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B 2+1, ù7+£ :
n f/ 8* Série. 18* Année. Tome XVIU. FÉVRIER 1814 — N* 2
REVUE
DB
PSTCHIATRIB
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
DIHECTEUR : D r TouIOUSB
Médecin en Ohef de i’Asile de Villejuif,
Directeur du Laboratoire de Psychologie expórimentale
à FEcole des Hautes-Études (Paris).
Gomité de
D r BLIN, Médecin en Chef des Asiles
de la Seine.
D' COLIN. Mélecin en Chef des
Asiles dt la Seine
D' KLIPPEL t Mádecin des Hòpitaux
de Paris.
D* MARCHAN ), Médeoin-Chef de
la Maisnn Nationale de Cha-
renton.
D t MARIE. Midecin en Chef des
Asiíes ae la Seine.
ródaction
D v MIGNARD, Módeoin Adjoint de <
la Maison Nat u deCharenton
D r PACTET, Médeoin en Chef des
Asiles de la Seine.
D PICQUÉ, Chirurgien des H6pi-
taux de Paris et des Asiles de la
Seine.
D r SÉRIEUX, Médeoin en Chef des
Asiles de la Seine.
I D* VIGOUROUX, Médecin en Chef
des Asiles de la Seine.
Rédaction :
D r JUQUELIER
Mólecin chef
des asiles de la Seine.
H. PIÉRON
Directeur du Laboratoire
de Psyohologie physiologique
à la Sorbonne.
Secrótariat:
D T J. CRINON
Licencié ès sciences
Ancien ìnterne des Asiles de ia Seine
La Revue de Psychiatrie paralt le 30 de chaque mois ; elle publie un
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8 e Série. 18® Année. Tome XVIII.
FÉVRIIER 1914 — N» 2
REVUE DE PSYCHIATRIE
ET DE PSYCHOLOGIE EXPÉRIMENTALE
SOMMAIRE
L bistoire de la kleptomanie, par Juquelieh et Vinghon. 47
L’ceuvre psychiatrique de Lombroso, par G. Genil-Perrin. 64
Revue des livres
La paresse pathologique, par Haury. 72
Nouvelles
Examen par l’Académie de Médecine de la proposition de loi
visant la réforme de la loi de 1838. — Goncours d’internat... 74
Revue des sociótés
Société dé médecine légale, séance du 13 octobre 1913. — Le
divorc^pour cause d’aliénation mentale, Le Poittevin. .. . 75
Séance du 10 novembre. — Du danger que font courir à la
société les faibles d’esprit utilisés à commettre des crimes,
Briand. — Un débile mental utilisé par une bande de malfai-
leurs, Simon . 76
Société clinique de médecine mentale, séance du 15 décem-
bre 1913. — Deux cas de chorée périodique, Picqué. — Para-
lysie générale et tabes, Vigouroux etPRUvosx; — Impulsions
conscientes chez un épileptique, Trénel et Raignier. — P.
G. et néo-salvarsan, Marie. — Un singe cocaInomane,BniAND;
— Démence précoce et tuberculose du cerveau, Hérisson-
Laparre et Pruvost. — P. G. et tabes, Vigouroux et Pru-
vost ... 79
Société médico-psychologique. — Séance du 29 décembre
1913. — Troubles mentaux dans le tabes, Truelle et Cornet. 81
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Original frn-rri
UNIVERSITY OF MICHIGAN
Séance du 26 janvier 1914. — La démence épileptique, discus-
sion par Trénel, Ghaslin, Ducosté, Marchand et Vurpas ... 82
Sociétó clinique de médecine mentale. — Séance du 16 fé-
vrier 1914. — L’aliénation mentale chez les employés de che-
mins de fer, Pactet; — Paralytiques généraux traités par la
voie intra-cranienne, Marie,Levaditti, de Martel. — Etat
circulaire chez une P. G., Leroy et Beaudouin. —Exhibition-
nisme et inversion sexuelle, Briand et Salomon. — Sarcome
du corps calleux chez un délirant interprétateur, Baracoff;
— Délire ambitieux et tabes, Juquelier . 84
Revue des périodiques
Prance. — Etude clinique de la démence épileptique, Benon et
Legal ( Revue de Médecine ). 87
Italie. — Les psychoses névralgiques, Giccarelli. — Injections
épidurales dans le traitement de rincontinence d’urine chez
les aliénés, Fornaca. — La psycho-pathologie de l’émotion en
temps de guerre, Daneo. — Le chant chez les aliénés, Valtor-
ta. — La cure de Pilcz et Wagner,de Paoli. — Lamaladie
d’Alzheimer, Ziveri. — Interprétations des phénomènes
mentaux avec l’orientation de la sciencepénale, Pazzi( Rasseg-
na di siudi psychialri). —Un cas d’autodénonciationpardélire
imprévu et passager, Romergua Mandia ( Revue di pal. nerv.
e menl .).— Nosographie ethistopathologie delapresbyophrénie,
Angelo Piazza. — Troubles neuro-psychiques consécutifs aux
commotions de la guerre italo-turque,D’ABUNDO. — Troubles
psychiques et affections gynécologiques, Ghristiani. — La
mort subite dans la démence précoce, Montesano ( Rev . iial. di
neuropaih. psich , ed. elecirolerapia) . 87
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Origiaal frn-m
UNIVERSITY OF MICHIGAN
L’HISTOIRE DE LA KLEPTOMAMIE
Par
Paul Juquelier et Jean Vinchon,
médecin inierne
des Asiles de la Seine .
Au xvm e siècle, un médecin philosophe, Julien de la Mettrie (1),
eut pour la première fois la hardiesse de battre en brèche les vieilles
conceptions du libre arbitre et de la responsabilité : « Nous ne som-
mes pas plus criminels en suivant l’impulsion des mouvements
primitifs qui nous gouvernent que le Nil l’est de ses inondations et
la mer de ses ravages. » Comme il savait bien que les intérèts sociaux
étaient gravement compromis par cette théorie, La Mettrie (2)
réclamait des tribunaux de médecins chargés de les concilier avec
ceux de Tindividu.
Peu après, ces idées furent reprises par les encyclopédistes, mais
nous n’envisageons ici que les opinions des médecins qui tentèrent
de départager, dans ce cas particulier du vol, les actes pouvant
ètre expliqués par des troubles mentaux, de ceux devant ètre
considérés comme de simples délits.
Lavater ne parle des vols morbides qu’incidemment (3); ii cite
la fameuse histoire du médecin qui détrousse les clients, et celle
d’un enfant mendiant élevé par une famille noble, et qui vole en
dépit d’une excellente éducation.
II nous faut nous arrèter un peu plus longtemps avec Gall; nous
allons voir l’intérèt qu’il y a à parcourir attentivement ses oeuvres (4).
(1) La Mettrie. (Euvres philosophiques . Amsterdam, 1774.
(2) La Mettrie. Homme machine. Leyde, 1748.
(3) Lavater. Vari de connaítre les hommes par la physionomie . Nouvelle
édition par Moreau de la Sarthe. Paris, Depelafol, M.DCGG.XXXV, tome VIII,
p. 193.
(4) F. J. Gall. Sur les fonclions du cerveau el sur chacune de ses parties . Paris,
-Baillière, 1825, tome IV, p. 201.
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Original frorri
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48
HBVUE DE PSYCHIATRIE
Le vol est pour Gall une perversion du sentiment de la proprióté :
Tauteur Tétudie suivant son plan si méthodique après la ruse, la
finesse et le savoir-faire, avant Forgueil, la hauteur et la vanité.
Cet instinct du vol est naturel et ne peut ètre modifié profondé-
ment par Féducation; Thomme y succombe si les facultés intellec-
tuelles arrivent à lui faire défaut; c'est ce qui se passe chez les hon-
nètes gens qui volent une fois devenus aliénés. Toutesles histoires
classiques de vols morbides, que Pon retrouve si souvent dans les
livres, sont ici rapportées, depuis celledeVictor-Amédée, roi de Sar-
daigne, jusqu J au cas curieux de raumònier de cuirassiers prussiens^
qui dépouillait de leurs mouchoirs, à la parade, les officiers de son
régiment.
L'enfant est naturellement voleur, et chacun peut se rappeler
avoir plus ou moins commis des larcins dans sa jeunesse. «ChezPun>
« ce penchant est modifié par une organisation heureuse; chez
« Tautre, par Pinfluence de l’éducation, Pempire de Phabitude ou
« la crainte des chàtiments. Ghez un troisième, le penchant vicieux
« est déterminé par un organe tellement énergique que les mèmes
« motifs qui eussent porté tout autre à ètre honnète ne peuvent
« rien sur lui. C*est le degré de violence du penchant qui devrait
« fixer Pesprit du juge et du législateur. Le vol ou la valeur de Pobjet
« volé sont des choses accessoires. »
En pratique, le juge devra aggraver la peine à ehaque récidive
pour essayer de corriger, par la crainte de cette peine, celui dont les
moyens d y inhibition personnelle sont insuffisants. Au bout d’un
certain nombre de condamnations, le délinquant devra étre mis hors
la loi : d’autrepart, Pon devra supprimer les peines infamantes qui
Pobligent à vivre,une foissorti de prison, avec les criminels; il y a là
une contradiction apparente qui montre la difficulté du problème au
point de vue pratique ;;la distinction, cependant, est bonne à retenir.
Gall passe en revue les vols de certains malades « avec faiblesse
« d'esprit très marquée »; et il précise le siège de Porgane de la « pro-
« priété et du penchant à faire des provisions»,proéminencebombée
et allongée du cràne et de la tète qui s’étend depuis Porgane de la
ruse jusqu’au bord externe de Parcade supérieure de Porbite. Les
crànes de voleurs sont aplatis par en haut et sur le devant.
Le penchant au vol est rarement isolé : Pinstinct du vol peut ètre
uni à celui de la propre défense, au courage, à l’instinct du meurtre.
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l’histoire de la kleptomanie
49
de la ruse, de la procréation; on peut aussi rencontrer Tassociation
du vol et de rattachement; du vol et du sens des localités; du vol et
du sentiment de l’artou de l’aptitude à la mécánique. Ces associations
donnent des types de voleurs en apparence paradoxaux comme dans
rexemplede«Pierre Michel, voleur très rusé et incorrigible, qui ne
volait que pour donner aux pauvres ». Du mème ordre sont les vo-
leurs de caisses publiques ou d’églises, qui ne croient ainsi faire tort
à personne, et ce jeune homme qui commettait des larcins au profit
des chapelles qu’il avait fondées, Les associations peuvent se
multiplier à rinfini et expliquent le polymorphisme de ces
délits.
Spurzheim (1), le contemporain et souvent Ie collaborateur de Gall,
rapporte Thistoire d’un malheureux qui fuyait en quelque sorte de
profession en profession devant ce penchant de la convoitise et
finit capucin, mais toujours voleur.
Nous n’insisterons pas sur les autres faits qui viennent grossir
le faisceau de ceux que nous connaissons bien. Sans doute la masse
de ces documents paraít impressionnante; pourtant si on les passe
au crible, on remarque que beaucoup ne sont pas des observations
personnelles, mais seulement des récits rapportés de seconde main,
et que bien souvent les observations mème personnelles n’ont qu’une
valeur relative. Gall ou Spurzheim ont visité une prison et examiné
en passant quelque individu dont on leur a conté l’histoire. Cela
leur suffit, et ils enregistrent son observation à la suite des autres.
C’est que l’école phrénologiste subissait de tous les còtés de fu-
rieux assauts : savants et grand public s’en mèlaient : lès caricatu-
ristes lui faisaient une guerre souvent spirituelle; et il fallait répon-
dre en montrant des documents dont le nombre au ptèmier abord
imposait; mais dont la solidité était incontestable.
Les idées de Gall devaient d’ailleurs porter leur fruits, et outre
que la phrénologie eut des adeptes nombreux presque jusqu’à nos
jours, nous retrouvons son influence dans plus d’une théorie crimi-
naliste récente.
Esquirol vivait en mème temps que Gall et nous constatons le
témoignage de leurs communauté de vue à propos des monomanies
où le désordre intellectuel est concentré sur un seul objet ou sur une
(1) Spurzheim. Observalion sur la phrénologie . Paris, Treuttel et Wtìrtz, 1881.
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50
REVUE DE PSYGHIATRIE
seule série d’objets (1). Tout le monde connaìtla classification en
monomanies intellectuelles affectives et instinctives. Les cas qui
nous occupent devraient ètre rangées dans cette dernière catégorie
où le malade « est porté à des actes que la raison ou le sentiment
«ne déterminent pas, que la conscience réprouve,que la volonté n’a
« plus la force de réprimer »; mais Esquirol ne croit pas devoir isoler
la monomanieduvol,ilcommunique seulement à Galluneobservation
rapportéeau chapitre que nousavons analysédu tomelV de Torgano-
logie.il s’agissait d’un chevalier de Malte, qui s’était livré dans sa jeu-
nesse aux plaisirs de l’amour avec excès, et qui à 35 ans commence à
donner des signes d’affaiblissement intellectuel, à changer de carac-
tèreet d’habitudes. Finalement il devint voleur et les siens le menèrent
dans une maison de santé, où il guérit de sa funeste habitude, bien
que « sa tète fùt restée faible ».
Pinel, à peu près dans le mème temps, nous décrit, sous le nom de
manie sans délire, la mème affection qu’Esquirol appela monomanie
instinctive : mais bien que Pinel remarque la propension aux vol
de certains aliénés autrefois honnètes et qui le redeviennent dans
leurs périodes decalme, il ne va pas non plus jusqu’à isoler la klep-
tomanie (2).
Plus catégorique, un médeein suisse, s’inspirant des doctrines
d’EsquiroI, considéra « Ia klopémanie comme une vésanie uni-
quement caractérisée par la tendance à voler sans motif et sans néces-
sité » (3).
Marc créa le mot de kleptomanie, tout en se défendant et en pré-
voyant par avance,comme avant luiLa Mettrie,les objections nom-
breuses que l’on allait soulever. « Le vol est un crime si commun,
« sa répression intéresse à un si haut degré l’ordre social qu’on hésite
« au premier abord à admettre des circonstances capables d’exclure
« la criminalité d’une pareille action (4). »
(1) Esquirol. Les maladies meniales considérées sous les rapporis médica
hygiénique ei médico-légal. Paris, Baillière, 1838, tome II.
(2) Pinel. Traiié médico-philosophique sur Valiénaìion menlale. Paris, Brosson,
1809, p. 101.
(3) Mathey. Nouvelles recherches sur les maladies de Vespriì . Paris, 1816.
(4) Marc. De la folie considérée dans ses rapporis avec les quesiions médico -
udicìaires. Paris, Baillière, 1840, tome II, p. 247.
