les aflections, corame 
la psychose périodique, qui dépendent certainement d’une tare cons- 
titutionnelle, parce qu’on ne retrouve pas toujours chez les sujets qui 
en sont atteints, en dehors des accès, les stigmates permanents de 
la défectuosité mentale native? » 


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l’idéb db dégénérbscbnce en hédbcinb mentalb 


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En résumé, conclut M. Gilbert-Ballet: « Je me suis servi comme 
tout le monde du mot dégénérescence. Mais plus je vais et plus je 
me convaincs que la raison qui lui a assuré le succès, c’est-à-dire 
le vague et par suite la commodité de sa signiíìcation, est précisé- 
ment celle qui doit le faire rejeter. Si je ne m’abuse, en psychiatrie 
plus qu’en aucune autre science, on éprouve à l’heure actuelle le 
besoin impéríeux d’un vocabulaire précis. On a dit avec raison 
qu’une science est une langue bien faite; à mesuie que la pathologie 
mentale progresse, nous rencontrons la nécessité de perfectionner 
la nfltre et d’en éliminer dans la mesure du possible les expres- 
sions trop générales et trop vagues. 

• Je ne conteste pas que la notion de la dégénérescence, et par 
suite le mot, aient rendu des services. Mais à I’heure actuelle, ils 
me paraissent avoir rempli leur fonction. Je vois bien Ies incon- 
vénients, je ne vois pas les avantages qu’il y aurait à conserver le 
terme de dégénérescence dans le langage courant de la psychiatrie. ». 


Gonclusion. 

L’opinion de M. Gilbert-Ballet devait constituer la conclusion 
naturelle de mon travail. C’est d’ailleurs l’idée générale qui se dégage 
toute seule de l’enquète historíque à laqirelle je me suis livré. 

L’idée de dégénérescence a joué un rflle considérable dans l’évo- 
lution de la psychiatrie. Comme je l’écrivais, il y a deux ans, à 
propos de l’ceuvre de Morel, cette vaste conception anthropolo- 
gico-psychiatrique représente le résumé, la synthèse du mouve- 
ment séculaire qui a peu à peu rapproché la psychiatrie de la méde- 
cine et la médecine de la biologie. C’est le grand témoin de l’affran- 
chissement de la médecine mentale, c’est-à-dire de son agrégation 
à la science positive. 

La dégénérescence conservera toujours, dans l’esprít de tout le 
monde, sa valeur étiologique générale, mais, en tant que criterium 
nosologique, il est nécessaire qu’elle rentre désormais dans le 
domaine de l’histoire rétrospective. En spectateur impartial, nous 
avons assisté à sa naissance, à sa fortune rapide et à son apogée 
brillante : c’est maintenant l’heure du crépuscule. 


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LES ASSOCIATIONS 
DE LA CONFUSION MENTALE 


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LA GONFUSION INTERMITTENTE 


Par Henri Damaye, 

Midecln de l’Atile de Bailleul. 


Les associations de la confusion mentale constituent une dea 
études psychiatriques les plus pratiques et les plus fructueuses, 
étant donnés non seulement leur pur intérèt psychique, mais sur- 
toutlesrapportsdes réactions confusionnelles avec Ies états toxiques 
de l’organisme. Nous ne reviendrons pas sur I’historique de la ques- 
tion, car nous l’avons exposé lors de précédents articles. Dans toutes 
les études sur la confusion mentale, il convient cependant de tou- 
jours rappeler les noms de Ghaslin et de Régis (1) auxquels se lie 
cette question importante de la Psychiatrie. 

Nous rapportons aujourd’hui I’observation d’une malade où Ia 
confusion, associée à d’autres éléments, apparalt par intermittence 
et laisse après elle, non point la guérison, l’mtégrité mentale, mais 
des idées délirantes tenaces, constitutionnelles si l’on peut dire, qui 
depuis quatre ans s’installent et se multiplient. 

Les cas de ce genre ne sont pas très rares et les éléments n’en sont 
pas nouveaux. Ritti (2), dans son ouvrage consacré à la folie circu- 
laire et altemante, nous montre des périodes dépressives accora- 
pagnées d’idées délirantes de persécution, mélancoliques et d’hal- 

(1) Chaslin. La confusion mentale primitive. Paris, 1895. 

Réois. Les psychoses d’auto-intoxication. Archiv. de Neurol., 1899, et lee 
thèses de ses élèves i Gombault, Hesnard, Neveu, Huot, Gaussen, Laurence. 
Thèses de la Faculté de Bordeaux. 

Oamaye. La confusion menlale et ses associations. Annalet midico-ptychol., 
seplembre 1911. 

Manie pure et manie confusionnelle. fìevue de Ptychiatrie, septembre 1910. 

Etudes sur les associations de la confusion mentale. Archiv. iniernationaiet 
de neurologie, mai 1912. 

(2) Ritti. Traili cliniqae de la (olieàdouble / orme . Doin, 1883. 


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AS80CIATIONS DB LA CONPUSION MENTALB 


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lucinations. Chaslin (1) indique déjà que la confusion mentale peut 
étre intermittenle ou à rechutes ; il cite l’opinion de Sauze et l’exemple 
rapporté par Hannion : quatre accès mensuels paraissant corres- 
pondre à l’époque des règles absentes. Delasiauve et Ghaslin ont 
vu également que la confusion mentale aigué laisse parfois subsister 
après elle des idées délirantes et des hallucinations qui peuvent 
former un délire systématisé (2). Séglas (3) a aussi rapporté des 
exemples de ces faits rangés par Schflle dans la « paranola ». 

Régis attache avec raison une très grande importance à l’étude 
des modalités de ia confusion mentale, puisque cette réaction céré- 
brale intéresse éminemment l’étiologie et la thérapeutique. Dans les 
cas semblables à ceux de notre étude actuelle, on ne peut guère 
incríminer qu’une intoxication endogène, une auto-cyto-toxine 
vraisemblablement. L’intoxication en cause n’est pas influencée par 
nos méthodes thérapeutiques antitoxiques ordinaires. 

Ces confusions épisodiques ont une forme stuporeuse et dépres- 
sive. Outre l’incohérence du langage avec une certaine désoríenta- 
tion, on note chez nos malades une indifférence plus ou moins 
marquée au monde extèríeur, l’aspect égaré de la physionomie et 
un mutisme fréquent. II s’y joint des hallucinations et des idées 
délirantes manifestes,mais rendues vagues par l’état stuporeux. 

M m * A..., sans profession, arrive à Bailleul, le 14 aoùt 1908, à l’ftge 
de trente ans, avec un certificat portant le diagnostic de « folie spé- 
cifique ». Instruction primaire. Mariée depuis plusieurs années; pas 
d’enfants. 

L’aspect clinique de cette malade est celui d’une confusion mentale 
aiguè en voie d’amélioration. Légère torpeur cérébrale, retard psycho- 
moteur; lacunes de l’orientation : croyait ètre ici depuis un mois. 
Désordre des idées. 

Le lendemain de son arrivée, vive agitation. A dater du jour sui- 
vant, calme dépressif. Parut alors inquiète, répondant d’une voie 
basae et timide, en baissant les yeux. Savait son ftge et la date de sa 
naiseance, mais ne pouvait dire ni l’année ni le jour et croyait ètre 
en juillet. EUe se reconnaissait « malade de la tète » et se rendait bien 
compte que l’établissement est une Maison de santé.Le soir, excitation 
fréquente. « AUons, mesdames, prenez votre cachetl... Partons dans 

(1) Chaslin. Loco cil. 

(2) Chasun. Loe. cil., pages 186 et 187. 

(3) SécLxs. La Paranou. Archiv. de Neurol., n°* 37, 38 et 39,1891. 

Letoiu elinlquee aor les maladlee mentalw, 1896. 


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REVUB DE PSYCHIATRIE 


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le train tout de’suite, toutde suite...» Gesticulait en courant d’un bout 
à l’autre de sa chambre, frappant aux portes, mais n’était jamais 
violente vis-à-vis des personnes. Ful réglée dans les jours qui suivirent 
son admission. 

28 aoàt. — Timide, craintive. Retard dans les réponses. Dit que 
l’on est le 27 aoùt; sait son áge et l’année actuelle, mais ne peut préciser 
l’année de sa naissance. Se rend compte qu’elle a été malade. < Je 
souffrais dans la téte; je me sauvais. » Commence à travailler. 

5 septembre. — La confusion a reparu depuis quatre jours, accom- 
pagnée d’hallucinations visuelles. Avant-hier, la malade a vu des 
rats sur son lit, l’un était plein de louis d’or; elle a vu aussi trois 
singes dont deux sont entrés par la fenètre. Hier, elle a encore vu des 
rats. Lorsqu’elle quitte son lit, elle marche les yeux fermés pour ne pas 
voir les rats. Onirisme. Hallucinations, auditives probables. Hier, el.’e 
se disait impératrice. Aujourd’hui, elle nous dit que toutes ces choses 
« étaient comme un rève ». Désordre dans les idées; a de la peine à 
rassembler ses pensées, à reconstituer ce qu’elle a dit, vu ou entendu 
ces jours derniers. Retard psycho-moteur. 

10 septembre. Marche encore en fermant les yeux. Voit un petit 
chien sur son lit. Pleure beaucoup et réclame sa mère. 

29 septembre. — Un peu améliorée. Assez calme. A encore du dé- 
sordre dans les idées, mais n’a plus d’hallucinations. Recommence ò 
s’occuper. 

8 oclobre. — Fait des difficultés pour s’alimenter. Les troubles 
mentaux reparaissent. Se met à genoux, pleure, prie, ferme les yeux. 
Gàtisme. 

20 octobre. — Mutisme depuis huit jours. Se tient les yeux fermés 
et s’agenouille quelquefois. Ne mange que si on iui porte les aliments 
à la bouche. 

28 octobre. — Mème état. S’alimente un peu mieux, mais est encore 
très confuse et dort peu. Ne s’exprime que par signes. 

30 ociobre. — Parle aujourd’hui et nous dit qu’elle entendait, les 
jours précédents, quelqu’un qui lui interdisait de parler. 

2 novembre. — Etat trè9 variable. Tantòt calme et lucide : s’occupe 
alors. A d’autres moments, se tient les yeux fermés,croyant voir des 
étre ou des objets imaginaires, ou bien ne parle pas, croyant qu’on le 
lui défend. 

3 décembre — Souriante. Parle convenablement et s’occupe régu- 
lièrement. Bien orientée. Toute confusion a disparu. N’a plus ni 
cauchemar, ni hallucinations, ni idées délirantes. Mange et dort bien. 
Demande sa sortie. 

22 décembre. — L’état lucide s’est maintenu jusqu’au 10. Depuis, 
la malade reste la plupart du temps inoccupée, les yeux íermés, ne 
parlant guère. 

11 janvier 1909. — De nouveau, travaille régulièrement depuis 


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quelques jours.jMange bien et grossit. Santé physique exceilente. Se 
plaint« d’avoir la téte un peu dròle ». 

26 janvier 1909. — Est descendue ce matin en état de confusion. 
Refuse les aliraents. Mutisme, yeux fermés. 

29 janvier — Mème état, mais s’alimente mieux. 

4 février. — Mèrae état confusionnel. Refuse une lettre qui lui est 
adressée; ne répond pas lorsqu’on l’appelle par son nom. S’agenouille 
devant les autres malades en leur demandant pardon. Hállucinations; 
frayeurs; sanglots. 

10 mars. — Mème état depuis le 26 janvier. Aspect ahuri. Ne 
semble pas comprendre ce qu'on lui dit. Dort mieux cependant 

25 mars. — Mème état. Hébétée. Ferme souvent les yeux. 

22 avril. — La confusion se dissipe un peu, mais la raalade a essayé 
ce matin de se couper les cheveux, disant qu’elle voulait prendre le 
voile. Apparilion des règles qui faisaient défaut depuis plusieurs mois. 

4 mai. — Encore un peu confuse. Maniérisme. Répond d’une voix 
coatrefaite, d’une voix d’enfant. Depuis cette époque jusqu’en aoùt, 
période lucide durant laquelle la malade s’occupe, est douce, raison- 
nable, prévenante et travaille très bien. 

Le 21 aoùt, descend le matin en état d’excitation et de confusion. 
Demande ce qu’on lui veut; se couche à terre. 

28 aoùl. — Mème état. Parle avec une voix d’enfant. Rit fréquem- 
ment. Se couche dans tous les lits qu’elle apergoit. 

5 novembre. — La confusion se dissipe. Ne délire plus. Gommence à 
j’occuper. 

10 novembre. — Sang prélevé à onze heures matin : 

E = 2,3 Int = 5 Monos = 10,4 

P = 61 L = 21,3 Grands et moyens. 

20 novembre. — La confusion et le raaniérisme reparaissent.Parle 
d’une voie grèle comme un petit enfant. 

30 novembre. — L’excitation s’accentue. 

16 février 1910. — Depuis novembre, s’est montrée excitóe ct 
coníuse avec des jours d’accalmie et de lucidité relative. 

28 mai. — Période de lucidité et de calme depuis fin février, avec 
un jour de confusion légère de temps à autre. 

24 seplembre. — Depuis juin,agitée et confuse la plupart du temps. 

4 janvier 1911. — De nouveau excitée après une période d’accal- 
mie et de lucidité qui a duré trois semaines. 

11 mai. — Confuse et excitée depuis huit jours. Sang prélevé à 
11 heures du matin : 

E = 4,6 Int = 1,8 Monos = 9,9 

P = 65,3 L =18,4 Grands et moyens. 

Urines : jaune paille, acides. Pas d’albumine ni de sucre. 

13 mai. — Mème ètat de confusion et d’agitation/ Panophobie. 


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Hailucinations. Pupilles en mydriase avec légère inégalité, ce matin. 
Sang prélevé à onze heures : 

E = 3 Int = 3,8 m = 16,6 

P = 52,6 L - 24 

Est régulièrement réglée chaque mois; souvent violente à l’époque 
de ses règles. Depuis quelques mois, les périodes de confusion avec 
excitation tendent à devenir plus fréquentes et plus longues; au con- 
traire, les phases d’accalmie et de lucidité s’abrègent. Au cours des 
périodes confusionnelles, ia langue n’est pas saburrale. Cliniquement, 
aucun symptòme de tuberculose. Rien au coeur. 

18 mai. — Etat confus, stuporeux. Voix puérile, contrefaite. Sang 
prélevé à onze heures : 

E = 2,3 Int =6,4 m = 22,3 

P = 56 L = 13 Grands et moyens. 

13 /uin. — Mème état confusionnel. Ce matin, mydriase, avec 
légère inégalité pupillaire par moments. A dater d'aujourd’hui, 1 gr. 
iodate de soude et solution aqueuse. Sang prélevé à onze heures : 

E = 9,3 Int =4 m = 17,6 

P = 50,5 L = 18,6 

15 /uin. — Mème état. Sang prélevé à onze heures, après deux 
jours d’iodate : 

E = 6 Int =5,7 m = 16,6 

P = 49,7 L »22 

— Quel jour sommes-nous? —« Quatre heures...» Parle seule à mi- 
voix et souvent ne répond pas lorsqu’on lui cause. 

15 juillei. — Suppression de I’iodate. Le médicament n’a provoqué 
ici aucune modification clinique. 

l«r aoùt. —L’état confusionnels’est complètement dissipé cette nuit. 
La malade est descendue ce matin,calme,lucide, bien orientée, propre 
et bien coiffée. Ecrit aujourd’hui deux lettres toutà fait correctes 
à ses parents. La période confusionnelle a duré, cette fois, plus de trois 
mois. La malade ne se souvient pas de ce qu'elle a fail ni de ce qui s'esl 
passé au cours de ses phases de confusion. Nous remarquons aussi 
que le début des périodes confuses ou le retour à la normale s’opèrent 
toujours dans la nuit. • II me semble, dit la malade, que les nerfs me 
tournent quand je suis malade comme cela, et que quelque chose dans 
la tète m’empèche de parler. » A remarquer également que durant 
les périodes confusionnelles l’appétit est très bon; il diminue lors des 
périodes lucides. Lorsque la confusion s'est dissipée, M"« A... ré- 
clame chaque jour sa sortie. 

Sang prélevé à onze heures : 

E = 10,6 Int =2,4 m = 3,3 
P = 70 L = 13,7 

2 aoùl. — Un peu moins bien orientée aujourd’hui. Légère ébauche 
de confusion. 


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4 aoùl. — Est de nouveau très consciente et lucide. Elle me parle 
bien,ce matin, des iravaux qu’elle a faits hier. Je l’interroge sur uno 
syphilis possible autreíois. Elle me dit avoir eu, après son mariage, 
« une maladie provenant peut-ètre de son mari, avec des boutons à 
la peau, du mal de gorge, mais que le médecin n’a jamais voulu lui 
dire ce que c’était ». — «11 n’a soignée, ajoute-t-elle, avec du 
mercure et du chlorate de potasse. » — Aucun ganglion. Aucune 
trace d’éruption. 

14 aoàt. — La lucidité se maintient. S’alimente bien et travaille 
bien « afin de pouvoir bientòt partir », dit-elle. 

Sang prélevó à onze heures : 

E = 5,3 Int =4 m = 2,3 

P = 51,6 L = 36,6 

16 aoùt. — Commence déjà à laisser là son goòter, disant qu’elle 
ne peut plus souper lorsqu’elle le prend. Demande à changer de quar- 
tier et à sortir bientòt. 

24 aoàt. — Ne travaille plus bien. Réclame sa sortie avec insis- 
tance. Ne mange plus qu’à un seul repas et maigrit un peu. Elle dit 
ne plus vouloir retourner avec son mari et en veut à celui-ci. 

26 aoùl. — Confuse. Etat stuporeux avec fréquents moments 
d’excitation. 

16 ieptembre. — Est redevenue lucide et travaille. La confusion n’a 
duré, cette fois, que trois semaines environ. 

15 novembre. — Confuse et excitée. La période lucide a donc duré 
deux mois. 

16 février 1912. — Ce matin, s’occupe un peu à balayer, mais 
chante et est encore assez désorientée. La période confusionnelle 
a eu une durée de trois mois environ. 

17 février. — Son mari et son beau-père sont venus la voir aujour- 
d’hui.« Ce n’est ni mon mari, ni mon beau-père », a-t-elle dit, et elle 
refuse de les reconnaítre. 

19 février. — « Quel malheur! J’ai refusé, avant-hier, de causer à 
mon mari et à mon beau-père », a-t-elle dit ce matin en se levant. 
Aujourd’hui, travaille et semble tout à fait lucide. 

24 février. — Méme état de lucidité. Le personnel nous dit que 
cette malade est, durant ses phases lucides, très facile à diriger, douce, 
polie, très délicate, sans bizarreries ni inégalités d’humeur. 

Pupilles égales, réagissant bien à la lumière. Un peu de tremble- 
ment fibrillaire de la langue. 

Je lui fais effectuer ce matin les calculs suivants : 

2452 8295 825 142 

+6329 4328 +426 +158 

- - 124 - 

87911 47 - 3010 

13615 

7 


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Je lui fais remarquer qu’elle ne tient pas compte des retenues : elle 
remplace alors le 6 par un 7 dans l’addition ci-dessus. 

4 mars. — A dater d’aujourd’hui, je lui prescris chaque jour la 


potion suivante : 

Iodure de potassium. 4 gr. 

Eau sucrée. 80 gr. 


La religieuse du quartier nous dit que la malade parle beaucoup 
seule et se tait lorsqu'elle voit venir une sceur ou une infirmière. II 
nous faut remarquer que M m * A... n’est plus aussi normale pendant 
les périodes lucides. Elle y délire maintenant, menace son mari, dit 
qu’elle le tuera parce qu’il la laisse ici. 

11 mars. — Travaille, mais en parlant seule. Accuse son mari« de 
lui avoir donné une maladie honteuse»et de la laisser ici«afin de divor- 
cer ». Elle renie son mari et dit qu’elle demandera le divorce aussitòt 
sa sortie. Illusions de fausses reconnaissances : dit avoir apergu dans 
la cour de l’asile un jeune homme de son pays :« Pourquoi est-il venu 
ici? était-ce pour prendre des renseignements sur moi, ou bien voulait- 
il me faire une visite... inconvenante? » 

19 mars. — TravaUle bien. Très bien orientée : pas d’incohérence, 
mais accuse son mari de la laisser ici. Ne se rend pas compte qu’elle 
est périodiquement malade et qu’eUe ne pourrait vivre au dehors. 

21 mars. — TravaUle bien, mais nous dit ce matin qu’eUe a « une 
plaie dans le bas des reins»(inexact), que son mari était malade et 
n’aurait pas dù se marier. Des gens de son pays lui téléphonent toute 
la journée«des choses qui ne lui font pas plaisir ». EUe est donc persé- 
cutée et haUucinée. 

30 mars. — Très délirante. Entend constamment le téléphone. 
Nous dit qu’eUe ne veut pas rester dans une maison où l’on n’aurait pas 
dù la mettre, qu’elle a été bien élevée, qu’on aurait dù la mettre pen- 
sionnaire et non indigente. EUe soulèvera, s’U le faut,«comme Jeanne 
d’Arc, la France et la Bretagne pour faire respecter son honneur ». 

Urines : jaune paUle, acides, Pas d’albumine, ni de sucre. 

l* r avril. — Est retombée cette nuit dans son état confusionnel. 
Pupilles en légère mydriase, ce matin. 

12 avril. — La réaction de Wassermann, faite par M. Mézie & l’Ins- 
titut Pasteur de LiUe, a élé négalive. 

16 avril. — Mème état de confusion. 

27 avril. — Suppression de l’iodure, & dater d’aujourd’hui. 

30 avril. — Toujours confuse et excitée. Mange bien. 

Urines des vingt-quatre heures : jaune paille, acides. Pas d'albu- 
mine ni de sucre. On ne décèle plus d’iode avec AzO*H et chloroforme. 
Chlorures = 15 grammes. Urée = 25 gr. 60. Azote total = 11 gr. 5. 

l* r mai. — A présenté ce matin quelques heures lucides, a tra- 
vaUlé,puis est redevenue confuse. 

11 mai. — A travaiUé un peu hier raatin. Est un peu moins confuse. 


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Urines des vingt-quatre heures : Jaune paille, acides. Pas d’albu- 
mine. Chlorures = 13 gr. 50. Urée = 23 gr. 058. Azote total = 18 gr. 

26 juilld. — Est redevenue lucide. Travaille bien ce raatin. 

29 juilld . — A écrit ce matin une lettre très aimable à son mari. 

13 aoùt. — Demande déjà sa sortie; veut se placer comme infir- 
mière. Travaille bien. On a eu du mal à obtenir ses urines des vingt- 
quatre heures : elle semble craindre qu’on y découvre quelque chose 
d’anormal l’empèchant d’obtenir sa sortie. 

Urines des vingt-quatre heures: chlorures = 15 gr. 50. Urée = 28,18. 
Azotetotal = 12 gr. 

24 ao&t. — Sang prélevé à onze heures : 

E = 3,4 Int = 7 m = 1,3 

P = 58,6 L = 29,7 

2 uplembre. Depuis deux jours, recommence à se plaindre de sa 
piaie dans le dos et d’avoir les jambes enflées (inexact). Bien orientée; 
pas de confusion. 

3 septembre . — Bien orientée. Réticente:«Je ne le ferai plus... r, dit- 
dle, corame en s’accusant de quelque chose. Et un instant après: 
c Lorsque j’avais quatorze ans, mon père a couché avec moi... mais il 
n’y eut rien de mal... » 

E = 3 Int = 5,7 ra = 0,7 
P = 50 Lymphos et petits monos = 40,6 

7 sepiembre. — Sang prélevé à onze heures : 

E = 1 Int = 5 m = 1,7 

P = 49,3 L =43 

Ne répond pas à ce qu’on lui demande, ou bien parle d’une voix 
contrefaite, grèle et puérile. Elle, si propre quand elle est lucide, a 
voulu hier manger une tartine jetée dans un vase de nuit par une 
aotre malade. 

28 odobre. — Mème état. A dater d’aujourd’hui, une capsule de 
thyroldine chaque jour. 

16 novembre. — Vingt capsules de thyroldine n’ont produit aucune 
modification dans l’état mental. A dater d’aujourd’hui, une capsule 
ovarine chaque jour. 

5 déeembre. — Pas de modification sous l’influence de l’ovarine. 


La confusion mentale subaigué est, dans cette observation, bien 
manifeste et ne laisse après elle qu’un souvenir vague comme celui 
d’un rève. La confusion apparaít par intermittences, mais ses 
période8 ont tendance à se prolonger de plus en plus. L’élément 
confusionnel n’est pas pur, chez notre malade. II s’accompagne non 


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REVUE DE PSYCHIATRIB 


Beulement d’excitation ou de dépression, mais encore d’idées de 
persécution, mystiques ou de grandeur, de préoccupations mélan- 
coliques ou hypocondriaques et d’hallucinations visuelles et audi- 
tives. C’est là, en somme, de la confusion mentale associée. 

Lorsque la confusion se dissipe, il persiste de plus en plus un délire 
cohérent formé par ces mémes conceptions avec des interprétations, 
de fausses reconnaissances et des hallucinations. 

L’examen physique ne nous foumit, pour ce cas, aucun élément 
étiologique, aucune indication thérapeutique. Pas de syphilis vrai- 
semblablement, puisque Ie Wassermann est négatif. Pas d’urémie, 
ainsi qu’en témoignent les analyses d’urine. Pas de tuberculose ni 
d’autre maladie somatique révélée par les moyens cliniques. La 
formule leucocytaire ne nous donne pas davantage d’indication. 
Cet examen physique nécessaire est intéressant. II nous montre en 
effet que l’intoxication, les troubles périodiques, auxquels il faut 
bien attribuer les phases confusionnelles, relèvent ici de poisons plus 
intimes que ceux actuellement connus et décelables. 

En résumé, il y a chez notre malade deux affections, au point 
de vue clinique : une psychose confusionnelle intermittente qui peut- 
ètre deviendra permanente et chronique, et un délire cohérent avec 
interprétations et hallucinations qui s'est accentué depuis quatre 
ans. 

Le délire de Magnan et la psychose de Sérieux et Capgras peuvent 
succéder à une affection confusionnelle aigué qui révèle alors, pour 
ainsi dire, une aptitude jusque-là latente. 

Résumons une autre observation qui se rapproche de la précé- 
dente. Elle conceme une maladc dont la santé physique excellente 
ne semble pas davantage foumir de renseignements étiologiques. 

P... Marguerite, 22 ans, célibatairc. — Placée comme domestique, 
présente, vers aoùt 1909, des idéesde persécution : croit que sa mat- 
tresse prépare des aliments pour l’empoisonner, qu’on la suit dans 
la rue. Revient précipitamment chez ses parents et s’excite en disant 
qu’on va venir mettre le feu, piller la maison, a des hallucinations 
visuelles et auditives. Croit qu’on la surveille avec des jeux de miroirs. 
Entrée à Bailleul en novembre, elle fait une période de confusion 
mentale stuporeuse avec hallucinations visuelles et auditives, refus 
d’aliments, interprétations, actes bizarres, impulsivité. Rien d’anor- 
mal dans les urines, ni à l’exploration somatique. Cet état confusionnei 
se prolonge jusqu’en juillet 1912 et ensuite se dissipe assez rapide- 


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A8S0CIATI0NS DB LA CONFUSION HBNTALE 


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ment. En septembre, P... commenee è bien s’occuper, d’une tacon 
régulière; elle n’est plus ni confuse, ni désorientée, n’a plus d’halluci- 
nations, mais conserve des idées délirantes cohérentes et des inter- 
prétations. Elle se croit mariée, prend une malade de la cuisine pour 
son mari et l’embrasse chaque fois qu’elle la rencontre. Erotisme : 
se déshabille devant les passants et les interpelle lorsqu’elle va se 
promener dans les champs avec les autres malades. Croit toujours que 
sa maltresse a voulu l'empoisonner (1). 

Opérations effectuées par elle le 28 septembre 1912, en moins de 
cinq minutes. Intégrité intellectuelle. 


245 

3452 

2458 

358 | 42 

+428 

—1234 

x29 

220 |- 

— 



100 | 8,5237141857142 

673 

2218 

22122 

160 



4916 

340 




060 



71282 

180 


120 

360 

240 

300 

060 

180 

120 

360 

Quel diagnostic appliquer à ces deux malades? L’état actuel de 
nos connaissances biologiques ne nous permet pas de préciser, car 
nous ignorons l’étiologie. Nous ne serions guère plus avancé en 
prononjant le mot « démence précoce » alors méme que la confusion 
ou lee idées délirantes deviendraient permanentes. Ce n’est point là 
cette incohérence à début insidieux, à allure chronique d’emblée.à 
laquelle on doit réserver le terme démence précoce si l’on ne veut 
faireenglober à celui-ci presque toute la pathologie mentale.Tenons- 
nous-en sagement aux faits certains : d’une part état confusionnel 
hallucinatoire avec idées délirantes, de l’autre délire cohérent avec 
interprétations et hallucinations. Les périodes confusionnelles, 
période d’intoxication vraisemblable, pourront peut-ètre, si elles 
se répètent ou deviennent permanentes, affaiblir à la longue l’intel- 
ligence. La psychose toxique pourra couvrir, peu à peu, la psychose 
cohérente de l’état second, tout au moins chez la première malade. 

(1) L’ètat mental de cette malade est toujours identique (21 février 1913). 


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ItEVUB DE P6YCHIATRIE 


Régìs a montré que bien des affections prises pour la psychose 
maniaco-dépressive sont en réalité des confusions mentales tour à 
tour agitées et stupides. Nous avons publié ces deux observations, 
non seulement pour l’étude de l’évolution des psychoses, mais aussi 
à cause de la coexistence chez un méme sujet de deux variétés 
cliniques qui semblent altemer. 


QUELQUES MOTS D’HISTORIQUE 
SUR LA DÉMENCE PRÉCOCE 

Par H. Le Savoureux, 

InUrnt det Atilet dt la Stine. 


Le travail de l’historien se montre précieux quand il a su fixer 
avec une clarté suffisante, non seulement I’histoire des vocables et 
des écoles, mais surtout, à travers Ies querelles de mots, les faits 
mentaux eux-mémes et qu’il nous permet de retrouver trace de 
leurs observations dans la suite des siècles, et ceci malgré les termes, 
les théories et les classifìcations des auteurs. 

Le problème de la similitude des troubles mentaux aux diverses 
périodes de l’histoire est, on en conviendra, l’intérèt vivant de ces 
études. II semble bien que de tout temps la nature humaine ait 
réagi aux émotions de la méme manière, sinon plus violemment, qu’au- 
jourd’hui. Nous pouvons supposer que I’équilibre mental devait 
étre aussi facilement rompu; que l’ivresse était suivie de semblables 
désordres mentaux; que la débauche et les excès de toutes sortes 
conduisaient aussi souvent à la désagrégation mentale et à la 
démence. Le rapprochement est facile à faire entre la prison moderae 
où nous trouvons les troubles mentaux dans la proportion de 25 à 
500/0, et les rues de l’ancienne Rome.par exemple, où, étant données 
les mémes circonstances et les mémes crimes, nous sommes en droit 
de suspecter les mèmes folies. Toutefois il faut convenir que pour 
résoudre ce problème il faut souvent accomplir un travail ana- 


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QUELQUES UOT8 D'HISTORIQUB SUR LA DÉMENCE PRÉCOCE 73 


logue à celui du paléontologiste qui tente de reconstituer un 
monstre immense avec quelques os dispersés. 

C’est une synthèse semblable que M. Jelliffe a essayé de réaliser 
pour la démence précoce (1). 

Malgré toutes nos hypothèses en faveur de l’existence de la 
démence précoce dans les temps hippocratiques, on doit avouer que 
nous n’en possédons aucune description précise. II se peut qu’Hip- 
pocrate ait compris dans son amentia toute une catégorie de nos 
déments précoces, Ies autres formes prenant 1 place dans ses melan- 
eholioe, puisqu’il se pla$ait uniquement à un point de vue sympto- 
matologique. Jusqu’ici on n’a point trouvé de description nette 
d’aucun cas de d. p. dans la littérature grecque. Nabuchodonosor 
était-il un catatonique, comme on I’a prétendu? C’estpeu probable. 
On ne trouve rien dans Asclépiades qui puisse se rapporter au 
sujet de notre étude. Arétée dit, en parlant du type mélancolique 
d’Hippocrate :« II n’est pas rare de voir l’intelligence et la sensi- 
bilité de ces malades tomber à un tel point de dégradation, qu’ou- 
blieux méme de leur propre personne dans leur imbécillité complète, 
ils passent le reste de leur vie comme des bétes stupides ». Ce qui 
nous permet de croire que des malades sémblables à nos d. p. 
existaient alors et étaient reconnus comme atteints d’une aflection 
mentale. 

Les catatoniques n’étaient pas ignorés d’Arétée; le négativisme 
étant sans doute compris par lui dans la léthargie ou dans Yidiotie. 
C’est ainsi que Soranus, contemporain d’Arétée, parlant des léthar- 
giques, décrit des malades qui négligent les appels de la nature et 
qui sont « immobiles comme des statues dans n’importe quelle 
attitude où on les mette, refusent de montrer leur langue ou la 
maintiennent hors de la bouche une fois qu’ils l’ont tirée ». 

On peut voir dans ce passage de Coelius Aurelianus(Morb. chron. 
lib.I, cap.V), une allusion à la démence paranofde:« Ainsi l’un, dans 
son délire, imagine étre un dieu, un autre, un orateur, un autre, un 
tragédien ou ud comédien, un autre, portant une paille dans la main 
croit qu’il tient le sceptre du monde ». 

Passons aux temps modemes. Willis écrit en 1672 «Beaucoup de 
jeunes gens très intelligents dans I’enfance etsi aptes à étre enseignés 

(1) Dtmentia praeeox, an hietorieal tummary. NewYork Medieal journat, 
mtieh. 12,1910. 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


que leur science et leur conversation ravissent d’admiration tout le 
monde, plus tard en devenant plus ftgés devinrent stupideset teraes, 
et ceux qui autrefois étaient beaux de leur personne, n'offraient 
plus tard ni grftce ni beauté ». Ainsi ce type, pendant quelques 
Biècles, fut rangé sous le nom de stupidilé, idiolie et imbéeillilé , de 
méme qu’au tempsd’Hippocrate, mais c’est Willisqui nous montre 
le premier un processus de désagrégation survenant chez un indi- 
vidu le plus souvent jenne et antérieurement sain. 

Nicolas Tulp décrit sous le nom de « martèlement » une sorte 
de maladie caractérisée par une répétition de coups etqui fait songer 
à une stéréotypie catatonique. 

Les auteurs du xvii« siècle d’ailleurs sont remplis de semblables 
exemples de catatonie. 

Cent ans plus tard, Sauvage donne dans son chapitre sur Vamenlia 
morosis (anoia des Grecs, stupidité de Willis) une définition de la 
stupidité qui fait penser & l’affaiblissement intellectuel des d. p. : 
affaiblissement, ralentissement, puis aboUtion de l’imagination et 
du jugement, sans déUre, etc. En plus, dans sa melancholia allo- 
nita, il fournit une desciiption excellente du négatinisme catato- 
nique qu’il considère cependant comme une rareté. Les melancholia 
enthusiastica et daemonomania fanatica sont de bonnes peintures 
de certaines démences reiigieuses paranoldes. 

Jusqu’ici, chez les anciens, U apparalt clairement que, un méme 
processus général est divisé en petits paquets et que ses diverses 
phases sont diagnostiquées comme des maladies distinctes. Sommes- 
nous d’ailleurs bien certains aujourd’hui encore d’étre libérés de 
cette méme méthode? 

Mais avec Pinel il en est autrement. On se souvient de sa division 
des maladies mentales en quatre grandes classes: manie, mélancoUe, 
démence et idiotie. Remarquons qu’il signale l’idiotie comme étant 
la maladie la plus fréquente dans l’hospice, ce qui correspond assez 
bien à la fréquence actuelle de nos déments précoces. L’observation 
de l’idiot qui trouve la guérison dans un accès de manie ressemble 
bien à un cas d’excitation catatonique chez un d. p. Beaucoup de 
ses manies non délirantes sont évidemment des d. p. On connalt 
l’observation de cet aliéné que les révolutionnaires délivrent etqui, 
troublé par l’émeute, se met bientdt à frapper ses sauveurs à coups 
de sabre. 


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QUELQUES MOTS D’HI8TORI0UB SUR LA DÉMENCB PRÉCOCE 75 

Au débui du xix e siècle, à Philadelphie, Benjamin fìush décrit 
une manalgia et une démence ou dissociaiion parmi lesquelles nous 
aurions sans doute reconnu notre maladie. 

II est permis de retrouver des traits épars de la d. p. dans les divi- 
sions d ’Esquirol, aussi bien que de la paralysie générale, puisqu’alors 
toute excitation était manie, toute dépression, mélancolie, toute 
confusion, démence, etc. II est cependant intéressant de comparer 
Doa malades aux planches de son livre. II est certain que ses fig. 
XII et XIII (aliéné en démence) représentent des types de d. p. 
II pensait auxmémes malades que Willis quand il décrivait Vidiotie 
accidenleUe ou acquise (De l'idiolie, II, p. 342. Maladies mentales, 
1838, II, p. 105), bien qu’il ne soit pas certain qu’il ne comprenne 
pas dans ce groupe d’autres choses encore: telles que la démence 
épileptique, la p. g.juvénile, etc. C’est lui qui indique pour Iapremiòre 
fois ce que l’on nommera plus tard démence primitive et d. secondaire. 
Son observationqui serapporte à la planche XII P. J. D. est certai- 
nement celle d'une d. p. typique. C’est la première observation 
de d. p. avec ime histoire clinique; nous la classerions: excitation 
catatonique avec stupeur. 

En Italie, Bellini qui a foumi l’expression« melancholia attonita • et 
Càiarussi (1793-1794) ont décritlad.p.;mais,tandis quechezl’unles 
traces s’en retrouvent dans quatre chapitres difiérents, chez l’autre 
elles sont éparpillées dans cinquante. 

Le&Annals (1805) de Perfed contiennent quelques bonnes descrip- 
tions de d. p.; mais, il ne faut pas l’oublier, étant à la téte d’une 
maison de santé, il préférait ne pas s’étendre sur les cas incu- 
rables. 

L’histoire récente de la d. p. comprend surtout des noms allemands 
et chacune des trois formes de la maladie actuellement admises 
a son histoire. 

Kahlbaum en 1863, puis son élève Hecker en 1871, décrivent la 
lorme hébéphrénique qu’ils considèrent comme particulière à la 
puberté et apparaissant entre 18 et 22 ans. Ils notent la dépression, 
distincte toutefois de la véritable mélancolie, à laquelle s’ajoutent 
bientèt les idées délirantes; la tendance à l’affectation et le rire 
iaopportun, qui peuvent faire croire à la simulation; les actes 
búarreset les accès de violence; le vagabondagequidissimuleparfois 
leur vérítable caractère; la perte du pouvoir logique; les néologismes, 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


et, enfìn, les hallucinations auditives. Les descriptions de Hecker 
n’ont pas été surpassées. 

Kahlbaum a attaché son nom & la description de la forme cata- 
tonique, ou Vesania catonica (1874). Nous avons vu qu’on la con- 
naissait d’ailleurs depuis des siécles. EUe eut un succès immédiat 
et considérable, contrairement à l’hébéphrénie. 

En effet, Fink (1880-81) montraqu’ily avait denombreux points 
communs entre l’hébéphrénie, la catatonie et ce qu’on appelait 
alors la paranoia primitive. Le résultat fut que l’hébéphrénie fut 
éliminée et engloutie, pour ainsi dire, dans les démences aiguès de 
Schùle, dans les dégénérescences héréditaires de Magnan, dans la 
folie moralede Maudsley et dans les folies des adolescents deClouston. 
Aussi dans les traités les plus renommés du temps, ceux de Schule, 
de Krafft-Ebing et d’Ardnt, il n’en est méme plus question. Seul 
Kawalawsky, en Russie, lui fait une place. Pick donne le coup de 
grfice au mot lui-méme en proposant de désigner la chose par 
le terme créé par Morel pour ses psychoses dégénératives : démence 
précoce. 

Daraszkiewicz, cependant, sous l’influencedeTschischetde Krae- 
pelin, élargissait le concept hébéphrénie, y comprenait les cas 
graves aussibien quelescaslégers,‘repoussait leslimites d’fige jusqu'à 
la trentaine, faisait remarquer la perte de la faculté d’attention, 
la marche rapide de la démence et l’importance première des fac- 
teurs héréditaires. 

Kraepelin eut plus de difficulté & faire admettre la forme para- 
nolde dans le méme groupe. II est bien évident que nous n’enten- 
drons plus par paranoia ce que les anciens, après Hippocrate, 
nommaient ainsi. De 1880 à 1900 environ, on mettait sous larubri- 
que paranoia tout ce qui était idée de persécution, qu’elle fflt 
d’origine alcoolique, paralytique, maniaque, épileptique, etc. La 
tendance générale de l’école Kraepelinienne fut d’en limiter le sens 
de plus en plus. En 1896 (5 e édit du Manuel), Kraepelin érigeait un 
type : rapide développement d’idées absurdes 'de persécution, pas 
de systématisation, grande variabilité et idées de grandeur, le tout 
aboutissant assez vite à une confusion permanente; — ce qui le 
distinguait de la véritable paranoia telle qu’il l’entendait. Etait-ce 
une maladie distincte ou un ensemble de symptflme ? II ne se pro- 
nongait pas. 


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Origirìal fro-m 

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MARIAGB BT VIB CONJUOALB DB MILLB ALIÉNÉ8 PARISIBN8 77 


Dans la 6 e et la 7 e édition, il complète la synthèse et défìnit très 
clairement sa manière de voir : la démence précoce devient le nom 
gènérique et comprend trois formes, l’hébéphrénique, la catatonique 
et la paranolde. II avait fallu trente-cinq ans pour établir cette syn- 
thèse (1863-1896). 

Avant lui, Clouston, dès 1873, avait décrit une folie dea adoles- 
cents, mais son tableau manque de précision et déborde de beau- 
coup le cadre de la d. p. 


LE MARIAGE ET LA VIE CONIDGALE DE 
MILLE ALIÉNÉS PARISIENS 

Par MM. P. Juquelibr et A. Fillassibr (1). 


II nous a paru intéressant d’ajouter un certain nombre de docu- 
ments clmiques et statistiques inédits aux notes de médecine légale, 
de jurísprudence et de législation comparée constituant la majeure 
partie de nos communications antérieures sur la question : aliéna- 
tkm mentale et divorce (2). 

Dans les circonstances complexes où nous nous trouvions, il nous 
a été commode d’examiner uniquement des hommes, entrés dans le 
service de M. Magnan, puis de M. Briand, à l’Asile clinique, en 1911 
et en 1912. 

A priori, nous avions pensé que l’étude de 100 dossiers nous per- 
mettrait d’entrevoir, au point de vue de la vie familiale de nos 
malades, quelques indications générales : la vérité est qu’après 
avoir réuni 1.000 observations nous ne voulons formuler aucune 
concluskm. 

D’ailleurs, si nous avions pu agir autrement, on nous eùt objecté, à 
juste titre, que des conclusions établies à propos de malades d’un 
seul sexe ne sont pas valables. Nous nous contentons donc d’in- 

(1) Une communlcatlon sur ce sujet a été faite & la Société médieo-psycholo- 
#qae, le 24 février 1913. 

(2) Sodété médico-psychologique i 25 novembre 1910 et 27 fèvrier 1911. 

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diquer quelques résultats statistiques, en les faisant suivre d’un 
rapide commentaire. 


Les aliénés mariés représentent im peu moins du tiers des hommes 
admis à l’Asile clinique. Dans le mème temps que nous avons réuni 
nos 1.000 observations, on a compté 3.105 admissions au pavillon 
des hommes. 

Au point de vue de l’Sge du mariage, nos 1.000 aliénés parisiens 
ont présenté les quelques particularités suivantes : L’annuaire 
statistique de la Ville de Paris pour 1910 indique que, pour les 
hommes, le maximum des mariages est contracté entre 25 et 29 ans. 
Chez nos malades, ce maximum doit étre quelque peu avancé, et 
reporté entre 23 et 27 ans. La 24® et la 25® années, avec 116 et 124 
mariages, l’emportent sensiblement sur les autres. 

Les mariages séniles sont peu nombreux (16 sur 1.000 entre 51 et 
64 ans). Par contre, le nombre des mariages précoces est relative- 
ment très élevé, puisque nous avons compté 35 unions contractées 
avant la 20® année. De tels mariages sont le fait de jeunes débiles 
ou de jeunes déséquilibrés qui s’y résolvent avec leur habituel 
défaut de réflexion. 

En admettant mème qu’un certain nombre de diagnostics aient 
dù ètre réformés par la suite, il n’en reste pas moins évident que, 
parmi les aliénés mariés, la proportion des paralytiques généraux est 
considérable. Sur 1.000 malades, nous avons compté 296 paraly- 
tiques (soit près de 30 0/0); or, dans le service de l’admission de 
l’Asile clinique, chez les hommes, c’est-à-dire dans le milieu où nos 
recherches ont été faites, la moyenne des entrées pour paralysie 
générale n’a été en 1911 que de 16 0/0 du nombre total des entrées. 

De mème, l’alcoolisme, élément essentiel ou occasionnel de psy- 
chopathie, provoque un peu plus d’internements dans le contingent 
des hommes mariés (41,6 0/0) que dans le contingent global 
(39 0/0). En d’autres termes, si sur 100 hommes mariés ou non 
entrant à l’asile il y a 16 paralytiques génèraux et 39 alcoolisés, 
sur 100 liommes mariés, il y a 29 paralytiques généraux et 41 al- 
coolisés. Comme le nombre des entrées pour démence organique ou 
sénile est le méme dans les deux groupes (14 0/0), les états vésa- 
niques proprement dits provoquant chez l’homme 31 0/0 du chiffre 


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MARIAGB BT VIB COMJUOALB DB MILLE ALIÈNÉ8 PARISIEN3 79 


total dea internements, ne provoquent que 16 0/0 dea internements 
des aliénés mariés. 

Ces chiffres n’ont rien d’absolu, mais l’écart qu’ils marquent 
vient à l’appui de l’opinion que, si la déséquilibration mentale est 
la cause de quelques unions précoces et regrettables, le plus souvent, 
elle éloigne du mariage. Cette forte proportion de paralytiques 
généraux et d’alcooliques, c’est-à-dire de malades qui d’habitude 
nesont pas frappés dans leur intelligence avant l’Sge adulte, explique 
pourquoi nous n’avons constaté qu’un tout petit nombre d’inteme- 
ments antérieurs au mariage. Treize malades seulement (3 alcooli- 
ques, 2 maniaques, 8 déséquilibrés ou débiles), avaient eu, avant de 
se marier, des troubles mentaux ayant provoqué leur séjour dans un 
établissement d’aliénés. A l’une des séances récentes de la Société 
médico-psychologique, M. Ritti a rapporté deux jugements concer- 
nant des malades contre qui Ie divorce avait été prononcé, parce que 
la preuve avait pu ètre faite, par le conjoint demandeur, de l’exis- 
tence d’un état psychopathique antérieur au mariage, et dissimulé 
au moment du mariage. Cette dissimulation a été assimilée à une 
injure grave. Si l’on fait abstraction de l’épilepsie, qui se trahit par 
la brutalité des crises convulsives, et qui d’ailleurs n’intervient sur 
notre liste que dans la proportion de 1 0 /0 des cas, on voit que Ies 
cas sont rares où la notion d’un intemement antérieur au mariage 
pourrait constituer un commencement de preuve de dissimulation, 
et servir de point de départ à une instance en divorce contre un 
ahéné. 

* 

* * 

S’il est rare d’observer des séjours à l’asile avant le mariage, il est 
relativement fréquent que l’intemement interrompe très vite la vie 
conjugale. Nous avons constaté que, parmi no^malades, la première 
année après le mariage est une de celles au cours desquelles les inter- 
nements ont été les plus nombreux. On sait que certaines unions 
nnt décidées et contractées sous l’influence d’une psychopathie 
commenjante, et parfois en particulier au début de Ia paralysie 
générale; ainsi s’explique que les placements à I’asile, dans les quel- 
ques mois qui suivent le mariage, soient proportionnellement si 
nombreux. 

Autre fait digne de remarque : la part de la paralysie générale et 
de l’alcoolisme est considérable parmi les causes d’entrée à l’asile, 


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RBVUB DB PSYCHIATRIB 


au cours des années où nous avons noté le maximum des placements 
(ll e , 12® et 14 e années). 

Sur les 1.000 mariages au sujet desquels nous nous sommes docu- 
mentés, 268 sont demeurés stériles. 

Pour les 732 autres, nous avons enregistré 2.378 grossesses, dont 
284 se sont terminées prématurément par des fausses couches. Nous 
avons compté en outre 48 enfants mort-nés; enfin 563 enfants nés 
vivants et viables sont décédés à l’heure actuelle. 

Au total, dans la descendance de nos 1.000 aliénés parisiens, la 
mortalité s’élève aujourd’hui à 37,64 0/0. 

Indépendamment des fausses couches et des mort-nés, la mor- 
talité infantile proprement dite est considérable, puisque 186 en- 
fants sont morts en bas áge de maladie non désignée, 120 sont morts 
de méningite, et 45 de convulsions. 

Certaines familles ontjété particulièrement éprouvées, celles des 
alcooliques et des paralytiques généraux le plus souvent : en effet, 
pour ces deux catégories de malades, la mortalité infantile s’élève 
à plus de 49 0/0 : 138 alcooliques ont eu 594 enfants dont 293 sont 
morts en bas áge; 66 paralytiques généraux ont eu 210 enfants dont 
103 sont morts en bas àge. 

Au cours de la discussion ouverte depuis deux ans devant la 
Société Médico-psychologique, sur la question dudivorcedes aliénés, 
plusieurs auteurs, notamment M.Trénel et M. Ladame, ont attiré 
notre attention surcette circonstance,que dans les pays où le divorce 
est autorisé pour cause de folie, le nombre des instances est, de ce chef, 
très peu élevé. On peut se demander s’il en serait de méme en France. 

Or, à l’exception de quelques cas où les troubles mentaux ont été 
très précoces après le mariage, nous n’avons guère entendu les 
femmes de nos malades désirer reprendre leur liberté, mème lorsque 
l’union était demeurée stérile. M. Vigouroux a eu l’occasion de dire 
qu’il a recueilli de sa longue observation du service des hommes de 
Vaucluse une impression analogue. On objectera que l’attitude de 
quelques femmes d’aliénés eùt sans doute été différente si la loi leur 
eùt permis d’entrevoir une issue correcte à leur situation. Cependant, 
plus on examine les cas particuliers, plus on a la conviction que, s’il 
était réalisable demain, le divorce pour cause d’aliénation mentale 
serait presque èxclusivement une arme contre quelques déséqui- 
librés malfaisants et non intemés. 


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NOUVELLES 


Prix de la société médico-psychologique. — Nous avons an- 
noncé, dans notre dernier numéro, la composition des prix Belhomme, 
Esquirol et Moreau (de Tours) qui seront décernés en 1913. Voici la 
liste des mémoires qui ont été envoyés en vue de ces prix. 

PrixBblhommb. — Question : De la démence chez les épilepliques . — 
Trois mémoires ont été envoyés : 

N° 1. Auteurs : MM. Maurice Brissot et Bonrilhet, médecins- 
adjoints de l'asile Sainte-Catherine d'Izeure (Allier); 

N° 2. Auteurs : MM. Benon, médecin-adjoint, et Legal, interne des 
quartiers d'aliénés de l'hòpital de Nantes; 

N° 3. Devise : Palierúia . 

Prix Esquirol. — Deux mémoires ont étó envoyés : 

N° 1. L'imilcdion dans les maladies meniales ei dans les maladies 
nerveuses , par M. Georges Genil-Perrin, interne des asiles de la Seine; 

N° 2. Les psychoses (Tirderprétaiion , par M. Lucien Libert, interne 
des asiles de la Seine. 

Prix Moreau (de Tours). — Quatre mémoires ont été envoyés : 

1° Coniribuiion à l'élude de Valcoolisme cérébral en Normandie , par 
M. Théodore Fournier, inteme à l’asile d’Alengon; 

2° Les déséquilibrés insociables à internemenis disconlinus eì la sec - 
iion des aliénés difficiles à l'asile de Villejuif f par M. Joseph Bonhomme, 
interne des asiles de la Seine; 

3° Les délires d'imagination dans la paralysie générale , par 
M. D.-P. Usse, interne de la Maison nationale de Charenton; 

4° Elude psychologique du débile mental , par MM. Courbon et Fran- 
Sois Tissot, médecins de l’asile d’Amiens. 

Les aliénés en liberté. — M. Bérillon, inspccteur des asiles 
d’aliénés du département de la Seine, faillit étre la victime, dans la 
matinée du 18 fóvrier, d’une ancienne malade de l’Asile de Vaucluse, 
dont il avait favorisé la mise en liberté et qui tira sur lui deux coups 
de revolver heureusement demeurés sans résultat. Voici de quelle 
ía^on M. Bérillon a relaté lui-mème le fait : 

«— Je venais de sortir de chez moi, lorsque je me sentis brusque- 
ment frappé dans le dos, en mème temps que j’entendais une forte 
détonation. Je me retoumai instinctivement et je n’eus que le temps 
de voir une ílamme énorme sortir d’un revolver qui m’était braqué 


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en pleine figure. Après quoi, je vis une femme s’enfuir, poursuivie 
par des passants. C’était elle qui avait tenté de me tuer et j'avoue que 
je ne la reconnus pas tout d’abord. C’est seulement lorsque je la vis 
au commissariat et qu’elle eut dit son nom que je m’en souvins. 

< Cette femme Auroy était une persécutée. La folie lui était venue 
à la suite de procès et elle était devenue dangereuse par suite de ses 
menaces aux juges. Trois fois on dut l’intemer. Or, à mon avant- 
dernière tournée d’inspection à Vaucluse, on me l'avait montrée 
comme assagie, calmée. Sa soeur, d’autre part, qui habite Roubaix, 
devait la reprendre, la garder et la soigner. Bref, je la fis sortir de 
1’asUe, et pour me témoigner sa reconnaissance, elle m’envoya, à cette 
époque, un petit vide-poche curieusement tissé avec des brins d’herbe, 
qu’elle avait fait durant son séjour dans l’asile 

< II parait qu’elle m’attendait à ma porte depuis plus d’une demi- 
heure; des voisins avaient remarqué son allure étrange. La surveil- 
lance qu’on m'avait annoncée autour d’elle a dù se relàcher, comme 
vous le voyez. Cet événement serait bien insignifiant, d’ailleurs, s’il 
était isolé; mais, hélasl les colonnes des journaux sont remplies 
cbaque jour des gestes tragiques de fous soi-disant guéris. » 

L’inoapaeité do contraoter mariage. — La Suède, paratt-il, 
g’occupe de modifier sa législation sur le mariage. 

D’après une disposition nouvelle que l’on projette d’introduire, 
il serait interdit à toute personne atteinte d’une maladie hérèditaire 
de contracter mariage. La Faculté de Médecine de Stockholra exa- 
mine en ce moment cette proposition. 

Plusieurs Etats des autres parties du monde ont déjà légiféré sur 
la matière. 

En Californie, les idiots et les dipsomanes ne peuvent obtenir la 
licence pour le mariage. 

Aux Nouvelles Indes, cette interdiction s’étend aux épileptiques. 
Dans le New-Jersey, le fiancé atteint d’épilepsie doit présenter un 
certificat médical signé par deux médecins attestant la guérison 
complète et la non-transmission de la maladie aux enfants. 

Dans le Michigan, les personnes atteintes de certaines maladies 
déterminées par la loi sont passibles de cinq ans de prison lorsqu’elles 
contractent mariage avant complète guérison. 

Enfin, les Etats d’Indiana et de Californie ont voté une loi ordon- 
nant l’émasculation des idiots, des assassins et de certains récidivistes 
avant de leur permettre le mariage. 

La Pensylvanie et l’Orégon ont voté une loi analogue, mais ces deux 
Etats ne se sont pas encore décidés à la promulguer. 

L’interdiction du mariage n’a jamais empèché la procréation. 

(Voir la suiie après le bullelin bibliographique mensueL ) 


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NOUVELLES 


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Naturds ou légitimes, les deseendants d’épileptiques, d’idiots, n’en 
•pporteront pas moins en naissant la tare originelle. 

m* Gongris intemational de neorologie et de paychiatrie.— 
11 se réunira & Gand, en 1913 (30 aoùt). L’organisation est confiée aux 
soeiétés de neurologie et de médecine mentale belges, sous le secréta- 
riat général du D r Crocq, rue Joseph-II, & Bruxelles. 

Rapports annoncés : Van Deventer, Marinesco, Sérieux, Perrari, 
Wagner, Dustin, Laruelle, Menzerath, Geerts, Deroitte, Willeras, etc. 

Personnel médical dea asiles. — M. Brunet, Directeur-Médecin 
de l’asile de Naugeat, est nomraé médecin en chef de l’asile de Bailleul. 

H. Beaussart (concours de 1912) est noramé médecin-adjoint de 
l’asile de La Charíté (Nièvre). 

M.Tissot, médecin-adjoint de l’asile de Dury-les-Amiens (Somrae), 
est nommé directeur-médecin de 1’asUe d’Auch (Gers). 

M. Bègue, médecin en chef de 1’asUe de Montpellier, est nommé 
médecin en chef de 1’asUe d’Orléans. 

M. Barbb, chef de cUnique de la Faculté et médecin-adjoint de 
l’asile Sainte-Anne, est promu à la deuxième classe de son grade. 

M. Dezwartb, médecin en chef de l’asile de Maréville (Meurthe- 
et-MoseUe) est promu à la deuxième classe de son grade. 

M. Chevalier-Lavaurb, directeur-médecin de 1’asUe d’Auch, est 
nommé médecin en chef de l’asile de Montpellier. 

M. Amelinb, médecin de la Colonie familiale de Chezal-Benoit 
(Cher), élevé à la 3* classe du cadre. 

MUe Pascal, médecin adjoint à 1’asUe de Clermont (Oise), élevóe 
4 la l n classe du cadre. 

M.Briche, médecin en chef à Arraentières (Nord), élevéà la 2 e classe 
du cadre. 

Cinquiòme congrès de l’a—iatance des aliónés. —Ce congrès, 
qui devait avoir lieu à Moscou en décembre 1912, est rerais au raois 
de septembre 1913. 

Ls peychiatrie au Palais. — M. Beguery, cet ancien procureur 
de la République qui, à Sannois, tua sa femme malade, pour « la 
guérir >, corame U le déclara, avait été l’objet d’une ordonnance de 
non-lieu, les trois médecins aliénistes chargés d’examiner son état 
mental ayant estimé qu’U était irresponsable. 

M. Beguery, selon l’usage, avait été confié à l’autorité adminis- 
traUve qui, en pareU cas, est chargée d’assurer l’internement des 
inculpés reconnus aliénés. M. Beguery fut donc mis en observation à 
l'hèpital de VersaiUes. 

Le docteur Laurent, dans le service duquel M. Beguery avait étè 


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REVUE DB PSYCH1ATRIE 


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placé, examína le malade, reconnut que celui-ci était sain d’esprit 
et il signa son bulletin de sortie. M. Beguery a donc quitté 1’hOpital 
de Versailles. 

On explique ainsi la contradiction apparente qui paratt exister 
entre les médecins aliénistes et Ie docteur Laurent. Les aliénistes ont 
simplement déclaré « qu’au moment du drame » M. Beguery était 
dans un état mental qui Ie plagait dans un état d’irresponsabilitd 
absolue, mais ils n’ont pas dit que cet état subsistait, et IIs n’avaient 
pas, du reste, & exprimer d’avis sur ce point. 

Or, les troubles ne subsistant pas, le docteur Laurent a constaté 
qu’il n’y avait pas lieu à internement et il a rendu la liberté & M. Be- 
guery. 


REVUE DES SOCIÉTÉS 


ACADÉMIE DE MÈDECINE 

Séance du 25 février 1913. 

Hystérie ©t ehirurgie, par LucienPicqué. — L’intervention chi- 
rurgicale chez les hystériques soulève,contrairement à l’opinion géné- 
ralement admise,de délicatsproblèmes.Il faut tout d’abord exactement 
connaítre les formes cliniques très spéciales qu’on rencontre chez ces 
malades et qui dépendent de la nature mème du terrain hystérique et 
des réactions diverses qui s’y produisent (réactions mentales) ou en 
dérivent (réactions périphériques). 

Parmi celles-ci, il en est qui ressortissent & la pathologie chirurgicale 
et intéressent tout spécialement le chirurgien. Or, chaque trouble 
fonctionnel correspond-il toujours chez l’hystérique & une lésion ana- 
tomique? Gette question qu’on discute encore constitue un postulat 
important qui domine toute la question des indications opératoires. 

En ce qui concerne l’appendicite, M. Picqué, s’appuyant sur des 
observations personnelles, distingue les cas où l’hystérique peut créer 
un symptòme subjectif et ceux où elle exagère et déforme une expres- 
sion clinique. 

II ne croit pas d’ailleurs que l’hystérique puisse,comme on l’a pré- 
tendu,créer un syndrome clinique complet. Ainsi guidé par l’étude 
des causes, qui engendrent chez l'hystérique des réactions périphé- 
riques spéciales, le chirurgien se tiendra sur le terrain clinique à l’abri 
de toute cause d’erreur. 

Dès lors, lorsqu’il se trouve en présence d’une maladie bien nette, 


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HBVUB DBS SOCIÉTÉS 


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aprés avoir, corame chez tous les psychopathes, écarté les cas dans 
lesquels une intervention, méme légitime, peut aggraver l’état menlai 
préexistant, il peut prétendre à supprimer, en méme temps que la 
lésion, certaines réactions périphériques et mentales. 

Quant aux réactions délirantes proprement dites et au terrain 
hyslérique lui-mème, on peut dire que, malgré les espérances qu’ont 
pu faire naltre certains neurologistes, la question ne comporte pas 
encore de solution. J. C. 


SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE 

Séance du 24 fivrier 1913. 

A propos d®s prochains congrès internationaux de psy- 
chiatrie. — Deux comités d’organisation, l’un belge et l’autre suisse, 
sedisputent actuellementl’honneur d’organiser, le premier à Gand en 
1913, le second à Berne en 1914, le prochain congrès international 
de Neurologie,de Psychiatrie.de Psychologie et d’Assistance aux aliénés. 
LeComité belge prétend étre l’organisateur du IlI e Congrès, enpartant 
de Bruxelles (1897) et en passant par Amsterdam (1907); le Comité 
suisse, qui considère le Congrès de Bruxelles comme un Congrès belge, 
prétend ètre le légitime héritier d’Amsterdam, Congrès considéré par lui 
comme le premier de la série internationale, et lance le II e Congrès. 
Chacun des deux Comités plaide sa proprecausedansunelonguelettre- 
circulaire adressée aux diverses sociétés neuro-psychiatriques. La 
Société Médico-psychologique était invitée, à sa séance du 24 fé- 
vrier, à répondre à diverses questions posées par les deux comités 
rivaux, et à opter; elle a fort courtoisement décliné cet honneur mais 
à ce propos plusieurs des membres présents ont rappelé que trois 
Congrès internationaux, au moins, avaient précédé celui de Bruxelles, 
ceux de Paris en 1867, 1878 et 1889. 

11 est vrai qu’alors, ainsi que l’a fait remarquer M. Arnaud, on pro- 
noDfait médecine menlale au lieu de psychiatrie. 

Comparution en justice d’aliénés internés. M. Trénel. — Un 
psychopathe constitutionnel, dipsomane, plusieurs fois interné, est 
poursuivi pour port d’arme prohibée. Condamné par défaut, il fait 
opposition au jugement. 

Entre temps, il est interné à l’occasion d’un nouvel accès. 

Ce malade étant cité au cours de son internement, un certificat 
médical est délivré en vue de la remise de l’affaire. Mais la compa- 
rution reste obligatoire en vertu de I’article 187 du code d’instruction 
criminelle. Y a-t-il lieu de laisser comparattre le malade, ou faut-il 
snsciter la remise de l'affaire sine die’t 

M. Colin estime que lorsque le malade est en état de comparattre, 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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il n’y a aucun avantage à s’y opposer. M. Briand pense qu’en se pré- 
sentant, le malade bénéficiera le plus souvent de l’indulgence du 
tribunal. 

Dans deux cas semblables, M. Vigouroux, d’abord consulté comme 
médecin-traitant, a été ensuite chargé d’un rapport d’expert. 

M. Trénel engage ses collègues à exposer avec quelques détails 
les cas qu’ils viennent de signaler, et dont la connaissance peut fitre 
très utile en pratique. 

De l’obseBBion émotive au délire d’influence. M. Mignard. 
— Une personne de 40 ans, très émotive, est obsédée par des tendances 
et des sentiments altemativement mélancoliques, érotiques, mys- 
tiques, etc... dont la manifestation est accompagnée de raouvements 
expressifs incoercibles. Après avoir présenté des phénomènes d’auto- 
matisation légère, qui lui donnent le sentiment que sa pensée porte à 
distance, mais que l’on communique avec elle, elle aboutit à de véri- 
tables pseudo-haUucinations, puis à des hallucinations réeUes et à des 
phénomènes psychomoteurs. Les idées délirantes, très diverses, 
semblent plutdt faites pour expliquer ces phénomènes, qu’eUes ne 
paraissent les commander. Elles ont ce caractère commun que la malade 
les attribue à une influence extérieure. Ces délires d’influence pour- 
raient révéler bien des formes intermédíaires entre les déUres poly- 
morphes et les délires systématisés chroniques.C’est abusivement qu’on 
les a tous classés dans la démence paranoIde,bien qu’Us soient fré- 
quents dans la psychose discordante. Le pronostic n’est peut-fitre pas 
toujours aussi sombre que pourrait faire penser l’expression de psy- 
chose haUucinatoire chronique. Des cas de ce genre sont en faveur de 
la théorie confusionnelle des délires que M. Toulouse et l’auteur de 
cette communication ont envisagée, et qu’ils étudieront dans des 
travaux ultérieurs. 

_ P. Juquelier. 


SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MfiDECINE MENTALE 

Séance du 17 février 1913. 

Dólire poBt-traumatique. — MM. Trénel et Fassou présentent 
un magon, buveur,ayant fait une chute sur la tfite sans perte de con- 
naissance. Dans la nuit, délire professionnel où le malade cherche à 
accomplir les actes de son métier; ce délire dure plusieurs jours. A son 
entrée,le délire a disparu; on constate une dilatation de la pupille 
droite sans autre symptdme oculaire, une légère anosmie droite, une 
extrfime diminution des réflexes rotuliens, une légère parésie droite. 
Pas de symptòmes manifestes d’alcoolisme. Douleur continue frontale. 
Conscience lucide. Pas d’amnésie. Légers troubles discutables de la 
parole. L’origine purement alcoolique du délire est douteuse. Pronostic 
réservé. Wassermann du sang nègatif. Pas de ponction lombaire. 


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Rdvss lilliputìens chez un alcoolique. — M. Fassou montre un 
alcoolique chez lequel il a observé, sous forme de réves, un mode d’hal- 
lucinations visuelles signalé par Leroy sous le nom d'hallucinaliom 
Mipuliennei consistant en l’apparition de multiples personnages 
minuscules. Le réve s’est reproduit à plusieurs reprises chez ce malade 
au cours d’un accès de délire. 

Trouhles intellectuela coneécutiis à une intoxication par 
l’oxyde de carbone. — MM. Briand et Salomon présentent un ma- 
lade qui, & la suite d’une intoxication accidentelle par les vapeurs de 
eharbon, a présenté des troubles intellectuels profonds qui se sont 
progressivement aggravés à partir du jour de l’accident. 11 présente 
actueUement un état de confusion mentale à forme amnésique avec 
gátisme. Les troubles de la mémoire sont très profonds et l’amnésie 
porte non seulement sur les faits récents mais encore sur les faits 
anciens. Avant l’accident, ce malade n’aurait présenté aucun trouble 
intellectuel. 

Quelquea considórations rar le traitement de l'épilepsie par 
l’acide borlqna. — MM. Bourilhet et Brissot ont utilisé l’acide 
borique comme traitement de l’épilepsie convulsive et de l’épilepsie 
vertigineuse chez des enfants et chez des adultes. Ils ont obtenu des 
résultats très satisfaisants. 

Les auteurs préconisent l’emploi de l’acide borique cristallisé, 
l’acide borique en paillettes pouvant occasionner des accideiits d’in- 
toxication assez graves. 

Intoxication par le sulfure de carbone. — M. Provost montre 
une malade intoxiquée par le sulfure de carbone. Pendant une pre- 
mière période qui dura trois mois, celle-ci présenta quotidiennement 
Ie tableau de l’ivresse sulfo-carbonée de Delpech : laquacité, rire, 
Utubation, vertiges, accompagnée d’excitation génitale, de cépha- 
lalgie, de diarrhée et de vomissements (pas d’hallucinations). Pendant 
une seconde période de quinze jours suivie d’amnésie, la malade est 
restée dans un état de confusion avec excitation violente, halluci- 
naUons et idées délirantes de persécution. II semble que la première 
période soit caractéristique de l’intoxication par le sulfure de carbone. 
De plus, l’ivresse sulfo-carbonée se présentant comme une ivresse 
d’ordre purement moteur s’opposerait aux ivresses intellectuelles et 
sensorielles. 

Grises conedentee et mnésiqueB d’épilepsie c onvulsive. —MM. 
Ussb et Livet montrent une malade de la consultation externe de 
MM.ToulouseetMarchand qui, depuisl’àge decinq ans, présente, à còté 
de quelques crises épileptiques banales (avec perte de connaissance, 
convulsions et amnésie consécutive), des accès plus fréquents d’épi- 
lepsie partielle sous forme d’aphasie motrice consciente et mnésique. 
Ces deux sortes de crises ont eu la mème apparition précoce; elles 


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présentent.mème début brusque et mème durée; eles sont influencées 
de fagon parallèlc par le traitement classique de I’épilepsie (régime 
déchloruré, bromuré); enfin, dans chacune d’elles, les troubles moteurs 
prédominants sont toujours localisés au niveau des mèmes groupes 
musculaires labio-glosso-laryngés. De ce dernier fait, on pourrait 
inférer que, chez cette malade, en dehors des lésions probables de 
méningo-encéphalite diffuse, une altération locale, prédominante au 
niveau des centres moteurs du langage, joue le ròle d’épine irritative 
dansl’éclosiondes crises et conditionne cette paralysie pseudo-bulbaire 
transitoire qui, tantOt domine le tableau clinique, tantOt se trouve 
effacée par des troubles plus étendus. 

Myopathie progressive avec épilepaìe chez deux trères. — 

MM. Naudascher et Beaussart montrent les photographies d’un 
malade atteint depuis l’áge de dix ans de myopathie progressive de 
typeàla foisfacio-scapulo-huméralet pseudo-hypertrophique (mollets). 
Avec le début apparent de la myopathie ont commencé des attaques 
d’épilepsie. Débilité mentale; glycosurie remplacée par de l’hyper- 
phosphaturie ayant laissé place elle-mème à de l’hypoazoturie. Le 
frère, àgé de 14 ans, est atteint depuis trois années de moypathie 
type Leyden-Moebius. II a présenté, U y a quelque temps, des acci- 
dents comitiaux. 

Ramollissement de la couche optique chez un diabétique. — 

MM. A. Vigouroux et Hérisson-Laparre apportent des préparations 
relatives à un ramollissement de la couche optique chez un tabétique. 
Ce malade présentait en outre un certain degré d’affaiblissement 
intellectuel, de la dépression mélancolique avec idées hypochondria- 
ques qui aurait pu faire penser à une association tabéto-paralytique. 
Cependant le degré peu marqué de démence et Ia conscience suffi- 
samment nette de la situation avaient empèché d’affirmer ce 
diagnostic. Et en effet, l’autopsie montra que s’il existait par places de 
l’infiltration de la méninge et du cortex, il n’y avait pas à proprement 
parlerdeméningo-encéphalitediffuseetlesfibres tangentielleset trans- 
versales étaient conservées. Le syndrome thalamique n’avait pas été 
cliniquement décelable. Les auteurs attribuent ce fait à ce que le ramol- 
lissement était localisé au noyau interne du thalamus et que la capsule 
interne et les noyaux antérieurs, externe et postérieur du thalamus 
ainsi que les noyaux lenticulaires et caudés, étaient absolument 
indemnes de toute lésion. 

Elections. — Membre lilulaire : M. Roger Dupouy, médecin-direc- 
teur de la Maison de Santé du Chfiteau de Fontenay-sous-Bois (Seine). 

Membre associé élranger : M. A. Claus, médecin en chef de l’asile 
d’aliénés de Mortsel (Belgique). J. C. 


Le Gèrant : O. DOIN. 

»AW». — uuuiusn LIVÉ, 71, SUl M unsu. 


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LA NOUVELLE LOI 

SUR LE RÉGIME DES ALIÈNÉS 

Rapport (1) présentú au Stnat par M. Paul Strauss, sénatcur . 


II n’est pas de sujet qui prète plus aux controverses que le 
régime de rassistance aux aliénés, parce que t nulle part, plus 
d’intérèts contradictoires ne sont aux prises. Gette complexité 
méme du problème suffit à expliquer, en dehors de circonstances 
accidentelles, les trop Iongs retards apportés à la revision de la loi 
de 1838. Un bon juge, un des parlementaires qui s’est montré le 
plus justement impatient d’une solution lógislative, notre ancien et 
vénéré collègue et ami Théophile Roussel, plaidait ainsi les circons- 
tances atténuantes en faveur des efforts réformateurs qui s’étaient 
dèroulés dans les demières années de TEmpire et sous la troisième 
République : « Ces diverses tentatives, écrivait-il dans son rapport 
au Sénat du 20 avril 1884, sont demeurées sans résultats, à cause, 
soit de circonstances politiques, soit des difficultés d’un sujet qui 
met aux prises les intérèts de la sécuritè publique avec ceux de la 
libcrté individuelle et soulève à la fois les plus délicates questions 
de droit privé, de médecine légale, d'assistance et d’administration.» 

En effet, dès 1867, le Sénat de l’Empire ayant èté saisi de péti- 
tions et de plaintes qui signalaient les imperfections de la loi de 1838, 
nomma une commission d’études. Le 2 juillet 1867, son rappor- 
teur, M. Suin, déposa son rapport, favorable en principe à la loi 
critiquée. Le Sénat formulait le vceu que les asiles ne fussent cons- 
truits dorénavant que sur de vastes terrains, susceptibles de donner 
aux malades Tillusion d’un peu d’espace et de liberté, que des fermes 
ou des exploitations agricoles y fussent annexées, il recommandait 
de n’interner que des aliénés véritablement dangereux et de laisser 

(1) Ce rapport a été rédigé par une commission composée de MM. Paul 
Strauss, président; Genoux, secrétaire; Dellestable, Lozé, Richard, Emile 
Rey, Beaupin, Pédebidou. 

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REVUB DE P8YCHIATRIE 


dans leurs íamilles les idiots, les crétins, les aliénés incurables inof- 
fensifs. II se montrait favorable à la formation de sociétés de patro- 
nage. 

II n’est pas sans intérét d’indiquer quc, malgré le retard apporté 
à une refonte totale de la loi de 1838, les progrès les plus considé- 
rables se sont produits pour l’assistance et le traitement des alié- 
nés. G’est ainsi que plusieurs des voeux de la Commission du Sénat 
de 1867 sont déjà réalisés : telle la création des fermes annexées 
aux asiles, la constitution de sociétés de patronage. 

D’autres tentatives ont marqué la fin de l’Empire et les pre- 
miòres années de 1’Assemblée nationale; la constitutionde laCommis- 
sion mixte extra-parlementaire, dont les travaux furent interrom- 
pus par la guerre, la proposition déposée par Gambetta et Magnin, 
une proposition de Théophile Roussel, Jozon et Albert Desjardins. 

En mars 1881, M. Constans, Ministre de l’Intérieur, constitua nne 
Commission extraparlementaire dont il utilisa les études pour le 
dépòt d’un projet de loi, le 25 novembre 1882. 

Théophile Roussel, magistrat interprète de la Commission du 
Sénat, rédigea et déposa, le 20 mai 1884, un rapport inoubliable, 
dont les conclusions furent discutées en dix-sept séances, du 25 
novembre 1886 au 11 mars 1887. 

M. le docteur Boumeville, rapporteur de la Commission de la 
Chambre, déposa son rapport le 12 juin 1889. Celui-ci n’ayant pu 
venir en discussion, M. Joseph Reinach soumit à la Chambre le 
3 décembre 1890 une proposition de loi qui s’inspirait très largement 
du texte voté par le Sénat. M. Ernest Lafont la rapporta le 19 fé- 
vrier 1894, ainsi qu’une proposition de M. Georges Berry tendant 
à placer dans les familles les déments séniles, les idiots et les gàteux. 

La délibération de la Chambre, retardée pour des motifs divers — 
et notamment par une consultation du Conseil supérieur de l’Assis- 
tance pubUque — fut sollicitée à nouveau par la proposition et par 
le rapport de M. Femand Dubief en 1898. 

Ce remarquable rapport fut discuté par la Chambre dans ses 
séances des 14,17,21 et 22 janvier et transmis au Sénat le 29 jan- 
vier 1907. 

La Commission du Sénat, présidée par notre regretté coUègue 
RoUand, tint de nombreuses séances avec l’espoir de réaliser enfin 
l'accord entre les deux Chambres. Notre ancien collègue M. Paul 


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NOUVELLE LOI BUR LB RÉGIME DES AUÉNÉS 


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Gérente, avec sa grande compétence, avait été chargé d’un rap- 
port,dont le dépót fut retardé par la maladie de M. Rolland et qui ne 
pot étre distribué par suite de la non-réélection du eavant rappor- 
teor. 

Au mois de mars 1912, votre Commission dut en méme tempe 
remplacer son président et son rapporteur; elle fit appet au dévoue- 
■ent d’un de ses membres qui n’avait point recherché cet honneur 
et ne déclina pas cette responsabilité. 

C’est dans ces conditions que, tout en s’efforgant de s’óioigner 
le moins possible du texte nouveau, très ingénieusement préparé 
par M. Paul Gérente et longuement élaboré par la CommissioiL, le 
présent rapport a été rédigé. 

11 serait puéril de méconnaltre que la matière fait depuis trop 
kmgtemps l’objet des préoccupatkms du Parlement et que son ap- 
parente impuúsance à aboutir prète aux reproches et aux railleries. 
Les deux Ghambres doivent à tout prix et à bref délai se mettre 
d’accord sur un texte transactionnel, qui, sans atteindre la perfec- 
tà», rajeunisse enfin la législatkm pour la mettre en harmonie avec 
les faits, avec les mceurs, les exigences du droit et de la psychiatrie. 

La première préoccupation des divers auteurs de projets de revi- 
sion de la loi de 1838 a été de mieux protéger la Hberté individuelle 
contre des abus que l’opinion redoute toujours d’instinct, bien que 
leur réalité n’ait pas été souvent démontrée. Les souvenirs d’unpassé 
barbare survivent en dépit de tous les progrès récemment réalisés. 
Avant le glorieux Pinel, l’hospitalisation des aliénés était un spec- 
tade d’horreur et comme un défi à l’humanité. 

II semble que les répugnances d’antan, si justifiées à l’époque, 
aient survécu aux améliorations effectuées en grande partie par la 
bi de 1838. A l’heure actuelle, si nos asiles ont leurs portes large- 
ment ouvertes, si les conditions de l’mternement assurent le con- 
trftle de la magistrature et des administrations publiques compé- 
tentes, le souvenir subsiste des cachots et dee chalnes de l’ancien 
régime. 

D'ailleurs, il faut le dire à la défense de l’opimon, la nature 
méme du mal qui terrasse ces pauvres malades peut l’entralner à 
de généreuses erreurs : ce n’est pas le pauvre dément dont leB 
facnltés s’eífondrent par suite de quelques lésions, ce n’est pas le 
malheureux mélancolique se reprochant des crimes imaginaires, qui 



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REVUE DE PSYCHIATRIE 


attirent sur eux l’attention. Ce sont souvent ces dégénérés, en proie 
à des délires, protestataires résolus, sans cesse à 1’affAt d f un moyen 
nouveau qui leur donne gain de cause et dont la lucidité d'esprit 
inspire un doute à ceux qui ne sont pas familiarisés avec les choses 
dc I’aliénation. 

Quoi qu’il en soit, bien que, comme le déclare M. Dubief, la loi 
de 1838 sur le régime des aliénés ait été à la fois une loi de police,de 
protection et d’assistance, « qu’elle ait constitué en notre pays un 
progrès réel et considérable et que c’est sur elle qu’ont été calquées 
la plupart des législations étrangères, et qu’elle ait subi victorieu- 
sement l’épreuve du temps, il en est des meilleures lois comme de 
tout en ce monde, où les conditions de la vie se transforment cons- 
tamment. Ce qui suffisait hier n’est qu’un pis aller aujourd’hui, et 
le mieux nécessaire devient l’ennemi du bien. » 

Cela est vrai surtout au point de vue de l’aliénation mentale. 

Dès lors, il importait de reviser la loi de 1838 et de la mieux adap- 
ter aux nécessités modemes. 

L’intervention des tribunaux judiciaires lors de l’internement 
est parmi les premicres d’entre elles. L’opinion publique la réclame 
impérieusement. II y a lieu toutefois d’entourer leur intervention 
de précautions tirées des éléments de la cause elle-mème en tenant 
compte des contingences; bien des malades ne le sont que d’une 
manière très passagère. Combien de citoyens doivent leur inteme- 
ment momentané à une bouffée qui s’éteindra rapidement, ne 
laissant rien derrière elle, que le souvenir d’une heure mauvaise! 

Convient-il, dès lors, de saisir les tribunaux pour un intemement de 
courte durée, augmentant ainsi le nombre de ceux que connaltront 
ces accidents pénibles, risquant de troubler la paix d’une famille, 
ou de faire perdre à son chef guéri le retour à ses occupations et 
à ses travaux? Aussi pensons-nous que Pintervention des tribunaux 
toujours possible, s’il y a quelque crainte de séquestration, ne sera 
nécessaire que si l’internement a duré plus de six mois et fait craindre 
une affection plus durable encore. 

II importe d’éviter que des individus,de ceux qu’on a appelés,«à 
réactions antisociales », ne tralnent leur existence inutile de l’asile 
à la prison, incapables de quelque occupation suivie, à charge à la 
société pour laquelle ils sont,pendant leursheuresdeliberté,deredou- 
tables dangers. 


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NOUVELXE LOI SUR LE RÉGIME DES ALIÉNÉS 


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II y a lieu d’éviter également que les tribunaux, après avoir ac- 
quitté comme irresponsables des individus poursuivis pour crimes 
et dèlits, ne les remettent sur-le-champ en liberté; il faut éviter 
également que d’autres, dirigés vers l’asile, ne soient rendus à la 
liberté, peu de temps après, dès que le délire est passé, alors que la 
guérison est incomplète. 

On doit se préoccuper de maintenir à l’asile ces ètres inadap- 
tables à la vie des sociétés modemes. Par contre, il importe de ne 
pas laisser en prison des aliénés condamnés par mégarde, ou des 
condamnés devenus malades en cours de peine : l’examen psychia- 
trique dans les prisons contribuera puissamment à próvenir ces 
erreurs. 

Le texte que nous vous soumettons consacre d’autres améliora- 
tions importantes au régime des aliénés. 

« Pendant longtemps, disait M. Magnan au Congrès Iutematio- 
nal de médecine tenu à Paris en 1900, l’asile, considéré comme le 
seul instrument de traitement de la folie, recueillait pèle-mèle tous 
les aliénés; peu à peu et après bien des essais pour répondre aux 
diverses indications, on en était arrivé à une division de l’établisse- 
blissement par quartiers : les cellules, les demi-agités, Ies tranquilles, 
les íaibles ou gàteux et l’infirmerie. Des ateliers, des services géné- 
raux et quelquefois des terrains de culture complétaient cette ins- 
tallation, mais le soir, toute la population de l’asile devait regagner 
ses quartiers enclos de murs, de sauts de loup, de portes avec ser- 
rures spéciales. 

«Tel est, sauf de très rares exceptions, le mode d’assistance géné- 
ralement adopté. Une appréciation plus nette de l’état et des besoins 
des aliénés, l’encombrement des asiles, les exigences budgétaires 
ont provoqué, depuis quelques années, un mouvement d’opinion qui 
ne tend pas sans doute à la destruction de ce vieil organisme, mais 
à son rajeunissement et à sa transformation en mème temps qu’il 
lui enlève, pour la placer dans des conditions mieux appropriées, 
une grande partie de sa population actuelle. 

« De l’avis presque unanime, un premier groupe de malades, les 
déments séniles, les déments organiques, les chroniques inoffen- 
sifs, principale cause de I’encombrement, doivent ètre distraits de 
l’asile et placés dans un milieu mieux approprié à leur état. 


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RETUB DK PSYCHIATKIB 




« Un secoad et troisième groupe de malades que l’on tend & déta- 
eher de l’asile ou à placer dana dea quartkn spéciaux sont foumis 
par les épileptiques et les alcoolisés. Pour les premiers, en raison de 
leurs attaques, on songe plus volontiers aux colonisations agńceles 
avec vitlas ou bétiments séparés et à une infirmerie pour tes périodes 
de crises et les affections incidentes. 

« Pour 1«8 seconds, les alcoolisés, l’absence d’une légistation spé- 
ciale dans beaucoup de pays laisse le champ ouvert à la discuseion 
et retarde l’accomphssement des réformes nécesaaires. Gette ques- 
tios d’ailleurs comporte des solutions diverses suivant qu’on envi- 
sage les buveurs d’habitude, les alcoolisés délirants et les aiiénés 
ou nerveux avec appoint alcoolique. Quelques promoteurs impa- 
tisnts veulent d’ensblée tout régler, législation et assistance, les 
autres, peut-ètre plus pratiques, demandent à mettre à profit les 
bonnes dispositions des administrations pour une bospitalisation 
phisconfòrme aux besoins des alcoolisés dont le délire force la porte 
des asites. » 

G’est tout un programme d’améliorations pratiques, tracé par uo 
maltre de la psychiatrie, et dont plusieurs départements, celui de 
la Seine en particulier, ont pris l’initiative, devangant la revision 
de la loL 

D’après le txte soumis au Sénat, le contrdle sera étendu, en vst 
de la sauvegarde de la liberté individuelle, en debors des asilea et 
des maisons privées spécialement affectées au traitement des aKé- 
nés, aux étabbssements, quels qu’ils soient, dans lesquels, une forme 
quelconque d’aliénation mentale est traitée. 

Les départements astreints à créer un établissement public ou à 
s’entendre avec l’établissement pubbc d’un autre département, dans 
le djélai de dix ans, pour le traitement des abénés proprement dtta, 
sont autorisés à s’unir pour créer des asiles spéciaux destinés aux 
ehzoniques, aux épileptiques, aux idiots, aux alcooliques, aux 
aliénés vicieux ou difficiles. 

Dans le premier cas, les départements recevront des subventions 
de l’Etat. 

De méme les départements sont autorisés à organiser des colonies 
famibales et l’assistance à domicile pour cette catégorie de malades. 

A Favenir, trois modes de placement seront envisagés : le place- 
ment demandé à la requète de la famille ou d’un tiers; le placement 


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NOUVELLE LOI SUR LB RÉGIMB DES ALIÉNÉS 


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ordonaé sur l’initiative de l’autorité admmistrative ou judiciaire; 
ie placement vokmtaire ou peraonnel provoqué par le malade hih 
méme. ' 

Au point de vue du recrutement, les médecins des asiles ou des 
établissements prévus par la loi seront nommés au concours. Tou- 
tefois, consacrant le régime spécial dont bénéficie le département de 
la Seine, le nouveau texte permet aux Gonseils généraux des dépar- 
tements, possédant plusieurs asiles, d’organiser un concours distinct. 
L’administration des asiles est confiée & un médecin-directeur res- 
ponsable; toutefois, le conseil général pourra demander la dis- 
jonction des fonctions de médecin en chef et de directeur de ces 
établissements. 

Le nouveau texte régularise les sorties d’essai et leur donne la 
sanction légale. 

Avec les réformes projetées la vie intérieure des asiles sera amé- 
liorée, Ieur encombrement s’atténuera et finira par disparaltre, 
les chefs de service ne se verront plus obligés d’éparpiller leurs efforts 
et leurs soins et bientòt la pratique de l’ahtement, universellemmt 
généralisée, achèvera d’apporter dans nos établissements de trai- 
tement des affections mentales plus de douceur encore. Le nombre 
et la proportion des guérisons augmenteront à mesure que les asiles 
8eront de moins en moins des garderies et de plus en plus des hòpi- 
taux de traitement. Des établissements et des modes spéciaux 
mieux adaptés aux besoins des malades, telles les colonies fami- 
fiales, tels les asiles et les quartiers spécialisés, compléteront Ie cyde 
de l’assistance médicale aux aliénés, diversifiée, assouplie, à la fois 
moins coùteuse et moins sévère, s’éloignant le plus possible du réginae 
rtpressif pour se faire préventrve et secourable. 

Ponr atteindre ce but, la sélection des aliénés criminels, faite dés 
l’audience, la création d’asiles de sùreté, qui s’imposent comme une 
nécessité de justice et d’ordre public, ainsi que l’examen de psy- 
chiatrie des prisons, terminent les dispositions relatives aux per- 
mnnes. 

En ce qui concerne les biens, le régime protecteur de la fortune des 
aliénés est renforcé, et la Commission de surveillance étend son 
action tutélaire aux malades placés dans les établissements privés. 

C’est en conciliant les garanties de la liberté individuelle avec les 
engences de la sécurité publique et en perfectionnant sans eesM 


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REVUE DE PSYCHIÀTRIE 


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les procédés et les méthodes du traitement de Taliénation mentale 
que Tassistance aux aliénés, curables ou incurables, se fera chaque 
jour plus humaine et plus victorieuse. 


PROPOSITION DE LOI 
TITRE PREMIER 

Etablissements destinés à traiter et garder les malades 
atteints d aííections mentales. — Placements, — Sorties. — 
Evasions. 


Elablissemenls publics el privés. 

Article premier. 

Les personnes atteintes d’affections mentales, qui compromettent 
l’ordre public, ou qui sont dangereuses, pour elles-mémes ou pour les 
autres, doivent ètre soignées et gardées dans des établissements 
spéciaux, lorsqu’elles ne peuvent ètre soignées et gardées chez elles. 

Sont soumis aux effets de la présente loi tous les établissements, 
publics ou privés, dans lesquels est soigné un cas ou une forme quel- 
conque d’aliénation mentale, quel que soit le vocable sous lequel ces 
établissements peuvent ètre désignés. Tous sont placés sous la surveil- 
lance de l’autorité publique, qu’ils soient publics ou privés. 

II en sera de méme des quartiers d’hospice affectés à cesmalades. 

Art. 2. 

Nul ne peut créer ni diriger médicalement un établissement privé 
sans l’autorisation du Gouvernement s’il n’est citoyen fran^ais, s’il 
n’est pourvu du diplòme de docteur en médecine, et sans avoir déposé 
un cautionnement dont le montant est déterminé par l’arrèté d’auto- 
risation. 

Si le Gouvernement refuse son autorisation, sa décision doit ètre 
motivée; elle est susceptible d’un recours au Conseil d’Etat dans les 
formes légales. 

Art. 3. 

L’assistance et les soins nécessaires aux malades atteints d’affec- 
tions mentales des deux sexes sont obligatoires. 

Chaque département est tenu d’avoir, dans un délai de dix ans à 
partir de la promulgation de la présente loi, un établissement public 
destiné à recevoir ces malades. 

Deux ou plusieurs départements peuvent néanmoins s’entendre 
^our créer et entretenir à frais communs un ou plusieurs établisse- 
ments publics destinés aux malades atteints d’affections mentales. Les 
conditions de leur association sont réglées par les délibérations des 


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Origirìal fro-m 

UMIVERSITY OF MICHtGAN 



NOUVELLE LOI SUR LE RÉGIME DES ALIÉNÉS 


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conseils généraux intéressés, conformément aux articles 89 et 90 de 
la loi du 10 aoùt 1871 qui seront applicables au département de la 
Seine. II est statué par un décret rendu en Conseil d’Etat sur le mode 
d ? administration de ces établissements. 

Les départements recevront à cet effet des subventions de l’Etat. 

Plusieurs départements peuvent également s’unir pour créer et 
entretenir en commun, soit des grands asiles de chroniques, soit des 
asiles spéciaux, soit des sections spéciales annexées à un asile, afin d’y 
recevoir et soigner les épileptiques, les idiots, les alcooliques, les 
aliénés vicieux et difficiles. 

Les départements sont autorisés à créer des colonies familiaies et 
à organiser l’assistance à domicile des malades atteints d’affections 
mentales dans les conditions prévues par la présente loi. 

Les traités passés par les départements, avec un établissement 
public, pour le traitement des aliénés indigents doivent ètre approuvés 
par le Ministre de l’Intérieur. Ils ne sont pas passibles d’un droit d’en- 
registrement. Ceux qui sont passés avec un établissement privé pren- 
dront fin de plein droit dix ans après la promulgation de la présente 
loi. 

Si un département n’a pas pris en temps voulu les dispositions néces- 
saires pourse’conformer à l’obligation prévue aux paragraphes 1 et 2 du 
présent article, il pourra y ètre pourvu par un décret rendu en Conseil 
d’Etat, et les dépenses nécessaires pour l’exécution dudit décret 
pourront ètre inscritcs d’office au budget du dèpartement par le 
Ministre de l’Intérieur. 

Les règlements intérieurs des établissements publics ou privés 
íaisant provisoirement fonctions d’asiles publics, et consacrés au 
traitement des affections mentales sont soumis à l’approbation du 
Ministre de l’Intérieur. 

Art. 4. 

Les établissements publics comprennent : les asiles destinés au 
traitement des affections mentales; les asiles spéciaux mentionnés à 
l’article précédent, les quartiers d’hospices spécialement affectés aux 
maladies mentales, les asiles et quartiers de sùreté établis pour les 
aliénés criminels ou dangereux, les colonies familiales. 

Ces divers établissements sont administrés, sous l’autorité du 
Ministre de l’intérieur et du préfet du département, par un médecin- 
directeur responsable. 

Les quartiers spéciaux annexés aux hòpitaux ou hospices sont 
administrés par les commissions administratives spéciales prévues à 
I’article 28. Ils sont assimilés aux asiles publics en tout ce qui concerne 
la direction médicale, le traitement et la surveiliance des aliénés. 

Cette partie du service est confiée à un médecin en chef, préposó 
responsable. 

Toutefois, le Ministre peut, sur la demande du Conseil général du 


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RBVUS DB P8YCHIATRIE 


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départeraent ou des conseils généraux dea départementa aiwociés 
ordonner la disjonctìon dea íonctions de médecin en chef et de direc- 
teur d’un asile public, ainsi que celles de médecin en chef et de própoaé 
responsable d’un quartier d’hospice. 

Dans les asiles où les services médicaux sont répartis entre trois 
médecins au moins, la réunion des médecins constitue le conseil des 
médecins de l'asile; il émet un avis consultatif sur toutes ies quosiions 
d’ordre médical. 

Le médecin-directeur en fait partie et le préside. 

Le médecin-directeur est nommé comme il est dit à i’article 5. — Les 
économes et les comrais sont noramés et révoqués par le préfet du 
département où se trouve l’asile. 

Art. 5. 

Les médecins sont nommés au concours par Ie Ministre de I’Inté- 
rieur sur une liste dressée à la suite d’épreuves publiques à l’exception 
des professeurs des facultés ou écoles de médecine chargés de i’ensei- 
gnement clinique des maladies mentales qui sont de droit médecins 
des établissements où cet enseignement est donné. 

Toutefois dans les départements où il existera plusieurs asiles 
d’aliénés, et si le Conseil général le demande, un concours spécial 
sera institué. 

Le nombre minimum des médecins de chaque établissement est 
déterminé par décret délibéré au Conseil d’Etat. 

II pourra ètre accru par décision du Ministre, sur l’avis conforme 
du Conseil général du département. 


TITRE II 

Dm placements faits dans les établlssements d’aliónés. 

Section premi&re. — Placemenls. — Sorlies . — Euasions . 

Art. 6. 

Les malades, atteints d’affections mentales, sont admis dans les 
établissements publics ou privés pour y ètre soignés et gardés : 

Soit sur la demande d’une personne appartenant à leur famille ou 
la remplagant: c’est le piacement demandé; 

Soit sur l’intervention de l’autorité administrative ou judiciaire : 
c’est le placement ordonné; 

Soit sur leur propre demande, lorsqu’ils sont majeurs; s’ils sont 
mineurs, l’autorisation des parents ou du tuteur est nécessaire : c’est 
)e placement volontaire. 


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NOUVELLE LOl SUR LE RÉGtMB DES ALIÉNÉS 


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Art. 7. 

La demande de placement faite par un membre de la famille, par 
le tuteur ou le subrogé tuteur ou un ami doit ètre accompagnée de 
pièces établissant l’identité du malade et d’un certificat médical ne 
datant pas de plus de quinze jours. Ce certificat doit ètre, sauf urgence, 
ńé par !e maire, ie juge de paix ou le commissaire de police. 

Si le malade ne veut pas se laisser conduire dans l’établissement 
oú 0 doit élre soigné, le maire ou le commissaire de police peuvent ètre 
icquis de prèter leur concours à la famille. 

Ge placement ne peut ètre que prorisoire. Dans les vingt-qaatre 
heures qui suivent l’entrée du malade, le médecin-directeur ou le 
dnetear s’il s’agit d’un étabUssement privé, en avise : 

i* Le Préfet du départeraent; 

2? Le procureur de la RépubUque dans le ressort duquel 1’étaUis- 
seaaeat est situé; 

3° Le procureur de la RépubUque dans le ressort duquel ae trouve 
k domicile du malade, si ce doroicile et celui de 1’étabUssement n’appar- 
tìenaent pas au mème ressort judiciaire. 

Le directeur responsable transmet en mème temps le buìletin 
d’entrée du malade, l’avis motivé du médeein traitant et la copie des 
pièces qui accompagnent la demande de placement. 

Quand le placement est fait dans un établissement privé, le préfet 
dsit, dans les trois jours de la réception du bulletin d’entrée, chargtr 
■a médeein des établissements pubUcs d’aliénés de visiter le maladfe 
désigné par ce bulletin et de lui adresser, en double exemplaire, un 
rapport médical sur l’état mental du malade. Le préfet transmet isn 
exemplaire de ce rapport au procureur de la RépubUque. 

Quinze jours après l’entrée du malade, ledirecteur responsable de 
l’Mablissement pubUc ou privé qui a regu le malade doit adresser un 
noureau certificat médical circonstancié au préfet et au procureur 
de la République. 

Le procureur de la République qui a 1’étabUssement dans sen 
restort, saisit le tribunal du placement provisoire dont il est avisé. 
Le tribunal saisi a seul qualité pour rendre le placement définitif : 
il prend à cet effet une décision en chambre du conseU et basée sur les 
certificats médicaux déUvrés par le médecin de l’asile, au cours d’une 
période d’observation qui ne doit pes dépasser six mois. 

Ea cas de désaccord entre le certificat médical qui accompagne 
te demande de placement et celui qui est délivré par le médecin de 
i’établissement, le tribunal doit, avant de statuer, commettre «n 
aulre médecin des asiles publics pour examiner le malade et lui adreaser 
w rapport spécial et détaiUé sur son état mental. 

Le chef responsable de l’établisseraent est tenu d’adresser au préfet, 
<teaa le prenùer mois de chaque semestre, un rapport rédigé par le 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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médecin de rétablissement sur chaque personne qui y est retenue, 
sur la nature de sa maladie et les résultats du traitement. 

Le préfet prononce sur chacune individuellement, ordonne sa main- 
tenue ou sa sortie. 

Art. 8. 

En cas de danger immédiat, attesté par un certificat médical, le 
préfet de police à Paris, les préfets dans les départements peuvent, 
par des arrètés motivés, ordonner le placement provisoire d'une 
personne atteinte d’affection mentale. 

Ces arrètés ne sont exécutoires que s’ils n’ont pas plus de quinze 
jours de date et s’ils sont accompagnés du certificat médical qui les 
motive. 

Le commissaires de police, dans le ressort de la préfecture de police, 
les maires dans les autres communes peuvent aussi, dans les mèmes 
conditions de danger immédiat, prendre toutes mesures provisoires 
nécessaires à l’égard des personnes atteintes d’affections mentales, 
mais seulement sur l’avis conforme d’un certificat médical de moins 
de quinze jours et à la condition d’en référer dans les vingt-quatre 
heures au préíet compétent : celui-ci statue sans délai par un arrèt 
motivé. 

S’il n’y a pas danger immédiat, les commissaires de police et les 
maires qui sont saisis de plaintes ou demandes visant des personnes 
atteintes d’affections mentales et faites dans l’intérèt des malades 
eux-mèmes ou dans celui de la décence et de la sécurité publiques, 
doivent en référer au préfet compétent. Gelui-ci provoque aussitòt 
une enquète à la suite de laquelle il peut, sur l’avis conforme d’un 
certificat médical délivré au cours de l’enquéte, prendre un arrèt 
motivé ordonnant le placement provisoire du malade dans un établis- 
sement public ou privé. 

Dans les vingt-quatre heures qui suivent ces placements provi- 
soires ordonnés, le directeur responsable avise le procureur de la 
République; il lui transmet le bulletin d’entrée du malade, la copie 
de l’arrèté du préfet et celle des pièces qui l’accompagnent. 

Le placement ne devient définitif que par décision du tribunal. 

Art. 9. 

Le placement volontaire, qui est demandé par le malade lui-mème, 
n’est soumis à aucune formalité quand le malade est majeur. La 
demande seule suffit, alors mème qu’elle serait verbale; mais si elle 
n’est accompagnée d’aucune pièce de nature à constater l’ìden- 
tité du malade, le directeur responsable devra faire constater cette 
identité le plus tòt possible. 

Si le malade n’est pas majeur, le père, la mère ou le tuteur doivent 
donner leur consentement par écrit. 

Les malades, atteints de crises convulsives répétées ou d’intoxi- 


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Qriginal from 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



NOUVELLE LOI SUR LE RÉGIME DES ALIÉNÉS 


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cation chronique, peuvent également ètre admis sur leur seule de- 
mande, soit dans les établissements destinés aux affection9 men- 
tales, soit dans les établissements ou quartiers spéciaux affectés à 
ces maladies. 

Avis du placement volontaire est néanmoins donné au préfet et 
au procureur de la République. 

Art. 10. 

La déclaration prescrite par l’article 7 n’est pas nécessaire quand un 
malade atteint d’affection mentale se trouve en traitement dans une 
maison privée où réside le conjoint du malade, ou bien un ascendant, 
un descendant, un frère, une soeur, un oncle, une tante, ou mème le 
tuteur, si Ie conseil de famille a spécialement autorisé celui-ci à se 
charger des soins à donner au malade. 

Si cependant le traitement dure plus de six inois, le conjoint, le 
parent ou le tuteur doit en aviser le procureur de la République et 
lui fournir un rapport médical sur l’état du malade. 

Le procureur de la République peut demander un nouveau rapport 
quand il le juge nécessaire; il peut mème charger un médecin des 
établissements publics de visiter le malade à plusieurs reprises et de 
lui faire chaque fois un rapport sur son état et sur les soins qu’il 
recoit. 

Si ces soins ne sont pas suffisants, le tribunal peut, sur la demande 
du procureur de la République, ordonner en chambre du conseil que 
lc malade soit confié à un autre membre de la famille ou mème placó 
dans un établissement public ou privé. 

La décision doit ètre prise en présence du parent ou tuteur res- 
ponsable qui réside dans la maison où le malade est soigné, ou qui a 
été mis en demeure d’intervenir, s’il n’y réside pas. 

Appel de la décision peut ètre relevé par le parent, le tuteur ou le 
procureur de la République dans les cinq jours qui suivent celui où 
cette décision a été rendue. La Cour doit statuer en chambre du 
conseil dans les quinze jours qui suivent la date de l’appel. 

Chaque fois qu’un malade sera placé dans un des établissements 
visés par la présente loi, ses nom, prénoms, profession, àge, domicile, 
la date de son placement, les nom, prénoms, profession et demeure 
de la personne, parente ou non, qui aura demandé le placement, 
mention du jugement d’interdiction si elle a été prononcée,lenom du 
tuteur, seront inscrits sur un registre coté et paraphé par le maire. 

Sont également transcrits sur ce registre : 1° la demande d’admis- 
sion; 2° le rapport médical prescrit; 3° les rapports cpie le médecin 
de l’établissement devra adresser à l’autorité. — Le médecin sera 
tenu de consigner sur ce registre, au moins tous les mois, les change- 
ments survenus dans l’état mental de chaque raalade. Ce registre 
constatera également les sorties et les décès. — Ce registre sera soumis 


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UMIVERSITY OF MICHIGAN 



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102 RBVUE DB PSYCHIATRIE 

aux personnes qui aurontle dreit de visiter l’établissement, loraqu'eHes 
se présenteront pour en faire la visite; après l’avoir terminée, eHes 
apposeront sur le registre leur visa, leur eignature et leurs obser- 
vations, s’il y a lieu. 

Art. 11. 

Dans aucun cas, les aliénés dirigés sur un asile ne peuvent ètre 
ni conduits avec des condamnés ou des prévenus, ni dóposés dans une 
prison. Lorsque pendant le voyage de transport, un arrèt est indis- 
pensable, le malade est déposé dans un hospice ou hèpital civil, ou, 
& défaut, dans un local loué 6 cet effet. 

Dans tout ressort de tribunal où il n’existe pas d’établisseraeut 
public d’aliénés, l’hospice ou l’hèpital civil qui doit reoevoir provi- 
soirement les personnes qui leur sont adressées est tenu d'établrr et 
d’approprier un local d’observation et de dépòt destiné à recevoir 
provisoirement les aliénés non encore intemés, avant ou pendant leur 
voyage de transport à l’asile. 

L’organisation et le fonctionnement de ces quartiers ou locaux soat 
à la charge du département et confiés au préfet. 

Art. 12. 

Nul ne peut ètre conduit à l’étranger pour ètre placé dans un 
établissement recevant des aliénés, sans que la déclaration en ait été 
faite, avant le départ, au procureur de la République du domicìle du 
malade; cette déclaration devra ètre accompagnée du rapport médical 
circonstancié prescrit à l’article 7. Tout Frangais qui, à I’étranger, 
provoque le placement d’un Frangais dans un établissement recevaat 
des aliénés, est tenu de faire, dans le délai d’un mois à partir du place. 
ment, la déclaration de ce placement au procureur de la République 
du dernier domicile en France du malade. 

Les dispositions de la présente loi reiatives à l’administration des 
biens sont applicables aux biens des aliénés plaoés à l’étranger. L’ad- 
ministrateur provisoire du lieu de leur dernier domicile remplit à leur 
égard ces fonctions, ainsi que le curateur à la personne, de conoert 
avec la Commission de surveiHance dont celui-ci fait partie. 

Nul étranger conduit en France pour ètre placé dans un établisse- 
ment d’aliénés ne peut étre admis dans cet établissement, sauf urgence, 
aans une demande et sans un certificat médical, légalisés dans son 
pays d’origine ou par un représentant diplomatique de ce pays en 
France. Si 1a demande et le certificat ne sont pas écrits en frangais, 
il est joint une traduction frangaise certifiée conforme. 

Dans les trois jours de la notification de ce placement, le préfet 
en donne avis au Gouvemement, qui prévient le représentant diplo- 
matique du pays d’origine de la personne placée. 

Le mème avis de placement doit étre donné dans le mème détai 
au représentant diplomatique du pays d’origine de tout étranger 


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Origirìal frn-m 

UNIVERSITY OF MICHIGAN 



NOUVELLE LOI SUR LB RÉGIHE DES ALIÉNÉS 


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réadant oa de paseage en France, dont l’état d’aUénation aurait 
exigé le placement. 

Art. 13. 

Dans Ies cas de transfèrement d’un aliéné d’un établissement dans 
un autre, l’admission de l’aliéné transféré a lieu, après avis médical 
qu’fl n’y a pas d’inconvénient, sur le vu du certifícat délivré par le 
eheí responsable de l’établissement d’où provient ce malade et des 
pièces légales concernant ce dernier ou d’une copie de ces pièces. 

Le médecin de l’établissement où l’aliéné est transféré fait les cer- 
tffieat8 de vingt-quatre heures et de quinzaine. 

L’administration provisoire légale des biens de l’aliéné transféré 
continuera d’ètre exercée par la Commission de surveillance du dépar- 
tement où cet aliéné a son domicUe de secours. 

Art. 14. 

' Qnand le médecin traitant estime que la guérison est suffisante 
pour permettre la sortie du malade, le directeur responsable de I’éta- 
blissement en avise le malade, la famille et l’autorité. 

S’il s'agit d’un placement volontaire, le malade quitte l’établisse- 
ment et avis en est donné au préfet. 

S*U s’agit d’un placement demandé, le malade est remis à sa famiUe 
et avis est immédiatement donné au préfet et au procureur de la 
République. 

S’il s’agit d’un placement imposé, avis de la guérison est donné au 
préfet et au procureur de la République; celui-ci provoque aussilèt 
ime décision du président du tribunal autorisant la sortie du malade. 

Art. 15. 

Tout malade atteint d’affection mentale soigné dans un établisse- 
ment public ou privé, peut réclamer sa sortie immédiate. Le préfet, 
le procureur de la Répubfíque, un parent ou un ami peuvent égale- 
ment réclamer cette sortie, et tous peuvent se pourvoir à cet effet 
devant le tribunal du lieu où est situé l’établisseraent. 

Si le malade est interdit, la demande de sortie immédiate ne peut 
itre faite que par le tuteur de l’interdit ou le procureur de la Répu- 
bhque. 

Toutefois la sortie ne doit étre autorisée que si le médecin traitant 
dèclare que le malade est suffisamment guéri pour que sa sortie ne 
eompromette ni sa guérison définitive, ni la décence, ni la sécurité 
pubtique. 

Si le médecin est d’un avis différent et si le tribunal ne croit pas 
pouvoir statuer immédiatement, il doit ordonner, sous réserve de 
tous autres moyens d’informations, une expertise contradictoire qui 
eera faite par deux médecins dont l’un sera désigné par le malade ou 
son représentant. 

La déciskm du tribunal est rendue en chambre du conseil, sans 


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UNivERsrry of michigan 



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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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délai, sur simple requète, et sans ministère d’avoué. Elle n’est pas 
motivée; elle est exécutoire sur minute et doit ètre notifiée au préfet 
et au directeur responsable de l’établissement. 

Art. 16. 

Dans les vingt-quatre heures de la sortie, les chefs responsables 
des établissements en donnent avis aux fonctionnaires auxquels la 
notification du placement a été faite, conformément à l’article 7, 
et leur font connaitre le nom, la résidence des personnes qui ont 
retiré le malade, son état mental au moment de la sortie et, autant 
que possible, l’indication du lieu où il a été conduit. 

Art. 17. 

La requète, le jugement et tous actes relatifs aux articles précédents 
scront visés pour timbre et enregistrós en débet. 

La suppression ou la retenue d’une requète ou d’une réclamation 
adressée aux autorités administratives ou judiciaires est passible des 
peines prévues au titrc V. 

Art. 18. 

Des sorties ou congés d’essai peuvent ètre accordés par le médecin 
aux malades dont l’état de santé se trouve suffisamment amélioré, 
exception faite pour les aliénés criminels, dangereux ou difficiles. 

Pendant ces sortics d’essai, l’administration doit faire visiter les 
malades, chaque semaine, par un médecin chargé de constater leur 
état et les soins qu’ils reQoivent. En cas de rechute, ce médecin peut 
provoquer la réintégration du malade dans l’établissementoù il était 
soigné sans avoir besoin de recourir aux formalités ordinaires du 
placement. 

Pendant la sortie d’essai, une subvention, qui n’excédera pas le 
prix de la journée payé à l’asile, peut ètre accordée aux malades indi- 
gents et prise sur le budget de l’établissement. 

Art. 19. 

Les malades paisibles et valides pourront ètre utiiement occupés, 
sur l’avis conforme du médecin traitant, à des travaux agricoles, 
ménagers ou autres, soit dans l’intérieur mème de l’établissement, 
soit dans les exploitations agricoles annexées à l’établissement. 

Les malades inoffensifs et plus ou moins valides peuvent ètre en- 
voyés dans des établisscments spéciaux dits « colonies familiales ». 
lls y vivent en liberté et se livrent ou non à des travaux qui ont pour 
but de les occuper et de les distraire. 

Art. 20. 

Lorsqu’un malade atteint d’affection mentale s’évade d’un établis- 
sement public ou privé, sa réintégration peut s’accomplir par les soins 


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Origirìal frn-m 

UNIVERSfTY OF MICHtGAN 



NOUVELLE LOI SUR LE RÉGIME DBS ALIÉNÉS 


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du personnel de rétablissement sans aucune formalité, si elle a lieu 
dans un délai de quinze jours. 

Passé ce délai, le placement doit ètre effectué dans les conditions 
prévues à Particle 7. 

Section II. — Des condamnés reconnus aliénés , et des aliénés dils 

criminels . 

Art. 21. 

Les individus de l’un et de l'autre sexe condamnés à des peines 
afflictives et infamantes ou à des peines correctionnelles de plus d’un 
an et un jour d’eraprisonnement, qui sont reconnus épileptiques ou 
aliénés pendant qu’ils subissent leur peine, et dont l'état d'épilepsie 
ou d’aliénation a été constaté par un certificat du médecin de l’éta- 
blissement pénitentiaire, sont, après avis du médecin désigné par le 
préíet, retenus jusqu’à leur guérison ou jusqu’à l’expiration de leur 
peine dans les asiles ou quartiers de sùreté. Les autres condamnés épi- 
leptiques ou aliénés sont dirigés sur l’asile départemental, en vertu 
d’une décision du Ministre de l’Intérieur. 

Chaque année, le Ministre de l’Intérieur prescrit une inspection 
dans les prisons civiles et militaires aux fins d’examen des détenus 
qui pourraient se trouver dans ies conditions prévues au présent 
artìcle. 

Art. 22. 

Tout inculpé, prévenu ou aecusé, qui est considéré comrae irres- 
ponsable, à raison de son état mental au moraent de l’action, et qui 
íaitpar suite l’objet, soit d’une ordonnance ou d’un arrèt de non-Iieu, 
soit d’un acquittement en conseil de guerre ou en cour d’assises, doit 
ètre renvoyé, par le mème jugement, devant le tribunal qui siège 
dans le mème arrondissement que la juridiction de répression. 

La décision de justice qui ordonnera le renvoi devra, en outrc, 
interdire la mise en liberté de I’inculpé, prévenu ou accusé reconnu 
irresponsable et ordonner son transfert dans un établissement public, 
ou dans un établissement privé faisant fonction d’établissement public, 
en attendant que le tribunal saisi ait pu statuer. 

Le tribunal, saisi par l’ordonnance, le jugement ou l’arrèt qui pro- 
nonce le non-lieu ou l’acquittement, ordonne un nouvel examen 
médical, puis en chambre du conseil, le procureur de la République 
entendu, il décide si le malade doit ou non ètre interné définitivement 
dans un établissement public ou bien dans un asile ou quartier de 
sureté. 

Art. 23. 

En toute matière criminelle,le président, après avoir posé les ques- 
tions voulues, avertit le jury, sous peine de nullité que, s’il jugel’accusé 
ou l’un des accusés irresponsable, il doit en faire la déclaration en ces 

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UMIVERSITY OF MICHIGAN 



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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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lermes : « à la majorité et à raison de son état mental au moment de 
l’action, l’accusé est irresponsable ». 

Art. 24. 

L’Etat fera construire ou approprier un ou plusieurs asiles ou quar- 
liers de sùreté pour recevoir les aliénés de l’un et i’autre sexe qui doi- 
vent y ètre conduits, retenus et soignés en vertu des articles précé- 
dents de la présente loi. 

Art. 25. 

Doivent également ètrc conduits et soignés dans ces établisse- 
ments spéciaux : 

1° Les aliénés qui, placés dans un asile, y commettent un acte 
qualifié crime ou délit contre les personnes; 

2° Les aliénés qui, sans avoir commis d’acte qualifié crime ou 
délit, sont déclarés dangereux par un rapport médical motivé; 

3° Les condamnés reconnus aliénés, dont il est question à Tarticle 21 
lorsqu’il serait dangereux, à l’expiration de leur peine, de les remettre 
en Iiberté ou mème de les transférer dans l’asile de leur département. 

A cet effet, un rapport spécial est adressé au procureur de la Répu- 
blique qui a dans son ressort l’établissement où le malade est placé. 
Ce magistrat en saisit aussitèt le tribunal qui statue, en chambre 
du conseil, sur le placement de ces malades criminels ou dangereux. 

Art. 26. 

Lorsque la sortie d’un malade, intemé dans un établissement de 
sùreté, en vertu des articles 21, 22, 23, 24 et 25, est demandée, le 
médecin traitant est appelé à donner son avis motivé sur l’état menta! 
du malade, et à dire s’il est ou non guérì et si, en cas de guérìson, une 
rechute est plus ou moins probable. 

La demande de sortie et l’avis du médecin sont déférés de droit 
au tribunal du lieu qui statue en chambre du conseO, coinme il est 
dit à rarticìe 10, sur ladite demande 

Si la sortie n r est pas autorìsée, le tribunal peut décider qu’il ne sera 
pas procédé à Texamen d’une nouvelle demande de sortie avant un 
délai de six mois au plus. 

La sortie autorisée est toujours conditionnelle et révocable : elle 
est soumise à des mesures de surveillance régíées par le tribunal 
pour chaquc cas particulier. 

Si Ies mesures de surveillance voulues ne sont pas exéeutées, ou s’3 
se produit une menace de rechute, le malade doit ètre immédiatement 
réintégré dans un asile ou quartier de sùreté en se conformant aux dis- 
positions prescrites par les articles 7 et 8 de la présente loi. 

La sortie des aliénés difficiles ou vicieux est soumise aux mèmes 
i'ormaliiés. 

Toul nialade soigné dans un asile ou quartier de sùreté peut ètre 


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NOUVELLE LOI SUR LE RÉGIME DBS ALIÉNÉS 


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mis en liberté ou transféré dans un asiie ordinaire, par décision du 
tńbunal, lorsque le médecin traitant certifie que ce malade est devenu 
inoffensif. 


TITRE III 

Section première. — SurveiUance des malades aUeinis d'affection 
menlale et des élablissements où ils sorU soignés et gardés. 

Art. 27. 

La surveillance des établissements publics et privés qui regoivent 
les malades atteints d'affection mentale est confiée au Ministre de 
l’Intérieur et aux préfets. 

Pour les établissements publics et les établissements privés qui en 
font provisoirement fonction, cette surveillance est exercée par une 
ou plusieurs commissions. 

La commission de surveillance est compsée de 6 membres, savoir : 

2 conseUlers généraux élus par le conseU général; 

2 membres choisis par le préfet, dont un docteur en médecme; 

2 membres désignés par le tribunal de l’arrondissement où l’éta- 
biissement est situé, dont un juge titulaire ou suppléant. 

II peut ètre augmenté par décision du Ministre de l’Intérieur après 
»vis du Conseil supérieur de l’assistance publique. 

Assisteront aux séances de la commission de surveUlance, les mé- 
decins-directeurs et les directeurs administratifs pour les établisse- 
menis publics; le médecin traìtant pour les établissements privés 
taisant fonctions d’asUes publics. 

La commission de surveUlance a pour attributions : 

1° De remplir Ies fonctions de conseil de famille & l’égard des 
malades noninterdits,|pIacés dans les établissements publics ou privés, 
et non pourvus d’un administrateur judiciaire ou datif; 

2° D’exercer sur les établissements pubUcs départementaux une 
sorveUlance administrative et financière; 

3° De contrftler dans les établissements publics, et dans Ies éta- 
blissements privés qui en font provisoirement fonction, le régime des 
malades, l’exécution des règlements et ceUe des traités passés entre 
ees étabUssements et les départements. 

Les fonctions de cette commission sont gratuites. 

Le département de la Seine aura, pour l’ensemble de ses établis- 
sements, une commission de surveiUance composée de quinze membres 
dont quatre seront désignés par le ConseU général, huit par le préfet 
de la Seine, et trois par la Cour d’appel. EUe coraprendra au moins 
deux médecins. 

Art. 28. 

La surveiUance des quartiers d’hospice affectés aux aliénés est 
exercée par une commission de surveUlance spéciale, distincte de la 


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commission de l’hospice, nommée dans les mèmes conditions que la 
commission de surveillance des asiles et ayant les mémes attri- 
butions. 

Art. 29. 

Le préíet du département ou son délégué est tenu de visiter une 
íois au moins chaque semestre, les établissements publics ou privés 
situés dans le département. 

Le procureur de la République de l’arrondissement, dans lequel un 
ou plusieurs établissements d’aliénés sont situés, est tenu de visiter 
ces établissements une fois au moins chaque trimestre. 

Les personnes spécialement déléguées à cet effet par le Ministre de 
l’intérieur ou le préfet, le président du tribunal de l’arrondissement, le 
juge de paix du canton, le maire de la commune où est situé l’établis- 
sement public ou privé consacré au traitement des affections men- 
tales, peuvent visiter ledit établissement lorsqu’ils le jugent conve- 
ńable. Ils re$oivent les réclamations des personnes qui y sont placées 
et prennent à leur égard tous les renseignements propres à faire con- 
naìtre leur position. 

Art. 30. 


Des inspections périodiques sont prescrites par le Ministre de 
Tlntérieur. 


Art. 31. 


Le Conseil supérieur de l’Assistance publique, dont feront partie 
de droit des délégués du corps de l’Inspection générale du Ministère 
de Tlntérieur, regoit du Ministre de l’Intérieur communication de 
tous docuraents et rapports; il donne son avis sur les règlements 
particuliers, surjes plans et projets de construction générale ou par- 
tielle des asiles, sur les traités passés par les départements pour le 
traitement de leurs aliénés indigents, sur les tarifs des prix de journée 
des aliénés, sur les autorisations à accorder aux asiles privés, et sur 
toutes les mesures propres à assurer l’exécution des lois et règlements 
concernant le service des aliénés ; il reQOit, chaque année, du Ministre 
de l’Intérieur, communication du rapport général, qui sera présenté 
par le Ministre, publié au Journal officiel et distribué aux Chambres. 


Section II. — Adminislralion des biens . 

Art. 32. 

Dans chaque département, la Commission de surveillance sera 
tenue de désigner un ou quelques-uns de ses membres pour gérer 
gratuitement, en qualité d’administrateur provisoire, les biens des 
personnes non interdites placées soit dans les établissements publics 
ou privés d’aliénés, soit dans les colonies familiales. 


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Art. 33. 

L’administrateur provisoire exerce les fonctions d’administrateuv 
provisoire légal & l’égard de tout aliéné non interdit placé dans un 
établissement public ou privé ou dans une colonie familiale tant 
qu’il n’a pas été pourvu par le tribunal à la nomination d’un admi- 
nistrateur judiciaire. 

Art. 34. 

Les parents, !e conjoínt, l’associé de l’aliéné, l’administrateur 
provisoire et le procureur de la République peuvent toujours provo- 
quer la nomination d’un administrateur judiciaire. 

Cette nomination est faite par le tribunal civil du domicile de l’aliéné 
en chambre du conseU et súr les conclusions du procureur de la 
République. 

Elle doit étre précédée de l’avis du conseU de famUle, mais seule- 
mentlorsqu’elle estdemandéepar les parents, le conjoint ou l’associé. 
Elle ne sera pas sujette 6 l’appel. Sur la notification de cette nomi- 
naUon, l’administrateur provisoire légal, s’U a exercé ses fonctions, 
rend son compte d’administration qui est regu par l’administrateuv 
judiciaire. 

Art. 35. 

Tout aliéné pourvu, par jugement, d’un administrateur judiciaire 
devra ètre pourvu par le méme jugement d’un curateur & la personne. 

En outre, sur la demande de l’intéressé, de l’un de ses parents, de 
l'époux ou de l’épouse, d’un ami, ou sur la provocation d’office du 
procureur de la République, le tribunal pourra nommer, en chambre 
du conseil, par jugement non susceptible d’appel, un curateur à la 
personne de tout individu non interdit placé dans un établissement 
d’aliénés. 

Le curateur à la personne doit veiller : 

1° A ce que les revenus de l’aliéné soient employés à adoucir son 
sort et à accélérer sa guérison, conformément à l’article 510 du Code 
civil; 

2° A ce que l’aliéné, en cas de sortie provisoire ou d’évasion, 
n’accomplisse aucun acte de nature à nuire à ses intéréts; 

3° A ce que l’aliéné soit rendu à l’exercice de ses droits aussitdt 
que sa situation le permet. 

Le curateur peut provoquer la réunion du conseil de famille et le 
saisir de toute proposition tendant à la bonne gestion des intérèts de 
l’aliéné. 

II peut faire appel devant le tribunal civil contre le mari, l’adminis- 
trateur provisoire légal ou judiciaire de toute mesure qui lui paraltrait 
de nature à nuire aux intéréts de l'aliéné. 

Art. 36. 

Le mari non séparé de corps ou de biens est de droit l’adminis- 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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trateur provisoire des biens de la femme placée dans un établissement 
d’aliénés ou dans une colonie familiale. 

La femme non séparée de corps dont le mari est placé dans un éta- 
blissement d’aliénés ou dans une colonie familiale peut ètre autorisée, 
par une ordonnance du président, à faire les actes d’administration 
qu'il déterminera. 

Si l’aliéné est commerQant ou s’il est engagé dans une exploitation 
industrielle ou agricole, le président du tribunal civil peut, sur la 
demande àu conjoint ou de l’associé, et contradictoirement avec 
radministrateur provisoire l’égal ou judiciaire, conserver, soit au 
conjoint, soit à l’associé, la direction des affaires particuliòres ou 
sociales. 

Dans ce cas, le conjoinnt ou l’associé doit communiquer à l’admi- 
nistrateur, au moins une fois par an, un état sur la situation financière 
de l’entreprise. 

Art. 37. 

L’administrateur judiciaire des biens d’un aliéné doit remettre au 
curateur, qui le communique au procureur de la République, un 
état de la situation de fortune de l’aliéné, une première fois dans 
le mois de son entrée en fonctions, et ultérieurement une fois tous les 
ans. 

Avant le renouvellement de ses pouvoirs, qui ne lui sont donnés 
que pour une année, l’administrateur provisoire légal doit rendre 
compte de sa gestion à la commission de surveillance. 

Art. 38. 

L’administrateur provisoire peut faire tous actes conservatoires 
et intenter toute action mobilière ou possessoire, défendre à toute 
action mobilière ou immobilière dès l’admission de l’aliéné dans un 
établissement public ou privé, et sans attendre la décision de l’auto- 
rité judiciaire sur sa maintenue ou sa sortie. 

Néanmoins, le président du tribunal, statuant en référé, peut, sur 
la demande de la personne internée, ou de toute autre personne en 
son nom, ordonner que l’administrateur provisoife s’abstiendra de 
tout acte d’immixtion pendant le délai qu’il íixera. 

L’administrateur provisoire procède au recouvrement des sommes 
dues à l’aliéné et à l’acquittement des dettes; il passe les baux dont 
la durée n’excède pas trois ans. Les baux de plus de trois ans, sans 
qu’ils puissent excéder neuf ans, conformément à l’article 1429 du 
Code civil, doivent ètre autorisés spécialement par la commission de 
surveillance. 

Avec la mème autorisation, précédée de l’avis du médecin traitant 
sur l’état de l’aliéné, l’administrateur provisoire peut vendre les biens 
mobiliers de l’aliéné, lorsque leur valeur, d’après l’appréciation de 
la commission de surveillance, n’excède pas 1.500 francs en capital. 


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Si ia valeur dépasse cette somme ou s’il s’agit d’immeubles, il faut, 
en outre, rhomologation du tribunal statuant en chambre du conseil, 
le ministère public entendu. Dans ce dernier cas, la vente des irameu- 
Wessefera aux enchères pubiiques, soit devant le tribunal, soit devant 
un notaire commis. 

L’administrateur provisoire légal prescrit le dépòt à la caisse du 
receveur des asiles de toutes somraes appartenant aux aliénés placés 
soit dans les établissements publics, soit dans les établissements 
privés. Le cautionnement du receveur est affecté à la garantie desdits 
deniers par préférence aux créanciers de toute nature. 

Lorsque les sommes dont il s’agit excèdent ies besoins courants de 
laiiéné, l’administrateur provisoire en prescrit Temploi. Cet emploi 
estréglé par la commission de surveillance quand le capital ne dépasse 
pas 1.500 francs, avec rhomologation du tribunal statuant en chambre 
du conseil quand le chiffre est supérieur. 

Les titres provenant de ces emplois et tous autres titres appartenant 
à l’aliéné, s’ils sont au porteur, doivent ètre déposés à la Caisse des 
dépòts et consignations. 

Art. 39. 

Les pouvoirs de radministrateur judiciaire, quant aux biens, sont 
les mèmes que ceux du tuteur de l’interdit. Ils sont rógis par les mèmes 
règles et soumis aux raémes conditions, à rexception de l’hypothèque 
légale. 

Dans aucun cas, ces pouvoirs ne peuvcnt ètre moindres que ceux 
de radministrateur provisoire légal. 

L’article 511 du Code civil est applicable aux aliénés placés dans 
un établissement public ou privé. 

Les successions ouvertes au profit d’un aliéné ne peuvent étre 
répudiées qu’avec l’autorisation du conseil de famille ou de la eommis- 
sion de surveillance homologuée par le tribunal civil. 

L’acceptation d’une succession ne pourra étre faite que sous 
bénéfice d’inventaire. 

Sont applicables à l’administrateur provisoire, légal ou judiciaire, 
les dispositions des sections 8 et 9, titre X, livre premier du Code 
civil, ainsi que celles de la loi du 27 février 1880, en tant qu’elles ne 
aont pas contraires aux dispositions de la présente loi. 

Ces administrateurs ne sont pas assujettis à l’hypothèque légale. 
Toutefois, sur la demande des parties intéressées, du conseil de famille 
ou du procureur de la République, le jugement qui nomme l’admi- 
nistrateur judiciaire peut, en méme temps, constituer Sur ses biens, 
uue hypothèque générale ou spéciale, jusqu'à concurrence d’une 
aemme déterminée par le jugement. 

Le procureur de la République doit, dans Je délai de quinzaine et 
après acceptation de ses fonctions par i'administrateur judiciaire, 


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RBVUB DB P8YCHIATRIE 


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faire inscrire l’hypothèque légale. Elle ne date que du jour de son 
inscription. 

Les dispositions du Code civil sur les causes qui dispensent de la 
tutelle, sur les incapacités, ies exclusions ou destitutions des tuteurs 
sont applicables à l’administrateur judiciaire. 

Art, 40. 

Les significations & faire à la personne placée dans un établissement 
d’aliénés ou dans une colonie familiale doivent ètre faites au tuteur, 
si la personne est interdite, & l’administrateur provisoire légal ou 
judiciaire, suivant les cas. 

Dans le cas de signification de pièces relatives à une instance en 
interdiction, en divorce, en séparation de corps ou de biens, en désaveu 
de patemité, en maintenue de placement ou en sortie de l’établisse- 
ment, cette signification doit ètre faite, en outre, à peine de nullité, 
à l’aliéné lui-mème, parlant à sa personne. 

II n’est point dérogé aux dispositions de l’article 173 du Code de 
commerce. 

Le curateur intervient de droit dans toutes les instances mention- 
née8 au deuxième paragraphe du présent article. Le tuteur de l’aliéné 
interdit et, en cas de non-interdiction, l’administrateur provisoire, 
légal ou judiciaire, peuvent, en vertu du mandat exprès qu’ils en 
auront re$u du conseil de famille ou, à son défaut, du tribunal, in- 
tenter au nom de l’aliéné une action en divorce, en séparation de 
corps ou de biens. Si le conjoint est administrateur, l’action pourra 
étre intentée en vertu d’une délibération conforme du conseil de 
famille provoquée par le tribunal qui désignera un administrateur 
ad hoc chargé d’intenter et de suivre le procès. 

Les délais de l’action en désaveu de paternité, fixés par les arti- 
cles 316 et suivants du Code civil, ne courent pas contre l’aliéné placé 
dans un établissement public ou privé, jusqu’au jour de sa sortie 
définitive de l’établissement et, en cas d’interdiction judiciaire, jus- 
qu’au jugement de main-levée. 

Art. 41. 

Les pouvoirs de la Commission de surveillance et de l’administra- 
teur provisoire légal, ceux de l’administrateur judiciaire cesseront 
de plein droit dès que la personne est sortie définitivement de l’éta- 
blissement; ils subsistent pendant les sorties provisoires et, en cas 
d’évasion, jusqu’à ce que la sortie définitive ait été décidée. 

Les pouvoirs de l’administrateur judiciaire cessent de plein droit 
à l’expiration du délai de trois ans, ils ne peuvent étre renouvelés 
qu’après que ledit administrateur a foumi au curateur les états de 
situation prescrits par la présente loi. 


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Origirìal frn-m 

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NOUVELLE LOI SUR LE RÉGIME DBS AUÉNÉS 


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Art. 42. 

Tous actes faits par l’aliéné, mème non interdit, dès le preroler 
jour de son admission et pendant la durée de son internement, nonob- 
stant toute sortie provisoire, sont, comme ceux fait par l’interdit, 
soumis aux règles des articles 502 et 1125 du Code civU. 

L’action en nullité est soumise aux règles de l’article 1304 du Code 
eivil. Toutefois, les dix ans ne courent à l’égard de l’aliéné, après sa 
sortie défénitive, qu’à dater de la signification qui lui a été faite des 
actes souscrits par lui ou de la connaissance qu’il en a eue, et, à l’égard 
de ses héritiers, qu’à dater de la signification qui leur en a été faite 
ou de la connaissance qu’ils en ont eue après sa mort. 

Lorsque les dix ans ont commencé à courir contre l’aliéné, ils con- 
tinuent de courir contre les héritiers. 

L’internement dans un asUe d’aliénés, maintenu par décision de 
i’autorité judiciaire, a le mème effet qu’une demande en interdiction 
au point de vue de l’application de l’article 504 du Code civil. 

Art. 43. 

Les causes concernant les personnes, mème non interdites, qui 
sont placées dant un établissement pubUc ou privé d’aUénés ou dans 
une colonie famiUale, sont communiquées au ministère public. 

Toutes les décisions judiciaires prévues par la présente loi à l’excep- 
Uon de ceUes rendues en vertu des articles 33, 38, 39, 40, sont sus- 
ceptibles d’appel à la requéte de tout intéressé et du procureur de la 
RépubUque, quand U est partie principale. 

L’appel doit ètre relevé dans les cinq jours, à partir de celui où la 
décision aura été rendue; U sera fait par simple déclaration au greffe 
et porté, par les soins du parquet, à la connaissance des intéressés. 
La Cour devra statuer dans la quinzaine à compter de la date de 
i’appd, en chambre du conseii, les intéressés prévenus par les soins 
du procureur général; l’arrèt pourra ètre rendu sans le ministère 
d’avoué; U sera exécutoire sur minute. 

Art. 44. 

Sont conduits dans l’établissement départemental les aliénés dont 
ie placement a été ordonné par le préfet, à moins que la faraUle en 
demande leur admission dans un autre établissement spécial et ne 
tubvienne aux frais de leur entretien. ■ 

Les aUénés placés volontairement ou sur la demande des parti- 
eoliers y sont également admis dans les conditions réglées, sur la 
propoeition du préfet, par le ConseU général. 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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TITRE IV 

Dépenses des aliénés. 

Art. 45. 

La dépense du transport des personnes dirigées par radministra- 
tion sur les établissements d’aliénés est arrétée par le préfet, sur le 
mémoire des agents préposés à ce transport. 

En l’absence de traités réglant la dépense de l’entretien, du séjour 
et du traitement des aliénés placés dans les établissements publics, 
cette dépense est réglée d’après un prix de journée arrèté par le Mi- 
nistre de l’Intérieur pour les asiles de l’Etat, par les Conseils généraux 
pour les asiles départementaux, par les commissions administratives 
pour les quartiers d’hospice et par les commissions de surveillance 
pour les asiles qui jouissent de la personnalité civile. 

Pour les asiles privés faisant íonction d’asiles publics, ia dépense 
ci-dessus est fixée par les traités passés avec le département, confor- 
mément à l’article 4. 

Dans aucun cas, les conseils généraux ne peuvent disposer des 
réserv r es ou des excédents de recettes des asiles pour les appliquer à 
un autre service qu’à celui des établissements qui les auront réalisés. 

Les recettes et les dépenses des quartiers d’hospice affectés aux 
aliénés sont l’objet d’une section distincte dans le budget de l’éta- 
blissement hospitalier dont ils font partie, et le produit de leurs 
recettes doit leur ètre intégralement réservé. 

Art. 46. 

Les dépenses énoncées en l’article 45 sont à la charge des personnes 
placées; à leur défaut, à la charge de ceux auxquels il peut ètre 
demandé des aliments, aux termes des articles 205 et suivants du 
Code civil. 

S’il y a contestation sur l’obligation de fournir les aliments ou sur 
leur quotité, il est statué par le tribunal compétent, à la diligence 
de l’administrateur des biens. 

Le recouvrement des sommes dues est poursuivi et opóró par Ie 
comptable du département, comme en matière de contributions 
directes. 

Les dettes contractées pour frais d’entretien de l’aliéné sontsou- 
mises à la prescription trentenaire. 

Art. 47. 

A défaut ou en cas d’insuffisance des ressources énoncées en rartide 
précédent, il est pourvu à la dépense par le département, sans préjudice 
du concours de la commune du domicile de secours de I’aliéné, tel 
qu’il résulte de la loi du 15 juillet 1893, d’après un tarif aiTèté par le 
Conseil général, sur les propositions du préfet. 


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NOUVfeLLE LOI SUR LE RÉGIME DES ALIÉNÉS 


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Les hospices sont tenus à une indemnité proportionnée au nombre 
des aliénés dont le traitement ou l’entretien était à leur charge et qui 
seraient placés dans un établissement spécial d’aliénés. 

En cas de contestation, il sera statué par le conseil de préfecture. 

Art. 48. 

Sont payés par l’Etat : 

Lesdépenses de transfert et d’entretien des aliénés indigents n’ayant 
pas de domicile de secours dans un département. 

Sont obligatoires pour les départements : 

1° Les traitements des médecins-directeurs, directeurs adminis- 
tratifs, médecins traitants des asiles départementaux; 

2° Les traitements des médecins en chef préposés responsables 
des quartiers d’hospice; 

3° Les traitements des médecins des asiles privés faisant fonction 
d’asiles publics et situés dans les départements. 

Les traitements prévus aux deux paragraphes précédents sont 
remboursés aux départements par les établissements intéressés. 

Les médecins-directeurs, les directeurs administratifs, les módecins 
Iraitants des asiles publics, les médecins des quartiers d’hospice, leS 
médecins des asiles privés faisant fonction d’asiles publics, sont 
associés aux charges et bénéfices de la caisse des retraites du dépar- 
tementoù est situé l’asile. En casde changement d’un de ces fonction- 
naires d’un département dans un autre, les retenues versées par lui 
dans la caisse des retraites du département qu’il quitte sont reversées 
dans la caisse du département où il se rend. Les droits àpension 
seront calculés d’après le temps de service passé dans les différents 
départements. 

Un règlement d’administration publique déterminera pour tous les 
départements le régime desdites caisses de retraites. Le régime des 
retraites des médecins d’asiles d’aliénés du département de la Seine 
re^te fixé conformément aux dispositions actuellement en vigueur. 

Si Tun des fonctionnaires énumérés aux paragraphes précédentfl 
est ou a été appelé à un emploi rétribué par l’Etat, les sommes verséei 
par lui à la caisse des retraites du département qu’il quitteou a quitté 
sont reversées au Trésor public, au compte du fonds des pensions 
civiles. 

Art. 49. 

Les honoraires de l’administrateur provisoire concernant les aliénés 
indigents sont mandatés par le préfet sur taxe du tribunal et visa de 
la commission de surveillance de l’asile et prélevés sur les biens des 
aliénés, d’après un tarif arrété par un règlement d’administration 
pnblique. 

Art. 50. 

La dépense d’entretien des personnes traitées en exécution des 
articles 21, 22, 23, 25, dans les asiles spéciaux construits par l’Etat, 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


est supportée par les départements auxquels ces personnes appartlen- 
nent, jusqu’à concurrence du prix de journée payé par chacun de ces 
départements pour ces aliénés ordinaires. 

Le surplus de la dépense d’entretien, s’il y en a, et les dépenses du 
transfèrement sont à la charge de l’Etat. 

Les dépenses d’entretien et de transfert des condamnés visés par 
les articles ci-dessus énumérés restent entièrement à la charge de 
l’administration pénitentiaire. 

II en est de mème de la dépense des personnes piacées pour une 
expertise médico-légale dans un établissement d’aliénés ou dans un 
quartier local d’observation ou dépòt, jusqu’à ce qu’il ait été statué 
sur la poursuite dont elles sont l’objet. 

TITRE V 

Pènalités. 

Art. 51. 

Les chefs responsables des établissements publics ou privés d’aliénés 
ne peuvent, sous les peines portées à l’article 120 du Code pénal, 
retenir une personne placée dans un établissement, dès que sa sortie 
a été ordonnée par le préfet ou par le tribunal, conformément aux 
prescriptions de la présente loi, ni lorsque cette personne se trouve 
dans les cas énoncés à l’article 14 de la présente loi. 

Art. 52. 

Le8 contraventions aux dispositions des articles 2, 7, 8, 10, 12, 13, 
14, 15, 16 et 20 de la présente loi, qui sont commises par les chefs 
responsables des établissements publics ou privés d’aliénés, et par les 
médecins employés par ces établissements, sont punies d’un empri- 
sonnement de cinq jours à un an, et d’une amende de 50 francs à 
3.000 francs, ou de l’une de ces deux peines seulement. 

Art. 53. 

Toute personne employée dans un établissement public ou privé 
d’aliénés qui, volontairement, s’est rendue coupable de sévices ou 
voies de faits sur la personne d’un malade est punie d’un emprison- 
nement de cinq jours à trois mois et d’une amende de 16 francs à 
200 francs, ou de l’une de ces deux peines seulement. 

Toute personne préposée à la garde, à la surveillance et aux soins 
des aliénés qui, par négligence ou inobservation des règlements, a 
compromis la santé d’un malade à elle confié, est punie d’une amende 
de 16 francs à 100 francs. 

Le tout sans préjudice de l’application, s’il y a lieu, des peines 
èdictées dans les articles 309, 311, 319 et 320 du Code pénal. 


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NOUVELLB LOI SUR LE RÉGIME DBS ALIÉNÉS 


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Art. 54. 

Dans les établissements publics ou privés visés à la présente loi, 
tout attentat & la pudeur consommé ou tenté sans violence sur la 
personne d’un aliéné, idiot, crétin, épileptique, ou hystéro-épilep- 
tique, de l’un ou de l’autre sexe, et avec connaissance de l’état de 
cette personne, est puni de la réclusion. 

Art. 55. 

Dans les cas prévus aux articles 51,52,53 et 54 ci-dessus, il peut ètre 
fait application de l’article 463 du Code pénal. 


TITRE VI 
Art. 56. 

La présente loi est applicable à l’Algérie et aux colonies dans les 
conditions à déterminer par un règlement d’administration publique. 

Art. 57. 

La loi du 30 juin 1838 est abrogée. 


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NOUVELLES 


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Inspection psychiatrique des prisons. — Lettre de M. lo 
Ministre de la justice, à M. Strauss, Sénateur. — A l’occasion de 
la réforme de laloi du 30 juin 1838 sur les aliénés, dont le texte voté 
par la Ghambre des Députés sera prochainement soumis aux délibé- 
rations du Sénat, vous voulez bien appeler mon attention sur les 
avantages que pourrait présenter la création d’un service permanent 
d’inspection médicale dans les prisons, service confié à des spécialistes 
éprouvés des maladies mentales et ayant pour but de révéler la pré- 
sence d’aliénés parmi les détenus, soit en prévention, soit en cours 
d’exécution de peine. 

La question que vous voulez bien me soumettre est digne du plus 
sérieux intérèt, et j’en ai recommandé Tétude, tant à radministration 
pénitentiaire qu’aux services de ma chancellerie. 

Mais si j’envisage avec faveur l’utilité d’une pareille organisation en 
ce qui concerne les condamnés, sauf examen des moyens destinés à la 
réaliser pratiquement, j’estime qu’il convient de faire dès à présent 
de plus expresses réserves sur la possibilité d’étendre ce mode d’in- 
vestigations aux détenus en état de prévention. 

Ces demiers font en effet l’objet d’une information judiciaire et il 
importe de ne pas perdre de vue que le magistrat instructeur a seul 
qualité pour les soumettre à un examen mental, à la suite duquel il 
sera appelé à apprécier leur degré de responsabilité. 

Les juges d’instruction, partout assistés de médecins légistes, 
apportent actuellement et en général le plus grand scrupule dans 
Faccomplissement de cette partie de leur táche. 11 pourrait y avoir 
inconvénient à exagérer ces précautions, soit que la création d’une 
autorité médicale fonctionnant en dehors de l’instruction, donne 
naissance à des conflits regrettables, soit qu’elle favorise de la part 
des prévenus des tentatives déjà trop nombreuses de simulation. 

Au surplus, le décret du 13 février 1908, sur le recrutement et 
l’avancement des magistrats, n’a prévu aucun avantage spécial en 
faveur des candidats à la magistrature, pourvus d’un certificat 
attestant leurs connaissances particulières en matière de psychiatríe, 
mais il est loisible au jury d’examen d’en tenir compte, ainsi qu’il est 
lègitime, dans son appréciation des titres et des méritesdescandidats. 

A. Briand. 

La psychiatrie et M. Raymond Poincaré. — Dans le numéro du 
Voltaire du 15 novembre 1884, à la rubrique des tribunaux, nous 
trouvons la description d’un cas de folie simulée qui mérite d’étre 
rappelée aujourd’hui non pas tant parce qu’elle témoigne chez son 
auteur la présence d’un esprit heureusement critique, mais parce 
qu’elle est due à la plume de M. Raymond Poincaré qui, sous le 


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NOUVBLLBS 


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pseudonyme de M e Aubertin, était alors le rédacteur judiciaire du 
Votiaire. 

• — Vous étes prévenu d’avoir volé un porte-monnaie à une dame 
peadant la messe, dit le président à un homme dontl’attitude étrange 
etles allures bizarres excitent dans le prétoire la curiosité du pubiic. 

— Le soleil est grand, répond l’inculpé, mais il est moins grand 
que mes domaines. 

— Vous dites? interroge le magistrat, passablement interloqué. 

— Tous ces braves gens, riposte notre homme en montrant du geste 
lt$ assistants, sont mes domestiques et mes esclaves. 

— Voyons, prévenu, je vous prie de me répondre sérieusement : 
n’ètes-vous pas allé un dimanche à Saint-Sulpice et... ? 

— Plus vite cocher, répond l’inculpé. 

— Que signiíie tout ceci... ? demande le président, et il regarde ses 
assesseurs d’un air stupéfait. 

Le substitut se lève : 

— Messieurs, dit-il, le prévenu continue une comédie qu’il a déjà 
essayé de jouer à l’instruction. 11 a simulé la mégalomanie, la folie 
des grandeursw Mais une expertise médicale a fait justice de cette 
naameuvre... 

— Jean, apportez-moi mes pantoufles, interrompt le prévenu ; 
Jieques* donnez-moi mes chaussettes; Baptiste, mon pantalon; 
Yincent, mon gilet; Nicolas, ma redingote. 

Yaine parade ; gràce aux renseignements du substitut et au rapport 
du médecin, le tribunal n’est pas dupe de cette íarce grossière. Le 
voleur en est pour ses frais d’imagination. 

C’est, paralt-il, une chose très difficile, presque au-dessus des forces 
humaines, d’imiter la folie. Les explications foumies hier par lesubs- 
titut à cet endroit et les conclusions de l'expertise étaientfortcurieuses* 

Je me suis, du reste, souvent entretenu de cette question avec des 
médecins légistes. Tous déclarent, sans hésitation, avoir un critérium 
infaillible pour discerner la vraie folie de la fausse, le bon grainde 
l’ivraie. 

n y a, disent-Os, dans toutes les affections mentales, un proeessus... 
Passez-moi processus, c'est le mot des médecins et des philosophes, Ie 
mi méme de Bellac dans lc Monde où Von s'ennuie. 11 y a donc un pro- 
cessus certain, naturel, logique, fatal, et l’on peut tenir pour menson- 
gères les manifestations qui s’en écartent. 

Vous rappelez-vous l’exemple de Derozier? Je le rctrouvais hier 
cité dans le Manuel pratique de médecine mentale, que vient de publier 
le docteur Régis. Dans un des chapitres que l’auteur de cet intéres- 
sant ouvrage consacre à la pratique médico-légale, est rapporté ce 
castypique: le docteur Morel deraandaitàDeroziersonáge.«245fr. 35», 
répond l’imposteur. Le docteurinsiste.«5mètres76»,répliqueDerozier. 
9 Avez-vous des enfants? — J’en ai fourni beaucoup de coupons. — 


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RBVUB DB PSYCHIATRIE 


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Fait-il jour? — II fait nuit. — Votre profession? — Je suis roi de 
Beauvais.» 

En un mot, il y avait dans toutes ses réponses l’intention évidente 
et calculée de tromper l’interrogateur. — II chargeait, il grimacait 
& faux, dit pittoresquement M. Régis, sous le masque dont il s'était 
couvert. 

Quand Derozier fut enfin publiquement convaincu de mensonge, 
il avoua qu’il avait beaucoup souffert et qu’à force de jouer le fou, il 
avait craint de le devenir. « J’avais plus peur de cela, disait-il, que 
d’aller au bagne.» 

Ces comédies et ces déguisements ne sont pas rares. Mais ils sont Ia 
plupart du temps très maladroits. Le docteur Régis proteste avec raison, 
comme déjà Tardieu, contre tous les moyens de rigueur et de répres- 
sion souvent employés pour démasquer les individus suspectés : le 
chloroforme, l’éther, les vésicatoires, les moxas, les ventouses scari- 
fiées, les cautérisations au fer rouge, les douches violentes. 

Tout au plus, est-il convenable de rècourir à des procédés inoffensifs, 
comme le séjour de l’inculpé dans un quartier d’aliénés agités qui 
l’impatientent et l’effrayent ; ou comme l’emploi d’une prétendue 
médication composée d’une substance nauséabonde. Presque toujours 
une surveillance assidue, intelligente, et des interrogatires habile- 
ment conduits, suffiront. 

II en a été ainsi pour le voleur d’hier. Les médecins et les magistrats 
n’ont pas eu besoin de lui donner mème un vomitif. Sur la menace 
d’une peine double, s’il continuait sa bouffonnerie, il a jeté son faux 
nez de mégalomane et avoué d’un air penaud le vol du porle-monnaie. 

II a été condamné à deux mois de prison. — M® Aubertin. » 

Concoura do l’adjuvat. — Questions posées. — Anatomie et 
physiologie : Lobe occipilol ; dans l’urne : Voies motrices cortico- 
médullaires; couche optique. 

Administration : Curateur donné à la personne de Valiéné ; dans 
l’urne : commission de surveillance ; pécule. 

Pathologie : Complications du diabite à l'exclusion des complica- 
lions nerveuses; dans l’urne: Gangrène pulmonaire; signeset diagnostic 


de l’appendicite. 

Notes obtenues : éprbuves cliniques 

Admissibilité Pathologie Orale * ~ lcritt 

Genil-Perrin . 43 16 1/2 11 15 1/2 

Terrien. 34 1/2 17 16 17 

Fassou. 47 8 11 14 

Desruelles. 31 12 17 20 

M lle Lévèque. 42 1/4 111/2 13 13 

Adam. 38 1 /2 8 16 16 


MM. Genil-Perrin, Terrien, Fassou, Desruelles, M lle Lévèque 
et M. Adam ont été, à la suite de ce concours, nommés au grade de 
médecin-adjoint des asiles. 


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REVUE DES SOCIÉTÉS 


SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE 

Séance du 17 mars 1913. 

Lm moyens de défense employés par les persócutés. — 

MH. Dupain et Pruvost présentent une malade persécutée avec hal- 
lncinations multiples, surtout auditives et sexuelles. Pour se protéger 
eontre les entreprises de ses persécuteurs, qu’elle croit étre les ámes 
de personnes connues, la malade emploie des njoyens variés. Elle porte 
«es vètements de dessous soigneusement fermés et s’enveloppe de 
linges; elle dispose en outre en différentes parties du corps des cartes 
à jouer. Ces cartes ont un effet magique et la préservent au moins un 
certain temps, principalement Ies rois et les reines, et mettent obstacle 
aux tracasseries, aux sévices, aux entreprises des dmes débauchées qu 
la tourmentent d’une fagon incessante. 

Conscìence du délìre chez un persécuté. Imagination. Eroto- 
manie. Episode amnésique. — M. db Clérambault présente un 
homme de 42 ans, dégénéré, ayant subi dans l’enfance deux trau- 
matisraes craniens graves et présentant depuis quatre ans desidées de 
persécution. Les points intéressants de l’observation sont la conscience 
de la maladie, l’absence du caractère paranolaque classique, le début 
par de l’optimisme et de l’érotomanie, enfin la limitation des persécu- 
lions à des démonstrations symboliques. 

Obseasions diverses. Scrupules. Délit intentionnel. — M. de 
Clérambault analyse le cas d’un malade de 30 ans, dégénéré, curieux 
par la riche série de syndromes dont il a été ou est affecté. C’est un 
compendium des syndromes décrits autrefois par Magnan. C’est un 
obsédé de la question (questions doctrinales et déontologiques), un 
serupuleux, un tiqueur ; il a la phobie des contacts. A eu des impul- 
sions verbales, de l’éreuthophobie, de l’impuissance psychique. Plu- 
àeurs fugues systématiques. Nombreuses hantises, nombreuses déci- 
àons impulsives et dangereuses. Fausse humilité. Tendances mysti- 
ques, dogmatisme sociologique. Tentative de suicide: désertion suivie 
de réforme. A commis un délit (inscription séditieuse) et s’est immé- 
diatement dénoncé pour expier par la prison une culpabilité ancienne 
et d’ailleure imaginaire (avoir souri devant des religieuses). 

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REVUE DE PSYCHIÀTRIE 


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Un couple morbide. Amoralité et revendication. — M. de 

Clérambàult présente un alcoolique chronique, amoral, avec curri- 
culum vitae bizarre, amené à Tlnfirmerie spéciale pour une ivresse 
pathologique de forrae, fantasmagorique. Association, collaboration 
et antagonismes bizarres avec une femme semi-délirante et un prètre. 
Actes médico-légaux. Tableaux de moeurs invraisemblables. La femme 
a été présentée déjà par M. Briand. 

Sypbilis conjugale, mari paralytique général et iemrne 
tabétique. — M. Legrain présente une malade ayant contracté la 
syphilis à 25 ans. Elle s’est soignée scrupuleusement pendant dix 
années. Au bout de ce temps, avec l’autorisation très légitime de son 
médecin (absence d’accidents depuis de longues années), elle contracte 
mariage. C’est vers le mème temps qu’apparaissent les premiers 
signes d’un tabes qui désormais évoluera avec une grande lenteur et 
qui en est aujourd’hui à ce point (malade ágée de 45 ans) : douleurs 
fulgurantes, anesthésies, analgésies, signes oculo-pupillaires : pupilles 
punctiformes : affaiblissement profond de l’acuité visuelle à gauche. 
Signe d’Argyll. Réaction de Wassermann positive (sérum et Iiquide 
céphalo-rachidien). Début très net d’affaiblissement intellectuel. 

M. Marie (de Villejuif) montre le malade, mari de la tabétique spé- 
cifique présentée par M. Legrain, atteint de paralysie générale type. 
Le malade nie la syphilis, mais la réaction de Wassermann est nette- 
raent positive par le sérum et leliquide rachidien. II présente en outre 
des Ilots d’alopécie en voie de réparation dans la barbe et les cheveux. 
Le traitement spécifique semble avoir produit une demi-rémission 
chez ce sujet. 

Un cas d’amnésie traumatique. — MM. Vìgouroux et Hérisson- 
Laparre montrent un malade ágé de 30 ans, dégénéré héréditaire et 
alcoolique, qui, à la suite d’un traumatisme cranien (hémorragie 
méningée, rupture du tympan, écoulement purulent de l’oreille) a 
présenté une période de coníusion mentale et une amnésie particu- 
lière. L’amnésie, un mois après le traumatisme, accompagnée de 
troubles de l’expression, portait exclusivement sur les noms propres. 
Elle a disparu presque complètement depuis. 

Confusion mentale et psychose discordante. — MM. Mignard 
et Provost présentent trois malades du D r Toulouse, une confuse 
mélancolique post-puerpérale, une hébéphrénique et une autre 
ayant des symptómes intermédiaires entre ceux de ces deux affec- 
tions. Ces recherches paraissent confirmer aux auteurs les deux 
conclusions suivantes : 1° La psychose hébéphréno-catatonique, 
comme la confusion mentale, est moins près de l’imbécillité qu’elle ne 
paratt, c’est-à-dire que l’apparent déficit de l’ìntelligence est en réalité 
un trouble de l’attention; 2° La psychose hébéphréno-catatonique 


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KBVUB DBS SOCIÉTÉS 


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présente toutefois cette différence avec la confusion mentale que 
certains troubles y prédominent et qui peuvent ètre caractérisés par 
rincohérence et la discordance des sentiments, des tendances, des 
émotions ou par la suspension apparente de raffectivité. Cela explique 
à la fois la gravité du pronostic, la possibilité des guérisons. 

Diabète, hèmiplégìe et hémian opsie droites; dómence orga- 
niqoe avec accès confusiozmels. — M. Beaussart montre un gra- 
phique où sont relatés les résultats fournis par l’analyse des urines 
d’on diabétique atteint d’hémiplégie et d’hémianopsie droites ; au 
cours de la démence organique surviennent des poussées confusion- 
ndles courtes qui, cliniquement, relèvent du diabète, mais à l’examen 
des urines on s’apergoit qu’eiles ne colncident pas avec les poussées 
glycosuriques, mais avec des poussées d’hypoazoturie. 


Cysticercoae céréhrale et paralyaie générale. — MM. Vigou- 
roux et Hérisson-Laparre apportent les pièces et les préparations 
d’un malade de 54 ans ayant présentó le syndrorae paralytique 
général et de l’attaque épileptique très fréquente, et chez lequel les 
auteurs ont trouvé à l’autopsie des cysticerques dans tous les organes, 
mai8 plus spécialement dans ie cerveau. Ceux-ci, placés sous la pie- 
mère et en plein tissu cérébral, ont provoqué une intcnse réaction 
lymphocitaire autour d’eux. La méningo-encéphalite est diffuse efc 
généralisée à tout le cerveau. Cette observation soulève une difficile 
question pathogénique. La méningo-encéphalite est-elle due aux 
cysticerques, à leur présence et à leurs toxines ou s’agit-ii d’une 
simple colncidence? 

Elections. — Sont éius à i’unanimité : 

Mbmbrbs corkespondants : M. le professeur Abadie, de Bordeaux j 
M. le professeur Mally, de Clermont-Ferrand ; M. le D r Perrens, 
médecin-adjoint de l’asile de La Rocheile; M. le D r Tobolowska, 
de Paris. 

Membrb associé étranger : M. le D r Brutsaert, médecin cn 
chef de l’asile d’aliénés d’Ypres, Belgique. 

J. C. 


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REVUE DES PÉRIODIQUES 


FRANCE 


fíevue de Midecine (32* année, n° 10, octobre 1912). 

Mtoingite tubercolense guérie. — M Ue E. Cottin (de Genève) 
rappelle que les observations de méningites tuberculeuses guéries 
sont rares; le travail de Barbier et Gougelet en 1911 en signalait seule- 
ment 24 observations publiées; chez son malade, le diagnostic a été 
eonfirmé par la ponction lombaire et l’inoculation au cobaye du 
liquide céphalo-rachidien. 

Au moment où l’observation est publiée, le malade va bien après 
huit mois. P. Juquelibr. 

Bulleiin et mémoire de la Sociéli midicale des hópilaux de Parit. 

(24 octobre 1912). 

Paralysie gtoérale infantile. — M. Milian rapporte l’observa- 
tion d’un enfant de 13 ans et demi qui présente l’ensemble des signes 
de la paralysie générale. Affaiblissement intellectuel et irritabilité vers 
12 an8 etdemi, troubles considérables de la parole, lymphocytose, réac- 
tion de Wassermann positive, syphilis chez le père et chez la mère. 

Bien que l’auteur n’attire pas l’attention sur ce point, on note à 
la lecture de son observation, l’existence des troubles moteurs très 
accusés (embarras considérable de la parole, déraarche maladroite 
avec réflexes tendineux très exaltés), qui caractérisent les formes 
juvéniles et infantiles de la paralysie générale. 

D’autre part, il s’est agi jusqu’ici, d’une forme démentielle sans 
délire, ce qui est également fréquent chez les jeunes sujets. 

P. JUQUBLIBR. 

Journal de midecine et de chirurgie praiiquea, novembre 1912. 

L’état mantal actuel des rescapés de Courrières, par MM. Zan- 
gbr et Stbrlin. — Ces auteurs ont recherché quel était le sort actuel 
des rescapés. La plupart, disent-ils, semblerd avoir gardi dans leur 
esprit une marque indilibile. Ce sont d’autres hommes. Ils se sentent 
maintenant encore, alors que tout le monde a depuis longtemps oublié 
Courrières, les héros du jour. II manque à ces gens simples le bon sens 
régulateur qui oriente sur eux-mèmes les gens cultivés. Les suites 


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RBVUE DBS PÉRIODigUBS 


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corporelles de la catastrophe sont pour eux plus funestes encore. EUes 
consistent dans un affaiblissement de la constitution entière, dont les 
plus ágés surtout ne se sont pas rétablis, et sur la base duquel se 
développa chez trois une névrose traumatique. Mais les plus jeunes 
aussi, bien que plus forts, comme par exemple Couplet, révèlent, bien 
des mois encore après la catastrophe, des troubles somatiques et nerveux 
profonds : céphalalgie, faligabilité, sueurs faciles, diarrhée, etc. Couplet, 
on jeune homme intelligent, d’une santé auparavant parfaite, dut, 
pour cette cause, étre libéré du service militaire. Sur les trois cas de 
névrose traumatique, deux appartiennent surtout au type hystérique. 
Chez ceux-ci, la question de rente a pris la forme d’idée fixe bien 
marquée. Le troisième cas est plutOt un type neurasthénique. II 
s’agit d’un mineur de quarante-six ans, très déprimé et qui paratt 
plus vieux de dix ans. 

Parmi les autres rescapés de Courriires, nous trouvons qualre névroses 
traumatiques nettes, présentant surtout des symptòmes hystériques. 

Revue de midecine ligále, décembre 1912. 

Enman d’nn alièné régicide, par M. Piétri. — Cet auteur a eu 
à examiner un nommé V..., inculpé d’une double tentative de meurtre, 
sur la personne du chancelier du consulat de Belgique à Nice et sur 
eeDe de son employé. 

L’inculpé, qui avait déjà été interné à cinq reprises différentes dans 
divers asiles, trois fois en Belgique et deux fois en France, présentait 
de très nombreux stigmates physiques de dégénérescence de la face 
et du cràne. C’était un sujet atteint de délire raisonnant, sa conver- 
sation paraissait logique, d’un enchainement presque irréprochable 
d'abord, et il se défendait avec énergie d’ètre, soit un malade, soit un 
irresponsable. II avait échafaudé un système qu’il croyait personnel et 
qui ne se composait que d’idées anarchiques absolument banales; il 
se disait la victime des personnes chargées de rendre la justice en divers 
pays, et autant pour attirer l’attention sur lui que pour se venger, il 
s’était résolu à tuer un important personnage; son choix s’était arrèté 
surle roi des Belges; mème, il était déjà venu une première foisà Nice, 
quelques mois auparavant, mais le courage lui avait fait défaut. 
Quand il revint à Nice pour la seconde fois, plus décidé à agir, il arriva 
prtcisément le lendemain du départ du roi des Belges; il mit quand 
mtme son projet à exécution, se rabattant, à défaut du roi des Belges, 
sur ie chancelier du consulat de Belgique et tira sur lui, ainsi que sur 
son employé, plusieurs coups de revolver, d’ailleurs sans les atteindre. 

M. le D* Piétri a conclu que V... rentrait dans le groupe bien connu 
des aliénés régicides, pour lesquels le chátiment est inutile et aussi 
inefficace sur les sujets eux-mèmes que peu profitable comme exemple 
pour décourager leurs imitateurs; il a conclu à l’internement de V..., 
alitaé dangereux 


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RBVUB DB PSYCHIÀTRIB 


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L'ObtMrique, juillet 1911. 

A propos des psychoses puerpérales, par L. Picqué. — 
L’auteur, qui observe un grand nombre de psychoses puerpérales 
dans son service de SaiDte-Anne, rappelle qu’il a déjà étudié ce sujet 
en 1905, mais il juge à propos d’y revenir pour discuter certains points 
sur lesquels il est en désaccord avec des travaux récents. 

II sépare d’abord les psychoses puerpérales des psychoses de la 
grossesse si différentes cliniquement et par les formes mèmes du délire. 

De plus, dans les psychoses puerpérales, il envisage deux variétés, 
suivant qu’elles sont apyrétiques ou fébriles, et il n’étudie que les 
formes pyrétiques, au sujet desquelles il fait ressortir le rflle prédo- 
minant de l’infection dans la pathogénie de l’affection. 

En effet, si certains ont incriminé le«choc traumatique >, si d’autres 
mettent surtout en relief l’influence du terrain, il ressort de Fexamen 
des faits que le plus souvent on relève l’association du délire et de 
l’infection, infection à point de départ utérin, soit localisée, soit 
généralisée. II faut faire aussi une place à part à la septicémie lym- 
phatique à siège mammaire. 


Bulletin de thirapeulique, juin 1912. 

L’habltatlon de l’alléné, par M. Viollet. — Pour les mélanco- 
liques comme pour les persécutés, les cabinets d’aisances sont un lieu 
qui constitue un gros danger; pour les mélancoliques, parce que c’est 
un lieu discret où l’on va seul, et où l’on peut se suicider sans crainte 
d’ètre interrompu; pour les persécutés, parce qu’ils en font souvent une 
réserve d’armes, surtout s’il s’agit de ces cabinets anciens dont la 
chasse d’eau est remplie à bras, — et par conséquent souvent vide. 
Dans cette chasse d’eau, on a fréquemment trouvé des armes. 
II faut se méfier aussi des chatnes de tirage pour la chasse d’eau, qui 
constituent un remarquable engin de pendaison, et de tous les clous 
qui peuvent ètre placés sur les murs de ce local. Bref, surveiller les 
cabinets d’aisances en cas d’installation dangereuse, empècher le 
mélancolique de s’y rendre, et, pour le persécuté, vérifier soigneuse- 
ment tous les coins où des armes auraient pu étre cachées. 

Presse médicále, 7 septembre 1912. 

Psychosea au cours de la rougeole et d’auginea aimples. 
Gontribution & l’étude des psychoses infectieuses, par Lagane. 
— Les psychoses sont très rares au cours de Ia rougeole et des anginea 
simples. Cependant en un court espace de temps, 5 observations de 
psychoses au cours de Ia rougeole ont pu ètre relevées à l’hòpital 
Pasteur. La ponction lombaire faite dans deux cas a montré l’intégrité 
du liquide céphalo-rachidien. 

(Voir la suile après le bulletin bibliographiqu* meruuel .) 


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RBVDB DB8 PÉRIODIQUBS 


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Presse médicale, 11 septembre 1912. 

Qnelqnes étiologies traomatlques imaginalres, par Broca. — 
On s’est efforcé depuis la loi des accidents du travail de préciser davan- 
tage l’intervention du traumatisme dans la genèse et l’évolution des 
maladies. II existe des erreurs commises de bonne foi et il faut se 
mettre en garde contre le rtìle attribué souvent à un mouvement 
brusque ou à un de ces heurts quotidiens qui surviennent mème dans 
les professions libérales. Ou bien, par un effort de mémoire, on retrouve 
dans le passé un accident oublié, ou bien ce heurt quotidien et banal 
sur une région préalablement enflammée acquiert une individualité 
immédiate. 

Bulleiin médieal, 7 septembre 1912. 

Gonfusion mentale et snggestione accidentelles, par Paris. — 
Les tentatives de suicide volontaires ou les réacUonS d’idées déli- 
rantes ou d’hallucinaUons ne sont pas aussi fréquentes, chez les confus, 
qu’on pourrait le croire, en consultant les certificats médicaux ou les 
nnseignements des services d’aliénés. Ce sont certains actes que l’on 
prend pour des tentaUves de suicide et ces actes sont des réacUons 
automaUques de suggesUons occasionnées, soit par un rève, soit par 
l'entourage, soit par la vue d’armes, de cordes, de médicaments, etc. 

Paris médical, 19 octobre 1912. 

L'àtiologle de la paralyeie générale, par W. F. Robbrtson 
(d’après Lancet). — Dix ans de recherches cliniques et expérimentales 
ont convaincu W. F. Robertson que le treponema pallidum n’est pas 
t’unique agent causal de la paralysie générale et mème du tabes. 
La P. G. P. serait due à une infecUon chronique par un microorga- 
nisme analogue au bacille de Klebs-Lceffler et dénommé baciilua 
paralgticans, appartenant d’aiUeurs au groupe diphtérolde. 

Ce groupe mériterait d’étre mieux connu; il comprendrait des 
espèces microbiennes qui ne poussent pas sur le milieu sérum et ne se 
eulUvent que sur le sang gélosé. Ce milieu a permis de retrouver le 
baeillus paralyticans dans l’appareil génito-urinaire et le mucus nasal 
des P. G. P. L’infection nasale peut ètre suivie le long des lympha- 
Uques jusqu’au système lymphatique intracranien. 

L’injection intrarachidienne de la culture de ce bacille chez le 
iapin produisait des lésions spinales identiques à celles de la P. G. 

Un sérum a pu étre obtenu avec ce bacille; injecté par la voie sous- 
cutanée et intra-rachidienne, il aurait produit des améliorations 
remarquables J. Crinon. 


ETATS-UNIS 

American Journal of Paychogy (XXII, 4,1911). 
La paychiatrie degré de la vie peychidienne, par E. Jones. — 
L’auteur analyse par la méthode de Frend tous Ies petits accrocs qui 


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peuvent survenir au cours de la vie normale, lapsus lingua, lapsus 
calami, fausses reconnaissances, méprises, absences, erreurs, etc., et 
il prétend en donner le déterminisme. II y aurait toujours, à la base 
de ces accrocs, une tendance subconsciente ou inconsciente, réprimée, 
instituée par le sujet, et qui se vengerait en quelque sorte, dès que ce 
contróle serait suspendu un moment, en lui faisant faire un faux pas. 

Les erreurs et fautes commises correspondraient ainsi à un véritable 
symptòme de psychonévrose, par la similitude de mécanisme. En outre 
cette analyse serait importante en montrant le rfile des facteurs incons- 
cients du déterminisme psychique et au point de vue social, en expli- 
quant bien les malentendus d’origine affective. 


Rassegna di Studi Psichialriel, 1911. 

Contribution clinique à l’étude de l’amentia et dea étata 
voiains, par A. Ziveri. — II s’agit de ì'amentia au sens de la VII* 
édition de Kraepelin. L’auteur décrit un cas de ce groupe où les troubles 
mentaux sont survenus à la suite d’une grippe prolongée. II s’agit 
d’une religieuse de 32 ans, sans tare héréditaire. Les troubles mentaux 
durèrent cinq mois et guérirent complètement; du moins la guérison 
durait-elle encore huit mois après la sortie de 1’asOe. Dans une pre- 
mière période, on observa surtout de l’excitation psycho-motrice, de 
la désorientation et de nombreuses hallucinations; plus tard, à ce 
tableau de confusion mentale se substitua un état de dépression avec 
angoisse et irritabilité exagérée. 

D’après l’auteur, ce cas montre la difficulté pratique d’isoler, au 
point de vue clinique, l’amentia des états d’affaiblissement liés aux 
infections. II n'adopte pas la conception unitaire de Tanzi qui réunit 
en une seule les quatre formes de Kraepelin (délire fébrile, délire 
infectieux, amentia et affaiblissement psychique); mais il propose de les 
réunir deux à deux, car, au lit du malade, les symptdmes propres à 
chaque forme empiétent parfois sur ceux de la forme suivante. 

Ce travaU a le grand mérite d’inspirer la crainte de l’absolu en 
matière de nosologie psychiatrique. 

Nouvelles recherches itaHexmes sur les rapports de parenté 
qui unissent les psychoses fonctiozmelles, par A. Mochi. — 
Nous ne ferons pas le compte rendu d’un compte rendu. Signalons 
simplement l’intérèt de cette revue générale, qui expose en langue 
allemande d’importants travaux italiens dont nous trouvons dansle 
méme numéro du journal l’analyse en frangais. Ce travail démontre 
parfaitement l’utilité et la commodité du nouveau périodique italien 
pour les travailleurs de tous les pays. La Raasegna di studi psichia- 
trici s’affirme comme excellent agent d’internationalisation de 
la psychiatrie. 


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Gompta randu alatìitkpw «t olialquo du manicome de Sìenne 
de 1908 & 1910, par V. Grassi. — Cette’ statistique, comparée aux 
précédentes, raontre que, pour les deux provinces de Sienne et de 
Grosseto, le nombre des entrées à l’asile a triplé depuis quarante ans. 
Fautril en conclure que l’aliénation mentale est plus fréquente ou 
únplement que l’hospitalisation des aliénés s’estdéveloppée?Lesdeux 
eonclusions sont justes, dit l’auteur: la folie a certainement augmenté 
de fréquence, raais il y a dans les manicOmes un grand nombre de 
psychopathes qui relèveraient plutòt d’un autre genre d’assistance. 

Etat mental et réactiona psychologiquee dans l’alcooliame, 
par Dario Valtorta. — Les syndromes mentaux de l’alcoolisme 
forment une série ininterrompue depuis la psychose alcoolique à évo- 
lution dassique jusqu’à l’évolution de psychopathies autonomes 
greffées sur des phénomènes toxiques passagers. 

Les syndromes cliniques diffèrent suivant le terrain mental. L’au- 
leur étudie l’action de l’alcool chez trois catégories de sujets : 

1° Les Phrénaslhéniquet; 

2* Les Psychaslhéniques impulsi/s; 

3° Les Inslinctifs amoraux ; 

1° Chez les Phrénaslhéniques : Trois raodalités d’évolution : 
a) Exagération des stigmates psychiques originaires: la sympto- 
matologie traduit tous les états deprns la simple susceptibilité pri- 
mitive jusqu’au délire alcoolique classique; 

h) Révélation de la personnalité cachée du malade par l’éclosion 
de ayndromes épileptoldes, paronoldes, etc., associés aux troubles 
tońques; 

e) La dégénérescence mentale et la saturation alcoolique s’addi- 
tionnent pour créer un tableau démentiel sur lequel se détachent des 
phiaomènes délirants. 

2° Chez les Psychasthéniques impulsifs : 

a) Habitudes chroniques d’alcoolisme avec troubles permanents 
maislègers; 

b) Délires de persécution ou à organisation lente; 
e) Syndromes oniriques; 

<f) Syndromes d’excitation et de dépression : phobies. 

3° Chez les Instindi/s amoraux : 

a) Habitudes de débauche; 

b) Griminels alcooliques. 

Ajoutons que i’action de l’alcool sur les différents terrains peut ètre 
tenforcée par des facteurs étrangers, tels qu’une intoxication thyrol- 
dienue surajoutée. 

Sur quelquee formes de psychose dèpressive à caractè r e 
hjpochondriaque, par Albbrto Zivbri. — Cette étude est intéres- 
ssnte pour le neurologiste et pour le psychiatre francais. Elle n’est 


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pas aans rapport avec la discussion de MM. Gilbert-Ballet et Déjerine. 
L’auteur remarque que les Frangais furent les premiers à exclure 
des traités de médecine mentale le chapitre de l’hypochondrie, que 
les neurologistes revendiquent comme leur domaine personnel. 

Or, les phénomènes hypochondriaques sont particulièrement inté- 
ressants pour le psychiatre, à qui ils peuvent se présenter soit isolés 
et prédominants, soit associés à une autre affection mentale. 

L’auteur se contente pour le reste de rapporter l’histoire cUnique 
de quelques malades qui, ayant manifesté des idées hypochondriaques 
au cours de la psychose maniaque dépressive, moururent plus ou 
moins rapidement. M. Ziveri suppose que lesreprésentations délirantes 
ont été liées à des lésions organiques qui furent la cause de la mort 
prématurée. 

Sur la róaction de Butenko ohez les aliénés, par MM.E.Alvisi 
et G.Volgi-Ghirardini. —Les auteurs ont recherché la réaction de 
Butenko dans les urines de 110 individus (16 normaux et 94 atteints 
de divers troubles mentaux). Voici leurs conclusions : 

1° La réaction a été positive chez 5 paralytiques généraux sur 12; 

2° Elle peut étre positive dans le tabes confirmé avec ataxiei 

3° On peut la trouver positive dans les affections mentales les 
plus variées, surtout si les sujets se trouvent dans un état organique 
tant soitpeu franc; 

4° Elle peut ètre en rapport avec l’élimination de certaines sub- 
stances médicamenteuses; 

5° Quand le sujet est soumis à une médication iodique, on peut la 
rencontrer, mais les auteurs ne croient pas que la seule présence de 
l’iode suffise à l’exphquer; 

6° Dans les urines de sujet normaux, on n’obtient jamais de résul- 
tats positifs; 

7° La réaction n’a donc pas de valeur exclusive pour le diagnostic 
de la paralysie générale; 

8° Peut-ètre a-t-elle une valeur pronostique? 

Sur quelques méthodes de diagnostic de la syphilis dans 
les maladies nerveuses et mentales, par Eugenio Bravetta. 
— L’auteur a pratiqué comparativement, sur le sérum et le Uquide 
céphalo-rachidien de 116 raalades, les réactions de Wassermann, des 
Noguki-Moore, de Nonne-Apelt et de Porges. 

Sur ces 116 malades, 52 étaient exempts de syphilis, et 64 en étaient 
atteints d’une fagon certaine. 

C’est la réaction de Wassermann qui paralt donner Ies meilleurs 
résultats. Les róactions de Noguki et de Nonne viennent ensuite et 
ont l’avantage d’ètre simples et faciles. 

La réaction de Porges semble moins fidèle. 


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Rscherclie8 expérAmentalee, eelon la méthode de « l’épuise- 
ment fractiozmé du pouvolr « antl-corpe » des antisérume, 
dans le but de démontrer l’existence de principes anorznauz 
spécifiques dans le sérum sanguin des aliénés ». (Psychose 
maniaque dépressive et paralysie générale), par Gardi Italo 
et Phigione Fhancesco. — Les auteurs concluent à i’inexistence de 
ces principes. 

Rechercbea expérimentales sur le mécanisme et la valeur 
de l action hómolytique du sérum du sang des aliénés, par 

MM. Gardi Italo et Prigione Francesco. 

L’action antihémolytique du sérum sanguin des aliénés est fonc- 
lion de la quantité du sérum à examiner et de la densité du sang où 
l’on vérifie cette propriété. II existe un optiraum de dilution pour 
neutraliser Taction antihémolytique du sérura. Gette propriété peut 
d’ailleurs ètre corrigée soit en hypersensibilisant les globules rouges, 
soit en eraployant un multipie adéquat de l’unité alexinique. Enfin, 
pour les sérumsdes aliénés, comme pour les sérums normaux inactivés, 
fl parait qu’une telle action doive étre principalement attribuée au 
< complémentolde ». 

L’étude somatique des maladies mentales, par A. d’ORMEA. — 
L’auteur fait ici la critique des psychiatres contemporains, de toutes 
les nationalités, qui concentrent toute leur attention sur l’école de 
Munich et se bornent à discuter d’une faQon subtile et brillante sur 
la classification de Kraepelin.Gette méthode,dit le professeur d’Ormea, 
n’a pas jusqu’à présent fourni de résultats bien remarquables. C’est 
un travail de pure dialectique, dépourvu de valeur pratique. L’auteur 
se demande s’il ne vaudrait pas mieux abandonner cette voie stórile 
pourdiriger ses efforts vers i’étude des causes véritables et de ia 
pathogénie des maladies mcntales. 

C’est en cherchant le mécanisme des eauses morbides et le siòge 
des iésions organiques qui forment le substratum des psychoses íonc- 
tìonnelles que nous pourrons apprendre quelque chose de plus sur 
leur traitement et sur l’essence mème de la maladie. Au contraire, 
les études sur la dégénérescence d’une part, l’étude statistique des 
causes d’autre part, ne peuvent pas nous laisser espérer de véritables 
progrès. C’est surtout à l’étude biochimique de l’aliéné qu’il faut 
demander la solution de plusieurs problèmes intéressants, en limitant 
la recherche à de tout petits groupes de malades, dont on puisse 
facilement individualiser l’affection. 

M. d’Ormea a une confiance particulière dans l’application de ia 
méthode expérimentale, et laisse entrevoir que l’impossible d’au- 
jourd’hui peut ètre réalisé demain. La reproduction du phénomène 
psychopathique chez l’animal ouvre à nos recherches un vaste et 
nouvel horizon. Attendons 1 



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Hystérie et névrosea, pav Gian-Luca Lucangbli. — Le rapport 
de Morselli au III* Congrès de Neurologie et la discussion consécutìve 
tendent à établir que nos connaissances sur l’hystérie n’ont aucune 
chance de devenir plus complètes jusqu’au moment où l’on aura 
découvert la base anatomique de cette psychose. II s’agirait aussi 
de distìnguer les caractères propres de l’accès, de séparer les mani- 
festatìons spécifiques des manifestatíons communes aux autres névro- 
ses, d’Uoler l’hystérie, entíté nosologique des syndromes hystévoldes 
symptomatiques. 

Toutefois, l’étude anatomique n’éclairera guère nos connaissances, 
non plus que la recherche des causes qui s’est bornée jusqu’ici aux 
causes directes d’appréciatíon évidente, et a négligé tout à fait les 
éléments étiologiques éloignés. 

Ces éléments doivent ètre probablement quelquechosedebiendiffè- 
rent de la prédisposition abstraite aux psychonévroses. IIs sont sans 
doute représentés par des conditìons dynamiques ou statiques spéci- 
fiques qui restent à déterminer,dont l’existence doit ètre démontrable 
par l’induction. 

II est illogique d’établir une distinctìon entre l’hystérie et les syn- 
dromes hystéroldes, aussi bien qu’entre l’épilepsie ou la neuras- 
thénie essentíelles et leurs formes symptomatìques. 

En réalité on observe dans les conditions les plus diverses des syn- 
dromes hystériques, épileptìques, neurasthéniques, qui s’accompa- 
gnent quelquefois des caractères constitutifs de la dégénérescence 
mentale. II existe donc trois grands syndromes neuro-psychiques 
dont la parenté résulte non de l’absence de causes anatomiques, mais 
plutòt d’un état de prédisposition analogue. 

Chaque type est dù à des causes spécifiques, et tout le monde est 
d’accord sur l’existence de ces causes, sinon sur leur interprétatìon. 
Pour ce qui est de l’épilepsie, elle est constituée par un groupe de syn- 
dromes caractérisés par des troubles temporaires de la conscience; on 
peut la considérer comme l’effet d’une intoxication de nature inconnue, 
mais qui est admise cependant par presque tout le monde. Cette intoxi- 
cation est probablement en rapport avec l’insuffisance de quelques 
glandes (foie et rein) dont les fonctions régulatrices réciproque? 
sont abolies. 

Gborges Genil-Perrin. 


Le Gèrant : 0. DOIN. 

PAMS. — IMFMMEIUK LBVÌ, 71 , KUB DB RKMNE8. 


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L’HÉRÉDITÉ VÉSANIQUE SIMILAIRE 


par Georges Demay, 
Interne des asiles de la Seine. 


La notion d’hérédité vésanique similaire n’est pas nouvelle; nous 
latrouvons, avec exemples à l’appui, dans Esquirol (1). « La manie 
héréditaire, écrit-il, se manifeste chez les pères et les enfants, sou- 
vent aux mèmes époques de Ia vie; elle est provoquée par les mémes 
causes; elle affecte le méme caractère. Un négociant suisse a vu ses 
deux fils mourir aliénés à l’àge de 19 ans. Une dame est aliénée à 
vingt-cinq ans, après une couche; sa fille devient folle à vingt-cinq 
ans à la suite de couches. Dans une famille, le père, le fils et le 
petit-fils se sont suicidés vers la cinquantième année de leur vie. 
Nous avons eu à la Salpétrière une fille publique qui s’est jetée 
trois íois dans la rivière, après des orgies; sa sceur s’est noyée étant 
prise de vin. Un monsieur, frappé des premiers événements de la 
Révolution, reste pendant dix ans renfermé dans son appartement; 
madame sa fille, vers le méme áge, tombe dans le méme état et 
refuse de quitter son appartement. » On le voit, bien que le mot n’y 
soit pas, il s’agit ici de véritables maladies familiales, au sens 
d’Apert. 

Morel, on l’a remarqué maintes fois, s’est surtout attaché à décrire 
l’évolution progressive des psychoses dans Ia descendance des aliénés 
et la variabilité des formes morbides dans une mème famille. Mais 
il n’a pas passé sous silence les cas d’hérédité similaire, et il note 
que « quelquefois Ia transmission est directe et se fait pour ainsi 
dire de toutes pièces. Ce sont des parents aliénés qui produisent des 
enfants aliénés chez lesquels on retrouvera les mèmes variétés de 
délire, les mèmes tendances instinctives de mauvaise nature, les 

(1) Esijuirol. Des maladies menlales considiries sous ìe rapporí midical, 
hggiinique et médico-ligal, Paris, 1838, p. 64. 

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REVUE DE PSYCHLA.TR IE 


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mémes fatales dispositions au suicide; différents phénomènes patho- 
ogiques du système nerveux, le suicide surtout, se manifesteront 
parfois à la méme époque, sous rinfluence de cause déterminantes 
de méme nature (1) ». 

Moreau, de Tours, cite le cas de deux soeurs atteintes de mono- 
manie, et dont le délire s’accorde en tous points, et un cas typique 
de folie gémellaire, observé également par Marcé (2), où les deux 
sujets, vivant isolés, ne communiquant jamais entre eux, offraient 
la mème attitude, s’agitaient et tombaient en stupeur aux mème9 
époques, et présentaient des hallucinations de Touie et des idées 
de persécution tout à fait identiques. 

Dans les statistiques datant de cette époque, notamment celles 
de Guislain, de Brigham, de Thurnam, de Baillarger, de Grainger- 
Stewart, nous ne trouvons pas de renseignements sur Thérédité 
similaire; leurs auteurs se préoccupent surtout de Ia proportion des 
cas de folie héréditaire par rapport à la totalité des cas de folie qu’ils 
ont observés et de rinfluence du sexe dans la transmission de la 
folie. Baillarger, d’ailleurs, considérait comme exceptionnelslesfaits 
de cette nature; il en cite un exemple en 1875 (3) en ajoutant : 
« Voilà un cas de folie similaire par hérédité qui me paraít fort 
extraordinaire et que je voulais vous signaler, comme le seul que 
j’aie jamais vu. » 

Doutrebente publie en 1869 une étude (4) sur vingt-cinq familles 
d’aliénés et ses observations portent souvent sur quatre et mème 
cinq générations. II constate surtout Texistence de types disparates 
dans la mème famille, et la forme progressive des phénomènes de 
transmission. Mais I’étude attentive de ses observations nous 
montre aussi dans certains cas la présence de formes similaires. 
Doutrebente observe d’ailleurs le fait, mais pour la folie-suicide 
seulement. 

Pour ce dernier type, en effet, il n’y a pas de contestations. Tous 
les aliénistes ont noté des cas de transmission héréditaire du suicide 
dans plusieurs générations. Nous avons vu qu’Esquirol en cite des 


(1) Morbl. Traité des maladies mentales , Paris, 1864, p. 516. 

(2) Marcé. Traité pratique drs maìadics mentales, Paris, 1862, p. 106. 

(3) Soc. médico-psychol . Séance du 31 mai 1875. 

(4) Doutrebente. Etude généalogique sur les aliénés héréditaires. Ann. 
médico-psychol. 5® Série, tome II, 1869, p. 197 et 369. 


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l’hérédité vésanique similaire 


135 


exemples. De méme J.-P. Falret (1), JMitivié (2), Semelaigne (3) t 
Sauvet (4). Brierre de Boismont (5) a écrit sur ce sujet un ouvrage 
resté classique. Dans la suite, il suffit de feuilleter les collections 
des revues psychiatriques pour trouver de nombreux cas de cette 
impulsion héréditaire. 

Une deuxième variété de psychose à type familial, la folie gémel- 
laire, a été également bien étudiée. Nous avons relaté plus haut le 
cas de Moreau, de Tours, qui semble un des premiers observés. 
Ball (6), en 1884, en a réuni plusieurs, et, plus récemment, Souk- 
hanoff (7), faisant une nouvelle revue gónérale de cette question, y 
ajoutait Tappoint d’un cas personnel. 

Boumeville et Séglas (8) rapportent en 1885 les observations de 
cinq familles d’idiots, surtout, semble-t-il, comme exemple de cette 
hérédité morbide progressive chère à Morel. Depuis, une forme 
spéciale d’idiotie avec amaurose a été isolée par Sachs (9), dont 
nombre d'auteurs ont confirmé la description. 

En outre de ces trois groupes bien définis : folie-suicide, folie 
gémellaire et idiotie familiale, nous trouvons dans la littérature 
médicale des observations isolées sur des cas d’hérédité similaire. 
Nous citerons celles de Wiglesworth (lO)concemant quatre cas de 
mélancolie dans une mème famille;de Crauer (11) (mère maniaque, 
quatre filles et un filsonaniaques); de Homen (12)(démence progres- 
sive chez plusieurs soeurs); de M0bius(13) (mélancolie chez deux 
írères et une sceur); de Daraskiewicz (14) (démence précoce chez 


(1) J.-P. Falret. Du suicide, p. 355. 

(2) A. Mitivié. Quelques mots sur Phérédité morbide. Th. de Paris, 1862. 

(3) Semelaigne. Considérations sur les diverses espèces de suicide. Journal 
i iemtd. menl.y 1865, p. 339. 

(4) Sauvet. Nol s sur l'hérédilé. Marseille, 1868. 

(5) Brierre de Boismont. Du suicide et de la folie héréditaire . Paris, 1865. 

(6) Ball. De la folie gémellaire. Encèphale , 1884. 

(7) Soukhanoff. Sur la folie gémeilaire. Ann. méd.psych., 1910, t. II, p. 214. 

(8) Bourneville et Séglas. Des familles d’idiots. Archives de Neurol ., 1885, 
T. X, p. 186. 

(9) Sachs. Une forme d’idiotie familiale avec amaurose. New-York méd. 
Jearn., 1896. 

(10) Wiglesworth. Journ.of menl. science. ,Janvier 1885. (Anal. in Ann. méd. 
pigch., 1887, T. II, p. 444). 

(11) Crauer. Unefamille d’aliénés Allgem.Zeilschr. f. Psych., 1873. 

(12) Homen. Sur une singulière maladie de famille sous forme dejdémence 
I progressive. Areh. fiir psych. T. XXIV et XXX. 

j (13) Mobius. Sur les familles nerveuses. Allg. Zcilschr. f. Psych., 1884. 

(14) Daraskiewicz. Sur THébéphrénie. Th. de Dorpat, 1892. 




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136 RBVUE DE PSYCHIATRIE 

deux frères); de Eliott (1) (délire hallucinatoire chez deux soeurs). 
Féré (2) et Dejerine (3), dans leurs études sur l’hérédité, relatent des 
exemples analogues. De méme Régis (4) et Pain (5), dans leurs 
thèses, bien que se plagant à un point de vue différent. Peu après, 
Régis (6) publiait, comme contribution à l’étude de la folie héré- 
ditaire chez les gens ágés, plusieurs cas de mélancolie ayant affecté 
le type homochrone et homologue dans plusieurs générations. 

Au Gongrès de Glermont de 1894, Brunet et Vigouroux (7), dans 
un travail qui constitue une importante contribution à l’étude de 
l’hérédité, rapportent plusieurs observations d’individus de mème 
famille atteints de méme forme d’aliénation. 

Un recueil de faits analogues avait été publié en 1885 par Sioli (8). 
Pérugia (9), bien qu’adoptant l’opinion de Morel sur la transfor- 
mation des psychoses et leur aggravation dans la descendance, 
reconnalt que la transmission de la folie périodique s’observe avec 
une fréquence relative. 

Enl899,Trénel(10), dans une communication à la Société médico- 
psychologique, et dans la thèse de Fouque (11) reprend la question 
dans son ensemble et prononce le premier, croyons-nous, le mot de 
maladies mentales familiales. II décrit des délires systématisés, des 
démences, des folies périodiques, des délires aigus, revètant la méme 
forme chez des individus d’une méme lignée. II se défend d’ailleurs 
de tirer de ces faits des conclusions précises, à cause de la difficulté 
qu’on éprouve à mettre en évidence l’hérédité familiale pure dans 
les maladies mentales. 

Dans ces demières années, la question des psychoses familiales 
a suscité plusieurs travaux importants surtout à l’étranger. Nous 

(1) R. M. Eliott. Folie de deux soeurs. Stal. Hospilal Bullelin, janvìer 1897. 

(2) Féré. La famille névropathique. Arch. de neurol, 1884, p. 6-7, et voi. 
2* édition, 1898. 

(3) Déjbrine. L’hirédìU dans les maladies du syslime nerveui. Paris, 1886. 

(4) Régis. La folie à deux ou folie simultanée. Th. Paris, 1880. 

(5) Pain. Contribution à l’étude de la folie héréditaire. Folies concomitantes. 
Th. Nancy, 1894. 

(6) Régis. Cas de folie héréditaire chez les gens dgés. Ann.mid. psych., 1887. 

1, p. 210. 

(7) Brunet et Vigouroux. Contribution à l’étude de l’hérédité de l’aliéna- 
tion mentale. Congris de Clermont, 1894. 

(8) Sioli. Sur l’hérédité directe des maladics mentales. Arch. f. Psych. 1885. 

(9) Perugia. Congrès italien de Psychiàtrie, Rome, mars 1894. 

(10) TRÉNBL.Maladies mentales familiales. Soc. mid. psych., 27 novembre 1899. 

(11) Paul Fouque. Maladies mentales farailiales. Th. de Paris, 1899. 


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l’hérédité vésanique similaire 


137 


retiendrons ceux de Bischof (1), qui se place plus spécialement au 
point de vue de la démence précoce, de Udine (2) qui relate égale- 
ment des cas de démence précoce et aussi de psychose maniaque- 
dépressive dans plusieurs famillesjde Forster (3), de Dana(4),et de 
Schlub (5) qui signale l’aptitude héréditairement tenace à faire 
de la psychose maniaque-dépressive. 

Damkohler (6) distingue les cas où il y a identité des psychoses 
de ceux où existe une ressemblance dans les troubles mentaux; 
ilobserve aussi la prédominance des formes périodiques. 

Sosnowskaia (7) décrit des troubles psychiques à méme caractère 
dans quatorze familles et les groupe en démence précoce simple, 
démence paranolde et psychose maniaque dépressive. 

Frankhauser (8), dans un important mémoire, étudiant les psy- 
choses fratemelles, en rapporte quarante cas personnels. 

En Angleterre, Mott (9) publie de onmbreuses études statistiques 
et généalogiques sur I’hérédité des maladies mentales et nerveuses; 
il est revenu à différentes reprises sur la question de l’hérédité 
v&anique similaire. 

Signalons enfìn, corame travaux francais récents, celui de Tou- 
louse et Damaye (10) sur la valeur de l’hérédite collatérale sirai- 
laire en pathologie, et les diverses observations de psychoses fami- 


(1) Bischof. Ueber familiflre Geistkrankheiten. Jahrbuch. f. Psych. u. NeuroL, 
1905,26 Bd. F. 2 u. 3. 

(2) Udinb. De la ressemblance des psychosee chez des frères et des sceurs 
Ptgth. (rusaé) contemp., octobre, novembre, décembre 1907. 

(3) Porstbr. Les formes cliniques des psychoses dues à l’héréditè directe. 
AUgtm. Zeilschr. Psych., L. XIV, 1,1907. 

(4) Dana. Conceptions modernes de l'hérédité avec étude d’une psychose 
fréquemment héréditaire. Midical Record, 26 février 1910. 

(5) H. O. Schlub. De l’aliénation mentale chez les frères et soeurs. AUg. 
Zeilschr. f. Psyeh., LXVI, 1909. 

(6) DaukhOler. Contribution à la question de l’hérédité des maladies men- 
Uies. Congrès des aliénistes de Bavière. Allgem.Zeitschr.f.Psych., LXVII, 1910, 
P.4, p. 643. 

(7) Sosnowskaia. Psychoses faroiliales. Assemblie scierúifique des midecins 
iel'asile psychiatrique de Novoznamenskaia à Sainl-Pilersbourg, séance du 10 no- 
vembre 1910. 

(8) Frankhauser. Geschwister psychosen. Zeilschr. f. die geaamle neurol. u. 
pgch. Originalien, 1911, T. V, p. 52. 

(9) F.-W. Mott. Les aspects héréditaires des maladies nerveuseset mentales. 
Lentsl, 8 octobre 1910. 

— Hérèdité et Eugénlque en rapport avec la folie, / >r congris intern. d'Bu- 
f inique. Londres, Juillet 1912. 

(10) Soe. de Biol. 6 mai 1904. 


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REVUE DE P8YCHIATRIE 


liales présentées à la Société Cliníque de Médecine mentale au 
cours de ces dernières années. 

Si maintenant nous comparons entre elles les opinions exprímées 
par les auteurs que nous venons de citer, nous constatons que 
Ia notion de l’hérédité similaire des psychoses semble avoir évolué 
dans un sens assez bien déterminé. Autrefois, l’hérédité similaire 
était considérée comme très rare. Baillarger, en ayant observé 
un cas, le qualifiait d’extraordmaire. Morel insiste surtout sur les 
transformations successives de Phérédité. « On risquerait, dit-il (1), 
de se faire une fausse idée de l’hérédité, si on ne l’envisageait au 
point de vue de ces transformations. » Marcé s’attache également à 
mettre en lumière la fréquence de l’hérédité dissemblable. Doutre- 
bente adopte les idées de Morel et admet que le germe maladif héré- 
ditaire ne reste pas stationnaire, mais qu’il subit des transformations, 
des progressions, à travers les générations successives; il ne fait 
exception que pour la folie-suicide. 

Actuellement, au contraire, beaucoup d’aliénistes regardent 
comme très fréquente la transmission héréditaire de la folie par 
types similaires. C’est ce qui ressort notamment du travail de Sioli (2) 
Brunet et Vigouroux (3) notent la fréquence avec laquelle la méme 
forme de dégénérescence ou de folie s’est développée chez des soeurs 
ou des frères. Forster (4) conclut de ses recherches que la trans- 
mission de la démence précoce et de la folie maniaque-dépressive 
présente une fréquence remarquable. Pour Schlub (5), dans 75 0/0 
des cas, frères et soeurs sont atteints d’une affection mentale homo- 
nyme, et cette homonymie atteindrait mème la proportion de 90 0/0 
chez les enfants du sexe masculin. Frankhauser (6),se basant sur 
l’examen de quarante cas de psychoses chez des frères et sceurs, 
confirme les conclusions de Forster; dans aucun de ces cas il n’a vu 
la psychose maniaque-dépressive s’apparier avec la démence précoce, 
et il en déduit cette loi que la prédisposition héréditaire à la psy- 
chose maniaque dépressive exclut la prédisposition à la démence 
précoce et inversement. 

(1) Morel. Maladiea menlalea, p. 116. 

(2) Sioli. Arch. f. paych. XVI, p. 113. 

(3) Loc. cii., p. 424. 

(4) Monaiaachr. f. Paych. u. Neurol., IX, p. 161. 

(5) AUgem. Zeitsch. f. Paych., LXVI, 1909. 

(6) Geschwister Psychosen. Zeitachr. f. die geaamte Neurol. u. Ptych., 1911, 
V, p. 131. 


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l’hérédité vésanique similaire 


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A quoi tient cette différence de conception? Sans doute il faut 
faire intervenir ki la fréquence plus grande à notre époque des 
eaqaétes faites sur lee familles des aliénés. II faut tenir corapte aussi 
des faits dkparates qui ont été étiquetés parfois sous une méme 
rubriqne. Telle est une observation d’Etchepare (1) ainsi intítulée •' 
Folit familiale. Délire d’inierpréialion aniilogique communiqué entre 
upi personnes. Si nous analysons cette observation, nous voyons 
qu’elle se décompose ainsi, d’aprèa l’auteur lui-mème :« Le père était 
súrement paranoique avec délire processif et une nuance de persé- 
cuté persécuteur ». 11 était mort dix-neuf ans avant qu’Etchepare 
eèt l’oecasáon d’observer les autres malades, et rien n’indique qu’il 
út eu le mème délire que celles-ci. « Les quatres filles, dont une 
morte, n’ont pas fléchi un moment dans leur croyance à une persé- 
cution aujonrd’hni universelle ». Or il n’est nuUement question, dans 
l’observation, de troubles mentaux ayant atteint ceUe des soeurs 
qui est morte; des trois autres, l’une, l’agent actíf, semtde avoir 
ea effet construit un délire d’interprétation partagé par une de ses 
soeurs; quantà l’autre qui est internée, « elleacceptait d’abord tous 
les raisonnements de sa soeur F..., mais après une séparation de 
qudques'mois, eUe avait presque entièrement oubUé ou abandonné 
aes mauvaiaes idées. Malheureusement, elle retouma au sein de sa 
famille pendant un temps assez long pour retomber dans ses an- 
rieanes préoccupations, et eUe nous est revenue tríste, déprimée, 
abattue, pour suivre de nouveau le traiiement ». II n’est pas prouvé 
qu’il s’agisse dans ce dernier cas d’un délire d’interprétation. La 
mère, après avoir résisté longtemps, partage les convictions filiales. 
Quant au fils, sur lequel on ne nous donne aucun détail, il serait 
èément précoce. 

On voit ce qu’il reste de ce prétendu délire d’interprétation fami- 
Ińd atteignant sept personnes. De tels faits ainsi rapportés, ne peu- 
vent que préter à confusion. 

Mais la véritable raison de la varíabilité des opinions sur la fré- 
quence de l’hérédité similaire des psychoses, doit étre cherchée, 
croyons-nous, dans I’èvolution des doctrínes elles-mèmes. Ce qui 
fnppe, en effet, quand on examine Ia plupart des observations de 
psychoses famiUales publiées dans ces demières années (etnous avons 

(1) Arm. midico-psychol., 9* série, T. XI, 1910, p. 5-17. 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


vu qu’il s’agit surtout de travaux allemands), c’est qu’elles se 
rapportent presque exclusiveihent soit à la psychose maniaque* 
dépressive, soit à la démence précoce. Or, on sait que l’école Krae- 
pelinienne réunit dans ces deux vastes groupements, des états psy- 
chopatiques tenus autrefois pour très différents. II ne s’agit pas ici 
de discuter la légitimité des idées de Kraepelin, mais il est évident 
que si on les admet, on sera porté à attribuer à l’hérédité similaire 
une importance beaucoup plus grande. 

Pour la psychose maniaque-dépressive, la démonstration est des 
plus simples. Prenons par exemple le cas suivant cité par Morel (1). 
« J’ai donné mes soins à trois frères remarquables par les formes 
variées de leur affection mentale. L’un était un maniaque aux accès 
périodiques et désordonnés; le second, un mélancolique réduit par 
sa stupeur à un état purement automatique, et le troisième se signa- 
Iait par une irascibilité extrème et par des tendances au suicide. > 
II s’agit donc ici pour Morel de trois psychoses différentes; or il n’est 
pas douteux que beaucoup d’aliénistes contemporains les réuni- 
raient dans la seule folie maniaque dépressive. 

Voici également une observation de Journiac (2) des plus ins- 
tructives à ce point de vue. Elle conceme une femme de 41 ans, 
sujette depuis l’enfance aux idées fixes et aux obsessions. ElJe a 
peur des couteaux pointus, elle a I’idée d’en frapper quelqu’un; plus 
tard elle craindra de tuer sa fille. EUe a la phobie de la malpropreté, 
se lave continuellement les mains. Elle a également l’obsession du 
doute. Depuis son mariage s’ajoutent des obsessions à toumure 
érotique; elle déshabille par la pensée les personnes qui passent 
devant chez eUe ou qu’elle rencontre dans la rue. A l’Sge de 18 ans, 
sous l’influence d’une idée obsédante (mort d’un ami), elle a des 
haUucinations visuelles, et elle fait un accès mélancolique qui dure 
trois ou quatre mgis. Depuis elle a eu huit ou neuf accis dépressifs, 
et a fait plusieurs tentatives de suicide. 

Son frère, Sgé de 43 ans, en est à son quatrième accès de manie. 
Le premier a eu lieu à l’áge de 25 ans. Tous ont un début analogue; 
le malade devient sombre puis s’excite progressivement, devient 
bavard, érotique, buveur, chante, crie, ne dort plus. A chacun de 

(1) Trailédes maladies meniaUs, p. 116. 

(2) Journiac. Folie intermittente et Folle dee dégénérés. Ann. midie. psgeh. 
7* série, T. VI, 1887, p. 102. 


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l’héréoité vésanique similaire 


141 


ses intemements, il présente des hallucinations multiples, des idées 
vagues de persécution, des idées ambitieuses. Dans l’intervalle de 
ses accès, il est très normal, travaille régulièrement.nese livreà aucun 
excès. 

Joumiac oppose ces deux malades I’un à l’autre et son observa- 
tion a précisément pour but d’établir les différences entre la folie 
intermittente et la folie des dégénérés. Pour lui, l’équilibre mental 
de la sceur est presque constamment instable; elle est atteinte d’une 
maladie continue avec exacerbations. Le frère, au contraire, a une 
maladie intermiìtenie, il est tout à fait régulier ou tout à fait fou. 

Ici encore cette opposition disparalt si on accepte la conception 
kraepelinienne. Comme le dit Régis (1), la distinction entre les 
psychoses maniaques et mélancoliques et les psychoses dégénéra- 
tives n’a plus aucune raison d’ètre maintenue après Ies travaux de 
Kraepelin. 

Pour ce qui est de la démence précoce, la mème remarque peut 
étre faite. II est certain que l’on trouvera de3 chiffres différents, 
suivant que l’on s’en tiendra à l’hébéphrénie de Kahlbaum-Hecker 
et de Christian, ou que l’on adoptera la conception de Kraepelin ou 
celle de Bleuler. A ce point de vue,le travail récent deFrankhauser 
auquel nous avons déjà fait allusion, est des plus curieux. Cet auteur 
étudie entre autres 28 cas de psychoses chez des frères et soeurs, qu’il 
rapporte à la démence précoce, et qu’il considère par conséquent 
comme similaires. Pourtant il note dans plusieurs cas des diffé- 
rences entre les psychoses; pour concilier les choses, il admet de 
multiples variétés de démence précoce, tout en conservant les for- 
mes déjà décrites : catatonique, hébéphrénique et paranoide. C’est 
ainsi qu’il parle de démence du sentiment, de démence de l’intelli- 
gence, démence des sens, démence de la volonté (Gefùhls-Verstandes- 
Smnen-Villen8demenz). 11 en arrive à décrire certains cas comme 
démence des sens catatonique (Katatone Sinnendemenz), ou 
comme démence de I’intelligence paranoide (Paranoide Verstandes- 
demenz.) 

On voit par ce qui précède combien il serait vain de vouloir attri- 
buer une valeur trop absolue aux chiffres qui ont été publiés pour ou 
contre la fréquence des formes similaires dans les famillesd’aliénés. 

(1) Pricit de Psgchiatrie, 4» édition, p. 304. 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


C’est avec cette réserve que nous nous hasardous à donner nous- 
mème quelques chiffres, à titre de simple comparaison avec ceux 
que nous avons déjà cités. Ces chiffres se rapportent seulemeat 
aux psychoses des frères et sceurs puisque se sont surtout celles-ci 
qui ont été étudiées. 

Nos recherches ont porté sur quatorze cas. Sur ces quatorze cas de 
psychoses chez des frères et sceurs, nous trouvons cinq cas similaires 
et neuf dissemblables (1). 

II ne nous paraít donc nullement démontré que la similitude des 
psychoses chez les frèresetsoeurs soitla règle. Nos cas n’ontpas été e& 
effet triés dans le but d’une démonstration précomjue, mais ont été 
prís au hasard. Peut-étre sommes-nous tombé sur une série excep- 
tionneile.Brunet et Vigouroux,dont les recherches avaient également 
porté sur quatorze cas, ont trouvé en effet douze fois la méme 
forme d’aliénation mentale chez des frères et sceurs (2). 

Remarquons que sur neuf cas de psychoses dissemblables, que 
nous avons observés il en est trois, dont le début a été à peu près 
identique chez les deux sujetsjce n’est queplus tard que Ies diver- 
gences se sont manifestées. On voit apparaltre ici une nouvelle 
cause d’erreur dans l’interprétation des résultats et l’on comprend 
que suivant l’époque où les malades sont observés, on pourra les 
considèrer comme semblables ou différents. Certains auteurs, do 
reste, se refusent à tenir compte de l’évolution de la maladie 
pour porter un diagnostic, tel Frankhauser, qui critique vivement 
Kraepelm à ce sujet. 

Quoi qu’il soit, il nous paralt sage de dire avec Haehnle (3) 
qu’il est impossible de fixer par des chiffres l’influence de la pré- 
disposition héréditaire. 

Toute question de fréquence étant mise à part, pouvona-nous dire 
qu’il existe des types familiaux de maladies mentales? Reportons- 
nous à ce qui se passe en pathologie nerveuse. Les maladies nerveuses 
familiales forment un groupe à part, bien défini; la maladie de 
Friedreich, par exemple, possède des caractères spéciaux — parmi 
lesquels précisément Ie caractère familial — permettant de la diffè- 

(1) Cea quatoree obeerva&ions ont ité publiées dans notre thfcsei Det pty• 
choset familialea Paris, Oluer-Hrnry, 1913, 

(2) Loe. cit., p. 424. 

(3) Cité par Kéraval. Encéph., 1908, p. 72. 


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L’hÉRÉDITÉ VÉSA.NIQUE SIMILAIRE 


143 


rencier de toute autre maladie de l’axe cérébro-spinal, comme le 
tabes: d’autre part, il semble que cette affection ne puisse exister 
à Pétat isolé. Or, parmi toutes nos observations nous ne trouvons 
aucune psychose qui ait l’aspect d’une affection autonome, compa- 
rable à la maladie de Friedreich: les manies, mélancolies, démences 
précoces, délires systématisés que nous observons chez plusieurs 
frères et sceurs ne présentent rien qui les distingue des manies, mé- 
lancolies, démences préeoces communes. Quand on observe un 
Friedreich, la première idée qui vient à l’esprit c’est de rechercher si 
dass la famille du malade, il n’existe pas de cas analogues, et en 
général on les trouve. Quand on a affaire à un maniaque ou à un dé- 
oent précoce, on s’inquiète évidemmentdes antécédents héréditaires 
possibles, soit directs, soit collatéraux, mais rien ne peut autoriser à 
penser qu’on retrouvera dans la famille des psychoses identiques. 

On ne rencontre donc pas — jusqu’à présent du moins — en patho- 
logie mentale, de faits qui permettent de croire à l’existence de 
types spèciaux de psychoses comparables aux maladies nerveuses 
familiales. En eela le terme de psychoses familiales préte à la cri- 
tique. Nous l’avons employé parce qu’il semble dès maintenant 
consacré par l’usage. Mais nous ne dissimulons pas qu’il est défec- 
tueux. Peut-étre serait-il préférable d’adopter pour les maladies 
mentales similaires frappant une mème génération, le terme pro- 
posé par Féré, de psgchoses fraiemelles similaires. 

En tout cas, si l’on s’en tient à l’expression de psychoses fami- 
Kales, il importe d’en bien préciser le sens : elle caractérise simple- 
ment la ressemblance qui existe parfois entre les psychoses chez les 
individus d’une mème famille. 

Quant aux conditions suivant lequelles se ferait la transmission 
des psychoses, mieux vaut avouer notre ignorance sur ce sujet. 
On a bien cherché à établir des lois qui régiraient l’héréditè de la 
fofie, mais jusqu’à présent ces recherches n’ont abouti à aucun 
tésultat précis. 

Ici encore il serait facile d’apposer des chiffres, les uns aux autres. 
SiBaiilarger (1) eonclut de ses statistiques, portant sur 453 aliénés 
que la folie de la mère est plus fréquemment héréditaire que celle 
du père, Turaer (2) adopte l’opinion contraire et il la base sur 

(1) BuU. Aead. de méd., 1846-47, T. XII, p. 762. 

(2) Journal of metúal sc., 1907. 


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HEVUE DE PSYCHIATRIE 


l’examen de 1.039 cas observés à l’asile du comté d’Essex. 

Kraepelin (1) croit aussi que l’influence du père dans la trans- 
mission de l’hérédité morbide agit en général d’une fa$on plus puis- 
sante que celle de la mère et Frankhauser (2) se range à cet avis. 
Pour Pérugia (3), l’hérédité matemelle se propage à un plus grand 
nombre de descendants. Mott (4) se montre plus éclectique et fl 
pense que la mère ne transmet pas son hérédité vésanique plus faci- 
lement que le père. Ges opinions sont donc très différentes et ceci 
montre bien l’absence de certitude sur ce sujet. 

II en est de mème pour Ia question de la prépondérance de l’héré- 
dité croisée par rapport à l’héredité directe et inversement : on 
trouve des faits aussi probants à l’appui de l’une et de l’autre 
opinion, comme le fait observer Déjerine. 

Les observations personnelles 'que nous avons citées plus haut 
ont porté en grande majorité sur des femmes. Nous n’aurions vu là 
•qu’un simple hasard, mais nous avons trouvé dans Frankhauser (5) 
une constatation analogue. Sur 23 cas de psychoses atteignant des 
frères et soeurs et où un seul sexe est représenté, Frankhauser 
trouve 19 fois le sexe féminin et 4 fois seulement le sexe masculin, 
et il cite à ce propos l’opinion de Kraepelin pour qui le sexe féminin 
■est toujours plus réceptible que le sexe masculin pour la trans- 
mission héréditaire des prédispositions morbides. Pourtant nous 
croyons qu’ici encore il ne faut pas trop se háter de conclure; il est 
possible que d’autres faits se montrent en contradiction avec ceux-ci. 

Dans nos quatorze cas de psychoses chez des frères et sceurs, nous 
avons remarqué que huit fois les troubles mentaux étaient apparus 
chez Ie sujet plus jeune de fagon plus précoce que chez l’atné. Nous 
rappellerons à ce propos une observation de Briand et Vigouroux (6) 
dans laquelle la psychose se manifeste à 43 ans chez le frère alné, 
à 33 ans chez la soeur cadette et à 21 ans chez la plus jeune sceur. 
Sur ce point nous nous rencontrons encore avec Frankhauser, bien 

(1) Kraepelin. Psychialrie, 8* édition, p. 180. 

(2) Loc. cll; p. 141. 

(3) PáRUdA. Les familles psychopathiques. Congris italien de psgchiatrie, 
mare 1894. 

(4) Mott. Proceedings of the royal sociely of medicine of London, 26 octobre 
1911, vol. V, n® 1. 

(5) Loc. dt., ibid. 

(6) Briand bt Vioouroux. Psychose familiale. Butl. de la Soc. ctin. de mU. 
ment. 21 mare 1910, p. 68. 


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UNIVERS 



l’hérĺdité vésanique similaire 


145 


que cet auteur trouve une proportion moins forte que la ndtre; 
pour Iui, Ies psychoses apparaissent de fagon plus précoce, deux fois 
plus souvent chez les frères et soeurs plus jeunes que chez les alnés. 
Mott conclut également de ses recherches que la maladie mentale 
apparalt de meilleure heurechez les descendants que chez les parents. 
De tels faits sont intéressants à noter et appellent de nouvelles 
recherches. S’ils étaient confirmés, ils montreraient que la lourdeur 
de Ia tare héréditaire est en relation avec I’áge des parents. 

Récemment, certains auteurs ont cherché à étendre à l’aliéna- 
tion mentale, les découvertes faites par Mendel (1) dans le domaine 
de l’hérédité morphologique et confirmées depuis par de Vries et 
Guénot. Les résultats obtenus par Mendel en croisant certaines 
variétés végétales, ont été en effet généralisés, et appliqués non 
seulement à la transmission des caractères normaux, mais aussi à 
Thérédité des caractères pathologiques. Une des expériences les plus 
curieuses à ce point de vue, a été faite par Guénot quand il étudia 
les résultats du croisement des souris ordinaires, avec les souris 
atteintes d’ataxie héréditaire et appelées souris valseusesou souris 
japonaises. En unissant une souris normale à une souris ataxique, 
on obtient à la première génération des souris qui paraissent nor- 
maies. Mais si on unit ces dernières entre elles, on trouve dans cette 
dernière génération vingt-cinq pour cent de souris ataxiques et 
soixante-quinze pour cent de souris normales. Ces souris normales 
nnies entre elles donneront dans une troisième génération la pro- 
portion de une souris ataxique pour huit normales. Si on continue 
àunircesdemièresentreelles, onobtient à la n e génération n*— 1 
souris normales pour une ataxique. Au contraire, les souris 
ataxiques unies entre elles ne donneront jamais que des souris 
ataxiques. On dit que le caractère : démarche rectiligne, est domi- 
mnl par rapport au caractère: déraarche valseuse, qui est récessif. 

Les lois de Mendel peuvent se résumer ainsi : 

« Lorsqu’on unit entre eux des individus appartenant à deux 
variétés d’une mème espèce différant entre elles par deux caractères 

(1) On trouvera un excellent résumé des théories mendéliennes et de leurs 
appiieations, dans les deux articles suivants: Apert i la Génétique; lois de Men- 
oel et descendances morbides. Paris médical, 23 décembre 1911. 

PécHouTRE. Les principes de l’hérédité mendélienne et leurs fondements 
cjtologiquee. Rev. gén. des scitnces, 30 aoQt 1912. 


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UNIVERSfTY OF MICHIGAN 



146 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


qui s’opposent (robe grise et robe blanche, robe uniforme et robe 
panachée, etc.),leshybrides de première génération présentent tous 
celui de ces caractères qui est dominant par rapport à l’autre (le gris 
est dominant par rapport au blanc, l’uniforme par rapport au pana- 
ché, etc.). Maisle caractère dominé n’a pas disparu, ilest seulement 
lalenl. Les choses se passent comme si le caractère dominé existait 
d’une fagon latente à còté du caractère dominant, et comme si, dans 
les générations suivantes, les caractères se répartissaient deux à deux 
chez les descendants selon les lois de la probabilité » (Apert) (1). 

Dans l’exemple que nous avons pris précédemment, si nous 
appelons D le caractère dominant (démarche rectiligne) et R le 
caractère récessif (démarche valseuse), les hybrides de la première 
génération peuvent ètre représentés par D (R), R étant latent. En 
apparence, ilssont identiques aux sujets D,mais en réalité leur ca- 
ractère R, latent, pourra apparaltre, dans la descendance. 

Si nous unissons les hybrides entre eux, les caractères D et R 
vont se répartir suivant la loi de probabilité: 50 0/0 des sujets 
prendront D au père, et 50 0 /0 lui prendront R. Dans chacune de 
ces moitiés, la moitié encore des sujets, c’est-à-dire 25 0/0 du total, 
prendra D à la mère, et l’autre moitié lui prendra R. On a ainsi: 
D (R) X D (R) = 25 D D + 25 D (R) + 25 (R) D + 25 R R,c’estr 
à-dire : D (R) x D (R) = 25 DD + 50 D (R) + 25 RR. 

Donc un quart des descendants a le caractère D; la moitié, le 
caractère D (R) où R est latent et où se manifeste seulement le 
caractère D; un quart a le caractère R. Au total, trois quarts des 
descendants ont le caractère D et un quart seulement le caractère R, 
résultat conforme à l’expérience de Cuénot (75 souris normales 
pour 25 ataxiques). 

Cannon et Rosanoff (2), puis Rosanoff et Florence Orr (3) ont 
cherché si ces lois pouvaient s’appliquer à la transmission des 
maladies mentales et nerveuses. Us ont examiné à ce point de vue, 
les premiers, 11 familles névropathiques comprenant 221 membres, 

(1) Traili des maladies /amiliales, p. 329. 

(2) Cannon et J. Rosanoff. Preliminary Report of a Study of Heredity in 
Insanity in the light of the mendelian laws. Journ. of Nerv. and ment. Diteatt, 
mai 1911. 

(3) J. Rosanoff et Florence J. Orh. — A study of heredity in insanity in 
the light of the mendelian theory. Americ. Journal of insanily, octobre 1911. 
Anal. in Journ. de psych. norm. el path. mars-avril 191? et in Encéphale, 10 mars 1912. 


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l’hérédité vésanique similaire 


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ies seconds, 72 íamilles comprenant 1.097 membres. Voici leurs 
eoncJuskms : 

1° Les deux parents sont névropathes; tous les enfants sont 
névropathes. 

2° Un des parents est normal, mais a un ascendant névropathe; 
i’antre est névropathe. La moitié des enfants sont névropathes, 
l'autre moitié normale, mais susceptible d’engendrer des névro- 
pathes. 

3° Un parent est normal, l’autre névropathe. Tous les enfants 
icront normaux, mais susceptibles d’engendrer des névropathes. 

4° Les deux parents sont normaux, mais ont tous deux un ascen- 
dant névropathe. Un quart des enfants sera normal et aura une 
dtscendance normale; une moitié sera normale, mais pourra engen- 
drer des névropathes; un quart sera névropathe. 

5° Les deux parents sont normaux, mais l’un d’eux a un ascen- 
dant névropathe. Tous les enfants seront normaux, la moitié avec 
descendance normale, l’autre moitié susceptible de descendance 
névropathique. 

Les deux parents sont normaux, nés de parents normaux. 
Tous les enfants seront normaux, et à descendance normale. 

Pour Rosànoff et Orr, la constitution névropathique, considérée 
en 8on ensemble, présente le caractère récessif, mais certains états 
névropathiques, quoique récessifs par rapport à l’état normal, sont 
en méme temps dominants par rapport à d’autres états morbides; 
ainsi Ies psychoses curables sont dominantes par rapport à l’épi- 
lepsie. D’autre part, un caractère récessif peut se manifester sous des 
formes équivalentes; en particulier les enfants nés d’une union du 
quatrième .type peuvent présenter des troubles différents en appa- 
rence, mais qui seront en réalité équivalents : les auteurs précités 
ont remarqué notamment l’association fréquente de démence 
précoce et d’évanouissements ou de convulsions dans l’enfance. 

Certes on ne doit pas rejeter à priori de tels résultats pour singu- 
liers qu’ils paraissent. On le doit d’autant moins que certaines 
maladies hérédo-familiales semblent obéir aux Iois de Mendel. On a 
mime pu les séparer en deux groupes : dans l’un, le caractère raor- 
bide est récessif (albinisme, surdi-mutité familiale, rétinite pigmen- 
taire}; dans l’autre, le caractère morbide est dominant (dysostose 
cléido-cranienne héréditaire, brachydactylie, paralysie périodique 


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UNivERsrry of michigan 



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REVUE DE PSYCHIATRIE 


familìale, chorée de Huntington).'Apert (1) a montré que cette dis- 
tinction pouvait déjà étre faite par l’observation clinique et que les 
maladies à caractère dominant sont les mémes que les maladies à 
hérédité continue : lorsqu’un membre de la famille échappe au mal, 
ses descendants restent définitivement indemnes. « Au contraire, les 
maladies familiales qui ne se reproduisent que de loin en loin dans 
la lignée, et qui sont particulièrement fréquentes chez les enfants 
issus d’unionsconsanguines, sont des maladies à caractère récessif.» 
Elles obéissent à la formule mendelienne D (R) x D (R) = DD 
+ 2 D (R) + RR, et la proportion des sujets malades aux sujets 
sains est de 1 sur 4, tandis qu’elle est de 1 sur 2 dans les maladies 
dominantes. 

Mais il ne s’ensuit pas que toutes les maladies familiales doivent 
se conformer à ces règles. Elles sont vérifiables surtout dans le cas 
de malformations et aussi dans le cas où les caractères considérés 
s’opposent nettement l’un à l’autre. On voit les difficultés que l’on 
rencontre à vouloir appliquer ces recherches à l’aliénation mentale. 
On ne peut se baser ici sur des signes physiques et d’autre part on 
rencontre tous les intermédiaires entre l’état sain et le pathologique. 
On sait aussi combien il est difficile, et souvent mème impossible 
d’établir le pedigree exact des aliénés, Sans parler de la dissimu- 
lation volontaire de la tare dans l’ascendance, de l’action d’éléments 
perturbateurs étrangers et de cette cause d’erreur toujours possible 
qu’est Padultère, comment affirmer qu’un individu donné n’a jamais 
présenté d’aliénés parmi ses ancètres? II ne saurait ètre question ici 
de certitude, comme lorsque l’on opère sur certaines variétés végé- 
tales ou animales qu’on peut sélectionner de faqon rigoureuse. Aussi, 
pour intéressants qu’ils soient, les résultats de Cannon, Rosanoff et 
Orr demandent à ètre accueillis avec réserve et contrólés par de 
nouvelles recherches. On n’arrivera à apporter quelque précision 
dans la question de I’hérédité dc l’aliénation mentale que par l’étude 
de multiples générations d’individus, ce qui demanderait néces- 
sairement, comme l’observe Trénel, la collaboration continue de 
générations de médecins. II serait désirable que nous ayons en 
psychiàtrie beaucoup d’observations analogues à celle qui existe 
en ophtalmologie sur Ia famille héméralope des Nougaret, et qui 
porte sur dix générations. 

(1) Apert. Loc. cit. 


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l’hébédité vésanique similaire 


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Signalons, en terminant, ce mode curieux d’hérédité auquel Apert 
a proposé de donner le nom d ’hérédilé matriarcale, par analogie au 
régime matriarcai en vigueur chez certains peuples et d’après lequel 
la transmission des biens se fait par voie collatérale, toujours par 
les femmes. Le possesseur du bien est toujours un mile, mais l’héri- 
tier n’est pas son fils alné, mais le fils alné de sa soeur, ou à défaut 
le fils atné de sa tante matemelle, etc. Ge mode d’hérédité est réalisé 
en pathologie dans l’hémophilie, le daltonisme, la paralysie pério- 
dique familiale, etc. II y aurait lieu de chercher si on le retrouve 
pour certaines formes de folie. 

Tous ces faits ne sont pas seulement mtéressants au point de vue 
spéculatif, mais ils sont susceptibles d’applications pratiques. Apert, 
entre autres, a bien montré dans quelles conditions pourrait se 
réaliser la prophylaxie des maladies familiales. Dans le cas d’une 
maladie à caracìère dominanl, tout sujet indemne de Ia tare est 
incapable de la transmettre à ses descendants, le mariage peut 
donc étre permis. S’il s’agit d’une maladie à caractère récessif, le 
germede cette maladie, quoique latent chez les descendants, pourra 
se manifester dans la suite, si une union intervient avec un sujet 
porteur également d’un germe latent. Aussi, lorsqu’une maladie 
récessive s’est manifestée une fois dans une famille, méme en re- 
montant très loin dans l’ascendance, toute union consanguine entre 
les descendants devrait ètre bannie. 


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UN GAS )DE PSYCHOSE DÉGÉNÉRATIVE 
POST-ÉMOTIONNELLE 

Par le Docteur Halberstadt, 

Médecin des asiles. 


La qliestiou des psychoses dégénératives est Ioin d'ètre épuisée. 
Après une éclipse passagère, les théories et les descriptions de Ma- 
gnan reviennent, notamment en AHemagne, en faveur auprès des 
aliénistes. J’ai fait connaltre cette « renaissance » ici méme, daní 
quelques-uns des articles consacrés à différentes formes de la dégé- 
nérescence mentale (1). Gelle-ci constitue une vaste et légitime syn- 
thèse, mals qu’il y a, je crois, tout avantage à étudier non pas seule- 
ment au point de vue des signes fondamentaux à l’aide desquels 
elle fut constituée, mais aussi à celui des formes cliniques, sous Ies- 
quelles elle se manifeste : on peut espérer d’isoler ainsi, dans le 
sein méme de la dégénérescence mentale, des groupes morbides 
relativement autonomes. Ayant eu I’occasion d’observer un cas de 
psychose consécutive à une émotion-choc, et au sujet duquel les 
renseignementsfoumis(pourles périodesavantet après l’intemement 
sont dignes de toute conflance, je crois intéressant de le publier et de Ie 
rapprocher d’une observation analogue de Séglas et Gollin (2). La 
moindre conclusion générale serait bien entendu prématurée, mais 
le lecteur ne manquera sans doute pas d’ètre frappé par Ies nom- 
breux point de ressemblance entre les deux observations. 

Obs. I (Séglas et Collin) (résumé). 

Femme, 31 ans, entrée juUlet 1909, sortie juillet 1911. Soeuraété 
aliénée. Normale antérieurement, mais « volonté faible Emotion 
brusque (découverte d’un adultère clont elle était coupable, par le 

(1) Aoflt 1909. — Juillet 1910. — Aoflt 1912. — Octobre 1912. 

(2) Skglas et Coli.in. Emotion-choc. Psychose confusionnelle. — Presst 
Midicale, l cr l'évTÌer 1911, p. 81. 


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UNIVERSm' OF MICHfGAN 



UN CAS DE PSYCHOSE DÉGÉNÉRàTIVE post-émotionnelle 151 


mari). Prostration, puis, quelques jours après, troubles mentaux 
aigus. Coulusioa mentale : désorientation; langage décousu, aucune 
suiU dans les idées; inattention, Agitation extrème : excitation 
moifice, mouvements stéréotypés. Loquacitó absente. Quelques 
idées de grandeur. Pas de délire systématisé, pas d’hailucinations, pas 
de négativisme. Indifférence à la réalité. Fausses reconnaissances. 
Riresans motifs. Préoccupations érotiques. Pas de troubles physiques. 
Dwée de la période aigué : environ six mois. — Amélioration progres- 
áve, sort « dans un état aussi satisfaisant que possible ». Conserve de 
I’amnésie pour le choc émotionnel et pour toute la période aigue. 

Obs. II (pevsonnelle). 

àgée de20 ans, entre à l’asile de Saint-Venant ie 21 janvier 

1512. 

AŃHcéàerús hérédUaires. — Fille unique. Père alcoolique et déséqui* 
lifcré; pas débtíe. 

Antécédenis personneis. — Pas de maladies antérieures devant 
èbe notées. A toujours été normale. Bonnes études (« a toujours eu 
lowlesprix »). D’une famille de musiciens, a fait également beaucoup 
de mumque. Dormait des legons de piano dans une petite ville de 
prwrince. Condulte irréprochable. Dans les demiers mois de 1911, 
s’est beaucoup surmenée; à la mèrae époque, se nourrissait très mal 
(dépenses exagérées du père qui ruinait sa famille), et assiotait eons- 
tamment à des scènes pénibles à la maison. 

Débui . — Celui-ci a eu lieu exactement le l er janvier 1912. Avant 
cette date, il n’y avait aucun symptòme de folie : était parfaitement 
cahne, normaíe, dormait bien. Ce jour-là, allant rendre visite à une 
femme que la veille encore elle avait vue vivante et bien portante, la 
l.wve raorte dans sa chambre : elle entr’ouvre la porte, et voit devant 
ele un cadavre. Jusque-là, n’avait jaraais vu un mort; l’impression 
reasentie paraft avoir été très violente, mais il n’y a eu ni perte de 
connaissance ni convulsions. De ce jour, le sommeil devient profondé- 
ment troublé; l’insomnie est presque absolue. Croit voir la morte 
pendant Ia nuit; tient des propos délirants : «Cette morte m’empoi- 
sonne le sang ». Pendant la journée, travaille comme d’ordinaire et con- 
tmue à donner des legons de piano. Pourtant on note quelques 
bizarreríes : B... se met à manger du pain en quantité exagérée, et 
d’une manière générale manifeste une boulimie marquée. Cet état dure 
jusqu'au 19. La veille encore, a donné toutes ses h'eons, <f personne 
ne s'est aperQu de rien ». Le 19, brusquement, ccsse de faire de la 
masique et de donner des lecons. Devicnt agitée, manifeste des idées 
de persécution, on veut la faire mourir, la morte veut rempoisonner. 
Puérilisme : imite l’enfant, dit : « je viens au monde, je ne peux 
manger que des ceufs, je suis toute petite. » Pas de désorientation. Pas 


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REVUE DE PSYCHIATRIB 


d’hallucinations. Logorrhée. L’insomnie devient absoule. En quelques 
jours, l’excitation devient très intense, et l’intemement a lieu. 

Séjour à Vasile . — La malade entre dans le service en pleine agita- 
tion. Dès le débul, elle est alitée dans la salle commune, et malgré 
l’extrème excitation, a toujours gardé le lit sans difficulté. Nous 
n’avons pas besoin de dire qu’aucun moyen de contrainte ne fut 
employé. Dans son lit, B... reste rarement tranquille, et mème alors 
affecte des poses bizarres, par exemple se pelotonne au fond du lit, 
s’y contournant corame un anneau. Généralement, fait toutes sortes 
de mouvements, dont quelques-uns sont nettements stéréotypés : se 
balance sur la barre du lit, fait avec le thorax des mouvements 
répétés, rapides et stéréotypés, d’avant en arrière, parfois se penche 
brusquement en dehors du lit et reste la tète sur le plancher. Certains 
gestes et mouvements stéréotypés sont répétés pendant une durée 
fort longue. On ne note ni impulsivité, ni négativisme, ni suggestibilité. 
Pas de catatonie. Est assez docile; se laisse habiller et déshabiUer; 
refuse parfois la nourriture, mais il n’est jamais nécessaire d’employer 
la sonde. Insomnie. Loquacité pathologique, spontanée, ne se mani- 
íestant pas du tout à l’occasion des questions qu’on lui pose : évite 
au contraire d’y répondre, ne fait pas attention à ce qu’on lui demande, 
ne parle pas de la réalité ambiante. Le langage est tout ò fait incohè- 
rent. La malade est confuse et désorientée, saute d’une idée à une 
autre, extériorise toutes ses pensées. Parle de sa famille, de ses études, 
de ses amies, de son enfance, et beaucoup de cette femme morte 
qu’elle avait vue le l er janvier. On note quelques idées mystiques. 
Pas de systématisation. Pas d’hallucinationa. Quelquefois rit sans 
motifs. Se plaint souvent de céphalalgie. Ne présente aucun trouble 
physique, sauf un peu de constipation. Traitement : alitement, enve- 
loppements humides, chloral pour la nuit. 

Cet état aigu a duré plus de deux mois, jusque vers le commence- 
ment d’avril. Peu à peu l’agitation a fait place à un état de calme, qui 
n’était tout d’abord qu’intermittent et du reste tout relatif. Dans la 
seconde moitié d’avril, nous notons encore, à la date du 25, un degré 
appréciable d’excitation, surtout motrice. La malade n’est plus alitée, 
elle va et vient dans les salles, parfois se met à courir tout autour du 
jardin, sans but, faisant des enjambées anormalement grandes. Parle 
moins. Rit sans motifs, mais il lui arrive de piaisanter d’une fagon 
assez spirituelle. Est plus attentive à ce qui se passe autour d’elle. Ne 
répond toujours pas aux questions, sur l’áge, la date actuelle, I’époque 
de son entrée; dit: «je ne sais pas »... ne sait pas où elle est. Manifeste 
•ncore des idées mystiques. Peu à peu, on l’habitue au travail, mais 
elle reste au début peu de temps à la mème place. En mai, l’améliora- 
tion s’accentue, et voici quelle était, dans ses traits généraux, la 
situation au 12 mai: n’est agitée d’une manière intense que pendant 
la période menstrueile, le reste du temps l’est fort peu et seulement 


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UMIVERSITY OF MICHJGAM 



UN CAS DE PSYCHOSE DÉGÉNÉRATIVE POST-ÉMOTIONNELCE 153 


au point de vue moteur; s’occupe, mais pas de fagon suivie (lecture, 
travaux manuels, refuse de jouer du piano); aucune initiative, ne 
s’intéresse à rien, ne parle pas de sa famille, ne demande pas sa sortie; 
parfois rit sans raison, a passé la nuit du 10 au 11 à rire; sommolence 
par moments; boulimie; attention instable, est encore désorientée, ne 
peut dire depuis quand elle est ici... « depuis longtemps «; ni délire, 
ni hallucinations; calcule rapidement, exemples :5x6 = 30;8x 9 = 72L 
Depuis le mois de mai, ramélioration faisait des progrès rapides et 
sensibles. Le 6 juin, Tétat est déjà très bon, et nous pouvons le 
résumer ainsi : est parfaìtement calme; s’occupe régulièrement, 
travaille très bien (travaux manuels); répond bien aux questions, 
n’est pas désorientée; parfois, il y a une certaine puérilité dans l’atti- 
tude générale; paralt fatiguée; dort très bien. 

Guérison. — Dès la fin de juin, Ia guérison apparaft complète. En 
juillet, B... est complètement revenue à son état normal. Elle apparalt 
comme une personne de caractère plutòt réservé (a toujours été ainsi), 
bien élevée, instruite, jouant facilement du piano, peut-étre un peu 
timide et manquant d’énergie. Se rend compte qu’eìle a eu un accès 
d’aliénation mentale. Se rappelle bien l'émotion subie le l er janvier 
et ce qui s’était passé les jours suivants : dormant mal la nuit; n’était 
pas dans son état normal; continuait à donner ses legons de musique, 
mais certaines choses lui paraissaient étranges («il m'a semblé que les 
yeux de toutes les personnes étaient changés, ils avaient une autre 
expression que d’habitude, ils étaient plus grands, ils ne pouvaient 
pas bouger, mais restaient fixes », durée de ce trouble, deux jour, 
environ). II y a amnésie pour les jours ayant précédé son internement, 
quand l’excitation était déjà notable, et aussi pour les premiers mois 
de son séjour à l’asile; nous n’avons pu élucider avec précision si cette 
amnésie n’est pas autre chose qu’une grande confusion dans les 
souvenirs. Le 18 juillet 1912, B. sort de l’Asile, et la guérison s’est 
parfaitemeut maintenu. Elle a repris ses occ pations antérieures et 
seconduit normalement (demiers renseignements : mars 1913). 

Résumons maintenant les traits principaux qui caractérisent 
es deux observations. Le terrain dégénératif, surtoutchezB..., n’est 
pas douteux. Le róle de rémotion nous paraltégalementbienétablh 
la malade de Séglas et Collin voit brusquement son adultère décou- 
vert par le mari; Ia nòtre, allant rendre une visite de jour de Tan, 
se voit subitement en présence d’une morte. La phase d’incubation 
est de plusieurs jours, puis éclate un accès confusionnel aigu. La 
désorientation est profonde, de mème le manque d*attention, Tindif- 
firence à la réalité ambiante. L’agitation motrice est intense; ú 
y a des stéréotypies, mais pas de symptómes catataniques propre- 
ment dits; ríre sans motif. Pas d’hallucinations. Iln’yapas d’idées 


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HBVtJE DE POTCHMTRIE 


délirantes persistantes. Parmi les phrases qne prononce la malade, 
il est facile de retrouver les traces de I’influence émotionnelle; on 
peut faire la méme remarque pour certains gestes et attitudes. 

Au bout de quelques mois, la phase aigué faitplace à un état su- 
haigu; celui-ci dure également quelqueB mois, et hnalement ne 
terminaison favorable a lieu. Une anmésiepour torite la phaseaignè 
a existé dans nos deux cas. Les signes physiques étaient absents. 

II est facile de marquer la diflérence avec la confusion mentale 
proprement dite, qui est pour nous toujours liée à des causes soma- 
tiques : mode de début, absence d’halhicmationa, absence 4e signes 
physiques, idées morbides en rapport avec la cause psychique effi- 
ciente. Certains traits rappellent ladémenceprécoce.Mais nous avons 
pu éliminer ce diagnostic pour notre malade dès les premiers jours 
d’observation : début trop brusque, pas de catatonie, pas de phàxt- 
mènes de discordance psychique; nous n’avons pris en considéia- 
tion ni le rire sans motif, ni les stéréotypies. S’agit-il d’une forme de 
folie prériodique ? Nous ne le pensons pas : il n’y a pas eu de phase 
dépressive appréciable, il y a eu de l’excitation confusionnelle sui- 
vie d’amnésie, sans ressemblanoe avec de I’excitation maniaque. 

Ainsi que nous le disions au début, nous ne voulons tirer aucuae 
conclusion générale, mais simplement dégager qnelques symp- 
tòmes. L’ohservation de Dumas et Delmas (1) prouve précisément 
que les tableaux morbides ne sont pas toujours univoques. Mais 
dans leur cas la dégénérescence mentale n’est pas mentionnée et 
d’autres part la nature de I’émotion (accident de chemin de íer) 
est différente de celle qu’on constate chcz les deux malades que 
nous avons en vue : la malade de Séglas et Collin, comme la nòtre, 
ont subi toutes les deux une émotion-choc, suivie certainement 
d’un certain chagrin (v. plu8 haut); ce point mérite d’ètre noté 
dans ce domaine des maladies mentales de causepsychique, qui est 
une des plus obscures de la pathologie. 

(1) Dumas et Delmas. Psychose confusionnelle par émotion-choc. Soc. de 
Psgchiatrie, íévrier 1911. 


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LE CATALOGUE I)E « L’ENFER » 
DE LA BIBLIOTHÉQUE NATIONALE 


Par Jean Vinchon, 
inlerne de VAiile Clinique. 


L’étude bibliographique des livres de « l’Enfer » de la Bibliothè- 
queNationalepubliéerécemmentpar le Mercure de France( 1) est une 
sour e de documents précieux pour l’histoire des perversions 
sexuelles.Déjà,sous la Convention, un député, l’abbé Grégoire, avait 
eompris cet intérét spécial et les auteurs nous rapportent son avis 
dansleur Préface. «11 ne serait pas impossible qu’on finlt pardonner 
àcesouvrages dans les bibliothèques la méme place qu’auxpoisons, 
aux monstruosités, aux productions bizarres et singulières dans les 
cabinets d’histoire naturelle. Qui sait encore, ajoutait-il, si lephilo- 
sophe n’y trouverait pas des renseignements utiles (2). » 

Sans doute il n’y a pas ici que des ceuvres de malades et bien des 
pages libres ont été écrites par des littérateurs, dont les autres oeu- 
vres ne décèlent pas la moindre tare psychique.D’autre part, desou- 
vragescélèbres,bien connus des psychiatres, comme les Nouvelles de 
Sacher Masoch, manquent à la collection et sont classés dans les 
autres divisions de la Bibliothèque Nationale. Gela n’étonne pas 
lorsque l’on réfléchit que souvent le recrutement des livres de « l’En- 
fer » a été livré au hasard des circonstances. L’idée de Bonaparte 
inspirée de celle qui avait amené les Pape3 à créer l’Enfer de la Bi- 
bliothèque du Vatican fut tantòt reprise et tantót délaissée. Le plus 
ou moins de pruderie de l’époque, la licence des illustrations, une 
saisie chez un libraire ou un amateur au cours d’un procès retentis- 
santont été les mobiles qui ont guidé les bibliothécaires dans leur 
choix, à défaut de méthode raisonnée. 

(1) Gufllaume Apolunairb, Femand Fleuret et Louis Perceau. L 'Enfer 
dele Bibflotbèque Nationale. Paris, Mercure de France, 1913. 

(2) Préface, p. 7. 


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RBVUB DE PSYCHIATRIE 


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Nous allons cà et là noter, en feuilletant la bibliographie du Mer- 
cure, quelques passages particulièrement intéressants, car le cadre de 
cet article ne nous permet pas de nous livrer ici à une étudecum- 
plète. 

L’antiquité, Ie moyen 8ge, la Renaissance et le xvn e sièclene 
sont représentés que par de rares volumes; en revanche, il n’en est 
plus de mème pour la fin de l’Ancien Régime, la Révolution et les 
Temps modernes. Entre 1780 et 1810, il y a une floraison abondante 
et c’est là que le psychiatre peut glaner. 

Lemarquis de Sade occupe naturellement une place d’honneur. 
Ginquante numéros sur neuf cent trente lui sont consacrés et on y 
trouve les descriptions des exemplaires de« Justine, ou les malheurs 
de la vertu»; de «la Nouvelle Justine,suivie de l’histoire de Juliette 
sa sceur; » de « la Philosophie dans le Boudoir ». Les différentes 
éditions de« Justine » sesuccèdent depuislemanuscrit écrit en quinze 
jours et les deux volumes in-8° publiés en Hollande chez les Libraires 
associés en 1791, jusqu’aux réimpressions modemes venues de 
Bruxelles. 

Les notices qui accompagnent chaque numéro nous fournissent de 
nombreux renseignements. Tout d’abord, la vogue dès la premiére 
édition, semble marquer dans les idées d’alors une réaction contre 
e culte de la vertu et de la sensibilité si fort à la mode jusque-là. 
Puis le marquis se laisse griser par le succès : il entreprend de su- 
renchérir encore sur ses excentricitès et c’est toute une série de 
peintures « plus propres à donner le cauchemar qu’à provoquer des 
ardeurs érotiques » (1). 

€es descriptions sont mèlées à des dissertations philosophiques 
où des idées originales altement avec d’autres empruntèes à la Met- 
trie et à d’Holbach : on y découvre le germe des théories de Dar- 
win, sur le transformisme et le rSle de la lutte pour la vie sur les 
modifications de l’espèce. Quant à la moraIe(?)del’auteur, elle se 
résume dans la défaite de la vertu qui ne permet pas d’atteindre au 
bonheur et l’exaltation du crime, source de toute félicité et de toute 
volupté. Gette morale lui paraissait tellement belle qu’il voulait 
la faire connaltre partout et peut-étre y réussit-il dans une certaine 

(1) Ouv. cité p. 241 extrait dela Préface de réimpression de Liseux par Alcide 
Bounbaux. 


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UNlVERSmrOFMlCTll GAN 



l’enfer oe la bibliothèque nationale 


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mesure, car, effectivement, certains révolutionnaires revenaient avec 
une prédilection inquiétante à la lecture de « Justine ». 

Le n° 538 est un pamphlet du célèbre marquis : « Zoloé et ses 
deux acolytes ou quelques décades de la vie detrois jolies femmes ». 
Joséphine de Beauhamais en était l’héroìne et Bonaparte comprit 
alore la nécessité des Bastilles, puisqu’il fit enlever l’auteur et l’en- 
vova à Sainte-Pélagie, et ensuite à Bicètre et à Gharenton, où Esqui- 
col s’étonne de le voir monter des petits spectacles, gràce à ses con- 
naissances dans le monde des coulisses, etcontribuer ainsi au traite- 
ment moral des malades de l’asile. 

Le marquis de Sade avait profité de la liberté pour faire paraltre 
sesoeuvres, etce fut surtoutà cause d’elles, parce qu’il ne voulaitpas les 
désavouer, qu’il passa vingtsept ansde sa vie dans onze prisons dif- 
férentes. Jamais en somme, méme au moment où la licence était Ie 
plus grande dans les mceurs publiques, sous la terreur et la réaction 
de Thermidor, il ne chercha à réaliser ses imaginations effroyables, 
etqui étaient surtout chez lui de la littérature. Le docteur Cabanès, 
aconclu son étude en niant la folie de l’auteur de « Justine » et d’au- 
tres ont méme été jusqu’à le considérer comme un esprit remarqua- 
ble à plusieurs égards. 

Restif de la Bretonne, le fétichistie du pied, sur la psychologie de 
qui une thèse intéressante thèse de Bordeaux a jeté un jour parti- 
culier, avait réfuté le sadisme dans l’« Anté-Justine », mais en 
s'étayant sur des arguments si osés que la police du Consulat donna 
la chasse à ce livre qui circulait sous le manteau parmi les habitués 
des Galeries du Palais-Royal. Les exemplaires de « I’Enfer » seuls 
ont échappé à la destruction générale. 

Les « Blasons et Gontreblasons du corps masculin et féminin », com- 
posés par plusieurs poètes avec les figures au plus près du naturel, 
eonstituent un recueil de vers du milieu du xvi® siècle, dont plusieurs 
pièces semblent écrites par des fétichistes qui exaltent l’un les mains, 
I’autre les cheveux, un troisième la gorge. II suffit de se rapporter 
aux traités de psychiatrie et de médecine légale, pour savoir com- 
bien dans ces cas les frontières de la maladie sont factices, et pour 
comprendre que l’on peut, suivant leséco!es,considérerou non ces 
vere comme des manifestations anormales. Beaucoup de ces « bla- 
»ns » sont anonymes, quelques-uns seulement peuvent ètre attri- 
bués et non à d§s moindres, puisque Clémeńt Marot aurait été l’un 


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RBVDE DB PSYCHIATRIE 


<Ies collaborateurs. La présence de ces recueils à l’Enfer est expliquée 
par certains « blasons » sur lesquels il n’est pas besoin d’insister. 

Le masochisme est à peine représenté et la littérature spéciale de 
la flagellation n’y compte qu’un seul livre, modeme et peu intéres- 
sant. 

L’inversion sexuelle est par contre un prétexte à contes et à ro- 
mans très nombreux. On la retrouve dans de nombreux pamphlets 
contre Marie-Antoinette, où l’auteur a cherché souvent à faire à la 
fois oeuvre érotique et ceuvre politique. Ou bien ce sont des intrigues 
plus ou moins compliquées, évoluant dans des milieux variés comme 
le cloltre et le monde, des lettres de précepteurs à leurs élèves,etc... 

En résumé, on'voit que toutes Ies formes des perversions de l’ins- 
tinct génital sont représentées dans les livres de l’Enfer : sadisme, 
masochisme fétichisme et invereion sexuelle. Comme nous l’avons 
dit, il est souvent difficile de faire la part de I’élément pathologique. 
En touscas,ily a.dans le fait méme d’écrire une page obscène,déjà 
un certain relàchement de la personnalité qui, dans l’état actuel de 
la société, peut devenir inquiétant: quelques artistes sans prèjugès 
ont pu chercher là une source d’art moins explorée que les autres, 
mais il ne faut pas oublier les dangers de l’appel aux instincts. 

Chez Ies aliénés, les écrits et les dessinsobscènesnesontpas rares 
et là on ne trouve aucun souci d’art ou de littérature : entre ces pro- 
ductions et certaines pages qu’on s’entend à ne considérer que 
comme des badinages, les échelons sont nombreux et conduisent 
insensiblement de l’état normal à l’ètat pathologique. 


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NOUVELLES 


m* Gongrès internatìonal de Neurologie et de Psychiatrie 

(Gand, 20-26 aoùt 1913). — Voici le programme du Congrès qui doit 
se réunir sous la présidence de MM. Crocq et Glorieux. 

I. Rappots. — Psychialriej psychopalhologie el assistance. — MM. les 
proíesseurs von Wagner et Pilcz (de Vienne): Ueber die Behandlung 
der Progressive Paralyse. 

MM. Sérieux et Lucien Libert (Paris) : Les psychoses interpréta- 
tives aigués. 

M.Smith ELYjEUFPE(New-York) :Thegrowth and developpment 
oí the psychoanalytic movement in the United States. 

M. Parhon (Bucarest) : Les glandes à sécrétion inteme dans leurs 
rapports avec la physiologie et la pathologie mentale. 

M. Sollier (Paris) : Les états de régression de la personnalité. 

M. Ed. Willems (Bruxelles) : Anatomie pathologique despsychoses 
séniles. 

MM.A.Ley et Menzerath (Bruxelles) : La psychologie du témoi- 
gnage chez les normaux et les aliénés. 

M. Ferrari (Bologne) : La colonisation libre des enfants anormaux 
et des jeunes criminels. 

M. van Deventer (Amsterdam) : L’organisation de l’assistance et 
de Tinspection des aliénés hors des asiles y compris les psychopathes. 

MM. Claus (Anvers) et Meeus (Gheel) : Le patronage des aliénés. 

M. Decroly (Bruxelles). L’examen mental des anormaux. 

M. James Mac Donald (Ecosse): Sujet réservé. 

II. Communications. — Les membres du congrès peuvent présenter 
des communications originales ayant trait à un sujet quelconque des 
sciences neuropsychiatriques. Ils sont priés d’envoyer le titre de ces 
commumcations avant le 1® mai 1913 et un court résumé, destiné 
à la presse, avant le l cr juillet 1913. 

Dispositions générales. — Le congrès se compose de membres 
eííectifs et de membres associés; la cotisation est de 20 francs pour 
les membres efíectifs et de 10 francs pour les membres associés; les 
premiersontseuls le droit de prendre part aux délibérations du congrès. 

Les rapports seront imprimés et distribués avant l’ouverture de la 
session. 

Les langues admises sont le frangais, le néerlandais, l’allemand et 
l’anglais. 

L’exposition intemationale de Gand offrira un attrait tout particu- 
lier pour les congressistes; des renseignements leur seront fournis 
concemant les logements. 

Priòre d’adresser les adhésions et le montant des cotisations au 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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docteur Deroitte, trésorier du Congrès, avenue Albert, 192, Bruxelles. 

Gonférence internationale pour l’étude des causes dea 
maladies mentales et leur prophylaade. — Cette conférence se 
tiendra à Moscou en mème temps que le cinquième congrès pour l’assis- 
tance des aliénés. A son ordre du jour figurent les rapports suivants : 

1. La question de Vhérédìié étudiée par les méthodes staiisliques 
(Tamburini, Rudin). 

2. La doctrine de la démence précoce el la théorie de la dégénérescence 
(A. Marie, Bajenoff). 

3. Les services ouverts pour déliranls hors de VAsile (Van Deventer, 
Caswell). 

4. Nouvelles méthodes thérapeuliques conire la paratysie ginérale 
(Wagner v. Jauregg, Donath). 

5. Les dégénérescences alcooliques (Roubinovitch, Cetline). 

6. Les influences cosmiques dans Véiiologie de certains phénomines 
mentaux (A. Marie, Ossipow). 

7. Traitement chirurgical de certaines affeclions mentales (Perciol, 
Delbet). 

8. Organisalion uniforme de Venseignement des Infirmiers et ses 
sanclions officietles (Morel, Dawson). 

Personnel médical des asiles. — M. Dubourdieu, directeur- 
médecin de l’asile de Bourges, nommé directeur-médecin de l’asile 
d’Alengon. 

M. VERNET,directeur-médecinde Tasile d’Alengon, nommé directeur 
médecin de l’asile de Bourges. 

M. Privat di Fortunié, médecin-adjoint de la colonie familiale 
de Dun-sur-Auron, nommé directeur-médecin de l’asile de Lesvellec. 

M. Froissard, médecin-adjoint de l’asile de Pierrefeu, promu à 
la première classe. 

M. Wahl, médecin en chef de l’asile de Pontorson, promu à Ia 
3 e classe. 

M. Rougean, médecin-adjoint de l’asile de Saint-Gemmes, promu 
à la classe exceptionnelle. 

XXIII 6 congrès des aliénistes et neurologistes de France 
et des pays de langue francaise (Le Puy, l er -6 aoùt 1913). Pro- 
gramme. — Vendredi l er aoùt . — Matin : Séance d’inauguration à 
l’hòtel de ville, à neuf heures et demie. 

Après-midi : Séance à treize heures et demie à la « Dentelle au 
Foyer », avenue de la Dentelle. Premier rapport: « Les troubles du 
mouvement dans la démence précoce.« Rapporteur : M. le docteur 
Lagriffe (dlAuxerre). 

Samedi 2 aoài . — Matin : Séance à neuf heures.Deuxième rapport: 

« De l’anesthésie dans l’hémiplégie cérébrale. » Rapporteur : M. le 
docteur Monier-Vinard (de Paris). 


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NOUVBLLES 


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Après-midi : Séance à treize heures et demie. Cominunications. 

A quinze heures, réunion du Comité permanent. 

A seize heures, assemblée générale. 

Dimanche 3 aoùi . — Le soir, réception offerte par le président 
aux membres du Congrès. 

Lundi 4 aoút . — Matin : Séance à neuf heures. Troisième rap- 
port:«Conditions de Tintervention chirurgicale chez les aliénés au 
point de vue thérapeutique et médico-légal. » Rapporteur : M. le 
D r Picqué (de Paris). 

Après-midi : Visite de l’asile d’aliénés. Séance de communications 
à l’asile. 

La psychiatrie au Palais. Accident, cause occasionnelle 
d’alińnation mentale. — Voici les conclusions du jugement rendu 
par la quatrième Chambre du Tribunal civil de la Seine, à la date du 
16 décembre 1912 : 

« Attendu que les conclusions de la Compagnie la Préservatrice ne 
peuvent ètre accueillies, le traumatisme dont a souffert Marzin 
n’ayant pas seulement eu pour effet de hàter l’état de folie dans lequel 
celui-ci se trouve et qui eùt fatalement éclaté par la suite, mais ayant 
été, au contraire, la cause occasionnlle et déterminante de ce état; 

« Attendu en effet, que, quelle que soit la part d’influence faite à la 
constitution héréditaire et a l’intoxication alcoolique de Marzin dans 
son état actuel, il n’en est pas moins certain que les experts, après 
avoir déclaré, en termes formels, dans leur rapport, que le trauma- 
tisme dont s’agit a joué le ròle de cause occasionnelle pour engendrer 
certaines modifications des centres nerveux, ont conlu : 1° que les 
tioubles mentaux dont Marzin est atteint entralnent une incapacité 
totalede travail; et 2° que,si on ne peut affirmer que l’état metal du 
blessé soit uniquement la conséquence de l’accident, le traumatisme 
dont Marzin a été victime le 26 avril 1910 a du moins été la cause 
occasionnelle chez un sujet prédisposé par sa constitution antérieure 
et notamment par les troubles qu’engendre dans l’organisme l’intoxi- 
cation alcoolique chronique; 

« Attendu que la constatation ainsi faite par les experts, que le 
traumatisme a été la cause occasionnelle et déterminante des troubles 
mentaux de Marzin suffit pour faire droit à la demande intentée par 
son mandataire ad liquern Loius Clair, sans qu’il y ait lieu pour le 
Tribunal de s’arrèter aux observations dirigées contre le rapport des 
experts par le docteur R.Voisin qui n’a pas examiné l’ouvrier aliéné; 

« Par ces motifs : 

« Déclare la Compagnie la Péservatrice non recevable dans ses 
concìusions à fin de nullité d’expertise; la déclare également mal 
londée dans lesdites conclusions ; 

«Condamne ladite Compagnie la Préservatrice, substituée à 
Jaujard et Boussiron, à servir à Marzin une rente annuelle et viagère de 
1.643 fr. 13, le salaire de Marzin s’étant élevé dans l’année qui a précé- 
dé l’accident à la somme de 2.658 fr. 80, à dater du 19 mars 1910, jour 
oè Marzin a dù cesser définitivement son travail qu’il avait essayé 
de reprendre quelques jours après l’accident; 

« Condamne la Compagnie la Préservatrice en tous les dépens. » 


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REVUE DES SOCIÉTÉS 


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SOGIÉTÉ MÉDIGO-PSYGHOLOGIQUE 

Séance du 31 mars 1913. 

Responaabilité d'un malade guóri portant sur des actes 
antérieurs à son intemement, par M. Vigouroux. — A propos de 
la communication íaite par M. Trénel à la séance de février sur 
l’opportunité de la comparution des aliénés en justice, M. Vigouroux 
rapporte une observation qui peut étre ainsi résumée. Un homme de 
35 ans commet une escroquerie pour laquelle il est inculpé. Avant de 
passer en jugement, il est atteint de confusion mentale avec agitatioa 
et délire, s’accompagnant de phénomènes névrotiques graves : 
artérite fémorale, gangrène, amputation de la jambe: Le médecin 
traitant consulté, au eours de la maladie, sur la question de savoir si 
le malade peut se présenter devant le tribunal, est eu fin de compte 
commis comme expert à l’époque de la convalescence; il déefare q m 
le malade est responsable de ses actes et doit en rendre compte à fa 
justice, puisque le délit est antérieur à la psychose. Mais, à cause de 
l’hérédité très chargée du malade, à cause de la gravité des phénoraènes 
physiques présentés et de la diminution sociaíe en résultant, O deman- 
de rindulgence du tribunaL Le malade est condamné avec sursis, et 
échappe ainsi à la prison. 

La réaction d’activation du venin de cobra dani les maladies 
mentales, par MM. Klippel, M.-P. Weil et E. Lévy. — Etant 
donné, disent ces auteurs, l’extrème richesse du névraxe cn graisses 
phosphorèes, nous nous sommes demandés si les humeurs des sujeU 
atteints d’affections mentales n’en seraienfc pes particulièrement 
riches, et si le fait ne pourrait ètre décelé gráce à la réactkm de Tactiva- 
tion du venin de cobra. 

Dans le liquide céphalo-rachidien et dans le sang de malades atteinU 
d’affections mentales diverses, nous avons recherché systématique- 
ment la préscnce de lécithine à l’aide de la réaction de l’activation du 
venin de cobra. Tandis que les paralytiqucs généraux et les déments 
précoces ont un sérum qui, cn rcgle générale,a la propriété d’aciiver le 
venin dc cobra, lcs malades atteints de psvchoses à formc dépressive se 
distinguent par la rareté de ce pouvoir de leur sérum, et par son peu 
d’intensité quand il existe. Le sérum de ces malades ne réactive guère 


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RBVUE DBS SOCIÉTÉS 


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plusbéquemment le venin de cobra que ne le fait ceiui d’individus nor- 
maux ou celui de sujets atteints d’affections diverses relevant de la 
módecine générale. 

Dans la plupart des états mentaux autres que ceux que nous 
venons de passer en revue, le sérum des malades est capable d’activer 
le venin de cobra, dans des proportions et à des degrés variables. 
Nous n’avons pas eu l’occasion d’examiner assez d’échantillons de 
sang provenant de ces malades, pour qu’il nous soit possible de tirer 
des conclusions formelles : nous croyons toutefois intéressant de 
grouper ces résultats dans le tableau suivant : 

Maladies mentales diverses . 


Dimence sénile .. 

ServicedeM.Klippel . 

.. Gérando, 11 bis 

+ 

— typhililique . 

— 

Vigouroux N° 13 . 


— - 

— 

— 

N° 15 . 


Dibililé menlále . 

— 

— 

No 22 . 

+ + 

Paranola . . 

— 

Pactet . 

. .N° 10 . 

4“ 


_ 


. .N° 11. 

___ 

— . 

— 

Capgras 

. .N° 9 . 

+ + + 

—* ...... 

— 

— 

. .N° 17 . 

+ + 

Poignéurite alcoo- 





lique el syndro- 





me de Korsakov . 

— 

Klippel.. 

.. Laénnec, 8 . 

+ + + 

— — 

— 

Capgras 

. .N° 16 . 

+ H—h 

— — 

— 

Vigouroux N° 19 . 

+ + 

Dèftnèré excilé 





maniaque .... 

— 

— 

No 20 . 

— 

Manie . 

— 

Capgras 

. .N° 11 . 

+ + + 

— . 

— 

— 

. .N° 15 . 

+ + 

_ 

_ 

Pactet . 

. .N° 1 . 

4-U 

— . 

— 


. .N° 2 

T T 
+ ++ 

— . 

— 

— .. 

. .N° 4 . 

+ 4—f- 


Nous ne ferons quc souligner la constance et rintensité de la réaction 
positive chez les maniaques et chez les alcooliques atteints de polyné- 
vrite avec syndrome de Korsakov. 


En résumé, et d’une fagon générale, le sérum des malades atteints 
d’affections mentales présente d’une fagon à peu près constante le 
pouvoir d’activer le venin du cobra, sauf dans trois conditions : 

1° Si un laps de temps trop considérabJe s’est écoulé entre le 
moment de la prise du sang et celui de son examen : il s’agit alors d’une 
íaute de technique; 

2° Si Ie malade est atteint d’une psychose à forme dépressive [: il 
s’agit là d’une particularité susceptible d’étre intéressante au point 
de vue du diagnostic ; 


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164 RBVUB DB PSYCHIATRIB 

3° Si, du moins chez les paralytiques généraux ou les déments 
précoces, raffection est arrivée à un stade très avancé de son évolu- 
tion. 11 s'agirait là d’un trouble morbide dont la valeur pronostique, 
si elle se confirmait, pourrait ètre considérable. 

C’est chez les déments précoces que la réaction est le plus fortement 
et le plus intensivement positive. Tandis que dans la tuberculose 
pulmonaire,oùlaréaction cependant s’observe avec une telle fréquence 
-que, selon Calmette, Massol et Breton (1), elle pourrait avoir une 
haute valeur diagnostique, le pouvoir activant du sérum vis-à-vis du 
venin du cobra ne s’observe que dans 76 p. 100 des cas de tuberculose 
au premier degré, de 57 p. 100 des cas de tuberculose au deuxième 
degré, de 70 p. 100 des cas de tuberculose au troisième degré (dans 
47,3 p. 100 des cas selon Bauer et Lehndorff (2), dans 87 p. 100 selon 
Pekanovich) (3), dans la démence précoce nous avons vu la réaction 
exister dans près de 95 p. 100 des cas, et étre intense dans plus de 
52 p. 100 des cas examinés. 

Aus8i pensons-nous que, chez un malade dont le diagnostic est 
hésitant entre démence précoce et syndrome à forme dépressive, le 
pouvoir activant du sérum mérite d’ètre recherché. S’il est intense, 
o’est un élément important en faveur de la démence précoce ; s’il est 
absent, c’est au contraire une présompUon, mais plus importante 
encore, en faveur d’un syndrome mélancolique. 

Enfin, au point de vue physio-pathologique et dogmaUque, l’étude 
<lu pouvoir activant du sérum des malades atteints d’affecUons 
mentales vis-à-vis du venin du cobra est des plus intéressantes. 
L’extrème fréquence du pouvoir activant chez ces sujets nous démon- 
tre en effet la richesse de leur sérum en graisses phosphorées, dont 
l’origine réside bien vraisemblablement dans la désintégraUon 
nerveuse. Aussi n'est-il que plus intéressant encore de souligner 
l'absence de ce pouvoir acUvant dans le liquide céphalo-rachidien 
des malades (paralyUques généraux). 

Gette communicaUon motiva la discussion suivante : 

M.Briand. — Quel est le résultat de cette réacUon chez les individus 
sains? 

M. Weil. — Elle est posiUve dans 20 p. 100 des cas environ. Chez 
les tuberculeux, elle devient positive dans 70 p. 100 des cas et dans 
40 p. 100 des cas chez les syphiliUques. 

M. Piéron. — Les résultats obtenus par M. Klippel et ses collabora- 
teurs correspondent-ils à ceux qui ont été obtenus à Lyon? 

M. Klippel. — Le travail auquel M. Piéron fait allusion et qui a 
été publié dans Ia revue du professeur Lacassagne n’a porté que sur 

(B Galmbttb, Mabsol et Breton. C. fí. Acad . des sciences , 30 mars 1908; et 
in Thèse de Raymond Letulle. Paris, 1912. 

(2) Bauer et Lehndorff. Soc. méd. de Berlin , 1909. 

(3) Pekanovich. Deutsche mediz . Wochenschr ., 1910, p. 144. 


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REVUE DES SOCIÉTÉS 


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un nombre restreint de cas, et lorsqu’on fait des statistiques, il faut 
opérer sur des cas très nombreux. Toutefois, en ce qui concerne la 
démence précoce, nous arrivons à des résultats comparables. 

Nous ne prétendons pas, d’ailleurs, en vous communiquant ces 
réeultats dont l’intérèt scientifique est certain, vous apporter une 
méthode immédiatement utilisable dans la pratique médicale de 
chaque jour. Les réactions sur lesquelles on croit pouvoir compter 
pour le diagnostic de la fièvre typholde ou de la tuberculose ne sont- 
elies pas trop souvent infidèles ? 

M. Piéron. — Les premiers auteurs qui ont pratiqué l’épreuve du 
venin de cobra n’ont-ils pas considéré la réaction positive comme le 
propre des sujets normaux? 

M. Klippel. — Peut-ètre, mais le fait est conlrouvé. 

M. Weil. — A l’hòpital, chez les sujets qui ne sontnidestuberculeux 
ni des syphilitiques, on ne trouve pas plus de 20 p. 100 de réactions 
positives et encore beaucoup de ceux qui les présentent ont-ils des 
troubles des fonctions des glandes vasculaires sanguines. 

M. Piéron. — II est curieux que les premiers expérimentateurs 
aient eu des séries telles qu’ils aient conclu d’une fagon tout à fait 
opposée à la vòtre. 

M. Klippel. — Pas tout à fait, puisque dans certains cas la réaction 
négative signifie: état pathologique très avancé à évolution ancienne. 

M. Piéron. — Existe-t-il d’autres procédés pratiqucs permettant de 
doser la lécithine contenue dans le sang? 

M. Weil. — II doit exister des procédés chimiques, mais ils ne sont 
pas pratiques. 

Un cas de phobie à systématisation délirante, par MM. 

Rooues de Fursac et Dupouy. — Les deux points capitaux sur 
lesquels les auteurs de cette très intéressante observation ont désiré 
attirer l’attention sont les suivants : 1° l’attitude du malade est celle 
<fun hébéphréno-catatonique, et seul un examen attentií permet d’en 
pénétrer la véritable cause ; 

2° Le malade échafaude progressivement un déiire mélancolique 
svstématisé dont ses phobies sont le point de départ: celles-ci consis- 
tentsurtout en la crainte de briser les objets fragiles et en celle de con- 
taminer l’entourage par le contact de la salive infectée. 

P. Juquelier. 

SOGIÉTÉ GUNIQUE DE MÉDECINE MENTALE 

Séance du 21 avril 1913. 

Intoadcation par l’oxyde de carbone. — M. Truelle montre 
un malade ayant déjà été présenté le 17 février dernier par MM. Briand 
et Salomon, lequel, à la suite d’une intoxication grave accidentelle 

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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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par l’oxyde de carbone, a manifesté, après quelques jours, un état dc 
torpeur cérébrale rapidement progressif et ayant abouti à un syndrome 
démentiel avec amnésie totale et gàtisme. 

Aujourd’hui (troismois et demi après Taccident) lemaladeest très 
amélioré et garde seulement une amnésie localisée rétro-antérograde 
& limites vagues. La torpeur cérébrale a disparu, le gàtisme et ies 
troubles réflexes aussi. Le docteur Trueile rappelle à cette occasion la 
théorie du professeur Chauffard qui explique la pathogénie de ces 
accidents consécutifs, souvent retardés, à évolution variable, par 
l’existence d’une encéphalo-myélite toxique secondaire, conditionnèe 
elle-mème par une hépato-toxémie par lésion de la cellule hépatique. 

La première victime des bombes asphyxiantes. — M. Marcel 
Briand, après avoir fait remarquer que «victime* est une expression 
un peu exagérée et qu’il conviendrait mieux de qualifier les bombes 
asphyxiantes de projectiles suffocants , montre un malade dangereux 
dont la capture a été facilitée par ces engins. 

Dans cette présentation, faite à un point de vue surtout documen- 
taire, le médecin de l’Admission rappelle les conditions dans lesqueiles 
ce malade, en proie à un délire hallucinatoire des plus intense, tira, 
pendant plusieurs heures, des coups de revolver sur les personnes 
qui l’approchaient. 

La projection du liquide suffocant provoqua aussitòt un larmoie- 
ment intense, obligeant le malade à tenir les yeux clos, un écoule- 
ment nasal peu abondant; il éprouva une sensation telle de suffoca- 
tion qu’il n’eut plus qu’un désir, se diriger vers une íenétre pour 
respirer. En quelques secondes, l’air du réduit où il s’était barricadé, 
son revolver à la main, était devenu à la fois suffocant et irrespirable. 

L’examen des yeux fait par le docteur Cantonnet fut à tous points 
de vue négatif. Jamais il n’a été constaté de lésion de bronchite, 
méme légère, ni la moindre irritation de la muqueuse nasale. Si tel 
est toujours l’effet des projectiles, qualifiés trop généreusement de 
« bombes asphyxiantes », les aliénés dangereux n’auront après guérison 
qu’à se louer d’un procédé de capture, au fond inoffensìf, lequel a 
pour but de les mettre dans l’impossibilité de se livrer à des actes 
dangereux. Désormais on n’aura plus de raisons de tirer sur un 
aliéné — comme cela s’est déjà vu — pour s’en emparer. 

Récidive d’un accès maniaque au bout de vìngt-cinq ans. — 
M. Lbroy présente une malade de 47 ans avec lourde hérédité mor- 
bide qui íait à 19 ans un premier accèsdemanie ayant duréquatremois. 
Cette femme mène une vie normale pendant plus de vingt ans, gagne 
sa vie, élève son enfant, puis, vers 40 ans, devient instable, violente, 
fait des excès alcooliques. A 45 ans, éclosion d’un deuxième accès de 
manie avec idées de grandeur, comparable au premier accès. 11 est 


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RBVUE DES PÉRIODIQUES 


167 


accompagnédequelquesidées délirantes avectroublesde lacénesthésie, 
hallucinations auditives et psycho-motrices. Ce deuxième accès per- 
siste depuis deux ans sans aucune tendance jusqu’ici à ramélioration. 
Cette récidive si éloignée est intéressante; elle se rapproche du cas 
donné par M. Dupouy à la Société médico-psychologique. 

Amaurose. Tabes et troubles mentaux. — MM. Marcel Briand 
ct Vinchon font observer que les cas d’amauroses tabétiques avec 
troubles mentaux sont assez fréquents dans la littérature. Mais le 
cas actuel présente un intérét particulier : à còté des paralytiques 
généraux et des simples délirants, on note parfois des ensembles 
symptomatiques atypiques où, sur un fond d’affaiblissement intellec- 
tud,évoluent des idées de négation et de persécution plus ou moins 
frustes. La conscience de la personnalité peut rester intacte. Les 
auteurs demandent à la Société si ces cas correspondent aux lésions 
deméningite nasale décrits par MM. le professeur Marie et Léri? 

Epilepsie larvée et démence. — MM. Maurice Ducosté et 
Duclos présentent un épileptique larvé qui, sujet depuis l’adolescence 
à des íugues nocturnes amnésiques, à des fugues et à des impulsions 
caractéristiques, finit par montrer, au cours d’un état infectieux, et 
aprés vingt années d’internement, des criaes convulsives nettement 
ccmitiale8. 

Le point sur lequel ils insistent est le développement rapide — dès 
radolescence —d’une démence profonde et à caractèreépileptiquechez 
ce malade qui a attendu si longtemps avant de devenir un convulsif. 

II semble en résulter que les équivalents épileptiques peuvent 
saccompagner de démence au mème titre que les grandes attaques ou 
les vertiges. Autrement dit que la démence peut faire suite à l’épilep- 
tie ìarvée. 

Impulsions érotiques chez deux saturains considérós à tort 
comme exbibitionnistes, par MM. Briand et Salomon. — On quali- 
fiesouvent faussement d’exhibitionnistes de6 individus ayant commis 
certains attentats à la pudeur, alors que, ne rentrant pas dans le 
tableau si magistralement tracé par Lasègue, ils n’ont aucun droit 
à cette étiquette. Ce sont des impulsifs, plus impulsifs que pervers, 
desimples masturbateurs qui n’ont nullement rintention des’exhiber, 
rnais qui se cachent insuffisamraent dans un urinoir ou autre lieu. 
Tels sont les deux malades que présentent les auteurs. lls offrent en 
outre ceci d’intéressant que tous deux sont des saturnins, et il semble 
bien que leur intoxication saturnine, à laquelle s’ajoute un appoint 
ateoolique, n’est pas étrangère à leurs obsessions érotiques. Enfin, ces 
malades rappellent beaucoup ces individus qualifiés par l’un de 
auteurs de « chauve-souris » qui, à la prison, invoquent leur irrespon- 
sabilité et, à l’asile, demandent des juges. 


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REVUE DE PSYCHIÀTRIB 


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Sclérose latérale amyotrophique p ost-traumatique et 
troubles mentaux. — MM. Marchand et Dupouy montrent une 
malade, àgée de 44 ans, atteinte de dépression mélancolique. Au cours 
d’une tentative de suicide, elle se fait une luxation de l’épaule droite, 
une fracture sus-malléolaire de la jambe gauche et une entorse du pied 
droit. Les mois suivants, l’état mental continue à revètir une forme 
mélancolique, mais se complique d’affaibiissement intellectuel consis- 
tant surtout en une dyamnésie progressive. De plus, apparaissent les 
symptòmes de Ia sclérose latérale amyotrophique. Les membres infé- 
rieurs sont atteints les premiers. L’affection reste toutefois prédomi- 
nante du còté gauche. A la période terminale, la parésie spasmodique 
du bras gauche se transforme en une paralysie complète. L’examen 
histologique confirme le diagnostic; les lésions dégénératives médui* 
laires ne portent que sur les faìsceaux pyramidaux iatéraux. Atrophie 
considérable des cellules motrices. Lésions scléreuses corticales et 
lésions des cellules pyramidales. Les auteurs admettent que ces 
lésions se sont traduites d’abord par des troubles mentaux et plus tard, 
sous l’influence du traumatisme, ont entrafné la dégénérescence des 
faisceaux pyramidaux. 

Spirochètes et paralysie gènèrale. — MM. A. Marie, Levaditi 
et Bauchowski apportent trois séries de préparations de cerveaux de 
paralytiques généraux avec des spirochètes nombreux. Dans deux cas, 
la méthode employée fut le frottis de substance corticale avec colora- 
tion par le procédé Fontana-Tribondea^ modifié. Trois cas sur 30 ont 
été positifs, c’est à peu près la mème proportion trouvée par Noguschi 
et Moore, Minea et Marinesco. 

Elections. — Sont élus membres correspondants à l’unanimité des 
membres présents : 

M. Paris, médecin en chefde l’asile de MaréviIIe (Meurthe-et- 
Moselle). 

M. Chbvalier-Lavaure, médecin en chef de l’asile de Montpellier 
(Hérault). 

M. Dide, médecin en chef de l’asile de Toulouse (H tó -Garonne). 

M. Haury, médecin-major à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dòme). 

J. Crinon. 


SOCIÉTÉ MÉDICALE DE L’ÉLYSÉE 

La thérapeutique de l’épilepsie, par M. P. Hartenberg. — Les 
principales ressources dont nous disposons actueilement contre 
l’épilepsie se répartissent en quatre classes : Régimes, médicaraent, 
électricité, chirurgie. 

Nous allons les passer rapidement en revue. 


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UMIVER! T OFMICHIGAN 



REVUB DES PÉRIODIQUES 


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A. Régimes. — L’observation des malades montre d’une fagon 
aon douteuse que leur état gastro-intestinal influe directement sur 
leure accidents. De là, l’importance des régimes. 

Les grands types de ces régimes sont au nombre de trois. 

1° Le régime lacté absolu que vous connaissez bien. 

2° Le régime végétarien pur, consistant en légumes et en fruits 
exclusivement, avec suppression totale de la viande, des oeufs et du 
laiL Employé depuis longtemps contre l’épilepsie, U a été tout récem- 
ment préconisé avec beaucoup d’éloquence par M. Maurice de Feury 
qui y joint des boissons abondantes et des ferments lactiques. 

3° Le régime que j’appeUe « régime sec », avec suppression absolua 
des boissons aux repas et réduction maxima dans leur intervalle. Ce 
légime est celui que je patronne moi-méme. II consiste en viande 
ròties ou grUlées, en légumes herbacés de préférence, en fruits cuits. Le 
malade doit s’abstenir totalement de boire en mangeant, et dans 
1’intervaUe des repas, mais pas plus tòt que trois', heures après, s’ef- 
ioreer de boire le moins possible. 

11 est bien entendu que tous ces régimes comportent la suppression 
absolue de vin, bière, cidre, liqueurs, thé, café, ainsi que de tous 
aliments toxiques et épicés. 

Je ne fais que mentionner ici le régime dit déchloruré, qui n’est pas 
en réalité un vrai régime, c’est-à-dire un choix d’aliments, mais un 
mode de préparation, applicable à tous les régimes, procédé thérapeu- 
tique ayant pour but d’augmenter l’efficacité du bromure. 

Ces trois régimes ont chacun à leur actif des succès et des insuccès. 

Sous l’influence du régime lacté, on a vu les crises disparaitre 
complètement. Mais d’autres fois, en revanche, ses effets sont nuls. 
Mème dans certains cas, le mal a été aggravé. 

Lerégimevégétarienexclusif a foumi également d’heureux résultats 
etM.de Fleurynous en a communiqué quelques-uns des plus décisifs. 
Par contre, dans d’autres cas, il est demeuré tout à fait ine ficace. 

Enfin le régime sec, que j’emploie moi-mème, m’a procuré chez 
certains malades des guérisons durables, parfois aussi rapides qu’ines- 
pèrées. Vous les trouverez rapportées cn détails dans mes publica- 
lions ultérieures. D’autres fois, je n’ai enregistré que desaraéliorations, 
voire des insuccès. 

B. Médicaments. — En tète vient le médicament classique de 
l’épilepsie, le bromure. Vous l’avez tous ordonné sous ses diverses 
formes,en y associant la cure déchlorurée qui en augmente sensible- 
ment les effets. 

Quelle est la valeur thérapeutique du bromure? En vérité,'elle 
estassez inégale. Si certains sujets paraissent avoir été guéris complè- 
tement par le bromure, 0 en est d’autres au contraire où son action est 
* peu près nulle. Toutefois, chez la majorité des malades, le bromure 
procure au moins au début de la médication unc otténuation marquée 


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REVTJE DE PSYCHIATRIE 


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des accidents, tant dans leur intensité que dans leur fréquence. Mals 
cette amélioration n’est que purement palliative, carle plus souvent 
dès que le sujet supprime ou mème diminue les doses, les accès revien- 
nent comme avant la bromuration. De plus, cette amélioration, mème 
artificielle, est loin d’ètre toujours durable. Nous voyons en effet, au 
bout d’un certain temps, malgré une dose constante de bromure, les 
accidents reparaltre peu à peu aussi fréquents et intenses qu’avant le 
traitement. II y a donc là un phénomène d’accoutumace pour le 
bromure, semblable à celui qui existe pour tous les médicaments. 

On a essayé d’associer au bromure d’autres substances pour en 
augmenter les effets ; belladone, pilocarpine, adonis vernalis, digitale, 
extraits glandulaires, etc, Toutes ces associations ont paru favorables 
dans certains cas; dans d’autres, elles n’ont pas agi mieux que 1e 
bromure seul. 

Parlerai-je maintenant de toutes les autres drogues qu’on a préco- 
nisées contre l’épilepsie : sels de zinc, lactale de calcium, borate de 
soude, acide borique, trinitrine, strychnine, venin de serpent, etc., etc.? 
La liste en est longue, car on a tout tenté contre cette désespérante 
maladie.Tous cesmédicamentsont peut-ètre procuré quelques résultats 
entre les mains de leurs initiateurs; mais la pratique ne s’en est pas 
répandue et on les utilise peu. 

Je ne ferai que mentionner pour raémoire les médicaments de 
l’épilepsie spécifique : mercure, hectine, arséno-benzol, iodures. 

C. Electricité. — L’idée d’essayer l’électricité contre l’épilepsie 
n’est pas neuve. II y a bien longtemps déjà que les anciens électro- 
thérapeutes avaient tenté tour à tour la galvanisation du cerveau, du 
bulbe, du sympathique. Mais ces méthodes n’ayant donné aucun 
résultat entre leurs mains, eiles furent abandonnées. La vérité c’est 
que ces premiers chercheurs avaient manqué d’audace. Les courants 
employés par eux, de quelques railliampères, durant quelques minutes, 
étaient évidemment insuffisants pour produire le moindre effet. Pour 
obtenir une action thérapeutique par la galvanisation, il faut se servir 
de hautes intensités, appliquées pendant longtemps. 

Aussi, lorsque e me décidai, U y a quelques années, à essayer à mon 
tour l’électricité contre 1’épUepsie, ai-je fait appel d’emblée aux cou- 
rants les plus énergiques et les plus prolongés quc les patients puissent 
supporter. Pour des raisons d’ordre physiologique qu’il serait trop 
long de vous expliquer, je congus d’abordjma méthode de la fagon, 
suivante : L’électrode positive est appUquée en collier autour du cou; 
le malade s’assied sur l’électrode négative. Je fais passer alors un 
courant de 50 à 60 mUliampères, pendant trente à quarante minutes, 
tou6 les jours ou tous les deux jours. 

Ce traitement exerce, chez certains malades, une action incontes- 
table sur les crises. J’ai publié déjà quatre de mes observations les plus 
(Voir lc i suite après te buUetin bibliographique meneuei) 


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REVTJE DES PÉRIODIQUES 


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anciennes de sujets qui ont été entièrement délivrés de leurs accidents 
et qui le sont restés depuís deux et trois années. J’en possède d’autres, 
aussi heureuses, que je publierai plus tard, lorsqu’elles auront subi 
suffisamment l’épreuve du temps. D’autre part, je sais que de divers 
còtés on expérimente mon procédé avec satisfactìon. II y a peu de 
temps, M. Duhem publiait un cas de guérison obtenu par lui. 

Dans le cours de mes recherches, j’ai été conduit à faire subir à 
cette méthode initiale diverses variantes. C’est ainsi notamment qu’au 
lieu de faire asseoir le malade sur l’une des électrodes, j’applique celle- 
ci sur le front, faisant ainsi traverser par le courant toute la masse 
encéphalique. J’ai traité par ce nouveau procédé une petite malade- 
qui m’avait été aimablement adressée par notre vice-président, 

M. Triboulet, et j’ai eu le plaisir de l’affranchir de ses crises. 

Est-ce à dire que dans tous les cas, nous obtiendrons des résultats 
aussi brillants? Assurément non. L’électricité, comme les autres 
traitements, a ses succès et ses insuccès. Son efficacité pratique est 
des plus variables. Dans certains cas, la galvanisation entre mes 
mains à suffi, à elle seule, à faire disparaftre des crises. Dans d’autrevS 
cas, elle est parvenue au mème résultat, mais à condition d’y adjoindre 
un régime, une médication convenables. Elle n’a été qu’un des agents, 
mais un agent utile à la victoire, dans la campagne thérapeutique 
contre le mal. D’autres fois, elle ne procure que des améliorations. 
Parfois enfin, son effet paraft nul. 

Quoiqu’il en soit de ces échecs,ii n’en reste pas moins établi que 
nous possédons à l’heure actuelle dans l’électrothérapie, une arme 
de plus contre l’épilepsie. Dans un article tout récent, M. Bouchet en 
fait également l’éloge et lui attribue des succès personnels, qui ne 
sont malheureusement pas illustrés par des faits. Bref, il nous est per- 
mis d’espérer que, sortant de son abandon sous l’impulsion que je lui 
aí donnée, l’électrothérapie, nous apportera dans l’avenir des résultats 
encore plus satisfaisants. 

D. Chirurgie. — Enfin, les chirurgiens, avec Ieur audace habituelle, < 
sesont attaqués, eux aussi, à I’épilepsie. Trois opérations ont été tentées. 

Supposant que les crises avaient pour cause un spasme des artères 
du cerveau, dù à une irritation du sympathique, les uns, surtout, 
Jonnesco, deBucarest, ont pratiqué la résection plus ou moins complète 
du sympathique cervical. Cette intervention semble avoir donné 
quelques améliorations momentanées, mais qui n’ont pas duré : aussi, 
est-elle abandonnée aujourd’hui. 

D’autres, .avec Kocher, de Beme, attribuant l’accident épileptique 
à une hypertension intra-cranienne, ont cherché à obtenir la décom- 
pression au moyen de la craniotomie. 

D’autres enfin, plus hardis encore, avec Horsley de Londres, ont 
pensé supprimer le point de départ hypothétique de la crise en excisant 
la région cérébrale qui serait le siège de l’aura. 


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RBVUB DB PBYCHIATRIE 


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Ges deux deraières méthodes n’ont pas conquis, je dois le dite, 
une très grande popularité parmi les chirurgiens frangais. 11 est certain 
que les rares succès qu’on leur doit ne sont pas en rapport avec les 
risques qu’on fait courir au malade. L’opération de Horslay, notam- 
ment, a laissé à sa suite des paralysies durables. Aussi, si dans les 
cas d’épilepsie partielle, par lésion évidente, enfoncement du cràne, 
tumeur, etc., l’intervention est indiquée, dans I’épilepsie dite essen- 
tielle dont la cause reste ignorée, l’abstention est-elle préférable. 

Telles sont les quatre grandes classes de moyens que nous posaé- 
dons actuellement contre l’épilepsie. 

Et si nous faisons maintenant une révision de leur valeur thérapeu- 
tiqeu propre, si nous apprécions Ies résultats que chacun nous a donnés, 
nous serons frappés par un fait capital : c’est la capricieuse infidélité 
de leur action. Tous, certes, semblent avoir procuré des succès chez 
certains malades; tous également ont piteusement échoué chez 
d’autres. 

D’où vient cette infidélité d’action? La clinique va nous répondre. 

En effet, si nous envisageons une série d’épQeptíques qui passent 
sous nos yeux, nous constatons en toute évidence qu’U n’y en a pas 
deux qui se ressemblent, nous sommes surpris de la diversité qui 
règne entre eux, tant au point de vue des caractères de leurs accidents, 
que de leur état général et de leurs fonctions organiques. 

Ces accidents sont des plus variables selon les sujets. 

Tantfit,ce sont de simples absences ou vertiges, tantót de grandes 
convulsions à cachet dramatique. Les uns surviennent avec une régula- 
rité surprenante, d’autres se reproduisent capricieusement, au hasard, 
sans obéir à aucune règle. Certains sont précédés par une aura; certains 
se déclenchent brusquement, sans nul prodrome. 

II est des malades qui n’ont jamais que des accès nocturnes, 
d’autres n’ont jaraais que des accès diurnes. Chez plusieurs, la locali- 
sation dans le temps est plus précise encore; j’en connais chez qui les 
crises jaillisent exclusivement soit au moment où Us s’endorment, soit 
au momcnt où Us viennent de se réveiller. Vous savez que beaucoup de 
femmes ne sont malades qu’au moment de leurs règles. Toutes cee 
variantes individuelles sont évidemment soumises à des conditions 
interaes différentes, encore obscures pour nous, mais d’une réalité 
incontestable. 

Et si nous regardons l’état général de ces malades, que de différences 
encore! 

Tantót, il s’agit d’enfants, notoirement dégénérés, porteurs dc 
stigmates physiques grossiers, entachés d’arriération mentale. 

Tantdt, il s’agit d’adolescents, maigres, páles, anémiés, asthéni- 
ques, mais dont l’intelligence est intacte. 

Tantdt, ils’agit d’adultes, vigoureux, robustes, musclés, au visage 
coloré, respirant une santé florissante. 


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Tantòt, il s’agit de vieillards, plus ou moins atteints des signes de 
I’involution séniie. 

Et si enfin, nous examinons cliniquement ces malades, nous étu- 
dions leurs organes, queUes découvertes diverses ne faisons-nous pas. 

Chez les uns, tous les organes paraissent normaux, toutes les fonc- 
lion8 régulières : on ne trouve rien. 

Chez les autres, nous constatons des troubles digestifs, un estomac 
ptosé et dilaté, de Tentérite chronique, un foie gros et sensible. 

Chez d’autres encore,les désordres circulatoires nous frappent: nous 
déelons un souffle cardiaque, des arythmies, des extra-systoles, de 
Thyper ou de Thypotension, tantòt de la tachycardie, tantót un raien- 
tissement marqué du coeur. 

Chez d’autres encore, nous relevons des troubles thermiques, soit 
une petite fièvre continue et régulière, soit des poussées intermittentes 
qui souvent annoncent la crise. 

Mème diversité pour les urines, les réflexes, le caractère. II y a des 
épileptiques irritables et violents, il y en a de doux et de paisibles. 
Certainssont joyeux et optimistes, malgré leur mal; d’autres sont 
tristes et découragés. 

Tous ces troubles organiques que je viens d’énumérer doivent 
exercer aussi vraisemblablement leur influence sur les crises, car le 
cerveau, organe réflexe, subit le contre-coup de toutes les variations, 
normales ou pathologiques, de Téconomie. 

II résulte de cette revue, qu’il existe non seuleraent des types 
variés d’épilepsie, mais aussi des types variés d’épileptiques. On peut 
dire que, pratiquement, il n’y a pas deux malades qui se ressemblent. 

Et voici bien l’explication de l’infidélité et de l’action capricieuse 
de toutes les thérapeutiques employées. C’est que chacune d’elles ne 
convientqu’àunecertainecatégoriede malades, alors qu’elle est inindi- 
quée chez tous Ies autres. De là, les quelques succès, les nombreux 
insuccès relevés à l’actif de chaque raéthode. 

Pour éviter dans la mesure du possible ces inconvénients, que 
faudrait-il donc faire? II faudrait, qu’au lìeu de prescrire au hasard 
telle ou telle médication, nous sachions aussi exactement que possible 
préciser ses indications, en d’autres termes, adapter la thérapeutique 
à chaque cas particulier. 

Pour y parvenir, la tàche est double. II faudrait, d’une part, arriver 
à ranger les malades en un certain nombre de catégories, les rappro- 
ehant selon leurs similitudes, créer ainsi pusieurs grandes familles 
d’épileptiques. Puis, d’autre part, par des essais thérapeutiques, arriver 
à déterminer quel est le traitement de choix convenant à chacune 
d’elles. 

C’est précisément à cette táche que je m’efforce de m’appliquer. J’ai 
pu déjà, au moins dans les grandes lignes, établir quelques classes de 
maldes, et constituer le traitement qui paraít leur réussir le mieux. 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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Ainsi, par exemple, cliez les enfants qui présentent un certain degré 
d’engourdissement psychique ou d’arriération mentale, avec crois- 
sance insuffisante, sans trouble digestifs, le régime végétarien pur, 
les albumines végétales, la pilocarpine, les extraits glandulaires, la 
galvanisation cervico-frontale m’ont donné les meilleurs résultats. 
Nousvoyons sous leur influence, non seulement s’atténuer etmème 
disparaítre les crises, maiB aussi TinteUigence s’éveiller et la croissance 
s’accélérer d’une fa^on maniíeste. 

Chez les anémiques dyspeptiques, avec ptose et dilatation de 
l’estomac, il faut au contraire prescrire le régime sec, faire prendre de 
la viande, donner l’arsenic à haute dose, pratiquer la galvanisation 
cervicale descendante. 

Chez certains sujets, à troubles circulatoires marqués, palpitations 
et extra-systoles, le régime sec, la réducUon extrème des liquides, la 
belladone, conviennent le mieux. 

Ces quelques exemples, auxquels je n’accorde d’ailleurs aucune 
valeurs absolue ni définitive, suffisent à vous montrer quelle devra 
étre la souplesse et l’opportunisme du traitement. 

Mais malgré les incertitudes de mes débuts, déjà les résultats sont 
là pour encourager mes efforts. Si je consulte mes statistiques, je vois 
que chez les malades que j’ai pu traiter à ma guise, qui m’ont aidé de 
leur dociiité et de leur persévérance, je suis parvenu à un pourcentage 
de 40 0/0 de suppression des crises et de 80 0/0 d’amélioration. Et 
encore je ne dispose, le plus souvent, que de malades de seconde ou da 
troisième main, qui ont été traités déjà inutilement, par un ou plusieurs 
collègues. Je suis convaincu qu’à mesure que nous avancerons, les 
proportions seront encore meilleures. 

Vousvoyez donc que s’il est intéressant, certes, de chercher etde 
trouver des armes nouvelles contre l’épilepsie — et à cet égard, je 
crois avoir été utile en imaginant ma galvanisation cervicale — ii est 
non moins intéressant de savoir se scrvir à bon escient des raédications 
déjà connues. Et ieurs indications étant précisées, nous saurions lutter 
certainement avee beaucoup plus de succès contre la maladie. 

Et si maintenant, pour fimr, on me demande quelle est mon impres- 
sion d’ensemble sur ce problème de Pépilepsie, je vous dirai: 

Nous ne savons rien, ou à peu près. La question est tout entière à 
faire. Et méme,le peu que nous croyons savoir est inexact. Ge qui est 
écrit dan9 les livres classiques ne s’applique qu’à un petit nombre de 
malades; les autres échappent à cette description. La conception 
qu’on se fait trop souvent de I’épilcpsie, tare héréditaire, fatalo, condi- 
tionnée par des lésions du cerveau indélébiles, est fausse. Sans doute, il 
est des su jets d’hospice, dégénérés, pourvus de malf orma tions cérébrales, 
qui offrent de la maladie les spécimens les plus noirs. Mais ces 
sujets sont moins des épileptiques que des idiots faisant de l’épilepsie 


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REVUE DBS PÓRIODIQUES 


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Leiur maladie consiste non pas à avoir des crises intermittentes, mais 
dans un état d insuffisance cérébrale chronique et incurable. 

Chez beaucoup d’autres,en revanche,bien constitués, aussi normaux 
quant à l’intelligence que la moyenne des humains, les crises comitiales 
nous apparaissent comme une affection accidentelle, comme une 
réaction du système nerveux, sous des influences occasionnelles que 
pourraient et que devraient guérir, si nous savions bien les traiter. Les 
crises peuvent survenir, chez n’importe qui, à tout àge, sans que rien 
auparavant eùt permis de les prévoir,sans qu’il n’en reste rien, si le 
malade a le bonheur de s’en débarrasser. Chacun de nous peut faire des 
accidents comitiaux, comme il peut faire un accès de dépression, 
d’angoisse, de la tachycardie ou de ia tubercuiose. Et cela ne l’empè- 
chera pas d’avoir du talent, mème du génie, témoins Flaubert èt 
Napoléon. 


REVUE DES PÉRIODIQUES 


BELGIQUE 

Journal de Neuràlogie, janvier 1913. 

L’action du nucléinate de aoude en médecine mentale, par 

db Block. — Si nous envisageons Yefficacilé Ihérapeulique de la médi- 
cation nucléinique, nous sommes bien forcés d’avouer que nous ne 
partageons pas l’enthousiasme que des auteurs — et non des moindres 
— ont manifesté, tant en Allemagne qu’en France. C’est ainsi que, 
chez quinze paralytiques généraux injectés régulièrement, nons 
n’avons jamais pu mettre sur le compte du médicament les modificar 
tíons survenues dans l’état mental de l’aliéné. Nous savons, en effet, 
combien les rémissions vraies et durables peuvent s’observer chez 
cette catégorie d’aliénés, et combien surtout les améliorations Iógères 
et passagères sont íréquentes. Or nous n’avons jamais eu affaire qu’à 
ces courtes améliorations. Les attribuer à la thérapeutique employée 
serait faire fi des observations cliniques journalières des asiles. 

L’affaiblissement intellectuel, l’hébétude, la dépression, les phases 
d’excitation ne íurent pas modifiées en effet d’une fagon appréciable 
pas plus que la mémoire. 

Lesétatsdélirantsont pu changer de forme ou disparaítre pendant 
les semaines que durait le traitement ou après la dernière piqùre, mai, 
fautril voiv là une relation de cause à effet? Evidemment non, les 
paralytiques généraux sont trop mobiles à ce point de vue. 


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176 REVUE DE PSYCHIATRIE 

L’état physique s’est quelquefois amélioré : le poids s’accroissait 
de 1 à 2 kilogrammes pendant la cure. Mais cette augmentation ne fut 
pas constante. Six fois sur quinze, le poids diminua méme sensible- 
ment. 

Deux déments précoces restèrent aussi apathiques à la suite des 
quatre ou six piqùres qu’ils purent recevoir. 

Quant à trois autres aliénés, les résultats sur leur état psychique 
íurent aussi nuls. 

De vingt cas cliniques que nous avons soumis à la nucléinothérapie, 
nous croyons pouvoir conclure à l’influence plutòt douteuse du médi- 
cament sur l’état psychique des aliénés. 

Gn raison de ces résultats, nous estimons qu’il est préférable de 
renoncer à la méthode nucléinique chez les aliénés. 

FRANGE 

La Clinique , 28 février 1913. 

Le8 criminels et les délìnquants à resp onsabilité atténoée, 

par A. V igouroux. — « Admettre, avec le professeur Grasset, que tous 
ces délinquants sont, a priori , incapables d’ètre intimidés par les 
peines ordinaires nous paraít impossible dit M. Vigouroux. 

« Si nous croyons avec lui que, pour certains,les courtes peines sont 
insuffisantes, que vraisemblablement ies peines subies dans les prisons 
ou dans les maisons de correction devraient et pourraient avoir un 
effet plus moralisateur, nous ne croyons pas pouvoir affirraer qu’une 
peine plus sévère et mieux appliquée n’aurait pas l’effet inhibiteur 
recherché. Plus d’un individu à moralité peu développée, à volwité 
faible, est retenu dans le droit chemin par la crainte d’un chàtiment 
déjà éprouvé. 

« Nous estimons que ces délinquants ou criminels, si voisins des 
pervers ordinaires par certains còtés, mais si distincts par d’autres, 
doivent étre soumis aux mèmes procédés d’intimidation que les 
autres, aux mémes moyens de traitement que les autres, au moins 
pendant un certain temps, et que c’est seulement lorsque, par leurs 
récidives nombreuses, ils auront donné la preuve de leur indifférence 
aux moyens d’intimidation, qu’ils pourraient ètre reconnus par les 
experts irresponsables, parce que « non intimidables » et susceptibles 
d’ètre placés dans l’asile-prison leur vie durant. 

« De mème que la Société relègue ses malfaiteurs responsables 
lorsqu’ils ont encouru un certain nombre de pénalités, de mème eile 
se défendrait par un intemement à longue échéance des anormaux qui 
n’ont pu ètre in intimidés ni áméliorés ». 


Le Gèrant : O. DOIN. 

PABI8. — IMPJUMBRIB LEVÉ, 71, RUB DB RENIfES. 


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INFLUENCE DE LA MENSTRUATION 
SUR L’ÉPILEPSIE 

Par MM. E. Toulouse et L. Marchand. 


Les rapports des crises épileptiques avec la fonction ovarienne 
sont encore mal précisés. Si l’on examine les résultats auxquels 
sont arrivés les auteurs, on remarque que les opinions les plus di* 
▼erses ont pu étre exprimées. Dans cette question, deux cas sont 
4 considérer : d’une part l’influence des règles sur les accidents épi- 
leptiques, d’autre part l’influence de l'aménorrhée et de la dysmé- 
norrhée sur l’épilepsie. 

1° Influence des Règles. 

Depuis les temps les plus reculés, médecins et malades ont consi- 
déré la menstruation comme une fonction ayant une influence né- 
faste sur la marche de l’épilepsie. Gertains auteurs, entre autres 
Spartling (1), ont mème prétendu que si l’épilepsie débuté si 
fréquemment à l’fige de la puberté, c’est quelle est due à l’appari- 
tíon des règles. Les recherches précises sur cette question commen- 
eent avec Beau,Bouchet et Cazauvielh, Marotte, Villard et Brierre de 
Boismont. 

Beau (2) conclut formellement à l’influence aggravante des règles. 
Bouchet et Cazauvielh admettent qu’elles déterminent l’aggrava- 
tíon aussi souvent que l’amélioration de l’épilepsie. 

Marotte (3) note que la multiplicité des accès a souvent pour 
mobQe les retours périodiques des règles; il donne un certain nom- 
bre de cas où le mal comitial affecte une périodicitécorrélative aux 
règles. Enfm, il montre que quelquefois chez les jeunes filles épi- 
leptíques l’apparition de la menstruation donne une nouvelle im- 

(1) Sfarturo. New-York med. journ., 20 mai 1905. 

(2) Bbau. Recherches statistiques pour servir à l’hietoire de l’épilepsie et 
de l’hyetérie. Areh. gin. de méd., 2* série, liv.XI,fuillet 1836. 

(3) Mabottb. Reme míd. chirurg., 1851. 

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pulsion à l’épilepsie. Villard (1) admet que la menstruation, quand 
elle devient régulière, peut diminuer le nombre des crises qui ce- 
pendant se produiront plutdt au moment des époques cataméniales 
que dans la période intercalaire. « Si í’épilepsie, dit-il, agit sur la 
menstruation en retardant le moment de son apparition et en la 
rendant irréguUère, lorsqu’elle est développée, la menstruation à son 
tour agit sur la maladie en diminuant quelquefois la fréquence des 
accès, lorsqu’elle est régulière, et en provoquant presque toujours 
les crises à chaque période cataméniale. » 

Delasiauve (2) considère également que la menstruation ne 
doit ètre considérée comme défavorable que dans ses perturba- 
tions; la régularité des règles est souvent unecondition avan- 
tageuse. 

Brierre de Boismont (3) a une opinion qui diffère des auteurs 
précédents. Après avoir montré quel’apparitiondes règlesprovoque 
souvent l’épilepsie, il cite le cas d’une jeune fille épileptique, chez 
laquelle l’apparition des règles eut le plus heureux effet;chez cette 
malade, les crises disparurent avec 1’étabUssement des mens- 
trues. 

EUiotson (4) rapporte une observation semblable. Une jeune 
femme qui avait été atteinte d’épilepsie dans son enfance, ne prè* 
senta plus d’accès dès qu’elle fut menstruée.Lescrisesréapparurent 
après trente ans de guérison, au moment de la ménopause. Etche- 
pare (5) donne également des exemples dans Iesquels les périodes 
cataméniales semblent avoir une influence favorable. 

Gette question de l’influence des règles sur I’épilepsie est restée 
peu étudiée après ces premiers travaux. Par contre, les recherches 
modemes sont très nombreuses. Nous les citeron!s par ordre chrono- 
logique. 

J. Voisin et P. Petit (6} admettent que la menstmation a une 

(1) Villabd. Oe la meostraation chez 1m épileptlques. Moav. méd., 1868; 
qm 30 et 31. 

(2) Dblasiauve. Tralti de Vipiìeptie, 1854, p. 162. 

(3) Bbiebrb db Boismond. De la menttruaUon conaidirée dans ttt rapportt ptp 
tiologiquet el pathologiquu. Paris, 1842. 

(4) Elliotson. Cité par Maclachlan. A praclical ireatise on the diteatet and 
infirmlliet of advanced life, 1863, p. 110 

(5) Etchbparb. La menstraation chez les aliéads Reo. med. del Uruguag, 
déc. 1904. 

(6) J. Votsm et P. Pbtit. De l’intoxicatton dans l'épQepsie. Arch. de Nemi, 
avril 1895, p. 257. 


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INFLUENCB DE LA MBNSTRUATION SUR L’ÉPILEPSIE 


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inflaence très manifeste sur la production des accès épileptiques 
et sur leur nombre. « A l’époque dés règles, disent-ils, les accès de- 
viennent plus fréquents, plus nombreux. Chez beaucoup de ma- 
lades mème, ils n’apparaissent qu’à ce moment etcelaavecune régu- 
larité parfaite. »Féré(l),GéIineau(2), Breman(3), Kowalewski (4), 
Magnin (5) constatent également la recrudescence des accès au 
moment des règles. Breman, dans un cas d’épilepsie où les accès 
n'apparaissent qu’au moment des règles et qu’il appelle « ipilepsie 
menstruelle », n’hésita pas & intervenir chirurgicalement en faisant 
la transplantathm ovarienne. 

L’observation de Gualino (6) estunbel exemple d’épilepsie mens- 
truelle. II s’agit d’tme jeune fllle atteinte de convulsions & l’fige de 
deux ans; première crise & 14 ans au moment de I’installation de ses 
règles. Dans la suite, eUe a deux à trois crises par mois et tou- 
jours pendant les périodes menstruelles. L’auteur suspend les 
iègles en employant en injections le chlorhydrate de cotamine 
oa styptycine quelques jours avant l’époque des règles. Suppres- 
Eion des règles et des crises. Le cinquième mois, les injections 
ayant été suspendues, les crises reparurent. L’auteur donna ensuite 
de la substance ovarienne (2 tablettes d’ovaire sec Boche) pendant 
leBdixjoursprécédant l’époque présumée des règles; les crises furent 
mspendues malgré les règles. 

L’observation récente de Slaviero (7) est à rapprocher de ceUe 
de Gualino. Une femme de 50 ans,|sans tare,a des règles abondantes 
et irrégulières qui s’accompagnent d’accès épileptiques. Ges der- 
nières cessent à la ménopause, en mgme temps que la disparition 
des règles. Ces observations forment la contre-partie de celles que 
nous citions plus haut, et dans lesquelles les accès cessent au mo- 

(1) PÉHfe. TraiU des Bplleptla, p. 284. 

(!) GSunbau. Traiii dea EpilepsUe. BalDière, Paris, 1901. 

(3) Bbbman. EpOepsie menstruelle traitfce per la transptaiitation ovarienne. 
Ru. mtd. da Canada, 17 |uin 1903, n° 51. 

(4) Kowalewski. Die Menslrualion und die Menstruaiionspsyehen. St-Piters- 
beeig, 1894, p. 40. 

(5) Magnw. a propos des npports entre l’épilepsie et la menstroation. Beho 
mUic. du Nord, 25, xn, 1904. 

(4) Guauno. Contribution cUnique à la patbegteie de PipOepale menstrueOe, 
Am. di /ren., fasc. iv, déc. 1907. 

(7) Slavibbo. Sur nn cas d’èpUepsie apparue vers l’èpoquede la mteopouse. 
tìMorgagni ,n« 7, fuiUet 1911, p. 274. 


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ment où s’établissent les menstrues et réapparaissent au moment 
de la ménopause. 

Dans de telles recherches,ilest impossible d’ètre afhrmatif. G’est 
ainsi que Maes et Claude (l),qui ont suivi 16 malades, donnent les 
conclusions suivantes.Dans cinq cas, les règles ont eu une action ag- 
gravante; dans un cas, elles ont eu une action favorable; dans trois 
cas.elles n’ont eu aucune influence. A propos des 7 demiers cas, 
les auteurs ne donnent aucime indication. 

Parhon et Uréchia (2) constatent que les époques menstruelles 
aggraventlafréquenceetl’intensité des accès; ils admettent comme 
pathogénie une influence de la sécrétion ovarienne sur le méta- 
bolisme général. Trepsat (3) arrive & conclure que le nombre des 
attaques est en général accru pendant les périodes menstruelles. Le 
plus grand nombre des crises est souvent noté après l’écoulement 
menstruel. 

Gordon (4) note comme la plupart des auteurs la fréquence des 
cas où les attaques ne surviennent que pendant les périodes mens- 
truelles. Lévi Bianchini (5) arrive aux conclusions suivantes: 
75 0/0 des cas d’épilepsie chez la femme débutent avant la tren- 
tième année; dans 35 0/0 des cas, on constate l’influence de la fonc- 
tion menstruelle; on peut désigner ces formes dunomd’ « épitepsie 
menstruelle ». La menstruation agit en augmentant le nombre 
et la gravité des attaques; pendant les périodes menstruelles, les 
accès sont quatre fois plus nombreux que dans leur intervalle. L’au- 
teur propose comme remède la castration complète ou unilatérale. 
Gitons enfìn les deux observations de Davidson (6) qui n’a pas 
hésité à pratiquer chez ces malades atteintes d’« épilepsie ovarien- 
ne » l’ovariotomie; cette opération aurait amené la guérison de 
l’épilepsie. 

(1) Mabs et Claudb. Contribution à l'étude de l’épilepsie idiopathique. Ann. 
d'tíecl. a de radiologie, avril-mai 1907. 

(2) C. Pahhon et C. I. Urechia. Quelques considérations sur l’influence de la 
menstruation sur la fréquence des accòsd’épilepsie. Journ.de neuroL,5 déc.1908, 
p. 441. 

(3) L. Trbpsat. EpQepsÌe et menstruation. L'Enciphale, fuin 1908, p. 486. 

(4) A. Gordoh. L’épilepsie dans ses relations avec les pòriodes menstrueDes. 
NeufYork med. journ., n° 1611, 16 oct. 1909, p. 733. 

(5) Levi Bianchini. L’épilepsie menstruelle. Arch. di ptleh. neuro-palh. 
anirop. crim. e med. leg., n° 4, 1906. 

(6) Hugh. S. Davidbon. Epilepsie ovarienne et son traitement par l’ovario- 
tomie. Edinburg med. journ., Vol IV, n° 2, fév. 1910, p. 125. 


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INFLUENCB DE LA MEN8TRUATI0N 8UP l'ÉPILEPSIB 


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Ainsi l’opinion générale des médecina et méme des malades est 
qne les règles provoquent une recrudescence accusée des accidents 
convulsifs ou vertigineux. 

Ayant eu Foccasion de suivre certaines malades dont l’observa- 
tion ne répondait pas & cette opinion, nous avons établi une expé- 
rience portant sur 10 épileptiques femmes adultes atteintes de la 
forme appelée communément essentielle. Chacune a été observée 
durant au moins une année et la plupart pendant deux ans envi- 
ron. Nos recherches portent sur un total de 229 époques mens- 
truelles. 

Nous avons voulu faire ressortir l’influence des menstrues sur 
la période des règles ainsi que sur les périodes qui les précèdent et 
qui les suivent immédiatement. Ces trois périodes sont ce que nous 
appelons la piriode menstruelle. Nous avons recherché également 
le nombre des accès pendant les périodes iniermenalruelles , c’est-à- 
dire pendant les périodes comprises entre deux périodes mens- 
truelles. Pour cette étude, voici comment nous avons procédé. 

Nous avons constitué la période menstruelle en prenant, avant 
et après les jours de règles, un nombre de jours égal, de manière à 
constituer trois parties: une partie prémenstruelle, une partie mens- 
truelle et une partie postmenstruelle, toutes trois d’égale durée. 
Pour suivre l’évolution des accidents, nous avons divisé également 
la période intermenstruelle en trois parties afin denous bien ren- 
dre compte des dìfférences présentées par l’intensité de l’épilep- 
sie aux différents moments de ces différentes périodes. 

Si l’on considère que la durée moyenne des époques menstruelles 
est de5,3 jours, on voit que les trois périodes prémenstruelle, mens- 
truelle, postmenstruelle sont sensiblement égales aux trois parties 
de la période intermenstruelle. 

En procédant de cette manière, nous nous sommes rendu compte 
de l’influence des règles sur l’épilepsie à tous les moments du mois 
menstruel. Nous dirons mème que sans ce travail on risque de ne 
pas 8aisir le mécanisme de l’influence des règles sur les périodes qui 
les précèdent et qui les suivent. 

Nous avons relevé 663 accès pendant les trois parties de la pé- 
riode menstruelle et 649 pendant les trois parties de la période 
mtermenstruelle. Si l’on considère que la période menstruelleest 
d’une durée un peu plus longue que la période intermenstruelle, on 


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REVUE DE P8YCH1ATRIB 


ae rend compte que la période menstruelle n’est pas sensiblement 
plus chargée en accès dans son ensemble que la période intermens- 
truelle. Mais gràce ò notre méthode d’observation nous allons sai* 
sir quelques faits intéressants dans la répartition, dans chacune de 
ces deux périodes, des accès dont le nombre total est à peine diffé- 
rent. 

Sil’on considère, de la manière que nous avonsindiquée, les trois 
parties prémenstruelle, menstruelle et postmenstruelle, on relève 
un plus grand nombre d'accès pendant la partie menstruelle. On 
peut dire que Ies règles jouent un rdle de « collecteur > des accès 
au détriment des deux parties qui leur sont précédentes et consécu- 
tives. 

Pendant les parties formant la période intermenstruelle, le nom- 
bre des accès est sensiblement le mème pour chaque partie. II serait 
cependant un peu inférieur aux autres ò la troisième période coxnme 
si les règles faisaient déjà sentir leur influence en empècbant les 
accès de se produire en ce moment pour les faire éclater pendant 
!a péríode menstruelle. 

Pendant la partie menstruelle, les accès sont plus fréquents au 
milieu de celle-ci. Au début et à la fín des règles,|les accès sont encore 
plus nombreux que pendant les périodes prémenstruelle et post- 
menstruelle. 

11 n’y a pas de rapport entre la fréquence des accès et la durée des 
règles. Ghez une mème malade.une période menstruelle très courte 
peut s’accompagner d’accès aussi nombreux qu’une période plus 
longue. 

L’irrégularíté des règles ne paralt pas avoir d’action sur la fré- 
quence des accès. 

Ghez certaines malades (quatre sur dix dans nos recherches), la 
période des règles a manifestement une influence aggravante 

2° Influence de l’aménorrhée et de la dysménorrhée. 

L’influence de l’aménorrhée et de la dysménorrhée sur I’évolu- 
tion de l’épilepsie est mal précisée. Nous avons vu antérieurement 
que tantdt chez certaines malades la ménopause avaitune influence 
heureuse, tantdt chez d’autres une influence défavorable. Quand 
il s’agitde préciser l’influence de l’irrégularité des règles ou de leur 


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INFLUENCE DE LA UENSTRUATION SUR L’ÉPILEPSIE 


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sospension, ou se heurte & de grandes difficultés d’appréciatkm. 
Est-ce l’épilepsie qui est cause de l’aménorrhée ou de la dysménor- 
rhée ? Ces troubles dans les fonctions ovariennes ont-ils une in- 
fluence sur la marche de l’épilepsie? Les troubles menstruels sont- 
ibdus à un trouble de l’état général des épileptiques ? Autant de 
questions difHciles à résoudre. 

Delasiauve (1) considère l’irrégularité des règles comme une 
cause d’aggravatkm de l’épilepsie. 

Berthier (2) admetquel’arrètderécoulementmenstrueldonne nais- 
sance presque aussi souvent que son excès aux névroses convulsives; 
sasuppressionparémotion violente produit de préférence l’épilepsie. 
Georget avait remarqué depuis longtemps qu’une frayeur peut ren- 
dre épileptique unefemme,surtout quandcelle-ciestdansunepériode 
moistruelie. 

Trepsat (3), qui a étudié particulièrement l’action de l’épilepsie 
sur la menstruation, trouve, sur 18 malades, 7 épileptiques réglées 
règulièrement et 11 réglées irrégulièrement. II remarque qu’en gé- 
néral l’époque de la puberté est retardée chez les épileptiques. 

Parhon et Uréchia (4), après avoir admisl’influence aggravante 
des règles sur la marche de l’épilepsie, trouvent que dans certains 
cas c’est l’absence des menstrues qui exerce une action défavorable. 
L’aménorrhée est due non à l’épilepsie, mais à une perturbation 
d’origine et de nature inconnues de l’organisme tout entier. 

Lévi Bianchini (5) fait la remarque que chez 65 0 /0 de femmes 
épileptiques les menstrues sont irrégulières. 

II semble que les auteurs qui ont voulu voir une relation entre la 
dysménorrhée et l’aménorrhée avec les accès épileptiques n’aient 
pas assez tenu compte que l’épilepsie est une maladie qui avant 
tout a pour cause des lésions cérébrales. 

Les troubles menstruels, quand ils ont une action défavorable 
sur la marche de l’épilepsie, agissent soit par suite d’une con- 
gestion cérébrale supplémentaire, soit par la suppression de la 

(1) Dklasiauvb. Traiti de Vipiìtpsie. 1854, p. 102. 

(2) Bbrtbibr. Det nivrotet menslrueilet ou de la menatrualion dant tet rap - 
pertt aoee let maladiet neroeutet el mentalet, 1874. 

(3) Trbpsat. Loe. eit. 

(4) Parhon et Urbchia. Loe. eil. 

(5) Lbvi-Bianchini. Loe. eit. 


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8écrétk>n d’humeurs utiles àréconomie(Toulouse et Marchand) (6). 

Conclution : Pinfluence des règles sur Papparition de l’épilepsie 
est très variable. L’établissement des règles peut faire disparaltre 
Pépilepsie ou au contraire Paggraver; il en est de mfime de la méno* 
pause. Dans certains cas le début de Pépilepsie sembleliéà Pappari- 
tion des premières règles. 

Ghez la plupart des malades, les règles n’ont aucune influence 
sur la production des accès. Ghez certaines, les règles jouent le rfile 
de collecteur des accès au détriment des autres jours du mois. Ghez 
d’autres enfin, les règles aggravent manifestement Pépilepsíe. 

II n’y a pas de rapport entre la fréquence des accès et la durée des 
règles. 

L’influence de la dysménorrhée ou de Paménorrhée sur la marche 
de l’épilepsie est des plus variables. Aucune règle ne peut fitre éta- 
blie. 

(1) E. Toulodsb et |Uarcbamd. De' la tbérapeutlque ovarienne cbes Ue 
épilepUqnee. Soc. de Biol., 18 févriei 1899. 


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LE PROJET DE REVISION 


DB 

LA LOI DE 1838 SUR LES ALIÉNÉS (1 > 

Par M. le Prof. Gilbert Ballet. 


L'Académie ne s’étonnera pas que je me sois décidé & lui soumet* 
tre quelques observations, à mon sens nécessaires, au sujet du pro- 
jet de révision de la loi de 1838 sur les aliénés, voté par la Gbamhre 
des députés et actuellement soumis au Sénat. Elle comprendra 
qu’un projet de cette nature, qui vise le régime applicable à une caté- 
gorie nombreuse de malades, sollicite l’intérét des médecins : les 
objections, dont plusieurs de ses articles me semblent passibles, ne 
gauraient avoir plus de poids que présentées ici. J’ajoute que, par 
one heureuse circonstance, le président et rapporteur de la commis- 
àon Bénatoriale chargée de préparer et de présenter le projet, est 
un de nos collègues, M. le Sénateur Paul Strauss, et que, de ce fait, 
ce qui se dira ici pour ou contre la loi, a chance d’avoir plus d’in- 
fluence sur la discussion et le vote du Sénat. 

Une autre raison encore m’a déterminé. à prendre la parole. 
Avant d’arréter les termes de sonrapport, lacommissiondu Sénat, 
dans un sentiment de prudence et de sagesse auquel je suis heureux 
de rendre hommage, avait cru devoir solliciter l’avis de quelques 
psychiatres. Notre collègue, M. Magnan, je crois, et moi-méme 
avionsété invités à déposer devant elle. Mais depuisnotrecomparu- 
lion des circonstances fàcheuses, la mort du président, la non-réé- 
Wction du rapporteur, y ont amené des modifications qui, je le 
crains bien, auront fait disparaltre le souvenir des observations que 
»0U8 avions présentées à la commision. G’est un motif suffisant pour 

(1) Communication falte à l’Académie de médecine, séance du 6 mai 1913. 


Qjgitizecs ty Go^ pgle 


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que je croie de mon devoir de rappeler ici quelques-unes de celles 
que, pour ma part, j’avais jugé opportun de lui soumettre. 

Pour apprécier une Ioi relative au régime des aliénés, il importe 
d'avoir présent & l’esprit qu’elle doit étre d’une part une loi 
d'assislance, puisqu’elle vise des malades, d’autre part une loi de 
proleciion sociale, puisque quelques-uns de ces malades sont des ma- 
lades dangereux. 11 ne faut pas perdre de vue, d’autre part, qu’un 
certain nombre — je dis un certain nombre — d’entre eux sont des 
malades diiférents des autres en ce que, inconscients de leur ma- 
ladie, ils n’acceptent pas les soins dont ils ont besoin et protes- 
tent contre les mesures que ces soins nécessitent; d’où, dans leur 
intérét mème, la nécessité de les leur imposer. 

Malades dangereux, contre lesquels il faut se protéger; malades 
prolesìalaires, nettement et formellement protestataires, auxquels 
ilest nécessaire d’imposer le traitement; maladessusceptibles sim- 
plement d’assistance , voilà donc trois catégories dont la loi doit tenir 
compte : ce qui exige trois régimes différents. Soumettre aux mèmes 
formalités légales les malades des trois groupes aboutirait ou à dé- 
fendre insuffìsamment la société, ou à entourer de garanties insuf- 
fisantes l’atteinte obligée à la liberté individuelle, ou à imposer sans 
nécessité, ce qui ne serait pas moins grave, des mesures vexatoires 
à des malades et à des familles dignes de pitié. 

Tous nous avons ici le souci de la sécurité sociale, tous, et les psy- 
chiatrescommelesautres.nousavonsle soucidelaliberté individuelle, 
mais tous aussi nous devons avoir, avec le respect de l’infortune, 
la préoccupation de ne pas aggraver par des obligations légales, 
qu’aucun intérèt ne justifìerait, la douloureuse situation des psycho- 
pathes et les ennuis de leurs proches. 

A cet égard le projet de loi soumis au Sénat est-il de nature à nous 
donner satisfaction ? C’est ce que je n’hésite pas à contester. 

Certes, la loi de 1838 n’est pas parfaite. Ce n’est pas qu’elle se 
prète, comme on l’a dit, aux prétendues séquestrations arbitraires. 
Nous attendons encoreque ceuxqui, auParlementou dans la presse, 
en parlent si allègrement, apportent à l’appui de leurs affirma- 
tions d’autres exemples que les trois cités partout et qui (je ne veux 
pas rappeler les noms propres) visent un persécuté persécuteur ty- 
pique, un maniaque classique et une débile mentale avérée. Invités 
à donner des preuves, ceux qui parlent le plus haut des inteme- 


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LA LOI DB 1838 SIIR LBS ALIÉNÉS} 


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ments illicites en sont d’ordinaire réduits à se dérober plus ou moins 
prestement, comme cet éminent écrivain, l’une des plus hautes il- 
lustrations de notre littérature (c’est pour cela que je le cite), qui, 
à une question indiscrète que je lui avais posée & la suite d’un de ses 
articles, me répondait: « Le ton de certitude que j’ai eu dans mon 
article m’a été inspiré par le souvenir d’événements de famille que 
je ne tiens pas & publier et que vous me permettrez de garder pour 
moi, au risque de passer pour avoir parlé sans documentation. » Je 
lui demandais des faits, je n’exigeais pas des noms. 

Le vice de la loi de 1838 est ailleurs. Quelle qu’ait été l’intention 
deceux qui la congurent, en pratique et sauf dans quelques départe- 
ments particulièrement importants, comme la Seine, on a fait d’une 
loi, qui est à quelques égards une loi d’assistance, une loi de simple 
protection contre les aliénés génants ou dangereux; dans la plu- 
part des asiles, en effet, il n’y a guère qpe des placements d’offìce, 
c’est-à-dire ordonnés par l'autorité publique. A ce point de vue, 
le projet soumis au Sénat marquerait un progrès réel. En effet, Ie 
paragraphe premier de l’article 3 est ainsi congu : « L’assistance 
et les soins nécessaires aux malades atteints d’affections mentales 
des deux sexes (il vaudrait mieux dire : aux malades des deux sexes 
atteints d’affections mentales) sont obligatoires ». Je n’ai pas be- 
soin d’insister pour montrer combien cette rédaction est préférable, 
parce que plus humanitaire et plus philanthropique, à celle du pro- 
jet voté par la Chambre et qui dit : « L’assistance et les soins né- 
cessaires aux aliénés sont obligatoires ». La Chambre propose d’as- 
sister les seuls aliénés, la commission du Sénat tous les malades at- 
teints d'affections menlales ; les médecins ne se tromperont pas sur 
la différence : une loi qui viserait les seuls aliéncs deviendrait, par 
la force des choses, comme celle de 1838, une simple loi de sécurité 
publique; au contraire, une loi visant tous les malades affectés de 
troubles mentaux est bien une loi d’assistance. Mais la commission 
du Sénat a-t-elle vu oii devait la conduire sa rédaction généreuse ? 
* Le texte nouveau, dit M. Paul Strauss, a pour principale innova- 
tion d’obliger le département à posséder un établissement public 
ou de traiter avec un établissement public d’un autre départe- 
ment », aulieuqu’il puisselefaireavecunétablissement privé.comme 
le permettait la loi de 1838. J’y vois une autre innovation d’une 
portée sociale très haute et, par conséquent, très louable. Ce ne sont 


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REVUE DE PSYCHIATRIB 


plus seulement les délirants, redoutables à un titre quelconque pour 
la communauté, que l’asile pourra désormais recueillir, ce seront 
tous les malades atteints « d’affections mentales » de toutes for- 
mes qui auront besoin d’étre assistés et traités: malades affectés de 
confusion mentale toxi-infectieuse, mélancoliques, obsédés de toute 
nature, déments précoces inoffensifs, hystériques, d’autres encore. 
Médecin, je ne puis pas ne pas applaudir aux intentions généreuses 
de la commission du Sénat qui, si elles se réalisaient, ce que j’espère, 
constitueraient, il ne faut pas se le dissimuler, un acheminement vers 
l’assistance obligatoire de tous les infìrmes ou malades indigents. 