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l’histoire de la kleptomanie
51
A còté du penchant au vol qui se manifeste au milieu d*une
aberration plus ou moins générale de rintelligence,il y a un penchant
souvent raisonné, une propension instinctive auvol,la kleptomanie r
monomanie instinctive. Les caractères de Tacte et l’étude du
voleur, un héréditaire dont la résistance est diminuée par une
cause occasionnelle, peuvent per ettre de distinguer le malade du
délinquant, mais Texpert ne sera jamais trop circonspect et pensera
toujours au danger que présenterait pour Fordre social « une appli-
cation trop large et trop irréfléchie de cette doctrine. »
Renaudin, dans une revue critique où il étudie divers articles*
notamment un mémoire de Bergmann sur la kleptomanie, reconnaít
que la doctrine d’Esquirol reposé sur une base fragile. Les Alle-
mands la repoussent : on peut radmettre,mais pour certains cas
rares (1). Bergmann faisait une distinction un peu subtile entre
le désir d'acquérir et celui de posséder : ceux qui éprouvent le pre-
mier de ces désirs sònt des collectionneurs, ceux qui succombent au
seond sont des avares. Pour Bergmann, le vol morbide dépend de
modifications organo-dynamiques des portions centrales du cer-
veau, parce que c’est là qu’aboutit le sensorium commune : on
Pobserve en effet avec ses caractères spéciaux chez des paralytiques
généraux, des hémiplégiques, des individus porteurs de blessures
du cráne, des imbéciles, des idiots, des individus souvent atteints
de strabisme. Chez les criminels non aliénés, le vol est dú à une déter-
mination volontaire, et n’a plus le caractère d’acte instinctif, irré-
fléchi.
Souvent la limite est difficile à préciser entre le fait pathologique
et le délit.
Chez Paliéné, la modification organique agit enempèchantPéchan-
ge entre le cervelet et le cerveau, entre Porgane de la sensation et
celui du mouvement dont la connexion est nécessaire pour Pexécu-
tion des actes normaux. L’instinct naturel de sentir, toucher
saisir n’est plus guidé par Pentendement chez ces malades, alors qu*il
l*est, mais mal, chez les criminels.
Trélat isole aussi la manie du vol (2) et il rappelle après Gall que
(1) E. Renaudin. Psychiatrie aUemande, in Annales médico-psychologiques*
Paris, Masson, 1855, p. 300.
(2) Trélat. La folie lucide éìudiée el considérée au point de vue de la famille
el de la sociéìé . Paris, Delaye, 1861, p. 259.
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52
REVUE DE PSYCHIATRIE
le vol est la continuation chez l’adulte d’une tendance naturelle
à Fenfant: si l’enfant continue de voler après l’áge de 13 ans, il faut
alors prendre garde, car rincurabilité est à craindre, et le jeune hom-
me restera un kleptomane.
De méme nous trouvons un exposé de la monomanie du vol
dans l’oeuvre de Marcé (1). « Le peu de valeur des objets volés, la
« bizarrerie du choix, Fusage qu’on en fait, la position sociale des
« individus, leur moralité, leurs antécédents au point de vue de
« Fhérédité et de l’état mental, les aveux spontanés du voleur ou
« la restitution de l’objet, Fétat de grossesse, enfin les phénomènes
« physiques qui accompagnent les monomanies instinctives, toutes
« ces conditions doivent ètre prises en grande considération dans le
« diagnostic souvent délicat de la monomanie impulsive du vol.
« Quant à ces vols incompréhensibles commis par des amateurs
« effrénés de livres, d’antiquités, d’objets précieux, il est très dif-
« ficile de distinguer ce qu’on doit attribuer à Fentraínement d’une
« passion dominatrice ou à Fimpulsion irrésistible de la folie et à
« cet égard on ne peut fixer de règles précises. »
L’article « monomanie » du dictionnaire Dechambremet au point
la question en 1876 (2).
A còté des aliénés évidents, il existe des kleptomaniaques dont
les actes ont un caractère morbide et qui présentènt eux-mèmes
à un examen plus approfondi des signes de prédisposition.
Le ròle du médecin est alors ainsi défini; il doit fournir au juge
un diagnostic; à celui-ci d’estimer la responsabilité; le diagnostic
s’appuira sur l’étude clinique du malade, éclairée par la recherche
des antécédents. Le mobile de l’acte est des plus intéressants à
connaítre et il ne faut pas oublier qu’il est souvent difficile à trouver.
Puis il faut tenir compte de l’attitude du monomaniaque après son
délit,et le comparer à tous ces moments avec un malfaiteur ordi-
naire.
Depuis Esquirol, la doctrine des monomanies, très attaquée,
a bien évolué; on admet encore l’existenced’idiosyncrasies particu-
lières (3) mais on les rapproche de l’épilepsie dont ces actes ont pres-
(1) Marcé. Traiìé praiique des maladies menlales. Paris. Baillière, 1862, p. 385.
(2) Linas. Article «monomanie»m Diciionnaire encyclopédique des sciences
médicales. Paris, Masson, 1876.
(3) Schule. Traiìé cliniquedes maladies meniales. Paris, Delahaye, 1888, tra-
duction Dagonet, p. 423.
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Origirìal frn-m
UNIVERSITf OF MICHIGAN
L HISTOIRE DE LA KLEPTOMANIE
53
que le caractère impulsif et de la folie morale où rinhibition est plus
ou moins amoindrie (1).
Krafft-Ebing, tout en se défendant deressusciter les monomanies,
crée la folie impulsive évoluant surleterrain de la dégénérescence, et
y range la kleptomanie vraie à còté des vols des aliénés francs :
ces cas de kleptomanie comprennent pour lui ceux « dans lesquels
Pimpul^ion au vol apparaít comme un phénomène isolé et purement
'impulsif chez des dégénérés psychiques ».
Parmi les adversaires des monomanies, Morel fut un de ceux quí
Ieur portèrent le plus rude roup: le public ne pouvait pas admettre T exis-
íence de la kleptomanie, les magistrats lui décochaient des traits
à chaque nouvelle occasion, tel ce président de cour d’assise qui pré-
vient ainsi le jury contre les conclusions que Texpert allait sans doute
déposer (2) :« Si le médecin vous dit que Tinculpé a la monomanie
du vol, ayez celle de le condamner. » Morel n’avait jamais observé
la kleptomanie dans les cas ordinaires, grossesses, menstruation,
àge critique, etc... II ne pensait pas non plus que Tavarice, comme
Tavaient soutenu ses prédécesseurs, pouvait ètre le germe d’une ten-
dance maladive au'vol; tout au plus pouvait-on considérer ce défaut
comme une cause banale de la foiie.
II tendait assez à rapprocher les impulsions au vol des autres
impulsions épileptiques; dans d’autres cas, on serait en présence
-d ? une sorte de perversité native avec conservation apparente de la
raison rattachable aux affections héréditaires. On sait que ces af-
fections ont parmi leurs principaux caractères la périodicité : il
faut donc toujours craindre le retour des actes et surveiller étroi-
tement le malade. Onne différera rinternement que s41 s’agit d J un
délire transitoire et éphémère. Dans ses études classiques, Morel (3)
a décrit ces phénomènes pathologiques au chapitre de la manie ins-
tinctive qu’il rapproche de la manie raisonnante de Pinel, et de la
moral insanity de Pritchard.
(1) Krafft-Ebing. Médecine légale des aliénés. Trad. Raymond. Paris, Doin,
1900.
(2) Morel. Folie raisonnante in Annales médico-psychologiques , 1866, p. 106.
(3) Morel. Eludes classiques. Paris, Baillière, 1852, tome I.
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54
REVUE DE PSYCHIATRIE
Jules Falret (1), qui avait dirigé avec Morel les discussions sur la
monomanie à la Société médico-psychologique, parle des maniaques*
incités au vol pendant toute la durée de Tagitation et qui volent
sans mobile et sans utilité.
Dansdes cas rares, les penchants sontprimitivementdésordonnés,*;
Pentraìnement est alors irrésistible : le plus souvent le penchant à
voler est secondaire au désordre des idées et des sentiments du ma-
lade; alors la violence avec laquelle celui-ci est entraìné à satisfaire-
ses tendances est proportionnelle à Fintensité du sentiment ou de
Fidée qui dirige le malade. Parfois Panxiété semble seule intervenir
sans mobile apparent. Les premiers cas sont les plus difficiles pour
Pexpert qui doit toujours chercher s’il n’existe pas quelque tare en
dehors des faits qu’il constate.
Dans un rapport de Girard de Cailleux (2) datant de 1845, nous
trouvons une sorte de compromis entre la doctrine des monomanies
d’Esquirol et celle de Morel: la monomanie existe,mais chez des héré-
ditaires intermittents et que Pon doit interner dans les asiles. En
réalité, c’est une concession aux tendances qui étaient alors nouvelles^
et qui devaient mener aux études sur la dégénérescence.
Notre maìtre, M. Magnan, a repris, et après lui avoir donné som
empreinte, vulgarisé les idées de Morel : la kleptomanie devient ua
des syndromes épisodiques de la dégénérescence, Elle est rare quand
elle est vraie : c’est-à-dire quand elle se présente sous la forme d’ob-
session poussant irrésistiblement au vol avec résistance, lutte et
angoisse, puis détente consécutive à Pacte (3).
La grossesse, Paccouchement, Pallaitement peuvent détruire un
équilibre nerveux déjà compromis par la dégénérescence, et provo-
quer Papparition du syndrome; de mème des fatigues, des maladies^
Les débiles, les imbéciles, les idiots, les malades porteurs de lésions
circonscrites ou diffuses du cerveau peuvent commettre des vols
morbides. « L’examen de ces différents cas, où les centres supérieurs
« affáiblis perdent à des degré divers leur action modératrice et leur
(1) Jules Falret. Legons cliniques sur les maladies mentales. Première partie t
symptomatologie générale. Paris, Baillière, 1864, p. 155.
(2) Girard de Cailleux. Kleptomanie, accusation de vol, condamnaxion
par défaut, appel de jugement, rapport médico-légalpourconstaterl’aliénalion
mentale, acquittement, in Annales médico-psychologiques, tome VI. Paris,
Masson, 1845, p. 231.
(3) V. Magnan. Recherches sur les cenires nerveux. Paris, Masson, 1893, p. 342 0 .
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UNIVERSITf OF MICHIGAN
l’histoire de la kleptomanie 55*
« contròle, nous donne toute la gamme de la résistance morale,
« depuis la lutte plus active des premiers jusqu’au naif abandon,-
« que dans sa souveraine imprévoyance le paralytique général met
« à Faccomplissement de l’acte. » La kleptomanie a comme pendant
la kleptophobie.
Plusieurs élèves de M. Magnan ont repris cetteétude.LeD r Blaise,
dans sa thèse sur les impulsions (1), a passé en revue 253 malades
les dégénérés (débiles, imbéciles, idiots), les paralytiques généraux,
les alcooliques sont les catégories les plus nombreuses; les autres
comprennent des épileptiques, des dégénérés d J un ordre supérieur,
des maniaques, des délirants chroniques et des mélancoliques, etc...-
Frangois Boissier et Georges Lachaux (2) ont publié des observa-
tions intéressantes sur lesquelles nous reviendrons. Disons de suite
qu'ils y remarquent que les vrais kleptomanes « cherchent à dissi-
muler leur passion maladive », et se cachent souvent aux yeux du
médecin, préférant la prison à l’asile. Ils doivent ètre considérés
comme complètement irresponsablesetilnesaurait ètre question pour
eux de responsabilité limitée. Nous avons choisi ces travaux parce
qu’ils complètent d’une fagon intéressante le travail de M. Magnan
sur Tobsession criminelle morbide et achèvent de donner sur la
question l’opinion de son école.
Krsepelin considère aussi les kíeptomanes comme des prédisposés.
II insiste sur la différence entre la kleptomanie et d’autres impulsions
telle que la pyrómanie ou les impulsions sexuelles. Chez les klepto-
manes, il est difficile de faire abstraction de Tintérèt personnel,.
mème quand il n’apparaìt pas de suite comme chez ceux qui sont en
mème temps fétichistes. C’est une des impulsions pathologiques le&
plus rares et bien peu nombreux sont ceux chez qui les phénomènes
pathologiques sont assez marqués pour légitimer une entrée dans
les asiles (3).
Dans la dernière édition de son traité (4), le professeur de Munich
insiste sur la grossesse et les règles comme principale cause agissant
(1) Blaise. Impulsions, amnésie, responsabilité chez les aliénés. Thèse, Paris,
1887.
(2) Frangois Boissier et Georges Lachaux. Contribution à l’étude cliniqufr
de la kleptomanie. Ann. médico-psychologiques, janvier, 1894.
(3) KRflEPELiN. Inlroduclion à la psychiairie clinique. Paris, Vigot, 1907.
(4) Krkpelin. Em. Lehrbuch fiìr Siudierenden und Mrzie . Liepsig, Barth^
1909, tome I, p. 409.
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56 REVUE DE PSYCHIATRIE
sur un terrain psychopathique ou hystérique. « Dans de nombreux
« cas on a noté une curieuse coincidence entre ces impulsions et les
« perversions sexuelles chez certaines personnes qui dérobaient des
« mouchoirs, du linge, des pièces de vètements, des chaussures en
« grande quantité pour s*en servir comme de fétiches; on a remarqué
« aussi une grande excitation sexuelle pendant le vol ou lorsqu l 2 3 4 5 on
« s*apercevait du vol »; on sait que dans ces dernières années les
obsessions, et parmi elles la kleptomanie, ontétérattachéesparl’école
de Munich à la psychose manique dépressive.
Plus incidemment, de nombreux auteurs ont étudié les impulsions
au vol M. le D r H. Dagonet (1) retrouve dans quelques-uns des accès
pendant lesquels les vols sont commis, les caractères des accès d*exci-
tation maniaque; dans d’autre cas, il comparecette tendance aux
idées fixes que Pon rencontre dans d'autres espèces d’aliénation
mentale. Foville (2) rappelle que lorsqu’on ne trouve pas d’affec-
tion mentale nette chez le délinquant, il faut étudier le terrain :
hérédité, constitution névropathique, convulsions dans l’enfance,
impressionnabilité extrème, alternatives d’excitation et de dépres-
sion, périodicité des troubles nerveux, concomitance de méchanceté
naturelle, autres penchants; on y retrouve tous les éléments de ce
qu*on a appelé folie instinctive ou des actes.
Gullerre (3) n’apportepas de notions nouvelles sur le vol morbide.
Pitres et Régis (4), M. Régis (5), dans son Précis de psychiaìrie ,
étudient les vols conscients et inconscients. Ces derniers sont.commis
par des dégénérés inférieurs, des déments séniles ou paralytiques,
des épileptiques; chez les autres, le substratum pathologique est
moins net. Quelquefois mème les vols ont Papparence à un premier
examen de vols délictieux; les malades sont alors des névropathes,
des hystériques, des neurasthéniques obsédés, des dégénérés supé-
rieurs, des déséquilibrés.
Le vol dans les grands magasins est le vol type du kleptomane.
Dans l’énumération des mobiles, M. Régis insiste sur quelques-uns
(1) D r H. Dagonet. Traiiédes maladies meniales . Paris, Baillière, 1894, p. 464.
(2) Foville. Art.« Kleptomanie »in Nouveau Dictionnaire de médecine ei de
chirurgie praiique, tome XIX. Paris, Baillière, 1874.
(3) Cullerre. Trailè praiique des maladies menlales, Paris, Baillière, 1890,
p. 303.
(4) Pitres et Régis. Les obsessions ei les impulsions, Paris, Doin,1902, p. 316.
(5) Régis. Précis de psychiairie, Paris, Doin, 1911.
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L HISTOIRE DE LA KLEPTOMANIE
57
comme le fétichisme, et le goút dela collection qui n s est pas à propre-
ment parler pathologique. Les malades, surtout quand ils ne sont
ni débiles, ni déments, peuvent très bien tirer parti d'un vol patho-
logique.
Dansl e Traité de pathologie menlale de Gilbert Ballet (1), M. Ar-
mand définit la kleptomanie une obsession consciente avec im-
pulsions plus ou moins irrésistibles, donnant lieu à une résistance, à
une lutte d’intensité variable. Elle apparaít par accès irrégulièrement
intermittents. C’est une affection qui n'est pour ainsi dire jamais
isolée. Parfois la kleptomanie est spécialisée. Après Farrestation,
Pattitude varie : le kleptomane est honteux ou indifférent. M. le
D r Ballet rattache à Pheure actuelle la kleptomanie, comme toutes
les obsessions, à la psychose maniaque dépressive : il distingue le
vrai kleptomane, du fou moral qui vole pour obéir a un instinct
pervers et rapproche Pimpulsion morbide à voler de Poniomanie
(manie des achats) et la manie du jeu (2).
Le vrai kleptomane est irresponsable et il ne saurait ètre question,
pour M. Ballet, pas plus ici qu’ailleurs, de responsabilité atténuée.
De nombreuses thèses et de nombreux mémoires étudient la klep-
tomanie dans des cas particuliers. Nous n*en citerons que quelques-
uns que nous avons eu Poccasion de parcourir.
Eugène Ribes (3) discute la responsabilité légale des femmes en-
ceintes accusées du délit qui nous occupe, après avoir étudié en
détail leurs nombreuses perversions morales. En Italie, Livi (4)
publie des observations de vols chez des paralytiques généraux,
chez des délirants anciens plus ou moins voisins de la démence.
Fortineau (5) s'attache à mettre particulièrement en valeur les
impulsions du début de la paralysie générale, vraie période médico-
légale de celle-ci. Pour lui, contre le D r Saury qui avait affirmé
le contraire dans sa thèse, le vol de ces malades est en rapport
avec leurs idées délirantes; en outre, le sens moral étant annihilé et
(1) Gilbert Ballbt. Traiiéde palhologie meniale. Paris, Baillière, 1903, p. 743.
(2) Gilbert Ballet. Les psychoses, in Trailé de médecine Bouchard et Briand,
Paris, Masson, 1903.
(3) E. Ribes. De la perversion morale chez les femmes enceintes. Thèse
Strasbourg y 1866.
(4) C. Livi. Attentats contre les choses. De la maladie incendiaire ou pryro-
manie, de la kleptomanie. Archivo Iialiano } 1867.
(5) Des impulsions au cours de la paralysie générale . Paris, Rougier, 1885,
p. 27.
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:58 REVUE DE PSYCHIATRIE
le sentiment de la propriété étant profondément modifié, ils se
livrent à leurs impulsions sans aucune résistance; et ils y obéissent
avec une assurance qui en impose et facilite la réussite de leurs entre-
prises méme dans Ies circonstances les plus invraisemblables.
L'histoire est bien connue de ce paralytique priant les agents de
Taider à pousser chez lui un tonneau trop lourd qu’il venait de déro-
ber.
Les actes des épileptiques ont aussi attiré souvent Tattention des
aliénistes (1). M. Vallon les a passés en revue dans son rapport au
'Congrès de Bordeaux de 1895; ils ne sont'pas toujoursinconscients;
évidemment l’épileptique ne peut en ètre toujours responsable, mais
quand il s’agit de vol, il parait mòins excusable que lorsque
Fon est en présence d’actes de violence provoqués par le caractère
si irritable de leur auteur; il ne faut pas oublier que l’impulsion
épileptique est essentiellement automatique et involontaire, brus-
que, soudaine, irréfléchie, sans motif, et suivie d’amnésie plus ou
moins complète. Les impulsions d’autre nature sont réfléchies et
conscientes.
Le mèmemélange d’actes morbides etcriminels peutse rencontrer
dans d’autres cas.Enfindes communications et des articles nombreux
-ont à un moment donné établi la fréquence relative des actes klep-
tomaniaques chez les neurasthéniques. Parfois mème l’impulsion
neurasthénique se rapprocherait du type épileptique. Féré (2) rap-
porte le cas curieux d’un neurasthénique de 42 ans qui fut pris un
Jour du besoin irrésistible d’aller s’emparer chez un libraire d’un
livre qu’il convoitait (il était bibliophile). II ne se rappelle plus rien.
Cette impulsion avait le caractère d’une impulsion épileptique, et
néanmoins l’épilepsie et l’álcoolisme devaient ètre éliminés. Ces
impulsions inconscientes sur la nature desquelles on peut rester un
peu perplexe alternent chez certains malades avec des impulsions
conscientes (3).
Enfin rappelons que parfois on a constaté I’apparition de la klep-
(1) Ch. Vallon. Actes des épileptiques : de Timportance prépondérante des
-caractères de l’acte incriminé dans rappréciation.de la responsabilité des épilep-
tiques, in Congrès desmédecins aliénistes et neurologistes de France , Bordeaux, 1895.
(2) Féré. Impulsions inconscientes chez un neurasthénique. Belgique médi -
cale } 1898, n° 8.
(3) Delmas. Délits prémédités alternant chez un débile avec des impulsions
mévropathiques, p.274,in Ann.médico-psychologiques, septembre 1905.
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l’histoire de la kleptomanie
59
tomanie coincidant avec des affections nerveuses : chorée, accès
d’urémie à forme nerveuse etc... (1).
De très nombreux criminalistes étudièrent aussi de tous còtés le
vnl au point de vue délictueux et au point de vue morbide. On con-
nalt le succès des théóries de Lombroso (2), qui rapprochent le cri-
minel né du fou moral. Des savants russes contribuèrent à répandre
ces idées. Pauline Tarnousky (3) rapproche les prostituées des vo-
leurs. Paul Kovalevsky (4) étudie parallèlement le voleur et lemeur-
trier et semble les opposer l’un à l’autre. Nous retrouvons dans ces
livres un reste de vieilles idées de Gallsur la perversion de l’instinct
de lapropriété.Le voleur profite du produit de sonvol,cequi le dis-
tingue du kleptomane. C’est un ètre privé d’énergie physique et mo-
rale, de tempérament faible et de caractère vicieux;il se rapproche
des prostituées, dont il a la perversité et l’indifférence: ce sont les
évènements ou des complices plus actifs qui l’amènent à voler.
La division des kleptomanes proposée par Kovalevsky est compara-
ble à celle de Régis, maintenant classique chez nous. Le kleptomane
vrai se distingue, pour cet auteur, de celui quivole pourobéir àune
impulsion d’autre nature.
Del Greco (5),montrebien l’excitation, d’une part la diminution
de Finhibition, d’autre part, et il comparel’accès psychopathiqueet
la tendance criminelle, qui ont probablement un mème point d’ori-
gine dans les conditions de tempérament.
Mingazzini et Sancte de Sanctis (6) se sont placés à un point de
(1) Kurella. Kleptomanie chez unechoréique. Allg. Zeilschr.f.Psychialrie,
analyse in Archives de Neurologie, 1905. — Meunier. Observation d’un cas
de kieptomanie terminé parun accès urémique à forme nerveuse. Revue de Psy-
chialrie, juin 1901 [les impulsions avaient disparu à la suite du traitement par
K. Br. et régime déchloruré].
. (2) César Lombroso. L'homme criminel, traduit sur la 4® édition par MM. Re-
gnier et Bournel. Paris, Alcan, 1887.
(3) Pauline Tarnovsky. Eìude anihropoméìrique sur les prosìituées ei les voleuses.
Paris, Le Crosnier et Barbé, éditeurs, et aux bureaux du Progrès médical, 1889.
(4) Paul Kovalevsky. La psychologie criminelle légale générale. Paris, Vigot,
1903.
(5) F. del greco. Teńdance au vol chez des aliénés [Travail du manicome
de Nocera], numéro de décembre 1895 de la Scuola positiva nella giurisprudenza
penále.
(6) Sancte de Sanctis Collezionismo e impulsi collezionìstici. Bulletino della
sociéta lancisiana degli ospedali di Roma, Anno XVII, fosc. I, 1897.— Mingaz-
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60
REVUB DE PSYCHIATRIE
vue différent: ils ont étudié le collectionnisme dans toutes ses formes
et dans toutes les affections mentales et décrit ce qu’on trouve dan&
les traités sous les noms de monokleptocollectionnisme et poly-
kleptocollectionnisme.
Maudsley (1) discute un des premiers la notion de responsabilité
limitée dont Ies degrés devraient, dit-il, ètre déterminés par les cir-
constances de Faffaire. La kleptomanie est mise par lui sur le compte
de la débilité morale et non de la folie impulsive; parfois on peut
aussi la considérer comme une forme d’épilepsie larvée. II conseille
néanmoins le chàtiment dont Fidée peut retenir le fou moral. Pour
lui, il faut exclure la kleptomanie des délires partiels ou monomanies,.
affections intellectuelles et amenant Firresponsabilité. L'article
« kleptomanie » du dictionnaire de Tuke (2) oppose le malade au crimi-
nel, à Finverse des tendances anthropologistes. On trouve rarement^
mème chez les malades, desimpulsions irrésistibles; ilfaut étudier avec
soin toutes les circonstances du délit et mener Fenquète aussi loin que
possible sur les antécédents du délinquant et Féfcat de celui-ci au
moment de Facte. II faudra aussi faire entrer en considération la
nature du délit : un vol d’aliment étant plus facilement explicable
par un état pathologique qu’un vol de bijoux. La dégénérescence est
le terrain le plus fréquemment rencontré : on en trouve des traces
dans les domaines intellectuel, moral et physique; parfois les signe&
sont difficiles à déceler, dans les formes légères. L*auteur passe en
revue le vol dans les différentes affections mentales, particulièrement
dans la paralysie générale aux périodes de début et d'état, et dans
Fépilepsie. D’après Tuke, la grossesse sans troubles mentaux ne
saurait ètre une excuse suffisante.
Nous avons vu avec Morel qui cependant n’était pas favorable
à la doctrine des monomanies, quel était Fétat d’esprit de la magis-
trature au moment où les experts luttèrent pour faire admettre
la notion d’irresponsabilité chez des aliénés voleurs. Au milieu du
xix e siècle, les esprits sont partagés entre la défense de la société
zini. Sul collezionnismo nelle diverse forme psichopatiche. Rivisia sperimen-
tale di frenairia , 1893, p. iv.
(1) Maudsley. Paihologie de Vesprit . Paris, Garnier, 1883, et du mème i Crimt
el Folie. Paris, Alcan, 1888.
(2) Dicíionary of psychological médecine i Hacke Tuke London, S. et A. Ghur-
chitt, 1892.
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l’histoire de la kleptomanie
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et celle des droits de rindividu; nous en trouvons le témoignage
dans des thèses de cette époque (1).
Ribes, dans son mémoire inaugural sur les perversions morales
chez les femmes enceintes, rapporte les opinions des hommes de
l’art (quoi capila, ìol sensus, ajoute-il spirituellement). Laurent,
Orfila, Devergie, Gapuron, Tardieu, Tourdes, Dagonet n’admettent
pas que la grossesse soit suffisante pour excuser un vol, ou tout au
moins ne Fadmettent que comme circonstance atténuante. Marc,
Sédillot, Briand et Chaudé, etc... sont infiniment plus indulgents
et tendent vers rirresponsabilité absolue.
Les tribunaux rendent aussi des décisions contradictoires.
L’auteur conclut en s’élevant contre ces irresponsabilités relati-
ves; pour lui, une femme est responsable ou irresponsable, iln’y a pas
d’intermédiaire.
Depuis, les médecins légistes ont essayé vainement jusqu’ici de
faire cesser cette situation équivoque au point de vue social et indi-
viduel. Legrand du Saulle (2) divise les voleurs en pathologiques et
demi-pathologiques, conception qui laisse toujours subsister la
notion de la responsabilité limitée. Lunier (3) signale l’extrème rare-
té de la kleptomanie pure : sur 14 rapports de vol dans les grands
magasins, il ne trouve que deux kleptomanes, les autres inculpés
sont des débiles, des imbéciles ou des déments, des épileptiques, des
hystériques et une morphinomane. Tous sont des héréditaires, irres-
ponsables à des degrés divers.
L’étude deLasègue(4) estsans contredit laplusintéressantedecette
époque. Alors que pour Lunier elle était rare mais existait encore,
pour Lasègue, l’impulsion au vol, affection isolée, n’existe pas plus
que la pyromanie : il y a des aliénés voleurs et la question de la
responsabilité se trouve ainsi réglée. Nous n’insisterons pas davan-
tage sur cette page importante des « Etudes médicales » parce qu’elle
est analysée et commentée dans la plupart des traités.
Lacassagne (5) se rallie à l’opinion de Lasègue et ajoute que les
(1) Par exemple celle de Ribes i De la perversion morale chez les femmes
enceintes. Thèse de Strasbourg, 1866.
(2) Legrand du Saulle. Du vol dans les grands magasins.Soczéfd de médecine
légale, 1879.
(3) Lunier. Des vols aux étalages, in Ann. médico-psgchologiques, 1880.
(4) Lasègue. Vol aux étalages. Archives de Médecine, 1880.
(5) Lagassagne. Les vols à l’étalage et dans les grands amagasins. Congrès
internaiional d'anthropologie criminelle, Genève, 1896.
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62
REVUE DE PSYCHIATRIE
vols mème les plus inexplicables s’expliquent et ont une cause
secrète plus ou moins avouable. II divise ces individus en collec-
tionneurs punissables (sauf si démence ou faiblesse d’esprit), chez
qui le cMtiment est salutaire; en déséquilibrés parfois excusables
à la première faute mais punissables dans la suite, en vrais malades
qu’ii faut interner. Comme il s’occupe spécialement des grands
magasins, il conclut en disant que ceux-ci ont évidemment leur part
de responsabilité dans les vols commis à leurs dépens et qu'il fau-
drait prendre différentes dispositions pour en éviter le retour.