Mais je demande à la commission du Sénat et à son éminent pré- 
sident de ne pas reprendre d’une main ce qu’ils semblent vouloir 
donner de l’autre, et leur philanthropie serait un leurre, que M. P. 
Strauss me permette de le dire, s’ils mettaient à l’assistance des 
conditions inacceptables pour ceux qui ne seraient pas contraints de 
s’y soumettre. Or, c’est, hélas, je vais le montrer, ce que fait le pro- 
jet de révision proposé. 

Je ne demande pas pour les malades atteints « d’affection men- 
tale » Ia mise en pratique actuelle de la formule que je crois ferme- 
ment étre celle de l’avenir, d’un avenir où l’on aura pour les malheu- 
reux dont il s’agit, et pour leur famille, plus de pitié et de généro- 
sité. Cette formule, je l’ai dite ici: le psychopaihe aigu à l’hópilal , le 
psychopaihe chronique á l'hospice ou á la colonie. Les Iégislateurs de 
1838 n’avaient pas prévu qu’en prescrivant la construction des asi- 
les, ils organisaient des sortes de léproseries et de maisons mal fa- 
mées. L’asile, cela vaut moins que 1’hOpital, que l’hospice à quar- 
tiers séparés, dont le malade, du moins, peut franchir la porte sans 
qu’il en résulte une tare pour lui et sa famille. Mais je n’ignore pas 
que le moment n’est pas proche où l’assistance aux indigents sa*a 
assez générale, les hOpitaux et les hospices assez nombreux pour 
que les malheureux atteints de maladies mentales puissent y trou- 
ver place, à còté, sinon au milieu des autres malades ou infìrmes. Et 
je me tiendrais pour satisfait, confìant dans l’avenir, si je voyais se 
dessiner simplement une orientation dans ce sens. 

Au demeurant, à défaut d’hdpital et d’hospice, l’asile vaut mieux 
que rien. Au moins, effor^ons-nous de faire qu’il se rapproche de 
l’hópital et de l’hospice plus que de la prison. Les médecins, par le 
non restreint, par la suppression de la camisole et de la cellule, par 


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Origirìal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



LA LOI OE 1838 SUR LES ALIÉNÉ8 


189 


l’a&tement, s’y sont employés, et voilà que le législateur nous me- 
nace d’un mouvement en sens inverse. Si le Sénat commet la faute, 
l’impardonnable faute, de voter le projet qu’on lui propose, tel 
qu’on le lui propose, l’asile se sera rapproché de la prison. 

Mon premier grief, mon gros grief contre ce projet, c’est qu’il ad- 
met pour tous les malades — sauf, je ne l'oublie point, tout au début 
du traitement — l’intervention de la magistrature et d’une déci- 
skm judiciaire. 

Je me hàte d’établir ici des distinctions nécessaires. La loi de 
1838 remet à l’administration et au médecin le pouvoir, à mon sens 
exorbitant, de décider de l’opportunité de l’internement ou de la 
libération des aliénés délinquants ou criminels. J’estime qu’en cela 
elle a méconnu les principes de notre droit public. G’est à la magis- 
trature qu’incombe la mission de prendre les mesures destinées à 
protéger la société; le médecin ne doit, il me semble, intervenir dans 
l’espèce que pour éclairer les magistrats. J’approuve donc sans 
réserves l’article 22 du projet, qui restitue au tribunal le droit de 
décider si un malade délinquant, et délinquant de par sa maladie 
(je préfère, je le dis en passant, cette formule à celle d’irresponsa- 
ble, qui soulève bien des critiques), si le malade délinquant doit ou 
non étre interaé dans un établissement public ou bien dans un asile 
ou quartier de sùreté. L’article dit : étre interaé définilivemerd ; il 
serait mieux, qu’on me permette cette remarque, de dire : étre in- 
temé jusqu’à nouvel ordre , car il est possible que le malade guérisse 
et cesse d’étre dangereux. 

J’admets encore, et je la crois utile, l’intervention de la magis- 
trature pour imposer un internement nécessaire à cette catégorie 
d’aliénés, qui, inconscients de leur maladie, refusent d’accepter un 
isolement indispensable et protestent d’une fagon formelle, conti- 
nue et cohérente, contre cet isolement. Je l’admets parce que la ma- 
gistrature, aussi bien quand il s’agit d’un intérèt individuel que d’un 
intérét social, me paralt avoir seule le droit de contraindre un ma- 
lade qui ne veut pas s’y soumettre, à une réclusion qui, pour étre 
médicale, n’en est pas moins une réclusion. Je l’admets encore dans 
ce cas, parce que si un interaement arbitraire était possible, c’est 
dans le groupe de pensionnaires d’asile dont je parle qu’on rencon- 
trerait les victimes des séquestrations injustifiables; on ne peut, en 
effet, Bupposer un homme non malade, claustré dans une intention 


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Origirìal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



190 


RBVUB DB PSYCHIATRIB 


coupable, qui ne proteste, suivant les termes dont je me suis plus 
haut servi, d’une fagon continue, formelle et cohérente. Mais les 
psychopathes de cet ordre ne constituent, il ne faut pas l'oublier, 
qu’une exception. 

A cóté d’eux il y a la masse des confus, des paralytiques généraux, 
des mélancoliques, des déments précoces, des maniaques mérae, dont 
la maladie saute aux yeuxdes personnes lesplusétrangères aux fines- 
ses de la pathologie mentale, qui ne protestent pas contre leur in- 
temement, ou qui ne protestent qu’accidentellement, épisodique- 
ment, comme le font certains malades des hdpitaux ordinaires que 
nous n’avons pourtant nul scrupule d’y maintenir quand leur santé 
l’exige. 

Or, à ces malades, qui sont Ie très grand nombre, le projet du 
Sénat, comme celui de la Chambre, impose les formalités les plus 
vexatoires et les plus odieuses. On devine qu’au Parlement, qui 
n’a été hanté que par une seule préoccupation, bien chimérique 
préoccupation, j’ose l’affirmer, celle de multiplier Ies garanties con- 
tre les intemements arbitraires, on n’a eu en vue que les bien por- 
tants; on n’a pas songé une minute aux malades eux-mèmes. Bn 
vain, pour faire accroire qu’il en était autrement, on a multiplié 
les déclarations susceptibles de faire illusion : « A quoi tend, en 
Bómme, la loi nouvelle ? écrit M. Dubief, rapporteur de la loi à la 
Chambre, dans son livre sur le Régime des aliénés. D’abord à ne voir 
dans l’aliéné qu’un malade; à faire tomber le préjugé fàcheux et 
absurde qui fait de I’aliénation mentale une tare autre que celle 
de la tuberculose, du cancer o.u de la syphilis; en rapprochant l’hos- 
pitalisation des fous de celle de tous les autres malades... » 

Fort bien! Mais nous allons voir comment on propose de s’y 
prendre pour réaliser cette oeuvre louable. 

Voici un mélancolique. Depuis quelques semaines il est tríste, 
anxieux, s’accuse de méfaits chimériques, s’alimente mal ou pas, 
est hanté d’idées de suicide; qu’il soit pauvre ou qu’il soit riche, il 
est impossible de le garder à la maison : il faut, comme on dit, le 
placer. G’est un accès qui va durer plus ou moins longtemps, trois, 
six, douze ou quinze mois, mais dont le malade sortira guéri et ca- 
pable de reprendre ses occupations. Le traitement et la surveillance 
attentive que nécessite son état ne sont pas incompatibles avec la 
discrétion désirable pour le malade, pour son avenir, pour sa famille. 


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Origirìal frn-m 

UNIVERSITY OF MICHIGAN 



LA LOI DB 1838 SUR LBS ALIÉNÉS 


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i moins que la loi se fasse l'mdiscrète. Or, voici (article 7 du projet sé- 
nalorial) les pièces et formalités qu’ou va exiger du malheureux 
pour le recevoir è l’asile ou & la maison de santé : 1° un certifìcat 
médical. Soit. Mais ce certifìcat, qu’exige déjà la loi de 38, en ne de- 
mandant, ce qui est naturel, que la légalisation de la signature du 
médecin. Si celle-ci n’est pas connue du directeur de l’établisse- 
ment, ce certificat devra ètre, sauf urgence, visé par le maire, le 
juge de paix ou le commissaire de police. Voilà donc un fonction- 
naire initié à l’infortune de notre pauvre mélancolique; si cela se 
passe dans une grande ville, ce ne sera pas très grave; mais si c’est 
à Landemau ? Et pourquoi exiger qu’un magistrat municipal soit 
d’embiée mis au courant d’une affection que ni le malade, ni la fa- 
miDe n’ont intérét à rendre publique ? « Afin, dit M. Dubief, de don- 
ner cette garantie première qu’il ne sera plus possible d’enlever un 
malade sans mème que Ia famille le sache. » Grand merci pour la 
garantie première! Voyons les autres. 

Dans les vingt-quatre heures qui suivent l’entrée du malade, le 
directeur de l’établissement avise : 1° le préfet du département; 
2° le Procureur de la République dans le ressort duquel l’établis- 
sement est situé; 3° le Procureur de la République dans le ressort 
duquel se trouve le domicile du malade. Je n’ignore pas que ces 
prescriptions figurent déjà dans la loi de 1838 : et comme on ne 
songe guère à atténuer ce que celle-là peut avoir d’excessif et de 
vexatoire, je serais mal venu à protester contre l’une des formalités 
qu’elle édicte. Cependant je ne saurais taire les grands inconvé- 
nients, démontrés par la pratique, de l’avis donné au Procureur 
de la République du domicile. Suivez notre mélancolique: il a quel- 
ques ressources; pour ne pas compromettre son avenir, sa famille 
décide de le conduire dans une maison de santé éloignée de son ar- 
rondissement. Vaine précaution : Ie procureur de la petite ville est 
avisé sans délai par son collègue. Certes, il est respectueux du se- 
cret professionnel! Mais dans les cabinets deprocureurdeprovince, 
comme dans ceux des juges d’instruction de Paris, il y a des fis- 
sures, et toute la sous-préfecture ne tarde pas à savoir que notre 
malade est à Paris, à Lyon ou à Bordeaux dans une maison de santé; 
son patron, car je le suppose employé, se hàte de prendre les dis- 
positions pour le remplacer définitivement. Nouveau résultat de la 
loi protectrice. 


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UMIVERSITY OF MICHIGAN 



192 


RBWB DB PBYCHIA.TRIK 


Poursuivons : ici le projet de revision innove. L’article 7, dit 
M. Paul Strauss, renferme une disposition d’une importance ex- 
tréme. Je suis de l’avis de M. Strauss; l’importance de la disposition 
en question est extrème à ce point qu’elle suffirait, & mon avis, si 
elle était adoptée, à vicier radicalement la loi, qui, par ailleurs, con- 
tient de bons articles, je me plais à le proclamer. Gette disposition 
pose le principe de l’intervention judiciaire pour tout placemeat 
définitif; définitif est pris ici dans le sens opposé à provisoire et ne 
signifie pas « placement qui n’aura pas de terme ». Donc « le Pro- 
cureur de la République, qui a l’établissement dans son ressort, 
saisit le tribunal du placement provisoire dont il est avisé. Le tri- 
bunal saisi a seul qualité pour rendre le placement définitif: il prend 
à cet effet une décision en chambre du conseil et basée sur les certi- 
ficats médicaux délivrés par le médecin de l’asile, au cours d’une 
période d’observation qui ne doit pas dépasser six mois. » 

Notre mélancolique est dans l’établissement depuis plus de cinq 
mois : le médecin, escomptant une guérison, possible d’un moment 
à l’autre en pareil cas, a sagement temporisé avant de requérir un 
placement définitif. Mais le voilà acculé à le faire par la loi. Le ma- 
lade guérira dans deux, trois mois; cela importe peu : le tribunal m- 
tervient et consacre, par une décision judiciaire, la qualité, jusque-là 
provisoire, de notre malade, de pensionnaire « définitif » d’une 
maison de fous. 

Pour qui regardera les choses au point de vue purement juridique, 
I’inconvénient parattra mince. Mais pour qui sait les légitimes pré- 
ventions des malades et de leur famille, le souci qu’ils ont d’éviter 
la tare que comporte l’entrée dans une maison spéciale, dont la na* 
ture implique pour ceux qui s’y font admettre une sorte de dé* 
chéance et de déclassement définitif, il est aisé d’entrevoir tout 
ce qu’il y aura de blessant dans la formalité judiciaire qui consti- 
tuera une consécration officielle de ce déclassement. Alors que Ies 
familles s’efforcent actuellement d’éviter les formalités, relative- 
ment réduites de la loi de 1838, à plus forte raison chercheront-elles 
à se soustraire à ce jugement humiliant qui, à quelques égards, 
rappellera ceux qui ouvrent l’entrée des prisons. 

Ni la Ghambre, ni la commission du Sénat n’y ont pris garde. 
Dans leur souci de protéger les bien portants contre un péril ima- 
ginaire de séquestration arbitraire, elles ont perdu de vue l’intérét 


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Qriginal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



LA LOI DE 1838 SUR LES AUÉNÉ8 


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des malades. Les parlementaires ont ignoré que quelques-uns d’en- 
tre eux, et non des moins notables, seraient aujourd’hui injuste- 
ment, mais complètement disqualifiés si la Ioi qu’ils préparent eùt 
existé au moment où les troubles cérébraux transitoires dont ils 
ont été atteints, et qu’on a pu dissimuler, ont nécessité des soins. 

On nous ,dit que l’intervention de la magistrature non seule- 
ment dans les cas exceptionnels des deux premières catégories dont 
j’aiparlé et où je la crois légitime, mais dans tous est unanimemenl 
acceptée. 

Je ne puis pas ne pas m’élever contre une pareille aífirmation. 
Cette unanimité, du moins, ne comprend pas les médecins, parmi 
lesquels se sont déjà produites des protestations que je me permets 
d’accentuer ici. On devine que le projet adopté par la Ghambre et 
celui de la commission du Sénat ont été—encore que Sénat et Gham- 
bre comptent parmi leurs membres beaucoup de médecins, — on 
devine, dis-je, que ces projets ont été inspirés par une conception 
théorique et fausse des malades atteints de psychopathies. J’aime 
mieux l’attribuer à l’ignorance des distinctions cliniques, excusable 
chez des législateurs, qu’à un manque d’humanité. 

J’approuve la commission du Sénat quand, à la différence de ce 
qu’autorise la loi de 1838, manifestement défectueuse sur ce point, 
elle admet que le malade puisse lui-méme, sans l’intervention d’une 
tierce personne, demander son admission dans un asile. G’est fort 
bien. L’article ajoute qu’avis du placement volontaire sera donné 
au préfet ou au Procureur de la République. « Mais, dit le rappor- 
teur, il n’y a pas lieu d’aller au delà et d’exposer les malades à des 
mdiscrétions fàcheuses qui ne tarderaient pas à les éloigner des éta- 
blissements. » Gomment notre éminent collègue, M. Strauss, n’a-t-il 
pas vu que ce commentaire de l’article 9 constitue la critique des 
formalités prescrites à l’article 7 ? II réserve aux malades placés sur 
demande « les indiscrétions fficheuses » susceptibles de les éloigner 
des maisons de santè et des aSiles. C’est faire ressortir les inconvé- 
nients—je ne veux pas dire l’odieux — de ces formalités. 

J’arrive à l'article 10 qui vise les psychopathes soignés dans leur 
famille. Je n’ignore pas que les tribunaux ont eu plus d’une fois 
à sèvir contre des cas révoltants de séquestration à domicile. Les 
malheureuses victimes de l’égolsme et de la cruauté familiales sont 
d’ordinaire des enfants arriérés ou idiots, des vieillards affaiblis ou 

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Origirìal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



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RBVUK DB PSYCaiATBIB 


déments. L’opinion publique s’indigne justement contre les actes 
de barbarie de certains parents dénaturés et il est légitime que l’on 
se préoccupe des moyens de les prévenir. Mais en tout la mesure est 
nécessaire, et le mal serait pire que le remède si les moyens préven- 
tifs imaginés pour empécher le retour de traitements odieux, qui au 
demeurant sont rares, devaient constituer une surveOlance inuti- 
lement tyrannique de nombreux milieux familiaux, d’autant plus 
dignes d’étre respectés que Ie malheur y est entré. Or, le projet dé- 
cide que chaque fois qu’un malade sera soigné chez lui, c’est-à-dire 
au domicile familial, passé six mois l’autorité y fera son entrée; le 
conjoint, parent ou tuteur, devra aviser le Procureur de la Répu- 
blique et lui foumir un rapport sur I’état du malade. J’avoue que 
je ne vois pas sans appréhension cette menace d’une surveillance 
humiliante. Qui de nous ne partagerait ce sentiment en se rappe- 
lant les efforts et les sacrifices touchants dont nous sommes quoti- 
diennement les témoins : l’abnégation d’une mère, d’une fille ou 
d’une épouse se consacrant pendant des mois et des mois à entourer 
de sa sollicitude une fille aboulique et obsédée, un fils dément pré- 
coce, un mari paralytique général, une mère mélancolique, s’atta- 
chant avec une admirable persévérance à défendre contre la maison 
de santé, dans la discrétion jusqu’ici respectée du home, ces étres 
chers dont ils ont 1’iUusion de dissimuler ainsi I’infortune. Désor- 
mais l’homme de loi pénétrera dans le sanctuaire inviolé. G'est grave. 
Etes-vous sfirsque les avantages compenseront lesgrosinconvénients 
de votre disposition législative ? Geux qu’elle atteindra seront ceux 
qui sont respectueux de la loi et dont on n’a guère à redouter qu’ils 
se Uvrent à la séquestration à domicile. Les autres ne trouveront-ils 
pas le raoyen de s’y soustraire? Je crois cette disposition vexatoire 
et inefficace. On ne se contente pas de punir, on présume le délit. 
G’est traiter les malades et leur famille plus mal que les apaches 
qu’on ne place qu’après condamnation, c’est-à-dire après le délit, 
sous la surveillance de la haute police. Je m’indigne comme la com- 
mission duSénat (est-il besoin de ledire?) contre les mauvais traite- 
ments et le manque de soins que subissent quelquefois dans leur 
triste mitieu quelques malheureux malades. Mais ce ne sont paa 
tous.des atiénés; je ne sais pas raéme si ce sont le plus souvent des 
atiénés. II me semble que pour surveiller quelques-uns et empècher 
des actes regrettables, il y a, ne fùt-ce que par le concours de la pó- 


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Origirìal frn-m 

UNIVERSÍTY OF MICHtGAN 



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* 

LA LOI DE 1838 SUR LES AXJÉNÉS 

lice instruite par la voix pubiique, d’autres moyens que ceux qu’ou 
précouise. Ne va-t-on pas prendre un marteau pilon pour écraser 
une mouche, quitte, avec cet engin formidable, à blesser bien des 
gens? 

Que si, pour échapper aux formalités vexatoires qui attendent les 
malades au domicile privé comme à la maison de santé, les familles 
(eela arrive souvent, méme aujourd’hui) songent à l’exode vers un 
é tabiissem ent de l’étranger, illeurfaudrarenonceraussiàcemoyen 
d’entourer dediscrétion leur infortune. La vigilance de la Cham- 
hre et de la commission du Sénat a tout prévu. Article 12 :« Nul ne 
peut étre conduit à l’étranger pour ètre placé dans un établissement 
recevant des aliénés, sans que la déclaration en ait été faite, avant 
le départ, au Procureur de la République du domicile du malade; 
cette déclaration devra étre accompagnée du rapport médical cir- 
cpnstancié prescrit par l’article 7. Tout Frangais qui, à l’étranger, 
provoque le placement d’un Frangais dans un établissement rece- 
vant des aliénés, est tenu de faire, dans un délai d’un mois à partir 
du placement, la déclaration de ce placement au Procureur de la 
République du demier domicile en France du malade. # 

On ne peut pas mieux protéger les gens que ne le fait le projet 
de k)i. Mais vraiment, n’est-ce pas ie cas de s’écrier : trop de solii- 
citude 1 Je vois bien le mal que cette loi ferait, les sentiments res- 
pectables qu’elle blesserait, les humiliations qu’elle imposerait à des 
malades et à des familles durement frappées. Je ne vois pas ce qui 
légitime des mesures aussi draconiennes. S’il y a des faits, qu’on les 
apporte; mais qu’on ne s’imagine pas que pourraient tenir lieu d’ar- 
guments quelques périodes sonores sur les dangers courus par la 
liberté individuelle, quelques phrases archalques sur les cabanons — 
qui n’existent plus — et les bastilles modemes dont on propose de 
mieux fermer les portes au moment méme qu’on dit vouloir les 
détruire. 

Ge n’est pas dans cette direction qu’oriente l’esprit de progrès. II 
exige qu’après avoir restitué à la magistrature ce qui lui appartient 
etn’appartient qu’à eUe, nous nous efforcions de tenir aussi largement 
ouvertes qu’il est possible l’entrée et la sortie des asiles, que nous 
transformions ces demiers en hdpitaux ou hospices, où les mesures 
légales seraient appliquées individuellement suivant les exigences de 
chaque cas, mais non indistinctement et souvent sans nécessité & toua 


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Origirìal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



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REVUE DE PSYCHIATRIE 


ceux qui en franchiraient le seuil. Pour parer aux abus — qu'il est 
aussi sage de tenir pour possibles qu'il serait regrettable de s’en ins- 
pirer comme s’ils devaient ètre la règle — des inspections des mai> 
sons de malades régulières, fréquentes, effectives, par une commis- 
sion de deux membres, associant la double compétence juridique 
et médicale, auraient, j'en suis convaincu, toute l’efficacité dési* 
rable. Ainsi seraient & la fois sauvegardée la liberté des bien por* 
tants, qu’on prétend menacée, et ménagés les intérèts des malades 
et de leur famille. La responsabilité des directeurs de maisons de 
santé, avec les sanctions sévères qu’ils encourraient en cas d’at* 
teinte flagrante & la liberté individuelle, suffirait à tout sans léser 
personne. 

Je sais bien qu'il peut paraltre chimérique de prétendre relàcher 
les prescriptions de la loi de 1838 à l’heure méme où on parle de 
toutes parts de les resserrer. N’accusera-t-on pas de visées para* 
doxales ceux qui songent à transformer en maison ouvertes ces 
léproseries modemes que sont nos asiles actuels ? Peut-ètre. Mais 
on en a dit autant de ceux qui ont parlé de supprimer les moyens 
de contrainte, et de ceux aussi qui ont préconisé l’alitement. Pour* 
tant les moyens de contrainte n’existent plus et l’alitement fonc* 
tionne dans tous les asiles qui se respectent. 

Sans regarder trop loin dans l’avenir, sans exiger de la commission 
du Sénat qu’elle s’avance plus vite qu’elle ne le peut faire dans la 
voie du progrès, je lui demande simplement de ne pas lui toumer Ie 
dos en maintenant les regrettables aggravations que j’ai signalées 
et qu’elle propose d’introduire dans la loi actuellement en vigueur. 

Messieurs, j’ai critiqué le projet de revision de la commission du 
Sénat sans aucun parti pris. Je me plais à rendre hommage à cer* 
taines des dispositions de ce projet, à celles notamment qui visent 
les aliénés dits criminels et la création d’asiles de sùreté. Si je n’a* 
vais craint d’abuser des moments de l’Académie, j’aurais présenté 
quelques observations à leur sujet, mais j’aurais surtout montré 
qu’elles marquent un progrès sur la loi de 1838. Toutefois, quelqu’ait 
été mon désir de louer Ies intentions des législateurs, je ne pouvais 
pas ne pas dire avec franchise quels sont les points sur lesquels ils 
me paraissent faire fausse route, alors surtout que le mal n’est pas 
déíinitivement consommé, et qu’il dépend du Sénat de réformer, 


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Origirìal from 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



LA LOI DB 1838 SUR LES ALIÉNÌS 


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en ce qu’elle a de défeotueux, l'oeuvre de la Chambre et de sa com- 
mission. Or, que le Sénat y prenne garde. Si les observations que 
j’ai présentées sont fondées, la loi qu’on lui propose ne rajeunit pas 
l’ancienne, comme on l’a dit; elle la vieillit. 

Ge ne sera pas une loi de progrès, mais une loi de recul. 

Ge ne sera pas une loi médicale, mais une loi policière. 

Ge sera par surcrolt une loi antidimocrcdique, car les riches trou- 
veront peut-étre le moyen d’échapper à ses rigueurs, les pauvres 
non. 

Pour la justifier on a invoqué le voeu de l’opinion pubUque. Que 
les parlementaires s’occupent de donner à celle-ci satisfaction.o’est 
dans quelque mesure leur devoir. Mais les médecins n’ont pas les 
mSmes raisons d’en tenir compte, ils doivent regarder avant tout 
de quel cfité est l’intérét du malade, de la masse des malades. Ils 
savent qu’on préte souvent à l’opinion des soucis qu’elle n’a pas, 
que d’ailleurs elle est singuUèrement variable, qu’eUe est à la merci 
d’un fait divers, plus ou moins bien rapporté par la presse qui se 
pique plus de célérité que d’exactitude, que suivant les incidents 
du jour eUe est pusillanime ou féroce, que tantòteUes’exalte[pour la 
liberté individuelle, tantót pour la sécurité sociale. 

Qu’on arrive à l’émouvoir en agitant devant eUe le spectre, d’aU- 
leurs illusoire, comme le sont d’ordinaire les spectres, des séquestra- 
Uons arbitraires, ce n’est pas impossible; mais le Sénat aurait peut- 
ètre tort de perdre de vue que si les mesures que sa commission pro- 
pose étaient adoptées, l’opinion, variablede sa nature, pourrait bien 
faire volte-face et s’élever avec une indignation qu’on ne pourrait pas 
ue pas trouver légitime, contre les dispositions vexatoires et inhu- 
maines dont l’Académie, et particuliérement notre exceUent col- 
lègue M. Strauss, m’excuseront d’avoir fait la critique. 


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UMIVERSITY OF MICHIGAN 



NOUVELLES 


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Peraozmel midlcal des asdles. — M. Olivier, médecin-adjoint 
de l'asile public d'aliénés de Blois, promu à la classe exceptionnelle. 

M. Courbon, médecin-adjoint de l’asile public d’aliénés de Dury-les- 
Amiens, promu à ia classe exceptionnelle. 

M. Latapie, médecin-adjoint de l’asiie public d’aliénés de Saint- 
Yon, promu à la première classe. 

M. Robert, médecin-adjoint de l’asile public autonome d’aliénés 
de Cbdteau-Picon, promu à la classe exceptionnelie. 

M. Fouque, médecin-adjoint de l’asile d’aliénés de Bégard, nommé 
médecin-adjoint de la Colonie familiale de Dun-sur-Auron. 

M. Mézie, médecin-adjoint de l’asile public autonome d’aliénées de 
BaiIIeul, promu à la première classe. 

M. Albes, médecin-adjoint de l’asile de Montpellier, promu à la 
classe exceptionnelle. 

Prìx de la Société médico-psychologique. Année 1914.— 

Prix Aubanel. — 1.500 francs. — Question : Les démcnces traumali- 
gues d l'exclusion de la paralysie générale. 

Pnix Christian. — 300 írancs. — Ce prix est attribué chaque 
année par le Bureau de la Société donataire à un interne des asiles 
d’aliénés de Paris ou de la! province, momentanément géné, soit pour 
terminer ses études, soit pour payor sa thèse. 

Prix Esquirol. — Ce prix, d’une valeur de 200 francs, sera décerné 
au meilleur mémoire manuscrit sur un point de pathologie mentale. 

Prix Semelaígne. — 300 francs. — Ce prix est attribué à la 
meilleure thèse soutenue au cours des trois années précédentes, par un 
interne des asiles de la Seine ou des hópitaux de Paris, sur un sujet 
de médecine mentale, concernant de préférence l’histoire, la législa- 
tion ou la médecine légale. 

Année 1915.— Prix Belhomme. — 900 francs. — Question : 
Etude comparée du régime des ré/lexes dans les diverses formes de 
l'idiotie el de leur valeur palhogènique. 

Prix Christian. — 300 francs. — Ce prix est attribué chaque 
année par le Bureau de la Société donataire à un interne des asiles 
d’aliénés de Paris ou de province momentanément gèné, soit pour 
terminer ses études, soit pour payer sa thèse. 


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NOUVBLLBt 


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Prix Esquirol. — Ce prix, d’une valeur de 200 francs, sera décerné 
au meiUeur manuscrit sur un point de pathologie mentale. 

Prix Moreau (de Tours). — 200 francs. — Ce prix sera décernd 
au meilleur mémoire manuscrit ou imprimé, ou bien à la meilleure des 
théses inaugurales soutenues en 1911 et 1912, dans les Facultés de mé- 
decine de France, sur un point de pathologie mentale et nerveuse. 

Nota. — Les mémoires, manuscrits ou imprimés, devront étre 
déposés le 31 décembre 1913 pour les prix à décerner en 1914, et le 
31 décembre 1914, pour les prix à décerner en 1915, au siège de la 
Société, 12, rue de Seine, à Paris, ou chez M. le docteur Ant. Ritti, 
secrétaire général de la Société médico-psychologique, 68, boulevard 
Exelmans, Paris-Auteuil. Les mémoires manuscrits devront fttre 
inédits et n’avoir pas obtenu de prix dans une autre Société; ils 
pourront fttre signés. Ceux qui ne seront pas signés devront fttre 
accompagnés d’un pli cacheté avec devise, contenant les noms et 
adresse des auteurs. 

Riglemenl du prix Chrislian. — Article premier. — Les internes des 
asiles de France, candidats au prix Christian, devront : 

1° Etre de nationalité frangaise; 

2° Justifier de leur état de gftne momentané par la production 
d’une attestation du médecin chef du service où ils sont internes; 

3° Faire parvenir au secrétaire de la Société médico-psychologique 
une copie du manuscrit de leur thèse. 

Art. 2. — Le candidat désigné par le Bureau recevra le montantdu 
prix après l’envoi au trésorier de la Société médico-psychologique 
de deux exemplaires de faculté de sa thèse. 

Art. 3. — Dans le cas où le prix ne serait pas décerné une année, Ie 
montant en sera reporté à l’année suivante et le Bureau pourra, s’il y 
a lieu, décerner plusieurs prix. 

Art. 4. — Le prix Christian ne confrère pas au candidat qui l’obtient 
ie titre de Iauréat de la Société raédico-psychologique. 

Les postes de médecins adjoints. — II y a quelque temps, un 
vif émoi s’est emparé du corps médical des asiles, et particulièrement 
des internes, à la nouvelle que plusieurs ^ostes de médecins-adjoints 
allaient fttre supprimés. Le mal est heureusement moins grand qu’on 
ne le disait. 

A l’asile de Marseille, Ie nombre des médecins-adjoints a été réduit 
de deux à un. Le budget est en déficit, l’asile cst autonome, par consé- 
quent maltre de scs deniers; la commission administrative, approuvée 
d'ailleurs par le Ministère, s’est vue dans l’obligation de réaliser cette 
èconomie; il faut s’incliner. 

A l’asile de Dury-les-Amiens, Ia supression d’un des deux emplois 
d’adjoints était décidée, mais M. Mirman est intervenu auprès de M. le 
Préfet de la Somme, lui a demandé d’user de son influence pour 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


obtenir du Conseil général le maintien des deux postes d’adjoints. 
Tout perraet d’espérer que de ce cdté le danger est maintenant conjuré. 

Onaencore parlé de la suppression des postes d’adjoints & Leyme et 
à Limoux, asiles privés faisant fonction d’asiles publics. Voici ce qui 
s’est passé : 

Ces établissements ne sont nullement tenus & prendre leurs adjoints 
parmi les médecins du cadre. C’est cependant ce qu’ils font depuis 
plusieurs annéesdéjà.sous la douce pression du ministère de l’Intérieur. 
Des médecins issus Jdu Concours sont donc allés à Leyrae et à Limoux, 
mais,pourdes raisonsqu’il conviendra d’examiner en temps et lieu.ils 
n'y sont jamais restés longtemps; à la prcmière vacance qui s’est 
produite ailleurs, iis ont demandé leur changement. 

Du fait de ces départs successifs,les postes d’adjoints de Limoux et 
de Leyme sont restés sans titulaires parfois pendant plusieurs mois, et 
alors le conseil d'administration de Leyme et la communauté religieuse 
de Limoux ont tenu au ministère de l’Intérieur le langage que voici: 

« Vous nous avez engagés à faire appel à vos médecins pour remplir 
les fonctions d'adjoints dans nos établissements; nous vous avons 
écouté. Résultat : la plupart du temps nos postes sont vides. II en 
sera toujours ainsi. En effet, comment voulez-vous que des jeunes 
gens habitués à la vie des grandes villes, Paris, Bordeaux, Toulouse, 
etc., puissent se plaire dans nos petites localités. Laissez-nous done 
revenir à notre ancienne manière de faire, trouvez bon que nous 
choisissions nos adjoints, comme autreíois.parmi les jeunes médecins 
établis définitivement dans nos régions. > 

Le raisonnement ne manque pas d’habileté; néanmoins M.Mirman 
ne s’est pas laissé convaincre et deux des médecins nommés au dernier 
concours vont occuper les postes de Leyme et de Limoux. Esculape 
veuille qu’ils y restenti 

Je quitte la province pour Paris. 

Ces jours derniers encore, un médecin-adjoint me demandait, 
après plusieurs autres, quand serait créé le poste de médecin-adjoint 
de Sainte-Anne. Ces questions prouvent que leurs auteurs ne sont pas 
au courant de la situation. 

M. Magnan, en rrfison de son grand àge, de ses très longs services, 
desahautesituationscicntifique, avait été autorisé à choisir un colla- 
borateur ayant le titre d’assistant et payé par le budgetdépartemental. 
M. Magnan parti, le Conseil général, sur la proposition de M. Henri 
Rousselle, rapporteur des budgets et comptes de l’asile Sainte-Anne, 
a supprimé ce poste d’assistant. 

Toutefois, le rapport de M. Henri Rousselle contient le passage 
suivant : 

« Nousavonstoute raison de croire que le nouveau médecin enchef, 
M. le docteur Briand, qui est dans la force de l’àge et dont nous avons 
étó à mème de reconnaltre personnellement l’activité et les grandes 


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NOUVELLES 


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capacitée, saura assurer seul un service dont M. le docteur Magnan 
s’était acquitté longtemps sans autre aide que celle de ses internes. 

Si, dans l’avenir, le fardeau semblait trop lourd & M. le docteur 
Briand, on pourrait scinder en deux divisions (hommes et femmes) 
le service de l’administration et appeler & la téte de l’une d’eiles le 
médecin en chef de la consultation. Ce dernier serait alors remplacé par 
un médecin-adjoint. * 

Ch. Vallon. L' Informateur des Aliénislca ct 
Neurologislcs (n° de mai 1913). 

Cangrès international de neurologie, de peychiatrie et de 
psychologie (Beme, 7-12 septembre 1914). — La Société suisse 
de neurologie a accepté à l’unanimité la mission que lui confiait le 
Comité du Congrès tenu à Amsterdam en 1907 d’organiser un nouveau 
Congrès de neurologie, de psychiatrie et de psychologie faisant suite 
à ce dernier. En transmettant officiellement ses pouvoirs à la Société 
sui8se de neurologie, le Comité hoilandais agissait en vertu des réso- 
lutions prises à Amsterdam qui lui conféraient la mission d’assurer 
la permanence de ces Congrès. 

En conséquence, se considérant comme mandataire du Comité 
hollandais, la Société suisse de neurologie a décidé d’organiser une 
oouvelle session du Congria inlernalional de neurologie, de paychialrie 
d de pagchologie. II aura lieu à Beme du 7 au 12 aeplembre 1914. 

« En raison de l’anarchie qui a régné jusqu’ici dans l’organisation 
des Congrès intemationaux de neurologie et de psychiatrie, nous 
n’avons pas cru devoir attribuer au Congrès de Berne un numéro 
d'ordre qui serait différent suivant qu’on considère ou non le Congrès 
d’Amsterdam comme le premier du genre. Nous préférons abandon- 
ner l’appréciation de cette question à un comité international qui 
serait, à l’avenir, chargé d’assurer la continuité et la régularité de nos 
congrès; nous nous réservons, lors du Congrès de Berne en 1914, de 
proposer, comme une mesure indispensable, la constitution d’un 
Comité international permanent.» Le Coraité d’organisation : Dubois 
(Beme), Présidenl; Monakow (Zurich), Ladame (Genève), Vice-Pri- 
aidenla; R. Bing (Bále), aupplianl; L. Schnydbr (Berne), O.Vera- 
odth (Zurich), Secritairea. 


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ítEVUE DES SOCIÉTÉS 


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SOCIÉTÉ MÈDICO-PSYCHOLOGIQUE 

Séance du 28 avril 1913. 

Après lecture d’un rapport de M. Sérieux, M. Zonolaki est nommé 
membre associé étranger. 

Après lecture d’un rapport de M. Toulouse, M. Mignard est nommé 
membre correspondant. 

Rapport de la Gommission du prix Belhomme. — M. Capcras. 
— Troismémoiresontétéprésentéssurla question posée pour le prix 
Belhomme : De la démence chez les épileptiques. 

Le mémoire n° 3 a pour devise Palienlia ; il contient un historique 
très complet et méthodiquement ordonné d’après ies conceptions 
fondamentales des auteurs. II s’appuie sur l’analyse psychologique de 
quatre-vingt-huit malades hommes, examinés à l’aide de tests sim- 
ples. L'auteur distingue trois types principaux de démence : 1° une 
démence terminaie analogue à celle de la paralysie générale; 2° une 
démence amnésique, forme habituelle de démence épileptique, essen- 
tiellement caractérisée, contrairement à la Ioi de régression de la 
mémoìre, par I’oubli des faits anciens; 3° une forme stupide voisine de 
la confusion mentale chronique. L’auteurpasse ensuite en revue lediag- 
nostic, l’évolution, l’étiologie, les complications, etc.; au pointde 
vue étiologique, il n’émet que des considérations un peu brèves sur 
les causes du développement de la démence. 11 conclut que la démence 
est extrèmement fréquente (90 p. 100 des cas) chez les épileptiques 
qui ont souffert au cours de leur existence d’accès psychopathiques 
divers. En somme, ce mémoire constitue une bonne mise au point de 
Ia question. 

Le mémoire n° 1 a pour auteurs MM. Brissot et BouriIhet,médecins 
adjoints à l’asile de Moulins. C’est un travail consciencieux, renfer- 
mant des documents cliniques intéressants, de longues observations 
prises avec soin. Les auteurs se sont livrés à des recherches minutieuses 
sur Ie traitement de l’épilepsic par l’acide borique. Ils ont quelque peu 
négligé l’historique et l’étude psychologique des démences épilepti- 
ques. Comme formes cliniques, ils distinguent les variétés suivantes : 
l’obtusion intellectuelle qui est généralement le premier degré des 
formes suivantes, la démence simple, la démence à forme de pseudo- 


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REVUE DE8 SOCIÉTÉS 


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panlysie générale, la démence épileptique à forme de démence pré- 
eoce, les démences secondaires avec épilepsie associée & des vésanies 
et la démence des débUes épileptiques. 

Les auteurs du mémoire n° 2, M. Benon, médecin-adjoint, et 
M. Legal, interne du quartier d’hospice de Nantes, ont présenté un 
travail clair, méthodique et élégant, mais pauvre en faits cliniques 
(8 observations personnelles et 12 choisies dans les auteurs). Ils recon- 
naisseQt chez les épileptiques plusieurs sortes de démence : 1° la 
dèmence épileptique proprement dite dans laquelle l’épilepsie, avec 
ses vertige8 et ses crises, apparatt comme la seule cause déterminante; 
2° la démence produite par une ou plusieurs causes surajoutées à 
l'itat épileptique (infections, intoxications, traumatisme, puberté, 
ménopause, sénilité, etc.). 

Votre Commis8ion vous propose de décerner le prix Belhomme aux 
mémoires n° 3 et n° 1 et d’accorder 600 francs au premier, 400 francs 
au second. Pour le prix Belhomme à décerner en 1915, elle a choisi 
la question suivante : Etude complète du régime des réflexes dans les 
dioerses formes de ridiolie el de leur valeur pathogénique. 

Rapport de la Commiwdon du prlx Eaquirol. — M. René 
Charpbntier. — Messieurs,vous avez nommé une Commission com- 
posée de MM. Kéraval, Rogues de Fursac, Sérieux, Trénel, René 
Charpentier, rapporteur, chargée d’examiner les méraoires des can- 
didats au prix Esquirol pour l’année 1913. 

Deux mémoires ont été déposés. Le mémoirc n° 1 a pour titré : 
« L’imitation dans les maladies mentales et nerveuses », et pour 
auteur M. le docteur Genil-Perrin, médecin des asiles publics d’aliénés 
et licencié ès lettres. 

Dans un volumineux mémoire, très documenté et qui présente des 
qualités remarquables de critique et de méthode, l’auteur étudie les 
manifestations morbides des tendances imitatives. 

11 passe successivement en revue les phénomènes d’imitation que 
l’on observe chez les dégénérés inférieurs, les vésaniques ct les confus, 
les obsédés etles tiqueurs, les organiques, les sujets en état d’hypnose. 

Etudiant ensuite les manifestations complexes des tendances imi- 
tatives, M. Genil-Perrin montre que, dans la genèse du crime et du 
suicide,la notion d’imitation doit ètre substituée à la notion de conta- 
gion mentale. 

Après avoir analysé les théories générales dc l’imitation,M.GeniI- 
Perrin conclut que la réaction imitative semble constituer un des 
modes Ies plus généraux de l’activité humaine. L’instinct ne s’exerce, 
dans l’espèce humaine, que dans des proportions restreintes et, dans 
la majeure partie de ses actes, l’hommc est guidé par l’imitation qui 
se révèle par là, suivant le mot de Cabanis, comme la principale 
source de son perfectionnement, comme le principal agent de perfec- 


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tibilité de l’espèce. S’exergant au début & tort et ò travere, cette 
tendance à l’imitation se trouve plus tard endiguée par l’activité 
mentale supérieure; dans le cas pourtant où la synthèse mentale ne 
parvient pas ò un degré suffisant de cohésionouquand ellesedésagrège 
sous des influences pathologiques, l'activité automatique s’affran* 
chit et l’imitation tend ò se manifester automatiquement et ò échap- 
per au contròle de la volonté. 

L’auteur reconnalt cependant que cette explication ne suffit pas ò 
éclairer certains faits, en rapport avec un état d’affaiblissement 
psychique, et dans lesquels l’imitation paralt ètre le résultat d’on 
travail intellectuel plus ou moins conscient, plus ou molns volontaire. 

Le mémoire n° 2, consacré òl’étudedes« Psychoses interprétatives >, 
a pour auteur M. le docteur Libert, interne des asiles de la Seine et 
licencié èssciences. 

Les notions récentes sur le délire d’interprétation, introduites en 
psychiatrie, dans une série de travaux, par MM. Sérieux et Capgras 
ont montré tout l’intérèt qui s’attache ò l’étude des interprétations 
délirantes et de leur valeur séméiologique. Dans l’excellent mémoire 
qu’O présente ò vos suffrages, M. Libert étudie en réalité, non pas 
seulement les «Psychoses interprétatives», mais l’interprétation erronée, 
phénomène banal,et l’interprétation délirante,sympt6me pathologique. 

Après avoir exposé l’historique de la question et insisté sur les 
vapports des états émotionnels et passionnels avec les interprétations 
fausses, l’auteur étudie l’interprétation délirante propreraent dite et 
ses différentes modalités. jll distingue : 

1° Les cas dans lesquels le symptóme interprétation est accidentel, 
épisodique; 

2° Les cas de véritable syndrome interprétatif au cours de l’évolu- 
tion (psychose périodique, démence précoce, etc.), d’un état psycho* 
pathique;! 

3° Les cas de délire d’interprétation dans lesquels l’interprétation 
délirante est le syndrome primordial, mais non unique, de l’entité 
morbide isolée et décrite par MM. Sérieux et Capgras et caractérisée 
par: la multiplicité des interprétations délirantes; I’absence, Ia rareti, 
la contingence des hallucinations; la persistance de la lucidité et de 
l’activité psychiques; l’extension progressive des haliucinations; l’incu- 
vabilité sans démence terminale. 

Cette étude, très consciencieuse, renferme quarante-deux longues 
observations, pour la'plupart pereonnelles,et constitue une importante 
contribution ò l’étude de la séméiologie de l’interprétation fausse. 

Messieure, en présence de ces deux mémoires dont, par ce court 
exposé, vous pouvez apprécier la valeur, votre Commission, se repor- 
tant aux conditions ò remplir par Ies mémoires présentés pour Ie prix 
Esquirol, vous propose de décerner ce prix pour l’année 1913 ao 
mémoire n° 2, mémoire purement clinique, appuyé sur de nombreusee 


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REVUE DBS SOCIÉTÉS 


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observations personnelles et dont l’auteur est M. le docteur Libert. 

EUe vous propose, en outre, de décerner à M. le docteur Génil-Perrin, 
auteur du mémoire n° 1, une mention très honorable pour son travail 
sur l’imitation qui, bien que d’une égale valeur, a paru & votre Com- 
mission s’éloigner davantage des conditions exigées pour l’attribution 
du prix Esquirol. 

Les condusions de ce rapport sont adoptées. 

Rapport de la Conxmiaaion du priz Moreau (de Tours). — 

M. Mignot. — Messieurs, vous avez chargé une Commission, composée 
de MM. Séglas, Colin, Leroy, Marchand et Mignot, rapporteur, d’exa- 
miner les travaux présentés pour le prix Moreau (de Tours). 

Dans sa thèse sur rAlcoolisme en Normandie, M. Théodore Foumier 
a cherché & déterminer l’influence de cette intoxication dans la genèse 
des cas d’aliènation mentale observés par lui comme inteme à l’asile 
d’Alengon. 

Alors que la consommation moyenne de la France était, en 1910, de 
3 litres 59 d’alcool pur par habitant, celle de la Normandie atteignait 
le chiffre de 9 litres 25, soit près du triple. 

Le Normand s’alcoolise de préférence avec l’eau-de-vie decidre.el 
0 le fait parce que c’est l’usage et que, dans cette région de la France, 
l’opinion publique se montre très bienveillante pour l’ivrogne Le privi* 
lège des bouilleurs de cra, en fournissant à bon compte de l’eau-de-vie, 
entretient et provoque la consommation. 

Au cours de son travail, M Foumier donne des renseignements 
statistiques portant sur les malades entrés à l'asile d’Alengon de 
1909 à 1911 et dont voici Ie résumé : 

26 p. 100 des hommes et 4 p. 100 des femmes étaient atteints 
d’alcoolisme mental. 

26 p. 100 des hommes et 18 p. 100 des femmes étaient des aliénés 
alcoolisés. 

15 p. 100 des bommes et 13 p. 100 des femmes, sans ètre alccoliques, 
étaient entachés d’hérédité alcoolique. 

De 1905 à 1910, la proportion des femmes alcooliques entrées à 
I’asile a doublé. 

Les chiffres foumis par les asiles des départements de la Sarthe, de 
!a Mayenne, du Calvados et de la Manche sont sensiblement compa- 
rables à ceux qui viennent d’ètre cités. 

Le travail de M. Théodore Fouraier est intéressant à titre docu- 
mentaire, mais il se réduit à des données statistiques et U est dépour- 
vu de tout caractère original. 

Le mémoire manuscrit présenté par MM. Courbon et Tissot, sous le 
tiired’ Elude psychologique du débìle mental,est d’une lecture attrayante, 
A tout instant, les auteurs donnent la preuve de leur culture 
classique,et les meilleuree pages de Thèophraste, de La Brayère et 


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de La Rochefoucauld font oublier qu’il s’agit d'une étude médico* 
psychologique. Mais, n’est-ce pas là un reproche qu’il faut adresser 
aux auteurs? N’ont-ils pas étudié la débilité mentale d’une fagon plus 
littéraire que médicale, et, pour les besoins d’une pareille méthode, 
n’ont-ils pas grossi démesurément son domaine ? 

G’est ainsi, pour prendre un exemple, que MM. Courbon et Tissot 
font de l’insuffisance du pouvoir d’abstraction un signe de débilité : 
«Le monde est plein de gens, disent-ils, qui, dans la vie pratique, se 
conduisent avec sens, mènent à bien leurs affaires, s’enrichissent 
parfois d’une fagon démesurée, mais qui, aussitfit quitté le domaine 
matériel pourcelui des idées,sont incapables du moindre raisonnement. 
Ladébilité spéculative peut donc coexister avec unsens pratique bien 
développé, et c’est précisément le déficit du pouvoir d’abslraction qui 
conditionne cet état». II semble exagéré de classer parmi les débiles 
tous ceux qui ne peuvent raisonner sans concrétiser leur pensée. C’est 
là une affaire d’habitude et d’éducation, et MM. Courbon et Tissot 
paraissent avoir une idée excessive de la valeur intellectueDe de 
l’homme normal. A les suivre, ne faudrait-il pas considérer comme 
débiles les neuf dixièmes de l’humanité si I’absence d’idées générales, si 
l’intolérance et l’étroitesse du jugement, si l’insuffisance du sens du 
ridicule et du sens de la mesure sont des signes de débilité mentale. 
Ces travers ou ces lacunes intellectuelles peuvent résulter du défaut 
d’instruction et d’éducation ou d’une spécialisation professionneUe 
excessive de l’individu. Ils s’observent, certes, dans Ia débilité mentale, 
mais celle-ci les marque alors de son empreinte, et le problème psycho- 
logiqueconsistait précisément à reconnaltre et à spécifier quellessont 
les particularités ou les nuances qui sont propres à l’état pathologique. 

Une dernière critique, que nous devons faire à MM. Courbon et 
Tissot, est de n’avoir pas, dans leur étude, utilisé les méthodes de la 
psychologie expérimentale. Sans exagérer l’importance de la valeur 
des tests et de la psychométrie, il faut bien reconnaltre que ces 
procédés d’examen sont devenus, à l’heure actuelle, indispensables 
dans toutes les recherches psychologiques. 

La thèse de M. Joseph Bonhomme est consacrée aux déséquilibris 
insociables à inlernements discontinus. Les travaux publiés sur cette 
catégorie de malades sont en nombre considérable. Beaucoup d’entre 
nous, sur un point ou sur un autre de ce vaste sujet, ont eu à exprimer 
leur opinion ou à exposer Ieurs desiderata. Le très grand mérite de 
l’auteur est donc d’avoir traité une question qui nous préoccupe 
tous dans l’exercice quotidien de nolre spécialité. 11 était devenu 
nécessaire de réunir et de coordonner, dans un travail d’ensemble, Ies 
notions actuellement classiques, mais répandues dans de nombreuses 
publications, sur la séméiologie, le diagnostic et l’assistance de ce 
groupe très particulier d’anormaux. M. Joseph Bonhomme a eu bien 
soin de rapporter de nombreuses observations; celles-ci ne consti- 


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REVUE OES 80CIÉTÉS 


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tuent pas la partie la raoins remarquable de sa thèse, et, à les lire, nous 
reconnaissons des types morbides maintes fois entrevus. 

En résumé, le travail de M. Joseph Bonhomme nous est apparu com- 
me une mise au point des plus complètes et des plus consciencieuses 
des questions qui se rattachent à l’étude de l’imbécillité morale. 

Depuis les travaux de Dupré et Logre, les délires d’imagination ont 
fait l’objet d’un grand nombre de publications, mais il semble que 
l’attentiondesauteurs ait été détournée de la variété la plus parfaite, 
e’estrà-dire de celle qui s’observe dans la démence paralytique. Nous 
avons tous admiré l’exaltation de l’imagination des paralytiques' 
ginéraux, mais si l’on excepte quelques lignes d’une certaine monogra- 
phie et un court passage du mémoire de Dupré et Logre, aucune étude 
spéciale n’avait été entreprise sur les dilires d'imagination dans la 
paralgsie ginirale. M. Usse a très heureusement comblé cette lacune. 

II nous paratt difficile, dans un rapport comme celui-ci,de suivre 
l’auteurdans l’exposéde ses constatations cliniques et psychologiques. 
Reconnaissons seulement qu’il a su dire des choses justes et très rigou- 
reusement observées, et qu’il a rajeuni cette question ressasséedes 
dflires de la paralysie générale, en l’examinant à un point de vue qui, 
jusqu’à présent, avait été négligé. Une vingtaine d’observations fort 
curieuses complètent le travail de M. Usse. 

Messieurs, la thèse sur les Dilires d'imaginalion dans la paralysie 
ginérale et la thèse sur les Désiquilibris insociables à inlernemenis 
disconlinus nous ont paru, à des titres divers, mériter également le 
prix Moreau (de Tours). Votre Commission vous propose donc de par- 
tager ce prix entre MM. Usse, interne à Charenton, et Joseph Bon- 
homme, interne des asiles de la Seine. 

Les conclusions de ce rapport sont adoptées et le prix Moreau 
(de Tours) est partagé entre MM. Usse et Bonhomme. 

Pseodo-délire par auto-suggestion chez un obsédé, par MM. 
Tbublle et Eissen. — Les auteurs rapportent l’histoire d’un obsédé 
qui a présenté sous leurs yeux un accès de délire, pour ainsi dire 
vohmtaire, en ce sens que le malade a fini par attacher une conviction 
entière à une situation romanesque qu’il s’était d’abord complu à 
imaginer et où il jouait un rfile essentiel. Ce délire a été passager. 

L’idée pathologique de divorce, par MM. Marchand et Usse. — 
Les auteurs ont examiné à ce point de vue les malades femmes de la 
Maison nationale de Saint-Maurice; parfois l’idée de divorce est 
passagère et disparalt avec les troubles délirants plus ou moins acquis; 
parfois aussi elle constitue la base essentielle d’un délire chronique, et 
dans ce cas, eile est la preuve que la communauté mentale n’existe 
plus. Si le conjoint demandait réellement le divorce, n’y aurait-il pas 
tieu de le iui accorder? 

P. JuqUEHBR. 


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RBVUB DB P8YCB1ATRIE 


SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MEDECINE MENTALE 

Séance du 19 mai 1913. 

Utilisation d'un débile dólirant poor commettre dea eacro- 
qneriee. — MM. Marcel Briand et Salomon présentent un dibile 
délirant dont la débilité fut mise à profit par un escroc. II lui faisait 
porter des lettres afin d’obtenir de personnages divers des secours ou 
des fonds, soi-disant pour fonder des ceuvres de bienfaisance. 

De tels individus comptent certainement que l’aliéné portera seul 
la conséquence des actes, et,s’il est reconnu irresponsable, que les 
complices ne seront pas inquiétés. Ils se trompent, car le compiice est 
passible de la mème peine que l’auteur principal, c’est-à-dire non de 
la peine applicable en fait à l’auteur principal, mais de la peine appli- 
cable en droit au fait principal auquel il s’est associé. 

Les circonstances atténuantes ou abgolvantes constituent un béné- 
fice exclutivemenl personnel. 

Deux condamnés militaìres. — M. Pactbt montre deux débiles 
très voisins de l'imbécillité qui sont actuellement dans son service, 
mais qu’il a eu l’occasion d’examiner, il y a quelques années déjà, en 
Algérie. L’un, venant d’une compagnie de discipline, était alors en 
prévention de Conseil de guerre à 1’hOpital militaire du Dey, l'autre 
était détenu depuis dix ans dans Ies ateliers de travaux publics; il se 
trouvait alors à l’atelier d’Orléansville où il lui restait à accomplii 
encore dix ans de la mème peine. Commis pour examiner le puni, 0 
le déclara irresponsable et inapte au service militaire. Conformément 
aux conclusions de son rapport, un non-lieu intervint et le prévenu 
fut réíormé. Sur son intervention officieuse, le second bénéficia éga- 
lement de la réforme et fut gracié. 

Avant que la psychiatrie eùt obtenu droit de cité dans le milieu 
mUitaire, les sujets de cette catégorie n’étaient pas une exception dans 
l’armée et venaient fatalement échouer dans les établissements de 
répression. 

Deux caa de démence paranolde. — M. Lbroy présente deux 
malades dont l’état mental est caractérisé essentiellement par l’indif- 
férence, l’absence de désirs, une activité nulle et automatique, one 
incapacité croissante de l’effort raental, alors que la lucidité, la 
mémoire et l’orientation restent assez bien conservées. L’affection a 
débuté chez l’un à 50, chez l’autre à 35 ans. Ce sont là en somme des 
symptdmes analogues à ceux qu’on rencontre dans ladémence précoce 
à forme paranolde et c’est ce qui fait l’intérét de cette présentation. 


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Un maculateur de statues aglssant dans un but phálanthro- 
piqus. — Norabreux sont les aliénés qui cherchent à attirer l’atten- 
tion des pouvoirs publics par des attentats divers soit en tirant sur 
les personnes ou en l’air, soit en détériorant les édifices publics ou les 
objets d’art. Le plus souvent il s’agit de revendication personnelle, 
mais parfois le raobile de leur acte est désintéressé. C’est le cas du 
malade présenté par M. J. Salomon. Victime d’un accident du travail, 
il prit en main la cause des accidentés et pour attirer l’attention sur 
lui raacula deux statues à l’aide du nitrate d’argent. 11 pensait que 
son acte serait utile pour l’avenir et il avait agi à I’exemple des suf- 
fragettes d’Angleterre. 

1° Fétichisme du mouchoir chez un fròleur épileptique* 
2° Fétichisme de la soie chez une voleuse de grands magasins; 
3° Oémorphinisation par la suppression brusque, par MM. 

Marcel Briand et Salomon. 

1° II s’agit d’un dégénéré épileptique et fròlcur, piusieurs fois 
condamnó pour vol de raouchoirs qu’il prenait dans la poche de 
femmes dont l’opulence des formes excitait ses désirs érotiques et s’en 
servait pour satisfaire ses impulsions sexuelles. 

2° Le second cas est celui d’une femme appartenant à une famille 
de canuts et qui, fétichiste depuis l’enfance, fréquente deux grands 
magasins où elle est attirée par la soie, dont le froisàement lui procure 
des sensations voluptueuses. Un au moins des membres desafamille, 
utilisant cette appétence particulière, cxploite ses impulsions pour 
prcndre à la malade les étoffes qu’elle vient de dérober. Peu à peu, 
elle-mème a accompli des vols que n’excusaient pas toujours ses 
impulsions. 

La première observation est curieuse en raison de la rareté des cas 
connus, raalgré ia fréquence des impulsions de cette nature. 

La seconde trouve sa valeur dans la rareté du fétichisme dans le 
sexe féminin. Le grand nombre d’arrestations de cette femme, connue 
de la plupart des médecins experts, tantòt considérée comme une 
voleuse ordinaire, tantòt comme une déséquilibrée irresponsable, 
donne lieu à des interprétations médico-légales diverses. 

3° II s'agit d’une morphinomane traitée par la suppression brusque 
et qui déclare que si jamais elle retombait dans ses funestes habitu- 
des, elle préférerait ètre encore démorphinisée brusquement plutòt que 
de voir se prolonger les lenteurs angoissantes du sevrage progressif. 

Notes ìnéditea de Pinel. — M. Semelaigne présente des notes 
inèdites de Pinel datant de la première année de son séjour à Bicètre 
et en particulier un tableau où les aliénés sont classés : 1° suivant la 
nature des causes occasionneiles; 2° suivant le type particulicr de leur 
manie; 3° suivant leur caractère ou leur manière d’ètre habituelie. 
Dans uae note curieuse, Pinei signale les affinités de Ia manic pério- 

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REVUE DE P8YCHIATRIE 


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1 

dique avec ia méiancolie et I’hypocondrie, fait intéressant à l’époque 
où il n’est question que de la psychose maniaque dépressive, retour 
d'AHemagnc. 

Elections. — Sont élus, à l’unanimité, membres correspondanls: 

MM. Etiennc Martin, professeur agrégé à la Faculté de médecine dc 
Lyon. 

Deswartz, raédecin de l’asile de Maréville (M.-et-M.). 

Salin, médecin de la raaison de santé de Picpus, Paris. 

Sont élus membres associés étrangers: MM. Scbolieilin (Nicolas), 
médecin de l’asile d’aliénés de Tambow (Russie). 

Lorente, médecin de l’Université de Liraa (Pérou). 

J. C. 


REVUE DES LIVRES 


Troubles psychiques d’origins thyroidienne par intoxica- 
tion médicame nteuse, par M m ® Jeanne Bon. —L’usage des prépara- 
tions thyroldiennes a pris un si grand développement dans le public, 
cn dehors de tout conseil médical, qu’il est bon dc connatlre Ies 
accidents que peut provoquer une absorption intempestive de cette 
substance. M me le docteur Jeanne Bon, dans un travail sur les Troubles 
psychiques d’origine thyroldienne, consacre un chapitre de cetteétude 
aux accidents produits par les intoxications médicamenteuses, et cite 
un certain nombre d’observations dans lesquelles les accidents déli- 
rants ont été remarquables. Dans un cas dù à M. Boinet, le malade, 
atteint d’une affection psoriasiforme, prenait chaque jour plusieurs 
corps tbyroldes frais de mouton, à l’insu du médecin. Sous cettc 
influence,«le raalade ne peut rester en place, il changc de siège et 
d’appartement à chaque instant, il tìent ses croisées hermétiquement 
fermées, dans la crainte que dcs individus imaginaires ne lc voient et 
ne viennent le trouver; il se croiè poursuivi par les gens qu’il rencontre 
dans la rue, il se figure que lcs passants et ses camarades le ridiculi- 
sent et se moquent de Iui. II refuse toute boisson, tout alimcnt, il sc 
déshabille et essaye de fuir nu. On est obligé de le retenir de force, de 
le barricader dans sa chambre où il se promène en criant, en mena- 
$ant. Parfois il est agressif et, lors de la première visite du médecin, U 
était sur le point de se jeter sur lui. II parle sans cesse avec incohérence. 
Ces troubles psychiques persistent quatre à cinq jours avec cette 


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RBVUE DBS LIVRBS 


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intensité. Puis le malade devint plus calme; il se croyait toujours 
persécuté. 

Un autre cas rapporlé par M. Parhon dans la Revue neurologique 
a trait à une jeune épileptique qui suivait un traitement thyroldien 
depuissix mois.A ce moment,la malade devient d’une humeur inégalc, 
ne veut pas sortir de la maison certaines fois. D’autres fois, elle est 
indisposéc, triste. De plus, on remarquc l’apparition d’un état psy- 
chasthénique des plus caractéristiques. Elle présente des phobies et 
des obsessions. Elle a peur qu’on veuille l’empoisonner et à cause de 
cela a pcur de manger. 

Tous ces phénomènes délirants disparurent par la suppression du 
médicament. 

M°« Bon cite d’autres faits du mème genre qui montrent le résultat 
que peut avoir l’usago intempestif des préparations thyroldiennes. 

Eléments de eéméiologie et de clinìque mentale, par Cuaslin, 
médecin de la Salpètrière.Un volume in-8° de 955 pages chez Asselin 
et Houzeau. 

Le livTe de M. Chaslin rendra de grands services au praticien, car 
jusqu’ici, le nombre des livres didactiques sur l’aliénation n’est pas 
considérable. Celui-ci, qui est avant tout clinique, présente certaines 
particularité8 dans sa conception qui lui donnent une forme très origi- 
nale. Après une série de chapitres sur les gènéralitès, la séméiologie, 
elc., M. Chaslin s’attache surtout à décrire des types cliniques et pour 
cela donne pour chacun d’eux les observations typiques qui fixent 
parfaitement les traits du malade dans l’esprit du lecteur. Dans Cet 
ouvrage, d’aUleurs, presque tout est descriptif; U y a peu de ces discus- 
sions théoriques qui sont cependant chères aux aliénistes. Tout en 
dounant une classification, M. Chaslin estime qu’elle ne peut étre que 
provisoire et il montre mème qu’il est un certain nombre de types 
diniques qu’U est difficUe de classer dans un chapitre bien dèterminé. 
D’aUleurs ne faut-U pas reconnattre qu’en aliénation mentale comme 
dans d’autres branches de la médecine, une bonne tabie des matières 
(et c’est bien le cas dans cet ouvrage) est Ia meUleure des classifica- 
tions? 

On peut dire de ce livre que par la manière dont il est conqu, par 
l’adoption de ces types cliniques très représentatifs, il met l’aliéna- 
lion mentale, matière un peu nègligée, à la portée de tous les médecins. 
Notons en terminant un important chapitre sur les formaUtès légales 
et administratives ignorèes souvent des autorités olles-mèmes, 
nécessaires pour procéder à l’internement des malades. 

J. C. 

La diBposition congénitale au calcul, par M. le D* Huntziobr. 
— Thite de Paris, Ollier-Henry, édit.—M. HuntzigerrappeUed’abord 
les cas de certains calculateurs célèbres: Fuller, le caiculateur nègre 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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qui ne savait ni lire ni écrire et mourut à 80 ans, sans avoir jamais 
rien appris; Buxton, son contemporain (1762), ouvrier qui avait la 
manie du calcul et qui, au thédtre no s’intéressait en rien à t’aclion, 
mais comptait le nombre des pas dansés, 5.202, ou le nombre des mots 
prononcés par les acteurs, 12.445, cliiífre reconnu exact; puis Dase 
qui, chose rare, fut utile à la science, Mondeux, etc... De plus, il 
donne in exlenso les observations d’Inaudi, le plus connu peut-ètre 
de ces prodiges que Charcot présenta à ses legons; de Fleury, cal- 
culateur prodige aveugle-né, observé par M. Desruelles^à l’asile d’Ar- 
mentières, et enfin du sujet Jean C...,ágé de 53 ans, entré récemment 
à l’asile Saint-Jacqucs de Nantes. C’est un maniaque, ou plutót un 
hypomaniaque, peu intelligent, d’une ignorance complète, sachant à 
peine lirc, ct ne pouvant écrire des chifíres. C’est cependant un cal- 
culateur émérite, bien que n’ayant pas l'envergure d’lnaudi, ayant 
toutappris par lui-méme et s’étant forgé seul, sans maítre et sans con- 
seil, une technique particulière. 

Voici quelques-uns des problèmes proposés par M. Huntziger à ce 
malade, problèmes posés autrefois à Inaudi et à Fleury,et comment 

11 Ies résout: il y a là une analyse psycho-physiologique bien curieuse 
à observer. 

l« r problime. — Combien y a-t-il de secondes en 39 ans 3 mois et 

12 heures? 

Jean donne le résultat en 32 secondes (Inaudi donne lerésultat en 
3 secondes et Fleury en 1’ 15”). 

2« problime. — Combien y a-t-il de secondes en 30 années? Róponse 
en 14 secondes. 

Nous demandons à Jean de nous raisonner son opération; voici 
comment il procède ; 

« Je sais par cceur que, dans un an, il y a 31.536.000 secondes. Je 
retire de ce chiffre 1.536.000 et je multiplie les 30 millions qui restent 
par 30 années. Cela me fait 900 millions. Je multiplie ensuite 1.500.000 
par 30 et j’ai 45 millions; je multipie encore 30.000 par 30, ce qui me 
donne 900.000, et enfin les 6.000 secondes par 30 = 180.000. J’addi- 
tionne tous ces produits et j’arrive au total général de 946 millions 
quatre-vingt mille secondes. 

Comment on le voit, le malade fait quatre multiplications et une 
addition, c’est-à-dire en tout cinq opérations et cela ne lui demande 
que 14 secondes. 

3« problème. — La surface du globe est de 40.000 kilomètres carrés, 
combien cela fait-il d’hectares? 

Réponse en 4 secondes : 160 milliards. 

Raisonnement : Je multiplie 40.000 x 40.000 = 1 milliard 600 
millions. Par kilomètre carré, il y a 100 hectares; je mulUplie 
1 milliard 600 mUlions par 100. 

4« problème. — Après la guerre de 1870 on a traité pour 5 milliards. 


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REVUE DES LIVRER 


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Sices milliards ótaient en pièces de 5 francs, combien cela ferait-il de 
kilos? 

Réponse : 25 millions de kilos. Temps : 27 secondes. 

5« problime. — 343 mllle raètres, comblen cela fait-il de pieds? (Un 
pied «= 33 cm. 33). 

Réponse en 7 secondes : 1.029.000. 

Raisoimement: il y a trois pieds par mètre; je multiplie 300.000 
mètres par trois, puis 40.000 mètres par 3 et enfin 3.000 mètres par 
trois, et j’additionne les trois totaux. 

6® problème. — Combien faut-il avoir d’áge pour avoir 1 milliard de 
secondes? 

Réponse en 48 secondes : 31 ans, 8 mois, 15 jours, 17 heures, 16 
minutes, 40 secondes, à raison de 365 jours par an; jje ne tiens pas 
corapte des années bissextiles. 

7» problime. — Quel áge faut-il avoir pour avoir 343 millions de 
secondes? 

Réponse en 23 secondes : 10 ans, 10 mois, 24 jours, 1 heure, 46 
minutes, 40 secondes. 

Raisonnement : je sais d’avance le nombre de secondes qu’il y a 
en une heure, en 24 heures, en un mois de 30 jours, en une année de 
365 jours. Je calcule 10 ans par exemple et suivant que le chiffre 
que j’obtiens est plus fort ou plus faible quc le chiffre demandó, je fais 
des calculs croissants ou décroissants en importance pour arriver au 
total que l’on me pose. Dans le cas présent je calcule pour 10 ans. 
A 31.536.060 secondes par an cela mc donne 315.360.000. Je déduis 
ce chiffre de 343 millions et il me reste 28 millions. Je cherche, 
toujours par tátonnements, combien le nombre des secondes d’un 
mois est contenu dans ce chiffre et j’obtiens 10 mois, mais il me reste 
encore 2.080.000 secondes qui contiennent 24 fois lc chiffre de secondes 
par jour et ainsi de suite jusqu’à ce que je trouve le résultat 
final. 

M. Huntziger fait remarquer que cet homme, qui ne connait que sa 
table de multiplication et rien de l’arithmétique, a des procédés très 
voisins sinon identiques à ceux de ses devanciers. Inaudi et Fleury 
calculaient de la mème fagon. Ces procédés, ils les ont créés chacun 
séparément : c’est une preuve de la juste rcmarque que Mitchell a 
fate que chez les calculateurs naturels, les méthodes ne sont jamais 
celles de l’arithmétique usuelle; mais elles se sont développées pro- 
gressivement par essais, observations et abréviations, ct elles sont 
assez voisines les unes des autres. 

11 est à noter que la plupart des calculateurs prodiges sont nés 
dans des conditions sociales analogues, dans des milieux pauvres et 
mème imisérables, n’ont eu en général que la mémoire des chiffres et 
n’étaient pas doués intellectuellement. Presque tous sont mème restés 
des ignorants durant leur vle. 


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RBVUB DB P8YGHIATRIB 


Les délires d'imagination dana la paralyaie générale, par 

D. F. Ussb. 1 vol., 167 pages. Jouve, éd., Paris, 1912. — Une des plus 
notables tendances de la psychiatrie frangaise contemporaine paralt 
étrc l’importance chaque jour grandissante accordée à l'analyse 
psychologique du mécanisme des délires et des idées délirantes. Les 
travaux récents de Sérieux et Capgras, de Dupré et Logre, de Toulouse 
et Mignard, etc., qui ont abouti & l'isolement de nouveaux syndromes 
psychopathiques ou à la détermination plus précise des modsdités 
psycho-cliniques si diverses rencontrées au cours des affections 
mentales, ont mis en évidence l’intérèt de ces études. 

Une remarquable thèse, consacrée par le docteur Usse, sous l’inspi- 
ration du docteur Roger Mignot, médecin en chef de la Maison de 
Charenton, aux Délires d’imaginalion dans la paralysie générale, vient 
encore de montrer quels aper$us nouveaux et intéressants peut offnr 
l’étude psychologique d'une des affections mentales Ies mieux isolées 
et les mieux précisées du cadre nosologique. 

Reprenant les idées exprimées par MM. Joffroy et Roger Mignot, 
qui avaient fait ressortir « I’exaltation pathologique de l'inspiration 
créatrice,... la suractivité de la fonction de rapprochement des idées 
et des images bien particulières à la paralysie générale », idées dév elop- 
pées magistralement dans la suite à un point de vue plus général par 
MM. Dupré et Logre, l’auteur a examiné très consciencieusement et 
très minutieusement la fréquence et les modalités cliniques et psycho- 
logiques des délires d’imagination observés dans la paralysie générale. 
Ses recherches ont porté sur 170 paralytiques généraux entrés ò la 
Maison nationale de santé depuis 1907 : sur ce nombre, 20 malade9 ont 
présenté des hallucinations nettement caractérisées, 80 des formes 
délirantes diverses; chez 52 sujets enfin, soit environ le tiers des cas, il 
a été possible de noter des phènomènes délirants de mécanisme 
imaginatif. De l’analyse méthodique des 19 observations les plus 
typiques, dont quelques-unes sont Ulustrèes de dessins fort curieux, 
M. Usse a tirè les conclusions suivantes : 

Les délires d’imagination qui surviennent au cours de la paralysie 
générale semblent pouvoir ètre répartis en trois groupes, d’après la 
modalité des perturbations psychiques et de l’activité imaginative 
qui sonten jeu,d’une part; d’après la phase évolutive correspondante 
de la paralysie générale, et les destinées propres du délire, d’autre 
part. 

1° des délires <Timagination créatrice, touchant d’abord l’avenir puis 
le présent et le passé, nettement dominés par un état d'exallation ou 
de dipression affcclive, se manifestant surtout au début de la paralysie 
générale, évoluant tantdt rapidement sous forme de délire eubaigu 
ou aigu, avec possibilité de rémission ou de mort, tantèt lentement au 
contraire pour aboutir à l’une des formes suivantes : 

(Voir la suile apris le bullelin bibliographique mensuel.) 


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REVUE DES LIVRB8 


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2° des dilires de /abulalion ou <Timaginalion reproductrice, portant 
sur des faits passés, indépendants de tout état affectif, mais liés 6 des 
troubles purement intellectuels (troubles du jugement, de la mémoire 
oudel’associationdes idées),apparaissant engénéralà la période d’état 
de la paralysie générale, se prolongeant plus ou moins longtemps 
jusqu’à la mort ou se transformant en stéréotypies délirantes ; 

3» des dilires <Timaginalion sliréotypis, dominés par un automa* 
tisme psycho-moteur exclusif, avec ses caractères de spontanóité, de 
fatalité et de régularité monotone; se déroulant dans un étemel 
présent, en dehors de toute notion de temps et de tout caractère 
affectif, pouvant se confondre ou colncider avec des phénoraènes 
ballucinatoires et impulsifs, et marquant toujours l’invasion de la 
période démentielle terminale de la paralysie générale. 

Les délires à prédominance affective de forme expansive réalisent 
les types les plus caractéristiques et les plus purs des délires paraly- 
tiques d’imagination : dans ce groupe, on peut noter quelques exem- 
ples de délires paralytiques raythomaniaques nettement en rapport 
avec les tendances imaginatives et fabulatrices antérieures du sujet. 
Les délires dépressifs sont toujours en partie accompagnés de phéno- 
raènes ballucinatoires ou de troubles cénesthésiques. Les délires de 
fabulation et surtout les délires stéréotypés d’imagination, difficiles 
à analyser, coexistent souvent avec d’autres manifestations <Tauto- 
matisme psycho-sensoriel et psycho-moteur. 

M. Usse fait remarquer enfin que, si les délires de type expansif 
peuvent présenter quelque tendance à la systématisation, les 
délires paralytiques d’imagination offrent le plus souvent des carac- 
tères de mobilité, d’incohérence, d’absurdité et de contradiction, en 
rapport avec l’affaiblissement psychique concomitant. 

L’auteur termine son intéressant travail par des considérations 
gènérales sur les rapports psychologiques qui existent entre les diverses 
formes de délires imaginatifs et la personnalité antérieure du sujet, 
I'affaiblisseraent psychique concomitant, les autres variétés de 
délire, enfin les modalités physiologiques de l’imagination non déli- 
rante. 

Georobs Petit. 


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REVUE DES PÉRIODIQUES 


BELGIQUE 

Bullelin de la Sociiti de midecine menlale de Belgique, février 1912. 

A propos dea médecins experts et des sorties dont ils 
décident. — Une intéressante discussion eut lieu sur ce sujet à la 
Société de médecine mentale de Belgique. II est intéressant d’en 
extraire cette déclaration de M. Cuylits. « II exìste, dit-il, deux sortes 
de médecins désignés par le Parquet ou par le Président du tribunaJ. 
pour donner un avis sur la collocation de certains aliénés. 

Les uns ne se contentent pas de leur impression personnelle. Us 
prennent l’avis du médecin de l’asile, interrogent ses notes, se docu- 
mentent avec lui et se mettcnt d'accord avec lui sur une décision 
éventuelle à prendre. A ceux-là, il faut rendre hommage et recon- 
nattre qu’ils accomplissent scrupuleusement, consciencieusement tout 
leur devoir. 

Mais il en est d’autres qui, après une visite sommaire, mettons 
plusieurs visites, interrogatoires superficiels ou prolongés, forts de leurs 
lumières, décident de la collocation, du transfert, de la mise en liberté 
définitive ou provisoire de l’interné. Ils opposent leur suffisance et je ne 
sais quelle intuition extra-terreslre à la décision du médecin d'asile qui 
a miscinq jours et plus à déterminer un diagnostic, des semaines et des 
mois à juger du sort qui est le mieux adapté à l’aliéné, et dont le 
jugement est parfois encore flottant après de longues périodes d’obser- 
vation. Us ne tiennent aucun compte de l’avis de celui-là, ils ne 
l'interrogent pas; ils ne comparent pas leur opinion avec la sienne, 
disons mieux, leurs impressions d’un moment, d’une minute, avec 
celles de ce praticien qui a sur eux, au point de vue scientifique seul, 
des avantages auxquels ils ne sauraient prétendre. 

Que dire d’un pareil expert? — Au point de vue scientifique et 
légalement, puisqu’il ne comprend pas son devoir, il faudrait pouvoir 
l’y contraindre en l'obligeant, avant tout rapport, d’entendre le 
médecin d’asile et s’il ne se met pas d’accord avec celui-ci, de consi- 
gner au moins les observations de ce médecin dans le rapport qu’il 
adressera aux autorités judiciaires. 

Que dire, enfin, d’un pareil expert, au point de vue déontologique!» 


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REVUB DB8 PÉRIODIQUBS 

FRANGE 


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Le Médeein pralicien, 26 février 1913. 

L« plomb et les eentres nerveux, par MM. Lereboullet et 
Faure-Beaulieu. — En dehors de la méningite aigué à forme délirante 
et de la méningi te chronique à forme de paralysie générale, lcs saturnins 
peuvent présenter des psychoses. 11 n’y a pas de type clinique qui soit 
caractéristique du saturnisme; on peut le voir produire toutes les for- 
mes de psychoses; cependant, le plus souvent, elles affectent lc type 
de la confusion mentale; quand il s’y associe des troublcs paralytiques 
intenses et étendus, on est en présence du syndrome de Korsakoff, 
comme dans un cas récent de MM. H. Claude et Lévy-Valensi. On a pu 
voir quelquefois les accidents éclater chez les individus soustrails 
depuis quelques semaines ou méme plusieurs mois à l’intoxication 
plombique. J. C. 

Journal de Psychologie normalc el palhologique, 
1912 (pp. 233-247). 

Dn dilir* de préooeupation phytdologlque et des idéee patho- 
logiquee de puerpàralltà, par MM. L. Marchand et R. Dupouy.— 

A càté des différentes variétés d’idécs délirantes étudiées dans 
Ies traités classiques, il existe un groupe d’idécs qui ont trait aux 
diverses fonctions physiologiques. Parmi ces idées, les plus fréquentes 
— ctaez la femme principalement —sont celles en rapport avec la 
fonction puerpérale. S’appuyant sur une série d’observations person- 
neUes très intéressantes, les auteurs démontrent que ces idées Ou 
préoccupations sont quelque peu différentes, suivant la nature et le 
degré des altérations mentales concomitantes. Dans un premier 
groupe, ils rangent les préoccupations liées à une exagération de 
l’émotivité ou de l’affectivité; dans un deuxième, celles en rapport 
avec un trouble de la sensibilité générale; dans un troisième enfin, 
celles qui accompagnent une idée délirante. 

A propos du premier groupc, MM. L. Marchand et R. Dupouy 
rappellent comment le désir obsédant aussi bien que la phobie de la 
pucrpéralité, peuvent engendrer un état somatique particulier de 
fausse grosscsse, comme on I’observe assez fréquerament dans les 
psychonévroses. 

Dans le deuxième groupe de faits, l’erreur provient d’une inter- 
prétation défectueuse, quoique plausible, de troubles cénesthésiques à 
base organique réelle (tumeur, ptose), et se trouve naturcllcmcnt 
favorisèe par l’existence d’un état émotif constitutionnel ou acquis. 

An troisième groupe, se rattache l’idée véritablement délirante de 
puerpéralité. Comme toutes les idées délirantes, celle-ci peut étre 
passagère ou durable, fixe ou mobilc, accessoire ou principale, systé- 


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218 


REVUE DE P6YCHIATRIE 


matisée ou non; on peut la subdiviser en plusieurs idées secondaires : 
idée de conception naturelle ou artificielle, idée de grossesse simple ou 
multlple, humaine ou animale, idée d’accouchement, idée d’ailaite- 
ment, etc... Cliniquement, les auteurs lui décrivent trois aspects 
principaux : 1° l’idée de grossesse est neutre, indifférente, inémotive, 
chez quelques confuses et surtout chez des démentes, notamment des 
paralytiques générales ( Toulouse et Marchand); 2° elle est triste et 
douloureuse chez des mélancoliques, des hypocondriaques, des persé- 
cutées; 3° elle est le plus souvent joyeuse ou béate, se manifeste dans 
les états euphoriques et mégalomaniaques, et peutétre considérée 
tantOt comme une idéc de satisfaction, tantdt comme une idée de 
grandeur. Rare chez les maniaques, en raison sans doute de l'intégrité 
dc leur fonds psychique, elle apparait surtout chez les affaiblies intel- 
lectuelles, démentes vésaniques ou sénilcs, les grandes débiles éroto- 
manes, les persécutées avec idées de grandeur, les mystiques enfin 
chez qui l’idée de maternité divine ou diabolique fait souvent partie 
d’un système de possession. 

En terminant, MM. L. Marchand et R. Dupouy signalent l’existence 
possible, quoique rare, des idées de grossesse chez l’homme. EUes ne 
s’observent guère que dans trois variétés d’affections mentales : dans 
la dérnence (surtout paralytique), dans le délire mystique, et dans 
les délires de transformation corporeUe lorsque ces derniers se dévelop- 
pent chez des sujets antérieurement efféminés, pervertis ou inverUs 
sexuels. 

Les auteurs concluent en disant que l’idée délirante de puerpéralité, 
aussi bien sous sa forme mélancoliquc ou hypocondriaque que sous 
son aspect euphorique et mégalomaniaque, se rencontre de préférence 
chez les sujets débiles ou affaiblis intellectuellement. 

Son cachet d’autonomie lui vient de ce qu’elle reconnalt à sa base 
une préoccupation physiologique et qu’elle est généralement inspirée 
par la non-satisfaction de l’instinct maternel. Le délire de grossesse 
serait un type de délire par préoccupation physiologique. F. Usse. 

Nouvelle Iconographie de la Salpilrière, juillet-aoùt 1912. 

Du délire chez les enfants, par R. Benon et P. Froger. — 
Observation intéressante de délire onirique chez un enfant de 14 ans 
qui présenta deux épisodes aigus hallucinatoires délirants avec agila- 
tion anxieuse. Pas de confusion mentale à proprement parler, mais 
troubles de l’attention liés au développement considérable des 
hallucinations. Après le retour à l’état normal, récit détaillé des 
troubles psycho-sensoriels. Comme étiologie, on note la prédisposition 
et les éraotions douloureuses (lecture de livres de raagie). 

Revue Neurologique, 30 novembre 1912. 

Etude phyaic o-chìmlque du liquide céphal o-rachidien dans 
la paralysie générale, par Thabuis et A. Barbé. — L’examen 


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RBVUB DBB PÉRIODIQUB8 


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du liquide céphalo-rachidien chez 11 paralytiques généraux permet 
aux auteurs de donner les conclusions suivantes : 

1° Chiffres moyens obtenus par l’examen du liquide des paraly- 
tiques généraux: a) Densiti, varie d’une fagon indéterminée avec la 
température. Toutefois, elle oscille entre 1,0065 ct 1,011.— b) Poinl 
cryoscopique, moyenne de — 0°,56. — c) Tension superficielle, oscille 
de 0,006958 & 0,00734. — d) Indice de réfraction, varie de 1,33515 à 
1,3364. — e) Viscositi, moyenne de 1,159. — /) Alcaliniti (calculée 
ensoude), moyenne de 1,066.— g) Extrail, moyenne de 12gr.,84 par 
litre. — h) Cendres, moyenne de 8 gr.,14 par litre. — ») Chlorures, 
moyenne de 7 gr.,07 par litre. — /) Sulfales, absence complète. — 
k) Phosphaies, présence constante, mais le plus souvent traces non 
dosables (moyenne de 0 gr.,1024 par litre). — /) Maliires riduclrices, 
moyenne de Ogr.,67 par litre. — m) Urie, moyenne de 0gr.,0269 par 
Utre. — n) Albumine, moyenne de 0 gr,99 par litre. Présence fré- 
quente de nucléo-albumine. 

2° Le liquide céphalo-rachidien d’un mème sujet ne varie pas d’une 
fa^on sensible à des époques différentes. 

3° Rapports er.tre les chiffres obtenus chez les paralytiques géné- 
raux et ceux obtenus chez les sujets sains : a) Densili, plus élevée, en 
général,chez les P.G.— b)Point crgoscopique, pas de différence appré- 
ciable. — c) Extrait ( matières fixes), diminutlon sensible chez les 
P. G. — d) Cendres, pas de différence appréciable. — e) Chlorures, 
pas de différence appréciable. — /) Sulfales, n’existent ni chez les 
sujets sains, ni chez les P. G. — g) Phosphales, n’existent pas chez 
les sujets sains. Traces constantes chez les P.G. — h) Urie, il en existe 
des traces chez Ies sujets sains, comme chez les paralytiques généraux. 
— i) Albumine, traces chez les sujets sains; lgr. environ par litre chez 
les P. G. 

Reoue neurologique, 15 novembre. 

Sur qualquee ayndromes mantauz dua à la ayphilis càróbrale, 

parARsiHOLBs et Halbbrstadt. —Etude très intéressante de quelques 
syndromes mentaux dus à la syphilis tertiaire qui ont fait l’objet de 
travaux récents. Les auteurs décrivent successivement les syndromes 
confusionnel, piriodique et paranolde. 

I. Syndrome confusionnel : Plaut en 1909, Krmpelin et Marcus 
en 1911, ont décrit une forme confusionnelle hallucinatoire due à la 
syphilis tertiaire. La spécificité cérébrale peut également donner 
naissance à un syndrome de Korsakoff plus ou moins complet, géné- 
ralement sans polynévrite, et qui s’accompagne de somnolence 
périodique avec peu de signes somatiques (Mouratoff, Stransky, 
Rcemheld, Chaslin et Portocalis, Raymond, Stépanoff). 

II. Syndrohe póriodiqub : Certains états périodiques ou circulaires 
ne relèvent pas de la folie maniaque-dépressive vraie, mais sont 
symptomatiques de la syphilis cérébrale. Ces états maniaques, 


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RBVUE DB PSYCHIATRie 


hyporaaniaques ou raélancoliques, s’accompagnent fréqucuunent 
d’hallucinations, surtout de l’ouíe. La maladie eat habitueilement de 
longue durée et le déficit raental y est pendant iongtemps assez peu 
marqué A. Westphal (1908), Plaut (1909), Finckh, Kwepelin, 
Rayraond et Janet, Doutrebente et Marchand, Saiz, Joily, Ziehen 
et Hitzig, Mosity et Barat]. 

Le diagnostic de ces formes périodiques des troubles mentaux 
sypbilitiques avec la paraiysic géncrale et surtout avcc la P. G. à 
doublo formc (Ziehen) et la P. G. cn rémission (Gaupp) est particuliè- 
rement difficilc. En présence d’états circulaires, un triple diagnostic 
est à faire : folie maniaque-dépressive, paralysie générale, syphUis 
cérébrale.Lesdifficultéssontaccruesdu fait que ces trois affections se 
resscmblent parfois et qu’eUes peuvent se réunir, sans lien de causaUtà 
entre elles, chez le méme sujet [coexistence de folie périodique et de 
syphilis cérébrale (A. Westphal, 1908) et surtout association fréquente 
de paralysie générale et de syphilis cérébro-spinale (Sraussler)]. 

III. Syndrome paranoIde : Krsepclin et Plaut se sont attachés à 
décrire pendant ces dernières années, parmi les états psychopathiques 
relevant de la syphiUs cérébrale, certaines formes délirantes hallucina- 
toires ressemblant à la démence paranolde. 

Ces troubles mentaux, dus à la syphUis tertiaire et aussi parfois à la 
syphilis héréditaire (KraepeUn), seraient très difficUes à distinguer 
de la démence précoce proprement dite et, dans certains cas méme, 
de la paralysie générale. Les idées de persécution sont assez fréquentes, 
plus rarement on observe des idées de grandeur,de jalousie, d’influence, 
etc... Les hailucinations de l’ouie dominentla scène. Plaut pense égale- 
ment que les psychoses tabétiques proprement dites sont, pour la plu- 
part, des psychoses paranoides qui relèvent directement de ia syphUis. 

Le travail si documenté de MM. Arsimoles et Halberstadt nous met 
au courant des études récentes de l’Ecole Kraspelinienne. Mais, que 
de subtUités devons-nous apporter dans le diagnostic des différentes 
affections décrites par ces auteurs? Comment, par exemple, différen- 
cieraveccertitude l’excitatfon maniaque due à la syphilis cérébrale de 
l’excitationmaniaquesymptomatiquejd’undébut de paralysie^générale? 

La recherche du syndrome paranolde nous paratt encore beaucoup 
plus délicatc. Et d’abord, qu’est-ce que la démence paranoldc? De 
nombreux psychiátres se refusent à l’heure actuelle — et cela d’une 
fa§on très catégorique — à admcttre cette nouvelle entité nosologique. 
Et puis, comment prouver que ce « syndrome paranolde » relève direc- 
tement de la spécificité cérébrale, quand nous voyons si souvent 
des syphilitiques ou d'anciens syphilitiques manifester un délire hallu- 
cinatoire plus ou moins systématisé, dont la cause réside purement et 
simplement dans la constitution originelle du sujet? M. Brissot. 


Le Gèrant : O. DOIN. 

PÀRI8. — IMPRIMIRIE LKTÍ, 71 , RUE DE REIfNES. 


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HYSTÉRIE ET CHIRURGIE 

Par Lucien Picqué. 


Deux cas d’appendicite que j’ai observés récemmentchez des hys- 
tériques à l’hópital Lariboisière et en ville m’ont fourni l’occasion 
d’envisager & nouveau la question si intéressante des rapports de la 
chirurgie avec l’hystérie, affection qu’on rencontre si fréquem- 
ment dans la pratique courante. Ges rapports ont étè à diverses 
époques étudiés au point de vue clinique et thérapeutique. 

Gliniquement, les auteurs se sont appliqués à distinguer une 
série d’affections que l’hystérie est susceptible de simuler. Parmi 
celles-ci, la coxalgie hystérique a, depuis longtemps, attiré l’atten- 
tion des pathologistes et des chirurgiens, mais la névrose pourrait 
encore simuler la péritonite, l’occlusion intestinale, la sténose pylo- 
rique et l’appendicite. 

En ce qui conceme cette dernière, au cours d’une discussion qui 
s’est produite, en 1897, à la Société médicale des hdpitaux, Bris- 
saud et Talamon ont déclaré que le substratum anatomique 
pouvait faire défaut dans certaines formes d’appendicites chez 
l’hystèrique et qu’ainsi il fallait, dans ces cas, s’abstenir de toute 
action cbirurgicale. Qu’y a-t-il de vrai dans cette affirmation? G’est 
ce que je voudrais discuter ici, à l’aide des faits qui ont été publiés 
et d’un cas qui m’est personnel. 

Au point de vue thérapeutique, les chirurgiens ont, depuis kmg- 
temps, recherché la guérison de l’hystérie par l’extirpation des 
ovaires. On peut se reporter aux premières tentatives de Hégar et 
de Battey en 1872, à celles de Péan en 1882, de Ghampionnière, de 
Temer, de TerriUon, de Pozzi pour se rendre compte des tendances 
de Tépoque. L’existence d’une lésion ovarienne n’était méme pas 
nécessaire et les chirurgiens acceptaient alors, l’extirpation d’or- 
ganes sains. 

Pozzi envisageant, danslapremièreédition de son livre, les indi- 
catkms de l’ablation de l’ovaire au cours des troubles nerveux, 

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REVUB DE P8YCHIATRIE 


déclare (page 644) « que l’opérateur ne doit pas tant se préoccuper 
de savoir si l’ovaire qu’il doit enlever présente une lésion anatomique 
que s’assurer qu’il est le point de départ physiologique desaccidents>. 
Pour cet auteur, l’examen des signes rationnels prime ici l’examen 
physique. II reconnatt, cependant, qu’il est difficile de se prononcer. 
Terrier.de son c6té, exprimait la mème opinion sur l’impossibilité 
de fixer les Iésions et la nécessité de se déterminer par la clinique. 

Ces interventions ont bien souvent trompé les espérances de 
ceux qui les avaient préconisées. Aujourd’hui, les chirurgiens 
semblent y avoir completement renoncé. 

Quant aux médecins, ilsestiment d’une fagon générale,que l’inter- 
vention chirurgicale, pratiquée chez les hystériques pour des affec- 
tions siégeant en dehors des organes génitaux, a les plus grandes 
chances d’améliorer et de guérir l’hystérie. G’est d’ailleurs la con- 
clusion simple à laquelle aboutit Maillard, dans son récent rapport 
au Gongrès d’Amiens (1911). Je pense, au contraire, que les indica- 
tions opératoires chez les hystériques sont fort délicates à établir 
et le but principal de ce travail est de préciser les conditions mèmes 
de l’intervention chirurgicale chez Ies hystériques, conditions qui 
n’ont guère été envisagées jusqu’ici. On congoit la connaissance 
des formes cliniques et les indications opératoires soient étroite- 
ment solidaires, aussi nous les envisagerons ensemble. 

Or, sous quelle forme doit se présenter la question des indicatious 
opératoires chez les hystériques? 

Tout d’abord, ainsi que pour toutes les catégories de psychopathes, 
le chirurgien doit tenir compte des contre-indications d’ordre men- 
tal. La prophylaxie doit précéder la thérapeutique, prévenir la 
psychose avant de chercher à la combattre, tel est le principe fonda- 
mental sur lequel repose toute la chirurgie des psychopathes. Aussi 
une double question est à résoudre : 1° En dehors des cas où la vie 
est menacée à brève échéance, peut-on opérer une hystérique sans 
crainte d’aggraver l’état préexistant? 2° Que peut faire, en outre, 
la chirurgie sur l’hystérie elle-méme ou 8es manifestations péri- 
phériques? 

Pour résoudre ces diverses questions cliniques et opératoires, il fau- 
drait,tout d’abord, définir l’hystérie et fixer ses limites. Or, iln’est 
pas de problème plus délicat. La discussion du Congrès de Genève, 
en 1907, montre combien d’incertitudes règnent encore à ce sujet. 


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UNivERsrry of michigan 



HYSTÉRIE ET CHIRURGIE 


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II est incontestable que beaucoup d’accidents nerveux sont 
rangés abusivement sous le vocable d’hystérie : le professeur Pitres 
a justement insisté sur ce point, et nous reviendrons plus loin sur 
les mémorables travaux de Babinski. Cette affection se présente 
heureusement au chirurgien d’une fagon beaucoup plus simple 
ou tout au moins quelque peu différente. 

Le chirurgien doit tout d’abord reconnaltre le terrain hystérique 
et les conditions générales qui y favorisent l’éclosion d’une série de 
réactions psycho-physiologiques. II a surtoutà s’appliquer à l’étude 
de certaines d’entre elles qui ressortissent spécialement à la patho- 
logie chirurgicale. 

En ce qui conceme le terrain hystérique, sa nature est encore 
discutée. Les uns, le considérant comme propre à la névrose, le 
font dépendre d’un état constitutionnel spécial, le nervosisme 
(Oppenheim et Claude); d’autres, avec Golin, le rattachent à la dégé- 
nérescence mentale. Mairet, dans un récent article ( Eneéphale , 
janvier 1913), pense quel’état mental est fonction de la dégénéres- 
cence qui en forme le fond et de la névrose qui imprime un cachet 
tout spécial à certains stigmates de la dégénérescence. 

Ce qu’il importe tout d’abord de savoir, c’est que le terrain hys- 
térique est un terrain pathologique et que les diverses réactions qui 
s’y produisent sont également pathologiques. Notion banale qu’il 
importe cependant de rappeler aux auteurs qui invoquent certaines 
analogies avec l’état normal. 

En présence d’une hystérique, on est frappé d’une impression- 
nabihté toute spéciale des centres psychiques. A un faible degré, 
les réactions mentales peuvent à première vue se rapprocher de 
certaines réactions normales. L’erreur peut alors facilement s’expli- 
qu« par ce fait que, contrairement à doctrine intellectualiste, 
notre vie intellectuelle, ainsi que Ribot s’est appliqué à le démon- 
trer dans une série de travaux importants, se développe sur un 
fond affectif et sensible. A l’état naturel, les penchants affectifs 
dominent les manifestations intellectuelles, mais l’éducation tend à 
les modérer. Ghez l’hystérique, au contraire, l’influence réciproque 
de la vie affective et intellectuelle se manifeste à l’avantage de la 
première. La sensibilité devient maltresse de l’intelligence et l’édu- 
cation reste le plus souvent impuissante. Nous nous écartons de 
la nonnale. 


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à24 


fcfeVUE DE PSYCHlATRlE 


Ainsi donc, chez l’hystérique, l’impressionnabilité des centres 
psychiques doit étre considérée comme pathologique et il n’est donc 
pas exact de penser, avec Bemheim, que ces réactions ne diffè- 
rent de la normale que par une différence de degré, opinion qui a 
conduit le maltre de Nancy à admettre que tout le monde est 
hystérique. 

A un degré plus avancé, nous retrouvons encore I’impressionna- 
bilité morbide présider aux grandes réactions mentales quicons- 
tituent le vrai caractère de l’hystérique, à savoir la mobilité extrème, 
l’instabilité, l’impossibilité de dominer l’entrainement de la sen- 
sibilité. 

II convient de remarquer que, hormis ces troubles du caractère, 
l’intelligence de l’hystérique reste ordinairement intacte et qu’on ne 
saurait accepter qu’avec réserve la doctrine psychologique de 
l’hystérie, d’après laquelle cette maladie est considérée comme une 
désagrégation de la conscience. 

G’est encore de cette impressionnabilité qu’émane la sug- 
gestibilité qui commande, dans la classification de Babinski, 
l’apparition des troubles primitifs ou secondaires qui leur sont 
si étroitement subordonnés. Cette notion que le savant médecin 
de la Pitié a mis en lumière dans ses remarquables travaux, 
éclaire l’hystérie tout entière. Elle montre en effet l’influence 
de la suggestion médicale inconsciente et les dangers de I’hysté- 
riculture dans la production descrises qui tiennent parmi Ies 
troubles primitifs une place si importante, que Bemheim n’hésitait 
pas à lui ramener l’hystérie tout entière. Nous montrerons les 
applications qu’on en peut faire dans la pratique chirurgi- 
cale. 

Comment et sous quelle influence Ies diverses réactions mentales 
et périphériques se produisent-elles? 

Bernheim admet que l’appareil hystérogène particulièrement 
sensible « est actionné par des influences diverses ». Pour lui, les 
manifestations de l’hystérie viscérale sont souvent greffées » sur 
des symptómes réels dont elles sont une exagèration où une conser- 
vation auto-suggestive ». Cette notion, importante au point de vue 
chirurgical, a été reprise et développée d’une fagon magistrale par 
Claude dans son rapport au congrès de Genève. Le distingué neuro- 
logisteasurtout montré quecertaineslésions minimes soitdesorganes, 


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IIYSTÉRIE ET CHIRURGIE 


225 


soit des centres nerveux, agissant comme cause provocatrice (1), 
peuvent rompre un équilibre fonctionnel normal et engendrer un 
trouble qui représente la manifestation hystérique. C’est ainsi qu’en 
dehors des associations hystéro-organiques bien connues, il estime 
que telle altération organique, qui pourrait rester latente et ne se 
caractériser que par des signes difficiles & mettre en évidence, 
« apparatt d’une fagon éclatante » parce que l’hystérie vient ampli- 
fier le trouble fonctionnel. On peut dire que, dans ces cas, la mani- 
festation hystérique est sous la dépendance d’une lésion périphé- 
rique qui en constitue le noyau organique. 

Cette conceptkm n’est pas, comme le pense M. Claude, une simple 
hypothèse, elle confirme pour ma part ce que la pratique m’a appris 
depuis de Iongues années et c’est à peu près dans les mèmes termes, 
qu’observant dans un milieu tout différent, j’ai exprimé mon opi- 
nion sur les réactions que peut exercer le cerveau d’une hystérique 
sur une lésion périphérique. Le chirurgien trouve l’application de 
cette doctrine dans l’étude de certaines réactions subjectives spé- 
ciales qui méritent de trouver place à cóté des troubles primitifs 
de l’hystérie. L’élément psychique qui dépend de l’liystérie et 
commande à ces réactions, agit en dénaturant ou exagérant I’expres- 
sion symptomatique d’une affection périphérique. Parfois, ces 
modifications sont conscientes; le malade peut, dans certains cas, 
les simuler entièrement. Un nouvel élément psychique s’ajoute 
alors au précédent : le chirurgien doit encore s’appliquer à le dis- 
tinguer. Enfin, les réactions mentales peuvent affecter la forme 
d’idées délirantes : leur connaissance est indispensable pour fixer 
d’une faqon précise les indications et les contre-indications opéra- 
toires. 

Nou 3 allons successivement envisager les divers modes de réaction 
fonctionnelle quise rencontrent dans la pratique. II en est deux, bien 
distincts. Dans le premier, la réaction se bome à une simple douleur. 
La suggestion médicale inconsciente, qui peut, comme nous I’a 
appris Babinski, ètre le point de départ des grands symptdmes de 
l’hystérie, peut également créer la douleur simple par des examens 

(1) Je tiens à (aire remarquer que le < termè cause provocatrice»n’a pas la 
mSme signification que celui d’agent provocateur qu'avait employé Guinon 
dsns sa thèse de 1887. Pour Guinon, ii s’agissait, en effet, d’une action secondaire; 
nous voulons parler, ici, d’une cause première; cette distinction est importante 
•u point de vue chirurgical. 


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226 


RBVUE DE PSYCHIATRIE 


intempesiifs où maladroitement pratiqnés. Celle-ci se localise 
aussi sur un organe qui ne présente aucune lésion. D’autres causes 
peuvent d’ailleurs intervenir, que j’ai signalées à la société de chi- 
rurgie, en relatant l’histoire curieusa d’une épidémie » d’appendicite 
mentale ». La production de ces points douloureux joue un rdle 
important en chirurgie et qu’il faut le connaltre. Bn ce qui conceme 
l’appendicite chronique, on peut affirmer que des « pseudo-appendi- 
cites » peuvent se développer dans ces conditions et devenir aussi 
l’objet d’interventions opératoires inutiles (1). Dubois, de Berae, 
qui connaissait ces faits, proscrivait toujours l’examen somatique 
en cas de psycho-névrose. J’ai insisté souvent sur les conséquences 
f&cheuses de cette doctrine exclusive. Je pense qu’il convient, 
sinon de proscrire des examens indispensables, du moins d’établir 
des règles cliniques. II y a longtemps que Ghampionnière, dans une 
étude sur la douleur en général, avait très justement signalé Ia sur- 
vivance de la douleur et insisté sur la nécessité de soumettre à des 
règles rigoureuses Ia recherche de la douleur. Quoi qu’il en soit, il ne 
faudrait pas admettre que, chez l’hystérique, toutes les douleurs 
reconnaissent cette origine. La douleur localisée dans la fosse iliaque 
droite peut avoir naturellement chez elle une origine appendiculaire. 
Pour éviter l’erreur, il convient de ne pas envisager la douleur isolé- 
ment, mais de rechercher les symptómes passés ou actuels dont 
l’ensemble peut constituer un syndrome appendiculaire. L’obser- 
vation suivante, qui m’est personnelle et encore inédite, me paralt 
intéressante à ce point de vue. 

M Ue R..., 27 ans, vendeuse, entre & l’hòpital Lariboisière le 3 décem- 
brel910. Ellesouffre, depuis le mois d’octobre 1909, de douleursloca- 
lisées au niveau de la région épigastrique et de la fosse iliaque droitc. 
Ges douleurs sont continuelles : à l’épigastre, c’est une lourdeur ou 
une pesanteur pénible, parfois c’est une douleur sourde que ressent 
la malade. Au niveau de la fosse iliaque droite, la malade éprouve 
surtout une gène avec des élancements aigus, qui se reproduisant 
fréquemment, surtout à la suite de fatigue professionnelle où d’une 
marche un peu prolongée. Cet état douloureux s’accompagnait, de 
tempsà autre, mais rarement, de vomissements. La malade ne suivait 
aucun régime spécial, mais elle s’abstenait de sauces, de mets épicés, 
de certains légumes. En septembre 1910, les douleurs étaient devenues 
beaucoup plus violentes au niveau de la région épigastrique : l’acuité 

(1) II faut distinguer les pseudo-appendidtes des appendicites dites hysté- 
riques que nous envisagerons plus loin. 


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HYSTÉRIE ET CHIRURGIE 


227 


était telle que la malade ne pouvait plus prendre aucun repos. Au ni- 
veau de la fosse iliaque, ies douleurs se présentaient sous la forme 
d’élancements, qui survenaient sous forme de crises de plus en plus 
rapprochées, et ces crises colncidaient d’ailleurs généralement avec une 
exacerbation de la douleur épigastrique. La palpation épigastrique et 
iliaque était, d’après la malade, très pénible. A partir de ce moment, 
les vomissements deviennent beaucoup plus fréquents, accompagnant, 
de temps à autre seulement, les crises douloureuses ou les accompa- 
gnant toujours régulièrement selon lee moments. Tantót, les crises 
douloureuses et les vomissements se répétaient plusieurs fois par jour, 
pendant deux ou trois jours. Tantòt, tandis que les crises douloureuses 
restaient quotidiennes, les vomissements ne se reproduisaient qu’au 
bout de quinze jours, tantót encore ils se reproduisaient tous les trois, 
quatre, six ou huit jours. Un médecin consulté à ce moment, se borne 
à conseiller un régime. Vers le milieu du mois d’octobre, les phéno- 
mènes douloureux et les vomissemcnts sont devenus de plus en plus 
intenses et de plus en plus fréquents. La malade cesse alors tout tra- 
vaU et se trouve obligée de s’aliter. Elle est soumise au régime du lait 
et des bouillies, mais elle continue régubèrement à vomiv tout ce 
qu’elle prend. Des lavages d’estomac sont prescrits, mais ne donnent 
aucun résultat. Durant tout ce temps, la constipation avait été opi- 
niàtre : la malade n’obtenait de garde-robes que gráce aux ìavements 
et aux purgatifs. Cependant quelques jours avant son entrée à l’hftpi- 
tal, c’est-à-dire à la fin de novembre, la constipation fit place à une 
diarrhée abondante : il y a six à sept selles par jour, les vomisse- 
ments persistent. Pendant toute cette période, la malade affirme 
que la fièvre a étó nulle ou minime. 

Le 2 décembre la malade entre dans mon service pour y ètre 
mise en observation. Au niveau du point de Mac Burney, il existe 
une douleur très nette, pas de tuméfaction appréciable. L’estomac 
n’est pas dilaté, le rein est en place. Régime lacté : quelques 
crèmes sont apportées du debors, la constipation reparatt. Pendant 
tout le mois de décembre, les vomissements ont cessé. Ils reparaissent 
vers le milieu de janvier 1911. Les douleurs sont toujours violentes, 
surtout au niveau de l’estomac. D’après la malade, les douleurs épi- 
gastriques, ont toujours dominé le tableau symptomatique. Les 
crises d’élancements au niveau de la fosse iliaque droite n’ont été que 
rarement aiguès. Seules, elles n’auraient jamais obligé la malade à 
cesser son travail, ni mème à consulter un médecin. Vers la mi-janvier, 
des douleurs très aiguès apparaissent au niveau de la fosse iliaque 
droite, sans forrae de crises très violentes se prolongeant pendant la 
journée et méme la nuit. Ces douleurs s’accompagnent de vomisse- 
ments et d’une température élevée. Un médecin des hdpitaux voit sur 
ma demande la malade, pratique un examen complet et conclut, sur 
la constatation d’une anesthésie d’ailleurs très marquée du pbarynx. 


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REVUE DB PSYCHIATRIB 


& des phénomènes d’ordre névropathique : il se prononce contre toute 
intervention chirurgicale. Un jeune chirurgien des hdpitaux qui 
examine cette malade avec lui, partage cette manière de voir. Quant 
à moi, persuadé que toute l’histoire de la malade se rattache à une 
lésion de l’appendice, je pratique l’intervention le 15 janvier 1911. 
Aucun incident opératoire. Les suites sont nuUes; les fils sont enlevés 
au dixième jour. L’appendice est long, vasculaire : ses parois sont tréa 
épaissies : à la coupe, on trouve sur la muqueuse une zone grisátre 
très limitée qui tranche nettement sur la coloration voisine : eUe res- 
semble à une plaque de nécrose. L’examen histologique n’a pas été 
fait. Les phénomènes douloureux de la fosse Uiaque et de la région 
épigastrique disparaissent complètement. II en est de méme des 
voraissements. La malade commence à s’alimenter. EUe quitte le 
service le 28 février. 

Depuis, la malade a repris son régime ancien (purées, pfites, viandes 
blanches), si elle s’en écarte, les digestions reviennent pénibles, nous 
dit-elle. Après le repas, elle éprouve encore un peu de lourdeur, de 
ballonnement et de congestion de la face. Elle signale une lourdeur 
vaguement douloureuse au niveau de la jambe droite dont eUe s’était 
déjà plainte avant sa sortie de l’hdpital. Cette douleur se manifeste 
surtout après des fatigues (marche, station verticale prolongée), mais 
ne l’empèche pas d’exercer facUement sa profession de vendeuse dans 
un magasin de nouveautés. 

Actuellement (fln 1912), l’examen ne permetde retrouver aucune 
sensation douloureuse au niveau de la région épigastrique et de la 
fosse iliaque droite. Seuls subsistent des phénomènes névropatbi- 
ques divers réalisés par de la fatigue ressentie surtout le malin, au 
réveU, et par des insomnies de temps à autre. En outre, elle accuse 
une illuaion d’insensibUité de la peau, qui ne répond à aucune zone 
nette d’anesthésie et d'hyperesthésie cutanée. On retrouve une anes- 
thésie pharyngée et cornéenne très nette. 

Anlécédenls. — A l’fige de 12 ans, la malade a éprouvé, pour la pre- 
raière fois, des troubles d’estomac qui durèrent deux années consécuj 
tives. Us cessèrent alors, pour reparattre à l’ftge de 18 ans. Us con- 
sistaient en des crises gastriques douloureuses accompagnées de 
vomissements. La constipation était opinifitre. En mai 1908, elle 
subit une néphropexie pour une ptose rénale qui s’accompagnait de 
douleurs irradiées de la région lombaire à la partie supérieure de la 
fesse. Ces douleurs étaient violentes et survenaient sous forme de 
crises convulsives accompagnées de pertes de connaissance qui se 
produisaient plusieurs fois par jour sous l’influence parfois du moindre 
contact. Depuis l’intervention sur le rein, ces phénomènes ont com- 
plètement disparu. 

Cette observation me paralt intéressante à plus d’un titre. Si 
j’ai pu éviter l’erreur de diagnostic commise par deux de nos col- 


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HYSTÉRIE ET CHIRUROIE 


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lègues, c’est qu’au lieu d’envisager séparément la douleur, j’ai 
recherché parmi les symptómes passés et actuels, comme je l’en- 
seigne à mes élèves, les éléments du syndrome appendiculaire et que 
je les ai trouvés suffisants pour entralner ma conviction. Dès lors, 
la constatation d’un stigmate hystérique perdait à mes yeux l’im- 
portance que celui-ci avait dans l’esprit de nos collègues. Je ne puis 
d’ailleurs pas admettre l’exclusivisme de certains auteurs, comme 
Talamon, pour qui la constatation d’un stigmate hystérique est la 
preuve que l’appendicite n’existe pas. La coexistence n’implique 
pas un rapport de causalité. J’ajouterai, enfin, que la ptose rénale a 
provoqué chez cette malade un mode de réaction spéciale que nous 
étudions plus loin. 

Le deuxième mode de réaction que j’ai à envisager s’adapte entiè- 
rement à la conception de Claude. Telle affection évolue silencieu- 
sement, dans Ies conditions ordinaires, avec des sjmptómes frustes. 
L’hystérie amplifie ceux-ci, les dénature et peut déterminer une 
symptomatologie bruyante. Or, il existe à cet égard entre les 
auteurs deux tendances opposées. 

Si l’on considère les affections utéro-ovariennes, quelques gyné- 
cologistes et principalement Bossi, de Génes (communication au 
Gongrès d’obstétrique, octobre 1911), isolent de l’hystérie sous la 
dénomination de syndrome génital, la symptomatologie fonctionnelle 
des affections du petit bassin, chez la femme. Ils prétendent ainsi 
accorder à celles-ci une autonomie absolue et les libérer de toute 
servitude cérébrale. 

Cette prétention n’est pas soutenable. En faisant entrer d’ailleurs 
dansce syndrome spécial des perturbations psychiques et en créant 
une sorte de a neuro-psycho-pathologie gynécologique », le gyné- 
cologiste italien montre lui-mème qu’il ne peut éluder la servitude 
cérébrale qui pèse sur la pathologie de l’utérus et des annexes et 
qu’on doit, en définitive, conserver une place aux fausses utérines 
dans le cadre nosologique. En tout cas, cette conception simple, 
qui cadre davantage avec les tendances spécialisatrices de notre 
époque et répond mieux aux aspirations du gynécologiste dont elle 
limite et précise le champd’action.n’estpasconfirmée par la pratique. 

Pour ma part, une longue expérience de la gynécologie chez les 
psychopathes m’a conduit à reconnaltre que la symptomatologie 
bruyante qui accompagne certains troubles pelviens est sous la 


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dépendance d’un terrain spécial, dans lequel on reconnalt facile- 
ment, à cdté des états dégénératifs, l’hypocondrie et aussi l’hystérie. 

Nous retrouvons une tendance tout opposé dans la question 
des appendicites hystériques. Sous cette dénomination, nous enten- 
dons désigner, non plus les appendicites chroniques à symptoma- 
tologie fruste, dont nous avons parlé plus haut, mais les appen- 
dicites à symptOmes bruyants semblables à ceux qu’on rencontre 
dans les formes aigués. L’hystérie peut-elle créer de toutes pièces 
cette symptomatologie sans qu’il y ait un substratum organique 
corame le pensent quelques auteurs? Une lésion anatomique est-elle 
nécessaire? Le ròle de l’hystérie se bome-t-il, au contraire, confor- 
mément à la conception de Claude et à la mienne, à substituer une 
symptomatologie bruyante à une symptomatologie habituellement 
silencieuse? 

On conviendra que la question vaut la peine d’étre discutée, 
puisque la première hypothèse n’aboutit rien moins dans la pra- 
tique qu’à l’abstention, chez toute hystérique atteinte dune crise 
d’appendicite aiguè. 

En 1897, à la Société médicale des hòpitaux, Rendu fut seul à 
admettre que l’hystérie n’avait d’autre ròle que d’exagérer la sym- 
ptomatologie fonctionnelle d’une affection nettement constituée. 
II concluait à l’intervention et présenta d’ailleurs deux cas de gué- 
rison obtenue dans ces conditions. Dans l’un d’eux, les symptòmes 
étaient tellement graves qu’ils simulaient une perforation de I’esto- 
mac, comme chez une de nos malades dont nous rapportons plus 
loin l’histoire. 

Le professeurBrissaud, de son còté, admettait l’appendicite fan- 
tòme, mais le cas qu’il présente à l’appui de son opinion et dans 
lequel il attribuait les symptòmes entièrement à la névrose, n’était 
autre que le premier des deux malades de Rendu, chez lequel 
l’intervention démontra un appendice atteint des lésions d’hyper- 
plasie folliculaire. 

Talamon admettait bien avec Rendu que, dans certains cas, l’hys- 
tériepeut exagérer les symptòmes d’une appendicite légère, au point 
de faire croireà une appendicite perforante et il impose d’ailleurs à ces 
cas la dénomination d’appendicite avec péritonisme hystérique. 
Mais il pense, d’autre part, que, dans certains cas, l’hystérie crée 
toute la symptomatologie. C’est la pseudo-appendicite hystérique. 


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D’aprés cet auteur, elle affecte parfois le caractère de eimple colique 
appendiculaire avec douleurs vives dans l’hypocondre droit, vomis- 
sements, hyperesthésies dans la zone hystérogène sous-costale, simu- 
lant le point de Mac Bumey. Dans certains cas, elle peut revètir la 
forme d’une péritonite limitée. La contracture du muscle droit 
donne la sensation d’une tumeur limitée, comme dans le cas de 
Bríssaud. Dans certains cas, enfin, elle prend la forme chronique 
avec l’aspect clinique d’une tympanite ou du météorisme hysté- 
ríque simulant la péritonite tuberculeuse. 

Talamon considère qu’il est très important de distinguer ces deux 
variétés puisque dans la première est on amené, d’après lui, à une 
intervention inutile et dans la seconde à une intervention « inutile- 
ment hdtive ». 

Dans l’hystérie, la douleur, pour cet auteur est surtout sous- 
costale et se propage au dos. La présence ou l’absence destigmates 
hystériques aurait enoore pour lui une très grande importance. 

J’ai dit, plus haut, à propos d’un cas particulier, ce qu’il fallait 
penser de la constatation d’un stigmate hystérique. D’une fa$on 
générale, on peut dire que cette constatation est utile, lorsqu’on se 
trouve en présence d’une douleur isolée, mais qu’elle perd toute 
valeur devant un syndrome bien constitué. Aussi le médecin ne 
doit-ilrien négliger pour en recueillir les éléments. Pour ma part, 
je suis disposé à admettre, avec Rendu, contrairementà Talamon, 
que, le plus souvent, il existe, en mème temps que les troubles fonc- 
tionnels, une Iésion de I’appendice et, comme lui, je suis disposé à 
intervenir. 

Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, des tendances personnelles, cette 
importante question ne peut se résoudre que par des faits et ceux 
que Talamon a présentés à la Société médicale des hdpitaux me 
paraissent susceptibles de quelques réserves. Sur quatre observa- 
tions, en effet, deux fois il n’y a pa9 eu d’intervention : aucune 
vérífication n’a donc été possible, la guérison actuelle ne peut rien 
prouver contre la réalité des crises antérieures. Dans l’un des cas 
opérés, le chirurgien ne trouve pas l’appendice et les crises conti- 
nuent. Dans le second, c’est la surveillante qui déclare que M. Gha- 
put n’a trouvé, en opérant, aucune lésion de l’appendice et qu’il a 
refermé le ventre en déclarant qu’il s’agissait d’une forme hystérique. 
Le malade, d’ailleurs, présente un bémispasme glosso-labié : un an 


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RBVUB DE PSYCHIATR1E 


aprè8, les accidents reparaissent. Dubois (Thèse de Paris, 1900, 
Hyslérie el Appendicite) cite également un cas qui vient à l’appui 
de l’opinion de M. Talamon. II s’agit d’une fillette de 16 ans, très 
nerveuse, présentant des stigmates hystériques (anesthésie pha- 
ryngée, diminution du champ visuel). La crise d’appendicite est 
survenue brusquement. M. Ch. Monod voit la malade et déclare 
qu’il s’agit de phénomènes hystériques : elle guérit. 

La thèse de Cordéro (Montpellier, 1905), I’hystérie simulatrice de 
quelques affections chirurgicales contient un fait analogue emprunté 
au service de Schwartz, en 1898 : il fut examiné par notie collègue, 
qui conclut de la mème fagon que M. Monod. 

Je rappellerai enfin que M. Talamon signale, dans son travail, 
un cas de M. Shardy, de New-York, relatif à un malade chez Iequel 
on avait porté à deux reprises le diagnostic d’appendicite. L’autopsie 
permit de reconnaltre qu’il n’existait aucune lésion de I’appendice. 
Ce cas n’a cependant peut-étre pas la valeur qui lui est attribuée, 
car des Iésions peu accentuées peuvent disparaltre après la mort 
et nous ne savons méme pas si l’examen histologique de l’appen- 
dice a été pratiqué. 

Quelques-uns des malades qui font l’objet des observations précé- 
dentes, présentaient des stigmates hystériques. Nous ne revien- 
drons pas sur ce qui a été dit plus haut. Le début brusque à 
l’occasion d’une émotion, signalé dans une de'ces observations, ne 
saurait ètre considéré comme un signe important. II en est de méme, 
selon moi, de la coexistence d’une crise hystérique avec l’accès 
appendiculaire, ainsi que de la disparition brusque de cet accès, 
sous I’influence d’une menace, signalée, par M. Talamon, chez un de 
ces malades 

En somme, dans les observations précédentes, il s’agit de sujets 
hystériques qui ont présenté des crises d’appendicite. Ghez les uns, 
les preuves matérielles manquent puisqu’ils n’ont pas été opérés 
et il n’est pas possible, malgré la guérison actuelle, d’affirmer que 
Ies lésions n’existaient pas. Chez les autres, ou bien l’on n’a pas 
trouvé l’appendice (cas de Bichelot), ou bien Ies lésions ont paru 
manquer, mais l’examen histologique a fait défaut En tout cas, 
l’appendice a été laissé en place et les accidents ont continué. 

A ces faits, nous pouvons opposer des faits positifs beaucoup plus 
intéressants. Lelong (thèse de Montpellier, 1902, L'interveniion chi - 


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HYSTÉRIE ET CHIRURGIE 


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rurgicale dans rhysiérie) cite un cas de Forgue relatif à une femme 
qui eut trente-deux crises d’appendicite, accompagnées de crises 
nerveuses. La malade présentait des stigmates et l’on provoquait la 
crise par la pression du point de Mac Bumey. L’intervention dé- 
montra des lésìons superficielles et la malade guérit. — Dans un 
autre cas, cité par le mème auteur, Forgue opère une jeune fille 
de 25 ans qui présentait, en méme temps que des symptòmes d’ap- 
pendicite, une hémiplégie droite d’origine hystérique. L’opératkm 
fit disparaltre l’hémiplégie dès le lendemain. II y avait un calcul 
dans l’appendice qui présentait des lésions évidentes. Bien que 
légères, surtout dansle premier cas, on doitadmettreque ces lésions 
jouaient un ròle prépondérant, puisque leur suppression amena la 
disparition des accidents. 

J’ai, moi-mème, eu l’occasion d’observ'er deux cas, qui me parais- 
sent intéressants à publier : 

Le premier cas est relatif à une jeune fille que j’ai opérée, en 1904, 
dans mon service de Sainte-Anne, pour une luxation récidivante de 
l’épaule. Elle est atteinte d’hystéro épilepsie et j’ai du l’opérer trois 
fois. Le résultat a été définitif et je l’ai présentée à la Société de 
Chirurgie. Lors de la première opération, le 10 mai 1904, elle a été 
prise de vomissements incoercibles et bilieux qui coìncidaient avec 
une douleur violente du creux épigastrique et qui irradiaient dans le 
dos (signe de Talamon). Ces douleurs cessent au bout de trois jours 
d’un régime alcalin. Le 20 septembre 1904, elle est prise brusquement 
de vomissements opiniátres porracés. Le pouls est à 144, la tem- 
pérature est à 37. Au point de Mac Burney existe une douleur qui 
se diffuse à gauche et dans la région périombilicale. Pas de ballon- 
nement. En présence de la gravité des accidents, je fais des réserves 
pour l’ouverture d’un ulcère de l’estomac. La mnlade a d’ailleurs 
des antécédents gastriques avcc hématémèses. Je penche toutefois 
pour l’appendicite aiguè et je pratique l’intervention classique. Je 
découvrc un appendice Iong, congestionné, renflé à son extrémité, 
sans adhérences. Je ne trouvc pas de liquide péritonéal. Je résèque 
l’appendice et je pratique l’enfouissement. Je fis néanmoins, dans 
un deuxième temps, pour éviter toute surprise, une incision épi- 
gastrique. L’estomac mis à nu ne présente aucune perforation. En 
raison de l’intensité des accidents et du peu dc lésions de l’appen- 
dice, je crus donc, comme beaucoup d’observateurs, à une perfo- 
ration de l’estomac. 

Cette malade avait simplement amplifié les symptòmes de l’appen- 
dicite, mais je n’en suis pas moins persuadé, que l’intervention si 
celle-ci n’était pas urgente, n’en était pas moins utile et qu’elle a mis 


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la malade à l’abri de complications immédiates ou lointaines. II est 
certain que, chez ma malade, la dissociation du pouls et de la tempé- 
rature qui, habituellement, constitue un symptftme si alarmant et qui 
m’avait conduit à une intervention immédiate, ne relevait pas d’une 
asystolie d’origine infectieuse. La rapidité du pouls tenait à un 
trouble circulatoire hystérique. Le signe perdait ainsi toute sa valeur 
pronostique. 

L’histoire de ma deuxième malade a été publiée dans le V* volume 
de ma chirurgie des aliénés. J’avais désigné à tort cette observation 
sous le nom de pseudo-appendicite parce que je connaissais mal à 
l’époque les faits que j’étudie aujourd’hui. II s’agissait bien encore 
d’une véritable appendicite à symptftmes amplifiés par une hysté- 
rique. Les lésions étaient légères, mais très nettes. L’examen histolo- 
gique démontra une congestion légère des follicules avec folliculite et 
perifolliculite sans nécrose. La malade avait été prise subitement 
d’appendicite avec vomissements, symptftmes douloureux très nets 
dans lá fosse iliaque et défense musculaire. L’opération fut faite sur 
mes indications par mon élève et ami le docteur Mariau de Pé- 
ronne. J’avoue que je fus étonné de constater l’existence de lésions 
si minimes. II importe de rappeler que, chez cette malade, les 
stigmates hystériques étaient nombreux et caractéristiques. En 1903, 
elle avait consulté pour une aphonie hystérique caractérisée (cordes 
vocales saines mais en complet reldchement anesthésie pharyngée). 
Sa guérison fut obtenue par suggestion en deux séances d’électri- 
sation faradique. L’année suivante, nouvelle crise d’aphonie traitée 
sans résultat par divers procédés. Elle guérit en une séance par I’in- 
jection de quelques gouttes d’eau dans le larynx. La mème année, 
la malade est prise subitement de surdité absolue qui guérit immé- 
diatement par l’extraction simulée d’un tampon d’ouate. 

La crise d’appendicite dont elle a été opérée a débuté brusquement 
lorsque la malade a appris l’existence d’un cas d’appendicite, dans la 
maison qui se trouve en face de celle qu’elle habite (1). Les suites 
opératoires sont curieuses à signaler. Après l’opération, malgré les 
suites les plus simples, la malade reste au lit pendant deux mois. Elle 
déclare ne pouvoir ni se lever, ni marcher et elle se plaint de douleurs 
tantftt au niveau de la cicatrice, tantftt au niveau de l’épigastre. 
Une psychothérapie médicamenteuse et verbale la font sortir de son 
lit. La guérlson se maintient du cftté de l’appendice, mais au bout de 
Irois mois, elle est reprise d’aphonie. Cette observation me parail 
concluante. Elle nous montre, en effet, une hystérique à stigmates 
multiples, amplifiant, dans une notable proportion, une appendicile 
légère et qui guérit rapidement et définitivement. 

(1) Ilest bond'insister sur cette origine. Nous retrouvonslà, eneffet.un cas de 
contagion mentale, que nous avions signalé à l’origine de l’épidémie • d’appeo- 
dicite mentale » dans l’armée que J’ai relatée à la Société de Chirurgie. 


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HYBTÉRIE ET CHIRUROIE 


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En étudiant les réactions fonctiounelles propres à l’hystérie, 
nous avons montré que, dans certains cas, l’hystérie peut simuler 
une affection comme Pappendicite chronique ou du moins créer la 
douleur qui en représente le symptóme principal. Nous avons vu, 
d’autre part, que l’hystérie peut modifier l’expression clinique subjec- 
tive d’une affection par l’adjonction d’éléments nouveaux au point 
de faire admettre, dans ces cas, une forme différenteet beaucoup 
plus grave. Dans le premier cas, nous pourrons dès lors, éviter de 
croire à une appendicite qui n’existe pas. Dans le second cas, deux 
circonstances peuvent se produire. Quand la lésion est superficielle, 
il sera facile de constater que la symptomatologie n’est pas en rap- 
port avec la lésion; on pourra dès lors dégager celle-ci de l’appoint 
que l’état mental lui apporte et la ramener à une forme plus simple. 
Quand, au contraire, la lésion est profonde, comme dans l’appen- 
dicite, on devra hésiter entre les formes simples ou plus graves, 
mais comme la lésion ne saurait étre mise en doute, ainsi qu’il 
résulte de la précédente discussion, on devra agir comme dans le 
cas d’une lésion grave. 

Ainsi gràce aux notions précédentes, il sera le plus souvent pos- 
sible de faire le départ entre les cas où il faut s’abstenir et ceux où 
l’on peut intervenir sans crainte de s’exposer à une erreurde diag- 
nostic. Débarrassée de toutes les questions qui le compliquent, 
l’étude des indications opératoires chez les hystériques présente une 
réelle simplicité. 

On me permettra, toutefois, pour justifier certaines divergences 
plus apparentes que réelles, d’envisager rapidement les phases de 
ma pratique. Pendant de longues aimées, j’ai pensé que l’hystérie 
ne devait étre soumise à l’intervention que dans des conditions 
exceptionnelles. On n’intervenait d’ailleurs à cette époque que sur 
des organes sains tels que l’ovaire, et je considérais, comme aujour- 
d’hui encore, cette pratique absolument condamnable. 

Mallet, défendant mes idées dans sa thèse inaugurale, déclarait 
que, sauf urgence, il ne fallait pas opérer les hystériques. II concluait 
que ces malades n’avaient rien à retirer de la chirurgie, que, le plus 
souvent, l’intervention aggravait leur état et que celle-ci n’agissait 
d’ailleurs que par suggestion. D’ailleurs Angeluci et Pieracini 
consignaient, dans une statistique publiée en Italie après le Congrès 
de Montréal, en 1897, et portant sur 109 cas, les résultats déplo- 


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RBVUB DB PSYCH1ATRIB 


rables de rintervention chirurgicale (psychoses post-opératoires). 
II est intéressant de constater que Ia plupart des femmes opérées 
étaient des hystériques. 

J’étais d’autant plus poussé & persévérer dans l’abstention qu’en 
refusant aux hystériques l’intervention, sauf dans les cas d’extréme 
urgence. Je ne trouvais dans ma longue statistique personnelle 
aucune aggravation post-opératoire si fréquemment signalée dans 
d’autres statistiques. Par contre, cette abstention quasi systéma- 
tique ne pouvait me permettre de constituer un dossier d’observa- 
tions favorables à l’intervention. Un seul cas favorable me fut 
foumi par mon collègue et ami le Docteur Briand, médecin en 
chef à Sainte-Anne. 11 s’agit d’une malade, venue de Londres à 
Paris pour consulter Charcot sur des troubles neurasthéniques. 
Notre collègue, appelédepuis cette consultation à voir la malade, 
découvre un rein mobile. L’opération amena une guérison définitive 
que nous attribuàmes d’ailleurs à la suggestion. L’observation est 
relatée dans Ia thèse de mon inteme Mallet. A la méme époque, je 
guérissais deux malades à Lariboisière de troubles pelviens par une 
opération simulée (1). J’ai observé, d’autre part, une malade dont 
j’ai rapporté, en 1898, l’observation à la Société deChirurgie. Cette 
malade avait subi sans succès, en province, deux opérations (une 
simulée et la deuxième, réelle, consistant en une hystérectomie 
vaginale). EUe guórit, à l’aide de la suggestion à l’état de veille 
suivie d’une séance d’hypnotisme. 

Depuis, dans diverses communications, je me suis appliqué à 
rechercher, en cas de douleur, d’abord le substratum anatomique, 
puis Ia part qui revient dans la symptomatologie fonctionnelle, à 
l’état mental (Mélhode chirurgicale en médecine menlale. Commu- 
nication à l’Académie de Médecine). Mais j’établissais déjà une 
distinction entre les hystériques et les hypocondriaques. En cc qui 
conceme ces demiers ( Mèmoire sur les conditions de Vinleroeniion 
chirurgicale chez les hypocondriaques), j’ai dit expressément: « toute 
disproportion entre la lésion et les symptdmes accusés, doit tenir 
en cveil l’attention du chirurgien et l’engager à surseoir à une 
intervention ». Mais pour les hystériques ( Mémoire sur les opéra- 

(1) Dans mon travail présenté à la Société de Chirurgie sur les opéraUoni 
simulées, f’ai montré qu’on pouvait obtenir le méme résultat par d’autres procé* 
dés meilleurs et f’ai insisté sur le danger de ces opérations. 


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HYSTÉRIE ET CHIRURGIE 


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lions simulées. Société de Cbirurgie), j’exprimai la pensée qu’après 
avoir tout d’abord refusé d’opérer les hystériques, j’avais depuis 
constaté que « dans des conditions délicates encore à préciser à 
l’heure actuelle, l’intervention pratiquée dans les cas d’une lésion 
bien déterminée pourrait exercer sur l’hystérie une action salu- 
taire ». Mais j’insistais sur la nécessité de déterminer l’existence 
d’une lésion réelle, l’intervention sur les organes sains me parais- 
sant aléatoire et susceptible de conduire aux pires abus. 

J’établissais en outre une hiérarchie entre les lésions. Dans mon 
premier travail sur les conditions de l’intervention chirurgicale chez 
les hypochondriaques, je fais is remarquer qu’il fallait distinguer 
les déplacements d’organes, comme le rein mobile ou le prolapsus 
utérin, desmaladies inflammatoires comme la métrite et l’appen- 
dicite. 

Au sujet des premiers, je reste aujourd’hui convaincu comme je 
I’étais alors, que le prolapsus utérin constitue une affection indo- 
lente et que les douleurs accusées par les malades sont, dans les 
conditions ordinaires, sous la dépendance des lésions annexielles 
qui peuvent la compliquer. En dehors de celles-ci, la douleur doit 
étre considérée comme I’appoint foumi par l’état cérébral. L’indi- 
cation opératoire sera toujours exceptionnelle. Par contre, dans les 
maladies inflammatoires, I’origine locale de la douleur n’est pas 
douteuse : il convient cependant de rechercher dans quelle mesure 
l’état cérébral peut l'exagérer. 

Nous sommes arrivés ainsi par une gradation insensible, et au fur 
et à mesure de l’expérience acquise, à notre conception actuelle sur 
les indications opératoires cbez les hystériques. Eclairés, d’autre 
part, par les considérations qui précèdent, nous pouvons foumir 
aux deux questions que nous avons posées au début de ce travail 
une solution très simple qui lui servira de conclusion. 

1° En dehors des cas où la vie esl menacée à brioe échéance, peuí- 
on opérer une hyslérique sans craitúi d’aggraoer l’itai menlal? 

II faut tout d’abord tenir compte des réactions psychiques 
plus ou moins marquées selon les malades et éviter les opérations 
susceptibles de provoquer I’apparition des réactions mentales 
pathologiques. La limite est, le plus souvent, délicate à établir; 
toutefois, d’une faQon générale, on devra considérer les malades à 
grandes réactions mentales corame en imminence de troubles men- 

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taux. II conviendra donc de redouter, chez elles, les conséquences 
des traumatismes psychiques si souvent provoquésparlesopérations, 
se montrer très réservé au point de vue de l’intervention et ne se 
boraer qu’à la chirurgie d’urgence. 

2° Que peul faire , en oulre, la chirurgie sur Vhyslérie elle mime 
■ou sur les manifeslcdions périphériques? 

A ce demier point de vue, l’intervention chirurgicale peut sup- 
primer, chez l’hystérique, en mème temps qu’une lésion bien nette* 
ment définie, les manifestations fonctionnelles du cóté local et 
•cérébral. Réaction périphérique et réaction mentale peuvent dis- 
paraltre en méme temps sous l’influence de l’intervention. 

Les réactions mentales & forme délirante (folie hystérique) sontr 
•elles susceptibles de disparaltre par la suppression d’une lésion 
provocatrice? Je n’ai pas à ma disposition de fait suffisamment 
probant pour émettre une opinion à cet égard. 

Peut-on encore espérer une action efficace de la chirurgie sur le 
terrain hystérique lui-mème par la suppression de I’agent provoca- 
teur, conformément à la conception de quelques neurologistes 
actuels? Là encore je ne possède aucun fait qui m’autorise à penser 
que le terrain hystérique peut étre modifié par une interventkm 
'Chirurgicale. 


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INTERPRÉTÀTIONS DÉLIRANTES 
ET PERGEPTIVITÉ CÈNESTHÉSIQUE 

Par le D r Paul Courbon 
Médecin de l'Asile d’Amiens. 


Les mterprétaiions délirantes sont de règle dans la mélancolie. 
Aussi l’observatíon ci-dessous consignée ne mériterait-elle pas d’ètre 
rapportée, si elle ne mettait en évidence le rdie d’unfacteur jusque- 
là peu étudié dans la genèse des erreurs interprétatives : l’état de la 
perceptivité cénesthésique. 

Toute connaissance humaine n’est qu’une interprétation des 
objets qu’elle vise. Le monde n’est pour nous que ce que nous nous 
ie représentons et cette représentation résulte de l’interprétation 
quenous donnons à nos perceptions. Percevoir d’abord, interpréter 
ensuite sont les deux actes qui concourent à l’édification de toute 
science. 

L’interprétation est donc une opération psychologique indispen- 
sable à fa prise de connaissance d’un phénomène par l’intelligence. 
Pour étre vraie, elle doit saisir dans leur totalité et avec ieur valeur 
respective les rapports qui existent entre les divers éléments du 
phénomène et entre ce phénomène et les autres. Ce résultat n’est 
obtenu par le sujet qu’en se dégageant de tout arbitraire pour 
observer avant d’affirmer, et qu’en soumettant à une critique 
mpartiale toute affirmation avant de lui accorder créance. En 
d’autres termes, il faut pour interpréter exactement, se dépouiller 
de toute subjectivité, faire abstraction de toute tendance, voir et 
roger, comme le dit Dromard (1), d’une fa;on impersonnelle. 

Mais cetteneutralité de l’interprétateur estconstammentcombat- 
tae par le jeu des émotions et des idées qui occupent le champ de 

(1) Dhomard. L’interprétation délirante. Journal de psychologie norm, etpalho- 
logique, 1910. 

Le délire d’interprétaUon. Joumal de ptyehoiofic, 1910. 


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la conscience au moment du jugement. De lè l’origine de tant 
d’erreurs interprétatives. 

L’influence que les idées habituellement prépondérantes chez on 
individu exercent sur sa manière de voir et de comprendre est 
considérable. Ces idées tendent à supprimer le doute et & orienter 
vers elles, sans contrdle, tout un enchalnement d’associations. La 
déformation professionnelle du jugement n’a pas d’autre cause; 
chacun est enclin à tout considérer de son point de vue spécial. Le 
reproche fait aux aliénistes de trouver des fous partout, et aux 
magistrats de découvrir un coupable dans tout prévenu, n’est qu’une 
allusion à cette puissance tendancieuse des conceptions ordinaires 
à chacun sur sa fagon d’interpréter. 

Bien plus grand encore est l’empire de l’affectivité sur le sens 
critique. Tous les états affectifs, depuis les plus légers jusqu’aux plus 
passionnels, troublent plus ou moins la sérénité de nos appréciations. 
Les simples dispositions de l’humeur changent notablement notre 
vision des choses : ce que l’on voyait en rose paratt sombre I’instant 
d’après : « G’est l’ordinaire des malheureux, écrivait La Fontaine, 
d’interpréter toutes choses sinistrement. » Et la métaphore banale 
sur l’aveuglement des passions n’exprime que la vérité. « Le coeur 
a ses raisons que la raison ne connatt pas, » disait Pascal. Trop sou- 
vent celle-ci abdique inconsciemment en faveur du premier. 

Pauvreté des idées d’une part, empèchant l’individu d’opposer & 
aes représentations habituelles de nouvelles représentations qui les 
rectifieraient, et d’autre part hyperesthésie affective empèchant, 
elle aussi, cette opposition chez des sujets à intelligence pourtant 
développée, voilà les deux causes d’égarement de l’interprétation, 
aboutissant toutes deux à Ia restriction du sens critique. Ghez un 
homme normal, elles conduisent à l’erreur; chez un aliéné, elles 
mènent au délire. II n’y a pas en effet de différence essentielle, 
comme le fait remarquer Régis (1), entre l’interprétation délirante 
et l’interprétation erronée. Sérieux et Gapgras (2) ont montré toutes 
les gradations qui vont de l’une à l’autre; si bien que, sur ce terrain 
particulier, l’on peut dire, selon Ia parole de Libert (3), qu’entre la 

(X) R6gis. Pricis de psychiatrie. Collection Testut. 

(2) SftRisux et Capcras. Des folles raisonnanles. Alcan. 

(3) Libbrt. Valeurséméiologiquedel’interprètationdélirante. Enctphale, 1912. 


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INTEHPRÉTATIONS DÉLIRANTE8 ET PERCEPTIVITÉ CÉNE8THÉ8IQUE 241 

pensée nonnale et la pensée pathologique il y a toute une série de 
transitions insensibles. 

Mais la déformation du sens critique par indigence de l’idéation 
ou par exubérance de l’affectivité ne constitue pas toujours à elle 
seule toute la genèse des interprétations fausses. L’interprétation 
n’est en somme que le deuxième des actes psychiques qui donnent 
la connaissance; la perception la précède. Et si l’on pergoit mal, il 
y a de grandes chances pour que l’on interprète faussement. Get 
article a précisément pour but de mettre en lumière, à I’occasion 
d’nn cas de mélancolie, l’influence pemicieuse que certains troubles 
de la perceptivité peuvent exercer sur le jugement et le róle qu’ils 
jouent parfois dans la production des interprétations délirantes. 

Percevoir, ne consiste pas seulement à recueillir toutes les impres* 
sions actuelles, c’est encore évoquer la représentation des impres- 
skms passées, pour identifier les nouvelles. Quand je regarde une 
pomme, il faut pour que je la reconnaisse comme telle, non seule- 
ment que je la voie, mais qu’en outre par la pensée je me représente 
les images laissées dans ma conscience par les pommes déjà vues. 
Autrement dit, le bon fonctionnement sensoriel et Ie pouvoir de 
représentation mentale sont nécessaires pour la perception. Ainsi 
que l’explique Ebbinghaus (1) : « La perception d’un phénomène 
contient beaucoup plus qu’il ne serait possible par l’action des 
seules excitations extérieures. La conscience enrichit et entrelace 
les impressions purement sensibles qu’elle regoit avec de nom- 
breuses représentations puisées en ses expériences antérieures. Ge 
que dans des circonstances semblables aux actuelles, elle a éprouvé 
régulièrement ou très souvent, elle s’en sert pour interpréter ou 
compléter les données des sens. C’est ainsi que nous voyons tout de 
suite comment saisir les objets, ou quel est leur goút, s’ils sont 
chauds ou froids, rudes ou polis, lourds ou légers, bien que les yeux 
ne nous l’apprennent en aucune fagon. » 

Or, dans la mélancolie la perception est altérée dans ses deux 
temps : recueil des sensations et représentation mentale. Les ma- 
lades sentent moins intensément qu’auparavant, si bien qu’ils 
sont les premiers à se plaindre de ne pas sentir; c’est là le symptóme 
de I’anesthésie psychique douloureuse. Quant au pouvoir d’évoquer 

(1) Ebbinohatjs. Prieit de pagehologie. Alcan, 1912. 


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tss images, comme 1’oBt prouvé différents autenrs, Ségtas (1) et 
Masselon (2) notammcnt, il est extrèmement réduit, surtout poor 
1 n inwges visneHes : c’est le signe de la perte.de b vision raeatale 
décrit par Cotard (3). Une telie altération de ta perceptivité est une 
condition des phis favorables à l’éclosion des erreurs interprétatives. 

En effet, leméme phénomène ne prodnisant plus les mémes ún- 
preesions que jadis et les anciennes représentatioas qu’il avait don- 
nées autrefois dans la conscience ne poovant plus réapparaftre oa 
réapparaissant incomplètement, n’est plus exactement reconrnr. 
II y a prétexte & confusion. Les objets, selon 1’exceHente parole 
d’un matade d’Esqnirol, ne sont plue identifiésou le sont faussement. 
Une seute des sensations percues à l’oecasion d’un objet, vient-elle 
è èvoquer par hasard une sensation analogue pergue jadis à t’ocea- 
9Ìon d’un objet différent, cela suffit an matade pour lui faire identi- 
fiev les deux objets l’un à t’autre puisqu’it n’a pas les images nèees* 
saìres à la réduction de son erreur. Le sens critique ainsi privé des 
points de repère que lui donnerait une évocation normale des 
images, se trouve donc livré à toutes les suggestions de Faffeetivitè. 

Tel était le cas de notre malade. II fomralait les plus fantaetiqaes 
et sinistres interprétatioRs des événements de l’actualité, parce 
qu’il était mélancolique, mais aussi paree qu’il était incapable de 
revoir naentalement son domkile. son pays et ses amis. La vue <Fur 
pnysage, d’un passant, la lecture d’un journal ne loi dononest 
qu’une ou deux sensations, qui réveitlant t’image du seut détad 
visuet qu'it pouvait évoquer, entratnaient sa croyanee à Fideatitè 
de ce qu’il avait sous tes yeux et de ce à quoi it pensait. Btaat à 
l’asite, il se prétendait visé par un fait divers racontant un assas- 
sàaat, paree qu’it était dit que dans le eoin de la chambre du eńmt 
était un fusil à pierre. Or de sa propre chambre et des meuMes 
qu’etle eontenait il ne revoyait mentatement que cette partie 
avec cette arme. II n’avait donc pas à tenir compte, expli- 
quait-it, du reste de la description du journatiste puisqu’il ne peu- 
vait pas la confronter à des souvenirs visuels. La vision de ee cosa 
de chambre, omé d’un fusil à pierre, était si nettement évoquée qn’ii 
ne pouvait pas hésiter è reeonmaftre dans Farticte te signatement de 

(1) Séglas. Soe. midicopsgchol., juin 1901. 

(2) Massblon. La milancolic. Alcan, 1906. 

(3) Cotard. Archioes és neurotogse, imi 1984. 


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INTERPRÉTÀTIONS DÉLIRANTES ET PERCEPTIVITÉ CÉNESTHÉSIQUE 243 * 


son domicile. Et de la méme fagon, par suite d’un méme vice des 
perceptions, il interprétait toutes les nouvelles sensationnelles dont 
étaient remplis les joumaux : affaire Steinheil, régicide du Portugal* 
infanticide de l’ogresse Jeanne Weber, trahison d’Ullmo. 

D. J..., 51 ans, entré à Tasile de Rennes le 22 mars 1908. Pas d’an- 
técédents personnels, ni héréditaires. Marié depuis 27 ans, n'a jamais- 
eu d’enfants. 

n répond avec une extrème lenteur, l’air abattu, les yeux baissés, 
le visage douloureusement contracté; se plaint de céphalées. «11 y 
a des moments où j’ai si mal à la tète que je ne puis résister; je ne 
dors pas, car Qa m’étouffe dans le ventre; je suis triste, je pense au 
malheur, ma femme ne guérira jamais, tout est perdu, depuis plusieurs 
mois que ma femme est malade je vivais seul, personne ne voulait 
rester avec moi, car je porte malheur. 

24 mars. — Ce matin, au cours d’une crise d’anxiété, il s’est frappA 
avec un bàton à cirer, se roulait à terre, se traitant de misérable. 

26 mars. — Amélioration légère; plus calme, demandesi ses parents 
ne sont pas morts. 

10 avril. — Tout est changé. Certains infirmiers et malades sont 
plus maigres : c’est la fatigue que sa présence leur cause. 

20 avril. — Les malades auxquels on donne des lavements sont 
constipés et deviennent fous consécutivement à cause de lui parce que 
la malédiction divine s’est abattue sur lui et son entourage. II a fait 
sans doute une mauvaise première communion. 

6 mai. — II a vu mettre dans une chambre un malade entrant 
ligoté et a cru reconnaltre son neveu : on le conduit auprès du 
malade qu’il examine attentivement et dont il reconnatt la cicatric* 
frontale. II lui adresse des paroles de condoléances et d’excuses, car 
c'est la punition de l’oncle qui est cause du malheur du neveu. On lui 
demande pour rectifier son erreur de décrire les traits, la barbe et les 
yeux de son parent. II répond que celui-ci avait des yeux et une- 
Ogure comme tout le monde, mais qu’il ne revoit pas leur couleur, 
ni celle de la barbe. 

10 mai. — II est retourné plusieurs fois auprès du malade isolé; il 
n’est pas sùr que ce soit son parent; pourtant il reconnatt cette cica- 
trice. Celui-ci n’ètait peut-ètre pas si maigre, mais il ne peut se le 
représenter et le chagrin l’aura fait maigrir. Le neveu étant venu au 
parloir, l’oncle a bien été obligè de convenir que son visiteur n’était 
pas le mème individu que le malade, mais il trouvait profondément 
modifiés les traits du jeune homme qu’il avait peine à reconnattre. 

29 mai. — Toujours triste. « Les journaux sont pleins d’articles- 
qui me visent; faites de moi ce que vous voudrez; je vous ai fait les 
aveux; si ma femme et moi avons pèchè, c’est sans le savoir. On a 
repris le procès de Jeanne Weber, carnous sommes ses émules; ella 


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tuait des petits enfants qu’on trouvait sur le lit, la langue pendant 
hors de la bouche. Or moi, quand je faisais l’amour avecma femme, 
je lui mettais la langue dans la bouche et j’étouffais mes enfants 
avant leur conception sans le savoir. Ma maladie disparaítra en prison 
par la mort de langueur ou par l’échafaud. 

3 juin. — Vous me mènerez chez moi avec les fers, vers ma victime, 
une fille de 15 ans sur laquelle j’ai fait des attentats à la pudeur il y a 
longtemps. Je lui faìsais des attouchements immondes; si je n’ai pas 
été plus loin, c’estquela nature ne l’a pas permis. C’est le joumal qui 
me fait comprendre mon crime, parce que sur cette image intitulée: 
le Satyre, la fille représentée fuyant un homme a le méme bonnet 
qu’avait la mienne; j’ai donc dù faire des attentats sur elle puisque 
je le vois là.» Comme on lui íait remarquer que la femme caricaturée 
par Abel Faivre a une soìxantaine d’années et ne saurait par consé- 
quent étre identifiée avec la fillette, il répond qu’il n’est pas sùr que 
malgré son jeune àge, celle-ci n’eùt pas les mèmes traits que celle-là. 
II ne peut mème pas se rappeler la couleur de sa chevelure et de son 
teint, mais il se rappelle bien son bonnet reproduit par l’artiste, et 
c’est suffisant.« Ohl je ne suis pas digne de prononcer le nom de Dieu, 
malheur au jour qui m’a vunattre, j’aurais dù rester dans la fange, je 
vois le glaive exterminateur se lever sur moi, et les tourments de 
l’enfer jusqu’à la fin des siècles. Ohl malheur. » Pleurs, angoisses. 

5 juin. — « II y a des milliers d’hommes qui ont fait ce que j’ai fait, 
mais ou bien ils ne se confessaient pas, ou bien ils se confessaient 
bien; moi, je me suis mal confessé et j’aifait un sacrilège. J’ai lu dans 
les journaux qu’on a perquisitionné chez moi. En effet, j’ai reconnu 
mon domicile, car il y a un fusil à pierre près de la cheminée. » 

On lui demande si les autres détails du logis perquisitionné corres- 
pondent au sien; il répond que chez lui il y avait probablement des 
chaises et des tables comme ailleurs, mais il ne se rappelle plus leur 
disposition, ni la couleur du papier. En tous cas, il revoit très bien 
son fusil à pierre suspendu au-dessus d’un corbeau empaillé. « Je n’ai 
pas la clef des sciences, nous dit-il en réponse à notre scepticisme sur 
l’idendité de son domicile et de celui inspecté par la police, sans quoi 
je vous expliquerais comment cela se fait, et j’aurais prévu que ma 
conduite me mènerait à cette catastrophe. 

J’ai vu aussi qu’il est question de moi sous le nom du dictateur 
Franco en fuite depuis le régicide de Lisbonne. J’étais le maitre chez 
moi, un véritable dictateur, et j’en suis parti : on dit que j’ai passé à 
Bordeaux, mais je ne sais pas si j’y suis vraiment allé. 

On parle de l’expropriation des biens en Pologne. C’est de mìoi 
dont il s’agit, car la Pologne n’existe plus depuis la fin du xviii® siècle, 
par conséquent, c’est une fagon détournée de dire que mes terres vont 
ètre vendues, vous n’avez pas vu un damné vivant.» 

8 juin. — Malade beaucoup moins anxieux et cause avec les autres. 


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INTERPRÉTATION8 DÉLIRANTES ET PERCEPTIVITÉ CÉNE8THÉSIQUE 245 

A la promenade il s’arréte souvent devant un coin du parc où il recon- 
nalt son pays. 11 s’arrète en demandant s’il n’est pas transporté chez 
lui; ce bouquet d’arbres avec ce tas de pierres, avec ce chemin creux, 
c’est bien ce que l’on trouve près de son champ. II tdche de s’orienter, 
ne reconnaissant pas les environs. On s’efforce de Iui prouver qu’il est 
dans la propriété de l’asile, mais il ne semble pas convaincu. 

9 juin. — En repassant au mème endroit qu’hier, il a la mème illu- 
sion. II ne peut pas nous décrire le reste du paysage de chez lui, mais 
il revoit nettement ce coin de terre qui lui appartient. Le bruit du 
moulin voisin caché dans les arbres est l’écho des sanglots de sa 
famille. Rentré au quartier, il continue son affirmation, mais il est 
incapable de donner une description exacte de sa propriété, ni 
mème du coin de parc qu’il vient de voir. 

15 juin. — Calme, lit le journal. Parle censément des articles sur la 
politique. Tout d’un coup, en lisant le crime du peintre Steinheil, 
s’écrie reconnaltre la chambre comme celle du lieu de l’assassinat, car 
il y a un alpenstock accroché au lit. 

17 juin. — Malade inquiet depuis deux jours. Affirme que l’article 
du journal de la veille le concernait bien, car s’il ne sait pas peindre, 
il n’en est pas moins un peintre, comme le prouve la décoloration des 
draps de lit et de toutes les choses depuis qu’il est ici. Le linge n’est 
plus blanc comme il l’était avant; les gens ont le visage pàli, le soleil 
n’a plus le mème éclat; c’est lui qui est cause de ce changement de 
tonalité de tous les objets. II est donc un peintre; d’ailleurs le lit dont il 
était question, c’est son lit. Get article faisait donc allusion aux tor- 
tures morales qui doivent l’assassiner. En outre, il est coupable; il 
est l’auteur responsable de ces tortures, car U est parti sans laisser de 
traces, comme on dit que le firentles assassins de Steinheil. En effet, U 
a quitté son domicUe pour venir à 1’asUe, sans laisser de traces puisque 
sa maison n’existe plus et ceUe-ci n’existe plus puisqu’U ne peut 
plus se rappeler comment elle est. 

19 juin. — Mème état. « Je vous ai tout dit : regardez ma main 
droite, le pouls ne va plus (faux), elle est plus pàle; je n’ai pas de 
sang et j’ai mal & la tète. » 

17 juilleì. — Depuis trois semaines, assezcalme. Sepromène et parle 
avec les camarades, mais interprète toujours; « Mon neveu n’est pas 
venu me voir; car il est en prison pour attentat à la pudeur; j’ai lu 
dans les journaux qu’un jeune homme avait été arrèté pour cela dans 
le Morbihan; on a dù faire erreur pour le département, car U habite 
l’Ule-et-VUaine dans ma maison dont j’ai reconnu la description et le 
bàton situé au coin de la cheminée. II supporte la malédiction que 
Dieu Ian$a sur son oncle. » 

20 juillet. — « Onparledu transfert d’UUmo à l’Ue de Ré; mais je 
croú bien yètre allé, dans cette lle, mais je ne peux plus me souvenir 
comment eUe est ni où elle est; en tous cas; on m’y enverra, moi aussi, 


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parce que j’ai trahi pour la belle Lison. La domestique sur qui je 
faisais dee attouchements s’appelait Louise. * 

18 aoùl. — Depuis quatre semaines, va mieux. II s’est eonfessé et 
a communié le 15 aoùt; se déclare résigné à la volonté de Diev et avoir 
confiance en sa miséricorde. 

28 seplembre. — Le malade, un peu améiioré, est repris par sa familie, 
raalgré l’avis des médecins. Quelques jours, aprèsii se faisait sauter la 
cervelle avec le faraeux fusil à pierre. 

La cause fondamentale des interprétations délirantes de la mélaa- 
colie réside dans l’état de l’affectivité qui déforme le sens critique. 
« Les interprétations, corame l’écrivent Sérieux et Capgras (1), 
suivent une marche parallèle à celle du trouble affectif, s’apaisant 
avec lui et se rectifiant temporairement dans les intervalles de calme 
et définitivement à la guérison. » 

Mais une cause adjuvante est fournie par l’état de la perceptivité 
qui amorce, pour ainsi dire, l’erreur de l’interprétation. L’altération 
des sensations actuelles et l’extréme imperfection de la représen- 
tation des sensations passées (perte de la visiou mentale notam- 
ment) sont un obstacle pour l’identification des objets. D’où con- 
fusion erronée dans la reconnaissance des choses et par conséquent 
alimentation toute trouvée pour de fausses interprétatioBS de la 
réalité. 

Ces deux facteurs étiologiques de I’interprétation délirante des 
mélancoliques : état de l’affectivité et état de Ia perceptivité, ne 
sont au fond que la conséquence du trouble cénesthésique qui est 
I’essence mème de la mélancolie. Cela est évident pour I’affectivité 
ainsi qu’il ressort de la définition mème de Régis (2) : « La méian- 
colie est une psychose généralisée, caractérisée par une concentra- 
tion psychique douloureuse d’origine cénesthésique. » 

11 en est de mème de la perceptivité En effet,toutobjet, au mo- 
ment de sa perception par un sujet normal, produit à la fois une 
impression sensorielle et une impression cénesthésique : le sujet en 
éprouvant la sensation a la notion que c’est son moi qui I’éprouve. 
Chez le mélancolique, c’est cette notion qui manque ou est altérée: 
les sens fonctionnent relativement bien, ils donnent des sensations 
à l’individu, mais il semble à celui-ci qu’elles n’affectent pas son 
moi corrnne auparavant, qu’elles se passent, en quekjue sorte, en 

(1) Sérieux et Capgras. Loe. elt. 

(2) Régis. Loc. cil. 


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INTERPRÉTATIONS DÉLIRANTES ET PERCEPTIVITÉ CÉNESTRÉSIQUE 247 

dtohors de luì-r il ne se les approprie pas. « J’entenda, je vois, je 
touche, mais je ne senB pas comme autrefois, écrivait un malade 
d’Esquirol, )es objets ne viennent pas à moi, ils ne s’identifient pae 
»vec mon étre. » Or, rappropriation personnelle est précisément 
la doimée de la eénesthésie, ceHe-ci étant, suivant la définition de 
SoHier (t), le sentiment personnel lié aux sensatione. L’absence- 
#appropriation personnelle a donc pour cause une perturbation 
cénesthésique. Et c’est cette perturbation qui explique l’altération 
des sensations actuelles, les impressions sensorielles n’ayant plus 
le concomitant cénesthésique d’autrefois. 

La perte de la vision mentale s’explique de la méme faQon. L’état 
cénesthésique de l’individu devenu mélancolique n’étant plus le 
méme que lorsqu’il était sain, la représentation chez ce malade 
des sensations pergues avant la maladie est forcément entravée. Les 
images sensoriefles rappelèes ne sauraient s’aceompagner du mème 
concomitant cénesthésique que les impressions de jadis et conser- 
vent par conséquent un caractèrc objectif. Elles ne sont donc pas 
reconnues comme la reproduction exacte de ces dernières. Le sujet, 
tout en déclarant ne plus voir mentalement les personnes et Ies 
choses familières, est néanmoins capable de les décrire. II n’en a donc 
pas perdu la mémoire, mais il lui manque l’élèment cénesthésique 
lié à ees états sensoriels. Gette acénesthésie provoque à l’égard des 
images évoquées un sentiment d’incertitude que le malade traduit 
en disant qu’il ne peut plus revoir par là pensée íes choses comme il 
les a vues dans la réalité. Sollier (2), à propos d’une hystérique, met 
bien en évidence les rapports étiolopques de L’impression visuelle 
pmduite par un ebjet et de l’état cénesthésiq*ie qui l’accompagne, 
sur la représentation de cet objet. 

Pbur conchire on peut dire : Les interprétations défirantes ont 
pour cause essentielle la déformation du sens critique due le plus 
fréquemment à une exubérance de l’affectivité (délire d’interpréta- 
tion et de revendication, mélancolie, manie) parfois à une indigence 
de rídéation (démences, défoilités mentales) souvent à une com- 
binaison de ces deux facteurs (confusion mentale). 

<J> Seujsa. Le sentiment eénesthésique. Congris UUernaiioiial de pagcko- 
Genòve, 1909. 

(2) Sollier. Perte de la vision mentale chez Ies hystériques. Sae. mtdicopsy- 
tMog., fuin 1903. 


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L’altération de la perceptivité exerce aussi son influence sur leur 
production puisqu’en modifiant la réalité elle empéche leur recti- 
fication par l’expérience. A cdté des troubles de la perceptivité sen- 
sorieUe : hallucinations et illusions dont le rdle est bien connu, il y a 
lieu de signaler celui des troubles de la perceptivité cénesthésique : 
défaut d’identification des sensations actuelles et perte de la repré- 
sentation mentale. Ce sont ces derniers qui bien souvententrent en 
jeu dans la mélancolie. 


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Le problème physiologique du sommeil, par Henri Pibron, 
1 vol. grand in-8° de xvi-520 pages, avec figures. Masson et C 1 ®, éd. 
— Ce livre, qui traite du sommeil, n’est pas du tout somnifère. Je 
l’ai lu, goùté fait goùter autour de moi. J’espère que mes lecteurs 
à leur tour y trouveront leur plaisir : plaisir littéraire et plaisir scien- 
tifique. 

Le sommeil est d’abord envisagé dans les livres, dans les arts, et 
dans la vie, à travers l’échelle animale. Sont ensuite décrites la plas- 
tique et la dynamique du dormeur, qu’il faut savoir distinguer de la 
simulation et des sommeils pathologiques. 

Pour savoir comment on dort, l’auteur expose les multiples théo- 
ries du sommeil. Et pour choisir dans ce dédale et reconnattre pour- 
quoi nous dormons, il faut avoir recours à la voie expérimentale. 

Pour ce, Piéron et Legendre ont empéché des chiens de dormir 
jusqu’à ce qu’ils en meurent; ils ont pris leur sérum, leur Iiquide 
céphalo-rachidien, leur cerveau et ils en ont fait des injections à 
d’autres chiens, qui ont été pris de tendance à la torpeur, de coma 
et sont morts très rapidement. En examinant l’écorce cérébrale de 
ces chiens, ils ont trouvé des lésions marquées des cellules nerveuses 
des couches profondes de la partie antérieure des lobes frontaux. 

On peut classer ces faits en deux groupes : besoin de sommeil et 
altération des cellules dans la région frontale chez Ies animaux 
insomniques et mème besoin de sommeil et mèmes altérations cellu- 
laires chez les animaux qui ont regu des produits insomniques. II 


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y a donc une corrélation étroite entre le besoin irrésistible de som- 
meil et l’existence d’une action toxique d’origine cérébrale. 

Piéron et Legendre ont appelé hypnoloxine cette substance, soluble 
dans l’eau, insoluble dans l’alcool et détruite par la chaleur, qui pro- 
duit cette action toxique élective, distincte de celle de la fatigue. 
Pour eux, i’hypnotoxine exerce une action élective sur les fonctions 
supérieures du cerveau. Par conséquent, ces expériences montrent 
un mécanisme possible du sommeil. 

Hais il s’agissait d’établir un rapport entre les expériences cons- 
tatées et les différentes conditions connues du sommeil. La brusque- 
rie de certains sommeils montre le róle de l’inhibition. L’habitude 
est un facteur considérable dans le rythme du somraeil. Ce rythme 
habituel Iui-mèrae, cette périodicité, est susceptible de se continuer 
mème en l’absence de sa cause accoutumée. Enfin 1 ’anlicipation joue 
un rftle capital. De mème que l’alimentation, sous l’influence de la 
faim, précède le besoin réel des tissus, de mème l’endormissement 
précède le besoin de sommeil; le désir psychique précède le besoin 
organique. 

Mais si des extensions associatives ou des persistances rythmiques 
peuvent provoquer le sommeil par anticipation, ce sont là des méca- 
nismes secondaires; ce qui est certain, c’est la production du sommeil 
par une hypnotoxine, provenant du fonctionnement cérébral, et 
s’accumulant au cours de la veille prolongée. A dose massive, cette 
hypnotoxine altère les cellules nerveuses avec une localisation élec- 
tive et peut entratner la somnolence, le coma, la mort. A dose plus 
faible, elle suscite sans doute déjà un réflexe inhibiteur, qui s’exerce 
sur les centres sensorio-moteurs du névraxe et empéche d’autant 
plus facOement le fonctionnement de ces centres que leur activité 
est à ce moment moins intense. 

Très riche de documents, le travaU de M. Piéron est actuellement 
le volume le plus complet que nous ayons sur le sommeil. II mérite 
donc d’entrer dans Ia bibliothèque de tous ceux qui s’intéressent au 
sommeU. — Laignel-Lavastine. 

Les guériaons de Lourdes, par le D* Jeanne Bon (Paris, 1913, 
un vol.in-8°,viii-150 pages, librairie des Saints-Pères, prix : 2 fr. 60)' 
— Ce travaU est une étude impartiale et sévère. Madame le Docteur 
Jeanne Bon décrit la manière dont est fait le contròle médical à 
Lourdes et l’intérèt que les médecins ont porté, dès le début, aux 
faits qui s’y passent, ainsi que les opinions qu’Us ont émises à leur 
égard. Viennent ensuite dix-sept observations de tuberculose pulmo- 
naire, osseuse ou cutanée, puis, à titre documentaire, deux cas de 
cancer et une fracture. Ces observations sont précises, contrdlées 
par les investigations cliniques et de laboratoire. 

L’auteur, en des conclusions très sages, résume la question entière 


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©t invite à de nouvelles études. Cet ouvrage, vèritablement documen- 
taire, ne saurait échapper à rattention des hommes de science qui y 
trouveront, placés dans le simple domaine scientifique, avec un tact 
tout féminin, des faits qui touchent de si près à de brùlantes questions 
philosophiques et religieuses. Cette mème raison en fait pour les catko- 
kques un livre du plus grand intérèt. 

Traité de psychiatrie módico-légale (Lehrbuch der garicht- 
lichen Psychiatrie), par E. Bischoff (Edition Urban et Schwar- 
zenberg. Berlin et Vienne, 1912). — L’auteur, agrégé à la Faculté de 
Vienne et expert près les tribunaux, vient de condenser, dans un 
excellent précis, les principales notions de médecine légale psychia- 
trique. Le iivre se compose de deux parties, d’étendue sensiblement 
égale : la première s’occupe de généralités, étudie les dispositions 
législatives qui nous intéressent et passe en revue les manifestations 
courantes de ia folie; la seconde a trait aux différentes maladies en 
particulier. 

Nous n’avons qu’un seul reproche à faire à M. Bischoff : c’est 
d’avoir un peu écourté cette seconde partie; c’est ainsi, par exemple, 
que la période préparalytique n’est peut-ètre pas décrite avec tous 
les détails que comporte le sujet. Pour le reste, nous n’avons qu’à 
louer l’ouvrage, clair, bien ordonné, contenant de plus des observa- 
tions personnelles et des rapports médico-légaux fort instructifs. 

Ce traité est écrit « pour les médecins et pour les juristes j>, et, de 
fait, il sera croyons-nous, également intéressant pour les uns et pour 
les autres. L’auteur possède parfaitement son sujet et il sait mettre 
au premier plan ce qui précisément doit ètre retenu par l’étudiant et 
le praticien. Halberstadt. 


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ACADÉMIE DE MÉDECINE 

Séance du 27 mai 1913. 

•Sar la rél orzna d« la légìdation snr les alifoés. — • M. Gilbbrt 
Ballet. — J’ai l’honneur de soumettre à l’Académie, comme con- 
clusion à la communication que je lui ai faite à la séance du 6 mai 
dernier, le voeu suivant : 


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« L’Académie de Médecine, 

« Considérant que le projet de revision de la loi de 1838 sur les 
aliénés voté par la Chambre et actuellement soumis au Sénat par sa 
commission avec quelques amendements de détail, astreindrait les 
malades, s’il était adopté, à des mesures humiliantes et vexatoires; 

« Qu'il serait éminemment regrettable que des mesures de cette 
nature (intervention pour le placement d’une décision judiciaire, 
surveillance par le parquet des malades à domicUe, déclaration à 
l’autorité en cas de placement dans un asile à l’étranger) fussent 
inutilement imposées à tous en dehors des cas exceptionneis où cer- 
taines d’entre elles peuvent ètre légitimes, 

« Emet le vceu que le parlement ne vote le projet de loi en question 
qu’après une enquète approfondie susceptible de l’édairer sur les 
modifications qu’il est nécessaire et humain d’y apporter. > 

M. lb Président. — Cette proposition sera discutée dans la 
prochaine séance. 

Séance du 3 fuin 1913. 

Snr la réforme de la législation sur les aliénés. — M. Léon 
Labbé. — La communication que M. Gilbert Ballet nous a íaite à 
propos du projet de revision de la loi de 1838 sur lcs aliénés voté par 
la Chambre des députés et soumis au Sénat, a pour Gonclusion un 
vceu demandant que le Sénat procède à une enquète avant de voter 
la loi en question. Je crois que l’Académie, si elle suivait notre émi- 
nent confrère, s’engagerait dans une voie nouvelle pour elle, et qui 
n’est pas de son ròle. Elle est une émanation du Gouvemement; elle 
est son conseiller, et je me demande si sa proposition serait bien 
accueillie du Parlement, auquel elle semblerait dire : avez-vous bien 
réfléchi? 

La loi qu’a critiquée notre collègue peut ètre tenue presque comme 
votée. Le Sénat en a délibéré en 1884, sous l’impulsion de Théophile 
Roussel, la Chambre a voté le rapport présenté par M. le Doc- 
teur Dubief, ancien médecin en chef d’asile; il ne reste pour ainsi 
dire plus que quelques formalités sans importance à remplir au Sénat; 
dans ces conditions, l’Académie peut-eìle suivre M. Ballet? II demande 
une enquète, mais le Parlement l’a faite près du Conseil supérieur de 
l’Assistance publique. En tout cas, il ne me semble pas possible que 
PAcadémie vote dès maintenant, et je demande, pour le raoins, Ie 
renvoi du voeu de notre collègue à une Commission. 

M. Macnan. — Sur bien des points j’approuve les idées émises par 
M. Gilbert Ballet. Mais ce qu’a dit M. Labbé me tòuche, et je crois 
que l’Académie serait mal venue à intervenir dans un projet de loi 
encore en discussion devant le Sénat. 

M. Gilbert Ballet. — J’ai le respect de la forme, et s’il était établi 
que le voeu que j’ai eu l’honneur de soumettre à l’Académie fftt 
à quelque égard que ce soit, anticonstitutionnel, je m’empresserais 


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de le retirer, dussé-je, de la sorte, m’abstenir de protester contre un 
projet de loi qui,*s'il était adopté,constituerait,à mon sens, un malheur 
public; le mot peut parattre gros, mais je ne |le prononce pas à la 
légère; j’en ai pesé le sens et la portée. Je suis trop nouveau venu 
à l’Académie pour oser me permettre d’interpréter l’esprit de ses règle- 
ments. Toutefois, 0 me semble difficile d’admettre qu’elle n’ait pas 
Ie droit de donner spontanément son avis sur un projet législatif qui 
intéresse à un si haut degré et si directement toute une catégorie 
de malades. Je ne vois pas qu’en le faisant elle puisse (tre accusóe 
de manquer d’égards vis-à-vis des pouvoirs publics. Si, dans l’espèce, 
un manque d’égards a été commis, c’est vis-à-vis de l’Académie, 
qu’on a négligé de consulter à propos d’un projet qui est essentielle- 
ment de sa compétence. (Tria bien\) 

Notre éminent collègue, mon maìtre M. Labbé, vous a dit que 
l’enquète que je réclame avait été faite, que la revision de la loi de 
1838 avait été discutée et votée par le Sénat en 1884, que le projet, 
sauf quelque formalité accessoire, pouvait (tre tenu pour adopté. 
S’il en était ainsi, je ne serais pas intervenu devant l’Académie, 
estimant que le temps est trop précieux pour le perdre en manites- 
tations stériles. Mais il me semble que M. Labbé a commis ou un lapsus 
ou une erreur. Le projet Théophile Roussel voté par le Sénat, il y a 
plus de vingt ans, et non sanctionné par la Ghambre des députés, 
n’a aucune connexité directe avec celui récemment voté par la Chara- 
bre et pendant devant le Sénat. La Chambre haute est saisie par sa 
Commission, elle aura à voter après discussion; c’est parce que la 
discussion peut influer sur son vote que je me suis permis d’interve- 
nir ici et de signaler Ies vices, graves à mon sens, du projet qu’on lui 
propose. 

Je me demande si ce n’est pas (tre plus respectueux du Sénat de 
lui signaler la voie dangereuse où on veut l’engager et de lui demander 
de réfléchir aux objections que le projet soulève que de le supposer 
capable de voter une loi à la légère. A la vérité, M. Labbè soutient 
qu’on a suffisamment enquèté. Où et quand? Le Conseil supérieur 
de I’Assistance publique a été consulté, il est vrai, mais l’Académie, 
non. Je sais aussi que la Commission du Sénat a interviewé quelques 
psychiatres, dont j’étais; mais j’ai des raisons de penser que le résultat 
de cette consultation a été nul et non avenu par suite de la mort du 
président de la Commission et surtout de la non-réélection du rappor- 
teur; dans ces conditions, est-ce trop demander au Sénat que de ie 
solliciter de procéder à une enquète nouvelle avant de s’engager? 

Je ne voudrais pas que l’Académie se prononqàt sur mon vceu par 
surprise. J’ai attendu trois semaines avant de le déposer, afin qu’ici 
toutes les opinions aient eu le temps de s’exprimer. Personne n’a 
répondu aux critiques, pourtant, je crois, nettes et précises, que j’ai 
faites du projet de loi. Je n’ai néanmoins aucune raison de ne pas 


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accepter, méme avec empressement, le renvoi de mon voeu à une 
Commission. Je me rallie donc à la proposition de M. Labbé, d’autant 
plus qu’elle est appuyée par M. Magnan, dont, je crois bien, les opi- 
nions sur le íond ne diffèrent pas sensiblement des miennes; il vient 
de le déclarer. 

— L’Académie, consultée, décide qu’une Commission sera nommée 
à i’effet d’examiner la proposition de M. Gilbert Ballet. La nomination 
de cette Commission aura lieu à la prochaine séance, sur présentation 
du Conseil d’administration. 

Séance du 10 juin 1913. 

Nomination d’une Commission. — Sur la proposition du Con- 
seil d’administration, l’Académie désigne MM. Giibert Ballet, Chauf- 
fard, Thoinot, de Fleury, Léon Labbé, Magnan et Paul Strauss pour 
faire partie de la Commission chargée de l’examen de la proposition 
de M. Gilbert Ballet, concernant le projet de revision de la loi de 
1838 sur le régime des aliénés. 

SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGigUE 

Séance du 26 mai 1913. 

Une place de membre titulaire est déclarée vacante : la commission 
chargée de l’examen des candidatures sera constituée à la séance 
de Juin. 

Après lecture d’un rapport de M. Truelle, M. Albès, médecin 
adjoint de l’asile de Montpellier, est nommé membre correspondant. 

Un cas de paralysie générale à évolution lente. Autopsie. 

— MM. René Charpentier et N. Vieux communiquent à la 
société l’observation d’une malade intemée à l’áge de 36 ans pour 
un début de paralysie générale et qui, sortie de l’Asile trois mois 
après cet internement, n’y revint ensuite qu’après une rémission de 
douze ans, remarquable parsa duréc et son intensité. Le diagnostic 
fut confirmé par l’autopsie et l’examen histologique. Contrairement 
à ce que l’on observe dans un grand nombre de cas de paralysie géné- 
raie de longue durée, il n’existait aucun symptòme de tabes. 

Les auteurs insistent sur l’absence ou, du moins, sur la légèreté 
des troubles de la parole et des troubles de l’écriture, exceptionnelie- 
raent peu marqués. 

M. Rayneau rapporte une observation analogue, où l’évolution de 
la P. G. fut interrompue par une rémission longue et très accusée : 
le malade avait repris sa collaboration aux revues dans lesquelles 
il écrivait avant l’apparition des premiers accidents. 

Folìe intermitteate, ou accès d’exoitation en rapport avec 
1’inimffiBauce rénale? — MM. Vigouroux et Hérisson-Laparre. — 

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Le malade dont les auteurs rapportent l’observation a été interné 
sept fois depuis la fin de son adolescence jusqu’à l’époque actueUe. 

La plupart des médecins qui l’ont observé rapidement, & l’occasion 
des passages à l’Infirmerie du Dépdt ou à l’Admission de Sainte-Ane, 
l’ont généraleraent considéré comme un maniaque, exceptionndle- 
ment le syndrome mélancolique a été signalé. 

Mais, au cours des internements les plus récents à l’asile de Vau- 
cluse, les auteurs ont constaté l’existence d’une léslon rénale, et ils 
ont appris que dans l’intervalle des accès psychopathiques, le malade 
présente des crises d’asthme symptomatique que guérissent les ven- 
touses scarifiées : A l’hòpital où U se fait traiter de ses accès d’oppres- 
Bion le malade est tenu pour unbrigthique, mais U ne suit pas le régine 
qu’on lui prescrit. 

A l’asile, sous l’influence du régime lacté puis déchloruré, l’exd- 
tation décrott vites dès que l’alimentation du malade cesse d’étre sur- 
veiUée, Ies accidents psychopathiques réapparaissent. Enfin, si I’on 
est averti de l’existence de la lésion rénale et si par suite on observe 
avec plus d’attention les symtùmes psychiques, on constate que le 
tableau n’est pas absolument celui de la manie : l’agitation motrice 
est assez accuaée, mais un certain degré de confusion paralt se subti- 
tuer à l’habituelle fuìte des idées. 

Dans ces conditions, s’agit-U de folie intermittente, ou s’agit-U, 
chez un prédisposé, d’accès d’exitation provoqués par l’auto-intoxi- 
cation d’origine rénale ? Cette dernière hypothèse satisfait mieux les 
auteurs qui font remarquer que la confusion mentale avec délire 
onerique n’est pas fatalement le syndrome psychopathique révélateur 
des états toxi-infectieux, la constitution de l’individu frappé intef- 
venant dans une cetaine mesure. 

A de tels états on peut appliquer l’étiquette de psychose raaniaque 
dépressive si l’on admet l’influence des causes occasionnelles, orga- 
niques ou autres, pour expliquer le moment de l’apparltion des accès 
mélancoliques ou maniaques. 

M. Arnaud ne voit pas d’inconvénient à admettre l’influence occa- 
sionnelle de l’insuffisance rénale si on fait la part de l’èlément consti- 
tutionnel. II est possible, croit-il, que le malade de M. Vigouroux ait 
eu des accès maniaques avant d’ètre un brightique. 

Sur un caa de délire obseasif. — M. Roger Dupouy présente un 
nouveau cas de délire obsessif faisant suite à celui qu’il avait commu- 
niquédansune précédente séance avec M. Rogues de Fursac. II montre, 
par l’étude de ces cas, que certaines obsessions peuvent se trans- 
former en un délire systématisé ayant une évolution particulière 
et progressive, et pouvant, ou non, se compliquer d’hallucinations. Ce 
dèlire obsessif, versant presque toujours dans le délire mélancolique 
hypocondriaque ou de persécution, n’est pas une simple association 
d’un ètat délirant à un ètat obsédant, mais une véritable transforma- 


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tion évolutive comportant plusieurs pbases et aboutissant généra- 
lement à une chronicité sans affaiblissement démentiel. Ce délire 
présente des caractères spéciaux, tout comme les hallucinations 
(hallucinations représentatives de Régis) qui les accompagnent, et 
mérite une place & part dans la nosographie mentale. 

P. Juquelier. 


Siance du 30 juin 1913. 

La Commission chargée d’examiner les titres à la place de Membre 
titulaire déciarée vacante se compose de MM. Colin, Dupré, Picqué, 
Sérieux et V igouroux. 

La Jalousie et lea dólirea de jalouaie. — M. Beaussart. — 
Cette communication a trait à la jalousie amoureuse. L'auteur énu- 
mère les différents éléments qui par leur perturbation concourent à 
I’édosion de la passion jalouse, amour, souvenir agréable de sensa- 
tions physiques et génésiques, amour-propre d’avoir été distingué 
par l’ètre aimé, instinct de domination... dans la jalousie. Certains 
éléments permettent de différencier une jalousie masculine et une 
jalousie féminine : C’est ainsi, entre autres, que l’instinct de domina- 
tion est plus développé chez l’homme; chez lui aussi la crainte de la 
procréation due à l’infidélité féminine joue un rfile spécial dans le 
déterminisme passionnel. 

Malgré les différents facteurs qui prédisposent l’homme à fitre plus 
jaloux que la femme, cette dernière est couramment plus jalouse que 
l’homme. Pour l’auteur, la jalousie ne doit, chez un sujet normal, 
exister qu’après la constatation flagrante de l’infidélité; mais il faut 
te reconnaltre, ce n’est là qu’un état rare; le plus souvent la jalousie 
est née du doute, des suspicions immotivées. C’est alors un travers de 
caractère commun, duquel il faut partir pour s’élever progressivement 
jusqu’aux états nettement pathologiques et délirants, en passant par 
des situations passionnelles à base de jalousie plus ou moins hyper- 
esthésiée, mais ne relevant pas de l’aliénation mentale. Les idées 
délirantes de jalousie peuvent ne se présenter qu’à titre d’épiphéno- 
mènedans des délires non systématisés et sont souvent juxtaposées 
à des idées délirantes polymorphes. Dans les délires de jalousie,elles 
forment le contenu principal du système délirant; elles sont alors ou 
exemptes de toute autre idée délirante, ou bien elles s’accompagnent 
d’èrotisme ou de délire de persécution en corrélation étroite avec la 
jalousie. Ces délires systématisés de jalousie sont sous la dépendance 
d’interprétations scules ou bien sont conditionnées par des hallucina- 
tions. A l’appui, l’auteur cite plusieurs observations qui se dassent dans 
les deux formes nosologiques. 

L’alcoolisme qui est souvent relevé dans les manifestations jalouses 
délirantes agit de différentes fagons dans le déterminisme délirant : 
il eet souvent l’agent provocateur des réactions auxquelles se livrent 


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lefi jaloux. Ces réactions qui sont fonction des dispositions habitueUcs 
du sujet sont nombreux dans la jalousie soit passionnelie, soit défti* 
rante (meurtres, vitriolage, castration...). Dans la pratique psychia* 
trique journalière, ies internements pour délire de jalousie ont souvent 
donné lieu à des plaintes pour séquestration arbitraire, le délire jaloux 
ayant queiquefois des bases vraisembiables pour les non initiés. Une 
question importante est aussi celle du divorce. 

Trois nouvelles illusions tactiles. — MM. Soula et Sauvage 
décrivent tróis techniques ingénieuses leur ayant permis de provoquer 
des illusions du tact chez des sujets examinés par eux. 

P. Juquelier. 

CONGRÈS DE MÉDECINE LÈGALE 

(Paris, 24-27 mai 1913). 

Les íaux policiers mythomanes, par MM. Dupré, Abadie et 
Gelma. — Dans le courant de l’année dernière, trois médecins experts 
étaient appelés, l’un à Paris, l’autre à Bordeaux, le troisième à Saint- 
Dizier, à donner leur avis sur Tétat mental de trois hommes, inculpés 
tous trois d’usurpation de titre et de fonction. 

Ces trois délinquants s'étaient attribués le titre et les íonctions 
d’agent de la police mobile ou d'inspecteur de la sùreté. En cette 
qualité, ils s’étaient livrés à des actes répréhensibles : fabrication de 
fausses pièces, arrestations arbitraires; tentative de chantage, vois, 
escroquerie; mobilisation des autorités et de la force publique, visite 
de garnis, procès-verbaux, dénonciations faússes, accusations cri- 
rainelles, etc. 

Les trois rapports, rédigés chacun dans l’ignorance des íaits etdts 
conclusions des autres, concluaient tous à Tirresponsabilité des incul- 
pés. Ceux-ci n’étaient autres que des débiles mentaux, vaniteux et 
mythoraanes, entralnés par l’idée obsódante de « faire de la poUee » 
jusqu’à un déiire imaginatif de fabuiation et d’activité policières. Ces 
faux policiers n’étaient que des mythomanes délirants, dont l'acttvité 
délictueuse s’était exercée dans le sens des conceptions morbides. 

Ces faits durent au hasard d’une conversation de se trouver réunis. 
Ce sont eux qui íont l’objet de cette comraunication. Nous avons 
résumé et rédigé, sous forme d’observations cliniques, les rapports 
médico-légaux dont ils ont été l’objet. 

Nous avons pensé, en effet, qu’il y avait quelque intérèt, pour 
Thistoire médico-légale de la mythomanie, à mettre en évidence ce 
type relativement nouveau de faux policiers mylhomanes . 

Nos observations rentrent, sans discussion, dans le domaine 
médico-légal de la mythomanie, c’est-à-dire de la tendance patholo- 
logique, propre à certains débiles et à certains déséquiiibrés, au men- 
songe, à la fabulation et à la simulation. 


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Cette tendance est le plus souvent mise en jeu par la vanité morbide, 
si développée chez certains de ces sujets, qui les pousse ò se vanter 
d’exploits imaginaires, à se parer de titres íictifs, à s’affubler de déco- 
rations fausses ou illicites, etc. Ces déséquilibrés ont sans cesse besoin 
d’étonner et d’éblouir leur entourage, et de satisfaire, souvent mème 
contre toute vraisemblance et contre leurs véritables intérèts, leur 
appétit de gloriole et leur orgueil pathologique. 

Plusieurs de ces vaniteux, à la íois imaginatifs et menteurs, crédules 
et trompeurs, présentent un mélange déconcertant de sincérité et de 
simulation, de naiveté et de duplicité, qui résulte d’une pauvreté 
évidente du sens critique de la réalité. En vertu de leur débilité men- 
tale, ces sujets non seulement affirment par la parole et par Ies écrits 
des prétentions imaginaires et injustiíiées, mais encore ils conforment 
leurs actes à leur fabulation, et leur conduite au ròle chimérique qu’ils 
prétendent remplir. Le débile mythomane crée alors de toutes pièces, à 
l’appui de ses prétentions, des documents et des pièces destinés à 
servir de preuves objectives à ses fausses affirmations. Alors, et très 
rapidement, par un processus habituel d’auto-suggestion, il arrive 
à croire lui-mème sincèreraent à l’authenticité de ces faux et à la 
légitimité de ces prótendues preuves. 

Non seulement ils sont ordinairement les premières dupes de leurs 
fables, mais ils sont souvent aussi celles d’un entourage amusé et 
ironique, qui se divertit de leur nalveté vaniteuse et ajoute de nou- 
veaux aliments à leur crédulité. Incapables de discernement et de 
critique, ils sont les victimes à la íois de leurs propres fabulations et 
des inventions plaisantes d’autrui. 

Le thème morbide imaginatif, primitivement issu de l’invention du 
mythomane, s’entretient, se consolide et s’enrichit par la coUaboration 
de l’entourage et surtout par la crédulité du fabulateur pris à son 
propre piège. Le passage de l’idée à l’acte s’opère et le mythomane 
entre dans le délire. 

Dans certains cas, l’activité mythopathique des malades cst dóter- 
minée dans son orientation policière par la lecture des romans qu’a 
mis à la mode, dans ces derniéres années, le débordement de la litté- 
rature à la « Nick-Carter ». Les romans policiers, où sont exposées 
les aventures extraordinaires et dramatiques des détectives amateurs, 
ofírent à l’ímagination des enfants et des débiles l’élément le plus 
malsain, et à l’activité des déséquilibrés vaniteux et excités les sug- 
gestions les plus dangereuses. 

De nombreux exemples ont démontré, au cours des procès contem- 
porains, la nocive influence qu’exerce sur la jeunesse cette basse 
littèrature. Contre elle s’est déjà dessiné, en Belgique et en Allemagne, 
un eourant d’opinion analogue à celui qui s’est traduit en France 
par rinterdiction de représentations, dans les clnématographes 
publics, de scènes criminelles. 


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Nous ne pouvons qu’applaudir à ce mouvement répressif au nom 
de la psychiatrie clinique et médico-légaie, qui démontre l’extrdme 
importance, dans l’orientation de la conduite des jeunes sujets, des 
exemples offerts par les lectures ou les spectacles à leur imaginatíon 
et à leur activité. 

SOCIÉTÉ DE MÉDECENE LÉGALE 

Séance du 9 juin 1913. 

Aliénation mentale et divorce. — M. Vallon résume les deux 
thèses opposées qui ont été soutenues. 

On sait que les législations allemande et belge admettent le divorce 
lorsque l’aliénation mentale caractérisée d’un des conjoints a atteint 
une durée de trois ans. Certains aliénistes frangais, avec M. Parent, 
trouvent cette mesure législative injuste, car il est bien difficile, 
à part les périodes terminales des vésanies, de dire qu’une maladie 
mentale est incurable mème après trois ans d’intemement qui cons- 
tituent un critérium arbitraire. 

D’autres aliénistes, avec M. Trenel, trouvent injuste de lier à per- 
pétuité avec un aliéné retenu dans un asile, et par cela mème sóparé 
complètement de lui, un conjoint sain qui pourrait ètre utile à la 
société en se mariant et en ayant des enfants. D’après eux, on peut 
dire qu’on ne connaít à peu près pas de cas de guérison tardive de 
folie et que les cas de guérison après trois ans sont rares et discu- 
tables. 

D’ailleurs, en cas d’aliénation, il n’y a plus, dit la loi allemande, 
cette communauté mentale qui permet aux époux d’échanger ieurs 
idées et, par conséquent, il n’y a pas lieu de les laisser liés l’un à l’autre. 
Aussi bien les droits de l’aliéné sont sauvegardés par la nomination 
d’un curateur à la personne. 

M. Vallon fait observer que si l’on veut accorder le divorce en con- 
sidérant l’aliénation comme une maladie essentiellement chronique 
et incurable, il n’y a pas de raison pour ne pas l’accorder dans d’autres 
cas, par exemple quand un des conjoints est atteint de tabes, ce qui 
n’est pas admissible. D’autre part, sion prend la cessation de la com- 
munauté morale comme critérium, devra-t-on accorder le divorce si 
un des conjoints est atteint d’hémiplégie avec aphasie? C’est là une 
porte ouverte à de regrettables abus. D’autant qu’on proteste 
bruyamment contre de prétendues séquestrations arbitraires, ou Ia 
prolongation exagérée de l’internement. II est à craindre que, dans le 
cas qui nous occupe, on n’accuse les médecins de prolonger l’interne- 
ment pour que le divorce soit possible, car, enfin, rien n’est diíficile 
pour l’aliéniste comme de déterminer à quel moment l’intemement 
cesse d’ètre vraiment nécessaire. 

M. Vallon cite enfin un cas de psychose opératoire chronique 


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ayant duré plus de trois ans et bien guéri, pour lequel il aurait 
aífirmé l’ncurabiiité. 

M. Tuibierce cite égaleraent le cas d’un aliéné, considéré comme 
incurable par Falret et guéri au bout de cinq ans, ce qui montre 
l’insuffisance du critérium proposé. 

M. Le Poittevin dit qu’actuellement le divorce est basé sur les 
torts des époux. Ici il n’y a pas de torts. 

Le mariage est un contrat qui crée des obligations indéfinies qui 
ne cessent pas si un des conjoints devient malheureux ou malade. 

De plus, l’aliéné, mème interdit, continue à avoir tous ses droits 
dans la société et son conjoint a des devoirs pour sauvegarder les 
intérèts du malade. 

M. Jacomy est d’avis que l’aliénation constitue une maladie d’un 
genre tout spécial qui supprime la personnalité morale de l’individu. 

Ii n’y a pas lieu d’établir une expertise pour affirmer si la maladie 
est curable ou non. II suffit que l’internement ait duré un certain 
temps, par exemple cinq ans, pour que par le fait mème l’incurabi- 
lité puisse ètre déclarée probable. 

M. Roubinovitch fait remarquer que, bien souvent, par un examen 
attentif on peut faire remonter le début de l’affection mentale & une 
époque antérieure au mariage. 

SOCIÉTÉ DES SCLENCES MÉDICALES DE MONTPELUER 

Dégénérescence m e n tale, hystérie et épllepeie; à propos 
d’un eyndrome convulsif résultant de l’association de l’hya- 
térie et de l’ópilepsie. — M. Margarot. — Cette observation con- 
ceme un jeune homme de 24 ans, hérédo-alcoolique, qui a présenté 
dans son enfance de la chlorée et qui, vers l’àge de 22 ans, a été sujet 
à des crises comitiales et à des vertiges, les uns épileptiques, les autres 
hystériques, et certains au cours desquels on trouve des éléments 
appartenant aux deux névroses, avec prédominance des uns ou des 
aulres suivant les cas. Ce malade présentait, en outre, un syndrome 
psychique constitué par des occupations hypocondriaques. 

M. Margarot en conclut qu’on se trouve en présence d’un dégé- 
néré qui, à divers moments de son existence, a présenté diverses 
névroses (chorée, hystérie, épilepsie, psychasténie), lesquelles se sont, 
en quelque sorte, greffées sur la dégénérescence. II pense qu’il existe 
entre l’hystérie et I’épilepsie une union étroite tenant à leur commune 
origine, certains vestiges épileptiques se greffant sur des vestiges 
hystériques et les uns et les autres se rattachant à la dégénérescence 
mentale. 

SOCIÉTÉ SUISSE DE NEUROLOGIE 

Les anoreades de la puberté, par M. L. Schnyder. — Les chan- 
gements qui se produisent dans l’organisme au moment de la puberté 


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(activité des glandes génitales et des glandes à sécrétion inteme) ont 
certainement une part importante dans la pathogénie de Tanorexie. 
On peut admettre la présence dans le sang de principes susceptibles 
d’exercer une influence sur les fonctions cérébrales (troubles vaso- 
moteurs, hyperémies de la convexité), mais, à còté de ces causes 
physiologiques, il faut tenir compte des causes psychiques quidéter- 
minent les anorexies dites meniales . La durée de la crise psychique 
de la puberté dépasse de beaucoup ceile de la crise purement physio- 
logique et peut se prolonger pendant toute la période de 1 'adolesecncc, 
surtout chez les sujets du sexe féminin chez lesquels on constate une 
plus grande proportion de psychonévroses de la puberté que chei 
ceux du sexe masculin, en raison de Tévolution sexuelle plus compli- 
qúée de la femme, signalée, en particulier, par Freud. L’anorexie men- 
tale est, d’après l’expérience personnelle de Tauteur, dix fois pius 
réquente chez les jeunes filles que chez les jeunes garqons. 

M. Schnyder distingue deux formes d 'anorexie mentale : l’une pas- 
sive, l’autre active. 

Uanorexie passive est une manifestation de la dépression générale 
qui atteint certains sujets incapables de s’adapter aux difficultés de 
la vie et chez lesquels toutes les tonctions vitales présentent une dimi- 
nution d’intensité. Elle est aussi la conséquence de l’inquiétude et de 
l’instabilité morales. Uinsomnie constitue souvent une manifestation 
morbide parallèle à cette forme d’anorexie. 

Uanorexie active relève de causes psychiques plus précises : elle 
constitue un trouble voutu et provoqué par le sujet comme un moyen 
d’échapper aux réalités désagréables de la vie. Parmi ces réalités, 
celles de la sexualiié apparaissent comme les plus redoutables à cer- 
tains individus, surtout du sexe fèminin, lorsque, à cóté d’une nalure 
sensuelle accusée, existe chez eux une psychasihénie fondamerúalc 
(dans le sens de Dubois), se manifestant, en particulier, par la wru- 
pulosilé. Cette dernière est souvent entretenue par l’enseignement 
religieux et cela davantage, peut-ètre, par l’enseignement religieux 
catholique qui est donné à un áge où la conscience infantile s’exagère 
Ailement la portée des devoirs moraux et de leurs sanctions. L’ano- 
rexie est une manifestation fréquente des conflits moraux qui ré- 
sultent de ces tendances opposées.Elle est,au mème titre que d’autres 
manifestations hystéríques, une rèaction de défense irralionnellt . 

II n’est pas toujours facile au médecin d’analyser les origines de 
l’anorexie, car, souvent, les raisons d’apparence futile, invoquées 
par le malade, comme le désir de mincir par coquetterie, ne sont que 
des prétextes destinés à cacher un motif plus sérieux. L’anorexie 
reconnait souvent pour origine un traumaiisme sexuel. II ne faut pas 
voir là un simple fait de conversion par refoulement d’un complexus 
idéo-affectif pénible. Le mécanisme de l’anorexie paralt à M. Schny- 
der pius compliqué : une jeune fille, jusque-là, insouciante, innocente, 


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mais douée d’une nature sensuelle, est l’objet d’un attentat sexuel 
qui lui révèle brusquement les réalités insoupqonnées de la sexualité. 
Elle s*en effraie, s’en préoccupe, sans recourir aux conseiis d’autrui. 
EUe redoute les perspectives qui s’entr'ouvrent pour elle et veut 
rester enfant. Poussée par un désir de régression qui puise sa force dans 
les sources instinctives les plus profondes de sa personnalité, elle 
reeourt à Tanorexie comme au moyen le plus sùr pour atteindre son 
but. Considérée de cette faqon, Tanorexie mentale n’est qu’un épisode 
des luttes morales qui, à l’époque de la puberté et de Tadolescence, 
viennent 6i souvent ébranler l’équilibre psychique d’individus pré- 
disposés. 

SOCIÉTÉ DE PSYGHOTHÉRAPIE, D’HYPNOLOGIE ET DE 

PSYCHOLOGIE 

Abolition des reflexes psychiques dans letabes, par M. Bé- 

rillon. — Le malade que je présente à la Société est un tabétique 
arrivé à une période déjà avancée de la maladie. 

On constate chez lui non seulement ìes signes pathognomoniques 
du tabès (signes de Romberg, de Westphal, d’Argyll Robertson), mais 
aussi de Tincoordination motrice et des troubles viscéraux. Le diag- 
nostic, dans l’état où il se trouve actuellement, ne comporte aucune 
difficulté. 

II y a quelques semaines il en était arrivé à ne marcher qu’avec 
une assez grande difficulté. Divers agents thérapeutiques mis en usage 
ont eu pour effet d’améliorer très sensiblement son état. La dilatation 
progressive de l’urètre pratiquée par le D r Jaworski a eu pour effet 
évident de ranimer la vigueur dans les membres inférieurs. La per- 
cussion vertébrale a exercé sur ses troubles viscéraux une améliora- 
tion si írappante qu’il est venu me la redemander à plusieurs reprises 
avec insistance. Enfin la psychothérapie lui a rendu une confiance en 
lui-mème qu’il avait déjà depuis longtemps perdue. II a retrouvé 
dans sa rééducation psychique un réconfort dont il a tiré le meilleur 
parti. Gráce à elle, sa volonté, son application au travail ont été 
reconstituées. II a vu également disparaitre ses tendances à la dépres- 
sion et au découragement. 

Fait capital, le malade a pu retrouver non seulement I’aptitude à la 
marche, mais il lui a été possible de courir, ce qui ne lui était pas 
arrivé depuis plusieurs années. 

Actuellement, ce qui persiste de l’état antérieur, ce sont des signes 
objectifs du tabès nettement caractérisés. L’abolition des réflexes 
tendineux est complète, mais ses réflexes psychiques, que je désigne- 
rais plus voiontiers sous le nom de réflexesd’émotion, ne sont pas raoins 
atténués. 

Le malade a perdu l’aptitude à réagir aux excitations survenant 
dans la sphère de la sensibilité morale. 


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Jusqu’à l’apparition des symptdmes du tabès confirmé, le malade 
était doué d’une susceptibilité mentale normaie. II réagissait vive- 
ment sous l’action des taquineries, des contrariétés, des offenses. U 
lui arrivait, lorsqu’U était contrarié, de céder à des emportements 
superficiels et de courte duróe qui témoignaient d’une sensibUitè 
émotive de bon aloi. 

Sa vie conjugale a èté semée d’incidents pénibles; U en a été affecté 
et dans les premières années U réagissait avec force. A ce moment la 
réflectivité psychique était normale. 

Mais, depuis, son émotivité s’est modifiée. Aes incidents qui, autre- 
fois, eussent provoqué chez lui des émotions accentuées le laissent 
aujourd’hui indifférent. 

II a les mèmes impressions; il apprécie la gravité de l’injure; U en a 
conscience, mais U la supporte et reste passif. II ne réagit plus exté- 
rieurement. 

Interrogez-le. Demandez-lui ce qu’U éprouverait dans le cas où U 
serait l’objet d’une offense capable d’affecter légitimement sa suscep- 
tibilité. II vous répondra : « Je saisis le sens et la portée de I’offense, 
j’en suis péniblement affecté, mais je n’en exprime rien à l’exiérieur. 
Les choses se passent en dedans. II pourra mème arriver que j’engarde 
quelque ressentiment, mais je ne l’exprimerai ni par des gestes ni par 
des paroles. » 

A ce point de vue, je suis devenu exactement le contraire de ce que 
j’étais auparavant. Autrefois j’aurais bondi sous I’outrage et répondu 
du tac au tac. Ce n’est pas que les choses me soient devenues indiffé- 
rentes; c’est la réaction extérieure qui reste en suspens. La force 
d’inertie s’est substituée à l’impulsion. » 

L’intelligence du malade est aussi cultivée que par le passé. A 
certains points de vue il est mème doué d’une plus grande force de 
réflexion. II médite et approfondit davantage les questions auxquella 
il s’intéresse. 

Ayant dans son intérieur à soutenir une lutte constante, U oppose 
à l’adversaire la passivité, la ténacité sUencieuse, Ia force d’inerlie. 
II n’a pas cessé de se défendre, mais U recours à d’autres moyens 
de défense. Pas un muscle de son visage ne trahit ses impressions. 
Mais s’U ne dit rien, il n’en pense pas moins. 

Ce qu’U a perdu, c’est l’aptitude à exprimer extérieurement les 
pensées qui l’animent. Chez lui, les réflexes de l’émotion sont abolis. 

Je ne veux pas aborder actueUement l’analyse psychologique de 
ce fait. 11 confirme un grand nombre de mes observations se rap- 
portant à des fails analogues. Depuis longtemps j’ai acquis la notion 
que, dans le tabès confirmé, à l’abolition des réflexes cutanés muscu- 
laires et tendineux correspond une abolition parallèle dans la sphère 
des réflexes, psychiques ou d’émotion. Pour le moment, je raeborne 
à formuler la conclusion suivante: La réflectivitéémotive est toujours 


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NOUVBLLBS 


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atténuée sinon abolie dans le tabès confirmé. La rééducation des 
sentiments par une psychothérapie appropriée s’impose au mème 
titre que les rééducations motrices et les rééducations viscérales. 


NOUVELLES 


Peraonnel médical d«s asiles. — Sont promus & la classe excep- 
tionnelle : 

M. Sizarbt, médecin en chef de 1’asUe de Rennes. 

M. Dagonet, médecin en chef de 1’asUe clinique. 

M. Sérieux, médecin en chef de l’asile de Maison-Blanche. 

M. Pactet, médecin en chef de l’asile de VUlejuif. 

M. Toulouse, médecin en chef de 1’asUe de ViUejuif. 

Promus à la 2 e classe : 

M. Tbrrade, médecin en chef du quartier d’aliénés de l’hospice 
d’Agen. 

M. Leroy, médecin en chef de 1’asUe de VUie-Evrard. 

M. Mignot, médecin en chef de la Maison Nationale de Santé. 

M. Truelle, médecin en chef de 1’AsUe de Ville-Evrard. 

Midecint adjoinis promus à la l re classe : M. Perrens, de Lafond. 

Promus à la 2 e classe : MM. Alaizb, de Saint-Dizier, Benon, de 
Nantes, Hannard, d’Armentières. 

Mu* Lévéque, regue au Concours de 1913, estnommée méde- 
cin-adjoint de l’Asile privé d’aliénés de Limoux. 

L’ezamen médlcal des oonducteurs d’automobilss. — 
M. Bernard Augé, député, vient de déposer sur le bureau de la Cham- 
bre un projet de loi tendant à ce que tout conducteur d’automobile 
soUicitant son diplème joigne à sa demande un certificat médical, 
légalisé, attestant: 1° qu’U a une bonne constitution; 2° une vue nor- 
male; 3° une oule normale; 4° qu’U n’est atteint d’aucune lésion orga- 
nique : ni du coeur, ni de ia plèvre, ni des reins, pouvant amener une 
brusque syncope; 5° enfin, autant qu’U sera possible de l’établir, 
qu’il est exempt de toute affection névropathique : monomanie, hys- 
tirie, ipilepsie. 

M. Bernard Augé, dans l’exposé des motifs qu’U a rédigés, estime 
que les causes de nombreux accidents demeurent inexpliquées la 
plupart du temps. La rubrique ordinaire des faits divers, dit M. Augé, 
est ainsi con$ue : « En rase campagne, l’auto fit une embardée et aUa 
buter contre un arbre... » Mais cette embardée est-elle due à un excès 
de vitesse, à la nature du sol mouUlé et glissant, à une fausse manceuvre 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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ou à une faiblesse subite du chauffeur? Voilà ce qu’il est souvent 
impossible de préciser. 

L’honorable député croit pouvoir affirmer que dans un grand 
nombre de cas c’est l’état de santé du chauffeur qui doit étre mis en 
cause. Or, on ne s’est jamais préoccupé de cet état de santé dans la 
délivrance du certificat d’aptitude. C’est ce à quoi M. Bernard Augé 
propose de remédier. 

II appuie ses dires de ropinion autorisée du D r Bommier, qui 
récemment écrivait ceci : 

« Je serais partisan que dans chaque arrondissement fonctionnàt, 
à cóté du service s’adressant à la machine automobile, unservice s’adrtó- 
sant à la machine humaine , et que ne soit autorisé que l’accouplement 
des deux entités valides donnant aux autres les garanties auxquelles 
ils ont droit. » 

Quelques accidents récents causés par des cas de syncope et des 
attaques d 'épilepsie semblent devoir donner raison à M. Bernard 
Augé; au surplus, l’examen médical des conducteurs d’automobiles 
est déjà pratiqué en Allemagne. 


REVUE DES PÉRIODIQUES 


La Clinique , 17 janvier 1913. 

Traitement de l’épilepeie par le bromure et le rógime achlo- 
ruré, par Ch. Mirallié. — Les résultats du traitement achloruré 
sont d’autant plus rapides et plus efficaces que les malades mettaient 
plus de sel auparavant dans leurs aliments et qu’ils avaient plus 
d’appétence pour ce condiment. Et il faut porter un meiileur pro- 
nostic chez les malades qui ont l’habitude et le goùt de manger salé. 
Le régime achloruré produit son effet maximum contre les crises 
comitiales proprement dites; son action est beaucoup moins éner- 
gique et moins efficace contre les accidents du petit mal, vertiges, 
absences, qui, d’après ce que nous avons observé, semblent résister 
beaucoup plus énergiquement à ce régime et au traitement bromuré. 

Quoi qu’il en soit, et sans qu’on ose parler de guérison dans une 
maladie aussi rebelle et aussi sujette à récidive, la suppression des 
crises pendant plusieurs années, alors mème que le malade a cessé 
son traitement et est revenu au régime ordinaire, indique nettement 
que nous avons dans le régime achloruré, combiné au traitement 
bromuré, un moyen actif et efficace de lutter contre la maladie et de 
permettre au malade de prendre part à la vie sociale. J. C. 


Le Gèrant : O. DOIN. 

PARTS. — IMPltlMBftlS LKVÍ, 71, ftUE DS RKIfNBS. 


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UNIVERStTY OF MICHÈGAlSl 



LES GRANDS ALIÉNISTES DE LA RENAISSANCE 


LA PSTCHIATRIE CLINIQUE 

DANS L'CKUVRE DE 

FÉLIX PLATER 

(1536-1614) 

PAR 

Georges Genil-Perrin 


I. L’HOMME ET L’CEUVRE 


Félix Plater naquit à Bfile en 1536, l’année méme où y mourut 
Erasme, de Rotterdam. II fit ses premiéres études sous la direction 
de son pére, qui avait quitté sur le tard sa ville natale de Sion, dans 
le Valais, pour venir s’installer et professer dans la cité d’Holbein (1). 

A dix-sept ans, le jeune Plater fut immatriculé à la Faculté de 
Médecine de Montpellier (4 novembre 1553). II fut regu docteur le 
28 mai 1556, et retourna dans sa patríe, où l’on assure qu’il prit de 
nouveaux degrés. L’année suivante, il exécuta la première anatomie 
qui ait été pratiquée à Bàle. En 1560, il devint professeur, et ensei- 
gna jusqu’à sa mort, qui l’enleva, Ie 28 juillet 1614, à I’estime du 
Corps académique. 


(1) Le nom de Plater ayant été illustré dans l’histoire des sciences médicales 
par plusieurs membres de la famille, il n'est pas inutUe de consulter, afin d’évi- 
ter toute confusion, ce petit tableau généalogique. 


Pélix Plater 


(1586-1614) 


Thomas I ,r 

I _ 

Thomas II 


Thomas III Félix II 

(1574-1628) (1605-1671) 

Franz 

(1645-1711) 

17 


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REVUB DE PSYCHIATRIE 


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Une justerenommée l’avait fait appeler auprès de tous les seigneura 
et princes du Haut-Rhin. II jouissait d'une considération particu- 
lière auprès du Margrave de Bade et à la Cour des ComtesdeMontbé- 
liard. 

Son passage avait du reste été remarqué à la Faculté de Mont- 
pellier. Le précieux ouvrage d’Astruc en fait foi. (1) D’ailleura, 
dans une lettre écríte à Thomas Plater quelques mois avantlamort 
de Félix, le doyen Varandé n’assurait-il pas que celui-ci était honoré 
par toute l’Université de Montpellier « comme le vrai Nestor de 
notre profession » (2). 


* • 

Malgré les soins d’une clientèle étendue, Plater n’oublia jamais 
les devoirs de Penseignement; de la cour méme des grands qui fai- 
saient appel à ses lumières, il rapportait parfois des observations 
que nous trouvons consignées dans ses oeuvres. 

Les plus intéressants de ses ouvrages, ceux où je puiserai les 
matériaux de cette étude, sont la Praxis et les Observaiiones (3). 

En général, on connalt beaucoup mieux les Observationes que la 
Praxis (4). C’est la fòrme méme du premier ouvrage qui a fait son 
succès : dès le quinzième siècle, on avait bien édité des recueils de 
Consilia y c’est-à-dire de Consultations et le seizième siècle en vit naltre 
un grand nombre. Mais ce n’est qu’au dix-septième qu’on commen$a 

(1) Astruc. Mémoires pour servir à l’histoire de la faculté de Médecine de 
Montpellier. Paris, Cavelier, 1767. 

(2) Lettre db Varandaeus, prof. à la fac.de Montpellier, à Thomas Platbr 
frère de Félix. — Monsieur, je suis esté fort aise, d’entendre par la lettre 
qu’il vous pleut de m’escrire, votre bon portement et celuide Monsieur Félix, 
vostre très honoré frère, lequel Je tiens pour le plus ancien et plus expérimenU 
Médicin de nostre siècle, luy désirant continuation de santé et de vie, pour par- 
faire les ceuvres, qu’il a préméditées, pour l’embellissement de la mèdecine, à 
utilité de ceux qui en font profession. A quoy j’estime qu’il doit estre secouru, 
par la vigueur de vostre aage, affin qu’il ne succombe au travail, en l’édition de 
ce beau traité de ses Observations, qu’il veut mettre en lumière. Je vous prie de 
luibaiserles mainsde ma part, etl’asseurer, ’que toutel’Université de Mont- 
pellier l’honore, comme le vrai Nestor de notre profession. De Montpellier, 
15 décembre, l’an 1613. 

(3) Voici les références exactee des éditions que j’aí uUlisées. — Praxeos 
tractatu8. BasUtat . Typis Conradi Waldkirchii. 1602 (Première édition). — 
Obsbrvationum libri TRBs. Basileae. Imptnsis Ladovici Kánig. 1641.(Editée 
par lea soinB de Félix II Plater, neveu de notre auteur; la première édition est 
de 1614.) 

(4) Ce reproche s’adresse dans une certaine mesure à Trélat, qui, dans les 
Becherches hisloriques surlafolie, consacrant une demi-douzaine de pages à Pls* 
ter, parle toujours des Observations et ne mentionne méme pas la Praxis. 


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LA PSYCHJATRIE DANS l’íEUVRE DE FÉLIX PLATER 


267 


i publier des oburotdions. Le livre de Plater,dont la premiére édition 
est de 1614, me semble bien avoir inauguré le mouvement, avec les 
Cenhtries d'Obeeroaiions de Fabrice de Hilden, qui, d’ailleurs, ne 
forent imprimées qu'en 1641, à Lyon, après la mort de leur auteur. 

Quant au reste, il ne faut pas nous faire trop d’illusions sur la 
valeur intrinséque des observations de Plater. Beaucoup sont 
trop succinctes; certaines sont surchargées de formules; de simples 
racontars constituent Ie fond de plusieurs. On désirerait surtout 
avec Sprengel un choix un peu Imeilieur. 

En revanche, on a eu tort de négliger la Praxis. C’est |une oeuvre 
trés méthodiquement ordonnée où se révèlent des qualités d'expo- 
sition tout à fait exceptionnelles pour l’époque. Chaque chapitre 
est divisé en trois sections: Genera —c’est la descríption des diffé- 
rentes variétés du groupe morbide étudié; — Causae, c’est le para- 
graphe étiologique; — Curatio , c’est la pai-tie thérapeutique. 

Or, il est à remarquer, que Plater fonde la plupart du temps scs 
descriptions cliniques sur ses constatations personnelles, et qu’il 
ne se contente pas de démarquer Hippocrate, Galien, les Arabes et 
quelques autres, comme il était alors de mode. Les considérations 
étiologiques et pathogéniques elles-mémes sont à cet égard d’une 
sobriété exemplaire. 

La Praxis marque donc un progrès dogmatique considérable sur 
la plupart des ouvrages antérieurs, où l’on a souvent de la peine 
à isoier gà et là les fragments de description clinique au milieu d’un 
íatras pathogénique et d’une copieuse polypharmacie. Dans le livre 
de Plater, tout est à sa place. 


II est déjà bon de pouvoir exposer, d’après un traité heureuse- 
ment concu, la pathologie mentale de Félix Plater. Mais il est encore 
mieux d’ètre en mesure d’illustrer chaque chapltre de cette cxpo- 
sition par des observations cliniques. Le plan des Observaiiones cst 
en effet calqué sur celui de la • Praxis. 

De la sorte, on a d’un còté les matéríaux, et de l’autre la synthèsc 
qui s’en est opérée dans l’esprit de l’auteur. Gela nous éclaire d’une 
part sur les caractères cliniques exacts des maladies mentales au 
Kirième siècle.d’autre part sur la psychologie du grand médecin que 
lut Félix Platelr. 


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RBVUE DE PSYCHIATRIB 


Je me cantonne ici au domaine psychiatrique, dans lequellacom- 
pétence de l’auteur ne s’est pas exercée d’une fagon aussi particulière 
qu’ons’estpluà Ie dire; mais étudier l’ceuvre entière avec la méthode 
que j’indique serait, je crois, un travail d’une haute signification 
pour la compréhension de ia médecine de la Renaissance. On sai- 
sirait ainsi sur le vif le processus d’émancipation de notre science, et 
je connais peu d’auteurs chez qui un pareil travail soit aussi faci- 
lement réalisable que pour Plater. 

LJn plan attrayant s’impose donc. Nous allons reprendre les 
différentes affections mentales étudiées dans la Praxis, et nous pla- 
cerons sous Ies yeux du lecteur un résumé des cas correspondants 
publiés dans les Observationes (1). 

n. — LA PARTIE PSYCHLA.TRIQUE DE L’CEUVRE 
DE PLATER 

C’est par I’étude des maladies mentales que s’ouvrent les deux 
ouvrages auxquels nous devons nous adresser. 

Le premier tome de la Praxis, consacré aux troubles des fonc- 
tions : De funclionum laesionibus, est divisé en deux livres dont 
l’un étudie les troubles des sens, et l’autre les troubles du mouve- 
ment. Le Iivre I — Sensuum laesiones — est divisé en neuf chapi- 
tres, dont les quatre premiers sont réservés aux sens inlernes et Ies 
cinq derniers aux sens externes (tact, goùt, vue, ouie, odorat). 

Les sens inlernes sont l’imagination, la raison et la mémoire (ima- 
ginatio, ralio, memoria) dont l’ensemble constitue I’esprit ( ment ), 
« quos simul comprehensos mentis nomine appellabimus ». L’étude 
de leurs troubles constitue l’objet de la pathologie mentale. 

Ces différentes fonctions de I’esprit peuvent étre atteintes soit 
isolément, soit simultanément, et leur altération peut étre le fait 
de la diminution ( imminuuntur),de I’abolition (abolentur), de la per- 
version (depravantur) ou de l’exagération (nimium fiunt). 

Sur cette distinction d’ordre psychologique, Plater va fonder sa 
division nosographiquc des troubles mentaux. 

On dit que Ies facultés mentales sont diminuées quand elles 
nes’accomplissent pas intégralement, ce qui arrive dans 1’ hebeludo 

(1) Pour conserver à cet article de justes limites, je ne m’occuperai que de la 
partie symptomatologique, réservant pour des travaux ultérieurs l'étude de 
l’étiologie et de la thérapeutique des maladies mentales dans l’oeuvre de Plater, 


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LA PSYCHIATRIE DANS L’íEUVRE DE FÉLIX PLATER 


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meniis, la tarditas irìgenii, Yimprudenlia et Voblivio, que l’on peut 
ranger sous l’étíquette commune de mentis imbecillitas Les facultés 
sont abolies quand elles ne s’exercent plus du tout, comme dans Ies 
différentes variétés de mentis oonsternatio. Quand les fonctíons intel- 
lectuelles s’accomplissent, mais d’une fa^on anormale, il y a perver- 
sion, et il en résulte toute une série de troubles qui ressortissent è 
la mentis alienatio. Dans I’insomnie et dans le réve, l’esprit fonc- 
tionne plus qu’il n’est convenable, c’est la mentis defatigatio. 

C’estàcbacune de ces quatre grandes catégories morbides que sont 
consacrés les quatre premiers chapitres de la Praxis, et l’on peut, 
dans le tableau suivant,prendre une idée d’ensemble du détail dela 
dassificatíon. 


■entis 

taabMUUtas 


Toue les sens internes 
sont diminuét ; 

l’imagination: 
la ralson: 
la mémoire: 


i un seul est 
diminué 


Hebetudo mentia. 
Tarditan ingenil. 
Imprudentia. 
Oblivlo. 


lentis 

eonsternatio 


Somnus 
prseter- 
I natur&lis 


Sommus immodieus. 
Sommus profundus. 

Sopor gravis: caros, ooma. 
Sopor oum febre : iethargus. 
Sopor eum delirio : oata- 
phora, typhomania. 

Sopor cum stupore. 

Stupor cum resolutione : Apoplexla. 

Stùpor cum convulsione: Epilepsia. 

Stupor cum rigidtíate : Catalepsis. 


in sanis 


In 

morbo 


lentis 

tiieaatio 


acausis insitis: Stultltia. 
ab extemis l Temulentia. 
causis. < Anlmi eommotio. 

Melaneholia. var.: Melancho- 
lia hypochondriaca. 

obsessio dtsmoniaca. 

Maniaí 


I ab internis 
causis. 


Sine 
I febre 


hydrophobia. 
saltus Viti. 


Cum febre : Delirium J phren * flí '. 

< paraphrenitis. 


lentis { VigilÌSB. 
defatlgatio < Insomnia. 


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270 


RBVUE DB PSYCH1A.TR IB 


m. — LA « MBNTI8 IMBECZLLITAS. » 

La meniis imbecilliìas esi en rapport avec un fonctionnement in- 
suffisant des sens internes, c’est-à-dire des trois grandes facuftésmen- 
lales. EHe se manifeste tantOt au cours d’une maladie, tantdt chez 
des gens par ailleurs bien portants. 

Les trois sens intemes peuvent étre atteints soit iso!ément,soit en 
blòc. Us le sont tous dans l’hebetudo mentìs. Dans la tarditas in- 
genii, c’est l’imagination qui est frappée : les sujets apprennent 
dlfficilement à parier, à lire et à travailler. L’imprudentìa est le dé- 
faut de raison, de jugement: l’individu acquiert bien les notions, 
mais est incapable de porter des jugements corrects. L’obhvio est 
en rapport avec Ia diminution de la mémoire, infirmité qui survient 
surtout chez les vieillards. 

A quoi correspond la menlis imbecillitas dans nos cadres modemes? 
Ce n’est ni dans la description trop réduite de la Praxis, ni dans les 
Observaliones , peu instructives en l’espèce, que nous l’apprendrons. 
Seul le chapitre des causes nous éclairera. 

Nous y voyons que cette classe comprend les imbéciles et surtout 
les débiles denaissance,les amnésies séniles ou organiques, les trou- 
bles démentieis ou aphasiques postapoplectiques, peut-étre certains 
états de dépression ou de stupidité, et enfin des troubles transitoires, 
sans doute d’ordre confusionnel, suiVenant au cours de certaines 
maladies, dans les grandes hémorragies, etc. 

A prendre les choses de haut, on verra que le premier progrès dans 
l’analyse de ce groupement n’a été accompii que par Esquirol, quand 
il a séparé les démences acquises des états d’insuffisancecongénitale, 
et le second par Georget, quand il a remplacé la notkm de démence 
aiguè par celle de stupidité. 

Plater est encore nettement en avance sur beaucoup de ses succes- 
seurs quand il assigne à ces troubles une origine organique: « ctft- 
brum hic, quod sensuum horum est organum, afficitur ». Et|le cer- 
veau est touché par l’hérédité,par l’àge, par une attaque d’apoplexie, 
par une longue maladie, par un traumatisme, par la fatigue intel- 
lectuelle, etc. 

Cette imperfection de l’instrument peut tenir à une cause congé- 
nitale ou acquise. « Figura indecens cerebri, illiusque situs pervertio 
a natura vel oiolenter facta, idem efficil. Quod segre cognoscitur, nisi 
caput cerebri formse correspondeal .» 


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LA PSYCHIATRIE DANS l’CEUVRE DE FÉLIX PLATER 


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On voìt aussi par cette citation que Plater avait une notion assez 
nette des malformations crfiniennes chez les imbéciles. 

Quand an pronoetic des différentes variétés de Ia merúis imbecilli- 
tos, ilvarie suivant la cause.mais s'il sagit d’une malformation congé- 
nitale, d*une grosse lésion organique, ou d’un effet de la vieillesse, il 
n’y a pas de guérison à attendre. 

Les quatre observations de mentis imbecillilas, coinme je l’ai 
déjà dit, ne nous renseignent pas beaucoup sur la valeur nosolo- 
giqne du groupe. Tout au plus,l’une d’elles est-elle intéressante pour 
la psychologiede l’auteur, qui nous raconte complaisamment quel- 
ques souvenirs d’enfance — songeons -qu’il écrit cela & phis de 
soixante-qumze ans. 

J’ajouterai, pour bien fixer la physionomie de certaines observa- 
tions de Plater, que la troisième, intitulée « Memoria artificialis », 
renferme en tout et pour tout quelques réflexions sur l’utilité des 
moyens mnémotechniques ! 

IV. — LA « MENTIS CONSTERNATIO ». 

Cette classe, comme on a pu Ie voir dans Ie tableau d’ensemble, 
n’est pas très intéressante au point de vue psychiatrique. De 
l’étude succincte que nous en ferons il y aura cependant à retenir 
quelque points particuliers tout à fait dignes de remarque. 

La consiernatio menlis comprend les états d’assoupissement et 
de torpeur dans lesquels le fonctionnement intellectuel est complè- 
tement suspendu. 

II y a d’abord le[ Sommeil anormal ( somnus prseternaluralis } 
qu’on peut rencontrer soit chez les gens bien portants, soit au cours 
d’une maladie. 

Chez les premiers, le sommeil peut étre anormal soit par la durée 
(tomnus immodicus), soit par la profondeur (somnus profundus). 
Ce demier est souvent dù à des libations trop copieuses, ou à l’ab- 
sorption d’un narcotique. 

Parmi les états d’assoupissement pathologiques (sopor), on ren- 
contre tout d’abord le caros ou coma , distinct de l’apoplexie,parce 
qu’il ne comporte ni perte complète du mouvement, ni résolution 
musculaire. Quand la fiévre s’ajoute au tableau, c’est -le lelhargus. 

A propos du sopor cum detirio, l’auteur semble faire allusion à 
quelques phénomènes oniriques. Quelquefois les malades ne dorment 


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RBVUE DB PSYCHIATRIB 


qu’en apparence et restent absorbés par différentes visions; dans 
d’autres cas.ils dorment réeUement,mais sont en proie à des cau- 
chemars effrayants. C’est la caiaphora ou coma agripnion ou typho- 
mania. 

C’est à propos de ce groupe qu’il faut mentionner le topor 
daemoniacua des sorcières qui s’imaginent que, enlevées dans les 
airs pendant leur sommeil, elles vont mener des rondes et entrer 
en rapport avec le démon. 

Dans le sopor cum stupore entre une histoire fort intéressante 
de tumeur cérébrale, qu’on retrouve dans les Observationes. 

Un baron était plongé depuis deux ans dans une profonde torpeur, 
incapabled’aucuneactionraisonnable.ne prenant jamaisspontanément 
de nourriture, et se contentant d’avaler ce qu’on lui introduisait 
dans la bouche. II n’allait point au lit qu’on ne l’y for$àt, et restait 
constamment assis à dormir, accoudé sur une table.L’interrogeait-on, 
il fallait insister beaucoup pour obtenir des réponses, qui d’ailleun 
étaient toujours dénuées de sens. 

Un liquide aqueux lui coulait cn abondance par les narines. Après 
sa mort,à I’ouverture du cràne.on trouva, au-dessus du corps caDeux, 
une tumeur globuleuse, d'aspect charnu, semblable à une glande, 
squirrheuse et fongueuse, grosse comme une pomme de taille moyenne, 
entourée d’une membrane propre et sillonnée de vaisseaux, sans 
connexions avec la substance du cerveau, où elle avait marqué 
son empreinte et déterminé une dilatation des ventricuies (1). 

L’apoplexie est un état de stupor cum resohitione. Les malades 
gisent comme des souches, privés de tout sens et de tout mouve- 
ment. Seule persiste une respiration obscure, parfois stertoreuse. 

Dans le stopor oum convnlsione seu agitatione, il y a perte brusque 
et totale des sens, et le corps tout entier est en proie à des mouve- 
ments désordonnés. 

Quand cela dure longtemps, il s’agit d'épileptie proprement dite, 
mal caduc, mal comitial. 

Quand les crises sont courtes, Ie pronostic est parfois bénin, 
comme chez les enfants qui mettent leurs dents ou qui ont des vers 
(morbus puerilit ), parfois sombre, comme celase voit danslesmala- 
dies graves et à la suite des blessures: c’est alors la conouhio gene- 

(1) Faute de place, je ne donne pas la traducUon intégraledes observatiou. 
Je les résume en cherchant à leur conserver leur physionomle parfais fort pit- 
toresque. 


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LA PSYCHIATRIE DANS L’OEUVRE DE FÉLIX PLATBR 


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ralis, où dous reconnaissons Ies formes convulsives des maladies 
infectieuses, et, très certainement, des cas de tétanos. (1) 

Je passe sur une bonne description des crises épileptiques, pour 
faire simplement remarquer que Plater en signale les séquelles, en 
particulier l’obtusion et l’amnésie. 

Dans le stupor eum rigiditate ou catalepris, les malades restent 
rigides et comme congelés. Généralement étrangers au monde 
extérieur, ils entendent quelquefois cependant ce qu’on ditautour 
d’eux ( slupor remanente audilu ), et peuvent le répéterjplus tard : ce 
sont les exlaiiques. 

Une autre variété de catalepsis, la stupor remanente molu, nous inté- 
resse d’une fagon tout à fait spéciale, car I’auteur y décrit la flexibililas 
cerea de la catalepsie des catatoniques : « Mais d’autres, tout en res- 
tant dans Ia méme position, comme des morts, sans ríen voir, ni 
rien entendre, insensibles aux piqùres, avalaient cependant ce qu’on 
leur introduisait dans la bouche : Quand on les mellail debout, ils 
s'y maintenaient, quand on les poussait, ils avanqaient, et ils gardaient 
tes membres figés dans l'altilude où. on les avait fléchis (2).» 

V. — LA « MENTIS AUENATIO » 

Nous abordons enfin le chapitre le plus intéressant au point de 
vue purement psychiatrique. Voici la définition de ì'alienatio menlis: 
« Mentis alienatio seu hallucinalio Paraphrosyne appellata est, 
quando ea quee non sunt, ac si essent; vel quae sunt, sinistre et praeter 
rationem fingunt, judicant et memorant; idque velsimul, vel separalim ; 
sioe hoc cogitatione sola fiat, oel idem diclis factisque, exprimant. » 

La mentis alienatio peuttenirà des causes innées, à des causes 
externes, ou à des causes intemes. On a déjà vu, dans le tableau 
d’ensemble, quelles variétés morbides venaient se ranger sous ces 
trois chefs étiologiques. Examinons chacune d’elles dans le détail. 

A. Stnltítía. 

Nous trouvons ici une catégorie de sujets que l’auteur aurait pu 
tout aussi bien ranger dans la merdis imbecillitas: il s’agit des idiots, 
et particulièrement des crétins. 

(1) Lea convulsions générales s'opposent aux convulsions partielles qni sont 
déerites au livre des motuum Isuionea. 

(2) «.... et sublati consistebant, impulsi incedebant, et membra proutillis flec- 
tebantur, eo situ fixa retinebant. > 


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Plater considère comme synonymes les termes sluliitia, moria, 
fatuitas, infaniia , désignant l’état des sujets qui sontnés sotset bétes. 
Dès leur première enfance, ils donnent des marques de leur sottise 
dans leurs gestes et dans leur fa$on de manger. IIs sont indociles et 
incapables d’apprendre à parler ou de s’acquitter des actes qui de- 
mandent quelque industrie. 

Ces étres déshérités se rencontrent plus fréquemment en certains 
pays, comrae Plater I’a observé lui-mème dans le Valais, au bourg de 
Bremis, et dans le Bintzgerthal en Carinthie. IIs ont la téte difforme, 
la langue démesurée et tuméfiée. Ils sont muets et souvent goitrenx. 
Assis sur le bord des chemins, regardant le soleil, des baguettes 
entre íes doigts, Ie corps contoumé, la figure de travers, ils offrtent 
aux passants un spectacle rísible et étonnant. 

Mais il y en a qui accomplissent correctement les actes ordinaires 
dela vieet acquièrent parfois dans certains arts une hábileté surpre- 
nante. Plater en a vu un à la cour d’un prince, qui s’appelait Georges 
etétait un architecte distingué. D’autres réussissent dans la peinture 
ou dans la musique, mais on retrotrve leur sottise à la complaisance 
avec laquelle ils écoutent les louanges, et aux choses rídicules qn'Os 
disent et qu’ils font, à la grande joie des seigneurs qui les entre- 
tiennent à leur cour. 

Dans les Obaeroaiiones, Plater parle d’une sorte d estuitiiia acquise 
dont il n’est pas question dans la Praxis : Des flatteurs et des para- 
sites, voyant en quelle estime sont tenus les fous de cour, que l’on 
admet aux festins, simulent la slultitia et font Ies bouffons pour se 
condlier les faveurs des grands. Le malheur est qu’une simulation 
prolongée pervertit leur nature, si bien que, devenus vieux, ils ne 
peuvent plus s’empécher de dire des bétises, ni d’en faire. Plater 
leur assimilerait volontiers les personnages, qui, sans vouloir se 
faire passer pour des bouffons, cherchent toujoursà parattregais et 
à faire ríre le monde, en prodiguant les plaisanteríes dépourvues de 
sel. 

On voit que notre auteur ne manque pas, à ses heures, d’une cer- 
taine causticité. 

B. Temulentia. 

La temulentia est une ivresse, qui, sans aboutir à l’assoupisse- 
ment et à Ia stupeur, dépasse cependant les bomes de la gaieté 


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LA PSYCHIATRIE DANS L’tEUVRE DE FÉLIX PLATER 


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ptr laqaelle Ie vìn pris modérément réjouit le coeur de l’homme: 
eQe fait perdre la raison, déterminant des effets variés suivant la 
divereité des tempéraments. 

BBe se manifeste parfois par une joie immodérée, par des chants 
et par des rires; on embrasse tout le monde, maison peut aussi se 
montrer violent, crier, frapper et mordre.Certainsdeviennent tristes 
comme des méiancoliques, fondent en larmes et parient de choses 
rehgieuses ou funèbres. 

II s’agit ici d’une esquisse intéressante de I’ivresse pathologique, 
dont Tauteur nous donne trois exemples dans les Observationes. 

C’est d’abord l’histoire d’un ivrogne qui, rentrant de nuit au 
logis, et prenant la clarté de la lune sur le sol pour un fleuve profond, 
se déshabilla et s’allongea par terre pour nager. 

(Jn autre, après avoir déambulé toute la nuit, revenait chez lui en 
plein midi, quand, prenant la lumière du jour pour le clair de lune, il 
aOuma sa ianterne pour éclairer ses pas chancelants. 

Le troisième, bien saoùl, arrivant près d’une source,se mit à uriner : 
prenant ie murmure de la source pour celui de son urine, U resta en 
positou plus d’une heure, attendant que cela finisse. 

L’auteur, en bon vieillard qui aime à ressasser ses souvenirs 
personnels, nous raconte qu’on lui a souvent demandé comment 
il avait pu parvenir en bonne santé à un Sge avancé, étant donné 
que les occasions de boire n’avaient pu dú lui manquer au cours de 
sa longue pratique, surtout pendant ses séjours à la cour des 
prínces, apud quos splendide vivitur ? 

C’est que, répondit-il, « dans les banquets qui durent plusieurs 
heures, je puis en commengant m’abstenir de boire pendant une 
heure ou deux,'—et cela d’autant plus facilement que j’ai moins 
soif —, jusqu’à ce que j’aie mangé à satiété; alors, l’estomac plein 
de nourriture, méme buvant plus que de raison, je n’en ai jamais 
éprouvé aucune offense. » 

C. Animi oommotío. 

Un violent choc moral peut troubler l’esprit au point de 
lui faire perdre la raison et déterminer un véritable état d’aliéna- 
tion mentale. Telle cette joie stupide qui fait dire des choses pué- 
riles et pleurerà forcede rire;telle encore cette colère où l’on se 
précifHte en blasphèmant pour se venger, sans redouter aucun 


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RBVUB DB PSYCHIATRIB 


danger; ou encore cette mélancolie née sous l’influence du chagrin 
ou de la terreur, et qui souvent dégénère en mélancolie vérita- 
ble et persistante. 

Certains individus peuvent donc étre considérés comme des alié- 
nés quand ils sont soumis à un sentiment exclusif et violent qui 
les conduit à des actes déraisonnables et dérégle leur vie; il en est 
de méme pour ceux qui sont en proie à une idée obsédante. 

Sous cette réserve que.parmi les demières certaines, ressortissent 
mieux au chapitre de la méjancolie, nous pouvons faire quatre 
parts des observations qui se rapportent à Yanimi commolio et où 
l’on trouve des histoires d 'obsédés, d'inventeurs, d 'amoureux et de 
jaloux. 

1° Les Obsédés. 

Les Observationes renferment de très beaux exemples d’obses- 
sion8 mais la Praxis ne contient rien de précis à leur sujet, au 
point que je me suis trouvé fort embarrassé pour savoir si l'auteur 
rapportait ces cas au chapitre de la mélancolie ou à celui de 
Vanimi commotio, dont les territoires semblent d'aiUeurs se 
compénétrer en certains points. 

Toutefois, la place mème de ces observations dans le recueil, 
justifie mon interprétation de la pensée de I’auteur. 

Aussi bien le lien qui unit les différents cas entre eux et qui les 
rattache au chapitre de ì'animi commotio, est-il constitué par la 
présence d’une idée prédominante, absorbant à certains moments 
toute l’activité intellectuelle du malade. II s’agit tantdt d’une idée 
hypochondriaque, tantOt d'un scrapule religieux, tantdt d’une 
phobie. 

Plater a soigneusement noté les phénomènes anxieux qu’il avait 
observés dans la plupart de ces cas, mais il faut bien avouer qu'il 
n’a pas songé à mettre ce symptóme en relief et à en faire le caractère 
commun d’un groupe. 

D’ailleurs, aucun progrès sensible ne sera réalisé à cet ègard 
jusqu’à Morel, dont le délire émotif répond à cette variété d'animi 
commotio. II n’est pas sans intèrèt de signaler l’identitè de racine 
des deux mots, sans vouloir cependant pousser l’assimilation trop 
loin. 

Voici une observation simple et typique d’obsession : 

Une dame nobleet délicate, par-dessus tout soucieusede propreté, 


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LA PSYCHIATRIE DANS L’CEUVRE DE FÉLIX PLATER 


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était tourmentée par une fantaisie singulière : quand elle voyait 
vider des cochons ou d’autres animaux, elle réfléchissait qu’elle 
portait aussi dans son corps des tripes et des saletés puantes. Elle en 
concevait un tel dégoùt qu’eile prenait en haine son propre corps, ne 
sachant comment se débarrasserde cesimmondices. Souvent elle venait 
s’en plaindre à moi, très affectée, et fort vexée quandelles’apercevait 
que je ne pouvais me tenir de rire. 

Dans un autre cas, nous assistons au duel qui a de tous les temps 
dresséruncontrerautrerobsédé hypochondriaque et son médecin: 

Un jeune homme se lavait au ruisseau, dans son pays, la tète plongée 
dans l’eau, quand il pensa avaler du frai de grenouille qui flottait. 
Aussi crut-il plus tard avoir dans l’estomac une grenouille vivante. 
II se mit à íaire de la médecine, peut-ètre pour devenir capable de se 
soigner lui-mème.Il étudia dans ce but pendant sept ans, en Allemagne, 
en ltalie, à Bàle, et le bonnet de docteur lui fut conféré avec éloges. 

II employait des foules de remèdes pour tuer et expulser cette gre- 
nouille, consultant partout les médecins. Je cherchai à lui enlever 
cette triste idée par de solides arguments, mais il me répondit en éruc- 
tant, pour me faire entendre les coassements de la grenouille, cher- 
chant à me prouver, oralement et par écrit, qu’il ne s’agissait pas là 
d’éructations, mais des cris de la bète. 

J’avais essayé de le tromper en le purgeant et mettant une grenouille 
\ivante dans ses selles. Mais comme il était médecin et qu’il possé- 
dait d’exactes qualités d’observation, il ne s’y laissa pas tromper. 

(Je n’entre pas dans le délail du régime effroyable auquel Plaler 
consentil à soumeltre son malheureux confrire . II esl en particulier 
queslion d’un nombre fanlaslique de pilules mercurielles qui détermi- 
nèrenl une néphrite d de la diarrhée sanglanle . Au boul de trois mois 9 
Plaier se lassa te premier.) 

Excédé de ces plaintes, je recommen$ai à le gronder vertement, 
lui disant qu’il n’était qu’un fou et un entèté, pour persister si long- 
temps en une pareille conviction, contre l’avis des médecins. Je lui 
représentai que, méme s’il avait avalé une grenouille vivante, voire 
plusieurs, elle n’aurait pu vivre une seule heure, et aurait été étouífée, 
puis chassée del’estomac, comme chez celui qui, ayant dégluti une 
anguille vivante, la rendit par les selles au bout de dix heures, morte 
et comme cuite. Je lui citai encore le fait des grenouilles qui sont ava- 
lées vivantes par les serpents et les hérons, et meurent aussitòt. A 
quoi j’ajoutai en fin de compte que la vie de la grenouille est courte et 
ne passe pas deux ans, qu’il s’exposait par conséquent au ridicule en 
prétendant en nourrir une depuis sept ans dans son ventre; que d’ail- 
leurs les grenouilles, en dehors de l’eau,sionles prive longtemps d’air 
sont étouffées, ainsi que j’en avais fait l’expérience en en noyant une 


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BEVUE DB PSYCHIATBIB 


dans du vin, pour dégoùter un ivrogne; et qu’enfin, investá de la digniti 
doctorale, il ne devait pas juger les choses d’une fagon aussi puérfle. 
Vaincu par ces arguments, il finit par confesser sa folie, me remerds 
et quitta notre pays, débarrassé de cette lubie. 

Le lecteur restera plussceptiqueque Plater sur la valeur de cette 
guérison. Voici maintenant des obsessions à teinte religieuseencore 
très typiques : 

Un homme pieux et savant, dans sa jeunesse, lorsqu’il pensait à 
Dieu ou était en prières, avait l’esprit envahi par de mauvaises pen- 
sées qu’il ne pouvait chasser sans qu’elles revinssent immédiatement 
le pousser à des actes d’impiété. Cefa déterminait en lui une angoisse 
particulière, et il suppliait Dieu, du plus profond de son coeur, de le 
délivrer de cette tentation. Bien qu’elle devfnt moins fréquente, ceiie- 
ci le suivit jusque dans l’Age adulte, l’envahissant comme par 
accès (1). II était si angoissé qu’ii s’en ouvrit à un théologien. Celui-ci 
le consola et lui montra qu’il pouvait guérir en invoquant Dieu par 
des prières continuelles, comme il avait d’ailleurs l’habitude de le 
faire; que si ces idées diaboliques revenaient à détoumer sa pensée 
des pieuses méditations, il pourrait Ies oublier en toumant son esprit 
vers d’autres sujets graves et pieux. 

Plater ne dit pas si le remède du théologien fut couronné de 
succès. 

Une íemme, par aiileurs bonnète et religieuse, fut souvent tentée de 
maudire Dieu et de le blasphémer, ce qui n’allait pas sans une grande 
douleur morale et sans une grande anxiété. Elle s’efforgait sans y 
arriver de triompher de ce mal, et m’avoua en fondant en larmes, ce 
trouble qui la poussait au désespoir et lui ferait porter sur elle des 
mains criminelles, sl des prières assidues ne l’en détournaient. 

Le caractère impulsif de certaines obsessions apparalt très nette- 
ment dans quelques-unes des observations de Plater, par exemple 
chez la femme d’un aubergiste qui,se sentant poussée à tuer sonen- 
fant nouveau-né, voulait se précipiter téte première dans le bassin 
du jardin de Plater, un cours d’une consqltation. Tel encore le cas 
suivant: 

La femme d’un scribe, à grand renfort de larmes et de gémissemenU, 
m’apprit qu’elle était continuellement poussée à tuer son mari pen- 
dant le sommeiIdecelui-ci,et cela si violemment, qu’elle avait tontes 

(1) Veluti pe aceessionet illum invadens : intéressant pour l’histoire des np- 
ports des obsessions avec la psycbose périodique. 


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LA PSYCHIATRIE DANS l’oSUVRE DE FÉLIX PLATER 


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les peines du monde à se retenir. fìien qu’elle suppliátDieu ardemment 
de la libérer de cette tentatíon diabolique, elle ne pouvait s’en débar- 
rasser. EUe ne s’en était jamais ouverte à personne en dehors de moi, 
de peur que son mari ne l’apprit. Par ailleurs, eUe l’aimait plus que 
personne au monde, bien loin qu’elle ne désiràt le tuer; mais, tout en 
ne le voulant pas, eUe y était poussée tous les jours,au point de crain- 
dre d’en arriver à se tuer plutót eUe-mème. Je la consolai, j’instituai 
un traitement et, gràce à différentes ouvertures de , vemes et à de 
nombreuses évacuations, Dieu aidant, je iui rendis la santé. 

2° Les inoenteurs. 

Nous ne trouvons ici qu’une observation, mais elle est belle. 
Qu’il faille la faire rentrer dans le cadre de l'animi commotio y la chose 
n’est pas douteuse. Plater lni-mème, au paragraphe des causes de 
Yanimi commolio, après les avares et avant les amoureux, parle de 
la folie des alchimistes qui cherchent avec trop d’ardeur la pierre 
philosophale. 

Un baron génóreux, docte et érudit, et, par-dessus le marché, 
pieux et religieux, qui a séjourné quelque temps dans notre bonne 
ville, passait ses nuits et ses jours à chercher cette pierre, qu’on cher- 
che depuis si longtemps, et qu’on nomme philosophale. A tel point 
qu’il avait dilapidé son immense fortune, et qu’il lui restait à peine 
dequoi vivre. Et, bien que la vanité de cette entreprise fùt manifeste, 
il ne s’en détachait point, conservant bon espoir de voir ses vceux 
réalisés. Et il montrait surtout sa folie en interprétant (1) des passages 
de poètes et des songes et d’autres choses ridicules — bien qu’il fùt 
par ailleurs d’ime grande intelligence — comrae des présages de succès 
confirmant son vain espoir. En sorte que, ne doutant pas qu’un jour 
il ne dùt avoir de l’or à revendre, il demanda aux EdÙes la permis- 
sion de faire construire à ses frais, avec les richesses qu’il acquerrait 
ainsi, un pont de pierre sur le Rhin, d’enrichir de ses revenus le collège 
de I’Université, et de l’accroltre d’édifices somptueux. 11 était d’ail- 
leurs généreux de sa nature et libéral envers les malheureux, à qui 
Odistribuait delarges aumdnes. Et jusqu’à ce qu’il retouraàt dans son 
pays natal, nous ne pùmes jamais l’arracher à cette fausse conviction 
qui lui promettait des montagnes d’or. 

Quelle étiquette modeme convient à ce cas? Evidemment celle 
de paranoia inventoria. Certains détails typiques nous montrent 
bien qu’il s’agit d’un véritable délire d’interprétation. 

(1) Arbiirabatur . — Le mot n*y est pas, mais il s’agit du type méme de Finter- 
prèiation délirante. 


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RBVUB DE P8YCHU.TRIB 


3° Les amoureux. 

Plater n’a garde de manquer à une tradition chère aux vieux 
auteurs médicaux, qui mettent une certaine malignité à étudier 
l’amour au chapitre de la folie. 

Ne faut-il point parler ici, dit-il, de la fantaisie opiniàtre de ceux 
qui sont accablés d’un amour profond, né d’une corruption du juge- 
ment et de l’imagination? Cette passion rend les hommes mécon- 
naissables, et n’épargne ni les femmes, ni les jeunes gens, ni les vieil- 
lards. Ses effets déterminent soit de la tristesse, soit de la joie, soit 
de la colère, et il n’y a rien de plus inconstant que les amoureux. 

Ils deviennent soucieux et négligent tout ce qui est salutaire au 
corps, perdant l’appétit et le sommeil. Ils oublient les affaires 
sérieuses ou les traitent avec indifférence, donnant tous leurs soins 
à la parure, à la musique, en un mot, à ce qui est susceptible de 
plaire à leurs amantes. 

Espèrent-ils obtenir quelque chose? Une joie désordonnée les 
transporte. Ils disent des sottises, et souvent des obscénités, 
dépouillent toute pudeur, se laissant aller à des actes honteux, 
ne craignant mème pas de s’exposer à de graves périls. 

Désespèrent-ils d’étre payés de retour? Pleurant et se lamentant, 
ils refusent toute consolation, manifestant leur douleur par des 
torrents de larmes et par des soupirs multipliés. IIs pàlissent et se 
plaignent d’une angoisse douloureuse dans la région du cceur. 
Leur pouls, comme leur esprit, est tantdt agité, tantót déprimé;il 
est bouleversé par la vue ou par Ie souvenir de l’objet aimé. 

Tout cela peut conduire à de graves maladies, à moins qu’ils ne se 
donnent la mort, ou que, désespérés, ils ne se livrent à des actes de 
violence. 

Ce tableau de l’amour malheureux est enrichi chez Plater, par 
des histoires vécues. L’amusant, quand on y songe, c’est qu’elles 
ont parfois pour héros de ces graves bourgeois de Bàle dont le 
pinceau d’HoIbein nous a transmis la replète placidité. Jenerésiste 
pas au plaisir de rapporter longuement quelques-uns de ces drames 
domestiques dont Plater a été le confident indiscret. 

A. — Un veuf avait chez lui, pour administrer sa maison, une jeune 
fille sans naissance et sans richesse, mais de bonne éducation. Bien 
qu’il fùt pieux et de bonnes moeurs, ilcessa de la chérir d’un amour 


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LA PSYCHIATRIE DANS L’CEUVRE DE FÈLIX PLATER 


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paternel pour l’aimer comme un époux airae sa íerame. 11 en devint 
incapable de s’occuper à quoi que ce fùt et ne put plus contenir 
dans son coeur un tourment qu’il avait longtemps caché, mais il n’osait 
le découvrir à la jeune fille, craignant qu’il n’en advfnt quelque mal # 
Désespéré, il eut recours à moi, son médecin et son ami, et tout hon- 
teux,m’avouasapassion. Jele consolai et lui représentai qu’un homme 
de son intelligence ne pòuvait rester ainsi ensorcelé par une íille que je 
m’efforgai de lui représenter mal faite. Tout cela fut vain, mais il 
promit de suivre mes ordonnances. Je le saignai plusieurs fois, et il 
aurait volontiers répandu tout son sang pour ètre délivré de cette 
angoisse. 11 aurait méme accepté d’ètre chàtré. Mais rien n’y fit. Sa 
flamme s’avivait d’autant plus qu’il se croyait aimé. Toutefois, au 
bout de deux ans, la donzelle,qui en aimait un autre, lui demanda son 
appui pour épouser le mari de son choix. A la suite de quoi, l’amour 
de notre homme se transforma en haine, et, délivré de son tourment, 
il rendit gràces à Dieu,qui l’avait protégé si longtemps en un pareil 
danger. 

B. — Dans une petite ville, un homme élevé et pieux, dont la femme 
étaitbelle etquiavait des enfants, aimait éperdumentla petite servante 
de son voisin. 11 taisait un amour si ardent, quand, sur le point 
d’en perdre la raison, il me découvrit sa folie, afin que je le secourusse. 

Je le consolai, l’exhortai, lui représentai combien le péril était 
grand et quelle offense il ferait à Dieu en se laissant aller. Je lui recom- 
mandai en tout cas de ne pas découvrir l’affaire à la fille, qui, par 
ailleurs, était aimable et belle. 

Mais, vaincu par la passion, l’occasion aidant, il lui livra son secret 
avec confusion. Effrayée et honteuse qu’un homme de pareille impor- 
tance s’abaissàt ainsi, elle le consola par de douces paroles, lui deman- 
dant d’avoir considération de son honneur, disant qu’elle aussi 
l’aimait, et mourrait volontiers pour lui s’il en était besoin, mais que 
dans l’occurrence, si elle obéissait à son désir, le péril serait grand 
pour tous les deux. Ces paroles amies enflammèrent notre homme de 
plusbelle jusqu’à le réduire au désespoir. Ce que voyant, la f ille, prenant 
pitié de lui, et ne voulant pas qu’il lui advlnt rien de mauvais, s’offrit 
à lui, mais avec une certaine angoisse, avouant qu’elle préférait faire 
le sacrifice de son corps et de son honneur et se résigner à n’importe 
quoi, plutót que de le voir mourir. Ces paroles touchèrent vivement 
la conscience de mon client, et bien que la fille ne lui refusàt rien, 
soit par pudeur, crainte ou angoisse, il ne put consommer la chose 
avec elle, et dut, pour tout divertissement, se contenter de baisers et 
de certains attouchements. Cela dura près d’un an, et il ne put ja- 
mais mieux faire, toutes les fois qu’il eut l’occasion de se trouver avec 
elle. Manifestement, Dieu ne voulait pas qu’il la corromplt, et dressait 
lui-mème cetobstacle. Mon malheureux ami me raconta tout cela, et, 
commesonamournerétrocédait pas,je lui conseillai de doter la fille 

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RBVUE DE PSYCHIATRIE 


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et de chercher à ìa marìer. Ainsi fit-il, bien que ni lui ni elle n’en 
eussent envie. 

Elle re§ut de lui un rìche présent, qui joint à sa beauté, lui fit trou- 
ver un marì. Selon mes prévisions, Tamour de mon ami se calma, et 
lui-mème, tombant peu à peu dans une maiadie grave dont il se tira 
difficiìement, porta ainsi le chàtiment de sa faute. 

C. — Un jeune étudiant en médecine aimait en secret la fille d’un 
docteur, ignorante de cet amour. Désespérant qu’on la lui donnàt 
jamais en mariage, parce qu’il était trop jeune et au début de ses étu- 
des médicales, vaincu par la douleur, malgré sa piété et son honnèteté, ii 
résolut dese donnerla mort. II suivaitmoncours,et jepensais qu’il était 
dans cet état parce que son père ne voulait pas lui donner l’argent 
nécessaire à un voyage en France, dont il s’était plaint à moi. Je me 
mis à le consoler, mais, après la legon, ii se procura du sublimé 
chez un orfèvre — le gargon de la pharmacielui en avait refusé — et 
il l’absorba, après avoir écrìt les motifs de son acte. II éprouva bientèt 
après une violente ardeur dans la bouche etdansla gorge; des douleurs 
d’estomac atroces survinrent, et il vomit du sang. Malgié les promes- 
sesmirifiques d’un médecin paracelsite qui fut appelé, il expira le matin 
suivant en demandant pardon à Dieu. Pour cacher cet affreux forfait, 
ses parents et ses amis répandirent le bruit, qui trouva créance jusqu’à 
ce jour, qu’il était mort pour avoir pris une purge d’antimoine. 

4° Les jaloux. 

Les observations de jalousie morbide abondent dans le recueii 
de Plater, mais leur groupement est commandé uniquement par la 
couleur du délire. II serait intéressant de les classer aux Iumières 
d’une nosographie plus rationnelle, si cela n’était à peu près 
impossible à cause de leur caractère très sommaire et de Tabsence 
de données suffisantes sur l’évolution des troubles mentaux. Tel 
est par exemple le cas suivant « Zeloiypia , quendam ad demenliam 
redigens. » 

Un savant fort intelligent était tourmenté par la jalousie au point 
d’en arriver à la démence et de ne plus pouvoir s’adonner à ses études 
et à l’exercice de sa profession. II faisait de fréquentes fugues à la c&m- 
pagne, emmenant avec lui son fils, le cachant, et faisant de telles bèti- 
ses qu’il fut enfin enfermé comme aliéné. Quand je le vis, je cherchai 
par diversmoyensà savoir la cause de cette foiie, me doutant qu’elle 
devait ètre enrapport avec une jalousie secrète. II finit par m’en faire 
I’aveu avec confusion, m’adjurant de n’en rien dire à pcrsonne. À la 
mort de sa femme, il fut enfin délivré de ce troubie mental, mais, 
comme il était mèlancolique, il ne cessa pas, dans la charge académique 
qu’il remplissait, de se laisser aller à des actes et à des parolesscanda- 
leux. II moorut enfin, semblable à un désespéré. 

Mais combien de temps cela dura-t-il? Au milieu de quels symp- 


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LA PSYCHIATRIE DANS l’(EUVRE DE FÈLIX PLATER 


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tdmes mourutril? Autant de points qui sont indispensables à l’éta- 
blissement d’un diagnostic rétrospectif, et qui nous fonttoutàfait 
défaut. 

Une autre observation n’offre peut-ètre pas un très grand intérét 
médical, mais elle représente véritablement une savoureuse tranche 
de vie domestique au seixiòme siècle : 

Un jeone savant de mes amis, à son retour de France, épousa une 
jeune femme qu’il aimait depuis piusieurs années. C’était la fiile d’un 
médecin qui avait en pension un jeune chanoine à qui il donnait des 
soins. 

Ce médecin était veut et mandait souvent chez lui sa fille, qui diri- 
geait la maison avant son mariage. Le mari en con^ut une telle jalou- 
sie, que, maintes fois, —ii m’en fit l’aveu spontanément —, allant 
après souper chercher sa femme chez son beau-père, il songea à tuer 
le chanoine, qu’elle n’approchait pourtant pas. Reconnaissant enfin 
sa folie, il la confessa à sa femme et lui en deraanda pardon. 

Je n’insiste pas sur l’histoire d’une femme un peu múre qui avait 
un jeune mari, et se désolait à la pensée que celui-ci, quand elle serait 
morte, pourrait convoler en secondes noces. Je passe également le 
cas d’un honnéte commergant qui, sous l’empire d’une jalousie 
injustifiée, couchait avec une épée dans son lit, en sorte que sa fem- 
me,effrayée, dut se séparer de lui. Le caractère pathologique n’est 
pas non plus très net chez ce chevalier qui, trouvant à son retour 
sa femme enceinte, soupgonna, tout calcul fait, qu’elle ne devait 
pas I’étre de ses oeuvres, et résolut de ne plus la voir, malgré l’inter- 
cession de plusieurs grands personnages à qui il répondit qu’une 
femme ne devait pas seulement ètre chaste, mais encore ne donner 
prise à aucun soupgon. 

Plater émaille parfois ses observations de sages réflexions dans 
le genre de celle que je relève au début de I’effroyable tragédie 
qu’on va lire: « Entre toutes les maladies auxquelles il est sujet, l’es- 
prit est grandement tourmenté par cette jalousie qui fait redouter 
que I’épouse aimée ne le soit aussi par un autre, car on ne veut avoir 
sa femme en commun avec personne, dont nait souvent une éton- 
nante angoisse et désespérance. » 

Un marchand de notre ville atteint de cette maladie, avait épousé 
en secondes noces une jouvencelle. II l’épiait, persuadé qu’elie avait 
commerce avec le commis du voisin et qu’elle avait mis au monde un 
eníant qui n’était pas de lui; aussi ia traitait-il d’indigne fagon. Enfin, 


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RBVUB DB PSYCHIATRIE 


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comme elle était enceinte de nouveau il la tua avec un poignard, 
ainsi que l’enfant qu’elle avait dans ses bras, faisant ainsi périr le 
foetus qu’elle portait dans son ventre. Après quoi, il attacha à sa cein- 
ture un écrit où il indiquait la cause de son crime, et, désespéré, se 
précipita du haut de la maison. 

Non moins sombre est cet autre drame de la jalousie : 

Un marchand de la première ville de Suisse, homme intègre et ro- 
buste, qui avait été répudié par sa première femme, en épousa une 
seconde dont il eut plusieurs enfants. 11 m’appela en consultation 
auprès de cette dernière qui souffrait d’une rupture de l’ombilic. 

Quelques années après, il la surprit, abandonnée aux attouchements 
impudiques desonpropre commis. Feignant alorsde partiren voyage, 
il se cacha dans un réduit voisin de sa chambre. Le commis s’intro- 
duisit furtivement dans la chambre et alla se coucher avec la femme 
dans le lit de celle-ci. Transporté de colère à ce spectacle, le marí fit 
irruption dans la chambre par la fenètre, tua avec une épée le commis 
qui appartenait à une riche famille et frappa sa femme d’un poignard. 
Puis il déposa quelques pièces demonnaiesur lescadavres — c’est la 
coutume du lieu pour indiquer que l’on a tué des adultères surprís en 
flagrant délit. 11 fut absous par les magistrats et c’est lui-mème, qui, 
plus tard, me raconta en pleurant cette histoire tragique. 

Je termine enfin la série par une histoire que Plater apprít à 
Montpellier, l’année méme où il y arriva : 

Dans la Gaule Narbonnaise, alors que j’y arrivais, en 1553, un doc- 
teur en droit, la face couverte d’un masque, pour ne pas ètre reconnu, 
accompagné de quelques escholiers, fit irruption dans une chambre 
de son logis, où il surprit un scribe avec sa femme. Après avoir atta- 
ché celui-ci, ils lui coupèrent la verge, le nez et les tendons du pied, et 
l’abandonnèrent à son triste sort. 

J’ai vu cet homme plus tard, à Montpellier, avangant avec peine 
à l’aide de béquilles, tralnant ses pieds inertes, et s’asseyantquelque- 
fois devant l’officine du pharmacien chez qui j’étais logé. 

(d suivre). 


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DE LA MÉMOIRE DES FAITS RÉCENTS CHEZ 
LES HYSTÉRIQUES ET LES PSYCHOPATHES 


Par le D r C. Horwitz. 


On a souvent constaté, dans l’hystérie et la psychopathie, des 
phénomènes de fausse reconnaissance et de pseudologie, qu’on n’a 
pas pu, jusque-là, relier directement à des troubles de la mémoire, 
surtout de la mémoire des faits récents. 

Pour mettre en lumière ce rapport ainsi que la relation entre le 
sentiment de certitude des hystériques et la valeur objective de 
leurs témoignages, nous avons fait une série d’expériences, aux- 
queilesontpris part trois personnes normaleset27 malades—16hom- 
mes et 11 femmes ágés de 13 à 47 ans. Le diagnostic était, chez 13 
d’entre eux, hystérie; chez 13 autres, psychopathie; chez Ie dernier, 
psychose paranoíde des détenus. 

La partie la plus importante des recherches fut faite avec le tachis- 
toscope de Kraepelin, dont se servirent pour des recherches sem- 
blables plusieurs auteurs (notamment Busch, Wolfskehl, Finzi, Cra- 
mer et Mikulski (1). On y exposait pendant0,130seconde un tableau 
de 9 majuscules imprimées, rangées en trois lignesdetrois lettres de 
maniére à ne point former des mots.On se servaìt de la langue alle- 
mande, les expériences ayant eu lieu à Munich (2). Le papier, qui 
était transparent, s’éclairait par une lampe électrique. Le sujet 
énon$ait les lettres, qu’il avait lues : 1° de suite, quand on voulait 
étudier simplement sa perception; 2° au bout de 50 — 90 — 120 se- 
condes;3° au bout du méme temps, pendant lequel il lisait ou comp- 
tait à haute voix pour détoumer son attention 

Dans la seconde partie des recherches, on exposait quatre mots 
monosyllabes pendant 0,4 minute dans un nouvel appareil, construit 
par Weiler. II s’agissait d’étudier l’influence de la signification des 

(1) Voir < Ptgehologitehe Arbiten < de Kraepelin. 

(2) Exemple d’un tableau de 9 lettres : VMC 

QEL 
8 DP 


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RBVUE DE PSYCHIATRIE 


mots sur la mémoire des faits récents. Les mots étaient des substan- 
'jifs, tirés de différents domaines (1). On employait la pause unique 
de 2 minutes. 

Dans une troisième partie des recherches, on s’est servi de la mé- 
thode des associations justes d’après Ranschbourg. Elle consiste 
à exposer des couples de mots, dont chacun se compose de deux 
mots du méme domaine, le premier d’une syllabe et le deuxiéme 
de deux, par exemple : chat-souris. Neuf couplesdemots forment un 
groupe qui est hétérogène, ou homogène, selon les rapports des cou- 
ples entre eux. L’exposition était auditive-motrice, c’est-à-direchaque 
couple était lu une fois au sujet qui devait le répéter de suite; puis, 
auboutdel5 secondes etd’une demi-heure, on lui disait le premier 
mot de chaque couple auquel il devait ajouter le correspondant, et 
on notaitle temps de réaction. 

La première méthode fut appliquée à 16 malades. Pour obtenir 
la moyenne des résultats chez chaque sujet, onemployaitla moyenne 
arithmétique, mais pour obtenir la moyenne initiale, on choisit une 
méthode moins artificielle, celle du médian (2). Les deux moyennes ne 
sont d’ailleurs pas exactes, par conséquent, il est indiqué de pren- 
dre en considération les limites dans lesquelles oscille la moyenne. 

Nos résultats, comparés à ceux d’autres auteurs se résument en 
ceci : la quantité des lettres lues au tachistoscope par nos malades 
est sàns pause en moyenne2,5 0/0, ce qui équivaut aux résultats 
de Wolfskehl chez des normaux et à un de nos normaux. Cepen- 
dant l’exactitude étant de 83 0/0 chez nos malades dépasse celle 
des normaux de Wolfskehl de 20 0 /0. 

La quantité de lettres lues par les infirmiers de Busch est phis 
petite (1,16), tandis que celle de Finzi, Cramer et Mikulski est beau- 
coup plus élevée, ce qui s’explique par l’esprit cultivédeleurssujets. 
Les résultats que Mikulski avait obtenus avec ses hystériques et 
épileptiques correspondent tout à fait aux nótres : 2,7 lettres lues 
avec 80,8 0 /0 d’exactitude. 

Après une pause de 50 secondes, la quantité absolue de lettres 
lues s’accrolt légèrement, de 2,59 à 2,92; nous observons la méme 

(1) Exemple d’un groupe des mots exposés : 

LAUB ROSS en frangais : feuillage, cheval 
PEIN MARZ — chagrin, mara. 

(2) Médian est le terme que (Haparède propose pour le • Cenlralwert • des 
Allemands. 


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DE LA MÉMOIRE DES FAITS RÉCENTS 


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chose chez Mikulski après 40 secondes de pause: 2,9 au lieu de 2,7. 
Ces résultats ne peuvent pourtant pas étre comparés avec les nòtres 
sans restriction, parce que Mikulski a expérimenté uniquement 
avecdesfemmes, qui ne sont pas tout à fait typiques. Le pourcentage 
d’exactitude n’augmente en moyenne que de 1,4. 

Le détoumement d’attention, pendant la pause de 50 secondes, 
produit une légère diminution de la quantité absolue de lettres lues 
et de lettres exactes. 

Le prolongement de la pause ì minutesans détoumement 
d’attention, exerce une influence pareille. Ces derniers résultats 
peuvent étre comparés à ceux de Cramer, qui se servait d’une pause 
de 95 secondes. Pourtant ses résultats étaient meilleurs. 

Le détoumement d’attention pendant 1 ,5 minute de pause donne 
des résultats peu nets, à cause de l’attitude du jeune psychopathe 
E.St. (voyez plus loin), qui a une énorme diminutionde la quantité 
de lettres exactes (7,1 0/0 au lieu de 41,0 0/0.) 

La pause de 2 minutes donne de meilleurs résultats, la quantité 
des lettres lues est de trois. II n’y a pas lieu de faire une comparaison 
avec d’autres auteurs, parce que personne ne s’est servi d’une pause 
aussi longue. Deux de nos normaux se comportent de la méme ma- 
nière que les malades, le troisième a une diminution de 0,23. 

Chez les personnes qui ont le pourcentage de lettresexactesinférieur 
à 80,0, la quantité d’erreurs de position est très grande (1). Si on 
laisse E. St. de cdté, chez tous les autres sujets les limites de varia- 
tion dans le pourcentage de réponses exactes (y compris les réponses 
avec erreurs de position qui doivent ètre considérées comme exactes), 
sonttrès ètroites (8-14, 6 0/0), ainsi que cellesdes oscillations entre 
ies différents genres d’expériences. On voit que presque toute 
la diminution d’exactitude pendant les pauses Iongues et le détourne- 
ment d’attention résulte de l’augmentation de la quantité d’erreurs 
de position et que c’est la position des letlres qui est oubliée le plus 
vite. Le sentiment de certitude chez les hystériques ne dépasse pas 
en moyenneleslimites normales, quoiqu’ils’approcheie plus souvent 
du maximuir:. On ne peut en général pas constater son angmenta- 
tion absolue pendant le détoumement d’attention, cependant Ia 

(1) Commeeireursdeposition sontclasséesles lettresqui étantindiquéesparle 
sujet se trouvent réellement sur la carte, mais à un autreendroitque celui qui fut 
indiqué. On peut y distinguer des casoù il y auraitUeu de considércrces erreurs 
eomme réponss exaetes, si, par exemple toute une ligne se trouve déplacée. 


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REVUB DE P8YCHIATRIE 


quantité de réponses exactes par rapport à ia quantité de réponses 
sùres diminue : le sentiment augmente donc relativement. Quatre 
sujets ont toujours 100 0/0 de certitude, deux autres les ont seule- 
ment pendant certaines expériences. Pourtant le pourcentage 
d’exactitude ne correspond pas à ce haut degré de certitude. II est 
très bas chez quatre malades : un quérulant, unimpatient, un hypo- 
condriaque anxieux, Sp., et l’irresponsable E. St... 

La pause de 2 minutes n’a pas une influence importante sur le 
sentiment de certitude, ainsi que sur la valeur objective des 
témoignages. Le détoumement d’attention provoque une différence 
très variabie : d’un còté, la quantité de personnes toujours sùres 
augmente, — de l’autre, une certaine quantité de personnes ont une 
certitude diminuée. Le pourcentage de réponses exactes par rapport 
aux sùres diminue pourtant visiblement chez la plupart des sujets. 
Le sentiment de certitude est, en général, plus élevé chez les 
femmes. 

Nous voyons que la plupart de nos hystériques et psychopathes 
n’ont — ainsi que les normaux — en général pas de troubles de la 
mémoire des faits récents après une pause de] 2 minutes. II faut 
cependant tenir compte de l’influence de l’exercice que subissent 1« 
sujets faisant ces expériences à la fin de Ia série. 

C’est le détoumement d’attention qui produit une influence désa- 
vantageuse. 

Nous pouvons constater néanmoins que certains de nos sujets 
ont des troubles de la mémoire des faits récents. Cela se manifeste 
très distinctement chez le jeune E. St... dont voici le cas : 

I. Edouard St..., 16 ans et demi, lifteur. Son grand-père matemei 
fut interné pour démence sénile. 

Le malade a mouillé son lit jusqu’à l’áge de 15 ans. Mauvais élève, 
récalcitrant, mais habile. Changeaitsesplacessouvent,enaeu dnq; ii 
volait de l’argent et s’enfuyait, mais se laissait facilement arréter et 
ramener chez lui. Cela lui arrivait d’habitude vers la fin du mois. 
Premier vol à l’áge de 13 ans, chez son grand-père, qui était malade 
à ce moment. Condamné il y a un an à quatre mois de prison, fut gracié 
conditionnellement. Passa un an dans une maison de correction, où 
il s’est bien conduit. 11 y a quelques mois, il se tira une balle dans 
la tète, guérit en douze jours. 

Nouveau vol (400 marks), arrestation, clinique psychiatrique. 

Diagnostic : Psychopathie + DébUité. 

Pendant les expériences, le malade se comporte d’une manière enfan- 


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DE LA MÉMOIRE DES FAITS RÉCENTS 


289 


tine. II arrive par exemple au début qu’il inscrit les lettres après les 
avoirlues etleslitensuite au lieu de les dire de mémoire. Ilnomme beau- 
coup de lettres, mais avec pne exactitude minime et une certitude très 
variable. II ne fixe pas un point quelconque de la carte, mais lit les 
lettres en des endroits très différents, fait beaucoup d’erreurs de posi- 
tion des lettres. Cela saute surtout aux yeux pendant les expériences 
avec détournement d’attention,où—après 50sec.de pause—on trouve 
50,9 % de réponses exactes et 34,5 % d’erreurs de position, et avec 
de longues pauses sans détournement d’attention : aprés 2 min. — 
7,8 % d’exactes et 77,8 % d’erreurs de position; après 2 min. + 
détournement d’attention — 1,85 % d’exactes et 50 % d’erreurs 
de position. 

Cependant si nous voulons compter comme exactes toutes les 
erreurs de position qui correspondent — selon toute probabilité — 
à des lettres lues réellement, nous obtiendrons de résultats tout diffé- 
rents : après 2 min. de pause — 80 % d’exactes et 5,6 % d’erreurs de 
position, après 2 min. de pause + détournement d’attention — 
33,3 % d’exactes et 18,5% d’erreurs de position. La grande quantité 
d’erreurs qui persiste malgré cette rectification doit étre attribuée 
au désir du malade de dire quoi que ce soit dans les cas où il n’a rien 
lu, ce qui lui arrive assez souvent, contrairementauxautres malades. 

Le sentimeit de certitude varie beaucoup, mais correspond en 
général aux variations de l’exactitude. 

Le malade fùt étudié uniquement par la l r ® méthode — celle d’ex- 
position tachistoscopique des lettres. 

D’autres types d’hystériques, ayant des troubles de Ia mémoire 
des faits réceits, démontrés par notre première méthode sont le 
déprímé Sp... et l’anxieux Sch... dont les cas sont les suivants. 

II. Sp..., 31 ans, marié, conducteur des wagons-lits. Son frère 
avait des convulsions des suites d’une blessure de tète. Le malade lui- 
méme a eu pendant les deux dernières annéesquatreaccidents du tra- 
vail, qui lui ont causé destroubles nerveux divers; il estdevenu dis- 
trait, inquiet, déprimé, annésique, souffre de mauxde tète, de manque 
d’appétit et d’ìnsomnie. A fait deux fugues. Idées de suicide. 

Órienté, griicheux. 

Reflexe phiryngéen, 0; réfl. cornéen existe. Champ visuel un peu 
rétréci. Sensibilité normale. 

Diagnostic : Hystérie après accident du travail (Unfallhysterie). 

Le malade montre beaucoup d’intérèt pour les expériences. La 
quantité delettresluesest dans la moyenne; le pourcentagederéponses 
exactes estdaisles piusbas— 71 %—surtoutàcausedesnombreuses 
erreurs de posiiion — 23,2%— qui devraient plutòtètre considérées 
commedesréptnses exactes. Lepourcentaged’exactitudediminueaprès 
50sec.de pause(69,7 %), davantage après50s. avecdistraction(62,6 %) 


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290 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


où le pourcentage d’erreurs de position augmente (29 %) et où la qnan- 
tité absolue de lettres lues devient également très faible (1,99); 
il augmente de nouveau un peu après 1,5 min. (79,7 % d’exactes — 
17,3 % d’erreurs de position), où Ia quantité de lettres est la plus 
faible de tous les cas (2,5). 

On n’a pas employé 2 min. de pause. Le sentiment de certitude 
n’est pas grand, la position des lettres surtout est souvent incertaine 
bien qu’elle soit exacte. La certitude augmente un peu avec la distrac- 
tion et la pause de 1,5 min. 

III. Fr. Scb..., 29 ans, tailleur. Anxieux, tremble de tout son corps 
depuis une peur subite. Hypalgésique. Calme, orenté. 

Diagnostic : Hystérie. 

Les résultats ressemblent beaucoup & ceux deSp..., sontau-dessous 
de la moyenne, se caractérisent par une grande quantité d’erreurs 
de position (13-36 %). Après 2 min. de pause.Ia quantité absolue de 
lettreluesest la plus faible (2,53), mais l'exactitude atteint lamoyenne 
(85,5 %). Le sentiment de certitude est plus haut que Ies résultats. 

L'expo8Ìtion des mots fut appliquée à onze malades avec une pause 
unique de 2 minutes. Chacun lit le mot d’emblée. La lecture com- 
prenait en moyenne 2,6 mots,oscillant de 0 à 4. Un seul sujetaluà 
plusieurs reprises quatre raots, mais toujours avec des erreurs. La 
moyenne des mots nommés à la perception simple est 1,1 avec 4,26 
lettres; après 2 minutes de pause sans distraction — 1,25 mot avec 
5 Iettres, en général — un progrès à l’exception de deux personnes; 
après 2 minutes de pause distraction— 1,18 mots et 5,12 lettres— 
peu de changement, ce qui prouve que la distraction a ici moins 
d’influence qu’avec l’exposition des lettres. L’exactitude est la 
moins élevée après pause sans distraction. 

Les erreurs proviennent également le plus souvent d’erreurs de 
position des lettres se trouvant dans d’autres mots. Les associations 
sont rarement émotives et agissent peu sur les résultats. 

Le sentiment de certitude estleplus grand avec la distraction, il 
augmente donc en méme temps que la difficulté de la tSche, mais 
I’exactitude lui correspond; le pourcentage de personnes qui donnent 
100 0/0 d’exactitude dans les réponses sùres y est deux fois pius 
grand qu’avec la perception simple ou après 2 minutes de pause sans 
distraction. 

De la manière qu’elle a été employée, cette méthode ajoute peu 
de nouveau à la précédente. 

La méihode des associations justes d’après Ranschbourg fut appli- 



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DE LA MÉMOIRE DE8 PAITS RÉCENTS 


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qoée i 16 malades. La moyenne du temps de réactáon (T) fut calcu- 
lée par la méthode du médian (1). Après un intervalle de 15 secondes, 
les limites dans lesquelles varie l’étendue (Ai) de la mémoire des 
faits récents sont 53,3 et 100,0; la limite inférieure est un peu plus 
basse que chez les normaux de Ranschbourg, la moyenne est égale 
à la sienne. Après l’intervalle d’une demi-heure, Ai est—sauf une 
exception — plus petit qu’après 15 secondes. Le temps de réaction 
varie de 1 à 5 secondes, la moyenne est 1,6 secondes, ce qui équi- 
vaut au maximum des normaux instruits de Ranschbourh, au mini- 
mum de ses normaux sans instruction et à la moyenne de nos infir- 
miers. Après l’intervalle d’une demi-heure, T est — sauf quatre ex- 
ceptions — phislong, sa moyenne est 1,9 seconde. Dans les séries 
bomogènes, nous trouvons, comme Ranschbourg, l’étendue plus 
petite, le temps de réaction plus long. Une exception nette est foumi 
par Tuma P..., dont nous parlons plus bas. 

Le rapport quantitatif des réponses fausses (Rf) et nulles (Ro) 
est très variable. D’après Ranschbourg, les sujets au-dessous de 
14 ans n’ont presque pas de Rf. Nous pourrions classer dans cette 
catégorie quatre de nos malades, qui sont cependant d’un àge un peu 
plus élevé (14-19 ans). Notre infirmier a peu de Rf, mais il a en géné- 
ral peu de réponses insuffisantes (Rm). 

Si on compare les réponses données après l’intervalle d’une demi- 
heure à celles données après 15 secondes, on trouve des cbangements 
mtèressants. Ilarrive quatre fois que Ro aprèsl5 secondesestcorrigé 
correctement tprès une demi-heure, six fois Rf a le mème sort. 
Dans 28 cas (23 0/0), Ro devient plus tard un Rf quelconque. La 
moitié de Rf reste sans changement, 14 0/0 changent en un autre Rf, 
29 0/0 devienntnt un Ro. 

Deux tiers d? Rf sont des associations intemes, 10 0/0 des persé- 
vérations, surbut dans les séries homogènes, souvent ils forment 
des mots composés. 

Le sentiment de certitude s’accompagne en gènéral d’une très 
grande exactitude, plus que dans les expériences avec d’autres 
méthodes. II rfy á que quelques sujets chez lesquels le sentiment 
de certitude ne mérite pas notre confiance. 

Cette méthoèe codfirme en général lesrésultatsd’autres méthodes, 
par exemple clez Francoise D..., etMarie A...,que nous citons plus 

(1) Centralemeit. 


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292 


REVUE DE PSYCHIATRIB 


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bas. Elle a cependantdes résultats singulierscheznosdeuxinfirmiers: 
Thomme donne, au tachistoscope, des résultats plus mauvais que la 
femme, mais il a ici une étendue plus grande et le temps de réaction 
plus court que la femme. 

Voici les cas de deux malades déprimées et d’une instable qui 
présente des troubles de la mémoire des faits récents : 

IV. Frangoise D.„, 42 ans. Un frère est mort de ramollissement 
cérébral. La malade est mariée depuis 16 ans, a été enceinte 11 fois, 
dont 3 avortements, 3 enfants morts dans l’enfance, 5 bien portants. 
Fille de paysan, elle a peu d’instruction; calme et laborieuse. Cram- 
pes d’estomac et maux de tète par crises. 

L’état de nutrition mauvais. Réfl. patell. vifs. Légèrement déprimée, 
pleure facilement. Diagnostic: Hystérie. 

Pendant les expériences, la malade manifeste peu d’intéret, eUe est 
déprimée, distraite. A la perception des lettres, elle alteint le mini* 
mum des autres sujets en ce qui concerne l’exactitude de ses réponses 
(63,3 %).La plus grande partie de ses erreurs (23 % contre 13 %) 
sont des erreurs de position, qui se rapprochenticidesréponses cxactes. 

Le sentiment de certitude est de 87 %. A l’exposition des mots, la 
malade donne des résultats minimes en ce qui concerne la quantité 
(0,7*0,4*0,5) et la qualité dulu; ainsi, après 2 min. de pause, l’exacti- 
tude n’est que 37,5 % — de 50 % au-dessous de la moyenne. Le sen- 
timent de certitude est un peu plus élevé que les résultats. 

On doit convenir que, dans ce cas, la perception est certainement 
déjà troublée, peut-ètre à cause d’une instruction insuffisante. 

Cependant, la mémoire des faits récents doit y ètre troublée égale- 
ment, puisqu’au bout de 2 minutes les résultats diminuent presque de 
moitié. On ne peut pourtant pas exclure la possibilité d’une disposi- 
tion journalière. 

Les résultats de la méthode des associations justes s’accordent 
avec les précédents, ils sont presque dans tous les genres d’expériences 
les plus bas. La quantité de réponses fausses est plus grande que celle 
de réponses nulles. II y a de grandes variations journalières: 1" jour 

^ et 5; 2« jour ^ et 3« jour g e ^ tout cela après l’intervalle de 

15 secondes,.. 

V. Marie A.„, 34 ans, ouvrière, enfant naturelle, mère aliénée. 
Toujours émotive, coléreuse. Depuis onze ans, mariée à un alcoolique, 
d’où beaucoup d’ennuis. Depuis huit ans, Ies discussions sont suivies 
de crises de nerfs avec convulsions, délire de plusieurs heures et 
confusion consécutive. Pendant une crise pareille avait essayé de 
se jeter par la fenètre. A une liaison avec un homme marié, qui a voulu 
la quitter dernièrement. Tentative de suicide. 


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DB LA MÉMOIRB DES FAITS RÉCENTS 


293 


Réfl. pharyngien diminué. Des zones hyper et hypoesthésiques 
sur le corps. Diagnostic : Hystérie. 

Pendant les expériences: indifférente, déprimée, absorbée dans 
ses idées. Lit Ie minimum de mots au tachistoscope; il semblerait que 
c'est surtout sa perception qui est troublée. Elle a pourtant une exac- 
titude de 100 % à la perception, de 89,5 % après 2 min. de pause. 
Le sentiment de certitude est moins élevé. 

Mèmes résultats à la perception des lettres. Les résultats sont meil- 
leurs à la méthode de Ranschbourg, ils s’approchent de la moyenne. 
II y a cependant un très long temps de réaction (3,4-4,8 sec. en moyenne, 
variant de 1,6 sec. jusqu’à 12,8 sec.). Le sentiment de certitude est 
un peu au-dessous de la moyenne. Les réponses exactes sont toujours 
sftres, les fausses en moitié incertaines. On ne peut pas établir un 
rapport entre le sentiment de certitude et le temps de réaction, parce 
que ce temps est toujours très long. On peut tout de méme affirmer 
qu’Q est plus court dans les réactions exactes que dans les fausses. 

L’analyse des réactions fausses démontre que la plupart sont des 
associatkm intemes, souvent puisées dans la méme série homogène. 

VI. Emma P„., 16 ans, bonne, n’a pas pu étre gardée dans aucune 
place. Dispute, pleure, crie, frappe. Maux de tète. Pas de crises. 
Périodes de mutisme avec grimaces et aboulie. Excitéc au point de 
vue sexuel, découchait quelquefois; pas d’onanisme. Fut élève moyen- 
ne, ne vole pas, ne ment pas excessivement. 

Opérée 0 y a deux ans pour polypes du nez. Réflexes cornéen et 
pharyngien existent. Sensibilité normale. Refl. patell. vifs. Se van- 
tait devant ses tamarades qu’elle irait dans la clinique psychiatrique, 

Diagnostic : Psychopathie. 

Attitude enfantine pendant les expériences qui semblent lui faire 
plaisir; les prend d’ailleurs pour des legons. 

A la perceptitn des lettres, le travail est moyen en ce qui concerne 
la quantité. L’eractitude n’est pas grande (75,7 %) à cause des erreurs 
de position fréqoentes (15,5 %). Le sentiment de certitude est moyen. 

Dans les expériences avec pause (avec ou sans détournement 
d’attention), l’eiactitude est instable au-dessous de la moyenne, tou- 
jours avec beatcoup d’erreurs de position. Le sentiment de certitude 
change peu. 

A l’exposition des mots, les résultats quantitatifs sont toujours un 
peu au-dessous de la moyenne, mais l’exactitude augmente avcc la 
difficulté de la táche. Le sentiment de certilude s’accrolt dans le 
mème sens. La associations d’idées provoquées par ies mots lui 
semblent insignfiantes; ce sont d’une part des souvenirs, de l’autre 
des expressions courantes. 

Les résultats avec la méthode des associations justes sont très 
singuliers, non seulement parce qu’ils sont moins bons que les précé- 


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REVUE DB P6YCHIATRIE 


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dents, pour une part mème les pires de tous, mais parce qu’ils varient 

3 à 9 

énormément d’une série à l’autre, de g g, une fois mème 0. Deplus 
les mèmes expériences faites antérieurement par un coilègue ont 

9 

toujours donné Ces expériences antérieures, qui consistaient en 

outre en calcul, réactions de choix, associations et mesures dynamo- 
métriques, ont démontré d’ailleurs une grande variabiiité, ce qui con- 
firme la labilité du sujet. 

La règie de Peters, d’après laquelle les réponses incertaines viennent 
pius tard, est confirmée ici : le temps de réaction est 2 à 4 fois pius 
long dans ies réponses incertaines, mème si elles sont exactes. 

Les erreurs sont pour la plupart des associations internes. 

L’analyse de cas particuliers, étudiés dans nos recherches, nous 
permet de dire que ces simples méthodes d’expérience, que nous 
avons employées, suffisent pour constater des troubles incontesta- 
bles de la mémoire des faits récents chez certains hystériques et 
psychopathes. Ce sont surtout des déprimés, abouliques, anxieux 
et de jeunes instables. La cause probable est chez les deux groupes 
la difficulté de fixer l’attehtion. Nous considérons cependant nos 
expériences comme insuffisantes pour trancher la question de ces 
troubles dans un sens négatif chez tout le reste de nos malades. 
Cette question doit rester ouverte pour i’instant, nécessitant des 
méthodes plus parfaites pour ètre résolue. 


NOUVELLES 


Un voeu dea jurés de la Seine aur lea asiles médico-Iéganz. — 

Les jurés de la seconde session de juillet des assises de la Seine ont, 
avant de se séparer, émis le vceu, qui sera transmis à la ChanceUeríe, 
que «le Parlement étudie la queslion de l’intemement dans des asiles 
spéciaux des coupables déclarés irresponsables par des médecins 
légistes, ct acquittés pour cela par le jury». 

Aaile cliniqoe. — Sur la demande formulée par M. Lampué au 
nom de la 5* commission, le Conseil général de ia Seine vient d’adopter 
le projet de délibération suivant: 

« Article premier. — II est créé, & partir du l« r Janvier 1914, une 
cbaire de psychothérapeutique à l’Asile clinique. 

« Art. 2. — L'Administration est invitée à inscrire la dépense 
écessaire dans le projet du budget de 1914.» 


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REVUE DES LIVRES 


La DiBSOCiation d’une persazmalité, par Morton Princr 
(Traduit par R,-J. Ray efc J.Ray).Un voi in-8,526 pages, Paris, 1911, 
Alean,édlfc. — Cegros ouvrage est en entier consacré au cas curieux 
de Miss Beauchamp en qui Morton Prince put découvrir efc voir évo- 
luer jusqu’à quatre personnalités différentes. Non seulement ces 
quatre personnalités ont des mémoires, des intelligences, des carac- 
tères différents, mais encore elles prennent connaissance les unes des 
autres, ce qui, d’ailleurs, ne les conduit nullement à sympathiser 
ensemble. Sully, la deuxième personnalité découverte, accable de ses 
sarcasmes, de ses amourettes et de ses mauvaises plaisanteries la 
primitive personnalité qui a gardé de Miss Beauchamp le nom, l’ailuve 
rigoriste et les tendances idéalistes. Quant à la quatrième pereonnalité, 
dle joue auprès des autres le róle humiliant de 1’ « idiofce ». Cela se 
lit comme un roman, malgré les réelles qualités d’observation qui 
sonfc disséminées dans ce volume. 11 semble qu’il s’agisse d’un cas 
analogue à celuijde ces « médiums » qui « incarnent » des « esprifcs » 
divers, lorsqu’il reste bien évident — c’est certainement le fait le plus 
fréquent — qu’il ne s’agit pas d’autre chose que de constructions 
mentales faifces avec les phénomènes automatiques qui échappent 
au sujet. Je ne pense pas qu’il faiUe prendre au sérieux cette division 
en quatre personnalités qui est en partie artiíicielle. Ce qui n’est pas 
artificiel, c’est Yinslabilité et la suggeslibilitè paihologiques de tels 
individus qui peimettent la formation de phénomènes aussi com- 
plexes, certainemenfc impossibles à reproduire chez le normal. 

M. Mignard 

Traitement di l’épilepsie par l’acide borique, par M. Armand 
Devaux, Thèse <te Toulouse, 1912. — L’acide borique a été uttiisé 
adis contre l’épilepsie par Gowers etFéré,mais il a été généralement 
abandonné. M. Devaux vient de reprendre ce traitement et ti en a 
consigné les résuitats dans sa thèse. 

II résulte des retherches cliniques de M. Devaux que l’acide borique 
possède une actioa antispasmodique certaine. 11 amène chez le plus 
grand norabre des épileptiques une diminuUon du nombre des crises, 
et, dans quelques cas heureux, ti peut les supprimer d’une manière 
eomplète et qui paralt définitive. Dans les deux premières observations 
de M. Devaux, il semble ètre arrivé à faire disparaffcre le fcempéramenfc 
éptieptique. 


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RBVUB DB PSYCHIATRIB 


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D’autre part, l'acide borique est un produit très toxique, dont 
l’ingestion amène des accidents très fréquents, graves surtout chez 
les individus atteints d’insuffisance rénale. Ces accidents, qui con- 
sistent habituellement en troubles dyspeptiques et en éruptions 
cutanées polymorphes, peuvent aller jusqu'à un état de cachexie et 
de prostration extrèmement graves. 

En conséquence, l’acide borique ne paratt pas, au mème titre que 
les bromures, pouvoir ètre proposé comme base de la médication 
habituelle des épileptiques. 11 ne pourra rendre des services que 
comme médication d'exception, agissant parfois remarquablement, 
mème quand les autres traitements ont échoué; mais il devra alors 
rester sous le contròle incessant du médecin. 

Mais, avant tout, il est indispensable de n’utiliser que l’acide borique 
chimiquement pur, cristallisé 

On pourra,pour faciliter la tolérance gastrique et intestinale, I’addi- 
tionner de menthol ou d’extrait thébalque. 

M. Devaux recommande de débuter par des doses faibles, 2 grammes 
chez la femme, 3 à 4 grammes chez l’homme. Ces doses, insuffisantes 
en général à amener une sédation nerveuse, ont pour effet d’habituer 
l’estomac à supporter le médicament et permettent au médecin de se 
rendre compte si le malade ne présente pas une intoiérance marquée 
pour le remède. On élèvera ensuite progressivement la dose jusqu’t 
ce qu’on obtienne un effet sur les manifestations comitiales; il ne 
serait pas prudent de dépasser la dose de 8 grammes, qui ne devra 
mème pas ètre maintenue plus de quelques jours. II sera d’ailleurs 
toujours bon de chercher à abaisser la dose lorsque l’amélioration 
aura persisté plusieurs jours. Mais on devra se méfier de la suppression 
brusque du médicament à fortes doses. 

Dans deux cas, M. Devaux a obtenu d’assez bons résultats en pres* 
crivant chaque mois de l’acide borique pendant vingt jours, et pen- 
dant les dix autres jours une potion calinante, par exemple à base 
d’extrait de belladone, d’extrait d’opium, etc. 

J. Crinon. 

Manuel des gardee-maladee, par le D* Jules Morel, médecin- 
directeur de l’asile d’Aliénées de l’Etat, 2 e édition complètement 
refondue, Bruxelles, Henri Lamertin, 1913. — Parmi les divers 
manuels que les médecins aliénistes ont dans ces derniers temps 
rédigés en vue de former le personnel infirmier, celui du D r Jules 
Morel est un des plus remarquables. fl se distingue par un souci qui 
dépasse de beaucoup le champ habituel de l’aliéniste. Ce n’est pas 
que la partie qui le conceme plus spécialement soit de quelque manière 
sacrifiée au plan plus géRéral. Elle a tous les développements néces- 
saires : toutes les questions les plus modernes y sont présentées sous 
un aspect instructif et séduisant. Le philanthrope, corame le garde- 
malade, y apprendra les signes élémentaires de la folie, ce qu’est un 


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UMIVERSITY OF MICHIGAN 



RBVUB DBS LIVRES 


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quartier d’observation, comment on s’occupe des malades qui refusent 
la nourriture, le traitement des accès hystériques et épileptiques et 
bien d’autres notions. Rien d’essentiel n’a été omis, et il y a mftme un 
chapitre d’une grande utilité sur les mesures à prendre en cas d’incen- 
die dans un établissement de malades. 

Mais la partie générale n’est pas moins bien composée. La structure 
et le fonctionnement du corps humain, les organes des sens, le som- 
meU notamment, font l’objet d’une vulgarisation précise et clalre. 
Tous ies problèmes de l’hygiène pratique, de ventilation, de chauffage 
et d’éclairage, d’alimentaUon et de vétement y sont examinés avec 
un grand sens praUque. Mais, naturellement, c’est encore les soins à 
donner aux malades, aux blessés, aux infectés, depuis l’examen 
iniUal jusqu’aux menus soins de la chambre, du iit, qui ont atUré 
l'attenUon particulière de l’auteur 

Ce qui m’a frappé à la lecture de ce livre, c’est qu’il manifeste 
réellement la longue expérience du D* Jules Morel, qui s’est toujours 
occupó de toutes les quesUons ressortissant au ròle du chef médical 
d’un grand service de malades. Chaque descripUon est personnelle, 
originale, vécue; aucun détail n’est délaissé. On sent que l’auteur a 
réfléchi sur tous les actes de sa praUque et a choisi tel procédé après 
des essais et les réflexions nécessaires. Chaque chapitre — la ventila- 
Uon, le chauffage, le lit, etc. — ferait un excellent arUcle de hautc 
vulgarisation. 

Ce livre est écrit dans une langue simple, d’où tous les mots inuti- 
lement techniques ont été chassès. II s’adresse en réalité à bien des 
personnes, autres que les gardes-malades. J’en recommande la lecture 
à tous ceux qui par leurs foncUons sont appelés à s’occuper des 
malades, membres des Bureaux de bienfaisance, des municipalités, 
des Commissions de surveillance des établissements hospitaliers. Mais 
c’est encore à l’école, auprès des mattres et aussi auprès des grands 
élèves, et notamment des jeunes filles, que ce raanuel doit trouver le 
meilleur accueil. Chaque mère de famille ferait sagement de l’adopter 
comme son conseiller. 

D* Toulousb. 


l’j 


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REVUE DES SOCIÉTÉS 


SOCIÉTÉ GLINIQUE DE MEDECINE MENTALE 

Séance du 21 juillet 1913. 

Pantlyai* gtoénl* ou dAmouoo préooo*. — MM. Caporas et 
Mohel montrent une femme de 36 ans, fille de paraly tlque général, qui 
tut internée avec le diagnostic de paralysie générale; ellc présente à 
cette époque des idées incohérentes et contradictoires de satisfaction 
et de persécution, des idées mystiques et hypocondriaques, de l’em- 
barras de la parole, de l’inégalité pupillaire et du trembleraent. SorUe 
en rémission en 1902, elle entre de nouveau un anaprès et le diagnostic 
de paralysie générale est confirmé. Actuellement, douze ans aprèa le 
début de ses premiers accidents, la malade se présente avec 1’atU- 
tude et la mentalité d’une démente précoce: tics, stéréotypies raotrices 
et verbales, suggestibilité et négativisme, indifférence émoUonnelle, 
vlsoositd mentale, rires impulsifs, répétition des mémes mots, absence 
d'achoppements syllabiques, mais il persiste certains signes phyà- 
ques : aboliUon des réflexes rotuliens, inégalité et immobiUté pupii- 
lalre, tremblement. Pas de lymphocytose. 

MM. Marchand, Vioouroux et Colim font quelques réserves «ur 
le diagnosUc de démence précoce. II s’agitévidemmentd’une démence, 
mais cello-ci peut ètre la conséquence de lAsions céróbrales ne reaaw- 
Ussant nl à la paralysie générale, ni à la démence précoce. 

L’état mental imaginatif. — MM. TRÉNELet RAYONiBnprésentent 
deux malades. 1° Malade entré à l’asile à la suite d’un état halluci- 
natoire. En dehors de ce délire hallucinatoire dont le malade prend 
conscience relative, on constate une acUvité mentale d’un mode parti- 
culier qu’il manifeste lui-mème. Ce sont des réflexions obsédantes, une 
interrogation dubitative sur toutes les idées qui lui passent par l’es- 
prit et sur lesquelles il bátit instantanément une sorte de petit roman 
avec vives représentaUons mentales qui en imposent pour des hallu- 
cinaUons. 11 y a dans cet ensemble un phénomène que l’on pourrait 
qualifier d’imagination obsessive. 

2° Un second malade est arrèté au cours d’une bouffée hallucina. 
toire avec état confusionnel sur un fond de conceptions imaginatives 
anciennes. Ce malade, rcdevenu lucide en quelques jours, explique 


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HBVUB DBE BOCIÉT&8 


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que son esprit IravailU loujours. II bfltit de* systèmee sociaux ou sclenti* 
fiques qu’il qualifie d’abstraits sur toutes les idées qui se présentent 
fl lti, telles que la question de la dépopulation, la captation de l’élec- 
tricité céleste. 11 y a là comme une modalité morbide de l'imagination 
créatrice. 

Résultat négatil du traitamant apàdtique préventil chez 
unparalytique g énér a l. —MM. Salin et Azemar (maison desanté de 
Picpus) présentent un malade qui, en janvier 1911,eut un accès méian- 
colique qui dura quinze jours. Sypbilis remontant fl une douzaine 
d’années. On lui fit un traitement spécifique intensif qui n’empflcha 
pas une mflnlngo-encépbatite diffuse d’évoluer clasaiquement quelques 
mois après. Cette observation confirme l’inefficacité du traitement 
spécifique dans la paralysie générale, mfime quand ce traitement est 
commencé dès les premiers symptAmes et peut fltre considéré en quel- 
que sorte comme préventif. 

Paralyaie gónérale aénile. — M. Puillbt montre un malade de 
65 ans dont l’afíection débuta fl 63 anspar de la dépression, des idées 
bypocondriaques: tentatives desuicide. Démence progressive; nom- 
breuxsignes pbysiques de méningo-encéphalite chronique. Pas desymp- 
tfimes d’affection cérébrale localisée ou cérébelleuse ni de tabes. Con- 
statationd’unétatintellectuelspécial, paraissantcaractéristiquede la 
paralysie générale sénile et déjfl constaté chez une malade sem- 
blable présentée en juillet 1911 par M. Trénei. 

Un eas de paresse pathologique. — M. Haury apporte l’obser- 
vation d’un soldat que tous ses chefs considéraient comme un fieffé 
paresseux. Engagé volontaire, il avait un passfl de vaurien de grande 
ville, souteneur, buveur et noceur, avec deux condamnations pour 
coups et blessures. Au régiment, il avait une aversion singulière pour 
tout effort physique et avait coutume, au moment desexercices, de 
dire fl celui qui commandait: « Mettez-moi en cellule, je prflfère cela 
fl l'exercice». 8es parents disaient de iui qu’il n’ótait qu’un vaurien et 
un paresseux. Un jour il fit un refus d’obéissance, ne voulant pas 
assister fl une marche militaire, refus fait sans motif avoufl. II fut mis 
en prévention deconseilde guerre. II avait dfljfl fait antflrieurement 
un autre refus d’obflissance pat simple imilalion, rflpfltant ainsi le 
geste d’un camarade avec lequel il ne s’fitait pas entendu et avait de 
ce fait fltfl condamnfl fl un an de prison. 

Interrogfl sur les motifs de son présent refus, il se renfermait dans 
un mutisme absolu. C’était un débile pervers devenu dflment prflcoce. 
mais ayant des préoccupations hypocondriaques. II croyait avoir 
une maladie de cceur et, pour conformer ses actes fl cette crainte, ne 
faisait littfiralement pius rien, ayant rfiduit son activitfi physique 


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au minimum. C’ótait le motif de sa paresse chronique devenue obsti- 
née. 

Cette paresse était donc des plus pathologiques. Elle est fréquente 
au régiment comme forme d 'indiecipline morbide. 

Eloctiona. — Sont élus membres correspondants de la Société 
Clinique de Médecine Mentale : 

MM. Vernet, médecin en chef-directeur de l’asile de Bourges. 

Pasturel, médecin-adjoint de l’asilede Braqueville, près Toulouse. 

J. Crinon. 

soci£t£ m£dico-psvchologzque 

Séance du 28 fuiUet 1913. 

Présidence de M. Sbmblaignb. 

La société désigne MM. Mignot, Klippel et Semelaigne pour la 
représenter au Congrès du Puy. 

Conformément aux conclusions du rapport de M. Vigouroux, 
M. Laignel-Lavastine est nommé membre titulaire. 

Conformément aux conclusions du rapport de M. Chaslin, M. Jouts- 
chenko est nommé membre associé étranger. 

Conformément aux conclusions du rapport de M. René Char- 
pentibr, M. Lerat (de Maycnne) est nommé membre correspondant. 

Conformément aux conclusions du rapport de M. Juquelier, 
M. Paul Voivenel (de Toulouse) est nommé membre correspondant. 

P. Juqubliler. 

SOCIETE MEDICALE DES HOPITAUX 

Paralysi* géaérala infantile. — M. Milian rapporle l’histoire 
d’un enfant de 13 ans 1/2, qui après avoir été remarquablement 
intelligent et docile jusqu’à il y a environ un an, changea brusquement 
de caractère, devint violent, cessa de travaUler à l’école où il était 
auparavant le premier, perdit la mémoire, et tomba dans un véritable 
état de démence avec attaques de somnolence, tremblement fibriUaire 
de’ la langue, troubles de Ia démarche, hésitation de la démarehe, 
inégalité pupillaire, lymphocytose du liquide céphalo-rachidicn 
(réaction de Wassermann positive), en résumé, signes de paralytie 
générale certains. Le père et la mère ont deux enfants atnés bitn 
portants, mais ont tous deux des signes certains de syphilis encore 
en activíté. 

Les cas de paralysio générale infantUe ne sont pas absolument 
rares. II y en a une centaine de cas publiés. II s’agit ici de la forme 
démentielle pure, ainsi que cela se produit d’ordinaire. 


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Origirìal fro-m 

UNIVERSÍTY OF MICHIG. 



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PréMnoa du treponezna pallidttm dans trois corvoaux dopara* 
tjttquM généraux, par MM. A. Marie, C. Levaditi et J. Bakowski. 
— Dans plusieurs travaux récents, Noguchi et Moore ont montré 
que si l’on traite des íragments de cerveau de paralytiques généraux, 
par la méthode de Levaditi (imprégnation à l’argent après fixation au 
íormol, réduction par l’acide pyrogallique formolé), on peut mettre en 
évidence des tréponèmes typiques dans la corticalité cérébrale. 
Ces tréponèmes existent en pleine substance grise des circonvolutions, 
ils sont disposés d'une manière diffuse et n'ont aucun rapport nì avec 
les méninges, ni avec les vaisseaux lésés. Les spirochètes ne peuvent 
étre constatés que dans un certain nombre de cas de paralysie géné- 
rale typique; la proportion des résultats positifs est de 25 p. 100 d'après 
Noguchi et Moore, de 25 p. 100 d'après Noguchi. Cette constatation, 
dont l’importance au point de vue de l’étiologie et peut-étre aussi de la 
thérapeutique future de la paralytique générale est de premier ordre, 
a étó confirmée récemment par Marinesco et Minea. Ces auteurs ont 
décélé des tréponèmes dans un cas, parmi les dix cerveaux de para- 
lytiques examinés par eux, toujours par la méthode à l’argent. 

Nous avons, de notre cdté, vérifié ces faits et nous les avons plei- 
nement confirmés. Vingt-quatre cerveaux de paralytiques provenant 
de l’Asile Villejuif (Service du D r Marie), ont été exarainés; les résul- 
tats positifs ont été au nombre de deuz, ce qui, jusqu’à présent du 
moins, fournit un pourcentage de 8 p. 100. Voici les deux observations 
avec constatation positive de tréponèmes dans le cerveau. 

Obs, 1. — Is... t figé de quarante-deux ans, charcutier, entre à l’asile de 
Viliejuif, le 4 septembre 1903.11 aété hospitalisé pour la première fois le 27 aoQt 
1903, avec le certificat suivant du D r Rueff :«Affaiblissemnt des facultés intel- 
lectuelles, actes et propos incohérents, lacunes dela moralité, crises d'excitation, 
alcoolisme; depuis trois mois, 11 perdait la mémoire». A Saint-Anne, le D r Dagon 
constate: paralysiejgénérale probable, affaiblissement des facultés, alcoolisme. 
A Villejuif, le D r Marie note de l’euphorie, des idées de richesse et porte le dia- 
gnostic de paralysie généraie, avec alccolisme avoué. 

Antécédents héréditaires, nuls; nie la syphitis ; femme normale, ni enfants. 
ni fausses couches. En juin 1903, le malade se calme; paralysie générale progres. 
shre, affaiblissement mental, embarras de ia parole, signe d'Argyll-Roberston. 
Dans la suite, ies mouvements sont mieux coordonnés, le calme devient durable. 
11 bénéficie de quelques heures de congé d’essais. En juin 1904, quelques piqQres 
mercurielles; la ponction lombaire montre de la lymphocytose. Ictus huit 
fours avant l’envoi au dépót. Le malade est réclamé par sa famille et sort fin 
aoQt 1904. Cinq mois après, rechute. Wassermann positif dans le sang et le liqui- 
de céphalo-rachidien. En rèsumé, paralysie générale à longue durée, avec fausses 
rémissions séparant des stades de plus en plus démentiels, cachexie finale, et 
décès en avril 1910. 

Méningo-encéphalite diffuse au point de vue macro etimicroscopique. Laeunes 
de dègènérescence microscopiques au niveau des sones frontales gauches. 

Obs. II. — Malade Boe..., trente-huit ans, chaudronnier. Entre à l’asile de 
Villejuif le 4 janvier 1912, par transfert de Charenton, où le D r Roger-Mignot 
constate : paralysie générale avec idées de grandeur et de perBècution, troubles 
parèto-ataxiques. A l’asile Sainte-Anne, le D r Juquelier fait le méme diagnostic 


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et nuarque <íee treublee oculo-pupiUeiree pienlfeatee, avec emberrae de paroie. 
A l’entrée à l'asile de Vfllejuif, on conetate lee m&mes signes. Le malade est affai- 
bl! et sa paralysie évohie rapidement vers la cacbexie. 

Le 24 Janvier 1913, nne série d'idtu eongetiift avec turbulenee fntercalaire 
Mort le 12 février 1913 au matin. 

Nécropaie : létioat typiquet maeroteopiquet de la méningo-encéphaiiU diffutt. 

Conelaiotiont hitiologiquet. — L’imprégnation a été faite d’aprèe la mèthode 
lente de Levaditi : tbcaUon au formol à 10 p. 100, alcool à 90 degrés pendant 
▼ingt heures, lavage à l’eau, imprégnation par le nitrate d’argent (19,6 p. 100 
à 87 degrts pendant quatre Jours; réduction par l’acide pyrogallique à 4 p. 100 
addiUonné de 5 p. 100 de formol. (Manehons pórivasculaires et tràponènwa 
peu nombreux.) 

Le succèe de l’imprégnation des spirochètes dépend donc de l’affinité 
des íibrilles nerveuaes pour l’argent, et, en d’autres mots,de I’état de 
conservation et de fixation de ces íibrilles. Pour nous, les spirochètes 
existent dans les cerveaux de paralytiquee généraux de beaucoup pius 
fréquemment que ne ie montrent Ies recherches récentes; il s’agit de 
troover un procédé de fixation ou d’imprégnation argentique, capable 
de réduire autant que possible cette affinité des fibrilles nerveuses pour 
l’argent, sans toucher à ceile des tréponèmes. G’est ce que nous sommes 
en train de chercher actuellement. 

Tout récemment, il nous a été donné de dócouvrir le tréponème dans 
le cerveau d’un paralytique général, non seulement à l’ultramicros 
cope, comme l’avait déjà signalé Noguchi, mais aussi par le proctdi 
de Fenere de Chine (Burrl) et celui de Fontana-Tribondeau. Voici 
l’observation de ce malade : 

Obs. III. — B..., quarmnte-neuf ans, sypbilis datant de 1900. Entre àl’asile 
de Villejuif, le 21 mars 1913. Emberras de parole, tremblements musculaires 
slgne d’Argyfl-Robertson, anesthésie bucco-Unguale, en un mot symptOmei 
typiques de paralysie générale. Wassermann poiitif aveo le sérum. Affinne 
avoir étè traitè par le 606 U y a trois mols. Syphilis conjugale. Dècèe le 16 avrfl 
1913. Nèeroptie faite très rapidement après la mort, 

Constalations. — Dans les préparations faites avec l’écorce céré- 
brale frontale, examinées à l’ultra-microscope, assez nombreux tré- 
ponèmes, dont quelques-uns encore mobiles. Des fragments sont 
placés dadsle mllieu de Schereschewski; le lendemain, on décèle de 
rares tréponèmes lmmobiles. Dans ces frotlis faiis d'après le proetii 
de Burrt, rares irtponimes des plua caractéristiques. Enfin, dans presque 
tousles frottia imprégnès à l’argent d’après leprocédédeFontana-Tri- 
bondeau, nous avons trouvó des spirochètes admirablementcolorésen 
brun foncé et absoluraent typiques. Cette dernière méthode nous 
paratt appelée & rendre de grands services au point de vue de la re- 
cherche des tréponèmea dana les frottis de cerveau de paralytiques 
généraux. 

Dans le cas n°l (Is...), l’imprégnation de fibrilies nerveuses est pour 
ainsi dire nulle. La coupeest uniformément jaune, et les tissus parais- 

(Kofr la suiit apris U buUetin bibliographiqut mentuei.) 


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REVUE DES SOCIÉTÉS 


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saient modérés. Les tréponèmes, en assez grand nombre, sont dispo- 
sés d’une fagon diffusc dans la substance grise des circonvolutions, 
tout près de l’écorce, Ccrtains d’entre eux sont en relation avec les 
parois vasculaires. Leurs ondulations sont régulières, serrées, leurs 
extrémités minces et incurvées. Queiques parasites paraissent dégé* 
nérés. 

Dans le cas n° 2 (Boe...), constatations analogues, mais les spiro- 
chètes sont beaucoup plus rares. 

Conclusions. — Des tréponèmes typiques ont été décelés dans l’écor- 
ce cérébraie de deux paralytiques avérés, parmi les vingt-quatre cas 
examinés à ce point de vue. Dans une de nos observations, il s’agit 
d’un sujet dont la paralysie générale a évolué pendant sept ans, avec 
de fausses rémissions. II esl iniéressanl de conslaler que Vagenì palho- 
gine de la syphilis peul exisler dans le cerveau malgré la durée exlrè- 
mtmenl longue de la paralysie générale. Ce cas contraste avec le second 
malade, chez lequel l’évolution de la maladie fut rapide. 

De l’ensemble des constatations de Noguchi, Moore, Maririesco et 
Uinea, et des faits qui viennent d’étre relatés, il résulte que la méthode 
à l’argent est capable de relever la pésence des tréponèmes dans les 
eerveaux de paralytiques généraux. Noguchi insiste cependant sur 
l’utilité de certaines modifications qu’il a fait subir au procédé de 
Levaditi et paralt enclin à attribuer à ces'modifications de la technique 
indiquée par Levaditi, modifications qui dérivent decette technique 
mème et du procédé rapide à la pyridine de LevaditietMarinesco,nesont 
pas absolument nécessaires, puisque nos résultats ont été obtenus 
avec le procédé non modifié. Ce qui est frappant, c’est que les trépo- 
nèmes n’ont été constatés par nous (et aussi par nos prédécesseurs) 
que dans les cerveaux dont les neuro-fibrilles n’étaient pas imprégnés 
ou n’avaient retenu que très faiblement l’argent. 


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REVDE DES PÉRIODIQUES 


La Clinique, 4 avril 1913. 

L’épilepsie traumatique, par M. Marchand. — D’après les sta- 
tistiques, 9,8 p. 100 des cas d’épilepsie seraient dus à un traumatisme 
cranien. Les psychoses traumatiques se compliquent d’épilepsie 
dans 17 p. 100 des cas. Les traumatismes craniens de Venfance déter- 
minent l’épilepsie plus souvent que ceux qui surviennent chez l’adulte 
ou le vieillard. Mais chez certains sujets, le trauma ne fait que résuiter 
des lésions du cerveau jusque-là latentes et Ies cas d’épilepsie consé- 
cutifs à la trépanation sont dus non pas à l’opération chirurgicale,. 
mais aux lésions cérébrales qui préexistaient chez le sujet et qui 
avaient déterminé l’intervention. 

Pédialrie pratique, 22 tévrier 1913. 

Epilepsie poet-hémiplégique . — D’Espine a observé deux ma- 
lades atteints d’une ancienne hémiplégie infantile et qui présentaient 
des symptòmes d’épilepsie post-hémiplégique. 

Dans le premier cas, il s’agit d’une fillette qui eut, à i’áge de deux 
ans, des convulsions avec hémiplégie gauche; à cinq ans survinrent 
chez elle des crises d’épilepsie dont la fréquence et la généralisation 
allèrent en augmentant. Pendant ces crises, l’enfant se mord la 
langue. Elle parait normalement développée au point de vue lntel- 
lectuel. A droite, l’hémicirconférence de la téte est plus petite qu'à 
gauche; l’hémiplégie faciale est bien marquée; aux membres, tant 
supérieurs qu’inférieurs, il y a des deux còtés exagération des réflexes, 
le signe de Babinski est rare, la plante du pied est en hyperextension. 
Pour d’Espine, il y a une lésion corticale très prononcée et cependant 
on peut actuellement considérer l’hémiplégie comme presque guérie. 

Dans le second cas, il s’agit d’un garqon de six ans et demi, bien 
portant jusqu’à quatre ans. En 1908, il fit une chute de trois à quatre 
raètres sur l’occiput qui entratna une encéphalopathie grave accom- 
pagnée de symptòmes méningés. On dut mème songer à une ménin- 
gite tuberculeuse et l’enfant fut soumis au traitement par la tuber- 
culine. Chez lui existe une hémiplégie gauche avec fortes contractures; 
l’hémiplégie faciale est peu prononcée; il y a arrèt de développement 
en longueur et en épaisseur du bras gauche et de ce cOté la main pré- 
sente un « pouce simien ». Au crfine, il n’y a pas d’inégalité. L’enfant 


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RBVUB DBS PÉRI0DIQUB8 


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est sourd, car le nerí acoustique est paralysé; il ne parle pas, fait la 
mimique de parler; il n’est pas aphasique, mais présente de Tamnésie 
verbale; il pourra ètre rééduqué et arrivera à parler; de plus, U existe 
chez lui de l’épUepsie jacksonienne gauche qui semble se génóraliser; 
le bromure a donné de bons résultats. 

Enciphale, 10 aoùt 1912. 

Lw phénomànes dyapathiques dana la paychosa hébéphré- 
niqoa, par M. Mignard. — Lorsqu’on poursuit l’étude psychologiquc 
de certains malades hébéphréniques ou catatoniques, on est presque 
fatalement conduit & considérer chez eux, en première ligne, les trou- 
bles de l’affectivité. 

L’auteur a examiné plusieurs de ces malades, selon la méthode 
que M. Toulouse et lui ont proposée, pour ditférencier les troubles 
de la direction volontaire des phénomènes mentaux de l’affaiblisse- 
ment de l’intelligence. 

En recherchant ainsi la défaillance de l’intelligence chez des hébé- 
phréniques, il a semblé à l’auteur, que cette défaillance n’est souvent 
qu’apparente. 

On constate non pas l’affaiblissement intellectuel, mais le désordre, 
la mauvaise application, parfois mème dans la catatonle, l’inertie 
complète des fonctions mentales. 

A l’appui de cette thèse, l’auteur présente l’observation prise à 
la colonie famUiale de Dun-sur-Auron, d’une hébéphrénique, chez 
laquelle des phénomènes apparemment démentiels peuvent étre tous 
considérés comme dérivant directement ou indirectement, par l’inter- 
médiaire de troubles de l’attention et de la volonté,de certaines per- 
turbations du sentiment et de la tendance que l’on pourrait carac- 
tériser du nom de « dyspathies ». 

Journal de Médecine de Paris, d'après The American Journal of 

Obstelrics, février 1912. 

Epilepsie et grossesee. — Chez les femmes épileptiques chez 
lesquelles la grossesse cause des convulsions plus fréquentes et plus 
graves qu’à l’ordinaire, il faudra toujours penser à la nécessité de 
terminer la grossesse. Dans les cas de grossesse chez les femmes 
épileptiques, il faut veilier avec une extrème attention pour dépister 
les signes de toxémie ou les signes prémonitoires d’éclampsie et on 
devra interrompre la grossesse à l’apparence de symptèmes moins 
graves que ceux qui exigeraient cette mesure chez des femmes non 
épUeptiques. 

Gazelte dea Hópitaux, 12 mars 1913. 

L’anorexie mentale, par Brblbt. — Aussi bien chez les nourris- 
sons que chez les adolescents, le traitement de l’anorexie mentale est 
donc long et difficile, raais U faut l’entreprendre et le pouisuivre avec 
beaucoup de petsévérance. Dans l’anorexie mentale des adolescents, 


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RBTUB DB PfYCHlATRIB 


il eet tfès souvent nóceasaire d’isoler le malade, de l’éloignev du milieu 
famUial dans lequd e’eet oonstitué et s’entretient le trouble pey- 
chique. 

L’anorexique ainsi ieolé eera maintenu au Ut et soigné par la pey- 
chothérapie. Le médecin doit le convaincre qu’U peut s’alimenter, 
il doit aussi rechercher les causes morales ou émotives qui ont coa- 
tribué à déterminer le syndrome; en connaissant le mécanisme du 
trouble psychlque, on arrive plus facUement ò persuader le malade 
qu’U va guérir et & lui communiquer la volonté de guérir. Dans quel- 
ques cas, !e gavage sera nécessaire et U ne faut pas hésiler & y avoir 
recours. Sous l’influence de ce traitement, l’anorexie disparalt au 
bout d’un temps plus ou moins long et le malade reprend un poids 
normal. En suivant jour par jour une anorexique traitée par l’isole- 
ment et la psychothérapie, Nobécourt et Merklen ont fait des remar- 
ques très intéressantes sur les modifications de la nutrition pendant 
la cure. II s’agissait d’une fUlette de quatorze ans, entrée & l'hospice 
des Enfants-Assistés dans un état d’amaigrissement extrèmc, ne 
pesant que 14 kU. 900; en peu de temps, le poids augmenta et trte 
rapidement atteignit 29 kUos. Mais, au début du traitement, cette 
augmentation de poids était due presque uniquement à une rébydra- 
tation des tissus, ainsi que le prouvalt I’examen du sang et des urines; 
le chiffre des globules rouges s’abaissait en effet au fur et à mesure 
de l’augmentation du poids, le sang étant plus dUué par fixation d’eau, 
et d’autre part, pendant cette mème période, le chiffre des chlonires 
urinaires était inférieur au chiffre des chlorures ingérés; U y avait done 
fixation d’éau et de chlorures dans les tissus; puis l’équilibre s’éts- 
blit. Par conséquent, les augmentations très rapides de polds obtenaes 
au début du traitement de l’anorexie nerveuse doivent étre expli- 
quées par une fixation d’eau dans les tissus; c’est seulement après 
une période de réhydratation, que commence la véritable phase de 
réparations des tássus. 

Gazette dea Hópilaux, 17 décembre 1912. 

Le champ inoulte de l’hyatérie, par Collin. — Ce n’eat pss 
parmi les enfants grossièrement qualifiés de nerveux ou d’émotifs 
que nous avons rencontré la tendance à faire des accidents hysté- 
riques. Les enfants présentant cette tendance sont réputés « calmes > 
par leurs parents et leurs instituteurs. 

2° lls ont entre eux une série de caractères communs tenant à une 
insuffisance de développement. Ces caractères existent avant mème 
I’éclosion des accidents. 

a) Dans leurs antécédents héréditaires on trouve une toxi-infec- 
lion légère ou atténuée, le pius souvent tuberculeuse et alcoolique. 

b) Dans ieurs antécédents personnels, un retard èlectif ou total 
dans l’établissement des premières grandes fonctions. 

c) Dans leur manière d’ètre, une suggestábilitó que le fait de con- 


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RBVUB DB8 PÉRIODIQUBS 


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server lee atlitudee donnéea met en évidence et un grand dóvelop* 
pement dee facultée ImaginaUvee. 

3° Noue croyone qu’il y a lieu de réeerver pour cee seuls enlants 
le nom d’hystériques. C’cat en effet chez ceux-là seuls que nous avons 
vu ódore et disparaltre toute la série des accidents que peuvent 
amener la suggesUon et détruire la contre-suggestion. 

4° Etant donnés ces caractères congénitaux et les causes minimes 
qui peuvent dédancher l’hystérie, celle-ci nc doit pas attendre très 
loagtemps pour se manifester. Lee accidents dits hystériques ou hys- 
téroldes tardivement venus demandent & n’ètre acceptés qu’aveo 
circonspecUon, un bon nombre d’entre eux devant ètre rattachés à la 
ńmulaUon utilitaire ou à 1’émoUvité; les autres pouvant ètre mis 
sur ie cornpte de la déchéance dont les effets anatomiques et cliniques 
rappellent si souvent ceux de l’insuffisance. 1 

6° De la connaissance précoce de l’hystérie infantile doivent dé- 
cauler d’indispensables notions thérapeutiques. 

L’état somaUque doit recevoir des soins joumaliers; il faut à ces 
eufants du repos, de l’isolement, de l’aération. 

L’ètat mental exige, qu’à moins que l’on ne fasse une contre- 
suggesUon nette dans un cas donné, on s’absUenne soigneusement 
de toute intempesUve psycbothérapie. 

J. Crinon. 

Revue Neurologique, 30 novembre 1911. 

Succesaion d’accòa d’agitation et d’étate eoporeux dans un 
cas de démenoe épileptique, par C. Vurpas et R. Porak. — Obser- 
vaUon d’un jeune homme de 25 ans, épilepUque depuis l’àge de 6 ans, 
qui, au cours d’un affaiblissement démentiel progressif, présenta 
deux phases successives bien déterminées et bien tranchées dans 
1’évoluUon de sa maladie. La première (1906-1908) est caractérisée 
par des accès d’agitation assez fréquents, la seconde (1908-1910) est 
marquée au contraire par des^états de somnolence et souvent mème 
des états de torpeur profonde. 

Le malade succombe en 1910. 

La succession de ces deux phases au cours de l’épilepsie évoluant 
concurremment à un état démentiel progressif, est un fait intéressant. 

Les auteurs émettent l’opinion qu’accès d’agitation et états sopo- 
reux ont évolué pour leur propre compte et qu’ils sont, en consé- 
quence, indépendants, aussi bien des accès convulsifs que de l’affai- 
blissement des facultés inteUectuelles. 

Revue Neurologique, 15 octobre 1912. 

La démence précoce ou Schizophrénie d'après la oonception 
da Bleular, par M. Trénel. — M. Trénel résume cn un article des 
plus intéressants la conception de la démence précoce, telle que Bleu- 
ler l’expose dans le Traitè de psychiatrie d’Aschaffenburg. 


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REVUE DB PBVCHtATRIE 


D’après le protesseur de Zurich, le trouble de I’association des idées 
joue, dans la schizophrénie un rAle capital: c’est de lui qúe découlent 
tousles autres symptOmes. Quant aux troubles aftectifs — contraire- 
ment à l’opinion admise — il ne sont que secondaires, I’aftectiviU 
n’étant pas constamment annihilée et pouvant mème se traduire par 
un hyperfonctionnement dans la démence schizophrénique. 

Parmi les symptfimes accessoires, Bleuler range les hallucinations, 
les idées délirantes, le6 symptómes catatoniques et de nombreax 
syndromes aigus telsque des étatsmélancoliques(syndromedeCotard 
par exemple), maniaques, catatoniques, des états délirants (type délire 
hallucinatoire aigu), des états crépusculaires, l’obtution, la confusúm 
mentale se caractérisant par l’incohérence, les accès de fureur, les 
excitations périodiques, la stupeur, les délires (analogues au délire 
fébrile), les fugues, la dipsomani. 

On voit, parcette rapide énumération, quelle richessede syndromes 
Bleuler accorde à la schizophrénie. Au point de vue clinique, cet au- 
teur admet toujours Ies formes paranoldes, cataloniquex, hibéphri • 
niques et simples. 