Dans un travail récent, le D r P. Hospital (1) rapporte des observa-
tions des plus intéressantes de ces cas.
Incidemment, nous trouvons des considérations àretenir dans le
livre de Maurice de Fleury (2).
Chez le criminel, l’acte se compose de trois parties : 1° sensation
image accompagnée de tendance à Facte; 2° mémoire rappelant
des souvenirs capables d’arrèter l’impulsion et de la transformer
suivant les tempéraments en une autre énergie qui pourra ètre em-
ployée ou enmagasinée dans nos réserves; 3° inhibition ou acte.
Chez l’héréditaire, la troisième partie est reliée sans intermédiaires
à la première, ou bien la mémoire n’amène que des souvenirs favori-
sant l’acte. En somme, le libre arbitre n’existe pas.
A l’autre pòle, Louis Proal (3) défend la volonté contre les déter-
ministes et fait à pei'ne quelque concession aux nouvelles idées en
admettant que si le crime n’est pas une fatalité organique, il faut
peut-ètre y voir une fatalité sociale. On devine facilement les con-
clusions pratiques que les uns et les autres tirent de leurs doctrines.
Morache (4) étudie l’ensemble des faits qui peuvent entraíner un
homme vers le crime et montre l’indulgence que l’on doit avoir
pour les femmes, surtout en matière de vol; son oeuvr.e est encore
imprégnée des doctrines italiennes. Le vrai coupable, pour lui,
« c’est la féminité elle-mème, aiguisée par certaines circonstances »;
ce sont aussi les conditions de milieu dans lesquelles la femme a été
iplacée et dont elle ne saurait ètre responsable; on sent qu’au point
(1) Hospital. Kleptomanes et vols aux étalages, in Annales médico~psycholo~
giques, novembre, 1909.
(2) Maurice de Fleury 4 L'àme du criminel. Paris, Alcan, 1898, p. 44.
(3) Louis Proal. Le crime et la peine. Paris, Alcan, 1896, p. 517.
(4) Morache. La responsahilitè , étude de biologie et de médecine légale.
Paris, Alcan, 1906, p. 216.
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l’histoire de la kleptomanie
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de vue pratique, ces conclusions ne peuvent ètre acceptées qu’avec
beaucoup de réserve.
Maxwell (1) insiste sur le mobile sexuel. Les kleptomanes cons-
cients, les plus rares, sont aussi les plus intéressants au point de vue
médico-légal, et la peine à infliger doit avoir sur eux une action inhi-
bitrice bien plus que moralisatrice.
Mairet (2) croit au contraire à un froissement de notre sensibilité
« morale s’exprimant de son coté par un état psychique opposé
« à celui créé par le mobile, par des forces actives ou inhibitrices r
« inhibant celles nées du mobile ou agissant en sens inverse et
« consécutivement, mais immédiatement par la peur de lapunition».
II y a là quelque chose de plus que chez les autres criminalités et
qui se rapproche de Topinion des écrivains qui défendent le libre
arbitre.
M. Grasset (3) range les kleptomanes parmi les demi-fous et par
conséquent les demi-responsables.
L'école d ? Auguste Comte a surtout été représentée en médecine
légale par M. Dubuisson et son élève, M. Vigouroux. De son vivant,
M. Dubuisson (4) avait déjà publié un intéressant travail sur les
voleurs où il établissait un curieux parallèle entre les voleurs d'ob-
jets d’arts et les malades et concluait en disant qu’en réalité ceux-ci
étaient responsables dans tous les états qui servent de transition
entre le désir consenti et Fimpulsion. Dans leur ouvrage sur la res-
ponsabilité (5), les deux auteurs résument Thistoire de la klepto-
manie et citent les arguments que les avocats en ont tirés. Certains
« kleptomanes » sont des malades par ailleurs et leur vol n’est en
réalité qu’un incident. D’autres sont des faibles qui volent presque
automatiquement, mais leur acte ne correspond guère au schéma du
syndrome épisodique de la dégénérescence. L’angoisse manque.
Enfin les perversions sexuelles sont fréquentes chez ces malades.
Mentionnons pour terminer les livres si connus de Ribot (6) et
de Pierre Janet (7).
(1) Le crime el la société. Paris, Flammarion, 1909, p. 113.
(2) Mairet. De la responsabiliié. Paris, Masson, 1907.
(3) Grasset. Demi-fous ei demi-responsables. Paris, Alcan, 1907, p. 71.
(4) Paul Dubuisson. Les voleuses de grands magasins, in Archivesd'anthropo-
logie criminelle. Paris, janvier et juillet 1901.
(5) Dubuisson et Vigouroux. Responsabilitépénale elfolie. Paris, Alcan, 1911-
(6) Ribot. Les maladies de la volonté. Paris, Alcan, 1905.
(7) P. Janet. Obsession ei psychasthénie. Paris, Alcan, 1903 et du mème :
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REVUE DE PSYGHIATRIE
Dans le mème ordre d’idées, le D r Dúpouy (1) a publié une inté-
ressante étude sur la Psychologie des kleptomanes : il les classe en
obsédés impulsifs, malades exécutant des actes réflexes, et klepto-
manes par désir morbide, les plus nombreux, et souvent bien dif-
ficiles à distinguer des simples voleurs. Ses conclusions se rappro-
chent au fond de celles des positivistes, malgré quelques divergences
superficielles.
★
* *
En résumé, nous avons vu apparaìtre l’idée d’un penchant mor-
bide au vol vers la fin du xvm e siècle. Cette idée a pris son plein
développement avec la phrénologie et, dans un domaine plus spécia-
lement psychiatrique, avec les monomanies. Troublée et mal défen-
due par les applications de cette doctrine,Ia société a réagi; et sous
l’influence de cette réaction, petit à petit les criminalistes et les
psychiatres s’efforcent de concilier les exigences de la défense sociale
avec le respect des droits des malades ou des infirmes de l’esprit.
Les plus grands des aliénistes depuis Morel ont combattu la klepto-
manie et ont prouvé qu’elle n’avait pas vraiment d’existence indivi-
duelle. Mais cette conception, née en somme de la Révolution, avait
des racines solides et nous en retrouvons des traces jusque dans ces
derniers temps : le public lui-mème, qui a tant applaudi aux coups
qui furent portés à la kleptomanie, n’osepas nier son existence et
nous entendons souvent les parents des inculpés nous dire en parlant
de ces derniers qu’ils ont « la manie du vol».
Les positivistes ont eu le grand mérite d’examiner pratiquement
la situation, ils ont envisagé l’intérèt social d’abord et se sont préoc-
cupés ensuite des cas particuliers. Nous croyons que c’est autour d’eux
que magistrats et médecins doivent se rallier aujourd’hui.
La Kleptomanie et la dépression mentale, in Journal de Psychologie, mars-avril
1911: du mème í Névrose et idées fixes. Paris. Alcan, 1908. Ges ouvrages précisent
la qualité spéciale du terrain dégénératif, sur lequel se greffent les obsessions.
(1) Dupouy. De la Kleptomanie, in Journal de Psychologie , 1905.
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L’OEUVRE PSYGHIATRIQUE DE LOMBROSO
A PROPOS DU TRAITÉ DE L’UOMO ALIENATO (1)
Par Georges Genil-Perrin,
Médecin-adjoini des Asiles,
Chef de clinique adjoint des maladies menlales..
En 1878, dans la préfaee de YHomme Criminel, Lombroso avait
manifesté rintention d’écrire un traité de YHomme Aliéné. Ce projet
vient d’ètre réalisé par M me Gina Lombroso, qui a réuni et classé
d*après le schéma de YHomme Criminel les travaux psychiatriques
publiés par son père en différentes revues, de 1859 à 1909.
Une idée générale en vérité assez simple — mais elle ne Pa pas
toujours été — préside à Pceuvre psychiatrique de Lombroso : c’est
Paffirmation des rapports du physique et du moral. J’ai montré,
dans un livre récent, que Pévolution de la psychiatrie n’était devenue
possible que du jour où cette vérité a été acceptée sans conteste;
tant que les psychiatres s’y sont montrés si peu que ce soit récalci-
trant^, la médecine mentale a piétiné sur place. Ce n’est que dans
lapremièremoitié du dix-neuvième siècle qu’elle a conquis son affran-
chissement définitif. Le début de Poeuvre de Lombroso — la date
de 1859 inscrite plus haut nous le prouve — coincide justement
avec cette émancipation de la psychiatrie, consacrée par le Traiié
desDégénérescences de Morel.Dans Pouvrage auquel jefais allusion(2),
j*ai, à ce sujet, rendu à Lombroso pleine et entière justice. Je suis
heureux d’y revenir aujourd’hui.
On a rarement jugé Lombroso avec impartialité. L’exagération
(1) Cesare Lombroso. VHomme aliéné, traité clinique expérimental des
maladies mentales, ordonné par la doctoresse Gina Lombroso, avec préface de
Leonardo Bianchi. Turin, Bocca, 1913.
(2) Georges Genil-Perrin. Hisìoire des origines eí de Vévoluìion de Vidée de
dégénérescence en médecine menìale. Paris, Leclerc, 1913.
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REVUE DE PSYCHIATRIB
66
de ses opinions, leur vulgarisation trop rapide, leur déformation
par des adeptes mal informés — je ne parle pas de la brillante
pléiade de ses élèves, mais des vulgarisateurs maladroits — tout
cela a provoqué dans le monde scientifique un mouvement de
défiance injustifié, sortant des limites de la réserve Ipermise.
Une certaine restriction est cependant obligatoire; dans Foeuvre
de Lombroso, il faut savoir trier et émonder. Cet esprit impétueux
allait toujours en avant sans songer suffisamment à polir ce qu*il
élaborait. Ses travaux, ses traités mème présentent une physiono-
mie d 'essais plutòt que d’oeuvres bien digérées. Sa fougue méridio-
nale était rebelle à un certain travail d’émondage et de vérification.
II a toujours eu pour point de départ l’observation des faits, soit;
mais de ces faits il s’élevait trop rapidement à des conceptions tantòt
géniales, tantot illusoires, hasardeuses toujours. Cette absence de
calme, cette violence romantique surprenaient chez un savant. Ses
terribles phrases, d’allure si révolutionnaire, éveillaient chez ceux
dont elles n’emportaient pas la conviction, un désir de polémique.
C’est dans une intuition subite, par une froide matinée de décem-
bre 1870, en examinant le cràne du brigand Vilella, que Lombroso
4difia sa théorie atavique du crime. C’est dans la joie d’un revire-
ment heureux de fortune, à Pavie, en 1864, qu’il écrivit, en quatre
nuits d’insomnie,une trentaine de pages qui constituaient l’ébauche
de YHomme de génie . J J emprunte ces détails à un autre ouvrage de
M me Gina Lombroso.
Ce furent de pareils coups d’enthousiasme qui nuisirent à Ia répu-
tationdel’oeuvre de Lombroso dans le monde comme
ils en firent le succès auprès du grand public.
J*ai déjà défendu Lombroso, et si j’insiste sur ce point, c*est
encore pour le défendre; c’est pour montrer qu’il ne s’agit là que d’un
simple travers — encore bien qu’il donne à son oeuvre une vie très
particulière — et non d’un défaut rédhibitoire. Que l’on veuille bien
s’adapter à une optique un peu spéciale, et l’on saura discerner dans
l’oeuvre de Lombroso tout ce qu’elle contient de conceptions nou-
velles, et, malgré leur hardiesse, fécondes. II faut surtout pour cela
se reporter aux dates de ses ouvrages, et se souvenir que chez les
précurseurs on ne peut exiger la mème précision de méthode que
chez les ouvriers d’une science déjà fixée. Lombroso a eu les défauts
de ses qualités, mais il a eu des qualités, et il est bon de le répéter
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l’ceuvre psychiatrique de lombroso 67
à ses détracteurs, dont l’injustice a souvent été faite d’aveugle-
ment.
Le livre de M me Gina Lombroso est de tout premier intérét pour
3es psychiatres. Cet intérèt, il faut bien le dire, est surtout histori-
que. La science a avancé depuis Lombroso. Les disciples ont hersé le
champ qu’il a labouré. Le principal mérite de ce livre, à mon avis,
est donc de mettre en valeur l’importance psychiatrique de l’oeuvre
lombrosienne tout entière, et en cela il est bien un monument élevé
à la gloire de Lombroso, et je crois que M me Gina Lombroso elle-
mème sera d’accord sur ce point avec moi. C’est pour cela que
je crois utile de le présenter longuement, et je suis súr que ma concep-
tion répond entièrement à la pensée pieuse de la fille du maìtre,
En Lombroso, on a trop considéré le criminologiste et l’on n’a pas
assez vu Ie psychiatre. Or, Lombroso a été un psychiatre de carrière,
il ne faut pas l’oublier. Si de l’étude de l’aliéné il s’est élevé à de
vastes considérations sociologiques, iì ne faut se souvenir que c’ést
I’étude de l’aliénè qui a été le point de départ toutes ses recher-
ches. Et le nouveau volume édité par M me Gina Lombroso nous
présente une systématisation très intéressante et très profitable de
l’oeuvre psychiatrique du grand criminologiste.
*
* *
Cette systématisation est résumée dans une introduction o*
M me Gina Lombroso a mille fois raison de commencer par bien
mettre en relief le principe fondamental qui a présidé à la direction
et à l’élaboration de cette oeuvre, et qui est précisément l’affirma-
tion de la doctrine des rapports du physique et du moral, à quoi
nous faisions allusion tout à I’heure.
Voici cette profession de foi : « L’homme est un tout organique
dont les diverses parties sont indissolublement liées. L’intelligence,
les instincts, les appétits de l’homme ne sont pas confinés en un siège
spécial, àme, cerveau, ou coeur, ou tout ce que l’on voudrá; mais ils
siègent dans tous les viscères, dans tous les tissus, dans toutes les
fonctions de notre corps. II n’y a pas d’anomalie ou de maladie des
viscères ou des tissus qui ne se reflète sur l’intelligence, sur les ins-
tincts, sur les appétits, de mème qu’il n’y a pas de maladie de l’esprit
qui ne se répercute sur toutes les fibres de nos membres. »
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68 REVUE DE PSYCHIATRIE
Donc, Faliéné doit ètre étudié dans sa totalité: c’est dans son corps
aussi bien que dans son esprit que Fon doit rechércher Forigine pre-
mière de la maladie.
Aussi, dans la première partie du volume, Faliéné est-il étudié,
(í comme un objet d'histoire naturelle ». 1/auteur, par la méthode
statistique — et c*est là précisément une méthode dangereuse à
manier — ena décrit les caractères saillants comme cela se fait pour
les variétés anormales ou pour les espèces d’animaux rares. II y
examine la stature, le poids, les cheveux, les systèmes osseux et mus-
culaire des aliénés avant d'aborder Fétude des sens, des états affec-
tifs, de Fintelligence, et enfin des différentes formes que peuvent
revètir les maladies mentales.
f En d’autres termes, en présence d’un aliéné, il faut procéder succes-
sivement à son examen somatique, à son examen biologique, et enfin
à son examen psychique. Par ce dernier, on appréciera les anomalies
de la perception, de Fintelligence et de la volonté, du langage et de
Fécriture; on estimera Fétat de ses aptitudes techniques, et Fon
recherchera ensuite les anomalies du tonus sentimental et des
états affectifs.
Alors seulement on se trouvera en possession des éléments néces-
saires pour assigner à Faliéné une place dans la nosologie. C’est dans
la deuxième partie de Fouvrage que nous trouvons exposées la classi-
fication et la description des différentes maladies mentales. Aux
yeux de Lombroso, les classifications ne présentaient d’ailleurs
pas une grande importance. II les considère comme des divisions
purement conventionnelles, établies en vue de la simple commodité
de Fétude. Aussi estimait-il qu’il fallait les changer le moins possible
pour leur conserver Favantage d’ètre facilement comprises par tout
le monde.
En 1898 toutefois, il éprouva le besoin de remanier le cadre des
dégénérescences psychiques, en y incorporant Fépilepsie. Et Fon ne
s*étonnera plus de la facilité avec laquelle Lombroso attribuait
à toutes sortes de manifestations le caractère épileptique, quand on
verra quelle signification étendue il donnait à ce mot d’épilepsie.
M me Gina Lombroso a résumé en un tableau la classification que son
père indiquait d’une fagon moins précise.
Voici ce tableau :
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l’ceuvhe psychiatrique de lombroso
69
I. —Aliénations mentales congéńitales.
l er groupe :
Crétinisme.
2 e groupe :
Epilepsie.
3 e groupe :
Paranoia.
Í Crétinisme proprement dit
Microcéphalie.
Idiotie.
Imbécillité.
I Génie.
Epilepsie proprement dite.
Hystérie.
Folie morale.
1 Délinquence congénitale.
Manie circulaire et périodique.
Manie transitoire.
Psychopathies sexuelles.
Obsessions.
I Raptus.
Ì Hypochondrie.
Mattoidisme.
Folie quérulante.
Monomanies élémentaires (phobies,
etc., etc.).
II. — Aliénations mentales acquises.
1° Áliénations des maladies aigués r ou chroniques (maladies
de cceur, phtisie, diphtérie, fièvre typhoide).
2° Aliénations des intoxications (alcoolisme, pellagre).
3° Aliénations des traumas physiques (coups, fractures).
4° Aliénation des traumas psychiques (amour, douleur).
5° Aliénations mentales en rapport avec des lésions du sys-
tème nerveux (paralysie générale progressive).
II ne faut pas prendre cette classification au pied de la lettre.
G*est un tableau báti par M me Gina Lombroso, et qui doit servir
d^indication générale. Sans cette restriction, on s’étonnerait, par
exemple, de ne pas y voir figurer la mélancolie, la confusion men-
tale, les psychoses hallucinatoires. Lombroso n x a jamais fait d’étude
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70
REYUE DE PSYCHIATRIE
d’ensemble des maladies mentales. II s’agit d’un simple cadre qui
permet d’ordonner les différentes publications psychiatriques de
Fauteur.
Dans la troisième partie se trouvent réunies les données relatives
à Tétiologie et à la thérapeutique des maladies mentales.
Ce sont d’une part les facteurs physiques, sociaux, héréditaires p et
individuels des psychoses; ce sont d’autre part les moyens de trai-
tement et d’assistance. Lombroso s’est élevé contre les trop vastes
manicomes. II a montré que le pourcentage de la mortalité montait
avec le chiffre de la population des asiles. II a combattu la douche,
qui n’est, comme l’a dit Verga, qu’une « bastonnade liquide », mas-
quant sous un vernis thérapeutique un moyen de répression vio-
lente. II a toujours préconisé la balnéation et Palimentation forcée.
Enfin, la quatrième partie renferme un essai de synthèse où les
aliénés sont confrontés avec le milieu social, où sont étudiés les rap-
ports réciproques de Paliénation mentale et de la civilisation.
De méme que le cerveau ne peut ètre séparé du corps,demème
Paliéné ne peut ètre isolé du milieu où il se développe. La société
entière se reflète dans Pesprit du malade, et les maladies mentales
peuvent laisser des traces indélébiles dans les conditions des peuples
eb des individus. Certaines tendances pathologiques ne représentent
que la permanence d’états où, transitoirement, se sont trouvés
placés les esprits sains. C’est une théorie qui se retrouve dans nom-
bre de travaux des aliénistes italiens, et particulièrement dans ceux
de MM. Tanzi et Riva. Et ce ne sont point seulement là des vues
théoriques, ce sont des faits encore, qui démontrent l’influence de
la civilisation sur la folie, et de la folie sur la civilisation.
Les faits ne font jamais défaut chez Lombroso,mais, ce qui prète
à Ia critique, c’est leur interprétation, c’est le travail de synthèse,
c’est le passage du fait à la loi, qui s’opère souvent à l’aide d’un tour
de force périlleux.
M. Léonardo Bianchi, dans sa préface, compare l’oeuvre de Lom-
broso à celle de Charcot: « César Lombroso a été pour la psychiatrie,
*en Italie, ! ce que fut Charcot pour la pathològie nerveuse, en France.»
Cette comparaison est vraie, d’une vérité qui n’étaitpeut-ètrepas
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l’ceuvre psychiatrioue de lombroso
71
dans resprit de son auteur, mais qu’il est facile de mettre en évi-
dence. L’ceuvre de Charcot fut féconde par la méthode qu’elle
imposa aux chercheurs. Charcot a eu la gloire de soumettre la patho-
logie nerveuse à la méthode anatomo-clinique, et, aujourd’hui
encore, la méthode anatomo-clinique est la condition mème de
l’existence de la pathologie nerveuse. Mais parmi les points particu-
liers, établis cependant sur des faits par Charcot et ses élèves,
combien sont aujourd’hui désuets, parce que l’interprétation en
a été un peu hátive et un peu forcée? Que reste-t-il de la fameuse
systématisation de la capsule interne de l’Ecole de la Salpètrière?
Que reste-t-il de l’hystérie de Charcot? Que de déchet rejeté, par
ses élèves eux-mèmes, en vertu de la méthode mème d’observation
qu’il leur avait inculquée!
Eh bien! pour Lombroso, c’est exactement semblable. Que de
ohoses à oublier, que de théories hasardeuses bàties sur des faits
eependant exacts ! Mais la méthode reste. Si l’anomalie du criminel
ne nous semble pas particulière au criminel, n’empèche que le cri-
minel présente souvent des anomalies qui revèlent son état de
dégénérescence et qui doivent ètre prises en considération. S’il est
cxagéré de considérer les états mentaux pathologiques comme des
vestiges de la mentalité atavique, il n’en est pas moins intéressant,
-appliquant le principe mème de la méthode, de replacer l’aliéné dans
le milieu social, et de chercher à expliquer, en les comparant l’une à
l’autre, Ia pensée saine et la pensée morbide.
On ne peut demander au précurseur de niveler entièrement la voie
qu’il a indiquée d’un geste large. II y a une certaine antinomie entre
la génialité de la conception et l’exactitude de la réalisation. Le
public, mal averti, peut ètre dupe, mais le savant doit savoir faire la
part exacte des choses. La compréhension de l’ceuvre de Lombroso
nécessite une optique spéciale, je Pai déjà dit, moyennant quoi
cette ceuvre doit bien nous apparaìtre comme un des plus grands
-événements scientifiques du dix-neuvième siècle.
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REVUE DES LIVRES
La paresse pathologique, essai de sociologie clinique, par le
D r Haury, médecin-major de l’armée. — L’auteur a mis au service
de la « sociologie clinique » sa culture psychiatrique bien connue et
les ressources précieuses que lui offre sa fréquentation journalière
de la collectivité militaire. Son étude sur la Paresse palhologìque mérite r
à ce titre, de prendre place à còté de sa eommunication sur Vln-
discipline morbide et de son livre sur les Anormaux el les malades
meniaux au régimeni.
Beaucoup de paresseux sont des malades, dit M. Haury. Et, en effet,
la paresse n’est pas une disposition univoque. II y a d’abord une pa-
resse physiologique, passagère, simple signe de fatigue physique
ou mentale momentanée, se traduisant par de la baisse de l’activité
intellectuelle et par du ralentissement des fonctions de relation.
Maisiiy a aussi une paresse pathologique, qui peut ètre due soit
à des iroubles de Vorganisme physique , soit à des iroubles des fonciions
direclrices des aciiviiés de relaiion .
Dans la première catégorie rentrent les cas de paresse de la conva-
lescence et des maladies chroniques, phénomènes banaux et fréquents,.
parmi lesquels l’auteur se contente de mettre en relief l’asthénie mé-
ningitique et diabétique, 4 la paresse myxoedémateuse et l’asthénie
addisonienne.
L’autre variété de paresse pathologique ressortit plus spécialement
au domaine psychiatrique. Elle peut ètre passagère ou habituelle..
Les épileptiques, les cyclothymiques présentent une sorte de paresse
périodique.
Les neurasthéniques et les psychasthéniques sont des paresseux
habituels. G’est la paresse de l’aboulique qui«se laisse aller».
Mais les déséquilibrés sont souvent aussi des paresseux-nés. Et
c’est là une des plus antisociales de leurs tendances, qu’il s’agisse de
déséquilibration congénitale ou de déséquilibration acquise.
La paresse prend une forme particulière chez le débde docile : elle
est souvent plus apparente que réelle. En tous cas on en comprend
vite les raisons et, dans l’armée, par exemple, les gradés s’apergoi-
vent bientòt qu’ils ont affaire à un pauvre diable incapable de saisir
rapidement ce qu’on lui demande.
Plus délicate à comprendre est la paresse des pervers, qui ne sont
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REVUE DES LIVRES 73
pasdépourvus d’unecertaine activité,mais qui Tappliquent mal.G’est
là une paresse qui se révèle souvent au régiment, qui semble contre-
dire des habitudes antérieures de travail et que les chefs mettent faci-
lement sur le compte de la mauvaise volonté. Elle est surtout le résul-
tat d’un défaut d’adaptation au milieu nouveau. G’est là une des
paresses dontle caractère pathologique est généralement le moins bien
compris, alors qu’il est plus facile de rapporter à sa véritable cause la
paresse qui accompagne les états psychopathiques avérés.
La paresse pathologique constitue également un des principáux
symptòmes de l&sinisirose.C’en est une forme que M. Haury considère
peut-ètre avec un peu trop d’indulgence: «... Tous ces paresseux-là,
dit-il, méritaient plus l’intérèt que le blàme, plus la sympathie que
la mésestime ! »
En quelques pages que les pédagogues pourront lire avec" fruit,
l’auteur analyse ensuite finement les différents processus de la pa-
resse enfantine.
Enfin, cet important travail setermine par une étude delaparesse
en tant que symptòme des maladies mentales proprement dites.
« Ge sont les psychoses à forme surloul aslhénique ou mélancolique et les
faiblesses iniellecìuelles démenlielles qui font le plus souvent considérer
oomme des paresseux de vrais malades, de vrais aliénés gravement
atteints. » Le ròle de la démence précoce à cet égard est bien mis en
relief.
II y a donc, conclut M. Haury, bien des malades parmi les paresseux t
II y a une paresse pathologique qu’il faut savoir reconnaítre à travers
les différents masques qu’elle peut revètir. La notion est d’importance
primordiale pour les .médecins militaires, pour les éducateurs, pour
les juges. L’officier doit se familiariser avec la notion de l’indiscipline
morbide.
Tous ceux enfin qui ont sur une collectivité quelconque un pouvoir
de direction ou de contròle ne peuvent pas ignorer « que les paresseux
sont une catégorie de plus où le médecin a des chances de rencontrer
des malades, et que la paresse esí parfois une maladie , ei méme une
maladie irès grave , puisqu'elle peul èire le premier symplóme de la dispa-
riiion complèìe des faculìés d'un individu ».
Georges Genil-Perrin.
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NOUVELLES
I/Académie de Médecine examinera la proposition de loi
relative aux aliénés, votée, en première lecture, par le Sénat.
—• Conformément aux propositions de son Conseil d ? Administration,
l*Académie de Médecine a nommé une Commission qui serachargée,sur
la demande de M. le Ministre de l'Intérieur, de l’examen de la propo-
sition de loi qui réformera la loi de 1838 relative au régime des aliénés.
Font partie de cette Commission : MM. G. Ballet, Chauffard, de
Fleury, Labbé, Magnan, Strauss, Thoinot, P. Marie et Dejerine.
Goncours d’internat. — Un concours pour deux places d’interne
en médecine à la maison de santé départementale de Sainte-Gemmes-
sur-Loire, s’ouvrira à Angers, le lundi 20 avril 1914, à 8 heures du
matin, à la Préfecture.
Traitement : l re année, 800 fr. — 2 e année, 900 fr. — 3 e année,
1.000 francs.
Avantages : Nourriture, logement, chauffage, blanchissage, éclai-
rage. L’interne regu docteur recevra 1.200 francs.
Pour tous autres renseignements, s’adresser au secrétariat de Pasile.
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REVUE DES SOGIETES
SOGIÉTÉ DE MÉDECINE LÉGALE
Séance du 13 ocìobre 1913.
Le divorce pour cause d’aliénationmentale.— M.LePoittevin
dit qu'on a proposé que le Divorce soit admis pour cause d’aliénation
meníale continue depuis une période de trois ans par exemple, à charge
pour le conjoint qui demande le divorce de subvenir aux besoins de
l’aliéné. Dans ce cas, la communion intellectuelle qui doit exister dans
le mariage n’existe plus à proprement parler, et ne peut ètre rétablie.
II ne s’agirait plus de la faute d’un des conjoints, mais du malheur,
de la maladie d’un des conjoints, qui entrainera la cessation des obli-
gations non seulement social^, mais, ce qui est plus grave, des obli-
gations morales de l’autre conjoint. La communauté sera dissoute,
les meubles vendus comme après un décès. S’il a des intervalles
lucides, l’aliéné se rendra compte de toute l’étendue de son malheur;
d’autre part, il est peu vraisemblable que leconjoint remarié continue
à donner au malade les marques de sollicitude nécessaire.
II est très délicat pour un aliéniste d’affirmer rincurabilité défini-
tive d’une psychose, si l’on met de còté les cas de paralysie générale,
qui aboutit en général à la mort dans l’espace de deux à trois ans. II ne
faut pas oublier qu’il y a des aliénés qui avaient été déclarés incura-
bles et qui, au bout de six à sept ans, sont en état de sortir de l’asile,
non guéris, mais améliorés au point que leur internement n’est plus
nécessaire. Que deviendront ces malheureux si le divorce est pro-
noncé?