Pour Bleuler, la démence précoce englobe la plupart des psychoses 
dites jusqu’ici fonctionnelles. Rien d’étonnant, d’après cela, que le 
professeur de Zurich considère cette affeclion comme la maladie la 
plus fréquente. A BurghWzi, les schizophréniques constituent 75 % dee 
malades présents (1). 

Telle est la nouvelle conception de la démence précoce, le dernier 
rejeton, pourrait-on dire, de l’Ecole allemande. 

Comme lefait si justement remarquer M. Trénel, l’invention de la 
schizophrénie englobant, on peut dire presque tout, des délires poly- 
morphes aux obsessions, de la mélancolie aux délires systématiaès, 
n’est pas faite pour éclaircir cette brumeuse conception. 

Bleuler, semble-t-il, fait rentrer des maladies absolument diffé- 
rentes dans sa vaste synthèse. 

« Et puisque, desonaveumème, conclut M. Trénel, la schizophrénie 
« contient la majeure partie dela dégénérescence mentale, et quede 
« plus il y rattache bien d’autres cas encore, on peut craindre qu’il 
« n’ait fait, en fin de compte, que remplacer un mot à prètentions 
« étiologiques par un mot à prétentions psycho-pathologiques. < 

M. Brissot. 


Lc Gérant : O. DOIN. 

PARIR. — IMPRIMERIt LÍVB. 71, RUE M RBMNES. 


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RECHERCHES DE PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE 
SUR LES TROUBLES DU MOUVEMENT 

DANS LA DÉMENCE PRÉCOCE < J > 

Par Lucibn Lagriffe, 

Médecin de FAsile d'Auxerre. 


Les troubles du mouvement peuvent tenir à plusieurs causes : 
ils peuvent étre dus à des modifications locales organiques ou 
fonctionnelles et étre ainsi de nature purement musculaire; ils 
peuvent avoir leur origine dans des modifications centrales, céré- 
brales ou médullaires, altérations matérielles ou dynamiques d e 
neurones moteurs; enf in les neurones et les muscles restant indemnes, 
ils peuvent tenir à des modifications des organes qui servent d’inter- 
médiaires entre les neurones et les muscles. 

Ce sont là les divers points que nous nous proposons d’étudier 
dans ce travail. 

Nous nous occuperons d’abord de 1* exciiabiliié musculaire ; nous 
étudierons ensuite le iravail et la fatigue ; en troisième lieu, l’étude 
de la réflectivilé retiendra un moment notre attention et, après avoir 
étudié sommairement le temps de réaclion y nous exposerons, en der- 
nier lieu, les résultats foumis, jusqu’à ce jour, par Vétude hislolo - 
gique des centres nerveux dans la démence précoce. 

L Excitabilité muscolaire. 

Dunton a signalé l’hyperexcitabilité des muscles de la face au 
début de ia démence catatonique. 

Excitabilité électrique. — De toutes les recherches précises 
faites jusqu’à ce jour, il résulte que l’excitabilité électrique des 

(1) Cetteétude est empruntée au magistral rapport que M. Lagriffe a présenté 
le 2 aoút deraier au Congrès du Puy,sur les « Troubles du mouvement dans la 
dimence précoce *. N. D. L. R. 

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muscles est conservée dans la démence précoce. Dans aucun cas, 
M. Ettore Patini qui, au cours de travaux sur l’inhibition mentale, 
a examiné un certain nombre de déments précoces, n’a observè 
l’absence de réaction à ces excitations. II a méme constaté, aprés 
Libertini, que le temps de réaction à la contraction électriqueest 
notablement inférieur & celui noté chez les sujets normaux (1). 

Les recherches plus directes effectuées par Ostermayer dans la 
catatonie, c’est-à-dire dans des conditions particulièrement favora- 
bles, n’ont montré qu’une simple diminution de i’excitabilité muscu- 
laire galvanique. Mais ces modifications ont été observées chez des 
catatoniques déjà anciens ou atteints de formes particuiiérement 
graves et par conséquent chez lesquels il est très légitime d’admettre 
que ces modifications étaient dues, soit à un état d’asthénie profonde, 
soit à une inaction prolongée. D’ailleurs, au cours des rémissions et 
des améliorations que l’on observe chez ies déments précoces, méme 
chez ceux qui ont présenté des phénomènes de catatonie, la rttlilu- 
tio ad iniegrum des fonctions musculaires est toujours parfaite et, 
d’autre part, chez les déments travailleurs, on peut facilement se 
rendre compte que les muscles sont susceptibles de foumir un travail 
qui, quantitativement, n’est pas inférieur à celui foumi par les sujets 
normaux. II ne faut donc pas s’étonner de voir qu’au cours de U 
maladie l’excitabilité électrique des muscles n’est modifiée, au plus, 
que dans des proportions absolument insignifiantes. 

Excitabiuté mécanique. — L’excitabilité mécanique des mus- 
cles ne peut guère étre recherchée que dans les conditions parti- 
culières qui tendent à la provocation des contractions idio-muscu- 
laires; c’est dans ce sens, croyons-nous, que Kraepelin a noté Paug* 
mentation de cette excitabilité mécanique. Ostermayer a signalé 
expressément l’existence de contractions idio-musculaires. 

Nous croyons inutile de rappeler ici que ces contractions s’ob- 
servent ordinairement au niveau des muscles fatigués ou placés 
dans des conditions physiologiques défavorables : mal nourris ou 
inigués par un plasma adultéré; c’est pourquoi on les provoque 
facilement chez les individus souffrant d’intoxications ou d’intoxi- 
nations, spécialement au cours des maladies infectieuses particu- 
lièrement débilitantes. 

(1) Ettore Patini: L'inibizione molrice studiala sperimentalmente negli amma- 
lali di menle. Naples, 1907. 


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TROUBL.ES ou mouvement 


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Nos recherches personnelles ne nous ont pas permis de les ren- 
contrer autrement que d’une fagon exceptionnelle dans la démence 
précoce : dans la proportion de 33 0/0 et plus fréquemment chez les 
hommes (27 0 /0) que chez les femmes (6 0/0). Elles se sont montrées 
phis souvent chez les catatoniques que chez les paranoldes et elles 
ont été exceptionnelles chez les hébéphréniques. II convient d’ajou- 
ter que, dans tous les cas, elles se sont révélées & nous comme étant 
extrémement légères, parfois retardées, le plus souvent unilatérales, 
•vec une prédominance presque exclusive pour le cfité gauche. 
Enfin, nous avons pu noter que, dans un certaii^ nombre de cas, 
elles présentent un caractère paradoxal: on sait que Ies contractions 
idio-musculaires se produisent normalement au niveau du point 
excité, dans l’espèce le biceps, à la hauteur, méme de la région pincée, 
qu’elles intéressent toutes les fibres, au niveau desquelles se produit 
une vibration locale entre deux nceuds qui la limitent. Or, chez un 
certain nombre de déments précoces, atteints de la forme catato* 
nique et, plus particulièrement encore, chez ceux qui présentaient 
de l’amaigríssement musculaire par suite d’inaction prolongée, le 
biceps a réagi par la formation d’une seule corde longitudinale au 
niveau du point où se terminait le pincement; dans ces conditions, 
il n’y avait pas, comme dans la contraction idio-musculaire classique, 
formation d’un bourrelet transversal, mais formation d’une corde 
musculaire longitudinale. 

n. Travall muaculaira at fatigue. 

Le travail musculaire a été étudié chez les déments précoces par 
quelques auteurs. II convient de retenir surtout, à cet égard, le 
travail de M. Gaetano Martini (1). Ce travail constitue une appli- 
cation & la pathologie des recherches de G. Pieraccini et de A. Maffei. 
Ces derniers, en effet, ont établi, à la suite de longues et minutieuses 
études sur la courbe de production du travail exteme utile, la loi 
normale de la courbe du travail; pendant Ia première heure, péríode 
d’augment, pendant la seconde et quelquefois la troisième heure, 
période de rendement maximum, enfin, pendant les heures sui- 
vantes, péríode de déclin progressif. 

(1) G. Martini: La curva del Iavoro meceanico esterao nei dementi lavoratori. 
Ramaixini, 1908. 


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REWE DB PSYCHIATRIB 


Les recherches de M. Martini ont porté sur des déments précoces 
parvenus au stade de démence terminale de leur maladie et soumis 
à un travail déterminé, analogue à celui auquel sont astreints les 
prisonniers, c’est-à-dire facilement mesurable. Dans ces conditions, 
il a observé un allongement très appréciable de la période d’augment, 
compensé par une prolongation de la péríode de travail maximum et 
par une période de déclin fort lente et longuement prolongée. M. Mar- 
tini en conclut que les déments précoces mettent plus longtemps que 
les individus normaux à vaincre l’état d’inertie psycho-motrice et 
à atteindre leur maximum de production, maisque, en revanche, 
ce maximum est ensuite soutenu d’une fagon anormale, «comme s’ily 
avait là un état de stéréotypie inteme »; qu’en somme ils se montrent 
peu sensibles aux effets de la fatigue. Le travail de M. Martini a donc 
une importance indéniáble en raison de ce fait que ses expériences 
ont un caractère purement pratique et que, par conséquent, elles ne 
sont pas faussées par ces conditions artificielles qui sont l’échec 
ordinaire des expéríences de laboratoire. 

Les différences qui peuvent exister entre les résultats fourais par 
un travail pratique et ceux fourais par un travail expèrimental se 
font jour au cours des expéríences de laboratoire elles-mèmes, sui- 
vant que l’on se contente d’évaluer la force musculaire à l’aide du 
dynamomètre à ressort ou que l’on fait exécuter au maladeuntravaii 
plus défini, à l’ergographe de Mosso, par exemple. 

En princlpe, depuis les recherches de M. Toulouse et celles de 
M. Meltzer, on considère la force dynamométrique comme étant 
généralement affaiblie chez les aliénés; à cette notion, Ch. Féré a 
ajouté celle de la tendance, chez eux comme chez les individus fati- 
gués, à l’égalité de la force des deux còtés. Nous n’avons pas besoin 
de répéter, après tant d’autres, que le dynamomètre est un instru- 
ment infidèle et trompeur. Les individus les plus vigoureux, ceux 
surtout qui travaillent manuellement, sont ordinairement incapa- 
bles de faire monter l’aiguille de l’instrument aussihautquelesindi- 
vidus malingres ou que ceux qui ne s’adonnent pas aux travaux 
manuels: les cals desmains constituent une géne qui s’oppose en 
partie à la flexion et qui empéche de prendre facilement l’instru- 
ment en main. II est donc difficile d’établir une base permettant 
de faire des comparaisons puisque déjà les résultats foumis par les 
individus normaux ne correspondent pas à leur force réelle. Les 


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TROUBLES DU MOUVEMBNT 


313 


résultats obtenus par MM. Toulouse et Meltzer, par Féré, nous pa- 
raissent donc ne devoir étre accueillis que sous toutes réserves. 
Des recherches faites sur un groupe de prisonniers délinquants ou 
críminels nous ont foumi, bien que tous fussent dans la force de 
Fftge, des résultats absolument discordants et ce ne sontpasles plus 
forts et les plus robustes qui nous ont donné les chiffres les plus 
élevés; ces chiffres vont : pour la main droite de 16 & 50 avec une 
moyenne de 28 pour les hommes, de 12 à 26 avec une moyenne de 18 
pour les femmes; pour la main gauche de21 à 51 avec une moyenne 
de 28 chez les hommes et chez les femmes de 10 & 25 avec une 
moyenne de 18. On voitdonc,enpremierlieu,l’écartconsidérablequi, 
chez les individus de méme valeur, existe entre les chiffres extrémes 
et la moyenne, en deuxiéme lieu, que, mème à l’état normal, la ten- 
dance à l’égalité, au mancinisme dynamométríque, se fait jour. 

Les recherches de méme ordre que nous avons pu faire chez les 
déments précoces n’ont donc qu’une valeur des plus restreintes et si 
nous nous décidons, néanmoins, à les consigner ici, c’est surtout 
pour montrer combien leurs résultats concordent peu avec ceux 
foumis par la méthode ergographique, résultats que nous expose- 
rons plus loin. 

Les essais ont porté sur 26 déments précoces, 9 déments catato- 
niques, 10 déments hébéphréniques et 7 déments paranoldes; ils 
nous montrent, en premier lieu, que les chiffres foumis par les trois 
espèces de déments diffèrent peu les uns des autres; que les uns ne 
se distinguent pas des autres par des chiffres ougénéralementplus 
élevés ou généralement plus bas; particulièrement les catatoniques 
les plus caractérisés nous ont donné des chiffres relativement 
élevés, bien que cette élévation ait été, cependant, moins forte, 
moins habituelle et moins générale que chez les hébéphréniques; 
ceux fourais par les paranoldes leur sont beaucoup plus comparables 
quoique inféríeurs. 

Bn deuxième lieu, sur le méme malade, les divers essais n’ont 
jamais été semblables, méme lorsque ces essais ont été faits coup sur 
coup : tantdt on pouvait croire qu’il y avait fatigue, tantdt qu’il y 
avait accoutumance, tantOt oscillations rythmiques. 

En troisième lieu, les chiffres les plus élevés ont été fourais indif- 
féremment par l’une ou l’autre main; nous n’avons qu’exception- 
nellement observé la tcndance au mancinisme signalé par les au- 


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teurs et jamais ce mancinisme ne s’est montré constant : on l’ob- 
serve généralement lors du premier essai, il ne se reproduit que 
rarement ensuite et c’est sans doute cette circonstance qui a trompé 
ceux qui n’ont pas cru nécessaire de poursuivre longtemps leun 
recherches chez un méme malade : une seule mensuration est insuí- 
fisante pour formuler une règle. 

Enfin et en deraier lieu, si l’on rapproche les résultats foumis 
par le dynamomètre & ressort de ceux fournis par l’ergographie 
selon la méthode de Mosso, on s’apergoit que ces résultats sont abso- 
lument différents : les premiers au dynamomètre sont souvent Ies 
derniers à l’ergographe. 

Les recherches ergographiques sont particulièrement intéressantes 
chez les déments précoces parce que, non seulement elles nous four- 
nissent des résultats intéressants touchant le travail musculaire et 
ses modalités, mais encore parce qu’elles nous renseignent sur la 
fatigue. Ces résultats, il ne faut pas se le dissimuler, n’ont qu’uue 
valeur relative parce qu’ils sont l’effet d’expériencestrès délicates, 
parfois fort difficiles, au cours desquelles il faut s’efforcer de vais- 
cre, non seulement I’inertie considérable qu'offrent beaucoup de 
malades à toutes les sollicitations, mais encore Ia difficulté que l’on 
éprouve à fixer leur attention et Ia mauvaise volonté que certains 
d’entre eux, surtout parmi les paranoldes, mettent à se plier aux 
exigences de ces recherches. 

II est toujours difficile de leur faire observer Ia cadence nèces- 
saire, d’obtenir d’eux Ie maximum d’effort, et souvent méme, de leur 
faire accepter la contention du bras en expérience; fréquemment, il 
faut abondonner un essai qui semblait devoir donner les meilleun 
rèBultats, au risque de voir le malade briser tous les appareils. 

Nous croyons inutile de dire ici ce qu’est I’ergographie et d’en 
dècrire le matériel; ce sont là des choses connues de tout le monde 
depuis fort longtemps et la lecture du livre si estimè dans lequel le 
P r Mosso (1) a lui-mème présenté sa méthode et son matériel sup- 
pléera avantageusement à la description que nous pourrions ea 
faire. Cependant nous devons aviser le lecteur que l’appareil qui 
nous a servi au cours de nos recherches ne ressemble pas d’une fagon 
parfaite à ceux qui se trouvent dans le commerce; il a été construit 

(1) A. Mosso: La faligue inleUedueUe et phgsique, traduction de M. P.Langioi*. 
Paris, Alcan, 1908. 


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TROUBLES OU MOUVEMENT 


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sur nos indications, il est complètement inspiré de l’appareil de 
Mosso, s’il est peut-étre moins précis, il est plus solide et se préte 
mieux ainsi à des recherches sur un personnel dont les écarts sont 
toujours & redouter; mais enfin ce n’est pas l’appareil classique de 
Mosso; de telle sorte que ies résultats de nos recherches n’ont 
qu’une valeur relative, ne sont comparables qu’entre eux et ne peu- 
vent qu’avec précautions, étre mis en paralléle avec ceux qui auraient 
pu étre obtenus par d’autres auteurs. 

La longueur de ces recherches, leurs difficultés ne nous ont pas 
permis de les étendre autant que nous i’eussions voulu. Tous les 
malades ne s’y prétent pas volontiers, surtout ceux qui présentent 
des idées de persécution; nous avons été obligé d’opèrer un choix 
et cela explique le pourquoi du nombre restreint de nos expériences; 
d’autant que nous n’avons pas voulu nous contenter d’un seul essai 
sur chaque sujet afin d’obtenir des résultats plus probants. 

Ges essais ont porté sur 18 malades, 10 hommes et 8 femmes, se 
divisant en : 7 catatoniques (5 hommes et 2 femmes), 5 hébéphré- 
niques (3 hommes et2 femmes), 6 paranoldes (2 hommes et4 femmes) 
tous répondant indubitablement à la démence précoce telle qu’elle 
a été délimitée par Kraepelin. 

Les essais ont toujours été établis par séries d'au moins trois 
avec, entre chaque essai, un intervalle de pose de 2 minutes envi- 
ron; le travail inscrit a toujours été celui du médius droit soulevant 
un poids de trois kilogrammes, sauf dans quelques rares cas où il a 
fallu descendre jusqu’à 2 ou 1 kilogramme. La cadence était foumie 
par le métronome battant 120à Iaminute,à raisond’unecontraction 
tous les deux battements. Les contractions ont été poussées jusqu’à 
fatlgue complète. En l’absence de totalisateur de distance, chaque 
courbe a été soigneusement mesurée au décimètre, et tous les résul- 
tats, pour la commoditè des comparaisons, ont ètè ultérieurement 
réduits en kilogrammètres heure (1). 

Les ergogrammes les plus règuliers sont ceux qui nous ont étè 
donnès par Ies déments catatoniques, c’est-à-dire par les déments 
qui présentent les troubles du mouvement les plus nombreux et les 

(1) 11 m’est pertleullàremeiit agréable de remerder lei mon eollAgue et aml, 
M. le D' Loup, qul m’a aouvent aaslsté dans mes essais et qui a blen- voulu 
mettre à ma disposition les malades femmes de son serviee de l’Asile d’allènés 
d’Auxerre. 


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RBVUB DB P8YCHIATRIE 


plus caractéristiquea. Cette régularité des ergogrammes se retrouve 
aussi chez les déments paranoldes qui tendent à se rapprocher de 
la normale. Mais cependant, dans la forme hébéphrénique, comme 
dans les deux autres formes, à c6té de courbes anormales, on en ren- 
contre aussi qui s’écartent peu de celles données par les individus 
sains. 

II existe une difficulté générale à suivre le rythme : le retard est 
le plus fréquent. Les plus petites amplitudes ont été foumies par 
les déments cacatoniques, dont certains se donnaient tout juste U 
peine de tirersur le poids.Letravail joumalier ne semble pas contri- 
buer à rendre les courbes normales. Ces courbes ont, chez chaque 
malade, un profil qui leur est personnel, elles sont particulièrement 
basses et allongées et, de ce cdté-Ià,elles corroborentles recherches 
de M. Martini que nous avons analysées plus haut. 

La difficulté du démarrage a été fréquente, surtout chez les 
déments paranoldes et c’est chez les déments catatoniques qu’elle 
s’est montrée la plus rare. La présence deplateaux,surtout fréquents 
chez les hébéphréniques, montre qu’il existe des crampes chei 
certains de ces malades. Mais il ne paralt pas s'agir là des véritablee 
crampes d’origine exclusivement musculaire, car elles ne sont pas, 
comme il arrive à Pordinaire, rapidement suivies des signes de la 
fatigue. II resterait donc à rechercher la cause prochainede la per- 
sistance des contractions et du retard dans le relàchement. 

Le travail-heure foumi par les catatoniques est notablement 
moins élevé que celui foumi par les déments hébéphréniques et par 
les déments paranoldes. Ces demiers sont généralement ceux qui 
donnent les plus hauts chiffres. 

Enfin, l’influence de la fatigue s’est surtout fait sentir à partirde 
la troisième courbe, dans une méme série d’essais. 

II y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ces ergogrammes; 
mais, dans la crainte d’ètre entralné trop loin, nous croyons sage de 
bomer là, pour le moment du moins, nos remarques. II se dégage de 
ces conclusions provisoires que les Iroubles du mouvement daru la 
démence précoce ne paraissent pas pouooir ètre expliqués par det 
allérations locales et pèriphériques et que, dans tous les cas, puisque 
une formule unique ne peut s’en dégager, ces troubles ne seraient pas 
« musculairement » significatifs. II convient de remarquer, au sur- 
plus, que les ergogrammes sont proportionnellement plus réguliers 


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TROUBLES DU MOUVBMENT 


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dans Ia forme de la démence précoce qui présente le plus grand nom- 
bre de troubles du mouvement. 

m. — Róftoctivité. 

Nous venons de voir que Pétude physiologique’ des muscles 
dans la démence précoce ne nous révèle pas Pexistence, dans cette 
affection, tout au moins dans les conditions ordinaires de la maladie, 
de troubles évidents et systématisés de la fonction musculaire pro- 
prement dite; qu’en un mot les muscles y restent excitables aux 
incitations dont on peut user chez Pétre vivant et queces incitations 
détenninent des effets qui se rapprochent, autant qu’il est possible, 
sinon toujours, du moins souvent, de ceux que l’on observe chec 
les individus normaux; que d’autre part les modalités inhabituelles 
que Pon note dans la fonction musculaire des déments précoces, 
ne semblent pas tenir à des altérations du tissu. 

II convient donc de rechercher ailleurs, en un autre point de ce 
circuit le long duquel se meuvent les influences physico-chimiques 
qui assurent la vie de relation, les raisons de ces manières d’étre 
particulières qui caractérisent le mouvement dans la démence 
prècoce. 

Chez Ies animaux supérieurs et dans les conditions ordinaires de la 
vie, la mise en jeu de la fonction musculaire se produit rarement & 
la suite d’excitations directes. Chez ces étres hautement différenciés 
il existe toujours, entre le muscle et l’excitant, une sèrie de plus ou 
moins nombreux intermédiaires qui font de la contraction du tissu 
un acte constamment indirect; d’autresorganes,eneffet,sontchargés 
de recevoir l’excitation, de la conduire, de la réfléchir et de latrans- 
former en une incitation que, seule, connalt le muscIe.C’estpourquoi 
l’on dit de la contraction musculaire naturelle qu’elle est l’undes 
éléments d’un acte réflexe. 

Aussi, allons-nous rechercher maintenant s’il existe, chez les 
déments précoces, en un point quelconque de ces voies ou de ces 
relais dont nous parlions plus haut, des modifications susceptibles 
de nous donner la clef des troubles observés; si les excitations por- 
tèes en dehors des muscles sont susceptibles de dèterminer des con- 
tractions et si ces contractions réflexes présentent ou non des 
caractères normaux. 

Les recherches faites sur les actes réflexes des déments prècoces 


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sont assez nombreuses et il convient de dire, avant de les exposer 
succinctement, qu’elles n’ont donné, entre les mains des diversan- 
teurs, que des résultats discordants. On a dit, en thèse générale, 
que les réflexes tendineux sont plutót exagérés qu’abolis, que le 
réflexe cutané plantaire est aboli, que les réflexes iumineux 
et accommodateur sont affaiblis. Kraepelin a déjà signalé l’exagé- 
ration, parfois très accentuée, des réflexes tendineux. MM. Sérieux 
et Masselon ont observé une exagération du réflexe patellaire dans 
73 0/0 des cas et du réflexe du poignet dans 70 0/0; une diminution 
ou une abolition du réflexe plantaire dans la proportkm de 50 0/0, 
une abolition des réflexes abdominal 28 fois 0/0 et crémastérien 
47 fois 0/0. 

D’ètudesayant exclusivement porté sur des dèments catatoniques, 
M. Chenais (1) conclut que le réflexe patellaire est constamment 
exagéré et que le réflexe achilléen l’est aussi dans la plupart des cas. 
II a observé que le réflexe cutané du fascia Iata est presque tou- 
jours diminué ou aboli, jamais exagéré, que Ie réflexe de Babinaki 
est le plus souvent dissocié et que les autres réflexes sont normaux. 

Du cótè des yeux, M. Chenais a observè que les malades réagissent 
normalement à la lumière et àl’accommodation,queIe réflexecor- 
néen est normal, et 10 fois sur 19 malades, il a constatè l’existence 
du.réflexe paradoxal à la lumière de Pilez. Dans le méme ordred’idées 
MM. Sérieux et Masselon ont observé des troubles du réflexe lumi- 
neux77 fois0/0,accommodateur78fois0/0.Enfin, M. Mignot donne 
une proportion detroubles du réflexe lumineux de 62 0/0, dont 7 0/0 
d’abobtion et 12 0/0 de troubles du réflexe accommodateur. 

D’après nos recherches le pourcentage de ces troubles nous donne, 
par formes de la maladie : 

Catatonib : Réflexe douloureux 14 0/0, lumineux 57 0/0, accom- 
modateur 14 0/0, cornéen 42 0/0, pharyngien 71 0/0, crémastéríen 
66 0/0, patellaire 71 0/0, plantaire 60 0/0; 

Hébéphrénib : Réflexes douloureux 20 0/0, lumineux 60 0/0, 
accommodateur 0 0/0, comèen 60 0/0, pharyngien 80 0/0, crémas- 
térien 60 0/0, patellaire 40 0/0, plantaire 60 0/0. 

ParanoIdeb : Réflexes douloureux 16 0/0, lumineux 66 0/0, 

(1) L. Chenaig, Rechtrchu aur lea aympUmea phyaiquea de to démenee prieatt 
è jorme eatatonique, thèse de Paris, 1902. 


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accommodateur 0 0/0, cornéen 60 0/0, pharyngien 80 0 /0, crémas- 
térien 100 0/0, patellaire 100 0/0, plantaire 80 0/0. 

Si nous ne tenons plus compte des formes, nous obtenons le 
pourcentage suivant : 

Réflexes douloureux 16 0/0, lumineux 50 0/0, accommodateur 
11 0/0, cornéen 520/0, pharyngien 87 0/0, crémastérien 74 0/0, 
patellaire 70 0/0, plantaire 75 0/0. 

On voit donc la différence qui existe suivant la fagon de compter 
et suivant que l’on s’adresse exclusivement à telle ou telle forme. 
D’autre part, il importe de savoir ce que sont ces troubles, de savoir 
aussi s’il est bien scientifique de méler et de confondre.dans une 
méme statistique, de simples diminutions de réflexes et des abo- 
litions? Nous ne le croyons pas; nous estimons qu’en réalité et, étant 
donné surtout que, dans l’évaluation d’un réflexe, le coefficient 
personnel de l’observateur joue un rflle considérable, il ne faut tenir 
un compte absolu que des variations très marquées, indiscutables 
etqui, véritablement, par leur importance, par leur constance et par 
leur coexistence avec d’autres troubles indéniables du système 
nerveux, peuvent étre retenues, parce qu’elles font partie d’un com- 
plexus symptomatique où elles ont une signification et par consé- 
quent une valeur. 

En réalité, si l’on fait un examen critique rigoureux des anomalies 
dont nous venons de dresser le tableau, on sera obligé de recon- 
naltre que bien peu, parmi elles, doivent étre retenues. 11 faut au 
surplus ne pas oublier et malgré ce qui en a été dit, Kraepelin, le 
père méme de la démence précoce l’a toujours affirmé et nos modestes 
recherches personnelles le confirment (1), que la démence précoce 
survient, presque toujours, chez les individus tarès; or les dégéné- 
rés et les héréditaires présentent toujours des anomalies très 
comparables à celles que nous venons de signaler. 

Notre sentiment est donc que s’il existe bien des troubles des ré- 
flexes dans la démence précoce, ces troubles ont une importance 
minime, ne sont que de simples anomalies semblables à celles que 
Ton observe, dans le méme ordre d’idées, chez les individus tarés. En 
admettant méme qu’elles eussent la valeur qu’on a cherché à leur 
préter, ces anomalies sont trop variables, comme siège, comme 

(1) L. Lagriffe, Recherches sur l’héridité dans les maladies mentalee, ArckiMt 
tanthropologie eriminelle, 1910, p. 490. 


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intensité et comme persistance pour qu’elles puissent contribuer 
à l’explication de troubles fonctionnels qui se présentent avec des 
allures toujours semblables à elles-mémes. 

IV. — RecherchM amr le tempe de réaction. 

Les résultats négatifs fournis par l’étude du travail et de la fa- 
tigue musculaires et par celle des réflexes, nous obligent à recher- 
cher plus haut encore les causes prochaines des troubles de la 
motilité. C’est dans ce but et dans cet esprit que nous avons entre- 
pris quelques recherches sommaires sur le temps de réaction chez 
les déments précoces. 

Cette étude n’a pas pour objectif de mesurer l’attention et, non 
plus, celui d’évaluer la vitesse de Ia transmission nerveuse. Tout en 
nous foumissant, sur ces divers points, des indications précieuses, 
elle se propose simplement de rendre compte du tempsderéactioa 
aux excitations et des conditions de l’irritabilité réflexe. 

Ce sont là des recherches qui ont souvent été tentées et sur les- 
quelles nous possédons, déjà, des documents assez nombreux. 
Bien qu’elles n’aient pas été entreprises dans le mème but, ces 
recherches antérieures sont très importantes pour nous, en ce 
qu’elles foumissent des matériaux très intéressants sur le temps de 
réaction chez les individus normaux. 

En 1875, Vintschgau et HOnigschmied ontindiqué commetemps 
de réaction moyen, chez les individus normaux, après excitations 
tactiles : 0” 1563 —0” 1790 —0” 1299 (1). 

En 1888, M. A. Rémond (de Metz), dans une thése inaugurale qui 
aujourd’hui encore, reste le meilleur guide pour l’étude de ces ques- 
tions (2), employant, lui aussi, des excitations tactiles, donne comme 
temps moyen le chiffre de 0” 1632. 

Pour les excitations auditives, Wundt (3) note les résultats sui- 
vants : Wundt 0” 167 — Hirsch 0” 149 — Hankel 0” 1505 - 
ExnerO” 136. 

(1) Cité par Vaschide et Meunier, La pathologie de f attenlion. Paris, Bloud, 
1908. 

(2) A. Rémond, Contribulion ù ttíude de la oiletse des couranU nerveux et 4* 
la durie des actes psyehiques les plus simples d Citat normal el á Cilat patMs- 
gique. Thèse de Nancy, 1888. 

(3) Wundt, Eliments de psychologie physiologique, traduit par le D' Elie 
Rouvier. Paris, Alcan, 1886. 


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Obersteiner, cité par Vaschide et R. Meunier (1), a conclu de 
ses recherches sur le temps de réaction, à un ralentissement général 
de toutes les fonctions mentales dans la période <T affaiblissemeni 
psychique qui précède l’imbécillité (?). 

Buccola, en 1885, a noté chez les déments un allongement consi- 
dérable du temps de réaction. Cet allongement du temps de réaction, 
caractéristique de ce qu’il appelle l’atrophie de l’attention, a été 
signalé aussi par Riboten 1889, dans les troubles hystériques et la 
psychasthénie. 

M. Rémond a remarqué que le temps de réaction subit, chez les 
persécutés et les hallucinés, un allongement constant déjà noté 
par Vintschgau, Obersteiner et Buccola et il attribue cet allonge- 
ment & la distraction causée par le délire. 

Enfin, M. A. Marie a lui aussi observé un allongement considé- 
rable du temps de réaction chez les déments. 

Tous ces résultats sont assez peu comparables entre eux, en 
raison de la différence du matériel employé par les différents au- 
teurs et de l’excitant choisi. 

Le procédé que nous avons adopté pour nos recherches est ana- 
logue à celui qui servit autrefois à Patrizzi et qui, plus récemment 
a été utilisé par M. Pierre Janet. Les temps de réaction ne sont pas 
lus sur un chronomètre de Hipp ou de d’ArsonvaI,mais ils sont ins- 
critssur le tambour enregistreur de Marey à l’aide d’un signal élec- 
trique. L’excitant employé a été le son d’un timbre; mais, à la diffé- 
rence de M. Janet nous n’avons pas cru devoir nous servir d’un 
signal automatique; pour éviter l’automatisme et la stéréotypie 
des réactions, nous avons adopté, malgré ses inconvénients, le 
signal à main. Enfin, nous avons tenu compte de tous les temps 
obtenus et nous n’avons pas, comme la plupart des auteurs, cru 
devoir négliger les premiers, de manière à obtenir une accoutumance. 
Nous nous sommes contenté, avant chaque essai, d’expliquer au ma- 
lade, par une démonstration, ce que nous désirions obtenir de lui. 

Nous avons fait, tout d’abord, un certain nombre d’essais chez 
des individus normaux, de manière à posséder un point de compa- 
raison établi sur des recherches faites dans les mémes conditions 
que celles que nous nous proposions d’entreprendre. 

(1) Vaschide et Meunier, loc. cil. 


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Descriplion sommaire du matériel employé et de la lechniqae 
suioie. — Dans le circuit électríque foumi par un élément Leclanché 
ont été intercalés : un électro-aimant (signal électríque) agissant 
sur une plume de fer doux qui se déplace sur le cylindre enregistreur 
de Marey et un timbre à son clair sur lequel frappe un marteau à 
main. Le courant aboutit d’un cdté au timbre et de l’autre cOté au 
marteau. Chaque fois que le marteau frappe sur le timbre, le cou- 
rant passe, la plume de fer doux est attirée et se déplace sur le tam- 
bour enregistreur. Sur un point de leur parcours, chacun des fíls « 
conduisant le courant au timbre et au marteau est dédoublé de 
manière à amener le courant dans une presselle semblable à celle 
en usage dansle dispositif du chronomètre électriqueded’Arsonval. 
Toutes les fois que le sujet en expéríence serre la presselle, le cou- 
rant passe, le morceau de fer doux est attiré et traduit son dépla- 
cement par une inscríption sur le tambour de Marey. L’inscríption 
faite au moment de Ia chute du marteau ne saurait ètre confondue 
avec celle déterminée par la compression de la presselle, car la pre- 
mière est constituée par un simple trait ou par un angle très aigu, 
tandis que la deuxième l’estpar un angle très ouvert ou.plus sou- 
vent encore, par une petite courbe à plateau; sauf dans les cas de 
temps de réaction très retardé, il est préférable, de donner au cylin- 
dre enregistreur une vitesse assez considérable, celle qui correspond 
au déplacement angulaire de un tour en 9 secondes étant préféra- 
ble. 

Le tambour enregistreur toumant à une vitesse calculéeau métro- 
nome, il est facile de calculer son déplacement en millimètres à la 
seconde; il suffit ensuite de mesurer ladistance qui sépare l’excitation 
de la réaction et de diviser Ie chiffre obtenu par celui qui représente 
le déplacement du cylindre dans une seconde, pour connaltre faci- 
lement et rapidement le temps de réaction. 

Les recherches faites sur les individus normaux nous ont donné 
des temps de réaction très bas, des temps de réaction très élevés et 
des temps de réaction moyens. Les moyennes effectuées pour chaque 
individu nous ont donné comme chiffre le plus éIevéO”231,comme 
chiffre le plus bas 0”0764 et comme chiffre moyen 0” 16195. Un 
certain nombre de particularités doivent étre mentionnées : le pre- 
mier temps obtenu est toujours assez long et, fort souvent, il est 
le plus long de ceux obtenus au cours du méme essai; on observe 


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ensuite une sorte d’altemance, plus ou moins régulière, de temps 
plus courts et de temps plus longs. Cette méme altemance se remar- 
que aussi, mais moins régulière, dans la succession des moyennes 
chez le méme individu. Nous avons enfin observé, chez les individus 
qui donnent les temps de réaction les plus bas, un raccourcissement 
progressif des temps de réaction moyens jusqu’à i’établissement 
d’une moyenne qui paralt ne plus pouvoir étre dépassée, dans le 
sens du raccourcissement. 

i Nous basant sur les moyennes les plus fortes obtenues, nous consi- 
dérons comme dépassant la normale les chiffres supérieurs à 0” 231. 

Nos recherches sont évidemment trop peu nombreuses pour que, 
nou8 appuyant sur eiles, nous soyons autorisé à porter un juge- 
ment ferme. Cependant, si restreintes soient-elles, eiles n’en conser- 
vent pas moins une valeur relative, et, à moins que nous ne soyons 
tombè sur des cas absolument anormaux, ce qui ne paralt pas vrai- 
semblable, nous sommes en droit de faire un peu état de ce qu’il 
nous a été permis d’observer. 

Or, les temps de réaction ont été, chez nos déments précoces, 
constamment supérieurs à la moyenne la pius haute observée chez , 
les individus normaux; ces temps de réaction sont pius allongés chez 
les déments hèbéphréniques que chez les déments catatoniques etplus 
allongés chez ces demiers que chez les déments paranoides. Les di- 
verses particularités dans la succession des temps, signalées chez les 
normaux,se retrouvent encore ici, quoique avec une netteté moins 
grande. Le trop petit nombre de femmes examinées ne nous permet 
pas de tenir compte de ce fait que, chez elles, l’ailongement a été 
moins considérable que chez les hommes. 

II semble qu’il existe, chez les déments précoces, un retard. En 
l’absence d’altérations organiques des organes sensoriels et, dans 
i’espèce envisagée ici, de l’ouíe, ce retard provient soit d’un retard 
de transmission entre le relais perception et le reiais aperception, 
soit d’une altération de ce demier relais, soit enfin d’un retard entre 
les deux reiais aperception et réaction. Les modifications dans la 
transmission ne pourraient s’expliquer que par des altérations des 
filets nerveux qui sont préposés à la conduction des impressions 
périphériques et des ordres centraux. Or, de telles aitérations n’ont 
pas été rencontrées dans la démence précoce. II convient donc de 
rechercher maintenant si des altérations ont été observées au niveau 


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REVUE DE P8YCHIATRIE 


du deuxième relaia, c’eat-à-dire au niveau du neurone. C’est ce qui 
va faire l’objet du prochain paragraphe. 

V. Anatomie pat hologique du cerveau 
dans la démence précoce. 

L’obaesaion qui nous poursuit de la démence précoce pendant 
de la paralysie générale a déterminé un gros effort dans le sens 
de l’ànatomie pathologique de cette affection. Malheureusement, 
l’étude de ce chapitre de la maladie de Kraepelin ne saurait étre 
abordée qu’avec beaucoup de réserves. La démence précoce, en 
effet, est une affection qui présente fort souvent des améliorations 
au moins très voisines de la guérison et si, au moment où le malade 
sort de la maison de santé, nous sommes parfois certains que sa 
guérison n’est pas encore complète et qu’il n’est qu’amèliorè, nous 
ne savons pas, dans la plupart des cas, ce qu’il adviendra par la 
suite; s’il restera toujours simplement amélioré, s’il ne viendra pas 
un jour où il sera complètement guéri et où Pon pourra affirmer qu’il 
n’a pas été atteint de démence précoce; nous ne savons pas, non plus 
s’il ne sera pas ultérieuement interné ailleurs. D'un autre cfité, 
à l’égard des malades dont l’internement est définitif et qui meurent 
après vingt ou quarante ans d’asile et quelquefóis plus, il est difi- 
cile, au moment de l’autopsie, de dire quelles sont, parmi Ies lésions 
macroscopiques ou microscopiques rencontrées, celles qui peuvent 
sans causes d’erreur, et avec certitude, étre mises sur le compte de 
la démence précoce elle-mème; étre séparées de celles qui sont causées 
par les progrès de l’Sge, par l’affection intercurrente qui a causé la 
mort et qui, si minime soit-elle, est toujours capable de produire 
des déterminations sur un cerveau aussi prédisposé que celui d’un 
dément précoce, ne serait-ce que par le fait de la maladie elle-méme, 
8Ì Pon fait abstraction de tout ce qui peut avoir trait à la prédispo- 
sition héréditaire primitive de ces malades. D’autre part enfin, 
fréquents sont les cas dans lesquels la mort survient dans les 
tout premiers temps de la maladie et où, après avoir faitle diagnostic 
de démence précoce, on s’aperqoit à l’autopsie que le syndrome 
observé était symptomatique d’unemaladienettementcaractérisée, 
qu’en réalité on a commis une erreur de diagnostic; cette erreur est 
fréquente au cours de la méningite tuberculeuse chez les adolescents. 


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TROUBLBS DU MOUV’EMBNT 


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M. Chantemesse a signalé, il y a bien longtemps, ces formes 
anormales de la méningite; depuis, de nombreux cas en ont été 
signalés et, parmi ceux-ci, je me contenterai de citer, parce que les 
plus récents, ceux qui ont été publiés par M. Walh (1). 

On a ébauché une sorte d’historique de ce chapitre et l’on a 
trouvé dans Parchappe des indications qui ont peut-étre seulement 
le défaut de ne pas s’appliquer, d’une manière très évidente, à la 
démence précoce telle que nous la connaissons aujourd’hui. II n’est 
pas toujours très facile, en s’aidant d’observations par trop an- 
ciennes, de faire des diagnostics rètrospectifs. 

Parchappe a remarqué que, dans la démence précoce, les lobes 
antérieurs sont plus étroits, plus courts, plus pointus, que les circon- 
volutions sont amincies, que les sillons ont une tendance à s’effacer. 
II a observé, enfin, que cette atrophie intéresse beaucoup plus la 
substance grise que la substance blanche. 

Marcé, le premier, a dècrit des lésions histologiques : atrophie et 
déformation des tubes nerveux, destruction et dègénérescence 
graisseuse des cellules nerveuses dont les connexions sont rompues. 

Plus près de nous, Kahlbaum, en 1874, a décrit dans la catatonie 
au début, une hyperplasie, suivie ensuite d’une atrophie du cerveau. 
L’arachnolde est opaque, surtout au niveau de la base et I’exsudat 
arachnoldien est également prédominant au niveau de la fosse 
sylvienne, ainsi qu’au niveau des deuxième et troisième frontales. 

Alzheimer a observé,dans des cas aigus de catatonie, des altéra- 
tions des cellules de l’écorce, surtout au niveaudescouchesprofondes: 
tuméfaction notable des noyaux, plissement de la membrane nu- 
cléaire, rétraction dégénérative du corps cellulaire et néoformation 
des fibrilles névrogliques qui entourent les cellules. 

Hecker a pu faire l’autopsie d’un hèbéphrénique chez qui il a 
observé une pachyméningite localisée aux lobes frontaux, avec 
injection de la pie-mère : au dessous, le cerveau était pauvre en cir- 
convolutions, la substance corticale était hyperhémiée et les ventri- 
cules ètaient dilatés. La pachyméningite était moins intense au 
niveau de la moelle. 

Nissl, dans des cas à évolution chronique, a noté des modifications 

(1) Wahl : A propos de cas rares et anormaux dc méningite tuberculeuse 
Soeiài mtdicale de CYonnc, 2 février 1911. 

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profondes des cellules avec destruction du noyau. Mais il n’a pas 
observé d’atrophie de l’écorce. Les couches profondes renferment 
des cellules névrogIiques,nombreuses et grandes,en voiederégresaion. 
De gros noyaux névrogliques entourent les cellules malades de 
l’écorce et certains les envahissent. 

La contribution la plus importante qui ait été apportée jusqu’iei 
à l’étude histologique du cerveau dans la démence précoce, est ceUe 
de M. Klippel (1). II distingue dans Ia démence précoce des lésione 
préalables d’ordre congénital et celles-ci ne nous occupent pas, 
des Iésions immédiates, et des lésions consécutives, ces demiirtt 
banales. 

Les lésions immédiates, les seules importantes en I’occurrence, sont 
principalement localisées sur les centres d’association et particuKè- 
rement sur les neurones. II s’agit d’une atrophie du neurone avee 
abrasion de ses prolongements et évolution granulo-pigmentaire de 
sa substance protoplasmique. En somme, les caractères histologi- 
ques de la démence précoce sont les mémes que ceux de la démence 
vésanique. 

Des observations éparses publiées jusqu'ici on peut retenir 
les suivantes : M. Matschenko (2) a noté une diminution du nornbie 
des cellules qui présentent une dégénérence pigmentée et graisseose 
avec désagrégation des fibres d’association, ces lésions étant aw- 
tout marquées dans les lobes frontaux. Cet auteur a constaté des 
altérations vasculaires qu’il considère comme primitives. 

M. W. Rush Dunton (3), chez un catatonique mort de tuberco- 
lose deux ans et demi après le début de la maladie, a observé : dans 
les grandes cellules des circonvolutions frontales, une pigmentatkm 
commengante, de la chromatolyse centrale, de la dégénérescence 
anguleuse avec chromatolyse en amas & la périphérie; prolongemenU 
courts et fracturés, altérations nucléaires. Dunton signale aussi 
des altérations de la névroglie. 

Dans un deuxième cas (4), l’auteur a observé les mémes altérations 

(1) Klippel et Lhermitte, Démence précoce, Anatomie patbologique et pailio- 
génie. Revue de psychiatrie, février 1904. 

(2) Matschenko, Revue neurologique, 1900, p. 76. 

(3) W. Rush Dunton, Report of a case of dementia praecox with' autopsy, 
Ameriean joum. of insaniig, 1903. Anal. in Annales médico-psyeh., 1903, tome 11, 
p. 312. 

(4) Rush Dunton, loc. cit., Annales médico-psych., 1905, tome I, p. 331. 


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TROUBLES DU MOUVEMENT 


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auxqueUes s’ajoute une fréquente torsion des cellules pyramidales 
sur leur axe. 

Les constatations faites par MM. Legrain et Vigouroux (1), 
chez un dément catatonique, dégénéré, mort de tuberculose & 
23 ans, sont, pour ainsi dire, négatives. 

M. Agostini (2), chez quatre déments hébéphréno-catatoniques, 
a observé des altérations au niveau des circonvolutions frontales, 
de la zone rolandique, des circonvolutions temporales et, cela, 
surtout dans l’hémisphère gauche: vacuolisation, atrophie, désinté- 
gration et disparítion des cellules, agglutination du réticulum neuro- 
fibríllaire, diminution des fìbres d’association. 

Nous ne parlons pas des observations publiées de malades autop- 
siés 15 et 20 ans après le dóbut de leur maladie et où, au contraire 
de ce qui a été fait par M. Klippel, le départ n’a pas été établi entre 
les différentes lésions rencontrées. 

II est incontestable que les diverses constatations faites ne concor- 
dent nullement les unes avec les autres. Certes, les altérations cellu- 
laires signalées sont toutes semblablesjnous avonsmontré.autrefois, 
que la cellule nerveuse n’a pas plusieurs fa^ons de réagir. Le tout 
serait de savoir si ces altérations qui, partout, ont été signalées, 
sont primitives ou secondaires, non paspar rapportà des altérations 
vasculaires, mais à des altérations subies par les prolongements. 
II importe, en effet, de remarquer que ces altérations des prolongo- 
ments sont celles qui sont le plus fréquemment signalées et par tous 
les auteurs : c’est la seule notion qui soit de consentement universel. 
A còté de cela, il convientde noterque, sauf quelques exceptions, les 
iĹsions sont ordinairement localisées sur les lobes frontaux. Les loca- 
lisations cérébrales ont perdu, depuis très longtemps, l’importance 
capitale qu’on leur attríbuait autrefois; mais l’existenced’unezone 
sensitivo-motríce nettement dtfinie n’en reste pas moins un fait 
acquis dans la physiologie cérèbrale. II s’ensuit donc que la localisa- 
tion des altérations histologiques de la démence précoce au niveau 
des lobes frontaux, met hors de cause la région des centres supé- 
rieurs qui pourrait caractèriser les troubles moteurs; dans ces 

(1) Legrain et Vigouroux, Sociili midlco-psychologique, 20 octobre 1906. 
Annalu midieo-psych., 1906, L I, p. 97. 

(2) Agostini, Sur l’anatomie pathologique des centres nerveux dans la démenco 
primiUve. Annali dcl manicomio provincialt di Perugia, 1907, fasc. 1 et II. 


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conditions nous pouvons dire, en confrontant les résultats consignés 
dans ce chapitre avec ceux que nous avons exposés dans Ies précé- 
dentes parties de ce travail, que les troubles moteurs de la démence 
précoce n’ont pas une origine directement organique. 


V. — Condusiona. 

1° Les phénomènes moteurs ne peuvent, dans ce complexus 
auquel on donne le nom de démence précoce, caractéríser nette- 
ment que la forme dite catatonique; celle-ci, en dehors de toute 
question doctrínale, est la seule qui, au point de vue de la motri* 
cité, semblerait avoir une existence bien autonome. Mais la réa- 
lité de cette autonomie est très ébranlée par le fait que ces phè- 
nomènes moteurs constituent un ensemble se retrouvant au cours 
de syndromes mentaux qui ne sont pas de la démence prècoce : 
ces syndromes mentaux sont les états confusionnels, que ces étafa 
confusionnels apparaissent dans I’enfance, dans I’adolescence, 
dans l’fige múr ou dans la vieillesse; qu’ils reconnaissent pour 
cause une intoxication, une infection (intoxination), des altèratioos 
cèrébrales disséminées dues & un traumatisme, & la sénilitè ou 4 
toute autre cause. 

2° Les troubles du mouvement que l’on observe au cours de la 
démence hèbèphrènique et de la démence paranolde participent, 
eux aussi, d'états divers, formes d’excitation en général, dèmences 
vésaniques et, ici aussi, états de confusion. 

3° Ges phènoménes moteurs ne semblent pas, comme l’a dit Krae- 
pelin des phénomènes cliniques généraux de la démence précoce, 
pouvoir étre mis directement sur le compte de lésions profondes 
des èlèments cellulaires de l’écorce cérébrale, en ce sens que les 
lèsions observées laissent & la fonction musculaire toute sa poten- 
tialité et lui permettent de redevenir, suivant les circonstances, 
ègale à ce qu’eile était autrefois. 

4° Ces troubles présentent donc les caractères de ceux auxqueb 
on donne, pour la commodité de l’étude, le nom de troubles fonc- 
tionnels. II faudrait, pour que nous puissions nous prononcer d’une 
fajon formelle sur leur nature, que nous ayons des certitudes sur 
l’orígine du mouvement volontaire. 

« L’orígine du mouvement volontaire » dit Mosso « a toujours 


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TROUBLES DU MOUVEMENT 


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été le príncipal écueil de la physiologie, et raalheureusement, c’est 
nn problème si important que tous doivent s’en occuper et spéciale- 
ment les philosophes »; mais, malgré cet appel déjà ancien, cette 
orígine n’est pas encore élucidée et, de ce còté-là, nous ne sommes 
pas plus avancés que les physiologistes ne le furent, après qu’au 
xvn* siècle Alphonse Borelli efit publié ses demiers travaux. 

Pourtant, le mécanisme d’une fonction ne tient pas exclusive- 
ment dans ses orígines et notre curiosité peut s’exercer avec fruit 
aur son développement et sur ses conditions mécaniques. Les travaux 
de Plechsig sur les centres d’association, qui ont eu pour heureux 
effet de modérer, dans ce qu’elle avait d’excessif, la doctríne des 
localisations cérébrales, nous ont ouvert, de ce còté-là, un champ 
qu’il n’est jamais sans profit d’explorer. Les recherches histologi- 
ques faites dans la démence précoce en sont une preuve évidente : 
toutes, ou du moins la plupart, et, dans tous les cas, celles qui ont 
été le plus patiemment suivies.on abouti à un résultatquicorrobore 
des inductions anciennes : les lésions observéés sont presque exclu- 
sivement cantonnées dans le grand centre d’association frontal 
ou antérieur, elles intéressent les corps des neurones et, surtout, 
leurs prolongements. Ce n’est donc plus seulement une hypothèse 
que de considérer les manifestations cliniques du syndrome dans 
lequel on observe de telles altérations, comme I’expression de trou- 
bles de l’association. 

Dans la démence précoce, en effet, plus qu’ailleurs, le cerveau 
apparalt véritablement comme ayant perdu ces qualités qui font 
de lui le grand harmonisaleur de Blainville. Mais, qui dit harmonisa- 
tion dit par cela méme régulation; or, la régulation cérébrale tient 
toute entière dans l’inhibition. II semble bien que, dans la démence 
précoce, cette inhibition soit en défaut. Les altérations d’au moins 
un centre d’association et du plus important, peut-étre, ne peuvent 
avoir pour résultat que d’appauvrir le champ de la conscience; 
de telle sorte que les rares représentations capables d’y surgir, ne 
rencontrant phis devant elles des représentations antagonistes pré- 
existantes ou par elles provoquées stationnent Iongtemps et détermi- 
nent ce queM. Ettore Patini (1) a appelé la persévération des fonc- 
tions psycho-physiques. Aussi, en l’absence d’unmotif contrastant, 

(1) E. Patini i ìoe. eit. 


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le procesaua inhibiteur ne peut agir et toute régulation dńpanlt 
Mais, le trouble de l’inhibition ne se résume pas aeulement dam 
cetteabsenced’évocation d’un autre motif; il tientencoreà l’impos- 
sibilité probable où se trouve le dément précoce d’évoquer ou de 
retenir plusieurs motifs à la fois dans le cbamp de sa conscienct; 
aussi s’il advient quelquefois qu’une idée évoque dans ce champ 
l’idée antagoniste, cette demière devient prédominante et le aéga- 
tivisme se produit. 

Ainsi, les troubles moteurs de la démence précoce apparaiíaent, 
non pas comme des troubles de la fonction motrice, mais bien plu- 
tót comme des troubles de l’expression motrice : les muscles répon- 
dent normalement à desincitations dont lesconditionssont faussées, 
parce que les excitations ne déterminent plus, dans les centres 
d’association, les réflexes dont les incitations doivent étre la résul- 
tante ou ne provoquent ces réflexes qu’en nombre insuffisant. 
Dans la démence précoce, la ríchesse cérébrale peut persister, maù 
elle demeure & peu près latente et ne parvient à s’actualiser que 
d’une fagon extrémement précaire : la réflectivité cérébrale est 
troublée. 

C’est assurément dans ce sens, voies d’association et réflexea 
cérébraux, qu’avec Freud et M. N. Hostyleff (2) nous croyons qu’il 
convient d’oríenter l’étude des phénomènes Ies plus divers de la 
dèmence précoce. 

(2) N. Kostyleff, NouvelleB recherchee sur lemócanismecérébral de It peniée. 
Mercure dt France, 16 mara 1913, p. 284. 


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GUKRISON RAPIDE DE PSYCHOSES AIGUÉS 

SOUS L’INFLUENCE 

D’INJECTIONS SOUS-CUTANÉES D’OXYGÈNE 

'Par 

les D r * Touloubb et Puillet 
médecin en cbef Interae 

de Vatilc de Villejuif. 


Nous avons entrepris des recherches sur le traitement des états 
psychopathiques par l’oxygène en injections sous-cutanées ou en 
lavement. Nous donnons ici le texte de notre première communi- 
cation sur les psychoses aiguès faite & la Société Médicale des Hfipi- 
taux (1), et que nous compléterons par des publications ultérieures. 
Nous apporterons, avec la relation de nouveauxcas traités, queiques 
indications pour préciser la technique instrumentale, fixer les doses 
et la durée du traitement selon les cas, employer concurremment des 
adjuvants (le régime sans sel avec bromure, opothérapie glandulaire 
et viscérale, sucre ,etc.) et nous montrerons la possibilité d’étendre 
cette thérapeutique à des états psychopathiques anciens. 

L’oxygène parait ètre un puissant modificateur de l’état de moindre 
fonctionnement qu’on peut appeler provisoirement l’épuisement ner- 
veux et qui, compliqué ou non d’intoxications apparentes, condi- 
tionne à des degrés différents les psychopathies, de la neurasthénie 
simple à la manie. Mème s’il ne faisait qu’apporter une rémission dans 
le cours d’une psychose aiguè, il exercerait une action tout à fait nou- 
velle. Car nous ne disposons actuellement d’aucun moyen de sus- 
pendre par l’effet de notre intervention un accès de confusion ou de 
manie, surtout de e suspendre au point que l’individu puisse avoir 
toutes les apparences de la guérison et sorte de l’asile. L’hypothèse 
d’une colncidence entre les modifications mentales et l’intervention 
thérapeutique ne peut ètre retenue quand les cas se multiplient et 
— mème dans les cas isolés — lorsque l’amélioration survient peu 
après l’administration de l’oxygène, ou encore si les troubles mentaux 
sont de ceux dont l’évolution habituelle se juge par mois ou bien s’ils 
existent depuis plusieurs semestres sans avoir présenté de tendance 
marquée vers l’amélioration. Quant à l’hypothèse d’une action de 
suggestion, elle ne se pose pas chez des malades incohérents. 

(1) Communlcation à la Société Médicale des Hfipitaux, 24 juillet 1913. 


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L’oxygène ne change pas la valeur du cerveau qui reprend 1’éUt 
antérieur et reste — s’il l’était auparavant — fragile aux causes p»y- 
chopathiques. Si le sujet s’expose aux mSmes conditions — dont la 
plus importante estla fatiguephysiqueetmentale—il pourraà nouveao 
présenter des troubles mentaux, qui sont d’ailleurs curables de la 
mème manière, comme nous avons pu l’observer. De mème l’alcoo- 
lique qui guérit spontanément par l’abstinence délire à nouveau ion- 
qu’il boit à nouveau, car son cerveau demeure sensibie au poisoti. II 
en est ainsi pour tous les organes fragiles, — rein, coeur ou foie — que 
la thérapeutique consiste à remettre dans l’état antérieur à unecriw. 

Comment agit l’oxygène dans ces cas? Est-ce en apportant uneati- 
mutation énergique aux opérations de nutrition des tissus etnoUm- 
ment du tissu nerveux? Est-ce en favorisant la destruction des pro- 
duits toxiques introduits du dehors ou venus du dedans, — peut-ètre 
par suite d’un fléchissement de certaines fonctions glandulairesT 

Quoi qu’il en soit, cette action doit retenir l’attention des aliéniates. 
et provoquer des recherches nouvelles dans une voie si encourageante. 
11 faut surtout déterminer les cas où l’oxygène peut agir. L’itude 
détaillée des malades, de leurs réactions humorales, des óchangea 
gazeux et liquides, peut fournir l’explication dela différence d’action 
de l’oxygènejet cette analyse biologique dcs cas heureuxnous livrerait 
du mème coup le processus physique qui conditionne tes psychoaes. 

Ce qui est sùr, c’est qu’il faut tàtonner et persévérer. II nous est 
arrivé d’abandonner des malades après un essai insuffisant, de lea 
reprendre et de faire disparaltre les troubles menlaux. 


Nous avons traité des états psychopathiques aigus par l’oxygène. 
Nous sòmmes partis de cette idée que beaucoup de psychoses étaient 
conditionnées par des troubles de la nutrition en rapport avec 
du surmenage et des intoxications, et où les phénomènes d’oxyda- 
tion étaient vraisemblablement ralentis ou perturbés. 

Nous avons d’abord essayéde donnerl’oxygène en lavement(l). 
Mais les malades ne gardaient pas l’oxygène dans leur rectum, etles 
effets semblaient bien moins puissants qu’avec les injections sous- 
cutanés. Nous avons alors eu recours aux injections sous-cutanées, 
et nous avons employé, en le modifiant, l’appareil que M. Martinet 
a décrit (2) et que cet auteur avec M. Heckel (3) ont utilisé dans le 
traitement de malades hyposphyxiques, urémiques, etc. 

(1) [Nous avons repris les lavemenls.] 

(2) Bull. de Thérap., 25 avril 1913. 

(3) Pruae Médieate, 26 mars 1913. 


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Cet appareil se compose d’un systéme de deux flacons communi- 
cants, pleins à moitié d’eau avec trois tubulures munies de robinets 
et une poire soufflante. On remplit d’eau le flacon en rapport avec 
le réservoir d’oxygène, puis on fait p^pser l’eau dans l’autre flacon, 
pour remplacer dans le premier, l’eau par l’oxygène. En envoyant 
ensuite de l’air dans le flacon plein d’eau on refoule le liquide dans 
le premier flacon empli d’oxygène; et ce gaz peut ètre alors injecté 
par le moyen d’un tuyau de caoutchouc et d’une aiguille hypoder- 
mique. On peut graduer la vitesse avec laquelle I’écoulement se 
fait. “■ 

Dans l’appareil décrit par les auteurs, il existe un obus qui foumit 
foxygène. II nous a paru qu’il était plus commode de remplacer 
l’obus par le ballon d’oxygène employé couramment. 

Le flacon recevant I’oxygène ayant un volume connu, on peut 
déterminer le volume d’oxygène détendu introduit dans le flacon. 

L’oxygène, par son passage à travers l’eau, est lavé; et en fait 
nous n’avons jamais eu Ie moindre accident septique pour un nombre 
d’injections qui dépasse 100. 

Voici comment nous procédons. Nous faisons des injections à Ia 
face exteme de la cuisse, mettant environ dix à quinze minutes 
pour une injection de 500 centimètres cubes. Nous employons natu- 
rellement les précautions antiseptiques courantes (nettoyage de la 
peau à l’étber). 

Les doses habituelles ont été de 120 à 150 centimètres cubes 
pour la première injection, de 200 à 250 centimètres cubes pour les 
deuxièmes et de 500 centimètres cubes pour les suivantes. 

Une fois la dose de 500 centimètres cubes atteinte, nous avons par- 
fois espacè les injections qui, au lieu d’étre quotidiennes, étaient 
faites tous les deux jours. En procèdant graduelleraent, on prépare 
ainsi la région à recevoir les doses croissantes d’oxygène. 

La douleur est faible et disparalt rapidement 

Immédiatement après I’injection, la peau présente une coloration 
rouge très accentuée, les veines sous-cutanées sont trés apparentes. 
II se développe un emphysème sous-cutané, qui s’étend parfois à 
toute la face exteme de la cuisse et qui disparalt lentement, géné- 
ralement de six à douze heures. II est bon de ne faire une injection 
que tous les deux jours, opérant un jour sur la cuisse droite et le 
lendemain sur la cuisse gauche. 


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Nous n’avons pas observé d’autres réactíons locales : anesthéaie, 
névralgies, cedóme; et nous n’avons jamais remarqué de lymphan- 
gite. 

Les réactíons générales ne sont pas apparentes du c6té de U 
circulation, de la respiratíon ni de la température. 

Nous n’avons pas méthodiquement étudié I’action de l’oxygène 
sur les échanges de la respiration ni sur les excrétíons urinaires, 
nous proposant de le faire ultérieurement. 

Nous pouvons dire que le poids des malades avait une tendance & 
augmenter., 

L’appétit était augmenté notablement et rapidement, et les fonc- 
tions digestives s’effectuaient normalement, sans diarrhée ni consti- 
patíon. 

Les réactíons du cdté des fonctions nerveuses et mentales étaient 
plus accusées après l’injection. Les malades éprouvaient une sensa- 
tion de calme, de repos, légère après les premières injectíons, qni 
s’accentuait peu & peu au cours du traitement. 

Le sommeil était plus profond. 

Mais ce qui était remarquable, c’était l’effet sur l’excitatíon et 
la lucidité des malades agitées et confuses. Quand l'effet était favo- 
rable, il était précoce. Le jour mème, il y avait une tendance vers 
le calme et le retour & la lucidité. Le lendemain, cette tendance 
s’accentuait, et, en quelques jours, survenait un changement com- 
plet, méme une disparítion des troubles mentaux. Cette rapidité 
d’actíon dans les maladies dont I’évolutíon est généralement longue 
ctait caractérístique et nous a convaincus que l’oxygènatíon était 
bien la cause des changements. 

Les malades, améliorées et guéríes, racontaient, après conp, 
leurs impressions. L’une d’elles, par exemple, disait : « Dès Ies pre- 
mières piqfìres, je me suis sentie plus calme, je dormais mieux, je 
faisais plus attention & ce que l’on me disait. Je pouvais suiort 
davanlage mes idées. » Cette malade précisait en mème temps, lea 
indications de ce traitement, qui paralt devoir s’adresser de préfé- 
rence aux sujets dont toute la maladie consiste dans un dèsordre de 
ce que nous avons appelé, avec Mignard, Vautoconduction, et qui 
est proprement la perte du pouvoir de direction des idées et des actes, 
livrès au pur automatisme. Dans ces états, au début tout au moins, 
il ne semble pas qu’il y ait des désordres ana’omiques importants, 


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GUÉRISON RAPIDB DE PSYCHOSBS AIOUES 


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poìsque la guéríson spontanée survient assez vite et paralt complète, 
laisaant, comme toutes les maladies viscérales, les sujets plus vul- 
nérables aux mémes causes morbides qui les ont une fois touchés, 
ce qui est un fait général et non spécial & la pathologie mentale, 
comme on le crolt communément. 

Ces états comprennent, d'ailleurs, une part des psychoses aigués 
appelées manie, confusion mentale, psychose maniaque dépressive. 
Ils paraissent provoqués habituellement par le surmenage physique 
etintellectuelet par Ies infections (notamment la puerpéralité chez 
Ia femme) s’exerijant sur des cerveaux fragiles. 

Voici deux cas démonstratifs : 

Obs. I. — H... (Marguerite), vingt-huit ans. 

Pas d’antécédents morbides importants & signaler. Une grossesse 
ii y a quatre ans. Deuxième grossesse, terminée en janvier 1913. 
Marguerite á nourri son enfant, s’est fatiguée beaucoup dans son 
ménage et a eu des contrariétés graves pour des affaires de faraille. 
Ces trois causes réunies ont provoqué des troubles mentaux, qui ont 
commencé dans les premiers jours de mai 1913. Elle se livra & des pro- 
pos incohérents et des gestes extravagants, se promenant sur le toit 
de sa maison et paraissant vouloir se suicider. C’est dans ces conditions 
qu’elle fut internée le 18 mai 1913. 

A son arrivée dans le service, à Villejuif, elle était dans un état de 
dépression marquée, avec mutisme presque complet. Elle paraissait 
très confuse, désorientée, faisant effort pour répondre par signes aux 
questions les plus simples. Elle dormait mal et semblait avoir des cau- 
chemars. II fallait la faire manger. Au point de vue physique, un peu 
de température, à son arrivée, qui n’a pas persisté. Les seins sécrétaient 
quelques gouttes de lait et il n’y avait rien d’apparent du còté des 
organes génitaux. Pas d’agitation. 

Cet état se maintint sans changement appréciable jusqu’au 6 juin, 
c’est-à-dire pendant 19 jours. Ce jour-là, on commence le traitement 
par l’oxygène. Et on lui donne un lavement d’oxygène de 200 centi- 
mètres cubes environ. Comme le gaz ne paraissait pas gardé par le 
rectum, on remplace, le 10 juin, le lavement d’oxygène par des injec- 
tions sous-cutanées de 250 centimètres cubes, puis 500 centimètres 
cubes, qu’on répète tous les deux jours jusqu’au 28 juin. 

Le lendemain, 11 /uin, la malade fait son lit, demande à se coiffer, 
répond assez correctement aux questions, à voix basse. Le 12 juin, 
elle mange seule et commence à s’intére9ser à ce qui se passe autour 
d’elle. 

Le 14 juin, elle regoit la visite de son mari, lui cause longuement 


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REVUE DE PSYCH1ATRIE 


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et lui demande des nouvelles de ses parents. Elle lit les joumaux et 
demande sa sortie. Le 16, elle travaille à la couture. Le 18, elle deman- 
de à aller à une fète donnée dans l’asile. 

Les troubles mentaux disparurent complètement. Et la malade re- 
vint vers le 25 juin à l’état normal. Elle se souvient de sa maladie 
et de ses tentatives de suicide et aussi qu’on l’a emmenée à l’asile. 
Elle se souvient moins bien de ses cauchemars (elle voyait des soldats 
qui la poursuivaient et croyait qu’on voulait lui faire du mal). Elle ne 
pouvait causer parce qu’elle ne trouvait ni les mots ni les idées dont 
elle avait besoin el ne pouvait plus fixer sa pensée . 

Elle ne se rend pas compte du moment où elle a commencé à aller 
mieux; elle a vu qu’elle allait bien lorsqu’elle a repris ses occupations 
ordinaires et qu’elle s’intéressait à son mari. Elle ne peut préciser 
le jour où elle a mangé seule et fait elle-mème sa toilette; elle ne se 
rappelle d’ailleurs pas qu’on la faisait manger. Elle se sent reposée et 
dort bien. La physionomie a changé et pris un aspect normal. 

Elle est encore pàle et maigre bien que son poids ait passé de 39 kilos 
à 43 kilos 600. 

Cet état s’est maintenu jusqu’à aujourd’hui (18 juillet). Cette malade 
a été mise en liberté le 5 juillet 1913 (1). 

En résumé, il s’agit d’un cas de confusion survenu à l’occasion 
de fatigue physique et morale au cours de la lactation. Ce sont là 
des circonstances qui paraissent très favorables au traitement par 
I’oxygène. Ce qui est démonstratif, c’est que dès le lendemain de 
la première piqùre, l’état mental se modifie et en quelques jours la 
guérison est obtenue. 

Obs.1I. — Tr... (Elisabeth) dix-sept ans, domestique. 

Rien à noter d’important dans ses antécédents. Surmenage physi- 
que, grippe légère vers le 15 mai 1913. Le 21, début des troubles men- 
taux (Excitation, cris, chants, pleurs, insomnie, logorrhée, anorexie). 
La malade est placée à l’hèpital de la Pitié le 21 mai 1913. A cette 
époque, son état rappelait les périodes d’excitation du début de la 
démence précoce, diagnostic qui fut d’ailleurs posé à Sainte-Anne le 
26 mai 1913. 

A son entrée dans le service le 26 mai 1913, elle est placée dans un 
quartier de malades agitées et présente le tableau de la confusion 
mentale très marquée, avec excitation (désorientation, troubles 
de l’auto-conduction, attention diminuée, amnésie, agitation motrice, 

(1) [Cette malade, d'un faibleniveau intellectuel, fut laissée sans surveiDanee 
par son mari, voyageur de commerce. EUe fOt entratnée par des gens sans aveo 
qui la surmenèrent. Elle retomba malade, nous revint et fut à nouveau guérie.] 


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GUéfUSON RAPIDB DB PSYCH0SE8 AIGUB8 


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logorrhée). On ne constate pas d’hallucinations. Refus d’aliments. 
Insomnie. 

Cet état persiste presque sans changement jusqu’au 13 juin, époque 
à laquelle on commence les injections d’oxygène. Le lendcmain, le 14, 
elle reste calme toute la matinée et cause raisonnablement. Le soir,elle 
présente encore un peu d’excitation; elle regoit alors une injection de 
250 centimètres cubes d’oxygène. 

Dans la nuit du 14 au 15, elle dort. Les jours suivants, on lui fait 
des injections de 500 centimètres cubes, tous les deux jours, jusqu’au 
28 juin 1913. Le calme s’établit rapidement. Le 16, elle s’habille seule 
et fait sa toilette; elle commence à s’occuper et regoit bien sa famUle. 
Le 23, elle est placée dans un quartier de malades tranquiUes. Depuis 
cette époque l’amélioration s’est accentuée. Dès le 25 juin, elle est en 
pleine convalescence. A ce moment, eile se rappelle son état d’agi- 
tation, et de confusion et raconte : Je ne pouvais paa m’empicher de 
causer sans cesse parce que mon mal ilait plus forl que moi. EUe travail- 
lait régulièrement. 

L’amélioration physique a suivi la mftme marche, son poids est 
passé de 37 à 42 kilos 600. 

Cette malade est sortie le 12 juiUet 1913. 

Le second cas paralt calqué sur le premier. II s’agit d’une jeune 
femme surmenée qui tombe dans un état de confusion, mais avec 
excitation, tandis que la première présentait de la dépression. La 
confusion était égale dans les deux cas; et & leur guérison, les deux 
malades accusent les mémes troubles de l’auto-conduction, la diffi- 
culté de diriger leur pensée, qui paralt dans ces psychoses aigués Ies 
plus communes, le trouble essentiel. Le traitement agit dès les pre- 
mières piqúres et en quelques jours amène une guérison complète. 

Nous avons parallèlement essayé I'oxygénation dans des cas un 
peu différents, notamment chez des malades atteintes de troubles 
anxieux, & caractère mèlancolique, avec appoint alcoolique. Les ré- 
sultats ont étè encourageants sans avoir la netteté des cas sélec- 
tionnés. 

Obs. III. — M... (Louise), trente-trois ans. 

Avant son entrée dans le service (18 mars 1913), elle a fait une ten- 
tative de suicide, présente des idées de culpabilité (elle croyait avoir 
tué son enfant) et était sujette à de fréquentes crises d’anxiété avec 
agitation et idées de suicide. Probablement a-t-elle fait des excès alcoo- 
liques. 

A son entrée, on observe un état de confusion très intense, mais 


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REVUB DB PSYCHIATRIB 


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avec des crises d’anxiété; elle présente des impulsions et cherche sans 
cesse à s’étrangler, à se jeter par les fenètres. EUe ne dort pas. EUe 
est amaigrie et doit ètre nourrie à la sonde. 

Cet état dure jusqu’au mois de mai. EUe est alors un peu plus calme, 
ne s’alimente pas et présente assez souvent des crises d’anxiété avec 
tentative de suicide. 

Le 13 juin on commence des injections d’oxygène. Le 16, eUe 
mange seule. EUe prósente une crise d’agitation très vive. qui dure 
quelques heures, puis elle se calme. Les jours suivants, elle continue 
à s’alimenter seule; l’anxiété diminue, la confusion est moins prononcée 
une légère amélioration apparaft et s’accentue. 

Actuellement (16 juillet 1912) la malade est mieux; elle se rend 
compte de son état, mais est encore sujette à des crises d’anxiété plus 
courtes qu’à son entrée. L’état physique est meUleur. Le poids, qui 
était tombó à 46, est de 48 kilos 600. 

Obs. IV. — Le 4 novembre 1912, H... fait un accouchement normal 
(travail extrèmement long). 

Seize jours après,elle se lève; le lait diminue et lestroublesmentaux 
débutent par l’anxiété. Elle croit que son enfant va mourir; elle a de 
l’agitation désordonnée et fait plusieurs tentatives de suicide (coup 
de rasoir dans le ventre, raenace de se jeter dans la Seine). 

A son arrivée, 7 février 1913, elle est dans un état de confusioo 
très marquée avec désorientation, automatisme des idées et des gestes, 
anxiété. 

MM. Mignard et Provost présentent cette malade à la Société 
clinique des maladies mentales le 17 mars 1913, comme confusion 
mélancolique d’origine toxique, caractérisée par des troubles intellec- 
tuels dépendant uniquement de l’état,de l’attention et de l’affectivité. 

En juin 1913, elle est toujours très anxieuse et répète d’une fa^on 
monotone les mèmes plaintes. 

On commence les injections d’oxygène le 13 juin. 

Le 17, une légère amélioration se dessine et s’accentue peu à peu. 
Actuellement, le 16 juillet 1913, elle se rappelle les circonstances de 
son entrée à l’asile, reconnatt que les idées qu’elle se faisait sur l’état 
desonenfant devaient ètre exagérées; elle commence à s’occuper, dort 
mieux, s’alimente seule; son état physique est meilleur, son poids a 
augmenté de 1 kilo. 

Pourtant elle a encore quelques périodes d’anxiété, mais beaucoup 
moins accentuées qu’à son entrée dans le service. En résumé, confu- 
sion mentale intense en voie d’amélioration (1)* 


(2) [Nous avions abandonnéla malade qui semblait ne plus progresser. Puis 
nous Pavons reprise en lui donnant parallèlement de Toxygène et du bromure 
sans sel. Elle guérit rapidement et sortit.) 


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GUèHISON RAPIDE DE PSYCHOSES AIOUES 


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Enfin.nous sommes arrivés à étendre l’application de l'oxygéna- 
tion à desagitations chez des démentes(l),pourcombattrel’insomnie, ■ 
et aussi chez des épileptiques à accès fréquents. Dans la plupart 
des cas, nous avons obtenu une diminution de l’agitation ou de l’in- 
somnie. Nous reviendrons ultérieurement sur nos expériences con- 
cemant les épileptiques. 

De nos expériences il résulte que l’oxygène en injection sous-cuta- 
née, qui eet un traitement inoffensif, a paru avoir une action cura- 
tive dans nos deux cas de confusion mentale simple au début, avec 
agitation ou dépression, et manifestant un trouble de l’auto-conduc- 
tion qui est le type de la folie aigué. La brusquerie du changement 
parut étre la meilleure preuve de son efficacité. Le retour à l’état 
normal était complet et l’on est autorisé à parler de guérison. 

Dans d’autres cas, l'action fut moins dècisive, tout en étant par- 
fois importante, et confirma le rèsultat favorable obtenu ailleurs(2). 

Nous avons pensé à associer l’oxygène à d’autres traitements, tels 
que le bromure combiné avec l’hypochloruration qui diminue 
l’automatisme mental. 

Quand on pense que le méd ecin est actuellement désarmé en pré- 
sence des psychoses aigués, curables spontanément mais dont l’évo- 
lution peut étre si longue et contre lesquelles il n’a aucun traitement 
curatif établi, on comprend l’intérét d’un moyen thérapeutique 
comme I’oxygène qui peut avoir, dans des indications, que nous 
cherchons à déterminer d’une maniòre plus prècise, une action aussi 
efficace. C’est ce qui nous a engagés à attirer l’attention sur ces 
premiere faits si intéressants et qui méritent de provoquer d’autres 
recherches. 

(1) [Aux confusions de la démence sénile et de la paralysie générale.] 

(2) [On remarquera qu'une des malades guérit eprès une rcprise de traite- 
ment.] 


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GONGRÈS DES ALIÉNISTES DES PATS DE LANGUE 

FRANgAISE 

(Le Pug, aoúi 1913) 

Des indications opératoires chez les aliénés au point de tm 
thérapeutique et médico-légal, par M. Lucikn Picqué (1). — 
Depuis un demi-aiècle, psychiatres et chirurgiens ont compris de 
facon bien différente l’action de la chirurgie sur les troubles de l’es- 
prit. 

Les uns ont agi directement sur le cerveau ou ses enveloppes, mais 
leurs tentatives sont encore peu nombreuses et trop incertaines 
pour foumir les bases d’une chirurgie rationnelle. 

D’autres chirurgiens, et ce sont les plus nombreux, recherchent 
depuis quelques années dans le traitement chirurgical de foyen 
pathologiques < privilégiés ■ et situés en dehors du cerveau la guéri- 
son de certaines formes de délire. Dans cette voie où je suis engagé 
moi-mème depuis près de trente ans < de nombreuses guérisons • ont 
été annoncées. Pour ma part, je n’en ai réuni jusqu’à présent qu'un 
petit nombre sur un total de 2.666 opérations pratiquées dans mon ser> 
vice de Saint-Anne, jusqu’au l* f janvier 1913. Ce chiffre global de 
2.666 opérations comprend314 spychoses organiques et383 psychoses 
congénitales, au total 697 malades chez lesquels j’ai pratiqué des 
opérations d’urgence. II reste 1.969 maladeschez lesquels la chirurgie 
a donné des résultats variables. 

Je pense qu’à l'heure actuelle, il convient encore de se mettre en 
garde contre ie mirage parfois dangereux des statistiques opératoires 
formées avec des faits toujours contestables et, d’établir au préalable 
le róle d’un foyer pathologique extra cérébral dans la genèse du délire, 
c’esLà-dire de préciser la nature de relations qui peuvent exister 
entre une lésion d’organes et certaines formes mentales concomitantes. 

(l)Notre collaborateur M. Lucien PicQuá,chlrurgien en chef des aittes dela 
Seine, a dans un rapport, présenté au Congrès du Puy.sur ce sujet, défendo ii 
thise qu’il a soutenue, à différentes reprises, dans cette revue. Nous croyons 
cependant qu’il est utile de publier ici un résumé de son remarquable trmii 
et des répliques que motivèrent de sa part les observations qui lui furent prè- 
sentées. 


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Ce problème domine la question des indications opératoires chez 
les aliénés. 

Pendant de longs siècles les observateurs ont reconnu un privi- 
lige spécial à l’utérus et invoqué pour le justifier des hypothèses 
aujourd’hui surannées. 

A notre époque, l’étude de certaines fonctions a permis de fixer 
le rèle d’organes spèciaux dans la production des troubles mentaux. 
On admet, en effet, aujourd’hui que les troubles fonctionnels du corps 
thyrolde sont à la base de certains délires. D’autre part, on sait depuis 
longtemps que des processus infectueux intéressant le foie ou le rein 
peuvent donner lieu à des troubles mentaux, mais les auteurs n’accor- 
dent toutefois à l’infection qu’un rftle secondaire et pensent que celle- 
ci n’agit dans la production du délire qu’en provoquant un trouble 
fonetionnel (Délire par auto-intoxication). 

Or, les études que je poursuis au pavillon de chirurgie sur le terrain 
de la pratique m’ont conduit à envisager le ròle isolé de l’infection 
ehronique (délire infectueux mis à part) dans des organes accessibles 
(utérus, testicule, prostate) ainsi que dans les tissus divers de l’orga- 
nisme et à fixer le ròle qui revient à celle-ci dans certaines formes du 
délire. 

En dehors des causes que je viens de signaler (troubles fonctionnels 
et infectieux), on tend encore à admettre de plus en plus l’influence 
de la périphérie sur les cerveaux prédisposés. 

Parfois l’idée hypochondriaque, considérèe naguère comme ayant 
dans tous les cas une origine cérébrale, peut, pour certains psychiatres, 
venir de la pèriphérie (interprétation fausse de sensations réelles); 
les formes symptomatiques de l’hypochondrie sont donc admises 
aujèurd’hui. 

Chez l’hystérique, des réactions mentales pathologiques peuvent 
naltre également par un mécanisme à peu près anatogue. 

Pour justifier ces différents rapports, on s’est appuyé, suivant les 
époques, sur la clinique et la thérapeutique médicale, parfois sur 
l’expérimentation. 

La chirurgie, sùre de ses moyens, a le droit actuellement de viser 
au mème but. Elle peut en fournir la preuve thérapeutique, mais 
pour que celle-ci soit décisive elle doit Stre soumise à un contròle 
rigoureusement scientifique. D’où l’utilité d’une méthode chirurgi- 
cale que j’ai fixée dès le dèbut de mes études. 

Si l’on reconnalt aujourd’hui aux influences périphériques un ròle 
en médecine mentale, l’importance accordée jusqu’ici aux influences 
héréditaires se trouve amoindrie. Les unes et les autres ne sauraient 
cependant s’exclure, au contraire eile se peuvent compléter heureu- 
sement. 

La doctrine de l’hérédité permet au chirurgien d’envisager la pro- 
phylaxie des psychoses postopératoires en lui apprenant à connaitre 

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dea maladea dont l’état mental antérieur eat susceptible de créer 
une contre-indication opératoire. Par contre, la doctrine qui fixe 
l’origine extra-cérébrale de certaines formes mentales lui permet 
de poursuivre et d’atteindre celles-ci dans leurs foyers périphé- 
riques. 

Dia lora, findicalion opiraloire chez Faliini viae á la auppretaion 
(fune léaion viritable, siégeant dana un organe ou un tiaau, et eonaidirtt 
comme la giniralrice du ditire. 

Mais la colncidence du délire et d’une lésion périphérique n’im- 
plique pas un rapport de causalité : il conviendra de démontrer dans 
chaque cas particulier si la lésion concomitante est indépendante 
du délire ou lui est subordonnée. Or, cette subordination ne peut itre 
établie à l’heure actueile que dans un très petit nombre de cas, contrai- 
rement à l’opinion admise à l’étranger. 

11 résulte des faits que j’ai observés qu’en l’absence du syndrome 
dinique qui caractérise le délire infectieux proprement dit, tout 
accès maniaque, avec ou sans hallucinations, tout délire onirique 
accompagné ou non de confusion mentale, certaines formes du délire 
mélancolique ou hypochondriaque doivent attirer l’attention gur 
l’existence possible d’une lésion chirurgicale infectieuse profondé- 
ment située et latente. 

De mème, certaines formes de délire hypochondriaque doivent ètre, 
conformément à l’opinion de quelques psychiatres, tenues pour des 
interprétations hypochondriaques de lésions périphériques non infet- 
tieuses. 

II est permis d’espérer que l’application rigoureuse de la méthode 
des observations indiscutables, perraettra de découvrir, dans l’avenir, 
des corrélations nouvelles et contribuera ainsi à étendre peu à peu le 
domaine des indications opératoires chez les aliénés. 

Lorsque l’indication thérapeulique a été posée, il faut eneore fixer 
la méthode thérapeutique qu’il convient d’employer. C’est de ce choix 
que dépend le résultat de l’intervention au point de vue mental. 
Tel délire peut, en effet, après une intervention, parfaitement justi- 
fiée d’ailleurs, persister, s’aggraver ou guérir selon le mode de traite- 
ment employé. Le chirurgien devTa donc, selon l’état mental, choisir 
entre l’intervention sanglante ou les divers procédés de la chirurgie 
conservatrice. 

Lorsqu’enfin le chirurgien s’est décidé à recourir à l’intervention 
sanglante, un nouveau choix est à faire entre les divers procédés qui 
s’offrent à sa disposition : celui-ci dépend encore de l’état mental da 
sujet, et c’est ainsi que les questions de technique jouent un rèle im- 
portant en psychiatrie. 

Comme on le voit, en dehors des cas où la vie est menacée à bríve 
échéance, l’indication opératoire chez l’aliéné est fort déiicate à 
établir et il en est de mème pour la remplir, si on ńe veut pas aggrav er 


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l’état antérieur par une intervention intempestive ou imposer au 
malade une opération inutile. 

En raison de ces difficultés, la chirurgie des aliénés constitue une 
branche toute spéciale de la chirurgie que j’ai désignée sous le nom 
de « Psycho-thérapeutique chivurgicale ». EUe exige de celui qui la 
pratique une longue initiation. Je tiens à ajouter, pour répondre à 
de légitimes préoccupations qui m’ont été souvent confiées par dea 
psychiatres, qu’U faut de hautes qualités morales au chirurgien à 
qui incombe la redoutable mission de pratiquer une intervention 
ehirurgicale chez un malade privé de sa raison. Ce n’est que dans ees 
conditions que le point de vue médico-légal devient intéressant. 

A notre époqne, l’aliéné est considéré comme un malade, qui a le 
droit de bénéficier de toutes lea ressourcee de la thérapeutique médi- 
eale et chirurgicale. Or, la loi de 1838 ne contient aucun texte qui 
permette au chirurgien d’organiser d’une fa?on régulière l’assistance 
chirurgicale des aliénés. Le législateur de 1838 a prévu pour l’aliéné 
la conservation de ses biens et non celle de sa santé, et c’est ainsi que 
la société, qui interne d’office un malade, n’a pas le droit légal de le 
soigner. La demande d’autorisation aux familles donne lieu à de 
monstrueux abus. A ma demande, la Société de médecine légale, il 
y a dix ans, a étudié cette importante question. L’effort considérable 
qui a été tenté depuis cette époque n’a malheureusement pas abouti. 

II est donc indispensable que le Congrès, qui a mis à l’ordre du jour 
de ses travaux la question des indications opératoires chez les aliénés, 
obtienne du législateur les moyens de remplir ces indications. 

M. Lagriffe (d’Auxerre) a déclaré que la chirurgie des aliénès 
donne lieu à de grandes difficultés au point de vue de I’intervention. 
Parfois le bistouri se retourne contre le chirurgien. II cite entre autres 
I’observation d’un malade atteint de délire d’interprétation, qui fut 
opéré d’un varicocèle, et mourut d’un cancer du rectum. 

M. le prof. Régis (de Bordeaux), après avoir rendu hommage aux 
travaux de M. Picqué, discute l’interprétation du titre rapport. Pour 
lui, le terme thérapeutique s’appliquerait à la chirurgie et non pas 
à la psychiatrie. Si, dit-il, on voulait étudier la chirurgie au point de 
vue mental, c’est à un aliéniste et non à un chirurgien que l’on au- 
rait dù faire appel. C’est au psychiatre qu’ti appartient de poser 
les indicatáons; le chirurgien ne doit étre et ne peut ètre qu’un 
opérateur. 

Puis M. Régis a insisté sur les dangers que peut présenter la chirur- 
gie des aliénés lorsqu’elle est pratiquée par certains opérateurs igno- 
rant la psychiatrie, et ti a terminé sa communication en refusant à 
la chirurgie aucun ròle dans la thérapeutique des maladies mentales. 

M. Dide déclare que plus il observe les aliénés moins ti eroit à l’in- 
fluence de la périphérie dans la genèse des délires. 


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M. Dupré regrette que le rapporteur n’aie pas eu à traiter la ques* 
tion des contre-indications opératoires, et trouve que le terme de 
psychopathe aurait dOi remplacer dans le titre celui d’aliénée. 

M. le prof. Gilbert-Ballet insiste sur la nécessité d’une terminolo- 
gie précise et présente des observations sur l’union de Ia confusion 
mentale, avec la mélancolie et l’agitation maniaque, et il demande 
au rapporteur de vouloir préciser le sens qu’il a donné à l’hypo- 
chondrie et au délire systématisé. II termine sa communication en 
souhaitantque chirurgiens et aliénistes travailient ensemble à l’étude 
des problèmes qui concernent les rapports de la chirurgie et de la 
psychiatrie. 

M. Jacquier (de Bourg) pense que la loi de 1838 n’empéche pas de 
soigner les malades; pour lui M. Picqué a trop assombri le tableau 
du traitement des aliénés. 


M. Picqué répond à M. Lagriffe que les faits dont il parle sont bien 
connus et rentrent dans le chapitre des contre-indications opératoires. 
II rappelle l’assassinat du prof. Delpech, de Montpellier. 

A M. Régis il dit qu’avant de commencer son rapport il a questionné 
Ies membres du Comité pour connaltre leur pensée exacte. 

Or, c’est bien Ies indications opératoires au point de vue de la thé- 
rapeutique mentale dont ils ont voulu confier l’étude au chirurgien 
des asiles. 

M. Picqué a toujours enseigné et écrit que la chirurgie des aliénés 
était une chirurgle en tutelle; mais il estime, d’autre part, que dans 
certains cas le chirurgien, contrairement à l’opinion de M. Régis, 
est seul compétent pour formuler une opinion sur les indications 
opératoires. 

C’est ainsi que I’ont compris certains médecins distingués des asiles 
de la Seine dans des observations données dans ce rapport. 

II rappelle qu’il y a actuellement vingt-neuf ans qu’il étudie ies 
rapports entre certains troubles mentaux et des lésions périphé- 
riques particulières, et qu’il a un peu le droit d’invoquer son expé- 
rience acquise. 

M. Picqué s’associe, en terminant, àux critiques formulées par 
le professeur Régis contre les abus possibles de la chirurgie des aliénés. 
Mais les abus, que M. Picqué connalt mieux que tout autre, ne peuvent 
constituer un argument contre cette chirurgie elle-mème. 

Tous ceux qui ont l’honneur d’ètre, comme M. Régis, chargés d’un 
enseignement officiel, doivent s’appliquer justement à former des 
chirurgiens psychiatres et à leur montrer ce que cette spécialité 
exige de connaissances générales et de moralité. 

Comme M. Dupré, M. Picqué trouve, en effet, que le rapport eut 
dù comprendre l’étude dcs contre-indications opératoires si peu con- 


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nues des aliénistes mfimes, et il est parfaitement d’accord avec lui 
sur le caractère purement administratif du terme aliéné. 

M. Picqué est d’accord avec M. le prof. Gilbert-Ballet sur l’utilité 
d’une terminologie précise en psycbiatrie et dans son cours de sta- 
giaires à Lariboisière il insiste également sur la nécessité de préciser 
les termes en chirurgie. 

Si les terraes qu’il a employés n’ont pas toute la précision désirable, 
le reproche ne peut l’atteindre puisqu’il n’a fait que reproduire le 
diagnostic qui lui a été fourni. II remercie particulièrement M. Gilbert 
Ballet des paroles qu’il a prononcées sur les rapports qui doivent 
exister entre le chirurgien et le psychiatre. C’est souhaiter une colla- 
boration intime qui est susceptibìe de fournir des résultats scienti- 
fíques utiles. 

M.Picqué fait remarquer à M. Jacquier que s’il n’y a pas à envisager 
les obstacles émanant de la loi,si celle-ci n’empfiche pas Ie traitement 
des malades, par contre, elle ne le permet pas, ce qui est tout difffi- 
tent. 

M. Maxwel estirae que la loi suffit à la rigueur, mais un adminis- 
trateur aux biens, consulté par M. Picqué, a refusé de s’occuper du 
traitement chirurgical des malades. D’ailleurs M. Maxwel lui-mfime 
trouve qu’une modification de la loi serait utile. 


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REVDE DES PÉRIODIQUES 


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FRANCE 

Revue Neuroíogique, 15 déc«mbre 1911- 

Troubles mentaux dans la staphylococcémie, par Serge 
Soukhanofp. — L’auteur revient sur le cas décrit antéríeurement 
par Klutscheft, puis rapporte l’observation d’une jeune fille de 16 ans, 
entrée & l’hdpital de Notre-Dame des Affligés, & Saint-Pétersbourg. 

A cfité d’altérations somatiques intéressant la peau, Soukhanoff 
put constater chez cette malade toute une série de phénomènes mar- 
quant la souffrance de l’activité neuro-psychique. Au début, les 
symptfimes de la participation du cerveau s’exprimaient seulement 
par le tableau de la simple intoxication par les produits bactériens 
mais, dans la suite, il devint manifeste que le cerveau se trouvait pro- 
fondément lésé. Au tableau psycho-infectieux s’étaient associés, en 
effet, des phénomènes de troubles mentaux organiques et ces dernien 
s’accompagnaient de vomissements de caractère cérébral et d’accès 
convulsifs réitérés jusqu’à l’état de mal épileptique. 

La malade mourut deux mois après son admission à l’asile. 

Revue Neurologique, 15 janvier 1913. 

Pathogénie de la preabyophrénle, par Didb et Gassiot. — 
Après avoir énuméré rapidement les principaux symptfimes cliniques 
qu’on rencontre dans cette affection, les auteurs passent en revue les 
théories pathogéniques qui ont tenté d’expliquer ce syndrome, lequel, 
d’après MM. Dide et Gassiot, peut ètre « entièrement réalisé par une 
insuffisance cèrébrale partielle, notamment du lobe occipital >. 

Revue Neurologique, 15 mars 1912. 

Contribution & l’étude des troubles mentaux dans le goitre 
exophtalmique classique et dans l’état « basedowolde > da 
Stern, par Halberstadt. — R. Stem (de Vienne) a décrit, en 1909, 
deux modalités différentes de goitre exophtalmique : la forme clas- 
sique, avec des signes basedowiens manifestes (exophtalmie cons- 
tante), pouvant d’ailleurs évoluer sur un terrain dégénératif et, 
d’autre part, l’état « basedowolde », dans lequel seule s’impose la 
(Voir la suile après le bullelin bibliographique mnstul.} 


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taebycardie (surtout paroxystique), où le goitre et l’exophtalmie 
peuvent manquer, mais évoluant toujours chez des hystéro-neuras- 
théuiques. 

A l’appui de cette thèse, M. Halberstadt rapporte deux observa- 
tions intéressantes, concises et claires, de maladie de Basedow. 11 
8’agit, dans la première, d’une malade présentant une association de 
goitre exophtalmique classique avec une psychose maniaque dépres- 
sive; dans la seconde, d’une temme atteinte d’un cas fruste (absence 
de goitre et d’exophtalmie, mais tachycardie manifeste). Cette der- 
nière malade est particulièrement intéressante : c’est, selon la con- 
ception de Stern, une dégénérée « basedowolde » ayant présenté, au 
début de son intemement, des symptdmes de folie des dé'générés, de 
folie maniaque dépressive, de psychose hystérique, d’alcoolisme, mais 
qui, depuis quelques années, ne manifeste plus qu’une émotivité 
extrème, une apathie très grande à l’égard de son propre sort, et des 
troubles graves du caractère. 

Revue Neurologique, 30 avril 1912. 

Troubles xnentauz dane un cas de méningite séreuse, par 

Mme Nathalie Zylbbrlaste (de Varsovie). — Quincke a distinguè 
en 1893, sous le nom de méningite séreuse, une entité morbide nou- 
velle résultant de l’augmentation de la pression intra-cranienne par 
le liquide céphalo-rachidien. 

L’auteur nous en rapporte une intéressante observation. II s’agit 
d’une malade ftgée de 30 ans, souffrant depuis longtemps d’accès de 
migraine avec violente céphalée, vomissements et colncidant avec la 
menstruation. C’est au miiieu d’une de ces périodes menstruelles que 
l’affection éclate : la céphalée et les vomissements se proiongent et 
huit jours plus tard la malade perd connaissance. Elle reprend bientòt 
conscience, mais la céphalée et les vomissements durent toujours, la 
température monte pendant vingt-quatre heures et l’on constate chez 
ia malade un certain degré d’apathie et d’obnubilation inteilectuelle. 

Trois semaines après le début de la maladie, des troubles psychiques 
éclatent. Ils consistent en excitation avec hallucinations de la vue et 
de l’oule, désorientation et amnésie plus ou moins complète. Cet état 
dure un peu plus de trente-six heures, puis, tout d’un coup, l’état 
psychique s’améliore. L’examen somatique de la malade fait cons- 
tater 1 ’cedème bilaiéral de la pupille optique et l’exagération des 
réflexes rotuliens. Quatre jours plus tard, la malade est tout à fait 
consciente et U n’y a plus de troubles psychiques. La guérison com- 
plète est obtenue au bout de six semaines. 

L’auteur établit ensuite le diagnostic différentiel entre cette affec- 
Uon et la psychose migraineuse dont les symptómes resserablent 
étonnamment à ceux de la méningite séreuse. II parle, à ce propos, des 
troubles mentaux dans les cas de tumeurs cérébrales. 


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348 REVUE DE PSYCHIATRIE 

fíevue Neurologique, 30 avril 1912. 

Syndrome paralytiqae post-tranmatiqae déterminé par 
une méningite aigné & évolation lente, par Raymeau et L. Mar- 
chand. — Belle observation d’un homme de 35 ans qui, deux ans 
auparavant, subit un traumatisme cranien violent, occasionné par 
le tamponnement d’un train express. Immédiatement après l’accident, 
le malade présente un état très accusé d’obnubilation, de désorìenta- 
tion, de confusion mentale. Sept mois plus tard, le professeur Joffroy 
fait le diagnostic de confusion cérébrale avec développement possible 
dans l’avenir de troubles mentaux graves, en particulier de la para- 
lysie générale ou de la pseudo-paralysie générale traumatique. Le 
pronostic de M. Joffroy se réalise, car vingt mois après l’accident, le 
malade est interné et l’on constate chez lui un déficit intellectuel pro- 
fond et des troubles organiques qui rappeUent ceux de la paralysie 
générale. Trois semaines après son internement, le sujet est atteint 
d’ictus épileptiforme avec hémiplégie gauche, de vomissements, de 
fièvre et succombe quelques jours plus tard, sans avoir repris con- 
naissaiice. L’examen des centres nerveux montre que le malade était 
atteint de miningile aiguè. 

Ge cas présentait donc aux points de vue clinique et étiologiqne 
toutes les apparences d’un cas de P. G. traumatique. L’examen des 
centres nerveux a montré que ce diagnostic était faux. 

M. Brissot. 

Archives de Médecine des Enfants, 1912, p. 694. 

Un cas de pouls lent permanent avec attaqaes épilepti- 
forznes chez une flllette de onze ans. — La maladie de Stokes 
Adam s’observe exceptionnelleraent chez l’enfant; le cas observé par 
M. B. Hozada Echenique à l’hdpital d’enfants de Tucuman (Rép. 
Argentine) mérite donc d’ètre connu : 

Lucie V..., ágée de onze ans, est admise à l’hdpital le 15 décembre 
bre 1911, pour des attaques caractérisées par des convulsions légères, 
avec perte de connaissance, congestion de la face, arrét de la respira- 
tion, incontinence des urines et des matières. La disparition de ces 
attaques, qui durent de une à vingt minutes, est annoncée par des 
cris, des gémissements et des inspirations profondes. A leur suite, 
l’enfant reste sans force et est obligée de garder le iit pendant quei- 
ques jours. 

Les antécédents de l’enfant ne relèvent rien de particulier (père 
inconnu). La première attaque remonte à juillet 1910, la secondesur- 
vint quinze jours après, la troisième le 30 aoùt. Le 7 dècembre, l’en- 
fant eut deux attaques le méme jour. Puis survint une pèriode de 
calme qui dura huit mois, mais bientdt les attaques se répètèrent 
avec une fréquence telle que la mère se vit obligée de conduire sa fiile 
àl’hòpital. 


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A Texamen, l’enfant présente un bon état général; ínais elle est trèa 
•xcitable et au moment de la visite médicale son pouls présente quel- 
ques arythmies. A l’auscultation, les bruits du coeur se pergoivent 
bien, 0 n’y a pas de souffle, ni autre bruit valvulaire anormal. Le 
rythme cardiaque, très lent, est régulier. On note néanmoins, toutes 
les quatre ou huit systoles, des contractions avortées, dont quelques- 
unes font également défaut au niveau de la radiale. 

D’une facon générale cependant, le pouls est régulier, de tension 
normale, très lent: 33 pulsations par minute. L’examen des autres 
organes ne raontre rien de particulier. 

Quelques jours après son entrée, la petite malade eut plusieurs 
attaques qui ne ressemblèrent en rien aux précédentes, décrites par 
la mère : tandis que ces dernières étaient èpileptiformes, celles-là 
ítaient nettement syncopales, sans incontinence, sans convulsions, 
ni cris, d’une durée de quelques secondes à quelques minutes. Au cours 
de ces attaques, le pouls ralentit encore et sa tension diminue. 

Par le repos et le règime, les attaques ont disparu, mais le pouls 
a conservé ses caractères. Le 17 janvier 1912, l’enfant quitte l’hftpi- 
tal; mais le 7 février la mère la ramène, parce que les attaques synco- 
pales sont devenues plus fréquentes. L’examen révèle les mèmes 
symptftmes que la première fois, mais les accès sont plus fréquents 
et se prolongent davantage : la fillette a chaque jour de trois à huit 
atlaques, ce qui entratne un abattement énorme. Toutefois, elle 
continue à bien s’alimenter et les autres appareils semblent fonctionner 
régulièrement. 

Pendant deux mois, l’enfant séjourne à l’hftpital, sans que les 
attaques se modifient, ni diminuent de nombre, malgré l’adminis- 
tration de belladone, d’iodure, de mercure, etc. De mème pour le 
pouls, qui a continué à osciller entre30et34 pulsations par minute. 
La mère, ne constatant aucune amélioration dans l’état de sa fille, 
est venue la chercher le 6 avril, pour l’emmener chez elle. 

XTAIJE 

Rivista sperimenlale di Freniatria, fasc. III. 

Recherches hématologiques dans l’alcoolisme, par Arturo 
Gorrieri. — 1° Le taux de l’hémoglobine a été trouvé par l’auteur 
inférieur à la normale chez les alcooliques. 

2° Le nombre des globules rouges est diminué. 

3° Les leucocytes varient peu au point de vue numérique; toutefois, 
pendant la phase aiguè, il existe constamment une polynucléose 
neutrophile qui disparalt graduellement quand l’état général du 
malade s'améliore. A cette polynucléose s’associe une réduction des 
mononucléaires et des lymphocytes. II n’y a pour ainsi dire pas 
d’éosinophiles. 


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REVUE DB P6YCHIATR1B 


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4° La pression sanguine, chez les alcooliques, est supérieure à la 
normale. 

5° 11 n’y a pas de rapport constant, chez ces malades, entre la 
pression sanguine, le pouls et la respiration. 

6° La résistance globulaire est très diminuée pendant la période 
aigué; elle augmente progressivement, jusqu’à revenir près de la 
normale, quand l’état physique et pychique des sujets s’améliore. 

7° La tension osmotique du sérum sanguin est légèrement augmentée 
dans l’alcoolisme. 

La fonction circulatoire chez les dóments précoces (Sur la 
rapports enlre le dévcloppement de l'appareil cardio-vusculaire d la 
capacité fonciionnelle du ccsur), par L. Lugiato et G. B. Lavizzari. — 
Ce travail a été congu d’après le principe biologique énoncé pour la 
première fois par Geoffroy Saint-HUaire et introduit en clinique par 
de Giovanni, à savoir qu’il existe des rapports étroits entre la forme et 
l’activité fonctionnelle d’un organe, etqu’àdes déviations de la struc- 
ture correspondent des troubles spéciaux du fonctionnement. 

Les auteurs ont donc examiné comparativement les phénomènes 
circulatoires et l’état anatomique du coeur chez un certain nombre de 
déments précoces. lls ont noté d’une part la pression, la fréquence do 
pouls et le degré de dermographisme, d’autre part l’étenduede 
l’aire cardiaque. 

D’une fagon générale, l’aire cardiaque a été trouvée supérieureàla 
normale; le choc de la pointe était mal senti. Les artères périphériques 
se montraient d’un faible volumejla cyanose etla congestion du visag^ 
ou des extrémités étaient fréquentes; le réseau veineux superficiel peu 
apparent. Le dermographisme accentué était très fréquemment 
observé. La puissance fonctionnelle du coeur semblait généralement 
diminuée. 

Pour conclure, il n’existe pas à proprement parler chez les démente 
précoces de graves perturbations anatomiques ou fonctionnelles au 
coeur qui les distinguent franchement des gens normaux, mais on 
observe chez ces malades un état d’insuffisance et de torpeur circula- 
toire. 

Contrlbution à l’étude des formes diniques afttrfbuéee à 
la démence précoce etde leur ftermìnaìsan, par Emilio Riva. — 
« La belle conception qui tend à grouper en une synthèse dinique 
homogène et harmonieuse toutes les formes du jeune ftge caractérisées 
par un affaiblissement intellectuel rapide et progressif, et qui dans 
le passé constituaient des groupes spéciaux ou étaient rattacbés à 
d’autres cadres nosographiques, cette conception a marqué un grand 
progrès de la Psychiatrie contemporaine et elle s’est assise sur dea 
bases si certaines qu’elle ne peut plus ètre combattuedansses iignes 
principales. 


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RBVUB DES PéRIODIQUES 


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Mais cela n*empèche pas que, dans ses détails, le cadre krflpelinien 
de la démence précoce ne corresponde pas entièrement à )a conception 
mème de Tauteur, ne Iaisse percer qk et là quelques imperfections, 
qu Y il ne paraisse trop compréhensif, et qu’il ne suscite encore corame 
naguère de profondes critiques, peut-ètre légitimes, et des divergences 
d’opinion. » 

L’auteur publie une observation qui lui semble apporter quelque 
lumière dans la question. II s’agit d’un individu qui, après díx-huit 
ans de maladie, alors que le naufrage le plus complet de sa raison 
semblait avéré, revint tout d’un coup à l’état normal et se retrouva 
lucide et raisonnable. 

Evidemment ce malade conserve un certain déficit intellectuel, 
mais ce déficit est-il un résidu propre de la maladie, ou la conséquence 
d’un arrèt aussi prolongé des fonctions intellectuelles? 

Quoi qu’il en soit, l’évolution de la maladie, chez cet individu, n’a 
pas justifié le pronostic sombre que l’on avait tiré des signes habituels 
de chronicité. 

Fase. IV 1910 et I-II, 1911. 

Recherches sur les modiíicatioBS cytologiques du sang 
dans les principales psychoses, par Ghaziami. — Le sang, dans les 
maladies mentales, ne présente que dans des cas isolés des modifica- 
tions appréciables de la constitution morphologique des globules blancs 
et rouges, et de la richesse globulaire; les altérations recontrées peuvent 
étre en rapport avec des conditions organiques qui les expliquent 
suffisamment. 

Souvent, on observe des modifications, parfois considérables, du 
nombre des leucocytes et de la formule leucocytaire. Ces modifica- 
sions n’ont toutefois rien de caractéristique, en ce sens qu’elles peuvent 
se retrouver à des degrés divers dans plusieurs maladies mentales : 
telles la polynucléose et la leucocytose avec tendance à l’hypoéosino- 
philie dans les phases aiguès de la maladie, la diminution des polynu- 
déairesjusqu’auretouràlanormale et mémejusqu’à la prédominance 
des mononucléaires quand survient la convalescence, ou quand la 
maladie passe à l’état chronique. 

La polynucléose intense avec hypoéosinophilieestunfacteurconstant 
dans l’amentia et rare dans les autres formes; mais, corarae on put 
Tobserver dans quelques cas de démence précoce et de psychose 
maniaque dépressive avec état confusionnel prononcé, on ne peut y 
voir un élément utile de diagnostic ou de pronostic. 

Cependant les modifications sanguines jetteni quelque lumière sur 
la pathogénie des maladies mentales en ce sens qu’elles révèlent 
l’existence de processus toxiques ou toxi-infectieux dans les formes 
aigués ou subaiguès; cela conduit donc à penser que la maladie mentale 
n’est qu’une manifestation cérébrale d’une altération générale de 
l’organisme. 


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RBVUB DB P8YCHIATRIB 


Questions médico-légalss rslatives à la paraljsle gtaénlt, 
particulièrement dans les rapports de cette maladie avec la 
capadté de tester, par le prof. Augusto Tamburini. — La paralysie 
générale est une des maladies que l’on rencontre le plus souvent sur 
le terrain de la médecine légale, et c’est & juste titre que sa période 
initiale porte le nom de période médico-légale. Mais c’est à propos des 
actes testamentaires accomplis par les paralytiques généraux que 
surgissent les plus graves problèmes médico-légaux. Le profeeseur 
Tamburini, avec sa haute compétence, examine dans ce travail cinq 
de ces problèmes : 

1° Détermination d’un critérium pour la capacité de tester en 
général et dans le cas particulier de la paralysie générale. 

2° Les rémìssions. 

3° La valeur du contenu du testament en rapport avec la capadté 
mentale du paralytique. 

4° La valeur clinique et médico-légale des écrits des paralytiques. 

5° Les critériums et les Aléments pour l’appréciation médico-iégale 
de la validité des testaments des paralytiques. 

Voici l’opinion de l’auteur sur cbacun de ces points : 

1° Tout Ie monde est d’accord pour reconnaltre à la paralysie 
générale une marche fatale vers la désorganisation des facultès 
mentales et des centres cérébraux et pour admettre que, malgré les 
apparences parfois contraires, elle ne laisse jamais un degré suffisant 
de conscience, de capacité intellectuelle et de libre volonté pour 
prendre validement une disposition testamentaire. 

2°Pendant les rémissions,intermissions,intervalles lucides ou statioo- 
nement, de la maladie, les paralytiques généraux ne pourront tester. 

3° La régularité de la forme et du contenu du testament n’est pas 
une preuve suffisante de capacité mentale : à un aliéné, pareil testa- 
ment aura pu ètre suggéré, dicté, etc. 

4 ° L’étude, au point de vue graphique, des testaments de paralyti- 
ques est intéressante, car elle peut déceler l’intervention d’une main 
étrangère. 

5° Dans certains cas, ori est appelé à se prononcer après la mort 
d’un individu sur l'état mental dont il jouissait au moment où U faisait 
son testament; U s’agit de porter < un jugement psychiatrique potl 
mortem sur sa capacité civUe ». L’expertise s’appuiera sur quatre 
ordresdedocuments : l°Les certificats et les dépositions des médecins 
qui auront vu le sujet pendant sa vie; 2° Les dépositions des témoins 
non médecins; 3°Les photographies du sujet pratiquées à divers àges; 
4° Les écrits. 

On comprend de suite comment il faut utiliser ces éléments et 
avec quelle circonspection. G. Gbnil-Pbrrin. 

Ĺe Gèrant : O. DOIN. 

PABIS. — tlCPRIMEBIB LBVé, 71, BttB DB BBNNB8. 


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LA DÉMENCE PRÉCOCE 
A ÉVOLUTION CIRCULAIRE 


Par M. Haldebstadt, 
médecin des asiles. 


La délimitation des domaines respectifs de la démence précoce et 
de la foiie maniaque-dépressive, reste toujours au premier plan de 
l’actualité psychiatrique. Parmi les circonstances qui rendent cette 
délimitation difficile, la possibilité, pour la démence précoce, d’évo- 
luer presque comme une psychose périodique figure en bonne 
place. Dans un livre paru en 1912, un auteur polonais, Urstein, 
s’est longuement occupé de ce problème. II nous paralt utile de 
signaler ce très consciencieux travail — dont nous ne pouvons du 
reste adopter les conclusions, — et de nous arrèter également sur 
quelques autres publications récentes traitant du méme sujet. Nous 
essaierons ensuite de dégager quelques conclusions. 

L’ouvrage de Urstein (1) est basé sur de nombreuses observations, 
longuement poursuivies. Malheureusement bien peu d’entre elles 
sont reproduites par l’auteur. Du reste, la publication de tout le 
matèriel clinique aurait été impossible, à en juger par l’étendue que 
prend chaque observation publiée. Le but de l’auteur est de démon- 
trer ceci : la folie maniaque-dépressive, telle que la comprend 
l’écolede Kraepelin, neconstitue pas une entité morbide; très souvent 
elle n’est autre chose que la phase initiale de la démence précoce. 
On sait que les partisans de Kraepelin ont,’dans ces dernières années, 
notablement rétréci le domaine de celle-ci. Unebonnepartiedes cas 
prímitivement rattachés à la démence précoce ressortissent à la 
folie maniaque-dépressive, et aussi à d’autres psychoses : la para- 
phrénie, la folie syphiIitique,voire la folie des dégénérés, se voient 
ainsi enrichir tous les jours aux dépens d’une psychose qui mena^ait 
d’envahir toute la psychiatrie. Ainsi que nous le disions ici-mème, 
en 1912, • leprofesseur de Munich n’a cessé d’enseigner que la psy- 

(I) Urstein. Manisch-depresaives und periodisches Irresein ais Erschei- 
nungsform d. Katatonie.— Ed. Urban et Schwarzenberg. Berlin et Vienne, 1912, 
650 + vi pages. 

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chiatrie esl une science en formaUon » (1); ilfaut donc s’habituer 
aux changements, cjui nc modifient <Ju reste pas la base de la doc- 
trine. Urstein estime qu’on a eu tort de soustraire à la démence 
précoce et d’attribuer à la folie maniaque-dépressive un certain 
nombre de cas où l’évolution vere un affaiblissement intellectuel 
spécial ne fait pas de doute. En somme, il veut revenir à la concep- 
tion primitive de Kraepelin, et il lui reproche de ne pas s’en ètre 
tenu à ses opinions anciennes, telles, par exemple, qu’elles ressortent 
de la 6’ édition du traité (2), La démence précoce constitue une 
entité morbide parfaitement définie, mais non pas la folie maniaque- 
dépressive; il s’agit de prouver notamment que celle-ci n’estpar- 
fois qu’une « forme » de la démence précoce- 

II faut dire que dans un ouvrage antérieur, également très étendu, 
Uretein avait déjà easayé de battre en brèche Ies bases sur lesquelles 
repose le diagnostic de la démence précoce et de la folie maniaque- 
dépressive (3). Mais là il avait surtout en vue I'analyse psychologique 
des sujets; ici, c’est le còté clinique qui est envisagé, l’évolution 
méme de la maladie- Par dea observations très bien prises, l’auteur 
montre que très souvent la démence préooce débute et évolue, 
parfois durant un long laps de temps, oomme une folie intermittente. 

Mais nouspensons, contrairement à Urstein.qu’il s’agit là d’analo* 
gies purement extérieures, insuffiaantes pour identifier deux psy- 
choses essentiellement différeptes. Avant d’aller plus lctin, disons 
toutefois que le livre de Uretein, fruit d’un labeur considérable, mérite 
à tous égards d’ètre lu et étudié; on peut faire la raéme remarque 
de celui paru en 1909. II est regrettable —• et nous tenons à en pré- 
venir le lecteur—<que la bibbograpbie soit pour ainsi dire inexistante; 
les auteure de langue frangaise briUent par leur absence. 

Pour mettre un peu de cfarté dans cette question, nous devons 
tout d’abord rappeler que la théorie de Ia foUe maniaque-dépressive 
oonstitue une des conquètes les plus certaines de Ia psychiatrie. 
L’honneur en revient du reste à l’école fran^aise, ainsi que le oons* 
tate KraepeUn dans la dernière édition de son traité : (4) ie ooyau 

(1) Halberstadt. L’opinion actuelle de Kraepelin sur la classiílcatioa d« 
états délirants. Le groupe des paraphrénies. — R. de Pt&chiatrie, l®|i, p. 40i 
(2J Ksaepelin. Psychialrie. Leipzig, 6* édition. 

(3) Urstein. Die Dementia praecox und Ihre SteWung z. man.-depr. hrwir. 
— Berlin et Vienne. 1909, 372 pages. 

(4) Kraepelin. Psychiatrie. Ed. Barth. Leipzig, 8* éd., 3* va)., p. 1373. 


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DÉMENCE PRÉCOCB A évOLUTION CIRCULAIRE 


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(Ausgangspuiikt) de la folie maniaque-dépressive a été formé,dit-il, 
par la conception « édifiée surtout par les aliénistes frangais » des 
«folies périodiques ou, comme les appela Magnan, intermittentes ». 

On sait comment la conception prímitive, présentée par Magnan 
au Congrès de Berlin de 1890 (l),fut modifiée par Kraepelin etses 
partisans. 

Nous renvoyons pour tout ce qui conceme la folie maniaque- 
dépressive au rapport d’Antheaume (2), ainsi qu’aux deux grandes 
monographies de Pilcz (3) et de Stransky (4). 11 est permis de dire, 
à l’heure actuelle, que cette psychose est caractérísée non seule- 
ment par une évolution particulière sous forme d’accès, mais que de 
plus — fait capital — ces accès ont des signes psychopathologiques 
spéciaux, et pour ce qui nous conceme, nous attachons plus d’im- 
portance au tableau clinique d’un accèsdonnéqu’auxintermittences, 
altemances,etc.Ballet, auCongrès de Nantes (5), a proposéà ce sujet 
une excellente nomenclature des syndromes observés dans la folie 
maniaque-dépressive. Ils sont, on le sait, au nombre de huit, dont 
six mixtes et deux purs. Ces syndromes sont propres à cette psychose 
et ne s'observent pas ailleurs. Chaque syndrome est constitué par 
une combinaison de trois symptòmes fondamentaux; ceux-ci sont: 
du còté maniaque —l’exagération des mouvements; la fuite d’idées; 
rhyperthymie; et du còté mélancolique — l’inhibition motríce; 
l’arrét ou le ralentissement des représentations mentales; l’hypo- 
thymie. 11 ne suffit donc pas qu’un malade soit« agité » ou « dépri- 
mé»;ilfaut encore que cette « agitation » ou cette « dépression » 
révèlent des caractères spéciaux. Nous ne croyons donc pas qu’on 
soit en droit de parler de folie péríodique simplement à cause de 
i’évolution particulière de la maladie et en négligeant l’examen 
approfondi du sujet : si ies signes que nous venons de mentionner 
et que Ballet a si bien résumés manquent, il ne peut étre question 
de folie intermittente. Qu’on nous permette de rapporter iciune 

(1) Magnam. De la folie intermittente. — Recherches sur les centres nerveux. 
Paris, 1893, p. 497. 

(2) Anthbaume. Les psychoses périodiques. — Rapport au Congris de 
Genève, 1907. 

(3) Pilcz. Die periodischen Geistesstoerungen. — Iéna, 1901. Bibliographie 
complèle, depuis les origines jusqu'en 1901. 

(4) Stransky. Das manisch-depressive Irresein. — Handbuch du prof. 
Aschaffenburg. Leipzig et Vienne, 1911. Bibliographie complète, depuis 1901. 

(5) Ballet. Schématisation et nomenclature des formes mixtes dc la folic 
périodique. Congrès de Nantes, 1909. 


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RBVUE DB PSYCHIATRIE 


citation qui prouve bien que sur cette importante question doctri- 
nale les partisans de Kraepelin et Técole dc TAdmission peuvent 
se donner la main : « M. Schule... laissant au second plan l’état 
des forces intellectuelles, tient compte, avant tout, de rapparition 
d’accès maniaques, mélancoliques ou délirants à des époques pius 
ou moins régulières, et plusieurs des observations résumées de ses 
psychoses périodiques et circulaires appartiennent à des dégénérés. 

Une des observations, notamment, obs. IV des formes circulaires, 
est très démonstrative sous ce rapport: il s’agit d’un sujet, qui, dès 
l’àge de 16 ans, est en proie à un accès mélancolique, chez lequelon 
voit plus tard intervenir la dipsomanie et qui, après une série 
d’accès de manie périodique, tomba, vers l’àge de 30 ans, dans la 
démence... Pourquoi ranger ce malade à démence précoce dans Ies 
folies périodiques ou circulaires, puisque l’élément essentiel est non 
la périodicité, mais bien le caractère de dégénérescence qui en fait 
un héréditaire dégénéré? (1). » Ainsi donc nous voyons que I’inter- 
mittence n’est nullement spécifique de la folie périodique. Voyons 
maintenant, en ce qui concerne plus spécialement la démence pré- 
coce, sous quelle forme y apparalt l’évolution circulaire. 

De méme que la paralysie générale, avec laquelle —et pour cause 
— se trouve comparée cette psychose par Sérieux (2) et par Krae- 
pelin (3), la démence précocc peut présenter des formes circulaires. 
Laissons de cóté le début par accès et les rémissions : il s’agit lá 
de faits connus et classiques. Nous désirons nous arrèter sur les 
cas plus particulièrement périodiques que Kraepelin, dans sa touU 
récente 8 e édition, décrit avec quelques détails (4). II est bon de 
noter que dansl’esprit de Kraepelin ces formes ne doivent pas ètre 
considérées comme étant strictement individualisées: un dément 
précoce peut se présenter à un moment donné de sa maladie sous 
telle forme clinique, à un autre moment sous telle autre; la démence 
précoce est certes séparée par des cloisons étanches de toutes les 
autres maladies mentales, mais à l’intérieur mème de ce grand cadrc 
l’avenir seul pourra délimiter des petits domaines séparés. 

Ces réserves faites, nous distinguerons, avec Kraepelin. trois 

(1) Magnan. L. e ., p. 505. 

(2) Sérieux. La démence précoce. fíevue de Psychiairie, 1902, p. 258. 

(3) KrvVEPelin. L. c., 8 e éd., 3 e vol., p. 944. 

(4) Kraepelin. L. c., 8* éd., 3 e vol., p. 792 et suivantes. 


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DÉMENCE PRÉCOCE A ÉVOLUTION CIRCULAIRB 


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formes plus spécialement intermittentes : la forme « circulaire », 
la forme « périodique », la « catatonie » proprement dite.La forme 
« circulaire » débute généralement sous l’aspect d’une dépression 
mentale, avecdéliremélancolique ethallucinations surtout auditives. 
La maladie s’installe progressivement, sauf de rares exceptions. 
Plus tard apparaissent au cours de la psychose des épisodes aigus, 
caractérísés par de l’agitation, parfois très violente, avec impul- 
sions, maniérisme, etc. Ces épisodes apparaissent et disparaissent 
brusquement, leur durée est essentiellement varíable : ils peuvent 
durer quelques jours ou quelques semaines, et parfois des mois ou 
des années. Ce qui caractérise essentiellement cette forme, c’est la 
fréquence et la rapidité des altematives entre le calme complet et 
l’extrèmeagitation. Desrémissionss’observentassezsouvent. Unaffai- 
blissement intellectuel définitif cldt l’évolution. Dans la forme 
« périodique », les altemances sont remarquablement régulières, 
et c’est ce qui constitue la particularíté de cet état. L’agitation 
apparatt et disparatt rapidement; elle peut étre très violente et 
paratt- s’accompagner d’un certain degrè de confusion mentale. 
La durée des périodes d’excitation est courte, du moins au début de 
la maladie. Elles surviennent tous Ies quinze jours, parfois tous les 
mois, colncidant chez la femme avec la menstruation, parfois plus 
rarement, méme tous les ans. A l’autre bout de Péchelle se trouvent 
les cas où les périodes sont extrèmement fréquentes et régulières, 
tel celui d’une malade de Kraepelin qui avait un jour calme et un 
autre d’agitation, pendant un laps de temps d’au moins dix ans. 
Autrefois Kraepelin rattachait de telles obscrvations à la folie 
maniaque dépressive. Mais deux raisons surtout militent, d’après 
lui, en faveur de la démence précoce : c’est, d’une part, le caractère 
aveugle, stéréotypé et impulsif de l’agitation; et, d’autre part, le 
fait que ces malades finissent par présenter des « états terminaux » 
en tout analogues à ceux de la démence précoce. II nous reste à 
parler de la « catatonie».Ce groupe renferme les cas où on observe 
chez le mème sujet de l’agitation etdela stupeur catatonique. Après 
une phase de dépression initiale, qui est très frèquente, et au cours 
de laquelle il y a du délire et des hallucinations, le malade tombe 
dans un état de profonde stupeur, suivi d’une phase d’agitation; l’in- 
verse, c’est-à-dire d’abord l’agitation, puis la stupeur, ne se voit pas 
aussi souvent. La démence terminale, en général très profonde, est 


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RBVUB DB PSYCHIATRIB 


la règle, mais avant qu’on en arrive là, la maladie peut durer très 
longtemps. Après unpremieraccès —dépression,stupeur, agitation— 
peut survenir une rémission, parfois de longue durée (29 ans dans 
un casde Kraepelin); ensuite,nouvel accès pouvant étre suivi d’une 
nouvelle rémission. Dans certaines observations, l’accès est incom- 
plet: ainsi chez un catatonique la stupeur peut étre suivie d’agiU- 
tion après une rémission de plusieurs années. Pour ce qui est des 
caractères psychopathologiques de ces états d’agitation ou de 
stupeur, nous n’avons pas à y insister : tout comme ceux des étate 
correspondants de Ia folie maniaque-dépressive, ils sont connus 
maintenant d’une manière suffisante; les descriptions récentee 
de Deny (1) et de M lle Pascal (2) montrent bien que si on ne peut 
tablersur tel symptóme isolé, l’ensemble du tableau clinique estpar 
contre presque (spécifique. II n’y a pas lieu de s’arrèter sur ce point. 

A còté des opinions de Urstein et de Kraepelin,il y en a une troi- 
sième: c’ est celle qui admet, dans ces cas, une association des deux psy- 
choses — folie maniaque-dépressive et démence précoce. Bleuler(3) 
croit cette combinaison possible, mais le passage où il en parle ne 
contient que des remarques théoriques, sans observations person- 
nelles. Trénel (4), dans une communication au sujet des formes 
cliniques ressemblant à la fois aux deux psychoses, s’est demandé 
notamment (entre plusieurs hypothèses soulevées) si on ne devait 
pas voir dans ces cas « des psychoses combinées résultant de la 
coexistence de deux maladies». Enfin, Courbon (5), tout récemment, 
a publié une observation très bien prise qu’il paratt disposé d'inter 
préter comme un psychose combinée. Elle serait donc, avec eelle 
de Stransky (6), la seconde observation que leurs auteurs rappor- 
tent comme étant des combinaisons de ces deux psychoses.En fait, 
nous savons que les associations de deux maladies mentales chet le 
méme sujet sont de rares exceptions. Dans un récent article, 

(1) Deny. Les démences précoces. — Traité de A. Marte, 2* vol., Paris, 1911. 

(2) M u * Pascal. La démence précoce. Paris, 1911. 

(3) Bleuler. Dementia praecox. — Hańdbuch du prof. Aschaffenburg. 
Leipzig et Vienne, 1911, p. 219. 

(4) Trénel. Démence précoce et folie périodique. — Société médlco-psy- 
choiogique, séance de Juillet 1912. Annales, aoflt, sept. 1912, p. 218. 

(5) Courbon. Démence précoce et psychose maniaque-dépressive. — Enei - 
phale, mai 1912, p. 434. 

(6) Stransky. Zur Lehre von den kombinierten Psychosen. — AU/. Zeit■ 
schrifl /. Psychiatrie, 1906, p. 73, 


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DÉBBNCE PRÉCOCB A ÉVOLUTION CIRCULAIRE 


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Gurewitsch (1) émet nettement cette opinion qui est aussi celle 
de Kraepelin (2). En ce qui conceme plu9 spécialement l’associa- 
tion qui nous intéresse ici, sans en nier la possibilité, nous la croyons 
très rare, et nous sommes disposé d’admettre qu’il s’agit vraisem- 
blablement de démence précoce évoluant sous une forme circulaire. 
Rappelons que les le$ons de Magnan ne renferment,sauf erreur de 
notre part, aucun cas où la folie intermittente se trouverait associée 
à une psychose dégénérative d’évolution grave. Et pourtant.l’école 
de l’Admission n’est pas hostile a priori à l’idée des psychoses com- 
binées, tout en admettant la rareté de ces faits. 

La possibilité pour la démence précoce d’évoluer d’une manière 
intermittente et circulaire ne nous paralt en somme pas douteuse. 
Avec Gurewitsch (3), nous pensons que ces formes ont droit de cité 
à còté des formes paranoides, hébéphréniques, etc. Urstein aeu certes 
des prédécesseurs : Kablbaum (4) qui, ainsi que le disait récem- 
ment Trénel (5), « avait dès le début considéré la catatonie comme 
une maladie cyclique;» Wieg-Wickenthal (6) qui consacre dans sa 
monographie un chapitre spécial à la démence précoce « à évolution 
intermittente », d’autres encore. Mais nous devons lui savoir gré 
d’avoir spécialement étudié et approfondi toute une série de faits 
cliniques, sur la nature desquels on peut certes discuter — et nous 
n’avons pas caché notre manière de voir, — mais dont la réalité 
et la fréquence, par conséquent aussi l’intérét pratique, ne sont pas 
douteux. On peut ne pas suivre Urstein dans son désir de porter 
atteinte à l’édifice de la folie périodique, laborieusement construit 
par des générations d’aliénistes, mais retenons ses legons et au lit 
dumalade, enclinique joumalière, rappelons-nous que d’authentiques 
déments précoces sont qualifiés au début de leur maladie d’ «in- 
termittents », « périodiques »,« circulaires », etc., persuadés que nous 
sorames, les uns et les autres, que seule la folie maniaque-dépressive 
évolue par accès. II y a là une conception erronée, responsable de 
bien des erreurs de diagnostic et de pronostic. 

(1) Gurkwitsch, Zur — différential — diagnosed. épilept. Irreseins. — Zeil- 
schrifl f. d. g. Neurologie. Orig. IX, p. 359. V. surtout p. 385 et suivantes. 

(2) Kraepklin. Psychiatrie, 8« édit. I* r vol. Lelpzig, 1909, p. 531. 

(3) Guhbwitsch. Kritische Bemerkungen z, Ursteins Werk, etc. — Zeil- 
tchrifi f. d. g. Neurologie. Orig. XIII, p. 492. 

(4) Kahlbaum. Die Katatonie. — Berlin, 1874. 

(6) Trénel. L. c., p. 232. 

(6) WfEG-W ickenthal. Zur Kllnick d. Dementiapraecox. — Halle, 1908, p. 88. 


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L’EMPLOJ DE LA MUSIQUE 
DANS LE TRAITEMENT DES PSYCHOSES 


Par M. Jean Vinchon, 
Interne á VAsile Sainte-Anne. 


L’emploi de la ihérapeutique musicale dans les affections psy- 
chiques est tantót préconisé et tantòt négligé, suivant le médecin, 
les conditions plus ou moins favorables où il peut étre réalisé et 
aussi sans doute l’état d’esprit du moment. Aujourd’hui on a ten- 
dance à le laisser de cóté : n’y a-t-il pas là une injustice et faut-il 
réagir? 

Cette thérapeutique est complexe et le docteur Laurent qui 
l’avait expérimentée avec succès a dans plusieurs études précisé 
les éléments du problème (1). 

La musique agitsurla sensibilité et sur l’intelligence, beaucoup 
plus sur la première que sur la seconde; toutefois cette deuxième 
action n’est pas négligeable et il faut compteravec les associations 
d’idées qu’elle provoque et qui peuvent, suivant le cas, retarder 
la marche d’une psychose ou en augmenter momentanément les 
troubles. Quant aux modes d’application, ils varient avec les dispo- 
sitions de chaque malade : un individu bien doué deviendra un 
exécutant, un autre moins musicien se contentera d’assister aux audi- 
tions. L’oeuvre de Laurent marque le début de la thérapeutique 
musicale raisonnée; mais avant lui, dès la plus haute antiquité, les 
médecins avaient remarqué les excellents effets que l’on pouvait en 
tirer. 

♦ 

* ♦ 

L’histoire de Safll est certainement un des premiers essai9 que 
Ton connaisse et bien que légendaire n’en est pas moins de9 plus 
intéressantes, car elle montre quedéjàonpensaità aller chercher Ics 

(1) Laurbnt. Quelques observations relatives à rinfluence qu’exerce it 
musique sur les aliénés, in Annales midico-psychologiques . Paris, Masson, 1860, 
p. 331. 


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LA MUSIQUE DANS LE TRAITEMBNT DES P6YCHOSB8 


361 


musiciens pour lutter contre la dépression mélancolique. Lea 
médecins grecs et romains la conseillaient aussi à leurs malades et 
M. Cabanès rapportant un passage du traité des effets de la musique 
surlecorps humain de Roger (1803) cite un des modes d’appli- 
cation les plus curieux qu’on ait imaginé (1) : Xénocrate et Her- 
menia avaient eu l’idée de creuser des flùtes dans les tiges des plan- 
tes quiservaient couramment de remèdes; I’un d’eux faisait jouer 
des instruments en bois d’ellébore devant les aliénés etl’autre calmait 
les douleurs de la sciatique par le son d’une flúte de peuplier. 

Ce système fut repris au moment de la Renaissance par Porta, 
un de ces étranges médecins italiens du xvi e siècle, qui mélaient 
les arts magiques, Ia philosophie et la médecine. Porta, dans son 
livre « De Magia naturalis », traitait aussi les fousavecles sons de la 
flùte d’ellébore; il y joignait des instruments faits de tiges de ro- 
quette qui, suivant les vieilles pharmacopées, « raréfiait la pituite, 
excitait la semence et faisait étemuer » (2), ainsi que de satyrium 
qui dispose à la conception (3). 

Les contemporains de Porta, sans avoir recoursà son système, 
faisaientsouventappelà l’efficacitédela musique. Jéròme Cardan (4) 
écrivait dans le livre « De la subtilité » : « Entre plusieurs exem- 
ples des anciens, j’en trouve deux excellents de la vertu du son à 
exciter les affections de I’esprit : le premier est de Timotheus, lequel 
en changeant de ton contraignit Alexandre poussé de gayeté sortir 
hors du banquet. Le second est qu’Agamemnon ne voulant partir 
du pays pour aller à Troye, pour ce qu’il doutait de la pudicité 
de sa femme Clytemnestre, lui laissa un joueur de harpe qui par 
le son de la harpe incitait Clytemnestre à pudicité et continence, 
en sorte qu’Egisthus ne put en abuser sans tuer le meurtrier. Les 
sons qui délectent grandement, attirent mesmement les hommes à 
impudicité, quand ils les rendent trop studieux de la musique, 
comme les instruments hydrauliques qui contiennent de l’eau, 
desquels Nero était fort délecté par leur grande suavité.... » Le 

(1) La muBique dans les maladies, in Vieux remides d’autrefoie. Paris, Ma- 
loine, 1913, p. 76. 

(2) Trailé univertel det drogueesimplee. Paris, d’Houry, M. DCC.XIV, p. 327. 

(3) MSme ouvrage, p. 762. 

(4) Les livres de H'éromb Cardan, médecin milannois, intitulés : de la subti- 
lité, etc..., traduits du latin en frangais, par Richard Le Blanc. Paris, Jullian, 
1578, p. 336. 


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REVUB DB P8YCHIATRIB 


tarentísme sévisait alors et on le guérissait par la musique et 
par les danses. Arpès la piqúre de la tarentule, si le blessé était 
laissé à lui-mème, il mourait « par léthargie et assoupissement avec 
oubliance de toutes choses (1) ». La musique « l’engardait de dor* 
mir et le faisait saulter », ce qui est très bon, car en sautant le 
grand assoupissement est rompu, et mesmement le venin avec lui, 
qui de nature est très froid » : c’est ce labeur et cet exercice qui 
empéchaient son actíon. Pour cet auteur, la musique a une action toute 
particulière chez les aliénés. 

Ambroise Paré, à cette époque, rapporte, après des conseils em- 
pruntés aux Italiens sur le tarentisme, l’opinion des anciens 
sur la question qui nous intéresse (2). « Asclépiades écrit que le 
chanter doucement et sonner de mesme de quelqu’instrument de 
musique aide beaucoup aux phrénétíques. Téo'phraste et Aulu-Gelle 
disent que la musique apaise la douleur de la sciatique et de ia 
goutte... ce qui est véritablement esmerveillable en nature ». 

A cóté de ces médecins qui furent surtout de grands compila- 
teurs de l’antíquité, il nous faut citer un AUemand, sur l’oeuvre 
psychiatrique duquel nous allons prochainement faire paraltre une 
étude: il s’agitdejean Schenck, originaire de la villede Fribourg en 
Brisgau, qui exerga longtemps à la cour des princes-abbés de Fulde, 
et publia un recueil de très curieuses observatíons en grande partie 
personnelles comme celle-ci que nous traduisons (3) et qui porte 
comme titre « La musique est efficace dans la cure de la mélancolie»: 

Beaucoup de faits montrent que Dieu, dans sa bonté et sa toute- 
puissance, a donné aux harmonies musicales l’admirable propriété 
ae calmer les sentiments troublés de notre áme, de rendre des forces 
à notre intelligence et de l’exciter à nouveau : de nombreuses ex- 
périences le prouvent. En effet, lorsque j’étaisà lacourdeFulde, je 
vivais familièrement avec un certain orfèvre, homme honnéte et 
habile dans son art : il était tombé dans une profonde mélancolie 
et avait été purgé à l’aide de nombreux médicaments sur mes indi- 
cations. La maladie fut guérie, mais incomplètement, aussi j’em- 
ployais des concerts d’instruments de musique qui, je le savais, lui 
plaisaient particulièrement et de cette fagon je ramenais en peu 
ae jours son esprit à une santé complète. 

(1) Cardan. Ouvt. cité, p. 238. 

(2) Les oeuvres cI’Ambroisb Paré. Lyon, Borde, M. D C. XLI, p. 34. 

(3) Joannis Scrbncku a Grapbnbbro observationes médicae raríorú. 
Lugduni sumptibus, S. A, Huguetau, M. D C. XLIV, p. 128. 


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LA MUSIQUE DANS LE TRAITEMENT DES PSYCHOSES 363 

Je recours très volontiers au méme genre de remède pour mon 
usage personnel, lorsque à la suite de la fatigue de mes études ou du 
trop grand nombre de mes occupations, je suis dans un état de ma- 
laise intellectuel. 

Les siècles suivants utilisèrent souvent l’expérience des méde- 
cins anciens et de la Renaissance. Au xviii® siècle cette théra- 
peutique devint à la mode au moment des « Vapeurs » et elle cons- 
tituait un adjuvant important du magnétisme animal. Le nombre 
d’ouvrages publiés à cette époque est considérable. M. Cabanès en 
cite quelques-uns dans I’acticle auquel nous avons déjà renvoyé(l) 
et Xavier Verdier (2) en donne une liste dans sa thèse. Parmi les 
plus célèbres, il faut citer les fragments destinés à l’histoire de la 
musique de Dodart insérés dans les bulletins de l’Acadèmie des 
sciences, le mémoire de Marquet sur la manière de guérir la mélan- 
colie par la musique (1769), la thèse de Louis Roger : De vi soni et 
musices iatricha Monipellier (1758), l'histoire de la musique et de ses 
effets de Jacques Bonnet (1769) et renvoyer aux livres des Deises- 
sarts, de Mojon, de Delagrange, etc... La littérature elle-mème 
s’en mélait. Pope vantait sa puissance dans VEssai surla critique (3): 
«Tous nos coeurs rendent hommage au pouvoir de la musique » et 
Dryden lui consacra une cantate intitulée : Fite d’Alexandre ou le 
pouvoir de la musique. 

* 

♦ * 

Malgré tout, jusqu’au début du xix e siècle on |n’avait pas fait 
une étude vraiment scientifique de l’action de la musique sur les 
affections mentales et Flaubert dans un livre immortel nous montre 
ce que pourrait devenir cette thérapeutique jointe aux pratiques 
magnétiques dans les mains d’expérimentateurs inhabiles : Bouvard 
et Pécuchet ont acquis un harmonica.« Unjourque Migraine était 
plus mal, il y recoururent. Les sons cristallins l’exaspérèrent mais 
Deleuze ordonne de ne pas s’effrayer des plaintes; la musique 
continua. 

— Assez, assez! criait-il. 

(1) Cabanbs, dójà cité. 

(2) Xavier Vbrdibr. Sur quelques effets physiologiques de la musique. 
Thèse Toulouse , 1903, p. 9. 

(3) Popb. E$$ai sur la eriUque en ceuvres compliles . Paris, Duchesne, 
M. DCC, LXXIX, 


, 


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— Un peu de patience, répétait Bouvard. 

Pécuchet tapotait plus vite sur les lames de verre et l’instru- 
ment vibrait et le pauvre homme hurlait quand le médecin parut 
attiré par le vacarme... (1) » 

Pendant que les vieilles pratiques de thérapeutique musicale du 
xvm e siècle sombraient dans l’oubli ou le ridicule, Gall appli- 
quait son merveilleux esprit d’observation à ce qu’il croyait ètre 
l’organe de la musique (2). Les musiciens ont des fronts de bceuf. 
11 remarquait que dans l’idiotisme et l’aliénation mentale, alors que 
toutes les autres « facultés » de l’àme sont troublées, celle-ci se mani- 
feste dans un état presque d’intégríté. Une idiote peut apprendre 
une quarantaine de chansons, une femme atteinte de manie puerpé- 
rale charme de son chant ses compagnes de cellules. Un jeune gar- 
gon trés délirant ne retrouve la raison que pour chanter des vau- 
devilles qu’il avait appris auparavant, etc... Pinel en mème temps 
remarquait aussi que souvent la correction du langage musical 
réapparaissait avant celle du langage ordinaire. 

Vers 1830, de tous cótés les médecins ou les directeurs d’asiles 
essayaient d’organiser des concerts avec les ressources dont ils 
disposaient et en notaient les effets : Esquirol (3), qui déplorait 
la situation du directeur de Charenton, auprès de qui le médecin 
en chef n’était guère plus qu’un simple iníirmier, nous montre sous 
un jour bien peu favorable les essais de représentation musicale 
qui furent tentés dans cette maison; il fautdirequecetextraordinaire 
directeur avait trouvé moyen de s’adjoindre le marquis de Sade, 
son pensionnaire, comme organisateur de ces fétes où l'on faisait 
venir des danseuses et des actriccs et où les malades étaienl 
exhibés comme des curiosités à tel point que le ministre dut 
interdire les comédies et les bals. 

Malgré ces faits,ayant d’ailleurs peu de rapport avec la musique 
elle-mème et une série d’expériences malheureuses, ce qui était 
plusgrave, Esquiroltermine sonétude sur ce point par ces mots:«Je 
neconcluraipas deces insuccès qu’il soit inutile de faire de la musique 
aux aliénés et de les exciter à en faire eux-mèmes : si la musique ne 

(1) O. Flaubert Bouvardel Picuehel. (Euvre posthume. Paris, FssqueDe, 
1906, p. 255. 

(2) Gall. Anat. et physiol. du syslime nerveux en giniral el du cerveau en parti- 
cutier, par P. Gall. Paris, 1819, tome IV, p. 117 et suivanles. 

(3) Esquirol. Des maladies mentales, tome II, 1838, p. 577. 


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LA MUSIQUE DANS LE THAITEMENT DBS PSYCHOSES 


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guérit pas, elle distrait et par conséquent,elle soulage: elle apporte 
quelqueallègement à la douleur pbysique et morale; elle est évidem- 
ment utile aux convalescents; il ne faut donc pas en repousser 
I’usage (1). » 

Leuret (2) fait remarquer que les tentatives de thérapeutique 
musicale faites jusqu’à son époque ont toujours étè très incomplètes 
pour résoudre la question de I’efficacité qu’elles peuvent avoir 
dans le traitement de la folie. N’ayant aucun musicien à sa dispo- 
sition, il donna un jour à choisir entre la douche et le violon à un 
ancien ménètrier qui se croyait poursuivi par la police et n’osait 
ou ne voulait pas bouger. Le ménétrier choisit le violon et joua 
la Marseillaise. A I’école quelques malades l’accompagnèrent et 
formèrent le noyau d’un premier chceur. Deux mois après le musi- 
cien était guéri, simple colncidence peut-étre, mais assez trou- 
blante. On continua à jouer de la musique dans le service de 
Leuret : deux fois par semaine il y avait concert et les exécutants 
étaient recrutés parmi les aveugles de l’hospice. Un musicien célè- 
bre à l’époque, M. Wilhelm, en assistant à ces réunions, édifia les 
principes d’une méthode d’éducation musicale adaptée à l’état 
intellectuel des malades. 

A Saint-Yon, à Quatre-Mares, des classes dechants’organisaient 
aussi et Legrand du Saule qui y assistait notait que les t raits s’ani- 
maient chez les déments et les mélancoliques, que le maniaque 
méme excité fixait son attention (3). Ces essais étaientsouventcon- 
trariés par des querelles intestines particulièrement entre médecins 
et administrateurs, et l’illustre aliéniste demandait spirituellement 
si la musique ne pourrait pas avoir une action salutaire sur d’autres 
habitants des asiles que les malades. 

Un duo composé d’un pianiste « monomaniaque » et d’un gui- 
tariste «imbécile » était célèbre dans toute l’Italie vers 1820 et atti- 
rait les étrangers à l’Asile d’Aversa. Bríère de Boismont le vit en 
1829. Trente ansaprès, dans un deuxième voyage aux environs de 
Milan, à la Senovra, il assista à un concert donné par 12 aliénés 
musiciens et par 12 chanteurs. Chaque individu retrouvait pour 

(1) Esq. Ouvr. cité, p. 686. 

(2) Leuret. Du trailement moral de la folie. Paris, Baillière, 1840, p. 175. 

(3) Lbgrand du Saulb. La musique expérimentale è I’asile de Quatre-Mares, 
in Annalee. Paris, Masson, 1869, p. 640. 


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l’exécution « la puiasance de son moi », mais les troubles réapparaia* 
saient bientdt. A Quatre-Mares, le méme auteur avait été frap- 
pé de la facilité avec laquelle les malades apprenaient la musique. 
II faut dire que là cet enseignement était dirigé par le doctenr 
Laurent. L’opinion de Brière de Boismont fut fixée dans un article, 
à la suite de ces voyages (1). Sa conclusion est la suivante : « II 
est possible que la musique puisse guérir parfois la Folie... mais 
nous la regardons surtout comme une distraction utile, agréable 
et avantageuse à la santé. » Elle coupe les longues heures de 
paresse des asiles, si malsaines, et arrète peut-ètre la marche de 
la démence. G’est à peu près aussi ce que pensait Lasègue de cette 
question. 

Nous avons vu que Laurent est un des premiers qui ait essayé 
de faire sortir la thérapeutique musicale de l’empirisme et se 
soit mis à étudier son action et son emploi. Déjà étant inteme á 
Montevergues, il avart, sous la direction de M. Noray, de sa femme 
et desa fille, tous musiciens, organisédes concerts,quiavaientprovo- 
qué l’admiration de l’inspecteur Parchappe. Trente-quatre malades 
y prenaient une part constante; les plus jeunes avaientune vingtaine 
d’années, les plus ágés ne dépassaient pas la quarantaine. Les modes 
majeurs: marches, mouvements enjoués, etc... devaient stimuler; les 
modes mineurs, apaiser et exercer une action sédative. L’état de la 
sensibilité, d’après Laurent, peutètre modifié par deschants ou des ahs 
non encore connus du malade et incapables par conséquent de faire 
appel à son intelligence, en éveillant des souvenirs et en les associant. 
Get appel aux souvenirs qu’il ne faut point négliger varie avec 
chaque cas. Chez les femmes et chez certains malades particulière- 
ment susceptibles, l’agitation, l’anxiété peuvent ètre augmentéespar 
l’application de ce traitement : il faut y soumettre parcontreceux 
dont la susceptibilité spèciale n’est que pervertie et non pas exaltée. 
Les maladies mentales usent les voix, surtout du médium et 
l’aliéné reproduit les sons en général d’autant mieux qu’il est plus 
près de la guérkon. Mais les exceptions à cette règle sont assez 
fréquentes; on petrt mème observer le * contraire. Le chant èt 
la musique non seulement occupent l’esprit, mais ont une action 
favorable sur la respiration et l’économie entière et diminuent 

(1) Bri&rk db Bonnorrr. De la muńqae dans les ańles d’aiiéaés et des eon- 
certs de la Senavra et de Quatre-Mares, in Aiuwlte. Parte, Massom, 1869, p. 667. 


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LA MUSIQUE DANS LE TRAITBMBNT DES PSYCHOSES 


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l’mfluence des penchants génésiques. II faut mieux avoir recours à 
une musique grave : l’idéal de ce genre, c’est la musique religieuse, 
qui est une distraction excellente; quelques morceaux d’opéras 
et des mélodies peuvent compléter le répertoire. 

En plus des asiles que nous avons cités au cours des lignes précé- 
dentes, il y avait à Bicétre un groupe d’exécutants dirigés par le 
eompositeur Hervé, de 1845 à 1850, et qui étaittrès connu de ceux 
que ieurs fonctions ou leurs études appelaient à visiter ces établis- 
sements d’hospitalisation spéciale. 


Nous avons insisté sur les travaux de Laurent parce qu’ils mar- 
quent une date importante dans l’histoire de la thérapeutique musi- 
cale des psychoses : depuis, la pratique de la musiques’est généra- 
lisée dans les asiles. 

Boumeville crée à Bicètre sa fanfare d’idiots et d’imbéciles. A la 
Salpétrière, on réunit de temps à autre les aliénés pourdes concerts 
et des bals. Dans les asiles de la Seine, en dehors des toumées des 
Frères Lyonnet et de leurs successeurs, des visites de sociétés har- 
moniques étrangères, des groupes de malades donnent des auditions 
ou chantent des opérettes. A Villejuif, par exemple, une fanfare et 
des choeurs sont organisés par M. Besangon et M® 0 L... A Sainte-Anne, 
l’été est I’occasion d’une série de représentations sur un théfitre de 
verdure. Enfin presque tous les quartiers de malades tranquilles 
ont leurspianos ou tout au moins leur phonographe et le dimanche, 
après le parloir, on trompe la monotonie du séjour à l’asile par 
une heure de danse ou de musique. II en est de méme dans beaur 
coup de maisons de santé privées, comme celle d’Ivry, où des pia- 
nos et des instruments de musique existent non seulement dans les 
salles de réunionde malades, mais dans chacun des bfitiments qu’ils 
occupent (1). 

M. Dheur, MM. Duprè et Nathan (2), M. Paul Farez (3), etc... 
ont repris sur cette question l’opinìon d’Esquirol et de Brière de 

fl) Dbbur. La musique et !es aliénés. Joumald’hygiine, déc. 1897. — Mème 
auteur. La maison de sanli d'Esquirol, p. 102. 

(2) Dupré et Nathan. Le langage musical. Paris, Alcan, 1911, p. 177. 

(3) Soeiélé d« paychotbérapia et de paycbologie, in Arehives da meurologie, 
jutv. 1913, p. 56. 


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RBTVB DB PSYCHU.TME 


Boismont, en insistant sur le danger qu’il pouvait y avoir à em- 
ployer cette thérapeutique à la légère, en « généralisant trop les 
conclusions tirées d’un cas heureux et en oubliant que chacun diffère 
comme réaction du voisin. La musique cesse d’ètre un agent théra- 
peutique spécial pour entrer dans Ie traitement hygiénique de U 
folie et rendre de réels services. Elle répond à ce besoin d’excitatioo 
sensitivequi est communà noustous. Elle distrait donc, elle soulage 
et pour cela mème est utile. Si les malades jouent au lieu de se 
contenter d’écouter, cela devient une occupation corporelle et 
intellectuelle assimilable au travail (1). » 

Pourtant Ies progrès de la physiologie avaient pu faire espérer 
que les essais de thérapeutique rationnelle tentés par Laurent se- 
raient continués sur une base plus certaine et que les indications 
et les modes d’emploi pourraient, gráce à une science en pleine voie 
de développement, ètre un jour précisés. Les premiers travaux phy- 
siologiques ne remontent guère plus loin que 1876, I’année du mé- 
moire de Rambossou (2). Pour cet auteur, la musique agit d’ une manière 
difTérente suivant le genre auquel on fait appel: l’un provoque l’ac- 
tion de l’intelligence et des nerfs locomoteurs, l'autre agit sur la 
sensibilité, un autre enfín sur les deux réunis. D’autres auteurs, 
Doguel en Russie, Dogiel en Allemagne, Mentz (3) à l’aide du 
pléthysmographe et du sphygmographe de Marey, étudient Ies varía- 
tions de la pression artérielle, du pouls et de la respiration sous 
l’influence de la musique. Le son augmente la pression artéríelle 
des animaux en expérience, accélère et renforce les battements du 
coeur. Chez l’homme, la pression varie avec les mélodies et les dia- 
pasons. Les sons musicaux moyens Ies plus agréables ralentissent le 
pouls et souvent la respiration. Si l’excitation est plus forte, le rytbme 
de ces deux fonctions est accéléré, surtout si en mème temps le 
sujet préte une attention soutenue. C’est à peu près ce que notait 
Cardan dans ses observations. 

Le prince de Tarchanoff, àl’aidedel’ergographedeMono, remarque 
que Ia fatigue disparait pendant l’audition d’un morceau de musi- 
que gaie; au contraire une musique triste, en mineur et de rythme 
lent, atténuait ou faisait disparattre les contractions qui pouvaient 

(1) Dhbur. Ouvr. cité. 

(2) Bulletin de l'Académie de mideeine de Paris, 1876, 2< série, p. 1104. 

(3) Analyse. Annie ptychologique, 1896, p. 105; p. 390-402. 


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LA MUSIQUE DA.NS LE TRAITEMENT DES PSYCH0SE8 


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reprendre quand succédait un air vif. Les échanges respiratoires 
sont augmentés ainsi que l’activité de la peau que l’on étudie 
de la fagon suivante : un galvanomètre très sensible mesure 
les courants cutanés de la main, le sujet étant au repos, puis 
sous I’influence d’une musique excitante. Une déviation très 
nette dans le miroir indique*des variations daps les courants cuta- 
nés de la main « qui sont en grande partie des courants sécrétoi- 
res des glandes sudoripares (1)». Binet et Courtier (2), Guibault (3) 
arrivent à peu près aux mémes conclusions: Les excitations musicales 
déterminent généralement l’accélération du cceur et de la respira- 
tion et un rapetissement de la pulsation capillaire, c’est-à-dire de la 
vaso-constriction. L’excitation purement sensorielle, ou isolée, accord 
consonant ou dissonant, majeur ou mineur, lent ou vif, etc... accé- 
lère la respiration d’autant plus que le rythme est plus vif. Le mode 
majeur et les accords dissonants amènent les réactions les plus fortes. 
Le coeur suit l’appareil respiratoire. Quand l’émotion se joint à )a 
sensation, les troubles sont encore plus marqués, surtoutsi l’émotion 
provient d’une musique gaie. Le pouls capillaire montre dans ces 
cas une vaso-constriction très marquèe. 

Charles Féré, reprenant les mesures à l’ergographe(4), àsontour 
constate que sous Pinfluence de la musique,« non seulement l’efTort 
initial est plus grand, mais la durée de Peffort prolongé est accrue 
ainsi que la puissance à le renouveler »; mais la limite de fatigue 
n’est que reculée, il ne faut pas Poublier. La pression artérielle suit 
les modifications dynamiques. Les sons de choix sont les sons 
moyens. Le sujet fatigué est plus sensible à l’action de la musique 
que le sujet au repos. Les intervalles dissonants dépriment et les 
consoiíants excitent. Quand ils alternent avec interruption plus ou 
moins longue, s’ils se succèdent, ils perdent leur spécificité. Les sons 
mineurs sont dépressifs et les majeurs excitants. L’altemance des 
tonalités donne des résultats comparables à ceux de l’alteraance des 

(1) P<* de Tarchanofp. Influence de la musique sur l'homme etles animaux. 
Congrès de médecine internationale, II, Rome, 1894. 

(2) Binet et Courtier. Influence de la musique sur la respiration, le cceur et 
la circulation capillaire. Année psychol., 1896, p. 104-126. 

(3) Guibault. Contribution à l'étude expérimentale de l'influence de la musi- 
que, sur la circulation et la respiration. Thèse , 1898-1899. 

(4) Ch. Féré. Sensation ei mouvemenL Paris, 1887, chap. vi. — Ch. Féré et 
Marie Sael. Notes dans les comptes rendus de la Société de Biologie, depuis 
1885. — Ch. Féré. Influence du rythme sur le travail. Année psychol., 1901. 

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intervalles. Le rythme, suivant sa rapidité et sa diversité, exatte 
l’énergie et procure du plaisir. « On assiste à de vérítables ivresses 
motrices qui peuvent rendre compte de l’excitation produite par 
les rythmes varíés dans les exercices physiques et notamment dans 
la danse. » La fatigue arríve d’ailleurs plus vite dans ces conditions. 
L’interruption des excitations améne du plaisir si l’excitation était 
dépressive, de l’ennui dans le cas contraire. 

Enfìn M. Verdier (1) et M. Guibier (2) ont repris les travaux de 
ieurs prédécesseurs et y ont ajouté leur expéríence personnelle. Nous 
n’entrerons pas dans le détail des conclusions de ces auteurs, on 
les trouvera en se reportant à leurs thèses et nous chercherons seu* 
lement quels sont les résultats pratiques que l’on peut en tirer: 
« La prédominance du mode majeur, les rythmes vifs et varíès, 
l’alternance des tonalités et des accords de signes contraires, ia 
brusquerie et l’intensité des mouvements et des repríses, une dis- 
position particulière des silences rompant le rythme au moment 
opportun produisent une accélération de la respiration et du cceur, 
une vaso-constríction, une exaltation de la puissance de contraction 
musculaire plus grandes et des phénomènes plus marqués qu’un 
rythme uniforme, lent, la répétition d’un mème son, d’accords soit 
consonants, soit dissonants et la prédominance du mode mineur. La 
musique est excitante ou tonifìante, dépressive ou sédative suivant 
qu’elle présente les uns ou les autres de ces caractères (3) ». 

En apparence, ces conclusions sont en contradiction avec celles 
des médecins qui ont essayé Ia musique sans en étudier en détail Ies 
effets physiologiques; mais en réalité la question est beaucoup plus 
eomplexe. On ne connaít que quelques-uns des effets physiologiques 
de la musique; beaucoup sont parfaitement inconnus. La méthode 
psycho-physiologique, comme l’ont fait remarquer MM. Dupré et 
Nathan, peut renseigner sur les émotions simples en étudiant leuis 
manifestations organiques, « mais eile se trouve désarmée en pré- 
sence de réactions aussi complexes que celles de Pémotion esthétique 
et du plaisir artistique en général (4). » 

(1) Vbrdier. Sur quelques effets physiologiques de la musique. Tbit* 
TouUnue, 1903, 

(2) Guibibr. De la pouibiliti d'une action Ihérapeuiique de la mutiquc. Psrts, 
Jouve, 1902. 

(3) Guibibr. Ouvr. cité, p. 59 et 60. 

(4) Dupré et Nathaw. Ouvr. cité, p. 178. 


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LA MUSIQUE DÁNS LE TRAITEMENT DES PSYCHOSES 


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Pour user de la musique dans des conditions favorables, il fau- 
drait doser pour ainsi dire la valeur thérapeutique d’un certain nom- 
brede morceaux, mais méme danscesconditions les príncipales chan- 
ces d’échec ne seraient pas évitées puisqu’elles viennent du malade 
dont les réactions sont parfois paradoxales. II faut avoir grand soin 
d’éviter la fatigue, surtout quand le sujet a besoin de repos ou bien 
est particulièrement susceptible, et surtout il faut éviter de le con- 
trarier en lui imposant de force la thérapeutique musicale. 

Les simples « névropsychopathes », les convalescents se trouve- 
ront bien d’essais de cette cure pratiquée avec toute la prudence 
désirable. 


On voit donc que les expériences des modernes aboutissent aux 
mémes conclusions que celles des vieux auteurs. La musique est un 
excellent adjuvant pour la cure des maladies mentales soignées & 
l’asile. Dans ces conditions, la mélothérapie peut ètre appliquée sui- 
vant les dispositions des malades et leur état de santé de deux ma- 
nières : les uns se contenteront d’ètre des auditeurs, les autres seront 
des exécutants. Les « facultés » d’expression du langage musicalsont 
souvent dans un état d’intégrité presque complet vis-à-vis du reste de 
l’intelligence : les vieux auteurs avaient bien souvent constaté ce 
fait qui facilite le recrutement des orchestres mème parmi des idiots 
ou des imbéciles. Le point essentiel est la bonne volonté du malade; 
il ne faut forcer personne à devenir exécutant; de mème pour les 
auditeurs, il ne faut pas oublier les contre-indications sur lesquelles 
nous avons insisté... En outre, il y a une série d’obstacles que nous 
n’avons pas encore envisagés : il faut des organisateurs, dirigés par 
un médecin compétent. Au cours de notre historique, nous avons vu 
réussir dans d’excellentes conditions des médecins comme Laurent 
qui étaient eux-mèmes bons musiciens. Un organisateur malhabile 
courra au-devant d’un échec ou ne réussira, comme le directeur de 
Charenton dont parle Esquirol, qu’à produire une exhibition 
malsaine, contraire aux intérèts desmalades. C’est ce derniergroupe 
de faits qui explique certainement les alternatives de faveur et 
de discrédit de la mélothérapie. 

En tous cas, l’exercice de la musique est excellent dans les services 
d’aliénés : pratiqué dans les quartiers de tranquilles d’une manière 


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modérée, nous ne l’avons jamais vu présenter le moindre inconvé- 
nient grave. De petits concerts distraient les malades et les aident 
à supporter Ieur sort en leur procurant une occupation agréable au 
moment méme et pendant les études qui précèdent. Parfois la musi- 
que a une action plus directe et on sait que mème les agitésse tien- 
nent plus tranquilles dans la crainte d’étre privés de ces petites fétes 
et s’acheminent peut-étre plus vite vers la guérison après s’étre 
pendant quelque temps entralnés à se ressaisir. Quant à ceux qui 
ont appris la musique à l’asile et qui en sortent un jour, ils ont 
acquis une connaissance, qui leur apportera d’autres plaisirs que 
le cabaret, contre Iequel ils se trouvent protégés comme on cons- 
tate ce fait dans Ies pays où les sociétés chorales et musicales sont 
très développées par exemple en Allemagne où l’alcoolisme sévit 
beaucoup moins qu’en France. 


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UNE CONTROVERSE SUR LES DEMI-FOUS 


Par 

M. le procureur Loubat et M. le professeur Grasset 


La question si discutée des demi-fous a fourni & M. le procureur 
général Loubat le motif de la lettre suivante publiée par le Temps : 

« Le vobu que viennent d’émettre les jurés de la Seine en faveur 
de«rinternement dans des asiles spéciaux des coupables déclarés ir- 
responsables par le jury, et qu’une décision d’acquittement met 
normalement en liberté » m’engage à demander de nouveau l’hospi- 
talité du Temps pour répondre à la belle conférence faite récemment 
par M. le docteur Grasset sur ie sujet, qui lui est cher, des demi-fous. 
Dans son nouvel exposé de la question, l’éminent professeur a bien 
voulu s'occuper à piusieurs reprises, et avec une courtoisie dont je 
lui suis profondément reconnaissant, de )a lettre que je vous ai adres- 
sèe le 4 janvier dernier; raais tout en réfutant certaines idées que j’y 
ai exposées, il a cependant, à ma grande surprise, trouvé ma conclu- 
sion conforme à la sienne. C’est sur ce dernier point que jc désire 
m’expiiquer et montrer que l’école dont je me réclame n’est nulle- 
ment d’accord — et je le regrette — avec le brillant auteur de Demi - 
fous et demi-responsables . 

« M. le docteur Grasset demande qu’on introduise dans la loi la 
notion de la responsabilité atténuée, qu’on institue un verdict basé sur 
cette idée, et que les demi-fous partiellement irresponsabies soient 
intemés dans des établissements où il seront traités jusqu’à la gué- 
rison, et mème,s’il le faut, pendant toute leurvie.il repousse donc 
toute peine contre les délinquants et les criminels imparfaitement 
responsables ou prétendus tels. Ce sont des malades que la société a 
le devoir de soigner, et si possible de guérir. 

« Cette thèse est bien éloignée de celle que j’ai soutenue dans le 
Ttmps . D’abord je ne peux pas avoir réclamé l’asile-prison pour lea 
clients de M. le docteur Grasset puisque j’ai combattu la théorie 
de la responsabilité atténuée comme illégale, arbitraire et funeste : 
illégale parce que non seulement elle n’est fondée sur aucun texte, 
mais parce qu’elle est plutòt contraire à la loi qui n’admet que la 
responsabilité ou l’irresponsabilité intégrales; arbitraire parce qu’elle 


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dépend des opinions scientiíiques du médecin qui peut n’ètre, au 
surplus, qu’un vulgaire médicastre; funeste enfin parce qu’elle aboutit 
à la ruine de la répression soit par l’acquittement, soit par la dimi- 
nution des peines et laisse la société désarmée contre des individus 
non à demi mais doublement dangereux. 

« J’ai reconnu, en effet, Texistence de criminels anormaux: alcoo- 
liques, dégénérés, détraqués, maniaques, et j’ai déclaré qu’il y a dans 
notrelégislationune lacune qui oblige à les remettre en liberté à leur 
sortie de prison, malgré le danger qu’ils font courir à l’ordre public. 
Mais pour eux, pas d’analyse quantitative, de mensuration ou de 
dosage de la responsabilité, opération d’aUleurs plutót morale que 
médicale pour laquelle je récuse le médecin : tout ou rien, suivant le 
système vieilli peut-ètre mais d’autant pius digne de respect de notre 
Code pénal. Reconnus déments et irresponsables, c’est l’asile d’aliénés. 
Responsables, sans dcgrés thermométriques, c’est non rasile-prison, 
que réclame M. le docteur Grasset, mais la prion tout court. Voilà le 
preraier traitement qui me paratt devoir ètre appliqué aux soi-disant 
demi-fous. Sans prétendre empiéter sur les plates-bandes du jardin 
d’Esculape, je crois ce moyen plus propre à exciter de salutaires 
réfiexions dans les « neurones psychiques », que le séjour tranquiUe 
et confortable dans un hòpital, fùt-ce un hòpital-prison. 

« Ce n’est qu’après exécution de leur peine que ces individus devraient 
ètre enfermés dans des établissements spéciaux comme ii en existe 
en Angleterre et en Norvège, et où ils seraient gardés jusqu’à ce qu’ile 
eussent cessé d’ètre un péril pour la sécurité publique. « Les condamnét 
dangereux, disais-je, doivent ètre internés pour une assez longue 
durée après Vaccomplissement de leur peine . » 11 est inadmissibie, en 
effet, que tous ces détraqués nuisibles soient remis danslacirculation 
après leur mise en liberté, et puissent recommencer la série de leurs 
tristes exploits. C’est sur ce point que le bon docteur croit ètre d’ac- 
cord avec moi, et c’est là que notre divergence est absolue. Car s’il 
reconnaìt que ses demi-fous comprennent le gendarme et la prison, 
il se refuse cependant à les leur livrer et les confie tout bonnement à 
une soeur de charité; je les mets, au contraire, d’abord en prisoo, 
puis, leur compte réglé, dans un quartier de sùreté... quand il y en 
aura. 

« Je demande d’ailleurs cet intemement non seulement pour tes 
anormaux mais encore pour tous les habitués du críme ou du déiit 
C’est la notion de téiat dangereux dont l’introduction dans la loi est 
préconisée par plusieurs criminalistes de France et de l’étranger, et qui 
a été adoptée, sur la proposition de l’éminent professeur fran$ais 
M. Gargon, par le congrèsde l’Union internationnale de droit pénal 
tenu en 1910 à Bruxelles. Cela n’a rien de commun avec les idées 
médico-sociales de M. le professeur Grasset. II s’agit de gens qui ne 
sont nullement fous, mais dont la présence dans la société constitue 


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L'NE CONIROVERSE SUR LES DEMI-FOUS 


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une menace permanente pour leurs semblables : récidivistes incorri- 
gibles, vagabonds et mendiants de profession, apaches, souteneurs 
et antisociaux de toutes sortes. Enfin il n’est pas question d’octroyer 
un traitement doucereux et privilégié à un pareil monde. lls subiront 
d’abord ia prison pure et simpie comrae les autres; puis, au lieu de 
leur remettre la bride sur le cou, on les gardera pendant un temps fixé 
non par les médecins, ce qui aurait pour effet d’anéantir les garanties 
de la liberté individuelle, toujours nécessaires, mais par la loi ou par 
les tribunaux. 

« II est un point, au contraire, sur lequel je suis entièrement d’ac- 
cord avec M. le docteur Grasset : c’est sur les conséquences néfastes 
de la situation actuelle. La théorie de ia responsabilité atténuée étant 
entrée dans nos moeurs judiciairesparlacirculairedu 12décembre 1905, 
il n’est pas de jours où elle ne soit appliquée soit en police correction- 
nelle, soit aux assises. Les médecins, souvent les moins justifiés, 
sondent, scrutent, interrogent anxieusement « les centres nerveux * 
des accusés, pèsent et mesurent magistralement la responsabilité 
corame les pharmaciens font leurs savants mélanges. On en a vu con- 
clure sérieusement à la réduction d’un cinquième, d’un dixième! 
L’un proclame l’irresponsabilité partielle parce que le coupable a de 
l’asymétrie de la face; l’autre parce que I’accusé a un tic de la pau- 
pière. Ainsi M. Jaurès, qui présente une particularité toute pareille, 
serait un dégénéré 1 11 est vrai qu’il serait en bonne compagnie et ne 
s’ennuierait pas, puisque dans ce système tous les grands génies de 
l’humanité pourraient former un Panthéon de demi-fous. La consé- 
quence de ces fantaisies est souvent un verdict complètement néga- 
tif, le jury concluant aisément de la responsabilité partielle à l’irres- 
ponsabilité. Plus souvent encore, c’est une forte entaille à la peine 
par le jeu des circonstances atténuantes. Ces deux solutions sont éga- 
lement détestables, dit avec raison mon savant contradicteur : l’ac- 
quittement est un scandale, la responsabilité atténuée n’étant pas 
la démence, et la réduction de la peine n’cst pas plus raisonnable puis- 
qu’elle amollit la répression sans aucune contre-partie. De toutes 
fagons, c’est un régime charmant pour les coupables, et néfaste pour 
la société. Sur le mal, tout le monde est d’accord. C’est sur le remède 
qu’on se sépare et que les médecins eux-mémes sont divisés : Hippo- 
crate dlt oui, mais Galien dit non. « Ce n’est pas la notion de la res- 
ponsabilité atténuée, s’écrie l’éloquent conférencier, qui est la cause 
de cette situation inextricable : c’est la loi; il faut la changer! » 

« Je réponds que ce n’est nullement la loi qui nous a mis dans cette 
impasse. La loi est parfaitement logique et nette en n’admettant que 
la responsabilité ou l’irresponsabilité totales, c’est-à-dire le chátiment 
ou l’asile d’aliénés, le bagne ou le cabanon, ainsi que je le disais dans 
ma lettre du 4 janvier. Ce qui est venu troubler l’harmonie du système 
de notre Code pénal et rompre l’équilibre, c’est l’admisslon de la res- 


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ponsabilité atténuée dans la procédure crlminelle, sans que les consé- 
quences de cette innovation aient été préalablement réglées par lì 
loi. Depuis des années que les demi-fous flirtent avec Thémis, la véné- 
rable dame a vu fausser toutes les armes propres à décourager ces 
nouveaux soupirants : les coups de son glaive se retournent main- 
tenant contre elle. Ce n’est donc pas la loi qu'il faut accuser, mais 
une pratique bàtarde qui s’est glissée dans l’oeuvre de la justice et 
l’a paralysée, comrae ces excroissances qui poussent sur les arbres, 
en absorbent la sève et les épuisent. Les inventeurs des demi-fous 
doivent seuls en supporter la responsabilité — non atténuée. 

« C’est un système vraiment commode que de dire au législateur : 
« Nous sommes sortis de la légalité en ajoutant, de notre propre cheí, 
quelque chose à la loi; mais nous n’avons créé qu’un monstre. Faites 
vite une nouvelle loi pour nous en délivrer, car il commet toutes sortes 
de dégftts. » C’est la carte forcóe et le couteau sur la gorge. Or M. le 
docteur Grasset n’ignore pas que l’appareil législatif est affligé d’une 
lenteur aussi sage — sinon plus — que celui de la justice. Ainsi avant 
qu’on ait institué le régime légal de la responsabilité atténuée et cons- 
truit des asiles-prisons, en supposant qu'on le fasse jamais, ce qui 
n’est pas démontré, il se prononcera passablement d’acquittements 
et de courtes peines au nom de la demi-folie. Depuis 38 ans que la loi 
du 5 juin 1875 a édicté l’emprisonnement cellulaire, nous avons vu 
transformer 59 prisons seulement sur 362, ce’qui implique un ou deux 
siècles pour l’achèvement de la réforme. D’après cet exemple, il serait 
peut-ètre téméraire d’escompter les asiles-prisons à brève échéance. 
Cependant on ne saurait, de l’avis unanime, rester pius iongtemps 
dans une situation aussi fftcheuse. Actueliement ia responsabilité 
atténuée n’est pas autre chose que la répression édulcorée, émiettée 
envers des gens que souvent la seule grande habitude du crirae ou 
du délit a promus au titre de demi-fous. Faut-il continuer à dire: 
Video meliora proboque, deteriora sequorì Ne serait-il pas préféraWe, 
du moment qu’on a placé la charrue devant les bceufs, de refnettre 
chaque chose à sa place, et, puisqu’on est sorti des règles du Code 
pénal, de se dépècher d'y rentrer? » 

William Loubat, Procureur général à Lyon. 


M. le professeur Grasset a répliqué par la notc suivante, publiée 
par le mème journal : 

« M. le procureur général Loubat a bien voulu attirer de nouveau 
l’attention des lecteurs du Temps sur ia question des demi-fous et de 
la responsabilité atténuée. Je l’en remercie. Dans d’aussi graves 
débats, il n’y a qu’une chose à redouter : c’est le silence de la presse 
et l’indifférence du grand pubiic. 


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UNE CONTROVERSE SUR LES DEMI-POUS 


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« Mais j’avoue que j’ai été áéqu en voyant la profondeur, au moins 
apparente, du fossé qui sépare nos deux manières de voir. 

« J’avais cru me mettre sur un terrain indiscutable et acceptable 
par tous en disant qu’il fallait changer ou compléter la loi, que seuls 
les législateurs étaient en cause et qu’il fallait faire une campagne 
unanime pour leur forcer la main. 

« Sur ce terrain, on ne pouvait plus dire, comme le fait M. Loubat, 
que ma thèse est « illégale, arbitraire et funeste ». 

« Elle n’est pas illégale, puisqu’elle consiste à demander une 
loi. 

« Elle n’est pas funeste, puisqu’elle a précisément pour but de 
supprimer les funestes résultats de la loi actuelle. 

« Est-elle arbitraire? Je ne le crois pas. Si les demi-fous existent, 
ce sont des malades et il n’est pas arbitraire de dire que les médecins 
doivent poser le diagnostic. 

« Je connais bien cet « ètat dangereux », dont parle M. Loubat; 
j’en ai causé avec le professeur Gargon : cette question et celle des 
demi-fous sont connexes. Je crois que beaucoup, parmi les criminels 
en état dangereux, sont des demi-fous; en tout cas, c’est le médecin 
qui peut seul faire le départ parmi« ces habitués du crime ou du délit» 
entre les malades et les non malades. Une fois ce départ fait, il faut 
régler la question des malades en élal dangereux. C’est ce que je de- 
mande. Cela n’empèchera pas d’étudier aussi et de régler la question 
(autrement compliquée et difficile) des nonmalades en état dangereux. 

« M. Loubat reconnaít expressément les « conséquences néfastes 
de la situation actuelle »; il faut donc en sortir. Seulement, pour en 
sortir, M. le procureur général se dresse solennellement et requiert 
non contre la loi actuelle, mais contre « les inventeurs des demi- 
fous », qui ont toute la responsabilité, sans atténuation, de la doulou- 
reuse situation actuelle. 

« Je peux vous assurer, monsieur le procureur général, que nous 
serions bien heureux si la demi-folie était une invention des médi- 
castres, parce qu’alors la médecine, mieux informée, supprimerait 
bien volontiers et rapidement cette lamentable catégorie de malades. 

« Quand on a le triste privilège d’entendre, depuis quarante ans, 
les doléances, les appels désespérés des pères de famille, dont le fils 
a commis une série de vols ou d’indélicatesses, puis a déserté au régi- 
ment à plusieurs reprises, et bétement enfin a cambriolé et assassiné, 
on voudrait bien qu’il sufflt de notre volonté pour supprimerces 
malheureux, que la loi ne nous permet pas d’arrèter dès leur premier 
méfait et de soigner par force , dès que leur nocivité sociale et ma/a- 
dive nous est démontrée. 

« La re8ponsabilité atlénuée de certains criminels est un fail y reconnu 
et proctamé par tous tes médecins. 

« Ce n’est pas là un des points, sur lesquels Hippocrate dit oui et 


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Galien dit non. Ce n’est pas là un de ces « conflits solennels » entre 
médecins, dont on a beaucoup parlé récemment. 

« Tous sont d’accord: les criminels à responsabilité atténuée existent. 
Dans la législation actuelle, la société ne peut ni les soigner ni se ga- 
rantir contre eux. II faut que cette situation change. II faut que les 
législateurs s'en occupent. 

« C’est la carte forcée *, dit M. Loubat. Rien de plus vrai. Mais ce 
n’est pas nous, médecins, qui mettons ainsi«le couteau sur la gorge» 
de la société; ce sont les malades, ce sont les faits. 

« Si ces faits paraissent nouveaux, c’est qu’on les connalt mieux, 
on les a mieux analysés. Aucun de nous ne les a créés; quekjues-uns 
seulement les ont mieux étudiés et mieux fait connaltre. 

« En demandant que la loi soit adaptée à ces connaissances médi- 
cales nouvelles, ne semble-t-il pas que nous devrionsrailierrunanimité 
des suffrages, des magistrats comme des médecins, de tout le monde 
et surtout des sénateurs et des députés? » 

D* Grasset, Professeur à TUniversité de Montpellier. 


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LA PSYCHIATRIE AU CONGRÈS DE LONDRES 


La sectìon de psychiatrie du Congrès de Londres, présidée par 
Sir James Crighton-Browne, tint ses séances dans la Bibliothèque 
de Chimie du Collège Impérial des Sciences et de Technologie. 
Parmi les principaux travaux qui furent communiqués à cette sec- 
section, il faut citer les suivants : 

La Psychologie dn crime, par M. le P r Weigandt (de Ham- 
bourg). — De récentes dispositions législatives prises en Hongrie 
(1908), en Angleterre (1909), en Italie (1910)tèmoignentde l’impor- 
tance croissante accordée à ces questions. Les opinions sur le crime 
se modifient et la loi est parfois en avance, ou parfois en retard sur 
l’opinion publique. Le crime est l’oeuvre d’une individualitè et de 
son milieu, et dans celui-ci, I’hérédité joue le principal róle. On 
peut diviser les criminels en : 1° Criminels d’occasion; 2° Criminels 
spontanément ou par induction; 3° Criminels opportunistes; 4° Cri- 
minels habituels ; 5° Criminels professionnels ; 6° Criminels fai- 
bles d’esprit; 7° Criminels fous. 

On ne peut défendre la cause des pénalités appliquées comme 
sanctions répressives de ces actes. Bien que très ancrée dans l’opi- 
niondu vulgaire, cette idée a été la source d’ungrand nombred’injus- 
tices. Rarement la crainte du chàtiment a empèché le crime. La 
rèpression devrait viser à protéger la société contre de nouveaux 
actes délictueux du criminel, et pourrait prendre la forme d’un iso- 
lement appliqué aux crimiels habituels, d’institution industrielles 
et de réforme pour les criminels d'occasion, d’institutions d’éduca- 
tion pour la jeunesse ou les faibles d’esprit, d’asiles pour les ivrognes 
et les déséquilibrés. Mais la durée de ces cures d’isolement devrait 
dépendre du succès du traitement et ne jamais ètre fixée à l’avance. 
Les mesures préventives sont, en résumé, au moins aussi importantes 
que Ies chàtiments. 


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RBVUE DE PSYCHIATRIE 


L’ intoxication par le véronal, par M. Willcox, du Home 
Office. — Le véronal est indubitablement un puissant hypnotique. 
Dèsson apparition.il devint populaire et son action remarquable ne 
fut pas moins appréciée par les malades que par les médecins. Mais 
il est aussi important pour les uns que pour les autres de savoir 
que sauf certains cas spéciaux, on ne peut pas sans danger dépasser 
les doses thérapeutiques du véronal. Les symptòmes d’intoxication 
ont été observés non seulement à la suite de fortes doses, non seu- 
lement dans certains cas d’idiosyncrasie, mais aussi à la suite de 
petites doses souvent répétées, ainsi que chez les habitués de ce 
médicament. 

On a souvent observé tous les signes cliniques de la pneumonie 
après I'absorption de fortes doses de véronal, et dans un certain 
nombre de cas d’intoxication véronalique il était tout à fait facile 
de se méprendre et de croire à la pneumonie. 

Dans l’intoxication chronique causée par le véronal (véronalo- 
manie), I’état mental des malades devient tout à fait anormal. Ils 
sont sujets à des hallucinations de la vue et de méme que les mor- 
phinomanes et les cocalnomanes, ils perdent tout sens moral. 

La statistique anglaise accuse 15 cas de mort en 1910. II est pro- 
bable qu’ils seront plus nombreux en 1911 et 1912. 

Le D T Wilcon après avoir dit quelques mots du médinal, du 
profronal et du luminal, dont le pouvoir toxique est analogue à 
celui du véronal, demande à ce que le véronal ne puisse étre délivré 
que sur prescription écrite du médecin, et que cette délivrance ne 
puisse étre renouvelée que sur l’indication formelle du signataire 
de l’ordonnance. Classer Ie véronal parmi les poisons ne suffit 
pas, Ia meilleure sauvegarde consiste en la coopération loyale des 
médecins et des pharmaciens pour empècher les abus. 

Suivit une brève discussion qui porta surtout sur la difficulté 
d’identifier le véronal dans les organes lors de l’autopsie. 

Fixation des poisons sur le système nerveux, par MM. Gi il- 

lain et Laroche (de Paris). — Ces auteurs ont exposé le résultat 
des recherches faites par eux sur la fixation des poisons sur le sys- 
tème nerveux. La toxine diphtérique présente une affinitè particu- 
lière pour Ies lipoídes phosphorés du groupe des phosphatides, et on 
la rencontre dans le bulbe des malades morts à la suite de paralysies 


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LA PSYCHIATRIE AU CONGRÈS DE LONDRES 


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diphtéríques graves. Ils ont ainsi étudié le raode de fixation des 
toxines tétanique, tuberculeuse, etc., mais le cGtó le plus intéres- 
gant, au point de vue pratique, de leurs recherches conceme la 
fixation des poisons employés en thérapeutique : strychnine, 
et en chimie, essences de sauge, de tanaisie, d’hysope, anesthé- 
siques divers, etc. 

MM. Guillain et Laroche pensent qu’un grand nombre d’accidents 
nerveux (convulsions, contractions, paralysie, coma, etc.) ou de 
troubles mentaux sont dus à la fixation de certains poisons sur 
divers territoires du névraxe. 

La lutte contre l’msomnie et la douleur. — Le professeur 
A. R. Gushny, de Londres, fit une communication fort intéressante 
sur les médicaments soporifiques et analgésiques. II y a quarante 
ans à peine, la liste en était courte ; elle s’allonge maintenant tous 
les jours de drogues dont chacune connaít une vogue plus ou moins 
durable, laquelle dépend moins de ses mérites intrínsèques que de la 
publicité qui la lance. 

Le professeur Cushny place le chloral et le véronal au premier 
rang des soporifiques. En ce qui conceme le véronal, les cas d’intoxi- 
cation n’ont jamais été observés qu’au-dessus des doses thérapeu- 
tiques. La paraldéhyde a contre elle son goùt et son odeur désa- 
gréables et son action est infidèle. D’autre part, elle présente l’avan- 
tage de ne pas engendrer l’accoutumance et l’habitude morbide. 

Le chanvre indien ne donne pas de résultats constants et son ac- 
tion n’est pas purement soporifique. Cependant, mélangé avec 
d’autres produits, il peut rendre quelques services. 

Dans le traitement de la douleur, on a fait moins de progrès que 
dans le traitement de l’insomnie. La principale conquéte des cin- 
quante demières années a été la substitution de la morphine à 
l’opium. Les autres alcaloídes de l’opium n’ont pas été suffisam- 
ment étudiés, mais il est possible que parmi eux, ou que dans une 
combinaison de la morphine avec un autre alcalo'ide tel que la nar- 
cophine, on trouve matière à résultats intéressants. Le traitement 
du symptóme douleur est une des plus urgentes nécessités de la 
pratique médicale et tout progrès fait dans cette voie est précieux 
aux médecins comme aux malades. 

Au cours de la discussion, le D r Jones recommanda les bains turcs 


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comme un remède admirable et déclara user fréquemment de Tab 
cool dans les cas de manie aigué délirante. L’alcool, affirma-t-il, 
employé à faibles doses est un calmant de la douleur. Si l’on craint 
de le prescrire sous la forme de boissons fermentées usuelies, oa 
peut le déguiser en le faisant entrer dans des potions. 

Le professeur Bradbury, de Cambridge, est d’avis que l’on dort 
généralement plus qu’on ne se Pimagine et que beaucoup de gens 
dorment qui se plaignent du manque de sommeil. Relativement 
aux moyens employés pour le provoquer,ila remarqué qu’une bonne 
dose de whisky à Peau procure un bon sommeil, principaiement 
chez les abstinents. Et le whisky n’a pas les désavantages de la 
paraldéhyde. 

Sir Lauder Brunton, président, raconte que le plus ancien phar- 
macologue fut Salomon, qui,il y a plus de 2.000 ans,recommandait 
Palcool comme le meilleur anesthésique moral et physique. « Donnez 
du vin à celui dont le coeur est chagrin. Quant à celui qui est prét à 
mourirjS’il peut avoir une boisson forte,il oubliera sa misère.» On 
voit que Salomon entrait déjà dans les vues de la pharmacologie 
moderne. 

Les réceptions particulières à la section de psychiatrie furent 
nombreuses, et comme toutes les autres, d’ailleurs, remarquable- 
ment organisées. 

Toutes facilités furent données aux membres de la section pour 
visiter les asiles municipaux de Londres, la Darenth Colony for men - 
ial defeclives et Holloway Sanalorium dont les plans figuraient au 
Musée du Congrès. 

Le jeudi 7, les congressistes furent invités à un garden-party au 
Belhlem Boyal HospitaL 

Le samedi 9,Ia section se réunit à Claybury Asylum pour visiter 
Pasile et assister à une démonstration au Laboratoire de Pathologie, 
faite par le D r Mott. 

Enfin, le mercredi 13, ceux des congressistes qui étaient encore en 
Angleterre purent se rendre à Gardiff, visiter le Cardiff Menial Ho $- 
pital et assister au déjeuner qui leur était offert par le Lord Maire 
de cette ville. 

Louis Viel. 


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NOUVELLES 


Prix da l’Académie royale de Belgique. — L’Académie royale 
de Belgique avait ouvert un concours concernant les maladies des 
centres nerveux et principalement l’épilepsie. 

Une mention honorable et une récompense de 1.000 írancs sont 
accordées au mémoire n° 8,dontles auteurs sont les docteurs Toulouse, 
médecin en chef de l'asile de Villejuif, directeur du laboratoire de 
psychologie expérimentale à l’Ecole des Hautes Etudes de Paris, et 
le doeteur Marchand, médecin en chef de la Maison Nationale de Cha- 
renton. 

La cocalnoznanie. — L’usage seul de la cocaine ou la remise 
gratuite, le don , en un mot, de celle-ci, tombe-t-il sous le coup de la 
loi pénale? 

Pour Topium, il est entendu que le simple usage ou don est délic- 
tueux, en raison du décret d’octobre 1908, mais pour la cocaine, le 
décret de 1846 qui le vise, en tant qu’aicalolde végétal, ne parie que 
de la venie et non de l’usage; décret qui avait été pris à la suite du 
íameux procès de M me Lafarge. 

Par un jugement en date du 30 juin 1913, ia dixième Chambre 
du Tribunal de la Seine a déclaré qu’il n’y avait pas un délit dans Tu- 
sage et le don de cocalne. 

Personnel médical des asiles. — M. Arsimoles, inédecin ad- 
joint de l’asile d’aliénés de Saint-Venant, promu à la classe excep- 
tionnelle. 

M. Guiraud, médecin adjoint du quartier d’aliénés de l'hospice dc 
Tours, promu à la l re classe. 

M.Hameu médecin-adjoint del’asile de Fains,promu à la 2 C classe. 


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REVUE DES LIVRES 


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Le fétichisme. Reetif de la Bretonne fut-il fétichiete, par ie 

D r Louis Barras. Préface de John Grand Carteret. Thèse de 174 pa- 
ges. Paris, Maloine, 1913. — Dès ses premières pages, M. Barras in- 
dique son intention de combattre les partisans du Fétichisme de 
Restif de la Bretonne : il se range sous la bannière de John Grand 
Carteret, leur adversaire convaincu, qui donne, dans la préface, un 
résumé de ses propres travaux sur l’auteur des « Contemporains », 
intéressant quoique sévère pour la Faculté de Médecine de Paris (1). 

« C’est donc à un travail de revision,de mise au point, nous annonce 
M.Barras, que je me suis ardemment employé à l’occasion de Nicolas 
Edme Restif de la Bretonne, qui m’est un auteur très cher. • Pour 
préciser les limites du Fétichisme, notre confrère en appelle aux 
classiques, et choisit la définition de P. Garnier, qu’il accepte avec 
toutes les conséquences. II arrive ainsi à fixer un cadre clinique assez 
étroit et il élimine tousles cas qui n’y rentrent pas très exactement 
Mais les barrières sont de ce fait bien artificielles : si on ouvre certains 
livres, entre autres ceux de MM. Dubuisson et Vigouroux, on trouve 
des définitions plus larges, dans lesquclles l’irrésistibilité de l’impul- 
sion n’est plus affirmée aussi catégoriquement, la clinique ayant prou- 
vé qu’elle n’apparaissait qu’à la longue lorsqu’une série de satisfac- 
tions anormales n’avaient pas entralné de ces conséquences graves, 
qui viennent renforcer chez un débile de la volonlé l’aptitude à résister 
à ses désirs. 

Après Garnier, M. Barras pense que le fétichisme pathologique n’est 
pas une exagération du fétichisme amoureux normal : il s’appuie sur 
des preuves, comme les goùts étranges de certains pervertis pour les 
femmes infirmes, les figures ridées, etc... en réalité beaucoup moins 
inexplicables qu’ils ne paraissent pour qui a étudié le mécanisme 
psychologique des perversions sexuelles. 

Le fétichisme ainsi défini, il s’agit de savoir si le cas de Restif peut 
y ètre rattaché. Tout d’abord félicitons M. Barras d’avoir montré que 
les auteurs de confessions et de mémoires sont toujours préoccupés 
de littérature et n’apportent jamais une auto-observation exactc et 

(1) « Cette faculté de Paris... qui aujourd'hui pour l*Europe intellectueDe 
et scientifique est la seconde de France, celle de Lyon étant la première. > 
Préíace, p. xi. 


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sans art. Parmi les contemporains, J. Lorrain, Huysmans aimaient 
à constater devant des intimes qu’ils étaient parvenusà tromper leur 
pubiic de snobs et d’esthètes en se faisant connaitre à travers leurs 
livres, sous des aspects de névropathes inquiétants. Huysmans 
notamment s’est moqué de des Esseintes, dans plusieurs occasions, 
avecautant d’esprit que M. Jules Lemaltre. 

II faudrait donc n’ètre pas dupe,lorsqueTon ouvre l’un des innom- 
brables tomes de Restif: lui chercher sérieusement une épithète patho- 
logique parce qu'il préfère les jolis pieds, c’est, pour M. Barras, faire 
preuve de mauvais goùt et au fond de soi-méme « chérir les pied9 
plats ». 

La critique des articles et des thèses de Louis, de Charpentier 
d’Avalon et de Fernel est aussi ingénieuse que ces travaux eux-mèmes. 
Eile aboutit à cette conclusion que l’on a faussement accusé de féti- 
chisme Saintepallaie, le héros de « Joli Pied » et que d’ailleurs Restif 
n’est pas Saintepallaie. Cet enfant de son esprit, amant chaste et 
vaporeux, n’est nullement le portrait du « Bourguignon salace », qui 
courtles filles, leur fait des enfants presque aussi nombreux que les 
tomes de ses ouvrages et prouve ainsi qu’il n’est nullement un perverti. 
M. Barras, qui avait souhaité des roses pour se défendre, en fait sentir 
les épines aux psychiatres qui n’ont pas su employer cette fois un des 
termes de leur vocabulaire. 

Alors que conclure? Restif de la Bretonne peut paraltre anormal 
lorsque l’on attache de Timportance « à l’égarement momentané d’un 
génital voluptueux et passionné». Mais au fond il se conduit en homme 
de son temps, ce que l’on oublie trop. Si l’on veut à tout prix créer un 
néoiogisme en i’honneur de Restif, M. Barras n’accepte que celui de 
« mulophile » qui s’applique à qui sait « concevoir quelle volupté c’est 
pour un tendre amant de toucher les habits, la jolie chaussure de ce 
qu’il aime », c’est-à-dire à tout homme délicat et raffiné. 

Cette intéressante étude vient enrichir le domaine de la médecine 
historique. M. Barras a tenté de serrer d’aussi près que possible la 
vérité, mais il a su ne pas tomber dans la sécheresse, car ses arguments 
sont toujours défendus avec la jolie fougue de quelqu’un qui n’aime 
point voir amoindrir par un diagnostic injustifié un auteur favori, 
C’està la fois la qualité et le défaut de cettethèse.— Jean Vinchon. 


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FRANCE 

La Clinique, 17 janvier 1913. 

Psychopathìe et chirurgie, par A. Vigouroux. — La condusion 
pratique qui s’irapose de la constatation des heureux effets d’inter- 
ventions chirurgicales dans la thérapeutique des maladies mentales 
et nerveuses, c’est que le malade, atteint d’un trouble mental queb 
conque, 4<>it ètre soumis à un examen clinique aussi complet que 
posúble. L’analyse psychologique du malade et l’étude de son sys- 
tème nerveux central ou périphérique ne nous éclairent pas suffisam- 
ment. II est nécessaire d’explorer tous les organes avec d’autant plus 
de soin que souvent il s’agit de lésions à symptomatologie peu nette 
et que le plus fréquemment les malades n’attirent pas sur elles l’atten- 
tion. Enfin, à de très rares exceptions près, il convient d’appliquer aux 
malades névropathes ou psychopathes le traitement chirurgical 
«u médical appropńé à l’aífection qu’ils présentent. 

La Clìnique, 4 avril 1913. 

De 1’épUepaie traumatiqua, par L. Marchand. — L’auteur veut 
que l’on réserve le nom d’épilepsie traumatique aux accès qui sur- 
viennent à la suite d’un traumatisme plus ou moins violent, portant, 
non pas sur une partie quelconque du corps, mais sur le cráne ou après 
un traumatisme au cours duquel le cerveau a été soumis à une forte 
commotion. Les cas d’épilepsie dite réflexe, survenant à la suite de 
blessures portant sur des parties du corps autres que le cráne, par 
exemple sur les nerfs du tronc, des membres ou des viscères, relè- 
ventsoit d’une infection concomitante, soit de lésions cérébrales 
préexistantes au trauma. 

II remarque, avec Mendel et Munson, qu’il y a peu d’épilepsús 
traumatique8 en comparaison du nombre [incalculable de trauma- 
tismes craniens. C’est que le traumatisme, pour causer l’épilepsie, 
doit déterminer dans le cerveau des lésions particulières à évolution 
lente. M. Marchand cite la statistique d'une quarantaine d’auteurs. 

II ressort de ses frecherches que le traumatisme cranien, dans 
tous les cas d’épilepsie traumatique, a présenté une certaine 
gravité. Dans les cas où il n’y a pas eu fracture du crfine ou 
plaies contuses des régions péri-craniennes, la commotion subie 
par le cerveau a été violente. La plupart du temps, la chute sur Ie 
crfine ou le trauma a été suivi de perte de connaissance pendant quel- 


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RIVOR D88 PÉHIODIQUBS 


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qnes hemres, parfow pendant phniaan jows. Certains auteurs, entr» 
antres Coombs Knapp et Post, Andereon, conaidèrent mème la con»- 
motion comme un facteur prèdominant dans l’étiologie de l’épilepai* 
traumatiqne. II est évident que la commotion cérébrale peut entrainer 
des lésions extrèmement graves, telles qu’épanchements sanguino 
8us et sous-duremériens, hémorragies sous-pie-mériennes, ruptuves 
vascuiaires intra-corticales, contusion diffuse de l’encéphale, etew 
Ces lésions, en s’organisant, déterminent des lésions sclèreuaes mè- 
ningo-corticales qui deviennent la cause de l’épilepsie. 11 faut tenir 
compte également des infections méningées qui peuvent se faire h 
travers la paroi osseuso dans les cas de plaies infectées des parties 
molies péri-craniennes. 

LaClinique, 11 avril 1913. 

L’hérédo-tuborcnloao, faetonr d'arriáraliea monlale, par 

R. Mbrcier. — La tuberculose parentale esl smeepHble de produire 
Farriéraiiort menlale des écoliers, au mème titre qu’elle détermine 
l’épilepsie, l’hystérie et l’idiotie chez les descendants. Elle paratt 
constitaer le principai facteur <f arriéraiion menlale de l'écolier, puis- 
qa’on la retrouve pure ou associée, dans 77 p. 100 des cas, alors quo 
l’hèrédo-névropathie donne seulement un pourcentage de 20 et que 
celui de l’hérédo-alcoolisme eet de 14. « Au point de vue social, la 
hdU coníre VarriiraUon mentate n’est rialisable que si elle esl précidie 
<fme Mfc anliiu bcrculeasc. » 

Gonstatationa hiatoiogiquea dans un caa da tabea avee 
psychose. — On coimalt les relations existant entre le tabes et la 
paralysie générale : les Iésions corticales de celle-ci ont été trouvées 
dans le tabes, et la sclérose des cordons postéricurs est commune dans 
la paralysie gènérale. La clinique, d’ailleurs, avait depuis longtemps 
aítirmé Paffinité des deax affections. D’autre part, il existe des cas 
où des prédisposés, des débiles, des sujets atteints de psychose ma* 
nlaque dépressive ont contracté la syphUis, et sont devenus tabétiques. 

Ceci dit, une qnestion se pose : y a-t-il, en dehors de la paralysie 
générale tabétique, en dehore des cas de troubles mentaux indépen* 
dants du tabes et évotuant chez des tabétiques, une psychose vérita- 
blement liée à la maladie de Ducheime, une psychose de l’ataxie 
locomotrice? Depuis Kim (1868), beaucoup d’auteurs ont répondu, et 
diversement, à cette demande. Seul, le document de Alberto Rbzza 
(Rioista ilaliana di Neuropalologia, Psichialria ed Eleliroterapim, 
octobre 1912) sera considéré ici. Dans cette observation, il est question 
d’un homme de 52 ans, tabétique depuls quelques années, qui pré- 
senta des troubles mentaux, transitoires et récidivants, s’exprimant 
par de Ia confusion avec désorientation, des phénomènes haUucina- 
toires et des illusions, un délire de persécution avec mégalomanie; 
nulie démence dans les périodes calmes succédant à l’agitation. 

Cet homme ayant succombé à l’asile, on constate la présence d*un 


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processus de méningite et de vascularite avec infiltration lymphocy- 
taire, sans grande prolifération de la névrogiie, ni bien importante 
destruction des éléments nerveux, les lésions corticales, en íoyers 
disséminés pour ainsi dire, ne prédominant nulle part; en somme, les 
caractères de la méningo-encéphalite syphilitique. 

Gette signature histologique des altérations du cerveau répond à la 
question posée. Oui, en dehors de troubles psychiques, accidentds ou 
concomitants, en dehors de la paralysie générale, on peut obsener, 
dans le tabes, des épisodes délirants; s’ils ne sont pas conditionnés par 
le tabes, ils lui sont, du moins, rattachables par une conunune 
origine. Le syndrome peut ètre dénommé tabétique pour exprimer 
qu’il se développe sur le tabes. Mais il ne s’agit que de la continuation 
de Tenvahissement progressif du système nerveux par la syphiiis. Le 
tabes avait marqué la première étape, les manifestations de la mé- 
ningo-encéphalite marquent la seconde. 

Progrès médical , n° 24, 1913. 

Epilepsie et syphilis hóréditaire tardive : guérisoxi par 
Tiodothérapie. — M.Paul Boncour vient de publier une observa- 
tion très intéressante : c’est un cas absolument typique de syphilis 
héréditaire tardive; certains cliniciens ont parfois hésité à ranger 
sous cette dénomination des faits de syphiiis qui, ayant débuté dans 
le jeune àge, se sont atténués pour reparaítre vers dix ou douze ans. 
Dans le cas rapporté, il n’existe aucune hésitation. L’enfant n’a pré- 
senté aucune manifestation syphilitique avant l’àge de douze ans; 
il est important aussi de noter qu’il a été impossible de relever le 
moindre stigmate. 

On peut remarquer également que le cas de syphilis cérébrale offre 
une expression symptomatique un peu anormale. Les symptdmes qui 
marquent le plus fréquemment les débuts de la syphilis cérébrale sont, 
en effet : Tépilepsie, la céphalée, les troubles intellectuels. Or, dans 
le cas présent, l’épilepsie a toujours été isolée jusqu’à la fin; elle n’a 
pas présenté de caractère spécial, et, sans la réaction de Wassermann, 
il eùt été impossible de penser à une affection spécifique. 

L’iodothérapie a donné, chez ce malade, un succès inespéré; après 
de nombreux tàtonnements et devant l’impossibilité où se trouvait 
le sujet de supporter l’iodure et les divers produits iodés sous les formes 
habituelles, l’auteur a été amené à utiliser l’iodostarine, acide gras 
diiodé du professeur Arnaud (du Muséum); cet iode organique, sans 
saveur, facile à prendre, soluble seulement dans l’intestin, mais utilisé 
complètement dans l’organisme, a été admirablement supporté par 
le petit malade et a donné des rèsultats tels, que trois mois se sont 
écoulés sans aucune crise et que l’enfant est retourné au lycée et tra- 
vaille régulièrement; c’est là un point très important et très digne 
d’ètre noté au point de vue thérapeutique. 


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Bullelin médical de l'Algérie, 25 aoùt 1913. 

Un nouveau cas de« dementia praecocisaizna », par MM. Ardin- 
Delteil, Max CXiudray et Derrieu. — Si dans la majorité des cas, )a 
démence précoce s’observe à l’àge de la puberté, des manifestations 
semblables ont été signalées chez les tout jeunes enfants : on leur a 
donné le nom de demenlia prsecocissima . Les observations en sont 
encore rares,car Constantini n’a pu en réunir,dans un travail récent, 
que 30 cas. 

Un enfant de sept ans présentait des stigmates de dégénérescence, 
avec des antécédents héréditaires irès chargés (alcoolisme, tubercu- 
lose, etc.). 

Cette psychose de date récente se traduit par la catatonie,les sfcéréo- 
typies kinétiques et parakinétiques, la suggestibilité, le déficit psy- 
chique, l’indifférence émotionnelle. 

« Notre cas est donc le trente et unième signalé dans la littérature. 
Ce type de démence précoce bat fortement en brèche l’étiologie et la 
pathogénie de cette affection, à savoir, d’après Krmpelin, l’auto- 
intoxication génitale. »11 íaut étendre le cadre et incriminer d’autres 
facteurs morbides, tels que la tuberculose et avant tout l’hérédité 
alcoolique. J. Crinon. 

Encéphale, janvier 1913. 

Recherche8 histologplques sur l’hypophyse des psychopa- 
thes, par Laignel-Lavastine et Jonesco. — Dans leur ensemble, les 
hypophyses des psychopathes apparaissent relativement peu lésées, 
mais d’aspect trte varié. Si on essaie d’établir un rapport quelconque 
entre les diagnostics des malades : paralysie générale, démence pré- 
coce, démense sénile, confusion mentale, et les aspects histologiques 
constatés, on voit que la multiplicité des facteurs qui influent sur 
l’hypophyse, masquent en partie, sinon tout à fait, les forraules histo- 
pathologiques qu’on pourrait concevoir répondre à des expressions 
morbides. Cependant dans la démence paralytique, la vaso-dilatation, 
et dans la démence sénile, la sclérose périvasculaire, ont été retrouvées 
avec trop de fréquence pour que nous n’y voyions pas l’une des 
caractéristiques de l’hypophyse « paralytique » et de l’hypophyse 
• sénile ». 

Pour la démence précoce , les aspects trouvés sont trop divers et 
le nombre des cas examinés trop petit pour qu’on puisse rien dire de 
l’hypophyse des déments précoces. Cependant de l’analyse des trois 
cas se dégage cette conclusion qu’il existe dans le groupe vraisembla- 
blement hétérogène des«déments précoces »des individus dont l’hypo- 
physe est malade. Comme le remarquent les auteurs, c’est là une 
constatation importante, si l’on se rappelle l’influence des perturba- 
tions endocrines sur l’encéphale. 


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ABVUtB DB PSYGHIATRIB 


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Encéphale y février, 1913. 

Racherches sur les glandes génitales dans la démenoc 
précoce, par MM. Obregia, Parjion et Urechia. — Bien des psy- 
cbiatres ont émis i'hypothèse que la pathogénie de la démence prè- 
coce pouvait ètre en rapport avec des processus morbides fixés sur 
les organes génitaux. Malheureusement les recherches anatomiques 
sont encore trop peu nombreuses. Pour tenter de combler cette lacune, 
les auteurs ont, dans une douzaine de cas de démence précoce suivs 
d’autopsie, étudié l’état des glandes sexuelles, testicules et ovaires. 

La conclusion générale que les auteurs tirent de leurs recherches 
est la suivante : Tapparition de la démence précoce ne semble pas 
liée à un trouble de la sécrétion interne des glandes sexueHes. 

Encéphale , 10 septembre 1913. 

Traitament de l’épilepmie par les terments lactiquee, par le 
D f A. Rodiet. — L’auteur est parvenu à de beaux résultats dans 
le traitement de l’épilepsie par la méthode qu’a préconisée M. Mau- 
rice de Fleury à i’Académie de Médecine. La méthode employée est 
d’aitleurs complexe, et, à còté de l'action des ferments lactiques, il 
faut pen&er à celle du régime auquel les malades ont été souinises. 
Ce régime était le régime végétarien ou plutót végétalien (ni cbuís 
ni lait) avec une très faible quantité de chlorures. Toujours est-fl 
que, malgré la suppression du bromure, que M. de Fleury n’avait pas 
réalisée dans ses expériences, non seulement l’état général est devenu 
excellent pendant la durée du traitement, mais encore l’on n’a pu 
observer aucun accès convulsif durant toute la cure de désinfection 
intestinale. Chez les malades affaiblis, il est indiqué de tonifier l’orga- 
nisme par des préparations arsénicales et des injections de sérum. 

Le grand intérèt de cet article est dans la constatation de la com- 
plexité nécessaire d’un traitement qui s’adresse à une évolution patho- 
logique complexe, son adaptation au terrain spécial que présente cha- 
que malade, la notion des troubles fonctionnels d’origine surtout 
toxi-infectieuse, mème lorsqu’une lésion encéphalique est démontrée, 
comme si celle-ci ne faisait que créer un état de moindre résistancc, 
enfin ies bons résultats de ces méthodes vraiment biologiques. 
Ajoutons que si l’on pouvait soustraire certains malades à la sub-in- 
toxication bromuréequi les fait vivre souvent dans un état de semi- 
torpeur, le progrès accompli serait considérable. La méthode de 
M. Toulouse, basée sur la déchloruration, que les lecteursde la fìeuae 
de Psychiatrie connaissent bien, adéjàpermisderéduiredans bien des 
cas cette intoxication au minimum. Bien que différentes dans leur 
principe et dans ieurs applications, les deux méthodes présentent 
ainsi une certaine parenté. M. Mignard. 

(Voir la suite après le bulletin bibtìofraphique mensud.) 


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BBVUB DBS PÉRIODIQUKS 


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Bulletin Médical, 24 mai 1913. 

CooBidòratìons snr 1.036 cas d’énucléation totals ds la pros- 
tato, par ie prof. Freyer. — Sur ces 1.036 opèrés, on note 57 morts, 
ssit unemortalité de 51/2 p. 100, les réaultats sur les 979 casrestaats 
ayant été des plus favorables. Du reste, avec l’expérience, la morta- 
liié a diminué puisqu’elle est tombée de 10 p. 100 environ (pour les 
160 premiers cas) à 4,5 p. 100 (dans les 400 derniers cas). 

Les causes de la mort ont été : l’urémie, due & une affection chro- 
aiqae des reins (24 eas); une maladie du cceur (9); le shock (7); 
l’épaisement (3); la septicémie (3); la ntanie (héréditaire dans un cas) 
(2); une tumeur maligne du foie (2); la bronchite (2); la pneumonie 
(1); une erabolie pulmonaire (1); une hémorragie cérébrale (1); une 
pancréatite aigué (1). 

Un des traits caractéristiques de l’opération est que les malades 
retrouvent littéralement une nouvelle jeunesse. Ce fait est teUement 
frappant que l’auteur estime qu’en dehors de la douleur physique et 
de la dépression morale causées par les symptOmes de rétention, la 
giande hypertrophiée doit déverser dans la circulation des sécrétions 
intemes de nature toxique. 

Nul doute qu’il n’y ait, dans ces observations, une incitation nou- 
velle à examiner, à ce point de vue, les vieillards atteints d’une psy- 

Bulleiin Midicat, 23 juiUet 19J3. 

Sur un cai de délire de perséootion cbm un enfant de neul 

«as, par J. Roubinovitch. — La particularité de ce cas est l’extrème 
précocité de l’épisode délirant; alors que, généralement, ces manifes- 
tathras psychopathiques se montrent au momentde la puberté, nous 
les voyons ici apparaitre longtemps avant cette phase physiologique. 
Mais nous retrouvons, chez un enfant de neuf ans, les lacunes intel- 
lectuelles, l’orgueil, la méfiance, l’égolsme morbide, l’irritabilité, 
tout le syndrome, en effet, qui sert de base à i’édification d’un petit 
système délirant interprétatif, non hallucinatoire, composé surtout 
d’idées de persécution au milieu desquelles surnage l’idée prévalente 
(l’idée d’ètre persécuté). 

Nous saiais8ons ainsi, à un Age où jusqu’à présent cela n’a pas été 
encore fait d’une fagon directe, la réalité de cette constitution psy- 
chique particulière dite < constitution paranolaque », dont la connais- 
sance est si importante pour l’histoire évolulive et la classificaUòn des 
déiires systémaUsés chroniques. Nous voyons, en effet, s’allier chez 
cet enfant, sur un terrain d’hérédité pathologique certaine, des ano- 
malies morphologiques, une faiblesse intellectuelle, un défaut d’adap- 
taUon au milieu, des troubles profonds du caractère, tous les attrí- 
buts, enfin, d’une tournure d’esprit qui a conduit cemaladeàorganiser, 
dès l’áge de neuf ans, un peUt délire interprétatif de persécution, uue 
véritable paranoia infantile. 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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Gazelte des Hópilaux , 3 avril 1913. 

La psychiatrie, par R. Benon. — L’auteur íait à ce propos les 
déclarations suivantes : « La psychiatrie, pathologie des sensations, 
des idées et surtout pathologie des émotions et des passions, peut 
prendre son droit essor vers la cité vivante. Son domaine est plus 
vaste au dehors qu’au dedans des asiles puisqu’il est possible d’écrire: 
loute maladie qui ne s'accompagne pas de signe somatique esl <fordre 
psychiatrique . 

« Non seulement la psychiatrie peut secouer le joug ancien et serré 
des aliénistes, mais elle le doit . Cloltrée dans les asiies, gardée par les 
aliénistes, elle ne vivra que d’une vie anémique et presque végéta- 
tive, en partie parce que « fonctionnarisée ». Dehors, au grand air, 
au grand jour, développée, précisée, elle ne sera pas seulement une 
psychiatrie d’amateurs, éprise tout à coup comme il y a quelque temps 
de choses plus ou moins exotiques; elle pénétrera de son influence 
précieuse, gráce à sa valeur clinique, les milieux scientifiques, juri- 
diques, sociologiques, philosophiques, littéraires, etc. Elle conquerTa 
une place considérable parce qu’on a besoin d’elle, parce qu’elle per- 
met de connaìtre un peu plus les secrets de l’esprit humain tant à 
l’état normal qu’à l’état morbide. Dans de nombreuses questions 
d’actualité, notamment dans les problèmes angoíssants de crimino- 
logie infantile ou juvénile, elle ne tarderait pas, si elle était forte, 
vigoureuse, entreprenante, à jouer un ròle au premier rang, ròle 
élevé de témoignage, de consultation, sinon de démonstration. Qu’elle 
abandonne sans regret aux magistrats les séquestrations et les pré- 
jugés qui leur font un triste cortège, qu’elle limite son activité à 
l’observation clinique positive qui la spécialise seule, et l’avenir est 
certain, quoique l’horizon reste éloigné. » 

Gazette des hópitaux, 17juin 1913. 

La peur de l’autel, par Sainton. — II s’agit d’un prètre ágé de 
quarante-huit ans, qui, chaque fois qu’il devait monterà l’autel, sur- 
tout à l’occasion d’une cérémonie, était pris d’uneangoisseinvincible. 
Voicidans quelles circonstances s’est produit le début des accidents. 

« II y a trois ans, écrit le malade, à la suite d’un vertige survenu pen- 
dant la célébration d’une messe tardive, au lendemain d’un jour où 
j’avais pu fatiguer l’estomac, j’ai senti une angoisse inexprimabie qui 
m’a détraqué le système nerveux. J’ai expérimenté ce jour-Ià ce que 
j’avais appris en philosophie qu’il y a des acles d'une inlensilt telle 
qu'unseulsuffit á créer une habitude . Depuislors, j’ai eu un peulapeur 
des foules, mais surtout la peur de l’autel. » La « cristallisation »émo- 
tive s’est donc faite d’emblée et depuis elle n’a jamais cédé. « Lorsque 
je pense, dit le malade, que je monte à l’autel, que je dois y rester 
une heure ou une demi-heure sans pouvoir quilter; si surtout je sais 
derrière moi une foule ou quelquc personne gènante, je sens un étau 


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REVUE DES PÉRIODIQUES 


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me serrer le front, j’ai le regard mal assuré; parfoi9 le coeur ou le 
diaphragme s’agitent violemment; la peur me saisit , augmente le 
vertige de mes regards qui par un retour fácheux augmentent encore 
ma peur, comme deux miroirs parallèles se renvoient indéfiniment 
leurs impressions. » 

Quelle est la cause de cet état d’angoisse? Les troubles gastro-in- 
testinaux qu’éprouve le malade sont légers, ils sont passagers et Tan- 
goisse se reproduit toujours dans les mémes conditions. C’est dans 
l’hérédité que l’on trouvera Texplication de cet état phobique ; son 
père, diabétique, e9t mort de conge9tion cérébrale; sa mère de santé 
robuste est morte d’affection cardiaque après avoir élevé onze enfants. 
Elle était sujette à des scrupules et, ajoute le malade, « à mon avis le 
scrupule est une phobie d’un genre particulier ». II est impossible de 
raisonner plus justement de son cas. Fils de scrupuleuse, ce prètre est 
un psychasthénique prédisposé à la phobie ;!celle-ci s’est déclanchée à 
propos d’un acte professionnel et sous Tinfluence d’un vertige insi- 
gnifiant. Nous avons recherché si des cas analogues avaient été cités; 
nous n’en ^avons relevé qu’un présentant avec celui-ci une certaine 
similitude. Un prétre, cité par Régis, d’après Litchwitz, était, à cer- 
tains jours et surtout quand l’église était pleinede monde, dans l’im- 
possibilité de gravir les marches de l’autel pour dire la messe. 


Nouvelle Iconographie de la Salpèlrière , 
novembre-décembre 1912, p. 463-472. 

Contribution à l’étude de l’obésité desparalytiquesgénéraux, 

par Al. Obregia, C. Parhon etC. Urechia. — Relationde 4 casd’obé- 
sité dans la paralysie générale dont 1 avec autopsie. 

Les auteurs, étudiantla pathogénie de ce trouble nutritif, pensent 
qu’il est dù principalement à une altération des glandes endocrines 
(corps thyroíde, capsules surrénales, rate, testicules, hypophyse). 
Cette doctrine de l’obésité des paralytiques généraux à pathogénie 
polyglandulaire semble assez séduisante. 

Lyon Médicaly 24 novembre 1912. 

Y a-t-il une folie du cuir ? par Briau. — Depuis 1882, on a com- 
mencé dans les bourrelleries à utiliser une colle au sulfure de carbone. 
Celle-ci est parfois employée en lieux clos, sans aucune des précau- 
tions observées par les usines spécialisées. II peut se produire une 
véritable intoxication chronique par le sulfure de carbone avec des 
symptòmes allant de la surexcitation maladive à l’aliénation mentale 
caractérisée. Quelques mesures élémentaires feront disparaítre cette 
pseudo « folie du cuir ». 

J. Crinon. 


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HEVUE DE P8YCHIA.TR 1B 


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ABffiRIQUE 


The Joumal of nervous and Mcnkti Disease, janvier 1912. n° I. 

Diagnostic diífértntìal eatrola psycboM maniaque- dépr— 
aive et la démence précoce, par Alfred Gordon. — L’auteur rap- 
peile brièvement les bases sur lesqueiles repose ia conception krae- 
peiinienne de la Psychose maniaque dépressive et íait remarquer que 
m cette théorie a marqué un grand progrès en psychiatrie, elie eat 
aussi la cause de fréquentes erreurs de diagnostic. 11 rapporte ensuite 
quatre observations où, suivant la période considérée de la maladie, 
le diagnostic entre psychose maniaque dépressive et démence précoce 
était particulièrement délicat. Le premier, ie deuxième et le qua- 
trième cas se présentèrent au début comme des psychoses maniaques 
dépressives, pour finir par la symptomatoiogie typique de la démence 
précoce. Le troisième présenta d’abord le tableau d’une démence 
précoce; consécutivement, ce malade paraissait plutòt maniaque 
dépressif. L’auteur pense pouvoir tirer de ces faits deux propositions : 
1° Deux psychoses différentes peuvent se montrer mdépendamment 
l’une de l’autre au cours de la vie d’un individu; 2° Si la psychose 
maniaque dépressive se montre d’abord et est suivie par la démence 
précoce, les symptòmes de cette derntère doivent s’observer au cours 
de la première, d’où il s’ensuit que le problème se pose ainsi: A-t-on 
affaire à une véritable psychose maniaque dépressive, ou bien est-ce 
une démence précoce au cours de laquelle on peut observer de temps 
à autre des phénomènes d’excitation et de dépression? Chez un indf- 
vidu présentant des alternatives d’excitation et de dèpression, mais 
présentant une modification de ces facultés affectives, on pensera àla 
démence précoce. Si le malade se présente avec des symptòmes iui- 
tiaux de démence précoce, et que par la suite il présente des alterna- 
tives d’excitation et de dépression, on ne doitlesconsidérerque comme 
des manifestations épisodiques! 

Evidemment, et ce long article ne nous apprend rien de nouveaa. 
La discussion pourra s’éterniser ainsi tant que les auteurs ne voudront 
pas s’astreindre à faire une analyse psychologique soigneuse des 
malades et étudier leur fond menlal, pour, en casdechronicité probahle, 
y découvrir cet état particulier qui, au sens fran^ais du mot, n’est pas 
une démence, mais une para-démenee, et c’est ce que Bleuter appeOe 
la schizophrénie et Angiade et Pujol (1) «la dissociation mentale >. 

R Bbssfèbe. 

(1) PujOL.Sur la dissociation mentale. Essai de pronostic précoce deséfats 
mentaux polymorphes. Bordeaux, 1912. 


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RBWB DBS PÉRI0D1QURS 


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BELGIQUE 

Bulldin de la Sociéii de Midecine mentale de Belgique, décembre 1912. 

Infection et pathogénie mentale, par Paul Famenne. — Beau- 
coup de troubles mentaux, dit l’auteur, mème quand ils ont pris 
l’aspect des maladies mentales décrites dans les traités, reconnaissent 
pour cause une infection microbienne ou une intoxication. 

2° De méme que les troubles de l’esprit, causés par des toxiques 
inorganiques sont en rapport avec la nature de ces toxiques, que 
l’ivresse de l’alcool n’est pas la mfime, par exemple, que celle du 
haschich ; de mfime que les psychoses produites par des toxines mi- 
erobiennes sont différentes suivant l’espèce de ces microbes. C’est 
ainsi que dans l’état aigu Ie délire du pneumonique avec son besoin 
d’agitation, ses hallucinations de la vue, ses zoopsies (qu’on met 
souvent à tort surle compte de l’alcool), n’est pas du tout le mfime 
que le délire de la fièvre puerpérale, avec Sa stupeur, sa dépression 
maaneolique. Et dans l’état chronique, nous constatons que ie délire 
dft aux toxines du spirochète, avec ses idées de gandeur, n’est pas le 
mfime que celui qui reconnalt pour cause les toxines du gonocoque. 
Iti ce sont surtout des interprétations erronées, des idées hypo- 
chondriaques, du délire systèmatisé de persécution, etc. Souvent, et 
pour cause, les deux sortes de délires s’associent et se confondent. 

3° Les psychoses, qui reconnaissent une cause toxi-infectieuse, 
sont souvent encore curables, méme quand elles ont pris l’aspect des 
types mentaux bien dèfinis. Dans ces conditions, ces maladies ne 
devraient pas toujours fitre soignées dans des asiles d’aliénés fermés, 
mais bien dans des quartiers d’hdpital spècialement aménagés. 

4« Le traitement de ces maladies doit fitre avant tout causai et 
antitoxique. 11 est certain que la stérilisation du syphilitique par le 
Salvarean, associée à la vieille mèdication iodo-hydrargyrique, nous 
indique la voie à suivre dans le traitement antitoxique de la plupart 
dto psychoses. 

Je ne puis m’étendre sur ce point. Je pense cependant qu’il existe 
des acquisitions nouvelles, sur leequelles il est bon d’insister, parce 
qn’on n’y reeourt pas assez souvent. Je cite rapidement: l’opothérapie 
d’abord, dont le rdle antitoxique est indéniable et qui donne parfois 
des résultats surprenants; l’hydrothérapie et la sudation; le sérum 
artiticiel, chez les malades déshydratés, les lavements salés; les agents 
physiques, parmi lesquels le travail manuel et les bains d’air et de 
soleil. Enfin, la ponction lombaire, dans toutes les psychoses consèeu- 
tives à de grandes infections. Elle agit, non seulement en enlevant 
une partie des poisons, mais aussi en diminuant l’oedème du cerveau, 
par la modificatioa qu’elle apporte dans l’équilibre des différentes 


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RBVUE DE PSYCHIATRIB 


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pressions (liquide céphalo-rachidien, sang, matière cérébrale) qui 
s’exercent sur l’encéphale. 

Je n’ai point parlé de traitement moral. J’y attache cependant 
dans tous les cas, la plus grande importance. Je crois, en effet, qu’en 
calmant le malade, il régularise les diverses fonctions de rorganisme 
et joue encore ainsi, d’une fagon indirecte, un róle antitoxique, puis- 
qu’il facilite les éliminations naturelles. 

J. Crinon. 


ITAXiEE 

La medicina italiana, 31 juillet 1912. 

L'épilepsie d’origine oculaire. — Les traités, sauf celui de 
Gélineau, ne mentionnent guère la perte d’un oeil en tant que phéno- 
mène épileptogène. Cela tient peut-ètre à ce que la preuve d’une rela- 
tion de cause à effet entre le traumatisme oculaire et ìa maladie convul- 
sive développée dans la suite est peu facile à établir. 

M. Fráncesco Ciccarelli, du Manicome provincial d’Aquila, 
considère cependant une telle relation comme évidente dans trois cas 
exempts d’hérédité morbide observés par lui (La Medicina ilaliana , 
Naples, 31 juUlet 1912). II est possible de résumer chacun d’eux en 
peu de mots : I. Enucléation de l’oeil droit à 4 ans, premières convul- 
sions à 6; le sujet, actuellement àgó de 18 ans, a dù ètreinterné en 
raison de la confusion mentale qui précède ses accès convulsifs, et 
surtout d’un profond déficit moral et intellectuei. — II. A 4 ans, 
traumatisme oculaire; le globe droit s’atrophie; premières convulsions 
à 10 ans. — III. Ophtalmie posttraumatique et énucléationà 14 ans; 
première attaque épileptique six mois plus tard. 

Le point intéressant de l’article de M. Ciccarelli conceme la discus- 
sion pathogénique des cas de ce genre. L’épilepsie d’origine oculaire ne 
saurait ètre considérée comme une épilepsie réflexe, ainsi que le voulait 
Geiineau; l’énucléation ou l’atrophie d’un globe oculaire a pour 
conséquence anatomique la disparition de certains faisceaux nemux 
et l’aplatissement des circonvolutions occipitales de l’hémisphère 
cérébral du còté opposé. Le développement de l’épilepsie d’origine 
oculaire doit ètre rapporté à l’asymétrie anatomique, par conséquent 
à la déséquilibration dynamique et fonctionnelle conditionnée par 
la dégénération ascendante des voies optiques. 


Le Gèrant : O. DOIN. 

PARI8. — IMPRIMERIB LEVÉ, 71, RUE DE RENNBS. 


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LA MYOCLONIE ÉPILEPTIQUE (i) 

Par MM. Oddo et Corsy. 


Prittchard, Delasiauve, Herpin, avaient remarqué les mouve* 
ments anormaux qui peuvent se produire chez les épileptiques 
en dehors des crises; mais Hammond établit le premier les rela- 
tions qui existent entre les crises épileptiques et certaines secousses 
musculaires; malheureusement il englobait dans sa description 
les secousses de la crise de l’épilepsie bravais-jacksonienne. La 
myoclonie épileptique avait cependant maintenant droit de cité et 
les travaux de Pierre, de Nothnagel, de Jacob Weiss, de Voisin ne 
íirent que compléter les descriptions de Hammond. Plus tard, 
les travaux se multiplient: citons tout d’abord celui d’Unverricht, 
ceux de Seppali, Garnier et Santenoise, Betcherew, les thèses de 
Rabot, de Grondosse, etc. 

C’est alors que Lundborg, dans un travail d’ensemble, crut pou- 
voir distinguer trois maladies dans ce groupe complexe de faits : 

1° La myoclonie-épilepsie intermiitente (type Lundborg), carac- 
térisée par des secousses musculaires, rares souvent pendant de 
longues périodes, augmentant d’intensité, se généralisant (tout 
en restant intermittentes) vers l’approche des crises épileptiques. 
L’évolution de cette maladie est la mème que celle de l’épilepsie 
banale. 

2° La myoclonie-épilepsie progressive , familiale (type Unver- 
richt). L’affection évolue en trois stades : a) stade de début, stade 
épileptique presque pur, à peine quelques secousses, quelques 
crampes au réveil, pendant la joumée; p) stade d’état: les secous- 
ses ont tellement augmenté de fréquence qu’elles sont continues, 
générahsées, s’accompagnant de salivation, de sudation, entre- 
coupées de crises épileptiques, souvent plus espacées à cette période. 
Ces crises épileptiques n’amènent qu’une accalmie très passagère 
des mouvements; y) stade terminal : l’agitation est perpétuelle, 
le malade, confiné au lit, ne peut s’alimenter : il meurt cachectisé. 
Parfois l’évolution est abrégée par la mort en état de mal. 

(1) Communication faite & l’Académie de médecine, le 28 octobre 1913. 

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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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3° L'epilepsia corlicalis seu partialis conlinua (type Kojewni- 
koíf). Secousses myocloniques localisées en un territoire précis : 
c’est de ce territoire que partent les crises bravais-jacksoniennes. 
Ges secousses, dans certains cas, sont réduites à de simples trem- 
blements fibrillaires. 

A ces trois myoclonies-épilepsies, il faut ajouter le nystagmus 
myoclonie, décrit par MM. Lenoble et Aubinet, puis par M. Meignan. 

Nous avons eu Toccasion d’étudier longuement et de suivre 
quatre malades, quatre épileptiques, présentant des secousses 
myocloniques. 

Obs. I. — M Ue X..., seize ans. Antécédents héréditaires chargés : 
père mort de méningo-encéphalite diffuse, mère atteinte de neuras- 
thénie grave; fille unique. Elle présente une première crise épilep- 
tique il y a dix-huit mois; depuis, deux autres crises. Le matin, au 
réveil, elle est prise de secousse musculaire généralisée, durant une 
demi-heure environ; ces secousses augmentent en inteisité, en durée 
si le réveil est brusque. Elles ne se reproduisent jamais dans la joumée, 
à moins qu’elle ne s’endorme; alors nouvelles secousses myocloniques, 
mais plus faibles, moins durables. Le bromure a suspendu les crises 
sans modifier les secousses myocloniques. 

En résumé : secousses myocloniques au réveil seulement, chez une 
épileptique peu gravement atteinte. Pas d’évolution. 

Obs. II. — T... (Frangois), dix-sept ans. La mère aurait eu des 
crises pithiatiques. Antécédents personnels : méningite (?) à dix-huit 
mois : reste vingt-quatre heures sans connaissance. Guérison sans 
séquelles apparentes; intelligence normale, pas d’énurésie noctume; 
il présente cependant quelques stigmates de dégénérescence phy- 
sique et surtout psychique; caractère violent, emporté, méchant 
La maladie débuta par des secousses, rares, rendant l’enfant mala- 
droit; on pensait à des tics, quand éclata la première crise épileptique. 
Ces crises, quoique peu fréquentes, ont été très espacées par le trai- 
tement bromuré, qui est sans action sur les secousses. Les mouve- 
ments myocloniques sont de deux ordres : soit simples tremblements 
brusques, ne déplagant pas le membre, soit soubresauts subits, en 
décharge èlectrique. Leur siège est surtout les membres supérieurs, 
toutefois la face n’est pas épargnée. L’émotion, l’examen médical, 
l’approche d’une crise augmentent l’étendue et la fréquence de ces 
mouvements. Absences épileptiques nettes. 

En résumé : épilepsie avec secousses myocloniques intermittentes, 
non familiale, ne semblant pas évoluer pour le moment. 

Obs. III.—B... (Louis), vingt-sept ans. Une sosur présente des mou- 
vements, très rares, sans crises épileptiques. Asymétrie faciale très 
prononcée. Début brutal, il y a treize ans, par état de mal épileptique 
qui dure quatre jours, s’accompagnant de fortes secousses cloniques. 
Depuis, le malade présente des secousses etdes crises : les crises, d’a- 
bord mensuelles, se sont rapprochées. Les secousses myocloniques 


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LA MYOCLONIE ÉPILEPTIQUE 


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sont typiques par leur brusquerie, leur intensité. Chaque mouvement 
volontaire est troublé, la marche est parfois impossible, il fait quel- 
ques pas, une brusque secousse, fléchit le tronc sur les cuisses, le 
malade tombe et en se blessant maintes fois. La myoclonie augmente 
progressivement pour atteindre un maximum : alors éclate la crise 
épileptique. Le bromure éloigne les crises et calme légèrement les 
secousses. 

En résumé : épilepsie avec secousses myocloniques presque con- 
tinues, très augmentées à Tapproche des crises. 

Obs. IV. — F... (Alexandrine), dix-neuf ans. Alcoolisme du grand- 
père maternel. Un frère aurait présenté des mouvements anormaux. 
Début à i’àge de neuf ans. Brusque dérobement des jambes, elle 
tombe sans perdre connaissance : pas d’énurésie nocturne. Un an 
après, première crise comitiale nette. Les crises se répétèrent d’abord 
tous les mois, puis elles furent plus rapprochées et maintenant 
dles sont très fréquentes et très variables : parfois deux dans une 
mème joumée, d’autres fois, une semaine sans crise. Entre temps, 
nombreuses crises comitiales ébauchées, sans perte de connaissance. 
Les secousses myocloniques apparues lors des premières crises, d’abord 
rares, sont devenues progressivement plus fréquentes, et à l’heure 
actuelle elles sont continues, généralisées, avec paroxysmes à l’appro- 
che des crises, sous l’influence de l’émotion, des règles. La pression, 
la percussion des tendons, des masses musculaires, un fròlement, réveil 
lent des secousses, les unes légères, tremblements fibrillaires, les autres 
massives, remuant tout un membre. La face n’est pas épargnée; 
aussi la parole est difficile, gènée par les mouvements de la langue, 
des lèvres, du diaphragme. Pas de nystagmus. Signes de dégénéres- 
cence physique, voùte palatine ogivale, dentition irrégulière, obésitd. 
L’état psychique s’est altéré : assez intelligente dans sonjeune àge, 
elle est comme hébótée à l’heure actuelle, caractère sournois, querel- 
leur. Depuis bientòt un an, dans les périodes de grande agitation, la 
malade est confinée au lit et ne peut s’alimenter que difficilement. 
Les masses musculaires de la racine des membres sont nettement 
hypertrophiées. Le traitement bromuré seul ne modifie pas les crises; 
mais avec le régime déchloruré d’abord, pas de modifications, puis 
survient une énorme décharge chlorurée urinaire (60 grammes par 
jour, M. Oddo et Payan), qui diminue les secousses; les crises sont 
éloignées pour un temps. 

En résumé : myoclonie continue avec paroxysmes pendant lesquels 
la malade est confinée au lit, crises épileptiques, très fréquentes, 
améliorées par le bromure seulement lors de l’apparition de la dé- 
charge chlorurée. 

Pouvons-nous faire rentrer nos observations dans les cadres 
classiques que nous avons rapportés plus haut et, pour préciser, 
pouvons-nous les rapprocher de la myoclonie-épilepsie de Lund- 
borg ou de la myoclonie-épilepsie, type Unverricht ? 

Faisons remarquer que, dans le type Unverricht, la notion 
d’hérédité similaire nous paralt ètre secondaire; on ne la retrouve 


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Origirìal fro-m 

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RBVUE DB PSYCHIATRIE 


pas dans l’observaiion de MM. Euzières et Maillet ( Gaz . des Hópil ., 
7 juin 1910), dansceUede MM. G. Jacquin et L. Marchand (ĺ'£r* 
céphale , 10 mars 1913). 

Or, si nous jetons un coup d’oeil d’ensemble sur nos quatre obser- 
vations, nous remarquons qu’eUes semblent présenter des stades 
différents, évolutifs d’une méme maladie.Dans la première, quei- 
ques secousses au réveU; ces secousses sont plus fréquentes, subis- 
sent des périodesd’augment au moment des crises épUeptiques chez 
la seconde; chez le troisième, les secousses sont encore plus fortes, 
le malade tombe, l’épilepsie est déjà plus grave. Enfin, notre qua- 
trième malade est, par intervalle, confinée au lit, incapable de s’ali- 
menter, et on peut prévoir, pour un temps plus ou moins éloigné.I’ap- 
parition d’une cachexie progressive. 

Dirons-nous, malgré cette transition insensible qui sépare nos 
différents cas, que les trois premiers sont du type myoclonie-épi- 
lepsie de Lundborg, I’autre du type d’Unverricht sans caractère 
familial ? II nous paralt plus clinique de faire rentrer toutes ces 
formes de secousses liées à I’épilepsie, dans un seul et mème syn- 
drome: la myoclonie épileptique, simple forme clinique de l’épilepsie, 
et non pas une entité morbide bien à part: la myoclonie-èpilepsie 
des auteurs. Et alors, en modifiant légèrement les cadres classiques, 
nous verrons que la myoclonie épileptique peut présenter dans son 
évolution, dans sa symptomatologie, les différentes formes sui- 
vantes : 


1° Forme á Igpe inlermittenl (type Lundborg), 
pouvant ou non évoluer vers : 

2° Forme à type coniinu (type d’Unver- 
richt) souvent héréditaire, forme sévère évo- 
luant vers la cachexie. 

1 1° Forme á secousses localisées dans m seai 
dtpartemenl musculaire, point de départ de 
crises d’épilepsie bravais-jacksonien (type Ko- 

2° Forme à secousses localisées dans les mutcla 
de l'ceil: nygstagmus, myoclonie de Lenoble et 
Aubinet. 

Notre fajon de voir nous semble justifiée par l’examen de nos 
quatre observations et la lecture des faits cliniques recueillis par 
les auteurs. Toutes les myoclonies épileptiques présentent des 


1<> Formes d'apris ] 
Vévolution . .. 


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LA MYOCLONIE ÉPILEPTIQUE 


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caractéres communs, et ces caractères nous paraissent ètre les sui- 
vants : 

1° Terrain commun de dégénérescence épileptique très net, sou- 
vent hérédité chargée. Lamyoclonie n’apparalt que dans l’épilepsie 
grave. C’est, nous semble-t-il, de cette fagon qu’on peut expliquer le 
caractère familial du type Unverricht, l’épilepsie héréditaire étant, 
en général, d’un pronostic plus sévère; 

2° Identité qualitative des secousses myocloniques : intensité va- 
riable d’un moment à l’autre, brusquerie, massivité. La secousse 
agit sur la racine du membre et parfois le corps entier (chorée élec- 
trique); 

3° Influence sédative presque nulle du bromure sur les secousses 
et souvent méme sur les crises, mais, par contre, importance de 
la décharge chlorurique; 

4° Influence sédative des crises épileptiques sur la myoclonie, 
influence qui semble s’atténuer dans les formes graves (obs. IV); 

5° Augmentation de l’intensité et de la fréquence des crises 
par l’émotion, le réveil, l’examen médical, l’approche des règles; 

6° Enfin ne nous est-il pas permis, en l’absence de toutes nécrop- 
sies, d’interpréter en faveur de notre hypothèse Ies constatations 
histologiques de MM. G. Jacquin et L. Marchand ? En effet, ces 
auteurs ont décrit, à cóté des Iésions de méningite chronique, un 
processus de sclérose corticale, s’étendant en profondeur, et attei- 
gnant non seulement la couche moléculaire, comme dans l’épilepsie 
grave, mais encore la couche des cellules pyramidales; et ils ajou- 
tent que ces lésions irritatives des cellules pyramidales doivent con- 
ditionner les mouvements myocloniques. Cela nous paralt une 
hypothèse raisonnable d’admettre que, suivant la localisation en 
surface de ce processus irritable, on peut avoir les types Kojewni- 
koff, et peut>4tre le type nystagmus myoclonie, et, suivant l’étendue 
en surface et en profondeur, un type à évolution lente et méme sta- 
tionnaire : le type de Lundborg, et un type progressif, le type d’Un- 
verricht. 


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LES RAPPORTS DE LA PARANOIA 

ET DE LA PSYCHOSE PÉRIODIQDE 

(LA THÉORIE DE SPECHT) 

Par René Bessière 
Inlerne de VAsile Clinique. 


L’étude des rapports de la Paranoia et de la Psychose maniaque 
dépressive est une question à l’ordre du jour. Je me suis efforcé, 
dans un travail récent, d’en exposer l’histoire, en France et en 
Allemagne (1). 

Je ne ferai que rappeler les travaux franqais d’Anglade (2), de 
ses élèves Dubourdieu (3) et Soum (4), et la conception de M. Mas- 
selon (5), à laquelle j’ai cru devoir me rallier, car elle me semble 
cadrer parfaitement avec Ies cas qu’il m’a été donné d’observer et 
que j’ai rapportés. 

En AUemagne, cette question préoccupe aussi les espríts, depuis 
les travaux de Mendel. Parmi les théories échafaudées outre-Rhin, 
une des dernières venues est celle de Specht, qui a le méríte incon- 
testable de l’originalité. Elle est peu connue en France, du moins 
dans son ensemble, etje n’en ai retrouvé dans les journaux franfaii 
que de courtes analyses. II me semble intéressant de l’exposerdans 
ses détails, avec les critiques qu’elle a suscitées, à l’étranger, de la 
part notamment d’un psychiatre italien, Esposito. 


(1) René Bessière. Paranola et Psycbose périodique. Thèse deParis,6 févńer 
1913,165 p., A. Leclerc, édit. 

(2) Anolade. Délires systématisés secondaires. Congrès deMarseilie, 1899. 

(3) Dubouhdibu. Les délires de persécution symptomatiques de psyehMe 
périodique. Thise de Bordeaux, 1909. 

(4) Soum. Sur une association de la folie intermittente et de ia paranofc. 
Thise de Bordeaux, 1912. 

(5) Masselon. Les psychoses associés. Psychose Maniaque-Dépressive et 
Paranola. Annales Médico-Psgehologiques, juin 1912, p. 641. 


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RAPPORTS DE LA PARANOIA ET DE LA PSYCHOSE PÉRIODIQUE 403 


I. La THÉORIE de Specht. 

Elle a été exposée en 1908 dans le Centralblatt (1): 

Specht admet tout d*abord la conception kraepelinienne de la 
paranola (2) et considére les processifs (quérulants) comme des 
paranolaques typiques. Kòppen avait fait remarquer que certains 
processifs présentent un trouble de Fhumeur semblable à celui que 
Von observe dans la manie : cette remarque a servi de point de 
départ au travail de Specht qui affirme que Ton retrouve chez les 
quérulants, non seulement Tanomalie de l’humeur, mais tous les 
autres symptdmes maniaques tels que logorrhée, graphomanie, 
impulsion à agir, distractions, reparties faciles, etc. 

Mais la manie, et surtout l’hypomanie chronique n’est pas tou- 
jours aussi typique. 

Suivant les qualitésindividuellescongénitalesouacquises,suivant 
rintensité relative des symptòmes cardinaux, ou l’adjonction de 
phénomènes mélancoliques, on a des tableaux cliniques différents 
dont une analyse minutieuse peut seule révéler le caractère mania- 
que ou maniaco-mélancolique. C’est ce qui a lieu pour les processifs, 
car on ne s’occupe guère que des idées délirantes, qui ne sont que 
le produit final de la maladie ; et bien que certains auteurs aient 
été frappés par l’aspect maniaque de ces malades, ils ont négligé 
ces faits et considéré les symptómes maniaques comme secondaires. 

Or, il existe des quérulants qui sont purement des maniaques; 
d’autres, à la faveur de la durée prolongée d’unétathypomaniaque, 
élaborent des idées délirantes et les systématisent. On trouve entre 
ces deux extrémes toutes les formes de passage, et d’ailleurs chez le 
mème malade le tableau clinique parait tantót plus maniaque, 
tantót plus paranoíaque. Le délire ne peut donc expliquer l’état 

(1) G. Specht. Ueber die Klinische Kardinaifrage der Paranola. Centratb. 
1. nerv . u. Psych., 1908. 

(2) Rappelons que Kraepelin rattache à la démence précoce, et spécialement 
à la démence paranolde, les formes de paranola hallucinatoires à terminaison 
démentieile, méme lorsque celle-ci apparalt tardivement. 11 réserve le nom 
de Paranola à un groupe de cas (correspondant au délire d’interprétation et 
au délire de revendication de Sérieux et Capgras) dans lesquels les interpréta- 
tions délirantes constituent le symptóme, non pas unique, mais, cependant 
de beaucoup le plus saillant de la maladie. On voit se développer très lente- 
tuent un système délirant, durable, inébranlable, cependant que persistent 
sans étre troublés la lucidité et l’ordre dans la pensée, la volonté et les actes. 


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404 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


maniaque, tandis que ce dernier explique non seulement le délire, 
mais les actes des processifs. On ne doit pas parler de paranola qué- 
rulante, mais de manie quérulante. 

Specht étend ensuite son raisonnement aux autres formes de 
paranola. 

C’est ainsi que la distinction est impossible à faire entre la manie 
chronique et la paranola chronique. 

Les paranolaques exaltés, par exemple (réformateurs religieux, 
politiques, philosophiques, etc.), arrivent secondairement à l’idée 
de persécution, à la suite des déboires qu’ils ont au cours de leur 
vie, mais le fait primordial est l’exaltation du moi (symptóme 
maniaque). 

Specht montre ensuite qu’on observe des cas fréquents de manie 
périodique qui finissent par prendre un aspectparanolaquetypique. 
La transformation de la manie en paranola est si évidente qu’on 
ne peut pas admettre qu’il s’agit d’une paranola évoluant par 
accès. 

II est d'autres cas, pour lesquels l’argumentation devient difficile. 
Que va dire Specht de ces cas de paranola où le délire de persécu- 
tion, évoluant progressivement, lentement, occupe dès le début la 
première place. On ne peut pourtant pas parler de manie.Mais 
alors, répond Specht, ce sont les symptómes mélancoliques qui 
jouent ici le róle le plus important. Et en effet, la plupart des 
auteurs ne reconnaissent-ils pas que ces formes débutent en général 
par une phase de dépression? II ne s’agit certes pas de mélancolie 
vraie, mais d’un état mixte avec prédominance des éléments 
dépressifs. Les éléments maniaques, en augmentant le sentiment de 
la valeur personnelle du malade, déclanchent les idées délirantes. 
. D’ailleurs ne voit-on pas souvent, au cours d'une psychose 
maniaque dépressive, dans les stades de transition maniaco- 
mélancolique, se développer 'des symptdmes paranoldes plus ou 
moins durables?Ges symptòmes paranoldes sont causés par l’action 
réciproque des deux facteurs : manie, mélancolie. 

II en est de méme pour certains cas demanie chronique.dont les 
crises se traduisent habituellement par de l’euphorie ou de l’exalta- 
tion. Or, on voitsurvenir une nouvelle crise.au cours de laquelle 
le malade se montre morose et coléreux, c’est qu’alors sont appa- 
rus des symptOmes de dépression. Le malade se sentant déprimí 


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RAPPORTS DB LA PARANOIA BT DB LA PSYCHOSE PÉRIODIQUB 405 


(mélancolie), mais conservant un vif sentiment de sa valeur 
(manie), prend une attitude hostile, méfiante, jalouse, processive — 
et si cet état se prolonge, si les symptdmes maniaques ne sont pas 
trop prononcés (surtout la fuite des idées), les idées délirantes s’or- 
ganisent, se compliquent et l’on pose le diagnostic de paranola. 

Ge sont ces cas que l’on a rapportés sous le nom de : paranola 
guérie, de délire de persécution par accès, ou de paranola pério- 
dique. 

Après cette discussion des symptdmes cliniques de la paranola, 
Specht en esquisse la psychologie. Pour lui, la modification patho- 
logique de l’affectivité est la condition nécessaire dans la genèse 
du délire paranolaque. La tonalité affective donne le coloris général 
du délire. Quant à la forme particulière du délire, elle dépend en 
plus de l’état des fonctions intellectuelles : délire pauvre en cas 
d’inhibition psychique, délire plus productif en cas d’idéation facile. 
Si, au contraire, on voit dans les idées délirantes le résultat d’une 
opération purement intellectuelle, on est obligé de recourir à des 
subtilité8. Ainsi, à propos des processifs, on est obligé de rendre 
uniquement responsable du délire l’idée d’un préjudice judiciaire 
initial. Cela n’est pas exact,car il existe des quantités d’individus 
qui sont victimes d’erreurs judiciaires et qui ne deviennent jamais 
des paranolaques. 

Cependant I’action réciproque des facteurs exogènes, les uns 
déprimants, les autres exaltants, peut favoriser l’éclosion d’un état 
paranolaque. Tel est le délire des hommes politiques (d’un cóté 
soucis, humiliations, de l’autre, sentiment de supériorité intellec- 
tuelle réeIle).Tel est encore le délire des professeurs, des institu- 
teurs. 

Mais dans cescas Ia prédisposition est nécessaire, car on voit sou- 
vent des hommes occupant des situations qui développent le senti- 
ment de la valeur personnelle et engendrent des variations très 
marquées de l’humeur, en arriver logiquement aux idées de grandeur 
ou de persécution, et les rectifier ensuite plus ou moins facilement. 

En plus du trouble de I’affectivité, deIaprédisposition,ilfautfaire 
une large part, dans l’éclosion de ces délires, au trouble de l’asso- 
ciation.des idées (association soit ralentie, soitaugmentée). Et ces 
Bymptdmes ressortissent à la psychose maniaque-dépressive. 

II reste une demière objection. Pourquoi, dira-t-on, tous les 


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maniaques dépressifs ne deviennent-ils pas paranolaques? Specbt 
répond que les formes de manie dépressive, se traduisant par des 
accès francs, bien délimités, avec intervalles lucides parfaits, ou 
bien par des accès de forte agitation ou de profonde dépression, ne 
sont pas favorables à l’éclosion du délire paranoiaque. Les cas les 
plus favorables sont les cas à accès prolongés et peu tumultueux. 

A ce faisceau d’arguments, Specht en ajoute un dernier tiré de 
l'examen de l’hérédité des malades qu’ilétudie. On saitque la doc- 
trine de l’hérédité similaire tend à prévaloir à l’heure actuelle et 
Forster a démontré l’hérédité spécifique de Ia psychose maniaque 
dépressive et de la démence précoce. Specht a vu, de mème, une 
femme hypomaniaque donner le jour à deux filles paranolaques et 
à un fils périodique. Un quérulant était fils d’un hypomaniaque et 
père d’un maniaque dépressif. N’y a-t-il pas là une nouvelle confir- 
mation de sa théorie de la nature maniaque-dépressive de la 
paranoXa? 

Enfin, au point de vue pronostique, l’identité des maladies, 
étudiées jusqu’ici séparément, expliquerait les guérísons, les 
améliorations, les longues rémissions, les manifestations aiguès et 
péríodiques de la paranola. 

La terminaison serait aussi la mème : dans quelques cas,malgré 
Ia très longue durée de la maladie, aucune lésion; dans d'autres cas: 
léger affaiblissement intellectuel. 

Telle est dans son ensemble la théorie de Specht. 

Je dois dire qu’elle a suscité peu d’enthousiasme parmi les psy- 
chiatres qui l’ont critiquée dans de nombreux articles. 


II. Critique de la théorie de Specht. 

Kraepelin, d’après Halberstadt (1), rejette formellement cette 
théorie. 

L6wy (2) estime que les sujets, egocentríques, très émotifs, ches 
lesquels un tort grave ou qu’ils jugent tel a déterminé le délire, 
sont des quérulants et non des maniaques. 


(1) Halberstadt. L’opinion actuelle de Kraepelin sur la classification des 
états délirants. — Le groupe des parapbrénies. fíevae de Psychiatrie, 1912. 

(2) LOwy. Beitrag zur Lehre Querulantenwahn. — Cenlral. /. Nerv. a . 
Pey., 1910. 


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RÀPPORTS DE LA PÀRANOIA ET DE LA PSYCHOSE PÉRIODIQUE 407 

Willmans (1) veut bien admettre que la constitution paranola- 
que et la constitution maniaque-dépressive sont proches parentes, 
car elles sont toutes deux Tindice d*un terrain dégénéré, mais il se 
refuse à confondre la paranoia et la psychose maniaque dépressive. 
En effet Témotion du paranolaque est étroitement limitée à son dé- 
lire, ce qui n’est pas chez le maniaque; de plus, l’action du tort 
initial, déclanchant le délire, est bien plus nette que dans la psy- 
chose maniaque dépressive ; enfin la paranola a une évolution chro- 
nique constante, ce qui n’est pas la règle dans la psychose maniaque- 
dépressive. 

Crilique d'Esposito. 

Une des critiques les plus serrées qui aient été faites de la théorie 
de Specht est celle écrite par Esposito dans un article récent (2). 

Je vais la rapporter en détail. 

Esposito pense que les ressemblances cliniques qui ont amené 
Specht à voir dans les paranolaques des maniaques-dépressifs, 
sont des ressemblances superficielles. Specht paralt avoir négligé de 
considérer l’ensemble des symptdmes. II est évident que les idées 
délirantes ne peuvent et ne doivent avoir une valeur diagnostique 
à elles seules, bien que cependant elles permettent souvent une 
présomption de l’affection à laquelle elles appartiennent. Mais on 
ne voit pas non plus pourquoi on devrait assigner une si grande 
valeur à un état d’excitation ou de dépression. II n’existe pas de 
maladie mentale qui ne s’accompagne pas de changements et de 
variations de la tonalité affective. D’autre part, ces oscillations de 
rhumeur peuvent avoir une origine interne aussi bien qu’externe. 
II ne paralt pas possible de choisir pour caractère fondamental 
d’une forme morbide, un symptóme aussi changeant, d’essence 
aussi complexe, aussi peu accessible à l’analyse des mobiles qui le 
produisent, aussi riche en éléments subjectifs, aussi peu décelable 
objectivement. Et si par hasard l’excitation ou la dépression 
étaient, plutót qu’autochtones, la simple conséquence du contenu 
idéatif du malade? Toute la genèse maniaco-dépressive de la para- 
nola tomberait du coup. Et si les rapports entre l’excitation et la 

(1) Wilmans. Zur klinischen Stellungder Paranola. Central f. Nerv. u. Psy 
1910. 

(2) Esposito. Paranola e psichosi maniaco-depressiva. Riuisla llaliana di 
Nturopalologia-Psychialra ed Eleilrolerapia , 1911. 


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408 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


dépression d’une part, et la formation et l’évolution des idées déli- 
rantes d’autre part, ne sont ni constants ni concordants ? 

L’erreur peut donc ètre fondamentale, et il en sera toujours 
ainsi, tant qu’on oubliera que la plus grande faiblesse de notre 
séméiologie consiste dans I’ignorance où nous sommes de la valeur 
précise et de la signification des symptómes pris en particulier. Un 
symptóme n’a vraiment de valeur que lorsqu’on l’étudie dans son 
évolution et dans ses rapports avec les autres symptòmes. 

Esposito prend ensuite comme exemple Ie cas de la folie quéru- 
lante. 

Chez quelques-uns de ces malades, dit-il, les idées délirantes, 
dont l’orígine n’est pas nettement liée & un épisode de la viedu 
malade, s’élaborent rapidement, sont multiples, dominées par 
l'impression du moment et variables dans leur succession; on 
observe en méme temps la déviation de l’attention, le besoinde 
parler et de s’occuper, une humeur changeante. 

Dans d’autres cas, certes plus rares, les idées morbides ont un 
point de départ précis dans un épisode saillant de la vie du malade. 
Elles sont de formation plus lente, elles sont monotones, invaria- 
bles. Le malade garde une certaine modération; quoique tenace, il 
ne parle pas volontiers de ses affaires, ou quand il en parle, il y met 
une chaleur, parfois certes exagérée, mais qui ne devient pas « un 
incendie » et qui ne se manifeste qu’à l’égard d’un ordre donné de 
faits, sans s’étendre et se généraliser. L’humeur n’a que des fluc- 
tuations peu accusées et l’augmentation de l’excitabilité émotive 
se manifeste seulement à propos de la matière du litige. 

Ces deux formes sont radicalement différentes, aussi bien dans 
leur évolution que dans leur nature. 

Pendant que, dans la première forme, i’idée délirante n'explique 
pas Ia manie, comme dit Specht, elle explique très bien, dans la 
seconde forme, non pas la manie, qui n’existe pas, mais l’apparence 
hypomaniaque. Mème chez des individus normaux, le contenu 
idéatif réveille un écho dans la tonalité de l’humeur, écho qui est 
plus vif chez les sujets à émotivité accentuée. 

De plus, dans la deuxième forme, la comparaison entre I’idée 
délirante, fixe, immuable, et la faible varíation de l’humeur, 
démontre que la manie n’explique ni le complexus quérulant 
ni le délire, parce que, dans ce cas, l’idée délirante est le phé- 


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RAPPORTS DB LA PARANOIA BT DE LA PSYCHOSE PÉRIODIQUB 409 

nomène principal, l’hypoexcitation un phénomène accessoire. 

Ces malades sont donc, suivant les cas, les uns, des quérulants 
maniaques, les autres, des quérulants paranolaques. 

Les premiers ou guérissent ou sont rémittents ou se montrent 
dans la suite comme des périodiques ou des déprimés ; les seconds 
restent toujours ce qu’ils étaient : de purs paranoìaques. 

La différence entre le paranolaque à forme exaltée et le mania- 
que chronique et pèriodique, avec délire expansif, est non moins 
évidente. 

En effet, pour admettre l’uniformité de début et d’évolution de 
la manie chronique et de la paranola chronique à forme èxaltée, il 
faut exclure les phases de fortes excitations, notamment au début. 

Et pour la forme périodique et cyclique — que l’on doit de mème 
rattacher à un certain degré d’agitation — Specht estobligé d’in- 
voquer l’intervention d’une excitation légère et latente, méme 
dans les périodes intercalaires. 

D’autre part, le délire ambitieux ne paralt pas un produit de 
l’expansivité maniaque. Comment, en effet, penser qu’une légère 
excitation trouble la mentalité d’un maniaque, au point de l’em- 
pécher, non seulement de corriger ses idées délirantes, mais encore 
de faire que ces idées soient le noyau central, autour duquel 
s’oriente, se développe et se développera désormais toute l’acti- 
vité psychique du malade ; car, dit Specht, ces idées délirantes 
persistent sans changement pendant toute la vie du malade, elles 
se consolident peu à peu et se systématisent. La consolidation et la 
systématisation sont, pour Esposito, en contradiction absolue avec 
la mobilité maniaque. Le caractère expansif de la maladie ne suf- 
fit pas à la faire considérer comme étant d’origine maniaque. 

Esposito rejette ensuite l’expression de paranola avec état 
d’excitation, et prétend que, théoriquement, dans la paranola, 
il n’y a pas d’états d’excitation vraie, autochtone, ni accessoires, 
ni permanents. En clinique, il faut étre moins absolu et ne pas 
exclure des modifications transitoires de I’état fondamental, des 
fluctuations d’apparence maniaque, ou de vériiables associations 
morbides. II est possible que du substratum commun, dégénératif, 
sortent, dans le domaine de la paranola, des états sporadiques 
d’excitation ou de dépression. Mais la paranola domine et garde 
toujours les caractères de la maladie primordiale et principale. 


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410 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


On pourrait aussi penser que la combinaison inverse soit possi- 
ble, c’est-à-dire que, dans l’histoire d*un maniaque dépressif, on 
observe un épisode paranoiaque ; cette combinaison ne paralt pas 
possible à Esposito et il rejette la conception d’une paranola pério- 
dique. Cette conception est aussi invraisemblable que celle qui 
accepterait Tidée d’une phase de démence dans la psychose mania- 
que-dépressive. Tout autre est la conception d’une phase d’excita- 
tion dans la démence sénile par exemple. 

Esposito critique ensuite Timportance que Specht attribue au 
facteur mélancolique dans la genèse des idées de persécution. 
Certes il est vrai qu’un état mélancolique, ou mixte avec préva- 
lence dépressive, puisse préparer et développer des délires de per- 
sécution, mais une analyse soigneuse montre des différences entre 
ces malades, et il ne lui paraìt pas admissible qu’une nuance 
dépressive puisse ètre capable de troubler l’émotivité, le pouvoir 
critique, le jeu associatif, au point de rendre possible le développe- 
ment et l’évolution de ce tableau morbide si grave qu’est la para- 
noía. 

En réalité, la maladie prend ses éléments dans le caractère du 
malade, les exagère, les transforme, en accentue quelque-uns, en 
atténue d’autres. C’est pourquoi Specht a pensé qu’on pouvait 
observer chez un paranoiaque les symptòmes de la psychose 
maniaque dépressive, maladie qui présente au plus haut degré 
l’exagération pathologique de l’humeur et des réactions affectives. 

II n’est pas nécessaire que l’élément dépressif ou expansif de la 
paranoia soit de nature maniaque ou mélancolique. Ce n’est qu’un 
élément du tempérament individuel morbidement exagéré, à la 
manière paranoìaque chez quelques malades, à la manière mania- 
que ou dépressive chez d’autres. Et ces deux manières, si diffé- 
rentes par essence, n’ont qu’une ressemblance vague, superfi- 
cielle, qui est, parfois, une cause de confusion. 

Specht est forcé d’admettre que la prédisposition est néces- 
saire au développement du délire paranoìaque. Ce fait démontre 
qu’il est arbitraire de donner une si grande importance aux 
légers mouvements affectifs et de considérer les autres symptdmes 
comme simples épiphénomènes. Mais la prédisposition une fois 
admise, et puisque, indubitablement, nous sommes sur le terrain 
dégénératif, sur lequel se développe aussi la psychose maniaque- 


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HAPPORTS DE LA PARANOIA ET DE LA PSYCHOSE PÉRIODIQUE 411 


dépressive, on peut penser que Pémotivité exagérée, la tendance 
à la décharge émotive subite, le court-circuit associatif, puis- 
sent exister et existent indépendamment de l’accès maniaque ou 
mixte. Ces éléments préexistent dans la paranoia; dans la manie, 
ils sont consécutifs; dans celle-là, ils sont stables;dans celle-ci,ils 
se dissipent avec le déclin de Pexcitation. 

La paranoia et la psychose maniaque-dépressive sont des mala- 
dies différentes, mais qui nécessitent parfois un diagnostic diffé- 
rentiel. Les états mixtes seront les plus difficiles à diagnostiquer, 
bien qu’il paraisse difficile à Esposito, contrairement à Specht, que 
ces états puissent donner lieu à un tableau paranoíaque. 

En résumé, d’après Esposito, la conception de Specht ne repose 
pas sur des bases cliniques solides. Elle est fondée plutòt sur des 
ressemblances partielles et superficielles. Elle négligeles connexions 
des symptómes, Pévolution, le pronostic, elle force Pinterprétation 
des faits. Les quérulants et les autres paranoìaques avec délires 
expansifs ne sont pas des maniaques ; les persécutés ne sont pas 
des mélancoliques ni des malades en état mixte. II est vrai qu’épi- 
sodiquement les maniaques et les mélancoliques peuvent présenter 
des délires d’apparence paranoíaque, mais il existe des signes clini- 
ques suffisants qui permettent la distinction. La paranoía etla 
psychose maniaque-dépressive doivent continuer à étredistinguées. 


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DÉMENCE CONSÉCUTIVE A UNE PSYCHOSE 
PROLONGÉE — INSTALLATION LENTE DU 
SYNDROME PHYSIQUE P.-G. 

Par Hbnri Damaye 
Médecin de VAsile de Bailleul. 


Les psychoses toxiques dont les lésions se généralisent peuvent 
réaliser, plus ou moins lentement et d’une fajon plus ou moins com- 
plète, le syndrome physique paralysie générale. Quelquefois ce syn- 
drome apparalt nettement, mais bien souvent aussi son installation 
est très lente, interrompue par la mort qui le laisse alors à l’état 
d’ébauche. On peut méme dire que le syndrome physique P. G. est 
l’aboutissant de toute démence à marche progressive, qu’elle soit 
lente ou rapide, pourvu toutefois que l’état des autres organes laisse 
au cerveau le temps nécessaire à son évolution destructrice (1). 

Dans l’observation suivante, il s’agit d’une psychose incohérente 
et hallucinatoire dès sa période aiguè, à substratum toxi-infectieux. 
Or, dans les psychoses toxi-infectieuses, les lésions sont diffuses et 
il suffit qu’elles atteignent une certaine intensité pour voir se réa- 
lker cliniquement le syndrome paralytique. Au contraire, le3 cer- 
veaux de malades dits « constitutionnels », comme aussi ceux atteints 
du processus systématisé neuro-épithélial de Klippel, ne peuvent 
aboutir aux lésions, c’est^à-dire au syndrome de la P. G., sans avoir 
transformé leurs lésions en celles diffuses des psychoses toxi-infec- 
tieuses. 

P... Palmyre, entrée à l'Asile de Bailleul en novembre 1875, à I'àge 
de trente-sept ans. — Pas d’antécédents héréditaires connus. Pas 
d’éthylisme. Sait lire et écrire. Un enfant ágé de six ans. — Début de 
l’affection mentale huit mois environ avant l’intei nement, à l’occasion 

(1) Esquirol considérait la paralysie générale, non comme une entiU, 
mais corame une complication, un aboutissant des maladies mentales. Cette 
opinion n’est pas applicable à tous les cas, mais elle renferme néanmoins 
une grande part de vérité. 


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DÉMENCE C0N8ÉCUTIVE A UNE PSYCHOSE PROLONGÉE 413 


de la mort de son second enfant qu’elle allaitait & cette époque. — 
Se croit persécutée par ie feu de l’enfer, a de grandes frayeurs. Gémit 
souvent, refuse de s’alimenter, pleure et ne répond pas quand on lui 
parle. 

1876. — Incohérence dans les idées. Mélancolie, scrUpules : se repro- 
che d’étre la cause de la mort de son enfant. Parfois hallucinations et 
un peu d’excitation, ou bien ne parle pas et ne s’intéresse pas & ce qui 
l’entoure. De temps en temps, s’occupe un peu à tricoter. GStisme 
assez fréquent. 

1878. — Mème état. Sombre. Frayeurs. Indifférence complète 
vis-à-vis de sa famille. Marmote continuellement des paroles inin- 
telligibles. Ne s’occupe que très irrégulièrement. Difficultés pour 
s’alimenter. Par périodes, s’excite ou bien reste inerte et indifférente. 

1883. — Incohérence dans ses paroles. Ignore l’année, le jour, le 
mois, le lieu où elle vit. Cause rarement avec les autres; parle souvent 
seule. Parfois excitée : chante, rit, pleure, ou se montre difficile à diri- 
ger. Travaille très rarement. 

\888. — Très hallucinée. Cause jour et nuit avec des voix. Sait à 
peine où elle se trouve. Affaiblissement intellectuel. Detemps en temps, 
excitation et violences. Ignore son áge. Ne se rappelle pas qu’elle a eu 
des enfants. 

1890. — Incohérence accentuèe. Raconte qu'elle a mordu un enfant 
qu'elle est morte il y a quelques années, qu’elle est condamnée à dix 
ans de réclusion. Ne s’occupe plus. 

1892. — Mème état. Excitation fréquente. Hallucinations de 1‘oule 
et de la vue (1). 

13 juin 1908. — II y a quinze jours, ictus suivi d’une parésie pas- 
sagère-du còté droit. 

26 avril 1909. — Désorientée. Affectivité abolie. — Quel fige avez- 
vous? — « Une trentaine d’années ». — En quelle année sommes- 
nous ? — « En 1870 ». — Depuis combien de temps ètes-vous ici? — 
« Depuis cinq, six semaines ». 

Ne comprend plus guère que les questions très simples. Indifférence. 
Ne s’occupe plus depuis très longtemps déjà. S’habille et mange seule, 
à condition d’ètre aidée toutefois. 

4 mai 1912. — Lorsqu’on l’interroge, sait dire parfois Ie jour, mais 
ne sait jamais ni le mois, ni l’année. Parle encore très souvent seule, 
mème la nuit. Pupilles en léger myosis, égales, réagissent trèspeu aux 
jeux de lumiére. Un peu de tremblement fibrillaire de la langue. 
Réflexe patellaire très diminué. La parole est un peu bredouillée ou 
lente : eUe n’est pas chevrotante. La marche est encore possible, 
mais très difficUe. 

(1) Nous avons rédigé eette observation avec les notee laissées succossivement 
par les D" Dumez, Bayle, Nolé, Belle, Lemoine, Ed. Cortyl, Malfllàtre, Dupain, 
Charon, Muller, Dezwaste, Chocreaux, Briche et Maupftté. 

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REVUE DE PSYCHIATRIE 


23 novembre 1912. — La marche est devenue presque impossible. 
Parle encore seule assez souvent et exprime avec incohérence de 
vagues idées de persécution. S’alimente encore relativement bien. — 
Les pupilles sont encore en léger myosis, égales et presque insensibles 
aux jeux de lumière. Un peu de tremblement fibrillaire de la langue. 
Réflexe patellaire presque nul. Parole lente, bredouillée, souvent dif- 
ficile pour certains mots. — (Edème des pieds de temps en temps. 

Décédée le 23 mars 1913 avec une escarre sacrée et de l’oedème des 
pieds et des mollets. 

Nécropsie (24 heures après la mort). — Quelques adhérences des 
poumons avec la cage thoracique, quelques autres interlobaires. Un 
peu d’emphysème aux sommets. Deux ou trois ganglions intra-pul- 
monaires tuberculeux. Péricarde un peu épaissi. Ventricules en sys- 
tole. Plusieurs points d’induration aux tricuspides; mitrales très 
épaissies et en partie calcifiées. Sigmoides aortiques un peu parche- 
minées. Quelques petits points d’athérome au début è la naissance de 
l’aorte.— Foie très atrophié dans ses deux lobes ; capsule très épaissie 
au lobe droit. Dégénérescence graisseuse assez marquée.— Rate égale- 
ment très diminuée de volume. — Surrénales un peu consistantes et 
notablement augmentées de volume. Histologiquement : lésions de 
sénilité décrites par Sabrazès. — Reins : capsule très adhérente au 
cortex. Granulations de Bright et deux ou trois tubercules jaunátres 
à la surface. Parenchyme notablement atrophié dans ses deux subs- 
tances avec ampliation du bassinet. Nombreux kystes intra-parenchy- 
mateux. — Encéphale : liquide intra-cranien très abondant.Ventrí- 
cules amplifiés : admettent l’index d’un adulte. La pie-mère n’est pas 
épaissie et n’adhère pas au cortex. Les artères de la base présentent 
de nombreux points athéromateux. Pas de granulations du plancher 
du 4 e ventricule. 

Histologiquement, la pie-mère n’est pas épaissie. — Beaucoup de 
cellules nerveuses sont arrondies ou atrophiées à des degrés divers, 
parmi d’autres ayant bien conservé leur configuration. On remarque 
un très grand nombre de protoplasmes en chromatolyse avec noyau 
coloré. Fréquentes sont les cellules dont le protoplasme présente I’as- 
pect d’une coque presque incolore avec noyau coloré. Le pigment 
jaune est très rare. Figures de neuronophagie dans les couches pro- 
fondes du cortex. 

Les plexus de fibres myélinées sont moins denses qu’à l’état nor- 
mal, surtout le réseau superficiel. 

Eléments ronds très abondants : ce sont des formes moyennes ou de 
grande dimension qui forment fréquemment des amas de trois, quatre 
et davantage. 

Pas de périvascularité. Dégénération fréquente desparoisdespetits 
vaisseaux; au voisinage de ceux-ci on remarque souvent de longues 
bordures d’éléments ronds. 


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DÉMENCE CON8ÉCUTIVE A UNE PgYCHOSE PROLONGÉE 


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Le bulbe présente les mémes lésions dégénératives en ce qui con- 
ceme les cellules nerveuses et les petits vaisseaux. 

En résumé : 1° Cliniquement: Délire coníusionnel hallucinatoire 
ayant abouti à un état démentiel. La démence réalisait lentement 
le syndrome physique paralysie générale. 

2° Au point de vue anatomique : Pas de lésion pie-mérienne. 
Paralysie générale à forme dégénérative de Klippel. Ce n’est, en 
somme, qu’une psychose toxique à lésions intenses. 

3° Au point de vue étiologique : La maladie s’est déclarée après 
un accouchement, au cours de l’allaitement, à l’occasion de la mort 
de l’enfant.—La syphilis fut-elle en cause? Le fait est possible, 
mais nous n’avons pu avoir aucun renseignement à ce sujet. 
Dans une affection mentale,le cerveau n’estpour ainsi dire jamais 
seul en cause. Remarquons ici les graves lésions des reins, du coeur, 
du foie et des vaisseaux. Ces lésions, concomitantes ou secondaires, 
ont sans aucun doute aggravé la prédisposition cérébrale et facilité 
l’évolution des altérations encéphaliques (1). 

Remarquons encore le rapport entre l’escarre et l’atrophie du 
cerveau, à la fin des maladies cérébrales. 

(1) L’escarre ne se voit guère dans la démence précoce vraie (qui ne 
comporte pas d’atrophie cérébrale) pas plus que dans Ia démence épilep- 
tique sans atrophie. L’escarre est surtout Ie lot des psycboses toxi-infec- 
tieuses où, dans ie cas d'évolution démentielle, le cerveau subit une atro- 
phie macroscopique. L’ictus de Pierret est également un accident des 
psychoses toxi-infeclieuses à processus atrophique. 


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LES GRANDS AUÉNISTES DE LA RENAISSANCE 


LA PSYCHIATRIK CLINIQUE 

DA.NS L’OKUVRE DB 

FÉLIX PLATER 

(1536-1614) 

PAR 

Georges Genil-Perrin 
(Suile et fin) (1). 


D. HelanchoUa. 

La mélancolie, ainsi appelée parce qu’elle provient de la biie 
noire, est une variété d’aliénation où l’imagination et le jugement 
sont pervertis de fagon que les sujets deviennent tristes et crain- 
tifs. On ne peut trouver aucune cause à cette crainte et à cette 
trístesse, ou du moins aucune cause de quelque importance. Tout 
repose le plus souvent sur de fausses conceptions. 

Des gens pieux et religieux s’imaginent qu’ils sont damnés et que 
Dieu ne prend aucun souci d’eux; ils redoutent le jugement demier 
et les supplices éternels. IIs se laissent aller à blasphémer le Sei- 
gneur et à concevoir d’horribles projets, se livrant à des violences 
sur eux-mèmes,ou tuant mari, femme, enfants, maltre, voisins, sans 
éprouver à. Ieur égard ni jalousie, ni haine, bien mieux, tout en 
les aimant parfois beaucoup : de telles pensées se glissent en eux 
contre leur gré et leur volonté n’y prend aucune part. Ils prient sans 
cesse Dieu de Ies délivrer de ces pensées impies qu’ils m’ont souvent 
avouées, dit Plater, à grand renfort de larmes et de soupirs, le 
coeur angoissé et Ie corps tremblant. 

D’autres sont tourmentés par la crainte de la mort; ils s’imaginent 
étre mal en cour auprès des princes et des magistrats; ils croient 

(1) Voir la Revue de Psychiatrie, Juillet 1913. 


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LA PSYCHIATRIE DANS L'ffiUVBE DE FÉLIX PLATER 


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avoir commis quelque faute et étre voués au supplice : ils s’épou- 
vantent d’une mort qu’ils se fìgurent suspendue sur leur tfite. 

Certains se leurrent de bétises nées dans leur esprít et d’impres- 
sions fausses : tel celui qui, se croyant transformé en pot, s’écartait 
des passants pour ne pas fitre cassé; il y en a qui pensent fitre trans- 
formés en bfites sauvages. 

Un individu était persuadé qu’il avait le nez d’une longueur déme- 
surée, et n’en démordit point qu’un chirurgien ne le trompàtensimu- 
lant un coup de bistouri et en lui montrant un morceau de chair. 
Une femme était envahie par une angoisse qui I’obligeait à s’habiller 
et à se déshabiller toute la sainte journée. Une autre éprouvait 
la mfime anxiété en pensant qu’après sa mort son marí convolerait 
en secondes noces (1). 

Certains pensent avoir avalé des serpents ou des grenouilles et 
les porter encore vivants dans leur corps. Et tant d’autres, que 
Plater a entendus lui raconter de pareilles songeríes avec une douleur 
qui excitait tantfit sa dérísion, tantfit son étonnement et sa commi- 
sération. 

Dans tous ces cas, on retrouvait constamment la crainte et la 
trístesse (2). Mais on pouvait aussi noter de la défiance et de la réti- 
cence; quand on les interrogeait, ils ne répondaieńt pas; quand on 
Ies poussait, ils avangaient avec peine. Quelques-uns — ce sont les 
misanihropes — aiment la solitude et fuient la société des hommes. 
D’autres redoutent la lumière et vont se cacher au fond des forèts, 
comme fit Nabuchodonosor, d’après les saintes Ecritures : ce sont 
les Lycanìhropes, parce qu’ils vivent comme les loups. 

Affligés pendant des mois ou mfime des années par ces imagina- 
tions perverties, tous les malades sont enfin vaincus, s’ils ne revien- 
nent à eux par le secours de I’art: ils s’éteignent dans la consomp- 
tion, à moins qu’il ne se donnent eux-mfimes la mort qu’ils appré- 
hendaient auparavant : ils se pendent, se noient ou ont recours à 
tout autre moyen, comme Plater en a trop vu de tristes exemples. 

Ces soufTrances varient d’allure et d’intensité suivant le tempé- 
rament de chacun. Continues, elles peuvent cependant présenter 

(1) Nous retrouvons ici quelques faits dont il a été déjà question au para- 
graphe précédent. Entre Vanimi commotio et la Melancholia la frontiire est en 
certains points mal délimitée. 

(2) Symptdmes qui constituent ehez lesaneiensauteursle fonds immuable de 
h mélancolie. 


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418 


REVUE OE PSYCHIATRIE 


des exacerbations et des rémissions; mais quelquefois elles n’appa- 
raissent qu’à certaines époques, en certaines saisons, aux change- 
ments de lune, et, chez les femmes, lors de la grossesse ou de l’ac- 
couchement, ou au moment des règles. 

On aura reconnu, dans le tableau que Plater trace delamélancolie, 
les symptdmes fondamentaux que nous attribuons encore à cette 
affection — toute réserve faite sur ce point qu’il s’agit de la des- 
cription du syndrome mélancolique en général, Plater n’ayant 
évidemment pas distingué de la mélancolie vraie les états mélan- 
coliques symptomatiques. Dans la crainte et la trístesse chères aux 
vieux auteurs, nous trouvons notre douleur morale et notre délire 
d’attente. Plater nous donne ici une liste assez bien fournie des 
idées délirantes d’ordre mélancolique : Idées d’indignité, de culpa- 
bilité, de damnation, de transformation corporelle, de mort pro- 
chaine. La lenteur des réactions, la réticence, le refus d'aliments, le 
suicide sont notés par l’auteur. Les meurtres commis par les mélan- 
coliques sur Ieurs proches sont appréciés à leur juste valeur. L’an- 
goisseapparalt avec un relief particulier dans certaines observations. 

Mais tout cela reste confìné au domaine de la symptomatoIogie,et 
il faut avouer que Plater tient très peu compte de l’évolution; il 
n’insiste pas comme il conviendrait sur la péríodicité qu’il connais- 
sait sans doute aussi bien que ses devanciers et ses contemporains. 


Je ne m’arréte pas aux deux premières observations de mélan- 
colie, d’où l’histoire clinique est absente, et que l’auteur rapporte 
seulement à cause de la singularité de l’élément étiologique : H 
s’agit de femmes devenues mélancoliques pour avoir vu des pendus. 

La troisième observation n’est pas à proprement parler une ob- 
servation; elle contient simplement quelques réflexions sur le suicide 
chez les mélancoliques, mais l’auteur y confond entièrement le 
suicide des mélancoliques et l’obsession-suicide : 

d’ai entendu quelques personnes des deuxsexes se plaindre qu’elles 
étaient damnées et que Dieu ne prenait pas souci d’elles; et elles s’i- 
maginaient encore une quantité d’autres choses dont elles n’osaient 
mèmepas parler.J’en ai vu qui redoutaient d’aller au temple.ou qui 
étaient prises de terreur et de tremblement, en regardant des cou- 


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LA PSYCHIATRIE DANS L’cEUVRE DE FÉLIX PLATER 


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teaux ou le Bhin : car elles étaient comme frappées de fureur et 
poussées à se tuer. 

C’est ainsi que la femme d’un très riche marchand, depuis long- 
temps en proie à des tourments, qu’elle dissimulait, se leva une nuit 
en cachette de son mari, sauta toute nue dans la rue par la fenètre, 
courut au pont, se précipita dans le Rhin et s’y noya. De mème un de 
nos concitoyens s’étoufTa ailleurs dans l’eau. Plusieurs se pendirent; 
quelques-uns se frappèrent par le poignard. 

On voit bien qu’il y a là deux ordres de faits que Plater ne dis- 
tingue pas et que nous séparons aujourd’hui: le cas du mélanco- 
lique qui se tue et le cas de Pobsédé qui a peur d’étre poussé àsetuer. 

La quatrième observation, dans son laconisme,représenteun beau 
cas d’état mélancolique en rapport avec la puerpéralité : 

Une autre mélancolique, belle paysanne qui allaitait un enfant et 
que je soignais, disait toujours :« Je ne puis plus rester et vivre plus 
longtemps en ce monde, il faut que je parte, il faut que je meure » 
sans donner la cause de son chagrin. Elle se pendit chez elle, mais 
quelqu’un arriva et coupa la corde, la sauvant ainsi de la mort; elle 
finit par guérir, gráce surtout aux vomitifs que je lui prescris. 

Voici maintenant ce que mes collègues transalpins appelleraient 
un cas de psychose nuptiale. 

Une élégante jeune fille se maria contre son gré, alors qu’elle aurait 
préféré épouser un de nos compatriotes qu’elle aimait. Après les noces, 
elle devint mélancolique et tomba dans une tristesse continuelle, bien 
que son mari s’efforQát de lui ètre très agréable. Enfin, se trouvant 
seule dans sa chambre, elle se pendit avec une serviette attachée à la 
tète du lit, et mourut ainsi désespérée. 

Ailleurs, ce sont deux frères qui deviennent mélancoliques et 
en arrivent au suicide : 

Deux frères,hommes savants que j’ai connus intimement pendant 
longtemps, émirent une opinion suspecte sur certains dogmes, et 
furentpour celaexilés; après quoi, prisde repentir, ils tombèrent dans 
une mélancolie désespérée : I’un, bien qu’on le surveillát avec soin, 
se jeta par la fenètre et expira; l’autre, peu après, se pendit, mais, 
détaché avant d’étouffer, il survécut, pour peu de temps cependant. 

C’est ensuite une histoire très compliquée où le fait clinique est 
perdu au milieu de détails d’ailleurs pittoresques, mais il est di£B- 
cile de porter un diagnostic rétrospectif sur ce cas que Plater rat- 
tache à la mélancolie. 

II s’agit d’un de ses amis, qui avait joui d’une certaine faveur 


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RBVUB DE PSYCHIATRIE 


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auprès des grands et ramassé une assez forte somme d’argent dans 
les charges qui lui avaient été confìées. Après quoi,« devenu mélan* 
colique x>, il semit en téte qu’il avait encouru la disgràce du prince 
et que celui-d avait envoyé des émissaires pour I’arréter et voulait 
lui faire rendre compte de sa gestion. 

« Cette crainte le prenait à certaines périodes (ceriig lemporibus) 
et il parcourait alors divers lieux, soit à cheval, soit à pied, pour s’è- 
ehapper par la fuite. Un jurisconsulte de ses amis, afin de lui eniever 
cette sinistre opinion, le conduisit à cheval avec son secrétaire dam 
un couvent voisin pour le distraire. Après le repas, ils revenaient en 
chevauchant au logis, quand une fausse imagination s’imposa à son 
esprit: il pensa voir des soldats armés qui voulaient I’arrèter, et crut 
que cela avait été machiné par son compagnon de route qui l’avait 
trompé; furieux, il prit son pistolet dans la fonte et tira sur son ami 
le jurisconsulte qui cheminait devant: celui-ci tomba mort de son 
cheval. Lui-mème, pris de désespoir, se précipita de sa monture sur 
la pointe de sa dague qu’il avait tournée vers sa poitrine. Mais le 
coup ne pénétrant pas, à cause de la cuirasse, il se découvrit la poi- 
trine, et se perga de son épée en courant contre un arbre voisin. » 

Tout cela ne ressemble guère à une réaction de mélancolique. Les 
éléments nous manquent pour porter un diagnostic exact, mais nous 
pourrions & la rígueur supposer qu’il s’agit d’un drame de l’alcoo- 
Ksme : ces idées n’envahissent le sujet que par péríodes, certis tenh 
poribus ; et c’est justement aprèsundfner —qui nepouvait manquer 
d’étre bien arrosé puisqu’il fallait distraire le malade — que celui-d 
croit voir des soldats chargés de l’arréter,tire son pistolet et tueson 
compagnon, qu’il soupgonne de l’avoir trahi. Qu’il s’agisse encore 
d’un délire de persécution, hallucinatoire ou interprétatif, c’est pos- 
sible, mais de mélancolie, je ne le crois pas. 

Le délire mélancolique est en revanche très net dans le cas sui- 
vant, où l’agitation anxieuse est remarquablement décríte : 

La femme d’un peintre, aimant la solitude, appliquée aux soins 
domestiques, dévote, de caractère triste et mélancolique, avait autre* 
fois congu une certaine jalousie de ce que son mari lui avait avoué 
avoir aimé une autre femme avant de l’épouser. Elle était mariée 
depuis vingt-sept ans et avait eu neuf enfants,quand,en janvier 1600, 
éDe fut frappée de terreur parce que le bruit se répandait que son íils 
déjà adulte et pour lors absent, avait été tué dans une affaire; ce 
qu’elle croyait d’autant plus facilement que l’image de son fils mori 
lui était apparue en songe. Elle tomba dans une maladie grave. Tout 
d’abord, la jalousie qui l’avait affligée de nombreuses années aupara- 


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LA P8YCHIATRIE DANS L’oSUVRE DE FÉLIX PLATER 


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vant, au commencement de son mariage, commenga à revenir et à 
l’affliger de nouveau; elle affirmait que son mari avait commis l’adul- 
tère, puis le niait aussitAt, au point qu'elle quittait parfois sa maison, 
et n’admettait aucune consolation. Sur le conseil des médecins, son 
íils fut rappelé et vint la trouver : l’angoisse diminua, mais la ma- 
Iade ne revint pas à l’état normal. 

On la saigna et on la purgea plusieurs fois,à la suite de quoi le mal 
augmenta au lieu de s’arrèter : elle éprouva une angoisse très vio- 
lente et une inquiétude telle que, non contente de se promener la nuit 
et le jour comme auparavant, elle courait sans cesse de place en place, 
mème pendant ses repas; enfin, lassée, les forces prostrées, elle trou- 
vait quelque repos dans un sommeil qui ne durait guère. Tout fut 
essayé, mais vainement; elle s’exclamait continuellement qu’elle ne 
pouvait pas supporter plus longtemps un te) tourment d’esprit; elle 
appelait enfin la mort avec ardeur : tout d’abord elle ne voulait pas 
porter les mains sur elle, se contentant de prier les assistants de lui 
donner du poison. Désespérant enfin, elle répétait que Dieu ne lui 
pardonnerait pas, qu’elle était damnée, et qu’elle éprouvait déjà les 
tourments de l’enfer. Comme cela durait déjà depuis quatre mois, 
elle en vint à cette folie de se persuader que son mari et ses enfants 
voulaient Iui faire prendre du poison et lui donner la mort. Personne 
ne put la détoumer de cette fausse opinion, ni en la consolant, ni en 
la raisonnant. Elle disait qu’elle ne craignait pasla mort, mais qu’elle 
redoutait de souffrir avant d’expirer: soucieuse d’accélérer cette 
mort, elle recherchait en cachette les couteaux, les liens et tout ce 
qui était propre à ce dessein. Persistant absolument dans cette idée 
qu’on voulait l’empoisonner, elle ne prenait plus ni nourriture, nì 
boisBon, ni médicaments, et si on lui en introduisait de force dans 
la bouche, elle n’en avalait ni une miette, ni une goutte, mais recra- 
chait tout, et s’efforQait par une expuition continuelle et en se 
lavant tout le temps la bouche, de rejeter les restes de poisons. 

Si pendant son sommeil on lui mettait légèrement danslabouche 
une plume mouiilée d’un cordial, ou si on lui appliquait sur le nez ou 
sur les tempes quelque cordial, aussitòt irritée, excitée, elle s’excla- 
mait comme une furieuse, s’efforQait de tout rejeter, crachant et s’es- 
Buyant, disant qu’elle était empoisonnée. 

Pour détourner ce soupgon, les assistants goùtaient la nourriture 
et la boisson avant de les lui présenter, désirant ainsi la persuader 
qu’il n’y avait pas du tout de poison, puisque cela ne leur faisait pas 
de mal. A quoi elle répondait que si ce n’était pas du poison pour eux, 
c’en était pour elle. S'abstenant ainsi de tout ce qui pouvait s’absor- 
ber, et se consumant de jeùne, elle survécut dix nuits et dix jours, 
chose surprenante chez une femme qui venait d’ètre affaiblie et débi- 
litée par la maladie pendant un quart de l’année. 

Peu avant d’expirer, regardant le ciel: «Là haut! là-haut! dit elle, 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


je vais ètre portée au ciel » et sans plus rien dire, les mains jointes, 
corame pour prier, ainsi qu’on lui avait dit de le faire, elle rendit 
l’ftme le 5 avril 1600, à quatre heures du matin. 

Le cas suivant n’est peut-ètre pas à mettre sur le compte de U 
mélancolie, mais devance les exploits de nos modemes sufTragettes. 

Un individu, détenu en prison dans notre ville pour quelque délit, 
craignant le supplice, décida de se laisser mourir de faim. A cet effet, 
il s’abstint de nourriture et de boisson pendant quatorze jours. Pour 
le détoumer de cet acte désespéré, on essaya plusieurs moyens : on lui 
mit devant la bouche des plats excelients, des vins généreux, on lui 
apporta des consolations et des promesses, ainsi que de sévères aver- 
tissements,des menaces du supplice éternel, tout cela en vain. Enfin, 
comme il était à toute extrémité et que ses forces s’en allaient, 
il demanda à boire; mais il ne but que quelques gorgées, n’en fut pas 
réconforté, et finit misérablement dans le désespoir. 

E. Melancholia hypochondriaea. 

II y a une espèce de mélancolie qu’on appelle mélancolie hypo- 
chondríaque en raison du lieu affecté. Les intermissions y sont plus 
fréquentes; on en note parfois plusieurs dans le cours d’une méme 
jouraée. Ceux qui en sont atteints, à la différence des autres mélan- 
coliques, toutes les fois qu’ils reviennent à eux, se rendent compte 
qu’ils sont vraiment malades. Us s’alitent rarement et peuvent s’oc- 
cuper de leurs affaires, mais ils se plaignent sans cesse d’une douleur 
dans le c6té, surtout le gauche, de frémissements.de battements,de 
murmures, d’éructations, de vomissements, d’expuitions, de dou- 
leurs de téte, de vertiges, de tintements d’oreilles, de battements 
d’artères, et d’autres innombrables sensations qu’ils éprouvent ou 
qu’ils croient éprouver. Ils obsèdent le médecin, réclament des 
traitements, et essayent des remèdes varíés. S’ils ne sont pas rapi- 
dement soulagés, ils ont tdt fait de changer de médecin et de médi- 
cament. 

Si je voulais donner une idée exacte et vivante des hypochondria- 
ques de Plater, je n’aurais qu’à reproduire intégralement quelques 
observations, avec la minutieuse poly pharmacie que l’auteur opposait 
à leurs symptòmes multipliés. Mais je crains de fatiguer le lecteur, 
qui n’a d’ailleurs qu’à se représenter les hypochondriaques qui vien- 
nent le consulter tous les jours. 

Quand il avait à traiter un hypochondríaque, Plater savait appe- 


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ler la dialectique au secours de la pharmacopée. C’est ainsi qu’à un 
docteur en droit qui le consultait en 1601 pour cette affection, il fìt 
un petit discours préparatoire, lui expliquant la nature et les causes 
de la mélancolie hypochondriaque : « prolixe ilii disserni ». Après 
avoir parlé des veines mesaraíques, de la rate et de Pépiploon, il 
lui représenta que Ies remèdes si nombreux que les patients absor- 
baient souvent ne faisaient que prolonger la maladie, puis lui fit 
une ordonnance de proportions modestes pour Pépoque, luirecom- 
mandant pour terminer d’avoir bon espoir, de ne pas douter de la 
guérison et de ne pas vivre longtemps en célibat. Le docteur en 
droit retouma chez lui, remplit les indications de l’ordonnance, se 
marìa, et obtint ainsi une guérison rapide. 

Je passe les deux observations suivantes, trop remplies de for- 
mules fastidieuses, mais j’en rapporterai une dont l’intérét me 
semble grand, car on y suit pas à pas la curieuse odyssée d’un hypo- 
chondriaque au début de dix-septième siècle. 

Un homme portant un grand nom m’écrivit longuement de Bour- 
gogne, en 1611, qu’il était sujet aux troubles suivants : lourdeur de 
tète presque continuelle, arrèt des sens internes, surtout de la mé- 
moire, faiblesse des sens externes, surtout de la vue, qui est parfois 
presque complètement obscurcie; le matin, il a des vertiges, surtout 
s’il est à jeun et appliqué à la lecture.Toutes ces incommodités déter- 
minent un état de tristesse et de crainte qui l’empèchent de rien faire 
et le détournent de la fréquentation des hommes, au point qu’il pré- 
fère la solitude à leur conversation. Par ailleurs, il n’éprouvait pas 
de grands accidents dans les fonctions vitales et naturelles, en dehors 
de fluxions fréquentes qui envahissaient tantót le dos, tantòt les join- 
tures et y provoquaient de la douleur. Cela durait depuis plus de 
vingt-cinq années, pendant lesquelles il avait pris conseil des plus émi- 
nents médecins de presque toute l’Europe, sans aucun résultat : il 
me demandait donc, en la matière, mon avis et mon aide. 

D’après les consultations qu’il m’envoyait, je vis que la plupart 
des médecins le reconnaissaient atteintde mélancolie hypchondriaque. 
Parmi ceux-ci, en voici quelques-uns, hommes très remarquables, 
que je veux nommer ici pour leur faire honneur : 

Alvarez, médecin espagnol, en 1584, dans sa consultation, affir- 
mait qu’il s’agissait d’une mélancolie hypochondriaque, et formulait 
plusieurs remèdes pour fortifier la tète. 

Bernardus Bertramus, de Padoue, reconnaissait la mème cause, 
et prescrivait les saignées et les purgations alternées, pour chasser et 
corriger la bile noire par une médication altérante. 


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Campolongo, iialien, formulait des remèdes destinés à détouner 
et à évacuer la pituite de la téte, et à fortifier celle-ci. 

Franciecus Gujamezus, de Rome, dirigeait ses conseil* surtout 
contre la mélancolie, tenant compte de la tète, de restomac et de la 
rate. 

Augerius Ferrerius, de Toulouse, prescrivait plusieurs remèdes, 
tant internes qu’externes, contre rarthritis. 

Riolan partageait la méme opinion et instituait un traitement pour 
guérir la mélancolie. 

Alexander Bucinellus établissait un régime pour absorber les hu- 
meurs séreuses et pituiteuses et recommandait Tusage, pendant six 
semaines, de décoction de quinquina. 

Antonius Darinettus et Antonius Porrei, bourguignons, en dehors 
des remèdes convenables pour amender la mélancolie, et concernant 
la téte, conseillaient de boire des eaux acides. 

Pascotius, bourguignon, dirigeant principalement ses remèdes conire 
la mélancolie et les fluxions, continua son traitement de 1582 à 1602, 
et utilisa surtout les diverses évacuations. 11 ordonnait la décoction 
degalac jointe à une alimentation restreinte, pendant quelque temps, 
puis il continuait cette évacuation par les sudorifiques. L’année sui- 
vante, on prit, sur son conseil, les eaux à Plombières, et trols ans 
après, on but les eaux acides de Griespacb. En outre, il lui prescrivit 
beaucoup d’autres remèdes contre la mélancolie, visant aux expmv 
gations par les selles, par les vomissements, et par les voies partlcu- 
lières, et aussi ceux qu’on emploie comme altérants, qui furent pris 
tantòt par la bouche, tantòt en lavements. 

Après avoir exécuté tous ces traitements, notre homme ne fut pas 
guéri, mais souffrait toujours des mèmes maux, tout en éprouvant 
quelque faiblesse de l’emploi de tant de remèdes, dont il se trouvait 
dégoùté; il se persuadait entre temps beaucoup de choses terribles, 
comme il me l’écrivait, selon l’habitude des mélancoliques. En sep- 
tembre 1608, il me demandait une consultation, et me suppliant de 
ne point le fatiguer de la foule de ces remèdes, dont il était dègoOté. 

Je répondis que la cure serait difficile, car sa constitution et son 
tempérament, en tant d’années, avaient tourné en constitution mé- 
lancolique. Aussi sans vouloir faire trop de promesses,je jugeaiqu’il 
fallait commencer ce traitement par des remèdes agréables et aimables. 

J’ordonnai ce vin médicamenteux (c’était une sorte de préparation 
encore inusitée) : 


fíacines apéritives.s . aa 1 once . 

Ecorce de racine d’hiible et de sureau .... aa 6 onces. 

Ecorce de iamaris. . 2 onces. 

Ecorce de racine de cdprier . 1 once. 

Bois de sassafras . 1 once 1/2. 

Feuilles d ’absinthe et d ’ive muscade .... aa I manipuk 1/2. 


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Herbes de ceterach... \ 

— de miliase. •••?. àa 1 manipule. 

— de germaudrte ) 

Fleurs de bourrache. J 

— de buglose... >. aa2 1 /2 poignéea. 

— de scabieuse.. J 

FeuiUea de genèt . 1/2 poignte. 

Semenees de fenouil . 1 once. 

Semences de carvis . 2 dragmes. 

Semences d’osier de montagne . 1 dragme. 


Concasser, mettre dans un vase avec un copeau de bois de genévrier, 
ajouter quinze mesures de vin, et conserver bien bouché pour l’usage 
dans une cave à vin. 

Après macération, qui durera 8 jours, prendre trois mesures de 
cette préparation, où l’on fera infuser : 


Rhubarbe . 

Follicules de stni 

Mechoacan . 

Thym .| 

Cinnamome. ) 
Giroflte . 


6 dragmes. 
2 onces. 

1/2 once. 

aa 1/2 once. 

1 once. 


Qu’il conserve ainsi ce vin que j’ai appelé purgalif et l’autre pré- 
parant. Qu’il y ajoute des tablettes d’absinthe de ma composition, 
que je lui envoyai pour s’en servir de temps en temps. 

II but le vin préparant, le matin, deux heures avant le repas, en 
prenant en mème temps quelques cuillerées de bouillon de poule, 
pendant trois jours, et le quatrième jour, buvant du vin purgatif, il 
lut purgé légèrement. 

En 1609, au mois de mars, il me flt savoir que le vin lui était très 
agréable au goùt, et il le prouva. Car un accès de goutte survint, qui 
le contraignit à en suspendre l’usage. Cet-accès guéri, comme il man- 
quait de vin, il s’occupa d’en préparer d’autre, et, une troisième fois, 
aux vendanges suivantes, au lieu de vin, il employa du moùt, grftce ft 
quoi la préparation fut mousseuse... 


On voit que Plater avait une pratique assez étendue de la mélan- 
colie hypochondríaque. Aussi n’est-il pas mauvais d’insister un peu 
sur les caractéres qu’il lui attríbuait. 

Ges malades, dit-il, se persuadent qu’ils sont atteints de toutes 
sortes d’afTections. Mais ce ne sont généralement là que de pures 
imaginations. Cela arríve surtout à des gens intelligents, capables de 
serendrecomptedes choses. Ils s’adonnent à l’étude de la médecine, 
mcherchent les causes de leurs maux, et attríbuent un caractère 


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morbide aux plus légères modifícations de leur corps : ils assom- 
ment le médecin par le récit qu'ils en font. 

Uss’examinentdela téte aux pieds, et expliquent, oralement ou 
par écrit, qu’ils se sont découvert quelque trouble ou quelque lé- 
sion, alors que, sauf quelques légères incommodités, ils dorment et 
mangent bien et vaquent à leurs affaires. Ils se persuadent qu’ils 
ont perdu toute leur chaleur, qu’ils sont enflés, que leur cerveau, 
leur estomac, leurs poumons, leur foie, leurs reins, sont débilités, 
viciés, plein d’excréments, alors qu’il ne s’agit, bien entendu, que 
d’une vaine imagination mélancolique. 

D’autres se frappent parce qu’ils ne peuvent pas éternuer, ni suer, 
ou parce qu’ils ne rèvent jamais. 

Quelques-uns, atteints d’une véritable hypochondrie. se plaignent 
à bon droit d’une affection des hypochondres, mais ils s’en imagi- 
nent bien plus qu’il n’y en a. 

F. Mania. 

Sous cette rubrique, l’auteur comprend quatre ordres de faits : 
la manie proprement dite, Vhydrophobie, 1 'obsession démoniaque, la 
danse de Saint-Guy. 

C’est à la première seule que convient la descríption qu’il apphque 
à I’ensemble. Les trois autres, qu’il considère bien comme des varié- 
tès de manie (maniae species), sont à vrai dire plutòt étudiées en 
appendice. 

1° La Manie proprement dile. 

u La mania ou insania est un si grand trouble de toutes les 
fonctions de l’àme, que les sujets se représentent, jugent, et se 
rappellent faussement la plupart des choses ». 

On voit ici la préoccupation d’opposer le délire total au délire 
partiel : Pour les anciens auteurs, le mélancolique peut n’ètre fou 
que sur certains points, le maniaque est généralement un fou com- 
plet. C’est d’ailleurs ce qu’explique un peu le contexte : « IIs ne sont 
pas seulement, comme les mélancoliques trístes et plaintifs, mais ils 
font encore toutes Ies choses contre la raison ». 

De temps en temps, ils peuvent bien montrer un peu plus de 
retenue dans leurs actes et dans leurs paroles, mais le plus souvent, 
enragés, farouches, ils manifestent I’agitation la plus violente. Hs 


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LA P8YCHIATRIE DANS l’íEUVRE DE FÈLIX PLATER 


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vocifèrent des horreurs et des obscénités; ils sont poussés par des 
appétits brutaux qui les rapprochent plus des bétes que des hommes, 
et cela surtout dans le domaine de la sexualité : Plater n’a-t-il pas 
vu une dame de la noblesse, très honnète femme par ailleurs, inviter 
au coit les hommes et les chiens, par des mots et par des gestes 
honteux ? 

Les maniaques se livrent parfois & des accès de violence sur eux 
ou sur Ies autres; ils s’arrachent les cheveux, lacèrent leurs véte- 
ments, et se mutilent en se mordant, ou par tout autre moyen. II 
faut Ies contenir avec des liens et des chalnes, qu’ils s’efforcent d’ail- 
leurs de rompre. Quand on les enferme dans un cachot, ils essayent 
d’en bríser les portes, et tentent parfois, avec une certaineindustrie, 
de s’évader, en pergant les murs de leur prison. IIs se précipitent sur 
le monde comme des bètes féroces, cherchant à griffer, à mordre, à 
étrangler, à tuer. 

Naturellement,lamanie est ici entendue dans un sens tout sym- 
ptomatique. II s’agit du syndrome excitation maniaque, et là en- 
core les observations sont trop peu complètes pour que nous puis- 
sions porter des diagnostics plus précis. 

Tel le cas suivant: 

Une jeune fille de Mulhouse, mal mariée, fut réduite à la folie par 
les mauvais traitements de son mari. Elle déchirait ses vétements, et, 
enchainée toute nue, dilacérait en menus morceaux, avec ses ongles, 
la paillasse méme où je la vis couchée.Onla conduisit à un empirique 
de la campagne, qui avait i’habitude de traiter les maniaques, et la 
guérit en la saignant soixante-dix fois en une semaine, lui tirant ainsi 
presque tout son sang. Elle retourna chez elle, faible et pále, et, son 
mari mort, elle en prit un autre, avec lequel elle vécut jusqu’à qua- 
rante ans, bien portante, mais stérile et sans couieurs. 

La quatríème observation de manie est intéressante à cause de 
la longue durée de l’accès. 

Un cuisinier, dans un hOpital, fut envahi par une manie très grave : 
il gisait dans une prison obscure, nu sur une litière, car il déchirait 
lout le reste; il s’alimentait, et resta ainsi quarante ans, misérable- 
ment enfermé. Délivré enfln je ne sais comment de cette manie, 
vieillard chenu et décrépit, il déambulait par la ville, n’essayant plus 
de faire de mal à personne, agissant et parlant raisonnablement; 
mais, à cause de son grand àge, il ne survécut pas longtemps. 

Nous reconnaissons dans une autre observation la maniaque éro- 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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tique dont il était question dans la description didactique dela 
Praxit : 

Un vieux noble alsacien avait épousé une jeune lemme, et fut bien- 
tdt prit d’une colique dont il raourut au bout de deux ans, ayant à 
peine pu consommer le mariage. Sa veuve tomba dans une proíonde 
fureur maniaque et érotique Elle ne se contentait pas d’inviter au 
colt, du geste et de la voix, ceux qui l’approchaient, mais elle récla- 
raait encore qu’on lui amenftt, à cet effet, des molosses anglais. EUe 
était un objet d’horreur pour ses parents qui ne comprenaient pas 
comment une fllle toujours pieuse et chaste avait pu tomber en une 
si détestable folie. 

Voici maintenant un accés d’excitation qui mérite, sans doute, 
d’étre mis sur le compte de l'alcoolisme : 

Un boucher de Bftle était saisi de temps en temps d’une fureur 
presque maniaque, surtout lorsqu’il avait un peu trop bu de vin : il 
disait qu’on lui dressait des embùches pour le prendre, et courait 
& travers la ville I’épée à la main, sans que personne pùt l’apaiaer ni 
par la parole, ni par la contrainte. II transperQa de part en part 
un tailleur de ses amis qui essayait de l’arréter. Le lendemain matin, 
sa fureur étant un peu tombée, il fut pris, et, considéré comme mania- 
que, au Iieu d’ètre condamné à mort, il le fut à la prison perpétueDe, 
où il passa ses nuits et ses jours à jurer, à blasphémer et à taper des 
pieds. Quelques années après, en hiver, par un froid très intense, il 
périt et fut trouvé un matin presque congelé. 

2° L'Hydrophobie. 

L’hydrophobie ( hydrophobia) est une variété de lamanietdans 
Iaquelle, après avoir été mordu par un chien enragé, on tombe dans 
la méme rage que l’animal : si c’est un chien, on aboie comme un 
chien, si c’est un loup, on hurle et on attaque en mordant >. 

Les individus affligés de ce mal fuient la lumière et tout ce qui 
luit, car les objets brillants leur renvoient, au lieu de leur propre 
fìgure humaine, l'image du chien qui les a mordus. Ils redoutent 
l’eau par-dessus tout, et tremblent à sa vue, d’où le nom d'hydro- 
phobie. 

Ils meurent souvent après avoir présenté des contractures, de la 
rougeur de la face et des sueurs. 

II faut nous attendre à trouver dans ce groupe comme dans le 
suivant un grand nombre d’hystériques. Tel est probablement Ie 
cas de la fille dont il est question dans cette observation, d’une 
cavalière brièveté : 


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Une íille, devenue maniaque à la suite d’une morsure de chien 
enragé, aboyait comme cet animal, et vociférait sans cesse avec un 
vacarme qui me faisait peur, surtout pendant la nuit, quand je l’en- 
tendais dans mon enfance, aiors que nous habitions près de l’hdpital; 
ce qu’il est advenu de cette fille, je ne m’en souviens plus. 

Plater rapporte au méme lieu une observation d’hydrophobie 
« alia ab illa quae a morsu canis rabidi evenil ». Je me demande 
s’il ne faut pas y voir un cas de tétanos splanchnique, ou peut-ètre 
de péricardite à forme hydrophobique : 

Le 11 mars 1595, la femme d’un savetier lavait du cuir dans la 
rivière de Birse qui coule à couvert à travers la ville; la nuit venant* 
elle fut laissée seule par les voisins, quand, eflrayée par la solitude, elle 
crut voir comme une lumière sortir de la voùte, et le ruisseau grossi en 
un torrent se prócipiter avec force; frappée de ce f ait,elle retourna au 
logis, et, à partir de ce moment, elle ne put plus déglutir ni eau, ni 
vin, ni bouillon, ni aucun liquide, raais dès qu’on lui en présentait, 
et surtout qu’on lui en introduisait dans la bouche, elle paraissait 
suffoquer, et criait, tirant de sa gorge un souffle étranglé. Et, chose 
étonnante, elle éprouvait la mème chose au seul contact des liquides; 
bien plus, quand on apportait des liquides dans la pièce, en les voyant 
elle s’épouvantait, et était reprise de son mal; l’accès ne cessait que 
si on emportait les liquides. Sous l’influence d’un petit courant d’air 
oud*unsoufne f elleéprouvaitlesmèmes effets,comme une autre femme 
que je me souviens d’avoir vue,dans ma pratique,succomber endeux 
jours à cette suffocation. 

Aussi, à cause de cette crainte, elle s’abstenait d’eau, et de tout 
liquide, et de toute boisson, et ne se soutenait que de pain et d’ali- 
ments solides, qu’elle pouvait avaler... 

Les assistants, à cause de la dysphagie, pensaient que l’obstacle 
était dans la gorge. Un chirurgien fut appelé, qui n’y trouva rien. Le 
cinquième jour, on m’exposa l’affaire. Je dis aux assistants que cela 
provenait d’une atteinte de la sixième ou de la septième paire ner- 
veuse et que l’hydrophobie, comme je l’ai enseigńé dans ma Praxis , 
peut survenir du fait d’un poison latent, aussi bien que d’une morsure 
de chien. Je présageai le danger et ordonnai d’appliquer des ventouses 
aux épaules, et d’en remettre le soir. 

Appelé au matin... je la trouvai assise, tenant son enfant sur son 
giron, parlant pieusement et cordialement; elle m’expliqua ce qu’elle 
sentait quand on lui présentait des liquides. Gomme j’ordonnaid’ap- 
porter en cachette une décoction chaude pour lui y plonger les pieds, 
aux hns de révulsion, dès qu’elle sentit qu’on l’apportait, elle eut sa 
cri8e. Comme les règles arrivaient et qu’elle ne pouvait rien prendre, 
je ne voulus rien essayer ce jour-là, ni donner de narcotique. 

Lehuitième jour au matin survint dela diarrhée, et elle commenga 

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RBVUE DB PSYCHIATRIB 


à s’afTaiblir. Je dis d’essayer si elle pouvait prendre le bol suivant... 
Mais comme on le lui présentait, elle refusa, parlant saintement et 
pieusemenl de la béatitude des élus, prédisant sa mort; à 4 heures de 
l’après-midi, sa voix s’arrèta insensiblement, les forces lui manqui- 
rent peu à peu, et elle expira. 

3° La possession démoniaque. 

Plater considére la possession démoniaque (obsessio a daemone ) 
comme une varíété de manie, mais il faut avouer qu’il ne s’étend 
pas volontiers sur le sujet et qu’il ne l’enrichit par aucune obeer- 
vation. 

Parmi les maniaques et Ies mélancoliques, dit-il, quelques-uos, 
en parlant ou en agissant d’une fagon sumaturelìe, montrent net- 
tement qu’ils sont obsédés par le démon : d’où le nom d ’obsédés et 
de dfmoniaques. 

Ce sont des gens qui conservent un mutisme prolongé ou qui res- 
tent sans manger plus longtemps que la nature ne le supporte ordi- 
nairement. Les contorsions auxquelles ils soumettent leur corps ne 
pourraient se faire d’une fagon naturelle sans luxation. Ils prédisent 
l’avenir et prophétisent; ils parlent des langues qu’ils n’ont pas 
appríses et qu’ils ne comprenaient pas lorsqu’ils étaient sains d’es- 
prit, comme si Ie démon s’exprímait par leur bouche. Mais Plater 
ne veut pas dire toutes les histoires qu’il pourrait raconter à ieur 
sujet. 

Si l’auteur est bref sur la possession au chapitre des symptdmes, 
il ne l’est pas moins au chapitre des causes : II proclame rapidement 
que le démon, l’esprít malin, cet ennemi du genre humain, non seule- 
ment trouble l’esprít en I’induisant au péché, mais aussi en provo- 
quant par son industríe I’apparition de la manie ou de la mélancolie: 
quod qua ralione fiai....dispulare aul inquirere nostri non est inslihdi. 
Voilà qui s’appelle éluder la question. Evidemment Plater fait son 
acte de foi, et Sprengel le constate avec une réprobation qui trans- 
paralt entre les lignes, mais quelle mollesse dans cet acte de fm! 
Hoc sattem certum est, iales olim quoque fuisse, etc... — II est bien 
visible que l’auteur ne se passionne pas pour cette question, et je 
sais bien pourquoi. Qu’il y aurait donc une jolie étude & faire sor 
l’attitude des médecins de la Renaissance devant le problème de 
Ia possession! 


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LA PSYCHIAXRIE DANS l’cEUVRE DE FÉLIX PLATER 


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4° La danse de Saint-Guy. 

G’est une étonnante et rare matadie, dit Plater.où, en proie & une 
fureur insensée dé sauter, on désire continuellement danser. Ge 
mal s’appelle danse de Saint-Guy (Sattus Viti) parce qu’On croit 
pouvoir le guérir en invoquant le saint de ce nom. Certains d’ail- 
leurs le simulent pour extorquer des aumdnes en frappant Pesprit 
des gens, mais il y a des individus des deux sexes qui en sont véri- 
tablement atteints, et qui dansent sans trève ni repos, nuit et jour, 
pendant des semaines. S’ils s’arrètent pour prendre de la nourri- 
ture, ou s’ils sont surpris par le sommeil, ils ne cessent cepen- 
dant pas complètement de remuer. 

Plater s’inscrit en faux contre l’opinion de certains auteurs 
arabes qui veulent qu’il s’agisse là d’une convulsion : ce n’est pas 
une convulsion des membres, répond Plater; c’est l’esprit qui est 
afiéné et poussé à cette folie et à cet appétit pervers. 

Nous serons tout à fait d’accord avec l’auteur, car il est bien 
évident que sa description ne correspond pas à notre chorée 
moderne, mais au tarentisme. Son explication par le trouble men- 
tal est donc parfaitement justifiée. On en jugera mieux par cet 
exemple : 

Dans mon enfance, une femme fut conduite par des gardes dans une 
maison de Ia banlieue, où, par ordre du magistrat, des hommes ro- 
bustes furent mis à sa disposition pour danser avec elle jour et nuit, 
successivement, l’un se reposant quand l’autre serait fatigué. Cela 
dura pr s d’un mois, presque sans intermission, quoiqu’elle eùt la 
peau des pieds emport e. Et, bien qu’elle prtt parfois de la nourri- 
ture el que à certa ns moments, envahie par le sommeil, elle fùt 
obligée de s’arrèter, elle remuait tout lè temps pendant ces pauses. 
Enfln, comp'ètement rompue, elle dut s’arrèter, et on la conduisit 
à l’hòpital, où elle se reflt et entra peu à peu en convalescence. 

G. DeUrìnm. 

Le delirium comprend la phrenitis et la paraphrenitis. Les gens 
atteints de delirium ont l’esprit aliéné tout entier, comme les mania- 
ques; leur trouble mental se manifeste soit par les paroles, soit par 
les actes. Quelquefois calmes, riant, jouant, et s’amusant à des 
bagateiles, ils sont souvent furieux, crient, blasphèment et cher- 
chent à nuire. 


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RBVUB DE PSYCHIATRIE 


Mais deux caractères qui leur sont propres Ies distinguent des 
maniaques. Premier caractère : ils croient voir danser devant leun 
yeux des mouches ou des duvets qu’ils cherchent à attraper et 4 
ramasser (nous reconnaissons là la carphologie); de plus, leur ima- 
gination troublée apergoit des spectres qu’ils s’efforcent de repous- 
ser (voilà les hallucinations visuelles). — Deuxième caractère : 
on voit survenir chez eux une maladie fébrile. 

Les rapports de la fièvre et du délire dans le temps permettent 
de distinguer entre la phrenilis et la paraphrenitis. Si la fièvre et le 
délire apparaissent à peu près simultanément, c’est la phrenitit, et 
cela se voit dans les traumatismes et dans les inflammations pri- 
mitives du cerveau et de ses membranes. 

Si Ie délire survient alors que la fièvre est déjà installée depuis 
quelque temps,c’est la paraphrenitis. Donc,chez tous cesmalades,4 
cdté du délire proprement dit qui est plus ou moins accentué, on 
trouve d’autres symptfimes en rapport avec la fièvre : pouls rapide, 
respiration fréquente et parfois suspirieuse, défaillances, soif et 
sécheresse de la langue, insommie et vertiges. 

Onsaisitbien quelles variétés d’affections entrent dans ce cadre 
morbide: les délires en rapport avec une encéphalite ou avec une 
méningite aigués, correspondant plus spécialement à la phrenitis; 
les délires survenant au cours des affections fébriles répondant 
mieux à la paraphrenitis. 

Enfin la description doit aussi englober des cas dedelirium trement. 

Voici une observation de phrenitis vraie chez une puerpérale: 

Une jeune femme en état puerpéral, n’ayant pas été bien purgée 
après son accouchement, tomba brusquement dans un délire grave, 
sans qu’aucune autre maladie fùt survenue. Elle se mettait en colère 
contre ceux qu’elle aimait bien, contre son mari et ses parents. Elle 
parlait beaucoup des choses de la religion. Sa face et ses yeux rougis- 
saient. 11 y avait une fièvre aiguè. 

Appelé le 11 janvier 1593, je conseillai une saignée qui ne put étre 
pratiquée à cause de l’agitation. J’ordonnai alors des scarifications 
sur les bras et les épaules, ce qui fut fait avec grande difHculté. 

Ensuite, contre l’insommie et l’agitation, je fis prendre du sirop de 
pavot dilué, etc. 

Le 12 janvier, j’ordonnai d’appliquer sur le vertex une poule cou- 
pée en deux, palpitante et saignante... 

Le 13 janvier, la malade revint à elle, reconnut les assistants, paria 
raisonnablement et fut docile... Et bientòt elle entra en convalescence. 


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LA P8YCHIATRIB DAN8 L’CEUVRE DB FÉLIX PLATER 433 


Void maintenant un exemple assez fruste de paraphrenitis : 

Un adolescent en proie à une maladie épidémique, dans la maison 
de mon père, délirait ouvertement depuis quelques jours, sans quitter 
son lit, jouait avec nous aux échecs, avec assez d’habileté, et, revenu 
à lui, ne s’en souvenait plus. 

VI. — LA MBNTIS DE7ATIGATIO 

La mentis defatigalio est caractérisée par un fonctionnement exa- 
géré des sens intemes, qui ne se reposent pas quand il conviendrait 
de le faire : cela est réalisé dans les insommies ( vigilite ) et dans les 
réoes ( insomnia) (1). 

Les insomnies (oigilise) constituent un phénomène pathologique 
quand le sujet reste privé de sommeil pendant plusieurs jours ou 
plusieurs mois; ou encore s’il ne peut jamais arriver à dormir un 
temps suffisant, — sept à huit heures de sommeil constituant le 
terme normal. 

Dans les révw (insomnia), les sens intemes continuent & agir 
comme à l’état de veille alors que les sens exteraes paraissent se 
reposer. Le réve, à l’état normal, agite légèrement l’esprit: mais 9 
peut acquérir un caractère pathologique et frapper alors les sens 
comme une réalité vivante, réveillant les sujets qu’il frappe de tei> 
reur, ou rendant leur sommeil si inquiet qu’il s’agitent, suent, par- 
lent, pleurent et vocifèrent. 

Gertains individus se lèvent méme et, bien qu’endormis, vont 
errer en divers endroits, se livrant parfois à des escalades qui leur 
eeraient impossibles à l’état de veille. 

Plater n’insiste pas beaucoup sur ces phénomènes de fatigue men- 
tale. II n’en rapporte point d’exemples dans les Obseroaiions, et je ne 
m’y arrèterai pas plus longuement. 

vn. — CONCLUSION 

Cet exposétoutnu de la partie psychiatrique de l’ceuvre de Félix 
Plater est assez significatif pour rendre inutile tout commentaire. 
Afin d’en faciliter la lecture, j’ai éliminé toutes les considérations 
pathogéniques et tout l’appareil thérapeutique. 

Ainsi dégagée de ce qui pouvait lui donneruneapparencevieillotte, 

(1) Neutre pluriel de insomnium, songe. Prière de ne pas confondre I 


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RBVUB DB PSYCHIATRIB 


la psychiatrie de Plater nous apparalt dans tout son relief. Jusqu’4 
Pinel, aucun progrès fondamental ne sera réalisé. 

Avant Bonet et Morgagni, Félix Plater sait employer la méthode 
anatomo-clinique: la belle observation de tumeur cérébralequi figuie 
dans ce travail en fait suffisamment foi. Sur Ies malformations 
craniennes des idiots, il a des notions aussi précises que Pinel. 

Aussi n’hésite-tril pas & proclamer I’origine organique des ma- 
ladies mentales et le róle du cerveau en tant qu’instrument de I’es- 
prit: c’est à une imperfection de cet instrument, affirme-t-il, que 
sont dus les troubles psychiques. 

Ses observations cliniques, parfois trop succinctes, présentent 
généralement une vie et une exactitude remarquables. Lepr lec- 
ture est rendue attrayante par le pittoresque de quelques détails 
et par Ia clarté de la forme. Certaines descriptions cliniques s’appli- 
queraient encore trait pour trait aux malades d’aujourd’hui : nous 
y avons reconnu les principales idées délirantes de nos mélaoco- 
liques; I’odyssée des hypochondriaques de Plater ne diflère en rien 
des tribulations de leurs successeurs modernes. L’angoisse est 
admirablement mise en relief chez certains mélancoliques et chez 
les obsédés. Si l’auteur n’a pas donné une théorie générale des 
obsessions, souvenons-nous que pendant deux siècles et demi, per- 
sonne ne fera mieux. 

La description des crétins du Valais est restée justement célébre, 
et l’on a vu que Plater connaissait bien avant Fodéré et Voisin ce 
que ce demier devait appeler la génialité partielle des idiots. En 
psychologue avisé, il saisissait avec fìnesse les rapports de la vanité 
et de la débilité mentale. 

Sans y retenir son attention, il avait observé la périodicité des 
obsessions, et décrit d’une fagon lapidaire, mais sans la nommer, la 
flexibilitus cerea des catatoniques, se rangeant bien avant Morelpar- 
mi les prédécesseurs de Kahlbaum. 

Je ferai remarquer ici que j’ai négligé beaucoup d’observations, 
peu intéressantes au point de vue psychiatrique, mais que l’histoire 
de la médecine ne saurait oublier : tels les cas d’asphyxie parl’acide 
carbonique et par l’oxyde de carbone qui sont rapportés & propos 
des états de stupeur. 

Evidemment, Plater n’a pas assez tenu compte de l’évoiution dea 
{Voir la suite après le bullelin bibliographique mensud.) 


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LA PSYCHIATRIB DANS L’(EUVRB DE FÉLIX PLATBR 


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maladies. II n'a pas constitué des entités cliniques stables, et a sim- 
plement isolé des syndròmes. Mais est-ce là un défaut ? Avons-nous 
le droit de nous croire beaucoup plus avancés, et, sauf en ce qui con- 
cerne la paralysie générale, notre nosologie actuelle n’est-elle pas 
presque aussi flottante ? 

Au lieu de faire à Plater des reproches inopportuns, louons-le 
plutdt de son essai de classifìcation psycbologique : malgré ses im- 
perfections, c’est une tentative intéressante de groupement ra- 
tionnel. 

Mais je n’insiste pas. On a déjà compris quelle place exception- 
nelle Plater mérite d’occuper dans l’histoire de la médecine mentale. 
II doit cette place à la rigueur de sa méthode qu’il expose en quel- 
que sorte, dans l’épltre dédicatoire des Obseroations, à Georges- 
Frédéric, margrave de Bade. 

Nous avons eu l’occasion, au cours de ce travail, d’entrevoir, à 
travers l’ceuvre, la personnalité vivante de l’auteur. 

Quelquefois méme cela nous a fait sourire : Plater s’attarde 
volontiers aux cas heureux, et n’hésite pas à attríbuer lesguérísons 
à sa thérapeutique, en quoi les aliénistes d’aujourd’hui se montrent 
certainement plus modestes. II parle volontiers de ses relations 
avec les grands, et, quand un de ses clients est titré, nous ne l’igno- 
rons jamais. 

Mais, s’il est généralement satisfait de soi, Plater en avait le droit, 
que lui conféraient soixante-dix-huit ans d’àge et soixante-deux 
années consacrées à la médecine, dont cinquante-six ans de pra- 
tique et quarante-trois de professorat. Tels sont en effet les états 
de service dont il setargue. 

Ne nous plaignons pas, si Plater nous Iaisse volontiers entrevoir sa 
personnalité,car le méme besoin d’expansion le pousse à nous livrer 
sa méthode, qui constitue le meilleur de son ceuvre. Dans l’épttre 
dédicatoire, il en énonce le principe fondamental : oeritaH potius 
quam authoritati locum dandum. L’érudition est en effet absente de 
868 livres, où il n’a mis que le meilleur de soi-mème : quae ego ipse 
oidi, animadoerli, tractaoi. 

S’il n’a pas toujours su tout voir, ni bien voir, il a du moins es- 
sayé de voir, et c’est en cela déjà qu’il prend place parmi les pion- 
aiets de la Renaissance. 


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RBVUE DB PSYCHIATRIB 


Mais il a fait mieux. II a compris que,s’ilétaitnécessaire d’obser- 
ver la nature, ce n’était pas sufiìsant, et que les observations, pour 
ne pas rester stériles, devaient servir de base à un travail desynthèse. 
C’est pourquoi j’aurais trouvé injuste de laisser dans l’ombre la 
Praxis. 

C’est précisément dans la comparaison des deux ouvrages qu’on 
saisit la fécondité de la méthode. 

Plater l’avait bien compris, quand il se décida, sur les instances 
de ses amis,à publier les Obseroationa douze ans après la Prazis, 
livrant ainsi loyalement au public les matériaux sur lesquels il 
avait édiíìé son traité didactique: J’ai voulu soumettre au juge- 
ment du public, dit-il, les observations particulières des maladies 
dont j’avis donné une description générale dans ma Praxis, et 
montrer ainsi comment ces affections se présentèrent chez des indi- 
vidus déterminés, et comment je les observai,et comment je Ies trai- 
tai: * ac Obseroationes, in affectibus homini incommodantibus, quo- 
rum affeciuum prius generaiim in Praxi mea complexus fueram, 
nunc eiiam parliculaiim, in ceriis hominibus quo pacto haec eoeneruni, 
aique a me obseroala, iractalaque fuerunt, historice descripia, publici 
furis facere oolui. » 

C’était donner au monde savant une excellente le$on de méthode 
Particulatim, generatim, tout est là : Plater nous a montré comment 
il s’était élevé du particulier au général, c’est-à-dire comment il 
avait su appliquer à la médecine la méthode inductive, que le moine 
Roger Bacon, reprenant la grande tradition antique, avait tirée 
des ténèbres à la fin du moyen fige. Or, Plater a su manier l’induc- 
tion en digne contemporain de Galilée et de Frangois Bacon (1). 

Nous ne l’avons suivi que dans le domaine restreint de la psy- 
chiatrie, mais cela nous a suffi à discemer le caractère vraiment 
scientifíque de son ceuvre, dans le sens leplus élevé du mot: Nous 
avons vu que l’auteur du premier recueil d’observations, tout en res- 
pectant les faits, a su s’élever au-dessus d’eux, comprenant, avec 
le Stagyrite, que la science n’a pas pour objet le particulier, mais le 
général, et que si les observations, dans la médecine, sont un moyen, 
elles ne constituent pas une fín, comme certains trouvent commode 
de le concevoir aujourd’hui. 