M. Chuet constate que l’on ne peut pas demander en matière de
divorce l’infaillibilité des psychiátres, pas plus qu’on ne demande leur
infaillibilité en d’autres cas.
Pour M. Briand, il s’agit de savoir si le malade reconnu incurable
ne peut pas un jour, étant amélioré mais non guéri, sortir de l’asile et
reprendre place dans la société. II faudrait savoir aussi si la conscience
de l’aliéné incurable est perdue complètement ou non; carleseul diag-
nostlc d’incurabilité ne suffit pas à justifier le divorce
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76
REVUE DE PSYCHIATRIE
Séance du 10 novembre.
Du danger que font courir à la société les faibles d’esprit
utilisés à commettre des crimes ou des escroqueries. —
M.Briand. — Nous n'entendons parlericiquedecertains débilesintel-
lectuels ou moraux qui, livrés à eux-mèmes, seraient inoffensifs, mais
se trouvant hors d’état d’apprécier la gravité des actes qu’on leur sug-
gère ou de résister à leurs solliciteurs, deviennent des instruments
passifs et dangereux entre les mains des individus responsables qui se
servent d’eux.
Les malades qui commettent ainsi des crimes ou des délits à Tins-
tigation d’un complice, ne sont pas toujours reconnus comme tels à
l’instruction. Souvent leur état mental n’est pas mis en lumière ou,
si, bénéficiant d’un non-lieu, ils sont envoyés à Tasile, la circonstance
qu’ils n’avaient pas agi de leur propre chef, mais pour le bénéfice d'un
tiers instigateur du délit, n’est pas toujours mise en évidence. Parfois,
pourtant, leur ròle est manifestement secondaire, ainsi qu’on le verra
dans les observations suivantes :
J... est une minus habens épileptique; dès son jeune àge elle se livrait
au vol. Après plusieurs années de vie normale, elle eut, à vingt et un
4 ans, un amant qui vit le parti qu’il pouvait tirer d’elle, et congut l’idée
de l’utiliser dans la perpétration du classique « coup de l’ceuvre de
bienfaisance ». Depuis 1907, elle fut arrètée quatre fois, subit deux
condamnations sans révéler le nom de celui pour qui elle opérait. De
la prison elle fut transférée à Sainte-Anne, où je l’ai observée. Elle se
déclare encore aujourd’hui incapable de refuser n’importe quel ser-
vice à son amant.
II y a quelques mois, une autre débile, à peu prèssemblableà celle-ci,
entrait dans mon service. Elle n’avait commis aucun délit avant de
faire la connaissance de son amant actuel, qui l’utilisait pour faire
du chantage à l’égard de son précédent amant. Elle raconte son his-
toire avec la plus parfaite inconscience du ròle qu’on lui a fait jouer
et sans le moindre regret. Elle est prète à recommencer, car, dit-elle,
« je ne saurais rien refuser à mon amant».
Un autre malade, V..., s’était toujours comporté honnètement
jusqu’au jour où il se lia avec un escroc et devint son secrétaire.
V... est un débile du sens moral plutòt qu’un amoral. Son ròle consis-
tait à écrire et à signer d’un faux nom des lettres en vue de la fondation
d’une oeuvre de bienfaisance. Sa mentalité, absolument dépourvue
d’auto-critique, se manifeste par cette réponse par laquelle il conclut
toujours : « Je savais bien que mon patron était un voleur, mais ga
ne me regardait pas; j’étais à son service pour faire tout ce qu’il me
commandait. » Sa sincérité n’était pas douteuse.
Une femme, fétichiste delasoie, commenga à voler chez sa patronne
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ÌIÍ2VUE DÈS SOCléTÉS
n
des morceaux de cette étoffe, étant obsédée par le désir de se caresser
la vulve avec des tissus de soie. Plus tard, elle déroba dans les grands
magasins des coupons qu’elle abandonnait dès qu’elle avait satisfait
sa passion érotique. Peu à peu sa famille s'organisa pour la rapine
avec la complicité de notre malade, qui devint une voleuse profes-
sionnelle. Ici ce n’est pas un état d’infériorité intellectuelle qui a été
utilisé, ce sont des tendances fétichistes qui ont été canalisées.
B... est un chétif, avec stigmates d’infantilisme; c’est un ètre sans
volonté, se laissant entrainer par le premier venu, et agissant le plus
souvent sans se rendre compte de la portée de ses actes. Pris de pitié
pour un individu qui n’était qu’un cambrioleur, il en fit son parasite.
Et celui-ci, à force de revenir à la charge, finitpar amenerB... au vol.
« Je ne voulais pas d’abord l’écouter, gémissait B...; jelui disais que
nous aurions des désagréments; mais il m’a tellement poussé que j’ai
fini par lui obéir. »
Le fait suivant est des plus caractéristiques au point de vue de la
faible résistance de quelques débiles, car il montre la soudaineté des
résolutions auxquelles peuvent ètre amenés certains faibles d’esprit,
sous une influence occasionnelle. Un gargon de dix-huit ans, qui
flánait, est abordé par un individu, qui lie conversation avec lui et
auquel il avoue qu’il est sans travail depuis la veille. Gelui-ci lui pro-
pose d’entrer dans la maison d’en face, de monter à tel étage, d’ouvrir
la porte, dont il lui donne la clef, et de rapporter des objets détermi-
nés. Gomme le jeune gargon hésitait, l’autre lui dit :« Si tu es pris, tu
diras que c’est moi qui t’ai envoyé; on ne pourra rien te faire. » Get
argument le laissant sans réplique, il remplit scrupuleusement sa mis-
sion, et fut cueilli par un agent que le concierge avait fait chercher.
Ges individus utilisés par des complices, après un acquittement ou
un non-lieu, sont rendus à la liberté ou envoyés à l’Asile. Ges derniers
seuls nous occuperont.
S’il s’agit de déments organiques, l’aggravation progressive de leur
maladie rend inutile toute dissertation sur leur avenir. S’il s’agit de
véritables aliénés, dont le délire a été utilisé, ils ne seront rendus à la
liberté qu’après une suffisante amélioration. Quant aux débiles intel-
lectuels ou moraux, un jour ou l’autre ils finiront par étre rendus à la
liberté, et leur avenir devient inquiétant pour la société, car ils peu-
vent redevenir,entre les mains d’un éducateur, d’un entraineur, d’un
« ménager », d’un professionnel du crime, un danger social, et l’on
prend à leur égard d’insuffisantes protections. Ils sont d’autant plus
dangereux, que beaucoup d’entre eux finissent, après une prépara-
tion spéciale et plus ou moins longue, à « travailler » pour leur propre
compte. Ils s’engagent délibérément dans l’armée du crime, avec
d*autant plus de cynisme qu’ils se savent qualifiés « irresponsables ».
Aussi nous exprimons le désir que la mise en liberté de certaines
catégories de pensionnaires des asiles, et notamment de ceux dont
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78
REVUIS PE PSYCmATRIE
pous venons de nous occuper, soit entourée de garanties engageant
réelienxent la responsabilité de ceux qui réclament la sortie de sembla^
bles individus.
Un père, un tuteur encore, peuvent bien ètre rendus civilement
responsabies des actes d J un enfant, d*un pupille, etc. N’en devrait-il
pas ètre de mème pour les personnes qui s’engagent à assurer la sur«
veillance effective des individus dont nous venons de rappeler ie rOle
dangereux pour la société?
Un débile mental, utilisé par une bande de malfaiteurs; déXin»
quant militaire, — M. Simqn (du Vai-de-Gràce). — Ii s’agit d’un
jeune soldat mis en observation, après un mois de service, au cours
duquel il a commis une série de déiits militaires, insuites et outrages,
refus formei d’obéissance sous le prétexte qu’on lui avaii bien recam-
mandé , avant son enirée au service , de ne pas obéir à ses supérieurs .
I/examen de cet « indiscipiiné morbide » montre rapidement qu 5 il
s’agit d’un dégénéré, porteur de nombreux stigmates physiques et
fonctionneis, entre autres un tremblement-tic intermittent, à type
Parkinsonnien de la main droite; la tenue est débraillée, maipropre;
les propos sont naivement grossiers ou orduriers; i’instruction est
nulie, malgré un stage scolaire; il n ? a jamais pu exercer une profes-
sion. II était crieur de journaux quand il fut accaparé par une bande
de malfaiteurs, dévaiiseurs de villas, et utilisé par eux soit pour faire
le guet, soit pour transporter les objets volés,
Traduit devant les tribunaux, ii fut acquitté pourdéfaut de discer-
nement. U est considéré par ses concitoyens comme faibie d'esprit,
irresponsable, mais n’a pas été signalé comme tel par le maire, au
moment du conseil de revision. G’est le fils d'une ivrognesse invétérée,
qui a terminé sa vie par le suicide.
Son attention et sa mémoire sont rudimentaires; il en est de mème
de son jugement et de sa volonté. II rit à tout propos, d’une fagon
niaise, et réalise un type parfait de débile mental suggestible.
II est éliminé de Parmée par réforme dans son propre intérèt et
dans celui de la discipline.
Ce sont des sujets de ce genre qu’on rencontre, en grand nombre,
dans les mutineries militaires, marchant sous la suggestion et l’auto-
rité de meneurs anormaux ou simplement antimilitaristes,
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íiEVUE DES SOGIÉTáS
79
SOCIÉTÉ CLINIQUE DE MÉDECINE MENTALE
Séance du 15 décembre 1913.
Deux cas de choróe gravidique. — M. Picqué rapporte deux cas
de chorée gravidique. l er cas : La chorée a apparu à la 3 e grossesse au
7 e mois ; elle est généraiisée et intéresse les muscles de la face; celle-ci
s’aceompagne de dépression mélancolique avec mutisme. Les troubles
disparaissent avec raccouchement. L’aecouchement a eu lieu norma-
lement. Le traitement s’est borné à l’administration du bromure de
potassium : 2 grammes.
2 e cas; Frimipare : a eu de la chorée pendantl’enfance. La chorée
a débuté à 5 mois 1 /2 et persistait au moment de l’accouchement.
Dépression mélancolique, inertie, mutisme. Infection puerpérale con-
sécutive ; guérie au pavillon de chirurgie pár le curetage.
A propos de ces deux observations, M. Picqué reprend rapidement
l’histoire de ia chorée aux points de vue ótiologique, clinique, pronostique
et thérapeutique. Au point de vue étiologique et pronostique, il est
important de distinguer la chorée gravidique des accidents infectieux
qui peuvent la compliquer. Dans le 2 e cas, il y eut de l’infection puer-
pérale. Au point de vue du traitement, M. Picqué s’élève contre l’avor-
tement thérapeutique, proposé par quelques auteurs, et ne le réserve
qu’au cas où la vie de la mère est en danger. Dans le l er cas, l’accou-
chement s’est fait normalement.
Paralysie générale et tabes. — MM. Vigouroux et Pruvost
présentent un tabétique ancien qui a eu en 1909 de l’excitation avec
idées de satisfaction naives, projets ambitieux etquil’ont fait consi-
dérer comme paralytique général. II eut une rémission de plus de six
mois pendant laquelle il put reprendre ses fonctions de facteur, puis
après une seconde bouffée délirante de quelques semaines, une seconde
rémission qui lui permit de rester deux ans en liberté. Aujourd’hui
il est nettement paralytique général avec cette caractéristique cepen-
dant que sa dómence n’est pas globale, que sa mémoire des faits
anciens est admirablement conservée.
Impulsions conscientes chez un épileptique. — MM. Trénel
et Raignier ont observé un cas d’impulsion consciente chez un épi-
leptique ancien, alcoolique, qui s’est fait interner volontairement par
crainte de réaliser l’idée qui lui est venue de tuer sa belle-sceur et sa
petite fille. Sans qu’on puisse fixer d’une fagon précise quel rapport
existe entre cette impulsion, qui aurait duré un certain temps, et des
crises convulsives, le fait est très important au point de vue médico-
légal, car dans le cas où une semblable impulsion consciente avouée
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80
RBVUB DE PSYGHIATRIB
serait suivie de passage à l’acte, il pourrait ètre difficile de faire adop-
ter par un tribunal l’irresponsabilité.
Paralysie générale et néo-salvarsan. — M. Marie (de Villejuif)
présente un cas de paralysie générale traité par les instiUations d’arsé-
nobenzol intrarachidiennes. Sur 14 cas ainsi traités à diverses périodes
avec M. Levaditi, les auteurs ont observé 8 cas où l’affection semble
enrayée depuis huit mois ou tout au moins ralentie et modifiée dans
son évolution.
M. Marchand rappelle qu’il y a onze ans, il a traité 7 femmes para-
lytiques par l’injection hebdomadaire dedeux milligrammes de biio-
dure de mercure et de deux centigrammes d’iodure de potassium.
M. Delmas dit qu’il faut se méfier des doses de 1 à 5 centigrammes
dans les injections intrarachidiennes de néo-salvarsan. II a employé la
dose de 2 milligrammes et a pu observer un cas de rémission remar-
quable. D’autres malades n’ont pas été améliorés au point de vue men-
tal, mais il y a eu modification favorable de l’état général.
M. Juquelier estime que si les cas de paralysie générale traités
par le néo-salvarsan où l’on peut observer une amélioration de
l’état mental sont encore relativement rares ou d’interprétation
délicate, les observations où Ie traitement a relevé l’état général sont
assez fréquentes pourque la coincidence ne puisse plus étre invoquée.
Un singe cocainomane. — M. Marcel Briand montre un singe
devenu cocainomane par imitation qui fouille dans les poches et ìes
meubles de sa maitresse pour y chercher de la cocaine, qu’il lèche
avec frénésie. Après une première désintoxication, on put le réintoxi-
quer en lui redonnant de la drogue. La cocaine produit chez lui des
accès d’agitation avec très probablement des troubles de la sensibilité
cutanée et une soif très intense. Toute autre poudre qu’onlui présente
le laisse indifférent.
Démence précoce et tuberculose du cerveau. — MM. Héris-
son-Laparre et Pruvost ont observé une malade ágée de 25 ans,
morte démente précoce à l’asile de Vaucluse un an au plus après l’appa-
rition des accidents mentaux. L’autopsie revèle trois tubercules céré-
braux sous-corticaux. Les auteurs se demandent si ces tubercules ont
simplement aggravé et accéléré l’évolution de la démence précoce, ou
bien si on peut supposer que par leur action toxi-infectieuse ils ont
provoqué la désintégration des cellules pyramidales et la démence.
Un cas de perforation spontanée du temporal. — M. Picqué
apporte le moulage d’un malade présenté par M. Vigouroux à la der-
nière séance qui montre une saillie notable du temporal.