(1) II était lui-méme un peu leur atné. 


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NOUVELLES 


daqnitau Gongréa intornational ponr l’asaiatance dea 
aliénéa. —Ainsi que nous l’avona annoncé déjà, lecinquième Congrès 
international pour l’Assistance dee aliénés se tiendra à Moscou du 
8 au 11 janvier 1914. 

Le ministére des voies et communications a bien voulu faire aux 
congressistes la concession suivante : de n’importe quelle gare fron- 
tière & Moscou et retour, voyage en première classe avec un billet de 
deuxième, et voyage en deuxième classe avec un billet de troisième. 
Par conséquent, il sera utile de se munir d’une carte de membre du 
Congrès avant le dèpart pour Moscou. 

Le Comité international permanent, dans sa réunion à Rome sous 
la présidence du professeur Tamburini, sans porter préjudice aux 
rapports sur des questions au gré du_rapporteur, a.établi comme suit 
le programme officiel du Congrès : 

1° Les doctrines de la démence précoce et_de la dégénérescence. 
Rapporteurs : D r » Bagenoff et A. Marie; 

2° Les services ouverts pour les délirants hors l’asile. Rapporteurs : 
D r » Carswell et Van Deventer ; 

3° Les méthodes tbérapeutiques nouvelles contre la paralysie 
générale. Rapporteurs : D r * Wagner von Jauregg, Pilez et Donath. 

4° Les dégénérescences alcooliques. Rapporteur: D r Roubinovitch. 

5° Les influences cosmiques dans l’étiologie decertains phénomènes 
mentaux. Rapporteur : D r Marie. 

6° Traitement chirurgical de certaines affections mentales. Rap- 
porteurs : D r * Delbet, Perriol, Poussep. 

Les noms des rapporteurs ne sont indiquès que provisoirement. 

Le trésorier du Comité d’organisation du Congrès est le D r Bou- 
néièff : Moscou, AsUe Préobrajensky. 

Toute correspondance au sujet des rapports et communications au 
Congrès doit ètre adressée au secrétariat: D r Cettline, Krassnoselskala, 
3, Moscou. 

Une exposition psychiatrique sera annexée au Congrès. 

Le prix de la cotisation est fixé à 25 francs. 

Une nouvelle modification au décret du 2 févrler 1910. — 
L’article 14 du décret du 2 février 1910 est complété par la disposition 
additionnelle suivante : 

< Les directeurs médecins, médecins en chef, médecins adjoints 
ainsi que les directeurs administratifs des asiies départementaux 
d’aliénés ne regoivent effectivement le traitement afférent à leur classe 
que dans la limite des crédits votés à cet effet par Ie conseil général. » 


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REVUE DES PÉRIODIQUES 


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BELGIQUE 

Bullelin de la Sociélé de Médecinc menlale de Belgique , avrfl 1913. 

La réaction de Wassermann et l’aliónation mentale, per Hsa- 
man et d’Hollander. — Sur le total des admissions des années 1911 - 
1912 à l’Asile de Mons, le Wassermann fut positif 36 fois sur 136 , 
soit dans 26,47 p. c. des cas. 

Pour la paralysie générale spécialement, sur 62 cas relevés dam 
l’espace de deux ans, 56 furent positifs, soit 90,32 p. c. 

Au point de vue de Tétiologie et du diagnostic des psychoses en 
général et de la paralysie générale,en particulier,le W — n’a aucune 
signification. 

Au point de vue de la paralysie générale, le W + non seulemeni 
confirme le diagnostic dans l’immense majorité des cas cliniquement 
établis, mais encore il lui donne une orientation précieuse dans les 
cas méconnus ou insoupQonnés. 

Seule l’observation clinique est à mème d’assurer le diagnostic difíé- 
rentiel entre la démence paralytique, la syphilis cérébrale tertiaire et 
ladémence syphilitique. 

L’épreuve des quatre réactions est indiquée dans les cas où il s’agit 
de séparer la diathèse syphilitique révélée par le W d’avec une psy- 
chose qui en est ou non la conséquence. 

L’abseńce de réactions dans le liquide céphalo-rachidien en présencc 
du W + dans le sang ne permet pas d’exclure d’une fagon absoluc 
la syphilis comme agent sclérosant des artères cérébrales. 

L’épreuve des quatre réactions combinée à l’observation clinique 
et à l’histo-pathologie de l’écorce cérébrale est appelée à jeter une vivc 
lumière sur des états psycho-pathologiques encore mal définis : para- 
lysies générales anormales, syphilis cérébrales et surtout les démences 
de l’áge avancé. 

Bullelin de la Sociélé de Médecine menlale de Belgique, juin 1913. 

Les aliónés voleurs, par Ch. Cuyĺits. — D’une étude très docu- 
mentée, l’auteur tire les conclusions suivantes : « Le vol est dù à des 
causes très diverses. Tout d’abord ce sont des troubles de la personna- 


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RBVUB DB8 P&RIODIQUES 


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liié:la vanité,régol8me,régotisme,les troubles du caractère en géné- 
ral,que le malade ne différencie pas,dont il ne se rend pas compte. 

II existe des hyperactivités motrices ou sensorielles, entre autres : 
besoin de mouvement, appétit sexuel, faim, besoin de voir, de boire, 
de jouir, qui sont la cause plus ou moins éloignée. 

Parfois il y a une idée fixe ou impulsion au vol, et surtout un ins- 
tinctdu vol,par déséquilibration, par délire,ou mèmedans ladémence. 

Le kleptomane vrai est rare. Nous n*en avons pas rencontré de 
type absolument classique. 

n y a ordinairement instinct du vol. 

L’impulsion n’existe que pour autant que le malade cède rapide- 
ment et ne résiste pas à son penchant au vol. Le vol le sert, tandis 
que le kleptomane vrai est desservi par son délit. Mème lorsqu’il 
semble,àpremière vue,que le malade cède, malgré lui, à son impulsion 
et qu’il se rend compte de son état de malaise ou de maladie réelle, de 
troubles de sa personnalité, on rencontre cependant encore des diffé- 
rences notables avec le kleptomane. 

Nos voleurs ne sont pas des kleptomanes. Ce sont des instinctifs 
dont la personnalité ne se dédouble jamais,maisagit toujours dans un 
sens dont elle a, en général parfaitement conscience, qui n’est pas en 
contradiction avec elle-mème. L'idée du vol détermine le plus souvent 
le délit. 

La débilité est générale à un degré plus ou moins prononcé. II y a 
absence de notions abstraites suffisamment actives, capables d’atti- 
rer Tattention du malade et de le faire réfléchir. 

II existe de la labilité du caractère et un manque évident de sensi- 
bilité morale. Entre l'idée de l'acte et l'acte lui-mème, il n’y a place 
que pour une indifférence morale profonde qui est évidemment inca- 
pable de retenir le malade. 

II y a, en somme, désharmonie cérébrale manifeste. 

J. Crinon. 

AMÉRIQUE 

The Journal of nervous and Menlal Disease , Février 1912, n° 1. 

Nota prélimlnaire sur un nouveau complexus eymptomati- 
que dù & une léaion du cervelet et du système córóbello-rubro- 
thalamique, par Charles H. Mills. 

Observation d’un homme de 34 ans qui entre à l’hèpital général 
de Philadelphie en novembre 1907, se plaignantde vertiges soudains 
accompagnés de nausées et vomissements. Chaque vertige le confi- 
nait au lit pendant environ une semaine. Pendant ce temps il était 
maladroit dans l’usage de sa main gauche, ne pouvait rire du còtd 


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droit, quoique i’expression de rémotion fùt la mèmedesdeux còtés 
avant l’attaque; il se plaignait d’engourdissement et de diminution 
de ses sensations dans toute la moitié droite de son corps (face, tronc, 
extrémité supérieure et inférieure). II était sourd du còté droit. 

Un examen soigneux pratiqué en 1911 montra les phénomènes 
suivants: aumembre supérieur droit, ataxie très marquée; la main 
(mouvement du doigt au nez) approchant de la face, les mouvements 
devenaient saccadés et il était impossible au malade de toucher son 
nez. 

L’ataxie était aussi marquée au membre inférieur. La force muscu- 
laire était conservée. La sensibilité dans toutes ses formes était entiè- 
rement conservée dans la moitié gauche du corps, mais était perdue 
pour la douleur, l’extréme chaleur et l’extrème froid dans la moitié 
droite du corps (face, tronc, extrémités). La sensiblité tactile était 
également diminuée. La sensibilité profonde était normale des deux 
cdtés. Pas d’asteréognosie. Surdité complèteà droite. Les mouvements 
volontaires de la face étaient complètement conservés. Dans le rire, la 
face du malade restait immobile du còté droit. L’affection dura 
quatre ans. 

A l’autopsie on remarquait à l’oeil nu la petitesse des branches de 
l’artère cérébelleuse supérieure gauche et une dépression au-dessus 
du noyau dentelé gauche. Les coupes montrèrent une lésion destruc- 
tive englobant le noyau dentelé gauche, le cervelet au-dessus de ce 
noyau, et le pédoncule cérébelleux supérieur. Une dégénèration du 
noyau rouge droit était aussi évidente. 


Juin 1912. 

Quatre cas d’onirisme émotiozmel, par W. J. Sweasey Powers. 
— De l’étude de quatre observations personnelles, l’auteur considère 
comme insoutenable la théorie souvent énoncée qui prétend que les 
états oniriques émotionnels sont toujours et nécessairement d’ori- 
gine épileptique ou hystérique pure ou associée à des excès alcooliques. 
11 prétend au contraire que ces états, quoique rarement à la vérité, 
peuvent se développer indépendamment de ces facteurs (exemples 
les cas observés par Sturling à la suite de la catastrophe de Messine). 
Ce sont des cas d’onirisme d’origine purement émotionnelle, survenani 
notamment à la suite d’un choc inattendu. L’auteur explique ces 
faits par des troubles vaso-moteurs. 

René Bessière. 


Le Gèrant : O. DOIN. 

PARIS. — IMPRIMBRIB LEVÉ, 71, RUB DB RB1TICX8. 


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LES RÉFORMES 

DANS LES ASILES DE LA SEINE 


VINGT ANNÉES DTNITIATIVES PERSONNELLES 

Par M. E. Toulouse. 


Je me propose d'examiner certaines réformes à introduire dans 
les Asiles de la Seine. 

II convient de tenir compte des lourdes charges créées par I’as- 
sistance des aliénés dans le département, maia aussi de l’étatactuel 
des services qui, malgré les coQteuses améliorations qu’on y a géné- 
ralement faites, sont loin de répondre aux exigences de la psychia- 
trie modeme. Les dépenses des asiles paraissent plus lourdes que 
celles des hòpitaux par suite d’un préjugé très puissant, celui de l’in- 
curabilité de la folie. Ce préjugé crée un état d’esprit favorable à la 
compression des dépenses et propre à gèner I’activité médicale 
dans ses initiatives les plus utiles. 

Le problème est plus complexe. 

Je serai amené à rappeler — et je m’en excuse —Ia part que j’ai 
prise à la plupart des réformes actuelles, que je n’ai pu proposer et 
réalùer que grSce à une certaine liberté dans mon activité mé- 
dicale. 

L’exemple du passé ne sera pas, d’autre part, inutile pour me don- 
ner quelque confiance dans la réalisation des réformes nouvelles 
que je préconiserai si elles doivent, comme les autres, rencontrer 
d’abord de l’opposition. 

Les dépenses et l’état des services. 

Le budget des aliénés est, dans la Seine, une lourde charge. La 
dépense du service a été, pour l’année 1911, de 13.386.328 francs. 
Elle était, pour l’année 1901, de 9.221.100 francs, soit en dix ans 

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RBVUE DE P8YCH1ATR1B 


une augmentation de 4.165.228 francs, Boit de 45 0/0 environ. Pen- 
dant la méme période de temps, la population existante en fin d’an- 
néene passait que de 13.657 à 15.543, soit seulement une augmen- 
tation de 1.886, c’est-à-dire de 13 0/0 environ. 

La cause de cette augmentation de dépenses doit étre recherchée 
pour une grosse part dans les dépenses du personnel. Le Conseil 
Général a renforcé le service de surveillance et notamment le service 
de veille,tout en améliorant la situation de chaque agent. Encore 
les logements du personnel secondaire sont-ils généralement au- 
dessous du minimum que l’on réclame pour les maisons ouvriéres. 
Et leur journée de travail de 12 heures, si peu fatigante soit-elle 
dans certains quartiers, dépasse la durée raisonnable de présence 
dans un milieu pénible, 

Ces dépenses sont un fait général.Elles résultent de l’amélioration 
des conditions de la vie et du travail, partout réalisée alors que l’exis- 
tence devenait plus chère. Mais les dépenses, ayant plus directe- 
ment pour objet l’amélioration des conditions matérielles ou théra- 
peutiques des malades, n’ont pas subi d’accroissement sensible. 
L’encombrement est toujours excessif, plagant les malades aigus 
dans les plus mauvaises conditions de traitement. L’entassement 
dans une salle de 100 malades agités, qui s’excitent mutuellement 
etseblessent—commecelas’observenotamment dans les quartiers 
defemmes deVillejuif—est une pratique barbare, dont nos descen- 
dants rougiront et qui sera reconnue un jour comme un des fae- 
teurs importants de la chronicité des psychoses. Si bien qu’id 
la réduction des dépenses aboutit en définitive ò un accroissement 
de charges. 

Le mélange des cas récents, qui guérissent surtout dans la pre* 
mière année (950/0 des guérisons),et des chroniques aboutit aux 
mémes résultats, de manière qu’on dépense peut-étre trop pour lei 
uns et sùrement pas assez pour les autres. 

Les locaux,trop vastes et insuffisamment différenciés,ne répon- 
dent plus aux désidérata les mieux justifiés. 

L’hygiène générale n’est pas défectueuse seulement à cause de ee 
surpeuplement, qui aboutit à faire dormir dans un dortoir le double 
des malades qui furent prévus. Dans plusieurs asiles, ies dortoin 
sont éclairés au gaz et l’électricité, si nécessaire pour certainf 
examenB et certains appareils de traitement, n’est pas encore in*- 


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LBS RÉF0RME8 DAMS LBS ASILB8 DB LA SBINB 


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tallée. En certains endroits, le chauffage se fait encore avec le calo- 
rifère à air chaud. 

Dans divers établissements, les préaux sont étroits, la vue est 
bomée; et il n’y a pas de parc pour promener les malades. Partout 
les distractions, qui sont une des conditions essentielles du traite- 
ment, surtout au moment où l’amélioration se manifeste, sont à peu 
près nulles. Une ou deux fètes annuelles ne peuvent remplacer les 
distractions thérapeutiques, qui devraient étre quotidiennes pour 
certaines catégories de malades. 

L’outillage thérapeutique est encore embryonnaire. Les agents 
physiques, si utiles dans le traitement de la folie, — hydrothérapie, 
insolation, lumière artificielle, électricité sous ses diverses formes, 
radiothérapie—ne peuvent pour la plupart étre employés dansdes 
conditions convenables. 

11 n’y a pas de laboratoire central avec un personnel compétent 
qui puisse faire les examens biologiques nécessaires pour suivre l’é- 
volution d’une maladie et les effets d’un traitement. 

Nous sommes donc loin dans les asiles d’étre arrivés à un point 
d’organisation où l’on puisse ne plus considérer que des réduc- 
tions de dépenses. 11 faut le dire bien nettement pour éclairer le 
Conseil Général, toujours favorable aux initiatives généreuses et de 
progrès. Sur l’initiative de ses rapporteurs et notamment de 
M. Navarre, si dévoué à l’oeuvre psychiatrique, il a dépensé beau- 
coup pour les aliénés. Mais il lui reste encore d’importantes amé- 
liorations à réaliser. II peut ne pas les entreprendre si d’autres 
charges paraissent plus urgentes. Mais le Conseil Général doit 
savoir — et c’e3t notre devoir de le lui dire nettement — que nos 
établissements ne sont pas oiganisés comme des asiles dépendant 
du département de la Seine peuvent et doivent l’ètre. II serait 
dangereux de laisser s’accrèditer cette idée qu’on peut—impuné- 
ment pour l’intérèt des malades — réaliser de grandes économiea 
dans lebudget des aliénés.Onpeut certes les réaliser, si Ia nécessité 
est impérieuse; mais, comme défenseurs des malades qui leur sont 
confiés, les médecins ne sauraient déclarer qu’elles sont sans 
inconvénients. 

Certes, les améliorations sont coùteuses; et le progrès, qui se mani- 
feste partout, a partout les mèmes répercussions économiques. 
Seulement les dépenses pour les aliénés paraissent toujours les plus 


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lourdes à supporter, bien qu’elles ne semblent pas proportionnelle- 
ment plus grandes dans les asiles que dans les hópitaux. C’est que 
ces dépenses paraissent moins justifiées. Et c’est l’appréhension qu* 
perce dans les rapports de MM. Dausset et Rousselle, pourtant si 
zélés pourtoutes les oeuvres d’assistance. 

Dans la pensée de ces distingués rapporteurs, on sent toujours 
le doute et cette question posée dans la conscience de tous : si 
cependant tous les sacrifices étaient inutiles ? Et c’est ce préjugé 
qu’il faut d’abord combattre. 

Le préjugé de rincurablllté de la folle. 

Or la folie guérit. II est sorti des Asiles de la Seine, durant l’année 
1911,2.043 malades améliorés ou guéris,soit,par rapport au nombre 
de malades traités qui est de 14.646, la proportion de 13 0 /0. Je 
compte, il est vrai, les améliorés avec les guéris. Mais beaucoup de 
mes collègues hésitent à reconnaitre officiellement comme guéris 
des malades qu’ils libèrent et qui échappent è leur observation. 

2.000 malades, généralement adultes, beaucoup en pleine valeur 
sociale, ont donc été rendus au travail, à leurs familles. 

Les dépenses pour les seuls asiles de la Seine ressortissent è 
9.800.000 francs en chiffres ronds, ce qui fait 5.000 francs par ma- 
lade remis en liberté, 10.000 francs si I’on ne veut compter queles 
guérisons, qui entrent environ pour la moitié du nombre total. Or 
Ia valeur économique d’un individu est beaucoup plus considérable. 
Pour un homme, elle n’est pas à Paris beaucoup moindre de 5 francs 
par jour, ce qui représente un capital de plus de 50.000 francs. 
Réduisez ce capital, pour tenir compte des rechutes, qui ne figurent 
pourtant que pour le 1 /10 des admissions, et aussi du travail de la 
femme — encore que cette dernière, par les soins du ménage et l’éle- 
vage des enfants, représente une valeur économique équivalente, — 
ilvous restera un bénèfice qui soldera avantageusement l’opération. 

Mais tenons-nous seulement à cette considération plus étroite,à 
savoir qu’un aliéné en sortant décharge le département de son 
entretien qui, au prix de revient de 3 fr. 12, représente plus de 
1.100 francs par an —et celapendant cinq, dix, vingt années qu’il 
pourrait encore rester à 1’AsiIe. Or toutes les mesures qui peuvent 
élever le nombre dcs sorties, que le malade récupère plus ou moins 


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complètement une activitó normale, sont des opérations & bénéfices; 
et il est clair que toutes les améliorations.si méme elles n’aboutis- 
saient pas à un plus grand nombre de guérisons — ce qui est évidem- 
ment faux — auraient au moins pour résultat de rendre les sorties 
plus faciles et par conséquent allégeraient d’autant les charges du 
service des aliénés. Une amélioration qui sechiffrepar 10.000 francs 
est donc couverte pour la dépense si elle permet la sortie —par gué- 
rison ou non — de 10 malades seulement pour un an ou d'un seul ma- 
lade susceptible de rester encore dix ans à l’asile et n’y revenant 
pas pendant cette période. 

II faut donc toujours penser à cela et ne pas raisonner comme si les 
aliénés entrant dans les asiles n’en sortaientplus, comme de l’Enfer 
du Dante.idéefausse qui inspire inconsciemment toutes les opinions 
pessimistes à ce sujet. 

A la vérité, il estdifficile de prouver l’influence des améliorations 
sur le nombre des sorties. Gar I’effet de certaines mesures n’est pas 
immédiat; et, d’autre part, la proportion des sorties varie avec la 
nature des malades hospitalisés. Or les asiles sont envahis depuis 
quelques années par un nombre croissant d’infirmes et de séniles 
qui ne sont pas susceptibles de sortir. 

Mais revenon8 à la question de guérison et demandons-nous si 
les hòpitaux, pour lesquels on ne marchande pas les ressources, sont 
beaucoup mieux favorisés. Si I’on compare les malades aigus 
dans les deux sortes d’établissements, on voit que les uns et les autres 
donnent un nombre plus ou moins élevé de guérisons. Un maniaquc 
guérit souvent — en y mettant à Ia vérité plus de temps — 
comme un typhique. 

11 faut comparer les chroniques. Or les asiles hospitalisent un 
bloc énorme de chroniques, déments organiques et idiots, peu 
susceptibles d’amendement, et aussi beaucoup d’invalides, inca- 
pables de s’adapter au travail modeme, qui tombent dans les asiles 
parce qu’il n’y a pas d’autres lieux d’assistance pour eux. 

Et si l’on rapproche des maladies chroniques du cerveau les 
autres maladies chroniques, le résultat apparatt navrant dans les 
deux cas. Guérit-on par exemple plus d’ataxies, de ramollissements 
cérébraux, de scléroses de la moelle? Guérit-on plus de maladies 
touchant les autres organes, le cceur, le foie, Ie rein, qui forment 
la majorité des cas hospitalisés? Guérit-on plus de tuberculeux 


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confirméa, de ceux qui aboutiasent & l’hópital? Et plue de cancè* 
reux ? Hélaa! 

Or I’assistance dane les hOpitaux coòte, non pas 12, mais mii- 
lions, dont la moitié sert & cette masse d’invalides de tous genres, 
qui, tralnant des maux impitoyables, forment le fond de la clicn- 
tèle bospitalière. Les hospices d’incurables et de vieillards dépeo- 
sent autant que les aUénés, 12 milUons. Par jour, un malade coúte 
en moyenne 5 francs dans un hdpital, im vieiUard 2 fr. 50 dans un 
hospice, et un aUéné 3 francs et seulement 1 fr. 50 dans les asiles 
des départements où Paris envoie ses chroniques. Et les pouvoirs 
pubUcs sont préts à augmenter sans compter les sacrifices pour 
lutter contre la tuberculose, le cancer et toutes les infections. Et 
personne ne regrette l’argent qui va & la Salpétrière, tandis que les 
subsides octroyés à Sainte-Anne paraissent presque un détourne- 
ment au détriment des malades hospitaUers, les seuls dignes de 
sacrifices éclairés. 

Pourquoi donc compte-tron davantage avec les aliénés, puisque 
Iessuspectsd’incurabilitéparmieux ne coOtent pas plus que les ao- 
tres ? C’est que la folie, en rendant 1’aUéné étranger à son miUeu, 
lui enlève de la sympathie. Puis socialement il n’existe plus, tandis 
qu’un vieillard garde toujours son influence et ses relations avec 
I’exercice de ses droits civils et poUtiques. 

Mais 8Ì les maladies physiques ne présentent pas beaucoup plus 
de guérisons, on seconde tout de mème davantage Ies recherches 
médicales dans ce sens, parce qu’on croit qu’elles ont beaucoup 
plus de chances d’aboutir à améliorer la thérapeutique. La foUe 
apparatt, — quand elle se manifeste dans les formes chroniques, — 
comme ayant des conditions anatomiques immodifiables et—dans 
les formes aigués — comme soumise à des causes tellement obs- 
cures qu’elle échappe à toute analyse médicale. Dans les deux cas, 
la folie est matière d’assistance, non de médecin. 

Rien de plus faux. D’abord les désordres anatomiques des psy- 
choses simples.aigués ou chroniques, ne sont pas profonds générale- 
ment. Et une preuve indirecte, c’est que l’on observe des guérisons 
spontanées et rapides dans les états les plus anciens, chose qu’on ne 
remarque pas dans les autres états chroniques, ni au cours d’un 
vieux tabès, ni au cours d’une sclérose rénale ou d’une maladie 
organique de cceur. G’est donc que la folie, qui ne touche irré- 


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médiablement aucune fonction végétative importante (puisque des 
aliénéa peuvent vivre cinquante ans et plus avec leur mal, chose 
qu’on n’observe guère avec d’autres maladies viscérales) ne paratt 
pas mème atteindre profondément le cerveau, dont la restauration 
est si aisée. 

D’aiileurs il n’y a pas de raisons biologiques décisives qui puissent 
faire penser qu’il soit impossible d’arrèter ou mème de faire rétro- 
grader une lésion anatomique. Nous ne voyons guère ce phénomène 
se produire et nous ne savons pas pourquoi; mais c’est tout ce qu’on 
peut dire. Pour l’avenir, l’espérance qui peut autoriser des efforts 
du cóté des maladies ducceur par exemple, est aussi valable ducdté 
des affections mentales(l).Elle est seulement plus valable, puisque 
les désordres sont naturellement plus reversibles. 

Et dans les états aigus ces désordres sont purement fonctionnels, 
ainsi que le prouve le retour brusque à la raison, en quelques jours, 
en une nuit. Quelle pneumonie — le type de la maladie aigué cura- 
ble — laisse à sa suite une géne moins grande pour l’activité de l’in- 
dividu ? Si donc une maladie paralt naturellement curable, et beau- 
coup plus que les autres maladies, c’est bien la folie. 

Les procédés de la guérison comme les conditions de la cause 
sont-ils si obscurs et échappent-ils si complètement à l’analyse et 
à l’action médicale? Rien de plus inexact. L’observation des aigus 
et surtout des convalescents,qui peuvent exprimer les impressions 
passées de leur mal, montre que le procédé est simple. Toutes les 
recherches que j’ai entreprises avec mes élèves, et notamment avec 
Mignard (2), montrent que la folie aigué, à type de confusion, 
lapluscommune,estune maladie de fatigue, de misère physiologique 
et souvent de misère sociale.C’est un épuisement comparable à ce 
que chacun peut observer sur soi-méme dans les moments de grand 
surmenage. Unefonction supérieure,qui utilise les procédés depensée 
et que nous avons ap'peUel’auto-conduction, est affaiblie; etlapensée, 
n’étant plus dirigée, devient automatique. Les malades nous di- 
sent, — au début de leur mal et aussi lorsqu’ils commencentà en 
sortir,—qu’ilsnesont plus maltresde leurs idées, qu’elles vont sans 

(1) La paralysie générale méme n’apparalt plus comme incurable. 

(2) Toulouse et Damaye. La démence vésanique est-eile une démence? 
Revue de Psgehiatrle, 1905. — Toulouse et Mionard. Revtie de Ptgchicdrie, 
1908, 1909, 1911 et 1912. 


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cesse, troublant leur sommeil, les poussant & des actes, & des rai- 
sonnements qu’ils jugent absurdes. Le pouvoir d’arrèt, de coerci- 
tion, de direction est affaibli. Et, d’abord à ce moment-là, Paliéné 
fait des efforts continus pour ne pas sombrer dans l’automatisme 
et l’inconscience continus. 

Mais par le repos, par des moyens physiques qui accroissent la 
vitalité physiologique, la restauration peut se faire et Ia guéríson 
survenir. 

Dans ce sens j’avais déjà suspendu des accès de confusion au 
début par le bromure donné avec le régime sans sel, ce qui arrètait 
le travail à vide du cerveau et amenait un repos relatif. 

Mais je crois avoir fait faire à ce problème un progrès vers la 
solution en appliquant, avec mon inteme Puillet, les injections 
sous-cutanées d’oxygène—introduitesparRamond dans lathérapeu- 
tique générale — aux divers états psychopathiques et notamment 
aux états aigus. La guérison rapide dans certains cas, l’amélio- 
ration dans Ia plupart, montrent que l’on peut intervenir dans les 
états psychopathiques aigus,provoqués le plus souvent par l’épui- 
sement et les intoxications. 

II n’y a que six mois que ces recherches ont commencé, et trois 
seulement que nous avons publié les premiers résultats et par- 
tout des médecins appliquent ce traitement, de manière que nous 
saurons bientót ce que l’on en peut attendre pour la thérapeutique 
courante dans les asiles (1). 

. Mais il n’y a pas que ce moyen qui soit à notre disposition. J’ai 
toujours pensé que le repos complet, provoqué par des agents non 
toxiques, im sommeil naturel se prolongeant pendant plusieurs 
jours, était le moyen de faire récupérer au cerveau sa fonction de 
direction. 

J’ai étè heureux de faire partager mes idées au Professeur Charles 
Richet. C’est avec lui que j’ai,ily a quinze ans, créé le traitement 
de l’épilepsie par la bromuration combinée avec l’hypochloruration, 
qui est aujourd’hui universellement employée, notamment dans 
des asiles spéciaux, allemands, italiens, suisses et amérícains. 
Cette méthode a étè reconnue, par la plupart de ceux qui I’expé- 

(1) Toulousk et Puillbt. Soc. méd. des hOpiUux, 24 fuillet 1913. — Rtmu 
ét Piyckiatrte, septembre 1913. 


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rimenient habituellement, comme le progrès thérapeutique le 
plus considérable obtenu pendant ces cinquante demières années 
dans le traitement de l’épilepsie. Ce sont nos recherches qui ont été 
le point de départ de la déchloruration, appliquée par Achard et 
Widal mais pour d’autres raisons, aux maladies des reins et du cceur. 

Pour réaliser mon projet de faire dormir sans danger pendant 
plusieurs jours des malades confuses, Charles Richet a proposé 
de faire respirer dans une chambre hermétique de l’acide carbo- 
nique, qui ne paralt pas ou que très peu toxique. 

L’installation à Villejuif de cette chambre hermétique a ren- 
contré des difficultés qui ont paru à certains moments insurmon- 
tables et ne sontpas encore toutes résolues (1). 

En résumé, si une maladie parait présenter des conditions trcs 
favorables pour subir une intervention médicale heureuse, c’est 
bien la folie. 

Ainsi il serait injuste à l’égard de nos malades et faux pour la 
vérité scientifique de considérer le traitement des aliénés comme une 
sorte d’utopie coùteuse dont il n’est pas sage d’encourager le déve- 
loppement. 

La liberté médlcale et mes inittatives. 

Mais ce ne serait pas tout de perdre le préjugé de I’incurabilité 
de la folie et d’accepter les dépenses nócessaires,si l’on nereconnais- 
sait pas qu’il est utile de laisser aux médecins une certaine liberté, 
indispensable pour l’emploi des ressources. Je rappelais mes 
recherches sur l’épilepsie et aussi celles plus récentes sur l’oxy- 
gène. Si un règlement trop strict m’avait empèché de tenter 
ces expériences qui exigaient des dépenses en oxygène et aussi 
un changement dans les règlements concernant le régime alimen- 
taire commun, je n’aurais pu les mener à bonne fin. Et plusieurs 
de mes collègues pourraient citer des cas personnels tout aussi 
probants. Magnan — pour considérer un exemple non contesté — 
n’aurait pu introduire l’alitement continu ni obtenir la suppression 
des camisoles qui nécessitaient l’augmentation du personnel. 

Je ne puis donc que demander la continuation du régime libéral 

(1) C’est pour moi l’occasion de remercier l’Administration et M. Loiseau, 
architecte, pour la facilité et le concours qui nous ont été apportés dans cette 
clrconstance. 


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qui m’a permis des initiatives et des réformes, aujourd’hui accep* 
tées ou reproduites, tant au point de vue des recherches scienti- 
fiques que de l’aménagement matériel et de l’organisation du 
service. 

C’est ainsi que j’ai pu, gràce à la générosité du Conseil Général 
et à la bienveillance de l’Administration, jcréer un laboratoire de 
psychologie, rattaché à l’Ecole des Hautes-Etudes. Ce laboratoire 
est le plus richement outillé de France, et il a été récemment doté 
d’une subvention de 18.000 francs sur le produit des jeux. Ilest 
fréquenté chaque année par un nombre élevé de médecins fran^ais 
et étrangers. Avec leregretté VaschideetM.Piéron, nous avons po 
créer un grand nombre d’appareils et de méthodes de mesure pour 
l’examen psychologique, et notamment pour les sensations, sur 
des données rigoureuses. L’exposition de cette méthode a fait l’ob- 
jet d’une Technique de Psychologie expérimenlale, la première 
publiée en langue fran§aise, qui a paru dans la Bibiiothèque de 
l’Encyclopédie Scientifique que j’ai fondée. 

En dehors de mes nombreuses recherches sur le régime sans sel 
avec Richet dans l’épilepsie et dans l’agitation et celles récentes 
avecPuillet sur l’oxygénation, j’ai introduit le sucre dansl’alimen- 
tation thérapeutique des aliénés. J’ai montré que I’on pouvait 
donner pendant un temps prolongé impunément 100, 200 et 
300 grammes de sucre chez la plupart des malades et que, notam- 
ment chez des mélancoliques qui refusent les aliments ou chez dea 
agités qui se dépensent en gesticulations incessantes, on obtenait 
un engraissement rapide avec épargne de l’excrétion azotée. Enfin, 
les idées sur la nature et le mécanisme des maladies mentales 
que j’ai émises avec Mignard, — et qui tendent à ètre acceptées, 
notamment en ce qui concerne le caractère confusionnel des dé- 
mences dites précoces, — doivent apporter des modiQcations im- 
portantes dans la thérapeutique physique et mentale de Ia folie. 

Dans la pratique médicale, je citerai quelques initiatives. J’ai 
inauguré des méthodes d’examen et d’observation plus précises. 
Tout hospitalisé nouveau est examiné comme un malade ordinaire 
et maintenu alité pendant quelques jours. J’ai étudié méthodique- 
ment, avec Marchand, les effets de l’alitement et montré la né- 
cessité pour éviter les syncopes de faire lever les malades quelques 
heures chaque jour, pratique qui a été adoptée ailleurs. 


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J’ai pu aussi établir une organisation nouvelle pour la surveil- 
lance et l’observation des malades; elle consiste dans l’emploi de 
questionnaires et de fiches de renseignements tenus par le person- 
nel secondaire. Ces notes substituent, au renseignement oral, sou- 
vent donné à la légère, le renseignement écrit, plus exact et fourni 
d’après des données méthodiques, rapportant au médecin les faits 
importants survenus dans le service et dans l’évolution des mala* 
dies. 

J’ai congu un système d’instructions écrites et un règlement inté- 
rieur qui guide le personnel de surveillance dans ses diverses opé- 
tions (entrantes, crises épileptiques, tentatives de suicide, etc.). 
II a été appliqué en tout ou en partie par plusieurs collègues de 
France et de l’étranger. II permet une action médicale plus efficace 
et diminue considérablement les accidents (évasions, suicides, etc.). 

J’ai provoqué et inauguré les missions à I’étranger, réalisées gráce 
à mes regrettés amis les D r8 Emile Dubois et Paul Brousse, rappor- 
teurs généraux des asiles,auxquels les médecins de la Seine et moi 
personnellement devons tant. Et j’ai relaté cette première mission 
en Ecosse, dans un Rapport sur l’assistance des aliénés en Angle- 
terre (1), prdnant plusieurs réformes que j’ai d’abord réalisées et qui 
ont été ensuite adoptées ailleurs. 

Je citerai encore la décoration systématique des quartiers de 
malades, l’amélioration du mobilier rendu plus confortablc, la 
suppression des lits de gàteuses. 

Dans un tout autre ordre d’idées et pour montrer qu’un méde- 
cin pouvait s’occuper utilement de questions d’administration les 
plus spéciales, telles que des questions de comptabilité, j’ai pro- 
posé l’établissement d’un prix de revient rationnel, d’après une 
méthode qui fut approuvée par un homme de haute compétence, le 
regretté M. Le Conte, Conseiller à la Cour des Comptes et membre 
de la Commission de surveillance des Asiles, et imposèe ensuite 
aux asiles par l’Administration. 

Et parmi les initiatives que je n’ai pu complètement exécuter, 
je mentionnerai dans l’ordre économique la création d’un service 
central de livraisons, qui donnerait aux services médicaux un 
infirmier de plus par quartier, soit plus de 20 unités pour le 

(1) Touuouse. L’assislance des aliinis en Anglelerre el en Ecosse. Rapport du 
Consail général de la Seine, 1898. 


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seul asile de Villejuif, et aussi tout un projet pour réformer la 
statistique des aliénés dont les nombreux imprimés attendent 
encore la réalisation administrative. 

Entre autres choses, j’ai exposé la conception du quartier d’ob- 
servation continue.dont je fis le plan et qui fut construit en 1900 
dans monservice.Ce quartier,necomportantqu’un rez-de-chaussée, 
est pourvu de tous les moyens(dortoirs de 7 lits, salle de réunion. 
chambres d’isolement, salle de bains, bureau d’examen, parloir) 
permettant de maintenir un petit nombre de malades sous la sur- 
veillance constante du méme personnel au cours des diverses opé- 
rations de traitement, a réalisé le type du quartier d’observation. 
Je suis heureux que le projet, adopté par la Commission du 7® asile 
sur le rapport de M. le D r Pactet et de M. Loiseau, en ait accepté 
les dispositions essentielles pour l’étendre à tous les quartiers de 
traitement. 

J’ai pu aussi organiser le service de veille qui, à mon arrivée à 
Villejuif, n’existait qu’à l’état embryonnaire et qui, partout insti- 
tué maintenant et confié à une équipe de gardiens, alterne avec 
le service de jour. 

Me permettra-t-on de dire que la plupart des améliorations 
apportées à la situation du personnel secondaire ont été réaliste- 
dans mon service, souvent en dehors du règlement, avant d’ètre 
étendues à tous les asiles ou imposées par la loi: liberté de sortir de 
l’asile en dehors des heures d’occupation et la nuit, réduction de la 
journée de présence, repos hebdomadaire d’une journée franche, 
congé annuel de deux semaines, congé de grossesse le mois précè- 
dant et le mois suivant l’accouchement, etc., etc. 

Je crois avoir été utile à tous les personnels. J’ai pris l’initiative 
des modifications du statut de l’internat,qui a augmenté la durée 
des fonctions et le taux du traitement. Je n’ai pas cru pouvoir étre 
indifférent aux intérèts du corps auquel je suis fier d’appartenir; 
et je m’honore d’avoir provoqué des mesures améliorant leur 
condition matérielle et leur situation morale, celle notamment 
introduisant à Villejuif un Conseil médical officieux, que j’ai 
peu à peu élargi en provoquant la création de la Société Médicale 
des Asiles qui est un organisme d’études dont l’Administration 
apprécie maintenant toute la valeur. 

C’est dans l’intérét général aussi que j’ai émis l’idée d’une grande 


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Gommission d’études, qui fut réalisée par le D r Paul Brousse sous 
la forme d’une Gommission mixte pour l’étude des aliénés, dont les 
nombreux rapports et discussions nous sont encore les meilleurs 
guides. C’est également en vue du bien de tous qu’il faut considérer 
mon initiative de dédoubler les grands services d’aliénés et de 
donner aux médecins adjoints un service effectif. 

Si j’ai pu faire ces diverses réformes,souvent en marge du règle- 
ment ou des usages, c’est toujours avec l’aide du Conseil Général 
et Ie concours bienveillant et éclairé de l’Administration, et notam- 
ment de M. Pelletier, chef du service des aliénés, que je puis dési- 
gner, puisqu’il a quitté ce service, comme un véritable collabora- 
teur à toutes mes réformes. 

Je m’excuse d’avoir à rappeler tout cela. Mais pour la thèse que 
jedéfends, je le devais afin de montrer que les ressources et aussi la 
liberté dans des moyens d’action — qui n’empèche ’pas d’ailleurs 
d’établir des règles et des limites — doivent étre laissées au mé- 
decin dans l’intérèt des malades. Et c’est aussi que cela compor- 
tait une le$on. 

Presque toutes mes innovations paraissaient révolutionnaires 
quand je les ai prònées et mème utopiques; elles sont maintenant 
acceptées et généralisées un peu partout. 

Je suis donc fondé à croire que d’autres, et notamment celle 
sur la réforme du régime alimentaire que j’ai l’intention de préco- 
niser, seront également adoptées. 

Cela doit aussi encourager les jeunes entreprenants.que la crainte 
de paraltre inńover retient souvent. Qu’ils pensent que j’ai été 
considéré par mes alnés comme un agitateur dont les idées n’étaient 
pas viables. Or quand je vois autour de moi la plupart de mes 
idées devenues des réalités et des habitudes acceptées des autres, 
je pense que si j’ai péché, c’est par défaut d’initiative et non par 
excès d’entreprise. 

Tout cela est rappelépour justifier aussi que j’ai quelque qualité 
pour proposer une réforme. Et j’ai pensé que celles que j’ai pu 
accomplir durant vingt années et qui ont été approuvées et 
adoptées pouvaient me donner quelque crédit pour étre écouté 
et suivi avec quelque confiance. 

Je me suis aussi beaucoup dépensé au dehors. Mais là encore je 
crois avoir fait ceuvre utile par quelque cdté. Par mes ouvragesde 


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publiciste, par mes livres d’éducation qui préconisent dans la vie 
pratique l’attitude rationnelle de l’activité scientiflque, en créant 
rEncyclopédie Scientifique, la plus grosse publication spécialisée à 
la science qu’on ait entreprise et qui groupera mille collaborateura 
répartis en 40 sections dirigées par des savants choisis parmi les 
plus autorisés de l’Université, du Muséum, de I’EcoIe des Hautes 
Etudes, je crois avoir contribué un peu à affirmer l'autoríté 
morale du médecin et aussi du corps auquel j’appartiens. 

Toujours je me suis efforcé de répandre des notions d’hygiène 
morale et physique. Et c’est là encore ceuvre de médecin aliéniste; 
car la cause de la folie doit étre Ie plus souvent recherchée dans une 
vie mal organisée, un travail physique ou intellectuel au-dessus des 
forces de l’individu, une activité généralement mal conduite. J’ai 
le premier préconisé la création d’un Laboratoire du Travail, qui 
vient d’étre réalisée tel que je le demandais il y a quinze ans. 

Et si j’ai pu mener de front des oeuvres si diverses, c’est gràce 
au concours d’élèves et de collaborateurs dévoués. 

Je tiens à citer le premier de mes élèves, le D r Marchand, aujour- 
d’hui médecin en chef de la Maison Nationale de Charenton et dont 
les travaux de micrographie font autorité. II a été pour moi un 
collaborateur précieux pour la plupart de mes études sur 1’épUep* 
sie, et il est maintenant engagé dans une voie de recherches théra- 
peutiques d’un haut intérét. Je désire aussi mentionner la col- 
laboration du D r Mignard, médecin-adjoint de Charenton, avec 
qui j’ai poursuivi les études systématiques sur l’auto-conduc* 
tion et celle de Lahy, avec qui je me suis occupè de la physio- 
logie du travail 

Enfin je suis heureux d’avoir pu remarquer et accueillir, au début 
de sa carrière, Piéron, qui dans mon laboratoire a pu exercer des 
fonctions et s’orienter dans des travaux qui l’ont pour une part 
désigné pour remplacer Alfred Binet à Ia Sorbonne. Je lui suis recon- 
naissant d’avoir accepté la direction que j’avais imprimée, après 
mon enquète sur la supériorité intellectuelle, à la mesure des phéno- 
mènes psychologiques, que je comprenais dans un sens nouveau 
de détermination rigoureuse pour toutes les conditions de l’expé- 
rience; il a apporté.dans un effort soutenu.à cette oeuvre dont j’a- 
vais fait le but principal de l’activité du Laboratoire, une précision 
et un développement auxquels je désire rendre hommage. 


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Original frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



LBS RÉFORMES DANS LBS ASILBS DB LA SEINE 


455 


Je crois avoir communiqué mes habitudes de travail & mes in- 
teraes, puisque presque tous sont entrés dans la carrière des aailes 
et que les alnés sont à leur tour devenus des maltres. 


Les réformes & entreprendre. 


Le programme des réformes est chargé. 

L’évolution des idées scientifiques et d’assistance hospitalière 
d’une part, ainsi que celle des rapports entre les administrations et 
leurs agents d’autre part ont été si rapides que de nouveaux pro- 
blèmes, très pressants, surgissent de tous còtés. 

Les médecins déclarent que des asiles construits, pour la plupart 
il y a plus d’un quart de siècle, ne répondent plus .aux nécessités 
d’assistance les plus évidentes. Notamment les grands quartiers.où 
l’on entasse 50 et 100 malades qui se contagionnent, s’excitent et se 
blessent, paraissent maintenant des constructions surannées pour 
les malades susceptibles de guérison. Et l’on se demande si la 
formule nouvelle — comme je l’ai demandé — ne serait pas à 
l’opposé, pour les formes aiguès, l’isolement de chaque malade, 
ainsi qu’ontend à le réaliser dans les hòpitaux. 

Les aliénés dans la période aigué où ils font effort pour se res- 
saisir sont noyés au milieu d’une foule bruyante.Or, à cette période 
l’isolement, i’encouragement personnel d’un médecin ou d’un infir- 
mierles aideraient bien souvent à seressaisirjet, ajoutésà une théra- 
peutique reposante et reconstitutive appropriée,ces moyens seraient 
capables d’avoir des effets satisfaisants. II faudrait agir plus for- 
tement dans les états aigus. Si l’on entrait dans cette voie, ce n’est 
pas alors 13 0/0 de guérisons, que l’on pourrait obtenir, mais un 
quart, un tiers et méme davantage. Songez que sur 100 aliénés qui 
guérissent, 95 — il faut insister sur ce chiffre — 95 recouvrent leur 
raison dans le cours de la première année. 

Je ne veux pas pour cela abandonner les chroniques (je les crois 
curables pour beaucoup.comme les aigus); mais la besogne estplus 
difficile et c’est la deuxième étape à franchir. Une bonne méthode 
de travail doit nous faire entreprendre d’abord les cas les plus 
favorables. La séparation des aigus et des chroniques est réclamée 
pour répartir les moyens d’action selon l’utilité thérapeutique. 


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456 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


Et c’est dans ce but que j’ai proposé la création aux environs 
de París d’une immense ville-asile où les asUes actuels, affectés 
aux cas aigus, déverseraient tous les chroniques. Un hospice de 
5.000 malades, et prévu pour en contenir un jour en cas de besoin 
10.000, pourrait, par suite de la centralisation des vastes services, 
réaliser une assistance économique qui serait cependant supéríeure 
à la condition de nos asiles actuels. Et ceux-là pourraient alors étre 
mieux adaptés à leur destination. En vérité, nos maisons coùtent 
trop cher s’U s’agit de chroniques, et pas assez s’il s’agit d’aigus. 
Comme cela arríve souvent, une économie mal compríse aboutit 
là à un vérítable gaspillage. 

D’autre part, la liberté des malades et notamment des convales- 
cents pourrait étre étendue. Ne serait-il pas possible de commencer ou 
de continuer à traiter dans nos services des malades non internés 
pour leur permettre de franchir ce passagedifficUe entre l’asile et la 
vie libre qui effraye et retient beaucoup de malades. Ainsi j’ai 
eu cette idée de mettre en liberté — à l’égard de la loi de 
1838 — les malades convalescents et de Ies maintenir à l’asile 
comme assistés libres durant un temps limité et pour rendre 
la sortie définitive plus aisée. J’ai posé la question à M. Rondel, 
inspecteur général des Services administratifs, lors de sa demière 
visite de l’Asile de Villejuif, et il m’a fortement encouragé à opérer 
cette réforme. Jusqu’ici je n’ai pu obtenir de l’Administration que 
cette mesure, qui dépend d’ailleurs du Conseil général, soit réalisée. 

Je suis d’ailleurs le promoteur de l’asile ouvert aux aliénés non 
internés et j’ai fait voter au Congrès international d’Assistance de 
1900unvoeu tendant à créer des quartiers ouverts. J’avais méme 
insisté sur cette idée dans des articles qui à ce moment parurent un 
paradoxe un peu outré : Faut-il intemer les abénés ? Or cette con- 
ception a fait son chemin et récemment le Professeur Ballet ex- 
primait la méme idée essentielle dans sa crítique du projet de loi 
des aliénés en discussion au Sénat. 

Dans cet ordre d’idées, j’ai aussi proposé de créer des ateliers d’ap- 
prentissage dans les quartiers de femmes. Beaucoup de jeunes ma- 
lades ne sortent pas parce qu’elles n’ont pasde métier; or, certains 
métiers féminins peuvent étre appris dans un quartier d’asile. 

Mais c’est l’organisation scientifique et médicale qu’il faut modi- 
fier. Un service de chirurgie a été organisé ; par contre, les autres 


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Qriginal frn-m 

UNIVERSITY OF MICHIGAN 



LBS RÉFORMEB DANS LBS ASILES DE LA 8B1NB 


457 


spécialités (yeux, oreilles, électrícité) ne sont pas représentées dans 
des cadres fixes. Dans cet ordre d’idées, une chaire de chirurgie 
des aliénés, qui est actuellement projetée en vue de reconnaltre 
l’eflort soutenu du D r Picqué.créerait un foyer d’initiatives thé- 
rapeutiques nouvelles. 

Enfin il est urgent de créer dans chaque asile un Laboratoire Cen- 
tral ayant un personnel iixe, pour les exarnens et les moyens biolo- 
giques, chimiques et physiques qui aujourd’hui sont indispensables 
pour suivre l’évolution d’une maladie et d’un traitement. 

Mais je parle de dépenses nouvelles alors qu’il s’agit d’économies 
à réaliser.Or, il faut d’abord chercher à économiser pour avoir quel- 
ques disponibilités. La première réforme à l’étude est celle du régime 
alimentaire. 

Avant de l’aborder,j’ai voulu bien fixer ceci:Ies asiles ne doivent 
pas étre des champs d’épreuves pour les économies; et le médecin.là, 
comme ailleurs, doit avoir Ie plus de liberté possible pour innover 
et améliorer. 


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Origirìal frn-m 

UNIVERSÍTY OF MICHtGAN 



LES ALIÉNATIONS MENTALES 


OITES 

PARASYPHILITIQUES (1 > 

Par M. Auguste Marie, 
Médecin chef de VAsile de Villejuif. 


A propos de la parasyphilis de la moelle et du cerveau ainsi que des 
déiires qui l’accompagnent.une série de questions préalables se pose. 

1° D’abord qu’est-ce que la parasyphilis par rapport à la syphilis ? 

2° Quand et comment débute la parasyphilis? 

3° Gnsuite le mot parasyphilis est-il synonyme de méningo-encé- 
phalite diffuse ei toutes les paralysies générales vraies sont-elles spé- 
cifiques ? Ou bien, au contraire, y a-t-il une pseudo-paralysie géné- 
rale syphilitique et des paralysies générales autres, syphilitique ou 
non ? 

Ou bien encore Ia vérité serait-elle dans une théorie éclectique ad- 
mettant une pseudo-paralysie générale vraie, parasyphilitique, et 
d’autres paralysies générales et pseudo-paralysies générales en 
dehors de la syphilis ? 

4° Enfin devons-nous distinguer, avec Baillarger, psychose para- 
lytique et démence paralytique, l’une pouvant exister sans l’autreou 
s’associer ? 

5° Quid enfin, en ce qui concerne Ia parasyphilis, du traitement et 
de sa pierrede louche complétée par les conlróles biopsiques, surlesquels 
nous avons cherché à baser les distinctions essentielles touchant 
la syphilis proprement dite du cerveau ? 

La notion de parasyphilis est née du jour où Pon a entrevu une 
relation de cause à effet entre la syphilis proprement dite et ses reten- 
tissements cérébraux lointains; leur fréquence de plus en plus nette 
chez de vieux syphilitiques a forcé tout d’abord l’attention. 

(1) Cette étude est extraite du magistral rapport présenté sur ce sujet au 
Congrès de Londres, par M. A. Marie. (N. D. L. R.) 


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Qriginal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



LES ALIÉNATIONS MENTALES DITES PARASYPHILITIQUES 459 

Après avoir suivi le ruban classique suivant Ricord, déroulé par 
l’évolution de l’infection chronique spéciale, on a vu la nécessité 
d’ajouter, après la série tertiaire, des accidents en quelques sorte 
hors sèrie que l’on a désignés conune métaluétiques ou parasyphili- 
tiques, ceci afin de bien spécifier qu’il ne s’agissait^Ius de syp hilis 
quatemaire; mais c’était là, selon toute apparence, des reliquats 
post-infectieux, des séquelles cicatricielles distinctes des processus 
infectieux proprement dits. Ces affections ultimes restaient cepen- 
dant dépendantes d’eux, en ce que les processus infectieux préa- 
lables étaient nécessaires & leur genèse. 

Krafft Ebing, au Congrès de Moscou de 1896, eut le redoutable 
courage d’apporter à cette hypothèse une démonstration décisive 
expérimentale. 

K. Ebing avait choisi à Vienne 9 P. G. sur lesquelsil ne releva au- 
cune trace de syphilis antérieure ni anamnèse positive. Leur ayant 
inoculé la syphilis dans les conditions les plus favorables, il n’avait 
obtenu que des résultats négatifs. 

Nombreux sont les auteure qui, avant les réactions biologiques 
avaient tenté de résoudre la question par les recherches cliniques 
anamnestiques et statistiques. 

Depuis l’introduction de la réaction de Wassermann pour le 
liquide céphalo-rachidien, nous avons repris, dès 1906, avec Levaditi 
puis avec Beaussart, ces recherches et nous avons pu démontrer la 
nature parasyphilitique de 90 0/0 de nos paralytiques avancés, en 
dépit des négations des familles et des malades. 

Une statistique de 1.200 cas que nous avons récapitulée pour le 
Congrès de Berlin en 19Í0 donnait 96 0/0. Candler, opérant post 
mortem, trouva 970/0 de réactions positives(Lance/,novembre 1911). 
Gruber, de Munich, n’avait obtenu que 85 0/0 post mortem (Brit. 
Med. Journ., 20 septembre 1902). 

Morgenroth, Stertz, Meier, Plaut, Lesser tendent à 100 pour cent 
parce qu’ils opèrent sur des cas à la période avancée. 

Si l’on fait le pourcentage des cas ayant donné une réaction posi- 
tive, dans chacune des trois périodes de la P. G. príses à part, on ob- 
tient les chiflres suivants : 

Première catégorie . 

Deuxième calégorie 

Troisième catégorie 


• 10 pouv cent. 

. 77 — 

. 96 — 


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Origirìal frn-rri 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 






» 


460 RBVUB DB PSYCHIATRIB 

Ces chiffres dans nos recherches sont des plus expressifs. Ils pron- 
vent en moyenne générale I’existence d’une relation intime entre U 
fréquence des résultats positifs foumis par la réaction de Bordet et 
Gengou et l’état avancé de la méningo-encéphalite diffuse. Or, com- 
me dans le dispositif expérimental imaginé par Wassermann et 
Plaut, cette réaction est un indice de la présence des lipoldes asń- 
milables à des anticorps syphilitiques dans le liquide céphalo-rachi- 
dien, cela revient à dire que ces lipoldes s’accumulent dans le liquide 
céphalo-spinal au fur et à mesure que le processus morbide de la 
paralysie générale avance et que s’aggravent les altérations encé- 
phalo-méningées qui forment le substratum matériel de ce processus. 
La preuve de l’existence d’un lien de causalité entre les deux fao 
teurs qui viennent d’étre cités réside dans Ie fait que, dans plus 
d’un cas, l’examen du liquide céphalo-rachidien fait à deux repríses 
à un intervalle de quelques semaines chez le méme individu, nous a 
montré l’existence d’un accroissement dans la richesse de ce liquide 
en principes actifs. Or, l’observation clinique montre souvent une 
aggravation paralléle du syndrome paralytique chez ces individus. 

Lombo-riaction. Ancienneìi des sgphilit. 

Nulle ou douteuse.de 5 à 10 ans. 

Faiblement positive.de 15 à 18 ans. 

Très nettement positive.de 16 à 23 ans. 

L’examen du tableau permet de préciser jusqu’à quel 
point la présence dans le liquide céphalo-rachidien de substances 
capables d’empècher l’hémolyse est en rapport avec les antécédents 
syphilitiques des paralytiques généraux. Dès l’abord,iI faut recon- 
naltre que l’enquète clinique est assez souvent impuissante à nous 
renseigner d’un fagon exacte sur ces antécédents, étant donné l’état 
mental des paralytiques généraux. Aussi avons-nous eu soin de ne 
consigner dans les tableaux que les données moyennes fondées sur 
des renseignements mérítant quelque confiance et corroborés d’une 
part par des renseignements précis fournis par le malade Iui-méme, 
d’autre part par les témoignages de la famille. 

Les apparentes exceptions à la progression générale que nous soo- 
tenons proviennent d’une part des cas de P. G. galopante qui don- 
nent de très bonne heure une réaction nette et pour cause, d’autre 
dart des fluctuations reflétant parfois le traitement appliqué ou des 


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Origirìal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 






LES ALIÉNATIONS MBNTALB3 OITB8 PARASYPHILITIQUES 461 

oscillations spontanées de la réaction en rapport avec Ies poussées 
intermittentes dans les formes de P. G. ditesen escalier, selon l'ex- 
pression de Joffroy. 

Cette question de l’action thérapeutique sur la réaction biologique 
a non seulement rendu nécessaire la combinaison des deux contrOles 
l’un par Fautre, mais elle a permis d’éviter désormais le risque de 
nuire au malade par un traitement intempestif en vérifiant au préa- 
lable Ie bien-fondé du traitement qui n’est plus tenté à l’aveuglette, 
mais se trouve subordonné lui-méme à la vraie pierre de touche, 
celle de la réaction syphilo-positive. Mais quelle est celle des deux 
épreuves, lombo-réaction ou séro-réaction, qui doit conduire ici le 
psychiatre ? 

On a pu taxer de vague et imprécise la distinction en deux caté- 
gorie8 de paralytiques (les uns pouvant bénéficier du traitement 
spécifique, alors que les autres en pátissent), tant qu’aucune démar- 
cation biologique n’était possible, c’était en effet une distinction 
sans portée pratique et dangereuse, car elle mettaitdansl’alternative 
ou d’empirer l’état par le traitement, ou d’empècher de guérir cer- 
tains malades par une abstention regrettable. II y a déso>*mais un 
critérium indiquant, de manière exacte, les cas où le traitement 
peut ètre utile ou au contraire dangereux ? 

J’ai proposé d’utiliser le seul moyen actuellement connu d’appré- 
cier objectivement quand un malade passe de la spécificité positive 
à ce qu’on nomme parasyphilis. * 

Car telle est bien en deinière analyse la question. Ge qui fait la 
difficulté et les discussions insolubles, c’est que l’on s’accorde sur la 
nécessité de détruire le spirochète avec Ies médications qui I’attei- 
gnent à coup sùr, tandis que, lorsqu’II semble avoir disparu et que 
l’organisme se désagrège, sous l’influence de ses dérivés toxiques, de 
ses paratoxines,le traitement n’agit pas. II ajoute méme une action 
promptement néfaste à l’action métaspécifique. Le traitement 
non seulement n’a plus d’action curative, mais il agit sur les élé- 
ments encore actifs non paralysés de la fagon Ia plus fàcheuse. 

M. Foumier euseigne que 1j parasyphilis n’est nullement in- 
fluencée par le traitement antisyphilitique. C’estpour celaqu’on ne 
saurait préconiser un traitement trop précoce afin de l’appliquer en 
temps de syphiUs et avant passage à la métasyphilis, ou pour par- 
ler plus juste, à la syphilis inaccessible aux traitements généraux. 


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Qriginal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



463 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


Après ce passage, nous tireríons sur un ennemi qui n’est plus dans 
le sang, nous n’atteindríons alors que l’organisme, et ce serait tuer le 
paralytique à réaction parasyphilitique que de mercuríaliser ou arse- 
niser par la circulation générale. 

Nous pensons, en effet, qu’il importe de distinguer ici essentielle- 
ment la manière de mercurialiser ou arseniser. Si en effet on n’ob- 
tient ríen par la voie sanguine, il y aurait peut-étre lieu de chercher 
par une voie autre. Mais méme en raisonnant avec les partisans de 
la parasyphifis on va voir que les faits positifs permettent d'établir 
une limite précise entre la phase de syphilose proprement dite paa- 
sible du traitement général (par voie circulatoire) et la phase ulté- 
ríeure où l’affection semble à l’abri des moyens thérapeutiques ordi- 
naires. 

Réservant ici la grave question de savoir si réellement le spiro- 
chète a disparu dans la parasyphilis pure (ce dont je crois avoir con- 
tríbué à démontrer le contraire, ainsi qu’on le verra), je prétends qu’il 
y a un moyen scientifique d’éviter l’un etl’autre dangers;celui de 
condamner à mort des pseudo P. G. par I’abstention d’une théra- 
peutique spécifique et celui de tuer des P. G. parasyphilitiques par 
un traitement qui leur soit néfaste, vérítable coup de fouet au pro- 
cessus, qui, de rémittent, devient galopant. 

Je considère qu’il n’est plus vrai de dire que Ie seul moyen de 
diagnostic ici soit l’épreuve du traitement puisqu’elle peut dans 
l’une des hypothèses ètre nuisible. 

D’abord je ferai observer que depuis l’emploi de la méthode de 
Wassermann bien des pseudo-paralysies générales sont fortement 
soupgonnées de n’ètre que des pseudo-diagnostics, comme l’a dit 
Pierret. Ce ne sont, dans l’immense majorité des faits, que des cas 
atypiques ou des formes spontanément rémittentes, que I’on finit 
toujours par voir revenir à l’Asile et y mourir P. G. confinnés. 
Gertains auteurs, et j’en suis, tendent mème à réserver l’étiquette 
de pseudo P. G. aux méningo-encéphalites non spécifiques comme 
celles de l’alcoolisme chronique, du traumatisme, du saturnisme, 
de l’arthritisme, de la tuberculose, etc., sans syphilis combinée. 

II importe donc désormais de mettre systématiquement à profìt 
le biodiagnostic de Wassermann pour éclairer le terrain thérapeu- 
tique en matière de syphilis et de parasyphilis. 

Je crois posséder le service où se trouve le plus grand nombre de 


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UMIVERSITY OF MICHIGAN 



LES ALIÉNATIONS MENTALES DITES PARASYPHILITIQUBS 463 

paralytiques généraux qu’il soit, car aucune ville autre que Paris ne 
fournit un pareil holocauste. Villejuif étant le plus proche des asiles 
extra-muros, concentre ces malades de préférence, vu leur état de 
faiblesse en raison duquel on les soumet au moindre trajet. 

J’en ai toujours plus d’une centaine et il en meurt cependant beau- 
coup. Dès mon intemat, au temps des premiers plaidoyers de M. le 
professeur Foumier pro mercurio et du temps du clinicatde Morel- 
Lavallée en 1888, j’étais dans le service, comme interae et à ce titre 
j’ai essayé les frictions mercurielles et l’ancien traitement par voie 
stomacale. Nous avions dù cesser bien vite en raison des désastreux 
résultats. II y a plus de douze ans, en prenant la tète de ce mème ser- 
vice, je projetais de soumettre à un traitement rédempteur mes para- 
lytiques, espérant tirer pour eux de rhypodermiemercuriellele pro- 
fit que n’avait pu donner la thérapeutique ancienne; j’eus des résul- 
tats de deux sortes; les uns nettements fàcheux, les autres à demi 
consolants. 

Cette deuxième série concemant des cas à forme rémittente, il y 
avait lieu de vérifier si les rémissions venaient ou non ’du traite- 
ment. J’eus alors l’idée de contrfiler par des ponctions préalables en 
série l’état de la leucocytose rachidienne pour conduire le traite- 
ment et vérifier si l’atténuation des caractères lymphocytiques résul- 
tait de l’action thérapeutique. 

Comme il convient en telle occurrence, il importait d’établir la 
statique préalable, hors traitement, pour apprécier, par notre con- 
trèle céphalorachidien, le bien-fondé de nos conclusions post hoc . 
C’est alors qu’avec mon inteme, M. Duflot, je m’aper^us de vérita- 
bles fluctuations lymphocytiques, de poussées intermittentes cou- 
pées de suspension et mème parfois de disparition des lymphocytes 
précédant ou accompagnant des rémissions spontanées, indépen- 
dantes de tout traitement. L’albumo-diagnostic appliquéauxliquides 
recueillis donnait aussi des ondulations analogues, mais parfois dis- 
tinctes de celles de la production de lymphocytes. II y avait donc là 
de véritables poussées agressives succédant à des réactions défen- 
sives plus ou moins durables. 

C’est au Congrès de Grenoble, en 1902, que j’ai communiqué ces 
premières recherches, corroborant celles de M. le professeur Joffroy 
ct confirmées depuis par beaucoup d’autres. II faut donc prévoir ces 
oscillations biochimiques spontanées, reflets de réaction autocura- 


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Origiaal fro-m 

UNIVERSETY OF MICHIGAN 



464 


RBVUE DE PBYCHIATRIB 


tives en quelque sorte, pour ne pas les confondre avec celles dues à 
un traitement exogène. Ces oscillations peuvent évidemment ètre 
en rapport soit avec des virulences réveillées de générations proli- 
férantes de spirochètes, soit avec une lutte entre les poisons dérivés 
des spirochètes.et l’organisme; ce demier peut faire seul les frajs de 
la réaction sans aucun secours médicamenteux. Quoi qu’il en soit, il 
importait de savoir auquel de ces deux moments de la Iutte I’appoint 
thérapeutique par voie sanguine pouvait intervenir. 

La réponse semble pouvoir se dégager d’unenouvellesérie de con- 
statations que j’ai été conduit à faire lorsqueWassermann eut I’idée 
d’appliquer la méthode de Bordet et Gemgou au séro-diagnostic de 
la syphilis à toutes ses périodes. 

Gràce à la collaboration continue de M. Levaditi, depuis 1906, j’ai 
pu multiplier sur les paralytiques généraux de mon service l’ap- 
plication de la recherche hémolytique, tant sur le liquide céphalo- 
rachidien des ponctions en série, chez les mémes malades, que chez 
différents malades à toutes les phases de l’affection, ainsi que sur 
le sérum sanguin des mèmes sujets (avec, bien entendu, les contrdles 
répétés et multipliés sur des sujets aliénés non paralytiques). 

Gomme les nombreux auteurs qui ont poursuivi ces recherches en 
mème temps que nous, nous avons presque toujours trouvé Ies cas 
témoins avec séro-réactions négatives infiniment plus nombreuses 
et avec lombo-réactions très exceptionnelles. Quant aux syphilitiques 
non P. G., nous ne leur avons pas trouvé deréactionssyphilo-positives 
en ce qui concerne le liquide céphalo-rachidien, si ce n’est en quel- 
que cas où les lésions localisées tertiaires ont paru superficielles et 
sous-corticales ou combinées à de la méningo-encéphalite consécu- 
tive : c’étaient des cas mixtes. Mais si les syphilitiques tertiaire? 
avec lésions cérébrales en foyers ne donnent pas la réaction de Was- 
sermann pour le liquide céphalo-rachidien, en revanche ils la don- 
nent souvent pour Ie sérum sanguin, et c’est ici que réside, à mon 
sens, la pierre de touche de Ia méthode au point de vue de ce que 
l’on dénomme parasyphilis (que nous pourrions plus justement 
appeler syphilis ancienne des centres nerveux rebelle au traitement 
général.) 

En effet, entre la lombo-réaction positive précitée et la syphilis 
connue ou à déceler, il faut l’interposition d’une lésion cortico-mé- 
ningée chronique assez intense et avancée. On a tout d’abord sup- 


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Origirìal frn-m 

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LES ALIÉNATIONS MENTALES DITES PARASYPHILITIQUES 465 

posé que les anticorps syphilitiques s’accumulaient alors dans le 
liquide céphalo-rachidien au fur et à mesure que progressait la 
paralysie générale, c’est ce qu’il semble lorsque l’on s’en réfère aux 
réactions foumies par des malades différents pris à des périodes 
variées, ou bien que l’on fasse la mème comparaison entre des stades 
différents chez un mème malade. 

Dans les paralysies générales vraies confirmées et à antécédents 
spécifiques les plus nets et les plus anciens, la réaction syphilo- 
positive de Wassermann fournie par le liquide céphalo-rachidien est 
à peu près constante, elle est d’autant plus marquèe qu’on a affaire 
à un P. G. plus avancé; la réaction du sérum sanguin devient par- 
fois plus faible et manque mème. 

Dans la P. G. incipiens ou dans les phases de rémission commer- 
Qante, c’est I’inverse, la réaction du liquide céphalo-rachidien est 
plus faible et manque souvent; en revanche, la réaction du sérum 
sanguin est plus nette et forme toutes les transitions qui rattachent 
ces cas aux cas de syphilis propremenl dite. 

Chez les syphilitiques, Musham a observé d’ailleurs des fluctua- 
tions du séro-diagnostic sanguin analogues à celles que nous avons 
été les premiers à signaler dans le liquide céphalo-rachidien des 
parasyphiUtiques. 

Lorsque la réaction comparée du Uquide céphalo-rachidien et du 
sérum sanguin d’un P. G. donne une prédominance en faveur des 
anticorps dans le sang, on peut encore tenter la médication spécifi- 
que générale, elle donnerait ses meilleurs effets lorsque le séro- 
diagnostic seul s’accuse et que l’encéphale et ses enveloppes ne sont 
pas encore entrès en réaction appréciable par le procédé de Was- 
sermann appUqué au liquide céphalo-rachidien. La lymphocytose 
peut exister déjà et l’albumino-diagnostic étre positif, en effet, sans 
qu’on puisse déceler la réaction dite des anticorps. 

L’encéphale est donc encore en état de résistance suffisante; mais 
lorsque le sang ne paralt plus recéler d’anticorps ou en décèle moins, 
les centres nerveux traduisent leur dèsintégration commen^ante par 
la présence des Upoídes dèrivès de leurs composés albuminoldes; il 
semble y avoir là comme une véritable autodigestion des éléments 
nobles du cerveau et de la moelle. 

Le cerveau du P. G. selon les uns se résorberait et mourrait de la 
production méme de ces anticorps incomplets mis en Uberté au fur 


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466 


HEVUE DE PSYCHIATRIE 


et à mesure de la fixation par les neurones d’une plus grande 
quantité d’antigènea ? 

II se pourrait que le neurone dépasse les limites de sa capacité de 
neutralisation des toxines; on pourrait considérer alors qu’il se 
trouve à la merci des atteintes directes des spirochètes en mème 
temps que, par une sorte de digestion, l’antigène est transformé en 
anticorps par l’adjonction d’une partie du tissu digérant. Gette 
transformation finirait par épuiser la cellule, qui, à son tour, serait 
résorbée par les lymphocytes mononucléaires de la circulation et 
des tissus de soutènement. 

Le parasyphilitique dans cette hypothèse mourrait à la fois de 
l’action directe des toxines et des antigènes neutralisées, et par le 
choc en retour, dù à la surproduction de ses propres anticorps; sur- 
production faite aux dépens de la substance méme des neurones 
disparus. Cette fonte se traduirait par l’apparítion graduelle des 
lipoldes à réaction d’anticorps : aujourd’hui que nous savons ia 
présence réelle des spirochètes dans le cerveau, l’hypothèse est 
bien plus simple sans écarter toutefois les éléments adjuvanls 
jHrécités. 

Mott, comme tous les auteurs que ce problème a passionnés.se 
demandait déjà si les ictus (qui marquent les étapes capitales de 
la P. G. comme son début et sa terminaison souvent) sont de nature 
toxique ou microbienne directe : dans cette dernière hypothèse. 
s’agit-il d’infections secondaires variables non spécifiques ? 

Tout le monde sait que les P. G. sont exposés à des infections inter- 
currentes multiples comme tous malades cachectisés, mais ce sont là 
des associations terminales qui ne sauraient prévaloir sur l’élément 
causal primitif qui avait jusqu’ici échappé auxinvestigations; c’est 
ce qui expliquait les doutes et les discussions sur la nature mème de 
la paralysie générale, et ce qui avait nécessité la conception d’une 
parasyphilis, sorte de processus mystéríeux par delà le spirochète. 
Que les infections secondaires ou terminales non spécifiques fré- 
quemment accélèrent le déclin des vieux syphilitiques et entraìne 
l’issue fatale, c’est incontestable; j’ai mème naguère admis I’ac- 
tion possible du diphtéro'ide de F. Robertson dans l’étiologie de 
certains ictus des P. G. après avoir écarté l’hypothèse d’un baccillus 
paralyticans que le contróle des opsonines ne nous permettait pas 
d’admettre comme étiologie première. 


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LES ALIÉNATIONS MENTALES DITBS PAHASYPHILITIQUES 467 


Dans plusieurstravaux récents, Noguchi(l)etMoore(2)ontmontré 
que si l’on traite des fragments de cerveau de paralytiques généraux 
par la méthode de Levaditi (imprégnation à l’argent aprèsla fixation 
au formol, réduction par l’acide pyrogallique formolé), on peut 
mettre en évidence des tréponèmes typiques dans la corticalité 
cérébrale. Ces tréponèmes existent en pleine substance grise des cir- 
convolutions, ils sont disposés d’une manière diffuse et peuvent 
n’avoir aucun rapport ni avec les méninges, ni avec les vaisseaux 
lésés. Les spirochètes n’ont pu étre ainsi constatés tout d’abord que 
dans un certain nombre de cas de paralysie générale typique ; la 
proportion des résultatspositifsest de25 0/0d’après Moore.de 25 0/0 
d’après Noguchi. Cette constatation, dont l’importance au point 
de vue de l’étiologie et de la thérapeutique future de la paralysie 
générale est de premier ordre, a été confirmée récemment par Mari- 
nesco et Mineas (3). Ces auteurs ont décelé des tréponèmes dans un 
cas, parmi les dix cerveaux de paralytiques examinés par eux, tou- 
jours par la méthode à l’argent. 

Nous avons, de notre cdté, vérifié ces faits et nousles avonspleine- 
ment confirmés. Vingt-quatre cerveaux de paralytiques, provenant 
de mon service de l’Asile de Villejuif (2 e section, hommes), ont été 
tout d’abord examinés; les résultats positifs ont été au nombre de 
deux, par la méthode d’imprégnation des tissus, soit un pourcen- 
tage de 8 0/0. 

Mais le succès de I’imprégnation des spirochètes dépend de I’affi- 
nité des fibrilles nerveuses pour l’argent, et, en d’autres mots, de 
l’état de conservation et de fixation de ces fibrilles. Si elles sont 
fortement imprégnées, on ne peut pas discerner lesspirochètes sous- 
jacents. Pour nous, les spirochètes existent dans les cerveaux de 
paralytiques généraux beaucoup plus fréquemment que ne le mon- 
trent ces recherches récentes; il s’agit de trouver un procédé de 
fixation ou d’imprégnation argentique, capable de réduire autant 
que possible cette affinité des fibrilles nerveuses pour l’argent, sans 
toucher à celle des tréponèmes. C’est ce que nous avons cherché et 
trouvé dans l’emploi de l’ultramicroscope appliqué à l’exploration 

(1) Noguchi et Moobe. Journ. o/ Experim. Med., février 1913, et Sociiti de 
Biologie, id. 

(2) Moore. Journ. of Nerv. and Menlal Disease, N° 3, 1913. 

(3) Marinesco et Mineas. Acadimie de Mideeine de Paris, mars 1913. 


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systématique zone par zone du cerveau sain et dans la coloratton 
de frottis de substance cérébrale par la méthode de Fontana. 

II nous a été donné de découvrir ainsi avec Levaditi etBankowski 
le tréponème <Tune fafon en quelque sorte constante dans le cerveau 
des paralytiques généraux morts d’ictus, non seulement & Pultra* 
microscope, comme cela avait déjà été signalé par Noguchi, mań 
aussi par le procédé de I’encre de Chine (Burri), et celui de Fontana, 
combiné au procédé de Tribondeau (1). Alorsque danslestissusim- 
prégnés à l’argent on ne trouvait que 10 à 20 0/0 de tréponèmes, par 
simple frottis ou par l’ultramicroscope, on les trouve presque coiu- 
tamment. Nos proportions de 80/0 sont en effet passées à près de 
100 0/0 puisque 9 cas examinés ensuite par la technique rapide 
ont donné 8 constatations positives nettes. 

La raison des contradictionspersistantestouchantl’étiologiedela 
paralysie générale provenait jusqu’ici de multiples causes, outre de 
l’insuccès jusqu’alors de la constatation des tréponèmes. 

D’abord les statistiques mémes de 96,5 0/0 de syphilis, comme 
les ndtres, ne prouvaient rien contre I’opinion des 100 0/0 puisque 
nous avions compris dans nos recherches des paraly tiques à toutes 
époques de la parasyphilis, et certains tout au début de la péri- 
méningo-encéphalite diffuse. 

Or nous avons démontré nous-mémes que, en reprenant les biop- 
sies sur Ies mémes malades, plusieurs mois après, le pourcentage aug- 
mentait très sensiblement par suite de l’évolution plus avancée de h 
maladie. 

D’autre part, nous avons compris dans nos recherches desP.G. 4 
formes aty piques et un certain nombre qui en d'autres temps eussent 
été rangés parmi des pseudo P. G. saturnins ou alcooliques; ces cas, 
bien que tardivement aussi, sont en grande partie rentrésdansk 
giron de la paralysie générale, vraie, au fur et à mesure de l’appari- 
tion des biopsies positives ultéríeures. 

Nous avons ailleurs effleuré cette question des pseudo P. G. qui a 
été résolue diversement, parce que diversement posée. 

Si on n’a en vue que Ie syndrome paralytique, on estfatalementcon- 
duit à admettre la pluralité de causes et à éliminer Iespseudo P. G. 
comme étant des pseudo-diagnostics. 

(1) Soclitt de Biologie, mai 1913. 


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LES ALIÉNATIONS MENTALES DITES PARASYPHILITIQUBS 469 

On admet alors avec Nissl des P. G. multiples parmi lesquelles la 
syphilis cérébrale diffuse pure se distinguerait à l’examen histolo- 
gique par les caractères suivants : I’atrophie des fibres tangentielles 
légère, la prolifération névroglique prédominant sur le protoplasme 
et sur les fibrilles, la tuméfaction des neurones en voie de destruc- 
tion, l’absence d’infiltration de l’adventice et la rareté des mast- 
zellen. 

Mais méme surle terrain anatomo-pathologique, on n’estpas d’ac- 
cord et Erb a pu soutenir qu’il n’y avait pas de critérium pour affir- 
mer que le cas est ou n’est pas syphilitique. 

M. le professeur Ballet a soutenu cependant l’étiologie spécifique 
de la P. G., en se basant sur la méthode de Nissl appliquèe à l’étude 
des lésions anatomo-pathologiques vasculaires : les périvascularites 
et diadépèses avec scléroses du cortex lui donnent l’impression pre- 
mière bien nette que : ces altérations sont de nature infectieuse, la 
seconde pensée qui se présente à I’esprit est que les lésions de cette 
physionomie, à évolution lente et chronique, ont des chances pour 
relever de la syphilis. ( Soc. méd. psychologique, 28 février 1898.) II 
manquait à cette époque les contròles biologiques qui sont venus 
souligner les arguments anatomo-pathologiques et les renforcer. 
Dans les préparations que nous avons publiées avec Levaditi et 
Bankwoski aux Annales de Vlnslilul Pasteur, on trouvera des 
figures typiques où le manchon périvasculaire est doublé d’un 
véritable feutrage de spirochètes. 

Déjà l’immunité des P. G. à Ia syphilis avait fait fortement pen- 
cher la balance mais elle ne pouvait servir de base à une méthode 
clinique. On a d’ailleurs voulu opposer à l’expérience de K.Ebingles 
cas de Kieman, Morselli, Galiana et Garbini (en tout 15 cas de réin- 
fection syphilitique chez des paralytiques en évolution), mais les 
syphiligraphes ont mis en doute certains de ces faits qui pourraient 
bien n’étre que des réactivations de syphilides anciennes. 

D’autre part, on a, par la statistique, démontré que la zone particu- 
lièrement dangereuse pour la P. G. était d’une part entre la quin- 
zième et la vingtième année de la syphilis et entre la trentième et la 
cinquantième année de I’àge des syphilisés; soit autour de la ving- 
tième année qui suit la puberté accomplie et l’exubérance sexuelle 
consécutive propice aux syphilisations. 

Nous avons d’autre part rappelé la constatation presque cons- 


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tante d’atteintes méningées spécifiques secondaires dont la lympho- 
cytose para-spécifique semble la réplique et comme le choc en retour 
vingt ans après par un processus idenlique. 

Les P. G. juvéniles ou infantiles qui sembleraient en opposition 
avec ces vuesy rentrent pleinement au contraire, et l’on note qu’elles 
correspondent souvent à des syphilisations d'allaitement (cas de 
Sommer et Giry), ou exceptionnellement précoces (cas de Boume- 
ville et Noir, syphilis vaccinales). Marchand trouve méme la syphi- 
lis plus souvent chez les P. G. précoces que chez les autres (59 fois 
sur 79, soit 68 0/0; Régis en trouve 70 0/0). 

Le méme raisonnement s’applique aux P. G. tardives qui corres- 
pondent aussi aux syphilisations tardives et confirment ainsi U 
règle générale. 

M. le professeur Ballet disait à la mème Société médico-psycho- 
logique (séance citée du 28 février 1898): « Je ne congois pas pour 
ma part d’argument plus décisif en faveur des relations de la P. G. 
et de la syphilis que l’histoire des paralytiques femmesque j’ai été 
à mème d’observer particulièrement dans la classe bourgeoise. > 
L’auteur remarquait, en effet, que le genre de moeurs sexueliesdes 
femmes paralytiques influait nettement; dès longtemps on avait 
signalé la forte proportion des prostituées. 

Dans un autre ordre d’idées, la syphilisationconjugaleignorée ne 
fait pas moins de ravages et il suffit pour cela d’étudier de près les 
femmes des paralytiques et leur descendance à la lumière de h 
réaction de Wassermann. D’ailleurs la P. G. conjugale se confirme 
fréquente depuis qu’oń la recherche. Nous l’avons trouvée souvent 
pour les malades de notre service (27 cas cités à la Société clinique 
de médecine mentale, 17 mars 1913). 

On peut rencontrer, dit Joffroy, des lésions tertiaires associées ì 
la P. G., mais ce sont là des faits plutdt rares et il nem’estarrivéque 
deux fois d’en observer des exemples. 

Ces faits sont très importants puisqu’ils prouvenl que les aecidenh 
terliaires ne sont pas incompatibles avec la P. G. Mais tandis que pour 
certains ils sont la preuve de spirochètes en activité directe chez U 
P. G., pour d’autres ils semblent un argument contraire par leur 
rareté relative. 

D’autres auteurs ont interprété ces cas comme association de pro- 
cessus à étiologie distincte, étant donné l’action thérapeutique unilatè- 


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LBS ALIÉNATIONS MENIALLS DITES PARASYPHILITI QV ES 471 

rale du mercure guérissant les gomraes et laissant évoluer la para- 
lysie générale sous-jacente. Whal, Vurpas, Wallon et nous-mème 
avons signalé des cas de gommes dans la paralysie générale, mais 
cette coincidence n’est nullement contradictoire avec i'hypothòse 
d’un rapport des deux affections simultanées; au contraire on pour- 
rait s’étonner avec Joffroy de ne pas observer cette concomitance 
pius souvent si on ne remarquait avec Marchand que les gommes 
tardives vingt ans après le chancre sont rares et que la rapidité 
relative de la paralysie générale qui évolue en deux à trois ans laisse 
peu de temps à la production de ces associatkms cliniques. Ces der- 
niéres sont plus fréquentes peut-ètre d’aUleurs qu’on nelecroit,bien 
qu’inapenjues. L’histologie ne montre-t-eile pas des formations 
gommeuses élémentaires dans les méninges d’un certain nombre de 
P. G., cas de Gilbert, Lyon, Schultz, Tissot, Rumpf, Reutsch, Lebe- 
deff, Raymond, Murratow, etc. 

Ces faits de parallélismeentre les deux processusgommeux etdiffus 
ont ainsi conduit un certain nombre d'auteurs, parmi lesquels Lesser, 
Bosc, Hirchl, etc.,àvoir dans les lésions diffuses du système nerveux 
un quatrième degré de syphilis en rapport non plus avec des toxines 
lointaines ou des antigènes par fonte cellulaire antitoxique, mais 
bien en rapport avec la présence réelle du spirochète sous une forme 
particulièrement résistante aux actions thérapeutiques, soit par le 
fait de son émigration au sein mème des tissus nerveux déchus de 
toute résistance, soit par une sorte d’immunité^acquise aumercure, 
voire méme aux produits arsénicaux. 

La difficulté mème de découvrir le spirochète & ces périodes n’é- 
tait pas une objection sans réponse. Tous ceux qui avaient vaine- 
ment recherché jusqu’ici le spirochète dans les centres mèmes des 
P. G. la connaissaient, mais on pouvait répondre que le spirochète 
n’a peut-étre pas qu’une forme spiroíde; les recherches de Mac Donagh 
sur les leucocytozoaires (Lancet, 12 septembre 1912) à formes sphé- 
riques ou en croissant, microgamète, femelle du spirolde, forment 
une des hypothèses sur lesqueiles se pouvait fonder la réponse à 
l’objection. 

Mais ii y a plus, et voici qu’on découvre de divers cdtés des paraly - 
tiques avec des spirochètes en quantité impressionnante. Déjà Ra- 
vaut avait présenté de telies préparations de moelles de tabétiques 
où Nageotte objecta que les formes spiroides prises pour tréponèmes 


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n’étaient que des fibres nerveuses enroulées et imprégnées par les 
sels d’argent de la méthode de Levaditi, comme ils le sont par le 
Golgi. 

Avec les préparations de Noguchi à la Société de Biologie (19 fé- 
vrier 1913), de Minea et Marinesco (à l’Académie de Médecine de 
Paris, 2 avril 1913), et celles publiées par Moore (Journ of Exp. Med., 
février 1913, et dans les Amer. Journ. of Neroous andMental Sc.), 
et par nous-méme avec Levaditi et Bankowski (1), le doute est-il 
encore possible ? 

Si le spirochète en activité agit seul directement et constamment 
sur les centres nerveux dans les syphiloses diffuses de la P. G.,pour- 
quoi 35 0/0 seulement des syphilisés atteignent-ils la phase qua- 
ternaire ? 

Mott qui s’est posé cette méme objectiony répond en comparant 
syphilis et diphtérie, 15 0/0 seulement des diphtériques encourent 
des paralysies métadiphtériques, ce n’est pas une raison pour 
rejeter ces demières. 

D’autres auteurs ont admis des variétés de syphilis, les unes 
étant plus cérébro-toxiques que d’autres, tout en admettant que 
certains terrains prédisposés soient plus neuro-intoxicables. Des 
faits d’observation curíeux ont étè rapportés par Morel-Lavallée et 
Foumier, par Babinsky, etc. 

Dans le cas de Babinsky, deux étudiants furent syphilisés en mème 
temps par une commune maltresse et devinrent P. G. enmèmetemps, 
quinze ans après. Ils étaient parents, ce qui méle l’élément prédis- 
position héréditaire à celui de l’hypemeurotoxicité. J’ai cité un cas 
analogue de deux jumaux sy philisés par une méme maltresse et para- 
ly tiques en méme temps. Deux autres frères que j’ai observés, non 
jumeaux,maissyphilisés ensemble par une mémefemme, furent,l’un 
tabétique, l’autre P. G. 

Mott cite aussi deux contaminés non parents, mais frères de lait 
seulement et syphilisés précédemment par la nourrice, qui devin- 
rent ensemble P. G. dix ans plus tard. 

Erb a vu quatre syphilisés par une méme femme devenir les uns 
tabétiques, les autres paraly tiques, tandisqu’uncinquièmen’eutrien. 

(1) Bullelins d Mimoires de la Sociiti midieale des HOpitaux de Paris (Séance 
du 25 avril 1913). • Présencedu treponema pallidum dans trois cerveaux de 
paralyriques généraux », par MM. A. Marie, C. Levaditi et J. Banlcwoski. 


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LBS ALIÉNATIONS MBNTALES DITES PARASYPHILITIQUES 473 

Brosius cite sept souffleurs de verre contaminés aux lèvres 
par le mème tube, dont cinq après dix ans furent tabétiques 
ou P. G. 

Si nous admettons, désormais, qu’un spirochète soit l’agent spéci- 
fique causal de la parasyphilis, il^est à prévoir qu’il y a des variétés 
de ces organismes comme ily en a pour le parasite de Ia malariaou les 
trypanosomes. 

De méme le microorganisme peut se modifier en passant par cer- 
tains individus, comme il peut ètre modifié par le traitement. II 
peut donc se faire que le virus puisse différer dans différents cas 
d’infection. 

A l’inverse de l’hypothèse aujourd’hui controuvée que la parasy- 
philis menace les syphilitiques non traités ou mal traités, on est 
en droit de se demander mème si, au contraire, le spirochète, immu- 
nisé lui-mème par rapport aux médicaments antispécifiques, ne 
deviendrait pas particulièrement résistant et nocif aux centres ner- 
veux parfois. 

Depuis la campagne active menée il y a plus de dix ans pour la 
mise en traitement énergique des syphilitiques, j’ai vu arriver à 
1’Asile bien des P. G. pour lesquels cependant tout le possible avait 
été fait contre la syphilis première, et depuis les essais du606 dans la 
P. G. on s’est demandé si les tréponèmes échappés à la destruction 
magna n’en acquerraient pas une résistance plus grandede par la 
8élection mème, une fois repullulés. 

Peut-ètre aussi faut-il tenir compte de Ia localisation de parasites 
dans le tissu cortical mème et de la barrière défensive constituée 
par les manchons périvasculaires. Ces derniers issus d’une réaction 
défensive de l’organisme pourraient ainsi tourner contre lui une fois 
la barrière forcée. 

Ces hypothèses ne seraient pas contrairesau traitement, mais con- 
traires aux traitements insuffisants. Mais dansl’hypothèsedel’action 
directe du spyrochète, la parasyphilisdemeure, qu’onl’admetteseule 
ou combinée à celle d’une désintégration parasyphilitique, on con- 
50 it que le traitement efficace en certains cas de P. G. et la conco- 
mitance d’accidents tertiaires aient servi d’argument aux partisans 
d’une syphilis quatemaire, contrairement à la parasyphilis selon 
l’ancienne conception. Nous avions déjà, pour tirer au clair cettc 
question de la parasyphilis ou de la syphilis quaternaire, fait une 

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RBVUB DB PSYCHIATRIR 


série, encore incomplóte il est vrai, de recherches expérimenUlet 
en collaboration avec M. Levaditi. 

D’une part,nous avons mélangé à une certaine quantité de viroi 
syphilitique humain des liquides céphalo-rachidiens de P. G. à réae- 
tion syphiIopoBitive et nous avons inoculé le mélange à dee sujets 
par scarification cutanée (nous avions comme tómoins des liquidei 
d’épileptiques et d’un délirant simple ancien spécifique). 

II ressortait de nos expériences que les principes aclift da liqaidc 
céphalo-rachidien dea P. 0. ne sont pas des anticorpB, car ils sont 
incapables de détruire in vitro le virus syphilitique ou méme d’en 
atténuer la virulence (C. R. Société de Biologie , 11 mai 1907, p. 872). 

Y avait-il là un argument contre la spécificité de la réaction 7 non, 
car de méme que pour le liquide céphaIo-rachidien des parasyphi- 
litiques, Ies substances renfermées dans le sérum des syphilitiques 
seraient inactives vis-à-vis du tréponème, d’après Metchnikoff, Roux 
et Neisser. 

Une objection plus grave proviendrait de Ia constatation que nous 
flmes aussi, les premiers, avec Levaditi ( loc. cit.) à savoir quela dévia- 
tion du complément s’obtenait non seulement quand onseservait 
comme antigène d’extrait de foie spécifique, mais aussi en em- 
ployant du foie normal complètement dépourvu de parasites. Les 
recherches complémentaires que nous flmes avec Levaditi et Yama- 
nouchi ont montré que, tout en étant spécifiques, la séro-réaction et 
la lombo-réaction sont attribuables à la présence dans le sérum des 
syphiiitiques et le liquide rachidien des parasyphilitiquee de cer- 
tains composés non protéiques à l’état colloidal. 

Ces composés en présence des sels bilaires et des Iipoldes du foie 
précipitent et fixent le complétement hémolytique. Cee composés 
proviennent donc des tissus de l’organisme lui-méme et semblent 
étre des éthers de cholestérine et d’acides gras. 

Dans la syphilis, ces lipoldes peuvent provenir de la désintégra* 
tion des tissus altérés (notamment lapeau); quand l’écorce cérébrale 
à son tour est atteinte, elle cède au liquidecèphalo-rachidien.qui la 
baigne, des principes de désintégration cellulaire de mème ordre qui 
décèlent la parasyphilis. 

Syphilis et parasyphilis peuvent donc chevaucher l’une surl’autre. 
On comprend dès lors qu’on puisse observer des processus spiroché- 
tiques en activité (comme les gommes susceptibles de régression par 


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LEfl AUÉNATIONS UENTALB8 DITBS PARA8YPHILITIQUE8 475 


traitement appropríé) et les spirochétoses de la corticalité en méme 
temps que le processus de désintégration des centres nerveux dont 
le métabolisme est débordé et la puissance de neutralisation toxi- 
fixatríce épuisée (1). 

Seulement entre ces deux processus parallèles une sorte de balance- 
ment s’établit, semble-b-il. 

C’est comme si l’épuisement des neutralisations sanguines prépa- 
rait la défaite secondaire des résistances cellulaires nerveuses. A 
mesure que diminue la quantité des lipoldes dans le torrent sanguin, 
s’accumulent ceux des centres nerveux dans le liquide rachidien; 
comme si l’infection par les tréponémes entrait dans une phase 
nouvelle d’envahissement du tissu nerveux jusqu’alorsrelativement 
préservé. On peut donc baser sur la double constatation de la séro- 
diagnose décroissante en face de la lombo-réaction grandissante le 
crítéríum de la parasyphilis à son début, compríse en tant que syphi- 
lis de centres nerveux inaccessible aux traitements actuellement 
connus pour la syphilis générale. 

Dans les poussées méningées de la phase secondaire, en effet, il 
n’en est pas méme et les moyens thérapeutiques atteignent, semble- 
tril, le tréponème jusque dans ses localisations centrales précoces, 
peut-ètre parce qu’à cette phase ne sont point réalisés les manchons 
cicatríciels pérívasculaires de la sclérose chronique. 

II y a donc bien là un phénomène propre à la parasyphflis, c’est 
pourquoi on est en droit de le retenir comme caractérístique. 

Que I’on admette ou non lé départ tel que nous le proposons entre 
syphilis et parasyphilis, ainsi comprise la question des rapports de 
l’aliénation mentale avec la parasyphilis reste entière, le moment 
précis où elle se pose restant réservé. 

Or ici les mémes problèmes se posent que l’on rencontre à 
propòs de la syphilis, et de ses atteintes précoces ou tardives sur les 
enveloppes méningées. 

Les mémes psychoses peuvent éclore sur terrain syphilitique et 
parasyphilitique, confusions mentales, états paranoldes, états dé- 
mentiels précoces, paraphrénies, délires systématisés, ont été décríts 
dans la parasyphilis comme dans la syphilis proprement dite et au- 

(1) Une eyphilisation expérimentale obtenue récemment par injection au 
teeticule d’un lapin du sang d’un de nos P. G. le prouve (note à l'Académie 
dee Sdences, 9 novembre 1913, Roux et Levaditi). 


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RBVUE DB PSYCHIÁTRIB 


cune caractéristique clinique n’a pu ètre dégagée en dehors des 
signes physiques et objeciifs de la syphilis ou parasyphilis en acti- 
vité d’infection centrale; pour la parasyphilis, les signes physiques 
s’enrichissent des troubles oculo-pupillaires du signe d'Argyll, des 
troubles d’articulations verbales, mais avant tout et surtout des 
lombo-réactions positives coincidant avec un déficit psychique en 
rapport avec l’étendue des cicatrices scléreuses diffuses déjà réali- 
sées. 

Westphal, Magnan, Pierret, Nageotte, Rougier, Philippe, Dieu- 
lafoy, Cassirer, Schultze, Decroly, Briand, Gruet, Moebius, Jallet, 
Claude, Meyer, Ziehen, Leyden, Goldscheider ont décrit ces diverses 
formes d’aliénations mentales coincidant avec la parasyphilis 
méningo-encéphalique médullaire ou cérébrale et cérébro-spinale 
isolées ou combinées. 

Tabès, P. G. et P. G. tabès se combinent effectivement entre eux 
et avec tous les états psychopathiques, carla syphilis, pas plus que 
ses conséquences ultimes, ne saurait mettre à Pabri ses victimea 
d’aucune forme d’aliénation mentale. 

En résumé, le problème de la nature et de Pétiologie desaliéna- 
tions mentales dites parasyphilitiques nous parait désormais tranché 
avec celui de la parasyphilis elle-méme. 

Si Pon conserve ce vocable, il faut le compléter par la 
notion suivante. La syphilis ancienne aboutit à une sclérose cica- 
tricielle périvasculaire combinée souvent à une déchéance psychi- 
que et à un épuisement des résistances générales traduit par la 
diminution des lipoides du sang (séro-réaction de Wassermann 
diminuée). A cet épuisement peut correspondre un renouveau de 
virulence centrale réalisant une véritable syphilisation progressive 
du tissu nerveux infecté de proche en proche par poussées succes- 
sives plus ou moins actives et étendues et plus ou moins fréquentes 
(ictus). 

Des zones de spirochètes en activité marquent ces poussées qui 
fusent généralement auprès mais au delà des cicatrices des foyers 
précédemment diffusés puis éteints. A chacune de ces attaques 
successives de la surface des centres nerveux, correspondent des 
fluctuations et accentuations de la lombo-réaction de Wassermann. 

Les lipoides du liquide céphalo-rachidien représentent, non pas 
seulement des témoins de la désintégration neurotoxique des neu- 


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LBS ALIÉNATIONS MENTALBS DITBS PARASYPHILITIQUE8 477 


rones, mais aussi de l’activité destructive des tréponèmes en pulk- 
lation. 

L’importance des biodiagnostics ici prime tellement les caractères 
cliniques des états psychopathiques concomitants qu’il serait oiseux 
de s’ attarder à en détailler les caractères, superfius pour le diagnostic 
comme pour le pronostic. 

Trois corollaires découlent des données précédentes, l’une relative 
aux pseudo-parasyphilis, la deuxième relative aux conséquences 
thérapeutiques, l’autre relative aux hérédo-parasyphilis. 

En ce qui conceme les pseudo-parasyphilis, il se confirme que ce ne 
sont, comme disait Pierret, que de pseudo-diagnostics. II y a lieu de 
réserver l’expression de paralysie générale vraie à la périméningo- 
encéphalite à étiologie spécifique bioscopiquement établie (qu’elle 
soit ou non associée à d’autres éléments étiologiques combinés). 
On peut conserver le terme de parasyphilis pour distinguer la P. G. 
où la lombo-réaction l’emporte sur la séro-réaction; cela indique 
que le traitement général n’est plus de mise et appelle un traite- 
ment direct de l’infection encéphalo-médullaire. On ne saurait con- 
server pour la P. G. juvénile ou infantile d’origine sp.écifique héré- 
ditaire la dénomination d’hérédo-parasyphilis, il faut la réserver 
pour les dégénérés fils de P. G. sans réactions syphilopositives ni 
sanguines ni rachidiennes. 

Ces cas rentrent dans la catégorie des dégénérescences expéri- 
mentales de Charrin (atrophie cérébrale des portées d’animaux 
dont les mères ont été expérimentativement lésées dans leurs or- 
ganes cérébraux pendant la gestation). II y aurait donc des débiles 
congénitaux issus de P. G. sans transmission des germes de la syphi- 
lis mais avec insuffisance cérébrale et psychique par suite des encé- 
phalites acquises des procréateurs. 

En présence d’un délirant quelconque avec ou sans déchéances 
démentielles combinées par cicatrices méningo-encéphaliques plus 
ou moins étendues, il faut donc avant tout vérifier l’état des réac- 
tions sanguines et céphalo-rachidiennes comparées; s’ily a syphilis 
générale, on appliquera les traitements énergiques complets par les 
voies ordinaires (cutanées, gastriques, sanguines, etc.).S’iIy asyphi- 
lis attestée à la fois par le sérum et les liquides centraux.on devra 
combiner le traitement général aux traitements. cérébro-spinaux 
directs. 


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Origirìal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



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S’il y a réaction centrale dominante, un traitement cantral dinct 
sera plus particulièrement indiqué (ce traitement subdural et intra* 
rachidien reste à étudier et à déterminer dans ses méthodes et appli- 
cations) (1). 

(1) Mott, Swift et Moore, G. Robertson, Jisher de Knigston, Sicsrd, Ravaut, 
L vaditi et nous-mémes, ont comme Bechterew et Poussep, tenlé des ínstilla- 
tions intrarachidiennes sur lesquelles nous reviendrons. 


NOUVELLES 


Personnel médlcal des aalles. — M. Bain, médecin directeur 
de rasile public d’aliénés de la Roche-Gandon, promu à la première 
classe. 

M. Dide, directeur-médecin de l’asile public d'aliénés de Braque- 
ville, promu à la deuxième classe. 

M. BoiDARD,médecin-adjoint de l’asile public d’aliénés de Breuty, 
promu à la deuxième classe. 

M. Brissot, médecin-adjolnt de l’asile publie d’aliénés de Sainte- 
Catherine, promu à la deuxième ciasse. 


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Original frD-m 

UMIVERSITY OF MIC IIGAN 



REVUE DE8 SOCIÉTÉS 


SOCIÉTÉ MÉDICO-PSYCHOLOGIQUE 

Séance du 27 octobre 1913. 

Une commission composée de MM. Arnaud, Ballet, Briend, Colin, 
Fillassier, Marchand et Vallon est chargée d’étudier le texte de la 
nouvelle loi des aliénés, qui sera discuté au Sénat, dans le but que 
les observations de la Société médico-psychologique puissent ètre 
connues au moment de la discussion. 

A ce propos, M. Fillassier fait remarquer qu’un contre-projet a 
été déposé devant la commission sénatoriale depuis la distribution 
du rapport de M. Strauss, et que, par suite, le texte proposé par 
M. Strauss ne peut pas ètre considéré, dès à présent, comme étant 
celui qui sera discuté au Sénat. 

MM. Libert et Demay étudient le délire de jalousie, au point de 
vue de sa valeur séméiologique. Ayant rapidement passé en revue 
les délires de jalousie symptomatiques, dans l’alcoolisme, dans la 
démence sénile au début, dans la folie intermittente, ils insistent 
davantage sur un délire de jalousie essentiel, dans lequel les idées 
morbides de jalousie ne s’accompagnent pas d’autres idées délirantes 
et qui serait une variété de délire d’interprétation. Les hallucinations, 
en effet, ne jouent dans la systématisation des délires, de jalousie, 
qu’un rèle tout à fait accessoire. 

M. Trénel aurait désiré que les auteurs tinssent compte des états 
très fréquents dans lesquels les jaloux sont, non des interprétateurs, 
mais des obsédés. 

M. Vigouroux croit que, dans les interprétations chroniques, et 
en particulier dans l’alcoolistne, les idées de jalousie résultent de l’in- 
terprétation de troubles de la ccenesthésie trahissant la diminution 
de la puissance génitale et du plaisir sexuel, l’alcoolique accusant 
alors ea femme d’indifférence et de trahison. 

M. Briand insiste après M. Trénel sur l’obsession jalouse, mais 
M. Dupouy rappelle par contre un exemple dans lequel les interpréta- 
tions ont été nombreuses et faciles à mettre en relief. 

M. Demay répond à ces observations que M. Libert et lui, ayant 
désiré faire l’étude d’ensemble de la valeur séméiologique de l’idée 
de jalousie, ne se sont préoccupés que du délire et non de l’obsession,et 


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Original frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



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REVUE DE P6YCHIÀTRIE 


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que, d’autre part, ils ont tenu à bien mettre en relief le ròle de l’élé- 
ment interprétatif dans la plupart des cas où il ne s’agit pas d’un 
délire de jalousie purement symptomatique. 

M. Seglas rapporte, au nom de M. Dubois (de Saujon) et au sien, 
l’histoire d’une malade chez laquelle l'anorexie mentalc fut en quelque 
sorte le premier symptóme d'une démence précoce dont le diagnostic 
a pu ètre affirmé deux ans plus tard.Que deviennent les anorexies 
mentales, et, dans une proportion relativement élevée de cas, l’évo- 
lution n’est-elle pas semblable à celle qu’a observée M. Dubois? 

MM. Delmàs et René Charpentier rapportent à ce sujet des obser- 
vations qui semblent s’ètre réellement terminées par la guérison. 
M. René Charpentier insiste sur le fait que l’isolement et la psycho- 
thérapie doivent continuer, longtemps après la reprise de l’alimenta- 
tion spontanée, le traitement de l’anorexie mentale. 

Sur trois malades qui ont été adressées à M. Roger Dupouy comme 
étant atteintes d’anorexie mentale, deux ont guéri. La troisième 
était une démente précoce négativiste. 

P. Juquelier. 


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UMIVERSITY OF MICHÌGAN 



REVUE DES PÉRIODIQUES 


AMÉRIQUE 

The Journal of nervous and menlal Disease , Mars 1912. 

Chorée aigué et troubles mentaux, par A. R. Dietendorf.— 
On peut dire que la majorité des cas de cliorée s’accompagnent de 
troubles mentaux légers. Marcé, en 1860, remarquaitque2/3 des cas 
présentaient des troubles mentaux. En 1900, Brower donne la mème 
proportion; Ressell trouvedes troubles mentaux dans 38 cas sur 99; 
Koch, 110, sur 267 cas. 

On peut étudier les troubles mentaux sous deux chefs : a) troubles 
mentaux légers; b) psychoses choréiques. 

A. Troubles menlaux légers : ce sont les cas les plus fréquents. Les 
malades, parfois avant Tapparition des mouvements choréiques, 
mais plus souvent après, présentent une irritabilité émotionnelle 
marquée et croissante; ils deviennent chagrins, bourrus, mécontents, 
et d’une humeur changeante, difficiles à diriger, agités. Lesjeunes 
sujets ne veulent plus rester au lit, causent à haute voix ou gardent 
unmutisme obstiné, fondenten larmes, déchirentleurs livres, brisent 
leurs jouets. A còtédeces troublesémotionnels,onremarquedes trou- 
bles de Tattention (calcul, conversation). L’intelligence n’est pas 
touchée, la mémoire est intacte, il n’existe pas d’hallucinations ni 
d’illusions. Lespetits maladesontsouventdesrèvesetdesfrayeursnoc- 
turnes;les symptòmes évoluent parallèlement avec les mouvements 
choréiques, mais peuvent persister après leur disparition. lls sont alors 
le début d’une psychose plus marquée. 

B. Psychoses choréiques . Elles sont très rares. Viedenz en a observé 
5 cas sur 3.073 cas de chorée; Kirby, 1 sur 1.200; l’auteur, 3 sur 5.000 cas. 

«. Le type le plus fréquent de psychoses choriques consiste dans 
des délires analogues aux délires toxiques infectieux : confusion avec 
inconscience, désorientations, hallucinations, iliusions, troubles de 
rattention. 

Au point de vue émotionnel, le malade est tantòt très gai, tantòt 
anxieux. 

Cet état aigu ne dure que quelques jours. 

P. Parfois le malade tombe dans lastupeur. Cet état stuporeux est 
en général Pindice d’une chorée grave avec endocardite et polyar- 
thrite dont la terminaison est souvent fatale. 


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Origirìal from 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



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REVUB DB PSYCHLA.TRIB 


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Y. En!in,il íaut considérer un troisième type. Cesontles cas où l’on 
voit des psychoses se compliquer de mouvements choréiques. 

Quelques-uns de ces cas sont des cas nets de démence précoce 
(chorée des dégénérés avec tendance à la démence, de Burr). L’auteur 
a observé deux cas d’hébéphrénie compliquée de mouvements choréi- 
ques. II rapporte également une observation de psychose maniaque 
dépressive compliquée de mouvements choréiques. 

11 prend soin de distinguer les cas de chorée épisodiques des mou- 
vements choréiformes symptomatiques de la P. G. ou des lésions céré- 
brales en foyer (hémiplégie). 

En résumé, troubles moteurs et troubles mentaux sont ies manifes- 
tations de la mème maladie. Ils sont plus ou moins accentués et Tin- 
tensité des troubles mentaux dépend de la prédisposltion psychique 
individuelle. 

Un certain nombre d’observations personnelles illustrent les diffé- 
rents paragraphes de ce travail. 


ld. f Ddcembre 1912. 

Démence précoce, par H. Douglas Singer. — L’auteur rapporte 
longuementrhistoiredelaconceptionclinique de la démence précoceet 
expose les différentes pathogénies que Ton en a proposées : anato- 
mique, toxi-infectieuse, psychologique. A propos des facteurs psycbo- 
logiques, l’auteur insiste sur I’importance des troubles apportés 
dans le psychisme par les préoccupations d’ordre sexuel. L’instinct 
de reproduction, dit-il, est le plus puissant de tous les instincts et il 
retentit considérablement sur l’affectivité. Cet instinct de reproduc- 
tion est souvent contrarió dans ses manifestations par l’ignorance (qui 
n’est pas et ne peut étre l’innocence), par la fausse connaissance rèsul- 
tant de la curiosité ou d’expériences accidenteUes et surtout par la 
pruderie et’ l’hypocrisie, qui sont la conséquence de « notre organisè- 
tion sociale soi-disant morale >. Ces difficultés entrainent des habi- 
tudes de pensée et d’action déplorables; l’individu s’efforQant de rem- 
placer les désirs défendus par la substitution de préoccupations qui 
leur donnent l’apparence de l’innocence. 11 en résulte un état de tension 
psychique, des rèves diurnes fantasques, qui en arrivent à occuper 
l’esprit tout entier du malade. Ces rèves sont d’autant plus dangereux 
qu’ils restent inexprimés et ne peuvent donc ètre corrigés. L’auteur, 
avec Meyer, voit là l’origine de certains phónomènes de « barrage * 
(blocking) qui sont fréquents dans la démence précoce et nous voici 
arrivés à la théorie de Frend. Les données semblent d’autant plus 
importantes à l’auteur, qu’il en déduit une prophylaxie de la démence 
précoce. 11 préconise pour le jeune homme une vie toute d’action, 
d’où sont éloignées soigneusement Ies réveries abstraites, et une édu- 
cation sexuelle rationnelle. L’homme de science et le moraliste voi- 
sinent toujours en Amérique. 


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RBWB DBS PńMODigUBS 


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Id. t Février 1918. 

Ex«m«n dea glandes à séerétlott lnterne dans hult cas ds 
démencs précoce, par F. X. Dercum st A. G. Ellis. — Les auteurs 
ont étudlé les thyroldes, les parathyroldes, les hypophyses et les 
capsules surrénales de huit déments précoces et ont obtenu les 
résultats sulvants : 

Thyroides. — Les variations de poids sont considérables: 16 gralns, 
1, (1), 17,6, 11,5, 14,5, 8,5, 18,6. Microscopiquement, le contenu 
colloide était normal sauf dans trois cas. Dans deux de ceux-ci, la 
quantité en était diminuée, dans un autre il réagissait indifféremment 
aux réactifs colorants. Dans quatre cas, les cellules épithéliales bordant 
les acini étaient diminuées de nombre, peu colorées, ou présentaient 
de contours irréguliers dus & des lésions de désintégration. Dans 
quatre cas, U y avait augmentation du tissu conjonctif, soit uniforme, 
soit diffuse. Pas d’altératíon vasculaire. 

HypophtjBes. — Les poids étaient sensiblement normaux. Dans le 
lobe antérieur, les ceUules éosinophUes, ótaient nombreuses dans 
cinq cas, modérément nombreuses dans deux, rares dans un. La 
substance collolde, aussi bien dans les acini que dans les canaux des 
deux Iobes, est rares. 11 y a augmentation locale du tissu conjonctif 
dans une glande. Les ceUules hyalines dans le lobe postérieur sont 
peu nombreuses dans cinq cas, modérément nombreuses dans deux 
cas, très nombreuses dans un cas. 

Surrénales. —Variatlons de poids considérables; dans cinq cas, eUes 
étaient d'un poids excessifjdans deux cas, presque normales; dans un 
cas, au-dessous de la normale. Dans sept cas, U existait peu ou pas de 
vacuoles dans les oeUules de la gloméruleuse et de la fasciculée. Dans 
trois cas, les ceUules de la gloméruleuse, de la fascicuiée et de la réti- 
culaire présentaient des Iésions dégénératives : cytoplasme très 
granuleux, contours indistincts des cellules par désintégration par- 
tieUe.Dansdeuxcas,les capUlaires delagloméruleuseétaientdistendus. 
Dans deux cas, les cellules de la réticulée contenaient du pigment 
mais en petite quantité. Dans la substance médullaire, il n’y avait 
aucune cellule chromaffine. Danssixdes cas, les cellules de la substance 
médullalre étaient très granuleuses. Les contours en étaient mal 
définis ou fragmentés. Une certaine augmentation du tissu conjonctif 
existait dans la substance médullaire de deux cas et dans la glomé- 
ruleuse et la fasciculée de l'un de ces deux cas. 

Parathyroides .— Elles furent examinées dans cinq cas. Dans deux, 
U y avait une infUtration graisseuse. Les ceUules éosinophUes étaient 
peu ou modérément nombreuses. Dans deux autres cas, U existait 
une petite coUection coUoìde. 

II faut ajouter à ces constatations que sept malades présentaient 

(1) Le grain angleis correspond à 6 oentigrammes 1 /2. 


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Qriginal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



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RBVUB DB PSYCHIÀTRIB 


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de la tuberculose pulmonaire avancée. Le 8 6 était atteint de périto- 
nite tuberculeuse, et ceci complique un peu l’interprétation de lésions 
trouvées à l’autopsie. Les auteurs sont prudents dans leurs conclu- 
sions. Ils croient néanmoins pouvoir affirmer qu’il existe des lésions 
de glandes à sécrétion interne dans la démence précoce. Quant à la 
relation qui 'existe entre ces lésions et les troubles mentaux, il faut 
attendre de nouveiies recherches pour se prononcer. 

René Bessière. 


BELGIQUE 

Bullelin de la Sociéié de Médecine menlale de Belgique, juin 1913. 

La séquestration des aliénés à domicile, par V. Deroitte. 
— La Hollande a déjà pris des mesures à cet égard. La séquestration 
à domicile y existe depuis fort longtemps, et est réglementée depuis 
1854, époque à laquelle elle fut placée sous la surveillance de 1’EtaL 
Entre autresmesures destinés à sauvegarder la liberté des citoyens,les 
arrétés de séquestration, pris par les bourgmestres, doivent ètre 
transmis, après deux fois vingt-quatre heures, à partir du moment 
de l’entrée en vigueur. 

C’est là un excellent moyen d’empècher les abus, car la séquestra- 
tion des aliénés peut devenir une mesure dangereuse ; il importe que 
la liberté des citoyens soit toujours à l’abri de toute tentative intéres- 
sée, quelque rare que puisse ètre une telle éventualité. 

La séquestration des aliénés à domicile, effectuée avec discemement 
et d’une fagon uniforme dans tout un pays,doit également devenir un 
mode de traitement médical, un moyen de relèvement, chaque fois 
que c’est possible, en mème temps que de préservation sociale. Elle 
ne doit ètre décrétée que dans l’intérèt du malade et de la société, á 
laquelle incombe le devoir de le soigner et de f empècher de nuire 
soit à lui-mème, soit à autrui. 

J. Crinon. 


Le Gèrant : O. DOIN. 

PARIS. — IMPRIMERIB LKVB, 71 , RUB DB RBNNBR. 


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Origirìal fro-m 

UNIVERSETY OF MICHtGAlM 



ESSAI DE TRAITEMENT DES PSYCHOSES AIGUÈS 
PAR LE BROMURE DE RADIUM 
ET PAR DES SÉRUMS RADIOACTIFS 

Par MM. Dominici, L. Márchánd, Chéron et le prof. G. Petit. 


L’observation journalière montre que les psychoses aiguès sont 
généralement dues à une intoxication ou une toxi-infection, que 
leur guérison correspond toujours à une modification de la nutri- 
tion générale. L’apparition d’une maladie infectieuse, d’un abcès, 
d’une furonculose, etc., a été fréquemment d’un heureux effet sur 
l’évolution de ces maladies. Partant de cette idée que Pintroduction 
dans I’organisme d’une certaine quantité de sérum organique hété- 
rogène pouvait amener une modification de la nutrition, que 
le radium, dont les applications thérapeutiques ne sont encore 
qu’à leur début, pourrait lui ètre adjointpour renforcer son action 
et agir directement sur les cellules nerveuses lésées ou sur les 
toxines circulant dans le sang, nous avons entrepris les expé- 
rences suivantes dont les résultats sont très encourageants. Nous 
avons utilisé en injections hypodermiques : 

1° Le sérum simple de cheval; 

2° Le sérum simple de cheval radioactivé par I’adjonction de 
2 millièmes de milligramme de bromure de radium pour 10 centi- 
mètres cubes de sérum; 

3° Le sérum d’un cheval ayant été soumis préalablement à des 
injections intraveineuses de sulfate de radium [sérum radioactivé 
in oivo (1)]; 

(I) Ce procédé est basé sur lcs recherches de Dominici et Faure-Beaulieu, 
qui ont démontré la persistance extraordinairement prolongée du sulfate de 
radium dans l’organisme des animaux puisque le radium peut y étre décelé 
plus d’un an encore après rinjection. (Dominici et Faure-Beaulieu. « De 

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Origirìal from 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



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486 REVUÉ DE PSYCHIATRlè 

4° Le sérum radioactivé in vivo et in vitro par radjonction de 
deux millièmes de milligramme debromure de radium pour 10 cen- 
timètres cubes de sérum; 

5° Le bromure de radium en solution isotonique à la dose jour- 
nalière de 2 millièmes de milligramme. 

Ces recherches ont été faites dans le service du D r Marchand, 
à la Maison Nationale de Charenton (1). 

Voici nos observations : 


1° Observations des malades traitées 
par le sérnm simple de cheval. 

Des sept malades qui font Tobjet des observations suivantes, 
les trois premières n’ont retiré aucun bénéfice du traitement. Chez 
deux, Taction du traitement est douteuse; chez les deux demières, il 
semble avoir eU un effet favorable. 

Obs. I. — M m ® C..., àgéede 47 ans, entre à la maisonNationale le 
26 mars 1912. Une sceur est atteinte de tabes et a présenté des accès 
mélancoliques. 

L’affection a débuté, il y a un an, par des maux detèteet une crise 
de mysticisme; le langage est devenu incohérent, des hallucinaUons 
auditives sont apparues. Internée d’abord dans une maison de santé 
particulière, C... présente des crises d’excitation altemant avec des 
périodes de dépression, des illusions de fausse reconnaissance. Elle 
est transféréeà Saint-Maurice, un an après le début des troubles men- 
taux. Comrae symptòmes, on relève des troubles profonds de la mé- 
moire dont la maladea conscience; elle ignore le jour, le mois. ì’an- 
née. Proposincohórents; hallucinations auditives, illusions, agitation, 
ton émotif gai. Les mois suivants, cet état alterne avec des périodes 
d’agitation anxieuse. C... présente alors le syndrome de ia confus ori 
mentale avec idées mélancoliques, interprétations fausses, illusions 
de fausse reconnaissance. 

Trois mois après son entrée, nous commenQons le traitement par 


l’arrét et du séjour prolongé du sulfate de radium dans les tissus vivants ». 
Note présentée par M. Boucliard à TAcadémie des Sciences le 1S mai 190?.) 
Ces résultats orit. étà connrinés dans le Service de l’un de nous (Pro/. Petit) 
par l’injection intraveineuse de sulfate de radium au cheval. (Donhnici, Petit 
et Jaboin. « Radioactivilé permanente de l’organisme consécutiveà l’injectiori 
de sulfate de radiuin ». Note présentée par M. Bouchard à l’Acadénjie des 
Sciences, séance du 7 mars 1910.) 

(1) Les sérums dont nous nous sommes servis étaient préparés à l’Ecole 
d’Alfort. 


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UMIVERSITY Of WICHIGAN 



ESSAl DE TRAITEMENT DES PSYCHOSES AIGUES 


487 


le sórum de cheval. C... recoit onze injections de 20 c.c. de s nim 
faites tous les quatre jours. Les injections déterminent une légère 
élèvation de température avec érythème local nu niveau des injec- 
tions. On ne note aucune amélioration pendant ou après le traite- 
ment. 

Obs. II. — M lle D.... ágéc dc 27 ans, est atteinte dedémence pré- 
coce. Sa mère a été attcinte dc cìépression mélancolique. Un frère 
très original, un oncle paternel alteint de démence sénile. ntécédents 
personnels très chargós ; convulsions à l’fige de 8 mois. A I i ans, 
accès nocturne avec convulsions, urination involontaire, amnésie con- 
sécutive. A 11 ans et demi, au moment de la première communion, 
idèes mvstiqucs. A 15 ans, accès dc dépression mélancolique qui ne 
dure que quclques mois. N 19 ans, troubles du caractère; D... prend 
dcs attitudes stéréotypées avec mutismc, indiffércnce émotionnellr. 
Un an après, ellc cst améliorée et reprend scs occupations dans une 
rnaison dc commercc. A21 ans,nouvcl accès ; elle refuse de descendre 
de sa chambre, s’habille. se dèshabillc sans cesse, ne montrc aucune 
affection à ses parents, refuse dc manger ; idóes d’empoisonnement; 
rires sans motif. Amaigrissement au point que D... ne pèse plus que 
30 kilos. Ellc rcste des périodes de «iix à •muzi: jours consécutifs 
sans fairc de mouvements ou prend dcs attitudes bizarres. Get état 
persistc snns changcment pcndant trois ans, puis la lucidité reparaìt 
peu à peu. La malade parait rnòmc complètement guéric. Elle ne 
manifeste aucun affaiblisscmcnt intellectuel, entre dans une maison 
de commerce et apprend la sténographie et la dactylographie. Réap- 
parition des troublcs mentaux à l’àge de27 ans. Maux detètefréquents, 
accès de tristesse. Unsoir, sa mère la trouve immobile sur une chaise, 
nc parlarit pas ; rcfus complet des alimcnts. Accès d’agitation au 
cours desquels elle brise le mobilier, cc qui nécessitc son interncment. 
A son cntrèe à l’asile, on conslate cliez la maladc lcs symptómes de la 
démence précoce : facics hébété, gestes stéréotypés, m niérisme, 
négativisme, agitation automatique, gàtisme. 

Cette maladc recoit 23 injections de 13 ccntimètres cubes de sérum 
de cheval. T.cs injcctions sont faites tous les quatre jours etne s’accom- 
pagnent d’aucune réaction sérique. Onnc constate aucune amélioration 
dans l’état de la malade. 

Obs. III. — M B0 T..., àgée de 59 ans, est atteintc depuis l’áge de 
54 ans de mélancolie périodique qui a déterminé qualre interneinents. 
Père alcoolique et rriort alicné ; mère morte alièiice. Lc quatrième accès 
a dcbuté comme les précèdents sans aucune cause apprcciable. Le 
certificat d’entrèe porte : « Mélancolie avcc idèes hypochondriaques, 
idées d’auto-accusation, idées de suicide, remords . La rnaladc recoit, 
le 3 avril 1911, 20 centimètres cuhes de scrum dc chcval et dans 
la suite 10 centimctres cubes tous lcs quatrc jours. T... rccoit 


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Origirìal frn-m 

UNIVERSITY OF MICHIGAN 



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REVUE DE PSYCHATRIE 


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ainsi 20 injections qui ne déterminent aucune amélioration. 

T... est sortie guérie de son accès mélancolique quelques mois plus 
tard, mais on n’a pu constater aucun parallélisme entre le traitement 
et la guérison. 

Obs. IV. — M me G..., agèe de 28 ans, est atteinte depuis quinze 
jours de confusion mentale agitée. Aucun antécódent héréditaire. 
Rhinite avec ozòne depuis plusicurs années. A son entrée à l’asile, on 
note une violente agitation avec idéesmystiquesetérotiques,logorrh e, 
propos incoliérents, gàtisme. < ‘ncommence, deuxjoursaprèssonentrée, 
le traitement par les injections de s rum de cheval. La malade re$oit 
tous les quatre jours une injection sous-cutanéc de 20 centimctres 
cubes. On lui fait ainsi 34 injections. Pas de réactions sériques. L’état 
mental s’améliore un mois après ìe début du traitement, l’agitatioiì 
disparaissant la première. La confusion des idées ne disparaìt que très 
lentement; la malade n’est complètement guérie que cinq mois apres 
le début du traitement. 

Obs. V. — M me R..., àgée de 46 ans, est atteinte de coníusion men- 
tale avec hallucinations auditives, olfactives ; troubles de la sensibilité 
générale, agitation. Hèréditò cliargée; mcre morte aliénée; un íils 
est atteint de paralysie infantile, un autre est mort de méningite. Les 
troubles actuels ontdóbuté ily a quinzejoursenviron.R...nietout excès 
alcoolique. Elle regoit tous les cinq jours 20 centimètres cubes de 
s rum de cheval. Légère élévation thermique et rougeur au niveau de 
lapiqùre aprèsla3 e injection. La malade ne re^oit que quatre injections. 
L’état mental s’améliore rapidement et la malade sort guérie deux 
mois plus tard. 

Obs. VI. — M mc G..., àgée de 40 ans, sans antécédents familiaux 
connus. Chorée à l’àge de 13 ans. Rliumatisme articulaire aigu à 
24 ans ; fièvre typhoide à 25 ans. Grippe en janvier 1911, compliquée 
d’otite légère. Dépression consécutive aboutissant à un état mélan- 
coiiqueavecconscience; idéeset tentatives de suicidequi déterminen 
rinternemenl (juin 1911). La malade regoit. Iel3juin,20 centimètres 
cubes de sèrum de cheval en injection sous-cutanée. ISouvclles injec- 
tions de 10 centimètrcs cubes les 12 juin, 21 juin,25 et 29 juin. Ace 
moment, réaclions sériques caractèrisées par de l’élóvation de Ia 
température, un érythème prurigineux au niveau de l’injection, 
douleurs rhumato'ides. Les accidents sont complètement disparus 
lel5 juillet. Dès ce mornent,on constate une amélioration notablede 
l’état mental. Nouvelle injectionde 18 centimètrescubes iel7juillet. 
suivie le soir mème d’une lègère élévation de teinpérature sans 
réaetion locale. I ne septièine etdernière injectione- íaiteIe21 juillet 
avec mèines plicuomònes thermiques. L’amélioration s’accentue. 
Pcndant loutc la durée du traitement, G... a été réglée régulièrernent. 
Rien d’anorinal dans le urines. Le poids ducorps, quiétait priiniti- 


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vement de 56 kilos, s’est élevé progressivement pour atteindre 58k. 900 
le l er aoftt. La malade est sortie guérie le 31 aoùt 1911. 

Obs. VII. —M me P. R..., agée de 55 ans, est atteinte d’obsessions 
diverses, mais surtout d’obsession à J’homicide et au suicide. Pas 
d’hérédité; P. R... a un fils atteint de démence précoce. Premier 
accès mental il y a s < ans, à la suitedel’émotion causée par la mala- 
die de son fils et le su menage qu’elle s’est infligé p>our le soigner. 

L’affection actuelle a débuté il y a deux mois. L’idée lui est venue 
subitement de se jeter par la fenètre ou d’étrangler son mari. Elle 
demande continuellemerit qu’on lui mette la camisole parce qu’elle a 
peur« de faire du mal aux infirmières, de leur serrer le cou ». La malade 
re^oit 20 centimètres cubes de sérum le 2 juillet 1912 et une autre 1<* 
6 juillet. Le lendemain, la températures’élòve et les rèactionssériques 
apparaissent. Erythème au niveau dc la derniòrc injection, douleurs 
rhumab’i ’es dansles genoux,les jarrets, les poignets. Les accidents s - 
rií{u s ne disparaissent que le 23 juillet. Après cette «maladie du sé- 
rum», P.R... cst trèsaméliorée et quittel’ótablissement le28 juillet 1912. 

Ainsi nous avons traitè sept malodes par le sérum de cheval 
siinple. Les trois malades qui n’ont présenlé aucune amélioration 
étaient atteintes de confusion mentale chronique (obs. I), de démence 
précoce (obs. II), de mélancolie pèriodique (obs. III). Quatre ont 
guéri; cliezdeux de ces malades,il n’y eut pas un rapport ètroit entre 
le traitement et la guérison; elles étaient atteintes l’une de mèlanco- 
lie aiguè (obs. IV), l’autre de confusion mentalc agitée (obs. V). 
Chez une malade atteintc de mèlancolie aiguè (obs. VI) et une autre 
atteinte d’obsession à l’homicide et au suicide (olis. VII), le traite- 
ment parut avoir une action houreuse. 11 y cut chez ces deux 
dernières malades des rèactions scriques prononcèes (élévatioii de 
la température, douleurs rhumatoides, èrythème) qui ont certai- 
nement amené une inodification de la nutiition gènèrale et qui ont 
pu jouer un ròle important dans la terminnison rapidc de raffeefion 
mentale. La malade de l’obs. VII n’a pu reeevoir que deux injec- 
tions à cause de l’apparifion de rèactions sériqucs intenses. 

2° Observation des malades traitées 
par le sérum de cheval radioactivé in vitro 

Nous avons traité avec cc sèrum trois malndes alteintes, la pre- 
mière de démence prècoce, ìes deux autres de confusion mentale 
avec symptòmes catatoniques. » 


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Obs. VIII. — M me M... ? égée de 28 ans, sans tares héréditaires 
connues, est atteinte de stupeur mélancolique avec idées de suicide. 
L’affection a débuté il y a dix-Yiì t mois et les symptòrnes sont sur- 
venus progressivement; idées d’indignité et de culpabilité; tentatives 
réitérées de suicide. A ces symptòmes se surajout rent bientòt un état 
de contracture généralisóe avec rictus, occlusion continue des yeux, 
refus cornplet des aliments, gatisme. A ce moment, ie diagnostic de 
démence précoce. à forme stupide, est établi. Un an après son entréeà 
Tasile, nous commengons le traitement par le sérumdecheval radioac- 
tivé. Ilseproduitdès la sixièmeinjectiondcsréactionssériques (r< ug ur 
diffuse au niveau des piqftres, élévation thermique) qui déterminent 
la suspension du traitement qui est repris quelques jours plus tard. 
La malade regoit 43 injections qui ne déterminent aucune amélioration 
dans son état. A la suitc de Lune d’elles, la maladeaprésentédes phéno- 
mènes anaphylactiques consistant en un état; sphyxiqueavec cyanose 
des extrémités, sueurs profuses, légère élèvation de température consé- 
cutive. Ces accidents survenus quelques minutes après l’injection n’ont 
eu qu’une courte durée. 

Obs. IX. — M ,Ir L..., ògée de 20 ans, a une sc»ur démente précoce, 
internée à l’asile de Villejuif. L... a étè atteinte. à I’ágede 14 ans, de 
fièvre typhoíde grave suivie d’une pèriode d’hébétude qui dura plu- 
sieurs mois. En juillet 1911, violente émotion ; les jours suivants, 
perte d’appétit et insomnie. L... est soignèe pendant quelques jours 
à la Maison Dubois, puis transfèrée à la Salpètrière, ensuite à la Maison 
Nationale, le 29aoùt, avec lecertificat: «Confusion mentaleavecdésor- 
dre dans les idées et les acles, incohèrence, manièrisme, troubles de 
l’afíectivitè, svmplòmes qui font craindre l’èvolution d’une psvchose 
hébéphrènique».La malade présente eneífctlesyndromede la démence 
prècoce : air hébétè, attitudes catatoniques, propos incohérents, 
èchola ie, syndrome de Ganser, perte des sentiments affectifs et des 
sentiments de pudeur, gàtisme. On ne constate les jours suivants 
aucun changement. 

Le 13 octobre 1912, on commence le traitement par le sérum de 
cheval radioactivè. Les premières injcctions sont bien tolérèes; aprèsla 
sixième, réactions sòriquesconsistant en une élèvationde lempèrature. 
rougeur locale au uiveau des injections, puis éruption au niveau des 
articulations. La malade ne recoi chaque jour, pendant cette périod' 1 
qui s’ètend du 19au25 octobre. que deux centimètres cubes de sérum. 
Le 2G, on recommence les injections quotidiennes de 10 centimètres 
cubes sans provoquer de ròactions sèriques. 

Le27 novembre, ramélioration est trèsmanifeste.Lamalade a perd - 
8on air hèbètè, est plus propre ; les accès de rire sans motif sont en 
partie disparus. Les troubles de Ia mémoire, l’incohérerice du langage 
p('rsistent encore. A partir de cett e dale on ne pratique plus qu’une 


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ESSAI DE TRAITEMENT DES PSYCHOSES AIGUES 


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injection de sérum tous les deux jours et on suspend complètement 
le traitement le 14 décembre. 

Lesjours suivants, Tétat confusionnel ne paralt pluá* suivre la mème 
amélioration qu’au moment des injections. Nous reprenons celles-ci 
le 22 décembre, tous les deux jours d’abord; puis, comme le traitement 
est très bien supporté, tous les jours à partir du 2 janvier. L’amélio- 
ration s’accentue nettement, quoique lente. La malade reconnaìt les 
personnes de son entourage, comprend les questions, exécute les 
mouvements qu’on lui commande. II persiste une fatigabilité céré- 
brale rapide ; après plusieurs réponses appropriées, l’attention de- 
vient mal soutenue. 

Le 2 février, légers phénomènes anaphylactiques après la 86 e injec- 
tion. (Juelques minutes après rinjection, L... a présenté dela cyanose 
des extrémités et des sueurs profuses; ces accidents n’ont duré que 
quelques minutes. 

L’amélioration de l’état mental étant maintenant en bonne voie, on 
remplace les injections de sórum par un lavement de la méme quantité 
de sérum. 

La malade est sortie guérie le l er mai. 

Obs. X. — M lle B..., Agée de 22 ans, entre à la Maison Nationale le 
22janvier 1913. Pasd’antécédentshéréditairespersonnels. Premier accès 
confusionnel à 17 ans, terminé par la guérison. L’accès actuel a débuté 
brusquement il y a quelques jours. Le certificat d’entrée porte :« Exci- 
tation maniaque avec délire polymorphe. Incohérence des propos; 
grande volubilité ; gestes désordonnés ». On eonstate chez elle des 
idées de persécution, des idées mystiques et des idées de grandeur. 
Cetétat persiste sans changement dans la suite. Le 7 juin, B... tombe 
brusquement dans un état de stupeur, mutisme absolu, négativisme, 
stéréotypie, hypothermie, refus des aliments. Cet état ne présente 
aucune modification les jours suivants, sicen’estque la malade con- 
sent à s’alimenter normalement. Nous commengons, le29 juin.le trai- 
tement par le sérum de cheval radioactivé par l’injection de deux 
millièmes de milligramme; nous faisons une première injection de 
20 centimètres cubes et les jours suivant*, une injectionde lOcentimè- 
tres cubes. Sous l’influence du traitement, la température rectale 
qui oscille entre 36° et 36°8, s’élève au-dessus de 37° et quelquefois 
à 37°7. Pas de réactions sériques cutanées. Après la 17 e injection, léger 
choc anaphylactique consistant en un état syncopal avec asphyxie des 
extrémité^; ces troubles n’ont eu qu’une durée de quelques minutes. 
Le traitement est ensuite suspendu. La malade est d’ailleurs moins 
prostrée, elle répond aux questions par quelques monosyllabes. L’amé- 
lioration a suivi une marche très lentement progressive qui n’a abouti 
à la guérison qu’en novembre. 

Des trois malades traitées par le sérum de cheval radioactivé 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


in vilro , la première était atteinte de démence précoce, les deux 
autres de confusion mentale avec phénomènes catatoniques. 

Nous n’avons obtenu aucun résultat dans le premier cas. Chez les 
deux autres malades (obs. IX et X),il y eut manifestement un réveil 
de Tactivité mentale sous Tinfluence des injections. L’amólioration 
a été lentement progressive et aboutit à une guérison complète. 

3» Observations des mai&des traitées 
par le sérum radioactivé in vivo. 

Quatre malades ont été traitées; une seule semble avoir étéamé- 
liorée par le traitement. 

Obs. XI. — II s’agit de la malade D... atteinte de démence précoce, 
qui fait l’objet de l’observation II et qui avait été traitée par le s :um 
simple de cheval. Le traitement par le sérum radioactivé n’a pas 
donné plus de résultat. Cette malade a regu 60 injections quotidiennes 
de 10 centimètres cubes sans présenter aucun accident sérique ou 
autres, mais sans amélioration de son état mental. 

Obs. XII. — M lle S..., ágée de 38 ans,est atteintede confusion men- 
tale avec idées mélancoliques et idées de suicide. 

Aucun antécédent névropathique. Le début de I’affection remonte 
à trois mois quand on commence le traitement par Ie st'rum radio- 
activé. Injection quotidienne de 10 centimètres cubes de s» rum. La 
malade re^oit neuf injections et on est obligé de suspcndre !e traite- 
ment pour des raisons qui ne dépendent pas denotrevolonté. Aucune 
nmélioration de l’état mental. 

Obs. XIII. — M me L..., ágée de 50 ans, entre à la Maison Natio- 
nale le 25 janvier 1911. Pas de tares névTOpathiques. Premier accès 
mélancolique à I’àge de 25 ans, tcrminé par la guérison. L’affection 
;u;tuelle remonte à trois mois. L... préscnte de la dépression mélanco- 
lique avec idées de ruine, idées de négation, idées de transformation 
rorporclle, idées d’immortalité, idées de grandeurà rebour^. Une injec- 
tion de sérum radioactif est faite le 30 juin et on continue les injec- 
lions tous les cinq jours. La malade recoit ainsi 32 injections sans pré- 
senter aucune réaction srrique, mais sans modification de son état 
inental qui revèt actuellement le syndrome de Cotard. 

Obs. XIV. — M lle L..., àgée de 35 ans, est atteinte de démence pré- 
c )ce depuis dix ans. Tares hérèditaires chargées. Dèbut de l’affection 
;;;u' une période de eonfusion dans les idécs avec hallucinations de rouie. 
nlèes de persécution, négativisme, rcfus des alimcnls, indifférence 
i!:otionnelle. Depuis quelques années, cette malade présente comme 


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UN I VER SIT¥-Gf1 



ESSAI DE TRAITEMENT DES PSYCHOSES AIGUES 


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symptòme dominant de l’incohérence du langage, du négativisme 
et des crises d’agitation ; elle a conscience qu’elle ne peut coordonner 
ses idées; troubles de rauto-conduction. La mérnoireestbien conservée. 

L... recoit 10 centimètres cubes de sérum radioactif le 3 mai 1913. 
Les injections sont répétées tous les jours. Après la sixième injection, 
accidents sériques consistant en rougeurs diffuscs au niveau des lieux 
d’injection, élévation de température, troubles digestifs. Pas d’injec- 
tion le 9 mai. Le 10 mai, la température étant descendue, on refait une 
injection de 10 centimètres cubes. La température oscille autourde 
38°, on constate le lendemain une éruption polymorphe prédominant 
au niveau des articulations. Le 14, disparition des réactions sériques. 
Nouvelle injection le 16 qui est suivie d’une légère élévation de 
température sans autres phénomènes. Le 20, la tempé’ ature est nor- 
male; on fait, le 2L uneneuvième et ’ernière injection suivie encore 
d’élévation de température. 

L’état mental de cette malade a été manifestcment amélioré par 
le traitement, malgré la chronicilé de l’affection. Depuis, le langage 
de L... est moins incohérent, la tenue est meilleure ; les périodes d’agi- 
tation sont disparues ; la malade est docile. 

Le scrum radioactivé in vivo n’a eu sur quatre malades (deux 
démences précoces. un dclire de ncgation et une confusion inen- 
tale) qu’une action favorablc chcz une des malades (obs. XIV) 
atteinte de dcmence prccoce dcpuis dix ans, qui a été manifeste- 
ment amèliorée, mais non gucrie. 


4° Observations des malades traitées 
par le sérum radioactivé in vivo et in vitro. 

Les ncuf premières observalions se rapportcnt aux malades qui 
ont guèri sous Pinfluence du íiailement. Xous rapportons ensuile 
deuxcas qui n’ont subi aucuno modification. 

Obs. XV. —M me H..., agèe de 61 ans, entre íi Sa.Mt-Mauricelc23 jan- 
vier 1911. Pas d’antécèdents ncvropathiques. L’affection a dèlmté, 
il y a quelques jours à la suile d’une violente èmotion. On constate 
un état de confusion mentale avec agitation, propos incohérents, 
idées dèlirantes polymorpìies ; troubles ataxiques des membres et 
troubles de l’équilibre ; par moments, raideurs généralisées pseudo- 
tétaniques aboutissant parfois à un ètat catalcjitolde qui dure plu- 
sieurs heures. Légère parcsie faciale infèrieure gauche. Le 30 janvier, 
prernicre injection de 10 centimètrcs cubes de sérum radioactìvé 
et on fait dans la suite une injection tous les dcux jours. Pas d’autre 
réaction sérique qu’une légère rougeur au niveau des injections. 


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REVUE DE PSYCMIATRIE 


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Le 9 février, la malade commence à sortir de sa torpeur et comprend 
ce qu’on lui dit. Elle ne peut pas parler ; les mouvements des mem- 
bres supérieurs sont mal coordonnés. On ne fait plus ensuite qu’une 
injection tous Ies quatre jours. La lucidité persiste les jours sui- 
vants, la malade fait signe qu’elle ne peut pas parler. Ebauche de 
catatonie; les mouvements commandés s’exécutent avec lenteur. 
Le 22 février, la malade peut dire quelques mots en scandant les 
syllabes. Amnésie des faits qui viennent d’avoir lieu. Les troubles 
at ixiques des membres persistent encore. Le 23 février, on fait à la 
malade une neuvième et dernière injection. Les jours suìvants, l état 
mental est tel qu’on peut considérer la malade comme guérie. Les 
troubles physiques persistent encore quelque temps, puis s’atténuent 
lentement. La malade quitte la maison de santé le 26 mars. 

Obs. XVI. — M me G...,ńgée de 25 ans, sans antécédents névropa- 
tiques, entre le 16 avril 1911 à la Maison Nationale. Elle est atteinte 
de confusion mentale aiguè avec agitation, propos incohérenta, 
illusions de fausse reconnaissance, gàtisme. 

Dès le premier jour de son entrée, on fait une injection de 20 centi- 
mètres cubes de sérum radioactivé et on continue les injections à la 
dose de 10 centimètres cubes tous les quatre jours. Dès la huitième 
injection, l’agitation disparait. La confusion des idées persiste 
encore quelque temps puis s’efface. Le 9 juin, on fait la quatorzième 
et dernière injection. Aucune réaction sérique. La malade quitte 
rétablissement quelques jours plus tard. 

Obs. XVII. — M me M... entre à la Maison Nationale le 31 décembre 
1910. Pas d’antécédents névropathiques. A 18 ans, première crise 
mentale caractérisée par des troubles du caractère sans délire. L’af- 
fection actuelle a débuté en aoùt dernier, après la mort de son mari. 
M...croyaitque son mari avait été empoisonné, que ses enfants allaient 
mourir, croyait revoir son mari. Ces troubles délirants et hallucinatoires 
disparaissent, mais la malade reste indifférente, ne s’occupe plus de 
son ménage, de ses enfants. Depuis quelques jours, agitation violente 
avec confusion dans les idées, propos incohérents,désorientation com- 
plète, refus des aliments. Durant les jours qui suivent son admission. 
on ne constate aucune amélioration. M... est alimentée à la sonde,v*o- 
mit les aliments qu’on lui donne, présente un état général inquiétant 
qui laisse craindre l’apparition d’un délire aigu. Le 10 janvier 1911. 
première injection de 20 centimètres cubes de sérum radioactivé. 
On fait dans la suite une injection de 10 centimètres cubes tous lesdoux 
jours; aucune éaction sérique.Dèsle 28 janvier, grande amélioration. 
La confusion disparaít; amnésie portant sur les faits qui viennent 
de se passer. II persiste des troubles du caractère etdeTindifférence 
émotionnelle. Le 31 janvier, on fait la dixième et demière injeetion 
de sérum. La malade s’améliore très rapidement et quitte la mai 


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ESSAI DE TRAITEMENT DES PSYCHOSES AIGUES 


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son de santé quelques jours plus tard. Nous avons revu M... le 
l er avril, son état mental et physique était normal. 

Obs. XVIII. —M me A...,0gée de29 ans,entre à la Maison Nationale, 
le 19 mars 1911. Un frère <*sl atteint de démerice précoce. Le début de 
l’affection de A... remonte au commencement de 1910. Accouchée en 
janvier 1910, A... a allaité son enfant pendant deux mois. Très affai- 
blie, elle fut atteinte de tuberculose pulmonaire. Soignée pendant 
trois mois dans un sanatorium. Là, l’affection pulmonaire s’améliore 
mais les troubles mentaux apparaissent. A... devient nerveuse, a des 
scrupules, des craintes imaginaires, de l’insomnie. Peu à peu l’état 
mental s’aggrave. Au début de décembre 1910, agitation anxieuse 
avec idées mystiques, tentatives réitérées de suicide, reíus des ali- 
ments. Placée dans une maison de santé privée, on constate une légère 
amélioration; puis des idées de culpabilité, des idées mystiques, l’agi- 
tation réapparaissent. Ason entrée à la Maison Nationale, on constate 
chez A... de la dépression mélancolique avec idées de persécution, 
idées mystiques,de l’agitation. Gestes automatiques, la malade tient 
continuellement dans ses bras des rouleaux de papier et les berce com- 
me un enfant. Tuberculose en évolution. On fait une première injec- 
tion de 10 centimètres cubes de sórum radioactivé le 21 mars. 
Les injections sont continuées tous les quatre jours. On fait ainsi 
dix-sept injections. Après la treizième, seizième et dix-septième 
injection, on note quelques réactions sériques consistant enrougeur 
locale et oedème au niveau des injections. Pendant toute la durée du 
traitement, la température a présenté de6 élévations fréquentes non 
en rapport avec les injections, mais avec l’infection tuberculeuse. 
Amélioration de l’état mental dès la fin d’avril, amélioration qui pro- 
gresse rapidement; le 30 mai la malade ne présente plus aucun trouble 
mental. La tuberculose pulmonaire continue à évoluer et s’accom- 
pagrie de poussées fébriles. 

Obs. XIX. — M me Co..., igée de 55 ans,entre à la Maison Natio- 
nale le 9 mars 1911. Une sceur a présenté des troubles mentaux. 
C... a déjà été atteinle,il y a quatre ans,de troubles mentaux au cours 
desquels elle a tué son beau-frère; ils étaient identiques à ceux qu’elle 
présente actuellement. Cet accès s’est terminé par la guérison après 
plusieurs mois de traitement. L’accès actuel a débuté il y a cinq jours 
par de l’excitation et del’incohérence du langage. II s’agit d’un état de 
confusion mentale aiguè avec agitation,propos incohérents,refus d’ali- 
ment. Co... regoit le 11 mai une première injection de 20 centimètres 
cubes de s'rum radioactivé. Le lendemain, nouvelle injection de 
10 centimètres cubes. Le 14 mai, on note quelques réactions sériques 
consistant en rougeurs diffuses au niveau des injections et en élé- 
vation de la température. Malgró ces phénomènes sériques, on 
continue les injections tous les quatre jours.Latempérature redevient 


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normale et il ne se produit après chaque injection qu’un léger érythc- 
me local. L’amélioration de l’état mental est rapide. L’agitation dis- 
paraít. La malade s’alimente dès le sixième jour de traitement. Le 
24 mai, il ne persiste plus que de la confusion dans les idées : le lan- 
gage n’est plus incohérent.La dernièrc injection a lieu le l er juin. La 
malade quitte la Maison de santé le 5 juin. II ne persistait plus chez 
elle qu’une légère torpeur cérébrale. Co... est venue nous voir quelques 
semaines plus tard ; elle était complètement guérie. 

Obs. XX. — M me S..., àgée de 26 ans, entre à laMaison Nationale 
le 25 février 1911. Pas de tares hóréditaires. Accouchement normal 
le 11 novembre. Début des troubles mentaux dix-huit jours après 
l’accouchement. Dèpression avec idées d’humilité, d’indignité.d’inca- 
pacité. Tentative de suicide qui nécessite l’internement. On pratique 
une première injection de 10 centimètres cubes dc sérum radioactivè 
le 20 ’uin; seconde i jec' on le 0 mar snivie de réactions sèriques 
consistant en élévation dc la température et une éruption urtica- 
rienne au niveau de l’injection. On suspend le‘traitemen< jusqu’à 
disparition complète des réactions. Nouvelle injection le 16 mars; 
les autres sont pratiquécs tous les cinq jours. La malade recoit 
ainsi vingt injections. A partir du l er avril (sixième injection). amé- 
lioration sensible de l’état mental. Le 15 mai, les idèes mélanco- 
liques sont complètement disparues; S... n’éprouve plus qu’une cer- 
taine appi éhension de rentrer dans la vie ordinaire. 

Elle quitte la maison de santé à la fin de mai. Nous avons revu la 
malade quelques semaines plus tard ; elle était complètement rétablie. 

Obs. XXI. — M lle Br..., ágée de 22 ans, entre à la Maison Nationale 
le 19 octobre 1910. Pas de tares névropathiques. Rctard du dèvelop- 
pement intellectuel et débilité mentale. Dèbut de l’affection au com- 
mencement de novembre à la suited’une émotion (mort de sa sceurL 
Insomnie et inappétence consécutives; violents maux de tète; on 
constate bicntòt des idées de persécution, des idèes de transformnlion 
corporelle, de l’incohérence du langage. A son entrée, on conslate 
de la eonfusion mentale avcc délire polymorphe et incohérence. 
désorientation, illusions multiples, trouhles coenesthésiques. Cet 
état se transforme bientòt en torpeur ; attitudes figées, les yeux 
restent grands ouverts ; tendance à la catatonie. Br... reste des 
heures entières sans parler et sans bouger. On craint une évolution 
vers la démence pròcocc. La malade recoit une première injection 
de 10 centimètres cubes de sérum radioactivé le 30 janvier et les 
autres tous Ies deux jours. Après la troisième injection, c'est-à-dire 
le 4 février, réactions sèriques caractérisécs par de l’élévation de lo 
ternpèrature, un érythème localisè- nu niveau des injections. Les 
jours suivants, l’éruption apparait au niveau des articulatkms 
sous la forme d’un érythème polymorphe. Ces phénomènes dispa- 


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raissent rapidement et la température revient à la normale le 14 fé- 
vrier, jour où on recommence les injections de sérum, en les con- 
tinuant tous lcs quatre jours. Pendant cctte période de traitement, 
la malade cst sortie de sa torpeur et s’est légèrement excitée. Au com- 
mencement de mars, on note une grande amélioration de l’état mental. 
Br... est moins confuse, l’agitation disparaìt. On fait la neuvième et 
dernière injection le 6 mars. Cette injection est suivie de quelques 
réactions sériques. La malade s’améliore très rapideraent et quitte 
l’établissement à la fin du mois de mars. 

Obs. XXII. — M me Y..., agée de 32 ans, entre à la Maison Nationale 
le 22 janvier 1911. Pas de tares névropathiques. Y... a toujours été 
impressionnable et scrupuleuse. Plusieurs accès de rhumatisme aigu. 
Première crise d’obsession en 1906 d’une durée de six mois. L’accès 
actuel a débuté en septembre 1910 : obsession au suicide ayant abouti 
à de multiples tentatives ; obsession de la mort; elle voit continuel- 
lement « en imagination » la mort avec sa faux, comme on la repré- 
sente sur les images ; elle voit« en inspiration » des cereueils, des ins- 
criptions;obsessiondeneplusaimersa famille,de ne plus avoir la foi. 
Cet état entraine des réactions mélancoliques. On commence, le 16 fé- 
vrier, la première injecliori de 10 centimòtres cubes de sérum radio- 
activé, la seconde le 19. Héactions sòriques caractérisées par un 
ér>thòm‘ étendu aux cuisses et aux genoux, puis au niveau des 
articulations; pas d’hyperthermie. Pendant cette période, l’anxiété 
est plus accusée. Le 26, les phénomènes sériques sont dissipés ; nou- 
velle injection de 10 centimòtres cubes suivie encore d’un érythème 
léger. Injections les 6, 12 et 16 mars. Amélioration notable de l’état 
mental. Nous voulons suspendre les injections, mais la malade les 
réclamc en disant qu’elle est encore obsédée par moments par l’idée 
de la mort. Y... regoit en tout 24 injections. Guérie, elle quitte la 
maison de santé à la fin de juin. 

Obs. XXIII. — L..., . gée de 45 ans, entre à la Maison Nationale 
le 17 septembre 1913. Pas d’antécédents héréditaires. La malade a 
présenté à l’àge de 20 ans une crise mentale présentant les mèmes 
symptòmes que la crise actueile, quoique très atténués ; guérison 
après quinze mois sans internement. Pas d’autres maladies graves. 
Depuis huit mois, nombreux cliagrins et èmotions. 

L’affection actuelle a débuté en septembre 1912 ; perte de l’affec- 
tivité ; sensations génitales qui sont le point de départ d’idées obsé- 
dantes, de scrupules ; puis dòdoublement dc la personnalité. L... a 
la sensation qu’elle n’est plus dans son moi d’autrefois, tout est faux 
pour elle, sa personnalitò vivante n’est plus. Get état se complique 
de crises anxieuses avec idées de suicide qui ont déterminé l’inter- 
nement d’abord dans une maison de santé particulière en juin 1913, 
puis en septembre à la Maison Nationale avcc le certificat suivant : 


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« Psychose anxieuse avec idées d’anxiété, de dépersonnalisation et de 
suicide, demande délirante d’ètre mise à mort, troubles pénibìes de 
la cénesthésie, phénomène d’opposition,raptus anxieux avec crise et 
gémissements. » Quelques jours avant d’entrer à la Maison Nationale, 
L...a faitune tentative de suicide ; elle s’est coupé la peau superfi- 
ciellement au niveau du poignet gauehe. Nous constations chez eile des 
phénomònes de dépersonnalisation ; obsessions interrogatives rnéta- 
physiques ; les paroles de la malade sont les suivantes : « Pourquoi suis- 
je là? pourquoi parlons-nous? pourquoi des fleurs, pourquoi vivre, etc.» 
Eile ne vit que dans le passé et parle d’elle à la troisième p r-on u. 
Tout ce qu’eile touche est faux ; elle n’est plus rien ; elle n’a plu& la 
sensation de sa tète, de ses pieds, de son corps ; elle ne guérira pas, 
elle demande qu’on la tue. C^rises d’anxiété violcnte au cours desquel- 
les L... se cogne la tète sur les murs, décliire scs effets, se frappe la 
poitrine, s’arrache les cheveux. Pas de troubles de la sensibilité; les 
réflexes patellaires sont forts. ^ 

L... est d’abord soumise à l’alitement avec une potion bromurée. 
On lui fait tous les jours une injection de 0,05 d’; rrhén• 1. Aucune 
amélioration dans son état. Le 28 scpteinbre, nous faisons une pre- 
mière injection de 15 centimòtres cubes de sérum radioactivé. 
Les jours suivants, injection de 10 centimètres cubes. Réactions 
sérique apròs lasixiòme injection; la température atteint 39° le soir. 
rougeurs diffuses au niveau des injections, lóger état gastrique. Nous 
n’injectons les jours suivanls que deux centimètres cubes de s rum. 
puis cinq centimòtres cubes. Arnélioration de l’état mental dès la 
dixième injection. La malade est plus calme, l’anxiété est en partie 
disparue. A partir du 10 octobre, la tempòrature étant normale, nous 
faisons les injections de 10 centimètres cubes sans autre réaclion 
sérique qu’une légère rougeur au niveau des injections. Le 12 octobre 
nous faisons la qi inziòme et derniòre injection, L... est en voie de 
guérison. Elle quitte la maison de santé le 23 octobre, paraissani 
complètement rétablie. 


Obs. XXiV. — M lle H..., ògée de 18 ans, entrée à la Maison Natio- 
nale le l er aoùt 1913. Pas d’antécédents névropathiques. Le certifi- 
cat d’entrée porte ; « Stupeur avec inertie intellectuelle, idées vagues 
de persécution, fugues, pleurs et rires sans motifs. » J e début des 
accidents remonte à six semaines, mais de[>uis plusieurs mois H... 
présentait des troubles du caractère et de l’affectivité. La stupeur s’est 
établie progressivement, la malade ayant eu sculement au dèbut quel- 
ques idées mystiques. V son entrée à la Maison Nationale,on consUte 
chez H... un état de confusion mentale avec inertie ; la malade, bien 
orientée, répond lentement aux questions ; si on ne lui parle pas. elle 
reste sans faire de mouvements. Pas d’idòes dòlirantes. Tendance 


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à la catatonie ; indifférence émotionnelle. On commence le 14 septem- 
bre une première injection de 20 centimètres cubes de sérum radio- 
activé et onfait ensuite tous les jours une injectionde 10 centimètres 
cubes. A partir du sixième jour, apparition d’abord d’érythème 
local avec légère élévation thermique. Les jours suivants, l’érup- 
tion s’étend aux articulations des genoux et des coudes et prend un 
aspect polymorphe. On n’injecte le 24 et 25 septembre que deux 
centimètres cubes de sérum. La température retombe à la normale et 
on continue ensuite chaque jour les injections de 10 centimètres cubes. 
Après ces réactions sériques M lle H... paraissait se réveiller de sa tor- 
peur; mais dans la suite, malgré le traitement qui fut continué jus- 
qu’au 23 octobre,elle retomba dans son demi-mutismc et sa torpeur 
intellectuelle et motrice. 

Obs. XXV. — M me R..., gée de 34 ans,entre à la Maison Nationaie 
le 13 décembre 1911. Tares héréditaires chargées du còté paternel. 
R... a toujours été déséquilibrée. Elle est séparée de son mari depuis 
dix-huit mois. Elle est atteinte de délire de persécution à base d’inter- 
prétation dont le début est difficile à préciser. Depuis le 9 décembre, 
elle s’est privée de nourriture ; elle est partie de chez elle, a erré dans 
la campagne. C’est alors qu’on l’interne; on constate un état de 
confusion mentale aiguè avec hallucinations auditives et visuelles,des 
idées de persécution et des troubles de la personnalité. R... sort de son 
étatdeconfusion au boutde quelques mois et ledéiirc interprétatif reste 
tel qu’il était avant l’apparition de la psychose aiguè. En octobre 1912, 
R... tombe brusquement dans un état de stupeur avec catatonie, 
négativisme, idées de suicide, refus absolu des aliments, mutisme. 
Cet état^persiste sans changement les jours suivants. La malade est 
nourrie à la sonde. Le 12 novembre, apparition d’un délire aigu ; la 
température s’élève brusquementà39°avec symptòmes typhoidiques; 
l’état reste très grave durant une quinzaine de jours. La température 
baisse, mais l’état général reste mauvais. Cachexie progressive. Le 
mutisme disparaìt et R... émet des idées mélancoliques et des idées 
de négation sans affaiblissement intellectuel notable; elle est parfai- 
tement orientée dans le temps et l’espace ; symptòmes physiques de la 
démence précoce. Cette malade regoit le 24 janvier 1913 une première 
injection de 20 centimètres cubes de sérum radioactivé, et les jours 
suivants une injection de 10 centimètres cubes. On fait ainsi 54 injec- 
tions consécutives. Absence complète de réaction sérique. L’état 
physique s’améliore, mais on ne remarque aucun changement dans 
l’état mental. 

L’observation suivante a trait à une malade atteinte de paralysie 
générale,seuletentative que nous ayons faite dans cette affection. 

Obs. XXVI. — M llc L..., agée de 47 ans, entre à la Maison Nationale 


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le 10 septembre 1910. Ele est atteinte depuis trois ans de paralysie 
générale ayant débuté par une attaque apoplectiforme. A partir du 
22 mars,la maladc a regu tous les quatre jours une injection de 10 cen- 
timòtres cubes de sérum radioactivé. Quelques réactions sériques 
consistant en éiévation de la température, érythème au niveau des 
injections. La malade regut 23 injections sans modifications de 
son état mental et des troubles physiques. 

Les plus beaux résultats thérapeutiques ont óté obtenus avec le 
sérum radioactivé in vivo et in vitro . Sur 12 malades traitées (deux 
mélancolies aiguès, quatre confusions mentales aigués, deux confu- 
sions mentales avec catatonie, deux cas d’obsessions, une démence 
précoce, une paralysie générale), neuf ont été guéries (obs. XV, 
XVI, XVII, XVIII, XIX, XX, XXI, XXII, XXIII). Des trois 
malades qui n’ont pas bénéficié du traitement, l’une était atteinte 
de confusion mentale avec catatonie (obs XXIV) et évolue mainte- 
nant vers la démence precoce; la seconde était atteinte de dé- 
mence précoce (obs. XXV), la troisième de paralysie générale 
(obs. XXVI). 


5° Observations des malades 
traitées par le bromure de radium. 

Huit malades ont été traitées. Les trois premières observations 
ont trait aux cas qui ont guéri. Viennent ensuite trois observations 
de malades amèliorées et enfin les observations de deux malades 
qui n’ont retirè aucun bénéfice du traitement. 

Obs. XXVII. — M me A...,ágée de 28 ans,entre à la Maison Natio- 
nale le 29 oetobre 1912. Père alcoolique ; un oncle maternel idiot 
Pas d’antécédents personnels.A...a un enfant arriéré. Début des trou- 
bles en juin 1912 par des troublesdu caractère et de l’apathie, crises 
hystériformes ; indifférence émotionnelle vis-à-vis de son mari, de ses 
parents et mème de sa fille; idées de persécution, idées d’empoison- 
nement, langage incohérent. Elle est placée en aoùt dans une maison 
de santé particulière. L’état menial s aggrave; diminuLion de U 
mémoire, rires saus motif, semi-mutisme, affectivité abolie. La 
malade est placée à la Maison Nationale avec le certificat suivant : 
« Confusion mentale avec désorientation, affaiblissement de la 
mémoire, alternative de périodes de stupeur avec mutisme et agi- 
tation, rétention d’uri:ie; cet état est symptomatique d’une démence 
précoce au début. » Le certificat de 24 heures porte : « Débilité 
mentale avec confusion dans les idées, troubles des sentiments affec- 


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tifs, suggestibilité, tendance à la catatonie. » A... est gàteuse. On 
note comme symptòmes physiques : hémiparésie faciale gauche, 
tremblement des muscles de la langue et de la face, léger spasme 
facial droit, inégalité pupillaire au profit de la pupille droite, réflexes 
patellaires très exagérés. Aucune amélioration les jours suivants. 

On commence les injections de bromure de radium à la dose de 
deux millièmes de milligramme le 29 novembre. La malade regoit 
ainsi 30 injections successives. Dès la vingtième injection, on constate 
une certaine amélioration de l’état mental. A... est plus éveillée et 
commence à répondre à nos questions ; elle sort peu à peu de sa confu- 
sion ; dysmnésie portant sur les faits des derniers mois. L’amélioration 
s’accuse rapidement ensuite et la malade regoit sa trente et unième et 
dernière injection le 28 décembre. Dans la suite les symptòmes phy- 
siques énumérés plus haut disparaissent égaiement et la malade sort 
guérie à la fin du mois de janvier. 