La trépanation a décelé une perforation centrale sans séquestre;
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REVUE DES SOCIÉTÉS
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rorifice est occupé par un bourgeon charnu. La dure-mère, épaissie, est
incisée. On ne trouve aucune lésion apparente du cerveau. La répara-
tion est aujourd’hui complète sans application de pièce métallique.
Paralysie génórale et tabes. — MM. Vigouroux et Pruvost mon-
trent les préparations histologiques de la moelleépinière et du cerveau
d’un tabétique paralytique général présentant des troubles mentaux
intermittents et de longues rémissions dont l’observation a été publiée
à la Société Médico-Psychologique en décembre 1911. Les coupes de
la moelle sont celles d’un tabétique ancien : les cordes de Gool et
Burdach ont disparu, les zones radiculaires et de Lissauer sont scléro-
sées. Le cerveau présente de la méningo-encéphalite qui ne se dis-
tingue en rien de celle que l’on trouve ordinairement.
Elections, — M. Semelaigne est élu vice-président pour l’année
1914 ; M. Colin est réélu secrétaire général; M. Dupain est réélu
trésorier; MM. Capgras, Juquelier, Fillassier sont réélus secré-
taires des séances ; M. Delmas est élu membre titulaire.
SOGIÉTÉ MÉDIGO-PSYGHOLOGIQUE
Séance du 29 décembre 1913.
Troubles mentaux dans le tabes. — MM. Truelle et Cornet
communiquent les observations de deux tabétiques atteintsde troubles
mentaux ; ils étudient à ce sujet les troubles psychopathiques associés
aux tabes et notamment les variétés et les particularités des associa-
tions tabeto-paralytiques.
MM. Marchand, Vigouroux, Arnaud, Trénel citent des faits
comparables à ceux que rapportent les présentateurs et s’accordent
à reconnaítre que lorsque le syndrome paralytique évolue chez un
tabétique, cette évolution est ordinairement différente de celle dela
paralysie générale banale... marche torpide ou ’intermissions.
Conformément aux conclusions d’un rapport de M. Boissier,
M. Boschi (de Ferrare) est nommé membre associé étranger.
Bureau pour 1914 :
Président : M. A. Vigouroux.
Vice-président : M. Chaslin.
Secrétaire général : M. Ritti.
Trésorier : M. Pactet.
Archiviste : M. Boissier.
Secrétaire des séances : MM. Dupain et Juquelier.
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82
REVUE DE PSYCHIATRIE
Séance du 26 janvier 1914.
Le jury du prix Aubanel est composé de MM. Klippel, Laignel-
Lavastine, Briand, Sérieux et Truelle.
Le jury du prix Semelaigne est composé de MM. René Semelaígne,
Arnaud, René Gharpentier, de Clérambault et Gdlin.
M- le Président annonce qu’il a été informé que M. Ie Ministre de
l’Intérieur désire connaitre l’opinion de la société sur la question de
savoir si le projet de loi destiné à remplacer la loi du 30 juin 1838 doit
envisager seulement les malades atteints d‘aliénation mentale ou tous
les malades atteints d’affections mentales.
Après échange de vues entre MM. Golin, Fillassier, René Gharpen-
tier, Arnaud, Delmas, une commission est chargée de préparer les élé-
ments d’une réponse. Gette commission se compose de MM. Klippel,
Arnaud, Fillassier, René Charpentíer, Golin, Blin et Marchand
M. Trénel entame la discussion sur la démence épileptique
question laissée à l’ordre du jour à la suite de la communication faite
en novembre 1913 par M. Ducosté. Ayant insisté tout d’abord sur
la complexité et sur Pimportance de la question, il signale que les
deux symptòmes qui l’ont particulièrement frappé chez les épilep-
tiques en voie de démence sont : 1° le ralentissement des processus
psychiques, 2° un trouble du langage parlé ou écrit, caractérisé par
la répétition monotone d’une mème phrase ou d’un mème membre
de phrase, paliphasie ou paligraphie.
M. Ducosté a constaté cette répétition monotone qui a fait parfois
comparer les déments épileptiques aux déments précoces; pour lui,
les troubles de la mémoire chez les déments épileptiques sont aussi
très particuliers. Certains souvenirs anciens disparaissent assez vite,
dès que l’affaiblissement intellectuel commence à se manifester.
Pour M. Chaslin, la démence des épileptiques, suivant qu'il s’agit
d’enfants ou d’adultes, ne se présente pas de la mème manière. Gepen*
dant il a été frappé de la fréquence avec laquelle, dans les services
spéciaux, les surveillants des ateliers signalent le ralentissement du
travail chez les épileptiques qui commencent à s’affaiblir au point de
vue intellectuel. II necroit pasquece ralentissement de l’activité psy-
chique puisse étre attribué au bromure; il le considère comme caracté-
ristique.
M. Marchand estime que l’épilepsie d’une part, et la démence
d’autre part sont deux syndromes qui évoluent chacun de leur còté
et souvent simultanément chez des malades atteints de certaines
lésions de l’encéphale; il n’y pas, pour lui, à proprement parler, de
démence épileptique.
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REVUE DES SOCIÉTÉS
83
M.Vurpas pense d’une manière analogue que le syndrome épilepsie
est la traduction clinique d’un certain nòmbre d’affections et que
ce qu’on appelle la démence épileptique varie beaucoup suivant les
sujets, les uns ressemblant à des déments précoces, d’autres à des para-
lytiques génóraux, d'autres enfin à des déments sóniles.
M. Ducosté rappelle que cependant, l’épilepsie dite idiopathique
possède une individualité clinique indiscutable et que si les démentà
épileptiques se présentent avec des caractères évoquant de plus óu
moins près les autres dómences, il n’en faut pas moins rechercher les
symptòmes qui précisément la distinguent.
Pour M. Trénel, cette unitó clinique de l’épilepsie dite essentielle
appartiendrait surtout aux cas dans lesquels,l’examen macroscopique
du cerveau ótant négatif, l’examen histologique a permis de mettre en
évidence une lésion constante : la gliose généralisée. D’autres lésions
peuvent cependant réaliser le syndrome épilepsie.
M. Marchand. — La lésion à laquelle M- Trénel fait allusion n’est
autre que la sclérose cérébrale superficièlle diffuse, qui est déjà signa-
lée dans les observationá publiées jadis par M, Ghaslin.
Gandidatures.
Au titre de membre correspondant, M« le D r Gollet (Gommission ;
MMi Blin, Dupain et Juquelier).
Au titre de membre associé étranger :
M. le D r Baccelli, de Gòme (Gommission : MM. Pactet, GapgraS,
Fillassier)*
M* le D r Gazizamalli de Gòme (Commisáion : MM* Chaslin, Mar-
CHAND, JUQUELIER)*
M. le D r Padovani, de Ferrare (Commission: MM.Trénel,Truelle,
Leroy).
P. Juquelier*
SOCIÉTÍ2 CLINIQUE DE MÈDECINE MENTALE
Séance du 16 février 1914.
L*aliénation mentale chez les employés de chemins de ler
et de compagnies de transport en commun. Un danger public.
— M. Pactet présente un paralytique général dont Paffaìblissement
intellectuel incline à la démence et chez qui le début de la maladie
remonde à plus d*un an.
Or, ce malade, chauffeur au chemin de fer de l*Etat, a continué à
circuler sur une locomotive jusqu*à la fin du mois de septembre der-
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84
REVUE DE PSYCHIATRIE
nier. C r est à la suite d’une attaque apoplectiforme, survenue alors
qu’il était en service sur la machine, que le mécanicien le fit porter
malade.
II est permis, en présence de ce cas, qui ne constitue pas un fait
isolé, de se demander si l’administration des compagnies de chemins de
fer attache au diagnostic précoce des maladies mentales chez ses agents
tout l’intérèt qu’exigerait le souci bien entendu de la sécurité des
voyageurs.
II présentera d’autres malades appartenant aux compagnies qui
permettent de répondre à cette question par la négative.
MM. Babout, Briand, Vigouroux, de Clérambault, Trénel,
Marie, Leroy prennent tour à tour la parole sur cette importante
question et la Société décide de la maintenir à Tordre du jour.
Faralytiques généraux traités par la voie iutra-cranienne.
— Les quatre malades présentés par MM. Marie, Levaditi et de
Martel ont été traités par trépanation bilatérale au niveau de la
région pariétale, avec injection du sérum de lapin salvarsanisé et
contenant les anti-corps suivant la méthode préconisée antérieure-
ment (1). Les malades sont entièrement guéris de la double opération
et n’offrent aucun trouble moteur spécial; ils semblent sensiblement
améliorés au point de vue physique. La parésie faciale chez l’un d’eux,
l’exophtalmie gauche chez l’autre ont complètement disparu.
Aucun trouble mental appréciable chez le plus amélioré, et chez
lequel d’ailleurs la maladie était moins avancée, mais qui avait un
délire de grandeur exubérant avec des impulsions de suicide.
En plus de ces cas, six autres ont été opérés et traités pour la plu-
part à une phase bien plus avancée de la maladie. Les résultats enre-
gistrés chez ces derniers sont moins favorables, quoique assez encou-
rageants en ce sens que la maladie ne s’est pas aggravée du fait de
l’opération ni depuis. Un seul a présenté un ictus léger deux mois
après l’intervention; l’examen du liquide rachidien pratiqué plusieurs
semaines après le traitement ne montrait pas encore de changement en
ce qui concerne Talbumodiagnose, la lymphocytose et le Wassermann.
Une observation prolongée est évidemment nécessaire pour de tels
cas.
Etat circulaire chez une paralytique générale. — La malade
de MM. Leroy et Beaudouin, àgée de 33 ans, est atteinte de paralysie
générale classique. L’intérèt du cas réside dans l’existence chez
cette femme d’un état circulaire. Tantòt la malade se montre excitée,
euphorique, érotique comme la plupart des P. G., tantòt au contraire
elle offre un aspect déprimé avec prostration extrème, semi-mutisme
et refus d^aliments. Enfin, dans un état intermédiaire, cette femme
(1) Sociéiéde Biologie , 14 décembre 1913 et février 1914.
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REVUE DES SOCIÉTÉS
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reste calme, plutòt inhibée. Le plus intéressant est la succession régu-
lière de ces différentes phases dont la durée pour chacune ne dépasse
pas deux ou trois jours. On peut méme voir le changement se produire
dans la mème journée.
Un cas d’exhibitionnísme associé à llnversion sexuelle. —
MM. Marcel Briand et J. Salomon présentent un malade atteint de
débilité mentale et qui s'est, depuis Táge de 15 ans, nettement révélé
comme inverti sexuel. Secondairement apparurent chez lui des impul-
sions à rexhibitionnisme. Gonformément à Tétat constitutionnel du
malade, ces impulsions érotiques ne se manifestent que lorsque le
sujet se trouve en présence d’individus de son sexe.
Les auteurs rappellent combien il est fréquent d’observerles signes
de saturnisme chez les exhibitionnistes, ils en apportent un nouvel
exemple.
Sarcome du corps calleux chez un déliraut interprétateur. —
M. Baracoff, qui dbmmunique ce cas, formule les conclusions sui-
vantes :
Les tumeurs du corps calleux se caractérisent :
1° Par une augmentation graduelle des symptòmesde la maladie;
2° Par le défaut ou par une manifestation très atténuée des symp-
tòmes des tumeurs cérébrales en général;
2° Par un désordre profond de rintelligence. Le malade est stupide,
soporeux. II a des troubles de la parole qui ne sont pas d’origine
aphasique;
4° Par des manifestations hémiparésiques qui sont d’ordinaire plus
prononcées d’un còté que de l’autre et qui n’apparaissent pas d’em-
blée des deux còtés;
5° Par le défaut des manifestations maladives du còté des nerfs
craniens.
Délire ambitieux et tabes. — M. Juquelier montre une malade
de 42 ans, atteinte de délire ambitieux et de persécution. Les idées
ambitieuses dominent, le système est niais mais cohérent, des inter-
prétations rétrospectives empèchent de déterminer exactement les
débuts des troubles mentaux; la malade est bien orientée, se tient
corfectement, et si elle est de faible niveau intellectuel, elle ne pré-
sente pas d’affaiblissement notable, il n’existe pas chez elle d’halluci-
nations auditives, mais il paraít exister des hallucinations visuelles.
Elle est en outre atteinte de tabes, dont l’étiologie habituelle
est affirmée par la notion d’une fausse couche vers l’àge de 22 ans
et par le caractère positif de la réaction de Wassermann; de nombreux
actes déraisonnables ont marqué les dernières semaines qui ont
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86
RÈVUe DE PSYCHlAtRIE
précédé ríiìternement, et Tàiìteur Be demande si, mulgré rímpfessíon
résultunt d'un premìer examen, il ne faut pas établir une relation
de cause à effet entre íe déiire et le tabes, et ranger cette malade au
nombre des sujets atteints d’association tabéto-paralytique.
M. Leroy rapporte une observation analogue à propos de laquelle
il est dans le mème embarras.
M. Briand, qui a notó, lórs du passage à Tadmission, les hallucina-
tions visuelles, croit que le tabes et le délire n’évoluent pas isolément.
M. Laígnel-Lavastine insiste sur la nécessité de l’examen du fond
de l’oeil chez une tabétique qui délire et qui paraìt avoir des hallucì*
nations de la vue,
Elections. — Sont élus : Membre córrespondatii : M. Pèrpere,
ancien interne des asiles de la Seine, médecin au Mont-Dore.
Membre associé élranger : M. le D r Glerckx, médecin de l’asile de
Tournai (Belgique).
La Socíété nomme une commission composée de MM. Pactet, Marie,
Henri Colin, et décide qu’une séance spéciale aura lieu le vendredi
27 février à 5 heures pour entendre les conclusions de la Gommission.
La Société nomme une autre Commission composée de MM. Tou-
louse, Marie, Pactet.
J. Grinon.
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REVUE DES PÉRIODIQUES
FRANGE
Revue de Mcdecine, 10 septembre 1913.
Etude clinique de la démence épileptique, par R. Benon ét
A Legal. — La démence épìleptique doit ètre séparée des autres
accidents psychiques observés chez les épileptiques : confusion men-
tale, obtusion, obnubilation, délire, amnésie, asthénie, manie, etc.
Au pòint de vue démentiel proprement dit, elle doit ètre différenciée
de Tidiotie, de Timbécillité, de la débilité mentale, de la démence
précoce (démence vésanique), de la démence paralytique, de la dé-
mence sénile. 11 est difficile de la séparer de la 'démence dite « organi-
que », dont elle se rapproche par des symptòmes cliniques fondamen-
taux : l’une et Lautre sont en effet caractérisées avant tòut par Taffais-
sement partiel des facultés mentales.
ITALIE
Rassegna di studi psichialrici , juillet-aout 1912.