Obs.XXVIII. — M me T...,ágéede 47 ans,entre àla Maison Nationale 
le 4 février 1913. Un frère déséquilibré.T...a été opérée,en 1909, d’une 
tumeur du sein. Depuis elle a eu plusieurs alternatives de dépression 
n’ayant toutefois jamais présenté l’intensité de la crise actuelle. 
Début de la crise en novembre 1912 ; d’abord phénomènes dépressifs 
légers, puis troubies digestifs. En janvier ces troubles s’aggravent 
et la malade fait une tentative de suicide. A son entrée à l’asile, on 
constate un état mélancolique avec idées -de ruine, d’incapacité, 
d’auto-accusation, idées de négation, crises d’anxiété, frayeurs conti- 
nueiles. Légère confusion dans les idées. Température oscillant entre 
38° et 38°5. Les jours suivants, on ne constate aucun changement 
de l’état mental, la température reste élevée et T... éprouve beaucoup 
de difficulté à uriner. Le chirurgien de la Maison Nationale constate 
une inflammation périutérine avec phlébite gauche. Le 17 février la 
température est normale ; la confusion mentale et les idées mélanco- 
liques persistent. On commence la première injection de bromure de 
radium à la dose de deux millièmes de milligramme et on fait jus- 
qu’au 29 février une injection chaque jour. Dès la quinzième injection, 
on note une modification de l’état mental. La confusion dans les idées 
est disparue ; les idées de négation et les idées d’auto-accusation per- 
sistent; Ie sommeil est encore troublé par des cauchemars. Ces trou- 
bles diminuent chaque jour d’intensité et le 29 février on suspend tout 
traitement. T... demande à s’occuper; on la considère comme marchant 
vers la guérison.Cette bonne période dureune quinzaine de jours, puis 
la malade redevient triste; on constate chez elle des idées de persé- 
cution sans phénomènes confusionnels ou hallucinatoires. T... croit 
que toutes les autres malades la regardent de travers. Nous reprenons 
le traitement par le bromure de radium le 24 avril et nous faisons une 
série de 23 injections. L’amélioration cette fois est très rapide et T... 
quitte la maison de santé à la fin du mois de mai, complètement 

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guérie. Depuis, nous avons revu la malade qui est en très bonnesanté. 

Obs. XXIX. — M lle C....,ágée de 20 ans, entre à la Maison Nationale 
le 14 avril 1913. Pas d’antécédents héréditaires. Début des troubies 
il y a quinze jours.Préoccupations hypochondriaques, méfiance, idées 
de persécution,refus des aliments. A son entrée, on fait Ie diagnostic 
de délibité mentale avec confusion mentale, négativisme,stéréotypie, 
puérilisme, crises de colère, mussitation, gátisme. Température : 38°5; 
albumine dans les urines. 

Le 16 avril, on commence les injections de bromure de radium, 
à la dose de deux millièmes de milligramme. C... re^oit ainsi 38 in- 
jections. L’état physique s’améliore très rapidement; Talbumine des 
urines disparait, le refus des aliments, le gátisme cessent quelques 
jours après le début du traiteme it. La confusion des idées cst plu^ 
lente à céder. La physionomie devient cependant plus éveillée et le 
24 mai quand on cesse le traitement, la malade est en bonne voie 
d’amélioration. La malade complétement guérie, quitte l’établisse- 
ment au mois d’aoùt. 

Obs. XXX. — M me M...,àgée de 39 ans,entre à la Maison Nationale 
le 13 février 1913. Mère nerveuse, a eu des accès de tristesse. M... a 
eu un premier accès mélancolique à Páge de 25 ans, n’ayant pas néces- 
sité Tinternement et ayant duré six mois. L’accès actuel a débuté il 
y a quinze jours sans motif apparent. H... croyait que la guerre 
allait éclater, que les siens allaient périr; tentative de suicide; idées 
de persécution ; hallucinations auditives. A son entrée, on fait le 
diagnostic de « dépression mélancolique avec hallucinations visueiles, 
auditives, gustatives, olfactives; troubles de la sensibilité générale, 
idées délirantes terrifiantes, refus des aliments, tentative de suicide >. 
Le 17 février, on fait la première injection de bromure de radium à la 
dose de 2 miilièmes de milligramme et on fait une série de 24 injec- 
tions. Dèsla dixième injection, on note une amélioration de l'état raen- 
tal. Les idées délirantes terrifiantes disparaissent; la dépression mé- 
lancolique est moins accusée ; M... se nourrit normalement ets’occupe. 
Les hallucinations auditives persistent, mais la malade a une certaine 
conscience de leur caractère pathologique. Ces demiers troubies per- 
sistent encore deux mois. M... a quitté la maison de santé avant 1« 
guérison complète. 

Obs. XXXI. — M lle M. S..., figée de 37 ans, est atteinte de confu- 
sion mentale avec réactions mélancoliques et agitation anxieuse. 
Ce étatadébutéily a deux mois à la suite d’une violente émotion suivie 
d’insomn r. On commence le l er mai 1913 le traitement par I’injec- 
tion journalière de deux millièmes de milligramme de bromure de 
radium ; on fait ainsi seize injections. L’état mental s’améliore rapi- 
dement; toute agitation disparaìt; la malade est moins désorienlée 


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et demande à s’occuper. Cette amélioration est restée stationnaire, et 
la malade, quoique calme aujourd’hui, présente encore de ia confu- 
sion dans les idées. 

Obs. XXXII. — II s’agit de la malade qui fait l’objet de l’observa- 
tion I et qui avait été traitée par le sérum de cheval. Cette malade at- 
teinte de confusion mentale chronique n’avait présenté aucune amé- 
lioration à la suite de ce traitement. Le 2 décembre 1912, nous com- 
mengons les injections de bromure de radium à la dose journalière de 
deux millièmes de milligramme et faisons une série de 26 injections. 
Ce traitement amène une notable amélioration qui persiste dansla 
suite et qui permet à la malade de rentrer dans sa famille. 

Obs. XXXIII. — M me B..., ágée de 47 ans, entre à la Maison Natio- 
nale le 20 avril 1913. Pasd’antécédents névropathiques. Crises convul- 
sives (?) de 12 à 20 ans. Premier accès mélancolique endécembre 1909, 
terminé par la guérison après une durée de quatre mois. Le deuxième 
accès a eu un début progressif; idées hypochondriaques avec crises 
d’anxiété ; puis B... a manifesté des idées de suicide. Nous avons 
commencé le 2 octobre le traitement par une injection quotidienne de 
2 millièmes de milligramme de bromure de radium. Elie regut ainsi 
vingt injections. La malade, qui avait présenté une légère améliora- 
tion dix jours après le début du traitement,est retombée bientòtdans 
son état mélancolique. Actuellement, elle présente un facies figé avec 
raideur musculaire généralisée, voix et propos enfantins, qui font 
craindre une évolution vers la démence précoce. 

Obs. XXXIV. — M me Ch..., àgée de 56 ans, entre à la Maison Na- 
tionale le 2 avril 1913.Grand’mère maternelle a été intcrnée, morte 
suicidée. Rien à noter dans les antécédents personnels. Le début 
de l'affection remonte à une quinzaine de jours. Mélancolio d’involu- 
tion avec idées d’auto-accusation, idées de persécution,idécs et tenta- 
tives de suicide, hallucinations auditives, anxióté. On commence le 
traitement par les injections de bromure de radium le 4 avril. La 
malade a regu cinquante et une injections sans amélioration de son 
état mental. 

Ainsi huit malades ont été traitées par les injections de bromure 
de radium en solution isotonique. Elles recevaient tous les jours 
une injection sous-cutanée contenant deux millièmes dc milligram- 
me de bromure de radium. Le nombre des injections a varié, sui- 
vant les cas traités,de seize à trente-huit. Les huit cas comprenaient 
deux mélancolies aigués, une nulancolie d’involution, une mélan- 
colie périodique,une confusion mentale aiguè,deux confusions rncn- 
tales avec catatonie,une confusion mentale chronique.Trois malades 


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ont guéri sous l’influence du traitement (une mélancolie aiguè (obs. 
XXVIII), deux confuses catatoniques (obs. XXVII et XXIX). 
La malade atteinte de confusion'mentale chroniquea été améliorèe 
et a pu rentrer danssa famille; ledébutde son affection remontait 
à deux ans (obs. XXXII). La malade atteinte de confusion mentale 
aigué a été très améliorée et marchait vers la guérison quand nous 
avons été obligés de suspendre le traitement après seize injections, 
ce qui était insuffisant. Enfin une mélancolique aiguè a été amé- 
liorée, mais a quitté la maison de santé avant la guérison complète. 
De tous ces cas, les malades atteintes l’une de mélancolie d’involu- 
tion et l’autre de mélancolie périodique n’ont subi aucune amé- 
lioration. 


Enrésumé,desderniers modes de traitement que nous venons d’ex- 
poser, les plus beaux résultats ont été obtenus avec les injections 
de sérum radioactivé in vivo et in vilro. La plupart des cas de 
confusion mentale aigué ont été rapidement guéris. Parmi les 
formes de confusion mentale, dans lesquelles certains symptòmes 
laissaient craindre une évolution vers la démence précoce, la plupart 
n’ont été guéries qu’après plusieurs semaines de traitement. Chez 
certains malades, l’amélioration a été lente à se produire et s’est 
poursuivie après la suspension des injections. La fagon dont se fixe 
le bromure de radium dans l’organisrae permet d’expliquer cette 
action prolongée du traitement. 

Depuis les recherches de Dominici, M me A. Laborde et A. Laborde, 
on sait que le bromure de radium injecté dans le corps des animaux 
y persiste suivant une proportion relativement considérable en se 
fixant dans certains organes d’une fagon élective. Le squelette est 
Ic principal lieu d’arrét du métal que I’on y retrouve plusieurs mob 
après une seule injection. II est évident que les doses successives 
de bromure de radium que nous injectons à nos malades s'accumu- 
lent sinon dans le cerveau, du moins dans la bolte cranienne qui 
forme une enveloppe radifère, foyer de rayonnement et source 
d’émanation capable d’influencer la substance grise cérébrale. 

On peut encore admettre que le ròle du radium est de détruire 
ccrtaines toxines circulant dans l’organisme. 


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ESSAI DE TRAITEMENT DES PSYCHOSES AIGUES 


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La supériorité du sérum radio-activé in vivo et in vitro sur le 
sérum de cheval normal simplement additionné de bromure de 
radium est-elle due à un changement de composition du sérum 
résultant de l’action prolongée de l’émanationdu sulfate de radium, 
présent dans le corps de l’animal, sur les organes élaborant les 
plasma? Le fait est on ne peut plus vraisemblable, mais les vertus 
particulières du sérum radio-activé in vivo restent latentes lorsqu'on 
I’emploie sans adjonction de bromure de radium. Le produit ne 
paralt pas avoir une valeur curative supérieure dans ces conditions 
à celle du sérum de cheval normal indemne de radium. Par contre, 
l’adjonction de radium au sérum radio-activé in vivo paralt en 
rendre I’action thérapeutique beaucoup plus efficace que celle du 
sérum de cheval ordinaire additionné de radium. 


La technique des injections de bromure de radium est très simple. 
Le bromure dp radium en solution isotonique est renfermé dans 
des ampoules; on peut formuler ainsi: 

Bromure de radium, deux millièmes de milligramme. 

Solution isotonique : deux centimètres cubes. 

On pratique une injection à la face externe de la cuisse tous les 
jours pendant vingt jours consécutifs; on suspend le traitement 
pendant une dizaine de jours. Si aucune amélioration ne se produit, 
on recommence une nouvelle série de vingt injections. 

Pour les injections de sérum, nous nous sommes conformés aux 
règles actuellement bien précises concernant la méthode sérothéra- 
pique. 


Les réactions sériques ont été très fréquentes. Sur 26 malades 
traitéespar le sérum simple de cheval ou radioactivé,nous les avons 
observées chez 16 malades. Elles ont toujours eu une physionomie 
clinique semblable. 

A un léger degré, elle n’ont consisté qu’en une simple rougeur 
locale au niveau de l’injection. A un second degré, l’érythème 
s’étendait à la région de la cuisse voisine de I’endroit où l’injection 
avait étè pratiquée; la malade éprouvait à ce niveau une sensation 


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de chaleur et quelquefois une légère démangeaison; la température 
s’élevait le soir entre 38° et 38°5. A un troisième degré, on obsenra, 
outre l’érythème au niveau des injections, une éruption poiymor- 
phe surtout apparente au niveau des articulations du genou, du 
coude et du poignet, des douleurs rhumato!des,de la courbature. La 
température s’élevait entre 38° et 39°. 

Toutes ces réactions sériques ont cédé très rapidement. Quand 
elles atteignaient le troisième degré, il n’y avait qu'à espacer les 
injections tous les deux jours ou à n’injecter que deux centimètres 
cubes de sérum au lieu de dix, pour les faire disparaltre. Nous n’a- 
vons jaraais constaté de troubles des fonctions rénales. 

Les réactions sériques ne se sont produites qu’après plusieurs 
jours de traitement,'généralement vers le cinquième. Dnns nos treise 
cas, les réactions sont survenues une fois le troisième jour du trai- 
tement, cinq fois le cinquième jour, trois fois le sixième, deux fois 
le septième, une fois le neuvième. Chez la plupart des malades, les 
réactions sériques n’avaient lieu qu’une fois; chez d’autres, elles 
avaient une tendance à reparaítre après les autres injections, mais 
étaient très atténuées par rapport à Pintensité qu’elles présen- 
aient à leur première apparition. Si l’on pratique tous les jours une 
injection de dix centimètres cubes de sérum de cheval, c’est géné- 
lement le 'sixième jour qu’apparaissent la fièvre et i’érythéme 
au niveau des lieux d’injection. 

On peut se demander quels sont les rapports qui existent entre ks 
résultats thérapeutiques et les réactions sériques. Nous considérons 
que ces dernières ont une heureuse influence sur les psychoses; elles 
déterminent une modification de la nutrition généralede l’organisme. 
Dans certains cas, l’amélioration a débuté immédiatement après 
l’élévation thermique et les éry thèmes. Toutefois, parmi les malade 
qui ont été guéries ou améliorées par les injections de sérum, un 
certain nombre n’ont pas présenté de réactions sériques. 

Les phénomènes anaphylactiques ont étè très rares. Nous ne les 
avons observés que trois fois sur plus de 600 injections que nous 
avons pratiquées. Nous décrivons séparément ces troubles paree 
qu’ils n’ont rien de commun avec les réactions sériques. Contraire- 
ment à ces demières qui apparaissent progressivement, les phèno- 
mènes anaphylactiques sont apparus brusquement quelques mi- 
nutes après l’injection. 


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ESSAI HE TRAITEMENT DES PSYGHOSES AIGUES 


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Lepremier cas a consisté en un état syncopal avec phénomènes 
asphyxiques, diminution du pouls et des mouvements respiratoires, 
sueurs profuses, nausées. Ces troubles n’ont eu qu*une durée de 
quelques minutes; le soir, la température s’est élevée à 38 0 .C’est le 
seul cas grave que nous ayons observé; il s’est produit au début de 
nos essais, alorsque nous faisions des injections de 10 centimètres 
cubes de sérum en une seule fois. Depuis que nous faisons nos in- 
jections en deux fois en commengant par une injection dedeux centi- 
mètrescubes,nous n’avons eu que deux fois des accidents anaphylac- 
tiques extrèmement bénins, consistant en un malaise avec tendance 
syncopale d’une durée de quelques instants. Sous rinfluence d*une 
injection de deux centimètres cubes d’éther,le malaise disparaissait 
très rapidement. 

Nous ne signalerons comme contre-indications au traitement par le 
sérum radioactivé que la tuberculose. Chez les tuberculeux, les réac- 
tions sériques sont particulièrement prononcées (obs. XVIII). On 
devra, chez ces malades, táterleur susceptibilité en commengant par 
des injections de trois, quatre et cinq centimètres cubes et ne 
les pratiquer que tous les deux jours si la température dépasse 38°. 

Concurremment avec les traitements que nous venons d’indiquer, 
nous avons employé les méthodes thérapeutiques habituelles: ali- 
tement, hydrothérapie, sédatifs, reconstituants, etc. 


Pour récapituler les résultats de nos expériences, nous dirons 
que les effets curatifs de tous les produits contenant du radium 
(solution isotonique de bromure de radium, sérum de cheval addi- 
tionné de radium, sérum de cheval radioactivé in vivo et in vilro) 
se sont montrés manifestement supérieurs à ceux des produits 
dépourvus de radium (sérum simple de cheval, sérum de cheval 
ràdioactivé in vivo auquel on a omis d’ajouter du bromure de 
radium). Dans le groupe des produits radifères, nous donnons le 
premier rang, quant aux vertus thérapeutiques, au sérum de cheval 
radioactivé à la fois in vivo et in vilro par adjonction de radium. 

Si nous nous en référons à nos recherches, la thérapeutique n’est 
pas désarmée contre les psychoses aigués et dans certaines formes 
de confusion mentale laissant redouter une évolution vers la démence 


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précoce,à condition de traiter ces affections en temps opportun(l). 
Aussi nous croyons que le radium et en particulier le sérum radio- 
activé in vivo et in vilro , conserveront une place de premier ordre 
parmi les agents propres à les combattre, si nous nous rapportons 
à Pexpérience que nous avons acquise à ce sujet et aux résultats que 
nous ont permis de réaliser les perfectionnements de notre technique. 


(1) Fauser semble avoir obtenu de bons résultats avec un sérum préparé 
suivant la méthode d’Abderhalden. ( Zeitsch . /. Psych. Jad. 70, 1913.) 


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LES ALIÉNÉS A BORD DES NAVIRES 


Par M. Marcel Clerc, 
Médecin saniiaire maritime. 


La présence d’aliénés à bord d’un navire impose au médecin du 
paquebot l’obligation de solutionnei; quelques problèmes délicats 
qui relèvent de la psychiatrie d’urgence. 

Le médecin de paquebot n’est pas seulement, comme on le sait, 
un médecin sanitaire exercant, pour son propre pays, au retour, 
et pour les pays qu’il visite, en cours de voyage, les fonctions pro- 
phylactiques d’informateur de l’état de santé de son navire; il doit, 
en outre, à ce point de vue, prendre les premières mesures de défense 
contre les maladies contagieuses. II a, de plus, à soigner le personnel 
du navire et les passagers et, à ce titre, doit exercer toutes les spécia- 
lités de chirurgien, d’accoucheur, d’auriste, d’oculiste, etc., et de 
psychiátre. 

C’est dans cette demière fonction que nous envisagerons briève- 
vement son róle. On ne peut méconnaltre l’importance de ce róle 
qui nécessite un diagnostic hàtif, une intervention thérapeutique 
immédiate et une décision médico-légale mpide engageant l’avenir 
du malade. 

Après avoir étudié l’influence de la mer sur l’aliénation mentale 
et les diverses catégories d’aliénés qu’un navire transporte, nous 
considérerons les nécessités que leur traitement impose au médecin 
ainsi que les décisions qu’il doit prendre à l’arrivée du navire. Nous 
• terminerons par l’indication de quelques améliorations à apporter 
pour, au mieux de l’intérèt général.satisfaire aux garantiesqu’exige 
le traitement des aliénés, à bord et à Parrivée. 

II existe à bord des navires, au moins dc ceux qui traverscnt le 
Nord-Atlantique, deux catégories d’aliénés. Lapremièreestcomposée 
des passagers qui manifestent soudainement une psychopathie 
quelconque. La seconde est celle des aliénés renvoyés d’office dans 
leur pays d’origine par les services d’émigration des Etats-Unis. 

II existe une troisième catégorie d’aliénés dont nous ne nous occu- 
perons pas, celle des aliénés passagers accompagnès de leur famille 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


et de gardiens, pour lesquels le médecin navigant ne fait ofíice que 
de médecin consultant et vis-à-vis desquels il n’a, en général, aucune 
décision administrative à prendre à la fin du voyage. 

II est fréquent de voir des membres de Téquipage, et plus sou- 
vent des passagers, présenter subitement des troubles psychiques. 
Peut-on dire que Tinfluence de la mer, en tant que changement 
de milieu par exemple, peut provoquer le déclanchement d’un 
épisode aigu chez un prédisposé héréditaire ou chez un aliéné 
plus ou moins ancien, ou modifier et aggraver un état psycho- 
pathique préexistant? Nous avons vu quelquefois des émigrants pris 
au début duvoyage de délires hallucinatoires de couleurs variées, 
mystique par exemple, et qui se dissipaient à l’arrivée. Ces émi- 
grants n’avaient eu auparavant aucun dérangement cérébral. 
L’émigration informée les retournait quelquefois par le mème navire 
qui les avait amenés. Et, à peine le navire parti, ils redevenaient 
délirants jusqu’en Europe. Nous les laissions monter dans le train 
qui devait les conduire à destination, en apparence tout à fait sains 
et n’ayant plus le souvenir de leurs troubles momentanés. 

Je connais un gargon de cabine qui eut, au cours d’un voyage, 
son premier délire de persécution et qui jamais ne fut plus atteint. 
Nous avons vu encore des aliénés, inconnus de nous, renvoyés par 
Pémigration américaine avec des renseignements tels que : « délire 
dépressif », « hébétude », « mélancolie », « non dangereux », et pris 
ensuite de réactions motrices violentes nécessitant la mise en oeuvre 
des moyens de contention habituels. Les conditions mémes de la 
vie à bord d’un navire nous ont montré nettement dans un cas 
quelle était l’influence causale et excitatricedes réactions violentes. 
II s’agissait d’un persécuté. Le Capitaine et le Commissaire avaient, 
croyait-il, décrété sa mort par tous les supplices. Et, toutes les 
quatre heures, lorsque se fait larelèvedesservices, lescoupsdesifflet 
d’appel, les cris, les courses bruyantes des sabots le jetaient dans une 
folle terreur et lui faisaient briser tout ce qu’il avait à portée de sa 
main, au milieu de hurlements de frayeur. 

Aussi bien, toutes les variétés de troubles psychiques s’obsen'ent 
sur les navires Et, lepoint délicat, pour le médecin, est de savoirs’il 
doit de suite isoler ceux qui les manifestent dans le réduit affecté 
à cet usage. Son diagnostic doit ètre prompt et souvent il doit, sans 
souci et sans Tattente d’aucune précision nosographique, protéger 


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LES ALIÉNÉS A BORD DES NAVIRES 


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le malade contre lui-mème, et protéger l’entourage et le navire par 
un isolement précoce. 

II peut s’agir d’un alcoolique, d’un paralytique général que, dans 
un hòpital, on pourrait considérer comme des malades. Mais, à bord 
d’un navire, pour faire cesser le scandale de son attitude ou de ses 
propos et éviter des attentats contre les personnes, l’intemement 
du malade s’impose plus impérieusement qu’ailleurs. Lorsqu’il s’agit 
d’un passager de première classe, entouré de sa famille, on voit 
quelles peuvent étre les hésitations du médecin. 

II hésite d’autant plus qu’il sait que, souvent, les conditions de 
son isolement, comme nous allons le voir, vont aggraver son état. 

Voilà donc notre malade isolé. C’est, ou bien un délirant décou- 
vert par nous, ou bien un refusé qui, automatiquement, à son arrivée 
sur le navire, a été isolé. Dans cette dernière circonstance, en effet, le 
passager nous arrive avec Pétiquette « aliéné ». Nous ne pouvons 
pas hésiter, dans la méconnaissance où nous sommes de son histoire, 
à lui appliquer cette mesure de protection. 

La cellule réservée aux aliénés est, ou un hòpital débarrassé de 
tout ce qu’il contenait ou un réduit vide avec une couchette. Le 
local n’est pas capitonné; la porte, fragile, est en bois. II n’existe 
pas, en outre, de personnel spécialisé, capable de le surveiller. 

Si l’aliéné est violent, le médecin se trouve donc en présenee 
d’une indication unique mais formelle : supprimer à l’aliéné toute 
liberté de ses mouvements. Et il doit appliquer la thérapeutique des 
moyens de contrainte, c’est-à-dire de la camisole de force, théra- 
peutique condamnée par tous les aliénistes et réservée pour des 
circonstances exceptionnelles et de courte durée, telles que la néces- 
sité d’un transfert. C’est dans ce cas spécial que nous nous trouvons, 
mais le transfert dure ici des semaines. Mise à part la crainte de 
trouver notre aliéné étranglé dans la camisole de force, les symp- 
tòmes qui apparaissent vite, élévationde la température, auto-intoxi- 
cation, accélération du coeur, nous amènent à faire enlever cette 
camisole et les circonstances nous obligent à la faire altemative- 
ment remettre, enlever, et ainsi de suite. 

Avec un service de garde bien organisé et un infirmier bien stylé, 
le voyage s’achève. 

II arrive bien qu’un aliéné vigoureux, non ligoté, se précipite 
lorsqu’on ouvre a porte du cabanon, bouscule ses gardiens, monte 


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REVUE DE PSYCHIATRIE 


sur le pont comme une flèche et se jette à la mer. II n’y a vraiment 
là aucune responsabilité pour le.médecin, si Pon doit déplorer ce 
fait fácheux. 

II arrive aussi, d'autre part, qu’un aliéné, libre et inconnu, se 
suicide, sans que personne ait eu connaissance de ses intentions. 
II y a souvent à bord, à part les alcooliques, des gens d’allure étrange, 
qui s’isolent eux-mémes des autres passagers, qui ne se couchent 
pas, déambulent la nuit, qui marmottent toujoursdes paroles à voix 
basse. II y a des gens que la peur de sombrer affole. Sont-ce des ori- 
ginaux, des nerveux ou des aliénés? 

Appelé un jour auprès d’un passager qui s’était tiré six coups 
de revolver dans une cabine de bains, je me suis trouvé en présence 
d’un homme jeune, d’aspect sympathique et parlant clairement; 
il m’expbqua avoir voulu éviter les poursuitesM’Américains qui e 
suivaient parce qu’il avait failli es écraser en automobile à New- 
York. L’enquéte m’apprit qu'il avait dit un jour simplement: « J’ai 
failli écraser des gens à New-York. Je m’en vais en Europe, pour 
ne pas étre poursuivi.»Aurais-je connu cette parole prononcèe que, 
en toute conscience, je l’aurais laissé en liberté. II mourut trois jours 
après. 

Journellement, le médecin de paquebot re^oit des confidences de 
passagers dénotant chez eux une inquiétude mentale plus ou moins 
vive, mais ne relevant pas de la thérapeutique. Et, si quelques 
paroles de désespoir ou de crainte, ou TénoHcé de théories singu- 
lières devant un médecin, Téclairent sur les événements subséquents, 
tels que le suicide ou un acte de violence, elles ne pouvaient l’au- 
toriser que dans des cas nets, à prendre antérieurement la moindre 
mesure de coercition vis-à-vis de ces détraqués qui sont légion. 

Mais le navire arrive. Que faire des aliénés? C’est ici que le tact 
du médecin aura à s’exercer et que souvent, dans l’angoisse, i 
aura à prendre une décision d’ordre administratif. Les détraqués 
libres débarquent avec les autres passagers, et le médecin quelque- 
fois respire avec plus de calme. Mais les isolés? Le médecin consi- 
dérant que le voyage est terminé, que les passagers sont arrivés à 
destination, ne peut simplement, sur cette seule base, élargir son 
malade. II ne peut lui rendre sa liberté que s’il estime disparues les 
raisons de son isolement. Tant que ces raisons persistent,ildoit main- 
tenir la mesure prise. 


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Origirìal frn-m 

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LES ALIÉNÉS A BORD DBS NAVIRES 


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S’il s’agit d’aliénés découverts au cours de la traversée, les com- 
pagnies de navigation se placent, vis-à-vis du médecin, sur un ter- 
rain de roc lorsqu’il leur fait part de ses scrupules. Cet homme est 
dangereux ou il ne l’est pas. S’il est dangereux, faites-le interner si 
vous croyez devoir le faire; sinon, laissez-le partir avec les autres 
passagers. — Tel est Ie dilemme dans lequel elles enserrent le méde- 
cin. Une entreprise commerciale ne peut pas tenir un autre langage. 
II faut reconnaltre d’ailleurs que Ifes compagnies de navigation lais- 
sent au médecin l’entière latitude de se déterminer. Les commis- 
saires d’émigration tiennent le mème langage que les compagnies. 

Mise en liberté ou intemement, tels sont Ies partis entre lesquels 
il faut choisir. Ces décisions à prendre sont très graves pour le mé- 
decin de paquebot insuffisamment éclairé et sur la disparition pos- 
sible des troubles psychiques de son malade et sur la nécessité avérée 
de son internement. II est des cas certes où l’hésitation n’est pas 
permise. Mais, dans combien de cas le médecin, gros d’inquiétude, 
ouvre la porte de l’hòpital sur un malade réticent que l’on ne reverra 
peuUètre plus ou qu’on trouvera halluciné sur une rive de la Seine, 
parlant en sa langue croate ou serbe aux passants parisiens ; ou bien 
il signera, encore plus angoissé, un certificat d’internement pour un 
homme qu’il n’aura jamais interrogé parce qu’il parle turc, arménien 
ou hébreu, mais chez qui il soupgonne des troubles psychiques. 

Pour les aliénés renvoyés par des services d’émigration, tels qu’ils 
sont organisés en Amérique, l’examen et la détention qu’ils ont subis 
avant le départ sont des garanties pour le médecin de bord qui ne 
fait, pour ainsi dire, que contresigner, en cas d’internement, I’opinion 
des médecins étrangers; mais en cas de mise en liberté, il s’inscrit 
en faux contre leur diagnostic ou tout au moins il reconnaít que leur 
état, tel qu’il a été diagnostiqué, ne nécessite aucune mesure de 
préservation. D’ailleurs, l’obligation où se trouvent les compagnies 
de navigation, de par la loi américaine sur l’émigration, de trans- 
porter jusqu’à son pays d’origine I’aliéné déporté, vient libérer 
le médecin de toute décision à prendre. Dans le cas où l’aliéné ne 
peut étre transporté sans danger pour lui-mème ou pour les autres, 
ou pour toute autre raison, le méme dilemme qu’auparavant s’im- 
pose au médecin. 

Nous pensons qu’une troisième mesure pourrait, à I’occasion, ètre 
prise à l’égard d’un aliéné, ou supposé tel, à l’arrivée du navire : 


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Origirìal fro-m 

UNIVERSfTY OF MICHIGAN 



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REVUE DE PSYCHIATRIE 


c’est la misc en observation. Arpès une semaine ou deux de séjour, 
ou davantagc s’il est nécessaire, dans un hòpital, le malade pourrait 
étre évacué sur Tasile si l’aliénation mentale se confirme. Le médecÌD 
de bord ne ferait de certificat d’intemement qu’en présence d’une 
affection psychique bien caractérisée, à réactions dangereuses. La 
dépense des frais de séjour ne devrait incomber, en aucun cas, aux 
compagnies de navigation. Chaque nation paierait pour ses ressor- 
tissants, et les transferts des malades dans leur pays d’origine se 
feraient périodiquement par les soins du personnel des asiles, comrae 
il est d’usage entre asiles nationaux. 

II est permis en effet de dire que les conditions de garde et d’ac- 
compagnement par un personnel non spécialisé, comme celui des 
gargons de paquebots, n’offrent pas de garanties suffisantes au 
point de vue du malade et du public. 

En résumé, la question des aliénés à bord des navires demande à 
ètre étudiée en vue d’impérieuses modifications, aussi bien en ce qui 
concerne le transport que l’assistance ò l’arrivée. 

Les Etats-Unis ne renonceront jamais au renvoi des aliénés 
étrangers introduits chez eux. Ils ont mème pour le renvoi un délai 
de trois ans. 167 aliénés, sans compter les idiots, les imbéciles et les 
faibles d’esprit, ont été rapatriés enEurope en 1908, 1909 et 1910. 

Ces aliénés ne pourraient-ils étre ramenés par chaque compa- 
gnie, toujours sur les mémes navires (deux par exemple) qui seraient 
pourvus d’une installation hospitalière perfectionnée et d’un 
deuxième infirmier, les autres navires gardant leur installation de 
fortune pour les aliénés dont la psychopathie éclate à bord? 

Ne pourrait-on, en outre, créer dans les hòpitaux des ports, des 
services d’isolement pour recueillir les aliénés mis en observation, 
ces malades étant acceptés d’office surunsimplecertificatindiquant, 
non la nécessité de l’internement, mais celle de la mise en observa- 
tion, le certificat d’intemement n’étant fait que postérieurement, 
s’il y a lieu, et par le médecin de l’hòpital? 

Enfin, la question des frais dc séjour et de transfert pourrait 
ètre facilement réglée par un aceord international, instituant une 
procédure d’échange analogue à celle de l’extradition. 

II est permis de penser que la réalisation de ces diverses sugges- 
tions serait de nature à assurer les garanties qu’exigent les mesures 
prises à l’égard des aliénés amern's par des navires. 


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Origiaal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHÍGÀN 



REVUE DES LIVRES 


PrèoiB de Psychiatrie, par E. Régis, Professeur de Clinique psycbiatrique à 
la Paculté de Médecine de Bordeaux, Correspondant nationalde PAcadémie de 
médecine [ouvrage couronné par la Faculté de médecine de Paris, 1887, par 
TAcadémie de médecine, 1895, par l’Institut (Académie des sciences) (1907)]. 
Cinquième édition, entièrement revue et corrigée, avec 98 figures dans le texte 
et 7 planche, dont 5 en couleurs, hors texte. Collection Testut, 1 vol. in-18 colom- 
bier, cartonné, de 1.230 pages. Parw O. Doin, 1914; 12 francs. 

La cinquième édition du Précis de psychiatrie du professeur Régis 
vient de paraìtre. C’est, croyons-nous, la première fois qu’un précis 
de maladies mentales atteint, en France, sa cinquième édition. ìì 
importe de souligner ce fait qui, s’il affirme le rare mérite de l’oeuvre de 
Régis, montre de plus l’intérèt toujours croissant que les nouvelles 
générations témoignent pour la psychiatrie. 

Analyser le contenu de cette cinquième édition est chose impossible. 
On se contentera d’en donner le plan et d’en ! marquer les caractèris- 
tiques. Une Introduclion hislorique précède les trois « Livres « qui com- 
posent l’ouvrage: 1° Pathologie générale; 2° Pathologie spécialb; 
3° Pratique psychiatrique. Le premier « Livre » se divise en deux 
chapitres; l’un traite des Généralilés relaiives auxpsychopaihies (causes, 
évolution, anatomie pathologique); l’autre, des Symptòmes géné- 
raux 1° des Psychopathies-maladies (troubles de l’idéation, des 
perceptions, de l’affectivité, de la conscience, de l’activitó, troubles 
physiques), et 2° des Psychopathies-iNfirmités (stigmates de dégé- 
nérescence). La Classificaiion de l’auteur termine le Livre premier. 

Le Livre II est consacré à la pathologie spéciale. Les Psychoses - 
maladies (manie, mélancolie, manie et mélancolie par accès, confusion 
mentale, démence précoce, psychoses systématisées) sont étudiées en 
premier lieu;puis vient le chapitre des Psychoses-infirmilés: les unes, 
ou Dégènérescences , comprennent les déséquilibrations, la débilité men- 
tale, les psychoses des dégénérés (délires, folie morale, psychose crimi- 
nelle), l’imbécillité et l’idiotie; — les autres, ou Déchéances , sont des 
infirmités d’involution (démence sénile, etc.). 

Toutes les formes dont il a été question jusqu’ici sont des Etats 
psychopaihiquts primiiifs. Une autre catégorie réunit les Psychopaihies 
sympiomaiiques ou associées (états toxiques, auto-toxiques, infectieux, 
psychopathies des maladies exotiques (intoxications, infections et 
parasitoses), les psychopathies des maladies du système nerveux 
(paralysie générale, etc.), les névroses (hystérie, épilepsie). 


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UNIVERSETY OF MICHIGAN 



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REVUE DE PSYCHIATRIE 


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Le Livre III est consacré à la Pratique psychiatrique. Dans uae 
première partie, Pratique médicale , sont étudiés le diagnostic, le traite- 
ment, Tassistance et la législation des aliénés. La seconde partie est la 
Pratique médico-légale (responsabilité; crimes |et délits des aliénés; 
expertise psychiatrique, capacité; rapports médico-légaux). 

Comme particulièrement intéressants au point de vue clinique, fl 
faut citer les chapitres consacrés par M. Régis à la psychose systéma- 
tisée progressive, auxobsessions et impulsions, aux psychosesdélirantes 
des dégénérés, à la confusion mentale typique, à la paralysie générale, 
à la démence précoce... 

M. Régis a voulu faire une place importante aux psychoses d'auto- 
irúoxications et d'infections , et cela d’abord en raison du ròle considé- 
rable de ces facteurs en psychiatrie, ensuite parce que ces maladies 
représentent la presque totalité des innombrables psychoses sympto- 
matiques auxqueiles le praticien a particulièrement affaire. Nul mieux 
que le savant professeur de Bordeaux n’était préparé 'à écrire i’his- 
toire de ces délires des hòpitaux dont l’étude est en général un peu 
négligée, au profit des délires plus graves observés dans les asiles. 

La Pratique psychiatrique, qui comporte près de 250 pages, a été 
traitée par M. Régis de la fagon la plus complète et la plus intéressante. 
Huit rapports médico-légaux iilustrent cette partie de l’ouvrage. On y 
trouve, à chaque page, des indications pratiques, des renseignements 
sur tout ce qui a trait à la vie médico-administrative des asiles, à la 
responsabilité et à la capacité des aliénés. Ces chapitres seront fort 
utiles aux médecins aliénistes et aux médecins experts. 

Le Précis de psychiatrie du professeur Régis est éminemment pro- 
pre à favoriser le réveil et la diffusion des études de pathologie raen- 
tale. L’autorité universellement reconnue de l’auteur, son érudition 
prodigieuse, la clarté de ses descriptions, sa critique impartiale, le 
caractère, à la fois scientifique et pratique, de son Précis , telles sont 
quelques-unes des qualités qui ont fait le grand succès de ce livre. 
Ajoutons qu’il a le mérite de faire entrer définitivement la psy- 
chiatrie dans la médecine ordinaire par la voie des grandes doc- 
trines de la pathologie générale actuelle (auto-intoxications, infec- 
tions). 

Nombreusessontles catégories de lecteurs auxquelles cet ouvrage 
rendra des services.Auxmédecinspraticiens,il donne des descriptions 
ciaires des divers types de vésanies, et surtout, il enseigne ce qu’ils 
ont besoin de connaítre, les psychoses d’auto-intoxications et d infec- 
tions qui sont au premier chef de leur domaine professionnel, car c’est 
eux qui doivent les observer et les traiter. Pour les débutants en 
médecine mentale, les médecins des prisons, les médecins des armées 
de terre et de mer, les magistrats et les avocats, les psychologues, le 
Précis de M. Régis sera un guide des plus sùrs. 


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UMIVERSITY OF MICHIGAN 



HEVUE DES LIVRES 


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Enfinle médecin aliéniste lira avec un intérèt puissant les chapitres 
nouveaux de la présente édition : il y trouvera une mise au point des 
questions actuellement à l’ordre du jour, un inventaire complet de 
l'état de la psychiatrie írangaise et étrangère en 1913. La troisième 
édition (1905) renfermait déjà bien des chapitres neufs ou plus ou 
moins refondus.La quatrième édition (1909) contenait d’intéressantes 
additions et modifications concernant les recherches expérimenìáles en 
psychiatrie, Vapraxie , le syndrome de Ganser, le délire d'inlerprélalion, 
la démence sénile , Vopiumisme , le mongolisme , les iroubles psychiques 
par perlurbation des glandes à sécrélion interne , la paralysie générale 
traumatique , les psychoses hystériques , la législalion et Vassislance des 
aliénés , le régime des aliénés criminels , les psychoses el Vexperlise 
psychiatrique dans Varmée. 

L’édition actuelle est une véritable revision,page par page, des édi 
tions précédentes; on en verra tout Tintérét par la simple énuméra- 
tion des additions nouvelles : VEugénique en Psychiatrie , les concep- 
tions de Freud et la psycho-analyse , les délires d'imagination, la confu - 
sion meniale , les psychoses systémaiisées et la paranola, la démence 
précoce, la psychose maniague-dépressive,Vidiotie familiale amauroiique, 
la démence presbyophrénique, la démence ariério-scléreuse, la psychose 
alcoolique chronique, les psychoses endocriniennes, les psychoses exo- 
iiques , Vassisiance des [aliénés en France ei aux f colonies, le recruie- 
meni et le slalul des médecins des asiles, la législaiion sur les aliénés, 
les aliénés criminels, le divorce pour cause de folie , les iesiaments des 
aliénés. 

M. Régis, appréciant le ròle historique de la Psychiatrie frangaise, 
se plalt à en louer « les incomparables qualités de fine observation, 
d’ordre, de méthode et de clarté ». L’oeuvre scientifique tout entière 
du professeur de l’Université de Bordeaux et son Précis de Psychialrir 
nous sont des témoignages que ces qualités demeurent toujours la 
caractéristique de la psychiatrie frangaise. 

D r P. Sérieux. 


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REVUE DES SOCIÉTÉS 


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SOGIÉTÉ DE PSYGHIATRIE 

Séance du 23 octobre 1913. 

Ménage délirant halluciné chronique, par MM. Laignel- 
Lavastine et Cambessédès. — Dans ce ménage, le mari présente 
depuis six ans une psychose hallucinatoire chronique type. Sa femme, 
de caractère rèveur, peu affectueuse, mais nettement supérieure à 
lui commo intelligence, le surveille pendant deux ans et rit de son 
délire. Dans la troisième année, à la suite de chocs émotifs (cambrio- 
lage, scène terrifiante au cinématographe, réactions dangereuses du 
mari), la femme accuse à son tour des hailucinations visuelles, audi- 
tives et génitales avec paroxysraes oniriques dont le contenu n’a 
aucun rapport avec le délire du mari; de plus, elle manifeste un état 
de dissociation de la personnalité avec écho de la pensée, qui fait 
également songerà l’existence chez elle d’une psychose hallucinatoire 
chronique. Après quelques réserves sur l’exactitude de ce diagnostic 
chez une malade dont on ferait presque aussi bien une délirante para- 
noide, une confuse post-émotive ou méme une auto-intoxiquée orga- 
nique (kvste ovarien probable), MM. Laignel-Lavastine et Cambes- 
sédès envisagent la possibilité d’une contagion mentale entre les 
deux époux. Sans parler d’une véritable contagion directe par 
suggestion, « il y aurait, disent-ils, un peu plus qu’une siraple coin- 
cidencc fortuite de deux psychoses hallucinatoires chroniques dont 
l’une, encore au début, est en partie masquée par destroubles contin- 
gents d’origine émotive et onirique, dans le déterminisme desquels 
la fatigue physique et morale, résultant d’une vie conjugale agitée 
avec un aliénè, paraít devoir entrer en ligne de compte®. II s’agirait 
donc apparemment d’un délire à deux, par contagion indire:te, cor- 
respondant à la troisième calégorie de G. Dumas où « Ie délire du 
premier malade agit sur le second malade par les émotions vives 
qu’il détermine ». 

M. Gilbert-Ballet approuve le diagnostic de psychose hallucinatoire 
chronique chez les deux malades, en raison de la dissociation de leur 
personnalité; il repousse l’hypothèse d’une contagion mentale quel- 
conque et croit qu’il s’agit là simplement d’une curieuse et intéressante 
coincidence. 

MM. Arnaud et H. Meige critiquent le qualificatif d’hystérique 
appliqué par les auteurs à certains troubles de leur malade. 


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Origirìal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



REVUE DE5 SOCIÉTÉS 


519 


Sur un cas de psycbose póriodique, par MM. Pierre Kahn et 
Génil-Perrin. — Un malade de vingt-neuf ans, à lourde hérédité 
nerveuse, cyclothvmique, déséquilibré dès l’enfance, présente, depuis 
1907, des alternatives mal tranchées d’cxcitation etde dépression qui 
pourraient faire penser à l’hébéphrénie, mais iin’a ni affaiblissement 
intellectuel, ni indifférence affective. Evidemment dégénéré, ce malade 
est de plus, selon sa propre expression, un cxcilo-dépressif. En effet, ses 
réactions motrices sont vives et paraissent relever d’une ex^itation 
maniaque légère ; mais son tonus affectif est triste, d’ordre mélan- 
colique. Pour les auteurs et le professeur Gilbert-Ballet, c’est un cas 
type de psychose périodique à forme mixte (Kraepelin) dont le pronos- 
tic ne semble guère devoir comporter d’intermissions longues et 
nettes. 

Délire d’imagination et psycbose périodique, par MM. Lévy- 
Valensi et Jean Vinchon. — II s’agit d’une jeune femme de vingt- 
quatre ans, à antécédents assez chargés, de caractère à la fois émotif 
et rèveur, orgueilleux etréticentqui, présente un délire d’imagination, 
de contenu polvmorphe, avec idées mégalomaniaques, ambitieuses, 
érotiques et mystiques, sans hallucinations ni interprétations déli- 
rantes nettes et sans affaiblissement intellectuel acquis. Ce délire est 
apparu il y a environ dix mois au cours d’un accès d’agitation tantòt 
maniaque, tantòt hypomaniaque, survenu peu après des fièvres 
paiudéennes. De 17 à 20 ans, la malade aurait présenté un état de 
dépression avec un véritable délire mélancolique d’aulo-accusation. 
Entre lcs deux accès, se trouverait un intervalle apparemment nor- 
mal d’environ deux ans. Les auteurs estiment qu’actuellement l’accès 
maniaque est guéri tandis que persiste le délire dont la possibilité de 
guérison leur parait des plus douteuses. Us se demandent à quelle 
entité nosologique on peut rattacher ce syndrome assez analogue à 
certaíns ca$ rapportés par Antheaume et Trepsat où un délire ima- 
ginatif continu évolue à travers des accès maniaco-dépressifs. M. Henri 
Vallon pense qu’il s’agit plutòt d’une démence précoce en évolution 
et donne plusieurs arguments en faveur de ce diagnostic. 

Unauto mutilateur récìdiviste, parM.GeorgesGÉNiL-PERRiN. — 
M. Génil-Perrin présente un infirmier de quarante-deuxans,débile psy- 
chasthénique,decaractèreinstablcetvaniteux, qui, en 1902, s’est prati- 
quélui-méme l’amputation delavergeet, le 19mars 1913,s'estextirpé 
une partie du rectum. Ces deux opérations ont été faites après anes* 
thésie par injection intra-rectale de cocaine; l’extirpation du rectum 
avait été précédée à trois ou quatre mois d’intervalle d’une première 
tentative que l’ivresse cocainique de l’anesthésie rendit infructueuse. 
Chaque íois, le malade fut trouvé sans connaissance, baignant dans 
son sang, et guérit rapidement après les sutures. Interrogé sur les 
motifs de ces actes d’auto-mutilation, le malade donne timideme n 


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Qriginal fro-m 

-wlJNIVERSITY OF MICHIGAN 



520 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


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une série de versions contradicloires ; il semble toutefois ressortir 
de ses réponses qu’il a surtout cherché à se débarrasser d’infirmités 
gènantes : d’abord, une fistule acquise de l’urètre qui ne lui permet- 
tait plus« de se présenter devant une femme», ensuite un prolapsus 
rectal qu’on avait refusé de lui opérer. La première fois, il cherchait 
de plus un prétexte à fuir le mariage. Malgré son séjour de deux ans 
dans une communauté religieuse comme moine garde-malade, rien 
n’autorise à le considérer comme un anormal sexuel ou comme un 
délirant mystique ; ce n’est non plus ni un mélancolique ni un dément, 
Le fonds mental de ce malade, qui s’est toujours montré déséquilibré 
instable, inadapté, suffit à donner la raison de ses actes. C’est en vertu 
d’un raisonnement de débile et d’un défaut originaire de jugement 
que cet individu s’est mutilé au lieu de se confier au chirurgien. Peut- 
ètre aussi sa vanité native lui donnait-elle une confiance exagérée 
en ses connaissances chirurgicales... 

Examen anatomique d’un cas de paralysie génórale post- 
traumatique, par MM. Ch. Vallon et Laignel-Lavastine. —Cette 
présentation concerne les pièces recueillies à l’autopsie d’un malade, 
maréchal-ferrant, dont la paralysie générale se manifesta à la suite 
d’un coup de pied de cheval regu à la partie gauchc de l’os frontai. 
Le choc avait déterminé une plaie de cinq centimètres n’intéressant 
que les parties molles. 11 y avait eu perte brusque de connaissance; 
puis, à son réveil, le malade s’était plaint de céphalée, de scotomes 
scintillants et d’hypoacousie du cótégauche; bientòt survenaient des 
troubles de Ja mémoire, des phénomènes dysarthriques, de l’inéga- 
lité pupillaire, enfin des idées ambitieuses et des propos incohérents, 
tous signes de paralysie générale progressive qui se termina par la 
mort, íin mars 1911. 

L’autopsie a confirmé le diagnostic clinique. II n’existe pas de trace 
d’hématome méningé à gauche, còté du tràumatisme, et l’hémisphére 
de ce còté est moins atrophié que l’hémisphère droit. —Aumicroscope, 
on voit que l’infiltration inflammatoire méningo-conjonctivo-vascu- 
laire est diffuse avec prédominance, comme c’est la règle, dans les 
circonvolutions frontales, mais sans intensité plus grande à gauche. 
L’étude de la sclérose méningée et de l’atrophie des fibres tangentielles 
des deux còtés ne permet pas de saisir une antériorité possible des 
lésions gauches sur les droites. II ne s’est donc agi, en réalité, ni d’hé- 
raatome méningé traúmatique, ni de méningo-encéphalite traumatique 
localisée, mais bien de paralysie générale post-traumatique par mé- 
ningo-encéphalite diffuse subaiguè. 

F. Usse. 


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UMIVERSITY OF MICHIGAN 



REVUE DES SOCIÉTÉS 


521 


SOGIÉTÉ MÉDICO-PSYGHOLOGIQUE 

Séance du 24 novembre 1913. 

M. le Président donne lecture d’une lettre de M. le Préfet de la 
Seine qui, conformément à l’avis de la Commission de surveillance ad- 
ministrative des asiles publics d’aliénés du département, priela Société 
de lui donner son avis sur l’opportunité de la création d’une chaire 
d’enseignement de la chirurgie des aliénés, création dont le principe 
a été voté par le Conseil général. 

M. Picqué expose comment il conQoit cet enseigneinent et quel en 
serait le but. 

Après observations de MM. Valon, H. Colin et Arnaud, la Société 
décide à la majorité de nommer une coramission chargée de préparer 
la réponse à M. le Préfet de la Seine. 

Sont élus : MM. Colin, Dupré, Klippel, Séglas, Vallon et Vi- 

GOUROUX. 

La commission de surveillance ayant désiré connaìtre pour sa 
séance du 2 décembre, l’avisde la Société Medico-psychologique, celle- 
ci décide de se réunir le 29 novembre en séance extraordinaire. 

Après lecture d’un rapport de M. Arnaud, M. le D r Valtorta (de 
Còme) est nommé membre associé étranger. 

* 

* * 

Traitement de la P. G.par des injections intra-rachidiennes 
de sels mercuriels. — M. Page communique les observations de 
2 paralytiques généraux qu’il a traités par des injections ; intra-rachi- 
diennesde sels mercuriels; il a obtenu des améiiorations et croit que 
l’hypothòse d’une coincidence peut ètre éliminée, la réaction de Was- 
sermann ayant été modiíiée parallèlement à l’amélioration clinique. 

M. Marciiand rappelle qu’il avait fait des tentatives analogues 
il y adéjàonzi' ans, qu’il avait communiquéà la Société Médico-psy- 
chologique des résuitats très encourageants, et qu’ii avait dù inter- 
rompre ses recherches en changeant de service. II est convaincu qu’il 
faut persévérer dans le sens actuellement indiqué par M. Page. 

M. Arnaud cst également partisan du traitement [énergique et 
précoce de^ paralvtiques généraux. 

M. Juquelier fait remarquer que cette tendance tend actuelle- 
ment à se g néraliser : lui-mème, en collaboration avec M. Leredde, 
poursuit des essais de salvarsanothòrapie, jusqu’ici encourageants. 

La démence épileptique, par M. Maurice Ducosié. — Les épi- 
leptiques internés sont déments dans la proportion de 80 0/ 0. Les chif- 
fres des auteurs oscillent entre 70 et 90 0 /0, ce dernier pourcentage 


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UNIVERSfTY OF MICHIGAN 



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REVUE DE PfeYCIJ IATRIE 


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étant donné par M. Ducostó qui a examiné une soixantaine d’épilep- 
tiques hommes. 

Jusque vers la seconde moitié du xix e siècle, on ne s'était euère 
occupé que <íc l’ótiologie de ia démence comitiale, sans en décrire ni 
mème rechercher ch s symptòmes particuliers. Delasiauve dégagea 
une forme caractériséc par la chronxité de la confusion, et Morei 
décrivit la forme terminale où les épileptiques ressemblent de Uvs près 
aux paralytiques gónéraux arrivés à la dernière période. Les au- 
teurs contemporains ont décrit chez les épileptiques, les formes 
paralytique, précocefsimplc, h b jìhrénique.paranoideetcatatonique), 
s nile, alcoolique, vésanique ; il ont encore distingué l'iinbécillité 
et ridiotie èplileptiques, mais ont rejeté rexistence de tout symptòme 
propre ò la déincnce comitiale, si bien que l’un d'eux a pu ècrire : 
« qu'en l’ignorance des convulsions, le diagnostic est impossiblc* entre 
la démence èpileptique et tout aulre forme de démence 

Contrairement à cette opinion, M. Ducos'é avance que la démence 
épileptiquc a des caractères tout à fait spéciaux,faciles à mettre e:i 
relief, si on examine les malades en dehors des accidents post-convul- 
sifs et confusionnels, et d’ailleurs entrevus et mème décrits par Schule, 
Wildermuth et Chaslin qui tout récemment a parlé d’une r forme 
ralentie « de la démcnce comitiale. 

En dehors des formes terminale, paralytique, de Morel et de la 
forme confuse chronique de Delasiauve, l’auteur décrit longuement 
ia « forme amnésique » propre à la démence épileptique ; elle se carac- 
térise par une amncsic dc forme et évolution spèciaies, et un ralen- 
tissement très prononcó de toutes les opérations psychiques. L’amné- 
sie est rétrograde, consciente, porte sur ies souvenirs les plus anciens, 
parcellaire au début ct lorsqu’elle devient totale laissant cependant 
subsister quelques blocs de souvenirs isolés, plus ou moins anciens, 
et facilement rattachables à une émotion vive ressentie autrefois par 
le malade. Ces reliquats donnent lieu à des réactions psychologiques 
à caractères d’incohérence et de confusion, généralement confondues 
avec la confusion fort-paroxystique. 

Le ralentissement des opérations intellectuelles est corstant et 
toujours très évident. II fait croire à un affaiblissement global des 
facultés intellectuelles qui, enréalité, sont plus entravéesque détruites, 
comme il est facile de s’en rendre compte par un 'examen patient. 

Directement et exclusivcment issusdel’amnésieet du ralentissement 
des processus psychiques, apparaissent parfois des dèlires qu’onpeut 
appeler dès lors« démentiels». Lemalade, par exemple, mis en présence 
desouvenirs anciens, qu’il nepcut pas incorporer à sa viemnésique, 
croit se souvenir d’une vie antérieurement vécue dans un autre irionde, 
ou avoir changé de personnalitè (délire de métempsychose ou de dé- 
personnalisation). 

P. Jl’QUELlER. 


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Original ftom 

UNIVERSITY OF MICHIGAN i 



REVUE DES SOCIÉTÉS 


523 


SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE 

Séance du 17 novcmbre 1913. 

Contributioii à Tétude du traitement des encéphalopathies 
par le néo-salvarsan. — MM. Legendre et Juquelier ont pratiqué, 
depuis un an, sur trente malades de l’asile de Moisselles,de nombreuses 
injections en série de néo-salvarsan à des doses variant de 0 gr. 15 à 
1 gr. 50. Les auteurs insistent d’abord sur rinnocuité du traitement 
qui, lorsqu’il est prudent au début, peut ètre prolongé et peut devenir 
intensif sans provoquer d’accidents. Dans un seul cas (paralysie 
générale avancée), ils ont observé un érythème scarlatiniforme géné- 
ralisé et suivi de desquamation qui se reproduisit trois fois chez la 
mème malade à l’occasion de trois injections successives, mais qui 
guérit chaque fois sans laisser de traces. 

Les malades traitées appartiennent aux catégories suivantes : 
paralysie générale, artérite cérébrale, chorée post-hémiplégique, etc... 
Un certain nombre ont été améliorées, et parmi elles, les auteurs en 
présentent deux :une paralytiquegénéraleetune syphilitiqueatteinte 
de chorée et de troubles de l’équilibre, qui leur paraissent avoir parti- 
culièrement bénéficié du traitement par le sel d’Ehrlich. 

M. Truelle qui a longuement observé et soigné la deuxième des mala- 
des présentées, et qui a indiqué aux auteurs qu’elle pourrait ètre trai- 
tée avec avantage, constate chez elle une amélioration notable. 
Dans son service actuel, un paralytique général avancé semble s’étre 
immobilisé comme évolution, sous l’influence du 606, et la lymphocy- 
tose de ce malade a bien diminué. 

M. A. Marie a traité par l’arseno-benzol de nombreux malades 
de son service de Villejuif, et en particulier des paralytiques. II est 
convaincu de l’effet thérapeutique du sel d’Ehrlich : sous l’influence 
du traitement, il a constaté, en méme temps que d’heurcuscs trans- 
formations cliniques, des modifications humorales indiquant une 
atténuation du processus infectieux spécifique. 

M. Vigouroux a également utilisé le salvarsan dans son service 
de Vaucluse. S’il n’a pas obtenu de résultats chez les paralytiques 
déjà avancés auxquels il s’est adressé, il a été plus heurcux dans 
d’autres cas, et en particulier chez un syphilitique atteint de confusion 
mentale. II n’a en tout cas jamais observé d’accidents. 

M. Leredde complète la communication faite en commun avec 
M. Juquelier en attirant l’attention de la Société sur les points sui- 
vants. 

C’est au début que les accidents de l’application du salvarsan sont 
à craindre; aussi, convient-il d’administrer d’abord des doses faibles ; 
mais un malade qui a franchi sans incident la troisième injection peut 
ensuite recevoir des doses massives (jusqu’à 1 centigramme de salvar- 
san ou 1 centigramme 1 /2 de néo-salvarsan par kilo de poids). 


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UNIVERSSTY OF MICHÍGAN 



524 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


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Les paralytiques généraux ont des réactions sérologiques auss 
intenses que ies syphilitiques secondaires]; il est très diíficile d’obtenir 
que leur réaction de Wassermann devienne complètement négative; 
aussi, convient-il de continuer à les traiter, mèmelorsqu’ils sontclini- 
quement en excellent état. 

Lorsqu’au lieu de s’adresser à des paralytiques internés et déjà 
avancés, on traite en ville des paralytiques au début, il est normal 
de les voir s’améiiorer et de les voir reprendre leurs occupations, ce qu: 
ne veut pas dire qu’ils sont guéris. 

M. Laignel-Lavastine croit aussi qu’il est indispensable de distin- 
guer les conditions de l’intervention en ville de cellesldans lesquelles 
on intervient à i’asile après l’internement des malades. A l’asile,ies 
malades traités ne s’améiiorent qu’exceptionneliement, parce que 
leurs lésions sont trop anciennes. Du temps où on les traitait par le 
mercure, ils supportaient très mal le traitement; du moins semble-t-iì 
que le saivarsan bien manié n’est pas nocif, etqu’ila méme assez fré- 
quemment une bonne influence sur l’état général. 

M. Leredde pense que les accidents étaient plus fréquents avec 
le mercure qu’avec le salvarsan, parce qu’avec le mercure la dose 
toxique est très voisine de la dose thérapeutique ; la marge est moins 
étroite en ce qui concerne le sel d’Ehrlich. D’autre part,biendes acci- 
dents consécutifs à l’application du traitement mercuriel étaient 
des faits de réactivation, des exemples de réactions d’Herxheimer sur 
lesquels on a beaucoup insisté à propos du salvarsan et qu’on connais- 
sait mal auparavant. 

M. Laignel-Lavastine retient plus volontiers que l’autre la première 
des deux explications proposées par M. Leredde. 

M. A. Marie ajoute qu’il est fácheux que le traitement parfle 606, 
chez les paralytiques généraux au début, soit parfois la cause d’une 
bouffée d’excitation ou de dólire, ce qui n’aggrave pas l’état du 
malade, mais ce qui peut précipiter l’internement et entraine fataie- 
mentl’action thérapeutique. II n’en estime pas moins,avecM. Lereddc, 
que le degré de l’incurabilité de la paralysiegénéraledoitétrecombattu. 

Maladie de Basedow. Dépression mélancolique avec óma- 
ciation guérie au bout de quatre ans. — MM. Trénel et Capgras 
présenteuL une'malade de41 ans. atteintede maladiejde Basedowetde 
psychose maniaque dépressive. Le dernier accès a duré quatreanset 
s’est caractérisé par une asthénie profonde avec excitation; le poid? 
est descendu à 24 kilos. Aetuellement, il existejun iéger étathypoma- 
niaque et en 13 mois le poids de la malade s’est élevé à 59 kilos. 

J. Crinon. 


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Origiaal from 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



TABLE DES MATIEBES 


A 

Alcoolique (réves lilliputiens chez un), 
87. 

Alcoolisme (réactions psychologiques 
dans l’), 129. 

— (recherches hématologiques 

dans l’), 41, 349. 

— (ròle de l’) dans la pathogénie 
de l’épilepsie, 1. 

Aliéné (habitation de l’), 126. 
Aliénés à bord des navires, 509. 

— parisiens (mariage et vie conju- 

gale de mille), 77. 

— régicides, 125. 

— (sortie des), 43. 

— voleurs, 438. 

Alzheimer (maladie d’), 15. 
Amentia et états voisins, 128. 
Amnésie traumatique, 122. 
Anorexies de la puberté, 259. 

— mentale, 305. 

Anormaux (principes) du sang des 
aliénés, 131. 

Asiles de la Seine (réformes daps les), 
441. 

Association de la confusion mentale, 
62. 

Auiosuggestion chez un obsédé, 207. 
Automutilateur récidiviste, 619. 

B 

Bombes asphyxiantes (premières vic- 
times des), 266. 

Borique (acide) dans le traitement de 
Pépilepsie, 87. 

Butenko (réaction de) chez les aliénés, 
130. 

C 

Cachexie immédiate et tumeurs céré- 
brales, 42. 


Calcul (disposition congénitaleau), 211. 
Chirurgie et hystérie, 84, 221. 
Chorée aigué et troubles mentaux, 481. 
Circulation dans la démence précoce, 
42. 

Comparution enjusticed’aliénés inter- 
nés, 85. 

Condamnés militaires, 208. 
Conducteurs d’autos (examen médi- 
cal des), 263. 

Confusion mentale (Associationsde la), 
62. 

— — intermittente, 62. 

— — etpsychosediscordante, 102. 

— — et suggestions accidentelles, 
127. 

Congrès du Puy, 340. 

Conscience du délire chez un persé- 
cutó, 121. 

Couple morbide, 122. 

Courrières (état mental des rescapés 
de), 124. 

Criminels à responsabilité atténuée, 
176. 

Crises conscientes et mnésiques d’épi- 
lepsie convulsive, 87. 

Cysticercose et p. g., 133. 

D 

Débile délirant (utilisation d’un) pour 
commettre des escroqueries, 208. 
Défense (moyens de) employés par 
les persécutés, 121. 

Dégénérescence (idée de), en médecine 
mentale, 45. 

Délire chez les enfants, 218. 

— (conscience du) chez un persé- 

cuté, 121. 

— d’imagination dans la p. g.,214. 

— d’imagination et psychose pé- 

riodique, 619. 

— d’influence et obsession émo- 

tive, 86. 

— obsessif, 254. 

— post-traumatique, 8G. 


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Original from 

UNIVERSETY OF MICHIGAN 



526 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


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Démence consécutive à une psychose 
prolongée, 416. 

— épileptique, 307. 

— neuroópithéliaie, 39. 

— paranoide, 208. 

— précoce, 482. 

— — (circulation dans la), 42, 

350. 

— — (formes cliniques attri- 

buées à. la), 42, 350. 

— — (d’après la conception de 

Bleuler), 317. 

— — (glandes à secrétion interne 

et 483. 

— — (historique), 72. 

— — et p. g., 39. 

Diagnostic tardif d’une psychoseconsì- 

dérée comme faute professionnelle 
lourde, 34. 

Divorce et aliénation mentale, 258. 

— (idèe pathologique de), 207. 

E 

Enfcrde la bibliothèquenationale, 155. 
Epilepsie et grossesse, 305. 

— (influence de la menstruation 

sur les crises d’), 177. 

— larvée et démence, 167. 

— post-traumatique, 304. 

— ct pouls lent permanent, 348. 

— (thèrapeutique de P), 168. 

— (traitement de l’) par les 

bromures et le régime végé- 
tarien, 264. 

— (traitement de 1*) par l'acide 

borique, 87. 

— tramnatique, 304. 

Epilepsie jacksonienne (crises d’) pro- 

voquées ii volonté chez un épilep- 
tique à crises convulsives, 38. 
Erotismc chez deux saturnins, 168. 
Etat mental imaginatif, 298. 

Etats seconds hystériques, 42. 

F 

Faux policiers mythomanes, 256. 
Félix Plater (psychiatrie clinique dans 
l’ceuvre dc), 265. 

Fétichisme du mouchoir, 209. 

— dc la soie, 209. 

G 


sous l’influence d’injections sous- 
cutanéesd’oxygène, 371. 

H 

Habitation de l’aliéné, 126. 
Habsbourg (tanatophilie chez les), 27. 
Hébéphrénie (phénomènes dyspathi- 
ques dans l’), 305. 
Hémathologiques (recherches) dans 
l’alcoolisme, 41. 

Mémolytique (action) du sérum du 
sang des aliénés, 131. 

Hérédité vésanique similaire, 133. 
Historique de la démence précoce, 62. 
Hystérie (champ inculte de l’), 306. 

— et chirurgie, 84, 221. 

— et névroses, 132. 

I 

Idée de dégénérescence en médecine 
mentale, 45. 

Imaginatif (état mental), 298. 
Influence de Pentourage sur la forme 
du délire de certains mélancoliques. 

— (délire d’) et obsesslon émo* 
tive, 86. 

Inspection psychiatrique des prísons, 

Intemements dits abusifs, 24. 
Interprétations dólirantes et percepti* 
vité cénesthésique, 239. 

Invisibles (les), 29. 

J 

Jalousie et délire de jalousie, 255. 

KL 

Législation (réforme de la) sur les 
aliénés, 89, 185, 250. 

Liquide céphalorachidien dans la p. g., 
218. 

M 

Maculateur de statues, 209. 
Mariage de mille aliénés parisiens. 77. 
Mémoire des faits récents chez les 
aliénés et les psychopathes, 285. 
Méningite séreuse ettroublesmentaux, 
347. 


Gch igle 


Origirìal from 

UNIVERSITY OF MlCfílSJíto 



TABLE DES MATIÈRES 


527 


Menstruation (influence de la) sur 
l’épilepsie, 177. 

Mouvement (troubles du) dans la 
démence précoce. 309. 

Myoclonie épileptique, 397. 
Myopatliie progressive chez deux 
frères, 88 . 

Mythomanie chez les faux policiers, 

256. 

N 

Navires(aliénés à bord des), 509. 
Nucléinate de soude (action du) en 
rnédccine mentale, 175. 


O 

Obsédés (pseudo-délire et autosug- 
gesiion chez les), 207. 

Obsessif (délire), 254. 

Obsession émotiveetdélired’influence, 
86 . 

Opératoires (indications) chez les 
aliénés, 340. 

Oxyde de carbone et troubles men- 
taux, 87, 165. 

P 

Paralysie générale et cysticercose, 123. 

— — et démenceprécoce,39,298. 

— — (étiologie de la), 127. 

— — (évolution lente de la), 253. 

— — infantile, 124, 300. 

— — (questions médicolégales re- 

latives à la), 352. 

— — (résultat négatif du traite- 

ment spécifique dans la),299. 

— — sénile, 299. 

— — et spirochètes, 168. 

— — traumatique, 348. 
Paraiytique (syndrome) déterminé par 

une encéphalite non folliculaire, 39. 
Paralytiques généraux (capacité de 
tester des), 40. 

— — (présence du tréponème 

dans le cerveau des), 301. 
Paranoía (rapport de la) et de la psy- 
chose périodique, 402. 
Parasyphilitiques (aiiénations men- 
tales dites), 458. 

Paresse pathologique, 299. 

Persécutés (moyens de défense des), 
121 . 


Phobie (un cas de) à systématisation 
délirante, 105. 

Plomb (le) dans les centres nerveux, 
217. 

Préoccupations physiologiques (délire 
de), 217. 

Presbyophrénie (pathogénie de la), 
346. 

Prisons (inspection psychiatrique des), 
118. 

Pseudo-dólire et auto-suggestion chez 
un obsédé, 207. 

Psychiatrie clinique dans Félix Plater, 
265,424. 

Psychoses confusionnelles (parenté 
entre les), 128. 

Psychose dégénérative (un cas de) 
post-émotionnelle, 150. 

— dépressive (formes de) à carac- 

t-ère hypocondriaque, 129. 

— discordante et confusion men- 

tale. 122. 

—- périodique et délire d’imagina- 
tion, 619. 

— périodìque (rapports de la) 

avec la paranola, 402. 

— puerpérale, 126. 

Puberté (anorexies de la), 259. 

H 

Radium (le) dans le traitement des 
psychoses, 485. 

Rapport de M. Mirman sur le service 
des aliénés, 35. 

Réflexes psychiques (abolition des) 
dans le tabes, 261. 

Régicide (examen d’un aliéné), 125. 
Responsabilité atténuée chez les cri- 
minels, 176. 

— d’un malade portant sur des 

actes antérieurs à son inter- 
neinent, 162. 

Réves liiliputienschez un alcoolique,8 7. 
Rougeole (psychoses au cours de la), 
126. 

s 

Sang des aliénés (principes anormaux 
du), 131, 351. 

— (modifications cytologiques du) 

dans les principales psycho- 
ses, 40. 

Saturnins (érotisme chez deux), 167. 
Sclérose latérale amyotrophique et 
troubles mentaux, 168. 


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UNIVERSÍTY OF MICHIGAN 



528 


REVUE DE PSYCHIÀTRIE 


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Seconds (états) hystériques, 42. 
Séquestration des aliénés à domicile, 
484. 

Somatique (étude) des maladies mcn- 
tales, 131. 

Sortie des aliénés, 43. 

— — décidées par les médecins 

experts, 216. 

Specht (théorie de), 402. 

Spirochètes et p. g., 168. 
Staphylococcémie et troubles men- 
taux, 346. 

Sulfure de carbone et troubles men- 
taux, 87. 

Syphilis cérébrale (syndromes men- 
tauxdusà la), 219. 

— (méthode de diagnostic de la) 

pour les maladies nerveuses 
et mentales, 130. 


T 

Tanatophilie des Habsbourg, 27. 
Tester (capacité de) des paralytiques 
généraux, 41. 


Thyroldienne (origine) des troubles 
mentaux, 210. 

Traumatique (amnésie), 522. 

— (épilepsie), 304. 

— (étiologie) imaginaire, 127. 

— (délire post), 86. 

Tréponème (présence du) dans le cer- 

veaudes paralytiquesgénéraux. 301. 

U 

Uranisme (un cas d’) simple, 36. 
Utilisation par des escrocs de deux 
amoureuses de prétres, 38. 


V 

Venin de cobra (réactions d’activation 
du) dans les maladies mentales, 162. 


W 

Wassermann (réaction de) et ; iè- 
nation mentale, 438. 


Le Gèrant : O. DOIN. 

PARIS. — IMPRIMERIB LBVÉ, 71, RUB DB RBNNE6. 


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UNIVERSt'n' OF MICKfGAN 



BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 


I 


gopplément à !a Bevae de Psychiatrie. Janvier 1918. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE 

FRANCE 

AnnalesMédico-Psychologiques (1912, II, n oa 4 et 5, octobre-novembre). 

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Bulleiin de Ylnsliiul général psychologique 
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Bullelinsel Mémoires dela Sociélé Médicale des Hópiiaux (1912, 28® an.) 

Claude (H.). La mesurede la pression du liquide céphalo-rachidien. 
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Caducée (Le) (1912, 12® an.). 

Régis (E.). Note clinique et médico-légale sur les troubles psy- 
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Clinique (La) (1912, 7® an.). 

Mignot (Roger). Paralysie générale avec conscience et état obsé- 
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UNIVERStTY OF MICHIGAN 



II 


REVUE DE PSYCHIÀTRIE 


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Gazelle des Hòpilaux (1912, 85« an.). 

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Iconographie de la Salpèlrière (iV eU «) (1912, 25 e an., n° 4, juillet-aoùt). 

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Psychialrisch-Neurologische Wochenschrifl 
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Wanke. Psvchialrio und P&dagogik in Beziehung zur geschlechUi- 
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sche Wirkungen des Erdbebens vom 16 novembro 1911. N°32, 9 novem- 
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saltsgr0sse.N°33,16novembre.381-390. Schedtler. ZumFall Albrecht 
390. Rein (Oskar). Das neue Laboratorium der Brandenburgischen 
Landes-Irren-Austalt zu Landsberg. N° 34, 23 novembre 393-397. 
Jahrmàrker (M.). Die Pflegschaft gemàss § 1910, Abs. 2, 3 BGB 
ùber entmQndigungsreife Geisteskranke. 397-400. Fuchs. Zur Svmp- 
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sche Albuminurie. 401. Uhlmann (Fr.). Das Adalin in der psy- 


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Original fro-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 


III 


chiatrischen Anstaltspraxis. N° 35, 30 novembre. 406-412. Jahr- 
mJLrker (M.). Die Pflegschaft gemftss § 1910, Abs. 2, 3 BGB ùber 
entmOndigungsreife Geisteskranke. 412-414. Ratner. Grundlinien 
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krankheiten. 414-415. Eisath (Georg). Ein krimineller Fall vom 
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ANGLETERRE 

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BELGIQUE 

Annales Pédologiques (Les ) (1912, IV, íasc. I, octobre). 

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Bullelin de la Sociéié de Médecine menlale de Belgique 
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Libert (Lucien). Les perversions instinctives au début de la démence 
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20 octobre. 381-386. Bouchó (G.). La craniectomie décompressive 
[Suite et fin). 387-394. Crocq. Un cas d’impuissance asthénique. 
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ESPAGNE 

Trabajos del Laboralorio de invesligaciones biológicas 
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Origirìal frn-m 

UNivERsrry of michigan 



IV 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


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Influencia de las condiciones mecánicas sobre la regeneraciòn de los 
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ETATS-UNIS 

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ITALIE 

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(1912, V, fasc. 11, novembre). 

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Sopra Tazione clelle iniezioni endovenose di estratto salino di plessi 
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racliidiano. 494-501. 


LIVRES REQUS 

Chaslin (Ph.). Elémenls de Sémiologie ei Clinique menlales . 1 vol., 
956 p., 1912, Asselin et Ilouzeau, Paris. 

Usse (D.-F.). Les délires d'imaginalion dans la paralysie générale , 
1 br., thèse de Paris, 165 p., 1912, Jouve et C !e , Paris. 


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UNIVERSITY OF MICHSGAN 



BULLETIN BIBLIOORAPHIQUE MEN8UEL 


V 


gnpplémmt 4 U B«rn* da P«yohl»trle. Férrier 1818. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE 

FRANCE 

Annales médico-psychologiques 
(1912, 10* s., II, n° 6, décembre). 

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Bullelin de la Sociélé Clinique de Mèdecine menlale 
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Gougle 


Original fru-m 

SITY OF MICHIGAN 




VI 


RBVUE DB PSYCHIATRIE 


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Un enfant arriéré. Considèrations physio-pathologiques. 304-307. 
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Bouffée ambitieuse à l’occasion de faits exacts chez un dégénéré et 
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BuUdin Médical (Lt) (1912, 26* an.). 

Bérard (L.). Les traumatismes du crftne (suile) : commotion et 
contusion de I’encéphale, n° 103,29 décembre. 1171-1174.(1913,27« an.) 
Orasaat. La défense sociale contre les criminels à responsabilité 
atténuée, n° 2, 4 janvier. 15-18. 

Clinique (La) (1913, 8« an.). 

Mirallié (Ch.). Résultats du traitement de l’épilepsie par le bro- 
mure et le régime achloruré, n° 3, 17 janvier. 34-36. Vigonrooz (A.). 
Psychopathie et chirurgie. 40-41. 

Eneéphale (L') (1912, 7« an., n° 10,10 octobre). 

Magalhaaa-Lamoa. HaUucinations unilatérales de l’oule. 268-287. 
Caatro (Aloysio de). Le syndrorae thyro-testiculo-hypophysaire, 
n° 11, 10 novembre. 329-333. Barbé (A.). La psychose hallucinatoire 
tardive des alcooUques. 334-338. Libert (L.). Essai nosologique sur 
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Enfance anormale (L') (1912, n ,le s., n° 11, novembre). 

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Gazelle des Hópitaux (1912, 85« an.). 

Collin (A.). Le champ inculte de l’hystérie, n° 144, 17 décembre. 
2033-2038. Banon (R.). Enervement, anxiété périodiques et névroses 
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Iconographie de la SalpUrilre ( Nouvelle ) 
(1912, 25* an., n° 5, sept.-oct.). 

Patit (G.). EpUepsie tardive et troubles mentaax consécutifs à un 
violent traumatisme cranien. 384-390. 

Journal de Psgchologie normale et palhologique 
(1912, 9* an., n° 6 novembre-décembre). 

Lagriffa (L.). La psychologie d’Auguste Strindberg (1849-1912). 
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cUniques. L’haUucination de l’oule dans la folie systématique. Délire 


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Qriginal frn-m 

UNivERsrry of michigan 



BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 


VII 


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Snall (Otto). Bericht iiber die Psychiatrische literatur im Jahre 
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Psychialri8ch-Neurologische Wochenschrifl 
(1912, Vierzehnter Jahrgang). 

Wlttermann (E.). Pariser Reisceindrucke, n° 37, 14 déc. 431-435. 
RJngling (A.). Georg. Chr. Schwarz. 435-437. Eiaath (G.). Ein kri- 
mineller Fall vom klinischen und gerichtspsychiatrischen Gesichts- 
punkte betrachtet. 437-439. Moerchen (F.). Die entmundigungs 
sache peill-schillings, n° 38, 21 décembre. 445-452. Schwarz (G.- 
Chr.). Professor Dubois und die « Arbeitstherapie » (Eine Verteidi- 
gung), n°39, 28dècembre. 457-461. Langer(P.). Spieleim freien. 461- 
462. Schwarz (G. Chr.). Professor Dubois und die« Arbeitstherapie », 
n° 40, 4 janvier, 471-475.Moravek (Josef). Die Regelung der Verhalt- 
nissedes Bediensteten-und Pflegepersonals der kgl. bóhmischen landes- 
anstalten fflr Geisteskranke, n°41,11 janvier. 483-489. Zweiter bericht 
Mobius Stiftung, n° 42, 18 janvier. 497-500. Errichtung einer neuen 
der Heilanstalt der provinz Sachsen in Muhlhausen in thùr. 500-504. 
Treiber Erfahrungen mit dem mastixverband nach v. Oettingcn. 
504-505. Lomer (G.). Luminal bei Geisteskranken. 505-507. 

BELGIQUE 

Journal de Neurologie (1912, 17« an.). 
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Strong (Edward K.) The effect of length of series upon recognition 


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Qriginal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



VIII 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


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general illumination of the retina upon its sensitivity to color. 463- 
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expériment on memory. 491-492. 

Journal of Nervous and Mental Disease ( The) 
(1912, 39, n° 11, novembre). 

Bondurant (Eugène-D.). Terminal States in Pellagra Resembling 
General Paresis, with Report of Five Cases. 734-738. 

ITALIE 

Annali di Frenialria e seienze affini 
(1912, XXII, fasc. 3, septembre). 
Marro (A.). L’« Eugenica »ossia la scienza della coitura della razza 
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193-216. Potro (F.). Mitomania e simulazione di reato speciaimente 
considerate negle adolescenti. 251-274. Bossi (L.-M.). Malattie utero- 
ovariche e psicopatie. 275-284. 

Rivisla ilaliana di Neuropatologia, Psichialria ed Elettrolerapia 
(1912, V, fasc. 12, décembre). 

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Rivisla di Psieologia (1912, VIII, n° 6, novembre-décemhre). 

Ferrari (G.-C.). La « Scuola dei cavalli » a Elberfeld. 461-478. 
Mackensio (W.). I cavalli pensanti di Elberfeld. 479-517. Botti (L.). 
Di alcuni casi di grandezza apparente, di distanza e di prospettiva. 
518-532. 

Raasegna di Sludi Psichialrici (1912, II, fasc. 5, septembre-octobre). 

Lucangeli (G.-L.). Contributo clinico ed istopatologico allo studio 
dei disturbi nervosi e mentali in uremici. 395-408. Saziguineti (L.-R). 
Studio clinico sperimentale sopra un nuovo ipnotico (Luminal). 
408-411. 


EXTRAITS 

Lowy (Max). Ueber eine Unruheerscheinung: die Halluzination des 
Anfures mit dem eigenen Namen (ohne und mit Beachtungswahn). 
1 broch., in-8, 131 p. extr. de « Jahrbiichern fur Psychiatrie und 
Neurologie » XXXIII. band, 1911. Marienbad. 


UVRES REgUS 

Ingenieroe (José). Principes de Psicologia Biologica. 1 vol. de la 
Bibliotéca Cientifico Filosofica, in-8, 468 p. 1913. Daniel Jorro, 
Madrid, prix : 6 pesetas. 


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BULLETIN BIBUOORAPHIQUB HEN8UEL 


IX 


lopplfattt à I* Rwe de PiycMatrle. Iin 1818. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DE PSYCHIATRIB ET DB PSYCHOLOGIE BXPÉRIMENTALE 

FRANGE 

Archives de Neurologie (1913, vol. 1, 11« s. n° 2, févriep). 

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cas d’infantilisme chez un idiot avec microgyrie. Contribution & 
Fètude de la pathogénie de l’infantilisme. 69-83. Marie (A.). Un 
manicome sur la lagune. 84-86. Erzoakow (J.). L’épilepsie hysté- 
rique. 87-103. 

Bullelin de la Sociité Clinique de Médecine Menlale 
(1912, 5« an., n° 9, décembre). 

Marie(A.). 1° Saturnisme et aliénation mentale. 2° Un automuti- 
lateur. 323-326. Legras. Une affaire médico-légale. Simulation. 
Présentation de l’inculpé. 327-340. Briand (Marcel) et Salomon. 
Infantilisme avec dégénérescence mentale : acromégalie; cryptorchi- 
die; dépression mélancolique, préoccupations hypocondriaques. 
Amélioration de l’état mental par le traitement opothérapique. 
340-345. Leroy. Délire hypocondriaque par interprétations, avec 
réaction suicide et homicide familial. 345-349. Demay. Délire systé- 
matisé d’origine onirique chez un débile. 349-353. Vigouroux et 
Hérísson-Laparre. Deux observations de tumeurs cérébrales. 
353-358. Courbon (Paul). Le pansement des eschares par l’enfu- 
mage iodé. 358-359. 

Clinique ( La ) (1913, 8 a ann.). 

Mirallié (Gb.). Résultats du traitement de l’épilepsie par le bro- 
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Encéphale (L’) (1912, 7* an., 2« sem., n° 12, 10 décembre). 

NouSt (Henri). Association du tabes, de la paralysie générale et 
de la maladie de Basedow. 444-449. Libert (Lucien). Valeur séméio- 
logique du syndrome interprétation en pathologie mentale. 449-469. 

(1913, 8 e an., l er sem., n° 1, 10 janvier). 

Mairet (A.) et Margarot (J.). Dégénérescence mentale et hystérie. 
1-24. Laignel-Lavastine et Jonnesco (Victor). Recherches histo- 
logiques sur l’hypophyse des psychopathes. 25-43. Ladame (Paul- 
Louis). Névroses et sexualité. 51-72. 

Enfance anormale (L’) (1913, nouvelle série, n° 13, janvier). 

Martin (Etienne). Etudes sur l’enfance coupable. La production 
et l’observation des enfants délinquants au moment de leur séjour 
dans les prisons. 15-30. 


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UNIVERSfTY OF MICHIGAN 



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RBVUB DB PSYCH IA.TR1B 


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In/ormaleur des aliénistes el dea neurologiales (L') 
(1913, 8« an., n° 1, 25 janvier). 

Libert (Lucien). Les aliénés en Orient (Grèce, Erapire ottoman, 
Egypte). 29-44. 

Journal de Psgchologie normale el pathologique 
(1913, 10® an., n° 1, janvier-íévrier). 
Pawlow (J.-P.). L’inhibition des réflexes conditionnels. 1-15. 
Verrier (Paul). Les variations temporelles du rythme. 15-24. Puillet 
(P.) et Morel (Léon). La méthode des connaissances usuelles dans 
l’étude des démences. 25-36. Masselon (René). L’hallucination et ses 
direrses modalités cliniques. 37-42. Polimanti (Osv.). Etude de quel- 
ques nouvelles illusions optiques géométriques. 42-47. 

Presse Médicale (La) (1913). 
Déierine (J.) et Gauckler (E.). Compréhension de la neurasthénie. 
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Revue de Médecine légale (1913, 20 e an., n° 1, janvier). 
P. J. Aranésie ou simulation. 6-8. 


ALLEMAGNE 

Psychialrisch-Neurologische Wochenschrift 
(1912-13, Vierzchnter Vahrgang). 

Grassberger (Karl). Der Osterreichische Strafgesetzentwurf und 
die Offentlichen Heilanstalten fQr Geisteskranke. N® 43, 25 janvier. 
511-517. Grassberger (Karl). Der Osterreichische Strafgesetzent- 
wurf und die Offentlichen Heilanstalten fQr Geisteskranke. N° 44, 
l er février. 521-526. Tb (Z.). Hohenegg bei Meilen (ZQrichsee). 526- 
527. Mònkemoller. Die GebQhren fQr Vorbesuche bei schriftlichen 
Gutachten. N° 45, 8 février. 533-539. Entscheidung des Kgl. land- 
gerichts I Berlin Qber besondere VergQtung von « Vorbesuchen ». 
539-541. Moerchen (Friedr.). Zur Frage der Berufsvormundschaft. 
N° 46, 8 février. 545-547. Grassberger (Karl). Der Osterreichische 
Strafgesetzentwurf und die Offentlichen Heilanstalten ÍQr Geistes- 
kranke. 547-553. Goere. Zuziehung des Psychiaters im verfahren 
gegen Jugendliche. 553-555. 

ANGLETERRE 

Journal of Merúal Science ( The) (1913, LIX, N° 244, janvier). 

Maudsley (Henry). Mental organization : an introductory chapter. 
1-14. Savage (G. H.). The presidential address, delivered at the 
opening meeting of the section of psychiatry of the Royal Society of 
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on death certification and registration. 27-53. Muirhead (Winifred). 
The care of the defective in America. 53-66. Glarke (Geoffrey). The 


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Origiaal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHÍÍiAN 



BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUB MEN8UBL 


Xt 


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67-75. Baird (Harvey). Urethritis in general paralysis, with remarks 
on the exhibition of hexamethylene-tetramine. 75-81. Simpson 
(E. S.). A case of methcemoglobinuria followed by multiple neuritis. 
81-86. Boyd (William). Leucocytosis produced by the injection of 
normal saline solution. 86-87. Dwyer (P. J.). Morphino-mania 
with suggested visual hallucinations. 87-89. 

BELGIQUE 

Bulletin de la Sociélé de Médecine Menlale de Belgique 
(1912, n° 165, décembre). 

Famenne (Paul). Infections et pathogénie mentale. 434-448. 
Mignard (M.) et Petit (G.). Délire et personnalité. 449-463. Joire 
(Paul). Un instrument de diagnostic des raaladies nerveuses. 463-481. 
Deroitte (V.) Les lacunes de l’assistance judiciaire et socialedes 
anormaux. 482-501. 

Journal de Neurologie (1912, 17 e an.). 

Lévy (Paul-Emile). Les principes du traitement rééducateur dans 
la neurasthénie et les névroses. N° 24, 20 décembre. 461-466. 

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American Journal of Insanity (The) 
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Hvird (Henry M.). Three-quarters of a century of institutional 
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Some psychological, observations in the insane. 511-519. Eyman 
(Henry C.). The legitimate use of psychic influences in the treatment 
ot the sick. 521-529. Tomlinson (H. A.). The role of the nervous 
system as affecting the symptomatology of disease, and the influence 
of disturbance of its functions on morbidity. 531-541. Meyer (Adolf). 
The nature of metastatic tumors of the thyroid. 543-549. Miller 
(Henry W.). Report of a case of pellagra in maine with remarks 
upon recent work on the etiology of the disease. 551-557. Harpas 
(Morris J.). Analysis of psychosexual ancesthesia in a case of psycho- 
pathic personality. 359-569. Dewey (Richard). The jury law for 
commitment of the insane in Illinois (1867-1893) and Mrs. E. P. W. 
Packard, its author, also later developments in lunacy legislation in 
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heredity in epilepsy. 585-603. Mc Gaffin (C. G.). A study of the 
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indians. 615-623. Child (Howard T.). Ocular symptoms in general 
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UNIVERSETY OF MICHtGAN 



XII 


RBVUB DB PSYCHIÁTRIE 


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American Journal of Psychologg (The) 
(1913, XXIV, n° 1, janvier). 

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Martin (Lillien J.). The electrical supply and certain additions to 
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(Theodate L.). Paramnesia in Daily Life. 52-65. Strong (E. K.). A 
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depressive insanity. 66-98. Ruckmich (C. A.). The use of the term 
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Journal of nervous and menlal disease (The) 
(1913, vol. 40, n° 1, janvier). 

Thomas (John Jenks). Retardation and constitutional inferiority 
in connectionwith education and crime. 1-17. Knimhholz (Sigmund). 
Localized encephalitis of the left motor cortical region with epilepsia 
continua. 17-36. 

P8ychological Bullelin ( The) (1912, IX, n° 12,15 décembre). 
Cooley (C. H.). Valuation as a social process. 441-450. Crane (H. 
W.). General reviews and summories. Criminal psychology. 451-453. 

RÉPUBLIQUE ARGENTINE 

Archives de Pedagogia y ciencias afines 
(1912, XI, n° 31, décembre). 

Roveda (Nicolas). Contribución al estudio histo-patológico de 
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107-110. 


EXTRAITS 

Rignano (Eugenio). Qu'esl-ce que le raisonnemenll (Traduit pax 
Georges Bourgin), 1 broch. 30 p. Extr. de t Scientia », Vol. XIII, 
7« ann. (1913), N. XXVII, 1. Nicola Zanichelli, Bologna. 

Bessière (René). Paranoìa ei psychose périodique . — Essai histo- 
rique f clinique , nosographique , médico-légal. 1 broch., 163 p., 1913. 
Alfred Leclerc, Paris. 

Bischoff (Ernest). Lehrbuch der Gerichllichen Psychiatrie fàr 
Mediziner und Juristen. 1 broch. in-4°, 275 p., 1912. Urban et 
Schwarzenberg, Berlin et Wien. 

The one hundred and fifteenth annual reporl of the Board of managers 
ofihe Spring Grove State Hospilal near Caionsville , Baltimore Counly . 
Novembre 1912, 1 broch., 43 p. Press of James Young N. E. Cor. 
Baltimore and North Sts. 

Sixly-second annual repori of the Siate lunatic hospiial al Harris - 
burg , Penna. For the year ending may 31, 1912. 1 broch., 63 p. J. 
Horace Mc Farland Company Mount Pleasant Press. Harrisburg, Pa, 


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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MEN8UEL 


XIII 


Sttpplément à lABevne dt Piychiatria. Man 1911. 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DE PSYCHIATRIE ET DE P8YCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE 

FRANGE 

Annales médico-psychologiques (1913, 10 e 8., n° 1, janvier). 

Leroy (A.) et Grenil-Perrin (G.). Ironie et imitation chez un 
catatonique. 5-14. Malfilatre et Devaux. Du syndrome pellagrolde. 
15-22. Schmid Guisan (Hans). Rapportmédico-légal surTétat mental 
d’un hystérique accuséde quinze attentats à la pudeuravec violence, 
23-35. Colin (H.). Le quartier des ùreté de Villejuif (aliénés criminels, 
vicieux, difficiles, habitués des asiles) ( suite ). 36-65. Golin (H.). Un 
cas d’uranisme. Crime passionnel commis par Tinverti. Présentation 
du malade. Comm. à la Société médico-psychologique, sóance du 
30 déc. 1912. 36-65. 

(1913, 10 e s., III, n° 2, février). 

Ladame (Ch.). La loi de l’intérèt momentané et la loi de l’intérèt 
éloigné. 129-139. Lóvéque. De la fugue chez les déséquilibrés et dans 
un cas de démence primitive de Delasiauve, démence précoce de 
Krapelin. 140-149. Adam (Fr.). Accès confusionnels chez un persécu- 
té persécuteur. 150-154. Belletrud et Froissard. Meurtre, tentative 
de meurtre et tentative de suicide. Paralysie générale chez un dégénéré 
à ascendance épileptique. 155-169. Colin (H.). Le quartier de sùreté 
de Villejuif (aliénés crirainels, vicieux, difficiles, habitués des asiles) 
(suile el ftn.) 170-178. Voivanel (Paul). L’homicide en pathologie 
mentale. 179-190. Briand et Vinchon. Influence de l’entourage sur la 
formule de certains délires mélancoliques (Comm. à la Société 
médico-psychologique), séance du 27 janvier 1913. 198-208. 

Archives de Médecine et Pharmacie navales (1913, XCIX, n° 1, janvier). 

Hesnard. Un cas de paralysie générale progressive post-insola- 
toire. 50-66. 

Archives de Neurologie (1913, I, 11® s., n° 2, mars). 

Pàris (Alex.). Paralysés généraux condamnés et incarcérés. 137- 
140. Varenne (Georges). Essai sur le « Cafard ». 140-147. Damaye 
(Henri). L’ictus dans les maladies mentales. 148-152. Rodiet (A.). De 
la division des services à la Colonie familiale de Dun-sur-Auron. 
153-158. Kipiani (Varia). Ambidextrie. 158-165. 


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Original fro-rri 

—UWIV€RSl'Fí'-QF MICHIGAN 



XIV 


RBVUB DB PSYCHIATRIE 


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Bull. de la Soc. Clinique de Médecine Menlale (1913,6* an., n° 1, janv.). 

Lwoff et Puillot. Críses d’épilepsie jacksonienne provoquées à 
volonté chez une épileptique à crises classiques. 10-13. — Briand (U.) 
et Vinchon. Utilisation de deux débiles pour commettre des escroque- 
ries et des tentatives de chantage dans les milieux religieux. 14-26. 
Leroy et Rogues de Fursac. Un ménage de syphilitiques : paralysie 
générale et démence précoce. 27-31. Pactet et Vigouroux. Un cas de 
démence neuro-épithéliale. 31-35. Bonnet et Marchand. Syndrome 
paralytique déterminé par de l'encéphalite tuberculeuse non follicu- 
laire. 36-38. Demay (G.) et Hérisson-Laparre. Tumeur de la couche 
optique. Absence de syndrome thalamique. 39-42. 

Clinique ( La) (1913, 8* an.). 

Vigouroux (A.). Les criminels et les délinquants à responsabilité 
atténuée. N° 9, 28 février, 138-140. 

lconographie de la Salpttrière (N elle ) (1912, 25* an., n° 6, nov.-décem.). 

Obregia (A.), Parhon (C.) et Urechia (C.). Contributíon à l’étude 
de l’obésité des paralytiques généraux. 463-472. 

Paría Médical (1913). 

Oddo. Les névroses et les accidents du travail (névroses traumati- 
ques, l’expertise dans les névroses consécutíves aux accidents du 
travail). N° 12, 22 février, 281-287. 

Revue Neurologique (1913, XXl e an., l er sem.). 

Froznant (J.) et Monod (O.). Existe-t-il à proprement parler des 
images motrices d’articulatíon? N° 4, 28 février. 197-203. 


ALLEMAGNE 


Allgemeine Zeitschrift fùr Psychialrie (1913, LXX. Band, 1. Heft, 

22 février). 

Kleiat. Die Involutíonsparanoia. 1-134. Lomer (G.g.). Heilver- 
suche bei zwei Fftllen von luischer Spfttform. 135-145. 

Psychiatrisch-Neurologische Wochensckrift (1913, vierzehnter Jahrgang). 

Mangelsdorf (G.). Erfahrungen mit Ureabrominbei Epileptíkern. 
N° 47, 22 février. 557-560. Grassberger (Karl). Der Osterr. Strafge- 


Goi igle 


Original frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



BULLETIN BIBUOORAPHIQUE HENSUEL 


XV 


setzentwurf und die Offentl. Heilanstalten fOr Geisteskranke. 560-563. 
Die GebOhren fOr Vorbesuche bei schriftlichen Gutachten. N® 48, 
l* r mars. 567-568. Grassberger(Karl). Der Osterr. Strafgesetzentwurf 
und dieOffentl. HeilanstaltenfOr Geisteskranke(Schluss). 569-569-572. 
Anton Ruzicka. Die gerichtliche Kontrolle der Aufnahmen in die 
Irrenanstalten undihr Verhàltniszum EntmQndigungsverfahren. N° 49. 
8 mars. 579-587. Zud Fer rage der liquidation der Vorbesuche. 587-588. 
Herting. Zur Geschichte der Psychiatrie. II. N°50, 15 mars. 595-597. 
Lachmund. Neurologisches aus den Anstalten. 593-595. 

PsychologÌ8che Sludien (1913, VIII. Band, 2. und 3. Heft, 18 février). 

Stephanowitsch (Johann). Untersuchung der Herstellung der 
subjektiven Gleichheit bei der Méthode der mittleren Fehler unter 
Anwendung der Registriermethode. 77-116. Deuchler (G.). Beitrftge 
zur erforschung der Reaktionsformen. II. Abhandlung: Uber einfache 
Reacktionen mit verschiedenen Erwartungsformen(Fortsetzung). 
117-225. Arpa (G. F.) et Klemm (O.). Untersuchungen jOber die 
Lokalisation von Schallreizen. Erste Mitteilung : der Èinfluss der 
Intensitat auf die Tiefenlokalisation. 226-270. 


BELGIQUE 


Journal de Neurologie (1913,18* an.). 

Dide (Maurice.). Les idéalistes passionnés et leurs actions antiso 
ciales. N° 2, 20 janv. 21-25. 


ETATS-UHIS 


Alienisl and Neurologist (The) (1913, XXXIV, n* 1, février). 

Barr (Martin W.). Where fancies ly with painted wings to dazzle 
and mislead. 1-20. Kieman (J. G.) Is genius a sport, a neurosis or a 
childpotentialitydeveloped?21-25. Jelliffe(S. E.). Notesonthe history 
of psychiatry. VIII. 26-37. Bahr (M. A.). Hallucinations, their study 
and significance in psychiatry. 38-60. Hughes (C. H.). Brain menace 
to man and nation of alcoholic and other narcotic neuro-psychopa- 
thy. 61-65. 

Journal of nervous and menlal disease (1913, 40, n° 2, février). 

Auerbach (Siegmund). A new esthesioraeter. 106-108. 


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□ rigiriiBl frci-m 

_ UNIVERSITY 0F MICHIGAN 



XVI 


REVUE DE PSYCHIÀTRIE 


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ITALIE 


Rassegna di sludi psichiatriá 
(1912, II, Fasc. 6, novembre-décembre). 

▼altorta (Dario). Del canto nei malati di mente. Nota di psicopa- 
tologia clinica e di tecnica manicomiale. 465-470. De Paoli (Nino). A 
proposito della cura di POcz e Wagner. 471-475. 

Rivisla di Psicologia (1913, an. IX, n° 1, janvier-février.). 

Gemelli (A.). Di alcune Ulusioni nel campo delle sensazioni tattOL 
Nota preventiva. 1-34. Poxueo (M.). II decorso nel tempo delle rappre- 
sentazioni spaziali cutanee. 35-45. Portlgliotti (G.). Le spose di 
gesù. 46-88. 

Rivista iialiana di Neuropalologia, Psichialria ed Eleltroterapia 
(1913), VI, fasc. 2, février). 

Rossi (E.). Natura deUe anormalità deUa condotta e possibili 
mezzi di cura e di educazione. 58-70. 


LIVRES REQUS 


Genil-Perrin (Georges). Histoire des origines él de Févolution de 
Tidée de dégénérescence en médecine mentale, 1 vol. in-4°, 280 p., 1913, 
Alfred Leclerc, Paris. Prix : 6 fr. 

Reports of ihe trustees and superinlendent of the builer hospital, pre - 
sented lo tke corporation at ils sixlg-ninlh annual meeting, fanuarg 22, 
1913, Providence, R. /. 1 br., 58 p. Snow et Farnham C°, Printers, 
63 Washington street. 


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UMÍVERSITY OF MICHlSA’N 



BULBTIN BIBLIOGRAPHIQUE MEN3UBL 


XVII 


Bnppléawi à I* Eam d> Piyohlatrlt. Mal 191». 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DE PSYCHIATRIB ET DE PSYCHOLOGIB BXPÉRIHBNTALE 

FRANCE 

Annales médico-psychologiques (1913, 10® s., III, n° 3, mars). 

Dide (Maurice) et Carras (G.). Psychose périodique complexe. 
Délire d’interprétation, psychose excito-dépressive, obsessions et 
impulsions. 257-276. Soukhanotl (Serge). Démence précoce et 
alcoolisme. 277-284. Albèa (A.). De quelques particularités obser- 
vées dans un état hallucinatoire chez un paralytique général. 285-290. 
Damaye (Henry). La psychiatrie actuelle et la thérapeutique des 
affections curables. 290-298. Lagriffe (Lucien). Contribution à 
l’étude des attentats simulés. Du ligotage. 299-319. Trénel. Sur la 
comparution en justice d’aliénés internés, prévenus de crimes ou de 
délits. Communicat. à la Soc. médlco-psychologique, 24 févr. 1913. 
322-325. Juquelier et Fillaasier (A.). Quelques résultats d’une 
enquète sur le mariage et la vie conjugale de mille aliénés parisiens. 
325-332. Mignard. De l’obsession émotive au délire d’influence. 
333-343. 

Archivea d'Anlhropologie criminelle el de midecine ligale 
(1913, XXVIII, n° 232, 15 avril). 

Kinberg (Olof). Alcool et criminalité. 241-266. Ladame (P.-L.). 
Alcool et exhibitionnistes. 266-272. 

Bullelin de la Sociilé Clinique de Médecine menlale 
(1913, 6® an., n» 2, février). 

Fasaou. Rèves lilliputiens. 46-50. Trénel et Fasaou. Psychose 
traumatique, accident du travail. 50-55. Briand (Marcel) et Salo- 
mon (Jean).Troubles intellectuels à forme démentielle, consécutifs à 
une intoxication par l'oxyde de carbone. 55-60. Provoat. Intoxica- 
tion par le sulfure de carbone. 60-65. Salomon (Jean). Sclérose 
en plaques avec syndrome Bravais-jacksonien, troubles psychiques 
nystagmus congénital. 65-72. Flllaaaiar Un cas de délire post- 
épileptique. 72-74. Usse et Livet. Crises anarthriques conscientes 
et mnésiques d’épilepsie convulsive.74-78. Vigouroux (A.)et Héxia- 
aon-Laparre. Ramollissement de la couche optique chez un tabé- 
tique. 78-83. Beauasart (P.) et Naudascher. Myopathie primitive 
progressive et épilepsie chez deux frères. 83-88. Brissot et Bourilhet 
(H). Quelques considérations sur le traiteraent de l’épilepsie par 
ì’aclde borique. 88-91. 


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RBVUB DB P8YGH1ATRIB 


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(1913, 6* an., n° 3, mars). 

I. Dupain et Pruvost. Des moyens de défense chez les persécutés. 
94-99. II. Legraa. Une affaire médico-légale. Simulation. 99-100. 
III.DeCléraxnbault. l°Interprétationsdélirantes avec conscience de 
la maladie. Début ambitieux. Episode amnésique. Traumas céphali- 
ques dans l’enfance. 100-106. 2° Obsessions diverses. Scrupules. Délit 
intentionnel. 106-108. 3° Hypomoralité. Alcoolisme. Association avec 
une délirante revendicatrice. 108-109. IV. Legrain et Marie (A.). 
Syphilis conjugale. Mari paralytique général et femme tabétique, 
109-114. V. Vigouroux (A.) et Hérisaon-Laparre. Amnésie trau- 
matique élective. 114-119. VI. Mignard et Provoat. Confusion 
mentale et psychose discordante (hébéphrénie). 120-126.VII. Legrain 
et Pietkiewica. Perforation de la cloison du nez et mal perforant 
maxillaire. Syndrome tabétique. 126-129. VIII. Beauaaart (P.). 
Diàbète. Hémiplégie et hémianopsie droites. Démence organique 
avec accès confusionnels transitoires. 129-135. IX. Vigouroux (A.) 
et Hériaaon-Laparre. Cysticercose cérébrale et paralysie générale. 
135-144. 

Clinique {La) (1913, 8® an.). 

Marchand (L.). De l’épilepsie traumatique, n° 14, 4 avril. 210-213. 

Enfance anormale {L') (1913, n 11 * s. n° 15, raars). 

Albanel (Louis). Les jeunes assassins. 142-146. Courjon. (A). 
Quelques réflexions sur l’alimentation et les enfants anormaux. 
147-157. 

Iconographie de la Salpilriire (iV 1|e ) (1913, 26* an., 
n° 1, janvier-février). 

La Salle Archanabault. Contribution à I’étude des Iocalisatlons 
de l’aphasie. 20-27. Dide (Maurice) et Lévdque (M Ue ). Psychose à 
base d’interprétation passionnée. Un idéaliste passionné de la jus- 
tice et de la bonté. 56-62. 

Journal de Psychologie normale el palhologique 
(1913, 10« an., n° 2, mars-avril). 

Séglas (J.) et Barat (L.). Le rftle de l’émotion dans l’étiologie des 
maladies menlales. 81-110. Puillet (P.) et Morel (Léon). La méthode 
des connaissances usuelles dans l’étude des démences. 110-133. 
Vinohon (Jean) et Genil-Perrin (Georges). Echographie et confu- 
sion mentale chez un débile. 133-141. Poyer (G.). HallucinaUoni 
hypnagogiques et caractère mystique chez une enfant. 141-146. 

Paris Midical (1913). 

Dubois. La pratique de la psychothérapie, n° 19, 12 avril, 457-462. 

tìevue de midecine (1913, 33« an., n° 4, 10 avríl), 

Mabille (H.) et Pitres (A.). Sur un cas d’amnésie de fixation 


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UMIVERSITY OF MICHÍGAN 



BULLETIN BIBLIOORAt>HIQUE MENSUEL 


XIX 


post-apoplectique ayant persistó pendant vingt-trois ans. 257-379. 

Revue de Midecine légale (1913, 20® an., n° 3, mars). 

Juquelier (P.) et Vinchon (J.). Le vol dans les névroses. €5-75. 

Revue Philosophique (1913, 38® an., n° 3, mars). 

Ioteyko (J.). Les défenses psychiques (fin). 262-273. Koatyleff 
(N.). Recherchessur le mécanisme de l’imaglnation créatrice. 274-288. 

ALLEMAGNE 

Allgemeine Zeilschrifl fùr Psgchialrie 
(1913, LXX. band, 2 heft, 1®» avril). 

Rosenfeld (M.). Ueber die beziehungen des manischdepressiven 
irreseins zu kdrperlichen erkrankungen. 186-204. Ganter (Rudolf). 
Ueber degenerationszeichen (von Iris, Ohr, Zahnen usw.) bei Gesun- 
den, geistes-kranken, épileptikern und idioten. 205-236. Glese 
(Hermann). Ueber die schein-entzOndung (Pseudoneuritis) des sehner- 
ven, speziell bei geisteskranken). 237-260. Repond (André). Ueber 
stOrungen der musikalischen reproduktion bei der schizophrenie. 261- 
282. Riebee (Wilh.).)Die farblosen blutzellen bei der epilepsie. 283- 
290. Heise (W.). Uber versuche mit opsonogen. 291-304. 

Psgchiatrish-Neurologsche Wochenschrifl 
(1912-13, vierzehnter jarhrgang). 

MOnkemOller. Die irrenpflege in Hannover zur franzosenzeit, 
n° 51, 22 mars. 601-608. Franke (Carl). Glyzerininjektionen in die 
urethra alser satz des katheterismus. 608-609. Mònkemòller. Die 
irrenpflege in Hannover zur franzosenzeit, n° 52, 29 mars. 613-618. 
Sohftfer (F.). Die unterbringung der geisteskranken verbrecher. 618- 
619. Vocke(J. A.). Berichtder statistischen kommissiondesdeutschen- 
vereins fQr psychiatrie. N° 1, 5 avril 1913. 1-4. Vorkastner (W.). 
Wichtige entscheidungen auf dem gebiete der gerichtlichen psychia- 
trie. XII, 4-8. Werner (G.). Ueber die innere einrichtung der anstalt 
Bedburg. N°2, 12avril, 17-24. Vorkastner (W.). Wichtige entschci- 
dungen auf dem gebiete der gerichtlichen psychiatrie. XII. 25-26. 
Fries. Laboratorien in provinzial-irrenanstalten. 27. Werner (G.). 
Ueberdie innere einrichtung der Anstalt Bedburg.N°3, 19avril. 35-39. 
Vorkastner. Wichtige Enstcheidungen auf dem gebiete der gericht- 
lichen psychiatrie. XII. 39-41. Kreuser. Zum berichte der statisti- 
schen kommission des deutschen vereins ÍOr psychiatrie. 42-43. 

BELGIQUE 

Bullelin de la Sociilé de Midecine menlale de Belgique 
(1913, n« 166, íévrier). 

Quintens. Traitement de la sitiophobie. 32-47. Parhon (C.) et 
Ureohla (C.J.). Recherches sur l’influence des glandes endocrines sur 
l’excitabilité des centres nerveux. 48-78. Meens (F.). L’invalldité 


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UNIVERSÍTY OF MICHIGAN 




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RBVUB DB PSYCHIATRIB 


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mentale dans l'armée. 79-101. Fillassier et Salomon (Jean). Contri- 
bution au problème du divorce et de l’aliénation. 110-117. Hoven (H.). 
De l’enseignement professionnel des enfants anormaux. 118-122. 

Journal de Neurologie (1913,18 e an.). 
Ley. Le « cinquème ventricule »cérébral. N® 7, 5 avril, 121-122. 
Délirium tremens et traumatisme cranien. 122-123. 

ETATS-UNIS 

Journal of Nervous and Menial Disease (,The) (1913, 40, n° 3, mars). 
Glascock (Alfred). The present knowledge of the status of apraxia 
with the study of a case. 145-169. 

ITALIE 

Annali di Frenialria e Szienze af/ini (1912, XXII, fasc. 4, décembre). 

Valabrega (Graziadio). Alcune osservazioni sulla pressione 
sanguigna in dementi senili e presenili e un saggio di terapia colla 
teobromina. 289-359. Martínotti (Carlo). Sull’ipoplasia dell’aorta e 
del sistema arterioso in alcune forme di malattie mentali. 364-369. 

Manicomio (II) (1912), XXVII, n“» 2-3). 
Vidonl. A proposito di.un caso di sindattilia. 115-122. Fronda. 
L’omosessualità nella donna. 123-134. Bianchini (Levi). Osservazio- 
ni sul ricambio e sulla medicazione fosforata in alcuni stati di esauri- 
mento nelle psicosi acute e croniche. 135-154. Palazzeschi. Facoltà 
affettive superstiti nella demenza. Osservazioni psicologiche e conside- 
razioni critiche. 155-194. Gatti et Vidoni. Rilievi antropologici su 
500 alienati e 50 alienate della provincia di Treviso. 195-226. Del 
Greco. La mentalità degli anormali psichici. 227-240. Valtorta. Di 
alcuni caratteri della funzionalità gastrica in pellagrosi. 241-248. 
Ricerche ematologiche ed urologiclie in frenastenici con sindrome 
ipotiroidea. 249-259. 

Eivisla di Psicologia (1913, IX, n° 2, mars-avril). 
Del Greco (F.). Misticismo e delinquenti ed croi politici. 121-138. 
Giachetti (Cipriano). II plagio dal punto di vista psicologico. 139- 
158. Baglioni (S.). Sulla speciale sensibilità meccanica del glande. 
159-168. Flore (U.). Ricerche di psicologia giudiziaria, 169-177. 

Rivisia iialiana di Neuropalologia, Psichialria ed Elelirolerapia 
(1913, VI, fasc. 3, mars). 

Angelo (Piazza). Psicosi maniaco-depressiva,morbo diBasedowe 
atassia tipo Marie; malattia di Friedreich. 97-116. 

Rivisia sperimentale di frenialria (1913, XXXVIII). 
Atti del XIV. Congressodella Società freniatrica Italiana (Perugia, 
3-7 maggio 1911). 


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Qriginal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



BULLETLN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 


XXI 


Snpplémtni à la Em> da Piyohi>tflt. Jnin 191$, 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DE PSYCHIATRIE ET DE P8YCHOLOGIE BXPÉRIMENTALE 

FRANGE 

Archiues irdernalionales de Neurologie (1913, I, 11® s., n° 4, avril). 

Gauuade et Marie (A # ). Deux années de fonctionnement (1909- 
1910) d’un service ouvert de délirants des hòpitaux (Tenon). 205-212. 
Bajenoff. Quelques réflexions sur les folies gémellaires et familiales. 
213-218. Kostyleff (N.). La méthode de Rossolimo pour les examens 
psychopathologiques. 218-222. Bresler. Sur les origines frangaises 
de la balnéation continue dans le traitement des maladies mentales* 
222-224. 


Bullelin médical (Le) (1913, 27® année). 

Ballet (Gilbert). Quelques observations à propos du projet de revi- 
sion de la loi de 1833 sur les aliénés voté par la Chambre des députés 
et soumis au Sénat. N° 36, 7 mai. 423-427. Paris (Alexandre). Trau- 
matisme et paralysie générale progressive. N° 37, 10 mai. 436-439. 

Bulletin el Mém . de la Socièté médicale des Hópilaux de Paris 
(1913, 3® s., 29® année). 

Marie (A.), Levaditi (C.) et Bankowski (J.). Présence du /re- 
ponema pallidum dans trois cerveaux de paralytiques généraux. N° 1, 
l er mai. 881-885. Ghantemesse, Pierre Kahn et Mercier. Un cas 
de surdité totale bilatérale d’originecentrale avec troubles aphasiques 
chez une accouchée albuminurique avec amélioration sous forme de 
surdité verbale. N° 15, 8 mai, 893-901. 

Encéphale (L 1 ) (1913, VIII® an., l® r sem., n° 2, 10 février). 

Obregia (M.), Parhon (C.) et Urechia (C.). Recherches sur les 
glandes génitales, testicules et ovaires dans la déraence précoce. 
109-117. Masselon (René). Psychoses constitutionnelles et psychoses 
associées. Les associations de la psychose maniaque dépressive et de 
la paranoia. 118-136. Duhot (E.), Pierret (R.) et Verhaeghe (E.). 
Névrites périphériques par ischémie. 137-149. Austregésilo (A.), 
Pinheiro (Mario) et Marques (Eduardo). Sur un cas de syndrome 
pluriglandulaire endocrinique. 150-156. Ladame (Paul-Louis). Né- 
vroses et sexualité. 157-180. Jacquin (G.) et Marchand (L.). Myo- 
clonie épileptique progressive (Type Unverricht Lundborg). N° 3, 
10 mars. 205-218. Souza (Oscar de) et Gastro (Aloysio de). Le phéno- 


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HÍGAN 



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RBVUB DB P8YCHIATRIB 


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mène de rextension du gros orteil associé aux efforts musculaires. 
219-222. Cot (Charles) et Dupin. Insuffisance glandulaire et anor- 
maux passifs dans l’arméc. 223-234. Mignot (Roger) et Usse (F.). 
Troubles raentaux observés chez un sujet morphinomane et chloralo- 
mane, 235-244. Vallon (Charles) et Bessière (René). Le véronalisme. 
245-261. Charpentier (René). Aliénation mentale et criminalité. 
Statistique médico-légale des infractions aux lois ayant déterminé 
rinternement d’aliénés dans le département de la Seine pendant une 
période de cinq années (1905-1910). N° 4, 10 avril. 341-355. Régis (E.) 
et Hesnard (A.). La doctrine de Freud et de son école. 356-378. 

Informcdcur des aliénistes el des neurologistes (L’) 

(1913,8 e an., n° 2,25 février). 

L’asile d’aliénés de Kédi-Koulé à Constantinople. 80-83. 

fìevue Neurologique (1913, XXI e an., 1 CT semestre). 

Parhon (C.), Matéesco (M lle Eug.) et Tupa (A.) # Essais sur l’actìon 
du sérum des maniaques dans la mélancolie et du sérum des mélan- 
coliques dans la manie. N° 7, 15 avril. 450-456. 

fìevue Philosophique (1913, 38® an., n° 5, mai). 

Barat (Louis). La psychiatrie de Kraepelin. Son objet et sa mé- 
thode. 486-514. 


ALLEMAGNE 

Psychiatrisch-Neurologische Wochenschrifl 

(1913-14, ÍQnfzehnter Jahrgang). 

Vorkastner (W.). Wichtige entscheidungen auf dem gebiete der 
gerichtlichen psychiatrie. XII. N® 4, 26 avril. 47-51. Alter. Die 
anítage der irrenfùrsorge in schlesien. N° 5, 3 mai. 57-62. Saiz (G.). 
Streik des pflege-und dienstpersonals an der stftdt. Heil-und plegean- 
stalt (frenocomio civico). Triest. 62-66. Bresler. Die behandlung der 
angeborenen und erworbenen gehirnkrankheiten mit hilfe des bal- 
kenstichs. N° 6, 10 mai. 71-73. Becker (Wem H.). Ein fall von irrtQm- 
licher todeserklarung. 73-76. 

ANGLETERRE 

Journal of Mental Science (The) (1913, LIX, n° 245, avril). 

Roberteon (George M.). The Morison lectures, 1913. General para- 
lysis of the insane. 185-221. Mott (F. W.). The neuropathic inheritance 
222-263. Spence (J. B.). Assistant medical officers in asylums. 263- 
273. Hubert Bond (C.). After-care in cases of mental disorder, and 
the desirability of its more extended scope. 274-286. Norman (Hu- 


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Original frn-m 

UMIVERSITY OF MICHIGAN 



BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MBNSUEL 


XXIII 


bert J.). Emanuel Swedenborg : A study in morbid psychology. 286- 
305. Spenaley (F. A.). A brief account of darenth and its system of 
industrial training. 305-314. Sturrock (J. P.). The mentally defective 
criminal. 314-325. Hamblin Smith (M.). Notes on 100 mentally 
defective prisoners at Stafford. 326-335. Woolley (J. M.). Suicide 
among indian convicts under transportation. 335-343. Lord (John R.). 
Criminal types in a county asylum. 343-346. Bartlett. Summary of 
eighty-nine cases. 346-352. 


BELGIQUE 

Annalts pédologiques (Les ) (1913, IV, fasc. III, avril). 

Rnlot (D r ). De l’influence de Pétat de santé sur le travail intellec- 
tuel des enfants. 7-19. Golonval. Exercices de calcul mental : une 
méthode spéciale. 19-31. 


ETATS-UNIS 

American Journal of Insanily (The) (1913, LXIX, n° 4, avril). 

Barrett (Albert M.). Diffuse glioma of the pia mater. 643-651. 
Meyer (Adolf). New formation of nerve cells in an isolated part 
of the nervous portion of the hypophysistumor in a case of acrome- 
galy with diabetes, with discussion of hypophysis-tumors found so 
far. 653-669. Orton (Samuel T.). A study oí the brain in a case of 
catatonic hirntod. 607-687. Soutbard (E. E.). A series of normal 
looking brains in psychopathic subjects. 689-704. Whitney (R. L.). 
Report of a case of a large endothelioma fo the frontal region of the 
brain. 705-713. Noble (A. I.). The curability of insanity. 715-722, 
Scribner (E. V.). A case of epilepsy. 723-730. Bond (Eari D.). The 
personality and outcome in two hundred consccutivc cases. 731-738. 
Sandy (W. C.). Polyneuritic delirium korsakoffs psychosis. 739-754. 
Porteoue (C. A.). A brief report of two interesting cases of melan- 
cholia. 755-759. Page (Ch. Whitney). Dr. Eli Todd and the Hartford 
retreat. 761-785. 

Amtrican Journal of Psychology (The) (1913, 24, n° 2, avril). 

Boring (Edwin G.). Introspection in dementia precox. 145-170. 
Geiesler (L. R.). Experiments on color saturation. 171-180. Swindle 
(P. F.). On the inheritance of rhythm. 180-203. Dearbom (George 
Van Ness). Kinesthesia and the intelligent will. 204-255. Krueger 
(Félix). Magical factors in the first development of ííuman labor. 
256-261. 

Psychoiogical Review '(The) (1913, XX, n° 1, janvier). 

Dodge. Mental work : a study in psycho dynamics. 1-42. Roea- 
noff (Isabel R.) et Rosanoff (A. J.). A study of association inchil- 


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Origirìal from 

UNivERsrry of michigan 



XXIV 


RBVUB DE PSYCHIATRIB 


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dren. 43-89. Thorndlke (Edward L.). Ideo-motorjaction. N° 2, 
mars. 91-106. Franz (Shepherd Ivory). The accuracy of localization 
of touch stimuli on different bodily segments. 107-128. Pintner 
(Rudolf). Inner speech during silent reading. 129-153. Dunlap 
(Knight). Obtaining the mean variation with the aid of a calculating 
machine. 154-157. Watson (John B.). Psychology as the behavioriat 
views it. 158-177. Angell (James R.). Communication: A protest. 178. 

ITALIE 

Rassegna di Studi Psichialrici (1913, III, fasc. 2, mars-avril) 

Daneo (Luigi). Sulla psico-patologia dell’ emozione durante la 
guerra. 95-106. Tumiati (C.). Sulle « cause occasionali » delle psico- 
patie. 106-111. 

Rivisla ilaliana di Neuropalologia, Psichiatria ed Elettrolerapia 
(1913, VI, fasc. 4,avril). 

D’Abundo (G.). Sulle manifestazioni di vitalità nei trapianti del 
tessuto nervoso. 145-158. Gatti (Lodovico). II fenomeno di auto- 
imitazione nelle associazioni istero-organiche. 159-168. Sagrini. 
(E. Aguglia). La pressione sanguigna negli alienati di raente. 169-177. 

Rivisla Sperimentale di Freniatria (1913, XXXIX, fasc. 1,31 mars). 

Carbone et Pighini. Ricerche sulla costituzione chimica del cer- 
veUo nella paralisi progressiva (Istituto psichiatrico di Reggio- 
EmUia). 1-17. Foscarini. Sulle degenerazioni primarie spinali speri- 
mentali (Laboratorio di patologia generale della R. Università dl 
Roma). 18-57. Calligaris. Nuove ricerche suUe linee cutanee iperes- 
tesiche. 58-97. Cazzamalli .Contributo allo studio della « dementia 
praecox » (Istituto psichiatrico di Reggio-EmUia). 98-124. Riva (E.). 
L’idiota microcefalo battista (Laboratori scientifici del frenocomio de 
Reggio-EmUia) (Continuazione e fine). 125-176. Carbone et Cazza- 
malli. Studi sulla eziologia della pellagra (Laboratori scientifici dei 
frenocomio di Reggio-Emilia). 177-232. Tamburini (Arr.). Neuros- 
traumatica. Sinistrosi. Tabe traumatica.233-246. Corberi. Sui metodi 
d’esame per l’intelligenza. 247-259. Gorrieri (Arturo). Contributo 
aU’ anatomia patologica di alcune ghiandole a secrezione interna in 
alcune forme di malattia mentale. Fasc. II. 1-89. 

EXTRAITS 

Valabrega (Graziadio). Alcune osservazioni sulla pressione san- 
guigna in demenli senili e presenili e un saggio di terapia colla teo- 
bromina. 1 br. 75 p., extr. de : Annali di freniatria e Scienze affini. 
Vol. XXII, Fasc. IV, 1912. Torino. 


Gok igle 


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UNIVERSIJYOFMICHI 



BULLETIN BIBLIOQRAPHIQUE MENSUBL 


XXV 


l»»ltan»t 41» jtwit to hwMihte. 11». 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DB MYCHIATMB BT DB PSYCHOLOOtB BXPÉRIMBNTALB 

FRANCE 

Annales midico-psychologiques (1913, 10« s,. III, n° 4, avril). 

Amellne. Contre la íréquente attribution des signes d’activité 
cérébrale à du surmenage scolaire. 385-407. Ducosté (Maurice). 
Deux observations de délire d’interprétation. 408-431. Rodiet (A.). 
Des inconvénients, imperfections et dangers des colonies familiales 
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□ riginBl fro 

UNIVER5IT¥ 0F i 





XXVI 


RBVUB DB PSYCHIATRIK 


1° Epilepsie avec impulsions érotiques, íétichisme du mouchoir chez un 
fròleur et fétichlsme de la soie chez une voleuse des grands magasins 
206-214.2° Utilisation d’un débile délirant pour commettre des escro- 
queries. 214-218.3° Unmaculateurde statues agissantdans un butphi- 
lanthropique. 218-221. Semelaigne (R.).Notes inédites de Pinel.221- 
227. Lucangali (Gian-Luca). Encéphalite aigué avec amentia haUu- 
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de la présence du treponema pallidum dans le cerveau dea paraly- 
tiques généraux. N° 10, 30 mai, 661-662. 


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UMIVERSITY OF MICHIGAN 



BULLETM BIBLIOORAPHIQUE MBN8UBL 


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dem gebiete der gerichtlichen psychiatrie. XII.84-85. Raecke.Noch- 
mals die gebOhren fOr vorbesuche bei schriftlichen gutachten. 65-88. 
Lomer (Gg.). Zur psychogenese epileptischer erscheinunge. N° 8. 
24 mai. 93-94. Nachweisung derjenigen personen, welche 1909-1911 
zur vorbereitung eines gutachtens Qber ihren geisteszustand in an- 
stalten aufgenommen worden sind.95. Fauser. Pathologisch-serolo- 
gische befunde hei geisteskranken auf grund der abderhaldenschen 
anschauungen und methodih. N° 9,31 mai. 105-108. Hoffmaan (Géva 
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zweckm&ssige grosse der anstalten fQr gelsteskranke. N° 12, 21 juin. 
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anstalten fOr geisteskranke. N° 13, |28 juin. 155-162. Aufruf. N° 14, 
5 juillet. 167-168. Frocblicb (E.). Einige bemerkungen Ober die begu- 
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UNIVERSfTY OF MICHtGAN 



XXVIII 


RBVUK DB P8YCHIATRIB 


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SUISSE 

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tionnelle. 49-92. Claparède (Ed.). Existe-t-il des images verbo- 
motrices? 93-103. 


EXTRAITS 

Valabrega (G.). Arteriosclerosi, pressione sanguigna e dementa 
senile : 1 br. 36 p., extr. de « Annali di freniatria e scienze affini > del 
R. Manicomio di Torino. Vol. XXIII. Fascicolo 1, Anno 1913. 


LIVRES REgUS 

Banon (R.). Traité clinique el midico-légai des iroubles psyehiques 
el nivrosiques post-lraumatiques. 1 vol. 466 p., 1913. G. Steinheil. Paris. 
Prix : 10 francs. 

Bonnier (P.). L’action direde sur les centres nerveux. Cenlrotká- 
rapie. 1 vol. 304 p., 1913, Alcan, Paris. Prlx : 5 francs. 

Piéron (H.). L'annéc psychologique. 1 vol., XIX® an., 515 p., 1913, 
Masson, Paris, Prix : 15 francs. 

Lombroso (Cesare). L'uomo alienalo, Trattato clinico sperimentale 
delle malattie mentali. 1 vol, 41 de laBibliothèque Antropologico-Giuri- 
dica, 413 p., 1913. Fratelli Bocca, Torino. Prlx : 12 Llre. 


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UMIVERSITY OF MICHÍGAN 



BULLBTIN BIBLIQORAPHIQUB MENBUBL 


XXIX 


»«PiMatttt à U tow i> HfehteiriB. Aoùt Wj. 

BlfLLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DB PSYCHIATRIE BT DB PSYCHOLOGIB EXPÉRIMENTÀLE 

FRANCE 

Annalea médico-psychologiques (1913, 10« s., III n° 6, juin). 

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668. Remond (A.) et Sanvage (R.). Evolution rapide d’une para- 
lysie générale alcoolique. 669-671. Rougé (C.). Un cas de folie simulée 
à forme stupide. De la valeur de quelques signes physiques de Ia 
stupidité au point de vue médico-Iégal ( suite et fin). 672-683. FUlas- 
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UMIVERSITY OF MICHIGAN 



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RBVUB DB P8YCHLA.TRIE 


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Marc han d 1° A propos du cas de M. Bonnet : éruption cutanée 
syphilitique chez une paralytique générale (séance du 8 juillet 1912). 
Examen histologique du cerveau. 259.2°A propos du cas de M. Legrain 
démence précoce et ramollissement cérébral (séance du 8 juillet 1912). 
Examen histologique du cerveau. 259-260. Beaussart (P.). 1° Ramol- 
lissement hémorragique du cervelet, du pédoncule cérébelleux supé- 
rieur, du pédoncule cérébral de la circonvolution de l’hippocampe, 
à droite : phlébite et thrombose de la veine basilaire droite : pachy- 
méningite localisée. 260-265. 2° Hémorragie cérébrale et hémorragies 
protubérantielles. 265-267. 3° Calcifications partielles des noyaux 
gris centraux. 267-269. Vigouroux (A.) et Hérisson-Laparre. 
1° Encéphalite scléro-gommeuse et ramollissement cérébral. 269-273. 
2° Ramoliissement du noyau lenticulaire et hémiplégie terminale 
chez un paralytique général. 273-276. 3° Tuberculose des surrénales 
et gommes du foie chez un tabétique devenu paralytique général. 
276-278. Vigouroux (A.). A propos du cas de MM. Colin et Mignard : 
diagnostic de l’épilepsie et de la paralysie générale (séance du 21 fé- 
vrier 1910). 278. Trénel. Symphyse méningée fibreuse des lobes 
frontaux dans un cas de paralysie générale. 278. Trénel et Gapgras. 
Tumeur de la région hypophysaire. 278. Dide (M.) et Pezet (Ch.). Syn- 
drome occipital avec dyspraxie complète surajoutée. 279-291. Alix 
et Duman. Hémoptysies congestives sans lésions pulmonaires dans 
un cas de folie à double forme. 291-294. 

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La doctrine de Freud et de son école (suite el fiń). 537-564. 

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BULLBTIN BIBLIOGRAPHIQUB MENSUEL 


XXXI 


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Die entwicklung des bauwesens der irrenanstalten. 480-524. Colla 
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Zur forensen bedeutung der chorea. 540-548. Subotié (W. M.). Irren- 
gesetze in Serbien. 549-553. Hegar (August). Der taubstumme als 
zeuge vor dem stafrichter. 554-563. Brassert (H.). Selbstverstúm- 
melung bei paralyse. 564-567. Bòss. Epilepsie und sedobrol. 568-574. 
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Psychiatrisch-Neurotogische Wochenschrifl 
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Bresler. Abderhalden’s abwechrfermente des tierischen organis- 
mus und ihre bedeutung fur die erforschung geistiger stOrungen. n°16, 
19 juillet, 191-196. Bayerthal (J.). Uber die prophylaktischen auf- 
gaben der schule auf dem gebiete der nerven-und geisteskrankheiten. 
n° 17, 26 juillet. 201-206. 

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XXXII 


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RÉPUBLIQUE ARGENTINE 

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LIVRES REQUS 

Bianchini (M. Levi). L'islerismo dalle antiche alle moderne doltrine. 
1 vol. 386 p., 1913, Fratelli Drucker, Padova, prix : Lire 6,00. 


Goc^gle 


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UNIVERSITY 0F Mlí 



BULLBTIN aiBLIOORAraiQUB MBNSUBL 


XXX Itt 


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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCHOLOCIE EXPÉRIMEiNTALE 

FRANCE 

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Vigouroux. Arriérés d’arrèt (classes d’arrftt'et d’apprentissage). 
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1542. 


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UNIVERSÍTY OF MICHIGAN 



XXXIV 


RBVUB DB P8YCHIATRIB 


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fìevue de Métaphysique el de Morale (1913,21® an., n°4, juillet). 

Golonna d’Istria (F.).L’influencedu moral sur le physique d’après 
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fìevue Neurologique (1913, XXI e an., 2® sem., n® 15, aoùt). 

M®* Long-Landry et Quercy (M.). Un cas d’épilepsie partielle 
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fìevue Philosophique (1913, 38 e an., n® 8, aoùt). 

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Psychiatrisch-Neurologislche Wochenschrift (1913-14, 
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klinik der Reichs-UniversitAt-Utrecht (Schluss). N° 18, 9 aoùt. 223- 
226. Roemer (Hans). Zur klassifikation der statistischen kommis- 
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bei Anwendung des preussischen Min.-Erlasses vom 15 Juni 1901 
betr. verfahren bei der entlassung gefùhrlicher geisteskranker. N° 20, 
16 aoùt. 235-240. Brealer. Abderhalden’s abwehrfermente des 
tierischen organismus und ihre bedeutung fQr die erforschung 
geistiger stOrungen. 240-242. Knecht. Die entwicklung einer geord- 
neten irrenfQrsorge in der kurmark von ihrem anfang bis zur 
mitte des vorigen jahrhunderts. N° 21, 23 aoùt. 247-252. Knecht. 
Die entwicklung einer geordneten irrenfùrsorge in der kurmark von 
ihrem anfang bis zur mitte des vorigen jahrhunderts (suile). N® 22, 
30 aoùt. 259-265. 

Psychologische Studien (1913, VIII Band. 6 heft). 

W. Wirthund O.Klemm. Ueber den Anstieg der inneren Tastem- 
pfindung. Nach Versuchen von J. Hermann bearbeitet.Mit I Figur im 


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BULLBTIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUBL 


XXXV 


Text. 485-496. Klemm(0.) Untersuchungen Qber die Lokalisation von 
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des ceUules nerveuses et ses variations à l’état normal et pathologique. 
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UMIVERSITY OF MltHIGAN 


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MVUB DB P8TCBI4TJIIS 


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1913. Band XVIII, Heft 3. 


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BULLETIN BIBLIOORAPHIQUE HBNBUEL 


XXXVII 


SappMnnBt à Ui Revue de Ptychlmtrte. Ottebw 1813 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE 

FRANCE 

'Annale* médico-psychologiques (1913, LXXI an., n° 2, aoùt-sepL). 

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Bulletin Médical (Le) (1913, 27 6 an.). 
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Encéphale (L’) (1913, 8* an., 2 6 sem., n° 7, 10 juillet). 
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Araaud(F.-L.).L’anarchiepsychiatrique. 106-116 . Routoinovitch(J.) 
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Enfance anormale (L') (1913, N 116 s., n° 19, juillet). 
Baguer (G.). L’enfance anormale et l’internat. 445-452. Vaney 
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l’Enfance. 535-543. 


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NJICHÍGAN 



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XXXVIII REVUE DE PSYCHIATRIE 

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Revue de Midecine (1913, 33* an., n° 9, 10 septembre). 
Benon (R.) et Legal (A.). Etude clinique de la démence épUepti- 
que. 573-724. 

Revue de Midecine ligale (1913, 20* an., n° 9, septembre). 
P. J. Le droit d’opérer un aliéné. 274-276. 

Revue des Sciencea Psychologiquea (1913, l'* an., n° 2, avril-juin). 
i’ Tastevin (J.) et Couchoud (P. L.). La méthode de l’interroga- 
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149-173. Tantevin (J.). La joie ; pathologie. 174-189. Taatevin (J.). 
Emotíon et passion. L’ < Essai sur les Passions», de M. Ribot. 190-220. 

Revue Neurologique (1913, 21* an.). 
XIII* Congrès des médecins aliénistes et neurologistes de Franee 
et des pays de langue frangaise (Le Puy, l* r -6 aoùt 1913). N° 16, 
30 aoùt. 193-240. Thabuia et Barbé. La composition physico-chi- 
mique du liquide céphalo-rachidien des épileptiques. N° 17, 15 sep- 
tembre. 248-253. 


f'>* '• ALLEMAGWE 

Allgemeine Zeitachriftfiìr paychiatrie( 1913,LXX. band.I. Literaturheft). 

Snell (Otto). Bericht ùber die psychiatrische literatur im jahre 
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U&TTì m Paychiatrisch. Neurologiache Wochenschrift (1913). 

Cleznena Neisser. Festrede zum fQnfzigjàhrigen Bestehen der 
Provinzial-Heil und Pflegeanstalt Bunzlau in Schlesien. N°23, 6 sep- 
tembre. 269-273. Mercklin. Ein psychiatrisches Merkb'att. 237-275. 
Cùemens Neisser. Festrede zum fùnfzijà irigen Bestehen der Pro- 
vinzial-Heil und Pflegeanstalt Bunzlau n Schles en. N* 24, 13 sep- 
tembre 281-286. Peretti. Die GebChren fùr Vorbesuche bei Erstat- 
tungvon schriftlichen Gutachten. 2 7. Schott. ErfahrungenmitSedo- 
brol bei der Behandlung der Epilepsie, n° 25,20 septembre. 295-300. 


mmmmw bangleterre 3 y® s: - 

Journal of Mental Science (The) (1913, LIX, n° 246, juUlet). 

Orr, Rows et Stephenson. The Spread of infectíon by the ascen- 
ding lymph Stream of nerves from peripheral inflammatory foci to 
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ted suicide, with an analysis of 1.000 consecutive cases. 428-478. 


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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUB MEN8UBL 


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ESPAGNE 

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células nerviosas 55-58. Nota sobre las alteraciones en el nucleolo de 
las células nerviosas cerebrales en la enfermedad de Alzbeimer. 59-61. 
Nota sobre ciertos esferocristales del cerebelo no descritos. 63-64. Sobre 
ciertos cuerpos morulares del sistema nervioso encontrados en seniles. 
65-67. Sobre las caperuzas pericelulares de la demencia senil y otras 
formaciones similares que acompaftan á las prolongaciones de las 
células. 69-72. Nota sobre ciertas formaciones espiroideas y ensorti- 
jadas de naturaleza neuróglica. 73-74. Cajal (S. Ramón y). E1 neuro- 
tropismo y la transplantación de los nervios. Fasc. 2, juillet. 81-102. 
Fenómenos de excitación neurocládica en los ganglios y raices nervio- 
sas consecutivamente al arrancamiento del ciático. 103-112. Sánchez 
y Sánchez (Domingo). Sobre terminaciones motrices en los insectos. 
113-118. Ramón y Fańanás (J.). Alteraciones del aparato reticular 
de Golgi en las células gigantes y otros elementos del tubérculo. 119- 
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amoniacal aplicado al estudio del tejido muscular cardiaco del hombre 
y del camero. 131-143. Tello (F.). E1 reticulo de Golgi en las células 
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por el kieselgur. 145-161. 

ETATS-UNIS] 

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in the cochlea versus frequency as a direct determinerof pitch. 312-322. 
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HOLLANDE 

Epilepsia (1913, 4* vol., fasc. 3, juillet). 
W Hebold (Otto). Abkehlung im Wasser als auslOsende Ursache der 
EpOepsie und Ober den Einfluss der Ers ickung in gleicher Beziehung. 
239-282. Danath (Julius). Die Entst hung der salzlosen Diàt in der 
Behandlung der Epilepsie. 282-293. Orzechowski (K.) et M eisels ( E.). 


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Qriginal frn-m 

UNIVERSITY OF MICHIGAN 



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XL HEVUE DB PSCHIATRIB 

Untersuchungen Qber das Verhalten des Vegetativen Nervensystems 
in der Epilepsie. 293-306. Spangler (Ralph H.). The crotalin treat- 
ment of epilepsy. 307-318. Andrewe (B.-J.). The Palsies in Epilepsy. 
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ITALIE 

Manicomio (II) archivio di psichialria e acienu affini ( 1913 , 28 * 00 ,n°I). 

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vario giudizio degli i omini colti. 21-42. Valtorta (Dario). Intossica- 
zione pellagrosa ed ipersensibUità agli estratti acquosi di mais sano. 
43-48. Bianchinl (Levi). Psicoanalisi ed isterismo. 49-82. Una teoria 
biologica deU’isterismo. 83-138. 

Rivisla di Psicologia (1913, 9« an., n° 5, septembre-octobre). 

Ponzo (M.). Studio della localizzazione delle sensazioni termiche 
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gramma simultaneo a lavoro mentale. 416-480. Giachetti (C.). La 
bugia patologica e costituzionale. 481-500. 

RÉPUBLIQUE ARGENTZNE 

Archivos de Pedagogia y ciencias afines (1913, XI, n° 33, mai). 

Brahn (Max). La Pedagogia experimental. 358-372. Senet (Ro- 
dolfo). E1 trac en las recitaciones y exámenes. Is° 34, juiUet. 3-10. 
Pizzoli (U.). La atención. Experimentos que la Uustran. 28-50. Mar- 
cante (V.). Investigaciones acerca de las aptitudes puestas en juego 
en la lectura. 51-79. 


UVRES REQUS 

Rapport Médical de VAsile public d'aliinées de Bordeaux, pour 
l'année 1912.. 1 br., 123 p., 1913. Imp.imerie modeme. A Destout, aíné 
et C le , 139, rue Sainte-Catherine, Bordeaux. 

Rapport Médical de VAsile public auionomt d'Aliénis de Bassens 
( Savoie), pour Vannie 1912. 1 br., 44 p., 1913. Imprimerie Chambé- 
rienne, rue Juiverie, Chambéry. 

Rapport Midical de l'Asile public d'aliinis de Quatre-Marcs, pour 
Vannie 1912, el rapportá Vappui du comple administralif de l'exercice 
1912, 1 br., 62 p., 1913. Imprimerie Cagniard, 5, rue des Basnage, 
Rouen. 

Rapport Midical de l'Asile public d’aliinces de Saint-Yon (Seint- 
Infirieure) pour l'annie 1912, et Rapport á l’appui du compte adminis- 
tralif de l’exercice 1912, 1 br., 47 p., 1913. Imprimerie Albert Lainé, 5, 
rue des Basnage, Rouen. 

Thirleenth annual Report of the medical superinlendent of the Dan 
nemorsx State Hospital pour l'annie 1912-1913. Prison de partment st&ie 
of New.York. 


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Original frn-m 

UMIVERSITY 0F MICHIGAN 



BULLBTIR BIBLIOORA.PHIQUB KBN8UBL 


XLI 


SaypHment à U R»vn» de P»y«hUtri>. SoTembre 1918 . 
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DB P8YCHIATRIE ET DB P8YCHOLOOIB BXPÉRIKENTALE 

FRANCE 

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Benon (B.). De la démence traumatique. 307-328. 

Archivee d'anthropologie criminelle (1913, 28, n° 238-239, 
15 octobre-15 novembre.). 

Haury. La paresse pathologique, essai de sociologie clinique (fin). 
798-827. 

Archives internalionalea de Neurologie (1913, vol. 2,11 • s., n° 4, octobre). 

Condomineet Devaux(A.).Syndrome’paralytique chez un alcoo- 
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nations mentales d’origine syphilitique et parasyphilitlque ( euite ). 
216-240. 

Bullelin géniral de Thirapeutique midicale, chirurgicale, obalitricale 
et pharmaceulique (1913, CLXV, n° 14, 15 octobre). 

Laumonier (J.). Considérations sur le traitement collectif de quel- 
ques maladies sociales. III. Le nervosisme. 513-539. Considórations 
sur le traitement collectif de quelques maladies sociales. III. Le ner- 
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Enciphale (L') (1913, VIII® an., n° 9,10 septembre). 
Rodiet (A.). Contribution à I’ótude du traitement de l’épilepsie 
par les ferments lactiques. 209-234. Parlion (C.), Matéesco (M Ue ) 
et Tupa (A.). Nouvelles recherches sur la glande thyroide chez les 
aliènès. 235-255. 

Enfance anormale (L') (1913, n°21, septembre). 
Paul-Boncour. Importance de la question de l’anormalité dans 
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abandonnés. 573-579. 

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Hirtz (Edg.) et Beaufumé. Un cas curieux de tèléphonophobie. 
N° 123, 28 octobre. 1933. 

Gazelle médicale de Paris (1913, 84® an., 13® s.). 
Bérillon. La névropathie coloniale. Abolition paroxystique du 
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Journal de psychologie normale el palhologique 
(1913, 10« an. N® Septembre-Octobre). 

Halbarstadt. Contribution à l’étude du transitivisme. 369-374. 
Abramowsld (Ed.). Nouvelle théorie de la mémoire fondée sur 
l'expérience. 375-397. Dupouy (R.). Délire obsessif de persécutlon 
chez une obsédée constltutionnelle. 398-401. 

Idbart (L.). Etat passionnel et délire d’interprétation. 402-430. 

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Origirìal fro-m 

UNIVERSiTY OF MICHIGAN 



XLII 


RBVUB DB P8YCHIATIIIB 


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Presse midicak (La) (1913). 

Noguchi (H.). Paralysie générale et syphilia, n° 81,4 octobre. 805- 
807. 

Revue de médecine légale (1913, 20« an., n° 10, octobre). 

Vlnchon (Jean). Le fétichisme de la poupée et le vol aux étalages. 
289-301. 

Revue neurologique (1913, XXI® an., 2 e semestre). 

Paatine (C.). Le signe de Babinski et les réflexes d’automatisme 
médullaire. N° 19, 15 octobre. 403-407. Van Woerkom. A propos des 
mouvements de retrait des membres inférieurs et du réflexe de 
Babinski. 407-409. 

Revue philosophiqueí{ 1913, 38® an., n° 9, septembre). 

Koatyletf. Recherches sur le mécanisme de l’imagination créatrice 
(fin). 225-251. Deaagher (M.). La timidité chez ies aveugles. 269-27. 
Dugaa (L.). Une hérédité psychologique par contraste. 572-284. 

Revue philosophique (1913, XXXVIII® an., n° 10, octobre). 

Saint-Paul. Pensée, image et conscience chez l’animal et chez 
l’homme. 404-408. Paulhan (F.). La lutte philosophique et la division 
des croyances. 409-422. 

Semaine midicale (1913). 

Klippal (M.) et Weil (Mathieu-Pierre). La réaction d’activation 
du venin de cobra; sa fréquence au cours des maladies mentales; 
sa valeur pronostique chez les paralytiques généraux et les déments 
précoces. N® 41, 8 octobre. 481-483. 


ALLEMAGNE 

Allgemetne Zeilschrifl fiir Psuchiatrie 
(1913, LXX. Band 6. heft, 22 octobre). 

Kreuaer (Fritz). Zur differentialdiagnose zwischen hebephrenie 
und hysterie. 873-936. Ehrhardt (A.). Ein statistischer beitrag zur 
entstehung der epilepsie. 937-956. Wickel (Carl). Fortschritte im bau 
und in der einrichtung der anstalten fflr psychisch kranke.' 957-974. 
Roeaen. Kasuistischerbeitrag zur frage derforensisch-psychiatrischen 
beurteilung der heimweh-verbrecherinnen. 975-983. 

Psgchiatrisch-Neurologische Wochenschrift (1913-1914), 
Romer. Zur methode der irrenstatistik. N° 27, 4 octobre. 321-324. 
Bresler. Abderhalden’s abwehrfermente des tierischen organismus 
und ihre bedeutung fflr die erforschung geistiger stflrungen. 325-329. 
Hueeele. Uber die anwendung des abderhaldenschen dialysiervers 
fahrens in der psychiatrie. 329-330. Martln (E. A.). Leo Tolstois- 
Drama « Der lebende Leichnam». N® 28,11 octobre. 333-339. Ratner. 
Die bezichungen zwischen gicht und nervenkrankheiten. 339-341. 
Nacke (Paul).N® 26, 27 septembre. 307-313. Michel (Johann). Die 
kflrperlichen stflrungen bei der dementia praecox. N® 29, 18 octobre. 
343-348. Bresler. Die deustchen volksnervenheilstfltten im jahte 


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Original frn-m 

UNIVERSITY OF MIGHIGAN " 



BULLBTIN BIBLIOGRAPHIQUE MEN3UEL 


XLIII 


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tologie. 367-370. Bresler. Die deutschen volksnervenheilstàtten im 
jahre 1913. N° 31, l er novembre. 375-384. Michel (Johann).DiekOrper- 
lichen stOrungen bei der dementia praecox. 384-388. 


ANGLETERBE 

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gical Association, held in London on July 16th and 17th, 1913. 
(Settings. Dysentery, past and present. 605-621. Meikinley Reid. 
On the bacteriology of asylum dysentery in England. Essay for which 
was awarded the England. 621-640. Fraser (Kate) et Ferguson 
Watson.Theróleof syphilisinmentaldeficiency and epilepsy. A review 
of 205cases. 640-651. Bronze medal of theMedico-Psychological Asso- 
ciation, 1913. 


ETATS-UNIS 

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Ruokmich (G.-A.) A bibliography of rhythm.508-519.Taylor(G.-H.). 
Clinical notes on the emotions and their relation to the mind. 520- 
524. Lyon (D.-0.). A rapid and accurate method of scoring nonsense 
syllables and words. 525-531 .Hollingworth(H.-L.).Characteristic dif- 
ferences between recall and recognition.532-544.Bradford(E.-J.-G.). 
A note on the relation and a esthetic value of the perceptive types 
in color appreciation. 545-554. Meyer (M.). The comparative value 
of various conceptions of nervous function based on mechanical 
analogies. 555-563. Burr (Emily-T.) et Geiseler (L.-R.) An intros- 
pective analysis of the association-reaction consciousness. 564-569. 
Coover (J.-E.). « The feeling of being stared at ». Experimental 
570-575. Angell (F.). Projection of the negative after-image in the 
field of the closed lids. 576-578. Titchener (E.-B.). Professor Martin 
on the perky experiments. 579. Browning (Mildred), Brown (Doro- 
thy-E.) et Washbum (M.-F.)). Minor studies from the psychological 
laboratory of vassar college. XXII. The effect of the interval between 
repetitions on the speed of lleaming a series of movements. 580-583, 
Clark (Helen), Quackenbush (Neida) et Washbum(M.-F.), XXIII. 
A suggested coefficient of affective sensitiveness 582-585. Tltchener 
(E.-B.) et Fostor (W.-S.).A bibliography of the scientific writings 
of Wilhelm Wundt. 586. 

Journal of nervous and mental disaese ( The) 1913, vol. 40, n° 9, sept.). 

Price (George E.). Psychic epilepsy occurring without other epi- 
leptic phenomena. 580-584. 


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UNIVERSETY 0F MICHÍGAN 



XLIV 


MVU« DB PtYCHUTRIB 


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XTALIE 

Rastegna di studl psichlatrici (1913, III, fasc. 4, juillet-aotìt). 
Moretti (Antouio). Sul valore terapeutíco del nucleinato dl aodio 
nella paralisi progressiva e nella demenza precoce. 269-278. 

Rivisla di Psicologia (1913, IX, n° 3, mai-juin). 
Ferretti (G). Psicologia différenziale e didattica 209-240. Weet- 
phal (E.). Di alcunl concetti nuovi nella psicologia del pensiero. 241- 
247. Sertoli (V.). Influenza dell’alcool su alcuni processi mentali nei 
fanciulli (Saggio sperimentale). 248-258. Brugia (R.). 11 meccanismo 
dell’allucinazione e l’epilessia. 259-270. Gionei (D.). Saggio speri- 
mentaie sulla psicologia dell’oblio. 271-281. De Sarlo (F.). La clasai- 
ficazione dei fatti psichici. n° 4, juillet-aoùt, 313-332. Gonaiglio (P.). 
La pretesa rieducabilità dei pregiudicali militari in guerra. 333-352. 
Saffiotti (F. U.). Osservazioni sperimentali sul diverso comporta- 
mento del lavoro muscolare nella scrittura durante U calcolo. 353-361. 
Arrighi (G. L.). Le polemiche sulla natura dei corpi e deUo spazio e 
sul concetto della gravitazione universale, con speciale riguardo al 
loro svolgimento in Italia. 362-374. 

Rivista ilaliana di Neuropatologia Psichialria ed Eletlrolerapia (1913, 

VI, fasc. 6, juin). 

Biondi (Giosve). Sul cosidetto« ptgmento giallo > dei centri nervosi. 
241-253. Rezaa (A.) et Vedrani (A.). Reperti istologici in un caso 
di paralisi generale giovanUe. 254-267. 


EXTRAITS 

Rignano (Eugenio). L'ivolulion du raisonncment, 2* pariic : De 
l'inluilion á la déduclion. 1 br., traduit par G. Bourgin, 27 p., extr. de 
« Scientia « XIV, 1913, N. XXXI-5, Bologna. 

Antonini (G ). L'evoluzione dellotecnica e deli' organlizazione mani- 
comiale. Coniribuío alla questione delVassislenza degli allenati in 
provincia di Milano. Conferenza tenuta aUa sede deU’Ordine dei 
Medici deUa provincia di MUano U 16 juin 1913, 1 br. 40 p., extr. 
de l’Attualità médica, 1913, MUano. 


LIVRESREgUS 

Baat (CamUle de). Les asiles d'aliénis ct tes élablissemenls de bien- 
faisance. Sénat de Belgique 1913. Discussion dubudgetdela Justíce, 
1 br., 54 p., Imprimerie Jules Duvivier,3,rue du Nouveau-Bois,Gand. 

Ingenieros (José). Criminologia, 1 vol. de la | Bibliothèque 
Cientifico-FUosofica, in-8°, 386 p., 1913, Jorro (Danlel), CaUe de La 
Paz, 23, Madrid. Prix : 5 pesetas. 

Pennsylvania Hospital, Annual report of the department for the intane 
for the year ending fourth moulh twenty-fourth nineteen hundred and 
thirteeen presented to the one hundred and sixty-second annuol meeting 
of the contributors to the Penruytvania Hospital, 1 br., 31 p., 1913. 
PhUadelphia, Penna. 


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Qriginal frn-m 

UMIVERSITY OF MICHiGAN 



BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 


XLV 


Bnpplément à la Revue de Psychiatrie. Déce mbre 1918 


BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE MENSUEL 

DE PSYCHIATRIE ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE 

FRANGE 

Annales d'hugiène publique el de médecine légale. 

(1913, XX, 4« s., novembre). 

Simonin (J.). L’expertise psychiatrique dans l’armée. — Les ori- 
gines et les dispositions de sa réglementation officielle. 443-460. 

Annales médico-psychologiques (1913, 10 e s., n° 3, octobre-novembre). 

Arsimoles. Le III e congrès international de neurologie et de psy- 
chiatrie. Gand, aoùt 1913. 305-308. Masselon (René). Le délire 
chronique à évolution systématique. Etude critique. 359-371. Gar- 
nier (S.). Une épouse conjugicide au point de vue médico-légal. 372- 
391. Parant (Victor, père). Les moyens d’investigation dc l’autorité 
judiciaire sur l’état et l’internement des aliénés. Inefficacités et in- 
convénients. I. Les enquètes à l’internement. 392-410. Demay 
(Georges) et Libert (Lucien). Les délires de jalousie. Essai de classifi- 
cation. Valeur comparée des interprétations et des hallucinations dans 
la genèse de ces délires. Communication à la Sociétémédíco-psycholo- 
gique, séance du 27 octobre 1913. 412-431. Dubois (Robert). De 
l’anorexie mentale comme prodrome de la démence précoce.431-438. 

Archives inltrnalionales de Neurologie (1913,2,1 l e s., n° 5, novembre). 

Parhon (C.) et Zugravu (Gh.).Recherches pondérales sur les cap- 
sules surénales chez les aliénés. 273-280. Marie (A.). Sur les aliénations 
mentales d’origine syphilitique et parasyphilitique (suite). 280-289. 
Boghassian.Un cas de delirium tremens (?) dù à l’intoxication par le 
datura stramonien. 290-295. 

Bulleiin de la Sociéié libre pour Vélude psychologique de Venfant 
(1913, n° 91, octobre-novembre). 

Lelesch (M lle ). Le témoignage chez les enfants ( suiie ). 309-315. 

Bulleiin de Vlnstiiul générat psychotogique 
(1913, 13 e an., n° 4, juillet-octobre). 

Delage (Yves). Psychologie du rèveur. 195-206. Kahn (Paul). La 
responsabilité des parents des enfants délinquants ou criminels. 
207-214. 

Bullelin et mémoire de la Sociéié médicale des hópitaux de Paris 
(1913, 33 e s., 29 e année). 

Bftarie (Auguste) et Broughton-Alcock. Note sur cent réactioos 
à la luótine. N° 34,27 novembre. 579-583. Marie(Auguste)etLevaditi 
(C.). Essais de traitement de la paralysie générale par applicaiion du 
néo-talvarsan dans le canal rachidien. N° 35, 4 décembre. 675-683. 


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WWeRím-©F-MICHIGAN 



XLVI 


REVUE DE PSYCHIATRIE 


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Bulletin médical (1913, 27 e année). 
Plicque (A.-F.). La cure de désaccoutumance à l’opium (cure de 
l’opiumisme). N° 89,12 novembre. 982-983. Lévy (L.) et Costedoai 
(A.). Sur un cas d’épilepsie psychique. N° 95, 3 décembre. 1052-1054. 
Bernheim. De la psychothérapie.fN 0 97,10 décembre. 1075-1080. 

Caducée (Le) (1913, 13 e ann.V 
Vigouroux et Hérisson-Laparre. Cysticercose cérébrale et para- 
lysie générale. N° 22. 15 novembre. 302. 

Encéphale (L’) (1913, 8 e an., n° 10, 10 octobre). 
Claude (Henri) et Loyez (M lle M.). Etude anatomique d’un cas 
d’apraxie avec hémiplégie droite et cécité verbale. 289-307. Derrien, 
Euzière, Roger. Les dissociations albumino-cytologiques du liquide 
céphalo-rachidien. 308-314. Charon (René) et Courbon(Paul). Anor- 
malité psychique et responsabilité relative.315-327.MaIíilatre(A.) et 
Piqpieznal (J.). Le délire d’un persécuté-persécuteur. 328-342. 
Aimé (Henri). Myoclonie mimique d’origine émotive. 343-346. 
Jacquin (G.). Le signe de la poignée de main dans la démence précoce. 
347-351. 

Enfance anormale (L’) (1913, n lle s., n° 22, octobre). 
Philippe (J.). Influence des premières habitudes sur la formation 
du caractère anormal. 637-646. Ferrari (G. Cesare). La colonisation 
libre des anormaux du caractère. 647-652. Charon (René) et Cour- 
bon (Paul). Quartier médico-pédagogique de 1’AsiIe de Dury-Ies- 
Amiens. 653-657. 

Inconographie de la Salpélrière (1913, 26 e an., n° 4, juilIet-aoQt)« 
Déjerine^et André-Thomas. De la restauration du langage dans 
l’aphasie de Broca. 331-357. Benon (R.). Manie et idiotie. 358-362. 

Revue de médecine légale (1913, 20® an., n° 11, novembre). 
Ladame (Paul). Inversion sexuelle [et pathologie mentale, 321- 
324. 

Revue philosophique (1913, 38 e an., n° 12, décembre). 
Sollier (P.). Mémoire affective et cénesthésie. 561-595. Pérès (J.). 
La logique du rève. 596-614. 

ALLEMAGNE 

Psychiatrisch-neurologische Wochenschrift (1913-1914). 
Kafka (Victor). Ueber die anwendung der intrakutanen Luetin- 
reaktion nach noguchi in der psychiatrie. N° 32, 6 novembre. 391-393. 
Michel (Johann). Die kòrperlichen stòrungen bei der dementia 
praecox. 393-396. Michel (Johann).Die kòrperlichen stòrungen bei 
der dementia praecox. N° 33,15novembre.410-408. Becker(Wern.H.)« 
Professor volds buch Qber den traum und moderne traumdeutung. 


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_UNtt/ERSLTYjOE, 



XLVII 


BULLETIN BIBLlOCiRAPHigUB MBNSUBL 

409-411. Klebelsberg (Ernst v.). Erfahrungen mit luminal. N° 34, 
22 novembre. 415-417. Gesetz Qberdie anstaltsfùrsorge an geisteskran- 
ken^vom l^.^november 1912. 417-418. Feretti (Jos.). Die freie selbst- 
bestimmung bei der wahl des auíenthaltsortes. N° 35, 29 novembre. 
425-431. Mercklin. Mitteilungen. 431-433.Bresler.Die fúr den prak- 
tischen und anstaltsarzt zur syphilisdiagnose verwendbaren serum 
und kutanreaktionen. 433-437. Perretti (Jos.). Die freie selbstim- 
mung bei der wahl des aufenthaltsortes. N° 36,6 décembre. 440-445. 

Psychologische Siudien (1913, IXBand,n 08 1 et2,2 décembre). 

Sander (Friedrich). Elementar-ásthetische wirkungen zusammen- 
gesetzterj geometrischer figuren. 1-35. Kramers (Lambertus W.). 
Experimentelle analyse emes einfachen reaktionsvorganges.35-145. 

BELGIQUE 

Bulleiin de la Sociéié de médecine meniale deBelgique 
(1913, n 08 1 69-170, aoùt-octobre). 

Moreira (Juliano).Notes sur quelques maladies nerveuses et men- 
tales au Brésil. 298-321. Van Deventer Sz (J.). L’assistance et l’ins- 
pection des aliénés en dehors des asiles. 322-344. Sérieux (Paul) et 
Libert (Lucien). Le régime des aliénés en France au xvm e siècle. 
345-360. 

Journal de Neurologie (1913, 18 e an.). 

Decroly. Examen mental des enfants anormaux.N 0 20, 20 octobre. 
381-386. Examen mental des enfants anormaux ( suite et fin). N° 21, 
5 novembre. 401-416. Piquemal. Syndrome hypocondriaque ciiez une 
débile ayant simulé un début de démence sénile N° 22, 20 novembre. 
421-424. 

ÉTATS-UNIS 

American Journal of Insanily (1913, LXX, n° 2, octobre). 

Hender8on (D. K.). Cerebral syphilis. A clinical analysis of twen- 
ty-six cases-seven with autopsy. 281-334. Clark (L. Pierce). A clinical 
contribution to the irregular and unusual forms of status epilepticus. 
335-410. Selden (Charles C.). Conditions in south china in relation to 
insanity. 411-426. May (James V.). Statistical studies of the insane. 
427-439. White (William A.). The genetic concept in psychiatry. 441- 
446. Abbot (E.Stanley).Psychology and the medical schools. 447-457. 
Russeli; (William L.).The widening field of practical psychiatry. 459- 
466. Briggs (L. Vernon). Problems with the insane. 467-475. Goss 
(Arthur V.). Occupation as a remedial agent in the treatment of men- 
tal diseases. 477-486. Harrington (Arthur H.). The congregate dining 
room and its management. 487-496. Ryon (Walter G.). Some sugges- 
tions regarding the improvement of the medical service and the care 
and treatment of the insane. 497-504. 


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UMIVERSITY OF MICHIGAN 



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XLVIII REVUE DB P8YCHIATRIB 

Journal of nervous and Mental Disease (1913, 40, n° IO,ocU>bre). 

dark (L.-Pierce) et Sharp (Edward-A.). The rOle which bePedity 
plays in inducing epilepsy in children sufíering from infantile cerebral 
palsy. 633-639. 

ITALIE 

fìivista sperimentale di Frenialria (1913, vol. XXXIX, Fasc. II, 

30 juin). 

Gorrieri. Contributo air anatomia patologica di alcune ghiandole 
a secrezione interna in alcune forme di malattia mentale. 263-349. 
Gazzamalli.Contributoallo studio della« dementia praecox ».350-377. 
Pighini. Ricerche sulla patologia della epilessia. 378-467. Modena 
La sindrome demenza precoce in rapporto alla evoluzione della 
personalità psichica. 468-473. Vidoni. A proposito deiraortite nei 
paralitici generali. 474-482. Ghilarducci. Le alterazioni della ecci- 
tabilità elettrica nerveo-muscolare nelle lesioni periferiche del nervo 
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