Coatrtbution à l’étude des psychoses névralgiques, par
Francesco Giccarelli. — L’auteur rapporte deux observations cli-
niques oú les troubles mentaux évoluèrent parallèlement à une névral-
gie, névralgie sus-orbitaire et temporale dans le premier cas, seiatique
dans l’autre.
L’auteur exclut la nature épileptìque du syndrome et admet que
les troubles mentaux sont liés à la névralgie, confirmant ainsi la théo-
rie de Mingazzini et Pacetti qui admettent l’existence de ‘psychoses
névralgìques pures.
Les injections épidurales dans la cure de l’incontinence
d’urine chez les aliénés, par Giacinto Fornaca. — Les injections
ópidurales de sérum physiologique ne présentent aucun inconvénient,
pourvu qu’on n’injecte pas des quantités trop grandes de liquide.
Ellesn’ont aucune influence sur les incontinences d’urine des aliénés
qui reconnaissent une étiologie psychique. Elle sont en revanche
utiles quand l’incontinence est due à des altérations de la vessie oy de
l’urètre.
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REVUE DE PSYCHIATRIE
Sur les abréviations des titres des périodiques psychia-
triques, par Alberto Mochi. — L’Association de la Presse médicale
italienne a pris Finitiative d’introduire l’usage d’abréviations conven-
tionnelles fixes pour les titres des périodiques. II' ne suffit pas que
chaque journal établisse ses propres abréviations ; il faut encore que
’cela soit fait d’après des règles fixes qui permettent des’y retrouver
à première vue. L’auteur propose à cet effet une méthode personnelle.
Id ., mars-avril 1913.
Sur la psycho-pathologie de l’émotion en temps de guerre,
par Luigi Daneo. — Après avoir rappelé les principaux travaux qui
se rapportent à l’étude des psychoses d’origine émotionnelle, l’auteur
discute les différences relevées à ce sujet et relatives à l’instantanéité
et à l’intensité de l’émotion, qu’il s’agisse de désastres imprévus, de
révolutions ou de guerres. II mentionne ensuite les cas qu’il a observés
lui-mème sur le champ de bataille pendant la guerre libyque à laquelle
il a participé.
II a observé surtout des formes dépressivo-anxieuses et dépressivo-
stuporeuses, — des formes délirantes et hallucinatoires à la suite d’in-
gestion de quantités mème minimes d’alcool après les grandes fati-
gues, des attaques convulsives épileptiformes isolées, qu’il attribuerait
volontiers au syndrome affectivo-épileptique de Bratz.
Chez les officiers particulièrement, on remarquait des « psychoses
neurasthéniques avec phobie de la guerre et de ses horreurs ».
Dans un cas, aussitòt après le débarquement, une paralysie géné-
rale latente se déclara d’une manière presque foudroyante.
Les formes aiguès guérirent en général en peu de temps.
L’auteur conclut que les émotions de la guerre ne conduisent à la
maladie mentale par épuisement que si elles frappent une mentalité
invalide; chez les individus à cerveau valide, elles provoquent au
contraire une sorte d’immunisation contre leurs effet les plus graves.
La vie guerrière, comme la vie de prison, peut modifier en partie
l’allure classique des maladies mentales. Mais il n’y a pas de psy-
chose différente des autres, caractéristique de la guerre. Cela était
d’ailleurs facile à prévoir.
Id., septembre-octobre 1912.
Contríbution clinique et histo-pathologique à l’ótude des
troubles nerveux et mentaux chez les urémiques, par Gian
Luca Lucangeli. — Note préventive où sont exposés les résultats
de l’examen clinique et anatomo-pathologique de trois cas d’urémie
avec troubles nerveux et mentaux. L’auteur remet à plus tard l’in-
terprétation de ces cas.
Id., novembre-décembre 1912.
Le chant chez les aliénés,parDARio Valtorta. —Dans une courte
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RBVUE DES PÉRIODIQUBS
89
note, l’auteur tente l’analyse des caractères présentés par le chant
dansles différentes maladies mentales. II cherche quelle valeur diag-
nostique et pronostique ce phénomène peut présenter dans certains
cas.
A propos de la cure de Pilcz etWagner,parNiNO dePaoli. —
L’auteur a traité par des injections de tuberculine, d’après la méthode
de Pilcz et Wagner, un cas de sclérose en plaques qu’il pensait ètre
d’origine syphilitique et pour lequel le traitement hydrargyrique
avait échoué. II obtint ainsi une notable amélioration qii’il tend à
attribuer à une action de la tuberculine sur les centres nerveux, ren-
dant ceux-ci plus sensibles à l’action du mercure. Ge serait, selon
l’auteur, le premier cas de maladie syphilitique du système nerveux
traité avec succès par 'cette méthode.
/d., mai-juin 1913.
Contribution nouvelle à l’étude de la maladie d’Alzheimer,
par Alberto Ziveri. — Le cas se rapporte à une femme de 53 ans,
qui, sans aucun précédent morbide, est frappée d’affaiblissement
psychique progressif. Perte de la mémoire, désorientation, désordre
et agitation, unis à des troubles remarquables du langage. Mort dans
le coma au bout de trois ans et demi. Histologiquement, plaques
séniles dans toute l’écorce, et altération caractéristique des neurofi-
brilles décrite par Alzheimer ; aucune lésion en foyer.
L’auteur insiste sur la distinction clinique et anatomique de la
maladie d’Alzheimer. Suivent quelques considérations sur les plaques
et sur la découverte de granulations argentophiles dans les cellules
nerveuses, fait que l’auteur retient comme étant très probablement
indépendant de l’altération des neurofibrilles.
Vues anciennes et nouvelles sur la structure du cerveau hu-
main et sur l’interprétation des phénomènes mentaux en
rapport avec l’orientation moderne de la science pénale, par
Muzzio Pazzi (de Bologne). — L’auteur regrette que la jurisprudence
actuelleconsidère comme des délits ordinaires l’infanticide et le fceti-
cide commis par la mère.Leprocessus de la grossesse provoque des alté-
rations psychiques déterminant une diminution de l’inhibition cor-
ticale et une autonomie fonctionnelle relative des centres inférieurs :
l’infanticide n’est que lp résultat dernier de cette paralysie de l’inhi-
bition. G’est pourquoi, plutòt que de punir, on devrait songer à le pré-
venir par une assistance appropriée. Quand il se produit, le médecin
devrait toujours ètre appelé à juger si la mère est responsable de son
acte. Les femmes, qui connaissent par expérience les particularités
physiologiques de l’état de grossesse, que l’homme ignore et ne peut
mème concevoir, devraient se mettre à la tète d’un mouvement dirigó
dans ce sens.
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90
flBVUEJ DB PSYCUIATIUB
Rivisia di Palologia nervosa e menlale , 19U, íasc. 10.
Un cas d’auto- dón onciati on par délire imprévu et passager,
par A. Romagna-Manoia. — On connaít bien les délires qui consistent
surtout en la certitude qu’un événement imaginaire s’est passé dans
la réalité. C’est le cas des délires d'imaginalion de Dupré, ainsi que de
la pseudologia fantasiica. Chez les délirants chroniques, il n’est pas
rare d’observer de la fabulaiion rétrospective (Dupré), due au besoin de
trouver une justification de l’idée morbide. Un trouble paramnéstique
analogue peut en outre se rencontrer dans la psychasthénie à titre de
symptòme plus ou moins transitoire. II y a des cas où, sans que l’on
puisse parler de délire chronique, de psychasthéfiie, sans qu’il y ait
auparavant de phase délirante aigue, on peut voir survenir le trouble
paramnéstique à l’improviste, avec ou sans phénomènes confusionnels
concomitants, mais toujours avec un fort retentissement sur l’état
émotif et sur les réactions ; la durée peut étre brève, et la disparition
n’en laisse aucune trace. Ces cas sont très rares, et c’est pourquoi
M. Romagna-Manoia nous en rapporte un.
Un individu de 23 ans se présente un jour au commissariat de police
et déclare avoir tué de deux coups de revolver son propriétaire, avec
qui il était en discussion d’intérèts.
Renseignement pris, l’individu' n’avait jamais commis ce crime.
Quelques heures après, examiné par un médecin, il montre le plus
grand étonnement de ce qu’on lui dit qu’il a raconté, II ne sait pour-
quoi il se trouve à la questure, et est atterré de son acte d’auto-dénon-
ciation. II déclare n’avoir jamais attenté à la vie de son propriótaire,
contre qui il témoigne cependant de fagon ouverte une grande animo-
sitó,
Le malade déclare sans difficulté qu’il est un peu buveur; et l’au-
teur reconnait sagement l’influence de l’appoint toxique dans la genèse
de cet épisode délirant passager.
Fasc. II.
Effets physio-pa,tliologiques consécutifs à une lésion trau-
rnatique du lohe préfrontal droit chez l’homme, par Odoardo
Oscenzi. — II s’agit, dans ce travail, de l’étude très complète d’un
cas de lésion traumatique du lobe frontal droit. Le sujet présentait
du mème còté que la lésion cérébrale des accès convulsifs à type
jaksonien, dont il guérit à la suite d’une intervention chirurgicale.
L’auteur croit pouvoir tirer de ce cas les conclusions suivantes :
a) Une fois de plus se trouvent démontrés chez l’homme la fonction
d’association interhémisphérique du corps calleux et les rapports
indirects de celui-ci avec la voie de projection motrice (faisceau pyra-
midal),
b) On a obtenu la guérison opératoire de crises jaksoniennes dues
à la présence d’une cicatrice comprimant le corps calieux.
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REVUE DES PÉRIODIQUES
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c) Les processus meutaux ne se trouveut pas très iufluencés par
unepertedesubstancecérébralemtéressant presque toute la l re et la
2 e circonvolutions frontales, la partie antérieure de la 3 e ? ainsi que la
partie antérieure de la face orbitaire du lobe préfrontal droit. Seul se
trouvait légèrement diminué le pouvoir d’imagination, de fantaisie
et d’intuition.
Rivista ilaliana di neuropalologia , psichialria ed elellroìerapia ,
1912, fasc. 5-12.
Contribution à l’ótude de la nosographie et de l’histopatho-
logie de la presbyophrénie, par Piazza Angelo. — G’estl’étude très
complète au point de vue clinique et au point de vue anatomique
d’un cas de presbyophrénie qui conduit l’auteur à quelques intéres-
santes réflexions sur la nosographie et sur l’anatomie pathologique de
cette affection.
Au point de vue clinique, ce cas appartient en effet indiscutable-
ment à la presbyophrénie comprise dans le sens de Wernicke. Le trou-
ble marqué de l’attention, la désorientation, la perte de la fixation,
les troubles caractéristiques de la mémoire ne peuvent laisser aucun
doute à cet égard. Le seul diagnostic à discuter serait celui de syn-
drome de Korsakow,
Contribution à la physiopathologie des lobes frontàux,
par Eugenio Gurti, — L’auteur estime qu’il existe incontestable-
ment un eomplexus de manifestations (syndrome frontal de certains
auteurs) qui permettent de diagnostiquerunelésion des lobes préfron-
taux. Ce sont: affaiblissement progressif aboutissant à la disparition
complète de la mémoire, apathie, hébétude, stupeur, confusion men-
tale, incohérence, mélancolie, impossibilité de s’assimiler des idées
complexes, manque d’initiative, langage exact, mais processus asso-
ciatifs très limités, perte du pouvoir critique, absence d’émotivité et
d’affectivité, indifférence, états d’excitation, irritabilitó, et parfois
dépression,
D’autre part, ies altérations des lobes préfrontaux ne donnent pas
de symptómes moteurs.
L’auteur admet donc l’existence d’un syndrome frontal. Mais cer-
tains professent que ce syndrome est en rapport avec une lósion du
lobe frontal gauche, qui acquerrait ainsi une sorte de suprématie dans
le fonctionnement intellectuel.
Mais des recherches statistiques ont montré à M, Curti que si l’on
relève un nombre à peu près égal de lésions du lobe frontal droit et
du lobe frontal gauche, dans les cas où Pon rencontre des manifesta-
tions psychiques, il existe en revanche une prédominance notable des
cas à lésions bilatérales.
Troublos neuro-psychiques consécutifs aux commotions
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REVtJE DÈ PSYGHIATRÍE
de la guerre italo-turque, par G. D’Abundo. — Chez tous les
militaires qui présentèrent des troubles nerveux ou mentaux existait
une hérédité morbide; tous présentaient un tempérament nerveux
et des stigmates de dégénérescence.
Dans quelques cas, une syphilis récente non traitée et l’alcoolisme
représentaient un véritable équivalent héréditaire. Donc, la prédispo-
sition héréditaire ou acquise constituait lephénomène le plusimpor-
tant. Les névroses traumatiques ne sont donc que partiellement trau-
matiques, et les fortes commotions apparaissent comme un véritable
réactif de la résistance neuro-psychique.
II n’existe pas de forme nerveuse ou mentale spécifique des commo-
tions de la guerre. On a observé des états dépressifs avec troubles
psychosensoriels et des états confusionnels. Le début était en général
instantané et Tévolution très rapide.
Le ròle de la prédisposition incite M. d’Abundo à conclure que les
prédisposés doivent ètre soigneusement éliminés des corps expédi-
tionnaires.
Troubles psỳchiques et affections gynécologiques, par An-
drea Cristiani. — L’auteur pense que l’on doit faire certaines réser-
ves à propos des relations que l’on tend à admettre entre les affec-
tions gynécologiques et les troubles mentaux. Leur coexistence chez
un mème sujet ne doit pas faire toujours croire à un rapport de causa-
lité. Ce rapport n’existe que dans un certain nombre de cas.
Sur la mort subite dans la démence précoce, par Giuseppe
Montesano. — La question de la mort subite dans la démence précoce
est restée longtemps obscure. Faute de trouver à l’autopsie des lésions
viscérales suffisantes pour l’expliquer, on conclut à une mort cérébrale,
causée directement par la maladie du cerveau. Mais cependant l’exa-
men histologique du cerveau ne donnait que des résultats négatifs.
Reichardt a insisté sur une augmentation de poids du cerveau rela-
tivement à la capacité de la boìte cranienne : la mort serait donc due
àune sorte de gonflemenl cérébral , le cerveau devenanttrop gros pour
la cavité qui le contient. Reichardt en conclut qu’il faut laisser de còté
l’histopathologie qui ne nous renseigne pas suffisamment, et recourir à
ia balance. Gette conclusion a d’ailleurs été combattue par Perusini et
par Alzheimer. Ge dernier auteur a établi l’existence de lésions impor-
tantes, situées surtout dans le voisinage des ventricules et consis-
tant en une abondante production de cellules amoeboides, de noyaux
préamoeboìdes et de produits de désagrégation.
Ge sontces altérations que M. Montesano a rencontrées dans un cas
qu’il expose. Aussi se range-t-il à l’avis d’Alzheimer.
Georges Génil-Perrin.
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